Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 25 août 2022

La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental: les films à contenu Lgbt sont bloqués

thor4sydney.jpg

La Malaisie en guerre contre le cinéma occidental : les films à contenu Lgbt sont bloqués

Par Cristina Gauri

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/esteri/malesia-cinema-occidentale-film-contenuti-lgbt-241641/

Rome, 15 août - Encore des problèmes pour le film Thor : Amour et Tonnerre, produit par Marvel : après avoir encaissé les interdictions de la Chine, qui a bloqué sa projection en salle pour un contenu jugé trop Lgbt-friendly, c'est maintenant le tour de la Malaisie, qui a interdit sa distribution car il "alimente la culture gay". Thor est en bonne compagnie : Buzz Lightyear et son baiser saphique entre les deux femmes principales - qui n'avait déjà pas réussi à passer les contrôles stricts des Émirats arabes - n'a pas non plus réussi à franchir les frontières malaisiennes. Les deux films avaient été soumis après que les sociétés de production aient refusé de faire les coupes exigées par le gouvernement de Kuala Lumpur.

La Malaisie rejette Thor et Buzz l'Éclair : "contenu Lgbt"

Le refus de distribuer les deux films s'inscrit dans le cadre d'une campagne de répression annoncée par le vice-ministre malaisien des communications, Zahidi Zainul Abidin, qui a confirmé l'engagement du gouvernement à censurer autant de contenus LGBT que possible : "Actuellement, nous nous rendons compte que de nombreux films comportant des éléments homosexuels parviennent à passer la censure", a-t-il déclaré, faisant notamment référence aux séries et aux films diffusés sur les plates-formes de diffusion vidéo. "Nous avons toujours été stricts et engagés", a-t-il déclaré. Et ce, malgré le fait que la Malaisie dispose de lois qui promeuvent et défendent la tolérance raciale et religieuse : la majorité de la population malaisienne est en effet musulmane et donc peu tolérante vis-à-vis de l'homosexualité et de la propagande LGBT dont regorgent les productions occidentales actuelles.

MV5BYmIzNjUxZGQtYjg0OS00MmE0LTgwZDAtMzVmODQ2MGI5MTQ5XkEyXkFqcGdeQXVyMTA3MTA4Mzgw._V1_.jpg

Mais les plateformes de streaming échappent à l'examen

Outre les deux films susmentionnés, le gouvernement malaisien a récemment empêché la projection d'autres films, dont Rocketman, sur la vie d'Elton John, et un livre intitulé Gay Is OK ! Une perspective chrétienne. Il est plus difficile d'intervenir dans le cas des plateformes de streaming, telles que Netflix, Disney+ et Amazon Prime Video, qui ne sont pas des diffusions publiques. C'est pourquoi le ministère des Communications a lancé une campagne de sensibilisation pour que les familles exercent un contrôle plus strict sur les contenus visionnés par leurs enfants, grâce à l'utilisation du contrôle parental.

Cristina Gauri

19:54 Publié dans Actualité, Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : censure, malaisie, cinéma, film | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 15 juin 2022

Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

d63e6108-c943-11eb-a963-0217670beecd.jpg

Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

par Sjors Remmerswaal

Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/

Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984.  De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.

Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.

414DVBLMpyS._SX312_BO1,204,203,200_.jpg

La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.

Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.

Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.

Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".

Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00

jeudi, 02 juin 2022

Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

lead-image.jpeg

Nouvelle loi sur les services numériques (DSA): l'UE va renforcer la censure des sites de réseaux sociaux

Source: https://www.tradicionviva.es/2022/05/01/nueva-ley-de-servicios-digitales-dsa-la-union-europea-incrementara-la-censura-en-redes-sociales/

Avec la nouvelle loi sur les services numériques (DSA) de l'Union européenne, les entreprises technologiques telles que Facebook, Instagram, Twitter, Youtube et Google devront se conformer à de nouvelles exigences pour censurer les contenus indésirables dans le cadre de la nouvelle législation et notamment ce qu'elles appellent la "désinformation" sur leurs plateformes, après que des fonctionnaires du Parlement européen, de la présidence française du Conseil de l'UE et de la Commission se soient mis d'accord le 23 avril 2022 sur le nouvel ensemble de règles quant à la manière dont les grands acteurs de l'internet devront modérer et gérer les messages des utilisateurs.

La nouvelle loi est présentée sous un ensemble de bonnes intentions, telles que la "sauvegarde de la vie privée", et la prévention d'actes illégaux, comme le "terrorisme", l'"exploitation sexuelle des enfants", etc., toutes questions qui ont toujours été, logiquement, interdites par les différentes plateformes. Toutefois, le véritable objectif politique de ce type de législation, comme l'ont déjà déclaré des ONG telles qu'Amnesty et des leaders politiques mondiaux d'outre-mer, tels que Barack Obama et Hillary Clinton, sera de contrôler et de censurer ce que les Fact Checkers considèrent désormais comme de la "désinformation", ou la vaste catégorie des "discours de haine".

Le portail européen "Politico.eu" explique : "À l'avenir, les régulateurs surveilleront les efforts déployés par les géants de la technologie pour mettre fin à la diffusion de fausses informations, comme les batailles de l'information l'ont montré lors de la pandémie de coronavirus et du conflit en Ukraine. Ils s'assureront que les grandes entreprises numériques contrôlent mieux les algorithmes qui peuvent promouvoir des contenus extrêmes et dangereux".

Les entreprises seront tenues de publier des rapports semestriels détaillés sur leurs efforts de modération, y compris le nombre d'employés, l'expertise, les langues parlées et l'utilisation de l'intelligence artificielle pour supprimer le contenu indésirable. Ils seront tenus de divulguer le nombre de comptes qu'ils ont suspendus et le contenu qu'ils ont supprimé.

Des amendes pour non-conformité allant jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires mondial toucheront les géants des médias sociaux comme Facebook et Instagram, les moteurs de recherche comme Google, les plateformes de diffusion de podcasts comme Spotify et les marchés en ligne comme Amazon. La dernière menace serait le bannissement des entreprises qui enfreignent les règles de manière répétée.

"La loi sur les services numériques est une étape importante", a déclaré Thierry Breton, commissaire chargé du marché intérieur. "C'est la première fois en 20 ans que l'Europe s'attaque à la réglementation de l'espace numérique et de l'information."

samedi, 05 mars 2022

Des librairies prises pour cibles

title-1601921467.jpg

Des librairies prises pour cibles

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis la colère légitime et insatisfaite des « Gilets jaunes », il ne fait pas bon d’être un élu du soi-disant ensemble macronien, majoritaire par le jeu biaisé d’une forte abstention. L’actualité rapporte que des députés se font régulièrement menacer, insulter, voire frapper, par des manifestants opposés à l’actuelle tyrannie sanitaire. Les maires et les conseillers municipaux connaissent eux aussi ces désagréments inhérents à un quotidien de plus en plus difficile pour les petites gens. Le système médiatique d’occupation mentale s’en scandalise et dénonce ces intimidations violentes. Incapables de rétablir la sûreté dans bien des banlieues de l’immigration gangrenées par le trafic de drogue, les autorités hexagonales promettent une réponse prompte et implacable envers les auteurs de ces incivilités. Or, tous ces grands indignés se taisent quand certaines librairies deviennent les victimes d’attaques répétées.

Sous la présidence de « Flamby » Hollande et dans le prolongement de la « Manif pour Tous », la librairie Facta du défunt Emmanuel Ratier située dans le IXe arrondissement de Paris fut à deux reprises vandalisée. Quelques années plus tard, les pressions perdurent à l’égard des librairies non conformistes de la capitale. Charlie Hebdo du 14 avril 2021 consacrait sa deuxième page à une enquête dessinée sur les quatre dernières librairies qui résistent encore au fléau du politiquement correct. Il s’agit de la librairie Duquesne, de la Librairie française, de la librairie éponyme de l’ami Vincent, ancien de Facta, et de La Nouvelle Librairie tenue par le rédacteur en chef d’Éléments, François Bousquet. Ce dernier établissement a subi dès son ouverture bien des actes hostiles. Installée en face des jardins du Luxembourg en plein Quartier latin, cette librairie fut la cible de plusieurs séries de dégradations revendiquées par les antifas qui bénéficient d’une étonnante impunité. Si près du Sénat, n’y a-t-il donc pas de caméras de surveillance capables d’enregistrer les visages des délinquants ?

À Nancy, depuis plus d’un an existe la librairie Les Deux Cités. Sa simple présence a déclenché la vindicte rageuse de la gauche et de l’extrême gauche sans oublier la détestation officielle de la municipalité sociétaliste. Les gérants ne cachent pas qu’ils sont patriotes français et catholiques de tradition. Ils ont même osé fonder les Éditions du Verbe Haut (voir à ce propos sur Radio MZ les émissions « Vent d’Est » n° 14 du 16 juillet 2020 et n° 16 du 17 septembre 2021). Leur librairie reçoit des jets de peinture sur la vitrine, quand ce n’est pas de la glu mise dans la serrure ou des slogans injurieux peints sur la façade. Le 12 février 2022, elle accueille une séance de dédicace commune de la Française d’origine camerounaise Stella Kamnga et de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Un attroupement d’une trentaine d’individus masqués (en pleine rue ! Belle preuve de suivisme covidien) se forme devant la librairie. Ils scandent les habituelles inepties. Pendant ce temps, le maire, sourd, aveugle et muet devant toutes ces agressions, manifeste aux côtés de ses potes quelque peu dérangés, car protester contre une librairie honorable dénote des troubles mentaux flagrants. Il aimerait bien la faire couler, car il n’en apprécie pas le ton général. Les Deux Cités a déposé une dizaine de plaintes et de mains courantes sans que la justice n’y prête la moindre attention. On se demande bien pourquoi…

la-librairie-d-extreme-droite-arts-enracines-etablie-au-25-rue-raphael-inquiete-le-collectif-photo-le-progres-nicolas-binoux-1627320415.jpg

On retrouve une situation semblable au Puy-en-Velay en Haute-Loire. Au début de l’été 2021 a ouvert la librairie Arts enracinés dans le centre historique de la ville mariale non loin de la cathédrale et du rocher Corneille d’où surplombe la statue de la Vierge Marie construite à partir de la fonte des canons pris à Sébastopol lors de la Guerre de Crimée.

La présence de cette librairie dans une ville moyenne de la France périphérique a suscité la haine des gauchistes. Ceux-ci ont monté RAFAHL (Réseau antifasciste Haute-Loire). La librairie ponote pâtit de dégradations courantes et de calomnies colportées par l’opposition de gauche au conseil municipal du Puy. Obsédé par les années 1930 et fantasmant en longueur de journée sur le début de la décennie 40, un collectif informel amasse quelques associations microscopiques comme la CGT Educ’action, Solidaire 43 - Sud Éducation, Europe Écologie - Les Verts, La France insoumise, le SNES - FSU, Génération.S de Benoît « 6,36 % » Hamon, le PCF, ATTAC, la section altiligérienne de RESF (Réseau Éducation sans frontières), la Ligue des droits de l’homme et des quelques philanthropes de l’Union communiste libertaire.

Cette ribambelle d’associations souvent subventionnées par les pouvoirs publics complaisants amalgament des incidents divers et accusent la librairie de tous leurs malheurs ainsi que de favoriser une ambiance violente en ville… Ses clients, une fois les bras chargés de bouquins, en profiteraient pour agresser de pauvres antifas qui passeraient par là, ce qui est bien sûr infondé. En réalité, les antifas, épris de drogues et de boissons alcoolisées, se battent entre eux pour des questions de bouteille, de joint, de fric et d’intimité animalière. Pour expliquer leur état déplorable, les blessés désignent ensuite d’inexistantes « phalanges littéraires de l’Ordre noir imprimé ».

Malgré l’interdiction préfectorale, le 5 février dernier, environ quatre cents crasseux envahirent la préfecture vellave afin d’exiger la fermeture de la librairie (pour quel motif légal ?) en attendant de vouloir peut-être la liste complète de ses amis et autres fidèles clients. En dehors de Lyon, la plupart provenaient de deux grands centres régionaux de contamination politico-hystérique : Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. La capitale auvergnate reste un fief socialiste. Quant à la préfecture de la Loire, l’édile, macronien contrarié, est en rupture de ban avec Les Républicains. Ces deux maires et leurs équipes laissent proliférer dans différents quartiers la constitution de foyers gauchistes.

Proches de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne, on reproche aux librairies de Paris, de Nancy ou du Puy-en-Velay de vendre des ouvrages politiquement incorrects comme des biographies de Jésus Christ, de Jeanne d’Arc ou les romans de Céline. Elles commettent par ailleurs l’horreur intellectuelle de tenir des conférences. Par exemple, au Puy, chaque samedi se déroulent à partir de 17 h « Les après-midis de la Chouette ». Faudrait-il raser les murs pour pouvoir y écouter des intervenants comme Marion Sigaut, Stéphanie Bignon, Bruno Favrit, Rémi Soulié ou votre serviteur ?

Rappelons que toutes ces actions de racailles contre des lieux de culture dissidente ne soulèvent aucune réprobation de la part des médiacrates et de ces grandes consciences morales qui invoquent en permanence les fameuses « valeurs ripoublicaines ». Soyons certains que si des militants identitaires osaient protester contre l’implantation d’une librairie gauchiste, d’un centre d’accueil pour immigrés clandestins ou d’une salle de shoot, les condamnations judiciaires tomberaient aussitôt.

La vie est un combat incessant. Les gérants de ces honorables librairies le savent. En dépit de journées fastidieuses et face à une adversité certaine, ils ne plient cependant pas. Au contraire, ils persistent et signent, fiers du travail déjà accompli, et certainement ravis d’emmerder les fanges de l’infrapolitique hexagonale.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 22, mise en ligne le 1er mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.

jeudi, 03 février 2022

 "Raciste" : la cancel culture contre le lauréat du prix Pulitzer Wilson

Plos_wilson.jpg

"Raciste" : la cancel culture contre un lauréat du prix Pulitzer: Edward O. Wilson

Edward Osborne Wilson, décédé en décembre dernier, est aujourd'hui accusé de racisme par le magazine Scientific American. Un autre intellectuel dans le collimateur de la cancel culture !

par Roberto Vivaldelli 

Source: https://www.ilgiornale.it/news/mondo/razzista-cancel-culture-contro-premio-pulitzer-wilson-2005591.html

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Edward O. Wilson, décédé le 26 décembre dernier, était un biologiste américain de renommée mondiale. Fondateur de la sociobiologie et professeur à Harvard depuis 1956, Wilson a fait un certain nombre de découvertes scientifiques importantes au cours de sa carrière, notamment la découverte que les fourmis communiquent principalement par la transmission de substances chimiques, les phéromones. En 1971, il a publié The Insect Societies, son ouvrage définitif sur les fourmis et autres insectes. Ce livre donne une image complète de l'écologie, de la dynamique des populations et du comportement social de milliers d'espèces. Dans le célèbre ouvrage In Human Nature (1978), pour lequel il a reçu le prix Pulitzer en 1979, Wilson discute de l'application de la sociobiologie à l'agressivité, à la sexualité et à l'éthique humaines. Un intellectuel fondamental, aujourd'hui visé par les fondamentalistes du politiquement correct qui voudraient rediscuter et réviser sa figure qui fait largement autorité.

62555.jpg

71OSlNZmWeL.jpg

Wilson accusé de racisme

Quelques semaines après sa mort, comme le rapporte Il Foglio, le magazine Scientific American a publié un article controversé, contesté par de nombreux scientifiques, dans lequel le célèbre biologiste est accusé de racisme. Dans son éditorial, Monica R. McLemore, professeur associé au département des soins infirmiers en santé familiale et chercheur à l'Advancing New Standards in Reproductive Health de l'université de Californie à San Francisco, explique comment la Nouvelle synthèse de Wilson "a contribué à la fausse dichotomie entre nature et acquis" et a lancé l'idée que les différences entre les humains pouvaient être expliquées par la génétique, l'hérédité et d'autres mécanismes biologiques. "Découvrir que Wilson pensait de cette façon a été une grande déception", observe McLemore. Le biologiste américain, dit-elle, "était convaincu par des croyances problématiques".

51CwVF3+ruL.jpg

Ses prédécesseurs - le mathématicien Karl Pearson, l'anthropologue Francis Galton, Charles Darwin, Gregor Mendel et d'autres - n'étaient pas différents et ils ont eux aussi publié des ouvrages et des théories pleins d'idées racistes sur la répartition de la santé et de la maladie dans les populations, sans aucune attention au contexte".

Mais le plus grave est que ce procès idéologique et médiatique se déroule sans que le savant incriminé, décédé en décembre dernier, puisse au moins se défendre contre la nouvelle inquisition du politiquement correct. C'est grave, d'autant plus que les accusations proviennent d'une revue qui est généralement considérée comme scientifique et faisant autorité. Les idées et les théories de Wilson peuvent être revues, remises en question et revisitées, mais le qualifier de "raciste" et le jeter dans la poubelle de l'histoire est une abomination typique de la cancel culture.

51vd-d5uP4L._SX324_BO1,204,203,200_.jpg

"Il n'est pas raciste de croire aux différences génétiques"

Le député conservateur Daniel Finkelstein a dénoncé dans le Times les délires bien-pensants du magazine américain en soulignant que la croyance en des différences génétiques n'est pas du tout synonyme de "racisme", comme les militants progressistes voudraient nous le faire croire. En novembre 1978, se souvient Finkelstein, une femme s'est approchée de ce plus grand spécialiste mondial des fourmis et a commencé à lui verser une cruche d'eau sur la tête. L'incident a eu lieu lors d'une réunion de l'Association américaine pour l'avancement des sciences. Le scientifique mis en cause était bien sûr Edward O Wilson, qui s'apprêtait à donner une conférence sur la sociobiologie, un domaine dans lequel il était un pionnier. "C'était une attaque contre la vérité, contre la liberté de pensée et contre la démarche scientifique. Et les attaques de ce genre ne sont pas encore terminées. Il reste du travail à faire pour y résister", explique M. Finkelstein. L'éditorial décousu de Scientific American en est la preuve.

mercredi, 02 février 2022

Culture woke : quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé"

wokeimages.jpg

Culture woke : quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé"

Par Juan Manuel de Prada

Source: https://kontrainfo.com/cultura-woke-quien-se-atreve-a-desafiar-la-hegemonia-del-discurso-oficial-debe-ser-cancelado-por-juan-manuel-de-prada/


Il ne suffit plus d'organiser des conférences de presse au cours desquelles les questions des journalistes ne sont pas autorisées ; il ne suffit plus de permettre que les questions soient posées uniquement par les médias adeptes de la génuflexion permanente, condamnant les frondeurs à jouer le rôle de public muet. Il s'agit maintenant de garantir que seules les "versions officielles" concoctées à La Moncloa soient diffusées, en masquant les sources des médias plus critiques, qui seront ainsi obligés d'"écrire par ouï-dire" et pourront être plus facilement discrédités par les "vérificateurs" - ces Janissaires au service des "versions officielles"-, qui classeront toutes leurs nouvelles comme des "canulars" (ou feik nious, ce qui est plus parlant).

Au moment où les esprits s'échauffent, quiconque ose contester l'hégémonie du discours officiel doit être "annulé". Toute forme de dissidence, aussi légère soit-elle, est considérée comme illégitime, pernicieuse, dangereuse pour la paix et la tranquillité qui devraient régner parmi les masses crétinisées, dont le pouvoir s'érige en protecteur ultime. Jefferson a déclaré que "si je devais décider si nous devions avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un instant à préférer le second". Dans cette ère de la mort, le dilemme de Jefferson n'a pas de sens, car le gouvernement dispose de mécanismes suffisants pour garantir que ses "versions officielles" prévalent : il dispose de médias dépendants qui lui servent de porte-voix, de "fact-checkers" chargés de stigmatiser les médias dévoyés, de cacatoès et de perroquets qui régurgitent ses slogans et désignent les hérétiques qui osent les contester, il a des chiens de garde dans les réseaux sociaux chargés de la chasse aux sorcières et de la criminalisation des dissidents, il y a - en bref - des masses crétinisées qui réagissent de manière pavlovienne, perméables à l'agitation la plus grossière, et prêtes à diaboliser toute forme de journalisme critique.

Ainsi, le journalisme consacré à l'examen critique du pouvoir est en train de disparaître. A l'ère de la folie woke, c'est le pouvoir qui se consacre à scruter les journalistes dignes de ce nom, à les transformer en ennemis publics que les masses crétinisées peuvent harceler dans les latrines d'internet, voire aller gribouiller des injures sur le pas de leur porte. À l'ère du réveil woke, le pouvoir établit la vérité ; et, non content de cela, il dicte également qui est légitimé à la diffuser et qui doit être expulsé dans les ténèbres. Et, en même temps qu'il s'attelle à cette tâche de contrôle du journalisme gênant, le pouvoir peut mobiliser ses cacatoès et ses perroquets, subventionner ses "truthers", fouetter ses chiens de garde sur les réseaux sociaux, flatter les masses de lourdauds sectaires qui ne comprennent plus que, dans le journalisme, les faits sont sacrés mais que le jugement qu'ils méritent est différent. Maintenant, tout jugement dissident peut être purgé. Et la purge a commencé.

jeudi, 13 janvier 2022

La guerre culturelle des libéraux : comment les livres indésirables finissent à l'index

feu_livres.jpg

La guerre culturelle des libéraux : comment les livres indésirables finissent à l'index

Roberto Vivaldelli

Source: https://it.insideover.com/societa/la-guerra-culturale-dei-liberal-cosi-i-libri-indesiderati-finiscono-allindice.html

L'édition américaine a-t-elle un problème avec la liberté d'expression ? C'est le titre d'un article écrit par le journaliste Pierluigi Battista publié dans le Huffington Post. La question découle de la récente controverse suscitée ces dernières semaines par le prétendu refus de la maison d'édition Random House qui, selon certaines rumeurs, aurait annulé la publication d'un recueil d'essais de Norman Mailer, prévue pour le centenaire de la naissance de l'écrivain. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Comme l'explique le New York Times, il ne s'agit pas de censure pour une fois: la collection, qui comprend des écrits inédits provenant des archives de Mailer et des extraits de lettres, de manuscrits et d'entretiens, a été acquise par l'éditeur indépendant Skyhorse après que Random House, l'éditeur de longue date de Mailer, a refusé de faire une offre. Si le fils du grand écrivain s'est avoué "déçu" par cette décision, cette fois, la culture de l'annulation n'y est pour rien.

L'hystérie des woke et la liberté d'expression

Une porte-parole de Random House a souligné dans une déclaration qu'il est "factuellement incorrect que Random House ait annulé un livre d'écrits de Norman Mailer", ajoutant que l'essai n'a jamais été sous contrat et que Random House continue de publier une grande partie des écrits de l'écrivain. La controverse est terminée ? Bien sûr que non. Comme l'explique The Newt, la décision de l'entreprise a déclenché un nouveau débat sur la cancel culture et la menace pour la liberté d'expression dans le monde anglo-saxon et au-delà. Selon de nombreux observateurs, les éditeurs ont désormais trop peur de provoquer une controverse ou de devenir la cible de campagnes vicieuses dans les médias sociaux et refusent désormais de publier des auteurs provocateurs ou polarisants.

Et ils ont raison. Skyhorse, une maison d'édition indépendante, est devenue une sorte de dernier refuge pour ces auteurs victimes du politiquement correct et de l'hystérie woke. Ces dernières années, elle a repris des titres abandonnés par d'autres éditeurs, notamment les mémoires de Woody Allen et une biographie de Philip Roth, que W. W. Norton avait retirée de la circulation après que son auteur, Blake Bailey, a été accusé d'agression et d'inconduite sexuelles. Accusé, pas condamné. "Doit-on constater l'existence d'une maison d'édition refuge comme Skyhorse ?", demande Pierluigi Battista dans son article "Y a-t-il un problème de liberté d'expression dans la grande industrie de l'édition américaine ?". La réponse est oui. Voyons pourquoi.

Le débat sur la cancel culture

Au-delà du cas spécifique de Mailer, la cancel culture existe et constitue un sérieux problème pour la liberté d'expression. L'émergence envahissante d'un néo-moralisme de salon a conduit de nombreux éditeurs à s'abstenir de publier des livres déjà sous contrat par crainte de répercussions diverses et d'être marqués à vie par les croisés du politiquement correct. Sans compter qu'en pleine vague de censure, après la polémique autour de la faible représentation des minorités dans le monde du livre, certains éditeurs ont dû nommer des consultants spécifiquement dévoués au thème de l'inclusivité: la maison d'édition HarperCollins UK, par exemple, a nommé Maheen Choonara "manager of diversity, inclusion and belonging" début 2021. La seule présence d'une telle figure en dit long sur le climat de l'édition.

Les temps sont durs, surtout pour les auteurs qui défient le politiquement correct. Comme le rappelle le Guardian, en avril dernier, plus de 200 employés de S&S aux États-Unis ont demandé à la direction de l'entreprise de retirer un contrat à sept chiffres avec l'ancien vice-président américain Mike Pence. Pas vraiment le dernier des inconnus. Pourquoi ? Il était du côté du détesté Donald Trump. Il est également arrivé que certains auteurs progressistes décident de ne pas publier leurs œuvres auprès de maisons d'édition qui comptaient dans leur catalogue des personnalités liées au monde de la droite américaine. Roxane Gay (photo), par exemple, a retiré un contrat de livre avec S&S en 2017 après que cette dernière a décidé de publier un titre du provocateur de l'"alt-right" Milo Yiannopoulos (qui a ensuite été effectivement annulé).

AVT_Roxane-Gay_770.jpg

Pankaj Mishra a révélé qu'il avait écrit à son éditeur, Penguin Random House India, pour lui demander de reconsidérer la réimpression d'un livre du Premier ministre Narendra Modi pendant la crise du Covid-19 dans le pays. Hachette a annulé un contrat avec l'écrivain féministe Julie Burchill pour son livre Welcome to the Woke Trials en raison de tweets qualifiés par certains d'"islamophobes", et le personnel de la même maison d'édition avait menacé de ne plus travailler avec la créatrice de Harry Potter, J.K. Rowling, en raison de ses déclarations contre l'idéologie transgenre.

Welcome_to_the_Woke_Trials.jpgSans parler de la guerre déclarée par le personnel de Penguin Random House Canada contre le dernier ouvrage du psychologue et coach de vie canadien Jordan Peterson, victime d'une "fatwa" en raison de ses prises de position contre le politiquement correct. Et ainsi de suite. Des auteurs qui sont souvent mis au pilori non pas pour la qualité de leurs écrits, mais pour avoir exprimé des opinions qui vont à l'encontre du courant libéral-progressiste dominant. C'est suffisant pour être censuré et "supprimé", avec tout le respect dû à la liberté d'expression. 

Les classiques sont victimes du politiquement correct

Les auteurs contemporains ne sont pas les seuls à être victimes de la cancel culture. Le même sort a été réservé aux grands classiques de la littérature, comme nous l'avons signalé à plusieurs reprises dans les colonnes de ce journal et de Giornale.it. En février de l'année dernière, l'université de Leicester a annoncé son intention de mettre au placard le géant littéraire Geoffrey Chaucer en faveur de "modèles de remplacement plus respectueux de la race et du genre". L'université a justifié cette décision par la nécessité de "moderniser le programme d'études et de le rendre plus approprié aux sensibilités et aux perspectives des étudiants en littérature anglaise". Le même sort a été réservé à William Shakespeare, qui a fini dans la moulinette de la culture cancelled, ses œuvres merveilleuses étant boycottées, revisitées, décontextualisées. Au plus tard en octobre dernier, le célèbre Globe Theatre de Londres - le théâtre reconstruit en 1997 où se produisait la compagnie de Shakespeare - a organisé une série de "séminaires antiracistes" pour disséquer et réfléchir aux œuvres du Barde. L'accent a été mis principalement sur La Tempête, une œuvre appartenant à la dernière phase de la production du dramaturge anglais, qui a longtemps été qualifiée de "raciste" et de "colonialiste" dans le monde anglo-saxon.

177229530-352-k123534.jpgSi même Mark Twain devient raciste

Et que dire des Aventures de Tom Sawyer, le grand classique de Mark Twain ? Les démocrates du New Jersey ont tenté de censurer le livre et d'ordonner son retrait du programme scolaire. L'objection est qu'il s'agit d'un roman sur le racisme, qui se déroule sur les rives du Mississippi au XIXe siècle, dont l'un des personnages principaux est un esclave en fuite, mais qui contient des insultes raciales. Et donc il doit être supprimé, oublié. Toujours dans le bastion démocrate du New Jersey, deux membres afro-américains de l'Assemblée ont introduit il y a quelque temps une résolution demandant aux districts scolaires de retirer Les Aventures de Huckleberry Finn, un autre joyau de Twain, en raison des "insultes raciales" qu'il contient et de la "représentation d'attitudes racistes qui pourraient perturber les élèves".

Parce que les pasdarans de la cancel culture, si personne ne l'a encore remarqué, ne reculent devant rien : tout ce qui est produit par "l'homme blanc" et la "culture patriarcale", selon leur point de vue idéologique, fondamentaliste et totalitaire, mérite d'être supprimé. Comme l'explique l'intellectuel français Alain de Benoist dans son essai La nouvelle censure. Contre le politiquement correct, publié en Italie par Diana Edizioni, "de nos jours, la censure est justifiée par le droit des minorités à ne pas être offensées. Ces minorités ne sont nullement des communautés ou des corps constitués au sens traditionnel du terme, mais des groupes d'individus disjoints qui, au nom d'une supposée origine ou orientation sexuelle du moment, cherchent à désarmer toute critique sur la seule base de leur allergie à la stigmatisation. Leur stratégie peut se résumer en trois mots : stupéfier, blâmer, imposer. Et pour ce faire, se faire passer pour des victimes".

mardi, 25 mai 2021

Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

275549-dante_peterlin.jpg

Dante Alighieri: une nouvelle victime de la cancel culture

Alexandre Douguine

Ex : https://katehon.com/ru/article/dante-aligeri-novaya-zhert...

Le 21 mai 1265, Dante Alighieri naquit en Italie, mais en Occident, cette date n'est plus célébrée.

Aujourd'hui, ce serait tout simplement dangereux de la célébrer. Comment cela se fait-il, me direz-vous? Dante est le symbole de la poésie occidentale, un classique mondialement connu. C'est vrai. Mais ce génie médiéval italien n'a pas non plus été épargné par la guillotine du politiquement correct.

Lorsque la Divine Comédie est tombée entre les mains de défenseurs des droits de l'homme, de libéraux et de mondialistes enragés, ils ont jugé l'œuvre de Dante ‘’politiquement incorrecte’’. Et c'est tout. Pas de Dante. Il est devenu une autre victime de la nouvelle culture politique. Désormais, ses œuvres ne peuvent être imprimées qu'avec des coupures et avec la mention que leur contenu est non politiquement correct.

Dante-1.jpg

Techniquement, Dante a fait placer le fondateur de l'Islam dans une partie pas très agréable de l'espace sacré. Et les libéraux, qui ne se soucient généralement pas de l'Islam, ni d'aucune religion traditionnelle d'ailleurs, ont soudainement décidé qu'une telle lecture pourrait avoir un effet négatif sur le psychisme des migrants originaires de pays islamiques. Et qu'ils doivent en être protégés afin de ne pas provoquer des accès d'agressivité imprévisibles.

Cela semble absurde, mais dans notre monde, presque tout semble absurde. Il est temps de s'y habituer.

Ici, tous les protagonistes de cette censure sont dans la position de l’idiot complet :

  • Les censeurs eux-mêmes (tout d'abord, on peut imaginer le vieux Soros accompagné de la petite Greta Thunberg feuilletant La Divine Comédie, soulignant les endroits suspects) ;
  • et les Européens, qui doivent maintenant se repentir non seulement du colonialisme et du meurtre du junkie Floyd, mais aussi de Dante ;
  • et les musulmans eux-mêmes, qui semblent si faibles d'esprit qu'ils sont incapables d'apprécier la distance qui sépare le Moyen Âge chrétien de l'Europe moderne, et prennent tout au pied de la lettre et réagissent immédiatement de manière brutale - comme des maniaques incontrôlables.

Mais il est clair que la localisation de Mahomet dans l’œuvre de Dante n'est qu'une excuse. Dante est l'encyclopédie du Moyen Âge européen, le grand monument de la théologie, de la philosophie, de la poésie, de la culture. Dante est l'apogée de l'esprit chrétien de l'Europe occidentale du moyen-âge, le chantre solennel de l'Empire, de la religion et de l'amour chevaleresque. De nombreuses générations d'Européens se sont inspirées de Dante pour former leur personnalité. Selon les modèles posés par Dante, les héros de l’Europe ont construit leur destin et leur vie. Fideli d'amore - Fidèles d'Amour. Dante a exprimé les idéaux de cette société courtisane chevaleresque de l'élite aristocratique chrétienne.

C'est pour cela que Dante est exécuté aujourd'hui. Il est le porteur d'une autre Europe - une Europe de l'esprit et de l'idée, de la foi et de l'honneur, du service et du grand Amour. Les gouvernants modernes de l'Europe détestent tout cela farouchement. C'est pourquoi ils interdisent Dante, le retirent des programmes d'enseignement, l'accusent de manquer de tolérance et le soumettent à la honte.

L'Europe détruit ses fondations, érode ses piédestaux, jette hors de leurs tombes les reliques impérissables des génies.

Nous ne devons en aucun cas nous engager dans cette voie. Il s'agit de protéger non seulement nos génies russes, mais aussi les grands penseurs, artistes et poètes d'Europe. La Russie n'a jamais été un pays européen, mais nous avons toujours été capables d'apprécier la grandeur européenne - la pensée, l'art et le génie. Même si les Européens ne nous comprenaient pas, nous les comprenions. Et nous avons respecté ce qui était admirable chez eux. Aujourd'hui, alors que les Européens jettent le grand Dante à la poubelle de leur civilisation effondrée, il est grand temps de l'élever et de l’inscrire sur notre bannière.

cinq-choses-a-savoir-sur-dante.jpg

Dante est à nous. Nous le connaissons, l'honorons, le lisons, l'enseignons et le comprenons. Sans le vouloir, la Russie se retrouve dans le rôle de gardien et de protecteur des valeurs européennes, mais des valeurs, et non des résultats de la décadence européenne, de la décadence et de la dégénérescence. Le libéralisme et la mondialisation ne sont pas encore le lot de toute l'Europe. De plus, c'est l'Anti-Europe.  Par conséquent, en les adoptant, l’Europe renonce à ses racines. Nous n'abandonnons pas les nôtres. Et les génies européens sont proches de nous.

L'amor che move il sole e l'altre stelle

Nous devons être des Fidèles d'Amour.

Et si l'Amour s'épuise, qu'est-ce qui fera bouger le soleil et les étoiles ?

mercredi, 19 mai 2021

L'air de la censure souffle: je crains le pire...

unnamcensurematraque.jpg

L'air de la censure souffle: je crains le pire...

par Diego Fusaro

Source : Diego Fusaro & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/soffia-aria-di-censura-temo-il-peggio

Le tournant autoritaire qui caractérise le mode de production capitaliste de ces derniers temps, et que l'urgence épidémiologique du coronavirus a renforcé avec un timing incroyable, trouve sa correspondance précise aussi et non pas secondairement dans la limitation croissante des espaces de liberté permis par l'ordre discursif dominant. There is no alternative, l'infâme devise de Thatcher, qui proscrit effectivement la possibilité ontologique de vivre autrement que selon le modus libéral, devient de plus en plus le critère des régimes de vérité: ou, mieux, du régime de vérité au singulier, c'est-à-dire du seul ordre de discours autorisé; celui, en fait, qui agit comme un complément idéologique aux relations de pouvoir dominantes dans le capitalisme technocratique et postbourgeois tardif. Notre époque est donc candidate pour devenir la première où la problématisation critique et le doute socratique en tant que tels sont ostracisés par la stupide catégorie dite de la "conspiration", répétée à la façon du perroquet par le troupeau domestiqué des derniers hommes de la civilisation de masse.

censure-facebook.jpg

Avec la catégorie du ‘’complot’’, en outre, on ne fait rien d'autre que de dénier le droit à l'existence à tout discours qui ne coïncide pas millimétriquement avec ce qui est prétendument vrai, parce que les groupes dominants en ont décidé ainsi. En bref, il est temps de s'en remettre et de l'admettre ouvertement: même l'ordre néolibéral peut s’avérer répressif et intolérant, tout comme les formes que l'on a l'habitude de définir, par rapport au XXe siècle, comme totalitaires.

L'année 2021, qui a commencé par l'exil forcé hors des réseaux sociaux même pour le président sortant des États-Unis d'Amérique Donald Trump, se poursuit maintenant de manière cohérente avec la censure des livres (interdits de librairie) qui osent critiquer le nouvel ordre érotique prôné par le projet de loi Zan, comme cela s'est produit ces jours-ci, et puis aussi avec la tempête à la Rai, dont on parle beaucoup ; une tempête provoquée par une émission de Raidue, qui avait l'audace de critiquer ce merveilleux paradis que l'on ne peut que louer et qui porte le nom glorieux d'Union européenne. "Intolérable, nous avons besoin d'un changement radical": ce n'est pas une phrase extrapolée d'un procès de la Sainte Inquisition, qui aurait culminé avec le bûcher du malheureux hérétique du moment ; c'est plutôt, selon ce que rapporte La Stampa de Turin, le commentaire éclairé du toujours lucide et réfléchi secrétaire du "parti démocratique" - jamais le nom n'a été plus orwellien - Enrico Letta. Lequel Enrico Letta, on s'en souvient, a écrit il y a quelques années un pamphlet intitulé sans équivoque Mourir pour Maastricht, qui méritera peut-être un jour une place à part dans les archives de l'histoire de l'idéologie politique: en effet, le titre prometteur n'a pas clarifié quel était le sujet de "mourir pour Maastricht" et maintenant surgit un doute plus que légitime que le sujet, rétrospectivement, était la libre pensée.

censure_cinema_et_television_-_kianoush_2012-02-14-4017bisok.jpg

En bref, un projet misérable comme l'Union européenne, né comme une contre-offensive impitoyable du capital vainqueur après 1989 contre les classes ouvrières d'Europe, ne pouvait que culminer avec la mort de la liberté de pensée et d'expression. La mort au nom du progrès et de la lutte contre toutes les discriminations, soyons clairs. Les mots de Letta, en réalité, laissent peu de place à la fantaisie: le changement radical qu'il invoque avec une fureur héroïque est, simplement, le réalignement immédiat et sans négociations possibles sur l'ordre du discours hégémonique; celui qui, précisément, vous laisse généreusement dire ce que vous voulez sur l'Union européenne, à condition que ce que vous voulez dire coïncide avec ce que les groupes dominants du bloc néolibéral oligarchique veulent faire dire. Nous n'en sommes qu'au début, remarquez bien. Il devient de plus en plus clair que la combinaison du capitalisme et de la démocratie n'était qu'une parenthèse éphémère de la seconde moitié du 20ème siècle: la Restauration du capital est en cours et est destinée à aller beaucoup plus loin, si elle ne rencontre pas des formes de résistance active par le bas. C'est à nous de décider ce que nous allons faire de notre histoire: continuer à souffrir en silence, en perdant un morceau de liberté et d’autonomie après l'autre, ou mettre de côté la "résilience" pour revenir à la pratique de formes saines et appropriées de résistance.

10:38 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, censure, néolibéralisme, diego fusaro | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 10 avril 2021

Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

eb5e25d280e3562a88971b7004be0124.jpg

Aujourd'hui, Baudelaire serait la victime de la ‘’cancel culture‘’ et des ligues de vertu

par Giulio Meotti

Source : Il Foglio & https://www.ariannaeditrice.it/

C'est l'époque où Peter Pan est interdit aux enfants par la bibliothèque publique de Toronto, où l'éditeur néerlandais Blossom Books retire Mahomet de l'Enfer de Dante et où l'on enregistre chaque jour une censure pour satisfaire les indignés professionnels. C'est le moment où Dan Franklin, qui a publié Ian McEwan et Salman Rushdie aux éditions Jonathan Cape, déclare: "Je ne publierais pas Lolita aujourd'hui. Avec MeToo et les médias sociaux, vous pouvez susciter l'indignation en un clin d'œil. Si on me proposait Lolita aujourd'hui, je ne le ferais jamais passer et un comité de trentenaires dirait: "Si vous publiez ce livre, nous allons tous démissionner". Presque normal alors de lire Michel Schneider, biographe de Charles Baudelaire, qui dans le Point déclare que son favori, l'auteur des Fleurs du mal, serait aujourd'hui fustigé et censuré.

41Mupr6g64L._SX337_BO1,204,203,200_.jpgRédacteur des lettres à la mère de Baudelaire ("Cette maladresse maternelle me fait t'aimer davantage") et auteur du livre Baudelaire. Les années profondes, Schneider écrit qu'’’en ces temps d'insignifiance où l'on ne croit plus ni à Dieu ni au Diable, ni au bien ni au mal, ces Fleurs du mal, ce livre d'une vie condamnée en justice, mélange impur de sublime et de satanique, se sont effacées." C'est le bicentenaire de la naissance de Baudelaire et l'édition, qu'il voulait "définitive" mais n'a pas réussi à faire publier, est rééditée. "Baudelaire a vomi le progressisme et l'égalitarisme triomphants de notre monde postmoderne, et il est difficile d'entendre son dégoût et sa haine (de lui-même avant tout) sans frémir devant une telle prescience".

Voici l'édition publiée par Calmann-Lévy en 1868 et jamais réimprimée depuis. Il comprend les poèmes rejetés par la censure. Un volume restauré par Pierre Brunel, professeur émérite à la Sorbonne. "'Les Fleurs du mal' serait censuré aujourd'hui", écrit Schneider. "Leur contenu ferait probablement l'objet de demandes d'interdiction et de campagnes vindicatives de la part des ligues de vertu du féminisme radical et de la ‘cancel culture’" Ce "Dante d'un âge déchu", comme Baudelaire est appelé par Barbey d'Aurevilly, a été envoyé devant les magistrats pour "offense à la morale chrétienne", tandis que le procureur Pinard (le même que dans le procès de Madame Bovary) s'exclame: "Croyons-nous que certaines fleurs au parfum étourdissant soient bonnes à respirer ?".

Aujourd'hui, écrit Michel Schneider, on lirait dans les vers de Baudelaire un hymne au harcèlement de rue et une justification de l'inceste. "J'ai toujours été surpris que les femmes soient autorisées à entrer dans les églises", écrit Baudelaire. Ça ne passerait jamais.

"Et pour ne pas offenser les "racisés", poursuit Schneider dans le Point, ces lignes devraient être réécrites dans des éditions destinées à un "public sensible": « Je pense au nègre, décharné et céphalique qui foule la boue et regarde, d'un œil ahuri, les cocotiers... ».

008666719.jpgEt même si nous ne trouvions pas dans les vers du poète un hymne à quelque méfait idéologique, Baudelaire serait fustigé pour sa haine mesquine de la démocratie: "Nous avons tous l'esprit républicain dans les veines, comme la variole dans les os. Nous sommes démocratisés et syphilisés". Un réactionnaire baudelairien, donc. "Oui, vive la révolution!" écrit-il encore. "Toujours ! Mais je ne suis pas dupe! Je dis: vive la Révolution! Comme je le dirais: vive la destruction ! Vive l'expiation ! Vive la punition ! Vive la mort !".

De plus, un ennemi haineux de la fraternité entre les peuples: "Il est difficile d'assigner une place au Belge dans l'échelle des êtres vivants. Cependant, nous pouvons dire qu'il doit être classé entre le singe et le mollusque. C'est un ver que nous avons oublié d'écraser. Il est complètement stupide, mais il est aussi résistant que les mollusques". Mais le plus grand péché de Baudelaire est de nous rappeler que croire au progrès, à l'amélioration de l'humanité, débarrassée de ses erreurs et de ses malheurs, est l'un des meilleurs moyens de faire tourner les guillotines.

 

samedi, 17 octobre 2020

Dix professeurs de droit contre "la police de la pensée" à l'université

thought-police.jpg

Dix professeurs de droit contre « la police de la pensée » à l'université

 
 
Auteur : Le Point
Ex: http://www.zejournal.mobi

Ils dénoncent, dans une tribune, le « lynchage » dont serait victime l'un de leurs collègues de Paris-1, après un cours controversé sur le mariage pour tous.

Une dizaine de professeurs de droit (*), parmi lesquels le constitutionnaliste Olivier Beaud (Paris 2-Panthéon-Assas) et le civiliste Rémy Libchaber (Paris-1-Panthéon-Sorbonne) dénoncent, dans une tribune transmise au Point, le « lynchage médiatique » et la mise « au pilori » de leur collègue Aram Mardirossian. Cet historien du droit de Paris-1 a suscité une vive polémique après son cours d'histoire du droit de la famille, le 29 septembre, dans lequel il revendiquait haut et fort son hostilité au mariage pour tous, avant de se lancer dans une improbable comparaison chevaline : « Donc, il va y avoir forcément quelqu'un, un jour, qui va aller devant un tribunal et qui va dire : “Voilà, je suis discriminé, j'ai une jument, je l'adore, je ne peux pas l'épouser, c'est un scandale. C'est une discrimination !” » avait-il lancé à ses étudiants de L2. Le cours avait été filmé par l'un d'eux et aussitôt mis en ligne sur les réseaux sociaux, déclenchant une avalanche de réactions hostiles, sur Internet, de nombreux militants LGBT, dénonçant notamment « une comparaison scandaleuse entre homosexualité et zoophilie ».

Depuis, la boîte mail de cet enseignant-chercheur, spécialiste de l'histoire du droit arménien, agrégé des facultés de droit et directeur d'études à l'École pratique des hautes études, est saturée de messages d'insultes. Il n'a pas remis les pieds à la fac et assure ses cours en visioconférence, certains étudiants l'ayant menacé de venir « bordéliser son amphi », s'il s'aventurait à y remettre les pieds. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour examiner la possibilité d'éventuelles poursuites pour « injures homophobes » ; l'administrateur provisoire de l'université Paris-1, Thomas Clay, a « condamné » ses propos par voie de communiqué ; certains de ses collègues réclament à présent sa suspension et un renvoi en conseil de discipline.

« Une chasse à l'homme », dénoncent ses soutiens. « Nous ne sommes pas dans une défense corporatiste, pas non plus dans un débat politique pour ou contre le mariage pour tous. Ce que nous défendons, c'est la liberté académique, la liberté d'expression de l'enseignant-chercheur », confie le Pr Libchaber, l'un des coauteurs de la tribune.

« Lynchage »

Celle-ci revient d'abord sur l'affaire : « La scène médiatique s'est récemment emballée à propos de la diffusion d'extraits d'un cours donné à l'université de Paris-1, où un professeur d'histoire du droit exprimait d'une manière incisive son analyse de l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe et sur l'évolution contemporaine du droit de la famille. Il fut aussitôt lynché publiquement, les médias relayant ad nauseam qu'il aurait comparé l'homosexualité à la zoophilie. Les autorités suivirent l'opinion publique, comme toujours dans ce genre de circonstances, et l'université de Paris-1 – en pleine campagne électorale – ne manqua pas de stigmatiser son enseignant avec la complicité de quelques collègues zélés. Le parquet est désormais saisi des propos litigieux », rappellent les signataires.

unnamedpolp.jpg

« La messe est-elle dite ? À présent que l'émoi médiatique se dissipe, il est temps d'analyser objectivement les faits, de les évaluer et d'essayer de comprendre ce qui se joue devant nos yeux », suggèrent-ils. « Dans son cours, l'enseignant a évoqué le « mariage homosexuel » auquel il n'est pas favorable, tout en admettant qu'on puisse l'être. Il a relevé que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe a été consacrée par le jeu du principe de non-discrimination, ce qui n'est guère contestable. Or, ce principe lui paraît dangereux en ce qu'il peut mener à tout : d'où un développement, a priori surprenant, sur l'éventualité d'un mariage entre un homme et un animal, qui, selon lui, pourrait être une conséquence lointaine de la combinaison entre l'usage fait de l'interdiction des discriminations et la reconnaissance hypothétique d'une personnalité de l'animal », analysent-ils.

« Café du commerce »

Les auteurs de la tribune n'approuvent pas vraiment les développements hasardeux de leur collègue et ils le disent : « En réalité, l'enseignant s'est laissé aller à une improvisation fort peu brillante, car entachée de nombreuses approximations. Son propos, par certains côtés, fait penser à une discussion de café du commerce. On pourrait en effet s'attendre à ce qu'un professeur s'exprime plus rigoureusement lorsqu'il avoue lui-même aux étudiants : “Là, je vais être un peu polémique” et que, par exemple, il ne se lance pas dans l'évocation d'un mariage entre un homme et un animal en évacuant totalement la question centrale du consentement », admettent-ils. « Sur le fond, son discours est seulement discutable, comme toujours lorsqu'on envisage l'aboutissement lointain d'une évolution que l'on s'efforce de décrypter. C'est ce qui a incité quelques personnes, qui ne sont pas forcément d'accord avec ces propos, voire qui contestent l'analyse même qui les fonde, à défendre, à travers l'enseignant critiqué, l'atteinte grave à la liberté académique résultant de la mise en cause dont il fait l'objet depuis que ses propos ont été diffusés dans des conditions d'ailleurs illégales, car les étudiants n'ont pas le droit de diffuser un cours sans l'autorisation de son auteur », dénoncent-ils.

18-juillet-2019-big-brother-is-watching-you.jpg

« Dans cette affaire, ce qui est en jeu, ce n'est rien moins que la liberté d'expression du professeur face à ses étudiants (in the classroom, disent les Américains). En réalité, le professeur cloué au pilori a seulement exprimé son opinion sur l'évolution de la législation en matière de famille et de filiation. Il a ironisé sur les effets potentiels du principe de non-discrimination, conjugué à la reconnaissance demandée par certains de la personnalité juridique des animaux, en adoptant un raisonnement par l'absurde. Dire qu'il a comparé l'homosexualité à la zoophilie, c'est n'avoir pas compris ses développements, ou les déformer volontairement. Que les médias ou les réseaux sociaux reprennent en boucle cette présentation erronée n'étonnera personne puisqu'ils ne sont, pour ceux-ci, et ne sont plus guère, pour ceux-là, que des chambres d'écho », plaident les signataires.

Droit de critique

« Cette affaire pose donc dans toute sa gravité la faculté qui doit être reconnue à un professeur de critiquer l'évolution du droit positif et d'user de provocation pour faire réfléchir les étudiants. C'est cette liberté que le lynchage médiatique dont a été l'objet cet enseignant remet en cause frontalement. Or, l'enseignant en question a déclaré à ses étudiants de façon liminaire la nature « polémique » de ses propos. Il a donc pris la précaution de distinguer soigneusement son opinion personnelle de l'exposé du droit positif et de son histoire. C'est ce qui arrive tous les jours dans les cours de droit où l'enseignant peut être amené à livrer aux étudiants son opinion sur la règle, légale ou jurisprudentielle. La liberté de l'universitaire doit lui permettre de déranger son auditoire, si sa compréhension d'un phénomène, d'une réglementation, d'un procédé, d'une technique le conduit à identifier en son sein des faiblesses, des contradictions, des dangers. Voudrait-on limiter l'office des professeurs de droit à la seule présentation, sans commentaire, du droit positif ? Ne sont-ils pas là d'abord pour stimuler la réflexion de leurs étudiants ? Par ailleurs, que deviendrait un enseignement universitaire s'il devait ménager constamment la « sensibilité » d'un auditoire d'étudiants forcément divers ? », s'interrogent pour finir les « avocats » du Pr Mardirossian.

Improvisation

« Ce qui est en jeu dans la présente mise en cause du professeur d'histoire du droit à partir d'un extrait de son enseignement, c'est ce qui doit constituer le cœur même de l'enseignement supérieur : la liberté, dans la déconstruction des mécanismes, d'en présenter la critique, même radicale, sans que l'on ait à juger de sa pertinence. Remettre en cause cette liberté, c'est succomber à une police de la pensée dont certains s'érigent en vigilants gardiens. Ajoutons que le caractère oral des enseignements, si menacé actuellement du fait de la crise sanitaire, suppose une part d'improvisation, au risque d'imperfections. Veut-on que l'enseignement supérieur se ramène à une récitation de textes écrits, soigneusement relus d'avance par un avocat spécialiste du droit de la presse, se bornant à décrire le droit en vigueur ? L'intérêt des étudiants et celui de la nation n'y trouveraient pas plus leur compte que celui des enseignants », concluent-ils.

* Signataires :

Olivier Beaud (université Paris-2),

Jean-Marie Denquin (émérite, Paris-10),

Yann-Arzel Durelle-Marc (Paris-13),

Rémy Libchaber (Paris-1),

François-Xavier Lucas (Paris-1),

Thierry Revet (Paris-1),

François-Xavier Testu (université de Tours),

Patrick Wachsmann (Strasbourg).


- Source : Le Point

mercredi, 23 septembre 2020

Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

zensur.jpg

Stefan Schubert:

Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

Ex: https://kopp-report.de

»Anti-Hass-Gesetz« nennt die Genossin Christine Lambrecht ihren Frontalangriff auf die Meinungsfreiheit der Bürger. Obwohl der wissenschaftliche Dienst des Bundestages sowie unabhängige Gutachter das Gesetz als »eklatant grundgesetzwidrig« einstufen und selbst Genosse Steinmeier im Schloss Bellevue seine Unterschrift aus diesen Gründen bisher verweigert, beharrt die SPD-Justizministerin auf ihrem totalitären Ansinnen.

51+Ll8FKKfL.jpgDas geplante Gesetz ist ein Generalangriff auf die Gewaltenteilung und Rechtsstaatlichkeit in Deutschland. Facebook und Co. sollen unter Androhung immenser Bußgelder dazu genötigt werden, alle infrage kommenden Kommentare zu melden. Damit würden Facebook und Co. auf eine Stufe mit Strafverfolgungsbehörden wie Staatsanwaltschaft und Polizei gestellt werden.

Aushilfskräfte bei Facebook sollen so die Arbeit von studierten Juristen ersetzen und einordnen welcher Kommentar von der im Grundgesetz geschützten Meinungsfreiheit gedeckt und welcher Post strafrechtlich relevant ist. Die Verfassungswidrigkeit und der totalitäre Ansatz der SPD-Ministerin ist so offensichtlich, dass man dafür kein Jura-Studium benötigt.

Doch damit ist der Plan von Justizministerin Lambrecht noch nicht komplett, die sozialen Netzwerke sollen gleichzeitig gezwungen werden, die Passwörter und IP-Adressen ihrer Nutzer an das BKA weiterzuleiten.

Dem Bürger wird zudem so auch gleichzeitig das Recht einer eigenen Anzeige genommen, sprich, der Betroffene hat keinerlei Anrecht mehr zu entscheiden, ob diese Beleidigung für ihn belanglos oder so unbedeutend ist, und außerdem über keine breite öffentliche Relevanz verfügt, dass eine Nichtbeachtung im konkreten Fall die bessere und die vom Betroffenen auch gewünschte Reaktion ist. All dies will nun Genossin Lambrecht über die Köpfe der Bürger hinweg neu regeln.

Gegenüber dieser Meldepflicht im #NetzDG wirkt die (heiß umstrittene) Vorratsdatenspeicherung wie ein Kindergeburtstag. Doch eine Debatte bleibt im Mainstream vollkommen aus. Diese Erkenntnisse beunruhigen in Zeiten der Corona-Überwachungsmaßnahmen zutiefst, da deutlich wird, dass die Bundesregierung im Zusammenspiel mit den Medien zukünftige, rigide Maßnahmen nur entsprechend framen muss, dann ist den Demokratieabschaffern weiterhin der Applaus der medialen Claqueure gewiss.

Dieser Totalitarismus der Merkel-Regierung stellt auch nicht etwa ein Einzelfall dar, sondern wird strategisch in nahezu alle gesellschaftlichen Bereiche ausgedehnt. Wie weitreichend dieser sozialistische Totalitarismus in Deutschland bereits vorangetrieben wurde, belegt der Autor in seinem aktuellen Buch Vorsicht Diktatur! Wie im Schatten von Corona-Krise, Klimahysterie, EU und Hate Speech ein totalitärer Staat aufgebaut wird.

Meinungsfreiheit nur noch für die Eliten

Den Berufspolitikern der Großen Koalition in Berlin missfällt es seit Jahren, dass sie dank Internet und sozialer Medien im direkten Kontakt mit der Bevölkerung stehen, welchen sie zudem nicht steuern können. Um diese basisdemokratische Teilhabe einzuschränken, zu zensieren und zu kontrollieren, sprechen sie gefühlt seit Monaten nur noch über Hate Speech, Rassismus und die sprachlichen Gemeinheiten, die sie zu ertragen haben.

Doch wie sieht eigentlich die Faktenlage zum sogenannten »Hatespeech« aus? Die Justizministerin, die gerne auch als Verfassungsministerin bezeichnet wird, behauptet, dass »Hass und Hetze« solche Dimensionen im Internet erreicht haben, dass die Demokratie akut gefährdet sei. Wie wir alles wissen, schaffen es linksextreme Mordaufrufe meist nicht in die Talkshows und Nachrichtensendungen von ARD und ZDF, genauso wenig wie die unaufhörliche islamistische Hetze aus radikalen Moscheen und Predigern.

9783864457661.jpgWie die vom antifaschistischen Kampf Beseelten die gesamte Republik unaufhörlich wissen lassen, ist das Gesetz zur Bekämpfung von Hasskriminalität auf rechtsextreme Hetze im Netz maßgeschneidert. Nur wird bekanntlich im Mainstream nicht zwischen einer legitimen rechten Meinung und rechtsextremen Äußerungen unterschieden, und so fragt sich der interessierte Bürger, ab welcher Definition die staatliche Strafverfolgung nun eigentlich einsetzt.

Bereits bei dem Gebrauch von Begriffen wie »Grenzöffnung«, »Bevölkerungsaustausch«, »#NichtMeineKanzlerin«, oder erst ab »Volksverräterin Merkel« und dergleichen? Bei Experten macht längst das böse Wort einer »Gesinnungsjustiz« die Runde.

Wer der vorgegebenen Meinung der regierungskonformen Medien widerspricht, der wird ausgegrenzt, gesperrt, gelöscht, entlassen – dessen Bücher werden boykottiert, unbequeme Redner werden von Hochschulen vertrieben und die allgemeine Zensur greift immer weiter um sich. Ganz offen reden Journalisten und Politiker mittlerweile davon, »rechte« Meinungen zu regulieren.

Die Faktenlage gibt indes die behauptete Demokratiegefährdung durch rechtsextreme Hass-Kommentare eindeutig nicht her. Allein in Deutschland verfügt Facebook über 38,5 Millionen Nutzer, Tendenz ansteigend. Noch deutlicher wird der vollkommen unverhältnismäßige Angriff auf die Meinungsfreiheit mit einer Beispielrechnung. Wenn nur jeder zweite Facebook-Account einen Post oder Kommentar pro Tag veröffentlicht, kommen wir in einer Woche auf rund 140 Millionen Kommentare und im Monat damit auf rund 560.000.000 Posts. Auf ein Jahr hochgerechnet wären dies rund 6.7 Milliarden in Frage kommender Meinungsäußerungen. In den vergangenen Jahren ist gleichzeitig, meist massiv mit Steuergeldern finanziert, eine regelrechte Extremismusindustrie entstanden, wo linke Zeitgenossen ihre Ideologie zu einem Geschäftsmodell ausgebaut haben. Wenn jemand Renate Künast oder die SPD-Frau Sawsan Chebli beleidigt, wird dies nicht nur umgehend angezeigt, sondern auch prominent in den Medien verbreitet. Doch auf Nachfrage muss das Bundesjustizministerium zugeben, dass 2018 in den sozialen Medien bundesweit lediglich 1472 Fälle sogenannter Hasspostings registriert wurden und im Jahr 2019 die Zahl minimal auf 1524 Fälle anstieg. Die Bilanz zum Ende 2019 von Staatsanwalt Christoph Hebbecker von der Zentralstelle für Cyberkriminalität fällt entsprechend ernüchternd aus:

»Wir haben seit Beginn etwa 700 bis 800 Strafanzeigen auf diesem Weg bekommen. In etwa der Hälfte der Fälle – daran sieht man, wie genau wir da differenzieren – haben wir ein Ermittlungsverfahren eingeleitet. Das heißt, in allen anderen Fällen sind wir nach der Prüfung zu dem Ergebnis gekommen: Hier liegt kein Anfangsverdacht vor. Wir haben bislang in etwa 120 Beschuldigte identifizieren können.«

Also: Trotz Millionen von Steuergeldern, die in diese neu installierte Extremismus- wie Überwachungsindustrie geflossen sind, stehen am Ende des Jahres nur 120 verdächtigte Beschuldigte fest (von 83 Millionen Einwohnern), bei denen es zudem in den meisten Fällen noch zu keinerlei rechtskräftigen Verurteilung gekommen ist, sie dementsprechend unter die Unschuldsvermutung fallen. Und trotz dieser Einzelfälle inszenieren Politik, Staatsfernsehen und Mainstream-Medien seit Jahren eine gemeinsame Kampagne, als ob in Deutschland die Apokalypse in den sozialen Netzwerken herrschen würde.

51l1qRjUlQL.jpgZum Vergleich, seit den Grenzöffnungen 2015 hat der Generalbundesanwalt 2645 islamistische Terrorverfahren eingeleitet und das BKA weist 1,3 Millionen Straftaten durch Flüchtlinge aus, darunter Mord, Totschlag, Messerangriffe, Terroranschläge, bewaffnete Raubüberfälle, Drogenhandel, Vergewaltigung und Gruppenvergewaltigung. Eine entsprechende Reaktionen darauf von Genossin Justizministerin? – Fehlanzeige! Gab es aufgrund dieser Verbrechenswelle eine Gesetzesinitiative der Bundesregierung und eine konsequente Abschiebepolitik von kriminellen wie abgelehnten Asylbewerbern? Auch dies nicht. Wurden diese Gefahren für die Bevölkerung in den Medien entsprechend thematisiert und der Kontrollverlust und das Staatsversagen der Politik angeprangert und die Politik endlich zum Handeln aufgefordert? Wir alle kennen die Antwort!

Der propagierte »Kampf gegen Rechts« hat ein tyrannisches Regime erschaffen, unter dessen Vorwand die Bundesregierung die Bürger dieses Landes seiner elementaren Grundrechte wie Meinungsfreiheit, Versammlungs- und Demonstrationsfreiheit beraubt. Neu eingeführte Begriffe wie Hate Speech und Hasskriminalität wurden mit Komplizenschaft der Medien, linker Ideologen und steueralimentierter NGOs im Schnellschritt verbreitet, mit einer Gesetzeshülle versehen und zu einem herrschsüchtigen Zensur- und Unterdrückungsapparat ausgebaut. Längst nehmen sich Diktaturen wie das kommunistische China das deutsche Gesetz zur Verbesserung der Rechtsdurchsetzung in sozialen Netzwerken (NetzDG) als Vorbild zur Unterdrückung der Bevölkerung und zur Kontrolle des Internets, von Facebook, Twitter und YouTube.

Eines wird bei der Begutachtung dieser Vorgänge deutlich: Der Rechtsstaat wird angegriffen. Nicht von rechts, auch nicht von links, sondern durch Genossin Justizministerin und die Bundesregierung.

Bestellinformationen:

» Stefan Schubert: Vorsicht Diktatur!, 320 Seiten, 22,99 Euro – hier bestellen!

» Christian Jung: Staats-Antifa, 285 Seiten, 19,99 Euro – hier bestellen!

» Stefan Schubert: Die Destabilisierung Deutschlands, 336 S., 22,99 9,99 Euro – hier bestellen!

Dienstag, 22.09.2020

lundi, 03 août 2020

La Purge : l’aboutissement naturel de la censure par les « éveillés » est la tyrannie

thepurge.jpg

La Purge : l’aboutissement naturel de la censure par les « éveillés » est la tyrannie

 
Article original de Brandon Smith, publié le 30 juin 2020 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Comme je l’ai déjà fait remarquer dans le passé, pour être conservateur, il faut s’en tenir à certains principes. Par exemple, il faut s’opposer aux grandes intrusions du gouvernement et de l’État dans la vie des individus, il faut soutenir notre cadre constitutionnel et défendre les libertés civiles, et il faut aussi faire respecter les droits de la propriété privée. Les sites web sont en effet une propriété privée, tout comme la maison d’une personne est une propriété privée. Il n’existe pas de droit à la liberté d’expression au domicile d’une autre personne, et il n’existe pas de droit à la liberté d’expression sur un site web.

Cela dit, il y a quelques exceptions. Lorsqu’une société ou un groupe de sociétés détient un monopole sur une certaine forme de communication, des questions juridiques entrent en jeu lorsqu’ils tentent de censurer les points de vue de tout un ensemble de personnes. Les sociétés existent grâce à des chartes parrainées par le gouvernement ; elles sont des créations du gouvernement et bénéficient de certaines protections juridiques par le biais du gouvernement, comme la responsabilité limitée et le statut de personne morale. Les entreprises sont un produit du socialisme, et non du capitalisme de marché libre ; et lorsqu’elles deviennent des monopoles, elles sont soumises à une réglementation et à des limites.

De nombreuses entreprises ont également bénéficié d’importants plans de sauvetage gouvernementaux, avec l’argent du contribuable, et la protection sociale des entreprises. Google et Facebook, par exemple, ont récolté des milliards de dollars de subventions fédérales et étatiques en quelques années. Google ne paie même pas pour l’énorme bande passante qu’il utilise. Il n’est donc pas exagéré de suggérer que si une entreprise bénéficie de la pleine protection du gouvernement, du domaine juridique au domaine financier, elle entre dans la catégorie des services publics. Si elle est autorisée à continuer à monopoliser la communication tout en étant dorlotée par le gouvernement comme étant « trop grande pour faillir », elle devient alors une menace publique.

Cela ne veut pas dire que je soutiens l’idée de la nationalisation. Au contraire, les désastres du socialisme ne peuvent pas être guéris avec encore plus de socialisme. Cependant, les monopoles sont un poison pour les marchés libres et la liberté d’expression et doivent être déconstruits ou abolis.

Au-delà des monopoles d’entreprise, il y a aussi le danger des monopoles idéologiques. Considérez ceci : la grande majorité des entreprises de la Silicon Valley qui contrôlent la part du lion des plate-formes de médias sociaux sont dirigées par des politiciens d’extrême gauche et des globalistes ouvertement hostiles aux valeurs conservatrices et modérées.

En voici un exemple : trois des plus grandes plate-formes sur Internet – Reddit, Twitch et YouTube – ont agi simultanément en un seul jour pour fermer des dizaines de milliers de forums, de diffuseurs de flux et de chaînes vidéo, dont la majorité épousent des arguments conservateurs que les médias appellent des « discours de haine ».

Il est certain qu’au moins quelques unes des chaînes fermées se placent dans une situation de supériorité raciale. Cependant, je continue de voir les médias grand public accuser tous les gens qui sont réduits au silence en ce moment de le mériter en raison du « racisme » et des « appels à la violence », et je n’ai pas encore vu qu’ils offrent une seule preuve à l’appui de ces affirmations.

Un article récent du site Salon de l’hyper-gauche est un parfait exemple de l’hypocrisie et de la folie de la justice sociale laissée à elle-même. Il s’intitule « Twitch, YouTube et Reddit punissent Trump et les autres racistes – et c’est une grande chose pour la liberté ». Voici quelques extraits avec mon commentaire :

Salon : La liberté est impossible pour tout le monde lorsque les points de vue qui prévalent déshumanisent tout le monde. Et il semble que plusieurs grandes plates-formes de médias sociaux soient d’accord, à en juger par les récentes interdictions ou suspensions de comptes racistes sur YouTube, Twitch et Reddit.

Ma réponse

La liberté ne peut pas être enlevée par le point de vue d’une autre personne. Chaque individu a un contrôle total sur le fait qu’il se « sente » ou non marginalisé et aucune désapprobation ne peut réduire une personne au silence si elle ne le permet pas. Si vous êtes faible d’esprit ou manquez de volonté, alors développez une colonne vertébrale au lieu de vous attendre à ce que le reste du monde se taise pour vous mettre à l’aise.

Vous vous souvenez de l’époque où la gauche politique était le bastion du débat sur la liberté d’expression contre la censure de la droite religieuse ? Aujourd’hui, les gauchistes ont leur propre religion – ou culte – et ils ont changé d’avis sur l’importance d’un dialogue ouvert.

1530787006-the-purge.jpg

Salon : Pour ceux qui sont déshumanisés – que ce soit par le racisme, le sexisme, les classes sociales, le capacitisme, le sentiment anti-LGBTQ ou tout autre préjugé – leurs voix sont assourdies ou carrément réduites au silence, et ce faisant, ils perdent leur capacité à participer pleinement à notre démocratie. Nous devons tous vivre dans une société où la haine est découragée, discréditée et, dans la mesure du possible, complètement éliminée de notre discours. Cela ne signifie pas que nous devons qualifier toutes les idées de haineuses simplement parce que nous ne sommes pas d’accord avec elles ; cela va à l’encontre de la célèbre déclaration du président Dwight Eisenhower, « Dans une démocratie, le débat est le souffle de la vie ». Mais lorsque la haine réelle entre dans le dialogue, elle agit comme une fumée toxique dans l’air du débat, étouffant certaines voix et affaiblissant les autres.

Ma réponse

Par où commencer avec le tas fumant d’absurdités de ces « éveillés » ? Tout d’abord, il est impossible d’être « déshumanisé » par l’opinion d’une autre personne à votre sujet. Si cette personne a tort, ou si elle est idiote, son opinion n’a aucun poids et doit être ignorée. Votre valeur n’est pas déterminée par son opinion. Personne ne peut être « réduit au silence » par le point de vue d’une autre personne à moins qu’il ne se laisse faire. S’ils ont raison à votre sujet et vous disent quelque chose que vous ne voulez pas entendre, alors c’est votre problème, pas le leur. Personne dans ce monde n’a le droit d’être protégé contre les opinions d’autrui. Point final.

Cela ne devrait surprendre personne, cependant, que les gauchistes tentent activement de faire taire toute dissidence tout en accusant les conservateurs d’étouffer la liberté d’expression. C’est ce qu’ils font ; ils jouent les victimes tout en cherchant à les persécuter. Ils n’ont pas de principes. Ils ne se soucient pas d’avoir raison, ils ne se soucient que de « gagner ».

En vertu du 1er amendement, tous les discours sont protégés, y compris ce que les gauchistes qualifient arbitrairement de « discours de haine ». Vos droits sont protégés, sauf si vous diffamez sciemment une personne en particulier ou si vous menacez de recourir à une violence spécifique contre une personne en particulier. L’interprétation d’un discours général comme une « menace » en raison de la façon dont il pourrait être ressenti par certaines personnes ne tiendra pas devant un tribunal. Ou du moins, cela ne devrait pas tenir la route…

Les politiciens de gauche se sont déclarés les arbitres de ce qui constitue un « discours de haine », le problème est qu’ils considèrent tout ce qui est conservateur comme raciste, sexiste, misogyne, etc. Aucun être humain ou groupe d’êtres humains n’est assez pur ou objectif pour juger de ce qui constitue un discours juste ou acceptable. Par conséquent, toute parole doit être autorisée afin d’éviter la tyrannie.

Si une idée est injuste, alors la gauche politique a tout à fait le droit de la contrer avec ses propres idées et arguments. Il est inacceptable d’« effacer » toutes les idées opposées du discours public, et c’est exactement ce que le mouvement pour la justice sociale tente de faire. Si vous voulez effacer ces idées de votre propre maison, ou de votre site web personnel, vous êtes parfaitement en droit de le faire, mais vous n’avez pas le droit d’affirmer un monopole sur la parole et le récit politique.

En général, lorsqu’un groupe de fanatiques tente d’effacer des idéaux opposés dans la discussion, cela signifie généralement que leurs propres idéaux ne résistent pas à l’examen. Si votre idéologie est pure et correcte dans sa forme, il ne devrait pas être nécessaire de tromper les masses pour qu’elles l’acceptent en nettoyant l’internet.

Enfin, l’Amérique n’a pas été fondée en tant que démocratie, nous sommes une république, et pour cause. Une démocratie est une tyrannie de la majorité ; un enfer collectiviste où le pouvoir est centralisé entre les mains de quiconque peut rallier 50.01% de la population à sa cause. Les marxistes et les communistes aiment l’idée de « démocratie » et en parlent souvent parce qu’ils pensent qu’ils sont parfaitement équipés pour manipuler les masses et former une majorité. Mais, dans une république, les droits individuels sont protégés sans égard à ce que la majorité croit à un moment donné, et cela inclut le droit à la liberté d’expression.

Dans le même temps, Salon prétend valoriser la libre discussion, puis appelle à la destruction de la liberté d’expression et des idées opposées au nom de la protection de la sensibilité des gens à la peau fragile. En d’autres termes, la liberté d’expression est bonne, à moins que ce soit un point de vue qu’ils n’aiment pas, alors elle devient un discours de haine et doit être supprimée.

purge.jpg

Salon : Reddit a fait référence à une déclaration de Salon expliquant que « nous nous sommes engagés à combler le fossé entre nos valeurs et nos politiques pour traiter explicitement de la haine » et qu’« en fin de compte, il est de notre responsabilité de soutenir nos communautés en prenant des mesures plus fermes contre ceux qui tentent d’utiliser des parties de Reddit comme armes contre d’autres personnes ».

Ma réponse

En d’autres termes, ils n’aiment pas que les conservateurs utilisent leurs programmes contre eux, et comme la gauche politique est incapable de présenter des arguments valables pour défendre ses convictions et qu’elle est en train de perdre la guerre culturelle, ils jouent le tout pour le tout et cherchent plutôt à effacer tous les conservateurs de leurs programmes. L’excuse du « discours de haine » n’est qu’un faux raisonnement. Les guerriers de la justice sociale sont debout sur un tas de fumier et prétendent qu’il s’agit d’une question de morale.

Salon : Personne qui comprend le droit constitutionnel ne peut soutenir que ces décisions d’entreprises violent le premier amendement qui ne protège que la parole contre la répression gouvernementale. Le professeur Rick Hasen, de la faculté de droit de l’université de Californie à Irvine, a déclaré à Salon par courriel que « les entreprises privées qui gèrent des sites web ne sont pas susceptibles d’être poursuivies pour avoir violé le Premier Amendement. Les sociétés sont des acteurs privés qui peuvent inclure n’importe quel contenu qu’ils veulent, à moins qu’une loi ne les en empêche. »

Ma réponse

Là encore, ce n’est pas tout à fait vrai. Les entreprises sont des constructions du gouvernement et reçoivent des privilèges spéciaux de la part du gouvernement. Si les entreprises forment un monopole sur une certaine forme de communication et qu’elles tentent de censurer tous les points de vue opposés à cette plate-forme, elles peuvent être démantelées par le gouvernement pour empêcher la destruction du marché. De plus, le gouvernement peut annuler la responsabilité limitée et le statut de personne morale de ces sociétés en guise de punition pour avoir violé la confiance du public. Et enfin, toute entreprise qui dépend de l’argent des contribuables ou d’incitations fiscales spéciales pour survivre peut et doit se voir retirer cet argent lorsqu’elle tente d’affirmer un monopole.

Oui, il existe des plate-formes alternatives sur lesquelles les gens peuvent se rendre, mais qu’est-ce qui empêchera les monopoles de gauche / globalistes d’acheter tous les autres médias sociaux et plate-formes médiatiques standard comme ils l’ont fait ces dix dernières années ? Qu’est-ce qui empêchera les intérêts gauchistes/globalistes d’utiliser l’argument du « discours de haine » pour faire pression sur toutes les autres plate-formes web, y compris les fournisseurs de services et de domaines, afin d’éliminer les conservateurs ?

Enfin, ce n’est pas parce qu’une chose est techniquement légale qu’elle est forcément juste. Les entreprises exploitent la protection du gouvernement, tout en prétendant ne pas être soumises à la réglementation gouvernementale ? La gauche déteste les entreprises américaines, mais elle les défend volontiers lorsqu’elles censurent les conservateurs ? C’est de la folie.

L’auteur de Salon déblatère ensuite sur le fait qu’il a été victime de racisme – tous les Guerriers de la justice sociale mesurent la valeur personnelle au niveau relatif de victimisation d’une personne par rapport aux autres. Ses affirmations sont sans rapport avec l’argument en question, puis il poursuit…

Salon : La menace d’utiliser le pouvoir du gouvernement pour exercer des représailles contre ces entreprises, d’autre part, est une menace à la fois à la lettre et à l’esprit du premier amendement. On ne l’empêche pas, lui et ses partisans, de diffuser leurs points de vue sur d’autres plate-formes…

Ma réponse

Voici le seul domaine dans lequel je suis partiellement d’accord avec Salon. Tous mes lecteurs savent que je ne fais pas confiance à Donald Trump pour faire ce qu’il faut, surtout à cause des élitistes dont il s’entoure dans son cabinet. En fin de compte, Trump agira dans leur meilleur intérêt et non dans celui du public. Lui donner (ou à la FCC) le pouvoir de dicter les règles d’élocution sur Internet est une mauvaise idée. De plus, pour ceux qui pensent que le processus électoral est toujours important, que se passerait-il si nous donnions de tels pouvoirs au gouvernement aujourd’hui et que la gauche politique entrait à la Maison Blanche demain ? Aïe ! Alors nous n’aurons plus de place pour nous plaindre car ils feront très certainement volte-face et utiliseront le pouvoir du gouvernement pour faire taire leur opposition.

The-Purge-5juillet-2020-1024x512.png

Bien sûr, si les rôles étaient inversés et que les entreprises évinçaient des milliers de forums et de vidéos sur la justice sociale, les gauchistes crieraient au meurtre sanglant à propos de la « censure des entreprises » et de la « discrimination ». Pour l’instant, dans leur esprit, discrimination raciale = mauvais. Discrimination politique = bon.

Mais la question du monopole est toujours d’actualité, et un monopole idéologique associé à un monopole corporatif est une monstruosité qui ne peut être tolérée. Le gouvernement peut et doit démanteler de tels monopoles sans tomber dans le piège de la nationalisation.

Oui, nous pouvons aller sur les petites plate-formes qui bourgeonne et laisser Twitter, Facebook, Reddit, YouTube, etc. derrière nous. Je dis depuis des années que les conservateurs avec leur capital devraient lancer leurs propres médias sociaux alternatifs. En fait, c’est exactement ce qui est en train de se produire. Il y a eu un exode massif des utilisateurs des sites web traditionnels ces derniers temps. Je dis, laissons les guerriers de la justice sociale avec leurs chambres d’écho et peut-être que ces entreprises s’effondreront. Le slogan « Éveille-toi et va dans le mur » s’applique toujours. Mais le gouvernement ne peut plus protéger ces entreprises non plus. Alors que le gouvernement fait pleuvoir l’argent du renflouement et l’aide aux entreprises sur les sociétés de médias, voter avec vos pieds n’a pas le même effet ou n’envoie pas le même message.

L’avenir de cette situation est sombre. Je ne doute pas que les gauchistes et les globalistes tenteront de purger tous les débats conservateurs de l’internet, au point de tenter de fermer les sites web privés conservateurs par l’intermédiaire des fournisseurs de services. Le résultat final de cette purge est prévisible : la guerre civile ; une question dont je parlerai dans mon prochain article.

Les gauchistes accusent les conservateurs de haine, mais les partisans de la justice sociale semblent détester presque tout. Je ne pense pas avoir jamais vu un groupe de personnes plus obsédées par l’idée de gérer la misère des autres, et elles ne seront jamais satisfaites ou rassasiées. Ce qui est un discours normal aujourd’hui sera étiqueté comme un discours de haine demain. Cette secte doit continuer à justifier sa propre existence. Pour ma part, je ne vais pas vivre ma vie en marchant sur des œufs autour d’une clique de sociopathes narcissiques. Annuler la culture, c’est la loi de cette mafia, et leur loi est au cœur du vrai mal ici ; bien plus dangereux que les simples mots prononcés par un « suprématiste blanc » sur un forum ou une vidéo.

Brandon Smith

11:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gafa, censure, tyrannie, brandon smith | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 12 juin 2020

Frédéric Dufoing: “Les huit commandements de la vulgate antifa”

antifa-portland.jpg

Frédéric Dufoing: “Les huit commandements de la vulgate antifa”

Ex: https://linactuelle.fr 

Le lancement de Front populaire s’est accompagné d’une campagne de presse à charge contre la nouvelle revue de Michel Onfray, à tel point que les logiques d’amalgame chères à la mouvance antifa ont été reprises par une multitude d’organes de presse tels que Le Monde, Libération ou L’Incorrect – nous espérons qu’ils sont tous heureux d’être ainsi associés. Comment fonctionne cette rhétorique qui, à force de dénoncer le confusionnisme, en vient elle-même à confondre tout et son contraire au nom de procès d’intention dignes à la fois du Politburo et de la cour d’école ? Frédéric Dufoing décrypte le phénomène.


Parlons chocolat. Imaginons que vous aimiez le chocolat et vouliez en manger une tartine. Vous vous mettez alors à discuter avec d’autres amateurs de chocolat pour savoir, disons, lequel est le meilleur (le belge ou le suisse ?), avec quel pain il s’accorde le mieux, etc. L’un de vos interlocuteurs vous annonce qu’il aime aussi la confiture, un autre qu’il mange du chocolat mélangé à de la confiture ; un troisième vous invite à venir parler de votre passion du chocolat sur son site consacré à sa passion du pain où écrivent aussi des passionnés de café ; un quatrième vous explique qu’il aime le chocolat parce que c’est généralement moins sucré que le miel, et un cinquième vous dit qu’un de ses amis lecteur du Point aime le chocolat et qu’Hitler lui-même aimait le chocolat ; un septième vous rappelle que, puisque le chocolat est tout de même sucré, il peut favoriser le diabète. Vous répliquez à un huitième amateur de chocolat, et qui l’est aussi de muffins et de thé à la menthe, que vous n’aimez pas les muffins. Votre petite discussion est alors likée et même relayée sur leur site par des industriels du chocolat en mal de notoriété.

La logique de l’amalgame.

Si cette même petite discussion autour du chocolat arrive aux oreilles d’un journaliste du Monde, d’un politologue publié par Libération ou d’un auteur de L’Incorrect (et de bien d’autres revues, chaînes de télévision et autres sites internet), voire de la revue Lundi Matin ou d’un animateur du blog d’Alain Soral, vous allez apprendre que vous aimez la confiture, que vous mélangez votre chocolat avec de la confiture, que vous êtes passionné de pain et même de café, qu’au moins l’une des raisons pour lesquelles vous aimez le chocolat, c’est qu’il est moins sucré que le miel, que vous lisez le Point ou devriez le lire et que vous avez fort probablement les mêmes opinions qu’Adolf Hitler. Non content de découvrir tant de choses sur vous-même, vous serez paniqué d’apprendre que vous êtes diabétique et que vous détestez non seulement les muffins mais aussi le thé à la menthe, voire que vous détestez les muffins parce que vous détestez le thé à la menthe. Enfin, on vous signalera qu’en entretenant un tel débat, vous avez encouragé la production industrielle de chocolat ou fait, volontairement ou comme « idiot utile » (confusionniste), la promotion de l’industrie du chocolat, qui exploite des enfants et utilise des pesticides – exploitation à laquelle vous êtes sans doute indifférent (ce qui confirmerait  vos tendances hitléristes) et pesticides auxquels vous êtes sans doute favorable (sinon, pourquoi discuter aussi vainement du chocolat, sans d’ailleurs jamais préciser que vous êtes opposé à l’usage des pesticides ?).

Ce type de « raisonnements » complètement faux voire absurdes, que l’on qualifie de sophistiques, sont devenus si courants qu’ils s’imposent comme une méthode commune et banale en vue de dénoncer toute forme de pensée.

Ridicule, n’est-ce pas ? Pourtant, ce type de « raisonnements » complètement faux voire absurdes, que l’on qualifie de sophistiques, sont devenus si courants qu’ils s’imposent comme une méthode commune et banale en vue de dénoncer toute forme de pensée – qu’elle soit d’ailleurs correctement formée ou elle-même sophistique. Le meilleur exemple vient d’en être donné avec la Blitzkrieg lancée par Le Monde, Libération et L’Incorrect contre l’initiative éditoriale de Michel Onfray, la nouvelle revue Front populaire, destinée à renouer le dialogue entre souverainistes. Bien sûr, on peut légitimement reprocher beaucoup de choses à Onfray : ses postures médiatiques, ses références philosophiques, ses incohérences. On peut reprocher beaucoup de choses aussi à la démarche que propose sa revue : par exemple, ne serait-il pas plus intéressant de confronter souverainistes et anti-souverainistes ? Mais la moindre des choses serait de critiquer l’homme et sa revue avec rigueur intellectuelle, c’est-à-dire de respecter les règles qui organisent une argumentation et un débat. La plus élémentaire de ces règles consiste à écouter ce que l’adversaire dit et à ne pas lui prêter des positions ou des intentions qu’il n’a pas ou que d’autres ont eu à sa place.

Antifa-via-LOGAN-CYRUS_AFP-via-Getty-Images.jpg

Les diverses formes de souveraineté.

Or, non seulement la revue n’est pas encore parue, et donc aucun contenu n’est disponible à ce jour, mais, de surcroît, on se demande comment on peut porter un jugement global, catégorique et uniforme sur une revue dont les contributions sont nécessairement contradictoires – c’est son principe et son très grand intérêt : elle organise un débat. On n’a pourtant pas hésité à affirmer qu’Onfray et sa revue – comme si l’un se réduisait à l’autre – défendraient une souveraineté identitaire, qualifiée « d’extrême droite ».

Comme si toute forme d’identité – objet de recherche de Claude Levi-Strauss, et titre d’un de ses ouvrages – renvoyait mécaniquement à un imaginaire racial, national, essentialiste, par opposition à l’hybridité, au multiculturalisme, à l’universalisme, au bigarré, au métissage – termes du reste opposés ou inassimilables les uns aux autres et présentant des sens très variés.

Comme si l’identité, réduite à l’une de ses versions, était illégitime et sordide face au légitime et noble internationalisme, réduit à… on ne sait plus trop quoi, car l’internationalisme soviétique, celui des anarchistes, celui de la mondialisation du XVIe siècle, celui de la mondialisation du XXe, celui du catholicisme médiéval triomphant, celui de l’islam salafiste, celui de la république des lettres ou celui toujours espéré et jamais construit du syndicalisme, ce n’est pas exactement la même chose… Il en va de même du cosmopolitisme. Lançons un concours :  qui était le plus cosmopolite entre Ivan Illich, Alexandre le Grand, Maïmonide, Gandhi, Magellan, Saartje Baartman, un immigrant wallon au Canada, un immigrant chinois en Indonésie, l’ancien esclave Olaudah Equiano, les paysans français qui demandaient l’abolition de l’esclavage dans leurs cahiers de doléances ou n’importe quel patron de multinationale qui, comme le chantait Brel, a un doigt (c’est-à-dire une villa, une entreprise ou un compte en banque) dans chaque pays ?

La souveraineté populaire n’est ni la souveraineté nationale, ni la souveraineté étatique, moins encore la souveraineté fédérale ou communale.

Comme si la souveraineté elle-même, dont il est justement question de débattre dans la revue, ne pouvait pas relever de plusieurs logiques et définitions très différentes, et pas seulement d’une référence à l’« identité » : la souveraineté populaire n’est ni la souveraineté nationale, ni la souveraineté étatique, moins encore la souveraineté (ou l’autarcie) biorégionale, fédérale ou communale, dont Onfray, en héritier de Proudhon, se dit partisan. Là-dessus, toutes ces souverainetés ne sont pas toujours aisément articulables, compatibles – la nation ayant par exemple été pendant deux cents ans le tombeau des peuples, au sens propre comme au sens figuré : les peuples meurent dans les guerres faites au nom de la nation et se voient écartés du pouvoir par cette fiction hypocrite qui est à son service, la représentation.

Comme si toute forme de compartimentation, de séparation, de distinction entre un « eux » et un « nous » était nécessairement nuisible et artificielle c’est-à-dire, puisque c’est devenu un terme repoussoir, une catégorie de souillure qu’on appelle l’« extrême droite ». On pourrait disserter pendant des heures sur les concepts de « gauche » et de « droite », qui n’ont de légitimité conceptuelle que dans la croyance que l’on a de leur existence et n’ont servi qu’à la dictature des partis et de la militance sectaire, donc de la « démocratie » représentative. On pourrait aussi disserter pendant des heures sur le terme « extrémiste », honteusement hybridé au si beau et si digne « radical ». Cependant, l’expression « extrême-droite » est devenue un tel raccourci dogmatique, un tel automatisme rhétorique, à l’instar du terme « fasciste », qu’il faut s’y arrêter un instant.

Comment avoir l’esprit nazi et prôner l’épuration tout en ayant bonne conscience?

Les huit commandements de la vulgate « antifa ».

Il est des pays où les mouvements, revues, sites, partis, associations, personnalités et produits culturels qualifiés « d’extrême droite » font l’objet d’un « cordon sanitaire », c’est-à-dire d’un refus d’expression dans l’espace public, sous prétexte que leur donner la parole reviendrait à les légitimer, à les reconnaître comme valables et normaux. Dialoguer avec l’« extrême droite », même pour la critiquer, lui permet de répandre ses idées de manière épidémique – ne parle-t-on pas, du reste, de « peste brune » ? – ou littéralement d’activer ses idées dans les cerveaux amorphes des auditeurs passifs… Car ces idées s’y trouvaient déjà, en particulier chez les gens « peu éduqués » : on vous présente régulièrement des études statistiques sur les diplômes des électeurs d’extrême droite. Les gens « peu éduqués », qui ont peu de diplômes (pour ceux qui ne le sauraient pas, on est éduqué lorsqu’on a un diplôme supérieur), c’est la version méprisable du peuple – ceux que les défenseurs de la représentation aux XVIIe et XVIIIe siècle ont réussi à écarter du pouvoir. Ainsi crée-t-on une catégorie marketing, une sorte de jugement ad hominem collectif qui associe : maladie infectieuse, souillure, bêtise, crédulité, manque d’éducation et de culture, « petit peuple » et passivité moutonnière. On ajoutera que les gens qui relèvent de cette catégorie sont irrationnels et passionnels (vieux cliché appliqué au peuple, c’est-à-dire aux pauvres depuis des siècles), tout comme ils sont motivés par la « haine » qu’amène l’« ignorance ». Relèvent donc de cette catégorie aussi bien les contaminants (autrement dit les politiques ou propagandistes) que les contaminés (électeurs ou trolls de comptoirs et de forums), mais aussi ceux qui parlent avec eux, même pour les critiquer (les confusionnistes), ou ceux qui refusent de les mépriser.

Il est des pays où les mouvements, revues, sites, partis, associations, personnalités et produits culturels qualifiés « d’extrême droite » font l’objet d’un « cordon sanitaire ».

GettyImages-839981910-700x420.jpg

Les huit commandements des préposés à la détection, au fichage et au marquage épidémique des gens censés relever de l’« extrême droite » – préposés qu’on appelle des antifas – sont les suivants :

  1. Si l’on est ami avec quelqu’un qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  2. Si l’on est l’ami d’un type qui est ami avec un type qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  3. Si l’on a partagé un moment, un événement, ou discuté avec un individu qui a les opinions x, on a les mêmes opinions ;
  4. Si l’on est admiré ou cité par des individus ayant une opinion x, on a les mêmes opinions ;
  5. Si l’on a participé à une émission ou écrit dans une revue, on en partage les opinions, en tout ou en partie, anciennes, présentes et futures ;
  6. Si l’on a défendu les opinions x, on les défend encore et on les a toujours défendues, ou on les défendra toujours ;
  7. Si l’on a la même opinion qu’un individu x, on partage toutes les opinions de cet individu ;
  8. Si l’on partage les opinions d’un individu, on les défend forcément en arguant des mêmes raisons et des mêmes justifications que lui, voire en visant les mêmes buts.

Qu’est-ce qu’un fasciste ?

Quant aux idées de l’extrême droite, ses opposants se gardent bien de les définir clairement, ce ne serait d’ailleurs pas très pratique : ce qui ne s’énonce pas clairement se dénonce d’autant plus facilement. Aussi personne ne sait-il exactement ce qu’est l’extrême droite. Certains mouvements désignés sous ce vocable infâmant optent pour des politiques ultra-libérales, d’autres pour des politiques étatistes et protectionnistes. Certains s’accommodent très bien du parlementarisme, d’autres privilégient plutôt les systèmes oligarchiques.

Et s’il s’agit d’une idéologie raciste, on la retrouve absolument partout, dans tout le spectre des projets politiques. Et puis, qu’entend-t-on pas racisme ? Est-ce l’essentialisation de catégories d’humains (par les genres, les statuts, les caractéristiques physiques ou mentales, etc.) ? La croyance en l’existence de races ou de cultures hiérarchisées, dont certaines auraient comme destin de dominer ou d’exterminer les autres ? La croyance en des races ou des cultures différentes, non hiérarchisées, mais destinées à ne pas entrer en contact faute de quoi le métissage les détruirait ? La croyance en l’existence de races ou de cultures destinées à être finalement mixées, mélangées, ou dans l’idée qu’une culture prétendument plus tolérante que les autres devrait les prendre sous son aile pour les protéger ? La croyance dans la prépondérance du groupe auquel on appartient, quel qu’il soit, et donc l’hostilité viscérale envers les autres groupes, en particulier quand naît une concurrence pour l’utilisation d’un territoire ou de ses ressources ? La croyance en la nation opposée à d’autres nations – ce qui implique, si l’on est aussi raciste, l’adéquation de la nation et de la race, ou de la nation et de la culture, ou encore de l’Etat, de la nation, de la race et la culture ? L’obsession pour l’homogénéité du groupe, quel qu’il soit, et quoi qu’implique cette homogénéité ? S’il s’agit de la forme que prend la structure de la communauté, est-ce que l’on est donc favorable à un Etat totalitaire ? Ou simplement à un Etat autoritaire ? Ou à l’idée d’un chef charismatique ? Ou au contraire aux vertus de traditions rigides, respectables parce qu’elles sont anciennes ? Toutes ces définitions – et il y en a d’autres – peuvent être contradictoires, ou amener à des conclusions opposées…

Tout le monde est-il d’extrême droite ?

A tel point que, si l’on se rend sur les forums internet, on se fera traiter de fasciste si l’on est pour le port d’arme individuel (liberté à laquelle était farouchement opposé le fascisme, ainsi que les régimes les plus pro-capitalistes de l’histoire humaine) ; contre l’avortement (le fascisme y était favorable, même si sa politique nataliste et le concordat l’ont forcé à mettre de l’eau dans son vin) ; pour l’euthanasie (parce qu’on promeut potentiellement l’élimination des faibles, comme le défendaient les nazis) ; contre l’euthanasie (parce qu’on prive l’individu d’une liberté essentielle, comme le défendent les catholiques) ; contre la PMA (parce que l’on prive une femme de la liberté d’utiliser la science pour son bien-être) ; ou pour la PMA (parce que l’on favorise les mères porteuses, ce qui nuit à la liberté de la femme) ; pour la démocratie directe (parce que le peuple est raciste et irrationnel)  ou pour son contraire, à savoir le pouvoir d’un individu ou d’un groupe (parce que cela détruit les libertés individuelles). Et l’on peut continuer ainsi à l’infini.

A peu près tout le monde, sauf eux (?), est potentiellement, par une caractéristique ou par une autre, d’extrême droite, grâce à l’effet de contagion sophistique.

antifa.jpg

Les antifas vous expliquent plus volontiers, sans davantage de clarté pour autant, ce que n’est pas l’extrême droite : pour ne pas être d’extrême droite, il faut être pour la démocratie (oui, mais laquelle ? Parlementaire ? Directe ? Participative ? Communale ? Centralisée ? Fédérale ? …), ou contre le racisme, avec ce signe imparable, paraît-il, qu’il faut être « pour les immigrés », posture assimilée au fait d’être « pour l’immigration » (oui mais laquelle ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?… Est-on moins raciste si l’on accepte les immigrés à condition qu’ils abandonnent leur culture d’origine ou qu’on contraire ils vivent dans leurs ghettos ?). Pour ne pas être d’extrême droite, il faut aussi être féministe (oui, mais quel féminisme : l’égalité ou l’équité homme/femme ? Le féminisme différentialiste ? Le féminisme évolutionniste, qui tient compte des données biologiques ? Le féminisme relativiste ou le féminisme universaliste ? Le féminisme qui nie l’existence des genres ou celui qui transformer les contenus de genres ?). Et il faut enfin parfois être contre le capitalisme, mais sans trop savoir ce que c’est, sinon à évoquer la méchante finance et les horribles multinationales. En somme, à peu près tout le monde, sauf eux (?), est potentiellement, par une caractéristique ou par une autre, d’extrême droite, grâce à l’effet de contagion sophistique.

Onfray est-il d’extrême droite ? Pour le savoir, il faut répondre à une double question antifa: est-il clairement favorable à ce qui n’est vaguement pas d’extrême droite ? Et est-il vaguement favorable à ce qui est vaguement d’extrême droite ? Si la réponse est non à la première question, et oui à la seconde, ne lisez surtout pas Front populaire. Vous pourriez être contaminé.

Frédéric Dufoing

vendredi, 05 juin 2020

En Italie, Facebook condamné pour censure et atteinte à la liberté d’expression

1591341566.jpeg

En Italie, Facebook condamné pour censure et atteinte à la liberté d’expression

Secolo d’Italia (Italie) 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Fin de l’impunité pour Facebook ? Ce qui vient de se passer en Italie revêt une importance considérable : un État européen fait prévaloir ses lois sur l’arbitraire des « standards de la communauté ». Nous reprenons un article publié sur le site de la fondation Polémia le 30 mai 2020. Cette victoire italienne pourrait être la première d’une série en Europe au moment où la loi Avia va rentrer en vigueur en France.

C’est un revers historique pour Facebook en Europe. La justice italienne a en effet confirmé la supériorité de la loi nationale sur l’arbitraire des règles privées de Facebook dans le cadre d’un litige entre l’entreprise américaine et le mouvement politique CasaPound. Laurent Solly, l’ancien préfet hors-cadre nommé directeur de Facebook pour la zone Europe du Sud — comprenant l’Italie et la France — voit la censure de Facebook fragilisée par cette décision judiciaire de première importance. Nous proposons aux lecteurs de Polémia la traduction d’un article du site Secolo d’Italia : Casapound gagne encore en justice. Facebook condamné à garder leur page ouverte.

Le Tribunal civil de Rome a rejeté le recours déposé par le réseau social contre l’ordonnance [à effet immédiat] qui ordonnait la réactivation de la page principale de CasaPound Italia.

Une réponse est arrivée après plus de trois mois. L’audience au cours de laquelle Facebook a déposé la plainte s’est tenue le 14 février.

C’est le site du Primato Nazionale qui révèle le dernier épisode du bras de fer.

casapound-italia-ape10.jpg

davdist.jpg

Davide di Stefano.

« Nous savons donc aujourd’hui que cette plainte a été rejetée. Et que les dispositions de la juge Stefania Garrisi ont été confirmées. Cela signifie que la page CasaPound et le profil de Davide Di Stefano, défendus par les avocats Augusto Sinagra et Guido Colaiacovo, restent actifs. Facebook est également condamné à payer des frais de justice pour 12 000 euros. »

Dans une intervention signée par lui, Davide Di Stefano explique que les attendus de la sentence confirment la supériorité hiérarchique des principes constitutionnels et du droit italien par rapport aux « normes de la communauté » du géant social et aux contrats privés.

Dans la disposition du collège composé des juges Claudia Pedrelli, Fausto Basile et Vittorio Carlomagno, est indiquée « l’impossibilité de reconnaître à une entité privée, telle que Facebook Ireland, sur la base de dispositions marchandes et donc en raison de la disparité de la force contractuelle, des pouvoirs ayant substantiellement incidence sur la liberté d’expression de pensée et d’association, et qui dépasseraient ainsi les limites que le législateur lui-même s’est fixées en droit pénal ».

« L’arrêt — explique la Cour – se trouve conforté dans le fait que, comme indiqué dans l’ordonnance attaquée, CasaPound est ouvertement présent dans le paysage politique depuis de nombreuses années ».

« L’exclusion de CasaPound de la plateforme — écrivent les magistrats — doit donc être considérée comme injustifiée sous tous les profils mentionnés par Facebook Ireland ».

« Le periculum in mora [danger/dommage causé par le retard, NdT] doit être considéré comme subsistant sur la base des considérations formulées dans l’ordonnance contre laquelle il a été fait recours, qui méritent d’être pleinement partagées, sur le rôle prééminent et relevant joué par Facebook dans les réseaux sociaux. Et, donc, objectivement aussi dans la participation au débat politique ».

N’appartient donc pas à Facebook « la fonction d’attribuer de manière générale à une association une “licence” établissant le caractère licite d’une association. Étant donné que la condition et la limite de l’activité de toute association est le respect de la loi. Dont la vérification est laissée au contrôle juridictionnel général ».

Dans l’ordonnance des juges du Tribunal civil de Rome, il est fait référence aux articles 18 et 21 de la Constitution, sur la liberté d’association et la liberté de pensée. Par conséquent, et peu importe que CasaPound soit un parti ou non, la priorité de la primauté nationale, la liberté d’association et de pensée doit être garantie.

casapound-126481.660x368.jpg

« Il n’a pas trouvé que CasaPound relève de la définition d’une organisation incitant à la haine telle que prévue par les Standards de la Communauté [Facebook], c’est-à-dire “engagée dans la violence” par des actions de ”haine organisée” et ”de violence organisée ou d’activité criminelle” », peut-on toujours lire dans l’ordonnance.

Qui conclut en expliquant comment, « en l’absence de violations constatées et de ne pas pouvoir apprécier le caractère préventif des objectifs de l’association au regard des principes constitutionnels, la désactivation de la page Facebook est injustifiée. Elle est à l’origine d’un préjudice non susceptible de réparation en contrepartie, relatif à la participation de CasaPound au débat politique, ayant incidence sur des biens protégés par la Constitution ».

Traduction Polémia

Lire aussi:

Italie – Qui sont ces

Gilets Oranges anti-euro

et « corona-sceptiques » ?

samedi, 16 mai 2020

Loi Avia, nouvelle tache indélébile

eAcETgEbkNSjLNJ-800x450-noPad.jpg

Loi Avia, nouvelle tache indélébile

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: https://www.insolent.fr

On peut difficilement mettre, je crois, Mme Ruth Elkrief, et  BFM-TV auquel elle consacre ses talents, au premier rang des adversaires de la Macronie. C'est pourtant elle, si mon souvenir est exact, que j'ai entendue pour la première fois au début de ce printemps, qui parlait de la gestion lamentable des masques, comme d'une tache indélébile marquant au fer rouge ce gouvernement que le monde ne nous envie guère.

Hélas d'un point de vue objectif, cette faute difficilement effaçable ne peut être considérée ni pour la première depuis 2017, ni pour la dernière.

Les déclarations commises à Alger sur la colonisation, qualifiée pendant la campagne électorale, de crime contre l'humanité[1], ont semblé, par exemple, encore plus impardonnables, et de nature à empêcher que l'on ne puisse jamais se rallier à leur auteur.

En effet, elles constituaient le prélude à d'autres atteintes irrémédiable à la dignité française et à l'identité européenne.

L'une des plus graves a été scellée par le parti LREM avec la loi Avia dont le propos théorique prétend lutter contre la haine sur internet. Ce 13 mai, le texte a été adopté en deuxième lecture à l'assemblée, par la majorité macronienne et elle seule.

Elle s'inscrit certes dans la suite de toute la série des lois mémorielles absurdes et liberticides adoptées, l'une après l'autre, par la cinquième république depuis 40 ans, notamment depuis cette Loi Pleven de 1971 dont on ignore toujours qui l'a réellement votée.

Cependant, on doit prendre acte que, cette fois les députés de droite, ceux du groupe LR comme des non-inscrits d'étiquette RN ont pratiquement tous voté contre.

Notons aussi que des oppositions se sont levées chez les radicaux du groupe Libertés et Territoires, et au sein de la gauche qui s'est globalement abstenue. Également, le 12 mai, Mediapart publiait un dossier terrible contre la promotrice du texte.[2]

nouvelle-loi-avia-un-retour-de-la-censure-de-masse-05-16-2020.jpg

Si le phénomène des sites internet, que nous appelons réseaux sociaux, induit la nécessité de règlements nouveaux, on pourrait se demander si la vraie question ne porte pas sur l'originalité de leur fonctionnement : dans le contexte du web 2.0, l'anonymat des intervenants fait porter sur les éditeurs juridiques des pages, une responsabilité disproportionnée. Remédier à ce travers ne devrait pas soulever de problèmes insolubles, mis personne ne semble s'en préoccuper.

En l'occurrence, pourtant, ce n'est pas à ce questionnement que répond la nouvelle loi.

Si un texte pareil était apparu au Nicaragua, ou dans une quelconque république bananière, catégorie vers laquelle semble désireuse d'évoluer le régime macronien, on pourrait se plaire à ironiser sur la signification même de ce mot. Là où il n'y a pas d'amour, est-ce nécessairement de la haine ? Montherlant, un peu oublié, c'est dommage, faisait lui-même l'apologie du mépris, qui, selon lui "fait partie de l'estime". Avec le propos de Mme Avia, conservera-t-on seulement le droit de demeurer dans l'indifférence ?

Observons avec Bruno Retailleau que "ce texte va confier aux GAFAM le soin de réguler une liberté publique, le soin de censurer. C'est la société de la surveillance généralisée que l'on nous propose". Et le chef de file des sénateurs LR renvoie à son discours de décembre 2019, lorsque la loi Avia se trouvait en discussion au sein de la chambre haute[3].

Et on tâtera bientôt, au sein des instances de censure du net, du poids des amis de l'islamo-terrorisme. La quête du politiquement correct caractérise, au plan électoral français la Macronie, au plan international les organisations patronnées par le financier Soros.  Mais le vrai processus reste formaté par les Frères musulmans. Il évoluera bientôt vers une loi contre le blasphème, revendication mondiale de l'islamisme.

J.-G. Malliarakis.

 
Pour recevoir en temps réel les liens du jour de L'Insolent,
il suffit de le demander en adressant un message à 
courrier.insolent@gmail.com

Apostilles:

[1] cf. article  publié le 15 février "Macron qualifie la colonisation de crime contre l’humanité".
[2] cf. article "Laetitia Avia, la députée LREM qui horrifie ses assistants".
[3]cf. son twitt du 13 mai 2020.

jeudi, 12 mars 2020

RSF dévoile la liste 20/2020 des Prédateurs numériques de la liberté de la presse

force47-vietnam.png

RSF dévoile la liste 20/2020 des Prédateurs numériques de la liberté de la presse

Ex: https://rsf.org

 
 
 
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la cybercensure, le 12 mars, Reporters sans frontières (RSF) dévoile une liste de 20 Prédateurs numériques de la liberté de la presse en 2020. En traquant les journalistes, ces entreprises, organismes et administrations mettent en péril notre capacité à nous informer.

La liste n’est pas exhaustive, mais ces 20 Prédateurs numériques de la liberté de la presse TELECHARGER LA LISTE ICIreprésentent en 2020 un danger évident pour la liberté d’opinion et d’expression, garantie par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la cybercensure, créée à l’initiative de Reporters sans frontières (RSF), l’organisation publie pour la première fois une liste des entités dont l’activité est assimilable à une prédation envers le travail journalistique. 

Dans cette liste 20/2020, constituée des 20 principaux prédateurs numériques en 2020, quatre catégories sont distinguées, selon que les entités utilisent des procédés relevant du harcèlement, de la censure d’Etat, de la désinformation ou de l’espionnage et de la surveillance. Infra-étatiques, privées voire informelles, ces entités démontrent une réalité du pouvoir à la fin de la première décennie du 21ème siècle : les journalistes d’investigation, et tous ceux qui déplaisent, peuvent être la proie d’acteurs parfois occultes.

Certains Prédateurs numériques opèrent désormais dans les pays despotiques, à la tête desquels règnent des Prédateurs de la liberté de la presse déjà répertoriés par RSF. Mais certaines sociétés privées spécialisées dans le cyber-espionnage ciblé sont basées dans des pays occidentaux comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et Israël.

Le pouvoir de ces ennemis de l’information libre sur Internet est multiforme. Ils repèrent, identifient et surveillent les journalistes qui dérangent les pouvoirs en place. Ils les intimident en orchestrant leur harcèlement en ligne. Ils les réduisent au silence en les censurant de différentes façons. Ils tentent même de déstabiliser les pays démocratiques en diffusant volontairement des fausses informations.

Les hommes forts autoritaires, qui organisent la prédation de la liberté de la presse, étendent leur emprise dans le monde digital grâce à des troupes de complices, de subordonnés, de supplétifs qui sont autant de prédateurs numériques déterminés et organisés, explique Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Nous avons décidé de publier une liste de 20 prédateurs numériques pour dévoiler une autre réalité des violations de la liberté de la presse, mais aussi pour attirer l’attention sur le fait que ces supplétifs agissent parfois depuis les pays démocratiques ou en leur sein. S’opposer aux régimes despotiques suppose aussi que les armes de la répression du journalisme ne leur soient livrées depuis l’étranger”.

LA LISTE DES 20 PRÉDATEURS NUMÉRIQUES

HARCÈLEMENTCENSURE D’ÉTAT - DÉSINFORMATIONESPIONNAGE ET SURVEILLANCE

 

HARCÈLEMENT

NOM : Les Yoddhas de Modi INDE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Insultes, appels au viol et menaces de mort sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Auteure des Gujarat Files, un livre-enquête sur l'ascension au pouvoir de l’actuel Premier ministre indien Narendra Modi, la journaliste Rana Ayyub est l’une des cibles privilégiées des millions de “Yoddhas” - des trolls volontaires ou des employés rémunérés, au service du parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP). Swati Chaturvedi, journaliste et auteure de I Am a Troll: Inside the Secret World of the BJP’s Digital Army, une enquête sur l’armée digitale au service de la droite nationaliste hindoue, est également fréquemment ciblée.

7ac85912abad4a9e6b946be82fd3aaea.jpg


NOM : Les armées de trolls du Kremlin
RUSSIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Propagation de fausses informations et vidéos, publication d’informations personnelles (“doxxing”), diffamation.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Depuis qu’elle enquête sur les trolls du Kremlin, la journaliste d’investigation finlandaise Jessikka Aro est devenue l’une de leurs cibles. Dans un récent livre-enquête, Putin’s Troll Army, elle révèle les activités de propagande de ces trolls à l’encontre de ceux qui dénoncent leurs agissements. Les professionnels de l’information font partie de leurs cibles privilégiées. Par exemple, le journaliste russe Igor Yakovenko et les journalistes étrangers basés à Moscou, Isabelle Mandraud, ancienne correspondante du Monde, et Shaun Walker, correspondant du Guardian ont révélé être fréquemment la cible de cette armée de trolls.

111-642x336.jpg


NOM : Le “cabinet de la haine” de Bolsonaro
BRÉSIL

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Campagne d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

La députée Joice Hasselmann, ancienne alliée du président Bolsonaro, a révélé l’existence d’un “cabinet de la haine”, qui publie à grande échelle des attaques contre des journalistes. Ce groupe, composé de conseillers très proches du président et coordonné par son fils Carlos, ont notamment dans leur ligne de mire les journalistes Patricia Campos Mello, Constança Rezende et Glenn Greenwald. Leurs révélations sur le gouvernement brésilien leur valent d’être fréquemment victimes de campagnes de haine sur les réseaux sociaux.

111163-full.png


NOM : Les mouches électroniques du pouvoir algérien
ALGÉRIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Signalements abusifs de pages et de profils contestataires sur les réseaux sociaux, pour inciter la plateforme à les fermer. Publication d’informations personnelles, dilution d’informations, commentaires virulents, attaques personnelles, chantage, stigmatisation

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

L’objectif de cette armée de trolls payés par le gouvernement est de discréditer tous les journalistes critiques du pouvoir en place. Depuis qu’ils couvrent le mouvement de contestation populaire en Algérie, le journaliste indépendant et correspondant de RSF, Khaled Drareni, et deux journalistes qui eux aussi ont couvert le mouvement de protestation du Hirak,  Lamine Maghnine et Redouane Boussag, sont ciblés quotidiennement. Ces deux derniers n’ont aujourd’hui plus accès à leur compte Facebook.

Image-article-révolution-réseaux-sociaux-Algérie-1024x658.jpg


NOM : Gangs de trolls mexicains
MEXIQUE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Dénigrement, menaces et insultes sur les réseaux sociaux

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Pour avoir questionné le président Andrés Manuel López Obrador sur sa décision de relâcher le fils du baron de la drogue El Chapo, plusieurs journalistes dont notamment Irving Pineda, reporter pour Tv Azteca, ont été attaqués pendant plusieurs jours par des trolls. Ces attaques sont de plus en plus fréquentes et souvent dirigées contre les femmes. En novembre 2019, Silvia Chocarro, qui représentait une coalition d'ONG de défense de la liberté d’expression incluant RSF, en a été également victime. Les trolls se ralliaient en utilisant notamment les hashtags #PrensaCorrupta, #PrensaSicaria et #PrensaProstituida signifiant respectivement “presse corrompue”, “presse tueur à gage” et “presse prostituée”.

sn,x1000-pad,1000x1000,f8f8f8.u2.jpg


CENSURE D’ETAT

NOM : Roskomnadzor, Autorité fédérale 
de contrôle des communications et
des médias russes RUSSIE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocage de sites internet et d’applications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Le Roskomnadzor, autorité officielle de contrôle des médias de Russie, a bloqué plus de 490.000 sites internet , sans respecter la procédure légale ni envoyer d’avertissement préalable. Il tient une liste noire, secrète, de sites à proscrire. Ses cibles sont des agences de presse comme Ferghana, des sites d’investigation comme Listok et Grani.ru et des magazines politiques tels ej.ru ou mbk.news. Il bloque également les sites et applications qui refusent de stocker leurs données sur des serveurs en Russie ou de livrer aux autorités leurs clés de déchiffrement des messages. C’est le cas de la messagerie cryptée ProtonMail qui a été partiellement bloquée en janvier 2020.

hjcrjvyflpjh.jpg


NOM : Conseil suprême du cyberespace iranien
IRAN

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Accès sélectif et contrôle d’Internet, blocage de sites d'information et d'applications comme Telegram, Signal, Whatsapp, Facebook et Twitter

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Créé en mars 2012, cet organisme, composé de hautes personnalités militaires et politiques, est l’architecte de “l’Internet halal”, réseau national iranien séparé du reste du monde. Il construit un mur numérique en utilisant des techniques de filtrage de l'Internet. Ils ont de plus en plus recours aux coupures internet pour contenir et réprimer les mouvements de contestation dans le pays, et limiter la transmission et la diffusion d'informations indépendantes, considérées comme des tentatives "contre-révolutionnaires subversives".

200129-rawnsley-iran-fake-news-tease_dicijd.jpg


NOM : Ministère indien des Affaires intérieures
INDE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Coupure des télécommunications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Le le 5 août 2019, le ministère de l’Intérieur indien a coupé totalement les communications téléphoniques et Internet dans la province de Jammu-et-Cachemire. Cette mesure extrême empêche les journalistes cachemiris de travailler librement et prive l’ensemble des citoyens de la région d’un accès à une information indépendante. Six mois plus tard, le gouvernement a partiellement rétabli les connexions haut débit, mais l’accès à de nombreux sites reste largement aléatoire. L’Inde est le pays ayant le plus recours aux coupures internet, 121 en 2019.

indiantrolls.jpg


NOM : Commission nationale des 
télécommunications (Conatel) VENEZUELA

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocages de sites internet et d’applications

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Contrôlée en sous-main par le gouvernement, la Conatel peut ordonner le blocage de sites Internet dérangeants pour le pouvoir en place. De nombreux sites d’information dont infobae.com, elpitazo.com, dolartoday.com et armando.info ont ainsi été fermés définitivement, sans aucun recours. La Conatel organise aussi le blocage temporaire des réseaux sociaux, notamment Facebook, en particulier lorsque le dirigeant de l’opposition Juan Guaido y transmet des discours en direct. 

conatel.jpg


NOM : L’Administration du Cyberespace 
chinois (CAC) CHINE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) : 

Censure de l’internet et supervision des plateformes privées comme Baidu, WeChat, Weibo et TikTok; blocage et suppression des contenus et d’applications.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Depuis le déclenchement de l’épidémie de coronavirus, l’organisme de contrôle de l’internet chinois a encore renforcé sa lutte contre la propagation de rumeurs. Des comptes de médias et de blogueurs ont été supprimés des réseaux sociaux et plusieurs médias ont été censurés dont Caijing, magazine basé à Pékin, qui avait publié un rapport sur des cas d’infection non répertoriés.

shutterstock_379123093.jpg


NOM : Conseil suprême de régulation 
des médias égyptiens ÉGYPTE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Blocage de sites d’informations et des applications de messagerie instantanée  

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Afin de museler la presse, cet organisme étatique bloque des sites de médias pour publication de fausses informations. A ce jour, plus de 500 sites internet sont inaccessibles, dont ceux de RSF, de la BBC et de la chaîne américaine en arabe Al-Hurra. Fin septembre 2019, le Conseil bloquait 11 messageries instantanées, notamment Wicker et Signal. Il a aussi tenté de bloquer l'accès aux messageries de Wire et de Facebook.

trollegypt.jpg


DÉSINFORMATION

NOM : Force 47 vietnamienne
VIETNAM

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Campagnes de “réinformation” sur les réseaux sociaux 

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Cette armée de 10 000 cyber militaires, dirigée par le ministère de la Sécurité publique, traque “les abus” et les “forces réactionnaires” c’est-à-dire opposées au gouvernement vietnamien. Le 9 janvier dernier, suite à un incident meurtrier à Dong Tam dont la gestion par les autorités a été vivement critiquée, la Force 47 a diffusé sur les réseaux sociaux des confessions forcées de citoyens avouant avoir fabriqué des bombes à essence et d’autres armes pour attaquer la police.

vietnam-10000-cybersoldati-per-controllare-le-news-online-800x540.jpg


NOM : Les “Call center hubs” des Philippines
PHILIPPINES

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Diffusion de fausses informations et de mèmes fallacieux, campagnes de harcèlement ciblées, informations fausses ou tronquées

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  :

Aux Philippines, les partisans du président Duterte ont lancé une campagne de dénigrement et de boycott de la chaîne de télévision ABS-CBN visant  la révocation de sa licence d’exploitation. Ils sont allés jusqu’à dénoncer un complot imaginaire, censé réunir en secret divers médias indépendants, dont l’objectif serait de renverser le président. Depuis sa campagne en 2016, les armées de cyber-trolls sont devenues une industrie prospère. Elles soutiennent et amplifient les messages des membres du gouvernement dans l’objectif de dénigrer les médias et de manipuler l’opinion publique. 


NOM : Brigade électronique saoudienne
ARABIE SAOUDITE

sauditroll.jpgMOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Propagation de fausses informations et de discours de haine

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Ce réseau de trolls pro-régime et de robots créé par Saud Al-Qahtani, alors qu’il était conseiller du prince héritier d’Arabie Saoudite,  produit actuellement plus de 2 500 tweets par jour. Il fait surtout la promotion des contenus de la chaîne d’information par satellite conservatrice Saudi 24. Il est notamment responsable de la propagation de discours de haine sectaire, d’antisémitisme et de théories du complot visant le journaliste assassiné Jamal Khashoggi, dont Saud Al-Qahtani a manifestement été l’un des instigateurs.


NOM : Cyber jihadist unit soudanaise
SOUDAN

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Espionnage sur les réseaux sociaux, fabrication et propagation de fausses informations

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Créée peu après le déclenchement des printemps arabes, cette armée de trolls sous les ordres des services de renseignement soudanais a espionné des activistes, des leaders politiques et des journalistes sur les réseaux sociaux. Des messages ou articles comportant de fausses informations visant à discréditer les autorités de transition ou à défendre les caciques de l'ancien régime sont également diffusés par cette unité.

Internet Jihad5_1.jpg


ESPIONNAGE-SURVEILLANCE

NOM : NSO Group (Q Cyber Technologies) 
ISRAËL

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Logiciels de surveillance utilisant une faille de la messagerie Whatsapp pour installer un virus sur les appareils visés, en leur envoyant des fichier infectés qui s’ouvrent automatiquement.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S)  : 

D’après des experts des Nations Unies, un logiciel de NSO a probablement été utilisé par le royaume d’Arabie Saoudite pour surveiller le journaliste Jamal Khashoggi quelques mois avant son assassinat, en infiltrant les téléphones de trois de ses associés. De nombreux journalistes ont été ciblés par ce logiciel espion, notamment Ben Hubbard du New York Times, ou encore Griselda Triana, épouse du journaliste mexicain assassiné Javier Valdez Cárdenas, ainsi que plusieurs de ses collègues. Récemment, 1400 appareils ont été infectés via Whatsapp dont  ceux de journalistes indiens, parmi lesquels le correspondant de RSF en Inde.

264694610.jpg


NOM : Memento Labs (ex Hacking team)
SUISSE, ITALIE, ARABIE SAOUDITE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils de surveillance capables d’extraire des fichiers d’un appareil ciblé, d’intercepter des courriels et messages instantanés, ou d’activer à distance la webcam ou le microphone d’un appareil.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Parmi les deux logiciels probablement utilisés pour infecter le téléphone du propriétaire du Washington Post, Jeff Bezos, celui développé par cette entreprise. Plutôt discrète ces dernières années, elle avait déjà été pointée du doigt il y a quelques années lorsqu’un de ses produits, vendu exclusivement aux gouvernements, avait permis de cibler des journalistes marocains de Mamfakinch et des journalistes éthiopiens de la Ethiopian Satellite Television Service (ESAT).

mementolabs.jpg


NOM : Zerodium (ex-Vupen)
ÉTATS-UNIS

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Recherche des failles de sécurité dans les logiciels et services internet, puis revente à des tiers intéressés.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Pour repérer des failles inédites dans des logiciels grand public, Zerodium rémunère des hackers du monde entier pour leurs découvertes. Une fois les vulnérabilités identifiées et exploitées, les informations sont revendues, selon l’entreprise, à “des organismes gouvernementaux principalement européens et nord-américains”. L’une de ces failles a permis la mise sous surveillance d’un blogueur émirati critique du gouvernement, Ahmed Mansoor, qui travaillait sur les violations des droits humains dans son pays. Il est aujourd’hui emprisonné aux Emirats Arabes Unis, accusé notamment d’avoir publié de fausses informations dans le but de nuire à la réputation du pays.

zerodium-cybersecurity.jpg


NOM : Mollitiam Industries
ESPAGNE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils d’interception des conversations téléphoniques et des e-mails.

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

Ces logiciels de surveillance ont notamment été achetés par l’armée colombienne, qui s’en est servie pour surveiller illégalement des magistrats de la Cour suprême, des élus de différents partis, ainsi que des journalistes et leurs sources. Parmi eux, des journalistes du magazine Semana, notamment leur directeur Alejandro Santos, après la publication d’enquêtes sur des crimes et délits commis par des militaires.

017970827.JPG


NOM : Gamma 
ALLEMAGNE

MOYEN(S) UTILISÉ(S) :

Outils de surveillance et d'intrusion permettant d’accéder aux applications et aux données personnelles stockées dans les téléphones - conversations, photos, données GPS...

CIBLE(S) IDENTIFIÉE(S) :

L’entreprise est soupçonnée d’avoir vendu illégalement le logiciel espion Finspy à la Turquie, qui l’a utilisé pour espionner des activistes et des journalistes. Il a été retrouvé sur une fausse version du site d’opposition turc Adalet, créée pour aider les activistes à se coordonner pendant les protestations  contre le président turc Recep Erdogan durant l’été 2017. RSF Allemagne, et plusieurs organisations de la société civile, ont déposé plainte contre l'entreprise. L’enquête est en cours.

finspy-spyware.jpg

mardi, 18 février 2020

La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

cerveau.jpg

La répression pénale s’introduit à l’intérieur de la conscience

Par Raoul de Bourges 

71wNj1C-eaL.jpgJosé Ortega y Gasset affirmait que se proclamer de droite ou de gauche, c’était accuser dans l’un et l’autre cas une hémiplégie morale. Nulle possibilité que François Sureau tombât dans une quelconque infirmité. Il se campe de longue date en défenseur de la liberté, de toutes les libertés publiques. C’est le rôle impérieux qu’il s’arroge, une fois encore, avec la rigueur du juriste et la verve de l’avocat et écrivain qu’il est, dans son opuscule Sans la liberté publié en septembre 2019 aux Tracts Gallimard.

Notre fiévreux Don Quichotte n’aime rien moins que les lois liberticides : lois mémorielles, attributions aux magistrats du parquet de faire le tri entre les bons et les mauvais manifestants, loi organisant la répression des fausses nouvelles, loi imposant l’immatriculation des vélos. Il déteste qu’on touche aux symboles et le vélo est une sorte de citadelle qui, si elle cède, s’ajoutera à la longue liste des libertés envolées. Ainsi en est-il encore de la loi Avia qui doit être promulguée et qui « introduit désormais la répression pénale à l’intérieur de la conscience ». Cette loi se fixe comme objet de lutter contre les propos haineux sur Internet, ce que Sureau fustige évidemment : « Si l’on revient un instant aux "discours de haine" que la loi se propose désormais de faire réprimer par les sociétés privées qui les diffusent, et qui suscitent en effet le dégoût ou la révolte, il me semble qu’il est erroné de penser qu’une simple loi, par l’effet de son édiction, pourra réduire un phénomène qui résulte de mécanismes sociaux et humains complexes […] A l’heure où les gouvernements sont bien obligés d’avouer leur impuissance face aux dérèglements de l’environnement ou à la mondialisation des échanges […] Hantés par la crainte d’une violence sociale à la fois générale et diffuse, nous cherchons à recréer une forme de civilité par la répression. C’est une voie sans issue. » L’affirmation peut surprendre à l’heure où l’on ne voit pas comment, sans un retour à plus d’autorité et un rappel aux devoirs de chacun, on pourrait parvenir à restaurer la concorde sociale. Mais Sureau demeure inflexible en stipulant que l’Etat de droit, dans ses principes et ses organes, a été conçu pour que ni les désirs du gouvernement ni les craintes de peuples n’emportent sur leur passage les fondements de l’ordre politique, et d’abord la liberté : « C’est cette conception même que, de propagande sécuritaire en renoncements parlementaires, nous voyons depuis vingt ans s’effacer de nos mémoires sans que personne ou presque ne semble s’en affliger. » Ainsi prédit-il que la loi Avia nous ouvrira un horizon chinois, où l’Etat et les opérateurs, par une incessante coopération électronique, pourront rejeter un citoyen « vers les ténèbres extérieures de la mort sociale ». L’Etat orwellien dont le comportement est rarement un modèle, qu’il s’agisse de légalité ou d’honneur -pensons au débranchement de Vincent Lambert, honte absolue dont s’est couvert l’Etat qui aurait dû le sauver plutôt que de le sacrifier-, impose une tutelle toujours plus forte à laquelle le citoyen n’a pas d’autre choix que de s’y soumettre.

Si l’édifice des droits se lézarde, il ne faut pas se méprendre quant à l’intention de notre auteur. Il n’est nullement question pour lui de défendre la surenchère des droits qui embouteillent nos démocraties : « Le citoyen se pense moins comme citoyen que comme individu, réclamant des droits pour lui et des supplices pour les autres, prêt à ce que la liberté de tous s’efface pour peu qu’on paraisse lui garantir la sienne, sous la forme d’une pleine capacité de jouissance des objets variés qu’il aime. Bernanos écrit que la liberté des autres lui est aussi nécessaire que la sienne. Cette idée n’est plus si communément partagée. Les gouvernements n’ont pas changé. C’est le citoyen qui a disparu. » L’individu est devenu tout à fait solitaire, libre mais seul. Doté de droits quasi illimités, mais désespérément seul. Se pose dés lors la question de savoir à quelles appartenances il pourrait se rattacher. Au culte de la nature ? A celui du Dieu des catholiques qui longtemps prévalut en nos vieilles terres chrétiennes ? Sureau ne le dira pas, mais le libéralisme libertaire, cette version dévoyée de la liberté, a engendré deux monstres : le monstre du contrôle social et la société liquide de l’individu anomique sans racines et sans espérance.

ob_9be98e_francois-sureau-editions-tallandier.jpg

Impuissants à organiser leurs polices, depuis vingt ans, les gouvernements restreignent drastiquement les libertés pour conserver les faveurs du public et s’assurer de son vote, « nous éloignant chaque année un peu plus des mœurs d’une démocratie ». Or, la liberté est un bien très précieux sans laquelle il n’y a pas de société politique. La prééminence de l’égalité -de l’égalitarisme- comme pierre angulaire de l’action politique moderne est à cet égard préoccupante par le déséquilibre qu’elle engendre au sein même de nos valeurs fondatrices.

Ni de droite ni de gauche, disions-nous, l’avocat des libertés renvoie toutes les obédiences dos à dos : « La gauche a abandonné la liberté comme projet. La droite a abandonné la liberté comme tradition, comme élément central d’une tradition nationale au sens d’Edmund Burke. Le premier camp réclame des droits "sociétaux" comme on dit aujourd’hui, dans un long bêlement progressiste, le deuxième réclame des devoirs dans un grand bêlement sécuritaire. » Citant René Girard et son inspiré désir mimétique, Sureau déplore que nous nous exprimions avec les mots de nos maîtres, cependant que ces maîtres ne se survivent que dans leur docilité à nos passions : « Et quand bien même nous serions devenus incapables de former à nouveau le projet politique de la liberté, nous devrions encore préférer la simple licence, la pulvérisation de l’idée de liberté en cent images irréconciliables, sa diffusion en mille comportements opposés, plutôt que ce que l’ordre social nous promet : la dictature de l’opinion commune indéfiniment portée par les puissances nouvelles de ce temps, et trouvant un renfort inattendu dans le désir des agents d’un l’Etat discrédité de se rendre à nouveau utiles au service d’une cause cette fois enfin communément partagée -celle de la servitude volontaire. »

mercredi, 12 février 2020

La nouvelle inquisition bien-pensante

inquisition-moderne.jpg

La nouvelle inquisition bien-pensante

par Paul MELUN

Ex: https://metainfos.fr

Outre-Atlantique, des dîners entre femmes blanches sont maintenant organisés pour traquer les préjugés faisant émerger ainsi un antiracisme de la surveillance et de la censure. C’est ce que nous révèlait d’ailleurs dans un article récent Mathieu Bock-Côté que nous venons de publier (https://metainfos.fr/2020/02/10/reeduquer-lhomme-occident... ). Paul Melun traite directement du porblème et craint l’apparition d’un univers orwellien où chaque individu est potentiellement coupable d’un racisme inconscient. C’est pourquoi en complément de l’article précédent, nous mettons ici en ligne son texte. ML.

Si le maccarthysme promettait de traquer les communistes dans les États-Unis d’après-guerre, c’est désormais au nom du progressisme que l’Amérique connaît une chasse aux sorcières d’un nouveau type. Outre-Atlantique, au nom de l’antiracisme, on assiste maintenant à la condamnation immédiate de quiconque contreviendrait aux nouvelles normes établies. Aux États-Unis, d’onéreux dîners (2 500 dollars) permettent à des femmes blanches, de milieux favorisés, souvent démocrates, de comprendre pourquoi elles sont foncièrement racistes, rapporte The Guardian. Au cours de réceptions, supervisées par les deux fondatrices du projet, huit femmes de couleur blanche peuvent échanger des problèmes de racisme dans le pays. Ces dernières doivent comprendre au fil des échanges que malgré leurs bonnes intentions, elles sont inconsciemment racistes et «font partie du problème». Ces dîners rencontrent un certain succès et permettraient aux participantes de faire évoluer leurs mentalités sur la question du racisme.

En 2018 à New-York, le géant du luxe Prada a dû faire face à de virulentes accusations de racisme. En cause, une vitrine de la marque ornée de petites figurines de couleur noire semblant reproduire un «blackface» (considéré par certains antiracistes comme attentatoire à la dignité des Noirs). En très peu de temps, la polémique avait enflé sur les réseaux sociaux, contraignant Prada au retrait immédiat des objets incriminés et à la formulation d’excuses avec volonté d’agir pour la diversité à l’avenir. Le New York Times rapporte que la commission des droits de l’homme de New-York a pu ouvrir une enquête pour violation des lois sur les droits de l’homme. La marque ayant fait montre de sa volonté immédiate de coopérer avec les autorités, un accord a pu être conclu visant à offrir aux personnels des «formations sur l’équité raciale», à nommer un responsable de la diversité au sein de la marque, et à rendre compte tous les six mois de la situation à la commission.

Par ces mesures, l’Amérique du Nord ouvre la voie à un antiracisme de la surveillance et de la censure. Sous l’illusion trompeuse du progressisme et de ses dogmes communément admis, un univers orwellien prend forme en Occident, un monde dans lequel chaque individu est un coupable potentiel. Dans ce futur proche, la bourgeoise de Brooklyn a autant à craindre pour sa réputation que le créateur de mode; s’ils sont dénoncés, ils seront condamnés. Cette nouvelle inquisition promet au XXIe siècle un espace public où les individus seront inquiétés pour ce qu’ils pensent, ce qu’ils disent ou ce qu’ils font, sans même avoir conscience de heurter telle ou telle communauté. Terrifiés à l’idée d’être perçus comme hérétiques, les jeunes Occidentaux sont condamnés à se taire: leur mutisme est la meilleure manière de ne transgresser aucune règle. Dans cette nouvelle société, il suffit de voir quelque part du racisme ou du sexisme pour purger le débat public d’une œuvre d’art, d’un livre ou d’un film. Ce totalitarisme résulte d’une morale incertaine, car sans cesse changeante, déterminée par les nouveaux censeurs présents sur les réseaux sociaux notamment. Dans le même temps, la mise au pilori des contrevenants semble produire l’effet inverse de celui recherché. Car les sociétés occidentales ne s’apaisent pas ; bien au contraire, les tensions s’accroissent.

En France comme ailleurs, les moyens colossaux de l’antiracisme semblent inefficaces face à la montée de la haine et des fractures entre communautés. Cette nouvelle nébuleuse intersectionnelle, figure de proue du progressisme, piétine les valeurs universalistes. Les mêmes qui prétendent combattre les discriminations sont souvent les responsables d’un nouveau fossé culturel et social. Dans l’enseignement supérieur comme dans les associations de lutte contre les discriminations, on isole, on trie et on oppose. Au nom de l’antiracisme, la notion de race fait son grand retour dans le débat citoyen. Certaines réunions sont réservées aux minorités ethniques, et d’autres, pour les purger de leurs préjugés inconscients, aux Blancs ; tandis que des manifestations sont réservées aux femmes pour ne pas subir les oppressions des hommes. Cette nouvelle nébuleuse intersectionnelle, figure de proue du progressisme, piétine les valeurs universalistes qui ont pourtant façonné les grandes démocraties libérales. Les nouveaux antiracistes voient derrière chaque homme blanc un potentiel oppresseur. Le blanc est coupable d’un crime existentiel: celui d’être né dominant. Le résultat est tristement ironique: l’antiracisme réhabilite le racisme.

10:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, censure, nouvelle inquisition | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 05 février 2020

Interdit de ne pas interdire ?

stop.JPG

Interdit de ne pas interdire ?

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr & http://metapoinfos.hautetfort.com

 
Interdits de parole publique à tel endroit ou menacés pour tel propos sur telle antenne : Agacinski, Finkielkraut, Zemmour, Sifaoui, Zineb el Rhazoui, G. Lejeune. Tous ces gens connus, qui ne disent ni ne pensent la même chose, ont en commun de subir l’interdit pour crimepensée. Ils ont été menacés et empêchés de parler depuis quelques mois (et bientôt depuis quelques lois). De belles âmes (de Nutella aux associations antifas) le réclament de la justice, de l’administration qui gère des salles et des formations, ou des médias (menace de boycott par les annonceurs via les Sleeping Giants): faites les taire.

Certains au nom de l’héritage de Mai 68. Le « il est interdit d’interdire » est devenu « censurer sans entraves ».

Bien sûr, les suspects peuvent encore écrire ou fréquenter des plateaux de télévision. Là, avant le clash qui fera le buzz, ils entendront le rituel : « Ne nous assommez pas avec votre on ne peut plus rien dire, la preuve : vous êtes à l’antenne ». Mais ils y sont en situation de défense, confrontés à des accusateurs, toujours en position de se justifier: sous-entendus, faux degrés d’interprétation, complicité objective qu’ils entretiendraient avec les forces du mal, peurs et des haines qu’ils déclencheraient. On attendra qu’ils franchissent une ligne rouge ou révèlent leurs sous-entendus. Pour ce qu’ils penseraient subjectivement voire inconsciemment comme pour ce qu’ils provoqueraient objectivement (comme la « libération des tabous »). Avant de parler, ils doivent prouver d’où ils parlent et qui visent leurs paroles.

Cette asymétrie (nul ne soumet à pareil examen les tenants du consensus idéologique), montre qu’une idéologie dominante se défend aussi par interdits et soupçons. Cela consiste ici à créer une catégorie de: les « dangers » de leurs propos sont pesés (incitation ?), leurs arrière-pensées (discriminantes ?).

Le rétablissement de l’interdit au nom d’une prétendue post-gauche (celle qui ne veut plus changer le monde, mais les âmes des phobes et haineux) repose sur trois postulats. Ils ont mis quelques décennies à s’imposer, notamment via le politiquement correct.

Le postulat d’irréversibilité. L’État de droit libéral, le mariage pour tous et la PMA, l’ouverture européenne et multiculturelle, la tragédie du réchauffement climatique, etc. sont définitivement entrés et dans les faits et dans les erveaux. Ce sont des cliquets d’irréversibilité. Toute critique à cette égard est non seulement réactionnaire (jusque là on peut admettre), mais c’est une non-pensée. Voire un négationnisme. Elle est socialement dangereuse et s’exclut ipso facto du champs du débat : il ne peut porter que sur l’approfondissement de ce qui est. Et il implique la liquidation des dernières poches de domination, dans la tête des gens.

Le postulat de fragilité des masses (devenues des foules et sur lesquelles décidément on ne peut plus compter). Elles ne peuvent bien voter, c’est-à-dire soutenir les élites bienveillantes, que protégées du faux (fake news), rassurées (certains pourrait surfer sur leurs peurs) et convenablement protégées des pseudo-idées populistes qui sont autant d’incitation à la haine. Isoler leur cerveau des contagions complotistes ou autres désinformations, c’est garantir la démocratie et nos valeurs. À ce compte, pourquoi ne pas rétablir le suffrage censitaire : il n’y aurait plus que des gens ouverts et bien informés qui voteraient.

La_Censure_by_Georges_Lafosse.jpg

Le postulat victimaire. Il consiste à évaluer une idée ou une affirmation à l’aune de la souffrance présumée qu’elle cause à telle communauté ou de l’affront fait à telle identité imaginaire. Les idées ne sont plus soumises au critère de vérification mais de réception : ça fait mal à qui se réclame de telle identité ou telle conviction ? Il faut aussitôt en contrôler la diffusion.

L’affaire Mila l’illustre parfaitement : une LGBT de seize ans dit détester toutes les religions, en particulier l’islam qu’elle qualifie de religion de haine et de merde. Aussitôt pleuvent des milliers de menaces de mort ou de viol sur les réseaux sociaux. Mais le plus significatif est la réaction embarrassée des médias, des leaders d’opinion ou des dirigeants. On se polarise sur le droit (on n’a pas le droit de menacer, le blasphème n’est pas interdit, mais où passe la frontière avec l’injure aux personnes et non aux idées ?), on se demande même si la gamine n’a pas un peu attenté à la liberté de conscience des croyants. Mais en adoptant ces postulats - et pour certains en mettant sur le même plan des injures et menaces de mort à une personne dont la vie est maintenant brisée et la souffrance subjective que l’on éprouve de savoir que d’autres méprisent nos convictions -, on fait de l’argument victimaire une arme paradoxale : plus vous hurlez que vous souffrez, plus vous avez le droit de menacer.

Ce processus fait partie de l’américanisation de la vie intellectuelle française : les principes de politiquement correct et de respect des sensibilités chers aux universités américaines. Toute pensée qui fait obstacle à une identité, héritée ou choisie, vaut oppression. Elle ne peut donc être - on en revient au même - une pensée mais une action agressive. Donc punissable.

Et si tous ces postulats relevaient d’une forme d’idéalisme ? Pour lui, les pensées perverses sont puissantes, elles naissent absurdement dans certaines cervelles, ils faut donc les faire disparaître pour abolir toutes les dominations. Élégante façon d’oublier les rapports sociaux au profit des rapports de censure.

mardi, 04 février 2020

Pensées interdites

pensees-interdites-gregory-roose-entretien-polemia.jpg

Pensées interdites

par Rémi TREMBLAY

C’est une banalité que d’affirmer que les Milléniaux lisent peu. Bercés par les écrans et gavés par les médias sociaux et les vidéos en ligne, ils n’ont que peu d’intérêt pour la lecture et s’il existe des exceptions à cette règle, il reste que la plupart ne s’emballeront jamais en lisant la prose de Charles Maurras ou de Lionel Groulx. Mais l’objectif n’est pas ici de les convaincre de s’intéresser à ces lectures qu’ils trouveront probablement fastidieuses et rébarbatives, mais de leur présenter un livre choc composé d’une série d’aphorismes qui saura capter leur intérêt et les faire renouer avec la lecture, au moins le temps d’un livre.

ED40Y1nWwAA7BhA.jpgLe livre de Grégory Roose, Pensées interdites, est parfait pour celui qui n’a jamais ouvert un ouvrage de politique ou que rebute l’idée de se plonger dans de grandes dissertations philosophiques, bref, un ouvrage idéal pour le Millénial ou quiconque lit peu.

L’auteur en est à son premier titre. Mal pensant comme on les aime s’assumant totalement, Roose constate le Grand Remplacement et propose comme voie de sortie, le Grand Rapatriement, soit le divorce avec les éléments exogènes qui ont refusé de s’assimiler. Il est temps de dire adieu à ceux qui partagent la même maison, mais qui ne l’aiment pas et qui ne nous aiment pas. Nul racisme chez lui; il croit l’assimilation possible, mais celle-ci n’est réalisable que si les immigrants sont de bonne foi et s’ils ne sont pas trop nombreux. Deux conditions que l’immigration comme elle se pratique aujourd’hui ne remplit pas. Ainsi, « le Grand Rapatriement doit être la conséquence opérationnelle d’une rupture de contrat entre un peuple autochtone et des fragments de peuples exogènes et dissidents ».

Ses réflexions, parfois humoristiques, voire sarcastiques, touchent un grand nombre de sujets, de la déferlante migratoire au féminisme moderne en passant par l’automobile et le journalisme. Chaque sujet mériterait une analyse complète, mais c’est justement là le charme des aphorismes; présenter en quelques mots une pensée complexe. L’aphorisme est à l’essai politique, ce que le haiku est au sonnet.

Pour bien exemplifier le style de Roose, le mieux est de présenter certaines de ses réflexions :

  • Avoir toujours raison est un art. Savoir reconnaître ses torts est une vertu. La plupart des politiciens sont des artistes vicieux.

  • La loi contre les « fake news » est censée « protéger la vie démocratique et républicaine ». Tout comme le nom officiel de la Corée du Nord contient les mots république et démocratique. Vous me suivez ?

  • Notre défaite démographique, concomitante à l’invasion migratoire, sonnerait le glas de notre civilisation deux fois millénaire.

  • La gauche dite « antiraciste » racialise tous les débats, mais c’est la droite qui est régulièrement qualifiée de raciste et de réactionnaire. Cette gauche est un fléau sociétal qui doit être ringardisé au nom de l’intérêt général.

  • L’inversion des flux migratoires est notre seul salut possible. À défaut, la civilisation européenne, subjuguée, disparaîtra dans quelques générations.

  • Ne pas dire « égorgé », dire « blessé mortellement au cou »; ne pas dire « immigré clandestin », dire « primo-arrivant »; ne pas dire « Grand Remplacement ». Surtout, ne pas le dire.

  • La censure sur les réseaux sociaux s’organise. La presse clandestine a toutes les raisons de renaître de ses cendres.

L’auteur n’a pas le même sens de la formule que Robert Poulet ou Xavier Eman, plus contemporain, mais il n’en demeure pas moins que ses réflexions sont la plupart du temps justes et parviennent en quelques mots bien sentis à déconstruire l’argumentaire de nos opposants, empêtrés dans leurs contradictions, ce qui nous fait oublier le manque de fil conducteur. On reconnaît chez cet homme le courage que François Bousquet nous exhorte à adopter. D’ailleurs, certaines de ses réflexions auraient pu être tirées du Manuel de guérilla culturelle de ce dernier.

Il ne reste plus qu’à mettre ce livre dans les mains de ceux qui font de l’urticaire à la simple évocation du mot « lecture ». C’est le cadeau idéal pour le neveu millénial ou l’homme trop pressé pour prendre le temps de s’asseoir et de se plonger dans une lecture de fond.

Rémy Tremblay

Grégory Roose, Pensées interdites, Apoxa, 2019, 148 p., 8 €.

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 24 janvier 2020.

mardi, 21 janvier 2020

France : vers l’éradication de toute opposition

116729258.jpg

France : vers l’éradication de toute opposition

 
par Arnaud Dotézac
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les «Sleeping Giants» sont la nouvelle milice privée de contrôle de la pensée sur l’internet, qui assume pleinement son caractère répressif. Purs idéalistes? Les profils des meneurs indiquent plutôt qu’il s’agit d’un mercenariat techno qui barbote décidément dans un petit monde. Le marécage du Deep State est profond, mais pas si étendu que ça…

Vue de Suisse, l’évolution politique de la France macronienne a de quoi inquiéter. On y constate l’instauration de facto d’un régime à parti unique annihilant tout débat démocratique; une judiciarisation galopante des opinions discordantes; un usage d’une rare violence de la force publique contre les revendications du peuple; un niveau d’approbation caricatural du pouvoir macronien par la presse de grand chemin, allant jusqu’au projet abracadabrantesque d’instituer un «Conseil de l’Ordre des journalistes»!
Les journalistes auraient-ils à se présenter en robe de clercs, dans l’esprit de Cédric O, secrétaire d’État au numérique, qui émit cette brillante idée en juin dernier? Certes, elle provoqua un tel tollé qu’il dût se raviser mais tout de même, il fallait oser.

Vers l’éradication de toute opposition

Et voici que, devant les sénateurs, en séance publique du 17.12.2019, il en remit une couche. Il y soutenait la loi dite Avia, qui s’inscrit dans cette ligne otanienne de muselage des dissidences sur internet. Une loi qui prolonge aussi, de manière beaucoup moins commentée, le fameux pacte de Marrakech, élargissant le concept de racisme et autres discriminations, aux mêmes dissidences. Durant cette séance donc, Cédric O se félicita d’un amendement n° 47 relatif à l’article 6 bis AA de cette loi, visant à responsabiliser pénalement les annonceurs, en les obligeant à constater et publier la destination de leurs publicités, en particulier celles qui se retrouveraient, justement, sur de tels sites dissidents. L’objectif non écrit mais figurant aux débats (qui sont une source d’interprétation officielle des textes en droit français), est de tarir la source de financement publicitaire correspondante pour ces sites, «[d’assécher] une partie du financement des sites extrêmes ou que nous souhaitons ici voir disparaître» selon les propres termes de Cédric O, lors de cette séance.

La France vient donc d’institutionnaliser la censure par incitation au blocus publicitaire, c’est-à-dire par sanction économique privée. Restera à définir ce qu’est un «site extrême». Une notion absente du Code pénal français mais qui se présente à l’évidence comme une ouverture arbitraire à la répression politique. La mention qui suit dans la même phrase d’un «souhait de voir disparaître» de tels sites ne dit rien d’autre. On commence par l’appel à l’éradication politique et puis quoi, demain?

Mais ce n’est pas tout. Grâce à un nouveau lapsus d’O, on sait que le gouvernement Macron s’est également amarré, par cette loi, à ce très étrange mouvement américain du nom de «Sleeping Giants». O explique en effet, benoîtement, que ce fameux amendement obligera les annonceurs à s’intéresser au contenu politique des sites internet, faute de quoi, dit-il: «je suis certain que certaines (sic) organisations se pencheront sur le sujet et les alerteront». Or, c’est précisément l’objet social de cette nouvelle forme de prévôté en ligne, que sont les «Géants endormis». On entend ainsi un membre du gouvernement français officialiser un groupe anonyme d’apparence privée dans un rôle de commissaire politique au boycott. Qu’est-ce donc que ce mouvement des Géants endormis pour qu’un État, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, lui fasse tant d’honneur ?

La résurrection des titans

Les Sleeping Giants sont apparus dès le lendemain de l’élection de Donald Trump dans le but de ruiner les sites d’information ayant concouru à cette élection, tels que Breitbart et autres. Ils y ont réussi au-delà de leurs espérances, allant même jusqu’à tenter le boycott à la carte bancaire, avec l’aide de George Soros. Toujours lui.

Plus récemment, ils se sont attaqués à la France, notamment à Valeurs Actuelles, à Boulevard Voltaire, à CNEWS, etc. Même si leur succès est moins spectaculaire qu’outre-Atlantique, ils ont tout de même réussi à convaincre de nombreuses marques à en retirer leurs pubs. Il se confirme donc que cette loi Avia vient bien au soutien d’un regroupement d’individus anonymes et pour la plupart étrangers, pratiquant le chantage économique à des fins d’éradication des opposants à la pensée unique. Il s’agit bien d’un tournant institutionnel majeur.

Les meneurs des Géants endormis ont tout de même fini par se faire démasquer, dès juin 2018. Deux profils ont émergé, dont un nous amène à d’étranges connexions qu’Antipresse est le premier média à révéler ici.

AP-A.jpg

Matt Rimitz, promu par CNN pour ses campagnes contre Breitbart

Le premier meneur se nomme Matt Rivitz. Son profil d’activiste anti-Trump est banal, biberonné au sein d’une famille démocrate, avec notamment un père dirigeant un institut subventionné de réinsertion à Baltimore, etc. Pas de quoi s’étendre outre mesure dans le cadre de cet article. En revanche, le deuxième profil est beaucoup plus énigmatique.

La Mata Hari branchée

Il s’agit d’une jeune femme d’origine indienne, du nom de Nandini Jammi. Autant dire «Jacqueline Durand» dans la France des années soixante. Mais même après avoir recoupé de très enfouies et très rares informations sur son environnement familial (père haut fonctionnaire du FMI), on constate que Nandini Jammi n’existe quasiment pas sur Internet avant son dévoilement. Ce genre d’intraçabilité relève ordinairement soit d’un travail d’effacement très professionnel, soit d’un changement d’identité. Dans les deux cas, on a de fortes chances d’avoir affaire à une personne qui n’est pas entièrement ce qu’elle prétend être, c’est-à-dire dont l’histoire et l’environnement réels doivent rester dans l’ombre. On ne trouve d’elle qu’un très faible signal provenant d’Amérique latine, et qui mérite encore des vérifications de notre part, même si son visage de là-bas, dont nous avons retrouvé une image, avant relooking donc, est révélateur d’une métamorphose assistée, très professionnelle là encore.

ap-b.jpg

Nandini Jammi après son relooking… et avant (à Buenos Aires).

Il est très surprenant également de constater avec quelle rapidité elle a su transformer le dévoilement de son identité en un formidable tremplin médiatique. C’est à tel point qu’on se l’arrache aujourd’hui pour les plus grandes conférences geek, par exemple le Turing Fest 2019 d’Édimbourg. Elle y expliquait que les médias qu’elle attaque ont en commun d’être «financés par des suprémacistes blancs», produisant des écrits signés «par des suprémacistes blancs» de sorte «qu’ils ne sont tout simplement pas des médias» 1. Valeurs actuelles, CNEWS, Boulevard Voltaire, RT, etc. ne sont pas des médias, et appartiennent au Ku Klux Klan, c’est bien connu. En tout cas, c’est cette nouvelle inquisition qui plaît tant à Macron et ses ouailles.

Pour en savoir plus, il n’y avait pas d’autre choix que d’approfondir notre enquête dans les liens professionnels de Nandini. C’est là que nous avons découvert une relation avec un coach, dont le changement d’identité n’a pas effacé toute possibilité d’identification.

L’Ukraine connection

«Myk Pono», tel qu’il se présente, Mykola Ponomarenko de son vrai nom, est un expert en réclamations-clients en ligne, au moyen d’actions virales, du type de celles développées justement par les Sleeping Giants. Il a cosigné un article de 38 pages à ce sujet avec Nandini Jammi en août 2018 (après le démasquage donc). En d’autres termes, c’est sur la base de cette expertise marketing, commerciale en essence, que Nandini Jammi aura lancé l’opération des Géants endormis. Jusque-là, on pourrait croire à une simple extrapolation pratique.

ap-c.jpg

«Myk Pono», alias Mykola Ponomarenko

Mais en parallèle, et à l’instar de toute ONG qui se respecte, les Géants endormis se sont dotés d’une belle ligne graphique, propre et bien déclinée. Là encore, un travail de professionnels. Or, par une surprenante coïncidence, il se trouve que Myk Pono a recours à un graphiste, du nom de Nikita Sekatchev, qui se prévaut de la création du logo de la célèbre société ukraino-chypriote Burisma.

ap-d.jpg

Parmi les autres travaux de Nikita Sekatchev: le logo de Burisma, la société du fils Biden

Oui, Burisma, celle-là même qui nomma Hunter Biden & Co. à son conseil d’administration et dont nous avons retracé les liens avec l’État profond américain dans les numéros 205 et 206 d’Antipresse. Non seulement il n’est pas anodin que l’emblème de Burisma soit «made in USA», mais nous découvrons-là une trace du Deep state américain, dans la proximité immédiate de l’opération des Géants endormis. Comme il y a peu de hasard en ce domaine, le lapsus parlementaire de Cédric O se verrait alors éclairé d’une lumière beaucoup plus crue qu’on ne pourrait le penser.

En effet, alors qu’une loi de solidarité avec une «initiative citoyenne» privée et néanmoins subversive, serait des plus incongrues, rien de tel ne le serait, en revanche, d’une solidarité d’allégeance, envers le Deep state américain. D’autant que les liens de l’équipe originelle d’En Marche avec l’Ukraine sont connus. Rappelons qu’Ismaël Émelien (frère d’armes de Cédric O) a travaillé pour l’oligarque ukrainien Viktor Pinchuk, en particulier pour son Think Tank «YES» (pour Yalta European Strategy conference), comme le rappelle Marc Endeweld dans son décapant ouvrage Le grand manipulateur, les réseaux secrets de Macron (Stock, Paris, 2019). Or, nous avons nous-mêmes établi la filiation, au moins temporaire, entre Pinchuk et Burisma, sans oublier le sponsoring de YES par Burisma. Le monde est petit !

Certes, une trace de proximité relationnelle n’est jamais qu’un simple indice. Cela ne vaut pas preuve de collusion et encore moins de service commandé. Nous nous contentons donc de le livrer comme tel et rien de plus. En revanche, un faisceau d’indices commencerait à changer la donne. Or, il nous semble à cet égard que les orientations antidémocratiques de l’idéologie macronienne fourbissent déjà quelques-uns de ces faisceaux. Nous y reviendrons la semaine prochaine.

Loi Avia

L’alliance du pouvoir exécutif français avec une milice privée de censure et de chantage sur internet, scellée par le projet de loi Avia, est-elle un produit des circonstances ? Ou ne serait-elle pas la concrétisation d’un projet «suprapolitique» mûri de longue date qui ferait de la démocratie une relique du passé? Les écrits d’Emmanuel Macron lui-même nous éclairent là-dessus.

ap-e.jpg

Nous terminions la première partie de cet article en relevant la solidarité politique du gouvernement Macron avec le mouvement américain Sleeping Giants, d’obédience extrême-démocrate. Le jeune camarade-conseiller de campagne d’Emmanuel Macron, aujourd’hui secrétaire d’état au numérique, Cédric O, expliquait en effet en séance publique sénatoriale du 17 décembre dernier en quoi des «organisations» du type des Sleeping Giants s’articulaient à la proposition de loi Avia, qui y était en discussion ce jour-là.

Rappelons que le rôle attendu des Sleeping Giants par le gouvernement est de jeter la tache du soupçon infamant sur les annonceurs inattentifs aux sites dissidents. A défaut de boycotter ces sites, il leur sera imputé en effet de partager les opinions politiques «immondes» des médias qu’ils sponsorisent. Et peu importe d’ailleurs à ce joli monde d’utiliser la technique du name and shame («dénoncer et diffamer») qu’ils déclarent justement combattre, du fait que ces sites propageraient de l’exécration publique, cette fameuse «haine» que les Sleeping Giants ont entrepris d’éradiquer. Il y aurait fort à dire sur l’idée même de vouloir anéantir un sentiment humain, fut-il de détestation, voire une émotion, qui peut tout aussi bien se rapporter à une douleur légitime. Mais c’est un autre sujet.

Ce n’est en tout cas pas un hasard si l’objet officiel de la loi Avia est aussi de «lutter contre les contenus haineux sur Internet». La concordance parfaite de l’objet de la loi et de celui des Sleeping Giants confirme leur part dans l’économie du texte et dénote ce que le droit peut traduire par la notion d’«indices graves et concordants». Sont-ils dès lors «graves» également?

Des indices graves et concordants d’entente illicite

Force est de constater que le gouvernement déclare s’entendre avec les Sleeping Giants pour évincer les concurrents politiques. Une «entente» donc, comme on le dirait dans le jargon du droit de la concurrence. Mais une entente illicite, puisque visant à exclure des opposants du «marché» politique. Alors oui, ces premiers indices peuvent être qualifiés de «graves» et cela pour plusieurs motifs qui se cumulent.

En premier lieu, le dispositif macronien sape les principes mêmes de libre concurrence qui fondent tout l’édifice libéral, dont il se prétend l’apôtre. Il n’est pas à une contradiction près.

En second lieu, cette loi rend obligatoires des pratiques que d’autres lois interdisent. On retrouve là une énième expression du «en même temps», qui brouille un peu plus les repères normatifs et sociaux admis par tous.
A cela s’ajoute la promotion de la délation, un procédé que la morale française réprouve profondément et que le droit interdit et sanctionne en tant que «pratique déloyale», dès lors qu’on y trouve du dénigrement ou de la désorganisation des concurrents, ce qui est le cas en l’espèce.

Enfin, cette loi Avia et les Sleeping Giants organisent tous deux une pratique qui répond mot pour mot à la définition du délit de chantage et dont la teneur mérite d’être rappelée: tombe sous le coup de l’article 312–10 du code pénal français «le fait d’obtenir [une renonciation] en menaçant de révéler ou d’imputer des faits de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération…».

Nous y sommes noir sur blanc puisque le marché que les Sleeping Giants proposent aux annonceurs est en substance le suivant: «Je vous accuse de financer des sites immoraux et néfastes dont je vous impute une part d’infamie. Celle-ci vous déshonore et va détourner de vous vos propres clients, mais je ne cesserai de vous dénoncer publiquement qu’à la condition que vous renonciez à soutenir ces sites par vos annonces». Comment peut-on ainsi légaliser le chantage en France? Cela mérite réflexion.

Pour finir, la loi Avia ordonne le contournement du juge judiciaire (en principe gardien des libertés) dans le but de censurer la dissidence, puisque ce sont les plateformes privées qui devront effacer les propos qualifiés d’«haineux» par toute personne les signalant comme tels. Le principe était pourtant jadis que nul ne pouvait plaider par procureurs privés. Un démantèlement de plus de la bonne justice.

On assiste donc ici à une nouvelle série de transgressions des structures normatives françaises, qui va bien au-delà de la simple atteinte à la liberté d’expression sur internet.

Une monocratie illibérale en devenir

L’agencement de l’espace de liberté d’expression par Macron ne reflète pas les principes constitutionnels de liberté dont il est juridiquement le garant au titre de l’article 5 de la Constitution. Mais peut-être confond-il avec l’article 5 de la charte de l’OTAN organisant la légitime défense de ses membres ? Cela y ressemble, de sorte que ce ne serait pas l’OTAN qui serait «en état de mort cérébrale» mais bien la démocratie française.

Prenons le contrôle des journalistes par un Conseil déontologique journalistique aujourd’hui en place. Observons l’exercice du droit de manifester dans la rue, chèrement monétisé par la matraque, les gaz incapacitants, des tirs tendus de LBD à bout portant, les éborgnements et autres sections de mains et de pieds, presqu’évocatoires de rites ordaliques («si tu en réchappes, c’est que le Divin t’a gracié, sinon c’est Sa Loi qui te punit»).

Mais la liberté d’expression, c’est aussi celle des députés, dont l’immunité de parole est justement garantie par les textes afin de librement débattre et soutenir leurs propres initiatives législatives. Que signifie alors le procédé consistant pour un président en exercice à requérir d’une députée amie (Macron et Lætitia Avia se connaissent en privé depuis au moins 2009) de produire une loi à sa demande? La Constitution ne distingue-t-elle pas les textes selon leur initiative parlementaire ou gouvernementale? Le président n’est-il pas exclu du droit d’initiative législative? Un article signé de lui et paru dans le numéro de mars/avril 2012 de la revue Esprit devrait nous éclairer.

f13062883a4aef06191915ae99275f91.jpgOn y découvre notamment que, pour Macron, les chambres parlementaires ne sont rien de plus que des «chambres de décantation». Intéressante allégorie. Le président n’ignore pas que l’usage du terme «décantation» ne se limite pas aux rites œnologiques. Il désigne aussi les bassins d’assainissement des eaux usées. Anticipait-il une majorité parlementaire assimilable à l’eau purifiée, tandis que les résidus boueux, putrides et nauséabonds vaudraient pour toute opposition démocratique ?

Le réel n’est jamais loin de la métaphore. Si cette dernière n’est pas aisément transposable dans le discours politique au quotidien, elle n’en est pas moins visible dans ses attitudes de dédain bien connues à l’égard du peuple en général et de ses aspirations à recouvrer sa souveraineté en particulier.

Le bassin de décantation qu’est pour Macron la représentation nationale va en réalité de pair avec une idéologie profondément antidémocratique qu’il exprime, là encore noir sur blanc, dans ce même article: «Il est temps en effet pour (sic) redonner à l’idéologie sa forme contemporaine» prévient-il. Et comment se «forme» donc cette idéologie ? Par «l’instauration de mécanismes suprapolitiques qui garantissent à travers le temps une application constante, une protection contre les aléas politiques». Autrement dit, le Macronisme passe par l’édiction de normes non négociables (c’est le sens même de «suprapolitiques»), c’est-à-dire soustraites au débat démocratique, source de tous ces «aléas politiques» incompatibles avec la pérennité de son idéologie.

La dictature du «suprapolitique» est explicitement au cœur de l’idéologie macronienne et au cas où le lecteur n’aurait pas bien compris, le futur président français enfonce le clou quelques lignes plus loin, vantant «la descente de police, l’acte unilatéral, la sanction administrative, etc.» comme «geste politique suprême». Il en a déjà donné de nombreux exemples.

Pourquoi instituer une telle monocratie en France ? Pour «réformer le pays» dit-il, c’est-à-dire pour qu’il soit plus rentable. Et c’est là que les solidarités idéologiques se confondent avec les réseaux de personnes intéressées à cette rentabilité et que les faisceaux d’indices convergent.

Notes

Voir à cet égard les analyses pénétrantes de Matthieu Bock-Côté, notamment L’empire du politiquement correct. Essai sur la respectabilité politico-médiatique (Le Cerf, 2019), présenté par le Cannibale lecteur dans l’Antipresse 178. ?


- Source : Antipresse
 

DwveIFoX0AECoP0.jpg

samedi, 11 janvier 2020

Vérité, haine et censure

André_Gill_-_Madame_Anastasie.jpg

Vérité, haine et censure

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr


Le Parlement est en train d’adopter la loi Avia contre les « contenus haineux » en ligne, quelque mois après la loi dite contre les fake news ou « infox ». La justification avancée dans les deux cas est qu’il faut protéger la démocratie contre une double influence : celle des informations fausses, éventuellement fabriquées et amplifiées par des services étrangers ou des professionnels de la manipulation, et d’autre part, contre des discours « de haine » qui inciteraient à la violence envers certaines catégories de personnes ou les stigmatiseraient. Bien entendu, personne n’a envie de voir circuler des photos truquées répandues par des armées de robot, ni des appels au meurtre et notre législation prévoit des sanction pour la fabrication de faux, les injures, les propos racistes, le harcèlement...
Les nouvelles lois témoignent d’une singulière évolution : dans les années 90 (lors du printemps arabe ou des révolutions de couleur) Internet et a fortiori les réseaux sociaux étaient censés ne menacer que les dictatures, puisqu’ils permettaient au peuple de s’exprimer et aux vérités censurées de toucher les internautes du monde entier. Or voici que le jugement se renverse. Les messages qui nient les fait éventuellement la science ou qui inventent des complots ou des scandales font peur. Et ceux qui incitent à l’extrémisme ou désignent telle catégorie de gens (qu’il s’agisse des LGBT ou des rouquins) comme mauvais par nature sont accusés de nous dresser les uns contre les autres. Sans réalité commune à laquelle se référer et sans respect minimum, nos sociétés verraient le lien social se déchirer : est-ce vraiment de la faute de quelques milliers de trolls ?
Il y a un peu de naïveté à attribuer ainsi un pouvoir de persuasion quasi mécanique à des assertions fausses ou une force d’incitation irrésistible à des images. Outre la loi, c’est faire bon marché des milliards de messages en sens contraire qui circulent sur les réseaux sociaux, des modérateurs et de systèmes de contrôle des plateformes, des médias classiques qui se dotent tous de rubriques de surveillance et de désintoxication, des milliers d’ONG qui font de même et de l’action spontanée des internautes qui n’aiment rien tant que ridiculiser un « fake » ou s’indigner d’un propos extrémiste. Pourquoi serait-ce si peu efficace et pourquoi deux lois (qui risque de donner des idées à des pays autoritaires) le seraient-elles ?

Elles ont subi des critiques de fond : ainsi l’ONG la Quadrature du Net ou encore un article de J. Turley professeur à l’université G. Washington qui dénonce «  une des plus grandes menaces mondiales contre la liberté d’expression ».

Ce type de lois de censure posent deux questions. Il y a d’abord celle du « pour quoi ? ». De la définition que l’on choisira (ou que l’État choisira) de la vérité ou de la haine peuvent dépendre d’énormes conséquences pour la liberté. Si nul ne doute que fabriquer des documents truqués soit répréhensible, la frontière risque d’être vite franchie entre faux et théorie douteuse, prévisions anticonformistes, opinion minoritaires, expression de doutes, opinion hétérodoxe etc. Après tout il y a eu des époques où ceux qui croyaient que la terre n’était pas plate ou que Saddam Hussein n’avait pas d’armes de destruction massive étaient traités de faussaires. Et -sauf appel explicite à prendre les armes -qu’est-ce qui « incite » à la haine : une critique théologique, une jugement sur les crimes historiques d’un peuple, le fait d’attribuer tel caractère ou de faire tel reproche à telle partie de la population ? Il suffit de songer au génocide arménien et à sa négation, à la frontière entre antisémitisme et antisionisme, ou à la définition d’islamophobie ou de racisme anti-blanc pour réaliser que la censure réclamée sera une arme pour disqualifier des groupes adverses . Il suffit de qualifier leur argumentation d’intention de nuire ou de tuer. Ceux qui auront le monopole du Vrai et du Bien auront celui du silence pour autrui.

Derrière la question du critère (pour quoi ?) se profile surtout celle du comment. Dans la cas de la loi infox, le juge des référés pourra demander aux plate formes (qui le font déjà avec leurs algorithmes et leurs milliers de modérateurs) de retirer les « faux ». Idem dans le cas des discours de haine chacun pourra signaler les contenus, que les GAFAM retirent déjà par millions que ce soit par conviction sincère ou par intérêt commercial pour leur image. En clair cela veut dire deux choses :
- dans un monde où l’information circule instantanément, seuls les grands du Net ont la capacité technique de retirer des contenus (ou des comptes) : le juge ou l’État ne peuvent que leur demander de le faire plus vite sous peine d’amende. Façon de feindre d’organiser des événements qui le dépassent. Il y a une énorme différence entre un compte supprimé par un algorithme et le procès de Zola.
- cette dépendance de l’opérateur technique et non de l’institution démocratique va ouvrir la voie aux stratégies du tricheur. Le groupe le plus organisé pour censurer ses adversaires (par exemple en cliquant en meute sur le bouton de dénonciation de contenus haineux ou suspects) a de bonne chances d’obtenir satisfaction : par sécurité les GAFA menacés de sanctions préféreront céder sans trop argumenter, et le processus d’intériorisation de la censure sur des sujets tabous se développera.

Les lois qui confèrent le pouvoir de dire le faux et le méchant, donc de décider ce qui doit être indicible, sont déjà dangereuses entre les mains du juge. Ici elles vont, de fait, être confiées à des opérateurs techniques qu’aucun peuple n’a élus. Est-ce un progrès pour la démocratie ?

union_europeenne_censure_internet.jpg

11:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualit", censure, liberté d'expression | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 28 décembre 2019

Tarek Haddad dénonce les pressions médiatiques sur les journalistes

Tareq-Newsweek.jpg

Tarek Haddad dénonce les pressions médiatiques sur les journalistes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce journaliste américain a pris le risque de dénoncer les pressions des médias dits de référence sur ceux qui écrivent pour leur compte.

Ces pressions visent à obliger ces journalistes à publier des nouvelles qu'ils savent fausses ou à faire des commentaires orientés dans un sens favorable aux intérêts qui financent ces médias. Vu les propos très semblables que formulent les journalistes dans ces médias, il y a lieu de penser qu'ils cèdent pratiquement tous aux pressions. Un emploi bien rémunéré est préférable à une exclusion motivée par un respect des règles déontologiques qui interdirait tout espoir d'un recrutement ailleurs.

Les pressions proviennent nécessairement des intérêts économiques, politiques et diplomatiques qui ont besoin de l'appui de la presse et du public pour poursuivre leurs stratégies. Ceci notamment dans le domaine international. Concrètement, quand il s'agit des Etats-Unis ou de l'Europe, le principal objectif vise à diaboliser la Russie et à un moindre degré la Chine, afin d'encourager des affrontements avec eux pouvant éventuellement prendre des formes quasi-militaires. 

Par définition, les citoyens s'informant auprès de ces médias, presse écrite ou presse internet, actualités télévisuelles, ne peuvent soupçonner cette servilité de leurs sources favorites. Ils acceptent donc sans les critiquer les informations qu'ils reçoivent ainsi. Le jugement de beaucoup de ces citoyens peut être suffisamment déformé pour qu'ils encouragent leurs gouvernements à poursuivre des politiques de confrontations susceptible de dégénérer d'un moment à l'autre en des conflits entraînant mort d'hommes. 

Il est difficile de dire ce qu'il en est en Europe et notamment en France où demeure, comme l'espèrent quelques optimistes, une certaine déontologie professionnelle s'imposant à la presse d'opinion. Aux Etats-Unis, au contraire, le soutien des grands médias aux politiques que conduisent les représentants de ce l'on nomme l'Etat Profond ou Complexe militaro-diplomatico-industriel paraît sans failles. Seuls quelques rebelles courageux utilisent l'Internet pour faire connaître leur opposition, mais leurs voix demeurent à peu près inextinguibles parmi celles qui dominent ce moyen d'expression et qui proviennent du gouvernement, des agences de renseignement telles que la CIA ou des « Géants de l'Internet», tous acquis aux grands pouvoirs dominant la société américaine. 

C'est pourquoi, il est intéressant de lire le témoignage daté du 14 décembre 2019 d'un journaliste nommé Tarek Haddad, qui exerçait un emploi bien rémunéré dans le grand journal américain Newsweek. Il a, dit-il, été conduit à en démissionner face aux pressions continuelles s'exerçant sur lui afin qu'il respecte la ligne officielle que Newsweek impose à ses journalistes. L'article est long, ses implications sont souvent difficiles à comprendre par des lecteurs européens naïfs qui vont chercher sur Newsweek, comme dans d'autres organes analogues, des éléments leur permettant de tenter de comprendre l'état du monde.

Tarek Haddad explique en début d'article que bien que de citoyenneté britannique, il est d'origine russe et arabe. Il prévoit non sans raisons qu'il sera suspecté d'être au service de la Russie ou d'un quelconque Etat arabe refusant la domination américaine au Moyen-Orient. Cependant ceux qui veulent ouvrir les yeux sur les influences et luttes de pouvoir s'exerçant dans le monde au profit des Etats-Unis devraient faire l'effort de lire ou du moins de parcourir cet article. Ils seront édifiés.

On peut accéder à l'article sur le propre blog de l'auteur. Il a du le mettre en place pour échapper aux censures. Son adresse est https://tareqhaddad.com/2019/12/14/lies-newsweek-and-control-of-the-media-narrative-first-hand-account/


 

vendredi, 29 mars 2019

The Rise of Unfreedom in the West

yoani-assange-usa.jpg

The Rise of Unfreedom in the West

Our tradition of free debate, the sine qua non of democratic life, is increasingly under attack in academia, the media, and politics.

 
Andrew A. Michta is the dean of the College of International and Security Studies at the George C. Marshall European Center for Security Studies. Views expressed here are his own.