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lundi, 30 janvier 2012

Céline au bout de la nuit - Entretien avec Dominique de Roux – 1966

Céline au bout de la nuit

Entretien avec Dominique de Roux – 1966

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 

Il y a cinq ans, mourait d’une rupture d’anévrisme, à 57 ans, « l’écrivain maudit » Louis-Ferdinand Céline. Le 1er juillet 1961, on le portait en terre. Au cimetière, douze personnes, parmi lesquelles : Roger Nimier, Claude Gallimard, Arletty, Gen Paul (le compagnon de la Butte), Lucette Almanzor (sa femme, qui l’avait protégé jusqu’au bout). Une poignée de fidèles, pour celui dont Henri Miller disait : « J’ai adoré les œuvres de Céline, et je lui dois beaucoup. Céline vit en moi. Il y vivra toujours. Voilà l’important. » Tandis que Jouhandeau proclamait : « En lui, je vénérais la Pauvreté et le prestige du Martyre. » Le prophète de la décadence occidentale exerce-t-il, par-delà la tombe, une influence sur les moins de trente ans ? L’un d’eux, Dominique de Roux, trente ans justement, vient de lui consacrer un témoignage véhément, stèle en forme de poème, sous le titre : La mort de L.-F. Céline (éditions Christian Bourgeois).
 
Il vivait quand je me suis intéressé à lui, mais je ne suis jamais allé le voir. A travers lui, je retrouve la passion et l’idée que je me fais de la Littérature, en y retranchant un anti-sémitisme que je ne puis justifier.
 
En 1963, Dominique de Roux lui consacrait le n°3 des Cahiers de l’Herne, qui groupait des inédits, des extraits de la correspondance de Céline, des essais, études, témoignages, photographies, et une bibliographie très complète des livres et articles du disparu, complété en 1965 par le n°5 des mêmes Cahiers de l’Herne, encore consacré à Céline.
 
Si des écrivains de trente ans vouent un culte au prophète maudit, il n’est donc pas complètement enfoui sous la terre ?
J’ai choisi Céline, parce que je considère qu’il est, avec Marcel Proust, le second pilier des prosateurs français, à une époque où les jeunes écrivains sont obsédés par la linguistique et la théorie. Céline a créé son propre langage : il voulait la beauté, un ordre et des assonances nouvelles.
Il hésite un instant.
On ne peut enseigner Céline. La perspective où il entraîne est d’ordre poétique. En vingt ans, la littérature s’est soustraite à la vie, l’Europe s’est engourdie, avec une société sans littérature, des gens de lettres qui s’avilissent. C’est son lyrisme qui permet à Céline d’assumer, dans son intégrité, la génération qui disparaît.
Dominique de Roux rejette une mèche en arrière.
Il refusait de jouer le jeu : dédaignait l’intendance des lettres, les préfaces, les petits fours chez la duchesse, les regards obliques, dès quarante ans, versl’Académie. C’était un homme de l’Ancien Testament : Jérémie, son carcan autour du cou, lançant l’anathème.
 
En 1932, Céline (ce Dr Destouches qui soignait gratuitement dans la banlieue parisienne) remet un manuscrit à Denoël : Voyage au bout de la nuit. Le monde est condamné à mort : Bardamu, le héros, doté d’une sensibilité aiguë, prend à sa charge une souffrance que nous sommes incapables de ressentir. Ses semblables s’acharnent sur lui. Il ne lui reste qu’à les fuir. Au rendez-vous de Samarcande, la souffrance l’attend. Elle rôde des champs de bataille à l’asile d’aliénés. La seule fuite n’est-elle pas celle qui permet d’échapper à la lucidité, celle qui bascule vers le rêve et la folie ?
Les Goncourt récusent le brûlot, en lui préférant un roman de Guy Mazeline. Leur refus rend le vaincu célèbre. Il reçoit le Renaudot, et le Voyage atteint 500 000 exemplaires, dans un tourbillon d’injures littéraires.
Les journalistes le harcelaient, dit Dominique de Roux, les salonnards le traquaient. Il fuit à Bruxelles, Varsovie, Prague, Cambridge ; en Suède, en Finlande, en Europe Centrale. Il fait le tour de la terre, sûr de l’Histoire fatale, bien avant ses contemporains.
Dominique de Roux cite une lettre de Céline : « N’avertissez personne de mon passage à Anvers ! Tout ce qui ressemble à un accueil spécial fige la vie tout autour de soi… Un livre est déjà de la mort, et souvent de la mort ratée. » Le 24 mai 1933, Céline écrit : « Toute la vie que nous menons est fausse et viciée, et abominablement contraire à nos instincts dès l’origine. »
 
Essayait-il d’anesthésier son angoisse par ces errances ? Il semble qu’il ait été hanté par la prémonition de la catastrophe.
Il était de ceux qui annoncent la fin du monde, et il la croyait, il la voyait prochaine. Pour faire entendre sa protestation, il écrit des pamphlets inouïs, il abandonne la vie pour la littérature.
 
Durant cette période d’entre les deux guerres, Jérémie-Céline annonce des calamités que ses contemporains effacent d’une pirouette et d’une pichenette :
« Nous allons vers la violence. Elle est tout près. Il faut parler de l’ensemble de ce que nous ferons quand nous serons bien fixés : dans quelque temps. » Dans une autre lettre, écrite aux Baléares, l’écrivain avoue son impuissance à s’opposer au cours des événements. La Seconde Guerre mondiale, si proche, les camps de concentration, la campagne de Russie, les bombardements, les nappes de phosphore, Hiroshima…
Il commence à souhaiter une apocalypse de destruction.
 
Jacques Deval le voit, une nuit, surgir dans son bungalow d’Hollywood et, nu, continuer d’écrire dans l’été californien. Il croise au large de Cuba, traînant le formidable manuscrit de Mort à crédit : 800 pages de mort et de négation, une puissance d’invective sans égale. Comment écrivait-il ?
A la main, d’une écriture angulaire, sur de grandes feuilles retenues par des pinces à linge. Comme Flaubert, comme tout grand écrivain, il composait des milliers depages, dont il retirait ensuite la quintessence.
 
Marie Canavaggia, sa secrétaire, raconte qu’il exigeait d’elle ce que Molière attendait de sa servante. Chargée de surveiller la frappe de la dactylo, elle devait « repérer les petites bêtes ». Fallait-il remplacer un « que je fis » par « que je fisse » ? « La faute est à maintenir, pour la cadence », répondait l’auteur. Et s’il décidait de changer un mot, il recomposait entièrement sa phrase, comme les phrases voisines.
Parfois, il revenait à la charge, des heures, une nuit, quelques jours après. Il téléphonait : « Relisez-moi cette phrase… », et opérait une nouvelle métamorphose. Un mot dans le même livre changeait d’orthographe, et aussi bien un mot du petit Larousse ou du Chautard qu’un mot de son invention.
- « mais, quelques pages plus haut, vous l’écrivez autrement ?
- Et alors ? Si on a plusieurs femmes, pourquoi coucherait-on toujours avec la même ? »
- Que ce soucie de créer fond et forme entraînerait de tortures !
Il revenait trente fois à l’œuvre, recopiant, corrigeant, angoissé, lisant sa copie à voix haute, pour dépister les retouches à effectuer.
 
Un an avant de mourir, il a confié à Jean Guénot, au magnétophone, que Proust était un grand écrivain, le dernier, le plus grand de notre génération : « Proust était maniaque, c’est à dire que, au fond, il était pas bien dans la vie… C’est l’histoire de tous les gens qui écrivent. Quand vous jouissez de la vie, pourquoi la transformeriez-vous, hein ? C’est ça qu’on se demande. Faut déjà être détraqué, hein ! Quand vous vous amusez à raconter des histoires, c’est que vous fuyez la vie, n’est-ce pas, que vous la transposez… »
 
En 1960, malade, abandonné dans une maison délabrée, sur la colline de Meudon, entouré de sa compagne et ses chiens, Céline fait penser à Léautaud. Toléré en France, après s’être réfugié à Sigmaringen puis au Danemark, il paie les positions qu’il a prises durant l’Occupation.
Il attribuait au poète le pouvoir de changer le monde. Avant la guerre, il était parti pour l’URSS en croyant à la Révolution d’Octobre, et il en revint désabusé. A Moscou, il avait rédigé 50 pages de son Mea Culpa. Quelque chose allait arriver. La destruction de l’Europe la rendrait inutilisable pour un plus grand destin.
Il avait annoncé, à Médan, en prononçant l’éloge de Zola : « Notre civilisation semble bien coincée dans une incurable psychose guerrière. Nous ne vivons plus que pour ce genre de redites destructrices. »
 
En dix jours, Céline, au comble de la rage, termine Mea Culpa.
Pour lui, dit mon interlocuteur, le marxiste est devenu un despote, le nazisme une inquisition. Rien n’est plus rien. La stratégie n’est plus la stratégie, l’amour l’amour, l’Amérique l’Amérique. L’Histoire elle-même n’est plus. La littérature n’a plus d’importance quand elle n’est que pure théorie. Les écrivains devraient tenter d’expliquer Hitler, Staline, Mao-Tsé-Toung, l’actualité-mère : ces ombres mortelles sur le dormeur occidental…
 
Je veux bien que ce visionnaire ait dépassé sa pensée, mais s’agit-il d’un délire verbal ? Son antisémitisme…
C’était un homme engagé, répond Dominique de Roux. Il reproduit assez parfaitement le déchirement de son époque, dont il représente à la fois la grandeur et l’égarement. Pour lui, le mot juif n’a pas le sens habituel. Il ne désigne pas un groupe ethnique ou religieux particulier. Le mot à ses yeux tient du magique. Il y loge toute sapeur. Le juif, pour lui, c’est le marchand de canons, les deux cents familles. Il n’aurait jamais toléré la moindre persécution raciale, puisqu’il ne pouvait supporter la douleur chez les autres.
 
Céline a-t-il joué les apprentis-sorciers, ou était-il conscient de la charge de dynamite qu’il déposait ?
Il avait le dessein de conjurer le mal présent et à venir. En prononçant le mot Juif, il croyait fixer toute une charge maléfique. Himmler traquera des innocents, tandis que Céline, hanté par ses visions, proclamait : « Nous sommes dans un monde de génération et de mort et il faut nous en débarrasser. »
 
Il souhaitait faire exploser la planète. Nul ne sait ce qu’il a pensé du soleil mortel d’Hiroshima. Dominique de Roux redresse la tête.
Il a vécu la fin des Temps Modernes, de l’ère « clausewitzienne », qui s’arrête en 1945, au moment où nous sommes entrés dans l’ère de l’atome et de la stratégie. Plus que ses hantises, ses personnages, l’humanité déchue dont il capte les cris, ont exercé une influence profonde.
 
Certains écrivains font vieillir d’un seul coup les livres qui les ont précédés. Après eux, il n’est plus possible d’écrire comme autrefois. Céline est de ceux-là. Ses clochards ont chassé les bourgeois préoccupés par leurs aventures sentimentales, dans les romans de l’entre-deux-guerres. Ils ont sonné le glas d’une esthétique périmée.
Il a surtout bouleversé le style, murmure Dominique de Roux, en introduisant les cadences du langage parlé dans l’écriture. L’ortographe phonétique, la multiplication des néologismes, l’emploi de l’argot, d’un vocabulaire technique, de locutions étrangères ramassées au cours de ses voyages. Un monde vivant, grouillant, qui a révolutionné le microcosme des salons littéraires, un gros pavé dans la mare, comme Joyce, comme Borgès…
 
Quels sont les écrivains influencés par Céline ?
Ceux qui explorent la fosse aux serpents, qui trouve « autant d’art dans la laideur que dans la beauté » : Queneau, Audiberti, Beckett, Boris Vian, Jean Genêt, et, sur un autre plan, Roger Nimier.
Il se met à rire.
Nous sommes dans une époque où les écrivains de trente ans sont des gens de lettres désuets. Une certaine maffia constitue à Paris un club d’admiration mutuelle, un cénacle privilégié. La plupart des regards des jeunes écrivains sont vides. « Le poncif d’avant-garde ennuie autant que le poncif académique », écrivait Aragon à Ezra Pound. Or, écrire, ce n’est ni faire carrière, ni prolonger ses humanités. Il faut avoir la force, ne servir que sa vision.
 
Et si Céline était mort avant d’avoir écrit ses pamphlets ?
Dominique de Roux a un geste éloquent.
Il n’aurait été question que de son génie. La guerre l’a pris de court, au moment même de son outrance. La Sorbonne l’aurait reconnu, il figurerait dans les anthologies…
 
Propos recueillis par Thérèse de SAINT PHALLE.
Le Spectacle du Monde, décembre 1966
 


A lire :

Dominique de Roux, La mort de L.-F. Céline, La Table Ronde, 2007.
Jean-Luc Barré, Dominique de Roux : Le provocateur (1935-1977), Fayard, 2005.
Dominique de Roux, Il faut partir : Correspondances inédites (1953-1977), Fayard, 2007.
Philippe Barthelet, Dominique de Roux, Coll. Qui suis-je, Pardès, 2007.

A voir :
Dominique de Roux (1935-1977)

dimanche, 29 janvier 2012

Céline et le thème du Roi Krogold

Céline et le thème du Roi Krogold

par Erika Ostrovsky

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 
Céline lui aussi est d'abord, avant tout : rêveur. Au centre de cette nuit qui l'entoure et qui inonde ses oeuvres, au bout de tous les chemins de l'existence qu'il explore si implacablement, se trouve un immense réservoir de poésie et de rêve. Caché, protégé du regard vulgaire ou indifférent par un mur de silence, de défi ou de dureté, Céline préserve un sens profond, une faim inépuisable de ce domaine ancien et lointain qui appartient aux vrais poètes de tous les temps : celui du conte, de la légende, du mythe. Ce domaine est la retraite secrète à l'abri du monde d'ici-bas.
La plus frappante de ces irruptions de l'élan poétique, légendaire, mythique chez Céline, se trouve dans le thème du roi Krogold qui court comme un fil conducteur à travers les pages de Mort à crédit. Thème d'abord étrange et presque enfantin, proche du conte de fée, de l'évasion pure et de l'imagination primitive, défense contre les misères du monde, il évolue, fait irruption à plusieurs endroits capitaux du roman, indique à chaque reprise l'opposition foncière entre les deux pôles de l'existence. (A la fois symbole et synthèse du monde de l'imagination, de la poésie, du rêve); le thème du roi Krogold semble hanter Céline pendant toute sa vie (1), et continue à paraître sous une forme transfigurée, élargie jusque dans les tout derniers romans.
Si nous voulons regarder de près le thème de Krogold, nous devons nous baser sur les fragments que nous trouvons dans Mort à crédit. Bien que Céline parle à plusieurs reprises de tout un manuscrit perdu, d'un « roman épique (2) », d'une « légende celte (3) », intitulée La Volonté du roi Krogold, nous n'en avons retrouvé aucune trace. Heureusement, la légende, telle qu'elle paraît dans Mort à crédit, est suffisante pour révéler des aspects très intéressants de la vision fondamentale de Céline et nous fournit donc une clef précieuse pour la compréhension de son oeuvre.
La légende elle-même fait irruption assez abruptement dans Mort à crédit, à chaque fois qu'elle apparaît. Le récit ne se fait nullement de manière suivie : il saute, s'arrête, reprend ; ce n'est pas dans l'intrigue que réside son importance. L'histoire elle-même n'a rien d'extraordinaire : elle ressemble superficiellement à maintes oeuvres médiévales qui décrivent une lutte entre deux adversaires, et pourrait presque passer pour un pastiche des romans épiques. Céline, en parlant de Krogold, le classe parmi ses oeuvres lyriques, ironiques (4), indiquant peut-être que son penchant pour l'humour se fait sentir dans la forme donnée à la légende. Cet humour révèle peut-être un souci de dissimuler l'importance fondamentale du thème de Krogold.
Le fragment le plus important est aussi le premier qui paraît dans Mort à crédit. Introduit dans un chapitre qui débute sur un plan terre à terre, il étonne par son ton élevé, son style lyrique, la profondeur de ses jugements. La lutte entre la réalité et la légende, décrite de manière frappante, font de ce chapitre l'un des plus importants du livre.
Celui qui est élu pour écouter la légende est Gustin Sabayot, homme désabusé, fatigué, un peu charlatan, connard, abruti par les circonstances, le métier, la soif, les soumissions les plus funestes. Ferdinand lui demande : Peux-tu encore, en ce moment, te rétablir en poésie ?... faire un petit bond de cœur et de bide au récit d'une épopée, tragique certes, mais noble, étincelante !... Te crois-tu capables ?... (5) Mais Gustin reste assoupi sur son escabeau, passif, indiquant dès le début qu'il sera incapable du bond qu'on réclame de lui : ce qui fait de la légende un récit prononcé dans le vide, mais qui doit être prononcé quand même.
Le récit commence après une courte introduction, en langage parlé, comme une dernière tentative pour atteindre Gustin, pour l'entraîner vers la légende. Puis, il s'élève soudainement, prenant l'allure d'un conte ; la langue devient littéraire, noble ; le rythme ralentit. Nous sommes en pleine légende. La scène est un champ de bataille : Dans l'ombre montent les râles de l'immense agonie d'une armée. Parmi eux, Gwendor le Magnifique expire, mis à mort par le roi Krogold pour l'avoir trahi. A l'aube, la mort paraît devant Gwendor. Suit le dialogue entre Gwendor et la Mort, qui est d'une importance capitale :

« As-tu compris, Gwendor ?
— J'ai compris, ô Mort ! J'ai compris dès le début de cette journée... J'ai senti dans mon coeur, dans mon bras aussi, dans les yeux de mes amis, dans le pas même de mon cheval, un charme triste qui tenait du sommeil... Mon étoile s'éteignait entre tes mains glacées... Tout se mit à fuir ! Ô Mort ! Grands remords ! Ma honte est immense !... Regarde ce pauvre corps !... Une éternité de silence ne peut l'adoucir !...
— Il n'est point de douceur en ce monde, Gwendor ! rien que de légende ! Tous les royaumes finissent dans un rêve !... »

Le chapitre se termine sur la réaction de Gustin : sa méfiance face à la beauté, son refus de « rajeunir », sa défense contre la légende, ses demandes d'explications. Mais il n'est pas facile de mettre le monde de la poésie sur la table de dissection, sous la lumière crue de tous les jours : C'est fragile comme papillon. Pour un rien ça s'éparpille, ça vous salit. Il vaut mieux ne pas
insister, s'éloigner de ceux qui ne peuvent pas comprendre.
Et cependant, quelque chose pousse l'auteur à continuer son récit. Il se tourne vers nous dans le chapitre suivant, sans grand espoir d'être compris et avec un sourire amer, semble-t-il, pour nous décrire le château du roi Krogold : ... Un formidable monstre au cœur de la forêt, masse tapie, écrasante, taillée dans la roche... pétrie de sentines, crédences bourrelées de frises et de redans... d'autres donjons... Du lointain, de la mer là-bas... les cimes de la forêt ondulent et viennent battre jusqu'aux premières murailles...
Et Gustin a, encore une fois, une réaction négative : Gustin il n'en pouvait plus. Il somnolait... Il roupillait même. Je retourne fermer sa boutique.

Dans ces deux pages de Mort à crédit, Céline réussit à nous donner une synthèse de sa vision fondamentale. Nous reconnaissons d'abord l'opposition foncière entre le domaine de la poésie, de la légende ou du mythe, et celui de la vie quotidienne. Le bond qui projette l'homme, au-dessus, en dehors de cette vie, le moment où il se « rétablit en poésie », est le seul qui puisse le sauver d'un avilissement quasi total. Ici, cette conviction fondamentale nous est présentée de façon pessimiste, car Gustin n'est nullement capable de se rétablir en poésie. Dans son métier de médecin (et, en ceci, il est en quelque sorte le double de Ferdinand, comme Robinson l'était pour Bardamu dans le Voyage), il a été inondé par toute la misère du quartier où il exerçait : Eczémateux, albumineux, sucrés, fétides, trembloteurs, vagineuses, inutiles, les « trop », les « pas assez », les constipés, les enfoirés du repentir, tout le bourbier, le monde en transferts d'assassins, était venu refluer sur sa bouille, cascader devant ses binocles depuis trente ans, soir et matin.
C'est Gwendor le Magnifique qui paraît le premier. Le décor est important. C'est sur un énorme lit de mort, sur un champ de bataille que nous le voyons, agonisant, entouré de blessés qui râlent dans l'ombre. Lentement, le silence se fait, étouffant tour à tour cris et râles, de plus en plus faibles, de plus en plus rares... A l'aube, la Mort paraît. Le dialogue de Gwendor avec elle résume sa propre vie, la vie humaine.
La Mort devient la voix de la lucidité, de l'amère réalité. Elle fait contraste avec la douce mélancolie de Gwendor, avec ses idées romanesques et presque naïves, ses efforts pour trouver des solutions à la misère de la vie et de la mort.
Le roi Krogold, qui paraîtra plus tard dans la légende, impose déjà sa présence dans les premières remarques et dans la description de son château. Nous savons qu'il est brutal, qu'il rend sa terrible justice sans pitié. Son château, comme lui, est un formidable monstre, une masse taillée dans la roche, pleine d'oubliettes, une vraie demeure de bourreau. N'avons-nous pas là déjà l'évocation de tous les domaines monstrueux que Céline va décrire dans ses romans ultérieurs, la fondation de ces châteaux cauchemardesques qui vont s'élever dans ses dernières œuvres ? Et les armes royales, le serpent tranché au cou saignant qui proclame Malheur aux traîtres ! ne flotteront-elles pas à la cime de toutes les forteresses bourrées de cachots qui hantent les dernières œuvres de Céline ? Ici, cependant, Krogold et son château symbolisent, sans plus, tout ce qui est opposé à Gwendor : la cruauté, la victoire, l'autorité établie, la vie impitoyable.
Le côté bourreau du roi Krogold ressort plus clairement dans les autres parties de la légende que nous trouvons à divers endroits de Mort à crédit.
Grâce à lui, les forces bestiales, barbares, l'emportent ; la défaite totale, la subjugaison des victimes, de tous ceux qui ont osé s'opposer à son règne, s'accomplit. Et même dans la légende, l'amère vérité s'impose : le monstre n'est pas vaincu par le héros; la justice ne triomphe pas. C'est là le fond de la pensée de Céline qui se révèle. Il revient toujours à la surface dans ses œuvres.
Et la légende elle-même, domaine de l'imagination et du rêve qui s'incarne en Gwendor, n'est-elle pas aussi menacée que lui ? Pour triompher, les forces de la brutalité doivent rejeter ou détruire celles de la poésie. En effet dans Mort à crédit, la légende devient un danger pour son auteur, car on l'accuse d'avoir débauché le petit André par ce moyen, d'être un révolté dangereux qui sème l'indiscipline à travers les rayons de Monsieur Lavelongue. Il doit donc être châtié comme traître à l'ordre établi. Pour ses proches, il devient le maudit qui, c'est évident, finira sur l'échafaud. Il faut l'éloigner comme un pestiféré.
Ferdinand lui-même, ahuri par les conséquences de ses incursions dans le monde défendu de la poésie, devient peureux et commence à se défendre contre les tentations du rêve, de la légende. Mais il y a toujours danger qu'elles reviennent. Nora, au « Meanwell College », le menace par sa féerie, son sortilège, par des ondes, des magies, et il se défend de toutes ses forces. Le monde poétique agit avec puissance. C'est lui qu'incarne Nora à côté de l'érotique : elle émanait toute l'harmonie, tous ses mouvements étaient exquis... C'était un charme, un mirage... Quand elle passait d'une pièce à l'autre, ça faisait comme un vide dans l'âme.
En fait, Nora ressemble à Wanda la Blonbe, évoquée dans la légende du roi Krogold. Le plus grand danger, cependant, se présente quand l'enchantement de Nora est renforcé par celui des légendes, par l'éblouissement d'un livre de contes anciens. Mais celui qui a été châtié pour avoir autrefois dévoilé son dévouement au monde de la poésie, n'en veut plus souffrir ; et Ferdinand rejette celui-ci de manière féroce, brutale : Je me suis cramponné au gazon... J'en voulais plus, moi, merde ! des histoires J'étais vacciné !...
Je m'en rappelais pas moi des légendes ?... Et de ma connerie? A propos ? Non ? Une fois embarqué dans les habitudes où ça vous promène ?... Alors, qu'on me casse plus les couilles ! Cependant, il est impossible de renoncer à ce monde si puissant (6) ; Ferdinand, adulte, n'est nullement guéri de son penchant d'enfant et raconte toujours sa légende à Gustin. Il nous dit à la deuxième page du roman (qui, chronologiquement, en est la dernière) : J'aime mieux raconter des histoires. J'en raconterai de telles qu'ils reviendront exprès, pour me tuer, des quatre coins du monde. Phrase étrangement prophétique : ce sera, en effet, le destin de Céline poète.
Si la légende du roi Krogold raconte la défaite de Gwendor (le Poétique), si le roman lui-même semble décrire les attaques du monde brutal qui menace, ou les marchés dégradants qu'il faut quelquefois conclure, les dénonciations mêmes qui sont parfois nécessaires (7), Mort à crédit dans sa totalité affirme le rêve, la poésie, la légende. Non que Céline partage, avec Marcel Proust, la conviction que le domaine de l'imagination est tout-puissant. Il est vrai que la légende de Krogold, comme celle de Golo, est une projection magique, mais elle ne peut pas transfigurer la réalité. Elle reste opposée à celle-ci, île de rêve ou de poésie — fragile, facilement salie ou détruite. L'image de Krogold ne peut pas, comme celle de Golo, effectuer la métamorphose du bouton de porte de la réalité. C'est plutôt l'image qui est déchirée, anéantie, si le bouton de la porte est brusquement secoué par une main brutale ou indifférente. En dépit de cela, cependant, le côté légendaire, féerique, poétique revient continuellement dans l'oeuvre de Céline, par des moyens obliques, dans des phrases isolées, des apartés presque...
Et la légende du roi Krogold, même si Céline déplore sa disparition, n'est pas vraiment perdue. Elle ne nous donne pas seulement une clef importante pour Mort à crédit, mais elle se réanime de maintes manières dans toute son oeuvre. Ses thèmes ont des racines tellement profondes dans l'esprit de l'auteur qu'elles ne peuvent que se frayer un chemin dans ses écrits. Nous n'avons qu'à regarder les derniers romans pour voir combien les lignes du roi Krogold, esquissées d'abord de manière assez sommaire, se sont élargies et approfondies : le château de Krogold, dont nous ne voyons que la silhouette dans Mort à crédit, se concrétise pour atteindre toutes ses proportions ahurissantes dans l'immense domaine habité de monstres qu'est Kräntzlin, ou le château cauchemardesque de Siegmaringen où les démons sont des familiers. C'est là aussi que nous retrouvons un Krogold d'autant plus terrible qu'il est devenu femme : Nicha qui règne avec ses dogues et règle l'ouverture des portes de l'enfer. Mais l'autre face de la légende se réaffirme aussi. La beauté, la douceur, l'harmonie, la pitié, la poésie essentielle que nous trouvions chez Gwendor, s'étendent sur des êtres divers: des jeunes filles gracieuses qui passent un instant dans une vie(8) ; de vieilles dames fragiles qui habitent le monde de la poésie, chez lesquelles on ressent une « musique de fond », comme Mme Bonnard (9) ; des animaux qui ont une justesse, une beauté, même dans leur agonie (10), les danseuses finalement, qui s'acheminent vers toute la poésie, l'harmonie possible à l'homme, et à leur tête celle qui en est l'incarnation : Lili, Arlette, Lucette.

Erika OSTROVSKY
Céline et le thème du Roi Krogold, Herne, 1972.

vendredi, 27 janvier 2012

Loi sur le génocide arménien : une régression civilisationnelle

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Loi sur le génocide arménien : une régression civilisationnelle

Jean-Yves LE GALLOU

Ex: http://www.polemia.com/

En votant une loi sur la répression de la négation du génocide arménien le Parlement français a commis une double atteinte : à la liberté d’expression et à l’esprit européen. Explications.

Au XIXe siècle la bataille politique en France s’est concentrée sur la liberté d’expression et d’opinion. L’arbitrage final a été rendu par la grande loi de 1881 sur la liberté de la presse. Son article premier est lumineux : « L'imprimerie et la librairie sont libres ». Ce principe rencontrait alors peu d’exceptions : certes, la diffamation était poursuivie par le Code pénal mais dans un cadre procédural très strict et très protecteur des libertés. En dehors des périodes de guerre et de troubles civils ce dispositif protecteur des libertés a duré près d’un siècle.

Régression des libertés

Il a été profondément bouleversé en 1972 avec le vote de la loi Pleven. Sous prétexte de lutter contre le « racisme », le délit d’opinion a été rétabli en France et, dans les faits, les débats libres sur l’immigration ont été rendus difficiles.

Nouvelle entorse à la liberté en 1990 avec la loi Gayssot créant le délit d’opinion historique à propos de la « shoah », une loi aboutissant à mettre en prison des hommes (Vincent Reynouard récemment) sur le seul fondement d’un délit d’opinion. Le fait que ces opinions soient réputées odieuses ne sont pas un argument justificatif : ni M. Trotski, ni M. Lénine, ni M. Hitler, ni M. Staline, ni M. Mao n’ont déporté des gens dont ils trouvaient les idées sympathiques. Ce sont évidemment les gens qui tiennent des idées jugées odieuses dont la liberté a besoin d’être protégée. Penser autrement c’est adopter une attitude totalitaire.

En 2001, précisément, nouvelle avancée du totalitarisme avec la loi Taubira créant le délit d’opinion sur la traite atlantique (et sur la seule traite atlantique ; la traite méditerranéenne, orientale et musulmane n’étant pas concernée !). Dans la foulée l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau est poursuivi devant les tribunaux pénaux.

Ajoutons que les filets protecteurs de la procédure de diffamation sont progressivement abrogés : impossibilité d’offrir des preuves, refus de reconnaître la bonne foi, allongement des délais de prescription.

Régression civilisationnelle

Cette formidable régression des libertés s’accompagne d’une régression civilisationnelle.

A travers l’antiquité gréco-latine, la première Renaissance du XIIe/XIIe siècle, la grande Renaissance, la pensée européenne a toujours distingué deux ordres de vérité

  • - les vérités religieuses où le dogme s’impose comme article de foi ;
  • - les vérités scientifiques ou historiques qui se déterminent par le libre débat. Dans ces domaines peut être dit vrai (ou faux) ce qui est librement réfutable. Philosophiquement, un fait, une opinion, un point de vue, une analyse qui ne peut être librement réfuté ne peut–être dit ni vrai, ni faux (sauf dans l’ordre religieux). Ainsi les lois mémorielles transforment-ils des événements historiques en dogmes religieux. C’est une formidable régression.

En retirant des pans entiers d’histoire au libre examen, les lois mémorielles (Gayssot, Taubira ou Boyer) ne sont pas seulement des atteintes à la liberté d’expression, ce sont aussi des fautes contre l’esprit.

Jean-Yves Le Gallou
Polémia
24/01/2012

Voir aussi :

Evolution des libertés en France : Cent restrictions en quarante ans (reprise de l'article paru le 01/12/07)
La loi Gayssot : une régression civilisationnelle

 

samedi, 21 janvier 2012

Triple A. Halte à la trahison

Triple A. Halte à la trahison

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
 
Il est évident que la perte du Triple A imposée à la France rend un très grand service aux intérêts financiers qui combattent le retour à des Etats interventionnistes capables de réguler et développer les économies. Il rend service du même coup à ceux qui, en Europe et surtout hors d'Europe, combattent la volonté des Européens de s'organiser en puissance politique et économique autonome face aux grands Etats. Dans la guerre économique qui nous oppose aux puissants de ce monde, il s'agit d'une véritable trahison.


La hausse éventuelle des taux d'intérêts qui en résulterait ne sera évidemment pas en soi une grande catastrophe. La catastrophe viendra du fait qu'elle donnera, dans tous les pays européens, des arguments renforcés à ceux qui veulent diminuer les dépenses publiques par suppression des services administratifs et sociaux d'intérêt général, autrement dit tuer à petit feu ce qui reste d'Etat et de services publics capables de s'opposer à la financiarisation de la société.

Ce sera aussi et peut-être surtout parce qu'elle sera utilisée pour déconsidérer tous les projets d'investissements stratégiques susceptibles de rendre à l'Europe sa puissance industrielle et scientifique en voie de perdition (y compris à terme en Allemagne). Si de tels investissements sont nécessaires, nous disent les agences de notation, ils doivent désormais rester la chasse gardée des Etats-Unis, de la Chine et des pétrodollars. Mario Monti, bien que libéral, a bien compris qu'il s'agissait d'un coup direct à la construction européenne,  porté par les ennemis de celle-ci

On attend une réaction immédiate des autorités européennes et plus particulièrement des gauches. Non en affirmant mollement que S&P ne doit pas faire la loi,  ce que fait actuellement François Hollande sans convaincre personne – et sans de ce fait se différencier de Sarkozy. Les gauches devraient immédiatement exiger des réformes de structures, que ce soit au niveau de l'Union ou à celui des Etats, qui permettent de financer y compris par création de monnaie au niveau de la BCE, les centaines de milliards d'investissements stratégiques auxquels nous faisions allusion. L'Europe dispose d'assez d'épargnes, de ressources humaines et de compétences pour que de tels investissements puissent devenir rapidement rentables. Mais il faudra pour cela qu'elle admette un début de sortie du système néo-libéral, avec notamment les protections aux frontières permettant de protéger ces investissements.

Quant aux nécessaires accords entre peuples européens sur les choix sous-jacents à la mise en oeuvre de tels investissements, nous n'avons aucune inquiétude. Tout le monde, sauf les arriérés mentaux, sera d'accord pour participer à la construction d'une Europe des sciences, des technologies  et des nouvelles industries convenablement discutée et gérée au plan démocratique. Encore faudra-t- il que les projets soient suffisamment ambitieux pour que les résultats en soient visibles et bénéficient à tous.

14/01/2012

lundi, 16 janvier 2012

NRH: les intellectuels et la gauche dans la collaboration

Le nouveau numéro de la NRH :

LES INTELLECTUELS ET LA GAUCHE DANS LA COLLABORATION

dossier-581.jpgPourquoi les années 40 continuent-elles de fasciner à ce point ? Il faut sans doute tenir compte de leur présence récurrente dans les médias. Mais on peut penser aussi que pèse inconsciemment dans les mémoires le concentré chronologique de ces années-là. D’un jour à l’autre, la vision de la veille était bouleversée par le mouvement des armées en Russie ou en Asie. Dès que l’on examine d’un peu près le destin des acteurs français, ce qui frappe c’est à quel point il était imprévisible. Qui, en 1938, aurait imaginé le destin ultérieur du maréchal Pétain, celui de Pierre Laval, celui de Marcel Déat, celui de Jacques Doriot et de tant d’autres ? Et parmi ces destins, celui des intellectuels et des hommes de gauche engagés dans la Collaboration est certainement ce qui déconcerte le plus. Mais c’est une réalité en grande partie masquée. Le dossier que nous avons réalisé vise à révéler tout ce pan occulté de la période.

 

Au cours d’un entretien recueilli par Pauline Lecomte, Dominique Venner, auteur d’une Histoire de la Collaboration réputée, trace les contours réels de cette histoire qui ne se confond pas avec celle de Vichy (p. 34). Côté allemand, l’acteur politique principal était Otto Abetz. Charles Vaugeois en brosse le portrait réel et souligne ses intentions méconnues (p. 38). Côté français, on l’ignore souvent, la Collaboration s’est principalement nourrie de la gauche pacifiste et socialiste, ce que montre ici Francis Bergeron (p. 40). Le rôle de l’intelligentsia fut également prépondérant, favorisé par un acteur allemand trop oublié, Karl Epting, l’un des rares admirateurs germaniques de Céline (p. 44). Dans ce dossier, nous ne pouvions pas ignorer le personnage capital et fascinant que fut Drieu la Rochelle, ce que fait Julien Hervier, l’universitaire le plus averti à son sujet (p. 46). C’est un destin tout différent et très original que révèle Alain de Benoist en traçant le portrait de Georges Soulès, futur René Abellio (p. 50). Après quoi Antoine Baudoin propose un impressionnant Dictionnaire des nombreux hommes politiques de gauche engagés dans la Collaboration (p. 53). Et pour conclure, Philippe d’Hugues brosse un tableau très complet de ce que fut la scène littéraire au cours d’années qui ne furent pas noires pour tous (p. 58).

dimanche, 15 janvier 2012

Ciel, mon triple AAA ou "L Frnce perdu son Triple ".

Ciel, mon triple AAA ou "L Frnce perdu son Triple ".

Les 4 conséquences majeures de cette perte

http://mediabenews.wordpress.com/

Ça y est, c’est fait : Standard & Poor’s vient donc de dégrader la note souveraine de la France d’un cran : de AAA à AA+. On ne peut pas vraiment dire que ce soit une surprise : depuis 1975 et le plan de relance budgétaire infructueux de Jacques Chirac, aucun des gouvernements qui ont présidé aux destinées de notre pays n’a voté un budget à l’équilibre. Les dettes, logiquement, se sont donc accumulées de telle sorte qu’à la fin du troisième trimestre 2011, la dette publique française1 atteignait 1,7 trillions2 d’euros – soit 85,3 % du PIB.

Si la perte de ce fameux triple A peut avoir une vertu, c’est bien de nous rappeler quelques réalités. Le fait est que nous nous sommes considérablement endettés en demandant à nos gouvernements de dépenser plus qu’ils ne prélevaient d’impôts. Nous avons fait preuve, pendant 37 années consécutives, d’une irresponsabilité digne d’enfants de six ans ; aussi, les discours qui cherchent à faire porter le chapeau à la mondialisation, aux banquiers, à Georges Pompidou ou aux paradis fiscaux relèvent au mieux de la démagogie et au pire de la mauvaise farce.

Pour en arriver à ce point, l’État français est allé chercher des créanciers sur les marchés financiers en émettant des obligations. Ces dernières représentaient, toujours à la fin du troisième trimestre 2011, la bagatelle de 1,3 trillions d’euros3 – soit la quasi-totalité (98 %) de la dette de l’État et 77,4 % de la dette publique totale. Nos créanciers sont, pour une bonne moitié d’entre eux, des résidents français parmi lesquels on compte principalement des compagnies d’assurance, des fonds d’investissement ou des caisses de retraite ; c’est-à-dire, indirectement, vous et moi. Si vous pensiez qu’il suffisait d’envoyer paître les marchés financiers, repensez-y à deux fois.

Voilà pour l’état des lieux.

Standard & Poor’s considère donc désormais que l’État français ne présente plus de garanties suffisantes pour mériter la meilleures des notes possibles : le fameux AAA. Sincèrement, au regard de l’état des lieux évoqué ci-dessus et du discours des candidats aux présidentielles, on peut difficilement leur donner tort. Entre les irresponsables de l’UMPS et les fous-furieux des deux fronts, on imagine sans peine que la capacité de l’État français à honorer ses engagements soit pour le moins sujette à caution.

Il y a cependant une bonne nouvelle dans cet océan de noirceurs : la dégradation de notre note souveraine est un non-événement absolu. Contrairement à ce qu’affirmaient, il y a encore quelques mois, les dépensiers compulsifs qui nous gouvernent, la perte du AAA4 n’aura vraisemblablement aucune conséquence, ou presque. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la réaction des marchés alors que la rumeur se propageait : le moins que l’on puisse dire c’est que pour une apocalypse nucléaire, ce fut finalement assez calme. Il y a deux raisons à cela.

La première, c’est que, depuis au moins trois décennies, plus personne ne fait confiance aux agences de notation. De fait, cela fait au bas mot six mois que les marchés avaient déjà pleinement intégré que la France n’était plus AAA que dans les rêves de François Baroin, comme en témoigne l’évolution de l’écart de taux entre les obligations souveraines françaises et allemandes. Et si plus personne ne fait confiance aux agences, ce n’est pas dû à un doute quant à leurs capacités d’analyse mais plutôt au fait que tout le monde sait, depuis ces trois mêmes décennies, que les agences ne travaillent plus pour les investisseurs mais pour les pouvoirs publics.

Cette sinistre affaire commence au cours des années 1970, lorsque le gouvernement des États-Unis cherche à durcir la réglementation bancaires pour mieux contrôler les risques que prennent les banques. L’idée du législateur consistait alors à imposer aux banques de constituer des réserves de sécurité en fonction du risque qu’elles portaient dans leurs portefeuilles de crédit. Pour ce faire, encore fallait-il disposer d’une mesure desdits risques. C’est là que les agences sont entrées en jeu : le gouvernement des États-Unis, puis la plupart des pays occidentaux ont alors donné un caractère légal à leurs notes.

Ce type de réglementation s’insinuant peu à peu dans les rouages de nos économies5, il devint rapidement quasi impossible d’obtenir le moindre crédit ou de vendre la moindre obligation sans être noté par l’une des agences officielles. C’est d’ailleurs ce qui a permis aux agences de faire payer leurs honoraires non plus aux seuls utilisateurs – les investisseurs – mais aux emprunteurs. Désormais incontournables, elles ont gagné énormément d’argent, mais leurs notes ayant le pouvoir de priver n’importe quel emprunteur de ses sources de financement, elles ont dû se montrer d’une extrême prudence. Comme la cavalerie, les agences de notation n’arrivent qu’après la bataille.

Or, la plupart des réglementations n’imposent pas aux investisseurs de vendre leurs obligations lorsqu’elles ne sont dégradées que de AAA à AA+. Là où de nombreux investisseurs ont été règlementairement forcés de se débarrasser de leurs obligations grecques à tout prix – provoquant ainsi l’effondrement des cours et donc la hausse des taux – la décision de Standard & Poor’s ne devrait pas avoir plus d’impact que la dégradation des États-Unis l’année dernière.

La perte de notre AAA n’est pas une catastrophe : c’est un symbole. Un symbole triste. Le symbole d’un pays à la dérive.

  1. Source : Insee. Par “dette publique”, on entend la dette consolidée des administrations publiques (administration publique centrale, administrations publiques locales et administrations de sécurité sociale) au sens de Maastricht.
  2. Il va falloir rajouter ce mot à notre vocabulaire : un trillion d’euros est égal à 10^12 euros ou, si vous préférez, mille milliards d’euros.
  3. Source : Agence France Trésor à la fin septembre 2001. Exactement 1.307.504.808.589 euros avec une durée de vie moyenne de 7 ans et 64 jours.
  4. Ou plutôt “d’un de nos AAA” puisque Moody’s et Fitch n’ont pas (encore) dégradé l’État français.
  5. Par exemple, le règlement financier Agirc / Arrco (article 16) stipule que les caisses de retraites complémentaires françaises ne sont autorisées à détenir directement que des titres notées A- au minimum.

Les quatre conséquences de la perte du AAA français

• Le Fonds d’aide européen (FESF) menacé

C’est sans doute la conséquence la plus grave déclenchée par la perte du AAA: le Fonds européen de stabilité financière, dont la note AAA dépend de celle des pays qui le soutiennent, devrait également être revue à la baisse. Conséquence, le taux d’intérêt alors exigé par les investisseurs grimperait. Cela renchérirait le coût des plans d’aide à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande sous la perfusion du mécanisme européen. Et mettrait en péril le fragile mur anti-crise de la zone euro.

Effet domino sur les collectivités locales

La sanction de Standard & Poor’s provoquerait un effet domino, explique Norbert Gaillard, spécialiste des agences de notation: «La note du pays sert de référence nationale. Si elle est abaissée, toutes celles des entreprises, des banques et surtout des collectivités locales seront remises en cause. Parmi ces dernières, celles dotées d’un AAA, comme la ville de Paris ou la région Ile-de-France, seront automatiquement dégradées.»

Les collectivités dépendant en grande partie des transferts financiers de l’État (via l’allocation globale de fonctionnement), elles ne peuvent pas bénéficier d’une meilleure note que lui. Or, une fois leur note dégradée, elles devraient faire face à des créanciers plus méfiants, qui leur réclameraient des taux d’intérêt plus élevés. Cela alourdirait le coût de leur dette et, en bout de chaîne, «pourrait provoquer une hausse de la fiscalité locale», en déduit Norbert Gaillard.

Une hausse possible du coût du crédit

La perte du AAA pourrait également dégrader les relations entre les ménages et leurs banques. Les établissements pourraient en effet durcir l’accès au crédit et augmenter les taux d’intérêt. «La banque empruntant plus cher sur les marchés, on peut supposer qu’elle répercute cette hausse sur ses clients», reconnaît l’économiste d’une grande banque française. «Toutefois, au vu de la concurrence actuelle, elles pourraient choisir de réduire plutôt leur marge pour conserver leurs parts de marché.» D’autre part, «dans le contexte actuel de resserrement du crédit par les banques, l’impact supplémentaire d’une baisse de la note pourrait passer presque inaperçue», relativise l’économiste Alexandre Delaigue.

Le coût de la dette de l’État

Les conséquences d’une perte du AAA de la France dépendent aussi et surtout de la réaction des marchés. S’ils continuent à imposer à la France des taux d’intérêt toujours plus élevés, alors des répercussions en chaîne sont à redouter, des finances de l’État jusqu’au porte-monnaie du consommateur. Mais si, comme beaucoup le suggèrent, les taux pratiqués actuellement sous-entendent déjà une France dotée de la note inférieure, alors il faut s’attendre à peu de changement. La Nouvelle-Zélande, par exemple, a perdu son AAA le 30 septembre. En réaction, le coût du crédit a flambé. Avant de retomber à des niveaux plus bas qu’avant la sanction des agences de notation.

Sources : Causeur, Le Figaro

jeudi, 12 janvier 2012

Nouvelle livraison du magazine "Terre et Peuple"

 Une nouvelle livraison du magazine "Terre et Peuple" :

 

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Editorial

par Pierre Vial

Président de Terre et peuple

C’est un bien plaisant spectacle que celui offert par les intellos déguisés en prophètes, un Bernard-Henri Lévy en tête (plus sûr de lui et dominateur que jamais, affirmant avoir agi « en juif » en lançant la France dans l’imbroglio libyen), qui annonçaient avec des trémolos la floraison de démocraties dans le monde musulman, grâce à ces révolutions successives baptisées « printemps arabe » et devant imposer la religion des droits de l’homme dans des pays censés rêver d’importer les « valeurs occidentales ».

Patatras. Les charlots sont obligés (sauf Lévy, bien sûr) d’avouer qu’ils avaient tout faux. Ils voulaient Rousseau, Voltaire et Diderot. Ils ont la charia. Alain Frachon, dans Le Monde (9 décembre), bat sa coulpe : «Soyons honnêtes : ces lendemains électoraux de « printemps arabe » nous laissent la gueule de bois. Après le moment lyrico-révolutionnaire, retour au réel : la force dominante dans le monde arabe, ce sont les islamistes (…) Le pouvoir ne revient pas aux gentils utilisateurs de Twitter, de Facebook et autres « réseaux sociaux » ; il se prend à l’ancienne, avec des partis de militants bien organisés comme ceux des islamistes. Les élections ne se décident pas dans les cafés Internet. Quand l’hebdomadaire américain Time dresse pour 2011 sa liste des « cent personnes les plus influentes dans le monde », il installe un Egyptien en haut de classement, Wael Ghonim. Cadre chez Google, Ghonim est ce jeune homme qui organisa sur Facebook la première mobilisation contre Hosni Moubarak. Interrogé cette semaine par Gideon Rachman, du Financial Times, un diplomate américain observe, amer : « Wael Ghonim est peut-être l’une des personnes les plus influentes au monde, mais il semble qu’il n’a guère d’influence en Egypte »… Le premier tour des élections législatives égyptiennes a vu, cette semaine, l’écrasement des partis laïques, les amis de Wael Ghonim, et la victoire des partis islamistes. Ceux-ci l’ont aussi emporté en Tunisie lors d’élections à une Assemblée constituante. Au Caire comme à Tunis, les « Frères », ces tenants d’un islam politique censé avoir réponse à tout, n’ont pourtant pas été à l’origine du « printemps arabe » : ils ont pris le train en marche ». Et Frachon conclut : « Le monde arabe est entré dans une phase de turbulences qui ne fait que commencer. Les Etats-Unis et l’Europe n’ont sur ces événements qu’une capacité d’influence limitée. Mieux vaut s’y faire ».

Cette lucidité trop tardive et ce fatalisme sont typiques, chez les Occidentaux, d’une abdication mentale qui prépare une abdication physique, devant des gens venus d’ailleurs et qui occupent notre terre. « Ils » sont là, n’est-ce pas, et « ils » ne repartiront pas. Qu’y faire ? Préparons-nous donc à subir leur loi. C’est ce qui est le plus raisonnable. Et le moins risqué.

Un tel état d’esprit décadent, un tel renoncement sont proches parents de la mentalité de tant de nos compatriotes – ceux qui acceptent la loi du Système, la loi de cet argent-roi qui marque au fer rouge une société soumise au capitalisme apatride. Des esclaves qui acceptent l’esclavage comme l’accepte le bétail engraissé de façon intensive, parce qu’il est trop fatiguant et trop dangereux d’essayer de rompre les chaînes.

Mais les âmes fortes ne peuvent accepter un destin de cloportes. Elles choisissent d’être des rebelles, des révoltés ou des révolutionnaires. Le rebelle refuse le Système en place et se met en rupture d’obéissance par rapport à lui. Le révolté agit pour que sa rébellion se manifeste concrètement, se traduise dans les faits. Le révolutionnaire combat pour instaurer un ordre nouveau. Est-il nécessaire de préciser que nous avons fait ce dernier choix ?

La Révolution est un rêve, « immense et rouge », qui a animé tant de nos prédécesseurs aux XIXe et XXe siècles. Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres, comme dit Merlin l’Enchanteur. Les gens « raisonnables », les modérés (comme disait Abel Bonnard), les bourgeois nous reprochent d’être des rêveurs. Laissons-les à leur platitude, à leur médiocrité. Car nous savons, nous, au plus profond de nous, qu’un jour le rêve deviendra réalité. Si les dieux le veulent. Et si nous aidons les dieux à le vouloir, selon la tradition hyperboréenne. Pour cela, il suffit de se battre.

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Conférence de Pierre VIAL

‘‘Idées reçues sur le moyen âge’’

JEUDI 2 FEVRIER - 19 H 30

Le Local  92 rue de Javel 75015 PARIS

Métro Félix Faure

Débat sur le post-nationalisme

Débat sur le post-nationalisme

par Georges FELTIN-TRACOL

 

À l’origine, en parallèle au trimestriel ID Magazine, les Identitaires voulaient se doter d’opuscules à périodicité irrégulière destinés à mieux former cadres et militants : les Cahiers Identitaires. L’arrêt d’ID Magazine, dirigé par Pierre Chatov, et la transformation du Bloc identitaire en une formation politique effective ont fait avorter ce projet. Il n’en demeurait pas moins la volonté de participer par ces temps troublés aux discussions sur la question européenne. Ainsi est parue en décembre 2011 la brochure Orientations identitaires qui, malgré la présence d’un numéro 1 sur la couverture, ne devrait pas connaître de suite.

 

Avant de détailler le dossier central, regardons un peu sa partie « Chroniques ». Outre un éloge bienvenu de la frontière sous la signature de Zentropa, on y découvre une analyse rapide et chaleureuse du romancier « mécontemporain et enchanteur » Olivier Maulin. Deux articles dénoncent les méfaits en France et dans l’« école de la République » du racisme anti-blanc, ce seul racisme dénié par les autorités. On lit enfin une sévère et vigoureuse dénonciation de la lubie encore en vogue chez les ecclésiastiques catholiques du « dialogue interreligieux » avec l’islam. L’auteur de cette philippique condamne l’incroyable soumission de la hiérarchie catholique envers les mahométans. Rongée par le modernisme et le progressisme, l’Église de France ne tient plus depuis longtemps son rang !

 

La partie centrale reste cependant un dossier de six entretiens. Pour son maître d’œuvre, Xavier Eman, « l’aboulie suicidaire des peuples d’Europe et leur progressif remplacement par les populations déracinées du tiers-monde, les menaces écologiques, la folie matérialiste et spéculative du capitalisme financier composent une situation dramatiquement inédite dans notre histoire ». Outre deux membres du Bureau exécutif du Bloc identitaire, Philippe Millau et Jacques Cordonnier, par ailleurs responsable du mouvement régionaliste Alsace d’abord, sont interrogés Frédéric Pichon, le journaliste du Choc du Mois Pierre-Paul Bartoli et deux amis d’Europe Maxima, Arnaud Guyot-Jeannin et Pierre Le Vigan dont l’entretien sera mis en ligne la semaine prochaine et qui ne sera donc pas commenté ici.

 

Le concept de « post-nationalisme » est-il viable ? Difficilement ! Déjà que le nationalisme « est un terme diffus », estime Philippe Millau. Arnaud Guyot-Jeannin rappelle, pour sa part, que « le nationalisme est une idéologie moderne »; c’est un individualisme de masse « ontologiquement centralisateur ». Il est bien de déblayer le terrain des idées et d’écarter sans hésitation des notions porteuses de la mort de millions d’Européens. C’est la raison pour laquelle Philippe Millau soutient que « le terme d’identitaire, lui, évite les funestes “ ismes ”, et définit une conception actuelle, dynamique et ouverte à la fois ».

 

Ouvertement régionaliste, Jacques Cordonnier insiste sur le fait que « les régionalistes ne sont ni séparatistes ni indépendantistes ». Favorable à la fusion en une seule collectivité territoriale des conseils généraux du Haut- et Bas-Rhin et du conseil régional alsacien, il juge que l’État central parisien et la partitocratie U.M.P.S. nuisent gravement à l’identité substantielle de l’Alsace. Le centralisme parisien est aussi mis en accusation par Arnaud Guyot-Jeannin. « L’État-nation centralisé et administratif français ne représente plus le cadre approprié à la mise en forme d’une identité collective. […] Il a dépossédé la France de sa diversité régionale, nationale et populaire ». Bref, « la République une et indivisible ne correspond pas à la res publica (chose publique), en uniformisant et réifiant le corps social ». Pour Frédéric Pichon, « la nation, qui ne se réduit pas à l’État, reste un point de jonction entre le particulier et l’universel, entre les régions et l’Europe », mais l’Europe est-elle l’universel ou, si elle ne l’est pas, est-elle une généralité plus étendue que les autres ? En affirmant que « l’identité est un concept dynamique et non statique », Frédéric Pichon rejoint sur ce point Philippe Millau.

 

Le sujet témoigne d’une divergence flagrante entre cinq des intervenants et le sixième, Pierre-Paul Bartoli, qu’on range parmi les souverainistes sans qu’il se reconnaisse lui-même dans cette expression galvaudée. Selon lui, « le propre du génie de l’Europe réside dans la pluralité des nations en quoi elle s’incarne ». Il assène même que l’esprit européen a seulement inventé l’État-nation et la grande musique orchestrale, lyrique et symphonique !

 

Si tous s’accordent sur la médiocrité profonde de l’actuelle Union européenne, les condamnations demeurent personnelles. Ainsi, Bartoli vomit « l’Union européenne de Bruxelles, les gnomes qui la dirigent et les hommes politiques qui la servent, mais [il] n’éprouve aucune nostalgie adolescente envers une mythique unité carolingienne [sic !] disparue qu’il faudrait à tout prix ressusciter ». Au contraire, Millau considère que « l’Europe des Six (le noyau carolingien : France, Allemagne, Italie, Bénélux) était plus forte, plus indépendante, et plus respectueuse des nations que l’Europe marchande et diluée d’aujourd’hui ».

 

Soucieux de « sortir […] de cette dialectique stérile contre les partisans d’une Europe mondialiste et technocratique et les souverainistes germanophobes et jacobins », Frédéric Pichon dissocie clairement l’Europe, son Alter Europa, de l’Occident moderne « sécularisé [qui] correspond à l’avènement de l’idéologie des droits de l’homme, de l’économie de marché et de la standardisation des modes de vie ». La distinction s’impose en cette époque floue. L’Europe est un impératif : « nous sommes au XXIe siècle, lance Philippe Millau. La confrontation est à l’échelle des continents. Pour autant un fort attachement à sa nation, s’il n’est pas jaloux et exclusif, reste un grand atout et un important point de repère. En particulier en France, du fait de sa longue histoire ».

 

L’attachement aux patries charnelles, aux nations et à l’Europe est revendiqué par Arnaud Guyot-Jeannin, ardent défenseur de la subsidiarité et d’un fédéralisme qui « se construit par le bas » – sans nécessité par conséquent de fédérateur hégémonique ! Il prône « une Europe de l’identité et de la puissance reconnaissant les origines du christianisme et en y intégrant le meilleur de l’Antiquité païenne, tout en se dotant d’un statut des minorités ». Ainsi, ce serait « une Europe confédérale basée sur la démocratie subsidiaire et les peuples » alliée avec la Russie.

 

En permettant un débat de toute première importance qui mériterait en cette période de pré-campagne électorale d’être discuté par les candidats (ne rêvons quand même pas !), cette brochure, Orientations identitaires, a le mérite de témoigner du changement de paradigme en cours. « Le nationalisme […] est la loi qui domine l’organisation des peuples modernes », assurait Maurice Barrès dans le Journal en 1897. Aujourd’hui, les peuples post-modernes s’organisent autour des identités et des communautés.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Orientations identitaires, n° 1, décembre 2011, « Vers un post-nationalisme ? Entretiens sur la question européenne », 50 p., 5 € (+ 1,5 € pour le port), à commander sur le site <http://orientationsidentitaires.over-blog.com/> ou à l’adresse <orientationsidentitaires@gmail.com>.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2357

 

mardi, 10 janvier 2012

Le Qatar achète nos banlieues ou La diversité, cheval de Troie de l’islamisme

Le Qatar achète nos banlieues ou La diversité, cheval de Troie de l’islamisme

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

L’imprudence de nos dirigeants n’a décidément pas de limite; elle frôle, parfois, l’irresponsabilité. En plein débat sur le vote des étrangers aux élections locales, l’annonce de financements du Qatar dans certaines banlieues aurait du soulever bien des interrogations.

Le Qatar est, en effet, un émirat rigoriste qui achète tout: le sport, la culture. Pour améliorer son image. Mais il est aussi derrière tous les mouvements islamistes dans le monde arabe. Du Maroc à Damas, notre collègue algérien, Chems Eddine Chitour, l’a récemment rappelé dans nos pages. Il a été l’un des éléments moteurs de la guerre en Libye, derrière la France ou la poussant, selon les versions. Il finance tous les mouvements islamistes: au Maroc, en Tunisie ou en Egypte.


Le Qatar et la France : de l’amitié ?

Au Maroc, les islamistes ont remporté les élections, comme en Egypte et en Tunisie. La Syrie va connaître une guerre civile qui profitera aux religieux extrémistes. Il n’y a plus de Libye (BHL s’en félicite), mais des territoires soumis à l’autorité de chefs de guerre plus ou moins islamistes. Si un califat se constitue c’est, pour le moment, celui de Doha.

Le Qatar a pris la relève du wahhabisme saoudien dans l’exportation d’un Islam fondamentalisme qu’il fait coexister avec une économie dynamique et ultra moderniste, fondée sur l’or noir. Voilà les sauveurs des banlieues. Tout de même, cela ne choque-t-il personne ?

A quand les élus « qatari» de nationalité française?

“Le Qatar a créé un fonds d’investissement de 50 M€ pour financer des projets économiques portés par les habitants des banlieues de France”, a annoncé jeudi soir son ambassadeur à Paris, Mohamed Jahan Al-Kuwari.


L’Association nationale des élus locaux pour la diversité reçue par l’Emir du Qatar

Mais le financement des associations, l’aide aux élus de “la diversité” aura sans doute une contrepartie: la ré-islamisation, dans l’obédience, de nos banlieues. Nous aurons donc des élus « qatari» de nationalité française et des associations d’étrangers « qataris » qui pourront exiger des piscines non-mixtes et des repas halal partout, ainsi que le respect du port du voile…. Surtout, en cas d’obtention du droit de vote. Ce serait la coutume étrangère qui ferait la loi, dans les mairies par l’élection ou par pression.

Accepter le financement de nos banlieues à population immigrée, forte ou majoritaire, par le Qatar est absolument irresponsable. Que fait-on du principe de précaution ? Qui s’inquiète ou dénonce ce véritable danger d’ingérence religieuse par le canal économique ?

Ni les pouvoirs publics, qui étaient déjà restés étrangement silencieux lorsque, au printemps dernier, des membres de l’administration américaine avaient procédé avec une totale impudence à des manoeuvres d’instrumentalisation des “jeunes de banlieues” d’ascendance africaine.   Ni la presse. Tétanisée par ses complexes anti-racistes, elle ne voie que l’encouragement à “la diversité”, se contente de retranscrire la communication quatari. « Des élus de banlieue rentrent du Qatar. Leur but : promouvoir les talents des quartiers dans un pays en plein essor, où la culture franco-arabe n’est plus un handicap. Un voyage qui fait suite à deux séjours aux Etats-Unis.”

Qu’en pensent les intéressés ? « Alors que l’Europe est en crise, le Qatar explose”, répond Fouad Sari, élu écologiste et professeur à Vigneux-sur-Seine (Essonne). “Dans nos quartiers, le nouveau propriétaire du PSG et organisateur de la Coupe du monde de football 2022 fait rêver les jeunes.» « Au Qatar, les compétences comptent plus que la couleur de la peau », ajoute Houaria Hadj-Chikh, adjointe (apparentée PC) à Marseille.

Derrière les talents de la diversité, l’uniformité de l’islamisme?

Le Qatar ce n’est pas que des paroles. Il faut agir.” La bourse grande ouverte et ne cachant pas que les 50ME de l’émir n’était qu’un plancher, l’ambassadeur a été clair, devant la dizaine d’élus locaux des quartiers, tous originaires du Maghreb, en présence d’un journaliste de l’AFP “J’espère que ce partenariat sera noué très vite pour servir la relation entre le Qatar et la France“,  pays “stratégique” et “très important pour nous“, a poursuivi l’ambassadeur.  ”Les Français d’origine arabe peuvent nous aider dans notre partenariat avec la France“.

La France: objectif Qatari. Personne ne peut en douter. Attention, derrière les talents de la diversité, il peut se cacher l’uniformité de l’islamisme Qatari.

Jean Bonnevey

mercredi, 28 décembre 2011

La France ne défendant plus les chrétiens d’Orient, la Russie a pris le relais

La France ne défendant plus les chrétiens d’Orient, la Russie a pris le relais

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Comme le montre sa politique en Syrie, la Russie place ses pions au Moyen-Orient en soutenant les chrétien d'Orient. Selon Antoine Sfeir, "à travers cette diplomatie parallèle, Moscou a réussi, en une décennie, à se réimplanter en Méditerranée orientale".

 
La Russie a fait de la chrétienté d'Orient une diplomatie parallèlle.

La Russie a fait de la chrétienté d'Orient une diplomatie parallèlle. Crédit Reuters

La Russie veut soutenir les chrétiens d’Orient dans leur ensemble, catholiques et orthodoxes réunis, devant ce qui semble être une posture incertaine de l’Église catholique. En effet, le patriarche d’Antioche et de tout l’Orient maronite, en tentant de donner du temps au régime syrien de Bachar el Assad, s’est fait attaquer par toutes les chancelleries occidentales, et notamment par le président français Nicolas Sarkozy lui-même. Il n’a pas reçu de véritable soutien du Vatican. La position du Vatican s’explique par beaucoup d’hésitations. Certains sont plutôt pour un engagement ferme des chrétiens d’Orient, de plus en plus de laïques devant l’attitude frileuse du Vatican, d’autres arguent qu’il est impossible de secourir le monde entier… Benoît XVI a évoqué ce sujet à plusieurs reprises, il était dans son rôle et n’a pas été repris par les médias. Moscou a voulu s’insérer dans la brèche, sachant que les chrétiens de Syrie craignent la chute du régime et l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans à l’instar de ce qui s’est passé en Libye et qui pourrait également arriver en Tunisie. Malgré le fait qu’un dirigeant historique de l’opposition syrienne Michel Kilo soit lui-même chrétien, l’atomisation des partis d’opposition laïques en Syrie rend en effet les Frères musulmans maîtres du terrain.

Mais la Russie n’a pas attendu les événements de Syrie pour faire de la chrétienté d’Orient en général, et de l’orthodoxie en particulier, une diplomatie parallèle. Forts d’une communauté orthodoxe grecque majoritaire parmi les chrétiens en Syrie, et également fortement présente au Liban (13% environ), les Russes avaient déjà entamé depuis le début du troisième millénaire une approche communautaire de ces populations. Leur importance n’est pas à négliger, puisqu’il s’agit des notables des grandes îles du Proche-Orient, qui détiennent une bonne partie du pouvoir économique. De plus, la Russie a maintenu des contacts étroits avec les orthodoxes émigrés sous prétexte de judaïté en Israël. Ils disposent d’ailleurs d’une télévision ainsi que de deux quotidiens à Ashdod. Les Russes ont également des relations très étroites avec des orthodoxes grecs, naturellement, mais également chypriotes. A travers cette diplomatie parallèle, Moscou a réussi, en une décennie, à se réimplanter en Méditerranée orientale. De plus, l’existence d’une poche de gaz importante au large de la Palestine, d’Israël et du Liban, donne également l’occasion à la Russie, et particulièrement à son bras économique Gazprom, de s’installer durablement, à travers ses réseaux et ses contacts, dans cette partie du monde.

Pour toutes ces raisons, et également parce que le siège du patriarcat grec orthodoxe, d’Antioche et de tout l’Orient, se trouve à Damas, les Russes estiment qu’ils sont incontournables dans la défense des chrétiens d’Orient, d’autant que l’Occident, et notamment la France, à laquelle était naturellement dévolue ce rôle, semble y avoir renoncé : la France a libéré la Libye de Kadhafi pour la livrer au chaos tribal et régional, en défendant la population de Benghazi, mais en laissant massacrer celle de Syrte, laissant le chemin libre à l’Islamisme. Le départ du régime Assad, haï dans toute la région, entraînerait par ailleurs une communautarisation de la Syrie, ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences directes au Liban, où la partition du pays des cèdres serait institutionnalisée.

A telle enseigne que la visite de l’ambassadeur de France aux communautés chrétiennes de Syrie s’est faite sous les drapeaux russes, ce qui montre à quel point la peur des chrétiens est réelle, et à quel point surtout ils sont prêts à tendre la main à quiconque prétend les protéger.

Le renoncement de la France semble s’être fait dans le cadre d’un choix plus tactique que stratégique, visant le pétrole de Libye et la reconstruction du pays, et espérant, à travers l’opposition syrienne, s’établir fortement dans le Proche-Orient. Les Etats-Unis, plus cyniques, -d’aucuns pragmatiques-, disent déjà à haute voix qu’il ne peut y avoir d’avenir pour les chrétiens en Orient et que ces derniers feraient bien d’émigrer vers les pays occidentaux. Leur pragmatisme est conforté par le fait que la majorité des chrétiens, notamment au Liban, disposent déjà d’une double nationalité, d’un double passeport. Mais certains dirigeants chrétiens, en Egypte, en Syrie et au Liban, ne cachent pas leur amertume devant l’attitude franco-américaine, et préfèrent rappeler ce qu’un ancien dignitaire religieux, le patriarche maronite Pierre-Antoine Arida, avait l’habitude de dire : "Notre destin de chrétien d’Orient n’est-il pas de vivre en permanence au bord du précipice, en luttant toute notre vie pour ne jamais y sombrer ?"

Nul ne peut jouer au prophète, surtout dans cette région du monde. Il serait donc maladroit de se risquer à parler d’avenir. Une chose demeure réelle : sans les chrétiens, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine ou l’Egypte, ne seraient plus que des pays arabes comme les autres.

dimanche, 25 décembre 2011

La France mise en garde par la Turquie à propos de sa loi sur le génocide arménien

 

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La France mise en garde par la Turquie à propos de sa loi sur le génocide arménien

La France a été alertée par la Turquie des graves conséquences qu’entraînerait l’adoption par le sénat français d’un projet de loi, aujourd’hui (19 décembre), qui pénaliserait le déni du massacre de plus d’un million d’Arméniens par l’Empire ottoman en 1915.

Speaking in Libya on Saturday, Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdoğan urged France to face its own history before judging the history of others, the Turkish press reports.

Erdoğan's strong reaction came in response to a vote by the French Senate to criminalise denial in France of the so-called Armenian genocide of 1915 and make it punishable by a maximum one-year prison sentence and a €45,000 fine – a punishment that would bring denial of the alleged genocide up to par with denial of the Holocaust.

"Today, nobody talks about the 45,000 Algerian deaths in 1945 or the role of France in the massacre of 800,000 people in Rwanda in 1994,” Erdoğan said.

Turkish officials have warned France of grave consequences should the bill be passed by the French Senate. Erdoğan sent a letter to the French President Nicolas Sarkozy on Friday, warning him of the damage the bill would cause to bilateral relations.

“This bill directly targets the state of the Turkish Republic, the Turkish nation and the Turkish community in France and is seen as hostile,” Erdoğan was quoted as saying in the letter, seen by the Anatolia news agency.

Speaking in a joint press conference with Mustafa Abdul-Jalil, chairman of the Libyan National Transitional Council (NTC), Erdoğan repeated Turkey's official stance regarding the Armenian deaths of 1915 as an historical matter that calls for the judgement of historians and academics rather than as a matter of politics to be voted on in parliaments.

French election strategies?

Ankara has also raised doubts regarding Sarkozy's motives in changing his stance regarding the Turkish-Armenian conflict, speculating that the French president might be seeking votes from the strong Armenian community in France to gain an advantage over his Socialist Party rival, François Hollande.

 

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The Socialist candidate is also a known defender of the “Armenian genocide” and said that he would support a law to make genocide denial punishable by French courts.

“The bill is completely against common sense. The toll [in the case the bill passes into law] will be on French firms conducting business in Turkey,” Turkey's EU Affairs Minister Egemen Bağış said on Saturday (17 December).

Business to suffer

Two days before, Turkish Foreign Minister Ahmet Davutoğlu had invited executives from French firms in Turkey to his ministry to discuss the possible results of such a law for French investment in the country.

Apparently unmoved by Ankara's warnings, Sarkozy's ruling party reaffirmed its faith in the bill, expressing support for its passage. Lawmakers interviewed by AFP said that they were “determined at this time” that the bill should not return from the Senate, as it did back in 2006 during a first attempt.

France had previously brought the same bill to the agenda five years ago, but the French Senate refused to discuss it even though France recognised the Armenian deaths of 1915 as genocide in 2001.

EurActiv.com

dimanche, 11 décembre 2011

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

 

Pourquoi la CriseEx: http://mbm.hautetfort.com/

Pour Jean-Loup Izambert, journaliste indépendant et écrivain, qui publie son septième ouvrage (1) sous le titre de Pourquoi la crise ? aux éditions Amalthée, la crise du capitalisme est devenue totale. Contrairement aux déclarations de certains économistes et politiciens, il affirme qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Pour l’auteur de la seule investigation journalistique sur les origines de la crise(2), le système capitaliste ne peut survivre que par la guerre. Quelle alternative pour les peuples ? Entretien.

Geostrategie : Vous démontrez dans votre livre Pourquoi la crise ? que le capitalisme ne peut plus supporter la démocratie parlementaire avec laquelle il s’est développé. Sommes-nous à un point de rupture avec ce système et les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ?

Jean-Loup Izambert : C’est évident. Pourquoi et quelles données changent par rapport aux dernières décennies ? Dans ce système les grands propriétaires privés de l’économie contrôlent l’économie et tentent de l’imposer par tous les moyens comme régime aux peuples de la planète, y compris par la guerre. C’est ce qu’ils ont toujours fait avec la seule préoccupation de s’enrichir et de faire main basse sur les richesses des peuples au seul profit des sociétés transnationales qu’ils dirigent. Mais parvenu au stade de l’impérialisme, période actuelle du développement du capitalisme, les grands possédants ont besoin d’un pouvoir politique qui leur soit totalement dévoué pour protéger et accroître encore la concentration des richesses qu’ils cumulent. Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour eux d’une question de survie, de rester maîtres du pouvoir et bien sûr de leur privilèges. L’une des contradictions qu’ils doivent gérer vient justement du fait que l’accumulation du Capital et la concentration des richesses qu’ils sont contraints de perpétuer sous peine de perdre pouvoir et privilèges implique aujourd’hui des centres de décisions de plus en plus fermés, dans l’entreprise comme dans la société. Or, cette tendance à la centralisation va à l’inverse de mouvement des sociétés qui pousse vers plus d’ouverture, de démocratie, de participation, de culture notamment avec le développement des sciences et des techniques.

Geostrategie : Quels faits caractérisent aujourd’hui cette concentration des richesses ?

J-L.I. : Aujourd’hui 200 sociétés transnationales contrôlent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites. L’augmentation des richesses conduit-elle à l’enrichissement des peuples ? Non. Au niveau mondial 103 200 personnes, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars, hors résidence principale et biens de consommation. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’Organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. D’une part les peuples prennent de plus en plus conscience qu’ils ne profitent pas de l’augmentation des richesses produites, que plus les richesses se concentrent entre quelques mains plus la misère s’accroît dans les sociétés mais également que ce phénomène touche aujourd’hui le cœur même de l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres du fisc étasunien, à la veille de l’aggravation de la crise 60 millions de personnes « vivaient » aux Etats-Unis avec moins de sept dollars par jour. Bien que dissimulée par les médias qui appartiennent aux milliardaires, la situation est analogue dans la petite Europe de Maastricht de 20 millions de chômeurs où 80 millions de citoyens – soit quand même 16% de ses 495 millions d’habitants – courent un risque de pauvreté, 17 millions sont répertoriées comme « très pauvres » et 70 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les propres statistiques publiées par la Commission européenne et d’autres organismes « européens ». Dans ce contexte, les grands possédants de l’économie ont besoin de faire courber la tête aux peuples pour maintenir leur système d’exploitation.

Les dirigeants bourgeois organisent le déficit des nations

Geostrategie : Comment le pouvoir politique favorise-t-il ces grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I.: De différentes manières. Cela va du vote de lois en faveur de la grande bourgeoisie, à une complicité évidente avec le système d’évitement fiscal qui appauvrit la collectivité jusqu’au vote de crédit pour des guerres régionales dans lesquelles vous voyez apparaître et se développer des Sociétés Militaires Privées (SMP) liées aux armées et services occidentaux et financées par les Etats et leurs transnationales. Les provocations répétées à coups de campagnes médiatiques contre la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, la République Islamique d’Iran ou d’autres mais aussi le soutien à des dictatures comme en Irak après avoir ravagé le pays par la guerre, dans plusieurs pays d’Afrique ou l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan sont des illustrations de la tentation totalitaire du capitalisme. L’actuelle présidence française, son Premier ministre et son gouvernement sont au diapason de ce qui se passe dans tous les pays capitalistes sans exception : atteintes répétées aux libertés, vote de lois en faveur des grands possédants, réduction du rôle des assemblées élues – par exemple, avec la volonté de tenter de supprimer les communes ou les départements en France ou en réduisant le rôle du Parlement -, « dépénalisation du droit des affaires » qui a pour conséquence de laisser faire le pillage de la nation par les grands propriétaires privés de l’économie, retrait du rôle de l’Etat dans ses fonctions essentielles de la santé, de l’éducation, du logement, du développement économique et de l’emploi, engagement dans des guerres et occupations de pays contre l’intérêt des peuples.

Geostrategie : La dégradation de la situation économique ne dépend donc pas seulement de la crise comme les médias de masse tentent d’en accréditer l’idée ?

J-L.I. : Comme je l’ai dit, la crise est liée à la nature même du capitalisme. Elle prend une ampleur que n’a jamais connue le système alors que le pouvoir politique n’a cessé de border son lit. Par exemple l’actuel président français s’était engagé lors de sa campagne électorale à mettre en oeuvre une politique de plein emploi. Mais l’explosion du chômage et de la misère que nous connaissons aujourd’hui n’est pas le fait de la seule crise. Bien avant que celle-ci ne se manifeste brutalement, le gouvernement français UMP, à peine installé, procédait déjà à la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique sur plusieurs années tandis que les dirigeants de grandes sociétés privées en programmaient la liquidation de centaines de milliers d’autres dans tous les secteurs d’activité. Cette politique au service de la concentration du Capital n’est que la continuité des précédentes politiques menées par les gouvernements de droite comme de gauche. En fait le rôle de l’Etat bourgeois se borne à protéger les intérêts des grands possédants contre l’intérêt général avec pour conséquence l’aggravation du déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat et une misère grandissante pour le plus grand nombre. Un exemple : les sociétés transnationales qui auraient dû payer plus de 33 milliards d’euros d’impôts pour la seule année 2006 en ont réglé 6,1 milliards avec la bénédiction de l’Etat ! Dans le même temps, ces entreprises qui ne créent pratiquement pas d’emplois, organisent des plans de licenciements, exportent une partie de leurs bénéfices pour échapper à l’impôt ont reçu de l’Etat 65 milliards d’euros d’aides de toutes sortes et bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales. Pour vous donner une idée, sur deux années, cela représente environ 130 milliards d’euros soit pratiquement l’équivalent du budget annuel européen pour la période 2007-2013 ou le montant du déficit record du budget de la France fin 2009 contre 56,3 milliards en 2008. La dette publique de la France atteint aujourd’hui des sommets en se situant, selon l’INSEE, à 1413,6 milliards d’euros pour le premier trimestre 2009 soit 72,9% du Produit Intérieur Brut (montant des richesses créées dans un pays sur une année entière). De même, l’Etat et les dirigeants des grandes sociétés privées doivent des milliards d’euros à la Sécurité Sociale qui ont déjà été payés par les salariés aux entreprises et les consommateurs mais ne sont toujours pas reversés à l’organisation de solidarité nationale par le grand patronat. Voilà comment le gouvernement organise les déficits. Quand le Président de la République et les ministres de l’Intérieur qui se succèdent affirment « qu’il n’y a pas de zone de non droit » en ciblant la jeunesse amputée d’avenir qui se révolte, ils se moquent ouvertement du monde. Les premières zones de non droit se situent au sein même de structures de l’Etat et elles sont le fait de leur politique qui conduit le pays à la ruine ! Ce n’est qu’un aspect qui explique aussi la violence du système vis-à-vis de toutes les résistances qu’il rencontre et de celles qui en découlent de manière plus générale dans les rapports sociaux.

Geopolitique : La violence est donc liée à la fin du système ?

J-L.I. : Oui, un peu comme les derniers sursauts d’une bête blessée à mort. Elle se manifeste par le rejet brutal de millions d’hommes et de femmes du système de production, leur mise à l’écart de la vie sociale, du logement, de la santé, de la culture. Elle se manifeste également par la destruction de pans entiers de l’économie, de régions et de pays comme en Yougoslavie, en Irak, en Palestine, en Amérique centrale ou en Afrique où les derniers « rois-nègres » ne doivent leur trône qu’à la corruption débridée de transnationales et, parmi d’autres, au pouvoir élyséen. Le capitalisme est un système criminel qui a fait la prospérité d’une caste de milliardaires sur la mort de centaines de millions d’êtres humains, sur les souffrances les plus atroces des peuples sur tous les continents par la famine, la surexploitation, le colonialisme, la guerre. Et cela continue. Au moment où nous parlons, selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies, une personne meurt de faim – « seulement » de faim, épidémies et guerres non comprises – toutes les quatre secondes. Dans le même temps les dirigeants occidentaux en sont à faire payer les paysans par les contribuables à coups de primes pour mettre leurs terres en friches, à détruire des pêches entières par des règlements imbéciles décidés par les bureaucrates de Bruxelles. Et au moment où nous parlons ce sont plus de 350 millions d’enfants de 6 à 17 ans qui sont surexploités par les transnationales capitalistes sur tous les continents dans presque tous les types d’industrie, de l’Asie aux Etats-Unis(3). Si ce n’est de la violence et de l’égoïsme, qu’est-ce donc le capitalisme ?!

Une exigence de destruction

Geostrategie : Dans votre livre vous rapportez le témoignage de plusieurs intervenants de différents milieux et pays dont certains évoquent une crise totale contrairement aux précédentes. Quels changements avec les crises précédentes ?

J-L.I. : Effectivement la crise est presque mondiale par le fait qu’elle touche tout le système capitaliste. Des pays comme la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, Cuba, le Venezuela révolutionnaire du président Hugo Chavez, le Brésil, la République démocratique du Vietnam ou d’autres comme la République Islamique d’Iran sont moins touchés car ils sont, pour des raisons diverses – historiques, politiques, culturelles, économiques – moins imbriqués dans le système capitaliste, ses réseaux commerciaux, bancaires et financiers. Jusqu’à présent nous devions faire face à des crises conjoncturelles du capitalisme, des périodes où la concentration du Capital s’accélérait brusquement en mettant en difficulté momentanée des monnaies, des économies, des pays. Face à cette situation inédite il était important que je donne la parole à des intervenants de différents milieux tous concernés par la banque, la finance, l’organisation d’entreprise et de la société. Quelques français comme le Président du groupe Crédit Agricole Société Anonyme, un commissaire aux comptes ou un important cabinet d’avocats d’affaires parisien ont refusé de débattre de la situation et de répondre à des questions portant sur l’évolution de l’activité de leur secteur professionnel dans le contexte actuel. La plupart ont joué le jeu et apportent, comme vous avez pu le lire, une contribution importante à mon travail par leur vécu mais également par leur propre réflexion et leurs travaux. C’est le cas du président Etienne Pflimlin du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel-CIC, de Pierre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, l’une des plus importantes sociétés de conseil aux actionnaires, du président Alban d’Amours du Mouvement des Caisses Desjardins, l’un des plus importants instituts financiers du Canada de forme coopérative, d’Hervé Sérieyx, haut fonctionnaire, dirigeant de société, chercheur et conseil en organisation d’entreprise, de Mark Schacter au Canada qui est conseil international en organisation d’entreprise, de l’Institut Canadien des Comptables Agréés faute de trouver un européen qui daigne répondre à de simples questions de droit sur la transparence de gestion et la validité des comptes des transnationales, du réseau SWIFT spécialisé dans les transactions internationales, d’un syndicaliste de la CGT fin connaisseur du monde bancaire ou encore de magistrats comme Jean de Maillard, spécialisé dans les nouvelles formes de criminalité financière, des avocats d’affaires et bien entendu des responsables du mouvement Coopératif international. La rencontre de tous ces acteurs de l’entreprise, de la finance, de la banque, du droit au sein d’un même lieu – un livre -, la transmission aux lecteurs de leur expérience comme de leurs idées et de leurs propres travaux permet de dresser un tableau aussi précis que possible de la situation actuelle pour mieux comprendre les origines et mettre en exergue les responsables de la crise. De même cette démarche permet de mon point de vue de tenter d’esquisser les possibles d’un nouveau mode d’organisation et de gestion économique et social. Ainsi que l’explique Sherron Watkins, l’ancienne vice-présidente de la société étasunienne Enron, transnationale de l’énergie faillie en décembre 2001, la crise du capitalisme est désormais totale. Elle touche tout le système : économie, finance, groupes de surveillance du monde des affaires et institutions internationales, politique, morale et idéologie. La continuité de ce système s’accompagne aujourd’hui d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation », « libéralisation » ou « mondialisation » et couvrent la répression, l’esclavage, le colonialisme et la dépendance des mots de « sécurité », « liberté », « droits de l’Homme » n’ayant plus que le mensonge, la tromperie et la falsification pour camoufler la fin de leur système.

Geostrategie : Mais ces pouvoirs sont l’émanation du suffrage universel, du vote des peuples. Si l’on pousse le raisonnement à son terme doit-on en conclure que les peuples occidentaux souhaitent le capitalisme ?

J-L.I. : Effectivement, les peuples occidentaux se sont prononcés jusqu’à aujourd’hui en faveur de représentants du capitalisme, pratiquement sans rien connaître du reste de la nature de celui-ci ni même envisager où ce système les conduit à l’heure actuelle. Prenons l’exemple de la France. En 1981, lors des élections présidentielles puis des élections législatives qui ont suivi, le peuple français a eu l’occasion de choisir entre la continuité du système symbolisée par les partis conservateurs et la rupture que proposait à l’époque le Parti Communiste Français avec le Programme commun de gouvernement des forces de gauche auquel était associé le Parti Socialiste et les radicaux de gauche. Ce Programme commun de gouvernement était lui-même l’aboutissement d’années d’engagement des communistes français pour ouvrir une voie nouvelle dans la construction d’une démocratie avancée. Ce programme venait en effet après plusieurs grandes campagnes nationales du PCF et l’élaboration et la diffusion du propre programme du PCF à des millions d’exemplaires sous le titre de « Changer de cap », programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire. Pour la préparation de celui-ci les militants communistes ont mené à l’époque de grandes campagnes d’information, de débats, collecté sur plusieurs mois avec « les cahiers de la misère » le vécu et les espoirs du peuple dans les campagnes, les quartiers, les usines, les universités. Tout cela a permis d’aider les gens dans leurs problèmes quotidiens – par exemple en s’opposant aux licenciements dans des entreprises qui réalisaient des profits ou à empêcher des saisies-expulsions – tout en débattant avec eux des changements à mettre en œuvre pour une nouvelle politique nationale. Au moment du vote, lors des élections présidentielles et des législatives qui ont suivi, une majorité de votants a cédé aux campagnes médiatiques anticommunistes et s’est réfugiée dans le giron du Parti Socialiste. Une fois au pouvoir, celui-ci s’est empressé d’abandonner ses engagements sous la pression de la bourgeoisie et du gouvernement étasunien qui s’opposait à la présence de ministres communistes dans le gouvernement français. Toutes les transformations radicales contenues dans le programme commun de gouvernement, tout particulièrement les nationalisations des secteurs clés de l’économie, le développement de la démocratie et toute mesure qui permettait de rompre avec le système ont ainsi été abandonnées par la « génération Mitterrand ». Démonstration a été faite une nouvelle fois que sans parti révolutionnaire, sans mobilisation et soutien à des propositions de rupture avec le système, il ne peut y avoir de réel changement. Si les mesures préconisées par le PCF avaient reçu à l’époque un large soutien populaire, le cours des choses aurait été bien différent, y compris la question européenne. Du reste, si vous relisez aujourd’hui « Changer de cap », le programme du PCF, ou même le Programme commun de gouvernement de 1972, vous constaterez avec le recul du temps et en regard de la situation actuelle le bien fondé des propositions de l’époque dont certaines ne demandent qu’à être actualisées. Chacun doit donc assumer ses responsabilités face à l’Histoire. Le passage à la construction d’une société socialiste ne peut se faire que sur la base d’un rapport des forces sociales et politiques favorables au peuple et ne peut être que le résultat de sa volonté et de sa lutte. Une trentaine d’années plus tard le peuple français, sans tirer les leçons de ses expériences, continue de voter tantôt à gauche, tantôt à droite sans avoir encore conscience qu’il confie en réalité son pouvoir aux mêmes maîtres de la finance et de l’économie. La politique qu’il vit au quotidien reste par conséquent la même et rien ne change dans l’entreprise, dans la vie économique à laquelle il consacre l’essentiel de son existence. Bien entendu, la situation s’est aggravée au fil des trois décennies qui se sont écoulées depuis 1981 et il commence à payer chèrement sa marche « droite-gauche-droite-gauche » à coups de chômage, d’impôts, de taxes, d’exclusions, de restrictions, de lois liberticides et de guerres. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car c’est en dernier ressort lui qui décide, par ses luttes et ses votes. Souvenons-nous toutefois que l’Histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

La priorité est à l’action sur des propositions révolutionnaires

Geostrategie : La responsabilité serait-elle uniquement le fait d’un peuple ignorant de la chose politique et de sa propre histoire ou plus préoccupé par ses « petits problèmes » que du devenir de la société et de la planète ?

J-L.I. : Non, bien évidemment. La crise n’incite pas à la réflexion et à l’action. Les médias qui sont la propriété privée des milliardaires par banques et sociétés de communication interposées jouent un rôle important dans la désinformation et l’abrutissement des masses. Le fait qu’un navet comme le film « Bienvenue chez les Chtis » soit élevé au rang de succès cinématographique ou que des foules honorent comme un dieu la mort d’un pantin médiatique comme Michael Jackson qui, en dehors du fait qu’il n’a rien apporté d’essentiel à la musique, se droguait, couchait avec des petits enfants et s’était fait tirer et blanchir la peau pour ne plus être noir en dit assez long sur le niveau culturel d’une frange des sociétés occidentales. Nous sommes bien loin des grands musiciens et chanteurs comme King Oliver, Sindey Bechet, Count Basie, Louis Armstrong, Ray Charles, Otis Redding ou d’autres dont les musiques populaires traversent les générations ! Ce n’est qu’un aspect des conséquences des batailles que se livrent les transnationales étasuniennes, européennes et japonaises pour le contrôle des grands moyens de communication, des groupes de presse aux satellites en passant par les majors du cinéma. Sans doute le peuple sortira-t-il de son hibernation politique lorsque nous passerons de « Qui veut gagner des millions ? » à « Qui va partir à la guerre ? »… Depuis les années quatre-vingt, les dirigeants du PCF ont commis de lourdes erreurs stratégiques. Comme s’ils n’avaient pas compris les leçons du passé, ils continuent de rechercher des alliances électorales avec d’autres partis réformistes au lieu de privilégier des propositions pour éveiller les consciences, organiser de grands débats nationaux sur les questions essentielles et rassembler dans l’action avec audace. Lorsqu’un parti ou un mouvement posera des questions comme « Comment contrôler le système bancaire et financier ? », « Quelle organisation bancaire et financière pour l’économie ? », « Quelles mesures pour la gestion démocratique des entreprises ? » ou « Comment rendre à l’assemblée du peuple sa représentation nationale ? », questions dont les réponses sont essentielles pour s’engager dans une rupture avec le système, alors la société commencera à s’éveiller. Et dans l’immédiat, il ne faut pas compter sur les états-majors syndicaux qui sont surtout préoccupés de canaliser le mécontentement afin d’éviter les grandes colères qui commencent à gronder. Il est particulièrement lamentable de voir des représentants syndicaux négocier la diminution du nombre de licenciés dans des entreprises en pleine santé financière quand ceux-ci devraient non seulement appeler à la lutte pour le maintien et le développement de l’emploi, exiger des licencieurs l’ouverture des comptes de l’entreprise et se battre pour des droits nouveaux afin de participer à leur gestion. Dites-moi un peu à quoi servent les comités d’entreprises quand des salariés découvrent du jour au lendemain des plans de licenciements prévus de longue date ?! Avez-vous remarqué comment le mouvement radical de séquestration de responsables de ces plans de licenciements né à la base a été enrayé ? Ce type d’action très intéressant a pratiquement disparu des journaux télévisés et autres du jour au le demain. Dans l’immédiat, entre des partis dits progressistes sans propositions révolutionnaires et des syndicats au minimum compatissants, le pouvoir des « compteurs de petits pois », pour reprendre la formule d’Hervé Sérieyx, ne pouvait pas mieux espérer.

Geostrategie : Est-ce à dire que la situation est politiquement bloquée et qu’il sera difficile de sortir de la crise ?

J-L.I. : L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales comme par exemple le report de l’âge de la retraite à 65 ans. Ce n’est que la suite logique du « travailler plus pour gagner plus » développé par l’UMP. Il n’y aura pas de sortie de crise pour la simple raison que le capitalisme ne peut plus être aménagé. Vous avez pu remarquer combien les médias des puissances financières se font silencieux tant sur l’origine de la crise, ses conséquences générales et son extension dans d’autres pays. Il faut surtout éviter que les masses prennent conscience de l’ampleur des dégâts comme des responsables de la situation pour mieux les enfermer dans la fatalité et le renoncement à la lutte.

Nous ne sommes plus en démocratie

Geostrategie : Cela signifie-t-il que l’appauvrissement continu de la société va se poursuivre de manière plus brutale au détriment de l’intérêt général et au seul profit des grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I. : Oui. Nous entrons dans une nouvelle période où le chômage s’accroît de manière considérable et où des millions de citoyens supplémentaires sont écartés du droit de vivre dignement de leur travail, où la collectivité humaine déjà menacée va encore s’appauvrir tandis que le clan des grands propriétaires privés de l’économie va continuer de s’enrichir. Selon le World Wealth Report publié par la banque d’affaires étasunienne Merrill Lynch et Cap Gemini « la croissance de la richesse des grands fortunes financières privées devrait être de 7,7% par an pour atteindre 59100 milliards de dollars à l’horizon 2012 ». Voilà des gens qui sont, eux, dispensés de l’allongement de la durée du travail comme de l’effort national que les gouvernements occidentaux tentent d’imposer aux peuples pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pas responsables. Deux options se présentent : la continuité du système et la guerre ou la révolution. La première hypothèse va se traduire par un renforcement du caractère autoritaire du pouvoir politique, dernier stade de l’impérialisme avant la dictature et la guerre, la guerre économique conduisant toujours à la guerre totale. C’est ce à quoi nous assistons en France comme dans la plupart des pays capitalistes. Le pouvoir politique devient plus autoritaire, toutes les libertés sont graduellement réduites sous prétexte de prévention, de sécurité et d’ordre, les assemblées élues sont amoindries dans leur pouvoir de décision et d’intervention, qu’il s’agisse des collectivités, des comités d’entreprise et autres. A ce stade, la bourgeoisie dispose encore des moyens de diviser le peuple en favorisant des « faux-nez » d’opposition comme le Parti Socialiste en France et en introduisant dans la vie politique des courants rétrogrades dont elle sait qu’ils contribueront à jeter le trouble dans la bataille d’idées. C’est le cas du mouvement Vert ou prétendument écologiste qui a germé sur une conséquence du capitalisme – la détérioration de l’environnement humain par les transnationales – et grandit sur son fumier sans remettre en cause le système, les causes profondes de cette détérioration.

Geostrategie : Pourtant le mouvement écologiste dénonce la destruction de l’environnement ?

J-L.I. : Bien sûr et le Parti Socialiste dit vouloir s’opposer à la politique du Premier ministre de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Mais vous pouvez dénoncer tout ce que vous voulez, cela ne gêne nullement la bourgeoisie du moment que vous ne vous en prenez pas à l’essentiel, à la cause, à l’origine de cette destruction : son pouvoir politique et celui des puissances financières, son système et son mode de gestion des entreprises et des sociétés humaines. Le discours de ces écologistes opposés, par exemple, à la maîtrise et au développement de l’énergie nucléaire rappelle ces mentalités arriérées qui accusaient dans les années 1830 les premiers trains à vapeur de répandre la tuberculose dans les campagnes. Quant à la LCR-NPA, quelle que soit ses changements de nom, cette organisation a toujours contribué à diviser et affaiblir le mouvement populaire avec une phraséologie pseudo-révolutionnaire et elle doit être combattue comme telle. Elle est du reste complètement absente des mobilisations ouvrières contre la crise.

La question du Front National

Geostrategie : Et le Front National ?

J-L.I. : Il en va un peu de même pour le Front National qui dénonce les puissances financières mais dont le programme politique n’envisage aucune mesure économique radicale pour mettre un terme à leur domination et contraindre les maîtres de l’économie à rendre gorge. Contrairement aux campagnes de ce parti, ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables du chômage. Je parle bien entendu de l’immigration qui vient travailler en France avec une qualification, s’y former dans le cadre de contrats avec des entreprises ou des universités ou y est présente depuis plusieurs génération et non de l’immigration clandestine issue de l’aggravation de la misère qui déserte son combat national pour changer l’ordre des choses. Cette dernière, la plupart du temps inculte, sans formation, analphabète, parfois trafiquante au-lieu d’être parquée dans des camps de rétention aux frais des contribuables devrait être reconduite aux frontières sans atermoiements. Essayez donc comme français de vous rendre clandestinement, « sans papiers », dans un pays d’Afrique ou même en Albanie pour juger de l’hospitalité qui vous sera réservée…Ce qui coûte cher à la France c’est le grand patronat qui attire et utilise cette main d’ouvre bon marché et inculte pour briser le tissu social et les avancées démocratiques qui sont autant d’obstacles à son enrichissement. Et quand cela lui est insuffisant, il délocalise les entreprises, comme le groupe Michelin, pour faire du chômage en France et produire à moindre coût et bien souvent à qualité inférieure dans des pays à la main d’œuvre corvéable à merci. Je le rappelle : 350 millions d’enfants sont actuellement surexploités par les transnationales à travers le monde ! Je rappelle également, puisque personne n’en parle, que le grand patronat français a reçu près de 65 milliards d’euros de subventions de l’Etat tout en bénéficiant de 8,5 milliards d’euros d’exonérations fiscales, de 25 milliards d’euros au titre d’une ribambelle de prêts bonifiés et de la baisse du coût du travail, etc. (4) Dans le même temps l’Etat ne budgétisait que 6 milliards d’euros pour le logement et 5 pour une justice qui se situe déjà parmi les derniers pays d’Europe par son budget !… Ce qui coûte cher à la France, c’est le grand patronat, le chômage qu’il fabrique et son organisation corrompue, le Medef. Le Front National ne reconnaît pas la lutte des classes, condition essentielle du combat pour l’émancipation humaine, raison pour laquelle il ne pourra pas mener jusqu’au bout le combat qu’il prétend mener, ce qui ne veut pas dire qu’il n’aurait pas un rôle à jouer. Mais pour prétendre être « front » et « national » sans doute faudrait-il qu’il se réfère plus à l’avenir qu’au passé dans son discours et ses propositions et que ses militants n’hésitent pas à se trouver aux côtés des travailleurs en lutte pour la défense de leur avenir au lieu de pratiquer un discours antisyndical d’un autre âge. Quand le Front National désignera pour cible le clan des milliardaires qui pille la France au lieu des immigrés qui contribuent à l’enrichir par leur travail, quand ce parti proposera et appellera à la lutte pour nationaliser la haute finance, rendre à la nation ce qui lui appartient, développer la démocratie directe, alors celui-ci commencera à être crédible comme « front national ». Cette logique s’inscrirait d’ailleurs dans la lignée de ses propositions pour une «Europe des peuples » par opposition à « l’Europe des banques ». Pour l’heure il reste enfermé dans un discours anticommuniste, antisyndical, anti-fonctionnaire et s’accroche aux oripeaux du système comme l’église catholique – je parle bien entendu de l’institution et non de la croyance, même si je suis athée – et s’oppose ainsi à tout grand rassemblement national sur des propositions de rupture. Imaginez la force que représenteraient le rassemblement et la mobilisation des organisations – partis politiques, syndicats, associations, etc. – agissant de concert sur des objectifs communs de rupture, chacun conservant, bien évidemment, son identité. Un Front National ouvert, démocratique, aux propositions novatrices, en prise avec la société en lutte pourrait jouer ce rôle de rassembleur. Après chacun prendra ses responsabilités de l’accompagner ou non sur les objectifs en question mais la clarté serait faite dans la société sur qui défend réellement l’intérêt général des français. Pourquoi le Front National ne soutient-il pas les travailleurs qui séquestrent les licencieurs dans des entreprises en bonne santé pour exiger des droits nouveaux dans les entreprises ? Visiblement, les propositions de changement font défaut et se limitent plutôt aux périodes électorales qu’au vécu quotidien des français. Bien entendu le rejet du Front National par la classe politique est injustifiable. Mais pour une part, il porte la responsabilité de cette situation en ne désignant pas les vrais responsables de la crise et en restant enfermé dans un carcan droitier et populiste qui l’empêche, pour partie, de prétendre à devenir national et populaire. Des dirigeants trop souvent issus de partis bourgeois ou à « l’idéologie de reclus » s’identifient par leur propos et leur image plus aux forces du passé qu’à une force porteuse d’avenir et de changement radical. Même si aucune perspective de changement réelle n’existe à l’heure actuelle, la grande bourgeoisie est très préoccupée par la réduction de son assise populaire. Plusieurs faits en attestent comme ses tentatives répétées de faire voter plusieurs fois les peuples ou de remplacer un vote populaire sur des questions qui engagent toute la nation par celui du Parlement lorsque leurs votes ne lui conviennent pas, la tentative de se fabriquer des circonscriptions sur mesure, etc. Nous ne sommes plus en démocratie…

Les forces vives de la nation absentes du Parlement

Geostrategie : …Parlement dont les membres sont pourtant élus par le peuple ?

J-L.I. : Oui, mais les Parlements ne représentent plus vraiment les peuples dans les pays occidentaux et leurs élus nationaux sont de plus en plus coupés des citoyens. Je n’évoque même pas le cas du Sénat français qui est une assemblée inutile et coûteuse qui devra être supprimée afin de renforcer les moyens et l’efficacité de l’assemblée des représentants de la nation. Si vous vous intéressez à la composition de l’Assemblée Nationale française, vous constaterez que sur les 577 députés, ne figure qu’un seul député issu de la classe ouvrière, le député communiste Maxime Gremetz, et un seul salarié agricole, le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle qui est technicien agricole. Quant aux artisans, la « première entreprise de France », selon leur slogan, ne compte que deux élus ! Par contre vous trouvez vingt-deux « sans profession déclarée » parmi lesquels dix-neuf UMP, la plupart fils et filles de petits bourgeois, quinze permanents politiques, tous de l’UMP et du PS, qui faute de faire métier ont fait carrière dans la fonction d’élu et n’ont jamais participé aux forces vives de la nation, trente-huit avocats et, toutes catégories confondues, 184 fonctionnaires dont l’essentiel n’est pas représentatif de la fonction publique, exception faite des enseignants qui forme le gros de cette troupe avec les hauts fonctionnaires. Dans les faits, ce Parlement français n’est pas représentatif de la société française dans sa composition socioprofessionnelle. Les forces vives, classe ouvrière en tête, celles qui font le pays et connaissent les problèmes du quotidien, les drames de la vie sont quasiment absentes du lieu où se décident les lois ! Où sont les ouvriers, les marins-pêcheurs, les paysans, les ingénieurs, cadres et techniciens ? Ceux qui font vivre la France dans ce qu’elle a d’essentiel, de généreux, de génie créateur délèguent en masse leur voix et leur pouvoir à de petits bourgeois et à des politiciens carriéristes qui, une fois élus, ont tôt fait de les oublier ! De plus, le mode de scrutin ne permet pas une véritable représentation du peuple. L’Assemblée Nationale française est bien moins démocratique dans sa composition et son fonctionnement que la Douma en Fédération de Russie dans laquelle tous les partis ayant obtenus un minimum de suffrages sont représentés. En France, lors du premier tour des élections législatives de juin 2007, l’UMP s’est attribué 98 députés avec 10,28 millions de suffrages alors qu’il en a fallu 6,43 millions au Parti Socialiste pour en obtenir un seul ! Quant au PCF et au Front National ils n’en obtenaient aucun avec un peu plus de 1,11 millions chacun ! Le propos n’est pas de savoir si l’on est d’accord ou pas avec la politique proposée par ces partis mais de constater que le mode de scrutin ne permet pas une représentation équitable des courants de pensée de notre société. Le second tour de scrutin avec ses alliances opportunistes et politiciennes ne fait qu’aggraver la situation en excluant des millions d’électeurs de leurs choix et de la représentation nationale. Faute de proportionnelle intégrale, un français sur trois n’est pas représenté au Parlement.

Geostrategie : S’il n’y a pas grand-chose à attendre des partis politiques et des assemblées élues, comment les citoyens peuvent-ils modifier le cours des choses ?

J-L.I. : La démocratie est d’abord ce que les citoyens en font. Ils peuvent intervenir auprès des maires des communes, généralement plus accessibles pour changer la donne sur des problèmes locaux mais également auprès des députés pour des questions qui relèvent de la politique nationale. Les citoyens peuvent très bien se grouper et agir sur des objectifs de rupture avec le système – par exemple, refuser tout licenciement dans les entreprises qui font des profits, s’opposer aux délocalisations, exiger la construction de nouveaux logements, l’embauche de professeurs pour les écoles, de personnels pour les hôpitaux, les services postaux, etc. – et obliger leurs élus à s’engager sur leurs revendications, à leur rendre des comptes sur leurs votes dans les assemblées, ce qui ne sa fait pratiquement plus. Mais les questions fondamentales du passage à une démocratie politique avancée et du contrôle des grands moyens de production, de financement et d’échange reste toujours à conquérir. D’une manière générale, de mon point de vue, les luttes sociales demeurent encore bien en retrait dans leur contenu et leur combativité pour faire front aux attaques dont le monde du travail est l’objet. Mais l’entreprise reste le cœur des batailles à venir : c’est là que les salariés doivent agir pour obtenir de nouveaux droits leur permettant de participer à la gestion et de bénéficier des bons résultats auxquels ils contribuent. Dans les faits comme l’explique Hervé Sérieyx dans mon livre, « il s’agit de passer du « personnel-instrument » au service de l’organisation à « l’organisation-instrument » au service des personnes. » Il s’agit de cheminer d’une organisation d’entreprise destinée à gérer la docilité à une organisation qui suscite chez chacun de ses membres le désir d’y devenir un acteur engagé. La route est difficile mais les partis politiques classés habituellement comme « progressistes » ont failli à leur tâche. Il ne suffit pas que le monde capitaliste s’écroule pour qu’une nouvelle société prenne le relais. L’émancipation du peuple sera l’œuvre du peuple lui-même et à ce jour l’absence d’un courant révolutionnaire important fait défaut pour éclairer les citoyens sur des propositions de rupture avec le système finissant. C’est l’outil qui manque pour favoriser cette transformation politique et sociale. Le peuple est égaré, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas en attente ou demandeur de solutions pour changer la vie.

Des premières mesures d’un gouvernement révolutionnaire

Geostrategie : Quelle seraient les premières mesures que devrait prendre un gouvernement révolutionnaire ?

J-L.I. : Le pouvoir devra immédiatement stopper toutes transactions financières internationales le temps de procéder immédiatement à la nationalisation de la Banque de France et du secteur bancaire et financier, exception faite des sociétés coopératives de banque qui présentent dans leurs principes de critères de gestion démocratiques. L’un des premiers objectifs du nouveau pouvoir devrait également consister à donner de nouveaux droits aux sociétés coopératives, tout particulièrement afin que leurs sociétaires disposent des moyens réels de faire respecter les principes de gestion par les dirigeants quand ce n’est pas le cas. La banque et la finance sont le cœur de l’activité économique et c’est d’abord là que des mesures nationales et radicales doivent être prises avant d’envisager par la suite une action de proposition plus importante au niveau européen et international, à l’ONU par exemple ou par d’autres organisations internationales. De même, il devra formuler dans un second temps des propositions pour changer ces vieux outils du capitalisme (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce, etc.) Sur ces points, le gouvernement de Vladimir Poutine de la Fédération de Russie peut permettre d’avancer rapidement puisqu’il est déjà prêt à agir, à proposer et à soumettre au débat des solutions. Il ne faut pas perdre de vue que les mesures qui permettraient d’envisager un avenir meilleur sont également valables pour tous les peuples. Parler de la « réglementation de la vie économique » ou de « réguler les marchés financiers » comme le président français et ses homologues occidentaux en passant sous silence la nationalisation du secteur bancaire et financier ou la gestion démocratique des entreprises, en ne s’attaquant pas aux puissances financières c’est tromper les gens en discourant sur des promesses que l’on est décidé à l’avance à ne pas tenir. Comment peut-on prétendre contrôler et réglementer l’économie sans contrôler et réglementer les banques, le cœur de la vie économique, sans unifier la « comptabilité financière » de l’Etat ?!

Geostrategie : Mais la nationalisation démocratique des banques est une opération difficile qui prendra du temps ?

J-L.I. : C’est l’idée que distillent dans l’opinion les milliardaires avec leurs médias qui ont pardessus tout peur de perdre ainsi la maîtrise de l’économie et leurs privilèges. Dans les faits cette opération qui ne présente pas de grande difficulté sur le plan technique peut aller très vite. L’individu qui aura 1500 euros sur son livret d’épargne comme celui qui possédera 15 millions d’euros sous forme d’actions, d’obligations ou autre garderont chacun ce qu’ils possèdent après la nationalisation. Ceux qui propagent l’idée inverse sont uniquement motivés par le fait d’entretenir la confusion entre nationalisation et confiscation des biens privés pour protéger leurs privilèges. Dans un premier temps, le nouveau pouvoir devra surtout voter des lois favorisant la démocratie dans les entreprises par de nouveaux droits pour la gestion et l’élection des dirigeants sur la base de leur formation, de leur compétence et de leur expérience. Les sociétés coopératives seront des outils précieux pour insuffler la démocratie dans l’économie. Comme vous avez pu le lire, je mets en valeur dans mon livre la contribution importante des sociétés coopératives au mouvement pour la gestion démocratique des entreprises en comparant leurs principes de gestion et leur vécu avec les critères des sociétés classiques ou capitalistes si vous préférez. C’est un chantier immense, ardu et passionnant.

Geostrategie : Qu’est-ce qui changerait si une telle mesure était mise en œuvre ?

J-L.I. : Disons que nous ouvririons la porte de la rupture avec le capitalisme en donnant aux acteurs de l’économie, et en premier lieu à la classe ouvrière et à ses alliés qui font fructifier le Capital par leur travail, des ouvriers des chantiers aux analystes financiers, les moyens de définir et contrôler la marche des entreprises auxquelles ils sont associés, la possibilité de s’intéresser à leur organisation, d’intervenir pour participer à leur transformation. Ce serait le début d’un long mouvement d’émancipation, d’appel aux intelligences, d’appropriation de l’économie par tous ses acteurs au profit de l’intérêt général. Par exemple, concernant les banques, comme j’en fais la démonstration dans mon livre avec l’intervention de spécialistes de la comptabilité des grandes entreprises, aucun contrôle effectif de ces établissement n’est actuellement réellement possible tant les capitalistes jouent sur des procédés extrêmement complexes et subtils pour en établir les bilans, les faire « contrôler », fonder des structures dans des places off shore, éviter l’impôt, spéculer à hauts risques avec des produits financiers ultrasophistiqués. Pourquoi avoir tant de banques qui offrent les mêmes produits financiers quand leur réunion en une seule – exception faite des banques coopératives où se trouvent en germe les principes d’une gestion authentiquement démocratique -, laissant à chacun ce qu’il possède, permettrait le contrôle réel du mouvement des capitaux au profit de l’intérêt général ? Cette nationalisation démocratique accompagnée de la démocratisation des coopératives permettrait à l’Etat de savoir où et comment circulent les capitaux, au profit de qui et de les faire revenir à l’économie réelle sous contrôle populaire. Ce serait un véritable poumon d’oxygène pour la société toute entière quand on sait qu’un niveau mondial les pertes annuelles de recettes fiscales par les gouvernements du monde provenant du seul évitement fiscal – fraude et blanchiment non compris – sont estimées à plus de 255 milliards de dollars.

Geostrategie : Les banques ont déjà été nationalisées ainsi que des sociétés transnationales. Pourtant rien n’a vraiment beaucoup changé à l’époque ?

J-L.I. : C’est exact et c’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’aspect démocratique que devront avoir les nationalisations. Il ne s’agit pas de remplacer des dirigeants de droite par des dirigeants de gauche à la tête de ces entreprises pour que ceux-ci les gèrent de manière identique, comme des « compteurs de petits pois », sur la base de seuls critères financiers de profit maximum immédiat avec des hiérarchies bardées de pré carré, des atteintes répétées aux libertés démocratiques, une opacité de gestion et de trucage des comptes incompatibles avec la démocratie. Les dirigeants auront à mettre en œuvre immédiatement les décrets et lois du pouvoir révolutionnaire donnant de nouveaux droits aux salariés pour qu’ils puissent intervenir complètement dans la gestion, mettre un terme au détournement d’une partie des bénéfices par les dirigeants actuels des entreprises des secteurs clés de l’économie, démocratiser toutes les fonctions jusqu’à changer l’entreprise, faire que l’entreprise soit un outil au service de ses acteurs et de son environnement et non l’inverse comme aujourd’hui. C’est une étape décisive qui implique une élévation quantitative et qualitative de la conscience de ses acteurs mais également de l’environnement des professionnels qui l’accompagnent dans sa création et son développement : commissaires aux comptes, auditeurs, experts comptables, etc. Sans cela les nationalisations resteront lettre morte et deviendront, comme nous l’avons connu, des « étatisations ». C’est la raison pour laquelle ces grandes orientations du pouvoir pour aller vers une démocratie avancée doivent s’accompagner de ce que Pierrre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, la principale société de conseil aux actionnaires, appelle « les petits pas ». Ainsi qu’il l’explique, il faudra initier des réformes plus modestes et locales qui vont dans le bon sens.

Geostrategie : Par exemple ?

J-L.I. : Par exemple d’abord décourager le grégaire et encourager la diversité d’opinion dans les marchés en mettant fin aux conflits d’intérêts des établissements financiers des groupes lors des opérations de marché. Comme le souligne Pierre-Henry Leroy, « ceci impose de recourir à des experts vraiment indépendants et non pas, comme aujourd’hui, payés et nommés par les intéressés. Une définition précise des conflits d’intérêts, des interdictions et des sanctions s’imposent. » Ou encore abolir les règlements qui alourdissent l’épanouissement de l’économie au profit de l’intérêt général, ce qui est d’autant plus facilement envisageable à partir du moment où ses acteurs disposent des moyens légaux et culturels favorisant leur intervention.

La seule issue pacifique à la crise : une révolution nationale et radicale

Geostrategie : Mais les économies étant aujourd’hui très liées d’un pays à l’autre avec la mondialisation capitaliste, pensez-vous qu’il soit possible de tenir tête aux dispositions européennes, aux règlements internationaux et aux pressions qui ne manqueraient pas de s’exercer sur une seule nation qui s’engagerait dans cette voie de rupture ?

J-L.I. : Votre question porte sur un point essentiel : le soutien du peuple à des réformes radicales. Un changement social de cette ampleur ne peut être le fait d’une seule avant-garde, aussi éclairée soit-elle. Si celle-ci est nécessaire pour formuler des propositions, porter le niveau de conscience à la hauteur des mesures indispensables, ouvrir le débat sur les questions essentielles, seul un grand soutien populaire à celles-ci peut permettre de rompre avec la situation actuelle, quelle que soit la voie de transition choisie par le peuple, électorale ou non. Le passage de la République du Venezuela d’un Etat sous domination étasunienne à un Etat démocratique, indépendant et progressiste est l’un des exemples les plus intéressants à étudier de notre époque. Toutes les attaques menées contre le gouvernement révolutionnaire du Venezuela, de l’intérieur par le grand patronat et les éléments conservateurs de l’église catholique et de l’extérieur par les Etats-Unis et d’autres pays avec certaines associations plus ou moins liées aux services étasuniens n’ont pu empêcher le processus de rupture de suivre son cours. Aujourd’hui le pays s’engage sur la construction d’une société socialiste en faisant l’apprentissage d’une authentique démocratie directe. Les secteurs clés de l’économie ont été nationalisés, les capitaux qui s’exportaient dans la poche de gros actionnaires étasuniens sont aujourd’hui injectés dans la modernisation des entreprises et des régions, des dizaines de milliers de coopératives se sont créées dans tous les domaines de l’activité économique et le pays se modernise au profit de ses citoyens. Ce qui paraissait impensable à une grande majorité du peuple se réalise aujourd’hui avec son soutien actif. Pourquoi cela a-t-il été possible malgré les accords régionaux, les règlements internationaux et les pressions de toutes sortes, jusqu’à des tentatives de coup d’Etat orchestrées par les Etats-Unis ? Parce que le peuple a su se constituer une avant-garde révolutionnaire exemplaire en bien des domaines, se rassembler, se mobiliser et le rester sur ses objectifs principaux de transformation politique et sociale radicale. Vos comprenez face à ces succès pourquoi le Venezuela révolutionnaire n’existe pratiquement pas dans les médias occidentaux. Le gouvernement français devrait se souvenir qu’il a plus besoin du Venezuela que le Venezuela n’a besoin de la France.

Geostrategie : Est-il possible de faire une telle révolution nationale et radicale en France ?

J-L.I. : Bien évidemment et c’est même la seule issue pacifique pour sortir de la crise et rompre avec le système actuel. Il est envisageable d’organiser en France le contrôle de toute la vie économique, d’opérer sa « réglementation » en la « débureaucratisant », de faire retourner à l’économie les capitaux que les capitalistes évitent de l’impôt et du développement des entreprises sans qu’il leur soit possible de dissimuler des biens et des revenus. Il n’y a nul besoin d’un appareil spécial de l’Etat puisque les salariés et les directeurs pourraient réaliser eux-mêmes la fusion immédiate de toutes les banques capitalistes en quelques semaines, par exemple sous l’autorité du ministère des Finances avec des congrès de travail réunissant les professionnels, cadres-dirigeants, représentants des propriétaires du Capital, salariés, syndicats, associations de consommateurs, etc. par banque, par région et nationalement. Il est évident que ceux qui s’y opposeraient ou feraient traîner les choses en longueur pour se livrer à des opérations malhonnêtes de dernière minute et entraver le processus de rupture en seraient exclus. Les avantages de la nationalisation du secteur bancaire seraient décisifs pour les PME, les collectivités et le peuple entier qui pourrait ainsi s’approprier les richesses qu’il crée et lui échappent. Un gouvernement qui arriverait au pouvoir avec la volonté de rompre avec le capitalisme ne peut être que nationaliste et radical. Etre nationaliste, cela veut dire donner la priorité à l’intérêt général de la communauté de territoire, de langue et de culture à laquelle on appartient. Concernant les accords régionaux ou internationaux que vous évoquiez, la petite Europe de Maastricht n’est pas un problème puisque pour ceux qui en doutaient l’expérience montre, à moins d’être complètement aveugle, qu’elle n’est qu’une organisation au service des grandes banques et des gros propriétaires privés de l’économie. Elle ne pouvait par conséquent résoudre aucun problème, quel qu’il soit, dans les sociétés qui la composent, qu’il s’agisse d’économie, de social, de culture, de liberté, de démocratie ou de droits de l’Homme. Vous remarquerez du reste que les promesses faite sur cette construction européenne par les dirigeants bourgeois et socialistes sur la fin du chômage, l’ouverture des marchés, le développement des entreprises, la solidarité entre les peuples, les libertés n’ont jamais vu le jour et que c’est même le contraire qui s’est produit. Je dresse dans mon livre un descriptif de la situation de cette petite Europe en m’appuyant sur des documents de synthèse de ses propres organismes peu connus du public. Il apparaît que celle-ci, dont les dirigeants sont si prompts à donner des leçons à d’autres peuples, est en recul sur tous les fronts. Il faut se préparer dès maintenant à construire l’Europe des peuples de Dublin à Vladivostock qui donnera la priorité aux qualités et à l’identité de chaque peuple par la recherche de coopérations mutuellement avantageuses, mettra un terme à la bureaucratie de Bruxelles engendrée par les puissances financières. Cela veut dire rompre avec l’actuelle « construction européenne », avec le traité de Maastricht et ceux qui ont suivi. Etre radical c’est avoir conscience que la classe dominante – la grande bourgeoisie – s’accrochera au pouvoir et à ses privilèges par tous les moyens et que seules des mesures radicales bénéficiant d’un fort soutien populaire permettront de la contraindre à respecter les lois nouvelles, de la renvoyer dans ses foyers et de rompre avec son système.

Le capitalisme a besoin de la guerre pour survivre

Geostrategie : La démocratie est-elle possible dans l’entreprise et tout particulièrement dans des sociétés transnationales à l’organisation complexe ?

J-L.I. : Je montre dans mon livre comment la gestion des sociétés coopératives se distingue – du moins dans celles dont les principes de gestion sont respectés – des entreprises classiques. Les entreprises coopératives sont des exemples de gestion à partir du moment où ses acteurs font respecter leurs critères de gestion par les dirigeants qu’ils élisent. Cela fonctionne dans de grandes banques comme le Crédit Mutuel en France ou le Mouvement des caisses Desjardins au Canada et peut donc très bien se mettre en place dans des PME. Chacun doit avoir conscience de la gravité de la situation car le système a aujourd’hui besoin de la guerre pour subsister. Le général russe Leonid Ivashov a mis en garde à plusieurs reprises contre la volonté des Etats-Unis de déclencher un conflit militaire majeur…

Geostrategie : …Vous voulez dire une troisième guerre mondiale ?

J-L.I. : Je dis « conflit militaire majeur » c’est-à-dire pouvant entraîner rapidement plusieurs pays dans des conflits bien plus graves que la guerre contre l’Irak ou contre la République fédérative de Yougoslavie. C’est du reste ce qu’ont tenté les Etats-Unis en foulant le droit international et en tentant de constituer une alliance de guerre contre l’Irak en passant outre l’ONU. Les Etats-Unis sont en pleine faillite, leur dette financière n’est plus remboursable et ne peut plus qu’être remise. Comme le rappelle le général Ivashov dans mon livre, tout se qui se trouve aux Etats-Unis – industries, immeubles, technologies de pointe, etc. – a été hypothéqué plus de dix fois partout dans le monde et nous sommes au bord d’un krach du système financier international sur le dollar étasunien. Le général Ivashov, qui est vice-président de l’Académie russe des problèmes géopolitiques, estime que « les banquiers mondiaux » en faillite ont besoin d’un événement de force majeure de proportions mondiales pour s’en sortir ». Selon son analyse, « l’importance des événements à venir est réellement épique. (…) Les conflits régionaux comme ceux déclenchés contre la Yougoslavie, l’Irak et l’Afghanistan ne donnent que des effets à court terme. Ils ont besoin de quelque chose de beaucoup plus important et ce besoin est urgent ». Les Etats-Unis et leurs sujets anglo-saxons n’ont pas réussi à entraîner les pays occidentaux dans leur croisade contre l’Irak. Ils tentent aujourd’hui de renouveler leur opération contre l’Afghanistan et la République Islamique d’Iran avec l’OTAN et vont de provocation en provocation pour tenter de renverser le régime légitime du peuple Iranien.

Au nom de quoi l’Occident serait-il à l’abri des guerres qu’il provoque ?

Geostrategie : Est-ce à dire que les conflits régionaux actuels peuvent gagner en ampleur ?

J-L.I. : Malheureusement l’heure est à la guerre et les dirigeants occidentaux en portent la responsabilité. Ils font régulièrement la démonstration de leur recherche d’un conflit majeur, pour sauver leur système en faillite. Ils multiplient les provocations médiatiques, économiques et armées de manière répétée contre plusieurs Etats depuis quelques années. Par exemple, les dirigeants Français mènent des opérations militaires hors frontières contre des peuples (Comores, Afrique, Albanie, Kosovo, Bosnie, Afghanistan, etc.) avec une structure militaire, le Commandement des Opérations Spéciales dont le siège est basé à Villacoublay (Yvelines) en région parisienne, la plupart du temps sans consultation du Parlement. L’armée n’est plus au service de la défense du pays tous azimuts mais des besoins des sociétés transnationales et des guerres étasuniennes. Il semble que le président Sarközy de Nagy-Bocsa n’ait pas compris que le retour en puissance sur la scène internationale de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine, de l’Inde et de l’Amérique latine et centrale mette un terme aux schémas idéologiques et aux alliances des années soixante-dix. Les français peuvent du reste interpeller leurs députés sur ces opérations militaires en se servant de mon livre puisque celles-ci vont leur coûter en 2009 plus d’un milliard d’euros avec l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Aujourd’hui, le mot d’ordre des militants nationalistes et révolutionnaires doit être « Troupes françaises hors d’Afrique ! », « Troupes françaises hors d’Afghanistan ! » L’action doit se développer afin d’entraver par tous les moyens le fonctionnement des troupes d’invasion et les centres nerveux des Etats qui participent à ces opérations militaires meurtrières dans lesquelles périssent de nombreux civils. Le temps de la guerre qui se déroule à plusieurs heures d’avion des capitales occidentales sans répercussions pour l’agresseur est révolu.

Geostrategie : Selon vous ces conflits sont donc susceptibles aujourd’hui d’avoir des répercussions en Occident même ?

J-L.I. : Les occidentaux doivent comprendre que les bombes qu’ils lâchent sur les autres peuples, que l’uranium appauvri que les armées étasuniennes, françaises et anglaises n’ont pas hésité à utiliser en 1991 lors de la guerre du Golfe, puis en Bosnie en 1995, puis encore contre la Serbie en 1999, puis à nouveau contre l’Irak en 2003 avec les conséquences dramatiques pour les êtres humains et l’environnement peut aussi se répandre au cœur de leurs propres villes, de leurs repaires économiques, financiers et militaires. Comme le rapporte le contre-amiral Claude Gaucherand, à l’hôpital pour enfants de Bassorah, en Irak, l’une des plus modernes maternité du monde arabo-musulman avant la guerre, où naissaient 12000 enfants par an, les femmes qui accouchent ne disent plus « fille ou garçon » mais « monstre ou être humain ? » Les cas de leucémie ont été multipliés par 13 et les cancers par 6 en douze ans et ces chiffres ne font qu’augmenter. Il faut également savoir que le plus moderne institut de production de vaccins du Proche-Orient qui fût créé dans les années 1980 par une coopération de l’Irak avec les établissements Mérieux a été détruit par l’ONU et ses envoyés de l’UNISCOM avec des conséquences dramatiques pour les populations et les animaux bien au-delà de l’Irak et de sa région. L’utilisation de telles armes comme le déclenchement des guerres sans consultation du Parlement fait des dirigeants de l’époque des criminels de guerre. Donnez-moi une seule raison qui justifierait que les populations occidentales soient à l’abri des guerres offensives qu’elles laissent financer avec leurs deniers par leurs dirigeants et leurs représentants sans sourciller ? Les bombes ne seraient-elles bonnes que pour les enfants Serbes, Palestiniens, Irakiens, Africains ou Afghans ? Ce temps là est bien fini.

Les fraudeurs ne sont pas à Téhéran mais à l’UMP

Geostrategie : Les politiciens et médias occidentaux parlent de « dictature » et de « révolution manquée » contre le régime de Téhéran, menaçant d’intervenir pour la protection des droits de l’Homme. Quel est votre avis sur l’évolution de la situation en Iran ?

J-L.I. : Premièrement, le peuple Iranien a réélu le président Ahmadinedjad avec une écrasante majorité, bien plus large que celle que le peuple français a donnée au président français lors de l’élection présidentielle de 2006. Permettez-moi de souligner au passage que l’élection du président français ne respecte même pas la loi qui prévoit qu’aucun citoyen ne peut porter de nom autre que celui exprimé dans son acte de naissance, à savoir pour ce fils d’émigrés juifs hongrois, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Visiblement, « de Nagy-Bocsa » est resté de l’autre côté de la frontière du bulletin de vote. Ensuite, je ne pense pas que le président français et son parti, l’UMP, dont une ribambelle d’élus ont vu leur élection annulée dans différents scrutins parce qu’ils avaient triché – Serge Dassault le « jeune » sénateur-maire UMP de 84 ans de Corbeil-Essonne, fabricant d’armes, a été déclaré inéligible pour un an par le Conseil d’Etat et accusé d’avoir acheté des voix ! – soient en mesure de donner des leçons de démocratie électorale à l’Iran. Ils le sont d’autant moins que d’autres élus de l’UMP ont été également déboutés de leur tentative de remettre en cause plusieurs résultats de scrutin au prétexte que ceux-ci ne leur étaient pas favorables. Le parti des fraudeurs n’est pas à Téhéran mais bien en France. L’UMP est d’ailleurs coutumier de «putsch » contre le peuple et la démocratie.

Geostrategie : « Putsch » contre la démocratie, c’est-à-dire ?

J-L.I. : Je rappelle que le 23 mars 1999, les représentants des dix-neuf pays de l’OTAN ont déclenché les frappes aériennes contre la République Fédérative de Yougoslavie sans consultation des parlements. Puis, ils ont violé une nouvelle fois la Constitution française en 2001 quand le Premier ministre « socialiste » Lionel Jospin a, d’un commun accord avec le président UMP Jacques Chirac, décidé de participer à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan. Depuis les choses n’ont fait que s’aggraver et les opérations militaires extérieures pèsent de plus en plus lourdement dans le budget de l’Etat. J’ajoute que la France participe au soutien de dictatures sur le continent Africain où elle n’a rien à faire et dont elle ne conteste du reste pas les élections de dirigeants, réellement truquées celles-ci. Et voilà qu’aujourd’hui, avec leurs homologues de la petite Europe de Maastricht, ils s’entendent pour faire revoter les Irlandais qui se sont prononcés majoritairement contre le traité de Lisbonne et dont le vote ne leur convient pas ! Et ce sont ces dirigeants français qui ont la prétention de donner des leçons de démocratie à l’Iran ? Ce n’est pas sérieux. Cette réalité n’est que celle d’une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, jusqu’à la guerre, pour sauvegarder ses privilèges

Un fait dont personne ne parle

Geostrategie : Les reproches formulés au gouvernement iranien par les dirigeants occidentaux procèdent-ils de la volonté de chercher un conflit majeur ? S’agit-il d’une opération concertée ?

J-L.I. : Oui. Plusieurs éléments prouvent que nous assistons à une tentative de déstabilisation du gouvernement Iranien réparée de longue date par les services étasuniens avec la collaboration de membres de services occidentaux et sionistes. La stratégie est la même que celle employée pour la prétendue « révolution orange » en Ukraine ou dans d’autres pays comme la Géorgie avec d’autres couleurs et d’autres valets. Vous retrouvez derrière ces « candidats de la liberté » les mêmes associations financées par des annexes des services étasuniens, les mêmes bailleurs de fonds, les mêmes campagnes médiatiques spontanées avec manifestations, pancartes, mots d’ordre en anglais, provocations, etc. Malheureusement les occidentaux, tous particulièrement les étasuniens, les anglais et les français, devront se faire à l’idée que le président Ahmadinejad jouit d’un fort soutien populaire et de la confiance des forces révolutionnaires d’Iran. J’attire du reste votre attention sur un fait dont personne ne parle : ces conservateurs petits bourgeois qui se présentent comme des défenseurs de la « liberté », de la « démocratie » et des « droits de l’Homme » ont tous le même programme politique : « libérer » l’économie. Cela signifie privatiser avec les conséquences qui s’en suivraient pour le peuple, tout particulièrement dans le domaine de l’énergie puisque l’Iran est un grand pays producteur de pétrole. Avez-vous remarqué le silence entretenu par les médias occidentaux sur le programme politique de cette opposition ? Je ferai le reproche aux dirigeants iraniens de ne pas suffisamment mettre en avant les acquis de la Révolution islamique qui a libéré le pays du joug de l’étranger et a permis de consacrer au développement économique et social des capitaux qui partaient auparavant dans la poche des gros actionnaires des sociétés occidentales. La République Islamique d’Iran se modernise, y compris par la maîtrise de l’énergie nucléaire, et contrôle son activité économique au profit de toute la société : voilà ce que ne supportent pas les occidentaux, français compris, dont les milliardaires dirigeants des sociétés transnationales convoitent les richesses et la place stratégique. Il est évident qu’un Hossein Moussavi comme tout autre dirigeant soutenu par les occidentaux permettrait à Israël de poursuivre tranquillement le génocide du peuple Palestinien sans que cette entité ait à répondre régionalement et internationalement de ses crimes. La politique de paix développée par l’Iran s’accompagne forcément d’une dénonciation de la réalité de la politique raciste et belliciste de l’entité sioniste, que cela plaise ou non. Il ne peut y avoir d’aboutissement à plus de soixante années de conflit sans que la réalité des faits soit posée sur la table.

Il est temps d’en finir avec « l’Etat » raciste israélien

Geostrategie : La communauté internationale peut-elle encore jouer un rôle dans le règlement de la question juive au Proche Orient ?

J-L.I. : La communauté internationale n’existe plus depuis longtemps Pour qu’elle existe encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique commune de régler les conflits dans l’intérêt des peuples, ce qui n’est plus le cas, tout particulièrement avec ce que l’on appelle « l’Etat » d’Israël. Le président Ahmadinejad a souligné avec raison, lors de son intervention à la tribune des Nations Unies à Genève le 11 avril dernier qu’ « après la deuxième guerre mondiale, sous prétexte « des souffrances des juifs », un groupe de pays puissants a eu recours à l’agression militaire pour faire d’une nation entière une population sans abri. Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et d’ailleurs pour établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée. Il est tout à fait regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux ainsi que les Etats-Unis aient entrepris de défendre ces racistes auteurs de génocide. Ils ont toujours soutenu les actes odieux du régime sioniste ou sont resté silencieux face à ces actes ». Tout cela n’est que la triste vérité et nous sommes aujourd’hui confrontés à une peste sioniste qui se répand comme un poison de manière analogue à celles des nazis : pureté de la « race » qui place le juif , « peuple élu », au-dessus de tout autre être humain – et je vous renvoie sur ce point à La question juive écrit par le juif allemand Karl Marx -, implantation de colonies qui répond au besoin d’espace vital à l’image de l’ancien Reich allemand, populations chassées à coups d’interventions militaires, villages rasés, terres spoliées, torture, etc. L’ouvrage de Serge Thion, Le terrorisme sioniste,(5) est sur ce point révélateur de la terreur qui accompagne l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste depuis 1947. Israël n’est pas un Etat mais une entité raciste sans frontières définies et sans constitution. C’est l’amie assassine du président Sarközy de Nagy-Bocsa dont l’historien Paul-Eric Blanrue décrit fort bien l’introduction dans l’appareil d’Etat français dans son ouvrage Sarkozy, Israël et les juifs.(6)

Geostrategie : Vous êtes l’un des rares journalistes français à soutenir l’intervention du président Ahmadinejad. Selon vous, le président Iranien n’a fait que rapporter la réalité des faits à la tribune de l’ONU ?

J-L.I. : L’un des rares à le soutenir ? Je ne pense pas. Sans doute dans les salons dorés des capitales occidentales et de l’ONU à Genève – et encore car il y fût applaudi par la grande majorité des participants à la déception des représentants occidentaux. Je renvoie ceux qui doutent de la triste réalité de la Palestine occupée et du racisme de l’entité sioniste à se rendre dans les pays arabes. Je ne parle pas de descendre dans les hôtels cinq étoiles pour l’interview d’une personnalité et de partager le reste de son temps entre le bar et la piscine de l’hôtel comme le font certains journalistes occidentaux. Je parle de vivre avec le peuple, d’aller à sa rencontre, de l’écouter, d’essayer de le comprendre. Ils verront alors que le président iranien jouit d’une grande popularité dans le monde arabo-musulman. Par ailleurs, un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui fait suite à une importante mission d’enquête en Israël rapporte, je cite, « les nombreuses discriminations raciales (…) tant légalisées qu’empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit » qui constituent « une violation à la Déclaration universelle des droits de l’homme, au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». Il est évident que si les occidentaux continuent de soutenir une telle entité raciste, ils devront finir par assumer également la responsabilité du génocide du peuple Palestinien et de la guerre qui se prépare. Depuis 62 ans cette entité viole toutes les lois internationales, procède à une véritable épuration ethnique de la Palestine, refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et poursuit sa guerre d’occupation et d’expansion à l’abri du discours trompeur de ses dirigeants. Vous seriez enfant Palestinien et vous auriez vu votre famille décimée sous les bombes sionistes ou chassée de sa terre, pensez-vous que vous continueriez d’applaudir aux rencontres diplomatiques sans lendemain avec un occupant qui piétine la diplomatie et les pactes internationaux jusqu’au sein de l’ONU ? Quant aux dirigeants des pays arabes au pouvoir qui ne sont, exception faite de la Syrie, que des modérés corrompus agenouillés devant les occidentaux, ils portent une lourde responsabilité dans l’extermination du peuple Palestinien et la présence coloniale dans cette région du monde.

Geopolitique : Dans de telles conditions, pensez-vous qu’après tant d’années une solution diplomatique puisse encore être trouvée ?

J-L.I. : En refusant toute véritable négociation pour que la Palestine retrouve l’intégralité de sa terre et ses droits, l’entité sioniste empoisonne la vie politique internationale et diplomatique depuis plus d’un demi-siècle. Ce racisme religieux que les occidentaux et l’ONU refusent de combattre oblige à considérer que la seule alternative qui reste désormais pour en finir avec Israël est la guerre. Que voulez-vous qu’il reste quand des dirigeants refusent de voir la réalité des choses, d’entendre la voie de la diplomatie et donc de la sagesse ? Ainsi que je le rapporte dans mon livre, une mission d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme conclut que « le projet politique fondateur de l’Etat d’Israël, l’instauration d’un « Etat juif » est porteur d’une discrimination à l’égard de la population non juive ». Si « l’Etat d’Israël est « l’Etat des juifs » comme le stipule l’article 7 de la loi fondamentale sur la Knesset, alors tout juif qui se trouve en dehors de cet Etat doit être considéré comme immigré. Une liste noire des Etats et sociétés qui commercent avec Israël, fournissent à cette entité du gaz, du pétrole – comme la Fédération de Russie, la Turquie, la Géorgie et quelques autres -, des armes et autres bien de consommation doit être dressée afin de dénoncer publiquement leur participation au massacre du peuple Palestinien et d’organiser un boycott progressif et massif de leur commerce. Il faut ainsi s’opposer comme le font une centaine d’organisations, de partis politiques, d’associations, y compris juives, à l’implantation de la société israélienne Agrexco à Sète et ailleurs en France. Ce n’est qu’un aspect du combat qu’il faut aujourd’hui mener contre cette entité raciste jusqu’à la contraindre à la raison car chaque jour elle vole la vie et la terre des Palestiniens.

Renforcer l’action commune des peuples contre l’impérialisme

Geostrategie : Revenons à l’Iran. Pensez-vous que la République Islamique d’Iran puisse affronter la crise provoquée par les occidentaux ?

J-L.I. : Crise est un bien grand mot. Je parlerai plutôt de nouvelle provocation occidentale et d’ingérence dans les affaires du peuple iranien. Non seulement elle le peut mais elle en sortira renforcée. Il faut savoir qu’ au-delà d’un appareil d’Etat en pleine modernisation, la République Islamique d’Iran dispose de militants révolutionnaires aguerris à la lutte contre les provocations occidentales, d’une jeunesse formée dans les écoles et Universités ouvertes à toutes les couches de la population qui soutient majoritairement le régime contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux, de penseurs et d’intellectuels riches de la culture perse, d’une religion avec laquelle la corruption et l’enrichissement personnel contre l’intérêt général ne sont pas compatibles. Il ne faut pas oublier qu’en août 1953 les occidentaux ont eux-mêmes préparé le coup d’Etat pour renverser le régime démocratique de Mohammad Mossadegh afin d’installer au pouvoir la dictature des Pahlavi qui a plongé l’Iran dans un bain de sang. Quelques mois après son installation au pouvoir par les occidentaux, en 1954, un consortium composé de compagnies étasuniennes, anglaises, françaises et hollandaises se mettait en place pour gérer l’exploitation pétrolière de l’Iran au profit des actionnaires des grandes compagnies occidentales. Un véritable pillage de l’Iran s’est ainsi opéré pendant près de vingt-six années de dictature jusqu’à la Révolution islamique en 1978 et 1979. Il est évident que les dirigeants occidentaux entendent aujourd’hui dicter de nouveau à l’Iran sa politique économique tantôt en lui interdisant d’utiliser l’énergie nucléaire, tantôt en le menaçant, tantôt en exerçant des pressions économiques ou en essayant de déstabiliser son régime démocratiquement élu pour imposer une marionnette à leur solde afin de s’approprier ses richesses.

Geostrategie : Mais vous êtes vous-même athée et vous soutenez le pouvoir religieux de Téhéran ?

J-L.I. : Où est le problème ? Notre foi n’est pas la même mais je constate que le régime de Téhéran défend l’indépendance économique du pays, les nationalisations – même si celles-ci doivent aujourd’hui passer à un niveau qualitatif supérieur – et donc la possibilité pour le peuple Iranien d’améliorer ses conditions d’existence en participant plus fortement à la vie économique. On ne peut en dire de même du Vatican ou de l’entité sioniste qui sont deux des principales destinations du blanchiment de l’argent du crime organisé et du commerce des armes, ni des Etats-Unis avec leurs 60 millions de pauvres où la misère, contrairement à la République Islamique d’Iran, est en pleine expansion ! Quant à l’Union Européenne, donneuse de leçon de droits de l’Homme elle devrait commencer par s’occuper de ses 20 millions de chômeurs, de ses 70 millions de citoyens mal logés, de ses 80 millions d’autres qui courent un risque de pauvreté dont « la moitié d’entre eux est dans une situation de pauvreté durable » si j’en crois le Rapport conjoint 2008 sur la protection sociale et l’inclusion sociale de la Commission européenne ! Où sont les droits de l’homme pour ces habitants de la petite Europe ? Par ailleurs, la France a fait le choix de servir de refuge à une organisation armée logée à Auvers-sur-Oise, en région parisienne, qui était, voici peu de temps, classé sur la liste noire des mouvements terroristes du Département d’Etat étasunien et de l’Union Européenne. Elle vient d’en être retirée car les dirigeants anglo-saxons ont réalisé qu’ils avaient besoin de l’instrumentaliser pour développer une grande campagne contre la République Islamique d’Iran. Tout ce qui peut leur servir contre l’Iran révolutionnaire est bon. Il serait du reste intéressant de savoir de qui cette organisation reçoit des fonds et des armes en quantité impressionnante… Le gouvernement français devrait prendre garde. Que n’entendrait-on si l’Iran abritait sur son sol une organisation dont le but avoué serait de renverser le gouvernement français ?! Sans intervenir dans les affaires intérieures iraniennes, je pense que les dirigeants iraniens devraient revoir les conditions des échanges avec les pays de l’Union Européenne, tout particulièrement la France, et choisir des partenaires commerciaux plus fiables et respectueux de l’indépendance des peuples. Cela vaut pour l’Iran comme pour tous les peuples qui se lèvent sur tous les continents et qui doivent, au-delà de leurs croyances différentes, se rapprocher pour agir en commun contre l’impérialisme.

Geostrategie : Le conflit majeur dont vous parlez pourrait prendre des formes nouvelles ?

J-L.I. : Je le pense car les occidentaux semblent oublier qu’il ne peut y avoir de second Hiroshima puisque cela signifierait la fin de l’Humanité. Le président étasunien Obama qui a pris un ton aux relents de guerre froide vis-à-vis de la Fédération de Russie devrait bien réfléchir à changer d’attitude contre le cœur de l’Eurasie. De même, son implication et celle de son administration – CIA, Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération(7) et Commandement Sud des Etats-Unis (Southcom) – dans le coup d’Etat en juin dernier contre Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras, ne fait que confirmer la poursuite de la politique belliciste et agressive de ses prédécesseurs. Vous constaterez au passage la disproportion du traitement dans les médias français entre le coup d’Etat étasunien au Honduras avec des centaines de morts et des milliers d’arrestations qui n’ont eu droit qu’à quelques toutes petites minutes d’antenne et le coup d’Etat manqué des occidentaux en Iran qui a fait chaque jour l’objet de commentaires aussi faux qu’abondants. Les Etats-Unis ne sont plus en état de dicter leur volonté au monde et leur président va devoir faire front sur le plan intérieur aux déceptions qui vont naître des promesses qu’il a faites pour être élu et qu’il ne pourra tenir. Sur le plan extérieur les guerres qu’il entretient et les nouvelles qu’il cherche à provoquer vont accroître l’endettement et contribuer au processus d’affaiblissement majeur des Etats-Unis et du capitalisme en faillite. Imaginez ce qu’il adviendrait de la société étasunienne dans un tel contexte politique, économique et social si son président noir était victime d’un odieux attentat raciste perpétré par un groupe sioniste ou des miliciens extrémistes blancs ?!… Imaginez ce qu’il adviendrait demain si les images captées par satellite et caméras sur le prétendu attentat contre le Pentagone en septembre 2001 étaient publiées ? Certains responsables du Federal Bureau of Investigation en ont une idée pour avoir fait saisir aux Etats-Unis certaines de ces bandes vidéos…Il est étrange, ne trouvez-vous pas, que cette manipulation et mise en scène hollywoodienne ait échappé aux « yeux du ciel » pour l’un des bâtiments les plus surveillés de la planète ? Sans doute faut-il encore laisser du temps au temps. Les occidentaux ne sont plus les seuls à maîtriser les nouvelles technologies et les peuples à qui ils ont pris leurs familles, leurs terres, leurs richesses, leur espoir, leur avenir n’ont plus rien à perdre. Ces « terroristes » là seront les libérateurs d’aujourd’hui comme l’étaient hier communistes et sans partis dans la Résistance contre le nazisme. A mains nues ou en costume cravate nous devons être à leurs côtés car pour eux comme pour nous, l’avenir c’est aujourd’hui la révolution ou la guerre.

Notes :

(1) Diplômé de l’Ecole des Hautes Sociales, de l’Ecole des Hautes Etudes Internationales et de l’ESJ, Jean-Loup Izambert est un journaliste indépendant qui a également exercé comme conseil en communication politique et communication de crise. Spécialisé depuis les années quatre-vingt cinq dans l’investigation économique, politique et financière, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages : Le krach des 40 banques (Ed. du Félin, 1998), Le Crédit Agricole hors la loi ? (Ed. Carnot, 2001), Crédit Lyonnais, la mascarade (Ed. Carnot, 2003), ONU, violations humaines (Ed. Carnot, 2003), Faut-il brûler l’ONU ? (Ed. du Rocher, 2004), Les Démons du Crédit Agricole (Ed. L’Arganier, 2005), Pourquoi la crise ? (Ed. Amalthée, 2009)

(2) Lire Résistance, n°56, juin 2009 et le site Internet voxnr.com

(3) Source : Organisation Internationale du Travail.

(4) Source : Rapport sur les aides publiques aux entreprises, Inspection générale des Finances, des Affaires sociales et de l’Administration, janvier 2007.

(5) Le terrorisme sioniste, par Serge Thion, Ed. Akribeia, Paris (disponible ici).

(6) Sarkozy, Israël et les juifs, par Paul-Eric Blanrue, Ed. Oser dire (disponible ici).

(7) L’institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, aussi appelé « Ecole américaine » est un centre d’entraînement et de formation étasunien destiné à former des militaires et commandos pour contrer les forces progressistes et révolutionnaires du continent d’Amérique centrale et latine. Plusieurs chef militaires des dernières dictatures de ce continent soutenues par Washington en sont issus.

 

Au secours, la germanophobie est de retour

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Au secours, la germanophobie est de retour

par Jacques Cordonnier, président du mouvement Alsace d’Abord


STRASBOURG (NOVOpress) – Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Les socialistes Hamon et Le Guen, imités par un Montebourg que l’on a connu mieux inspiré parlent d’un nouveau « Munich », et du retour de l’esprit prussien et guerrier d’un Bismarck. Et selon Marine Le Pen, Berlin voudrait nous mener à la schlague. Rien de moins ! De telles outrances disqualifient leurs calamiteux auteurs.

L’Union européenne et l’euro connaissent d’indéniables difficultés ; chaque pays est par conséquent tenté, pour des raisons de politique intérieure ou d’idéologie, par les solutions simplistes et démagogiques de retour en arrière souvent qualifiées à tort de « souverainistes ».

Mais que serait donc cette souveraineté d’opérette sans ses véritables attributs, la puissance et l’autonomie ? Que pourrait donner le repliement sur des États-nations étriqués à l’heure des grandes puissances continentales ? (Chine, Inde, les deux Amériques…)

Il est certes possible de se questionner sur les conditions de fonctionnement d’une monnaie bâtie sans véritable contour politique. Il est possible de condamner les dérives tentaculaires et centralisatrices d’institutions européennes qui manquent autant d’un fondement démocratique que d’une perspective historique. Il est loisible de discuter de diverses conceptions d’un devenir européen, plus ou moins fédéraliste, préservant ou dépassant les nations existantes.

Comme tous les régionalistes identitaires du mouvement Alsace d’Abord, j’ai mon point de vue sur ces questions, et il ne surprendra personne que notre désir aille vers un véritable fédéralisme européen, source d’équilibre, d’indépendance et de puissance. Sur nos conceptions, le débat est ouvert : nous le sollicitons même.

Le gouvernement allemand souhaite que des pays de la zone euro mettent de l’ordre dans leurs affaires avant de garantir leurs dettes ; le gouvernement français désire aller plus vite pour parer au plus pressé. Ce sont deux positions différentes, qui peuvent être analysées, acceptées ou combattues.

Mais que cette divergence serve de prétexte à ranimer les caricatures qui ont fait tant de mal aux enfants de l’empire carolingien, je ne puis l’accepter. Et pourquoi pas après la caricature, l’injure, et après l’injure la menace, et après la menace le conflit ? A cet égard, l’Alsace a été aux premières loges, à trois reprises ! Plus jamais cela !

Comme le rappelait l’historien Dominique Venner, lorsque la France et l’Allemagne sont ensemble, l’Europe est grande. Lorsque nos pays s’affrontent, alors le lointain étranger l’emporte, et notre civilisation cède le pas.

Messieurs les socialistes, Madame la candidate, pour obtenir quelques attentions des médias, tout ne vous est pas permis. Pas la relance des démons germanophobes en tout cas. Nous aurons une longue mémoire de vos indignes propos.

jeudi, 01 décembre 2011

Alain Soral: Comprendre l'Empire (mars 2011)

Alain Soral: Comprendre l'Empire (mars 2011)

lundi, 28 novembre 2011

La France a-t-elle été attaquée par des puissances étrangères au cours des émeutes de 2005 ?

La France a-t-elle été attaquée par des puissances étrangères au cours des émeutes de 2005 ?

vendredi, 25 novembre 2011

Emil Cioran e o Culto à Morte

Emil Cioran e o Culto à Morte

 
por Tomislav Sunic
 
Ex: http://legio-victrix.blogspot.com/




Pessimismo histórico e senso trágico são motivos recorrentes na literatura Européia. De Heraclitus à Heidegger, de Sophocles à Schopenhauer, os representantes do ponto de vista trágico assinalam que a maneira mais curta de existência humana pode somente ser superada pela intensidade heróica de viver. A filosofia do trágico é incompatível com o dogma cristão de salvação e otimismo de algumas ideologias modernas. Muitas políticas ideológicas e teológicas modernas se estabelecem a partir do pressuposto de que “o futuro radiante” está em algum lugar depois de virar a esquina, e que o medo existencial pode ser melhor subjugado pela aceitação de um linear e progressivo conceito histórico. É interessante observar que indivíduos e massas, na nossa pós-modernidade, cada vez mais evitam alusões à morte e ao fato de morrer. Procissões e despertares, que há não muito honraram a comunhão pós-moderna entre a vida e a morte, estão rapidamente caindo no esquecimento. Em uma sociedade fria e super-racional de hoje, a morte de alguém causa constrangimento, como se a morte nunca tivesse existido, e como se a morte pudesse ser adiada por uma “procura da felicidade” deliberada. A crença de que a morte pode ser despistada com um elixir da juventude eterna e a “ideologia das boas aparências”, é generalizada na sociedade moderna orientada pela TV. Essa crença se tornou uma fórmula de conduta sócio-política.

O ensaísta franco-romeno, Emile Cioran, sugere que uma conscientização da futilidade existencial representa a única arma contra delírios teológicos e ideológicos que têm balançando a Europa por séculos. Nascido na Romênia em 1911, Cioran desde muito cedo se identificou com o velho provérbio Europeu de que geografia significa destino. Da sua região nativa, de onde uma vez vagou pelas hordas de Scythian e Sarmatian, e na qual mais recentemente, vampiros e Draculas políticos estão tomando o pedaço, ele herdou um típico talento “balkanesque” de sobrevivência. Dezenas de povos gregos antigos evitavam esta área, e quando as circunstâncias políticas os forçaram a fugir, escolheram uma nova pátria na Sicília ou na Itália – ou hoje, como Cioran, na França. “Nossa época” escreve Cioran, “vai ser marcada pelo romantismo de pessoas apátridas. Já a imagem do universo está no passo de que ninguém terá direitos civis.”[1] Similarmente a esses compatriotas exilados, Eugene Ionesco, Stephen Lupasco, Mircea Eliade, e muitos outros, Cioran vem para compreender muito cedo que o senso de futilidade existencial pode melhor ser curado pela crença em um conceito histórico cíclico, que exclui qualquer noção de chegada de um Messias ou a continuação do progresso tecno-econômico.

A atitude política, estética e existencial, de Cioran em relação a ser e tempo é um esforço para restaurar o pensamento pré-Socrático, o qual o Cristianismo, logo a herança do racionalismo e do positivismo, empurrou para a periferia da especulação filosófica. Nesse ensaio e aforisma, Cioran tenta lançar uma fundação de uma filosofia de vida que, paradoxalmente, consiste na refutação total de todo o viver. Em uma era de história acelerada lhe parece sem sentido especular sobre o aperfeiçoamento humano ou sobre o “fim da história”. “O futuro”, escreve Cioran, “vão e vejam por si mesmos se realmente desejam. Eu prefiro me agarrar ao inacreditável presente e ao inacreditável passado. Eu os deixo a oportunidade de encarar o inacreditável.”[2] Antes dos empreendimentos humanos em devaneios sobre a sociedade futurista, ele devia primeiro imergir a si mesmo na insignificância da sua vida, e finalmente restaurar a vida para o que ela é de fato: uma hipótese trabalhosa. Em uma de suas litografias, o pintor francês J. Valverde, do século XVI, esboçou um homem que tinha tirado sua própria pele. Esse incrível homem, segurando uma faca em uma das mãos e sua pele recém tirada na outra, assemelha-se a Cioran, que agora ensina aos seus leitores como melhor tirar a máscara das ilusões políticas. Homens sentem medo somente na sua pele, não no esqueleto. Como seria para uma mudança, pergunta Cioran, se o homem poderia ter pensado em algo não relacionado ao ser? Nem tudo que transparece teimoso tem causado dores de cabeça? “E eu tenho pensado em todos que eu conheço”, escreve Cioran, “em todos que não estão mais vivos, há muito chafurdando em seus caixões, para sempre isentos da sua carne – e medo.”[3]

A interessante característica de Cioran é a tentativa de lutar contra o niilismo existencial por significados niilistas. Diferente de seus contemporâneos, Cioran é averso ao pessimismo chic dos intelectuais modernos que lamentam paraísos perdidos, e que continuam pontificando sobre o fim do progresso econômico. Inquestionavelmente, o discurso literário da modernidade tem contribuído para essa disposição do falso pessimismo, embora esse pessimismo pareça ser mais induzido por apetites econômicos frustrados, e menos, pelo que Cioran fala, “alienação metafísica”. Contrário ao existencialismo de J.P. Sartre, que foca na ruptura entre ser e não-ser, Cioran lamenta a divisão entre a linguagem e a realidade e, portanto, a dificuldade de transmitir inteiramente a visão da insignificância existencial. Em um tipo de alienação popularizada por escritores modernos, Cioran detecta o ramo da moda do “parnasianismo” que elegantemente mascara uma versão aquecida de uma crença frustrada em andamento. Como uma atitude crítica em relação aos seus contemporâneos, talvez seja a razão do por quê Cioran nunca teve elogios caindo aos montes sobre ele, e por quê seus inimigos gostam de apelida-lo de “reacionário”. Para rotular Cioran de filósofo do niilismo pode ser melhor apropriado em vista do fato de quê ele é um blasfemador teimoso que nunca se cansa de chamar Cristo, São Paulo, e todo o clérigo cristão, tão bem quanto seus seculares marxistas freudianos, de sucessores totais da mentira e mestres da ilusão. Ao atenuar Cioran para uma categoria ideológica e intelectual preconcebida não se pode fazer justiça ao seu temperamento complexo, nem refletir objetivamente sua filosofia política complicada. Cada sociedade, democrática ou despótica, tenta silenciar aqueles que encarnam a negativa da sacrossanta teologia política. Para Cioran, todo os sistemas devem ser rejeitados pela simples razão de que eles glorificam o homem como criatura final. Somente no louvor do não-ser, e na total negação da vida, argumenta Cioran, a existência do homem se torna suportável. A grande vantagem de Cioran é, como ele diz, “eu vivo somente porque é meu poder morrer quando eu quiser; sem a idéia de suicídio, eu tenho me matado já há muito tempo atrás.”[4] Essas palavras testemunham a alienação de Cioran da filosofia de Sisyphus, bem como sua desaprovação do pathos moral do trabalho infestado de esterco. Dificilmente um caráter bíblico ou moderno democrata poderia querer contemplar de maneira similar a possibilidade de quebrar o ciclo do tempo. Como Cioran diz, o supremo senso de beatitude é alcançável somente quando o homem compreende que ele pode, em qualquer momento, terminar com sua vida; somente nesse momento isso significará uma nova “tentação de existir”. Em outras palavras, poderia ser dito que Cioran desenha sua força vital do constante fluxo de imagens de morte saudada, assim interpretando irrelevante todas as tentativas de qualquer compromisso ético ou político. O homem deveria, por uma mudança, argumenta Cioran, tentar funcionar como uma bactéria saprófita; ou melhor, como uma ameba da era Paleozóica. Como forma primordial de existência pode suportar o terror do ser e do tempo mais facilmente. Em um protoplasma, ou em espécies mais arcaicas, há mais beleza que em todos os filósofos da vida. E para reiterar este ponto, Cioran acrescenta: “Oh, como eu gostaria de ser uma planta, mesmo que eu teria que ser um excremento de alguém!”[5]

Talvez Cioran poderia ser retratado como arruaceiro, ou como os franceses diriam, “trouble fete”, do qual os aforismas suicidas ofendem a sociedade burguesa, mas de quem as palavras também chocam os socialistas modernos sonhadores. Em vista da sua aceitação da idéia da morte, assim como sua rejeição de todas as doutrinas políticas, não é de admirar que Cioran não mais se sente imposto ao egoísta amor da vida. Por isso, não há razão para ele no refletir sobre a estratégia de vida; alguém deveria, primeiro, começar a pensar sobre a metodologia da morte ou, melhor ainda, como nunca ter nascido. “A humanidade tem regredido muito”, escreve Cioran, e “nada prova isso melhor que a impossibilidade de encontrar uma única nação ou tribo na qual o nascimento de uma criança causa luto e lamentação”[6] Onde estão aqueles tempos sacros, pergunta Cioran, quando os bogumils balcânicos e os cátaros franceses viram no nascimento de uma criança um castigo divino? As gerações atuais, ao invés de alegrarem-se quando seus queridos morrem, estão aturdidos com terror e descrença na visão da morte. Ao invés de lamentar e lutar quando sua prole nasce, organizam festividades em massa:

“Se embargá-los é um mal, a causa desse mal deve ser vista no escândalo do nascimento – porque para nascer significa ser embargado. O propósito da separação deveria ser a supressão de todos os vestígios desse escândalo – o sinistro e o menos tolerável dos escândalos.”[7]

A filosofia de Cioran carrega uma forte marca de Friedrich Nietzsche e das Upanishads indianas. Embora seu incorrigível pessimismo muitas vezes chama a “Weltschmerz” de Nietzsche, sua linguagem clássica e sua rígida sintaxe raramente tolera narrativas românticas ou líricas, nem as explosões sentimentais que pode-se encontrar na prosa de Nietzsche. Ao invés de recorrer à melancolia trovejante, o humor paradoxal de Cioran expressa algo o qual, em primeiro lugar, nunca deveria ter sido construído verbalmente. A fraqueza da prosa de Cioran reside, provavelmente, na sua falta de organização temática. Quando seus aforismos são lidos como notas destruídas de uma boa construção musical, e também sua linguagem é bastante hermética, em que o leitor tem de tatear o significado.

Quando alguém lê a prosa de Cioran é confrontado por um autor que impõe um clima de gélido apocalipse, que contradiz completamente a herança do progresso. A verdadeira alegria está em não-ser, diz Cioran, que é, na convicção de que cada ato de criação intencional perpetua o caos cósmico. Não há propósito nas deliberações intermináveis sobre um melhor sentido da vida. A história inteira, seja a história lembrada ou a história mítica, é repleta de cacofonia de tautologias teológicas e ideológicas. Tudo é “éternel retour”, um carrossel histórico, com aqueles que estão hoje no topo, terminando amanhã no fundo do poço.

“Eu não posso desculpar a mim mesmo por ter nascido. É como se, ao insinuar a mim mesmo nesse mundo, eu profanasse algum mistério, traísse algum importante noivado, executasse um erro de gravidade indescritível.”[8]

Não significa que Cioran seja completamente isolado dos tormentos físicos e mentais. Ciente da possibilidade de um desastre cósmico, e persuadido neurologicamente de que algum outro predador pode em qualquer momento privar-se do seu privilégio para assim morrer, ele implacavelmente evoca um conjunto de imagens de morte em camas. Não é um verdadeiro método aristocrático de aliviar a impossibilidade d ser?

“A fim de vencer a ansiedade ou temor tenaz, não há nada melhor do que imaginar seu próprio funeral: método eficiente e acessível a todos. A fim de evitar recorrer a isso durante o dia, o melhor é entrar nessas virtudes logo após se levantar. Ou talvez fazer uso disso em ocasiões especiais, semelhante ao Papa Inocêncio IX que mandou pintarem ele morto em sua cama. Ele lançaria um olhar para aquela pintura toda vez que tivesse uma decisão importante a fazer...”[9]

Primeiramente, já se deve ter sido tentado a dizer que Cioran é afeiçoado em mergulhar nas suas neuroses e idéias mórbidas, como se pudessem ser usadas para inspirar sua criatividade literária. Tão emocionante que ele encontra seu desgosto pela vida que ele próprio sugere que “aquele que consegue adquiri-lo tem um futuro o qual fará tudo prosperar; sucesso assim como derrota.”[10] Tal franca descrição de seus espasmos emocionais o faz confessar que sucesso, para ele, é tão difícil adquirir quanto a falha. Tanto um como o outro lhe causam dor-de-cabeça.

O sentimento da futilidade sublime com relação a tudo que engloba a vida vai de mão à mão com a atitude pessimista de Cioran com respeito ao surgimento e à decadência dos impérios e dos Estados. Sua visão da circulação do tempo histórico lembra Vico's corsi e ricorsi, e seu cinismo sobre a natureza humana desenha na “biologia” histórica de Spengler. Tudo é um carrossel, e todo sistema está condenado a perecer no momento em que toma entrada na cena histórica. Pode-se detectar nas profecias sombrias de Cioran os pressentimentos do estóico imperador romano Marcus Aurelius, quem ouviu na distância do Noricum o galope dos cavalos bárbaros, e quem discerniu através da neblina de Panonia as pendentes ruínas do império romano. Embora hoje os atores sejam diferentes, a configuração permanece similar; milhões de novos bárbaros começaram a bater nos portões da Europa, e em breve tomarão posse daquilo que está dentro dela:

“Independentemente do quê o mundo se tornará no futuro, os ocidentais assumirão o papel do Graeculi do império romano. Necessitados de e desprezados por novos conquistadores, não terão nada para oferecer a não ser a imposturice da sua inteligência ou o brilho de seu passado.”[11]
 
 


Este é o momento da rica Europa arrumar-se e ir embora, e ceder a cena histórica para outros povos mais viris. A civilização se torna decadente quando toma a liberdade como certa; seu desastre é iminente quando se torna tolerante a todo tosco de lá de fora. No entanto, apesar de que os furacões políticos estão à espreita no horizonte, Cioran, como Marcus Aurelius, está determinado a morrer com estilo. Seu senso do trágico ensinou-o a estratégia do ars moriendi, o tornando preparado para qualquer surpresa, independente da sua magnitude. Vitoriosos e vítimas, heróis e capangas, eles todos não se revezam nesse carnaval da história, lamentando e lamentando seu destino enquanto no fundo do poço, e tomando vingança enquanto no topo? Dois mil anos de história greco-cristã é uma mera ninharia em comparação à eternidade. Uma civilização caricatural está agora tomando forma, escreve Cioran, na qual os que estão criando estão ajudando aqueles que a querem destruir. A história não tem sentido e, portanto, na tentativa de torna-la significativa, ou esperar disso uma explosão final de teofania, é uma quimera auto-destrutiva. Para Cioran, há mais verdade nas ciências ocultas do que em todas as filosofias que tentam dar sentido de vida. O homem se tornará finalmente livre quando ele tirar sua camisa de força do finalismo e do determinismo, e quando ele compreender que a vida é um erro acidental que saltou de uma circunstância astral desconcertante. Provas? Uma pequena torção da cabeça claramente mostra que a história, de fato, se resume a uma classificação do policiamento: “afinal de contas, a barganha histórica não é a imagem da qual as pessoas têm do policiamento das épocas?”[12] Suceder na mobilização das massas em nome de algumas idéias obscuras, para as permitir farejar sangue, é um caminho certeiro para o sucesso político. As mesmas massas, as quais carregaram nos ombros a revolução francesa em nome da igualdade e da fraternidade, não têm muitos anos atrás também carregado nos ombros um imperador de roupas novas – um imperador em cujo nome corriam descalços de Paris a Moscou, de Jena para Dubrovnik? Para Cioran, quando uma sociedade cai fora das utopias políticas, não há mais esperanças, e consequentemente não se pode mais haver vida. Sem utopia, escreve Cioran, as pessoas são forçadas a cometer suicídio; graças à utopia, elas cometem homicídio.

Hoje em dia não há mais utopia. A democracia de massa tomou seu lugar. Sem a democracia a vida possui algum sentido; agora, a democracia não possui vida em si mesmo. Afinal, Cioran argumenta, se não fosse por um lunático da Galiléia, o mundo seria um lugar muito chato. Ai, ai, quantos lunáticos hoje estão incubando hoje suas auto-denominadas derivativas teológicas e ideológicas. “A sociedade está mal organizada”, escreve Cioran, “ela não faz nada contra os lunáticos que morrem tão cedo.”[13] “Provavelmente todos os profetas e adivinhos políticos deveriam imediatamente ser condenados à morte, porque quando a ralé aceita um mito – prepare-se para massacres ou, melhor, para uma nova religião.”[14]

Inequivocamente, como os ressentimentos de Cioran contra a utopia poderiam aparecer, ele está longe de ridicularizar sua importância criativa. Nada poderia ser mais repugnante para ele do que o vago clichê da modernidade que associa a busca pela felicidade com uma sociedade da busca pelo prazer da paz. Desmistificada, desencantada, castrada, e incapaz de prever a tempestade que virá, a sociedade moderna está condenada à exaustão espiritual e à morte lenta. Ela é incapaz de acreditar em qualquer coisa, exceto na pseudo-humanidade dos seus chupa-cabras futuros. Se uma sociedade realmente desejasse preservar seu bem biológico, argumenta Cioran, sua tarefa primordial é aproveitar e alimentar sua “calamidade substancial”; isso deve manter um cálculo da sua capacidade de auto-destruição. Afinal, seus nativos Balkans, nos quais seus vampiros seculares hoje novamente dançam ao tom da carnificina, não têm também gerado uma piscina de espécimes vigorosas prontas para o cataclisma de amanhã? Nessa área da Europa, na qual interminavelmente se estraga pelos tremores políticos e terremotos reais, uma nova história está hoje sendo feita – uma história da qual provavelmente recompensará sua população pelo sofrimento passado.

“Qualquer que fosse seu passado, e independente de sua civilização, esses países possuem um estoque biológico do qual não se pode encontrar no Ocidente. Maltradados, deserdados, precipitados no martírio anônimo, tornados a parte entre miséria e insubordinação, eles irão, talvez, no futuro, ter uma recompensa por tantas provações, tanto por humilhação como por covardia.”[15]

Não é o melhor retrato da anônima Europa “Oriental” da qual, segundo Cioran, está pronta hoje para acelerar a história do mundo? A morte do comunismo na Europa Oriental pode provavelmente inaugurar o retorno da história para toda a Europa. Por causa da “melhor metade” da Europa, a única que nada em ar condicionado e salões assépticos, que a Europa está esgotada de idéias robustas. Ela é incapaz de odiar e sofrer, logo de liderar. Para Cioran, a sociedade se torna consolidada no perigo e atrofia: “Nesses lugares onde há paz, higiene e saque do lazer, psicoses também se multiplicam...eu venho de um país no qual nunca se ensinou a conhecer o sentido da felicidade, mas também nunca se tem produzido um único psicoanalista.”[16] A maneira cru dos canibais do novo Leste, sem “paz e amor”, determinará a direção da história de amanhã. Aqueles que passaram pelo inferno sobrevivem mais facilmente do que aqueles que somente conheceram o clima acolhedor de um paraíso secular.

Essas palavras de Cioran são objetivas na decadente França ‘la Doulce’ na qual as conversas da tarde sobre a obesidade ou a impotência sexual de alguém se tornaram maiores bafafás nas preocupações diárias. Incapazes de montar resistência contra os conquistadores de amanhã, essa Europa Ocidental, de acordo com Cioran, merece ser punida da mesma maneira da nobreza do regime antigo, o qual na véspera da Revolução Francesa, ria de si mesmo, enquanto louva a imagem do ‘bon sauvage’. Quantos dentre aqueles bons aristocratas franceses estavam cientes de que os mesmos bon sauvage estavam prestes ter suas cabeças roladas nas ruas de Paris? “No futuro”, escreve Cioran, “se a humanidade é para nascer novamente, serão os parias, com mongóis por todas os lados, com a escora dos continentes.”[17] A Europa está se escondendo na sua própria imbecilidade em frente a um fim catastrófico. Europa? “A podridão que cheira agradável, um corpo perfumado.”[18]

Apesar das tempestades que virão, Cioran está seguro com a noção de que pelo menos ele é o último herdeiro do “fim da história”. Amanhã, quando o real apocalipse começar, e como o perigo das proporções titânicas tomam forma final no horizonte, então, até o mundo “arrependido” desaparecerá de seu vocabulário. “Minha visão do futuro”, continua Cioran, “ é tão clara que se eu tivesse crianças eu iria estrangula-las imdediatamente”.[19]

Depois de uma boa lida do opus de Cioran pode-se concluir que ele é essencialmente um satírico que ridiculariza o estúpido arrepio existencial das massas modernas. Pode-se ser tentado a argumentar que Cioran oferece um elegante manual de suicídio designado para aqueles que, assim como ele, tem deslegitimado o valor da vida. Mas assim como Cioran diz, o suicídio é cometido por aqueles que não são mais capazes de agir no otimismo, e.g., para aqueles em que o fio da alegria e da felicidade rasga em pedaços. Aqueles assim como ele, os pessimistas cautelosos, “dado que eles não têm nenhuma razão para viver, porque eles teriam para morrer?”[20] A impressionante ambivalência do trabalho literário de Cioran consiste nos pressentimentos apocalípticos em uma mão, umas evocações entusiastas de horror na outra. Ele acredita que a violência e a destruição são os principais ingredientes da história, porque o mundo sem violência é condenado ao colapso. Ainda se admira do por quê Cioran é assim oposto ao mundo da paz, se, pela sua lógica, esse mundo de paz poderia ajudar a acelerar sua própria morte cravada, e assim facilitar sua imersão na insignificância? Claro que sim, Cioran nunca moraliza sobre a necessidade da violência; antes, de acordo com os cânones dos seus queridos antecessores reacionários Joseph de Maistre e Nichollo Machiavelli, ele afirma que “a autoridade, não a verdade, faz a lei”, e que, consequentemente, a credibilidade de uma mentira política também determinará a magnitude da justiça política. Admitido que isso seja correto, como ele explica o fato de que a autoridade, pelo menos do modo como ele a vê, somente perpetua o ser odioso do qual ele tão fortemente deseja para absolver a si mesmo? Esse mistério nunca será conhecido a não ser por ele mesmo. Cioran admite, entretanto, que apesar da aversão à violência, todo o homen, incluindo a ele, tem, pelo menos uma vez na sua vida, contemplado como se assa uma pessoa viva, ou como se corta a cabeça de uma pessoa:

“Convencido de que os problemas da sociedade vêm das pessoas mais velhas, eu tenho concebido o plano de liquidar todos os cidadãos que passarem dos quarenta – o início da esclerose e da mumificação. Eu cheguei a acreditar que isso foi um ponto de virada quando cada humano se tornou um insulto à sua nação e um fardo à sua comunidade...Aqueles que ouviram isto não apreciaram esse discurso e me consideraram um canibal...Esta minha intenção deve ser condenada? Ela somente expressa algo que cada homem, que está ligado ao seu país, deseja do fundo do seu coração: a liquidação de metade de seus compatriotas.”[21]

O elitismo literário de Cioran é sem comparação na literatura moderna, e por causa disso ele muitas vezes aparece como um incômodo para orelhas sentimentais e modernas domadas com canções de ninar da eternidade terrestre ou êxtase espiritual. O ódio de Cioran em relação ao presente e ao futuro, seu desrespeito à vida, continuará certamente contrariando os apóstolos da modernidade que nunca descansam de cantarolar vagas promessas sobre o “melhor-aqui-e-agora”. Seu humor paradoxal é tão devastador que não se pode toma-lo pelo valor literal, especialmente quando Cioran descreve a si mesmo.

Seu formalismo na linguagem, sua impecável escolha das palavras, apesar de algumas similaridades com autores modernos do mesmo calibre elitista, o torna difícil de seguir. Pode-se admirar o arsenal de palavras de Cioran como “abulia”, “esquizofrenia”, “apatia”, etc, que realmente mostram um ‘nevrosé’ que ele diz ser.

Se alguém pudesse atenuar a descrição de Cioran em um curto parágrafo, então deveria descreve-lo como um autor que parece na veneração moderna do intelecto, um diagrama de moralismos espirituais e da transformação feia do mundo. De fato, para Cioran, a tarefa do homem é lavar-se a si mesmo na escola da futilidade existencial, por futilidade não é desespero; a futilidade não é uma recompensa para aqueles que desejam livrar-se a si mesmos da vida epidêmica e do vírus da esperança. Provavelmente, esta pintura melhor convém o homem que descreve a si mesmo como um fanático, sem nenhuma convicção – um acidente encalhado no cosmos que projeta olhares nostálgicos em direção de seu rápido desaparecimento.

Ser livre é livrar-se a si mesmo para sempre da noção de recompensa; esperar nada das pessoas e deuses; renunciar não só esse e outros mundos, mas salvar-se a si mesmo; destruir até mesmo essa idéia de correntes entre correntes. (Le mauvais demiurge, p. 88.)
 
 
 
 1. Emile Cioran, Syllogismes de l'amertume (Paris: Gallimard, 1952), p. 72 (my translation)
2. De l'inconvénient d'etre né (Paris: Gallimard, 1973), p. 161-162. (my translation) (The Trouble with Being Born, translated by Richard Howard: Seaver Bks., 1981)
3. Cioran, Le mauvais démiurge ( Paris: Gallimard, 1969), p. 63. (my translation)
4. Syllogismes de l'amertume, p. 87. (my trans.)
5. Ibid., p. 176.
6. De l'inconvénient d'etre né, p. 11. (my trans.)
7. Ibid., p. 29.
8. Ibid., p. 23.
9. Ibid., p. 141.
10. Syllogismes de l'amertume, p. 61. (my trans.)
11. La tentation d'exister, (Paris: Gallimard, 1956), p. 37-38. (my trans.) (The temptation to exist, translated by Richard Howard; Seaver Bks., 1986)
12. Syllogismes de l'amertume, p. 151. (my trans.)
13. Ibid., p. 156.
14. Ibid., p. 158.
15. Histoire et utopie (Paris: Gallimard, 1960), p. 59. (my trans.) ( History and Utopia, trans. by Richard Howard, Seaver Bks., 1987).
16. Syllogismes de l'amertume, p. 154. (my trans.)
17. Ibid., p. 86.
18. De l'inconvénient d'etre né, p. 154. (my trans.)
19. Ibid. p. 155.
20. Syllogismes de l'amertume, p. 109.
21. Histoire et utopie (Paris: Gallimard, 1960), p. 14. (my trans.)

mardi, 22 novembre 2011

Der tragische Mythos der Geheimgesellschaft Acéphale

Der tragische Mythos der Geheimgesellschaft Acéphale

Der von Georges Bataille am Vorabend des Zweiten Weltkriegs entworfene Mythos des »Acéphale« und die gleichnamige, auf ihm begründete Geheimgesellschaft, um die es in diesem Buch geht, reden nicht der Kopflosigkeit das Wort; sie fordern die Abschaffung aller sozialen Strukturen, die von einem einzigen Kopf, sei es ein Gott, traditioneller Souverän oder faschistischer Führer, beherrscht werden. »Acéphale«, der Mythos einer »führerlosen Gemeinschaft«, ist als ein
leidenschaftliches Plädoyer für den Pluralismus, die Vielköpfig- und Vielstimmigkeit zu verstehen.

Rita Bischof rekonstruiert einen Ausschnitt aus der Geschichte der französischen Intellektuellen der Zwischenkriegszeit, über die bislang
nur die wildesten Spekulationen in Umlauf waren. Dabei tritt ein dichtes Netz ans Licht, das die französische mit der deutschen Philosophie eng verknüpft.

Tragisches Lachen

Rita Bischof

Tragisches Lachen
Die Geschichte von Acéphale
368 Seiten, gebunden mit Schutzumschlag
ISBN 978-3-88221-689-9
€ 34,90 / CHF 49,90

Stimmen


»...eine sehr kundige Analyse … eine sehr ideenreiche und inspirierende Neuinterpretation der Philosophie Batailles und somit unentbehrlich für jeden philosophisch und historisch Interessierten: ein Meisterwerk. Der Verlag Matthes & Seitz hat das Buch, gewohnt hochwertig in einer bibliophil gestalteten Hardcover-Ausgabe besorgt...hier bleiben wirklich keine Wünsche offen.«
Patrick Kilian, IKONEN, 15. August 2011

»Rita Bischof ist mit Tragisches Lachen. Die Geschichte von Acéphale ein großer Wurf gelungen. Bei der Rekonstruktion von Georges Batailles Geheimgesellschaft Acéphale spürt sie die Baupläne eines linken Sakralen auf, mit dem der Kampf gegen den Faschismus auf spiritueller Ebene geführt werden sollte.«
Frank Raddatz, Theater der Zeit, März 2011

»Bischofs Buch „Tragisches Lachen“ ist nicht nur eine kleine Kulturgeschichte, sondern auch eine kluge Soziologie männlich dominierter Intellektuellenzirkel.«
Dresdner Kulturmagazin, Dezember 2010

»Ein wenig bekanntes und von Legenden umranktes Kapitel aus der französischen Philosophiegeschichte am Vorabend des Faschismus beleuchtet die ausgewiesene Bataille-Kennerin Rita Bischof in ihrem Buch über die Geheimgesellschaft Acéphale
Uwe Schütte, Wiener Zeitung, 4./5. Dezember 2010

Le franc-CFA africain est une épée de Damoclès pour la France

 

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Dietmar HOLZFEIND:

 

Le franc-CFA africain est une épée de Damoclès pour la France

 

L’établissement eurocratique cherche depuis deux ans déjà à postposer la faillite définitive de l’Etat grec. Les responsables de la “zone euro” ouvrent sans cesse de nouveaux “parapluies protecteurs” qui ne rapportent finalement qu’aux seules banques. Dans les pays concernés, les citoyens sont priés de cracher au bassinet via des mesures d’austérité rigoureuses et les économies nationales se voient étranglées. La charge qu’impliquent ces “parapluies protecteurs” incombe surtout à la France et à l’Allemagne. Or cette charge va avoir des effets considérables.

L’élargissement planifié du fonds de sauvetage de l’euro, l’EFSF, menace, selon l’avis émis par l’agence de “rating” Standard & Poor, la solvabilité et la crédibilité de l’Allemagne. C’est bien ce qu’a dit récemment David Beers, responsable auprès de cette agence d’évaluer la crédibilité des Etats. La prime de risque sur le marché, pour l’Allemagne et pour tous les dérivés en cas de perte de crédit, a quasiment triplé depuis le début du mois de juillet, vu ce nouveau souci. Nous débouchons là sur une situation problématique qu’avaient bel et bien prévu, et depuis longtemps, quelques économistes lucides. Toutes les prévisions estiment que les crédits seront bientôt indisponibles, ce qui augmente simultanément le coût du service de l’intérêt sur les marchés nationaux. Des sommes toujours croissantes au sein des budgets en cours doivent être mobilisées dans ce cadre, et manquent cruellement ailleurs, que ce soit pour réparer des routes en mauvais état ou pour soutenir les familles.

politique internationale,france,europe,euro,affaires européennes,afrique,affaires africaines,monnaie,franc-cfa,crise financière,crise économique,crise monétaireAu cours de ces dernières semaines, les rapports se sont accumulés pour signaler que la France aussi commence à ressentir les problèmes. De nombreuses banques françaises s’étaient trop massivement couvertes par des emprunts grecs à intérêts élevés, qui viennent de perdre plus de la moitié de leur valeur. La nécessité de les amortir se fait cruellement sentir mais le gouvernement français a expliqué déjà à plusieurs reprises qu’en cas de nécessité il contribuerait à l’amortissement de tous les instituts en difficulté, ce qui grève lourdement la solvabilité de la France.

Mais il y a un autre danger qui guette la France et les autres pays de la zone euro, et que l’on n’a guère pris en compte jusqu’ici: il vient d’Afrique. Lorsqu’en 1999 l’euro est devenue la monnaie de crédit et, trois ans plus tard, le moyen de paiement, cela signifiait simultanément la fin du franc français. Pour Paris, cela constituait un problème, vu les anciennes colonies françaises d’Afrique occidentale. Quelques pays francophones de cette région du monde s’étaient regroupés au sein de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo) et de la CEMAC (Guinée Equatoriale, Gabon, Cameroun, Congo, Tchad, République centre-africaine). Leur monnaie commune était le franc-CFA. Celui-ci était lié au franc français. Comme la France ne voulait pas perdre son influence dans ses anciennes colonies, le Président socialiste François Mitterrand s’était engagé à ce que la monnaie commune africaine soit liée à l’euro, après la disparition du franc français.

Le Conseil des Communautés Européennes prit une décision en ce sens le 23 novembre 1998, englobant également le franc des Comores. Dans le document signé à l’époque par le Président de ce Conseil, le ministre socialiste des finances de la République d’Autriche, Rudolf Edlinger, il était stipulé que la convertibilité du franc-CFA et du franc des Comores serait garantie par une obligation budgétaire contractée par l’Etat français.

Les autorités françaises ont assuré leurs partenaires européens, à l’époque, que les accords avec l’UEMOA, la CEMAC et les Comores n’auraient aucun effet financier sur la France elle-même.

Mais si une nouvelle crise économique frappe l’Europe, et on peut supposer qu’il en sera ainsi, et si d’aventure les pays africains, dont question, connaissent à leur tour des problèmes, alors que leur commerce est tourné à 60% vers l’Europe, la France aura un boulet supplémentaire au pied, qui pourra l’entraîner dans l’abîme.

Dietmar HOLZFEIND.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°45/2011, http://www.zurzeit.at ).

 

dimanche, 20 novembre 2011

Der Dandy der Leere – E.M.Cioran

Der Dandy der Leere – E.M.Cioran

Cioran, der »Dandy der Leere, neben dem selbst Stoiker wie unheilbare Lebemänner wirken« (Bernard-Henri Lévy), war einer der einflussreichsten kulturkritischen Denker des 20. Jahrhunderts. Sein widersprüchliches Leben ist noch nie so detailreich rekonstruiert worden wie in der vorliegenden Biografie von Bernd Mattheus. In bisweilen schmerzlicher Nähe zu den Äußerungen des Selbstmord- Theoretikers beleuchtet er auch die bislang wenig bekannte Zeit vor seiner Emigration nach Frankreich.

Emil M. Cioran, geboren 1911 im rumänischen Sibiu (Hermannstadt), studierte an der Universität Bukarest, wo er mit Mircea Eliade und Eugène Ionesco eine lebenslange Freundschaft schloß. Nach einem längeren Aufenthalt in Berlin emigrierte er 1937 nach Paris; seit dieser Zeit schreibt er auf französisch. Der Verfasser von stilistisch brillanten Aphorismen und Essays pessimistischster Prägung erregt schließlich mit der 1949 erschienenen Schrift »Lehre vom Zerfall« großes Aufsehen. Das Buch, das ihn international bekannt machte, wurde von Paul Celan ins Deutsche übersetzt und begründete seinen Ruf als unerbittlicher Skeptiker. Es folgen viele weitere kompromisslose Werke wie »Syllogismen der Bitterkeit« oder »Die verfehlte Schöpfung«. Bis in die späten 1980er Jahre bleibt Ciorans finanzielle Lage prekär, 1995 stirbt der Aristokrat des Zweifels und der Luzidität als gefeierter Denker in Paris.

Die vorliegende Biografie Ciorans ist die bislang gründlichste Gesamtdarstellung von Leben und Werk dieses Ausnahmedenkers. Bernd Mattheus gelingt nicht nur eine präzise Rekonstruktion Ciorans Lebens, sondern auch eine verblüffende Verlebendigung des »nach Kierkegaard einzigen Denkers von Rang, der die Einsicht unwiderruflich gemacht hat, daß keiner nach sicheren Methoden verzweifeln kann.« Peter Sloterdijk

Cioran

Bernd Mattheus
Cioran
Portrait eines radikalen Skeptikers
367 Seiten, gebunden mit Schutzumschlag
3 Abbildungen
ISBN 978-3-88221-891-6
€ 28,90 / CHF 40,50

Stimmen


»Komplementär zur Werkausgabe sollte man das im Matthes & Seitz Verlag erschienene vorzügliche biographische Porträt des Cioran-Übersetzers Bernd Mattheus heranziehen. Bei aller Bewunderung ist es nicht blind für die Abgründe und Widersprüche dieses Lebens und Werkes. Es bietet auch genealogisch Erhellendes, das heißt bei Cioran stets: Verdüsterndes, so zu der tiefambivalenten Beziehung zu seiner Mutter.«
Ludger Lütkehaus, Badische Zeitung, 16. April 2011

»Die spannende und nicht nur in politischen Fragen differenzierte Cioran-Biografie von Bernd Mattheus gibt Einblick in die geistesgeschichtlichen Zusammenhänge und das turbulente Leben Ciorans, der gerne auch mal die Einladung eines französischen Staatspräsidenten ausschlug.«
Tobias Schwartz, Märkische Allgemeine, 26./27. Juni 2010

»So ausführlich und aus neuesten französischen wie auch rumänischen Quellen gespeist, ist Ciorans Leben bislang auf Deutsch noch nicht dargestellt worden.«
Cornelius Hell, Die Furche, 24. Juli 2008

»In einem anregenden wie irritierenden Buch fasst er Cioran mitunter ganz aus der Nähe, mit wenig schmeichelhaften Zügen.«
Karl- Markus Gauß, Kommune, Juni/Juli 2008

»Bernd Mattheus porträtiert diesen trostlosen Misanthropen nicht. Er lässt ihn einfach zu Wort kommen. Es ist ein seltsamens und in gewisser Weise schon wieder ein faszinierendes Buch.«
Walter van Rossum, WDR, 17. Juli 2008

»Sein Leben ist noch nie so detailreich rekonstruiert worden wie in der vorliegenden Biographie von Bernd Mattheus. Mattheus gelingt nicht nur eine präzise Rekonstruktion Ciorans Leben, sondern auch eine verblüffende Verlebendigung des nach Kierkegaard ›einzigen Denkers von Rang‹.Mattheus liefert damit eine vorzügliche Monographie zum Werk Ciorans in Form einer Biographie, die viel Neues in sich birgt.«
Daniel Bigalke, Buchtips.net

»Ciorans Biograf Bernd Mattheus hat nun ein Porträt des radikalen Auflösers vorgelegt, das ein differnziertes, facettenreiches Bild zeichnet.«
Wolfgang Müller, taz, 24. Mai 2008

»Als Mattheus ein junger Mann war, in den siebziger Jahren, war er mit Cioran in Paris bekannt. Die Biographie spart nicht mit Kritik, lässt aber immer die Symphatie des Autors für den exzentrischen Rumänen durchscheinen, was das Buch lesenswert macht. Eine einfühlsame, kluge Biographie.«
Franziska Augstein, Süddeutsche Zeitung, 7. April 2008

vendredi, 18 novembre 2011

Rébellion n°50 est disponible !

Rébellion n°50 est disponible !

Lutte de classe et électoralisme
 

ÉVÉNEMENT

Limonov star de la rentrée littéraire. Un voyou Ukrainien sous la plume d’un bobo parisien

 

PHILOSOPHIE

Qu’est-ce qu’un bon stratège? Une étude comparée des mentalités Chinoises et Occidentales

 

ENTRETIEN

Maria Poumier s’entretient avec Israel Shamir

RESEAU & COMBAT DES IDÉES
Kontre Kulture. Insoumission et produits subversifs !
Scriptoblog et les éditions Retour aux sources
Cercle de l’esprit rebelle. Pour une révolution des esprits !
 
LECTURE
Revue (dis)continuité. Sylvia Pankhurst. The workers’dreadnought
 

mardi, 15 novembre 2011

Panik an den Märkten: Zinsen für französische Staatsanleihen explodieren

Panik an den Märkten: Zinsen für französische Staatsanleihen explodieren

Michael Brückner

Paris unter Druck: Das Schuldenvirus hat Frankreich infiziert. Selbst das eilig vorgestellte Sparpaket, das in der Bevölkerung auf heftigen Widerstand stößt, konnte ein Übergreifen der Krise nicht verhindern: In Italien und Frankreich explodieren die Zinsen für Staatsanleihen. Seit Tagen schon wächst das Misstrauen der Investoren gegenüber Sarkozy und seiner Regierung.

 

 

Am Ende blieben nur noch Hohn und Spott für den langjährigen italienischen Ministerpräsidenten Silvio Berlusconi. Er werde mit einem Glas Chianti auf den angekündigten Rücktritt anstoßen, meinte ein Christdemokrat in Berlin. Und der designierte  Präsident des Europäischen Parlaments, Martin Schulz, nannte den ausscheidenden Regierungschef »das größte Standortrisiko eines G-8-Staates«. Zunächst hatte die Demission Berlusconis die Aktienmärkte noch beflügelt, doch schon wenige Stunden später geriet die Situation völlig außer Kontrolle. Die Renditen für zehnjährige italienische Staatsbonds stiegen auf atemberaubende 7,47 Prozent, auch die Preise für CDS (Kreditderivate) schossen nach oben. Kopp Online warnte im Zusammenhang mit dem Berlusconi-Rücktritt und den auch in anderen Ländern anstehenden Neuwahlen frühzeitig vor zunehmender innenpolitischer Instabilität mit der Folge einer weiteren Verschärfung der Euro-Krise. Nach dem Rücktritt des italienischen Premiers äußerte sich das Investmenthaus Goldman Sachs ähnlich und bezeichnete Neuwahlen in Italien als Worst Case. Davon scheinen die Marktteilnehmer nun aber mehrheitlich auszugehen. Deshalb haben sie sich geradezu panisch von italienischen Staatsanleihen getrennt.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/michael-brueckner/panik-an-den-maerkten-zinsen-fuer-franzoesische-staatsanleihen-explodieren.html

dimanche, 23 octobre 2011

La tolleranza di Voltaire non è che la maschera di una nuova e più feroce intolleranza

La tolleranza di Voltaire non è che la maschera di una nuova e più feroce intolleranza

di Francesco Lamendola

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]

 

Abbiamo già visto come il gran padre del liberalismo, John Locke, abbia proclamato, fin dal 1689 (l’anno della “Glorious Revolution” inglese) il sacro principio della tolleranza universale; escludendone, però, per ragioni di fatto e di principio, tutta una serie di categorie umane e specialmente religiose: guarda caso, i non inglesi, i non protestanti, i non cristiani, i non religiosi (cfr. il nostro articolo «Locke auspica tolleranza religiosa per tutti, ma invoca la persecuzione di cattolici islamici e atei», apparso sul sito di Arianna Editrice in data 10/02/2011).

Ci resta da vedere come il suo legittimo successore in terra di Francia, Voltaire, abbia a sua volta ripreso ed esposto le proprie idee in fatto di tolleranza, questo roboante slogan dell’Illuminismo che, nel 1793, non varrà a risparmiare la vita di forse un milione di Vandeani, cattivi cittadini che non vorranno accogliere con il berretto frigio e l’Albero della Libertà le deliziose parole d’ordine: libertà, fraternità, uguaglianza, ma che preferiranno farsi massacrare, potenza dell’ignoranza e della superstizione, in difesa del loro re, della loro Chiesa e dei loro signori.

Per farsi un’idea dell’estensione che Voltaire accorda al suo soggetto, basta andare a cercare il codicillo, l’avvertenza, la specificazione in cui esplicitamente, come già aveva fatto il padre nobile Locke, vengono esposte le categorie di cittadini immeritevoli di godere anch’essi dei benefici della tolleranza, perché non sono veramente esseri umani, ma “lupi”: e con i lupi, si sa, non bisogna mostrare alcuna pietà, perché la pietà sarebbe un crimine verso gli altri, cioè verso i “bravi” cittadini, rispettosi dei Lumi della ragione e di tutto l’armamentario liberale.

Ecco dunque cosa afferma Voltaire, nel capitolo XVIII del suo «Trattato sulla tolleranza» del 1763, circa ottant’anni dopo quello di Locke, che  in realtà, era stato scritto nel 1685-86 (titolo originale: «Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jan Calas»; traduzione italiana di Glauca Michelini, Demetra Editrice, 1995, pp. 79-80; capitolo intitolato esplicitamente: «I soli casi in cui l’intolleranza è di diritto umano»):

 

«Perché un governo non abbia il diritto di punire gli errori degli uomini è necessario che questi errori non siano delitti; essi sono delitti solo quando turbano la società: e la turbano non appena ispirano il fanatismo. È necessario dunque che gli uomini comincino col non essere fanatici per meritare la tolleranza.

Se alcuni giovani gesuiti, sapendo che la chiesa ha in orrore i reprobi,  che i giansenisti sono condannati da una bolla papale e che sono perciò dei reprobi, vanno ad appiccare il fuoco ad una casa dei Padri dell’Oratorio perché l’oratoriano Quesnel era giansenista, è chiaro che si sarà costretti a punire questi gesuiti.

Nello stesso modo, se hanno diffuso massime delittuose, se il loro istituto è contrario alle leggi del regno, non si può fare a meno di sciogliere la loro compagnia e abolire i gesuiti per trasformarli in cittadini, cosa che in fondo è un male immaginario, e per loro un bene reale, perché che cosa c’è di male nel portare un abito corto invece che una sottana, e nell’essere liberi invece che schiavi? Tranquillamente si riformano reggimenti interi, che non se ne lamentano: perché i gesuiti lanciano così alte grida quando li si sottopone a riforme per ottenere la pace?

Se i francescani, trasportati a sacro zelo per la Vergine Maria, andassero a demolire la chiesa dei domenicani, che sono convinti che Maria è nata nel peccato originale, si sarebbe allora obbligati a trattare i francescani quasi come i gesuiti.

Si dirà la stessa cosa dei luterani e dei calvinisti.  Avranno un bel dire: “Noi seguiamo i moti della nostra coscienza, è meglio obbedire a Dio che agli uomini; siamo il vero gregge, dobbiamo sterminare i lupi”. È evidente che allora sono lupi anche loro.

Uno degli esempi più singolari di fanatismo è stato quello di una piccola seta in Danimarca, i cui fondamento era il migliore del mondo. Costoro volevano procurare la salute eterna ai loro fratelli; ma le conseguenze che ricavano da questo principio fondamentale erano singolari.

Sapeva che tutti i bambini che muoiono senza battesimo sono dannati, e che tutti quelli che hanno la fortuna di morire subito dopo aver ricevuto il battesimo godono del la gloria eterna: andavano quindi sgozzando i bambini e le bambine appena battezzati che incontravano. Era senza dubbio un modo di fare loro il più grande bene possibile:  li si preservava dal peccato, dalle miserie di questa vitae dall’inferno; li si mandava infallibilmente in cielo. Ma queste caritatevoli persone non consideravano che non è permesso fare neppure un piccolo male in vista di un grande bene; che non avevano alcun diritto sulla vita di questi bambini; che la maggior parte dei padri e delle madri è abbastanza materialista da preferire  di avere con sé i propri figli e le proprie figlie anziché vederli sgozzare per mandarli in paradiso;  che, in una parola, il magistrato deve punire l’omicidio,  anche se commesso con buone intenzioni.

Sembra che gli Ebrei abbiano più diritto degli altri di derubarci e di ucciderci: infatti, benché ci siano cento esempi di tolleranza nell’Antico Testamento, tuttavia vi sono anche esempi e leggi di rigore. Dio ordinò loro talvolta di uccidere gli idolatri, e di risparmiare solo le figlie nubili: essi ci considerano idolatri, e anche se noi oggi li tollerassimo, potrebbero bene, se fossero loro a comandare, non lasciar al mondo che le nostre figlie.

Sarebbero soprattutto assolutamente obbligati ad assassinare tutti i Turchi, cosa ovvia; infatti i Turchi posseggono i territori degli Etei, dei Gebusei, degli Amorrei,  dei Gersenei, degli Evei, degli Aracei, dei Cinei, degli Amatei, dei Samaritani. Tutti questi popoli furono colpiti da anatema: il loro paese, che si estendeva per più di venticinque leghe, fu donato agli Ebrei con successivi patti. Essi devono rientrare in possesso dei loro beni: i maomettani ne sono gli usurpatori da più di mille anni.

Se gli Ebrei ragionassero così, è chiaro che non ci sarebbe altro modo  di rispondere loro che mandandoli in galera.

Questi sono i soli casi, all’incirca, in cui l’intolleranza sembra ragionevole.»

Questa pagina di prosa è notevole perché in essa si concentrano tutte le principali caratteristiche di Voltaire “filosofo”; se mai è lecito parlare di filosofia a proposito di una delle menti più eminentemente antifilosofiche nella storia del pensiero europeo, se mai ve ne fu una.

L’esordio è una tipica professione di fede nel Vangelo dei “diritti naturali” e della concezione dello Stato liberale come semplice strumento di tutela affinché il singolo cittadino possa esercitare i suoi diritti: i quali coincidono con la libertà di fare tutto ciò che, non potendosi qualificare come crimine, non incorre nei rigori della legge. In altri termini, la legge è quell’insieme di norme coercitive che colpiscono il crimine e di altro non si interessa; anche se vi sono molti comportamenti che, pur non essendo criminali, danneggiano gravemente la società, per Voltaire solo il delitto la turba e quindi solamente esso va punito.

Non solo: per Voltaire pare che un solo crimine turbi la società, il fanatismo; ecco allora che, per non incorrere nei rigori della legge, bisogna astenersi dal fanatismo: solo a questa condizione gli uomini diventano meritevoli di tolleranza.

A questo punto la tolleranza non risulta più l’atteggiamento fondamentale dell’uomo verso il suo simile e dello Stato verso il cittadino, bensì il prerequisito per meritare di essere trattati, a propria volta, con tolleranza: se non si è tolleranti, si è fanatici e se si è fanatici, non si merita alcuna tolleranza né dagli altri uomini, né, tanto meno, dalla società organizzata secondo i dettami della ragione, vale a dire dallo Stato.

Ovviamente, il primo esempio di fanatismo immeritevole di tolleranza che viene in mente al Nostro è quello dei gesuiti, i quali, come tutti sanno, impiegano la maggior parte del loro tempo andandosene in giro ad appiccare il fuoco alle chiese dei giansenisti: dunque, nessuna tolleranza con essi, ma, al contrario, il pugno di ferro dello Stato: nessuna pietà per quanti sono anatema rispetto al Vangelo del fondamentalismo illuminista.

Subito dopo Voltaire passa dal caso particolare al generale e  insinua che i gesuiti, essendo seminatori di dottrine velenose, meritano che il loro ordine venga sciolto e che essi siano ridotti allo stato laicale. Di fatto, i Gesuiti erano stati espulsi da tutti gli Stati europei entro il 1767, per cui, quando Voltaire scriveva il suo “pamphlet”, la cosa era già avvenuta; anzi poco dopo, nel 1773, il papa Clemente XIV procedette allo scioglimento della Compagnia di Gesù.

Subito dopo, con il suo solito ghigno derisorio, Voltaire si abbandona a una pesantissima ironia, affermando che la cosa migliore, per i gesuiti, è proprio quella di essere ridotti allo stato laicale, perché, in tal modo, lo Stato li spoglia di un  bene immaginario e dona loro un bene reale: infatti li trasforma da schiavi in uomini liberi e da portatori di sottana, in cittadini dal vestito corto, come tutti gli altri.

Ci vuole una bella faccia tosta per parlare così, vantando la violenza statale come un atto di generosità e deridendo il sentimento religioso altrui, anzi, facendosene beffe nella maniera più triviale: parlando di bene immaginario, infatti, egli butta nel cestino della carta straccia ciò che per migliaia di esseri umani è stato una ragione di vita e prefigura quel che accadrà con la Costituzione civile del clero durante la Rivoluzione francese, allorché migliaia di sacerdoti, di frati e di monache dovranno scegliere se accettare il sopruso oppure rimanere fedeli ai loro ideali, andando incontro al carcere, alla deportazione o alla morte sulla ghigliottina.

Poi, per fare sfoggio d’imparzialità, Voltaire se la prende con i francescani, con i luterani, con i calvinisti, con i giudei; ma il suo particolare, astioso malanimo verso il cattolicesimo e verso i gesuiti, traspare dal fatto che egli afferma che se altri, per esempio i francescani, dovessero comportarsi con altrettanto fanatismo dei membri della Compagnia fondata da Ignazio di Loyola, allora essi meriterebbero di essere trattati “quasi” - quasi, si badi - come questi ultimi.

Il brano dedicato ai Giudei è particolarmente interessante perché Voltaire, che pure si proclama loro difensore e loro estimatore, sottolinea che tutti i non ebrei, per questi ultimi, sono “infedeli” e che probabilmente verrebbero sterminati, qualora i rapporti di forza si capovolgessero; aggiunge pure che gli Ebrei, se tornassero padroni della Palestina, sterminerebbero migliaia e migliaia di musulmani. Il tutto in un crescendo di tale intensità, da mettere seriamente in crisi l’assioma secondo il quale l’antisemitismo sarebbe stato coltivato da tutti, tranne che dagli illuministi, perché questi ultimi, essendo i campioni della libertà e della tolleranza, non POTEVANO essere antisemiti (cfr. Il nostro recente articolo «Ma quanti contorsionismi per giustificare l’antisemitismo dell’”illuminato” Lichtenberg», apparso sul sito di Arianna Editrice il 26/09/2011).

La considerazione finale di Voltaire, secondo il quale, se tutti gli Ebrei ragionassero da nemici degli altri popoli e delle altre fedi, meriterebbero di essere “mandati in galera”, suona particolarmente sinistra, perché un popolo intero non si potrà mai mandare in galera, ma solo nei campi di concentramento, il che è precisamente quanto accadrà durante la seconda guerra mondiale; e, anche in quel caso, la motivazione dell’inumana decisione sarà di tipo difensivo: poiché gli Ebrei tramano contro la razza ariana, della quale sono divenuti mortali parassiti, allora è necessario metterli in condizioni di non nuocere, costi quel che costi…

E così, chi lo avrebbe detto, ecco che il campione della tolleranza universale assume le vesti, alquanto inquietanti, di un precursore dello sterminio del popolo ebreo, nonché di tutte le pratiche che il totalitarismo ha sempre prediletto per sbarazzarsi dei propri oppositori, dopo averli dipinti come nemici del genere umano, come nemici della pace e della tolleranza: perché, una volta che l’avversario sia stato trasformato non solo in un nemico irriducibile, come insegna Carl Schmitt, ma addirittura in un lupo feroce, che altro rimane da fare, se non abbatterlo senza pietà, come una fiera irrimediabilmente feroce e pericolosa?

Tolleranza per tutti, dunque: tranne che per chi non s’inchina alla Buona Novella della ragione.

Vengono in mente quei gesuiti del Paraguay che vennero espulsi dal marchese di Pombal, al solo scopo di “liberare” i poveri indios dall’odioso fanatismo cattolico e non certo perché i latifondisti portoghesi potessero farli schiavi impunemente: ma quando mai, questi sono solo cattivi pensieri…


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jeudi, 20 octobre 2011

Autour de la Fête de la Fédération

Autour de la Fête de la Fédération

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 25 juin 2011 se tenait à Paris un colloque consacré à un grand moment de la Révolution française bien oublié aujourd’hui : la Fête de la Fédération.

 

Co-organisé par le Comité La Fayette, le Carrefour des Acteurs sociaux et La Fédération – Mouvement fédéraliste français, cette manifestation a rassemblé des historiens, des philosophes, des hauts fonctionnaires (comme le légitimiste Daniel de Montplaisir) et des personnalités telles le prince Jean d’Orléans. Les actes de ce colloque viennent de paraître. Comme il est de règle pour ce genre d’ouvrage, l’ensemble est inégal. Il faut néanmoins en saluer la publication.

 

Certaines contributions méritent cependant quelques critiques. Par exemple, Emmanuel Le Roy Ladurie évoque, à la suite de Fernand Braudel, l’incroyable diversité linguistique de la France. Après avoir traité du basque, du breton, du flamand, de l’alsacien, de l’occitan, du corse, des parlers d’oïl, il en arrive à « une étrange région qui n’a pas de véritable identité : la région franco-provençale puisque personne ne vous dira : “ je suis Franco-Provençal ”. On vous dira : “ je suis Savoyard, je suis Dauphinois ” et pourtant cela correspond à peu près à Rhône-Alpes, un peu élargi, avec en plus la Suisse romande qui n’est pas “ française ”, plus le Sud de la Franche-Comté, plus le Velay, le Forez et le Nord des Alpes du Sud : tout sur des bases essentiellement linguistiques (p. 14) ». Il soutient que « la franco-provençalité est une poly-ethnie extrêmement bizarre, centrée sur Rhône-Alpes […]. Il s’agit, hors de la Bourgogne proprement dite, d’une sorte d’identité qui fut burgonde, mais qui ne l’est plus qu’à titre mémoriel. […] La vague unité de l’ensemble se disperse, comme les pièces d’un miroir brisé, en une infinité de dialectes un peu français, un peu provençaux, unifiés les uns aux autres sans le savoir et parfois en le sachant (p. 19) ». L’historien de Montaillou semble méconnaître que le synonyme de « franco-provençal » est arpitan, d’où l’Arpitanie pour désigner ce territoire qui inclut le Val d’Aoste en Italie, mais pas le Velay dont le dialecte est haut-languedocien, donc occitan. Outre des considérations linguistiques et la référence haut-médiévale à la Burgondie, l’aire arpitane correspond en partie à la partie gauloise du Saint-Empire romaine germanique. À la Renaissance, une part non négligeable de ces territoires arpitans appartiennent au domaine de cette haute personnalité européenne, couverte d’opprobes par une historiographie hexagonale officielle et stupide, qu’est le Connétable de Bourbon…

 

Il n’est pas anodin que parmi les co-organisateurs figure « le Mouvement fédéraliste français “ La Fédération ” [qui] œuvre depuis plus de 65 ans, dans la discrétion, pour l’émergence du principe fédéraliste dans tous les domaines de notre société; en particulier par l’application du principe de subsidiarité, dans ses dimensions tant verticale (commune, pays, région, nation, continent, monde) qu’horizontale, par la reconnaissance et le développement des corps intermédiaires (familles, associations, entreprises, syndicats, églises…) (p. 6) », explique son président Laurent Grégoire.

 

Genèse d’une fête civique

 

Le colloque ne débat pas que la la seule Fête de la Fédération. Les interventions portent aussi sur la pertinence de l’idée fédérale. Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la signification du mot « Fédération ». En 1790, la France n’est pas devenue une entité fédérale. Certes, les départements ont remplacé et rationalisé les anciennes généralités, subdélégations d’intendance, provinces (ou gouvernements militaires), pays d’État et pays d’élection, mais la « Nation » demeure unitaire, malgré une large décentralisation départementale, de district (futur arrondissement), cantonale et municipale. La Fédération que les Parisiens célèbrent ce 14 juillet 1790 n’est pas la fédération des « collectivités territoriales », mais celle des milliers de membres des gardes nationales des localités. Cette manifestation civique marque l’aboutissement d’un mouvement spontané, « partant des communes, petites ou grandes, venant de tous les horizons, du Dauphiné à la Bretagne, de l’Alsace au Languedoc, signale François Cailleteau. Partout des rassemblements de gardes nationaux s’opèrent quasi spontanément, parfois massifs, 10 000 à Valence en janvier, 50 000 à Lyon en mars, où l’on répète le serment français ou civique de fidélité à la nation, à la loi et au roi, l’ordre de ces trois fidélités étant d’une radicale nouveauté (p. 10) ».

 

L’expression même de « fédération » n’est pas surprenante pour l’époque si l’on en croît Benoît Lagarde : « Dans la correspondance ministérielle, reçue et expédiée par des militaires, il n’apparaît pas un terme unique, fixe, réglementaire. On parle avec libéralité de fédération patriotique, acte de fédération, pacte fédératif, fédération générale, confédération. Jusqu’à la période qui nous intéresse, ce sont des termes absents des rassemblements militaires dans le royaume de France. Ce sont des termes popularisés par les Insurgents de la Guerre d’Indépendance américaine; ce sont des termes qui engagent le militaire dans un processus civique, pour ne pas dire politique. Dans tous les cas le caractère de dualité partagé entre le législatif et l’exécutif est répété : la fédération est décrétée par l’Assemblée nationale et proclamée par le Roi; la loi et le roi seront présents lors de cette fête; reste à convoquer la Nation (p. 38) ». Jacques-Olivier Boudon ajoute, pour sa part, qu’« il faut […] mesurer le chemin parcouru depuis l’été 1789 quand s’organisent les premières fédérations locales, et le mois de juillet 1790. Le mouvement naît, dès le début du mois d’août, dans la région de Millau, dont le maire est un certain Louis de Bonald. Se forme alors une “ Confédération avec les villes de Rodez et de Villefranche et toutes autres villes qui voudraient y adhérer ”. D’autres villes font de même. Puis en janvier 1790, une autre étape est franchie quand se réunissent à Pontivy les milices de 69 villes et bourgs de Bretagne (p. 23) ». Quant à Emmanuel de Waresquiel, il insiste sur le fait que « l’idée de fraternité reprise autant du message évangélique que des Encyclopédistes et de Rousseau est à l’œuvre dès les débuts de la Révolution même si elle ne figure pas explicitement dans la Déclaration des droits du 26 août 1789. Cette confédération fraternelle du peuple français est souhaitée dès les derniers mois de 1789 par nombre de communes du royaume, comme celle de Dijon qui le 3 décembre lance le projet d’un “ traité fédératif ” censé faire respecter les décrets de l’Assemblée et l’autorité du roi. À partir du mois de janvier 1790, les fédérations se multiplient dans les départements, à Pontivy, Dôle, Lyon, Strasbourg (p. 32) ». À ce phénomène s’intègre la mode de l’Antiquité gréco-romaine. La référence à l’âge classique est si présente que « dans le serment du 14 juillet 1790, […] certains témoins de la scène trouveront à juste titre que la cérémonie rappelait plutôt “ une fête de l’ancienne Grèce qu’une cérémonie de l’Église chrétienne ”. On est là déjà quelque part entre les anciennes fêtes de la monarchie et les fêtes laïques de la république (p. 31) ».

 

Pourquoi avoir choisi la date du 14 juillet ? Jacques-Olivier Boudon cite un extrait de La Gazette nationale ou le Moniteur universel du 9 juin 1790 : « c’est le 14 juillet que nous avons conquis la liberté, ce sera le 14 juillet que nous jurerons de la conserver; qu’au même jour, à la même heure, un cri général, un cri unanime retentisse dans toutes les parties de l’Empire, vivent la nation, la loi et le roi ! Que ce cri soit à jamais celui de ralliement des amis de la patrie et la terreur de ses ennemis ». L’allusion à la prise de la Bastille y est évidente. Cependant, si la République a fait du 14 juillet sa fête nationale la plus importante, le rapporteur du projet au Sénat en 1880 insistait volontiers sur le souvenir de la Fête de la Fédération, manifestation de l’unité nationale, afin de convaincre ses collègues que gênait le symbole de la prise sanglante de la Bastille. La proposition d’un républicain attaché à l’unité de la République paraît paradoxale puisque les « bons » républicains français se défient tant du mot que du concept de « fédération ». « Il est […] compréhensible, affirme encore Jacques-Olivier Boudon, que lors de la crise de 1793, l’accusation de “ fédéralisme ” adressée à l’encontre des girondins, ait revêtu une coloration négative, alors qu’ils n’avaient jamais remis en cause l’idée de l’unité de la nation. Mais le fédéralisme devait dès lors être associé à la dissidence, à la dissension pour ne pas dire à la guerre civile (p. 30). »
Problématiques fédéralistes
Outre la Fête de la Fédération proprement dite, les intervenants s’appesantissent aussi sur le fédéralisme. Pour Georges-Henri Soutou, « le fédéralisme, c’est l’affirmation d’une construction politique et sociale qui doit partir de la base et du libre arbitre des individus, et non pas venir du sommet et de l’autorité imposée par l’État. À la fois comme philosophie et comme mouvement social et politique, ce courant ne disparaîtra plus par la suite. Il a inspiré Proudhon, il inspire tout un courant de philosophie politique qui y voit à terme la possibilité d’une organisation pacifique d’une Humanité réunifiée. Pour certains, il constitue une voie nécessaire pour maîtriser ce que nous appelons désormais la mondialisation (p. 12) ». On constate ici que les fédéralistes versent souvent dans l’idéalisme et l’irréalisme, en ignorant superbement les nécessités irréfragables du politique. Rêver d’une humanité unifiée, d’un État mondial, d’une société planétaire est profondément impolitique et qui va à l’encontre des torrents diversificateurs et buissonnants du Vivant. Il est pourtant exact qu’« au départ, signale Soutou, et encore très nettement dans les années 30 et 40, le fédéralisme est en fait un universalisme mondialiste. Dans le cas français, par exemple, si la Démocratie chrétienne a été dès l’origine européenne (imprimant cette marque génétique dans le M.R.P. après 1945) les socialistes de la S.F.I.O. étaient eux aussi fédéralistes, mais dans la vision d’une fédération mondiale, et ils ne se sont ralliés au projet européen qu’en 1955 (c’est largement pour cela que fut créé le Comité pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet). Cette vision mondialiste du fédéralisme n’a pas disparu, elle correspond sans doute à sa logique profonde ultime, comme le montre par exemple la lecture de la revue The Federalist Debate. Mais actuellement malgré tout c’est plutôt la revendication d’une “ gouvernance mondiale ” qui exprime le plus fréquemment cette aspiration (p. 85) ». Le fédéralisme est notre langue d’Ésope…

 

François H. Briard considère, lui, que « le fédéralisme est surtout une pratique, avant d’être une théorie, une pratique qui rend vivante dans une communauté humaine la tension entre unité et diversité. Ensuite, le fédéralisme ne saurait survivre sans une dose de “ nationalisation ”, sans le développement d’un niveau supplémentaire de légitimité (p. 102) ». Est-ce la raison qu’« actuellement, l’Union européenne est une Union d’États qui revêt un caractère fédéral et qui évolue vers un nouveau type de fédéralisme (p. 89) », se demande-t-il ? Or il prévient plus loin qu’« on ne saurait parler de ” Fédération ” à propos de l’Union européenne, au sens classique du terme, dans la mesure où celle-ci ne connaît pas d’intégration politique (p. 91) ».

 

Chantal Delsol estime, quant à elle, que « l’Europe a été faite à l’envers en raison du problème de souveraineté qui s’est posé à juste titre d’ailleurs; c’est-à-dire que les compétences des entités inférieures ont été dévolues en haut alors que les entités inférieures étaient parfaitement capable et en revanche il n’y a pas eu véritablement d’organisation des compétences pour lesquelles les entités inférieures étaient insuffisantes (p. 104) ». Georges-Henri Soutou tente, pour sa part, de mieux cerner le fédéralisme. Il remarque d’abord que « les États fédéraux présentent des caractéristiques communes. Tout d’abord les parties constituantes (États, Länder, cantons…) ont des pouvoirs clairement définis, et sont dans beaucoup de domaines incontournables : pour des pans entiers et importants des prérogatives régaliennes tout passe par eux et non pas par le centre. Les Länder, les States, les cantons jouissent d’une personnalité législative; dans le cas suisse, pour prendre un exemple frappant, la nationalité helvétique n’existe pas de façon immédiate en tant que telle mais est la conséquence de la possession de la combourgeoisie d’un canton. La souveraineté est réellement partagée, les éléments constitutifs en détiennent une partie. Cependant dans un certain nombre de domaines clés le pouvoir central dans les États fédéraux est fort : aux États-Unis, en R.F.A., en Suisse, en ce qui concerne les affaires étrangères, la défense, la monnaie, et un certain nombre de domaines et d’institutions bien choisis, le centre décide seul. Il ne faut pas identifier fédéralisme et dilution du pouvoir : l’organisation gouvernementale des trois pays cités en exemple ici est très cohérente et ramassée sur l’essentiel (p. 80) ». Le fédéralisme sait s’adapter aux spécificités culturelles de chaque pays, d’où sa grande plasticité. Ainsi, « le système fiscal est beaucoup plus centralisé en R.F.A. qu’en Suisse ou qu’aux États-Unis, avec une forte péréquation des ressources entre les Länder. Dans la pratique, cela se traduit par une cogestion entre les Länder et le Bund, avec des rapports de force changeants (p. 81) ». Il en conclut que, « pour qu’une fédération se maintienne, il faut qu’elle dispose d’un pouvoir central stable et puissant, et que les divisions entre les composantes ne soient pas trop fortes, en particulier ne soient pas uniquement selon des lignes ethniques. C’est le cas des États-Unis, de la R.F.A. et même de la Suisse, malgré la division entre Romands et Alémaniques (mais on notera que la carte des cantons, d’ailleurs nombreux, ne se superpose pas avec celle des ethnies existant en Suisse) (p. 81) ». Georges-Henri Soutou considère par conséquent que « le projet européen se trouve […] en quelque sorte coincé entre le niveau inférieur (le régionalisme) et le niveau supérieur (le mondialisme) (p. 83) ».

 

On retrouve la faiblesse inhérente d’un certain fédéralisme qui est le refus, explicite ou non, de la limite géographique, territoriale ou géopolitique. Soutou rappelle que, « pour les Pères fondateurs, nourris par la réflexion des courants européanistes depuis les années 20, la réponse était évidente : l’Europe reposait sur une unité de civilisation, une histoire partagée et désormais réconciliée, et sur des valeurs communes (dont la démocratie, la liberté et l’État de droit). Cette vision a perduré jusqu’aux années 1980. Si les traités de Rome de 1957 disaient seulement que “ tout État européen ” pouvait être candidat, et ne définissaient pas ce qu’était un pays européen, pour les responsables européens des années 60 et 70 les choses étaient cependant très claires. Comme le disait le préambule du Plan Fouchet d’union politique dans sa version de janvier 1962, l’Europe reposait sur une “ civilisation ”, sur un “ patrimoine spirituel ”, sur les “ principes de la démocratie ” et sur les “ droits de l’homme ”. Et la Déclaration sur l’identité européenne adoptée par les chefs d’État ou de gouvernement des Neuf à Copenhague le 14 décembre 1973 ne disait pas autre chose : “ nécessités européennes fondamentales ”, “ civilisation commune ”, “ valeurs d’ordre juridique, politique et moral ”, “ principes de la démocratie représentative, du règne de la loi… ”. On avait là une Europe clairement définie, qui reposait certes sur des valeurs universelles (ou qui se prétendent telles) comme la démocratie et les droits de l’homme mais qui affirmait clairement sa spécificité comme espace géographique, historique et de civilisation. Or à cette Europe clairement définie et donc délimitée par l’histoire et la civilisation, s’est progressivement substitué à partir des années 1980 une notion de l’Europe beaucoup plus abstraite et vague, et sans rivages. C’est ainsi que le préambule du traité de Maastricht de 1992 ne soulignait plus comme ciment de l’Europe que la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Et désormais c’était le discours admis dans les enceintes européenne : l’Europe, c’était la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Il n’était plus question d’une civilisation commune et d’une histoire partagée, qui marqueraient une spécificité européenne. Cette évolution récente correspond bien entendu à une évolution parallèle dans nos différents pays : on est passé un peu partout d’une vision historique, spirituelle et culturelle de la Nation comme de l’Europe à une conception “ civique ” reposant uniquement sur la démocratie, l’État de droit et les droits de l’Homme (p. 84) ». Si, pour Aristote, la démocratie tend vers l’anarchie, le fédéralisme risque, lui, de verser dans le confusionnisme, le chaos ethnique de grande ampleur et le nivellement culturel. En parlant de la France, Jean-Paul Gourévitch avance que « nous sommes une nation diverse. 7,7 millions de personnes d’origine étrangère (les immigrés et leurs descendants directs) soit 12,5 % de la population vivent sur le territoire de la métropole. Le fait qu’un certain nombre d’entre eux aient choisi la nationalité française et que d’autres l’obtiendront automatiquement à 13, 16 ou 18 ans sans la demander en vertu du droit du sol n’est pas suffisant pour que chacun se sente partie prenante de la communauté nationale. Ceci d’autant plus qu’il existe en métropole deux communautés très fortes – 3,4 millions d’originaires du Maghreb, 2,4 millions originaires de l’Afrique subsaharienne sans compter les Turcs, les originaires de la Péninsule balkanique ou de l’Extrême-Orient – qui ne partagent pas toujours les valeurs qu’on veut leur imposer (p. 107) ». Le fédéralisme est-il encore viable dans ces conditions ? On n’en a pas l’impression. Les auteurs ne semblent pas voir le fédéralisme passer d’une pratique moderne à des modalités nouvelles, post-modernes, fondées sur le retour des communautés, un fédéralisme communautaire/communautarienne.

 

De la Fédération à l’Empire en passant par Mistral

 

L’alternative à la France unitaire et à la non-Europe actuelle serait logiquement une fédération de communautés populaires organiques. En d’autres temps et en d’autres lieux, cette fédération s’appellerait l’Empire. La référence à l’Empire traditionnel est peu ou mal abordé par les participants. Concernant la monarchie danubienne des Habsbourg, Soutou lance, contre toute évidence historique, que « l’Autriche-Hongrie n’a pas été assassinée, elle est morte toute seule, certes après avoir été affaiblie par la guerre et la défaite (p. 81) ». N’a-t-il donc jamais lu Requiem pour un empire défunt (1988) de François Fejtö qui apporte de façon définitive les preuves de cet assassinat ?

 

Jacques-Olivier Boudon rapporte une anecdote peu connue qui devrait faire réfléchir les Français. « Un membre non identifié de la Société des Jacobins, avait le 17 juin [1790] suggéré qu’à l’occasion de la manifestation du 14 juillet, les représentants de la nation substituent au “ Vive le roi un vive Louis empereur ”, ajoutant : “ Ce titre nouveau conviendrait parfaitement au nouvel ordre des choses ”, avant de convoquer le souvenir de Charlemagne. “ Louis XVI doit donc reprendre un titre d’honneur que les rois fainéants ont laissé passer chez nos voisins. Effaçons les noms de roi, de royaume, de sujets, qui ne s’unirent jamais bien avec le mot de liberté. Les Français qui ont la souveraineté et qui l’exercent, sont soumis à la loi et ne sont sujets de personne. Le prince est leur chef, non leur maître : Imperat, non regit. Qu’il revienne donc du Champ de Mars la couronne impériale sur la tête; et que son auguste épouse soit, comme sa nièce, saluée du nom d’Impératrice ”. Cette proposition est rapidement balayée, mais elle montre que l’idée d’un retour à l’empire ne naît pas ex nihilo en 1804 (p. 24) ». En consultant les archives, on sait qu’à partir du règne de Louis XVI, le terme « Empire » signifie dans les documents administratifs officiels « État » et désigne le royaume de France. Quant au titre d’« empereur des Français » de Napoléon Ier, il doit se comprendre comme « chef de l’État des citoyens français ».

 

L’idée impériale rejaillit indirectement avec le fédéralisme régionaliste dans l’allocution de Martin Motte consacrée à Frédéric Mistral. Prix Nobel de littérature en 1905, Mistral est le grand défenseur de la langue provençale. « Remarquons l’insistance du poète à souligner que toutes les écoles font la guerre au provençal, la privée comme la publique; de ce fait, sa défense transcende les clivages partisans, remarque Martin Motte. Sous-jacente à toutes ces propositions, on retrouve l’idée fédérale : la Provence est née d’une fédération de races; le combat pour sa langue est le seul thème fédérateur qui puisse imposer silence aux haines politiques; quant à la poésie, elle est la forme de littérature la plus fédératrice parce qu’elle s’adresse aux strates profondes du psychisme humain, non aux couches superficielles où sévit l’esprit de parti (p. 56). » Il rappelle que Mistral a soutenu le Second Empire, surtout dans sa période libérale (1860 – 1870) : « Mistral prend ici acte d’une divine surprise : en faisant du principe des nationalités l’axe de sa politique extérieure, le Second Empire réalise les promesses de 1848. Encore faudrait-il qu’il se montrât aussi libéral à l’intérieur, ce pour quoi le poète l’appelle à respecter “ le vieux parler roman ” de Provence. La langue est en effet la première des libertés, “ car, face contre terre, qu’un peuple tombe esclave, s’il tient sa langue, il tient la clef qui le délivre de ses chaînes ”. De la reconnaissance du provençal en France et du catalan en Espagne, Mistral espère la résurrection d’une communauté culturelle “ des Alpes aux Pyrénées ” qui préfigurera un temps où l’on verra “ l’amour seul joindre les races ”. En somme, l’identité régionale forme la thèse du poème, l’identité nationale son antithèse et l’idée fédérale sa synthèse (p. 58). » C’est en toute logique qu’il appuie l’Union latine, puis prône une Confédération latine entre la France, l’Espagne et l’Italie.

 

En 1871, Frédéric Mistral s’oppose à la Commune qui pervertit, selon lui, le fédéralisme régional. Son fédéralisme entend « soustraire les esprits au nivellement technicien comme aux sirènes du socialisme, celui-ci se nourrissant de celui-là et tous deux conduisant au nihilisme; réinscrire l’homme dans ses cercles de sociabilité réels, à commencer par la commune et la région; donner à ces dernières les moyens de traiter la question sociale à la base et désamorcer par là même les menaces de guerre civile, tels étaient les défis de l’heure (p. 59) ». Pour Mistral, « par sa nature même, le fédéralisme permettait le dépassement du clivage droite – gauche. Il avait d’ailleurs le vent en poupe dans le débat politique français en tant que carrefour des diverses oppositions : on l’avait vu dès le boulangisme, auquel Mistral avait été attentif, on le revit avec Barrès et son journal La Cocarde (1894 – 1895), auquel collaborèrent Maurras et Amouretti et qui fut le lieu par excellence d’une synthèse entre nationalisme et fédéralisme. Mistral n’eut aucun mal à se reconnaître dans cette synthèse, autour de laquelle ses intuitions tournaient depuis longtemps. C’est donc tout naturellement que, l’affaire Dreyfus venue, il adhéra à la Ligue de la Patrie française (p. 63) ».

 

Martin Motte mentionne fort à propos une combinaison nationaliste – fédéraliste – régionaliste qui conduira à l’« Union sacrée » de 1914. « En octobre 1913, souligne-t-il, Raymond Poincaré, de passage en Provence, voulut apporter à Mistral l’hommage de la nation française tout entière : il vint le prendre lui-même à Maillane pour l’emmener déjeuner à bord du train présidentiel. Amplement médiatisé, l’événement avait une finalité politique très précise : Poincaré, désireux de mobiliser les énergies du pays dans un contexte international tendu, venait sceller l’alliance du nationalisme et de “ ce régionalisme dans lequel notre France aura […] son rajeunissement ”. Mistral lui répondit que la province était en effet la “ mère des paysans et des soldats de France ”, et qu’à cet égard au moins elle méritait qu’on ne la négligeât pas (p. 65). »

 

Malgré les disparités propres à ce type de livre collectif, La Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Histoire et héritage apporte un éclairage intéressants autour des notions de fédéralisme régional, national et européen. Marc Bloch écrivait qu’« il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». Le jugement est abrupte et partial. Plutôt qu’avoir des émotions, préférons la nostalgie d’un événement manqué.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Georges-Henri Soutou (sous la direction de), La Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Histoire et héritage, Actes du colloque du 25 juin 2011, Paris, 117 p., 18 €, à commander par chèque bancaire à l’ordre du Carrefour des Acteurs Sociaux, 103, avenue Parmentier, F – 75011 Paris, France.

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mercredi, 19 octobre 2011

La destruction des classes moyennes en France, en Europe et aux États-Unis

La destruction des classes moyennes en France, en Europe et aux États-Unis

par Marc ROUSSET

En Europe, la destruction, mais dans les pays émergents, la montée des classes moyennes, voilà où nous conduisent le libre échange mondialiste, les sociétés multinationales qui, à l’exemple de Renault, délocalisent, ainsi que les stock options des dirigeants embarqués dans un capitalisme au service exclusif des actionnaires, n’en déplaise à Mme Laurence Parisot, présidente du Medef. Seul le retour au capitalisme rhénan et à la préférence communautaire, avec des droits de douane sonnants et trébuchants, peut endiguer la catastrophe économique et sociale en cours !

 

Un symbole éloquent est fourni par l’entreprise américaine Apple. Ses produits sont conçus en Californie et assemblés en Chine par FoxconnApple, la deuxième plus grosse capitalisation mondiale après Exxon, que tous les bien pensants portent aux nues, fait travailler à peine une cinquantaine de milliers de salariés, chercheurs et cadres. Foxconn que  personne connaît fait travailler un million de salariés en Chine dans des emplois industriels ! Le Prix Nobel d’Économie Michael Spence constate que de 1990 à 2008, 98 % des vingt-sept millions d’emplois créés aux États-Unis l’ont été pour des secteurs travaillant exclusivement pour le marché intérieur américain, dont dix millions pour les agences gouvernementales et la santé. En revanche, les industries dont les produits sont exportables n’ont pas accru leurs emplois, sauf dans les métiers très hautement qualifiés. Le grand perdant est donc la classe moyenne employée dans l’industrie. Quant au professeur Alan Blinder,  ancien numéro deux de la Fed, il estime que 25 % de tous les emplois aux États-Unis sont potentiellement « délocalisables (1) ».

 

Il est cocasse de constater pendant le même temps et dans le même quotidien, l’émerveillement du brillantissime footballeur Edson  Arantes do Nascimento Pelé. L’ambassadeur du Brésil pour la Coupe du Monde de 2014 s’émerveille au contraire de l’apparition et de la montée des classes moyennes dans son pays : « Notre économie actuellement la septième du monde est diversifiée, innovante et elle allie croissance, stabilité, durabilité et inclusion sociale. Ces dix dernières  années, plus de quarante millions de personnes ont rejoint la classe moyenne, enfin majoritaire dans le pays (2). »

 

Avec l’expansion des échanges et la diffusion rapide des technologies vers les pays en développement, les employés européens sont confrontés à une concurrence croissante par delà les frontières. La Chine, l’Inde et les pays émergents dans une économie mondiale libéralisée et déréglementée provoquent plus qu’un doublement de l’offre de travail globale et un excès structurel de main d’œuvre permettant de faire porter sur les  salariés  l’ajustement aux nouvelles conditions de concurrence. Le fossé se creuse entre ceux qui sont à l’aise dans la mondialisation et le reste de la population, qui craint la précarité, la vulnérabilité, le déclassement social et se recroqueville sur ses avantages acquis.

 

Les classes moyennes tremblent en France pour leurs enfants, dont beaucoup obtiennent au mieux, des fonctions inférieures à des  diplômes, il est vrai, de plus en plus dévalorisés et inadaptés, et n’auront d’autre ressource que de brûler le patrimoine reçu en héritage (3). 80 % des emplois nouveaux créés en France relèvent de l’intérim, de C.D.D. (sept embauches sur dix), de stage, de travail à temps partiel et il arrive sur certains sites de l’industrie automobile que les effectifs soient à plus de 50 % intérimaires. La moitié des salariés – dont 52 % des cadres et 73 % des plus de cinquante ans – estiment qu’il leur serait « difficile de retrouver un emploi au moins équivalent » en cas de perte de celui qu’ils occupent actuellement (4). La fameuse « France d’en bas » est la conséquence directe de l’absence de véritables frontières douanières européennes.

 

Ce qui est vrai pour la France et les États-Unis se vérifie aussi en Allemagne où selon une étude de Joachim Frick et Markus Grabka, chercheurs à l’Institut pour la recherche en économie (D.I.W.) de Berlin, la classe moyenne, le « milieu », voit son importance décroître. En 2000, elle représentait encore plus de 62 % de la population allemande; en 2006, cette catégorie, autrement dit les Allemands qui gagnent entre 70 % et 150 % du revenu médian, était tombée à 54 %. Aujourd’hui en haut de l’échelle en Allemagne, les richesses issues du capital ne cessent d’augmenter. Selon Joachim Frick, « la répartition des revenus est plus inégale et plus polarisée qu’avant »; la confiance et l’optimisme des classes moyennes s’érodent en raison de la précarisation du travail; il est de plus en plus rare de disposer d’un emploi à temps plein et les salaires ne suffisent plus. Selon un quotidien économique en 2008, « l’Allemagne se découvre, 22 % de travailleurs pauvres ». Albrecht von Kalnein, directeur de la fondation Herbert-Quandt, explique ces changements par l’ouverture de la Chine, la mondialisation et la délocalisation des services et des emplois industriels. L’offre mondialisée exerce « une pression sur les salaires en Allemagne » explique Albrecht von Kalnein.

 

Les emplois délocalisés sont en général des emplois ouvriers stables, porteurs de technologie, d’investissements, favorisant d’autres emplois  et services grâce au pouvoir d’achat initialement créé par les  salaires de l’industrie, ce qui est la base même d’une économie saine. La qualité des emplois se dégrade et les Européens s’abrutissent de plus en plus à des tâches instables, peu gratifiantes et routinières; au-delà du problème du chômage stricto sensu se pose le problème de la dégradation continuelle et structurelle de la qualité de l’emploi. Les emplois créés pour pousser les vieillards dans leurs petites chaises roulantes, pour faire les courses des personnes malades, pour faire le ménage ou pour jardiner sont un exemple  d’emploi de services bas de gamme d’intérêt limité, sans avenir ni contenu technologique, des quasi-transferts de revenu qui portent en fait le nom d’emplois pour des pays décadents en voie de désindustrialisation rapide. Dans les statistiques officielles, ces emplois strictement alimentaires contribuent à la croissance d’un P.I.B. qui est en fait de plus en plus désindustrialisé ainsi qu’à la poudre aux yeux médiatique de la lutte victorieuse des gouvernements contre le chômage. Ce qui caractérisait les pays sous-développés et les économies de l’Ancien Régime, c’est le nombre incalculable de domestiques que faisaient vivre les nobles dans leurs châteaux et les classes  privilégiés dans leurs belles demeures !

 

Bien que sa politique ait conduit les États-Unis et le monde à une situation économique catastrophique, Alan Greenspan prétend que : « L’industrie manufacturière, c’est la technologie du XIXe siècle ! […] L’industrie manufacturière, ce n’est pas un secteur d’avenir. L’avenir est dans les idées qui servent à concevoir les produits. […] Il n’y a rien de sacro-saint qui justifie la préservation de l’industrie manufacturière au sens traditionnel du terme. Un pays qui défend son industrie manufacturière d’antan se condamne à voir son niveau de vie stagner ». Nous aimerions savoir comment l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine entend trouver du travail à trois cents millions d’Américains passant leur temps à concevoir des produits ! Dans les années 1950, l’industrie manufacturière représentait 27 % de l’économie et 30 % des emplois aux États-Unis; aujourd’hui, elle ne représente plus que 12 % du P.I.B. et un emploi sur dix. Le développement foudroyant de la Chine (70 % de son P.I.B. dans l’industrie) est là pour montrer que ce qu’affirme Alan Greenspan est complètement inexact !

 

Il est vital pour l’Europe de ne pas rester à l’écart du monde industriel moderne, de concevoir un développement industriel fort, créateur d’emplois pour la prochaine génération, d’assurer un renouvellement de son tissu manufacturier. Il importe de reconquérir avec des droits de douane et la préférence communautaire les trois millions d’emplois industriels perdus en France  pendant trente ans par la classe moyenne, au profit de celle de la Chine et des pays émergents.

 

Marc Rousset
Notes
1 : Jean-Pierre Robin, « Libres échanges », dans Le Figaro, 26 septembre 2011, p. 29.

 

2 : « Coupe du Monde. Une chance pour le Brésil », dans Le Figaro,  26 septembre 2011.

 

3 : Louis Chauvel, Les classes moyennes à la dérive, Le Seuil, 2006, 112 p.

 

4 : cf. l’Observatoire du travail – B.V.A. – L’Express, 14 – 29 septembre 2007.

 

5 : « Les conseils d’Alan Greenspan à la France », Le Figaro, 24 septembre 2007.

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lundi, 17 octobre 2011

La conquista statunitense dell’Africa: Il ruolo di Francia e Israele

La conquista statunitense dell’Africa: Il ruolo di Francia e Israele

 

Introduzione: l’”Operazione Gladio” Ieri e oggi …

Comincerò con lo scandalo dell’Operazione Gladio che culminò nell’omicidio dell’ex Primo Ministro italiano, Aldo Moro, che nel giorno del suo rapimento, doveva annunciare un governo di coalizione che includeva il Partito comunista italiano.


Un leader del Partito della Democrazia Cristiana a quel tempo, Francesco Cossiga, ammette nel documentario della BBC Timewatch del 1992 sull’Operazione Gladio, che aveva scelto di “sacrificare” Moro “per il bene della Repubblica.” Non diversamente dagli omicidi mirati cui il governo degli Stati Uniti si impegna in tutto il mondo, in cui qualcuno emette decisioni extra-giudiziarie su chi vive e chi muore. Nel documentario in tre parti, Cossiga afferma che la decisione ha fatto divenire i suoi capelli bianchi.
L’Operazione Gladio è il brutto racconto reale della decisione del governo degli Stati Uniti di assumere i membri dell’apparato statale di sicurezza di vari paesi europei, e in collaborazione con gli alleati, seminare il terrore tra cittadini innocenti, facendo esplodere stazioni ferroviarie, sparare sui clienti nei negozi, e persino uccidere agenti di polizia, al fine di convincere le popolazioni dell’Europa a rinunciare ai propri diritti, in cambio di alcune misure di sicurezza e di un maggiore potere dello stato.
Sì, l’Operazione Gladio, insieme con l’Operazione Northwoods e la politica statunitense verso la Libia, ci mostra che gli Stati Uniti sono disposti a creare gruppi terroristici per giustificare la lotta contro i terroristi! Purtroppo, questo è diventato il modus operandi del nostro governo in Afghanistan e Pakistan, Europa e Africa. E il governo degli Stati Uniti, dopo il 11/9/01, è diventato il “laboratorio di Gladio” delle politiche statali che stracciano le leggi degli Stati Uniti, fanno a brandelli il diritto e mente all’opinione pubblica.


L’inizio della fine dell’Operazione Gladio si è verificata quando l’esistenza del programma degli Stati Uniti venne rivelato. Tipicamente, invece di fermarsi su tale follia, gli europei si unirono alla creazione di molteplici altre “Operazioni Gladio“. Collocato in questo contesto, la seconda parte della serie in quattro parti di Mahdi Darius Nazemroaya che rivela come la politica degli Stati Uniti in Libia, sia proprio in linea con le azioni degli Stati Uniti nel passato. A mio parere, la Libia non sarà l’ultima occasione per tali attività illegali, a meno che non fermiamo il nostro governo.
Insieme al francese documentarista Julien Teil, Nazemroaya tesse lo scenario ‘incredibile-ma-vero’ dei presunti terroristi finanziati dagli US, ricercati dall’Interpol, e che divennero i protagonisti principali del genocidio della NATO che si svolge attualmente in Libia.

Cynthia McKinney, 1 ottobre 2011.

Cynthia McKinney è un ex membro del Congresso degli Stati Uniti, che è stata eletta in due diverso distretti federali della Georgia, per la Camera dei Rappresentanti USA, nel 1993-2003 e nel 2005-2007, come membro del Partito Democratico degli Stati Uniti. E’ stata anche la candidata alla presidenza, nel 2008, del partito dei Verdi. Mentre era al Congresso degli Stati Uniti, ha operato nella Commissione Finanze e Banche degli Stati Uniti, nel Comitato per la sicurezza nazionale degli Stati Uniti (in seguito ribattezzato Comitato sulle Forze Armate degli Stati Uniti), e nel comitato per gli affari esteri negli Stati Uniti (in seguito ribattezzato comitato sulle relazioni internazionali degli Stati Uniti). Ha anche operato  nella sottocommissione per le relazioni internazionali degli Stati Uniti sulle  operazioni internazionali e i diritti umani. McKinney ha  condotto due missioni in Libia e anche recentemente terminato un tour nazionale  negli Stati Uniti, sponsorizzata dalla Coalizione ANSWER, sulla campagna di bombardamenti della NATO in Libia.

Ordine dal Caos?


Una ripetizione del disordine e del pandemonio generato in Afghanistan è in cantiere per il continente africano. Gli Stati Uniti, con l’aiuto di Gran Bretagna, Pakistan e Arabia Saudita, hanno creato i brutali taliban e poi, alla fine, combattere una guerra contro i suoi alleati taliban. Allo stesso modo, in tutta l’Africa, gli Stati Uniti e i loro alleati, stanno creando una nuova serie di futuri nemici da combattere, ma dopo aver inizialmente lavorato con essi o utilizzandoli per seminare i semi del caos in Africa.
Washington ha letteralmente aiutato le insurrezioni con finanziamenti e progetti di cambiamento di regime in Africa. “Diritti umani” e “democratizzazione” sono utilizzati anche come  cortina fumogena del colonialismo e della guerra. I cosiddetti diritti umani e le organizzazioni umanitarie, sono ormai partner in questo progetto imperialista contro l’Africa.

Francia e Israele: sono le outsourcing di Washington  per le operazioni sporche in Africa?

 


L’Africa è solo un fronte internazionale per un sistema imperiale in espansione. I meccanismi di un vero e proprio sistema globale imperiale sono al lavoro in questo senso. Washington agisce attraverso la NATO e dei suoi alleati in Africa. Ognuno degli alleati e dei satelliti di Washington, ha un ruolo specifico da svolgere in questo sistema globale dell’impero. Tel Aviv ha svolto un ruolo molto attivo nel continente africano. Israele è stato uno dei principali sostenitori del Sud Africa durante il regime dell’apartheid. Tel Aviv ha anche aiutato a contrabbandare armi in Sudan e in Africa orientale, per balcanizzare quella grande nazione africana, contribuendo alla destabilizzazione dell’Africa orientale. Gli israeliani sono stati molto attivi in Kenya e Uganda. Israele è stato presente ovunque ci fossero conflitti, compresi quelli relativi ai diamanti insanguinati.


Israele sta ora lavorando con Washington per stabilire l’egemonia totale sul continente africano. Tel Aviv è attivamente coinvolto – attraverso i suoi legami commerciali e le operazioni di intelligence – per garantire i contatti e gli accordi richiesti da Washington per l’estensione dei suoi interessi in Africa. Uno dei principali obiettivi di Washington è interrompere lo sviluppo dell’influenza cinese in Africa. Israele e i think-tank israeliani, hanno anche svolto un ruolo importante nel plasmare il geo-stratagemma degli Stati Uniti in Africa.


La Francia, come un ex padrone coloniale e potenza in declino, invece, è sempre stata un rivale e concorrente di Washington nel continente africano. Con l’aumento dell’influenza di potenze non tradizionali in Africa, come la Repubblica popolare cinese, sia Washington che Parigi hanno previsto modalità di cooperazione. Sul più ampio palcoscenico globale, questo è anche evidente. Sia gli Stati Uniti che molte delle maggiori potenze dell’Unione europea, considerano la Cina e le altre potenze emergenti come una minaccia globale. Hanno deciso di porre fine alla loro rivalità e di lavorare insieme. Così, un accordo tra Washington e l’Unione europea è stato preso, portando ad alcune forme di integrazione politica. Questo consenso può anche essere stato prodotto dalla crescente influenza degli Stati Uniti in capitali europee. In ogni caso, è stato potenziato dall’inizio della presidenza di Nicolas Sarkozy, nel 2007.


Il presidente Sarkozy non ha perso tempo spingendo per la reintegrazione della struttura di comando militare francese in seno alla NATO. Le conseguenze di questa azione ha portato alla subordinazione dei militari francesi al Pentagono. Nel 1966, il presidente Charles de Gaulle trasse fuori dalla Nato le forze francesi e rimosse la Francia dalle strutture di comando militare della NATO, come mezzo per mantenere l’indipendenza francese. Nicolas Sarkozy ha invertito tutto ciò. Nel 2009, Sarkozy ha ordinato che la Francia si unisse alla struttura di comando militare integrato della NATO. Nel 2010, ha anche firmato un accordo per iniziare la fusione dei militari inglesi e francesi.
Nel continente africano, Parigi è un luogo speciale o di nicchia nel sistema dell’impero globale statunitense. Questo ruolo è quello di un gendarme regionale in Nord Africa, Africa occidentale, Africa centrale, e in tutti i paesi che erano ex colonie francesi. Il ruolo speciale della Francia, in altre parole, è dovuto alla sua storia e all’attuale, anche se calante, posizione della Francia in Africa, in particolare attraverso la “Françafrique.” L’Unione del Mediterraneo, che Sarkozy ha lanciato ufficialmente, è un esempio di questi interessi francesi in Nord Africa.


Il National Endowment for Democracy (NED) ha inoltre lavorato con la Federazione Internazionale dei Diritti Umani (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, FIDH) della Francia La FIDH è ben consolidata in Africa. Il NED ha essenzialmente esternalizzato verso il FIDH il suo lavoro nel manipolare e controllare i governi, i movimenti, le società e gli stati africani. E’ stata la FIDH e la Lega libico per i diritti umani (LLHR) affiliata, che hanno contribuito a orchestrare i vari pretesti per la guerra della NATO contro la Libia, approvata dal Consiglio di sicurezza attraverso dichiarazioni infondate e false.

Il National Endowment for Democracy e la sua Partnersip con la Federazione Internazionale dei Diritti Umani in Africa


In seguito all’elezione di Nicolas Sarkozy nel 2007 a leader della Repubblica francese, la Federazione Internazionale per i Diritti Umani (FIDH) ha iniziato a sviluppare una vera e propria partnership con il National Endowment for Democracy. Entrambe le organizzazioni sono anche partner in seno al Movimento Mondiale per la Democrazia. Carl Gershman, presidente del NED, si recò in Francia nel dicembre 2009 per incontrare la FIDH e approfondire la collaborazione tra le due organizzazioni, e anche per discutere dell’Africa. [1] Ha anche incontrato persone che sono sono considerati come lobbisti  pro-Israele in Francia.
La partnership tra la FIDH e la NED è per lo più basata in Africa e nel mondo arabo, dove si interseca. Queste partnership operano in una zona che comprende paesi come la Costa d’Avorio (Costa d’Avorio), il Niger, e la Repubblica Democratica del Congo. Il Nord Africa, che comprende la Libia e Algeria, è stata una determinata area focalizzata dalla FIDH, dove Washington, Parigi e la NATO hanno chiaramente grandi ambizioni.
La FIDH, che è direttamente coinvolta nel lancio della guerra contro la Libia, ha ricevuto anche finanziamenti diretti, sotto forma di sovvenzioni, dal National Endowment for Democracy per i suoi programmi in Africa. Nel 2010, una sovvenzione di 140.186 dollari del NED (Stati Uniti) è stata uno degli ultimi importi indicati dalla FIDH per il suo lavoro in Africa. [2] Il NED è stato anche uno dei primi firmatari, insieme con la Lega libica per i diritti umani (LLHR) e l’osservatorio delle Nazioni Unite, a chiedere l’intervento internazionale contro la Libia. [3]

AFRICOM e la strada post-9/11 verso la conquista dell’Africa

 


Nel 2002, il Pentagono ha iniziato importanti operazioni volte a controllare militarmente l’Africa. Questo ebbe la forma del Pan-Sahel Initiative, che è stata lanciata dal Comando europeo degli Stati Uniti (EUCOM) e dall’US Central Command (CENTCOM). Sotto la bandiera di questo progetto, l’esercito statunitense avrebbe addestrato le truppe di Mali, Ciad, Mauritania e Niger. I piani per stabilire la Pan-Sahel Initiative, tuttavia, risalgono al 2001, quando l’iniziativa per l’Africa fu effettivamente lanciata dopo i tragici eventi dell’11 settembre 2001 (9/11). Washington chiaramente pianificava delle azioni militari in Africa, che già comprendevano almeno tre paesi (Libia, Somalia e Sudan) identificati come bersagli nemici da attaccare, da parte del Pentagono e della Casa Bianca, secondo il Generale Wesley Clark.


Jacques Chirac, il presidente della Francia, al momento, ha cercato di opporre resistenza alla spinta degli Stati Uniti in Africa, rinvigorendo il ruolo della Germania in Africa, come mezzo per sostenere la Francia. Nel 2007, per la prima volta il vertice franco-africano aprì le sue porte anche alla partecipazione tedesca. [4] Tuttavia, Angela Merkel aveva idee diverse sulla direzione e la posizione che la partnership franco-tedesca dovrebbe prendere rispetto a Washington.
Nel 2001, lo slancio verso la creazione dell’Africa Command degli Stati Uniti (AFRICOM) era iniziato. AFRICOM, tuttavia, è stato ufficialmente autorizzato nel dicembre 2006, e la decisione di crearlo è stato annunciato alcuni mesi poco dopo, nel febbraio 2007. Fu nel 2007 che AFRICOM fu creato. E’ importante notare che questo slancio ricevette anche l’incoraggiamento di Israele, a causa degli interessi di Israele in Africa. L’Istituto di Alti Studi Strategici e Politici (IASPS), per esempio, è stata una delle organizzazioni israeliane che hanno sostenuto la creazione di AFRICOM. Sulla base del Pan-Sahel Initiative, la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI) fu lanciata dal Pentagono nel 2005, sotto il comando del CENTCOM. Mali, Ciad, Mauritania e Niger furono ora raggiunti da Algeria, Mauritania, Marocco, Senegal, Nigeria e Tunisia, nel giro  della cooperazione militare africana con il Pentagono. Più tardi, la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative svenne trasferita al comando di Africom, il 1° ottobre 2008, quando AFRICOM fu attivato.

Il Sahel e il Sahara: gli Stati Uniti adottano chiaramente i vecchi progetti coloniali della Francia in Africa

 


Combattere il terrorismo” e eseguire “missioni umanitarie“, sono solo facciate o cortine fumogene per Washington e i suoi alleati. Mentre gli obiettivi dichiarati del Pentagono sono combattere il terrorismo in Africa, gli obiettivi reali di Washington sono ristrutturare l’Africa e stabilire un ordine neo-coloniale. A questo proposito, Washington ha effettivamente adottato i progetti coloniali
 della Francia in Africa. Ciò include anche l’iniziativa inglese, italiana, statunitense e francese per dividere la Libia, dal 1943, così come l’iniziativa unilaterale francese per ridisegnare il Nord Africa. In questo schema, gli Stati Uniti e le sue coorti hanno intenzione di creare guerre etniche e odio settario tra i berberi, gli arabi ed altri in Nord Africa.


La mappa utilizzata da Washington per combattere il terrorismo sotto la Pan-Sahel Initiative la dice lunga. Il campo o area di attività dei terroristi, entro i confini di Algeria, Libia, Niger, Ciad, Mali e Mauritania, in base alla designazione di Washington, è molto simile ai confini o limiti del soggetto coloniale territoriale che la Francia ha cercato di sostenere in Africa, nel 1957. Parigi aveva progettato di sostenere questa entità africane nel Sahara occidentale e centrale, come dipartimento francese (provincia) direttamente legato alla Francia, insieme alla coste dell’Algeria.
Questa entità coloniale francese nel Sahara è stata nominata Organizzazione Comune delle Regioni del Sahara (Organisation commune des regions sahariennes, OCR). Comprendeva i confini interni dei paesi del Sahel e del Sahara di Mali, Niger, Ciad e Algeria. L’obiettivo francese era raccogliere e vincolare tutti i territori ricchi di risorse naturali di questi paesi in questa entità centrale, l’OCR, per il controllo e l’estrazione francesi. Le risorse in questo settore comprendono petrolio, gas e uranio. Eppure, i movimenti della resistenza in Africa, e in particolare la lotta per l’indipendenza algerina, ha inferto a Parigi un duro colpo. La Francia ha dovuto rinunciare alla sua ricerca e infine dissolvere la OCR nel 1962, a causa dell’indipendenza algerina e della presa di posizione anti-coloniale in Africa. A causa della spinta verso l’indipendenza in Africa, la Francia fu finalmente tagliato fuori dall’entroterra nel Sahara che voleva controllare.


Washington aveva chiaramente in mente questa zona ricca di energia e ricco di risorse, quando ha disegnato le aree dell’Africa che hanno bisogno di essere purificate dalle presunte cellule e bande terroristiche. L’Istituto Francese di Relazioni Internazionali (Institut français des relazioni internationals, IFRI), ha anche apertamente discusso  questo legame tra terroristi e zone ricche di energia, in un report del marzo 2011. [5] E’ in questo contesto che la fusione di interessi e le aziende franco-tedeschi e anglo-statunitensi, hanno consentito alla Francia di diventare parte integrante del sistema imperiale globale statunitense, con interessi comuni.

Regime Change in Libia e il National Endowment for Democracy: un nesso tra  terrorismo e diritti umani

 


Dal 2001, gli Stati Uniti si sono falsamente presentati come il campione contro il terrorismo. La Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI), che ha aperto le porte di AFRICOM in Africa, è stata giustificata come necessaria da Washington per combattere le organizzazioni come il Gruppo Salafita per la Predicazione e il Combattimento (GSPC) in Algeria, e il Gruppo combattente islamico libico (LIFG) in Libia. Eppure, Washington sta collaborando e utilizzando questi stessi gruppi in Libia, insieme con il Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia e i Fratelli Musulmani, come soldati di fanteria e ascari. Inoltre, molte delle persone chiave libiche sono membri del National Endowment for Democracy (NED), e sono membri di questi gruppi, e hanno anche fatto parte di conferenze e progetti di lunga data, che spingevano a un cambiamento di regime in Libia.
Uno degli incontri chiave per stabilire quello che sarebbe diventato l’attuale Consiglio di transizione in Libia, ha avuto luogo nel 1994, quando il Centro per gli Studi Strategici e Internazionali (CSIS) ha organizzato una conferenza con Ashur Shamis e Aly (Ali) Abuzakuuk. Il titolo della conferenza del 1994 era “La Libia post-Gheddafi: prospettive e  promesse“. Nel 2005 un altro convegno con Shamis Ashur si tenne nella capitale britannica, Londra, dove si sarebbe costruita l’idea del cambiamento di regime in Libia. [6] Allora, chi sono questi esponenti dell’opposizione libica? Una serie di domande deve essere posta. Hanno legami con Washington nuovi o vecchi? Con chi sono associati? Inoltre, hanno avuto un sostegno di lunga data o no?


Ashur Shamis è uno dei membri fondatori del Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia, che nel 1981 fu fondata nel Sudan. Era ricercato dall’Interpol e dalla polizia libica per anni. [7] Ahsur è anche indicato come il regista del National Endowment for Democracy nel Forum libico per lo sviluppo umano e politico. E’ anche il redattore della pagina web Akhbar, che è stato registrato come Akhbar Cultural Limited e collegato al NED. Ha inoltre partecipato a recenti conferenze chiave per il cambio di regime a Tripoli. Ciò includono la conferenza di Londra, tenuta dalla Chatham House nel 2011, che ha discusso i piani della NATO per l’invasione di Tripoli. [8]
Come Ashur, Aly Abuzaakouk è anch’egli membro del Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia ed è legato al National Endowment for Democracy. E’ stato uno dei partecipanti chiave alla tavola rotonda tenuta per il Democracy Awards 2011 della NED. [9] Come Ashur, è ricercato dall’Interpol e opera come regista in occasione del Forum libico per lo sviluppo umano e politico. [10]
Vi è anche Noman Benotman, ex leader e fondatore del Gruppo combattente islamico libico (LIFG) e terrorista ricercato. È presentato come ex terrorista. Benotman ha convenientemente lasciato il Gruppo combattente islamico libico, a seguito degli attacchi dell’11 settembre 2001. Benotman non è solo un direttore del National Endowment for Democracy (NED) al Forum libico per lo sviluppo umano e politico, è anche legato alla rete al-Jazeera.


Non solo questi tre uomini vivevano senza problemi in Gran Bretagna, mentre erano ricercati dall’Interpol a causa del loro legame con il terrorismo o, nel caso di Abuzaakouk, per crimini legati alla droga e alla contraffazione, ma hanno anche ricevuto sovvenzioni dagli Stati Uniti. Hanno ricevuto borse dagli Stati Uniti, che ha formalizzato la loro appartenenza a diverse organizzazioni sponsorizzate dal NED, che hanno sostenuto l’ordine del giorno del cambio di regime in Libia. Questo ordine del giorno del cambio di regime è stato sostenuto anche da MI6 e CIA. Inoltre, i documenti legali che sono stati registrati dalla NED, per quanto riguarda questi individui, sono stati deliberatamente e illegalmente manomessi. L’identità di individui chiave è stata nascosta nella lista degli amministratori del NED. Così, documenti legali sono stati compilati in modo fraudolento per nascondere l’identità di un individuo con lo pseudonimo di “Beata Wozniak.” Perfino la data di nascita di Wozniak non è valida, apparendo come 1 gennaio, 1 (01/01/0001). E’ una persona che è stata membro del consiglio di tutte queste organizzazioni del NED. Viene indicata come regista e segretaria di Akbar, Transparency Libya Limited e diverse altre società britanniche.

La “Lunga Guerra” entra in Africa: la porta dell’Africa è stata aperta


L’avvento del terrorismo in Africa è parte di una deliberata strategia usata dagli Stati Uniti e dai loro alleati, tra cui la NATO. La strategia consiste nell’”aprire la porta del continente africano“, espandendo la cosiddetta “guerra globale al terrorismo.” Quest’ultimo fornisce una giustificazione all’obiettivo degli Stati Uniti di ampliare la propria presenza militare nel continente africano. E’ stata anche usata come pretesto per creare l’AFRICOM del Pentagono. L’US Africa Command (AFRICOM) è destinata a “gestire Africa” per conto di Washington. Consiste nel creare una versione africana della NATO, al fine di realizzare l’occupazione dell’Africa. A questo proposito, gli Stati Uniti e i loro alleati hanno già stabilito un budget per combattere le stesse organizzazioni terroristiche che hanno creato e sostenuto (anche con aiuti militari ed armi), attraverso la carta dell’Africa, dalla Somalia, Sudan, Libia, Mali a Mauritania, Niger, Algeria e Nigeria. I terroristi non solo combattono per gli USA sul terreno, ma tengono anche contatti con Washington ed agiscono come paravento attraverso le cosiddette organizzazioni per i diritti umani, che hanno il mandato di “promuovere la democrazia“. Sul terreno, questi stessi individui e organizzazioni sono utilizzati per destabilizzare i loro rispettivi paesi. Sono supportati anche a livello internazionale, da Washington, per lavorare attivamente al cambio di regime e all’intervento militare in nome dei diritti umani e della democrazia. La Libia ne è un chiaro esempio.

Mahdi Darius Nazemroaya è un  Sociologo e ricercatore associato al Centro per la Ricerca sulla Globalizzazione (CRG), di Montréal. E’ specializzato su Medio Oriente e Asia Centrale. E’ stato in Libia per oltre due mesi ed è stato anche un inviato speciale per Flashpoints, che è un programma di Berkeley, in California. Nazemroaya ha pubblicato questi articoli sulla Libia assieme ai colloqui con Cynthia McKinney trasmessi su Freedom Now, uno show trasmesso da KPFK, Los Angeles, California.

Julien Teil è un operatore video e documentarista investigativo  francese. E’ anche stato recentemente in Libia per circa un mese.

NOTE
[1] National Endowment for Democracy, “NED Strengths Democracy Ties with France,” 16 marzo 2010
[2] National Endowment for Democracy, “Africa Regional,” Agosto 2011
[3] United Nations Watch et al., “Urgent Appeal to Stop Atrocities in Libya: Sent by 70 NGOs to the US, EU, and UN,” 21 Febbraio 2011
[4] Ministry of European and Foreign Affairs (France), “XXIVème sommet Afrique-France,” Febbraio 2007
[5] Etienne de Durand, “Francs-tireurs et Centurions. Les ambiguïtés de l’héritage contre-insurrectionnel français,” Institut français des relations internationals, Marzo 2011
[6] The National Conference of the Libyan Opposition, “The National Accord: The National Conference of the Libyan Opposition, London, 26 giugno 2005“, 2005.
[7] Interpol Wanted Notice for Ashour Al-Shamis
[8] Foreign and Commonwealth Office (UK), “Chatam House event: the future of Libya”, Giugno 2011
[9] National Democracy for Democracy, “2011 Democracy Award Biographies”, Giugno 2011
[10] Interpol Wanted Notice for Ali Ramadan Abu Za Kouk

Traduzione di Alessandro Lattanzio – SitoAurora