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dimanche, 15 décembre 2019

La mort de L.-F. Céline de Dominique de Roux

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La mort de L.-F. Céline de Dominique de Roux

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

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Je ne suis pas suffisamment versé dans la célinologie pour savoir quel accueil a été réservé au court texte que Dominique de Roux a consacré au grand écrivain en 1966, cinq années après la mort de ce dernier, mais je doute qu'il ait été goûté exagérément, si nous considérons, par exemple, les réserves qu'exprime le préfacier de ce texte, Jean-Marc Parisis, notamment sur la question juive, cette pierre d'achoppement, ce scandale des scandales sur lequel butent tous les lecteurs, sots ou érudits, de bonne ou de mauvaise foi, de Céline, mais pas vraiment Dominique de Roux, qui compare explicitement la situation de l'auteur du Voyage au bout de la nuit à celles des Juifs lorsqu'il écrit ainsi que : «Sur la ligne de passage du dernier mot, au moment où il ne lui restait plus qu'à choisir le risque du suicide, dans cette fatalité du voisinage de la mort, où il rejoignait ainsi les limites de la condition juive dans le monde, son état absolument décharné l'amena au Sundby Hospital» (1). Absolument pas honteux d'avoir utilisé une telle image, Dominique de Roux, à la toute dernière page de son texte, écrira même de Céline qu'il sera porté en terre «dans l'horreur de ce jour sans ombre, comme le Juif au visage de supplicié sur le chemin de sa libération» (p. 192).

Il me semble somme toute assez vain et peut-être même sot, comme le fait Jean-Marc Parisis encore, de reprocher à Dominique de Roux le fait qu'il aurait écarté l'antisémitisme de Céline, ou même que son propos aurait valu absolution, même s'il est vrai qu'à la parution de l'ouvrage, tout un tas de belles âmes (ainsi de Jean-Pierre Faye) ont automatiquement rangé l'auteur dans le rang assez fourni tout de même des fascistes, avec Léon Daudet, ce qui est une prodigieuse stupidité, et Lucien Rebatet, ce qui l'est certes moins. Figurant Céline en Juif immémorial, «une fois entendu qu'il porterait les fautes de la multitude» (p. 43), Dominique de Roux, d'une certaine façon, prend le difficile point de vue surplombant que lui autorise, du moins à ses yeux, la littérature ou plutôt : l'état de la littérature au moment où il écrit son livre, état qui n'a cessé, depuis cette époque, d'empirer car il est désormais parfaitement clair que la «parole littéraire n'a plus de sens» puisque «écrire, et plus encore écrire en français, semble être la projection de quelque déchéance, d'un total échec de soi-même (p. 29). L'apparition cataclysmique de Céline, dans une société où «règnent le notariat le plus sec et le style littéraire de la petite mesure» (p. 33) peut, dès lors, être interrogée à bon droit, Dominique de Roux allant même jusqu'à se demander s'il a réellement existé car, «en notre époque déjà de transhistoire, tout apparaît sans date et sans généalogie dans le cours de la médiocrité au pouvoir, et toute interrogation apporte avec elle une fatigue de mort» (p. 30).

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Quelle est l'évidence souveraine que rappelle Louis-Ferdinand Céline, et que nous faisons absolument tout ce qu'il faut pour l'oublier ? Qu'écrire, «ce n'est ni faire carrière ni prolonger ses humanités» puisqu'il faut avoir la force de «ne servir que sa vision» (p. 39) ou, en tout cas, le courage de quitter un pays fini, en émigrant à «Stromp-River, à New Brighton, comme quartier-maître à bord de l'Œdipus-Tyrannus, loin des slogans sur les volailles de France», puisque «ceux qui veulent écrire dans l'indépendance y trouveront un langage au-delà de toute frontière» (p. 38).

Malcolm Lowry n'est pas le seul grand écrivain, véritable possédé du langage capable, «torche au front», de «soulever le monde» (p. 41) en s'appuyant sur les mots, que cite Dominique de Roux. Si l'ambition de Céline a consisté à «s'insurger, défendre une cause au moyen d'un langage dru et violent» et, l'idée reviendra souvent tout au long de ces pages elles-mêmes fiévreuses, de «dépasser la littérature» (p. 59), nul doute que d'autres horribles travailleurs ne l'ont précédé, comme Rimbaud, le voyant prodigieux, celui qui sait et qui «ne revint jamais parler de son voyage» (p. 78) même s'il faut remarquer que Céline, contrairement au poète tutélaire, abandonne la vie pour la littérature (cf. p. 90). Quoi qu'il en soit, Céline, comme les poètes d'avant-guerre selon Dominique de Roux, doit se brûler, tous sordides et extatiques à la fois, guéris de la raison (cf. p. 123), obéissant à l'impératif catégorique selon lequel les «écrivains doivent se perdre» vu que «la réussite tend à avilir» (p. 129). C'est ainsi que Céline, «sous sa cape mauve, avec son grand nez, son apparence massive», ne poursuit en fait que «son propre anéantissement» (p. 131).

«Messager de l'intégral» (p. 140), Céline est «un homme à signaux, c'est tout, aussi seul qu'une veuve en marche, vers la vallée de Josaphat» (p. 133), appartenant à la communauté des maudits, autrement dit des poètes (des vrais poètes) qui «ont justement pour rôle de prophétiser, et de rappeler le souvenir du paradis et de l'enfer». Suit ce beau passage valant définition : «Leur mission est de vivre le mythe, de rejoindre au moyen de symboles la perception d'un ordre superhistorique, d'un ordre invisible qu'eux-mêmes n'ont peut-être pas vu» (p. 147).

Nous comprenons mieux pour quelle raison, sordide aux yeux des prudents et des lecteurs pressés ou mal dégrossis, Dominique de Roux a pu faire de Louis-Ferdinand Céline non seulement un Juif mais LE Juif, s'il est vrai que, dans une Europe sortie dévastée par deux conflits mondiaux, les écrivains, du moins ceux auxquels l'auteur accorde ce titre princier (Joyce, Artaud, Pound, Rimbaud nous l'avons vu mais aussi Faulkner), ont payé le tribut le plus lourd : «l'étrange animal qu'est un poète livré au regard des femmes (2), aux rires enfantins, à ces couples, à cette populace, à ce racisme, aux railleries que provoque sa souffrance !» (p. 167).
 

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Si le Juif est l'ostracisé, le maudit absolu marqué du sceau de l'infamie depuis des siècles, nul doute que l'écrivain réel, celui qui jamais ne craindra de plonger dans les eaux profondes du langage pour en ramener du nouveau, sera celui qui scandalisera et qui scandalisera, d'abord, parce qu'il n'aura pas craint de toucher au langage, de lui insuffler sa propre irrépressible panique, le faisant lever comme une pâte, le gorgeant de visions qui, sans rire, seraient bien capables de le faire craquer, exploser : c'est ainsi que Céline au Danemark, selon son exégète fiévreux, souffre de la prison, de l'exil mais, surtout, de son «grave regret du langage, obligé qu'il était de se taire ou de murmurer ce français subtil, fragile, emporté avec lui dans sa panique» (p. 158), et laissé, peut-être, sur un rivage inconnu qui n'est plus tout à fait la littérature mais quelque chose d'autre, quelque chose d'autre «dont la conception souterraine avait régi l’œuvre en marche de Joyce, d'Artaud, d'Ezra Pound» (p. 169).

Dans ce lieu que peu ont vu de loin et que si peu ont foulé, «tout l'appareil de la presse, tout le poids de l'édition, la malveillance des libraires, une telle inquisition» (p. 171) n'ont plus la moindre portée contre les voyants qui se sont volontairement écartés de la «carrière de l'homme de lettres [qui] ne demande ni audace ni supériorité» puisqu'elle «tient à tant de ruses infimes, que le premier venu peut se hisser et mystifier le public avec la complicité de la mode» (p. 184), dans ce lieu-là, Céline, et une poignée de ses frères suppliciés se tiennent le plus loin possible de «la race des esprits prostrés» car ils travaillent «pour l'au-delà de la Révolution» et organisent «la stratégie de l'Apocalypse» (p. 194) dont nous ne savons que peu de choses, si ce n'est qu'elle sera, aussi, d'abord peut-être, le grand chambardement du langage avachi.

Notes
(1) Dominique de Roux, La mort de L.-F. Céline (avant-propos de Jean-Marc Parisis, La Table Ronde, coll. La petite vermillon, 2008), p. 164.

(2) Dominique de Roux n'oublie jamais de mentionner les compagnes de Céline. Si les poètes ont pour rôle de «prophétiser, et de rappeler le souvenir du paradis et de l'enfer» (p. 147), les femmes, elles, possèdent «la gloire sereine» qui consiste à «apporter au monde des morts d'une nudité absolue, sans trêve, le combat d'un cœur vivant» (p. 146).

samedi, 14 décembre 2019

OTAN : Le « basculement » géopolitique de Macron pourrait-il engendrer un soulèvement des banlieues?

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OTAN : Le « basculement » géopolitique de Macron pourrait-il engendrer un soulèvement des banlieues?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Laurent Obertone anticipe la guerre civile à partir d’un banal contrôle de policiers dans une banlieue. Le contrôle tourne mal, un policier perd son sang froid et tue plusieurs « jeunes ». La cité s’embrase alors, et la France bascule dans le chaos. Bien évidemment, ce scénario est plausible, tant la situation est tendue. Nous en proposons ici un autre, selon un autre point de vue, qui fait intervenir des forces plus souterraines et dont l’élément déclencheur serait les velléités géopolitiques d’Emmanuel Macron.

Depuis quelques semaines, le président du régime multiplie en effet les petites phrases et les signes « d’ouverture à l’Est ».

Ainsi, le 19 août, Macron reçoit chaleureusement Poutine au fort de Brégançon. 

Le 27 août, lors de son discours aux ambassadeurs, il acte la « fin de l’hégémonie occidentale sur le monde ». Il assure qu’il faut « recréer une civilisation européenne » et repenser les relations et les alliances avec les autres Etats. Il manifeste le désir de se rapprocher de la Russie à qui, par le « dialogue », il veut « offrir », dit-il, une « option stratégique ».

Le 07 novembre dans The Economist, Macron dit que l’OTAN est en état de « mort cérébrale ».

Le 28 novembre, face au chef de l’OTAN venu tout exprès lui remettre les idées à l’endroit, il déclare : «Est-ce que, comme je l’entends parfois, notre ennemi aujourd’hui est la Russie? Je ne le crois pas».

Aussi, nous dit la Presse, Emmanuel Macron par sa volonté de « repenser la relation stratégique » avec la Russie, de redéfinir un « projet de partenariat » avec la Russie et d’insuffler une politique de détente avec Moscou, « crispe les Européens ».  Les Européens ? Pas seulement !

Pour le site Dedefensa, il ne serait pas impossible que ce retournement géopolitique soit interprété, du côté de l’Etat profond états-unien, comme une « trahison ». Rappelons en effet que le but de l’Etat profond états-unien n’est en aucune manière d’instaurer un « dialogue » avec Moscou. Son but est d’étendre l’OTAN aux portes de la Russie, de déployer de nouveaux missiles aux frontières de ce pays, de l’encercler de bases de plus en plus proches, de l’affaiblir géopolitiquement, de le sanctionner économiquement, de le diaboliser idéologiquement, bref de le détruire s’il n’est pas possible de l’annihiler. De ce point de vue, Macron, en tant qu’agent du Système propulsé par le Système, est effectivement un traître, puisqu’il propose le dialogue avec un pays qui, pour les globalistes, incarne précisément l’option antiSystème.

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Donc la question se pose : en admettant que Macron persévère dans son attitude « russophile », et étant donné les mauvaises idées que cela pourrait donner à d’autres pays européens, est-il totalement exclu qu’après plusieurs rappels à l’ordre et à bout de patience, l’Etat profond états-unien décide de se débarrasser de Macron comme il vient de se débarrasser de Morales ?

Impossible ? On sait en effet que le coup d’Etat en Bolivie a été initié par des hauts responsables de l’Armée et de la Police. Or, ces deux institutions ont fait l’objet pendant des années de programmes de formation, d’échange, de recrutement et de noyautage par les Services états-uniens. On sait que la plupart des hauts responsables à l’origine du coup d’Etat ont été formés aux Etats-Unis. Effectivement, rien de tel en France. Rien de tel pour l’Armée et la Police tout au moins. Mais est-on sûr que les Services états-uniens ne se sont pas intéressés à d’autres secteurs clés de « notre » société ?

En 2010, WikiLeaks révélait un rapport « confidentiel » émis par l’ambassade américaine à Paris et à destination du Secrétariat d’Etat aux Etats-Unis. Ce rapport de l’ambassadeur Charles Rivkin,  intitulé Embassy Paris – Minority engagement strategy  (Ambassade de Paris - Stratégie d'engagement envers les minorités), expose clairement la stratégie états-unienne de noyautage des allochtones. Notons que cette stratégie a été mise en place bien avant la rédaction du rapport. Ainsi Antoine Menusier, auteur au Bondy blog, décrit (dans un article au titre révélateur : « Les Etats-Unis surveillent les banlieues françaises ») une réunion qui eut lieu le 07 novembre 2007 au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Menusier est présent avec d’autres « acteurs de la diversité française ». On apprend ainsi :

  • Qu’il existe un « plan » ou un « programme » états-unien, concocté par la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui « consiste à développer des liens étroits avec les minorités musulmanes en Europe » ;
  • Que chaque ambassade américaine en Europe a au moins un « collaborateur » dévolu à cette mission, et que celui-ci dispose d’un budget « confidentiel » ;
  • Que « l’ambassade américaine à Paris n’a pas attendu les émeutes de 2005 pour approcher les minorités françaises » ;
  • Que certains leaders de la « diversité » auraient même été approchés par des agents de la CIA ;
  • Que d’autres, tels Karim Zéribi ou Patrick Lozès,  ont été « conviés » aux Etats-Unis par le Département d’Etat.

L’opération américaine en direction des allochtones des banlieues est connue, même si elle n’entraîne aucune réaction de la part des pouvoirs publics, pourtant sévèrement remis en cause. Ainsi de cet article de BFM TV qui avoue que les Etats-Unis dépensent chaque année 3 millions de dollars dans les banlieues françaises, que chaque année « l’ambassade américaine organise des repas dans les quartiers pendant le ramadan, avec 200 invités », que les cadres allochtones des cités « travaillent régulièrement avec l’ambassade», que les agents états-uniens « sont là sur le terrain (…) pour créer du réseau et permettre aux gens d’exploiter leur potentiel» .

Et tout cela serait purement philanthropique et désintéressé ? Qui peut le croire ? Mais revenons au rapport de l’ambassadeur américain Charles Rivkin. Celui-ci nous apprend :

  • Que l’ambassade américaine de Paris a créé une « stratégie d’engagement » qui vise, entre autres, la « population musulmane française ».
  • Que cette stratégie a pour but de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis » (nous y voilà !) ;
  • Que l’ambassade a mis en place un « groupe de travail sur les minorités » et que la stratégie visant les minorités mobilise les « différentes sections de l’ambassade » ;
  • Que le « groupe » en question doit faire un « travail de contact ciblé » pour identifier, repérer et rencontrer les leaders et les groupes influents ; qu’il doit sensibiliser les « minorités » et améliorer les compétences des chefs des minorités qui veulent accroître leur influence ;
  • Qu’il faut faire passer un discours revendicatif sur l’égalité, le droit à la différence, le droit des minorités, l’inclusion sociale… [NB. : L’acteur noir Samuel L. Jackson, chargé par l’ambassade d’aller faire de la propagande dans les banlieues, dira aux jeunes allochtones : « vous êtes l’avenir ! Saisissez votre chance, soyez fort dans votre tête, construisez-vous un réseau, frappez à n’importe quelle porte, dites que ce n’est pas normal que je ne vois pas à l’écran des gens qui me ressemblent ! »] ;

Où en est le travail de noyautage des banlieues et des minorités par les Services américains ? Nous n’en savons rien. Il n’est même pas sûr que les Services républicains cherchent à contrer cette action ni même qu’ils en aient conscience. Cependant, une chose est certaine, l’Etat profond américain, malgré les bonnes intentions qu’il affiche toujours, est un monstre froid et sans scrupule. Ce n’est sans doute pas sans arrières pensées qu’il s’intéresse depuis plusieurs années aux banlieues françaises. Il a investi dans les banlieues des moyens importants afin de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis ». De quels intérêts s’agit-il et dans quelles perspectives ?

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Alors imaginons, un instant, que cet Etat profond américain considère cyniquement qu’en noyautant les cités il se donne un moyen de pression extraordinaire sur le gouvernement français. Imaginons qu’il se dise qu’il pourrait facilement « activer » les banlieues, dans le cas, fort improbable mais on ne sait jamais, où un président français aurait, par exemple, la mauvaise idée de reconsidérer les intérêts géostratégiques de son pays. Imaginons qu’en déversant de fortes sommes aux bonnes personnes, agents allochtones préalablement ciblés et jusque là « dormants » (caïds de cité, « grands frères », présidents de collectifs…), l’Etat profond américain soit en mesure de déclencher des émeutes raciales, avec à la clé quelques « jeunes » fort opportunément abattus par des tireurs inconnus. Que se passerait-il ?

Le président du régime aurait alors trois solutions : soit composer avec l’Etat profond états-unien pour que celui-ci apaise les « leaders » et les « groupes influents » musulmans ; soit laisser la place à un dirigeant plus en phase avec la politique étrangère américaine ; soit résister, au risque du chaos. Cependant, la situation ethnique est aujourd’hui si explosive, qu’il est fort probable que, dans une telle configuration, la suite des événements échappe à tous, quelle que soit la solution retenue.

Le scénario de politique fiction que nous décrivons ici est celui d’une révolution de couleur tout à fait classique. Ce scénario est « crédible », même s’il est moins plausible que le scénario élaboré par Laurent Obertone. La probabilité que l’Etat profond états-unien ait conçu un tel « plan », « au cas où », nous semble non nulle. Ceux qui croient que l’Etat profond états-unien ne se servirait pas des musulmans pour arriver à ses fins devraient se souvenir de l’Afghanistan, de la Syrie et aussi du 11 septembre. Ceux qui croient que, pour servir ses intérêts, l’Etat profond états-unien ne sèmerait pas le chaos chez un allié devraient reconsidérer l’histoire des Etats-Unis depuis 65 ans. Ceux, enfin, qui croient que l’action potentielle de l’Etat profond états-unien sur les « minorités » de France ne serait pas suffisante pour provoquer un basculement vers le chaos, devraient reconsidérer le fragile équilibre sur lequel repose la paix sociale en France.

 

Antonin Campana

La Terreur d'Arthur Machen

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La Terreur d'Arthur Machen

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

Autres textes: Arthur Machen dans la Zone.


La nouvelle intitulée La Terreur, écrite par Arthur Machen en 1917, peut être rapprochée de l'un des textes les plus fameux de l'auteur, Les Archers, publié, lui, le 29 septembre 1914 dans l'Evening Standard et qui fut l'une des sources les plus probables de la légende des Anges de Mons, sur laquelle cette page Wikipédia rédigée en anglais, fournit les principales caractéristiques.

La traduction française par Jacques Parsons de ce texte aussi célèbre qu'a priori anodin s'étend sur moins de cinq pages de notre édition (1) mais la brièveté de cette nouvelle est sans commune mesure avec la légende (et ses prolongements jusqu'à notre époque) qu'elle a fait naître selon toute vraisemblance.

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C'est peut-être même cette brièveté, cette efficacité, qui sont à l'origine de la légende évoquant une légion d'anges venus prêter main-forte aux soldats anglais en mauvaise passe face aux troupes allemandes durant la Première Guerre mondiale.

Quoi qu'il en soit des phénomènes complexes qui ont conduit un texte littéraire à devenir ce que les sociologues et les experts en sciences criminelles appellent depuis quelques années une légende urbaine, un autre texte de Machen, une longue et splendide nouvelle intitulée La Terreur, semble n'être qu'un long commentaire des Archers, examinant les raisons du basculement d'un texte littéraire dans la légende et ce corpus de récits essentiellement oraux qu'Albert Dauzat, dans un beau livre aujourd'hui complètement oublié intitulé Légendes, prophéties et superstitions de la guerre publié en 1919 aux Éditions La Renaissance du Livre, a étudiés.

Je doute que La Terreur ait été enseignée en guise de modèle, remarquable, de propagande réussie en période de conflit. Elle devrait l'être en tout cas, et par toutes les officines de contre-espionnage. Arthur Machen décrit dans sa longue nouvelle une série de faits étranges qui surviennent dans une Angleterre en guerre contre l'Allemagne, un pays ennemi accusé d'avoir installé, sous la terre anglaise, des bases secrètes depuis lesquelles il distille une terreur implacable dans l'esprit des habitants de l'île réputée imprenable.

La vérité bien sûr, aussi surprenante qu'apocalyptique, n'aura strictement rien à voir avec les capacités allemandes à mettre sur pied un plan de guerre psychique sans faille mais ce point nous importe peu, de même que l'analyse que nous pourrions tirer des présupposés théologiques de Machen qui le font parvenir à une conclusion dont l'effet a été savamment distillé par notre grand maître du crescendo.

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En quelques mots présentée, cette conclusion évoque une fin du monde possible traitée sous un angle pour le moins original puisqu'elle imagine une révolte des animaux contre l'homme déchu de sa grandeur, lui qui a quitté depuis «des siècles [...] sa robe royale et a essuyé sur sa poitrine le chrême qui l'a consacré» (p. 271).

Cet aspect-là de notre texte nous semble quoi qu'il en soit bien moins important que l'étude consacrée à la thématique du secret (l'un des mots les plus employés par Machen dans ce texte, avec ceux d'énigme et de mystère) et, aussi, mais ce point découle du précédent, les façons de le transmettre puis de le percer à jour.

L'oralité, à ce titre, est une des dimensions essentielles de la nouvelle de Machen, comme elle l'était dans Le Grand Dieu Pan, le titre le plus connu de l'auteur qui fut traduit par Paul-Jean Toulet, non sans que ce dernier n'en subisse le charme sulfureux.

Dans La Terreur, nous nous trouvons en temps de guerre : l'auteur cite lui-même (cf. p. 190) la légende de Mons qu'il a contribué à créer ou même créée de toutes pièces et il s'attarde longuement sur les vecteurs de la terreur, qui sont les conversations des habitants, puisque la censure du gouvernement veille pour que rien ne filtre de ce qui se produit dans plusieurs régions reculées de l'Angleterre. À vrai dire, les dirigeants anglais, selon toute vraisemblance, ne comprennent pas ce qui survient dans leur propre pays et l'imposition de la censure la plus stricte peut dès lors être comprise comme un paravent masquant une criante incompétence, aussi bien scientifique que militaire.

Quoi qu'il en soit, cette oralité est tellement puissante, nous dit Arthur Machen, que le récit des événements survenus «en sera secrètement transmis de père en fils, deviendra plus insensé à chaque génération, sans jamais réussir cependant à dépasser la vérité» (p. 268), cette vérité qui nous sera dévoilée à la fin du texte, à condition que nous ne nous laissions pas abuser par l'ambivalence, nous le verrons, de ce qui sera révélé, au sens apocalyptique du terme.


La suite de cet article figure dans Le temps des livres est passé.
Ce livre peut être commandé directement chez l'éditeur, ici.

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vendredi, 13 décembre 2019

Literaturnobelpreis für Handke: Kosovo boykottiert Verleihung in Stockholm

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Literaturnobelpreis für Handke:

Kosovo boykottiert Verleihung in Stockholm

Ex: https://www.zuerst.de

Stockholm. Aus Protest gegen die Verleihung des Literaturnobelpreises an den Schriftsteller Peter Handke will das Kosovo die Verleihungszeremonie am Dienstag boykottieren. Das „Außenministerium“ der Mini-Republik, deren staatliche Unabhängigkeit bis heute international umstritten ist und die bis zum NATO-Überfall auf das damalige Jugoslawien eine Teilrepublik des Landes war, teilte jetzt über Facebook mit, daß die Kosovo-Botschafterin in Schweden, Shkendije Geci Sherifi, nicht an der Zeremonie im Stockholmer Konzerthaus teilnehmen werde.

Sherifi boykottiere die Veranstaltung „wegen des umstrittenen Nobelpreisgewinners Peter Handke, eines Freundes und Anhängers der Politik von Milosevic“, schrieb der kosovarische Außenminister Behgjet Pacolli auf Facebook. Traditionell werden alle in Schweden ansässigen ausländischen Botschafter zu der Preisverleihung eingeladen.

Zuvor war bereits bekannt geworden, daß auch Peter Englund, Mitglied der Schwedischen Akademie, seine Teilnahme an der Zeremonie abgesagt hat. „Ich werde nicht an der diesjährigen Nobelwoche teilnehmen. Peter Handkes Nobelpreis zu feiern, wäre für mich eine grobe Heuchelei“, schrieb der 62-jährige Autor, der in den 1990er-Jahren für die schwedische Tageszeitung „Dagens Nyheter“ vom Balkankrieg berichtet hatte.

Wegen seiner pro-serbischen, besser: NATO-kritischen Haltung während der Balkan-Krisen der neunziger Jahre sorgt Handke bis heute mitunter für Befremden. Kritik provozierte er auch 2006 mit einer Rede bei der Beerdigung des einstigen serbischen Staatschefs Milosevic. (mü)

Les Etats Unis semblent préparer une offensive militaire contre le Mexique ?

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Les Etats Unis semblent préparer une offensive militaire contre le Mexique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Mexique est un Etat américain situé à la frontière sud ouest des Etats-Unis. Longtemps considéré comme une quasi-colonie des Etats-Unis , il a pris une relative indépendance avec les succès électoraux du Mouvement de régénération nationale (MORENA)

Celui-ci,  issu de divers mouvements sociaux protestant contre la main-mise sur le pays des multinationales nord-américaine est considéré comme social-démocrate. Depuis le 1er décembre 2018, le président de la République mexicaine provenant de MORENA est Andrés Manuel López Obrador (AMLO)

Ceci en fait pour Washington un ennemi à abattre. L'on y craint que son exemple ne pousse d'autres Etats d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud à revendiquer plus d'indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Aussi, dans les derniers mois, des pressions de plus en plus fortes provenant de l'appareil politico-militaire américain se sont fait sentir pour obtenir de la Maison Blanche une occupation militaire sinon du Mexique tout entier, du moins de ses centres stratégiques, y compris la capitale Mexico . Donald Trump avait jusqu'à présent refusé cette perspective, craignant l'effet défavorable qu'elle aurait eu sur l'opinion mondiale.

Il apparaît aujourd'hui qu'au prétexte de lutter contre les narco-trafiquants provenant du continent sud-américain et s'appuyant sur des gangs mexicains, se préparerait une intervention militaire nord-américaine au Mexique. Il ne s'agirait que d'un prétexte, car nul n'ignore que l'armée américaine, en y mettant les moyens, pourraient parfaitement éviter l'entrée de trafiquants en les empêchant de traverser la « grande barrière USA Mexique » qu'est en train de terminer Donald Trump à cette fin pour empêcher l'immigration illégale et les divers trafics, notamment de drogues.

C'est ainsi que Donald Trump vient d'envoyer à Mexico son Attorney General Bill Barr pour discuter avec AMLO de la façon dont les Etats-Unis pourraient l'aider à lutter contre les narco-trafiquants. L'Attorney général ou Procureur général est l'équivalent d'un ministre de la justice. AMLO aurait pu lui conseiller d'éliminer les narco-trafiquants américains qui prospèrent dans le sud des Etats-Unis, en bonne entente avec leurs homologues mexicains.

Selon un compte-rendu informel – il n'y a eu aucun compte-rendu officiel- le président mexicain a salué la réunion comme productive et a déclaré aux journalistes que son gouvernement n'était pas “en état de confrontation” avec l'administration Trump.
Le président Obrador s'est engagé à coopérer avec Washington sur les questions de drogue, d'armes et de migration, mais il a ajouté que la Constitution mexicaine stipule que “les étrangers ne peuvent pas s'immiscer en politique dans notre pays”. “Nous ne pouvons pas avoir de forces étrangères sur notre territoire à des fins militaires”, a-t-il précisé. 

Il n'est pas possible de dire plus clairement qu'AMLO avait été informé de projets de la Maison Blanche visant à mettre en place sur son territoire des forces armées américaines. Il pouvait craindre que si l'armée ou la police mexicaines s'y opposaient, elles fassent l'objet d'attaques provenant de l'US Army.

Cet avertissement d'AMLO à Bill Barr suffira-t-il, au moins pour le moment, à convaincre Donald Trump qu'il devrait renoncer à envoyer des troupes au Mexique afin qu'elles y demeurent. Ce n'est pas certain. Ce n'est pas la lutte contre les narco-trafiquants qui l'intéresse, mais la possibilité de renverser AMLO au profit d'un président « pupett » tout dévoué à Washington. Ainsi le Mexique redeviendrait ce qu'il a longtemps été, une colonie américaine. L'avertissement serai compris, espère-t-il, au Venezuela, au Guatemala et en Colombie

Mexique https://fr.wikipedia.org/wiki/Mexique

 

1848-redux : envahir le Mexique ?

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1848-redux : envahir le Mexique ?

Ex: http://www.dedefensa.org

Il est incontestable que Trump est sérieux dans ses diverses évocations d’une possible intervention des forces armées des USA au Mexique. Certains nomment cela “invasion” et ils n’ont pas tort, – Tulsi Gabbard la première, qui a dénoncé cette possibilité. La preuve que Trump est sérieux, c’est que son ministre de la Justice (Attorney General [AG]) William Barr se trouvait jeudi à Mexico où  il rencontrait le président mexicain Obrador (AMRO). Obrador s’est voulu très rassurant, très présidentiel et très souverainiste après la rencontre ; il n’a pas le choix à cet égard, malgré la situation terrible où se trouve son pays par rapport aux cartels qui réussissent désormaisde véritables opérations de guerre contre l’armée mexicaine...

« Dans ce contexte, M. Obrador a rencontré le procureur général américain William Barr à Mexico jeudi. Le président mexicain a salué la réunion comme productive et a déclaré vendredi aux journalistes que son gouvernement n’était pas “en état de confrontation” avec l'administration Trump.
» M. Obrador s'est engagé à coopérer avec Washington sur les questions de drogue, d’armes et de migration, mais il a ajouté que la Constitution mexicaine stipule que “les étrangers ne peuvent pas s'immiscer en politique dans notre pays”.
» “Nous ne pouvons pas avoir de forces étrangères sur notre territoire à des fins militaires”, a-t-il dit. »

A ce point et avant de poursuivre, on se permettra d’observer ces quelques faits que l’on peut juger comme sans beaucoup de signification, et que nous jugeons comme significatifs :

• il n’y a pas eu de conférence de presse commune, donc aucune déclaration officielle du ministre Barr corroborant les assurances d’Obrador concernant les articles de la Constitution mexicaine sur l’impossibilité d’une présence de forces militaires étrangères “à des fins militaires” sur le territoire mexicain ;


• il est à notre sens significatif que Trump ait envoyé son AG parler à Obrador, et pas un représentant d’une activité opérationnelle de son gouvernement, soit son secrétaire à la défense (DoD) ou son secrétaire à la sécurité du territoire (DHS), soit le directeur d’une des agences (CIA, FBI, DEA, douanes, etc.) concernées par la surveillance et le contrôle des frontières face à la criminalité (les cartels). Pour nous, cela signifie effectivement que, dans l’esprit de Trump, la situation des cartels en territoire mexicain est absolument et quasi-“légalement” liée à l’activité des cartels en territoire américaniste, toutes choses qui dépendent du point de vue légal par conséquent du puissant ministère de la justice (DoJ), dont dépendent toutes les agences citées plus haut. En d’autres mots, et pour interpréter la pensée volatile de Trump, tout se passe comme s’il considérait l’activité des cartels au Mexique, sur le territoire mexicain, comme une crise “intérieure” pressante qui concerne la justice intérieure aux USA, dont est comptable le département US de la justice pour déterminer des modes d’action si nécessaire, – y compris en territoire mexicain. Cela ouvre bien des perspectives intéressantes.


• Comme l’on sait, Trump a annoncé qu’il allait classer les cartels mexicains comme des “organisations terroristes”, ce qui implique que le gouvernement US se donne le droit à lui-même d’intervenir dans les pays, soit qui aident ces organisations, soit qui les abritent volontairement, soit que ces organisations “occupent” illégalement. Sans doute l’AG Barr, dont dépend en partie (avec le département d’État) cette classification, est venu représenter à Obrador ce que cela signifierait concrètement pour le Mexique.

Parallèlement, le commentateur Tom Kirby vient de publier sur le site Strategic-Culture.org, le  6 décembre 2019, un texte présenté par le titre : « Finalement, une guerre étrangère proche du territoire national » Kirby met en évidence un point effectivement fondamental, tournant autour de cette hypothèse lancée par Trump d’une possible intervention militaire au Mexique :

« Depuis la fin de la Guerre froide, il semblerait que les forces américaines et de l’OTAN passent leur temps à chercher le moindre casus belli de rencontre sinon fabriqué pour déclencher un conflit déstabilisateur dans un pays étranger. Mais ces actions militaires se sont exclusivement concentrées sur des cibles très éloignées de notre pays. Des régions éloignées comme l’ex-Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie se sont toutes trouvées au mauvais endroit, sur la route de notre “interventionnisme bien intentionné”, avec des résultats désastreux pour les populations locales. De ce point de vue, c’est un changement complet avec l’évocation par le président Trump d’une intervention au Mexique pour aider les autorités mexicaines à résoudre le problème des cartels de la drogue, qui est à bien des égards également le problème des cartel de la drogue des USA. Naturellement, la réponse des Mexicains a été négative, mais Washington n'est pas connu pour prendre un “non” pour une réponse acceptable, et si les États-Unis interviennent au Mexique ce sera un type de conflit très différent en raison de la contiguïté géographique des deux acteurs. »

Pour Kirby, et cela d’une façon assez logique, une telle intervention constituerait quelque chose de complètement inédit dans l’époque actuelle, un tournant géopolitique, politique et psychologique majeur, – rien de moins, selon lui, qu’un retour au XIXème siècle... A cet égard, il fait trois remarques essentielles à propos de la possibilité d’une intervention militaire au Mexique.

1). La confirmation de la politique “Fortress America”,qui est la tendance politique prêtée à Trump. Il s’agit de l’état d’esprit continental du président, hostile au globalisme comme un bon américaniste de souche nationaliste et Corporate, peu sensible aux courants extérieurs, bref hostile à tout ce qui n’est pas spécifiquement américain. Trump a déjà montré sa sensibilité aux questions de sécurité intérieure et de sécurité de “l’extérieur proche”, comme disent les Russes. Son obsession pour la frontière Sud est connue, notamment avec l’affaire du Mur sur la frontière, la question des migrants, etc. La question des cartels s’inscrit évidemment dans cette logique crisique et la seule chose qu’on puisse en dire est cette question : comment la question des cartels a-t-elle mis tant de temps à venir à l’esprit de Trump ?

Le non-interventionnisme (tout relatif) de Trump par rapport à ses prédécesseurs ne joue plus son rôle dans ce cas à cause de la proximité géographique et de la logique “Fortress America” : 

« ...Jusqu’à présent Trump s’est montré très réservé dans l'utilisation de la force directe par rapport à ses prédécesseurs. [Une intervention au Mexique] pourrait donner l'impression qu’il abandonne soudainement une de ses promesses de campagne[le non-interventionnisme]. Mais cela pourrait être largement justifié selon les conceptions de sa politique : Trump voit bien peu d’importance de la Syrie pour les USA, et probablement aucune de l’Ukraine pour les USA. Le Mexique est par contre une question complètement différente à cause de la proximité et de la sécurité directe des USA, et elle peut amener le Président à agir de manière plus agressive. »

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2). Une sorte de “doctrine Monroe 2.0”,  qui nous ramène aux USA du XIXème siècle, lorsque ce pays commença triomphalement son expansion vers l’affirmation mondiale, dans des conditions très favorables (Make America Great Again [MAGA] par un retour au bon vieux temps ?). Le non-interventionnisme de Trump est par ailleurs mis de côté lorsqu’il s’agit des Amériques : interventionnisme direct ou indirect, avec diverses formules, au Brésil, au Venezuela, en Bolivie, peut-être un soutien indirect aux troubles au Chili, etc., tout cela montre une réactivation d’une mise en bon ordre américaniste dans l’“arrière-cour” latino-américaine. La question mexicaine s’inscrit complètement dans ce schéma, néo-isolationnisme très américaniste et effectivement “doctrine Monroe 2.0” :

« Trump a déclaré à maintes reprises qu’il craint la Chine par-dessus tout, mais sa passion pour le Mur frontalier et le contrôle de l'immigration amène à faire l’hypothèse que le Mexique est probablement en deuxième place sur sa liste d’ennemis redoutables. Cette volonté d'intervenir pourrait masquer la nécessité (du point de vue du Président) de réaffirmer la domination américaine sur le continent et de répéter le triomphe de 1848 qui explique en partie pourquoi les États-Unis sont devenus une grande puissance. »

3). La réaction de l’opinion publique aux USA en cas d’invasion est le troisième point, et certainement le plus explosif, le plus énigmatique, le plus porteur de déstabilisation. La question n’a absolument rien à voir avec l’apathie du public devant la myriade d’intervention extérieures US après le sursaut des protestations de 2002-début 2003 contre la guerre en préparation contre l’Irak. Lorsqu’on parle d’“opinion publique”, on parle d’abord de la “minorité” que représentent les Hispaniques et les Latino-Américains : « En 2015, ils représent[ai]ent 17,6 % de la population totale des États-Unis et environ 23 % des naissances. Ils sont aujourd’hui la première minorité ethnique devant les Africains-Américains », – et sans doute, aujourd’hui encore, avec plus de 17%. Dans certains États comme la Californie, ils sont la première communauté tout court, devant les WASP.

Ils sont essentiellement d’origine mexicaine avec des liens de plus en plus forts maintenus avec leur pays d’origine, et souvent la double nationalité (lors de la campagne présidentielle qui vit la victoire d’Obrador, l’année dernière, les candidats sont venus faire campagne en Californie tant est grand le nombre de votants pour les élections au Mexique, du fait de cette double nationalité). Kirby ne cesse d’évoquer dans son texte 1848 et la guerre USA-Mexique, et l’on a à l’esprit le mouvement Reconquista qui, chez les Latinos-Américains, vise la reconquête des États d’Arizona, du Colorado, de la Californie, du Nevada, du Nouveau-Mexique et de l'Utah, tous annexés aux USA au terme du traité consacrant la défaite mexicaine. 

Presque comme un présage sinistre, on notera que cette guerre de 1846-1848 fut l’occasion de terribles dissensions internes aux USA entre partisans et adversaires de l’esclavage. C’en fut au point que Ulysses S. Grant, vainqueur de Lee en 1865 et président en 1868, écrivit dans ses mémoires, en 1885 : « La rébellion du Sud [de 1861] fut l’avatar de la guerre avec le Mexique. Nations et individus sont punis de leurs transgressions. Nous reçûmes notre châtiment sous la forme de la plus sanguinaire et coûteuse guerre des temps modernes. »

De ce point de vue, qui pèse d’un poids formidable dans les psychologies, ce troisième point constitue l’inconnue la plus énigmatique et la plus explosive, comme nous écrivions plus haut. Il n’est pas du tout certain que Trump, homme à la mémoire courte et à la culture peu attachée aux aspects les plus fautifs et les plus barbares de l’histoire de l’américanisme, y attache une importance très grande. Il aurait même tendance, d’une certaine façon, à en faire un objet de défi, si l’on se réfère à la façon brutale et antagoniste dont il traite la Californie, État gauchiste (démocrate extrémiste) et antitrumpiste affiché,  mais surtout avec une “minorité-majoritaire” de Latino-Américains, donc comme une sorte de “Mexique à l’intérieur des USA” d’une certaine façon.

Là aussi et là encore, on tient un point de rupture, une fragilité considérable dans l’édifice de bric et de broc que les USA américaniste, de plus en plus rongé par des  termites d’origines, de cultures et d’idéologies diverses. A côté et comme un contrepoint tragique d’une “doctrine de Monroe 2.0” qui se voudrait MAGA, se concentrent toutes les menaces qui planeraient sur les chocs en retour que produirait une éventuelle intervention militaire US au Mexique. Il n’y a rien de plus fascinant pour un esprit aussi étrangement provocateur que celui du président Trump, confronté aux hordes hystériques du progressisme-sociétal.

Beowulf: England’s Myth

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Beowulf: England’s Myth

Listen, there’s a poem, it speaks in the voice of England’s past like a flame beyond the language of the living. It’s more than a thousand years old and yet it still speaks to us. It’s called Beowulf.
–Michael Wood, Professor of Public History at the University of Manchester

Long before I learned how to read it in its original form, I understood that the Beowulf manuscript was the foundational text of my people: a sort of Nordic Summa Theologica, and a glimpse of what a northern Homer might have produced. It is an epic oral tale of a Swedish hero which, ironically, defines what it means to be English. It is also a quintessentially Anglo-Saxon work of Germanic origin, spoken by warriors with swords gripped firmly in their hands as they sailed up the east-coast estuaries. Their scops stood to recite the poem before war bands who had their minds set on forging a nation:

Yes, we have heard of the glory of the Spear-Danes’ kings in the old days
How the princes of that people did brave deeds.
Often Scyld Scefing took mead-benches away from enemy bands
From many tribes, terrified their nobles – after he was first found helpless.
He lived to find comfort for that
Became great under the skies
Prospered in honors until every one of those who lived about him
Across the whale-road, had to obey him, pay him tribute
That was a good king

Those dry vellum pages of the Beowulf manuscript – which only narrowly survived a devastating fire in Ashburnham House in 1731 – have provided a scintillating word-hoard that has dramatically impacted our indigenous British culture, society, and language. Of this, Merton Professor of Anglo-Saxon J. R. R. Tolkien once wrote, in “Beowulf: The Monsters and the Critics”:

The significance of a myth is not easily to be pinned on paper by analytical reasoning. It is at its best when it is presented by a poet who feels rather than makes explicit what his theme portends – who presents it incarnate in the world of history and geography, as our poet has done.

These expressions are as familiar to us today as the shadows we cast when we stroll our village lanes around Rendlesham in Suffolk, the home to the Wuffinga royal line. They are our ancestral stories, such as the Battle of Brunanburh in 937, perfectly encapsulating the notion of the arrival myth:

Since the Angles and the Saxons
Came up over the broad waves

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It is literally our nation’s most precious relic, relating events of war, vengeance, and battling monsters in late fifth-century Scandinavia. Nevertheless, both its author and the location of its final composition are unknown. Scholars have speculated that it has East Anglian pagan roots, linking it to King Raedwald and Sutton Hoo. Others guess that its Christian overlay was added many centuries later, when it was copied into the Late West Saxon dialect in the scriptorium at Malmesbury.

The work’s descriptions of Anglo-Saxon material culture – ships, rich burials, inscribed swords, elaborately-decorated royal halls – and our ancient customs still resonate today:

Hrothgar presented Beowulf with a gold standard as a victory gift
An embroidered banner, also a breast plate
And a helmet and a sword carried high,
That was both precious object and a token of honor

Kingship was revered in those days, and the people’s trust and tribal loyalty had to be earned. This is symbolized in the poem by the Danish King Hrothgar’s establishment of Heorot:

Now it came into his mind

That he would command the construction of a huge mead hall
A home greater than Middle-earth had ever heard of
And share the gifts god had bestowed upon him with young and old,
There was music of the harp and sweet minstrels singing
Perfect in telling of the remote first making of the race of man

One way for a war-leader to earn such recognition was through acts of valor, an opportunity afforded to Beowulf when Heorot is assailed by a fen-dwelling creature called Grendel:

Gliding through the shadows the walker in the night,
The warriors slept all but one and this man kept an unblinking watch
Waiting pent heart swelling with anger against his foe,
And from off the misty moorlands eerie fells came Grendel stalking
He moved through the dark and saw with perfect clearness the gold plated hall
The mead drinking place of men
The door gave way at the touch of his hands
Raging flames wreckage bent he tore the hall’s jaws
Angrily advancing, from his eyes shot a light,
Before the wall he saw a host of young warriors
And in his heart he exulted, the horrid monster
All his hopes swelling for a glutinous meal,
As a first step he set his greedy hands on a sleeping soldier
He tore him and gnashed at his bone joints bolted huge gobbets
Sucked at his veins and soon had eaten the man down to his fingers and feet,
Then he moved forward to seize our warrior Beowulf,
Stretched out for him with his spite filled fist
But the faster man forestalling rose up on his arm and gripped that sickening hand,
Hateful to each was the breath of the other,
Gripping the giant shoulder frame
Shoulder muscles praised apart
A snapping of tendons, bone-locks burst,
The arm of the demon was severed from his side
And Grendel flew death-sick to his joyless den
Where he knew the end of his life was in sight,
Beowulf had cleansed Heorot
Saved the hall from persecution
And as a signal to all, the hero hung the hand, the arm torn off shoulder
The entire limb, Grendel’s whole grip beneath the soaring roof!

He then follows this up by killing Grendel’s malice-filled mother as well:

Then he saw among the armor on the wall
A great sword from former days,
This wonder was so enormous that no other man
would be equal to bear it in battle play,
The Geat champion shaking now with war rage
Caught it by the rich hilt and careless of his life
Brandished it in circles and brought it down
And thrust it into the neck,
The blade sheared through to the backbone
The sword was gory, he was glad at the deed

Beowulf’s actions bring him fame and glory amongst his own people. This set an example for the Anglo-Saxons, whose own royal houses claimed direct descent from the Danes, Geats, and Swedes such as King Hygelac, who the poem mentions as being one of Beowulf’s relatives, and who we know from other sources lived at the time the oral story is believed to have first been told.

Men and women would have listened intently to the beautifully lyrical evocation of their imagined past as they sat transfixed next to crackling hearth-fires. They would have felt the terror and excitement of their hero’s daring adventures, all the while learning what leadership and manhood really meant through the myth-making fable. The war captain and Bear-Warrior rallies his kinfolk and secures them from external threats, defending his realm in the face of mysterious beasts, which are really cyphers for much deeper psychological fears such as societal fracture, the breakdown of tradition, and the instinctive dread of the unknown other. The poem likewise explores themes of passing time, loss, and the inherent glamor and dangers of masculine societies.

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The manuscript, which is the longest extant poem written in Old English, is kept in the Cotton Vitellius archive. It had first resurfaced during the Elizabethan period in the collections of antiquaries, and was translated into modern English by John Richard Kemble in 1837. Although it was always recognized as a classic of English literature, many scholars at first thought it to be too digressive and confusing. Itwas eventually championed during the Victorian era, when the vogue for all things Anglo-Saxon was at its zenith, due in part to the ethos of the British Empire’s administration attempting to rationalize their success at colonizing most of the known world by explaining their own uniqueness, both to themselves and their subjects.

The poem frequently references German legends that would have been known to its audience, but which are lost to us today. Exceptions are the allusions to Heremod, Finn, Offa, and Eormenric, and a poet at Hrothgar’s court praising Beowulf following his defeat of Grendel and his mother by comparing him to Sigemund. The story opening with reminiscences of Scyld Scefing, the father of Danish and English kings, and explaining how he “was a good King.” This is the key philosophical point underlying the whole poem: It is an exploration of kingship, condemning bad rulers who oppress their people by putting their own interests first while praising those who are generous and prudent, and who take the time to make considered judgments. It is a cogent thesis on power and how it is used in different ways – physical strength, mental determination, and political acumen – and recognizes how each can be used to either good or bad effect, as well as how power and influence grows and withers with time. It likewise acknowledges that despite the fact Beowulf has the strength of thirty men, nature, the seasons, and death will inevitably overcome such transient successes – and power, like the sea, will inevitably overwhelm a low sandy coastline.

This creates a poignancy that is even more effective when one considers that although the final written version is aimed at the sensibilities of a rapidly Christianizing community, and that it speaks of an all-powerful singular God – “God, the guardian of glory, may ever work wonder after wonder” – it was a God whose East Anglian, Northumbrian, and West Saxon armies, made up of recent converts to Christ, were thwarted by the pagan Penda in a number of bitter engagements in the mid-seventh century. Penda’s victorious Mercian men seized a bishop’s headdress, a portable shrine or reliquary, a golden garnet-encrusted cross, helmets, over one hundred fifty swords, and seax fighting knives. One piece bears the very telling inscription: “Rise up, LORD, and let thy enemies be scattered; and let them hate thee before they flee.” This indicates that it was used as a battle talisman during the internecine fighting between the rival early Anglo-Saxon kingdoms. All of these were disfigured as war-booty and buried as offerings to Penda’s ancient gods, only to be discovered in Lichfield fourteen hundred years later as part of what has now become known as the Staffordshire Hoard.

This was find so emblematic of our nation’s birth that it has breathed fresh life into the study of a period that has lain dormant for far too long; a six-hundred-year epoch that solidified an identity that still stands strong. It reiterates the importance of a poem in which Beowulf dies, and is commemorated by pre-Christian rites. His afterlife is forever dependent upon his memory being upheld by the traditions of his people:

A boat with a ringed neck rode in the haven
And there laid out their Lord and Master, the giver of gold
In the waist of the ship in majesty below the mast,
A mound of vast treasures from far countries was fetched aboard her
And it is said that no boat was ever more bravely fitted out
With the weapons of a warrior
Military accoutrement, swords and body armor,
High overhead they hoisted and fixed a gold signum
Gave him to the flood and let the seas take him . . .

This is why it is so important for our children to peer into the tunnel entrance of Wayland’s Smithy in Oxfordshire and to walk the footpaths between the great mounds at Sutton Hoo. Therein lies a lesson for us all, for the perpetuation of our folk-memory in poems, chants, and incantations is as important as the preservation of the blood of our race:

Then the people of the Weather-Geats built a mound on the promonotory
 one that was high and broad, wide-seen by sea-farers
and in ten days completed a monument for the bold in battle
surrounded the remains of the fire with a wall
the most splendid that men most skilled might devise.
In the barrow they placed rings and jewels
All such ornaments as troubled men had taken from the hoard.
They let the earth hold the wealth of earls, gold in the ground
Where now it still dwells, as useless to men as it was before.
Then the brave in battle rode round the mound
Children of nobles, twelve in all
Would bewail their sorrow and mourn their king
Recite dirges and speak of the man.
They praised his great deeds and his acts of courage
Judged well of his prowess.
So it is fitting that man honor his liege lord
Love him in heart when he must be led forth from the body.
Thus the people of the Geats, his hearth-companions
Lamented the death of their lord.
They said that he was of world-kings the mildest of men
And the gentles, kindest to his people
And most eager for fame.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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jeudi, 12 décembre 2019

L’utilisation militaire cachée de la technologie 5G

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L’utilisation militaire cachée de la technologie 5G

 
 
Auteur : Manlio Dinucci
Ex: http://www.zejournal.mobi

Au Sommet de Londres les 29 pays de l’OTAN se sont engagés à « garantir la sécurité de nos communications, 5G incluse ». Pourquoi cette technologie de cinquième génération de la transmission mobile de données est-elle si importante pour l’OTAN ?

Alors que les technologies précédentes étaient finalisées pour réaliser des smartphones toujours plus avancés, la 5G est conçue non seulement pour améliorer leurs prestations, mais principalement pour relier des systèmes digitaux qui ont besoin d’énormes quantités de données pour fonctionner de façon automatique. Les plus importantes applications de la 5G seront réalisées non pas dans le domaine civil mais dans le domaine militaire.

Les possibilités offertes par cette nouvelle technologie sont expliquées par le rapport Defense Applications of 5G Network Technology, publié par le Defense Science Board, un comité fédéral qui fournit du conseil scientifique au Pentagone :

« L’émergente technologie 5G, commercialement disponible, offre au Département de la Défense l’opportunité de profiter à coûts mineurs des bénéfices de ce système pour ses propres exigences opérationnelles ».

Autrement dit, le réseau commercial de la 5G, réalisé par des sociétés privées, sera utilisé par les forces armées étasuniennes avec une dépense beaucoup plus basse que celle qui serait nécessaire si le réseau était réalisé uniquement dans un but militaire. Les experts militaires prévoient que la 5G aura un rôle déterminant dans l’utilisation des armes hypersoniques : missiles, y compris armés de têtes nucléaires, qui voyagent à une vitesse supérieure à Mach 5 (5 fois la vitesse du son). Pour les guider sur des trajectoires variables, en changeant de cap en une fraction de seconde pour échapper aux missiles intercepteurs, il faut recueillir, élaborer et transmettre d’énormes quantités de données dans des temps très rapides. La même chose est nécessaire pour activer les défenses en cas d’attaque avec de telles armes : n’ayant pas de temps pour prendre une décision, l’unique possibilité est de se fier à des systèmes automatiques 5G.

La nouvelle technologie aura un rôle clé aussi dans la battle network (réseau de bataille). Étant capable de relier en même temps dans une aire circonscrite des millions d’appareils émetteurs-récepteurs, elle permettra aux militaires -départements et individus- de transmettre les uns aux autres, pratiquement en temps réel, des cartes, photos et autres informations sur l’opération en cours.

Extrêmement importante aussi sera la G5 pour les services secrets et les forces spéciales. Elle rendra possible des systèmes de contrôle et d’espionnage beaucoup plus efficaces que ceux d’aujourd’hui. Elle accroîtra la létalité des drones-tueurs et des robots de guerre, en leur donnant la capacité d’identifier, suivre et frapper des gens sur la base de la reconnaissance faciale et autres caractéristiques. Le réseau 5G, étant un instrument de guerre à haute technologie, deviendra automatiquement aussi la cible de cyberattaques et d’actions guerrières effectuées avec des armes de nouvelle génération.

En plus des États-Unis, cette technologie est développée par la Chine et d’autres pays. Le contentieux international sur la 5G n’est donc pas seulement commercial. Les implications militaires de la 5G sont pratiquement complètement ignorées parce que même les critiques de cette technologie, y compris divers scientifiques, concentrent leur attention sur les effets nocifs pour la santé et l’environnement à cause de l’exposition à des champs électromagnétiques à basse fréquence. Engagement qui est de la plus grande importance, mais qui doit être uni à celui contre l’utilisation militaire de cette technologie, financé indirectement par les utilisateurs ordinaires. Une des plus grandes attractivités, qui favorisera la diffusion des smartphones 5G, sera celle de pouvoir participer, en payant un abonnement, à des war games d’un impressionnant réalisme en direct avec des joueurs du monde entier. De cette façon, sans s’en rendre compte, les joueurs financeront la préparation à la guerre, celle bien réelle.

12:45 Publié dans Actualité, Défense, Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : militaria, défense, 5g, technologies | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

« Propagande massive des médias en vue d’une confrontation occidentale avec la Chine »

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« Propagande massive des médias en vue d’une confrontation occidentale avec la Chine »

 
 
Auteur : Willy Wimmer
Ex: http://www.zejournal.mobi

« Les plans anglo-japonais visant à diviser la grande Chine unifiée en au moins huit nouveaux États sont connus depuis longtemps. Cela mettrait temporairement en suspens le facteur mondial croissant représenté par la Chine. Dans un avenir prévisible, nous verrons dans les fameux « hot spots » en Chine, où l’on joue encore avec le feu […] »

D’un point de vue global, un sentiment de déjà-vu émerge actuellement en observant la propagande massive des médias en vue d’une confrontation occidentale avec la Chine. On s’attaque délibérément aux anciennes lignes de conflits pour déstabiliser ce pays. Ce sont des signes inquiétants.

Dans le cadre de la guerre en Afghanistan et du déploiement de la Bundeswehr dans la région, un ancien ministre allemand de la Défense a péroré « qu’on défend l’Allemagne au Hindou Kouch » ; mais maintenant il s’agit de la Chine.

L’artillerie de la presse est disposée le long des lignes de conflit, selon la volonté du quartier général de Washington. La province chinoise du Xinjiang et les peuples turcs qui y vivent sont mis en position contre le gouvernement central de Pékin. La situation est parfaitement préparée pour un conflit majeur.

Un conflit d’ailleurs qui, dans sa structure de base, se développe depuis près de trente ans. Actuellement, on joue son rôle, car le mégaprojet chinois des « Nouvelles Routes de la soie » rapproche visiblement le continent euro-asiatique commun. Cela affaiblira de façon permanente la domination américaine des routes commerciales mondiales et des sanctions pour la destruction d’États en temps de paix. Les événements de Hong Kong montrent clairement qu’on s’attaque aux coins et aux aspérités de la Chine.

Les plans anglo-japonais visant à diviser la grande Chine unifiée en au moins huit nouveaux États sont connus depuis longtemps. Cela mettrait temporairement en suspens le facteur mondial croissant représenté par la Chine. Dans un avenir prévisible, nous verrons dans les fameux « hot spots » en Chine, où l’on joue encore avec le feu et où l’on organise la plus grande implication globale possible derrière des manœuvres transparentes de rivalité.

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Dans le Xinjiang, et en particulier en ce qui concerne les Ouïghours, le conflit mondial de base entre les États-Unis et le « reste du monde » se présente de manière exemplaire. Depuis les combats qui se sont déroulés il y a quelques décennies sur les rives du fleuve Ussuri entre les puissances communistes de l’époque, l’Union Soviétique et la République Populaire de Chine, le monde est conscient de la sensibilité de cette région. C’est pourquoi l’ancien président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a fait un effort particulier pour développer un mécanisme de prévention des conflits entre les États concernés sur le modèle des Accords d’Helsinki (CSCE).

D’ailleurs, avec beaucoup de succès, comme le montre l’actuel « Organisation de coopération de Shanghai ». À l’est de Moscou, les États y participent parce qu’ils préfèrent le travail laborieux pour la paix au lieu de déclencher la guerre. Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, ces concepts ont fait l’objet de travaux, comme j’ai pu le constater personnellement en participant aux conférences préparatoires à Almaty. Il fallait éviter à tout prix que le processus de désintégration de l’Union Soviétique sur le territoire chinois ne se transforme en une énorme guerre. Les questions frontalières furent réglées et on créa de nouvelles règles d’autonomie pour prévenir la guerre dans une situation dramatiquement compliquée.

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Dès le premier jour, les États-Unis se sont massivement opposés à l’élaboration d’un mécanisme de résolution pacifique des conflits. Le projet de conférence de « l’Organisation de coopération de Shanghai » fut subverti autant que possible. Lorsque les États de la région se sont tout de même mis d’accord, les États-Unis ont quitté le projet de conférence.

Depuis lors, tous ceux qui le souhaitent peuvent observer comment les deux concepts rivaux s’affrontent. Depuis la construction du « barrage des Trois Gorges » sur le Yang Tsé, le gouvernement central chinois tente de modifier la structure démographique de base du Xinjiang en faveur de la population chinoise de souche.

Au cours de la dernière décennie, les magazines allemands ont à maintes reprises et docilement décrit les soulèvements dirigés par la CIA dans cette province. La manière dont le conflit mondial américano-chinois influence l’actualité est illustrée par les attaques des États-Unis contre les investissements chinois au Pakistan en lien avec la Route de la Soie.

Et qu’allons-nous faire en Allemagne ? L’Allemagne impériale, grâce à ses scientifiques et ses expéditions dans cette région, savait ce qui s’y passait. Déjà à l’époque, cela se faisait en rivalité avec d’autres puissances. De nos jours, la décision stratégique prévisible des États-Unis d’installer le siège mondial des Ouïghours à Munich lors de la préparation de « l’Organisation de coopération de Shanghai » était une décision stratégique prévisible. Les mécanismes pouvant en découler sont bien connus dans d’autres conflits : ils ont abouti à la guerre.

L’Europe demeure mentalement sous tutelle américaine...

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L’Europe demeure mentalement sous tutelle américaine...
 
Entretien avec Caroline Galactéros
 
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à l'hebdomadaire Marianne à l'occasion de la sortie de son recueil de chroniques Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

Macron et l’Otan : “ L’Europe demeure mentalement sous tutelle américaine ”

Marianne : La Chine et les Etats-Unis nous mènent-ils à une nouvelle Guerre froide ?

Caroline Galactéros : Il me semble que poser la question en ces termes nous fragilise et nous empêche – nous, Européens, mais aussi les autres parties du monde, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine -, de voir la réalité dans sa complexité et ses opportunités. Cela nous emprisonne dans une prétendue alternative où nous n’aurions le choix qu’entre un “maitre” et un autre. Certes, le nouveau duo-pôle stratégique de tête entre Washington et Pékin – qui est autant un duel qu’un duo -, surdéterminera de plus en plus la vie internationale comme les chaines d’influence, d’intérêts et de dépendances. Cependant, le nombre des acteurs, comme l’intrication des intérêts et des enjeux font que le paysage international a profondément changé par rapport à celui qui prévalait durant la Guerre froide jusqu’au tournant du XXIe siècle, avec les attentats du 11 septembre 2001.

D’un point de vue stratégique, cette tragédie fut un coup de semonce aux dimensions telluriques. L’étoile américaine a dès lors commencé à pâlir en termes de crédit moral (discrédit aggravé à partir de 2003 et de l’invasion de l’Irak), mais aussi en termes de suprématie militaire et de crédibilité perçue. On a assisté à l’émergence de nouveaux modèles de puissance et de nouvelles ambitions jusqu’alors bridées, qui se consolident depuis, à la faveur des calculs hasardeux de l’Occident en matière d’intervention (Libye, Syrie, Yémen), de fiascos sécuritaires (Afghanistan, Irak), de nos graves inconséquences ou complaisances catalysées en terreur islamiste menaçant la cohésion des sociétés européennes. Sans parler des ingérences vécues comme de moins en moins justifiables, quelles que soient les parties du monde ciblées comme devant bénéficier de notre martiale bienveillance démocratique.

Le Sahel est un autre de ces théâtres immenses où se répand le désordre du monde et révèle notre difficulté croissante à y faire converger développement et lutte contre le terrorisme. Dans cette immensité, la France porte quasi seule le fardeau d’une mission retardatrice de la déstabilisation djihadiste sur fond d’États faillis et de menace migratoire. Elle vit, dans la chair de ses enfants tombés au combat, une impuissance structurelle que masquent de moins en moins l’excellence et l’héroïsme de nos armées. Ce drame se noue tandis que l’Amérique, avec l’Otan, y est en embuscade, et lorgne ce considérable marché sécuritaire et d’armements, et tandis que la Chine et la Russie sont elles aussi en lice. Moscou notamment, forte de ses succès syriens dans la lutte anti-djihadiste, commence à trouver un écho à ses propositions d’appui auprès de populations qui se sentent abandonnées, quand ce n’est pas flouées, par leurs pouvoirs comme par l’approche militaire française qui leur semble insuffisante face à la recrudescence de la violence et des effectifs des groupes armés. Ici comme ailleurs, l’urgence s’impose d’une réflexion désinhibée et sans tabous sur la sécurité de la région, loin des pressions américaines pour y installer l’Alliance ou de celles de Pékin. Seul un tel effort nous permettra de défendre notre crédibilité militaire, mais aussi nos intérêts et nos principes démocratiques.

Quoi qu’il en soit, pour l’heure, mis à part en Europe, qui peine décidément à sortir de sa gangue et à grandir enfin, il n’existe plus de réflexe ni de volonté de s’aligner sur l’un ou l’autre “camp”, même si Washington comme Pékin essaient évidemment, chacun à leur manière, de rallier des clientèles anciennes ou nouvelles et de sécuriser leur contrôle politique, militaire ou économico-financier sur le maximum possible d’acteurs. Des puissances régionales telles que la Turquie, l’Iran, ou même l’Inde, poussent chacune leur agenda. C’est évidemment aussi le cas de l’ancien deuxième “Grand”, la Russie, qui est toujours demeurée une puissance globale, mais peut désormais le réaffirmer pleinement depuis ses succès militaires et diplomatiques en Syrie et dans tout le Moyen-Orient. Plus généralement, le caractère totalement décomplexé des actes comme des paroles de tous ces acteurs illustrent les effets délétères de la destruction méthodique des règles et structures du multilatéralisme et le boomerang de la promotion détabouisée de l’intérêt national, grand vainqueur de ce jeu de massacre. Les Etats-Unis eux, ne se résolvent pas à voir émerger un autre empire et menacer leur préséance. D’où les crispations au sein de l’ONU, de l’OMC, la remise en cause de presque tous les accords et traités multilatéraux (et bilatéraux comme avec la Russie en matière de désarmement), et naturellement la crise de l’Otan, qui n’est pas en état de mort cérébrale mais souffre de fortes migraines depuis que certains alliés ont réalisé, à la faveur des agissements turcs en Syrie avec aval américain, que leur avis comptait décidément pour du beurre. Ce n’est pourtant pas un scoop !

Avec la Russie, n’existe-t-il finalement pas une tripolarisation ?

La Russie est une puissance globale qui a subi depuis 30 ans des coups de boutoir incessants de la part de l’Occident. Mais elle en a vu d’autres… Moscou a parfaitement mesuré, au contraire de l’Europe qui veut ignorer qu’elle est un simple outil d’affaiblissement de l’Eurasie voire une proie industrielle et technologique pour son grand Allié, qu’elle devait consolider sa puissance et son influence sous peine d’écrasement progressif entre la vindicte américaine et le “baiser de la mort” chinois. Puissance eurasiatique par excellence elle est plus que jamais l’acteur pivot de cet immense espace. Elle y poursuit méthodiquement l’intégration économique culturelle et sécuritaire autour de l’Union économique eurasiatique (l’UEE) et de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) notamment. L’UE ignore superbement (comme elle le fit pour les Nouvelles routes de la Soie chinoises) cette dynamique florissante à ses portes. Pourtant, l’UEE est la matrice d’un pendant à l’UE.

C’est évident. C’est en cours. Moscou recherche “l’intégration des intégrations” et à terme, souhaite inscrire son rapprochement avec l’Europe communautaire dans un schéma très gaullien d’une Europe l’atlantique à Vladivostok voire au-delà. Au lieu de persister dans notre sidération et notre complexe de l’orphelin transatlantique, nous aurions tout intérêt à inscrire le futur de l’Europe dans cette nouvelle dimension eurasiatique. Les opportunités économiques industrielles de coopération mais aussi sécuritaires nous donneraient une masse critique incontournable entre Chine et Etats-Unis. L’Eurasie est pour moi la « Nouvelle frontière » de l’expansion vers l’Est de l’ensemble européen. Et la prise de conscience de cette évidence pourrait permettre à la France de jouer un rôle moteur dans cette projection d’influence et de puissance.

Ce n’est pas pour rien que Zbigniew Brezinski dans Le Grand échiquier, a ingénument rappelé l’obsession américaine d’une fragmentation de l’Eurasie et d’une division de l’Europe de l’Ouest avec l’instrumentation de la “menace russe” comme vecteur d’un affaiblissement durable de l’ensemble européen. Cette ligne stratégique américaine est toujours à l’œuvre et totalement transpartisane. La pression pour l’élargissement de l’UE et de l’Otan à tous les anciens satellites soviétiques, la guerre contre la Serbie, la déstabilisation de la Géorgie et de l’Ukraine, la diabolisation de plus en plus ridicule de la figure de Vladimir Poutine : tout cela vise à rendre impossible – car dangereux pour la domination américaine sur le Vieux Continent -, un rapprochement de l’Europe avec la Russie qui signifierait la fin de la vassalisation pour nous et l’émergence d’un ensemble centrasiatique intégré selon des cercles concentriques et des coopérations sectorielles multiples, à géométrie variable, plus à même de résister aux offensives commerciales ou normatives américaines et chinoises. Seul peut-être Donald Trump avait-il compris l’intérêt de se rapprocher de Moscou contre Pékin et contre l’Europe. On sait ce qu’il lui en a coûté politiquement avec un Russia gate interminable et désormais la curée pour l’impeachment

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Quel rôle peut jouer l’Union européenne dans tout cela ?

L’Europe demeure mentalement, plus encore qu’économiquement, sous tutelle américaine. Elle peine à sortir de son immaturité stratégique consentie. Elle a peur de devoir penser et plus encore se penser par elle-même. Trump ou pas Trump, les fondamentaux de la puissance et de l’impérialisme américain n’ont de fait pas bougé d’un iota. C’est la méthode qui a changé, et le gant de velours qui s’est simplement transformé en gant de crin…. Nous devons en tirer les conséquences et saisir cette opportunité pour nous penser en temps qu’ensemble de nations souveraines ayant des intérêts économiques, sécuritaires migratoires, stratégiques, technologiques, industriels et de défense propres. Il nous faut redéfinir l’intérêt national, ne plus opposer la souveraineté des nations européennes à la sauvegarde de l’ensemble européen, oser désobéir, refuser l’imposition destructive pour nos sociétés et nos économies d’une extraterritorialité injustifiable, et ne pas craindre de riposter. Le temps est venu d’une rébellion concrète non pour plastronner mais pour survivre. La France semble en passe de prendre, pour l’heure encore bien seule, la tête de cette croisade salutaire. Il faut juste du courage et tenir, car les représailles, pressions, chantages, intimidations vont pleuvoir pour tester notre détermination. Mais il en va de notre avenir commun.

L’OTAN nous range-t-elle forcément dans le camp des Etats-Unis ? 

Le sommet des soixante-dix ans de l’Alliance a mis en valeur l’ampleur de la discorde interne des visions, et surtout la prise de conscience française qu’il est temps de regarder la réalité en face. L’OTAN est en échec sur tous ses théâtres d’action. Nous ne contrôlons ni ne décidons rien en cette enceinte. Notre président a le courage de le dire et de briser une omerta embarrassée qui n’a que trop duré. L’OTAN, de fait, entretient les tensions et n’a à son bilan que des échecs à mille lieues de l’effet stabilisateur annoncé. Car son rôle est de persister dans l’être, de justifier un contrôle politique américain sur ses membres, de geler l’Europe au plan stratégique et de vendre des armes. Elle empêche structurellement l’Europe de s’émanciper alors que celle-ci en a les moyens, et que les “garanties otaniennes” -notamment le fameux « parapluie nucléaire américain »- ne sont plus crédibles à l’heure d’un pivot décisif et durable des préoccupations stratégiques américaines vers l’Asie et la Chine. Washington ne veut simplement plus payer pour la sécurité des Européens ni intervenir à leur profit, mais entend continuer à les diriger et à leur faire rendre gorge au nom du “partage du fardeau” … et au profit des marchands d’armes américains. Le reste est du decorum. Comment faire sans l’OTAN ? C’est assez simple en fait : commencer par renforcer considérablement notre “outil militaire” pour faire face au spectre élargi des menaces qui pèsent sur la sécurité de nos concitoyens et de nos intérêts, au loin comme sur le territoire national ; élargir notre vision à la dimension eurasiatique en termes sécuritaires et de défense ; initier des coopérations avec ceux qui le souhaitent sans exclusive ni naïveté ; enfin appuyer les efforts de ceux des États que l’unilatéralisme américain cible et affaiblit. Ils sont extrêmement nombreux. Alors le leadership français rêvé prendra corps et inspirera confiance et espoir.

Le Moyen-Orient est-il encore au centre de l’attention ? 

Il semble en effet sorti du scope en ce moment, mais c’est l’effet déformant du zapping médiatique et politique comme de la densité de l’actualité internationale. Je pense aussi que l’on se tait car on n’a plus grand-chose à dire ni de discours victorieux ou seulement martiaux à mettre en scène sans rougir. Les masques sont tombés. La France a été progressivement sortie du jeu moyen-oriental. Nos calculs politiques indéfendables moralement ont de plus échoué pratiquement. La Syrie a échappé au démembrement et est en passe de recouvrer son intégrité territoriale. Mais ce n’est pas fini pour autant. Les Etats-Unis nous ont laissé, avec la Turquie autorisée à agir à sa guise dans le Nord-Est syrien, une bombe à fragmentation redoutable. Grand allié du flanc sud de l’Alliance c’est-à-dire de Washington, Erdogan la représente de fait sur le théâtre syrien. Il sait à merveille jouer de son double positionnement stratégique pour Washington contre Moscou, et tout aussi important pour Moscou contre Washington…

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Les Kurdes ont parié et perdu, mais leur sens pratique et leur instinct de survie les rallient à la cause syro-russe qui seule peut leur épargner la fureur ottomane. L’Iran, essaie en dépit de toutes les pressions de consolider son arc d’influence régional. Quant à Israël, il vient, après Jérusalem, de récupérer le Golan avec la bénédiction américaine (ce qui, au passage, remet la question de la Crimée en perspective) : Une provocation considérable pour les Libanais comme pour les Jordaniens et un nouvel encouragement à la déstabilisation régionale.

Et puis il y a le Yémen. L’inhumanité de cette guerre ingagnable où nous avons si coupablement joué les utilités et la folie saoudienne sont en passe de lasser même le parrain américain. Les Emirats Arabes Unis adoptent une attitude prudente…. Peut-être une brèche vers la sortie d’un conflit désastreux pour l’image moderniste du royaume wahhabite ? Rien n’est réglé et il est à parier que des scénarii guerriers occupent des centaines de planificateurs militaires au Pentagone.

Le “processus de Genève”, dédié à la sortie politique du conflit syrien et vicié dans son essence, est un échec flagrant. Mais la Russie, pragmatique et habile, a admis son “couplage” symbolique avec le Processus d’Astana dirigé par Moscou et bien plus efficace. Peut-être l’embryon d’une solution politique acceptable pour ce pays martyr qui a échappé à l’emprise islamiste radicale ? Les anathèmes contre « Bachar bourreau de son peuple » et les accusations d’usage d’armes chimiques de moins en moins étayées contre le régime syrien, tout cela doit nous faire réaliser que nous l’avons échappé belle. Que serait aujourd’hui le Moyen-Orient s’il était passé sous la coupe des Frères musulmans en Égypte, en Syrie avec les parrains qataris et turcs et les innombrables surgeons terrifiants d’Al-Qaida ? La France doit sortir de cette compromission criminelle et si dangereuse pour son propre équilibre national.Notre président pourrait exprimer, au nom de la France, un mea culpa sincère pour nos errements passés. Ce serait un coup de tonnerre diplomatique. Une renaissance. Un geste d’honneur que seul un homme d’État ayant une hauteur de vue et de cœur suffisantes peut faire sans crainte.

Un geste qui change la donne, libère les consciences. Rien à voir avec la repentance ridicule, tout avec l’honneur d’un chef d’Etat capable de reconnaitre que son pays s’est trompé, qu’il l’a lui compris et que tout peut être différent à l’avenir. Nous ne sommes pas frappés à jamais d’une malédiction et il est grand temps pour notre pays de définir une nouvelle politique étrangère indépendante et libre, qui nous sorte des fourvoiements moraux, des complaisances électoralistes ou des préoccupations mercantiles si peu à la hauteur des enjeux du monde et de ce que nous voulons être. Nous vendons des armes certes, et elles sont excellentes. Parmi les meilleures au monde. Notre industrie de défense est un pan important de notre socle d’emploi et d’excellence technologique. Mais nous ne devons plus être des proxys américains ou saoudiens qui vendent leur âme pour quelques contrats. Nous pouvons vendre à des Etats qui se défendent, plus à ceux qui mettent la planète à feu et à sang.

Sur tous ces sujets, l’inflexion présidentielle sensible, observable depuis quelques mois doit être saluée, car elle rompt avec des années de servitude volontaire à contre-emploi de nos intérêts comme de nos principes. Il faut réinventer notre politique étrangère, introuvable depuis 15 ans au moins, et prendre nos distances à l’intérieur ou en dehors s’il le faut, d’une Alliance atlantique dont le bilan est catastrophique mis à part celui de sa persistance dans l’être et de l’entretien de menaces inexistantes.

Caroline Galactéros, propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire (Marianne, 5 décembre 2019)

mercredi, 11 décembre 2019

La physique comme exercice spirituel chez Marc Aurèle

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La physique comme exercice spirituel chez Marc Aurèle

Nombreux sont les exercices spirituels dans la philosophie stoïcienne: méditation de la mort, prévision des maux, examen de conscience, regard d’en haut, concentration sur l’instant présent, contemplation de la nature, méditation de maximes, lecture, écriture, etc. La liste pourrait s’allonger encore, et j’ai eu l’occasion, au cours des dernières années, d’en présenter quelques-uns. Pour Epictète, il est nécessaire que le véritable philosophe mette en pratique le discours théorique, et cette mise en pratique du discours philosophique passe, précisément, par un certain nombre d’exercices spirituels. Pour bien comprendre le lien étroit entre discours et mode de vie philosophique, c’est-à-dire entre theôria et praxis, et pour comprendre comment le discours philosophique est mis en pratique par le véritable philosophe à travers les exercices, je prendrai aujourd’hui l’exemple de la physique[1], à partir de la lecture des Pensées de Marc Aurèle. Comment mettre en pratique la physique stoïcienne, et quels exercices proposent Marc Aurèle à cet égard ?

Marc Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien

Au livre X des Pensées pour moi-même, Marc Aurèle revient à plusieurs reprises sur les principes de la physique stoïcienne, rappelant non seulement à quoi correspond l’étude de la nature (phusis), mais montrant également comment faire de la physique un exercice à part entière, permettant au philosophe d’atteindre l’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de trouble ou la tranquillité de l’âme, fondement du bonheur stoïcien. Le premier passage, tout en rappelant ce qu’étudie la physique, à savoir la nature des choses, rappelle l’importance de cette partie du discours philosophique :

« Le mime, la guerre, la peur, l’engourdissement, l’esclavage effaceront jour par jour en toi ces dogmes sacrés que tu imagines, sans les appuyer sur l’étude de la nature, et que tu négliges. Il faut tout voir, tout faire pour que, tout en accomplissant ce qu’exigent les circonstances, reste en même temps active ta faculté d’étudier et se conserve, de la science de chaque objet, une confiance inaperçue, mais non pas cachée. Quand pourras-tu en effet jouir de la simplicité, de la gravité, de la connaissance de chaque chose : ce qu’elles sont essentiellement, leur place dans le monde, la durée naturelle de leur existence, de quoi elles se composent, à qui elles doivent appartenir, qui peut les donner et les enlever ? » (Marc Aurèle, Pensées, X, 9)

La connaissance de la nature de chaque chose est essentielle pour la vie philosophique, et nécessite de la part du philosophe une étude de la nature qu’il doit prendre au sérieux. Plus encore, l’étude de la nature doit être un exercice quotidien. Pourquoi ? Qu’est-ce que la connaissance de la nature de chaque objet apporte au philosophe ? Qu’est-ce que la physique apporte au philosophe dont le but est d’atteindre le bonheur ? Marc Aurèle esquisse une réponse dans la pensée suivante, toujours au livre X :

« Acquiers une méthode pour observer comment les choses se changent l’une en l’autre ; fais-y continuellement attention, et exerce-toi de ce côté ; car rien n’est plus capable de produire les grandes pensées. Il s’est dépouillé de son corps, celui qui pense qu’il faudra sans délai abandonner tout cela en quittant les hommes ; il s’en remet à la justice en ce qui concerne ses propres actions, et à la nature universelle dans toutes les autres circonstances. Ce qu’on peut dire ou penser de lui, ce qu’on peut contre lui, ne lui vient même pas à la pensée ; il se contente de ces deux règles : agir avec justice dans ses actions présentes, aimer le sort qui lui est présentement attribué ; il laisse de côté toutes les affaires, tous les soucis ; il ne veut rien autre que marcher droit grâce à la loi, et suivre Dieu qui marche droit. » (Marc Aurèle, Pensées, X, 11)

Dans ce passage, Marc Aurèle précise que l’étude quotidienne de la nature, donc la physique, considérée ici comme un exercice quotidien, permet au philosophe de se détacher de son corps, et de manière générale, de tout ce qui ne dépend pas de lui (y compris « ce qu’on peut dire ou penser de lui, ce qu’on peut contre lui », c’est-à-dire le jugement des autres, et leurs méfaits contre lui), d’agir avec justice et d’accepter les choses telles qu’elles arrivent. Telles sont les « pensées » que produit l’étude de la nature et qui permet au philosophe de vivre de manière droite, c’est-à-dire de manière conforme à la nature. Le but de la physique, pour Marc Aurèle, est de prendre conscience de la nature des choses par l’étude et d’agir conformément aux résultats de cette enquête : « Qu’est tout cela [la physique] sinon les exercices d’un discours qui se rend compte exactement, d’après la science de la nature, des choses de la vie ? » (Marc Aurèle, Pensées, X, 31)

MA-p2.jpgIl existe plusieurs types d’exercices spirituels liés à l’étude de la nature, et donc à la physique. Pour Pierre Hadot, le premier exercice stoïcien qui permet de mettre en pratique la physique stoïcienne, c’est l’exercice qui consiste à « se reconnaître comme partie du Tout, à s’élever à la conscience cosmique, à s’immerger dans la totalité du cosmos » (P. Hadot, 1995, p. 211). C’est l’exercice du regard d’en haut, qui consiste à s’élever par l’imagination et considérer toutes choses dans la perspective de la raison universelle[2]. Regarder les choses humaines d’en haut, en prenant de la distance, c’est permettre de relativiser, de remettre toutes choses, y compris notre propre existence, dans le contexte plus large de l’ordre universel auquel nous appartenons, c’est considérer la petitesse de l’homme dans l’immensité de l’univers et la courte durée de notre existence comparée à l’histoire des hommes et du monde.

Quelques exemples de cet exercice du regard d’en haut tel qu’il est décrit et pratiqué par Marc Aurèle dans les Pensées :

« L’Asie, l’Europe, des coins du monde ; la mer entière, une goutte d’eau dans le monde ; l’Athos, une motte de terre dans le monde ; le présent tout entier, un point dans l’éternité. Tout est petit, fuyant, évanouissant. » (Marc Aurèle, Pensées, VI, 36)

« [Platon] ”Pour une pensée généreuse, qui contemple le temps tout entier et la substance entière, crois-tu que la vie humaine paraisse être une grande chose ? – Impossible, dit-il. – Donc elle ne verra dans la mort rien de terrible ? – Nullement”. » (Marc Aurèle, Pensées, VII, 35)

« Belle idée de Platon. Oui, quand on parle des hommes, il faut examiner aussi de haut les choses terrestres, les rassemblements, les armées, les mariages et les ruptures, les naissances et les morts, le tumulte des tribunaux, les contrées désertes, les diverses populations barbares, les fêtes, les deuils, les marchés, tout ce mélange et l’ordre qui naît des contraires. » (Marc Aurèle, Pensées, VII, 48)

« Tu peux t’enlever bien des obstacles superflus, s’ils dépendent entièrement de ton jugement ; et tu te donneras un champ très vaste, si tu embrasses par la pensée le monde entier, si tu penses à l’éternité du temps et au changement rapide de chaque être en particulier, si tu vois combien est court le temps qui va de sa naissance à sa dissolution, quel temps immense il y a eu avant sa naissance, quelle infinité il y aura après sa dissolution. » (Marc Aurèle, Pensées, IX, 32)

« Lucilla vit mourir Vérus ; puis Lucilla mourut. Secunda vit mourir Maximus ; puis Secunda mourut ; Epitychanos vit mourir Diotime ; puis il mourut ; Antonin vit mourir Faustine ; puis il mourut. Tout est pareil : Hadrien avant Céler, puis Céler. (…) Tout est éphémère ; tout est mort depuis longtemps ; de certains on ne se souvient même pas, si peu que ce soit ; d’autres se sont changés en personnages mythiques ; d’autres ont même déjà été effacés des mythes. Donc se souvenir que le composé qui est toi-même devra se disperser, ton souffle ou bien s’éteindre ou bien s’en aller et être transporté ailleurs. » (Marc Aurèle, Pensées, VIII, 25)

L’exercice du regard d’en haut, lié à la physique, c’est-à-dire à l’étude de l’homme, des choses et de l’univers tels qu’ils sont, permet au stoïcien de « regarder les choses avec détachement, distance, recul, objectivité, telles qu’elles sont en elles-mêmes » (P. Hadot, 1995, p. 316), sans être dans l’illusion, sans accorder une trop grande valeur à ce qui n’est qu’une minuscule partie de l’univers dans lequel nous vivons. Cette prise de conscience de soi et des choses qui nous entourent comme faisant partie d’un Tout qui nous dépasse, c’est cela la conscience cosmique, cette expansion du moi vers le Tout qui caractérise la philosophie stoïcienne, et qui s’exerce au quotidien par un certain nombre d’exercices comme ceux que pratiquent Marc Aurèle. L’objectif de ces exercices est de prendre conscience d’être un rouage du Tout, une partie de la Nature universelle, et d’être capable de dire, comme Marc Aurèle :

« Il t’est arrivé quelque chose ? C’est fort bien ; tout ce qui t’arrive vient de l’univers et dès le principe était dans ta destinée et dans ton lot. » (Marc Aurèle, Pensées, IV, 26)

« Quoi qu’il t’arrive, cela t’était préparé dès l’éternité ; c’est dans l’entrelacement des causes que, dès l’éternité, a été filée ton existence et ce qui t’arrive. » (Marc Aurèle, Pensées, X, 5)

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Vouloir que ce qui arrive arrive comme il arrive est le but avoué de l’étude de la nature. La physique, comme exercice spirituel, doit donc être quotidienne, afin de permettre au philosophe d’accepter chaque jour son destin. Se connaître soi-même comme partie de la nature permet en effet au philosophe d’accepter l’ordre de l’univers, de ne pas aller contre le destin mais d’y assentir, au contraire : « Le propre de l’homme de bien est d’aimer les dieux, d’accueillir les événements et tout ce qui lui vient du destin » (Marc Aurèle, Pensées, III, 16).

L’étude de la physique est un bon exemple du lien étroit qui existe, pour les stoïciens, entre le discours philosophique et la pratique d’un mode de vie philosophique. À la base de la physique comme exercice spirituel, on a un dogme ou un principe physique, par exemple la position stoïcienne concernant la Nature et la Providence, ainsi que la place de l’homme dans cet ordre universel (unité et rationalité de la Nature universelle, dont l’homme est une partie en tant que raison individuelle). Et par un certain nombre d’exercices pratiqués quotidiennement, le philosophe stoïcien peut mettre en pratique ces principes de la physique stoïcienne et intérioriser de plus en plus, dans ses pensées et dans son comportement, les principes de la physique. Ainsi, par l’étude de la physique, l’assentiment au destin lui permettra, petit à petit, de ne plus être troublé par les événements extérieurs auxquels il est confronté, et lui permettra d’atteindre l’ataraxie recherchée par la philosophie stoïcienne.

Notes

[1] Sur la physique comme exercice spirituel, voir P. Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique?, Paris, Gallimard, 1995, p. 316-322 et surtout P. Hadot, “La physique comme exercice spirituel ou pessimisme et optimisme chez Marc Aurèle”, in P. Hadot, Exercice spirituels et philosophie antique, Paris, Editions Albin Michel, 2002, p. 145-164.

[2] Sur l’exercice du regard d’en haut, voir P. Hadot, 1995, p. 314-316.


Crédits photographiques: Marc Aurèle, par gregory lejeune, Domaine Public; Morpho sp., par Thomas bresson, Licence CC BY; La Bataille d’Issos, par Altdorfer, Domaine Public; Hubble sees spiral in Serpens, par Nasa Goddard Flight Space Center, Licence CC BY.

Citer ce billet: Maël Goarzin, "La physique comme exercice spirituel chez Marc Aurèle". Publié sur Comment vivre au quotidien? le 19 février 2017. Consulté le 11 décembre 2019. Lien: https://biospraktikos.hypotheses.org/2706.

La magnanimité, à l’origine du péril européen ?

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La magnanimité, à l’origine du péril européen ?

par Jean de la Prairie

Ex: https://institut-iliade.com

S’il est une vertu qui dépasse les autres par sa beauté, sa hauteur, sa superbe, elle pourrait être la magnanimité. Apanage des princes, privilège des puissants, elle est l’expression du désintéressement de la force face à la petitesse.

Cette vertu, intimement européenne, fut possédée par de nombreux souverains. Attardons-nous sur la figure de l’empereur Marc Aurèle.

L’homme, s’il faut le décrire, usait de toute sa raison pour contrôler ses passions. À 12 ans seulement, bien qu’appelé à un destin hors du commun, il décide de revêtir le manteau de laine grossière des stoïciens et refuse toute autre couche que le sol dur et froid de sa chambre, souhaitant vivre en ascète philosophe. Devenu empereur, un de ses premiers actes est de nommer son frère Lucius également Auguste, alors que leur père a tout fait pour écarter ce dernier du pouvoir. Lucius, mou et frivole, vécut comme son père l’avait pressenti, en épicurien, laissant à son frère la charge incommensurable de l’immense empire. Marc Aurèle fermera continuellement les yeux sur les frasques fraternelles…

Une faiblesse, dira-t-on. Comment ne pas juger Lucius Verus Aurelius, Auguste décadent ? Comment surtout ne pas juger Marc Aurèle pour cet acte d’indulgence envers son frère ? N’y trouvons-nous pas l’origine de la faiblesse européenne actuelle, de cette empathie omniprésente pour les faibles et de cette indulgence envers la frivolité et le désordre ?

Marc Aurèle, le magnanime, se refusait de juger l’acte d’une personne. Bien ou mal, cela ne peut se définir que pour soi-même. Il fit ainsi preuve d’une grande indulgence et de patience envers ceux qui, à ses yeux, se trompaient. Il souhaitait les instruire pour les faire changer. Comment, une fois encore, ne pas faire un parallèle avec notre justice actuelle qui juge l’action d’un homme contre la communauté avec mansuétude à la moindre repentance éphémère et dans l’espoir naïf de sa conversion ?

L’empereur était très attaché à la notion de transformation : « Le monde est changement ; la vie, remplacement. » (Pensées pour moi-même, livre IV, § III). Par l’observation de la nature il défend l’idée du perpétuel changement. Inévitablement le fruit mûr pourrira, le jeune vieillira, la vie mourra. Il faut donc l’accepter, négliger la mort et vivre chaque jour comme le dernier. Certains n’y voient que l’excuse d’un faible assistant inexorablement et passivement à sa chute et sa disparition. Le raisonnement de Marc Aurèle ne justifie-t-il pas en effet celui de nos contemporains face à la disparition de l’homme blanc qu’ils jugent inéluctable ? De l’aveu d’une telle ligne de pensée, nous ne serons ni la première ni la dernière civilisation à disparaître. L’héritage stoïcien en devient délétère parce qu’il endort les consciences par toujours plus de fatalisme et l’homme bien-pensant en oublie l’instinct de survie.

Chère à Marc Aurèle, la recherche de la constance et de la retenue en tout permet-elle l’expression de la civilisation européenne, « peuple de poètes, d’artistes, de héros, de saints, de penseurs, d’hommes de science, de navigateurs, de migrateurs » ? Nul doute qu’être dépassionné, sans colère, sans émotion, sans désir, affaiblit ce peuple en affadissant sa conscience : Marc Aurèle, en promouvant la philosophie stoïcienne comme modèle de vie, aurait donc posé les bases de l’anesthésie de la conscience européenne face au désordre et à l’ambition de perdurer de siècle en siècle.

Pourtant, c’est faire procès un peu vite que de raisonner de la sorte. Attachons-nous d’abord aux faits historiques. L’Empire romain est à son apogée, la Pax Romana est de rigueur de la Perse jusqu’au mur d’Hadrien. L’accession au trône par Marc Aurèle fut marquée par la recrudescence des guerres aux périphéries de l’Empire. L’empereur guerroya contre les ennemis de l’Empire sans jamais remettre en cause le bien fondé de son action : « Le repentir n’est qu’un blâme qu’on se donne à soi-même d’avoir négligé quelque chose d’utile » (Pensées pour moi-même, livre VII, § X). Et force est de constater que pour lui la défense de l’Empire et de ses frontières est chose utile.

MApensees.jpgLes guerres se succédèrent, à peine la guerre (161–166) contre les Parthes (Perses) est-elle terminée, que les barbares menacent directement le nord de l’Italie. Il faut plus de cinq années (169–175) à l’empereur pour venir à bout de cette menace. C’est alors qu’une rumeur de la mort de Marc Aurèle conduit Avidius Cassius, gouverneur d’une large partie de l’Orient, à se proclamer empereur. Mais en juillet 175, celui-ci est assassiné et sa tête envoyée à Marc Aurèle. Ce dernier regretta sa mort, sûr de son repentir. Enfin, dès 177, Marc Aurèle doit repartir guerroyer sur la frontière danubienne où il y mourra (180).

Impossible donc de ne pas reconnaître en Marc Aurèle le modèle d’un grand européen. Il travailla incessamment à procurer la liberté à son peuple, par la simplicité, la douceur et la modestie (Pensées pour moi-même, livre VIII, § LI.), mais aussi, comme le témoigne sa vie, par la force lorsqu’il y fut contraint.

Il accepta son destin sans en désirer un autre, il y fit face chaque jour avec toute sa force et sa raison. « C’est pour faire œuvre d’homme » qu’il s’éveilla chaque matin, pour travailler à embellir « l’ordre du monde ». De même, Marc Aurèle insiste sur le caractère naturel d’œuvrer pour le bien commun. « Toute nature est contente d’elle-même lorsqu’elle suit la bonne voie […] lorsqu’elle dirige ses impulsions vers les seules choses utiles au bien commun. » Quelle leçon pour notre société moderne, et pour nous autres Européens ! Son action fut donc au service du bien commun car seul cela importe. Faire œuvre de bien commun aujourd’hui, c’est s’inscrire dans la lignée de Marc Aurèle qui défendait les frontières de son empire pour préserver la Pax Romana, la liberté et la justice. Notre civilisation européenne devrait donc réfléchir à redéfinir son bien commun, sa justice et sa liberté afin que ses enfants œuvrent chaque jour à les embellir.

Marc Aurèle ajoutait que « le moyen de faire avec gravité, avec douceur, avec liberté et avec justice tout ce que tu fais, c’est de faire chaque action comme si elle était la dernière de ta vie ». Plus de fatalisme comme nous le pensions au début de notre réflexion, mais de la grandeur dans l’acte ! En effet par là même, il insuffle à toute chose, même les plus petites, une grandeur exaltante. Il est loin le démon de l’anesthésie de la conscience car ne pas être soumis à ses désirs et ses passions n’empêche pas d’agir avec profondeur, avec la parfaite conscience que nos actes portent du fruit s’ils sont posés avec intensité et désintéressement. Le fruit est beau s’il œuvre pour le bien. L’ordre, la justice, la liberté sont les fruits exquis hérités de nos aïeux que nous transmettrons à notre descendance.

Au XVIIIe siècle, dans son Essai sur l’éducation morale de la jeunesse (intitulé « Les Beautés de l’histoire tirées des auteurs anciens et moderne de toutes les nations »), L. C. Morlet disait que « la magnanimité est l’amour des grandes choses, c’est un attachement inviolable pour le beau, le grand, le difficile et l’honnête. » Si Marc Aurèle est un modèle européen, c’est parce qu’il n’a eu de cesse de travailler à acquérir cette vertu en se remettant en cause chaque jour : « Souviens-toi que […] magnanime signifie pour toi la prééminence de la partie raisonnable sur les émotions douces ou rudes de la chair, sur la gloriole, la mort et toutes choses semblables. » Posons-nous donc également la question chaque jour quant à nos actes. Ainsi le rejet des actes inutiles et leur remise en question feront de nous des Européens, par l’attachement inviolable au beau à travers la recherche difficile de l’excellence.

Être européen, c’est accepter l’héritage de la pensée philosophique des Anciens, pensée qui, avant même le christianisme, porte en son sein la possible cause de sa destruction par ses ennemis. Elle se montre tendre, généreuse, pleine de compassion et d’indulgence. Nos adversaires l’ont compris. Mais la possible cause de sa destruction est aussi sa grandeur ! L’Européen raisonne, invente, se remet en cause, pardonne et se repent, admire et respecte ses ennemis pour tenter (toujours !) de s’en faire des alliés, certain que sa grandeur est le fruit de la liberté dans laquelle tous ses talents s’expriment.

L’Européen ne peut être libre qu’en prenant conscience de cette vérité ; sa force se déploie à partir de sa faiblesse. Tout comme Achille ne peut se séparer de son talon, qui est ce qui le définit, l’Européen ne peut se défaire de sa magnanimité. Mais il sait que sa survie nécessite de briser avec la plus grande fermeté une à une les flèches de Pâris, en usant de toute sa grandeur d’âme et de sa raison pour voir plus grand, plus loin, plus beau et tenter de s’en faire un ami.

S’il veut être lui-même, il lui faut être magnanime !

Jean de La Prairie — Promotion Marc Aurèle

Sources

  • Page Wikipédia Marc Aurèle
  • Marc Aurèle, Pensées pour moi-même.
  • Abbé de La Porte, L’Esprit des monarques philosophes, Amsterdam, Paris, 1764.
  • L. Morlet, Les Beautés de l’Histoire tirées des auteurs anciens et modernes de toutes les nations ou Essai sur l’éducation morale de la jeunesse, 1774. Disponible en édition à la demande.

mardi, 10 décembre 2019

Venner en Allemagne !

Venner en Allemagne !

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Jungeuropa Verlag
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Wie kein zweiter Akteur prägte Venner zudem den Begriff des (neuen) „europäischen Nationalismus“. Doch was ist darunter zu verstehen – und was bedeuten die Ideen der jungen Franzosen um die legendäre Zeitschrift Europe-Action für das politische Koordinatensystem? Venner scheidet in seinem Buch Was ist Nationalismus? – wie vor ihm Ernst von Salomon – „Nationale“ von „Nationalisten“, erklärt die grundsätzlichen Züge eines die Gegensätze aufhebenden Nationalismus und schickt sich an, seine wenige Jahre zuvor erschienene Schlüsselschrift Für eine positive Kritik zu ergänzen. Wir haben auch diese Schrift Venners erstmals in die deutsche Sprache übersetzen lassen.
 
Wer das Paket bestellt, erhält beide Bände für nur 25 Euro.

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TERRE & PEUPLE Magazine n°81

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Communiqué de "Terre & Peuple - Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°81

Le numéro 81 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème de la spiritualité païenne.

Sous le titre ‘Tu trembles, carcasse’ de son éditorial, Pierre Vial relève des signes qui ne trompent pas.  En Allemagne, où l’AfD réalise des scores éblouissants.  En Italie, où le refus de l’invasion permet à la Lega de continuer sa progression.  En Flandre, où le Vlaams Belang s’impose comme le premier parti.  Au même moment, en France, Macron confesse que « ses certitudes sur l’économie s’effondrent» !

Brûlant un cierge à la France française, Pierre Vial épingle le hors-série de Valeurs Actuelles consacré à Michel Audiard.

Bernard Lugan démonte l’offensive anti-française de diversion menée par l’Algérie qui, par la voix de l’Organisation Nationale de Moudjahidines, ses anciens combattants de la libération, accuse le colonisateur français de génocide et de pillage.  Ils rêvent de compensations.  Expert des questions africaines, l’auteur rappelle que l’Algérie engloutissait en réalité 20% du budget de la France !  Et qu’elle a raflé le pactole du Sahara avec lequel historiquement elle n’a pourtant rien de commun.  Il fait remarquer que, dans leur grande majorité, ces résistants libérateurs sont des imposteurs : en 1962, l’Algérie a identifié 6.000 moudjahidines, auxquels elle a reconnu d’importants privilèges.  En 1970, ils étaient déjà devenus 70.000 et, en 2017, 200.000 et leurs ayants-droit 1,5 millions !  Le budget du Ministère des Moudjahidines est un des plus lourds de l’Algérie, après l’Education et la Défense.

Pierre Vial introduit le dossier central sur la spiritualité païenne par un appel à l’essentiel alors que, l’âme morte, des masses humaines se précipitent vers l’enfer.  Ecologie panthéiste, l’esprit de vie païen s’attache instinctivement à réenchanter le monde, dans le combat pour nos forêts, nos rivières, nos mers, nos montagnes.  L’âme de nos martyrs nous accompagne.  Dans nos mythes ancestraux, un des symboles les plus forts de notre spiritualité est le Graal, véhicule de la dimension sacrée du sang.

PEB-portraitdevant.jpgSur une batterie de huit questions sur la spiritualité païenne que leur a posée Pierre Vial, deux personnalités consacrées en ce domaine, Pierre-Emile Blairon (La Roue et le Sablier) et Paul-Georges Sansonetti (Chevalerie du Graal et Lumière de Gloire) apportent leur éclairage à partir d’observations et de témoignages heureusement complémentaires.  Le premier répond à toutes les questions pêle-mêle, dans un agréable foisonnement.  Se propose ainsi, dans un ordre de recommencement, d’évolutions et d’involutions, une invitation à saisir au vol les étincelles enthousiasmantes de l’esprit de vie.  Avant Abraham, tous les peuples, les juifs y compris, étaient polythéistes.  Le christianisme des premiers siècles est citadin, produit des masses cosmopolites des grandes mégapoles.  Férues des nouveautés, elles sont méprisantes pour les traditions rurales.  Il y sera néanmoins largement puisé au cours des siècles suivants.  L'invention de l'écriture (-3.300), énorme progrès technique de la modernité, marque une régression de l'intelligence, qui passe de la mémoire humaine aux archives et à la comptabilité : les symboles sont désincarnés.  C'est une involution : à l'inverse du dogme darwinien de l'évolution linéaire vers un progrès continuel, d'un commencement vers une fin, la conception du temps des païens est cyclique, selon une figure en spirale décentrée, comme le mouvement de notre galaxie.  La notion de tradition primordiale fait référence aux artefacts phénoménaux d'origine humaine que l'archéologie est en peine d'expliquer.  Il est profitable de retentir au message d'une pléiade d'auteurs-éveilleurs aux traditions, tant locales que régionales, ethnique et nationales, et à l’idée d’une involution, d’un Âge d’or spirituel à un Âge de fer matériel.  Le mythe de Prométhée, héros tragique pour les uns, dans sa tentative généreuse d’édification du genre humain, n’exprime pour d’autres que la ruse vaine d’un titan suffisant et insuffisant, qui n’ouvre qu’une Voie des pères, en opposition à l’esprit olympien, transparence de l’être qui est la Voie des dieux.  La Voie des pères propose cependant une troisième voie, entre le paradis des monothéistes et le néant des athées. 

PGS-graal.jpgPour sa part, Georges-Paul Sansonetti répond point par point aux huit questions de Pierre Vial:  -1°En assimilant le paganisme à l’athéisme, on se coupe d’un courant, intérieur au christianisme, qui a sauvegardé des notions essentielles de nos civilisations indo-européennes, notamment ce qui a fait que Janus, gardien des deux solstices, se retrouve dans les deux Saint-Jean, l’évangéliste pour l’hiver et le baptiste pour l’été.  -2°Dans les guides autorisés de la spiritualité païenne, il convient d’épingler Mircea Eliade, Georges Dumézil, Pierre Vial, Jean Haudry, René Guénon et Julius Evola.  Sans oublier les auteurs ‘enracinés’ (tels Giono, Vincenot) ni les mythiques (Tolkien, Earl Cox).  -3°A nos groupes d’amis identitaires, l’auteur recommande les échanges de lectures, le culte partagé des vestiges, des pierre levées néolithiques, de la Crète, des Achéens, des Doriens et de leurs mythes olympiens, de Rome, des mythes celtiques, germaniques, slaves.  Et la découverte en commun de nos espaces ancestraux, de nos forêts, de nos montagnes, dans la fraternité d’un effort partagé.  -4° La connaissance du paganisme européen complète heureusement un engagement politique identitaire par la plus longue mémoire : nos ancêtres célébraient il y a dix-huit mille ans la lumière du solstice d’été dans la Grotte de Lascaux.  -5° Ces mythes expriment les principes de survie de nos communautés : une autorité douée de compréhension et de puissance fulgurantes (Zeus), une force défensive de l’ordre établi (Arès), un génie de la communication (Hermès), un sens joyeux de la festivité (Dionysos), une virtuosité technique (Héphaistos), un charme physique (Aphrodite) et le parfait accomplissement intellectuel et corporel (Apollon).  Sans négliger le message des mythologies nordique, celtique, slave etc. -6° Quant aux néo-paganismes, il les qualifie de parodies pénibles.  -7° Pour s’empresser de passer à la condition de notre survie : notre réaction libératrice face à la veulerie de la bien-pensance et au grand remplacement, pour recréer des ensembles sociétaux et territoriaux à la mesure des potentialités des Européens. -8° Il conclut que, au contraire des progressistes travaillés par l’obsession de mondialiser l’Europe, nous voyons dans son effondrement la catharsis nécessaire à notre renaissance

Robert Dragan titre ‘Esprit, es-tu là’ sa réflexion sur les spiritualités, païennes et autres, et sur l’agnosticisme.  Il s’applique à situer la matière -si l’on peut dire- de l’esprit, en l’opposant au corps, dans lequel les neurones ne sont que des contacts électriques et la mémoire est encore un mystère.  Pour les uns, elle est un réceptacle inorganique participant du cerveau et cette âme, don de(s) dieu(x), a un destin propre, une existence dans un au-delà avec lequel il est possible de communiquer.  Pour les autres (dont certains païens et les scientistes), la nature de la pensée et de la mémoire nous est incompréhensible et nous ne pouvons au mieux que nous appliquer à bien vivre, orientés en cela par nos savant et nos poètes.  Les règles que se donne le païen sont modelées sur la nature.  Il construit une société organique.  Mortel, il recherche la survie de son sang.  Ses émotions sont liées particulièrement à celles de ses semblables, de son lignage, de son milieu écologique.

asatru.jpgHalfdan Rekkirsson est un ouvrier du bâtiment.  A 13 ans, a été transplanté de la campagne alpine à la banlieue chaude de Rouen.  Il a été introduit à l’étude (universitaire) de l’histoire du Nord en général, et à celle de l’Asatrù, religion officielle de l’Islande, en particulier par la découverte du Hobbit de Tolkien.  L’Asatrù (fidélité aux Ases) est apparue au début des années ’90, peu après l’engouement pour le port du marteau de Thor.  Des petits clans se sont mis à pratiquer un rituel un peu partout en France.  L’intérêt grandit pour la mythologie, les sagas, les eddas, les gestes héroïques du Beowulf et des Niebelungen.  A un moment où la science moderne, archéologie, linguistique, études comparatives des religions, paléogénétique, affine notre connaissance de l’histoire de nos ancêtres, l’intérêt pour leur spiritualité est éveillé et soutenu par de l’information de qualité.  Toutefois, l’essentiel est de vivre ces grands principes avec notre temps.  Pour la pratique, Halfdan Rekkirsson a créé le Calendrier runique Asatrù, qui invite les fidèles à vivre leur croyance en célébrant « les bonnes fêtes aux bonnes dates ».  Sa pratique personnelle est familiale.  Il répond ainsi aux monstrueux problèmes que nous pose aujourd’hui le progressisme.  La connaissance utile des runes exige une étude sérieuse.  Halfdan Rekkirsson recommande le Hàvamàl, conseils d’Odhinn, et les Eddas. 

solariabaldr.jpgJean-Christophe Mathelin, astronome, a fondé, avec Vincent Decombis et Christopher Gérard, Solaria, le Cercle européen de recherches sur les cultures solaires, et il dirige la revue du même nom.  Il met en place un Musée du Soleil.  D’éducation catholique, comme à 18 ans il aspirait à une religion ‘pure et dure’, il a goûté au Coran, dont les obscurités rencontraient sa tendance au mysticisme.  Un séjour en terre d’islam l’avait persuadé de piocher plutôt dans le bouddhisme, quand il est tombé, en 1979, sur le ‘Thulé, le Soleil retrouvé des Hyperboréens’ de Jean Mabire.  Celui-ci lui a révélé que sa voie est celle des dieux solaires de ses ancêtres indo-européens et que le culte solaire n’est pas le monopole des Egyptiens, des Incas et des Aztèques.  L’Europe possède un riche passé en la matière durant l’âge du bronze (du IIIe au Ier millénaire avant l’ère chrétienne) et notamment avec l’apollinisme (VIe siècle av. EC) et l’engouement pour les mystères de Mithra (IIIe siècle EC).  Eclipsé par le christianisme, le mythe va renaître grâce à l’héliocentrisme de Copernic.  Le culte se pratique aux moments solaires privilégiés, levers et couchers de culminations.  La Grèce et Rome ont laissé de nombreux hymnes et des rituels, feu, encens, sacrifices, libations.  Les Celtes et les Nordiques privilégiaient des sites sacrés naturels.  Quant à une dominance de dieux solaires masculins sur des divinités lunaires féminines, on remarquera qu’Apollon est le dieu du juste milieu et que, pour les Germano-Scandinaves, c’est la Lune qui est masculine et le Soleil qui est féminin.

Robert Dragan livre la synthèse des trois articles du numéro 3 de la revue de linguistique indo-européenne Wékwos.  Celui de Robert Sergent traite des Tokhariens, établis en Bactriane (Kazakhstan), des Sères (producteurs de soies), attestés par Strabon dans la même région, et des Attacores, qui habitaient la Kroraina (nord du Tibet) et que Pausanias considère être les produits d’un croisement de Scythes et d’Indiens.  Ces sources relèvent leur vigoureuse longévité, leur tempérance, leur qualité guerrière, leur grande taille, leurs yeux clairs et leurs cheveux ‘rouges’.  Les linguistes y repèrent un rameau des parlers germanique et balto-slave, précocement séparé du tronc indo-européen dès la seconde moitié du 4ème millénaire AEC, migrant du Kazakhstan au Tarim vers 2000 AEC.  Ils se distinguent des Scythes de Russie et de Sibérie et des Aryens (Iraniens et Indiens), qui ont émigré plus tard vers l’Asie du sud.  Le deuxième article traite des Scythes et de leurs descendants ossètes et bretons.  Les uns comme les autres font référence aux trois fonctions.  Dans la rivalité de trois princes à succéder à leur père, c’est toujours le plus jeune qui l’emporte.  Ce trait se retrouve dans des romans arthuriens, où le héros doit également se révéler un trifonctionnel accompli.  Le troisième article traite des ‘charmes’, formules à prononcer pour la réalisation d’un vœu, notamment une guérison.  Il rapproche des formules gallo-romaines de certaines anglo-saxonnes du IXe siècle EC et d’autres du folklore moderne, francophone comme germanique, slave comme balte.  Y sont invoquées une trinité de femmes (sœurs, vierges, Marie), issues des Parques latines ou des Nornes germaniques.

wekwos.jpgRobert Dragan encore cite Jean-Paul Lelu dans la part de celui-ci à des mélanges à l’intention de Bernard Sergent, où il propose de localiser la ville mythique d’Avallon dans le site moderne de Saint-Nazaire, sur une petite île rocheuse reliée à la côte par un banc de sable.  Il s’y est élevé une petite cité fortifiée, baptisée du nom d’un saint associé aux jumeaux Gervais et Protais, lesquels évoquent les Dioscures dont Diodore indique qu’ils étaient vénérés sur les bords de l’océan.  Dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, le roi d’Escavallon, adversaire de Gauvain, porte un écu d’or à bande d’azur, les couleurs des seigneurs de Donges et de Saint-Nazaire.  Les guerriers morts au combat sont censés être accueillis par Morgane et ses suivantes.  Strabon (-60 AEC) évoque, devant l’embouchure de la Loire dans l’océan, une petite île habitée par les femmes Samnites.  Possédées de Dyonysos, elles ne laissent aucun homme y mettre le pied.  Dungjo, en ancien francique, désigne le lieu où travaillent les femmes.

Le druide Lugvidion s’applique à situer le druidisme, tant historique (âge du fer) que contemporain et à démontrer chez ce dernier une religiosité bien actuelle.  L’histoire en cette matière est lacunaire : des auteurs grecs et latins souvent peu objectifs ; des copistes irlandais et gallois qui ne conservent les mythes que sous un vernis chrétien ; le comparatisme avec le brahmanisme qui suggère les pièces manquantes du puzzle ; les folklores régionaux aux colorations celtiques (triades de personnages, 1er mai, 1er novembre) ; des découvertes archéologiques récentes ; les travaux des collèges druidiques qui méritent une lecture critique.  En 1717, le franc-maçon irlandais John Toland a créé le Druid Order, dont se réclament tous les collèges européens.  L’extension du druidisme au sein de communautés élargies à d’autres fonctions sociales que philosophiques (savoir importe plus que croire) lui mérite d’être une religion à part entière.  Il s’agit autant d’une voie philosophique de sagesse sacerdotale que d’une voie d’accomplissement heureux.  Les collèges invitent leurs membres à redécouvrir leurs racines celtiques et leur connexion intime avec la nature.  Ils organisent des cérémonies symboliques en phase avec les cycles naturels : la roue de l’année (les deux solstices et les deux équinoxes) et les quatre fêtes celtiques (Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad).  Ces pratiques ne sont pas qu’une reconstitution historique.  Outre les cérémonies calendaires, se célèbrent des cérémonies familiales (présentation d’enfant, rite de passage, mariage, funérailles) et des cérémonies initiatiques.  L’initiation par l’introspection s’étend en général sur trois à six années avant la titularisation et l’attribution d’un nom initiatique.  Chaque classe de la société celtique se caractérise par des qualités emblématiques et par les défaillances correspondantes tel le découragement, à peine de déshonneur.  Il s’agit d’œuvrer au ‘retour du printemps’.

Jean-Patrick Arteault cuisine Johan, auteur de la chaîne Youtube La Mesnie païenne, référence à la médiévale Mesnie Hellequin qui est elle-même une allusion à la Chasse sauvage d’Odin.  La mesnie était un organisme clanique typiquement rural que l’émergence des villes a dévitalisé.  Soucieux de réveiller la plus longue mémoire européenne, en vue de reconstruire un paganisme européen du XXIe siècle fidèle à ses fondements, Johan était tombé sur une profusion de chaînes YouTube anglophones qui diffusent des vidéos de qualité sur ce sujet, sans pouvoir trouver d’équivalent francophone.  Il a fait l’acquisition d’une caméra et s’est lancé dans l’aventure de l’animation audio-visuelle de sa communauté païenne, à qui il diffuse des documents de vulgarisation.  Il s’agit autant de données historiques que liées à l’actualité, de fêtes saisonnières ou de symbolique que d’archéologie ou de folklore.  Plus que la culture théorique, le primordial est la pratique vécue, l’ancrage identitaire.  Car, pour lui, le paganisme est avant tout un rapport au monde, condition de survie au moment du déclin du christianisme et de l’émergence de la consommation de masse.  Il s’agit de ne plus opposer le spirituel au matériel, de réconcilier l’âme et le corps.  Johan ne s’est pas assigné d’objectif défini.  Il songe à aborder des sujets complexes, qui nécessiteraient un rythme de parution ralenti.

Pierre Vial poursuit, dans sa cinquième partie consacrée à l’Aliyah, retour (tant spirituel que physique) en Eretz Israël, son étude exemplaire du modèle identitaire juif.  Lors de la première Aliyah (1881-1903) d’une vague de 70.000 migrants, la moitié seulement a résisté aux conditions pénibles, dont il n’y a eu qu’une minorité pour fonder des colonies agricoles.  Jusqu’à ce qu’intervienne le baron Edmond de Rothschild, lequel a investi largement dans des plantations d’agrumes, de thé, de coton, de tabac.  Il a confié ces colonies à l’Association palestinienne pour la colonisation juive, présidée par son fils James.  Aux colons, sont enseignées dans l’enthousiasme la langue et la culture hébraïques.  La deuxième Aliyah (1904-1914), qui est alimentée par les pogroms russes de 1903-1905, allie au sionisme les principes du socialisme.  On crée alors des communautés agricoles collectivistes (kibbouts), qui louent aux colons les terres achetées par des collectivités financées par de généreux donateurs.  La sécurité est assumée par le Ha-Shomer, un corps mobile appelé à intervenir n’importe où.  Le Fonds national juif fonde Tel Aviv (‘la colline du printemps’) avec des ouvriers et des habitants exclusivement juifs (3 604 en 1921 et 54 110 en 1931).  En 1917, dans le cadre de la rivalité franco-britannique sur le Moyen-Orient, Lord Balfour, ministre des Colonies, reconnait dans une lettre à Lionel Rothschild le droit de construire un foyer national juif en Palestine.  En 1920, la Société des Nations donne à la Grande-Bretagne mandat sur la Palestine avec mission d’y favoriser le foyer national juif.  Mais le Congrès panarabe de Damas exige alors la rupture totale.  Des milices attaquent les colonies juives et une émeute ravage le quartier juif de Jérusalem.  Les arabes organisant la guérilla tant contre les britanniques que les sionistes, les juifs se sont formés en milices armées et s’attachent à convaincre la Diaspora que l’Aliyah doit continuer et même s’intensifier.  La troisième Aliyah (1919-1923) est accélérée par la révolution russe et la guerre soviéto-polonaise.  Le mouvement de jeunesse He-Haloutz (de Joseph Trumpeldor et David Ben Gourion) préparait à une vie agricole les jeunes haloutsim, qui se considéraient comme des soldats prêts à remplir toute mission.  En 1920, est fondée l’Histadrouth, fédération des travailleurs juifs porteuse d’un projet de société modèle basé sur la coopération, la solidarité et la justice sociale. (à suivre)

En souvenir de Jacques Marlaud

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En souvenir de Jacques Marlaud

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Né le 4 décembre 1944 à Alger bien qu’il ne soit pas d’origine pied-noire et mort à Roanne dans le département de la Loire, le 15 août 2014, Jacques Marlaud a présidé le GRECE de 1987 à 1991. Correspondant de Nouvelle École et rédacteur pour Éléments, Études et Recherches et L’Esprit européen, ce maître de conférence en communication à l’Université Lyon – III – Jean-Moulin a toujours agi en Européen de France et en païen. En 1990, il défend la liberté d’expression en pleine cabale universitaire contre l’économiste dissident et ami Bernard Notin.

Adolescent pendant la guerre d’Algérie, il correspond avec des détenus pro-Algérie française. Il milite à la Fédération des étudiants nationalistes, puis à Europe-Action, et y rencontre Alain de Benoist, Pierre Vial et Dominique Venner. Appelé dans une unité du génie parachutiste, il déserte au milieu des années 1960, franchit les Pyrénées et obtient finalement le statut de réfugié politique en Espagne franquiste. Il en gardera une belle maîtrise de la langue de Cervantès. Il séjournera ensuite en Italie et dans le Nord de l’Allemagne où il rencontrera sa future épouse, Ursula aujourd’hui décédée.

Vers 1971 – 1972, les jeunes mariés s’installent en Afrique du Sud. Jacques Marlaud travaille alors comme journaliste à la radio d’État sud-africaine pour les programmes nocturnes anglophones. L’allemand est néanmoins la langue maternelle des sept premiers enfants Marlaud; la huitième et dernière naîtra plus tard en France. Il anime dès 1979 l’European Renaissance Association et lance en 1981 une revue bilingue anglais – afrikaans Ideas/Idees. Il reçoit au cours de cette période dans son foyer austral Alain de Benoist, Guillaume Faye, Saint-Loup… En 1985 – 1986, devinant la triste évolution de l’Afrique du Sud, Jacques Marlaud rapatrie sa famille dans une propriété du Nord du Forez. Il y organisera de nombreuses années des solstices d’été souvent allumés par son (relatif) voisin, Robert Dun.

JM-renouveau.jpgEn 1986 paraît au Livre-club du Labyrinthe Le renouveau païen dans la pensée française, adaptation de sa thèse soutenue à l’Université sud-africaine de Port-Elizabeth. Il associe le paganisme à l’Europe. Bien qu’il sache que « le paganisme européen […] n’a pas de corps de doctrine cohérent et explicite (idem, p. 19) », il le conçoit néanmoins comme « une échelle de valeurs, une alternative spirituelle pour les Européens désorientés. Il ouvre une quatrième voie entre le théocratisme réactionnaire de certaines Églises qui refusent d’enterrer leur Dieu mort, l’humanisme égalitaire de ceux qui ont remplacé l’idéal de Jésus par celui de Spartacus, et le matérialisme stérile de ceux qui professent diverses utopies économiques (idem, p. 23) ». Il jugera plus tard dans son recueil d’entretiens et d’articles de 2004, Interpellations. Questionnements métapolitiques (Dualpha) que le nationalisme, « une idée juive (id., p. 301) », représente « une solution de facilité qui tend à désigner de faux ennemis et nous trompe sur les enjeux véritables (id., p. 304) », que c’est aussi « une idée moderne et bourgeoise (id., p. 301) », « un slogan vague et désuet (id., p. 299) ». Voyant le « nationalisme intégral et [… le] cosmopolitisme intégral [comme] deux frères ennemis unis par une commune hostilité à l’Europe (id., p. 163) », il appelle dès 1989 à libérer l’Europe de l’Ouest de la tutelle yankee, encourage partout sur la planète « la cause des peuples contre le bunker occidental (id., p. 62) » et participe en 1999 au « Collectif Non à la guerre » lancé par Arnaud Guyot-Jeannin, Laurent Ozon et Charles Champetier qui s’élève contre l’agression serbophobe de l’OTAN. Opposant volontiers le Logos au Mythos, la pensée rationalisante dans ses variantes chrétiennes et laïques à l’idée païenne, Jacques Marlaud appelle à la résurgence des vertus guerrières d’« un surhumanisme différencialiste qui recrée sans cesse des “ ordres de rang ”. Il définit les bio-cultures comme les racines constitutives d’identités, perpétuellement contestées (décadence) et sans cesse réaffirmées par un auto-dépassement créateur de valeurs, de schémas explicatifs, de mythes (Le Renouveau païen…, pp. 27 – 28) ».

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Dans Comprendre le bombardement de New York. Contre-enquête (Éditions du Cosmogone, 2001), il avance que « l’essence du totalitarisme contemporain réside dans l’utopie qui consiste à faire dépendre le bien commun de l’autorégulation des besoins privés, détruisant ainsi les sociogenèses, les communautés organiques qui sont des héritages naturels, pré-rationnels (p. 95) ». Publié un mois après les attentats du 11 septembre 2001, Jacques Marlaud affirme déjà que « Ben Laden est un produit 100 % made in USA (id., p. 52) ». Il explique en outre qu’« une étude sérieuse des tenants et aboutissants du bombardement de New York ne peut que dresser le constat d’une collusion régulière entre les autorités militaires américaines et certaines formes de terrorisme international (id., pp. 48 – 49) ». « Nous avons patiemment attendu notre heure, écrit-il aussi dans Interpellations, l’improbable moment où les Européens prendraient enfin conscience que l’Amérique et l’Europe n’ont pas le même destin ni les mêmes valeurs au bout du compte (id., p. 45) ». Il déplore toutefois que « l’Europe […] refuse pour l’instant le destin d’opposant au Mégapouvoir mondial qui lui était échu. Elle préfère partager ce pouvoir, en sachant bien qu’elle devra se contenter des restes du repas royal. Sachant aussi qu’elle sera en première ligne dans les conflits que l’Occident américanocentré se prépare à affronter (Comprendre…, pp. 69 – 70) ».

JM-interpellations.jpgOr, l’héritage indo-européen (ou boréen) a modelé « les traits distinctifs d’une identité spirituelle qui fait de l’Europe, plus qu’un continent, plus qu’un ensemble politique, une communauté spirituelle (Interpellations, p. 164) ». Pourtant, « l’Europe n’aura une existence propre que lorsqu’elle se dégagera de l’étreinte mortelle d’un Occident qui n’est rien d’autre que le modèle américain, modèle qui perd peu à peu son attraction et ne pourra continuer de s’imposer que par le recours à une violence accrue (Comprendre…, p. 107) ». En authentique gibelin d’expression française, Jacques Marlaud prône un Empire continental capable d’« intégrer (plutôt qu’à dissoudre) l’échelon civique ou politique au sein d’un ensemble plus vaste qui lui redonne son sens en le reliant à ses racines infrapolitiques organiques et à sa cime métapolitique (mythique et cosmique) (Interpellations, p. 172) ». Sa promotion de l’idée impériale européenne repose par ailleurs sur l’articulation agonistique des régions vernaculaires, des nations politico-historiques et de l’échelon continental. Il condamne la parapolitique, c’est-à-dire susciter une action politicienne sous un quelconque prétexte culturel, ce qui n’est ni de la métapolitique, ni même en tant que lecteur attentif d’Heidegger, de la poésie. Ainsi juge-t-il plutôt que « l’identité d’un grand peuple conscient de son héritage se défend plus efficacement sur la longue durée au niveau poétique qu’au niveau épidermique (id., p. 304) ».

Jacques Marlaud détonnait par ses réflexions impertinentes. Celles-ci auraient été plus acérées encore s’il n’avait pas souffert de l’éloignement géographique, du parisianisme ambiant, d’un caractère entier et d’une grande franchise. Danse guerrière de la Grèce antique, la pyrrhique se pratiquait à l’occasion des fêtes des Dioscures, des panathénées et des gymnopédies. Grâce au formidable travail de Jacques Marlaud, Jean Cau, son préfacier du Renouveau païen…, savait enfin « pourquoi nous sommes encore quelques-uns, en cette fin de siècle, à danser sans remords la pyrrhique (p. 11) ». Que cette sarabande sauvage se poursuive pour les Dieux et l’Europe !

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 31, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 3 décembre 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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lundi, 09 décembre 2019

Des nouvelles du Bélarus

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Des nouvelles du Bélarus

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le dimanche 17 novembre dernier, près de sept millions de Bélarussiens ont renouvelé les 110 sièges de la Chambre des représentants. Coincé entre la Russie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et l’Ukraine, le Bélarus – qu’on appelle en France la Biélorussie – demeure le seul État du continent à ne pas céder aux injonctions du détestable Conseil de l’Europe en appliquant toujours l’indispensable peine de mort.

Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus et son excellent président auraient dû figurer en bonne place dans le Dictionnaire des populismes sous la coordination d’Olivier Dard, de Christophe Boutin et de Frédéric Rouvillois. En effet, une multitude d’articles n’hésitent jamais à qualifier le modèle politique en vigueur à Minsk de « populiste ».

Ces élections législatives sont anticipées; elles auraient dû se dérouler en septembre 2020. La Chambre des représentants est élue pour quatre ans au scrutin majoritaire uninominal à un tour. Outre la prise en compte des votes blancs et nuls, l’électeur peut aussi choisir le bulletin « Aucun d’entre eux ». Si ce bulletin spécifique, voire l’abstention, atteint 50 % comme ce fut le cas lors du second tour des législatives françaises de juin 2017, les autorités doivent invalider le scrutin.

L’opposition payée par les officines de Soros et les observateurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ont évoqué l’impossibilité pour des opposants de se présenter. Ils ont critiqué des pressions administratives sur les nombreux fonctionnaires et dénoncé d’éventuelles fraudes massives. Le bidule de Strasbourg qu’il ne faut pas confondre avec l’Union dite européenne devrait plutôt se pencher sur ces municipalités communistes, socialistes, centristes et Les Républicains de l’Hexagone où le clientélisme généralisé, la corruption endémique, le bourrage des urnes et le taux élevé de votes post mortem sont des habitudes bien installées. Maints candidats de l’ancien Front national auraient mille anecdotes à raconter sur ce sujet inépuisable…

Le Bélarus populiste ne plie pas devant la Finance internationale et son principal larbin, les États-Unis d’Amérique. Le président Alexandre Loukachenko qui entend se représenter l’an prochain pour un sixième mandat consécutif de cinq ans n’adhère à aucun parti et ne dispose même pas de sa propre formation politique. Il bénéficie en revanche de l’appui implicite d’une majorité présidentielle qui vient de remporter la totalité des sièges. La participation a augmenté de 2,6 %, d’où une abstention à 22,69 %. Les bulletins blancs et nuls s’élèvent à 0,94 %. Quant au choix « Aucun d’entre eux », il baisse de 1,09 %, soit 8,48 %.

Les grands vainqueurs des législatives restent les candidats indépendants avec 60,31 % des voix et 89 élus. Ils perdent cependant cinq sièges et 6,70 %. Le Parti communiste du Bélarus (10,67 %, en progression de 3,2 %) prend trois sièges supplémentaires, soit un total de onze élus. De tendance sociale-démocrate et en hausse de 3,88 %, le Parti républicain du travail et de la justice recueille 6,75 % et six élus. Variante locale du mouvement nationaliste grand-russe de Vladimir Jirinovski, le Parti libéral-démocrate du Bélarus conserve son unique député, mais avec 5,36 %, il progresse de 1,12 %. La gauche nationale incarnée par le Parti patriotique bélarussien maintient lui aussi ses deux élus en dépit d’une faible audience nationale (1,43 %) et un retrait de 0,73 %.

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Trois nouvelles formations liées à la majorité présidentielle informelle ont présenté quelques candidats. En dépit d’un résultat national décevant (0,89 %), le Parti agraire obtient un élu. Une formation atypique à l’intitulé original, le Parti socialiste des sports bélarussien, récolte 0,15 %. Quant au Parti républicain d’inspiration eurasiste, il ne réalise que 0,14 % des suffrages.

Les oppositions nationale-centriste, atlantiste et pro-occidentaliste du Front populaire et des communistes dissidents balayées, la nouvelle assemblée va pouvoir collaborer avec le Conseil de la République. Elle aussi élue pour 4 ans, cette chambre haute compte 56 membres élus par les conseils des représentants locaux des sept oblast (ou régions) dont la capitale et huit membres nommés par le président de la République. Celui-ci, conscient des fragilités géopolitiques et économiques de sa patrie louvoie entre Moscou, Pékin et Bruxelles. Parfois confronté comme au printemps 2017 à une vive contestation sociale, le président Loukachenko qui écoute avec une rare attention ses compatriotes a eu le courage politique de renoncer à certains projets.

Malgré d’inévitables défauts inhérents à la nature humaine, Alexandre Loukachenko appartient aux derniers véritables grands hommes d’État de la planète. En revanche, ni la France ni l’Europe n’ont cette chance.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 150, mise en ligne sur TV Libertés, le 2 décembre 2019.

Die Balkanisierung Europas – Der Große Austausch und seine Folgen

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Die Balkanisierung Europas – Der Große Austausch und seine Folgen

Tomislav Sunic

Ex: https://gegenstrom.org

Im Folgenden veröffentlichen wir den Vortrag des Politikwissenschaftlers Dr. Tomislav Sunic, den er auf dem 5. Seminar für rechte Metapolitik am 23. November 2019 hielt. Sunic geht dabei auf das aus seiner Sicht mögliche Szenario der Balkanisierung Europas ein und untersucht die Ursachen desselben. Dabei befasst er sich auch kritisch mit dem in Europa seit mehr als einem Jahrtausend bestehenden Christentum sowie der Lehre von einer universellen Gleichheit, wie sie heute vom Klerus postuliert würde.

Die Redaktion

„Balkanisierung“ als Begriff und geschichtliche Entwicklung

„Balkanisierung“ – ein neutraler und gängiger Begriff für multiethnische und multirassische Staaten, die in der Regel immer einer gewaltigen Auflösung ausgesetzt sind. Die zahlreichen Autoren, Politiker, sowie die Medien benutzen seit langem das Wort Balkanisierung, um die bürgerkriegsähnliche Lage in einem multiethnischen Staat darzustellen. In heutigen Medien hört man oft über die Balkanisierung Nordamerikas und der EU, wo sich die Bewohner dieser Staaten mehr und mehr ethnisch und rassisch wie zwei Pole gegenüberstehen. „Überall und zur Freude der Antiamerikaner sowie der Gleichgültigkeit der Eliten laufen wir der Gefahr einer Balkanisierung und einem Auseinanderbrechen Amerikas entgegen“, (1) prophezeite in 2007 der bekannte amerikanische konservative Politiker Patrick Buchanan.

Ähnliche balkanesische Parallelenängste sowie die Nutzung des Wortes Balkanisierung findet man täglich in systemfreundlichen Medien im Westen, besonders in Bezug auf die künftige Lage der EU nach dem Brexit—wobei manche Systempolitiker ganz offen vorhersagen, „dann droht die Balkanisierung Europas“ (2).  Mögliche Balkanisierungs-Szenarien im gegenwärtigen Europa und Amerika haben heute völlig andere Ursachen, die sich zumeist durch den Zuzug nichteuropäischer Migranten erklären. Diese sind längst in der heutigen BRD, eine Nachkriegsentität, die mehr und mehr von zahlreichen außereuropäischen Parallelgesellschaften und ethnischen Clans auseinandergerissen wird, sichtbar.

Balkan, Balkanesen, Balkanentum und Balkanisierung sind auch Begriffe, die oft als beleidigende Schimpfworte in den Balkanländern erklingen. Besonders die Kroaten werden ärgerlich, wenn westliche Ausländer und Medien Kroatien zum Balkan zählen. Ihrerseits beharren die Kroaten darauf, dass Kroatien nicht dem Balkan zugehöre, sondern ein Teil Mitteleuropas ist (3). Zudem betonen die Kroaten, dass ihr Land jahrhundertelang ein Teil des Kaiserreichs Österreich-Ungarn und der venezianischen Republik war, und deshalb dem Abendland angehöre. Vielmehr sind im kroatischen Sprachgebrauch die Balkanesen zumeist die „bösen“ andersartigen, namentlich die östlichen Nachbarn Bosniaken, Albaner und Serben.

Balkanisierung ist nicht nur ein Problem der geographischen Entortung. Balkanisierung bedeutet auch eine biokulturelle Entartung, wobei verschiedene Völkerschaften und Ethnien aufgrund ihrer verlorenen oder mangelnden Identität in Konflikt geraten. Balkanisierung und interethnische Kleinkriege in Europa und Nordamerika scheinen in der nahen Zukunft unausweichlich zu sein, obgleich wir derzeit nicht wissen, wie und wann und welche Gestalt diese Kleinkriege annehmen werden.

Der Lauf der Geschichte und somit ebenso wenig der Beginn eines Balkanisierungsprozesses sind nicht vorhersehbar. Die Geschichte ist immer offen und folgt stets unvorhersehbaren Verläufen. Es ist viel leichter für einen Historiker, über ehemalige Ereignisse zu sprechen, als sich den Zukunftsprognosen zahlreicher moderner Soziologen und Politologen anzuschließen. Prognosen, die sich in der Regel immer als falsch herausstellen. Der Historiker stützt sich in seinen Analysen auf seinen Kausalnexus, um Ursachen und Wirkungen in ein vernünftiges Verhältnis zu bringen.  Der Zufall, der Ernstfall oder die Plötzlichkeit in der Politik spielen in der Erwägung heutiger systemfreundlicher Historiker jedoch eine untergeordnete Rolle.

Bisher ist die Einheit jeder politischen Analyse immer der einzelne Staat gewesen. Heute, in der globalen und vernetzten Welt, ist dies nicht länger der Fall. Die traditionelle Rolle des Staates wird von supranationalen und suprastaatlichen Instanzen ersetzt. Es gibt in Westeuropa heute keinen einzigen Staat, der noch ethnisch und kulturell homogen ist, wie es noch vor ca. 60 Jahren weitgehend der Fall war. Im Durchschnitt besteht gegenwärtig die Bevölkerung jedes einzelnen EU-Staates aus 15 % Bewohnern nichteuropäischer Abstammung. In den USA beträgt dieser entsprechende Anteil sogar fast 50 %. Diesbezüglich kann man freilich über eine neue Balkanisierung des Abendlandes reden, dessen Parallelgesellschaften wenig gemeinsam haben und früher oder später Unruhen und Kleinkriege auslösen werden.

Der einzige Grund, dass es derzeit keine gewaltigen und massiven zwischenrassischen Konflikte in Westeuropa und Amerika gibt, liegt an der Tatsache, dass Amerika und Westeuropa noch immer relativ wohlhabende Länder sind, deren großzügige Sozialausgaben an die außereuropäischen Migranten den sozialen Frieden bewahren sollen. Das westliche System und dessen kleiner Ableger EU, so wie wir es kennen, basiert seit einem Jahrhundert lediglich auf „der heiligen Wirtschaftlichkeit“, wie es einst von dem deutschen Soziologen Werner Sombart genannt wurde (4). Dieses System, in dem der Fortschrittsglaube eine neue Religion geworden ist, wird auch zugrunde gehen, sobald diese heilige Wirtschaftlichkeit kein Heil für ihre multiethnische Bewohner mehr versprechen kann.

Über die Nichtigkeit von Voraussagungen

Über die Nichtigkeit politischer Prognosen kann man noch etwas hinzufügen. Vor 30 Jahren konnte niemand, auch die besten Meinungsforscher der Neuzeit nicht, den Fall der Berliner Mauer voraussagen. Ebenso war keiner in der Lage, vor 30 Jahren das Ende des multiethnischen Jugoslawiens zu prognostizieren. (5)  Nur hinterher gab es eine Menge selbsternannter Experten, die über vergangene kausale Zusammenhänge schwadronierten.  Auch auf philosophischer Ebene finden wir heute selbsternannte Stoiker und Fatalisten gleich Seneca im alten Rom, die eine Neigung zur göttlichen Vorherbestimmung aller politischen Ereignisse zeigen. Seneca selbst schrieb: „Niemand ist ein wirklich guter Mensch ohne Gott. …Oder könnte sich jemand ohne seine Hilfe über das Schicksal erheben? Ihm verdanken wir alle unsere großen und erhabenen Entschlüsse. […]“ (6). Solches deterministisches bzw. defätistisches Verhalten ist sehr gängig bei vielen unserer christlichen Landsleute, die für ihre Leiden immer den warnenden Finger Gottes erblicken. Damit rechtfertigen sie den Mangel an ihrem eigenen Willen zur Macht und ihre Abwesenheit an der Abwendung bevorstehender Katastrophen. 

Wie stellt sich nun die Zukunftsfrage hinsichtlich der außereuropäischen Migrantenflut?  Niemand konnte vor 10 Jahren diese große Migrantenwelle nach Europa prognostizieren, deren schwerwiegende Folgen heute noch nicht abzusehen sind. Ebenso wenig konnte niemand im Jahr 1936 in Deutschland die millionenfache volksdeutsche Flüchtlingskatastrophe in Mittel und Osteuropa 10 Jahre später voraussagen (7). Natürlich könnte der heutige Völkeraustausch von jedem europäischen Staat jederzeit gestoppt oder auch rückgängig gemacht werden – solange europäische  Politiker genug Mut zur Macht haben,  solange sie politische Entscheidungen treffen wollen, oder anders gesagt, so lange die EU Entschlossenheit zeigt, den Zuzug der Migranten aufzuhalten – wenn man nur den Willen dazu hätte. Jeglicher Grenzschutz wäre sicherlich noch kostengünstiger als die Kosten der Kollateralschäden einer ungezügelten Immigration.

Besonders ist diese Angst vor Entscheidungen hinsichtlich der außereuropäischen Migrantenströme bei der hochneurotisierten politischen Klasse in der BRD sichtbar, welche die ständige Angst vor der Faschismuskeule spürt. „Der Antifaschismus ist eine Fundamentalnorm der politischen Kultur Deutschlands seit 1945.“ (8) 

Warum fehlt es bei westlichen Politikern an politischem Entscheidungsmut in Bezug auf den Migrantenstopp? Die Antwort zu dieser Frage ist nicht schwer zu erraten.  Seit dem Ende des Zweiten Weltkriegs fehlt es bei den Politikern in der EU am Willen zur Macht, oder diplomatisch gesagt, es fehlt ihnen der Begriff des Politischen, oder auch noch philosophisch ausgedrückt, es mangelt ihnen am Sinn für das Tragische. Allerdings ist solches un-tragisches Verhalten heutiger EU-Politiker völlig im Einklang mit ihrem Zweckoptimismus, der auch als Gründungsmythos des liberalen Systems fungiert. Das apolitische Verhalten der Regierenden in Europa und Amerika sollte gar keine Überraschung für uns sein, da die zugrundeliegende Ideologie des Systems keinen politischen Einzelwillen heutiger Politiker dulden darf. Dazu kommt auch die Angst, besonders inmitten der liberalen bundesdeutschen Politiker, dass eine Entscheidung über die Abschiebung von Migranten sofort als Faschismus gebrandmarkt würde, ein Stigma, das kein deutscher Politiker medial über sich ergehen lassen darf.

Genom und Geopolitik

In der Tat bleibt Geopolitik ein wichtiger Bereich der Staatswissenschaft. Es ist eine Binsenwahrheit, dass sich alles bewegt und ändert, nur nicht die geographische Lage unserer Länder. Unser Glaube, unsere Wahrheiten kommen und gehen, doch unsere Landkarte bleibt immer immobil und wird noch mehrere Äonen so bleiben – sogar mit Restdeutschen, Nichtdeutschen oder Neudeutschen.  Geopolitik und unser Genom sind immer eine Konstante im Gegensatz zu politischen Mythen und Theologien, die ständig neuem Wandel unterliegen. In Berlin, am selben Ort, unter dem selben Himmel, hielten Friedrich der Große, Kanzler Bismarck und Frau Merkel ihre Reden und alle drei haben auch dieselbe Luft geatmet, obgleich sie alle von verschiedenem politischen Mythos angetrieben wurden.  Heute kann jedoch selbst eine vorteilhafte geopolitische und insulare Lage auf der Landkarte, wie es zum Beispiel auf die ideale Verortung der Vereinigten Staaten zutrifft, in der globalisierten und balkanisierten Welt nicht gegen fremde Invasoren schützen.

Die USA und besonders die BRD fühlen sich deshalb verpflichtet, ihre Ersatzsouveränität nicht an ihren jeweiligen Grenzen zu behaupten, zum Beispiel in den Karawanken oder entlang des Rio Grande Flusses, sondern weit weg und in den meisten Fällen in den Herkunftsländern der Migranten.  Dies ist ein weiterer Beleg dafür, dass der heutige Nationalstaat keine souveräne Rolle mehr spielen darf. 

Wieder benötigen wir eine Begriffserklärung. Wir sollten einen wichtigen Unterschied zwischen Anlass und Ursachen in Bezug auf den Migrantenstrom erkennen. Hier soll man auch unterstreichen, dass die deutsche Sprache, im Gegensatz zur englischen und französischen Sprache einen feinen Unterschied zwischen Ursache und Anlass kennt. Nicht die vorderasiatischen oder afrikanischen oder islamischen Einwanderer tragen Schuld an der Balkanisierung Europas, sondern die westlichen Systempolitiker und ihre intellektuelle Oberklasse. In jedem Fall sind die Migranten auch Opfer dieses globalistischen Systems.  Der Anlass zum jetzigen Völkeraustausch waren Kriege am Anfang der neunziger Jahre des vorigen Jahrhunderts im Mittleren Osten und Afrika sowie der Zusammenbruch jeglichen Staatsverständnisses bei verschiedenen Völkern in diesem Teil der Welt. Die Ursachen und Urwurzeln des heutigen Völkeraustauschs in Europa sind jedoch vielschichtig und andernorts zu suchen – zumeist in der politischen Theologie der Neuzeit.

Der Einfluss des Neokonservatismus

Einer der Anlässe des heutigen Großen Austauschs liegt in den 90er Jahren des vorigen Jahrhunderts, als US-amerikanische Neokonservative und Berater des ehemaligen US Präsidenten George W. Bush vom Ausbruch des „arabischen Frühlings” geschwärmt haben. Nicht zu vergessen ist ihre Rolle bei der Installierung des PNAC (Project for New American Century) oder zu Deutsch “Neues amerikanisches Jahrhundert“ hinsichtlich der neuen Ausrichtung in der amerikanischen Außenpolitik. Bemerkenswert zu zitieren ist hier ein am 3. April 2003 in der bekannten israelischen Tageszeitung Haaretz erschienener Artikel, dessen Autor schrieb: „Der Krieg im Irak wurde von 25 neokonservativen Intellektuellen konzipiert, von denen die meisten jüdisch sind und die den Präsidenten Bush dazu gedrängt hatten, den Lauf der Geschichte zu ändern.“ (9) Das Ziel dieser neokonservativen Intellektuellen und Bush-Berater war und ist auch heute weniger, die Demokratie in der arabischen Welt herzustellen, als vielmehr die israelische Vorherrschaft im Nahen Osten zu sichern. Zwanzig Jahre danach sehen wir die chaotischen Folgen dieser amerikanisch gesteuerten Demokratisierung bzw. Balkanisierung des Mittleren Ostens und Nordafrikas, die die endlosen lokalen Kriege, dysfunktionale und gesetzlose Staaten, und zu guter Letzt Massenmigrationen sowie die globale Bedrohung durch den Terrorismus ausgelöst haben.

Die wahren hauptsächlichen Ursachen dieses Migrationsstroms sollten wir jedoch in dem uralten christlichen Glauben von Gleichheit und Brüderlichkeit aller Menschen und in ihren modernen Ablegern im Kommunismus und Multikulturalismus suchen. Es wird oft die Rolle des höheren katholischen Klerus in Amerika und Europa in Bezug auf heutige außereuropäische Migrantenströme übersehen. Insbesondere sind die katholischen Kreise heute die lautesten Befürworter der nichteuropäischen Migranten — was wiederum völlig im Einklang mit ihrem Ökumenismus bzw. christlichen Universalismus steht.  Zum Beispiel steht die Deutsche Bischofskonferenz unter dem Vorsitz einflussreicher Kardinäle, die die multikulturelle Doktrin predigen und offen das Evangelium der grenzenlosen multiethnischen Gesellschaft fordern. (10)

Nun, es ist lächerlich, über das Ende Europas zu jammern, angesichts der Tatsache, dass schon viele Orte in der BRD, in der EU und Amerika mehr afrikanisch oder arabisch aussehen, als Teile Marokkos oder Nigerias. Aber auch das Gegenteil ist mancherorts anzutreffen. In Lateinamerika oder in manchen Stadtenklaven Südafrikas leben nur weiße Einwohner. Allerdings ist Völkeraustausch gar nichts neues in der Geschichte, da er schon in der jüngeren europäischen Geschichte in verschiedenen Richtungen stattgefunden hat. Dutzende Millionen Deutsche sowie Millionen anderer Europäer haben sich schon in den letzten 150 Jahren eine neue außereuropäische Heimat gesucht und sich eine völlig neue Nationalidentität angeeignet. Dennoch haben sie alle ihre uralte gemeinsame biokulturelle Identität beibehalten.  Es ist sehr wahrscheinlich, dass das heutige Deutschland seinen Namen behalten wird, aber es wird wahrscheinlich in der nahen Zukunft von ganz anderen Ethnien bewohnt werden. Auch der umgekehrte Fall kann eintreten, wobei Millionen Bio-Europäer sich eine neue Heimat in Afrika, oder Australien oder in Osteuropa oder im riesigen Russland suchen könnten.  In unserem Gründungsmythos und in zahlreichen Schriften deutscher Denker und Dichter berufen wir uns alle auf europäischstämmige Bewohner von Troja, obgleich dieses seit jeher in Asien liegt und heute ein Ort in der Türkei ist.

Das Ende einer Tragik?

Demzufolge stellt sich die Frage, wo lebt heute ein guter Europäer oder besser noch, was bedeutet es heute, ein guter Europäer zu sein? Ist ein Bauer im ethnisch homogenen Rumänien oder Kroatien ein besserer Europäer, oder ist ein Nachkomme der dritten Generation eines Somaliers oder Maghrebiner, der in Berlin oder Paris wohnt, ein besserer Europäer? In ethnischer oder rassischer Hinsicht ist Osteuropa ohnehin mehr europäisch als Westeuropa oder Nordamerika.

Die Linke und die Liberalen predigen gerne Menschenrechte und beharren darauf, dass es keine Unterschiede zwischen den Menschen gebe, und all unsere ethnischen, geschlechtlichen oder völkischen Identitäten nur ein bloßes Sozialkonstrukt seien, das man immer mit einem anderen austauschen könne.  Auffallend ist, dass diese Weltverbesserer oder Gutmenschen nie die enormen und menschenunwürdigen Wohlstandsunterschiede zwischen dem globalen Establishment und einfachen Bürgern antasten wollen, sondern solche ökonomischen Ungleichheiten vielmehr noch tolerieren. “Viele derjenigen, die mit ihrem letzten Atemzug diese Rechte und Gleichheit verteidigen würden (wie viele englische und amerikanische Liberale), schrecken zurück vor jeglicher wirtschaftlichen Gleichmacherei” (11).  Die heilige Wirtschaft, deren Bannerträger der heutige Liberalismus ist, muss die Balkanisierung weitertreiben, da der freie Handel keine Heimat kennen soll. Er kennt nur die Mobilität der Arbeitskräfte über nationale Grenzen hinweg. Die Linke spricht sich für die Masseneinwanderung aus, da die Einwanderer für sie heute als Ersatzproletariat zu missbrauchen sind. Nach Alain de Benoist: „Wer den Kapitalismus kritisiert und gleichzeitig die Einwanderung billigt, deren Arbeiterklasse das erste Opfer ist, sollte besser die Klappe halten. Wer die Einwanderung kritisiert, aber über den Kapitalismus schweigt, sollte das Gleiche tun“. (12)

Die wahren geistesgeschichtlichen Wurzeln des heutigen Völkeraustauschs liegen in der Vernachlässigung unseres biokulturellen Bewusstseins. Dieses biokulturelle Bewusstsein war jedoch sehr früh durch die frühen christlichen Lehren zur Gleichberechtigung aller Menschen geschwächt, verpönt oder unterdrückt worden. Die christliche Lehre von der Gleichmacherei aller Menschen taucht heute in der Ideologie des Antifaschismus und dem Aufkommen verschiedener egalitärer und globalistischer Sekten auf, die das Ende der Geschichte in einer großen multirassischen und transsexuellen Umarmung predigen.  Wenn wir uns jedoch nicht mit diesen christlichen Grundursachen der Gleichmacherei befassen wollen, werden wir weiterhin nur hohle Floskeln über Liberales oder Kommunistisches oder Multikulti-Übel schwafeln. So sehr es lobenswert ist die Antifa und den Finanzkapitalismus zu kritisieren, dürfen wir nicht vergessen, dass die universalistische Lehre des Christentums der eifrigste Bote der Balkanisierung und des großen Austauschs ist.

Anmerkungen und Literaturquellen

(1) Patrick Buchanan, State of Emergency: The Third World Invasion and Conquest of America ( NY: St. Martin’s Press: 2006), p.13. “To the delight of anti-Americans everywhere and the indifference of our elites, we are risking the Balkanization and breakup of the nationhttps://archive.org/stream/State-of-Emergency-Pat-Buchana...

(2) Die Presse, Interview mit Denis MacShane „Britischer EU-Austritt? Dann droht die Balkanisierung Europas“, den 22.01.2016. https://www.diepresse.com/4910215/britischer-eu-austritt-...

(3) Der Beitrag vom Geographen Dragutin Feletar „Hrvatska nije na „zapadnom Balkanu“ (Kroatien ist nicht auf dem „Westbalkan“), in kroatischer literarischer zweiwöchentlicher Zeitschrift, Vijenac, (den 29. Oktober 2015). http://www.matica.hr/vijenac/565/hrvatska-nije-na-zapadno...

(4) Werner Sombart, „Die Heilige Wirtschaftlichkeit,“ in Werner Sombart, Der Bourgeois, (München and Leipzig: Verlag von Duncker and Humblot, 1923), pp. 137-160.

(5) Sunic, „The Terminal Illness Of Yugoslavia“, Chicago Tribune, (den 09.06.1990)

(6) Seneca, Epistulae morales 2, 5 und 41.

(7) Alfred-Maurice de Zayas, The German Expellees: Victims in War and Peace (New York: St. Martin’s Press, 1993). Auch T. Sunic, The Destruction of Ethnic Germans and German Prisoners of War in Yugoslavia, 1945-1953, IHR Konferenz, den 22.06.2002, http://www.ihr.org/other/sunic062002.html

(8) Hans-Helmuth Knütter: Die Faschismus-Keule. Das letzte Aufgebot der deutschen Linken, (Frankfurt am M.: Ullstein,1994). S. 5. „Der Antifaschismus ist eine Fundamentalnorm der politischen Kultur Deutschlands seit 1945.“

(9) Ari Shavit, Haaretz, April, 3, 2003 „The war in Iraq was conceived by 25 neoconservative intellectuals, most of them Jewish, who are pushing President Bush to change the course of history.https://www.haaretz.com/1.4764706

Auch Rebuilding  America’s Defenses: Strategy, Forces and Resources for a New Century, e d Kagan, Donald, Schmitt, Gary, Donnelly, Thomas (Washington:  Project for the New American Century, 2000). https://archive.org/stream/RebuildingAmericasDefenses/Reb...

(10) Sunic „Non-White Migrants and the Catholic Church: The Politics of Penitence, The Occidental Observer (den 29.04.2017) https://www.theoccidentalobserver.net/2017/04/29/non-whit...

(11) David Thomson, Equality (Cambridge: University Press, 1949), p. 79

(12) Alain de Benoist, „Immigration: The Reserve Army of Capital“ (übersetzt aus dem Französischen von T. Sunic), The Occidental Observer, (August 23, 2011) https://www.theoccidentalobserver.net/2011/08/23/immigrat...