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mardi, 18 septembre 2018

Métaphysique de l’Eurasie

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Métaphysique de l’Eurasie

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www;europemaxima.com

À l’extrême fin de l’URSS, un jeune Soviétique qui fréquentait les cénacles dissidents de Moscou malgré un père officier dans les services de renseignement publia ses premières réflexions fortement influencées par l’Allemand Herman Wirth. Les mystères de l’Eurasie valurent à l’auteur, Alexandre Douguine, quelques problèmes avec le KGB, puis la notoriété. En 1996, le candidat communiste à l’élection présidentielle, Guennadi Ziouganov, s’y référait explicitement.

mysteuras.jpgLes mystères de l’Eurasie sont désormais disponibles en français grâce aux excellentes éditions Ars Magna dans la collection « Heartland » (2018, 415 p. 30 €). L’ouvrage accorde une très large place au symbolisme, à l’étude des runes russes, à l’eschatologie chrétienne orthodoxe et à l’ésotérisme. Cependant, politique et géopolitique ne sont jamais loin chez Alexandre Douguine qui, dès cette époque, rejoint un néo-eurasisme balbutiant. Ne voit-il pas en « Gengis Khan, le restaurateur de l’Empire eurasien (p. 142) » ? En se fondant sur les recherches des traditionalistes Guénon, Evola et Georgel, il explique que « la Sibérie est toujours restée cachée, inconnue et mystérieuse à travers l’histoire, comme si elle était sous la protection d’une force spéciale du destin, d’un archange inconnu (p. 134) ».

Par mille attaches géo-symboliques fortes, la Sibérie appartient à la civilisation traditionnelle russe dont les racines plongent dans le passé le plus reculé. « L’Eurasie septentrionale, dont la plus grande partie est occupée par la Russie, signale Alexandre Douguine, est donc l’Hyperborée au plus vrai sens du terme, et c’est ce nom qui convient le mieux à la Russie dans le contexte de la géographie sacrée (p. 77). » A contrario, l’Amérique incarne le Couchant du Monde, en particulier les États-Unis, ce « Pays vert », cette contrée d’errance des âmes défuntes. « Il est très révélateur, poursuit Alexandre Douguine, que les Américains aient été les premiers à marcher sur la lune où, d’après diverses traditions archaïques, demeurent les “ âmes des ancêtres ” (pp. 313 – 314). »

L’auteur assigne par conséquent à la Russie d’être une patrie à part. Elle doit rester fidèle à sa vocation impériale, d’où son « patriotisme mystique » qui transcende les nationalités, les ethnies et les religions présentes sur son sol. Il conclut sur la nécessité de « former une alliance sacrée avec ces pays et nations de l’Orient qui luttent pour l’autarcie géopolitique et la restauration des valeurs traditionnelles contre le monde moderne et l’atlantisme, l’agression américaine (pp. 65 – 66) ». Un ouvrage de jeunesse au puissant souffle mystique !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 90.

mardi, 11 septembre 2018

Pensée extrême au-delà des Pyrénées !

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Pensée extrême au-delà des Pyrénées !

par Bastien VALORGUES

GFT-Esp.jpgAvec la démission larmoyante du gouvernement de l’« hélicolo » Nicolas Hulot à bout de nerf et la confirmation sur le meilleur racket possible des contribuables, victimes de la ponction à la source, l’événement éditorial de cette Rentrée est pour le site Europe Maxima la parution aux éditions Fides d’Elementos para un pensamiento extremo de notre rédacteur en chef, Georges Feltin-Tracol.

Situées en Espagne, les éditions Fides font depuis plusieurs années un travail remarquable en traduisant de nombreux écrivains anti-conformistes. Dans une collection spécialement intitulée « Biblioteca metapolitika » (avec ce k qui soulève tant de débats dans le monde hispanique), on y trouve des textes de Thomas Molnar, d’Alexandre Douguine, de Guillaume Faye, de Robert Steuckers, de Pierre Le Vigan, d’Alain de Benoist, de Jacques Marlaud, de Michel Geoffroy, etc. Elementos para un pensamiento extremo en est sa vingt-huitième parution.

Traduit et préfacé par Jesús Sebastián Lorente, ce livre porte le même titre que le gros ouvrage sorti en 2016 aux Éditions du Lore. C’est leur seul point commun. En effet, en plus d’une préface inédite destinée au lecteur de langue espagnole, Georges Feltin-Tracol a totalement modifié le contenu si bien que les deux recueils ne comportent pas le même nombre de textes, ni d’ailleurs les mêmes textes. Dans Éléments pour une pensée extrême, on trouve aussi bien des commentaires de l’actualité politique française que de vives réactions à des faits-divers difficilement compréhensibles hors de France. L’auteur a préféré y intégrer des textes présents à l’origine dans Orientations rebelles, L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale (aujourd’hui épuisés), et L’Europe, pas le monde.

Avec une introduction extraite de la version française, Elementos para un pensamiento extremo se composent de quatre parties :

– la première concerne une approche économique anti-libérale tels « Le recours aux frontières », « Pour une autarcie économique des grands espaces » ou le tonitruant « Pour la société fermée »;

– la deuxième affronte l’Occident mondialisé avec « Qu’est-ce que le mondialisme ? », « L’Occident, voilà l’ennemi ! », « États du monde, possédez la Bombe ! »;

– la troisième, « Notre destin européen », aborde « Géophilosophie de l’Europe » ou « Le brutal réveil des peuples en Europe », la préface à l’essai récent de Franck Buleux sur l’Europe;

– sa quatrième et dernière partie tourne autour d’une interrogation importante, « Le monde moderne, et après ? ». On y lit des réflexions fondamentales comme « Insoumission ! », « L’heure d’éteindre les Lumières » ou l’incroyable « Triomphe de l’idéologie réticulaire. De la postmodernité à la réalité ultra-moderne ».

Le monde hispanophone ne saurait se réduire à la seule Espagne – pensons à l’Amérique latine de la Californie à la Terre de Feu -, va ainsi découvrir le point de vue d’un Français original. Georges Feltin-Tracol ne cache pas son adhésion à l’Idée impériale européenne. Cette extravagance n’en est pas une. Il rappelle que la France est un résumé de l’Europe par sa composition ethnique et la diversité de ses paysages, que les rois de France ont eux aussi revendiqué le titre impérial du Saint-Empire (François Ier et Louis XIV) et que bien des territoires de la France du Sud-Est (Nice, Arles, Lyon), de l’Est (Besançon, Dôle, Strasbourg, Nancy, Metz) et du Nord (Lille, Arras, Dunkerque) ont été terres d’Empire avant leur rattachement au « Pré carré » capétien. Les habitants de ces terroirs conservent toujours de subtiles différences psychologiques par rapport aux Parisiens, aux Angevins, aux Bretons et aux Occitans.

La référence à un empire sacré lui permet d’insister sur l’importance d’une véritable union européenne. L’Europe de Feltin-Tracol n’écrase pas l’indéniable pérennité ethnique des Européens. À la suite de nombreux autres penseurs, cette Europe impériale se fonde sur une véritable cohérence intellectuelle, une mise en résonance des peuples autochtones avec leurs identités ethno-culturelles, leurs communautés collectives historiques, leurs régions enracinées et leurs nations politiques. Entre une non-Europe préparée par les Américains et les usuriers et le rejet de toute Europe préconisée par les souverainistes nationaux, une troisième voie européenne, celle présentée par l’auteur de Réflexions à l’Est, est plus que jamais impérative.

Souhaitons d’abord le plus grand succès à ce premier livre traduit hors de France et, ensuite, de prochaines traductions tant dans la langue de Cervantès que dans des langues différentes !

Bastien Valorgues

Georges Feltin-Tracol, Elementos para un pensamiento extremo, Ediciones Fides, coll. « Biblioteca Metapolítika », n° 28, 2018, 235 p., 20 €. (N’hésitez pas à consulter leur très beau site – NDLR).

jeudi, 06 septembre 2018

Terre & Peuple magazine nos. 75 & 76

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine nos 75 et 76

Le numéro 76 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le thème ‘Vivre ensemble ?

Pierre Vial, dans son éditorial intitulé ‘Yankees go home’ remarque que le retrait des Etats-Unis du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, après leur retrait de l’UNESCO, ne fait que confirmer la politique unilatéraliste et isolationniste de l’axe Washington-Jérusalem.  « Sous les airs de clown parano qu’ils se donne, Trump surfe habilement sur les caractères profonds du tempérament yankee, mélange d’évangélisme niais et d’impérialisme marchand. »

Karine Champy réussit avec éclat un exercice de haute voltige qui revient à suggérer que le temps, esprit du Cronos, n’existe pas pour nous malgré tous les sabliers pour le mesurer.  En opposant le temps abstrait, scandé par l’horloge à calculer, et les temps concrets, ceux que nous vivons.  A cette procédure, elle fait comparaître des témoins prestigieux, dont Pascal et Heidegger, Lewis Mumford et Christiaan Huygens (voir le dictionnaire, lequel ne se résume pas).

Pierre Vial ouvre le dossier central ‘Vivre ensemble ?’ par le contre-exemple du melting pot américain, image d’Epinal démentie par les faits.  Ce qui a donné naissance au peuple américain, c’est tout ce qui, en Europe, ne supportait pas l’Europe, les puritains, protestants, pères pèlerins fuyant la dépravation, tous nourris de culture biblique, qui fuient vers cette nouvelle Terre Promise.  A l’entrée, ils y planteront la statue de la Liberté qui annonce, à l’intention des paumés de la terre, piétistes allemands, Mormons, Hamish : « Mon flambeau les guidera au seuil des portes d’or. »  Pour faire fructifier le nouveau Canaan, tous oublieront leurs racines et souvent leur langue maternelle, leur succès étant la marque de l’approbation divine.  Ils sont hypocrites, car leurs principes républicains d’égalité ne s’embarrassent pas de contradictions : les pères de l’indépendance avaient des esclaves et Lincoln lui-même, malgré l’abolition, se déclarera opposé au droit de vote pour les Noirs et aux mariages mixtes.  Le génocide des Indiens est plus hypocrite encore et il faudra des Américains comme le cinéaste d’origine irlandaise John Ford pour leur rendre justice : « Nous les avons roulés, volés, tués, assassinés, massacrés. »  L’auteur épingle au passage les personnages qui peuplent la littérature populaire et le cinéma américains : le gangster, le policier véreux, le politicien vendu…  On a les héros qu’on mérite.  Pas sur les champs de bataille en tout cas.  Les Yankees n’ont prévalu qu’au prix d’une guerre civile souvent atroce pour les Sudistes.  En réalité, ils redoutent l’esprit guerrier.  Ils ne consentent à se risquer que sur des terrains préparés où tout a été pulvérisé et réduit en cendres.  Ils supportent mal le choc de la réalité et la défaite au Vietnam leur est apparue injuste.  Ils sont adeptes de ‘peace and love’.  Et ne pensons plus qu’à faire du dollar.  Mais il reste le problème noir, qui paraît insoluble.  La discrimination positive bafoue le sacro-saint principe d’égalité républicaine.  Elle n’empêche pas l’africanisation des grandes villes et les émeutes périodiques avec violences, incendies et pillages, dont la médiatisation ne manque pas de susciter des vocations chez nous.

Alain Cagnat s’applique à définir le vivre ensemble par l’opposition de deux extrêmes :  une métropole du vivre-ensemble, Marseille, et la vie ensemble dans un petit village de la Provence de Giono, de Pagnol, de Mistral, si petit que la chapelle n’est plus desservie, ce qui convient aux habitants qui n’ont aucune envie d’être divisés entre cagots et laïcards.  Ils ont, au contraire, l’habitude d’être solidaires, tel ce 31 juillet 1989 quand la canicule et un Mistral de 120 km/h ont déchaîné la fournaise sur les collines boisées.  Tout le village a passé l’hiver à déboiser et replanter.  Entre temps, quand les colères brutales de la Durance noient les gens des bas, les gens des hauts les recueillent en attendant la décrue.  C’est cette solidarité qui fait que tous se retrouvent ponctuellement autour de la stèle du monument aux morts, qui porte quinze noms pour la grande Guerre (et un seul pour la dernière).  Et qui fait que le Front National fait ici un carton, « alors qu’il n’y a encore ni Maghrébin ni Noir ! ». Mais qui fait aussi que personne ici ne descend jamais à Marseille.  Car la ville de Raimu et de Fernandel est devenue le melting-pot de cent soixante dix nationalités, le laboratoire du ‘vivre-ensemble’, lequel est le contraire de la vie ensemble.  C’est l’enterrement des utopies républicaines d’assimilation et d’intégration des étrangers et le triomphe du communautarisme:  les allochtones sont encouragés à conserver leurs modes de vie et les autochtones à s’y adapter.  Cela aboutit à une mosaïque de ghettos, zones de non-droit gouvernées par des caïds et gardées par des petites frappes armées jusqu’aux dents.  Marseille n’est qu’un modèle du genre, qui compte en France huit cents zones où l’Etat  est incapable d’assumer sa mission de sécurité civile.  Dans le même temps, tout est rentré dans l’ordre musulman, car les grands frères ont remis leurs parents dans le droit chemin et voilé les beurettes, quand elles ne sont pas renvoyées au bled, mariées de force et parfois excisées.  A l’heure de la prière, la circulation de certaines artères s’arrête.  Ce n’est pas la concorde pour autant car il y a rivalités et surenchères entre Frères musulmans, salafistes et wahabites.  Une minorité de souchiens s’accroche, qui ne se résignent pas.  Tandis que les traitres des élites, marxistes égalitaristes, trotskistes internationalistes, patrons capitalistes et chrétiens universalistes, persistent à prêcher qu’il faut être hospitalier.  Leurs réseaux oeuvrent, en toute illégalité, avec l’indulgence des tribunaux, à l’invasion, distribuant des manuels du migrant avec les astuces pour faciliter la tâche et obtenir les aides sociales.  Tout cela au mépris des règles de contrôle sanitaire et des avertissements de l’OMS : des maladies depuis longtemps éradiquées sont réactivées (gale, variole, tuberculose).  Le choléra, la peste, les maladies vénériennes font peser des menaces graves.  Mais il y a également la menace sur la santé sociale : les pays où cohabitent des communautés inassimilables (ancienne Yougoslavie, Balkans, Ukraine) sont des foyers de guerre civile.  Quant aux pays métissés (Etats-Unis, Brésil), le racisme y est présent dans toutes les communautés.  Un tel avertissement fait aussitôt traiter celui qui le tient de raciste !  Depuis l’épuration, une clique a pris le pouvoir par une dictature soft, qui muselle toute opposition, mais ils ne nous feront pas taire : Ne baissez pas les yeux !

Robert Dragan a recueilli le témoignage d’un paysan breton qui a vécu l’expérience des Zadistes NDDL.  Il les classe en deux catégories :

  • Les lettrés, issus des facs, anciens enseignants, très politisés, organisés, agressifs (surtout les femelles), d’orientation LGBT, antispécistes, antifa. Ce sont des professionnels de la révolution, devenus très efficaces avec le temps. Ils occupent les maisons
  • Les gens de la rue, punks à chiens, anarchistes volontairement peu organisés, chair à canon des premiers. Certains sont érudits.  Ecologistes de surface avec une incroyable capacité à souiller l’environnement.

Les deux factions se méprisent comme elles méprisent le pays et ses habitants.

Jean-Patrick Arteault rapproche une série de définitions du néologisme ‘vivre-ensemble’, dont celle du Dictionnaire de Novlangue, pour qui l’oligarchie feint de préconiser la cohabitation harmonieuse, alors qu’elle provoque le communautarisme et l’individualisme, son admonestation ne s’adressant qu’aux autochtones.  Et celle de Paul-François Paoli, qui juge que c’est le plus niais des stéréotypes : hormis l’instinct de conservation, l’instinct sexuel et les affinités de tous ordres qui génèrent une compatibilité d’âme, les humains ne font que se supporter : « Le prêchi-prêcha des clergés divers, qui affirment la beauté de la diversité tout en s’en prémunissant, est indécent. » Il s’agit soit d’un concept d’une banalité affligeante, soit d’une arme de déstructuration massive des blancs d’Europe et des primo-colons d’Amérique du Nord et d’Océanie.  Le message n’est pas adressé aux blancs d’Israël.  Ni aux blancs d’Afrique du Sud, où l’assassinat d’un noir par un blanc provoquerait un séisme, alors que l’inverse est reçu comme simplement normal.  Pour l’auteur, la généalogie de cette idéologie est complexe.  Il y a d’abord le multiculturalisme anglo-saxon né dans les campus américains, lesquels ont généré une mythologie sur l’affrontement de la majorité blanche patriarcale avec diverses minorités ethno-culturelles, mais également socio-culturelles, qui sont victimisées.  Le vivre-ensemble est alors l’apprentissage de la repentance.  Il y a ensuite le républicanisme laïc français, issu des Lumières, qui vise à créer une humanité abstraite, avec un citoyen universalisable, dans une France résumé du monde, voire monde potentiel, et à dissoudre l’homme ancien pour former une humanité nouvelle.  Mais les nouveaux entrants ne sont pas réceptifs à ces idéaux.  Avec les autochtones, les vicaires républicains répètent le mantra du vivre-ensemble sur un ton comminatoire.  Avec les allochtones, ils sont quasiment suppliants.  Il y a également l’oligarchie économique, qui pratique la politique à courte vue de la baisse des salaires des autochtones et camoufle ses intérêts sous une posture morale : les chances pour la France.  Il y a encore la gauche révolutionnaire.  Orpheline de la classe ouvrière, qui s’est embourgeoisée, voire laissé séduire par le populisme, elle est à la recherche d’exclus de substitution, ethniques, mais aussi sexuels.  Il y a aussi le catholicisme post-Vatican II, qui renoue avec ses racines primitives.  Les allochtones n’ont qu’un mépris justifié pour cette église à plat ventre. Il y a encore les Bo-Bos de la bisounourserie diversitaire, socialistes  ou macroniens, sociétalement de gauche et libéraux en économie.  Cadres de l’oligarchie, ils pratiquent l’entre-soi avec la haine de soi, alibi moral des renégats. Porteurs de valises de l’immigration illégale, ce sont nos vrais ennemis avec qui une entente ne sera jamais possible.  Il y a enfin certaines élites juives inconscientes qui « semblent avoir contribué à créer un nouveau Golem qui a commencé à se retourner contre elles ». On voit des juifs quitter la France et en tout cas certaines zones qui ne sont plus sûres pour eux.  « Penser dans ces conditions, vu la frustration immense des musulmans à l’égard du sionisme que le dîner annuel du CRIF continuera d’être couru, c’est s’illusionner gravement. »

Jean-Patrick Arteault se laisse interviewer sous l’intitulé ‘Survivre au vivre-ensemble’.  A la question ‘Le vivre-ensemble, impératif pratique imposé aux Européens, est-il possible et désirable ?’, il répond que les mondialistes le désirent.  Mais il remarque que, si Marine Le Pen juge que l’immigration est, hélas, irréversible, elle ne l’est pas plus que ne l’était le caractère français des départements français d’Algérie au milieu des années ’50.  Il s’agit à présent de construire un autre rapport de forces.  Mais il estime cependant que tout rapprochement avec la Reconquista est incapacitant : elle a duré 900 ans ; sa légitimité n’était pas mise en doute ; les Espagnols ne connaissaient pas alors notre effondrement moral et démographique et leurs élites ne collaboraient pas avec les envahisseurs.  Il juge malsain, et stratégiquement stupide, l’espoir d’une guerre civile.  Il faut cependant s’y préparer dans une cohabitation transitoire, pour survivre à celle-ci sans en pâtir, tout en développant des comportements qui créent un rapport de forces favorable.  En articulant des familles, des clans, des réseaux, afin de construire des pouvoirs économiques, sociaux, d’influence, de capitalisation de savoirs.  Nous vivons en territoire occupé, non seulement par des allochtones et leurs collaborateurs, mais sous un régime qui contrôle l’Etat et fait adopter des lois liberticides.  L’affrontement est contre-productif.  Dominique Venner nous suggère les modèles d’Homère et, plutôt qu’Achille, Ulysse, qui n’est pas moins courageux, mais plus réaliste.  Il faut se défaire de l’idée de retrouver le peuple d’hier, mais relever des ruines des bribes de matériaux sains.  Devenir le parasite des parasites.  Notamment rechercher la sécession résidentielle, ou la migration pendulaire quotidienne, éviter toute friction (d’où les albo-européens sortent toujours perdants), éviter les liens intimes et même les contacts et s’en tenir à une politesse impersonnelle.  Une haute qualité humaine des allochtones (laquelle est courante) ne rend pas tolérable notre submersion par leur nombre.  Il faut écarter même les plus gentils.  Il faut les inciter à partir, et au besoin les contraindre, sans haine et tant que possible sans violence, ce qui ne dépend pas que de nous.  Mais un allochtone isolé peut se fondre avec nous sans dommage, témoin Alexandre Dumas.

Roberto Fiorini cite Louis-Auguste Blanqui (1805-1881), « l’Enfermé » qui, lorsqu’il n’était pas en prison, mettait en place des sociétés secrètes, des « familles » et des « saisons », pour donner forme au mouvement de résistance ouvrier.  Il invite les bannières T&P à trouver des socles d’activités pour former des communautés locales, autour des fêtes de la famille, des repas et des chants en commun, du partage des savoirs.  Ce communautarisme local, notre vivre ensemble clanique, doit être nourri par l’esprit d’initiative de chacun, dans la lignée des Lansquenets, serviteurs de leur pays.

Robert Dragan livre un catalogue très fourni des divinités pyrénéennes, tant basques qu’indo-européennes, avec une profusion de détails, d’indications et de recoupements.  Un régal pour les mordus, une curiosité pour le reste.

Robert Dragan, encore, campe un portrait attachant d’un païen normand, Patrick Grainville, académicien français tout frais émoulu, qui avait à 29 ans, avec son roman Les Flamboyants, décroché le Prix Goncourt 1976.  Le commun l’avait trouvé un cabotinage d’érudit, illisible à cause d’une surabondance de termes étranges.  Robert Dragan l’acquitte de cette prévention à partir de trois de ses oeuvres de maturité.  L’orgie, la neige, qui évoque son adolescence, au pays, au cours de l’hiver, particulièrement rigoureux, de 1962.  Quand il ne court pas alors les forêts et les champs, chassant aux côtés de sa chienne, il s’initie aux gestes de l’amour avec une petite camarade.  En fusion avec les éléments et les animaux, sa joie éclate vierge de toute culpabilité.  Mais la fin de l’hiver et la mort de son chien évacuent cette présence au monde.  Pensé plus que vécu, le plaisir décroît.  Le paganisme ne repose pas sur un arrière-monde, mais sur l’Etre au monde, l’in der Welt sein heideggerien.  La seconde œuvre citée, Le paradis des orages, véhicule, elle aussi, l’obsession de la perte de la spontanéité, non plus celle de l’enfance, mais celle des désirs de l’adulte.  L’auteur, maniaque du corps féminin, métamorphose sa passion en poésie, pour en figer la beauté.  L’effort n’est pas inutile, car c’est la vie qui est adorée ici.  Il cite Hölderlin : « Etre un avec tout ce qui vit, dans un sain oubli de soi, retourner au sein de la totalité de la nature, voilà le sommet des idées et de la joie, voilà les saintes cîmes, le lieu du repos éternel. »  La troisième œuvre, Le Dernier Viking, est une fable rabelaisienne qui présente une poignée de triviaux Normands contemporains, qui vivent l’épopée des divinités vikings autour de la réparation d’un manoir gravement endommagé par les bombardements.  Le propriétaire, qui en a confié la réparation a un artisan du village, a dilapidé sa fortune.  Il temporise pour payer le maçon qui finalement s’impatiente.  Le maître cède alors à la colère et à la méchanceté, effrayant l’autre qui laisse traîner l’affaire jusqu’à prendre le parti de l’oublier.  Mais le maître reste ulcéré de remords, jusqu’à ce qu’on lui découvre le crime originel d’Odin, qui n’a pas payé lui non plus le bâtisseur d’Asgard.  L’oeuvre reprend le fonds des autres : la mort des êtres et des cultures, la renaissance de la chair, de la vie et des Dieux qui suit le Ragnarök.

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Le numéro 75 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème 'Au milieu des ruines'.

Dans son éditorial, Pierre Vial allume une flamme du souvenir, pour raviver la mémoire de l'Abbé Gillard.  Et en même temps celle de ses deux compagnons-bâtisseurs, deux prisonniers de guerre allemands qui, en 1942, l'ont aidé à relever son 'église du Graal' à Tréhorentec, en lisière de la Forêt de Brocéliande.  Elle rayonne, avec l'imagerie arthurienne, la mystique du sang.  Avec son message au passant 'La porte est en-dedans', elle invite à une salutaire introspection et à un combat spirituel de fidélité, de foi en soi-même. Sur quoi Pierre Vial rappelle l'appel de Dominique Venner aux veilleurs, qui doivent être à la fois des poètes, qui forgent l'épée magique', et des combattants.

Pieuse camaraderie de combat avec Lucien Rebattet, Pierre Vial intitule 'Les Décombres' sa contribution pour définir la décomposition avancée de la société occidentale, accélérée depuis 1945.  Dans une logique hémiplégique, qui dresse une partie du peuple contre l'autre, les vainqueurs n'ont pas fait le détail et ils discréditent les contestataires, en les classant dans l'extrême-droite.  Nombreux sont les identitaires qui ne l'assument que par défi, car elle recouvre des idées et des personnes répugnant à leur tradition völkisch.  Face à ce choix binaire artificiel, il reste une troisième voie, celle de l'unité de destin du peuple, dans l'affirmation sereine de son identité, à la fois raciale et culturelle.  En France, depuis 1945, plusieurs générations d'identitaires ont milité dans des mouvements activistes: Jeune Nation, FEN, Europe Action (dont Terre & Peuple a repris l'héritage), Ordre Nouveau, PFN et enfin le Front National, qui est apparu comme pouvant faire rempart contre l'immigration-invasion grâce à l'union d'électeurs de toutes les couleurs politiques.  Marine Le Pen a trahi cette espérance et la confiance de tous ces militants.  Il reste l'appoint, non négligeable, du national-catholicisme (dont on ne peut oublier comment il a traité le sacrifice de Dominique Venner) et de l'Institut Iliade (aseptisé à l'intention de la bien-pensance en oubliant la fidélité au sang).  Le sabordage de la Nouvelle Revue d'Histoire est une autre trahison à la pensée de Dominique Venner, qui professait, comme Jean-Claude Valla, que l'histoire est un enjeu décisif.  Pour l'auteur, la voie électorale permet de diffuser des idées, mais la conquête du pouvoir est hors de portée.  Rivarol n'est plus, malgré des plumes comme Martin Peltier-Hannibal et Roberts Spieler, le carrefour qu'il a été quand y cohabitaient des tendances diverses.  Réfléchir & Agir est dynamique dans sa ligne radicale et l'initiative de Synthèse Nationale réalise de fructueux échanges.  Contre le broyeur des consciences de l'appareil médiatique audio-visuel, Philippe Milliau assure heureusement la ré-information, avec les équipes de qualité de Télé-Libertés et de Radio-Libertés, sauf à inviter des radicaux comme Pierre Vial, qui ne manquerait pas de franchir la ligne rouge en rappelant que les races existent.  Ce n'est pas le cas de Radio Méridien Zéro et de son antenne lyonnaise L'Echo des Cannuts.  A signaler à Lyon également, le Bastion Social, émule du sympathique Casa Pound italien.  Il ne faudrait pas oublier le vigilant Fdesouche, ni Faits & Documents du regretté Emmanuel Ratier.  La Nouvelle Droite et le GRECE (que Pierre Vial a dirigé de 1978  1986) ont été la colonne vertébrale d'une communauté de travail, de combat et de foi (avec un rayonnement international qui perdure),  grâce notamment à des esprits brillants tels que Giorgio Locchi et Guillaume Faye, sans oublier Alain de Benoist.  Ce dernier a averti, depuis la fin des années '80, ne plus avoir les mêmes convictions, notamment sur l'immigration et le racialisme.  Le GRECE n'a plus qu'une existence virtuelle et la revue Eléments, de haute qualité, n'a pas une ligne très claire sur le grand remplacement des peuples européens.  Alors, que faire ?  D'abord rester lucide sur ce qui est réalisable.  Bien que tout soit possible là où il y a une volonté et une base idéologique claire, malgré les tabous: la fidélité à la tradition qualifiée de boréale par Dominique Venner.  Elle servira de boussole doctrinale pour tenir le cap dans les vicissitudes.  L'objectif n'est pas de séduire des intellectuels, mais de mobiliser les braves gens qui ont le droit d'être ce qu'ils sont et de vouloir le rester.  C'est la ligne du populisme identitaire, celle de la survie des peuples blancs.  Elle suppose la critique radicale d'un libéralisme cosmopolite qui ne cache même plus sa volonté de tuer les peuples pour s'imposer.  Il faut le remplacer par un socialisme proudhonien, qui implique l'élimination des prébendes et des parasites, avec l'ambition d'édifier une Europe des patries charnelles, où les pouvoirs fédéraux ne sont que subsidiaires.  Avec, en priorité, des mesures natalistes: les Blancs doivent faire beaucoup d'enfants.  Il faut faire tant que possible sécession du Système et constituer des groupes de solidarité locaux avec des objectifs de la vie quotidienne.  Et un élan mystique sans lequel rien de grand ne peut se faire.

Alain Cagnat dresse l'inventaire des misères, révoltantes, de l'armée française.  Il y a d'ailleurs déjà longtemps qu'elles ont dépassé le niveau du ferment révolutionnaire.  Un inventaire ne se résume pas, mais certains détails sont plus révélateurs que les chiffres globaux, certains commentaires plus éloquents que les statistiques.  Et ces hontes, souvent à peine croyables, pullulent comme la vermine sur un lion déchu !  L'armée de terre semble au tréfonds.  La moitié de ses chars Leclerc est cannibalisée pour faire fonctionner l'autre et nombre d'équipages n'ont plus manoeuvré ni tiré avec leur engin depuis plus de deux ans.  Les équipements des fantassins sont obsolètes ou de troisième main au point que nombreux se paient sur leur solde leur sac à dos, leur duvet, leur chaussures, leur gilet pare-balles !  50% des hélicoptères sont en panne et la fragilité des survivants a failli être dramatique au Mali, car des vies sont pendues à ces bouts de chandelle.  L'armée de l'air n'est pas mieux logée: alors que Russes, Américains et Chinois développent leur avion de combat de la cinquième génération, la France n'a pas de projet de remplacement de ses Rafale (1970) ni de ses Mirage (encore antérieurs), qui ne rencontrent heureusement pas d'adversaires dans les ciels de Syrie, d'Irak, de Libye ou du Mali.  Les avions de surveillance AWACS sont la risée des alliés: les Boeing 707 datent de 1950 et leur remplacement, et l'achat d'Airbus, est sans cesse reporté.  Pour ce qui est de la marine, le porte-avions est en grande révision depuis janvier 2017 et ne reprendra la mer qu'en fin 2018.  La France a choisi de ne pouvoir qu'un peu et pas toujours.  Seuls 33 bâtiments de ligne sont opérationnels sur 98, alors que le domaine maritime français (12 millions km²) est le premier du monde, et les autres rouillent.  La marine n'a plus les moyens de ses missions.  Pour ce qui est de la dissuasion nucléaire (à laquelle les Anglais ont eu la sagesse de renoncer), il est extrêmement coûteux et pas raisonnable d'envisager que la France déciderait d'envoyer un missile atomique, fût-ce sur Pyongyang.  L'opération Serval au Mali est lamentable.  La logistique est mal assurée, notamment par des Antonov ukrainiens, les munitions se perdent, le kérozène fait défaut et doit être fourni par l'armée algérienne, les officiers doivent recourir à leur téléphone portable pour communiquer entre eux, les hommes n'ont qu'un lit pour deux, dans des tentes sans climatisation, il n'y a pas de WC et même pas d'eau potable, les semelles des brodequins se décollent sur les rochers brûlants, tranchants comme des rasoirs qui déchirent les pneus, il manque de roues de secours et les convois en panne sont en péril mortel.  Dans cette république dévoyée, la guerre n'est plus qu'un hochet destiné à redresser  les cotes de popularité.  Ces opérations sont en général des missions que les soldats ne peuvent que réprouver: au Koweït, dans un corps expéditionnaire de 550.000 hommes, les 15.000 soldats français n'ont qu'un rôle humiliant; au Rwanda, les Français, piégés faute d'ordres, n'ont pu qu'assister au génocide de 800.000 Tutsis; en Serbie, les aviateurs ont enragé en silence à devoir bombarder les villes d'un pays ami; en Afghanistan, l'armée française s'use depuis dix ans pour un résultat nul; en Côte d'Ivoire, Sarkozy a utilisé le contingent pour déposer le Président Gbagbo et le remplacer par son 'ami' le musulman Ouattara; en Libye, le même Sarkosy a éliminé Kadhafi, pour des raisons très personnelles, avec des conséquences désastreuses; en Centrafrique, l'armée française a été contrainte d'abandonner les milices chrétiennes à leur sort face aux milices musulmanes.  Conclusion: à vouloir être présent partout, on en vient à n'être suffisant nulle part.  Le bouquet: l'opération Sentinelle, met 10.000 hommes, équipés visiblement de manière hétéroclite et hébergés dans des conditions souvent lamentables, sur les trottoirs des synagogues et des écoles juives de la métropole.  La cerise sur le gâteau est le logiciel de paie Louvois qui amène de nombreux militaires à ne pas percevoir leur traitement et qui a dû être remplacé par le logiciel Source Solde, qui devrait être opérationnel d'ici à 2020 !  Politique budgétaire, la France, qui déplore sur les dix dernières années 154 morts et 620 blessés (hors accident), ferme l'Hôpital du Val-de-Grâce, de loin le meilleur en Europe.  Les 700 points noirs des conditions de travail et de vie des militaires et de leurs familles, d'une liste dressée en 2014 sont pour la plupart restés en l'état, notamment les 79 centres de restauration (sur 350) qui devraient fermer pour infraction aux règlements d'hygiène !  Un rapport de la Commission des Finances du Sénat note, à propos des hébergements militaires, "Lorsqu'ils existent, leur état est souvent extrêmement dégradé, proche de l'insalubrité."  Les statistiques des désertions sont tenues secrètes, comme celles des suicides.  Les décisions de Chirac, de supprimer le service national, et de Sarkozy, de retourner dans l'OTAN, confie la sécurité du pays à un organisme étranger totalement inadapté aux conflits du XXIe siècle.  Il se base sur la stratégie de la supériorité technologique, dont on a éprouvé la faiblesse avec la série des échecs américains, depuis la Corée jusqu'à l'Irak.  L'OTAN est impuissante face à la subversion musulmane malgré la puissance de ses armements, outils que la France n'a pas les moyens de se payer, avec un budget militaire de 44 Mds$ (USA: 622 Mds; Chine: 192 Mds; UK: 54 Mds; Russie: 48 Mds; Allemagne: 35 Mds).  Aucune loi de programmation militaire n'est jamais respectée au détriment du renouvellement des matériels.  On sacrifie le long terme au court.  Contrairement aux anglo-saxons, les cadres français sont invités à se taire.  Ce qui est démoralisant -dans le sens de la moralité autant que du moral-, c'est le cynisme de décisions déterminées par l'opportunité démocratique plutôt que par la nécessité politique.  Le nombre des effectifs musulmans est estimé entre 10 et 20%.  En 1990, un rapport du Centre de sélection au ministre de la Défense notait déjà l'intransigeance tournant à la provocation des JFOM (jeunes français d'origine maghrébine).  Rien ne permettant d'escompter une amélioration entre temps, au contraire, il est temps de se préparer au vilain temps.

Evoquant Antonio Gramsci, Didier Carette dénonce l'opération de déculturation et de stérilisation morale menée contre les peuples européens, pour les réduire à une masse indifférenciée, gérable de manière systématisée, en peuplant son oisiveté de spectacles et de jeux d'ordinateurs.  Il déplore la disparition, au nom de l'égalité des chances dans la scolarisation, des héritiers culturels au sens que les disciples de Pierre Bourdieu donnent à ce concept.  Aujourd'hui, alors que la démultiplication des communications ouvre des perspectives immenses de savoir, ils rêvent plutôt de devenir vedette idole médiatique. Dans le même temps, les masses sombrent dans l'illettrisme et dans un conformisme avilissant.  L'auteur désigne comme responsable le mondialisme et son corollaire, la culpabilisation des Européens.  A l'issue de la WW2, dès 1946, les communistes occidentaux ont conquis l'espace culturel, avec l'appui de la caste des bonzes socialistes (en France, notamment Jack Lang), qui se sont appliqués à couver les professionnels de la culture.  Laquelle s'est très vite déclinée au pluriel, sur le modèle de plus en plus hétéroclite et superficiel de la société américaine, éveillant des réflexes communautaristes.  Toutefois, de nos propres réactions à la déliquescence, il ne subsiste guère que les ouvrages de nos maîtres, Jean Mabire, Dominique Venner, Pierre Vial, et le refuge du culte d'un passé révolu.  Mais l'auteur ne désarme pas pour autant, citant précisément le premier (Pas de combat politique sans projet culturel.) et ensuite le deuxième (Mourir en combattant plutôt que se rendre.)

Plus optimiste, voire réconfortant, Robert Dragan propose, dans sa recension de 'Le nationalisme blanc', la synthèse de l'Américain Greg Johnson, si pas d'accélérer l'effondrement, d'utiliser la décadence à préparer l'avenir.   A la différence des Européens, pour lesquels leur race blanche n'est pas constitutive de leur nationalité, Tocqueville a décrit l'établissement aux Etats-Unis d'une nation blanche, les WASP, à laquelle sont venus s'agréger d'autres Européens, les autres immigrants, Noirs, Latinos, Asiatiques.  Dans le système mondialisé, l'économie renforce la tendance à développer de grandes métropoles, mégapoles souvent multimillionnaires, où le modèle du melting pot le cède au 'salad bowl' ethnocentré, avec des quartiers noirs, blancs, latinos, arabes, indiens, chinois.  Votre identité n'y est plus définie que par des différents, lesquels vous excluent selon votre type racial.  Seul l'occidental considère encore que son identité tient à son adhésion à des valeurs.  Greg Johnson milite pour une identité blanche reposant sur la diversité d'opinion (notamment religieuse) et de nationalité ethnique (de l'empire boréen, mais certainement pas de l'empire anglo-saxon).  Ce 'projet pour le XXIe siècle' résout le problème de l'opposition des forces maritimes et continentales autant que des querelles des micro-nationalismes.  Cette sortie 'par le haut' d'un empire albo-européen est moins le fait des élites que du tréfonds du peuple.  Greg Johnson n'en salue as moins la Nouvelle Droite française, Alain de Benoist et Guillaume Faye et leurs thèmes de la métapolitique, du remplacement de l'hégémonie des idées anti-Blancs par le pouvoir d'imposer les paramètres du débat et de continuer sans cesse de débattre, d'être l'axe autour duquel tout tourne, le dieu d'Aristote. Pour déconditionner le peuple, il prône une élite peu nombreuse de penseurs et de militants, qui ne sont pas des hommes d'appareil, mais des conservateurs de ce qui doit survivre.  Ce qui doit être évacué, c'est l'esprit bourgeois d'avidité et de peur, de l'esclave né qui se vend lui-même.  Il s'agit de générer une vraie élite faite d'intellectuels (prêts à mourir pour des questions de principe) et de guerriers (prêts à mourir pour des questions d'honneur) qui conjuguent leurs vertus.  Le fonds du problème est moral et psychologique: déraciner dans le peuple des Blancs, prédisposés à l'universalisme, le sentiment de leur culpabilité.  Il s'agit de les déconditionner.  En cas de succès, Johnson est partisan d'un système aristocratique sur des modèles tels que l'oligarchie catholique et le régime vénitien.  Le mouvement identitaire gagnerait à miser sur les acteurs d'une contre-culture de référence aux frustrés: le ressentiment est contre-productif.

Irène Dimopoulou assume la direction d'Emporos, un journal grec historique, fondé en 1896, qui a joué un rôle déterminant durant la Guerre des Balkans dans la libération de la Macédoine et de l'Epire de l'occupation turque.  La liberté est son sujet, la liberté qui vit dans la terre même quand elle est emprisonnée sous le tarmac.  La liberté qui vit dans le sang.  L'ennemi des Européens n'est caché que parce qu'ils craignent, par lâcheté, de le nommer.  Irène Dimopoulou n'est pas lâche.  Fille des Grecs qui sont morts à Missolonghi, elle est déterminée, comme bien des hommes et des femmes de l'Alliance Populaire Aube Dorée, à libérer la Grèce des usuriers, quoi qu'il puisse en coûter.  Comme l'ont été et le sont restés les huit députés AD qui ont été jetés en prison et n'en sont sortis, sans procès, qu'après 18 mois.  Irène Dimopoulou, après avoir cité Périclès, "Etre libre a une saveur exquise.", emprunte sa conclusion à Platon, "La victoire sur soi-même est la plus grande.", remarquant que la racine du mot grec Eleutheria (liberté) est à trouver dans la forme future du verbe venir, Eleusomai, je viendrai !

Roberto Fiorini rend compte du séminaire international qui s'est tenu du 15 au 17 décembre 2017 à Chisinau (Moldavie).  Un aréopage d'intellectuels y a débattu d'un système alternatif au capitalisme financier.  Pour justifier le choix de son pays pour une rencontre qui devient une tradition, Igor Dodon, président de la République, a souligné le fait que la Moldavie se trouve au point de fracture des deux parties de notre continent, artificiellement divisé, et qu'elle est à la fois latine et orthodoxe, occidentale et orientale.  Il remarque que nous sommes passés du capitalisme classique à une concentration qui crée des déséquilibres catastrophiques, entre les régions et entre les couches sociales: un tiers des Moldaves ne survit qu'en travaillant à l'étranger et il n'y aura aucune chance de relance sans un certain patriotisme économique.  Poutine est d'ailleurs lui aussi souverainiste, comme l'est Trump.  Le moment est venu de se débarrasser des mythes néolibéraux, de rompre avec le principe magique de la 'main invisible' du marché et de la primauté de l'économique sur le politique et de se dégager de la masse écrasante des mégastructures multinationales et de la mondialisation unipolaire.  La seule option réaliste pour la Moldavie est eurasienne: s'associer avec le groupe de pays auxquels elle est liée par toute son histoire.  Pour Hervé Juvin, qui a été conseiller économique de la Chine, le modèle capitaliste, qui organise une répartition des plus inégalitaire des ressources, n'est pas viable sur une planète aux ressources limitées.  L'Union Européenne est son bras d'exécution, au moment où le projet économique chinois prend en compte le fait que l'homme ne peut subir durablement un système mortifère, qui empoisonne l'eau, l'air, les terres cultivées.  Le temps qui vient sera celui des peuples libres et sauvera les diversités.  Pour Alexandre Douguine, le capitalisme aliène les moyens de production au détriment de la communauté organique, société intégrale des producteurs et des consommateurs.  Le travailleur intégral consomme ce qu'il produit, construisant ainsi quelque chose de sacré, la souveraineté, la pérennité de la vie de la communauté organique.  Le capitalisme de nos jours consacre le divorce de l'individu d'avec la personne communautaire en suscitant en lui des besoins factices.  Il faut restituer à l'homme intégral le pouvoir de cheminer au côté de sa commuauté qu'il préserve.  Douguine recommande la lecture de l'ouvrage de Juvin 'Le mur de l'Ouest n'est pas tombé', alors que la chute de celui de l'Est ruine durablement le projet d'Eurasie, dont la réalisation reléguerait la puissance américaine aux marges du monde.  L'économie n'est pas une science naturelle, inéluctable, mais une construction, qui supporte des accords bilatéraux réalistes, préférables au système totalement ouvert de l'OMC.  Valérie Bugault regarde le capitalisme en juriste.  Le droit anglo-saxon impose partout une subversion du droit civil par le droit commercial, lequel permet à l'anonymat des capitaux d'accaparer toujours plus de biens réels au moyen d'un argent qui l'est de moins en moins, organisant ainsi la domination mondiale de l'économique sur le politique.  Les banques centrales, régulées par la BRI, la Banque des Règlements internationaux, à Bâle, émettent la monnaie, et demain une monnaie 'tout numérique' qui permettra de neutraliser le particulier, en le privant d'accès à son argent.  Le droit permettra-t-il d'aller encore plus loin vers la dictature mondialiste ?  Ou d'y mettre fin, par une volonté qui est à trouver plutôt dans les BRICS que dans l'Occident actuel ?  L'écrivain Slobodan Despot remarque qu'une commission de cinq inconnus a décidé de mettre fin à la neutralité de l'internet, lequel a obtempéré.  Il en conclut qu'il ne faut plus écrire que sur papier, dépenser son argent que dans son voisinage, se faire des amis plus jeunes que soi et faire des enfants.  Emmanuel Leroy note que, en pendant à la grand-messe de Davos, Chisinau est devenue la capitale de la multipolarité.  Il épingle le verset 19 du chapitre 3 du Deutéronome, qui commande: "Tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt," alors que le verset 20 est un appel à l'usure et au pillage des autres !  Lucien Cerise regrette que la Moldavie s'engage dans un partenariat avec l'Union européenne, car elle s'expose au risque d'être, comme l'a été la France, subvertie par son ingénierie sociale (sa fabrique du consentement).  Le modèle ukrainien est significatif à cet égard.  Dimitris Koustantakopoulos (ex-Syriza) invite à la lucidité à l'endroit du discours du personnel démocratique.  Notamment François Hollande qui, pour se faire élire, proclame: "La finance est mon ennemie," et nomme ensuite Macron ministre de l'économie !  Et Alexis Tsipras, élu pour combattre le système libéral et qui se met à son service.  Il rappelle que, quand le capitalisme risque de perdre la main, il n'hésite pas à déclencher des conflits, y compris mondiaux.  Alessandro Sansoni signale que les banquiers, dans leur rôle de financiers, s'autorisaient à l'origine à créer de la monnaie scripturaire, ouvrant des crédits garantis sur les dépôts dans le rapport de neuf pour un.  Mais ce rapport a eu tendance à tant s'élargir que Lehmann Brothers était engagé à près de trente pour un !  Il en déduit la nécessité d'un retour du global au local, seul contrôlable.

Helmut Mueller reconnaît que l'Autriche a changé, les Autrichiens du moins, comme nombre d'Européens qui s'inscrivent dans une phase prérévolutionnaire.  Mais pas l'Autriche de Sebastian Kurz, qui ferait plutôt partie de ceux qui comptent bien endiguer cette vague.  L'homme fait partie de l'European Council for Foreign Relation, où il a la chance de rencontrer Georges Soros dont il partage l'opinion quant à l'immigration.  Son partenaire gouvernemental Heinz-Christian Strache converge avec lui sur l'augmentation du Quota de réfugiés.  L'un comme l'autre sont prêts à payer le prix d'un soutien sioniste, ni pires ni mieux que l'AfD allemand, que le Jobbik hongrois, que le Président Trump.  Arthur Fournier-Dupont traite de l'impression en volume ou fabrication additive, dite Impression 3-D, qui serait la troisième révolution industrielle.  Il s'agit d'un invention française de 1984.  Elle consiste à imprimer strate par strate de la matière sur l'ordre d'un ordinateur qui gère un fichier numérique contenant les données en trois dimensions de l'objet à produire, le plus souvent en matière plastique, mais également en métal, en céramique, en béton.  Cette technique permet une plus grande souplesse, une plus grande précision, des économies de matière, de moyens de stockage, de main d'oeuvre et ne laisse aucun déchets.  L'Impression 3-D est déjà largement pratiquée par Boeing et Dassault en aéronautique, en cristallerie par Daum et Baccara, dans des jouets, de l'armement, la construction de maisons.  Tout cela est bel et bon, mais il ne faudrait pas que cette créativité de l'Home Faber européen en vienne à affaiblir son esprit et finalement provoquer sa disparition, l'industriel asséchant en lui l'artisan.

Les Brigandes: Nous croyions connaître plus ou moins ces brigandes, mais en fin de compte plutôt moins que plus.   Nous avions, bien entendu, remarqué leurs masques, qui les marquent plus qu'ils ne les masquent, surtout quand se confirme l'allusion aux Vendéens et au qualificatif que leur imputaient les Révolutionnaires, disqualifiant appel à les massacrer.  Sans bien approfondir, nous avions pris ces Brigandes pour des cathos tradis.  Et puis il y a eu l'affaire que nous avons lue, et même relue, dans notre Rivarol.  Avec perplexité pour sa violente agressivité, laquelle cadrait mal avec l'intelligente tradition, dans ce journal, de la critique courtoise à l'égard des compagnons de combat contre la Gueuse.  Jérôme Bourbon nous a pourtant généreusement dispensé les témoignages d'une intelligence à la fois subtile et guerrière, toujours bien charpentée.  Son réquisitoire d'ostracisation nous a mis d'autant plus mal à l'aise que l'un d'entre nous, en passant par la Lorraine et l'Hérault, a piqué une tête jusqu'à la tanière de ces loups noirs.  Il s'y est attardé quelque temps et juge l'expérience positive, voire très positive.  Il n'a pas investigué sur l'orthodoxie des idées des membres de la communauté, mais il a partagé leur pratique identitaire, leur orthopraxie, en rupture avec l'individualisme matérialiste bourgeois, de confort et de sécurité.  Ces brigands ne sont certainement pas athées, profondément spiritualistes, imprégnés de christianisme, mais d'orientation gnostique.  Il ne s'agit pas tant pour eux de transmettre en chansons une ligne idéologique que de réagir viscéralement à la destruction de notre civilisation.

Pierre Vial, enfin, s'est servi une savoureuse delikatesse avec le dernier livre de Bernard Lugan 'Heia Safari'.  On savait que ce cri de guerre des corps de supplétifs africains avait servi de titre au bel hymne de l'Afrika Corps, que le Maréchal Rommel affectionnait particulièrement: il évoquait ses panzers fonçant, après la France, à travers l'Afrique.  L'article rappelle que ce cri avait été avant cela celui du glorieux corps expéditionnaire du Général Paul von Lettow-Vorbeck.  Au moment où éclate la guerre de 1914-18, il ne comporte que 3.500 askaris noirs qu'encadrent 265 sous-officiers et officiers allemands.  Opposé à plus de 300.000 hommes des forces britanniques, belges, portugaises et sud-africaines, alors qu'il est coupé de tout ravitaillement, il va aller de victoires en victoires, grâce à sa tactique du 'repli offensif'.  Il achèvera son épopée en se rendant maître de la Rhodésie, lavant ainsi l'honneur de l'armée allemande.  Le Général von Lettow rentre alors en Allemagne, qu'il va, à la tête d'un corps franc, nettoyer des insurgés communistes.

lundi, 03 septembre 2018

Monika Berchvok Speaks With Robert Steuckers

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Monika Berchvok Speaks With Robert Steuckers

Translation: https://institutenr.or
 
Following the publication of Pages celtiques by éditions du Lore and the trilogy Europa by éditions Bios of Lille, Monika Berchvok subjected the author of these works, Robert Steuckers, to a rapid fire volley of questions, showing that even the rebels of the young generation of the 2010s want to know the oldest roots of this silent revolt which is growing across all of Europe. Monika Berchvok previously interviewed Robert Steuckers during the publication of La Révolution conservatrice allemande by éditions du Lore in 2014.

Your career is extremely intellectually wealthy. What is the origin of your engagement? 

To speak of intellectual wealth is certainly exaggerated: I am above all a man of my generation, to whom they still taught the “basics”, which today, alas, have disappeared from academic curricula. I experienced my childhood and adolescence in a world that was still marked by quiet tradition, the mores and manners were not those of the industrial world or the service sector, where we increasingly separate from concrete and tangible reality, increasingly acquiring an unbounded pretension and arrogance against “provincials,” like me, who remain anchored in the muck of reality with their heavy boots (yes, yes, that’s from Heidegger…). My father, who really hadn’t been to school, except to the primary school in his Limburg village, wanted nothing to do with the fashions and crazes that agitated our contemporaries in the 1960s and 70s; “all fafouls,” he claimed, “fafoul” being a Brussels dialect term used to designate idiots and cranks. I lived in a home without television, far from and hostile to the mediocre little universe of the pop tune, variety show, and hippy or yéyé subculture. I still thank my progenitor, 25 years after his death, for having been able to totally resist the miserable abjection of all those years where decline advanced in giant steps. Without television, it goes without saying, I had a lot of time to read. Thanks Papa.

Next, I was a gifted student in primary school but fundamentally lazy and desperately curious, the only life saver, to avoid ending up a tramp or a prole, was learning languages to a competent level because, in Brussels, I lived on a street where they spoke the three national languages (and the dialectical variants), with the Russian of a few former White officers and their children who wound up in our fair city in addition. With this linguistic plurality, the task was already half done. Clément Gstadler, a neighbor, an old Alsatian teacher who had ended up in Belgium, told me, donning his ever present traditional hat of the Thann countryside and with a razor sharp Teutonic accent: “My boy, we are as many times men as languages we know.” Strengthened by this tirade hammered into me by Gstadler, I thus enrolled, at the age of eighteen, in Germanic philology and then in the school of translators – interpreters.

The origin of my engagement is the will to remain faithful to all these brave men that we consider anachronistic today. On their certitudes, under siege, we must erect a defensive structure, which we hope will become offensive one day, resting on principles diametrically opposed to the hysterics of the trendy people, to construct in our hearts an alternative, impregnable fortress, that we are determined never to give up.

How do you define your metapolitical combat? 

Dilthey, with whom the alternative minded of our type unfortunately aren’t familiar enough, partially constructed his philosophical system around one strong simple idea: “We only define what is dead, the things and facts whose time has definitively ended.” This fight is not over because I haven’t yet passed from life to death, doubtlessly in order to thwart those who my stubbornness displeases. It is evident, as a child of the 1950s and 60s, that my first years of life unfolded in an era where we wanted to throw everything away. It’s of course a gesture that I found stupid and unacceptable.

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Retrospectively, I can say that I felt, in my young mind, that religion left the scene as soon as it renounced Latin and the spirit of the crusader, very present in Belgium, even among peaceful, calm, authors, like a certain Marcel Lobet, totally forgotten today, doubtlessly because of the excessive moderation of his words, nevertheless ultimately invigorating for those who knew how to capture their deep meaning. The philosopher Marcel Decorte, in his time, noted that society was disintegrating and that it was collapsing into “dissociety,” a term that we find again today, even in certain left wing circles, to designate the present state of our countries, weakened by successive waves of “civilizational negationism,” such as the ideology of Mai 68, New Philosophy, neo-liberal pandemonium, or gender ideology, all “dissociative” phenomena, or vectors of “dissociation,” which today converge in the Macronist imposture, mixing together all these baneful delusions, seven decades after opening Pandora’s Box. Thus the metapolitical combat must be a combat that unceasingly exposes the perverse nature of these civilizational negationisms, continuously denouncing above all the outfits, generally based beyond the Atlantic, that fabricate them in order to weaken European societies to create a new humanity, totally formatted according to “dissociative” criteria, negators of reality as it is (and cannot be otherwise, as the relevant philosopher Clément Rosset remarked, who unfortunately passed away in recent weeks). To make a metaphor with the ancient world, I would say that a metapolitical combat, in our sense, consists of, as the European history expert of Radio Courtoisie Thomas Ferrier said, putting all these negationisms in Pandora’s Box, from which they sprang, then closing it.

You mention “bio-conservatism” in your recent works? What does this term cover? 

I didn’t mention “bio-conservatism.” My editor, Laurent Hocq of Editions Bios, believes that it’s a path we will need to explore, precisely in order to fight “civilizational negationisms,” notably all the elements that deny the corporeality of man, his innate phylogenetics, and his ontology. For me a well conceived bio-conservatism must go back to the implicit sociology that Louis de Bonald sketched in the 19th century, critiquing the individualist drift of the Enlightenment philosophers and the French Revolution. Romanticism, in its non-ethereal or tearful aspects, insists on the organicity, vitalist and biological, of human and social phenomena. We must couple these two philosophical veins – traditional conservative realism and organic Romanticism – and then connect them to the more recent and more scientifically established achievements of biocybernetics and systems theory, while avoiding falling into perverse social engineering as desired by the Tavistock Institute, whose cardinal role in the elaboration of all forms of brain washing that we’ve endured for more than sixty years was investigated by the “conspiracy theorist” Daniel Estulin, now living in Spain. The “Tavistockians” used biocybernetics and systems theory to impose a “depoliticized” culture across the Western world. Today these disciplines can be perfectly mobilized to “re-politicize” culture. Laurent Hocq wants to initiate this work of metapolitical mobilization with me. We will have to mobilize people competent in these domains to complete the task.

At the end of the road, rethinking “bio-conservatism” is nothing more or less than the will to restore a “holistic” society in the best sense of the term as quickly as possible, that is to say a society that defends itself and immunizes itself against the fatal hypertrophies leading us to ruin, to degradation: economic hypertrophy, juridical hypertrophy (the power of manipulative and sophist jurists), the hypertrophy of the services sector, hypertrophy of petty moralism detached from reality, etc.

Localism is also a theme that often reoccurs in your recent books. For you the return to the local has an identitarian dimension, as well as a social and ecological one? 

Localism or the “vernacular” dimensions of human societies that function harmoniously, according to timeless rhythms, are more necessary than ever at a time where a sagacious geographer such as Christophe Guilluy notes the decline of “France from below”, the marvelous little provincial towns that are dying before our eyes because they no longer offer a sufficient number of local jobs and because their light industry has been relocated and dispersed to the four corners of the planet.
Attention to localism is an urgent necessity in our time, in order to respond to a terrifying evil of neo-liberalism that has expanded since Thatcher’s accession to power in Great Britain and all the fatal policies that the imitators of this “Iron Lady” have seen fit to import into Europe and elsewhere in the world.

The refusal of the migratory “great replacement” happens through an understanding of immigration movements in the era of total globalization. How can the tendency of migratory flows be reversed? 

By not accepting them, quite simply. We are a stubborn phalanx and it is imperative that our stubbornness become contagious, taking on the appearance of a global pandemic.

Nevertheless, when you mention the fact that there must be an “understanding of migratory movements,” you indirectly underline the necessity of deeply understanding the contexts from which these migrants come. For half a century, and even longer since Mai 68 had antecedents in the two decades that preceded it, we have been fattened on junk culture, of inane varieties, which occupies our minds with time consuming spectacles and prevents them from concentrating on things as real as they are essential. A good state is a state that inquires about the forces at work in the world. Whether migratory flows are accepted or not, every host state, guided by a healthy vision of things, should draw up an economic, ethnic, and social cartography of the populations coming from the emigrants’ countries.

RS-MB-B-EE.jpgFor Africa, that means understanding the economic state of each migrant exporting country, the possible system of kleptocracy that reigns there, the ethnic components (and the conflicts and alliances that result from them), the history of each of these political or anthropological phenomena, etc. This knowledge must then be delivered by an honest press to the citizens of our countries, so that they can make judgments about credible pieces and not be forced to vote according to unremitting propaganda based on inconsistent slogans.

For Syria we should have known, before the waves of refugees spilled into Europe, the religious and tribal structures of the country in a very precise manner: actually, the media, generally uncultivated and dependent on the “junk culture” imposed on us for decades, discovered the Syrian divisions that had been ignored until now. Only a handful among us has a clear notion of who the Alawites or Yezidis are, knows that the Syrian Christian communities have complicated divisions, understands the tacit alliance that unites Alawites with Twelver Shiites, understands that the principal enemy of the Ba’athist political system is the Muslim Brotherhood, which fomented the terrible disorders of 1981-1982 that ravaged Syria in the time of Hafez al-Assad, father of the current president. In short, the general public knows nothing about the complexity of Syria. The only bone it has to gnaw is the slogan that decrees Assad is a horrible monster, fit to be eliminated by fundamentalist assassins or American bombs.

For Africa, the only means of reducing the waves of refugees, real or solely economic, would be to put an end to evidently very kleptocratic regimes, in order to fix the populations on their native soil by redirecting sums of money toward infrastructural investment. In certain more precise cases, that would also happen through a return to a subsistence agricultural economy and a partial and well regulated abandonment of monoculture which doesn’t properly nourish populations, especially those that have opted for rural exodus towards the cities and sprawling slums, like Nigeria for example.

For Syria, we should have established a filter to sort refugees but that would have, ipso facto, privileged Muslim or Christian communities allied to the regime, to the detriment of the hostile social classes, who are totally un-integrable into our European societies, because the Salafism that animates them is viscerally hostile to all forms of syncretism and all cultures that do not correspond to it 100%. Moreover, as a general rule, the reception of migratory flows coming from countries where there are dangerous mafias is not recommended even if these countries are European like Sicily, Kosovo, Albania, or certain Caucasian countries. All immigration should pass through a well established anthropological screening process and not be left to chance, at the mercy of the “invisible hand” like the one that all the liberals expect the world to be perfected by. Non-discernment in the face of migratory flows has transformed this constant of human history into a catastrophe with unpredictable repercussions in its current manifestations, as evidently these flows do not bring us a better society but create a deleterious climate of inter-ethnic conflict, unbridled criminality, and latent civil war.

Reversing the tendency of migratory flows will happen when we finally implement a program of triage for migrations, aiming for the return of criminals and mafiosos, the psychologically unbalanced (that they deliberately send here, the infrastructure capable of accommodating them being non-existent in their countries of origin), politicized elements that seek to import political conflicts foreign to us. Such a policy will be all the more difficult to translate into daily reality where the imported mass of migrants is too large. Then we cannot manage it in proper conditions.

JFTH.jpegYou knew Jean Thiriart. Does his political vision of a “Great Europe” still seem relevant? 

Jean Thiriart was firstly a neighbor for me, a man who lived in my neighborhood. I can note that behind the sturdy and gruff sexagenarian hid a tender heart but bruised to see humanity fall into ridicule, triviality, and cowardice. I didn’t know the activist Thiriart because I was only twelve when he abandoned his political combat at the end of the 1960s. This combat, which extended over a short decade starting from Belgium’s abandonment of the Congo and the tragic epilogue of the war in Algeria for the French, two years later. Thiriart was motivated by a well developed general idea: abolish the Yalta duopoly, which made Europe hemiplegic and powerless, and send back the Americans and Soviets in succession in order to allow the Europeans to develop independently. He belonged to a generation that had entered politics, very young, at the end of the 1930s (the emergence of Rexism, the Popular Front, the war in Spain, the Stalinist purges, Anschluss, the end of the Czechoslovakia born at Versailles), experienced the Second World War, the defeat of the Axis, the birth of the state of Israel, the coup in Prague, and the blockade in Berlin in 1948, the Korean War, and the end of Stalinism.

Two events certainly contributed to steer them towards an independentist European nationalism, different in sentiment from the European nationalism professed by the ideologues of the Axis: the Hungarian Revolt of 1956 and the Suez campaign, the same year, the year of my birth in January. The West, subjugated by Washington, did nothing to aid the unfortunate Hungarians. Worse, during the Suez affair, the Americans and the Soviets forced the French and British to unconditionally withdraw from the Egyptian theater of operations. Thiriart, and a good number of his companions, temporary or not, observed that the duopoly had no desire to dissolve itself or even to fight each other, to modify one way or the other the line of the Iron Curtain that cut Europe across its center, to tolerate any geopolitical affirmation on the part of European powers (even if they were members of the UN Security Council like France and the United Kingdom). The decolonization of the Congo also demonstrated that the United States was unwilling to support the Belgian presence in central Africa, despite the fact that Congolese uranium underpinned the nuclear supremacy of Washington since the atom bombs fabricated in order to bring Japan to its knees in 1945. A little history, Hergé’s brother was the only Belgian military officer not to chicken out and he showed an arrogant hostility to the NATO troops who came to take control of his Congolese base.

One thing leading to another, Thiriart would create the famous movement “Jeune Europe” that would inject many innovations into the discourse of the activist milieu and contest the established order of what one could classify as the extreme-right in its conventional forms, petty nationalists or Poujadists. The “habitus” of the extreme-right did not please Thiriart at all, who judged them unproductive and pathological. A reader of the great classics of the realist politics, especially Machiavelli and Pareto, he wanted to create a small hyper-politicized phalanx, rationally proceeding from truly political criteria and not thin emotions, creating only behavioral indiscipline. This political hyper-realism implied thinking in terms of geopolitics, having a knowledge of the general geography of the planet. This wish was realized in Italy alone, where the magazine Eurasia of his disciple and admirer Claudio Mutti has done remarkably well and has attained a very elevated degree of scientific precision.

To bypass the impediment of Yalta, Thiriart believed that we needed seek allies across the Mediterranean and in the East of the vast Soviet territorial mass: thus the attempt to dialogue with the Nasserist Arab nationalists and the Chinese of Chou Enlai. The Arab attempt rested on a precise Mediterranean vision, not understood by the Belgian militants and very well comprehended, on the contrary, by his Italian disciples: according to Thiriart this internal sea must be freed from all foreign tutelage. He reproached the various forms of nationalism in Belgium for not understanding the Mediterranean stakes, these forms turned more towards Germany or the Netherlands, England or the Scandinavian countries, an obligatory “Nordic” tropism. His reasoning about the Mediterranean resembled that of Victor Barthélémy, an adviser of Doriot and also a former communist, a reasoning shared by Mussolini as mentioned in his memoirs. Thiriart very probably derived his vision of Mediterranean geopolitics from a feeling of bitterness following the eviction of England and France from the Mediterranean space after the Suez affair in 1956 and the war in Algeria.

According to Thiriart, the Europeans shared a common Mediterranean destiny with the Arabs that could not be obliterated by the Americans and their Zionist pawns. Even if the French, the English, and the Italians had been chased from the Arabophone North African shore, the new independent Arab states could not renounce this Mediterranean destiny they shared with non-Muslim Europeans, massed on the Northern shore. For Thiriart, the waters of the Great Blue sea unite, not separate. From this fact, we must favor a policy of convergence between the two civilizational spaces, for the defense of the Mediterranean against the element foreign to this space, interfering there, constituted by the American fleet commanded from Naples.

The idea of allying with the Chinese against the Soviet Union aimed to force the Soviet Union to let go of its ballast in Europe in order to confront the Chinese masses on the Amur River front. The dual project of wagering on the Nasserist Arabs and the Chinese marked the last years of Thiriart’s political activity. The 1970s were, for him, years of silence or rather years where he immersed himself in the defense of his professional niche, namely optometry. When he returned to the fight at the start of the 1980s, he was nearly forgotten by the youngest and eclipsed by other political and metapolitical lines of thought; moreover the given facts had considerably changed: the Americans had allied with the Chinese in 1972 and, since then, the latter no longer constituted an ally. Like others, in their own corners and independently of each other, such as Guido Giannettini and Jean Parvulesco, he elaborated a Euro-Soviet or Euro-Russian project that the Yeltsin regime didn’t allow to come to fruition. In 1992 he visited Moscow, met Alexander Dugin and the “red-browns,” but unexpectedly died in November of the same year.

thiriartQSJ-YS.jpgWhat we must retain from Thiriart is the idea of a cadre school formed on principles derived from pure political philosophy and geopolitics. We must also retain the idea of Europe as a singular geostrategic and military space. It’s the lesson of the Second World War: Westphalia defended itself on the beaches of Normandy, Bavaria on the Côte d’Azur and along the Rhône, Berlin at Kursk. Engines allowed for the considerable narrowing of the strategic space just as they allowed for the Blitzkrieg of 1940: with horse-drawn carts, no army could take Paris from Lorraine or Brabant. The failures of Philip II after the battle of Saint-Quentin prove it, Götz von Berlichingen never went past Saint-Dizier, the Prussians and Austrians never went past Valmy, and the armies of the Kaiser were stopped on the Marne. One exception: the entrance of the allies into Paris after the defeat of Napoleon at Leipzig. The United States is henceforth the sole superpower, even if the development of new arms and imperial hypertrophy, that it imposed on itself through unthinking immoderation, slowly break down this colossal military power, recently defied by the new capabilities of Russian or perhaps Chinese missiles. European independence happens through a sort of vast front of refusal, through the participation of synergies outside of what Washington desires, as Armin Mohler also wanted. This refusal will slowly but surely erode the supremacist policy of the Americans and finally make the world “multipolar.” As Thiriart, but also Armin Mohler, doubtlessly wanted, and, following them, Alexander Dugin, Leonid Savin, and yours truly want, multipolarity is the objective to aim for.

Three German author seem to have left their mark on you particularly: Ernst Jünger, Carl Schmitt and Günter Maschke. What do you retain from their thought?

Actually, you ask me to write a book… I admire the political writings of the young Jünger, composed in the middle of the turmoil of the 1920s just as I also admire his travel narratives, his seemingly banal observations which have made some Jüngerians, exegetes of his work, say that he was an “Augenmensch,” literally a “man of the eyes,” a man who surveys the world of nature and forms (cultural, architectural) through his gaze, through a penetrating gaze that reaches far beyond the surface of apparent things and perceives the rules and the rhythms of their internal nature.

Very soon I will release a voluminous but certainly not exhaustive work on Carl Schmitt. Here I want to remind people that Carl Schmitt wrote his first relevant texts at the age of sixteen and laid down his last fundamental text onto paper at 91. So we have a massive body of work that extends over three quarters of a century. Carl Schmitt is the theorist of many things but we essentially retain from him the idea of decision and the idea of the “great space.” My work, published by éditions du Lore, will show the Schmitt’s relation to Spain, the very particular nature of his Roman Catholicism in the context of debates that animated German Catholicism, his stance in favor of Land against Sea, etc.

Speaking about Günter Maschke interests me more in the framework of the present interview. I met Günter Maschke at the Frankfurt Book Fair in 1984, then during a small colloquium organized in Cologne by high schoolers and students under the banner of the Gesamtdeutscher Studentenverband, an association that intended to oversee the student organizations which, at the time, were working towards the reunification of the country. Maschke was a thundering and petulant former leader of the activist years of 1967 and 1968 in Vienna, from which he would be expelled for street violence. In order to escape prison in West Germany, because he was a deserter, he successfully defected, via the French collective, “Socialisme ou Barbarie,” first to Paris, then Cuba. He then settled in the insular Castroist Carribean republic and met Castro there, who gave him a tour of the island in order to show him “his” sugar cane fields and all “his” agricultural property. Maschke, who can’t hold his tongue, retorted to him, “But you are the greatest latifundist in Latin America!” Vexed, the supreme leader didn’t renew his right of asylum and Maschke found himself back at the beginning, that is to say in a West German prison for thirteen months, the span of the military service he refused, as demanded by the law. In prison, he discovered Carl Schmitt and his Spanish disciple Donoso Cortès, and in the cramped space of his cell, he found his road to Damascus.

Many activists from 67-68 in Germany henceforth turned their backs on the ideologies they professed or utilized (without really believing in them too much) in their youth years: Rudi Dutschke was basically a anti-American Lutheran nationalist; his brothers gave interviews to the Berlin new conservative magazine Junge Freiheit and not usual leftist press, which repeats the slogans of yesterday without realizing that it has fallen into anachronism and ridicule; Frank Böckelmann, who was presented to me by Maschke during a Book Fair, came from German Situationism and never hesitated to castigate his former comrades whose anti-patriotism, he said, was the mark of a “craving for limits,” of a will to limit themselves and mutilate themselves politically, to practice ethno-masochism. Klaus Rainer Röhl, a nonagenarian today, was the spouse of Ulrike Meinhof, who sunk into terrorism with Baader. Röhl too became closer to the nationalists while the articles of Ulrike Meinhof in her magazine konkret would trigger the first fights in Berline during the arrival of the Shah of Iran.

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Uli Edel’s film devoted to the “Baader Meinhof Gang” (2008) also shows the gradual slide of the terrorist “complex” in West Germany, which arose from an idealistic and unreasoning, uninhibited, and hysteric anti-imperialism, but often correct in some of its analyses, to pass into an even more radical terrorism but ultimately in the service of American imperialism: in his film, Edel shows the stakes very clearly, notably when Baader, already arrested and sentenced, speaks with the chief of police services and explains to him that the second generation of terrorists no longer obeys the same guidelines, especially not his. The second generation of terrorists, while Meinhof, Baader and Ensslin (Maschke’s sister in law!) were imprisoned and had not yet committed suicide, assassinated statesmen or economic decision makers who correctly wanted to pursue policies in contradiction with the desires of the United States and free West Germany from the cumbersome tutelage that Washington imposed on it. This shift also explains the attitude taken by Horst Mahler, Baader’s lawyer and partisan in armed struggle in his time. He would also pass to nationalism when he was released from prison, a nationalism strongly tinted with Lutheranism, and he would return to prison for “revisionism.” The last I heard, he was still languishing there.

At the start of the 1980s, Maschke was an editor in Cologne and notably published the works of Carl Schmitt (Land and Sea), Mircea Eliade, Pierre Drieu la Rochelle, Agnès Heller, and Régis Debray. Every year, in October when the famous Frankfurt Book Fair took place, Maschke, who thought I had the countenance of an imperturbable young reactionary, had Sigi, his unforgettable spouse who left us much too soon, set up a cot in the middle of his prestigious office, where the most beautiful flowers of his library were found. So every year, from 1985 to 2003, I frequented the “Maschke Salon,” where personalities as prestigious as the Catholic and conservative writer Martin Mosebach or the Greek political philosopher Panajotis Kondylis, the ex-Situationist Franck Böckelmann,or the Swiss polemicist Jean-Jacques Langendorf dropped by. These soirees were, I must admit, pretty boozy; we sang and performed poems (Maschke likes those by Gottfried Benn), the fun was de rigeur and the ears of a good number of fools and pretentious people must have rung as they were lampooned. I inherited a frank manner of talking from Maschke, who often reproached me, and he helped consolidate my mocking Bruxellois verve, which I owe to my uncle Joseph, my mother’s very sarcastic brother.

I can’t finish this segment without recalling the fortuitous meeting between Maschke and Joschka Fischer, the year where the latter had become a minister in the Land of Hesse, the first step that would lead him to become the German minister of foreign affairs who made his country participate in the war against Serbia. Fischer strolled down the long hallways of the Book Fair. Maschke came up to him and patted his stomach, very plump, saying to everyone: “Well, comrade Fischer, fattening up to become minister.” Next followed a torrent of acerbic words poured out on the little Fischer who looked at his sneakers (his trademark at the time, in order to look “cool”) and stammered apologies that he wasn’t. Scolding him as if he was only a dirty brat, Maschke proved to him that his Schmittian neo-nationalism was in accord with the anti-imperialist tendencies of the 1967-68 years, while Fischer’s alignment was a shameful treason. The future would give him ample justification: Fischer, former violent Krawallo (hooligan) of Hessian leftism, became a vile servant of capitalist and American imperialism: the dithyrambic phrases that he pronounced these last weeks praising Chancellor Merkel only accentuate this bitter feeling of betrayal. These remarks are evidently valid for Daniel Cohn-Bendit, today a war monger on sale to Washington. Jean-François Kahn, in an interview very recently accorded to Revue des deux mondes, spoke of him as a former sixty-eighter turned neocon in the style of the East Side Trotskyites.

In his quest after his return from Cuba and his stay in a dreary Bavarian prison, Maschke, unlike Mahler or Dutschke’s family for example, evolved, with Schmitt and Donoso, towards a Baroque and joyous Catholicism, strongly tinted with Hispanicism and rejected the uptight, Protestant, and neo-Anabaptist violence that so clearly marked the German extra-parliamentary revolutionaries of the sixties. For him as for the director Edel, the Ensslin sisters, for example, were excessively marked by the rigorous and hyper-moralist education inherent to their Protestant familial milieu, which seemed insupportable after his stay in Cuba and his journeys to Spain. Also because Gudrun Ensslin fell into a morbid taste for an unbridled and promiscuous sexuality, resulting from a rejection of Protestant Puritanism as Edel’s film highlights. The Maschkian critique of the anti-Christianity of the (French) New Right is summarized by a few choice words, as is his habit: thus he repeats, “they are guys who read Nietzsche and Asterix simultaneously and then fabricated a system from this mixture.” For him, the anti-Christianity of Nietzsche was a hostility to the rigors of the Protestantism of the family of Prussian pastors from which the philosopher of Sils-Maria came, a mental attitude that is impossible to transpose in France, whose tradition is Catholic, Maschke doesn’t take the Jansenist tradition into account. These anecdotes show that any political attitude must fall back into a kind of Aristotlean realism.

RS-MB-GB-PC.jpgYou return to the contribution of the Celtic world to our continental civilization in your book “Pages celtiques.” What do we retain from the “Gaulish” in our European identity? You return to the Irish and the Scottish nationalist movement at length. What lessons should we draw from their long struggles? 

In “Pages celtiques”, I wanted, essentially, to underline three things: firstly, the disappearance of all Celtic cultural and linguistic references is the result of the Romanization of the Gauls; this Romanization was apparently rapid within the elites but slower in the spheres of popular culture, where they resisted for five or six centuries. The vernacular culture retained the Celtic language until the arrival of the Germans, the Franks, who took over from the Romans. We can affirm that the popular religiosity retained the religiosity of “eternal peasants” (Mircea Eliade) and it remained more or less the religion whose rituals were practiced by the Celts. This religiosity of the soil remained intact under the Christian veneer, only the religion of the elites from the start. The dei loci, the gods of places, simply became saints or Madonnas, nestled in the trunks of oaks or placed at crossroads or near springs. The “de-Celticization,” the eradication of the religion of “eternal peasants,” occurred under the blows of modernity, with the generalization of television and … with Vatican II. What the French still have from the “Gaulish”, was put to sleep: it’s a fallow field awaiting a reawakening. Our essence, in Belgium, was deeply Germanized and Romanized, in the sense where the Eburons, the Aduatuques, and the Treviri were already partially Germanized in the time of Caesar or later when the Ingvaeonic Germanic tribes settled in the valley of the Meuse served Rome and rapidly Latinized.

Secondly the Celtic contribution is equally Christian in the sense where, at the end of the Merovingian era and at the start of the Pippinic / Carolingian era, Christian missions were not only guided by Rome, they were also Irish – Scottish with Saint Columban, who settled in Luxeuil-les-Bains, the formerly Gaulish, then Roman, thermal baths site. Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Switzerland, Wurtemberg, Bavaria, Tyrol, and a part of Northern Italy received the Christian message not from the apostles who came from the Levant or missionaries mandated by Rome but from Irish – Scottish monks and ascetics who proclaimed a Christianity closer to the natural religiosity of the indigenous peoples, with some pantheist dimensions, while advocating the large scale copying of ancient, Greek and Latin manuscripts. The Christian, Celtic, and Greco-Latin syncretism that they offered us remains the foundation of our European culture and any attempt to remove or eradicate one of these elements would be a useless, even perverse, mutilation, that would deeply unbalance the foundations of our societies. The smug and foolish moralism, proper to the recent history of the Church and its desire to “third worldize,” also ruined all the seduction that the religion could exercise on the popular masses. Failing to take the vernacular (Celtic or otherwise) into account and ceasing to defend the heritage of the classical humanities (with the political philosophy of Aristotle) at any price has separated the masses from the intellectual and political elites of the Church. The parishes have lost their flocks: actually, what did they have to gain from hearing the moralizing sermons without depth repeated ad nauseum that the Church henceforth offers to them.

Thirdly, in the 18th century, the Irish, Scottish, and Welsh Enlightenment philosophers were certainly hostile to absolutism, calling for new forms of democracy, demanding popular participation in public affairs and calling for a respect of vernacular cultures by the elite. The enlightenment republicanism of the Irish, Scottish, and Welsh hostile to the English monarchy which subjected the Celtic peoples and Scottish people (a mixture of Celts, Norwegians, and free Anglo Saxons) to a veritable process of colonization, particularly cruel, but this hostility was accompanied by a very pious devotion to the cultural productions of the common people. In Ireland, this republicanism was not hostile to the homegrown and anti-establishment Catholicism of the Irish nor to the multiple remnants of pantheist paganism that was naturally and syncretically harbored in this Irish Catholicism. The representatives of this religiosity were not treated as “fanatics,” “superstitious,” or “brigands” by the Republican elites. They would not be vilified nor dragged to the guillotine or gallows.

The Celtic Enlightenment philosophers of the British Isles did not deny rootedness. On the contrary, they exalted it. Brittany, non-republican, was the victim, like the entire West, of a ferocious repression by the “infernal columns.” It largely adhered to the ancien régime, cultivating nostalgia, also because it had, in the era of the ancien régime, a “Parliament of Brittany,” that functioned in an optimal manner. The uncle of Charles De Gaulle, “Charles De Gaulle No. 1”, would be the head of a Celtic renaissance in Brittany in the 19th century, in the framework of a monarchist ideology. In the same era, the Irish independence activists struggled to obtain “Home Rule” (administrative autonomy). Among them, at the end of the 19th century, was Padraig Pearse, who created a mystic nationalism, combining anti-English Catholicism and Celtic mythology. He would pay for his unwavering commitment with his life: he would be shot following the Easter Rising of 1916. Likewise, the union leader James Connolly mixed syndicalist Marxism and the liberatory elements of Irish mythology. He would share the tragic fate of Pearse.

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The leaders of the Irish independence movement offer to political observers of all stripes an original cocktail of nationalist labor unionism, mystic Celticism, and social Catholicism, where the ideology of human rights would be mobilized against the British not in an individualist sense, featuring, for reference, a man detached from any social bond with the past, thus a man who is modeled as a “nameless apostasy from reality.” On the contrary, from the start Irish Republican ideology reasons according a vision of man that fits into into a cultural, social, and bio-ethnic whole. All that must also be the object of legal protection with a corollary that any attack, anywhere in the world, on one of these ethnic-social-cultural ensembles is an attack on a fundamental human right, the right to belong to a culture. So the rights of man, for the Irish, are inseparable from the cultures that animate and feed human societies.

After the Second World War, the Welsh would take up the cause of the Bretons pursued by the Republic, which would be condemned by the International Court of Human Rights for crimes against Breton culture: this fact is quite evidently forgotten, because it was knowingly hidden. Today, notably following the peremptory tirades of the “nouveaux philosophes,” whose path begins around 1978 and continues today, forty years later (!), with the hysterical fulminations of Bernard-Henri Lévy, the Republic sees itself as the defender par excellence of human rights: it is henceforth piquant and amusing to recall that it was condemned on a charge brought by the Welsh and Irish for crimes against a vernacular culture of the Hexagon, and consequently any politically act that ultimately infringes the rights of a people’s culture, or denies it the mere right to exist and propagate, is equally a crime liable for an equivalent sentence. So there exist other possible interpretations and applications of human rights than those that automatically treat anyone who claims an identity rooted in physical belonging as backwards or potentially fascist. Thus human rights are perfectly compatible with the right to live in a rooted, specific, and inalienable culture that ultimately has a sacred value, on soil it has literally turned for centuries. Hervé Juvin, through an original and politically relevant interpretation of the ethnological and anthropological works of Claude Lévi-Strauss and Robert Jaulin, is the one who has shown us the way to follow today in order to leave behind this deleterious atmosphere, where we are called to swear an inextinguishable hatred towards what we are deep within ourselves, to rob ourselves of what’s deep in our hearts in order to wallow in the nihilism of consumerism and political correctness.

I partially owe this Celticism,both revolutionary and identitarian, to the German activist, sociologist, and ethnologist Henning Eichberg, theorist and defender of identities everyone in the world, who expressed an analogous Celticism in a militant and programmatic work, published at the start of the 1980s, at the same time Olier Mordrel published his “Mythe de l’Hexagone.” Elsewhere, my friend Siegfried Bublies would give the title Wir Selbst to his non-conformist, national-revolutionary magazine, the German translation of the Gaelic Sinn Fein (“We Ourselves”). Bublies was the editor of Eichberg’s polemical and political texts, who passed away, alas too soon, in April 2017.

In “Pages celtiques”, I also pay homage to Olier Mordrel, the Breton combatant, and define the notion of carnal fatherland, while castigating the ideologies that want to eradicate or criminalize it.

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You’ve restarted Trans-European activities. How do you the judge the evolution of “identitarian”forces in Europe? 

No, I’ve restarted nothing at all. I’m too old. We must leave it to the youth, who are doing very well according to the criteria and divides inherent to their generation, according to modes of communication that I haven’t mastered as well as they have, such as social networks, videos on YouTube, Instagram, Facebook, or others. The institutions challenging the ambient mismanagement are multiplying at a good pace because we are experiencing a consolidated conservative revolution in relation to what it was, lying fallow, twenty or thirty years ago. It’s true that the dominant powers have not kept their promises: from the Thirty Glorious Years, we’ve passed to the Thirty Piteous Year, according to the Swiss writer Alexandre Junod, who I knew as a child and has grown up so much … And he is still optimistic, this boy: if he wrote a book, he would have to mention the “Thirty Shitty Years.” As we’ve fallen very very low. It’s really the Kali Yuga, as the traditionalists who like to mediate on Hindu or Vedic texts say. I modestly put myself in the service of new initiatives. The identitarian forces today are diverse but the common denominators between these initiatives are multiplying, quite happily. We must work for convergences and synergies (as I’ve always said…). My editor Laurent Hocq has limited himself to announcing three international colloquiums in order to promote our books in Lille, Paris, and Rome. That’s all. For my part, I will limit myself to advise initiatives like the “Synergies européennes” summer universities, even if they are very theoretical, as they allow me to encounter and adapt fruitful strategies for the years to come.

Source: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2018/05/08/m...

lundi, 21 mai 2018

Hommage à Dominique Venner

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Hommage à Dominique Venner

Cinq ans après son absence

Le 21 mai 2013, Dominique Venner choisissait la fin de son destin au cœur de la cathédrale Notre Dame de Paris. Cinq ans après son geste, nous lui rendons hommage et évoquons entre partisans de l'Europe unie son œuvre doctrinale, le sens de son acte et l'idée européenne.
 
 

mardi, 08 mai 2018

Monika Berchvok s’entretient avec Robert Steuckers

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Monika Berchvok sentretient avec Robert Steuckers

Suite à la parution de Pages celtiques aux éditions du Lore et de la trilogie Europa aux éditions Bios de Lille, Monika Berchvok a soumis l'auteur de ces ouvrages, Robert Steuckers, à un feu roulant de questions, démontrant par là même que les rebelles de la jeune génération des années 2010 entendent connaître les racines les plus anciennes de cette sourde révolte qui est en train de s'amplifier dans toute l'Europe. Monika Berchvok avait déjà interrogé Robert Steuckers lors de la parution de La Révolution conservatrice allemande aux éditions du Lore en 2014 (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/07/26/r... )

Votre parcours est d'une extrême richesse intellectuelle. Quelle est l'origine de votre engagement ?

Parler de richesse intellectuelle est certainement exagéré : je suis surtout un homme de ma génération, à qui l’on a encore enseigné le « socle », aujourd’hui, hélas, disparu des curricula scolaires. J’ai vécu mon enfance et mon adolescence dans un monde qui était encore marqué par la tradition tranquille, les mœurs et les manières qui n’étaient pas celles du monde industriel ou du secteur tertiaire, où plus l’on s’éloigne du réel tangible et concret, plus on acquiert une prétention et une arrogance démesurées face aux « ploucs », comme moi, qui restent avec leurs lourdes godasses, ancrés dans la gadoue du réel (si, si, c’est du Heidegger…). Mon père, qui n’avait pas vraiment été à l’école, sinon à l’école primaire de son village limbourgeois, ne voulait rien entendre des modes et des manies qui agitaient nos contemporains dans les années 1960 et 1970 ; « tous des fafouls », clamait-il, « fafoul » étant un terme dialectal bruxellois pour désigner les zozos et les farfelus. J’ai vécu dans un foyer sans télévision, éloigné du et hostile au petit univers médiocre de la chansonnette, des variétés et de la sous-culture yéyé ou hippy. Je remercie encore mon géniteur, 25 ans après sa mort, d’avoir pu résister à toute la mièvre abjection de ces années où le déclin a avancé à pas de géant. Sans télévision, cela va sans dire, j’ai eu beaucoup de temps pour lire. Merci Papa.

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Le 95 de la rue Berkendael aujourd'hui, la maison de mon enfance et de mon adolescence, où j'ai vécu de 1956 à 1978. C'est là que tout a commencé !

Ensuite, élève doué en primaire mais foncièrement fainéant et désespérément curieux, la seule bouée de sauvetage, pour ne pas finir clodo ou prolo, était l’apprentissage des langues à un bon niveau puisque, Bruxellois, je vivais dans une rue où l’on parlait les trois langues nationales (et leurs variantes dialectales), avec, en plus, le russe des quelques anciens officiers blancs et de leur enfants échoués en notre bonne ville. Avec cette pluralité linguistique, la tâche était dès lors à moitié mâchée. Clément Gstadler, un voisin, vieil instituteur alsacien, qui avait échoué en Belgique, me disait, coiffé de son éternel chapeau traditionnel du pays de Thann et avec un accent tudesque à couper au couteau : « Mon garçon, on est autant de fois homme que l’on connait de langues ». Fort de cette tirade martelée par Gstadler, je me suis donc inscrit, à dix-huit ans, en philologie germanique puis à l’école des traducteurs-interprètes.

L’origine de mon engagement est la volonté de rester fidèle à tous ces braves gens que l’on considèrerait aujourd’hui comme anachroniques. Sur leurs certitudes, battues en brèche, il fallait ériger un dispositif défensif, que l’on espérait toujours devenir un jour offensif, reposant sur des postulats diamétralement opposés aux hystéries des branchés, construire en nos cœurs une forteresse alternative, inexpugnable, que l’on était bien décidé à ne jamais rendre. 

Comment définir votre combat métapolitique ?

Dilthey, que les alternatifs de notre genre ne connaissent hélas pas assez, a partiellement construit son système philosophique sur une idée fort simple : « on ne définit que ce qui est mort, que les choses et les faits dont le temps est définitivement achevé ». Ce combat n’est pas achevé puisque je ne suis pas encore passé de vie à trépas, sans doute pour contrarier ceux que ma rétivité déplait. Il est évident, qu’enfant des années 1950 et 1960, mes premières années de vie se sont déroulées à une époque où l’on voulait tout balancer aux orties. C’est bien entendu une gesticulation que je trouvais stupide et inacceptable.

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Marcel Decorte: il a forgé le terme de "dissociété", plus actuel que jamais !

Rétrospectivement, je puis dire que je sentais bien, dans ma caboche de gamin, que la religion foutait le camp dès qu’elle avait renoncé et au latin et à l’esprit de croisade, très présent en Belgique, même chez des auteurs tranquilles, paisibles, comme un certain Marcel Lobet, totalement oublié aujourd’hui, sans doute à cause de la trop grande modération de ses propos, pourtant tonifiants au final pour ceux qui savaient les capter en leur sens profond. Le philosophe Marcel Decorte, à l’époque, constate que la société se délite et qu’elle va basculer dans la « dissociété », terme que l’on retrouve aujourd’hui, même dans certains cénacles de gauche, pour désigner l’état actuel de nos pays, laminés par les vagues successives de « négationnisme civilisationnel », telles le soixante-huitardisme, la nouvelle philosophie, le pandémonium néo-libéral ou le gendérisme, tous phénomènes « dissociaux », ou vecteurs de « dissocialité », qui convergent aujourd’hui dans l’imposture macroniste, mixte de tous ces funestes délires, sept décennies après l’ouverture de la Boîte de Pandore. Le combat métapolitique doit donc être un combat qui montre sans cesse la nature perverse de tous ces négationnismes civilisationnels et surtout qui dénonce continuellement les officines, généralement basées au-delà de l’Atlantique, qui les fabriquent pour affaiblir les sociétés européennes et pour créer une humanité nouvelle, totalement formatée selon des critères « dissociaux », négateurs du réel tel qu’il est (et qui ne peut être autrement, comme le remarquait un philosophe pertinent, Clément Rosset, malheureusement décédé au cours de ces dernières semaines). Pour énoncer une métaphore à la mode antique, je dirais qu’un combat métapolitique, dans notre sens, consiste, comme le disait l’européiste Thomas Ferrier de Radio Courtoisie, à ramener tous ces négationnismes dans la Boite de Pandore, dont ils ont jailli, puis de bien la refermer.

Vous évoquez dans vos récents travaux « le bio-conservatisme ». Que recouvre ce terme ?

Louis_de_Bonald_by_Julien_Léopold_Boilly.jpgJe n’ai pas évoqué le « bio-conservatisme ». Mon éditeur, Laurent Hocq des Editions Bios, estime que c’est une piste qu’il va falloir explorer, justement pour combattre les « négationnismes civilisationnels », notamment tous les éléments qui nient la corporéité de l’homme, son inné phylogénétique et son ontologie. Pour moi, un bio-conservatisme bien conçu doit remonter à la sociologie implicite que Louis de Bonald esquissait au 19ème siècle, en critiquant les dérives individualistes des Lumières et de la révolution française. Le romantisme, dans ses dimensions qui ne sont ni éthérées ni larmoyantes, insiste sur l’organicité, vitaliste et biologique, des faits humains et sociaux. Il faut coupler ces deux filons philosophiques –le réalisme conservateur traditionnel et le romantisme organique-  et les brancher ensuite sur les acquis plus récents et mieux étayés scientifiquement que sont la biocybernétique et la théorie des systèmes, tout en ne basculant pas dans une ingénierie sociale perverse comme le voulait l’Institut Tavistock, dont le « complotiste » David Estulin, aujourd’hui installé en Espagne, a investigué le rôle cardinal dans l’élaboration de toutes les formes de lavage de cerveau que nous subissons depuis plus d’une soixantaine d’années. Les « tavistockiens » avaient fait usage de la biocybernétique et de la théorie des systèmes pour imposer une culture « dépolitisante » à tout le monde occidental. Ces disciplines peuvent parfaitement être mobilisées, aujourd’hui, pour faire advenir une culture « re-politisée ». C’est ce travail de mobilisation métapolitique que Laurent Hocq veut amorcer avec moi. Il va falloir que je remobilise des personnes compétentes en ces domaines pour parfaire la tâche.

En bout de course, repenser un « bio-conservatisme », n’est ni plus ni moins une volonté de restaurer, le plus vite possible, une société « holiste » au meilleur sens du terme, c’est-à-dire une société qui se défend et s’immunise contre les hypertrophies fatidiques qui nous conduisent à la ruine, à la déchéance : hypertrophie économique, hypertrophie juridique (le pouvoir des juristes manipulateurs et sophistes), hypertrophie du secteur tertiaire, hypertrophie de la moraline désincarnée, etc.

Le localisme est aussi une thématique qui revient souvent dans vos derniers livres. Pour vous le retour au local a une dimension identitaire, mais aussi sociale et écologique ?

Le localisme ou les dimensions « vernaculaires » des sociétés humaines qui fonctionnent harmonieusement, selon des rythmes immémoriaux, sont plus que jamais nécessaires à l’heure où un géographe avisé comme Christophe Guilluy constate la déchéance de la « France d’en-bas », des merveilleuses petites villes provinciales qui se meurent devant nos yeux car elles n’offrent plus suffisamment d’emplois locaux et parce que leurs tissus industriels légers ont été délocalisés et dispersés aux quatre coins de la planète.

L’attention au localisme est une nécessité urgente, de nos jours, pour répondre à un mal terrifiant qu’a répandu le néo-libéralisme depuis l’accession de Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne et depuis toutes les politiques funestes que les imitateurs de cette « Dame de fer » ont cru bon d’importer en Europe et ailleurs dans le monde. 

Le refus du « grand remplacement » migratoire passe par une compréhension des mouvements des immigrations à l'époque de la mondialisation totale. Comment renverser la tendance des flux migratoires ?

En ne les acceptant pas, tout simplement. Nous sommes une phalange de têtus et il faut impérativement que notre entêtement devienne contagieux, prenne les allures d’une pandémie planétaire.

Cependant, quand vous évoquez le fait qu’il faille « une compréhension des mouvements des immigrations », vous soulignez indirectement la nécessité de connaître à fond les contextes dont ces migrants sont issus. Depuis un demi-siècle, et même plus car mai 68 a des antécédents dans les deux décennies qui l’ont précédé, nous sommes gavés d’une culture de pacotille, faite de variétés ineptes, qui occupent nos cerveaux à des spectacles chronophages et les empêchent de se concentrer sur des choses aussi réelles qu’essentielles. Un bon Etat est un Etat qui s’enquiert des forces à l’œuvre dans le monde. Que les flux migratoires soient acceptés ou non, tout Etat-hôte, animé par une vision saine des choses, devrait dresser une cartographie économique, ethnique et sociale des populations issues des pays d’émigration.

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Pour l’Afrique, cela signifie connaître l’état de l’économie de chaque pays exportateur de migrants, l’éventuel système de kleptocratie qui y règne, les composantes ethniques (et les conflits et alliances qui en découlent), l’histoire de chacun de ces phénomènes politiques ou anthropologiques, etc. Ce savoir doit alors être livré par une presse honnête aux citoyens de nos pays, afin qu’ils puissent juger sur des pièces crédibles et non pas être entraînés à voter suite à une inlassable propagande assénée à satiété et reposant sur des slogans sans consistance.

Pour la Syrie, il aurait fallu, avant que les flots de réfugiés ne se déversent en Europe, connaître de manière bien plus précise les structures religieuses et tribales du pays : en effet, les médias, généralement incultes et tributaires de la « culture de pacotille » imposée depuis des décennies, ont découvert des clivages syriens qu’ils avaient ignorés jusqu’alors. Une poignée seulement d’entre nous avait une notion claire de qui étaient les Alaouites ou les Yézidis, savait que les communautés chrétiennes syriennes étaient traversées par des clivages compliqués, connaissait l’alliance tacite qui unissait ces Alaouites aux Chiites duodécimains, comprenait que l’ennemi principal du système politique baathiste était les frères musulmans, déjà fauteurs des terribles désordres de 1981-1982 qui avaient ravagé la Syrie au temps d’Hafez el-Assad, père du Président actuel. Bref, le grand public ne savait rien de la complexité syrienne. Le seul os qu’il avait à ronger était le slogan qui décrétait qu’Assad était un horrible monstre, juste bon à être éliminé par des sicaires fondamentalistes ou des bombes américaines.

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Pour l’Afrique, le seul moyen de réduire les flots de réfugiés, réels ou seulement économiques, aurait été de mettre un terme aux régimes manifestement trop kleptocratiques, de manière à pouvoir fixer les populations sur leur sol d’origine en infléchissant les sommes détournées vers des investissements infrastructurels. En certains cas bien précis, cela aurait aussi dû passer par un retour à une économie agricole vivrière et à un abandon partiel et bien régulé des monocultures qui ne parviennent pas à nourrir correctement les populations, surtout celles qui ont opté pour les exodes ruraux vers les villes et les bidonvilles tentaculaires, comme, par exemple, ceux du Nigéria.

Pour la Syrie, il aurait fallu établir un filtre pour trier les réfugiés mais cela aurait, ipso facto, privilégié les communautés musulmanes ou chrétiennes, alliés au régime, au détriment des strates qui lui sont hostiles et qui sont aussi nettement moins intégrables à nos sociétés européennes, puisque le salafisme qui les anime est viscéralement hostile à toutes les formes de syncrétismes et à toutes les cultures qui ne lui correspondent pas à 100%. En outre, en règle générale, la réception de flots migratoires en provenance de pays où sévissent de dangereuses mafias n’est nullement recommandable même si ces pays sont européens comme la Sicile, le Kosovo, l’Albanie ou certains pays du Caucase. Toute immigration devrait être passée au crible d’une grille d’analyse anthropologique bien établie et ne pas être laissée au pur hasard, à la merci d’une « main invisible » comme celle dont toutes les canules libérales attendent la perfection en ce bas monde. Le non discernement face aux flux migratoires a transformé cette constante de l’histoire humaine, dans ses manifestations actuelles, en une catastrophe aux répercussions imprévisibles car, à l’évidence, ces flux ne nous apporteront pas une société meilleure mais induiront un climat délétère de conflits inter-ethniques, de criminalité débridée et de guerre civile larvée.

Renverser la tendance des flux migratoires se fera quand on mettra enfin en œuvre un programme de triage des migrations, visant le renvoi des éléments criminels et mafieux, des déséquilibrés relevant de la psychiatrie (que l’on expédie délibérément chez nous, les infrastructures capables de les accueillir étant inexistantes dans leurs patries d’origine), des éléments politisés qui cherchent à importer des conflits politiques qui nous sont étrangers. Une telle politique sera d’autant plus difficile à traduire dans la réalité quotidienne que la masse importée de migrants sera trop importante. On ne pourra alors la gérer dans de bonnes conditions.

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Vous avez connu Jean Thiriart. Sa vision politique d'une « Grande Europe » vous semble-t-elle encore actuelle ?

Jean Thiriart était d’abord, pour moi, un voisin, un homme qui vivait dans mon quartier. J’ai pu constater que derrière le sexagénaire costaud et bourru se cachait un cœur tendre mais meurtri de voir l’humanité basculer dans le ridicule, la trivialité et la veulerie. Je n’ai pas connu le Thiriart activiste puisque je n’avais que douze ans quand il a abandonné son combat politique à la fin des années 1960. Ce combat, qui s’est étendu sur une petite décennie à partir de l’abandon du Congo par la Belgique en 1960 et suite à l’épilogue tragique de la guerre d’Algérie pour les Français, deux ans plus tard. Thiriart était mu par une idée générale bien affirmée : abolir le duopole de Yalta, qui rendait l’Europe hémiplégique et impuissante, et renvoyer dos à dos Américains et Soviétiques pour que les Européens puissent se développer en toute indépendance. Il appartenait à une génération qui avait abordé la politique, très jeune, à la fin des années 1930 (émergence du rexisme, du Front Populaire, guerre d’Espagne, purges staliniennes, Anschluss, fin de la Tchécoslovaquie née à Versailles), a vécu la seconde guerre mondiale, la défaite de l’Axe, la naissance de l’Etat d’Israël, le coup de Prague et le blocus de Berlin en 1948, la Guerre de Corée et la fin du stalinisme.

Deux événements ont certainement contribué à les ramener à un européisme indépendantiste, différent en ses sentiments de l’européisme professé par les idéologues de l’Axe : la révolte hongroise de 1956 et la campagne de Suez, la même année, celle de ma naissance (en janvier). L’Occident, soumis à Washington, n’a rien fait pour secourir les malheureux Hongrois. Pire, lors de l’affaire de Suez, les Américains et les Soviétiques imposent aux Français et aux Britanniques de se retirer inconditionnellement du théâtre opérationnel égyptien. Thiriart, et bon nombre de ses compagnons, temporaires ou non, constatent que le duopole n’a nulle envie de s’autodissoudre ni même de se combattre, de modifier dans un sens ou dans l’autre le tracé du Rideau de Fer qui mutile l’Europe en son beau milieu, de tolérer une affirmation géopolitique quelconque de la part de puissances européennes (fussent-elles membres du conseil de sécurité de l’ONU comme la France et le Royaume-Uni). La décolonisation du Congo a également montré que les Etats-Unis n’étaient nullement prêts à soutenir la présence belge en Afrique centrale, en dépit du fait que l’uranium congolais avait servi à asseoir la suprématie nucléaire de Washington depuis les bombes atomiques fabriquées pour mettre le Japon à genoux en 1945. L’abandon du Congo et surtout du Katanga ont créé une animosité anti-américaine en Belgique, vague sur laquelle va surfer Thiriart. Pour la petite histoire, le frère d’Hergé fut le seul militaire belge à ne pas se dégonfler et à manifester une hostilité arrogante aux militaires de l’ONU venus prendre le contrôle de sa base congolaise.

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Une unité de chasseurs ardennais au Congo, 1960.

De fil en aiguille, Thiriart créera le fameux mouvement « Jeune Europe » qui injectera bien des innovations dans le discours d’un milieu activiste et contestataire de l’ordre établi que l’on pouvait classer au départ à l’extrême-droite dans ses formes conventionnelles, petites-nationalistes ou poujadistes. Les « habitus » de l’extrême-droite ne plaisaient pas du tout à Thiriart qui les jugeait improductifs et pathologiques. Lecteur des grands classiques de la politique réaliste, surtout Machiavel et Pareto, il a voulu créer une petite phalange hyper-politisée, raisonnant au départ de critères vraiment politiques et non plus d’affects filandreux, ne produisant que de l’indiscipline comportementale. Cet hyper-réalisme politique impliquait de penser en termes de géopolitique, d’avoir une connaissance de la géographie générale de la planète. Ce vœu s’est réalisé en Italie seulement, où la revue Eurasia de son disciple et admirateur Claudio Mutti est d’une tenue remarquable et a atteint un degré de scientificité très élevé.

Pour contourner la césure de Yalta, Thiriart estimait qu’il fallait chercher des alliés de revers en Méditerranée et à l’Est de la vaste masse territoriale soviétique : d’où sa tentative de dialoguer avec des nationalistes nassériens arabes et avec les Chinois de Chou En Lai. La tentative arabe reposait sur une vision méditerranéenne précise, incomprise par les militants belges et très bien captée, au contraire, par ses disciples italiens : cette mer intérieure devait être dégagée de toute tutelle étrangère selon Thiriart. Il reprochait aux diverses formes de nationalismes en Belgique de ne pas comprendre les enjeux méditerranéens, ces formes étant davantage tournées vers l’Allemagne ou les Pays-Bas, l’Angleterre ou les pays scandinaves, tropisme « nordique » oblige. Son raisonnement sur la Méditerranée ressemblait à celui que Victor Barthélémy, adjoint de Doriot et lui aussi ancien communiste, mentionne comme le sien et celui de Mussolini dans ses mémoires. Thiriart dérivait très probablement sa vision de la géopolitique méditerranéenne d’un sentiment d’amertume suite à l’éviction de l’Angleterre et de la France hors de l’espace méditerranéen après l’affaire de Suez en 1956 et après la guerre d’Algérie.

nasser.jpgAvec les Arabes, les Européens, selon Thiriart, partageaient un destin méditerranéen commun qui ne pouvait pas être oblitéré par les Américains et leurs pions sionistes. Même si les Français, les Anglais et les Italiens étaient chassés du littoral nord-africain arabophone, les nouveaux Etats arabes indépendants ne pouvaient renoncer à ce destin méditerranéen qu’ils partageaient avec les Européens non musulmans, massés sur la rive septentrionale. Pour Thiriart, les eaux de la Grande Bleue unifient et ne posent aucune césure. Il fallait, de ce fait, favoriser une politique de convergence entre les deux espaces civilisationnels, pour la défense de la Méditerranée contre l’élément étranger à cet espace, qui s’y immisçait et que constituait la flotte américaine commandée depuis Naples.

L’idée de s’allier avec la Chine contre l’Union Soviétique visait à obliger celle-ci à lâcher du lest en Europe pour affronter les masses chinoises sur le front du fleuve Amour. Le double projet de parier sur les Arabes nassériens et sur les Chinois a marqué les dernières années de l’activité politique de Thiriart. Les années 1970 sont, pour lui, des années de silence ou plutôt des années où il s’immerge dans la défense de son créneau professionnel, à savoir l’optométrie. Quand il revient sur la brèche au début des années 1980, il est quasi oublié des plus jeunes et éclipsé par d’autres filons politiques et métapolitiques ; qui plus est, la donne a considérablement changé : les Américains ont fait alliance avec les Chinois en 1972 et, dès lors, ces derniers ne peuvent plus constituer un allié de revers. Comme d’autres, dans leur propre coin et sans concertation, tels Guido Giannettini et Jean Parvulesco, il élabore un projet euro-soviétique ou euro-russe que le régime d’Eltsine ne permettra pas de concrétiser. Il rencontre Alexandre Douguine en 1992, visite Moscou, rencontre des « rouges-bruns » mais meurt inopinément en novembre de la même année.

Ce qu’il faut retenir de Thiriart, c’est l’idée d’une école des cadres formées aux principes émis par la philosophie politique pure et à la géopolitique. Il faut aussi retenir l’idée d’une Europe comme espace géostratégique et militaire unique. C’est l’enseignement de la seconde guerre mondiale : la Westphalie se défend sur les plages de Normandie, la Bavière sur la Côte d’Azur et le cours du Rhône, Berlin à Koursk. Les moteurs ont permis le rétrécissement considérable de l’espace stratégique tout comme ils ont permis la Blitzkrieg de 1940 : avec un charroi hippomobile, aucune armée ne pouvait atteindre Paris depuis la Lorraine ou le Brabant. Les échecs de Philippe II après la bataille de Saint-Quentin le prouvent ; Götz von Berlichingen ne dépassera jamais Saint-Dizier ; les Prussiens et les Autrichiens ne dépassent pas Valmy et les armées du Kaiser sont arrêtées sur la Marne. Seule exception : l’entrée des alliés à Paris après la défaite de Napoléon à Leipzig. Les Etats-Unis sont désormais l’unique superpuissance, même si le développement d’armements nouveaux et l’hypertrophie impériale, qu’ils se sont imposée par démesure irréfléchie, battent lentement en brèche cette force militaire colossale, défiée récemment par les capacités nouvelles des missiles russes et peut-être chinois. L’indépendance européenne passe par une sorte de vaste front du refus, par une participation à d’autres synergies que celles voulues par Washington, comme le voulait aussi Armin Mohler. Ce refus érodera lentement mais sûrement la politique suprématiste des Américains et rendra finalement le monde « multipolaire ». La multipolarité est l’objectif à viser comme le voulait sans doute Thiriart mais aussi Armin Mohler et comme le veulent, à leur suite, Alexandre Douguine, Leonid Savin et votre serviteur.   

Trois auteurs allemands semblent vous avoir particulièrement marqué : Ernst Jünger, Carl Schmitt et Günter Maschke. Que conservez-vous de leurs pensées ?

En fait, vous me demandez d’écrire un livre… J’admire les écrits politiques du jeune Jünger, rédigés au beau milieu des effervescences des années 1920 comme j’admire aussi ses récits de voyage, ses observations en apparence banales qui ont fait dire à quelques jüngeriens, exégètes de son œuvre, qu’il était un « Augenmensch », littéralement un « homme d’yeux », un homme qui arraisonne le monde de la nature et des formes (culturelles, architecturales, …) par le regard, par un regard pénétrant qui porte bien au-delà de la surface des choses vues et perçoit les règles et les rythmes de leur intériorité.

Je sortirai très bientôt un ouvrage copieux mais qui ne sera certainement pas exhaustif sur Carl Schmitt. Je tiens à rappeler ici que Carl Schmitt écrit ses premiers textes pertinents à l’âge de seize ans et couche sur le papier son dernier texte fondamental à 91 ans. Nous avons donc une œuvre colossale qui s’étend sur trois quarts de siècle. Carl Schmitt est le théoricien de beaucoup de choses mais on retient essentiellement de lui l’idée de décision et l’idée de « grand espace ». Mon ouvrage, à paraître aux éditions du Lore, montrera le rapport de Schmitt à l’Espagne, la nature très particulièrement de son catholicisme romain dans le contexte des débats qui ont animé le catholicisme allemand, son pari pour la Terre contre la Mer, etc.

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Günter Maschke, sur le siège de son appartement d'où il émet ses réflexions puissantes sur la pensée de Carl Schmitt, d'où il récite par coeur les plus beaux poèmes de Gottfried Benn et d'où il brocarde tous les esprits impolitiques !

Parler de Günter Maschke m’intéresse davantage dans le cadre du présent entretien. J’ai connu Günter Maschke à la Foire du Livre de Francfort en 1984, puis lors d’un petit colloque organisé à Cologne en 1985 par des lycéens et des étudiants inféodés au Gesamtdeutscher Studentenverband, une association qui entendait chapeauter les organisations étudiantes qui, à l’époque, oeuvraient à la réunification du pays. Maschke est un ancien animateur tonitruant et pétulant des années activistes de 1967 et 1968 à Vienne, dont il sera expulsé pour violences de rue. Pour échapper à la prison en RFA, parce qu’il était déserteur, il réussira, via le collectif français « Socialisme ou Barbarie » à être discrètement exfiltré vers Paris d’abord, Cuba ensuite. Il s’installera dans la république insulaire et castriste des Caraïbes et y rencontrera Castro qui lui fit faire un tour de l’île pour lui montrer « ses » champs de canne à sucre et toutes « ses » propriétés agricoles. Maschke, qui ne peut tenir sa langue, lui a rétorqué : « Mais tu es le plus grand latifundiste d’Amérique latine ! ». Vexé, le lider maximo n’a pas reconduit son droit d’asile et Maschke s’est retrouvé à la case départ, c’est-à-dire dans une prison ouest-allemande pendant treize mois, le temps d’un service militaire refusé, comme le voulait la loi. En prison, il découvre Carl Schmitt et son disciple espagnol Donoso Cortès et, dans l’espace étroit de sa cellule, il trouve son chemin de Damas.

Beaucoup d’activistes de 67-68 en Allemagne tourneront d’ailleurs le dos aux idéologies qu’ils avaient professées ou instrumentalisées (sans trop y croire vraiment) dans leurs années de jeunesse : Rudi Dutschke était, au fond un nationaliste luthérien anti-américain ; ses frères ont donné des entretiens au journal néo-conservateur berlinois Junge Freiheit, et non à la presse gauchiste habituelle, celle qui répète les slogans d’hier sans se rendre compte qu’elle bascule dans l’anachronisme et le ridicule ; Frank Böckelmann, que Maschke m’a présenté lors d’une Foire du Livre, venait du situationnisme allemand et n’a plus cessé de fustiger ses anciens camarades dont l’antipatriotisme, dit-il, est l’indice d’une « fringale de limites », d’une volonté de s’autolimiter et de s’automutiler politiquement, de pratiquer l’ethno-masochisme. Klaus Rainer Röhl, aujourd’hui nonagénaire, fut l’époux d’Ulrike Meinhof, celle qui, avec Baader, sombrera dans le terrorisme. Röhl, lui aussi, se rapprochera des nationalistes alors que ce sont les articles d’Ulrike Meinhof dans sa revue konkret qui déclencheront les premières bagarres berlinoises lors de la venue du Shah d’Iran.

Baaderfilm.jpgLe film d’Uli Edel consacré à la « Bande à Baader » (2008) montre aussi le glissement graduel du « complexe » terroriste en RFA, qui part d’un anti-impérialisme idéaliste et irraisonné, débridé et hystérique, mais parfois juste dans certaines de ses analyses, pour déboucher sur un terrorisme encore plus radical mais au service, finalement, de l’impérialisme américain : dans son film, Edel montre très clairement le jeu, notamment quand Baader, déjà arrêté et jugé, s’entretient avec le chef des services de police, et lui explique que la deuxième génération des terroristes n’obéit plus aux mêmes directives, surtout pas aux siennes. La deuxième génération des terroristes, alors que Meinhof, Baader et Ensslin (par ailleurs belle-sœur de Maschke !) étaient emprisonnés et non encore suicidés, assassine des hommes d’Etat ou des décisionnaires économiques qui voulaient justement mener des politiques en contradiction avec la volonté des Etats-Unis et émanciper la RFA de la tutelle pesante que Washington faisait peser sur elle. Ce glissement explique aussi l’attitude prise par Horst Mahler, avocat de Baader et partisan, en son temps, de la lutte armée. Lui aussi passera au nationalisme à sa sortie de prison, un nationalisme fortement teinté de luthérianisme, et retournera en prison pour « révisionnisme ». Aux dernières nouvelles, il y croupirait toujours.

Au début des années 1980, Maschke est éditeur à Cologne et publie notamment des ouvrages de Carl Schmitt (La Terre et la Mer), de Mircea Eliade, de Pierre Drieu la Rochelle, d’Agnès Heller et de Régis Debray. Chaque année, en octobre quand se tenait la fameuse Foire du Livre de Francfort, Maschke, qui trouvait que j’avais une bonne bouille de jeune réac’ imperturbable, me faisait dresser par Sigi, son inoubliable épouse qui nous a quittés trop tôt, un lit de camp au beau milieu de son bureau prestigieux, où se trouvaient les plus beaux fleurons de sa bibliothèque. C’est ainsi que chaque année, de 1985 à 2003, j’ai fréquenté le « salon Maschke », où passaient des personnalités aussi prestigieuses que l’écrivain conservateur et catholique Martin Mosebach ou le philosophe grec du politique Panajotis Kondylis, l’ex-situ Franck Böckelmann ou le polémologue suisse Jean-Jacques Langendorf. Ces soirées étaient, je dois l’avouer, bien arrosées ; on y chantait et déclamait des poèmes (Maschke aime ceux de Gottfried Benn), la rigolade était de rigueur et les oreilles de bon nombre de sots et de prétentieux ont dû siffler tant ils ont été brocardés. J’ai hérité de Maschke un franc-parler, qui m’a souvent été reproché, et il a largement contribué à consolider en moi la verve moqueuse des Bruxellois, celle que je dois à mon oncle Joseph, le frère de ma mère, lanceur de bien verts sarcasmes.

Sur la photo, Joshka Fischer, devenu ministre hessois, prête serment en baskets.

Joschka-Fischer-Turnschuhe.pngJe ne saurais clore ce paragraphe sans rappeler la rencontre fortuite entre Maschke et Joschka Fischer, l’année où ce dernier était devenu ministre du Land de Hesse, première étape qui le conduira à devenir le ministre allemand des affaires étrangères qui a fait participer son pays à la guerre contre la Serbie. Fischer déambulait dans les longs couloirs de la Foire du Livre. Maschke fond sur lui et s’en va lui tâter et pétrir le ventre, bien dodu, en lançant à la cantonade : « Eh bien, camarade Fischer, ça engraisse son homme de devenir ministre ». S’ensuivit une logorrhée de propos acerbes déversés sur le petit Fischer qui regardait ses baskets (son image de marque à l’époque, pour faire « cool ») et bafouillait des excuses qui n’en étaient pas. En le grondant comme s’il n’était qu’un sale mioche, Maschke lui prouvait que son néonationalisme à lui, schmittien, était dans la cohérence anti-impérialiste des années 67-68, tandis que l’alignement de Fischer en était la honteuse trahison. L’avenir lui donnera amplement raison : Fischer, ancien Krawallo violent du gauchisme hessois, deviendra un vil valet de l’impérialisme américain et capitaliste ; les propos dithyrambiques qu’il a prononcés ces dernières semaines pour faire l’éloge de la Chancelière Merkel ne font qu’accentuer cet amer sentiment de trahison. Ces remarques valent évidemment pour Daniel Cohn-Bendit, aujourd’hui belliciste à la solde de Washington. Jean-François Kahn, dans un entretien accordé très récemment à la Revue des deux mondes, parle de lui comme d’un soixante-huitard devenu néocon à la mode des anciens trotskistes de la Côte Est.

Photo: Gudrun Ensslin rejette son passé rigoriste protestant, tout comme le faisait le mouvement provo hollandais.

EnsslinGudrunnude.jpgDans sa quête après son retour de Cuba et son séjour dans un lugubre ergastule bavarois, Maschke, à la différence de Mahler par exemple ou de la famille de Dutschke, évoluera, avec Schmitt et Donoso, vers un catholicisme baroque et joyeux, fortement teinté d’hispanisme et rejettera la violence crispée, protestante et néo-anabaptiste qui avait si nettement marqué les révolutionnaires extra-parlementaires allemands des années 1960. Pour lui comme pour le cinéaste Edel, les sœurs Ensslin, par exemple, étaient excessivement marquées par l’éducation rigoriste et hypermoraliste, propre à leur milieu familial protestant, ce qui lui paraissait insupportable après son séjour à Cuba et ses voyages en Espagne. Aussi parce que Gudrun Ensslin basculait dans un goût morbide pour une sexualité débridée et promiscuitaire, résultat d’un rejet du puritanisme protestant que met bien en exergue le film d’Edel. La critique maschkienne de l’antichristianisme de la nouvelle droite (française) se résume, à son habitude, par quelques bons mots : ainsi, répétait-il, « ce sont des gars qui ont lu simultanément Nietzsche et Astérix puis, de ce mixte, ont fabriqué un système ». Pour lui, l’antichristianisme de Nietzsche était une hostilité aux rigueurs du protestantisme de la famille de pasteurs prussiens dont était issu le philosophe de Sils-Maria, attitude mentale qu’il est impossible de transposer en France, dont la tradition est catholique, Maschke ne prenant pas en compte la tradition janséniste.

Ces anecdotes pour montrer que toute attitude politique doit retomber dans une sorte de réalisme aristotélicien.

Vous revenez dans votre livre, « Pages celtiques », sur l’apport du monde celte à notre civilisation continentale. Que gardons-nous de « gaulois » dans notre identité européenne ? Vous revenez sur le mouvement nationaliste irlandais et écossais longuement. Quelles leçons devons-nous tirer de leurs longues luttes ?

Dans Pages celtiques, j’ai voulu, pour l’essentiel, souligner trois choses : premièrement, la disparition de toutes les références culturelles et linguistiques celtiques est le résultat de la romanisation des Gaules ; cette romanisation fut apparemment rapide au sein des élites mais plus lente dans les sphères de la culture populaire, où elles ont résisté pendant cinq ou six siècles. La culture vernaculaire est restée de langue celtique jusqu’à l’arrivée des Germains, des Francs, qui prenaient le relais des Romains. On peut affirmer que la religiosité populaire est restée celle des « paysans éternels » (Mircea Eliade) et qu’elle est demeurée plus ou moins celle dont les Celtes pratiquaient les rituels. Cette religiosité de la glèbe est demeurée intacte sous le vernis chrétien, religion des élites seules au départ. Les dei loci, les dieux des lieux, sont tout simplement devenus des saints ou des madones, nichées dans les troncs des chênes ou placées aux carrefours ou près des sources. La « dé-celtisation », l’éradication de la religion des « paysans éternels », s’est opérée sous les coups de la modernité, avec la généralisation de la télévision et… avec Vatican II. Ce que les Français ont encore de « gaulois », a été mis en sommeil : c’est une jachère qui attend un réveil. Notre fond, en Belgique, a été, lui, profondément germanisé et romanisé, dans le sens où les Eburons, les Aduatuques et les Trévires étaient déjà partiellement germanisés du temps de César et où les tribus germaniques ingwéoniennes installées ultérieurement dans la vallée de la Meuse ont été au service de Rome et rapidement latinisées.

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Statue de Colomban à Luxeuil-les-Bains.

Deuxièmement, l’apport celtique est également chrétien dans le sens où, à la fin de l’ère mérovingienne et au début de l’ère pippinide/carolingienne, les missions chrétiennes ne sont pas seulement téléguidées par Rome ; elles sont aussi irlando-écossaises avec Saint Colomban qui s’installe à Luxeuil-les-Bains, ancien site thermal gaulois puis romain. La Lorraine, l’Alsace, la Franche-Comté, la Suisse, le Wurtemberg, la Bavière, le Tyrol et une partie de l’Italie du Nord reçoivent le message chrétien non pas d’apôtres venus du Levant ou de missionnaires mandatés par Rome mais par des moines et des ascètes irlando-écossais qui proclament un christianisme plus proche de la religiosité naturelle des autochtones, avec quelques dimensions panthéistes, tout en préconisant le recopiage à grande échelle des manuscrits antiques, grecs et latins. Le syncrétisme chrétien, celtique et gréco-latin, qu’ils nous ont proposé, reste le fondement de notre culture européenne et toute tentative d’ôter ou d’éradiquer l’un de ces éléments serait une mutilation inutile voire perverse, qui déséquilibrerait en profondeur les assises de nos sociétés. Le moralisme béat et niais, propre à l’histoire récente de l’Eglise et à sa volonté de se « tiers-mondiser », a d’ailleurs ruiné toute la séduction que la religion pouvait exercer sur les masses populaires. Ne pas tenir compte du vernaculaire (celtique ou autre) et ne plus défendre à tout prix l’héritage des humanités classiques (avec la philosophie politique d’Aristote) ont éloigné et les masses et les élites intellectuelles et politiques de l’Eglise. Les paroisses ont perdu leurs ouailles : en effet, qu’avaient-elles à gagner à entendre répéter ad nauseam le prêchi-prêcha sans épaisseur qu’on leur propose désormais ?

Photo: statue du révolutionnaire irlandais Wolfe Tone à Dublin. 

WolfeToneStatue.JPGTroisièmement, au 18ième siècle, les Lumières politiques irlandaises, écossaises et galloises sont certes hostiles à l’absolutisme, réclament des formes nouvelles de démocratie, revendiquent une participation populaire aux choses publiques et appellent à un respect par les élites des cultures vernaculaires. Le républicanisme éclairé des Irlandais, Gallois et Ecossais, est hostile à la monarchie anglaise qui a soumis les peuples celtiques et le peuple écossais (mixte de Celtes, de Norvégiens et d’Anglo-Saxons libres) à un véritable processus de colonisation, particulièrement cruel, mais cette hostilité s’accompagne d’un culte très pieux voué aux productions culturelles du petit peuple. En Irlande, ce républicanisme n’est pas hostile au catholicisme foncier et contestataire des Irlandais ni aux multiples résidus du paganisme panthéiste que recèle naturellement et syncrétiquement ce catholicisme irlandais. Les représentants de cette religiosité ne sont pas traités de « fanatiques », de « superstitieux » ou de « brigands » par les élites républicaines. Ils ne sont pas voués aux gémonies ni traînés à la guillotine ou à la potence.

Les Lumières celtiques des Iles Britanniques ne renient pas les enracinements. Au contraire, elles les exaltent. La Bretagne, non républicaine, est victime, comme tout l’Ouest, d’une répression féroce par les « colonnes infernales ». Elle adhère dès lors en gros à l’ancien régime, en cultive la nostalgie, aussi parce qu’elle avait, à l’époque, un « Parlement de Bretagne » qui fonctionnait de manière optimale. L’oncle de Charles De Gaulle, le « Charles De Gaulle n°1 », sera le maitre d’œuvre d’une renaissance celtique en Bretagne au 19ième siècle, dans le cadre d’une idéologie monarchiste. A la même époque, les indépendantistes irlandais luttaient pour obtenir le « Home Rule » (l’autonomie administrative). Parmi eux, à la fin du 19ième siècle, il y avait Padraig Pearse qui créera un nationalisme mystique, alliant catholicisme anti-anglais et mythologie celtique. Il paiera de sa vie son engagement indéfectible : il sera fusillé suite au soulèvement de Pâques 1916. De même le chef syndicaliste James Connolly, mêlera marxisme syndicaliste et éléments libertaires de la mythologie irlandaise. Il partagera le sort tragique de Pearse.

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James Connolly.

Les leaders de l’Irlande indépendante offriront aux observateurs politiques de tous horizons un cocktail original de syndicalisme nationaliste, de celtisme mystique et de catholicisme social, où l’idéologie des droits de l’homme sera mobilisée contre les Britanniques non pas dans un sens individualiste, avec, pour référence, un homme détaché de tout lien social, de tout passé, donc avec un homme qui est posé comme une « apostasie sans nom du réel ». Au contraire, l’idéologie républicaine irlandaise raisonne au départ d’une vision de l’homme imbriqué dans un tout culturel, social et bio-ethnique. Ce tout doit alors aussi être l’objet d’une protection légale avec, pour corollaire, que toute atteinte, quelque part dans le monde, à l’un de ces ensembles ethno-socio-culturels est une atteinte à un droit fondamental de l’homme, celui d’appartenir à une culture. Les droits de l’homme sont donc, pour les Irlandais, indissociables des cultures qui animent et irriguent les sociétés humaines.

Après la seconde guerre mondiale, les Gallois prendront fait et cause pour les Bretons poursuivis par la République, qui sera condamnée par la Cour Internationale des Droits de l’Homme pour crime contre la culture bretonne : ce fait est bien évidemment oublié, parce qu’il a été sciemment occulté. Aujourd’hui, notamment à la suite des tirades péremptoires des « nouveaux philosophes », dont la trajectoire commence vers 1978 et se poursuit aujourd’hui, quarante ans plus tard ( !), avec les fulminations hystériques de Bernard-Henri Lévy, la République se veut la défenderesse par excellence des droits de l’homme : il est dès lors piquant et amusant de rappeler qu’elle a été condamnée sur plainte de Gallois et d’Irlandais pour crime contre une culture vernaculaire de l’Hexagone et que, par voie de conséquence, tout acte politique qui enfreindrait finalement les droits de la culture populaire ou contesterait à celle-ci le simple droit à l’existence et au déploiement, est également un crime passible d’une condamnation équivalente. Il existe donc d’autres interprétations et applications possibles des droits de l’homme que celle qui traite automatiquement d’arriéré et de fasciste potentiel toute personne se réclamant d’une identité charnelle. Les droits de l’homme sont ainsi parfaitement compatibles avec le droit de vivre une culture enracinée, spécifique et inaliénable, qui, finalement, a valeur sacrée, sur un sol qu’elle a littéralement pétri au fil des siècles. Hervé Juvin, par le biais d’une interprétation originale et politiquement pertinente des travaux ethnologiques et anthropologiques de Claude Lévi-Strauss et de Robert Jaulin, est celui qui nous indique le chemin à suivre aujourd’hui pour sortir de cette ambiance délétère, où nous sommes appelés à vouer une haine inextinguible envers ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, à nous dépouiller de notre cœur profond pour nous vautrer dans le nihilisme de la consommation et du politiquement correct.

Je dois partiellement ce celtisme à la fois révolutionnaire et identitaire à l’activiste, sociologue et ethnologue allemand Henning Eichberg, théoricien et défenseur des identités partout dans le monde, qui avait exprimé un celtisme analogue dans un ouvrage militant et programmatique, paru au début des années 1980, au même moment où Olier Mordrel avait fait paraitre son Mythe de l’Hexagone. Mon ami Siegfried Bublies donnera d’ailleurs le titre de Wir Selbst à sa revue nationale-révolutionnaire non conformiste, traduction allemande du gaëlique Sinn Fein (= « Nous-Mêmes »). Bublies fut l’éditeur des textes polémiques et politiques d’Eichberg, décédé, hélas trop tôt, en avril 2017.

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Henning Eichberg.

Dans Pages celtiques, j’ai également rendu hommage à Olier Mordrel, combattant breton, et défini la notion de patrie charnelle, tout en fustigeant les idéologies qui veulent l’éradiquer et la criminaliser. 

Vous relancez des activités transeuropéennes. Comment jugez-vous l'évolution des forces  « identitaires » en Europe ?

Non, je ne relance rien du tout. Je suis trop vieux. Il faut laisser la place aux jeunes, qui se débrouillent très bien selon des critères et des clivages propres à leur génération, selon des modes de communication que je ne maîtrise pas aussi bien qu’eux, tels les réseaux sociaux, les vidéos sur youtube, instagram, facebook ou autres. Ensuite, les instituts contestataires de la gabegie ambiante se multiplient à bon rythme car nous vivons une révolution conservatrice consolidée par rapport à ce qu’elle était, en jachère, il y a vingt ou trente ans. Il est vrai que les pouvoirs dominants n’ont pas tenu leurs promesses : des Trente Glorieuses, on est passé aux Trente Piteuses, selon l’écrivain suisse Alexandre Junod, que j’ai connu enfant et qui a si bien grandi... Et il est encore optimiste, ce garçon : s’il écrit encore un livre, il devra évoquer les « Trente Merdeuses ». Car on est tombé très très bas. C’est vraiment le Kali Yuga, comme disent les traditionalistes qui aiment méditer les textes hindous et védiques. Je me mets modestement au service des nouvelles initiatives. Les forces identitaires sont plurielles aujourd’hui mais les dénominateurs communs entre ces initiatives se multiplient, fort heureusement. Il faut travailler aux convergences et aux synergies (comme je l’ai toujours dit…). Mon éditeur Laurent Hocq s’est borné à annoncer trois colloques internationaux pour promouvoir nos livres à Lille, Paris et Rome. C’est tout. Pour ma part, je me bornerai à conseiller des initiatives comme les universités d’été de « Synergies européennes », même si elles étaient très théoriques, car elles permettent de se rencontrer et de moduler des stratégies fécondes pour les années à venir.  

Pour commander la trilogie EUROPA aux éditions Bios: www.editionsbios.fr

Pour commander Pages celtiques et La révolution conservatrice allemande auprès des éditions du Lore : www.diffusiondulore.fr

 

 

 

vendredi, 04 mai 2018

Ce que nous sommes - Aux Sources de l'identité européenne

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Ce que nous sommes

Aux sources de l'identité européenne

par Christopher Gérard

Ex: http://archaion.hautetfort.com

Tonique, un vrai cordial !, le manifeste que publie l’Institut Iliade sous la houlette de l’historien Philippe Conrad,  ancien directeur de séminaire au Collège interarmées de défense et patron de la défunte Nouvelle Revue d’Histoire. Son exaltation de la Chrétienté médiévale, un tantinet indulgente sur le mode de conversion de notre continent, touche d’autant plus que la France vient de perdre un officier qui incarna la figure du chevalier – je veux parler du lieutenant-colonel Beltrame. L’ombre du regretté Dominique Venner plane aussi, et nul ne s’en étonnera, sur tout le recueil, tant les douze auteurs communient dans cet esprit de rébellion aristocratique auquel s'identifia si bien l’auteur du Coeur rebelle.

L’objectif, atteint, était de synthétiser en une langue aussi claire qu’accessible les fondements d’une manière d’être, celle des Bons Européens : leur mémoire ancestrale, le regard qu’ils portent depuis les origines sur le monde et, last but not least (car il ne s’agit nullement d’un chant funèbre, encore moins d’un exercice d’antiquaire), les combats à mener, aujourd’hui et demain, contre les utopies niveleuses et les discours dissolvants, contre cette fatigue entretenue par les forces du néant. De la préhistoire indo-européenne à la musique contemporaine, des Kourganes à Arvo Pärt, de la Grèce d’Ulysse à la Rome d’Auguste (mais, curieusement, la Matière de Bretagne semble avoir été omise), les contributeurs mettent en évidence ce sens de l’excellence, ce goût de la mesure et ce refus de l’hubris, ce souci de la communauté civique (la polis, encore un mot grec), cette préférence pour les continuités créatrices (et non pour les ruptures stérilisantes) qui caractérisent le Finistère de l’Asie – Europa nostra.

Dans une lumineuse formule,  le musicologue Jean-François Gautier évoque la vérité, fondement de notre vision cosmique : « non un contenu doctrinal descendu de cieux inconnaissables, mais l’expression d’une subtilité d’observation dont le sage sait tirer les bonnes conclusions ». Plus loin, Lionel Rondouin, ancien officier et normalien,  définit à la perfection le type gibelin par opposition au guelfe, le tenant, souvent puritain, de dogmes universels (et du droit d’ingérence quand il s’agit de les imposer).

Les Douze (dont un Belge qui se pique d’hellénisme) tentent chacun d’illustrer la quintessence de la dissidence antimoderne. Lire et faire lire ce bréviaire, s’en inspirer dans notre résistance quotidienne à l’ahurissement, l’utiliser comme source (pérenne) de purification mentale, voilà quelques pistes offertes aux amazones et aux hoplites de notre bel aujourd’hui. 

Christopher Gérard

Philippe Conrad dir., Ce que nous sommes. Aux Sources de l’identité européenne, Editions Pierre-Guillaume de Roux, 198 pages, 16€

 

mardi, 01 mai 2018

La lucha por lo Esencial

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Carlos X. Blanco

La lucha por lo Esencial

Ex: https://latribunadelpaisvasco.com

krebsesp.jpgHay libros para el reposo, libros para el análisis, y libros para la exaltación. Hay libros que son un recreo, otros son un horizonte. Pero algunos otros libros son campanas, aldabonazos y gritos que dan la señal de alarma. Este que les quiero reseñar hoy es un libro que exalta, un texto que inquieta y pone por delante luces rojas de advertencia.


La Lucha por lo Esencial, de Pierre Krebs, es una obra breve pero muy intensa, un texto de combate que señala la posibilidad terrible de que Europa se muera. Muestra las señales de esa inminente muerte civilizatoria de todo un pueblo, el pueblo europeo, aunque también muestra con esperanza las señales de cambio, indicios de recuperación y ciertas vías regenerativas. Pierre Krebs (Argel, 1948), el autor, es un intelectual de origen francés nacido en Argelia, con sólida formación universitaria francesa pero nacionalizado e instalado en Alemania. En España es muy poco conocido y, a pesar de haber publicado ya muchos textos, éstos apenas han sido objeto de traducción a nuestra lengua. Su libro más conocido, La Lucha por lo Esencial [Im Kampf um das Wessen, Horn-Kassel, Viena, 1997], por suerte, cuenta con una traducción de Olegario de las Eras, en la editorial Los Libros de Aimirgin, [Valencia, 2006].


Leyéndolo, el público español puede disponer de una visión adecuada del conjunto de ideas que en nuestro continente ha dado en llamarse "Nueva Derecha", si bien el Dr. Krebs prefiere nombrar ese conjunto de otra manera, la "Nueva Cultura". Estas ideas han sido perfiladas de forma colegiada, no sin disensiones y desafecciones, por muchísimos intelectuales franceses, belgas, alemanes, italianos... Algunos de estos nombres son, cada día, más conocidos por el público español, aunque es difícil saber hasta qué punto son leídos y asimilados aquí, en un país reacio a las lecturas, y carente de un sólido público crítico. Alain de Benoist, Alexander Dugin, Guillaume Faye, Robert Steuckers, José Javier Esparza… son firmas conocidas en ciertos ámbitos, solventes pensadores y difusores de éste posible renacimiento europeo por el que aboga la "Nueva Derecha", líderes de un movimiento metapolítico que pugna por despertar las conciencias de los europeos en orden a hacer frente al actual declive de nuestra civilización.


Desafíos como los que señala Krebs, exigen una labor de titanes. Son desafíos como por ejemplo la pérdida de nuestra identidad (incluyendo aspectos tan tangibles y físicos de la identidad como la raza y el territorio), la pérdida de soberanía ante el "American Way of Life", y la sumisión y el etnomasoquismo oficiales y obligatorios como los que implanta la Unión Europea y la mayor parte de sus Estados-miembro. Hay más: consumismo, banalidad, multiculturalismo, deterioro ecológico, africanización, mestizaje obligatorio, islamismo…


krebs.jpgPierre Krebs, al igual que otros pensadores arriba mencionados, acierta en señalar muchos de los síntomas que aquejan a Europa, "el hombre enfermo del mundo". Aquel sistema de potencias que dominaron el mundo, que enseñaron la fe, la ciencia y la técnica, el capitalismo y la administración al resto de los pueblos del orbe, Europa, es hoy una ruina completa, una ruina y un campo colonizado desde 1945. Los norteamericanos y los bolcheviques se enseñorearon de la patria de una "civilización fáustica", una patria ya de por sí suficientemente diversa en lo étnico: latina, griega, celta, germana, eslava, ibera, magiar… Esta patria europea multi-étnica es, no obstante, muy homogénea en cuanto a sus orígenes (indoeuropeos en una gran medida) y en cuanto a similares desarrollos históricos. Es una patria que se forjó a partir de las ruinas de la civilización clásica y de la extensión del cristianismo entre los pueblos "bárbaros". Es una patria que, existencialmente, logró su lugar en el cosmos por medio de la resistencia al moro en España, al berberisco y al turco en el Mediterráneo, resistencia en los Balcanes y en los demás pasos de comunicación entre Oriente y las llanuras centro-europeas.

Todos los europeos somos lo que somos por medio de esta supervivencia de lo clásico, la resistencia ante el Oriente –un Oriente especialmente mahometano- y la cristianización del bárbaro. Pero Krebs, a mi modesto entender, desenfoca el análisis meta-histórico en importantes puntos.

Primer punto desenfocado. Su inquina al "judeocristianismo". Ciertamente, esta fue una inquina muy visible en los primeros años de la "Nueva Derecha" y sus raíces más visibles se hallan en Nietzsche. El filósofo alemán fue pionero en sus análisis de la enfermedad de Europa, achacándole su decadencia tanto a Jesús como a Sócrates. Nietzsche fue un pensador virulentamente anti-cristiano, mucho más anti-cristiano que Marx o cualquier otro ateo, pues los ateos, negando la existencia de todo ser creador y trascendente, arremetiendo contra la existencia del espíritu y de un mundo allende la materia, todavía pueden compartir un sentimiento moral, un humanismo fraternal, una ideología igualitaria y anti-heroica que en nada se diferencia de un cristianismo sin Dios, como acontece con el socialismo y el anarquismo. Además, Nietzsche veía en el cristianismo, a la manera de la vieja aristocracia romana-pagana, un mero derivado del judaísmo, un producto de ese enviciado "pueblo sacerdotal". Los nietzschianos anti-cristianos dieron, con esto, no pocos argumentos a la ideología nacional-socialista, y los dieron por haber visto a la religión cristiana como una verdadera arma del judaísmo por medio de la cual se habría podido infectar y derrotar moralmente a los gentiles. El cristianismo sería entonces el "judaísmo para los gentiles", la extensión superlativa de la religión del pueblo semita sacerdotal, capaz así de vengarse de todos aquellos pueblos mucho más sanos, fuertes y heroicos que los hebreos, a saber, los romanos o los germanos.

Pero las tesis de Nietzsche sobre la religión de Cristo, así como las que en paralelo hizo discurrir sobre la filosofía de Sócrates y demás sucesores griegos, son harto discutibles. Ninguna religión, código ético o filosofía "envenena a un pueblo" si éste no se haya en disposición de dejarse envenenar, y su decadencia obedece a complejos procesos geopolíticos y económicos, ante los cuales en un pueblo o civilización se prefiere un veneno a otro. El código ético que es veneno para una nación en cierta coyuntura, es tónico, bálsamo o excitante en otra. El mismo Corán que levantó olas de fuego en unos oscuros y míseros pueblos de beduinos, haciéndoles dueños del mundo, fue con-causa de declive y aletargamiento posterior durante siglos, dicho por vía de ejemplo. Tal y como decía Gustavo Bueno en las aulas, y lo decía mucho antes del auge del terror yihadista, la religión no es el opio del pueblo, sino que a menudo es su excitante.


El propio término compuesto, tan empleado por Nietzsche como por Krebs, judeo-cristianismo, es confuso e induce errores. Más allá del monoteísmo y ciertos rituales y preceptos morales compartidos, así como la conciencia del pecado, los dos sistemas teológicos ofrecen hondas diferencias. La religión cristiana, y no tanto la judía, incluye no pocos elementos grecorromanos, especialmente unos ingredientes tomados de las escuelas de ética helenística, y mucha filosofía platónica y aristotélica.

spgue.jpgEs un error reducir el Cristianismo al "Evangelio", como si toda reducción fuera siempre una apuesta por una mayor pureza. Los más puritanos de entre los cristianos son los que perseveran en ver esta Religión un sistema ético, y nada más que un sistema ético. Un mensaje Evangélico rebajado por este rasero ético-social, es un mensaje falseado: como si la Iglesia no fuera también, en contra y más allá del "pueblo sacerdotal" semita y testamentario, un enorme edificio grecorromano, racional y metafísico. En el seno de ese error modernista y anti-católico, es fácil admitir una amalgama y un continuum que se detecta en la propia expresión compuesta de "judeo-cristianismo". Pero si hacemos caso a Spengler, antes que a su maestro Nietzsche o a su epígono Krebs, hay "muchos cristianismos". Y el de cristianismo fáustico es el nombre que Spengler cree aplicable al cristianismo de las cruzadas, o al de la conquista de América, o al de la "Europa gótica" en general, un cristianismo en absoluto fruto de un impotente "pueblo sacerdotal", propio de "beduinos seminómadas", etc. , sino una planta original y egregia, nacida de fuentes clásicas y celto-germanas, producto del alma de los pueblos que lo engendraron y en modo alguno un "veneno importado" o "inoculado" por pueblos asiáticos.


El otro desenfoque de Pierre Krebs versa sobre la cuestión de las razas. Toda la corriente de la Nueva Derecha nace como reacción contra la idea pseudocientífica, pero oficial en este Nuevo Orden Mundial, según la cual "las razas no existen". El NOM (Nuevo Orden Mundial) se implantó, evidentemente, en 1945. Con la derrota del nazismo, esto es, del proyecto imperial-racista por excelencia, debía por fuerza condenarse todo intento de hacer de la raza una categoría política que justificara cualquier proyecto supremacista, discriminatorio, etc. Pero la proscripción, justa y necesaria, del racismo, y la marginación de la raza como categoría política no tiene nada que ver con la obsesión racista de los anti-racistas. En este aspecto, la Nueva Derecha ha emprendido interesantes críticas. En efecto, no se entiende cómo los más furibundos anti-racistas hablan elogiosamente de la "necesidad del mestizaje". Si, en efecto, en el mundo hay mestizos, e incluso si se admite que no es malo que los haya, ¿cómo es posible que no exista previamente una diversidad de razas, dado que existen los frutos de su mezcla? Se está negando aquel supuesto necesario para la conclusión negacionista, la raza.

La Nueva Derecha, o "Nueva Cultura" de Pierre Krebs apuesta por el "diferencialismo", en lugar del racismo. Esto es, la tesis de que la variedad forma parte de la naturaleza en todas las especies vivientes, incluido el hombre. Cada forma específica de ser humano, tanto en el aspecto etnocultural como en el biológico, es buena por sí y no ha de hacerse caso alguno a la compulsión oficialista a mezclarse, a imponer de forma obligatoria el mestizaje. Nos parece, en efecto, que debe ser fruto de una decisión individual, estrictamente libre y personal, el acto de con quién se relaciona sexual y/o maritalmente cada uno. Ni un Estado ni ninguna campaña ideológica deben entrometerse en esas decisiones. Con los mismos argumentos con los que denunciaríamos las campañas en pro de una "pureza racial", aunque no hicieran uso de coacciones o amenazas, podríamos cargar contra las campañas en pro de un mestizaje, concepto el cual incluye en sí mismo la noción de raza y la ideología, científicamente no demostrada, de que el mestizaje universal es un progreso o un objetivo ineluctable.

 

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No obstante lo acertadas que son las críticas a la apología del mestizaje, que es un elemento clave del multiculturalismo impuesto a los pueblos de Europa, creo que el supuesto problema de las razas enmascara en realidad otro problema mucho más palpable, el del "choque de civilizaciones". Es el abismo cultural, más que el color de piel o la forma del cráneo, lo que siembra dudas sobre la posibilidad y conveniencia una única civilización planetaria utópica. Es el abismo cultural, y en su fondo, el abismo en las cosmovisiones religiosas, el que engendra conflictos, violencia, zonas "no go" (zonas "no vayas"), guetos, etc. y dentro de los abismos que se están creando en Europa hay que destacar el abismo entre la civilización musulmana y la civilización post-cristiana de Europa. En muchos países, especialmente en los de mayor tradición católica, como España, la percepción de la alteridad racial no es en modo alguno un asunto de importancia, generador de rechazo y discordia. Nunca lo será, pese a los episodios puntuales y lamentables que se hayan dado y se den en el futuro. Cualquier problema relacionado con la llamada "xenofobia" nunca guardará relación directa con los colores de la piel y rasgos faciales.


Krebs, al escribir sobre la preservación de la identidad de los europeos, entiende la raza como una especie de "último reducto" de la misma. Creemos que en esto se equivoca y, de paso, abre la puerta a las consabidas (y generalmente injustas) críticas que señalan cripto-nazismo o racismo encubierto en las propuestas diferencialistas e "identitarias" de la Nueva Derecha. El identitarismo consiste en ahondar en las propias tradiciones y señas de identidad, se basa en la protección de los autóctonos ante los intentos aculturizadores exteriores, y en rechazar las invasiones planificadas por intereses bastardos, plutocráticos, pero no se debe relacionar en modo alguno con la "pureza" (también utópica, como utópico es el mestizaje universal) de una raza. Es una cuestión de lucha cultural, de resistencia de una civilización que se niega a morir. Pero toda civilización y todo imperio, en el sentido espiritual del término, puede ser plural racialmente. Creo que España ha dado ejemplo de ello. La Nueva Derecha debería estudiar la Historia del Imperio Español, uno de los imperios más anti-racistas de la Historia Universal. Es una modesta recomendación que lanzamos desde aquí. De la misma manera que recomendamos la lectura de este libro, a pesar de las prevenciones aquí señaladas.

dimanche, 29 avril 2018

La Révolution "Poutinique" : on en discute avec Guillaume Faye et Yann-Ber Tillenon

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La Révolution "Poutinique" : on en discute avec Guillaume Faye et Yann-Ber Tillenon

Poutine un Diable plébiscité ? Que révèlent les préventions européennes à l'égard de l'homme d'état russe si confortablement élu par son peuple...
 

samedi, 28 avril 2018

Interventions lors du Colloque de l'Institut Iliade (deuxième partie)

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Interventions lors du Colloque de l'Institut Iliade (deuxième partie)

Colloque ILIADE 2018 :

Rémi Soulié: Les limbes et les larves

Intervention de Rémi Soulié, docteur ès lettres, critique littéraire et essayiste, lors de la table ronde « Comment se réapproprier notre identité ? » au colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018.
 
 

Paul-Marie Coûteaux: De l’identité heureuse

 
Intervention de Paul-Marie Coûteaux, haut-fonctionnaire et homme politique, lors de la table ronde « Comment se réapproprier notre identité ? » au colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018.
 
 

Gérard Dussouy: Comment se réapproprier notre identité (nos identités) ?

 
Intervention de Gérard Dussouy, géographe, professeur émérite à l’Université Montesquieu de Bordeaux, lors de la table ronde « Comment se réapproprier notre identité ? » au colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018.
 
 

Ferenc Almàssy: Comment se réveille un peuple ? Le cas hongrois

 
Allocution de Ferenc Almássy, rédacteur en chef du Visegrád Post, lors du colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018.
 
 
 

Olivier Dard: La culpabilisation comme arme politique

 
Intervention d'Olivier Dard, historien, professeur à l'université Paris-Sorbonne, lors du colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018. « La culpabilisation comme arme politique » (comment on construit une culpabilité collective, sous l’angle épistémologique).
 
 

samedi, 21 avril 2018

II Jornadas Metapoliticas Madrid, 14-04-2018

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Ediciones Fides y Ohka

II Jornadas Metapoliticas

Madrid, 14-04-2018

1) Javier R. Portella

Javier R. Portella departiendo sobre Cataluña
 
 

2) Enrique de Acedo

Enrique de Acedo departiendo sobre Geopolitica
 
 

3) Mesa Redonda sobre Cataluña

Mesa-debate sobre la actualidad de Cataluña en la que intervienen: Raúl, Nacho Larrea, Eduardo Arroyo y Juan Antonio LLopart (de izda. a dcha.)
 
 

3) José Javier Esparza

José Javier Esparza departiendo sobre mayo del 68
 
 

4) Fernando Marquez

 
Fernando Marquez departiendo sobre Jünger
 

Interventions au Colloque Iliade (7 avril 2018)

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Interventions au Colloque Iliade

(7 avril 2018)

Thibault Mercier: Le droit des Européens à la continuité historique

Intervention de Thibault Mercier, avocat, au colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018. "La continuité historique d’un peuple implique l’existence d’un passé. Passé conjugable au présent permettant ainsi sa transmission aux générations futures. En Europe, une obligation pénitente de repentance, couplée à un enseignement de l’Histoire sans chronologie et qui fait la part belle aux cultures et civilisations étrangères, empêchent notre peuple de convoquer son passé collectif."
 
 
 

Bernard Lugan: Refuser la repentance coloniale

Intervention de Bernard Lugan, historien, directeur de la revue L’Afrique réelle, lors du colloque « Fiers d’être Européens » le 7 avril 2018. « Il faut refuser le repentance coloniale ».
 
 

Javier Portella: Du nihilisme à l’ethno-masochisme

Intervention de Javier Portella, essayiste, directeur de la revue en ligne El Manifiesto (Espagne), lors du 5e colloque de l’Institut Iliade, Paris, Maison de la Chimie, le 7 avril 2018. "L'ethnomasochisme a plusieurs expressions. Elles vont de la repentance pour l’œuvre de colonisation accomplie par l’Europe jusqu’à l’assomption de la responsabilité pour l’ensemble des maux frappant le monde entier. En même temps, une sorte de vénération, voire de supériorité, est accordée (explicitement ou implicitement) à la culture et à la façon d’être des peuples non-européens (au sens culturel et non géographique du terme)."
 
 
 

Philippe Conrad: Le front de la mémoire et de l’histoire

 
Première allocution de Philippe Conrad, historien, président
de l’Institut ILIADE, lors du colloque « Fiers d’être
Européens » le 7 avril 2018.
 
 
 

Jean-Yves Le Gallou: XXIe siècle : vers un nouveau cycle européen ?

"L'Europe comme civilisation peut-elle encore survivre ?
Oui, à une condition: qu'elle sorte de l'horrible XXème
siècle. Le XXème siècle, c'est selon Dominique Venner
le siècle de 1914, un siècle de catastrophes..." Mot de
conclusion de Jean-Yves Le Gallou au Ve colloque
ILIADE, le 7 avril 2018 à Paris.
 
 

Le rire de Roncevaux,

par Irène de France

Colloque "Fiers d'être Européens" - Le rire de Roncevaux,
libre réinterprétation en français du chant basque "Hegoak"
(ou "Txoria txori" de Joxian Artze) par Irène de France,
évoque le souvenir de la bataille de Roncevaux où Roland,
le neveu de Charlemagne, rendit son dernier soupir
en soufflant dans son cor le 15 août 778. Au-delà du
tragique de la mort des héros, ce chant se veut porteur
de joie et d'espérance pour les âmes qui auraient oublié
que la nature du temps est cyclique et qu'aux hivers
les plus sinistres succèdent toujours les printemps
les plus lumineux.
Paroles : Irène de France.
Musique : Mikel Laboa.
 

mercredi, 18 avril 2018

Entretien avec Robert Steuckers pour le site Europe Maxima

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Entretien avec Robert Steuckers pour le site Europe Maxima
 
propos recueillis par Thierry Durolle
 
Europe Maxima : En ce début d’année 2018 paraît donc votre tant attendue trilogie intitulée Europa. Pourriez-vous, en préambule, nous expliquer sa genèse ?
 
Les textes qui figurent dans les 996 pages de cette trilogie sont tirés de mes anciennes revues, sont des conférences prononcées au fil du temps ou encore des entretiens accordés à des revues ou des sites amis, le tout sur une période d’un peu plus de vingt-cinq ans. Je n’avais pas l’intention de publier quoi que ce soit, n’ayant jamais eu la vanité du graphomane qui s’ingénie à noircir du papier pour compenser on ne sait trop quelle blessure de sa petite enfance. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Jules Dufresne des éditions du Lore qui m’a littéralement assiégé pour que je lui remette mes textes sur la révolution conservatrice allemande. Dufresne, avec l’ardeur de sa jeunesse, a ouvert la boite de Pandore : à sa suite, Laurent Hocq, directeur des Editions Bios (Lille), m’a fait subir un deuxième siège pour que je compose cette trilogie. Laurent Hocq a pris de sérieux risques financiers pour lancer cette entreprise et je lui en suis très reconnaissant ; j’attends surtout de mes lecteurs qu’ils lui rendent hommage et qu’ils l’épaulent dans ses initiatives. Chaque texte de cette trilogie a en fait une histoire, est né de circonstances particulières, liées à mes tribulations de gamin métapolitologue, qui m’ont fait pérégriner de colloques en conférences à travers toute l’Europe : j’ai surtout une dette ineffaçable envers deux hommes aujourd’hui décédés, Gilbert Sincyr, ancien Président de l’association grande-européenne « Synergies européennes » et Robert Keil, animateur du Cercle Hermès à Metz et co-fondateur, avec André Wolf, de l’association « Minerve ». Sincyr et Keil se sont décarcassés pour organiser des colloques et des conférences, des universités d’été et des séminaires à tour de bras. Les textes de la trilogie sont aussi le fruit de leurs efforts, de leur énergie qu’ils ont dépensée sans compter. Je n’oublie pas, non plus, deux amis allemands, Heinz-Dieter Hansen de Hambourg et le Dr. Rolf Kosiek, qui m’ont invité régulièrement à prendre la parole devant leurs publics respectif ni les efforts de trois amis milanais, Marco Battarra, Alessandra Colla et Maurizio Murelli, de la « Società Editrice Barbarossa », sans qui les magnifiques universités d’été italiennes de « Synergies européennes » n’auraient pas été possibles ni la superbe collection de livres, baptisée « Sinergie Europee ». Enfin, je remercie mon éditeur espagnol actuel Manuel Quesada, dont le deuxième volume de la trilogie reprend un entretien, ainsi que mon éditrice australienne Gwendolyn Taunton, philosophe traditionaliste très pointue, qui a pris le risque, elle, de me faire connaître dans le monde anglo-saxon. En fait, je réactive un vieux combat en entrant dans le troisième âge : quelques humoristes facétieux de mes compatriotes flamands disent que je suis le Colonel du « Volkssturm métapolitique ».

La genèse de cette trilogie réside donc toute entière dans le travail des deux cercles que j’avais cofondés avec Jean Eugène van der Taelen à Bruxelles en 1983, l’EROE (« Etudes, Recherches et Orientations européennes ») et avec Gilbert Sincyr en 1994 (« Synergies européennes »).

Pour se procurer la trilogie "Europa":

www.editionsbios.fr

http://www.facebook.com/editionsbios.fr/

@EditionsBIOS

+33 7 70 27 00 46

Europe Maxima : L’histoire-géographie, la politique et la géopolitique sont des disciplines qui vous sont familières et qui se taillent une part de lion dans votre trilogie. La spiritualité, quant à elle, n’est principalement évoquée, qu’en rapport à l’idée d’empire. L’idée de non-séparation du pouvoir temporel et de l’autorité spirituelle vous séduit-elle ?

jvlmzm.jpgOui, certes, l’histoire et la géographie, plus exactement un mixte des deux, est ma passion, sinon depuis l’enfance, du moins depuis la troisième année de notre école secondaire, où l’on nous avait suggéré l’achat du petit atlas historique des collégiens, rudement bien fait et qui m’a tout de suite passionné. Plus directement, dans la mouvance du militantisme métapolitique qui fut et reste le mien, l’événement déclencheur du processus qui nous a mené à la trilogie que vous évoquez, a été l’obligation de remettre, en juin 1980, un travail de fin d’études pour le cours de « relations internationales », donné par Madame Massart, fille d’un ancien député wallon, gaulliste à tous crins. Comme j’étais en classe d’allemand à la haute école des traducteurs-interprètes, il fallait que le travail soit basé sur des ouvrages allemands ou fasse référence à la politique allemande, comme, par exemple, l’Ostpolitik de Willy Brandt à l’époque. J’ai demandé à présenter un ouvrage que j’avais acquis par correspondance : le livre de l’ancien général autrichien Jordis von Lohausen, intitulé Mut zur Macht (Le courage de la puissance), dont l’auteur, avant de revenir dans la nouvelle armée autrichienne après la seconde guerre mondiale, avait été animateur de la radio de son pays où il présentait avec une formidable concision, et une diction merveilleuse, les villes d’art italiennes. Cette concision se retrouve dans son livre qui mêle justement savoirs historiques et géographiques et s’appuie sur une cartographie originale et très suggestive, comme le voulait précisément Karl Haushofer, lorsqu’il dirigeait, pendant l’entre-deux-guerres, son institut de géopolitique : une bonne carte suggestive valait pour lui une longue démonstration écrite. Quand je devais remettre mon travail à Mme Massart, nous étions en 1980, l’année qui a suivi l’accession de Margaret Thatcher au pouvoir au Royaume-Uni. Reagan, autre propagateur d’un « conservatisme néolibéral », allait accéder à la magistrature suprême aux Etats-Unis ; outre sa volonté de pratiquer une politique de retour au libéralisme dur et pur, il entendait mettre un terme au statu quo d’une guerre froide dominée par la double idée d’un dégel graduel et d’une coexistence pacifique, sans que ne soient modifiées les limites des zones d’influence, acquises pas les deux grandes puissances du duopole américano-soviétique.
 
Cette perspective reaganienne, qui était de vouloir bouleverser cet ordre duopolistique, avait été secrètement activée par Zbigniew Brzezinski dès la fin des années 1970. Selon ces plans, les pièces de l’échiquier planétaire devaient nécessairement bouger : elles ne le pouvaient que si l’on réactivait des dynamiques refoulées comme, par exemple, l’islamisme militant, pour plonger le ventre mou et centre-asiatique de l’URSS dans une effervescence permanente, obligeant Moscou à lâcher du lest. La stratégie, avec l’appui financier saoudien, sera d’abord appliquée en Afghanistan. La suite tragique, non terminée, de cette opération, nous la connaissons trop bien : la stratégie initiée par Brzezinski a débouché sur une guerre permanente et un enlisement sans fin. Ce n’est pas là une politique impériale au sens noble du terme mais la création d’un chaos infécond et criminel qui affecte toute la planète.  

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Aux Etats-Unis aussi, on commençait, tout à la fin des années 1970, à reparler sérieusement de géopolitique, notamment avec Colin S. Gray, qui entendait réactualiser la géopolitique thalassocratique de Halford John Mackinder et de Nicholas Spykman (dont Olivier Zajec, il y a deux ans, a exploré méthodiquement l’œuvre en France). Enfin, avec l’appui d’un excellent professeur écossais, Mr. Sidgwick, j’avais potassé à fond les atlas historiques de Colin McEvedy et lu le captivant ouvrage de Paul Johnson, The Offshore Islanders, ouvrage critique à l’endroit des orientations politiques britanniques, qui avaient omis de miser sur un développement intérieur, sur une stratégie économique d’investissement patrimonial, sur un développement des sciences chimiques et sur une colonisation intérieure des Iles Britanniques, à l’instar des politiques bismarckiennes de l’Allemagne réunifiée à partir de 1871. Tout le reste de mes démarches découle de ce contexte universitaire : j’ai voulu offrir tout cela à une certaine école métapolitique. En vain. J’ai reçu un accueil grossier, sotte gesticulation d’autodidactes gougnafiers, dont vous avez sûrement entendu parler…

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Ceci dit, la pédagogie dont faisait preuve Lohausen, décédé en 1997, vient d’être ressuscitée par un Colonel espagnol qui s’est mis volontairement à la retraite, Pedro Banos, dans Asi se domina el mundo – Desvelando las claves del poder mundial (Ariel, 2017). Paru en novembre 2017, cet ouvrage a été réédité six fois ( !) entre sa parution initiale et février 2018. Il explicite de manière particulièrement didactique les principes géopolitiques immuables, l’impossibilité d’échapper à l’histoire, la permanence des intérêts, les géostratégies impassables, le danger d’ignorer l’idiosyncrasie des peuples, etc. Si je m’enthousiasmais pour Lohausen en 1979, à 23 ans, je m’enthousiasme avec la même ferveur pour le livre du Colonel Banos en 2018, à 62 ans.

Revenons à la spiritualité, deuxième thème de votre question : il est évident que j’ai été frotté à Evola (plutôt qu’à Guénon, tout en appréciant hautement la critique que celui-ci formulait à l’encontre du monde moderne, avec l’idée de « cubification » du monde, reprise aujourd’hui avec brio par le penseur espagnol Ernesto Milà, par ailleurs géopolitologue avisé). J’ai participé aux premières activités de la défunte revue Totalité, aventure qui donnera naissance, ultérieurement, aux éditions Pardès.

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En Belgique, les activités évoliennes, le Centro Studi Evoliani, étaient dirigées par Marc. Eemans, figure étonnante de la pensée européenne, à laquelle seule la revue Antaios de Christopher Gérard a rendu naguère un hommage mérité. Qui a été Marc. Eemans, né en 1907 et décédé en 1998, l’année du centenaire d’Evola ? Jeune écolier à Termonde (Dendermonde) en Flandre orientale, il est initié par un professeur de son « athénée » aux études wagnériennes et à la mythologie scandinave et germanique. Adolescent, il adhère, par esprit de révolte, au dadaïsme et au surréalisme, accessoirement au léninisme : il fera un magnifique portrait du leader de la révolution russe, aujourd’hui exposé à Saint-Pétersbourg. Dans les années 1920, il rencontre l’avant-gardiste flamand Paul van Ostaijen, qui, dans l’un de ses manifestes, explique que le mysticisme médiéval de la région sise entre l’Escaut et le Rhin, donne déjà toutes les recettes pour une « illogique » fondamentale permettant de jeter bas le système dominant, tâche que s’était assignée André Breton, qui avait aussi dit, entre mille et une autres choses, qu’il préférait s’allier au Dalaï Lama (pas celui d’aujourd’hui… !) plutôt que d’œuvrer à la défense d’un système occidental qu’il jugeait inique et mortifère. Peu ou prou, Evola, qui vient, lui aussi, du dadaïsme, van Ostaijen et Breton ont, in fine, la même démarche, en dépit de toutes leurs différences, de leurs idiosyncrasies respectives : le point commun à ces trois hommes, c’était de chercher une voie pour échapper à l’impasse moderne. C’est donc, très naturellement, la conclusion que tire le jeune Eemans à la fin des années 1920 ; tout feu, tout flamme, il s’en va prononcer une petite conférence sur les mystiques médiévales flamandes et rhénanes, devant le groupe des surréalistes bruxellois, autour de René Magritte. Ce groupe s’affiche comme résolument laïque, antireligieux jusqu’à la caricature, « communistophile », combattant inlassablement la « Calotte » et voilà qu’il s’insurge bruyamment et vulgairement devant l’idée de van Ostaijen et d’Eemans de réhabiliter Maître Eckhart, Sœur Hadewych ou encore Ruusbroec l’Admirable. Eemans est exclu pour « cléricalisme », alors que, justement, cette mystique de notre moyen-âge lumineux permet d’échapper à tout encadrement stérilisateur.

Plus tard, dans le cercle évolien animé par Eemans et le regretté Salvatore Verde (qui fondera, après son retour en Italie, la revue Antibancor) et dans l’antenne de Totalité en Belgique, soit le « Cercle Culture et Libertés » (CCL), alors animé par Alain Derriks, parce que Daniel Cologne était parti enseigner en Suisse, l’idée d’un Empire gibelin spiritualisé faisait route, lentement mais sûrement : je me rappelle avoir balbutié une présentation d’un article de Giorgio Locchi, paru dans un numéro de Nouvelle école, sur la notion d’Empire (de Reich), lors d’une réunion où l’émouvant écrivain prolétarien Pierre Hubermont était présent. Hubermont était certes sorti du communisme dur et pur pour trente-six raisons, liées notamment à une adhésion au planisme d’Henri de Man et aux événements de la Guerre d’Espagne (tout comme la figure fascinante de Ward van Overstraeten, fondateur du PCB dès le lendemain de la première guerre mondiale). Hubermont adhérait à un communisme pacifiste où les peuples d’Europe auraient fédéré leurs énergies pour retrouver justement l’idée germanique d’Empire, dont sa Wallonie natale avait toujours été partie prenante, notamment en offrant des contingents bien fournis de tercios, à l’époque hispano-impériale, ou des régiments d’élite à l’époque autrichienne.

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L’idée d’Empire est certes politique et aussi spirituelle car, ne l’oublions jamais, Frédéric II de Hohenstaufen aimait l’œuvre et la spiritualité naturaliste de François d’Assise. Eemans avait consacré un ouvrage, hélas jamais publié, à ce magnifique Empereur et Roi de Sicile, travail qui lui avait permis de se lier d’amitié avec l’académicien Marcel Brion, lui aussi fasciné par cette figure tragique de l’histoire européenne. Les Néerlandophones du groupe ne juraient, eux, que par un ouvrage allemand consacré à l’Empereur et dû à l’historien Ipsen. Ex-potaches latinistes et donc aptes à lire l’italien, Derriks et moi avons pris contact avec les groupes néogibelins italiens de Parme et de Padoue, afin de parfaire cette démarche spirituelle, métapolitique et politique. C’est ainsi que nous avons tous deux fait l’acquisition du livre d’Antonino De Stefano, qui abordait, entre autres choses, les liens entre l’impérialité du Staufer et la spiritualité ascétique et naturelle/cosmique du Poverello d’Assise.

N’étant pas un théologien stricto sensu, je ne vais pas entrer dans le débat, infini d’ailleurs, sur la primauté du spirituel ou du temporel : il est évident que notre démarche associait les deux, sans l’intention de faire chavirer les démarches spirituelles dans une stérilité apolitique ou les démarches politiques/temporelles dans la sécheresse d’un mécanicisme infécond. Cette effervescence intellectuelle de nos vingt ans est toujours active chez le sexagénaire valétudinaire que je suis devenu. La flamme brûlait encore, très vive, chez le nonagénaire Eemans : il n’y pas de raison de capituler, c’est un hommage qu’il faut lui rendre, à lui et à tous ceux qui, dans le même espace philosophique, ont montré la même endurance.

Ces souvenirs, j’en ai bien conscience, ne répondent pas exactement à votre question qui demande une réponse précise, bien ronde et bien ficelée. Cette réponse existe bel et bien dans une œuvre magistrale, celle de l’Espagnol Antonio Medrano, jadis collaborateur de Totalité. Medrano a fait un chemin impressionnant depuis les temps héroïques de Totalité. Son œuvre, pour faire succinct, englobe la spiritualité, la politique et la vie quotidienne (qu’il convient de mettre au diapason des traditions vives ou refoulées d’Europe et d’Asie). Medrano est l’auteur de plusieurs bestsellers que l’on retrouve dans toutes les librairies d’Espagne, dont mon favori reste celui qui nous enjoint à « tuer les dragons en nous », renouant avec la spiritualité que dégageaient les cultes de Saint-Michel, Saint-Georges et Santiago de Compostelle.

luchacon.jpgQuantitativement, l’oeuvre d’Antonio Medrano est presque aussi abondante que celle d’Evola, qu’il complète magistralement, avec brio et esprit didactique. Je ne comprends pas pourquoi ce travail, magnifique, indispensable, n’a jamais été réceptionné par ses anciens correspondants en France. Tout comme, d’ailleurs, l’œuvre monumentale, avec des volumes dépassant les 80.000 ventes, de l’ancien correspondant espagnol de la ND, José Javier Esparza. Ou encore les ouvrages d’Ernesto Milà, notamment l’anthologie intitulée Milicia, nous révélant tous les aspects d’une spiritualité kshatriyaque qu’il convient, pour nous, miliciens métapolitiques, d’intérioriser et de transmettre pour nous donner, et donner à tous ceux qui voudront bien nous suivre et nous relayer à l’heure de notre mort, ce que Frithjof Schuon appelait très judicieusement, un « centre ». Cet ostracisme à l’égard de ces œuvres espagnoles formidables est un scandale, un grave manquement à la rigueur métapolitique. Pour quels inavouables et sordides motifs ? Jalousie ? Mépris ? Je ne sais. Je vais m’assigner pour tâche de faire connaitre ces travaux dans une phase prochaine de mes modestes démarches d’instituteur et de perroquet, de petit hussard noir de l’ « Empire eurasiatique de la Fin », comme le disait Jean Parvulesco, découvert, lui aussi, dans les pages de Totalité…      

Europe Maxima : Votre conception de l’idée d’empire n’est donc pas sans rappeler celle défendue autrefois par Julius Evola. Est-ce que vous vous considérez comme un (néo) gibelin ? Pensez-vous que cette idée d’empire représente un projet politique d’avenir ? Enfin, est-ce que l’école dite de la Tradition primordiale eut une influence sur vous ?

Oui, c’est clair, ma démarche est gibeline et kshatriyaque, même si je suis un civil car finalement, pour Clausewitz, la guerre n’est jamais qu’un expédient qui poursuit la politique par d’autres moyens et qui poursuit aussi, cela va sans dire, la métapolitique. L’Empire n’est pas un « projet politique d’avenir », il est un projet de toujours, au-delà des contingences et vicissitudes temporelles. Si nous n’avons pas d’Empire, nous sommes condamnés à dépérir politiquement et biologiquement : la chute de l’Empire romain a entraîné l’Europe dans de longs siècles de misère, la fin des rois wisigothiques en Espagne a permis l’invasion arabo-berbère de la péninsule ibérique et de la Septimanie languedocienne, la fin du pseudo-empire soviétique a failli faire basculer la Russie dans la « smuta » eltsinienne, la fin de l’impérialité romaine-germanique a plongé l’Europe centrale dans un impolitisme calamiteux, la fin de l’Empire chinois/mandchou a plongé la Chine dans de longues décennies d’une effroyable misère, où s’affrontaient des warlords inconscients de tout destin commun : pour von Lohausen, le territoire impérial romano-germanique (qui comprend la Bohème), flanqué de l’espace gallique pour former le noyau carolingien de l’histoire médiévale et moderne de l’Europe, constitue la « paume » de notre sous-continent à laquelle sont liés cinq « doigts » péninsulaires ou insulaires (Ibérie, Italie, Balkans, Scandinavie, Iles Britanniques) ; si la « paume » est morcelée, mutilée, les périphéries « digitales » vont, elles aussi, à vau-l’eau. Christopher Steding avait parlé d’une « neutralité intellectuelle impolitique », à propos des espaces culturels des périphéries germaniques (mais non allemandes/non prussiennes) de l’Empire allemand de Bismarck, où le bourgeoisisme intellectuel apolitique dominant et, de ce fait, irresponsable, que l’on observait aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Suisse alémanique, exerçait une séduction mortifère, entraînant les Allemands à oublier leur vocation « archangélique et michaëlienne ».

C’est là que nous retrouvons la « tradition primordiale » : celle-ci remonte, comme je l’explique dans la trilogie, aux peuples cavaliers indo-européens de la proto-histoire, dont le Professeur Lebedinsky a retracé l’épopée dans une série de livres d’importance primordiale. Par ailleurs, pour le Professeur américain contemporain Christopher Beckwith, dans Empires of the Silk Road, ces peuples cavaliers génèrent la vision d’un prince accompagné d’une suite, d’un comitatus, soumis à une rude discipline spirituelle, guerrière et cavalière, exigeant une fidélité inconditionnelle jusqu’à la mort. Ce sont ces princes-là, et les hommes qui les suivent, qui fondent les empires et c’est le seul modèle qu’il convient de reproduire, surtout après les périodes de « smuta », de déclin, de déliquescence et, ajoute Beckwith, pour renverser la vapeur après les dégâts profonds commis par les communismes modernisateurs. Les traditions avestiques, védiques et zoroastriennes révèlent cette spiritualité fondatrice d’empires, avec des héros sublimes, de Rama à Zarathoustra. Nous trouvons une illustration de cette spiritualité dans l’œuvre de Jean Haudry et dans celle de Paul du Breuil.

Cette spiritualité implique la vision d’un rapport fécond entre terre et ciel, le ciel étant l’espace lumineux, celui de la Grande Lumière. Elle implique un culte des oiseaux, notamment des aigles, symboles de tous les empires, car les oiseaux effectuent en permanence un va-et-vient entre le sol tellurique des hommes et le monde ouranien des dieux (ou de Dieu). Elle génère aussi le culte des archanges ailés, messagers des dieux ou de Dieu sur la Terre, aujourd’hui oubliés dans la religion officielle qui bascule dans la fange du moralisme, de la bigoterie voire du sociétal. Elle nous rappelle aussi que le moteur de notre civilisation n’a pas été seulement le monarchisme ou le papisme romain mais surtout les ordres de chevalerie, avatars des comitati indo-européens de la protohistoire. Eux sont à coup sûr les porteurs de la tradition primordiale, comme l’explique Paul du Breuil.    

Europe Maxima : Dans le premier tome intitulé « Valeurs et racines profondes de l’Europe », vous retracez l’histoire de la bataille de Lépante. Nous  devons saluer la qualité de ce texte où se côtoient exactitude et détails historiques à une plume rendant la lecture passionnante. Pourquoi êtes-vous revenu sur ce moment de l‘histoire de l’Europe ?

force_honneur.jpgLe très long récit sur la bataille de Lépante est une œuvre de commande : il y a quelques années est paru un gros volume de format DINA4, consacré aux batailles décisives qui ont fait l’Europe ou l’ont menacée en ses fondements quand elles ont été des défaites. Elève de Herder et de Dilthey, mais aussi du postsioniste israélien Ilan Pappé, je m’insurge contre l’idée éminemment moderne ou mécaniciste (Herder et Dilthey sont en quelque sorte des « modernes »), qui imagine que l’on peut fixer avec une exactitude mécanique, le début ou la fin d’un processus historique. Je ne pouvais pas rédiger un papier sur la bataille de Lépante sans évoquer la très longue épopée qui a opposé les Empires d’Europe (Rome et Byzance) aux peuples hunniques, turcs et mongols : nous avons donc une bataille plus que millénaire, dont l’enjeu a été notre Europe péninsulaire, entre Européens et Ouralo-Altaïques, dont les Wachstumsspitzen (les pointes avancées de leurs croissances géographiques), pour paraphraser Haushofer, ne peuvent que se télescoper comme le montrent les derniers discours et rodomontades d’Erdogan en Turquie. Mes amis bruxellois, non inféodés à un quelconque cénacle, et la ND gréciste flamande, section de Louvain, m’avaient demandé, en 2004, de brosser un tableau du choc pluriséculaire entre Européens et Turcs : l’article sur la bataille de Lépante est la fusion de cette double conférence, prononcée en français et en néerlandais, et d’une étude plus systématique de la bataille en soi du 7 octobre 1571 et de tous les enjeux stratégiques en Méditerranée (Chypre, Rhodes, Malte) car, ne l’oublions pas, la Méditerranée encercle l’Europe par le Sud, ce qui a des effets délétères, si une puissance hostile la tient, y compris en ses régions septentrionales : c’est une leçon que les géopolitologues et les historiens des thalassocraties anglo-saxonnes n’ont jamais oubliée. On trouve d’ailleurs, chez Mackinder et Mahan, la trace de cette obsession d’encercler l’Espagne, la France (sa façade méditerranéenne), l’Italie, les Balkans et l’Anatolie, en contrôlant l’entièreté de cette mer intérieure qui s’enfonce profondément dans la masse continentale euro-afro-asiatique. C’est la raison de la présence de la flotte américaine entre Gibraltar et Suez et de l’existence de l’Etat d’Israël. L’étude des longs prolégomènes de la bataille de Lépante nous enseigne ce que signifie, géopolitiquement parlant, l’espace maritime méditerranéen.

Europe Maxima : Vous retracez les attaques à l’encontre de l’unité européenne, qu’elles soient internes ou externes. Qu’est le plus grand danger actuellement pour l’Europe et ses peuples selon vous ?

Le danger le plus grave, le plus mortel, pour les peuples, les empires et les civilisations, c’est l’impolitisme. Je rappelle très souvent l’adage d’Arthur Moeller van den Bruck : le libéralisme fait périr les peuples. L’idéologie libérale, dans toutes ses facettes, dans toutes ses déclinaisons, celles de gauche comme celles de droite, est un poison mortel pour les cités, de quelque dimensions qu’elles soient. La fusion des utopies dites de gauche, des élucubrations libertaires, freudo-marxistes et pansexualistes des années 1960 et du néolibéralisme thatchéro-reaganien a généré un cocktail idéologique à géométrie variable, particulièrement nocif, contre lequel aucun contrepoison n’a été trouvé, si ce n’est notre vision des choses mais elle est encore bien incapable de « faire masse », comme dirait Elias Canetti, pour bloquer les processus de déliquescence ou pour lancer une contre-offensive réellement efficace. Le triomphe du macronisme en France montre bien que la « masse » requise n’est pas encore atteinte, dans l’opposition populaire à cette expression particulièrement affligeante et ridicule de la « grande fusion gauchiste/néolibérale », pour faire concrètement barrage à ces germes du néant et du kali yuga. Ce mixte diabolique de toutes les perversions antipolitiques, à l’œuvre dans la société et dans le « sociétal », ne permet aucunement de « vertébrer » les cités, selon l’expression de José Ortega y Gasset. Une cité « invertébrée » est condamnée à la stagnation, à la mort lente mais certaine. Si cette stagnation perdure trop longtemps, le temps mort, le temps perdu avant que l’accumulation des frustrations ne permette à l’opposition positive de « faire masse », risque effectivement de faire passer les cités, les Etats et l’ensemble de notre civilisation de vie à trépas parce que la « masse » oppositionnelle requise, pour bloquer le déclin par une vigoureuse riposte katéchonique, ne se coagule pas à temps.  

Europe Maxima : Votre deuxième tome « De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale »  a pour sujet central l’Eurasie. Qu’est-ce qui vous  attire dans l’idée d’Eurasisme ? Sont-ce des relents « schmittiens » de théorie des grands espaces ?

jmbf.jpgL’idée d’Eurasie, avant même que le terme « eurasisme » ne soit devenu courant dans l’espace métapolitique qui est le nôtre, était présente en nos têtes : d’abord, au niveau romantique, par le fameux livre de Jean Mabire consacré au « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg. Ce livre nous montrait la nécessité de maîtriser l’espace entre la Volga et le Pacifique. Gamin, j’avais fait une élocution à l’école sur l’aventure de Vitus Behring, le marin danois au service des tsars qui avait traversé l’Arctique jusqu’au détroit qui porte aujourd’hui son nom : l’idée n’a cessé de me trotter dans la boule ! L’imagerie de notre enfance, véhiculée par la série de chromos « Historia », nous vantait la gloire du R. P. Verbist devenu grand mandarin dans la Chine impériale au 17ième siècle. La biographie insigne de ce jésuite flamand a donné à la pensée politico-diplomatique belge un tropisme chinois récurrent, impliquant la nécessité de relier l’Europe occidentale à la Chine en se servant de la Russie comme pont. Cette idée allait se manifester concrètement pendant la première guerre mondiale : le Corps militaire des automitrailleuses belges est alors envoyé au secours de l’armée russe sur le front de Galicie, introduisant du même coup l’arme automobile blindée dans les stratégies de l’armée tsariste d’abord, de l’armée rouge ensuite. Dans notre groupe, le grand-père et le grand-oncle de l’un de nos camarades avaient été enrôlés dans cette troupe et une belle photo de ces deux jeunes officiers belges, en uniforme russe, trônait dans sa chambre d’adolescent. Finalement, la mort au combat du grand-oncle fit que le grand-père, son frère jumeau, resta en Belgique et ne participa pas à cette formidable aventure militaire eurasienne, qui mena le Corps belge des automitrailleuses jusqu’à Vladivostok (l’écrivain wallon Marcel Thiry, qui fit partie de cette troupe, et, aujourd’hui, le Professeur flamand Wim Coudenys ont rédigé d’excellents ouvrages sur cette aventure militaire ; au cours de cette dernière semaine de mars 2018, l’historien Hugues Wenkin vient de faire paraître Des Belges au service du Tsar ! aux éditions ardennaises Weyrich).

Gottfried+Wilhelm+Leibniz.jpgLe tropisme chinois (et japonais) des milieux diplomatiques belges est en fait une traduction de la pensée politique du philosophe et mathématicien allemand des 17ième et 18ième siècles, Leibniz. Celui-ci se méfiait dans un premier temps de la « Moscovie » (comme on disait à l’époque) et lui attribuait des « tares mongoles ». La disparition du Royaume de Pologne-Lituanie, considéré, avant l’avènement de la Russie, comme un barrage protecteur en Europe centrale et occidentale, et l’européanisation de la Moscovie sous l’action de Pierre le Grand et de son élite germanique (allemande, hollandaise, flamande et suédoise) fait de Leibniz le premier penseur eurasien (avant la lettre) car il veut relier les deux pôles de haute civilisation, l’Europe et la Chine, par le « pont moscovite ». La réalisation de ce concert euro-russo-chinois, pour Leibniz, consoliderait les acquis des plus hautes civilisations de la planète. Aujourd’hui, les Chinois sont « leibniziens » et suggèrent la création d’un réseau de chemins de fer transeurasiens et de communications maritimes via les océans indien et arctique : les fameuses « nouvelles routes de la soie ».

Pour Carl Schmitt, à qui je consacrerai très bientôt un ouvrage, l’idée de « grand espace », de Grossraum, est d’abord limitée à l’Europe, dont toutes les composantes devaient revenir peu ou prou à un écoumène catholique traditionaliste, se remémorant sa matrice et sa forme romaines, avant que la déliquescence de la théologie catholique et des partis se réclamant, partout en Europe, du catholicisme, ne l’ait profondément déçu. Chez Carl Schmitt et chez Anton Zischka, on peut déceler une idée qui était en l’air dans l’entre-deux-guerres et dans les années 1950, avant la grande vague de la décolonisation : l’idée d’Eurafrique, dont les zélotes les plus enthousiastes voulaient assécher partiellement la Méditerranée par la construction d’un gigantesque barrage à Gibraltar, nouveau pont terrestre artificiel permettant l’acheminement de marchandises par chemins de fer transsahariens et transméditerranéens. On trouve certes chez Schmitt une volonté de se dégager des tutelles anglo-saxonnes et thalassocratiques : les pages de son journal posthume Glossarium sont très explicites à ce sujet. Schmitt voit dans toute thalassocratie un pouvoir qui liquéfie tout, dissout toute assise tellurique et sape la viabilité des structures et des formes politiques. Mais on ne trouve pas vraiment, dans son œuvre, une vision eurasienne du « grand espace ». En revanche, on la trouve chez Haushofer, suite au pacte germano-soviétique et au Pacte d’Acier (entre l’Italie, l’Allemagne et le Japon) : le géopolitologue allemand parle alors d’une « troïka » puis d’un « quadrige », qui fédère toutes ses forces pour balayer l’impérialisme britannique, notamment en Iran et en Inde. Haushofer apportait ainsi un point final aux spéculations des « nationaux-bolchevistes » des années 1920 (parmi lesquels Ernst Jünger), qui rejetaient l’Occident, ses formes de libéralisme et ses stratégies géopolitiques impérialistes. Les événements de la seconde guerre mondiale le décevront profondément, ainsi que son fils Albrecht, lié au complot du 20 juillet 1944 contre Hitler et, par suite, assassiné dans la prison de Berlin-Moabit. Karl Haushofer et son épouse Martha se suicideront après la défaite allemande.

Europe Maxima : Vous expliquez qu’il n’y a pas un mais plusieurs eurasismes. Dans laquelle de ces variantes vous retrouvez-vous ?

L’eurasisme est effectivement, avant toutes autres choses, l’ensemble des spéculations russes sur le destin de l’Empire des tsars, de la terre russe en général et de la jeune URSS. On a parlé, en Russie, successivement d’un mythe scythe, d’un espace germano-slave puis d’une fusion slavo-turque, où l’orthodoxie post-byzantine et l’islam (surtout turc et iranien) ne s’opposeraient plus et forgeraient une alliance pérenne contre les forces antitraditionnelles dans le monde. L’idée avait germé dans la tête de Konstantin Leontiev au 19ième siècle, suite à la vague d’anti-occidentalisme qui avait déferlé sur la Russie après la guerre de Crimée. Les idées de Leontiev et, celles, pourtant modernistes, de Nikolaï Danilevski (sur la jeunesse des peuples slaves et le vieillissement des peuples d’Occident) puis celles, plus récentes, de Lev Gumilev, décédé en 1992 (lequel entrevoyait la fusion slavo-turque) vont se mêler en un cocktail, souvent instable, révélant un eurasisme foncièrement anti-occidental, fulminant contre la « synthèse romano-germanique ». Tout cela transparaît dans la pensée d’Alexandre Douguine. Si la synthèse germano-slavo-balte hellénisante, dont rêvait la Tsarine Catherine II pour la Crimée reconquise en 1783, pouvait séduire, de même que l’exaltation de la fusion germano-slave prussianisée chez son fils Paul I ou que les mythes scythes, l’idée d’une fusion slavo-turque, qui serait « hunnique » en ses directions géopolitiques et nierait ipso facto la geste cosaque en Sibérie, elle, est impossible à vendre en Europe occidentale, sauf à d’indécrottables masochistes. Même dans une Europe occidentale qui rejetterait tous ses modernismes et abandonnerait toute forme de libéralisme. 

Cependant une Russie-puissance ne peut renoncer à ses « directions géopolitiques » habituelles, lancées dans l’espace géographique du bassin de la Volga et de la Caspienne puis de la Sibérie dès le règne d’Ivan le Terrible, ni à la volonté de synthèse euro-russe de Pierre le Grand, faute de sombrer dans le chaos et surtout dans la récession. Sa présence courageuse en Syrie participe d’une volonté de perpétuer l’héritage de Catherine II qui entendait bien avoir une fenêtre sur la Méditerranée orientale.  

Je défends l’idée d’un eurasisme où aucune des composantes ne serait diabolisée selon les recettes éculées de la russophobie ou des anti-occidentalismes outranciers qui jettent le bébé avec l’eau du bain. Cette idée est effectivement née et s’est concrétisée immédiatement après la Guerre de Sept Ans au 18ième siècle. Suite aux défaites françaises en Amérique du Nord et en Inde, la thalassocratie anglaise jette les bases de sa puissance maritime sur la planète toute entière. En Europe, la France fait la paix avec l’Autriche-Hongrie, jusqu’alors son ennemie héréditaire, et celle-ci est alliée aux Russes de Catherine II dans sa grande offensive contre les Ottomans dans le Caucase, en Ukraine et en Mer Noire. Le futur Louis XVI épouse Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, mettant un terme à une guerre interminable de plus de trois siècles, commencée sous Charles le Hardi (dit le « Téméraire » en France). La France développe une politique maritime sur sa façade atlantique qui lui permettra, à terme, de damer le pion à l’Angleterre lors de la guerre d’indépendance des Treize Colonies, les futurs Etats-Unis. Mieux : la politique maritime de Louis XVI s’étend au Pacifique, où il avait envoyé La Pérouse. Les Russes explorent également le Pacifique et s’installent dans les Iles Hawaï, en Alaska et jusqu’en Californie où ils auront, longtemps, jusqu’en 1842, une frontière commune avec l’Empire espagnol ! Nous avons donc eu, au 18ième siècle, un eurasisme concret, efficace, progressiste au bon sens du terme. La Révolution française, manigancée depuis Londres, y mettra un terme, inaugurant de longues décennies de misères et de destructions. Le Congrès de Vienne, après la défaite napoléonienne à Waterloo, restitue une sorte d’union eurasiatique de l’Atlantique au Pacifique, sous la forme de la Sainte-Alliance ou « Pentarchie ». Elle ne durera que peu de temps. Les premières lézardes se forment lors de l’indépendance belge, où Français et Britanniques s’allient pour détruire le « Royaume-Uni des Pays-Bas », dont la reine était la sœur du Tsar. La guerre de Crimée mettra un terme définitif à toute coopération pentarchique, enclenchant un processus de russophobie dans le monde anglo-saxon et un processus d’occidentalophobie en Russie, qu’atteste notamment le Journal d’un écrivain de Dostoïevski. Toute vision eurasienne en Europe centrale et occidentale doit être portée par une volonté de restaurer la triple alliance franco-austro-russe du 18ième siècle et les bonnes intentions de la Pentarchie du 19ième. Il faut rejeter conjointement la russophobie et l’hostilité délirante au romano-germanisme, puisque l’idée de Saint-Empire est éminemment traditionnelle et non une idée issue de l’interprétation outrée et délirante de l’idéologie des Lumières par une brochette de crapules avocassières de Paris et de ses environs.   

Duginxcvvbnb.jpgEurope Maxima : Nous sommes un certain nombre à penser qu’un type de néo-eurasisme - celui professé par un Alexandre Douguine par exemple - n’est ni plus ni moins que le cache-sexe d’un nouvel impérialisme russe. Qu’en pensez-vous ? Le fait de critiquer, ou d’émettre des réserves sur la Russie de Vladimir Poutine, envisagée par certains comme la « Troisième Rome », est plus que clivant. Au point de voir apparaître parfois un véritable « reductio  ad atlanto-sionum » et de transformer certains acteurs de l’extrême-droite française en militants antifascistes...

Les deux principes qui doivent guider nos réflexions et nos démarches pragmatiques sont, premièrement, l’idée d’une union indéfectible des trois grands peuples slaves (Grands-Russes, Biélorusses et Ukrainiens), préconisée par Soljénitsyne, et, deuxièmement, l’interdiction de manipuler les peuples ou les Etats de l’ « étranger proche » contre la Russie, contre l’Europe ou contre l’Iran ou l’Inde. Cela passe par une dissolution de l’OTAN, bien évidemment, l’effondrement du système communiste ayant rendu cette alliance militaire centrée sur les Etats-Unis complètement caduque et inutile. C’est là un axiome à ne jamais perdre de vue : toute alliance transatlantique, impliquant l’immixtion de puissances de l’hémisphère occidental, donc de puissances extérieures à l’espace civilisationnel européen et à l’écoumène méditerranéen, ou l’immixtion de puissances historiquement hostiles à la civilisation européenne en tous les syncrétismes qu’elle a présentés au cours de son histoire pluriséculaire, est un danger qui menace notre civilisation en ses fondements les plus profonds car les unes entendent les affaiblir (donc les détruire à petit feu) tandis que les autres entendent les faire disparaître de la scène internationale par la violence djihadiste (ou assimilée).

Selon les principes succinctement énoncés par Leibniz, aucune turbulence retardatrice des synergies et des convergences à l’œuvre sur le territoire des grands pôles civilisationnels européen et chinois ni sur le gigantesque pont russe ou russifié qui les relierait, soit sur toute la masse continentale eurasienne et africaine, ne peut être tolérée si elle va dans un sens souhaité par une puissance extérieure à ces espaces ou si elle abonde dans le sens voulu par des religiosités ou des idéologies hostiles aux syncrétismes féconds des empires d’hier et d’aujourd’hui, et hostiles, je précise, au nom de farfeluteries théologiques ou idéologiques qui se veulent « fondamentalistes », que cela émane des corpus religieux et civilisationnels chrétiens, musulmans ou juifs. Quand ces fondamentalismes farfelus fusionnent, dans des stratégies retardatrices ou porteuses de turbulences inutiles et nuisibles, avec les linéaments dissolvants du néolibéralisme, ils doivent être combattus avec opiniâtreté et vigilance : on pense à la synthèse entre fondamentalisme puritain américain, fondamentalisme djihadiste de toutes moutures et néolibéralisme dans le chef du financier Soros ou encore aux mixtes délétères que sont les « révolutions orange » ou assimilées, théorisées par Gene Sharp au profit du Pentagone.

Créer des foyers de turbulences est l’une des stratégies favorites des thalassocraties qui ne veulent pas que se créent des synergies ou des sphères de coprospérité sur la masse continentale, au-delà des grands océans Atlantique et Pacifique qui délimitent l’hémisphère occidental. Ces foyers sont nombreux : Donbass (et demain la Moldavie), Kosovo, Syrie, conflit israélo-palestinien, Irak, Afghanistan, Birmanie avec les Rohingyas, troubles dans l’isthme birmano-thaïlandais, tiraillements dans la Mer de Chine méridionale, etc. Partout, on voit la main de services liés à l’hyperpuissance de l’hémisphère occidental alliée aux fondamentalismes wahhabites. Toutes les puissances d’Europe et d’Asie doivent s’opposer de concert à la création et l’entretien de telles turbulences : il en va de la survie de toutes les civilisations syncrétiques, de grande profondeur temporelle, qui se sont déployées et installées dans ces vastes régions du monde.

Pour revenir plus précisément à la Russie, où Douguine occupe une place idéologique importante ou dont l’importance est gonflée dans les médias occidentaux, force est d’accepter son analyse qui est partie du constat de la déchéance russe sous Eltsine dans les années 1990. La Russie, pas plus que la France, l’Allemagne et le reste de l’Europe, n’est faite pour le libéralisme des oligarques ou du CAP40 : il est donc nécessaire de faire un pas en retrait (je n’ai pas dit en « arrière » comme l’auraient dit les progressistes néolibéraux…) par rapport aux recettes désormais éculées du libéralisme à l’anglo-saxonne ou à la mode bricolée et imposée à l’Europe après 1945 (je veux désigner ici le libéral-constitutionnalisme « octroyé » disait Hans-Dieter Sander, récemment décédé, ou dit aujourd’hui le politologue allemand Josef Schüsselburner, deux hommes que j’avais traduits du temps des revues Vouloir et Nouvelles de Synergies européennes).

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On parle désormais de « démocraties illibérales » pour fustiger, dans les médias dominants, ces « pas en retrait » que l’on peut observer dans des pays comme la Pologne (en dépit de son alliance ferme avec la grande thalassocratie d’Outre-Atlantique), en Hongrie avec Orbàn et, bien sûr, en Russie avec Poutine. Ce pas en retrait doit impérativement être fait face à toutes les folies sociétales qui tourneboulent les démocraties et les sociétés qui ne veulent pas franchir le pas vers cet « illibéralisme » salvateur et rééquilibrant. A cela doit s’ajouter, si le « libéralisme » persiste à être confondu avec les délires néolibéraux en vogue depuis Thatcher et Reagan, une ferme intention de revenir au moins au capitalisme rhénan (explicité dans les années 1990 par Michel Albert) ou au capitalisme patrimonial ou à l’ordo-libéralisme, avec un rejet sans ambigüité du capitalisme spéculateur et manchestérien et un retour définitif à diverses formes de planisme (comme au temps du gaullisme des années 1960) ou aux pratiques de l’économie dite de la « régulation ». En gros, nous devons opérer un retour aux économies dites « hétérodoxes », qui tiennent toutes bien compte des contextes géographiques et historiques des zones qu’elles sont appelées à gérer.

C’est l’illibéralisme des positions de Poutine qui fait sa force, les Russes sachant instinctivement que les délires sociétaux de l’américanosphère occidentale ou que le libéralisme des oligarques ne peuvent qu’apporter des malheurs, même si cette posture politique, éminemment politique, ne leur procure, pour l’instant, qu’un développement socio-économique moins spectaculaire au niveau des ménages qu’en Europe, où pourtant, la récession se fait cruellement sentir, notamment dans la France dite « d’en-bas » (cf. Christophe Guilluy), une récession affligeante que les médias ne cessent de dissimuler derrière leurs écrans de fumée idéologiquement corrects. En ce sens, la Russie est sans doute la « Troisième Rome » de notre époque, celle de l’illibéralisme appuyé par son église orthodoxe, aussi et surtout parce que l’UE, profondément dévoyée, ne veut plus être la réincarnation de la « Première Rome », germanisée à partir de 955, suite à la bataille de Lechfeld, emportée par l’Empereur Othon I.

En évoquant la réduction à l’ « atlanto-sionisme » et la mutation de certains nationalistes en anti-fascistes, vous voulez sûrement parler de la nouvelle question ukrainienne qui agite les milieux européistes illibéraux, où les uns prennent parti pour les combattants pro-russes du Donbass et les autres pour les militants du bataillon « Azov ». Personnellement, je ne veux pas de querelles et d’affrontements sur le territoire de l’Ukraine ni dans la région du Caucase : de tels affrontements ne font que le jeu des puissances de l’hémisphère occidental qui enrayent de la sorte les communications entre l’espace russo-sibérien, le Caucase, l’Iran, l’Inde et la Chine. Aucun frein aux communications ne peut avoir lieu en ces zones-là de notre propre « étranger proche » (qui est aussi celui des Russes). L’ « atlanto-sionisme » des polémistes que vous évoquez n’est pas une sorte de croquemitaine métaphysique mais est bel et bien, pour moi, l’hyperpuissance dont l’Etat profond est marqué par l’idéologie iconoclaste, puritaine et bibliste, née dans les années 1560 dans la région de Valenciennes et de Maubeuge, qui a déclenché une vague de vandalisme délirant en Flandre et en Hollande, avant de passer en Angleterre puis, avec l’exil des pèlerins du Mayflower, aux futurs Etats-Unis. L’Etat profond, c’est cela, c’est cette identification à un message biblique complètement artificiel, étranger même aux vieilles communautés juives, message qui forme la texture intime de l’Etat profond américain qui a dominé la planète sans partage depuis 1945 et qui est challengé uniquement par la Chine depuis une quinzaine d’années. Ni les combattants du Donbass, partagés entre paléo-communistes et nationalistes orthodoxes, ni les militants du bataillon Azov n’entendent, me semble-t-il, partager l’idéologie anti-syncrétique des biblistes américains, des télé-évangélistes puritains, des chrétiens sionistes (plus nombreux que tous les sionistes et juifs des Etats-Unis !) ou des néo-sionistes israéliens (dénoncés avec pertinence par les universitaires post-sionistes de l’Etat hébreu, dont on ne lit pas assez les thèses dans les milieux métapolitiques que nous suivons ou apprécions). Ce qui est navrant, c’est que douguinistes virulents et azovistes zélés communient conjointement dans le culte de la révolution conservatrice allemande des années 1920, citent et traduisent Arthur Moeller van den Bruck, Ernst Jünger, Oswald Spengler et Martin Heidegger sans se rendre compte que tous ces grands penseurs, dont on ne cesse de potasser les œuvres tant elles sont pertinentes et pérennes, percevaient, sans hésitation, l’américanisme, en tant que forme outrancière du modernisme, comme le plus grand danger qui guettait l’humanité. Leurs lectures communes devraient plutôt les inciter à former un front commun ! Je crains qu’en Ukraine et au Donbass, et par ricochet en Russie, on ne soit en train de reproduire sans aucune adaptation nécessaire, des formes désuètes ou démonétisées du passé : d’un côté, il y a exaltation des formes propres au Troisième Reich allemand, de l’autre, retour aux formes complètement anachroniques du communisme soviétique, y compris dans les commémorations officielles de la Fédération de Russie, alors que le ministre russe des affaires étrangère Sergueï Lavrov pratique une diplomatie parfaitement traditionnelle après que les Américains ont rejeté explicitement la pratique de la diplomatie, décriée comme une vieillerie propre à la « Vieille Europe » franco-allemande. Il y a donc un hiatus sérieux à déplorer entre une pratique diplomatique, traditionnelle et vénérable, qu’il convient de « re-planétariser », et des nostalgies ridicules qui permettent d’orchestrer une propagande antirusse, sur la base d’un vieil antisoviétisme anachronique mais remis au goût du jour, en Europe de l’Est, notamment en Pologne et dans la partie de l’Ukraine qui est marquée par l’église uniate. Ce folklore soviétique, stupidement réactivé à l’ère postsoviétique, a les mêmes effets qu’aurait, en Pologne, en France ou en Tchéquie, la réactivation des défilés allemands des années 1930 dans l’Allemagne de Merkel ! Le retour à des formes passées mais non traditionnelles est inutile et contreproductif.

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Enfin, je repense avec tristesse à tous les efforts qu’avait entrepris un écrivain comme Wolfgang Strauss, un ancien interné du goulag de Vorkhuta, pour réconcilier, dans une perspective populiste et organique, les Allemands, les Russes et les Ukrainiens : sa pensée s’alignait sur celle de Soljénitsyne et pouvait être qualifiée de « folciste », de « néo-slavophile » ou de « néo-narodnikiste ».     

Europe Maxima : Dans le dernier tome « L’Europe, un balcon sur le monde » vous ouvrez la perspective européenne sur le reste du monde. Il fut un temps où l’Europe dominait le globe. Dorénavant on pourrait presque dire l’inverse. La multipolarité est-elle vraiment un avantage pour l’Europe ? L’opposition Nord/Sud n’est pas pour autant caduque...

Ne nous faisons pas d’illusions : la domination véritable de l’Europe sur le reste du monde n’a été que de courte durée. Je dirais qu’elle a duré de l’installation des Anglais à Aden jusqu’à leur départ des Indes en 1947. Soit à peu près 124 ans, le huitième d’un millénaire. Jusqu’à la mainmise totale des Anglais sur les Indes en 1847, année où Victoria devient « Impératrice », les grands pôles économiques de la planète sont l’Inde et la Chine, qui valent à elles deux plus de 35% de l’économie mondiale. Le 19ième siècle voit le triomphe, en Europe, d’une révolution industrielle basée sur le charbon et l’acier, puis, dans la première décennie du 20ième, sur le pétrole, qui sera d’abord américain, caucasien (donc russe) ensuite, puis, finalement moyen-oriental (iranien et arabe-saoudien). Nous assistons à un ressac économique de l’Europe, malheureusement accompagné d’un déclin moral sans précédent, qui fait de nous la risée de la planète : libéraux, soixante-huitards, maniaques du sociétal et du gendérisme contribuent à rendre ce qui reste de notre civilisation complètement ridicule et aberrant. Bon nombre de peuples non européens rejettent à juste titre ce pandémonium et nous couvrent de leur mépris : la haine du Blanc est aussi (mais pas seulement) la haine envers un homme qui a profondément et ridiculement dégénéré, ce que l’on n’attendait pas du tout de lui, à qui on reproche désormais de nier les assises du réel social, biologique, ontologique. Certes la haine due au ressentiment, à un sentiment d’infériorité mal placé, existe aussi mais elle n’osait pas, jusqu’ici, s’exprimer avec la même frénésie. Le déclin de l’Europe est bien sûr tributaire des effets désastreux des deux guerres mondiales, avec les épouvantables saignées qui en ont découlé et que l’on repère dans une France qui a dû faire appel très tôt à des immigrations non européennes, dans une Allemagne où le ressac démographique atteint des proportions très inquiétantes, dans une Russie qui ne s’est jamais vraiment remise des pertes humaines du communisme et de la guerre de 1941-1945. Moralement, nous assistons à une implosion de la civilisation européenne : Paul Valéry, Thomas Mann (dans La montagne magique), Christopher Isherwood (qui a décrit le Berlin décadent sous la République de Weimar) et bien d’autres encore ont observé les premiers balbutiements de cet effondrement. Après la seconde guerre mondiale, les services américains vont induire, par les médias, le cinéma, certaines revues, une junk culture décadente, dans le but à peine dissimulé était d’affaiblir l’Europe et de l’empêcher à jamais de retrouver ses lustres d’antan. Ce travail de sape va s’effectuer sur deux tableaux : d’une part, une culture de frivolités et de distraction totale pour empêcher élites et classes populaires d’avoir une pensée véritablement politique, au service de la Cité et du long terme, et d’autre part, une culture de la culpabilité et de la repentance pour empêcher ces mêmes catégories sociales de poursuivre la trajectoire éternelle de leur histoire propre, en les amenant à juger celle-ci toujours imparfaite et toujours criminelle.

sjjc.jpgLa multipolarité est, dans ce cadre, une revendication d’autonomie de la part d’autres grandes puissances ou de quelques puissances régionales dites émergeantes, aujourd’hui essentiellement russe et chinoise (puisque l’Europe est hors du jeu sous la double chape de cette junk culture et de cette culture de la repentance). Cette revendication d’autonomie conteste aux Etats-Unis le droit de gérer seuls la planète et de promouvoir uniquement leur ordre du jour dans les affaires de tous les continents. A terme, cette revendication de multipolarité, à laquelle l’Europe devrait participer, vise la juxtaposition pacifique d’entités s’assimilant à des empires ou des « grands espaces » selon la conception de Carl Schmitt, lequel définissait, tout comme son disciple Bernhard Willms, le monde comme un pluriversum et non un universum, ainsi que le voulait le Président presbytérien Woodrow Wilson, l’homme politique américain dont Schmitt a toujours vivement contesté les visions et cela, dès le début de son itinéraire intellectuel, dès les années 1920.

Quand vous parlez de la résilience de « l’opposition Nord/Sud », je suppose que vous évoquez le terrible problème des immigrations africaines en Europe, accentué davantage encore depuis l’effondrement total de la Libye du Colonel Khadafi, suite aux prises de décision les plus calamiteuses de l’histoire récente, notamment dans le chef du Président bling-bling Nicolas Sarközy. Cette « opposition », comme vous dites, doit être regardée sous deux angles : 1) elle est possible uniquement parce que l’installation de tous les migrants imaginables est désormais possible et financièrement avantageuse pour eux, sans que ne soit pratiquée une discrimination positive et qualitative à l’égard de ces migrants, et sans une évaluation objective, et très stricte, de l’utilité sociale de cette installation massive. Un filtrage restrictif serait utile, justement sur base de la possible utilité sociale que pourrait éventuellement revêtir le migrant. Toute installation sauvage, comme cela se passe aujourd’hui, est à proscrire ; 2) la politique des portes ouvertes, préconisée par les médias dominants, les bonnes consciences (que Hegel appelait les « belles âmes » dans des textes incisifs que l’on ferait bien de relire, surtout à gauche de l’échiquier politique conventionnel), est ni plus ni moins qu’un instrument des réseaux dominés par Washington pour noyer l’Europe dans une population qui ne dépend, finalement, que des allocations sociales, généreusement distribuées depuis les « Trente Glorieuses », devenues bien vite les « Quarante Piteuses ». Comme on l’observe dans l’Allemagne de Merkel depuis 2015, quand les portes se sont ouvertes toutes grandes aux flots de migrants en provenance de partout et de nulle part, le magnifique édifice du système allemand de sécurité sociale s’est lézardé dangereusement, avec un nombre croissant et finalement assez impressionnant d’Allemands, surtout des retraités ou des jeunes ménages (ce qui est très grave démographiquement parlant), qui plongent tous dans une effrayante précarité. En France, cet afflux massif, sans réelle utilité sociale, empêche les pouvoirs publics de s’occuper des régions périphériques, qui plongent dans une récession très inquiétante. On reste pantois en constatant que les partis politiques dominants, sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, oeuvrent aujourd’hui à détruire totalement les systèmes de sécurité sociale qu’ils ont édifiés jadis, à la suite de longs combats, menés par des militants socialistes ou jocistes exemplaires, dont le travail est allègrement trahi et dont les bénéficiaires potentiels sont grugés sans vergogne.

Sans même mentionner les budgets démesurés que les pays européens vont devoir consacrer au maintien de l’ordre dans leurs villes suite à ces immigrations incontrôlées, celles-ci entraîneront un gonflement démesuré des frais sociaux, des allocations familiales et de substitution et des nouveaux logements sociaux à construire en lisière des grandes villes. Donc ces migrations, socialement et économiquement inutiles, même si elles ont été tolérées au départ par les principes généreux des socialistes et des jocistes, ont pour but politique, non pas d’assimiler des populations africaines, moyennes-orientales ou autres, au nom d’un eudémonisme éclairé ou caritatif, mais de lester les budgets des Etats européens afin qu’ils n’investissent plus dans un enseignement de qualité, dans la recherche et le développement en hautes technologies (satellites, nanotechnologie, avionique de pointe, télécommunications, etc.) et surtout pour qu’ils ne développent plus leurs forces armées, dont les budgets et les effectifs sont, en effet, constamment réduits. Nous déboucherons alors très vite, si ce n’est déjà fait, sur la ruine de l’Etat napoléonien ou clausewitzien ou encore gaullien, bâti sur le principe romain du Si vis pacem, para bellum. Et sur la ruine de l’Etat-Providence, construit par les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, depuis la deuxième internationale et depuis l’encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII.

Les médias, qui, en bout de course, finissent toujours par reprendre des mots d’ordre préalablement lancés par des officines médiatiques américaines, habilement téléguidées par les services spéciaux, favorisent cette immigration massive et inutile, non pas pour pratiquer une politique d’assimilation ou pour concrétiser un programme charitable basé sur l’importante vertu éthique et politique qu’est la générosité, mais pour torpiller tous projets européens dans les domaines cruciaux que sont le développement technologique et les forces armées. A cause des budgets nationaux déséquilibrés par l’hypertrophie subite et inattendue du social, les investissements impératifs, pour toute entité politique vivante, sont impossibles à réaliser. Le mixte idéologique, couplant gauchisme sociétal et néolibéralisme, et les immigrations massives sont des armes de quatrième génération pour paralyser le seul « grand espace » qui pourrait réellement défier Washington en tant qu’unique superpuissance, soit en s’autonomisant soit en forgeant des alliances conditionnelles avec des puissances petites et grandes de son environnement eurasien immédiat.  

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Europe Maxima : La Chine pèse dorénavant dans l’équation économico-politique mondiale. Où la situeriez-vous parmi les forces en présence ?

La Chine, qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, constitue aujourd’hui un modèle intéressant à observer sinon à imiter. On dit, notamment en Allemagne avec le sinologue Aust, qu’elle doit sa renaissance à la réactivation des principes de Confucius, après la parenthèse communiste et maoïste. Cette affirmation est évidemment exacte, Confucius, d’après la thèse de Karl Jaspers sur les « périodes axiales de l’histoire », étant l’un de ces indépassables fondateurs de valeurs créatrices et consolidatrices de civilisations, qui ont émergé entre le septième et le cinquième siècles avant l’ère chrétienne en Chine, en Inde, en Iran, en Palestine juive et en Grèce. Confucius a joué en Chine un rôle similaire à celui d’Aristote dans l’orbe hellénique, en proposant une vision réaliste et pragmatique des choses politiques, des res publicae. Yvan Blot a raison de nous rappeler, très souvent, que la lecture des œuvres d’Aristote est un impératif d’hygiène intellectuelle, surtout celles qui sont relatives à la politique et à l’éthique (dont l’indispensable Ethique de Nicomaque). Une Chine qui opère un retour aussi net à Confucius devrait être flanquée d’une Europe qui retournerait sans détours inutiles à la Politique d’Aristote et à son Ethique de Nicomaque. Car, il y a, pour notre sous-continent, la nécessité urgente de revenir aux humanités classiques, battues en brèche depuis l’avènement calamiteux des biblismes iconoclastes au 16ième siècle, qui ont été, avant tout, une révolte, profondément imbécile, contre le retour aux racines préchrétiennes de l’Europe grecque et latine. La Renaissance n’est pas autre chose que ce retour. Cet iconoclasme imbécile constitue la base première, la source idéologique initiale, de l’Etat profond américain et des hystéries destructrices du wahhabisme saoudien. Les adversaires principaux et secondaires de l’Europe classique s’articulent sur un dispositif idéologico-théologique qui cultive l’intention bien arrêtée de détruire tous les acquis de civilisation antérieurs à l’avènement de leurs faux prophétismes.

Dans un tel contexte, la Chine, le Japon, l’Inde hindouïste (rassemblée derrière les étendards du BJP), constituent tous trois de puissants môles de résistance à toutes les théologies hostiles aux valeurs ancrées dans la profondeur temporelle ainsi qu’aux idéologies modernistes éradicatrices, en dépit de la terrifiante parenthèse communiste que la Chine a connue. Ces trois pôles non abrahamiques peuvent nous aider à nous débarrasser de toutes les scories théologiques et idéologiques qui se sont malheureusement incrustées dans notre psyché depuis les catastrophes du 16ième siècle et des guerres de religion en Europe occidentale et depuis les révolutions jacobines et communistes, qui se prétendaient « éclairées », pour mieux plonger l’Europe dans la confusion et dans l’horreur. De même, les principes confucéens, shintoïstes et védiques qui animent la Chine, le Japon et l’Inde actuels peuvent parfaitement constituer des antidotes à la piètre mixture de soixante-huitardisme, de néolibéralisme et de gendérisme qui immerge nos sociétés occidentales dans la bouffonnerie la plus abjecte.

Enfin, si la Chine de Xi Jinping est à nouveau confucéenne, elle est aussi inspirée par des théoriciens de la politique et de l’économie qui sont purement européens. Après les guerres de l’opium, menées par le Royaume-Uni et la France contre la Chine impériale dans la première moitié du 19ième siècle, le Céleste Empire a connu un siècle de honte et d’humiliation, qu’il n’est pas prêt d’oublier. Marx a eu des disciples qui ont donné mauvaise réputation à son œuvre, dont les protagonistes de la « révolution culturelle » dans la Chine maoïste et la fameuse « Bande des Quatre ». Le 19ième siècle allemand a toutefois révélé un autre penseur politique, bien plus important, et dont les retombées pratiques ont toutes été positives et incontournables. Je veux parler de Friedrich List, théoricien du développement économique et infrastructurel des nations, surtout celles qui étaient sur la voie d’un développement. List a préconisé le développement de la Zollunion allemande par la création d’un système de douane particulier et par la création de voies de communication ferroviaires. Tout à la fois sujet prussien et citoyen américain, List a préconisé le creusement de canaux entre les Grands Lacs du continent nord-américain et la côte atlantique pour acheminer vers les ports le surplus de blé cultivé dans le Wheat Belt, de même, il a proposé de relier par chemins de fer l’Atlantique au Pacifique, donnant aux Etats-Unis la puissance démultipliée que donne toute forme de bi-océanité. En France, il a proposé la « colonisation intérieure » du territoire. Ses idées n’ont pas manqué de séduire les mandarins clairvoyants qui entendaient sortir au plus vite du siècle de honte, imposé surtout par les Anglais. Les Républicains chinois, qui arriveront au pouvoir à Pékin en 1911, ont eu des ministres et des hauts fonctionnaires qui avaient retenu la leçon de List. L’idée actuelle des routes de la Soie est bel et bien un avatar contemporain de la pensée de List et de ses disciples chinois. Un projet listien pour le 21ième siècle !

Certes, le phénomène connexe au néolibéralisme qu’est la délocalisation des petites industries, dont les industries textiles et du jouet, par exemple, est un expédient qui a favorisé la montée de la Chine au détriment de notre petit tissu industriel localisé et disséminé sur l’ensemble de nos territoires nationaux. Si nous devons applaudir la Chine de Xi Jinping aujourd’hui, c’est pour le projet des routes de la Soie. Si nous devons nous en méfier, c’est parce que nous devons absolument reconstituer chez nous notre petite industrie qui a été délocalisée à cause des élucubrations des théoriciens irréalistes du néolibéralisme.   

Europe Maxima : Que pensez-vous du réveil de l’islam ? Adhérez-vous à la thèse du choc des civilisations ou avons-nous affaire, en fait, à une instrumentalisation des franges radicales de l’islam par certaines officines occultes ?

Je ne pense pas que l’hystérie fondamentaliste qui agite le monde islamique aujourd’hui soit un « réveil ». C’est une crise, un cri de colère face à une incapacité fondamentale et phénoménale de participer aux synergies fécondes des autres civilisations. Cette incapacité n’est pas un propre à la civilisation islamique puisque celle-ci, grâce à d’habiles et ingénieux syncrétismes, a pu, à certains moments-clés de l’histoire, atteindre des niveaux d’excellence incontestable et développer ce que d’aucuns nomment, un peu abusivement, des « Lumières » musulmanes (Islamic Enlightenment). Le terme est abusif car on ne peut transposer des phénomènes euro-occidentaux comme le moyen-âge ou les Lumières dans des contextes civilisationnels différents. C’est là une importante leçon que nous ont léguée Oswald Spengler et son disciple tunisien Hichem Djaït. S’il n’y a pas eu de phénomènes entièrement assimilables aux Lumières ouest-européennes dans les autres civilisations, dont l’islam, il y a eu, en revanche, des syncrétismes féconds, là-bas, qui ont donné des résultats positifs qui doivent être étudiés, analysés et imités, si cela s’avère utile. Or, les fondamentalismes wahhabites et salafistes qui font rage aujourd’hui dans le monde musulman et ont plongé la Syrie dans une horreur qu’elle ne méritait vraiment pas, rejettent avec véhémence les syncrétismes qui ont fait la gloire de bon nombre de phénomènes civilisationnels musulmanisés. Ce rejet sanctionne simultanément l’incapacité à se brancher sur d’autres excellences civilisationnelles et à se nourrir des acquis concrets d’autrui. Reproche que l’on peut évidemment adresser au fondamentalisme américain, incapable de reconnaître de l’excellence en dehors de ses messages étriqués.

La vigueur des syncrétismes ne se vérifie pas seulement dans certaines phases de l’histoire de la civilisation islamique. Elle se vérifie également dans notre propre civilisation. La chevalerie européenne, qui fut vectrice de progrès organisationnels, notamment dans le chef des ordres hospitaliers, est un syncrétisme romano-germano-sarmate christianisé. Le thomisme est un syncrétisme helléno-chrétien qui restitue à Aristote toute la place qu’il doit avoir dans les vastes cités politiques, qu’elles soient nôtres ou autres (mais alors sous d’autres oripeaux, dont les oripeaux confucéens). En islam, il y a eu des syncrétismes irano-islamiques ou aristotélo-islamiques : ceux précisément que les fondamentalismes salafistes veulent détruire de fond en comble aujourd’hui, tout en étant ouvertement ou secrètement alliés au puritanisme de l’Etat profond américain, désireux, lui, de détruire les racines vives de la civilisation européenne.   

Europe Maxima : Nous serons d’accord que l’Europe ne pourra jamais incarner une troisième voie autonome tant qu’elle sera inféodée au bloc occidental. Comment pourrions-nous nous émanciper de cette tutelle ?

Est-il encore opportun de parler de « Troisième Voie » ? On en parlait, du temps où se dressaient le Rideau de Fer et le Mur de Berlin, séparant une orbe capitaliste d’un orbe où régnait le communisme. La « Troisième Voie » voulait biffer les aspérités du communisme, tout en proposant un socialisme solidariste et en cherchant à réduire les excès du capitalisme en régulant « corporativement » les instances productrices de l’économie, selon les théories suggérées par Proudhon, De Man, de Mun, Sorel, etc. Aujourd’hui, le communisme est mort. Il n’y a plus que le capitalisme sous le signe extrême du néolibéralisme qui soit en piste en Europe, face à des « grands espaces » ou de petits pays qui optent parfois pour l’illibéralisme, en désirant gommer les aspects les plus déplaisants du néolibéralisme, les dérives folles du sociétal et les affres incapacitants de la repentance perpétuelle. La « Troisième Voie » d’hier est aujourd’hui une « Deuxième Voie », plurielle et contextualisée, en révolte contre la volonté frénétique de vouloir tout universaliser. Les pays illibéraux adhèrent partiellement à cette « Deuxième Voie » alternative, en refusant l’alignement sur la pensée unique propagée par la superpuissance thalassocratique dominante, qui ne veut qu’un seul modèle économique, celui du néolibéralisme. L’objectif est d’infléchir l’illibéralisme, réaction partielle et incomplète, vers une alternative plus radicale, dans le sens où l’adjectif qualificatif « radical » ne doit pas être confondu avec le qualificatif/substantif « extrémiste » car il indique une volonté de retour à ce qui relève des racines donc des profondeurs (temporelles et telluriques) de toute histoire particulière. La « Deuxième Voie » n’est pas aujourd’hui un corpus tout fait mais un corpus en gestation et en devenir qui vise l’érosion de toutes les pesanteurs, et demain de toutes les traces, de la « Première Voie » dominante. Dilthey, penseur allemand du 19ième, disait que l’on ne pouvait définir que les formes mortes et que l’on ne pouvait jamais définir ce qui était vivant, en marche, en devenir. Une des faiblesses de notre mouvance métapolitique est de ne pas avoir suffisamment étudié les méthodes de Dilthey, héritier de Herder, précurseur de Spengler et de toutes les pensées organicistes du 20ième siècle, au-delà même des excellences de la « révolution conservatrice » allemande dont bon nombre d’entre nous se posent comme les seuls héritiers.

Etre inféodé au bloc occidental dominé par les Etats-Unis, c’est être inféodé à une puissance qui veut notre affaiblissement perpétuel comme l’explique aujourd’hui, en Espagne, la Colonel Pedro Banos. Peut-on raisonnablement vouloir son affaiblissement perpétuel ? Sa déchéance ? Non, bien sûr. Seuls les fous veulent un tel état de choses (et ils sont hélas fort nombreux aujourd’hui au sein même de nos Etats…). Pour se dégager de cette inféodation, un front du refus est nécessaire, articulé entre tous les Européens au-delà des frontières étatiques et linguistiques. Ce front du refus, ce front de la rétivité générale comme j’ai déjà eu l’occasion de l’appeler, est une œuvre métapolitique d’envergure à laquelle pas un seul combattant métapolitique ne peut se soustraire : elle peut se décliner sous de multiples formes, par exemple, en proposant par la parole et l’écrit une géopolitique alternative, en luttant de toutes les manières possibles et imaginables contre la fameuse junk culture, dénoncée par l’Américaine Suzanne Jacoby, en revalorisant tout ce qui est vernaculaire contre les habitudes universalistes de consommation alimentaire, de consommation culturelle, en boycottant systématiquement tous les produits venus d’Outre-Atlantique (portables, voitures, ordinateurs, loisirs, boissons, parcs d’attraction ...), en s’insurgeant contre les fusions industrielles et financières qui livrent des entreprises historiquement européennes à des cartels américains, en luttant contre toutes les injustices socio-économiques qu’entraîne le néolibéralisme, en revalorisant les héritages classiques européens dans l’enseignement et en littérature, en philosophie, en art. Il va de soi qu’il convient de militer, comme militaient les mouvements communistes des années 1950 jusqu’à l’affaire des missiles en Allemagne entre 1979 et 1982, contre l’OTAN, contre la participation de nos Etats aux opérations de l’OTAN, contre l’expansion de cette alliance contraire à nos intérêts, contre la présence de puissances non européennes dans cette organisation. En France, cela signifie un retour à la politique gaullienne de non inféodation. En Suisse, en Autriche, en Suède et en Finlande, cela signifie une volonté de demeurer des Etats neutres, non alignés. Le travail nécessaire pour se dégager de cette inféodation, qui nous mène à une mort lente mais en phase d’accélération rapide et de plus en plus imminente, est le plus important qui soit, le plus ample à parfaire.

(réponses formulées à El Campello/Alicante, avril 2018).

mercredi, 07 mars 2018

Robert Steuckers sur Radio Courtoisie : Géopolitiques de la grande Europe

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Robert Steuckers sur Radio Courtoisie : Géopolitiques de la grande Europe

RS-RC030318.jpgRobert Steuckers sur Radio Courtoisie : « Perspectives historiques et géopolitiques de la Grande Europe et de l’Eurasie ».
 
Pascal Lassalle recevait Robert Steuckers le 3 mars 2018 sur Radio Courtoisie à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions BIOS et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le destin de notre continent.
 
Participez à la conférence « L’Europe, une civilisation politique ? La politique pour éviter la guerre ! » avec Robert Steuckers, le 9 mars 2018 à Lille.
Informations : http://bit.ly/2oG0VbV
 
La trilogie "Europa" de Robert Steuckers, disponible sur le site des éditions "Le retour aux sources" : http://bit.ly/2uClA40
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

mardi, 06 mars 2018

EUROPA - Volume I, II & III (R. Steuckers)

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EUROPA - Volume I, II & III

(10 janvier 2018)

I : VALEURS ET RACINES PROFONDES DE L'EUROPE

Les valeurs qui nous déterminent ou devraient encore et toujours nous déterminer sont nées aux périodes axiales de l’histoire, nous expliquait Karl Jaspers. Pour l’Europe et pour les peuples de souche européenne, Jaspers situait cette émergence de valeurs dans l’antiquité, aux époques de Zoroastre ou de Socrate.

Pour la Grèce, nous situerions cette émergence à l’ère homérique. D’autres filons philosophiques voient la naissance de valeurs fondatrices en Europe à d’autres époques, portée par d’autres figures individuelles ou collectives : Marc-Aurèle, Maître Eckhart, Sohrawârdî, Nietzsche…

Il s’agit désormais, à une époque de nihilisme profond, de vide, de ressusciter ces valeurs fondamentales et traditionnelles par un combat métapolitique permanent et vigilant, créant tout à la fois une rétivité sociale, politique et militante, dirigée contre les vecteurs du nihilisme délétère, et, chez chacun des combattants politiques ou métapolitiques, du plus humble au plus prestigieux, une force intérieure tranquille, inaccessible aux séductions perverses de la modernité dévoyée.

II : DE L'EURASIE AUX PÉRIPHÉRIES, UNE GÉOPOLITIQUE CONTINENTALE

Les deux guerres mondiales du XXème siècle nous ont appris que seuls comptaient sur l’échiquier planétaire les grands espaces, théorisés par les écoles géopolitiques et par le juriste Carl Schmitt.

Pour l’Europe, il s’agit de s’insérer dans un espace eurasien qui englobe la Sibérie russe, comme au temps de l’alliance tacite entre Louis XVI, Marie-Thérèse et Catherine II ou comme au temps, trop bref, de la Sainte-Alliance post-napoléonienne.

Cette convergence eurasienne implique un regard bienveillant sur les espaces perse, indien ou chinois (confucéen), de façon à créer un monde multipolaire où le politique repose sur des assises éthiques traditionnelles et solides, sur les longues mémoires, sur la plus grande profondeur temporelle possible.

III : L'EUROPE, UN BALCON SUR LE MONDE

L’Europe, c’est d’abord une identité anthropologique. Mais c’est aussi une réalité géographique : une presqu’île à l’ouest d’une masse continentale eurasienne, perpétuellement assiégée, depuis les Huns, les Avars ou les Ottomans jusqu’aux faux réfugiés économiques arrivant aujourd’hui à Lampedusa ou à Lesbos.

Une Europe réveillée doit connaître son passé tragique, son passé de sous-continent et d’humanité assiégée, doit se remémorer la volonté de combattre de ses générations antérieures et les ressorts religieux et idéologiques de ses voisins, amis ou ennemis. Il n’y a pas de politique cohérente possible, pas d’avenir stable, sans longue mémoire.

Ce livre entend surtout, et de manière didactique, fournir les éléments de cette mémoire qu’il faudra impérativement, impérialement, retrouver, sous peine de mort, de disparition dans la honte et la misère.

 Editions BIOS
Directeur: Laurent Hocq
 
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+33 7 70 27 00 46
laurent.hocq@editionsbios.fr
 
Janvier 2018
Trois volumes d'un total de 996 pages
ISBN : 979-10-94233-01-6
75.00 €
(chaque volume peut s'acquérir individuellement au prix de 25 euros chacun)
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jeudi, 22 février 2018

Europa, Eurasia ? Identité et géopolitique du grand espace continental par Robert Steuckers

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Europa, Eurasia ? Identité et géopolitique du grand espace continental par Robert Steuckers

Méridien Zéro, émission n°330 : « Europa, Eurasia ?
Identité et géopolitique du grand espace continental,
discussion avec Robert Steuckers ».
 
PGL vous propose un entretien avec Robert Steuckers,
à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions Bios
et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le
destin de notre continent.
 
Ce sera l’occasion également de revenir sur son
parcours.
La trilogie "Europa" de Robert Steuckers, disponible
sur le site des éditions "Le retour aux sources" : https://www.leretourauxsources.com/25...
 
Le Retour aux Sources Éditeur :
 
 
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mardi, 20 février 2018

TERRE & PEUPLE Magazine n°74: Jacobinisme liberticide

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°74: Jacobinisme liberticide

Le numéro 74 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème du 'Jacobinisme liberticide'.

Dans son éditorial, Pierre Vial croise ses projecteurs sur les dénis du réel que proclament sans pudeur les saltimbanques obscènes de la comédie politicienne européenne, avec en tête le micro-Macron.  Président des riches, il affecte de ne pas voir la pauvreté de neuf millions de ses compatriotes, ou de pouvoir l'imputer à leur paresse.  Et de n'apercevoir, dans la crise démographique et le grand remplacement, qu'une hypothèse complotiste, et dans la menace djihadiste et la radicalisation qu'un problème de rééducation de déséquilibrés.  Il serait, cela mis à part, l'homme de l'avenir.  Quel avenir ?

indo-europeens_jean_haudry_F_B.jpgC'est Robert Dragan qui recueille la pensée de Jean Haudry, prélat de la confession indo-européaniste, sur son livre 'La religion des Indo-Européens' et en particulier sur 'Le feu dans la tradition indo-européenne'.  Le feu est primordial dans la tradition préhistorique, central dans le foyer qu'il illumine et réchauffe.  Il éclaire des métaphores, telle le feu de la parole qualifiante, le feu des eaux, qui désigne l'or.  Si, à l'époque classique, il est présenté sous les formes d'une profusion de divinités diverses, d'Hestia-Vesta à Prométhée, en passant par Apollon, Héphaïstos et Artémis, avec leurs correspondants celtiques, germaniques, indiens, slave ou baltes, cette prolifération exprime l'importance de la notion : le feu est omniprésent dans la nature et dans l'homme.  L'idée que la fortune est liée au feu apparaît à la fois très ancienne, à en juger sur les correspondances sur lesquelles elle se fonde, et très durable.  Pour Héraclite, le feu constitue la substance même de l'univers.  Aristote fait remonter cette conception à Pythagore.  De fait, pour Philolaos, le « foyer de l'univers, maison de Zeus, principe de cohésion et mesure de la nature » est situé au milieu du monde.  Or, comme l'a montré Schuhl, à partir d'un passage du Phèdre, la Nécessité s'identifie à la fois à Hestia « qui siège au centre du monde comme au coeur des cités, sur l'omphalos, au foyer des prytanées » et à l'idée du Bien : « Ce n'est pas un Atlas qui supporte le monde, mais le bien et l'obligation qui supportent toute chose. »  Conception proche de celle de l'hymne védique à Mitra, « Mitra (contrat d'amitié) soutient terre et ciel», elle repose sur une homologie traditionnelle entre le respect des obligations, la cohérence du monde qui en dépend et le feu qui est l'élément lié à Mitra. 

Jean-Patrick Arteault dresse avec une grande pénétration un état de l'opinion avant, pendant et après les dernières élections présidentielles.  De nombreux Français étant attachés, par peur du changement, à l'euro et à l'Union européenne, il aurait mieux valu n'en point parler, d'autant plus que la souveraineté n'est qu'un moyen pour faire respecter l'identité.  Et mener plutôt des actions discrètes, pour restaurer d'abord les souverainetés nationales, sans lesquelles on ne peut appliquer de politiques identitaires.  Et faire le choix d'alliances avec des nations européennes souveraines, dont la Russie, pour en faire, à très long terme, naître une synthèse impériale, et non impérialiste.  L'incapacité patente de la gauche intellectuelle à renouveler ses idées, le désarroi de ses plumitifs devant la défiance grandissante du public, son asservissement à l'oligarchie libérale, dont elle reprend tous les éléments de langage, tout cela a pu faire croire que la bataille métapolitique était gagnée.  Cette victoire ne sera toutefois acquise que lorsque la grande majorité des écrivains et artistes exprimera consciemment (ou encore mieux inconsciemment) notre vision, lorsque la majorité des journalistes valorisera nos idées sans y être contraints.  Lorsque la majorité des histrions qui façonnent la culture populaire travailleront spontanément dans notre sensibilité.  Lorsqu'une grande majorité des enseignants transmettront nos concepts et valeurs, y ayant adhéré profondément.  Lorsque pour une grande majorité de chercheurs notre vision du monde sera devenue le paradigme de leurs travaux.  Dès lors, plus que jamais, c'est l'impératif métapolitique qui est à l'ordre du jour, l'investissement politique n'étant qu'une affiche de propagande.  En matière électorale, à propos de la 'Ligne Buisson' qui vise à exploiter autant que la veine ouvriériste celle des conservateurs, l'auteur relève pas mal d'ambiguité : des conservateurs, mais de quoi ?  D'une forme politique qui, à défaut de fond, permet la survie tant que le capitalisme financier n'a pas détruit les cadres sociaux et culturels ?  Quand ce n'est pas un conservatisme réactionnaire de nostalgiques, ou tout simplement de nantis, voire de colbertiens raisonnables qu'inquiètent les partageux.  L'ambiguïté de leur conservatisme est encore aggravée pour les catholiques, par leur vocation universaliste, quand ce n'est pas par leur 'anti-fascisme'.  On est loin de la fidélité à la tradition culturelle populaire et ses fondamentaux moraux.  Jean-Patrick Arteault veut croire à la sincérité de Patrick Buisson quand celui-ci veut joindre aux conservateurs intégraux la couche populaire instinctivement identitaire.  Il avertit contre le risque de servir de Harkis à une bourgeoisie apatride.  On ne peut blâmer le FN de tenir à distance des éléments compromis dans des structures largements infiltrées d'indicateurs, de provocateurs et de policiers, qui sont utilisés pour lui nuire.  Mais bien de négliger les enjeux actuels qui préoccupent la majorité de la population.  La dédiabolisation est un échec pour le FN, qui a rallié l'idéologie d'un ennemi que cela ne retiendra pas pour autant de le disqualifier médiatiquement et de l'incapaciter politiquement.  Il en va de même de sa pudibonde bouderie à l'égard des catholiques de tradition, trop faibles pour faire la différence, mais assez forts pour qu'on ne puisse les ignorer, même s'il est vrai que certaines références culturelles des traditionnels sont à peu près aussi ouvertes que celles des salafistes.  La Nouvelle Droite a bien démontré que l'occidentalisme est la phase terminale de la laïcisation du christianisme.  Mais elle a contribué à déchristianiser une frange identitaire, la coupant d'une pratique native du sacré religieux qu'un néo-paganisme intellectualisé ne remplace pas.

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Introduisant le dossier central, Pierre Vial qualifie le jacobinisme d'utérus d'où est sorti le système à broyer les peuples et les individus.  Pour confisquer les libertés concrètes que ceux-ci s'étaient conquises, il a coupé les têtes au nom de la Liberté.  Pour les isoler et anéantir leur conscience identitaire, il a coupé les racines qui rattachent les individus à leur terre et à leurs ancêtres.

Alain Cagnat rappelle que Louis XVI, ayant commis la faiblesse de convoquer les Etats Généraux, a activé les doléances de nombreuses sociétés de pensée, dont le Club Breton.  Les députés du tiers état se proclament Assemblée constituante et le club breton Société des amis de la Constitution, qui rédige la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen et va s'installer au couvent des Jacobins.  Il va connaître un développement rapide, notamment en province, sans cesser de se radicaliser.  Allégeant ses conditions d'adhésion, il gonfle ses effectifs, qui basculent bientôt dans l'extrémisme.  Peu après, Paris se soulève et ramène de force Louis XVI à Paris.  D'abord réservé, Robespierre rallie la ligne dure et, le 29 juillet 1792, propose la destitution du roi et l'élection au suffrage universel d'une Convention.  Le 9 août, la Commune insurrectionnelle de Paris est créée et le 17 août siège le premier tribunal révolutionnaire.  Le massacre se déchaîne.  La monarchie est abolie.  Le 21 janvier, le roi est guillotiné.  Certaines provinces se rebellent.  La France, qui est dans le même temps en guerre avec tous ses voisins, lève 300.000 hommes.  La patrie étant en danger,  pour sauver la Révolution, un Comité de salut Public de douze députés cumule tous les pouvoirs.  Les tribunaux révolutionnaires champignonnent et les têtes roulent, tandis que se consomme le génocide vendéen.  Succès au plan international, les alliés se replient derrière le Rhin.  Les Jacobins liquident tous leurs adversaires politiques.  Robespierre, qui croit triompher, entame la brève période de la Grande Terreur, mais se laisse maladroitement arrêter.  Il est décapité deux jours plus tard.  Le jacobinisme est bien autre chose que le parisianisme centralisateur, qui a régné en France depuis Philippe le Bel jusque Louis XV.  C'est une dictature qui justifie sa violence par la vertu : le peuple souverain est constitué des hommes vertueux.  Robespierre est 'Incorruptible'.  La loi est le lien social et le délinquant se retranche du peuple.  La loi jacobine est infaillible et sa justice est éternelle.  L'objectif est une loi naturelle universelle.  Celui qui y contrevient est impur, il doit être éliminé.  Elue par le peuple, la Convention se considère son image parfaite et elle décide la mort du roi, plutôt que par un referendum dont l'issue aurait été incertaine.  Le peuple lui-même peut être corrompu et c'est le cas de la gangrène vendéenne.  Justice prompte et inflexible, la Terreur est une émanation de la vertu.  Dans les influences à la source du jacobinisme, l'auteur voit l'usure de la piété au XVIIIe siècle, les réticences du clergé à l'égard du progrès scientifique, la contestation de l'autorité papale par les protestants, les philosophes des Lumières.  Ceux-ci mettent à mal la Révélation, mais se partagent entre ceux qui osent se déclarer athées et les déistes, dont Voltaire que l'univers embarrasse et qui ne peut « songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger».  La conclusion est à Michel Onfray : « De Marine Le Pen à Philippe Poutou en passant par Macron et Mélenchon, Hamon ou Fillon, tous communient dans une même religion jacobine.  C'est ce logiciel qu'il faut jeter à la poubelle. »

GuerreVendée_1.jpgLe tableau émouvant des Guerres de Vendée que brosse Pierre Morilleau constitue une grande fresque, monumentale jusque dans ses détails, dont il est pratiquement impossible d'extraire la synthèse.  Des horreurs abominables des guerres de Vendée (auxquelles n'ont mis fin qu'en janvier 1800 les Paix de Montfaucon et de Candé), on pourrait dire que, quelque fournie qu'en soit l'information que nous en avions réunie, le présent rappel démontre que nous étions encore loin du compte.  Il démontre surtout que ces horreurs ont été générées par la roide logique jacobine, comme en témoignent les citations dont l'auteur émaille son texte.  Notamment « Les forêts seront abbatues, les récoltes seront coupées pour être portées sur les derrières de l'armée, les bestiaux seront saisis. » - « Soldats de la Liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés.  Le salut de la patrie l'exige, l'impatience du peuple français le réclame, son courage l'accomplira. » - « On emploira tous les moyens pour découvrir les rebelles ; tous seront passés au fil de la baïonnette ; les villages métairies, bois, landes, genêts et tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. »  On ne saurait oublier les Colonnes infernales, ni celles des fuyards dans la Virée de Galerne, ni l'armée des 'puants'  rongés de dyssenterie, ni les noyades de masse dans la Loire.

Robert Dragan rappelle que, dans la Bretagne de 1789 que l'impôt régionalisé favorisait, le petit peuple avait fait corps avec la noblesse contre la centralisation et s'opposait dans la rue à la bourgeoisie que soutenaient les étudiants.  Aux Etats-Généraux, les députés de Bretagne formèrent alors un Club breton, qui fédère bientôt nombre de sociétés révolutionnaires, jusqu'à dépasser le millier en 1791.  Installant ses assises au couvent des Jacobins, il se rebaptise Société des amis de la Constitution.  Quand éclatent les guerres de Vendée, les mêmes opposition villes-campagnes se marquent.  Nantes, ville de négociants et d'armateurs, est révolutionnaire.  Le coup d'état d'extrême gauche de 1794 balaye les Feuillants et Girondains modérés et régionalistes, les amis de la Constitution le cédant aux amis de la Révolution.  Des aventuriers, agissant comme commissaires du Comité révolutionnaires commettent des monstruosités.  Les prisons débordant, des camps de concentration, des pontons, des manufactures sont ouverts.  La famine et le typhus y règnent.  A la guillotine trop lente on substitue des exécutions collectives.  

adb-bret.jpgLes Bretons, insulaires délogés de Grande-Bretagne, n'ont jamais su trouver leur centre.  Constitués en royaume à la faveur des incursions des Vikings, ils redeviennent bientôt un duché, disputé entre les Plantagenets et les Capétiens, lesquels l'emporteront.  L'annexion sera consacrée par le double mariage de la duchesse Anne avec Louis XII et ensuite Charles VIII et par celui de leur fille Claude avec François Ier.  Depuis, la France leur promet l'unité et l'indépendance et, en fait, elle les divise. Dès 1781, les persécutions religieuses et les levées de soldats provoquent résistance et révoltes, dont celle de Jean Cottereau, dit Jean Chouan.  En 1796, malgré le génocide de la Vendée, on estime à 50.000 le nombre des Chouans. Ils forment des compagnies, avec des capitaines élus, parfois des généraux comme Cadoudal.  Les discordes sont fréquentes.  Les républicains les qualifient de Brigands, ce qui n'est pas toujours immérité, car le général Rossignol a l'idée de créer des faux Chouans chargés de discréditer les vrais en commettant les pires exactions.  Après la chute de Robespierre, des contacts sont pris pour conclure une paix qu'une minorité seulement signe.  Les autres proclaméés en état d'arrestation, le conflit reprend.  Hoche, qui a succédé à Rossignol, obtient une reddition. Les Chouans, jouant le jeu, gagnent les élections de 1797, qui sont alors confisquées : la République ne survit que par les armes, la forfaiture et la dictature.  En 1799, la Loi des otages; qui présume les parents complices, relance l'insurrection.  Nantes et Le Mans sont prises et les prisonniers libérés.  Mais, en novembre, Bonaparte prend le pouvoir et propose l'amnistie contre la reddition.  Certains chefs l'acceptent, d'autres refusent, dont Cadoudal qui bat les armées d'Harty, mais se résigne à signer la paix.  Son entrevue avec Bonaparte ayant été un échec, il projette de l'enlever pour le livrer aux Anglais.  Trahi, il est arrêté par Fouché et exécuté.  En 1830, quand la révolution bourgeoise met Louis-Philippe à la place de Charles X, la bru de celui-ci, la duchesse de Berry, tente de réveiller la chouannerie et est arrêtée.  En 1892, l'encyclique de Léon XIII, qui prône le ralliement à la République, désarme le clergé et les monarchistes.  A l'imitation des Gallois, les Bretons créent en 1900 le Gorsedd ou assemblée des druides. 

BAtao-ti.jpgAprès la Grande Guerre, une jeune garde identitaire, qui se définit 'na ru na gwen' (ni rouge ni blanc), se constitue autour du journal Breizh Atao.  Un parti autonomiste fédéraliste ayant été lancé sans succès, le Parti National Breton, plus radical, est créé en 1931.  En 1932, Célestin Laîné dynamite la statue de la Reine Anne (représentée à genoux aux pieds de Charles VIII).  Le PNB est dissous et Laîné et Mordrel sont condamnés.  En 1939, ils s'opposent à ce que la France apporte une aide à la Pologne.  Laîné s'évade et Mordrel et Debauvais (qui défend « un national-socialisme breton ») sont condamnés à mort.  Bien que s'évanouisse le rêve d'une indépendance concédée par l'Allemagne victorieuse, Laîné crée les groupes de combat Bagadou Stourm, qui deviendront le Brezen Perrot, après l'assassinat par les communistes de l'Abbé Perrot.  Après la guerre, le combat prend une forme culturelle, avec des réussites, comme celle de la musique, et des échecs, comme celui de la langue.  L'épuration consacre la domination de la gauche et fera de la Bretagne une terre d'élection du PS.

Fils de la Catalogne française, notre camarade Llorenç Perrié Albanell a pris part à Gérone (85.000 habitants) à l'ennivrant combat du 1er octobre pour la protection des urnes du referendum.  Celles du collège Santa Eulalia étaient protégées par 2.500 personnes, celles de l'école Eiximenis par 2.000.  Les Mossos d'Escuadra de la police catalane s'interposent alors entre la foule et la Guardia Civil espagnole.  C'est une authentique révolution populaire qui, malgré les provocations policières, reste non-violente.  La question que tout le monde se pose est celle de la stratégie de Puigdemont.  Alors qu'il avait la main, au lieu de chercher un soutien international au moment où se répandaient les images scandaleuses des violences policières contre des électeurs pacifiques, il attend un dialogue avec Rajoy qui n'en veut pas.  Et ce n'est que le 27 octobre que, soutenu par sa coalition et par des centaines de maires, il proclame la République catalane.  Mais il ne pose aucun acte d'indépendance : il ne place pas de Mossos aux frontières, il n'imprime aucun papier d'identité de la république, aucune milice citoyenne n'est constituée, aucune constitution provisoire n'est promulguée.  Il laisse partir son monde en weekend, sous la légalité espagnole, alors que Rajoy met en application l'article 155 de la Constitution.  Et il se prépare à participer, à partir de Bruxelles, aux élections, acceptant de se batre sur le terrain choisi par l'adversaire !

Alsace-Lorraine_Dialects.pngPour l'Alsacien Robert Spieler, révolutionnaire identitaire s'il en est, il est incroyable que Puigdemont et ses ministres ne se soient pas laissé emprisonner en Espagne : on ne peut faire de révolution qu'avec des révolutionnaires !  Annexée à la France en 1648, l'Alsace a pu conserver son dialecte allemand tant sous la monarchie française que sous l'empire allemand de 1870 à 1918, lorsqu'il existait un parlement alsacien et des députés alsaciens au Reichstag.  Les Strabourgeois francophiles célébraient alors chaque 14 juillet devant la statue du général Kléber.  En 1918, les troupes françaises furent bien accueillies.  Mais 110.000 personnes furent aussitôt expulsées, avec confiscation de leurs biens.  Le français fut imposé dans les écoles et le statut concordataire abrogé.  La révolte est générale et les autonomistes sont ovationnés.  Paris fait marche arrière.  Les journaux paraissent alors en allemand, y compris l'Action Française, mais les autonomistes sont persécutés.  Les fonctionnaires compromis sont mis à pied et un procès en haute trahison, le 'Procès du complot', est intenté aux chefs de l'opposition.  De violentes campagnes de presse fustigent les traîtres à la solde de l'Allemagne.  Le PC exige des exécutions.  A l'approche de la guerre, les leaders sont emprisonnées et Karl Roos est fusillé pour trahison.  Hermann Bickler ne survécut que grâce à la débâcle.  Mais le jacobinisme national-socialiste n'avait rien à envier à celui des Français et l'Alsace fut rattachée au Gau Oberrhein.  Après la guerre, l'éradication de la langue alsacienne fut féroce.

Pierre Vial rappelle que la société féodale avait mis en place une mosaïque de sphères d'autonomie, contre-pouvoirs au pouvoir royal, lequel se reconnaissait ainsi des limites.  Les libertés et franchises qu'il accordait ont facilité un esprit communautaire qui a débouché sur l'institution communale.  Par les avantages obtenus, les villes étaient des pôles d'attraction propices à l'activité économique.  L'absolutisme royal s'appliquait plutôt à soumettre l'aristocratie guerrière, brutalement (Richelieu) ou subtilement (Louis XIV).  La France comptait un certain nommbre de 'pays d'Etats', provinces qui disposaient d'assemblées de représentants des trois ordres (noblesse-clergé-tiers état) qui négociaient les impôts dus au roi avec ses intendants et les répartissaient ensuite entre diocèses et paroisses, en contrôlant la collecte. 

pontcallec-livre.jpgA la mort de Louis XIV, les guerres à répétition ayant mis les finances à sec, les Etats de Bretagne se sont estimés injustement pressurés et le parlement a refusé d'enregistrer l'édit de perception.  Le Régent fait alors exiler 73 délégués rebelles et accroît certains droits au mépris du Traité d'union.  Le Parlement de Bretagne interdit la levée et vote des remontrances.  Une Association patriotique bretonne mobilise plusieurs centaines de personnes et le marquis de Pontcallec réunit une petite troupe armée qui met en fuite les soldats chargés de la collecte.  Le Régent répond par une armée de 15.000 hommes.  Pontcallec, arrêté et promptement décapité, devient très populaire.  Le jacobinisme ne fera que reprendre, avec une violence inouie, l'éradication des identités et libertés des provinces.  Il les découpe en départements et, pour uniformiser les pensées, épouse la thèse de l'abbé Grégoire d'universaliser la langue française.  Contre ce système à tuer les peuples, des hommes se sont levés.  Francis Arzalier (Les régions du déshonneur, 2014) s'en désole: "La Corse, l'Alsace, la Bretagne prétendent exister: on n'en a jamais fini avec les volontés identitaires toujours renouvelées."  Les Corses, avec Pascal Paoli, chassèrent les Génois en 1755 et établirent une république démocratique.  La brutale conquête française verra dans les résistants des 'brigands' et, quand l'insurrection renaît avec la révolution, la République française ignorera la volonté populaire.  Avant la guerre, l'identité corse s'exprimait dans la revue A Muvra, très lue jusque dans les villages.  Saisie en 1938 et objet de poursuites, elle cesse de paraître en 1939.  En 1946, les procès intentés aux autonomistes se traduisent par de lourdes peines, malgré l'inanité des accusations de collaboration.  Les Alsaciens ont connu des sorts similaires, eux dont l'identité se trouve écartelée entre la France et l'Allemagne, ils sont pour la plupart attaché au bilinguisme que la France refuse.  C'est le cas de Karl Roos, un médecin, qui fonde le Parti de l'indépendance et qui, accusé d'intelligence avec l'ennemi, sera fusillé en février 1940.  Chez les Bretons, Olier Mordrel et Morvan Marchal animent le Parti autonomiste breton, lequel en 1927 invite à son congrès des délégations alsacienne, corse et flamands.  Cela déclenche la répression, en particulier contre les Alsaciens: quinze condamnés dont  deux viennent d'être élus député.  En réaction, le courant séparatiste va s'affirmer d'élection en élection: ce n'est qu'un début, continuons le combat.   

 

dimanche, 18 février 2018

Trois ouvrages aux éditions du Lore

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Trois ouvrages aux éditions du Lore

Pour toute commande: www.diffusiondulore.fr

Nietzsche Hyberboréen ou l'école du Surhomme, par Olivier Meyer

76 pages, 14 euros.

« Regardons-nous en face. Nous sommes des Hyperboréens. »
Ce jugement de Nietzsche tiré de L’Antéchrist répond à la question posée dans Le Gai Savoir : « Que dit ta conscience ? - Tu dois devenir celui que tu es. »
Nietzsche a montré la voie. Il a surmonté, dans un effort surhumain, son héritage familial protestant, sa culture chrétienne, son environnement social, le confort petit-bourgeois, sa carrière universitaire, pour devenir lui-même, un bon Européen, un Hyperboréen. Le surhomme est en vous. N’attendez plus, sortez du troupeau et devenez ce que vous êtes.
Nietzsche Hyperboréen ou l’école du surhomme , inspiré de sa philosophie, constitue une véritable méthode du grand devenir nietzschéen. La décision est entre vos mains.
« L’homme est quelque chose qui doit être surmonté. Qu’avez-vous fait pour le surmonter ? »

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Les idées politiques de Henry de Monfreid à travers son oeuvre littéraire, par Jean-Louis Lenclos

162 pages, 24 euros.

Cet ouvrage inédit présente le mémoire universitaire de droit soutenu par Jean-Louis Lenclos en octobre 1977, sous la direction du Professeur De Lacharrière, à l’université de Parix X- Nanterre.

Lorsqu’on consultait les proches d’Henry de Monfreid, ils répondaient invariablement : « il n’avait pas d’idées politiques, cela ne l’intéressait pas ; c’était un Aventurier ! »

Contrairement à divers fantasmes colportés, Henry de Monfreid ne fut à aucun moment cet individu louche, dénué de sens moral et de scrupules que recouvre habituellement ce terme d’aventurier.

En se penchant méticuleusement sur son œuvre littéraire prolifique, ce livre explore les idées politiques bien tranchées d’Henry de Monfreid.

Certaines de ses idées sont à rapprocher des penseurs traditionalistes tels que Louis de Bonald ou Joseph de Maistre, mais aussi Nietzsche par certains aspects.

Par ailleurs, Henry de Monfreid semble acquis à l’idée de hiérarchisation des races humaines. Plus surprenant, il vécut une extase quasi-religieuse en la présence de Mussolini…

Cette étude très bien documentée vous fera découvrir les grandes lignes politiques d’un homme qui considérait l’homme comme une créature foncièrement mauvaise et qui n’eut de cesse de s’affranchir des servitudes humaines.

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L'Europe, pas le monde - Un appel à la lucidité, par Georges Feltin-Tracol

224 pages, 25 euros.

En trois quarts de siècle, le projet européen en partie formulé par les milieux non-conformistes de l’Entre-deux-guerres est devenu un cauchemar pour les peuples du Vieux Continent. Dans le cadre d’une mondialisation désormais illimitée, les sectateurs mondialistes de l’actuelle imposture européenne ne cachent même plus leur volonté d’intégrer au plus vite cet espace dans un ensemble planétaire global.

Cette terrible désillusion favorise le souverainisme national et les
revendications régionalistes. Faut-il pour autant rejeter toute idée européenne ?

Non, affirme Georges Feltin-Tracol qui en appelle à une salutaire lucidité.
Ancien animateur de la revue L’Esprit européen et collaborateur naguère à Éléments pour la civilisation européenne, ce Français d’Europe (ou Européen de France) considère que l’Europe n’est pas ouvert aux populations du monde entier, mais l’héritage des peuples boréens. Se détournant à la fois de l’État-nation dépassé, du mondialisme mortifère et d’un altermondialisme parodique, il envisage un autre défi continental, soucieux de la personnalité historique de ses cultures et susceptible d’assumer un destin de puissance géopolitique.

Contribution révolutionnaire pro-européenne à la grande guerre des idées, ce recueil d’articles, d’entretiens, de conférences et de recensions démontre la persistance d’un authentique esprit européen, surtout si de nouvelles chevaleries militantes surgies des communautés populaires enracinées relèvent le nouvel enjeu civilisationnel du XXIe siècle : maintenir la spécificité albo-européenne. Pendant que se prolonge l’éclipse de l’Europe, c’est dans la pénombre que s’esquissent quelques jalons fondamentaux d’une nouvelle Europe polaire, fière et solsticiale.

Né en 1970, collaborateur aux revues dissidentes Réfléchir & Agir et Synthèse nationale, rédacteur en chef et co-fondateur du site identitaire de langue française Europe Maxima, présent sur des sites Internet rebelles comme EuroLibertés, Georges Feltin-Tracol est aussi conférencier, chroniqueur radio et essayiste. Auteur, seul ou en collaboration, d’une dizaine d’ouvrages, il a publié en 2016 aux Éditions du Lore Éléments pour une pensée extrême.

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samedi, 17 février 2018

Editorial EAS: Tienda

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Editorial EAS: Tienda

IMPERATOR ROMANORUM: Enrique I, Otto el Grande y el surgimiento del Primer Reich Alemán por Troy Southgate

12.95€

¿Qué acontecimientos ocurrieron en Europa tras la ruptura del Sacro Imperio Romano?

¿Qué nueva dinastía se presentó en el corazón de Europa?

¿Cómo surgió el Primer Reich Alemán?

¿Quienes fueron Enrique I y Otto el Grande?

Descripción

Sugerir que los cautivantes eventos de la Alemania del siglo X fueron complejos y tumultuosos sería un eufemismo. Luego de la muerte del emperador Carlomagno, en 814, el Sacro Imperio Romano se había roto y una sucesión completa de monarcas europeos —comenzando con Luis el Piadoso (778-840)— mostró una marcada incapacidad para cumplir con las rigurosas exigencias del legado imperial. En el momento oportuno, sin embargo, una nueva dinastía se presentó en el Reino Alemán de Sajonia y cambió para siempre el rostro de la política europea. Comenzó con Enrique el Pajarero (876-936), un rey que pasó gran parte de su reinado intentando sofocar las hordas eslavas y magiares que se levantaban en el Este, una tarea que más tarde fue completada por su hijo, Otto el Grande (912-973). Este último, un líder más formidable y ambicioso, se sobrepuso a una serie de rebeliones aristocráticas dentro de sus propias fronteras, antes de emprender una campaña exitosa en Italia, para finalmente convertirse en emperador. Como resultado de su enfoque inflexible hacia el Papado Católico y el empleo de algo de diplomacia bastante astuta en relación con el Imperio Bizantino, Otto pasó a convertirse en una de las figuras más importantes en la historia alemana. Bien organizado y empleando una amplia variedad de fuentes primarias y secundarias, este apasionado y vigorizante relato examina algunos de los más fascinantes e intrigantes aspectos de la Alemania Otoniana y es una adición valiosa dentro del campo de la historia europea medieval.

Troy Southgate

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Programación Mental: El arma oculta de las élites por Manuel Quesada y Ramón Irles

14.95€

“La característica de la gobernación moderna es que no se sabe quién gobierna de facto, lo mismo que de jure. Vemos al político, pero no a quien lo respalda y menos aún al que respalda al respaldador ni (lo que es más importante) al banquero del respaldador. Entronizado entre todos nosotros está el profeta oculto de las Finanzas, gobernando las vidas de los hombres y lanzando exorcismos en una lengua desconocida por todos.”

G.K. Chesterton

“La herramienta básica para la manipulación de la realidad es la manipulación de las palabras. Si puedes controlar el significado de las palabras, puedes controlar la gente que debe usar las palabras.”

Philip K. Dick

“Se puede ver sólo lo que se observa y se observa sólo lo que está en la mente”

Alphonse Bertillon

No puedo sino suscribir con la más fuerte de las convicciones lo que ha dejado escrito en el prólogo Felipe Botaya “El trabajo … es de una profundidad que rara vez se puede ver en un texto de estas características”.

El libro creará escuela y será un referente imprescindible para los políticos decentes de la nueva generación. El libro es sencillamente ¡GENIAL!

Antonio Hernández (Premio Accesit Universidad de Valladolid)

Descripción

Siempre he dicho y por ello valoro enormemente este libro, que las élites tienen unos conocimientos, a través de sabios y eruditos mercenarios y lacayos sobre la psique humana que no se enseña en las universidades. Llegan mucho más lejos y en silencio a campos mentales totalmente nuevos que aplican sobre nosotros.

Hoy la PNL o Programación Neuro-Lingüística aglutina lo que antes se hacía de forma casi casual y eran las técnicas de control mental o también el llamado proceso de educación mental de las personas. Es evidente que desde la antigüedad ha habido un interés de los gobernantes por controlar a sus gobernados, para dirigirlos a su antojo y tenerlos controlados. En el fondo y aquí radica el éxito de esta técnica actual, la principal consecuencia es el cambiar la personalidad natural de la persona y sus inclinaciones, hasta convertirle en la personalidad deseada por el gobernante.

El trabajo de Manuel Quesada y Ramón Irles es de una profundidad que rara vez se puede ver en un texto de estas características. Al mismo tiempo, su lectura es amena, comprensible y el lector irá viendo a medida que avanza, que lo que explican ambos escritores está a la orden del día.

Verá ejemplos muy claros de manipulación, como la población de las sociedades occidentales admite sin discutir y sin darse cuenta de la realidad que vive, encaminándose hacia la destrucción sin parangón en la historia.

Aquí no hablamos de guerras convencionales, con ejércitos bien definidos y geográficamente localizados, hablamos de la batalla por la mente humana y esa guerra la están ganando aquellos que quieren someternos y esclavizarnos.

Dr. Felipe Botaya

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Manifiesto de la Izquierda Nacional: La síntesis del siglo XXI por Laureano Luna

9.95€

En la era del capitalismo global la izquierda nacional es la izquierda a secas, la única izquierda posible.

Fco. José Fernández-Cruz Sequera

Descripción

Las clases trabajadoras de los países desarrollados asisten a un deterioro continuado de sus derechos laborales y de sus salarios reales desde los años ochenta. Se trata de un formidable ataque de las nuevas formas del capitalismo ‒el capitalismo global‒ contra las conquistas laborales de los trabajadores y el modelo social europeo.

La humanidad carece hoy por hoy de la posibilidad de construir una autoridad política mundial capaz de sobreponerse al poder del dinero. Solo los Estados nacionales y aquellas instituciones supranacionales que se apoyen en ellos tienen la posibilidad de someter el poder del dinero a los valores de la civilización y a los intereses de las clases trabajadoras. Por eso en la era del capitalismo global la izquierda nacional es la izquierda a secas, la única izquierda posible.

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El Hombre de la Tradición por Eduard Alcántara

12.95€

Sin duda son las actitudes propias del Hombre de la Tradición las que suponen el antídoto idóneo ante las dinámicas disolventes de los tiempos presentes.
 
Descripción

En un mundo que ha llegado a las más altas cotas de disolución imaginables se hace imprescindible que el hombre que quiera sobrevivir en medio de tantas ruinas sepa qué actitudes existenciales debería seguir por tal de intentar no sucumbir en medio del marasmo envilecedor, desarraigante y desgarrador al que la modernidad y la postmodenidad lo quieren arrastrar. Sin duda son las actitudes propias del Hombre de la Tradición las que suponen el antídoto idóneo ante las dinámicas disolventes de los tiempos presentes.

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Notas sobre peronismo por Alberto Buela

14.95€

La exposición de esta idea puede desarrollarse en tres secciones o partes:

La primera consiste en fijar el marco teórico donde se sitúa y qué significa la noción de Comunidad Organizada. La segunda estriba en ubicar esta idea en la obra de Perón. La tercera es una exposición sistemática de la misma.

Descripción

La Comunidad Organizada tiene dos lecturas posibles: Como sistema social a construir; y como sistema de poder.

Como sistema social; sostiene que el pueblo suelto, aislado, atomizado, no existe. Sólo existe el pueblo organizado y como tal se transforma en factor concurrente en los aparatos del estado que le son específicos a cada organización del pueblo.

Como sistema de poder, sostiene que el poder procede del pueblo que se expresa a través de sus instituciones intermedias. Ni el poder procede del gobierno, ni del Estado. Ni el pueblo delega su poder en las instituciones del Estado.

Estas dos lecturas constituyen el círculo hermenéutico que explica la idea de Comunidad Organizada. El pueblo como pueblo organizado crea un sistema social que genera un poder político real, (no virtual como la parodia democrática: “Un hombre igual a un voto”) que le permite la recreación permanente de un sistema social para el logro de la “buena vida”.

El presupuesto ideológico de la Comunidad Organizada es su populismo que consiste en:

1) considerar al pueblo como fuente principal de inspiración.

2) Término constante de referencia y…

3) depositario exclusivo de valores positivos.

Mientras que la crítica política que se desprende de la Comunidad Organizada es que las instituciones formales del Estado demo-liberal no alcanzan, no son suficientes para expresar las demandas auténticas de los pueblos.

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La guerra del fin del mundo por Francisco J. Fernández-Cruz Sequera

9.95€

El escrito de Fernández-Cruz explica el cambio en el mundo desde el siglo XVIII al XXI, de Kant a Putin.

Gustavo Morales

Descripción

El liberalismo económico se ha quedado con el poder ocultando su existencia y para ello necesita los medios de comunicación. Ya no es el carro de combate ni el soldado quienes expresan el orden, son los medios. “La globalización de la cultura y la información es un componente fundamental que subyace a todas las otras dimensiones institucionales de la globalización”.

La economía financiera ha sustituido a la real. La información pasa a ser un útil de trabajo y una mercancía. Los mercados financieros son la realidad económica dominante, el lugar donde se asigna el valor de compra. La globalización es, sobre todo, financiera.

El escrito de Fernández-Cruz explica ese cambio en el mundo desde el siglo XVIII al XXI, de Kant a Putin.

Gustavo Morales

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dimanche, 11 février 2018

Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

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Editorial EAS: Colección Pensamientos & Perspectivas

Un golpe de efecto en el mundo cultural actual, una llama que pretender avivar el fuego del interés por el conocimiento, un respiro de aire fresco en el saber de Occidente… Nuevas plumas salen al descubierto para enfrentarse al ensayo y a la literatura cotidiana; pensadores y literatos, trovadores y ensayistas que pretenden despertar nuevas mentes y redescubrir la esencia de lo que es pervertido por los mass media, eso es Pensamientos & Perspectivas, la esencia del simbolismo del ‘Árbol’ transmitida por plumas disidentes del siglo XXI y plasmada en aquellos autores que despiertan mentes inquietas.

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JÜNGER: Tras la guerra y la paz

Autores: Fernando Sánchez Dragó, Dr. Javier Nicolás, Troy Southgate, Alain de Benoist, Alexander Dugin, Luca L. Rimbotti, Gianfranco de Turris, Robert Steuckers, Julius Evola†, Ernst Jünger†, Eduard Alcántara, Andrea Berná, José Luis Ontiveros†, Santiago de Andrés, Carlos X. Blanco, Juan Pablo Vitali y Fernando Trujillo.

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Jünger y el Nacionalsocialismo por Javier Nicolás

14.50€

Incluye ensayos inéditos en castellano de Ernst Jünger

Descripción

Distancia y emboscadura habrían sido desde siempre los signos de una personalidad que observa, que medita, que percibe, que se implica en la lucha física de la vía del guerrero como un modo de vivir la acción desde la lejanía. Porque un espíritu libre, aristocrático, no podría soportar el mal olor y el peso de la gravedad de sus contemporáneos –«es preferible escribir un verso que representar a sesenta mil imbéciles en el parlamento», llegará a afirmar– por mucho que sus reflexiones le llevasen por los telúricos senderos del arraigo y de la nación y se sintiese en perfecta sintonía con un nacional-bolchevique como Niekisch. Pero su antinazismo tenía que ser, se quiere angustiosamente que fuese, algo consustancial. Su antinazismo habría precedido, se quiere angustiosamente que precediese, a la existencia del propio nacionalsocialismo.

Lo que narra el libro es el relato del diálogo directo de un soldado, de un pensador, de un escritor, de un nacionalista alemán con el fenómeno político e ideológico crucial del siglo XX, que, para bien o para mal determinó su vida, al igual que lo ha hecho con todas las nuestras.

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ORWELL: Viviendo el futuro y recordando el pasado por VV.AA.

17.50€

¿Qué historia conoces sobre la vida y obra de George Orwell? 
¿El modelo de “sociedad orwelliana” se está llevando a la práctica?
¿Existe una manipulación del lenguaje en base a una neo-lengua implantada?

¿Denuncia Orwell el Nuevo Orden Mundial, o se atrevió a revelar los planes de las Sociedades Secretas sabiendo ya que nadie podría evitarlos?

“La libertad es el derecho de decir a la gente lo que no quiere oír” George Orwell

Descripción

A voz de pronto y haciendo uso del (sin)sentido común, cualquier ciudadano apuesta por la seguridad a costa de la privacidad, prefiere dormir tranquilo, saber que todo está bajo el control de una entelequia que todo lo observa y vela por el “Bienestar” de todos. “Nadie tiene nada que temer si no hace nada malo”, la cuestión que nadie se plantea es ¿qué es lo “malo” y qué es lo “bueno”?.

Lo “bueno” y lo “malo” está supeditado a los designios de la política electoralista, de la alta finanza y el Gran Capital, de aquellos poderes que están por encima del ciudadano, esas entidades que no nos consultan sobre lo que deseamos, que aplican sus políticas restrictivas cada vez con mayor dureza y sin importarles lo que le han prometido al electorado, sus planes, los planes de los electos en cada legislatura cada vez se distancian más de los programas electorales que diseñan, la mentira es claramente más visible y descarada.

El Orden natural ha sido revertido por el orden material y ello lleva a que el ego impere por doquier. No importa lo social, lo común… el espíritu de comunidad popular ha sido colapsado por el “yoísmo”. Los medios de masas trabajan constantemente en plasmar en la mente de las personas el mensaje que les interesa a los que siniestramente dirigen el destino de los pueblos, y esto nos lleva a lo que decía Alphonse Bertillon: “se puede ver sólo lo que se observa y se observa sólo lo que está en la mente”.

Manuel Quesada

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MISHIMA: El último samurái

Autores: Dr. Kerry Bolton, Troy Southgate, John Howells, Wulf, Dimitris Michalopoulus, Christopher Pankhurst, Koichi Toyama, Douglas P., Vijay Prozak.

Pour toutes commandes:

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vendredi, 09 février 2018

DOMINIQUE VENNER: EL ENVIADO DE HOMERO

NOVEDAD EAS

 
 

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DOMINIQUE VENNER:
EL ENVIADO DE HOMERO

 

UNA OBRA DE
Robert Steuckers; Adriano Erriguel; Ernesto Milá; Jesús Sebastián Lorente; Paulino Arguijo; Eduard Alcántara; Eduardo Basurto; Néstor Luis Montezanti; Juan Pablo Vitali; Michel Lhomme; Carlos X. Blanco; William Díaz; Carlos Ruiz Lapresta; Jean-Yves Le Gallou; Luca L. Rimbotti; Gabrielle Adinolfi; Enric Ravello; Dan Roodt y Alain de Benoist.

SINOPSIS

El historiador y escritor francés Dominique Venner se suicidó de un disparo en la Catedral de Notre-Dame, el 21 de mayo de 2013. Su trágico final fue inesperado, en cuanto parecía encarnar un tipo humano que, tras haber conocido la vorágine del activismo más turbulento, alcanza un estado de serenidad estoica. Su suicidio resultará también sorprendente para quienes conocieran sus repetidos elogios al ideal griego de mesura.
 
Las líneas que siguen son un intento personal de comprender el sentido del suicidio –sacrificio o inmolación según sus allegados– del historiador y escritor Dominique Venner. Desde el respeto pero también desde la crítica a los hábitos mentales de toda una cultura política en cuyo contexto, pensamos, su muerte puede intentar explicarse. Se trata también de establecer cierta prevención frente a algunos usos ideológicos a los que esta muerte, de forma casi inevitable, se presta.
Dominique Venner quiso hacer de su suicidio un acto público. Un acto político. Como tal acto político éste es analizable sin que ello suponga faltar al respeto a su memoria ni escupir sobre la tumba del difunto.
 
¿Quién fue realmente Dominique Venner? ¿Qué lectura política –o metapolítica– cabe extraer del suicidio de Venner? ¿Cómo y por qué luchó? ¿Cuál es realmente su historia?

Colección Synergias

Edición en rústica con solapas; Páginas: 298; Tamaño: 15 cm x 21 cm; Peso: 450 gr.;
Papel: Ahuesado 90gr; Cubierta estucada plastificada en mate de 300 gr.;
Categoría: Sociopolítica
ISBN: 978-84-947007-9-8


P.V.P.: 19,95 € 

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Contacto: info@editorialeas.com

 

samedi, 03 février 2018

La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

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La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

Monsieur PGL vous propose un entretien avec notre ami Robert Steuckers, à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions Bios et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le destin de notre continent. Ce sera l’occasion également de revenir sur son parcours.

A la barre PGL, à la technique JLR.

Pour écouter:

https://radiomz.org/emission-n330-europa-eurasia-identite...

 

mercredi, 31 janvier 2018

Colloque de l'Institut Iliade: « Fiers d’être Européens ! »

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Repentance, ahurissement, avachissement…

Stop ou encore ?

« Fiers d’être Européens ! »

 

Cinquante ans après Mai 68, le « macronisme » achève la victoire du libéral-libéralisme le plus débridé. Son cœur idéologique reste celui de la gauche, marquée par l’héritage d’une mauvaise conscience coloniale, la repentance perpétuelle et obligatoire, la haine de soi. Il est temps d’y mettre un terme en retrouvant l’amour de nos racines, la fierté de ce que nous sommes ! C’est à cet impératif que s’attachera le colloque annuel de l’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne, organisé samedi 7 avril 2018 à partir de 10h à la Maison de la Chimie, 28 Rue Saint Dominique, 75007 Paris

La journée est divisée en deux séquences. La matinée (10h-12h30) dressera le cadre de l’analyse, pour appeler à en finir avec la culpabilisation des Européens. Interviendront à cette occasion Philippe Conrad (« Pourquoi s’attaquent-ils à notre Histoire ? »), Javier Portella (« Du nihilisme à l’ethnomasochisme »), ainsi qu’Olivier Dard, Bernard Lugan et Martial Bild (TVLibertés) autour du thème : « En finir pour de bon avec la culture de la repentance ». La conclusion de la matinée sera présentée par le juriste Thibault Mercier, qui s’attachera à définir « le droit des Européens à la continuité historique ». Une première séance de rencontres et dédicaces est proposée avec les orateurs de cette matinée.

L’après-midi (14h-18h30) explorera les voies et moyens de redevenir ce que nous sommes. Interviendront ainsi Hélène Gallois (« L’apport du Moyen Âge à l’identité européenne »), Jean-François Gautier (« Ce que nous devons aux Européens ») et François Bousquet (« Gagner la guerre culturelle »), la conclusion valant synthèse des travaux étant assurée par Jean-Yves Le Gallou. Ces interventions seront entrecoupées d’illustrations concrètes, à partir de travaux des auditeurs de l’Iliade, et de deux tables rondes. La première réunira Rémi Soulié, Paul-Marie Coûteaux et Gérard Dussouy pour traiter des moyens de se réapproprier notre identité, tant à l’échelle locale que nationale et européenne. La deuxième table ronde, illustrée d’une vidéo de témoignages dans différents pays européens, réunira les journalistes Yann Vallerie (Breiz-Info) et Ferenc Almassy (Visegrád Post) autour du thème « Irlande & Europe centrale et orientale : comment se réveille un peuple ? ».

Ce colloque constitue la manifestation publique annuelle de l’Institut Iliade. Il s’est rapidement imposé comme l’un des plus importants rassemblements des partisans de l’identité nationale et européenne avec, à chaque édition, plus de 1'000 participants désireux d’explorer les pistes du nécessaire réveil de notre civilisation, d’échanger et de se retrouver, y compris autour d’un verre, dans la convivialité d’une communauté ainsi reformée.

L’édition 2018 sera l’occasion de présenter en exclusivité le deuxième ouvrage édité par l’Iliade chez Pierre-Guillaume de Roux : Ce que nous sommes. Les sources de l’identité européenne. Ce livre original, tout à la fois érudit et engagé, réunit douze auteurs autour de trois grands chapitres (« Notre longue mémoire », « Un regard européen sur le monde », « Combats d’aujourd’hui et de demain »). Leurs contributions composent un chant polyphonique d’amour et de combat pour l’Europe de demain. Histoire, mythologie, arts, musique, sciences, littérature, politique et philosophie : en se réappropriant les différentes facettes de leur héritage commun, les Européens ont toutes les raisons de croire encore en leur avenir !

Pour être certain de disposer d’une place et accéder plus rapidement à la salle, il est vivement recommandé de réserver en s’inscrivant en ligne dès maintenant via la page d’accueil du site de l’Institut : institut-iliade.com

 
Contact, demandes d’interviews et renseignements complémentaires : contact@institut-iliade.com

 

mardi, 30 janvier 2018

Interview with Michael Walker

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Counter-Currents Radio Podcast No. 210
Interview with Michael Walker

Audio version: To listen in a player, use the one above or click here [2]. To download the mp3, right-click here [2] and choose “save link as” or “save target as.” To subscribe to the CC podcast RSS feed, click here [3].

https://www.counter-currents.com/2018/01/counter-currents...

Greg Johnson, John Morgan, and Michael Polignano reconvene for a new weekly Counter-Currents Radio podcast. This week, we interview author and founder of the British New Right magazine The Scorpion, Michael Walker.

  • Introduction: 0:17
  • What led Michael Walker to create The Scorpion: 3:05
  • What was the rationale for naming the publication “The Scorpion“: 10:45
  • What kind of circulation did The Scorpion have: 18:00
  • Was anyone else involved with the production of The Scorpion: 19:27
  • The issue of Anglo-Saxon anti-intellectualism: 21:30
  • Walker’s opinion of populism, the Alt Right, and alternative media: 23:45
  • How the Right in Britain today compares to how it was in 1981: 32:25
  • How most people are only concerned with peace and prosperity: 37:42
  • The extreme reaction of the Left to Brexit and Trump’s election: 41:07
  • Nigel Farage’s call for a second Brexit referendum: 53:52
  • The Austrian election: 57:55
  • How the Austrian election and the new ÖVP is an example of ideological hegemony: 63:20
  • Walker’s career as a playwright and what he hopes to accomplish with it: 69:03
  • The importance of making political and metapolitical work financially possible: 81:40
  • Walker’s recollections of Jonathan Bowden: 87:00

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lundi, 29 janvier 2018

La revue de presse de Pierre Bérard (29-01-2018)

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La revue de presse de Pierre Bérard (29-01-2018)

Au sommaire :

Frédéric Lordon développe une excellente argumentation à propos des fake news, dernière trouvaille du « système » pour cadenasser un peu plus la liberté d’expression. « Tout le discours de la politique Macron et tous les médias qui le soutiennent sont eux-mêmes d’intense propagateurs de fake news… », dit-il. Le fait qu’il n’y ait qu’une seule vérité consonne avec cette autre proposition suivant laquelle « il n’y a pas d’alternative ». Le mythe de la seule vérité comme l’absence supposée d’alternative est une clôture des choix possibles et un refus de la libre délibération. L’obsession autour des fake news est le symptôme d’une crise manifeste de légitimité des autorités qui ne font plus autorité. C’est ainsi que le thème récurrent de la post-vérité aboutit à la pseudo-fin des idéologies et à un monde dépolitisé. La « lecture renversée » du « gauchiste » Lordon est en tous points coruscante :

 

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Sur cette chimérique histoire des fake news on lira du même Frédéric Lordon son article désopilant dans son blog du Monde Diplomatique, « Macron décodeur en chef », qui rappelle cette célèbre apostrophe de Guy Debord « Dans le monde réellement renversé le vrai est un moment du faux » (La Société du spectacle, 1967)  :
 
 
Dans le cadre de de la campagne un brin hystérique lancée contre les fake news, Google a déjà supprimé 150 000 comptes YouTube entre juin et décembre 2017 et les comptes Faceboook suivent la même pente. Alors que Twitter s’engage dans une voie identique l’Union européenne félicite ces entreprises américaines pour leur « civisme » dans leur programme de « lutte contre les contenus haineux ». Traduction libre de cet élément de langage : il est désormais interdit de critiquer trop vivement l’impolitique européenne :
 
 
Dans une tribune du Figaro Vox Renée Fregosi s’en prend à « radicalisation », un mot qui ne dit rien que d’extrêmement vague. Selon elle ce choix sémantique dissimule une attitude lâche qui préfère masquer la réalité islamique plutôt que de l'affronter. La philosophe, elle, désigne l'ennemi sans complexe. Encore faudrait-il savoir qui a fait entrer cet ennemi dans nos murs et pour quelles raisons. Bizarrement c’est un question qu’on ne pose jamais :
 
 

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Entretien de Paul-François Paoli avec Edouard Chanot sur Radio Sputnik à propos de son livre « L’imposture du vivre-ensemble de A à Z » (L’Artilleur, 2018) :

https://www.youtube.com/watch?v=NXYCy5BqROo

Quatrième de couverture du livre de Paul-François Paoli. Ce livre comporte près de 300 entrées qui constituent un panorama de la vie intellectuelle française et de ses enjeux idéologiques:
 
 
Olivier Maulin sur l’affaire Céline :
 
 
Eric Zemmour en débat défend la liberté d’expression sans restriction et oppose l’état de droit à la démocratie. Au cours du débat le chanteur Cali se casse du plateau ne pouvant supporter plus avant les discours d'un Zemmour qui ne donne pas dans le repentir :
 
 

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Du porc matin, midi et soir. Jean-Paul Brighelli réagit avec beaucoup de drôlerie aux campagnes d’intimidation lancées par les chiennes de garde contre les mâles blancs hétérosexuels. Autant de tartuffettes qui s’emparant de la « parole libérée » entendent surtout faire parler d’elles aux bénéfice d’un rapport hommes/femmes toujours plus psychiatrisé et plus judiciarisé.
 
 
Fort du succès rencontré par ses « Conversations » avec Alain de Benoist, Paul-Marie Coûteaux nous emmène cette fois au château de Plieux à la rencontre de l’essayiste et écrivain Renaud Camus. Une série de six épisodes pour une rencontre de haut vol où se mêlent culture, littérature, histoire, patrimoine et politique. Nous devons ces brillantes conversations à TV-Libetrtés. Ici le quatrième épisodes :
 
https://www.tvlibertes.com/2018/01/25/21433/conversations...ts  :