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lundi, 15 juin 2015

“Cioran, la naissance et le Zen”

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“Cioran, la naissance et le Zen”

par Massimo Carloni
Ex: https://emcioranbr.wordpress.com

Article paru dans Alkemie Revue semestrielle de littérature et philosophie, numéro 9 / Juin 2012 (thème: L’être)

Abstract: This article suggests approaching the problem of the birth in Cioran. By interpreting the fall from Heaven as the exile, Cioran aims at subtracting the narrative of the Genesis from the moral dialectic innocence/fault towards God, to conjugate it with the profound intuitions on the consciousness of the Zen Buddhism.

L’esprit humain n’est pas la pensée, mais le vide et la paix
qui forment le fond et la source de la pensée.
Houeï-nêng

Être homme signifie précisément être conscient. Être détaché de soi-même, en fuite perpétuelle de ce qu’on est, pour saisir ce qu’on n’est pas.

Bien avant d’être le sujet d’un livre ou d’un article, la naissance a été pour Cioran surtout une obsession, dont il ne s’est jamais libéré. S’acharner contre sa propre venue au monde… Comment une telle folie serait-elle concevable ? Pourquoi donc se vouer à une cause déjà perdue d’avance ? À quoi bon se tourmenter avec l’Insoluble ? En effet, au moment même où nous discutons de la naissance, il est déjà trop tard : « Ne pas naître est sans contredit la meilleure formule qui soit. Elle n’est malheureusement à la portée de personne »[1]. Le forfait, à vrai dire, est désormais accompli, cependant s’arrêter sur cet événement capital n’est pas une occupation oisive, au contraire, car elle pourrait bien se révéler une expérience libératrice.

En glissant sur le problème de la naissance, le Christianisme perdit ab initio l’essentiel de la Genèse transmis par la tradition. Le Bouddhisme, au contraire, en fit l’un des points fondamentaux de sa doctrine. Quant à Cioran, son interprétation magistrale du récit de la Genèse, vise à  le soustraire à la dialectique morale innocence/culpabilité envers Dieu, pour le conjuguer avec les profondes intuitions du bouddhisme Zen.[2]

  1. L’exil de la conscience

Au-delà du langage mythique, la chute originaire du Paradis raconte le drame de la conscience, la tentation du savoir qui se révèlera être fatale à l’homme. Effectivement, botaniste exécrable, l’homme opta pour le faux arbre: il préféra l’arbre de la Connaissance à celui de la Vie. On lit alors dans la Bible : « ses yeux se sont ouverts ». Royaume de l’évidence inarticulée, « le Paradis était l’endroit où l’on savait tout mais où l’on n’expliquait rien. L’univers d’avant le péché, d’avant le commentaire »[3], glose Cioran. L’avènement de la conscience établit donc une fracture, une discontinuité dans l’économie de l’être. L’individu naît donc comme une entité séparée psychiquement de son milieu. Cioran rappelle distinctement l’épisode de son enfance qui marqua en lui le réveil de la conscience, par laquelle il entendit, pour la première fois, le poids d’être au monde.

Tout à coup, je me trouvai seul devant… Je sentis, en cet après-midi de mon enfance, qu’un événement très grave venait de se produire. Ce fut mon premier éveil, le premier indice, le signe avant-coureur de la conscience. Jusqu’alors je n’avais été qu’un être. À partir de ce moment, j’étais plus et moins que cela. Chaque moi commence par une fêlure et une révélation.[4]

En nommant les êtres vivants et les choses, l’homme crée une opposition entre soi et le monde. En vertu d’un savoir purement abstrait et par la médiation logique de l’idée, il s’imagine pouvoir reconstituer l’unité originaire du réel, en gouvernant ainsi le devenir. En vain. Car il ne fera qu’agrandir de plus en plus le gouffre qui le sépare du sein de la Nature. « Au plus intime de lui-même, l’homme aspire à rejoindre la condition qu’il avait avant la conscience. L’histoire n’est que le détour qu’il emprunte pour y parvenir. »[5]

Naturellement intentionnelle, la conscience est toujours conscience-de-quelque-chose. En établissant la distinction originaire entre soi-même et l’autre, la conscience structure l’expérience en un sens dualiste (sujet vs objet), conformément à la logique discursive de l’intellect. De cette façon l’ontologie de la substantia, qui classifie les organismes en vertu de leur différence essentielle, se superpose à l’interdépendance primordiale (relatio) de tous les phénomènes, où ceux-ci sont le produit momentané d’un réseau de conditionnements réciproques entre éléments dépourvus de nature propre. Ce faisant l’homme, ce « transfuge de l’être »[6], accomplit un saut en dehors du flux vital où il était immédiatement plongé, hors de l’inconscience d’un éternel présent qui le tenait à l’abri, sinon de la mort – l’arbre de la Vie lui était quand même interdit – au moins de la mortalité.

Auparavant il mourait sans doute, mais la mort, accomplissement dans l’indistinction primitive, n’avait pas pour lui le sens qu’elle a acquis depuis, ni n’était chargée des attributs de l’irréparable. Dès que, séparé du Créateur et du crée, il devint individu, c’est-à-dire fracture et fissure de l’être, et que, assumant son nom jusqu’à la provocation, il sut qu’il était mortel, son orgueil s’en agrandit, non moins que son désarroi.[7]

Il en découle une fuite en avant désespérée, à corps perdu, vers l’extérieur, vers l’histoire, pour exorciser cette peur de mourir qui fait corps avec son premier instant. La conscience d’être hic et nunc et la conscience de sa propre mortalité se soutiennent réciproquement, ce sont le recto et le verso de de la même médaille. Le cercle vicieux dans lequel l’homme est tombé depuis Adam, est déterminé par la prétention de se sauver consciemment de la catastrophe de la conscience, en se sauvant à la manière de Munchausen, qui tire sur ses propres cheveux. Une telle ambition équivaut à « refaire l’Éden avec les moyens de la chute »[8]. Si « naître c’est s’attacher »[9], intentionnellement ou non, à notre moi et aux choses du monde, pour en sortir il faut parcourir à reculons le chemin, « faire éclater les catégories où l’esprit est confiné »[10], rétablir la condition originaire antérieure à la dichotomie sujet-objet. Autrement dit, il faut renaître sous l’arbre de la Vie.

L’inconscience est le secret, le « principe de vie » de la vie. Elle est l’unique recours contre le moi, contre le mal d’être individualisé, contre l’effet débilitant de l’état de conscience, état si redoutable, si dur à affronter, qu’il devrait être réservé aux athlètes seulement.[11]

  1. Le visage originaire avant la naissance

L’état d’inconscience évoqué par Cioran n’a rien à voir avec l’inconscient de la psychanalyse. Pour Cioran il s’agit donc de révéler les convergences surprenantes de cette inconscience avec ce que le bouddhisme Zen, dans ses différents courants, définit parfois comme : Nature-Bouddha, non-esprit (Wu-hsin), non-pensée (Wu-nien), « visage originaire avant la naissance » (pien-lai mien-mu), non-né (fusho).[12] Cioran même décrit la délivrance comme « état de non-pensée »[13] et il envisage d’écrire un essai à propos de cette condition.[14]

Cette concordance n’est pas le fruit du hasard. À partir des années 1960 – comme en témoignent les Cahiers – Cioran montre un intérêt croissant pour l’interprétation pragmatique du bouddhisme élaborée par le Zen. La virulence anti-métaphysique, typique de la tradition chinoise et japonaise, se marie à merveille avec son anti-intellectualisme viscéral.

Conversant avec un chinois de Hong-Kong, Cioran partage avec lui la méfiance vers la philosophie occidentale « qu’il trouve verbeuse, superficielle, extérieure, car dépourvue de réalité, de pratique ».[15] À un moment donné Cioran arrivera à définir Mozart et le Japon comme « les résultats les plus exquis de la Création ».[16] Charmé par la délicatesse nippone, il recopiera une page entière du livre de Gusty Herrigel sur l’Ikebana, ou « l’art d’arranger les fleurs ».[17] Pendant l’hiver 1967, Cioran ressentira une pitié authentique pour les fleurs de son balcon, exposées au froid intense, au point de les emmener avec soin dans sa  mansarde pour les protéger.[18]

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Chez Cioran, le refus de la conscience n’est rien d’autre que « la nostalgie de ce temps d’avant le temps »[19] où le bonheur consistait dans un « regard sans réflexion ».[20] Parce qu’elle perturbe la spontanéité du geste, l’activité consciente fausse la vie. Préfigurant un but à atteindre, l’esprit se scinde en spectateur et en acteur, et se place à la fois dans et hors de l’action. Le geste s’accomplit donc dans un état de tension, d’effort conscient, car l’esprit est troublé par les conséquences possibles de son action à venir.

 Toute activité consciente gêne la vie. Spontanéité et lucidité sont incompatibles.
Tout acte essentiellement vital, dès que l’attention s’y applique, s’accomplit avec peine et laisse après soi une sensation d’insatisfaction.
L’esprit joue par rapport aux phénomènes de la vie le rôle d’un trouble-fête.
L’état d’inconscience est l’état naturel de la vie, c’est en lui qu’elle est chez elle, qu’elle prospère et qu’elle connaît le sommeil bienfaisant de la croissance. Dès qu’elle se réveille, dès qu’elle veille surtout, elle devient haletante et oppressée, et commence à s’étioler.[21]

Le Zen, dont l’esprit imprègne tous les arts japonais, reconduit l’homme à la réalité du hic et nunc, à l’« ainsité » (tathata)[22]. Afin de se syntoniser sur la longueur d’onde de la vie, il faut que le geste de l’artiste, comme du samouraï d’ailleurs, soit spontané, sans hésitations ; il faut que le geste surgisse du vide de la pensée, en oubliant aussi la technique apprise. Autrement dit, il faut que l’art soit à tel point intériorisée jusqu’à devenir connaissance du corps, en sorte que celui-ci puisse réagir à la situation de manière autonome et instantanée, en éludant la direction de la conscience. Seulement si la technique (waza), l’énergie vitale (Ki) et l’esprit (shin), sont fusionnés harmonieusement, sans que l’une prévale sur les autres, l’action résulte efficace et opportune. Comme une balle flottant dans une rivière, portée par le courant, l’esprit doit couler sans s’arrêter sur rien[23]. À ce propos D.T. Suzuki soutient que

La vie se dessine de soi sur la toile nommé le temps – et le temps ne se répète jamais, une fois passé il ne revient plus. Il en est de même pour l’acte : une fois accompli, il ne peut plus être défait. La vie est comme la peinture nommée sumi-e, qui est peinte d’un seul jet, sans hésitations, sans intervention de l’intellect, sans corrections. La vie n’est pas comme une peinture à l’huile qu’on peut effacer et retoucher jusqu’à ce que l’artiste en soit satisfait. Dans la peinture sumi-e chaque coup de pinceau qu’on passe une deuxième fois devient une tache, il n’a plus rien de vivant […] Et il en est de même pour la vie. Ce qu’elle est devenue par notre action nous ne pouvons plus le reprendre, ou mieux nous ne pouvons même plus effacer pas ce qui est passé à travers notre conscience simplement. Ainsi le Zen doit être cueilli pendant que la chose arrive, ni avant ni après : dans l’instant.[24]

Avec perspicacité, Cioran établit une corrélation directe entre l’immédiat et le réel, d’un côté, et la souffrance et la conscience de l’autre. Takuan Sōhō lui fait écho, lorsqu’il affirme que « Dans le bouddhisme nous détestons cet arrêt, cet hésitation de l’esprit sur l’une ou l’autre chose, que nous définissons comme étant la souffrance » [25]. L’excès d’auto-conscience fait de l’homme un système hautement instable, sensible aux moindres sollicitations du milieu, aussi bien extérieur qu’intérieur. Cela crée un état d’anxiété, d’oscillation entre contraires, qui retarde l’agir ou le rend gêné et inefficace. L’obsession du contrôle, le besoin spasmodique de sûreté et de certitudes préventives, sont autant de témoignages montrant que l’homme est sorti de la spontanéité de la vie, et qu’il vit dans un état d’agitation fiévreuse, incapable de concilier la réalité du vécu avec l’idée qu’il a élaboré a priori. Entre les espèces vivantes, l’homme est le plus souffrant, car il est parvenu au plus haut degré de conscience de soi.

Il vaut mieux être animal qu’homme, insecte qu’animal, plante qu’insecte, et ainsi de suite. Le salut ? Tout ce qui amoindrit le règne de la conscience et en compromet la suprématie.[26]

Alors, comme peut-on retrouver en soi-même cette « virginité ‘‘métaphysique’’ »[27], qui permet de percevoir les éléments comme si on les voyait pour la première fois, « au lendemain de la Création »[28] et « avant la Connaissance »[29] ? Il faut avant tout discerner la vacuité intrinsèque des choses, des mots qui les désignent et, finalement, de la conscience du moi empirique. Autrement dit, il faut démolir complètement la conception ordinaire de la réalité, en même temps que l’armature logique qui la soutient.

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Les maîtres Zen étaient harcelés par leurs élèves, à propos de questions sur l’essence dernière du bouddhisme. Pour arrêter chez les novices le flux de la pensée discursive, les maîtres Zen adoptèrent une série de stratégies, soit verbales soit physiques, telles que : le kōan, le paradoxe, la contradiction, le cri, le coup de bâton, le gifle, l’indication directe… Cette pars destruens du Zen vise à provoquer un choc psychologique, un court-circuit intellectuel, jusqu’à ce que « le langage soit réduit au silence et la pensée n’ait aucune voie à suivre » .[30] Il faut tuer dans l’œuf chaque tentative de fuite de la réalité vers le symbolique. Interroger le maître, c’est encore croire à la connaissance objective, doctrinale, séparée de l’ignorance ; c’est détourner l’attention de soi-même, c’est sacrifier sur l’autel d’un absolu métaphysique l’instant éternel qu’on vit. De ce point de vue, le kōan peut être considéré comme un paradigme de la vie elle-même, dont la complexité ne demande pas une compréhension simplement intellectuelle, mais toujours existentielle, vécue complètement dans l’instant.

Pour éviter tout cela, le Zen invite à expérimenter le Néant, c’est-à-dire le stade où on arrive à reconnaître que « les montagnes ne sont plus des montagnes »[31] (A n’est pas A), où les choses, en perdant leur essence et leurs déterminations, glissent vers le vide. Suzuki à ce propos soutient que « le Zen est une philosophie de négations absolues qui sont en même temps affirmation absolues » .[32] Cioran aussi répondit dans ces termes à une question sur son côté nihiliste

Je suis sûrement un négateur, mais ma négation n’est pas une négation abstraite, donc un exercice ; c’est une négation qui est viscérale, donc affirmation malgré tout, c’est une explosion ; est-ce qu’une gifle est une négation ? Donner une gifle n’est-ce pas… c’est une affirmation, mais ce que je fais ce sont des négations qui sont des gifles, donc ce sont des affirmations.[33]

Ce que les critiques occidentaux interprètent de manière expéditive, chez Cioran, comme étant du nihilisme, du pessimisme, est en réalité une tentative extrême pour emmener le lecteur – et peut-être lui-même – en face de son propre néant, afin que l’esprit, vidé de tout contenu, puisse retourner à la surface des choses, en se réveillant à la perception pure de toute réflexion. « Le véritable bonheur, c’est l’état de conscience sans référence à rien, sans objet, où la conscience jouit de l’immense absence qui la remplit. »[34).

  1. La châtaigne et le satori

Que Cioran le sache ou non, quand il soutient que « connaître véritablement, c’est connaître l’essentiel, s’y engager, y pénétrer par le regard et non par l’analyse ni par la parole », il nous fournit une définition du satori, ou connaissance intuitive, non duale, transcendante, qui recueille instantanément la nature de la réalité. Sur ce point, D. T. Suzuki précise :

Le satori peut être défini comme une pénétration intuitive de la nature des choses, par opposition à leur compréhension analytique ou logique. Pratiquement, il comporte le déploiement devant nous d’un nouveau monde, jamais perçu auparavant à cause de la confusion de notre esprit orienté de façon dualiste. On peut dire de plus que, par le satori, tout ce qui nous entoure nous apparaît selon une perspective insoupçonnée.[35]

Regarder sa nature originaire n’est jamais le résultat d’une pratique méditative, et encore moins le contenu d’une connaissance transmissible. Une fois que notre esprit est engorgé de notions conceptuelles, il se trouve bloqué par le Grand Doute ; dès lors, un événement quelconque, même le plus insignifiant, est à même d’éveiller la conscience.

C’est d’ailleurs ce que connut Hsiang-yen (? -898), élève de Kuei-shan. Le maître lui demanda quel était son visage originaire d’avant la naissance, mais Hsiang-yen ne répondit pas. Dans l’espoir de trouver la réponse à son kōan, il compulsa en vain tous ses livres. Alors, dans un accès de colère, il brûla tous les textes, bien qu’il continuât à se tourmenter au sujet de ce problème insoluble. Un jour, pendant qu’il arrachait les mauvaises herbes du terrain, il heurta une pierre laquelle, par ricochet, frappa à son tour une canne de bambou : c’est ainsi que Hsiang-yen obtint son satori.[36] Même Cioran expérimente un état d’âme identique, lorsqu’il écrit :

Comme je me promenais à une heure tardive dans cette allée bordée d’arbres, une châtaigne tomba à mes pieds. Le bruit qu’elle fit en éclatant, l’écho qu’il suscita en moi, et un saisissement hors de proportion avec cet incident infime, me plongèrent dans le miracle, dans l’ébriété du définitif, comme s’il n’y avait plus de questions, rien que des réponses. J’étais ivre de mille évidences inattendues, dont je ne savais que faire…
C’est ainsi que je faillis avoir mon satori. Mais je crus préférable de continuer ma promenade[37].

Au-delà du mot adopté et de l’ironie finale, il n’y a pas de doute que l’expérience rappelle une expression clé de l’esthétique japonaise, ce mono no aware qui désigne un certain « pathos (aware) des choses (mono) », c’est-à-dire le sentiment ressenti par l’observateur face à la beauté éphémère des phénomènes, lorsque il est pénétré par la brève durée d’une telle splendeur, destinée à s’évanouir de même que celui qui la contemple est voué à disparaître.[38] Ce n’est pas par hasard que, entre les sens du mot aware, on peut trouver celui de compassion, dans le sens étymologique de cum-patire, de souffrir ensemble, qui rapproche l’homme du reste de la nature, liés par un même destin fugace. En reprenant dans les Cahiers l’épisode de la châtaigne, Cioran souligne justement cette vérité métaphorique

Tout à l’heure, en faisant ma promenade nocturne, avenue de l’Observatoire, une châtaigne tombe à mes pieds. « Elle a fait son temps, elle a parcouru sa carrière », me suis-je dit. Et c’est vrai : c’est de la même façon qu’un être achève sa destinée. On mûrit, et puis on se détache de l’« arbre » [39]

Il est symptomatique qu’ailleurs, pour désigner ce clair obscur de l’âme, Cioran utilise une expression typique de l’esthétique japonaise, employée lorsqu’on perçoit « le ah ! des choses »[40]. Ce soupir évocateur, en saisissant la nature impermanente de la vie, indique un sentiment inexplicable de plaisir subtil, imprégné d’amertume, devant chaque merveille qu’on sait périssable. Si d’un côté telle disposition dévoile le côté mélancolique de l’existence, d’un autre côté, il en émane un certain charme du monde qui, en dernière analyse, ne mène pas à la résignation, mais confère un sursaut de vitalité à l’âme de l’observateur.[41]

Le spectacle de ces feuilles si empressées à tomber, j’ai beau l’observer depuis tant d’automnes, je n’en éprouve pas moins chaque fois une surprise où «le froid dans le dos » l’emporterait de loin sans l’irruption, au dernier moment, d’une allégresse dont je n’ai pas encore démêlé l’origine.[42]

Ce sentiment, par les traits morbides de la Vergänglichkeit, ou de la caducité universelle, revient dans toute une série d’impressions notées dans les Cahiers. En maintes occasions Cioran montre qu’il a éprouvé l’expérience du vide mental, de dépouillement intérieur, qui aboutit à une perception absolue de la réalité. De même que le peintre zen se fait creux pour accueillir l’événement qu’il va représenter, pour devenir lui même la chose contemplée, de même, Cioran propose de se rendre totalement passif comme un « objet qui regarde »[43] : « l’idée, chère à la peinture chinoise, de peindre une forêt ‘‘telle que la verraient les arbres’’… ».[44] Du reste, c’est seulement ainsi qu’il est possible de « remonter avant le concept, [d’]écrire à même les sens ».[45] Autrement dit, il faut « Écarter la pensée, se borner à la perception. Redécouvrir le regard et les objets, d’avant la Connaissance ».[46] Le 25 décembre 1965, il note :

Le bonheur tel que je l’entends : marcher à la campagne et regarder sans plus, m’épuiser dans la pure perception.[47]

La contemplation permet de retrouver la dimension éternelle du présent, non contaminée par les fantômes du passé et par les anxiétés de l’avenir. Être entièrement dans un fragment de temps, totalement absorbé par le « hic et nunc » que nous sommes en train de vivre, car, en dehors de l’instant opportun, tout est illusion.

Autrefois un moine demanda à Chao-chou (778-897), un des plus grands maîtres Zen : « Dis-moi, quel est le sens de la venue du Premier Patriarche de l’Ouest ? »[48] Chao-chou répondit : « Le cyprès dans la cour ! » [49]  Or, si pour le sens commun la réponse semble totalement insensée, en revanche, dans l’optique Zen, elle ne l’est pas. Chao-chou soustrait le moine à la métaphysique aride de la pensée discursive, pour le reconduire à la poésie vivante de la réalité. À ce moment-là le cyprès recèle en lui-même le monde entier, bien plus que la réponse doctrinale attendue par le moine. Chao-chou et le moine, dans leur perception immédiate, sont le cyprès. L’être, dans sa nature indifférenciée, se révèle comme VOIR le cyprès. Cioran n’est pas loin de la spiritualité Zen lorsqu’il affirme :

Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l’automne, c’est cela un triomphe. Que sont à côtés suffrages et ovations ? [50]

Ailleurs Cioran parle du vent en tant qu’ « agent métaphysique »[51], révélateur donc de réalités inattendues : écouter le vent « dispense de la poésie, est poésie ».[52] L’insomnie et les réveils brusques au cœur de la nuit, le comblèrent souvent de visions ineffables, d’une béatitude paradisiaque.

Insomnie à la campagne. Une fois, vers 5 heures du matin, je me suis levé pour contempler le jardin. Vision d’Éden, lumière surnaturelle. Au loin, quatre peupliers s’étiraient vers Dieu.[53]

Durant l’été 1966, à Ibiza, après une énième veillée nocturne, c’est encore la beauté déchirante du paysage qui déjoue les sombres résolutions suicidaires.

Ibiza, 31 juillet 1966. Cette nuit, réveillé tout à fait vers 3 heures. Impossible de rester davantage au lit. Je suis allé me promener au bord de la mer, sous l’impulsion de pensées on ne peut plus sombres. Si j’allais me jeter du haut de la falaise ? […] Pendant que je faisais toute sorte de réflexions amères, je regardai ces pins, ces rochers, ces vagues « visités » par la lune, et sentis soudain à quel point j’étais rivé à ce bel univers maudit.[54]

Un autre aspect qui rapproche Cioran du Zen, réside dans une prise de conscience : la vie authentique est propre au cioban, au rustique qui vit au contact de la nature et qui gagne sa vie par le travail manuel[55]. Les années d’enfance, passées en tant qu’« enfant de la nature »[56], « Maître de la création »[57] dans la campagne transylvanienne, ont certainement été comme un imprinting pour Cioran, cependant même le Cioran adulte expérimente en maintes occasions ce qu’il appelle « le salut par les bras ».[58] Il va jusqu’à sanctifier la fatigue physique, car, en abolissant la conscience, elle empêche l’inertie mentale qui aboutit au cafard.[59] Finalement, il caresse un rêve :

 avoir une «propriété », à une centaine de kilomètres de Paris, où je pourrais travailler de mes mains pendant deux ou trois heures tous les jours. Bêcher, réparer, démolir, construire, n’importe quoi, pourvu que je sois absorbé par un objet quelconque – un objet que je manie. Depuis des années déjà, je mets ce genre d’activité au-dessus de toutes les autres ; c’est elle seule qui me comble, qui ne me laisse pas insatisfait et amer, alors que le travail intellectuel, pour lequel je n’ai plus de goût (bien que je lise toujours beaucoup, mais sans grand profit), me déçoit parce qu’il réveille en moi tout ce que je voudrais oublier, et qu’il se réduit désormais à une rencontre stérile avec des problèmes que j’ai abordés indéfiniment sans les résoudre.[60]

D’après le Zen, l’esprit quotidien est la Voie (chinois : Tao, japonais : Do). Donc, soutient Lin-tsi, il n’y a rien de spécial à faire (wu-shih) : « allez à la selle, pissez, habillez-vous, mangez, et allongez-vous lorsque vous êtes fatigués. Les fous peuvent rire de moi, mais les sages savent ce que je veux dire ». [61] Les maîtres Zen, sans différences de rang, s’occupaient des champs, du ménage, préparaient les repas, de telle sorte qu’aucun travail manuel n’était pour eux humiliant. Pendant ces activités, ils donnaient leçons pratiques aux disciples ou bien ils répondaient à leurs interlocuteurs de manière tranchante…

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Chao-chou était occupé à nettoyer lorsque survint le ministre d’État Liu, qui, en le voyant si occupé, lui demanda : « Comment se fait-il qu’un grand sage, comme vous, balaye la poussière ? » « La poussière vient d’ailleurs », répondit promptement Chao-chou. Une fois reconquise l’esprit originaire, alors chaque chose, même la plus prosaïque, s’illumine d’immensité : « Faculté miraculeuse et merveilleuse activité ! / Je tire l’eau du puits et fends le bois ! ».[62]

  1. Tuer le Bouddha

Afin de voir le visage originaire qui précède la naissance, il nous faut encore surmonter un dernier obstacle, peut-être le plus ardu, puisqu’il s’agit de la sainte figure de l’Éveillé, le Bouddha même. S’il est vrai que, comme l’écrit le dernier Cioran, « Tant qu’il y aura encore un seul un dieu debout, la tâche de l’homme ne sera pas finie »[63], alors le Zen a accompli sa mission depuis longtemps. Il y a mille deux cents ans, Lin-tsi exhorta ses disciples à ne rien chercher en dehors de soi-même, ni le Dharma, ni le Bouddha, ni aucune pratique ou illumination. Il ne faut seulement avoir une infinie confiance dans ce qu’on vit à chaque instant, le reste est une fuite illusoire de l’esprit qu’il faut éviter à tout prix. C’est comme si nous avions une autre tête au-dessus de celle-là que nous portons déjà.

Disciples de la Voie, si vous voulez percevoir le Dharma en sa réalité, simplement ne vous faites pas tromper par les opinions illusoires des autres. Peu importe ce que vous rencontriez, soit au-dedans soit au dehors, tuez-le immédiatement : en rencontrant un bouddha tuez le bouddha, en rencontrant un patriarche tuez le patriarche, en rencontrant un saint tuez le saint, en rencontrant vos parents tuez vos parents, en rencontrant un proche tuez votre proche, et vous atteindrez l’émancipation. En ne vous attachant pas aux choses, vous les traversez librement.[64]

Cioran talonne Lin-tsi sur cette voie, lorsqu’ il affirme qu’ « être rivé à quelqu’un, fût-ce par admiration, équivaut à une mort spirituelle. Pour se sauver, il faut le tuer, comme il est dit qu’il faut tuer le Bouddha. Être iconoclaste est la seule manière de se rendre digne d’un dieu ».[65] Moines qui crachent sur l’image du Bouddha[66] ou qui en brûlent la statue de bois pour se réchauffer, l’utilisation des écritures sacrées comme papier hygiénique, etc. : là où les autres confessions ne voient que sacrilèges, le zen voit des actes vénérables. Une telle fureur iconoclaste se révèle plus nécessaire que jamais, puisque implique une pratique de la vacuité universelle. L’invitation de Lin-tsi à nous allonger, sans attachement, sur la réalité des phénomènes, détruit à la racine n’importe quelle séparation entre sacré et profane, entre nirvāna et samsāra, entre illumination et ignorance. Cioran l’a bien compris, lorsqu’il nous exhorte à « Aller plus loin encore que le Bouddha, s’élever au-dessus du nirvâna, apprendre à s’en passer…, n’être plus arrêté par rien, même par l’idée de délivrance, la tenir pour une simple halte, une gêne, une éclipse… ».[67]

L’élégance suprême et paradoxale du Zen, ce qui le rend supérieur à n’importe quelle autre expérience spirituelle, c’est sa capacité, après avoir tout démoli, à se démolir lui-même, tranquillement. Une fois « plongé » dans la littérature Zen, et après en avoir assimilé la leçon, Cioran flaire le danger et comprend que le moment est venu de s’en détacher. L’expérience de la vacuité doit provenir de soi-même, de ses sensations : « Sur le satori, on ne lit pas ; on l’attend, on l’espère ».[68]

« Les montagnes sont de nouveau des montagnes, les eaux de nouveau des eaux  »… à quoi bon s’efforcer d’obtenir quelque chose ?

Le spectacle de la mer est plus enrichissant que l’enseignement du Bouddha.[69]

NOTES:

[1] Cioran, De l’inconvénient d’être né, in Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 1995, p. 1400. Toutes les références  aux œuvres de Cioran sont extraites de cette édition, alors que les œuvres d’autres auteurs sont tirées d’éditions italiennes, sauf exception notifiée le cas échéant. Les traductions sont de l’Auteur (T.d.A.).

[2] D.T. Suzuki avait déjà tenté un premier parallèle entre la Genèse et le bouddhisme : « L’idée judéo-chrétienne de l’Innocence est l’interprétation morale de la doctrine bouddhiste de la Vacuité, qui est métaphysique ; alors que l’idée judéo-chrétienne de la Connaissance correspond, du point de vue épistémologique, à la notion bouddhique de l’Ignorance, encore que l’Ignorance soit superficiellement le contraire de la Connaissance », in D.T. Suzuki, « Sagesse et vacuité », Hermès, n° 2 « Le vide. Expérience spirituelle en Occident et en Orient », Paris, 1981, p. 172.  

[3] De l’inconvénient d’être né, p. 1372.

[4] Ibid., p. 1399.

[5] Ibid, p. 1346.

[6] La Chute dans le temps, p. 1076.

[7] Ibid, p. 1073.

[8] Histoire et utopie, p. 128.

[9] De l’inconvénient d’être né, p. 1283.

[10] Cahiers. 1957-1972, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1997, p. 139.

[11] Ibid., p. 156.

[12] Houeï-nêng (638-713), le sixième patriarche fondateur de l’école Ch’an du sud, se demande : « Qu’est-ce qu’est le wu-nien, l’absence de pensée ? Voir toutes les choses, pourtant maintenir notre esprit pur de chaque tache et de chaque attachement – celle-ci est l’absence de pensée » cit. in D.T. Suzuki, La dottrina Zen del vuoto mentale, Astrolabio-Ubaldini, Roma, p. 105. (T.d.A.). Takuan Sōhō (1573-1645), maître japonais de l’école Rinzai-shu, écrit : « En réalité, le vrai Soi est le soi qui existait avant la division entre ciel et terre, et avant encore la naissance du père et de la mère. Ce soi est mon soi intérieur, les oiseaux et les animaux, les plantes et les arbres et tous les phénomènes. C’est exactement ce que nous appelons la nature du Bouddha », cit. in Takuan Sōhō, La mente senza catene, Rome, Edizioni Mediterranee, 2010, p. 109 (T.d.A.). Le non-né ou non-produit est un terme forgé par le maître japonais Bankei (1622-1693) pour indiquer l’esprit bouddhique, antérieur à la scission opérée par la conscience.

[13] Cahiers, op. cit., p. 728.

[14] « J’ai l’intention d’écrire un essai sur cet état que j’aime entre tous, et qui est celui de savoir qu’on ne pense pas. La pure contemplation du vide. » Ibid., p. 300.

[15]Ibid., p. 298. À cette occasion, Cioran décrit ainsi son interlocuteur : « Extrêmement intelligent et insaisissable. Son mépris total pour les Occidentaux. J’ai eu nettement l’impression qu’il m’était supérieur, sentiment que je n’ai pas souvent avec les gens d’ici. »

[16] Ibid., p. 364.

[17] Ibid., p. 366.

[18] Ibid., p. 457.

[19] De l’inconvénient d’être né, p. 1281.

[20] Cahiers, op. cit., p. 94.

[21] Ibid., p. 119.

[22] Littéralement « ce qui est ainsi », ou bien, voir les choses telles qu’elles sont. Dans l’interview avec Christian Bussy, réalisée à Paris le 19 février 1973 pour la télévision belge, Cioran argumente : « Je crois effectivement que voir les choses telles qu’elles sont rend la vie presque intolérable. En ce sens que j’ai remarqué que tous les gens qui agissent ne peuvent agir que parce qu’ils ne voient pas les choses telles qu’elles sont. Et moi, parce que je crois avoir vu, disons, en partie les choses comme elles sont, je n’ai pas pu agir. Je suis toujours resté en marge des actes. Alors, est-ce qu’il souhaitable pour les hommes de voir les choses telles qu’elles sont, je ne sais pas. Je crois que les gens en sont généralement incapables. Alors, il est vrai que seul un monstre peut voir les choses telles qu’elles sont. Puisque le monstre, il est sorti de l’humanité ». Le texte nous a été fourni par Christian Bussy, que nous remercions.

[23] Cf. Takuan Sōhō, Op. cit., p. 31.

[24] D.T. Suzuki, Saggi sul buddismo Zen, Rome, Edizioni Mediterranee, 1992, vol. I, p. 282. La peinture à l’encre noire (sumi-e) se produit sur du papier de riz, rêche, mince et assez absorbant, cela ne permet pas d’avoir des mouvements de pinceau hésitants, car il en résulterait des taches: il faut que le peintre agisse soudainement et avec netteté, sans revirements, comme s’il maniait une épée.

[25] Takuan Sōhō, Op. cit., p. 31.

[26] De l’inconvénient d’être né, p. 1289.

[27] Cahiers, op. cit., p. 437.

[28] Ibid., p. 295.

[29] Ibid., pp. 437 et 674.

[30] Izutsu, La filosofia del buddismo zen, Rome, Astrolabio-Ubaldini, 1984, p. 40 (T.d.A.). Le kōan, (en chinois : kung-an), est un terme Zen qui désigne une sorte de problème ou casse-tête, intentionnellement illogique, donné par le maître comme sujet de méditation pour l’élève. Celui-ci, en se tourmentant à cause de cette énigme insoluble, se trouvera bientôt face à une barrière insurmontable, sans issue, jusqu’ il se mette à désespérer de chaque solution logique et discursive possible. Devant l’évidence du vide, la conscience abdique, et se met au niveau de compréhension qu’implique tout être concret, en tant que corps et en tant qu’esprit. Il en résulte la production de la seule réponse possible, qui coïncide avec le retour à la réalité, au flux inconscient de la vie qui depuis toujours nous soutient.

[31] Suivant un célèbre kōan : « Avant qu’une personne n’étudie le Zen, les montagnes sont les montagnes, les eaux sont les eaux. Après un premier aperçu de la vérité du Zen, les montagnes ne sont plus les montagnes, les eaux ne sont plus les eaux. Après l’éveil, les montagnes sont de nouveau des montagnes, les eaux de nouveau des eaux »

[32] Suzuki, La dottrina zen del vuoto mentale, op. cit., p. 91. « La phrase la plus célèbre de Tu-shan était ‘‘Trente coups quand tu peux dire un mot, trente coups quand tu ne peux pas dire un mot !’’ ‘‘Dire un mot’’ c’est une expression presque technique du Zen et signifie n’importe quelle chose démontrée soit par les mots, soit par les gestes, au sujet du fait central du Zen. Dans ce cas ‘‘donner un coup’’ signifie que toutes ces démonstrations ne sont d’aucune utilité. » Ibid.

[33] Interview de Christian Bussy à Cioran, réalisée à Paris le 19 février 1973.

[34] Cahiers, op. cit., p. 642.

[35] D. T. Suzuki, Saggi sul buddismo Zen, Rome, Edizioni Mediterranee, 1992, vol. I, p. 216.

[36] Cf. Leonardo Vittorio Arena, Storia del buddismo Ch’an, Milan, Mondatori, 1998, pp. 190-191.

[37] E.M. Cioran, « Hantise de la naissance », La Nouvelle Revue Française, n° 217, Paris, janvier 1971, p. 15. Il est caractéristique que dans la première version de cet aphorisme, Cioran utilise justement le mot Zen satori, tandis que dans la version suivante publiée dans De l’inconvénient d’être né, il la remplace par le terme de dérivation mystique « suprême ».

[38] L’amour traditionnel pour les fleurs de cerisier est un exemple typique de mono no aware dans le Japon contemporain. Esthétiquement, ces fleurs ne sont pas plus belles que celles du poirier ou du pommier, cependant ils sont les plus appréciés par les japonais pour leur caractère transitoire. En effet, ces fleurs commencent à tomber habituellement une semaine après leur épanouissement. Les fleurs de cerisier font objet d’un véritable culte au Japon, rituellement, toutes les années une foule énorme  envahit les champs pour en admirer la floraison.

[39] Cahiers, op. cit., p. 748.

[40] Cioran, Écartèlement, p. 103 : « On ne peut être content de soi que lorsqu’on se rappelle ces instants où, selon un mot japonais, on a perçu le ah ! des choses. » Cette exclamation reprend l’Entretien avec Léo Gillet : « Ça, on peut le sentir, mais on ne peut pas l’exprimer en paroles, sauf dire : ‘‘Ah ! indéfiniment […] on ne peut pas formuler abstraitement une chose qui doit être vraiment sentie’’ », in Cioran, Entretiens, Paris, Gallimard coll. « Arcades », 1995, p. 94.

[41] Cf. Leonardo Vittorio Arena, Lo spirito del Giappone, Milan, BUR, 2008, pp. 376-377.

[42] Cahiers, op. cit., p. 996.

[43] Ibid., p. 170.

[44] Ibid., p. 568.

[45] De l’inconvénient d’être né, p. 1288.

[46] Cahiers, op. cit., p. 674.

[47] Ibid., p. 323. À ce propos, selon Izutsu : « Le Zen demande vigoureusement que même une telle quantité de conscience du moi soit effacée de l’esprit, de même que finalement tout soit réduit au seul acte de VOIR pur et simple. Le mot ‘‘non-esprit’’, déjà mentionné, se réfère précisément à l’acte pur du VOIR, dans l’état d’une réalisation immédiate et directe », La filosofia del buddismo zen, p. 30.

[48] C’est-à-dire : « quelle est la vérité fondamentale du Zen ? ».

[49] Cfr. Izutsu, La filosofia del buddismo zen, op. cit., p. 160.

[50] De l’inconvénient d’être né, p. 1383.

[51] Cahiers, op. cit., p. 298.

[52] Cioran, Cahier de Talamanca – Ibiza (31 juillet-25 août 1966), Paris, Mercure de France, 2000, p. 30.

[53] Cahiers, op. cit., p. 298.

[54] Cahier de Talamanca, op. cit., p. 13.

[55] Cioban : berger en roumain. Dans la lettre à Arşavir Acterian du 11 juillet 1972, il avoue : « … je serais plus dans le vrai aujourd’hui si j’avais fait une carrière de cioban dans mon village natal plutôt que de me trémousser dans cette métropole de saltimbanques », in Emil Cioran, Scrisori cãtre cei de-acasă, Bucarest, Humanitas, 1995, p. 215 (T.d.A.).

[56] Cahiers, op. cit., p. 101.

[57] Ibid., p. 137.

[58] Ibid., p. 298.

[59] Ibid., p. 101.

[60] Ibid.,  p. 851.

[61] La Raccolta di Lin-chi (Rinzai Roku),  trad. par Ruth Fuller Sasaki, Rome, Astrolabio-Ubaldini, 1985, p. 30.

[62] Verset du poète zen P’ang-yun, cité in Alan W. Watts, The Way of Zen, trad. it, La via dello Zen, Feltrinelli, Milano,  2000, p. 145 (T.d.A.).

[63] Cioran, Aveux et anathèmes, p. 1724.

[64] La Raccolta di Lin-chi, op. cit., p. 46.

[65] Cahiers, op. cit.,  p. 994.

[66] Cioran cite l’anecdote dans ses Cahiers, op. cit., p. 869.

[67] De l’inconvénient d’être né, p. 1396.

[68] Cahiers, op. cit.,  p. 306.

[69].Lettre à Arşavir Acterian du 13 juillet 1986, Cioran, Scrisori cãtre cei de-acasă, op. cit., p. 241(T.d.A.).

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dimanche, 14 juin 2015

Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

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Les trois menaces mortelles contre la civilisation européenne

La première menace est démographique et migratoire et elle a l’Afrique comme visage principal et notre dénatalité comme toile de fond. La seconde menace est l’islam, comme au VIIe siècle mais pis encore. La troisième menace, cause des deux premières,  provient de l’oligarchie polico-médiatique qui infecte l’esprit public et paralyse toute résistance. 

La démographie est la seule science humaine exacte. La vigueur démographique d’un peuple conditionne ses capacités de prospérité et d’immigration hors de son territoire. La faiblesse démographique d’un peuple provoque une immigration de peuplement chez lui, ainsi que son déclin global de puissance, de rayonnement et de prospérité. Et à terme, sa disparition.

Le risque majeur qui pèse sur l’Europe ne provient pas d’une soumission aux Etats-Unis, dont on peut toujours se libérer, mais de la conjonction de deux facteurs : une pression migratoire gigantesque en provenance majoritaire d’Afrique (Afrique du Nord et Afrique noire) corrélée à une dénatalité et à un vieillissement démographique considérables de l’Europe. Et, avec en prime, l’islamisation des sociétés européennes, conduite à marche forcée.

La bombe démographique africaine

L’Afrique dans son ensemble comptait  200 millions d’habitants en 1950 ; le milliard a été dépassé en 2010 et l’on va vers 2 milliards en 2050 et 4 milliards en 2100. Il y a quatre siècles, l’Afrique représentait 17% de la population mondiale et seulement 7% en 1900, à cause de l’expansion démographique de l’Europe et de l’Asie et de sa stagnation. Puis, à cause de la colonisation (de ”civilisation ” et non pas de peuplement) par les Européens, l’Afrique a connu une irrésistible poussée démographique, du fait de la baisse considérable de sa mortalité infantile et juvénile provoquée par l’hygiène, la médecine et l’amélioration alimentaire dues à la colonisation. Ce point est soigneusement caché par l’idéologie dominante repentante qui fustige le ”colonialisme”. C’est cet affreux colonialisme qui a donc permis à l’Afrique toute entière de décoller démographiquement – ce qui provoque la menace migratoire actuelle. Et, après les indépendances (années 60), l’Afrique a continué à bénéficier massivement d’assistances médicales et alimentaires de la part des pays occidentaux. Ce qui a permis la continuation de son boom démographique.

En 2014, l’Afrique représentait 16% de la population mondiale (1,138 milliards d’habitants sur 7,243 milliards) en augmentation constante. L’indice de fécondité, le nombre moyen d’enfants nés par femme, y est de 4,7, le taux le plus fort au monde. La moyenne mondiale est de 2,5. En Europe, il est inférieur à 1,5, le seuil de simple renouvellement des générations étant de 2,1. Le continent africain contient non seulement la population la plus prolifique, mais la plus jeune de la planète : 41% ont  moins de 15 ans et l’âge médian est de 20 ans. Donc la natalité est exponentielle, en progression géométrique ; l’Ouganda et le Niger sont les pays les plus jeunes du monde : 49% de moins de 15 ans.

Mais l’espérance de vie est aussi la plus faible au monde : 57 ans contre 69 ans de moyenne mondiale. Cela n’obère pas la reproduction et garantit l’absence de vieillards à charge. En 1960, deux villes d’Afrique seulement dépassaient le million d’habitants, 25 en 2004, 57 aujourd’hui ! C’est dire  l’ampleur choc démographique. L’Afrique est donc une bombe démographique, plus exactement un énorme réservoir percé qui commence à se déverser sur l’Europe. Sans que cette dernière ne fasse rien.

Dépopulation,  vieillissement  et invasion migratoire de l’Europe

En Europe, la situation est exactement l’inverse : dénatalité et vieillissement. En incluant la Russie mais pas la Turquie, l’Europe comptait 742 millions d’habitants en 2013, dont 505,7 millions dans l’Union européenne – immigrés extra-européens compris. La très faible croissance démographique de l’Europe n’est due qu’à l’immigration et à la natalité supérieure des immigrés, mais le nombre d’Européens de souche ne cesse de diminuer. L’Europe représente 10,3% de la population mondiale, contre 25% en 1900, date de l’apogée absolue de l’Europe dans tous les domaines sur le reste du monde. Cette suprématie fut cassée par les deux guerres mondiales. En 1960, l’Europe représentait encore 20% de la population mondiale, mais la chute de la natalité débuta dans les années 70, en même temps que le démarrage des flux migratoires en provenance d’Afrique et d’Orient. La table était mise.

La moyenne d’âge est aujourd’hui de 38 ans en Europe et sera – si rien ne change– de 52, 3 ans en 2050 ( étude de la Brookings Institution). Le taux de fécondité s’est effondré en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1). En France, il est de 2, le plus fort d’Europe, mais uniquement grâce à la natalité immigrée, notre pays étant celui qui héberge et reçoit le plus d’allogènes. En Grande-Bretagne, le taux de fécondité est de 1,94, second au classement, tout simplement parce que ce pays ”bénéficie” de la natalité immigrée, juste derrière la France.

En Allemagne, le taux de fécondité s’est affaissé à 1,38 enfants par femme ; les projections indiquent que l’Allemagne, pays le plus peuplé d’Europe (81,8 millions d’habitants), en vieillissement continu, ne comptera plus en 2050 que 75 millions d’habitants, dont une proportion croissante d’extra-Européens. L’Italie connaît une situation préoccupante : c’est là où l’infécondité et le vieillissement sont les plus forts.  C’est en Ligurie (Nord-Ouest) que le rapport population âgée/population jeune est le plus fort au monde, et Gênes est la ville qui se dépeuple le plus parmi les métropoles européennes : la mortalité – par vieillesse –y est de 13,7 pour 1000, contre une natalité de 7,7 pour 1000. 

Parlons de la Russie. La Fédération a connu son pic de population à 148, 689 millions d’habitants en 1990 et a baissé à 143 millions en 2005, la Banque mondiale estimant  qu’en 2050, le pays ne compterait plus que 111 millions d’habitants (– 22%). Situation catastrophique. L’explication : un indice de fécondité très faible et une surmortalité chez les hommes de la population active. Mais, surprise : en 2012, la Russie a connu un accroissement net de sa population pour la première fois depuis 1992, et pas du tout à cause de l’immigration. Grâce à qui ? À M. Poutine et à sa politique nataliste.   

Risque de déclassement et de paupérisation économiques

Mais, s’il se poursuit, ce déclin démographique de l’Europe sera synonyme de déclassement économique, de paupérisation, de perte d’influence et de puissance. En 2005, la population active européenne représentait 11,9% de la population active mondiale. Si rien ne change démographiquement, elle ne sera  plus que de 6,4% en en 2050. C’est le recul et le déficit de dynamisme économiques assurés. Le rapport actifs/ retraités, qui approche les 1/1 aujourd’hui ne sera plus, selon le FMI, que de O,54/1 en 2050, soit deux retraités pour un actif. Équation insoluble.

Selon l’OCDE, 39% seulement des Européens de 55-65 ans travaillent, encore moins en France. Le nombre et la proportion des Européens qui produisent ne cesse de baisser, par rapport au reste du monde. D’après le démographe et économiste William H. Frey, la production économique de l’Europe devrait radicalement diminuer dans les 40 ans à venir. En 2010, la tranche d’âge des  55–64 ans dépassait déjà celle des  15–24 ans. Selon un rapport du Comité de politique économique de l’Union européenne, la population active de l’UE diminuera de 48 millions de personnes (–16%) et la population âgée inactive et à charge augmentera de 58 millions (+77%) d’ici 2050. Explosif.      

En 2030, la population active de l’UE sera de 14% inférieure au niveau de 2002. Il est trop tard pour corriger, même en cas de reprise démographique miraculeuse dans les prochaines années. Les économistes crétins disent que cela va au moins faire refluer le chômage : non, cela va augmenter le nombre de pauvres, du fait de la diminution de l’activité productrice (PIB). En effet, en 2030, la capacité de consommation des Européens (revenu disponible) sera de 7% inférieure à celle d’aujourd’hui, à cause du vieillissement. Pour répondre à ce défi économique, les institutions européennes et internationales, comme les milieux politiques européens, en appellent à l’immigration. Nous verrons plus bas que cette solution est un remède pire que le mal.

Extension du domaine de l’islam

En 2007, le Zentralinstitut Islam Archiv Deutschland estimait à 16 millions le nombre de musulmans dans l’UE (7% de la population) donc 5,5 millions en France, 3,5 millions en Allemagne, 1,5 en Grande Bretagne et un million en Italie comme aux Pays-Bas. Du fait des flux migratoires incontrôlés et en accélération depuis cette date, composés en grande majorité de musulmans qui, en outre, ont une natalité bien supérieure à celle des Européens, ces chiffres doivent être multipliés au moins par deux ; d’autant plus que le nombre de musulmans est systématiquement sous-estimé par les autorités qui truquent les statistiques pour ne pas donner raison aux partis ”populistes” honnis. Le nombre de musulmans dans l’Union européenne dépasse très probablement les 30 millions – environ 15% de la population– et l’islam est la seconde religion après le christianisme. Le premier progresse très rapidement, le second décline.

De plus, les musulmans, en accroissement constant, ont une structure démographique nettement plus jeune et prolifique. Et il ne s’agit pas d’un islam tiède, ”sociologique”, mais de plus en plus radical, conquérant, offensif. Le risque d’attentats djihadistes, en hausse continue et qui vont évidemment se multiplier, sans que cela n’incite le moins du monde les gouvernements européens décérébrés à stopper les flux migratoires invasifs, n’est pas pourtant le plus grave. Le plus grave, c’est l’islamisation à grande vitesse des pays européens, la France en premier lieu, ce qui constitue une modification inouïe du soubassement ethno-culturel de l’Europe, surgie avec une rapidité prodigieuse en à peine deux générations et qui continue irrésistiblement dans l’indifférence des oligarchies.

Ce bouleversement est beaucoup plus inquiétant que la foudroyante conquête arabo-musulmane des VIIe et VIIIe siècle, du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’une partie de l’Europe méditerranéenne,  essentiellement militaire. Car, à l’époque, les Européens avaient de la vigueur et une capacité démographique, qui a permis de limiter puis de repousser l’invasion. Aujourd’hui, il s’agit de la pire des invasions : apparemment pacifique, par le bas, reposant sur le déversement démographique migratoire.

Mais elle n’est pas si pacifique que cela. Bien que les masses de migrants clandestins, jamais contrés ni expulsés, aient d’abord des motivations économiques ou le désir de fuir l’enfer de leur propre pays (pour l’importer chez nous), ils sont instrumentalisés par des djihadistes qui n’ont qu’un seul objectif : la conquête de l’Europe et sa colonisation par l’islam, réponse cinglante au colonialisme européen  des XIXe et XXe siècle.

Les plus lucides sont, comme bien souvent, les Arabes eux-mêmes. Mashala S. Agoub Saïd, ministre du Pétrole du gouvernement non reconnu de Tripoli (Libye) déclarait au Figaro (02/06/2015), à propos des foules de migrants clandestins  qui traversent la Méditerranée : «  le trafic est entretenu par les islamistes qui font venir les migrants de toute l’Afrique et du Moyen Orient.[…] Daech enrôle les jeunes, leur enseigne le maniement des armes, en échange de quoi l’État islamique promet à leur famille de faciliter leur passage de la Méditerranée pour entrer en Europe. » Il y a donc bel et bien une volonté d’invasion de l’Europe, parfaitement corrélée au djihad mené en Syrie et en Irak, et au recrutement de musulmans d’Europe. Le but est de porter la guerre ici même. En s’appuyant sur des masses de manœuvre toujours plus nombreuses installées en UE.

La possibilité du djihad en Europe

Il faut s’attendre, si rien ne change, à ce que, au cours de ce siècle, une partie de l’Europe occidentale ressemble à ce qu’est le Moyen Orient aujourd’hui : le chaos, une mosaïque ethnique instable et ingérable, le ”domaine de la guerre” (Dar-al-Suhr) voulu par l’islam, sur fond de disparition (de fonte, comme un glacier) de la civilisation européenne ; et bien entendu, de paupérisation économique généralisée.

Un signe avant-coureur de la future et possible soumission des Européens à l’islam et de leur déculturation (infiniment plus grave que l’”américanisation culturelle”) est le nombre croissants de convertis. Exactement comme dans les Balkans du temps de la domination des Ottomans : la conversion à l’islam relève du ”syndrome de Stockholm”, d’un désir de soumission et de protection. Selon l’Ined et l’Insee (chiffres, comme toujours, sous-estimés) il y aurait déjà en France entre 110.000 et 150.000 converti(e)s au rythme de 4.000 par an. 

Le converti fait allégeance à ses nouveaux maîtres et, pour prouver son ardeur de néophyte, se montre le plus fanatique. Presque 20% des recrutés pour l’équipée barbare de l’État islamique (Daech) sont, en Europe, des convertis. Ils sont issus des classes moyennes d’ancienne culture chrétienne– jamais juive. On remarque exactement le même symptôme – de nature schizophrène et masochiste– que dans les années 60 et 70 où les gauchistes trotskystes ou staliniens provenaient de la petite bourgeoisie. Il faut ajouter que les jeunes filles autochtones qui se convertissent à l’islam, dans les banlieues, le font par peur, pour ne plus être harcelées. Summum de l’aliénation.

Un sondage de l’institut britannique ICM Research de juillet 2014 fait froid dans le dos. Il révèle que l’État islamique (Daech), dont la barbarie atteint des sommets, serait soutenu par 15% des Français (habitants de la France, pour être plus précis) et 27% chez les 18-24 ans ! Qu’enseignent ces chiffres ? D’abord qu’une majorité des musulmans présents en France ne sont pas du tout des ”modérés” mais approuvent le djihad violent. Ensuite que 27% des ”jeunes” approuvent Daech ; ce qui donne une idée de l’énorme proportion démographique des jeunes immigrés musulmans en France dans les classes d’âge récentes, peut-être supérieure déjà à 30%. Enfin, comme le note Ivan Rioufol (Le Figaro, 05/06/2015) à propos de ce « stupéfiant sondage », il est possible que l’ « islamo-gauchisme » de jeunes Européens de souche, convertis ou pas, expliquent ces proportions, mais, à mon avis, pas entièrement.

Bien entendu, pour casser le thermomètre, l’oligarchie politico-médiatique a enterré ce sondage, photographie très ennuyeuse de la réalité, ou répète qu’il est bidon. On se rassure et l’on ment – et l’on se ment – comme on peut. Nous sommes assis sur un tonneau de poudre. L’”assimilation” et l’”intégration” ne sont plus que des contes de fées. L’incendie est aux portes.

Seule solution : la forteresse Europe. 

La troisième menace qui plombe les Européens vient d’eux mêmes, de leur anémie, plus exactement celle de leurs dirigeants et intellocrates qui, fait inouï dans l’histoire, organisent ou laissent faire depuis des décennies, l’arrivée massive de populations étrangères (n’ayant plus rien à voir avec de la ”main d’œuvre”) souvent mieux traitées par l’État que les natifs.  L’idéologie de l’amour inconditionnel de l’ ”Autre”, préféré au ”proche”, cette xénophilie, gouverne ce comportement suicidaire et provient d’une version dévoyée de la charité chrétienne.

La mauvaise conscience, la repentance, la haine de soi (ethnomasochisme) se conjuguent avec des sophismes idéologiques dont les concepts matraqués sont, en novlangue : ouverture, diversité, chance-pour-la-France.  vivre–ensemble, etc. Bien que le peuple de souche n’y croie pas, l’artillerie lourde de l’idéologie dominante paralyse tout le monde. D’autant plus que, comme le démontre un dossier de Valeurs Actuelles (04–10/06/2015), la liberté d’expression sur les sujets de l’immigration et de l’islam est de plus en plus réprimée. Exprimer son opinion devient risqué, donc on se tait, le courage n’étant pas une vertu très partagée. Partout, les musulmans et autres minorités – qui demain n’en seront plus – obtiennent des privilèges et des exemptions illégales ; partout ils intimident ou menacent et l’État recule.

Donc, pour l’instant, la solution de l’arrêt définitif des flux migratoire, celle du reflux migratoire, de l’expulsion des clandestins, de la contention et de la restriction de l’islamisation n’est pas envisagée par les dirigeants, bien que souhaitée par les populations autochtones. Ce qui en dit long sur notre ”démocratie”. Mais l’histoire est parfois imprévisible…

Compenser le déclin des populations actives européennes par une immigration accrue (solution de l’ONU et de l’UE) est une aberration économique. Le Japon et la Chine l’ont compris. La raison majeure est que les populations immigrées ont un niveau professionnel très bas. La majorité vient pour être assistée, pour profiter, pour vivre au crochet des Européens, pour s’insérer dans une économie parallèle, bas de gamme voire délinquante. Il n’y a aucun gisement économique de valeur chez les migrants, qui coûtent plus qu’ils ne produisent et rapportent, sans parler du poids énorme de la criminalité, à la fois financier et sociologique. Les exceptions confirment la règle. 

Le choix de l’aide massive au développement pour l’Afrique, qui stopperait l’immigration (thèse de J-L. Borloo), est absurde et s’apparente à un néo-colonialisme qui n’a jamais fonctionné. Pour une raison très simple : on aura beau investir des milliards en Afrique et au Moyen-Orient, ça n’empêchera jamais les guerres endémiques, l’incurie globale de ces populations à se gouverner, leurs ploutocraties de voleurs et de tyrans à prospérer et leurs populations à rêver d’Europe et à fuir. C’est atavique. Et les rêves idiots, américains et européens, de conversion à la ”démocratie” de ces peuples s’écrasent contre le mur du réel.

La seule solution est donc la loi du chacun chez soi, ce qui supposerait un abandon (révolutionnaire) de l’idéologie des Droits de l’homme qui est devenue folle. Cela nécessiterait l’arrêt de la pompe aspirante des assistances et aides multiples. Tout migrant qui entre en Europe (soit en mode ”boat people”, soit par avion avec un visa) ne devrait bénéficier d’aucun droit, d’aucune aide, aucune subvention ; il serait immédiatement expulsé, s’il est illégal, comme cela se pratique dans 90% des pays du monde membres de l’ONU. Ces mesures sont beaucoup plus efficaces que la protection physique des frontières. Sans cette pompe aspirante de l’Eldorado européen, il n’y aurait aucun boat people en Méditerranée ni de faux touristes qui restent après expiration de leur visas ou de pseudo réfugiés qui demeurent après le rejet de leur demande d’asile.

Argument idiot de la vulgate du politiquement correct : mais l’Europe va s’enfermer dans les bunkers de frontières ! Oui. Mieux valent les frontières fermées que le chaos des frontières ouvertes. La prospérité, la puissance, l’identité, le rayonnement n’ont jamais dans l’histoire été produits par des nations et des peuples ouverts à tous les vents. De plus, politiciens et intellectuels assurent que la cohabitation ethnique se passe parfaitement bien, ce qui est vrai dans les beaux quartiers où ils résident (et encore…) et où les allogènes sont très peu nombreux, mais totalement faux dans le reste du pays. Le mensonge, le travestissement de la réalité ont toujours été la marque des majordomes des systèmes totalitaire : ”tout va bien, Madame la Marquise”.   

Le Tribunal de l’Histoire ne fait pas de cadeau aux peuples qui démissionnent et surtout pas à ceux qui laissent une oligarchie suivre une politique radicalement contraire à leurs souhaits, méprisant la vraie démocratie. Le principe de responsabilité vaut pour les nations autant que pour les individus. On ne subit que ce à quoi l’on a consenti. Face à ces menaces, pour de simples raisons mathématiques et démographiques, il faut prendre conscience qu’il est encore temps mais pour peu de temps encore. Il faut se réveiller, se lever, se défendre. Après, ce sera plié. Le rideau tombera.

Todd, Zemmour, Onfray, Houellebecq, peut-on vraiment tout dire en France?

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Todd, Zemmour, Onfray, Houellebecq, peut-on vraiment tout dire en France?

 
Entretien avec François-Bernard Huyghe
 
Ex: http://francais.rt.com 

Alors que plusieurs spectacles de l'humoriste controversé Dieudonné ont fait l'objet de menaces d'annulation, se pose la question de la liberté d'expression. Le chercheur François-Bernard Huyghe interroge la portée de cette liberté en France.

Outre la question des spectacles de Dieudonné, la France, peu après les attentats contre Charlie Hebdo, avait été traversée de débats très vifs sur la portée réelle de la liberté d'expression. François-Bernard Huyghe, médiologue, spécialiste de l'information et de la stratégie et chercheur à l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) souligne les contradictions d'une société française qui semble perdue dans le «poliquement correct»

RT France: Quelles sont les limites légales à la liberté d'expression en France?

François-Bernard Huyghe: De façon très schématique, certaines tiennent à l'incitation à la violence, à la consommation de drogue. Il y a aussi les limitations liées à l'injure et au respect de la vie privée. D'autres sont politiques, qu'elles soient liées au négationnisme ou à l'incitation à la haine raciale. Ces interdictions ne se font pas a priori mais a postériori, une fois que les propos ont été tenus, où l'on risque alors des procès. Il y a aussi un projet de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui souhaite sortir les injures et diffamations du droit de la presse et donc de la loi du 29 juillet 1881 pour les introduire dans le code pénal lorsqu’elles sont aggravées par une circonstance liée au racisme, à l’antisémitisme, à l’homophobie. 

RT France: Quelles sont les limites non dites à cette liberté d'expression?

François-Bernard Huyghe: Il y a le droit et ses sanctions d'un côté et la pression culturelle et sociale et les règles non dites qu'elles supposent de l'autre. Cette pression peut prendre la forme de la menace d'un procès, même si cela n'aboutit pas. Ainsi l'écrivain Michel Houellebecq a été menacé de plusieurs procès pour ses propos sur l'Islam. On peut aussi penser à Charlie Hebdo qui a eu plusieurs menaces de procès pour racisme. Médiatiquement, on parle beaucoup du fait que vous allez être traînés devant les tribunaux, mais évidemment s'il y a un non lieu, on n'en parle plus mais le mal est fait. Il y a aussi des censures de fait comme celle qu'a subies Eric Zemmour sur la foi d'un mot dans une interview à la presse italienne. Or ce mot de «déportation» des populations musulmanes n'avait pas été prononcé, j'avais à l'époque vérifié. Mais la pire censure est la censure par le conformisme ambiant, le politiquement correct qui règne énormément dans les médias français. En France, la pire censure est le politiquement correct.

RT France: Que dit ce politiquement correct de la société française?

François-Bernard Huyghe: Cela dit deux choses. Il y a d'abord une restriction idéologique du domaine des débats car on va préférer qualifier une idée d'extrême-droite ou de quelque chose en «phobe», comme islamophobe, homophobe ou antisémite plutôt que de la discuter. L'autre élément intéressant est que cela montre une rupture entre les élites et la société. Par élites, il faut entendre les politiques mais aussi les médias, les gens qui sont socialement autorisés à publier, partager leur opinion, dans un journal ou sur un plateau de télévision. Ceux-là sont sur un consensus idéologique libéral, socialiste, européen, atlantiste, individualiste. Ils sont les gardiens vigilants du Temple, et sont souvent en désaccord avec la population. Les Français pensent de plus en plus qu'on ne peut pas tout dire, qu'il y a une espèce de «lutte des classes culturelle» entre des Français qui veulent que les choses soient dites et les élites qui sont dans la déni de la réalité. Il est très clair qu'il y a des sujets qu'on évite, qu'on n'ose même pas évoquer médiatiquement.

RT France: Peu après les attentats de Charlie Hebdo, Dieudonné avait été condamné pour avoir dit "Je me sens Charlie Coulibaly", du nom du terroriste de l'Hyper casher. Glenn Greenwald, le journaliste qui avait révélé l'affaire Snowden, a dénoncé dans une tribune, «l'hypocrisie» de la France quant à la liberté d'expression. Et même l'humoriste Jon Stewart avait ironisé avec un  «Je suis confus». Qu'en pensez-vous?

François-Bernard Huyghe: Ils ont parfaitement raison. Après le 11 janvier, on avait parlé d'un droit au blasphème, une liberté d'expression absolue et le résultat est qu'on a déprogrammé des films, on a amené à la police des enfants de 8 ans qui n'avaient pas respecté la minute de silence. Dieudonné est certes dans une escalade extrême, pour être le plus maudit des maudits. Mais il y a une contradiction évidente, flagrante, entre les appels à Voltaire, les grandes proclamations libertaires qui ont été faites le 11 janvier et le fait qu'on évite de plus en plus certains sujets. Plus efficace que la censure, il y a l'autocensure. J'ai l'impression que cela s'étend de plus en plus.

RT France: Que pensez également des critiques très vives contre l'intellectuel Emmanuel Todd qui, dans son livre «Qui est Charlie», a parlé pour le 11 janvier de «flash totalitaire»?

François-Bernard Huyghe: On peut évidemment critiquer son livre mais sur le fond, intellectuellement. Or Emmanuel Todd a été injurié, y compris par le Premier ministre Manuel Valls. D'ailleurs c'est étonnant mais Manuel Valls passe son temps à dire ce qu'il ne faut pas lire, Todd, Houellebecq, Zemmour, Onfray. C'est la première fois qu'on voit un Premier ministre qui fait une liste de lectures non autorisées. La violence des attaques contre Emmanuel Todd ont été indignes, on l'a quasiment traité de nazi, on a parlé d'indignité nationale. Au final, ce qui a choqué dans son livre est qu'il a mis le doigt sur cette hypocrisie française. Il a rappelé que la manifestation du 11 janvier était celle des bourgeois blancs, aisés, qui venaient faire un grand exorcisme et se donner bonne consciente.

RT France: La notion de liberté d'expression qui date d'une loi de 1881, au moment de la presse écrite seulement, est-elle encore en phase avec un monde connecté, une mondialisation et une démocratisation des moyens publics d'expression comme les réseaux sociaux? Twitter par exemple rechigne à se plier à la loi française sur certains hashtags?

François-Bernard Huyghe: La France est le pays qui, derrière la Turquie, demande le plus de retraits à Twitter et les autorités françaises en obtiennent beaucoup. Mais Twitter dit respecter les législations nationales. C'est une guerre symbolique car on obtient de retrait, parfois même des condamnations. C'est une démonstration théâtrale par lequel le gouvernement veut montrer son ardeur à combattre le terrorisme. Mais Twitter a une mémoire qui résiste à la censure, on peut retrouver facilement des tweets supprimés. Certes, la législation a augmenté le droit d'intervenir directement auprès des réseaux sociaux sans passer par les juges et là encore ce sont des mesures qui vont dans le sens de la restriction d'expression. Tout cela provoque du coup des effets de compensation car on voit dans les commentaires d'articles des propos très tranchés, violents parfois. C'est parce que les médias sont aseptisés et vivent dans la crainte d'avoir manifesté une opinion politiquement incorrecte.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

samedi, 13 juin 2015

Réflexions générales sur les réformes du collège en France

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Réflexions générales sur les réformes du collège en France

Propos recueillis par Xavier Deltenre

Monsieur Steuckers, votre opinion, ici, à brûle-pourpoint, sur les réformes du collège en France ?

Ces réformes sont avant tout les symptômes d’un effondrement civilisationnel. Les tests dits « PISA » montrent que l’enseignement en France, en Belgique francophone (et non pas en Belgique néerlandophone), en Allemagne et ailleurs se désagrège alors qu’il avait été un atout majeur de notre aire de civilisation jusqu’il y a peu de temps.

Pour la France, le phénomène m’apparait complexe : l’hypertrophie du récit « universaliste » et « républicain », qui tient désormais de la pure incantation, paraît ridicule, surtout dans les pays qui ne sont pas républicains ou qui vivent d’un humus idéologique différent. C’est une version particulièrement stupide de l’occidentalisme qui marque la France (alors qu’elle aurait pu s’en dégager) et fait d’elle l’élément porteur d’un fondamentalisme laïque, philosophiquement pauvre et très étriqué. L’occidentalisme marque aussi les Etats-Unis mais ceux-ci y ajoutent une très désagréable et très nauséabonde touche puritaine, qui effraie par ses outrances ou faire rire et jaser. Universalisme laïcard républicain ou universalisme puritain bibliste ne sont pas des terreaux féconds pour faire éclore et durer une pédagogie efficace de la transmission, puisqu’ils procèdent tout d’eux d’une volonté pathologique de tout vouloir éradiquer. L’idée même de transmission est d’ailleurs niée et rejetée expressis verbis par le pédagogisme ambiant.

Ce genre de discours induit 1) une manie féroce de la purgation – il faut purger tout mythème, môle religieux ou faits de monde qui contrarient le blabla inconsistant que représentent ces discours politico-culturels ; 2) une répétition ad nauseam de slogans « endoctrineurs » qui rend sourd aux bruits et bruissements du monde. Ce n’est pas un hasard si la Flandre ou la Finlande, par exemple, échappent à l’effondrement (provisoirement car le soft power veille…). Elles partagent toutes deux un dispositif idéologique national dérivé soit de l’humanisme tacitiste et érasmien du 16ème siècle hispano-flamand soit, pour les deux, d’un humanisme des Lumières qui s’abreuve à la pensée de Herder : l’humus culturel dans toutes ses productions est accepté et exploré ad infinitum ; il n’y a dès lors ni purgation perpétuelle (éradiquer le plouc et ses racines qui agissent ou sommeillent en tout citoyen) ni risque majeur et immédiat de sloganisation à la française ou à l’américaine.

L’Allemagne a longtemps partagé cette option pour les « autres Lumières », celles qui sont réalitaires, acceptantes, et refusent toute forme d’éradication des legs du passé mais il y a, Outre-Rhin, le culte de la repentance, qui assimile erronément toutes les traditions humanistes allemandes à des préludes au national-socialisme du 20ème siècle, englobant dans le même opprobre des pans entiers de la sociale-démocratie d’avant 1914. Le « Vergangenheitsbewältigung » et le tropisme occidental (américain), pourtant souvent dénoncé, font que l’humanisme herdérien n’a plus aucun effet sur les discours politiques, alors même qu’il sert encore et toujours de terreau en matières philosophiques, sociologiques, anthropologiques, etc.

Au-delà du débat français actuel et des vicissitudes de l’enseignement francophone belge d’aujourd’hui, nous pouvons dire, globalement, qu’il n’y a pas de politique de l’enseignement possible, sur le très long terme, sans un recours à notre humanisme hispano-flamand, tacitiste, qui tolère aussi le picaresque (de Cervantès aux romanciers avant-coureurs du 17ème espagnol) et à la pensée de Herder, riche de ses innombrables avatars, en tous domaines des sciences humaines. Tout le reste, les idéologies caricaturales et pernicieuses, ennemies de ce double héritage, constituent un fatras nauséabond, un tas d’ordures, de scories, dont il faudrait se débarrasser au plus vite pour ne pas crever stupide, en ânonnant des slogans creux qui feront pisser de rire les Chinois, les Indiens et les Africains.

Enfin, l’élimination envisagée du latin et de l’allemand dans le cursus des collèges français est l’indice le plus patent d’un refus de toute nouvelle démarche renaissanciste, d’un refus justement de l’humanisme latinisant de Juste Lipse en Brabant et de ses disciples espagnols, de l’humanisme herdérien, basé sur l’allemand. Avec la quasi disparition du grec ancien dans les curricula scolaires, il ne reste rien, plus rien, pour redonner une épine dorsale à notre société, pour renouer avec les trois renaissances qui ont marqué le civilisation européenne : la carolingienne (qui sauve le latin classique de l’oubli) ; l’italo-flamande de Piccolomini et d’Erasme, poursuivie par Juste Lipse et les Espagnols ; l’allemande, de Herder à 1914, qui entendait libérer l’homme des ballasts morts qu’il traine à ses basques pour le replonger dans son propre humus anthropologique qui, toujours et encore, le revivifie quand besoin s’en faut. Le Sapere aude de Kant acquiert en ce cas substance et concrétude. Par suite, le sapere aude, aujourd’hui, ce doit être de vouloir échapper à tout prix aux slogans stériles des soft powers jacobin et américano-puritains (voire hillaryclintoniens) et d’oser se replongerdans ce qui fait ce que nous sommes hic et nunc.

La réinformation, enjeu crucial des prochaines années

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La réinformation, enjeu crucial des prochaines années

Auteur : Nicolas Bourgoin
Ex: http://zejournal.mobi

La vérité est enjeu de lutte. Cet aphorisme prend toute sa portée à l’heure où le Premier ministre, s’inspirant du modèle chinois, mobilise une armée de community managers pour relayer la parole officielle du gouvernement et contrer les propos critiques qui fleurissent sur Internet. La censure est aussi à l’ordre du jour avec la dernière loi antiterroriste mais elle se limite pour l’heure aux sites faisant l’apologie du « terrorisme » (notion, il est vrai, passablement élastique…). L’énergie déployée par l’État pour soutenir la désinformation et réduire l’accès à une information alternative montre, si besoin était, que les mots (comme supports des idées) sont des armes dans les rapports politiques entre dominants et dominés. Aux mains des élites mondialistes, ils servent à la fabrication du consentement et prêchent la résignation en présentant la politique actuelle comme la seule praticable. Aux mains des dominés, ils sont un outil de réinformation active et une force émancipatrice.

Les médias, relais du pouvoir

« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit, la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l’un dans l’autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de la production intellectuelle sont soumises du même coup à cette classe dominante. Les pensées dominantes ne sont pas autre chose que l’expression idéale des rapports matériels dominants ; elles sont ces rapports matériels dominants saisis sous forme d’idées, donc l’expression des rapports qui font d’une classe la classe dominante ; autrement dit, ce sont les idées de sa domination. (Karl Marx & Friedrich Engels, Thèses sur Feuerbach). »

Plus d’un siècle et demi plus tard, ces propos ont conservé leur actualité. La classe dominante détient les principaux moyens de communication et de production de l’information par lesquels elle impose ses idées au reste de la société. Les médias les plus influents sont la propriété des groupes industriels et financiers liés à l’appareil d’État. Dans l’ensemble des pays occidentaux, la grande presse officielle est aux mains de groupes financiers qui la contrôlent. À elle seule, la puissante Hearst corporation contrôle aujourd’hui à travers le monde plus d’une cinquantaine de journaux, une trentaine de chaînes de télévisions et 300 magazines. En France, nous assistons ces dernières années à une concentration croissante des entreprises de presse et à la formation de véritables empires chargés de mettre l’information aux normes de la pensée dominante.

Mais cette hégémonie est peu à peu remise en question par le développement d’une presse alternative, en particulier sur Internet, incitant le pouvoir politique à durcir le ton et tenter de réduire la liberté d’expression et de consultation de certains sites. Les dernières lois antiterroristes ont pour effet sinon pour fonction de restreindre drastiquement le champ de la parole contestataire en la criminalisant partiellement selon le bon vouloir du pouvoir exécutif (le ministère de l’Intérieur a déjà bloqué sans explication ni l’aval d’un juge près d’une quarantaine de sites Internet). Le délit d’opinion est remis au goût du jour avec la création du délit d’apologie du terrorisme. Par amalgames successifs, l’incitation à l’action violente ou à la subversion radicale assimilable au terrorisme devient ainsi passible de 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende.

L’invention du complotisme

Mais à la pénalisation pure et simple, coûteuse politiquement, les élites mondialistes préfèrent généralement la technique de dénigrement des analyses alternatives. Celles-ci sont qualifiées de complotistes, conspirationnistes, voire antisémites. Manuel Valls excelle dans l’art de discréditer les analyses de ses interlocuteurs quand elles sont en désaccord avec la pensée dominante. On le voit dans cette vidéo où, par amalgames successifs, il finit par accuser de négationnisme des journalistes venus l’interroger à propos de sa participation à une réunion du groupe Bilderberg quelques années auparavant.

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La « culpabilité par association » permet ainsi de discréditer les analyses d’une personne en lui prêtant des liens avec quelqu’un d’autre ou en l’assimilant à un courant de pensée faisant fonction de repoussoir. Par exemple, les vrais négationnistes étant généralement des partisans de la liberté d’expression intégrale, ce principe pourtant légitime devient politiquement indéfendable. Etienne Chouard ou Judith Bernard, parmi d’autres, ont récemment fait les frais de ce procédé malhonnête.

L’extrême gauche au secours du capital

Cette stratégie des élites a trouvé des relais inattendus chez certains gauchistes qui, sous couvert de vouloir éradiquer le conspirationnisme, le complotisme ou le confusionnisme (les trois termes étant utilisés indifféremment) tentent de disqualifier toute analyse critique en rupture avec l’idéologie officielle. Le site Confusionnisme info animé par Ornella Guyet s’est fait le spécialiste de cette chasse aux sorcières des temps modernes. Sa rubrique figures de la confusion livre les noms de prétendus « rouges-bruns » accusés de vouloir faire passer en douce une idéologie (forcément) fascisante sous une phraséologie de gauche. On y trouve pêle-mêle, outre l’auteur de ces lignes, Pierre Rabhi, Hervé Kempf, Etienne Chouard, Vincent Lapierre, René Balme, Jean Bricmont, Michel Collon, Alain Gresh, Frédéric Lordon, François Ruffin, Pierre Carles… Beaucoup d’intervenants de la gauche radicale ou altermondialiste mais pas un seul fasciste. Pourtant notre continent n’en manque pas à commencer par ceux officiant à Kiev. Mais quand Ornella Guyet prend position dans le dossier ukrainien… c’est pour s’attaquer à la presse russophile. Comprenne qui pourra.

Autre officine gauchiste, les Morbacks Veners (sic) ont publié un annuaire (non exhaustif) des sites conspirationnistes et confusionnistes à l’intention de ceux qui seraient tentés de s’informer ailleurs que dans la presse autorisée (cette liste reprend d’ailleurs en partie les données de celle publiée par L’Express). Une liste de 170 sites généralement qualifiés d’antisémites (l’accusation revient dans plus de la moitié des cas) mais souvent très à gauche (on y trouve en bonne place celui de Michel Collon ou du Comité Valmy, Initiative Communiste, Fakir ou encore Lutte de classes.org) parfois agrémentée des coordonnées personnelles (nom, adresse et numéro de téléphone) de leur administrateur. Aucun site d’extrême droite ni aucun blog lié à la presse dominante mais un éventail de ce que le monde de l’Internet compte de pensée critique.

De quoi le complotisme est-il le nom ?

L’emploi du terme est monté en puissance après les attentats du 11 septembre pour disqualifier les analyses remettant en cause la version officielle. Le site Re-Open 911 est en bonne place dans la liste des Morbacks Veners ainsi que dans le documentaire de Caroline Fourest consacré aux complotistes. Plus généralement, le complotisme met en cause les failles de l’information officielle, ses zones d’ombre ou ses lacunes (ce que les medias ne nous disent pas) ou ses tromperies manifestes (ce que Michel Collon appelle les mediamensonges), de façon parfois brouillonne ou maladroite mais toujours salutaire car propice au débat. Et le lecteur reste toujours libre d’opérer un tri dans la masse des faits, comme l’évoque Frédéric Lordon :

« Il suffirait donc parfois d’un soupçon de charité intellectuelle pour retenir ce qu’il peut y avoir de fondé dans certaines thèses immédiatement disqualifiées sous l’étiquette désormais infamante de « conspirationnistes », écarter leurs égarements explicatifs, et conserver, quitte à les réagencer autrement, des faits d’actions concertées bien réels mais dont la doctrine néolibérale s’efforce d’opérer la dénégation« .

Une méthode constructive à l’opposée des autodafés pratiqués par les antifas. Le rejet en bloc s’apparente souvent à une véritable chasse aux sorcières comme celle à laquelle se livre l’animateur du site Gauche de Combat plusieurs fois dénoncé comme confusionniste par des sites antifas et qui tente maladroitement de se refaire une virginité en balançant le plus de noms possible. Services rendus qui valent à notre valeureux gauchiste une brève dans Confusionnisme info intitulée Gauche de Combat fait son mea culpa.

(Re)conquérir le pouvoir médiatique

La parole des dominants ne s’impose que par la force du système de domination. Face à ce constat, que faire ?  et comment résister à la désinformation ?  Les techniques de réinformation existent, il suffit de les mettre en oeuvre à commencer par se réapproprier le langage, outil de la pensée. A l’heure où la propagande se cache sous la « communication », où les régressions sociales sont des « réformes », où les jihadistes oeuvrant sur le territoire syrien sont des « rebelles », où toute critique de la politique israélienne est assimilé à une forme d’antisémitisme, il est urgent d’appeler les choses par leur nom. Proscrire évidemment le terme de « complotiste » ou « conspirationniste » (il est de fait rarement question de complots ou de conspirations dans les analyses auxquelles la presse dominante attribue ces étiquettes et de toute façon il existe des complots avérés) et le remplacer par « critique de la parole médiatique officielle » est déjà un minimum. Ensuite, reconnaître que la désinformation est avant tout le fait des medias dominants dont la fonction est de défendre les intérêts du système qui les finance, pour en tirer ensuite toutes les conséquences : puiser sans retenue dans les medias alternatifs (indépendants des groupes industriels), multiplier les sources d’information et si possible les croiser afin de s’approcher le plus possible de la vérité reste le meilleur moyen de s’affranchir de la parole (et donc de la pensée) dominante.

Ce travail hors de portée il y a seulement quinze ans devient aujourd’hui possible grâce au développement d’Internet. Espace de contrôle et de surveillance mais aussi de liberté et de démocratie, il rétablit la symétrie de l’information entre le pouvoir et le peuple en donnant à n’importe qui la capacité de s’informer aussi bien qu’un chef d’État et de se réapproprier un débat confisqué par les élites ou les « experts » qui monopolisent l’espace médiatique. Cet exercice collectif de la pensée critique est le premier acte de la « dépossession des dépossédeurs » comme l’écrit Frédéric Lordon, et un prélude à l’émancipation sociale et politique. Le langage construit la pensée et celle-ci détermine à son tour l’action : en ces temps d’imposture universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire (George Orwell).


- Source : Nicolas Bourgoin

vendredi, 12 juin 2015

Spronck le visionnaire

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Spronck le visionnaire

par Georges FELTIN-TRACOL

À l’orée du XXe siècle gravitent autour d’une Action française naissante pas encore subjuguée par les qualités intellectuelles de Charles Maurras quelques personnalités qui célèbrent l’héroïsme et le vitalisme. Les plus éminentes sont Hugues Rebell et Maurice Spronck. Le premier est le pseudonyme de Georges Grassal de Choffat (1867 – 1905). Auteur d’une abondante œuvre pornographique, il déteste le gaz et l’électricité, préfère le chauffage au bois et l’éclairage à la bougie, et se proclame « royaliste et réactionnaire ». Ce connaisseur de Schopenhauer, de Wagner et de Nietzsche qui voyage en Belgique, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Allemagne, écrit en 1894 Les Chants de la pluie et du Soleil profondément païens et une Union des trois aristocraties, dans lequel il prône l’alliance de l’hérédité, du talent et de l’argent. Le second se nomme Maurice Spronck. Dans La République ou le Roi (1), Maurice Barrès et Charles Maurras le mentionnent à quatre reprises dans leurs échanges épistolaires.

 

Avocat brillant, président de la conférence Molé – Tocquenville en 1889, Maurice Spronck naît le 18 février 1861 à Paris. Élu conseiller municipal de sa ville natale en 1900, il est envoyé deux ans plus tard à la Chambre des députés grâce aux électeurs du VIIe arrondissement qui le rééliront constamment jusqu’à son décès en 1921. Ce nationaliste anti-dreyfusard participe à la fondation de l’Action française avant de s’en détacher pour cause de divergences institutionnelles. Comme Barrès, Spronck se proclame en effet républicain. Mais sa République se veut nationale et autoritaire. Membre de la Ligue des Patriotes, il défend son président, Paul Déroulède, exilé en Espagne après sa fumeuse tentative de coup d’État en 1899.

 

Le VIIe arrondissement, foyer contre-révolutionnaire parisien

 

Tribun redoutable et redouté qui siège assez paradoxalement à l’Union libérale, Maurice Spronck combat l’oligarchie avec outrance. Cette exagération lui assure une belle popularité auprès du petit peuple du VIIe arrondissement. Aussi étonnant que cela puisse paraître aujourd’hui, l’arrondissement de la fastueuse Rachida Dati est sous la IIIe République un « vrai réduit de chouans au cœur de Paris républicain [qui] n’a aucun attrait pour les idées nouvelles (2) ». Cette particularité politique perdurera en partie sous les Républiques suivantes avec les députations successives d’Édouard Frédéric-Dupont (1902 – 1995) qui en sera même l’édile de 1983 à 1995. Tantôt indépendant, tantôt gaulliste, tantôt élu du Rassemblement national derrière Jean-Marie Le Pen en 1986 avant de redevenir chiraquien en 1988, le « député des concierges » avait saisi et su profiter de l’esprit foncièrement protestataire de cet arrondissement avant que le remplacement sociologique de la population n’en fasse un fief droitard.

 

msp82865532629.jpgInfluencé par Nietzsche et Carlyle, Maurice Spronck publie en 1894 une contre-utopie (ou dystopie). Thomas More, Francis Bacon, Tommaso Campanella pariaient sur l’avenir ou l’onirisme pour élaborer des systèmes politiques et sociaux parfaits dans lesquels les êtres humains s’épanouiraient harmonieusement au contraire de la dystopie popularisée par les écrivains de science-fiction et d’anticipation (Eugène Zamiatine, écrivain de Nous autres, Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes, George Orwell avec 1984, René Barjavel pour Ravage, Ray Bradbury et son Fahrenheit 451). L’an 330 de la République fait de Maurice Spronck un étonnant précurseur.

 

Les Éditions Jean-Cyrille Godefroy viennent de le rééditer agrémenté d’une présentation d’E. Marsala, collaborateur à Causeur. Spronck situe son histoire à venir en 2105 à Orléans. Les États se sont effacés au profit de communes libres autogérées. En 112 de la République, soit 1904, un terrible conflit a dévasté l’Europe. « En cinq semaines, quinze millions de baïonnettes avaient été levées des confins de l’Oural au détroit de Gibraltar. […] En cinq mois, les milliards engloutis ne se chiffraient plus; quatre millions d’hommes avaient péri (p. 60). » La paix revint finalement par le triomphe immédiat de la Révolution universelle fraternitaire. La société européenne se donna au Progrès et entra dans la « Fin de l’Histoire ».

 

La société du dernier homme

 

En 313 de la République, une atmosphère béate de paix perpétuelle domine les esprits. L’égalité sexuelle est complète. Les mets naturels, végétaux et carnés, sont remplacés par une « chimie alimentaire [… qui donne] à profusion […] une nourriture falsifiée aussi savoureuse et presque aussi saine que la véritable (pp. 37 – 38) ». L’obésité touche toutes les classes d’âge d’autant que chaque citoyen se déplace uniquement dans un fauteuil roulant électrique si bien que « passé vingt-cinq ou trente ans, tout le monde s’en servait et ne le quittait guère que pour dormir (p. 42) ». On pense en outre à l’excellente nouvelle de Marc Dem intitulée « Le dernier piéton » (3). Il est probable qu’il connaissait la contre-utopie de Spronck… De nombreux contes rapides dépeignent à l’avance une société abjecte et matérialiste qui émerge sous nos yeux. Bientôt, la navigation aérienne « supplanta tous les autres modes de locomotion à grandes distances, de manière à annihiler les vastes organisations plus ou moins gouvernementales qui dominaient les sociétés européennes et maintenaient le souvenir vague des centralisations de jadis (p. 66) ». N’annonce-t-il pas la mondialisation ? Spronck décrit même une société automatisée sinon robotisée : « l’outillage des manufactures se chargeait amplement de subvenir aux besoins, de la consommation, pourvu que chaque citoyen lui consacrât quelques instants de sa semaine (p. 64). »

 

L’ère radieuse de la République garde cependant quelques défauts. Les communes entretiennent par exemple « collectivement un certain nombre d’ouvriers chinois; et, comme il était à craindre que la présence de ces étrangers constituât un péril, chaque commune se composa par prudence une milice de mercenaires musulmans (pp. 64 – 65) », soit l’immigration de main-d’œuvre surveillée par des vigiles de couleur… En outre, acmé de l’homo festivus cher à Philippe Muray, l’Européen dystopique récuse toute violence et condamne la moindre agressivité. « La dislocation des nationalités avait entraîné la suppression presque complète de toute marine et de toute artillerie sérieuse (pp. 88 – 89). » Riche, désarmée et impuissante, l’Europe devient une proie tentante.

 

La prospérité sans fin dans laquelle se satisfait le dernier homme de Nietzsche engendre inévitablement un ennui pesant vite insupportable pour certains qui ne s’en échappent que par le suicide. Par ailleurs, la mode est à l’ovariotomie (l’amputation des ovaires) chez les jeunes filles au point que « l’excédent des décès sur les naissances augmentait avec une régularité déconcertante (p. 71) ». On demeure pantois devant ce récit ultra-réaliste tant il paraît prémonitoire.

 

L’administration des choses et le pacifisme intégral admis par tous excluent totalement le politique. Or celui-ci revient via le tragique. En 300 de la République, l’Islam incarné par un royaume chérifien au Maroc envahit l’Andalousie. Les communes andalouses ont beau protesté, négocié, cherché à apitoyer leur conquérant de leur sort, voire résisté, elles sont éliminées ! Face à ce péril, de rares Européens tels Frédéric Ledoux réclament une forte réaction et créent une Ligue contre la paix. Mais l’avachissement intellectuel et moral étant à son apogée, « elle mourut faute d’adhérents (p. 103) ».

 

L’islam conquérant

 

Les conquérants mahométans se contentent d’abord de l’ancienne Ibérie. Le successeur du sultan, son fils Ibrahim III futur el-Kébir, parvient à regrouper sous sa seule autorité les peuples africains. « Descendant de Mahomet, il affirma recevoir directement l’inspiration du prophète; et il le fit croire. En même temps qu’il démolissait et reconstruisait à sa guise un continent immense, il osait retoucher les textes coraniques; et sa réforme, au lieu de le perdre, portait son renom de sainteté et son influence morale aux derniers confins du monde asiatique Un jour vint où se réalisa en sa personne le rêve le plus prodigieux de despotisme absolu qui ait jamais pu hanter un cerveau humain. Il fut à la fois le pape infaillible et le césar vainqueur de cinq cents millions d’hommes fanatiques et belliqueux (p. 110). » En 330 donc, il attaque la péninsule italienne et la Provence tandis que l’Est européen subit une double offensive asiatique : « L’Asie et l’Afrique barbares débordaient à la fois sur l’Europe (p. 113) » comme aujourd’hui à Lempedusa et aux Cyclades !

 

Tout le continent européen tombe comme un fruit pourri dans les mains de ce sultan, hormis « les cantons de la Suisse montagneuse et de l’Écosse, où persistent encore aujourd’hui quelques débris de familles européennes (p. 122) ». Précédemment, « moyennant une soumission immédiate, les communes étaient respectées; sous promesse solennelle de se convertir à la religion du Prophète et de reconnaître l’autorité du sultan, les citoyens avaient la vie et la liberté sauves, et conservaient la pleine propriété de leurs biens (pp. 99 – 100) », sinon ils abandonnent sans retour leurs foyers.

 

L’histoire de Maurice Spronck retentit cent vingt-et-un ans plus tard avec une acuité certaine en Orient. Embryon avancé du futur califat universel, l’État islamique du dénommé Ibrahim qui se dit apparenté à la famille de Mahomet, pourrait être cet islam conquérant qui étend ses métastases du Levant à l’Afrique du Nord, du Sahel au Nigéria, ainsi que dans les banlieues de l’immigration en Europe. Michel Houellebecq a-t-il eu connaissance de L’an 330 de la République avant d’écrire Soumission (4) ? L’éditeur a profité avec raison du tintamarre fait autour de ce roman pour présenter ce petit bijou pessimiste. Maurice Spronck avait pressenti que la civilisation occidentale moderne serait médiocre, eudémoniste et fémelline. Le message de sa dystopie est par conséquent évident : les autochtones européens ne se sauveront des périls extérieurs grandissants que si et seulement si ils entreprennent enfin leur révolution intérieure et renouent avec leur essence archaïque et ancestrale en dégageant libéraux, féministes, gendéristes, humanistes, multiculturalistes et autres métrosexuels occidentaux ultra-modernes.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : La République ou le Roi. Correspondance inédite 1898 – 1923, Plon, 1970, réunie et classée par Hélène et Nicole Maurras, commentée par Henri Massis, introduction et notes de Guy Dupré.

 

2 : Bruno Fuligni, La Chambre ardente. Aventuriers, utopistes, excentriques du Palais-Bourbon, Éditions de Paris – Max Chaleil, coll. « Essais et documents », 2001, pp. 60 – 61.

 

3 : Marc Dem, 70 contes rapides, Les éditions Choc, 1989.

 

4 : Michel Houellebecq, Soumission, Flammarion, 2015.

 

• Maurice Spronck, L’an 330 de la République. XXIIe siècle de l’ère chrétienne, présenté par E. Marsala, Éditions Jean-Cyrille Godefroy (12, rue Chabanais, 75002 Paris), 2015, 127 p., 12 €.

 


 

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jeudi, 11 juin 2015

Comité Orwell: Penser autrement est-il encore autorisé?

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Comité Orwell: Penser autrement est-il encore autorisé?

Auteur : Comité Orwell
Ex: http://zejournal.mobi

Je ne sais ce que deviendra ce comité Orwell, mais l’idée est séduisante. Depuis les attentats de Paris, le problème de la liberté d’expression a été placé sur le devant de la scène de manière aigüe, mais il existait déjà depuis bien longtemps. Charlie a juste permis à l’Etat d’entrer en scène de manière ouverte là ou la bien-pensance et la pensée unique exerçaient une dictature douce mais féroce. Parmi les défenseurs des libertés, le comité Orwell est intéressant en ce sens qu’il est une dissidence de l’intérieur. Il aura certainement plus d’impact sur le public que ceux qui sont déjà ostracisés et, tant qu’il ne sera pas trop gênant, auquel cas il sera vite récupéré, il exercera une action positive.

Le 29 mai 2005, la Constitution européenne, plébiscitée par les élites, est rejetée par les Français au référendum. On se souvient du déferlement de mépris contre ce peuple « mal-votant » et « mal-comprenant », si peu sensible aux vertus de la pédagogie. Le sommet fut atteint par l’édito de Libération. Intitulé « Chef-d’œuvre masochiste », il constitue un classique de la bien-pensance européiste, dénonçant pêle-mêle le « populisme », la « xénophobie », le « gauchisme infantile » de tous ceux qui ne pensent pas comme eux, qui ne votent pas comme ils le souhaitent. Nous étions en 2005, mais on songeait à 1984, le célèbre roman d’anticipation de George Orwell. Il ne s’agit pas de refaire à l’infini la critique de la « pensée unique », qui fit les beaux jours de la presse des années 90. Mais de tirer enfin les enseignements d’un débat qui mérite que l’on s’interroge sur notre propre pratique journalistique.

Dix ans ont passé, et le « politiquement correct » a volé en éclats, sous l’action conjointe des réseaux sociaux et de la montée du Front National. Si l’antienne de l’antifascisme ne passe plus, le « cercle de la raison » est toujours une réalité. Pourtant, la crise a démontré que les critiques des eurosceptiques n’avaient rien à voir avec un quelconque tropisme rouge-brun. Ils s’interrogent tout simplement sur une perte de souveraineté bien réelle, qui, malgré le Traité de Lisbonne, n’a pas été véritablement remplacée par un fédéralisme européen. Toujours moins de souveraineté. Pas de fédéralisme. Où donc est passé le pouvoir du peuple ?

Interrogation légitime, pour le moins escamotée dans le débat médiatique. Dans sa célèbre dystopie, 1984, l’écrivain et journaliste décrit un monde totalitaire gouverné par un « Big Brother » qui s’insinue jusque dans les consciences. Le « crime de penser » est passible de mort et la réalité est dictée par la novlangue d’un parti unique et son ministère de la Vérité. Dans le monde d’Orwell, les nations ont été abolies, seuls restent trois blocs uniformes qui font mine de s’affronter en permanence : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. La mise en scène de conflits imaginaires, voués à canaliser la violence née de l’oppression, a définitivement remplacé le débat fondé sur le common decency, pour reprendre l’expression du célèbre écrivain britannique.

Il ne s’agit pas ici de refaire l’histoire, ou de se livrer à des comparaisons hasardeuses. Mais les choix de ces vingt dernières années sont loin d’être anodins. Le monde qu’on nous construit commence à avoir quelques ressemblances avec celui d’Orwell. Avec des multinationales toujours plus puissantes qui imposent leurs règles, tissent leurs réseaux et règnent sur la vie de l’Homo Economicus. Et des États croupions qui ne servent plus qu’à encadrer la vie quotidienne d’un citoyen qui a de moins en moins voix au chapitre sur les grands sujets. Le tout avec la complicité d’un système médiatique où l’injure, la provocation, l’excommunication, le spectacle l’emportent sur la recherche patiente des faits. Où la recherche de coupables, érigés comme autant de boucs émissaires à une opinion déboussolée, s’est substituée à l’analyse des causes profondes de la crise que nous traversons. Où les « minutes de la haine » décrites par Orwell s’enchaînent, au rythme effrayant de l’information continue.

Pour sortir de cette impasse, nous avons décidé de créer le Comité Orwell. Il a comme ambition de faire entendre une voix différente dans un paysage médiatique trop uniforme. Plus encore que les autres citoyens, nous avons en tant que journalistes la responsabilité de défendre la liberté d’expression et le pluralisme des idées. Face à une idéologie dominante qui fait du primat de l’individu sur tout projet commun la condition de l’émancipation, l’association entend également défendre notre héritage social et politique fondé sur la souveraineté populaire. « En ces temps d’imposture universelle, prophétisait George Orwell, dire la vérité est un acte révolutionnaire… »

Comité Orwell
Cofondateurs : Eugénie Bastié, Franck Dedieu, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint


- Source : Comité Orwell

mercredi, 10 juin 2015

Anne-Marie Le Pourhiet sur les lois mémorielles

 

Anne-Marie Le Pourhiet sur les lois mémorielles

mardi, 09 juin 2015

Edward Snowden dégomme la loi Renseignement de Valls

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Edward Snowden dégomme la loi Renseignement de Valls
 
C’est un fait : un nombre croissant de spécialistes estime que la surveillance de masse n’a jamais permis de prévenir les actes terroristes.
 
Journaliste

« Pour la première fois depuis les années 70, nous assistons à une restriction et non à une expansion des privilèges et prérogatives dont jouissent les services de renseignement » , se réjouit Edward Snowden. Deux ans après ses révélations explosives, le Congrès américain s’est enfin prononcé en faveur du Freedom Act, conférant un cadre beaucoup plus strict aux collectes massives de métadonnées qui ont visé des millions de citoyens. Une petite victoire, mais tout reste à faire : de nombreux programmes « encore plus intrusifs » sévissent toujours, prévient-il.

Dans une récente interview accordée au Guardian, il s’était ému du caractère liberticide de la future loi Renseignement française : « Nous savons que dans les attentats de Charlie Hebdo, du Canada, de l’Australie, tous les individus étaient déjà connus des gouvernements. Le problème n’est pas que nous ne surveillons pas assez les gens, mais que nous les surveillons trop et que nous ne comprenons pas les informations que nous recueillons. » L’ex-agent de la NSA se montre encore plus virulent dans une tribune publiée ce vendredi par Libération, où il reproche au gouvernement d’avoir « exploité des tragédies récentes afin d’essayer d’obtenir de nouveaux pouvoirs intrusifs, malgré des preuves éclatantes que ceux-ci n’auraient pas permis d’empêcher ces attaques ».

C’est un fait : un nombre croissant de spécialistes estime que la surveillance de masse n’a jamais permis de prévenir les actes terroristes. De plus, rappelle Snowden, les Nations unies ont conclu qu’elle « constituait sans ambiguïté une violation des droits humains ». Jamais nos pérégrinations virtuelles n’ont été autant explorées par des technologies qui « transforment la vie privée en livre ouvert ». Nos centres d’intérêt, nos déplacements, nos paiements peuvent être scrutés à la loupe. Si la loi Renseignement est entérinée, des boîtes noires d’algorithmes installées sur le réseau balayeront des milliards de données à la recherche d’un hypothétique terroriste – qui aura sans doute pris ses précautions pour glisser entre les mailles du filet.

Mais voilà. Le rapport de force est en passe de s’inverser. « En Amérique latine, les efforts de citoyens brésiliens ont mené à l’adoption du Marco Civil, la première Déclaration des droits de l’Internet au monde », s’enthousiasme Snowden. Face au tollé exponentiel que suscite la loi Renseignement au sein de l’opinion publique et des acteurs du Web, souhaitons que la France lui emboîte le pas. Aux États-Unis, 140 entreprises IT, dont Google, Yahoo! et Apple, ont exhorté Barack Obama à s’opposer à la mise en place de « backdoors » (outils servant à décrypter le chiffrement des données, qui réduiraient donc à néant toute confidentialité) réclamées par la NSA, le FBI et les autorités militaires. Leur flicage à grande échelle n’a, en tout cas, pas contrecarré le piratage des données de quatre millions de fonctionnaires américains par des hackers chinois, jeudi dernier, après celui des services fiscaux la semaine précédente.

Les détracteurs d’Edward Snowden ont beau s’acharner à le discréditer, tel l’ancien directeur adjoint de la CIA, Michael Morell, qui l’accuse d’avoir contribué à favoriser l’essor de l’État islamique, les citoyens, eux, ne se laissent plus berner. Ils ont compris le danger qu’implique, pour leur liberté individuelle, cet opportunisme sécuritaire législatif aux latitudes illimitées. « La valeur d’un droit ne se mesure pas à ce qu’il cache, mais à ce qu’il protège. »

Giscard et Poutine commentés par Chateaubriand

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Giscard et Poutine commentés par Chateaubriand
 
La sagesse a toujours plaidé pour un rapprochement franco-russe!
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

J’ai indiqué déjà combien notre ancien Président (quelque reproche lointain qu’on puisse encore lui faire…) a soutenu Poutine dans le bras de fer grotesque et dangereux que lui ont imposé Obama, Merkel et quelques autres. Mais la colère, comme dit l’apôtre, finira par les atteindre.

J’avais été frappé, il y a quelques années, par une remarque de Valéry Giscard d’Estaing sur La Chaîne parlementaire, lorsqu’il évoquait avec émotion et sensibilité l’héroïsme et la furia guerrière de nos soldats français aux temps d’Austerlitz et des guerres napoléoniennes. C’était la France d’avant l’ère du vide ou du bide, comme on voudra.

En 2012, notre nostalgique s’était rendu aux célébrations de la bataille de Borodino. Enchanté, Vladimir Poutine lui avait tenu à peu près ce langage : « Toute la population s’est élevée contre les envahisseurs. Son héroïsme sans précédent, sa force spirituelle et son attachement profond à sa terre ont donné à notre pays une immense force qui n’avait jamais été observée auparavant. »

On comparera avec le langage des roquets de Bruxelles !

Et notre homme d’État « le plus puissant du monde » (dixit les médias yankee) d’ajouter : « La France et la Russie ont été du même côté pendant les deux guerres mondiales… On a passé plus de temps ensemble qu’à se faire la guerre », car « la France avait presque toujours été un partenaire stratégique de la Russie ».

La sagesse a toujours plaidé pour un rapprochement franco-russe, en effet. Et notre rapprochement avec les Anglo-Saxons, cultivé par les élites colonialistes et bourgeoises du XIXe siècle, ne nous aura amené que des défaites ou des humiliations. Ils nous demandent de nous faire trouer la poitrine pour leur démocratie, écrivait Bernanos, puis ils nous tendent la note pour les trous dans les uniformes.

L’ineptie de notre politique actuelle ferait ainsi bien de s’inspirer de ces lignes admirables écrites par Chateaubriand au tome III de ses Mémoires (L29 Chapitre 13) :

« Il y a sympathie entre la Russie et la France ; la dernière a presque civilisé la première dans les classes élevées de la société ; elle lui a donné sa langue et ses mœurs. Placées aux deux extrémités de l’Europe, la France et la Russie ne se touchent point par leurs frontières, elles n’ont point de champ de bataille où elles puissent se rencontrer ; elles n’ont aucune rivalité de commerce, et les ennemis naturels de la Russie (les Anglais et les Autrichiens) sont aussi les ennemis naturels de la France. En temps de paix, que le cabinet des Tuileries reste l’allié du cabinet de Saint−Pétersbourg, et rien ne peut bouger en Europe. En temps de guerre, l’union des deux cabinets dictera des lois au monde. »

Mais c’est, sans doute, trop demander à nos politiciens et à leurs électeurs, qui s’en tiendront à la coutumière propagande anti-tsariste de nos bons vieux médias.

On saluera, en passant, le passage de Marine Le Pen à Moscou. À défaut de grandir la France, il exaspérera Juppé ou BHL.

lundi, 08 juin 2015

En el cumpleaños de Louis Ferdinand Céline: una fiebre obsidional.

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En el cumpleaños de Louis Ferdinand Céline: una fiebre obsidional.

por Manuel Fernández Espinosa

Ex: http://culturatransversal.wordpress.com

Louis Ferdinand Auguste Destouches, más conocido como Louis Ferdinand Céline, nació tal día como hoy, 27 de mayo del año 1894, en Courbevoie. La sangre bretona que corría por sus venas tuvo que darle ese toque melancólico, tan céltico, que a veces asoma en su obra. En su “Carnet del coracero Destouches” que, hasta cierto punto, constituye un cuaderno introspectivo, llega a preguntarse: “¿Soy poético? No. No lo creo; sólo un fondo de tristeza yace en el fondo de mí mismo, y si no tengo el valor de ahuyentarlo con una ocupación cualquiera adquiere en seguida grandes proporciones”.

Toda su obra es un testimonio vital de alguien que nunca se vio a sí mismo como un héroe, sino como un superviviente. El “Viaje al fin de la noche” (su novela más famosa) nos pinta sus peripecias a través de las de su alter ego, el protagonista del “Viaje…”, Ferdinand Bardamu. Novela de aprendizaje, con un fuerte carácter picaresco, Céline lanzó con ella al mundo su grito de rebelión. Una rebelión con causa, la del individuo inteligente que no puede evitar ahorrarse la entrada en la dinámica de la sociedad hipócrita que lo absorbe, pero que resiste y que descubre que los valores chapados de hojalata, por mucho que brillen, no corresponden a nada auténtico. Céline siempre tuvo la idea, algunos dirían que paranoide, de que el “Viaje…” fue lo que nunca le perdonaron: “¡Si me buscan es por el “Viaje…”! ¡Lo aúllo bajo el hacha! ¡Es una cuenta pendiente entre yo y “ELLOS”! en lo más profundo… que no puede contarse… ¡Estamos en peligro de Mística! ¡Qué cosas!” -escribiría en un prólogo retrospectivo para esta novela.

Los panfletos antisemitas de Céline le acarrearían enojosísimas consecuencias tras la II Guerra Mundial. De poco le valió alegar que sus libros fueron prohibidos en la Alemania hitleriana. La suerte estaba echada para él: considerado como un colaboracionista, conforme los aliados iban comiéndole el terreno a los alemanes, Céline emprendió una fuga por Europa central (pudiéramos decir que fue una prolongación del viaje al fin de la noche, de la noche que se alargaba en Europa, de la noche que persiste hoy todavía); con su fuga escapaba de los linchamientos que perpetraban en Francia los verdugos de la mitificada “resistencia”, brutales represalias que nadie ha condenado todavía, que se cebaron con todos aquellos que eran tachados como colaboracionistas. Ciertamente, la situación de Céline fue agravándose progresivamente conforme el Reich sucumbía y, por fin, pudo refugiarse en Dinamarca, donde fue encarcelado a la espera de una resolución. El flamante gobierno francés pidió su extradición para juzgarlo y, si los daneses se lo hubieran entregado, Céline hubiera sido ejecutado como tantos otros franceses; pero, eso sí, sin haber hecho ni la mitad que otros que, para más escarnio, se pavoneaban de haber combatido a los nazis.Es el caso de Jean Paul Sartre o Simone de Beauvoir. Sartre, el gurú del existencialismo y la “gauche divine”, vivió plácidamente, incluso con éxito, mientras los alemanes campaban a sus anchas en París: las autoridades alemanas de ocupación permitieron la puesta en escena de algunas obras de teatro del bizco: el libro de Gilbert Joseph, “Una ocupación tan dulce: Simone de Beauvoir y Jean-Paul Sartre, 1940-1944” puso al descubierto que Sartre no entró jamás en conflicto con los nazis, por mucho que después -tras la victoria aliada- adoptara la pose de irreductible resistente intelectual. Y su compañera, la Beauvoir, diva del feminismo, no tuvo ningún empacho en colaborar en las emisoras del gobierno colaboracionista de Vichy. Sin embargo, nadie los molestó. A Céline, sí: no hizo tanto como estos dos que gozan de un prestigio inmerecido, pero todos fueron contra él.

En el “Viaje…” ya había indicios de una supuesta paranoia celiniana, pero la hostilidad que va a sufrir tras la victoria aliada, incrementa esa sensación de aislamiento hasta mostrar una fiebre obsidional como encontraremos en pocos casos de la literatura. Su estilo sincopado, sus puntos suspensivos, sus tacos, sus crudelísimas afirmaciones sobre hombres y vida imprimen en su obra una inconfundible nota de identidad. Céline supo trasladar la viveza del lenguaje oral al escrito, podemos leer por ahí; pero no es lo único que pretendió (tal vez) Céline: en esos lapsus se entrevera el silencio, el silencio que siempre será una constante tentación para un espíritu orgulloso que no se franquea con cualquiera. Un orgullo de resistente que se reserva la totalidad del juicio que le merecen las pantomimas y las grandilocuentes palabras de los bellacos bien vestidos, bien redichos y bien pensantes; el orgullo, en fin, de quien no acepta ser presa de sus enemigos (la humanidad en pleno, descontando a los más próximos), que se ríe a carcajadas de todas las mentiras de su tiempo (que también son las del nuestro), de quien no pacta con las ficciones que la mayoría comparte. Puntos suspensivos… No hay palabras para expresar la repugnancia que provocan tantas cosas como nos circundan: podemos ser bocazas y locuaces, pero siempre (…) podríamos haber dicho mucho más (…).

Céline supo cultivar su imagen iconoclasta e irreductible, pero el rasgo de toda su nobleza residió en que no lo hizo por cálculo gananciero, sino por su inexpugnable orgullo, el del que se sabe inocente y no le da la gana de ser inmolado ni prestarse a que lo machaquen, con la convicción de ser un hombre solo, acompañado de su mujer, de sus mascotas y de pocos amigos, que no militó nunca en ningún partido, que solo quería dedicarse a escribir y que encontró en sus adversidades la materia para crear una obra colosal que lo mismo haría llorar que reír y que, hasta su mismo adversario Sartre, mimado por el aparato cultural, tuvo que reconocerla como monumento imperecedero de la lengua francesa.

Querer ser uno mismo se paga muy caro. Bien lo supo Céline. Por eso mismo, leerlo es siempre un ejercicio de rebelión muy provechoso que ayuda a ser uno mismo y purga muchos postizos que nos quieren poner.

Fuente: Raigambre

Le dessous des cartes américaines au Moyen Orient et la montée de Daech

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Le dessous des cartes américaines au Moyen Orient et la montée de Daech

par Francis Legros
Ex: http://www.les4verites.com

C’est la substance de cette très intéressante analyse de Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique et l’un des plus éclairés théoriciens et praticiens de la guerre de l’information. Extrait.

La mise en lumière du dessous des cartes américaines au Moyen Orient

En mai 2015, un groupe conservateur américain a obtenu la déclassification d’un rapport de la Defense Intelligence Agency à la suite d’un procès intenté à l’administration fédérale. Il est précisé dans ce document daté d’août 2012, que les Etats-Unis et leurs alliés opposés au régime syrien auraient intérêt à voir apparaître un Etat islamiste de tendance salafiste dans une partie de la Syrie afin d’accentuer la déstabilisation de Bachar El Assad. Cette révélation met un peu plus en lumière la petite phrase du général Vincent Desportes. Cet ancien directeur de l’Ecole de Guerre avait déclaré, lors d’une audition devant une commission parlementaire française, que les Etats-Unis ont joué un rôle actif dans la montée en puissance de Daech.
Par la suite, il est démontré par les faits que cette manœuvre géopolitique américaine a mis la France dans une situation totalement contradictoire:
- sur le plan diplomatique, le gouvernement français soutient la position américaine et saoudienne contre le régime syrien ;
- sur le plan intérieur, les forces de sécurité françaises doivent affronter des terroristes qui se revendiquent de Daech et qui tuent des Français sur le territoire national.

La France en porte-à-faux

Cette situation est à terme intenable car les structures de contre information dont Manuel Valls a annoncé la création seront d’autant plus démunies sur le plan argumentaire si les jeunes qui partent rejoindre Daech leur objectent ironiquement qu’elles le font avec l’assentiment tacite du principal allié de la France.
L’heure est venue de traiter ce type de problématique (cf. note 3) avec le plus grand sérieux et sans ambigüité en termes de stratégie. C’est le sens du rapport La France peut-elle vaincre Daech sur le terrain de la guerre de l’information. Rédigé par des membres de l’Ecole de Guerre Economique, ce rapport s’inscrit dans une démarche de sensibilisation sur les nouvelles manières de s’affronter en dehors du terrain strictement militaire. »

samedi, 06 juin 2015

Revue Livr'Arbitres: D. de Roux

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Livr'arbitres: Dominique de Roux

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vendredi, 05 juin 2015

Chômage et démographie

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Chômage et démographie
 
Ce que reflète avant tout le dynamisme tant vanté de la démographie en France (plutôt que française, dans ces conditions), c’est le Grand Remplacement.
 
Ecrivain
Fondateur du NON
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr 
 

Peu de choses m’exaspèrent autant, face aux divers journaux télévisés, où Dieu sait pourtant que les motifs d’exaspération ne manquent pas, que les autocongratulations rituelles sur l’excellente santé prétendue de la démographie française.

Elles sont exaspérantes à mes yeux pour deux motifs, à deux niveaux.

Il y a d’abord que ce dynamisme tant célébré de la démographie française, bien loin d’être un élément de force et l’expression d’une résistance face au changement de peuple, en est en fait la manifestation même. Qui naît en si appréciable quantité dans notre pays, en effet ? Les rejetons des remplaçants, pas ceux des remplacés. Il suffit pour s’en convaincre d’observer dans les journaux les listes des naissances et aussi celles des décès. Je sais bien qu’on a reproché à Robert Ménard de tabler abusivement sur les prénoms pour se faire une idée opératoire des aspirations et des besoins divers de ses différentes catégories d’administrés, mais enfin il est peu vraisemblable, et même l’hypothèse est statistiquement négligeable, que Benoît Lamagistère exige de la viande halal, à la cantine du collège, et que Saïd Ben Lassaouï se fasse porter pâle samedi prochain pour cause de première communion. Je ne dis pas que c’est exclu mais c’est peu vraisemblable.

Or, au premier coup d’œil à la chronique « carnet » des journaux, on constate sans aucun doute possible que les Jacques, les Benoît, les Philippe, les Léon, les Gérard et autres Maxime ont une fâcheuse tendance à passer l’arme à gauche, tandis que les Saïd, les Yacine, les Mamadou, les Yasmina, les Mohammed et les Chérif mettent à naître et à proliférer, au contraire, une ardeur et un enthousiasme incomparables.

Ce que reflète avant tout le dynamisme tant vanté de la démographie en France (plutôt que française, dans ces conditions), c’est le Grand Remplacement. Toutes les dispositions prises pour stimuler la natalité ont surtout constitué une formidable incitation à l’immigration de masse et elles précipitent le changement de peuple. La nature même de la prétendue bonne santé de la démographie française fait que je n’y vois, personnellement, aucun motif de réjouissance.

D’autre part, et plus profondément, en toute indépendance de ses aspects ethniques plus ou moins souhaitables, faut-il nécessairement considérer que c’est une bonne santé pour la seule raison que c’est un dynamisme (relatif) ? Le moins qu’on puisse dire est qu’il y a là matière à discussion. Or, justement, sur ce point comme sur beaucoup d’autres, la discussion est ce qui est exclu d’emblée. Il naît en France, proportionnellement, plus d’enfants que dans les autres pays européens : nous sommes censés nous en réjouir tous, sans exception. Je conçois très bien qu’on le fasse, et je respecte ceux qui le font, d’autant qu’ils sont majoritaires parmi mes amis politiques, souvent natalistes ardents, au moins pour les indigènes européens. Mais j’aimerais bien qu’il soit fait une place à l’opinion contraire, et pas seulement parce que c’est la mienne.

Je tiens pour ma part, en effet – j’ai souvent eu l’occasion de le dire -, que la terre n’en peut plus de l’homme ; qu’aucune croissance, et surtout pas la croissance démographique, ne peut être poursuivie indéfiniment ; que l’artificialisation a mangé en France l’équivalent de sept départements en dix ans ; que la campagne disparaît ; que la banlieue gagne et s’universalise ; qu’il n’y a plus d’espace pour l’âme et pour la beauté ; que les vieux peuples allemand, italien ou russe ont bien raison de témoigner la sagesse d’une déflation démographique modérée ; que la France n’a jamais été si grande ni si belle qu’avec quarante ou cinquante millions d’habitants (à vrai dire, c’est plutôt vingt, mais je ne suis pas un extrémiste) ; que l’élément le plus agissant de puissance et de bonheur sera bientôt l’espace et non plus le nombre hébété ; que donc ce serait folie d’essayer de faire autant d’enfants que les Africains mais qu’il faut bien plutôt les empêcher de faire les leurs en Europe – et si possible les dissuader d’en faire en si grand nombre de toute façon, dans l’absolu, où que ce soit.

À quoi on m’objecte toute sorte de choses, et par exemple que la croissance démographique est indispensable à la croissance tout court, laquelle, à son tour, est seule à même de réduire le chômage. Je ne tiens pas plus que cela à la croissance tout court, mais l’exigence de réduction du chômage constitue un argument massue, auquel on ne peut rien opposer. Il a servi à promouvoir bien des désastres, écologiques, notamment, esthétiques, culturels, paysagers. Mais voici que se présente sur le tard un allié inattendu et précieux, pour les thèses décroissantistes et les miennes. À quoi serait due en effet, selon les plus récentes analyses économiques, la persistance irréductible, en France, d’un taux de chômage exceptionnel, aussi exceptionnel que ladite bonne santé démographique ? Eh bien précisément à cette prétendue bonne santé : laquelle, jointe à l’effondrement du système scolaire, lui-même assez étroitement lié au changement de peuple, jette tous les ans sur le marché de l’emploi des bataillons toujours plus fournis de nouveaux travailleurs potentiels, pour lesquels il est impossible de trouver toujours plus d’emplois, d’autant qu’une importante proportion d’entre eux sont parfaitement inaptes au moindre.

Moralité brève (j’ai été trop long) : déflation démographique ; restauration scolaire (par le biais de l’inévitable sécession des volontaires des trois ordres : professeurs, parents d’élèves et élèves eux-mêmes) ; décolonisation ; remigration.

L'obligation de penser le monde qui vient et d'enterrer celui qui passe...

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L'obligation de penser le monde qui vient et d'enterrer celui qui passe...

par Julien Rochedy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue stimulant de Julien Rochedy, cueilli sur son site, Rochedy.fr et consacré aux rôles des intellectuels et des politiques dans une période d'interrègne... Ancien responsable du Front national de la jeunesse, il a publié deux essais, Le marteau - Déclaration de guerre à la décadence moderne (Praelego, 2010) et L'Union européenne contre l'Europe (Perspectives libres, 2014).

Que l'on s'arrête un temps sur la politique française : on n'y trouvera que de la com. Les choses qui encore se font, se font, à la limite, à l'échelon local – à l'échelon, dirons-nous, communautaire. Pour le reste, c'est à dire au niveau national, il n'y a qu'une stricte application des élans de l'époque, laquelle obéit à une décomposition progressive de tous les acquis des siècles. Le Parti Socialiste au pouvoir, à la suite de l'UMP, détricote les fondamentaux de la France que nos grands-parents et parents ont connu : éducation, symboles, fonction publique, identité, autorité, culture, centralisation, etc. Cette politique effective de déconstruction semble être la seule possible au pouvoir, comme si elle obéissait à des impératifs qui appartiendraient à un déterminisme historique obligatoire d'intermède entre deux siècles. Quand à ceux qui briguent le pouvoir national, les Républicains et les Frontistes, leur rhétorique consiste à vouloir, justement, restaurer. Les uns et les autres veulent « restaurer l'autorité de l'Etat », « appliquer la laïcité telle qu'elle fut pensée en 1905 », « retrouver notre souveraineté nationale », « revenir à l'assimilation », quand il ne s'agit pas de « retrouver notre monnaie nationale » etc. Or, la politique des « re » est pure tautologie d'une nostalgie qui trouve, bien sûr, ses clients et ses électeurs en démocratie. Mais en fin de compte, il ne s'agit que de « com », car s'il peut être pratique de s'adresser à la foule des inquiets qui abondent toujours en périodes historiques  intermédiaires, et de s'adresser à eux à travers une redondance d'appels au passé, il n'en demeure pas moins qu'aucune politique pérenne ne peut se fonder exclusivement sur des « re ». Les exemples historiques – de Sylla, qui voulut refaire la Rome républicaine et aristocratique, à De Gaulle, qui voulut restaurer la France – montrent toujours que ces intentions ne peuvent être que passagères, et que les civilisations, comme les nations et comme les siècles, obéissent toujours à la maxime d'Héraclite : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Or, l'Histoire est le fleuve par excellence.

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Résumons :

1 – Nous vivons une période historique intermédiaire qui bientôt va finir, raison pour laquelle la déconstruction des fondamentaux de la France (déconstruction qui, en vérité, a déjà commencé il y a 1 ou 2 siècles) s'accélère particulièrement en ce moment.

2 – Nous entrons progressivement dans un nouveau siècle, avec ses propres conditions, temporalités, impératifs et nécessités.

3 – Les hommes politiques au pouvoir ne font qu'accompagner, consciemment ou non, cette décomposition du temps passé. Quant à ceux qui n'y sont pas, ils ne font qu'appeler à sa restauration qui jamais ne viendra, ou, au mieux, que pour un temps très court, comme les derniers soubresauts d'un mourant.

4 – Les intellectuels actuels n'ont comme seul objet de pensée la destruction du monde qu'ils connaissaient. C'est pourquoi le monde de l'intelligence passe tout entier « à droite », parce qu'il s’aperçoit du carnage et du changement mais se contente, comme les politiques, de le pleurer.

5 – La nécessité pour les intellectuels et les politiques d'aujourd'hui est plutôt de penser le monde de demain pour y projeter des volontés. Finis les « re » : il faut vouloir dans les nouvelles conditions possibles qui se mettent en place petit à petit.

J'imagine que tout ceci est très dur à avaler, car cela fait fi de nos affects et de notre tendresse pour un monde qu'il y a peu nous touchions encore. Pourtant, si l'on veut échapper au règne de la com et/ou de l'impuissance politique, il nous faudra faire le deuil d'un certain nombre de choses pour penser les meilleurs solutions afin d'en préserver d'autres.

J'ajoute qu'il ne s'agit pas là d'un fatalisme pessimiste ; au contraire : plutôt que de perdre son temps dans des combats perdus, une envie impérieuse d'affronter le monde qui vient.

Julien Rochedy (Rochedy.fr, 1er juin 2015)

Soirée avec Christian Rol

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jeudi, 04 juin 2015

La République ? C’est ce qu’il reste quand on a plus d’idées

La République ? C’est ce qu’il reste quand on a plus d’idées

 
Vivien Hoch
Doctorant en philosophe, consultant en communication
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

République-Française.jpgEn France, il faut toujours rester très attentif aux manipulations entreprises sous le sceaux des «valeurs de la République». Or, ces dernières semaines, nous avons assisté à une propagande  immense et grotesque autour de la République, de ses valeurs et de la question ontologique de qui « est ou n’est pas » républicain.  Grotesque ? Évidemment ! Le « Je suis Républicain » a remplacé le « Je suis Charlie », en couvrant le même vide d’un manteau grossier.

La res publica est l’administration des affaires communes, le souci de ce que l’on a en partage, le fait que le collectif a en charge le commun. Le commun détermine ce qui ressortit à la communauté et, de manière implicite, ce qui en est exclu et n’a pas vocation à en faire partie. Comme le montre l’excellent travail de Jean de Viguerie sur L’histoire du citoyen (Via Romana), c’est là tout le drame de l’exclusion républicaine : qui n’est pas républicain ne fait pas partie de la communauté, ne peut gérer les affaires communes, n’est pas rentré dans la matrice, n’a pas été re-formé, régénéré, dirait Vincent Peillon, et ne peut donc pas devenir citoyen.

C’est pourquoi on assiste en France à une course grotesque à qui va être « le plus républicain », sport dans lequel la gauche excelle, mais que pratique dorénavant, et allègrement, les formations politiques de droite.

Ainsi l’UMP qui s'est renommé Les Républicains – en bafouant, au passage, l’histoire de la droite française, qui se définit justement « de droite » par sa position à l’assemblée lors du débat sur le droit de veto du roi. Ou encore le député RBM Gibert Collard a déposé le nom« Front National Républicain », et le tient à disposition de Marine le Pen.

Ce qu’il faut saisir, c’est qu’au fond, la devise « Nous sommes tous républicains » repose surle même mécanisme de manipulation psychologique que la devise « Je suis Charlie ». Il faut « traquer ceux qui ne sont pas Républicains », comme « il faut traquer ceux qui ne sont pas Charlie » (Nathalie Saint-Cricq).

Restituons le mécanisme républicain  de l’ « après Charlie » :

– Le 18 janvier 2015, Claude Bartolone réactive la religion de la République : « Intraitable sur les valeurs de la république. Intraitable. Le jour où l’on affaiblit ce socle, nous sommes renvoyés les uns et les autres à notre communauté ou à notre religion et c’est le vivre ensemble qui est menacé. (…) Regardez le temps qu’il a fallu pour faire accepter à la religion catholique le fait qu’il y a une religion suprême pour chacun d’entre nous : c’est la religion de la république. ». On est pas loin de ce qu’écrit Vincent Peillon, quand il affirme que « la République se construit dans la mort de Dieu » ; ou encore de Nicolas Weill, journaliste dans un grand quotidien, qui écrivait en 2004 : « L’édification de la République se confond avec une lutte à mort contre des adversaires implacables, comme furent en France la contre-révolution catholique ou le nationalisme ethnique » (Le Monde, 12 mars 2004).

– le 22 janvier 2015, sort un document intitulé « grande mobilisation pour les valeurs de la République ». On y découvre notamment que les « rites républicains doivent être revalorisés », que « le rétablissement de l’autorité des maîtres passe par la compréhension et la célébration des rites républicains. », que les « candidats au concours de professeur des écoles seront évalués sur leur capacité à faire partager les valeurs de la République » et que les « comportements mettant en cause les valeurs de la République seront traités ». Dans le document, je n’ai vu nulle part un embryon de définition des « valeurs de la République ». Il a du être avorté : tout embryon, même d’idée, n’a pas d’existence réelle pour eux.

– En mars 2015, le projet de loi sur le renseignement, qui permet de mettre sur écoute les personnes qui mettraient en doute « la forme républicaine des institutions ».

– En avril, on a le droit au plan antiracisme : « la République mobilisée contre le racisme et l’antisémitisme », qui débloque 100 millions d’euros parce que « Le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, et l’homophobie augmentent de manière insupportable dans notre pays », nous dit Manuel Valls.

– Le 15 avril, Claude Bartolone rend au Président de République le document « libérer l’engagement des français et refonder le lien civique :  la république par tous et pour tous », produit avec la fondation Jean-Jaures et la fondation pour l’innovation politique (Fondapol). On y lit notamment que « nous devons prendre toutes les mesures qui permettront que chacun ait le sentiment que la République est présente partout », et qu’il faut mettre en place « des temps républicains, de rites et de rituels ». La « sacralisation laïque » des cérémonies au Panthéon en sont un exemple probant !

Il ne s’agit pas là d’en appeler à la royauté, ou de critiquer grassement la République, en faire le bouc-émissaire des maux de ce monde – ce serait rentrer dans leur dialectique perverse. Il s’agit de simplement de critiquer ce qu’ils en font. Et il s’agit également de rappeler :

– Que le souci de la chose commune n’est pas forcément opposée à la monarchie – Jean Bodin (Les VI livres de la République, 1576) a démontré que la République est l’affaire de tous sous un Roi.

– Que l’idéologie égalitariste n’est pas forcément une valeur fondamentale de la République – l’aristocrate romain Cicéron promeut une République de l’excellence.

– Et que la République ne se réduit même pas à la souveraineté nationale, comme on l’a entendu plusieurs amis ces derniers jours, parce que l’idée d’une république des lettres ou d’une république chrétienne (Respublica christiana), alliance des pays de chrétienté en Europe, est elle aussi une idée « républicaine ».

On ne lie pas un peuple sur du vide. Le fait que la République française a prié devant deux cercueils vides, il y a quelques jours, au Panthéon, n’est pas anodin. Le tour de vis totalitaire auquel on assiste en ce moment, sous l’égide des valeurs de la république, est du même acabit : on nous impose des valeurs mortes, dans un cercueil vide. Ne nous laissons pas enterrer !

Le plan stratégique de l'ambassade US

Islam & immigration, le plan stratégique de l'ambassade US

Analyse du plan stratégique du gouvernement américain en France visant à faire de l'immigration afro-orientale et musulmane le fer de lance des USA et de l'OTAN sur le territoire français.

Source :

https://wikileaks.org/plusd/cables/07...

https://wikileaks.org/plusd/cables/05...

https://wikileaks.org/cable/2010/01/1...

mercredi, 03 juin 2015

Quatre nuances du dernier Houellebecq

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Quatre nuances du dernier Houellebecq

par Georges FELTIN-TRACOL

 

La parution du nouveau roman de Michel Houellebecq, Soumission, a suscité de vifs débats, preuve que son auteur a visé juste et fort. En écrivant cette fiction politique, il pressentait que « ce roman suscitera peut-être des polémiques chez ceux qui gagnent leur vie en polémiquant, mais sera perçu par le public comme un livre d’anticipation, sans rapport réel avec la vie (1) ».

 

La majeure partie des controverses concerne la victoire des islamistes à la présidentielle de 2022. Si certains s’indignent de cette hypothèse qui fracasse leur bel enthousiasme républicain, d’autres s’en réjouissent en espérant que cette éventualité réveillera dès à présent les Français de racines européennes, ces « Français de souche » qui n’existeraient pas d’après l’incroyable sentence d’un tribunal pour qui cette qualification ne couvre « aucune réalité légale, historique, biologique ou sociologique (2) ».

 

La violence des réactions confirme que « ses livres relèvent de la santé publique (3) » parce que « Houellebecq utilise la cendre du marché pour nous entraîner dans des romans éblouissants (4) ». Pourvu d’un style moins terne, moins austère, que dans Les Particules élémentaires (5), Soumission comporte quatre niveaux de compréhension. La plus lisible se concentre sur le héros, François. Ce quadragénaire, expert de l’œuvre de Joris-Karl Huysmans, enseigne à La Sorbonne et traîne en permanence la victimisation surmoderne du libéralisme, cette « idéologie des individus libres luttant tous contre tous (6) ». Vivant dans une morne existence casanière, François dépense son temps entre ses cours de littérature, des loisirs marchands aliénants et ses amours éphémères avec quelques-unes de ses étudiantes. Il symbolise surtout une dépolitisation accomplie, conséquence inéluctable de l’ignorance de l’histoire : « Je ne connaissais au fond pas bien l’histoire, au lycée j’étais un élève inattentif et par la suite je n’avais jamais réussi à lire un livre d’histoire, jamais jusqu’au bout (p. 104). » François agit en véritable monade solitaire, en indéniable atome social. Tant envers Myriam, sa jeune amante juive qui va bientôt s’installer en Israël, qu’envers les prostituées sollicitées (Nadia, Babeth, Rachida et Luisa), voire à l’égard de Sylvie, la dernière compagne de son père défunt ou au moment de la brusque disparition de sa mère à Nevers, le héros exprime un détachement constant qui le ballote d’événement en événement. En Occidental atteint d’épuisement existentiel propre à la logique libérale, François se trouve par conséquent « incapable de fournir un sens, une voie à la réconciliation de l’individu avec son semblable dans une communauté que l’on pourrait qualifier d’humaine (7) ». Après un séjour ennuyeux dans un monastère au cours duquel à rebours du parcours de Huysmans, il perd les ultimes bribes d’une foi chrétien déclinante, il semble finalement éprouver dans l’islam un confort global qui ne le ferait « rien à regretter (p. 300) ».

 

La deuxième approche du roman est politique. Réélu en 2017 face à Marine Le Pen, François Hollande poursuit son impéritie gouvernementale si bien que cinq ans plus tard, son candidat, Manuel Valls, et celui de l’U.M.P., Jean-François Copé, revenu d’entre les morts, sont évincés du second tour au profit d’une Le Pen qui culmine à 34,1 % et de Mohammed Ben Abbes, le candidat de la Fraternité musulmane (22,3 %).

 

Fondée en 2017, « la Fraternité musulmane avait veillé à conserver un positionnement modéré, ne soutenait la cause palestinienne qu’avec modération, et maintenait des relations cordiales avec les autorités religieuses juives. Sur le modèle des partis musulmans à l’œuvre dans les pays arabes, modèle d’ailleurs antérieurement utilisé en France par le Parti communiste, l’action politique proprement dite était relayée par un réseau dense de mouvements de jeunesse, d’établissements culturels et d’associations caritatives (pp. 51 – 52) ».

 

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Pendant l’entre-deux-tours, Ben Abbes bénéficie du soutien officiel du P.S., de l’U.D.I. et de l’U.M.P. au nom d’un front républicain élargi qui l’emporte de peu. En contrepartie, il nomme François Bayrou à Matignon. Si le nouveau président concède aux vieux partis décatis les ministères économiques et financiers, son mouvement se réserve l’enseignement qui s’islamise ainsi très vite. Largement financée par les pétromonarchies du Golfe, La Sorbonne n’accepte plus qu’un personnel musulman d’origine ou bien converti. Les autres sont mis d’office en retraite avec une forte pension. Nouveau président de La Sorbonne et futur ministre, le Français d’origine belge Robert Rediger, devenu une décennie plus tôt musulman, est un ancien identitaire, auteur d’une thèse sur Guénon lecteur de Nietzsche, ce qui est incongru quand on connaît l’antinomie des deux personnages, met en parallèle la soumission de l’homme à Allah avec la soumission volontaire de la femme envers l’homme développée dans Histoire d’O de Pauline Réage alias Dominique Aury. En adoptant l’islam, Rediger prend surtout acte de l’agonie d’une certaine civilisation européenne.

 

Michel Houellebecq se montre vipérin pour François Bayrou et Jean-Marie Le Pen qui sont loin d’être de ses crétins très nombreux à grouiller dans le microcosme politicien. D’ailleurs, si le ralliement des partis du Système à un candidat islamiste contre le F.N. est plausible, la personne adéquate pour personnifier cette collusion ne serait pas l’actuel maire centriste de Pau, mais bien plutôt un autre centriste, l’actuel maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, par ailleurs président de l’U.D.I., qui s’acoquine déjà avec des minorités ethno-religieuses pour mieux contrôler son territoire.

 

Le troisième sens se veut économique. Conservateur illibéral, Houellebecq imagine que la situation économique de la France s’améliore rapidement sous la présidence de Ben Abbes. Les courbes parallèles de la délinquance et du chômage s’effondrent parce que son gouvernement revalorise l’artisanat et le travail manuel, abaisse l’obligation scolaire à douze ans, augmente massivement les allocations familiales et réduit largement le budget de l’Éducation nationale sinistrée. Conservateur, ce programme s’apparente à bien des égards à celui du F.N. en 2002 quand il proposait le salaire familial afin de permettre « la sortie massive des femmes du marché du travail (p. 199) ». Mohammed Ben Abbes correspondrait à un islamiste de marché (8). Cependant, avec un étonnement certain et probablement conseillé par son ami, l’économiste Bernard Maris, on apprend que le nouveau président islamiste français est aussi « influencé par le distributivisme (p. 201) ». Houellebecq définit cette théorie comme « une philosophie économique apparue en Angleterre au début du XXe siècle sous l’impulsion des penseurs Gilbert Keith Chesterton et Hilaire Belloc. Elle se voulait une “ troisième voie ”, s’écartant aussi bien du capitalisme que du communisme – assimilé à un capitalisme d’État. Son idée de base était la suppression de la séparation entre le capital et le travail. La forme normale de l’économie y était l’entreprise familiale; lorsqu’il devenait nécessaire, pour certaines productions, de se réunir dans des entités plus vastes, tout devait être fait pour que les travailleurs soient actionnaires de leur entreprise, et coresponsables de sa gestion (p. 202) ». Or le distributivisme n’est pas qu’anglais; il doit aussi beaucoup à Jacques Duboin (9). Houellebecq le pense. Sortir du paradigme libéral ne sera que bénéfique.

 

La dernière approche procède de la vision géopolitique présidentielle qui entend relancer la « grande politique arabe de la France (p. 158) ». Nullement hostile à l’Union européenne, elle cherche seulement (et ontologiquement) à la réorienter en direction du Sud et du bassin méditerranéen en favorisant l’adhésion du Maroc, de la Turquie, puis des autres États du pourtour. « Son modèle ultime, au fond, c’est l’empereur Auguste; ce n’est pas un modèle médiocre (p. 160). » Ben Abbes estime que « la reconstruction de l’Empire romain était en marche (p. 198) ». Il réaliserait ainsi le vieux dessein des sultans ottomans : prendre Rome après Constantinople !

 

Par delà les tempêtes médiatiques, Soumission est un roman riche en sens. Michel Houellebecq conçoit avec sérénité l’islamisation de la société hexagonale. Pour lui, « c’est un processus spirituel, un changement de paradigme, un retour du religieux. Donc, je ne crois pas à cette thèse du “ Grand Remplacement ”. Ce n’est pas la composition sociale de la population qui est en question, c’est son système de valeurs et de croyances (10) ». Il observe qu’« un courant d’idée né avec le protestantisme, qui a connu son apogée au siècle des Lumières, et produit la Révolution, est en train de mourir. Tout cela n’aura été qu’une parenthèse dans l’histoire humaine. Aujourd’hui l’athéisme est mort, la laïcité est morte, la République est morte (11) ». Mieux, Houellebecq pense qu’« un compromis est possible entre le catholicisme renaissant et l’islam. Mais pour cela il faut que quelque chose casse. Ce sera la République (12) ».

 

Dans l’interrègne en cours fleurissent des valeurs concurrentes. C’est stimulant à la condition expresse que les Européens conscients de cette transition redécouvrent les plus vieilles racines de leur mémoire et retrouvent l’horizon réenchanteur du tragique.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Michel Houellebecq, « La République est morte », entretien dans L’Obs, le 8 janvier 2015.

 

2 : Décision de la 17e chambre correctionnelle de Paris du 19 mars 2015.

 

3 : Bernard Maris, Houellebecq économiste, Flammarion, 2014, p. 23.

 

4 : Idem, p. 49.

 

5 : Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires, Flammarion, 1998.

 

6 : Bernard Maris, op. cit., p. 49.

 

7 : Bernard Maris, « Dernier rempart contre le libéralisme », dans Le Sens du combat, Flammarion, 1996, p. 52.

 

8 : cf. Patrick Haenni, L’islam de marché. L’autre révolution conservatrice, Le Seuil, coll. « La République des idées », 2005.

 

9 : cf. Jean-Paul Lambert (sous la direction de), Le socialisme distributiste. Jacques Duboin 1878 – 1976, L’Harmattan, 1998.

 

10 : Michel Houellebecq, « La République est morte », art. cit.

 

11 : Idem.

 

12 : Id.

 

• Michel Houellebecq, Soumission, Flammarion, 2015, 300 p., 21 €.

 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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La droite française face au mythe républicain

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La droite française face au mythe républicain

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr

Dérisoire refrain du discours de François Hollande et de Manuel Valls qui l'utilisent en boucle, comme s'ils éprouvaient le besoin de démontrer leur insignifiance, le mot vient d'être subtilisé par l'adversaire que le pouvoir semble redouter le plus. Concurrence déloyale s'est-on empressé de proclamer dans les ateliers du prêt-à-penser au service de la gauche. On s'est même donné le ridicule de saisir sur ce point la magistrature syndiquée.

Ce 29 mai, fête des changements de nom. Le plus important parti regroupant depuis 2002 ce qu'on appelait autre fois la droite classique a finalisé le processus. Une fois effectué le petit détour judiciaire elle ne se nommera plus l'UMP. Et tout cela lui a permis de se revendiquer d'un héritage, sans doute estimable aux États-Unis, mais, au regard de l'Histoire, assez peu glorieux en France.

La république, en effet, ne devrait être considérée que comme une forme de gouvernement. C'est à ce titre seulement qu'une loi répressive de 1936 interdit de se liguer pour renverser par la force ce contenant formel, dont le contenu reste libre.

Elle ne saurait, par définition, se fonder sur aucune "valeur" métaphysique. La seule définition recevable identifie ce régime à l'absence de roi, c'est-à-dire à la carence de ce noyau central des institutions qu'on appelle, dans les vrais pays libres d'Europe, selon les pays, prérogative royale, permanence de la Couronne.

Les bons esprits empiriques considéreront sans doute qu'au moins une république a fait moins de mal que les autres : la Seconde (1848-1852). Elle s'est révélée la moins néfaste puisque la plus courte et, surtout, la moins agressive à l'encontre de ses voisins européens. En France, après avoir balayé l'imposture orléaniste, elle a permis la confrontation pacifique des idées de Frédéric Bastiat et de Pierre-Joseph Proudhon siégeant au sein de l'assemblée nationale, où le grand théoricien du socialisme fédéraliste français rejoignit celui du libéralisme en juin 1848, au même moment que Victor Hugo.

Le parti en voie de mutation, cette "union pour un mouvement populaire" en phase terminale, avait été initialement fondé en 2002 sous la référence à une "majorité présidentielle". Inventée par Alain Juppé, cette appellation improbable faisait déjà sourire sachant que le chef de l'État, candidat sortant, avait au premier tour rassemblé sur son nom 10,8 % des électeurs inscrits.

Puis la même "union", rassemblant l'ancien RPR avec les restes du centrisme, amenés par Douste-Blazy, et ceux de la droite libérale par Raffarin, avait gardé son sigle n'en ayant transformé que la déclinaison. MP voulait dire désormais "mouvement populaire" sans doute pour conjurer le péril du "populisme".

Elle a donc cette fois changé de nom, et peut-être même ne s'agit-il plus du même concept.

Il est arrivé que ce parti, avant même sa redéfinition, prenne des positions positives.

Tenons-nous ici en à un exemple récent. Quand Mme Pécresse suggère la fin de la tolérance pour la fraude dans les transports en commun en Ile-de-France comment ne pas souscrire à cette très bonne idée, en lever de rideau de sa campagne pour les élections régionales.(1)⇓

Si elle l'emporte sur l'insupportable Bartolone, si cela met un terme à 17 années de présidence Huchon, si elle parvient à mettre en œuvre son programme, ce qui représente beaucoup de conditions par conséquent, alors, oui, l'usager payant du réseau qui, hélas, restera public, pourra s'en féliciter puisque la fraude coûte la bagatelle de 500 millions d'euros par an. Il n'est jamais interdit de rêver, et il est toujours recommandable de conserver l'espoir. Alors, pourquoi pas soutenir cette honorable proposition de loi n° 2058 pour que soit modifié dans ce sens le Code des transports.(2)⇓

Reste que, dans la mémoire plus longue, celle d'une droite qui ne devrait jamais avoir cessé de combattre le jacobinisme, l'usage outrancier du mot républicain reste associé aux "mariages" du même nom qui noyaient les Nantais dans la Loire.

Vous voyez je ne suis pas si sectaire que cela, vis à vis de l'ancienne UMP devenue "les républicains" : je sais gré à Mme Pécresse de se proposer de combattre le fraude dans les transports publics comme je sais gré à Luc Ferry quelques jours plus tôt d'avoir rappelé que "les guerres de Vendée, c’est le premier grand génocide dans l’Histoire de l’Europe, il y eu 500 000 morts ! (…) Plus aucun historien ne le conteste aujourd’hui."(3)⇓

J.G. Malliarakis     

Apostilles

  1. sur La Chaîne parlementaire
  2. cf. texte de la proposition sur le site de l'Assemblée nationale>/a>
  3. sur I>Télé le 18 mai 2015.

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mardi, 02 juin 2015

P. de Meuse: réinventer les biens communs

Pierre de Meuse:

Réinventer les biens communs

L'intervention de Pierre de Meuse au colloque de l'Action Française du 9 mai 2015.

Le décryptage de Laurent Obertone

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BIG BROTHER ET LE DRESSAGE DES PEUPLES VIA LE SOFT POWER

Le décryptage de Laurent Obertone

Bruno Racouchot*
Ex: http://metamag.fr

En 2013, le journaliste et écrivain Laurent Obertone s'est fait connaître du grand public avec un document choc, La France Orange mécanique, (éditions Ring), où il décrivait une France livrée à l'ensauvagement et à la pure violence. Dans la foulée, il signe aujourd'hui La France Big Brother, (éditions Ring), où il dissèque un système de domination des peuples via l'usage intensif du soft power. Deux livres qui ont suscité de nombreuses polémiques mais qui ont le mérite d'engager une réflexion de fond sur notre devenir. Dans l'entretien qu'il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Laurent Obertone décortique la "machine à dresser les peuples". Il montre à partir de quel socle mental sont élaborés les messages, comment ils circulent et formatent les esprits, rendant toujours plus ardu le travail de la pensée et délicat l'exercice de la liberté.

Dans votre dernier ouvrage, La France Big Brother, vous montrez qu'il existe des interactions entre d'une part les jeux d'influence engagés par les opinion makers et relais d'opinion, et d'autre part des disciplines comme la génétique ou l'éthologie. Vous allez même jusqu'à parler de techniques de dressage via les outils du soft power, terme qui pour le moins est fort. Pourquoi? 

Conditionner une foule, un être humain ou un animal répond à des règles simples qui relèvent de la domestication. Pour être domestiqué, il faut qu'il y ait un émetteur et un récepteur. Prenez ainsi l'exemple du meilleur ami de l'homme, à savoir le chien. Son dressage correspond à des codes qui jouent sur attraction et répulsion, désir et crainte. Bien sûr, toutes les observations relevées en éthologie, dans les sciences du comportement, ne peuvent être exactement applicables aux sociétés humaines. Mais globalement, on peut noter que les règles morales, les codes qui sont délivrés par ceux qui s'arrogent l'autorité de par leur prétendue qualité de "sachant", vont tour à tour séduire ou effrayer leurs concitoyens, qui sont soumis à leur discours, et in fine acceptent leurs repères et leur logique. 


Quand je parle du système qui exerce sa règle toute puissante, j'entends un certain nombre d'émetteurs qui fonctionnent en réseau sur une même logique, avec les mêmes référents, les mêmes interdits. Celui qui s'arroge la capacité à dire ce qui est bien et ce qui est mal détient un formidable pouvoir de dressage sur ses contemporains. C'est pourquoi je dis que nous sommes aujourd'hui bel et bien domestiqués, au sens biologique du terme. Nous subissons – le plus souvent sans en être conscients – un dressage via un flux permanent de messages émanant de toutes sortes de sources : sphère communicationnelle ou médiatique, "autorités morales", experts, intellectuels, hauts fonctionnaires, décideurs politiques ou économiques, etc. qui sont en interaction permanente entre eux et fonctionnent en boucle. Toutes nos perceptions sont saturées par ces messages. Ils reposent tous sur le même vocabulaire, les mêmes images – positives ou négatives – la même logique, répondant à une volonté de domination via la maîtrise absolue des armes du soft power. Il n'y a plus d'échanges entre parties différentes, plus de débat digne de ce nom. Tout est fait pour en permanence, dissocier les effets des causes. L'impératif moral l'emporte sur le réel. Vous n'avez dès lors plus le choix qu'entre l'adhésion obligatoire à la pensée commune et dominante, ou la diabolisation, qui débouche sur la remise en cause même de votre humanité, de votre qualité d'homme. C'est en cela que le système est redoutablement efficace.  Il n'a pas forcément besoin de chars pour faire régner l'ordre, puisque qu'il détient la clé de la maîtrise des esprits… 


N'exagérez-vous pas le poids réel de ce système que vous décrivez et de ce soft power qui vise la maîtrise des esprits de nos contemporains ? 

Il suffit d'ouvrir les yeux et de saisir l'intime logique du système pour constater le bien fondé de mon analyse. Le système, c'est une petite musique à laquelle vous devez vous soumettre sous peine d'être exclu. Contrairement aux apparences, il n'y a pas de jeu des idées, il n'y a ni débat ni rhétorique, mais des incantations psalmodiées en continu. Ce sont tous les rouages du système médiatique, juridique, politique, culturel… qui décident de ce qui acceptable et de ce qui ne l'est pas, en politique intérieure comme en politique internationale, en matière culturelle comme pour les questions de société… Pas un domaine de l'activité humaine n'échappe à leur grille de décryptage et donc à leurs jugements qui se muent très vite en injonctions, quand bien même leurs interprétations se révèlent être en total déphasage avec le monde réel. Pour qu'il y ait réaction face à cette effrayante machine à broyer les peuples, il faudrait être doté d'au moins deux qualités : la lucidité et le courage. La lucidité peut reposer soit sur une analyse rationnelle, soit être le fruit d'une réaction vitale. 


Or, c'est là une règle observée dans toutes les sociétés humaines, il faut avoir une immense force de caractère pour garder son libre-arbitre quand tous les messages qui parviennent à votre cerveau passent en boucle les mêmes injonctions et les mêmes images. D'autant que l'étau se resserre jour après jour. La personnalité qui, hier était encensée, peut se voir clouée au pilori et exclue de la scène si elle remet en question un avis venu d'en haut, si elle adopte une attitude non conforme. Tous les rouages du système se tiennent, ils sont d'une puissance telle que l'homme conscient va le plus souvent renoncer non pas seulement à agir, mais même à penser à contre-courant. C'est donc bien la maîtrise du jeu des idées qui permet à cette dictature de la pensée qui n'ose pas dire son nom d'avoir cette toute puissance qui paralyse les esprits. Et le peuple est soumis de mille manières à cette pression constante et polymorphe, notamment par la banalisation de la criminalité. Pour ceux qui ne comprennent pas le message, il y a la violence pure pour les mater. D'où la culture de l'excuse que ce système développe à l'endroit des criminels. 

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A vous lire, on évolue en plein cauchemar… 

Ce n'est pas faux ! Je note dans les dernières pages de La France Big Brother que nous évoluons en pleine dystopie. Une dystopie, c'est l'envers d'une utopie, c'est une fiction terrifiante où l'idéologie prend le pas sur le réel. Or force est de constater que nous vivons – souvent sans en avoir clairement conscience – dans un monde de ce type. Comme je le dis souvent, jamais l'humanité n'a commis autant de destructions et de dégâts en se parant des atours de la bonne conscience, au nom du bien, de la morale et de l'humanité. Derrière les belles formules, il y a en réalité des formes de domination totale, sur les corps comme sur les esprits. Dans mon dernier ouvrage, je me réfère à nombre de formules tirées du 1984 de Georges Orwell. Mais j'aurais tout aussi bien pu puiser des réflexions dans la lecture du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. 


Dans notre société de communicants, les beaux discours assurent tout à la fois un statut social privilégié, une agréable exposition médiatique et les espèces sonnantes et trébuchantes qui vont avec. Entrer en rébellion avec le système entraîne la mort douce, l'effacement, la diabolisation, l'exclusion... Tous ceux qui créent ces messages permettant au système de se perpétuer et de croître, tous ceux qui contrôlent les relais d'opinion, partagent donc un même socle de morale égalitaire, qui doit être intouchable et respecté comme un totem des temps modernes. Même la réalité n'est plus directement perceptible par nombre de nos contemporains, puisque elle est traitée en permanence par le biais du "décryptage médiatique". 


En guise de conclusion ? 

Dans la Grèce antique, sur le frontispice du temple de Delphes, il était gravé Gnothi seauton, Connais-toi toi-même. Aujourd'hui, l'exigence de sagesse exige que nous soyons nous-même à nous-même notre propre maître, que nous puissions régner en parfaite plénitude sur notre forteresse intérieure afin d'échapper à la servitude. Aussi, paraphrasant la devise delphique, je dirais "Dressons-nous nous-mêmes pour rester libres et lucides, et surtout vivre debout". 


*communication et influence

 

lundi, 01 juin 2015

Comment Giscard comprend Poutine et dénonce la CIA

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Comment Giscard comprend Poutine et dénonce la CIA
 
L’ancien Président voit, comme tous les observateurs sérieux, un complot de la CIA et une ingérence américaine dans cette affaire est-européenne.
 
Ecrivain
Ex: http://www.bvoltaire.fr 
 

Dans la revue Politique internationale d’obédience atlantiste (n °146), Valéry Giscard d’Estaing brave la morgue d’une journaliste du Figaro et défend la position russe en dénonçant les agissements américains.

Ayant réétudié son histoire impériale, « le petit télégraphiste de Moscou » déclare au sujet de la Crimée :

La conquête de la Crimée fut assez dure. Elle ne s’est pas faite au détriment de l’Ukraine, qui n’existait pas, mais d’un souverain local qui dépendait du pouvoir turc. Depuis, elle n’a été peuplée que par des Russes. Quand Nikita Khrouchtchev a voulu accroître le poids de l’URSS au sein des Nations unies qui venaient de naître, il a “inventé” l’Ukraine et la Biélorussie pour donner deux voix de plus à l’URSS, et il a attribué une autorité nouvelle à l’Ukraine sur la Crimée qui n’avait pas de précédent. À l’époque, déjà, je pensais que cette dépendance artificielle ne durerait pas. Les récents événements étaient prévisibles.

L’ancien Président voit, comme tous les observateurs sérieux, un complot de la CIA et une ingérence américaine dans cette affaire est-européenne.

Il faut se demander ce qui s’est réellement passé il y a un an dans la capitale ukrainienne. Quel rôle la CIA a-t-elle joué dans la révolution du Maïdan ? Quel est le sens de la politique systématiquement antirusse menée par Barack Obama ? Pourquoi les États-Unis ont-ils voulu avancer leurs pions en Ukraine ? Les Américains ont-ils voulu “compenser” leur faiblesse au Moyen-Orient en conduisant, sur le continent européen, une politique plus “dure” contre la Russie ?

Giscard devrait se souvenir de son collègue Brzeziński à la Trilatérale ! Puis il tance la politique de sanctions et les menaces sur les hommes politiques russes.

Les États-Unis, ils ont probablement soutenu et encouragé le mouvement insurrectionnel. Et, ensuite, ils ont pris la tête de la politique de sanctions visant la Russie – une politique qui a enfreint le droit international. Qui peut s’arroger le droit, en effet, de dresser une liste de citoyens à qui l’on applique des sanctions personnelles sans même les interroger, sans qu’ils aient la possibilité de se défendre et même d’avoir des avocats ? Cette affaire marque un tournant préoccupant.

Enfin, il remarque que ces euphorisantes sanctions risquent de nuire à tout le monde.

Concernant les sanctions économiques visant non des personnes mais l’État russe, comment ne pas considérer qu’elles font du tort aux deux protagonistes – Russie et Occident – en altérant leurs échanges commerciaux ? Les Américains ont-ils intérêt à provoquer la chute de l’économie russe ? Pour l’Europe, les Russes sont des partenaires et des voisins. Dans le désordre international actuel, face à la flambée des violences au Moyen-Orient, il serait irresponsable de souhaiter que l’économie russe s’effondre.

Les choses vont vite, toutefois, et comme on sait, d’autres économies plus virtuelles menacent depuis de sombrer…

samedi, 30 mai 2015

The Enduring Reputation of Louis-Ferdinand Céline

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The Enduring Reputation of Louis-Ferdinand Céline

“The white people invented the atom bomb, and a little later they disappeared.”
—Louis-Ferdinand Céline, Rigodon

May 27th is the 121st birthday of French writer Louis-Ferdinand Céline (real name: Louis-Ferdinand Destouches)—avant-garde novelist, propagandist, dissident, and physician. In America Céline is mainly known for his first two dark, expressionistic novels, first published in the 1930s, and immediately recognizable in the iconic black-and-white New Directions paperback editions first issued in the 1950s and 60s.

It was lucky, perhaps inevitable, for New Directions publisher James Laughlin to grab the rights to those edgy novels and put them out under the noses of a generation or two of college students and literary hipsters. Because who were Céline’s biggest fans and proponents in 1950s? Why, the Beats of course, mainly W. S. Burroughs, Allen Ginsberg, and Jack Kerouac.[1] Their endorsement went a long way to taking the curse off Céline, positioning him as a transgressive, nihilistic proto-hipster, rather than one more half-cracked Nazi collaborator.

Because that’s the other thing about Céline, his other claim to fame. In the late 1930s he cranked out three heavy tomes of vituperation against contemporary culture and politics (beginning in 1937 with his notorious Bagatelles pour un massacre[2]), all of them denouncing Jewish power and influence. Come the Occupation, 1940-44, Céline moved in pro-Nazi, anti-Bolshevist literary circles, even though neither the Germans nor the French collabos had any use for him as a propagandist. He was too eccentric, vulgar, obscene. Nevertheless he and his wife were forcibly evacuated to Germany at “Liberation” in August 1944, and eventually found their way to Denmark where Céline was convicted in absentia on some vague charge (indignité nationale), though he was later granted amnesty in 1951.

Céline’s reputation in modern France is most peculiar. He has never ceased to be widely popular. His turgid late-30s political “pamphlets” aren’t officially in print or on the stands at the librairie, but most of his other work is readily available, in many editions. The French intelligentsia in particular regard Céline as a national treasure, a rock-star literary titan of the 20th century.

But you can’t just come out and say you like Céline. You have to hedge, apologize, denounce with faint praise. This is true even if you’re Jewish; even if you’re Nicholas Sarkozy. A few years ago, when the French government added Céline’s name to the roster of an upcoming national cultural celebration, critics and politicians went through a ritual of forelock-tugging as they defensively praised Céline as one of their favorite writers. [3] Shrugged President Sarkozy: “You can love Céline without being an antisemite, just as you can love Proust without being a homosexual!”[4]

* * *

I first read Céline forty-one years ago. (June 1973 . . . Watergate . . . Gemstone Stationery.) It was hot and muggy. I was on a bench at the end of the Christopher Street pier in Greenwich Village, and I was avoiding some work I should have been doing. I was in my teens but I knew these old people from the Beat crowd, and they had been talking about what an incendiary, verboten, pro-Nazi, anti-Semitic scamp this Céline person was supposed to be. Reading Céline—or having read Céline—seemed to be the mark of a sophisticate. So I sat there reading Journey to the End of the Night and Death on the Installment Plan over a couple of weeks (they were always prominently on display at Wilentz’s 8th Street Bookshop[5] ), plowing through them doggedly and wondering what the hell was so controversial about them.

Both novels are blackly comedic and semi-autobiographical. Journey to the End of the Night (Fr.: Voyage au bout de la nuit) is mainly a long picaresque tale that goes from Paris at the start of the Great War, to the Western Front, then to African jungles, then—weirdly, disjointedly—to an automobile plant in Detroit, and finally back to Paris again. The second book, Death on the Installment Plan (Fr.: Mort à crédit) is a series of sense-impressions from their author’s experiences working in a public medical clinic, with long hellish flashbacks to childhood and family life.

louis-ferdinand-celine-1932-voyage-au-bout-de-la-nuit.jpgWhat sticks in memory from both books after lo! these many years, with scarcely a return dip in the meantime, is a miasma of filth, poor sanitation—in the trenches, in the slums, everywhere. (Curiously, Céline’s first book, his doctoral thesis in fact, was a biography of Ignaz Semmelweis[6], the father of obstetric antisepsis.) The obsessive disgust is very similar to the first part of Orwell’s Down and Out in Paris and London, which was written about the same time, so one author is unlikely to have influenced the other. Orwell was aware of Céline in the 1930s, since he mentions him in his essay on Henry Miller; but only just barely.

Far less popular in the English-speaking world are Céline’s last trilogy of “novels”: D’un chateau l’autre [2] (Eng.: Castle to Castle), Nord, and Rigadon. English translations of the last two exist, but are hard to find. This trilogy is much more pure memoir than the first two books, and arguably a bit more . . . accessible . . . once you get past the . . . self-indulgent, annoying, three-dot declamatory style . . . that Céline had become addicted to.

The three books describe the adventures of the narrator and his wife after they flee Paris in August 1944. At first their German keepers move them to the Berlin region, then they are transferred for several months to the famous castle of Sigmaringen, north of Lake Constance, where the government-in-exile of Vichy France are also being housed. Céline, acting as house physician, encounters the major players (Marshall Petain, Pierre Laval, etc.) up close, and draws some pathetic portraits of them as they veer from fear to fleeting hope to despair. Finally, the doctor and his wife leave the castle and follow a convoluted itinerary till they wind up in a hotel in Copenhagen where all seems matter-of-fact, bizarrely unaffected by the last five years of war.[7]

The trilogy falls into that very small genre of literature that one might call the Reich-Apocalypse Escape Memoir. As I say, it’s a small genre, but one other entry that resembles Céline’s in level of detail is Christian de la Mazière’s The Captive Dreamer (1974; Fr.: Le reveur casqué). La Mazière was a French nobleman who joined up with the Waffen SS, Charlemagne Division, in the final months of the war and was eventually taken prisoner by Polish partisans. He speaks about his experiences near the end of the documentary The Sorrow and the Pity (1969), in an interview that takes place in Sigmaringen castle itself. What doesn’t appear on screen is the comic episode of how he just barely crossed paths with Céline.

In his memoir, La Mazière relates how he and another newly commissioned officer decide to take a day trip to the castle. It is February 1945, they have just completed Waffen SS training, and will soon be shipped out to the Eastern Front. They take a train to Sigmaringen, imagining that they’ll present themselves for the approval of Petain and Leval. They climb the hill to the castle . . . but no luck. The guards tell them the Maréchal and Minister aren’t taking social calls. On their way down from the castle they spot Céline and his wife in the street, walking with fellow collabo Lucien Rebatet. La Mazière wants to stop and chat with them, but his companion won’t be detained; he’s too spooked by the whole place. And so they hurry on to lunch.[8]

Notes

1. http://realitystudio.org/scholarship/henry-miller-and-william-burroughs-an-overview/ [3]http://ginsbergblog.blogspot.com/2014/05/louis-ferdinand-celine-1894-1961.html [4]

2. https://archive.org/stream/BagatellesPourUnMassacre/bagat_djvu.txt [5]

3. Guardian Books Blog, 31 Jan 2011: http://www.theguardian.com/books/booksblog/2011/jan/31/celine-great-author [6] 

4. L’Express, 21 Jan 2011: http://www.lexpress.fr/culture/livre/quand-sarkozy-celebrait-celine_954362.html [7]

5. http://art-nerd.com/newyork/west-8th-street/ [8]

6. http://www.lepetitcelinien.com/2012/09/louis-ferdinand-celine-semmelweiss.html [9]

7. Merlin Thomas, Louis-Ferdinand Céline. (New Directions Publishing, 1980.)

8. Christian de la Mazière, The Captive Dreamer (1974); Henry Rousso, Petain et la fin de la colaboration: Sigmaringen, 1944-1945. (Bruxelles: Editions Complexe, 1984.)

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[2] D’un chateau l’autre: http://www.pdfarchive.info/pdf/C/Ce/Celine_-_D_un_chateau_l_autre.pdf

[3] http://realitystudio.org/scholarship/henry-miller-and-william-burroughs-an-overview/: http://realitystudio.org/scholarship/henry-miller-and-william-burroughs-an-overview/

[4] http://ginsbergblog.blogspot.com/2014/05/louis-ferdinand-celine-1894-1961.html: http://ginsbergblog.blogspot.com/2014/05/louis-ferdinand-celine-1894-1961.html

[5] https://archive.org/stream/BagatellesPourUnMassacre/bagat_djvu.txt: https://archive.org/stream/BagatellesPourUnMassacre/bagat_djvu.txt

[6] http://www.theguardian.com/books/booksblog/2011/jan/31/celine-great-author: http://www.theguardian.com/books/booksblog/2011/jan/31/celine-great-author

[7] http://www.lexpress.fr/culture/livre/quand-sarkozy-celebrait-celine_954362.html: http://www.lexpress.fr/culture/livre/quand-sarkozy-celebrait-celine_954362.html

[8] http://art-nerd.com/newyork/west-8th-street/: http://art-nerd.com/newyork/west-8th-street/

[9] http://www.lepetitcelinien.com/2012/09/louis-ferdinand-celine-semmelweiss.html: http://www.lepetitcelinien.com/2012/09/louis-ferdinand-celine-semmelweiss.html