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dimanche, 12 décembre 2010

Le Bulletin célinien n°325

Le Bulletin célinien n°325

 
Décembre 2010
 
Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°325 de décembre 2010.
 
Au sommaire :

- Marc Laudelout : Bloc-notes
- M. L. : Lucien Descaves au « Club du Faubourg »
- Claude Duneton : Céline et la « tourbe » du langage populaire
- V. M. : Une adaptation théâtrale exemplaire
- Benoît Le Roux : Anouilh et Céline
- Laurence Viala : Illustrer le texte célinien (1)
- Ramon Fernandez : « L’Église » (1933)
- Les souvenirs de Maurice Gabolde
- Willy de Spens : Un après-midi chez L.-F. Céline

Un numéro de 24 pages, 6 € frais de port inclus à :
Le Bulletin célinien
Bureau de poste 22
B. P. 70
B 1000 Bruxelles
 
Bloc-Notes:
 
À propos du « refus de parvenir », expression (rendue célèbre par Albert Thierry et les syndicalistes révolutionnaires) traduisant une volonté d’être fidèle à ses origines populaires, Paul Yonnet trace un parallèle avec la figure de Céline : « ...C’est une exigence du même ordre qui traverse Voyage au bout de la nuit, mais aussi l’œuvre entière de Céline, jusque dans les images qu’il nous donne de lui, durant les dix dernières années de sa vie, asilaires (1)». Et de renvoyer aux pages que le psychiatre Yves Buin consacre à ce thème : « Sa déshérence, Céline tient à la montrer. Plus qu’au clochard exhibé, au hâbleur volontaire du déclin, c’est à l’asilaire que Céline fait penser si l’on s’en réfère aux photographies de l’ère Meudon se déroulant tel un film. Un asilaire ? C’est-à-dire un de ses falots personnages d’hospice, de foyer social hors le monde, et plus encore des grandes concentrations carcérales où, au milieu des déments et des agités que l’on enferme, subsistent des êtres atones, ravinés, habitacles d’une vie éteinte, des êtres lassés, revenus de tout et de nulle part, que rien ne dérange plus et qui ne dérangent plus personne. (…) Il est de l’humanité invisible. Le Céline des trois ou quatre dernières années est de cette confrérie d’abandonnés. Probablement n’y siège-t-il pas en permanence. Aux parutions de ses livres, et entre elles, il doit concéder à la représentation mais avec les habits de scène qu’il s’est choisis pour le dernier acte et, l’asilaire, en lui, affleure (2). » En d’autres termes, Céline donnerait à voir, de manière spectaculaire, qu’il n’est pas parvenu, qu’il a refusé de parvenir, qu’il a tout fait pour qu’il en soit ainsi.
 
Cette vision du Céline de la fin contraste avec celle d’un autre biographe, Philippe Alméras, qui voit en l’ermite de Meudon un épigone de Chodruc-Duclos : « Sous la Restauration, Chodruc-Duclos, l’“homme à la longue barbe”, exhibait chaque jour au Palais-Royal sa misère et sa saleté pour exposer l’ingratitude des Bourbons. Céline, aidé par l’incurie des artistes, et grâce à Match ou à L’Express, confronte route des Gardes ses contemporains d’une façon pas tellement différente (3). »
 
Et si au lieu de voir l’intention de témoigner de ceci ou de cela, il ne fallait pas tout uniment constater chez lui une totale indifférence à son aspect vestimentaire ? Sauf durant une brève période – des années vingt au début des années trente –, Céline ne s’est jamais préoccupé de sa mise. Certains le lui reprochaient d’ailleurs (4). Exilé au Danemark, il s’en est encore moins soucié et cette attitude, qui n’était nullement une pose, n’a fait que s’accentuer durant les dix dernières années de sa vie. Cela en fit un personnage aussi pittoresque que Paul Léautaud avec, comme autres points communs, un attachement profond pour les animaux allant de pair avec une misanthropie foncière (5). Et surtout une volonté farouche de demeurer libre.

Marc LAUDELOUT

1. Paul Yonnet, « La sortie de la révolution » in Le Débat, n° 160, mai-août 2010, pp. [37]-46. Rappelons que Paul Yonnet est l’auteur du Testament de Céline (Bernard de Fallois, 2009).
2. Yves Buin, Céline, Gallimard, coll. « Folio biographies », 2009, pp. 436-437.
3. Philippe Alméras, « Céline vu de gauche, vu de droite » in Nouvelle École (« Les écrivains »), n° 46, automne 1990, pp. 40-48.
4. « On me fait volontiers grief de bouder les assemblées… (…) On m’y trouve mal habillé… N’est-ce pas, Monsieur Ménard ? » (Lettre à Jean Lestandi, 10 septembre 1942. Reprise dans Cahiers Céline 7, 2003 [rééd.], p. 171.)
5. Sur ce parallèle, voir Pierre Lalanne : « Louis-Ferdinand Céline et Paul Léautaud » sur le blog L’ombre de Louis-Ferdinand Céline à la date du 15 février 2010. À Jacques Chancel, en juillet 1957, il confie : « Je ne suis qu’un bouffon. Paul Léautaud est mort. Il fallait un pauvre qui pue. Me voilà. ». Repris dans Cahiers Céline, 2 (« Céline et l’actualité littéraire, 1957-1961 »), 1993 (rééd.), pp. [95]-99.

 

vendredi, 03 décembre 2010

Fauves français, expressionnistes allemands: "la peinture n'est pas un soulagement"

Fauves français, expressionnistes allemands : « la peinture n’est pas un soulagement »

par Pierre LE VIGAN

Ex: http://www.europemaxima.com/

fauv.jpgQuand deux mouvements artistiques se rencontrent, cela enrichit souvent les deux. C’est ce que démontre le Musée Monet-Marmottan avec l’exposition « Fauves et expressionnistes ». D’un côté, on trouve les « Fauves » français, de l’autre les expressionnistes allemands. Les œuvres exposées viennent du musée von der Heydt de Wuppertal, en Rhénanie du Nord. Les « Fauves », c’est Raoul Dufy (Le Port du Havre, 1906), Georges Braque, Auguste Herbin (Portrait de jeune fille, 1907), Maurice de Vlaminck (Trois maisons, 1910), Kees van Dongen, néerlandais d’origine (Nu couché, 1910), André Derain, Robert Delaunay… Du côté allemand, on trouve principalement deux groupes. Ils furent tous deux annoncés par la révolution artistique du Norvégien Edvard Munch (Jeune fille au chapeau rouge, 1905). L’un de ces groupes est Le Pont (Die Brücke). C’est une école artistique fondée à Dresde en 1905. Erich Heckel dira à propos du choix du nom, Le Pont , « parce que c’était un mot à double sens, et qui ne désignerait pas un programme précis, mais conduirait dans un certain sens d’une rive à l’autre ».

Avec Le Pont, ce qui était à l’ordre du jour, c’était de se dégager des pesanteurs, de retourner à l’origine. Des nus sont peints en plein air, exprimant le bonheur et la liberté des corps. C’est d’abord la période berlinoise vers 1911 puis, très vite, l’éclatement du groupe à partir de 1913. Chacun trace alors son propre sillon. C’est la montée en maîtrise artistique de Karl Schmidt-Rottluff (Deux femmes, 1914), Ernst Ludwig Kirchner, un des plus grands (Quatre baigneuses, 1910; Femmes dans la rue, 1914), Otto Müller (Deux filles se baignant, 1921, Autoportrait avec pentagramme, 1922), Emil Nolde (Crépuscule, 1916), Erich Heckel (Portrait d’Otto Müller, 1925, aquarelle), Max Pechstein (Portrait masculin, auto-portrait, 1917)…

Il se crée à côté des artistes de Die Brücke le N.K.V.M. (la Nouvelle association des artistes de Munich). Elle est fondée en 1909. L’ambition est peut-être plus grande encore qu’avec Le Pont, il s’agit de déterminer une nouvelle orientation spirituelle. L’état d’esprit est « un retour à l’homme primitif, proche de la nature et sans faute ». C’est la recherche d’un monde sans péché. L’influence de l’art nègre est sensible même si l’enracinement dans les influences européennes reste prépondérant. Le mouvement est plein de vitalité mais disparate : Alexej von Jawlensky, peu convaincant, côtoie le très remarquable Adolf Erbslöh (Maison dans le jardin, 1912, Jardin des parents de l’artiste à Barmen, 1912), le Russe Vassily Kandinsky avec sa formidable Église villageoise sur les bords du lac de Rieg (1908), Wladimir von Bechtejeff, qui atteint souvent au chef d’œuvre comme avec Rencontre sur un bord de rivière (sans date), et encore Gabriele Münter, une des rares femmes (Paysage sous le givre, 1911), Wilhem Morgner, plus inégal… Forces des couleurs et expression du mouvement sont les principes.

b540a.jpgEn 1911, par scission du N.K.V.M. est fondé le mouvement Le Cavalier Bleu (Der Blaue Reiter) avec August Macke, Franz Marc, Paul Klee (le moins doué) et Vassily Kandinsky. L’idée du nom vient du Cavalier Bleu de Kandinsky (1903) tout autant que de la prédilection de Franz Marc pour les dessins et peintures de chevaux (Cheval bleu, 1911). Kandinsky déclare : « Le cheval porte son cavalier avec vigueur et rapidité, mais c’est le cavalier qui conduit le cheval. Le talent conduit l’artiste à de hauts sommets, mais c’est l’artiste qui maîtrise son talent ». August Macke, qui fut une des figures du N.K.V.M. illustre superbement la vitalité du Cavalier Bleu à ses débuts (Paysage avec trois jeunes filles, 1911). Il meurt sur le front de Champagne à 27 ans. Franz Marc est un artiste majeur lui aussi, c’est sans doute un des plus doués, des plus nets et affirmés du groupe (Renard d’un bleu noir, 1911). Il meurt en 1916 près de Verdun.

D’autres artistes se rattachent aussi à cette sensibilité : le grand Max Beckmann (Autoportrait en infirmier, 1915; Vue à Berlin du quartier de la gare de Gesundbrunnen, 1914), Otto Dix, créatif mais un peu désarticulé, Georg Grosz, baroque et tourmenté, Conrad Felixmüller (Autoportrait avec femme, 1920), au projet artistique très cohérent et sûr, Christian Rohlfs (Jouvencelles, 1915)… C’est le courant de la Nouvelle Objectivité (Neue Sachlichkeit).

On y trouve aussi le puissant Franz Radziwill (Sombre paysage, 1923), Karl Hubbuch, jubilatoire et inspiré, Otto Griebel, peintre se voulant « prolétarien » et à vrai dire inégal… La Nouvelle Objectivité se scinda en deux : une aile « droite », qui fait parfois penser à Giorgio de Chirico, en moins apprêté, et une aile « gauche », proche des bolchéviques russes et allemands, à vrai dire fort loin du néo-classicisme stalinien vers lequel évoluera le bolchévisme culturel. Comme quoi la modernité est toujours ambivalente.

La notion d’authenticité sera toujours importante chez les expressionnistes. Emil Nolde le montrera sans cesse. De son côté, Max Pechstein, chassé de Poméranie par les Russes en 1945, écrira alors : « Mais qu’est-ce [que mes plaisirs actuels de création] en comparaison avec ma frénésie créative dans ma Poméranie bien aimée ? La vie authentique dans une nature authentique me manque. Je brûle d’y retourner et suis constamment nostalgique. J’espère pouvoir avoir encore une fois l’occasion d’y séjourner ». Cela ne se fera pas.

C’est Otto Dix qui constitue le point d’aboutissement de l’exposition. Il fut un exilé intérieur sous Hitler, même si en 1933 Goebbels avait salué « les saines conceptions de ce mouvement » (l’expressionnisme). Otto Dix avait marqué un tournant. À propos de son tableau À la beauté (1922), Lionel Richard a écrit : « L’Hommage à la Beauté d’Otto Dix, tableau de 1922, met en spectacle avec ironie cette défaite et cet effacement de l’expressionnisme. Le peintre en personne est au centre. Costume élégant, toilette soignée. Ce dandy tient dans une main l’écouteur d’un téléphone. Arrière-fond, un décor artificiel de style néo-classique, avec un salon de danse où un musicien noir rythme du jazz à la batterie. »

On a reproché aux expressionnistes allemands de se complaire dans la peinture des médiocrités du monde moderne voire des horreurs de la guerre. Pourtant, Otto Dix affirmait : « Je ne suis pas obsédé par le fait de montrer des choses horribles. Tout ce que j’ai vu était beau ». Il disait encore : « La peinture n’est pas un soulagement. La raison pour laquelle je peins est le désir de créer. Je dois le faire ! J’ai vu ça, je peux encore m’en souvenir, je dois le peindre ».

Pierre Le Vigan

Exposition Fauves et expressionnistes. De Van Dongen à Otto Dix. Chefs d’œuvres du musée Von der Heydt, jusqu’au 20 février 2010. Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly 75016 Paris, Tél : 01.44.96.50.33. Catalogue Éditions Hazan.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mardi, 30 novembre 2010

Mistral gagnant

Mistral gagnant

Par Alexandre Latsa*

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Lorsque la Russie a rendu public son souhait d’acquisition de Bâtiments de Projection et de Commandement (BPC) Mistral, la France a répondu par l’affirmative. Rapidement pourtant, des voix se sont élevées, exprimant des réticences à cette transaction. Ces réticences émanaient d’États impliqués dans des contentieux plus ou moins importants avec la Russie (Géorgie, États Baltes) et qui craignaient un risque de déséquilibre de la sécurité régionale, crainte accrue par le conflit d’août 2008 dans le Caucase.

Pourtant il semble irréaliste d’imaginer que la Russie de 2010 ait des intentions agressives envers un pays européen et ces réticences ont été interprétées comme une possible crispation de Washington, embarrassé par une acquisition de matériel aussi sensible. Mais le cadre est sans doute plus large et concerne l’évolution des rapports de force sur les mers, et l’affaiblissement de la domination militaire et maritime américaine, acquise durant la guerre froide. Pour mieux cerner la situation, il convient de comprendre l’utilité des Mistral et regarder dans quel contexte global la Russie souhaite cette acquisition.

Les BPC sont des outils de projection, permettant de réaliser depuis la mer des opérations terrestres. Multi-fonctionnels, ils peuvent servir au débarquement de troupes, à la lutte contre la piraterie maritime ou encore à des actions humanitaires. Le Mistral, qui appartient à cette classe BPC, peut transporter jusqu’à 1200 hommes, 16 hélicoptères, jusqu’à 120 véhicules (dont des blindés), deux aéroglisseurs et des navettes de débarquement.

Le navire comprend en outre des canons, des batteries de missiles, des installations médicales, et un centre de commandement. La forte capacité de projection et de déplacement sur des théâtres d’opérations lointains que permet ce BPC est essentielle pour la Russie qui ne possède plus à ce jour de matériel équivalent, depuis le retrait des navires de type Rogov, au début de la décennie.

 

Durant la guerre froide, l’URSS ainsi que les régimes non alignés rechignaient à l’acquisition de porte-avions et porte-aéronefs, guidés par un non interventionnisme et un anti-impérialisme dogmatique, lorsque ce n’était pas pour des contraintes matérielles. Dès la fin de la guerre froide, le monde a connu une décennie de domination militaire américaine totale, acquise justement par cette capacité de déplacement et projection de forces militaires à l’autre bout de la planète. 20 ans plus tard, l’émergence de puissances régionales contribue à entraîner la planète vers un multilatéralisme qui fait que désormais de nombreux pays ont  des ambitions de présence sur les océans du globe.

Hormis les traditionnelles flottes Occidentales, la Russie, la Chine, le Brésil, la Corée du sud, la Turquie ou le Japon souhaitent se doter de porte-avions ou porte-hélicoptères, ce qui devrait permettre à tous ces États une réelle capacité d’intervention à l’autre bout du monde au milieu du siècle. La Russie via l’amiral Vladimir Vysotsky avait montré  son intérêt pour les BPC français lors du salon Euronaval de 2008, expliquant que la Russie se préparait à construire une flotte de porte-avions, prévue pour être opérationnelle vers 2060.

Le barrage des réticences diplomatiques contourné, et les « resets » entre la Russie, l’Amérique, et l’OTAN confirmés, l’année franco-russe tombait à point. Vladimir Poutine, en confirmant dès le milieu de l’année, lors d’une visite à Paris, que Moscou ne fournirait pas de missiles S-300 à l’Iran après le vote de sanctions par l’ONU, avait en outre réglé cette épineuse question.  Les différends entre les parties au contrat portaient sur deux points : les technologies afférentes, et le lieu de fabrication. La France souhaitait une vente sans technologie de pointe et qu’au moins deux bateaux soient fabriqués en France. La Russie, elle, conditionnait l’achat aux technologies liées et souhaitait acheter un seul navire, et faire construire les trois autres en Russie.

Si l’on semble plutôt se diriger vers la formule française pour la fabrication, le premier bateau devrait être livré avec la technologie de pointe liée, et notamment les dispositifs de calcul de conduite des opérations aériennes, essentiels pour le développement ultérieur des porte-avions. Récemment, Vera Chistova, vice-ministre de la Défense pour les moyens économiques et financiers, a confirmé que les dépenses pour l’achat ont été pré-intégrées aux budgets russes des trois prochaines années.

Côté français, Le directeur de la DCNS (fabricant militaire du Mistral) Pierre Legros, a lui indiqué que ces navires disposeraient des mêmes équipements que ceux de la marine française et que les seules différences seraient un pont d’envol renforcé pour accueillir les hélicoptères russes et une coque plus résistante pour pouvoir naviguer dans des eaux glacées. Quand au PDG de l’association des chantiers où devrait être fabriqué le Mistral, il a affirmé que le premier navire pourrait être construit fin 2013 et le deuxième en 2015. Les chantiers navals russes devant être en mesure de construire seuls les autres bâtiments dès l’année 2016.

Il est donc plausible, et souhaitable, que l’année franco-russe se termine par un accord commercial et politique majeur.  Pour le président français l’enjeu est de taille, sur un plan financier, le prix d’un bateau avoisinant les 500 millions d’euros, mais également sur un plan politique, afin de prouver que la ré-intégration de l’OTAN en 2009 n’a pas ôté toute souveraineté à la France. Du côté russe, l’acquisition est importante d’un point de vue militaire, mais aussi sur le plan géopolitique, la Russie se donnant ainsi pleinement les moyens d’atteindre l’objectif de la politique entamée en mars 2000 : rester une puissance de premier plan.

* Alexandre Latsa, 33 ans, est un blogueur français qui vit en Russie. Diplômé en langue slave, il anime le blog DISSONANCE, destiné à donner un « autre regard sur la Russie« .

Ria Novosti

vendredi, 26 novembre 2010

Revue "Identidad" (Espagne): Entretien avec Robert Spieler

Un grand entretien avec Robert Spieler publié dans la revue espagnole Identidad

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« Les spéculateurs et la finance internationale sont évidemment coupables dans l’émergence de cette crise, mais le premier responsable est le libéralisme mondialiste, forcément mondialiste et cosmopolite… »

20101111181859-portada.gifNous publions ici le texte de l’entretien accordé par Robert Spieler, Délégué général de la Nouvelle Droite Populaire, à la revue espagnole Identidad…

 

Identidad : Robert Spieler, parlez nous de votre carrière politique. 

 

Robert Spieler : Adhérent d’Ordre Nouveau, à sa fondation en 1969, j’ai rejoint le Parti des Forces Nouvelles (PFN) après la dissolution d’O.N. en 1973. J’ai été adhérent du GRECE et actif dans les milieux de la Nouvelle Droite. J’ai créé en 1981, lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir, Forum d’Alsace, qui était le plus important club d’opposition d’Alsace. A la demande de Jean-Pierre Stirbois, j’ai rejoint le Front national en 1985. Je fus élu député et conseiller régional d’Alsace en 1986. J’ai quitté en 1989 le Front national dont je ne supportais pas l’ambiance de cour orientale, pour créer le mouvement régionaliste Alsace d’Abord dont je fus le Président jusqu’en 2008 et qui obtint jusqu’à 1O% des voix aux élections en Alsace. Je fus élu conseiller régional pendant 18 ans et conseiller municipal de Strasbourg pendant 12 ans En 2008, convaincu que la situation dramatique de la France exigeait le rassemblement de toutes les forces de la Résistance nationale et européenne, j’ai contribué à créer la Nouvelle Droite Populaire, dont je suis le délégué général.

 

Id – Pouvez-vous nous définir les objectifs de la NDP ?

 

R.S. : La NDP veut rassembler les forces nationalistes et identitaires, dans le respect des différences de sensibilités, avec pour objectif d’organiser la nécessaire Reconquista.

 

Nous défendons nos identités régionales, nationales et européennes, et voulons une Europe indépendante et puissante, fidèle à ses racines helléniques, celtiques, germaniques et chrétiennes. L’Europe de la puissance que nous espérons n’a bien entendu rien à voir avec l’Europe des nains de Bruxelles. Nous voulons aussi rompre avec l’ultra libéralisme mondialiste, destructeur des emplois européens, et créer une zone économique et commerciale protégée, partenaire de la Russie. Nous devons aussi en finir avec les tutelles étrangères qui asservissent notre continent. La construction d’une puissance militaire et diplomatique européenne implique que les pays européens doivent quitter l’OTAN.

 

Id - Le 9 mai, a eu lieu à Paris une manifestation nationaliste et identitaire qui a rencontré un grand succès.

 

R.S. : La NDP a largement contribué au succès de la manifestation nationaliste et identitaire du 9 mai 2010 qui a réuni à Paris plus d’un millier de militants très déterminés. Il s’agissait d’une première initiative de rassemblement dans la rue des forces nationalistes et identitaires. Nous allons poursuivre dans cette voie. Nul doute qu’en 2011, nous serons trois fois plus nombreux.

 

Id - Que penser de la burka ? L’interdire, ne pas l’interdire ?

 

R.S. : J’ai toujours dit que le problème n’était pas un morceau de tissu, mais ce qu’il recouvre. Ce n’est pas la burka qu’il faut interdire, c’est l’invasion islamique de l’Europe. La Reconquista passe par le départ d’une majorité des immigrés non européens, fussent-ils de nationalité française, espagnole, etc… La nationalité leur a été accordée sous la pression des lobbys antinationaux, contre la volonté de nos peuples. La nationalité leur sera retirée, sauf à ceux qui le méritent, le jour où le Peuple aura pris le pouvoir.

 

Id - L’immigration est-elle un problème religieux ou ethnique ?

 

R.S. : Le problème est ethnique avant d’être religieux. Si les masses africaines qui nous envahissent étaient chrétiennes, cela ne diminuerait pas la menace qui pèse sur la substance même de l’Europe. Ceci dit, l’islam, par sa vision totalitaire représente une redoutable menace qu’il faut impérativement conjurer. L’Europe est aujourd’hui dans un terrible état de faiblesse. L’effondrement démographique de pays tels l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne mais aussi la Russie va entraîner la perte, d’ici trente ans, de dizaines de millions de naissances européennes et donc de millions de combattants pour la Reconquista. Seule une révolution nationale et européenne peut redonner à nos peuples l’énergie vitale qui permettra d’entamer le chemin de la renaissance.

 

Id - Sommes nous à la veille de confrontations ethniques ?

 

R.S. : En France, ce sont des centaines de quartiers de nos villes qui sont occupés par les envahisseurs. La police a pour consigne de ne pas les provoquer et de les laisser agir à leur guise dans les zones qu’ils contrôlent. Quand des policiers ou des citoyens réagissent, ils sont impitoyablement persécutés par une justice massivement collaborationniste. Cela fait deux mois, par exemple, qu’un vieux monsieur de 73 ans est en prison, dans le sud de la France, pour avoir tiré sans grosses conséquences sur des Roms qui s’étaient  introduits dans sa maison. Sommes-nous à la veille de confrontations ethniques généralisées ? Certainement. Ces confrontations se produiront quand les autorités voudront reprendre le contrôle des quartiers occupés. Mais ces confrontations débuteront plutôt en Espagne, en Italie ou en Autriche qu’en France ou en Allemagne, deux pays soumis à une véritable dictature de l’ordre moral imposé par les lobbys et leurs porte-serviettes, et dont les citoyens subissent dès leur plus jeune âge un véritable dressage mental.

 

Id - Qui sont les responsables de la crise économique et financière ?

 

R.S. : Les spéculateurs et la finance internationale sont évidemment coupables dans l’émergence de cette crise, mais le premier responsable est le libéralisme mondialiste, forcément mondialiste et cosmopolite.

 

Il faut sortir de la logique ultralibérale et ériger des frontières protectrices autour d’une Europe qui serait partenaire de la Russie. L’importation massive de produits fabriqués en Extrême-Orient dans des pays qui ne respectent aucune norme sociale détruit massivement nos emplois. Il faut réindustrialiser l’Europe. La finance doit être soumise à la volonté politique, et non l’inverse. La banque centrale européenne, qui aujourd’hui n’a de comptes à rendre à personne doit être mise sous tutelle.

 

Id - Vous défendez, contre le jacobinisme les identités régionales…

 

R.S. : La France est le pays le plus jacobin, le plus centralisé d’Europe. Les hauts fonctionnaires parisiens dirigent tout. Il est tout à fait anormal que l’ouverture ou la fermeture d’une maternité soit décidée par un fonctionnaire nommé par l’Etat, et non par la Région concernée. J’ai été conseiller régional d’Alsace durant 18 ans et ai pu mesurer les limites de la pseudo- régionalisation française. Pour donner un seul exemple, les Régions disposent du droit de financer et de construire des lycées, mais n’ont aucune autorité sur le contenu des programmes ni le choix des directeurs d’établissements. Quel intérêt y a-t-il de pouvoir choisir la couleur de la moquette ? Les régions devraient être maîtresses dans les domaines de l’identité régionale, de l’enseignement des langues régionales, de la politique d’aménagement du territoire, de développement économique, de préservation de l’environnement, etc…

 

Les Français envient beaucoup les Espagnols, les Italiens et les Allemands pour l’autonomie dont disposent leurs Régions.

 

Id - Y a-t-il contradiction entre la défense des identités alsacienne, française, européenne ?

 

R.S. : Etre Alsacien, Français et Européen, ce sont trois facettes qui ne sont absolument pas contradictoires de l’identité. Certains se sentent plus régionalistes, d’autres plus nationalistes, certains plus européens.  Nationalistes, régionalistes et partisans de l’Europe de la puissance sont destinés à combattre ensemble l’ennemi commun. Une seule condition : le respect de nos différences.

 

Id - Vous prônez l’axe Paris-Berlin-Moscou ?

 

R.S. : En tant que partisan de l’Europe de la puissance, je pense en effet que l’avenir de l’Europe passe par l’axe Paris-Berlin-Moscou. Sur les plans militaires et diplomatiques, l’Europe est une vassale des Etats-Unis. Il est indispensable que les pays européens quittent l’Otan pour construire une défense européenne partenaire de la Russie. L’Europe n’est en rien concernée par les conflits du Proche-Orient, de l’Afghanistan ou de l’Iran. Que je sache, les Iraniens, les Palestiniens et même les Talibans n’ont aucune responsabilité dans l’invasion que subit l’Europe. La guerre de libération doit être menée sur notre sol, pas en Afghanistan. Et puis, les soldats européens n’ont pas vocation à mourir ni pour Tel Aviv, ni pour Wall Street.

 

Id - Vous êtes un des fondateurs, aux côtés d’autres dirigeants de mouvements européens, de l’association Villes contre islamisation.

 

R.S. : Je suis très motivé à entretenir d’excellentes relations avec les mouvements européens frères : notamment les Flamands du Vlaams Belang, les Catalans de Plataforma Catalunya, les Autrichiens du Fpoe, les Italiens de la Lega Nord, les Allemands de Pro-Köln et bien sûr, les nationalistes espagnols représentés par mon ami Alberto Torresano dans toutes les manifestations de la Résistance en Europe. Cette collaboration des forces identitaires européennes est plus qu’importante. Elle est vitale. Seuls, nous sommes faibles. Unis, nous sommes forts.

 

Id - Un mot aux lecteurs d’Identidad.

 

R.S. : Je salue les valeureux combattants réunis autour de l’excellente revue Identidad et suis fier d’être un de vos camarades.

 

Site de la revue Identidad : cliquez ici

Blog de Robert Spieler : http://robert-spieler.hautetfort.com/

"Qu'ils s'en aillent tous!": un livre de J. L. Mélenchon

"Qu'ils s'en aillent tous !"

Un livre choc de J-L. Mélenchon

Ex: http://www.scriptoblog.com/

520033098.jpg« Qu’ils s’en aillent tous ! »

Rien qu’au titre, on se dit qu’on va avoir droit à un livre populiste.

Et, à la lecture, on se dit qu’on a en effet droit à un livre populiste.

D’ailleurs, Mélenchon l’assume, et même le revendique : il veut être populiste. Parce que, il l’avoue à mots à peine couverts, il pense qu’une vague populiste se prépare, et tant qu’à faire, il aimerait bien la chevaucher.

Voilà qui a le mérite de la clarté, et nous évitera une critique banale sur le thème « encore un politicien qui veut surfer sur le populisme ». Nous savons maintenant pourquoi « Méluche » a, jadis, suggéré l’interdiction du FN : c’est parce qu’il veut prendre la tête d’un front « de gauche », qui captera l’électorat populaire du FN.

A vrai dire, on s’en doutait.

Ce constat d’évidence évacué, ouvrons donc l’ouvrage, et faisons l’inventaire des thèses et propositions du sieur Mélenchon.

 

 

*

 

Thèse 1 : fondamentalement, ce dont crève la France, c’est de la répression exercée par les oligarchies sur les forces productives. Donc, l’objectif est de libérer les forces productives, en brisant le pouvoir des oligarchies.

Thèse 2 : il existe aujourd’hui des exemples de peuples qui ont récemment réussi à briser leurs oligarchies, ce sont les peuples sud-américains (Venezuela, Equateur…). C’est leur exemple qu’il faut suivre, en déclenchant une « révolution citoyenne », c'est-à-dire faite par les citoyens, dans le cadre d’une prise en main collective de son destin par le peuple, à travers une démocratie plus ou moins référendaire.

Thèse 3 : pour rendre possible cette « révolution citoyenne », il faut faire radicalement évoluer les institutions, au point de les refonder. Donc, il faut une nouvelle constitution (la VI° République). Et donc, il faut une assemblée constituante. Proposition : que cette assemblée soit en elle-même un renouvellement, et pour cela, que les députés actuels ne soient pas éligibles.

Thèse 4 : une fois les institutions politiques refondées, les autres institutions suivront. L’école redeviendra le lieu de formation des futurs citoyens (Mélenchon a le courage d’assumer le bilan désastreux de la « gauche », et n’hésite pas à parler de la casse de l’Education Nationale, pour le plus grand intérêt final des marchands d’éducation – il faut lui reconnaître ce point). Les médias seront pris en main par les citoyens, à travers des institutions permettant l’appropriation de la parole publique par le « public » lui-même, qui cessera donc d’être un « public » pour redevenir un corps civique (les détails de la réforme envisagée ne sont pas exposés, ce qui fait qu’on ne voit pas très bien en pratique en quoi cette solution diffèrerait radicalement d’une banale appropriation de l’outil médiatique par l’Etat).

Thèse 5 : une fois les institutions (politiques et autres) refondées, il sera possible d’enclencher une véritable révolution sociale.

Dans l’ensemble, le contenu de cette révolution sociale reste assez nébuleux.

Sur le diagnostic, Mélenchon dénonce le rôle des banques, mais son analyse n’est pas très approfondie. Il expose comment le partage de la valeur ajoutée se fait toujours davantage en faveur du capital, mais il n’explique pas comment cette évolution est contrainte par le système de mondialisation. On lui reconnaîtra en revanche un bon point : il ne manque pas la distinction entre le capital industriel productif (TPE et PME, en particulier) et le capital spéculatif totalement nomade et mondialisé (multinationales, grandes institutions financières).Il parvient à énoncer une position relativement claire sur la localisation exacte du front dans la présente lutte des classes. Sur ce point, il est beaucoup plus lucide que l’extrême gauche LO (ne parlons pas du NPA).

Sur le remède, on n’arrive pas vraiment à savoir si le projet économique est une relance par la consommation ou par l’investissement. Le titre du livre donne au fond à peu près tout le programme : « Qu’ils s’en aillent tous ! », c'est-à-dire, en matière économique, « que les patrons du CAC 40 et les économistes fous s’en aillent ». Il s’agit de proposer un nouveau partage de la valeur ajoutée à la faveur d’un renouvellement massif des élites économiques, mais on ne sait ni comment ce renouvellement se fera (ce n’est pas forcément le pouvoir politique français qui nomme les patrons du CAC 40, en l’état des choses en tout cas, puisque ces firmes ne sont souvent plus françaises  que de nom), ni pour mener quelle politique exactement. On peut supposer, au ton général de l’ouvrage, que les méthodes Chavez sont envisagées, mais on regrettera ici l’absence d’une réflexion sur la possibilité de transférer ces méthodes à un pays comme la France, dont l’industrie est fortement intégrée à la mondialisation, et dont le niveau de développement technologique et capitalistique est tout de même différent de celui du Venezuela.

Thèse 6 : pour que cette révolution sociale vive, il faut aussi, outre les institutions, changer les mentalités. Mélenchon prend par exemple le cas Anelka, et fait remarquer que ce personnage réfugié fiscal en Grande-Bretagne ne se pose pas la question de savoir comment a été financée sa formation (c'est-à-dire : par le contribuable français). Moins anecdotique, « Méluche » propose de briser totalement l’esprit d’irresponsabilité des classes dirigeantes (ah, l’ivresse des rémunérations en siècles de SMIC !) en adoptant une fiscalité confiscatoire pour les très hauts revenus.

Thèse 7 : l’ensemble de ces mesures n’est évidemment applicable que si la France « sort du traité de Lisbonne ». Sur ce plan, l’analyse de Mélenchon recoupe, il faut le reconnaître, à peu de choses près celle de la plupart des intervenants de ce site : l’Europe est, dit-il, une « gargouille », s’exprimant en globish, qui coûte à la France beaucoup plus que ce qu’elle lui rapporte. On notera au passage que Mélenchon parle des projets de marché transatlantique et en souligne (sans entrer dans les détails) la nocivité. C’est certainement la partie de l’ouvrage la plus intéressante, celle où Mélenchon devient authentiquement politique, puisqu’il désigne un ennemi (l’Europe de Bruxelles, telle qu’elle s’est faite concrètement), et propose clairement une stratégie de combat (frontale : il propose que la France réclame un « opt out » à la carte pour les règles communautaires, ce qui implique une revendication de souveraineté effective). Point positif : Mélenchon avoue avoir été fédéraliste « idiot utile », qui n’avait pas compris que l’UE était devenue le cheval de Troie des USA. Mais en revanche, autre point, qu’on pourra juger négatif : il maintient que le fédéralisme européen sera, un jour, dans un autre contexte, un projet à reprendre (on sera d’accord… ou pas !).

Thèse 8 : au-delà de la « sortie du traité de Lisbonne », la France doit entreprendre une politique internationale audacieuse, pour une véritable « planification écologique », seul moyen de sauver l’écosystème de l’humanité. Mélenchon prend ici une position très claire, n’hésitant pas à dénoncer « l’écologie business » qui voudrait nous vendre la poursuite des tendances actuelles (modes de production et de consommation anti-écologiques), en faisant porter le coût écologique de ces tendances sur les peuples et classes pauvres. A noter en particulier : sa prise de position en faveur d’une relocalisation générale des activités, pour un localisme qui permettrait de réduire le coût énergétique et écologique associé à l’explosion des flux du commerce international. Il en déduit qu’il faut mettre un terme au libre-échange (sans entrer dans le détail du protectionnisme à mettre en place).

Thèse 9 : enfin, pour rendre possible cette entreprise plutôt de bon sens, Mélenchon souligne qu’il faut se préparer à affronter le « risque américain » (c'est-à-dire l’usage de la force par l’Empire US confronté à son déclin dans l’économie). Il en déduit, en particulier, que la France ne doit pas accepter de désarmement nucléaire unilatéral, mais promouvoir un désarmement concerté entre les grandes puissances.

Par ailleurs, sur la question iranienne, il propose une dénucléarisation complète du Moyen Orient, Israël devant, lui aussi, renoncer à l’arme nucléaire.

 

*

 

Il n’y a sans doute pas de raison, pour la plupart des intervenants de ce site, de rejeter le « programme » proposé par « Méluche ». Fondamentalement, ce qu’il dit est logique, et, sous réserve d’inventaire, tout le monde devrait être à peu près d’accord, ici.

La critique, si critique il y a, ne pourra porter que sur les angles morts du discours. Le problème, ce n’est pas ce que dit Mélenchon, c’est ce qu’il ne dit pas.

Pas un mot sur la question de l’identité du corps des citoyens qui forme la France. C’est problématique : comment ne pas poser la question de ce qui unifie la Cité « France », aujourd’hui ? Et si cette question n’est pas traitée, comment définir ensuite le corps des citoyens ? Les islamistes wahhabites financés par les pétrodollars saoudiens, les binationaux (de papier ou de cœur) du CRIF, vont-ils tous, d’un même élan, passer outre les injonctions de leurs patrons respectifs (ou même pas respectifs…), pour se joindre au corps des citoyens qui feront cette révolution ? Sans tomber dans l’obsession anti-communautariste, on peut tout de même soulever la question, et s’étonner du silence de Mélenchon sur ce point. Un peu gêné aux entournures, « Méluche », peut-être ? Rappelons ici la blague qui circulait sur le cabinet Mélenchon, au temps où l’impétrant siégerait au gouvernement de Lionel Jospin : « C’est un cabinet très à gauche… du Jourdain ! »

Pas un mot non plus sur la nécessité de démanteler certains réseaux d’influence, qui pourtant ont une part de responsabilité dans le désastre. On aimerait bien, pourtant, qu’un ancien ministre de l’enseignement professionnel nous explique qui, au juste, a « cassé » l’Education Nationale. Le « qu’il s’en aille tous »  doit-il aussi s’appliquer à la sous-intelligentsia « de gauche », ou encore à la franc-maçonnerie (dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a été mêlée au processus de sélection de ces élites qui « doivent s’en aller ») ? Curieusement, « Méluche » n’a rien à dire là-dessus. Etonnant, non ?

Et enfin, et surtout, pas un mot sur le « front élargi » qui, seul, pourra réussir une « révolution citoyenne ».

A ce propos, on peut se poser la question suivante : imaginons que Marine Le Pen soit élue à la tête du FN en janvier 2011 (ce n’est pas certain, mais assez probable). Imaginons qu’elle inscrive dans son programme politique le retour à la souveraineté monétaire (abolition de la loi Pompidou) et la sortie du « traité de Lisbonne » (clause d’opt-out pour la France, valable sur toute directive européenne). Imaginons encore que ces orientations ne figurent pas dans le programme du Parti Socialiste (absurde si le candidat est DSK, hautement improbable si c’est Aubry). Et imaginons encore (tant qu’on y est), que le second tour oppose Marine Le Pen à Aubry (ou DSK, ou Royal, ou un PS quelconque). Ce n’est pas encore probable, mais c’est en tout cas possible, vu l’état de déliquescence de l’UMP.

Dans une telle configuration, pour qui « Méluche » appellerait-il à voter ?

Voilà la question qu’on voudrait lui poser. Ne serait-ce que pour vérifier si Mélenchon est un simple rabatteur du PS, ou, ce qui peut sembler improbable mais serait autrement plus intéressant, un pion pré-positionné par certains réseaux d’influence pour capter une réorientation politique globale de fond.

 

jeudi, 25 novembre 2010

Cercle Aristote: l'amitié franco-russe - passé, présent, avenir

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LE CERCLE ARISTOTE

vous invite à un colloque sur le thème


« L'amitié franco-russe: passé, présent, avenir »


La manifestation se déroulera à L’INSTITUT DE LA DÉMOCRATIE ET DE LA COOPÉRATION, 63 bis, rue de Varenne, 75007 PARIS

le 3 décembre 2010, de 10 h 00 à 19 h 00.


Programme:

10h – 10h30 : Pierre-Yves ROUGEYRON, président du Cercle :  Introduction. 

10h30 – 11h30 : Valérie HALLEREAU, universitaire : « La réception de l’œuvre d'Alexandre Soljenitsyne en France ».

11h30 – 12h30 : Viatcheslav AVIOUTSKIY, docteur en géopolitique: «La diarchie au sommet du pouvoir russe ». 

PAUSE DEJEUNER

13h30 – 14h30 : Xavier MOREAU, Courrier de Russie: «Histoire et géopolitique franco-russe ».

14h30 – 15h30 : Marc ROUSSET, ancien directeur général d’entreprise: « L'axe Paris-Berlin-Moscou ».

15h30 – 16h30 : Ekaterina NAROTCHNITSKAÏA, Directrice du Département 'Europe et Amérique' au sein de l’Institut de l’Information scientifique en Sciences Sociales, Académie Russe des Sciences, Moscou : «Politiques et perceptions franco-russes ».

16h30 – 17h30 : Romain BESSONNET, Cercle Aristote : « La russophobie dans les médias français ».

17h30 – 18h30 : David MASCRÉ, docteur en mathématiques et en philosophie : « L’actualité de l’alliance franco-russe ».

18h30 – 19h : John LAUGHLAND, Directeur des Etudes de l’IDC: Conclusion générale.


Inscription obligatoire.  Veuillez confirmer votre présence en écrivant à romain.bessonnet@sfr.fr

 

Entrevista com Guillaume Faye

Entrevista com Guillaume Faye

por François Delancourt
http://legio-victrix.blogspot.com/

warrior_girl.jpgJornalista, escritor, polemista, produtor de rádio, roteirista, Guillaume Faye foi um dos principais entusiastas da corrente conhecida como Nova Direita, movimento que abandonou em meados dos anos 80. Depois dirigiu a publicação mensal J'ai tout compris.

Na atualidade, enquanto continua sua carreira jornalística, analisa a situação e lança novos dardos ideológicos que correm o risco de acertar no alvo em todos os instantes.

- Français d'abord: Poderias dar-nos uma definição do "politicamente correto" e explicar como funciona?

- Guillaume Faye: O "politicamente correto" é, antes de nada, uma censura social do pensamento e da inguagem imposto nos Estados Unidos pelos meios liberais-radicais, os grupos feministas, homossexuais, e por certas minorias étnicas, com o fim de paralizar a expressão da direita republicana. Porém na França, o "politicamente correto", adquire um perfil mais severo que nos Estados Unidos, é uma velha história. Leva ao ostracismo aos que não seguem a linha e os discursos oficiais da ideologia hegemônica. Na universidade dos anos 60 e 70, o antimarxismo era politicamente incorreto e seus detratos diabolizados como "fascistas".

O "politicamente correto" é a condição sine qua non para ter acesso aos grandes meios de comunicação e não ser socialmente satanizado. É o "politicamente chip". Dizer "jovens rebeldes" ao invés de marroquinos amotinados. Falar de "incidentes" e não de saques. Evocar os "efeitos colaterais" das Forças Aéreas estadunidenses na Sérvia, porém evitar a todo custo o tema incorreto dos bombardeios dos bairros civis do norte de Belgrado. Dizer "fratura social", ao invés de pauperização e, acima de tudo, esforçar-se, se quer ser admitido para jantar no andar térreo da Casa Lipp, Boulevard Saint Germain, para deixar entender que detesta os "franchutes" (*gíria depreciativa para fazer referência aos franceses étnicos). Para ser politicamente correto, é necessário ser etnomasoquista, é indispensável.

- Qual é, então, o lugar dos que têm coisas para dizer e verdadeiras perguntas para fazer?

- Acima de tudo não é necessário que se auto-censurem e adociquem seus discursos. Para forçar a barreira do politicamente correto eu prego o pensamento radical; quer dizer, o pensamento verdadeiro e afirmativo, do qual falava Nietzsche em seu "Crepúsculo dos Ídolos". Frente ao sistema é necessário aparecer como um verdadeiro inimigo, e não como um falso amigo. Como escreveu Solzhenitsyn, somente sendo radical o discurso poderá desafiar a censura e alcançar o ouvido do povo.

- Por quê a extrema esquerda não representa uma alternativa?

- Porque suas idéias e seus homens, os do trotskismo internacionalista e cosmopolita, já estão no poder. Porque seu discurso social está obsoleto e centrado na imigração e na xenofobia, sem ter em conta a defesa e a proteção do verdadeiro povo francês.

- O que é que lhe permite afirmar que o livre-comércio cairá em breve?

- Minhas posições são as de Maurice Allais, prêmio Nobem de economia. O mundialismo livrecambista não é viável a médio prazo pois descuida das diferenças de fatores de produção entre as distintas zonas e suprime as regulações econômicas. É um semi-reboque com o motoristo adormecido. Agora bem, em uma auto-estrada, uma coisa é certa: sempre há uma curva em alguma parte.

Para ser breve, eu sou favorável à teoria da autarquia dos grandes espaços: um espaço europeu de economia de mercado, sem fiscalismo nem estatismo, porém operando contingentemente sobre as importações exteriores, sobre todos os fluxos, quer sejam financeiros, materiais ou humanos.

- Você pôs em evidência os perigos da ascenção do integrismo religioso, não crês que possa existir uma forma moderada de Islã?

- Não, o Islã laico e moderado não existe. O Islã é uma civilização teocrática em que a fé se confunde com a lei. Quando o Islã é majoritário sobre um território, os cristãos e os judeus passam a ter um status de inferioridade. O Islã não conhece nem a tolerância, nem a reciprocidade, nem a caridade para com o não-muçulmano, excluída a umma (comunidade dos crentes do Islã). A esse respeito a ingenuidade dos políticos e dos sacerdotes é anestesiante.

- Para você, a imigração não é uma invasão, mas sim uma colonização populacional. Não estamos diante de uma diferença puramente semântica?

- França, em sua história, sofreu invasões totais ou parciais por parte de alemães, ingleses, russos, etc. Ainda assim, continuou sendo ela mesma. Uma invasão tem caráter militar e a sorte das armas pode mudar. A imigração atual é uma colonização populacional, com frequência consciente e vivida como um revanche contra a civilização européia. Pretende-se ademais, definitiva. A colonização das maternidades, como assinalava o general Bibeard, é muito mais importante que a das fronteiras porosas.

- Regressemos, se quiseres, à política. Como explica os ataques que a Frente Nacional vem sofrendo desde quinze anos?

- Como dizia Jean Baudrillard em 1997, em Libération, se minha memória não me engana (o que serviu para ser satanizado pelo terrorismo intelectual de seus colegas), "a Frente Nacional é o único partido que faz política, ali onde outros fazem marketing eleitoral". Agora bem, o sistema detesta os que fazem política, e os que têm idéias ou projetos alternativos de sociedade. Por outro lado, a Frente Nacional parece-se a um médico que ousa dizer a seu paciente que este em câncer e que deveria ser operado. É sempre desagradável de ouvir e entender.

A acusação neutralizadora de "racismo" e "fascismo" (em outro momento lançada contra Raymond Aron, lá por 1968, porque não era nem stalinista, nem marxista) não é nem se quer postura séria para os que a proferem. São anátemas para-religiosos, excomunhões lançadas contra todo grupo constituído que conteste os dogmas oficiais da classe político-midiática-intelectual no poder.

- Se o entendo bem, os partidos do governo formariam uma sorte de partido único ao que poderíamos chamar também Frente republicana?

- Vivemos dentro de um regime totalitário ao estilo ocidental, mais sutil, porém aparentado com os regimes soviético ou iraniano. A maioria e a oposição oficiais não discutem mais do que pontos de doutrina secundários, porém seguem pertencendo à mesma ideologia, a única autorizada. Diferem um pouco sobre os meios, porém não sobre os fins. Dita "Frente republicana" (que na realidade usurpou escandalosamente este belo vocábulo romano de res publica, assim como o conceito grego de demokratia) inclui várias frentes. Sobre as opções gerais, estão todos de acordo. Na atualidade, e emprego para isso personagens de Hergé, o senhor Chirac se assemelha ao capitán Haddock, o comandante bêbado e sem poder à cargo do Karaboudjian que transporta o ópio, e o senhor Jospin ao teniente Allen, que é o verdadeiro chefe a bordo. Que chege logo Tintin!

- A Frente Nacional seria então a única novidade política depois de 50 anos...

- Isso são os historiadores do ano 2050 que dirão. Nós chegamos a um ponto em que, como tratei de explicar em meu ensaio L'archéofuturisme, vivemos uma convergência de catástrofes. Pela primeira vez desde a queda do Império Romano, nossa civilização está globalmente ameaçada (étnica, demográfica, cultural, ecológica, economicamente...). É o "caso de urgência", a Ernstfall da qual falava Carl Schmitt. Vivemos tempos e apostas mais cruciais, por exemplo, que a derrota de 1940. Trata-se de salvar um povo e uma civilização. Nesse sentido, a missão e a ambição de movimentos como este devem ser de ordem histórica mais do que política. Trata-se de "Grande Política" no sentido nietzscheano. Nesses tempos crepusculares, um movimento político não pode ter futuro se não se afirma como o único defensor de um projeto revolucionário, que se reivindica (como foi a genial tática de Charles de Gaulle em 1940) como o último recurso.

O essencial não está em ser uma "novidade política", o essencial é, em verdade, impôr-se como uma novidade "histórica".


Tradução por Raphael Machado

dimanche, 21 novembre 2010

Dictionnaire des injures littéraires

 

Dictionnaire des injures littéraires
Marc Laudelout
Nul doute que Pierre Chalmin s’est diverti à composer cet épais dictionnaire. Ce travail de Romain suppose des heures de lecture ainsi qu’une vaste culture littéraire — qualité dont l’auteur n’est pas dépourvu. Pas moins que du sens de l’humour. Ainsi se définit-il lui-même « dramatique auteur français » (!) et imagine-t-il un « Merlin Charpie » (anagramme de son nom) le traitant plus bas que terre. Certes, ce genre de recueil a déjà été édité. Citons celui de Sylvie Yvert qui a rencontré un certain écho ¹ et, plus récemment, L’Art de l’insulte joliment illustré par Yann Legendre ². Balayant largement les époques et les cultures, cette anthologie propose un réjouissant panorama de l’injure littéraire. Dont Céline n’est évidemment pas absent, avec l’inévitable philippique à Jean-Paul Sartre. Il s’y trouve – excusez du peu – en compagnie de Rimbaud, Baudelaire, Scarron, Rabelais, Molière, Apollinaire, Genet, Artaud, Bloy, Shakespeare, Aristophane, pour ne citer que les plus grands.
Mais ces deux livres supportent difficilement la comparaison avec l’imposant volume proposé par Pierre Chalmin : 700 pages agrémentées d’un précieux « index des insulteurs ». Céline y est cité plus de quarante fois. Comme ses saillies sont bien connues des lecteurs du Bulletin, je signalerai plutôt les insultes qu’à son tour il dût encaisser : de Jean Renoir qui voit en lui un « Gaudissart de l’antisémitisme » à Elias Canetti qui le traite de « paranoïaque » en passant par un certain Ferron qui le considère « menteur, mythomane et peut-être fou », la récolte est belle. Encore que je ne voie pas bien en quoi le commentaire de Marcel Aymé (brocardant gentiment son antisémitisme) et celui de Jünger (constatant qu’il n’eut pas le même destin que Brasillach) soient vraiment injurieux. Mais sans doute faut-il tenir compte d’un imperceptible second degré...
Un des attraits du livre est de mettre en valeur des ouvrages contenant des pépites, comme le Journal de Paul Morand et celui de Matthieu Galey. Ou les critiques d’Angelo Rinaldi – celles de L’Express – étincelantes de fiel ³. Ainsi, à propos de Hervé Bazin : « Une si scrupuleuse absence d’art, qui équivaut à fournir le moteur sans le capot, sans la carrosserie, voire sans la voiture, méritait à la longue d’être relevée. » Ou à propos de Roger Peyrefitte : « Un grand méchant loup pour revue de L’Alcazar, l’œil concupiscent sous les coiffes de dentelles, et fouillant de sa patte sénile la culotte du Chaperon rouge. »
Comme tout dictionnaire, ce n’est évidemment pas un ouvrage qu’on lit d’une traite. On le butine plutôt, happant ici et là des bonheurs d’écriture. Je l’ai déjà indiqué, les pointes de Céline reprises dans cette anthologie sont archi connues, à l’exception de celle sur Malraux : « Il me semblait splendidement doué et puis il a manqué de pudeur, d’autocritique et de véritable expérience, il s’est pris au sérieux. À présent il est devenu tout à fait putain. Je ne crois plus qu’il en sortira rien. Des vagues bafouillages orientaux et prétentieux et gratuits. » Prescience de Céline ! Il écrit cela en 1934 dans une lettre privée. Ce qui ne l’empêchera pas de saluer dans Bagatelles le Malraux qu’il estimait : celui des Conquérants parus dix ans plus tôt.
Dans sa préface, Chalmin n’a pas tort de relever un certain dépérissement du genre : « On insulte aujourd’hui en se taisant, conspirant les silences : c’est un progrès qui confine à l’imitation des anémones. » Céline, lui, n’a jamais pu se taire. Inconscience mais aussi bravade sans lesquelles il ne serait pas ce génie de l’invective qui lui valut et lui vaut encore tant d’opprobres.

Marc LAUDELOUT

• Pierre Chalmin, Dictionnaire des injures littéraires, l’Éditeur, 2010, 734 pages (29 €)

1. Sylvie Yvert, Ceci n’est pas de la littérature… Les forcenés de la critique passent à l’acte, Éditions du Rocher, 2008, 222 pages.
2. Elsa Delachair, L’Art de l’insulte. Une anthologie littéraire, Éditions Inculte, 2010, 208 pages
3. Son dernier livre, Dans un état critique (Éd. La Découverte) rassemble 120 chroniques parues entre 1998 et 2003.

 

samedi, 20 novembre 2010

Les discours de Louis-Ferdinand Céline sur la Grande Guerre

Les discours de Louis-Ferdinand Céline sur la Grande Guerre

par Charles-Louis Roseau

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 

Intéressé par la représentation de la Guerre de 14-18 dans l’œuvre de Céline, Charles-Louis Roseau a mené deux travaux universitaires sur ce sujet. Achevé en 2006, le premier traite du corps et de la Grande Guerre chez Céline et le peintre Allemand Otto Dix. Plus récemment, il a soutenu une étude [ à télécharger ici (clic droit puis "enregistrez la cible du lien sous")] portant sur les évolutions et les enjeux du discours célinien sur la Première Guerre mondiale entre 1912 et 1961. Il livre ici quelques pistes de réflexions.

Sur Internet, dans la rubrique culturelle des médias plus traditionnels, dans les manuels de littérature, Louis-Ferdinand Céline est bien souvent présenté, aux côtés de Barbusse, Cendrars, Dorgelès et bien d’autres, comme l’une des figures essentielles des écrivains combattants. Très en vogue depuis les années 1990, cette représentation du Céline soldat des tranchées n’est cependant pas totalement inédite. Au contraire, elle n’a jamais cessé de perdurer, depuis qu’en 1932, lors de la parution de Voyage au bout de la nuit, les journalistes et les lecteurs ont relevé la force du témoignage célinien sur la première conflagration mondiale. Dans les années 1960, par exemple, prié de donner ses impressions sur le romancier, Guy Mazeline, lauréat du prix Goncourt 1932, écrivait : « je me représente le Céline qui n’a jamais, au mental, été démobilisé, le Céline bleu horizon tout dépenaillé avec sa capote écornée comme un livre sale, ses bandes molletières qui godent à la manière de ces crayons, vous vous souvenez ? (1) »
Pourquoi se représenter Céline en soldat de la Grande Guerre alors que l’auteur a porté bien d’autres masques et occupé bien d’autres fonctions ? Pourquoi le décrire comme un témoin majeur alors que le récit de son expérience du front, trois mois de guerre de mouvement, ne tient essentiellement qu’à la centaine de pages qui ouvrent son premier roman ? Il est évidemment très délicat, voire impossible, d’estimer l’intensité des souffrances éprouvées par un soldat de 14-18. Il serait tout aussi maladroit de tenter d’évaluer le réalisme ou l’authenticité d’un témoignage sur la Grande Guerre. Néanmoins, dans le cas de Céline, on reste persuadé que c’est davantage l’investissement fictionnel du thème que l’expérience martiale qui contribua à forger la figure du témoin.
Le déséquilibre observé entre, d’une part, le passage éclair à dos de cheval dans une guerre encore indécise, et, d’autre part, le récit constant, dans les discours céliniens, littéraires ou périphériques, de l’expérience des combats, invite à réfléchir sur la naissance, la construction et la pérennisation du mythe du Céline soldat de 14-18. A l’origine, on trouve bien entendu la contamination permanente et réciproque, chère au romancier, du réel par la fiction. Il est effectivement surprenant de constater comment la légende de la blessure au bras et à la tête, formulée publiquement pour la première fois en 1932, évolue et s’étoffe par la suite dans les entretiens, dans les articles et dans les romans postérieurs de l’écrivain. De même, véritable leitmotiv de l’œuvre célinienne, l’épisode de l’engagement fait l’objet d’un réagencement constant que l’auteur réinvente dans chacun de ses discours publiques ou intimes. La propagation du mythe, quant à elle, met nécessairement en jeu un environnement communicationnel qui, dans le cas de Céline, s’avère polyphonique et terriblement complexe. Puisque fiction et réalité se trouvent mêlées en un unique et même discours, puisque les propos intimes du Docteur Destouches se voient souvent relayés et parfois publiés aux côtés d’énonciations publiques, il convient de mettre les choses au clair en considérant les différents éléments de l’environnement communicationnel dans lequel fut colportée la légende du Céline combattant.
Apparaissent alors les notions de destinateur, de destinataire, de message, d’objectif et de contexte. Ces dernières mettent en exergue combien le thème de la Grande Guerre évolua dans le discours célinien entre 1912, année de l’entrée à la caserne, et 1961, date de la mort de l’auteur. Revanchardes dans les années 1900, libertaires au moment de l’exil africain, antimilitaristes durant dans l’entre-deux-guerres, réactionnaires et cocardières sous l’occupation, paradoxalement patriotes et pacifistes dans les années 1950, les figures du récit martial célinien, parce qu’elles se conforment tant au contexte d’énonciation qu’aux attentes supposées des destinataires, sont terriblement mouvantes.
La mémoire de la Grande Guerre a ceci de particulier qu’elle a touché toutes les familles de France. En réveillant le souvenir 14-18, Céline était donc en mesure d’attirer l’intérêt de nombreux destinataires. Peut-être peut-on voir dans les variations du thème martial une tentative incessante d’unisson mémorielle avec le souvenir changeant de la Grande Guerre ? Et au-delà de cette volonté de conformité perpétuelle, ne pourrait-on pas mettre au jour un usage tactique et multiforme du souvenir de 14-18 susceptible de mener à bien des objectifs personnels ? Le récit célinien de la Grande Guerre serait alors à considérer comme la clé d’un succès littéraire initié dans les années 1930. En s’inspirant des romans de guerre nouvellement populaires, le romancier entendait conquérir un public large et s’assurer, ainsi qu’il l’avoua lui-même, popularité et recettes juteuses. De même, le recours constant, durant les différents procès Céline, aux souvenirs du combat, aux stigmates ou aux décorations, sembla fonctionner puisque c’est précisément parce qu’il était invalide de guerre que l’ancien combattant Destouches fut amnistié.
Le 20 août 1916, le jeune Destouches écrivait à ses parents : « je ne me connais encore que deux infirmités, une paralysie radiale qui m’a rapporté la médaille militaire – et une légère phobie inconstante qui ne m’a encore rien rapporté. » Il n’envisageait pas encore combien son passage au front pourrait lui rapporter…

Charles-Louis ROSEAU


1- Guy Mazeline, « Cher Bardamu mon concurrent », Céline, Paris, Éditions de l’Herne, 1963, 1965, 1972, réédition 2007, p. 179.


 

jeudi, 18 novembre 2010

Colloque "Localisme et identité, la réponse au mondialisme" - Paris, 4 déc. 2010

Colloque « Localisme et identité, la réponse au mondialisme ». Paris, 4 décembre

Organisateurs :
Associations alternatives, localistes, démocrates et identitaires (Coopérative Parisienne ; Ti Breizh, la maison Bretonne ; Académie pour la défense des êtres humains ; Projet Apache ; Parti des Français Progressistes ; Terres Arvernes ; Lien en Pays d’Oc ; Terroirs et Productions de France).

Programme :

9h00 : accueil
9h30 : ouverture des travaux, présentation de la journée.
9h45 : exposés
- Georges GOURDIN, communication et médias : les fêtes enracinées ou le cadeau planétaire jetable? L’exemple de Noël.
- Dominique LAMBERT, ingénieur en environnement, Londres : l’urbanisme, les transports et l’énergie au service de la relocalisation des activités humaines.
- Jacques DAUDON, enseignant retraité, maraicher bio : les conditions alimentaires et environnementales pour rétablir santé et bien être de notre population.
- Philippe MILLIAU, responsable de formation : l’alternative économique et fiscale du localisme face à l’ordre mondial et à la destruction de la terre.
11h00 pause
11h15 : table ronde avec les orateurs de la matinée et questions écrites de la salle. Animateur : Arnaud NAUDIN, journaliste.
- à quelle échelle pertinente peut on appliquer les préconisations et propositions des conférenciers ?
- crise mondiale, ou crise du système mondialiste ?
- du concret au quotidien, ou l’attente du  » grand soir » de la fin du mondialisme
- la relocalisation, une vision archaïque, ou futuriste ?
- questions écrites.
12h30 déjeuner

14h30 : exposés :
- Arnaud GOUILLON, ingénieur et responsable d’ONG : localisme, écologie, démocratie, actions humanitaires et valeurs humaines : la synthèse identitaire.
- Philippe CONRAD, historien : identité et devenir de la civilisation Européenne.
- Philippe PERCHIRIN, consultant et dirigeant de PME dans un cadre Européen : face à la régression totalitaire mondialiste, demain la démocratie directe.
- Isabelle LARAQUE, professeur de philosophie : de la cité Grecque au citoyen du monde, un chemin à l’envers.

16h00 pause
16h15 : table ronde avec les orateurs de l’après midi, et questions écrites de la salle. Animateur : Xavier DELAUNAY, journaliste.
- l’argent roi, une incompatibilité avec la démocratie…
- l’histoire de l’Europe est elle écrite ? Le monde peut il se passer de l’Europe?
- l’explosion démographique Africaine et musulmane : un danger pour l’équilibre du monde ?
- la démocratie directe et les libertés locales : inciter le citoyen à se prendre en charge
- questions écrites
17h45 : synthèse et conclusions.

Lieu : NOVOTEL Pont de Sèvres, 13 grande rue, 92 310 Sèvres
Date : Samedi 4 Décembre, de 9h à 18h
Prix d’entrée : 10 euros.
Repas de midi facultatif et UNIQUEMENT sur réservation : 30 E. Règlements auprès du service accueil du colloque, sur place.

Inscriptions à faire parvenir avant le 2 Décembre à :

Ti Breizh, milin coz, 29650 GUERLESQUIN
mail : milin.coz@gmail.com [1]
tel : 02 98 72 89 33 et 06 01 15 92 37


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[1] milin.coz@gmail.com: mailto:milin.coz@gmail.com

Pétain & De Gaulle: Two Figures of a Tragic Destiny

Pétain & De Gaulle:
Two Figures of a Tragic Destiny

Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

marechal_petain.jpgPétain, De Gaulle . . . Let us think for a moment about those personages from a far-off time.

First, what a astonishing destiny for Marshal Pétain! To have risen so high and fallen so low! In the long history of France, other great personages were admired, but surely none was loved more before being denigrated so much.

His misfortune was to inherit not only a defeat in which he played no part, but also a people, once great, that had fallen terribly low. Yet, he never gave up on his people.

General De Gaulle, whose destiny so often crossed his, did not nourish the same hopes or the same illusions: “I bluffed,” he confided to Georges Pompidou around 1950, “but the 1st army, they were Negroes and Africans [he meant to say “pied-noirs”]. The Leclerc division had 2,500 engaged in Paris. Actually, I saved face, but France did not follow. They collapsed! From the bottom of my heart, I tell you: all is lost. France is finished. I will have written the last page.” [1]

Even at his worst moments, Pétain could not have thought that.

He was born in 1856 to a peasant family in Picardy, under the reign of Napoleon III, before the automobile and electricity. Three times, he saw his fatherland invaded, in 1870, in 1914, and in 1940. The first time, he was a teenager, and his dream of revenge made him a soldier.

In 1914, he was 58 years old. His independence of mind had put the general’s stars out of reach. A mere colonel, he prepared to retire. The assassination of an Austrian archduke in Sarajevo and the conflagration of Europe decided otherwise. In the crucible, he was suddenly revealed. Four years later, he was that commander and chief of the victorious French Armies of 1918 and received the baton of Marshal of France. Of all the great leaders of this atrocious war, he was the only one loved by the soldiers. Unlike so many of his peers, he did not see his men as raw material. The victor of Verdun was one of the few who understood there is no point in winning if one’s own country is bled to death.

There are many explanations of the defeat of 1940, but for the old Marshal, one of the main causes was in the appalling bloodletting of 1914 to 1918. The holocaust of a million and half of young men had killed the energy of a whole people.

General-Charles-De-Gaulle.jpgThus the first priority was to keep these people as safe as possible from another slaughter. At the same time, Pétain hoped for a future renaissance through a “national revolution.” He has been attacked for that. Admittedly, all would be mortgaged by the Occupation. But really he had no choice. The “national revolution” was not premeditated. With all its ambiguities, it emerged spontaneously as a necessary remedy to the evils of the previous regime.

Today, in the safety and the comfort of a society at peace, it is easy to pass categorical judgments on the men of this that time. But those brutal, pitiless days could not be appeased by moral petitions. At every moment, they required decisions with cruel consequences that could lead to, as so often in times of war, to saving some lives by sacrificing others.

In Cangé, in the Council of Ministers, on June 13rd, 1940, having taken the full measure of the disaster, Marshal Pétain, his voice broken, outlined the policy he followed to the end, in 1944: “I declare that as far as I am concerned, outside of the government, if need be, I refuse to leave French soil. I will remain among the French people to share their sorrows and miseries.”

For those who did not assume the responsibility of government, it was permissible to take another side and symbolically raise the challenge of arms. And it is salubrious that some brave men made this choice. But what does that take away of the nobility to the sacrificial resolution of Marshal Pétain?

General De Gaulle’s adversaries try to minimize the scope and nobility of his own gesture, the call to open resistance. They point out that the Marshal’s former protégé had not jumped into the adventure without a parachute. They add that facing the Germans from London, behind a microphone, was less perilous than doing so in France in dramatic, unequal, daily interactions. Perhaps. But, parachute or not, the General’s choice to rebel was of rare audacity. The fruit of an unrestrained ambition, his detractors reply. Surely. But what can one accomplish without ambition?

This type of ambition, however, was lacking in Marshal Pétain. At the age of 84, with his record, he had nothing more to prove and everything to lose.

If our time were less intoxicated with petty politics and base resentments, we would have long ago celebrated the complementarity of two men who redeemed, each in his own fashion, that which is small, vile, and abject in our times.

Note:

1. Georges Pompidou, Pour rétablir une vérité (Paris: Flammarion, 1982), p. 128.

Source: Nouvelle Revue d’Histoire, no. 50, http://www.dominiquevenner.fr/#/edito-nrh-50-petain-de-ga...

dimanche, 14 novembre 2010

Les trotskystes rouge-bruns du MNR

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2002

 

Les trotskystes rouge-bruns du MNR

 

Edouard Rix

 

JNP.gifSeptembre 1938 : le congrès fondateur de la Quatrième Internationale, regroupant les partisans de Trotsky, se tient à Paris. En France, deux groupuscules trotskystes rivaux s’agitent : d’un côté le Parti communiste internationaliste (PCI) de Raymond Molinier et Pierre Franck, qui édite le journal La Commune, de l’autre, le Parti ouvrier internationaliste (POI) de Jean Rous et Yvan Craipeau, chacun privilégiant le travail d’infiltration au sein du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) de Marcel Pivert. Juin 1940 : la France est vaincue et occupée par les Allemands. Les Trotskystes hexagonaux sont totalement désorientés : la guerre n’a pas provoqué la révolution attendue, le pacte germano-soviétique a scellé l’alliance d’Hitler et de Staline, et la Quatrième Internationale s’est révélée inutile. C’est dans un tel contexte que certains, convaincus de la victoire durable de l'Allemagne nationale-socialiste, élaborent une sorte de «trotskysme rouge-brun».

Les militants regroupés autour de La Commune décident de poursuivre leur travail d’entrisme. Les partis «ouvriers» étant tous interdits, ils jettent leur dévolu sur les mouvements collaborationnistes et créent une fraction clandestine au sein du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat, qui incarne l’aile gauche de la collaboration et regroupe nombre d’anciens socialistes, notamment pivertistes. C’est ainsi que le frère de Raymond Molinier, Henri, présentera un rapport et prendra la parole dans un congrès du RNP. Autre taupe trotskyste, Roger Foirier, qui avait avant-guerre noyauté les jeunesses du PSOP au point de devenir membre de leur bureau fédéral de la Seine. Il réalisera, sous le pseudonyme de Roger Folk, les affiches des Jeunesses nationales populaires (JNP) pendant que sa femme, Mireille, donnera des cours de gymnastique aux jeunes filles du mouvement.

L’autre groupe trotskyste, le Parti ouvrier internationaliste, tente lui aussi de s’intégrer au paysage politique collaborationniste. En juillet 1940, ses membres créent le Mouvement national révolutionnaire (MNR), qui opte pour une stricte clandestinité, ses réunions se tenant sous le couvert d’une association des Amis de la Musique. Proche des thèses de Marcel Déat et des collaborateurs de gauche, le MNR édite deux journaux clandestins : La Révolution Française, puis Combat national-révolutionnaire. Dans son n°1 de septembre-octobre 1940, La Révolution Française, tout en s’affirmant «ni pro-Allemand, ni pro-Anglais, ni pro-Français», se déclare «partisan de la collaboration européenne avec l’Allemagne». Un slogan proclame d’ailleurs : «Collaborer ? Oui, mais pas sous la botte». Il est vrai que le MNR se rallie ouvertement aux orientations de l’Ordre nouveau européen voulu par les Allemands : «L’Etat et la nation doivent se défendre (...) contre les tentatives de domination occulte, qu’elles proviennent du judaïsme, de la maçonnerie ou du jésuitisme». Le n°1 de mars 1941 de Combat national-révolutionnaire précise que le MNR «souhaite un Etat fort, hiérarchisé, où la régulation entre les divers éléments de la population soit établie par des corporations». Outre son leader Jean Rous, qui a participé à la gauche du PSOP et à la direction du POI, l’on croise au MNR nombre de trotskystes. C’est le cas de Lucien Weitz, qui fut le principal animateur de la gauche révolutionnaire au sein de la SFIO socialiste, puis de l’aile gauche du PSOP, ou encore Fred Zeller, ancien proche de Trotsky et membre de la SFIO, futur grand-maître du Grand Orient de France. Ce dernier commentera son engagement au MNR dans son autobiographie Trois Points c’est tout, et, jouant de l’ambiguïté du groupe, insistera sur ses prises de position anti-allemandes.

L’expérience originale du MNR est totalement interrompue dès juin 1941 par les autorités allemandes qui ont introduit deux espions dans l’organisation. Jean Rous est condamné à six mois de prison, une peine mesurée pour l’époque. L’attaque de l’URSS par l’Allemagne, le 22 juin 1941 modifie radicalement la situation. La Commune cesse son entrisme au sein du RNP. La plupart des membres du MNR rallie la Résistance ou les partis de gauche, tandis qu’une poignée s’engage franchement dans la collaboration avec les Allemands.

Une page d’histoire à rappeler aux actuels boutiquiers trotskystes, Krivine, Laguiller et Lambert, qui font profession d’antifascisme.

Edouard Rix, Le Lansquenet, printemps 2002, n°15.

00:05 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, france, années 30, socialisme, trotskysme, révolution | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 13 novembre 2010

The Rebel: An Interview with Dominique Venner

dominique_venner.jpgThe Rebel:
An Interview with Dominique Venner

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Michael O’Meara

Czech translation based on this English translation: here

The noted French nationalist and historian speaks to the personal imperatives of white liberation.

Translator’s Note:

It’s a testament to the abysmal state of our culture that hardly one of Dominique Venner’s more than forty books have been translated into English. Venner is more than a gifted historian who has made major contributions to the most important chapters of modern, especially twentieth-century European history. He’s played a key role in both the development of the European New Right and the “Europeanization” of continental nationalism.

It is his “rebel heart” that explains his engagement in these great struggles, as well as his interests in the Russian Revolution, German fascism, French national socialism, the US Civil War, and the two world wars. The universe found in his works is one reminiscent of Ernst von Salomon’s Die Geächteten — one of the Homeric epics of our age.

The following interview is about the rebel. Unlike the racial conservatives dominant in US white nationalist ranks, European nationalism still bears traces of its revolutionary heritage — opposed as it is not merely to the alien, anti-national forces, but to the entire liberal modernist subversion, of which the United States has been the foremost exemplar.

Question: What is a rebel? Is one born a rebel, or just happens to become one? Are there different types of rebels?

Dominique Venner: It’s possible to be intellectually rebellious, an irritant to the herd, without actually being a rebel. Paul Morand [a diplomat and novelist noted for his anti-Semitism and collaborationism under Vichy] is a good example of this. In his youth, he was something of a free spirit blessed by fortune. His novels were favored with success. But there was nothing rebellious or even defiant in this. It was for having chosen the side of the National Revolution between 1940 and 1944, for persisting in his opposition to the postwar regime, and for feeling like an outsider that made him the rebellious figure we have come to know from his “Journals.”

Another, though different example of this type is Ernst Jünger. Despite being the author of an important rebel treatise on the Cold War, Jünger was never actually a rebel. A nationalist in a period of nationalism; an outsider, like much of polite society, during the Third Reich; linked to the July 20 conspirators, though on principle opposed to assassinating Hitler. Basically for ethical reasons. His itinerary on the margins of fashion made him an “anarch,” this figure he invented and of which after 1932 he was the perfect representative. The anarch is not a rebel. He’s a spectator whose perch is high above the mud below.

Just the opposite of Morand and Jünger, the Irish poet Patrick Pearse was an authentic rebel. He might even be described as a born rebel. When a child, he was drawn to Erin’s long history of rebellion. Later, he associated with the Gaelic Revival, which laid the basis of the armed insurrection. A founding member of the first IRA, he was the real leader of the Easter Uprising in Dublin in 1916. This was why he was shot. He died without knowing that his sacrifice would spur the triumph of his cause.

A fourth, again very different example is Alexander Solzhenitsyn. Until his arrest in 1945, he had been a loyal Soviet, having rarely questioned the system into which he was born and having dutifully done his duty during the war as a reserve officer in the Red Army. His arrest and then his subsequent discovery of the Gulag and the horrors that occurred after 1917, provoked a total reversal, forcing him to challenge a system which he once blindly accepted. This is when he became a rebel — not just against Communist, but capitalist society, both of which he saw as destructive of tradition and opposed to superior life forms.

The reasons that made Pearse a rebel were not the same that made Solzhenitsyn a rebel. It was the shock of certain events, followed by a heroic internal struggle, that made the latter a rebel. What they both have in common, what they discovered through different ways, was the utter incompatibility between their being and the world in which they were thrown. This is the first trait of the rebel. The second is the rejection of fatalism.

Q: What is the difference between rebellion, revolt, dissent, and resistance?

DV: Revolt is a spontaneous movement provoked by an injustice, an ignominy, or a scandal. Child of indignation, revolt is rarely sustained. Dissent, like heresy, is a breaking with a community, whether it be a political, social, religious, or intellectual community. Its motives are often circumstantial and don’t necessarily imply struggle. As to resistance, other than the mythic sense it acquired during the war, it signifies one’s opposition, even passive opposition, to a particular force or system, nothing more. To be a rebel is something else.

Q: What, then, is the essence of a rebel?

DV: A rebel revolts against whatever appears to him illegitimate, fraudulent, or sacrilegious. The rebel is his own law. This is what distinguishes him. His second distinguishing trait is his willingness to engage in struggle, even when there is no hope of success. If he fights a power, it is because he rejects its legitimacy, because he appeals to another legitimacy, to that of soul or spirit.

Q: What historical or literary models of the rebel would you offer?

DV: Sophocles’ Antigone comes first to mind. With her, we enter a space of sacred legitimacy. She is a rebel out of loyalty. She defies Creon’s decrees because of her respect for tradition and the divine law (to bury the dead), which Creon violates. It didn’t mater that Creon had his reasons; their price was sacrilege. Antigone saw herself as justified in her rebellion.

It’s difficult to choose among the many other examples. . . . During the War of Secession, the Yankees designated their Confederate adversaries as rebels: “rebs.” This was good propaganda, but it wasn’t true. The American Constitution implicitly recognized the right of member states to secede. Constitutional forms had been much respected in the South. Robert E. Lee never saw himself as a rebel. After his surrender in April 1865, he sought to reconcile North and South. At this moment, though, the true rebels emerged, those who continued the struggle against the Northern army of occupation and its collaborators.

Certain of these rebels succumbed to banditry, like Jesse James. Others transmitted to their children a tradition that has had a great literary posterity. In The Unvanquished, one of William Faulkner’s most beautiful novels, there is, for example a fascinating portrait of a young Confederate sympathizer, Drusilla, who never doubted the justice of the South’s cause or the illegitimacy of the victors.

Q: How can one be a rebel today?

DV: How can one not! To exist is to defy all that threatens you. To be a rebel is not to accumulate a library of subversive books or to dream of fantastic conspiracies or of taking to the hills. It is to make yourself your own law. To find in yourself what counts. To make sure that you’re never “cured” of your youth. To prefer to put everyone up against the wall rather than to remain supine. To pillage whatever can be converted to your law, without concern for appearance.

By contrast, I would never dream of questioning the futility of seemingly lost struggles. Think of Patrick Pearse. I’ve also spoken of Solzhenitsyn, who personifies the magic sword of which Jünger speaks, “the magic sword that makes tyrants tremble.” In this Solzhenitsyn is unique and inimitable. But he owed this power to someone who was less great than himself. That should give us cause to reflect. In The Gulag Archipelago, he tells the story of his “revelation.”

In 1945, he was in a cell at Boutyrki Prison in Moscow, along with a dozen other prisoners, whose faces were emaciated and whose bodies broken. One of the prisoners, though, was different. He was an old White Guard colonel, Constantin Iassevitch. He had been imprisoned for his role in the Civil War. Solzhenitsyn says the colonel never spoke of his past, but in every facet of his being it was obvious that the struggle had never ended for him. Despite the chaos that reigned in the spirits of the other prisoners, he retained a clear, decisive view of the world around him. This disposition gave his body a presence, a flexibility, an energy that defied its years. He washed himself in freezing cold water each morning, while the other prisoners grew foul in their filth and lament.

A year later, after being transferred to another Moscow prison, Solzhenitsyn learned that the colonel had been executed.

“He had seen through the prison walls with eyes that remained perpetually young. . . . This indomitable loyalty to the cause he had fought had given him a very uncommon power.”

In thinking of this episode, I tell myself that we can never be another Solzhenitsyn, but it’s within the reach of each of us to emulate the old White colonel.

French Original: “Aujourd’hui, comment ne pas être rebelle?

vendredi, 12 novembre 2010

Immigration: de la dénonciation à l'acceptation

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IMMIGRATION: DE LA DÉNONCIATION À L’ACCEPTATION 

 « Ce que je vois autour de moi, ce sont des musulmans intégrés à la vie sociale » vient de déclarer un Jean-Marie Le Pen très assimilationniste dans les colonnes de Flash. Comment l’ affirmation identitaire, cœur nucléaire de la doctrine frontiste pendant trois décennies, a-t-elle subi un tel Tchernobyl idéologique ?

 

Le premier mouvement nationaliste à dénoncer les risques d’une immigration extra-européenne non contrôlée est incontestablement Europe-Action. Dès le milieu des années soixante, la revue de Dominique Venner voit se profiler à l’horizon le spectre d’une immigration-invasion : « Ne voient-ils pas que la doctrine de la porte ouverte aboutira, si elle triomphe, à recouvrir la Touraine et la Toscane, le Sussex et la Thuringe, le Vermont et la Crimée, d’une croûte hideuse de paillotes, de gourbis et de cagnas ?(…) Pensent-ils que le mot « France » pourrait recouvrir légitimement la France d’aujourd’hui et un hexagone sur le terrain duquel camperaient vingt millions de Maghrébins et vingt millions de Négro-Africains ? » (1).

 

 Le n°1 des Cahiers d’Europe-Action, « Sous-développés, sous-capables », qui paraît en mai 1964, est entièrement consacré au « fardeau » représenté par les « peuples de couleur » et à la menace que ces derniers font peser sur l’Europe depuis la décolonisation. Le texte de présentation est on ne peut plus explicite : « D’ici 1990, la population mondiale aura doublé. Mais les peuples blancs, qui représentaient un tiers de la population mondiale au XIXe siècle, et en représente un quart aujourd’hui, n’en formeront plus qu’un sixième dans vingt ans. La Chine, a elle seule, « accouche » d’une France tous les trois ans et d’une URSS tous les seize ans. Au danger d’une telle pression démographique, aggravée par le déchaînement d’un racisme anti-blanc, s’ajoute celui de l’invasion lente des territoires européens par des populations allogènes. La France voit arriver chaque jour, un millier de Nord-Africains et mille Noirs chaque mois. L’Angleterre compte près d’un million d’habitants de couleur. La criminalité et l’insécurité augmentent ainsi que les maladies les plus percinieuses (2) ».

 

Inlassablement, tout au long de son existence, le mouvement mènera une campagne « Stop à l’invasion algérienne en France », ce qui le rapprochera du journaliste François Brigneau, dont les éditoriaux dans Minute évoquent souvent ce problème. C’est ainsi que le n°22, d’octobre 1964, d’Europe-Action proclame en une « Ils seront bientôt un million » (3). Dans un des derniers numéros de février 1966, Dominique Venner écrit : « En France, l’immigration importante d’éléments de couleur pose un grave problème ».

 

 

HALTE A L’IMMIGRATION SAUVAGE !

 

Il faut attendre 1973 pour que l’actualité confère au thème de l’immigration une acuité subite. Le roman de Jean Raspail, Le Camp des Saints, est un succès de librairie. Son sujet : « La fin du monde blanc, sous l’invasion des millions et des millions d’hommes affamés, « sous-développés », qui constituent les trois quart de l’humanité ». Au printemps, des grèves-bouchons, menées par des manœuvres africains, paralysent la régie Renault.

 

 C’est dans ce contexte que pour relancer Ordre nouveau, la direction du mouvement décide, lors de son 3ème congrès, de mener une campagne contre l’immigration sauvage. Une motion de la commission politique énonce : « L’immigration sauvage incontrôlée menace notre substrat culturel et notre civilisation… Le front autogestionnaire CFDT-PSU et PS travaille à remettre des industries d’intérêt national à des bandes d’analphabètes… ». Lorsqu’il dirigeait la propagande d’ON, François Duprat avait toujours refusé une telle campagne, arguant qu’elle ne pouvait que susciter une démagogie anti-arabe susceptible de réveiller le tropisme pro-sioniste de l’extrême-droite française. Jean-Gilles Malliarakis partageait le même point de vue. Mais Duprat n’est plus membre de la direction et Mallia s’est éloigné d’ON.

 

 On peut lire, dans l’éditorial du numéro de juin 1973 de Pour un ordre Nouveau : « Quelque chose vient de se passer dans la conscience française. Il s’agit pour nous maintenant de transformer cette petite étincelle en flamme, d’expliquer pourquoi l’immigration clandestine, l’immigration sauvage est tolérée et même organisée, de dire tout haut qui exploite cette masse, et qui s’en sert. Qui d’autre que nous pouvait, enfin, dénoncer le scandale permanent que constitue l’importation massive de ce sous-prolétariat, masse de manœuvre des gauchistes et armée de réserve du capital ? Les risques existent. Ils sont même considérables. Mais ils méritent d’être pris » (4).

 

 Dans cette campagne, ON privilégie les arguments économiques. Le texte de la pétition lancée par le mouvement ne demande même pas l’arrêt de l’immigration, mais seulement « l’installation aux frontières d’un triple contrôle judiciaire, sanitaire et de qualification professionnelle ». Le 21 juin, soir de solstice, ON tient à la mutualité un meeting contre l’immigration sauvage, devant 700 à 800 participants. L’extrême-gauche tente d’empêcher sa tenue, affrontant violemment les forces de l’ordre dans la rue.

 

 François Duprat commentera en termes sévères cet épisode : « Il est certain que la présence de nombreux étrangers, surtout d’origine nord-africaine, est mal vue par beaucoup de français, en particulier dans les quartiers populaires des grandes villes (…) Mais ce mécontentement ne se concrétise pas en attitude politique ». En effet, « traumatisés par l’accusation de racisme (et de tout ce que le mot signifie après des dizaines d’années de campagne antiraciste), les sympathisants potentiels, apolitiques ou non-membres de l’opposition nationale, se gardent bien de tout soutien, même le plus modeste ». Conclusion : « Il était politiquement erroné de croire développer un mouvement en menant campagne sur ce thème » (5).

 

UN MILLION DE CHOMEURS, C’EST UN MILLION D’IMMIGRÉS DE TROP

 

Jean-Marie Le Pen n’approuvait pas la campagne d’ON et s’est bien gardé de participer au meeting controversé. Toutefois, candidat à l’élection présidentielle, il dénonce le 29 avril 1974, dans le cadre de la campagne officielle sur les ondes de l’ORTF, « la situation créée par la forte pression que l’immigration étrangère fait peser sur les travailleurs manuels pour le maintien au plus bas prix de leur rémunération ».

 

 En 1975, la revue Militant, dont les animateurs appartiennent alors au Front national, aborde le sujet : « Délinquance, criminalité, tensions sociales, terrorismes, subversion, guerre civile, agression militaire, pressions politiques, tels sont les apports réels ou potentiels de la présence des immigrés sur le sol français ». Et, dans la perspective des élections législatives de mars 1978, le président du FN commence à hausser le ton : « Toute immigration nouvelle doit être interdite. Si l’on n’y prend garde, la France sera bientôt débordée par l’afflux d’étrangers. Ce débordement s’effectue selon une loi quasi-météorologique de hautes pressions démographiques se déversant sur cette zone de basses pressions que sont l’Europe et le monde blanc. Je mets au défi le gouvernement de dire, à un million près, combien il y a d’immigrés en France. Pour ma part, j’estime qu’il y en a 6 à 7 millions ».

 

 Si la première affiche « un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ! » ne sera imprimée qu’un an plus tard, le slogan, signé Duprat, apparaît lors des législatives de 1978 dans des tracts diffusés par l’équipe de Militant. Duprat explique alors à ses amis : « La lutte contre l’immigration va devenir un thème de plus en plus brûlant. Il n’a pas encore payé parce qu’on l’a décliné dans une logique ethnique. Les gens sont contre l’immigration, mais pour l’instant ils ne se sentent pas directement concernés. Ce n’est pas encore une motivation de vote. En revanche, avec la montée du chômage, ça va le devenir : l’immigration sera ressentie et comme une gêne, et comme un fauteur d’insécurité économique » (6).

 

 Tous ne partagent pas cette opinion à la droite de la droite. Ainsi Jean-Gilles Malliarakis, délégué général du MNR : « Les campagnes contre les immigrés sont dégueulasses. L’immigration n’est pas la cause du chômage. Je ne souhaite pas la France algérienne, d’accord. Mais qui la souhaite ? Cela dit, l’Algérien qui travaille en France n’est pas mon ennemi»(7). De même, Pascal Gauchon du Parti des forces nouvelles, grand concurrent du FN dans les années soixante-dix, se veut plus modéré : « Notre approche de l’immigration n’est pas celle de M. Le Pen. Nous ne disons pas, nous, qu’un million d’immigrés, c’est un million de chômeurs. Peut-être est-ce effectivement sept cent mille chômeurs et faut-il réduire les déséquilibres de l’immigration » (8). Position intenable lorsque le FN explose électoralement.

 

C’est pourquoi, faisant de la surenchère sur lui, un « collectif » du PFN réclame, en mars 1984, le renvoi des immigrés de la 2ème génération (9). Peine perdue : le discours anti-immigrationniste assurera le succès électoral du FN et de son président pendant de longues années.

 

LE TEMPS DES RENIEMENTS

 

Dans un entretien publié en juillet 1992 par Les Dossiers de l’histoire, Alain de Benoist précise : « Les thèses du Front national, personnellement, me soulèvent le cœur (…) Tout d’abord, concernant l’immigration, parce que la logique du bouc émissaire m’est insupportable » (10). Qu’il est loin le temps ou le jeune de Benoist, sous le pseudonyme de Fabrice Laroche, s’exclamait dans Europe-Action, « le réalisme biologique est le meilleur outil contre les chimères idéalistes » (11).

 

 Chimères auxquelles l’ayatollah de la Nouvelle droite va succomber, trente ans plus tard, en se faisant le chantre du communautarisme et du multiculturalisme. En mars 1998, la revue Eléments publie un dossier central sur le « défi multiculturel », avec en couverture une femme arabe voilée. L’éditorialiste, de Benoist himself, prône le communautarisme, porteur d’un « pluralisme des identités », et le multiculturalisme qui offre « la possibilité à ceux qui le souhaitent de ne pas devoir payer leur intégration sociale de l’oubli de leur racines » (12).

 

 Dans le même numéro, Charles Champetier consacre un long article à la question, écrivant : « Dans une société pluri-ethnique les cultures ne doivent pas seulement être tolérées dans la sphère privée, mais reconnues dans la sphère publique, notamment sous la forme de « droits collectifs » spécifiques aux minorités ». Après avoir qualifié de fantasmes « la menace de l’ « invasion » organisée par l’ « anti-France », de l’ « islamisation » fomentée par les « intégristes » et de la « guerre ethnique » dans les banlieues », Champetier, fataliste, note « le caractère définitif de l’immigration de peuplement », excluant tout retour au pays des immigrés. « On ne sait au juste, écrit-il, ce que le Front national entend faire des immigrés qui ont acquis la nationalité française depuis deux, voire trois générations » (13).

 

 1998, c’est aussi l’année de l’éclatement du Front national et des premiers signes d’atermoiement du parti sur la question de l’immigration. Le novembre 1998, Christian Baeckeroot, membre du bureau politique, accuse : « C’est autour de Mégret qu’il y a le plus de substrats intellectuels du racisme » (14). Antienne reprise, le lendemain de l’explosif conseil national du 5 décembre 1998, par un Jean-Marie Le Pen dénonçant à la radio « une minorité extrémiste et raciste » (15). Cette dénonciation de l’Autre « raciste » s’accompagne rapidement d’un aggiornamento en matière d’immigration. Le 3 juin 1999 Samuel Maréchal, gendre de Le Pen explique : « On a évolué dans notre approche de l’immigration et sur le fait que la France, aujourd’hui, est multiconfessionnelle » (16). En juillet, c’est au tour de Pierre Milloz, membre du bureau politique du FN, de préciser dans Français d’abord : « Il est évident qu’obtenir le retour de la totalité de ces immigrés est hors de nos possibilités » (17). Le congrès d’avril 2000 ne pourra qu’en prendre acte, ainsi que s’en délectera Le Monde : « Soutenue par Farid Smahi, Conseiller régional d’Ile-de-France, la motion sur l’immigration omettait de mentionner le retour des immigrés dans leur pays d’origine » (18). Lequel Smahi, fils d’un Algérien du FLN, sera nommé en récompense au bureau politique par Le Pen…

 

 Le reniement sera total à l’occasion de la campagne présidentielle de 2007. Fidèle à la stratégie de « dédiabolisation » initiée par Marine Le Pen et son conseiller marxiste Alain Soral, qui s’est concrétisée par une affiche utilisant une beurette, Jean-Marie Le Pen commet l’infamie de prononcer le discours d’Argenteuil : « Vous êtes les branches de l’arbre France. Il n’y a pas de beuritude, pour moi vous n’êtes ni des potes, ni des blacks, ni des beurs, vous êtes des citoyens français, vous êtes des Français à part entière. Vous avez les mêmes droits et devoirs que nous ». Cinquante ans plus tôt, le même Le Pen déclarait à l’Assemblée nationale : « Les Algériens seront la partie dynamique et le sang jeune d’une nation française dans laquelle nous les aurons intégrés(…) Dans la religion musulmane rien ne s’oppose du point de vue moral à faire d’un croyant musulman un citoyen français complet » (19). Vous avez dit retour aux sources ?

                                                          

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, hiver 2010, n°34, pp. 46-48.

 

 

NOTES :

(1) Europe-Action, juin 1964, pp. 17-18.

(2) Pierre d’Arribière, François d’Orcival, Henri Prieur et Dominique Venner, Sous-développés, sous capables, Edition Saint Just, Cahiers d’Europe-Action, mai 1964, n°1, 109 p.

(3) Dans ce même numéro, un dessin de Coral représente un Arabe effrayant coiffé d’un fez, la légende proclamant en grosses lettres : « On recherche Mohamed Ben Zobi, né en Algérie, résidant en France. Cet homme est dangereux ! Susceptible de : Tuer ! Violer ! Voler ! Piller etc. etc. etc. etc. Pour le trouver, inutile d’aller très loin… autour de vous, il y en a 700 000 comme lui ! ».

(4) Pour un Ordre Nouveau, juin 1973, n°20.

(5) François Duprat, La droite nationale en France de 1971 à 1975, L’Homme Libre, 2002, pp. 63-64.

(6) Gilles Bresson, Christian Lionet, Le Pen, Le Seuil, 1994, p. 382.

(7) Jean-Marc Théolleyre, Les néo-nazis, Messidor, 1982, p. 56.

(8) Ibid, p. 63.

(9) « Renvoi, contrairement à M. Le Pen, des immigrés de la deuxième génération dans lesquels se trouvent les éléments les plus criminogènes du pays ».

(10) Les Dossiers de l’histoire, juillet 1992, n°82, pp. 149-150.

(11) Europe-Action, décembre 1965, n°36, p. 9.

(12) Eléments, mars 1998, n°91.

(13) Ibid.

(14) Le Figaro, 6 novembre 1998.

(15) Grand Jury RTL, 6 décembre 1998.

(16) Ouest-France, 3 juin 1999.

(17) Français d’abord, juillet 1999.

(18) Le Monde, 3 mai 2000.

(19) Journal Officiel, 29 janvier 1958.

dimanche, 07 novembre 2010

Le capitalisme, c'est la guerre!

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XV° Table Ronde de Terre et Peuple : Demain la Révolution ?

Intervention de Roberto Fiorini

Villepreux, le 24 octobre 2010

Le Capitalisme c'est la Guerre !

Mes chers camarades, bonjour.

Mon intervention portera sur des aspects sociaux et économiques de notre société, pour vous montrer combien la situation est tendue. Si on regarde au delà des apparences, on verra que la situation est éminemment révolutionnaire.

Nous devons prendre garde, en nous focalisant sur l'immigration, de ne pas oublier le terrain économique, en nous coupant, du coup, de certaines réalités, Car l’immigration que nous vivons, nous a été imposée par les marchands ; il ne faut pas l’oublier. Tout ce que nous subissons découle de ce point de départ…

Nous portons au quotidien un regard très critique, sur la désinformation qui règne au sujet de l’immigration. Il nous faut porter le même regard critique sur les aspects sociaux et  économiques que nous présente le pouvoir !

L’information qu’on nous donne, est orientée, instrumentalisée. Et c’est pour cela, qu’en tant qu’identitaires, nous devons absolument sortir du clivage factice, qui structure le monde actuel : nous ne sommes ni de Droite, ni de Gauche. Car Droite et Gauche instaurent durablement la division de notre communauté.

Nous avons hérité d’un monde qui est artificiellement divisé en deux camps opposés. La fracture nous a été imposée par la dictature économique. La primauté du tout économique, a imposé la lutte des classes à la communauté du travail, et a ainsi durablement divisés travailleurs, et entrepreneurs. Nous sommes identitaires par ce que le droit du Sang est pour nous essentiel, et par ce qu’il est essentiel nous devons être solidaires !

Certains, à l'extrême-droite, sont tombés dans les filets du piège médiatique, et regardent l’actualité avec l’œil des Libéraux. Nous savons rester lucides, et nous ne tombons pas dans le piège qui nous est tendu. Nous n’avons pas vocation à servir la soupe aux élites décadentes, contrairement à ce qu’on remarque partout en Europe ! Car dans certains pays Européens, des mouvements d’extrême droite, font de bons scores électoraux. Bien sûr, et c’est indéniable, ils sont portés par le mécontentement populaire, lié à la déferlante migratoire ; mais, dans leurs programmes économiques, ils restent fidèles au modèle Libéral. Dans ce contexte, posons nous cette question, demandons-nous si ces mouvements, ne servent pas uniquement à canaliser le mécontentement populaire, sans jamais remettre en cause l’essentiel, à savoir ce qui créé cette immigration ?

Notre mission historique, nous devons nous en souvenir, c’est de Libérer l’Europe, mais aussi de couper les autres liens qui nous enchainent et qui ont été tissés par le Libéralisme.

Je vais donc essayer de vous montrer qu’en empruntant le terrain social, nous pourrions ouvrir une autre voie, et conquérir d’autres âmes.

Le combat que nous devons impérativement engager n’est pas simple ; il est des plus difficiles même, car nous avons à combattre une pensée unique qui s’est transformée en religion officielle non négociable : cette religion mondialisée interdit l’échange des idées ; le débat n’y est pas permis ! On dirait même que nous sommes arrivés à la fin de l’histoire. On dirait  que c’est le meilleur modèle possible qui s’est imposé. Plus rien n’est négociable, face à ce diktat économique. Ceux qui tentent de s’y opposer sont considérés comme des hérétiques, et sont jugés comme tels par les tribunaux de la nouvelle Inquisition.

Mais le modèle qui s’est imposé, est un modèle qui ne peut vivre qu’en opposition à quelque chose : pour que ce Dieu là existe, on doit lui opposer un Satan ! Problème pour la Démocratie, on ne discute pas avec Satan, alors la Démocratie tourne à la Dictature ! Et nous le savons bien, nous qui sommes muselés en permanence par les lois Liberticides !

Ce jeu mondialisé, ce Monopoly planétaire exige l’uniformité : et le meilleur moyen pour que la loi soit unique, c’est de la faire s’imposer, de façon identique et supranationale, à tous.

Certains y travaillent depuis longtemps. Le FMI, l’OMC, la Banque Mondiale, et plus récemment l’Union Européenne servent à cela : empêcher que d’autres règles « économiques » divergentes, viennent semer la discorde dans le commerce mondialisé.

Il n’est donc pas étonnant que le capitalisme ait déclaré la guerre aux modèles collectivistes, et avant eux aux modèles dirigistes. Il ne doit pas y avoir de modèle différencié, pour ne pas inciter les éventuels compétiteurs, à choisir un modèle économique plutôt qu’un autre : une seule paroisse doit indiquer le chemin à suivre.

Adam Smith inventait en son temps, le concept de la main invisible du marché qui régule tout. Une idée Géniale qui permit d’imposer ainsi la religion du laisser faire économique. Dérégulation, suppression des barrières aux échanges, suppression des lois inutiles, seul le marché commande… Comme le rappelaient Thatcher et Reagan : « pour le néo libéralisme, le problème, c’est l’état » ! Sous entendu SURTOUT, pas de lois pour entraver le Libre échangisme Mondialisé !

Depuis les accords du GATT ont été remplacés par ceux de l’OMC, et le néo libéralisme s’est imposé partout, en asservissant les peuples, et en tuant à petit feu la planète et ses diversités!

L’OMC et les technocrates corrompus de Bruxelles,  ont imposé à nos pays, les règles déloyales de la compétition économiques.  Faut-il rappeler que 80 % de nos lois nous sont imposées par l’Union européenne ! Et si nous avons souvent le sentiment que ces lois sont idiotes et contraires à nos intérêts, et bien c’est normal, elles ne servent pas nos intérêts. Elles servent ceux du marché unique européen, qui est sommé d’entrer dans le jeu de la mondialisation…

Victime de cette mondialisation, le peuple Européen, confiant dans ses élites dirigeantes, se soumet aux lois du marché libre échangiste.

L’idée générale de la mondialisation des échanges, c’était de permettre à d’autres zones géographiques de se développer : et bien bonne nouvelle, c’est chose faite : l’Asie se développe, l’Amérique du Sud aussi : seule l’Afrique en est incapable à cause de la corruption qui ronge ce continent. Si les Africains coupaient les bonnes têtes, et viraient les exploiteurs, alors ce continent n’aurait plus à exporter sa jeunesse affamée sur notre continent !

Voilà donc l’objectif de l’OMC : ouvrez vos frontières, faites sauter toutes les protections aux échanges, et mettez vos travailleurs en compétition avec d’autres travailleurs. Pour être très précis, nous sommes mis en compétions avec au bas mot, 3 milliards de personnes, dont les couts salariaux sont de 10 à 30 fois moins élevés que les nôtres ! Voilà ce que nous impose l’OMC, une concurrence déloyale, à laquelle il faut se plier religieusement !

Ce crédo économique  nous a imposé des lois qui pèsent lourdement sur nos économies. Après l’industrie, Bolkenstein nous a rappelé que les métiers des services étaient aussi visés ! Depuis 1980, l’industrie française a perdu 40 % de ses effectifs ! Et sur ces 40 % d’emplois perdus, six emplois sur dix  ont été détruits par la mondialisation.

L’acceptation de ces règles, a permis aux entreprises qui le souhaitaient, de délocaliser leur outil de production, dans ces pays. Des pays où l’on ne se syndique pas, des pays ou les contraintes réglementaires, imposées par les luttes sociales, et ensuite garanties par l’état, n’existent pas et permettent de faire travailler beaucoup de monde pour pas cher.

On pourra prendre en exemple la Chine, ce paradis rêvé du Capitalisme Productif, qui a imposé la dictature économique à son peuple ! Car la dictature économique, qu’elle soit imposée par l’état prolétarien, ou par la finance mondiale, reste la dictature économique : tous deux enfants d’une même maladie !

Mais le comble de ce système économique, c’est que ces pays accumulent les devises que nous leur fournissons. Et avec ces devises accumulées, ils nous prêtent ensuite de l’argent, ou même pire encore, ils rachètent nos entreprises… On marche sur la tête  !!!

On marche sur la tête, et nous avons oublié de le rappeler aux travailleurs européens !

Ce que nous voulons nous c’est un système, appelons-le économie organique, ou l’économie est soumise aux intérêts de la communauté toute entière, et pas uniquement pour quelques privilégiés. Nous voulons un système qui préserve les identités et qui soit solidaire. Un système, ou le politique doit diriger l’économie et pas le contraire.

Vous vous demandez parfois pourquoi on n’arrive pas à résorber le chômage ? C’est une question que des générations de politiciens se sont posées, et que les ouvriers se posent encore ? La réponse est apparue évidente avec la crise de la finance de 2007 : les milliards servent à spéculer plutôt que de servir à créer des emplois ! Grâce à la finance internationale, l’argent spéculatif rapporte plus que l’argent productif ! Maddof et ses amis proposaient une rentabilité allant jusqu’ à 15 %. La cupidité des hommes a fait le reste ! Ceux qui ont les capitaux, ne créent plus d’emplois et préfèrent spéculer. Voilà une des causes du chômage chez nous !

Mais il y a aussi des patrons qui résistent et qui continuent à créer de l’emploi ici, et qui refusent de délocaliser les outils de production. Et ceux là, comme leurs ouvriers, ont besoin de se protéger face à cette loi de la jungle, qui leur est imposée d’en haut.

Mais pour ceux là, la mission est bien plus difficile : car pour résister ils doivent se battre contre des couts de main d’œuvre qui sont bien moins élevés ailleurs ; Si le smic Chinois est à 115 €, celui du Maghreb est proche de 150 €, cela fait un cout de la main d’œuvre 10 fois moins élevé.

Le raisonnement simpliste proposé par les Libéraux, fait dire aux médias, que les Européens sont devenus trop gourmands, et que ce qui leur arrive, c’est bien fait pour eux ! Et bien c’est faux : les Européens ont mené des luttes sociales pour résister à l’oppression du Capitalisme Productif ; et cela leur a permis de se protéger durablement.

Il est important de ne pas mettre tous les patrons dans le même sac… J’insiste ici sur cette différence entre le capitalisme productif, celui qui crée des emplois et le capitalisme spéculatif, qui ne crée rien, à part des parasites. Et ils sont nombreux de nos jours les parasites qui vivent de ce système ! Autant d’ennemis potentiels !

L’économie est une autre forme de compétition, une autre forme de combat, une guerre qui ne dit pas son nom ! Alors refuser de se protéger, c’est admettre d’aller à la guerre sans cartouches ! L’Europe, aux mains des maffieux qui sont aussi à Bruxelles, meurt en silence, et laisse ses emplois et ses entreprises disparaitre ! Nous ne combattons pas à armes égales, et ces lois là, elles nous ont été imposées par les traitres de tous bords qui nous gouvernent depuis trop longtemps !

On nous dit le Protectionnisme, c’est la guerre ! Mais l’économie, c’est aussi la guerre… !!! Une guerre qui prend une autre forme ! Maurice Allais, décédé ce 10 Octobre, avait été nominé prix Nobel d’économie. Il fut le seul français à obtenir un Nobel d’économie, contrairement à tous les spécialistes, qui défilent sur les plateaux de TV, pour nous réciter la messe. Lui qui avait connu la crise de 1929,  déclarait en Décembre 2009 dans les colonnes de Marianne : il nous faut réaliser un protectionnisme, raisonné et intelligent, à l’échelle Européenne, pour préserver notre modèle social !

Là aussi il y a un consensus religieux : plus personne n’ose dire qu’il faudrait rétablir des règles de loyauté dans le commerce  mondial : on se soumet et on se tait. Pourtant les patrons des dernières industries européennes devraient saisir la chance d’un protectionnisme raisonné, s’ils ne veulent pas voir disparaitre les outils qui ont fait leurs fortunes !

On nous dit, que rien ne peut être fait contre le Libéralisme, qui est divinisé, et que son Satan, c’est le protectionnisme. Mais dans le traité du GATT, précurseur de l’OMC, il existait un article qui légitimait les mesures de défense de l’économie :

•         L'article XIX de l'Accord général permet à un membre du GATT de prendre une mesure “de sauvegarde” pour protéger une branche de production nationale spécifique contre une augmentation imprévue des importations qui lui porte, ou menace de lui porter, un préjudice grave.

Une des  questions centrales qui se pose ici, est celle-ci : pourquoi l’homme blanc, avec ses industries et ses ouvriers devrait il se sacrifier sur l’autel du commerce mondial afin que naisse un marché mondial uniformisé ?

Pourquoi le monde qui vient devrait se faire, avec des minima sociales réduites et un maximum de profit ? Pourquoi doit-on abattre le modèle social Européen, pour le remplacer par un Diktat marchand et financier qui s’harmonise par le bas ?

Se poser la question c’est déjà y répondre : ils veulent créer un marché mondial, avec des zones économiques régionales harmonisées. Après l’Europe du marché commun, ils ont finalement imaginé un autre espace, un marché plus grand encore, reliant l’Europe et l’Amérique : ils veulent créer un grand marché commun transatlantique !

Rassurez-vous, tout cela a déjà été adopté, démocratiquement, en mai 2008 par le parlement européen ! D’ici à 2015 doit se mettre en place ce grand marché transatlantique, unifiant les zones économiques des USA et l’Europe… Vous avez aimé l’Euro, vous aimerez certainement la suite ! Car pour y parvenir, on doit harmoniser les deux zones : vous comprenez pourquoi Obama a mis en place un régime de santé public ? Vous comprenez pourquoi l’Europe rogne son modèle social ? Il faut que les deux zones d’échanges convergent le plus possible, que ce soit fiscalement, socialement ou économiquement !

Leur manège est désormais apparent pour tous : ils ne cachent même plus leurs projets de gouvernement Mondial ! Ils ne sont forts que de nos faiblesses, et tant qu’on les laissera faire, ils avanceront !

Il est donc venu le temps de nous protéger, et de refermer la parenthèse libérale qui a été ouverte ! Si nous, ne nous protégeons pas, si nous continuons à nous laisser faire, si nous continuons à supporter cette concurrence déloyale, demain nous serons complètement plumés, et nos enfants seront des esclaves métissés.

Pourtant, esclaves nous le sommes déjà, même si nous avons encore conscience de ce qui nous enchaine ; mais demain la désinformation sera telle, qu’il sera encore plus difficile de faire marche arrière.

Le même Maurice Allais déclarait aussi, que l’émission de monnaie, réalisée par le système des Banques centrales, équivalait à de la fausse monnaie ! Car qui contrôle la monnaie contrôle la Nation, c’est bien connu !

Alors oui nous sommes encore tenus en laisse par autre chose, de tout aussi invisible mais de tout aussi puissant : car après les lois du commerce mondialisé libre échangiste, et la capitulation monétaire, nous sommes victimes d’un autre piège, et pas des moindres, celui de l’usure !

En 2007 éclatait une crise de la finance ; elle mettait en évidence la toute puissance des banquiers, et de ceux qui jouent avec les mêmes outils qu’eux en spéculant. On pensait que le Capitalisme financier allait s’écrouler, et bien détrompons nous, il en ressort renforcé et encore plus exigeant envers les peuples et les états. L’absence de volonté des hommes politiques en place, n’a aucunement permis de réformer quoi que ce soit.

L’histoire nous rappelle que la crise de 1929, était déjà une crise de la dérégulation financière, et pour y répondre, partout dans le monde, on avait assisté au retour de l’état : en Europe essentiellement, mais aussi aux USA ou Roosevelt mettait une camisole de force aux banques, et obligeait les entreprises à embaucher, sous prétexte de solidarité nationale, avec la NRA. La NRA permettait aux industries de créer un « code de concurrence loyale » qui visait à mettre fin à la « concurrence destructrice ».

Les temps ont changé, les hommes ont oublié, mais l’histoire nous ressert les mêmes plats : la finance corrompt toujours les gouvernants, pour exiger les lois dont elle a besoin.

En 2007, il fallait sauver les banques, sinon, cela aurait été le chaos absolu ! Alors placés face à un tel choix, les Etats se sont endettés pour sauver les banques,

Et maintenant que l’orage est passé, après avoir demandé aux états et aux peuples de s’endetter, pour sauver les banques, le système financier exige désormais que les états se désendettent !

Car les états doivent acheter de l’argent sur les marchés privés. On dit donc aux états, « désendettez-vous au plus vite », sinon, les taux d’intérêts vont augmenter, et cela va vous couter plus cher ! Exactement ce qui est arrivé à la Grèce !

Ce que nous aurions aimé entendre, de la part des femmes et des hommes politiques qui dirigent la France et l’Europe c’est plutôt : pourquoi avons-nous besoin de payer des intérêts pour nous financer ? Pourquoi avons-nous besoin d’emprunter sur les marchés ?

Et bien tout simplement par ce que depuis le 3 janvier 1973, Mr Georges Pompidou, cet ancien salarié de la banque Rothschild, a imposé à la France une nouvelle loi. Une loi qui : "interdit au Trésor public, d’être présentateur de ses propres effets, à l’escompte de la Banque de France": depuis cette date, la France est obligée d’aller chercher de l’argent sur les marchés privés, et paye pour cela de lourds intérêts !

Depuis 1975, plus aucun budget de l’état français n’a été à l’équilibre, et ces déficits annuels se cumulent dans la Dette pour atteindre près de 1800 mds €.

En 2009, les intérêts de cette dette étaient de 43 mds € ! 43 MDS qui partent dans des poches inconnues. Juste par ce que certains ont changé la loi. Mais tous ceux qui se succèdent au pouvoir, participent à ce travail de désinformation et de conditionnement des esprits. Car si on peut faire admettre au bon peuple qu’il est endetté, en lui mentant sur le pourquoi il est endetté, alors le bon peuple acceptera volontiers de céder sur tout, pour payer ses dettes !

L’appétit de ces gens est sans limite, donc tant que leur supercherie n’est pas démasquée, ils avancent, et cela semble même légitime ! Nous avons à faire à des virtuoses, à des magiciens !

Alors parlons-en de la dette, et surtout de ses intérêts, et des conséquences qu’elle impose aux peuples de France, d’Europe, et du monde entier !

La crise de la dette des états, c’est comme cela qu’on l’a appelée, nous a donné un bel aperçu de ce qui se mettait en place. Pour que les taux cessent d’augmenter, il fallait que les états européens se désendettent : alors ils ont tous, mis en place des plans de rigueur ; on les a vu débarquer au mois de mai 2010, sous l’approbation bienveillante du FMI, et de son président Dominique Strauss Kahn :

L’objectif annoncé était de calmer les marchés et d’engager la réduction des déficits. Ces mesures concernent quasiment tous les pays d’Europe, à des degrés divers.

Voici les mesures principales !

  • Gel des salaires des fonctionnaires
  • Non remplacement des fonctionnaires ou suppression de postes ? David Cameron, champion toutes catégories, a annoncé cette semaine, pour plaire à son compatriote Strauss Kahn, que 500 000 postes de fonctionnaires seraient supprimés en Angleterre !
  • Gel des pensions
  • Départs à la retraite retardés
  • Hausse de la tva
  • Réduction des dépenses militaires au Portugal, mais surtout en Grèce, qui a pour ennemi principal ;  la Turquie, candidate à l’entrée dans l’UE
  • Imagination fiscale pour déguiser des hausses d’impôts, en rognant sur les niches fiscales ou sociales
  • En Espagne, suppression d’une prime d’aide  à la naissance de 2500 € : à quoi ca peut bien servir ces primes vu qu’il y a pleins de petits Marocains juste en face !

 

Pourquoi personne ne nous a dit, « remettons en cause ce système d’usure qui nous rend prisonnier de nos débiteurs ? »

Tout simplement par ce qu’ils sont aux ordres !

A cause des contraintes du libéralisme, et de l’endettement, les caisses des pays sont vides ! Alors ceux qui sont censés nous gouverner, comme ils sont pris entre le marteau et l’enclume, n’ont plus de marges de manœuvre, pour diriger leurs pays ! On entre donc dans une logique de réduction de tout à outrance !

Tout ce que ces gouvernements peuvent faire, c’est organiser des transferts de charges.  Entendez par là, qu’ils prennent dans la poche de l’un, pour donner à l’autre ! Et ca finit par se voir !

La rengaine est toujours la même, ces salauds de pauvres gagnent trop ! On va donc leur en prendre un peu pour rester compétitifs ! Avec cette logique de pillage, ils veulent réduire les salaires, les services publics, le patrimoine national, ou bien encore la solidarité nationale.

Mais commençons par parler des salaires.

La chute du pouvoir d’achat des salariés s’est amorcée en 1981. En 1981, la gauche, bien conseillée à l’époque par Mr Attali, a démocratiquement trompé le peuple : elle aura permis que les salaires ne soient plus revalorisés en fonction de l’inflation !  Le résultat est nettement visible en 2010 : la répartition de la richesse produite par les entreprises (la valeur ajoutée), s’est faite au détriment des salariés, qui ont perdus près de 10 % dans cette répartition face à la rémunération du capital !

Augmenter les salaires ? Ce n’est plus possible, ce n’est qu’un rêve d’ouvrier. Tout ce qui est sérieusement envisageable pour nos gouvernants, c’est de les réduire.

Réduire les salaires ? Les politiciens ne font quand même pas cela, ca se verrait ?  Ils ne font rien et ca se voit ! Avec la crise, les chantages à l’emploi sont nombreux : que ce soit chez British Airways, ou chez Fiat à Turin, ou chez Général Motors, à Strasbourg, ou même chez RVI à Vénissieux ou encore chez Bosch ou chez Siemens, on n’hésite plus : si vous voulez garder votre job, vous devez accepter d’abandonner des RTT, voir d’abandonner une partie de vos primes ou de vos congés ou de travailler encore plus sans hausse de salaire ! Voilà ce qu’a aussi permis la crise de 2007.

Enfin quand je disais que les politiciens ne font rien, c’était une boutade ! Saviez vous que l’état subventionne les bas salaires ? Eh oui, car droite et gauche accordent aux employeurs de colossales  exonérations de cotisations sociales, sur les bas salaires : ces exonérations coutent  30 Milliards € par an à la sécu !

Nos politiciens peuvent changer les choses : Ils les changent, mais pas dans le sens que certains peuvent croire ! Au fait en passant, 30 milliards d’exonérations de cotisations sociales, c’est 30 milliards de recettes en moins dans les caisses de la sécu !

Mais on reviendra plus loin sur le pillage de la solidarité nationale, arrêtons nous un bref instant sur le pillage du patrimoine public. Avant 1981, le patrimoine public était inaliénable ; la loi interdisait de vendre les biens de la nation…Et bien devinez quoi ? Cela ne l’est plus désormais, une autre loi le permet désormais : tout est à vendre, si on a de l’argent. Et tout se vend : les autoroutes, l’eau, le gaz, et demain l’électricité…

Sur ce sujet des privatisations et ou des nationalisations, posez vous cette question : pourquoi détestent ils tant Vladimir Poutine ou Hugo Chavez ? Ne serait ce pas par ce qu’ils ont nationalisé les compagnies de gaz et de pétrole pour les rendre à leurs peuples respectifs ? Ne serait ce pas par ce qu’ils refusent de jouer le jeu des multinationales privées, afin que les recettes du gaz et du pétrole russe, servent au bien être du peuple russe ou vénézuélien, au lieu d’aller dans les poches d’éventuels actionnaires ?

N’écoutons pas le chant des Sirènes, comme nous l’enseigne Ulysse dans ses voyages ! Résistons à leurs manipulations, qui servent à nous emprisonner intellectuellement. La seule logique qui commande pour nous, c’est celle de l’intérêt collectif, et certainement pas celle de l’intérêt particulier. Pour nous l’individu n’est rien, s’il ne sert pas l’intérêt de la communauté ! Ceux qui ne l’ont pas compris perdent leur temps ici !

Parlons à présent des services publics.

On nous bassine sur le fait qu’il y a trop de fonctionnaires : alors le gouvernement, pour faire plaisir à Bruxelles et aux marchés, a mis en place la RGPP ; comprenez la réduction générale des politiques publiques.

On a donc économisé 700 millions € en supprimant 100 000 postes de fonctionnaires. Très bien, bravo dirons certains, et pourquoi pas d’ailleurs, si on peut faire mieux, et que cela coute moins, faisons le ! La logique la plus élémentaire le commande.

Mais le souci c’est que dans le même temps, le gouvernement a mis en place le célèbre bouclier Fiscal : 700 Millions €  ont été distribués au profit de 16 000 bénéficiaires…  Entendez bien 700 millions distribués à 16 000 nantis, tandis que dans le même temps on supprimait 100 000 postes de fonctionnaires, pour un cout équivalent de … 700 Millions €.

Voilà la conception de la justice de nos Versaillais version XXI° siècle !

Pourtant, réduire le nombre de fonctionnaires, c’est aussi admettre qu’on aura moins de pompiers, et moins de policiers, avec moins de moyens pour remplir leurs missions. Mais c’est aussi moins de militaires, et on ne s’étonnera même plus qu’avec ces dingues qui nous gouvernent, on ait déjà confié les accès du ministère de la défense, à une société privée.

Mais moins de fonctionnaires c’est aussi moins de places dans les crèches, moins de classes dans les villages, et une santé publique qui va se dégrader…

Evoquons maintenant l’épineux sujet de la solidarité nationale, ou autrement dit, la sécu. Cette sécu qu’on accuse de tous les maux et qui affiche un déficit de 30 milliards € Insoutenable nous martèlent Droite et gauche confondues !

Il faut avant tout rappeler que la  France dépense près de 26 % de son PIB en dépense sociales contre seulement 21 % L’Allemagne. 5 % d’écart avec l’Allemagne, cela fait 90 MDS €

Des différences qui sont conséquentes, mais qui marquent aussi des choix de société. La France a voulu une République Sociale, et s’est battue pour la maintenir. Quand la crise fut venue, tous étaient bien contents de trouver certains amortisseurs sociaux !

Ces écarts peuvent aussi se justifier par un système de santé parmi les meilleurs au monde, qui nous est envié, et qu’il convient de préserver. Ou viennent se faire soigner les Anglais les plus fortunés, eux qui trucident leurs services publics ?  En France bien sûr !

Mais le reste de la différence peut aussi s’expliquer par le poids de l’immigration sur le budget de la France ! Les tentatives récentes de chiffrage des couts de l’immigration, vont de 46 Mds € par an  pour Contribuables associés, à 90 MDS € pour le FN !

Quand un système est en péril, il convient de réfléchir à ce qui permet de le préserver. Et pour le préserver, on peut déjà commencer par envisager de le réserver à ceux qui y contribuent !

Autre rappel important concernant la solidarité sociale, c’est qu’elle est financée dans sa grande majorité, par les salaires de ceux qui travaillent.  Alors forcément quand il y a moins de cotisants, en période de crise, ou par ce que les richesses vont à la spéculation, au lieu de créer des emplois, forcément le système est en déficit.

Pour bien saisir l’importance de la solidarité sociale, il faut rappeler que le budget de la sécu, tous régimes confondus c’est 400 mds € par an, vous entendez bien, c’est plus que les 350 milliards du budget de l’état.

La sécu c’est en fait un énorme gâteau, que ne peuvent pas croquer les acteurs du privé, et qui excite bien des convoitises… Alors si le système était déficitaire, imaginez le nombre d’heureux que cela pourrait faire.

Et bien comme on l’a vu précédemment, l’état offre déjà 30 milliards d’exonérations de cotisation sociales aux employeurs, afin d’être plus compétitifs sur le marché mondial de la main d’œuvre. Ca doit faire un petit manque dans le budget de la sécu ces 30 milliards non ? 30 MDS de déficit, 30 mds d’exonérations, on dirait que ca pourrait presque s’équilibrer 30 et 30 ? Non ?

Mais le déficit de la sécu est encore accentué par les retards de paiement de l’état, qui oublie de verser à la sécu ce qu’il lui doit : cela représente encore  6 Milliards € par an ! Mensonge, direz-vous ? Non, c’est le rapport de la cour des comptes qui le rappelle tous les ans.

Et puis il y a encore la cerise sur le gâteau : les Retards de cotisations des entreprises auprès de l’ URSAFF qui représentent elles 18 Milliards €  par an

30 + 6 + 18 = cela fait 54 MDS € par an de manque à gagner pour la sécu ! Pour un déficit de 30, qui justifie tant de déremboursements ! Si le système n’est pas équilibré, c’est par ce que c’est voulu, et comme ça on peut justifier qu’on tente de le réformer !

Oui, nous avons face à nous des gens qui organisent la mort de la solidarité nationale, pour ensuite légitimer sa privatisation. On peut comprendre qu’ils soient nombreux à hurler avec les loups et que cela attises bien des convoitises…

Parlons un peu des retraites, désormais, ah les retraites, elles qui justifient de faire venir tant d’immigrés !

Même si nous sommes opposés à la grève systématique, il faut bien reconnaitre que les comportements très autoritaires du pouvoir ne laissent pas beaucoup d’autres moyens d’actions !

Il faut bien avoir à l’esprit que jamais, la question de la réforme des retraites n’a été dans le programme du candidat Sarkozy, jamais ! Si vous vous rendez sur son site de campagne, Sarko 2007, pour le sujet retraite, on y trouve 2 sujets et uniquement ceux-ci : La première : «Augmenter de 25% le minimum vieillesse », la seconde mesure, visait à  « Améliorer les retraites des femmes ayant cessé leur activité professionnelle pour éduquer leurs enfants ».

On n’y trouve rien de plus, alors quand vous entendez Mr Fillon, dire que le parlement et le sénat sont légitimes pour réaliser les projets de la campagne électorale, nous avons à faire à un mensonge d’état.

Autre point sur la forme toujours, les partenaires sociaux, les syndicats, qui gèrent paritairement la sécu, n’ont pas été consultés ! C’est ce qu’ils rappellent à tue tête, et c’est aussi ce que rappelle la rédactrice en chef du magazine économique challenge. Il n’y a pas eu de négociations. Négocier ? Mr Fillon a jugé ça inutile, car la réforme du gouvernement est inspirée du congrès de la CFDT, ce syndicat dit réformiste, (entendez par là qui collabore avec le système libéral) ET qui a voté l’allongement de la durée de cotisation pour les retraités à 43 ans. Et le gouvernement s’est appuyé sur ce syndicat pour construire sa réforme.

Car après le bipartisme droite/gauche, la sociale démocratie souhaite mettre en place un bi syndicalisme, avec la CFDT qui dit oui a tout (les collabos) et la CGT qui serait le grand méchant qui dit non à tout ! Eux étaient près à transiger : la monnaie d’échange aurait été que le gouvernement aurait ouvert les TPE, les Très Petites Entreprises, au monde syndical, ce qui leur est encore interdit, par la loi.

Sauf que la base des militants s’est rangée à l’avis d’une autre centrale syndicale, en réclamant le retrait du projet ! Et maintenant ils sont dépassés : la base exige le retrait, et la population même désinformée en permanence n’en veut pas ! 70 % des français sont contre ce passage en force! La rupture entre le peuple et les élites apparait une seconde fois : ils sont tous pour la réforme des retraites et le peuple n’en veut pas ; tout comme le traité constitutionnel européen. 95 % des médias et des élites censées nous représenter étaient pour ; mais le peuple à dit NON ! On connait la suite, la dictature Démocratique est passée en force !

Que voulait mettre en place la CFDT ? Et bien ce qu’on déjà proposé certains sénateurs centristes au sénat cette semaine, et qui est aussi soutenu par Mr Colomb, le maire socialiste de Lyon : on évoque le modèle de retraites Suédois, dit notionnel, par points. 

C’est un modèle de solidarité inter générationnelle, qui tient le coup quand la communauté est réellement homogène, donc inexportable chez nous ! D’abord par ce que chez nous la communauté est tout sauf homogène et solidaire, mais surtout par ce que nos élites Versaillaises ne sont pas raisonnables et sont trop gourmandes pour partager avec les Communards !

On admet dans ce modèle, que les revenus peuvent baisser pour maintenir le système à l’équilibre. Depuis 20 ans, le taux de remplacement est passé de 80 % à 62 % du revenu de base : Soit une baisse de 18 % des revenus en 20 ans ! Ces chiffres sont cités par des spécialistes des retraites de l’OCDE !

En réalité, comme pour le reste, ils veulent flinguer le système actuel : la retraite par points à la suédoise est une première étape, qui commence à être évoquée, comme solution pour arrêter les grèves. Mais depuis le début, c’est là qu’ils veulent en arriver ! La CFDT cassera le front syndical, puisqu’il faudra bien sortir des grèves. Ensuite, dans quelques années, ils introduiront  un système par capitalisation, qui ferait la part belle à la bourse, et finira de légitimer définitivement la finance. Mais  qui pourra se payer une retraite par capitalisation ?

Au fait, en France la retraite, c’est combien ?

La moyenne est de 1400 € par mois, en y incluant celles des cadres  et des autres revenus les plus élevés. Mais l’autre  réalité  c’est que 4 millions de français ne toucheront que 770 € par mois, et que  5 autres millions de français ne toucheront que 1000 € par mois

Si on compare ces sommes avec le seuil de pauvreté, qui est de 950 €, on voit alors que 9 millions de retraités sont en dessous ou proches de ce seuil de pauvreté ! Mais bon, les vieux, ce sont des boulets, alors à quoi bon s’encombrer ?

Ce n’est un secret pour personne il y a longtemps que nos petits vieux n’arrivent plus à boucler les fins de mois ! Quand un loyer bouffe les deux tiers de leurs revenus, que leur reste-il pour  manger ? Rien ! Enfin si, de quoi acheter des boites pour chat, par ce qu’ils ne peuvent pas se payer de viande !

Mais depuis 2007, et la crise de la finance, on sait ce qu’il est advenu des fonds de pensions sur les marchés : le rendement boursier de ces fonds de pension a baissé jusqu’à - 25 % et même jusqu’à – 35 % en Irlande

On ne nous dit pas qu’Eron, une entreprise qui avait choisi ce système par capitalisation, avait pillé les retraites de ses salariés lors de sa faillite, dans les années 2000 !

On ne nous dit pas qu’actuellement en Amérique les personnes de 70 ou 80 ans emballent les courses des clients à la sortie des supermarchés, pour pouvoir survivre, tellement leur système de retraite est performant !

On ne nous dit SURTOUT pas qu’après la crise de 2007, 5 400 mds $ de fonds de pensions ont disparus  sur les marchés boursiers.  5 400 mds c’est colossal !

Le chancelier Bismark, qui créa l’Allemagne industrielle, grâce à une politique protectionniste, fut aussi l’inventeur du système des retraites par capitalisation en Allemagne. Il comprit vite que ce système avait vocation à se faire piller par les marchés boursiers, et revint alors à une retraite par répartition. Ce même système vit encore aujourd’hui en France!

De toute façon, cette réforme est ressentie comme totalement injuste par le peuple, qui voit bien que ce sont les plus humbles qui vont payer la facture des retraites !

La réforme coutera 26 MDS €, mais 85 % en sera supportée par les salariés qui payeront 22 Mds €, 15 %   de la réforme seulement sera supportée par les plus riche pour 4 Mds € seulement

Et la finance dans tout ca ? Elle qui est à l’origine de tous les maux, elle va participer à hauteur de combien ? 0 % Rien !

Alors que les  produits financiers pèsent 4 000 Milliards €, ils ne seront pas mis à contribution ! Rien ne sera supporté par la finance spéculative.

Touche pas au Grisbi : voilà comment ils conçoivent la Justice, les Versaillais qui nous dirigent !

Par contre pour amuser la galerie on communique sur la réforme éventuelle du bouclier fiscal ou de la TVA Sociale,… mais tout cela ne porte que sur des sommes infimes au regard des enjeux, et de toute façon, c’est pour distraire le peuple !

Patrick Artus, président de la banque Natixis, et membre du conseil économique et  social, donc quelqu’un qu’on ne peut pas taxer d’être un homme de gauche, donne des chiffres édifiants : taxer la finance comme le travail rapporterait 100 milliards € par An !

Ecoutons enfin Madame Parisot, la patronne du MEDEF, elle nous donne une autre clé de lecture de cette arnaque : « La réforme des retraites augmentera les charges de l'assurance chômage » ; car malgré cette réforme, nos « séniors » continueront d’être licenciés avant le terme de leur retraite. Si la réforme des retraites est votée en l'état, l'assurance chômage risque de devoir prendre en charge, un nombre de seniors sans emploi, du fait du report de  l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans,

Et la boucle sera ainsi bouclée ;  l’Unedic déficitaire ou mise à mal pourra être privatisée à son tour ! Voilà le dessous des coulisses, voilà ce qu’ils essayent de nous vendre !

Pour nous faire admettre tout cela, nous sommes donc soumis à un bombardement permanent de mauvaises nouvelles ! C’est désormais un Dresde médiatique qui s’opère sous nos yeux. On conditionne ainsi le bon peuple pour le soumettre. Il est utile de rappeler que les médias appartiennent tous aux grands capitaines d’industries en France, et sont donc des alliés de fait du système.

Arrêtons de croire dans la Démocratie et dans sa pluralité : les techniques de désinformation, nous les voyons à l’œuvre au quotidien sur le sujet de l’immigration ; par contre, dès qu’il s’agit d’un autre sujet, les médias diraient la vérité ! Cessons d’être crédules : désinformation un jour, désinformation toujours.

La réalité est donc travestie, habillée comme ils l’entendent et dénaturée, pour terminer en mensonges …  et arriver au conditionnement escompté.

Entrepreneurs et salariés sont opposés en permanence, dans cette lutte des classes organisée, pour préserver leurs intérêts respectifs… Et selon le principe de pénurie lentement initié par l’endettement, ce qui est pris à l’un, doit être donné à l’autre !

Certains ont plus de poids que d’autres pour mettre en place des stratégies qui vont influer sur le gouvernement.  Le MEDEF, la CGPME et tous les autres groupements patronaux ne sont finalement que des syndicats de patrons, et si les syndicats de patrons nous semblent légitimes, alors ceux de salariés doivent l’être aussi.

Les patrons fédérés demandent et obtiennent de quoi survivre auprès du gouvernement, ca s’appelle du Lobbying, et ca se fait à coups de millions de bakchichs ! Madame Chirac n’est elle pas au conseil d’administration du groupe Louis Vuitton, comme madame Woerth ? Elles y touchent de confortables jetons de présence !

Voici les plus récents transferts de charges organisés par le pouvoir en faveur des entreprises, et en défaveur des salariés :

•         La Taxe Professionnelle : Woerth, Fillon et leurs amis, ont permis de faire économiser 26 Milliards € par an à certaines entreprises, et vont en reporter une bonne partie sur la taxe foncière, et la taxe d’habitation. Si ces 2 taxes augmentent, vous saurez pourquoi : par ce que ce gouvernement effectue des transferts de charge d’une catégorie de population, vers une autre.

•         On nous parle aussi de la TVA sociale : quel beau nom, ca doit être une belle arnaque ca encore ! Et bien gagnés,  on va encore enlever des charges aux entreprises, mais au lieu de les faire payer à ceux qui produisent moins cher à l’extérieur de nos frontières, (ce qui était le projet initial) on va augmenter la tva intérieure sur la consommation, pénalisant ainsi injustement les plus bas revenus, et condamnant encore plus l’emploi chez nous

•         Je ne vais pas m’éterniser non plus, sur les 3 Milliards € de cadeaux faits aux restaurateurs ! La puissance publique se doit de s’imposer si elle donne !

Par contre dès que ces salauds de pauvres se fédèrent pour réclamer quelque chose, on dit qu’ils foutent le bordel !

Permettez-moi, encore une fois, de ne pas être d’accord avec le consensus qui prévaut parfois dans nos milieux ! Certains ne voient les syndicats, qu’avec la loupe que leur fournisse, les Libéraux !

Il est vrai que face à la mondialisation, on peut dire qu’ils ont échoués dans la défense des salariés !  Mais par ailleurs, les syndicats ouvriers sont pleins de gens qui défendent leurs intérêts d’ouvriers d’abord ! C’est pour la défense au quotidien, des intérêts des salariés que des hommes et des femmes se groupent dans ces syndicats. Les syndicats ouvriers, qu’on le veuille ou non, sont le dernier rempart contre le pouvoir libéral. Un point c’est tout. Les combats qui s’y mènent se font contre les injustices que subissent les plus modestes des nôtres, et c’est déjà beaucoup.

Et pour une partie des syndiqués, le marxisme ce n’est qu’une utopie dans laquelle ils ne croient plus. D’ailleurs donner des responsabilités à des gens qui n’en veulent pas, et qui pour la plupart en seraient bien incapables, n’est-ce pas encore une fois la marque d’une utopie ?

A part ceux qui font front dans les entreprises, plus personne ne se sacrifie, concrètement,  pour défendre les plus humbles.  Pourtant, l’entreprise est un lieu de combat quotidien, car les salariés y sont en permanence à la merci de leur employeur.

C’est une école de la vie dans laquelle nous pouvons gagner en crédibilité et mettre en évidence un grand nombre de contradictions, qui ne sont plus vues par nos congénères ! Le mouvement ouvrier, en France, ne porte plus de courant national et social, comme ce fut le cas dans le passé. Notre camp a complètement délaissé ce combat ; nous avons abandonné ce terrain aux internationalistes, et l’Europe en meurt !

D’ailleurs, il n’est pas étonnant que le pouvoir tente de détruire ce bastion de résistance : on a vu arriver en France, en 2008, une réforme du monde syndical, qui voudrait voir éclore un bisyndicalisme, faisant illusion d’opposition. On y verrait se confronter le gentil qui signe tout, la CFDT, et un méchant qui dit non à tout, la CGT… Mais au fait, ou sont passés les millions de l’UIMM ?

Ce qu’on apprend dans le syndicalisme, c’est déjà à comprendre le réel d’une entreprise. Si l’on n’est pas trop borné, on essaye au quotidien, de préserver les intérêts de la communauté de travail, en se tenant à l’écart de certaines postures idéologiques…

A nous de redescendre au contact des réalités, car elles seules comptent ! Les grandes idées doivent se plier au réel, car le réel évolue bien plus rapidement que les grandes idées !

C’est en étant là, au cœur de toutes les contradictions, au milieu des intérêts opposés, que se construira la justice sociale !

Il doit exister un chemin au milieu des intérêts apparemment divergents. Un chemin pour aboutir non pas à la dictature du prolétariat, et pas plus à la dictature marchande et financière que nous vivons actuellement.

Il doit exister une voix au milieu, qui permettrait un juste partage de la valeur ajoutée, et non pas uniquement des profits, entre salariés et entrepreneurs.

Par ce que sinon, on sera éternellement dans l’opposition, dans un système revanchard, ou l’un voudra remplacer l’autre, lui reprendre ce qui a été concédé ! La survie de l’Europe nous impose de trouver ce chemin ! Et ce chemin ne peut être que révolutionnaire, car entre nous, je ne me range pas dans le camp des conservateurs, et je ne vois pas, mais alors vraiment pas ce qu’on voudrait conserver dans un système aussi pourrit !

Résumons ce qui doit changer : le budget de l’état, on l’a vu, pourrait être équilibré si l’on enlevait les intérêts de la dette, qui tous les ans vont dans des poches inconnues. Il pourrait être positif, si l’on réservait la protection sociale aux européens.

Et nos entreprises pourraient être florissantes, si on ne leur imposait pas les règles de la mondialisation des échanges, qui justifient toutes ces transferts de charges… Il suffirait de protéger nos entreprises et de remettre, au niveau Européen, les lois qui ont été supprimées… Car on le sait, 65 % de notre commerce se fait entre pays européens, il suffirait alors de négocier intelligemment le reste ! Mais cela ne serait utile qu’avec une monnaie qui s’adapte aux fluctuations des autres grandes devises !

Combattre la finance, qui fait du vent avec du vent, et détourne les ressources de la création d’emplois : seul le travail doit être créateur de richesses ! Les spéculateurs doivent devenir des ennemis de nos communautés, et tous ceux qui s’y associent, doivent être considérés comme tels ! Nous débarrasser définitivement, constitutionnellement oserais je dire, ancrer dans le marbre, définitivement, notre refus de l’usure pour toutes les générations, afin que toutes connaissent ce danger, ce poison invisible qui revient nous asservir discrètement quand on l’oublie !

LE politique doit être souverain, et diriger l’économie, qui ne doit être qu’un outil au service des enjeux exigés par les évolutions du monde réel. Se méfier de tout dogmatisme, qui enferme !

L’enjeu prioritaire reste et doit rester la sauvegarde de l’héritage le plus précieux de  l’Homme Blanc : le droit du Sang et de l’identité avant l’économie. Toujours ! Ne cédons plus aux divisions économiques que l’on nous propose à nouveau !

Car enfin, à quoi sert l’identité si on n’est pas solidaires entre Européens. L’Europe nous appelle, disait un vieux chant de camarades italiens, et elle nous attend unis !

Partout on entend à nouveau surgir les germes de la division économique et de l’individualisme. Comme aux USA, avec ses « tea parties », certains libéraux se font les chantres de la sécession, de la séparation, pour quitter ceux qui sont marqués comme des boulets économiques. Mais ne sont-ils pas nos frères de sang avant tout ? Une fois de plus la solidarité identitaire sera reléguée au second plan : l’Europe nous appelle et elle nous appelle unis !

Je pense vous avoir montré, qu’un contexte révolutionnaire existe aussi sur le terrain social, et qu’il suffit de propager quelques messages soigneusement choisis, pour lever une armée de combattants déterminés !

Je voudrais citer Antoine de Saint-Exupéry qui disait : « N'espère rien de l'homme s'il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité. », La première des Révolutions, très concrète, que je nous engage à réaliser, c’est  celle de l’engagement et du travail. Céline disait, qu’il faut une once de génie, et ensuite du travail, du travail et encore du travail.

Saint-Exupéry disait aussi, que « Dans la vie il n'y a pas de solutions ; il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent. «

C’est au fond de chacun d’entre nous que germerons les idées qui mènent aux actes utiles! Il nous faut reprendre le combat avec un message renouvelé ! Si nous savons nous dépasser, et agir intelligemment, solidairement, passer notre message auprès de notre Jeunesse, sans sombrer dans les pièges qui nous seront tendus, alors oui, Demain nous Appartient !

Je vous remercie de m’avoir écouté !

 

Roberto Fiorini 

pour me joindre : ernici@gmail.com Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

 

 

samedi, 06 novembre 2010

J. Raspail: la patrie trahie par la République

La patrie trahie par la République

PAR JEAN RASPAIL
[Le Figaro 17 juin 2004]

 

J'ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d'un colis piégé. Difficile de l'aborder de front sans qu'il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C'est pourtant l'interrogation capitale. J'ai hésité. D'autant plus qu'en 1973, en publiant Le Camp des saints, j'ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.

raspail.jpgCar je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu'“ils sont chez eux chez moi” (Mitterrand), au sein d'une “Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes” (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu'au basculement définitif des années 2050 qui verra les “Français de souche” se compter seulement la moitié – la plus âgée – de la population du pays, le reste étant composé d'Africains, Maghrébins ou Noirs et d'Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l'islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer(1).

La France n'est pas seule concernée. Toute l'Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas – rapport de l'ONU (qui s'en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment –, mais ils sont systématiquement occultés et l'Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l'Europe des Quinze est l'un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l'incurie des “gouvernances” et qu'il lui faudra affronter dans son âge d'homme...

Sans compter que les “Français de souche”, matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l'homme, de “l'accueil à l'autre”, du “partage” cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites “antiracistes”, conditionnés dès la petite enfance au “métissage” culturel et comportemental, aux impératifs de la “France plurielle” et à toutes les dérives de l'antique charité chrétienne, n'auront plus d'autre ressource que de baisser les frais et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule “citoyen” du Français de 2050. Ne désespérons tout de même pas. Assurément, il subsistera ce qu'on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français – et pas nécessairement tous de race blanche – qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s'obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu'elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile.

Face aux différentes “communautés” qu'on voit se former dès aujourd'hui sur les ruines de l'intégration (ou plutôt sur son inversion progressive: c'est nous qu'on intègre à “l'autre”, à présent, et plus le contraire) et qui en 2050 seront définitivement et sans doute institutionnellement installées, il s'agira en quelque sorte – je cherche un terme approprié – d'une communauté de la pérennité française. Celle-ci s'appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore.

Cela ne plaira pas. Le clash surviendra un moment ou l'autre. Quelque chose comme l'élimination des koulaks par des moyens légaux appropriés. Et ensuite?

Ensuite la France ne sera plus peuplée, toutes origines confondues, que par des bernard-l'ermite qui vivront dans des coquilles abandonnées par les représentants d'une espèce à jamais disparue qui s'appelait l'espèce française et n'annonçait en rien, par on ne sait quelle métamorphose génétique, celle qui dans la seconde moitié de ce siècle se sera affublée de ce nom. Ce processus est déjà amorcé.

Il existe une seconde hypothèse que je ne saurais formuler autrement qu'en privé et qui nécessiterait auparavant que je consultasse mon avocat, c'est que les derniers isolats résistent jusqu'à s'engager dans une sorte de reconquista sans doute différente de l'espagnole mais s'inspirant des mêmes motifs. Il y aurait un roman périlleux à écrire là-dessus. Ce n'est pas moi qui m'en chargerai, j'ai déjà donné. Son auteur n'est probablement pas encore né, mais ce livre verra le jour à point nommé, j'en suis sûr...

Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c'est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d'hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n'ose dire cyniquement, à l'immolation d'une certaine France (évitons le qualificatif d'éternelle qui révulse les belles consciences) sur l'autel de l'humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l'Etat (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces “intelligents” qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l'organisme encore sain de la nation française.

Même si je peux, à la limite, les créditer d'une part de sincérité, il m'arrive d'avoir de la peine à admettre que ce sont mes compatriotes. Je sens poindre le mot renégat, mais il y a une autre explication: ils confondent la France avec la République. Les “valeurs républicaines” se déclinent à l'infini, on le sait jusqu'à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d'abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n'est qu'une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d'idéologie, idéologie avec un grand “I”, l'idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu'ils trahissent la première pour la seconde.

Parmi le flot de références que j'accumule en épais dossiers à l'appui de ce bilan, en voici une qui sous des dehors bon enfant éclaire bien l'étendue des dégâts. Elle est extraite d'un discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003: “Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d'une jeune Française issue de l'immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République...”

Puisque nous en sommes aux citations, en voici deux, pour conclure: “Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d'êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie.” (Président Boumediene, mars 1974.)

Et celle-là, tirée du XXe chant de l'Apocalypse: “Le temps des mille ans s'achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée.”

*Ecrivain, romancier.

(1)Le délicat iman de Vénissieux, en vertu du jus soli, a engendré à lui seul seize petits citoyens français.

 

vendredi, 05 novembre 2010

Romain Gary, "camaleonte" e libertario

Romain Gary, "camaleonte" e libertario

di Roberto Alfatti Appetiti

 


Fonte: Roberto Alfatti Appetiti (Blog) [scheda fonte]

 

Romain-Gary_5084.jpgDigiti “Romain Gary” su google e le prime foto che appaiono ritraggono lo scrittore francese d’origine ebreo-russa accanto a una graziosa biondina, visibilmente più giovane di lui. L’impressione è di averla già vista. Ma sì, è Jean Seberg, l’adolescente malinconica di Bonjour tristesse, l’icona che meglio di altri ha incarnato sul grande schermo lo smarrimento della gioventù borghese del secondo dopoguerra. Si erano sposati nel ’62 – 24 anni lei, il doppio lui – per poi separarsi otto anni dopo e infine ritrovarsi in un comune tragico destino: quando entrambi sono stati sconfitti e – per dirla con una battuta di Patricia, la protagonista di À bout de souffle interpretata dalla Seberg nel ’60 – «ormai è troppo tardi per avere paura».

 

Se lei nel settembre del ’79, appena quarantenne ma sempre più instabile psicologicamente, era stata trovata morta in una automobile parcheggiata alla periferia di Parigi, l’anno successivo – il 3 dicembre del ’80, giusto trent’anni fa – fu Gary stesso a scrivere la sceneggiatura del proprio congedo dal mondo. Curandone ogni dettaglio: la pistola con cui bruciarsi il cervello e la vestaglia di seta rossa, comprata e indossata per l’occasione affinché nell’appartamento di rue du Bac il sangue si notasse meno. Un biglietto d’addio lasciato per eliminare sin troppo facili interpretazioni, prendere le distanze dalla ex moglie, la cui militanza nelle Pantere nere s’era fatta via via più imbarazzante, e ristabilire così davanti all’eternità chi fosse l’unico protagonista della scena: «Nessun rapporto con Jean Seberg. I patiti dei cuori infranti sono pregati di rivolgersi altrove».

Il colpo di scena, tuttavia, non arrivò del tutto inaspettato. Malgrado l’invidiabile palmarès – in cui fa bella mostra il sia pur impolverato Goncourt del ’56 per Le radici del cielo, forse il primo romanzo autenticamente ecologista – la critica militante lo considerava un autore a fine carriera, un vecchio “trombone” che ancora parlava di onore e fedeltà, col gusto dannunziano del gran gesto e prigioniero del proprio personaggio fino a morirne. In fondo la sinistra non l’aveva mai amato, nonostante Sartre avesse giudicato il suo Educazione europea – il libro che nel ’45 lo fece conoscere al grande pubblico, in cui racconta la storia di un gruppo di resistenti polacchi attraverso gli occhi di Janek, orfano quattordicenne – il miglior testo sulla resistenza.

romainGaryProm.jpgLo guardavano con diffidenza, ritenendolo un autore reazionario per il suo passato di eroe di guerra e poi di diplomatico gollista. E lui – che pure aveva rischiato la morte per disertare e aderire all’appello lanciato il 18 giugno del ’40 da De Gaulle a Londra di continuare la lotta contro i nazisti – non perdeva occasione per esprimere la delusione in quelle forze con cui durante la guerra si era trovato a «essere così spesso dalla stessa parte che non posso più perdonargli niente». Tradite le speranze del dopoguerra «dalle idee che si comportano in maniera sbagliata», scelse di chiamarsi fuori dalla logica dei blocchi contrapposti: «Non accetto nessuna crociata – spiegò – perché non accetto nessuna fede e rifiuto d’essere convertito. Non conosco certezze e il solo bene che difendo è il diritto al dubbio». Senza mai riuscire a diventare un cinico: «Sono quarant’anni che trascino intatte per il mondo le mie illusioni, nonostante tutti gli sforzi per sbarazzarmene e per riuscire, una volta per sempre, a non sperare più». Se non nella politica, almeno nella letteratura intesa come nascondiglio: «Vorrei che i miei libri fossero rifugi e che aprendoli gli uomini ritrovassero i loro valori e capissero che, se hanno potuto forzarci a vivere come bestie, non hanno potuto costringerci a disperare».

Quando la contestazione giovanile cerca nuovi riferimenti intellettuali, l’immagine di Gary sembra coincidere con la vecchia Francia “coccardiera”, compromessa con quel sistema di potere gollista che si vorrebbe spazzare via. I suoi libri continuano a vendere ma i salotti lo trattano come un appestato e Gary – per aggirare il muro di reticenza che gli avevano costruito attorno o per dedicare loro un vero e proprio sberleffo – s’inventa Emile Ajar. E miracolosamente gli stessi che lo stroncavano immediatamente salutarono lo sconosciuto Ajar come «lo scrittore più promettente degli anni Settanta» senza sapere che si trattava della stessa persona. Qualche indizio c’era: Ajair in russo indica la “brace” e Gari significa “brucia”. Eppure nessuno sospetta nulla, tanto che nel ’75 Ajar si aggiudica il Goncourt per La vita davanti a sé, riconoscimento che non potrebbe essere assegnato allo stesso autore per due volte.
Quel che conquista critica e pubblico, decine di migliaia le copie vendute, è il linguaggio gergale e poetico al tempo stesso con cui viene tratteggiato – vent’anni prima che lo faccia Daniel Pennac – il mondo delle banlieu e la trasformazione che già dagli anni Quaranta stava colorando il volto di interi quartieri parigini. Una narrazione dal basso fatta attraverso la lente della quotidianità, che ha per protagonisti gli ultimi, gli innocenti, i reietti che ancora non sanno di esserlo. Come Momo, la voce narrante, che scoprirà solo crescendo il razzismo, «perché i neri finché sono bambini non dispiacciono a nessuno». Momo, infatti, è algerino e insieme ad altri “nati di traverso” – figli di prostitute – vive nel “pensionato” di Madame Rosa, a sua volta ex prostituta ebrea che sopravvive offrendo loro ospitalità in cambio di una pigione (magistrale l’interpretazione che nel film tratto dal libro nel ’78 fruttò a Rosa/Simone Signoret un César come migliore attrice).

Chi avrebbe potuto immaginare che quel “socialismo dal volto umano” applicato alla letteratura – «un romanzo toccato dalla grazia» lo ha definito Stenio Solinas – potesse essere opera di uno scrittore conservatore ormai prestato alla diplomazia e apparentemente interessato più alle frequentazioni del jet set internazionale e alle sue amanti che non a farsi cantore della società multietnica? Sarà la pubblicazione (postuma) di Vie et mort di Emile Ajar a rivelare la vera identità dell’autore, sino a quel momento attribuita al nipote di Gary.
 
«Per essere qualcuno bisogna essere molti», fa dire a Momo e Ajar non era certo l’unico degli pseudonimi di Romain Gary, il cui vero nome peraltro è Roman Kacew. Non a caso il titolo della biografia dedicatagli da Myriam Anissimov, ancora non disponibile in lingua italiana, è proprio Il camaleonte. Per lunghi anni assente dalle nostre librerie, grazie alle edizioni Neri Pozza le opere di Romain Gary nell’ultimo lustro sono tornate disponibili.
L’ultima in ordine di tempo, fresco di tipografia, è Mio caro Pitone (pp. 238, € 12,50), la prima, nel ’74, a firma di Emile Ajar, vera e propria denuncia dell’incomunicabilità del mondo moderno (come suggerisce il titolo, il protagonista, per lenire la propria solitudine finirà per accompagnarsi a un pitone). Con una rapida visita in libreria e a prezzi contenuti si possono portare a casa, oltre ai titoli già citati, gli altri romanzi recentemente ristampati dalla casa editrice milanese, tra cui Cane bianco (2009, pp. 238, € 12,50) – in cui Gary, convinto che «scopo della democrazia sia far accedere ogni uomo alla nobiltà», mette alla berlina la «democrazia americana» in bilico tra il razzismo della destra e l’ipocrisia delle anime belle democratiche – e Biglietto scaduto (2008, pp. 223, € 12).
In quest’ultimo più che in altri si rivelano i motivi reali della fatica di vivere dello scrittore. La molla che fa scattare il malessere è data dal comparire sulla scena di un amico del protagonista. L’uomo che ha di fronte sembra solo l’ombra del milionario brillante e circondato di donne che dieci anni prima aveva ammirato con un pizzico di invidia. Che delusione rivederlo irrimediabilmente invecchiato e alle prese con l’impotenza, lui che – come Gary, del resto – era un vero playboy. E il declino della virilità – descritto con cruda (auto?)ironia – in questo “romanzo della decadenza” non rappresenta soltanto l’ossessione principale del protagonista ma anche la metafora del declino di un’Europa che non crede più a se stessa. «Pagheremo l’aver perso in creatività – scrive Gary – il non avere più orgoglio, l’aver delegato alle multinazionali, il confondere l’economia con la politica, il pensare che gli sfruttati se ne staranno tranquilli al loro posto».
Guardarsi indietro non dà alcun sollievo: «Cerco di calmarmi chiudendo gli occhi e facendo il conto di tutti i nazisti che ho ucciso durante la guerra – scrive – ma questo non fa che deprimermi ulteriormente perché vorresti ammazzare l’ingiustizia eppure finisci sempre per ammazzare degli uomini». In tempo di pace – diceva Nietzsche – l’uomo guerriero si scaglia contro se stesso e Gary, alla fine dei conti, aveva nostalgia del ragazzo guerriero che era stato tanti anni prima, quello che tra un’impresa estrema e l’altra, tra una missione di guerra in terra d’Africa e un duello per salvare l’onore, aveva finito per cedere il passo al borghese che mai avrebbe pensato di diventare. «I borghesi – fa dire a Pech in Educazione europea (ristampato da Neri Pozza nel 2006) – sono uguali dappertutto e mandano la stessa puzza in tutti i paesi del mondo». C’era forse del rimpianto quando Gary rivolgeva (a se stesso?) il seguente avvertimento: «Bisogna davvero riuscire a conservare in sé qualche traccia inestirpabile di ciò che si è stati prima di quella grande disfatta che si chiama maturità».

 

 


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jeudi, 04 novembre 2010

Un libre penseur: Pierre-André Taguieff

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Un libre penseur: Pierre-André Taguieff

Ex: http://unitepopulaire.over-blog.com/

« [Dans] "Contre-réactionnaires – le Progressisme entre Illusion et Imposture" paru il y a six mois, Pierre-André Taguieff fustigeait le pavlovisme d’une certaine gauche qui n’a plus que l’exhortation contre un fascisme imaginaire pour croire en sa vocation – livre qui a d’ailleurs subi l’ostracisme dévolu aux ouvrages mal-pensants. Il est vrai que Pierre-André Taguieff ne s’est pas fait que des amis dans un milieu où la peur d’être blâmé tient parfois lieu d’unique ligne de conduite. Auteur de près d’une vingtaine d’ouvrages, l’intellectuel illustre, à sa manière, l’évolution d’une partie de l’intelligentsia de gauche vers une forme de conservatisme mâtiné de souverainisme, ce qui lui vaudra d’être la cible, avec d’autres, comme Alain Finkielkraut, de campagnes virulentes. [...]

Né en 1946 d’une famille d’immigrés d’Europe centrale, ayant fait ses études à la faculté de Nanterre dans les années 60, Taguieff sera, durant sa jeunesse, un compagnon de route de la mouvance situationniste. Libertaire fasciné par le surréalisme, le jeune homme croit trouver une patrie parmi ces milieux parfois talentueux, mais aussi sectaires et dogmatiques. Très dur à l’encontre de Guy Debord, qu’il considère aujourd’hui comme un gourou aussi sentencieux que nihiliste, il sera néanmoins reconnaissant aux "situs" de lui avoir inspiré de la méfiance à l’endroit des sectes maoïstes et trostkistes qui vont essaimer en France dans le sillage de Mai 68. Devenu enseignant de philosophie dans les années 70, puis directeur de recherche au CNRS, l’homme allait se passionner pour des philosophes de gauche en rupture de ban avec le marxisme comme Claude Lefort, célèbre initiateur, dans les années 60, du groupe Socialisme et Barbarie. [...]

 

Tout en devenant un expert de ce que les médias ont nommé "populisme" pour qualifier un mouvement protestataire qui monte dans toute l’Europe, Taguieff va critiquer avec virulence la doxa libérale-libertaire ambiante à travers plusieurs livres, notamment "Résister au Bougisme", "Démocratie Forte contre Mondialisation Techno-marchande" ou "L’Effacement de l’Avenir". Il va aussi critiquer sévèrement l’idéologie du métissage, qui n’est que l’inversion de la xénophobie en xénophilie. »

 

Michel Rival, La Nouvelle Revue d’Histoire n°34, janvier-février 2008

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mercredi, 03 novembre 2010

Pour une approche scientifique de l'immigration

Pour une approche scientifique de l'immigration

Ex: http://www.insolent.fr/

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Michèle Tribalat fait autorité en tant que démographe. Elle appartient à l’Institut national d’études démographiques en qualité de directrice de recherche. En dépit de l'importance et de la qualité de ses travaux, on l'entend de temps en temps, mais évidemment trop peu, sur les gros médiats du service public. Citons quand même une intervention substantielle le 25 juillet sur France Culture (1). À noter aussi un très important entretien publié par "L'Express" (2). Auteur de plusieurs ouvrages de références, ses éditeurs s'appellent La Découverte, Gallimard, Denoël. Il ne s'agit pas d'un écrivain maudit. (3). Du moins, pas encore.

Elle donnait le 14 octobre une conférence-débat à la Bibliothèque d'Histoire Sociale de Nanterre (4). Le thème partait de son dernier livre "Les yeux grands fermés (5) : l'immigration en France". Malgré diverses petites misères quotidiennes, pas possible de rater cette séance-là.

Disons d'emblée que ce type de communication reste irremplaçable. Elles permettent d'aller plus loin avec l'auteur d'un livre, souvent au cœur de ses préoccupations.

La lecture des 50 premières pages provoque certes une impression terrible, presque désespérante. On imagine dès lors un processus implacable, irrémédiable, incontrôlable, létal.

La qualité essentielle de cet ouvrage ne découle pas seulement de son sérieux scientifique. Il montre au bout du compte que l'utilité industrielle du recours à la main-d’œuvre étrangère égale finalement zéro, ou presque. Pas de nécessité, encore moins de fatalité de côté-là.

Au contraire, la date charnière s'est située au cours de la présidence de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1980). Celà résulte de toutes les études réalisées sur les populations considérées. Car le tournant a été entamé du fait du regroupement familial. Cette voie est devenu la cause majeure d'une arrivée d'entrants d'un type nouveau. La pompe aspirante n'est plus activée par le besoin des usines et des chantiers, mais par les guichets sociaux.

On a pu parfois se demander donc, jusqu'ici, si une sorte de loi de la pesanteur, une manière de contrainte économique ne s'était emparée de nos sociétés d'abondance. Certains pensent aussi pouvoir établir une comparaison avec la fin de l'empire romain : pas une seconde, cependant, Mme Tribalat ne se risque à suggérer de telles hypothèses.

Au contraire, ceux qui avaient cessé de réfléchir sur la question de l'immigration et de ses conséquences à long terme se réveilleront certainement de leur torpeur.

Ceux qui croient en l'État, ou qui imaginent fiables les statistiques des organismes publics, tel que l'INSEE, découvriront sans doute à quel point leurs impôts servent à nourrir beaucoup d'incapables et une foule de malfaisants.

De ces divers points de vue, le rédacteur de ces lignes n'a pas ressenti le sentiment d'une entière révélation. Hélas cependant, l'angle de départ en renforce une sorte d'abattement prospectif : que va donc devenir la France, dans tout cela ?

Et puis aux alentours de la page 80, au détour de quelques formulations élégantes de l'auteur, on se reprend, sinon à espérer, du moins à se proposer de participer au débat civique. Si une scientifique de cette qualité, si une revue telle que "Commentaire", à droite, si même [parfois] "Marianne", à gauche, osent donner la parole à des chercheurs indépendants et prendre la plume pour rompre les consignes du silence et du conformisme ambiants comment ne pas leur faire écho ?

Une indignation perce donc. On ferme volontairement les yeux. Les pouvoirs publics sont tétanisés par les médiats. On les voit assiégés par des intérêts inavouables et rien moins qu'humanitaires. Ils se laissent dicter leurs règles de comportement par des ligues de vertu que l'on décore du sigle d'ONG. Or, celles-ci n'existeraient même pas sans les subventions qu'elles rackettent auprès des collectivités locales. Et cela semble les dispenser de toute approche objective de la vérité.

Voilà ce qui se passe en France et nous le savons tous.

Précisément Michèle Tribalat fait état de travaux impressionnants réalisés dans d'autres pays occidentaux. Le parlement britannique notamment dispose avec sa Chambre des lords d'un observatoire de qualité. Une longue enquête, très complète y a été réalisée en 2008. Elle est commentée dans tout le pays. Or cet énorme document, téléchargeable par tout un chacun sur le site des Lords, notamment la contribution de l'immigration à la croissance annuelle du produit intérieur brut. Cela donne approximativement 0,1 %. Or, l'Angleterre se trouve en pointe, et depuis quelque 50 ans, du phénomène migratoire en Europe. Aux Pays-Bas d'autres travaux mettent en lumière la question, des méthodes et des préjugés systématiquement favorables du conformisme ambiant. En France, on a effectivement confié au Conseil d'analyse économique une recherche analogue. Qui a entendu parlé de ses conclusions, inscrites dans le rapport de M. Gilles Saint-Paul ? Remis en 2009, il a été "enfoui dans un tiroir" (6). Le grand public n'en a jamais entendu parler. De même dans les pays nordiques on dispose de registres prodigieusement instructifs pour les démographes. En France un chercheur de l'Insee utilise-t-il, dans un bureau de Strasbourg, le fichier Saphir de la gendarmerie ? On ne censure pas seulement ses travaux. Ils ne seront publiés en définitive que par la revue "Commentaire", – excellente mais non spécialisée. Bien plus, on fait disparaître la source administrative, devenue politiquement incorrecte.

Il existe manifestement une sorte de consigne tendant à dessaisir les nations européennes de toute faculté de décision restrictive. On tente donc d'y prévenir les mauvaises pensées. Alexandre Zinoviev dans son roman anticipateur "Les hauteurs béantes" voyait dans cette prophylaxie la marque du système soviétique. Or, aujourd'hui les "machins" internationaux de toutes sortes, l'ONU comme la CNUCED, la CEDH comme l'UNESCO, etc. travaillent à la mise en œuvre effective du cauchemar correspondant. Ils prétendent nous imposer une vision complètement unilatérale. On nous enjoint de croire, sans jamais nous le démontrer que tout le monde gagnerait, triplement, à ce type de migrations à sens unique et sans entraves : pays vieillissants d'accueil, peuples affamés du tiers-monde, migrants familiaux eux-mêmes. Mais on se refuse à dresser le bilan, en regard, des dommages collatéraux causés aux villes envahies, aux nations d'origine, privées de leurs éléments les plus dynamiques, aux déracinés enfin.

L'objectivité scientifique se trouve donc ainsi bafouée.

Voila le point le plus scandaleux, le péché contre l'esprit, que met en lumière Michèle Tribalat. Les partisans de la gouvernance mondiale n'admettent pas de s'entendre contredire. Ils le seront pourtant, par la force des choses, par l'indestructible musique de la liberté.
JG Malliarakis

Apostilles
  1. Émission Esprit public par Philippe Meyers. Elle était invitée en compagnie de Max Gallo et Jean-Louis Bourlanges.
  2. avec Laurent Chabrun le 18 mars 2010
  3. citons : "Faire France, Une enquête sur les immigrés et leurs enfants" (La Découverte 1995) ; "De l'immigration à l'assimilation. Enquête sur les populations d'origine étrangère en France" (La Découverte 1996) ; [Avec Pierre-André Taguieff], "Face au Front national, Arguments pour une contre-offensive"(La Découverte, 1998) ; "Dreux, voyage au coeur du malaise français" (Syros, 1999) ; [Avec Jeanne-Hélène Kaltenbach] "La République et l'Islam, Entre crainte et aveuglement" (Gallimard, 2002).
  4. cf. le site de l'IHS
  5. Éditeur Denoël, 2010
  6. Les enregistrements de ces conférences sont disponibles sur le site de l'Institut d'Histoire sociale
  7. cf. "L'Express" du 18 mars 2010

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La nouvelle gauche et le mépris des classes populaires

La nouvelle gauche et le mépris des classes populaires

Ex: http://unitepopulaire.over-blog.com/

GaucheCaviar.jpg« En France, c'est le film Dupont Lajoie (Yves Boisset, 1974) qui illustre de manière à la fois emblématique et caricaturale, l'acte de naissance d'une nouvelle gauche, dont le mépris des classes populaires, jusque-là assez bien maîtrisé, pourra désormais s'afficher sans le moindre complexe. C'est, en effet, au lendemain de la défaite sanglante du peuple chilien, défaite dont le pouvoir alors traumatisant est aujourd'hui bien oublié, que cette nouvelle gauche s'est progressivement résolue à abandonner la cause du peuple (dont chacun pouvait désormais mesurer les risques physiques que sa défense impliquait) au profit d'une réconciliation enthousiaste avec la modernité capitaliste et ses élites infiniment plus fréquentables. C'est alors, et alors seulement, que l'"antiracisme" (déjà présenté, dans le film de Boisset, comme une solution idéale de remplacement) pourra être méthodiquement substitué à la vieille lutte des classes, que le populisme pourra être tenu pour un crime de pensée et que le monde du showbiz et des médias pourra devenir la base d'appui privilégiée de tous les nouveaux combats politiques, aux lieux et place de l'ancienne classe ouvrière. »

 

Jean-Claude Michéa, "L’Empire du Moindre Mal : Essai sur la Civilisation Libérale " (Climats, 2007)

mardi, 02 novembre 2010

Céline e il dramma biologico della storia

Céline e il dramma biologico della storia

di Luca Leonello Rimbotti

Fonte: Italicum [scheda fonte]


celine.jpgInfernale manipolatore della parola oppure sacerdote ideologico della décadence?  Inventore nichilista di quadri solo letterari, oppure geniale interprete politico di una civiltà al tramonto? Insomma: il fin troppo noto anarchisme di Céline è una posa individualista, oppure un vero e proprio manifesto sociale e antropologico? Possiamo ancora oggi leggerlo in tanti modi, Céline. Ma, se vogliamo andare al fondo della sua anima, tra gli squarci e gli urli, le maledizioni e le ingiurie è possibile trovare netta e precisa un’interpretazione della storia europea. Céline è un analista del tracollo dell’Europa, rappresenta un sensore sensibile agli smottamenti e alle derive, denuncia e preavverte, minaccia e sibila oltraggi alla maniera di un apocalittico profeta antico: magari l’“Ezechiele parigino” di cui parlò Pol Vandromme. C’è in Céline la sensiblerie di un osservatore straziato, che ha sottomano la disintegrazione della civiltà europea e ne grida i misfatti, attraverso le sue storie disperate, ma anche attraverso pagine e pagine di lamentazioni millenaristiche. Céline sa di trovarsi di fronte a uno sbocco, nel centro di uno snodo di epoche, dal cui scioglimento dipenderà l’avvenire del suo mondo. E il suo mondo è l’Europa tradizionale. L’Europa nordica franco-germanica. L’Europa dei popoli sani che fanno la civiltà e la storia.

L’Europa delle aristocrazie di stirpe. Céline – è stato osservato – fu allievo del de Gobineau nel soffrire la decadenza come un’ingiuria ineluttabile, forse anche necessaria. Come una fine obbligata, soltanto dalla quale poi ripartire per un nuovo inizio. Già molti anni fa, nel 1974, lo studioso Paolo Carile rilevò la filiazione di Céline dalla inquadratura gaubinista e dall’antropologia di Ėlie Faure, e la rilevò dalla sua lettura degli eventi moderni come dramma biologico della storia, al culmine del quale si attua il precipitare dell’ordine antico in una sequela di accelerati sfaldamenti.


Faure era un critico d’arte socialista che spiegava le aggregazioni estetiche come esito di combinazioni positive di sangue e di influssi ambientali, e in questo modo si confrontò con l’ideologia di Gobineau, di cui però rovesciava gli assunti: gli incroci come esiti positivi, come moltiplicatori delle possibilità creative. Nondimeno, egli attribuiva alla forza dinamica ìnsita nei popoli e negli individui il valore di un condizionamento, attraverso il dispiegarsi di dispositions ethnobiologiques determinanti nel formare l’anima collettiva. Céline, che fu in rapporti col Faure, si abbeverò a questa dimensione di un’energia occulta che sanziona le predisposizioni, e Carile appunto ne scorse la manifestazione nel concetto céliniano di âme, l’anima “ancorata ad un’interpretazione strettamente biologica che non accetta gli slanci mistici fauriani”, quale compare, ad esempio, in Mea culpa del 1936. “Céline si credeva depositario di una profezia la cui rivelazione era fondamentale per la salvezza dell’umanità”, ha scritto molti anni fa Vandromme. Difatti, sembra sempre di sentire rintoccare la campana apocalittica di un ultimo evento, di una imminente catastrofe che attende l’Europa nel fondo del suo declino. E questo, tanto nelle sue storie di trascinamenti nei degradi scuri della psiche metropolitana, quanto nelle filippiche nevrotiche dei suoi luciferini e brutali pamphlet. Con, al centro, ogni volta, l’allucinazione dello sfacelo fisico e mentale, dell’abbrutimento, la febbricitante sofferenza per l’oscenità della lenta, sicura consunzione che attanaglia l’individuo spoglio e isolato, così come le plebi, i popoli, l’Europa intera.
Si è individuato nell’inizio del 1942 – con la brutta piega presa dalla guerra “tedesca” - il momento del distacco di Céline da ogni furore di lotta positiva: ciò che fino a quella data egli ancora riteneva possibile attraverso la violenta liberazione di tutte le energie ancora inespresse dalla Francia e dall’Europa germanizzate, cioè un arresto della nostra civiltà sull’orlo dell’abisso e un raddrizzamento dei fini e dei modi, da allora in poi divenne disperata ricerca di un precipizio in cui gettare l’uomo e la sua incapacità di salvarsi. Il fatalismo céliniano non è tuttavia rassegnato: è esibizione di volontà di rovina. In questo, egli rappresenta al meglio la tragicità di un modo d’essere incapace di interpretare la realtà, altrimenti che nei modi manichei del trionfo o della catastrofe. E allora, se il trionfo non poteva più aversi, si sarebbe dovuto volere la catastrofe. E tanto più grandiosa e definitiva, tanto meglio.

“Cronista tragico”, si definì Céline in un’intervista del 1960. Cronista in grado di intercettare e di rappresentare il tragico dell’epoca, come a pochi era stato concesso. Poiché, così aggiunse, “la maggior parte degli autori cercano la tragedia senza trovarla”. Lui invece la trovò, si agitò al centro del ciclone e sospinse il dramma fino ai suoi limiti radicali. Lo psicodramma di Céline – che non fu certo il solo nella sua epoca a vivere questa dimensione dell’assurdo totale – rappresenta il destino europeo sotto la specie di una tragedia personale elevata a simbolo di un mondo e di una generazione.


L’ossessione per la degenerazione psico-fisica dell’uomo occidentale diventa in Céline una sorta di  manifesto bioetico, depotenziato forse per l’ambiguo estremismo del linguaggio popolaresco, che cerca nell’argot dei bassifondi la parola infame per descrivere le brutture della vita; ma potenziato, d’altra parte, proprio dalla consapevolezza, vissuta forse come bagaglio d’esperienze del “medico dei poveri”, dell’illimitata miseria delle masse umane urbanizzate e rese indegne, ignobili, dalle logiche della società capitalista moderna. La purezza, in questo quadro, è un vero richiamo al mito di un’unità di specie che è andata perduta per la violenza e le ingiustizie del mondo. Una purezza introvabile ormai, il paradiso perduto dell’uomo nel suo eterno inganno moralista. Già nel Viaggio al termine della notte, Céline tratteggia la sua rabbia per l’impossibilità fisica di igienizzare l’umanità povera, per redimerla, per dunque ripulire dal male la razza e restituirla a una qualunque dignità. Le parole con cui rappresenta la mescolanza oscena dei miserabili della banlieue e dei quartieri poveri – da lui ben conosciuta di persona – sono l’attestato del suo dolore per un disfacimento ormai irrefrenabile: “la razza…è un ammasso di malandati, pidocchiosi, miserabili che sono capitati qui per causa di fame, peste, tumori e freddo…da tutte le parti del mondo…”.

Ed ecco qua, pertanto, una prima applicazione di quella consapevolezza per il “dramma biologico della storia” di cui dicevamo, e che Céline vedeva chiaramente all’opera nel cuore parigino della France eternelle. Un cuore marcio, scolpito con tutte le putredini della mescolanza. Questo orrifico affastellamento di destini assemblati dal caso è la risultante del tradimento che l’uomo moderno ha compiuto nei confronti della nobiltà dell’appartenenza di stirpe. Céline il bretone, orgoglioso della sua nordicità, della limpidezza dei suoi trascorsi ereditari di terra e di sangue, vive la lacerazione dolorosa di una realtà, quella della cosmopoli parigina, borghese e progressista, liberale e capitalista, che affoga ogni nobile istinto nella primitiva lotta per il possesso materiale, per il lusso. Sopra sta la borghesia che si rimpinza le budella e, dice Céline, si dimentica sempre di passare alla cassa per pagare. Sotto sta la massa dei disperati disonorati, condannati alla perversione di pagare il benessere altrui con la propria allucinante miseria. Non più un popolo, ma feccia senza nome. Non più nemmeno massa, ma semplice turba depravata, scavata dalla malattia, finita dal degrado.

Questo è il “socialismo nazionalista” di Céline: una rivolta del sentimento estetico, prima ancora che sociale. Una rivolta per la sanità del corpo e della mente liberati, un gridare carico d’odio in nome della vendetta per le masse deturpate dall’alcool, dal lavoro logorante e animalesco, dall’assenza di ogni segno di nobiltà. Poiché – lo scrisse proprio Vandromme – ciò che vuole questo anarchista (più che anarchico), irrazionalmente devoto alle sue radici celtiche di purezza, è per l’appunto la restaurazione di un mito aristocratico di nobiltà.

 
“Céline crede nella sola cosa necessaria, nel ritorno a una vita nobile”, ha commentato infatti Vandromme. Una nobiltà che appartiene alla concezione tradizionale e antimodernista della vita, di cui Céline fu uno dei massimi rappresentanti novecenteschi. “Vedo l’uomo tanto più inquieto quanto più ha perduto il gusto delle favole, del mito, inquieto fino alla disperazione…” scrisse Céline in Les beaux draps. E aggiunse che l’uomo moderno è come preda di una comune pazzia acquisitiva, un tormento superficiale per i beni materiali che gli fa dimenticare ogni dimensione legata all’irrazionale, al bello, al superiore, al gratuito. Ogni dimensione legata insomma alla natura, rappresentando la società progressista essenzialmente l’anti-natura. E questa anti-natura si esprime sinistramente nel dilagare di tutto ciò che è basso e informe, dando vita a una specie di Sodoma universale, in cui l’impuro imbratta ogni retaggio, corrompe ogni antica bellezza. “Il fatalismo biologico lombrosiano che implica il naufragio di ogni capacità autodecisionale non è lontano da certe pessimistiche considerazioni antropologiche di Céline”. Questa osservazione di Carile ci mostra quanto centrale fosse nel dottor Destouches l’apprensione per il destino del corpo dell’uomo europeo, aggredito da tutte le degenerazioni della massificazione e dell’edonismo borghese. Davanti allo spettacolo di corruzione dei corpi e delle menti, Céline reagisce con l’insulto e con l’odio forsennato, oppure con il gesto picaresco dello sberleffo, l’ironia, la rigolade. Ultimo rifugio – come nel “lazzarone” napoletano – di un’umanità di vinti condannata al disonore e all’anonimato sociale.


Della sua epoca fortemente ideologizzata e rivoluzionaria, densa di contraddizioni sociali e di aperture politiche chiliastiche, Céline apprese l’inclinazione radicale verso l’apocalisse. Interpretò il fascismo come un’arma di raddrizzamento del piano inclinato e in favore di un sorgere dell’élite nuova, della giovane aristocrazia che imponesse nuovi codici di etica comunitaria e di onore sociale. Il tutto inquadrando nel contesto di un amore viscerale per la carne, per il corpo fisico dell’uomo, elevato a simbolo sommo dell’ideale di purezza. Le pagine che, ad esempio, Céline dedicò alla bellezza estetica della danza, di cui era ammirata interprete la moglie, gli accenti lirici che spese a proposito del bel gesto armonico, dell’aggraziato flettersi del corpo, della grandezza dell’arte perché in-utile, non monetizzabile, gratuita, sono l’attestato di questo amore celiniano per l’incanto della purezza, priva di prezzo ma grandemente preziosa. Un sovramondo che aveva il suo tenebroso contraltare nel sottomondo dei deformi, degli sfiancati, dei ruderi umani che erano gli avanzi antropologici del capitalismo borghese.

Leggiamo un attimo quanto sempre Carile scrisse circa l’antropologia etica di Céline: “Céline riprende le tesi tipiche della sua generazione al fine di giustificare il proprio elitismo, frutto di un movimento psicologico di difesa dalla pessimistica sensazione della decadenza della civiltà europea. In tal modo lo scrittore, ergendosi contro il mondo moderno, crede di far barriera contro la tecnologia e il consumismo dilaganti che caratterizzano la nostra epoca ‘decadente’. L’elitismo razzista – continuava Carile – lo preserverebbe da quanto ai suoi occhi è simboleggiato negativamente dalla routine democratico-borghese. La sua ribellione lo porta ad esaltare l’irrazionalismo, la gratuità della danza e nel contempo a sublimare il proprio orgoglio aristocratico di ‘autentico celte’; dato che si considerava uno degli ultimi esempi di una razza etnicamente intatta, al di qua della torre di Babele dei popoli e delle culture imbastardite del suo tempo”. In questa analisi c’è tutto quanto il significato epocale della figura e della scrittura di Céline, questo Spengler narratore dei bassifondi del tardo impero europeo, che invoca con fanatismo disperato un’ultima resurrezione del popolo.


Céline sapeva di essere uno dei pochi capaci di andare davvero fino in fondo. Le sue scelte oltranziste – dall’antisemitismo al filogermanesimo, da Sigmaringen alla cocciuta ostinazione postbellica di non rinnegare nulla – gli attirarono un carico d’odio che soltanto oggi viene meno, per via di certi biografi che però fanno anche di peggio, dato che vogliono fare di Céline non il felino ungulato che era, ma un cappone da cortile, solo un po’ bizzarro. Lo sapeva che imboccando la strada di una difesa antropologica ed etnica dell’uomo europeo si sarebbe guadagnato una fama luciferina. Lo sapeva almeno dai tempi di Bagatelles quando, rivolgendosi a se stesso, scrisse: “Ferdinand,…t’auras le monde entier contre toi”. Avere tutto il mondo contro di sé…È il destino dei veri profeti.
                                                                                                                               


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lundi, 01 novembre 2010

Des protozoaires de la gauche Caviar-Carla

Des protozoaires de la gauche Caviar-Carla

Ex: http://ruminances.unblog.fr/

caviar01.jpgA l'origine, j'avais envisagé d'écrire un billet sur la gauche Caviar-Carla (Ca²). La composante la plus récente mais non la moins influente du Sarkozysme. Celle qui a permis à notre président de découvrir à 54 ans les joies de la lecture, du théâtre et des concerts branchouilles. Celle pour qui l'argent a une odeur fétide mais qui est bien contente d'en posséder un max. Celle qui méprise la bande du Fouquet's, noyau dur et socle initial du Sarkozysme, constituée avant tout de puissants patrons de groupes industrialo-médiatiques comme Bernard Arnault, Martin Bouygues, Vincent Bolloré ou Serge Dassault mais également de poids lourdingues du monde du show bizz et du sport  comme Johnny Hallyday, Christian Clavier, Jean Réno, Arthur, Basile Boli, Bernard Laporte ou encore Richard Virenque. Une belle brochette de joyeux drilles soit dit en passant…

La gauche Ca² n'a pas plus de considération pour la branche politique du Sarkozysme, faite de courtisans du premier cercle qui doivent tout à Nico 1er. Un aréopage improbable de perroquets dressés à répéter dans les médias exactement les mots que leur a appris leur maître le matin même. Des porte-flingues fidèles à jamais, prêts à tout pour sauver leur chef car ils n'existent politiquement que grâce à lui. Et là, on trouve pêle-mêle Frédéric Lefebvre, Xavier Bertrand, Brice Hortefeux, Nadine Morano, Christian Estrosi, les époux Balkany, Roger Karoutchi (actuellement sur la touche) ou encore Rachida Dati (revenue  en cour)…

Non la gauche Ca², c'est autre chose, voyez-vous. Je m'apprêtais à essayer de savoir ce qu'elle recouvrait exactement quand je suis tombé sur un excellent papier du Monde signé Ariane Chemin. Il narre la soirée de mariage d'Henri Weber et de Fabienne Servan Schreiber, le 15 septembre 2007, soit quelques jours avant la rencontre mythique chez Séguéla entre la belle transalpine et le petit teigneux.  Force est de constater que tous les composants de la gauche Ca² sont au rendez-vous. Ils sont venus, ils sont tous là. Inutile d'en rajouter…

La gauche à la noce
Gare aux trompettes de la renommée. Par un bouche-à-oreille très parisien, le mariage de Fabienne Servan-Schreiber, productrice de cinéma et de télévision, et d’Henri Weber, héros trotskiste devenu député socialiste européen, s’est transformé en quelques jours en un petit happening politique, échappant malgré eux à ses organisateurs. Restes d’une belle lucidité soixante-huitarde, génération qui aime tant se raconter ? Nombre des 800 invités de la fête ont éprouvé l’envie de rapporter, les jours suivants, leur soirée du samedi 15 septembre, sentant confusément que, sous les rampes du Cirque d’hiver, s’était dessiné un tableau allégorique. Ou devinant que, dans ces retrouvailles de la gauche arrivée, s’était écrite, volens nolens, une petite fable.

Quand ils ont trouvé le carton d’invitation dans leur boîte aux lettres, grâce au carnet d’adresses impeccablement tenu de “Fabienne”, certains se sont d’abord demandé : “Comment ? Ces deux-là ne sont pas encore mariés ?” Beaucoup ont souri sans méchanceté : “Ce vieux soixante-huitard d’Henri souscrit même au rite bourgeois et passe la bague au doigt devant monsieur le maire !” Le dernier samedi de l’été, jour de ciel bleu, de Vélib’ et de Technoparade, ce couple star de Mai 68, en présence de ses trois grands enfants, s’est donc dit “oui” devant Bertrand Delanoë, avant d’être accueilli par les clowns du Cirque d’hiver. Une adresse fameuse, entre République et Bastille, là où, au XXe siècle, quand elle gagnait encore les élections présidentielles, la gauche fêtait ses victoires, fidèle au Paris ouvrier et rebelle.

Avec la Mutualité, le Cirque d’hiver demeure l’un des lieux de mémoire parisiens. C’est ici, sur la piste aux étoiles des Bouglione, qu’est né le MRAP, organisation antiraciste, en mai 1949. Là que se sont tenus quelques célèbres meetings de campagne de François Mitterrand, Lionel Jospin, puis Ségolène Royal. Là que s’est souvent réunie en messes unitaires la gauche partisane et syndicaliste. “On se fait une Mutu ?” “On se tente un Cirque ?”, demandaient les responsables. La “Mutu” est moins chère - entre 12 000 et 15 000 euros la salle -, mais le “Cirque” est plus vaste. Or, a expliqué sur la piste Denis Olivennes, le patron de la FNAC, dans un compliment bien troussé : “Quand on se marie à 25 ans, on invite 50 amis ; à 35, 200. Quand on se marie beaucoup plus tard, on en reçoit 800. Et avec les connaisssances, il leur aurait fallu le Stade de France !

Durant la campagne présidentielle, Fabienne Servan-Schreiber, indéfectible soutien de la gauche, avait réuni artistes et intellectuels prêts à soutenir Ségolène Royal dans un gymnase parisien. A 63 an, le marié, lui, est un lieutenant fidèle de Laurent Fabius, comme son ami Claude Bartolone, y compris lorsqu’il lui a fallu dire non à la Constitution européenne. Foin des querelles entre ex-trotskistes, des oukases contre ceux qui lorgnent trop, depuis quelques mois, vers la droite : du groupe trotskiste lambertiste OCI aux hauts fonctionnaires centristes des Gracques, ce soir-là, Henri Weber réunissait gaiement tout le monde.

Lionel Jospin et son épouse, Sylviane Agacinski, dînaient à quelques tables de la présidente de la région Poitou-Charentes, venue avec ses enfants. “Il paraît qu’il a écrit un livre terrible et ignoble contre moi“, confiait-elle à ses voisins (c’était deux jours avant que Libération ne publie les extraits chocs de L’Impasse - éd. Flammarion). Entre deux avions, Dominique Strauss-Kahn, alors futur patron du FMI, honorait les mariés de sa présence. “On le regardait déjà différemment, il est devenu international“, s’amusait un convive.

Enfin, last but not least, la gauche sarko-compatible, des chargés de mission aux ministres, avait fait le déplacement en masse : l’ex-patron d’Emmaüs, Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner - une des vedettes de la fête. “Il est resté tard, pour montrer qu’il n’avait pas de problème avec sa famille politique, commente un invité. Quand on pense en revanche à tout ce qu’Henri lui a donné, Fabius aurait pu s’attarder.” Arrivé pour le cocktail, l’ancien premier ministre est reparti avant le dîner…

Est-ce la présence des banquiers - Bruno Roger, le patron de Lazard, Philippe Lagayette, de chez JP Morgan, ou Lindsay Owen-Jones, le patron de L’Oréal ? Celle des ténors du barreau, ou des patrons de télévision - Patrice Duhamel, Jérôme Clément, Patrick de Carolis ? “C’était comme si la gauche n’avait pas perdu les élections“, sourit un membre de la noce. “Si on n’est pas invité ce soir, c’est qu’on n’existe pas socialement“, souffle le psychanalyste Gérard Miller à ses camarades de table. Patrick Bruel, Carla Bruni ou Julien Clerc… Mélange des étiquettes et des genres provoquent toujours quelques scènes dignes du cinéma, comme l’arrivée spectaculaire de Georges Kiejman accompagné de Fanny Ardant, ou le compagnonnage du journaliste Jean-François Kahn, patron de Marianne, avec Alain Minc, ami du président de la République.

S’ils sont tous là, c’est parce que la petite histoire des héros de la soirée a rencontré celle de la gauche. Leurs vies militantes se sont emmêlées avec la grande politique, puis, une fois la gauche au pouvoir, avec la réussite. Avant de devenir sénateur à Paris puis député à Bruxelles, le fabiusien Henri Weber fut un enfant de Mai 68. Cofondateur de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avec Alain Krivine, il a dirigé Rouge, le journal de l’organisation trotskiste, qu’il a créé avec les droits d’auteur de son Mai 1968 : une répétition générale - réédité tous les dix ans en “poche”. Pour le mariage, Fabienne portait d’ailleurs une robe bustier écarlate, dessinée par Sonia Rykiel. Et c’est une ancienne claviste de Rouge, Sophie Bouchet-Petersen, devenue “plume” et amie de Ségolène Royal, qui prononça le deuxième discours de la soirée. “Les bonnes formations passent les années !”, applaudit en expert l’un des trotskistes de la fête au Cirque d’hiver.

C’est justement là, en juin 1973, que s’est nouée l’idylle. Avec la petite caméra qui ne la quitte jamais, une jolie étudiante filme, devant le bâtiment, la foule qui proteste contre la dissolution de la Ligue communiste, après les affrontements violents qui ont opposé ses militants à ceux du groupe d’extrême droite Ordre nouveau. A l’intérieur, Jacques Duclos, secrétaire général du PCF, s’indigne - grande première - des ennuis causés aux “gauchistes” par le ministre de l’intérieur, Raymond Marcellin. Perché sur un feu rouge, un jeune homme vocifère dans son mégaphone et tempête contre l’emprisonnement du camarade Krivine. Belle gueule, bel esprit. Dans le viseur de sa super-8, Fabienne Servan-Schreiber tombe amoureuse du fils d’immigré d’Europe de l’Est grandi à Belleville…

L’avantage, quand on devient célèbre et qu’on se marie tard, c’est qu’on échappe aux discours potaches et aux mauvaises vidéos amateurs. De sa maison de production, Cinétévé, Fabienne Servan- Schreiber, scénariste et réalisatrice du film de ses noces, a tout prévu. Côté archives, le fonds “maison” est large. On peut aussi puiser dans celui des invités : Romain Goupil et son Mourir à trente ans, les épisodes de Génération des historiens de Mai 68 Patrick Rotman et Hervé Hamon…

La mariée a confié les commentaires du film-souvenir, Trente-quatre ans de fiançailles, à l’un des plus solides amis du couple, celui des bons et des mauvais jours : Régis Debray. Devant Edgar Morin et un parterre d’intellectuels sexagénaires, le philosophe peut enfin commenter à sa sauce les fameux “événements” d’il y a presque quarante ans et… leur apothéose. Les Weber cabotant le long des côtes dans leur caïque turc à voiles plutôt qu’en croisière sur le Paloma, n’est-ce pas la dernière différence entre la droite et la gauche ? “Tendres sarcasmes”, signe Régis Debray au générique.

Ont-ils trop vieilli, l’ont-ils trop aimée, la révolution ? Sur la piste, une fois le sirtaki de Bernard Kouchner et de Christine Ockrent fini, il n’y eut vite plus que les enfants des invités pour danser sur les “compil” du DJ déniché par “Fabienne” au festival du documentaire de Biarritz. Lionel Jospin est resté assis sur le bord de la piste. Le dernier carré des révolutionnaires est parti se coucher, après avoir exhumé, tristes et désolés, les jolis coups et les bons mots de l’ami Jean-François Bizot, grand absent de la fête, mort juste une semaine plus tôt.

Des convives présents, on n’a guère entendu que le chercheur Patrick Weil protester, les jours suivants, contre la politique d’immigration du nouveau gouvernement. Invité aux noces, Alain Krivine avait décliné l’invitation.

Que le très fabiusien Henri Weber se marie, c’est son droit le plus strict, commentait Rouge d’une brève, le 21 septembre. Qu’il organise un dîner politico-mondain où se sont retrouvés, outre le panel des dirigeants socialistes, la députée UMP Françoise de Panafieu et Bernard Kouchner, le va-t-en-guerre, montre que nous ne vivons pas dans le même monde et que nous n’avons pas la même conception de la politique.” Cette fois-ci, c’est Krivine qui jouait les trouble-fête. Pour parfaire la légende, il faut toujours quelques absents au banquet de la jeunesse disparue.

Ariane Chemin

Photo : Fabrizio Ferri

samedi, 30 octobre 2010

La liberté d'installation au sein de l'UE ne doit pas conduire à des abus

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La liberté d’installation au sein de l’UE ne doit pas conduire à des abus

 

 

Si les citoyens de l’UE abusent de la liberté qui leur est accordée de voyager et de s’installer dans l’Union et cherchent les lieux où ils peuvent le plus facilement pratiquer certaines formes de petite criminalité, alors nous devons remettre le système en question !

 

Dans le débat qui fait rage aujourd’hui à propos de l’expulsion de Roms hors de France et vu la procédure en cours contre ce pays (qui est toutefois atténuée), le député européen de la FPÖ autrichienne Andreas Mölzer a pris la parole. Il a déclaré : « Le débat est vicié, surtout par la façon dont l’a amorcé la Commissaire européenne Viviane Reding, car le droit de s’installer partout dans les pays de l’UE ne peut en aucun cas signifier que l’on possède le droit, en tant que citoyen d’un pays de cette UE, de se chercher à la carte un lieu où exercer une forme ou une autre de petite criminalité », a déclaré le mandataire de la FPÖ au service de presse de son parti.

 

« Lorsque, par exemple, un pays comme la France a expulsé près de 8000 Roms vers les pays dont ces personnes sont originaires, soit la Roumanie et la Bulgarie, parce qu’elles avaient provoqué des problèmes inacceptables, il convient de respecter cette décision française », a poursuivi Mölzer. « Il ne faut pas en tirer la conclusion que la France doit être sanctionnée pour cette politique visant l’élimination de problèmes réels, ou d’aller dire que la France doit modifier son droit ; non, il faut que les directives européennes limitent la libre circulation des personnes possédant la citoyenneté d’un pays de l’Union, en cas d’activités criminelles ou de comportements inacceptables vis-à-vis du pays hôte, et, dans de tels cas, il convient donc de limiter aussi le droit d’installation ». Tels ont été les propos du député autrichien de la FPÖ auprès du Parlement Européen, qui s’est efforcé de ramener le débat vers la raison et l’honnêteté intellectuelle, direction qu’il n’avait nullement empruntée !

 

(Source : http://www.andreas-moelzer.at/ ).

jeudi, 28 octobre 2010

Les banlieues masquent les vraies fractures françaises

Les banlieues masquent les vraies fractures françaises

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Quinze ans après le fameux slogan de campagne de Jacques Chirac sur la « fracture sociale », où en sont les inégalités ? Le constat du géographe Christophe Guilluy dénonce l’incapacité de nos dirigeants à pallier les inégalités territoriales.

Il y a 15 ans maintenant, Jacques Chirac emportait l’élection présidentielle grâce à une intuition que résumait non pas son indigeste premier slogan « manger des pommes » mais le second, ô combien plus politique, dénonçant la « fracture sociale ».

Pour Christophe Guilluy, rien n’a vraiment changé en 15 ans. Au contraire, d’évitement en évitement, les cassures se sont approfondies, diffusées, multipliées, comme un cancer mal soigné se métastase.

Avec « Fractures françaises », son dernier essai, dont on peut lire quelques extraits ci-dessous, le géographe dresse un constat alarmiste sur la situation des couches populaires après 20 ans de mondialisation à marche forcée. Cette fois-ci, ce sera sans cartes, mais avec en appui un sérieux paquet de statistiques.

Car il s’agit ni plus ni moins pour ce chercheur que de dénoncer l’incroyable cécité des politiques publiques, à comprendre, apprécier, mesurer les inégalités territoriales qui se sont maintenant enkystées dans ce «vieux pays». Derrière ces territoires, ce sont évidemment des populations.

Alors que les dynamiques de mondialisation, de « métropolisation », et d’émergence du multiculturalisme à l’œuvre depuis deux voire trois décennies ont ébranlé le « principe d’égalité sociale ». Les réponses apportées ont à chaque fois tapé à coté de l’objectif, mainte fois répété, rarement atteint, de maintien des principes républicains.

La banlieue occulte tous les autres territoires

 

Cet aveuglement, les politiques l’ont en partage avec nombre d’acteurs de la sphère publique. Et d’abord les médias, comme on l’a encore vu récemment avec ces journalistes du Point abusés par leur « fixeur » de Montfermeil dans leur « enquête » sur la polygamie en banlieue.

S’il est vrai que se posent dans ces espaces des questions aussi sensibles que le « vivre-ensemble », comme viennent le confirmer les travaux du sociologue Hugues Lagrange sur la sur-délinquance, cette banlieue est, selon l’auteur, désignée à tort comme une terra incognita. Guilluy rappelle l’importance des travaux académiques qui lui sont consacrés comme des milliards d’argent public qui y sont dispensés.

Le problème est que la banlieue finit par occulter tous les autres territoires. Et par ricochet, la question sociale, pour le plus grand profit d’une droite sarkozyste qui a fait de l’insécurité son fonds de commerce, avec les (non-) résultats que mesurent parfaitement les statistiques.

Pour lui, un consensus « caricatural » s’est imposé : les banlieues concentrent tous les problèmes, sous-entendu il n’y en a pas ailleurs. Dit autrement : « l’idée d’une société française divisée entre les exclus, essentiellement les minorités qui vivent en banlieue, et la classe moyenne ».

A la faveur de ce discours, qualifié de dominant, disparaît donc la question de la relégation culturelle et spatiale (les grands espaces périurbains, au-delà des banlieues) des classes moyennes et populaires. A cette montée des inégalités monétaires, et surtout d’opportunité d’ascension, tant pour les français dits de souche que pour les immigrés, répond une politique centrée sur une analyse essentiellement communautariste.

La promotion de la diversité qui en découle aboutit aux rustines de la discrimination positive, déjà en place à l’ENA ou à Sciences-Po. Pourtant, comme le note l’auteur, « si les élites sont prêtes à s’ouvrir à la diversité ethnique, peu considèrent la diversité sociale, que remettrait en cause un système dont elles bénéficient, comme une priorité ».

Ces fractures françaises dessinent un territoire en recomposition, où seuls s’imposent les problèmes de la banlieue, que résoudraient à bon compte l’émergence d’une société dite multiculturelle. De leur déni nait le mythe d’une société apaisée au sein de laquelle s’épanouirait une classe moyenne majoritaire et bénéficiaire de la mondialisation.

En fait, le chômage de masse qui s’incruste depuis 30 ans, l’abstention massive, les inégalités de revenus qui s’accroissent, ou encore le fait que les masses populaires disparaissent des écrans radar des médias, invalident totalement cette analyse.

L’ouverture massive des frontières aux biens et aux personnes, qui élargissent ces « fractures françaises » demeure un invariant, dont l’élite profite indéniablement, quitte à faire voler en éclats le modèle républicain.

———————–

Extraits du livre « Fractures Françaises », du géographe Christophe Guilluy, chez François Bourin Editeur, 19 € :

Certaines thématiques structurent plus que d’autres le discours dominant. Depuis 1990, la banlieue, les minorités et la classe moyenne occupent ainsi l’essentiel du discours des prescripteurs d’opinions et, singulièrement, de la classe politique.

À aucun moment, la question de la pertinence de ces représentations sociales et territoriales n’a été posée ; celles-ci traduisent pourtant une interprétation très idéologique des oppositions sociales.

La remise en cause des représentations sociales de la société française n’est pas un exercice «technique», ni même un débat sociologique. Cette critique des représentations courantes permet d’interroger la pertinence des discours politiques, médiatiques et culturels, et d’identifier ainsi l’une des causes majeures de la fracture entre le peuple et ses élites.

La montée de l’abstention et du « populisme » est présentée comme un rejet du politique ou des partis. Elle est en réalité l’illustration d’un décalage croissant entre la réalité et les représentations qui influencent le discours des partis politiques.

On comprend, dans ce contexte, que 67% des Français ne fassent plus confiance ni à la gauche ni à la droite et que seulement une minorité d’entre eux arrivent encore à se situer sur l’échelle gauche/droite. Comment se sentir impliqué par un débat politique essentiellement centré sur des représentations erronées de la société française ?

La crise démocratique est d’abord celle d’une grille de lecture dépassée. La question des banlieues occupe une place de choix dans cette grille. Il s’agit certainement de la thématique la plus médiatisée et certainement la plus erronée. Elle s’articule avec celle des classes moyennes.

Ces deux thèmes ne sont pourtant jamais mis en relation. La littérature consacrée aux deux sujets est abondante, mais ne montre pas comment ces questions se nourrissent l’une de l’autre. Pourtant, l’une n’existe pas sans l’autre.

banlieues.jpgLes quartiers sensibles se définissent ainsi comme des territoires désertés par les classes moyennes. L’image de ces « no-middle-class-land » s’est construite en creux, en comparaison d’une classe moyenne majoritaire et intégrée vivant sur d’autres territoires, notamment périurbains.

Cette analyse caricaturale d’une société divisée entre les « exclus » et les « petits bourgeois », entre les cités et les pavillons, a été confortée par l’émergence de la thématique des minorités. Les exclus, ceux qui se concentrent dans les quartiers sensibles, font partie des minorités visibles, les classes moyennes appartenant mécaniquement à la majorité invisible.

L’opposition d’une France des ghettos ethnicisés à une France des pavillons permet de valider l’idée d’une société structurée par un apartheid urbain et ethnique. Peu importe que les banlieues ne soient pas les ghettos américains, que la France pavillonnaire ne soit plus celle de l’ascension sociale des classes moyennes, et que, au final, cette géographie sociale n’existe pas.

Cette construction sociologique et urbaine est désormais gravée dans le marbre politique et médiatique : des territoires et des populations qui ne seront jamais des classes moyennes, face à des territoires qui, au contraire, y sont fermement arrimés.

Cette doxa « sociospatiale » n’est pas seulement une posture médiatique, elle a des conséquences idéologiques profondes. Elle permet, nous le verrons, d’accompagner en douceur l’intégration à la mondialisation libérale en rendant obsolète la question sociale et ainsi, de remplacer peu à peu l’égalitarisme républicain par un «égalitarisme multiculturel», beaucoup moins exigeant socialement.

La déconstruction du discours sur la banlieue, les minorités et les classes moyennes, vise à remettre en cause une représentation idéologique de la société française, afin de discerner les véritables dynamiques à l’œuvre dans la société et sur les territoires.

En effet, « la banlieue » n’existe pas. Il ne s’agit évidemment pas là de remettre en cause l’existence de territoires urbains où vivent les trois quarts de la population urbaine. Il ne s’agit pas non plus de nier l’évidence d’une concentration des difficultés sur certains territoires où les taux de chômage et de pauvreté sont effectivement très élevés.

Il s’agit, en revanche, de nous interroger sur la signification du surgissement dans le discours politique du « ghetto à la française ». Stigmatisée et victimisée, la « banlieue-ghetto » participe à la construction d’une représentation erronée de la société française.

Hormis le fait qu’elle empêche de poser le véritable diagnostic des quartiers sensibles, elle masque l’importance des nouvelles dynamiques urbaines et sociales. La situation des banlieues est d’abord la conséquence de l’émergence d’une nouvelle géographie sociale insuffisamment prise en compte.

Une géographie médiatique

Ainsi, pour y voir plus clair, une petite leçon de géographie sociale s’impose. La transformation des villes, les évolutions économiques, la démographie modèlent insensiblement le paysage social.

La géographie sociale est aussi le fruit d’un héritage. Les représentations des territoires sont pour partie héritées de deux périodes : celle de la révolution industrielle et celle, plus récente, des Trente Glorieuses.

La vision dix-neuvièmiste des territoires oppose les quartiers ouvriers et les régions industrielles aux quartiers bourgeois et aux régions tertiairisées. Née de la révolution industrielle, cette géographie structure encore socialement le territoire.

Une autre est venue compléter ce dispositif, celle forgée durant les Trente Glorieuses (1945-1975). Cette géographie de la « moyennisation » est celle de la France pavillonnaire. Cette France périurbaine se confond avec la France des classes moyennes en voie d’ascension sociale.

Ces géographies sociales « héritées » s’effacent peu à peu dans les années 1980, pour laisser la place à une autre représentation sociale des territoires, celle des banlieues.

Contrairement aux autres, cette géographie-là est d’abord une « géographie médiatique » : « vu à la télé », modelé au fil des ans par la puissance médiatique des images, le paysage des quartiers sensibles s’est imposé à l’ensemble des prescripteurs d’opinions, avant même d’avoir fait l’objet d’une analyse sociale et scientifique sérieuse.

L’étude des dynamiques sociales pèse en effet peu, face aux images d’émeutiers armés de Villiers-le-Bel ou du quartier de la Villeneuve à Grenoble.

Ainsi, et pour la première fois, ce ne sont plus les seuls acteurs sociaux qui modèlent et écrivent l’histoire sociale, mais les médias et plus largement les prescripteurs d’opinions. Le traitement médiatique de la question des banlieues n’aura pas seulement contribué à créer de nouvelles représentations sociologiques, il est aussi à l’origine d’une géographie sociale qui structure désormais les discours politiques.

Il est ainsi frappant de constater la rapidité avec laquelle la géographie sociale traditionnelle s’est effacée. Les territoires de la France ouvrière, industrielle, l’histoire bicentenaire des quartiers populaires des grandes villes, sans parler de la France rurale… tout cela s’est évanoui peu à peu dans les années 1980-1990, au fur et à mesure qu’émergeait l’obsession des banlieues.

Cette disparition n’est pas seulement la conséquence du passage de la société industrielle à la société postindustrielle, mais participe à un mouvement idéologique qui vise notamment à substituer la question sociale à des questions sociétales. Ce qui est vraiment en cause ici n’est pas le traitement de la crise des banlieues par les médias, mais l’utilisation politique de ce traitement.

2008-01-22T180422Z_01_NOOTR_RTRIDSP_2_OFRTP-FRANCE-BANLIEUES-GAUCHE-20080122.jpgLe « paysage médiatique » est devenu le « paysage social de référence » et le reflet de l’idéologie des élites. L’analyse de la genèse de cette représentation permet d’éclairer cette dimension idéologique.

Les urbanistes et sociologues ont l’habitude de faire démarrer la crise des banlieues et la politique de la ville en 1973. Les pouvoirs publics créent alors le premier groupe de réflexion sur les quartiers de grands ensembles de logements sociaux. Cette année de naissance est techniquement pertinente puisque l’attention portée aux grands ensembles va précéder les émeutes urbaines.

Cet acte de naissance marque une volonté, dès les années 1980, de « techniciser » et d’«urbaniser» une question qui est d’abord démographique, culturelle et idéologique. La banlieue comme « objet politique et médiatique » est née en septembre 1979, précisément dans la banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin.

Pour la première fois, des émeutes urbaines, que l’on croyait réservées aux pays anglosaxons ou à ceux du tiers-monde, venaient frapper le territoire français. Pendant plusieurs jours, les jeunes du quartier de la Grappinière multiplient les « rodéos », affrontent la police et incendient des voitures.

Pire, ces échauffourées sporadiques se multiplient et touchent d’autres communes et quartiers de la banlieue lyonnaise. Villeurbanne, notamment la cité Olivier-de-Serres, est touchée en 1980.

Un an plus tard, c’est au tour de Vénissieux et du quartier des Minguettes de subir des violences urbaines d’une rare intensité. Les politiques sont sous le choc, comme paralysés par des violences qui concernent une France qu’on ne connaît pas, celle des jeunes Français issus de l’immigration maghrébine. La banlieue, c’est d’abord une image, celle de ces jeunes Français qui défient la police.

Le choc est d’abord culturel, et non pas urbain. Ces événements seront d’ailleurs le point de départ en 1983 de la « Marche civique pour l’égalité et contre le racisme », baptisée « Marche des Beurs » par les médias, dont les revendications sont sociales et culturelles ; la question urbaine et celle des violences n’apparaissent qu’en second plan.

Le traitement médiatique et politique de ces événements modèle assez rapidement l’image-type d’un paysage angoissant, celui de grands ensembles de logements sociaux, souvent dégradés et où les violences sont récurrentes. Le discours sur l’« urbanisme criminogène » prend le pas sur la question sociale et culturelle.

La loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire définira, en 1995, ces quartiers difficiles comme des « zones sensibles se caractérisant par la présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradés ».

Plus tard, sur un même registre, on évoquera la question de la « concentration des difficultés », l’idée étant toujours d’aborder le sujet à travers un prisme urbanistique, qui suggère qu’il existe une volonté politique de concentrer les populations issues de l’immigration maghrébine dans des ghettos.

La sur-représentation, depuis trente ans, des banlieues difficiles, non seulement dans les médias mais aussi dans le monde de la recherche, impose alors le ghetto comme le paysage emblématique de la crise de la société française. La thématique banlieusarde est désormais omniprésente.

Sur le sujet, la littérature, notamment sociologique, est prolifique. Il n’y a désormais plus un seul quartier sensible qui n’ait échappé à sa thèse, à sa recherche urbaine, plus un seul îlot qui ne vive en permanence sous l’œil d’un observatoire local ou national. On connaît tout, absolument tout de ces territoires les plus étudiés de France ; de l’immeuble à l’îlot, rien n’échappe à l’analyse.

Paradoxalement, cette attention extrême ne semble pas remettre en cause l’idée selon laquelle la banlieue resterait une « terra incognita » ; une idée très répandue, qui permet au passage de faire perdurer la production de reportages, sous prétexte d’investigations inédites ou de nouvelles recherches.

Cette attention générale impose de fait les quartiers difficiles dans l’agenda des politiques. Pour l’année 2008, le journal Le Monde avait relevé que le seul département difficile de la Seine-Saint-Denis avait ainsi enregistré 174 déplacements ministériels.

Il n’y a pas que des jeunes en banlieue, et il y a aussi des jeunes ailleurs !

On pourrait expliquer cette exploration en continu des quartiers difficiles, par l’intérêt pernicieux de médias pour des territoires qui font vendre. L’explication est un peu courte.

En réalité, cette attention médiatique est provoquée par le fantasme d’une classe dirigeante persuadée d’être face à l’apparition en France du « ghetto black américain » et d’une jeunesse rebelle issue des minorités ethniques : la France est désormais face aux jeunes du ghetto.

Problème, la banlieue française n’est pas le « ghetto black ». La jeunesse agitée et en décrochage des quartiers ne représente qu’une faible minorité des habitants.

La question de la médiatisation de cette jeunesse des banlieues pose plusieurs questions. La première tient à la réduction de la population des quartiers sensibles aux seuls jeunes, alors que la majorité de la population est composée d’adultes et de personnes âgées. Bref, les banlieues vieillissent aussi.

Les quartiers classés « sensibles » ne sont pas en effet des « fontaines de jouvence ». Sur ces territoires, le vieillissement des populations n’est jamais évoqué. Si les adultes sont invisibles, les retraités n’existent pas. La part des plus de 60 ans progresse, en fait, rapidement dans la plupart des quartiers sensibles, avec une « tendance à un rapprochement de la pyramide des âges des ZUS à celle de la France entière ».

En banlieue, il semble malgré tout que les jeunes restent toujours jeunes. On peut pourtant raisonnablement imaginer que, biologiquement, les jeunes qui ont pris part aux émeutes de 1979 à Vaulx-en-Velin ont désormais près de 50 ans. Traînent-ils encore en bas de leurs immeubles ? Brûlent-ils encore des voitures ? Plus certainement, ils ont, a priori, fondé des familles, travaillent, et, pour beaucoup, ont quitté le quartier de la Grappinière.

L’association mentale « jeunes de banlieues » est si forte, qu’il convient de rappeler une vérité qui s’applique y compris sur ces territoires : on vieillit aussi en banlieue ! Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier et ne seront pas ceux de demain.

Rappeler cette évidence n’est pas inutile, à un moment où le jeunisme est devenu une valeur dominante et que la fascination (entre attraction et répulsion) du monde médiatique et politique pour la « jeunesse des banlieues » semble truster toute réflexion sur les autres tranches d’âge.

Le vieillissement dans le parc social est pourtant devenu un sujet de préoccupation pour l’ensemble des bailleurs sociaux. Le « papy-boom » des banlieues est en marche et le nombre de retraités pauvres, déjà en augmentation, risque de progresser très rapidement dans les prochaines années.

La réduction de la banlieue à la jeunesse tend également à imposer l’idée d’une réduction de la jeunesse à celle des banlieues.

En 2006, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, déclarait qu’il fallait « bien que les Français aient en tête une chose, c’est que l’avenir du pays se joue là ». Cette affirmation pose deux problèmes.

Le premier est de considérer que 8 % de la population résume l’avenir d’un pays. Par ailleurs, si la part des moins de 20 ans est effectivement plus élevée en ZUS (30%, contre 25% en moyenne en France), elle ne cesse de diminuer depuis 1990, au profit des plus de 60 ans dont le nombre a fortement augmenté dans ces quartiers depuis vingt ans.

Le deuxième est de se persuader que la jeunesse relative des banlieues et, au-delà, des populations issues de l’immigration, pourra infléchir un processus de vieillissement qui, rappelons-le, est un processus inéluctable et quasiment mondial.

Ce discours est caractéristique de l’amnésie française qui, après avoir oublié la classe ouvrière et plus généralement les catégories populaires, est dans l’impossibilité désormais de concevoir une autre jeunesse, par exemple celle des espaces périurbains et ruraux, que celle, « vue à la télé », des quartiers sensibles.

L’affirmation selon laquelle la jeunesse des quartiers sensibles serait l’avenir de la France est évidemment généreuse, mais elle pose quelques questions de fond.

La première est qu’affirmer que les quartiers sensibles, c’est-à-dire les territoires où les violences urbaines et aux personnes sont plus fréquentes, constituent l’avenir de la France, est particulièrement anxiogène pour l’ensemble de la société.

De la même manière, considérer que les jeunes des quartiers sensibles sont emblématiques de la jeunesse issue de l’immigration, alors même qu’une minorité d’entre eux vivent dans ces quartiers, participe à la construction d’une représentation négative de l’ensemble des jeunes issus des minorités.

On le voit, la démagogie sur la « jeunesse des quartiers » se révèle contre-productive, notamment au regard de l’objectif recherché, celui de favoriser l’intégration et de promouvoir une image positive des minorités.

Cette représentation négative est renforcée par une utilisation sans modération du concept de ghetto pour décrire la réalité des banlieues françaises.

A Villiers-le-Bel, 12 000 € par habitant, près de Verdun… 11 €

En l’espace de quelques décennies, l’histoire urbaine et sociale de ces territoires a laissé la place à une représentation « à l’américaine », celle qui oppose le ghetto ethnicisé au reste de la société.

La grille de lecture de la réalité banlieusarde est fondamentalement anglo-saxonne et américaine. Le modèle du ghetto américain a été d’autant plus rapidement adopté qu’il permet d’évoquer la crise des sociétés urbaines et multiculturelles.

On peut s’étonner de la rapidité avec laquelle l’intelligentsia française, pourtant critique à l’égard du modèle anglo-saxon, a adopté une telle grille de lecture pour décrire une réalité sociale. S’il existe une Amérique racialiste qui rejette la communauté noire, la France ferait émerger une « société d’apartheid », affirme la bien-pensance. Ce discours apparaît comme une critique à peine voilée du modèle républicain et égalitaire que nous connaissons.

L’idée de la ghettoïsation « à l’américaine » suggère, en effet, que l’État républicain a déserté ces territoires. Stigmatisées, reléguées, les banlieues seraient ainsi sous-équipées et l’État y serait moins présent qu’ailleurs.

banlieues.jpgCette affirmation ne correspond pas à la réalité. Si la permanence des difficultés sociales révèle une forme d’impuissance des pouvoirs publics, elle ne signifie pas pour autant que l’État s’est désengagé. D’ailleurs, ces territoires bénéficient le plus souvent d’une densité d’équipements publics supérieure à celle des territoires périurbains et ruraux.

C’est dans cette optique que le sociologue Dominique Lorrain a réalisé une étude comparative sur les investissements publics entre le quartier des Hautes-Noues à Villiers-sur-Marne et un quartier de la périphérie de Verdun.

Dans les deux cas, les populations concernées sont modestes et/ou précaires et les taux de chômage sont élevés. La cité des Hautes-Noues est classée « sensible », tandis que le quartier de la périphérie de Verdun n’a jamais fait parler de lui.

Première surprise, le revenu moyen par habitant du quartier sensible de Villiers-sur-Marne est de 20% supérieur à celui de Verdun. L’auteur précise par ailleurs que les équipements culturels, les services publics et les facilités de transports sont moins fournis à Verdun : il faut compter trois heures pour rejoindre la métropole nancéenne, contre vingt minutes pour rallier Paris depuis le quartier des Hautes-Noues.

Enfin, et pour faire litière de l’idée d’un abandon des quartiers sensibles, le chercheur calcule le total des investissements publics par habitant. Le programme de réhabilitation dont bénéficie le quartier des Hautes-Noues prévoit une dotation de 12 450 euros par habitant, tandis que le contrat de ville mis en place dans les quartiers de Verdun n’alloue que 11,80 euros par habitant.

Les investissements publics étaient donc mille fois plus élevés dans le quartier sensible que dans les quartiers de Verdun, pourtant socialement défavorisés !

Cet exemple, extrême, n’est certainement pas représentatif de la situation qui prévaut sur l’ensemble du territoire, mais vise, a minima, à démontrer, qu’à situation sociale égale, les pouvoirs n’ont pas choisi d’abandonner les ghettos. Au contraire, ces territoires jouissent pleinement d’une forme de discrimination positive.

L’accentuation des opérations de démolitions-reconstructions, initiées depuis 2004, confirme la poursuite de ces investissements massifs : environ 40 milliards d’euros seront investis, d’ici à 2013, pour la rénovation urbaine de ces quartiers.

La banalisation de l’« émeute urbaine »

Concernant les banlieues, la réalité des faits pèse peu face au bruit médiatique. Les relances en matière de politique de la ville ne sont pas l’aboutissement d’une pression syndicale ou d’un mouvement social, mais sont toutes consécutives à des périodes de tension ou d’émeutes urbaines médiatisées.

Sans diagnostic, sans interlocuteurs représentatifs et face à des émeutes toujours plus spectaculaires, les pouvoirs publics initient des politiques qui ne sont pas des réponses à une « demande sociale », mais d’abord une réaction à une « demande médiatique ». Les émeutes de 2005 ont, par exemple, contribué à accélérer la mise en place d’une politique de discrimination positive.

Depuis les années 1980, les pouvoirs publics réagissent aux émeutes comme s’ils étaient face à un mouvement social structuré. Cette confusion entre délinquance et revendication sociale tend à légitimer la violence.

Tout se passe comme si le système considérait l’« émeute urbaine » comme un mode d’expression sociale acceptable, destiné à remplacer une médiation traditionnelle, quasi inexistante sur ces territoires. Cette légitimation des violences participe fortement à la construction du stéréotype du jeune de banlieue.

La violence d’une minorité de délinquants est ainsi associée au mode de revendication de prédilection des jeunes banlieusards et, même, d’une majorité des habitants. Pire, l’association violence et jeunes issus de l’immigration maghrébine et subsaharienne est pour partie indirectement validée par les pouvoirs publics.

Parce qu’elles se déploient comme une réponse aux violences médiatisées, les politiques publiques sont aussi des opérations de com. Les opérations de démolitions-reconstructions entrent pour partie dans cette logique.

La question sociale, pourtant déterminante comme on l’a vu, est le plus souvent délaissée pour donner la priorité à ce qui se voit. La manne de l’argent public investi dans les banlieues bénéficie ainsi plus aux entreprises de BTP et aux agences d’architecture qu’aux habitants.

Les opérations de démolitions-reconstructions, qui entretiennent l’illusion de faire disparaître les difficultés, n’ont qu’un impact social limité. Elles donnent parfois l’opportunité à certains maires de disperser quelques familles immigrées, souvent africaines, dans des communes ou quartiers mitoyens, mais ne traitent aucune question de fond.

Le comité d’évaluation et de suivi de l’Anru a confirmé que les opérations de démolitions-reconstructions n’ont fait évoluer la population qu’à la marge puisque, dans les faits, 68% des nouvelles habitations sont construites en zone urbaine sensible (ZUS) et près de la moitié dans la même commune.

Ces opérations, souvent contestées par les habitants, représentent une forme d’apogée de la réponse politico-médiatique. Il s’agit de démontrer à l’opinion (surtout celle qui vit à l’extérieur des quartiers) que « les choses bougent » par la volonté politique. Quoi de plus médiatique qu’une démolition d’immeuble qui, de plus, permet à l’État de réaffirmer une forme d’autorité largement perdue sur ces territoires ?

Les opérations policières sont à ce titre exemplaires d’une politique «sous influence médiatique». Les services de police sont ainsi régulièrement mis à contribution dans le montage d’opérations « coup de poing », dont tous les criminologues expliquent qu’elles ne servent strictement à rien sur le plan sécuritaire.

L’absence de structures représentatives des habitants, et donc de contre-pouvoirs, laisse ainsi la place à des opérations médiatiques, peu en phase avec la réalité sociale. Ce déficit n’est malheureusement pas compensé par une représentation municipale qui, le plus souvent, n’est élue que par une fraction très minoritaire d’une population qui ne prend plus guère part aux élections.

Aux municipales de 2008, le maire de La Courneuve a été élu avec 3665 voix, ce qui représente 49% des suffrages exprimés, mais 26% des inscrits et 9,6% de l’ensemble de la population totale. Ce vide démocratique favorise, au final, le développement de politiques dont l’influence sur le réel sera faible.

Le piège de la médiatisation s’est peu à peu refermé sur la banlieue et ses habitants. Un point d’orgue a été atteint en 2005, où les « experts » invités à commenter la situation étaient le plus souvent issus du monde médiatique. Le seul fait de vivre ou d’avoir vécu en banlieue suffisait alors à rendre crédible l’« analyse ». Cette « illusion biographique » permet de crédibiliser le spectacle.

Après les rappeurs, un degré supplémentaire dans le ridicule fut atteint par la presse, qui sollicita sans retenue l’expertise du comique Jamel Debbouze. On allait enfin comprendre. Cette « pipolisation » de l’expertise de la question des banlieues parachève un processus de substitution de la question sociale et démographique, au profit de l’analyse médiatique.

Un phénomène qui touche moins d’autres territoires ou populations. Malgré leurs origines populaires, on n’a jamais demandé à Gérard Depardieu ou à Jean-Marie Bigard de commenter les délocalisations industrielles ou la dégradation des conditions de travail de la classe ouvrière.

Marianne2

(Tous les liens insérés dans cet article, l’ont été par fortune.fdesouche.com)

mercredi, 27 octobre 2010

Géopolitique française

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M./ "'t Pallieterke" :

Géopolitique française

Oublions un instant que la géopolitique concerne prioritairement le conflit des civilisations, le « Grand Jeu » en Asie centrale pour la maîtrise des hydrocarbures ou les ambitions de la Chine montante. L’Europe aussi peut s’avérer un théâtre aux intrigues très fines pour les amateurs de cette discipline. Et à l’intérieur de cette Europe, la France occupe une place vraiment à part.

Jetons d’abord un coup d’œil sur une carte physique de l’Europe. Oublions les frontières politiques et ne portons attention qu’aux altitudes. La première chose qui saute aux yeux, lorsqu’on examine une telle carte, c’est qu’il existe une grande plaine nord-européenne. Qui s’étend à l’est jusqu’aux steppes russes, et à l’ouest jusqu’aux Pyrénées. La caractéristique majeure de cette plaine, c’est qu’elle présente une forte concentration de rivières navigables. Et cette concentration est la plus dense au monde, nous ont calculé les spécialistes. Ce réseau fluvial et la qualité élevée des sols qu’ils irriguent ont indubitablement constitué la base première du futur niveau de vie du continent. Autre élément important à retenir : la différence entre cette réalité nord-européenne et le contexte dans lequel se trouve l’Europe du Sud. Sans aucun doute, la caractéristique la plus prégnante de la partie méridionale du continent est la présence de la Méditerranée. Au fil des siècles, depuis l’aube des temps historiques, cette mer intérieure a été des plus commodes pour transporter des marchandises de l’est vers l’ouest et vice-versa ou du nord au sud.

En fait, les deux parties du continent sont très différentes l’une de l’autre (même si on ne peut pas vraiment parler de limites fort tranchées). Les différences géographiques ont contribué à faire émerger des différences culturelles qui se repèrent en économie, en sociologie et dans la vie politique. Et que se passe-t-il lorsque l’on mêle les deux modes de vie dans un seul pays ? On obtient une nation comme la France.

Fleuves et rivières

L’Europe possède un grand nombre de fleuves et de rivières, mais celles-ci sont simultanément fort fragmentées sur leurs cours. En d’autres termes, il s’avère très difficile de les relier entre elles, même si l’on peut citer bon nombre d’exemples de canaux. Les spécialistes de la géopolitique hydrographique parlent même d’ « un modèle précis de fragmentation ». Dans cette fragmentation hydrographique et dans la difficulté à relier les cours d’eau par des canaux, les exceptions se repèrent dans certains cas, où deux rivières ne sont séparées que par une étroite bande de terre, ce qui, dans tous les cas de figure, facilite le transit. Une situation de ce type, nous la trouvons dans la zone où voisinent les vallées de la Seine, de la Loire, du Rhône et de la Garonne. Donc uniquement en France. De surcroît, le Rhône est l’un des rares fleuves européens qui se jette dans la Méditerranée tout en servant de corridor vers l’Europe du Nord.

Dans la région où coulent la Marne et la Seine, se trouve le noyau fertile de l’agriculture française. C’est notamment la région de la Beauce, que l’on appelle parfois la « grenier à blé » du pays. Au nord de cette région, nous avons Paris. Or ce nord est le talon d’Achille de la France. Partout ailleurs, le pays a des frontières naturelles : les Alpes, les Pyrénées, les mers  (Manche, Mer du Nord, Méditerranée) et l’Océan Atlantique. Le nord ne bénéficie pas d’une telle protection : c’est par là que l’on peut entrer dans le pays sans rencontrer d’obstacle. Les années 1814 et 1815, puis la guerre de 1870-71 et les deux guerres mondiales sont à ce titre des exemples historiques instructifs. La capitale, Paris, est liée à l’Océan Atlantique par la Seine. De cette façon, elle bénéficie de tous les atouts qu’offre une ouverture sur l’océan sans risquer immédiatement une invasion venue de ce côté (encore que le débarquement de Normandie de juin 1944 tend à infirmer cette règle, ndt). Le nord est donc le point faible de l’Hexagone, tant et si bien que l’on a parfois suggéré de déplacer la capitale vers le sud, pour des raisons de sécurité.

Le facteur allemand

Au fil des années, et même des siècles, les ennemis de la France ont changé, mais non pas la géopolitique française. Depuis le 19ème siècle, Paris est obsédé par l’Allemagne (au départ par la seule Prusse). C’est bien compréhensible : chaque fois, depuis la fin de l’ère napoléonienne, le voisin de l’est semblait le plus puissant militairement et la France avait besoin d’un bon nombre d’alliés pour conjurer le danger allemand. La fin de la deuxième guerre mondiale a créé une situation intéressante. Les Britanniques ne faisaient plus le poids ; l’Espagne vivait isolée sous le régime de Franco ; les Russes se trouvaient de leur côté du Rideau de Fer et les anciennes puissances de l’Axe pouvaient désormais, sans problèmes majeurs, être incluses de force dans un projet européen. Et, de fait, l’Europe est un projet qui permet surtout à la France de « sauter plus loin que n’est longue sa perche » (comme on dit chez nous).

La fin de la Guerre Froide fut un nouveau moment charnière. Les craintes de la France ne concernaient pas vraiment l’URSS (elle n’avait pas de frontières communes avec le bloc soviétique) mais encore et toujours l’Allemagne. Or voilà que d’un coup l’Allemagne est réunifiée. Pour les élites françaises, c’est là un cauchemar : l’Allemagne va-t-elle vouloir jouer à nouveau un rôle plus indépendant ?

Malgré les très nombreux facteurs qui ont influencé l’histoire de France  —et la géographie n’en est qu’un élément parmi beaucoup d’autres—  on peut aisément déduire que le noyau de la pensée politique française est déterminé par quelques « prémisses géopolitiques ». La France est le seul pays d’Europe qui peut étendre son noyau central sans entrer en conflit avec une autre puissance. Dans la direction des Pyrénées, il existe aujourd’hui un potentiel énorme, sans qu’il ne faille outrepasser les frontières de la République. Autre prémisse géopolitique : toujours garder un œil sur l’est. La fameuse Ligne Maginot du 20ème siècle n’a jamais été que la modernisation d’une ceinture de forteresses installées dès le 16ème siècle. Autre prémisse : la cherche constante d’influence en dehors d’Europe. En fait, au départ, la France se suffisait à elle-même et n’avait nul besoin d’acquérir des colonies. L’aventure coloniale française n’avait pas de motivations économiques (ou très peu) mais principalement des motivations politiques. Les colonies françaises ont constitué un instrument commode contre les rivaux d’Europe occidentale. Rien ne permettait d’anticiper l’aventure coloniale : la France avait vendu la Louisiane pour pouvoir financer les guerres napoléoniennes. Plus tard, elle a laissé tomber l’Algérie, malgré qu’un million de Français ethniques y habitaient ! Dans les deux cas, l’objectif avait été de focaliser toutes les énergies sur des problèmes qui affectaient directement l’Hexagone.  Tel était l’option de base.

Pour conclure, nous évoquerons un dernier point : celui de la flexibilité pure et simple. Cette option n’est pas typiquement française : il suffit de se rappeler la manière dont Nixon s’est rapproché de la Chine. Mais seule la France a réussi à manier cette flexibilité à des hauteurs jusqu’ici inégalées. Tout au long de l’histoire, elle a scellé des accords avec l’Empire ottoman au détriment des pays européens de confession catholique. Jamais elle n’a hésité à se chercher et à se trouver des alliés parmi les entités politiques protestantes. Et cela, en des temps où la France se posait comme « fille aînée de l’Eglise ».

M. / «  ‘t Pallieterke ».

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 20 octobre 2010).