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mercredi, 20 mai 2015

Réforme du collège: les raisons de la rébellion...

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Réforme du collège: les raisons de la rébellion...

Entretien avec François-Xavier Bellamy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous le texte d'un entretien donné par François-Xavier Bellamy à l'hebdomadaire La Vie, et consacré à la réforme des collèges.

Agrégé de philosophie, François-Xavier Bellamy a récemment publié Les déshérités (Plon, 2014).

Que pensez-vous de la réforme du collège ?

Cette réforme manifeste une incapacité à répondre au problème essentiel que rencontre notre système éducatif. Les « experts » qui fixent ces directives n’ont probablement pas mis les pieds en classe depuis longtemps ; et ce projet trahit leur décalage immense d’avec la réalité du terrain.

fxb9782259223430.jpgLe problème est bien identifié en effet : c’est celui de la maîtrise des fondamentaux, très déficiente pour beaucoup d’élèves. Chaque année, le test de lecture réalisé à l’occasion de la Journée de Défense et de Citoyenneté montre que 18 à 20 % des jeunes français, à 18 ans,rencontrent des difficultés majeures pour lire et écrire leur propre langue. Et on nous propose une réforme des programmes de français dans lequel le mot de « grammaire » ne figure même pas Au lieu de se donner simplement pour objectif la maîtrise de la lecture et de l’écriture, les nouveaux programmes visent pompeusement l’apprentissage des « langages », parmi lesquels le français, mais aussi, pêle-mêle, deux langues vivantes, les « langages du corps », ou encore le code informatique, qui devra être enseigné dès le CE1 !

Les concepteurs de ces programmes vivent au pays des rêves. Si tous nos élèves savaient lire et écrire correctement le français, on pourrait s’offrir le luxe de leur enseigner le code informatique. Mais à l’heure actuelle, c’est donner le superflu à ceux qui manquent cruellement de l’essentiel. Cela revient à offrir des petits fours aux victimes d’une catastrophe humanitaire… Tout cela est absurde et tragique.

Vous étiez sur France Inter le 16 avril pour défendre l’enseignement du latin et du grec. Pourquoi ?

La Ministre de l’Education Nationale nous dit que l’option langues ancienneconcerne assez peu d’élèves pour pouvoir être supprimée. Mais cette option est choisie aujourd’hui par 20 % de collégiens : si l’on supprimait les partis politiques qui recueillent moins de 20 % des voix, beaucoup n’existeraient plus, à commencer par celui de la Ministre ! Lorsque les classes de latin sont fermées, c’est souvent faute d’enseignant plutôt que d’élèves. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, le département où le latin s’est le plus développé ces dix dernières années, c’est la Seine-Saint-Denis : quand la maîtrise du français est fragile, les langues anciennes sont une ressource très efficace. Encore faut-il qu’on puisse les apprendre... Affirmer qu’un « enseignement pratique interdisciplinaire » pourra remplir ce rôle, c’est un mensonge absolu : rien ne dit que les « cultures de l’antiquité » incluront l’apprentissage du grec et du latin. Il faudra de toutes façons impliquer une autre matière, l’histoire, ou l’éducation artistique. On y fera des exposés sur les temples et les pyramides, mais rien qui corresponde vraiment à l’enseignement de ces langues qui ont pourtant fondé notre civilisation.

À la place des classes bi-langues dont seule une minorité bénéficie, le Ministère introduit deux langues vivantes en 5ème. Qu’en pensez-vous ?

Là encore, quelle aberration... On va achever de perdre les élèves en enseignant une langue vivante dès le CP, alors qu’aucune base n’est encore en place. Le principal obstacle à l’apprentissage des langues vivantes, c’est la fragilité des élèves en français. Quand vous ne savez pas identifier un sujet, un verbe et un complément dans votre propre langue, comment voulez-vous les transposer dans une autre langue ? Quand vous manquez de vocabulaire en français, comment rencontrer un autre lexique ? De toutes façons, ce n’est pas en une heure d’allemand par semaine qu’on apprendra cette seconde langue à des élèves de 5ème… Au moment où la Ministre condamne les enseignants de langue à l’impuissance, on atteint le sommet du ridicule avec la nomination d’un délégué interministériel chargé de la promotion de l’allemand ! Tout cela n’a aucun sens. Soutenons les filières spécifiques qui fonctionnent bien, et pour le reste commençons par revenir à l’essentiel, en augmentant les heures de français ; toutes les études en effet montrent une corrélation entre le temps consacré à l’apprentissage d’une langue et son intégration par les élèves. 

Pensez-vous que ces nouveaux programmes diminuent l’élitisme de l’école ?

Je n’aime pas le discours qui s’attaque à un soi-disant « égalitarisme. » L’égalité est au cœur de la mission de l’éducation. L’école devrait offrir à chaque jeune les moyens d’atteindre l’excellence qui lui est propre ; car l’excellence n’est pas uniforme ! J’ai eu la chance d’enseigner en lycée hôtelier, en STI électrotechnique..J’y ai rencontré des élèves excellents dans leur spécialité ! Mais en France, on ne voit la réussite scolaire que comme la mention très bien au bac SPlutôt que de défendre cet élitisme trop étroit, nous devrions nous préoccuper de rétablir une équité réelle dans notre système scolaire, qui est devenu le plus inégalitaire de tous les pays de l’OCDE.

Comment remédier à l’échec scolaire et réduire les inégalités entre élèves, selon vous ?

C’est tellement simple ! Il suffirait de redire ce qu’est la mission de l’école : transmettre des connaissances. Tout le reste en découle. Aujourd’hui, on perd l’école dans une multiplicité d’objectifs : l’intégration, l’insertion professionnelle, le plaisir des élèves, la lutte contre le sexisme, contre les discriminations et même contre le réchauffement climatique… L’école peut contribuer à tout cela, mais seulement en transmettant le savoir.

Les nouveaux programmes d’histoire, par exemple, sont victimes d’une instrumentalisation effarante. Comment décider de ce qui, dans notre histoire, est facultatif ? En quatre ans, certains collégiens n’auront jamais entendu parler de la Renaissance ou des Lumières ! En revanche, ils auront tous eu plusieurs occasions de dénigrer la France… La repentance est parfois légitime, mais la confondre avec l’enseignement de l’histoire, c’est une faute contre cette discipline, et un danger pour la société à venir.

Cette réforme suscite un débat enflammé. Comment réagissez-vous en tant qu’enseignant ? 

Décidément, ce gouvernement nous a habitué à des méthodes bien peu démocratiques. C’est toujours le même procédé, sur le projet de loi sur le renseignement comme sur la réforme de l’enseignement : un texte est publié, écrit sur commande par des cabinets ou des comités obscurs. Une fois qu’il est diffusé, on propose une concertation – mais en proclamant cependant que pas une virgule ne sera changée ! Dans cette étrange « concertation », il faut croire que seuls ont le droit de s’exprimer ceux qui sont déjà d’accord, car tous les autres sont copieusement insultés. Pour François Hollande, les opposants à cette réforme sont « des immobiles bruyants qui défendent leurs intérêts particuliers. » Ce mépris affiché touche aussi bien des centaines de milliers d’enseignants de terrain, que des grandes figures de la réflexion. S’il est normal qu’une Ministre défende sa réforme, je ne suis pas sûr que l’oeuvre de Madame Vallaud-Belkacem l’autorise à traiter Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Régis Debray, Danièle Sallenave ou Pierre Nora de « pseudo-intellectuels »… L’expression témoigne d’un sectarisme dramatique. Que n’aurait-on entendu si un Ministre de droite s’était exprimé ainsi !

Derrière ces débats, voyez-vous une ligne de fracture entre conservateurs et progressistes ?

Le clivage traditionnel n’est sans doute pas pertinent, puisqu’en matière de déconstruction des savoirs, la gauche s’inscrit malheureusement dans la continuité deerrances de la droite. La vraie ligne de fracture se situe entre ceux qui veulent ouvrir les yeux sur la réalité, et ceux qui préfèrent défendre leurs utopies. En témoigne l’opposition massive des enseignants, ces professionnels de terrain que, semble-t-il, nul n’a songé à écouter dans la préparation de cette réforme… 

Dans votre ouvrage, vous qualifiez le numérique de « grande utopie pédagogique » qui accomplirait la promesse de Rousseau d’une enfance débarrassé de transmission. Que pensez-vous de la volonté d’y faire entrer l’école ?

Les enfants n’ont pas eu besoin de l’Education nationale pour maîtriser l’outil numérique... Si l’école veut enseigner la pratique des réseaux sociaux, elle sera toujours dépassée et ringarde dans la course à l’innovation.

Les nouvelles technologies représentent une chance exceptionnelle d’accéder à la connaissance, que nos prédécesseurs nous envieraient. Mais l’école n’aidera les enfants à tirer le meilleur de ces nouvelles ressources qu’en leur transmettant les savoirs qui construiront leur capacité de recul et de discernement. Et pour cela, il me semble qu’il faudrait qu’elle soit d’abord pour eux un lieu de silence numérique...

L’enseignant ne doit-il pas évoluer vers un rôle de « facilitateur » ? 

Depuis quarante ans, on apprend aux futurs enseignants que « tout doit venir de l’apprenant ». Mais personne ne produit seul son savoir ! Même nos capacités de recherche et notre créativité naissent de ce que nous avons reçu. Si Chopin n’avait eu sur son chemin que des « facilitateurs », le monde aurait été privé des Nocturnes. Cela fait quarante ans qu’on assassine des Chopin parmi nos élèvesau nom de ces idées délirantes... La vraie violence éducative consiste à priver les enfants d’héritage, à les laisser prisonniers de l’immédiateté, et à abandonner en eux ces talents en friche qu’aucune culture ne vient plus féconder.

François-Xavier Bellamy (Pensées pour le jour qui vient, 13 mai 2015)

mardi, 19 mai 2015

Lucien Cerise et la gauche liberticide

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Ces justiciers fossoyeurs de notre civilisation

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Ces justiciers fossoyeurs de notre civilisation

Le néant ne remplace pas vingt siècles de civilisation.
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Le « fichage » des écoliers de Béziers est un non-événement ; il révèle surtout une crise générale du système politique et de notre société que le pouvoir refuse de voir tout en continuant à foncer tête baissée. Politiciens de gauche comme de droite qui s’autoproclament seuls garants de la République.

Une gauche socialiste et progressiste face une droite libérale et conservatrice est un clivage du XXe siècle, toujours dans les esprits mais totalement dépassé. Le gouvernement est hanté par le fantôme du fascisme qui, aujourd’hui, est un épiphénomène entretenu par celui même qui le combat.

Le cheval de Troie de la gauche est la laïcité qui, sous les signes de la liberté de l’homme et de l’éternel progrès source du bonheur, ravage tout sur son passage : suppression des racines judéo-chrétiennes notamment dans l’enseignement, atteinte au modèle familial traditionnel, avortement, euthanasie, relativisme, irresponsabilité généralisée… Créer un citoyen nouveau, libre, républicain, solidaire, agent du développement durable, par un harcèlement médiatique et une pensée unique totalitaire. Les codes linguistiques, la dialectique officielle imposée, voilà les bourreaux de Robert Ménard.

Malheureusement, le néant ne remplace pas vingt siècles de civilisation. Le gouvernement travaille son électorat issu de l’immigration : ce Grand Remplacement qui contribue progressivement à une islamisation de notre société, malgré elle. Racisme, islamophobie, tolérance sont les maîtres mots et, désormais, on ne juge plus les faits mais les personnes, certaines victimes se transformant en bourreaux avec la complicité des médias.

Certains s’étonnent du développement de l’anti-islamisme ; cela devient une réalité, que le gouvernement qui l’a inconsciemment installé ne maîtrise plus. Chassant ses vieux démons, il en a intégré de plus redoutables et destructeurs : laïcisme antichrétien, montée des communautarismes et leurs tensions inhérentes, coupure définitive des « élites » avec le peuple et, surtout, les germes de guerre civile.

Quel but avait cette étude menée par Robert Ménard ? Le souci de tout maire responsable d’intégrer les enfants immigrés par un enseignement scolaire adapté. Robert Ménard ne pratique pas les grandes théories idéologiques. Il colle à la réalité pour le bien commun. Il partage avec Hélie de Saint Marc ces qualités essentielles pour servir un pays que sont le courage et l’honnêteté intellectuelle.

Le Premier ministre et ses sbires auraient dû réfléchir avant de le couvrir d’invectives et d’engager des poursuites judiciaires. Car Robert Ménard n’a pas les mains couvertes du sang de Chloé pour le dysfonctionnement volontaire de la justice, ni l’enfance saccagée des élèves victimes d’enseignants pédophiles.

Des consciences se réveillent, des voix s’élèvent : il est temps que d’autres citoyens s’engagent pour pratiquer la politique autrement ; accepter la réalité, prendre en compte les nouvelles donnes ethniques, sociales, économiques et culturelles sociétales ; s’en enrichir ; prendre les décisions difficiles pour adapter notre société aux nouveaux enjeux en maintenant notre identité et nos valeurs.

Que les mots Liberté, Égalité, Fraternité retrouvent leur sens, loin des jeux partisans des politiques devenus autistes, qui détruisent notre pays.

Chers compatriotes, qu’attendons-nous ?

Médias français: le bal des hypocrites

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Médias français: le bal des hypocrites

Auteur : Philippe Migault
Ex: http://zejournal.mobi

La mise à l’écart de Caroline Fourest d’une émission phare de l’audiovisuel français, n’est qu’un éclair de lucidité qui ne doit pas faire illusion. Nos médias ont mis à l’index un individu. Ils n’en poursuivront pas moins leur propagande.

Caroline Fourest est sans doute largement méconnue du grand public russe. Pour les Français, elle est en revanche incontournable. Journaliste de radio (France Culture, France Inter), de télévision (La Chaîne Parlementaire-LCP), de presse écrite (nombreuses publications dans le Monde, Charlie Hebdo…), c'est une cumularde des médias, émargeant dans une foule de rédactions. Figure de proue de la communauté homosexuelle, féministe tendance haineuse, laïcarde jusqu'à « bouffer du curé», cette militante libertaire, affirmant son ancrage à gauche, appartient au petit cercle des leaders d'opinion définissant dans notre pays ce qui est politiquement correct et ce qui ne l'est pas. A ce titre elle a, depuis des années, pris toutes les libertés avec la vérité, y compris vis-à-vis de la Russie et de Vladimir Poutine, le « russian bashing » étant l'un des exercices favoris de la presse française.

C'est elle qui, il y a un peu plus d'un an, avait affirmé sans aucune preuve que les séparatistes du Donbass avaient arraché les yeux de trois prisonniers ukrainiens. Cela lui avait déjà valu les critiques de quelques journalistes soucieux de vérité et un avertissement du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), gardien théorique de la déontologie des médias.

Cette mise en demeure n'avait bien entendu été suivie d'aucun effet du point de vue de la présence médiatique de Caroline Fourest. Dans la mesure où, critiquant la Russie et les séparatistes du Donbass, elle s'inscrivait dans la lutte entre le camp du bien (l'Occident libéral-libertaire) et l'axe du mal (grossièrement un axe supposé unissant la Russie, ses alliés, le Front National et autres « eurosceptiques » de tout poil), elle avait aussitôt bénéficié d'une complète absolution de toutes les rédactions. Personne alors ne relevait que sa proximité avec le leader des FEMEN, l'ukrainienne Inna Shevchenko, à laquelle elle a consacré un livre d'amoureuse transie, était peut-être de nature à influer son jugement. On ne mêle pas, n'est-ce pas, vie privée et vie publique…

Caroline Fourest est aujourd'hui critiquée pour un péché relativement véniel —elle a encore menti sur une affaire de justice la concernant — comparativement aux énormités qu'elle a tranquillement asséné par le passé sans que personne ne la fasse taire.

Mais les conditions qui ont présidé à sa mise en accusation sont elles-mêmes révélatrices des règles implicites régissant la liberté d'expression dans les médias français.

Ceux-ci ont titré sur le « mensonge de trop », de Mademoiselle Fourest. Cela signifie qu'ils étaient parfaitement conscients de tous ceux qui avaient précédé tout en continuant à l'inviter sur leurs plateaux, à leurs micros, dans leurs colonnes.

Quant à la mise en accusation en elle-même, seule les personnalités des procureurs qui l'ont instruite l'ont rendue possible. Qui sont-ils? Aymeric Caron et Laurent Ruquier, respectivement intervenant et présentateur-producteur de l'émission « On n'est pas couché ». Quel est le concept de cette émission? Simple: il relève de la fosse aux lions. Tous les samedis soirs artistes officiels, tendance bande à Goldman-restos du cœur, chroniqueurs-provocateurs adeptes de « l'esprit Canal », journalistes bien-pensants type Apathie-Quatremer, reçoivent un invité venu défendre ses positions politiques, son livre, son film ou son dernier album. S'ensuit suivant les cas une grand-messe de l'autosatisfaction, grand moment de « vivre ensemble » entre personnes qui pensent tous la même chose, ou, a contrario, une curée impitoyable vis-à-vis de l'invité susdit. On assiste dans ce cas à la résurrection de ce qu'ont dû être les tribunaux populaires du Kampuchéa démocratique ou les procès de Moscou en 1936-1938. L'invité, désormais accusé, est raillé, critiqué, traîné dans la boue. Dans le rôle du procureur général opère Aymeric Caron, journaliste de gauche sélectionné pour ses talents de Vichinsky. Avec un plaisir évident il déchiquette l'adversaire, le condamnant dans le pire des cas à un ostracisme médiatique bien souvent synonyme d'ostracisme professionnel. Laurent Ruquier ponctue cet exercice de sadisme public de ses ricanements complices, de petites blagues assassines ou de jugements péremptoires, soutenant l'accusation, Torquemada d'opérette.

carfour.jpgDisons-le tout net, ceux qui se rendent à cette émission en sachant pertinemment qu'ils ne rentrent pas dans le moule idéologique des animateurs savent ce qui les attend et, à ce titre, n'ont que ce qu'ils méritent.

C'est pourquoi Caroline Fourest s'y est sans doute rendue en confiance. Entre gens de gauche, personnalités emblématiques des réseaux homosexuels et pontifes de la bien-pensance, on ne s'assassine pas en direct.

Mais c'est précisément, uniquement, parce que ceux qui l'ont mis en accusation n'étaient en rien soupçonnables d'appartenir au camp des affreux réactionnaires de droite, tendance catholiques homophobes, ou aux ignobles « islamo-gauchistes », avec lesquels Mademoiselle Fourest aime ferrailler, que cette fois-ci le couperet est tombé. Seuls ceux qui pensent dans la ligne du parti sont habilités à juger.

C'est pourquoi il ne faut pas se faire trop de souci pour Caroline Fourest. Ceux qui condamnent sont aussi ceux qui ont l'autorité pour réhabiliter, a fortiori lorsqu'il s'agit de sauver la tête d'un fidèle militant.

Car c'est bien de militantisme qu'il faut parler lorsqu'on évoque la presse française, non de journalisme. Il est facile de critiquer le contrôle que le Kremlin exercerait sur tous les médias russes (les lecteurs de Vedomosti, Kommersant, Novaïa Gazeta ou les auditeurs de l'Echo de Moscou n'ont peut-être pas tout à fait cette vision). Il est moins fréquent d'entendre que les médias français n'ont pas besoin de contrôle parce que, hormis une poignée de rédactions, ils défendent tous le même créneau et s'autocensurent fort bien eux-mêmes. Massivement ancrés à gauche, les journalistes français n'ont nul besoin de faire l'objet d'un contrôle gouvernemental. Une telle mesure, vis-à-vis d'une clientèle électorale influente, serait contre-productive de la part d'une administration socialiste. Quant aux journalistes appartenant à des rédactions de droite, ils n'en sont pas moins d'accord sur l'essentiel avec leurs confrères de gauche. Que l'on se proclame social-démocrate ou démocrate-chrétien, le soutien à la nécessité de rester dans l'Euro, au libéralisme du point de vue économique, au libertarisme du point de vue social, à la vision strictement marchande de la construction européenne, à l'amitié transatlantique inconditionnelle, que ce soit dans le cadre de l'OTAN ou du TAFTA, relève du dogme. Ecartez-vous de ce credo et vous serez jugé pour hérésie, condamné, écarté sans ménagement. Les journalistes français n'ont donc pas besoin d'être muselés: ils coupent eux-mêmes les têtes qui dépassent.

La presse française, si critique vis-à-vis de la presse russe qui serait, à l'en croire, un pur instrument de propagande du Kremlin, agit dans les faits comme l'Union des Ecrivains aux plus beaux jours du stalinisme, pratiquant l'anathème, organisant la marginalisation des hétérodoxes. Nos Pasternak, nos Grossman, s'appellent Zemmour, Onfray, Houellebecq, Michéa… Tous parviennent encore à s'exprimer. Mais tous, peu à peu, voient le cercle de ceux qui sont disposés à leur donner la parole se restreindre.

- Source : Philippe Migault

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lundi, 18 mai 2015

Etes-vous un pseudo-intellectuel?

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Etes-vous un pseudo-intellectuel?

par Mathieu Bock-Côté

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/ANALYSE - Face au tollé engendré par sa réforme du collège, le ministre de l'Éducation nationale a traité ses opposants de «pseudo-intellectuels». Pour Mathieu Bock-Côté, cette accusation révèle qu'une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique.


Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu'à la radio de Radio-Canada. Il est l'auteur de plusieurs livres, parmi lesquels «Exercices politiques» (VLB, 2013), «Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois» (Boréal, 2012) et «La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire» (Boréal, 2007).


Êtes-vous un pseudo-intellectuel? L'accusation n'est pas neuve mais elle étonne chaque fois. Quand la gauche pontifiante constate que les intellectuels font dissidence, alors qu'elle les croyait à son service, elle les accuse d'être des pseudo-intellectuels. Autrement dit, ce sont des faussaires qui usurpent un beau titre pour se mettre au service de la réaction. C'est de cette manière que Najat Vallaud-Belkacem a exécuté les adversaires de sa réforme des programmes.

Quand la gauche pontifiante constate que les intellectuels font dissidence, alors qu'elle les croyait à son service, elle les accuse d'être des pseudo-intellectuels.

Cette accusation, elle vient souvent des intellectuels de gauche eux-mêmes. On se souviendra du mauvais sort fait à Raymond Aron, traité longtemps à la manière d'un pamphlétaire. Il avait beau être un des grands philosophes de son temps, on le traitait comme un prosateur sans envergure, seulement bon à donner un vernis théorique aux intérêts bien calculés de la bourgeoisie à laquelle il avait prêté serment.

C'était le temps du marxisme religieux. On distinguait alors ceux qui avaient été éclairé par la révélation révolutionnaire et les autres, encore empêtrés dans l'histoire avec ses contradictions et sa part tragique. Les premiers servaient l'humanité, ils travaillaient à l'éclairer et à l'émanciper, les seconds, consciemment ou non, justifiaient les privilèges des uns et la subordination des autres.

Mais le marxisme n'était pas qu'une morale surplombante distinguant entre les forces vives de l'humanité et son bois mort. Il se prenait aussi pour une science, ce qui assurait son surplomb théorique devant le commun des mortels. Une partie importante de la gauche intellectuelle a récupéré ces dernières années cette rhétorique et se permet d'exclure du domaine de la pensée ceux qui ne reprennent pas son jargon ou ses méthodes.

Une partie importante de la gauche intellectuelle a récupéré ces dernières années cette rhétorique et se permet d'exclure du domaine de la pensée ceux qui ne reprennent pas son jargon ou ses méthodes.

taubira-vengeresse-001.jpgAinsi, au fil des ans, Jean Sévillia, Alain Finkielkraut ou Marcel Gauchet ont été accusés successivement de pratiquer la contrefaçon intellectuelle. Le premier ne serait pas vraiment historien, les deux autres certainement pas philosophes. On a aussi fait le coup, au fil du temps à Pierre Manent, accusé d'avoir une connaissance sommaire des œuvres qu'il commente. Si de telles attaques n'étaient pas aussi mesquines, on dirait aisément qu'elles sont hilarantes.

La dernière accusation en date, c'est celle de polémiste. Elle consiste à transformer son contradicteur en aboyeur virulent, qui cherche la querelle pour la querelle, à moins qu'il ne se contente de provoquer cyniquement la bonne société pour augmenter sa visibilité médiatique. Éric Zemmour, qui est un écrivain politique de grand talent, a ainsi été réduit au statut d'histrion ne méritant même pas qu'on lui réponde. En attendant qu'on le fasse taire.

Souvent, les «pseudo-intellectuels» sont accusés d'être réactionnaires. Encore faudrait-il définir ce terme mais il sert moins à qualifier qu'à disqualifier son contradicteur. Il envoie le message suivant: vous êtes réactionnaire, alors pourquoi perdrais-je du temps à débattre avec vous? On parlera même de «penchants réactionnaires», à la manière de passions honteuses qu'un intellectuel bien élevé devrait refouler sans jamais les avouer.

Une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique. Pour elle, la vérité et la justice coïncident toujours. Elle se présente comme le parti du bien.

D'ailleurs, une frange importante de la gauche psychiatrise ses adversaires. Ils seront au gré des querelles xénophobes, homophobes, transphobes, europhobes, islamophobes, et ainsi de suite. L'avantage, lorsqu'on diagnostic un trouble psychiatrique chez son adversaire, c'est qu'on n'a plus à lui répondre. Il a besoin d'une thérapie. Au mieux, on l'accusera de nostalgie. On le laissera alors radoter seul dans son coin, comme un grand-père sénile.

C'est la possibilité même du désaccord de fond qui semble inconcevable pour une femme comme Najat Vallaud-Belkacem. Pour elle, il va de soi que si quelqu'un a vraiment lu et compris sa réforme, il ne pourra que l'approuver. À moins qu'il ne milite consciemment contre le bien commun. Ce sera alors un salaud. C'est-à-dire un homme de droite. Ou qu'il ne comprenne rien à rien. Ce sera alors un idiot. Mais l'adversaire de bonne foi n'existe tout simplement pas.

Une certaine frange de la gauche ne s'est toujours pas réconciliée avec le pluralisme politique. Pour elle, la vérité et la justice coïncident toujours. Elle se présente comme le parti du bien. Les seuls contradicteurs légitimes qu'elle se reconnaitra seront ceux qui se couchent devant elle en se présentant simplement comme de simples ajusteurs comptables. Mais lorsqu'un intellectuel confesse un désaccord de fond, il n'est plus digne de considération.

Un homme «de droite» pourrait aisément reconnaître en Michel Foucault un authentique philosophe même s'il rejette son œuvre. De même, un homme «de gauche» devrait admettre la profondeur philosophique de l'œuvre d'un Julien Freund même s'il ne l'embrasse pas. Ceux qui réservent la philosophie pour leur camp témoignent en fait d'un fanatisme grave. Il est seulement triste de constater qu'on décide de temps en temps d'en faire des ministres.

Najat Belkacem sa haine du latin et... des mathématiques

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Najat Belkacem sa haine du latin et... des mathématiques

Auteur : Fiorello
Ex: http://zejournal.mobi & http://www.agoravox.fr

Aujourd'hui avec la réforme des collèges annoncée par Mme Najat Belkacem, l'heure est grave, les professeurs de mathématiques en collège sont au bord d'un grand découragement. L'enseignement des mathématiques au collège est en passe d'être anéanti en même temps que les classes bilangues et que l'enseignement du latin mais dans un silence absolu sans qu’aucune voix ne s’élève pour le défendre. Bref c’est l’école de l’exigence et de la transmission des savoirs qui vacille au profit d’un centre de loisir low cost.

De quel massacre s’agit-il ?

Depuis que j’enseigne, nous (professeurs de mathématiques) déployons dans les collèges tous nos efforts pour rendre les mathématiques plus ludiques, plus concrètes, plus en interaction avec les autres disciplines et nous intégrons de plus en plus l’histoire des mathématiques dans nos cours ainsi que les nouvelles technologies. Ceci est utile, nécessaire, important mais ce n’est pas non plus l’alpha et l’oméga de l’enseignement des mathématiques. Tout comme pour la grammaire, il convient pour faire des mathématiques d’avoir des connaissances, de connaître des techniques, d’apprendre et de s’entrainer à raisonner. Bref un temps disciplinaire et un temps d’exercices n’hésitons pas à le dire répétitifs sont nécessaires (je sais aujourd’hui on appelle cela de la barbarie). N’en déplaise à notre ministre, pour progresser en mathématiques il est nécessaire d’apprendre, de travailler et de fournir des efforts ! Comment maîtriser le calcul sans s’entrainer à en faire ? Comment savoir résoudre une équation sans s’entrainer à en résoudre ? Comment faire de la géométrie sans connaître les éléments de base, les principaux théorèmes ? Les exemples sont innombrables.

Madame la ministre entend diviser par deux les horaires disciplinaires de mathématiques au collège en rendant obligatoire d’effectuer durant le temps d’enseignement de l’aide individualisé et des projets interdisciplinaires. Sans polémiqué sur l’intérêt de l’aide individualisé qui sur le terrain ne convainc pas grand monde, il est interdit durant ce temps de faire du disciplinaire et donc de faire des mathématiques (voilà une heure en moins en 6ème, et une demi-heure en moins pour les autres niveaux). En ce qui concerne les Enseignements pratiques interdisciplinaires(EPI), c’est une vieille recette qui s’appelait autrefois IDD (itinéraires de découverte) et qui a valu à l’époque une baisse des horaires en mathématiques au collège. Madame la ministre entend imposer cette interdisciplinarité comme le vœu du prince, comment réussir un projet pluridisciplinaire si l’enseignant n’est pas volontaire pour se lancer dans ce projet ? Les enseignants forcés seront-ils motivés et pertinents ? Imaginons qu’ils le soient et bien ces heures ne remplaceront pas les heures disciplinaires en efficacité.

Et c’est surtout en mathématiques que ces EPI seront les plus néfastes. Tout simplement parce que dans de tels projets les mathématiques n’interviennent que de façons sporadiques, ponctuelles et pire parfois même de façon artificielle. Prenons les exemples du ministère : « un magazine consacré à la machine à vapeur ». Sur cet exemple comme sur tous les autres les élèves vont passer beaucoup de temps à taper leur page du magazine, à embellir le magazine et à relier les pages du magazine tout ça sur le temps disciplinaire qui sera réduit. Pour la partie mathématique je cite : « leur professeur de mathématiques leur a demandé de prouver qu’il s’agissait réellement d’une révolution en calculant, à partir de la vitesse d’un cheval et la vitesse des premiers trains, le temps gagné pour rejoindre les villes de Lyon, Marseille, Orléans et Nantes depuis Paris. ». Un petit problème concret et 2 calculs intéressants certes mais qui prenne la place du travail réalisé au cours de 15 à 20 heures de mathématiques. On peut prendre tous les exemples et faire le même constat, j’ai longuement travaillé sur les IDD, je pense savoir de quoi je parle !

Donc avec les EPI c’est entre une demi-heure à une heure en moins pour l’enseignement des mathématiques en 5ème, en 4ème et en 3ème. Que reste-t-il ? 3,5h/semaine en 6ème  et 2h/semaine en 5ème, 4ème et 3ème. Avec des élèves habitués à ne pas travailler pendant 4h par semaine lors des EPI, donc moins efficaces durant le peu de temps d’enseignement qu’il restera. Ok ce n’est pas encore divisé par deux, il suffit maintenant de rajouter le numérique dans l’enseignement des mathématiques et maintenant on a CQFD. Le numérique et lui aussi un plus d’entre notre enseignement mais vouloir apprendre le codage à des élèves qui en grande partie ne maitrisent pas le calcul mental, ne maitrisent pas la géométrie de base et ne maitrisent pas les bases de la langue française est-ce bien raisonnable ? Utiliser un logiciel et cliquer sur une souris c’est utile dans la vie j’en conviens mais qu’on dégage du temps pour cela et qu’on ne vienne pas sans cesse rogner sur les fondamentaux que sont les mathématiques.

La grille horaire n’est pas le seul grave problème, il y en a un autre de taille : les programmes. Non pas le contenu des programmes mais leur faisabilité et leur adaptation laissée au « local ». Les programmes sont donnés volontairement peu clairs et peu détaillés pour soi-disant permettre une liberté pédagogique. Le pire c’est qu’ils ne sont pas donnés par niveau mais par cycle, en clair pas par année mais sur trois ans. Chaque collège pourra étaler sa progression sur trois ans comme il le souhaite. Plus personne ne pourra s’assurer que les programmes sont bouclés, un élève qui change de collègue sera complétement perdu surtout dans une discipline comme la nôtre où les notions sont liés les unes aux autres. Et pire encore, il sera impossible pour les éditeurs de concevoir des manuels, de belles économies pour le ministère mais une nouvelle catastrophe pour les mathématiques et les élèves. Comment donner du travail à faire en classe et à la maison sans livre ? Jamais nous n’obtiendrons des photocopies en nombre suffisant pour pallier à ce problème (ils nous en manquent déjà cruellement) ! Les manuels scolaires sont aussi un moyen de mieux connaître les programmes surtout pour les jeunes débutants.

Pour noircir encore un peu plus le tableau, je pourrais parler des hiérarchies intermédiaires souhaitées par le ministère pour mettre au pas les enseignants récalcitrants et la concurrence que souhaite lancer le ministère entre les différentes disciplines et entre les enseignants. De quoi encore remonter sans doute le moral des professeurs de mathématiques et celui des autres enseignants ! On pourrait aussi ajouter le tableau décrit par notre ministre sur le travail effectué jusqu’à présent dans nos collèges, chacun appréciera ses écrits et ses propos à leur juste valeur. Ce ne sont pas les mensonges proférés par les plus hauts représentants de l’état pour défendre cette réforme qui améliorent la situation bien au contraire.

Si vous voulez je suis élitiste, un pseudo intellectuel et un passéiste mais je vous em...

- Source : Fiorello

dimanche, 17 mai 2015

Entretien avec Pierre-Guillaume de Roux

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Entretien avec Pierre-Guillaume de Roux: «Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles.»

Pierre-Guillaume de Roux a dirigé de nombreuses maisons d’édition (éditions de la Table Ronde, éditions du Rocher) avant de créer la sienne en 2010, qui porte son nom. Il est le fils de l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, fondateur des Cahiers de l’Herne et défenseur d’une conception de la littérature en voie de disparition.

PHILITT : Pouvez-vous nous parler de la fondation des éditions et des Cahiers de L’Herne ?

Pierre-Guillaume de Roux : Les Cahiers de L’Herne ont été créés en 1961, avec un premier cahier René Guy Cadou. Mais l’histoire commence en 1956 avec une revue un peu potache tirée à 300 exemplaires qui s’appellait L’Herne, dans laquelle mon père et ses amis vont publier leurs premiers textes. Cette période va réunir autour de lui des gens aussi différents que Jean Ricardou, qui passera ensuite à Tel Quel, Jean Thibaudeau, Georges Londeix et quelques autres. C’est la première cellule.

L’Herne représente pour mon père une forme de littérature comparée : on coupe une tête, elle repousse toujours. À Lerne de la mythologie, il a ajouté sa lettre fétiche, le H, qu’on retrouve dans les Dossiers H ou dans la revue Exil(H). Cette lettre va l’accompagner toute sa vie. Cette première période va se terminer en 1958. Il va y avoir un moment de rupture, de réflexion. Entre 1958 et 1960 va mûrir l’idée de cahiers livrés deux fois par an dans le but de réévaluer la littérature, c’est-à-dire de changer la bibliothèque. Les surréalistes l’avaient fait quelques décennies plus tôt.

dominiquederoux1.jpgCadou était un coup d’essai, un pur fruit du hasard. C’est grâce au peintre Jean Jégoudez qu’on a pu accéder à des archives et constituer ce premier cahier. Cadou est un poète marginal qu’on ne lit pas à Paris : c’est l’une des raisons pour lesquelles mon père s’y est intéressé. Mais c’est Bernanos qui donnera le coup d’envoi effectif aux Cahiers. Mon père avait une forte passion pour Bernanos. Il l’avait découvert adolescent. Et par ma mère, nous avons des liens forts avec Bernanos car mon arrière-grand-père, Robert Vallery-Radot, qui fut l’un de ses intimes, est à l’origine de la publication de Sous le soleil de Satan chez Plon. Le livre lui est d’ailleurs dédié. C’est ainsi que mon père aura accès aux archives de l’écrivain et se liera d’amitié avec l’un de ses fils : Michel Bernanos. Ce cahier, plus volumineux que le précédent, constitue un titre emblématique de ce que va devenir L’Herne.

Ce qui impose L’Herne, ce sont les deux cahiers Céline en 1963 et 1965 — et, entre les deux, un cahier Borgès. Il y avait une volonté de casser les formes et une façon très neuve d’aborder un auteur : par le biais de l’œuvre et celui de sa vie. Une volonté non hagiographique. Il ne faut pas aborder l’auteur avec frilosité mais de manière transversale, éclatée et sans hésiter à être critique. L’Herne aujourd’hui a été rattrapée par l’académisme. L’Herne n’a plus rien à voir avec la conception qu’en avait mon père. La maison d’édition a été depuis longtemps trahie à tous les niveaux. On y débusque trop souvent de gros pavés qui ressemblent à d’insipides et assommantes thèses universitaires lancées à la poursuite de gloires établies.

PHILITT : Quelle était la conception de la littérature de Dominique de Roux ? Voulait-il réhabiliter les auteurs dits « maudits » ?

pound1.jpgPierre-Guillaume de Roux : Il suffit de voir les auteurs qui surgissent dans les années 60. Céline est encore un proscrit qu’on lit sous le manteau. Il n’est pas encore le classique qu’il est devenu aujourd’hui. Parler de Céline est plus que suspect. Ce qui explique que mon père sera traité de fasciste dès qu’il lancera des publications à propos de l’écrivain. C’est la preuve qu’il avait raison : qu’il y avait un vrai travail à accomplir autour de Céline pour lui donner une place à part entière dans la littérature. C’est de la même manière qu’il va s’intéresser à Pound. Pound, un des plus grands poètes du XXe siècle. Il a totalement révolutionné la poésie américaine mais, pour des raisons politiques, il est complètement marginalisé. Mon père va procéder à la réévaluation de son œuvre et à sa complète réhabilitation. Pound est avant tout un très grand écrivain qu’il faut reconnaître comme tel. Tous ces auteurs sont tenus dans une forme d’illégitimité politique mais pas seulement. Pour Gombrowicz c’est différent : c’est l’exil, c’est une œuvre difficile que l’on a pas su acclimater en France. Il va tout faire pour qu’elle le soit.

Il y a chez mon père une volonté de briser les idoles, de rompre avec une forme d’académisme qui était très prégnante dans cette France des années 60. D’où son intérêt pour Céline, pour Pound, pour Wyndham Lewis qui sont tous des révolutionnaires, en tout cas de prodigieux rénovateurs des formes existantes.

PHILITT : Quelle relation entretenait-il avec les Hussards ?

Roger-Nimier-et-lesprit-hussard-livre.jpgPierre-Guillaume de Roux : C’est compliqué. Dans un livre que j’ai publié il y a deux ans avec Philippe Barthelet, Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent et l’esprit hussard, il y a un extrait du journal de mon père de l’année 1962 où il se montre très critique à leur égard. Il est injuste, n’oublions pas l’âge qu’il a à ce moment-là (26 ans).  Il rencontre néanmoins Nimier à propos du Cahier Céline. Malheureusement, la relation n’a pu s’épanouir avec Nimier puisqu’il est mort trop tôt. Pourtant, je pense qu’ils avaient beaucoup de choses en commun : ce goût impeccable en littérature, cette manière de reconnaître immédiatement un véritable écrivain, cette curiosité d’esprit panoramique, ce goût pour la littérature comparée…

PHILITT : Dominique de Roux dénonçait le conformisme et le règne de l’argent. Était-il animé par une esthétique antimoderne ?

Pierre-Guillaume de Roux : À cet égard, je pense que oui. N’oubliez pas que mon père est nourri de Léon Bloy et de sa critique de l’usure. Mais aussi de Pound qui s’est penché sur toutes ces questions économiques. C’est à la fois quelqu’un qui a su sentir la modernité littéraire – d’où son adoration pour Burroughs, Ginsberg, Kerouac – et qui a une approche antimoderne vis-à-vis de la société. Il était aussi lecteur de Péguy. Le Cahier dirigé par Jean Bastaire a beaucoup compté pour mon père.

PHILITT : Quelles sont les rencontres qui l’ont le plus marqué ?

Pierre-Guillaume de Roux : Pound, Gombrowicz, Abellio, Pierre Jean Jouve font partie des rencontres les plus importantes de sa vie. Avec Abellio, il y a eu une amitié très forte. Abellio m’a écrit un jour que mon père était son meilleur ami. Ils se rencontrent en 1962 et ils vont se voir jusqu’à la mort de mon père en 1977 sans discontinuité. Il lui a évidemment consacré un Cahier de L’Herne.

PHILITT : Pound et Borgés, ce sont plutôt des rencontres…

Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Pound est déjà un homme très âgé mais il va quand même beaucoup le voir. Entre 1962 et sa mort, il le voit très régulièrement. La rencontre avec Gombrowicz se fait entre 1967 et 1969 et pendant cette courte période ils se voient très souvent. Mon père passe son temps à Vence où vit aussi le grand traducteur Maurice-Edgar Coindreau qu’il fréquente beaucoup à cette époque. Je détiens d’ailleurs leur superbe correspondance.

PHILITT : Il n’a jamais rencontré Céline ?

Pierre-Guillaume de Roux : Ils n’ont fait que se croiser. Au moment où mon père initie les Cahiers Céline en 1960, tout va très vite et Céline meurt en juillet 1961. Il n’a pas eu le temps de le rencontrer.

hallier_all_ws1.jpgPHILITT : Quelle est sa relation avec Jean-Edern Hallier ?

Pierre-Guillaume de Roux : Très compliquée. Ils ont été très amis. Ils se sont beaucoup vus au début des années 1960. C’est une relation passionnelle avec beaucoup de brouilles plus ou moins longues jusqu’à une rupture décisive après mai 68. Jean-Edern le traîne dans la boue, le calomnie, en fait un agent de la CIA. On retrouve là toutes les affabulations habituelles de Jean-Edern qui était tout sauf un être fiable, tout sauf un ami fidèle. C’est un personnage qui ne pensait qu’à lui, une espèce d’ogre qui voulait tout ramener à sa personne. Rien ne pouvait être durable avec un être comme ça.

PHILITT : Pouvez-nous parler de ses engagements politiques, de son rôle lors de la révolution des Œillets au Portugal et de son soutien à Jonas Savimbi en Angola ? La philosophie de Dominique de Roux était-elle une philosophie de l’action ? Peut-on le rapprocher des écrivains aventuriers que furent Conrad ou Rimbaud ?

Pierre-Guillaume de Roux : Pour ce qui est de son engagement au Portugal, il se fait un peu par le fruit du hasard, sous le coup d’une double rupture dans sa vie. Il y a d’abord son éviction des Presses de la Cité. Il dirigeait avec Christian Bourgois la maison d’édition éponyme ainsi que la collection de poche 10/18. En 1972, mon père publie Immédiatement, un livre qui tient à la fois du recueil d’aphorismes et du journal. L’ouvrage provoque un énorme scandale puisque Barthes, Pompidou et Genevoix sont mis en cause. La page 186-187 du livre est censurée. On voit débarquer en librairie des représentants du groupe des Presses de la Cité pour couper la page en question. Mon père a perdu du jour au lendemain toutes ses fonctions éditoriales. Un an et demi plus tard, il est dépossédé de sa propre maison d’édition à la suite de basses manœuvres d’actionnaires qui le trahissent. C’est un moment très difficile dans sa vie. Il se trouve qu’il connaît bien Pierre-André Boutang – grand homme de télévision, fils du philosophe Pierre Boutang – et le producteur et journaliste Jean-François Chauvel qui anime Magazine 52, une émission pour la troisième chaîne. Fort de ces appuis, il part tourner un reportage au Portugal. Il se passe alors quelque chose.

dominique de Roux 2.jpgCette découverte du Portugal est un coup de foudre. Il est ensuite amené à poursuivre son travail de journaliste en se rendant dans l’empire colonial portugais (Mozambique, Guinée, Angola). Il va y rencontrer les principaux protagonistes de ce qui va devenir bientôt la révolution des Œillets avec des figures comme le général Spinola ou Othello de Carvalho. Lors de ses voyages, il entend parler de Jonas Savimbi. Il est très intrigué par cet homme. Il atterrit à Luanda et n’a de cesse de vouloir le rencontrer. Cela finit par se faire. Se noue ensuite une amitié qui va décider d’un engagement capital, puisqu’il sera jusqu’à sa mort le proche conseiller de Savimbi et aussi, en quelque sorte, son ambassadeur. Savimbi me dira plus tard que grâce à ces informations très sûres et à ses nombreux appuis, mon père a littéralement sauvé son mouvement l’Unita au moins sur le plan politique quand a éclaté la révolution du 25 avril 1974 à Lisbonne. Mon père consacre la plus grande partie de son temps à ses nouvelles fonctions. Elles le dévorent. N’oubliez pas que nous sommes en pleine Guerre Froide. L’Union Soviétique est extrêmement puissante et l’Afrique est un enjeu important, l’Angola tout particulièrement. Les enjeux géopolitiques sont considérables. Mon père est un anticommuniste de toujours et il y a pour lui un combat essentiel à mener. Cela va nourrir sa vie d’écrivain, son œuvre. Son roman Le Cinquième empire est là pour en témoigner. Il avait une trilogie africaine en tête. Concernant son côté aventurier, je rappelle qu’il était fasciné par Malraux même s’il pouvait se montrer également très critique à son égard. Il rêvait de le faire venir à Lisbonne pour en faire le « Borodine de la révolution portugaise ». Il a été le voir plusieurs fois à Verrières. Il dresse un beau portrait de lui dans son ouvrage posthume Le Livre nègre. L’engagement littéraire de Malraux est quelque chose qui l’a profondément marqué.

PHILITT : Vous éditez vous aussi des écrivains controversés (Richard Millet, Alain de Benoist…). Quel regard jetez-vous sur le milieu de l’édition d’aujourd’hui ? Êtes-vous plus ou moins sévère que ne l’était votre père vis-à-vis des éditeurs de son temps ?

rm3783784_450_49.jpgPierre-Guillaume de Roux : Pas moins. Si j’ai décidé d’ouvrir cette maison d’édition, c’est parce que je pense que pour faire des choix significatifs, il faut être complètement indépendant. Un certain travail n’est plus envisageable dans les grandes maisons où règne un conformisme qui déteint sur tout. En faisant peser sur nous comme une chape de plomb idéologique. Cependant, nous sommes parvenus à un tournant… Il se passe quelque chose. Ceux qui détiennent le pouvoir médiatique – pour aller vite la gauche idéologique – sentent qu’ils sont en train de le perdre. Ils s’accrochent à la rampe de manière d’autant plus agressive. C’est un virage extrêmement délicat et dangereux à négocier. L’édition aujourd’hui se caractérise par une forme de conformisme où, au fond, tout le monde pense la même chose, tout le monde publie la même chose. Il y a bien sûr quelques exceptions : L’Âge d’homme, Le Bruit du temps par exemple font un travail formidable. Tout se joue dans les petites maisons parfaitement indépendantes. Ailleurs, il y a une absence de risque qui me frappe. L’argent a déteint sur tout, on est dans une approche purement quantitative. On parle de tirage, de best-seller mais plus de texte. C’est tout de même un paradoxe quand on fait ce métier. Le cœur du métier d’éditeur consiste à aller à la découverte et à imposer de nouveaux auteurs avec une exigence qu’il faut maintenir à tout prix.

PHILITT : Pensez-vous que Houellebecq fasse exception ?

Pierre-Guillaume de Roux : Oui, Je pense que c’est un écrivain important. Je l’avais repéré à la sortie de L’Extension du domaine de la lutte. J’avais été frappé par ce ton neuf. On le tolère parce qu’il est devenu un best-seller international et qu’il rapporte beaucoup d’argent. Ce qui n’est pas le cas de Richard Millet. S’il avait été un best-seller, on ne l’aurait certainement pas ostracisé comme on l’a fait honteusement.

PHILITT : La prestigieuse maison d’édition Gallimard a manqué les deux grands écrivains français du XXe siècle (Proust et Céline). Qu’est-ce que cela nous dit du milieu de l’édition ?

Pierre-Guillaume de Roux : Gallimard est, comme le dit Philippe Sollers, le laboratoire central. Quand on voit ce que cette maison a publié en cent ans, il y a de quoi être admiratif. Il y a eu en effet le raté de Proust mais ils se sont rattrapés d’une certaine manière. Gide a raté Proust mais Jacques Rivière et Gaston Gallimard finissent par le récupérer. Pour Céline, c’est un peu le même topo. Mais à côté de ça… que de sommets ! Gide, Claudel, Malraux… Gaston Gallimard a été un éditeur prodigieux parce qu’il a su s’entourer, parce qu’il avait une curiosité extraordinaire et parce qu’il a su aussi être un chef d’entreprise. Il a toujours joué de cet équilibre entre les écrivains dont il savait qu’ils n’allaient pas rencontrer un grand succès mais qu’il soutenait à tout prix et des livres plus faciles. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est que cette pratique ait quasiment disparu. On se fout de l’écrivain, on ne pense qu’à la rentabilité. On finit par promouvoir des auteurs qui n’ont pas grand intérêt. Et contrairement à ce que disent les pessimistes, il y a de grands écrivains en France. Mais encore faut-il les lire et les reconnaître. Et la critique littéraire ne joue plus son rôle. Les journaux font de moins en moins de place aux suppléments littéraires. Tout ce qui relève véritablement de la littérature est nié.

Crédit photo : www.lerideau.fr

Taubira et Najat-Belkacem: les ministres de la diversité ne sont pas intouchables

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DE L’INSTRUMENTALISATION DE LA XÉNOPHOBIE
 
Taubira et Najat-Belkacem: les ministres de la diversité ne sont pas intouchables

Raoul Fougax
Ex: http://metamag.fr
 
La charge de Nicolas Sarkozy contre Najat Vallaud-Belkacem, sans oublier Christiane Taubira, n’aura pas été inutile. Immédiatement en effet le Ps a réagi, dénonçant des relents xénophobes dans les propos de l’ancien président. Le mot xénophobie a été employé à tort par Cambadélis mais volontairement pour ne pas prononcer celui qui tue : racisme ! En effet la xénophobie s’adresse à des étrangers et pour le moment encore, en France, pour être ministre, il faut être français. Ce que Cambadélis  regrette peut être.

Alors on voit bien l’argument. On s’attaquerait particulièrement à ces deux ministres parce que femmes toutes les deux, parce que noire pour l’une et d’origine étrangère et musulmane pour l’autre. 

Comment nier que cela doit en énerver quelques uns. Le plus intéressant est cependant ailleurs. Il est dans le calcul de François Hollande. Incapable de satisfaire la gauche sur l’économie, il tente, on le sait, de l’apaiser par subversion sociétale.

Or, pour cette action de démolition des repères traditionnels français, il y a deux ministères clés, la justice et l’éducation nationale. CQFD. On l’a vu pour le mariage homosexuel et cela continue avec la réforme des collèges.

François Hollande passe son temps à instrumentaliser le passé. Il le fait dans le sens de la culpabilisation mémorielle pour renforcer le totalitarisme anti raciste. On passe des camps à l’esclavage sans oublier les migrants et les dangers de l’islamophobie. On rapace, mais c’est essentiel.

L’ami de Fidel Castro a donc nommé, avec des conseillers éclairés, deux ministresses bien identifiées idéologiquement aux postes les plus sensibles. C’est l’arme de dissuasion massive en fait. 

Des qu’on met en cause une réforme qui mine notre identité familiale et historique ou qui discrimine la culture traditionnelle européenne et française on hurle au racisme.  C’est facile. Et si il y a du racisme non dit, il n’est certes pas toujours du même coté. Sexisme militant, suspicion de tout ce qui est virilité traditionnelle ou enseignement classique, nos deux ministres ont du mal à résister à leurs pulsions pour une politique de discrimination négative et d’exclusion de ce qui n’est pas leur France rêvée qui, pour de nombreux Français, est un cauchemar cosmopolite.

Sarkozy lui-même, attaqué pour ses origines hongroises et juives, n’a pas  hésité à utiliser les mêmes ficelles en sortant de son chapeau  des Rachida Dati et autres Rama Yade. Il n’ose pas dire qu’il avait mieux choisi que François Hollande, mais il le pense très fort.

Personne dans notre système n’échappera à la case diversité, encore moins le Fn "mariniste" que les autres, s'il venait aux affaires.

Le problème n’est pas finalement la diversité, assumée, et on a le droit d’ailleurs de préférer Gaston Monnerville à une Taubira, mais son exploitation par un totalitarisme anti raciste.  Ce système  veut imposer une priorité des minorités ethniques religieuses et sexuelles et par une autre forme de discrimination  liée à la xénophilie.

Si on ne peut être xénophobes vis à vis de deux ministres français, on peut dénoncer,de leur part, une certaine xénophilie qui conduit à une  nouvelle forme évidente, même si sournoise, de discrimination. 
 

samedi, 16 mai 2015

Quand juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite

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Quand juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite
 
La débandade socialiste se mesure à la rapidité du renversement idéologique, du déplacement des clivages. Juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite, jusqu’à se réclamer du nationalisme ou du conservatisme. On en voit les effets jusqu’au FN.
 
Administrateur civil, écrivain
Ex: http://bvoltaire.fr

Quelle ingratitude ! Les socialistes ont donné aux homos le droit de se marier comme des petits bourgeois, de mener une existence aussi banale que des hétéros, entre la marmaille à élever, le pavillon à construire et le brunch du dimanche à organiser.

Et quels n’ont pas été les efforts de Valls et Cazeneuve pour contenter le ban et l’arrière-ban du CRIF et des associations godillots de l’antiracisme qui gravitent autours du Parti socialiste comme les mouches au-dessus de l’étron !

Tout ça pour que Marine Le Pen fasse « carton plein chez les pédés », comme dirait Frédéric Mitterrand, et qu’Éric Zemmour, petit juif français né à Trappes, soit devenu la coqueluche de la France traditionnelle, et non moins éternelle, que l’on n’entendait plus.

L’histoire d’amour de la gauche française avec les juifs et les homosexuels aura duré cent ans, depuis l’affaire Dreyfus d’une part, et l’emprisonnement d’Oscar Wilde, son exil et sa triste mort en France, d’autre part.

La débandade socialiste se mesure à la rapidité du renversement idéologique, du déplacement des clivages. Juifs et homosexuels ont mis la barre très à droite, jusqu’à se réclamer du nationalisme ou du conservatisme. On en voit les effets jusqu’au FN, où la querelle de légitimité familiale se double de divergences sur la ligne stratégique et la nature des nouveaux adhérents.

En 2013, Finkielkraut, fils de juifs polonais, et en 2014, Zemmour, fils de juifs pieds-noirs, nous ont dit toute l’affection qu’ils avaient pour le pays qui a fait ce qu’ils sont devenus. De L’identité malheureuse aux Quarante années qui ont défait la France, ces deux cris d’amour à la nation française ont affolé le Landerneau médiatique et le parti dévot.

Il y avait de quoi. Il suffit de comparer, d’une décennie l’autre, ce qu’a été l’intelligentsia juive, ou se réclamant du judaïsme, du trio de la LCR trotskiste Krivine-Weber-Bensaïd à la gogauche atlantiste et droits-de-l’hommiste Kouchner-BHL-Glucksmann jusqu’aux néo-souverainistes Zemmour, Finkielkraut et Élisabeth Lévy.

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De même, si le FN est devenu un repaire d’homosexuels, cela gêne surtout ses adversaires car faisant s’effondrer un pan de leur argumentaire : comment un parti sectaire, intolérant et quasi nazi, où les deux passe-temps favoris seraient de chasser le métèque et casser du pédé, peut en accueillir toute une tripotée qui s’y sentent chez eux comme des poissons dans l’eau ?

Les pédés ont viré à droite, depuis Pim Fortuyn et Jörg Haider à l’étranger, bien avant Philippot, depuis que le look Fred Perry – crane rasé, réappropriation parodique de la figure de la classe ouvrière blanche – a saisi le Marais. À l’extrême gauche anti-institutionnelle de Foucault, Barthes et Genet succéda le communautarisme queer de Guibert, Dustan et Eribon, puis la figure exemplaire de Renaud Camus, jadis proche de Barthes, puis l’auteur du Tricks à l’esthétique camp, jusqu’à sa sensibilité national-identitaire actuelle.

Le pourquoi est délicat si l’on ne veut pas tomber dans l’essentialisme. Une raison tient à la dynamique du minoritaire : on sent mieux l’air du temps, et le vent tourner, quand on n’appartient pas à la majorité qui fait la doxa. L’autre raison est un retour du refoulé : ceux qui sont allés le plus loin dans la détestation de la tradition, de la nation et du pater familias ont été les premiers à les redécouvrir.

Est-ce à dire que si l’on n’est pas juif, homosexuel, noir ou d’une communauté « opprimée », on est moins légitime à s’exprimer ? Eh bien oui. Au point qu’il faut que la majorité s’organise en « de souche » pour se faire entendre. La République unitaire est morte. Bienvenue dans la société communautarisée.

Nouveaux programmes scolaires: détruire l’identité nationale

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Nouveaux programmes scolaires: détruire l’identité nationale

Les programmes scolaires revisités par Mme Najat Vallaud-Belkacem mettent l’islam en valeur et tentent d’abolir la transmission de la culture française et européenne. Cette entreprise, fort bien ciblée, est parfaitement corrélée au processus d’immigration de peuplement invasive, de colonisation et d’islamisation. Les nouveaux programmes prévoient qu’une partie de  l’histoire de France sera facultative (chrétienté médiévale) mais l’histoire de l’islam (truquée, on peut le prévoir…) obligatoire.

La logique islamisatrice

On croit rêver : en effet, dans les nouveaux programmes du collège concoctés par la ministre de l’Éducation nationale, Mme Najat Vallaud-Belkacem, l’histoire de la chrétienté médiévale, des Empires byzantin et carolingiens ou de la période des Lumières devient facultative. En revanche, en 5e, l’étude des débuts de l’expansion de l’islam est… obligatoire ! Le Conseil supérieur des programmes (CSP), peuplé d’islamo-gauchistes, a parfaitement validé ces choix. Ils entrent dans le projet d’effacer progressivement le récit de la mémoire historique nationale française au profit de l’identité des ”nouvelles populations”, selon le souhait du think-tank Terra Nova. Pour l’essayiste Dmitri Casali « on veut gommer les racines chrétiennes de la France ». C’est vrai, mais ce constat est insuffisant, il faut aller plus loin encore. Il s’agit tout simplement d’islamiser (et d’arabiser) l’enseignement de la mémoire historique dès l’adolescence.

Mais on cherche aussi à faire reculer dans les programmes tout ce qui pourrait heurter les musulmans le christianisme, les Lumières, etc.  « À croire qu’il ne faut pas heurter certaines sensibilités religieuses », remarquait pudiquement Hubert Tison, secrétaire général de l’association des professeurs d’histoire-géographie. Tout cela sous le prétexte d’ ”alléger les programmes” qui seraient trop chargés. En réalité, dans les collèges à forte proportion ou à majorité d’élèves musulmans issus de l’immigration, pour ne pas ”créer de problèmes”, on laisse aux professeurs le soin de faire l’impasse sur les sujets qui fâchent.

En revanche, tous les élèves, même dans les classes sans musulmans, devront obligatoirement étudier l’histoire de l’islam ! On se doute qu’elle sera enjolivée et expurgée de ses sombres réalités – comme par exemple l’esclavagisme des Africains, les raids barbaresques, les persécutions d’infidèles, etc. Derrière cette démission, cette soumission à l’islam, on retrouve aussi les pratiques soft-totalitaires de l’Éducation nationale, adepte du bourrage de crâne idéologique. Parmi les enseignements obligatoires, on trouve la traite négrière transatlantique et les conquêtes coloniales présentées comme des agressions ; toujours le même objectif : culpabiliser l’histoire de France.

Abolition et substitution  de la mémoire

casemanqu.jpgMme Najat Vallaud-Belkacem sait ce qu’elle fait. Avec la complicité des idéologues de l’Éducation nationale et la bénédiction de François Hollande, elle milite activement pour accélérer l’islamisation. En tant que féministe, adepte de la théorie du genre, égalitariste forcenée, elle semble ne pas percevoir l’insurmontable contradiction de sa position. Mais peu importe : pour elle, sans doute, la dépossession de l’identité française est prioritaire et corrélée à une volonté de procéder à une acculturation arabo-musulmane. Tout se passe comme si l’islam devait devenir, par force, ”notre histoire”, comme si nous devions l’incorporer dans notre mémoire. Cela correspond au dogme (de type stalinien) de l’idéologie dominante, maintes fois asséné en dépit de toute vérité historique, selon lequel ”la France a toujours été un pays musulman” ou un pays d’immigration et de mélanges permanents, sans identité fixe. Un récent rapport sur l’intégration parle, sans rire, de la « dimension arabo- orientale de notre identité ». Le n’importe quoi, le mensonge historique, au service du fanatisme idéologique. 

Dans les nouvelles réformes de déconstruction de l’identité européenne de la France, on trouve également le torpillage de l’enseignement du grec ancien, du latin et de l’allemand, destinés à disparaître progressivement  ou à devenir anecdotiques et marginaux. Et à cela, s’adjoint logiquement  le renforcement des ”enseignements de langues et de cultures d’origine” (ELCO). Il s’agit de faire apprendre les cultures et surtout les langues de leurs origines ethniques aux jeunes élèves issus de l’immigration, majoritairement l’arabe et le turc, qu’ils maîtrisent souvent mal ou pas du tout. Ces enseignements concernent aujourd’hui 92.500 élèves dont 87.000 dans le primaire, population scolaire en augmentation de 16%  de 2010 à 2015. En parallèle, l’enseignement grammatical et lexical de la langue française est volontairement torpillé. Les deux entreprises sont logiquement liées.

Il s’agit, outre la furie égalitariste et anti-élitiste du nivellement par le bas (notamment avec la suppression des classes bilangues), terriblement nuisible pour les classes modestes, de supprimer de l’enseignement non seulement l’héritage du christianisme mais aussi celui de la culture gréco-latine, pareillement reniés. Ethnocide culturel.

Les idiots de la République

C’est assez extraordinaire : la République renonce à l’intégration et à la francisation – encore plus à l’assimilation. Elle promeut le communautarisme ethnique et l’islamisation (tout en prétendant combattre l’islamisme !). En réalité, le pouvoir a pris acte des réalités démographiques et de l’immigration massive qu’il a favorisé depuis des décennies. M. Valls a déclaré le 5 mai 2015 devant les députés, fustigeant ceux qui s’opposaient à la réforme des programmes : « c’est une nostalgie que vous essayez de défendre, une nostalgie d’une France qui est celle du passé ».  Autrement dit, la ”nouvelle France” doit abolir la mémoire et l’identité de l’ ”ancienne France”. Les Français de souche doivent renoncer à leur identité et à leur ethnicité mais….pas les immigrés  allochtones ! Quant aux étrangers qui ont choisi l’assimilation française et européenne, ils sont tout autant méprisés.      M. Valls a avoué par ailleurs que «  le terme d’intégration ne veut plus rien dire ». Il lui préfère celui de « citoyenneté » Naïveté totale : la citoyenneté républicaine est totalement incompatible avec l’islam ! Et la vraie citoyenneté (voir Aristote) n’est possible qu’entre sociétaires qui possèdent les mêmes valeurs, la même mémoire ; autrement, c’est la rupture communautariste assurée avec, au bout, la guerre civile probable. Cette idéologie d’un angélisme crétin et, au fond, haineuse de l’identité européenne et française, a également été formulée par M. Sarkozy (mais, chez lui, par calcul politicien et non par fanatisme idéologique comme chez M. Valls) quand il a déclaré, repentant : « quand j’étais président de la République, je n’aurais pas du parler d’identité nationale mais dire que je voulais défendre les valeurs de la République ». Quelle république ? Une future république islamique ?

Il y a fort à parier que la droite, si elle revient au pouvoir en 2017, n’osera pas remettre en cause les mesures de démolition de Mme Vallaud-Belkacem.

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Vers l’inévitable affrontement

La conscience nationale, les traditions autochtones sont donc traitées de ”nostalgie” ringarde, voire criminelle, par les collaborateurs de l’immigration massive et de l’islamisation. En revanche, les ” nouveaux Français” issus de l’immigration sont choyés comme jamais ; leur religion, leur culture, leurs langues sont mises en valeur et enseignées. Outre les nombreux privilèges, subventions, protections dont ils bénéficient par ailleurs. Ils sont flattés parce que leur nombre croissant fait peur. La tradition et la mémoire sont suspectes voire détestables quand elles concernent la France, son identité et son histoire ; mais elles sont formidables quand elles concernent les populations migrantes et, en particulier l’islam ; cet islam sur la véritable nature duquel on se bouche les yeux, soit par bêtise et ignorance, soit par pusillanimité et lâcheté.

Tout cela est parfaitement antidémocratique puisque la majorité des Français refuse cette politique de capitulation et de soumission. Mais la démocratie n’est pas le bac à sable de l’idéocratie de la gauche idéologue ou de la droite capitularde.  Cependant ces nouvelles mesures imposées par l’oligarchie à l’Éducation nationale sont la conséquence logique de l’immigration hors contrôle et du différentiel démographique intérieur : elle  a pris acte, avec jubilation, qu’intégration et assimilation étaient désormais quantitativement impossibles. C’est aux Français de souche de s’adapter, de renoncer à eux-mêmes, à leur enracinement. Leur histoire est terminée, forclose.  L’oligarchie (voir les analyses de Terra Nova) se dit et espère que dans pas si longtemps la véritable minorité visible, ce seront les Français de souche.

Mais est-ce bien sûr que cette stratégie réussisse ? Pas certain. Car les oligarques à la tête de la République française ont négligé les effets dialectiques de leurs décisions. À toutes choses, malheur est bon.  Autrement dit, en renforçant le communautarisme, notamment musulman (et en combattant par ailleurs l’islamisme et son terrorisme, contradiction absolue), les gouvernants renforcent par ailleurs la rupture  polémique  entre la France de souche et la ”nouvelle population”. Ils confortent des identités hostiles les unes envers les autres, dans leur rêve ”républicain” pacificateur. Ils préparent la guerre civile ethnique globale, qui impliquera évidemment, nécessairement l’islam, en Europe même.  Ils jouent avec le feu comme des enfants avec des allumettes. Ceux qui ont créé le chaos, irresponsables, seront dévorés, comme les enfants de Saturne. 

Articles connexes:

vendredi, 15 mai 2015

Rébellion n°69

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Rébellion n°69

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

A quoi sert Rébellion ?

L'ÉDITORIAL DE JEAN GALIÉ

Le langage de la vie réelle.

INTERNATIONAL

Les nouveaux Communards du Donbass

ENTRETIEN

Du Kosovo au Donbass, solidarité européenne.

Rencontre avec Nikola Mirkovic.

IMPÉRIALISME

Vers une occupation des USA au coeur de l'Europe.

 ACTUALITÉS

SOCIAL

La loi Macron ou les fonds de tiroir de la dérégulation.

RÉFLEXIONS

La nécessité de la terreur.

Pour une reconstruction idéologique radicale !

ALTERNATIVES

Réflexions sur la vie en communauté et les Z.A.D. 

Autonomie et imaginaire.  

Commande 4 euros (port compris) :

Rébellion c/o RSE

BP 62124

F-31020 TOULOUSE cedex 02

Contact : rebellion_larevue@yahoo.fr

www.facebook.com/rebellion.osre

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Front contre Front

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Front contre Front

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Alors que les politologues opposent le « vieux » FN de « Jean-Marie » au nouveau « FN » de « Marine », la classe politique, de gauche comme de droite, prétend au contraire que le FN n’a pas changé, ou alors simplement de manière cosmétique, que le nouveau est la continuité de l’ancien, à quelques « détails » près. Cette crise familiale et politique est-elle le choix de l’efficacité au détriment de l’authenticité, une véritable rupture ou une continuité masquée ?

Le FN de JMLP : provocations et incohérences.

Jean-Marie Le Pen, choisi comme figure de proue par une partie de la droite radicale et activiste, lassée des combats de rue en 1972, Dominique Venner rejetant la proposition qui lui avait été faite d’en être l’animateur, a voulu rassembler le camp dit de « droite nationale » autour de sa personne. Il était relativement indifférent aux querelles de chapelle et admettait tant d’anciens résistants que d’anciens collaborationnistes, dans la mesure où tous lui faisaient allégeance. Néanmoins, son parti fut une succession de départs et d’arrivées, au gré de diverses scissions liées à sa personnalité ou à ses positions fluctuantes. Dès 1973, la plupart des fondateurs du FN partirent « faire Front » puis en 1983 ce fut le départ de ceux qui allaient fonder le PNF. La plus grande scission, dont le FN n’a jamais réussi à se remettre, même en 2015, fut celle emmenée par Bruno Mégret.

Rappelons que cette scission était la conséquence non seulement de l’attitude de Le Pen, attisée par un clan épurateur dont sa fille Marine était une des animatrices les plus acharnées, mais aussi de choix tactiques différents. Toutefois, contrairement à ce qui a été souvent dit ces derniers mois, et affirmé aussi par Mégret lui-même, la « dédiabolisation » qu’il envisageait n’avait rien à voir avec celle de Marine Le Pen aujourd’hui. Il s’agissait simplement de ne plus donner d’armes aux adversaires par le biais de déclarations intempestives et/ou nostalgiques d’époques dont l’évocation n’apportait rien de bon, mais sans le moindre renoncement idéologique. Mégret a ainsi emmené avec lui les opposants les plus radicaux à l’immigration avant de les perdre au gré de ses défaites électorales.

Les provocations attiraient l’attention des media sur le parti et plaisaient à une partie de l’électorat. Ce côté anti-système était un positionnement confortable, même s’il amenait à se faire attaquer par toute l’intelligentsia politique et médiatique, car il évitait les remises en question douloureuses. Mais d’un point de vue politique c’était improductif puisque les chances réelles de succès étaient nulles. En 2002, la punition au second tour des présidentielles infligée à Jean-Marie Le Pen fut significative et sa réaction personnelle démontra qu’il avait compris qu’il n’aurait pas le pouvoir. Il l’avait sans doute compris dès 1995 en vérité. Alors tout ça pour quoi ?

Par ailleurs, le FN était un rassemblement hétéroclite sans aucune colonne vertébrale idéologique. Les néo-droitiers autour de Mégret et de Le Gallou avant 1998 avaient tenté de lui offrir une ligne. La revue « Identité » animée par Jean-Claude Bardet, le « Conseil Scientifique » du FN et d’autres structures la préparaient. Mais cette ligne rencontra l’opposition non seulement du président du parti mais de toute la coterie autour de lui. Les évolutions idéologiques, dans un sens plus souverainiste, les clins d’œil appuyés à l’islam, les renoncements doctrinaux, étaient au contraire défendus par JMLP, même s’il n’a jamais été un acharné de l’opposition à la construction européenne, à la différence de sa fille.

En outre, Le Pen lui-même n’était pas cohérent et oscillait entre ces deux positionnements, étant à la fois séduit par les thèmes nouveaux apportés par ceux qui allaient devenir les « mégretistes » et inquiet de l’ascension de son lieutenant au sein du parti. L’idée même de partager le trône avec lui était impensable. Mais ce discours « pré-identitaire » se heurtait aussi de front aux nostalgies coloniales du chef, à ce propos célèbre de jeune député en 1958 où il proposait un avenir français à la « jeunesse algérienne ». Lorsqu’on lit sous sa plume l’évocation d’une « Europe boréale » et la dénonciation implicite du « grand remplacement », on oublie son discours d'Argenteuil de 2007 adressé aux « branches de l’arbre France ». Le Pen a toujours hésité entre un nationalisme ethnique, pro-européen, et un nationalisme universel, potentiellement ouvert aux immigrés.

Enfin, en 1998, il osait évoquer à propos des mégretistes une « minorité extrémiste et même raciste », reprenant ainsi les accusations du système politico-médiatique à l’égard de gens qui quelques semaines auparavant étaient ses compagnons de route.
C’est oublier qu’il est plus que probable que les « mégretistes » n’ont fait que réagir par anticipation à une prévisible épuration envisagée par les courtisans, dont Samuel Maréchal (son gendre) et Marine Le Pen (sa fille), et admise implicitement par Le Pen.

Le FN de MLP : acheter la paix civile avec ses adversaires.

La stratégie de Marine Le Pen est le contraire exact de celle de son père. Elle dit vouloir le pouvoir et non témoigner. Mais, à la lire, on a l’impression que ce pouvoir est une fin en soi, et non le moyen de mener une autre politique. Son « FN » renonce à des convictions pour choisir des positions, fluctuantes au gré du vent. S’il lui faut garder un parfum d’acide, pour conserver un électorat dégoûté par la classe politique, et qui choisit le FN car différent (selon lui), le fond est considérablement allégé, les propositions les plus dures clairement adoucies ou abolies, y compris le refus de l’immigration passée. Le FN désormais se contente de réclamer un arrêt de l’immigration et une politique d’assimilation que certains jugent totalement illusoire, à l’instar de Julien Rochedy. Par ailleurs, il souffre d’un déficit de pensée. Le parti est en effet incapable de garder ses rares têtes pensantes, les privant de toute expression décomplexée. Chauprade a ainsi été fortement marginalisé suite à des propos hétérodoxes sur la question du « conflit entre civilisations ».

Le seul « intellectuel » du FN de Marine Le Pen semble donc Florian Philippot, qui sert à la fois de mentor politique de la présidente, de coach moral, de stratège en chef et d’épurateur n°1. Il est clairement à la manœuvre, même s’il s’en défend, et je dirais même surtout parce qu’il s’en défend, dans l’éviction de Jean-Marie Le Pen. Il a l’oreille de sa chef puisqu’il pense comme elle sur à peu près tous les thèmes.

Si Le Pen fille a au moins une conviction, c’est son rejet de l’idée européenne, qu’elle partage avec Philippot. C’est sur ce thème là qu’elle aura le plus de mal à faire son aggiornamento. Mais pour le reste, elle est prête à faire de son parti « le premier parti anti-raciste et anti-fasciste de France », pour reprendre une boutade de son père. Elle ira jusqu’au bout pour supprimer toutes les aspérités dérangeantes. Elle se guide aux sondages et études d’opinion, dans une certaine mesure seulement, et surtout aux media. Ce sont eux qui dictent sa politique de sanctions à l’intérieur du parti, eux qui traquent le moindre individu hétérodoxe en son sein. Elle préférera toujours un ancien socialiste ou gauchiste repenti à un nationaliste droitier.

En clair, pour accéder à une part de pouvoir, elle est prête à tout, alors qu’au contraire son père n’était prêt à rien. C’est là une différence fondamentale.

Deux lignes, deux échecs.

La ligne provocatrice à la JMLP menait à une impasse. Elle permettait certes d’obtenir entre 15 et 17% des voix à chaque élection, mais elle s’usait à la longue, en même temps que l’âge du capitaine augmentait. En 2007, il finit par tomber à 10% des voix et aux législatives suivantes le parti tomba à 4.3%. L’aventure risquait de se terminer comme elle avait commencé. La refondation était indispensable. Mais elle alla dans le sens exactement contraire, allant d’un extrémisme à un autre, d’un entêtement stérile à un renoncement qui ne l’est pas moins.

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Si dans les urnes le FN de « Marine » réussit mieux, avec 25% aux européennes et à peu près autant aux départementales, c’est dû à un contexte social et politique plus que dégradé. Si JMLP lui-même n’aurait plus été capable de réaliser ces scores, n’importe quel remplaçant un minimum jeune et dynamique l’aurait pu. Il n’y a pas vraiment de plus value « Marine ». Elle attire certes de nouveaux électorats. Elle en fait fuir aussi certains, notamment en raison de son programme économique anxiogène et pathétiquement europhobe.

MLP échouera pour les raisons exactement opposées à celles de son père. Elle échouera en diluant le discours dans le « politiquement correct », en stérilisant intellectuellement le parti. Elle n’a pas réussi à conserver la démarche de rassemblement de son père. Mais en revanche le « principe du chef » s’est aggravé. L’autoritarisme interne règne par la terreur. Tout intellectuel digne de ce nom ne saurait accepter une stérilisation mentale. Tout homme de conviction ne pourrait que se heurter à cette ligne dictée par ses adversaires.

Pour le moment, sa chance formidable est que la diabolisation dont elle est l’objet continue, alors même qu’elle fait des efforts immenses pour y mettre fin. On lui prête ainsi un crypto-programme. Ses adversaires comme ses électeurs la prétendent beaucoup plus dure sur le fond qu’elle ne l’est vraiment. On l’imagine avec une main de fer dans un gant de velours. Mais c’est au contraire une main molle dans un gant de fer. Et à un moment donné, cela se verra. A un moment donné, ses électeurs découvriront le pot aux roses, à savoir que sur les questions essentielles qui les animent, et notamment l’immigration, elle a déjà renoncé avant même de se battre. Peut-être en 2017, peut-être après, cette supercherie médiatique sera découverte. Pour peu qu’un parti identitaire, et pourquoi pas pro-européen, émerge, et elle sera ringardisée et rapidement écartée du jeu. Car la raison d’être de son parti, et la cause de ses succès, a toujours été ce thème, un thème « diabolisant » qu’elle accuse de lui interdire l’accès aux portes du palais présidentiel.

Enfin, l’obsession présidentielle, qu’elle partage avec son père, nécessitant d’atteindre les 50% des voix, ce qu’aucun parti révolutionnaire n’a jamais été capable de réussir au XXème siècle dans aucun pays européen, la perdra. Elle est incapable de passer cette barre. Ses reniements se paieront par des électeurs en moins qui ne seront même pas compensés par des électeurs en renfort. Et si malgré tout, elle réussissait, elle ne tiendrait pas quinze jours, prise dans ses contradictions. Elle aurait déjà le plus grand mal à se choisir un premier ministre. Et de toute façon le pouvoir n’est plus depuis longtemps à l’échelle nationale, or c’est la seule échelle qu’elle puisse envisager. Au mieux, elle isolera la France comme Syriza isole la Grèce. Et finalement elle cédera.

Et pendant ce temps là, la situation de la France et de l’Europe s’aggravera et cette « voie de garage » représentera une « voie de blocage » face à de vraies solutions audacieuses qui pourraient émerger et « capitaliser » de nombreux électeurs. Entre l’extrémisme de forme du père et la mollesse de fond de la fille, il existe une troisième voie aussi éloignée de l’une que de l’autre. Elle devra se chercher non seulement en dehors de ce parti, dont la direction est verrouillée au moins pour vingt ans, mais en dehors même de son créneau politique. Car toute solution sera européenne ou ne sera pas.

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

mardi, 12 mai 2015

Solitude du témoin, de Richard Millet

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Solitude du témoin, de Richard Millet

 
Francis Richard
Resp. Ressources humaines
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Richard Millet est un écrivain inlassable et inclassable.

Ne serait-ce qu'en 2014, il a publié six livres:

- Sibelius. Les cygnes et le silence, aux Éditions Gallimard

- Sous la nuée, aux Éditions Fata Morgana

- Chrétiens jusqu'à la mort, aux Éditions L'Orient des livres

- Lettres aux Norvégiens sur la littérature et les victimes, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

- Charlotte Salomon, précédé d'une Lettre à Luc Bondy, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

- Le corps politique de Gérard Depardieu, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux

rm9782756106366.jpgRichard Millet est classé à l'extrême-droite par ceux qui ne l'ont pas lu et se permettent de le juger. C'est le "vieux mécanisme de la victime émissaire mais chargée des maux d'un ordre qu'elle a dérangé". Il est affublé par d'aucuns de l'étiquette imprécise et fantasmée de nazi ou de fasciste - ce qui n'est pas la même chose: "Quand le directeur d'un hebdomadaire de gauche me traite de néonazi, il faut entendre dans ce vocable, une tentative de meurtre, et avant tout la décomposition du langage journalistique, en France."

Ce classement sans cause, ces étiquettes, qui lui sont collées à la peau pour le détruire, lui ont valu d'être banni de la sphère médiatico-littéraire, de perdre son emploi d'éditeur (chez Gallimard), mais cela ne l'a pas empêché de continuer à écrire, comme on vient de le voir: "Ma position de banni est celle de l'outsider, en fin de compte un rôle comme un autre, à ceci près que je fais chaque jour l'épreuve de ce bannissement dans ma vie quotidienne, avec la nécessité de parler pour ne pas laisser triompher le parti dévot."

Solitude du témoin? Richard Millet s'avance au sein d'une grande solitude. Il ne s'agit pas de la solitude sociale à laquelle l'a contraint son bannissement, mais de "l'isolement qui tient à la position de celui qui voit et qui dit ce qu'il voit: le témoin, personnage insupportable en un temps d'inversion générale où, pour paraphraser une formule célèbre, le vrai est devenu un motif fictionnel du mensonge."

Ce qui le désole, c'est de vivre sous le régime de la fin, d'une fin qui n'en finit pas, parce que la mort est déniée (en tant que catholique, il n'attend pas la mort, mais la fin de la mort). Aussi traque-t-il cette oeuvre de mort: "Le mouvement perpétuel du mourir qu'on tente de nous fourguer sous le nom même de vie, de la même façon que c'est au nom même du vivant qu'on pratique l'avortement, l'eugénisme, l'euthanasie, de quoi témoignent les euphémistiques "interruption de grossesse" et "accompagnement de fin de vie"."

Ce qui le désole, c'est que la fin de l'histoire, "métastase du refus du passé", soit proclamée et voulue par le capitalisme mondialisé - que j'appellerais plutôt capitalisme de connivence avec les États - qui veut substituer aux nations le Marché - que j'appellerais plutôt mondialisme, c'est-à-dire contre-façon éhontée, régulée par les États, du marché des libéraux, où les individus échangent librement entre eux et respectent le principe de non-agression. Cette fin de l'histoire ne serait qu'"un fantasme qui se nourrit de la non-événementialité, c'est-à-dire du vertige d'une fin qui n'en finit pas".

Ce qui le désole, c' est que le Culturel, c'est-à-dire l'alliance du Divertissement et de la Propagande, remplace la culture générale, l'horizontalité la verticalité: "Par son déni de la dimension verticale de la tradition judéo-chrétienne, le Culturel est la conséquence d'Auschwitz, tout comme la vie moderne est, dans son ensemble, Péguy, Bloy, Bernanos, l'ont répété avec force, un refus de toute vie spirituelle, de la dimension surnaturelle de l'histoire."

Il précise: "Déculturation et déchristianisation vont de pair; et les zélotes du parti dévot, les sicaires du Nouvel Ordre Mondial, les thuriféraires du Bien universel sont les héritiers de ceux qui ont rendu possibles le génocide arménien, Auschwitz, le goulag, les Khmers rouges, le Rwanda, et tout ce qui est à venir sur le mode de l'inhumain, de l'amnésie, du reniement de soi que l'incantation démocratique rend acceptables comme abstractions éthiques (l'abstraction comme fatalité de la "masse", redéfinie en concept d'humanité)."

Ce qui le désole, c'est l'avènement de la guerre civile induite par l'idéologie du multiculturalisme (le refus des valeurs du pays d'accueil, manifestation du "vif souci de ne pas s'assimiler, tout en tirant des avantages nationaux", entraîne une coexistence forcée entre personnes de cultures tellement différentes qu'elles ne se mêlent pas et qu'elles sont facteur de guerre civile) et par l'islamisme, allié du capitalisme mondialisé ("la coalition américano-qataro-saoudienne tend à entourer le chiisme d'un cordon sanitaire").

Les premières victimes de cette guerre civile en cours sont les chrétiens d'Orient: "La fin des chrétiens orientaux sera le signe non seulement de notre honte mais aussi la fin de notre civilisation, laquelle est déjà moribonde. Les chrétiens d'Orient meurent silencieusement de ce que nous ne voulons plus être chrétiens."

Ce qui le désole, c'est que l'"oeuvre de mort se joue d'abord sur le terrain du langage". La langue française s'est, semble-t-il, "retournée contre elle-même au point d'inverser ses valeurs fondamentales, sémantiques et syntaxiques" - prélude à sa disparition -, son mouvement naturel d'évolution étant "confisqué par la Propagande, le Spectacle, le babélisme marchand, le sabir: l'absence de phrase comme dimension servile de "l'homme"". Exemple, qui n'est pas anecdotique, de cette mise en oeuvre de mort sur le terrain du langage:

""On s'est couchés": la grammaire contemporaine n'est que l'histoire d'une évacuation, j'allais dire d'une épuration, comme on le voit non seulement pour le subjonctif, le futur simple, les subordonnées, mais aussi pour le nous qui disparaît de l'oral pour s'absenter de l'écrit et imposer le solécisme cité en entrant. On est neutre et de la troisième personne du singulier, et ce pronom ne saurait donc gouverner le pluriel couchés."

Il précise: "Le fantasme d'une langue simplifiée va de pair avec un esprit abaissé ou esclave des maîtres du langage, en l'occurrence les publicitaires qui vont main dans la main avec les politiques, sous l'oeil bienveillant du capitalisme mondialisé dont on ne dira jamais assez qu'il a plus besoin d'un langage que d'une langue."

Tout ce qui désole Richard Millet, et dont il témoigne, fait-il de lui l'être haïssable, classé et étiqueté de méchante manière par les zélotes du parti dévot, comme il les appelle gentiment? J'en doute. Mais, ce dont je suis sûr, c'est que Richard Millet est un écrivain, un véritable écrivain, qui se tient dans la solitude de la langue et à l'écart du courant dominant:

"L'écrivain travaille [...] dans la démonétisation, la déprogrammation, la marge, tout ce que l'on peut résumer sous le nom de forêt." Sa forêt? "Ma forêt, c'est la langue et la singularité que celle-ci déploie dans un monde devenu sourd au grand bruissement forestier de la mémoire ou de l'invisible, du spirituel."

"C'est pour avoir montré le lien entre la fausse monnaie littéraire et le discours multiculturaliste" confie-t-il "que j'ai été détruit socialement, banni, réduit à prendre le chemin de la forêt, ou, plutôt, à me rendre compte moi-même comme sujet radical dans un mouvement où l'objectivation, l'universel sont infiniment menacés par un système qui entend me renvoyer à une forme de solipsisme ou d'enfermement narcissique, alors que je reste tourné vers le dehors, l'immense fraîcheur de l'aurore, avec cette chance qu'est devenue l'inappartenance sociale."

Francis Richard, 3 mai 2015

Solitude du témoin, Richard Millet, 180 pages, Éditions Léo Scheer

Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

samedi, 09 mai 2015

Le corporatisme : genèse et perspectives

Le corporatisme: genèse et perspectives

Entretien avec Jean-Philippe Chauvin

Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Jean-Philippe Chauvin (professeur d’Histoire, animateur du blog nouvelle-chouannerie.com)

vendredi, 08 mai 2015

Le Cercle Proudhon: le sursaut de l'esprit français

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Entretien avec Pierre de Brague

Le Cercle Proudhon: le sursaut de l'esprit français

Ex: http://zentropa.info

brague.jpgJeune historien et membre d'Egalité et Réconciliation, Pierre de Brague oeuvre à la redécouverte d'une expérience politique les plus originale du XX siècle : Le Cercle Proudhon.

Rivarol/ Quelles sont les origines idéologiques du Cercle Proudhon ?

Le Cercle Proudhon est à mon sens l’incarnation française la plus aboutie qui soit (au niveau de la formulation intellectuelle) de la conjonction des deux non-dits de la matrice bourgeoise issue de 1789 à savoir cette escroquerie philosophique (les Lumières), politique (la démocratie) et économique (l’exploitation capitaliste) qui constitue notre actuelle mythologie officielle. Face à ce « système », certains ont plébiscité l’appui sur le « monde d’avant », l’Histoire et la Tradition, devenant alors d’affreux réactionnaires pour le libéralisme (dont la définition pourrait être : la dictature du présent), et d’autres ont voulu bâtir le « monde d’après », arc-boutant leurs aspirations Révolutionnaires sur la défense des intérêts du prolétariat, devenant alors l’alibi progressiste de toutes les compromissions socialistes… Lorsqu’elles furent intègres, radicales et authentiques, les mouvances monarchistes et syndicalistes ont représenté, chacune à leur manière, la quintessence des alternatives à cette « civilisation » bourgeoise. Ainsi de l’Action Française et du syndicalisme révolutionnaire. Le Cercle Proudhon est la réunion de certains militants - à mes yeux les meilleurs éléments - de ces organisations ; la crème de la crème de la radicalité patriote : une sorte d’union sacrée anti-démocratique, anti-capitaliste, anti-bourgeoise et anti-Lumières qui nous apparaît impensable au premier abord, mais qui se révèle conforme à ce que le véritable « esprit politique français » a produit (et doit produire) de manière plus ou moins explicite au fil des époques.

Rivarol / Pourquoi reprendre Proudhon comme figure tutélaire?

À première vue, rien de plus éloigné des monarchistes catholiques de l’AF et des syndicalistes révolutionnaires que le supposé anarchiste libertaire se revendiquant de 1789 que serait Pierre-Joseph Proudhon. Mais c’est se borner aux délimitations malhonnêtes du conditionnement intellectuel de ne pas faire l’exégèse profonde de l’homme et de son œuvre. Le Cercle ne tombe évidemment pas dans cet écueil et s’il peut arborer légitimement le sulfureux patronage du penseur franc-comtois c’est par une fidélité quasiment métapolitique à « l’esprit proudhonien », cet esprit parfaitement français, à la fois traditionnel et révolutionnaire, qui, par une vive et libre opposition des antagonismes, se transcende et trouve l’équilibre, cette notion fondamentale à la richesse insoupçonnée (et pour le coup quasiment métaphysique).

proudhon.0.jpgSi l’on s’en tient aux théories, Proudhon, par son fédéralisme, son mutualisme, sa critique acide de la démocratie et de la propriété capitaliste, ainsi que son caractère de farouche pourfendeur de la culture bourgeoise, a su permettre –malgré les tentatives de récupération des socialistes républicains- « à des Français, qui se croyaient ennemis jurés, de s’unir pour travailler de concert à l’organisation du pays français ». Nous touchons là un point essentiel : Proudhon était un homme d’ordre et non cet anti-étatiste anti-théiste et anti-propriétaire primaire que l’on veut nous faire accroire… C’est en tant que prophète de « l’ordre social français » que les membres du Cercle célèbrent ce « grand réaliste », ce « Maître de la contre-révolution », ce « Proudhon constructeur » à l’esprit et à la foi révolutionnaire. J’arrête ici, c’est certainement déjà trop de dialectique pour les quelques placides intellectuels de « gôche » qui prétendent s’accaparer la figure de ce rude fils de paysan, viril et guerrier, inaltérable et hardi défenseur du Travail, de la Famille et de la Terre (qui a dit Patrie ?) ; je ne voudrai pas être désigné responsable de l’ataraxie mentale dont ils souffrent, si peu nombreux soient-ils.

Rivarol / Cette alliance de royalistes et de syndicalistes révolutionnaires a-t-elle reçue le soutien de leurs « maîtres »  Charles Maurras et  Georges Sorel ?  Quelles furent les principaux animateurs du cercle ?

Allons immédiatement, si vous le voulez bien, au fond du sujet : Proudhon, Maurras et Sorel, incarnent pleinement et précisément, chacun à leur manière, avec des variations et des idiosyncrasies propres -que nous n’ôterons pour rien au monde à l’histoire et à la fortune de l’humanité- cet « esprit politique français » si précieux à mes yeux. Ils le personnifient par leurs « êtres », par leurs pensées, par leurs authenticités mêmes. Ils sont, ensemble et chacun de leur côté, cet esprit révolutionnaire conservateur français qui configure certainement le pire affrontement possible pour la pseudo-« civilisation » ploutocratique actuellement bourgeoise et soi-disant démocratique et libérale dans laquelle nous baignons depuis bien trop longtemps.

Pour être concret tout en restant succinct : que l’on songe aux conjonctions profondes qui animent cette si belle triade. Que ce soit sur l’Action, sur l’Intelligence, sur l’Organisation ou même sur l’État, les concordances, les filiations, les accords, les rapprochements et les frottements sont finalement prégnants ! Et ce jusqu’à constituer une philosophie politique véritablement française, foncière et radicale, qui se définirait par la recherche de l’organisation sociale qui rendra le plus justice à la dignité des travailleurs français et à la défense de leurs libertés et de leurs intérêts spirituels et matériels. J’invite le lecteur à reprendre un par uns les mots de cette dernière phrase et à y déceler une quelconque résonance avec notre contemporanéité…

Il n’y avait donc aucun problème de fond à ce que Maurras et Sorel soutiennent l’initiative de leurs meilleurs (ou atypiques selon l’angle de vue) disciples, surtout lorsqu’elle se fit sous ce glorieux patronyme de Proudhon. Cessons ici tout essentialisme pour revenir aux réalités et aux contextes : il n’était pas question pour les « maîtres » de fusionner leurs mouvements ou de participer activement et personnellement à ce genre « d’expériences » conférant pratiquement à l’aventure. Les maîtres respectifs sont restés à l’écart, en retrait, accompagnant d’abord avec entrain et bienveillance, mais également avec méfiance, la « tentative » du Cercle Proudhon. Notons néanmoins que c’est Sorel qui a fait le premier pas « officiel » dès 1908 dans une revue syndicaliste italienne en dressant l’éloge pragmatique de l’AF, considérée alors comme une vraie force vivante pour l’avenir de la France. Remarquons aussi que Maurras prononça une allocution à la première réunion du Cercle, qui fut tenue à l’Institut d’Action Française, donc dans ses locaux, le 17 décembre 1911.

Dans la pure lignée de cet « esprit proudhonien », à l’instar, et peut-être plus encore que leurs aînés, Georges Valois et Édouard Berth furent les principaux protagonistes du Cercle, lui donnant une vie et une aura rares, représentant et formulant magnifiquement la Combativité et la Vitalité française, comme, ai-je l’impression, la France savait -malgré tout- encore en produire il y a quelques décennies… Citons les autres fondateurs et participants rédacteurs aux Cahiers du Cercle : Henri Lagrange, Gilbert Maire, René de Marans, Marius Riquier, André Pascalon et Albert Vincent.

Rivarol/ Le rejet de la Démocratie est-il commun aux deux mouvances ?

Et comment !

Qualifiée de « plus grande erreur du siècle passé »,  de « maladie mortelle » et de « plus sotte des rêveries », la démocratie est mise en cause par ces deux écoles pour des raisons propres qui sont finalement similaires. À droite, on rejette la république démocratique car c’est le régime et le système politique de l’avènement de la classe bourgeoise, soit ce gouvernement des intérêts étrangers et anti-traditionnels, et à gauche parce que c’est l’alibi majeur de l’exploitation capitaliste. Le Cercle va directement à l’essentiel en attestant de la consubstantialité des institutions démocratiques, des « valeurs » bourgeoises et de la domination socio-économique.

La démocratie libérale bourgeoise est explicitement vomie en tant que « totalité » pour des raisons politiques et économiques, et en dernière instance parce qu’elle n’est que le symbole d’une vision du monde hypocrite et mortifère. Si l’on accepte de l’utiliser comme un terme générique, cette Démocratie (qui est encore la nôtre aujourd’hui) n’est qu’une fable avilissante, abrutissante, précaire, anti-Production et anti-Culture.  « Ramenée parmi nous pour instaurer le règne de la vertu, elle tolère et encourage toutes les licences. Elle est théoriquement un régime de liberté ; pratiquement elle a horreur des libertés concrètes, réelles et elle nous a livrés à quelques grandes compagnies de pillards, politiciens associés à des financiers ou dominés par eux, qui vivent de l’exploitation des producteurs. » Voilà comment le Cercle Proudhon définissait la démocratie dans sa première Déclaration !

Rivarol / Les animateurs du cercle insistaient sur les vertus viriles, vitalistes et héroïques.  L'aspect guerrier était-il au coeur de la démarche de ce groupe ?

Proudhon restera l’immortel auteur de La Guerre et la Paix, ouvrage majeur par lequel il établit que toute construction humaine –et toute humanité- tient son origine dans la guerre. Il s’agit ici d’exalter le sentiment guerrier, mobilisateur, générateur « du sublime, de la gloire, de l’héroïsme, de l’idéal et de la poésie » et non de vanter la barbarie ou les va-t-en-guerre. Cet esprit combattant se retrouve transposé chez Sorel via ses Réflexions sur la Violence et le mythe de la « grève générale » où l’ouvrier devient le nouveau héros ; quant à Maurras et son Si le Coup de Force est possible, les vertus aristocratiques qu’il défend ne pouvaient que tomber en accord avec cette aspect. Tout ceci évidemment en opposition dialectique avec les pseudo « valeurs » bourgeoises bien-pensantes hypocrites et maniérées que seraient le pacifisme, l’humanitarisme et l’intellectualisme.

Rivarol / L'équipe de rédaction n'hésitait pas à attaquer la finance anonyme et vagabonde. En quoi l'anti-capitalisme était-il un élément fondamental de la démarche du cercle ?

Anonyme, anonyme… Pas tant anonyme que ça si l’on en croit certains textes ! L’anti-capitalisme est effectivement un élément fondamental de la démarche du Cercle, au même titre que l’anti-démocratisme, et pour cause : ils sont indissociables, et ce constat n’a pas échappé aux militants du Cercle, bien au contraire. Admettant l’alliance des démocrates et des financiers, comme aujourd’hui celle des socialistes bobos et des néo-libéraux bling-bling, le Cercle y oppose une alliance des royalistes et des syndicalistes révolutionnaires, et ce sans forcer sa cohésion car la mise à bas du « régime de l’Or » (par opposition au « Sang ») est une thématique forte chez les partisans de Maurras. Georges Valois lui-même, le principal initiateur du Cercle, la « recrue prolétarienne » de l’AF, fut toute sa vie durant l’homme d’un combat, celui de l’Humain contre l’Argent, et ce quoique l’on en dise.

Citons encore une fois la si concise prose du Cercle : « La démocratie enfin a permis, dans l’économie et dans la politique, le rétablissement du régime capitaliste qui détruit dans la cité ce que les idées démocratiques dissolvent dans l’esprit, c’est-à-dire la nation, la famille, les mœurs, en substituant la loi de l’or aux lois du sang. La démocratie vit de l’or et d’une perversion de l’intelligence. » Nous retrouvons ici le véritable moteur métapolitique du Cercle : c’est le combat de la Vie et de la Civilisation contre son placebo fantoche aliénant et destructeur.

Rivarol/ L'accusation d'antisémitisme lancée contre le Cercle Proudhon est-elle valable ?

Plus largement, comment analysez-vous l'antijudaisme présent dans le mouvement ouvrier de la fin du XIXe siècle ?

L’antijudaïsme du mouvement ouvrier, comme celui du Cercle Proudhon, de Proudhon lui-même ou de beaucoup d’autres, fut rarement racial ou théologique. La question juive s’y présente comme un problème essentiellement économique et social, perçu sous l’angle de la lutte des classes. Concernant le Cercle, si attester de la place prééminente de la bourgeoisie juive dans la société française suite à sa prise de pouvoir au sein même de cette classe bourgeoise (par l’instauration de la république démocratique) est un fait suffisant pour être taxé d’antisémitisme, alors oui le Cercle est antisémite !

Rivarol /  Pour vous, en quoi consiste le mélange de Réaction et de Révolution qui incarne l'esprit français ?

Il convient de manier les termes avec exactitude, comme dirait un certain Professeur. Il est question de Tradition et non de Réaction. Comme expliciter plus haut, toute la vérité de cet « esprit français » résulte de la libre opposition des antagonismes, que ce soit au point de vue politique ou individuel. Ce qui, à mon avis, définit le mieux l’esprit français tient en un mot : l’équilibre, auquel nous devons impérativement accoler une qualité chérie par Proudhon lui-même, je veux parler de l’ironie. Définition simple mais subtile, et qui se décline à une multiplicité de niveaux. En dehors de ses théorisations politiques, Proudhon devient ici le symbole de la France éternelle, celui qui mêle « esprit classique et christianisme fondamental », ce révolutionnaire patriote, ce gaulois frondeur et spirituel, ce mélange unique et réussi entre la rudesse et la légèreté. Un « miracle français » reconnu dans le monde entier et qui engendrait, il y a encore peu de temps, une vision du monde, une identité et une mentalité propres que les agressions répétées du libéralisme mondialisé anti-humain ont mis à mal, illustrant cette « mutation anthropologique » que Pasolini constatait dans son pays dès les années 1970.  Faire revivre l'esprit de la France, voilà ce qui importe !

Propos recueillis par Monika Berchvok.  (Rivarol)

A lire :

Les Cahiers du Cercle Proudhon, préface de Pierre De Brague, Editions Kontre Kulture (http://www.kontrekulture.com/) , 2014, 496 pages – 18 euros.

Le numéro 68 de la revue Rébellion avec un important dossier sur Sorel, le syndicalisme révolutionnaire  français et le Cercle Proudhon ( 5 euros – Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02)

Une américanisation de plus en plus poussée

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LA TRAHISON DE LA DROITE FRANÇAISE
 
Une américanisation de plus en plus poussée

Alexandre Latsa
Ex: http://metamag.fr

Beaucoup d’encre a coulé sur la volonté de l’ex/futur patron de la droite française de transformer l’UMP en « Républicains », à quelques mois d’une élection primaire qui devrait vraisemblablement se tenir début 2016.


Il est vrai, le nom UMP (qui signifiait d'abord Union pour la majorité présidentielle, avant de devenir l'Union pour un mouvement populaire) est devenu de plus en plus lourd à porter. Après une défaite électorale inexcusable en 2012, après la pitoyable élection interne de 2012 au cours de laquelle « deux abrutis » (dixit Nicolas Sarkozy) avaient maladroitement tenté de se mettre sur orbite en vue de la présidentielle de 2017, c'est l'affaire Bygmalion qui allait achever de ternir l'image du premier parti de droite français, en ajoutant au mensonge et à la tricherie les magouilles financières.


Pour sortir de l'impasse dans laquelle la droite s'est elle-même fourvoyée, sans pouvoir cette fois accuser le parti socialiste, il fallait trouver une solution. L'urgence se fait d'autant plus sentir qu'avec la poussée électorale continue du Front National, les cadres de la droite UMP, les futurs Républicains, sont de plus en plus écartelés entre les souhaits de leurs électeurs et la discipline morale et politique que leur impose l'appartenance à l'oligarchie nationale.


Retour de la France vers les valeurs traditionnelles et le patriotisme


De retour à la direction de l'UMP, bien que poursuivi par les affaires, Nicolas Sarkozy semble s'être transformé en Janus français de la politique. Tantôt il joue le centre pour ne laisser aucun espace au tandem Juppé/Fillon, tantôt il doit occuper son aile droite afin de pouvoir bénéficier d'un potentiel de report de voix qui lui permettrait de l'emporter comme en 2007, grâce aux voix de l'extrême-droite.


En matière de politique internationale, Nicolas Sarkozy semble être frappé par le même virus que Jacques Attali, virus que certains membres de l'UMP comme Alain Juppé nomment « russophilie » ou que certains journalistes qualifient de « tentation de Moscou ». Il faut cependant noter que la droite française n'est pas devenue russophile en totalité, puisque Bruno Le Maire par exemple, personnalité de l'aile droite de l'UMP, paraît opposé à tout compromis avec la Russie en affirmant que: « Vladimir Poutine ne comprend que le rapport de force et la fermeté » (sic).


Quoi qu'il en soit, Nicolas Sarkozy, bien qu'il semble prétendre à concourir pour la présidence française, ne s'est pas privé d'un clin d'œil à la culture américaine en « américanisant » le nom du parti qu'il espère mener au pouvoir. Ce tropisme maladif qui frappe la droite française est sans doute la plus belle réussite d'un demi-siècle de soft-power politique américain au sein des élites françaises.


am5366130_p.pngLes prises de position non hostiles à la Russie de certains leaders politiques francais ne peuvent cependant modifier l'ADN de la grande majorité de la droite française d'aujourd'hui. Tendance qui va voir la tenue d'une primaire 100% endogène en 2016, sans aucun parti ou tendance ni souverainiste, ni gaulliste.


Les politiciens qui dirigent la droite sont soit convertis au libéralisme dominateur, soit au libertarisme progressiste qui est en contradiction avec les valeurs sociétales traditionnelles françaises. Quant au reste, il est membre conscient ou inconscient du dispositif américain dans l'Hexagone. En effet, environ 25% de nos députés sont membres du groupe d'amitié France-Amérique. Dans ce groupe relativement discret qui est dirigé, c'est tout un symbole, par Louis Giscard d'Estaing, fils de l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, on trouve un bon nombre de députés de droite, en compagnie de députés socialistes.

Cette américanisation, loin d'être toujours discrète, est un état de fait que le président russe, lors de sa dernière séance de questions réponses, a commenté sur le ton de la plaisanterie: à la question de savoir s'il avait des discussions géopolitiques fréquentes avec ses homologues européens, il a répondu en souriant qu'il « est difficile de parler à des gens qui chuchotent même chez eux de peur des écoutes américaines. Et ceci n'est pas une blague, je ne plaisante pas ».


Du reste, c'est précisément en Russie que la droite française pourrait trouver le modèle qui lui manque pour prendre, et surtout conserver, le pouvoir sur la longue durée. La Russie, régime politique présidentiel fortement inspiré par la 5ème république française, est en effet dirigée par un bloc politique allant du centre à la droite de la droite, mais avec un chef de l'Etat qui se fait visiblement une certaine idée de la Russie, une idée souverainiste.
Les grandes lignes directrices de la gouvernance russe, ses valeurs suprêmes en quelques sortes, sont définies sans ambiguïté. On y trouve entre autres la souveraineté, le patriotisme, le conservatisme moral et sociétal, la nécessité d'un Etat fort et la conscience des Intérêts supérieurs du pays.


Des valeurs suprêmes qui font cruellement défaut à la France d'aujourd'hui, mais que nos dirigeants, durant 15 siècles d'histoire monarchique puis républicaine jusqu'à mai 1968, avaient pourtant défendues sans relâche.


Source

jeudi, 07 mai 2015

Signez la pétition de soutien à Robert Ménard !

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Signez la pétition de soutien à

Robert Ménard !

 

 

Paris, mai 2015

Madame, Monsieur,

Face au déchainement médiatique orchestré par le gouvernement de François Hollande et de Manuel Valls,

Au nom de la liberté d’expression,

Parce que le thème de l’immigration et ses conséquences ne doit plus être un tabou,

Apportez votre soutien à Robert Ménard et à la municipalité de Béziers en signant la pétition mise en ligne par Boulevard Voltaire.

Merci.

17:04 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : actualité, france, béziers, robert ménard | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 06 mai 2015

Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)

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Pourquoi il faut se remettre à Sénèque (et aussi au latin !)
 
Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n'ont pas de bons suiveurs.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Il est inepte et socialiste de se remettre au latin sans savoir pourquoi. Le latin, langue de Pétrone, de Virgile et d’une poignée de grands génies politiquement incorrects…

Précepteur de Néron, Sénèque fut bien placé pour savoir que les bons conseils n’ont pas de bons suiveurs. Pourtant, à vingt siècles de là, et dans les temps postmodernes désastreux et désabusés où nous vivons, nous ne pouvons que nous émerveiller de la justesse de ses analyses, comme si Sénèque faisait partie de ces penseurs qui cogitent dans ce que Debord appelait le présent éternel.

Et je lui laisse écrire à Lucilius :

Sur le quidam obsédé par l’argent et par la consommation : « Les riches sont plus malheureux que les mendiants ; car les mendiants ont peu de besoins, tandis que les riches en ont beaucoup. »

Sur l’obsession des comiques et de la dérision, si sensible depuis les années Coluche : « Certains maîtres achètent de jeunes esclaves effrontés et aiguisent leur impudence, afin de leur faire proférer bien à propos des paroles injurieuses que nous n’appelons pas insultes, mais bons mots. »

Sur la dépression, ou ce mal de vivre mis à la mode par les romantiques, Sénèque écrit ces lignes : « De là cet ennui, ce mécontentement de soi, ce va-et-vient d’une âme qui ne se fixe nulle part, cette résignation triste et maussade à l’inaction…, cette oisiveté mécontente. »

Sur le tourisme de masse et les croisières, Sénèque remarque : « On entreprend des voyages sans but ; on parcourt les rivages ; un jour sur mer, le lendemain, partout on manifeste la même instabilité, le même dégoût du présent. »

Extraordinaire, aussi, cette allusion au délire immobilier qui a détruit la terre : « Nous entreprendrons alors de construire des maisons, d’en démolir d’autres, de reculer les rives de la mer, d’amener l’eau malgré les difficultés du terrain… »

Une société comme la nôtre ne manque pas d’esquinter les gens, de les réduire à un état légumineux. Sénèque le sait, à son époque de pain et de jeux, de cirque et de sang : « Curius Dentatus disait qu’il aimerait mieux être mort que vivre mort » (Curius Dentatus aiebat malle esse se mortuum quam uiuere).

L’obsession du « people », amplifiée par Internet et ses milliers de portails imbéciles (parfois un million de commentaires par clip de Lady Gaga), est aussi décrite par le penseur stoïcien : « De la curiosité provient un vice affreux : celui d’écouter tout ce qui se raconte, de s’enquérir indiscrètement des petites nouvelles, tant intimes que publiques, et d’être toujours plein d’histoires (auscultatio et publicorum secretorumque inquisitio).

Je terminerai par l’obsession humanitaire de nos temps étiolés, dont Chesterton disait qu’ils étaient marqués par les idées chrétiennes devenues folles, voire idiotes : « C’est une torture sans fin que de se laisser tourmenter des maux d’autrui » (nam alienis malis torqueri aeterna miseria est).

Fort heureusement, on peut se remettre aux classiques grecs et romains grâce à remacle.org.

mardi, 05 mai 2015

Insécurité, islamisme : du déni de réalité à l’orchestration de la peur, la nouvelle stratégie de l'oligarchie

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Insécurité, islamisme: du déni de réalité à l’orchestration de la peur, la nouvelle stratégie de l'oligarchie

par Michel Geoffroy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'utilisation de l'insécurité et de la peur par l'oligarchie pour consolider son pouvoir... Une analyse qui recoupe celle d'Eric Werner dans son essai L'avant-guerre civile récemment réédité chez Xénia.

La novlangue au service du déni d’insécurité

Face à l’augmentation de la délinquance, conséquence de l’idéologie laxiste qu’elle a mise en œuvre, l’oligarchie a d’abord inventé dans les années 1980 le fameux sentiment d’insécurité, une sorte de phobie d’extrême droite qui faisait, selon elle, voir la réalité sous un jour trop sombre. Elle a aussi inventé le concept d’incivilités qui permettait de banaliser la progression des délits, notamment ceux imputables aux jeunes issus de l’immigration.

On nous a ainsi expliqué, par exemple, qu’il était traditionnel de brûler des voitures à la Saint-Sylvestre. Car chaque fait divers se trouvait dépeint sous des couleurs les plus lénifiantes possibles : on nous présentait les délits voire les crimes comme incompréhensibles car intervenant toujours jusque-là dans des quartiers populaires mais tranquilles ou sans histoire (*). On ne comprenait donc pas le coup de folie qui avait pu saisir les auteurs de ces actes : sans doute parce qu’un banal vol de sac à main, une drague ou une bagarre par balles avait mal tourné. Bref, ce n’était pas vraiment la faute de ces individus bien connus des services de police, mais plutôt le fait de victimes de la malchance, du chômage et de la discrimination.

La novlangue au service du déni d’islamisme

L’apparition de délits commis par des personnes se réclamant de l’islam a subi le même traitement politico-médiatique. On a ainsi assisté à la négation systématique du caractère islamiste de ces agissements, comme par exemple lors des attaques commises en France à la Noël 2014.

L’oligarchie a donc mis l’accent sur le caractère isolé de ces loups solitaires, victimes d’une autoradicalisation pathologique. Même si ensuite on découvrait que leurs proches faisaient l’objet de poursuites ou que des filières avaient été démantelées !

Ou bien on les présentait comme des individus au comportement incompréhensible ou incohérent, comme par exemple dans le cas du profanateur du cimetière de Castres. Ou bien encore des individus dérangés, ce qui permettait d’ôter toute signification autre que médicale à leurs actes. On a même été jusqu’à nous présenter l’auteur musulman d’un attentat à l’arme automatique en Belgique comme un amateur d’armes !

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Pas d’amalgame

Dans le souci de ne pas faire d’amalgame avec l’islam on a aussi beaucoup insisté sur le fait que ces criminels n’étaient pas de vrais bons musulmans, ou bien des convertis de fraîche date, donc connaissant mal leur nouvelle religion. On nous a dit aussi que finalement les victimes étaient… les musulmans eux-mêmes dont l’image risquait de pâtir de ces agissements.

Ce type d’argumentaire est largement répandu en Europe. On se souvient, par exemple, de ce que déclarait le premier ministre anglais à la suite de l’assassinat horrible d’un militaire décapité en pleine rue : « Ce n’était pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et le mode de vie britannique. C’était aussi une trahison de l’islam et des communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays. Rien dans l’islam ne justifie un tel acte épouvantable » (**).

Le même discours a été entendu en France.

Le déni de la cathophobie

On a aussi systématiquement nié le caractère antichrétien de certains délits ou agressions.

Ainsi, pour nos médias les églises ou les cimetières chrétiens ne sont jamais profanés, à la différence des sépultures juives ou musulmanes. Ils sont seulement dégradés ou à la rigueur vandalisés.

Pour la même raison on n’a mis l’accent que sur les actes antimusulmans ou antijuifs : une façon de dénier toute réalité aux actes antichrétiens et à l’existence d’un racisme antifrançais ou antiblanc que, curieusement, la justice n’arrive jamais à identifier.

Enfin, les médias nous ont beaucoup parlé du fait religieux en général (cf. notamment la dernière enquête sur le fait religieux dans l’entreprise) : une manière de cacher la progression des revendications musulmanes.

Bref, l’oligarchie a mobilisé la novlangue et tout le puissant appareil médiatique au service du déni de réalité.

Une nouvelle stratégie

Cette stratégie a cependant fait long feu en 2015.

Certes, l’oligarchie reste attachée à la ligne pas d’amalgame, dans le souci de ne pas se couper de l’électorat musulman d’ici 2017. Les différents plans contre le racisme et l’islamophobie remplissent la même fonction séductrice.

Mais il n’empêche que la réalité est plus forte que la novlangue. La progression de la délinquance ne peut plus être cachée par les services de police et de gendarmerie, pas plus que celle de la violence islamiste.

L’oligarchie a donc progressivement décidé de changer de stratégie en 2015 : de passer du déni de réalité à l’orchestration de la peur. Pour plusieurs raisons.

Le déni n’est plus crédible

D’abord parce que la situation lui échappe de plus en plus.

Derrière les annonces périodiques relatives aux coups de filets, aux attentats miraculeusement déjoués, censés démontrer l’efficience de nos forces de l’ordre, ou relatives à l’inflexion prétendue des statistiques de délinquance, l’actualité migratoire ou criminelle, en France ou à l’étranger, rend de moins en moins crédible la stratégie du déni. Et l’EI se charge de son côté de la démentir.

Mais surtout l’oligarchie a compris qu’elle avait tout à gagner à orchestrer la peur.

Opération Je suis Charlie

L’opération Charlie Hebdo autour des attentats de janvier 2015 marque le coup d’envoi de la nouvelle stratégie du pouvoir.

Car du jour au lendemain on ne nous parle plus de loups solitaires ou d’actes incompréhensibles : désormais on ne nous parle plus que de filières djihadistes, d’attentats terroristes commandités de l’étranger, de caches d’armes et de complices. La langue officielle et médiatique se délie comme par enchantement. Et les incendiaires d’hier revêtent la tenue des pompiers.

Dans un premier temps l’opération Charlie Hebdo tente de rejouer la séquence du président de la République chef de guerre et de l’union nationale contre le terrorisme : ce sera la marche républicaine censée remettre en selle un pouvoir à l’impopularité abyssale et destinée aussi à créer un nouveau cordon sanitaire contre la progression du Front national, pour le plus grand profit de l’UMPS.

Cette tentative a cependant échoué : l’image de marque du gouvernement socialiste retombe aujourd’hui progressivement à son niveau d’avant le 11 janvier. Et le Front national est devenu en nombre de voix le premier parti de France lors des élections départementales.

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De nouveaux leviers d’action

Le déni de réalité avait l’inconvénient de priver l’oligarchie de prétextes : s’il n’y a pas de péril sécuritaire ou islamiste, il n’y a pas de raison d’agir contre. Reconnaître, au contraire, la réalité permet de réclamer de nouveaux moyens d’action.

Le prétexte de la lutte contre le terrorisme permet ainsi de faire passer la loi sur le renseignement qui a pour objectif réel de censurer Internet et de mettre en place une surveillance généralisée de la population. Comme partout ailleurs en Occident. Par ce biais, les dispositifs liberticides de surveillance mondiale des communications dénoncés par les lanceurs d’alerte américains se trouvent aussi légitimés. Coup double pour l’oligarchie !

Bien entendu, comme l’a indiqué ingénument le ministre de l’Intérieur lors du débat sur la loi sur le renseignement, cette surveillance portera sur la détection des discours de haine, également imputés aux milieux identitaires, par exemple.

La liberté de censurer désormais reconnue

L’effet « Je suis Charlie » a permis, en faisant croire que les islamistes visaient la liberté d’expression, de renforcer la chape du politiquement correct antiraciste et contre l’islamophobie en France.

La prétendue liberté d’expression sert à promouvoir la liberté de censurer en toute bonne conscience puisqu’il s’agit de garantir le vivre ensemble ou les valeurs de la République – et, par exemple dans le cadre du nouveau plan de lutte contre le racisme, de remettre en cause ouvertement les protections offertes par la loi sur la liberté de la presse de 1881.

Vive la peur !

L’oligarchie a finalement très bien compris le caractère contre-productif de la stratégie du déni de réalité. Elle sait maintenant que plus les citoyens ont peur pour leur sécurité, leur emploi ou leurs économies, moins ils peuvent se mobiliser sur d’autres causes, a fortiori s’agissant des autochtones vieillissants. D’ailleurs, il n’y a aujourd’hui que la communauté asiatique, identitaire et dynamique, qui manifeste contre l’insécurité en France ! Les vieux Européens n’osent rien dire.

Et il suffit de regarder les télévisions pour se rendre compte que l’on programme consciemment partout la mise en scène de la peur et de la violence : aux actualités sanglantes s’ajoutent les séries policières, les histoires de juges, de femmes-flics ou de femmes harcelées, les affaires criminelles, sans oublier les émissions édifiantes montrant nos forces de l’ordre en pleine action contre la délinquance. Sans parler des militaires qui patrouillent désormais dans les rues.

La peur soutenait déjà un fructueux commerce sécuritaire. Elle devient aujourd’hui un puissant moyen de sidération des autochtones à qui l’on apprend ainsi très tôt à raser les murs.

Rien de tel pour mâter le populisme en Europe et consolider le Système !

Michel Geoffroy (Polémia, 27 avril 2015)

Notes :

(*)     Ex. : « Sid Ahmed Ghlam, étudiant sans histoires et terroriste amateur », Le Monde du 24 avril 2015.
(**)   LeMonde.fr du 23 mai 2013.

Eduardo Nuñez sobre Roberto Brasillach

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Eduardo Nuñez

sobre Roberto Brasillach

Les « avancées » idéologiques masquent les lâchetés politiques

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Les « avancées » idéologiques masquent les lâchetés politiques
 
La barbarie qui nous menace est intérieure. Elle est le fruit d’un recul effroyable de l’intelligence.
 
Homme politique
Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France
Ex: http://www.bvoltaire.fr 

Le but essentiel des politiciens étant de prolonger leur carrière en se faisant réélire, les règles du métier pour celui qui détenait un pouvoir exécutif à quelque niveau que ce fût était de formuler des projets ou plus modestement de satisfaire les revendications de la clientèle électorale. Dans un pays qui détient un record de dépense publique et qui voit monter le chômage, dont les gouvernants n’ont pas eu le courage de procéder aux réformes indispensables et se contentent d’attendre la croissance du contexte international, l’État, contraint de diminuer ses déficits pour contenir sa dette, n’a plus de marge de manœuvre. L’État régalien chargé en tout premier lieu de sauvegarder l’indépendance nationale, l’intégrité du territoire et la protection de ses habitants en est réduit à lésiner sur le budget de la Défense alors même que celle-ci redevient la priorité. L’État-nounou doit lui aussi mesurer sa générosité en restreignant ses dotations aux collectivités territoriales. Celles-ci, à leur tour, doivent renoncer aux projets et au socialisme structurel de notre pays, à sa dépense publique asphyxiante. Pour fournir les moyens de ce « mal français », une fiscalité excessive contribue à ruiner l’économie, à décourager l’initiative et finit par se tuer elle-même. Nous sommes obligés de renoncer à ces mauvaises pratiques, mais sans avoir les moyens de leur en substituer de bonnes.

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Alors, on meuble le vide. Les « avancées » sociétales dont le mariage unisexe demeure l’exemple le plus frappant, qui aura occupé le devant de scène alors que le pays avait besoin d’un choc économique, ne coûtent rien à l’État. Elles ne pénalisent que la nation. La restriction de la politique familiale, qui génère des économies, consiste à sacrifier l’avenir au présent. On en est à présenter le vieillissement comme le gisement principal d’emplois à venir ! Les groupes de pression de la culture de mort, au premier rang desquels on perçoit toujours de façon paradoxale les prétendus écologistes, voient leurs attentes progressivement satisfaites, en matière d’avortement ou d’euthanasie.

Mais l’idéologie « progressiste » se double, comme toujours, d’une attitude répressive. Il ne s’agit pas, bien sûr, de sévir contre le crime. Les prisons coûtent trop cher. On justifiera l’absence de construction et la limitation des séjours en raison de l’inefficacité, voire de la nocivité du système, en omettant de rappeler combien le budget de la justice est scandaleusement insuffisant en France. Non, il s’agit de culpabiliser l’immense majorité de ceux dont le comportement normal et légal est brusquement épié, interdit, sanctionné, taxé. Le criminel en prison coûte. Le Français moyen qui se découvre tardivement déviant est rançonné : il rapporte ! Le fumeur, l’internaute, le militant du mariage traditionnel, le défenseur de l’identité nationale, et demain le diéseliste peut-être, avaient le tort de se croire dans un pays libre et chez eux. La loi, d’une manière quelque peu rétroactive, les a rendus coupables. Ils seront tenus de modifier leurs comportements dans un étonnant chassé-croisé avec d’autres. Français, vous êtes coupables, coupables de ne pas accueillir les étrangers avec générosité, coupables de racisme et d’antisémitisme, coupables de propos discriminants qu’il faudra réprimer avec sévérité. On formera les jeunes esprits en les arrachant à leurs déterminismes, c’est-à-dire à leur héritage et à leurs traditions. On leur apprendra davantage l’origine de l’islam plutôt que celle du christianisme afin d’extirper toute velléité identitaire et de rejeter toute discrimination, sinon positive. On veillera davantage à la taille des jupes qu’à entretenir l’esprit critique par une éducation nourrie aux racines grecques et latines. On dotera les associations de moyens encore plus importants pour leur permettre de poursuivre les délits de parole ou la remise en cause de l’histoire convenue. La liberté a, certes, ses inconvénients, mais le pire de tous est sa disparition.

La barbarie qui nous menace est intérieure. Elle est le fruit d’un recul effroyable de l’intelligence, et plus encore du courage de l’oligarchie qui occupe le pouvoir dans notre malheureux pays.

 

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lundi, 04 mai 2015

Du Cercle Proudhon au dîner du CRIF

20:38 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, nantes, france, cercle proudhon | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'INFORMATION CONTRE NOS LIBERTES

L'INFORMATION CONTRE NOS LIBERTES

Méridien Zéro a proposé un entretien avec Laurent Ozon pour disséquer l'information, non pas sous l'angle de la réinformation, ce que nous avons déjà eu l'occasion de traiter, mais par une approche plus globale sur ce qui constitue aujourd'hui l'information, coeur nucléaire du système que nous combattons.

A la barre et technique, JLR

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Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2015/02/13/emission-n-221-l-information-contre-nos-libertes-5558115.html

Céline médecin et écrivain

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« Céline médecin et écrivain » par Frédéric VITOUX

Académie Nationale de Médecine (2007)

 
Frédéric Vitoux, de l'Académie française, a tenu une discussion sur le thème de Céline médecin et écrivain à l'Académie Nationale de Médecine lors de la journée du livre en septembre 2007, entretien diffusé sur Canal Académie, «magazine francophone des Académies sur Internet». Frédéric Vitoux est l'auteur de nombreux romans et essais, notamment de Louis-Ferdinand Céline, misère et parole (Gallimard, 1973), Bébert, le chat de Louis-Ferdinand Céline (Grasset, 1976), d'une biographie de Céline, La vie de Céline (Grasset, 1988). Il vient de faire paraître chez Fayard Jours inquiets dans l'Île Saint-Louis.
 

Il destino di Céline che abbandonò la vita per la letteratura

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Il destino di Céline che abbandonò la vita per la letteratura

di Stenio Solinas

Fonte: Il Giornale

La biografia firmata da De Roux è una meditazione sulla morte e sullo stile: "Aveva rischiato per tutti quelli che non rischiano niente, lecchini e giustizieri"

Dopo l'uscita di La mort de L.F. Céline , Abel Gance, un nome che da solo incarna il cinema, definì il libro «una delle più grandi pagine della nostra letteratura» e il suo autore, Dominique de Roux, uno di «quegli illuminados » sopravvissuti alla modernità.

«Quando si scava volontariamente il fossato che vi separa dagli altri - si finisce per scavare la propria tomba - ma i geni la superano e se la lasciano alle spalle. Si accorgono allora di non poter tornare indietro perché, come dice Nietzsche, “il precipizio più piccolo è il più difficile da riempire”. La tragedia dei grandi uomini comincia allora, morti o vivi, quando hanno superato la loro tomba».

A quel tempo de Roux aveva appena compiuto i trent'anni, Gance stava per toccare gli ottanta, ma a essere «più vecchio di se stesso» il primo era abituato: gli era successo con Ezra Pound, con Gombrowicz, con Borges, numi tutelari e solitari che si era messo sulle spalle e aveva riportato al centro della scena. A vent'anni aveva già fondato una rivista e scritto il suo primo romanzo, a venticinque una casa editrice da dieci titoli l'anno. La sua era un'esistenza compressa e insieme dilatata, una bulimia di esperienze propria di chi viveva con la morte in tasca: un «soffio al cuore» ereditario senza scampo, a meno di non ritirarsi ai margini, «pensionarsi» nell'illusione così di risparmiarsi. Morì che non ne aveva ancora quarantadue, lasciandosi alle spalle un pugno di libri editi e qualcuno inedito; una serie di reportage sulla guerriglia nell'Africa allora portoghese; un ruolo di consigliere politico di Jonas Savimbi, il capo dell'Unita, il movimento di liberazione antimarxista dell'Angola; un numero incredibile di polemiche giornalistiche e letterarie, prese di posizione, rotture, censure, accuse, maldicenze. «È inutile sforzarsi a invecchiare, ogni riuscita è impossibile, minati come siamo dalle nostre necessità di rottura».

È anche alla luce di questa esistenza di corsa e da corsaro delle idee che quel libro su Céline acquista un valore particolare e ora che per la prima volta è qui da noi tradotto ( La morte di Céline , Lantana editore, pagg. 135, euro 16, traduzione di Valeria Ferretti, a cura di Andrea Lombardi), il lettore italiano capisce di avere di fronte non tanto una biografia o il profilo di uno scrittore, ma una meditazione sulla morte e sullo stile, sul valore e il senso della letteratura, sul ruolo stesso di chi la fa. «L'opera di Céline resta uno degli enigmi esemplari del nostro tempo. È la scrittura a condannare Céline; è anche colei che lo salva». Come nota nella sua introduzione Marc Laudelout, editore del Bulletin célinien , la più incredibile e informata rivista sull'autore del Voyage , «mai in così poche parole il destino tragico di Céline sarà così ben definito».

Proprio perché non è una biografia in senso classico, e proprio perché scritto negli anni in cui il vero e il falso su Céline erano ancora strettamente mischiati, il libro di de Roux conserva qualche cliché céliniano (la trapanazione del cranio mai avvenuta, la copertina dell' Illustré National mai esistita, il lungo viaggio attraverso la Germania in fiamme che in realtà fu breve...) di cui il tempo ha fatto giustizia. Anche la natura dell'antisemitismo di Céline gli sfugge, ponendosi egli sulla scia di quell'interpretazione-metafora di André Gide che ormai non regge più. Non gli sfugge però già allora la natura del suo razzismo, nata sull'ossessione per la decomposizione del mondo moderno, basata sul culto della salute e della bellezza come possibile rinascita.

Di là da ciò, La morte di Céline è, come già accennato, una meditazione sulla scrittura. «La parola letteraria non ha più senso. Scrivere, e ancor più scrivere in francese, sembra essere la proiezione di una certa decadenza, di un totale fallimento di se stessi». Si avanza insomma su «termitai di parole decadute», intorpiditi nell' art and business , dove i critici si auto-proclamano creatori e gli scrittori pensano alla carriera, mai all'opera. «Pubblicano e pubblicano, sono delle pulci, ma non se ne rendono conto. Dandies paurosi come conigli, “vecchi parrucconi” della mia generazione». È l'epoca della colonizzazione dei premi letterari e dell'imperialismo degli editori: «Il prestigio si riduce al vuoto, un folclore di cretini si sostituisce alla crudeltà della poesia; la chitarra la venale vanagloria del disco, e tutte quell'esperienze ridicole, così l'Europa dell'anno I dell'era atomica».

La morte, spirituale prima che fisica di Céline, vuol dire proprio questo, il venir meno di un destino. «Céline attribuiva al poeta il potere di cambiare il mondo! Scrivere pamphlet inauditi fu il suo destino, perché voleva che la sua protesta fosse udita. Passare il limite equivaleva a screditarsi. Abbandonava la vita per la letteratura, pratica opposta a quella di Rimbaud». Isolato nel suo miraggio dell'uomo leggendario, Céline aveva capito che «le masse de-spiritualizzate, spoetizzate sono maledette».

Il fatto è che per de Roux «la carriera dell'uomo di letteratura non richiede né audacia né capacità. Si basa su così tanti stratagemmi infimi, che il primo venuto può arrampicarsi facilmente e ingannare il pubblico, con la complicità della moda del momento». Niente a che vedere, insomma, con uno che «aveva rischiato per tutti i letterati che non rischiano niente, lecchini e giustizieri. Aveva voluto essere il messaggero della totalità. Ma all'ultimo atto della tragedia, la catastrofe si esprime da sé in sentenza di morte. Si voleva che niente restasse di Céline».

Così, il pamphlet che gli dedica è una sorta di chiamata alle armi: «In Francia siamo in territorio nemico. Noi saremo sempre in territorio nemico. Gli scrittori che non vogliono sottomettersi alle parole d'ordine, alla macchina delle critiche ufficiali, che lotteranno contro le leggi e la vile dittatura delle mode, che dimostreranno con la loro opera vivente, con la provocazione delle loro vite - contro i traditori incoscienti e i falsi testimoni di professione, contro le razze degli spiriti prostrati - costoro raggiungeranno le sparse membra di Céline in questo deserto dei Tartari dove egli monta la guardia contro chi non giungerà mai». Da allora è passato mezzo secolo e purtroppo non è cambiato niente.


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