samedi, 11 octobre 2025
Woke, une vendetta contre l’Histoire
Woke, une vendetta contre l’Histoire
par Roberto Pecchioli
Source: https://telegra.ph/Woke-vendetta-contro-la-Storia-10-09
La culture de l’annulation woke, soi-disant « éveillée » (elle aurait mieux fait de continuer à dormir), est une vengeance contre l’histoire, un suprématisme du temps présent. Elle mène une véritable guerre contre le passé. Mots obligatoires, grammaire inventée, statues déboulonnées, nouveaux lieux communs « présentistes » souvent ridicules remplacent les convictions enracinées sur lesquelles des communautés entières se sont fondées. Les livres coupables d’exprimer des idées non conformes à la vulgate contemporaine sont interdits. Des bûchers symboliques en attendant les vrais. Quand ils ne sont pas cachés ou « purgés », les textes jugés politiquement incorrects, les films, les œuvres d’art suspectes exposées dans les musées sont précédés des fameux trigger warnings, des avertissements signalant « la présence de contenus susceptibles de déclencher des émotions négatives, des pensées ou des souvenirs désagréables chez les personnes ayant subi un traumatisme ou particulièrement sensibles à certains thèmes comme la violence, les abus ou la perte. L’objectif est de permettre aux personnes de choisir d’affronter ou non le contenu, en leur offrant une préparation psychologique et la possibilité d’éviter une retraumatisation ». Le nouvel art dégénéré. La définition citée est celle de Google, élaborée par l’Intelligence artificielle. Voilà donc qui sont les véritables mécènes de l’ouragan woke.
En substance, on avertit les lecteurs et les usagers des œuvres et contenus que ceux-ci ne correspondent pas au canon présentiste inversé. Ils appartiennent au passé: ils méritent d’être effacés, ou du moins ridiculisés, soumis à la censure éthique du tribunal de l’Inquisition laïque. Le critère est élémentaire: tout ce qui n’a pas été inventé, produit ou pensé par la génération actuelle est faux, indigne, barbare. Les contemporains se sont « réveillés » et savent avec une certitude infaillible que la vision du monde actuelle est la seule correcte, voire définitive. L’éveil a conféré la conviction apodictique que le passé doit être totalement effacé pour délit de discordance avec l’Aujourd’hui. Vaste entreprise au nom de laquelle l’ensemble de l’héritage historique de la civilisation occidentale s’est transformé en champ de bataille. Le verdict ne prévoit ni absolutions, ni circonstances atténuantes, ni excuses.
Le problème, c’est que si l’on destitue tout passé, il devient impossible de donner un sens à la vie des gens dans le présent. Nous craignons que ce soit là l’objectif, non pas tant des théoriciens woke, parmi lesquels abondent marginaux et sujets borderline, mais de leurs maîtres mondialistes, ceux qui les ont mis en chaire, qui leur ont confié la direction de l’appareil culturel, médiatique, communicationnel dont ils sont propriétaires. En effet, une caractéristique de la culture de l’annulation – oxymore risible puisque la culture est accumulation – est de ne jamais remettre en cause l’ordre économique, social et financier actuel, le globalisme capitaliste, dont elle est soutien et avant-garde. L’ennemi, c’est moi, c’est toi qui lis, c’est le peuple ordinaire, résumé dans la formule méprisante pale, male and stale (pâle (blanc), mâle et rassis (vieux, rétrograde)), étendue à toute l’histoire de la civilisation.
La contestation ne touche pas à la structure concrète du pouvoir, mais réinterprète tout, chaque passé, chaque événement comme une vengeance posthume contre les torts d’hier. Puisque le passé n’existe plus et ne peut être changé, victimes et bourreaux doivent être créés et situés dans le présent. L’idée de sensibilité blessée est un récit artificiel, né parce que quelqu’un a décidé de lui coudre une histoire, attribuant à une chose – une statue de Colomb, une œuvre d’Aristote, certains principes – une signification d’oppression capable de générer le sentiment d’offense, essentiel au mécanisme de l’annulation. L’étape suivante est l’indignation sur commande, puis la sanction, enfin l’interdiction et la damnatio memoriae, la condamnation à l’oubli pour indignité. La première victime est le langage qui interprète la réalité, raison pour laquelle il faut obligatoirement dire « la maire » ou « l’avocate », s’adresser aux « travailleuses et travailleurs », alors que personne n’avait jamais pensé que le genre masculin « étendu » en italien contenait de la discrimination.
La seconde est la liberté de jugement. La volonté de préserver quelqu’un du trouble inclut l’interdiction de l’expression libre au nom d’une abstraction ou d’une simple intention offensive, inexistante dans des œuvres qui utilisaient, comme il se doit, les canons linguistiques, culturels, les connaissances de l’époque où elles furent conçues. La dictature du présent empêche la formation de consciences libres et inhibe l’avenir. Et si les générations décidaient que le critère woke est erroné, voulaient connaître d’autres points de vue ou pressentaient que le canon d’aujourd’hui pourrait être contredit demain ? Quant à l’offense perçue, à effacer ou à punir, elle présente souvent des traits paranoïaques. Comment un vers de Shakespeare pourrait-il offenser ? Si cela arrive, cela signifie que les générations élevées au pain et au woke sont extrêmement fragiles, des flocons de neige hypersensibles, incapables de vivre dans le monde, forcés par de mauvais maîtres à cacher la tête sous le sable, jusqu’à devenir des haineux implacables de quiconque fait éclater la bulle de savon dans laquelle ils sont plongés.
Leur imaginaire, loin d’être décolonisé comme le prétend le récit woke, a été vidé et rempli de concepts entourés d’une aura d’indiscutabilité, des a priori dont la négation déconstruit des esprits fragiles désaccoutumés au raisonnement. Le capitalisme absolu, qui est au pouvoir, rit sous cape, car il a grand besoin de têtes vides, d’autant plus si elles invalident l’histoire, détruisent le passé, corrigent la connaissance. C’est la quintessence de la modernité libérale dont les fautes passées indignent tant l’idéologie woke. La volonté de tout remettre à zéro et de repartir à nu n’est pas nouvelle. C’est l’histoire de la révolution française, du communisme, du maoïsme, des traditions qui imposent même leur propre calendrier. Cela n’a jamais apporté grand-chose de bon, mais l’homme n’apprend jamais de ses erreurs, d’autant plus s’il est programmé pour les ignorer.
Un livre du Hongrois Frank Furedi, naturalisé américain, La guerre contre le passé, constate la nature iconoclaste, furieuse, de la culture de l’annulation, la rage de ceux qui violentent le passé – par exemple en détruisant une statue présente depuis des siècles – pour se venger du présent et « déshériter l’histoire ». Naïve est la surprise de Furedi lorsqu’il observe que les lubies idéologiques actuelles, incubées dans les années 1960, ont explosé en influence culturelle dans les années 1980, dominées par Ronald Reagan et Margaret Thatcher. Il confond libéralisme/néolibéralisme et conservatisme, deux idéologies divergentes. Les libéraux des années 1980, comme leurs références culturelles et économiques (von Hayek, Friedman, Ayn Rand), avaient essentiellement des préoccupations économiques: ils défendaient la libre entreprise et le dogme de la croissance, la forme du progrès chère à la droite libérale. Leur prétendu conservatisme se limitait à défendre l’ordre patrimonial existant. Margaret Thatcher a affirmé que la société n’existait pas, qu’il n’y avait que des individus. « There is no such thing as society ». Distillat de culture de l’annulation, tout comme l’autre affirmation iconique de la dame anglaise selon laquelle « il n’y a pas d’alternative » à la société de marché, l’acronyme TINA (there is no alternative) invoqué par la pensée libérale.
Ce furent le colonialisme anglo-saxon et français qui ont pratiqué la suppression culturelle – déculturation suivie d’acculturation forcée – à l’encontre des peuples « arriérés », soumis à un énergique lavage de cerveau pour les conduire vers un progrès inévitable, coïncidant avec l’adhésion au modèle libéral-démocratique occidental, arrivé aujourd’hui – selon la vulgate woke – à l’apogée civile et culturelle de l’histoire. Une grave erreur si elle est exprimée par des experts en scénarios géopolitiques comme Francis Fukuyama, dévastatrice si elle devient l’idée unique de générations elles-mêmes déculturées et, de plus, ramollies par la ouate existentielle. Tout à fait trompeuse est la prétention à un jugement moral irrévocable condamnant le passé: racisme contre l’histoire. Une conséquence est l’autosatisfaction aveuglée par la négation d’idées, de principes, de formes de vie différents, incompréhensibles faute de points de comparaison. Le présent devient totem et tabou d’une idéologie semblable à la caverne de Platon, où les ombres remplaçaient la réalité.
Le passé à effacer est ce qui est donné, le fondement, naturel (la biologie niée) ou culturel, les usages, coutumes, traditions et principes sédimentés au fil du temps. Nous assistons à un phénomène singulier d’inversion: habitudes, normes, institutions sont déclarées obsolètes au nom de la supériorité du présent, c’est-à-dire d’une croyance invérifiable, tandis que ceux qui les défendent – lorsqu’on leur accorde gracieusement la parole – doivent apporter la preuve de la validité de leurs affirmations. Mais comment démontrer la normalité de l’existence de deux sexes, de races différentes, du fait que la grossesse a été attribuée par la nature ou par Dieu à la femelle des mammifères (un terme suspect que nous suggérons aux policiers du langage)? Il n’est pas non plus possible d’apporter une rigueur scientifique à l’usage de certains mots ou à des comportements que le jugement commun a toujours considérés comme normaux (autre terme dont on demande l’abolition).
Nous ne pouvons pas démontrer qu’il est préférable de connaître Dante, Shakespeare, la philosophie et l’histoire, plutôt que de les effacer. Il manque un code commun de compréhension. On pourrait affirmer que la condition préférée des êtres vivants est l’homéostasie – le maintien de conditions stables – mais on resterait dans le champ du réel, vaincu dans l’imaginaire woke (et pas seulement) par la virtualité. Il est vain de rappeler que des théoriciens libéraux, de Stuart Mill à Hayek ou le progressiste Jonas, ont argumenté en faveur de l’importance des coutumes et modes de vie consolidés, mais on ferait alors référence au passé. Personne ne répondrait. Seulement des regards dédaigneux, au mieux la pitié réservée à ceux qui ne sont pas dans l’air du temps.
En suivant Erich Fromm – qui n’était certainement pas un réactionnaire borné – nous affirmons qu’une guerre acharnée de l’avoir contre l’être est en cours, où discréditer le passé sert les intérêts du monde-marché et de son mouvement perpétuel orienté vers le profit. Le symbole universel du présent est l’argent, par nature mobile, sans passé ni avenir. Le présentisme qui efface, engloutit et recrache est l’expression d’un monde dominé par le marché, la consommation, c’est-à-dire l’obsolescence programmée. Et d’une idée de liberté négative, d’émancipation « de ». Liens, idées, identités, héritages ; du passé, le grand ennemi. Nus vers le but, mais le but est la dissolution. Individuelle, communautaire, civique. Au réveil woke succédera la nuit définitive. Il deviendra lui aussi du passé. Ce qu’il adviendra de ce pan du monde, nous le découvrirons en vivant. Ou en mourant.
19:37 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, sociologie, woke, cancel culture | |
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dimanche, 05 octobre 2025
L’Occident étouffe la dissidence pour préparer les citoyens à la guerre
L’Occident étouffe la dissidence pour préparer les citoyens à la guerre
Davide Rossi
Source: https://telegra.ph/LOccidente-soffoca-il-dissenso-per-pre...
La situation actuelle a généré les prémisses dramatiques visant à diffuser une culture de guerre, alimentée par des peurs savamment et artificiellement construites, en inventant des ennemis là où il n’y en a pas.
À notre époque, marquée par des oppositions souvent plus verbales et verbeuses que substantielles, mais toujours dichotomiques, ne laissant aucune place au dialogue, à la confrontation, à l’approfondissement, où l’on véhicule des modèles absolus et absolutistes selon lesquels il n’est pas permis de s’aventurer dans la réflexion mais où il s'agit simplement de prendre parti, presque obligatoirement du côté de la pensée dominante, prélude à toute guerre, la dissidence étant devenue inadmissible, répréhensible, erronée et fausse simplement parce qu’elle a été pensée.
Lire la complexité des faits et de la réalité devient ainsi toujours et en tout cas condamnable, car cela impliquerait de démanteler l’architecture de guerre qui s’est construite autour du récit dominant, lequel doit être soutenu à chaque souffle médiatique, imposé avec une violence à la fois subtile et robuste à des citoyennes et citoyens de plus en plus détachés et désorientés face à un monde qu’on leur fait percevoir comme lointain et incompréhensible.
L’acquiescement passif généralisé des anciennes générations, majoritaires en Occident, trouve un triste et tragique équivalent symétrique parmi les jeunes générations, bien que, fort heureusement, de notables et brillantes exceptions existent. Les jeunes, en effet, ont généralement intériorisé la substance de cette induction martelée, pour aboutir à une passivité complaisante tout en se consacrant à des questions éphémères, où le jeu de la dissidence n’est qu’un jeu, où mettre ou non un « like » sur les réseaux sociaux est essentiellement pareil et totalement insignifiant, car toutes ensemble, les nouvelles générations occidentales, et celles qui ont été occidentalisées à travers le monde, ont été convaincues de s’intéresser à des sujets peu significatifs et essentiellement évanescents, pour lesquels le fait de prendre parti devient un masque social pour une représentation sans avenir.
Après avoir été privés de la parole, le système tente de priver également les jeunes générations de toute pensée et, comme le rappelait à juste titre l’écrivain Erri De Luca il y a quelque temps, il ne leur reste plus qu’à écrire sur leur propre corps, en essayant d’y graver ce que l’on suppose indélébile, alors que cela s’effacera avec le temps et le cours de la vie, transformant les tatouages en une éloquence muette d’un corps plus ou moins maladroitement encadré par les époques précédentes, mais incapable, comme celui qui l’habite, de parole.
Écouter sans parler ni répondre et, au final, ne plus parler, enfermés dans une réalité irréellement réelle, virtuellement compensatrice des besoins émotionnels et communautaires qui, en Occident, ont été violemment étouffés pour transformer les femmes et les hommes, et surtout les jeunes, en atomes sociaux inoffensifs et insignifiants, des monades séparées de toutes les autres et toutes ensemble coupées du monde qui les entoure.
Le tout est aggravé par la réduction de l’information et de la connaissance à ce qui peut être simplement et uniquement véhiculé par le smartphone, érigé en source principale, pour beaucoup exclusive, d’interaction avec le monde extérieur, dans un cadre qui confond le haut et le bas, le bon et le mauvais, le vrai et le faux, le tout dans un kaléidoscope où distinguer devient une fatigue supplémentaire et difficile à pratiquer, et où les mille pages des « Frères Karamazov » de Dostoïevski deviennent un sommet inatteignable, même dans le simple résumé wikipédesque. Privés ainsi de savoirs et de beauté, les langages et les pensées s’appauvrissent, brûlent leurs racines, abandonnées, perdues et oubliées, tout comme sont oubliés en même temps les multiples et complexes branches qui tiraient origine, sève et vie de ces racines, donnant feuilles, fruits, fleurs, c’est-à-dire toute la richesse bigarrée des cultures.
Une communication qui, par ailleurs, se trouve écrasée par des dynamiques de marchandisation et de commercialisation où les valeurs et qualités artistiques et culturelles sont submergées et dévastées par les exigences d’un marché qui engloutit toute dimension et surtout l’imaginaire personnel et collectif, violemment colonisé et poussé vers une homogénéisation dévastatrice, réductrice, avilissante.
Le tragique résultat final est une société appauvrie et appauvrissante, où le réel est transcendé au profit du superficiel, où la complexité est réduite à des jugements banalisés, positifs ou négatifs, dictés par des attitudes superficiellement préconçues, au sein de dichotomies culturelles et politiques où progressisme et conservatisme sont réduits à des postures générales, impalpables et factices, manifestant davantage une gigantesque pauvreté spirituelle qu’une profonde plénitude de contenu.
L’Occident, ainsi privé de son univers culturel et de ses valeurs séculaires, a perdu de vue l’essentiel, pour se réduire à la simple vénération de l’argent, devenu malheureusement et tragiquement l’étalon de toutes les relations, une approche monétariste de la culture et des relations humaines qui a produit une coexistence de plus en plus injuste dans ses dynamiques matérielles et de plus en plus dégradée dans ses dynamiques spirituelles.
Le tout dans une auto-référentialité qui amène les citoyennes et citoyens occidentaux à perdre totalement de vue et à ne pas comprendre les expressions culturelles et les sociétés extra-occidentales, dans lesquelles les relations humaines et la vie quotidienne sont encore rythmées par des temps, des pensées et des modalités étrangères à la marchandisation.
Cette situation a généré les prémisses dramatiques visant à véhiculer une culture de guerre, alimentée par des peurs soigneusement et artificiellement construites, inventant des ennemis là où il n’y en a pas, comme dans le cas de la Russie, construisant des murs qui rendent incompréhensible ce qui est étranger à la petitesse des horizons dans lesquels on nous a enfermés, une cour étouffée par des murs encore plus étouffants et lourds, vendue comme un « jardin fleuri », selon les paroles tragiques de Josep Borrell, ancien Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, épigone de toutes celles et ceux qui ont pris et continuent à prendre l’Union européenne et l’Occident pour un paradis démocratique, alors qu’il s’agit, à l’évidence, d’un enfer libéral-libéraliste, néolibéral, tandis que ceux qu’ils désignent comme autocraties et dictatures sont des nations où la politique décide de l’économie au bénéfice des citoyens et aussi, justement, des États dans lesquels les femmes et les hommes sont encore loin de la dégradation et de la décadence que nous vivons et traversons dans le Vieux Continent et le reste de l’Occident, des États-Unis à l’Australie. Cet Occident collectif de plus en plus vidé de sens et de signification et, pour cette raison même, privé d’espérance.
Le déclin de l’Occident n’est pas simplement un déclin matériel et irréversible dû à la fin de la période du pillage des matières premières énergétiques et alimentaires au détriment du Sud global, mais c’est aussi et surtout le crépuscule d’une civilisation qui a renoncé à la confrontation, à la recherche et à l’innovation, et s’est tristement et tragiquement repliée dans une fermeture hautaine face à toute forme d’altérité, par peur de toute confrontation et contamination, montrant ainsi toute la faiblesse d’un temps, le présent, qui a détruit ses propres racines historiques, spirituelles, matérielles pour se réduire à un miroir complaisant de soi-même dans la pauvreté actuelle, image compensatoire, autosuffisante et auto-gratifiante, un selfie dont on ajuste les couleurs et le contraste sans se rendre compte qu’il reste essentiellement une image pauvre, floue et délavée.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, je continue à croire que celles et ceux qui trouveront en eux-mêmes la force de ne pas renoncer, d’étudier, de résister, de lutter — forts de leur histoire, de leur culture, de leur identité, y compris religieuse et politique — non seulement pourront s’améliorer eux-mêmes et améliorer leur entourage, mais surtout indiqueront une voie vers la paix, la coopération et l’amitié entre les peuples à toutes celles et ceux qui, violés et humiliés par la violence du système libéral, ont perdu tout espoir et toute parole et s’abandonnent de plus en plus à la rhétorique belliqueuse de la guerre.
14:53 Publié dans Actualité, Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : occident, décadence, sociologie, philosophie | |
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vendredi, 19 septembre 2025
« La Rive Gauche » ésotérique de Georges Bataille et du Collège de Sociologie
« La Rive Gauche » ésotérique de Georges Bataille et du Collège de Sociologie
Cette initiative fut une expérience culturelle dont l’importance est inversement proportionnelle à sa notoriété
par Luca Gallesi
Source: https://www.barbadillo.it/124690-la-rive-gauche-esoterica...
A propos d'Interroger le Sphinx. Histoire du Collège de Sociologie de Renzo Guolo, paru aux éditions Mimesis (Italie)
Vers la fin des années trente, au sein de la librairie parisienne Galeries du Livre, rue Gay-Lussac, plusieurs intellectuels de premier plan, parmi lesquels Georges Bataille, Roger Caillois et Michel Leiris, fondent le Collège de Sociologie : une association qui n’est ni un collège, ni réellement vouée à la sociologie, mais qui voudrait être une société secrète dédiée à l’étude du sacré, à la fonction des mythes et à l’action du pouvoir.
Georges Bataille, déjà reconnu comme écrivain et spécialiste de Nietzsche, considère que l’école sociologique française doit tourner son attention vers les problématiques de l’homme contemporain.
Roger Caillois, proche de René Daumal et de Georges Dumézil, estime vital d’identifier les facteurs capables de restaurer les liens entre les hommes, raison pour laquelle il oriente ses recherches vers le sacré.
Michel Leiris, comme les deux autres figures du surréalisme français, est un ethnologue très critique envers sa propre discipline, qu’il juge incapable de saisir la totalité de l’existence, contrairement à la poésie et à la littérature.
Rapidement tombée dans l’oubli, tant à cause de sa brièveté que de l’avènement de la guerre mondiale, cette initiative fut, en réalité, une expérience culturelle dont l’importance est inversement proportionnelle à sa notoriété, comme le raconte Renzo Guolo dans son essai Interroger la Sphinx. Histoire du Collège de Sociologie (Mimesis, 376 p., 26 €). En explorant les parcours intellectuels, académiques et artistiques des fondateurs, Guolo met en lumière l’absolue singularité d’un groupe ayant courageusement mené une aventure exemplaire dans le monde politique et culturel du 20ème siècle, impliquant de nombreux protagonistes de l’époque.
Aux trois noms déjà cités, il faut ajouter, parmi les fondateurs, Jules Monnerot, qui fut en réalité le véritable concepteur de l’initiative et celui qui en a choisi le nom, mais qui ne prit ensuite pas part aux activités ultérieures, sans doute volontairement effacé en raison de son adhésion déclarée au fascisme français, ce qui n’est pas totalement incompréhensible.
Georges Bataille, Roger Caillois et Michel Leiris.
En effet, lorsqu’on évoque des sociétés secrètes – ou même des Ordres monastico-chevaleresques – s’opposant au matérialisme de la société de consommation, la pensée se tourne spontanément vers des mouvements et cénacles d’extrême droite, qui fleurissaient alors à travers l’Europe. Or, ici, nous sommes face à des figures de la culture et de la politique issues presque toutes de la gauche, parfois même de l’extrême gauche, fascinées par l’attrait envoûtant des zones d’ombre du pouvoir. Chez tous, on trouve l’ardent désir d’une « nouvelle aristocratie », fondée sur une grâce mystérieuse, et non sur le travail ou l’argent. Caillois va jusqu’à considérer comme sain « de désirer le pouvoir sur les âmes ou sur les corps, par prestige ou tyrannie », pour forger un nouvel « environnement ». Bataille, quant à lui, affirme que « seuls l’armée et la religion peuvent répondre aux aspirations les plus profondes des hommes ».
Connus pour leur radicalisme anticonformiste, Bataille, Caillois et Leiris partagent une amitié et une affinité spirituelle scellées dans l’expérience artistique et littéraire du surréalisme, ainsi que dans l’aventure politico-ésotérique de revues révolutionnaires telles que Contre-Attaque et Acéphale. L’objectif affiché du Collège de Sociologie est de dépasser l’académisme de la sociologie officielle, « en réglant leurs comptes avec les gardiens académiques de cette science humaine et l’hégémonie qu’ils y exercent », qui se figent dans l’analyse des civilisations passées. Il s’agit d’affronter, au contraire, « des questions brûlantes mais urgentes à comprendre, telles que le fascisme et le communisme, avec leur emprise sur la société, leur caractère d’organisations de mobilisation totale, leur nature à la fois politique et religieuse ».
Au final, l’histoire de ce cénacle d’intellectuels privilégiés s’achève par le retour de tous ses animateurs à la littérature, qu’ils avaient dédaigneusement quittée à la recherche d’un sens à la vie ne pouvant se trouver que dans l’action et la redécouverte du sacré. Leur aventure semble aujourd’hui à des années-lumière des préoccupations de l’intelligentsia actuelle, davantage soucieuse de ses apparitions sur les réseaux sociaux et dans les talk-shows que prête à affronter le scandale et la difficulté d’approfondir les grandes questions de l’existence humaine. Il demeure cependant la consolation de leur exemple et de leurs tentatives, qu’on les partage ou non, de s’engager pour affronter la réalité de leur temps, sans se soucier d’être, ni même de paraître, du côté des justes.
19:48 Publié dans Livre, Livre, Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, sociologie, livre, surréalisme, collège de sociologie, jules monnerot, georges bataille, michel leiris, roger caillois | |
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vendredi, 18 juillet 2025
Capitalisme sauvage et opinion publique
Capitalisme sauvage et opinion publique
Par Ricardo Vicente López
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/capitalismo-salvaje-y-o...
Considérations historiques nécessaires
Je commence cette série d'articles par quelques précisions et explications concernant le titre de ma première contribution. Cela m'amène à faire un bref tour d'horizon des concepts qui le composent :
Le capitalisme est un système économique dans lequel les individus et les entreprises possèdent la richesse ou le capital et opèrent essentiellement dans un but de profit individuel. Il se distingue des autres systèmes en ce qu'il privilégie la propriété privée et la concurrence comme moteurs de l'activité économique [1].
Capitalisme sauvage: ce concept est utilisé pour décrire une forme de capitalisme caractérisée par la recherche implacable de la rentabilité à court terme, sans se soucier des conséquences sociales, environnementales ou éthiques de ses actions. Il est considéré comme un modèle égoïste et déloyal, qui conduit à l'exploitation des travailleurs ; la richesse est concentrée entre quelques mains, tandis que la majorité de la population s'appauvrit. Il est justifié par une culture financière qui ignore l'existence de la justice sociale, celle-ci étant niée alors qu'elle est la composante nécessaire d'une communauté saine [2].
Le revenu nécessaire prend des dimensions exceptionnelles dans un dispositif économique qui se concentre uniquement sur les résultats financiers à tout prix, laissant de côté les relations sociales indispensables à la subsistance d'une communauté saine [3].
Un autre modèle de capitalisme, apparu en raison des besoins extrêmes liés à l'état catastrophique laissé par la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale, est celui qui a été expérimenté pendant la reprise de ce sous-continent avec l'adoption de divers modèles de capitalisme, influencés et financés par le plan Marshall :
« Le plan Marshall, ou programme de reconstruction européenne (ERP), était un programme d'aide économique et technique lancé par les États-Unis à partir de 1948 pour reconstruire l'Europe occidentale à la fin de la guerre mondiale. Son objectif principal était de revitaliser les économies européennes, afin d'arrêter la propagation du communisme et d'assurer l'influence américaine en Europe ».
On l'appelait le capitalisme keynésien, qui se caractérisait par la nécessaire intervention de l'État dans l'économie afin de la stabiliser et d'éviter les crises cycliques. Contrairement au capitalisme traditionnel qui favorise la main invisible du marché, le keynésianisme soutient que la demande est le principal moteur de l'économie et que l'État doit agir pour la soutenir.
L'opinion publique est un concept qui fait référence au comportement, réel ou stimulé, d'une société massifiée, modifiant les faits sociaux, politiques ou économiques induits par la propagande sous toutes ses formes. L'orientation du vote, le niveau d'approbation ou les attitudes à l'égard de groupes ou de situations sociales sont également des formes d'opinion publique. Au cours du 20ème siècle, des méthodes de recherche sociologique ont été développées afin de connaître les consensus sociaux largement partagés ou les attitudes de rejet du public à l'égard de certains aspects de la politique gouvernementale.
L'opinion publique n'a pas toujours été écoutée, cela dépend du type de gouvernement qui détient le pouvoir politique à un moment donné: s'il s'agit d'une dictature, elle ne sera jamais prise en compte; en revanche, si nous sommes en démocratie, cela dépend du système dans lequel elle s'inscrit, elle peut présenter une diversité d'attitudes à cet égard.
L'influence de l'opinion publique ne se limite pas à la politique et aux élections. C'est une force puissante dans de nombreux autres domaines, tels que la culture, la mode, la littérature et les arts, la propagande, la consommation, le marketing et les relations publiques. Les méthodes que certains groupes de pouvoir peuvent utiliser pour manipuler une ou plusieurs personnes, ou des groupes, peuvent inclure la séduction, la suggestion, la coercition et le chantage.
La manipulation des médias consiste en une série de techniques interdépendantes par lesquelles les membres d'un groupe donné créent une image ou une idée qui favorise leurs intérêts particuliers.
Parmi ces tactiques, on peut citer les sophismes logiques et la propagande politique, qui impliquent souvent la suppression d'informations ou d'autres points de vue par leur déformation, incitant d'autres personnes ou groupes de personnes à ne plus écouter certains arguments, ou simplement en détournant leur attention vers un autre sujet ou une autre question. La manipulation des médias est utilisée dans les relations publiques, la propagande, le marketing, etc., et bien que l'objectif poursuivi soit différent dans chaque domaine, les techniques utilisées sont souvent très similaires. Ainsi, bon nombre des méthodes modernes de manipulation des médias se concentrent sur des formes de distraction, partant du principe que le public a une capacité d'attention réduite, ce qui peut être une méthode associée au soft power ou au pouvoir intelligent.
Notes:
(1) Consulter Les origines du capitalisme moderne sur www.ricardovicentelopez.com.ar
(2) Je recommande également de voir le film Les Compagnons (1963) – Film complet en espagnol qui montre un tableau social de l'Italie qui subit les effets de la révolution industrielle un siècle plus tard. Il est disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=aN15hNJzyko
(3) Vous pouvez consulter Le capitalisme et le bonheur humain sur notre page (réf. supra) – ainsi que Richesse concentrée et pauvreté généralisée – Section Bibliothèque-
14:19 Publié dans Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, opinion publique, définition, capitalisme, capitalisme sauvage | |
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Les opinions des hommes et l'ingénierie sociale
Les opinions des hommes et l'ingénierie sociale
Par Juan Manuel de Prada
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/las-opiniones-de-los-ho...
Beaucoup de gens m'écrivent ou me demandent pourquoi j'ai cessé de participer à des émissions de radio ou de télévision. Il s'agit sans aucun doute de personnes naïves qui vivent dans un monde imaginaire. Dans un passage particulièrement abject de son Contrat social, Rousseau fait sans vergogne référence à la nécessité de façonner l'« opinion publique » de manière induite: « La volonté est toujours droite, mais le jugement qui la guide n'est pas toujours éclairé. Il faut lui faire voir les objets tels qu'ils sont. Tous ont également besoin de guides. Il faut obliger les uns à conformer leur volonté à leur raison; il faut enseigner aux autres à reconnaître ce qu'ils veulent ». Et, un peu plus loin, Rousseau étaye cette vision ignominieuse de l'être humain par un aphorisme malveillant: « Corrigez les opinions des hommes et leurs mœurs se purifieront d'elles-mêmes ».
Pour couronner un exercice d'ingénierie sociale visant à changer les mœurs des hommes, en les transformant en un troupeau facilement manipulable, il faut d'abord corriger leurs « opinions ». Et comment « corrige-t-on » les opinions des hommes? Dans les régimes totalitaires d'antan, la formule était très simple: on recourait à la technique du marteau-pilon, qui frappait sans relâche le cerveau des pauvres gens soumis, jusqu'à broyer leur âme: les commissaires politiques répétaient comme des perroquets la doctrine à respecter obligatoirement; la propagande officielle omniprésente se chargeait de la rappeler à chaque instant; et les matraques se chargeaient d'instruire les dissidents. Mais cette méthode, propre aux régimes totalitaires, n'est pas présentable dans les régimes démocratiques, qui proclament une « liberté d'opinion » feinte; et elle n'est pas non plus efficace et opérationnelle, car la doctrine qui s'impose par la violence ou même par la contrainte finit par être détectée même par les personnes les plus lentes d'esprit, qui cherchent à échapper à son influence (car personne n'aime qu'on lui casse les pieds et qu'on lui dise ce qu'il doit penser). Les régimes démocratiques ont donc essayé d'autres systèmes plus sophistiqués pour corriger les opinions des hommes.
Pour cela, il faut créer ce que Marcuse appelait une « dimension unique de pensée » (ndt: une "pensée unidimensionnelle"), en insufflant aux hommes la croyance illusoire qu'ils pensent par eux-mêmes, alors qu'en réalité ils sont dirigés par d'autres. Cette illusion est créée en amenant les individus à « intérioriser » ou à s'approprier une série de paradigmes culturels que le système leur impose, afin de les transformer en êtres passifs, conformistes et grégaires, soumis à des consignes qu'ils confondent avec des expressions émanant de leur volonté (cette volonté que le scélérat de Rousseau considérait toujours comme « droite », même s'il avait besoin de « guides » pour orienter son « jugement »). Afin d'atteindre cette « dimension unique de la pensée » tout en maintenant l'illusion d'une pluralité sacro-sainte, les régimes démocratiques limitent les idées qui peuvent être soumises à la discussion ou à la controverse, en imposant des prémisses fondamentales qui restent tacites ou inexprimées. La parole est donnée à des personnes qui partagent les mêmes prémisses qui, cependant, ne sont jamais énoncées ; et on les fait « débattre » faussement au nom des idéologies en lice, toujours sur des questions mineures (bien que présentées avec une grandiloquence effrayante, pour donner l'impression qu'il s'agit de questions primordiales), avec une ardeur si acharnée et une apparence de désaccord si tapageuse et stridente que les personnes naïves pensent qu'elles défendent des positions contraires (alors qu'en réalité, elles sont d'accord sur l'essentiel). Comme l'a souligné Noam Chomsky, « la manière intelligente de maintenir les gens passifs et obéissants est de limiter strictement l'éventail des opinions acceptables, mais de permettre un débat animé à l'intérieur de cet éventail (voire d'encourager les points de vue critiques et dissidents). Cela donne aux gens l'impression qu'il y a une libre pensée, alors que les présupposés du système sont constamment renforcés par les limites imposées au spectre du débat ».
Toute opinion qui contredit les prémisses fondamentales sur lesquelles repose le système, toute pensée qui dépasse les limites imposées au débat, finit par être réduite au silence. Pendant un certain temps, en participant à ces marécages médiatiques sordides où l'on donne l'apparence d'un débat, j'ai réussi à camoufler mes opinions dissolvantes, celles qui pouvaient miner les idéologies en lice, en faisant preuve de prudence et même de discipline ésotérique. Mais tôt ou tard, ils vous démasquent, découvrent que vous êtes un élément dangereux et vous expulsent. That's all, folks.
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Max Weber sur les classes et les ordres sociaux
Max Weber sur les classes et les ordres sociaux
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2025/07/05/max-weber-om-klasser...
La droite authentique a historiquement cherché des alternatives à la société fondée sur l'individu et les classes, l'une des plus récurrentes de ces alternatives étant une société fondée sur les ordres sociaux (Stände). On en trouve des variantes chez Per Engdahl, Rudolf Kjellén et Othmar Spann.
Dans une certaine mesure, on peut dire que la société d'états (Stände) abolit la société basée sur les classes et peut ainsi être considérée comme « sans classes ». L'approche consiste à identifier les groupes naturels de la société et à leur donner une représentation formelle. Il n'est pas rare qu'ils correspondent plus ou moins aux trois fonctions indo-européennes, avec les exemples familiers où se juxtaposent « noblesse, clergé, bourgeoisie et paysannerie ». Quelle que soit la façon dont on envisage la possibilité de remplacer le parlementarisme basé sur les partis par une représentation corporative, les classes sociales constituent un complément précieux et une correction du concept marxiste de classe. Il existe d'ailleurs depuis au moins un siècle une forte tendance chez les sociologues à transformer cette dernière en quelque chose qui rappelle la première (cf. « habitus » de Bourdieu et « clercs » de Kotkin).
Dans ce contexte, il est intéressant de mentionner le court essai du sociologue et philosophe allemand Max Weber, Class, Status, Party, qui est en fait un chapitre de Economy and Society. Weber y définit les concepts de classe, de statut et de parti, en se basant sur les types idéaux de Gemeinschaft et Gesellschaft. Ce dernier est un couple d'opposés essentiel pour comprendre la pensée allemande, notamment pour ceux qui souhaitent lire Marx en tant que penseur inscrit dans la tradition allemande. Alors que la Gemeinschaft est la forme de société la plus ancienne, car elle est organique et naturelle, la Gesellschaft est une « communauté » artificielle et mécanique. « La Gemeinschaft se caractérise par le fait que les gens sont unis malgré les facteurs qui les séparent, tandis que la Gesellschaft se caractérise par le fait qu'ils sont séparés malgré ce qui les unit », pour citer un texte ancien consacré à Tönnies. Dans une large mesure, Marx et d'autres penseurs allemands sont des bardes qui chantent le chant du cygne de la Gemeinschaft lorsqu'elle est remplacée par la Gesellschaft sous la forme du marché et de la bureaucratie. Conformément à la dialectique germanique, ils pressentent également un avenir où la Gemeinschaft reviendra mais, cette fois, à un niveau supérieur.
Une idée intéressante de Weber est que la société de classes présuppose la Gemeinschaft. Il a écrit à ce sujet que « l'existence d'une entreprise capitaliste nécessite une action communautaire très spécifique de la part de la Gemeinschaft qui protège la possession des biens, et en particulier le libre pouvoir des individus de disposer des moyens de production ».
Sans une communauté qui a choisi de protéger le droit de propriété, celui-ci n'existe pas. Cela peut être interprété comme signifiant que la propriété privée est liée à la propriété populaire du pays, ce qui ne conduit pas nécessairement au communisme à grande échelle. Weber se rapprochait de Marx lorsqu'il définissait le concept de classe, une relation fondamentalement objective liée à la propriété et à la non-propriété (« la propriété et les biens » et « l'absence de propriété ou de biens » sont donc les catégories de base de toutes les situations de classe). La définition de Weber est même plus restrictive que celle de Marx, car il ne considérait pas, par exemple, les esclaves de l'Antiquité comme une classe et voyait les conflits antiques plus souvent comme des guerres entre ordres sociaux que comme des guerres entre classes. Pour citer Weber :
Nous pouvons également parler de « classe » 1) lorsqu'un grand nombre de personnes ont en commun un élément causal spécifique leur offrant des chances dans la vie, 2) lorsque cet élément causal est représenté exclusivement par des intérêts économiques liés à la possession de biens et aux possibilités de revenus, et 3) lorsque l'élément causal est représenté dans les conditions des marchés des marchandises ou du travail (« situations de classe » 4).
Weber se distinguait également de Marx dans son analyse de ce que cela signifiait concrètement. Alors que Marx considérait la lutte des classes comme la stratégie rationnelle pour les non-propriétaires, la théorie du jeu de Weber était moins figée. La recherche de la réussite personnelle ou, d'ailleurs, la passivité peuvent également être des stratégies tout à fait rationnelles. Ce que Weber appelait « action de classe », comparable à la « lutte des classes » marxiste, est l'une des nombreuses stratégies possibles et suppose, entre autres, que la classe partage des normes (à l'instar des classes sociales et de la Gemeinschaft). Nous notons ici en passant pourquoi l'immigration de masse est une arme si efficace dans la lutte des classes : elle brise la Gemeinschaft historique qu'est la classe ouvrière européenne. Weber l'a exprimé en ces termes : « cette action de masse est fondée sur l'opinion dominante du groupe. Ce fait est à la fois simple et important pour comprendre les événements historiques ». Marx parlait dans ce contexte de conscience de classe plutôt que de Gemeinschaft, et de l'évolution de la classe en soi à la classe pour soi, mais il s'agit de processus similaires.
Par rapport aux classes, qui peuvent être définies objectivement par la situation du marché, les états/Stände sont plus amorphes. Au lieu de l'économie, ils ont trait au statut ou à l'honneur. Les Stände sont des communautés, Weber écrivait que « contrairement aux classes, les états/Stände sont normalement des Gemeinschaften, des communautés. Cependant, ils sont souvent de nature amorphe. Contrairement à la « situation de classe », qui est purement déterminée par l'économie, nous voulons caractériser la situation des classes comme résultant d'une partie intégrante typique de la vie, dans laquelle le destin des hommes dépend d'une évaluation sociale positive ou négative spécifique de l'honneur ». Elles sont exclusives et formulent certaines exigences pour qu'on en devienne membre. Par exemple, on ne peut pas vivre n'importe comment et être un citoyen lambda, ou d'ailleurs un fonctionnaire, un criminel ou un aristocrate. Weber a notamment utilisé ici l'exemple de la noblesse: « La fonction sociale (de la noblesse) fonctionne de manière très exclusive et repose sur une sélection d'individus qui sont personnellement qualifiés pour en être membres (par exemple, la chevalerie), en fonction de leurs aptitudes martiales, physiques et psychologiques ». Comme on peut le constater, nous ne sommes pas très loin ici des biotypes et des classes. Weber a également décrit comment certains groupes ethniques sont devenus dans la pratique des sortes de classes, parmi lesquels les Juifs et les Roms, qui sont des « communautés qui ont acquis des traditions professionnelles spécifiques dans des métiers particuliers ou d'autres arts, et qui favorisent la croyance en une identité ethnique qui sous-tend leur communauté ».
Il est intéressant de noter qu'il considérait les classes comme un frein à l'évolution vers la Gesellschaft. Il a notamment écrit que « l'existence des classes sociales empêche la réalisation conséquente du principe du marché nu ». La situation normale était une société composée de plusieurs classes sociales, chacune ayant ses propres exigences sur la manière dont ses membres devaient vivre pour ne pas être déshonorés. « Les époques et les pays dans lesquels la situation de classe nue revêt une importance prédominante sont généralement les périodes de transformations technologiques et économiques ; alors que tout ralentissement d'un processus de changement économique à court terme conduit au réveil de la culture des classes. En conséquence, l'importance de l'« honneur » social est rétablie ».
Dans l'ensemble, le bref raisonnement de Weber sur les classes et les castes est enrichissant. Des définitions et des idées pertinentes telles que « les gens ne recherchent toutefois pas le pouvoir uniquement pour s'enrichir économiquement. Le pouvoir, y compris le pouvoir économique, peut être apprécié « pour lui-même » apparait à plusieurs reprises dans son écrit. Le texte de Weber devrait également servir d'avertissement à un mouvement ouvrier qui souhaite également mener une politique d'immigration massive, car les classes ouvrières réellement existantes en Occident étaient également des Stände et l'immigration massive les a considérablement affaiblies. D'un point de vue abstrait, les travailleurs suédois et divers travailleurs non suédois appartiennent à la même « classe », mais dans la pratique, ils constituent d'innombrables classes sociales.
Mais Weber, en collaboration avec Burnham, nous rappelle également que le « mouvement ouvrier » n'a peut-être pas été mené par les « ouvriers » dans un passé récent, mais par des classes sociales complètement différentes, avec d'autres systèmes d'honneur internes (comparez le politiquement correct et l'engouement « woke » comme cultures de classe pour les cadres et les universitaires, avec le lien vers le « ralentissement d'un processus de changement économique »). Il est particulièrement intéressant de lire Weber à la lumière des analyses sociales réalisées récemment par Curtis Yarvin et Joel Kotkin sur les groupes de l'Occident contemporain, avec des noms tels que clercs, paysans, serfs et oligarques, ou vaishyas, brahmanes, dalits et hilotes. Le terme « classes sociales » aurait en fait été plus approprié que « castes » pour désigner ces derniers, même si le modèle ingénieux de Yarvin aurait alors probablement eu moins d'impact dans les milieux anglophones.
12:44 Publié dans Sociologie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, théorie politique, politologie, sciences politique, philosophie politique, max weber, karl marx, communauté, sociétés, classes sociales | |
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jeudi, 17 juillet 2025
Igor Chafarevitch et le phénomène ethnomasochiste
Igor Chafarevitch et le phénomène ethnomasochiste
par Joakim Andersen
Il y a eu plusieurs « gauches »: l'objectif de la gauche ouvrière primitive était par exemple de reproduire la Commune de Paris, tandis que la gauche dominée par les cadres visait plutôt un État thérapeutique avec le même encadrement aux commandes. Il est intéressant d'essayer d'identifier d'éventuels traits communs, une éventuelle essence historique, ainsi que la mesure dans laquelle nous avons affaire à une expression de la révolte récurrente contre l'ordre olympique qu'Evola associait à Typhon, ou si nous avons plutôt affaire à la théorie de Douguine selon laquelle la classe ouvrière est principalement une paysannerie urbanisée.
Quoi qu'il en soit, la gauche contemporaine au sens large est un phénomène intéressant. Elle présente des traits de type biologique ou de personnalité (cf. le ressentiment chez Nietzsche), des traits d'intérêts de classe (cf. la révolution managériale selon Burnham) et des traits idéologiques (cf. l'analyse de l'égalitarisme par la "nouvelle droite").
Une contribution intéressante dans ce contexte est celle d'Igor Shafarevich (1923-2017) (*), éminent mathématicien et dissident chrétien qui a notamment influencé Soljenitsyne. Dans The Socialist Phenomenon, publié en 1975, Shafarevich décrit plusieurs socialismes historiques. Même pour les lecteurs de gauche, cet ouvrage constitue une présentation enrichissante où l'auteur explicite de nombreux exemples bien connus tels que Platon, les millénaristes médiévaux, Thomas Müntzer, Campanella et Fourier, ainsi que des personnages moins connus tels que Denis Vairasse et Restif de la Bretonne. Shafarevich a ensuite tenté d'identifier les traits récurrents communs aux différents socialismes. Il estimait que ces principes étaient « l'abolition de la propriété privée, l'abolition de la famille, l'abolition de la religion, l'égalité, l'abolition des hiérarchies dans la société ». Au moins trois d'entre eux sont l'expression d'un principe, celui de la suppression de l'individualité.
Shafarevich est revenu sur l'analyse et les mises en garde de Wittfogel concernant le despotisme asiatique et a notamment cité Heichelheim: « pour les chercheurs qui ont étudié cette évolution en détail, ce n'est un secret pour personne que l'économie planifiée et le collectivisme de notre ère moderne des machines sont revenus inconsciemment aux conditions orientales anciennes partout où nous essayons d'abolir ou de modifier les formes individualistes et libertaires de société qui ont caractérisé l'âge du fer des trois derniers millénaires glorieux... les liens spirituels que le 19ème siècle entretenait avec... Israël, la Grèce et Rome sont plus souvent remplacés, dans une plus grande mesure que nous ne le pensons, par un retour aux fondements orientaux anciens». Il a également évoqué le profil psychologique unique que les socialismes exigent de leurs partisans, et a identifié le nihilisme et la pulsion de mort derrière ce phénomène. Il a notamment retrouvé ce nihilisme dans la correspondance assez peu connue de Marx et Engels, où débordaient la haine et le mépris envers tout, depuis leurs propres parents et camarades de parti jusqu'au prolétariat et à l'humanité tout entière. « Rien à faire avec ma vieille femme tant que je ne suis pas assis sur son cou », pour citer le jeune Marx. Plus tard, ils ont tous deux qualifié Heine de « chien » et Liebknecht de « chose ». Shafarevich estimait que ces passages révélaient un nihilisme profond, tout comme ceux dans lesquels divers socialistes écrivaient sur la destruction future de l'humanité (parfois avec des connotations religieuses, parfois avec des connotations matérialistes).
L'anti-peuple
De toute évidence, à chaque tournant critique de la vie d'un peuple, apparaît le même type de « petit peuple » dont les convictions fondamentales sont OPPOSÉES à la vision du monde du reste du peuple.
– Shafarevich
Les citations peu sympathiques tirées de cette correspondance sont sans doute nouvelles pour de nombreux spécialistes de Marx, y compris moi-même, mais pour le reste, The Socialist Phenomenon ne contient peut-être pas de grandes surprises. L'accusation selon laquelle le socialisme veut abolir l'individualité n'est pas nouvelle. L'article de Shafarevich intitulé Russophobia, publié en 1982, est plus original. Il y identifie une tendance, chez les émigrés et les intellectuels, à dépeindre l'histoire et la culture russes sous un jour très sombre (« une mentalité servile, un manque d'estime de soi, une intolérance envers les opinions étrangères et un mélange servile de malveillance, d'envie et d'admiration envers les puissances étrangères »). « Ils ont l'esclavage dans le sang », disait un représentant de cette tendance à propos du peuple russe. Dans le même temps, ces intellectuels étaient assez peu intéressés par les intérêts et les préoccupations de la majorité des Russes. Shafarevich écrivait ici que « dans le domaine de la nationalité, le sort des Tatars de Crimée attire beaucoup plus l'attention que celui des Ukrainiens, et le sort des Ukrainiens — plus que celui des Russes ». Il existe une parenté évidente avec l'attitude actuelle de l'établissement suédois envers la majorité suédoise, ainsi qu'avec le complexe politico-émotionnel que Guillaume Faye a baptisé «ethnomasochisme».
Shafarevich a identifié des tendances similaires au cours de plusieurs phases historiques et dans plusieurs pays. Dans certains cercles allemands au 19ème siècle, par exemple, les sympathies allaient à la France, « le terme « antipatriotisme pro-français » était en vogue. On espérait que les Français occuperaient à nouveau l'Allemagne et lui apporteraient la liberté. Ces cercles sont apparus dès la Révolution française.
Shafarevich s'est largement inspiré de l'historien français Augustin Cochin (1876-1916), qui parlait d'une certaine couche sociale ou spirituelle qu'il appelait le « petit peuple ». Il s'agissait d'un cercle ou d'un groupe de personnes vivant dans leur propre monde intellectuel et spirituel, qui étaient en grande partie à l'origine de la révolution, car « le petit peuple » a eu pendant quelques années le pouvoir sur « le grand peuple ». Berdiaev les décrivait comme « un groupe étrange de personnes, étrangères aux couches organiques de la société russe ».
Le point de vue de Cochin et de Shafarevich offre une perspective intéressante sur un aspect de la « gauche » contemporaine, à savoir qu'elle est souvent devenue « le petit peuple », aliéné du peuple parmi lequel il est contraint de vivre. Son monde intellectuel et spirituel propre est transmis notamment par certains milieux universitaires, sur les réseaux sociaux et autres. Il existe des biotypes spécifiques qui sont plus attirés par ce monde que d'autres, comparables aux « mutants malveillants » d'Edward Dutton, qui ont également des liens avec certaines couches sociales, comparables à celles de Burnham et Samuel Francis. Mais c'est aussi un environnement, une mentalité et une vision du « Grand Peuple » à part entière, où les individus peuvent se retrouver indépendamment de leur biotype et de leur appartenance sociale.
Shafarevich a été accusé d'antisémitisme lorsqu'il a affirmé que les liens entre la communauté juive russe et le « petit peuple » étaient forts dans la Russie des années 1980: « Les sentiments nationaux juifs sont l'une des principales forces qui motivent actuellement le « petit peuple ». Il a toutefois noté que cela n'avait pas été le cas pendant la Révolution française et que cette mentalité n'était pas directement liée à un groupe social ou national particulier. Dostoïevski avait prédit cette mentalité sécessionniste du "petit peuple" en ces termes: «Quiconque maudit son passé est déjà des nôtres — telle est notre formule!». Il n'est pas nécessaire d'être juif pour se sentir étranger à la population majoritaire. Les termes de Cochin constituent une contribution précieuse à la compréhension des raisons pour lesquelles certains individus et certaines couches sociales se retournent contre leur propre groupe et de la manière dont le phénomène ethnomasochiste apparaît.
Il existe également des aspects psychologiques, mieux décrits par D.H. Lawrence, ainsi que des aspects liés à la lutte des classes, où Marx et Francis sont utiles, mais la description de Cochin du « petit peuple » peut être une révélation enrichissante. Le phénomène « woke » était à bien des égards l'expression du besoin changeant mais récurrent des ressortissants du « petit peuple » de se distancier du « grand peuple ».
Note:
(*) Nous avons maintenu dans l'article la graphie anglaise du patronyme de Chafarevitch, ce qui permettra à nos lecteurs de mieux retrouver ses ouvrages scientifiques, politiques et historiques sur la grande toile car l'anglais est la seule langue en laquelle ses oeuvres ont été amplement traduites.
18:10 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : igor chafarevitch, petit peuple, sociologie | |
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mardi, 18 mars 2025
«Le secret et les sociétés secrètes» de Georg Simmel et la lutte pour le pouvoir
«Le secret et les sociétés secrètes» de Georg Simmel et la lutte pour le pouvoir
L'essai du sociologue allemand sur les dynamiques complexes de l'ésotérisme, publié par Aragno dans une nouvelle traduction italienne
par Lello Sciannimanico
Source: https://www.barbadillo.it/119816-il-segreto-e-le-societa-...
Dans Le secret et les sociétés secrètes, Georg Simmel aborde le concept de « secret » d’un point de vue sociologique et philosophique, explorant sa pertinence dans les dynamiques sociales et les structures de pouvoir. L’auteur, l'un des penseurs les plus influents de la sociologie, ne se contente pas de traiter le secret comme un phénomène exclusivement privé ou psychologique, mais l’examine comme un élément fondamental des liens sociaux, de la construction de l’identité et des hiérarchies de pouvoir.
Le texte est structuré en deux parties principales: la première se concentre sur l’analyse du secret en soi, explorant sa nature psychologique et sociale. Simmel en souligne la fonction ambivalente, capable de renforcer les liens de confiance entre ceux qui le partagent, mais aussi génératrice de suspicions et de divisions, créant une frontière subtile entre l'inclus et l'exclus. Le secret, dans cette vision, n'est pas seulement un moyen de protection, mais aussi une manière dont la société se structure, excluant et protégeant simultanément. La seconde partie du livre traite de manière incisive des « sociétés secrètes », ces groupes qui reposent sur des connaissances exclusives, réservées à quelques initiés. Simmel explore le rôle de ces organisations dans le maintien des structures de pouvoir, la création de solidarité entre les membres et l'attrait qu’elles suscitent à travers le mystère et la confidentialité. Les sociétés secrètes deviennent ainsi une lentille privilégiée à travers laquelle observer les dynamiques de pouvoir et d’appartenance qui traversent la société dans son ensemble.
Particulièrement fascinante est l'approche de Simmel concernant la relation entre visibilité et invisibilité, public et privé. Le secret, bien qu'il reste caché, exerce une influence continue sur les structures visibles de la société, créant des espaces de pouvoir, de contrôle et de résistance. Cette dialectique entre ce qui est connu et ce qui est occulté traverse toute la réflexion de l’auteur, faisant de l'œuvre une clé de lecture importante des sociétés contemporaines, tant dans la sphère politique que dans les relations intimes.
Le langage de Simmel, bien que philosophiquement dense, est extrêmement raffiné et incisif, et la traduction restitue fidèlement la richesse de la pensée originelle. Le texte se distingue par sa capacité à mêler sociologie, philosophie et psychologie, offrant une vision complexe et multidimensionnelle du secret, d’où émergent des réflexions qui ne sont en rien obsolètes concernant les structures sociales et politiques du présent.
Le secret et les sociétés secrètes est donc une œuvre d'une rare profondeur, qui continue de susciter des interrogations et des pistes de réflexion sur la nature du pouvoir, des relations sociales et de l’intimité. Un travail qui invite à s'interroger sur le rôle fondamental que joue le secret, avec son pouvoir invisible, dans nos vies sociales, politiques et personnelles. Un texte incontournable pour ceux qui souhaitent comprendre les dynamiques souterraines qui gouvernent les sociétés, tant dans le passé que dans le présent.
Georg Simmel, Il segreto e le società segrete, a cura di Giovanni Balducci e Mauro Cascio, Introduzione di Antonio De Simone, Aragno, Torino 2024 (= Georg Simmel, Le secret et les sociétés secrètes, édition par Giovanni Balducci et Mauro Cascio, introduction d'Antonio De Simone, Aragno, Turin 2024).
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mardi, 28 janvier 2025
Le triomphe de la stupidité
Le triomphe de la stupidité
Par Juan Manuel de Prada
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/el-triunfo-de-la-estupi...
Dans son dernier essai, El triunfo de la estupidez (publié chez Plaza y Janés), Jano García aborde une question politique épineuse, à savoir l'intronisation par tout dirigeant malin de la stupidité humaine comme mortier sur lequel fonder son pouvoir. Cette intronisation de la stupidité atteint son paroxysme, selon l'auteur, dans la démocratie, où les masses sont flattées comme dans aucune autre forme d'organisation politique, car le dirigeant a besoin de leur soutien pour rester au pouvoir, et où les passions viles sont élevées au rang de vertus publiques, en particulier l'envie. En fait, en établissant ce lien entre l'envie et la démocratie, Jano García ne va pas plus loin que ce contre quoi de nombreux maîtres nous ont mis en garde ; souvenons-nous, par exemple, de ces vers d'Unamuno qui nous avertissaient que lorsque « l'envie déverse son fiel sur une foule vide/de reconnaissance à l'appel sourd/elle la quitte habituellement et la transforme en une horde/qu'elle est la mère de la démocratie ».
Bien sûr, cette « mère de la démocratie » doit se déguiser en justice sociale. Non seulement pour piller les riches, comme le souligne Jano García, mais en général pour dégrader et humilier tout ce qui est bon ou beau, car les envieux ont besoin de voir piétinées les vertus qu'ils ne peuvent atteindre. L'envieux, comme le souligne Jano García, « ne sera jamais assez satisfait du pillage dont souffre son prochain jusqu'à ce qu'il soit réduit au même niveau que lui ».
C'est en effet le cœur pourri de la démocratie qui, dans cette dernière phase de dégénérescence, atteint son paroxysme par l'intronisation de démagogues qui, en attisant les basses passions de la foule, réalisent leurs desseins les plus néfastes. Dans son essai, Jano García expose avec brio les ravages que cette « envie égalitaire » - pour reprendre l'expression de Gonzalo Fernández de la Mora - est en train de causer à la communauté politique.
Dans son ouvrage de référence La démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait déjà prévu ces ravages: « Les nations de notre temps ne peuvent éviter l'égalité des conditions dans leur sein, mais il dépend d'elles que cette égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, à la civilisation ou à la barbarie, à la prospérité ou à la misère ». Tocqueville a averti que la démocratie favoriserait une nouvelle forme de despotisme, dans laquelle il suffirait au despote d'aimer l'égalité, ou même de faire semblant de l'aimer, pour que les masses rejettent toute atteinte à l'égalité, en renonçant en échange à leur liberté politique. C'est cette recette qu'utilise le Dr Sánchez, face à une société qui ne bronche pas et à une droite molle, enfermée dans la cage mentale de ses distorsions cognitives.
Jano Garcia nous montre comment l'égalité des chances, si nécessaire au maintien d'une société saine, s'est dégradée en un égalitarisme avilissant qui prétend que les ignorants peuvent réduire au silence les sages, que les paresseux peuvent vivre dans l'opulence aux dépens des travailleurs, que les vils peuvent mépriser et stigmatiser les nobles de manière olympique. Comme l'observait Tocqueville, l'égalité produit deux tendances: l'une conduit directement les hommes à l'indépendance, l'autre les conduit par une voie plus longue et plus secrète, mais plus sûre, au servage. Sans doute notre époque maudite a-t-elle choisi la voie de la servitude, qui aboutit à ce que Tocqueville lui-même appelle « la tyrannie de la majorité », où s'imposent un égalitarisme castrateur et une subversion de toutes les hiérarchies. Et cette passion égalitaire devient encore plus monstrueuse lorsqu'elle se mêle à l'obsession du bien-être, qui transforme l'être humain en victimaire avide de confort matériel et de « nouveaux droits ».
Dans un passage de son ouvrage, Jano García affirme que les stupides sont beaucoup plus dangereux que les méchants, « car un méchant, pour réaliser son plan diabolique, a toujours besoin de la participation des autres pour atteindre son but ». Un dirigeant malfaisant a en effet besoin de masses crétinisées pour se hisser et se maintenir au pouvoir. Mais si ce sont les méchants qui mobilisent les stupides, les méchants sont sans doute les plus dangereux, car ils sont à l'origine du mal, même si l'union des stupides est tragique. En effet, un noble souverain peut transformer les stupides en gens laborieux ; il peut stimuler chez eux les conduites les plus vertueuses et les plus bienfaisantes ; il peut susciter chez eux un désir d'émulation et les ennoblir, enfin, jusqu'à l'héroïsme ou à la sainteté. En revanche, un chef méchant, outre qu'il flatte les stupides, peut aussi les rendre méchants en suscitant en eux les passions les plus viles.
Un noble souverain s'efforce d'ordonner la société de façon hiérarchique, de telle sorte que les capacités de chacun, en prenant la place qui leur revient, agissent au profit des capacités des autres, en les renforçant. Le mauvais souverain, au contraire, ne fera rien d'autre que d'exciter l'envie de ceux qu'il gouverne, pour laquelle il a besoin de subvertir toutes les hiérarchies humaines, de détourner l'éducation, de frelater l'opposition, d'encourager les exigences les plus iniques et les pillages les plus sanglants. Et ainsi de suite, jusqu'à transformer la société qu'il gouverne en un pandémonium où triomphent les satans les plus bas. Mais il y a toujours des hommes bons qui parviennent, avec l'aide de Dieu, à vaincre le mal et la bêtise. Jano García en parle également dans son splendide essai ; mais il doit s'agir d'hommes prêts à être mis en pièces par la meute.
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lundi, 09 décembre 2024
L’immigration contre le féminisme
L’immigration contre le féminisme
par André Waroch
C’était une autre époque. Pourtant pas si lointaine. Une époque qui s’est achevée vers 2014, c’est-à-dire avant le mouvement #Me Too, la plus gigantesque escroquerie de ces dix dernières années, qui a consisté, pour les élites gauchistes, à mettre dans le même panier Harvey Weinstein, ses amis producteurs hollywoodiens adeptes de la promotion canapé et de l’esclavage sexuel, et tous les autres hommes.
Ainsi, les champions du padamalgam, ceux qui guettaient la moindre tentation de tout un chacun de remarquer quelques points communs entre les terroristes et la religion à laquelle ils appartiennent et au nom de laquelle ils perpétuent leurs forfaits, ceux qui affirmaient qu’il serait immoral de faire l’amalgame entre l’islamisme et l’ensemble des musulmans, c’est-à-dire 25% de la population, ont réussi, en même temps, à décréter légitime l’amalgame entre les violeurs hollywoodiens et l’ensemble des hommes, c’est-à-dire 50% de l’humanité.
Tout le monde semble avoir oublié, comme s’il s’agissait d’une époque lointaine, que, jusqu’à cette année 2014, l’idéologie qui prétendait régler les relations homme-femme était l’idéologie différentialiste et réconciliatrice de John Gray, l’auteur du célébrissime « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ».
Epoque bénie qui voyait les hommes et les femmes plébisciter un ouvrage qui prétendait aider les premiers à comprendre les secondes, et inversement ; un ouvrage qui voulait faire en sorte que les relations de couple soient plus harmonieuses, que l’ambiance au sein de la famille soit meilleure, que la société soit plus agréable, bref, que la vie humaine soit la meilleure possible.
Mais certaines personnes n’ont pas eu envie que cela se produise. Ainsi l’ineffable Caroline de Haas, qui se fendait d’un billet tout à fait clair en 2016 intitulé « percuter l’illusion de l’égalité » en entreprise. L’objectif était donc clair : casser le logiciel différencialiste et réconciliateur de Gray pour lui substituer une idéologie de haine et de séparation.
Pour cela, le plus pratique, évidemment, était de s’adresser aux femmes. Car ce sont elles qui sont les plus influençables. Ce n’est pas la peine de pondre un traité de philosophie ou de psychologie pour le comprendre: il suffit de regarder les publicités télévisées et de se demander qui est le public visé; poser la question, c’est y répondre.
Pour influencer les femmes, les firmes capitalistes, qui sont en réalité les seules responsables de la réapparition du féminisme après quarante ans de disparition due à l’obtention définitive de l’égalité des droits, ont envoyé d’autres femmes, preuve que le précepte christique « pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » ne s’applique pas à leurs dirigeants. Ils ont décidé de cette manipulation des femmes avec le plus parfait cynisme, en utilisant ce réflexe qu’on appelle la sororité, et que je serais tenté de nommer solidarité féminine obligatoire : face aux hommes, les femmes, instinctivement, veulent faire bloc, et celles qui ne ressentent pas cet instinct, qui seraient tentées de prendre parti pour « l’ennemi » parce qu’elles estimeraient qu’il a raison, sont terrorisées à l’idée d’être exclues du groupe des femmes pour crime de haute trahison envers son « genre » (puisqu’il est maintenant admis que cette traduction littérale débile de l’anglais gender doit remplacer le mot « sexe »).
Ainsi, en France et en Europe, les hommes se voient, depuis dix ans, traités, sur tous les médias, toute la journée et toute l’année, par des féministes prétendant parler au nom de toutes les femmes: de porcs, de violeurs, d’oppresseurs, de sociopathes, voire de tueurs, avec le silence assourdissant, quand ce n’est pas l’approbation bruyante, de toutes les autres femmes, en tout cas des femmes occidentales.
Mais, pour une fois, la réaction des jeunes hommes français a été très rapide, voire brutale. Pour simplifier : plus personne ne veut se mettre en couple. Effectivement, pour quoi faire ? Avoir des enfants qu’on ne verra plus s’il prend à Madame l’envie de divorcer ? Avoir du sexe quatre fois par an quand il prendra à Madame l’envie de faire des galipettes (il est maintenant admis qu’accepter un rapport juste pour faire plaisir à son homme est une abomination) ? Ecouter des leçons de morale féministes toute la journée ?
En réalité, les jeunes hommes français ont, sans le savoir, appliqué entièrement le programme du féminisme. Et, pour savoir quel est ce programme, quel est le but secret du féminisme, ce n’est pas Caroline de Haas, ce n’est pas Emmanuelle Piet, ce n’est pas Lucile Peytavin qu’il faut sonder, mais ceux qui les dirigent, qui les subventionnent, qui les financent : ceux qui savent ce qu’ils font.
Le but du féminisme est en réalité simple, limpide, clair comme de l’eau de roche : détruire les relations homme-femme, donc détruire le couple, donc détruire la famille, donc détruire la société. Car peut-on encore appeler société un agglomérat d’individus isolés, solitaires, végétant dans leur studio, consacrant leur vie entière au travail, à la consommation et à la vie virtuelle ?
Et une fois cette « société » mise en place ? Les firmes capitalistes qui auront utilisé le féminisme pourront vendre à ces individus atomisés à peu près tout ce qu’elles veulent leur vendre, à commencer par ce qu’ils auraient pu avoir non seulement gratuitement, mais avec de l’amour : du sexe. Car un des grands enjeux du féminisme est de contractualiser, et, au final, de systématiquement faire payer aux hommes l’accès au sexe.
D’où ce paradoxe absolument ignoble, ahurissant : les féministes assimilent à un viol le fait qu’une femme puisse accepter un rapport sans envie pour faire plaisir à son mari, mais ne trouve rien à redire au fait qu’elle accepte un rapport sans envie avec un inconnu pour cent cinquante euros.
Un des arguments, tordants, des féministes en faveur de leur mouvement, est qu’il est dans l’intérêt des hommes d’y adhérer ; ce qui est partiellement vrai. Sauf que les hommes qui trouveront leur bonheur dans le féminisme sont ceux qui ont toujours attiré l’ire de ces dames : ceux qui ne veulent pas s’engager, qui ne veulent aucune responsabilité, qui ne veulent pas d’enfants, qui se complaisent dans une adolescence éternelle.
En réalité, le féminisme incite les hommes qui auraient pu vouloir s’engager il y a encore dix ou vingt ans à ne surtout plus le faire.
Ce en quoi ils se trompent : car les féministes et les gens qui les financent ont oublié ce qui pourrait devenir l’arme absolue des hommes français qui veulent encore trouver la femme de leur vie, s’installer avec elle et avoir des enfants : les femmes de l’immigration.
Contrairement aux passport bros, essentiellement des Noirs américains qui partent aux Philippines ou en Thaïlande parce qu’ils cherchent à échapper aux dernières cinquante années d’émancipation de la femme et d’égalité des droits, et qu’ils veulent une épouse naïve et soumise, les jeunes Français ne cherchent à échapper qu’aux dix dernières années de féminisme délirant. Ils sont toujours dans le logiciel égalitaire des années deux mille, celui que les Françaises ont cassé en exigeant l’avènement d’un suprémacisme féminin dans lequel elles auront sans cesse plus de droits et moins de devoirs que les hommes.
Pour trouver des femmes qui sont toujours dans ce logiciel égalitaire, qui l’appellent de leurs vœux, souvent parce qu’elles viennent de sociétés réellement inégalitaires vis-à-vis de la femme, et qui appellent de leurs vœux un homme qui ressemble à peu près à un homme, il est maintenant évident que les jeunes Français doivent s’ouvrir à ce qu’ils ont autour d’eux : les millions et les millions de femmes polonaises, russes, roumaines, asiatiques, antillaises, africaines que l’immigration massive a amenées dans notre pays au cours des quarante dernières années.
Pour comprendre quelle est la situation, et comment les femmes peuvent passer de l’état de problème à l’état de solution, mais en changeant de femmes, il faut se rappeler l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Comparaison incongrue, me direz-vous : Charles de Gaulle appelait les Français vaincus et défaits à ne pas se laisser abattre, à reprendre espoir et à reprendre la lutte ; et il s’agissait d’une guerre, une guerre que les Français venaient de perdre dans les grandes largeurs.
Et bien il s’agit toujours d’une guerre : une guerre fourbe, une guerre impitoyable, une guerre politique, médiatique et psychologique ; une guerre que les Français ont également perdue dans les grandes largeurs, un « blitzkrieg gauchiasse » pour reprendre l’expression de Daniel Conversano à propos d’un tout autre évènement ; une guerre pourtant qu’ils peuvent reprendre et qu’ils peuvent gagner, une guerre pour les femmes, une guerre pour la reproduction, une guerre pour la vie, une guerre pour la perpétuation de leur civilisation.
Que disait Charles de Gaulle ?
- Que cette guerre n’était pas finie, car c’était une guerre mondiale ; que la France n’était qu’un théâtre d’opération parmi d’autres.
- Que les Français avaient été submergés par une force supérieure, et qu’ils pouvaient l’emporter demain en utilisant une force encore supérieure
- Que cette force encore supérieure, il faudrait aller la chercher dans d’autres parties du monde, notamment dans l’empire colonial français.
Charles de Gaulle, cet authentique visionnaire, ce « chrétien nietzschéen » loué par Pierre Lance, avait compris que le danger était de limiter le débat et le combat à une perception franco-française, ou franco-allemande, des choses.
La guerre que les Français actuels ont perdu, c’est le « blitzkrieg gauchiasse » opéré par le féminisme. Blitzkrieg qui a triomphé, à peu près simultanément, dans l’ensemble du monde occidental. Cette force supérieure, c’est la grande bourgeoisie occidentale, prête à sacrifier sa classe moyenne et son prolétariat sans aucun remords.
Les Français qui ont perdu par les femmes, demain, peuvent triompher par les femmes. Mais pas les mêmes : ces femmes issues de notre empire colonial ou de l’ancien empire colonial russo-soviétique, venant de pays où le féminisme n’existe pas, où seul existe, combattu ou déjà triomphant, l’égalité, ou, plus exactement, la symétrie des droits et des devoirs, rendue possible par l’évolution technologique (et non pas -fable ridicule- par un quelconque combat féministe).
Les femmes de l’immigration, voilà cette force encore supérieure qui permet de battre le Système à son propre piège, en utilisant une de ses armes contre l’autre, c’est-à-dire l’immigration contre le féminisme.
16:50 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : immigration, féminisme, actualité, sociologie | |
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mercredi, 04 décembre 2024
L'École de Francfort: la pensée néocommuniste qui a changé l'Occident
L'École de Francfort: la pensée néocommuniste qui a changé l'Occident
par Sara (Blocco Studentesco)
Source: https://www.bloccostudentesco.org/2024/11/21/bs-scuola-di...
L'école de Francfort est une école de pensée qui a vu le jour dans les années 1920 dans la République de Weimar. Les philosophes adhérant à cette école ont opéré une synthèse entre la psychanalyse freudienne et l'idéologie marxiste, conduisant à faire émerger ce que l'on pourrait appeler le « néo-communisme psychanalytique ». Les membres de cette école ont réussi, surtout après la Seconde Guerre mondiale, à infiltrer les écoles publiques, le gouvernement et à influencer l'ensemble de la société occidentale. Leurs idées sont d'ailleurs toujours à l'ordre du jour.
Theodor Adorno, le penseur le plus important de l'École, estimait que les conceptions traditionnelles de la société, telles que les vérités universelles, cachaient souvent des contradictions et des problèmes. Pour lui, la tâche de la théorie sociale et de la pensée critique était précisément de mettre au jour ces contradictions. Dans son livre intitulé « Dialectique négative », Adorno a critiqué la philosophie traditionnelle pour sa tentative de créer des systèmes logiques et ordonnés pour expliquer le monde, allant même jusqu'à affirmer qu'elle servait à justifier l'oppression sociale. Sa critique s'étendait également à l'art qui, selon lui, perpétuait l'oppression sociale en présentant des visions d'harmonie, de beauté et de vérité. Dans une déclaration célèbre, il a écrit : « Écrire de la poésie après Auschwitz est barbare », ce qui signifie que l'art qui véhicule des idéaux de beauté et de vérité renforce les idéologies oppressives. Selon Adorno, ce qui paraît beau ou harmonieux exclut et opprime ce qui n'est pas conforme à cet idéal, et doit donc être déconstruit.
Cette critique de la beauté et des valeurs traditionnelles a alimenté une approche sceptique qui a encouragé la résistance à ce qu'Adorno a appelé la « coercition spiritualisée ». Les idées d'Adorno ont laissé un héritage durable sur la pensée critique contemporaine. Les critiques d'aujourd'hui se méfient souvent de la beauté, de l'harmonie et des récits moraux. Ce regard critique a conduit à la perception que toute forme d'art traditionnelle ou belle est « fasciste » parce qu'elle implique une hiérarchie : si quelque chose est beau, quelque chose d'autre doit être laid ; si quelque chose est vrai, quelque chose d'autre doit être faux. Cette attitude peut être observée dans la critique culturelle moderne, où la beauté est souvent déconstruite. Cette critique accuse souvent l'art traditionnel, les récits et même la morale d'incorporer des systèmes cachés de violence et de conformité.
Le rejet de l'esthétique traditionnelle par Adorno présente des similitudes avec l'activisme moderne « woke », qui cherche à démanteler les institutions et les structures sociales jugées oppressives, y compris les normes de beauté et de moralité. Ce type d'activisme célèbre souvent des figures qui remettent en question les hiérarchies traditionnelles, comme les « filles patronnesses » ou les mouvements de sexualité alternative, comme une forme de résistance contre le patriarcat et les normes conservatrices. Ces attitudes se reflètent en fait dans les théories de l'école de Francfort, qui considérait l'opposition à la tradition comme un acte libérateur.
Herbert Marcuse, un autre membre influent de cette école, a élargi la critique d'Adorno en y intégrant les idées de Freud sur la sexualité. Dans son livre Eros et Civilisation, Marcuse affirme que les systèmes économiques capitalistes répriment la sexualité pour maintenir le contrôle sur la main-d'œuvre. Dans ce contexte, les relations hétérosexuelles et reproductives étaient considérées comme fonctionnelles pour la production capitaliste. Avec le communisme, cependant, cette répression disparaîtrait, permettant à la sexualité de s'exprimer librement. Bien que Marcuse se soit inspiré de Freud, il s'en est éloigné en rejetant l'idée que la répression était nécessaire à la civilisation. Il imagine une « civilisation non répressive » dans laquelle le travail deviendrait un jeu et l'énergie érotique s'exprimerait librement. Marcuse voit dans le mythe de Narcisse, qui tombe amoureux de son propre reflet, une métaphore du rejet des normes sociales et de l'adhésion à l'individualisme. Selon lui, le dépassement des distinctions traditionnelles de genre et de sexualité conduirait à une nouvelle culture libérée, dans laquelle le retour à un état pré-répressif dissoudrait les structures sociales traditionnelles.
Après tout, l'école de Francfort nous a laissé un héritage précieux: l'art de la critique perpétuelle, qui ne manque jamais une occasion de démonter, de déconstruire et finalement de détruire tout ce qui représentait autrefois la beauté, l'ordre et la vérité. Aujourd'hui, son influence se reflète dans une société qui célèbre la désintégration des valeurs traditionnelles, qui considère l'harmonie comme un acte d'oppression et l'individualisme comme un signe de libération. En associant Marx et Freud, l'École a créé un cocktail mortel d'idéologie et de psychanalyse qui continue à renforcer la croyance que toute hiérarchie, toute norme, toute structure sociale est une forme déguisée de domination. Et, bien sûr, ce qui reste à célébrer, ce sont les petites victoires contre la beauté et l'ordre: les nouveaux héros sont les « meilleurs » ennemis de la beauté, les champions de l'idéologie, les adversaires de l'harmonie qui luttent courageusement contre les vestiges d'une société qui ose encore apprécier le classicisme et l'élégance. Car, comme l'enseigne l'École de Francfort, tout ce qui est trop beau, trop soigné, trop traditionnel, est assurément fasciste, oppressif et digne d'être balayé. Finalement, pour ceux qui ont appris à mépriser tout ce qui représente la vérité et la beauté, il y a toujours un combat à mener contre une civilisation qui n'a jamais pris la peine de perdre. Mais au milieu de cette tempête idéologique, il y a encore de la place pour ceux qui croient que la beauté et l'ordre peuvent être des forces libératrices. C'est en redécouvrant la beauté et en embrassant les valeurs qui ont résisté à l'épreuve du temps que nous pourrons véritablement construire une société qui non seulement existe, mais prospère.
19:04 Publié dans Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie, sociologie, école de francfort, theodor w. adorno, herbert marcuse | |
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dimanche, 17 novembre 2024
Comment la presse moderne inventa notre réalité
Comment la presse moderne inventa notre réalité
par Nicolas Bonnal
La presse invente une réalité dans laquelle baigne l’humanité. On voit en Amérique, partie la plus avancée sur le plan technologique, qu’une bonne partie de la population arrive à s’extraire du simulacre de réalité (mais la réalité peut-elle être autre chose, Ô Maya ?) et commence à comprendre. Mais elle même s’adresse au réseau, à la matrice. Les vieux médias vont sans doute crever en Amérique (en France ils sont fonctionnarisés-donc-increvables) mais ils sont remplacés par sans doute pire qu’eux, ce que la vieille garde démocrate, par la voix des frères Coen, avait nommé l’Idiocratie. Le pullulement d’analphabètes néo-cons dans l’administration Trump rassérénera les amateurs qui adulent tel messie pacifico-politico-médiatique.
La presse invente la réalité de deux manières : l’idéologique (la plus facile à comprendre) et la technologique, la typographique, disait McLuhan, qui a montré à quel point l’Occidental moyen aura été altéré par cette typographie. McLuhan termine son magistral (et totalement incompris car non lu) ouvrage par une puissante réflexion sur la Dunciade de Pope qui lui-même comprend au début du dix-huitième siècle les conséquences de ce pullulement typographique d’information qui va anéantir toute voie vers la Vérité et répandre l’imbécillité industrielle. Citons encore Chesterton et son infini Nommé Jeudi :
— Non, dit Ratcliff. Le genre humain va disparaître. Nous en sommes les derniers représentants.
— Peut-être, répondit le professeur, d’un air distrait ; puis il ajouta de sa voix rêveuse : comment est-ce donc, la fin de la Dunciade ? Vous rappelez-vous ?… « Tout s’éteint, le feu de la nation comme celui du citoyen. Il ne reste ni le flambeau de l’homme ni l’éclair de Dieu. Voyez, ton noir Empire, Chaos, est restauré. La lumière s’évanouit devant ta parole qui ne crée pas. Ta main, grand Anarque, laisse tomber le rideau et la nuit universelle engloutit tout ! »
La réalité idéologique (idéolochique, comme dit Céline dans ses éclairés pamphlets) est facile à comprendre et on la connaît : changement climatique, inondations, racisme, vaccination pour un oui ou pour un non, invasion migratoire, guerre mondiale contre Chine, Iran, Russie, Bataclan, peur des virus informatiques, peur de l’islam et de son antisionisme, peur du souverainisme (pire simulacre pourtant des temps qui courent), encore etc.
Et puis il y a la réalité ontologique ou technologique. Elle est plus grave, c’est la prison noire de fer de Philip K. Dick. C’est quand toute représentation remplace la réalité. On cite Borges dans un espagnol très simple, le fameux texte où la carte remplace la terre-territoire, texte sans cesse cité par Baudrillard, qui en fait la clé de Simulacre et simulation, livre-source comme on sait du film Matrix.
« En aquel Imperio, el Arte de la Cartografía logró tal Perfección que el mapa de una sola Provincia ocupaba toda una Ciudad, y el mapa del Imperio, toda una Provincia. Con el tiempo, estos Mapas Desmesurados no satisficieron y los Colegios de Cartógrafos levantaron un Mapa del Imperio, que tenía el tamaño del Imperio y coincidía puntualmente con él. »
L’altération psychique et intellectuelle causé par la typographie a été totale en Occident : elle a même créé le nationalisme, valeur antitraditionnelle (Evola et Guénon auraient dû lire cette école canadienne...) au possible, et crée le citoyen-métronome-automate moderne, consommateur-conscrit-contribuable et conditionné.
Et la presse va plus loin ; car si elle formate aussi bien les esprits depuis des siècles (ce qu’observent Tolstoï, Fichte, Bernanos…) c’est qu’elle est elle-même formatée pour présenter une actualité qui n’est pas l’actualité réelle. La réalité elle l’invente. C’est ce que dit un grand journaliste américain de Time, T. S. Mathews, cité par Jacques Barzun dans son légendaire pavé sur l’aube et la décadence (From Dawn to Decadence).
« On suppose que l’essentiel de la presse est l’actualité. Si la nouvelle est ce qui s'est passé hier, alors les journaux publient énormément de fausses nouvelles. L’information est ce que produit la presse.
La plupart des reportages internationaux sont réalisés par la presse elle-même : interviews d'hommes, événements importants, rapports sur des situations graves, rapports politiques, "spéculations fondées", etc. Une grande partie de la presse a véritablement cessé de se concentrer exclusivement sur les faits — T. S. MATHEWS (1959) ».
La mise en scène de « l’actualité » par la presse abolit la réalité. On en revient au grand théâtre baroque, à Corneille (le Menteur, l’Illusion), à Gracian, au Jacques de Shakespeare. Aujourd’hui on en arrive à la mise en scène informatique, celle de Musk qui a gagné facilement l’élection américaine, et qui abolit le règne de la télé, au moins en Amérique. L’Europe trop vieillie et réac dans son socialisme-humanisme obtus, risque de rater le coche…
Relisons Baudrillard sur cette abolition non de l’actu mais de l’Histoire par l’information :
« Ce n’est pas la fin de l’histoire au sens de Fukuyama, par résolution de toutes les contradictions qu’elle avait soulevées, mais la dilution de l’histoire en tant qu’événement : sa mise en scène médiatique, son excès de visibilité. La continuité du temps qui est une façon de définir l’Histoire (pour qu’il y ait récurrence possible d’une séquence de sens, il faut bien qu’il y ait un passé, un présent, un futur, avec une continuité entre eux) est de moins en moins assurée. Avec l’instantanéité de l’information, il n’y a plus de temps pour l’histoire elle-même. Elle n’a pas le temps d’avoir lieu en quelque sorte. Elle est court-circuitée. »
Baudrillard poursuit implacable en s’en prenant à son ami Paul Virilio : car l’actu, l’info, la matrice informative peut aussi nous priver de cette apocalypse dont se gargarisent certains ; rappelons que cette apocalypse est un produit de la Réforme, de la Renaissance, de la typographie, et que ce redoutable brulot fasciste-communiste-illuminé et exterminateur a suffisamment fanatisé-hypnotisé-conditionné les Allemands pour en exterminer un tiers en un siècle (voir le texte de Rothbard) :
« Il se place en position apocalyptique, de prophète anti-apocalyptique tout en étant persuadé que le pire peut advenir. Sur ce point, on a fini par diverger. Car, je ne crois pas à cette apocalypse réelle. Je ne crois pas au réalisme de toute façon, ni à une échéance linéaire de l’apocalypse. À la limite, si l’on pouvait espérer cet accident total, il n’y aurait qu’à le précipiter, il ne faudrait pas y résister. L’avènement du virtuel lui-même est notre apocalypse, et il nous prive de l’évènement réel de l’apocalypse. Mais telle est notre situation paradoxale, il faut aller jusqu’au bout du paradoxe. »
La vraie apocalypse, c’est qu’il n’y aura pas d’apocalypse, le monde n’étant plus assez réel...
Sources :
https://ciudadseva.com/texto/del-rigor-en-la-ciencia/
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/04/09/jean-baudr...
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Nomm%C3%A9_Jeudi/Texte_...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2024/10/20/chesterton...
https://www.ocopy.net/wp-content/uploads/2017/10/mcluhan-...
https://mediosyhumanidades.wordpress.com/wp-content/uploa...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/22/le-communi...
13:37 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, simulacre, sociologie, post-vérité, nicolas bonnal | |
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samedi, 16 novembre 2024
La famille traditionnelle comme facteur de durabilité du monde multipolaire
La famille traditionnelle comme facteur de durabilité du monde multipolaire
Marina Bakanova
Sur l'exemple des BRICS
L'un des grands thèmes de la géopolitique, aussi étrange que cela puisse paraître, est la famille. L'idée elle-même est assez ancienne, mais aujourd'hui, au vu des nombreux événements qui se déroulent, cette notion est redevenue d'actualité.
La famille traditionnelle est considérée comme un facteur de durabilité du monde multipolaire. C'est ce qui ressort notamment de la déclaration finale de la "troisième réunion eurasienne des compatriotes russes", intitulée « Women's Agenda of the Compatriotic Movement in the Context of Preserving Traditional Family Values », qui s'est tenue à New Delhi le 9 avril 2024. Les participants à la réunion sont convaincus que les valeurs traditionnelles ainsi que l'aspiration des peuples à une liberté, une justice et une souveraineté véritables serviront de base au futur monde multipolaire (Conseil mondial de coordination des compatriotes russes vivant à l'étranger).
De nombreux pays se sont penchés sur la question de la famille traditionnelle en raison de la décomposition du concept de famille dans les pays de l'Occident global, de la crise systémique des valeurs et des relations familiales, ainsi que de la promotion agressive de modèles familiaux non traditionnels, y compris dans les réseaux sociaux. Il convient également de noter la forte baisse des taux de natalité dans la plupart des pays du monde, pour diverses raisons. Il est clair qu'en Russie, par exemple, les échecs démographiques suite à la Grande Guerre patriotique et à la dépression des années 1990 resteront longtemps en suspens. En Chine, le programme « Une famille - un enfant » a eu un impact significatif. En Inde, la situation ne semble pas aussi grave, mais les familles urbaines soutiennent activement le programme « Do bacha - acha » (« Deux enfants - excellent »), surtout si les deux sont des garçons. Il convient de noter que les deux pays connaissent un énorme déséquilibre entre les sexes, en plus du problème des enfants en bas âge. Le Brésil se caractérise également par une forte baisse de la fécondité: 1,5 enfant. Dans ce cadre, la situation de l'Afrique du Sud est un peu meilleure - le taux de natalité de 2,3 enfants par femme permet non seulement de préserver, mais même d'augmenter la population, même si l'échec démographique de 1995-2010 aura aussi inévitablement un impact dans les années à venir. La situation est toutefois meilleure dans les nouveaux pays BRICS: cela est dû en partie à leur faiblesse à atteindre le niveau des pays post-industriels, et en partie à la religion et à la mentalité orientale.
On assiste également à une crise de la vie familiale, avec des taux de mariage en baisse dans presque tous les pays et des taux de divorce en hausse. Pour diverses raisons, la situation est pire en Russie parmi les pays membres des BRICS. En même temps, l'orientation du mouvement tend vers la même direction et c'est bien sûr une caractéristique de tous ces pays. Le format de la famille change également, avec un glissement vers la forme nucléaire: la Russie et la Chine sont particulièrement actives dans ce sens.
L'Inde et les pays arabes sont traditionnellement caractérisés par la parenté et les familles élargies, avec non seulement plusieurs générations vivant ensemble, mais aussi des parents proches, en particulier dans les zones rurales. L'Afrique du Sud et le Brésil se situent à peu près à mi-chemin entre les premières et les secondes. Toutefois, pour compléter le tableau, il convient de noter qu'une famille nucléaire peut être isolée de ses proches qu'elle ne voit que lors des grandes fêtes (modèle occidental de responsabilité parentale jusqu'à la majorité de l'enfant), ou maintenir un format de communication étroit avec eux (en particulier avec la génération plus âgée) indépendamment de la distance physique, ce qui est typique de la Russie et de la Chine.
Il convient de noter que les familles élargies ou nucléaires, mais avec des liens familiaux étroits, sont les plus durables et sont conçues pour assurer un développement social global à l'échelle d'un pays et surmonter la crise des valeurs familiales. Les familles traditionnelles ne doivent pas être considérées comme un idéal exclusivement patriarcal. Au vu de l'évolution d'un certain nombre de pays, elles sont en effet pratiquement identiques, mais il existe une réelle possibilité de former une famille à orientation traditionnelle sur d'autres bases.
La position dominante de l'homme dans la famille, due au développement des femmes et à leur leadership au cours des dernières décennies, est tout à fait contestable et peut être remplacée par des relations égales entre conjoints qui écouteront non seulement l'autre, mais aussi l'opinion des générations plus âgées et plus jeunes. Une telle famille, tout comme une famille patriarcale, encourage la préservation des traditions: le respect des parents et des aînés, l'hommage à la mémoire des ancêtres et aux sanctuaires familiaux, l'accomplissement des rôles familiaux, professionnels et civils, tandis que la plupart des décisions familiales sont prises de manière collégiale.
La notion de « responsabilité collective » semble dépassée car dans une telle situation « personne n'est responsable de rien », mais de nouveaux modèles peuvent être réalisés grâce aux capacités personnelles des membres de la famille. Lorsque chacun fait ce qu'il sait le mieux faire (décisions, loyauté, responsabilité) par rapport aux autres, la famille contribue à la préservation et à l'amélioration de la qualité de vie.
Une telle famille contribue à la préservation et au développement de fondements moraux élevés pour la formation des relations familiales, la continuité des générations et l'exhaustivité de l'éducation morale, éthique et spirituelle.
L'analyse des tendances négatives de l'évolution de la famille dans les pays du Global West permet de conclure que, pour la société non occidentale, la famille traditionnelle est le seul modèle de relations familiales capable de surmonter la crise dans ce domaine. Il convient de noter que les études menées dans les pays BRICS révèlent des tendances à une perception plus positive de l'image de la famille traditionnelle et des valeurs familiales, même parmi les habitants des grandes métropoles.
Dans son essence, le système néocolonialiste et néoféodal du monde unipolaire, qui est actuellement promu par l'Occident global sur la base du monde anglo-saxon, est la pire version du patriarcat (oui, le patriarcat peut être positif, mais pas dans ce cas) - une dictature absolue du pouvoir au niveau international et une anarchie complète au niveau social. En même temps - en fait - ils ont complètement détruit l'institution de la famille dans leurs pays. En revanche, le monde multipolaire peut être considéré comme une variante de la famille élargie, basée sur le « droit des égaux » tout en respectant les intérêts de chacun. Les réalités de la grande politique montrent que ce format ne donnera pas une « vraie famille », pas plus qu'aucun autre, mais il n'y a pas de besoin particulier à cet égard. La famille traditionnelle moderne est caractérisée par la compétition et la rivalité, mais tout cela repose sur la capacité de négocier, l'équité et le respect mutuel. Il convient de noter que le sommet des BRICS à Kazan l'a prouvé.
Nous venons tous, d'une manière ou d'une autre, de notre enfance et, par conséquent, le format d'une famille traditionnelle moderne contribuera non seulement à jeter les bases et à développer l'ensemble des qualités nécessaires chez les futurs membres de la société, mais il apprendra également à la prochaine génération à construire ses relations avec le monde dans le même cadre, y compris les relations interethniques, interreligieuses et entre les pays. Ce qu'il est actuellement possible d'observer dans une certaine mesure dans les plateformes des BRICS.
Ainsi, malgré la crise mondiale de la famille traditionnelle, les pays du Sud se sont révélés relativement plus résistants, préservant les valeurs traditionnelles, y compris dans les modèles familiaux. Toutefois, comme on peut le constater, les familles purement patriarcales ne sont pas activement représentées dans les pays BRICS à l'heure actuelle, et la famille se développe dans le cadre de la construction de partenariats, tandis que les valeurs familiales ne se perdent pas, mais se développent en phase avec l'époque. Les formats modernes de la famille traditionnelle sont certainement importants non seulement pour l'éducation de la nouvelle génération, mais aussi pour le développement des relations internationales et des modèles de diplomatie.
Le modèle de la famille traditionnelle, actualisé en fonction des réalités d'aujourd'hui, devrait devenir un modèle prometteur pour l'organisation des relations familiales dans une société multipolaire moderne, tenant compte des traditions et de la mentalité des peuples qui la composent, conçu pour assurer un développement social global à l'échelle nationale et internationale, et pour surmonter la crise des valeurs familiales dans la société du Sud.
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samedi, 14 septembre 2024
La nouvelle guerre de l'opium et le silence intolérable de la politique
La nouvelle guerre de l'opium et le silence intolérable de la politique
par Maurizio Bianconi
Source: https://www.destra.it/home/sporchi-affari-la-nuova-guerra-delloppio-e-lintollerabile-silenzio-della-politica/
La Compagnie des Indes orientales, expression de l'empire colonial britannique, a fondé une grande partie de sa fortune sur le commerce de l'opium, principalement vers la Chine. Lorsque l'empereur de la Cité interdite a pris conscience de la dégradation causée par ce commerce, il a interdit la circulation et la consommation de drogues. Les Britanniques ont réagi avec une extrême détermination en déclenchant deux guerres successives qui sont entrées dans l'histoire sous le nom de « guerres de l'opium » (1839-1842 et 1856-1860). La Chine a été contrainte de tolérer le trafic, le commerce et la consommation effrénée de drogues, l'opium en premier lieu. Ce phénomène a contribué à la désintégration de la structure politique de l'empire chinois et à sa ruine économique, au profit de la reine Victoria et de sa superpuissance coloniale. D'où l'idée souvent répétée que le Royaume-Uni a été le premier narco-État de l'histoire moderne.
Il a été noté sporadiquement que Karl Marx a observé le phénomène et a écrit que la propagation de la consommation de drogues est un outil très utile pour la destruction des structures de l'État capitaliste et la victoire de la lutte des classes qu'il avait théorisée. Un siècle plus tard, l'un de ses disciples, peut-être le plus observateur, Fidel Castro, a tenté de mettre cet enseignement en pratique. À des fins économiques et dans le but politique de saper l'ennemi n°1, les États-Unis, il s'est inséré dans le commerce de la drogue vers les États-Unis. Il a profité de la position géographique de Cuba, mis à disposition des navires, des ports et des laboratoires de raffinage situés dans les anciens repaires des « barbudos » de la Sierra Maestra. Sous le prétexte de l'embargo américain, il a récupéré et blanchi des avalanches de dollars provenant du trafic de drogue.
Cela a dépassé les limites de la décence et, sous la pression de son principal allié, Castro a été contraint de sacrifier son camarade le plus loyal, le héros communiste, le général Ochoa, qui, au nom de la révolution, a prétendu être le seul responsable des crimes découlant du trafic international de drogue par soif d'enrichissement personnel et a accepté, en conséquence, de se faire fusiller.
Si l'on lit aujourd'hui les chiffres de la mortalité due à la consommation de drogues, même synthétiques, on reste bouche bée. Aux États-Unis, le décompte le plus précis pour 2023 s'élève à 115.000 morts. Deux fois plus que le nombre de soldats américains qui ont péri pendant les 12 années de guerre au Vietnam. En Europe, et particulièrement en Italie, nous n'en sommes pas à ces chiffres astronomiques. Mais vous savez: aux États-Unis, tout se passe à l'avance et ensuite, en cascade, les phénomènes s'emparent également de l'Europe et de notre pays. Il suffit d'attendre. Il n'est pas facile de prévoir combien de temps.
Ce qui est certain, c'est qu'en Italie, environ 40% des citoyens âgés de 15 à 70 ans ont consommé des drogues. Cette consommation surabondante affecte la capacité générale à s'appliquer, à apprendre, à travailler. Elle s'immisce dans les relations et les communautés, crée des poches d'ombre avec une propension généralisée à l'égoïsme social et une baisse du sens civique. Jusqu'à l'effondrement prédit par Marx et déjà perceptible aux États-Unis.
Il ne faut pas mener une bataille manichéenne sur cette question. Il n'y a pas de pervers ou de sauveur. Il y a une réalité qui n'est pas abordée avec sérieux et rigueur, mais avec des critères idéologiques et factionnistes de part et d'autre. On pense davantage à aboyer et à diviser qu'à comprendre les effets dévastateurs sur la résilience du système. On ne met pas en évidence les conséquences induites par le phénomène qui conduit à l'insignifiance progressive des citoyens, eux aussi démotivés et affaiblis par cette éventualité, et la passation progressive du contrôle à quelques détenteurs de la technologie gérant l'argent du pouvoir.
Comme à chacune de leurs étapes, ils s'emploient constamment à écarter les citoyens des rôles actifs, économiques et politiques. L'arme de Marx devient stratégiquement l'outil de la finance et du pouvoir, c'est-à-dire ses ennemis historiques. Ceux dont l'objectif est le profit et la domination, et non la prospérité, la liberté et les droits, tirent profit et force d'une communauté en déclin et en faillite.
Ce n'est pas une coïncidence si, en 2014, Eurostat a légalisé de facto le commerce et la consommation de drogues, en décidant que les revenus correspondants devaient être comptabilisés dans le PIB. Ce n'est pas non plus une coïncidence si les fonds internationaux ont dépassé les banques en termes de puissance de feu spéculative, digérant et investissant l'argent de la drogue.
L'énormité de cet état de fait, rarement soulignée par le monde politique, met en exergue les batailles mesquines sur le cannabis oui, le cannabis non. Tandis que dans les rues, c'est la guerre, à la maison, les enfants jouent avec des petits soldats.
14:05 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drogues, guerres de l'opium, toxicomanie | |
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samedi, 17 août 2024
L'Occident collectif élimine la classe moyenne en la contraignant à une décroissance malheureuse
L'Occident collectif élimine la classe moyenne en la contraignant à une décroissance malheureuse
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/loccidente-collettivo-elimina-il-ceto-medio-costringendolo-alla-decrescita-infelice/
Il y a hypocrisie paradoxale du pouvoir dans l'Occident collectif. En Italie, en France, en Allemagne, tous les entrepreneurs se plaignent parce que la classe moyenne a drastiquement réduit sa consommation. À cause des salaires insuffisants payés par ces mêmes entrepreneurs qui se plaignent. Et les gouvernements continuent à taxer cette même classe moyenne, l'appauvrissant et la prolétarisant progressivement.
Mais la situation aux États-Unis est encore plus absurde. Les deux candidats à la présidence ont choisi comme députés des personnes qui devraient être en mesure de récupérer les votes de la classe moyenne nord-américaine. Appauvrie par les choix de Trump en faveur des plus riches et par les politiques de Biden sur la scène internationale qui ont eu des répercussions sur la classe moyenne. Qui, et ce n'est pas un hasard, a également été drastiquement réduite numériquement. Et qui, dans l'ensemble, a connu une croissance économique deux fois moindre que celle des plus riches.
Le Sud global, au contraire, tente de faire croître la classe moyenne dans tous les pays. Au-delà des positions idéologiques et des alliances stratégiques. Car la classe moyenne garantit la consommation qui tire la production intérieure. Alors que les choix néo-meloniens, en Italie, de procéder par primes et gratifications au bénéfice des évadés fiscaux et des migrants plus ou moins réguliers, au détriment des vrais pauvres italiens, ne conduisent qu'à l'achat de produits à bas prix et de mauvaise qualité en provenance de l'étranger. C'est la décroissance malheureuse.
Il est clair que l'Occident collectif considère que le modèle économique social incluant la classe moyenne est dépassé. Il n'a plus besoin d'un tel amortisseur pour protéger les oligarques de la rage des exploités. Les méthodes de répression de plus en plus sophistiquées suffisent. Ou le matraquage médiatique des esprits obnubilés.
Tandis que la classe moyenne s'est désormais résignée au silence ou, au mieux, à la grogne. Pas une idée, pas une proposition, pas un centime investi dans la construction d'une alternative au système qui l'écrase. La bourgeoisie, qui avait été à l'avant-garde de la Révolution française et du Risorgimento italien, dans les combats de la Première Guerre mondiale, a renoncé à jouer un rôle de premier plan. Elle s'est réfugiée dans le « bien de mauvais goût », mais en réalité le mauvais goût est resté et les choses ne vont plus si bien.
On fait étudier ses enfants pour partir à l'étranger, on réduit ses dépenses, on se retrouve entre vieux amis appauvris et attristés. Et on regarde avec une colère mêlée d'étonnement les interviews des responsables d'associations professionnelles qui se plaignent que la classe moyenne ne dépense plus l'argent qu'elle n'a plus.
19:07 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, sociologie, classe moyenne, décroissance, décroissance malheureuse | |
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lundi, 24 juin 2024
La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses
La guerre culturelle est le baume pour imposer la concentration des richesses
Par Wellington Calasans
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/06/19/a-guerra-cultural-e-a-vaselina-para-a-imposicao-da-concentracao-de-riqueza/
L'idée que la " culture woke " est une arme occidentale pour ouvrir la voie au chaos économique issu du néolibéralisme est une approche qui fait son chemin dans les milieux les plus attentifs aux mouvements géopolitiques planétaires. Cet argument, bien que complexe, est réaliste pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la "culture éveillée/woke" est une arme qui vise une cible vague et incohérente. La cible est si large qu'elle tente d'englober une variété de mouvements sociaux, d'idéaux et de pratiques, de la fausse recherche de quelque chose autour de la justice sociale et de l'égalité à la défense des identités et des droits LGBTQIA+, un mélange de désordre psychologique et de cas perdu de maladie psychiatrique.
Généraliser cette diversité sous la bannière de la "liberté occidentale" est réducteur et ignore la complexité des mouvements sociaux et de leurs motivations, en donnant la priorité à l'imposition de subdivisions minoritaires comme norme à suivre par tous.
Deuxièmement, les indications évidentes que la "culture woke" est instrumentalisée pour promouvoir le chaos économique. Le néolibéralisme, en tant que système économique, a ses propres défauts intrinsèques, qui engendrent des crises et des inégalités.
Par conséquent, lier la crise du néolibéralisme à une "arme de l'humour" met en évidence cette pseudo-culture comme une dispersion, explicitement gonflée pour détourner l'attention des causes réelles et empêcher l'analyse critique du système.
Troisièmement, la "culture woke" est souvent utilisée par le néolibéralisme lui-même pour stimuler les attaques contre les groupes minoritaires et les mouvements sociaux. En utilisant la "culture woke" comme manœuvre pour déstabiliser l'ordre social, les néolibéraux cherchent à délégitimer la lutte pour la justice sociale et les droits, en stigmatisant ceux qui se mobilisent réellement pour l'égalité pour tous, tandis que la "culture woke" renforce les subdivisions, empêchant ainsi l'unité sociale.
Au lieu de chercher à victimiser les minorités, il est essentiel d'analyser le néolibéralisme comme responsable des causes de la crise économique mondiale. La concentration des revenus, la financiarisation de l'économie, la déréglementation des marchés et l'exploitation d'une main-d'œuvre bon marché ne sont que quelques-uns des facteurs qui contribuent à la crise du néolibéralisme.
La recherche de solutions à cette crise exige une analyse critique du système économique et une attitude de dialogue et de respect envers les mouvements sociaux légitimes qui cherchent à construire une société plus juste et plus durable, loin des malades mentaux qui adhèrent à la "culture woke" pour échapper à leurs propres fantômes.
DANS LA PRESSE ALTERNATIVE AUX ÉTATS-UNIS
J'ai récemment regardé une vidéo de certains commentateurs de films préférés du public, tout en se lamentant sur la mort de l'industrie cinématographique.
Ils ont tenté d'expliquer les raisons pour lesquelles de nombreux films à succès perdaient de l'argent, en mentionnant l'essor des services de streaming et le comportement de certains clients dans les cinémas.
Ils ont rejeté l'idée que la guerre culturelle faisait partie du problème, agissant comme s'il s'agissait d'une simple distraction.
Pourtant, la guerre culturelle joue un rôle important dans la société d'aujourd'hui, et ceux qui l'ignorent ne comprennent pas ce qui se passe aux États-Unis et dans certaines parties de l'Europe.
Certaines personnes choisissent de rester à l'écart des questions politiques et sociales, préférant éviter les conflits. Cependant, la civilisation subit des changements rapides et intentionnels, et tout le monde en sera affecté, que l'on croie ou non à la guerre culturelle.
Le monde du cinéma est une fenêtre sur les conflits culturels et peut refléter les influences idéologiques derrière les productions. Les grandes entreprises se sont engagées dans des guerres de mots depuis 2016, en essayant d'imposer l'idéologie d'extrême gauche comme dominante.
Des entreprises comme Disney ont essuyé des échecs en essayant de promouvoir des idéologies politiques dans leurs productions, comme dans le cas de Star Wars.
Certaines entreprises adoptent une approche autodestructrice en aliénant les consommateurs qui ne sont pas d'accord avec leurs messages politiques, en reprochant au public de ne pas aimer leurs produits et en essayant d'imposer un programme politique.
Les entreprises ont traité les consommateurs comme des serfs qui doivent accepter les produits et les messages politiques sans poser de questions. Cela suggère que les entreprises ne se soucient plus de plaire aux consommateurs, mais attendent d'eux qu'ils acceptent n'importe quel message politique qui leur est imposé.
Il existe différentes théories pour expliquer ce comportement, notamment la possibilité d'un effondrement économique imminent qui amènerait les gouvernements à intervenir et à sauver les entreprises, laissant les dirigeants d'entreprise moins préoccupés par les profits immédiats.
L'économie de partage, promue par le Forum économique mondial, suggère un scénario où le gouvernement fournit tout et où les gens perdent leur liberté de choix. Ce modèle pourrait conduire à une mentalité d'esclave, où les gens sont forcés d'accepter ce qu'on leur donne sans poser de questions.
La guerre culturelle est une bataille entre ceux qui veulent adopter le système dystopique proposé et ceux qui résistent et luttent contre lui. Les sceptiques qui restent ignorants de la guerre culturelle risquent de se retrouver sans liberté de choix à l'avenir s'ils ne s'impliquent pas activement.
NOTE D'UN OBSERVATEUR DISTANT
L'idée que la "culture woke" est une arme occidentale pour préparer le chaos économique éclaire un débat plus sérieux sur l'utilisation de personnes mentalement fragiles comme bouclier pour cacher l'agenda néolibéral nuisible.
Cette "culture" sert à détourner l'attention des causes réelles de la crise du néolibéralisme, à stigmatiser les mouvements sociaux et à alimenter les attaques contre les groupes minoritaires qu'elle prétend défendre.
Il est essentiel de garder un œil critique sur ces bizarreries et de chercher de vraies solutions aux problèmes socio-économiques que le néolibéralisme engendre.
18:01 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guerre culturelle, culture woke, wokisme, économie partagée, néolibéralisme | |
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vendredi, 07 juin 2024
Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent
Les jeunes sont de plus en plus dégoûtés par les oligarques. Et les médias s'en indignent
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/i-giovani-sempre-piu-disgustati-dagli-oligarchi-ed-i-media-si-indignano/
L'assaut final des anciens grands quotidiens - et des télévisions, de TeleMeloni à toutes les chaînes anti-Meloni - a commencé à convaincre les jeunes de voter aux élections européennes. Et, éventuellement, de bien voter, c'est-à-dire de ne pas voter à droite (pour éviter le risque, TeleMeloni est en première ligne). Mais la tentative de diaboliser les jeunes pour leur attitude vis-à-vis de la politique se développe également.
Et comme ce comportement ne se limite pas aux adolescents, on glisse la génération Z et les Millennials parmi les jeunes, y compris ceux qui sont nés dans les années 1980 et qui ne sont pas tout à fait des primo-arrivants en politique. Mais ce sont les plus en colère et donc les plus dangereux pour le pouvoir.
Car, au-delà des intentions de vote pour les différents partis, les deux tiers des jeunes ou "presque jeunes" de l'Occident collectif sont profondément dégoûtés par les oligarques et les hommes politiques de leurs pays respectifs. Les différences de pourcentage entre les États-Unis et les pays européens sont minimes. Par conséquent, l'étude américaine ne peut pas blâmer la stupidité de Biden ou la vulgarité de Trump, les travers napoléoniens de Macron ou la servilité de Meloni, ou encore la misère totale de Scholz.
Le problème n'est donc pas l'indication sur le bulletin de vote - à Washington, ils parviennent à avoir peur même de Robert Kennedy junior qui, au mieux, perdra avec une marge abyssale même contre le second - mais c'est que ces générations ne veulent plus contribuer à la création du nouveau monde indiqué par les oligarques. Elles ne sont pas heureuses de s'appauvrir, elles ne sont pas heureuses de devoir risquer leur vie chaque fois qu'elles sortent de chez elles parce que le crime est assuré de l'impunité, elles ne sont pas heureuses de devoir renoncer à leur langue et à leur culture pour devenir des citoyens du monde politiquement corrects. Ils ne se réjouissent pas non plus des moqueries des écologistes au service du pouvoir : la production d'énergie renouvelable en Allemagne a trop augmenté et les prix se sont effondrés. Mais au lieu de se réjouir, ils ont décidé de réduire la production. La même chose a été demandée à la Chine pour sa surproduction d'énergie solaire.
De quoi les quadragénaires ou les adolescents devraient-ils se réjouir ? De la guerre mondiale que l'Occident collectif veut déclencher ? Des coupes à venir dans l'économie italienne pour rembourser la dette ? De la décroissance malheureuse ? De l'impossibilité d'acheter une maison dans les grandes villes ? Mais ils doivent aller voter. Pour offrir au pouvoir un alibi obscène de plus.
19:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeunesse, europe, affaires européennes | |
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jeudi, 06 juin 2024
Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme
Féminisme: comment une idéologie de gauche est devenue un précurseur du néolibéralisme
Michael Kumpmann
Source: https://www.geopolitika.ru/de/article/feminismus-wie-eine-linke-ideologie-zur-wegbereiterin-des-neoliberalismus-wurde?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR2cI4-UiLP97PmPrc1goZv-yecAnJQxSzeh6m_25Rdo-0ccqEQN3-XfRRY_aem_AaNUcoHmVb4k34bOq8Jh8tQw8TU2jPrUPHvjcWVuZpVEtod2Y1YbCe1aXZrIjT97DNIOax9MMA46KZ1j0o0jaFu-&utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f
J'ai consacré ici plusieurs articles à la genèse du « libéralisme 2.0 » de gauche. J'y ai énuméré un certain nombre de facteurs, comme la prédominance de la « vie nue » comme principe éthique, décrite par Leo Strauss, et l'abandon de l'éthique de la vertu (cf: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/12/26/leo-strauss-critique-la-vie-nue-dans-le-liberalisme-2-0-6357090.html - http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/09/21/liberalisme-2-0-la-route-vers-le-meilleur-des-mondes.html ).
De même, j'ai mentionné le progressisme américain, qui représentait quasiment une pseudo-social-démocratie favorable aux entreprises, mais où le sujet social-révolutionnaire n'est pas l'ouvrier, mais l'entrepreneur et la grande entreprise. (L'historien marxiste Gabriel Kolko, l'inventeur de l'anarcho-capitalisme Murray Newton Rothbard et l'auteur allemand Stefan Blankertz ont effectué des recherches sur ce sujet, qui ont révélé des choses étonnantes) [i]. Ce système américain des grandes entreprises, que les gauchistes détestent, a été créé par les « progressistes ». Le progressisme a également introduit dans la politique américaine l'idée de l'efficacité économique et technique comme objectif politique, ce qui, en cas de doute, serait même supérieur à la libre entreprise. L'accent mis sur l'efficacité technique comme objectif est particulièrement intéressant, en raison du concept heideggerien du Gestell comme centre de la modernité technicienne).
On peut également identifier les tribunaux des crimes de guerre de Nuremberg comme une racine du libéralisme 2.0. En particulier en ce qui concerne l'importance du « méchant nazi » en tant qu'ennemi de la gauche libérale, et la politique du culte de la culpabilité, où l'Holocauste et la réparation de celui-ci sont invoqués comme raison d'être de la politique. Et le fait que dans d'autres pays, on cherche quasiment d'autres choses avec des thèmes comme l'esclavage ou le colonialisme, qui, au lieu du phénomène allemand de la Shoah, peuvent mieux y être considérés comme des péchés originels locaux. Il est également frappant de constater que l'Occident tient à traduire des personnes étrangères comme Pinochet ou Joseph Kony devant des tribunaux occidentaux, plutôt que de les laisser à leur propre peuple. C'est pourquoi le libéralisme 2.0 peut aussi être considéré, d'une certaine manière, comme une manière de poursuivre les tribunaux de Nuremberg en tant que mouvement politique international et en tant que « révolution permanente ». (Il faut aussi dire que le projet d'une révolution culturelle anti-traditionnelle a échoué avec fracas en Russie, en Chine et en Corée du Nord, etc. et que ces pays sont aujourd'hui les gardiens de la tradition dans le monde. La RFA, qui voulait passer toute son histoire intellectuelle au crible des références nazies et annuler des auteurs comme Heidegger, Nietzsche, Kant, etc. peut toutefois être considérée comme la première révolution culturelle réussie de l'histoire. Cela joue un rôle ici).
Mais un autre facteur important est le féminisme et son cheminement vers le soutien au néolibéralisme, en assumant presque la fonction que Weber attribuait à l'esprit protestant au 19ème siècle.
De nombreux conservateurs se moquent à juste titre des contradictions internes du féminisme. Celles-ci sont très frappantes, notamment grâce au postmodernisme et à l'intersectionnalité (où le statut d'étranger, de handicapé, de trans, etc. peut déterminer si un même acte est criminel, normal ou même héroïque). Mais même avant que le « bon sens » ne soit déclaré instrument d'oppression patriarcale, certains illogismes ont été fortement remarqués.
Une en particulier : Les féministes décrivaient la famille hétérosexuelle comme une exploitation de la femme et une oppression, mais décrivaient en même temps le travail et la carrière comme émancipateurs, libérateurs et un moyen de se réaliser. En dépit des pratiques bien connues des entreprises, comme le « hire and fire ». (Et malgré des faits tels que ceux où des entreprises comme Foxconn ont dû installer des filets anti-suicide sur les bâtiments de l'entreprise).
Si l'on considère ces contradictions en tenant compte du fait que le féminisme faisait à l'origine partie de la seconde théorie politique (l'impulsion initiale du féminisme remonte en grande partie à Friedrich Engels et le terme féminisme a été inventé par le socialiste Charles Fourier), il est également frappant de constater que ces contradictions dans le féminisme ont en fait trouvé leur origine dans une rupture des féministes avec le marxisme. Selon la théorie marxiste orthodoxe, le travail est par définition l'exploitation et l'aliénation. Il est donc totalement illogique, d'un point de vue marxiste, que les féministes pensent pouvoir se libérer en « remplaçant le travail salarié par la famille ». La dissolution de la famille en une communauté de travailleurs (comme le voulait par exemple Léon Trotsky) ne peut se produire qu'après la révolution et non au sein du capitalisme. En même temps, selon la théorie marxiste, l'oppression des femmes et le capitalisme sont liés, c'est pourquoi l'un ne peut pas être résolu sans l'autre. A fortiori, l'exploitation capitaliste ne peut pas être un remède à l'exploitation sexiste.
Il est alors frappant de constater que la deuxième théorie politique était en fait une critique des hiérarchies au nom de l'égalité. Certaines de ses variantes ne voulaient pas abolir les hiérarchies, mais remplacer les hiérarchies capitalistes injustes par de nouvelles formes d'organisation, plus justes à leurs yeux. Mais le fait est que l'idée du féminisme de carrière va complètement à l'encontre de ces deux attitudes. Une féministe de carrière veut, comme son nom l'indique, gravir les échelons dans son entreprise. Cela affirme fondamentalement les hiérarchies capitalistes existantes et revient de facto à dire « l'exploitation est mauvaise si l'exploiteur est un homme, mais si les femmes exploitent d'autres hommes et femmes, il n'y a rien de répréhensible à cela ». (Voir aussi le célèbre livre féministe « The Will to Lead », c'est-à-dire « La volonté (féminine) de diriger ») [ii].
Ce féminisme de carrière comprend également une « morale de l'inclusion », en fait neutre en termes de valeurs, qui transforme d'un coup le féminisme d'une idée de gauche en une idée qui devient compatible avec le libéralisme et même, à proprement parler, avec le fascisme, parce qu'il élève l'inclusion des femmes (et plus tard des groupes tels que les homosexuels, les transsexuels, les handicapés, etc.) au rang de valeur en soi, sans poser la question évidente de « l'inclusion dans quoi ? Comme si les camps de torture tels que Guantanamo et Abu Ghraib s'amélioraient automatiquement du fait d'un plus grand nombre de femmes et de personnes trans parmi leur personnel.
En ce qui concerne l'affirmation de la hiérarchie, contrairement à l'approche libérale classique, on n'a pas encouragé les femmes à créer leur propre entreprise et à se hisser au sommet de la hiérarchie mondiale. Au lieu de cela, on a encouragé les mégacorporations établies à faire entrer des femmes dans leurs conseils d'administration par le biais de quotas de femmes. On a donc empêché les féministes de faire une révolution socialiste et une révolution capitaliste. Au lieu de renverser les grandes entreprises « patriarcales » comme VW, Mercedes ou Monsanto, on a convaincu les féministes de rejoindre ces entreprises. Ainsi, le féminisme est également devenu un soutien économique pour les « grands » du marché, au lieu de perturber le marché.
Il faut ensuite dire que le féminisme de carrière a connu son heure de gloire à l'époque néolibérale des années 2000 et a coïncidé de manière très frappante avec la propagande selon laquelle les chefs d'entreprise et les membres des conseils d'administration étaient des « prestataires » particulièrement importants, plus précieux que les classes inférieures pauvres et les « parasites sociaux » vivant dans une « décadence romaine tardive ». (Et même aujourd'hui, de très nombreuses personnes en Allemagne pètent les plombs lorsque de jeunes débutantes se plaignent de la dureté et de l'inhumanité du travail rémunéré à temps plein. On assiste alors à de véritables lynchages) [iii].
Ensuite, le féminisme de carrière, en supposant que la participation au capitalisme confère aux femmes une indépendance économique par rapport aux autres (et en niant ainsi le fait que le capitalisme est précisément un réseau massif d'interdépendances), et que cet objectif est non seulement souhaitable mais essentiel pour l'épanouissement de l'individu, tombe exactement dans la conception de la Première Théorie Politique de l'individu indépendant (dont l'indépendance doit être encouragée au maximum) et de l'homo oeconomicus. De plus, ce féminisme se rapproche de l'idéal progressiste de l'entrepreneur en tant que classe sociale révolutionnaire : dans ce système, la grande entreprise aide le féminisme de carrière, notamment en fournissant aux femmes des emplois en haut de l'échelle professionnelle. (Ce qui a certaines conséquences souvent très ridicules a posteriori, comme le fait absurde que Harvey Weinstein, par exemple, ait pu se célébrer comme un combattant des droits des femmes).
Le féminisme de carrière est quelque peu passé de mode avec la crise économique de 2008 et la présidence d'Obama, et a plutôt été remplacé par l'approche de Butler en matière de genre. Cependant, comme Douguine l'a montré à plusieurs reprises, cette approche suit un paradigme individuel. Dans l'approche de genre, la définition du sexe est considérée comme une restriction pour l'individu et il faut donc politiquement libérer l'individu de la biologie par des règles linguistiques, des mères porteuses, des opérations chirurgicales, le transhumanisme, etc. Et on a ainsi séparé en partie le libéralisme et le féminisme du thème de l'économie. (Cette séparation n'a toutefois été que partielle. En effet, pour d'autres questions telles que l'inclusion des handicapés, etc., le féminisme a maintenu le concept d'émancipation de l'individu par la participation au capitalisme en tant que travailleur).
Un grand groupe de victimes du travail à tout prix, particulièrement glorifié par le « néolibéralisme », sont à nouveau les jeunes hommes. Evola a écrit que l'homme connaît fondamentalement deux archétypes. L'ermite et le guerrier. L'ermite n'est pas très pertinent ici, car il vit seul et se retire de la société. Le guerrier l'est d'autant plus. (Le meilleur exemple en est le Japon, où l'éthique du guerrier, déformée, est devenue une éthique du travail). Seulement, le guerrier vit pour sacrifier, comme le disait Evola, tout ce qui est simplement humain en lui pour le « plus haut du plus haut ». Pour la plupart des travailleurs masculins, la femme et la famille étaient également une incarnation du Très-Haut. Seulement, le néolibéralisme féministe rend la fondation d'une famille plus difficile. Il diabolise même les hommes pour leur désir de femme et d'enfants en les qualifiant de toxiques, de dangereux, de violeurs potentiels, etc. Au lieu de cela, il faut se sacrifier soi-même et son indépendance dans le cadre d'un individualisme sauvage, et cette indépendance doit être obtenue principalement par l'accumulation d'argent dans le « capitalisme sauvage ». Par conséquent, le jeune homme doit aujourd'hui se sacrifier pour son compte en banque. On a ainsi perverti l'éthique du guerrier et on dit aux jeunes de se sacrifier non pas pour ce qu'il y a de plus élevé, mais pour ce qu'il y a de plus bas. Le fait qu'il en résulte une crise de sens chez les jeunes hommes (voir Jordan Peterson et ses partisans) est plus que logique [iv].
D'une certaine manière, le féminisme et l'idée d'émancipation sont également devenus la base de la nouvelle définition de l'individu libéral. Cela a abouti à ce que Wesley Yang entendait par son concept d'« idéologie de la succession ». Il a décrit le phénomène selon lequel il y avait une lutte entre la définition libérale classique de l'individu et les libéraux de gauche, et que les libéraux de gauche voulaient transformer fondamentalement le libéralisme. Les libéraux de gauche voulaient changer l'idée de l'individu, en s'éloignant de la définition classique d'un être humain doué de raison et porteur de droits et de devoirs égaux, pour aller vers une définition intersectionnelle. Le concept d'intersectionnalité est issu de la Critical Race Theory et combine le féminisme avec l'antiracisme et d'autres thèmes de la gauche libérale.
Dans un texte précédent, j'ai déjà fait référence à la théorie de l'intersectionnalité. Il s'agit grosso modo d'un abandon du récit de gauche de la lutte des classes (la comparaison avec l'idée de postmodernité en tant que rejet de tous les « grands récits » et idéologies est également importante ici) au profit d'une sorte de réconciliation de l'idée de classe avec celle d'individu. L'intersectionnalité dit en gros qu'un individu n'est pas seulement un travailleur, un homme, une femme, etc. mais que différentes catégories de rapports de domination se combinent en un seul individu. Quelqu'un peut être un homosexuel discriminé qui a tout de même 60 milliards sur son compte en banque et n'est donc pas un prolétaire. Mais on peut aussi être à la fois homosexuel, sans domicile fixe, handicapé, femme, etc. Et la vie de ces deux personnes serait fondamentalement différente en théorie. Ceci n'est qu'un exemple pour illustrer l'idée d'intersectionnalité. En gros, ce système n'est pas un récit d'une classe opprimée contre une classe oppressante, ni un individu totalement indépendant, mais en même temps, il réunit en quelque sorte les deux. (Ou, puisque, selon les intersectionnels, on peut aussi réunir, par exemple, des identités opprimées comme « handicapé » et des identités opprimantes comme l'homme cis, l'intersectionnalité peut aussi être interprétée comme une forme de dissolution de l'homme dans le dividu schizophrène au sens de Deleuze et Guattari).
Notes:
[i] L'ère progressiste : préhistoire de l'État social impérialiste - Murray Rothbard Institut für Ideologiekritik (murray-rothbard-institut.de)
[ii] Ici, sur le thème des hiérarchies, etc., on remarque une grande différence entre les personnalités entrepreneuriales masculines et les féministes carriéristes. Par exemple, l'inventeur de Super Mario, Shigeru Miyamoto, malgré son succès, a refusé des privilèges spéciaux chez Nintendo et a insisté pour être traité comme un travailleur normal. L'inventeur de la Game Boy, Gunpei Yokoi, s'est si peu vanté de ses compétences qu'il n'a d'abord obtenu qu'un poste de concierge, et ce n'est que par hasard que l'on s'est aperçu plus tard qu'il possédait les compétences tant convoitées en matière de production électronique. Et lorsque le Virtual Boy a fait un flop, il a pris tout le blâme (bien que la direction ait également joué un rôle dans ce flop) et a accepté son licenciement. Steve Jobs ne s'est même pas plaint pendant ses heures de travail chez Atari, lorsqu'il a été relégué dans un petit bureau dans une aile isolée parce que d'autres employés étaient gênés par son manque d'hygiène corporelle.
Pendant ce temps, chez Disney, les féministes de carrière ont évincé des talents légendaires comme John Lasseter (photo), et la féministe de carrière Kathleen Kennedy est sérieusement célébrée comme une visionnaire progressiste, même si elle a réussi à faire de Star Wars et d'Indiana Jones des échecs. Et lorsque l'un de ses subordonnés masculins, John Favreau, a réussi à produire des produits qui ont été mieux accueillis que les siens, mais qui auraient également sauvé Star Wars en tant que marque, Kathleen Kennedy l'a écarté de son poste. Ce type de personnalité chez les féministes de carrière est très frappant. (Et bien sûr, cela a tendance à nuire aux entreprises au final).
[iii] Les jeunes ne veulent plus travailler !!! (youtube.com)
[iv] Ici, il faut toutefois prendre quelque peu la défense des libéraux classiques. Joseph Schumpeter a décrit le souci de la famille comme un moteur central de l'action économique et a décrit que la destruction de la famille et de l'esprit de sacrifice qui l'accompagne priverait à long terme le capitalisme de sa base vitale.
12:40 Publié dans Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie, sociologie, féminisme | |
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mardi, 28 mai 2024
Emmanuel Todd et le narcissisme occidental
Emmanuel Todd et le narcissisme occidental
Nicolas Bonnal
Pepe Escobar a bien résumé récemment les observations d’Emmanuel Todd. Elles me conduisent à rapprocher cet auteur de Freud quand, dans son Inquiétante étrangeté (que j’ai beaucoup évoqué dans mon livre sur Kubrick), ce dernier évoque les démêlés du narcissisme psychique avec la trop dure réalité et « ses véhémentes protestations »…
Le plus important est là, rappelle Escobar :
« 1. Au début de l’opération militaire spéciale (SMO) en février 2022, le PIB combiné de la Russie et de la Biélorussie ne représente que 3,3% de celui de l’Occident réuni (en l’occurrence la sphère de l’OTAN plus le Japon et la Corée du Sud). Todd s’étonne que ces 3,3%, capables de produire plus d’armes que l’ensemble du colosse occidental, non seulement gagnent la guerre, mais réduisent à néant les notions dominantes de l’«économie politique néolibérale» (taux de PIB). »
C’est Kubrick qui fait dire dans Folamour à un de ses généraux génocidaires yankees qu’on est face à un tas de moujiks ignorants. Donc avec 3% du PNB des USA, ou de l’Espagne (qui refile, Pierre déshabillant Paul, ses Patriot à Z.), ou de Monaco, la Russie tient tête à tout l’occident. On verra quand l’Otan enverra ses troupes : leur énième opération barbe roussie promet...
Puis on se rapproche de Freud :
« 2. La «solitude idéologique» et le «narcissisme idéologique» de l’Occident – incapable de comprendre, par exemple, comment «l’ensemble du monde musulman semble considérer la Russie comme un partenaire plutôt que comme un adversaire». »
Je vais citer Freud (voyez mon texte sur Freud politiquement incorrect – et Dieu qu’il l’était, comme le rappela Onfray –exemplaire dédicacé à Mussolini !) :
« L’analyse de ces divers cas d’inquiétante étrangeté nous a ramenés à l’ancienne conception du monde, à l’animisme, conception caractérisée par le peuplement du monde avec des esprits humains, par la surestimation narcissique de nos propres processus psychiques, par la toute-puissance des pensées et la technique de la magie basée sur elle, par la répartition de forces magiques soigneusement graduées entre des personnes étrangères et aussi des choses (Mana), de même que par toutes les créations au moyen desquelles le narcissisme illimité de cette période de l’évolution se défendait contre la protestation évidente de la réalité. »
C’est pareil pour tout : invasion migratoire, abolition des sexes, nazisme sanitaire, dette immonde, catastrophe ou sabotage écolo-politique : l’occident veut nier toute réalité. Il est gnostique au sens bouffonnant du terme. Cette tendance ancienne (perçue déjà par Poe, Nietzsche ou Tocqueville) s’est accélérée avec Internet, comme je l’avais montré dans mon bouquin publié en 2001 et qui s’était retrouvé (horresco referens…) Une du Monde des Livres. J’avais aussi évoqué les techno-lords (notion qui m’a été froidement piquée depuis) et cette technognose qui doit déboucher nûment sur leur homme-robot.
Continuons avec Todd résumé par Escobar :
« 4. L’implosion, étape par étape, de la culture WASP, qui a conduit, «depuis les années 1960», à «un empire privé de centre et de projet, un organisme essentiellement militaire géré par un groupe sans culture (au sens anthropologique)». Voilà comment Todd définit les néocons américains. »
Cette implosion a été décrite par Kevin McDonald et surtout par Thomas Frank dans un livre demeuré non traduit : la conquête du cool. Frank évoque le rôle de la pub (et de Volkswagen) pour altérer le logiciel américain. Pour moi l’aspect le plus important est que «l’on peut ne pas reconnaître un peuple après cinq ans de reprogrammation.» On fabrique du gastronome, du mangeur d’insectes, du héros, du crétin, du lâche, de l’écolo-antiraciste-féministe imbécile en finalement peu de temps. C’est ce qu’explique génialement l’Anglaise géniale de Taine …
Pepe ajoute ensuite excellemment :
« 8. La critique acerbe de Todd sur l’esprit de 1968 mériterait un tout nouveau livre. Il évoque «l’une des grandes illusions des années 60 – entre la révolution sexuelle anglo-américaine et Mai 68 en France» : «croire que l’individu serait plus grand s’il était libéré du collectif». Cela a conduit à une débâcle inévitable : «Maintenant que nous sommes libérés, en masse, des croyances métaphysiques, fondatrices et dérivées, communistes, socialistes ou nationalistes, nous vivons l’expérience du vide». Et c’est ainsi que nous sommes devenus «une multitude de nains mimétiques qui n’osent pas penser par eux-mêmes – mais se révèlent aussi capables d’intolérance que les croyants de l’Antiquité».
Lipovetsky a très bien décrit cette ère du vide il y a déjà quarante ans. Et Debord parle déjà d’un conglomérat de solitudes sans illusions, et Pouchkine (dans Eugène Onéguine, traduction de ma femme) écrit génialement à vingt ans vars 1820 :
« Mais nous n’avons même pas de l’amitié.
Nous avons détruit tous les préjugés ;
On prend pour les zéros les autres gens
En se prenant pour le « un » sérieusement.
Tous – nous tendons vers Napoléon,
Et les bipèdes créatures, en millions,
Ne sont pour nous que des outils ;
Le sentiment pour nous est une étrange bêtise. »
Lignes extraordinaires. Disparition des corps intermédiaires ; l’individu nu devant le marché (Houellebecq, pour faire facile) ou devant l’Etat (Jouvenel).
Sur les USA, sujet essentiel tout de même :
« 5. Les États-Unis en tant qu’entité «post-impériale» : une simple coquille de machinerie militaire privée d’une culture axée sur l’intelligence, conduisant à «une expansion militaire accentuée dans une phase de contraction massive de sa base industrielle». Comme le souligne Todd, «la guerre moderne sans industrie est un oxymore». »
Notons que Baudrillard nie le déclin US comme d’autres : le pays au sens matériel est liquidé par son élite gnostique (Yvan Blot avait beaucoup insisté sur cette notion lors de nos entretiens), puissance militaire incluse, mais sa matrice informatique et médiatique – et maintenant pharmaceutique – imbibe le monde. Elle tient l’Inde et le Brésil sous sa coupe par exemple, Brics ou pas Brics. Quant au président chinois, on sait qu’il ne jure que par « son ami Bill Gates »… Avant de parler de Libération…
Sur l’Europe maintenant :
« 10. Le «suicide assisté» de l’Europe. Todd rappelle que l’Europe, au départ, c’était le couple franco-allemand. Puis, après la crise financière de 2007/2008, ce couple s’est transformé en «un mariage patriarcal, avec l’Allemagne comme époux dominant qui n’écoute plus son compagnon». L’UE a abandonné toute prétention à défendre les intérêts de l’Europe en se coupant de l’énergie et du commerce avec son partenaire, la Russie, et en se sanctionnant elle-même. Todd identifie, à juste titre, l’axe Paris-Berlin remplacé par l’axe Londres-Varsovie-Kiev : ce fut «la fin de l’Europe en tant qu’acteur géopolitique autonome». Et cela s’est produit seulement 20 ans après l’opposition commune de la France et de l’Allemagne à la guerre néoconservatrice contre l’Irak. »
Rappelons que Todd sur ce sujet comme sur d’autres s’est complètement trompé, qui annonçait sans preuves une Europe libre et vive dans son Après l’Empire. Ce titre était faux aussi : l’Empire croît et se multiplie – à chaque clic pour commencer. Malheur à celui qui recèle des déserts, dit Zarathoustra…
Enfin, on enfonce une porte ouverte :
« 11. Todd définit correctement l’OTAN en plongeant dans «leur inconscient» : «Nous constatons que son dispositif militaire, idéologique et psychologique n’existe pas pour protéger l’Europe occidentale, mais pour la contrôler». »
On verra si la réalité (qui vit encore en contact avec elle, terrestre ou céleste ?) peut encore quelque chose contre le monde virtuel que notre « amer Caïn » a mis en place pour contrôler le monde ou ce qui reste de nos vieilles et fainéantes nations européennes. Le triomphe de l’OMS dans quelques semaines va nous rappeler qui est le maître.
Priez fort.
Sources :
https://reseauinternational.net/comment-loccident-a-ete-vaincu/
https://www.amazon.fr/Internet-nouvelle-initiatique-Nicol...
https://www.amazon.fr/Conquest-Cool-Business-Countercultu...
https://www.amazon.fr/EUGENE-ONEGUINE-Bilingue-Traduction...
https://www.amazon.fr/D%C3%A9faite-lOccident-Emmanuel-Tod...
https://www.amazon.fr/Apr%C3%A8s-lempire-d%C3%A9compositi...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/20/michel-fou...
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dimanche, 05 mai 2024
La propagande, la science du mensonge
La propagande, la science du mensonge
par Roberto Pecchioli
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/propaganda-la-scienza-della-menzogna
Être perché du mauvais côté de la barrière permet de dire des choses inconfortables, désagréables, qui ne seront pas entendues parce qu'elles sont le fruit de l'esprit de ceux qui sont mal à l'aise dans l'époque en laquelle ils doivent vivre. Peu d'aspects de la société contemporaine sont aussi insupportables que la publicité, son intrusion, son infiltration partout, son occupation de l'imaginaire, sa modification non seulement des habitudes commerciales, mais aussi du langage, des comportements, des préférences, des modes de vie. Nous détestons son faux optimisme d'aboyeur, ses techniques très raffinées, sa capacité à utiliser - selon les produits, les services, les idées qu'elle sert - le registre mélioratif, quasi hypnotique, la gaieté forcée du consommateur satisfait, la fausse neutralité "scientifique" lorsqu'elle vante des produits de santé ou d'hygiène, sa capacité à pénétrer et à coloniser l'imaginaire collectif. Aujourd'hui, elle a acquis la capacité de devenir personnalisée, sur mesure, grâce au profilage du net et du smartphone, à l'habitude inconsidérée de dévoiler sur les réseaux sociaux ses habitudes, ses déplacements, ses préférences et ses manies.
Personne ne peut demander à la publicité de dire la vérité: ce n'est pas son but. Elle doit affirmer et vendre des comportements, déterminer des choix - et pas seulement des achats -, diffuser, créer ou normaliser des conduites, des idées. C'est-à-dire qu'elle doit "propager" quelque chose, en premier lieu la forme-marchandise et son fétichisme (Marx), mais aussi des visions, des propensions, l'acceptation ou le rejet d'idées ou de modes de vie. Sur le moteur de recherche le plus important au monde, Google, nous avons trouvé, à la question de la différence entre propagande et publicité, une réponse - la première, celle que des millions de personnes accepteront comme vraie - effrayante par la charge de mensonges qu'elle affirme. "La propagande communique des vérités, des certitudes et des valeurs dans le but de les faire passer dans le sens commun, tandis que la publicité informe sur un produit qui résout un problème quotidien".
Une telle définition - fruit des ateliers sous-culturels du système - est une propagande flagrante, un mensonge élevé au rang de système, et en même temps une publicité pour le système de consommation. Chaque mot de la prose du géant des géants, maître de nos vies, peut être facilement déconstruit. Propagande est le gérondif pluriel latin du verbe propagare ("les choses à répandre") et la définition correcte est "l'action tendant à influencer l'opinion publique, à l'orienter vers certains comportements collectifs, et l'ensemble des moyens par lesquels elle est mise en œuvre". "En ce qui concerne les produits et services commerciaux, on utilise le terme de publicité, l'ensemble des moyens de diffusion de la connaissance et de la vente de biens et de services. Cependant, les deux concepts tendent à coïncider, puisque tout - dans la marchandisation intégrale de la vie - est produit. La propagande et la publicité sont de plus en plus difficiles à distinguer de la vérité.
Aucune activité n'échappe à la griffe de la communication intéressée à faire connaître une marque, un nom, une marchandise. Pas moins de cinq stades d'équipes de football de la Serie A portent le nom - provisoire et payant - de sociétés commerciales. Pratiquement aucune initiative publique - culturelle, civique, caritative, etc. - ne peut avoir lieu sans qu'au moins un sponsor - groom, encore un mot latin ! - pour la financer en échange de visibilité et de publicité, directe et indirecte. La publicité occupe non seulement notre imagination, mais aussi notre temps et nos sens. Quiconque écoute la radio, regarde une émission de télévision ou consulte des contenus sur le net est bombardé de publicités, d'annonces à caractère publicitaire et/ou propagandiste. Il existe même un indice de "crowding" que les radiodiffuseurs sont censés respecter, mais qu'ils contournent par divers artifices qui font de la programmation "normale" un intermède entre d'interminables blocs publicitaires. En outre, d'autres publicités ou propagandes subliminales (les sensations qui se produisent sous le niveau de la conscience, trop faibles pour être ressenties, mais capables d'influencer l'inconscient et de conditionner le comportement) sont insérées dans les grilles.
Il y a de nombreuses années, au début de l'explosion publicitaire produite par la télévision commerciale, un couple d'amis nous a parlé avec inquiétude des pleurs de leur petit garçon qui n'acceptait pas la fin des publicités et la reprise des programmes. La publicité et la propagande agissent sur chacun d'entre nous, mais deviennent dévastatrices pour les plus jeunes, dont elles créent le comportement et la vision du monde. Le premier est le désir de consommer des produits, de porter des vêtements et de posséder des objets "signés" (et non fabriqués !) par telle ou telle entreprise. La marque (brand) prime sur le produit. Karl Marx serait fou de voir comment sa distinction entre valeur d'usage et valeur d'échange a pris fin. Le concept de biens "durables" disparaît également: on produit pour consommer, indépendamment de l'utilité, en programmant l'obsolescence pour induire une nouvelle consommation que l'appareil publicitaire se charge de propager en créant le besoin. L'un des mensonges les plus singuliers de la communication publicitaire est l'insistance sur le bonheur artificiel du consommateur. Satisfaction éphémère, aussitôt contrariée par le désir compulsif d'autres biens, d'autres marques, d'autres modes de vie à l'imitation de ceux de la publicité.
Aucun aspect de la vie n'échappe à la propagande : la politique, le sport, la culture (l'industrie culturelle, comme l'entendaient Adorno et Horkheimer), les idées, les principes fondateurs de la société. Une marque d'eau minérale propage son produit comme la boisson d'une famille homo et transgenre heureuse. En revanche, aucune campagne publicitaire ne met en garde contre l'usage et les effets des drogues, alors qu'une machine multimédia efficace diffuse des valeurs qui conduisent à l'usage de certaines substances. Médicalisation de la vie, diffusion de modèles de compétition permanente pour lesquels il faut être "performant", ce qui passe par l'utilisation de médicaments ou, pire, de drogues. De combien diminuerait la consommation de stupéfiants, de pilules, de cocktails de substances diverses, si un État réellement soucieux du bien commun ou un véritable philanthrope - pas Soros, Gates, Rockefeller - investissait des sommes importantes pour diffuser des modes de vie sans rapport avec les drogues et autres addictions ? Impossible : le système est basé sur la consommation, l'usage de drogues génère des revenus, le mensonge est donc indispensable. La publicité et la propagande sont la science du mensonge.
Ce n'est pas nous qui le disons, nous qui avons l'habitude de nous tromper, mais les inventeurs des appareils de manipulation, d'endoctrinement et d'inculcation auxquels nous sommes soumis.
Dans le domaine de la communication politique et des valeurs, le livre de Marcello Foa, Gli stregoni della notizia, est fondamental. Les sorciers (stregoni) sont ceux qui maîtrisent la communication "comme un ensemble de techniques unilatérales d'endoctrinement du public". Ce sont des manipulateurs professionnels, des menteurs en permanence. Leur arme principale est le "cadre", le cadre qui délimite ce qui peut être vu. Foa fait la comparaison avec un tableau représentant une ville en flammes, avec à côté une forêt envahie par des oiseaux fuyant les flammes. Si l'on découpe la forêt et qu'on l'encadre, on obtient un tableau représentant une magnifique forêt peuplée d'oiseaux joyeux. C'est ainsi que fonctionne notre esprit: au-delà de la réalité objective, nous percevons le monde à travers ce qui entre dans notre cadre, via les "lunettes cognitives" (Wittgenstein) avec lesquelles nous observons le monde. La magie des sorciers réside dans leur capacité à créer le cadre de référence.
"La manipulation consciente et intelligente des opinions et des habitudes des masses joue un rôle important dans une société démocratique ; ceux qui maîtrisent ce dispositif social constituent un pouvoir invisible qui dirige véritablement le pays".
C'est ainsi que s'ouvre le livre intitulé Propaganda d'Edward Bernays, père des relations publiques et de la publicité. Neveu de Freud installé en Amérique, il débute sa carrière au sein de la commission gouvernementale chargée de convaincre les Américains de participer à la Première Guerre mondiale. C'est ainsi qu'est née la célèbre affiche représentant l'Oncle Sam, le doigt pointé et les mots "I want you for U.S. Army" (Je vous veux dans l'armée américaine). Bernays, payée confidentiellement par les multinationales du tabac, convainc les femmes de fumer dans une campagne d'émancipation féminine où chaque femme "de carrière" est invariablement représentée avec une cigarette à la main ou à la bouche. En 1954, elle a mené une campagne contre le président du Guatemala qui envisageait de nationaliser les terres de la United Fruit Company, ce qui a conduit à son éviction, qui a satisfait les intérêts américains.
Il semble que son livre, publié en 1928, ait été inspiré par Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande du Troisième Reich. Un passage significatif révèle la réalité dans laquelle nous sommes plongés: "la manipulation secrète est nécessaire à la démocratie. Nous sommes dans une large mesure gouvernés par des hommes dont nous ne savons rien, mais qui sont capables de modeler notre mentalité, d'orienter nos goûts, de nous suggérer ce qu'il faut penser. Un gouvernement invisible façonne nos esprits". Et encore: "Nous avons volontairement laissé à un gouvernement invisible le soin de trier les informations, d'identifier le problème principal et de le ramener à des proportions réalistes. Nous acceptons que nos dirigeants et les organes de presse qu'ils utilisent nous signalent les questions qu'ils jugent d'intérêt général. Nous acceptons qu'un guide moral, un pasteur, un savant ou simplement une opinion populaire nous prescrive un code normalisé de comportement social auquel nous nous conformons la plupart du temps". Les persuadeurs ne sont nullement cachés.
L'important, révèle Bernays, est de nous donner l'illusion que nous agissons selon notre volonté : "On peut critiquer certains phénomènes, notamment la manipulation de l'information, l'exaltation de l'individualisme et tout le battage publicitaire autour de personnalités politiques, de produits commerciaux ou d'idées sociales. Mais ces activités sont nécessaires à une vie bien ordonnée. Les techniques d'encadrement de l'opinion publique ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la société se complexifiait et que le besoin d'un gouvernement invisible devenait de plus en plus nécessaire". Ainsi, sans manipulation secrète, la démocratie ne serait pas possible. "La machine à vapeur, l'imprimerie et l'alphabétisation des masses ont arraché le pouvoir aux souverains et l'ont remis au peuple qui l'a reçu en héritage. Le suffrage universel et la généralisation de l'éducation ont renforcé ce processus. Aujourd'hui, cependant, une réaction se profile, la minorité a découvert qu'elle pouvait influencer la majorité en fonction de ses intérêts ; il est désormais possible de modeler l'opinion des masses afin de les convaincre d'orienter leur pouvoir nouvellement acquis dans la direction souhaitée. Un processus inévitable, compte tenu de la structure actuelle de la société".
Les techniques de propagande et de manipulation peuvent être utilisées pour exploiter les impulsions, les instincts, les pulsions et inculquer de nouvelles croyances. "La propagande est l'organe exécutif du gouvernement invisible. La publicité et la propagande font partie des techniques les plus sophistiquées du soft power, une expression inventée par Joseph Nye - professeur à Harvard et conseiller du gouvernement américain - pour désigner la capacité à influencer les comportements par la persuasion plutôt que par la coercition. Actualités télévisées, films, publicités, séries télévisées, jeux vidéo, émissions sportives, programmes scolaires, éducation. La société postmoderne se reproduit, construit un consensus par le biais d'une propagande totale 24 heures sur 24, du berceau à la tombe. Le martelage incessant a remplacé les moyens violents des anciens totalitarismes sans en changer la substance. Notre société est fondée sur la propagande, le facteur le plus important pour façonner et contrôler les comportements. Un véritable goulag mental, le dispositif qui nous asservit à une liberté artificielle et contrôlée, en nous convainquant de la liberté de nos choix. Le miracle de la manipulation.
14:46 Publié dans Manipulations médiatiques, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : propagande, publicité, manipulation, manipulations médiatiques | |
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jeudi, 02 mai 2024
Les Millenials, sur le canapé, attendent que quelqu'un fasse la révolution à leur place
Les Millenials, sur le canapé, attendent que quelqu'un fasse la révolution à leur place
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/i-millenial-sul-divano-aspettano-che-qualcuno-faccia-la-rivoluzione-per-loro/https://electomagazine.it/i-millenial-sul-divano-aspettano-che-qualcuno-faccia-la-rivoluzione-per-loro/
Tout est de la faute du bug du millénaire. Mattia Madonia, écrivain de Catane et représentant de la génération millenial, a découvert les raisons de la crise d'une société immobile (qui se dirige en fait, et rapidement, vers le déclin) qui n'accorde pas d'espaces et de perspectives à ceux qui ne font pas partie de la génération du baby-boom.
"La génération entière, écrit Madonia dans The Vision, qui était censée conduire la fortune de la planète au cours de ces vingt-quatre années, en gros ceux qui sont nés entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990, a souffert de son propre "bug". Par rapport aux générations précédentes, la société a entravé ou empêché leur équilibre professionnel, relationnel, affectif, voire existentiel. Une génération fantôme, écrasée par les pressions du capitalisme et les crises qui ont marqué les deux dernières décennies. C'est le Millennial Bug, et nous en payons encore les conséquences".
Tout cela est vrai, bien sûr. Mais il faudrait que quelqu'un - son père et sa mère, par exemple, s'il a la chance de les avoir encore - lui explique que les générations précédentes ont conquis leurs droits. Et puisqu'il est écrivain, Madonia pourrait lire les livres d'autres auteurs plus anciens (la presse existait déjà) qui ont raconté 68 ou 77. Le changement n'était pas donné, mais obtenu avec des heurts, des protestations, des morts même.
Les bonnes familles italiennes du début des années 60 auraient voulu des enfants polis et bien peignés, avec costume et cravate, de bonnes études et des carrières professionnelles sûres et ordonnées. Des mariages heureux et des petits-enfants à élever dans le respect des principes. Cela ne s'est pas passé comme ça, et peut-être que cela s'est mal passé. Mais les générations qui ont occupé les places qui comptaient et excluaient l'"équilibre existentiel" ne se sont pas allongées sur le canapé en attendant des concessions qu'elles n'avaient même pas demandées. Elles n'avaient peut-être pas de smartphones ou de tablettes, mais elles vivaient avec leurs pairs et c'est avec leurs pairs qu'elles se sont rebellées. Étrange mot que celui de "rébellion". Peut-être est-ce l'un de ceux qui ne figurent plus parmi les rares que connaissent les nouveaux jeunes. Remplacée par les pleurnicheries, l'impolitesse, la résignation.
"71 % des millennials interrogés en Italie ne croient pas en la possibilité de fonder une famille et 73 %, poursuit Madonia, considèrent qu'il est impossible d'acheter une maison dans un avenir immédiat. En outre, 79 % des millennials considèrent que la flexibilité du travail est fondamentale, avec la possibilité de travailler à distance et avec des horaires moins rigides, se déclarant même prêts à quitter leur emploi pour trouver un travail à taille humaine. Parmi les différentes demandes formulées, la semaine de travail de quatre jours se distingue. Pour conclure l'étude, 42 % des millennials se considèrent comme très "anxieux et stressés", et comme préoccupations pour l'avenir, ils placent en tête de liste les craintes concernant leur santé mentale, le changement climatique et les dommages causés à l'environnement, le coût de la vie et le chômage.
C'est bien, c'est mal. Tous sont conscients des problèmes. Et même de leurs propres craintes et désirs. Et alors ? Est-ce que papa et maman doivent trouver des solutions ? Peut-être les grands-parents ? Pourtant, les millénials devraient désormais être capables de s'essuyer les fesses tout seuls. Ils devraient pouvoir s'habiller seuls. Et s'ils veulent quelque chose, ils devraient avoir le courage et la capacité de le prendre. Notamment parce que les baby-boomers sont vieux et impuissants. Mais le risque pour les millennials est que, pendant qu'ils se complaisent dans la douleur de l'injustice qu'ils ont subie, la génération Z vienne remplacer les personnes âgées. D'autre part, la résistance des boomers dans les lieux de pouvoir se heurte à l'âge et à la fin de vie...
19:57 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : millenials, génération z, sociologie, problèmes contemporains | |
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mardi, 26 mars 2024
Les filles de plus en plus à gauche et de plus en plus éloignées des garçons
Les filles de plus en plus à gauche et de plus en plus éloignées des garçons
Augusto Grandi
Sources: https://electomagazine.it/ragazze-sempre-piu-a-sinistra-e-sempre-piu-lontane-dai-ragazzi/
Hommes conservateurs et femmes progressistes. Les recherches toujours en cours sur le comportement des nouvelles générations montrent une différence de plus en plus marquée entre les positions politiques des deux sexes canoniques (les choix idéologiques des minorités lgbtqia++ n'apparaissent pas dans les statistiques). Et ce, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe, en Asie et en Afrique du Nord. Avec des différences allant jusqu'à 30 points de pourcentage. Par ailleurs, l'augmentation de l'écart entre les sexes coïncide également avec la baisse du taux de natalité.
Post hoc et non pas propter hoc. Mais en réalité, le lien semble exister. En effet, les mondes masculin et féminin semblent se rencontrer de moins en moins et de plus en plus tard. Et pas seulement pour des raisons d'alignement politique. Et en se rencontrant de moins en moins, il devient plus difficile de se comprendre, de s'aimer, de créer les conditions d'une vie commune, peut-être avec des enfants.
Selon le New York Times, "la génération Z est à bien des égards le produit des tendances parentales de la génération X, qui a remplacé l'extraordinaire liberté de notre éducation d'antant par une enfance mise en scène qui inhibe le jeu libre, décourage la résolution autonome des conflits et canalise une grande partie de l'enfance dans une série d'activités micro-gérées qui aident à constituer des dossiers de candidature brillants pour l'université, mais privent les enfants d'une grande partie de la joie spontanée et de la convivialité de la jeunesse".
Pour banaliser, on pourrait dire que l'obsession des parents occupés à organiser chaque moment libre de leurs enfants, transportés de l'école au cours de danse ou à l'entraînement de volley-ball, sans interruption, a conduit à la fin de toute possibilité de rencontre et de confrontation. Paradoxalement, les rencontres étaient plus faciles lorsque les classes étaient divisées entre garçons et filles. Sans parler, bien sûr, de l'âge d'or des "immenses entreprises" dont parle la chanson Les années 883.
Aujourd'hui, c'est la liberté qui a disparu, remplacée par des activités trépidantes et ghettoïsantes. On n'a plus le temps de sortir avec les copains et les copines, de chanter ensemble, de passer la nuit à discuter de tout et de rien, de se disputer et de se réconcilier, mais seulement d'échanger quatre mots pressés avec ses coéquipiers dans les vestiaires.
En l'absence de confrontation, il est inévitable que les deux mondes s'éloignent l'un de l'autre. Mais les institutions peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Il manque le ciment, la soudure d'une contestation générationnelle. D'autre part, même la grande illusion de 77, des Indiens métropolitains, de la révolte alternative à celle des BR (= Brigades rouges) ou des Potop, s'est éteinte à Bologne quand les collectifs féministes, au lieu de se consacrer à la conquête de la ville, ont cru bon de se consacrer au procès contre les mâles gauchistes qui ne savaient pas faire l'amour de manière satisfaisante. Car, de toute évidence, la révolution la plus importante était celle qui se déroulait entre les draps.
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mardi, 26 décembre 2023
Watzlawick et le rejet du père dans le monde américain-occidental
Watzlawick et le rejet du père dans le monde américain-occidental
Nicolas Bonnal
Dans son Guide non conformiste pour l’usage de l’Amérique, Watzlawick règle ses comptes avec la matrice de Palo Alto qui fit sa fortune et sa célébrité. Le bouquin est un règlement de comptes digne de figurer dans le répugnant brulot de Philippe Roger sur les anti-américains de tout poil, qui comme on sait ont perdu la partie en France et en Europe – car plus l’Amérique sombre et devient folle (militairement, démographiquement, politiquement, culturellement et économiquement), plus elle fascine et domine les esprits européens réduits à l’état de zombis et de miséreux bellicistes. Il reste aux politiciens européens à liquider la population locale sur ordre des labos, des GAFAM et des fonds de pension US (merci aux dibbouks de Kunstler et à cette volonté du Tikkoun olam qui devait réparer le monde – sont-ils stupides ou si mal intentionnés ?). Le problème est qu’en réduisant la population de leurs ouailles ici comme au Japon (-800.000/an depuis le vaccin) les « élites » américaines détruisent aussi leur capacité de nuire à l’échelle planétaire. Mais quand on dispose d’indices boursiers éternellement stratosphériques (quarante fois la valeur de 1980 quand l’or entre-temps n’a que triplé, et cinq fois celle de 2009), on peut tout se permettre, pas vrai ?
On sait que fille de l’Europe, l’Amérique, l’a toujours voulu détruire, ce qui est devenu possible à partir de la Première Guerre Mondiale. Ruinée et dépeuplée par cette guerre, l’Europe devient une colonie US, achève de se ruiner avec la Deuxième Guerre Mondiale qui se fait sur ordre américain (voir Frédéric Sanford, Barnes, Preparata, etc.) et ensuite peu à peu dépose les âmes et les armes. Elle n’est qu’un ombre et la construction européenne apparaît pour ce qu’elle est : une déconstruction sur ordre « anglo-saxon », qui aujourd’hui revêt un caractère haineux et carrément exterminateur.
Je reviendrai sur la lucidité des grands écrivains américains quant à la faculté de nuisance US qui est apparue dès la première moitié du dix-neuvième siècle : de Poe à Lovecraft en passant par Twain ou Hawthorne, il n’est pas un grand esprit US qui n’ait vu la catastrophe matérialiste et illuministe arriver : même Walt Whitman (voyez mon texte) en avait très bien parlé, une fois raccroché ses crampons de moderniste. Après la guerre de quatorze poursuivie pour les banquiers et la possession de la terre feinte, écrivains et dernières élites de souche anglo-saxonne culturelles décampent et vont sur l’Italie ou Paris ; et pendant que Stefan Zweig dénonce l’américanisation-uniformisation du monde (il dit bien que c’est la même chose), uniformisation qui repose sur le matérialisme, l’abrutissement et l’industrie culturelle (quelle alliance de mots tout de même), le banquier américain commence sa conquête de l’Europe, celle qui ravit nos leaders.
Donc dans son livre sur l’Amérique Watzlawick insiste sur la haine du père. Pays de grand remplacement et d’immigration, l’Amérique désavantage le père à partir des années 1870-1880.
« Les relations avec le père géniteur sont toutes différentes. Au début de son traité The American People, devenu un classique, l'anthropologue britannique Geoffrey Gorer analyse le phénomène typiquement amérjcain du rejet du père, et l'attribue à la nécessité, qui s'imposait pratiquement à chacun des trente millions d'Européens qui émigrèrent aux Etats-Unis entre 1860 et 1930, de s'adapter aussi vite que possible à la situation économique américaine. Mais, en s'efforçant de faire de ses enfants (généralement nés aux États-Unis) de « vrais » Américains, il devint, pour ces derniers, un objet de rejet et de dérision. Ses traditions, ses connaissances insuffisantes de la langue et surtout ses valeurs constituaient une source de gêne sociale pour la jeune génération qui fut, à son tour, victime de la réprobation de ses enfants. »
Oui l’homme immigré est toujours désavantagé et ne peut plus éduquer ses enfants, car il ne maîtrise pas assez la nouvelle langue et sa nouvelle sous-culture de sport, de consommation ou de télévision. Lipovetsky en avait bien parlé pour les maghrébins en France. Dans la démocratie cool et nihiliste qu’il décrit, les parents n’ont plus droit de cité (sic). Comme dit ailleurs Guy Debord, on ressemble à son temps plus qu’à son père. Le grand livre de Booth Tarkington, la Splendeur des Amberson, mal adapté sur ce point essentiel par l’agent communiste et New Deal Orson Welles (et pour cause !), en parle très bien de ce grand remplacement.
Mais le maître enfonce encore le cou :
« Ce rejet du père comme symbole du passé va de pair avec la surestimation des valeurs nouvelles et donc de la jeunesse. Le trentième anniversaire est cette date fatidique qui vous met au rebut du jour au lendemain, et mieux vaut ne pas parler du quarantième. Il en va de même avec l'engouement pour tout ce qui est nouveau, et tire sa qualité de cette nouveauté, même s'il s'agit d'une vieillerie sortie tout droit du magasin de friperie. »
La société de consommation s’impose et impose la rapide consommation sexuelle ou autre des femmes (Ô James Bond et le Tavistock Institute !) et des hommes (aujourd’hui confondus dans le sac unisexe) :
« Les slogans proclament imprimés sur les emballages des produits du supermarché même si l'on peut supposer, à juste titre, que farine ou aspirine, il s'agit toujours du même produit. Et le modèle de l'année d'un type d'automobile doit se distinguer du précédent, au moins par une enjolivure, même si ce qui importe, la technique de construction, n'a pas changé depuis des années. »
L’idéal totalitaire va s’imposer : on oublie la famille et on impose un groupe manipulé par un conditionnement ou un danger extérieur (pensez à ces films des années 70 qui bâtis sur l’implosion terminale de la famille imposent la naissance d’un groupe tenu par la peur et l’obéissance à un prêcheur ou un chef-clone issu du Deep State) ; Watzlawick encore :
« A cette foi utopique en l'avenir et au rejet du passé s'ajoute un autre élément, déjà évoqué: l'égalité et la stéréotypie, une éducation fondée sur l'intégration à la communauté. Cette félicité à venir devra être partagée à parts égales, il ne saurait être question de privilèges individuels. Depuis le jardin d'enfants, on inculque aux Américains qu'ils font partie d'un groupe, et que les valeurs, le comportement et le bien-être de ce groupe sont prépondérants. Toute pensée individuelle est répréhensible, sans parler d'une attitude non conforme. Les enseignants s'adressent à leurs élèves comme à un collectif, en se servant du mot class: Class, you will now write a composition about..., et cette entité amorphe qu'est la classe commence sa rédaction. Alors qu'un Européen ne supporte pas d'être pris pour Monsieur Tout-le-monde, le souci majeur d'un Américain est de ne pas dévier des normes du groupe. »
Ce groupe totalitaire et festif, abruti et bien soumis a donné en Europe les fous de Bruxelles et cette communauté européenne qui nous promet guerre, misère, Reset et totalitarisme informatique.
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vendredi, 03 novembre 2023
Paul Watzlawick et les bizarreries américaines
Paul Watzlawick et les bizarreries américaines
Nicolas Bonnal
Watzlawick avait écrit un passionnant guide anticonformiste de l’usage de l’Amérique. Il a été publié en allemand et pas en anglais et on comprend vite pourquoi tant ce grand lecteur de Gheorghiu, de Tocqueville ou de Dostoïevski a été choqué par les caractères monstrueux de la matrice américaine qui achève de nous engloutir aujourd’hui. Toute la civilisation US était programmée pour se/nous mener à la catastrophe : on sent pointer cet aspect dans des livres comme « Comment réussir à échouer » ou « Faites vous-même votre malheur » - tous publiés au Seuil – qui finalement expliquent comment le projet occidental capote : par culte du perfectionnisme et de la solution qui crée le problème. Il est clair du reste que cet échec va être le nôtre et qu’il nous exterminera – tout comme il tourmente les victimes de ce culte de la solution. Qu’il s’agisse du carbone, du vaccin, de la sécurité numérique, tout est mis en œuvre pour nous liquider dans un lit de bonnes intentions.
J’adore ce passage sur le père impossible en Amérique (on n’y est pas un son of a bitch pour rien) :
« Au début de son traité The American People, devenu un classique, l’anthropologue britannique Geoffrey Gorer analyse le phénomène typiquement américain du rejet du père, et l’attribue à la nécessité, qui s’imposait pratiquement à chacun des trente millions d’Européens qui émigrèrent aux États-Unis entre 1860 et 1930, de s’adapter aussi vite que possible à la situation économique américaine. Mais, en s’efforçant de faire de ses enfants (généralement nés aux États-Unis) de « vrais » Américains, il devint, pour ces derniers, un objet de rejet et de dérision. Ses traditions, ses connaissances insuffisantes de la langue et surtout ses valeurs constituaient une source de gêne sociale pour la jeune génération qui fut, à son tour, victime de la réprobation de ses enfants. Ce rejet du père comme symbole du passé va de pair avec la surestimation des valeurs nouvelles et donc de la jeunesse. »
Le culte de la jeunesse c’est celui de la marchandise nouvelle qui chasse l’autre, a dit Debord. Ici aussi :
« Ce rejet du père comme symbole du passé va de pair avec la surestimation des valeurs nouvelles et donc de la jeunesse. Le trentième anniversaire est cette date fatidique qui vous met au rebut du jour au lendemain, et mieux vaut ne pas parler du quarantième. Il en va de même avec l’engouement pour tout ce qui est nouveau, et tire sa qualité de cette nouveauté, même s’il s’agit d’une vieillerie sortie tout droit du magasin de friperie. »
La liquidation du père est générale : Lipovetsky avait décrit le déclin du père musulman en France dès les années 80 en France (relisez l’imposante Ere du vide) ; elle a été facilitée par les modes, la création/manipulation de la sous-culture et la musique destinée à la jeunesse - et aujourd’hui par la technologie qui crée des barrières infranchissables entre technophiles et « petits vieux » de quarante ans. Smart-siphonnés et Tik toqués sont dans leur monde.
Mais ce n’est pas tout. Watzlawick rappelle que ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on constate une prodigieuse inculture et une prodigieuse sous-information américaine (et maintenant en France et en Europe). Les Américains sont pauvres en informations (allez, Tocqueville écrit la même chose !) :
« Volontairement, et d’une manière spontanée, les Américains ont atteint un degré d’appauvrissement de l’information et une conformité d’opinions qui feraient pâlir d’envie les gouvernements de démocraties populaires, soucieux d’insuffler leur ligne de pensée à leurs sujets récalcitrants. Je ne peux émettre qu’en dilettante des considérations théoriques sur la manière par laquelle on en est arrivé là, mais vous vous rendrez compte, très rapidement, qu’il en est vraiment ainsi. La liberté d’opinion et de presse américaine, tant vantée, existe, cela ne fait aucun doute. »
On a vendu écrit le maître cette liberté pour « le plat de lentilles de la conformité » (Macluhan remarque aussi qu’en Amérique on a cent chaines qui crachent toutes la même chose) :
« Personne ne prescrit au citoyen ce qu’il doit penser, croire ou éprouver. Mais, soit les Américains ont vendu cette liberté pour le plat de lentilles de la conformité, si bienfaisante, soit ils n’en ont jamais fait usage. Dans un cas comme dans l’autre, le résultat est le même : le moindre quotidien de province de l’Europe à l’ouest du rideau de fer vous donne plus d’informations sur la situation mondiale qu’il n’est possible d’en obtenir aux États-Unis. »
On voit ce qui se passe mondialement : chasse au virus, puis chasse au russe, puis chasse au palestinien – et au « pro-palestinien » (rebaptisé « pro-Hamas » pour faire court) qui trouverait que huit mille femmes et enfants tués cela ferait beaucoup – en attendant le million de déportés qui enchantera le bloc bourgeois de Lordon.
Watzlawick explique comment toute cela fonctionne, cette information, comment tout cela se transmet, comme une banale et dégueulasse bouffe de fastfood :
« Aux États-Unis, le journal que vous lisez importe peu, car leurs nouvelles, mâchées et livrées sous un emballage aseptique de cellophane métaphorique, paraissent toutes sortir d’un même et unique supermarché de l’information. Même le style reste largement identique, et de méchantes langues prétendent que la formation d’un journaliste se limite à l’apprentissage de trois règles : 1. Tell them what you are going to tell them. 2. Tell them. 3. Tell them what you have just told them. (En français, du fait des différents sens de tell, cela donne : 1. Annonce-leur (c’est-à-dire aux lecteurs) ce que tu vas leur dire. 2. Dis-le-leur. 3. Explique-leur ce que tu viens de leur dire.) »
Après on rabâche comme à la télé avec des chroniqueurs et des commentateurs (c’est Jean-Luc Godard qui disait que BHL n’était ni un écrivain ni un cinéaste mais un éditorialiste : de fait nous sommes assiégés d’éditorialistes-répétiteurs) :
« Ces produits font ensuite l’objet d’un développement subjectif dans les élucubrations de chroniqueurs appelés columnists qui, tous les jours de l’année, sur la même page du journal, minimisent avec humour certains événements ou les commentent de manière à les rendre édifiants pour tout lecteur ayant un Q.I. de 85. »
Sur la radio Watzlawick écrit des lignes terribles (on repense au début de Citizen Kane – ou à des dessins animé de Tex Avery) :
« Les innombrables stations de radio américaines appartiennent au secteur privé et vivent d’émissions publicitaires. Leurs fonctions récréatives ne possèdent plus, à l’ère de la télévision, beaucoup d’importance, et elles servent uniquement de bruit de fond. Certaines d’entre elles semblent entièrement automatisées et, s’il arrive un incident avec un disque ou une bande magnétique, l’appareil tourne à vide jusqu’à ce que quelqu’un s’en rende compte. »
Comme le froncé de Macron (cf. mon texte sur le « peuple nouveau »), l’américain de Watzlawick ne veut que se fondre dans la masse, vivre et penser comme tout le monde (Tocqueville ou Francis Parker Yockey ont écrit des lignes flamboyantes à ce sujet, comme Georges Duhamel) :
« Alors qu’un Européen ne supporte pas d'être pris pour Monsieur Tout-le-monde, le souci majeur d’un Américain est de ne pas dévier des normes du groupe. La différence entraîne l’expulsion du groupe, la mise au ban. D’où, probablement, sa répugnance à se retrouver tout seul au restaurant, car cela laisse supposer que personne ne l’aime. »
Watzlawick appuie aussi sur un point important : l’américain a droit au bonheur – c’est dans sa constitution et c’est une erreur de Jefferson dit le maître. Cette chasse folle et obligatoire au bonheur va précipiter les catastrophes.
« Peut-être cette exigence du droit au bonheur est-elle liée à cette rage de psychologie et de thérapie des Américains : personne ne cache qu’il est en analyse depuis des années, bien au contraire, cela fait partie, en quelque sorte, de son prestige social. »
La chasse au bonheur nécessite un couple parfait ; un couple parfait nécessite discussions et règlements de comptes ; et là Watzlawick cite un chercheur français très oublié :
« Ce procédé n’est, semble-t-il, pas nouveau, mais redécouvert, car en 1938 déjà le journaliste français Raoul de Roussy de Sales décrivit, dans son essai Love in America, ce culte de la « sincérité ravageuse » :
« Les époux semblent perdre d’innombrables heures du jour et de la nuit à l’analyse des failles qui entachent leur liaison. Ils sont convaincus qu’il faut — selon les préceptes de la plupart des psychologues et pédagogues modernes — affronter résolument la vérité (...) Quel que soit l’attrait de cette théorie, sa mise en pratique s’avère généralement lourde de conséquences, et ceci pour plusieurs raisons. Premièrement, la vérité est un explosif qu’il faut manipuler avec précaution, surtout dans la vie conjugale. Il n’est pas nécessaire de mentir, mais jongler avec des grenades à main à seule fin de prouver son intrépidité ne rime pas à grand-chose. Deuxièmement, la théorie préconisant une sincérité absolue part du principe qu’un amour qui ne résiste pas à des assauts permanents ne mérite pas, de toute façon, d’être entretenu. Il y a, en effet, des gens qui prennent leur vie amoureuse pour une éternelle bataille de Verdun. Et, une fois que le système de défense est irrémédiablement détérioré, l’un ou même les deux partenaires invoquent une incompatibilité d’humeur désespérée. A la suite de quoi on divorce et l’on choisit quelqu’un d’autre, avec qui l’on sera de nouveau d’une sincérité sans ménagement, le temps d’une saison. »
On a l’impression d’une comédie screwball ou les mariés/fiancés/partenaires ne sont que deux acteurs qui parlent vite en se/nous cassant les oreilles : on reverra les classiques casse-têtes de Howard Hawks à ce sujet qui célèbrent des couples d’acteurs-amants-bateleurs sans enfants.
Tout cela est aussi lié au goût de la chicane qui est si américain (voyez ce passage de Robert Reich qui explique que dans un patelin il faut être deux avocats pour faire fortune) :
« Les Américains en général, et les Californiens en particulier, sont les gens les plus chicaneurs de la terre », constata, dès 1977, le conseiller juridique du gouverneur de Californie, qui semble bien placé pour le savoir. Il existe, en Californie, 62.000 avocats, auxquels s’ajoutent 5000 nouvelles recrues par an. Sur l’ensemble du territoire fédéral, le nombre des avocats grimpa de 250.000 en 1960 à plus de 622.000 en 1984 et on estime qu’ils seront plus d’un million vers 1995. Comment peut-on résister, devant une telle offre, à porter n’importe quelle vétille devant les tribunaux ? »
La déclaration d’indépendance fut une drôle de date : la fin de l’humanité et son remplacement par l’anormalité.
23:45 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul watzlawick, sociologie, nicolas bonnal | |
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jeudi, 28 septembre 2023
Le livre noir de la nouvelle gauche
Le livre noir de la nouvelle gauche
par Michele Fabbri
Source: https://www.centrostudilaruna.it/marxismo-missione-compiuta.html
La première forme d'oppression qui se manifeste dans l'histoire est celle exercée par les hommes sur les femmes. Ce concept, évoqué par Marx et approfondi par son camarade Engels, est le fondement des démocraties "avancées" d'aujourd'hui, c'est-à-dire des sociétés fémino-centriques et homosexualisées du 21ème siècle. Nous pouvons donc constater aujourd'hui que les systèmes fondés sur la "politique du genre" sont ipso facto marxistes. Cette prise de conscience est nécessaire pour imaginer une alternative à l'état actuel des choses, et certaines avant-gardes intellectuelles commencent à attirer l'attention sur cette question. C'est le cas de deux jeunes et brillants universitaires hispanophones, Agustin Laje et Nicolás Márquez, qui ont publié une étude traduite en italien en 2023 : Le livre noir de la nouvelle gauche.
Cette étude, axée sur l'idéologie du genre, analyse la montée irrésistible du lobby gay et du pouvoir féministe dans le monde occidental. Il en ressort notamment que dans les pays où le socialisme réel a été mis en œuvre, le statut des femmes n'a pas particulièrement progressé: aucun pays du bloc communiste n'a connu de leadership féminin. Quant aux homosexuels, ils ont souvent été persécutés par la loi dans les régimes marxistes. Les auteurs du livre s'interrogent sur ces contradictions inconciliables dans le monde socialo-communiste et estiment que les marxistes ont en tête le vieil objectif de l'abolition de la propriété privée, qu'ils voudraient atteindre en s'appuyant sur la Sainte Alliance entre le féminisme et l'homosexualisme. Le monde homosexuel, bien que négligeable en nombre, jouit d'une puissance médiatique globale. L'homosexualisme servirait alors de bélier pour casser le capitalisme, dit hétéro-capitalisme, avec l'objectif habituel de détruire la famille.
Le livre fait particulièrement référence au monde latino-américain, que les auteurs connaissent très bien, où l'homosexualité est en général organisée au sein de groupes d'extrême gauche. Cependant, la réalité en Europe et en Amérique du Nord montre une image différente: le capitalisme avancé semble être le liquide amniotique de l'homosexualité, qui jouit souvent d'un consensus politique unanime. Fondamentalement, le système occidental est animé d'une haine viscérale à l'égard du mâle hétérosexuel, tenu pour responsable des maux du monde. La criminalisation du genre masculin est l'exercice quotidien des grands médias, et les frustrations de toutes sortes se coagulent dans la misandrie d'État, devenue aujourd'hui une religion civile interclassiste.
Quelle que soit l'interprétation que l'on souhaite donner aux pulsions qui se manifestent dans l'opinion publique, le livre de Màrquez et Laje regorge d'informations utiles et de citations mettant en lumière les piliers de l'idéologie arc-en-ciel, dans laquelle les invitations explicites à la pédophilie, à la coprophilie, à l'inceste, aux pratiques sexuelles extrêmes telles que la roulette russe du SIDA, et même la théorisation d'une démocratie sexuelle post-humaine basée sur l'orifice anal, ne manquent pas... Autant de sujets qui n'ont jamais été abordés par les médias généralistes et qu'il est juste de porter à la connaissance d'un public non averti qui se plie désormais à la rhétorique gay de manière inconsciente, presque par réflexe conditionné.
Les deux chercheurs, qui s'expriment avec une franchise très rare et vraiment louable de nos jours, sont des auteurs d'origine catholique, et de nombreux catholiques italiens, chloroformés par la rhétorique bien-pensante du pape Bergoglio, seront certainement choqués par un langage aussi explicite. C'est une autre raison pour laquelle il vaut la peine de s'attaquer à cette lecture, qui offre, parmi de nombreuses informations intéressantes, des statistiques indicatives pour une évaluation du phénomène LGBT. Les lecteurs trouveront des données sur la prévalence exceptionnelle des maladies vénériennes chez les homosexuels: ces informations sont soigneusement cachées au public et contrastent fortement avec les programmes de santé souvent mis en œuvre par les politiciens (pensez aux campagnes antitabac). On détourne les citoyens du vice de la cigarette, tout en les poussant à des formes de promiscuité sexuelle extrêmement dangereuses du point de vue de la santé !
Une partie du livre est consacrée à l'idéologie de l'avortement, qui est la question anthropologique la plus importante. En outre, l'ouvrage décrit des propositions politiques qui apparaissent dans les publications de la région et qui sont susceptibles d'être mises en œuvre dans un avenir proche: homosexualité obligatoire, hétérosexualité interdite, camps de concentration pour les hommes...
Mais au-delà des observations du livre, on peut dire que le marxisme a gagné avec l'effondrement du mur de Berlin. La haine sociale que le communisme prônait dans les années 1900 s'est transformée en un conflit permanent des sexes entre hommes et femmes ainsi qu'entre homosexuels et hétérosexuels. Le changement de mentalité s'est opéré grâce à l'endoctrinement généralisé des marxistes pendant la période de la guerre froide: sous l'égide de l'école de Francfort, ils ont commencé à comprendre que le capitalisme, tout en générant de grandes inégalités dans la répartition des richesses, réalisait en même temps l'émancipation des femmes, ce qui était évidemment pour les marxistes un objectif bien plus attrayant que la "justice sociale". Le capitalisme a favorisé le travail des femmes pour accroître la consommation, ce qui a également permis d'augmenter les revenus imposables: en bref, les capitalistes ont secoué l'arbre et les marxistes ont récolté les fruits... Après tout, ce n'est pas la première fois que les deux côtés de la modernité collaborent amoureusement !
À long terme, la disponibilité accrue de la main-d'œuvre a généré un chômage de masse et maintenu les salaires à un bas niveau, tandis que le relâchement des liens du sang a fragmenté les patrimoines familiaux. Sans parler du déclin démographique qui conduit les sociétés "avancées" au suicide... Un scénario d'appauvrissement généralisé s'est ainsi mis en place, rendant les travailleurs facilement accessibles au chantage. Ainsi, avec la dématérialisation progressive de l'institution familiale, tout sens de la communauté a été éliminé, ce qui a conduit à un individualisme radical et à la guerre de tous contre tous qui en découle. Le résultat est un modèle social qui tend vers le dystopisme, très proche du communisme puisqu'il vise à l'homologation des modes de vie : aujourd'hui, même les "conservateurs" autoproclamés ont intériorisé le langage arc-en-ciel et l'utilisent sans même s'en rendre compte
Le chef-d'œuvre des progressistes a donc été de féminiser la psychologie de masse. La mentalité de la société contemporaine reflète l'attitude typique des femmes : soumises, obéissantes, serviles... Ainsi, les velléités de rébellion sont facilement absorbées et la classe politique a beau jeu de conditionner des individus castrés, devenus incapables de réagir aux injustices dont ils sont eux-mêmes victimes !
Le livre de Laje et Màrquez se limite à l'aspect idéologique et propagandiste de la question, mais il serait intéressant d'approfondir les thèmes des manipulations biologiques qui ont permis d'établir le Gender; cependant, ces sujets nécessitent une expertise scientifique qui dépasse la formation des deux auteurs, formés en droit et en sociologie. Pour toutes ces raisons, la bataille politique se joue aujourd'hui sur le front du Gender, que l'on peut désormais définir comme le communisme du 21ème siècle. Les arguments ne manquent pas pour démontrer les contradictions du système. Les apories manifestées dans le socialisme réel suffisent déjà largement à discréditer le cadre conceptuel du progressisme, mais l'idéologie du genre est encore plus inconcevable. S'il est vrai, comme le disent les genderistes, que le genre sexuel est un choix psychologique et non un fait biologique, alors tout le monde peut se déclarer femme et tous les problèmes du monde seront résolus: il n'y aura plus de raison d'élaborer des politiques spécifiques pour les femmes ! Le fait que les oligarchies se renforcent au fur et à mesure que l'arc-en-ciel se lève ne fait que confirmer le caractère contre-initiatique du progressisme, historiquement soutenu et financé par des noms bien connus des "complotistes"...
Nicolas Màrquez, Agustin Laje, Il libro nero della nuova sinistra. Ideologia di genere o sovversione culturale, (= Le livre noir de la nouvelle gauche. Idéologie du genre ou subversion culturelle), Editions Eclectica 2023, p.284.
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