Richard Millet est un écrivain inlassable et inclassable.
Ne serait-ce qu'en 2014, il a publié six livres:
- Sibelius. Les cygnes et le silence, aux Éditions Gallimard
- Sous la nuée, aux Éditions Fata Morgana
- Chrétiens jusqu'à la mort, aux Éditions L'Orient des livres
- Lettres aux Norvégiens sur la littérature et les victimes, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux
- Charlotte Salomon, précédé d'une Lettre à Luc Bondy,
"vieux mécanisme de la victime émissaire mais chargée des maux d'un ordre qu'elle a dérangé". "Quand le directeur d'un hebdomadaire de gauche me traite de néonazi, il faut entendre dans ce vocable, une tentative de meurtre, et avant tout la décomposition du langage journalistique, en France."
quotidienne, avec la nécessité de parler pour ne pas laisser triompher le parti dévot."
Solitude du témoin? Richard Millet s'avance au sein d'une grande solitude. Il ne s'agit pas de la solitude sociale à laquelle l'a contraint son bannissement, mais de "l'isolement qui tient à la position de celui qui voit et qui dit ce qu'il voit: le témoin, personnage insupportable en un temps d'inversion générale où, pour paraphraser une formule célèbre, le vrai est devenu un motif fictionnel du mensonge."
Ce qui le désole, c'est de vivre sous le régime de la fin, d'une fin qui n'en finit pas, parce que la mort est déniée (en tant que catholique, il n'attend pas la mort, mais la fin de la mort). Aussi traque-t-il cette oeuvre de mort: "Le mouvement perpétuel du mourir qu'on tente de nous fourguer sous le nom même de vie, de la même façon que c'est au nom même du vivant qu'on pratique l'avortement, l'eugénisme, l'euthanasie, de quoi témoignent les euphémistiques "interruption de grossesse" et "accompagnement de fin de vie"."
Ce qui le désole, c'est que la fin de l'histoire, "métastase du refus du passé", soit proclamée et voulue par le capitalisme mondialisé - que j'appellerais plutôt capitalisme de connivence avec les États - qui veut substituer aux nations le Marché - que j'appellerais plutôt mondialisme, c'est-à-dire contre-façon éhontée, régulée par les États, du marché des libéraux, où les individus échangent librement entre eux et respectent le principe de non-agression. Cette fin de l'histoire ne serait qu'"un fantasme qui se nourrit de la non-événementialité, c'est-à-dire du vertige d'une fin qui n'en finit pas".
Ce qui le désole, c' est que le Culturel, c'est-à-dire l'alliance du Divertissement et de la Propagande, remplace la culture générale, l'horizontalité la verticalité: "Par son déni de la dimension verticale de la tradition judéo-chrétienne, le Culturel est la conséquence d'Auschwitz, tout comme la vie moderne est, dans son ensemble, Péguy, Bloy, Bernanos, l'ont répété avec force, un refus de toute vie spirituelle, de la dimension surnaturelle de l'histoire."
Il précise: "Déculturation et déchristianisation vont de pair; et les zélotes du parti dévot, les sicaires du Nouvel Ordre Mondial, les thuriféraires du Bien universel sont les héritiers de ceux qui ont rendu possibles le génocide arménien, Auschwitz, le goulag, les Khmers rouges, le Rwanda, et tout ce qui est à venir sur le mode de l'inhumain, de l'amnésie, du reniement de soi que l'incantation démocratique rend acceptables comme abstractions éthiques (l'abstraction comme fatalité de la "masse", redéfinie en concept d'humanité)."
Ce qui le désole, c'est que l'"oeuvre de mort se joue d'abord sur le terrain du langage". La langue française s'est, semble-t-il, "retournée contre elle-même au point d'inverser ses valeurs fondamentales, sémantiques et syntaxiques" - prélude à sa disparition -, son mouvement naturel d'évolution étant "confisqué par la Propagande, le Spectacle, le babélisme marchand, le sabir: l'absence de phrase comme dimension servile de "l'homme"". Exemple, qui n'est pas anecdotique, de cette mise en oeuvre de mort sur le terrain du langage:
""On s'est couchés": la grammaire contemporaine n'est que l'histoire d'une évacuation, j'allais dire d'une épuration, comme on le voit non seulement pour le subjonctif, le futur simple, les subordonnées, mais aussi pour le nous qui disparaît de l'oral pour s'absenter de l'écrit et imposer le solécisme cité en entrant. On est neutre et de la troisième personne du singulier, et ce pronom ne saurait donc gouverner le pluriel couchés."
Il précise: "Le fantasme d'une langue simplifiée va de pair avec un esprit abaissé ou esclave des maîtres du langage, en l'occurrence les publicitaires qui vont main dans la main avec les politiques, sous l'oeil bienveillant du capitalisme mondialisé dont on ne dira jamais assez qu'il a plus besoin d'un langage que d'une langue."
Tout ce qui désole Richard Millet, et dont il témoigne, fait-il de lui l'être haïssable, classé et étiqueté de méchante manière par les zélotes du parti dévot, comme il les appelle gentiment? J'en doute. Mais, ce dont je suis sûr, c'est que Richard Millet est un écrivain, un véritable écrivain, qui se tient dans la solitude de la langue et à l'écart du courant dominant:
"L'écrivain travaille [...] dans la démonétisation, la déprogrammation, la marge, tout ce que l'on peut résumer sous le nom de forêt." Sa forêt? "Ma forêt, c'est la langue et la singularité que celle-ci déploie dans un monde devenu sourd au grand bruissement forestier de la mémoire ou de l'invisible, du spirituel."
"C'est pour avoir montré le lien entre la fausse monnaie littéraire et le discours multiculturaliste" confie-t-il "que j'ai été détruit socialement, banni, réduit à prendre le chemin de la forêt, ou, plutôt, à me rendre compte moi-même comme sujet radical dans un mouvement où l'objectivation, l'universel sont infiniment menacés par un système qui entend me renvoyer à une forme de solipsisme ou d'enfermement narcissique, alors que je reste tourné vers le dehors, l'immense fraîcheur de l'aurore, avec cette chance qu'est devenue l'inappartenance sociale."
Francis Richard, 3 mai 2015
Publication commune Lesobservateurs.ch et



Richard Millet est classé à l'extrême-droite par ceux qui ne l'ont pas lu et se permettent de le juger. C'est le 
del.icio.us
Digg

Si l’on s’en tient aux théories, Proudhon, par son fédéralisme, son mutualisme, sa critique acide de la démocratie et de la propriété capitaliste, ainsi que son caractère de farouche pourfendeur de la culture bourgeoise, a su permettre –malgré les tentatives de récupération des socialistes républicains- « à des Français, qui se croyaient ennemis jurés, de s’unir pour travailler de concert à l’organisation du pays français ». Nous touchons là un point essentiel : Proudhon était un homme d’ordre et non cet anti-étatiste anti-théiste et anti-propriétaire primaire que l’on veut nous faire accroire… C’est en tant que prophète de « l’ordre social français » que les membres du Cercle célèbrent ce « grand réaliste », ce « Maître de la contre-révolution », ce « Proudhon constructeur » à l’esprit et à la foi révolutionnaire. J’arrête ici, c’est certainement déjà trop de dialectique pour les quelques placides intellectuels de « gôche » qui prétendent s’accaparer la figure de ce rude fils de paysan, viril et guerrier, inaltérable et hardi défenseur du Travail, de la Famille et de la Terre (qui a dit Patrie ?) ; je ne voudrai pas être désigné responsable de l’ataraxie mentale dont ils souffrent, si peu nombreux soient-ils.
Les prises de position non hostiles à la Russie de certains leaders politiques francais ne peuvent cependant modifier l'ADN de la grande majorité de la droite française d'aujourd'hui. Tendance qui va voir la tenue d'une primaire 100% endogène en 2016, sans aucun parti ou tendance ni souverainiste, ni gaulliste.













Pour compléter le tableau, en restant dans la même ligne idéologique, l'on voit également l'affermissement des intérêts américains dans la gouvernance française. En 1981, la French American Foundation créé le programme Young Leader, financé par AIG, Lazard et Footprint consultants. Sorte de version moderne, plus neutre, moins marquée et connue dans la société que la franc-maçonnerie. Aujourd'hui, il comprend plus de 400 dirigeants issus de la haute fonction publique, du monde de l'entreprise, des médias, de la recherche et même de l'armée. Chaque année 20 français et américains sont sélectionnés. En 2014, Alain Juppé, lui même ancien Young leader, a organisé le séminaire à Bordeaux pour la promotion 2014 avec des anciens comme le directeur général d'Alcatel Lucent Michel Combes, par exemple.

Pour Fouché, pas de bonne police et de régime stable sans une connaissance approfondie de la société permettant de renseigner l’État sur les atteintes sécuritaires à ses intérêts. Mais pour le ministre de la police de Napoléon Bonaparte, de telles pratiques n’entrent pas en contradiction avec l’idéal démocratique, au contraire : « Il ne faut pas croire qu’une police établie par ces vues puisse inspirer des alarmes à la liberté individuelle, au contraire, elle lui donnerait une nouvelle garantie et une puissance plus pure et plus sûre d’elle-même. » La surveillance administrative du pays devient une des attributions du gouvernement et sera au cœur des attributions de l’État moderne ; une surveillance et un contrôle de l’État qui seront les futurs outils des régimes totalitaires du XXe siècle.
À Charleville-Mézières, une collégienne de 15 ans se voit interdire l’accès au lycée tant qu’elle ne porte pas… une jupe plus courte. Sa jupe est, en effet, jugée trop longue par les autorités scolaires et trop « provocante » du point de vue du signe de son appartenance à une religion. On comprend qu’il ne s’agit pas du bouddhisme mais de l’islam. Il va falloir être pédagogue parce qu’il ne faudrait sans doute pas non plus que sa jupe soit… trop courte.
Quelle est la logique du communautarisme ? C’est celle du développement séparé (apartheid, au sens précis du terme). Ne faisons pas de mauvais procès aux communautaristes : c’est, pour beaucoup de ceux-ci, un développement séparé sans suprémacisme blanc. À part cela, leur logique, c’est celle de l’endogamie. C’est la logique du repli sur soi, sur « sa » communauté d’origine. C’est un individualisme à l’échelle du groupe. L’appartenance devient dépendance absolue au groupe et à ses habitus, fussent-ils aussi inadmissibles sur notre sol que l’excision.









