dimanche, 10 novembre 2024
Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger
Il n'y a pas que Volkswagen. La crise allemande s'étend et l'Italie est en danger
par Carlo Maria Persano
Source: https://www.destra.it/home/non-solo-volkswagen-la-crisi-t...
Comme prévu, la crise n'est pas seulement celle de Volkswagen, qui a, dans ses stocks, 500 .000 voitures invendues et doit fermer des usines proportionnellement à ses pertes de ventes. Bosch, ZF, Brose, Schaeffler et Continental ont également annoncé d'importantes réductions et des licenciements dans la chaîne d'approvisionnement automobile. Tous ces géants emploient entre 30.000 et 100.000 personnes. Le secteur automobile représente 16% du PIB allemand et constitue donc déjà une part importante de la crise, mais d'autres secteurs, à commencer par la chimie (BASF, par exemple), suivent le déclin en cours.
Pourquoi cela se produit-il?
Parce que les Allemands sont, avec les libéraux américains, les principaux architectes de la mondialisation, utiles pour établir l'ordre mondial libéral, et que, pour réaliser leur projet, ils ont transféré gratuitement des technologies à des entrepreneurs chinois afin de créer une concurrence avec les entreprises européennes non protégées par des droits de douane. Les entreprises italiennes ont été les premières touchées. En bref, ils voulaient que nous soyons en concurrence avec les Chinois (et les Indiens). La Chine, après s'être emparée de cette technologie, avait en retour commencé à acheter des produits européens, principalement allemands et français.
Mais aujourd'hui, grâce aux cadeaux, les Chinois sont devenus autonomes et indépendants en matière de recherche scientifique, et ont commencé à réduire drastiquement leurs achats de produits européens. Par exemple, l'achat de voitures est passé en quatre ans de 50% à 30%. Et cela va encore diminuer. Alors que, bientôt, les voitures chinoises en Europe pourraient atteindre 10% des ventes totales, soit 1.500.000 voitures par an. Merci l'Allemagne et merci Draghi, comment pensiez-vous que cela se passerait ?
Comment Ursula von der Leyen et Draghi voudraient y remédier...
Sous prétexte de transition verte, ils voudraient imprimer encore 800 milliards pour donner aux industries allemandes, après avoir déjà imprimé 1800 milliards, sous prétexte de pandémie, sans qu'on sache ce qu'ils sont devenus. En Italie, les miettes sont arrivées. Et Meloni, Crosetto et Giorgetti, restent muets.
Que se passera-t-il en Italie si l'Allemagne s'effondre?
L'Italie est le principal sous-traitant manufacturier de l'Allemagne et, si l'Allemagne s'effondre, il est évident que la vague des séismes économiques nous atteindra. Dans le Piémont, nous ressentons déjà une baisse de 0,7 % du PIB. Cela dit, il est temps de corriger quelques incohérences:
- Arrêtons de dire que l'Italie est le boulet de l'Europe. Il est vrai que nous avons souffert de gouvernants voleurs pendant de nombreuses générations, ce que l'esprit italique, en termes de courage et de technologie, compense. Avec ces gouvernants, tôt ou tard, nous devrons régler nos comptes en interne.
- Assez de Berlin (et de ses satrapes, y compris les Italiens) qui doivent prendre des décisions pour tout le monde. Ils ont créé assez d'embrouilles avec la mondialisation.
- Avec les 1800 milliards disparus sous l'ère Co vid et les 800 milliards qu'ils veulent imprimer maintenant, soit toutes les dettes deviennent communes, soit l'Italie doit pouvoir monétiser les siennes avec une formule de son choix.
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jeudi, 10 octobre 2024
Le gouvernement fédéral allemand parle de récession…
Le gouvernement fédéral allemand parle de récession…
Selon des nouvelles colportées par les médias, le gouvernement fédéral allemand corrige ses prévisions conjoncturelles pour 2024 à la baisse et nettement. Le ministre des affaires économiques Robert Habeck prévoit un recul de 0,2%.
Par Patrick Poppel, Expert au « Zentrum für geostrategische Studien »
Au cours du dernier weekend, on a appris que le gouvernement fédéral allemand s’attend, pour 2024, et pour une deuxième année consécutive, à un ressac de l’économie nationale.
Le gouvernement fédéral, d’après le rapport établi par un journal, a corrigé ses pronostics conjoncturels et s’attend, pour 2024, à une deuxième année de récession. Le ministère des affaires économiques estime entretemps que l’économie allemande reculera cette année de 0,2%. L’année passée, l’économie de l’Allemagne avait déjà reculé de 0,3%. Les principaux instituts de recherches, eux aussi, avaient déjà révisé à la baisse leurs prévisions pour l’économie allemande. Dans leur dernier rapport d’expertise sur le gouvernement, daté de cet automne, les économistes partaient du principe que le PIB chuterait de 0,1%, donc un ressac pour la deuxième année consécutive. Ce « diagnostic communautaire », comme on le nomme généralement, sert de base au gouvernement fédéral pour formuler ses nouvelles projections d’octobre, lesquelles, à leur tour, servent de fondement pour l’estimation des recettes fiscales.
D’après le Süddeutscher Zeitung, le ministre des affaires économiques Robert Habeck est plus optimiste pour les deux années à venir. Il estime que l’économie surmontera lentement ses faiblesses conjoncturelles et retrouvera du dynamisme. Pour 2025, il compte sur une augmentation du PIB de 1,1%. En 2026, l’augmentation, dit-il, sera de 1,6%. Il fait dès lors appel à tous les responsables dans les Länder de la Fédération et aussi aux membres de la CDU et de la CSU qui détiennent des postes de gouvernance, de participer à l’effort : « Tous, vous devez contribuer à une revitalisation de la situation économique ». En même temps, Habeck a dit que la mise en œuvre de l’initiative de croissance postulait des mesures complémentaires. « La vérité m’oblige à dire que nous aurons besoin de plus ». Les principaux instituts de recherches sont plus pessimistes quant à l’avenir que le gouvernement fédéral. Ils ont révisé à la baisse leurs prévisions pour 2025, de 1,4% à 0,8%. Pour 2026, ils comptent sur une croissance de 1,3%. La branche automobile, surtout, recevra moins de commandes, dit Marcus Bollig, directeur de l’union de l’industrie automobile. « Actuellement, la situation dans l’industrie automobile est certes très tendue. Cela tient du fait que nous avons des conditions-cadres en Europe qui ne sont pas concurrentielles en tous les aspects ». Des prix élevés pour l’énergie, des impôts élevés, un retard en matières digitales. Les problèmes ont été décrits à de nombreuses reprises en Allemagne. La branche industrielle la plus en vue en Allemagne, c’est-à-dire l’industrie automobile, sert d’exemple pour tout ce qui doit nous donner des soucis dans l’avenir, des soucis pour les défis que nous lance la nécessité de transformer. Les chiffres de la production sont mauvais : nous en sommes à moins 10% par rapport à 2019, l’année avant la crise. Dans dix ans, plus aucune voiture nouvelle à moteur à explosion ne sera autorisée à circuler en Europe. Mais, à l’heure actuelle, les ventes de voitures électriques allemandes sont mauvaises. Les entreprises chinoises, elles, vont de l’avant.
Et, dans le domaine de la conduite autonome, les producteurs allemands doivent faire des progrès, insiste Markus Schäfer, membre du conseil d’administration de Mercedes-Benz : « Les concurrences chinoise et américaine avancent leurs pions de manière très agressive ». Mercedes-Benz investit beaucoup dans les véhicules autonomes du futur. Mais la concurrence aussi. La branche automobile allemande veut, dans ce domaine et au niveau de la recherche et du développement, coopérer davantage. A la mi-juillet, le gouvernement fédéral s’est mis d’accord pour lancer une initiative de croissance de grande ampleur, comprenant 49 mesures à prendre ; le gouvernement espère qu’elles donneront une impulsion tangible au potentiel productif allemand. Mais l’espoir en une forte croissance s’est toutefois évanoui. D’après l’Institut Ifo, le moral dans le commerce de détail s’est détérioré ces derniers temps et, pour cette année-ci, il ne faut s’attendre à aucune évolution positive dans les dépenses privées des consommateurs.
Le journal suisse Neue Zürcher Zeitung (NZZ) prévoit une augmentation constante du prix du pétrole, en cas d’escalade dans le conflit entre Israël et l’Iran, augmentation que ressentira « le monde dans son ensemble ». Les prix du pétrole ont toutefois déjà augmenté de manière significative. Les prix croissants de l’énergie font que le prix de la plupart des produits augmente très vite, ce qui fait que l’inflation croît. L’augmentation des prix de l’énergie en Allemagne conduira très probablement à une nouvelle crise inflationniste. Le problème en soi ne relève pas tellement des 4% de la production de pétrole mondiale que fournit l’Iran car cela pourrait être compensé. Mais si l’Iran, lors d’éventuelles opérations militaires, en viendrait à bloquer le Détroit d’Hormuz, alors l’économie mondiale devra faire face à des terribles conséquences. Cela pourrait faire monter le prix du pétrole à plus de 100 dollars le baril. Le détroit où le Golfe Persique rejoint le Golfe d’Oman est comme le chas d’une aiguille par où doit immanquablement passer le commerce mondial du pétrole. Les répercussions d’une telle éventualité sur l’industrie allemande, déjà considérablement malmenée, seraient dès lors catastrophiques. Beaucoup d’Allemands ont cessé de faire confiance aux responsables politiques de leur pays et ne croient plus que le gouvernement réagira à ces vicissitudes de manière compétente, pour sauver l’économie. Les bonnes années de l’industrie allemande appartiennent dorénavant au passé : beaucoup d’Allemands l’ont bien compris. Et bien que l’Allemagne sombre dans la récession, le gouvernement continue d’envoyer de l’argent en Ukraine. D’après les données révélées par le Kieler Institut für Weltwirtschaft, la France n’a envoyé que 540 millions d’euros d’aide militaire, tandis que l’Allemagne, elle, a donné 17,1 milliards. Ces sommes manquent désormais en d’autres secteurs. L’Allemagne vit en plein scénario de déclin, c’est le moins que l’on puisse dire face à de telles vicissitudes. Mais si l’Allemagne, en tant que moteur économique de l’Europe,entre en déclin, elle entraînera bien d’autres Etats dans sa chute.
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mercredi, 25 septembre 2024
Les politiciens et les organismes sociaux sont indifférents au déclin inéluctable dû à leur incapacité
Les politiciens et les organismes sociaux sont indifférents au déclin inéluctable dû à leur incapacité
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/politici-e-corpi-sociali-indifferenti-al-declino-inarrestabile-per-la-loro-incapacita/
Volkswagen est prêt à licencier des milliers de travailleurs allemands. Et ce ne seront probablement pas les seules usines à être restructurées ou fermées. En Italie, Stellantis utilise massivement le fonds de licenciement des anciennes usines Fiat. Mais Urso est à la recherche d'un nouveau constructeur, peut-être chinois, pour venir fabriquer des voitures en Italie. Pour les vendre à qui ? Cette question ne semble pas intéresser le ministre meloniste. Ni pour ses fans qui continuent à se désintéresser de la destination des voitures produites. Trop occupés à faire les fins de mois de la Confindustria pour avoir le courage de dire que c'est le système qui ne fonctionne pas, pas le modèle de voiture.
Un système qui a rendu le transport privé, basé sur le renouvellement continu du parc automobile, insoutenable pour une grande partie de la population, non seulement en Italie mais aussi dans toute l'Europe. Les voitures sont trop chères, le coût du carburant trop élevé, la taxe de circulation et l'assurance trop élevées. Mais il faut en produire plus pour remplir les rayons des concessionnaires.
Qu'est-ce qui n'est pas clair pour vous, messieurs, dans le concept de compétitivité ? Qu'un travailleur chinois, hongrois, tunisien coûte moins cher qu'un travailleur italien, français, allemand ? Ou qu'il n'y a pas de matières premières en Europe ? Qu'est-ce qui n'est pas clair dans le concept du travailleur pauvre ? Et qu'un travailleur italien, sous-payé, coûtera toujours plus cher qu'un collègue asiatique ou maghrébin mais n'aura pas le pouvoir d'achat nécessaire pour acheter des produits italiens ?
Qu'est-ce qui n'est pas clair, pour les lorsignori, dans les concepts d'innovation, de qualité, de professionnalisme, de changement? Peut-être n'est-il pas clair qu'il s'agit d'objectifs qui ne peuvent être atteints que par un personnel qualifié qui doit être rémunéré de manière adéquate ? Peut-être croient-ils vraiment qu'il suffit de faire venir des armées de désespérés sans compétences pour résoudre les problèmes ?
Qu'est-ce qui n'est pas clair pour eux dans le concept de consommation de produits italiens ? Peut-être la différence entre les prix et les salaires ? Peut-être ne se rendent-ils pas compte que, sur les marchés locaux, les étals d'artisanat de qualité sont désertés alors que les gens se pressent sur les étals de nourriture ?
Et pourtant, les politiques et les dirigeants des corps intermédiaires continuent à faire comme si de rien n'était. Les associations professionnelles continuent de réclamer de l'argent public pour des investissements qui devraient être privés. Le gouvernement continue de ponctionner la classe moyenne et les retraités, réduisant encore la possibilité pour la consommation de relancer la production. Il ne s'agit pas d'un dialogue de sourds, mais d'un dialogue d'indifférents. Peut-être entre idiots, mais il serait impoli de le penser.
11:15 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, économie, ressac économique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 17 septembre 2024
Anatomie de la chute: déclin régulier de l'industrie européenne
Anatomie de la chute: déclin régulier de l'industrie européenne
par Stefano Salvini
Source: https://orientalreview.su/2024/09/09/anatomy-of-the-fall-steady-decline-of-europes-industry/
La désindustrialisation n'est pas un mot nouveau dans les politiques économiques, il a été utilisé pour décrire la transition dans l'économie mondiale, causée par les crises des années 1970 et 1980, souvent liée aux noms de Ronald Reagan et Margaret Thatcher dont les législations ont également été à l'origine du passage de la société industrielle au post-industrialisme avec une plus grande utilisation de l'information et des nouvelles technologies, entraînant la délocalisation de l'industrie manufacturière vers les pays les moins développés. Mais pourquoi aujourd'hui, au cours des trois dernières années, voyons-nous et entendons-nous beaucoup plus de messages et d'articles sur le sujet de la désindustrialisation en Europe ?
Au cours des dernières décennies, la production industrielle en Europe a constitué une part importante de son économie et c'est toujours le cas. Environ un sixième de la valeur ajoutée brute (VAB) de l'UE a été généré dans le secteur manufacturier en 2021. Mais la part de la VAB industrielle dans les grandes nations industrialisées d'Europe s'est réduite depuis lors. Le déclin est plus évident par rapport au début du siècle: la France a perdu environ 6 % de la part industrielle de sa VAB, c'est également le cas de l'Italie, et de l'Allemagne, qui a atteint le sommet de sa production industrielle en 2017 et a connu depuis lors un déclin constant, qui s'est accéléré après 2022.
Pourquoi la baisse généralisée de la production industrielle en Europe est-elle une réalité pour laquelle beaucoup d'experts et d'hommes politiques tirent la sonnette d'alarme ? Un certain nombre de facteurs freinent la production européenne et la rendent difficile à concurrencer avec d'autres destinations pour les investissements, principalement la Chine et les États-Unis.
Le conflit entre la Russie et l'Ukraine, qui dure depuis février 2022, a eu un impact significatif sur les prix de l'énergie et les chaînes d'approvisionnement en Europe, entraînant une hausse des coûts des intrants pour l'industrie européenne et une baisse de la demande de la part des consommateurs européens. En 2021, la Russie était le principal exportateur de pétrole, d'essence et de gaz vers l'Europe, fournissant 21% des importations européennes de pétrole et d'essence et 23% des importations de gaz naturel. Depuis lors, l'approvisionnement en gaz a fortement diminué, principalement en raison de l'explosion des gazoducs « Nordstream » et des sanctions des États-Unis et de l'Union européenne contre la Russie, ce qui a provoqué une grave crise énergétique. La crise actuelle du gaz et de l'énergie frappe l'industrie de plein fouet, étant donné que ce secteur de l'économie, avec les transports, est l'un des plus gros consommateurs d'énergie. Les industries chimiques et métallurgiques sont les plus touchées par cette crise en raison de leur forte consommation d'énergie. L'Europe tente de s'adapter à l'utilisation du GNL en provenance des États-Unis, qui est plus cher que le gaz russe et plus difficile à livrer, ce qui augmente encore les coûts. De plus, les restrictions européennes « vertes » souvent démagogiques obligent les fabricants à dépenser plus d'argent pour mettre en œuvre de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement.
Un autre facteur qui entrave la croissance de la production européenne est le coût de la main-d'œuvre, qui est traditionnellement plus élevé qu'en Chine où, malgré l'augmentation constante du niveau d'éducation ces dernières années, le coût moyen de la main-d'œuvre reste nettement inférieur à celui de l'Occident. Dans d'autres pays asiatiques, comme l'Inde, le Viêt Nam ou la Thaïlande, le coût de la main-d'œuvre est même inférieur à celui de la Chine. Aux États-Unis, au contraire, le coût de la main-d'œuvre est légèrement supérieur à la moyenne de l'Union européenne, mais il reste inférieur à celui de l'Allemagne ou de la France, et à peu près équivalent à celui de l'Italie. Cela s'explique principalement par le fait qu'à côté des pays où le coût de la main-d'œuvre est élevé, comme l'Allemagne et la France, il existe dans l'UE des pays où les salaires sont moins élevés, comme l'Espagne ou les États d'Europe de l'Est. Les restrictions « vertes » souvent démagogiques obligent, encore une fois, les fabricants à dépenser plus d'argent pour mettre en œuvre de nouvelles technologies respectueuses de l'environnement.
La perturbation des chaînes d'approvisionnement habituelles due à la situation en mer Rouge, où les Houthis yéménites attaquent les navires étrangers, est l'un des derniers facteurs à avoir eu un impact négatif sur le secteur manufacturier européen. En raison de la réorientation des navires, le délai de livraison entre l'Asie et l'UE a augmenté de 10 à 15 jours, et les coûts ont augmenté d'environ 400%.
Tous ces facteurs font qu'il est difficile pour les États européens de rivaliser avec la Chine, les États-Unis et les États d'Asie du Sud-Est en termes d'attractivité pour la production industrielle. En outre, le niveau de tension entre l'UE et les États-Unis a augmenté après que Joe Biden a signé l'Inflation Reduction Act en août 2022, qui vise la transition de l'industrie américaine vers des rails « verts » et accorde certains privilèges aux entreprises basées aux États-Unis, ce qui rend l'installation aux États-Unis encore plus attrayante pour les fabricants. En outre, la situation sur le marché européen se détériore également, car les fabricants européens sont contraints de rivaliser avec les produits chinois et américains moins chers.
Quels sont donc les signes réels de la désindustrialisation européenne que nous pouvons observer aujourd'hui ? Dans certains cas, on observe une réduction des plans d'expansion et des investissements. D'autres signes de désindustrialisation sont plus évidents, comme la délocalisation des lignes de production et la réduction des effectifs. Par exemple, le géant allemand de la chimie BASF a annoncé la fermeture de l'une des deux usines de production d'ammoniac en Allemagne et a également décidé d'arrêter les usines de production d'engrais. Ces mesures ont entraîné la suppression de 2500 emplois. En février, BASF a annoncé des mesures supplémentaires de réduction des coûts.
Le fabricant suisse de panneaux solaires Meyer Burger Technology AG a annoncé en février 2024 qu'il cesserait la production de modules solaires à Fribourg, en Allemagne. L'entreprise a décidé de se concentrer sur l'augmentation de sa capacité de production aux États-Unis, invoquant la détérioration des conditions du marché en Europe. Le groupe allemand BMW a annoncé en 2022 qu'il prévoyait d'investir 1,7 milliard de dollars dans la production de véhicules électriques et de batteries aux États-Unis. Volkswagen a également décidé de profiter des mesures d'incitation en faveur des constructeurs de voitures électriques en Amérique et de construire une usine de 2 milliards de dollars en Caroline du Sud pour produire des SUV électriques. Le groupe BMW a également renforcé sa présence en Chine en 2022 en démarrant la production de véhicules électriques dans la nouvelle usine Lydia à Shenyang, dans la province de Liaoning, au nord-est du pays. Ce projet, d'une valeur de 15 milliards de yuans (2,1 milliards de dollars), est devenu l'investissement le plus important de BMW sur le marché chinois.
En conclusion, on peut dire que l'industrie européenne se trouve aujourd'hui dans une position très difficile avec la crise énergétique actuelle et la concurrence croissante des États-Unis et de la Chine. La poursuite de la désindustrialisation mettra en péril la prospérité européenne et les emplois de 32 millions de personnes, ainsi que de nombreuses autres qui travaillent dans différents domaines liés à l'industrie. Néanmoins, l'Europe conserve de nombreux avantages en tant que site industriel, tels que la qualité élevée de la main-d'œuvre, la forte densité d'entreprises et les courtes distances qui en résultent entre les entreprises et leurs fournisseurs. En outre, l'Europe reste un marché de vente important et prospère dans de nombreux domaines. La question est donc de savoir si les responsables politiques européens seront capables de changer de stratégie et de se concentrer sur la sauvegarde de leur propre production, sans se retourner vers les États-Unis, qui profitent de la situation difficile de leur allié.
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mercredi, 26 juin 2024
Le désastre de la dette - pourquoi le Sud mondial fuit le dollar
Le désastre de la dette - pourquoi le Sud mondial fuit le dollar
Source: https://steigan.no/2024/06/gjeldskatastrofe-hvorfor-det-globale-sor-skyr-dollaren/
L'augmentation de la dette nationale américaine pourrait se transformer en véritable catastrophe si elle est alimentée par des luttes politiques internes ou par la dédollarisation des plus grandes économies émergentes, avertissent des observateurs américains.
Le Congressional Budget Office (CBO) estime que la dette nationale américaine atteindra 50.700 milliards de dollars d'ici 2034, mais le chiffre réel "sera certainement beaucoup plus élevé", a écrit William Pesek, journaliste et auteur primé, pour Asia Times.
Le 18 juin, le CBO a prévu que la dette américaine atteindrait 122% du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2034, ce qui est bien supérieur au ratio record de 106% de la dette publique par rapport au PIB enregistré dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale. L'organisme de surveillance s'attend également à ce que les coûts d'intérêt pour maintenir la dette atteignent 892 milliards de dollars en 2024 (contre 352 milliards de dollars en 2021).
Pesek a désigné le financement de la défense, les dépenses liées au filet de sécurité sociale et les réductions d'impôts sans précédent qui ne s'accompagnent pas d'une augmentation des recettes comme les principaux moteurs de la croissance de la dette, ajoutant qu'ils deviendraient encore plus coûteux à l'avenir.
Il cite également les économistes de Goldman Sachs qui prévoient que le ratio dette/PIB des États-Unis atteindra 130% d'ici 2034, soit 8 points de pourcentage de plus que les estimations du CBO. Compte tenu de la dynamique actuelle et de l'effondrement du pétrodollar, il pourrait être bien plus élevé que cela, selon le journaliste.
Gerald F. Seib, du Wall Street Journal (WSJ), semble partager les préoccupations de M. Pesek : "Au fil des siècles et à travers le monde, les nations et les empires qui se sont joyeusement endettés ont tôt ou tard connu des destins malheureux".
Jacob Bogage, du Washington Post, se fait l'écho de ses collègues en évoquant la frénésie dépensière des administrations Trump et Biden, qui s'est traduite par d'énormes réductions d'impôts, divers programmes sociaux et l'augmentation des dépenses de défense.
WSJ : La dette nationale américaine atteindra 50.000 milliards de dollars d'ici 2034
"[Plus récemment], en plus des crédits annuels, les législateurs ont approuvé 95 milliards de dollars d'aide à l'étranger pour soutenir l'Ukraine, Israël et Taïwan et réaliser des investissements dans la base industrielle américaine, et Biden a annoncé des plans visant à renoncer à des milliards de dollars de prêts étudiants", a noté le correspondant.
L'empire s'effondre sous nos yeux et la guerre est une conséquence naturelle du désespoir. Il en va de même pour l'hédonisme extrême et la décadence qui suivent toujours un empire qui a renoncé à ses propres rêves et qui est en déclin moral et idéologique.
Personne ne devrait s'étonner que le Sud mondial veuille s'éloigner le plus possible du barrage avant qu'il n'éclate.
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jeudi, 20 juin 2024
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
La mort du pétrodollar est un héritage de Joe Biden
Par M. K. Bhadrakumar
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/15/a-morte-do-petrodolar-e-um-legado-de-biden/
L'État profond aurait dû être en alerte, il y a cinq ans, lorsque le candidat Joe Biden a annoncé que, s'il était élu président, il serait déterminé à faire en sorte que les dirigeants saoudiens "paient le prix et deviennent, en fait, les parias qu'ils sont".
Joe Biden a été direct, au point d'être brutal à l'égard de la famille royale saoudienne, affirmant qu'il y avait "très peu de valeur de rédemption sociale dans le gouvernement actuel de l'Arabie saoudite" sous la direction du roi Salman.
Mais au lieu de cela, l'État profond était ravi que Biden soit l'homme idéal pour succéder à Donald Trump et inverser la pratique de l'ère Trump consistant à tolérer les violations des droits de l'homme en Arabie saoudite afin de préserver les emplois dans l'industrie de guerre américaine.
Biden savait probablement déjà ce que les services de renseignement américains avaient conclu au sujet du rôle de Mohammed bin Salman, prince héritier saoudien et dirigeant de facto du pays, dans le meurtre du journaliste dissident Jamal Khashoggi, qu'il était un "atout stratégique" de la CIA pour mener la prochaine succession saoudienne et le changement de régime qui s'ensuivrait à une fin heureuse. La décapitation de Khashoggi a mis en péril la stratégie de Washington visant à installer un dirigeant souple à Riyad.
Aujourd'hui, tout cela appartient à l'histoire. Mais contrairement aux Bourbons, la royauté saoudienne n'oublie ni ne pardonne jamais. Ils ont aussi une patience infinie et leur propre conception du temps et de l'espace. Et dimanche dernier, le 9 juin, elle a frappé.
Dans un style royal grandiose, Riyad a tout simplement laissé expirer l'accord de 50 ans sur les pétrodollars conclu entre les États-Unis et l'Arabie saoudite.
Pour rappel, le terme "pétrodollar" fait référence au rôle central du dollar américain en tant que monnaie utilisée pour les transactions de pétrole brut sur le marché mondial, conformément à l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, qui remonte à 1974, peu après que les États-Unis ont quitté l'étalon-or.
Dans l'histoire de la finance mondiale, peu d'accords ont apporté autant d'avantages à l'économie américaine que le pacte du pétrodollar. En substance, il était stipulé que l'Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses excédents de recettes pétrolières dans des bons du Trésor américain - et qu'en retour, les États-Unis fourniraient un soutien militaire et une protection au royaume.
Grâce à cet accord "gagnant-gagnant", les États-Unis obtenaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l'Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale. En retour, le fait de libeller le pétrole en dollars a renforcé le statut du dollar en tant que "monnaie de réserve" mondiale.
Depuis lors, la demande mondiale de dollars pour acheter du pétrole a contribué à maintenir la force de la monnaie, non seulement en rendant les importations relativement bon marché pour les consommateurs américains, mais, en termes systémiques, l'afflux de capitaux étrangers dans les bons du Trésor américain a maintenu des taux d'intérêt bas et un marché obligataire robuste.
Il suffit de dire que l'expiration de l'accord "pétrole contre sécurité" entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, signé en 1974, a des implications considérables. Au niveau le plus évident, elle met en évidence l'évolution de la dynamique du pouvoir sur le marché pétrolier, avec l'émergence de sources d'énergie alternatives (par exemple, les énergies renouvelables et le gaz naturel) et de nouveaux pays producteurs de pétrole (par exemple, le Brésil et le Canada) qui remettent en cause la domination traditionnelle de l'Asie de l'Ouest. En apparence seulement.
En fait, l'expiration du pétrodollar pourrait affaiblir le dollar américain et, par extension, les marchés financiers américains. Si le pétrole était coté dans une devise autre que le dollar, cela pourrait entraîner une baisse de la demande mondiale de dollars, ce qui, par la suite, pourrait entraîner une hausse de l'inflation, des taux d'intérêt et un affaiblissement du marché obligataire aux États-Unis.
Il suffit de dire qu'à l'avenir, nous pouvons nous attendre à un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial avec l'influence croissante des économies émergentes, l'évolution du paysage énergétique et un changement tectonique dans l'ordre financier mondial qui entre dans une ère "post-américaine". En définitive, la domination du dollar américain n'est plus garantie.
Il ne fait aucun doute que l'Arabie saoudite a prévu une feuille de route. Quatre jours avant l'expiration de l'accord pétrole contre sécurité, Reuters a rapporté que l'Arabie saoudite avait rejoint un test transnational de monnaie numérique de banque centrale contrôlé par la Chine, "dans ce qui pourrait être une nouvelle étape vers une diminution du commerce mondial du pétrole en dollars américains".
L'annonce a été faite le 4 juin par la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution financière internationale basée en Suisse qui relie les différentes banques centrales du monde. Cela signifie que la banque centrale saoudienne est devenue un "participant à part entière" du projet mBridge, une collaboration lancée en 2021 entre les banques centrales de Chine, de Hong Kong, de Thaïlande et des Émirats arabes unis.
Le communiqué de la BRI note que mBridge a atteint le stade de "produit minimum viable", c'est-à-dire qu'il est prêt à dépasser la phase de prototype. Par ailleurs, 135 pays et unions monétaires, représentant 98% du PIB mondial, étudient actuellement la possibilité de créer des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).
L'entrée de l'Arabie saoudite, une économie majeure du G20 et le plus grand exportateur de pétrole au monde, signale une augmentation du règlement des matières premières sur une plateforme autre que le dollar dans un scénario à court terme, avec une nouvelle technologie à l'appui. Il est intéressant de noter que les transactions mBridge peuvent utiliser le code dans lequel l'e-yuan chinois a été créé !
L'objectif est de moderniser les paiements grâce à de nouvelles fonctionnalités et d'offrir une alternative à l'argent liquide, qui semble de toute façon en voie de disparition. La Chine a piloté le projet mBridge et réalise le plus grand projet pilote national de CBDC au monde, qui touche aujourd'hui 260 millions de personnes et couvre 200 scénarios, du commerce électronique aux paiements de relance du gouvernement.
En fait, d'autres grandes économies émergentes, dont l'Inde, le Brésil et la Russie, prévoient également de lancer des monnaies numériques au cours des deux prochaines années, tandis que la Banque centrale européenne a commencé à travailler sur un projet pilote d'euro numérique en prévision d'un lancement possible en 2028.
Ajoutez à cela le plan stratégique de la Russie visant à créer un nouveau système de paiement des BRICS, sans passer par le dollar. La bourse de Moscou a annoncé mercredi qu'elle cesserait d'échanger des dollars et des euros à partir du jeudi 13 juin.
Ainsi, l'expiration de l'accord entre les États-Unis et l'Arabie saoudite le week-end dernier est emblématique d'une remise en question en cascade de la prééminence du dollar en tant que "monnaie de réserve" par différents secteurs. En particulier, la liberté illimitée dont jouissaient les États-Unis pour imprimer des dollars à volonté et vivre bien au-dessus de leurs moyens, imposant l'hégémonie mondiale des États-Unis, touche à sa fin.
Les élites américaines craignent de plus en plus que la belle vie ne touche à sa fin, car le poids écrasant de la dette fait sombrer l'économie américaine. Dans une interview accordée hier à CNBC, Janet Yellen, secrétaire au Trésor, a averti que les taux d'intérêt élevés alourdissaient également le fardeau de la gestion de la dette massive des États-Unis, qui s'élève à 34.700 milliards de dollars.
Bien sûr, il n'existe pas encore d'alternative claire au dollar américain en tant que principale monnaie de réserve mondiale, mais il est évident que les tensions commerciales mondiales et le recours accru aux tarifs douaniers ou aux sanctions pourraient saper son rôle tôt ou tard, alors que les investisseurs étrangers s'inquiètent de plus en plus de la viabilité de la dette publique américaine.
FitchRatings a noté hier que "les importants déficits primaires et les coûts plus élevés du service des intérêts continueront d'alourdir le fardeau de la dette souveraine américaine après les élections de novembre, quel que soit le vainqueur".
Bref, ce qui semblait jusqu'alors être une rivalité géopolitique autour de l'expansion de l'OTAN et de Taïwan - ou de la définition des normes commerciales/technologiques dans la quatrième révolution industrielle - prend une dimension existentielle pour Washington, puisque c'est l'avenir du dollar qui est en jeu. De nombreux indices témoignent des actions coordonnées de Moscou et de Pékin pour accélérer le processus de "dédollarisation".
D'une part, la Russie met tout en œuvre pour présenter au monde un système de paiement sans dollar pour régler le commerce international lors du prochain sommet des BRICS en octobre, tandis que, d'autre part, la Chine se débarrasse systématiquement de ses bons du Trésor américain, ce qui lui donnera plus de liberté en cas de turbulences.
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mardi, 28 mai 2024
BASF supprime son site allemand
BASF supprime son site allemand
Source: https://www.signal-online.de/2024/05/25/basf/
BASF, l'une des plus grandes entreprises chimiques du monde et un pilier de l'industrie allemande de renommée mondiale, se retire par étapes d'Allemagne. Alors que le groupe ferme des installations et réduit ses effectifs dans le pays, il se développe en Asie. Le magazine « Focus » attribue cette situation à « l'activisme politique » du gouvernement "feu tricolore".
Le place industrielle qu'est l'Allemagne se suicide. Elle devient de moins en moins attractive pour les entreprises qui sont exposées à la concurrence internationale et qui peuvent partir si les choses ne vont pas bien sur le lieu où elles ont émergé.
Autrefois, une population plus instruite et plus qualifiée que la moyenne internationale rendait l'Allemagne attrayante pour les entreprises. Cette époque est révolue. Le système d'évaluation des écoles "Pisa" vous en donne l'explication. La classe politique s'est lancée dans une véritable course folle pour détruire le système éducatif allemand, en le plongeant dans un chaos multiculturel. Près d'une personne sur cinq âgée de 20 à 34 ans vivant en Allemagne n'a pas de formation professionnelle. Là où la stupidité règne, le déclin de l'éducation et de la population suit.
L'époque où l'Allemagne avait accès à des matières premières bon marché est également révolue. La politique de Berlin a coupé l'Allemagne de ses sources de matières premières au niveau international et se perd dans une politique au coup par coup, appelée « Energiewende » ("tournant énergétique"), caractérisée par l'absence de concept et dépourvue de tout lien avec la réalité.
La seule chose qui continue de croître en Allemagne malgré tout, c'est la bureaucratie. Qu'il s'agisse de construire ou de produire quelque chose, le législateur bombarde les entreprises d'exigences toujours plus alambiquées et génératrices de coûts.
En Allemagne, la part de l'État dans le travail salarié, au-delà des emplois peu qualifiés, est aujourd'hui de 70 %, si l'on additionne tous les impôts et les cotisations de sécurité sociale. En Chine, elle est de 20 %. Quels sont donc les arguments en faveur du site de production qu'est l'Allemagne et en défaveur de la Chine ?
16:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, basf, europe, affaires européennes, économie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 21 mai 2024
Le rejet du monde multipolaire fait sombrer l'économie européenne
Le rejet du monde multipolaire fait sombrer l'économie européenne
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/il-rifiuto-del-mondo-multipolare-affossa-leconomia-europea/
« Si la Géorgie n'accepte pas que les États-Unis financent les soulèvements, de nouvelles sanctions seront prises à l'encontre de Tbilissi. « Si la Chine continue d'aider la Russie, nous prendrons de nouvelles sanctions contre Pékin ». « Si Israël continue de massacrer les civils palestiniens, il y aura des sanctions contre... Non, dans ce cas, il ne se passera rien parce que nous sommes les gentils ». Les réponses de l'Occident collectif aux événements mondiaux sont désormais une farce. Dommage que cette farce soit à l'origine de tous les carnages en cours, partout dans le monde.
Il n'y a pas de volonté d'accepter un monde multipolaire. Et tout affront à l'hégémonie américaine devient l'occasion de nouvelles sanctions. Mais celles-ci pénalisent surtout l'Europe, pays des majordomes qui détruisent leurs propres pays pour plaire au maître de Washington. Les dernières menaces en date concernent l'Inde, coupable d'avoir collaboré au développement d'un port iranien pour accroître les relations commerciales non seulement entre les deux pays mais aussi avec l'Afghanistan, la Russie et l'Azerbaïdjan.
Les résultats de cette folie occidentale sont évidents. L'OCDE prévoyait une baisse du PIB russe de 2,5% en 2023, la Banque mondiale une baisse de 0,2 % et le Fonds monétaire international une hausse de 0,7%. Au lieu de cela, la croissance russe a été de 3,6%. Celle de la Chine a été proche de 5% et celle de l'Inde a largement dépassé les 6%. Au cours de la même période, le PIB des États-Unis a augmenté de 2,5% et celui de la zone euro de 0,5%.
Et il n'est pas utile de lire les nouvelles indécentes de ceux qui font semblant de s'enthousiasmer parce que, pour cette année, la croissance du PIB italien a été révisée de 0,7 à 0,9%. Et ils passent sous silence la révision des prévisions pour 2025, de 1,2 à 1,1%. En d'autres termes, rien dans un cas comme dans l'autre. Et pourtant, on passe à la télé et on fait la fête. Mais on évite de s'attarder sur d'autres données. Comme celle selon laquelle l'Italie n'est parvenue à retrouver les niveaux de PIB réel de 2007 qu'à la fin de 2023, alors qu'en 15 ans un écart de croissance de plus de 10 points avec l'Espagne, 14 avec la France et 17 avec l'Allemagne s'est accumulé. Par rapport à 2000, l'écart est de plus de 20 points avec la France et l'Allemagne, et de plus de 30 avec l'Espagne.
Le pouvoir d'achat des familles italiennes a également diminué, de 4,5%, en 10 ans, par rapport aux augmentations des autres pays européens, l'Allemagne étant à +5,7%. D'autre part, la dette publique à rembourser a explosé. Le gouvernement a recommencé à vendre des actions d'entreprises stratégiques, pour en attribuer le produit non pas aux familles italiennes, mais à Bruxelles et à Zelensky.
13:09 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, europe, affaires européennes, déclin européen | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 20 mai 2024
La révolution ratée de Karl Polanyi
La révolution ratée de Karl Polanyi
L'ordre mondial libéral s'effondre à nouveau
par Thomas Fazi
Source: https://www.sinistrainrete.info/neoliberismo/28032-thomas...
Peu de penseurs du 20ème siècle ont eu une influence aussi durable et profonde que Karl Polanyi. « Certains livres refusent de disparaître : ils sont rejetés par le vent, mais émergent à nouveau et restent à flot », observait Charles Kindleberger, historien de l'économie, à propos de son chef-d'œuvre The Great Transformation (La grande transformation). Cela reste plus vrai que jamais, 60 ans après la mort de Polanyi et 80 ans après la publication du livre. Alors que les sociétés continuent de se débattre avec les limites du capitalisme, le livre reste sans doute la critique la plus acerbe du libéralisme de marché jamais écrite.
Né en Autriche en 1886, Polanyi a grandi à Budapest dans une famille bourgeoise germanophone et prospère. Bien que cette dernière soit nominalement juive, Polanyi s'est rapidement converti au christianisme ou, plus précisément, au socialisme chrétien. Après la fin de la Première Guerre mondiale, il s'installe dans la Vienne « rouge », où il devient rédacteur en chef de la prestigieuse revue économique Der Österreichische Volkswirt (L'économiste autrichien), et l'un des premiers critiques de l'école économique néolibérale, ou « autrichienne », représentée notamment par Ludwig von Mises et Friedrich Hayek. Après la conquête de l'Allemagne par les nazis en 1933, les opinions de Polanyi ont été socialement ostracisées et il a déménagé en Angleterre, puis aux États-Unis en 1940. Il écrit La grande transformation alors qu'il enseignait au Bennington College dans le Vermont.
Polanyi a entrepris d'expliquer les transformations économiques et sociales massives dont il avait été témoin au cours de sa vie: la fin du siècle de « paix relative » en Europe, de 1815 à 1914, et la descente subséquente dans la tourmente économique, le fascisme et la guerre, qui était toujours en cours au moment de la publication du livre.
Il attribue ces bouleversements à une cause fondamentale : la montée du libéralisme de marché au début du 19ème siècle - la conviction que la société peut et doit être organisée par des marchés autorégulés. Pour lui, cela ne représentait rien de moins qu'une rupture ontologique avec une grande partie de l'histoire de l'humanité. Avant le 19ème siècle, insistait-il, l'économie humaine avait toujours été « encastrée » dans la société: elle était subordonnée à la politique locale, aux coutumes, à la religion et aux relations sociales. La terre et le travail, en particulier, n'étaient pas traités comme des marchandises, mais comme des parties d'un tout articulé: la vie elle-même.
En postulant la nature supposée « autorégulatrice » des marchés, le libéralisme économique a renversé cette logique. Non seulement il séparait artificiellement la « société » et « l'économie » en deux sphères distinctes, mais il exigeait également la subordination de la société, de la vie elle-même, à la logique du marché autorégulateur. Pour Polanyi, cela « ne signifie rien d'autre que le fonctionnement de la société en plus du marché ». Au lieu d'intégrer l'économie dans les relations sociales, les relations sociales sont intégrées dans le système économique ».
La première objection de Polanyi était d'ordre moral et était inextricablement liée à ses convictions chrétiennes: il est tout simplement erroné de traiter les éléments organiques de la vie - les êtres humains, la terre, la nature - comme des marchandises, des biens produits pour la vente. Un tel concept viole l'ordre « sacré » qui a régi les sociétés pendant la majeure partie de l'histoire de l'humanité. « Inclure [le travail et la terre] dans le mécanisme du marché revient à subordonner la substance même de la société aux lois du marché », affirmait Polanyi. En ce sens, il était ce que nous pourrions appeler un « socialiste conservateur »: il s'opposait au libéralisme de marché non seulement pour des raisons de répartition, mais aussi parce qu'il « s'attaquait au tissu social », en brisant les liens sociaux et communautaires et en générant des formes d'individus atomisés et aliénés.
Cela renvoie au deuxième niveau de l'argumentation de Polanyi, qui était plus pratique: les libéraux de marché auraient pu vouloir séparer l'économie de la société et créer un marché totalement autorégulé, et ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour y parvenir, mais leur projet était toujours voué à l'échec. Un tel projet ne pouvait tout simplement pas exister. Comme il l'écrit au début de son livre: « Notre thèse est que l'idée d'un marché qui s'ajuste de lui-même implique une utopie grossière. Une telle institution ne pourrait exister longtemps sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société; elle détruirait physiquement l'homme et transformerait son environnement en désert ».
Les êtres humains, selon Polanyi, réagiront toujours aux conséquences sociales dévastatrices des marchés débridés et lutteront pour re-subordonner l'économie, dans une certaine mesure, à leurs besoins matériels, sociaux et même « spirituels ». C'est la source de son argument du « double mouvement » : puisque les tentatives de séparer l'économie de la société suscitent inévitablement une résistance, les sociétés de marché sont constamment façonnées par deux mouvements opposés. Il y a le mouvement d'expansion constante du marché et le mouvement opposé qui résiste à cette expansion, en particulier en ce qui concerne les marchandises « fictives », principalement le travail et la terre.
« Les tentatives visant à séparer l'économie de la société suscitent inévitablement des résistances ».
Cela conduit au troisième niveau de la critique de Polanyi, qui démonte la vision libérale orthodoxe de l'essor du capitalisme. C'est précisément parce que l'économie de marché n'a rien de naturel, qu'elle est en fait une tentative de bouleverser l'ordre naturel des sociétés, qu'elle ne peut jamais émerger spontanément, ni s'autoréguler. Au contraire, l'État était nécessaire pour imposer les changements dans la structure sociale et la pensée humaine qui permettraient une économie capitaliste compétitive. La séparation proclamée entre l'État et le marché est une illusion, a déclaré Polanyi. Les marchés et le commerce des marchandises font partie de toutes les sociétés humaines, mais pour créer une « société de marché », ces marchandises doivent être soumises à un système plus large et plus cohérent de relations de marché. Cela ne peut se faire que par la coercition et la réglementation par l'État.
« Le laissez-faire n'a rien de naturel ; les marchés libres n'auraient jamais pu voir le jour en laissant les choses suivre leur cours », écrit-il. « Le laissez-faire a été planifié... [il a été] imposé par l'État ». Polanyi faisait référence non seulement à « l'énorme augmentation de l'interventionnisme continu, organisé et contrôlé par l'État », nécessaire pour appliquer la logique du marché, mais aussi à la nécessité de la répression étatique pour contrer la réaction inévitable - le contre-mouvement - de ceux qui supportent les coûts sociaux et économiques de la perturbation: les familles, les travailleurs, les agriculteurs et les petites entreprises exposés aux forces perturbatrices et destructrices du marché.
En d'autres termes, le soutien des structures étatiques - pour protéger la propriété privée, contrôler les relations mutuelles entre les différents membres de la classe dirigeante, fournir des services essentiels à la reproduction du système - était la condition politique préalable au développement du capitalisme. Pourtant, paradoxalement, la nécessité du libéralisme de marché pour le fonctionnement de l'État est aussi la principale raison de son attrait intellectuel durable. C'est précisément parce qu'il ne peut y avoir de marchés purement autorégulateurs que ses défenseurs, tels que les libertariens contemporains, peuvent toujours affirmer que les échecs du capitalisme sont dus à l'absence de marchés véritablement « libres ».
Pourtant, même les ennemis idéologiques de Polanyi, les néolibéraux comme Hayek et Mises, étaient bien conscients que le marché autorégulateur était un mythe. Comme l'a écrit Quinn Slobodian, leur objectif n'était pas de libérer les marchés mais de les protéger, de vacciner le capitalisme contre la menace de la démocratie, en utilisant l'État pour séparer artificiellement l'« économique » du « politique ». En ce sens, le libéralisme de marché peut être considéré comme un projet politique autant qu'économique : une réponse à l'entrée des masses dans l'arène politique à partir de la fin du 19ème siècle, à la suite de l'extension du suffrage universel - une évolution à laquelle la plupart des libéraux militants de l'époque s'opposaient avec véhémence.
Ce projet a été poursuivi non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international, par la création de l'étalon-or, qui était une tentative d'étendre la logique du marché prétendument autorégulé (mais en réalité imposé) aux relations économiques entre les pays. Il s'agissait d'une des premières tentatives mondialistes visant à marginaliser le rôle des États-nations - et de leurs citoyens - dans la gestion des affaires économiques. L'étalon-or subordonnait effectivement les politiques économiques nationales aux règles inflexibles de l'économie mondiale. Mais il protégeait également le domaine économique des pressions démocratiques qui se développaient à mesure que le suffrage se répandait en Occident, tout en offrant un outil très efficace pour réguler le travail.
Cependant, l'étalon-or a imposé des coûts si importants aux sociétés, sous la forme de politiques déflationnistes destructrices, que les tensions créées par le système ont fini par imploser. Nous avons d'abord assisté à l'effondrement de l'ordre international en 1914, puis à nouveau à la suite de la Grande Dépression. Cette dernière a déclenché le plus grand contre-mouvement antilibéral que le monde ait jamais connu, les nations cherchant différents moyens de se protéger des effets destructeurs de l'économie mondiale « autorégulée », allant même jusqu'à embrasser le fascisme. En ce sens, selon Polanyi, la Seconde Guerre mondiale a été une conséquence directe de la tentative d'organiser l'économie mondiale sur la base du libéralisme de marché.
La guerre était toujours en cours lorsque le livre a été publié. Pourtant, Polanyi reste optimiste. Il pensait que les transformations violentes qui avaient secoué le monde au cours du siècle précédent avaient préparé le terrain pour l'ultime « grande transformation »: la subordination des économies nationales et de l'économie mondiale à la politique démocratique. Il appelait ce système le « socialisme », mais sa compréhension du terme différait considérablement du marxisme traditionnel. Le socialisme de Polanyi n'était pas seulement la construction d'une société plus juste, mais « la poursuite de cet effort pour faire de la société une relation typiquement humaine entre les gens, relation qui, en Europe occidentale, a toujours été associée aux traditions chrétiennes ». En ce sens, il a également mis l'accent sur le « caractère territorial de la souveraineté » - l'État-nation - comme condition préalable à l'exercice d'une politique démocratique.
Selon Polanyi, un rôle accru du gouvernement ne doit pas nécessairement prendre une forme oppressive. Au contraire, il affirmait que libérer les êtres humains de la logique tyrannique du marché était une condition préalable pour « atteindre la liberté non seulement pour quelques-uns, mais pour tous » - la liberté pour les gens de commencer à vivre plutôt que de se contenter de survivre. Les régimes de capitalisme social et de social-démocratie mis en place après la Seconde Guerre mondiale, bien qu'ils soient loin d'être parfaits, ont représenté un premier pas dans cette direction. Ils ont partiellement démarchandisé le travail et la vie sociale et créé un système international qui a facilité des niveaux élevés de commerce international tout en protégeant les sociétés des pressions de l'économie mondiale. En termes polanyiens, l'économie a été, dans une certaine mesure, « réintégrée » dans la société.
Mais cela a fini par générer un autre contre-mouvement, cette fois de la part de la classe capitaliste. Depuis les années 1980, la doctrine du libéralisme de marché a été ressuscitée sous la forme du néolibéralisme, de l'hypermondialisation et d'une nouvelle attaque contre les institutions de la démocratie nationale, le tout avec le soutien actif de l'État. Pendant ce temps, en Europe, une version encore plus extrême de l'étalon-or a été créée: l'euro. Les économies nationales ont à nouveau été contraintes de s'enfermer dans une camisole de force. Tout comme les précédentes itérations du libéralisme de marché, cet ancien et nouvel ordre a appauvri les travailleurs et dévasté notre capacité industrielle, nos services publics, nos infrastructures vitales et nos communautés locales. Polanyi aurait affirmé qu'un retour de bâton était inévitable - et c'est d'ailleurs ce qui s'est produit depuis la fin des années 2010, bien que même les soulèvements populistes de la dernière décennie n'aient pas réussi à remplacer le système par un nouvel ordre.
Le résultat est que, comme il y a un siècle, les contradictions inhérentes à l'« ordre libéral international » conduisent à nouveau à l'effondrement du système et à une escalade dramatique des tensions internationales. Si Polanyi vivait aujourd'hui, il ne serait probablement pas aussi optimiste qu'il l'était lorsqu'il a publié son livre. Nous sommes certainement au milieu d'une nouvelle « grande transformation », mais l'avenir qu'il annonce ne pourrait être plus éloigné de l'ordre international démocratique et coopératif qu'il envisageait.
A propos de l'auteur : Thomas Fazi est chroniqueur et traducteur pour UnHerd. Son dernier livre est The Covid Consensus, coécrit avec Toby Green.
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jeudi, 16 mai 2024
Sombart, prophète de la crise du capitalisme
Sombart, prophète de la crise du capitalisme
L'universitaire allemand analyse les distorsions et les apories découlant d'une économie de marché non réglementée, prévoyant le résultat catastrophique de l'utilisation sans entrave du capitalisme par les oligarchies.
par Gennaro Malgieri
Source: https://www.barbadillo.it/114279-sombart-profeta-della-crisi-del-capitalimso/
Werner Sombart (1863-1941) est l'un des fondateurs de la sociologie moderne. Parmi ses contemporains, il est au moins l'égal (bien que beaucoup le nient) de Max Weber et de Ferdinand Tönnies. Mais Roberto Michels (allemand de naissance, italien par choix) n'est pas moins que la troisième figure d'une triade brillante dans le domaine de la sociologie politique. L'école germanique a donc largement dominé l'Europe au cours des premières décennies du siècle dernier, fournissant aux chercheurs en sociologie les Leitbilder, c'est-à-dire les lignes directrices de l'interprétation de la réalité sociale, économique et politique changeante qui allait caractériser la première moitié du 20ème siècle, et en particulier les années 1920 et 1930. Il est certain que, sur d'autres plans, ces chercheurs allemands devraient être accompagnés par nos propres Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto, dont les travaux, lus aujourd'hui parallèlement à ceux des sociologues allemands « classiques », offrent une ouverture pour comprendre le passé afin de mieux comprendre le présent.
La dynamique, par exemple, du capitalisme en général et de la bourgeoisie en particulier, qui en incarnait l'esprit, observée par Sombart est à tous égards d'une actualité brûlante, surtout par rapport aux ravages de la mondialisation anarchique.
La démonstration, pour ceux qui n'ont pas la possibilité de s'engager dans une étude plus approfondie des œuvres majeures de Sombart, est fournie par le petit mais lumineux essai La crisi del capitalismo (La crise du capitalisme), publié par Mimesis dans la série raffinée et originale dirigée par Luca Gallesi. L'essai (tiré d'un recueil paru en Italie en 1933), édité et introduit par Roberta Iannone, l'une des plus brillantes érudites de l'oeuvre de Sombart, est une description agile de la crise du système capitaliste en Allemagne, paradigme d'autres systèmes similaires, dont les conséquences ont été annonciatrices de tragédies en Europe et au-delà.
Sombart analyse les distorsions et les apories découlant d'une économie de marché non réglementée, prévoyant l'issue catastrophique de l'utilisation sans entrave du capitalisme par les oligarchies dans la soumission de la politique à l'économie. C'est-à-dire la suprématie du profit sur les motivations et les besoins des peuples et des nations. Une histoire, au regard du présent, qui a commencé il y a si longtemps et dont aucune fin acceptable n'est en vue.
Pour sortir du labyrinthe des dangers qu'il identifie pour l'Allemagne des années 1930, Sombart désigne l'« économie programmatique » comme étant la solution réaliste. En effet, il reconnaît le droit des différentes formes économiques à coexister, convaincu que seule une pluralité de formes économiques peut répondre aux exigences du caractère national et aux besoins des différentes zones économiques à l'intérieur d'un pays.
Le dessein de Sombart est simple et loin d'être utopique: diviser les fonctions économiques en trois sections au motif qu'un capitalisme hors de contrôle appauvrirait et anéantirait les nations comme c'est le cas en Allemagne et favoriserait, à l'inverse, la montée soit du nationalisme hystérique, soit du communisme. Entre ces deux risques opposés, Sombart a imaginé une « troisième voie » qui devrait répondre à trois principes: une économie de puissance publique, une économie soumise au contrôle de l'Etat et une économie confiée aux particuliers. Et comme Sombart considère l'initiative privée comme le moteur de toute l'économie nationale, il estime nécessaire d'établir certaines activités qui doivent caractériser l'intervention publique et l'intervention de l'État. Les pouvoirs publics, selon lui, doivent se voir confier le crédit bancaire, la gestion des matières premières et des forces nationales, les communications et les infrastructures, la défense nationale et les grandes entreprises d'intérêt collectif. Un pur « contrôle » de l'État aurait donc été indispensable sur le commerce extérieur, dans la fondation de nouvelles entreprises avec un capital substantiel (à son époque quantifié à plus de cent mille marks), sur les découvertes et les inventions.
Telle est, en résumé, la réponse, comme le note Roberta Iannone dans l'introduction de l'essai, « de ceux qui aspirent à une vie économique organisée et de ceux qui aspirent à une telle organisation d'un point de vue national ». L'objectif est clair : redonner à l'économie un rôle subordonné à la politique, qui doit donc prévoir de limiter l'ingérence du capitalisme dans la vie associative afin de ne pas l'asservir à ses propres fins.
Sombart conclut : « Les réformes doivent commencer par la mise en œuvre d'un programme clairvoyant de lutte contre le chômage, par des mesures énergiques pour la préservation de notre classe agricole et par une discipline des relations commerciales extérieures conforme à l'objectif visé ».
La crise du capitalisme, dont le titre original était Les courants sociaux dans l'Allemagne d'aujourd'hui, reprend et résume l'essai le plus connu de Sombart, L'avenir du capitalisme, dans lequel, avec un esprit que nous n'hésitons pas à qualifier de « prophétique », le savant allemand voit dans les plis d'une doctrine et d'une pratique économiques les prodromes de malheurs inévitables, comme nous le constatons malheureusement, lorsque le marché devient la mesure de toutes choses. Et aussi - et surtout - de la liberté des peuples.
Gennaro Malgieri
20:03 Publié dans Economie, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, werner sombart, capitalisme, économie, révolution conservatrice, socialisme allemand, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 05 mai 2024
De la personnalité économique
De la personnalité économique
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/ekonomicheskaya-lichnost-0
Personnalité et individu : différenciation des concepts
Le concept de "travailleur total" en tant que figure originelle de l'histoire économique peut être complété par la formule de "personnalité économique". La personnalité économique est un travailleur total (intégral). Dans ce cas, le centre d'attention est la personnalité dans son interprétation anthropologique (principalement celle proposée par l'école française de Durkheim-Mauss [1] et les disciples de F. Boas aux États-Unis [2]). La personnalité (la personne) s'oppose ici à l'individu, car la personnalité est quelque chose de social, de public, de complexe et de créé artificiellement, contrairement à l'individu, qui est une donnée atomique d'un être humain séparé sans aucune caractéristique supplémentaire. L'individu est le produit de la soustraction de la personnalité de la personne, le résultat de la libération de l'unité humaine de tout lien et de toute structure collective. La personnalité consiste en l'intersection de différentes formes d'identité collective, qui peuvent être représentées sous forme de rôles (en sociologie) ou d'affiliations (en anthropologie). La personnalité n'existe et n'a de sens qu'en relation avec la société. La personnalité est un ensemble de fonctions, ainsi que le résultat de la création consciente et significative de l'identité d'une personne. La personnalité n'est jamais un acquis; c'est un processus et une tâche. La personnalité se construit en permanence et, au cours de cette construction, le monde environnant est établi, ordonné ou, au contraire, détruit et chaotique.
La personnalité est l'intersection d'identités multiples, dont chacune est une espèce, c'est-à-dire qu'elle comprend indéfiniment de nombreuses identités en tant qu'aspects de celles-ci. Une identité particulière est une combinaison de ces filiations (espèces), représentant à chaque fois quelque chose d'original - puisque le nombre de possibilités à l'intérieur de chaque espèce, et plus encore les combinaisons de ces possibilités, est illimité. Ainsi, les gens utilisent la même langue, mais prononcent à l'aide de celle-ci de nombreux discours différents, qui ne sont pas si originaux (comme il semble parfois à la personne elle-même), mais qui ne sont pas non plus si récurrents et prévisibles que dans le cas d'une machine ou même du système de signalisation des espèces animales. Par ailleurs, les identités sont constituées par la superposition d'identités propres à l'âge, au sexe, aux caractéristiques sociales, ethniques, religieuses, professionnelles, de classe, etc. qui ont chacune leur propre structure. La personnalité est donc l'intersection de structures dont la sémantique est déterminée par le contexte structurel.
L'individu est le produit de l'observation externe de l'individu humain, où l'aspect personnel n'est pas clair ou est complètement supprimé. L'individu est pensé indépendamment des structures et de la filiation et n'est fixé que sur la base de sa simple présence corporelle effective, de son système nerveux réactif et de sa capacité à se mouvoir de manière autonome. D'une certaine manière, l'individu en tant que concept est le mieux compris dans la théorie béhavioriste: dans cette théorie, la personne est une boîte noire, et ce qui interagit avec l'environnement est l'individu dans son état empirique prima facie. Cependant, si l'individu est bien un fait réaliste d'un point de vue empirique, en tant que concept métaphysique, il est purement nihiliste. Le comportementalisme affirme qu'il ne sait rien du contenu de la boîte noire et, en outre, qu'il ne s'intéresse pas à ce contenu. En principe, il s'agit d'une conclusion logique de la philosophie américaine du pragmatisme. Mais ce n'est pas parce que le contenu n'est "pas intéressant" qu'il n'existe pas. C'est très important: le pragmatisme pur, s'il refuse de s'intéresser à la structure de l'individu, le fait encore avec modestie et n'en tire aucune conclusion sur l'ontologie de ce qui se trouve dans la "boîte noire". Le pragmatisme américain n'est donc un individualisme qu'en partie - dans son aspect empirique. L'individualisme radical a des racines différentes - purement anglaises - et est associé à l'idée de l'élimination de tous les liens de filiation. En d'autres termes, l'individualisme se construit sur l'anéantissement conscient et cohérent de l'individu, sur sa négation et sur l'attribution à cette négation d'un statut métaphysique et moral: l'anéantissement de l'individu est un mouvement vers la "vérité" et la "bonté", ce qui signifie "la vérité de l'individu" et "la bonté pour l'individu".
On voit ici la frontière entre l'indifférence et la haine: le pragmatisme américain est tout simplement indifférent à l'individu, tandis que le libéralisme anglais et ses dérivés universalistes et mondialistes le haïssent et cherchent à le détruire. Il s'agit de transformer l'individu, en partant d'un concept vide, obtenu par soustraction de quelque chose de réel, dans lequel la séparation physique de l'être singulier est imbriquée avec l'élément de l'abîme métaphysique (obtenu par l'élimination de l'individu et de toutes les structures qui le fondent).
L'économie de la personnalité
Après cette explication, il est facile d'appliquer les deux concepts - personnalité et individu - à l'économie. Le travailleur intégral (total) est précisément la personnalité économique, et non l'individu économique. L'intégralité, que nous caractérisons comme le lien entre la production et la consommation et la propriété des moyens de production, est complétée par la caractéristique la plus importante: l'inclusion dans des structures sociales de nature organique. Le travailleur intégral vit (y compris la production et la consommation) dans un environnement historique et culturel qui lui offre un ensemble ramifié d'identités collectives. Cet ensemble prédétermine sa langue, son clan, sa faction, sa place dans le système de parenté [3] (C.Lévi-Strauss), son sexe, sa religion, sa profession, son appartenance à une société secrète, son rapport à l'espace, etc. Dans chacune de ces structures, l'homme occupe une certaine place qui lui confère une sémantique appropriée. C'est ce qui détermine son activité économique. L'ouvrier (en premier lieu le paysan) ne travaille pas seulement pour survivre ou s'enrichir, mais pour bien d'autres motifs, beaucoup plus importants, qui découlent des structures qui forment sa personnalité. Le travailleur travaille en raison de la langue (qui est aussi une sorte d'économie - un échange de paroles, de salutations, de bénédictions ou de malédictions), de la parenté, du sexe, de la religion et d'autres statuts. En même temps, le travail implique la personne tout entière - dans toute la diversité de ses éléments constitutifs. En ce sens, le travailleur intégral dans le processus économique affirme constamment et continuellement des structures personnelles, ce qui fait de l'économie une sorte de liturgie ontologique, de création, de défense et de renouvellement du monde.
La personnalité économique est une expression très concrète des propriétés de l'espèce, où ces propriétés, qui ont de multiples niveaux, se combinent de manière complexe et dynamique. Si les structures sont communes (bien que cette communauté ne soit pas universelle, mais déterminée par les frontières de la culture), leur expression et leur affirmation dans la personnalité sont toujours distinctes: non seulement les structures elles-mêmes sont différentes dans certains cas (par exemple, dans le domaine du sexe, de la profession, des castes, de l'endroit où elles se trouvent, etc.), mais leurs moments se manifestent avec différents degrés d'intensité, de pureté et d'éclat. D'où l'apparition de différences qui rendent la vie imprévisible et diversifiée: les individus qui reflètent des combinaisons de structures communes (ajustées aux frontières culturelles) sont toujours diversifiés, car ils portent des éléments de ces structures accentués et combinés différemment. C'est ce qui nous permet de considérer la société à la fois comme quelque chose d'uniforme, de permanent et soumis à une logique paradigmatique commune, et comme quelque chose d'unique et d'historique à chaque fois, puisque la liberté individuelle est extrêmement grande et peut générer d'innombrables situations.
Néanmoins, la société du travailleur intégral dans son ensemble est déterminée par l'unité du paradigme, où la loi principale est la domination de l'individu en tant que gestalt de base.
Une telle société est toute société traditionnelle, où la sphère de l'économie est distinguée comme une sphère séparée et indépendante, distincte de l'autre sphère, qui comprend les guerriers, les dirigeants et les prêtres. Il est important que les guerriers et les prêtres ne participent pas directement à l'économie et agissent comme l'Autre, appelé à consommer les surplus de l'activité économique du travailleur intégral. Il est important qu'il s'agisse du surplus. Si les guerriers et les prêtres exigeaient autre chose que le surplus (La part maudite, G. Bataille [4]), les travailleurs mourraient de faim et de pénurie, ce qui entraînerait la mort des guerriers et des prêtres eux-mêmes. En même temps, dans les sociétés où il n'y a pas de stratification sociale, les destinataires de la destruction de la "partie maudite" (l'excès) sont les esprits, les morts et les dieux en l'honneur desquels le potlatch est célébré. Le mot russe "lihva" est très expressif : il signifie quelque chose de superflu, ainsi que les intérêts bancaires, et vient de la base "liho", "mal".
De cette observation découle un principe important de la théorie du labeur intégral: la communauté de travail des labeurs intégraux doit être souveraine au sens économique du terme, c'est-à-dire qu'elle doit être en autarcie complète dans tous les sens du terme. Dans ce cas, elle sera indépendante de la superstructure (guerriers et prêtres), qui peut consommer la "partie maudite", ou qui peut être absente, auquel cas la "partie maudite" sera détruite par les travailleurs intégraux eux-mêmes au cours d'un rituel sacré. Ainsi, la condition préalable à l'intériorisation de la malédiction est éliminée. Et cette intériorisation de la malédiction est la scission (Spaltung) que signifie le capitalisme.
Le capitalisme entraîne la scission de l'individu économique, son détachement des structures, c'est-à-dire sa dépersonnalisation. Cela conduit en même temps à la dé-supervision de la communauté de travail, à sa dépendance vis-à-vis de facteurs externes, à la division du travail et à la malédiction économique : le travailleur intégral (paysan) devient un bourgeois, c'est-à-dire un consommateur immanent de la partie maudite. C'est ainsi que commence la désintégration du caractère personnel de l'économie et le changement de la nature même de l'économie: de l'économie en tant que mode de vie sacré dans le cadre de structures personnelles à l'économie en tant que moyen d'accumuler des ressources matérielles. Selon Aristote, il s'agit du passage de l'économie (οἰκονόμος) à la chrématistique (χρηματιστική). L'individu est la figure centrale de l'économie en tant que ménage. L'individu est l'unité artificielle de la chrématistique en tant que processus continu d'enrichissement.
L'individu chrématistique
Le modèle du capitalisme repose sur une vision de la société comme un ensemble d'individus économiques. En d'autres termes, le capitalisme n'est pas une doctrine économique relevant du ménage des individus, mais un dispositif anti-économique qui absolutise le chrématistique comme schématisation de l'activité égoïste des individus. L'individu chrématistique est le résultat de la scission (Spaltung) de l'individu économique.
Le capitalisme suppose qu'au cœur de l'activité économique se trouve l'individu qui cherche à s'enrichir. Non pas celui qui vise l'équilibre dans la structure cosmique et l'élément sacré de la liturgie du travail (en tant que travailleur intégral), mais précisément à l'enrichissement en tant que processus monotone et augmentation de l'asymétrie. Cela signifie que le capitalisme est le désir conscient d'intérioriser et de cultiver la "partie maudite". C'est précisément ce qu'est l'individu chrématistique - il cherche à maximiser la richesse, et ce désir se reflète dans le capitalisme du désir. Le désir est ici dépersonnalisé (d'où la "machine à désirer" de M. Foucault), car il ne s'agit pas du désir de l'individu, reflet des structures de filiation, mais de la volonté nihiliste de l'individu, dirigée contre les structures en tant que telles. Ce désir chrématistique est la force du nihilisme pur, dirigé non seulement contre l'individu, mais aussi contre l'économie en tant que telle, et plus encore contre l'individu en tant que structure.
Le capitalisme détruit le cosmos en tant que champ sacré d'existentialisation de la communauté des individus, pour affirmer à la place un espace de transactions entre des individus chrématistiques. Ces individus n'existent pas parce que chaque personne particulière reste - même sous le capitalisme - phénoménologiquement une personne, c'est-à-dire l'intersection d'une filiation collective. Mais le capitalisme cherche à réduire au maximum cet aspect personnel, ce qui n'est possible qu'en remplaçant l'humanité par des individus post-humains. C'est dans le passage au post-humanisme que le désir chrématistique atteint son apogée: la "part maudite" réalise l'implosion de l'humain commencée avec le capitalisme.
Une transaction parfaite n'est possible qu'entre deux cyborgs, réseaux neuronaux totalement dépourvus d'existentiel et de connexion aux structures personnelles.
Mais le cyborg n'est pas introduit dans l'économie aujourd'hui. Dès le début, le capitalisme a traité précisément avec le cyborg, car l'individu chrématistique est le cyborg, un concept artificiel obtenu par la division du travailleur total (intégral). Le prolétaire et le bourgeois sont tous deux des figures artificielles obtenues en divisant le paysan (la troisième fonction traditionnelle) et en pliant ensuite artificiellement les parties en deux ensembles non équilibrés, les exploités urbains et les exploiteurs urbains. Le bourgeois cyborg et le prolétaire cyborg sont à la fois individuels et mécanistes: mais le premier est dominé par la "partie maudite" libérée, le second par le sombre destin mécanique de la production enraciné dans la pauvreté et l'insignifiance de la matière. Nous devenons bourgeois et prolétaires lorsque nous cessons d'être des êtres humains, lorsque nous renonçons à notre personnalité.
L'eschatologie économique et la 4PT (Quatrième théorie politique)
Dans le contexte de la structure générale de la quatrième théorie politique, nous pouvons parler de la structure eschatologique de l'histoire économique.
Au début se trouve la personnalité économique, le travailleur intégral (total) qui, dans la concrétisation des sociétés indo-européennes (principalement en Europe), est représenté par la gestalt du paysan. La personnalité à part entière est le paysan, qui représente l'aspect de l'homme (au sens large de l'Anthropos) tourné vers l'élément Terre. En cultivant les céréales qui donnent le pain, le paysan traverse le mystère de la mort et de la résurrection, voyant dans le destin du grain le destin de l'homme. Le travail paysan est un mystère d'Eleusis, et il est important que le don de Déméter aux hommes, grâce auquel ils sont passés de la chasse et de la cueillette à l'agriculture (c'est-à-dire le don de la révolution néolithique), soit sont passés au pain et au vin, à l'épi et à la grappe de raisin. Le paysan est un être de mystère, et l'économie au sens premier du terme était basée sur les mystères de Déméter et de Dionysos. Ces cultes n'accompagnaient pas seulement l'activité paysanne, ils étaient cette activité elle-même, représentée de manière paradigmatique. Les Athéniens considéraient qu'une personne à part entière était un initié aux mystères, et plus précisément aux mystères d'Eleusis - les mystères du pain et du vin, c'est-à-dire aux mystères paysans de la mort et de la nouvelle naissance. Cette figure est celle du travailleur intégral.
Le moment suivant de l'histoire économique est l'avènement du capitalisme. Il est associé à la scission de la personnalité économique, à la désintégration de l'image intégrale du laboureur sacré et, par conséquent, à l'industrialisation, à l'urbanisation et à l'émergence de classes - la bourgeoisie et le prolétariat. Le capitalisme postule l'individu chrématistique comme une figure normative, le décrivant comme une symbiose entre l'animal et la machine. La métaphore animale "explique" la volonté de survie et le "désir" (ainsi que la motivation prédatrice du comportement (anti)social - le lupus de Hobbes), et la rationalité (la "raison pure" de Kant) est considérée comme le prototype de l'intelligence artificielle.
Ceci était implicite dans le capitalisme précoce (Modernité précoce) et explicite dans le capitalisme tardif (postmoderne). Ainsi, le travailleur intégral a répété une fois de plus le destin du grain - non plus dans la structure du cycle rural annuel, mais dans l'histoire "linéaire". Cependant, le temps linéaire du capitalisme est un vecteur orienté vers l'élément pur de la mort, que rien ne suit et qui n'est chargé de rien. La mort de la modernité est une mort sans résurrection, une mort sans sens ni espoir. Et ce vecteur de mort irréversible, d'anéantissement, atteint son maximum au moment de l'apparition de l'individu pur, comme point culminant du capitalisme en tant que stade historique. L'individu pur doit être porteur d'immortalité physique, car il n'y aura rien en lui qui puisse mourir. Il ne doit y avoir en lui aucun soupçon de structure ou de filiation. Il doit être totalement libéré de toute forme d'identité collective ainsi que d'existentialité. C'est la "fin de l'économie" [5] et la "mort de l'individu", mais en même temps l'épanouissement du chrématistique et l'immortalité de l'individu (posthumain). Le grain de l'humain pourrit, mais à sa place vient non pas une vie ressuscitée, mais un simulacre, un Antéchrist électronique. Le capital, étymologiquement lié à la tête (du latin caput), c'est-à-dire le capital, a historiquement été une préparation à la venue de l'intelligence artificielle.
Quel est donc l'aspect économique de la quatrième théorie politique qui défie le libéralisme dans sa phase finale ?
Théoriquement, un retour radical au travailleur intégral, à l'individu économique contre l'"ordre" capitaliste désintégré (ou plutôt le chaos contrôlé) et l'individu chrématistique devrait être défendu. Cela signifie une désurbanisation radicale et un retour aux pratiques agricoles, à la création de communautés paysannes souveraines. Tel est le programme économique de la Quatrième théorie politique - la résurrection de l'économie après la nuit noire de la chrématistique, la renaissance de l'individu économique de l'abîme de l'individualisme.
Mais nous ne pouvons pas ignorer l'échelle sans fond du nihilisme capitaliste. Le problème n'a pas de solution technique: le capitalisme ne peut pas être corrigé, il doit être détruit. Le capitalisme n'est pas seulement l'accumulation de la "part maudite", il est cette "part maudite" elle-même, son essence même. Par conséquent, la lutte contre le capitalisme n'est pas une compétition pour un mode de vie plus efficace, mais une lutte religieuse eschatologique contre la mort. Le capitalisme est historiquement, ou plutôt hiérohistoriquement, seynsgeschichtlich, l'avant-dernier accord du mystère d'Éleusis. L'économie pourrit sous les coups de boutoir de la chrématistique, la personnalité économique est brisée par l'individu, l'élément et la structure de la vie sont détruits par la mécanique du désir électronique. Mais tout cela a un sens si nous prenons l'histoire économique comme un mystère. Nous sommes à la dernière heure de l'aube. Le capitalisme d'aujourd'hui est arrivé à sa dernière ligne. Le sceau de l'Antéchrist électronique a été brisé, tout apparaît au grand jour. Il ne s'agit pas seulement d'une crise ou d'une défaillance technique, nous entrons dans le moment du Jugement dernier.
Mais c'est le moment de la résurrection. Et pour que la Résurrection ait lieu, il faut un sujet de la Résurrection, c'est-à-dire un initié, une personnalité, un paysan, un être humain. Mais c'est précisément cette figure qui meurt dans l'histoire. Et elle semble avoir disparu. Elle est déjà partie. Et il est impossible de la ramener: la distance qui nous sépare du moment de l'innocence (la société traditionnelle) est irréversible et s'accroît à chaque instant. Mais en même temps, la distance qui nous sépare du moment final de la résurrection se réduit. Et tout le pari repose sur le fait que ce qui est destiné à être ressuscité se maintiendra jusqu'au dernier coup de tonnerre explosif des trompettes de l'archange.
C'est pourquoi, à la limite, nous ne voyons pas seulement un travailleur intégral, un paysan, une personnalité économique, mais un travailleur intégré, non pas une personnalité de grain, mais une personnalité d'épi, une personnalité de pain, une personnalité de vin. Le paysan d'aujourd'hui est enrôlé dans la milice, son destin à la dernière heure de l'aube - l'heure la plus sombre - est de faire partie de l'armée économique dont le but est de vaincre la Mort, de dompter à nouveau le temps en le soumettant à l'éternité. La quatrième théorie économique ne peut être une autre projection et un autre fantasme de modernisation et d'optimisation. Ce ne sont pas nos projections et nos fantasmes, ils sont encodés et intégrés dans notre imaginaire par le Capital. Nous devons penser personnellement, et non individuellement, historiquement, et non situationnellement, économiquement, et non chrématistiquement. Il ne s'agit pas de construire une meilleure économie que le libéralisme, mais de savoir comment détruire la "partie maudite". La richesse accumulée est un don du diable, elle se désintégrera en éclats au premier chant du coq. Seul le don gratuit nous appartient personnellement, seul le don, la donation, la gratuité constitue notre patrimoine. Le rêve de l'économie doit donc être sciemment résurrectionnel, résurrectionnel, un rêve du Don.
Notes:
[1] Mauss M., Sociétés. L'échange. Personnalité. Ouvrages d'anthropologie sociale. М., Littérature orientale, 1996. Mauss M., Une catégorie de l'esprit humain : la notion de personne celle de "moi" //Journal of the Royal Anthropological Institute. vol.LXVIII, Londres, 1938.
[2] Benedict R., Patterns of Culture. NY : Mentor, 1934 ; Wallace A., Culture and Personality. NY : Random House, 1970 ; LeVine R. A., Culture, Behaviour, and Personality. NY : Aldine Publishing, 1982 ; Funder D., The Personality Puzzle. NY : Norton, 1997 ; The Psychodynamics of Culture : Abram Kardiner and Neo-Freudian Anthropology. NY : Greenwood Press, 1988.
[3] Lévi-Strauss C., Les Structures élémentaires de la parenté. Paris; La Haye: Mouton, 1967.
[4] Bataille G., La part maudite. Moscou : Ladomir, 2006.
[5] Douguine A.G., La fin de l'économie. SPb:Amfora, 2005.
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mardi, 30 avril 2024
L'impasse du capitalisme d'urgence
L'impasse du capitalisme d'urgence
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/04/19/hatakapitalismin-umpikuja/https://markkusiira.com/2024/04/19/hatakapitalismin-umpikuja/
"Il ne faut jamais perdre de vue le tableau d'ensemble", rappelle l'universitaire Fabio Vighi, pour qui "la série de conflits géopolitiques que nous vivons n'est ni aléatoire ni arbitraire" mais "le symptôme d'une fragilité systémique croissante" et de "l'effondrement de la logique du capital".
Ce déclin économique - qui n'est en rien unique dans l'histoire, mais qui est néanmoins révélateur de l'effondrement de la civilisation occidentale - est, selon Vighi, illustré par le dicton bien connu "quand tout le reste échoue, ils vous mènent à la guerre".
Dans ce monde à la logique inversée, les "guerres à la périphérie de l'empire" ne sont pas la cause des problèmes économiques. "C'est plutôt un environnement économique explosif qui déclenche des conflits militaires, dans une tentative désespérée de sauver la face et de repousser l'heure des comptes", précise le philosophe italien.
Les guerres, "surtout lorsqu'elles sont présentées comme humanitaires, défensives ou antiterroristes", sont, selon Vighti, essentiellement "un moyen criminel de faire de l'argent facile, qui maintient les bulles financières actuelles à des niveaux record, tandis que les conditions économiques de millions d'employés et de chômeurs s'effondrent à un rythme tout aussi record".
"L'énorme quantité de dette qui a été injectée dans l'architecture financière labyrinthique pendant des décennies, nécessitant un refinancement constant (c'est-à-dire une dette supplémentaire), est maintenant au cœur des récits eschatologiques qui ont proliféré tout autour de nous - de la catastrophe climatique à la pandémie de taux d'intérêt en passant par la menace d'une guerre nucléaire", réitère Vighi dans son argument de base.
Sans le mécanisme des circonstances exceptionnelles, tout le système économique s'effondrerait. Ce serait le chaos dans les rues, la guerre civile et la rupture des liens sociaux. "Mais l'effet secondaire immédiat de l'endettement croissant pour financer les urgences est la dévaluation de la monnaie, une crise révolutionnaire de l'instrument monétaire qui va balayer le monde", exhorte Vighi.
"C'est peut-être un signe des temps que même les penseurs, historiens et commentateurs géopolitiques les plus pointus peinent à comprendre la nature existentielle du lien entre notre système économique basé sur l'endettement et les escalades militaires.
Selon M. Vighi, les gens ne semblent pas comprendre pourquoi l'Occident surendetté "essaie constamment de déclencher un nouveau conflit géopolitique". Il s'agit pourtant d'une logique très simple: les urgences politiques d'aujourd'hui font simplement partie du "modus operandi destructeur du renouveau capitaliste".
"Le bruit des bombes en Ukraine, à Gaza et au Moyen-Orient est l'accompagnement opératique de la danse mortelle de la récession et de l'inflation", écrit M. Vighi. Les réalités inévitables de l'effondrement économique doivent être noyées dans la cacophonie assourdissante de la guerre - ou de sa menace. "L'élite financière psychopathe aime l'odeur du napalm le matin", formule Vighi dans son allusion à un film de guerre (Apocalypse Now).
La ligne de défense du casino financier de l'élite est "soumise à une telle pression que seule une agitation géopolitique constante peut maintenir l'illusion de la durabilité du système". "Le mécanisme est devenu si pervers que le capital mondial a besoin du Covi d, de l'Ukraine, de Gaza, des Houthis et maintenant (comme on peut s'y attendre) de l'Iran - de préférence tous en même temps, mais aussi à tour de rôle - pour relancer la machine", écrit M. Vighi, avec un certain pathos.
La destruction provoquée par le "capitalisme de crise" alimente également l'émergence d'un nouvel ordre totalitaire, une "infrastructure de contrôle interactive technofasciste basée sur l'IA", qui tire sa force, entre autres, d'une "rhétorique pseudo-gauchiste, contagieuse comme une maladie".
Qu'il s'agisse de politique identitaire, de sécurité publique ou de la nouvelle religion de l'économie verte, la rhétorique pseudo-humanitaire manipule et contrôle les populations dans le besoin tout en empêchant une lutte collective sérieuse contre la pauvreté endémique et l'élimination des misérables inutiles et improductifs, comme les Palestiniens.
Les causes économiques du paradigme de l'urgence ne sont pas abordées, pas plus qu'il n'y a de critique de l'économie politique. Les partis systémiques qui influencent la politique, de droite comme de gauche, ont capitulé devant la logique destructrice du capitalisme contemporain en faillite et ne cherchent qu'à préserver le statu quo dans l'intérêt des puissances d'argent. Même l'État-providence finlandais n'est plus qu'un souvenir.
L'Occident libéral-démocratique devient totalitaire. La classe politique est réduite à un "administrateur technocratique des intérêts économiques". Le parlementarisme est conçu pour "cacher les véritables contradictions socio-économiques". Le capitalisme étant en phase terminale, l'élite a besoin d'un état d'urgence permanent.
Le capital n'a plus besoin d'une production à forte intensité de main-d'œuvre. Les nouvelles technologies éliminent effectivement la main-d'œuvre et les travailleurs restants doivent être inhumainement flexibles, rapides et cyniquement opportunistes, sous la tutelle de la classe politique et des (faux) médias de pouvoir.
"Tout cela confirme que le capitalisme d'urgence d'aujourd'hui est administratif. Son but est de réaliser d'énormes profits pour une petite élite et d'exclure tous les autres", observe Vighi avec les accents d'une critique sociale.
"L'ancien prolétariat a perdu sa position de sujet de la production de valeur et de la consommation, mais les nouveaux pauvres n'ont rien à perdre. Ils continuent à représenter une menace qui peut exploser à tout moment". Mais les groupes Bader-Meinhof de la nouvelle ère, les Gardes de l'Armée rouge, ne sont pas encore en vue ?
Les milieux financiers ne savent que faire de millions de personnes qui n'ont plus de rôle à jouer, même en tant qu'"armée de réserve industrielle" marxiste dans le poème épique du capital. De nombreuses générations futures se retrouveront "surplus humain", par rapport à la dynamique aveugle et enragée du profit.
Dans les estimations les plus dystopiques, les "mangeurs inutiles" seront éliminés dans les guerres limitées, les épidémies organisées, les famines et autres "mesures" technocratiques créées par le système capitaliste de contrôle. Est-ce pour cela que l'"Agenda 2030" de l'ONU a été créé, pour "assurer la prospérité d'une manière écologiquement durable" ?
Existe-t-il un moyen de sortir de l'impasse du capitalisme d'urgence ? Est-ce que, comme le suggère M. Vighi, certains de ceux qui sont radicalement exclus de ce système malade pourraient encore construire une alternative au capitalisme extrême, ou est-ce juste un vœu pieux de philosophe, en attendant que la population humaine se raréfie ?
18:04 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, guerre, fabio vighi, capitalisme d'urgence, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 07 avril 2024
Pétrole, hausse des prix et nouvelles stratégies en Afrique
Pétrole, hausse des prix et nouvelles stratégies en Afrique
Ala de Granha
Source: https://electomagazine.it/petrolio-prezzi-in-risalita-e-nuove-strategie-in-africa/
Les vacances d'été ne sont pas encore là mais le prix du pétrole augmente déjà et les automobilistes italiens risquent d'en payer les conséquences. Certes, les craintes liées à la sacro-sainte réaction de Téhéran au bombardement israélien de l'ambassade d'Iran en Syrie pèsent lourd. Mais elles pèsent surtout sur les nombreux changements qui interviennent sur le marché pétrolier. Des changements qui n'affectent pas les désinformateurs italiens, mais qui affectent les marchés.
La Russie, tout d'abord, n'a aucun problème à encaisser les paiements indiens pour les livraisons de pétrole. Contrairement à ce qu'affirment les médias italiens. Et les livraisons à la Chine se maintiennent à des niveaux record. À cela s'ajoutent les livraisons à la Corée du Nord. Or Moscou a décidé, en accord avec l'Opep+, de réduire sa production pour faire remonter les prix.
Mais la nouvelle concerne aussi l'Afrique. Le Sénégal, après l'élection du président Faye et la nomination du premier ministre Ousmane Sonko, a décidé de revoir ses contrats pétroliers existants. Et ce n'est certainement pas au profit des pays européens.
Puis ce fut le tour du Nigeria. Premier producteur de pétrole en Afrique, ce pays doit importer de l'essence et du diesel d'Europe en raison d'un manque de raffineries. Cette semaine, cependant, la raffinerie Dangote a commencé à fournir du carburant au marché intérieur. Une fois pleinement opérationnelle, cette raffinerie sera la plus grande de toute l'Afrique et, en perspective, pourrait non seulement couvrir les besoins du Nigeria, mais aussi exporter du carburant vers l'Europe. Les marges des raffineries du Vieux Continent s'en trouveraient ainsi réduites.
Entre-temps, l'Europe sanctionneuse a augmenté les importations de gaz liquéfié russe de près de 100%, pour atteindre 15% du total après être tombées à 8,7 %. D'un autre côté, les effets négatifs sur l'environnement ont également augmenté, à la fois en raison du transport par bateau au lieu du gazoduc et des coûts énergétiques de la liquéfaction et de la regazéification. Mais c'est là le génie de l'Europe verte et démocratique.
23:29 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pétrole, hydrocarbures, afrique, économie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 31 mars 2024
Un million d'emplois perdus par l'industrie européenne en quatre ans. Mais il pourrait aussi pleuvoir.
Un million d'emplois perdus par l'industrie européenne en quatre ans. Mais il pourrait aussi pleuvoir.
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/un-milione-di-posti-di-lavoro-persi-dallindustria-europea-in-4-anni-ma-potrebbe-anche-piovere/
Eurostat, l'office statistique officiel de l'UE, a indiqué que la production industrielle de l'UE avait baissé de 5,7% en janvier par rapport à l'année précédente. Au cours des quatre dernières années, l'emploi industriel en Europe a perdu un million de travailleurs. Mais la situation pourrait être pire. Il pourrait pleuvoir. En fait, il pleut déjà. Mais les larbins européens de Biden, pour relancer l'industrie, ne pensent qu'à la production de nouvelles armes. À donner à Zelensky, en appauvrissant encore les peuples d'Europe, comme l'imposent les maîtres américains.
Mais il y a aussi ceux qui donnent d'autres recettes. "Une croissance de qualité devra se caractériser par une plus grande dépendance à l'égard de la consommation intérieure", affirme-t-il. "Pour y parvenir, il est nécessaire d'augmenter le pouvoir d'achat des individus et des ménages". Comment blâmer la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva ? Dommage que sa recette s'adresse à la Chine, et non à l'Europe où, au contraire, le pouvoir d'achat des ménages se réduit. Qui plus est, en imposant de nouvelles dépenses qui, en fait, pénalisent la consommation habituelle et utile pour relancer des économies en stagnation.
Mais pour les larbins américanophiles, les priorités sont autres. La guerre contre la Russie, in primis. Et patience si les sanctions ont été préjudiciables aux citoyens européens en particulier. Ensuite, l'accent est mis sur la guerre commerciale contre la Chine. Celle-ci a déjà bénéficié du rapprochement forcé avec la Russie, avec une augmentation significative des échanges et la possibilité d'obtenir du gaz et du pétrole à des prix plus bas. Mais Pékin accroît ses relations commerciales avec l'Asie centrale. De 70,2 milliards de dollars en 2022, elles sont passées à 89,4 milliards de dollars l'an dernier. Et les exportations chinoises vers la région s'élèvent à 61,4 milliards.
Il est toujours vrai que la Chine connaît une période difficile en termes de consommation intérieure. Mais la production invendue est déversée à l'extérieur, à des prix extrêmement bas. Non seulement en Russie ou dans les pays amis, mais aussi en Europe. Celle-ci achète des produits chinois mais réduit ses exportations de produits technologiquement avancés parce que les maîtres américains veulent pénaliser la Chine. En conséquence, Pékin a été contraint d'investir davantage dans la recherche et l'innovation pour devenir autosuffisant dans les secteurs stratégiques. Cela a sacrifié la croissance du bien-être des familles.
Plus important encore, l'industrie européenne a été touchée, elle a perdu des marchés et est devenue moins compétitive. C'est pourquoi il est nécessaire de renforcer le marché intérieur. Un marché pour les produits industriels, y compris les produits agro-industriels. Au lieu de cela, des larbins bidénophiles comme les Italiens ont laissé la hausse des prix du logement s'emballer, privant les citoyens d'une part substantielle de leurs revenus. Puis la hausse des prix des denrées alimentaires, que les gens paient plus cher même s'ils achètent moins. Mais maintenant, ce sont aussi les dépenses liées à la transformation écologique qui s'imposent. Dans la pratique, la part du salaire qui peut être consacrée à la consommation familiale est réduite à zéro, également en raison des salaires trop bas. Et la production industrielle ne peut que baisser. Bien sûr, il pourrait même pleuvoir...
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samedi, 30 mars 2024
Guerres statistiques et attractivité de la Chine en matière d'investissement
Guerres statistiques et attractivité de la Chine en matière d'investissement
Konstantin Batanov
Source: https://www.geopolitika.ru/article/statisticheskie-voyny-i-investicionnaya-privlekatelnost-kitaya
Le 18 février 2024, l'Administration nationale des changes de Chine a publié un rapport sur la balance des paiements pour 2023. Sur la base des données fournies dans ce rapport, les médias occidentaux, en particulier le Wall Street Journal, Newsweek et d'autres, ont fait état de la sortie de capitaux étrangers de Chine.
Ils ont indiqué que les engagements de la Chine en matière d'investissements étrangers pour 2023 s'élevaient à 33 milliards de dollars, soit 80 % de moins qu'en 2022 et 90 % de moins qu'en 2021.
Cette information a suscité une vive réaction dans le monde entier: les analystes occidentaux ont commencé à déclarer que la Chine perdait son attrait pour les investisseurs étrangers en raison de facteurs économiques. Certains sont arrivés à la conclusion que cette situation résultait des conséquences de la guerre commerciale et de la complication générale des relations avec les États-Unis.
D'une manière générale, il faut dire qu'au cours des dix dernières années, les analystes occidentaux ont régulièrement évoqué le thème de l'effondrement économique de la Chine: ils font des prévisions sombres et prédisent même parfois à la Chine le sort de l'URSS.
Les experts chinois et certains experts étrangers ont commencé à expliquer qu'en fait la situation n'est pas critique: selon le ministère chinois du commerce, l'utilisation réelle de capitaux étrangers par la Chine en 2023 s'élevait à 1133,9 milliards de yuans, soit 8% de moins qu'en 2022. Si vous le comptez en dollars, il s'agit de 163,3 milliards de dollars américains, et la baisse est alors de 13,7%.
Cependant, il est noté que tandis que 53.766 nouvelles entreprises d'investissement direct étranger ont été établies au cours de l'année dernière, ce qui est 39,7% de plus qu'en 2022.
Les pays qui participent à l'initiative "Une ceinture, une route" ont investi 122,1 milliards de yuans (en baisse de 11,4%) ou 17,6 milliards de dollars américains (en baisse de 16,7%) en Chine. Le nombre de nouvelles entreprises impliquant leur investissement a atteint 13.649, en hausse de 82,7%.
Dans le même temps, les investissements réels en Chine de la France (+ 84%), du Royaume-Uni (+ 81%), des Pays-Bas (+ 31,5%), de la Suisse (+ 21,4%) et de l'Australie (+ 17,1%) ont augmenté en 2023. Les investissements directs de l'Allemagne en Chine ont augmenté de 4,3% pour atteindre 11,9 milliards d'euros, un record dans les relations sino-allemandes.
Les experts chinois expliquent que le rapport sur la balance des paiements de la State Administration of Foreign Exchange of China faisait référence aux engagements d'investissements étrangers, et non à l'utilisation réelle des capitaux étrangers. L'utilisation effective se réfère aux projets réels, tandis que les engagements en matière d'investissements étrangers se réfèrent aux investissements en actions (y compris les nouveaux investissements en actions et le réinvestissement des bénéfices) et à la dette des filiales (c'est-à-dire les prêts accordés par les actionnaires étrangers des entreprises à investissements étrangers). Les organisations utilisent des termes différents pour mesurer l'activité et l'attractivité des investissements, en fonction de leurs objectifs.
Par exemple, le Fonds monétaire international a tendance à utiliser les "engagements d'investissement étranger", tandis que la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) utilise "l'utilisation effective des capitaux étrangers". Les engagements en matière d'investissements étrangers sont un concept plus complexe et sont influencés par une série de facteurs, notamment les modifications des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine.
Cela dit, la situation économique globale de la Chine n'est pas mauvaise. Le 29 février, le Bureau national des statistiques de la République populaire de Chine a publié un rapport sur le développement économique et social pour 2023, selon lequel le PIB s'élevait à 126058,2 milliards de yuans, soit une hausse de 5,2% en glissement annuel. Le PIB par habitant a augmenté de 5,4% pour atteindre 89.358 yuans.
Le taux de croissance économique de la Chine est nettement plus élevé que celui des États-Unis (2,5%), de l'Union européenne (0,5%) et du Japon (1,9%).
En d'autres termes, l'application de méthodes statistiques différentes conduit à des résultats différents en matière d'évaluation de l'attractivité des investissements.
Cependant, la Chine, en raison de sa forte intégration dans l'économie mondiale, ne peut pas abandonner les méthodes qui, selon les spécialistes chinois, donnent une image erronée de l'économie du pays.
Si nous considérons la situation non pas du point de vue des statistiques, mais sur la base de la pratique quotidienne, nous pouvons supposer que si la situation de l'économie chinoise était vraiment si mauvaise que les investisseurs étrangers retireraient la majeure partie de leurs investissements, il est très probable que nous le verrions dans la vie de tous les jours, car la Chine est le plus grand pays manufacturier du monde, et si la position de la Chine dans l'économie mondiale est fortement ébranlée, ce serait une catastrophe qui affecterait le monde entier.
On peut donc conclure que l'environnement commercial et macroéconomique de la Chine reste au même niveau. Dans le même temps, l'une des caractéristiques de ces dernières années est la libéralisation dans le domaine de l'attraction des investissements étrangers - les exigences concernant l'enregistrement des sociétés à capitaux étrangers, leur dotation en capital social, le remboursement de certaines taxes et l'amélioration générale du régime fiscal sont en train d'être assouplies.
En août 2023, le Conseil d'État de la République populaire de Chine (un analogue du gouvernement) a publié des "Propositions sur la poursuite de l'optimisation des conditions de l'investissement étranger et le renforcement de la dynamique d'attraction de l'investissement étranger", qui comprennent 59 mesures.
Sur la base des informations ci-dessus, plusieurs conclusions peuvent être tirées.
Premièrement, les pays occidentaux mènent une guerre de l'information contre la Chine dans divers domaines, en essayant de détériorer son image, y compris dans le système des relations économiques internationales.
Deuxièmement, ces efforts ont peut-être un effet positif pour les sociétés transnationales, mais dans le contexte d'une diminution du montant total des investissements, on observe en fait une augmentation du nombre de projets, ce qui signifie que le nombre de participants à la coopération de la part des petites et moyennes entreprises, en particulier de la part des pays occidentaux, est en augmentation.
Troisièmement, les autorités chinoises s'efforcent de rendre les conditions plus confortables pour les entrepreneurs étrangers qui font des affaires en Chine. Par conséquent, il est conseillé aux participants russes à la coopération avec la Chine de profiter de cette opportunité pour une interaction plus étroite avec le consommateur final chinois (dans le cas des exportations vers la Chine) ou un environnement commercial favorable (lorsqu'il s'agit de la fabrication et de l'approvisionnement en Chine).
18:10 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, chine, actualité, asie, affaires asiatiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 15 mars 2024
Le système fermé du capitalisme de guerre
Le système fermé du capitalisme de guerre
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/03/08/sotakapitalismin-suljettu-systeemi/
Le système économique et politique occidental est "désespérément dépassé et devient donc un système fermé et totalitaire", affirme l'universitaire italien Fabio Vighi.
Les quelques super-riches (0,01 %) qui profitent encore du système capitaliste sont prêts à tout pour prolonger son existence. La dernière astuce des banquiers pour gérer et ralentir l'effondrement est toujours la même : la guerre.
Les gestionnaires du mécanisme capitaliste basé sur la dette sont des "technocrates à la recherche du profit dont le principal trait psychologique est la psychopathie", diagnostique M. Vighi. Ils sont "tellement dévoués au mécanisme qu'ils en sont devenus les prolongements - comme des automates, ils travaillent sans relâche pour le mécanisme, sans aucun remords pour la destruction de la vie humaine qu'il provoque".
Cependant, la psychopathie n'est pas l'apanage de la clique financière transnationale, mais s'étend à l'élite politique (des chefs de gouvernement aux administrations locales) et à ce que l'on appelle l'"intelligentsia" (qui comprend divers experts, scientifiques, philosophes, journalistes et artistes).
En d'autres termes, "quiconque entre dans le système doit en accepter les règles et, en même temps, en adopter ipso facto les caractéristiques psychopathologiques. C'est ainsi que l'objectivité capitaliste aveugle (la recherche du profit) devient inséparable des sujets qu'elle représente", philosophe Vighi.
Mais les technocrates désaxés surestiment-ils leur capacité à mettre en place un système fermé qui pourrait encore masquer la décadence du capitalisme ? "D'abord la farce tragique de la pandémie et maintenant les vents froids de la guerre en cours mettent à l'épreuve la confiance des citoyens moyens dans leurs institutions représentatives", spécule M. Vighi.
Il était relativement facile pour les opportunistes de la classe politique d'améliorer leur profil et de faire taire les sceptiques pendant l'urgence de l'ère Corona, mais "l'implication dans le génocide de Gaza, combinée à la création d'un front néo-mcarthyste et anti-russe et à l'accélération de la course aux armements, pourrait commencer à saper la confiance de la majorité silencieuse".
"Dans la nouvelle normalité totalitaire, nous faisons l'expérience d'une hyperréalité théorisée par Jean Baudrillard, qui n'est ni un fait ni une fiction, mais un contenant narratif qui les a remplacés tous les deux", explique M. Vighi en reprenant les termes du célèbre chercheur français en sciences sociales.
"Ainsi, le nettoyage ethnique brutal de Gaza se poursuit à toute vitesse, tout en exprimant sa préoccupation pour le sort des civils, en s'opposant à l'extrémisme et en mettant en garde contre les dangers de l'antisémitisme rampant".
"Dans le même temps, on nous rappelle 24 heures sur 24 que les Russes (qui d'autre ?) préparent une attaque nucléaire depuis l'espace et une attaque contre l'Europe."
Ce "tourbillon d'informations médiatiques crée un état d'hypnose collective qui s'avère plus efficace que la censure traditionnelle". Le discours officiel et stérilisé sur Gaza ou l'Ukraine, par exemple, "se transforme constamment en un discours sur le discours lui-même, strictement délimité par des binaires moralement préformulés (par exemple, démocratie/terrorisme)".
Vighi, homme de gauche, ramène tout à la vie économique, de sorte que même la manipulation actuelle des masses est historiquement établie "en tant que résultat de la virtualisation économique, dans laquelle la rentabilité du travail salarié a été remplacée par la rentabilité simulée du capital spéculatif".
Qu'il s'agisse d'un effondrement ou d'une correction drastique, les marchés financiers bénéficieront de l'augmentation des dépenses de défense. La production militaire pour les "engagements de sécurité à long terme" est désormais un soutien essentiel à une croissance réelle de plus en plus faible, mesurée par le PIB.
"Par exemple, sur les 60,7 milliards de dollars alloués à l'Ukraine dans le dernier plan d'aide, 64 % vont à l'industrie militaire américaine. La source n'est pas le TASS de Poutine, mais le Wall Street Journal, qui admet également que depuis le début du conflit en Ukraine, la production industrielle américaine dans le secteur de la défense a augmenté de 17,5 %", précise M. Vighi.
"La psychopathie qui alimente la guerre est en fin de compte une extension de la psychopathie économique, le résultat d'une prise de risque spéculative incontrôlée", conclut M. Vighi. L'industrie de l'armement est "un gardien de type Cerbère du capitalisme financier qui, dans sa version traditionnelle - un monde fantastique de plein emploi, de consommation de masse hédoniste, de croissance sans fin et de progrès démocratique - est mort et enterré depuis un certain temps".
Par conséquent, l'objectif inavoué des États-Unis et de leurs États vassaux est de "maintenir l'hégémonie militaire en tant qu'épine dorsale de l'hégémonie du dollar, et de protéger le stock de dette toxique déjà virtuellement insoutenable".
C'est pourquoi le Premier ministre estonien, Mme Kaja Kallas, a recommandé à l'UE la même stratégie de politique économique qu'à l'époque du coronatralalavirus : cette fois, il s'agit d'émettre des euro-obligations d'une valeur de plus de 100 milliards d'euros pour relancer l'industrie de guerre de l'UE.
Emprunter pour faire face à la menace russe et à d'autres "urgences apocalyptiques" promues par les (faux) médias du pouvoir est le dernier modèle économique du capitalisme de crise occidental. Les puissances vassales de l'Amérique, la Grande-Bretagne et les pays de l'euro, ont rapidement commencé à s'armer.
Alors que les tambours de guerre résonnent, nous entrons dans une "ère d'endettement militaire croissant". Comme l'a prédit le ministre britannique de la défense Grant Shapps, dans les années à venir, non seulement la Russie, mais aussi les autres ennemis jurés de l'Occident, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord, figureront dans une série de théâtres de guerre motivés par des considérations économiques.
Comme l'a déclaré Julian Assange en 2011, en faisant référence à l'Afghanistan, "l'objectif est une guerre sans fin, pas une guerre gagnée". Si l'on considère les conflits actuels dans le monde, il est plus probable que leur nombre augmente plutôt qu'il ne diminue.
Vighi prévient toutefois qu'il serait "trompeur de croire que le récit du "noble engagement militaire" de l'Occident n'est que le dernier épisode d'une série Netflix que nous pouvons nous permettre de regarder depuis nos canapés, à bonne distance".
Alors que le capitalisme financier vacille, ceux qui continuent à en profiter n'hésitent pas à sacrifier aux "bombes démocratiques" non seulement des populations comme les Palestiniens, longtemps abandonnées à une misère inhumaine, mais aussi les habitants des pays occidentaux, que la psychélite valorise "autant que du bétail en pâture avec un smartphone collé à leur museau".
"L'appel aux armes désormais permanent (contre le virus, Poutine, le Hamas, les Houthis, l'Iran, la Chine et tous les méchants à venir) sert de couverture désespérée et criminelle à une logique financière défaillante, à la merci du déclin économique et des crédits constants distribués sur les écrans d'ordinateur des banques centrales", déclare Vighi.
Le drame de l'urgence doit se poursuivre sans interruption, faute de quoi la bulle des profits éclatera. La cabale des banques centrales - la superclasse qui possède la Réserve fédérale et les sociétés de gestion d'actifs - "aura bientôt besoin de l'effet de levier de nouvelles urgences pour justifier la baisse des taux d'intérêt et l'injection de liquidités fraîchement imprimées dans le système".
Dans ce scénario de crises multiples, la classe moyenne occidentale est prisonnière de son passé. Elle est convaincue que "le capitalisme libéral démocratique d'après-guerre est non seulement fondamentalement juste en tant que modèle d'organisation sociale, mais aussi éternel et indiscutable". Ce n'est pas vrai, bien sûr, mais il est difficile de se défaire de l'illusion et de l'indulgence.
L'illusion est née pendant la Grande Dépression, lorsque les gens jouissaient d'un boom économique et faisaient partie d'un contrat social rentable, résultat de la "destruction créatrice" causée par les deux guerres mondiales. Aujourd'hui encore, nous sommes perdus dans le brouillard de la guerre. L'histoire va-t-elle bientôt se répéter ?
19:25 Publié dans Actualité, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : capitalisme, capitalisme de guerre, fabio vighi, actualité, théorie politique, sciences politiques, économie, politologie, philosophie politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 15 février 2024
Diagnostic dévastateur de Bloomberg: "Les jours de l'Allemagne en tant que superpuissance industrielle sont comptés"
Diagnostic dévastateur de Bloomberg: "Les jours de l'Allemagne en tant que superpuissance industrielle sont comptés"
Source: https://zuerst.de/2024/02/15/bloomberg-mit-verheerender-diagnose-deutschlands-tage-als-industrielle-supermacht-sind-gezaehlt/
New York. Le fait que l'Allemagne soit sur une pente descendante rapide n'est un secret pour personne à l'étranger - sauf qu'en Allemagne, on préfère manifester contre la "droite" plutôt que pour réenclencher une politique raisonnable. Dans un article intitulé "Les jours de l'Allemagne en tant que superpuissance industrielle sont comptés", le service d'information économique américain "Bloomberg" a dressé un tableau sombre de la situation de l'économie allemande.
On y lit sans détour que "les piliers de l'appareil industriel allemand sont tombés comme des dominos". Les Etats-Unis se sont éloignés de leur "allié" allemand, la Chine n'est plus "un client insatiable des produits industriels allemands" et le gaz naturel bon marché en provenance de Russie a disparu.
Mais politiquement, aucun changement n'est en vue : "La paralysie politique à Berlin aggrave les problèmes nationaux", diagnostique "Bloomberg". Les principaux problèmes de l'ancienne locomotive économique allemande sont les suivants: une infrastructure en mauvais état, une population active vieillissante, une bureaucratie pléthorique et un système éducatif déficient.
Au final, le constat est désastreux : "On ne voit pas bien comment le déclin pourrait être enrayé". Même si l'Allemagne dispose encore de "beaucoup de substance" et d'une "série enviable de petits producteurs peu nombreux", les exemples de déclin sont nombreux. Les entreprises sont à genoux, la production en Allemagne est en baisse, selon "Bloomberg" (rk).
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21:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, allemagne, économie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 13 février 2024
C'est le néolibéralisme qui est criminel, pas l'État, cher Milei
C'est le néolibéralisme qui est criminel, pas l'État, cher Milei
Stelio Fergola
Source: https://www.ilprimatonazionale.it/primo-piano/e-il-neoliberismo-ad-essere-criminale-non-certo-lo-stato-caro-milei-274915/
Le néolibéralisme criminel
Rome, 13 fév - Le néolibéralisme criminel accuse l'Etat d'être criminel. Javier Milei ne se ménage pas lors de sa visite en Italie. Au terme d'une journée riche en rencontres (de la Première ministre Giorgia Meloni au Pape François), le président argentin, interviewé par Quarta Repubblica, a professé pour la énième fois son hostilité à pratiquement toute forme d'intervention de l'Etat dans l'économie.
Miléi: "L'Etat est une organisation criminelle"
L'interview sera diffusée ce soir mais promet déjà de faire du bruit. Pas aussi spectaculaire, visuellement, que les scènes de tronçonneuse auxquelles le président argentin s'est livré dans un passé récent, mais en termes d'impact, nous y sommes. Ce que rapporte Ansa est une nouvelle déclaration de guerre à l'économie sociale. "Philosophiquement, je suis un anarcho-capitaliste et j'éprouve donc un profond mépris pour l'État. Je pense que l'État est l'ennemi, je pense que l'État est une association criminelle", déclare Milei. Il ajoute ensuite : "En fait, l'État est une association criminelle dans laquelle un groupe de politiciens se réunit et décide d'utiliser le monopole pour voler les ressources du secteur privé. La méthode de l'État est le vol: chaque fois que vous allez acheter quelque chose quelque part, l'État vous vole par le biais des impôts; par conséquent, l'État vous vole tous les jours".
C'est le néolibéralisme qui est criminel, et les 30 années passées à le mettre en oeuvre le prouvent pleinement
Il faudrait partir de la loufoquerie avec laquelle Milei radote sur un "État qui vole avec les impôts", alors que - au moins à long terme, pour l'instant en Argentine les proclamations sont bien sûr contraires et on parle surtout de réduction des dépenses publiques - il devra demander beaucoup à ses citoyens. Et pas qu'un peu. La dette extérieure se paie de deux manières: en taxant et en réduisant. Réduire indéfiniment est évidemment impossible, tout comme taxer indéfiniment. Nous, Européens, qui ne connaissons cette situation misérable que depuis quelques décennies, le savons très bien; ils le savent très bien en Amérique du Sud, où la tradition est malheureusement plus ancienne.
Le problème se situe, comme toujours, au niveau de la politique. Bien plus que dans l'économie, comme on l'a fait croire pendant des décennies. Pour mieux dire, l'économie est le reflet du pouvoir politique. Celui de l'Argentine est pratiquement nul, comme celui de la quasi-totalité des pays d'Amérique latine, d'Afrique et même d'Europe depuis trente ans. C'est alors que la "tenue des comptes" devient une priorité car les intérêts usuraires tiennent le pays, quel qu'il soit, sous contrôle (rappelons toujours qu'à Washington, pendant ce temps, il suffit d'une loi du Congrès pour les contourner, pour contourner, je précise, des faits de 2023, pas des faits d'il y a un siècle). Milei dit que l'État est criminel. Mais sa propre patrie a prouvé, pendant la brève période d'autonomie relative qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, que c'était exactement le contraire. Au contraire, l'État est devenu un fardeau lorsqu'il a été écrasé par l'"aide" du Fonds monétaire international, comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation.
Pensez aussi à la crise tunisienne: pourquoi le président Kais Saied s'est-il montré si hostile aux propositions financières des pays occidentaux et du Fonds lui-même? Tout simplement parce qu'il sait très bien qu'accepter des prêts peut signifier ne mettre qu'un frein momentané à la situation et continuer ensuite dans une spirale sans fin d'argent qui ne sera jamais remboursé et qui conduira à une plus grande immixtion sociale.
C'est ce que démontrent les économies mixtes de l'Europe occidentale jusqu'aux années 1990, dont le PIB n'est certes pas comparable à celui des superpuissances, mais qui se caractérisent par une richesse généralisée et un équilibre social sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Trente années de politiques néolibérales le démontrent, mais dans un sens négatif, pour l'Italie mais aussi pour l'Europe. Elles n'ont évidemment pas "accompli" le néolibéralisme italien, mais ont progressivement tué l'une des principales puissances industrielles et sociales du monde, la conduisant, par le biais de la vente du secteur public, à la désindustrialisation et à une augmentation disproportionnée de la pauvreté. Voilà pour les mensonges sur l'État criminel.
Stelio Fergola
21:23 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dette, économie, actualité, néolibéralisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 09 février 2024
Finanzcapitalisme : de l'économie réelle à la spéculation financière
Finanzcapitalisme: de l'économie réelle à la spéculation financière
Ilaria Bifarini
Source: https://ilariabifarini.com/finanzcapitalismo-schiavi-del-debito/
"De toutes les façons d'organiser la banque, la pire est celle que nous avons aujourd'hui"
(Sir Mervyn King, ancien gouverneur de la Banque d'Angleterre)
L'une des transformations les plus inhumaines du système capitaliste industriel, fondé à l'origine sur la fabrication et plus généralement la production, est celle du capitalisme financier, dans lequel le pouvoir est concentré dans quelques grandes banques. Les banques ont cessé leur rôle de soutien et de prêt au développement, préférant investir dans des produits financiers qui génèrent plus de capital, dans un système autoréférentiel où les profits proviennent de la spéculation, sans passer par le travail et la production.
Le système capitaliste a déplacé l'axe de l'économie réelle vers l'économie financière et, pire encore, vers la spéculation qui l'accompagne, à tel point qu'il a été rebaptisé "capitalisme financier" ou "capitalisme ultra-financier".
Orientée vers la maximisation du profit à partir de l'argent lui-même, la richesse n'y passe pas par la production de biens ou de services, et il n'y a pas non plus de plan de redistribution entre les travailleurs et les consommateurs, mais seulement une centralisation dans les mains de quelques-uns, d'un très petit nombre. Après avoir toujours soutenu l'économie capitaliste, la finance s'est transformée, avec l'avènement du néolibéralisme, de serviteur en maître de l'économie mondiale, l'engloutissant et se reproduisant à une vitesse vertigineuse.
Depuis 1980, le montant des actifs générés par le système financier a dépassé la valeur du PIB de la planète entière. Depuis lors, la course au profit de la finance est devenue si rapide qu'elle a quintuplé l'économie réelle en termes de masse d'actifs en l'espace de trente ans.
Sous la présidence de Bill Clinton, deux étapes ont été franchies pour achever la dérégulation du système financier néolibéral. Avec l'abolition du Glass-Steagall-Act - introduit par Roosevelt l'année suivant la crise de 29 - la séparation entre banques d'investissement et banques d'affaires a été supprimée, ces dernières retrouvant ainsi des concentrations de pouvoir économique.
Dans le même temps, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné le feu vert aux transactions de gré à gré en annulant les règles antérieures, jugées restrictives, sur le contrôle des produits dérivés.
Chaque jour, de nouveaux types de produits dérivés de plus en plus sophistiqués et complexes sont créés et peuvent être négociés de gré à gré, c'est-à-dire en dehors des bourses. S'agissant de titres "transitoires", ils ne répondent pas à l'obligation d'inscription au bilan des banques et échappent aux réglementations sectorielles. En exploitant les failles du système qu'ils ont eux-mêmes générées, les grands groupes financiers ont créé une myriade de sociétés indépendantes auxquelles ils transfèrent des montants importants de capitaux hors bilan, qui deviennent ainsi invisibles. Ces instruments ont les mêmes caractéristiques que l'argent: ils peuvent être revendus plusieurs fois, sont facilement monétisés et échangés sans détenir la propriété de leur sous-jacent. Ainsi, les produits dérivés, mis en circulation en masse par les banques, sont devenus une nouvelle forme de monnaie circulante, qui échappe à l'analyse et rend les interventions de politique monétaire problématiques et inefficaces. C'est le monde de la finance de l'ombre, ce vaste marché parallèle, né au milieu des intrigues du système bancaire international, qui a rendu la masse des produits financiers en circulation gigantesque et incontrôlable.
Une grande partie de ces produits financiers a pour sous-jacent des formes de dettes, comme les hypothèques sur les maisons. Avec un mécanisme pervers, dans lequel l'argent est créé par la dette, on assiste à une forme de spéculation absolue qui n'a rien à voir avec la création de valeur, mais plutôt avec sa destruction.
Il est clair qu'un système économique basé sur la spéculation découplée de la production et fondé sur l'endettement, tant public que privé, n'est pas viable.
Le paradoxe du capitalisme financier est qu'il trouve son terreau idéal dans le chaos et la pauvreté, puisque c'est précisément la spéculation sur la dette et la souffrance qui est sa sève. Son fonctionnement est régulé par des mécanismes complexes et artificiels basés sur l'application de modèles issus de la physique et de la cybernétique : rien n'est plus éloigné de l'économie réelle.
20:33 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, finances, capitalisme, capitalisme financier | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Triste succès des transatlantistes : le commerce germano-russe s'effondre de 80%
Triste succès des transatlantistes: le commerce germano-russe s'effondre de 80%
Source: https://zuerst.de/2024/02/08/trauriger-erfolg-der-transatlantiker-deutsch-russischer-handel-um-80-prozent-eingebrochen/
Berlin/Moscou. Le journaliste et géopoliticien américain George Friedman, cofondateur du think tank américain "Stratfor", ne s'est jamais lassé d'évoquer dans ses livres et ses conférences le grand danger que représente pour les Etats-Unis la coopération germano-russe. En 2010, il écrivait déjà dans son livre The Next Decade : What the World Will Look Like (en français: "La prochaine décennie - à quoi ressemblera le monde"): "Le maintien d'une barrière solide entre l'Allemagne et la Russie est d'un intérêt primordial pour les États-Unis".
Et en 2015, lors d'une conférence au Chicago Council on Global Affairs, il a réaffirmé: "Le principal intérêt des États-Unis, pour lequel nous avons mené des guerres pendant des siècles - la Première, la Deuxième et la Guerre froide - est la relation entre l'Allemagne et la Russie, parce qu'ils sont là, et s'ils s'unissent, ils seront la seule force qui pourrait nous menacer. Et nous devons faire en sorte que cela n'arrive pas".
Entre-temps, c'est exactement ce qui s'est passé, et c'est invariablement le mérite discutable de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel (CDU) et de l'actuel gouvernement "Feu tricolore", en place depuis très exactement deux ans. En 2023, le commerce entre l'Allemagne et la Russie s'est complètement effondré, à l'exception de quelques postes résiduels. Les importations allemandes en provenance de Russie ont chuté de 90%. Les exportations allemandes vers la Russie ont encore chuté de 39%. Par rapport à l'année 2021, avant la guerre, elles ont diminué de deux tiers. C'est ce que révèlent les dernières données de l'Office fédéral des statistiques.
En 2023, l'Allemagne n'achetait plus que 3,7 milliards d'euros de marchandises à la Russie. Avant le début de la guerre en Ukraine, ce chiffre dépassait les 30 milliards d'euros. Les entreprises allemandes livraient encore pour près de 9 milliards d'euros de marchandises à la Russie. Il s'agissait en grande partie de médicaments, d'appareils médicaux et de produits alimentaires.
Dans un premier temps, l'économie allemande avait continué à miser sur le commerce avec la Russie malgré l'aggravation du climat après le coup d'État de Maïdan en 2014, profitant notamment des livraisons d'énergie russe à bas prix. Mais au plus tard après le déclenchement de la guerre en février 2022, cette orientation n'a plus pu être maintenue dans le sillage des sanctions occidentales. L'Allemagne a été contrainte de se détacher de la Russie, à son propre détriment.
Par rapport à l'année 2021, avant la guerre, le volume total du commerce germano-russe a chuté de près de 80%. La Russie est désormais largement insignifiante pour le commerce extérieur allemand. Les liens économiques étroits qui existaient auparavant ont été rompus. Avant la guerre d'Ukraine, la Russie était encore le cinquième marché le plus important pour les exportateurs allemands en dehors de l'UE, juste derrière les États-Unis ou la Chine. Elle est désormais 20ème.
En décembre, les entreprises allemandes livraient encore pour 700 millions d'euros de marchandises à la Russie. Inversement, l'Allemagne a reçu des marchandises en provenance de la Russie pour une valeur de 200 millions d'euros. Le volume des échanges commerciaux s'est maintenant stabilisé à ce niveau. Les saboteurs du partenariat germano-russe ont fait du bon travail (mü).
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jeudi, 08 février 2024
Le moteur de l'économie tourne au ralenti : les commandes manquent, la production diminue, les exportations chutent
Le moteur de l'économie tourne au ralenti: les commandes manquent, la production diminue, les exportations chutent
Source: https://zuerst.de/2024/02/07/der-wirtschaftsmotor-stottert-auftraege-fehlen-die-produktion-sinkt-exporte-gehen-zurueck/
La récession s'accélère en Allemagne, pays autrefois en pointe dans ce domaine. L'institut munichois Ifo enregistre avant tout un manque flagrant de commandes dans de nombreux secteurs, ce qui devient entre-temps un sérieux handicap pour la conjoncture. Selon le célèbre institut de recherche économique, la situation s'est nettement aggravée ces derniers temps. "Presque aucun secteur n'est épargné", affirme l'économiste Klaus Wohlrabe cité par les médias. Et de préciser : "Les carnets de commandes fondent".
Selon les données de l'Ifo, 36,9% des entreprises industrielles allemandes se sont plaintes en janvier d'un manque de commandes. En octobre, ce chiffre était de 36% et il y a un an, il n'était que de 20,9%. Les économistes considèrent qu'un faible carnet de commandes est un indicateur d'un affaiblissement de la production à l'avenir, ce qui a à son tour des répercussions négatives sur la volonté d'investissement des entreprises et la situation sur le marché du travail.
Les chiffres actuels du commerce extérieur sont également un signal d'alarme. Selon l'Office fédéral de la statistique, les exportations allemandes ont reculé de 4,6% par rapport au mois précédent. Selon Marc Schattenberg, économiste chez Deutsche Bank Research, cela laisse présager de nouveaux vents contraires pour l'économie allemande, dépendante des exportations.
Les exportations ne sont pas les seules à s'affaiblir, les importations le font également, ce qui indique que la consommation intérieure est faible, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de la hausse continue des prix.
Mais ce qui est le plus préoccupant à l'heure actuelle, c'est le manque de commandes. Ce sont surtout les secteurs à forte consommation d'énergie qui s'en plaignent. Selon l'institut Ifo, le pourcentage est de 53,9% dans l'industrie du papier, de 53,3% dans la métallurgie et de 40,6% dans l'industrie chimique. Seul le secteur du conseil n'a pas à s'inquiéter pour le moment, puisque seulement 6,8 pour cent des entreprises se plaignent d'un manque de commandes. Ce chiffre n'est pas non plus surprenant - de nombreuses entreprises ont surtout besoin de bons conseils en ce moment. (se)
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18:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, allemagne, europe, affaires européennes, récession | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 06 février 2024
Galbraith, Keynes et le mythe du roi Midas
Galbraith, Keynes et le mythe du roi Midas
Ilaria Bifarini
Source: https://www.ereticamente.net/galbraith-keynes-e-il-mito-di-re-mida-ilaria-bifarini/
Dans son ouvrage A Short History of Financial Euphoria (Brève histoire de l'euphorie financière), l'économiste américain John K. Galbraith analyse les principaux krachs financiers de l'histoire et constate que les phénomènes spéculatifs se répètent à intervalles plus ou moins réguliers, avec des prémisses et des résultats presque identiques. Ils sont présentés comme le résultat de la cupidité et de la bêtise humaines, dont les effets sont un arrêt brutal de la vie économique et un appauvrissement généralisé. Le processus est le suivant: on identifie d'abord une nouveauté sur laquelle concentrer l'intérêt du public - les tulipes, l'or de la Louisiane, le concept de société anonyme - quelque chose qui peut susciter de grandes attentes ou qui peut être présenté comme une innovation capable de générer d'énormes profits pendant des périodes infinies. Les capitaux commencent alors à se déverser sur ces produits, gonflant le prix des actions ou des matières premières, qui cessent de représenter la valeur objective de la marchandise et incarnent l'attente de gains futurs; l'effet de levier est largement utilisé pour poursuivre l'investissement, générant des situations de lourd endettement. Lorsque le processus cesse de s'alimenter, les prix chutent de manière spectaculaire, les dettes contractées deviennent irrécouvrables et les prêteurs, c'est-à-dire les banques, font faillite.
Les gouvernements sont "obligés" d'intervenir pour renflouer les prêteurs et c'est la population qui en supporte le coût, en termes de budget de l'État, de pertes d'emplois, d'appauvrissement général et de perte de confiance, ce qui exclut tout investissement futur. À ce stade, on cherche à justifier les raisons qui ont conduit à l'effondrement, on propose des solutions pour éviter que cela ne se reproduise, mais sans jamais s'attaquer au principal problème qui génère de tels soubresauts économiques. Le motif moral, qui est au cœur de l'éthique du capitalisme, est ignoré, tout comme la recherche du plus grand profit, qui défie tous les risques et utilise tous les moyens. Car qui motive les banquiers si ce n'est leur propre intérêt ?
L'amour irrationnel de l'argent
On peut donner à cette question une réponse à la fois macroéconomique et psychanalytique, en faisant appel aux pères des sujets respectifs. Keynes (photo) aurait attribué ce comportement à "l'amour irrationnel de l'argent", tandis que S. Freud l'aurait rattaché à la "pulsion de mort". Selon le fondateur de la psychanalyse, au plus profond de l'individu se cache "la pulsion humaine d'agression et d'autodestruction" (thanatos, ou pulsion de mort), en lutte perpétuelle contre la pulsion de vie (eros), qui, elle, pousse les individus à s'accoupler pour assurer la survie de l'espèce. J. M. Keynes, grand connaisseur et admirateur de Freud, change de point de vue et d'instruments d'analyse, adoptant ceux propres à la science économique, mais arrive à des conclusions à bien des égards analogues. La pulsion de mort devient pour l'économiste anglais l'amour de l'argent, qui représente "le problème moral de notre temps". Par le mécanisme mortifère de la concurrence effrénée, tant entre les différents pays qu'entre les classes sociales, une guerre interminable est déclenchée, capable de menacer la survie non seulement des êtres humains, mais de la nature elle-même. Selon ses propres termes :
"Nous pourrions éteindre le soleil et les étoiles parce qu'ils ne produisent pas de dividendes".
Il reprend le mythe du roi Midas, le roi qui avait obtenu du dieu Dionysos le don de transformer en or tout ce qu'il touchait, mais qui s'est vite rendu compte que même s'il pouvait posséder beaucoup de richesses, il mourrait bientôt de faim, puisque même les aliments qu'il touchait devenaient de l'or, et donc immangeables. Selon Keynes, les sociétés opulentes, victimes du désir d'accumulation, détruisent par leur avidité la production, bloquent l'économie et finissent, comme le roi Midas, par se noyer dans une mer d'or. Le mythe propose une analyse profonde de la doctrine monétariste dominante et de son idéologie, en montrant que l'argent ne coïncide pas avec la valeur, qui découle au contraire du travail et de l'économie réelle. L'argent et la tendance à le thésauriser sont à l'origine des principaux problèmes et déséquilibres économiques, y compris le chômage involontaire. Malgré la valeur absolue qui lui est communément et universellement attribuée, il s'agit en réalité d'un simple intermédiaire d'échange. Pour l'être humain, la possession de l'argent a pour fonction d'atténuer son inquiétude la plus profonde, et la récompense pour s'en séparer ne serait que la mesure de son degré d'inquiétude.
(texte extrait de Inganni Economici. Falsi miti di una scienza sociale (= "Déceptions économiques. Les faux mythes d'une sciences sociale").
Ilaria Bifarini, (http://ilariabifarini.com/) est née à Rieti le 1er avril 1980 et est diplômée du lycée classique "Terenzio Varrone". Après avoir déménagé à Milan en 1999, elle a obtenu en 2004 un diplôme en économie de l'administration publique et des organisations internationales à l'université Luigi Bocconi de Milan, avec les meilleures notes. Elle a ensuite suivi l'École italienne des organisations internationales à Rome et le cours sur le libéralisme à l'Institut "Luigi Einaudi" à Rome. Elle est également titulaire d'un diplôme d'expert-comptable et d'auditeur, ainsi que d'un SIOI (master en études diplomatiques). Après une expérience professionnelle dans les secteurs public et privé, elle s'est progressivement éloignée de l'éducation purement néolibérale issue de ses études, grâce à un parcours d'étude et d'introspection. Elle collabore avec divers journaux en ligne et intervient lors de conférences et d'émissions télévisées.
18:21 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : john maynard keynes, john kenneth galbraith, ilaria bifarini, économie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 19 janvier 2024
Le saut technologique en Chine et la lutte des classes en Allemagne
Le saut technologique en Chine et la lutte des classes en Allemagne
par Pasquale Cicalese
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27227-pasquale-cicalese-il-salto-tecnologico-in-cina-e-la-lotta-di-classe-in-germania.html
Aujourd'hui, à la une de Il sole 24 ore, on apprend que la Chine est devenue le premier producteur mondial de voitures (30 millions), dépassant même le Japon en termes d'exportations (4,9 millions contre 4,3).
De plus, les voitures chinoises ont remplacé les voitures occidentales sur le marché russe.
Cette évolution vient compléter un processus d'industrialisation de haute qualité qui a débuté avec la loi sur le travail de 2008 (plus-value relative), que j'analyse dans Piano contro Mercato (Plan versus Marché).
Hier, le China Daily a annoncé que le Conseil d'État, afin d'aider les entreprises publiques et privées dans la tempête du marché mondial, caractérisée par des guerres, des fermetures et des boycotts, allait unifier et simplifier toutes les réglementations concernant le monde des affaires afin d'unir le marché mondial et le marché intérieur: ceux qui ont des problèmes sur le marché mondial seront aidés à trouver des débouchés sur le marché intérieur, la même chose en sens inverse. Le tout sous la bannière, selon le China Daily, de la "haute qualité".
Le saut technologique schumpétérien est en cours et la contribution du capital industriel, en tant que source de valeur, s'accroît.
Ne vous alarmez pas des baisses des taux d'investissement (ils en ont fait beaucoup trop au cours des dernières décennies) ou du marché immobilier (le PBOC travaille depuis des mois à résoudre ce problème). La Chine se préoccupe désormais du bien-être de sa population, à commencer par les personnes âgées et les enfants. Les soins médicaux seront étendus (nous attendons toujours la réforme des soins de santé sur notre modèle de 1978), l'éducation de plus en plus améliorée.
Maintenant, permettez-moi de m'exprimer sans détours: cela me fait rire que la Commission européenne confie à Draghi les leviers de la compétitivité de l'industrie européenne. Ce n'est plus de mise. Peut-être qu'en Allemagne on s'en rend compte, d'où les luttes de classes, et à l'avenir il pourrait y avoir un tournant vers la plus-value relative (ils l'ont, ne serait-ce que l'excédent de la balance courante, grâce à un euro faible, de ces décennies). Pas en Italie, où la "croissance", "glorifiée" par rapport à d'autres partenaires européens, n'est dictée en 2023 que par le "tourisme", une dépense quotidienne de 35 euros par jour. La misère de la classe dirigeante italienne, servante des Anglo-Saxons, des Israéliens et de la Commission, est révélée dans la page d'aujourd'hui de Il sole 24 ore. L'ILVA est en train de couler, la production industrielle est en baisse depuis octobre et l'affrontement en mer Rouge est encore loin d'avoir exporté ses effets. Et si l'on ajoute les taux d'intérêt élevés et la réduction des dépenses publiques pour se conformer à Maastricht, le tableau est complet. Messieurs, la marchandise n'a pas disparu, elle reste bien présente en Asie. Messieurs, la classe ouvrière n'a pas disparu, elle est bien présente en Asie.
19:51 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, chine, allemagne, italie, asie, europe, affaires asiatiques, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 15 janvier 2024
Jacques Delors a fait de l'Europe unie un dispositif néolibéral irréformable
Jacques Delors a fait de l'Europe unie un dispositif néolibéral irréformable
par Alessandro Somma
Source: https://www.sinistrainrete.info/europa/27128-alessandro-somma-jacques-delors-ha-reso-l-europa-unita-un-dispositivo-neoliberale-irriformabile.html
Le plein emploi contre la stabilité des prix
Selon le récit dominant, l'Europe unie est née pour assurer un avenir pacifique au Vieux Continent. Elle a cependant vu le jour à une époque marquée par la guerre froide, et a donc été conçue pour renforcer le front des pays capitalistes luttant contre le bloc socialiste. Cela n'a pas empêché les États de promouvoir une condition préalable au maintien de la paix: une redistribution des richesses par les pouvoirs publics hors du marché par le biais de l'aide sociale, et dans le marché avec la protection du travail et le plein emploi.
Bref, l'Europe unie, dans ses premières années, n'était pas totalement hostile au compromis keynésien. C'est précisément le plein emploi qui est mentionné dans le traité instituant la Communauté économique européenne parmi les objectifs que la coordination des politiques fiscales et budgétaires nationales doit poursuivre. Mais parmi ceux-ci figurait également la stabilité des prix et donc la lutte contre l'inflation, c'est-à-dire un objectif centré sur le plein emploi: pour le poursuivre, il fallait soutenir la demande en augmentant les salaires et donc éviter les politiques monétaires visant à freiner la masse monétaire, nécessaires pour promouvoir la stabilité des prix.
Dans tout cela, on pensait que les pays participant à l'intégration européenne ne devraient pas se limiter à coordonner leurs politiques fiscales et budgétaires, c'est-à-dire qu'ils les céderaient tôt ou tard à Bruxelles. On a alors pensé que cette étape devait accompagner, voire précéder, la mise en place d'une politique monétaire commune.
En d'autres termes, le lancement de la monnaie unique devait être précédé du choix de l'objectif de politique fiscale et budgétaire à privilégier: il fallait décider si l'on accordait plus d'importance au plein emploi ou à la stabilité des prix, puis identifier une politique monétaire cohérente avec cet objectif.
Au cours des années 1980, cette feuille de route a été bouleversée par la décision d'adopter une politique monétaire commune en l'absence de politiques fiscales et budgétaires communes, et surtout de le faire avec un seul objectif: la stabilité des prix. Ainsi, bien que les politiques fiscales et budgétaires restent entre les mains des États membres, ceux-ci sont empêchés de rechercher le plein emploi [1].
L'architecte d'une telle transformation a été Jacques Delors, qui a d'abord provoqué l'échec d'une expérience gouvernementale hostile à l'orthodoxie néolibérale et a ensuite été récompensé par la présidence de la Commission européenne: un poste qu'il a occupé pendant trois mandats, de 1985 à 1995. Il ne s'agit donc pas d'un père éclairé de l'Europe unie, mais du principal responsable du montage qui l'a conduite à devenir un dispositif néolibéral irréformable, incapable d'endiguer la virulence des marchés et l'effondrement de la participation démocratique qui en découle. N'en déplaise à ceux qui pensent que la phase actuelle indique un renversement de tendance et non la consolidation définitive de l'ordre construit par Delors. Et surtout de ceux qui pensent que l'absence d'une politique fiscale et budgétaire commune est une anomalie et non un arrangement souhaité pour les effets qu'il produit inévitablement.
Ministre français des finances
On a parlé de l'expérience gouvernementale hostile à l'orthodoxie néo-libérale à l'échec de laquelle Delors a apporté une contribution fondamentale. Il s'agit d'une affaire qui a pris naissance en France au début des années 1980: lorsque s'ouvre la saison politique de François Mitterrand, élu président de la République en 1981 et reconduit pour deux septennats, il inspire la naissance d'une première coalition.
Il a inspiré la naissance d'un premier exécutif de coalition présidé par Pierre Mauroy, qui comprenait des socialistes, des radicaux de gauche et des communistes, engagés dans un programme comprenant la relance de la protection sociale, le renforcement de la protection des travailleurs, l'augmentation des salaires et la nationalisation des entreprises d'intérêt national en situation de monopole. La conséquence est une hausse de l'inflation, et avec elle le risque de remettre en cause la participation de la France au système monétaire européen [2], que l'on veut contrer par des instruments incompatibles avec l'élan keynésien du programme.
En effet, la stabilité des prix est devenue le point de référence des politiques décidées par la coalition, qui s'est ainsi trouvée dans l'incapacité d'alimenter des politiques de plein emploi. C'est le fil conducteur des initiatives prises par le deuxième et surtout le troisième exécutif présidé par Mauroy, dans lequel Delors, ministre des Finances d'emblée critique à l'égard de l'approche keynésienne, s'est distingué par le zèle avec lequel il a voulu imposer la modération salariale et limiter les dépenses publiques [3].
Tout cela n'a pas relancé l'économie française, en proie à un appauvrissement des familles et à une montée du chômage, auxquels il a voulu s'attaquer par de nouvelles mesures d'inspiration néolibérale: en premier lieu, le désengagement économique de l'État. Delors devait consolider le redressement en assumant le poste de premier ministre, mais sa carrière politique a pris une autre tournure: en 1985, il est devenu président de la Commission européenne, un poste qui, comme nous l'avons dit, a été renouvelé à deux reprises jusqu'en 1995.
Président de la Commission européenne
En tentant de dresser le bilan de cette décennie, beaucoup ont célébré la contribution de Delors au développement de l'intégration européenne en exaltant son profil de personnalité qui ne pouvait être rangée dans le camp des partisans du laissez-faire [4]. Pourtant, on doit à Delors l'ancrage définitif de la construction à l'orthodoxie néolibérale, ne serait-ce que par la réalisation d'un préalable à sa diffusion: l'élimination des obstacles à la libre circulation des capitaux. Tout cela comme un premier pas vers le lancement d'une politique monétaire commune, le principal héritage de Delors et l'événement pour lequel il est toujours célébré comme le père de la construction européenne.
Le premier acte politique de Delors à la tête de la Commission est la rédaction du Livre blanc sur "l'achèvement du marché", qui n'est plus défini comme "commun" mais comme "intérieur": une expression jusqu'alors utilisée pour le niveau national, dont l'emploi souligne la volonté de "souder les marchés individuels des États membres". Il s'agit d'intervenir dans la libre circulation des marchandises, compromise au cours des années 1970 par des politiques nationales protectionnistes, qui se sont multipliées en réaction à la crise économique et ont finalement été tolérées par le niveau européen [5]. Elle appelle ensuite à réaliser enfin la libre circulation des capitaux, pour laquelle il faut procéder à "l'harmonisation des dispositions nationales régissant les activités des intermédiaires financiers et des marchés financiers". Enfin, les distorsions de concurrence devaient être vigoureusement combattues et, en particulier, les aides d'État aux entreprises "non compétitives" [6] devaient être ciblées.
Libre circulation des capitaux
Le Livre blanc n'a pas été mis en œuvre dans toutes ses parties, mais sa structure a inspiré l'Acte unique européen de 1986. Celui-ci modifie le traité CEE en faisant notamment référence à la création d'un "espace sans frontières dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée" (article 8A).
En outre, l'Acte unique, contrairement au Livre blanc, prenait en compte un certain effet de la libre circulation des capitaux: celle-ci exacerberait la concurrence et provoquerait donc des tensions qu'il faudrait quelque peu apaiser au moyen d'instruments de pacification sociale [7]. C'est dans ce contexte qu'une disposition a été ajoutée au traité fondateur de la CEE concernant l'engagement de la Communauté à "réduire l'écart entre les diverses régions et le retard des régions les moins favorisées" (art. 130A).
À cette fin, l'utilisation des fonds structurels a été prescrite, ceux-ci étant conçus comme des instruments de redistribution des ressources [8]. Cependant, au fil des années, leur discipline a été capturée dans un mécanisme que l'on peut définir en termes de marché des réformes: le mécanisme par lequel toute aide financière fournie par le niveau européen est conçue comme une contrepartie pour l'adoption de réformes visant à consolider l'adhésion à l'orthodoxie néolibérale [9]. Il a ensuite été définitivement consacré par un règlement stipulant "qu'un lien plus étroit devrait être établi entre la politique de cohésion et la gouvernance économique de l'Union afin de garantir que l'efficacité des dépenses au titre des Fonds structurels et d'investissement européens repose sur des politiques économiques saines". Ce lien est associé à un système de sanctions conçu pour protéger ce marché de réformes spécifique: "si un État membre ne prend pas de mesures efficaces dans le cadre du processus de gouvernance économique, la Commission devrait soumettre au Conseil une proposition visant à suspendre, en partie ou en totalité, les engagements ou les paiements pour les programmes dans cet État membre" [10].
A y regarder de plus près, une telle issue était anticipée par une précision de Delors, selon laquelle "les instruments communautaires doivent cesser d'être considérés comme des éléments d'un système de compensation financière", "puisqu'ils sont destinés à jouer, parallèlement et de concert avec les politiques nationales et régionales, un rôle important dans la convergence des économies" [11]. Il n'est donc pas nécessaire d'évoquer le rôle de Delors en tant que défenseur de la monnaie unique pour documenter sa ferveur néolibérale, et plus précisément son rôle en tant que principal architecte de la construction d'une Europe unie sous la forme d'un dispositif néolibéral irréformable. Il suffit de reconstituer son engagement en faveur de la réalisation de la libre circulation des capitaux, c'est-à-dire le principal mécanisme visant à saper le compromis keynésien.
C'est précisément pour protéger ce compromis qu'un ordre économique international fondé sur la libre circulation des marchandises, mais aussi des capitaux, a été imaginé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces derniers, comme le précisent les statuts du Fonds monétaire international, doivent pouvoir être contrôlés par les États (art. 6). Et si pour relancer le commerce international, et en amont l'emploi, il fallait fournir des capitaux aux pays qui en avaient besoin, cela devait se faire par des prêts à faible taux d'intérêt et en tout cas identifiés à des dynamiques éloignées du marché: d'où l'institution de la Banque mondiale [12].
C'est à Delors que l'on doit le sabordage de ce schéma qui a tenu la route pendant quarante ans. Si les États, à la merci de la libre circulation des capitaux, ont été contraints de mettre en œuvre les seules politiques capables d'attirer les investisseurs internationaux: celles qui visent à précariser et à dévaloriser le travail, à alléger la charge fiscale des entreprises, et donc à détruire la protection sociale. C'est grâce à Delors que l'Europe unie est devenue un dispositif néolibéral irréformable, radicalement incompatible avec l'aspiration à restaurer le compromis keynésien.
Notes:
[1] A. Somma, L'Union européenne n'est pas un projet inachevé ni même réformable : c'est un dispositif néolibéral réussi, in Raison pratique, 2023, p. 161 et suivantes.
[2] Par exemple G. Mammarella et P. Cacace, Storia e politica dell'Unione europea, Rome et Bari 2008, p. 177 et suivantes.
[3] Par exemple G. Duby, Histoire de France. I tempi nuovi dal 1852 ai giorni nostri (1991), 3e édition, Milan 1997, p. 1388.
[4] Par exemple, J. Gillingham, European Integration 1950-2003 : Superstate or New Market Economy ?, Cambridge 2003, p. 160.
[5] L'achèvement du marché intérieur. Livre blanc de la Commission pour le Conseil européen du 14 juin 1985, Com/85/310 fin.
[6] Ibid.
[7] H.J. Glaesner, L'Acte unique européen, "Revue du marché commun", 29, 1986, p. 317.
[8] J.-P. Jacqué, L'Acte unique européen, "Revue trimestrielle de droit européen", 22, 1986, p. 602 s.
[9] A. Somma, Le marché de la réforme. How Europe became an unreformable neoliberal device, in E. Mostacci and A. Somma (eds.), Dopo le crisi. Dialogues sur l'avenir de l'Europe, Rome 2021, p. 229 et suivantes.
[10] Considérant 24 Règlement portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour la mer et la pêche et portant dispositions générales sur le Fonds européen de développement régional, le Fonds social européen, le Fonds de cohésion et le Fonds européen pour la mer et la pêche du 17 décembre 2013, 1303/2013/UE.
[11] Réussir l'Acte unique : une nouvelle frontière pour l'Europe du 18 février 1987, Com/87/100 final.
[12] Par exemple, M.A. Clemens et M. Kremer, The new role for the World Bank, in 30 Journal of Economic Perspectives, 2016, p. 53 ff.
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jeudi, 11 janvier 2024
La crise des banques centrales occidentales
La crise des banques centrales occidentales
Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/crise-dos-bancos-centrais-ocidentais
Alors que l'Occident continue de s'enfoncer dans une crise structurelle irréversible, des questions se posent sur le rôle joué par les banques centrales dans les pays libéraux-démocratiques.
La sonnette d'alarme est tirée dans les pays occidentaux : leurs banques centrales ne sont pas en mesure de résoudre les problèmes économiques actuels. En outre, on n'attend plus d'elles qu'elles résolvent des problèmes que d'autres acteurs peuvent mieux résoudre. Les analystes et les planificateurs demandent de plus en plus aux banques centrales et à leurs gouverneurs de se concentrer sur trois objectifs: la stabilité des prix, la stabilité financière et la stabilité macroéconomique. Or, il est difficile d'atteindre ces trois objectifs.
Alors que le monde continue de traverser une période prolongée d'inflation inattendue causée par des chocs économiques et non économiques au cours des quatre dernières années, la nécessité de réévaluer les banques centrales et la politique monétaire est fréquemment évoquée. Il est clair que l'Occident a commis beaucoup d'erreurs, mais il n'est pas prêt à l'admettre. En outre, ils n'ont pas encore réalisé les limites des données disponibles et de la compréhension des processus, ni reconnu les faiblesses des modèles et arrangements existants.
En outre, les banquiers doivent réduire les attentes du public quant à ce que les banques centrales peuvent ou doivent faire. Et cela se traduira par un effondrement de leur légitimité. Cependant, il est clair qu'il faudra faire quelque chose.
L'une des solutions consiste à adopter une approche plus modeste de la banque centrale. Pour commencer, les banques centrales doivent être plus réalistes quant à leur capacité à prédire les résultats macroéconomiques avec une grande précision. Leurs récents résultats le démontrent. Si nous regardons le Federal Reserve Board et le graphique de la ligne fine, nous constatons que lorsque l'inflation a grimpé en flèche, les économistes du personnel ont prédit à plusieurs reprises un retour à une inflation de 2 % sur la base des estimations actuelles. Une fois de plus, les prévisions se sont révélées erronées, et ce dans les deux sens.
D'autres banques centrales ont connu des échecs similaires, car le retour à une inflation de 2% est "intégré" dans la plupart des modèles de prévision. Les banques centrales des économies avancées et leurs gouverneurs ont mal interprété les premiers signes de la poussée inflationniste en cours dans les pays occidentaux, pensant à tort que les premières hausses de prix étaient temporaires. Cela a conduit à une réaction tardive de la politique monétaire, qui a exacerbé le pic d'inflation et les difficultés économiques qui ont suivi, nécessitant finalement une hausse des taux d'intérêt d'une ampleur historique.
La planification de la politique et la prise de décision ont été encore plus entravées par l'adoption de modèles de politique monétaire nouveaux ou modifiés au cours de la précédente période prolongée de faible inflation. Ces modèles contenaient des hypothèses qui retardaient la réaction lorsque des chocs exogènes (pandémie), des chocs d'offre (effets commerciaux) et des chocs budgétaires (ampleur et durée des mesures de relance introduites) affectaient négativement les pressions inflationnistes et les résultats.
En général, comme par le passé, les économistes occidentaux se divisent en deux camps : les optimistes et les pessimistes. Certains experts pensent que le pire est passé et que nous pouvons nous détendre. D'autres ne sont pas d'accord. Les niveaux d'endettement public sont élevés partout dans le monde et, à mesure que les taux d'intérêt et les paiements augmentent, les problèmes de viabilité de la dette se font jour. Des tensions vont donc apparaître et s'accentuer entre la nécessité de resserrer les politiques monétaires et fiscales et le désir des gouvernements d'en réduire les effets négatifs.
Les gouvernements peuvent être incités à exercer une pression politique sur les banques centrales pour qu'elles maintiennent les taux d'intérêt à un niveau bas ou inférieur à ce qui est nécessaire. Avec l'augmentation des coûts pour les ménages et les gouvernements, un "jeu de blâme" émergera sans aucun doute, dans lequel les décideurs politiques tenteront d'éviter la responsabilité de l'inflation.
Dans le contexte de la confrontation géopolitique mondiale entre l'Occident et les défenseurs du multipolarisme, les bons résultats du gouvernement russe, ainsi que les bonnes performances économiques de la Chine, de l'Inde, de l'Iran et d'autres opposants à l'hégémonie du dollar, constitueront une confirmation importante de l'effondrement du modèle capitaliste néolibéral. Cela encouragera les gouvernements les plus aptes, encore liés au système occidental, à basculer dans l'autre camp avant qu'il ne soit trop tard.
14:26 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, système bancaire, banques, banques centrales | | del.icio.us | | Digg | Facebook