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mardi, 03 juillet 2018

Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

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Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

Rome : Le nouveau ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, veut faire de la Lea une « force européenne ». « Mon objectif est de transformer la Lea en une force européenne et internationale, dépassant les frontières nationales et apportant à tous les peuples d’Europe la liberté, le travail et l’emploi », a déclaré le chef du parti Salvini selon le quotidien Corriere della Sera.

« Je suis pour une Europe de l’espoir, de l’emploi et de la sécurité», expliquait Salvini. « Jusqu’ici, l’Europe, pendant des décennies, a été mal gouvernée. Cela nous a amené une Europe d’emplois précaires, de faillites bancaires et d’immigrations incontrôlées. Tous les partis doivent désormais décidé de quel côté ils se rangent » a ajouté Salvini dans ses déclarations au journal milanais.

A l’occasion de cet entretien, il a très clairement refusé que la Lega rejoigne un jour le PPE (“Parti Populaire Européen”), auquel avait adhéré son alliée “Forza Italia”, le mouvement de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Au sein du Parlement européen, le parti de Salvini appartient, tout comme la FPÖ autrichienne, à la fraction dite « Europe des nations et des libertés » (ENL).

Ex: http://www.zuerst.de

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vendredi, 25 mai 2018

M5S et Ligue : leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles

Marco Tarchi est politologue, professeur d’université à Florence et écrivain. Il a publié plusieurs ouvrages sur la politique italienne. Lionel Baland l’a interrogé pour Eurolibertés à l’occasion de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement regroupant le mouvement anti-système M5S et la Ligue.

 

Le M5S et la Ligue forment ensemble un gouvernement. Les idées des deux partis sont-elles compatibles ou s’agit-il d’une alliance contre nature ? Quelle est la matrice politique du M5S ?

En tant que partis qui expriment, d’une manière différente, la mentalité populiste, leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles, donc une alliance est possible et, peut-être, viable. Cependant, comme les priorités des programmes respectifs ne coïncident pas – la Ligue mise sur la lutte contre l’immigration et contre l’insécurité, le M5S prend pour cible principale la « caste » des politiciens, leurs privilèges et leur haut niveau de corruption –, l’élaboration d’un agenda commun n’est sans doute pas une tâche simple. Et il ne faut pas non plus oublier que, se situant sur le même terrain de la contestation de l’establishment et touchant en partie le même électorat, les alliés de gouvernement sont en concurrence directe, ce qui ne peut entraîner, en perspective, qu’une série de distinguo et/ou de frictions.

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Quant à la matrice politique du M5S, il n’y en pas une : c’est l’action de Beppe Grillo, avec ses spectaculaires mises en question de la classe politique et ses dénonciations de ses malfaisances, qui a donné naissance à ce mouvement hétérogène.

Où situez-vous ce mouvement sur l’axe politique gauche-droite ?

Comme tous les mouvements qui se rattachent plus ou moins de près à la mentalité populiste, il est impossible de le situer sur cet axe. Et même ses électeurs, pour l’essentiel, montrent des connotations politiques très variées: lors de la première percée électorale du M5S, en 2013, un tiers d’entre eux avait voté, auparavant, pour des listes de droite ou du centre-droit, pour un tiers pour la gauche ou le centre-gauche, un tiers était composé d’abstentionnistes.

Le M5S, la Ligue et Frères d’Italie portent-ils l’héritage politique du « qualunquismo », une sorte de poujadisme avant la lettre qui s’est développé en Italie au sortir de la IIe Guerre mondiale ?

En ce qui concerne le M5S et la Ligue, oui : il y a des assonances assez significatives avec ce mouvement proto-populiste : dans les idées, dans le style, dans le vocabulaire. Fratelli d’Italia appartient à un autre courant, néo-fasciste à l’origine, et qu’on désigne désormais comme post-fasciste (eux, ils préfèrent se dire patriotes).

La Ligue du Nord avait pour matrice politique les idées autonomistes et fédéralistes du théoricien de l’Union valdôtaine Bruno Salvadori. Le fait que la Ligue du Nord a changé de nom et est devenue la Ligue et se présente désormais dans l’ensemble du pays, modifie-t-il ses fondements idéologiques ? Peut-on considérer que la Ligue se situe désormais sur une ligne politique qui découle des idées nationalistes italiennes portées autrefois par l’écrivain Enrico Corradini ?

La généalogie de la Ligue est bien plus compliquée : Umberto Bossi a toujours souligné sa (très courte, d’ailleurs) fréquentation de Salvadori, mais parmi les fondateurs du mouvement il y avait aussi les responsables de la Liga Veneta, qui avaient été, par contre, assez actifs à l’extrême droite (surtout Franco Rocchetta, leur leader ; un autre responsable piémontais, Borghezio, aujourd’hui encore eurodéputé, avait été membre de Giovane Europa et d’Ordine nuovo), et d’autres militants qui venaient de l’extrême gauche (Maroni, Gremmo, Farassino). Mais dans son essence, je le répète, la Ligue a toujours été un mouvement populiste. Aujourd’hui, elle a renoncé à ses attitudes séparatistes et, au moins partiellement, mis de côté ses instances ultra-fédéralistes, mais je ne lui attribuerais pas l’étiquette nationaliste.

La Ligue et Frères d’Italie ne sont-ils pas devenus deux partis situés sur la même ligne politique ? Pourquoi la Ligue obtient-elle, sans implantation, des voix dans le sud du pays, alors que Frères d’Italie y est actif depuis longtemps et y dispose de cadres formés à l’époque du MSI ou de l’Alliance Nationale ?

Frères d’Italie est coincé entre la position libérale et (pas toujours) conservatrice de Forza Italia et le national-populisme de la Ligue et hésite à se démarquer de ses deux alliés. Ce qui fait qu’une large partie de ses électeurs potentiels penchent vers l’un ou l’autre de ses partenaires. L’implantation du parti de Giorgia Meloni est assez relative et son image de marque est limitée à une exaltation assez acritique de l’identité nationale. Même sur un sujet-clé comme la lutte contre l’immigration, sur lequel sa position est assez proche de celle de la Ligue, Frères d’Italie n’adopte pas le ton outrancier de Matteo Salvini, ce qui déplaît aux opposants les plus fermes aux vagues migratoires sans pour autant lui attirer le vote des fidèles de Silvio Berlusconi, qui, sur les questions sociétales, se situent plutôt, sinon dans le camp progressiste, à proximité de celui-ci. L’avenir de Fratelli d’Italia est donc assez incertain et les sondages lui attribuent actuellement 3,4-3,6 % des intentions de vote.

mardi, 22 mai 2018

L’Italie forme l’épicentre du virage fatal de l’UE

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L’Italie forme l’épicentre du virage fatal de l’UE

 
Auteur : Tom Luongo 
Tom Luongo
 
 
 

 

 

Ex: http://www.zejournal.mobi

La clarté est ici dans les discussions de la coalition italienne. Et les marchés détestent ce qu’ils voient. Bruxelles aussi.

La dette italienne à cinq ans a explosé de plus de 1%, les écarts de CDS ont progressé de plus de 20 points de base en une semaine. Les marchés tentent d’effrayer ces outsiders désormais en charge de l’Italie pour assouplir leurs positions sur la réforme et maintenir un statu quo qui détruit un grand pays et une grande culture.

La Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles ont réclamé 250 milliards de dollars d’allégement de dette de la part de la BCE. Il y avait aussi une demande pour développer un mécanisme permettant aux pays de quitter l’euro, selon  un rapport, maintenant discrédité, de Reuters .

La proposition finale ne contient aucun de ces propos incendiaires, mais ne croyez pas que la fuite ne faisait pas partie de leur stratégie de négociation ou qu’elle ne faisait pas partie de l’objectif final.

Parce que le reste de la proposition est déjà assez hostile à Bruxelles (voir ci-dessous). Et avec le président de la BCE, Mario Draghi, qui signale maintenant la nécessité de consolider la dette souveraine européenne sous son égide, ce n’est pas nécessaire pour le moment.

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Voici la version de Martin Armstrong :

Pour que tout le monde comprenne de quoi il s’agit, le président de la BCE, Mario Draghi, a proposé de regrouper les pays de la zone euro pour créer un « nouveau véhicule plus fort » comme instrument de crise pour sauver l’Europe. Il soutient que cela devrait empêcher les pays de s’éloigner les uns des autres en cas de chocs économiques graves. Draghi dit que cela apportera « une couche supplémentaire de stabilisation » ce qui est une expression de code pour le prochain krach obligataire. [Mis en gras par moi]

Cela me dit que Draghi comprend à quel point les choses vont mal et que les dirigeants italiens savent qu’ils ont le dessus dans les négociations sur la dette.

Ils sont prêts à faire pression sur Bruxelles pour obtenir ce qu’ils veulent. Et ils devraient le faire. Le leader de la ligue, Matteo Salvini, comprend à quel point l’euro administré par l’Allemagne a été ruineux pour l’Italie et la majeure partie de l’Europe.

Donc, pour lui, si le prix à payer pour que l’Italie reste dans l’UE, c’est forcer les pays du Nord à accepter la consolidation de la dette et la dépréciation, alors qu’il en soit ainsi.

S’ils n’acceptent pas cela, la nouvelle direction de l’Italie est prête à se tourner vers le peuple et à dire : « Nous avons essayé. Qu’ils aillent se faire foutre. Continuons notre route ».

Tout cela me dit qu’ils ont manœuvré la presse et l’establishment politique pour en arriver là.

electIT2.pngDiviser les divisions

La proposition de la coalition est un méli-mélo de prescriptions politiques de droite et de gauche qui rendront fous le FMI et Bruxelles. Mais, ces deux partis très différents doivent parvenir à un accord s’ils veulent arracher le contrôle de Rome à la folie du statu quo en Europe, qui ne sert les intérêts de personne, sauf des mondialistes qui se tiennent derrière les visages publics de l’UE – Juncker, Merkel, Tusk, Macron, etc.

La Ligue est un ancien parti sécessionniste qui a servi les régions septentrionales de la Vénétie et de la Lombardie avec des discussions sur la responsabilité fiscale et des impôts beaucoup plus bas.  Le Mouvement Cinq Étoiles est né de la dégradation de l’économie et du tissu social de l’Italie du Sud à cause de la pourriture politique émanant à la fois de Rome et de Bruxelles.

L’un réclame une baisse des impôts et de la réglementation, l’autre veut des pensions généreuses et un revenu universel. Ce ne sont pas des différences faciles à surmonter. Mais ils l’ont fait, ne satisfaisant personne. Cela, pourtant est le prix d’un mélange si éclectique de positions politiques.

Cela dit, ils sont clairement d’accord sur les deux questions les plus importantes pour l’avenir de l’Italie, à savoir l’immigration et la place de l’Italie au sein de l’UE.

Les deux parties veulent faire passer l’Italie en premier.  Et le programme législatif maintenant proposé semble s’inscrire dans cette veine, tout en ne paraissant pas (à première vue) trop radical. Dans le rapport de Zerohedge ce matin :

  • Ils veulent obtenir des taux d’imposition de 15 % et 20 % pour les entreprises et les particuliers.
  • Un revenu minimum garanti pour les Italiens les plus pauvres
  • Un revenu de base universel de 780 euros par personne et par mois, financé en partie par l’UE
  • La fin des sanctions contre la Russie
  • Il n’y a aucune mention d’un référendum sur l’adhésion à l’UE ou à l’euro
  • Un accord pour atteindre les objectifs du traité de Maastricht
  • Il n’y a aucune intention de demander à la BCE d’annuler sa dette
  • Ils appellent à relancer la compagnie aérienne Alitalia
  • Ils veulent mettre un terme à la réforme des retraites de Fornero
  • L’impôt forfaitaire deviendra un taux double avec des déductions
  • Ils veulent apporter une forte contribution à la politique d’immigration de l’UE
  • Le plan prévoit la redéfinition de la mission du prêteur Monte dei Paschi di Siena

Les lignes en gras sont les plus importantes, tandis que les marchés se concentrent sur les changements fiscaux et le revenu universel.

Oubliez ça. Si l’Italie parvient à obtenir que l’UE lève les sanctions russes, à retirer la politique d’immigration d’Angela Merkel et fournir un plan pour traiter avec les banques italiennes insolvables, ce serait une victoire titanesque.

Ce sont les questions qui sont au cœur des problèmes fondamentaux de l’UE – son manque de cohésion bancaire et sa bureaucratie antidémocratique.

La vente douce à Italeave

Donc, bien que tout cela semble montrer qu’ils ont cédé sur les positions les plus extrêmes, en fait, ce n’est pas le cas. Le budget de l’Italie est écrasé par le coût des migrants de Merkel. Les deux parties estiment manifestement que la croissance peut revenir dans l’économie italienne au sein de l’euro en abaissant radicalement les taxes pour réévaluer le travail italien à la baisse. Cela lui donnerait un avantage par rapport à l’Allemagne tout en restant dans l’euro.

Ensuite, l’émission d’une nouvelle monnaie parallèle, le Mini-BOT, circulera sur le marché intérieur pour réduire le besoin en euros dans l’économie nationale et libérer les problèmes budgétaires de l’Italie concernant ses besoins de service de la dette.

Ce que je dirais à ce sujet, c’est que les taux de rendement des Mini-BOT s’amélioreront bientôt parce que le service de la dette de l’Italie est extrêmement faible grâce à la politique de taux d’intérêt négatifs de la BCE. Et une fois que le dollar aura commencé à monter, les décisions d’allégement et de consolidation de la dette peuvent être prises par n’importe quel groupe.

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Merkel est dépassée

Le problème maintenant c’est le temps.  La politique de pression de Donald Trump sur l’Iran et la Russie crée le genre d’incertitude que personne ne peut prédire. Il contraint les dirigeants européens à se rassembler et à déclarer leur opposition aux diktats de Washington et à forger une identité indépendante tout en cherchant à mettre fin aux divisions et méfiances culturelles qui ont mené à ce moment, faute d’unanimité fiscale.

Il est clair pour moi que les nouveaux dirigeants italiens comprennent cela avec la somme et la substance de ces points politiques.  Ils pensent pouvoir réaligner la politique intérieure de l’Italie en faveur de l’Italie tout en forçant Bruxelles à faire face à la responsabilité de faire avancer l’Europe d’une manière beaucoup plus équitable que par le passé.

C’est peut-être la raison pour laquelle Angela Merkel a rendu visite au président russe Vladimir Poutine pour la deuxième fois en deux semaines après n’avoir envoyé que des représentants au cours des quatre dernières années.  Ils ne parlaient pas seulement de l’accord avec l’Iran.

Non, cette rencontre avait pour but de sortir l’Allemagne de l’emprise de Trump tout en évitant d’encourir sa colère.  Le long jeu de patience diplomatique de Poutine a été la bonne voie dès le début.  C’est toujours le pari de laisser votre adversaire bluffer et fanfaronner, se frapper la poitrine et avoir des exigences qu’il n’a pas les moyens de faire respecter.

Finalement, les observateurs finissent par se rendre compte que tout cela n’est que de l’air chaud. Au fil du temps, le coût de la résistance à l’intimidation diminue et les avantages de se joindre à un nouveau groupe augmentent. Pour l’Allemagne, c’est l’énergie. Le gaz russe et le pétrole iranien sont nécessaires à l’Allemagne pour maintenir sa compétitivité et Trump sape ces deux derniers avec son manque de diplomatie.

Le refus de Merkel de ses concessions tarifaires proposées pour abandonner le gazoduc Nordstream 2 et acheter du GNL plus cher à Cheniere Energy était plus important qu’on ne le pense. Il n’y a aucune raison pour Merkel de croire que la politique américaine sous Trump ou n’importe quel futur président ne fera pas de volte-face. Pendant ce temps, les pipelines sont pratiquement éternels.

Et Merkel est assez avisée pour mettre son ego de côté, après avoir été déjouée par Poutine sur l’Ukraine, et pour tenir la ligne sur Nordstream 2.

Le grand renversement

Merkel a une voie de sortie ici. Et l’Italie vient de la lui donner. Je ne suis pas sûr qu’elle soit assez intelligente pour le voir.

La BCE veut une consolidation de la dette et un contrôle accru. Pour que l’UE survive, c’est nécessaire. Les Allemands et les autres pays du Nord ne veulent pas être vus en train de renflouer les pays du « Club Med ». Cela serait interprété comme une autre soumission à Washington et à New York. Merkel ne peut pas passer par d’horribles négociations sur l’allégement de la dette comme elle l’a fait avec la Grèce en 2015. Cela détruirait ce qui reste de son capital politique. Si elle se dresse contre Trump sur l’Iran, cependant, elle gagne beaucoup. L’incertitude quant à la réaction de Trump fait baisser l’euro, poussant la BCE à agir enfin sur la dette.

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Les Européens veulent des relations normalisées avec la Russie et un commerce ouvert, en particulier l’industrie allemande. Il y a des dizaines de milliards de possibilités d’investissements en Russie et en Crimée qui n’attendent que la fin des sanctions pour être utilisés, surtout avec un rouble affaibli par les sanctions débiles de Trump.

Il n’y a que la Pologne et les pays baltes qui ne le veulent pas. Mais ils n’ont pas d’importance. Il suffit qu’un seul ministre des Finances vote contre l’extension des sanctions russes pour y mettre fin. Si Merkel tient tête aux États-Unis sur l’Iran, il est plus facile pour l’Italie de forcer l’Allemagne à cesser de harceler tout le monde pour les maintenir.

L’Italie lâche la bombe pour mettre fin aux sanctions russes en juillet. Merkel, « à contrecœur » est d’accord avec cela. Les soucis de Northstream 2 disparaissent. L’UE et la Russie forment un front uni contre d’avantage de belligérance américaine en Ukraine.

Au cours des pourparlers sur la restructuration de la dette à Monte dei Paschi, Merkel et Draghi ont introduit de nouveaux mécanismes de consolidation de la dette comme modèle pour l’avenir.

Est-ce que je pense que c’est le scénario le plus probable ? Non. Mais c’en est un qui pourrait se réaliser si Merkel lit correctement les vents politiques changeants. Si elle commence à penser dans l’intérêt à long terme de l’Allemagne, c’est exactement ce qu’elle fera.

Et elle aura à remercier les eurosceptiques détestés d’Italie pour avoir sauvé son héritage et l’Europe d’une marginalisation politique et économique.

Traduction : Avic – Réseau International

lundi, 14 mai 2018

Le futur gouvernement italien, un cauchemar pour Bruxelles

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Anti-immigration et eurosceptique : le futur gouvernement italien, un cauchemar pour Bruxelles

Photo: © Tiziana Fabi Source: AFP
Ex: https://francais.rt.com

L'UE espérait et appuyait la formation d'un gouvernement droite-gauche en Italie. Finalement, les nationalistes de la Ligue et les antisystèmes du Mouvement 5 Etoiles s'apprêtent à diriger le pays. Bruxelles s'inquiète et les marchés sont fébriles.

C'était le pire des scénarios pour Bruxelles : les tractations entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue ont finalement débuté, après que Silvio Berlusconi, allié de la Ligue mais dont le parti a recueilli moins de voix que celle-ci, a finalement donné son accord à des négociations. Les chefs de file des deux formations, qui à elles deux disposent d'une courte majorité au Parlement, Luigi Di Maio (M5S), 31 ans, et Matteo Salvini (Ligue), 45 ans, se sont rencontrés en début de matinée le 10 mai à la Chambre des députés.

Dans un communiqué conjoint, les deux hommes ont évoqué «un climat positif pour définir le programme et les priorités du gouvernement», ainsi que «des avancées importantes» sur la composition de ce qui devra être la future équipe gouvernementale. Selon la presse italienne, ils ont demandé jusqu'au 14 mai au président Sergio Mattarella, qui a pour l'instant renoncé à nommer un chef de gouvernement «neutre», mesure qu'il envisageait après deux mois d'impasse.

Concrètement, cela signifie que, pour éviter un gouvernement technique destiné à mettre un terme à l'absence de majorité, les deux bêtes noires de la scène politique italienne sont parvenues à poser les bases d'une alliance qui n'avait rien d'évident. En effet, le M5S au populisme revendiqué et la Ligue, qualifiée d'«extrême droite» par ses adversaires, entretiennent des divergences sur le fond. La formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d'impôts, devra gouverner avec le M5S, plus ambivalent sur l'Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.

Une alliance qui inquiète Bruxelles et les marchés

Dans le détail, l'alliance devrait donc reposer sur un contrat de coalition à l'allemande : celui-ci contiendra un socle minimum de points sur lesquels le M5S et la Ligue seront parvenus à s'entendre. Les deux partis ont notamment en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses en matière de retraites et de lutte contre l'immigration. En outre, la Ligue et le M5S partagent une défiance nette à l'égard de Bruxelles – même si Luigi Di Maio a renoncé à proposer un référendum sur la sortie de l'Italie de l'UE pour le moment.

Ces convergences de vue, qui semblent pour l'instant avoir eu raison des divergences politiques, ont donc d'autant plus de quoi inquiéter Bruxelles qu'elles se concrétisent désormais dans un projet gouvernemental. Les marchés eux-mêmes commencent à s'agiter : la Bourse de Milan a perdu près de 1% dès l'annonce du début des négociations et, sur le marché de la dette, le spread (écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans) a augmenté d'environ six points.

Signe de la fébrilité de l'UE à l'égard des évolutions politiques en cours sur la péninsule : des responsables européens avaient confié à l'AFP, avant les élections, s'activer «en coulisses» pour favoriser une alliance Renzi-Berlusconi. Si l'UE est loin de tenir ce dernier dans son cœur, elle semblait toutefois estimer que sa présence au sein d'une alliance gauche-droite était préférable au péril que représenterait une victoire du M5S ou de la Ligue. L'hypothèse d'une percée concomitante de ces deux partis et de leur alliance au sein d'un gouvernement était alors perçue comme un scénario catastrophe peu vraisemblable...

Qui sera le prochain dirigeant italien ?

La question la plus épineuse que doivent désormais trancher le M5S et la Ligue est désormais celle du nom du futur chef de gouvernement. Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux jeunes et ambitieux, sont en concurrence directe. Le premier conduisait la coalition arrivée en tête aux élections (dans laquelle se trouvait le parti de Silvio Berlusconi), mais le parti du second a obtenu plus de voix que la Ligue. Reste l'hypothèse, privilégiée officiellement, d'un accord entre les deux hommes pour proposer une tierce personne.

Malgré ces incertitudes, les deux chefs de parti se montrent optimistes. «On discute de la réforme des retraites, de l'emploi, des débarquements de migrants, de la légitime défense», a déclaré Matteo Salvini à la presse. Sur Twitter, il a annoncé à ses abonnés : «Nous sommes en train de travailler pour vous», avec une photo de lui à côté d'une grosse pelleteuse.

«Je ne peux pas cacher ma joie et ma satisfaction que finalement nous puissions commencer à nous occuper des problèmes de l'Italie», a fait savoir de son côté Luigi Di Maio, tout sourire, dans une vidéo sur Facebook.

Une autre inconnue demeure. Alors qu'il vient d'être réhabilité par la justice, l'ancien dirigeant italien Silvio Berlusconi pourrait revenir dans le jeu politique. Si, jusque là, ses difficultés avec la justice et sa peine d'inéligibilité l'empêchaient de jouer un rôle aussi important qu'il l'aurait souhaité, une décision du tribunal de Milan pourrait le remettre en selle. Et son influence à droite pourrait parasiter l'entente entre le M5S et la Ligue, qui doivent en partie leur rapprochement à l'affaiblissement politique du Cavaliere.

Lire aussi : «Nous ne sommes pas les toilettes de Macron» : un cas d'ingérence française révolte l'Italie

mardi, 01 mai 2018

Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

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Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet N°8 (20 janvier 2018)

Enregistrement public à Meylan

 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet n°8 – 20 janvier 2018.
Une émission spéciale enregistrée en public à Meylan.
 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet est une nouvelle émission d’ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.
 
Pour ce huitième numéro, Jean-Michel Vernochet était invité par la section d’E&R Grenoble à enregistrer son émission en public.
L’occasion pour Jean-Michel Vernochet de présenter son dernier livre, "La guerre civile froide : La théogonie républicaine de Robespierre à Macron" (octobre 2017) : http://bit.ly/2yHg8jG
 
Un entretien mené par Pierre-Antoine Plaquevent pour "Les Non-Alignés" : http://www.xn--les-non-aligns-nkb.fr/
 
Une vidéo réalisée avec l'aimable autorisation de ERFM.
 
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

mercredi, 21 mars 2018

Poutine : la force est avec lui. Un nouveau régime plébiscitaire défie les démocraties

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Poutine : la force est avec lui. Un nouveau régime plébiscitaire défie les démocraties

Journaliste

Ex: https://metamag.fr

Avec un score proche de 77 % des voix, supérieur de 14 % au scrutin de 2012, Vladimir Poutine a obtenu un quasi-plébiscite de ses concitoyens.

Trois jours après avoir été désigné par le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson, comme le commanditaire de l’empoisonnement de l’ex espion russe, Sergueï Skripal, l’homme fort de la Russie peut se targuer d’avoir pris sa revanche à la maison, se faisant sacrer par les urnes pour la quatrième fois de sa carrière.

Selon les résultats quasi définitifs de la commission électorale, il obtient 76,6 % des suffrages, devançant de très loin ses challengers. Pour sa part, le taux de participation, s’établissant à 67%, est supérieur de deux points à celui de 2012. C’est la force qui fait sa force. La force est une ­valeur historiquement respectée en Russie, que Poutine cultive, sous ses diverses formes, avec une constance remarquable. La tension avec l’Occident qui a entouré la dernière semaine de la campagne a été pour lui l’occasion de montrer que la Russie était une puissance redoutée.

Face à Vladimir Poutine,  l’opposition était réduite au silence médiatique et à l’insignifiance. Sur les sept candidats (deux communistes, deux ultranationalistes et trois libéraux), un seul a obtenu un score notable, le communiste Pavel Groudinine, avec 12 % des voix. L’ultra nationaliste Jirinovski a fait 6 % comme d’ habitude.  Ksenia Sobtchak , idole des médias occidentaux et figure libérale aux positions proches des européens  et par ailleurs fille du mentor de Poutine, est créditée de moins de 2 % voix..

La question la plus importante, cependant, n’est pas de savoir comment Vladimir Poutine a été réélu, mais ce qu’il compte faire de ce nouveau mandat, qui doit le maintenir au pouvoir jusqu’à 2024.

Curieusement, il en a peu parlé pendant la campagne électorale. Le 1er mars, le maître de la Russie a promis à ses concitoyens des missiles « comme personne d’autre n’en possède actuellement ». Il s’est également engagé à réduire de moitié un taux de pauvreté « inacceptable », sans pour autant dire comment. Mais l’équilibre international est en train de changer au détriment de l’idéologie libérale démocratique de Bruxelles contesté de Washington à Pékin en passant par Ankara Téhéran, et Moscou.

La relation entre la Chine et la Russie « est à son meilleur niveau historique, ce qui constitue un exemple pour l’édification d’un nouveau type de relations internationales fondées sur le respect mutuel, l’équité et la justice », a déclaré dans un message le président chinois, lui-même réélu samedi à l’unanimité à la tête de l’État par le Parlement chinois.

« La Chine se tient prête à travailler avec la Russie pour continuer à faire progresser encore les relations sino-russes [et promouvoir] la paix mondiale », a estimé le président chinois. Moscou et Pékin, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, se tiennent fréquemment sur la même ligne face aux pays occidentaux dans des dossiers comme la Syrie ou la Corée du Nord.

Vladimir Poutine va pouvoir s’attaquer à… sa succession dans six ans.

Le “tsar”, qui aura 72 ans à sa sortie, en 2024, a l’intention de lâcher un pouvoir qu’il détient sans discontinuer depuis 2000. C’est en tout cas ce qu’il laisse entendre à son entourage, et cela n’est pas sans poser question. Une bataille d’héritage se profile donc si Vladimir Poutine quitte le Kremlin en 2024.

Mais le problème majeur, c’est ce que l’observatrice de la politique russe Alla Chevelkina appelle le “Poutine Collectiv”. “Cela représente Poutine et son entourage très proche. Ces gens-là n’existeront plus à la seconde où ils quitteront leur poste”, détaille la spécialiste. «Ce sont des gens qui aujourd’hui sont très puissants puisqu’ils dirigent les richesses de notre pays. Mais sans Poutine ils ne sont rien», analyse-t-elle.

Ils risquent donc de faire pression sur le maître du Kremlin pour qu’il s’accroche au pouvoir. Pourquoi pas en créant une nouvelle institution, taillée sur mesure, et faisant de lui une sorte de Guide suprême… à la chinoise ? Fils du ciel – sultan – tsar- heureusement qu’il nous reste Merkel et Macron.

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jeudi, 08 mars 2018

Des élections italiennes pour rien?

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Des élections italiennes pour rien?

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections parlementaires italiennes se sont déroulées ce dimanche 4 mars pour renouveler députés et sénateurs. Il s’agissait de doter le pays d’une majorité gouvernementale. Le résultat en a été une neutralisation réciproque des différences forces politiques et le morcellement du pays.

Au sud, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) est largement vainqueur, dépassant parfois les 50%, et notamment en Sicile, en Campanie, en Calabre, en Sardaigne ou dans les Pouilles. Le résultat national est impressionnant puisque, malgré le départ du fondateur Grillo et l’inexpérience politique totale du nouveau dirigeant Di Maio, le M5S obtient 32,7% des voix et 221 sièges (sur 630). Il n’est pas en mesure de gouverner et est victime d’un fort ostracisme des autres partis politiques. Pourtant son poids incontournable va poser un réel problème si l’Italie veut disposer d’une majorité gouvernementale sans lui. Son électorat est complexe. Il est probable que le vote identitaire qui a profité au nord à la Ligue a profité au sud au M5S.

Au nord donc, la Ligue (ex-Ligue du nord) obtient des scores également importants, notamment en Vénétie et en Lombardie, même si ce succès est moindre dans les grandes villes, comme Milan. Avec 17,4% des voix, et 73 sièges, la Ligue de Matteo Salvini réalise son meilleur résultat depuis sa fondation. Ce dernier a mené une campagne nationale dure contre l’immigration et a tempéré ses positions (désormais) eurosceptiques qu’il avait pu mettre en avant sous l’influence du FN français. Surtout la Ligue dépasse Forza Italia et Berlusconi au sein de l’alliance des droites.

Avec 14% des voix et 59 sièges, le mouvement de Berlusconi réalise une contre-performance. Son dirigeant de 81 ans se voit ainsi gentiment invité à une retraite anticipée.

Enfin, Frères d’Italie de Giorgia Meloni réalise 4,4% des voix et obtient 19 sièges. Cette formation de droite nationale, héritière de l’ancien MSI et d’Alliance nationale, réalise un score convenable compte tenu d’un fort vote utile en faveur de la Ligue. Le mouvement est surtout fort dans le Latium.

L’alliance des droites obtient un total de 260 sièges, soit 35 de moins que la majorité. Sans alliés ou sans ralliements, elle ne sera pas en mesure de gouverner le pays. On peut certes imaginer des ralliements opportunistes venus des rangs du M5S mais rien n’est certain.

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Le Parti démocrate de Matteo Renzi est quant à lui sévèrement sanctionné. Avec 18,7% des voix, il réalise une douloureuse contre-performance. La coalition de gauche obtient 112 sièges en tout (-223) et ne peut plus être qu’une force d’appoint. Une grande coalition des centres n’aurait pas davantage de majorité. Il est douteux que la gauche soutienne un gouvernement de droite dominé par la Ligue et pas davantage qu’elle s’associe au M5S pour gouverner.

A gauche, le mouvement « Libres et égaux » obtient 3,4% des voix et disposera de 14 sièges. Les droites radicales, hors coalition, restent marginales, victimes là encore d’un vote utile. Casapound obtient 0,94% des voix et la liste « L’Italie aux Italiens » menée notamment par le mouvement Forza Nueva 0,38% des voix. Néanmoins les droites nationales réunies réalisent le score considérable de plus de 23% des voix. La question de l’immigration a été cruciale, déterminante dans ce résultat.

Conséquence de tout cela, l’Italie n’aura sans doute pas de majorité parlementaire. De nouvelles élections législatives, qui pourraient confirmer ce blocage institutionnel, sont dès lors probables mais pas avant plusieurs mois. A part la fin de carrière de Berlusconi, et la montée des dits « populismes », avec un Salvini qui sera sans doute l’homme de référence de la droite italienne à l’avenir, il est difficile d’imaginer un gouvernement stable en Italie à moins d’un effondrement du M5S. Mais ce dernier bénéficie d’une aura positive, surtout dans le sud, car il n’a jamais été associé au pouvoir, à l’exception calamiteuse de la gestion de la ville de Rome.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Italie: vers une coalition populiste?

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Italie: vers une coalition populiste?

par Nicolas Gauthier

Ex: http://www.bvoltaire.com

Le grand vainqueur de ce scrutin demeure évidemment le mouvement populiste 5 Étoiles (M5S), fondé par l’humoriste Beppe Grillo, et dont la tête de liste, Luigi di Maio, obtient un score de 32 %.

À l’heure où ces lignes sont écrites, les résultats des élections législatives italiennes de ce dimanche ne sont pas encore définitifs. Il n’empêche que les grandes tendances sont là et ne devraient vraisemblablement pas s’inverser de manière significative.

Résultat des courses : le Parti démocrate de Matteo Renzi, idole de la classe politico-médiatique européenne, passe sous la barre des 20 %. En face, la coalition de droite menée par le revenant Silvio Berlusconi (Forza Italia) et ses alliés Matteo Salvini (la Ligue) et Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) obtient 37 %. On notera encore que la Ligue en question, alliée de Marine Le Pen au Parlement européen, atteint à elle seule presque les 17 % des suffrages ce qui en fait le premier parti de la coalition de droite.

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Mais le grand vainqueur de ce scrutin demeure, évidemment, le mouvement populiste 5 étoiles (M5S), fondé par l’humoriste Beppe Grillo, et dont la tête de liste, Luigi Di Maio, obtient un score de 32 %. Le futur paysage politique italien entérine donc la chute des partis traditionnels, le centre gauche semblant prendre le chemin d’un autre célèbre disparu de centre droit, les démocrates-chrétiens qui régnèrent là-bas presque sans partage des décennies durant.

La Constitution locale étant ce qu’elle est, pour qu’une coalition puisse disposer d’une majorité à l’Assemblée et au Sénat, il lui faut au moins 40 % des suffrages, seuil lui permettant d’envisager une possible coalition. Et c’est là que l’affaire s’annonce délicate, Silvio Berlusconi s’étant fait fort, devant les instances bruxelloises, d’être l’ultime rempart contre la montée des populistes. Rhétorique toute berlusconienne, sachant qu’il est allié avec au moins deux de ces mouvements de type alternatif, Ligue et Fratelli d’Italia.

Pourtant, si Berlusconi tente de constituer une coalition avec le Parti démocrate, il fait fuir ses deux partenaires. Se tourner alors vers les trublions de 5 étoiles ? Il y a peu de chances que ces derniers acceptent. Et Le Figaro de noter non sans raisons : « En réalité, une alliance des populistes du M5S et de l’extrême droite de la Ligue est la seule possibilité pour obtenir une majorité parlementaire au vu des résultats partiels. »

Une telle hypothèse irait donc dans le sens de la logique politique et de la volonté populaire, Luigi Di Maio et Matteo Salvini étant les deux grands gagnants de ce dimanche. Le premier a fait campagne sur le dégagisme ambiant ; le second sur l’immigration massive, préoccupations majeures de ce côté des Alpes.

On imagine qu’à Paris et Berlin, on retient son souffle, tout comme dans les instances européennes. Ce, d’autant plus qu’en Allemagne, Angela Merkel vient enfin de mettre en place une majorité gouvernementale, dont le prix à payer a été de faire des populistes de l’AfD la première force d’opposition allemande. En Italie, cela pourrait être la solution inverse : une alliance des populistes qui cantonnerait les partis de l’establissement au rôle de simples figurants.

L’Histoire nous enseigne que les révolutions surviennent quand l’État ne peut plus et que le peuple ne veut plus. En Italie comme ailleurs, l’État ne peut plus arrêter à la fois vague migratoire et vague populiste. Quant au peuple, il « veut » de moins en moins – la preuve par ce scrutin.

mercredi, 07 mars 2018

L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?

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L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Notre première réaction consiste à se réjouir, essentiellement du fait du succès de 5 Etoiles., lors des élections de dimanche 04/03.

Rappelons les résultats au soir du 5 mars.

Le Mouvement 5 étoiles (M5S) devient le premier parti du pays avec 32 % des voix, selon les premiers résulats. La coalition formée par Forza Italia, de Silvio Berlusconi, la Ligue, de Matteo Salvini (extrême droite) et le petit parti Fratelli d'Italia (« Frères d'Italie »), obtient 37 % des voix, loin devant le Parti démocrate, centre gauche), de Matteo Renzi (19 %), selon des résultats partiels portant sur deux tiers des bureaux de vote.


Sur le Mouvement Cinq étoiles, on peut lire ici un exposé qui nous paraît à peu près objectif
https://www.francetvinfo.fr/monde/italie/elections-italie...

On peut prêter beaucoup d'intentions dites anti-Système à 5 Etoiles. Toutes ne seront pas mises en oeuvre s'il accédait au pouvoir, surtout si c'était dans le cadre d'une coalition quasi inévitable avec Forza Italia et la Ligue, qui se sont toujours montrés obéissants aux consignes de Washington.

Néanmoins 5 Etoiles est le seul mouvement qui présente au moins dans le discours l'originalité de vouloir échapper à la domination de la finance américaine, avant-garde de la domination qu'exerce l'Amérique sur l'Europe depuis 1945. Cette domination se traduit par le mise en tutelle des « élites » italiennes.

5 Etoiles qui prétend ne pas émaner directement de ces élites, mais représenter une aspiration plus profonde des classes travailleuses et de la petite bourgeoisie italiennes, sera le mieux placé pour entreprendre cet effort colossal.

En bonne logique, ceci devrait imposer une sortie de l'Union européenne. Mais celle-ci serait difficile pour l'Italie, à la lumière des difficultés que rencontre actuellement le Brexit. Cependant, grâce à 5 Etoiles au pouvoir, l'Italie deviendrait le seul pays européen a pratiquer un discours d'indépendance à l'égard de l'Union et de tous les intérêts corrompus qui s'y expriment.

En cela, l'Italie se distinguerait favorablement de la France d'Emmanuel Macron, élu et soutenu par Wall Street. Celui-ci est en train de sacrifier tous les acquis scientifiques et économiques du pays ayant fait son originalité et sa force à l'époque des Trente Glorieuses. Elle se distinguerait aussi de l'Allemagne, incapable de se rendre compte que se serait dans le cadre d'une alliance avec la Russie et la Chine qu'elle pourrait au mieux exprimer son génie industriel.

 

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Luigi Di Maio

Nous avions proposé le mois précédent pour cette rubrique Sigmar Gabriel, susceptible de faire sortir un tant soit peu l'Allemagne de la domination Américaine. Mais il semble qu'il n'en prenne pas le chemin, la nouvelle Grande Coalition allemande dirigée par la permanente chancelière Angela Merkel ayant toujours pris ses consignes à Washington. Peut-on cependant reporter cet espoir, concernant cette fois l'Italie, sur Luigi Di Maio, le nouveau chef du Mouvement 5 Etoiles ?

L'agité Beppe Grillo, qui l'avait précédé dans ce rôle, avait suscité un certain intérêt par des propositions susceptibles d'ébranler l'enfermement de l'Italie dans ce que l'on appelle désormais le Système, enfermant les « démocraties européennes » dans la domination de Wall Street, du Pentagone et de leurs relais au sein de l'Union européenne, celle-ci créée à l'initiative de Washington pour jouer ce rôle dans sa lutte contre la Russie. Mais Beppe Grillo avait déçu les militants du Mouvement 5 Etoiles par ses incohérences et son manque de sérieux.

Aujourd'hui 5 Etoiles (voir notre article du 5 mars, L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?) semble avoir repris cette volonté de redonner à l'Italie un minimum de personnalité sur la scène internationale en imaginant des solutions originales permettant un tant soit peu au pays d'échapper au conformisme du Système.

5 Etoiles le doit-il au rôle joué depuis quelques mois en son sein par celui que l'on nomme « le jeune » Di Maio? Wikipedia donne un résumé qui nous paraît à peu près honnête, bien que peu enclin à la sympathie, de son parcours politique (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Di_Maio ) Nous ne le reprendrons pas ici.

Les adversaires politiques de 5 Etoiles, parmi lesquels on retrouve tous les défenseurs d'un enfermement de l'Italie dans le rôle qui a toujours été le sien depuis 1945, celui de paradis touristique, de créateur de modes et à travers les industries du Nord, de relais d'un capitalisme industriel et financier bien établi dans l'Europe rhénane, ont reproché à Di Maio de s'appuyer sur un physique agréable et une aisance dans la vie publique pour cacher le vide qui était le sien.

Nous sommes persuadés du contraire, le concernant. Il lui a fallu une sorte de génie politique pour réussir à s'imposer dans une société restée profondément conservatrice et gérontocrate. S'il accédait au gouvernement, seul ou avec des représentants de Forza Italia, il est très probable qu'il continuerait à exploiter les idées qu'il avait représentées les mois précédents.

Qualifiée de « populiste » il a déjà fait entendre que si l'on désignait par ce nom des défenseurs d'un peuple soumis au silence par les élites, il revendiquait le terme. Habileté peut-être, mais qui vient opportunément relayer en Italie un mouvement d'exaspération contre une immigration hors de contrôle et la dictature des anonymes de Bruxelles.

Pour le moment les représentants des gouvernements européens, en général fort éloignés de 5 Etoiles, font diplomatiquement bonne figure. Mais on peut présager que, s'il agi comme il le promet, toutes les armes seront utilisées contre Di Maio pour le déconsidérer. Sera-il capable d'y faire face? Speriamo.

Note. On lira sur les élections en Italie une analyse de Jacques Sapir
https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-seisme-polit...

samedi, 03 mars 2018

Chronique d'Outre-Rhin

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Chronique d'Outre-Rhin

par Olivier Tisier

Ex: https://metamag.fr

Le désamour des politiciens de la CDU pour la Groko

De nombreuses voix à la CDU se sont élevées pour critiquer gravement l’accord. « Nous sommes à la limite de la trahison » déclare dans “die Welt” le président du Schlessig Holstein Daniel Günther. ll ajoute : « Nous avons perdu les finances et gagné l’économie. Cela n’est pas pareil. Ainsi, notre parti voit le partage des ministères avec des yeux dubitatifs et déçus. » Plus virulent encore, le député CDU au Bundestag Christian von Stetten déclare à “ARD matin” : « La distribution des cabinets est une erreur politique. La décision d’abandonner le ministère des finances a créé une grande déception chez nos militants. Le risque est grand qu’avec un ministre des finances SPD toujours plus de politique européenne s’engouffre dans le ministère des finances d’Allemagne. »

Ainsi, même dans les rangs de la CDU, la crainte d’une hausse d’impôts due à des transferts de fonds vers d’autres États se fait sentir. La nomination d’un ministre social démocrate aux finances agace aussi dans les rangs des jeunes CDU où son chef Paul Ziemiak déclare : « Il faudra être très vigilant dans les prochaines années sur les questions d’équité entre générations et de politique des ménages, surtout si elles sont gérées par un ministre des finances SPD. » Le député de la CDU au Bundestag Carsten Linneman est lui insatisfait. Il déclare dans “Das Westfalen Blatt” : « La répartition du cabinet manque de pondération. Il existe de profond déséquilibre en défaveur de la CDU et à l’avantage de la SPD qui auront des effets néfastes sur la durée. » Sans vouloir me faire l’avocat du diable ou plutôt d’Angéla Merkel, cette dernière n’avait pas le choix. Elle devait lâcher pour pouvoir constituer une “koalition”. Le FDP a vraiment mis la CDU dans une situation inconfortable qui finalement ne satisfait personne. Le député de la CDU au Bundestag Olav Gutting déclare dans “Die Berliner Zeitung” : « Le retour des militants est le suivant : Nous sommes à la limite du reniement ! L’impression générale est que l’on s’est caché sous la table et que l’on nous à fait chanter »… Enfin le chef de la CSU Bavaroise Horst Seehofer a indiqué clairement que le SPD avait posé comme condition à une coalition l’obtention du ministère des finances. Ministère qui était auparavant la priorité de la CSU.

Ainsi, cela grince de tous les côtés et le leadership d’Angéla Merkel commence à revenir de plus en plus au centre des discussions. A tel point que cette dernière à fait, la semaine passée, une conférence de presse pour affirmer qu’elle avait bien reçu la confiance de son parti et de ses militants pour présider aux destinées de l’Allemagne. Ces propos n’ont guère convaincu et elle est, pour la première fois de sa carrière politique, en position de prêter le flanc et d’être bousculée. Gageons que l’AfD se tient d’ores et déjà en embuscade.

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Le retrait de Martin Schulz

Du côté du SPD, Martin Schulz a annoncé le retrait de sa candidature au poste de ministre des affaires étrangères. Il avait déclaré vouloir que cette nomination soit le fruit du vote des militants SPD. Et en raison de ce qu’incarne sa personne il demeurait sceptique sur l’issue. C’est pourtant le poste qu’il avait réclamé à Angéla Merkel pour participer à une coalition. Ce qui lui avait valu les critiques de son prédécesseur Sigmar Gabriel lui aussi SPD.

Cette semaine Martin Schulz a annoncé son retrait de la tête du SPD pour laisser la place à Andréa Nahles ancienne ministre du travail SPD. Pour faire une comparaison avec les visages politiques français Andra Nahles c’est le QI de Ségolène Royal sans hélas en avoir au moins le physique. C’est l’archétype de la politicienne SPD dans l’idéologie pure et complètement déconnectée de la réalité. Bref, un tract AfD ambulant.

Mais finissons-en avec Herr Schulz. Voila donc un homme qui nous explique au soir des élections qu’il n’acceptera pas de conclure un accord de coalition avec la CDU et qui finit par en accepter un. Il met dans la balance d’obtenir le poste de ministre des affaires étrangères au détriment du ministre existant Gabriel qui lui avait laissé pourtant l’investiture du SPD aux élections avant l’échéance. Herr Schulz sentant le vent tourné dans l’opinion renonce à ce ministère. Enfin il quitte la présidence du parti…Existe-t-il un reniement que ce Monsieur Schulz aurait peur de commettre? Comment les Allemands pourraient-il lui faire confiance à lui, l’homme de Bruxelles ? Ni Merkel, ni lui ne sont en phase avec le peuple. Or en politique la nature a horreur du vide .

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L’AfD a 15% dans les sondages n’est plus qu’à un point et demi du SPD

C’est ce que semblent  nous indiquer les nouveaux sondages où l’AfD à 15% vient talonner le SPD descendu à 16,5%. Si l’AfD montait encore de 2 points, elle deviendrait la seconde force politique d’Allemagne. Le premier parti reste l’Union avec 29,5% bien qu’en baisse elle aussi. Au point que le chef de l’INSA,  Herrmann Binkert plaide pour un nouveau vote. D’après lui jamais dans l’histoire une Groko n’a été aussi peu aimée. A eux seuls, les deux partis ne totalisent que 46% ce qui est insuffisant pour constituer une majorité. Il manque 4%. Pendant ce temps les Grünen grimpent d’un demi point à 13%, idem pour die Linke à 11,5% et le FDP à 10,5. Rappelons que la coalition Jamaïque initialement prévue aurait eu une majorité de 53%.

dimanche, 25 février 2018

Que fera Macron?

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Que fera Macron?

par Georges FELTIN-TRACOL

Le nouvel ouvrage de Michel Drac intrigue autant par son titre que par sa couverture. Conçue par Manu DeLille, elle s’inspire de l’artiste contemporain Andy Warhol : on y voit cinq portraits multicolorés du jeune et sémillant président de l’Hexagone. Quant au titre, Voir Macron, il s’agit d’une interrogation sur les actions à venir du nouveau dirigeant français.

MacronQF2.jpgBien que ce livre soit dédié « aux fainéants, aux cyniques, aux extrêmes » – il aurait pu l’être aussi à tous ceux qui dans les gares « ne sont rien », ce n’est pas le premier pamphlet contre l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée aux temps de « Flamby». Michel Drac prévient qu’il « n’a rien contre Macron en tant que personne. En fait, c’est le contraire : le nouveau Président ne nous fait pas honte. Il n’a pas l’attitude d’un agité (Sarkozy), et ses discours ne rassemblent pas à de mauvaises rédactions de troisième (Hollande). Le problème, ce n’est pas Macron. C’est le système derrière lui (p. 140) ».

L’État a retrouvé une tenue certaine. Contrairement à ces deux prédécesseurs immédiats, la communication est maîtrisée, les journalistes mis à l’écart, les ministres ne se tirent pas – pour l’instant ! – dans les pattes, les entourages sont professionnels et assez compétents, et la fameuse rivalité Élysée – Matignon se trouve atténuée par l’existence de conseillers communs. Il faut reconnaître qu’Emmanuel Macron a bien observé François Hollande afin de ne répéter le même comportement. Constater le professionnalisme de Macron et de son équipe ne signifie pas approuver son comportement, ses propos et son action politique. « Macron a un côté violent. Ce type a qualifié son opposition de “ foyer infectieux ”, imposé un mandat impératif à ses députés, engueulé le chef d’état-major des armées, expliqué que “ la politique c’est mystique ”, prôné une présidence “ jupitérienne ”, jugé que la France était “ en deuil d’un roi ” (p. 78). » Quel serait son dessein ? « Rendre le monde intégré, donc hyper-complexe. Le rendre incontournable en étant le seul capable de gérer cette hyper-complexité (p. 194). »

Deviner les prochaines lignes de fractures

De quoi traite Voir Macron ? Le sous-titre aide à comprendre : « Huit scénarios pour un quinquennat ». Tout en laissant ouvert le vaste champ des possibles, Michel Drac émet huit hypothèses de crises variées entre 2018 et 2022, voire au-delà. Il part de « trois incertitudes majeures : – Vers un resserrement monétaire brutal ? – La zone euro va-t-elle exploser ? – Vers une ou plusieurs grandes guerres avant 2022 ? (p. 93) ». Inimaginable à l’heure actuelle, ce dernier point semble toutefois le plus probable, sinon pourquoi Macron se démènerait-il autant auprès de l’opinion avec son stupide projet de « Service national universel », un substitut de mobilisation générale de la population non pas contre l’islamisme, mais plutôt contre la Russie, la Syrie et leurs alliés ?

La présidence soi-disant « jupitérienne » cache une « débâcle de la pensée (p. 12) ». Exemple de cet effondrement intellectuel, le débat de l’entre-deux-tours du 3 mai 2017 fut « le choc des néants. Macron, c’est le vide dans la continuité. Le Pen, c’est la rupture qui ne va nulle part. Le vide dans la continuité est plus rassurant : il gagne (p. 10) ». Élu président, Macron hérite de pesanteurs dont il ne peut ni ne veut se défaire. « Notre monde est totalement intégré. Des enchaînements de causalités impossibles à anticiper peuvent répercuter une onde de choc d’un bout à l’autre de la structure globale (p. 173). » Par conséquent, « les crises financières sont le mode de régulation ultime d’un système financier structurellement déséquilibré (p. 37) ». C’est au cours des années 1980 que « les marchés financiers renforcent leur capacité à peser sur la politique économique des États-nations (p. 35) ». Le premier scénario, le plus plausible, celui de la « mort douce », « est un scénario de stabilité planétaire. […] Les élites mondialisées sont relativement intégrées, elles font collectivement le choix de la paix (p. 108) ». Si c’est le cas, Michel Drac pense que « Paris n’a […] pas besoin de choisir entre Washington et Berlin (p. 109) ». Michel Drac soulève un dilemme pour nos gouvernants. « Depuis 2010, la France a resserré son alliance avec la Grande-Bretagne. Mais dans le même temps, Paris suit l’Allemagne dans l’Euroland. Macron devra peut-être choisir entre Londres et Berlin (p. 56). » Ce choix éventuel n’est pas binaire. Il faut rappeler que « la politique étrangère française est sous influence des États-Unis et de leurs associés, Grande-Bretagne et Israël. Mais seulement dans une certaine mesure (p. 52) ». La réalité est encore plus complexe. À la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich, la ministresse allemande de la Défense a déclaré, le 16 février dernier, que « nous voulons rester transatlantiques et en même temps devenir plus européens (dans Le Figaro des 17 – 18 février 2018) ». Ces propos ambigus témoignent de l’atlantisme de la CDU – CSU et leur rejet implicite de toute véritable coopération politique européenne qui pourrait se révéler à terme capable de s’émanciper de la tutelle étatsunienne.

MacronQF1.PNGUn pessimisme certain imprègne les scénari diplomatiques pour la Gâteuse républicaine hexagonale. Dans l’un d’eux, « la politique euro-salafiste se conclut par un désastre complet. La France a cessé d’être une puissance mondiale aux yeux des classes dirigeantes de la planète. C’est maintenant une puissance régionale dont le rayonnement ne dépasse pas l’Europe, la Méditerranée occidentale et l’Afrique occidentale. Et cela malgré l’étendue de son domaine maritime et des armes nucléaires. Hors de sa zone d’influence restreinte, Paris n’existe plus que comme supplétif des États-Unis (p. 106) ». Michel Drac insiste sur la souveraineté très limitée de l’Hexagone qui « n’est plus un pays indépendant. Sa politique étrangère est définie entre Washington, Londres, Bruxelles – OTAN et tel-Aviv. Sa politique économique est décidée à Berlin. Sa législation est dictée par la Commission européenne (p. 86) ». Que fera Macron s’il doit choisir entre un pôle atlantique et un autre continental, entre Washington (et plus secondairement Londres) et Berlin ? Nul ne le sait. Devant la montée en puissance irrésistible des États extrême-orientaux (Chine, Inde, Singapour, Corée du Nord) qui contrarie la domination planétaire des États-Unis, la France « doit choisir entre la neutralité et la vassalité. Si elle se reconnaît vassale des États-Unis, elle sauvera peut-être ses intérêts impérialistes en Afrique. Mais elle risque d’être entraînée dans des combats périlleux au service d’un suzerain déloyal. Si elle choisit la neutralité, elle devra le faire en lien avec les autres Européens (p. 49) ».

L’Europe sous emprise atlantiste

Or l’ensemble européen est bien mal en point. Très tôt, « les Anglo-Saxons ont choisi de soutenir la construction européenne pour la détourner (p. 180) ». N’oublions jamais qu’« en profondeur, c’est l’emprise étatsunienne qui explique l’incapacité des États européens à reconquérir leur souveraineté (p. 150) ». Certes, « Madrid se méfie des États-Unis depuis que le rôle de la CIA dans l’indépendantisme catalan a été mis en lumière (p. 170) ». Il pourrait aussi mentionner le jeu fort trouble des agences de Sa Gracieuse Majesté. Néanmoins, avec Donald Trump à la Maison Blanche, de nombreuses rivalités internes minent le « bloc anglo-saxon ». Aux États-Unis, « les milieux d’affaires se déchirent entre capitalisme industriel, capitalisme financier et acteurs de la nouvelle économie (p. 131). » Mieux encore, Michel Drac pronostique que la politique de Trump « sera déterminée par l’évolution erratique des rapports de force à l’intérieur des oligarchies étatsuniennes. L’opposition frontale entre capitalisme bancaire mondialisé et capitalisme industriel américain se complique de nombreuses lignes de fractures. Il y a des bureaucraties rivales, des groupes ethniques rivaux, des réseaux financiers et entrepreneuriaux en compétition (p. 83) ». Quant à l’actuelle Union pseudo-européenne, elle est surtout « pilotée en vue des enjeux de court terme et pour la protection des situations acquises (p. 24) ». Il est vrai que l’entité de Bruxelles « a tendance à se réduire à sa technostructure. Comme projet politique, elle est évanescente. Deux pôles de puissance se sont constitués. D’un côté, des institutions bureaucratiques centralisatrices, Commission et Banque centrale. De l’autre, des institutions interétatiques, Eurogroupe et Conseil européen. Le premier pôle donne l’illusion de la primauté. En réalité, les États-nations lui confient le rôle de père Fouettard. Les décisions économiques sont prises par l’Eurogroupe : renégociation permanente entre États égoïstes (p. 81) ».

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Pour qui suit Michel Drac à travers ses ouvrages, ses conférences et ses interventions sur sa chaîne YouTube, sa critique de l’euro prime sur d’autres considérations plus politiques. Il faut néanmoins lui reconnaître son pragmatisme puisqu’il conclut l’une de ses prévisions de manière optimiste. « Dix ans plus tard, la Confédération européenne fait ratifier sa Constitution par des référendums simultanés dans les dix-sept États-membres (p. 158). » Dans « Euro 2.0 », l’auteur imagine l’Italie émettre une nouvelle monnaie nationale, l’« eurolire » en réponse au Diktat de la monnaie unique. Répliquant à cette décision, la Lombardie, puis la Vénétie fondent le ducat pendant que la Sicile revendique son auto-détermination. C’est une possibilité, difficilement compréhensible pour les Français, en raison de l’unité récente de la péninsule. « L’Italie, explique Luigi Di Maio, chef parlementaire du Mouvement Cinq Étoiles, c’est en réalité une vingtaine de pays très différents, et peut-être même plus (dans Le Monde du 16 février 2018). »

Dans ce contexte volatile, à l’hiver 2019, la conférence du Mont-Tremblant au Québec des grands argentiers du monde décide que « ces monnaies seront entièrement dématérialisées, les paiements s’effectuant par téléphone portable (p. 125) », mesures que proposait l’économiste gréco-australien Yanis Varoufakis quand il était ministre des Finances d’Athènes et cherchait à s’opposer aux créanciers de la Grèce par dès règlements novateurs. Résultat, « l’euro sera la monnaie des échanges extérieurs et inter-régionaux. Les monnaies régionales seront réservées aux échanges intra-régions. Elles pourront être dévaluées par rapport à l’euro (p. 121) ».

macronqf4.jpgLa « stratégie de la tension » et les autres manipulations terroristes plus ou moins sous faux-drapeau contribuent aux moments de crise majeure. Celles-ci se préparent au cœur de divers cénacles intérieurs (les services secrets français) ou extérieurs (les officines anglo-saxonnes, mais pas seulement…). Michel Drac envisage par exemple la CIA inciter son vieux complice, Cosa Nostra, à soutenir l’indépendantisme sicilien tandis que le gouvernement italien très anti-euro obtient le soutien, direct ou non, de la City de Londres, ce qui attise les tensions financières (et même politiques) entre Londres et Berlin. Londres et Washington choisissent finalement l’explosion de la monnaie unique européenne afin de briser nette toute puissance européenne émergente. Comment dans ces circonstances peut se positionner Macron qui se veut en même temps proche des protagonistes ? De son choix dépendra l’avenir du projet européen. « Le point de rupture est proche. De trois choses l’une. Ou bien l’euro engendre un super-État européen. Ou bien la zone explose. Ou bien une combinaison des deux : le super-État naît, mais restreint à certains membres de la zone. Allemagne et périphérie, peut-être avec la France. Mais pas avec l’Europe du Sud (p. 46). » Cette dernière correspond assez bien aux thèses de Laurent Wauquiez avancées dans son essai de 2014, Europe : il faut tout changer. Laurent Wauquiez devient d’ailleurs le Premier ministre de Macron dans une nouvelle cohabitation dans l’une des hypothèses envisagées.

Quels enjeux politico-sociaux ?

Dans une autre, Michel Drac parie sur le retour en politique de Marion Maréchal – Le Pen qui réunit autour d’elle l’aile droite des Républicains, les souverainistes et les frontistes, avant d’accéder à Matignon, toujours dans le cadre d’une cohabitation. L’égérie de la droite en loden reviendra-t-elle ? Pas certain après cinq années d’engagement difficile et exténuant… Cette incroyable cohabitation serait la conséquence du déferlement massif de populations extra-européennes sur le Vieux Continent et aux sanglantes troubles qui en découleraient. On s’approche du gouffre. Déjà, « la République devient grotesque. Elle reconnaît le Conseil représentatif des associations noires, mais interdit l’usage juridique du mot race. Le Blanc et le Noir n’existent pas, sauf le Noir. Absurde. L’antiracisme rend fou (p. 69) ». Cela ne l’empêche pas de se méfier d’« une nouvelle droite européiste anti-immigration (p. 90) » animé par le détonnant maire de Béziers, Robert Ménard. Regrettons que Michel Drac traite à plusieurs reprises des groupes dissidents en France, en Italie et en Ukraine d’« extrême droite ». C’est dommageable et inutile. C’est à se demander s’il ne chercherait pas à obtenir une invitation au prochain dîner du CRIF sous la Pyramide du Louvres en mars 2018.

L’auteur s’arc-boute aussi sur le fétichisme démocratique. La démocratie, qu’il faudrait plutôt parler de « Laosarchie », n’est possible que dans des cadres géographiques restreints et si le politique n’est pas neutralisé par le droit positiviste, la technocratie inféodée aux groupes d’influence et de pression et les médiats. L’abstention massive révèle un je-m’en-foutisme, conscient ou non, des citoyens hexagonaux. Les deux tours des législatives françaises de juin 2017 ont été marqués par une abstention élevée (51,29 et 57,36 %). Dans une démocratie traitée d’« illibérale » comme la Hongrie, elles auraient été tout bonnement annulées. La présente Assemblée nationale dominée par les macronistes, le MoDem, les « Constructifs » et autres radicaux unifiés est peut-être légale, mais elle n’est pas légitime.

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Les saines réactions contre les « migrants » ne sont pas qu’identitaires. Elles comportent un aspect socio-économique indéniable. « La quatrième révolution industrielle détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée (p. 27). » Parce que « le e-commerce détruit à peu près trois emplois chaque fois qu’il en crée un (p. 27) », « l’immigration contemporaine s’insère mal dans la société postindustrielle (p. 23) ». Pourquoi recourir à une main-d’œuvre non qualifiée alors que de maintes tâches sont bientôt assumées par des robots ? C’est un autre « grand remplacement »… Dans cette perspective, Michel Drac imagine l’avènement d’une « Europe-forteresse » parce qu’elle « a enfin trouvé une définition. Une définition simple, directe, compréhensible par tous : l’Europe est le sanctuaire de l’homme blanc (p. 190) ». Pour y arriver, il faudra bien sûr défier la clique anglo-saxonne, en particulier les chantres du pandémonium métissé étatsunien. Ces derniers pourraient favoriser en 2022 l’arrivée d’un « président qu’il faut à une nation d’ados attardés (p. 169) », à savoir « un geek sociopathe (p. 166) », « un individu d’une agressivité exceptionnel (p. 162) », le dénommé Mark Zuckerberg. Pas sûr que Michel Drac ait raison, car ce serait une première : la Maison Blanche occupée par un non-chrétien marié à une Asiatique ! Tronche des Texans surarmés… Le combat à venir risque d’être ardu. Michel Drac devine en outre de nouvelles configurations politiques. « En Grèce, d’ex-paramilitaires russes du Donbass se retrouvent du même côté de la barricade que des nationalistes ukrainiens. Dans le camp d’en face, des militants anarchistes formés au Rojava combattent aux côtés d’anciens djihadistes de Daesh (p. 187). »

Ambigu populisme européen…

Beppe-Grillo.jpgSi l’auteur décrit de manière convenable le « système russe : oligarchie hyper-centralisée tempérée d’anarchie provinciale (p. 54) » malgré une erreur vénielle sur le titre du premier ministre russe – celui-ci n’est pas président du Conseil des ministres, mais Président du gouvernement -, certaines de ses conjectures n’emportent pas l’adhésion. Prenons la plus optimiste d’entre elles, « Le printemps italien », qui voit la victoire du Mouvement Cinq Étoiles (M5S) aux législatives italiennes de mars prochain. Il prévoit un gouvernement de coalition entre la Lega de Matteo Salvini et le M5S, puis, dans la foulée, l’émergence d’une force semblable en France, d’abord apparue sur Facebook, Clair et Net, qui s’impose à la surprise aux élections anticipées et cohabite avec Macron. Or ce mouvement dégagiste exige déjà avec la seule différence de taille qu’il est « contre-populiste » : La République en Marche. En outre, Michel Drac ignore la réalité du mouvement fondé par le comique anti-berlusconien Beppe Grillo. Celui-ci se met désormais en retrait de sa création qui cumule les contradictions. Rapporté aux candidatures présidentielles françaises de 2017, le programme « grilliniste » emprunterait à Benoît Hamon, à Jean-Luc Mélenchon, à Marine Le Pen, à Jean Lassalle et à Jacques Cheminade. Grillo est hostile à l’euro et au droit du sol. Depuis quelques mois, le premier-ministrable du mouvement, Luigi Di Maio, s’est exprimé devant les cénacles atlantistes, a autorisé la liberté de vote sur le droit du sol, et ne souhaite plus quitter l’OTAN. En plus, « nous voulons rester dans l’Union européenne, exprime-t-il, et bien sûr, nous voulons rester dans l’euro (dans Le Monde, art. cit.) ». Le véritable danger pour l’Euroland surgirait probablement d’un gouvernement néo-berlusconien avec Forza Italia, la Lega et Frères d’Italie. En revanche, la situation rêvée des oligarques serait une entente surprise entre Forza Italia et le Parti démocrate au pouvoir actuellement, ce qu’envisage Berlusconi si la Lega passe devant lui en nombre de suffrages.

wauquiez-preservatif-21-janv.jpgDans un autre scénario, plus terrifiant intitulé « La grande spolation », Michel Drac postule la destitution de Trump, l’assassinat de son successeur, Mike Pence, un 4 juillet 2019, la proclamation de la loi martiale par le gouvernement de continuité institutionnelle et l’instauration d’un État policier proche des intérêts israéliens. En prenant exemple sur les événements survenus outre-Atlantique, les grands États membres de l’Union soi-disant européenne (Allemagne, Espagne, France) renforcent leur législation anti-terroriste et l’étendent à des domaines inattendus tels les grèves, les manifestations et l’opposition verbale aux dirigeants. Dans ce scénario en partie tiré des rapports de la Trilatérale et du Club Bilderberg, Jean-Luc Mélanchon se trouve assigné à résidence et interdit de communication Internet et Marine Le Pen « internée en hôpital psychiatrique comme “ conspirationniste ” (p. 141) ». Suite à de fortes pressions gouvernementales, Laurent Wauquiez démissionne au profit de Valérie Pécresse. Toute opposition est assimilée à du terrorisme, ce qui facilite les « ajustements financiers […] opérés dans tous les pays de la zone par confiscation pure et simple des propriétés, via le plus souvent des moyens insidieux et indirects. En France par exemple, l’État est maintenant copropriétaire de toutes les propriétés immobilières. Il perçoit donc une redevance de copropriété (p. 144) ». Remplaçant l’ISF, le nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui exonère au passage les plus-values colossales de la Finance anonyme et vagabonde, internationale préfigure des mesures semblables au champ d’expérience réelle grec (blocage des comptes bancaires des particuliers, contrôle des changes, prélèvement autorité de l’épargne par des gouvernements corrompus).

Michel Drac ne sombre pas totalement dans le pessimisme. Au moment où les grands États d’Europe occidentale sont gouvernés par des coalitions plus ou moins bancales, grâce à la robustesse des institutions toujours polémogènes de la Ve République, « la France reste l’État le plus solide de l’Europe occidentale, malgré sa déliquescence économique. Elle n’est pas confrontée à des séparatismes problématiques, comme la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne. La Corse ? Une petite île. Paris n’a pas non plus le problème que devient pour Berlin son industrie exportatrice, une fois la mondialisation libre-échangiste remise en cause par la montée des protectionnismes. Soudain, la petite France retrouve une liberté de mouvement depuis longtemps perdue (p. 154) ». Que ce soit Macron ou un(e) autre (?), sera-t-il capable de redonner à l’Hexagone éclatée sociologiquement, géographiquement et ethniquement une revendication de puissance ? Et si Emmanuel Macron n’était pas moins que le Poutine tricolore, celui qui établira une « verticale du pouvoir » ? On en frémit d’avance…

Georges Feltin-Tracol

• Michel Drac, Voir Macron. 8 scénarios pour un quinquennat, Le Retour aux Sources, 2017, 197 p., 17 €.

dimanche, 18 février 2018

Le crépuscule de Merkel

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Le crépuscule de Merkel

« Vide sidéral » et « négociations désastreuses »

Par Bernard Tomaschitz

Après que les accords pour former une « Grosse Koalition » (GroKo) ont été conclus avec la SPD socialiste, on commence à râler et à jaser dans les rangs de la CDU. Pourquoi ? Parce que les sociaux-démocrates ont obtenu deux ministères importants : celui des affaires étrangères et celui des finances. Ce qui donne deplus en plus le ton dans ce mécontentement généralisé, ce sont les critiques adressées à la présidente du parti, la Chancelière Angela Merkel. « Jamais encore dans toute l’histoire de la CDU », il n’y a eu une telle perte de confiance, tant sur le plan émotionnel que sur le plan politique, a déclaré Norbert Röttgen aux journalistes du Tagesspiegel. Röttgen n’est pas n’importe quel permanent du parti, un anonyme sans relief, mais le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag. Cet homme politique, âgé aujourd’hui de 52 ans, constate de « vide sidéral » que représente son parti : il avait pourtant été ministre de l’environnement dans le deuxième cabinet dirigé par Angela Merkel.

Volker-Ruehe-DW-Politik-Berlin-jpg.jpgUn autre grand format du parti de Merkel a pris la parole: Volker Rühe. Répondant aux questions du magazine Stern, cet ancien secrétaire général de la CDU et ancien ministre de la défense ne ménage pas ses critiques à l’endroit des talents de négociatrice de la Chancelière ; sans mâcher ses mots, Rühe déclare : « Pour l’avenir de la CDU, la manière dont Merkel a négocié est un vrai désastre, alors que le salut du parti aurait dû davantage la préoccuper que sa propre situation présente ».

Rühe appelle les chrétiens-démocrates à trouver les bonnes directives pour l’après-Merkel. L’ancien vice-président de la CDU exige de la cheffesse du parti qu’elle place « auxprincipales positions du cabinet et de la direction de la fraction des candidats potentiels au poste de Chancelier mais qui ont encore besoin d’acquérir de l’expérience ». Il est intéressant de noter que Rühe estime, aujourd’hui, que les sociaux-démocrates, malgré le chaos qui règne actuellement dans leurs rangs, sont dans une meilleure position stratégique, à moyen ou à long terme, que la CDU. En effet, la SPD dispose, avec la future dirigeante du parti Andrea Nahles et le nouveau ministre des finances Olaf Scholz de deux candidats potentiels à la chancellerie qui ont du poids. Et Rühe ajoute, sarcastique : « En d’autres mots, ils ont deux as pour l’avenir. Nous n’en avons même pas un seul ! ».

(article issu du site http://www.zurzeit.at ).

lundi, 29 janvier 2018

Présidentielles tchèques : Zeman réélu pour un deuxième mandat

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Présidentielles tchèques : Zeman réélu pour un deuxième mandat

Ex: http://www.zuerst.de

Prague. Les Présidentielles tchèques donnent un bon résultat pour l’Europe parce qu’il est mauvais pour les eurocrates et pour les gauches dévoyées : l’actuel Président tchèque Milos Zeman est réélu et pourra exercer son mandat pendant cinq années supplémentaires. Après le dépouillement des résultats de 95% des bureaux de vote, force était de constater, samedi après-midi, qu’il emportait les présidentielles avec un score de 52,2%, tandis que son concurrent Jiri Drahos obtenait 47,8% des suffrages.

Zeman occupe la fonction de Président depuis 2013. Âgé aujourd’hui de 73 ans, cet ancien premier ministre d’un gouvernement de gauche est devenu, contrairement à beaucoup de ses homologues socialistes d’Europe occidentale, un critique virulent de toute immigration musulmane vers l’Europe. Il a eu aussi maintes fois l’occasion de critiquer les sanctions de l’UE contre la Russie, alors que son concurrent, le scientifique Drahos, est considéré comme pro-occidental. Zeman s’est également engagé pour que les Tchèques aient le droit de porter les armes, pour que le peuple tout entier soit armé pour faire face à tout éventuel problème.

Zeman, malgré son étiquette de gauche, se trouve sur la même longueur d’onde que le nouveau gouverment du « populiste de droite » Andrej Babis qui, toutefois, n’a pu obtenir, ces derniers jours, un vote de confiance. Babis a donc présenté la démission de son gouvernement mais on peut d’ores et déjà envisager que l’ancien et nouveau Président Zeman lui confiera, une fois de plus, la tâche de former un gouvernement.

mardi, 16 janvier 2018

La Grande Coalition allemande de nouveau sur les rails?

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La Grande Coalition allemande de nouveau sur les rails?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Après cinq jours de discussions parfois intenses, les représentants de la CDU, CSU et du SPD se sont mis d'accord le 12 janvier pour une poursuite de la Grande Coalition. Les éléments de cet accord restent à approuver par les comité directeur des trois partis, avant qu'un nouveau gouvernement puisse être formé. Ceci n'est pas prévu avant la fin mars, soit 6 mois après les élections fédérales. Un document de 28 pages a été produit.

Les trois chefs de partis, Angela Merkel (CDU), Horst Seehofer (CSU) et Martin Schulz (SPD) ont souligné leur accord sur trois points fondamentaux.

* Le premier concerne l'Europe. En ce domaine, il n'y aura guère de changement dans la politique actuelle, que l'on peut qualifier de conservatrice ou de droite. Le document poursuit l'appel aux politiques d'austérité, dans la perspectives de rester compétitif au sein de la mondialisation. Cependant il demande un renforcement des contrôles fiscaux internes à l'UE.

Il souligne par contre la nécessité de renforcer l'UE dans un paysage stratégique global qui voit s'affronter les superpuissances et où l'Europe n'a pas encore joué un rôle à la hauteur de ses possibilités. Cette demande comporte bien que cela ne soit pas dit explicitement, un jugement concernant la politique allemande, jugée jusqu'ici trop dépendante des Etats-Unis et ignorant le renforcement de la Chine et de la Russie.

Pour assurer le statut de l'Europe dans le monde, la coalition demande une coopération étroite avec la France et son président, Emmanuel Macron. Elle se dit prête comme l'a demandé la France a augmenter la contribution allemande au budget européen, à la création d'un budget européen d'investissement et à celle d'un Fonds Monétaire européen.

Sur la question d'une défense commune, la coalition propose de renforcer la contribution allemande à la politique de sécurité et défense (PESCO). Dans ce but, l'armée allemande devra bénéficier de crédits supplémentaires et continuer à participer aux opérations communes au Mali et en Afghanistan.

On notera que pas une fois, le document ne fait allusion à l'Otan, dont jusqu'à présent l'Allemagne était un membre actif au service des stratégies américaines.

* Sur un second point également très important, la politique d'accueil aux réfugiés (migrants), les auteurs du document commun semblent se rapprocher des objectifs demandés par l'extrême droite (ou dite telle), Alternative pour l'Allemagne. Ils se séparent donc sensiblement de la large politique d'ouverture précédemment adoptée par Angela Merkel et qui suscite des rejets croissants en Allemagne. Ils demandent un renforcement des frontières européennes, et une limitation des contingents afin de ne pas surestimer les capacités d'intégration de la société allemande. Au total, le nombre des accueils définitifs ne devrait pas dépasser 180.000 à 220.000 par an.

A cette fin, ils souhaitent transformer Frontex en une véritable police de protection aux frontières et limiter l'immigration pour regroupement familial. Les demandeurs d'asile seront rassemblés dans des centres de réception, de traitement des dossiers et de rapatriement concernant  ceux non bénéficiaires du droit d'asile.

* On notera enfin que rien n'est pratiquement proposé pour un renforcement des politiques sociales et de protection du travail, dont l'insuffisance fait l'objet aujourd'hui de nombreuses manifestations au sein de la classe ouvrière allemande.

Les organisations syndicales ont déjà prévenu que la politique sociale de la future Coalition ne marquera pas une amélioration de la politique actuelle, mais son abaissement. Elles lancent un appel pour de nouvelles élections.

mardi, 19 décembre 2017

Sahra Wagenknecht ou l'art politique de suggérer des alternatives originales

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Alexander Schleyer :

Sahra Wagenknecht ou l’art politique de suggérer des alternatives originales

Dans le « Parti de Gauche » en Allemagne (la « Linkspartei ») la base gronde et grogne. Elle n’est plus vraiment seule : de nombreux élus refusent désormais d’obéir à la présidente du parti, Sahra Wagenknecht. Pourquoi ? Parce que cette femme de caractère formule des critiques serrées du statu quo et se montre adepte d’une Realpolitik bien adaptée aux réalités contemporaines. Du coup, la « Gauche » estime que sa propre présidente est trop à droite !

Sahra Wagenknecht est têtue : elle prend sans hésiter la liberté de dire haut et clair que tout le monde ne peut pas venir s’installer en Allemagne. Cette audace, elle est quasi seule à la partager. Les menées asociales des patrons de l’économie subissent ses critiques les plus vertes, de même que la valetaille politicienne qui est embourbée jusqu’au cou dans les intrigues des soi-disant « employeurs ». Elle a aussi l’outrecuidance de rejeter l’idée qu’un islam politique puisse s’implanter en Allemagne. A la différence de Merkel qui, au titre de secrétaire à la propagande, a toujours su exploiter le système à son profit, Sahra Wagenknecht ruait déjà dans les brancards au temps de la RDA communiste. Elle fit bien quelques tentatives pour rejoindre sa mère à l’Ouest mais sans succès : elle a vécu chez ses grands-parents dans les environs d’Iéna. Sa mère vivait et étudiait à Berlin et aurait bien voulu garder sa fille près d’elle mais la petite Sahra ne s’est adaptée à aucune école maternelle : elle était rebelle ; dans le jargon communiste de la RDA, elle était « incapable de comportement collectif » (« kollektivunfähig »).

SW-buch.jpgSa scolarité a été marquée du même esprit de rétivité : elle était certes une élève très douée, qui obtenait les meilleures notes mais le régime ne lui a pas permis d’accéder à l’enseignement supérieur. Il a condamné la jeune fille rebelle à descendre de l’échelle sociale : elle a dû abandonner ses études et aller travailler comme secrétaire. Très vite, elle donne sa démission, vivote de petits boulots occasionnels, tout en restant une belle jeune femme aux allures altières.

Elle adhère malgré tout à la SED (l’inamovible parti socialo-communiste au pouvoir) pendant l’été 1989, tout en conservant et son idéalisme et son individualisme. Rebelle sous le régime communiste, elle s’affiche communiste dans la République Fédérale néo-libérale. Jamais elle ne reniera son engagement de l’été 1989 : elle restera la dirigeante majeure de la dite « plateforme communiste ». Pourquoi ? La lâcheté de toujours vouloir « se distancer » est le propre des conventionnels sans épine dorsale et des conservateurs de salon qui, en bout de course, finissent par adopter tous les travers de leurs adversaires de gauche. Cette rébellion anti-communiste d’hier et cette fidélité au communisme aujourd’hui rendent justement le discours de Sahra Wagenknecht intéressant dans un paysage politique, uniquement composé désormais d’opportunistes et d’obséquieux.  Sahra Wagenknecht est marxiste : elle défend donc une vision de la politique qui est collectiviste. Mais cela ne l’empêche pas de rester elle-même, la rebelle que personne ne parvient à dompter.

Elle a la langue acerbe et le ton tranchant, ce qui se remarque tout de suite quand elle est invitée sur les plateaux de télévision, notamment aux émissions du modérateur Markus Lanz. Wagenknecht y a exprimé sans fard son euroscepticisme. Lanz, qui est évidemment un conformiste, fut désarçonné et perdit les derniers lambeaux de sympathie qui lui restait auprès du public, surtout après sa dernière question, dépourvue de pertinence, où il demandait combien gagnait Sahra Wagenknecht.

Dans la question des réfugiés, Sahra Wagenknecht campe résolument sur ses positions, même après deux séances houleuses de sa fraction au parlement allemand. Elle a gardé le cap, n’a édulcoré que quelques détails de son discours, où elle avait notamment déclaré : « Juridiquement parlant, le terme ‘droit d’hôte’ (‘Gastrecht’) n’est certainement pas correct ». « Mais la grande majorité le ressent ainsi ». Cette citation ne vise pas les demandeurs d’asile mais ceux qui demandent simplement une protection (provisoire) au nom de la convention de Genève sur les réfugiés. Leur renvoi, que réclame Wagenknecht, est bel et bien inscrit dans le droit en vigueur, prévu depuis toujours. « Le gouvernement n’est pas maître de la situation », a-t-elle répété sans cesse pour fustiger les résultats de la crise provoquée par l’afflux massif de réfugiés en Allemagne. Jamais elle n’a épargné Merkel, personnification du scandale qui ébranle aujourd’hui la société allemande de fond en comble : « Elle a toujours cru que sa fonction consistait à reconnaître pleinement la souveraineté américaine en Allemagne et à l’accepter sans broncher, ce qui signifie, que cette souveraineté étrangère doit être reconnue comme telle et cela, à jamais », a déclaré Sahra Wagenknecht lors d’un entretien accordé à « Russia Today ».

Tout naturellement, son esprit de rébellion et son hostilité à la domination américaine l’ont amenée à considérer que la seule piste pour sortir la Syrie de la crise était d’amorcer « une coopération plus étroite avec la Russie et de ne plus jouer la seule carte de la confrontation ». Pour assurer la paix au monde, il faut « dissoudre l’OTAN et la remplacer par un système de sécurité collective, qui puisse inclure la Russie ». Dans le cadre de l’Allemagne actuelle, l’idéal d’accueil de la chancelière Merkel, qui est évidemment aberrant, a eu pour résultat de créer dans le pays des problèmes insolubles en matière d’intégration. « C’est un problème aux dimensions gigantesques qui jette le doute dans l’esprit des Allemands et rencontre leur désapprobation profonde ».

Ce qui frappe le plus les observateurs de l’histoire politique allemande depuis les années 1950, c’est que cette femme combattive est tout à la fois l’une des dernières à défendre la RDA et son système social et l’une des dernières admiratrices du Chancelier Ludwig Erhard qui avait fait de la République de Bonn un Etat social bien plus acceptable (même pour une communiste !) que la nouvelle République de Berlin, percluse de néolibéralisme asocial. Ce n’est donc pas un hasard si Sahra Wagenknecht s’est toujours portée candidate sur les listes de gauche en Rhénanie du Nord/Westphalie : elle est bien l’avocate des perdants de la réunification à l’Ouest et non celle des anciennes élites de l’Est.

Alexander Schleyer.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°49/2017, http://www.zurzeit.at ).

 

samedi, 02 décembre 2017

The Alt Right Among Other Rights

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The Alt Right Among Other Rights

This is the text of a lecture I gave to the H.L. Mencken Club on November 4, 2017.

By Keith Preston

Ex: https://www.attackthesystem.com

Speaking about the intricacies of different ideological tendencies can often be a bit tedious, and certainly a topic like the Alt-Right can get very complicated because there are so many currents that feed into the Alt-Right. I know that when I spoke here last year I was speaking on the right-wing anarchist tradition, which is a highly esoteric tradition, and one that is often very obscure with many undercurrents. The Alt-Right is similar in the sense of having many sub-tendencies that are fairly obscure in their own way, although some of these have become more familiar now that the Alt-Right has grown in fame, or infamy, in the eyes of its opponents. Some of the speakers we have heard at this conference so far have helped to clarify some of the potential definitions of what the Alt-Right actually is, but given the subject of my presentation I thought I might break it down a bit further, and clarify a few major distinctions.

What is the Alt-Right?

The Alt-Right can be broadly defined as a highly varied and loose collection of ideologies, movements, and tendencies that in some way dissent from the so-called “mainstream” conservative movement, or are in actual opposition to mainstream conservatism. Of course, this leaves us with the task of actually defining mainstream conservatism as well. I would define the conservative movement’s principal characteristics as being led by the neoconservatives, oriented towards the Republican Party, and as a movement for whom media outlets like Fox News, talk radio, and publications like National Review and the Weekly Standard are its leading voices. Outside of the framework of what some here appropriately call “Conservatism, Inc.,” we could say that there is an Alt-Right that can be broadly defined, and an Alt-Right that can be more narrowly defined.

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The Alt-Right broadly defined would be anything on the Right that is in opposition to the neocon-led Republican alliance. This could include everything from many Donald Trump voters in the mainstream, to various tendencies that have been given such labels as the “alt-lite,” the new right, the radical right, the populist right, the dark enlightenment, the identitarians, the neo-reactionaries, the manosphere (or “men’s right advocates”), civic nationalists, economic nationalists, Southern nationalists, white nationalists, paleoconservatives, right-wing anarchists, right-leaning libertarians (or “paleolibertarians”), right-wing socialists, neo-monarchists, tendencies among Catholic or Eastern Orthodox traditionalists, neo-pagans, Satanists, adherents of the European New Right, Duginists, Eurasianists, National-Bolsheviks, conspiracy theorists, and, of course, actually self-identified Fascists and National Socialists. I have encountered all of these perspectives and others in Alt-Right circles.

Under this broad definition of the Alt-Right, anyone from Steve Bannon or Milo Yiannopolis all the way over to The Daily Sturmer or the Traditionalist Workers Party could be considered Alt-Right. In fact, ideological tendencies as diverse as these have actually embraced the Alt-Right label to describe themselves. For example, Steve Bannon said at one point during the Trump campaign in 2016 that he wanted to make Breitbart into the voice of the Alt-Right, but then I have also encountered people who are actual neo-Nazis using the Alt-Right label to describe themselves as well.

A narrower definition of the Alt-Right might be to characterize what is most distinctive about the Alt-Right. In this sense, the Alt-Right could be characterized as a collection of tendencies that is specifically oriented towards some of kind identification with European history and tradition, and regard Europe and, by extension, North America as part of a distinct Western civilization that was developed by European and, predominantly, Christian peoples. Consequently, the Alt-Right tends to be much more oriented towards criticizing ideas or policies like multiculturalism, mass immigration, and what is commonly called “political correctness,” than what is found among mainstream conservatism. This is in contrast to the Left’s views, which are increasingly the views of mainstream liberalism as well, and which regards the legacy of Western history and culture as nothing but an infinite string of oppressions such racism, sexism, homophobia, classism, anti-Semitism, Islamophobia, xenophobia, patriarchy, hierarchy, nativism, cisgenderism, speciesism, and the usual laundry list of isms, archies, and phobias that the Left sees as permeating every aspect of Western civilization. Presumably, other civilizations have never featured any of these characteristics.

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In this way, the Alt-Right is obviously in contrast to mainstream conservatism given that the so-called “conservative movement” is normally oriented towards what amounts to three basic ideas. One idea is that of the foreign policy “hawks,” or advocates of military interventionism for the ostensible purpose of spreading the Western model of liberal democracy throughout the world, whose greatest fear is isolationism in foreign policy, and which is a perspective that I would argue is also very convenient for the armaments manufacturers and the Pentagon budget. A second idea is a fixation on economic policy, such as a persistent advocacy of “tax cuts and deregulation,” which in reality amounts to merely advancing the business interests of the corporate class. And the third idea is a type of social conservatism that is primarily religion-driven, and has opposition to abortion or gay marriage as central issues of concern, but typically gives no thought to cultural or civilizational issues in any broader or historical sense. For example, it is now common in much of the evangelical Protestant milieu, as well as the Catholic milieu, to welcome mass immigration, as a source of potential converts, or as replacement members for churches that are losing their congregations due to the ongoing secularization of the wider society. In fact, the practice of adopting Third World children has become increasingly common within the evangelical Protestant subculture in the same way it has among celebrities and entertainers like Madonna or Angelina Jolie.

Predictably, there has been a great deal of conflict that has emerged between the Alt-Right and the mainstream conservative movement, with many movement conservatives and their fellow travelers going out of their way to attack or denounce the Alt-Right. In this sense, the attacks on the Alt-Right that have originated from mainstream conservatism essentially mirror those of the Left, or of the liberal class. For example, the Associated Press issued a description of the Alt-Right that was intended for writers’ guideline policy purposes, and which reads as follows:

The ‘alt-right’ or ‘alternative right’ is a name currently embraced by some white supremacists and white nationalists to refer to themselves and their ideology, which emphasizes preserving and protecting the white race in the United States in addition to, or over, other traditional conservative positions such as limited government, low taxes and strict law-and-order. The movement has been described as a mix of racism, white nationalism and populism … criticizes “multiculturalism” and more rights for non-whites, women, Jews, Muslims, gays, immigrants and other minorities. Its members reject the American democratic ideal that all should have equality under the law regardless of creed, gender, ethnic origin or race (John Daniszewski, Associated Press, November 26, 2016)

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While the above quotation is from the Associated Press, I do not know that there is anything in it that could not have come from the pages of not only The New Yorker, The Atlantic, or the Southern Poverty Law Center’s Intelligence Report, but also from the pages of the National Review, Weekly Standard, the Federalist, or a Prager University video.

As for some specific examples, writing in The Federalist, conservative political scientist Nathanael Blake stated that “Christianity and Greco-Roman philosophy, rather than race, are the foundations upon which Western Civilization was built,” and suggested that the Alt-Right is actually attacking the legacy of Western Civilization rather than defending the Western cultural heritage. These questions have become a major point of contention between cultural conservatives and the racialist right-wing. Writing in National Review, David French (Bill Kristol’s one-time proposed presidential candidate), called Alt-Right adherents “wanna-be fascists” and denounced “their entry into the national political conversation.” I suppose the difference between the views of David French and the views of the Left would be that the Left would say that the Alt-Right are actual fascists, and not merely “wanna-be” fascists. Presumably, this is what separates the mainstream Right from the Left nowadays.

Writing for The Weekly Standard, Benjamin Welton has characterized the Alt-Right as a “highly heterogeneous force” that “turns the left’s moralism on its head and makes it a badge of honor to be called ‘racist,’ ‘homophobic,’ and ‘sexist'”. Based on my own experiences with the Alt-Right, I would say this assessment by Welton is largely true. In the National Review issue of April, 2016, Ian Tuttle wrote:

The Alt-Right has evangelized over the last several months primarily via a racist and anti-Semitic online presence. But for Allum Bokhari and Milo Yiannopoulos, the Alt-Right consists of fun-loving provocateurs, valiant defenders of Western civilization, daring intellectuals—and a handful of neo-Nazis keen on a Final Solution 2.0, but there are only a few of them, and nobody likes them anyways.

Jeffrey Tucker, a libertarian writer affiliated with the Foundation for Economic Education, describes the Alt-Right as follows:

The Alt-Right “inherits a long and dreary tradition of thought from Friedrich Hegel to Thomas Carlyle to Oswald Spengler to Madison Grant to Othmar Spann to Giovanni Gentile to Trump’s speeches.” Tucker further asserts that Alt-Right adherents “look back to what they imagine to be a golden age when elites ruled and peons obeyed” and consider that “identity is everything and the loss of identity is the greatest crime against self anyone can imagine.”

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Whatever one thinks of the Trump presidency, it is highly doubtful that Trump actually draws inspiration from Hegel.

Writing in The Federalist, a libertarian feminist named Cathy Young criticized a Radix Journal article on abortion that criticized the pro-life position as “‘dysgenic,” because it supposedly “encourages breeding by ‘the least intelligent and responsible’ women.” So apparently, it is not enough to simply favor abortion rights. Instead, one has to be “pro-choice” for what are apparently the “right reasons,” such as a “woman’s right to choose,” as opposed to “bad reasons,” such as eugenic practice. This line of thought is in keeping with the fairly standard leftist viewpoint which insists that motives and intentions rather than ideas and consequences are what matters, and the standard by which people ought to be morally judged.

Another interesting aspect of these criticisms is that the mainstream conservatives have attacked the Alt-Right by using leftist terminology, such as labeling the Alt-Right as racist, sexist, fascist, xenophobic, etc. But a parallel tactic that has been used by mainstream conservatism has been to denounce the Alt-Right as leftist. For example, at this year’s gathering of CPAC, or the Conservative Political Action committee, Dan Schneider, who is currently the executive director of the American Conservative Union, an organization that hosts the annual CPAC conference, criticized the Alt-Right as “a sinister organization that is trying to worm its way into our ranks,” insisting that, quote, “We must not be duped. We must not be deceived,” and said of the Alt-Right:

“They are nothing but garden-variety left-wing fascists..They are anti-Semites; they are racists; they are sexists. They hate the Constitution. They hate free markets. They hate pluralism. They despise everything we believe in.”

This sounds very similar to the rhetoric that often comes from the far left where dire warnings are issued concerning the supposed threat of fascist entryism into leftist organizations. For example, there is term called the “the fascist creep” that is used by some very far Left antifa and Maoist tendencies to describe what are supposedly ongoing nefarious plots by “fascists” to infiltrate and co-opt leftist movements, and steer these towards fascism. Ironically, this conspiracy theory is very similar to traditional anti-Semitic conspiracy theories about how Jews supposedly infiltrate and take over everything, and manipulate institutions in order to advance all sorts of supposed nefarious plots. It would appear that the far Left, and apparently increasingly mainstream conservatism, has developed its own rhetoric about the “fascist conspiracy” as a counterpart to far Right fantasies about the “Jewish conspiracy.” Perhaps we could characterize the former as the “Protocols of the Learned Elders of Thule.”

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Jeff Goldstein, writing in The Federalist on September 6, 2016, suggests that, quote, “the Alt-Right is the mirror image of the New Left,” and describes the Alt-Right “an identity movement on par with Black Lives Matter, La Raza, the Council on American-Islamic Relations, and other products of cultural Marxism.” Goldstein further says of the Alt-Right:

The Alt-Right is a European-style right-wing movement that is at odds with the classical liberalism upon which our country was built, and which the Left has redefined as “Right.” That is to say, the European “Right” is mapped onto a political spectrum different than our own. Our “right” — conservatism or classical liberalism —is dead-center on our spectrum, no matter how persistently the Left tries to claim otherwise. It is constitutionalism, which incorporates federalism, republicanism, legal equity, and a separation of powers.

These comments are fairly representative of the rhetoric used by mainstream conservatives who attempt to either portray the Alt-Right as leftists, or label the Alt-Right as fascists and then claim fascism is really on the Left. The general argument that is made by mainstream conservatives in response to the Alt-Right is that “true” conservatism or the “true” Right is actually veneration for the Enlightenment-influenced ideas found in the Declaration of Independence, veneration of the Founding Fathers, and reverence for the Constitution as a kind of secular Bible. Parallel to these claims is the idea of America as a “propositional nation” that has no roots in any kind of history, culture, or tradition other than just a very vaguely defined “Judeo-Christianity.” This idea of what “conservatism” supposedly is basically amounts to being for so-called “limited government,” so-called “free enterprise,” “individualism,” and various other vaguely defined abstractions, plus policy preferences like a so-called “strong national defense” (which is often just a euphemism for the neoconservatives’ foreign policy agenda), and various center-right policy prescriptions like tax cuts, opposing Obamacare, opposing affirmative action, opposing gun control, opposing abortion, opposing gay marriage, supporting school vouchers, and other ideas we are all familiar with.

These policy preferences will often be accompanied by silly platitudes like “Democrats are the real racists,” or dubious and often flagrantly false claims like “Martin Luther King was a conservative,” or that foreign policy hawks are the real friends of feminists and gays because of their opposition to so-called “Islamo-fascism.” At times, Democrats will be labeled as fascists and anti-Semites because of their supposed pro-Islamic views, or because some on the far Left are pro-Palestinian. Taken to extremes, there are characters like Dinesh D’Souza who would probably claim that the Democrats crucified Jesus.

The representatives of “Conservatism, Inc.” will also give lip service to opposition to attacks on free speech and academic freedom in the name of political correctness, but they are very selective about this. For example, their defense of the politically incorrect does not extend to anti-Zionists like Norman Finkelstein. On the immigration issue, while there are some mainstream conservatives that are immigration restrictionists, it is just as common that the proposed method of reducing illegal immigration advanced by mainstream conservatives is to make legal immigration easier, on the assumption that the only problem with illegal immigration is its illegality. A defining characteristic of mainstream conservatism when contrasted with the Alt-Right is the total lack of seriousness, or any kind of solid philosophical or intellectual foundation that is displayed by mainstream conservatism.

The Alt-Right is more of a meta-political movement than a political one, and the specific policy proposals that are found among Alt-Rightists vary enormously. I do not know that it would even be possible to draft a platform for an Alt-Right political party because the Alt-Right contains so much diversity of ideas. However, the Alt-Right is far more serious about ideas than mainstream conservatism in the sense of having an understanding of the reality of demographic conflict, recognizing the difficulties that are associated with rapid demographic change, understanding the reality of class conflict as well as cultural and civilizational conflicts, understanding that Western liberal democracy is particular to the cultural foundations and historical circumstances of the West, and not something that can be easily transplanted elsewhere, and concerns that mainstream conservatives normally have no perception of, or do not take seriously.

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I will end my presentation by pointing to an observation by Professor George Hawley of the University of Alabama, who suggested that the Alt-Right may pose a greater threat to progressivism than the mainstream conservative movement. I would agree that this is true, but only in the sense that the mainstream conservative movement poses no threat to progressivism at all. I would argue that far from being a threat to the Democratic Party, mainstream media, the corporate class and the cultural elite, the mainstream conservative movement is actually partners in crime with the progressives. The Alt-Right at least proposes ideas that are an ideological threat to progressivism even if this small size prevents the Alt-Right from being a political threat, at least at the present time.

vendredi, 24 novembre 2017

Crise politique en Allemagne: quelles perspectives?

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Crise politique en Allemagne: quelles perspectives?

par Jérôme Sterkers

Ex: http://l-arene-nue.blogspot.com
 
Depuis les élections fédérales du 24 septembre 2017, l'Allemagne se trouve dans une situation de blocage politique, les partis pressentis pour former le nouveau gouvernement autour d'Angela Merkel ne parvenant pas à trouver un accord de coalition. Pour autant, ce blocage - qui tranche avec sa réputation de régime parlementaire permettant tout à la fois représentation proportionnelle des mouvements d'opinion et stabilité de l'exécutif - est-il réellement synonyme d'embolie institutionnelle ? Est-ce vraiment l'impasse politique en Allemagne ? Cette situation est-elle une vraiment un première, comme on ne cesse de nous le dire ? Quelles sont les issues possibles ?
 
AMende1.jpgA titre liminaire, notons qu'une telle situation de blocage survenant immédiatement après une élection est bel et bien unique dans l'histoire de l'Allemagne depuis 1949. En revanche, la République fédérale a déjà connu des impasses constitutionnelles comparables et même un gouvernement minoritaire dans les années 1970, comme nous allons le voir plus bas.
 
Dans le cas présent, si l'on y réfléchit bien, cinq hypothèses sont techniquement plausibles pour sortir de l'impasse. Certaines peuvent se combiner entre elles, d'autres sont politiquement moins probables.
 
Scénario 1 : 
Le Président fédéral Frank-Walter Steinmeier prend ses responsabilités et demande au Bundestag de faire de même. Sans attendre, il met en marche la procédure habituelle d'élection du Chancelier (article 63 de la Loi fondamentale) et propose au Bundestag le nom d'Angela Merkel en sa qualité de Kanzlerkandidat du groupe politique le plus fort, l'Union CDU-CSU. Ce faisant, il renvoie les partis à leurs responsabilités et peu espérer forcer les trois partenaires pressentis (Union, FDP, Verts) à s'entendre en urgence. Cependant, étant donné que les libéraux ont expliqué que pas moins de 120 points restaient à régler dans le contrat de coalition, il semble peu probable que Merkel soit élue Chancelier dans ces conditions. Le Bundestag aurait alors deux semaines pour élire un chancelier de son choix sur la base d'une majorité alternative, toujours à la majorité de ses membres (art. 63, al.2). C'est à la fois la voie la plus naturelle constitutionnellement parlant, mais en l'état des forces en présence, elle revient à reculer pour mieux sauter... vers le scénario 3.
 
Scénario 2 : 
La reconduction surprise de la coalition actuelle CDU-SPD, ce qui semble devoir se passer en ce moment même dans le Land de Basse-Saxe : celle-ci se ferait alors dans le cadre d'un nouvel accord de gouvernement. Le problème étant que, dès la soirée électorale, le leader du SPD Martin Schulz n'a eu de cesse de rejeter cette hypothèse. Difficile de ne pas perdre la face. A moins que cela ne s'accompagne de la renonciation simultanée d'Angela Merkel au poste de Chancelier fédéral, ce qui justifierait alors la poursuite de la grande coalition, mais sur des bases 100% nouvelles : ni Merkel, ni Schulz et avec un nouveau programme commun.
 
AMende2.jpgScénario 3 : 
L'heure des choix: ce serait la conséquence d'une impasse qui durerait ou la suite logique du scénario 1. Sans majorité, le Bundestag peut élire in fine un Chancelier avec une majorité simple (art 63, al.3 LF). Deux options s'offrent alors au président fédéral, qui dispose de sept jours pour décider soit de nommer formellement ce gouvernement minoritaire soit, au contraire, de dissoudre le Bundestag (art 63, al.4 de la Loi fondamentale). Dès lors :
 
Première option 3A : si le président fédéral dissout le Bundestag, la nouvelle élection devrait avoir lieu dans les 60 jours. Au regard de la durée des procédures évoquées ci-dessus, une date d'élection serait donc possible au printemps 2018 avant Pâques.
 
Deuxième option 3B : si le président fédéral ne dissout pas le Bundestag, un gouvernement minoritaire pourrait, au cas par cas, travailler avec l'opposition pour adopter le budget et la législation. 
 
AMende3.jpgContrairement à ce que beaucoup peuvent imaginer, l'Allemagne a déjà connu une telle situation en 1972 après que plusieurs élus de la majorité SPD-FDP ont quitté leurs partis respectifs par rejet de l'Ostpolitik menée par Willy Brandt, tandis que l’opposition de droite menée par Rainer Barzel avait échoué à faire adopter à deux voix près sa motion de défiance constructive déposée dans le cadre de l'article 67 de la Loi fondamentale. Brandt continua donc à gouverner sans majorité jusqu'à un retournement de conjoncture politique qu'il exploita en engageant la responsabilité de son gouvernement par le dépôt d'une Motion de confiance (art. 68 LF) dont il savait qu'elle serait rejetée par le Bundestag... ce qui entraîna une dissolution de l'assemblée et une victoire de Brandt à l'élection qui s'ensuivit. Mais dans le cas présent, Angela Merkel a d'ores et déjà fait savoir qu'elle préférait une nouvelle élection que former un gouvernement minoritaire.
 
Scénario 4
L'heure du non-choix: Techniquement, le gouvernement fédéral actuel, composé par la CDU et le SPD, sans aucun changement, peut tout à fait rester en fonction et le Parlement exercer ses pouvoirs de contrôle et de législation. Bien que cela ne soit pas prévu par la Loi fondamentale (et pourrait être perçu comme contraire à la coutume constitutionnelle, voire faire l'objet d'un recours devant le Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe), la situation actuelle pourrait théoriquement perdurer jusqu'aux prochaines élections fédérales à l'automne 2021. Pour autant, ce quatrième scénario est, en tous points, le plus improbable !
 
Ainsi, comme le disait fort opportunément Goethe au moment de quitter ce monde, nous avons encore besoin de "Mehr Licht" pour y voir plus clair...
 
Jérôme Sterkers
 

jeudi, 23 novembre 2017

Au revoir Mutti

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Au revoir Mutti

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
 
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Angela Merkel vient de se prendre les pieds dans le tapis rouge censé la mener vers son quatrième mandat. Les négociations entre partis visant à créer une coalition sous son égide n'ont rien donné.

La situation présente avait été correctement analysée par votre serviteur il y a deux mois:

La seule coalition possible est la "Jamaïcaine" selon les couleurs du drapeau du pays ; noir, jaune et vert - une alliance improbable et fragile entre la CDU/CSU, les libéraux du FDP et les crypto-communistes des Verts. Parvenir à les asseoir autour d'une même table pour établir un programme commun tient de la gageure. Il me paraît improbable qu'un gouvernement parvienne à se bâtir dans ces conditions, et encore plus qu'il tienne pendant les quatre années qui viennent. L'Allemagne pourrait vraisemblablement se diriger vers un blocage ne débouchant sur rien d'autres que de nouvelles élections.

J'avais alors employé le terme de "séisme politique". L'entrée au Bundestag de l'Alternative pour l'Allemagne en fut l'événement majeur. Qualifié "d'infréquentable" sans autre forme de procès par la Chancelière sortante, le parti le lui rendait bien en mettant au cœur de son programme un discours anti-invasion, anti-islam et anti-Merkel. Son score électoral suffit à priver la droite traditionnelle (de plus en plus difficile à distinguer de la gauche) d'une majorité parlementaire.

Aujourd'hui le temps dévolu aux négociations est terminé et l'Allemagne entre donc dans la crise politique:

Depuis la fondation de la République fédérale d'Allemagne en 1949, ce n'était jamais arrivé: le pays n'a pas de majorité pour être gouverné. Dans la nuit de dimanche à lundi, après un mois de tergiversations et de négociations, les conservateurs de Mme Merkel (CDU-CSU), les libéraux (FDP) et les écologistes n'ont pas réussi à former de coalition gouvernementale.

Faute d'alternative, la première puissance économique européenne se prépare à des semaines ou mois de paralysie, sur le plan national comme en Europe.

En l'état actuel des choses, des élections anticipées semblent la solution la plus probable, Mme Merkel ayant exclu un gouvernement minoritaire et ses anciens alliés sociaux-démocrates (SPD) ayant bruyamment refusé toute coalition sous l'égide de la chancelière.

Les Allemands pourraient donc devoir retourner aux urnes début 2018, alors qu'ils venaient fin septembre d'élire leurs députés.

Angela Merkel va s'entretenir lundi avec le président Frank-Walter Steinmeier qui joue un rôle institutionnel clé pour mettre en oeuvre une dissolution. Celui-ci a laissé entendre dimanche qu'il prendrait son temps, ce scénario n'ayant pas ses faveurs.

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Une surprise de dernière minute est toujours possible mais soyons réaliste, des partis qui n'ont pas réussi à trouver des concessions pour partager le pouvoir en un mois de négociations n'ont guère de chance d'y parvenir maintenant. L'illusion des pourparlers s'est effondrée et le linge sale se lave en public.

Après une courte hébétude, les médias ont rapidement trouvé un coupable: les libéraux du FDP, évidemment, c'est-à-dire le parti le plus à droite de l'improbable coalition. Les odieux libéraux auraient ainsi proposé aux écologistes de limiter l'invasion de migrants à 200'000 nouveaux cas par an (s'ajoutant aux 1,1 millions rien que pour l'année 2016) et de limiter un peu le folklore du regroupement familial, sachant que parmi les populations migrantes, qui sont dans l'ensemble aussi syriennes que vous et moi, la notion de "famille" est aussi souple et approximative que celle "d'enfant mineur".

Les écologistes refusèrent avec indignation cet odieux diktat, mais vous ne trouverez pas un seul journaliste européen pour présenter cela comme, par exemple, de l'intransigeance. Non, les extrémistes sont au FDP. On ne s'étonnera pas davantage, si on les connaît, que les écologistes allemands fassent achopper les négociations sur la question migratoire plutôt que sur d'autres, comme l'énergie, finalement bien moins prioritaires dans la liste de leurs préoccupations. On ne s'étonnera pas non plus que Mme Merkel se soit là aussi liguée avec eux.

L'immigration est donc le nœud du problème. Et aussi la raison pour laquelle la CDU/CSU de Merkel s'est fait grignoter son électorat. Les Allemands n'ont pas forcément envie que les pénibles réformes Hartz de 2002 visant à assainir et réformer leur état social finissent par s'effondrer sous le poids de parasites venus profiter de la social-démocratie jusqu'à ce que la fête se termine, et il est déjà bien tard.

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Les partis sont donc déjà sur les starting-blocks pour les élections de l'année prochaine.

  • L'Alternative pour l'Allemagne a réussi son entrée au Bundestag et vient aujourd'hui de marquer une victoire politique majeure. Ils n'ont rien à perdre à laisser les Allemands retourner devant les urnes, la situation les ayant amenés à voter pour l'AfD empirant jour après jour.
  • Les libéraux du FDP pensent que leur nouvelle orientation, plus réservée sur l'immigration et sur l'Union Européenne, est électoralement payante. S'estimant plus fréquentables que l'AfD, ils pensent qu'ils pourraient eux aussi accroître leurs gains.
  • Les écologistes sont en Allemagne comme pratiquement partout ailleurs: utopistes, intransigeants, pro-islam et incapables de gouverner. Peu importe leurs succès ou leurs échecs, ils seront de la partie.
  • Les socialistes du SPD de Martin Schulz lèchent encore les blessures de leur désillusion électorale de septembre. Réduits à 20% et quelques des suffrages, ils subirent une déroute aussi inattendue que brutale, et tentèrent de redorer leur blason en s'inscrivant résolument dans l'opposition. Même pour eux, il est difficile d'imaginer qu'ils fassent pire en janvier 2018.
  • Les radicaux de Die Linke essayent de viser une meilleure place au sein des "petits partis" et certainement pas d'entrer au gouvernement, mais eux aussi n'ont pas grand-chose à craindre d'une nouvelle élection.

Le seul parti réellement vulnérable est finalement la CDU/CSU de Merkel.

La Chancelière était prête à avaler n'importe quelle couleuvre pour effectuer un quatrième mandat et entrer ainsi dans l'Histoire. Mais "la méthode Merkel --un pragmatisme sans limite et une flexibilité idéologique maximale-- est arrivée à sa fin", explique poliment le Spiegel. Les calculs de la politicienne viennent de se fracasser sur les convictions antagonistes de ses partenaires de coalition.

Aujourd'hui, Angela Merkel s'est faite à l'idée que des élections anticipées seraient sans doute inévitables. Elle s'est naturellement proposée pour être candidate. Le cadeau est empoisonné - elle fait fuir l'électorat traditionnel de sa famille politique.

Les cadres de la CDU/CSU parviendront-il à remettre en question leur soumission à Merkel pour préserver l'avenir de leur parti? Rien n'est certain. Et il n'est pas certain non plus que les élections anticipées de janvier 2018 marquent la fin de l'instabilité politique en Allemagne.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 20 novembre 2017

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jeudi, 16 novembre 2017

Carnets d’outre-Rhin: l’Allemagne jamaïque entre coalitions, fusions et adoptions

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Carnets d’outre-Rhin: l’Allemagne jamaïque entre coalitions, fusions et adoptions

Olivier Tisier
Correspondant de Métamag et Méridien Zéro en Allemagne

Ex: https://metamag.fr

L’automne splendide de Berlin a cette année les couleurs d’une coalition jamaïque, qualificatif ironique que l’on a donné aux prémisses de l’accord entre les différents partis de la future coalition qui gouvernera l’Allemagne. La CDU/CSU, le FDP et les Grûnen se sont rencontrés pour discuter de la constitution du prochain gouvernement. A la fin de la réunion, chacun des représentants à montré un visage enthousiaste et s’est félicité d’une atmosphère cordiale propice à la recherche de solution. Chacun éspérant naturellement figuré prochaînement à la tête du ministère de son choix.

« Entre l’Allemagne et la Jamaïque il y a environ 8500 km, je pense que nous avons fait les premiers pas, les premiers kilomètres du chemin », a déclaré le secrétaire générale du parti libéral FDP Nicola Beer. D’après lui, les chances que l’on obtienne une coalition jamaïque sont de 50-50. Il y a bien sûr dans ses propos, l’idée de vendre chèrement sa participation et d’annoncer qu’il ne s’alliera pas avant d’avoir obtenu ce qu’il recherche. Le secrétaire général de la CDU Peter Tauber parle lui d’un premier échange constructif. Le but final étant de former un bon gouvernement pour l’Allemagne, de ses propres mots. Et pour cela il faut une compréhension réciproque de chacun. Voila bien l’art de faire passer le marchandage d’influence pour une quête d’unité.

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Pour la CSU, représenté par Andreas Scheuer le bilan est tout autant positif.

L’échange fût intéressant. Mais il admet que la coopération entre la CSU bavaroise et les verts sera difficile a construire. Il est vrai qu’on aurai du mal chez nous à imaginer l’ancienne droite populaire de PACA travailler de concert avec les Verts. Avec par exemple Eric Ciotti assis en conseil des ministres à côté de Cécile Duflot… Le dernier blade runner semble encore plus réaliste. Le FDP et les verts vont encore se rencontrer pour discuter de la possibilité de travailler ensemble. Enfin ils vont surtout aligner leurs prétentions face à la CDU pour ne pas se marcher sur les pieds. C’est vraiment le grand regga entre les 4 partis.

Le Schleswig-Holstein pour servir d’exemple

C’est la région la plus au nord de l’Allemagne à la frontière avec le Danemark. Elle est bien connue des amoureux de la révolution conservatrice allemande pour ses révoltes paysannes contre la banque pendant les années 20. Dans ce Land existe déja une coalition jamaïque. Aussi la chef des Grünen (les Verts) à l’assemblée du Land à incité ses partenaires au respect dans les échanges. Chacun doit, selon elle, s’entendre et prendre en considération le point de vue de l’autre même s’il est en contradiction avec le sien. On se croirait retourner à l’école. Le président du Land a lui même déclaré au Frankfurter Rundschau que la constellation de partis autrefois très antagonistes pouvaient tout à fait cohabiter dans le cadre d’une coalition. Après tout, c’est vrai, tant que tout le monde mange comme disait Mitterrand… Notons toutefois que le land à une position plus favorable encore aux réfugiés que la CDU puisqu’ils ont réduit le délai permettant le regroupement familial.

Seul, le SPD enfin, grand absent de cette coalition à plaider pour un nouveau vote au lieu de l’instauration de cette coalition jamaïquaine élargie qu’il accepte cependant en Basse-Saxe où il a remporté les dernières élections en raison du charisme du dirigeant local du parti.

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La fusion Alstom / Siemens : un rachat déguisé

Si ce qui nous est présenté comme un mariage va bien accoucher du numéro 2 mondial de la construction ferroviaire, l’avenir d’Alstom et de ses salariés est désormais bien incertain. C’était pourtant plus que prévisible car le rachat de la branche énergie par General Electric avait déjà bien affaibli l’entreprise, ne lui permettant plus d’avoir la fameuse taille critique au niveau mondial. Aussi un rachat par un concurrent était à terme inévitable.

Si l’on nous présente la future joint venture comme un airbus du train, il est surtout en réalité la vente par Emmanuel Macron d’un joyaux français à la Reich chancelière Merkel. C’est d’ailleurs clair à qui veut voir la réalité en face, puisque Siemens détiendra de peu, mais quand même la majorité des parts du nouveau groupe. Ajoutons aussi que l’état français va aussi baisser sa participation de 20 à 7,5% et n’aura en conséquence plus de représentant au conseil d’entreprise dominé par Siemens. Si l’existence de l’ogre chinois CRRC est une réalité, il a dans les faits plus servi de prétexte car le marché européen lui est encore relativement peu accessible. Ce rapprochement est aussi propre à susciter des inquiétudes légitimes au niveau de l’emploi dans l’hexagone mais aussi en Allemagne. Que vont devenir les 8000 salariés d’Alstom en France ? Pour seules garanties, il est annoncé que le siège restera en France et le niveau d’emploi sera maintenu pendant les 4 prochaines années or 4 ans ne correspondent qu’à la durée de 2 appels d’offres gagnés. Aussi il est là aussi inévitable qu’au delà des 4 ans, les effectifs soient diminués en France de 10 à 20%.

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Enfin terminons ces carnets d’Outre-Rhin par une information sur l’évolution de la société allemande

En effet un couple homosexuel berlinois vient de se voir autoriser à adopter un enfant. C’est la première fois qu’un couple gay adopte en Allemagne. Cela fait suite à l’entrée en vigueur de la loi sur le mariage pour tous. Ainsi le juge pour la famille de Tempelhof-Kreutzberg en a accepté la validité. Michael et Kai ont le 2 Octobre 2017 enregistré leur vie commune auprès de l’administration du quartier de Marzahn. Les 2 hommes avaient déposé une demande devant la cour constitutionnelle pour obtenir l’adoption de l’enfant. « Nous sommes à présent très contents d’avoir pu obtenir cette reconnaissance » a déclaré Michael au Tagesspiegel. La loi sur le mariage pour tous est effective en Allemagne depuis le premier octobre, les homosexuels et les lesbiennes ont donc à présent les mêmes droits en Allemagne que les couples hétérosexuels. Et l’adoption en fait partie.

mercredi, 15 novembre 2017

Gesprek met Frederik Ranson van de "Nieuwe Solidaristische Alternative"

mercredi, 08 novembre 2017

Elections parlementaires en Islande: un système divisé

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Elections parlementaires en Islande: un système divisé

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les Islandais étaient amenés à voter pour leurs représentants cet octobre 2017 après avoir voté en 2016, en raison de l’impossibilité de disposer d’une majorité parlementaire stable. Les résultats désormais connus montrent une fragmentation encore plus nette de l’électorat islandais.

Avec 25,2% des voix et 16 députés, le Parti de l’Indépendance (eurosceptique, libéral et conservateur) réalise une contre-performance, perdant 3,8 points et 5 sièges. Bien qu’il demeure le premier parti du pays, le système proportionnel limite son impact et l’oblige surtout à une alliance afin de disposer de 16 sièges supplémentaires, la majorité parlementaire étant à 32 sièges (sur 63).

Avec 16,9% des voix (+ 1 point) et 11 sièges (+1), le Mouvement « Gauche verte » (social-démocrate, eurosceptique, éco-socialiste) maintient et renforce même légèrement ses positions. Le contexte est également favorable à la social-démocratie classique, pro-européenne, l’Alliance sociale-démocrate obtenant 12,1% des voix (+ 6,3 points) et 7 sièges (+4), dans un contexte où l’euroscepticisme reste dominant.

Le Parti du Centre (Miðflokurinn), nouveau venu de centre-droit, sur une ligne là encore eurosceptique mais également populiste, obtient 10,9% et 7 sièges, ce qui est un résultat considérable pour une première candidature aux élections parlementaires. Il semble avoir surtout pris au parti des Pirates, en net recul.

Les Pirates en effet n’obtiennent que 9,2% des voix (- 5,3 points) et 6 sièges (-4). Cette contre-performance est analogue aux autres partis « Pirates » en Europe, qui émergent puis reculent avant de disparaître. C’est un phénomène politique « feu de paille ». En Europe, seul le Mouvement 5 Etoiles italien, qui a émergé sur les thèmes de la démocratie directe via internet, a pu se maintenir à un très haut niveau.

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Le Parti du Peuple, qui est à la fois socialiste, populiste et opposé à l’immigration, sur une synthèse originale qui rappelle néanmoins les tentatives de synthèse sociale et nationale, obtient 6,9% (+ 3,4 points) et 4 sièges (+4), perce également. Le Front national islandais (Islenska Þjorðfylkingin) qui avait obtenu seulement 0,16% des voix en 2016 sur une ligne nationaliste, n’était pas candidat.

Le Parti du Progrès (agraire, populiste, eurosceptique) progresse légèrement avec 11,5% des voix (+ 0,6 points) et conserve ses huit sièges. Enfin, le Parti de la Réforme (libéral, pro-européen) s’effondre avec 6,7% des voix (- 3,8 points) et 4 sièges (-3). De même le parti « Futur lumineux », à la fois libéral, social et européen, sombre avec 1,2% des voix (- 6 points) et perd toute représentation nationale. C’est encore davantage le cas avec le parti Aurore (Dögun) qui passe de 1,73% des voix en 2016 à 0,1%.

Les mouvements pro-européens, à l’exception des sociaux-démocrates qui progressent à leur détriment, ont été sévèrement sanctionnés par les électeurs. C’est une ligne nationale, à dominante eurosceptique, qui sort renforcée, avec en outre l’émergence d’un mouvement anti-immigration associant ce refus à des thématiques économiques de gauche. Toutefois le Parti de l’Indépendance en est lui-même victime, alors que la gauche éco-socialiste, eurosceptique, se maintient à un niveau élevé.

L’Union Européenne, que l’Islande a renoncé à rejoindre, n’apparaît plus comme une perspective favorable pour une Islande angoissée qui entend davantage préserver ses intérêts et qui craint pour son identité face aux phénomènes migratoires, alors qu’il n’y a que 300.000 Islandais, soit à peine le nombre d’habitants du Grand Nancy en France.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens).

mercredi, 25 octobre 2017

Elections en Tchéquie : une droite renforcée, une gauche moribonde, un euroscepticisme en hausse

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Elections en Tchéquie : une droite renforcée, une gauche moribonde, un euroscepticisme en hausse

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections législatives tchèques qui se sont déroulées les 20 et 21 octobre 2017 ont permis la victoire d’Andrej Babis, à la tête du mouvement ANO 2011, un candidat milliardaire représentant la droite libérale et qui a fait campagne notamment sur le refus d’accueillir des migrants. Babis, comparé par certains à un Berlusconi tchèque, a obtenu 29,64% des voix (+ 11 points) et 78 sièges (+31). Il n’a certes pas obtenu la majorité absolue, qui est de 101 sièges (sur 200) mais il est en mesure de bâtir une coalition autour de son mouvement.

Le parti civique démocratique (ODS), dirigé par Petr Fiala et connu pour ses positions plutôt eurosceptiques et conservatrices, avec 11,32% des voix (+ 3,6 points) et 25 sièges (+9), pourrait donner une majorité parlementaire à Babis dans le cadre d’une coalition, sachant que ce dernier a indiqué en revanche qu’aucune alliance avec l’extrême-droite, à savoir le Parti de la liberté et de la démocratie directe (SPD) de Tokio Okomura. Dans ce contexte, Babis s’opposera nécessairement au président français Macron et maintiendra certainement le soutien de son pays au groupe dit de Visegrad.

La volonté de renouvellement des électeurs s’est également exprimée par le succès du parti nationaliste SPD, qui obtient 10,64% et 22 sièges pour sa première élection législative, confortant les résultats des élections européennes. L’existence de ce parti, qui ne participera certes pas à une coalition au pouvoir, ne peut qu’encourager Babis à maintenir une ligne dure sur les questions migratoires. Les Pirates tchèques (Pirati), phénomène transnational aux succès en dents de scie, ayant quasiment disparu d’Allemagne après quelques succès mais ayant en revanche réussi en Islande à peser sur la politique nationale, entrent au parlement avec 10,8% des voix (+8,1 points) et 22 sièges.

L’émergence de ces nouveaux partis, en plus du succès de l’ANO de Babis, se fait au détriment des partis traditionnels. Les communistes, qui étaient encore bien représentés, tombent à 7,76% des voix (- 7,15 points) et 15 sièges (-18). Les sociaux-démocrates du CSSD avec 7,27% des voix (- 13,09 points) et 15 sièges (-35) sont littéralement laminés. Ces deux partis de gauche réunis perdent en tout près de 20 points, ce qui est considérable. La peur du laxisme migratoire prêté à la gauche a été déterminante pour expliquer son effondrement électoral.

Mais la droite classique, représentée par les démocrates-chrétiens et le mouvement TOP 09, ne s’en sort guère mieux. Le KDU-CSL (chrétien-démocrate) n’obtient que 5,8% (-0,8 points) et 10 sièges (-4) tandis que TOP 09 obtient 5,31% (-6,7 points) et 7 sièges (-19).

Enfin le mouvement modéré des « Maires et indépendantes », s’appuyant sur son enracinement local, obtient 5,18% des voix et fait rentrer au parlement 6 députés.

Les petites formations politiques sont également victimes du succès d’ANO et autres des formations émergentes. Avec 1,46% des voix (- 1,74), les Verts (Zeleni) perdent tout rôle politique, de même que le Parti des droits civiques, de gauche modérée, qui doit se contenter de 0,36% des voix (- 1,15). Ils subissent tous le rejet de leurs thématiques dans un contexte de forte angoisse identitaire.

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Avec l’émergence du SPO, les autres partis de droite radicale, qui étaient nombreux à se présenter, sont marginalisés. Le mouvement Svobodni (« Parti des citoyens libres »), eurosceptique, tombe à 1,56% des voix (- 0,91). En revanche le mouvement Rozumni, eurosceptique, obtient 0,72% (+ 0,45). Enfin le mouvement des Réalistes (Realisti), là encore eurosceptique et anti-immigration, obtient 0,71% des voix.

Les formations encore plus dures, comme l’ultra-radical DSSS (Parti des travailleurs et de la justice sociale) avec 0,2% des voix (- 0,66), l’Ordre de la nation (RN-VU) avec 0,17%, comme le Bloc contre l’islamisation (0,1%) ou comme les Républicains de Miroslav Sladek (SPR-RSCMS) avec 0,19% des voix, sont maintenues à des scores dérisoires, sans parler du Front national tchèque (117 voix en tout) ou de « La nation ensemble » (300 voix). Mais toutes illustrent néanmoins la volonté tchèque de se préserver du globalisme.

25,7% des électeurs thèques ont voté pour des formations nationalistes ou souverainistes opposés à l’Union européenne comme à l’arrivée de migrants, ce qui est considérable. Certains des partis proposant une offre eurosceptique seront certainement associés au nouveau gouvernement autour de la figure d’Andrej Babis (ANO), qui est la seconde plus grande fortune du pays. Ce dernier n’entend pas se faire dicter sa politique par quiconque, et certainement pas par Bruxelles. Babis ne tombera certes pas dans l’euroscepticisme, pas davantage que Viktor Orban en Hongrie n’y a cédé, mais va accroître le pôle de résistance d’Europe médiane. Le succès autrichien de Sebastian Kurz devrait renforcer également ce pôle.

Il serait peut-être que les dirigeants d’Europe occidentale, et par conséquence les responsables de Bruxelles, comprennent que la politique qu’ils proposent est impopulaire et contraire à l’intérêt véritable des Européens. L’unité européenne ne sera possible qu’en trouvant un terrain d’entente, c’est-à-dire en refusant explicitement les « valeurs » du globalisme.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

jeudi, 19 octobre 2017

Catalogne : sécession, séparation, autonomie. La comédie des faux dissidents

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Catalogne : sécession, séparation, autonomie. La comédie des faux dissidents

Michel Lhomme,
philosophe, politologue
 
Ex: https://metamag.fr

L’Espagne a retenu son souffle et même le footballeur argentin Messi était prêt à quitter le Barca pour défendre la “madre patria” mais voilà, il y a toujours eu une certaine dose de comique chez les  trotskistes, un surréalisme cynique, un dadaïsme de pacotille

La Catalogne n’aura été indépendante que six secondes, histoire de ne pas perdre la face. Son président séparatiste a trouvé la faille : une indépendance politique unilatéralement proclamée mais pas d’indépendance juridique et ce, après un week-end où des centaines de milliers de Catalans et des millions d’Espagnols se sont levés et lui ont demandé de renoncer au nom d’une Hispanité enfin retrouvée mais pour combien de temps ?

‘Prou! Recuperem el seny” (“Assez! Retrouvons la raison”) avaient clamé dimanche les opposants catalans à la sécession pour défendre l’unité de la grande Espagne à l’issue d’une semaine d’émotion et d’angoisse dans tout le pays mais pas seulement, pour aussi toute l’Amérique latine, les Philippines, tout ce qui compte sur terre de restes du grand Empire. Le réveil dominical de “la majorité silencieuse” a bien été un tournant dans la crise.

Mariano Rajoy n’utilisera pas l’article 155 de la Constitution et encore moins  l’article 156 (l’état de siège) permettant de retirer réellement et définitivement son autonomie à la région. On négociera encore l’unité de l’Espagne. Puigdemont a finalement cédé parce que le monde économique s’écartait des indépendantistes, plusieurs entreprises ayant décidé de déménager dès lundi leur siège social de la région qui représente 19% du PIB du pays espagnol, pour 16% de la population. Deux grandes banques, CaixaBank et Banco de Sabadell, ont initié ce mouvement suivi de prés par un des principaux groupes locaux du bâtiment.

L’Europe ne souhaitait pas l’indépendance

Les événements allaient trop vite car le capitalisme libéral a pourtant besoin d’États-Nation affaiblis  par le séparatisme. L’Europe des marchands et des juges, de la future démocratie procédurale et de la dictature administrative n’est pas encore tout à fait achevée. De fait, pour faire prospérer le business sans entrave, il faut absolument liquider toutes les communautés traditionnelles.

Depuis des années, la remise en cause de l’unité espagnole n’était pas seulement mue par le séparatisme politique mais elle touchait toute l’éducation, le folklore avec ses coutumes, ses danses, ses costumes et surtout sa corrida. Comme en France, il s’agissait de réécrire l’Histoire, de gommer l’esprit  chevaleresque de la Phalange de José Antonio, d’oublier l’héroïsme de la Légion espagnole et plus que tout la ferveur doloriste mais ô combien sublime du catholicisme espagnol réduit, il y a déjà quelques années à des sauteries papales sur fond de house lors des Journées de la Jeunesse.

Mais l’Europe sans nations, comment faire ?

En France, on a cassé toute velléité de nationalisme par l’antiracisme idéologique  et la conversion au nouveau monothéisme, ce que des  intellectuels  à la Edgar Morin déclarent depuis toujours alors qu’en Espagne ce fut par le séparatisme régional et autonomiste (comme en Belgique, en Italie, en Grande-Bretagne). Ainsi, l’Europe unie pour le commerce ne ressemblera pas à des Etats-Unis d’Europe puisqu’elle ne doit absolument pas être une puissance. Ce sera un espace neutre, dépolitisé, spectaculaire, marchand, touristique ou archéologique, l’espace désunie des tribus .

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Lors d’un débat dit « d’urgence », après quatre jours de crise catalane, le vice président de l’Union européenne, Frans Timmermans avait appelé au dialogue. Un porte parole de la Commission avait répété le 6 octobre : « Il s’agit d’une affaire intérieure à l’Espagne ». Il est pourtant bien clair que ce souhait affiché de non ingérence et de dialogue de l’UE n’était rien d’autre qu’un coup de pouce indirect donné aux Catalans tout comme l’absence de positionnement scandaleux de la Conférence épiscopale espagnole à laquelle, en plus, on n’avait rien demandé.

Pour l’Espagne, la déclaration catalane  n’est en réalité ni une victoire, ni une défaite mais la poursuite d’une faiblesse mortelle et suicidaire que les ennemis de l’hispanité continueront habilement d’exploiter. Mais un État purement constitutionnel, celui de 1978, peut-il encore continuer d’exister avec autant d’incertitude, de subterfuges, de négociations biaisées, de reculades permanentes ? La déclaration surréaliste mais fanatique d’une indépendance sans indépendance, d’une république en pleine monarchie, d’un « je m’en vais mais j’y reste ! » ( Me voy, pero quizá me quedo) ne durera pas longtemps mais encore faut-il que résonne de nouveau le poétique mot d’Espagne. Or comme pour la douce France, il s’agit partout de déclarer et de faire penser que l’Espagne ou la France n’existent pas, n’existent plus.

Plus rien dans le vocabulaire et l’histoire officielle, une « histoire mondiale de la France » écrivent nos nouveaux historiens, ne doit en effet rappeler la France ou l’Espagne. On nous demande peut-être aujourd’hui de défendre les Espagnols mais en réalité, on ne nous demande pas de défendre l’Espagne, si ce n’est un ordre juridique abstrait et sacro-saint, celui du “Grundgesetz” de la loi fondamentale à l’allemande c’est-à-dire un vulgaire  papier  écrit qui confond Souveraineté populaire et Constitutionalité. On a un peu honte de rappeler l’évidence mais l’Espagne n’est pas la Constitution. Ce n’est pas non plus la démocratie. Osons d’ailleurs ce parallèle européo-hispanique. L’Européen n’est pas une constitution, il est une race et un esprit.

C’est pourquoi d’ailleurs l’Europe continue et continuera selon le sacrifice de Dominique Venner d’exister malgré la paperasse de Bruxelles ou les tomes de lois indigestes de ses juristes serviles comme l’Espagne existe et existera toujours par delà ses constitutions.

Qu’est-ce en effet que l’Espagne ?

Un grand, un immense empire, auprès duquel l’Union Européenne européenne voire l’ONU d’aujourd’hui ne sont qu’une sordide caricature. L’Espagne sans Constitution, c’est en effet l’Espagne de Charles Quint qui maintenait unifiée des territoires aussi divers que le Pérou, le duché de Milan, le royaume de Sicile, le comté de Flandres, la Colombie et sa propre péninsule, avec son ensemble pourtant bigarré de petits seigneurs, de privilèges, de communes libres, d’usages et de coutumes de toute sorte. Or, cet énorme territoire se gouvernait avec une armée minuscule et avec une bureaucratie qui à l’époque n’atteignait  pas même la moitié du nombre de postes actuels d’un gouvernement autonome. Un ordre du palais Alcázar prenait alors des mois à parvenir à Mexico ou à Lima mais il était exécuté à la lettre.

Nonobstant, pour les néo-historiens “mécontemporains“, ces Espagnols n’étaient que des inquisiteurs ou des prêtres décadents qui cependant, avec seulement le Trône et l’Autel, maintenaient mieux l’unité de leur royaume que l’Union ou la monarchie des autonomies n’en est aujourd’hui capable .

La droite espagnole choisira-t-elle  entre l’Espagne et la Constitution?

Nonobstant, bien qu’il est été fomenté par une réécriture de l’Histoire tendancieuse et manipulée, nous ne pouvons nier  le sentiment national qui s’est  formé en Catalogne et qui est authentique. Il y a là toujours un esprit, quelque chose de vivant qui rugit dans les entrailles d’un nouveau patriotisme et qui feront que oui, les catalans ne seront sans doute plus jamais espagnols, à moins d’un vrai miracle mais il faut aussi comprendre que si cela est arrivé, c’est que durant quatre décennies, on a fait en sorte là-bas que le nom de l’Espagne lui-même soit tabou.

lundi, 16 octobre 2017

Elections autrichiennes: la barre à droite toute

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Elections autrichiennes: la barre à droite toute

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Avec 31,36% (+ 7,37) des voix et 61 sièges (+14), l’ÖVP de Sebastian Kurz réussit son pari de renforcer sa formation politique et maintient le FPÖ de Hans-Christian Strache à bonne distance. Ce dernier, qui avait atteint parfois jusqu’à 37% des voix dans certains sondages, n’a cessé de reculer depuis l’ascension médiatique du ministre Kurz. Le FPÖ néanmoins obtient dans ce contexte 27,35% des voix (+ 6,85) et 53 sièges, ce qui est le meilleur résultat de son histoire, légèrement supérieur à celui obtenu par Jörg Haider en 2000.

Le SPÖ, à la différence de la SPD allemande voisine, ne s’effondre pas. Il obtient 26,75% des voix et 52 sièges, soit le même résultat qu’en 2013. Son électorat se maintient dans un contexte où les formations écologistes reculent de cinq points en tout.

La formation d’Alexander van der Bellen, président autrichien actuel, élu pour faire barrage au candidat du FPÖ Norbert Hofer, s’effondre avec 3,32% des voix (- 9.1) et perd toute représentation parlementaire (-24 sièges). Les Verts (Grüne) ont été victimes également de la concurrence d’une scission, le mouvement Pilz, du nom de son fondateur, qui obtient 4,13% des voix et 8 sièges.

Avec 4,96% des voix et 9 sièges, la liste NEOS, de centre-droit et en faveur de la construction européenne, maintient son résultat de 2013. Le fort tripartisme autrichien a empêché cette formation d’accroître son audience mais elle a su fidéliser son électorat.

Les autres formations politiques populistes sont réduites à la portion incongrue. La liste FLÖ issue d’une scission du FPÖ menée notamment par Barbara Rosenkranz obtient 0,18% des voix. La liste ultra-anti-européenne EUAUS, qui prône une sortie de l’Autriche de l’UE, 0,01%. Les communistes du KPÖ obtiennent 0,73% des voix (- 0,29), récupérant le vote gauchiste. Enfin la liste représentant les minorités musulmanes, liste pro-Erdogan, à savoir le NBZ, obtient 0,06% des voix soit à peine 2600 électeurs. C’est l’échec également pour la formation populiste GILT, qui n’obtient que 0,92% des voix. Les listes divers (Sonstige) sont donc laminées, perdant près de sept points en tout par rapport à 2013.

Le SPÖ a immédiatement proposé une alliance avec l’ÖVP mais Sebastian Kurz va devoir rapidement faire un choix déterminant. Ou bien il peut imiter Sarkozy, et après avoir tenu une ligne droitière pendant la campagne, faire l’ouverture à gauche une fois au pouvoir. Mais ce serait tactiquement maladroit, surtout en Autriche. Ou bien il peut proposer une coalition avec Strache et le FPÖ, au risque de susciter en Europe occidentale une campagne de dénigrement, et c’est probablement le choix qui sera le sien.

Pour le FPÖ, ce résultat est paradoxal. C’est certes son meilleur score mais il est très en-dessous des espérances que Strache pouvait avoir il y a encore quelques mois. Il a été incapable de freiner l’ascension de Kurz qui a su convaincre d’anciens électeurs ÖVP, tentés par le FPÖ, de retourner au bercail. Les perspectives de devenir chancelier s’évanouissent donc.

Si le FPÖ accepte de rejoindre une coalition autour de l’ÖVP, le risque est fort que le parti connaisse une hémorragie électorale à terme, comme cela avait été le cas en 2000. Mais si le FPÖ reste dans l’opposition, on lui reprochera de ne pas vouloir participer au pouvoir et de ne pas être un parti de gouvernement. Il est donc là encore probable que Strache accepte de rejoindre une coalition, à la condition d’obtenir au moins le ministère de l’intérieur.

Une coalition ÖVP/FPÖ avec Sebastian Kurz comme chancelier, est donc vraisemblable. Elle ne suscitera sans doute pas les cris d’orfraie de la coalition précédente ÖVP/FPÖ de 2000. Strache n’est pas Haider et il a su éviter tout le long de sa carrière à la tête du FPÖ les déclarations provocatrices qui inquiéteraient une partie notable de ses propres électeurs.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

L’impasse de l’indépendance catalane

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L’impasse de l’indépendance catalane

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Toutes les identités d’Europe doivent être préservées et il n’y a aucune raison en soi que l’identité catalane soit écrasée par l’identité castillane. Elles ont toutes le même droit de perpétuer leur héritage/patrimoine et de le transmettre aux nouvelles générations. La France jacobine a écrasé les identités propres à son territoire en imposant le français, c’est-à-dire en réalité le francilien, la dialecte d’oïl de la région parisienne, siège du centralisme capétien puis républicain. Et de même le régime franquiste en Espagne a violemment réprimé les nationalismes catalan et basque.

Mais depuis les années 70, les provinces d’Espagne, comme la Catalogne, ont bénéficié d’une large autonomie. Ce ne sont pas les Espagnols qui mettent en danger l’identité catalane mais les prétendus indépendantistes catalans eux-mêmes, animés par une idéologie gauchiste qu’on peut retrouver chez Podemos, et qui les amènent à se faire les promoteurs d’une immigration immodérée, créant ainsi la seule menace réelle sur l’identité catalane.

En réalité, la pire chose qui pourrait arriver aux Catalans eux-mêmes serait que ces « indépendantistes » qui nient la parenté de culture entre Castillans et Catalans, et entre Européens en général, arrivent au pouvoir d’un Etat devenu indépendant, où ils distribueront la nationalité catalane à tout le monde, détruisant l’identité catalane qu’ils prétendent défendre.

Le gouvernement espagnol ne veut pas de l’indépendance catalane pour de bonnes et de mauvaises raisons. Sa façon d’affirmer son pouvoir ne paraît pas adéquate. Il aurait suffi de garantir les conditions démocratiques d’un référendum, que les indépendantistes auraient certainement perdu, pour désactiver leur action.

Les régionales ou indépendantistes de droite, notamment en Flandre, qui ont apporté leur soutien à l’indépendance catalane se trompent de combat. Les identitaires catalans font fausse route en acceptant que leurs pires adversaires en Catalogne réalisent cette indépendance à laquelle eux-aussi aspirent. Une responsable de SOM Catalans déclare ainsi qu’il n’y a « rien de commun entre l’Espagne et la Catalogne », ce qui est une absurdité d’un point de vue historique. Cette identitaire catalane revendique également la Catalogne française, mais aussi les Baléares et Valence.

Outre le combat commun pour la Reconquista, il y a le même héritage celte, romain et germanique (gothique), sans parler de l’héritage ibère plus ancien. Ce genre de déni me fait penser à celui des souverainistes français, qui considèrent que la France et les autres nations d’Europe n’ont rien en commun, alors que dans le même temps selon eux « tout le monde » peut devenir français.

Alors que le combat identitaire implique de se placer dans le cadre d’une Europe unie, nous retrouvons là les égarements nationalistes classiques. Faire de la Catalogne un État souverain de plus, quel intérêt ? Pour ne pas avoir à contribuer économiquement au reste de l’Espagne, alors même que la gouvernance catalane pratique l’assistanat généralisé ?

Il est indéniable que les États nationaux classiques sont incapables de protéger les Européens contre le mondialisme, mais si l’État espagnol en est incapable, que dire du futur État catalan ? Le cas de l’Écosse est différent puisque c’est parce qu’elle veut rester en Europe qu’elle envisage de se séparer du Royaume-Uni, mais pour y appliquer la même politique migratoire suicidaire, en pire.

Il ne faut pas un État de plus en Europe, mais un seul Etat pour l’Europe. En ce sens, Catalans et Espagnols resteront les citoyens d’un même ensemble, sans les contentieux historiques désormais ringardisés, qui s’appellera l’Europe. C’est dans l’unité politique du continent que se trouvent la réconciliation et la restauration des identités d’Europe menacées par le globalisme, qu’il soit libéral ou marxiste. Les défenseurs de l’indépendance catalane ont tort. Les partisans d’une Espagne unie aussi. Tous deux nient l’essentiel, la nécessité d’une Europe politique forte et unie qui n’a que faire de querelles de clochers sans intérêt, tant que les identités sont préservées.

C’est par l’Europe que l’identité catalane, comme l’identité castillane d’ailleurs, sera préservée. Il est donc impératif que les catalans identitaires laissent à cette extrême-gauche funeste ce fantasme d’une souveraineté de papier et œuvrent plutôt à l’émergence d’une Europe unie, respectueuse par subsidiarité des identités intra-européennes.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)