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jeudi, 13 octobre 2011

« Sarkozy sous BHL » : une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée !

« Sarkozy sous BHL » : une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée !

Interview de Roland Dumas et Jacques Vergès

Propos recueillis par Gilles Munier

Il y a quelque chose de pourri au royaume de France ! On attendait les révélations de Saif al-islam sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par la Libye... À la place, on a eu droit, sur le même sujet, à la relance de l'affaire Bettencourt, le scandale politico-fiscal de la principale actionnaire de la société L'Oréal, puis à un déluge de révélations sur la remise de valises de billets en provenance de présidents africains, par l'entremise de l'avocat de la Françafrique Robert Bourgi (l'un des dénonciateurs, qui reconnaît avoir porté des valises) à des hommes politiques français, toutes tendances confondues. Dans cette atmosphère de fin de règne, on lira avec délectation le pamphlet de Jacques Vergès et Roland Dumas qui connaissent bien les dessous crapuleux du renversement du colonel Kadhafi. Un pamphlet à lire d'une traite*. 

Afrique Asie : « Sarkozy sous BHL », le pamphlet que vous venez de publier, est une volée de bois vert contre le pouvoir de l'argent en politique. Pouvoir et argent ont toujours cohabité, sauf peut-être dans certains pays socialistes. Qu'apporte de nouveau la présidence Sarkozy dans ce domaine ? 

Roland Dumas : Le pouvoir de l'argent a toujours existé. Au travers des siècles. Dans tous les régimes. Il est triste de voir une grande démocratie ou « prétendue telle » comme la République française, être en proie à un phénomène aujourd'hui décuplé. 

Les révélations qui sortent chaque jour sont édifiantes à ce sujet mais la « France Afrique » n'est pas simplement un problème d'argent et de valises de billets. C'est aussi une méthode qui nous ramène des siècles en arrière et qui repose sur des actions militaires, en bref, sur le colonialisme : « Un régime vous déplaît, on le change, on en installe un autre ». Peut-on dire que c'est là le progrès ? 

Jacques Vergès : Ce que la présidence Sarkozy apporte de nouveau dans les relations entre pouvoir et argent est l'hypertrophie du rôle de l'argent sale et de la corruption qui s'ensuit, faisant de la République française une République bananière. Ses relations avec les pays africains et arabes ne se font plus à travers des diplomates mais à travers des affairistes douteux. 

Afrique Asie : Vous vous en prenez à « Lévy d'Arabie »... BHL. Est-ce la première fois, sous la République, qu'un intellectuel détient publiquement un tel pouvoir? Peut-on comparer son influence à celle de Jacques Attali sur François Mitterrand ou de Marie-France Garaud sur Georges Pompidou puis Jacques Chirac ? 

Jacques Vergès : On ne peut comparer les rôles discrets de M. Attali auprès du président Mitterrand ou de Madame Garaud auprès de Georges Pompidou avec le rôle de M. Lévy auprès de Sarkozy qui est un rôle de décideur. Le président Sarkozy entérine les conciliabules de M. Lévy avec des émissaires libyens dans les hôtels parisiens. 

Roland Dumas : C'est sans doute la première fois qu'un intellectuel aussi médiocre que M. Bernard-Henry Lévy joue un rôle aussi important dans la République. On ne peut le comparer ni à Jacques Attali qui était une institution dans la République ou à Marie-France Garaud qui disposait d'une relation personnelle avec Georges Pompidou. La situation insolite de M. BHL ne relève ni d'un cas ni d'un autre. Il n'est rien dans la République. Il s'impose. Il virevolte. Il joue les « mouches du coche ». 

Afrique Asie : En Libye, le CNT occupe Tripoli. Qu'en est-il de la plainte que vous comptiez déposer accusant Nicolas Sarkozy de crime de guerre ? 

Jacques Vergès : Cette plainte attend que M. Sarkozy ne soit plus à même d'empêcher cette plainte de suivre son cours. 

Afrique Asie : Après la Libye, Sarkozy menace la Syrie et l'Iran. Où s'arrêtera-t-il ? 

Jacques Vergès : M. Sarkozy est irresponsable, il est capable désormais de toutes les folies à moins que le peuple français ne lui passe une camisole de force auparavant. 

Roland Dumas : C'est cela qui nous inquiète. Les menaces contre la Syrie sont précises. Elles sont sérieuses. Les menaces contre l'Iran existent. On a l'impression que tout est fait pour embraser le Proche-Orient. A quoi cela correspond-il ? On peut se le demander. Je ne peux séparer la situation actuelle de ce qui se passe à l'ONU au sujet des Palestiniens. 

L'humanité se déshonore en laissant tomber le peuple palestinien qui est raisonnable, paisible et ne demande pour lui que ce que les israéliens ont obtenu pour eux-mêmes. 

Afrique Asie : Après le renversement de Saddam Hussein, de Laurent Gbagbo et du colonel Kadhafi, ne sommes-nous pas en définitive en train d'assister à un retour accéléré du colonialisme ? 

Roland Dumas : Tout à fait. Nous assistons à un retour, non seulement accéléré mais amplifié, démultiplié du colonialisme avec des moyens énormes. Saura-t-on un jour le coût des campagnes de l'Afghanistan et de la Libye ? Le peuple français a le droit de savoir. Au moment où tout le monde s'agite autour de la crise, n'est-il pas raisonnable de poser la question du coût de guerres inutiles et monstrueuses ? 

Jacques Vergès : C'est évident que la politique de M. Sarkozy marque un retour du colonialisme à un moment où la France et l'Occident en général n'en ont plus les moyens. Il peut renverser les gouvernements mais ne peut assurer l'ordre ensuite. 

Afrique Asie : Pensez-vous que l'Algérie soit sur la liste des « pays à casser » ? 

Roland Dumas : Pourquoi pas. Le contentieux entre la France et l'Algérie est durable. Quand vous imaginez que les Français n'ont pas encore souscrit à la proposition de négociations avec l'Algérie sur un contrat d'amitié, parce que trop de blessures sont encore saignantes... Tout est à craindre pour l'Algérie, mais ce sera pour M. Sarkozy un autre « morceau »...

Notes

* Lire « Bonnes feuilles » dans Afrique Asie d'octobre 2011 

** « Sarkozy sous BHL », par Roland Dumas et Jacques Vergès (Ed. Pierre-Guillaume de Roux) - 126 pages - 13,90 euros 

Source Afrique Asie via Vox NR cliquez ici et NDP Ile-de-France cliquez là

 

mercredi, 05 octobre 2011

Emil Cioran - Un siècle d'écrivains (1999)

Emil Cioran - Un siècle d'écrivains (1999)

mardi, 04 octobre 2011

Houellebecq and the narrow, very liberal culture of nationalism in America

Houellebecq and the narrow, very liberal culture of nationalism in America

by Graham Lister

Ex: http://majorityrights.com/

michel-houellebecq.jpgIt is my opinion that Michel Houellebecq should be on the reading list of any committed non-liberal - assuming, of course, this paragon of nationalist virtue is interested in culture. And I think people who are seriously interested in understanding the grotesque spectacle of post-modern, ultra-liberal, hyper-modernity should be so interested. Cultural values are at the core of self-conception and define the contours of the political imagination.

The malaise facing the West goes far deeper than PeeCee and multiculturalism, even if they can be regarded as the most egregious symptoms of our total embrace of liberalism (that is, liberalism as the foundational paradigm for politics, culture, economics et al, rather than a secondary “corrective” ideology which is how classical liberalism arose).

Unfortunately no-one has a positive agenda to rebalance the West upon a sustainable course. There are of course some excellent critiques of the problems but, as yet, no really credible, putative solution has coalesced into a substantive form.

A comments elsewhere on the blog mentioned the spurning of Houellebecq, and I want to return to that. It strikes me that American nationalists in particular have a very narrow range of “cultural resources” that they bring to their politics. This also is true of many ‘nationalists’ across the board. How many times have the virtues of institutional religion (typically in the ‘Jesusland’ style) been offered as the “solution”, or indeed some bizarre “new” version of fascism offered up? Pardon the paradox but both are deeply trivial non-answers (for rather obvious reasons). The exhaustion of the already exiguous political and cultural imagination of nationalists is palpable (neo-Nazi techno anyone??? - Jesus wept). There is, sadly, a lack of genuine radicalism or innovative thought – in the true sense of thinking about these issues both deeply and widely, and in being ruthless in the analysis of old assumptions and outdated or discredited shibboleths.

Returning to Houellebecq, he is deeply anti-American in outlook, and this animosity is not without very good reason. It seems that, in general, Americans - nationalists often included - completely fail to understand that their own nation is the most profoundly liberal nation in history. America was conceived as an inorganic “social experiment” in terms of Enlightenment-derived individual liberty. Individualistic liberalism is the true American ideology/religion. To be sure, it is not the only theme in American life but the others have been peripheral to the cardinal (liberal) impetus animating American culture and society. I have encountered very few American non-liberals (a Hayekian liberal who thinks he is a conservative is still a sub-species of the liberal genus). The axiomatic and defining role of liberal philosophy in American society is something that the overwhelming mass of American people, even self-described conservatives and nationalists, have a very hard time understanding. Collectively, America has drunk from that particular (liberal) well more deeply, and for longer, than any European society.

Of course, all of the West has caught the liberal disease which is deeply corrosive to the collective well-being of ordinary Europeans – truly, we are Voltaire’s bastards. To be sustainable, any society must balance the collective interests - those unifying forces that build cohesion and social capital - and the legitimate individual impulses that invariably tend to differentiation and fragmentation. Equally, a balance must exist between the interests and desires of the present generation and those to whom we will bequeath our collective life and national community. That is why post-liberal politics is actually the “radical centre”. It is a fulcrum conceptualised, for me, in more Aristotelian terms. It is not simply the centre as conceived in the conventional political spectrum, which presently represents only relative variations of liberal political philosophy.

A final thought on American nationalist thinking. I note that the ideal of white Zion has been floated on the blog. Nothing ... nothing illustrates the difference being the inorganic, propositional societies of the New World and the organic ones of “old” Europeans. The idea that whites should move to one place is the ultimate in white-flight fantasies, and is a council of despair. No European patriot could possibly think that abandoning our ancestral homelands represents anything other than the nadir of complete and humiliating defeat. 

Why should the British tribes (the Anglos and the Celts) give up our homelands? When I am in the beautiful Highlands of Scotland I reflect on all those generations that lived in this land before me and bequeathed it to us, and I feel deeply connected to the past. What right do we have to surrender our inheritance? Do we really want to run off like cowards scared into self-destruction when faced by some uppity Africans and Pakistanis? Our American friends must try to solve their own problems in a way they judge is appropriate to their situation. However as a European patriot, I for one, will never surrender – anything else is little short of traitorous.

P.S. So we have Houellebecq as a dissector of liberal cultural values, and I would also suggest Ballard and Coetzee in this regard also. But who else might be on the “contemporary literature” reading list for the by no means narrow-minded non-liberal?

samedi, 01 octobre 2011

L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

L’histoire de l’Afrique doit-elle être enseignée dans le secondaire aux dépens des fondamentaux de l’histoire de France ?

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par Bernard Lugan

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com/

L’histoire des mondes non européens a toujours figuré dans les programmes scolaires, cependant, elle n’était pas enseignée aux dépens de l’histoire de France. De plus, cette nécessaire ouverture ne se faisait qu’à partir du moment où les fondamentaux de notre histoire étaient acquis par les élèves. Aujourd’hui, il en va tout autrement avec la réforme Darcos qui prépare le délitement de l’imaginaire historique national, ce précieux socle auquel les Français sont encore arrimés.

Les ravages commencent désormais dès la classe de 5° qui a subi des amputations insensées et même proprement « ubuesques » de son programme d’histoire. Or, ces amputations ont été rendues nécessaires afin de dégager autant de plages horaires destinées à l’étude des civilisations non européennes, qu’elles soient africaines, asiatiques ou autres. Pour ce qui concerne l’Afrique, seront ainsi étudiés plusieurs royaumes avec un point central, celui du Mali. Pour leur « faire de la place », Louis XIV a donc été relégué en toute fin de programme et il ne sera donc « survolé » que si le Monomotapa (!!!) a été vu. De même que les crédits de l’armée constituent la variable d’ajustement des déficits de l’Etat, l’histoire de France devient quant à elle la variable d’ajustement des apprentis sorciers du ministère de l’Education nationale

Toute éducation supposant l’acquisition de fondamentaux et de connaissances de base sans lesquelles il est impossible ou vain de vouloir aller plus loin, il est donc insensé de vouloir faire apprendre l’histoire du Mali à des enfants qui ne savent pas si Napoléon a vécu avant ou après Louis XIV…Les « docteurs Folamour » du pédagogisme ne l’ignorent pas. Ils en sont même parfaitement conscients, mais ce sont d’abord des militants dont le but est de casser tous les enracinements européens considérés par eux comme susceptibles de déclencher des réactions identitaires.

Ne nous cachons pas derrière notre pouce et disons les choses clairement : le premier but de cette aberrante réforme de l’enseignement de l’histoire est de toucher le public de ces établissements mosaïques dans lesquels 30 à 40% d’élèves possédant moins de 350 mots de vocabulaire, ne sachant ni lire, ni écrire, ni même raisonner et encore moins comparer, pourrissent littéralement l’apprentissage de classes entières. Les assassins de notre mémoire espèrent, grâce à cette réforme, capter l’attention de ces auditoires « difficiles » et avant tout peu intéressés par l’histoire de France, en leur proposant une histoire sur mesure, une histoire à la carte, une histoire ethno sectorielle en quelque sorte.

Les élèves d’origine mandé-malinké de Tremblay en France seront peut-être attentifs à l’histoire de l’empire du Mali qui fut constitué par leurs ancêtres, mais il risque de ne pas en être de même avec les petits soninké de Garges les Gonesse, héritiers, eux, du royaume de Ghana qui fut détruit par les premiers…De plus, comment vont réagir les rejetons des nombreux autres peuples africains ? N’y a-t-il pas une forme de discrimination à leur égard ? En effet, pourquoi privilégier le Mali ou le Ghana et passer sous silence l’empire Luba et le royaume zulu ?

Un autre but de ce programme qui fait naturellement de continuelles références à la traite des esclaves vue comme une sorte de fil conducteur de la matière, est de tenter de faire croire aux élèves que l’histoire du monde est d’abord celle de la confrontation entre les méchants, lire les Européens, et les bons, lire les autres. L’ethno culpabilité est décidément sans limites !

De plus, et là est peut-être le plus important, l’histoire de l’Afrique a son propre temps long qui n’est pas celui de l’Europe. Elle s’appréhende avec une méthodologie particulière impliquant une maîtrise de la critique des sources orales, une connaissance approfondie de l’anthropologie, de l’archéologie, de la linguistique, etc., Or, les professeurs qui vont devoir enseigner cette histoire à leurs jeunes élèves n’ont pas été formés pour cela.

Un exemple : la connaissance que nous avons de Philippe le Bel repose sur des dizaines de milliers d’études, de thèses, de documents d’archives, de mémoires, de correspondances, de traités etc. Son contemporain, Abu Bakr II empereur du Mali (+- 1310-1312), dont l’existence n’est même pas certaine, n’est connu que par des traditions orales tronquées, des sources arabes de seconde ou même de troisième main et par une chronologie totalement erronée établie par Maurice Delafosse en 1912. L’histoire de son bref règne, s’il a véritablement eu lieu, est pourtant largement enseignée en Afrique où ce souverain est présenté comme une sorte d’explorateur conquistador parti à la tête de 2000 ou même 3000 pirogues pour découvrir les Amériques.  

Les professeurs des classes de 5° qui vont devoir parler du Mali, cœur du nouveau programme, devront évidemment étudier cet empereur. Or, sont-ils formés pour expliquer à leurs élèves que l’histoire scientifique ne se construit pas sur des légendes? De plus, le seul fait, dans un cours, de consacrer le même temps d’étude à un personnage historique attesté d’une part, et à un autre, largement légendaire d’autre part, conduira automatiquement les élèves à prendre le virtuel pour la réalité, ce qu’ils sont déjà largement enclins à faire avec les jeux électroniques.   

Mais allons encore au-delà et abordons l’essence même de la question. Face à ces élèves « en difficulté» (traduction en langage politiquement incorrect : enfants dont la langue maternelle n’est pas le français), les enseignants oseront-ils, sans risquer un hourvari, expliquer qu’un tel voyage n’a jamais eu lieu?  En effet, si tout est faux dans cette légende c’est parce que les Africains de l’Ouest -à la différence de ceux de l’Est-, ne pouvaient affronter la haute mer car ils ignoraient l’usage de la voile ainsi que celui de la rame et parce que leurs pirogues étaient sans quille. 

Les mêmes enseignants sont-ils armés pour faire comprendre à leurs classes que pour atteindre l’Amérique, les hommes d’Abu Bakr II auraient été contraints de pagayer durant plus de mille kilomètres à travers l’océan atlantique avant de rencontrer enfin le courant des Canaries, seul susceptible de leur permettre de dériver ensuite vers l’Ouest… et cela sur 6 000 km ? Enfin, seront-ils en mesure de mettre en évidence l’incohérence majeure de cette légende que certains considèrent comme une histoire vraie, à travers un exemple clair : comment l’expédition de l’empereur malien aurait-elle pu atteindre l’Amérique alors que les Africains ignoraient l’existence de l’archipel du Cap-Vert situé à 500 km « à peine » de la péninsule du Cap-Vert, point le plus occidental du littoral ouest africain contrôlé par l’Empire du Mali et qui leur barrait la voie du grand large ? En effet, cet archipel était vierge et vide d’habitants en 1450,  au moment de sa découverte par le Génois Antonio Noli qui était au service du Portugal...L’enseignement de l’histoire africaine ne s’improvise pas !

Hier la méthode d’apprentissage de la lecture dite « globale » fabriqua des générations d’illettrés et de dyslexiques; la réforme des programmes d’histoire donnera quant à elle naissance à des générations de zombies incapables de rattacher des évènements ou des personnages à une chronologie et ayant pour toute culture historique celle du volapük mondialisé.

 

Le blog de Bernard Lugan cliquez ici

mardi, 27 septembre 2011

Un abécédaire contre-culturel

Un abécédaire contre-culturel

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien connu dans le Pays nissard, Philippe Vardon-Raybaud est un jeune trentenaire qui mène de front diverses activités. Ce fondateur de Nissa Rebela et des Jeunesses identitaires dont il fut le porte-parole un quinquennat durant, ce membre éminent du Bloc identitaire, candidat à la mairie de Nice en 2008, vient de publier un abécédaire militant intitulé Éléments pour une contre-culture identitaire. Par le biais d’une introduction, d’un texte d’une conférence placé en annexe et de nombreuses notices, l’ouvrage examine des livres, des événements, des concepts, des films… selon une orientation identitaire clairement revendiquée. L’objectif est limpide : « au long de ces définitions, de ces mots qui peuplent l’univers (et l’imaginaire) des militants identitaires, ce sont bien les contours de cet idéal, et puis avant tout une vision du monde et une attitude face à celui-ci (p. 11) ».

Cette véritable Weltanschuung qui réaffirme en priorité « le droit des peuples à demeurer eux-mêmes […] De l’auto-détermination à l’auto-préservation (p. 91) », célèbre d’abord des écrivains enracinés : Dominique Venner, Vladimir Volkoff, Henri Vincenot, Jean Raspail, mais aussi ce grand penseur méconnu – Éric Werner – dont il faut lire et relire les essais remarquables et prémonitoires. Y figurent l’incontournable Georges Bernanos et, pour la littérature non francophone, Yukio Mishima et J.R.R. Tolkien. Ce n’est pas tout. En bon Nissard, Philippe Vardon-Raybaud ne pouvait pas oublier Monsieur Albert Spaggiari qui concilia avec brio l’action (l’armée, l’O.A.S., le « Casse du siècle ») et la réflexion par trois bons livres. Alors que la « Grasse Presse » et les médias encensent toujours Mesrine et ses acolytes qui ont du sang sur les mains pour mieux dénigrer l’ancien photographe niçois accusé de coupables penchants politiques, il importe de montrer aux plus jeunes d’authentiques héros de notre temps. À côté de « Bert », Philippe Vardon-Raybaud évoque deux autres magnifiques exemples d’honneur, de courage et d’abnégation : Jean de Brem, l’auteur du Testament d’un Européen, et Alain Escoffier, militant solidariste qui s’immole en 1977 devant le siège parisien de l’Aeroflot soviétique.

Philippe Vardon-Raybaud admire en outre le roi d’Araucanie – Patagonie Orélie-Antoine Ier, le baron von Ungern-Sternberg, l’Irlandais Patrick Pearse ou Blanqui l’« Emprisonné » indomptable. Faut-il y adjoindre Clint Eastwood ? Sans aucun doute répond l’auteur qui rappelle les controverses autour de l’inspecteur Harry ou les succès filmographiques, plus récents, de l’ancien maire de Carmel (Gran Torino, Lettres d’Iwo-Jima, Mémoires de nos pères…). On peut ne pas partager ce point de vue. Eastwood a en effet rejoint le moralisme ambiant (Invictus en est une preuve flagrante) et abandonné l’aventurier franc-tireur qu’il jouait dans la trilogie de Sergio Leone ou dans le superbe Josey Wales hors-la-loi, ce véritable hymne à la résistance et à la renaissance des communautés après la catastrophe finale, qu’il réalisa.

Un autre héros à valoriser est Albator, le corsaire de l’espace, ce personnage de dessin animé « tourmenté, souvent sombre et parfois même désespéré par l’humanité (p. 17) » comme d’ailleurs le Batman des films de Christopher Nolan. Oui, Albator vaut bien mieux que l’ineffable Capitaine Flam au service d’un gouvernement mondialiste terrien.

Outre l’absence de notices géopolitiques, on sera plus critique sur la valorisation, infondée à nos yeux, de l’école littéraire appelée « les Hussards » et de Roger Nimier. De son œuvre subsiste difficilement Le Grand d’Espagne. Quant au reste, il s’est mal bonifié… Regrettons en revanche l’oubli de « Maît’Jean » (Jean Mabire), l’« eurorégionaliste » idéal d’après ses détracteurs. Les plus vives réserves concernent principalement la référence à l’English Defence League aux nettes « envolées occidentalistes (p. 96) » qui serait surtout une manœuvre d’officines spéciales britanniques afin d’assécher l’électorat potentiel du British National Parti (B.N.P.) de Nick Griffin et de l’écarter de la scène politique. Comme la formation de Geert Wilders, le Parti du peuple danois ou le Parti du progrès norvégien, l’E.D.L. appartient à cette catégorie de mouvements faussement populistes et vraiment atlantistes qui contribuent à la conservation du Système de domination occidentale moderne sous le prétexte de combattre l’islamisation de l’Europe. « Qui dit que l’ennemi de mon ennemi doit être mon ami ? Souvent, il arrive que l’ennemi de mon ennemi soit même mon pire ennemi, prévient Tomislav Sunic dans Homo americanus. Rejeton de l’ère postmoderne (Akribeia, 2010, p. 112).

Divers groupes musicaux d’origine française, italienne et aussi anglo-saxonne sont mentionnés. Bien mieux que la littérature, la contre-culture revendiquée par Philippe Vardon-Raybaud se transmet par la musique, les films (300, Fight Club, Braveheart), les fringues, la mode, le tatouage… « Aucun de nos choix quotidiens n’est anodin, et […] finalement – via la métapolitique – tout est politique ! La façon dont on porte ses vêtements, et ceux que l’on choisit, notre coupe de cheveux, les motifs que l’on encre dans notre peau, les films auxquels on se réfère, les auteurs que l’on cite, les jouets que l’on offre à nos enfants ou les airs que l’on fredonne; rien n’est anodin, tout est politique (p. 12). » Avec le danger éventuel que le paraître s’impose aux dépens de l’être. La métapolitique au risque d’un néo-dandysme ? Il est dommageable que le jeans se porte encore et toujours chez les jeunes Européens.

Que l’auteur me permette d’exprimer ces quelques divergences, car, si son projet général attire, ma foi, de la sympathie, il me semble néanmoins plus intéressant d’émettre des critiques bienveillantes plutôt qu’énoncer de simples points d’accord. Il est vital que la contre-culture, conséquence de la métapolitique, constitue « une alternative solide, […des] îlots de liberté et d’identité (p. 13) ». Un embryon de société identitaire alternative, pourquoi pas ? Philippe Vardon-Raybaud croît en l’impératif métapolitique, « Métapolitique d’abord ! » proclame-t-il, qui est « une stratégie éminemment politique, car elle a un but très clair : la conquête, et l’exercice, du pouvoir (p. 275) ».

Prenant acte de l’échec dans les années 1970 du « gramscisme intellectuel » (la tentative d’influencer l’opinion publique à partir des organes de presse généraliste tel Le Figaro-Magazine) et utilisant à son tour les vastes ressources du « gramscisme technologique » (Jean-Yves Le Gallou), c’est-à-dire les immenses possibilités du cybermonde et d’Internet, l’auteur envisage la faisabilité d’un « gramscisme du quotidien » grâce à la bande dessinée, à la radio, aux musiques nouvelles, aux activités sportives particulières, au port de vêtements distinctifs et reconnaissables (la reconnaissance par les siens étant un élément déterminant du sens communautaire). « La prise de pouvoir culturel, ce n’est pas que toucher des professeur d’université, mais aussi fournir des sons qui vont accompagner des jeunes de la classe populaire dans leur iPod (p. 278). »

Cet activisme culturel s’accompagne nécessairement de « bases autonomes durables » (pour reprendre l’excellente terminologie de Michel Drac), de foyers contre-culturels (La Barricade à Paris, La Traboule à Lyon, Lou Bastioun à Nice, Ti-Breizh en Bretagne)  émetteurs de codes culturels dissidents. Dans cette perspective de longue haleine, il ne faut pas hésiter comme naguère les situationnistes à détourner et à récupérer slogans publicitaires et affiches de propagande marchande. Plutôt que de marquer sur des maillots de corps les portraits de Nietzsche, de Julius Evola ou de Jünger, pourquoi ne pas imprimer l’effigie de l’ancien candidat identitaire à la présidentielle, Arnaud Gouillon, le symbole des foyers déjà cités ou quelques archétypes animaliers européens ? Que ce soit sur la Toile numérique, sur les murs ou sur des vêtements, l’action exige de réfuter le vocabulaire ennemi, de faire connaître ses idées et de l’imposer dans l’opinion. Face au Big Brother mondialiste et oligarchique, savoir organiser la résistance dans la société anomiée devient une ardente obligation. Ce travail passe par une multiplicité d’initiatives recensés dans Éléments pour une contre-culture identitaire : des A.M.A.P. (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) identitaires à l’agence de presse Novopress, de l’intervention intempestive et bruyante contre les « cercles du silence » xénophiles aux détournements humoristiques de Patrons sans frontières qui singe la collusion réelle entre le patronat mondialiste, l’extrême gauche du Système et les délinquants clandestins. L’agitation n’est pas qu’intellectuelle, médiatique, politique, électorale et internautique; elle enchâsse tout le quotidien. La tâche est considérable et l’émulation indispensable.

S’appuyer sur des films cultes, le pochoir ou la sérigraphie contribuent à ce que le sociologue spécialiste de la post-modernité dionysiaque, Michel Maffesoli, désigne par « infra-culture » (ou sub-culture ou culture urbaine périphérique). Ne verrait-il pas probablement dans le désir de reconnaissance à travers l’habit, la musique, les références cinématographiques et littéraires, la pratique sportive, la genèse, l’ébauche d’une nouvelle tribu post-moderne, celle des « Zids » ? Cela ne serait pas si surprenant à la condition, toutefois, que cette tribu et future communauté parvienne à dépasser son caractère « présentiste », segmenté et postmoderniste afin d’œuvrer en faveur d’une Post-Modernité perçue comme une véritable après-modernité. Oser une contre-culture identitaire signifie contribuer au remplacement définitif des Lumières et de leurs funestes valeurs moderne par le Feu archaïque d’un avenir incandescent…

Georges Feltin-Tracol

Philippe Vardon-Raybaud, Éléments pour une contre-culture identitaire, Nice, IDées, 2011, 304 p., 20 €., pour l’acquérir, cf. le site http://www.contre-culture.com/


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

éléments pour une contre-culture identitaire

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Cet ouvrage de 300 pages se veut une porte d’entrée vers la contre-culture identitaire telle qu’elle a été forgée par les militants – et en particulier les plus jeunes – de ce courant politique novateur apparu en 2002.

Tout comme le mouvement identitaire lui-même, cet abécédaire est protéiforme et sensiblement asymétrique. D’une définition à une autre, vous pourrez passer d’un philosophe à un modèle de chaussures ! Car c’est ainsi, une contre-culture est faite de multiples références : lieux, auteurs, films, marques, concepts, images, expressions, chansons, personnages, souvenirs, etc.

L’abécédaire est suivi du texte Métapolitique d’Abord, tiré d’une conférence du même auteur.

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à propos de l’auteur

Philippe Vardon-RaybaudPhilippe Vardon-Raybaud a 31 ans. Marié et père de famille, il est diplômé d’un troisième cycle de sciences politiques.

Engagé depuis son adolescence dans la résistance enracinée, il est depuis dix ans un acteur incontournable du combat identitaire. Il a participé à la fondation des Jeunesses Identitaires en 2002 et en fut le porte-parole pendant cinq ans.

C’est notamment à lui que l’on doit des campagnes telles que « Face à la racaille tu n’es plus seul » ou encore « Ni voilée – ni violée ».

Il s’est ensuite consacré à l’implantation en Pays Niçois à travers le lancement et la direction du mouvement régionaliste Nissa Rebela. En 2008, il a été candidat à la mairie de Nice.

Sur le plan culturel, il a contribué à plusieurs revues (notamment Jeune Résistance et IDmagazine) et a participé à des aventures musicales telles que le groupe Fraction ou le label Alternative-s productions.

Trait d’union entre lutte politique et combat culturel, il était certainement l’un des mieux placés pour nous livrer cet abécédaire.

jeudi, 22 septembre 2011

Philippe MILLIAU: Le localisme face à l'ordre mondial et à la destruction de la terre

Philippe MILLIAU: Le localisme face à l'ordre mondial et à la destruction de la terre

mardi, 20 septembre 2011

Die Schlagkraft des Aussenseiters: Das Werk Friedrich Sieburgs

 

Die Schlagkraft des Aussenseiters: Das Werk Friedrich Sieburgs

Geschrieben von: Daniel Bigalke

Ex: http://www.blauenarzisse.de

   

 

Die Schlagkraft des Außenseiters liegt in seinem Exotismus, der ihn zu einem gefährlichen Wesen macht. Er genehmigt sich den Luxus der Stille oder des Genusses großer geistiger Werke und übt wirksame Kritik – an liberalen Irrwegen oder immanenten Fehlern politischer Progressivität. Es gab nur wenige Intellektuelle der Nachkriegszeit, die als Konservative dieses Außergewöhnliche repräsentierten und trotzdem in ihrem Wirken ernst genommen wurden. Zu ihnen gehört der Schriftsteller, Literaturkritiker und Journalist Friedrich Sieburg (1893-1964).

Die frühe Bundesrepublik galt Sieburg als entwurzelt

Anfangs dem George-Kreis nahe stehend und später einer großen Öffentlichkeit bekannt durch seine Zeitungsartikel und Bücher, wie etwa Gott in Frankreich? von 1929, wurden einige seiner Schriften in der Sowjetischen Besatzungszone auf die Liste der auszusondernden Literatur gesetzt. Dies war auch dem Umstand zu verdanken, dass Sieburg anfänglich die nationalsozialistische Machtergreifung begrüßte und für das „neue Deutschland” warb. Dem westlichen Deutschland blieben seine politischen und philosophischen Urteile nicht verborgen. Denn Sieburg wurde nicht müde, sie plakativ in den Mittelpunkt der Debatte zu rücken. Ihm erschien die Bundesrepublik als entwurzelte Zone, die vom Konformismus ohne eigene geistige Leistungen geprägt sei.

sieburg.jpgSieburg hörte nicht auf, den Mangel an Sittlichkeit und Höflichkeit in der Gesellschaft als Wucherungen anzusehen, zu denen nur westliche Demokratien als Mekka der Vulgarität und der Bequemlichkeit des Einzelnen in der Lage seien. Er beschrieb zudem das Dilemma, ohne Traditionsbewusstsein dem Zeitgeist zu verfallen und so die Vergangenheit nicht verarbeiten zu können, der man sich nach 1945 nur schwerlich stellen konnte. Stattdessen gehe der Mensch in einer anonymen Menge unter, der eine einigende Idee fehle und in der soziale Bindungen kaum noch durch Familie und Fleiß und vielmehr über staatliche Transferleitungen erlogen werden.

Präzise Analyse der deutschen Mentalität

Wo liegen für Sieburg die Ursachen dieser Entwicklung? Als Motor dafür macht er die Traditionslosigkeit der Deutschen aus, die sich nach dem Kriege ohne Vorbehalte der Gegenwart verschrieben, den Verlockungen des Konsums erlagen und sich durch Suche nach Vorteilen in neue Abhängigkeiten begaben. Damit eröffnet sich auch schon sein bedeutsames Schwerpunktthema: Das mangelnde Identitätsbewusstsein der Deutschen, die fehlende „deutsche Ganzheit“ im Vergleich zur englischen oder französischen Situation.

Sieburg knüpft damit an eine Idee an, welche schon der Philosoph Rudolf Eucken (1846-1926) in seiner Schrift Zur Sammlung der Geister (1914) – freilich in einem anderen historischen Zusammenhalt - formulierte. Identität, Sorgfalt, feste Bindungen und inneres Wachstum des Menschen seien in Deutschland zu erstreben anstelle materialistischer Indienstnahme. Zugleich bestehe bei den Deutschen – folgt man nun wieder Sieburg - gerade durch den Anspruch des inneren Wachstums des Menschen eine Position des Schwankens zwischen extremen Zuständen. Größenwahn und Selbsthass, Provinzialismus und Weltbürgertum etwa würden sich von Zeit zu Zeit im politischen Handeln und geistigen Wirken der Deutschen kundtun.

Die Lust am Untergang (Selbstgespräche auf Bundesebene)

In der Tat sind dies etwa für die deutsche Philosophie über Fichte oder Hegel teilweise typische Eigenschaften. Für Sieburg können diese sich sogar im Politischen ebenso wie im Geistigen konkret über großartigen Ideenreichtum aber auch über schreckliche Selbstüberheblichkeit auswirken. Kaum ein anderer deutscher Intellektueller erkannte nach dem Weltkrieg diese geistige Disposition so wie Sieburg. Er brachte das quasi dialektische Problem auf den Punkt indem er meinte, die Deutschen litten am Unvermögen zur pragmatischen Lebensform auf der einen Seite und am (idealistischen) Hang zum Absoluten und zur Freiheit auf der anderen Seite. Besonders scharf formulierte Sieburg dies in seiner Essaysammlung Die Lust am Untergang (Selbstgespräche auf Bundesebene) von 1954.

Hegel würde in seiner Staatsphilosophie hier noch zustimmend meinen, daß gerade der deutsche Drang zur absoluten Freiheit besonders charakteristisch gegenüber anderen europäischen Völkern sei. Demgemäß hätten sich die Deutschen nicht der Herrschaft eines einzigen Staates oder einer einzigen Religion aus Rom unterworfen. Sieburg steht aber mit seiner Erkenntnis des dialektischen Problems der deutschen Mentalität nicht in der Tradition eines deutschen Sonderbewusstseins. Sein nietzscheanisches Pathos der Distanz beschritt erfolgreich den Weg, nationale Identität zu stiften durch die Bewunderung der geistigen Ausstrahlung und der Leistungsfähigkeit, deren das Deutsche zeitweise fähig sei, ohne die dabei ebenso möglichen Risiken und tiefen Abgründe auszublenden.

Das Los des schöpferischen Menschen

Sieburg verkörpert das Los des schöpferischen Menschen. Er litt an seiner Heimat, ohne sie entbehren zu können. Er verachtete ihre Mittelmäßigkeit, nahm diese aber ernst und analysierte sie, um aus der Erkenntnis ihrer Ursachen neue Wege der Identitätsfindung für das Deutschland der Nachkriegszeit abzuleiten. Er liefert damit auch eine pragmatische Definition des Konservativismus, die aus einer freien Haltung heraus resultiert. Konservatismus möchte für Sieburg mehr, als die simplen Denkschablonen der sogenannten „Mitte“ und ihre immer wiederkehrenden Reproduktionen politischer Feindbilder.

Die öden Versprechen von dauerhaftem Wohlstand und Konsumkraft seien nur ein Beispiel des wiederkehrenden deutschen Abgrundes und seiner idealistischen Ziele, denen es an Pragmatismus und Realismus fehle. Sieburgs Überlegungen beeindrucken durch die Schlagkraft des Exoten. Sie vermitteln zwischen deutscher idealistischer Tradition in der Philosophie und der Notwendigkeit des politischen Realismus in der frühen Nachkriegszeit.

Sieburg und Thomas Mann

Dieser Realismus benötige laut ihm keine Heilsversprechen. Zugleich findet man eine überzeugend formulierte mediale Inkompatibilität vor, die mit ihren Reflexionen zu den Folgen einer absoluten Demokratisierung des Menschen und der Gesellschaft oder mit der schlüssigen Analyse der deutschen Mentalität herzhaft erfrischt und an Thomas Manns Betrachtungen eines Unpolitischen (1918) erinnert.

Freilich sind die Schriften Sieburgs wesentlich authentischer, da dieser sich nicht von seinen Analysen distanzierte, wie dies Thomas Mann schon recht früh mit Blick auf seine Betrachtungen von 1918 tat. Zugleich lobte Sieburg Thomas Manns Gesamtwerk überschwänglich. Das spiegeln auch zahlreiche Urteile literarischer Zeitgenossen über Sieburg wider. Damit hat Friedrich Sieburg heute in seiner analytischen Tiefe viel mehr zu bieten als so manche stilisierte Ikone der deutschen Literatur nach 1945.

lundi, 19 septembre 2011

Furiose Zeitkritik aus dem Geist des Pessimismus

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Furiose Zeitkritik aus dem Geist des Pessimismus

von Jürgen W. Gansel
 
Ex: http://www.deutsche-stimme.de/

Erinnerungswürdig: Vor 50 Jahren verstarb der französische Dichter und Deutschenfreund Céline

Im Europa der 1930er Jahre, als rechtsautoritäre Bewegungen den überlebten Liberalismus fortspülten und einem neuen Leben den Weg ebneten, wollten auch viele Dichter nicht abseits stehen. In Frankreich war Louis-Ferdinand Céline einer der schroffsten Kritiker der liberalkapitalistischen Gesellschaftsordnung, die er für jüdisch durchsetzt hielt.

1894 wurde Louis-Ferdinand Destouches, der sich später Céline nannte, in kleinbürgerliche Verhältnisse hineingeboren. Achtzehnjährig meldete er sich zu einem Reiterregiment, mit dem er an der Flandernfront den Weltkrieg erlebte. Nach einem Aufenthalt in Kamerun studierte der Kriegsversehrte Medizin, dem sich in Amerika und Europa eine medizinische Gutachtertätigkeit für den Völkerbund anschloß. Ab 1927 arbeitete der Franzose in seiner Heimat als Armenarzt. Neben dem Kriegserlebnis schärfte dies seinen Wirklichkeitsblick und ließ  ihn zu einem anarchischen Melancholiker werden.
Mit seinem Erstling »Reise ans Ende der Nacht« wurde Céline 1932 zu einem der großen Erneuerer der Literatur. Die Anerkennung für sein bahnbrechendes Schaffen können ihm selbst jene nicht verweigern, die Grund haben, ihm politisch ablehnend gegenüberzustehen. So stellte der jüdisch-amerikanische Gegenwartsautor Philip Roth über den Romancier fest: »Er ist wirklich ein sehr großer Schriftsteller. Auch wenn sein Antisemitismus ihn zu einer widerwärtigen, unerträglichen Gestalt macht. Um ihn zu lesen, muß ich mein jüdisches Bewußtsein abschalten, aber das tue ich, denn der Antisemitismus ist nicht der Kern seiner Romane. Céline ist ein großer Befreier.«
Noch 1995 unterstrich Ernst Jünger die nachhaltige Wirkung, die Céline auf ihn hatte. »Sein Roman machte großen Eindruck auf mich«, erklärte der damals Hundertjährige, »sowohl durch die Kraft des Stils als auch durch die nihilistische Atmosphäre, die er hervorrief und die in vollkommener Weise die Situation dieser Jahre widerspiegelte.« Noch viel stärker mußte sich der Jünger der 1920er und 30er Jahre von dem Werk angezogen fühlen, das dem bürgerlichen Zeitalter seine erschütternde Schadensbilanz präsentierte. So positiv Jünger die literarische Leistung und illusionsfreie Lebenssicht des Romanciers bewertete, so negativ fiel die Bewertung der Person und ihres »plakativen Antisemitismus« aus.

Eine neue Ästhetik

Mit Sprache, Form und Inhalt der »Reise ans Ende der Nacht« setzte sein Autor neue Akzente: Umgangs- und Schriftsprache wurden zu einer lebendigen Einheit verschmolzen, und der umstandslose Wechsel von Zeiten und Orten sprengte das konventionelle Erzählschema. Vor allem aber zog der Inhalt in seinen Bann. Mit einer Mischung aus bösartigem Spott, grimmigem Humor und kalter Abgeklärtheit wird eine kapitalistische Welt gezeigt, die es besser gar nicht gäbe. Welt und Mensch erscheinen als abgrundtief schlecht und berechtigen weder zu romantischen Fluchtbewegungen noch zu revolutionären Aufbrüchen.


Célines erzählerische Kraft erhält der Roman durch den autobiographischen Charakter. Die »Reise ans Ende der Nacht« zeichnet den Lebensweg eines jungen Franzosen nach, der durch die Schrecknisse des Ersten Weltkrieges, den Stumpfsinn des Lebens in einem afrikanischen Kolonialstützpunkt, die menschliche Kälte in der kapitalistischen Metropolis New York und das soziale Elend der Pariser Vorstädte um jegliches Weltvertrauen gebracht wird.
Auf den nordfranzösischen Schlachtfeldern durchleidet der Protagonist Ferdinand Bardamus – in seinem erbärmlichen Leben wie das Sturmgepäck eines Soldaten (franz.: barda) hin- und hergeworfen – das »Schlachthaus« und die »Riesenraserei« des Weltkrieges.


In düsteren Worten geißelte Céline die Sinnfreiheit des Krieges einschließlich des Sadismus der Vorgesetzten und des Zynismus der Heimatfront. Diese radikal negative Sicht auf das Kriegsgeschehen übersteigerte er jedoch derart, daß Waffendienst an der Nation, Heldentum und Vaterlandsliebe generell als niederer Wahn erscheinen. Damit fiel Célines grenzenlosem Nihilismus auch alles das zum Opfer, was Millionen seiner Zeitgenossen heilig war. Im Gegensatz zu Ernst Jünger wollte er im Krieg auch keine Gelegenheit zu einem vitalisierenden Stahlbad und zur Steigerung aller Erfahrungsmöglichkeiten sehen. In seinem unnationalen und unheldischen Zug ist der Roman Célines befremdlich.


Viel eher stimmt man der Darstellung des entmenschlichten Lebensalltags im amerikanischen Kapitalismus zu. Erschreckend gegenwärtig mutet es an, wenn der Autor sezierend den modernen Herdenmenschen mustert. »Unheilbare Melancholie« ergreift Ferdinand Bardamus, mehr noch, Lebensekel packt ihn angesichts der »gräßlich feindlichen Welt«, die er in New York vorfindet. Vereinsamung, billige Zerstreuungen, »Zwangsarbeit« in den Tretmühlen der Kapitalbesitzer und Kommerz (»dieses Krebsgeschwür der Welt«) münden in die Essenz der Célineschen Weltauffassung: »Ein Scheißspiel, das Leben.«

Antikommunismus und Antijudaismus

Die »Reise ans Ende der Nacht« wurde sowohl bei radikalen Rechten als auch Linken positiv aufgenommen, weil jede Seite eigene Gesinnungselemente zu entdecken glaubte: Die Linke rühmte Célines Antimilitarismus und Ablehnung des Hurrapatriotismus, die Rechte faszinierte seine Verdammung der bürgerlichen Gesellschaft, sein illusionsloser Blick auf das menschliche Wesen und seine Resistenz gegenüber Utopie- und Fortschrittsglauben.
Das für die politische Biographie entscheidende Damaskuserlebnis war eine Reise in die Sowjetunion, die der Autor 1936 in dem Buch »Mea culpa« verarbeitete. Der Bolschewismus stellte für den Franzosen den totalen Bankrott jeder Ethik dar. In den roten Revolutionären sah er Heuchler, die eine Besserung der Welt versprechen, aber nur Verbrechen begehen. Als Antikommunist und Judengegner war dann Célines Weg in das »faschistische« Lager vorgezeichnet.


Schon 1916 fand sich in Briefen des Autors Judenkritisches, das 1938 in dem Buch »Bagatelles pour un massacre« (in Deutschland unter dem Titel »Die Judenverschwörung in Frankreich« erschienen) radikalisiert wurde. Aufgrund ihrer Überrepräsentanz in den Schaltstellen der Macht seien die Juden für Dekadenz und Elend der westlichen Welt verantwortlich. In dem Buch »L’Ecole des cadavres« (1939) vertrat Céline zudem die Auffassung, daß der Untergang Frankreichs nicht zu beweinen sei, weil sich die Franzosen der jüdischen Macht ergeben und damit alle Chancen zu einer rassischen Auslese vertan hätten. Dem nationalsozialistischen Deutschland bleibe dieses Schicksal hingegen erspart, weil die Deutschen ihr Volkstum pflegten.


Von Adolf Hitler erwartete er auch für die Masse der Franzosen Hilfe, weil der »Führer« gezeigt habe, wie man ein Volk zu Nationalbewußtsein und Selbstachtung führe – ein deutlicher Positionswechsel gegenüber früher, wo er Patriotismus als Herrschaftsmittel zu entlarven suchte.


Die Schrift »Les beaux draps« (1941) ist eine Hymne auf die militärische Niederlage Frankreichs im Juni 1940 und die Möglichkeit eines deutsch-französischen Bündnisses. Die Schuld am Scheitern dieser Perspektive gab er seinen Landsleuten, weil sie nur halbherzig mit den Deutschen zusammengearbeitet hätten. Es kam nicht die ersehnte Einheitspartei – eine »Partei der sozialistischen Arier« und nationalgesinnten (nichtjüdischen) Franzosen –, sondern das verhaßte Parteiensystem blieb auch nach der Niederlage bestehen.


In der Besatzungszeit unterhielt Céline Kontakte zu zahlreichen Persönlichkeiten des öffentlichen Lebens. Damals war der Dichter längst zu einer Figur auf dem politischen Parkett geworden, der an Veranstaltungen für die Kollaboration teilnahm und die »Parti Populaire Français« des Jacques Doriot aufgrund ihres antikommunistischen und antijüdischen Programms unterstützte.


Im Dezember 1941 begegnete Ernst Jünger Céline im Deutschen Institut in Paris und hielt über dessen Forderung an die deutsche Besatzungspolitik fest: »Er sprach sein Befremden, sein Erstaunen darüber aus, daß wir Soldaten die Juden nicht erschießen, aufhängen, ausrotten – sein Erstaunen darüber, daß jemand, dem die Bajonette zur Verfügung stehen, nicht unbeschränkten Gebrauch davon mache.« – Interessante Ansichten eines Franzosen, die zeigen, wie die deutsche Besatzungspolitik in Frankreich entgegen den Behauptungen der Umerziehungshistoriker eben nicht war.


Im Juni 1944 floh Céline mit seiner Frau ins deutsche Sigmaringen, wo sich bereits die Vichy-Regierung befand. Gegen Ende des Krieges setzte er sich nach Dänemark ab, wo er einige Jahre in Gefängnissen und Krankenhäusern zubrachte. In seinem Heimatland wurde Louis-Ferdinand Céline als Landesverräter verurteilt, aber 1950 amnestiert. In der »deutschen Trilogie« verarbeitete er seine Erlebnisse im Zweiten Weltkrieg und »drückte seine subversive Freude am Untergang der westlichen Zivilisation aus« (Franz W. Seidler).

Subversive Untergangsfreude

Was kann einem Céline heute noch sagen? Der Befund einer aus den Fugen geratenen, gänzlich entwerteten Welt ist aktueller denn je. Dabei hat sich der im Juli 1961 – vor ziemlich genau 50 Jahren – Verstorbene wohl nicht vorstellen können, daß seine Zeit verglichen mit dem Hier und Heute noch beinah intakte Bestände des Menschlichen aufwies. Es dürfte für ihn unvorstellbar gewesen sein, daß die »Reise ans Ende der Nacht« erst im 21. Jahrhundert als Höllenfahrt Europas richtig an Fahrt gewinnt.


Der von Céline so erschütternd und gleichzeitig großartig beschriebenen Nacht des Niedergangs muß ein neuer Morgen folgen. Bleibt er aus, gähnt wirklich nur noch das große Nichts und der Tod der europäischen Kulturvölker.

samedi, 17 septembre 2011

Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

Entre mémoires locales et volonté continentale : l'Esprit européen !...

Les éditions Heligoland viennent de publier L'Esprit européen entre mémoire locale et volonté continentale, un copieux recueil d'article de Georges Feltin-Tracol, préfacé par Pierre Le Vigan. Georges Feltin-Tracol est un des animateurs du site Europe Maxima et a déjà publié chez le même éditeur Orientations rebelles, un recueil dont les textes, selon Alain de Benoist, témoignaient "d'un sens aigu de la synthèse et d'une belle capacité de pensée critique".

 

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"Débat sur l’identité nationale en France pendant l’hiver 2009-2010, appels répétitifs à respecter la laïcité, enlisement institutionnel de l’Union européenne, rejet référendaire de la Constitution européenne en 2005, réveil des peuples sans État, domination stratégique pesante de l’Occident et de l’hyper-classe oligarchique mondialiste sur le "Vieux Monde", risques d’éclatement de la Belgique et de l’Italie, regain des régionalismes dans l’Hexagone, anticipation d’une « Grande Suisse », rôle asphyxiant de Paris et de sa région, prégnance de la géopolitique…, notre continent arrive à un moment décisif de son histoire sans que ses peuples apathiques, déboussolés et amnésiques s’en aperçoivent vraiment.

Et si, en dépit de tous ces dangers, ces épreuves invitaient à retrouver notre esprit européen dans sa multiplicité déclinée en mémoires locales, régionales et nationales, souvent antagonistes et contradictoires, et en une volonté géopolitique continentale soucieuse d’agir (et de réagir) aux événements du monde ? 

Produit plus que somme de nos peuples, de nos cultures, de nos identités, l’esprit européen se compose de formes variées et éclectiques à l’opposé d’une uniformité moderne et hyper-moderne. Cet éclectisme est une richesse, c’est aussi la meilleure façon de contenir et de riposter à la menace mondialiste américanocentrée, aux défis démographiques africain et musulman, aux périls de la finance transnationale et des banksters et à la rude concurrence des nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine. Les Européens devraient se souvenir que l’union construite sur la force cumulée des identités fait la puissance.

Recueil de soixante-dix textes dont certains sont inédits, d’un avant-propos et d’une préface de Pierre Le Vigan, L’Esprit européen entre mémoires locales et volonté continentale participe au combat culturel d’aujourd’hui et de demain. Il en fournit les indispensables munitions.

Contre le projet dément de l’hyper-classe, de la Mégamachine occidentaliste mondiale et de son bras armé, le simulacre de l’U.E., la réappropriation de l’esprit européen dans sa complexité charnelle intrinsèque est nécessaire afin de redonner un sens à la spiritualité, à la légitimité, à la souveraineté, à l’identité, à la laïcité et à la puissance et de rétablir l’Europe sur des assises populaires et historiques grâce à ses mémoires locales et à sa volonté géopolitique. Allons donc à la découverte de cet esprit polymorphe !"

 

jeudi, 15 septembre 2011

Colloque de "Terre & Peuple"

mercredi, 14 septembre 2011

Dominique Venner: Le passé vichyste de Mitterrand

Dominique Venner:

Le passé vichyste de Mitterrand

dimanche, 11 septembre 2011

Terre & Peuple n°48: les patries charnelles

 

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Terre & Peuple n°48: les patries charnelles
 
Le numéro 48 du TP-Mag est centré sur le thème des patries charnelles.
 
Dans l’éditorial, Pierre Vial souligne en quoi l’Affaire DSK révèle la pourriture de nos ‘élites’ : la connivence et la solidarité immédiate (avant que les faits ne soient connus) et inconditionnelle de la politique et de la presse avec la super-classe née de la mondialisation.
 
Bernard Lugan épingle dans Science et Avenir (n°772) un article d’Yves Coppens qui démontre le bien fondé de l’hypothèse régionaliste : ni les Européens, ni les Asiatiques ne descendent de l’homme moderne africain. D’autre part, pour Marcel Otte, qui enseigne la préhistoire à l’université de Liège, « qu’on le veuille ou non, l’homme de Néandertal est notre proche parent ».
 
Emmanuel Ratier déshabille Le Grand Siècle, section française de la super-classe mondialisée : « Si un missile tombait sur l’Automobile Club de France, le pouvoir serait décapité », car les six cents privilégiés qui représentent sa quintessence s’y réunissent chaque quatrième mercredi du mois.
 
Edouard Rix retrace l’arbre généalogique de l’individualisme moderne, à partir de la thèse d’Henry Sumner Maine (1822-1888). Celui-ci discerne à l’origine deux grands principes d’organisation politique : la parenté de sang puis la communauté de territoire. Tout commence avec le pouvoir du patriarche et, au lieu de se disperser à sa mort, les familles s’agrègent autour de la vertébrale lignagère. Maine note que l’état de nature n’est pas une notion historique, pas plus que le contrat social de Rousseau. Pour les sociétés modernes, la cellule de base n’est plus la famille, mais l’individu, la communauté organique évoluant vers une société mécanique et rationalisée. Max Weber (1864-1920) avait déjà développé ce thème dans ‘L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme’. Dans son ‘Essai sur l’individualisme’ (1983), l’anthropologue Louis Dumont (1911-1998) oppose les structures traditionnelles ‘holistes’ aux sociétés individualistes : alors que dans les sociétés traditionnelles chacun contribue à l’ordre global de l’Homme collectif, la société moderne n’est plus qu’un moyen pour l’individu, lequel devient une fin en soi. Platon et Aristote voyaient en l’homme un être social, les hellénistiques poseront comme idéal le sage détaché du social. Le christianisme, avec l’égalitarisme, l’universalisme et la dévaluation du monde, va dresser l’individu seul face à Dieu. Toutefois, après une opposition au monde de la part du christianisme primitif, l’Eglise triomphante du paganisme subordonne et même gouverne le monde, avant de replacer bientôt l’individu moderne dans le monde. Avec la Réforme, l’étape suivante sera bientôt la laïcisation des valeurs chrétiennes d’individualisme, égalitarisme et universalisme. Pour Louis Dumont, l’émancipation économique de la bourgeoisie libérale est un nouveau progrès de l’individualisme, Dieu servant de garantie à la moralité des affaires. Mais le rationalisme fait bientôt perdre de son influence à la religion, laquelle est remplacée par la recherche hédoniste du bonheur individuel qui devient le but essentiel de l’existence humaine (voir la Déclaration d’Indépendance américaine). Dans la postmodernité et l’hypermodernité, l’individualisme vire à l’indifférence à autrui, au narcissisme forcené et au cocooning.
 
Pierre Vial ouvre le dossier des ’Patries charnelles’, en rappelant que, dans l’esprit de Saint-Loup, père de la formule, mais aussi dans celui d’autres réveilleurs de peuples enracinés comme Jean Giono et Jean Mabire, elles s’incarnent dans l’union d’un sol et d’un sang. Ce que réclament bonnement les syndicalistes qui veulent ‘vivre et travailler au pays’.
 
Guillaume Guégan traite de la Bretagne contrariée. Contrariété majeure : sa séparation d’avec la grande Bretagne, alors que la Manche est un lien plus qu’un obstacle. César situe la source du druidisme dans l’île bretonne, d’où provient la migration. La seconde migration sera celle des moines et des abbés, victorieux des princes, première trahison des clercs qui fonderont la Bretagne des saints. La prolifération des saints va de pair avec celle des Pardons, circum-ambulations qui d’avantage qu’à Dieu s’adressent au petit saint de la paroisse. Les Normands, chassés par Alain Barbe Torte (937), vont faire place à cinq siècles d’indépendance à laquelle mettront un terme la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier (1488) et les mariages de la Duchesse Anne avec Charles VIII et Louis XII et de sa fille Claude avec François 1er. Les siècles ensuite sont scandés par les trahisons (aux actes d’union) et par les fidélités (héroïques dont celle de Pontcalleck, décapité en 1720), consacrant l’opposition fondamentale entre deux conceptions du pouvoir. Cette opposition se concrétisera dans la chouannerie, qui n’était pas royaliste, mais libertaire : le dernier chouan, Isidore Le Devehat, est arrêté en 1842 et condamné sous la monarchie! S’expliquerait ainsi le scandale du Camp de Conlie, où on laissera pourrir sans soins durant l’hiver 1971 (et sans armes) une armée de 60.00 volontaires ‘chouans’ levée contre les Prussiens ! Le XIXe siècle n’en a pas moins été celui de la celtomanie, marqué notamment par le Barzaz Breiz, recueil de chants collectés en Basse-Bretagne par Villemarqué. Et par un réveil littéraire et politique, notamment le Parti National Breton, radicalisé finalement dans le clandestin Gwen-ha-Du, qui fera exploser, en 1932, le monument de l’union à la France. Après 1944, la Bretagne courbe l’échine sous l’épuration communiste, mais en 1966 De Gaulle autorise quand même l’enregistrement des prénoms bretons. Toutefois, le mouvement n’existe presque plus, sinon au niveau des ‘élites entrepreneuriales’, et le vent tarde à présent à se lever sur la Bretagne.
 
Pierre Vial brûle un cierge à la Provence de Giono et sa communauté du Contadour, à laquelle il enseignait la religion des vraies richesses sur la montagne de Lure ‘libre et neuve qui vient à peine d’émerger du déluge’.
 
Edouard Rix évoque la redécouverte du Lubéron que vient de vivre la bannière de Provence. Double pèlerinage, à Albert Camus qui avait acquis une maison à Lourmarin et y repose, et aux martyrs vaudois. Fidèles d’un mouvement religieux fondé par le Lyonnais Valdès qui leur prêchait la pauvreté, ils ont été persécutés comme hérétiques. Réfugiés dans de hautes vallées alpines, ils y ont proliféré et une colonie a émigré en 1470 à Lourmarin, où elle a prospéré dans vingt-quatre villages, assainissant les marais du sud du Lubéron. Le 18 avril 1545, une ‘croisade’ a exterminé trois mille Vaudois et en a expédié six cents aux galères.
 
Jean Mabire a été pieusement pillé d’une perle précieuse : son hymne à l’Auvergne immortelle, celle du romancier Henri Pourrat (1887-1959), qui vit, écrit et meurt à Ambert, dans le Puy-de-Dôme. Pour Mait’Jean, Pourrat est, bien plus qu’un écrivain régionaliste, un ‘écrivain tellurique’, qui produit une littérature du sang et du sol, inspirée par les vertus de l’enracinement, à la fois païenne et chrétienne, plus artisanale qu’intellectuelle.
 
Evoquant l’Alsacien Jean-Jacques Mourreau, Pierre Vial promène le faisceau de son projecteur depuis la cathédrale de Strabourg, édifice solaire avec sa grande rosace flamboyante érigé sur l’emplacement d’un temple à Hercule et qui illustre bien le génie européen, jusqu’à la source sacrée du Mont-Sainte-Odile, fille du Soleil et porteuse de lumière guérisseuse des aveugles, en passant par le Mur Païen, construction cyclopéenne, qualifié tel par le Pape Léon IX et qui a fait l’objet de fouilles importante de 1942 à 1944.
 
Llorenç P.A. traite de la pédagogie identitaire par l’immersion linguistique. L’action révolutionnaire de pérennisation des lignées doit se concrétiser dans la musique, le chant, la cuisine, la danse traditionnelle et, bien entendu, l’école ethniquement enracinée. Il fait l’inventaire des expérience basques, occitanes, bretonnes, corses, catalanes d’écoles enracinées et souligne l’indispensable partenariat des parents. Il plaide pour l’école bilingue et l’immersion linguistique, les anciens prenant en charge les nouveaux élèves. Catalan, il s’étend sur son terroir, la Catalogne (Gothalonia ou land des Goths), où la Generalitat a été rétablie en 1977 et la langue normalisée en 1983.
 
Johan relate le pèlerinage accompli au mois de mai dernier par une douzaine d’amis au cœur de la Bourgogne sur les tombes des Vincenot, à la Pourrie près de Commarin. Cela faisait suite à une randonnée à travers la vallée de l’Ouche, sur les traces des héros des Etoiles de Compostelle.
 
Alain Cagnat est allé évaluer sur pièces le bilan de la Tunisie libérée de son dictateur (sous lequel, malgré une corruption généralisée, il faisait quand même bon vivre). Le résultat est désastreux : la corruption est toujours là, mais les touristes ont disparu. Par contre, les réfugiés affluent, libyens, mais également tchadiens, soudanais, nigériens, somaliens, maliens, éthiopiens, victimes du nouvel esclavagisme.
Le même Alain Cagnat réalise ensuite un panorama étourdissant et presque complet du monde musulman, depuis le Maroc à l’ouest jusqu’au Pakistan, en passant par l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, le Liban, la Jordanie, la Syrie, Israël, l’Arabie saoudite, les EAU, le sultanat d’Oman, le Koweit, le Qatar, Bahrein, le Yémen, la Turquie, l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. Une encyclopédie !
 
Jean Haudry, qui a pris part à la 27e université annuelle du Club de l’Horloge sur le thème ‘La France en faillite’, en souligne, avec l’importance, la qualité des communications présentées par Didier Maupas, Jean-Yves Le Gallou, François-Georges Dreyfus, Bertrand Lemennicier, Henry de Lesquen, Laurent Artur du Plessis, Jean-Jacques Rosa et Yvan Blot. Pierre Millan, qui en a réalisé à titre de conclusion la synthèse, suggère ‘pour remettre l’Etat au service de la Nation’ une série de mesures, notamment le referendum d’initiative populaire et la sortie de l’euro et de l’Union européenne. Pour Jean Haudry, cette rupture est un préalable indispensable, puisque l’UE s’oppose à toute mesure d’intérêt national et même d’ordre public. Il approuve le referendum, qui vient encore de faire ses preuves en Suisse. Mais il objecte que serait inopérante la réinsertion proposée du FN dans la droite, témoin l’engagement de cette dernière à l’égard du B’nai Brith, engagement qu’elle tient depuis 25 ans avec une rigueur significative à la différence de ses traditionnelles inconstances.

samedi, 10 septembre 2011

Un Quatre Septembre à l'envers

Un Quatre Septembre à l’envers

par Georges FELTIN-TRACOL

republique_3_chev.jpgDe nombreuses villes françaises comportent une rue en l’honneur du 4-Septembre. Or très peu de personnes en connaissent la signification. Par cette appellation, on tient à célébrer la proclamation de la IIIe République en 1870 à Paris. Il est rare en revanche de trouver des rues mentionnant le 22 septembre 1792 (naissance de la Ire République) ou du 25 février 1848 (pour la IIe République). Quant aux IVe et Ve Républiques, elles n’ont jamais été proclamées, même s’il fut prévu de le faire en 1944 depuis le balcon de l’hôtel de ville de la Capitale. De Gaulle rejeta la proposition parce qu’il s’estimait représenter la République depuis le 16 mai 1940

La venue de la IIIe République, le 4 septembre 1870, fut  inattendue tant le Second Empire paraissait consolidé pour une décennie au moins. Le 8 mai précédent, un plébiscite organisé par Napoléon III sur les réformes de l’Empire libéral obtenait environ 7 358 000 oui contre 1 572 000 non. Le parti du non, les républicains, sortit de la consultation dépité, las, désespéré même, par l’éclatant succès impérial. Or, quatre mois après, profitant des défaites militaires françaises face aux armées germano-prussiennes et, en particulier, de la chute de Sedan avec Napoléon III fait prisonnier, le camp républicain tenait sa vengeance et, au mépris du récent résultat plébiscitaire, prononçait la déchéance du Second Empire et imposait un nouveau régime.

Certes, entre 1870 et 1879, cette république fut une « république de ducs » dominée par une majorité royaliste et présidée par un maréchal de France au cerveau de cheval. Jusqu’en 1879, le Parlement siégeait à Versailles et le troisième paragraphe – jamais modifié – de l’article Ier de la loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 stipulait que « le dimanche qui suivra la rentrée, des prières publiques seront adressées à Dieu dans les églises et dans les temples pour appeler son secours sur les travaux des Assemblées » ! Ce ne fut qu’en 1879 – 1880 que la majorité dorénavant républicaine imposa le 14 juillet et La Marseillaise comme fête nationale et hymne officiel. Au cours de la décennie 1870, profitant des féroces dissensions au sein de la famille royaliste, les républicains donnèrent aux électeurs une image de sérieux et de respectabilité si bien qu’ils engrangèrent les victoires électorales partielles avant de remporter les législatives de 1876 et de 1877.

Il ne faut pas cependant croire, comme l’affirment d’une manière sotte et péremptoire Joseph Beauregard et Nicolas Lebourg, que le « 4 septembre 1870 : c’est la date de naissance de la IIIe République – autoritaire, laïque, patriote et sociale (dans Le Monde Magazine, 30 juillet 2011) ». Autoritaire, la IIIe République ? À part de l’élimination voulue des langues vernaculaires, elle se caractérisa par une instabilité parlementaire chronique compensée par des personnalités de grand caractère. Laïque ? Pas avant la réforme constitutionnelle de 1879 et les lois scolaires de Ferry en 1881 – 1882. Patriote ? Oui, si on confond ce terme avec un revanchisme dément et un antigermanisme primaire. Sociale ? Nullement, si on la compare avec les avancées sociales de l’Allemagne bismarckienne. Souvenons-nous des fusillades de Decazeville en janvier 1887, du 1er mai 1891 à Fourmies, de Villeneuve – Saint-Georges et de Draveil en 1908 ainsi qu’à la belle mais vaine révolte du Midi de 1907. La IIIe République était profondément conservatrice, bourgeoise et bornée.

Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012, politologues et journalistes en mal de sensations fortes (ils n’osent quand même pas s’aventurer en Afghanistan…) évoquent parfois les possibilités d’un nouveau 21 avril ou d’un 21 avril à l’envers. Dans la première hypothèse, le second tour opposerait Nicolas Sarkozy à Marine Le Pen tandis que dans la seconde, Marine Le Pen affronterait le candidat socialiste.

Plutôt que d’entretenir une gesticulation électorale médiocre, le mouvement non-conformiste, identitaire, populiste, radical et solidariste devrait dès à présent penser à l’éventualité d’un 4 septembre à l’envers. C’est-à-dire ? Même sanctionné récemment et régulièrement par le suffrage, un régime politique reste fragile surtout si un aléa majeur vient à le déstabiliser comme la prise de Sedan et l’arrestation de l’Empereur par les Prussiens par exemple. Détestant le Second Empire et récusant toute union nationale sous l’autorité de l’impératrice – régente ou du jeune prince impérial, les républicains firent passer en priorité leur haine du régime sur l’intérêt national. Quelle leçon de réalisme politique !

Au lieu de se perdre dans des campagnes électorales dispendieuses marquées par un gaspillage considérable de temps, d’énergie militante et d’argent, la Rébellion radicale, identitaire et sociale devrait agir dans quelques créneaux métapolitiques fructueux en labourant les champs de l’esprit. À savoir :

— insister sur la formation militante par le biais de radios hertziennes (Radio Courtoisie) ou sur Internet (Radio Bandiera Nera, Europa Radio, l’émission « Méridien Zéro »), de revues (Éléments, Réfléchir & Agir, Flash, Faits et Documents, Krisis, Nouvelle École …), de livres (l’excellent Eurocalypse du collectif Solon), des sites Internet (Vox N.-R., Euro-Synergies, Polémia, blogue de Yann Redekker…), de cercles informels de lecture, d’écoute et de discussion;

— promouvoir l’aide sociale aux plus défavorisées comme le font déjà Solidarité populaire, Action populaire et sociale ou Solidarité des Français;

— faciliter la mise en place de structures réticulaires efficientes en prise dans le quotidien avec la constitution de coopératives d’achats, de ventes, etc., afin de faire travailler et vivre les nôtres (soutien à des A.M.A.P. pas exclusivement agricoles, créer des lieux de convivialité comme le font les Identitaires de Paris avec la Barricade, de Lyon avec La Traboule, le Local 92 de Serge Ayoub à Paris, etc.).

Comme l’exprime fort bien dans un article essentiel de Michel Drac dans Rébellion (n° 49, juillet – août 2011), la priorité revient désormais à la formation, partout où c’est possible, de Bases autonomes durables (B.A.D.). Certaines réalisations sont déjà en cours, qu’elles soient visibles ou plus discrètes.

Toutes ces initiatives visent à reconstituer un tissu social dissident dense à l’échelle locale afin de permettre une meilleure diffusion – réception de nos idées. Ce n’est qu’à et par la base qu’elles seront légitimées et prendront une valeur alternative à la société présente. Le travail peut paraître long, ingrat, fastidieux; il est plus important qu’une participation électorale aléatoire.

N’écartons pas cependant de nos pensées que le Kairos cher aux Grecs qui peut surgir à tout moment. Au XXe siècle en France, cet instant décisif fut à chaque fois parasité par un homme providentiel. N’en déplaise à la Gôche et à l’Université, délaissons immédiatement le 6 février 1934, les 21 – 26 avril 1961 et Mai 1968. Le 6 février 1934 n’a jamais été une tentative de coup d’État fasciste de la part de Ligues désunies, mais l’impitoyable répression policière de manifestants en colère contre les turpitudes politiciennes d’alors. Les plus récentes recherches historiques démontrent l’impréparation, l’amateurisme et la désorganisation, tant matériel que psychologique et politique, du putsch d’Alger des 21 au 26 avril 1961 dont l’objectif n’était pas la conquête du pouvoir, mais une sorte de rappel aux promesses du 13 mai 1958 en faveur de l’Algérie française. Quant à Mai 1968, malgré le passage secret et furtif de De Gaulle à Baden-Baden, jamais le régime ne vacilla : Georges Pompidou agissant pour la circonstance en renard matois. non, les deux seuls occasions de basculement se jouèrent en mai – juin 1940 et au 13 mai 1958. Or, pour ces deux circonstances exceptionnelles, Philippe Pétain et Charles de Gaulle firent don de leur personne à la France et parvinrent à canaliser les mécontentements à leur profit.

De pareils géants historiques n’existent pas aujourd’hui ! Voit-on vraiment V.G.E., Chirac, Rocard, Mauroy en recours suprême en cas de péril majeur ? Quant aux prétendants (le duc d’Anjou Louis-Alphonse de Bourbon, le prince impérial Charles Bonaparte, le duc de Vendôme Jean d’Orléans), les Français dans leur majorité ne les connaissent pas et pourraient même les considérer comme des anachronismes vivants. Non, s’il survenait une nouvelle et terrible « Débâcle » politique, économique, financière, voire militaire, il reviendrait à une élite militante sûre et déterminée de s’affirmer dans le chaos ambiant. Les B.A.D. en constitueront les socles indispensables à notre survie. Une grande école française proclame : « Ils s’instruisent pour vaincre ». Qu’on s’instruise donc chez soi ou dans les B.A.D. afin de vaincre ensuite ! Et scrutons toujours l’horizon qui se couvre lentement d’orages salutaires. Les terribles vents de l’histoire souffleront bien, tôt ou tard, dans notre direction…

Georges Feltin-Tracol


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lundi, 05 septembre 2011

Hervé Juvin sur l'immigration de peuplement

Immigration de peuplement: le sujet qui ne dit pas son nom

Communication d'Hervé Juvin


mardi, 30 août 2011

Prof. Buela: Sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

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Entretien avec le Professeur Alberto Buela sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

Ex: http://fr.novopress.info/

Buenos Aires (NOVOpress) – L’accord de coopération franco-brésilien pour la construction de sous-marins d’attaque est passé largement inaperçu et peu de commentateurs en ont pris la juste mesure. Nous avons interrogé le professeur Alberto Buela, un des rares spécialistes argentins de géopolitique, pour qu’il mette en perspective les ambitions navales du Brésil.

Novopress : vous êtes un spécialiste reconnu de la géopolitique et de la géostratégie du continent américain. Comment analysez-vous les ambitions maritimes du Brésil, mises en lumière par le récent accord franco-brésilien sur la construction de sous-marins d’attaque ?
 
Alberto Buela : Depuis toujours le Brésil ambitionne de se bâtir une sphère d’influence dans l’Atlantique sud, notamment en se constituant un corridor maritime entre ses côtes et l’Afrique occidentale, plus particulièrement (mais pas uniquement) en direction des pays de langue portugaise et française. Cet intérêt explique la forte présence diplomatique brésilienne dans ces pays qui contraste avec le peu d’intérêt manifesté par l’Argentine pour ce continent.

 

L’inspirateur de cette politique n’est pas un penseur d’aujourd’hui. De même que les Nord-Américains sont encore influencés par les théories d’Alfred Thayer Mahan (1840-1914), les Brésiliens n’ont pas oublié les écrits du penseur « intégrationniste » portugais Antonio Sardinha (1888-1925) dont l’ouvrage majeur A Aliança Peninsular défend la thèse de la transformation de l’Atlantique sud en « mare nostrum » d’une alliance ibero-américaine.

Quand le Brésil décide de se doter d’une flotte de sous-marins d’attaque, un des outils de la puissance souveraine les plus efficaces mais aussi les plus coûteux, le fait-il dans une perspective purement nationale ou cherche-t-il à devenir le champion des nations du cône sud du continent ?
 
Alberto Buela : ne vous laissez pas leurrer par le nom que les marchands d’armes lui donnent. Grâce à sa grande autonomie et à sa faible signature, le sous-marin d’attaque est avant tout une arme de dissuasion. Cette future flotte sous-marine brésilienne sera un argument solide pour asseoir la suprématie militaire de Brasilia en Amérique du sud et pour conserver la tête de file d’une communauté régionale de défense intégrant les nations du cône sud de l’Amérique.

 

En Argentine nous vivons depuis 2003 dans le cadre d’un régime social-démocrate qui a écarté avec horreur le conflit armé du champ des options permises au politique. Depuis cette date, les gouvernements successifs poursuivent une politique obstinée de démantèlement des Forces armées dans leurs trois composantes, Terre, Air et Mer.

Comment interprétez la collaboration entre le Brésil et l’Argentine dans le domaine de l’énergie nucléaire, plus particulièrement dans le domaine si avancé de la construction de chaudières nucléaires embarquées ?
 
Alberto Buela : au cours des années 1990, le Brésil était très en retard par rapport à l’Argentine dans les domaines de la recherche et de l’industrie nucléaires. Mon pays était aussi plus en avance dans la technique de construction de sous-marins grâce aux accords de coopération germano-argentins. Malheureusement, le gouvernement du président Menem a condamné les chantiers navals spécialisés Domecq García et il remis à plus tard le financement de la recherche nucléaire. Aujourd’hui, c’est le Brésil qui prend le relais en acceptant une coopération qui rend service aux deux pays, en valorisant la recherche argentine dans les réacteurs nucléaires de petites dimensions et en renforçant la capacité industrielle brésilienne.
 
Le tir de la fusée argentine Gradicom II est-il le signal d’une renaissance des Forces armées de votre pays ?
Alberto Buela : le tir du vecteur Gradicom II est un vieux projet ressorti des cartons. Cet essai réussi ne veut pas dire que la mise en quarantaine de l’armée touche à sa fin dans mon pays.
 
Quelle peut-être la réaction du Chili face à un éventuel rapprochement entre l’Argentine et le Brésil ?
 
Alberto Buela : le Chili s’est toujours méfié d’une possible alliance entre le Brésil et l’Argentine. Mais les circonstances ont changé depuis les affrontements entre nos trois pays au cours du XIXe siècle. Aujourd’hui le Chili a absolument besoin du corridor terrestre qui relie Santiago avec la région métropolitaine de Sao Paulo. Le « grand espace » que forment désormais les grandes nations du cône sud de l’Amérique impose sa dynamique aux nationalismes rances hérités du passé.
 
Comment voyez-vous les dix années à venir pour l’Atlantique sud ? Les Anglais ont-ils raison d’avoir peur ?

Alberto Buela : les Anglais possèdent une base puissante aux îles Malouines, dotée des équipements de détection les plus sophistiqués et d’avions de combat les plus modernes. Cette situation ne changera pas dans un avenir proche.

Entretien avec le Pr Alberto Buela sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

Le professeur Buela photographié pendant un entretien à Madrid en novembre 2008

En revanche, une communauté de destin des nations du sud du continent, renforcée par une force aéronavale conjointe argentine, brésilienne et chilienne, chargée d’assurer la défense régionale, change la donne. Elle encourage les autres nations à nous traiter avec davantage de respect, notamment les puissances qui pillent nos ressources maritimes.

Mais nous devons être réalistes. Tant que le Brésil et l’Argentine ne seront pas capables de montrer le chemin en constituant une force navale conjointe, les Anglais n’ont rien à craindre. En outre, tant que les Argentins resteront obnubilés par leurs problèmes internes et qu’ils n’accorderont pas à leur inimitié avec le Royaume Uni l’importance qu’elle mérite, Londres peut dormir sur ses deux oreilles.

Enfin, de la même manière que le Brésil et l’Argentine se rapprochent, dans l’hémisphère nord les Anglais cherchent à se rapprocher des Français pour compenser leur inéluctable affaiblissement. Nous devons donc prendre en compte non plus un affrontement qui opposerait les nations américaines à l’Angleterre, mais à une alliance franco-britannique. Alors, les données du jeu ne seront que plus complexes.

jeudi, 18 août 2011

Péguy parmi nous

Péguy parmi nous

par Pierre LE VIGAN

peguy.jpgIl y a cent ans, Péguy publiait Le mystère de la Charité de Jeanne d’Arc, pièce de théâtre qui est toute entière le mystère de la prière de Péguy. Il publiait aussi, cette même année 1911, Le Porche du mystère de la deuxième Vertu (« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. » Cette « petite fille espérance. Immortelle » que chantera cet autre poète qu’était Brasillach). L’occasion de revenir sur Péguy, l’homme de toutes les passions.

En 1914 mourrait Charles Péguy, au début d’une guerre qui marqua la fin d’une certaine Europe et d’une certaine France. Péguy représentait précisément le meilleur de l’homme de l’ancienne France, atteint au plus haut point par les ravages du monde moderne. On dit parfois qu’il y eut deux Péguy, le premier socialiste et dreyfusard, et le second, nationaliste, critique du progrès, catholique proclamé (par ailleurs nullement pratiquant) et atypique. Ces deux Péguy ont leur grandeur, et les deux ont été bien vivants c’est-à-dire qu’ils ont écrits comme tout le monde aussi quelques bêtises. Mais c’est le même homme qui a été tour à tour socialiste idéaliste et critique passionné – et bien injuste – de Jean Jaurès. Et c’est le même homme qui fut poète, et qui fut hanté par l’idée de hausser l’homme. C’est pourquoi dans Notre jeunesse (1910), Péguy écrivait : « On peut publier mes œuvres complètes, il n’y a pas un mot que j’y changerais. » Et de dire dans ce texte, en substance : je ne renierais jamais mon engagement (dreyfusard) dans l’affaire Dreyfus et je ne renierais jamais la République.

Péguy est né à Orléans en 1873. Il sera influencé par Louis Boitier et le radicalisme orléanais. Fils d’un menuisier et d’une rempailleuse de chaises, Péguy peut faire des études grâce à une bourse de la République. Condisciple du grand historien jacobin Albert Mathiez, Péguy échoue à l’agrégation de philosophie. Dans les années 1890, il se range du côté des socialistes par aspiration à la fraternité et un ordre vrai. De même, il défend Dreyfus injustement accusé de trahison. C’est un anticlérical et un homme de gauche. « Les guerres coloniales sont les plus lâches des guerres », écrit-il en 1902. Sa première Jeanne d’Arc qui, parue en 1897, n’aura aucun succès est dédiée à ceux qui rêvent de la République socialiste universelle. Il abandonne la voie du professorat en 1897.

À partir de 1900, il évolue de manière de plus en plus autonome et inclassable. Il se convertit à un certain réalisme politique. « La paix par le sabre, c’est la seule qui tienne, c’est la seule qui soit digne », écrit-il alors à propos de la colonisation française. Ce qui n’est pas incompatible avec le premier propos mais marque une nette inflexion. C’est l’époque de Notre Patrie (1905) et du raidissement patriotique après l’incident de Tanger. « L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude », écrit-il alors dans les Cahiers de la Quinzaine. Mais ce ne peut être qu’un ordre vrai, c’est-à-dire un ordre juste.

L’antisocialisme de Péguy vers 1910 est surtout une protestation contre l’embourgeoisement du socialisme. Mais il faut le dire : il y aussi un profond recul de l’intérêt pour la question sociale. S’il ne fut jamais maurrassien (Daniel Halévy expliquera que ce qui a manqué au débat français c’est un face-à-face Maurras – Péguy), Péguy était par contre proche de Barrès.

Anticlérical mais chrétien – il trouve la foi en 1908 -, extrêmement patriote (jusqu’à un antigermanisme détestable mais naïf), Péguy était aussi philosémite (à une époque où le sionisme n’existait pas), ainsi grand admirateur de Bernard Lazare. Les amis juifs ne manquèrent pas à Péguy, tels le fidèle Eddy Marix. Sans parler de « Blanche », son dernier amour. Loin d’être attiré par les extrêmes, Péguy est à partir de 1900, en politique, très modéré. Il voue ainsi un grand respect à Waldeck-Rousseau, homme de gauche modéré, voire « opportuniste » au sens du moment, qui mit un terme  aux affres de l’affaire Dreyfus.

Après avoir ouvert une librairie, vite en faillite, Péguy crée les Cahiers de la Quinzaine, qui n’auront jamais assez d’abonnés pour être rentables (on parle de 1400 abonnés, mais des historiens tels Henri Guillemin indiquent qu’il n’en a jamais eu 1200). Abandonnant le socialisme devenu parlementaire, il s’attache à prôner une République idéale, indépendante des partis et de l’argent, patriote, sociale, apportant à tous l’éducation, la dignité dans le travail et la fraternité. C’est dire que Péguy n’a jamais complètement renié ses idéaux de jeunesse. « Une révolution n’est rien, si elle n’engage pas une nouvelle vie, si elle n’est entière, totale, globale, absolue… » Péguy devient l’homme de toutes les traditions, « des fleurs de lis mais aussi du bonnet phrygien (avec cocarde) ». « Un Michelet dégagé des vapeurs idéologiques », remarque Maurice Reclus. Une fidélité à la République comme continuité de toute notre histoire. C’est ce qu’il résuma par la fameuse formule : « La République c’est notre royaume de France ».

Ami de Jacques Maritain, de Lucien Herr, de Pierre Marcel-Lévy, de Georges Sorel (qui ne crut jamais à sa conversion catholique), de Léon Blum, avec qui il se fâcha, de Marcel Baudouin dont il épousa la sœur et à qui il vouait une affection fraternelle jusqu’à utiliser le pseudonyme de Pierre Baudouin, sous le nom duquel il publia sa première Jeanne d’Arc, Péguy était en relation avec les plus brillants mais aussi souvent les plus profonds des intellectuels de l’époque. De même qu’il échouera à l’agrégation de philosophie, il ne termina jamais sa thèse sur « l’histoire dans la philosophie au XIXe siècle », ni sa thèse complémentaire qui portait sur le beau sujet « Ce que j’ai acquis d’expérience dans les arts et métiers de la typographie ». Ce qu’il cherchait n’était pas de paraître, c’était de tracer un sillon bien précis : l’éloge des vertus d’une ancienne France, celle des travailleurs, des artisans, des terriens. « C’est toujours le même système en France, on fait beaucoup pour les indigents, tout pour les riches, rien pour les pauvres », écrivait-il dans une lettre du 11 mars 1914.

Souvent au bord de la dépression, Péguy ne se ménageait guère. « Le suicide est pour moi une tentation dont je me défends avec un succès sans cesse décroissant », écrivait-il à un de ses amis. Il ne cherchait pas le confort pour lui-même : ni le confort moral ni le confort intellectuel. « Il y avait en ce révolutionnaire du révolté, écrivait son ami Maurice Reclus, et, ces jours-là, je ne pouvais m’empêcher de voir en Péguy une manière de Vallès – en beaucoup plus noble, évidemment, en beaucoup moins déclamateur et revendicateur, un Vallès sans bassesse, sans haine et sans envie, mais un Vallès tout de même. » Péguy prétendait être un auteur gai, et s’il n’était pas comique ni léger, il était quelque peu facétieux. Oui, cet homme avait la pudeur de la gaieté. Il ne cherchait jamais à être étincelant, mais il étincelait.

Ce que récuse Péguy, et là, il n’est pas modéré, c’est le modernisme. Le danger qu’il annonce, c’est « la peur de ne pas paraître assez avancé ». C’est pourquoi sa critique de l’obsession moderniste est souvent associée au regret des temps passés, alors qu’elle témoigne pour un autre avenir possible. « Mais comment ne pas regretter la sagesse d’avant, comment ne pas donner un dernier souvenir à cette innocence que nous ne reverrons plus. […] On ne parle aujourd’hui que de l’égalité. Et nous vivons dans la plus monstrueuse inégalité économique que l’on n’ait jamais vue dans l’histoire du monde. On vivait alors. On avait des enfants. Ils n’avaient aucunement cette impression que nous avons d’être au bagne. Ils n’avaient pas comme nous cette impression d’un étranglement économique, d’un collier de fer qui tient à la gorge et qui se serre tous les jours d’un cran. » (L’Argent). Deux semaines avant d’être tué, le 5 septembre 1914, Péguy était au front à la tête d’une compagnie. Il écrivait : « nous sommes sans nouvelles du monde depuis quatre jours. Nous vivons dans une sorte de grande paix. »

Pierre Le Vigan

Bibliographie:

Arnaud Teyssier, Charles Péguy, une humanité française, Perrin, 2008.

Romain Rolland, Péguy, Albin Michel, deux volumes, 1945.

Maurice Reclus, Le Péguy que j’ai connu, Hachette, 1951.

Bernard Guyon, Péguy, Hatier, 1960.

Charles Péguy, L’Argent (1913), réédité par les éditions des Équateurs.

Paru dans Flash, n° 67 du 2 juin 2011.


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mardi, 09 août 2011

Xavier Raufer sur le rap / La vérité sur le rap

 

Xavier Raufer sur le rap

 

 

La vérité sur le rap

 

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lundi, 08 août 2011

Xavier Raufer: la fuite devant la réalité

 

Xavier Raufer: la fuite devant la réalité

samedi, 06 août 2011

D. Jamet: "Est-il interdit de parler d'immigration en France"?

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Dominique Jamet : “Est-il interdit de parler d’immigration en France ?”

Source Atlantico cliquez ici

 

L'extrême droite et la droite populiste responsables moraux des attentats d'Oslo ? C'est ce qu'on peut lire dans plusieurs médias nationaux. Preuve qu'il est toujours difficile de parler sereinement d'immigration en France...


ll y a huit ans, le nommé Richard Durn remplissait la mission - « cruelle mais nécessaire » – qu’il s’était assignée, à savoir tuer un maximum de membres du Conseil municipal de Nanterre, ville qu’il disait « exécrer ». Personne – je veux dire personne de bonne foi - ne prétendit alors que le Parti socialiste, les Verts ou la Ligue des Droits de l’homme, trois organisations dont il avait été membre, étaient pour quelque chose dans l’acte de ce dément. Durn lui-même, dans une lettre-testament, avait expliqué qu’il voulait seulement une fois dans son existence se sentir libre et puissant, et conclure sur ce coup d’éclat sa « vie de merde ».

 

L'extrême droite et la droite populiste responsables des attentats d'Oslo ?

 

Aussi bien, dans un premier temps, aucun journal, aucune organisation politique n’ont accusé le Parti du progrès norvégien, et pas davantage le Front national ou l’UMP, d’avoir organisé ou commandité le massacre conçu et perpétré par Anders Breivik, tant il était évident que l’idée tordue d’exterminer le plus grand nombre possible de jeunes Norvégiens pour mieux contenir l’Islam avait germé et fleuri toute seule dans ce cerveau fêlé. Laurent Joffrin a même tenu, avec beaucoup d’élégance, à disculper Robert Ménard et Eric Zemmour et, après réflexion, Elisabeth Lévy : ils n’étaient pas dans le coup.

 

Une telle sagesse, une telle modération ne pouvaient pas durer. Deux jours ne s’étaient pas écoulés que, s’étant ressaisis, le MRAP, SOS Racisme, Rue 89, Libération, après une enquête expresse, désignaient les responsable moraux de la récente tuerie et des tueries à venir : les droites extrêmes, les partis populistes, les apprentis-sorciers de la majorité qui, en faisant de l’immigration le bouc émissaire de tous nos maux, font souffler sur l’Europe et la France, les vents mauvais, les vents « délétères », les vents « nauséabonds » de la xénophobie et du racisme. D’où le réchauffement climatique de la haine, à l’origine de la vague de terrorisme chrétien fondamentaliste que pressentent les augures. Au fait, Benoît XVI a-t-il condamné les crimes de M. Dupont de Ligonnès ?

 

 Il n’est pas douteux que le carnage d’Oslo et les justifications qu’avance son auteur, mégalomane narcissique mais parfaitement conscient de ses actes et cohérent dans son délire, apportent une bouffée d’oxygène bienvenue au discours quelque peu fané des professionnels de l’antiracisme et des docteurs de l’angélisme.

 

L’occasion était trop tentante de ressortir du placard les amalgames les plus éculés et de confondre dans une même condamnation tous ceux qui, sur la base d’analyses, d’inquiétudes, d’intentions et de propositions bien différentes, ont tenu à un moment ou un autre des propos politiquement incorrects sur l’immigration et plus précisément sur la menace que l’Islam ferait peser sur notre culture et notre civilisation. C’est une chaîne longue et lâche dont les premiers maillons s’appellent François Mitterrand (« le seuil de tolérance »), Valéry Giscard d’Estaing (« l’invasion »), Jacques Chirac (« le bruit et l’odeur »), Nicolas Sarkozy (« la racaille »), Alain Finkielkraut (« la France se métisse »).

 

La doxa politiquement correcte de l'immigration

 

Jusque là, tout va bien, mais le discours de Grenoble est-il si différent du discours de Le Pen, M. Guéant ne persécute-t-il pas les sans-papiers, M. Longuet n’a-t-il pas appartenu au mouvement Occident, la Droite populaire, composante de l’UMP n’est-elle pas une passerelle vers le Front national, le Front national est-il aussi éloigné qu’il voudrait le faire croire des Identitaires, lesquels sont bien proches des néonazis qui ne désapprouvent pas Anders Breivik, propagandiste par l’exemple d’une nouvelle solution finale ? Tous populistes, tous extrêmistes, tous racistes ! C’est l’habituelle et insupportable reductio ad hitlerum, l’anathème qui dispense d’explication, l’arme absolue, dans le dialogue, de ceux qui refusent le dialogue, la forme contemporaine du « fasciste ! » qui, des années cinquante aux années quatre-vingt, fut l’efficace joker par lequel les communistes mettaient victorieusement fin à tout débat.

 

Il existe actuellement une doxa politiquement correcte de l’immigration dont il est aussi dangereux de s’écarter que d’un chemin sécurisé à travers un champ de mines.

 

France : terre d'immigration...

 

L’article premier en est que la France a toujours été une terre d’immigration. Les preuves en surabondent d’ailleurs : Blanche de Castille, Pétrarque, Vinci, Anne d’Autriche, Jean-Baptiste Lully, Marie-Antoinette…

 

Aucun immigré en particulier, et l’immigration en général, si l’on en croit la doxa, ne posent aucun problème d’aucune sorte, ni d’ordre public, ni d’ordre social, ni d’ordre culturel, ni d’assimilation. Les seuls problèmes viennent de ceux que nous leur créons, à travers la discrimination, la chasse au faciès, la ghettoïsation, la répression des sans-papiers.

 

Il n’y a aucune différence d’aucune sorte, dans aucun domaine, entre un Français de souche, français depuis vingt générations et un Français naturalisé depuis cinq minutes, un Français binational, un Français francisé, même s’il ne le souhaite pas, parce qu’il est né et a grandi sur notre sol, et un Français heureux bénéficiaire d’un mariage blanc.

 

L’immigration est un enrichissement : elle ouvre notre culture sur les autres cultures, remplit les caisses de la Sécurité sociale, diversifie notre cuisine et crée notamment dans le secteur agricole (l’herbe) et dans le secteur industriel (héroïne, crack et cocaïne) des dizaines de milliers d’emplois.

 

Mais cessons d’enfiler les perles. La vérité est que la France est confrontée depuis la fin de la seconde guerre mondiale à une situation sans équivalent dans son histoire depuis qu’elle existe, c’est-à-dire depuis le dixième siècle et la fin des grandes invasions. Ce pays – le nôtre – à la démographie stagnante, comme tous ses voisins à la population vieillissante, est passé en soixante ans seulement de quarante à soixante-cinq millions d’habitants. Cette augmentation extraordinaire, signe et source de vitalité, s’explique pour l’essentiel (sans que quiconque puisse fournir un chiffre exact, puisque la loi nous interdit de savoir qui nous sommes) par un apport de sang nouveau. Autant qu’on puisse le mesurer, il semble qu’aujourd’hui un habitant de la France sur trois soit étranger, fils ou petit-fils d’étrangers.

 

... en pleine mutation

 

Comment une telle mutation, qui a d’ailleurs coïncidé avec le passage d’une société plus qu’à demi-rurale à une société urbanisée et qui a coïncidé avec la perte d’un certain nombre de repères anciens (l’Eglise, l’armée, la patrie, le drapeau, la famille traditionnelle) pourrait-elle ne poser aucun problème d’adaptation ?

 

Et cela d’autant plus que l’immigration qui a modifié et modifie chaque jour le visage de la France n’est pas une immigration de proximité, géographique et ethnique, donc aisément assimilable, mais une immigration largement africaine et asiatique, principalement musulmane, démographiquement jeune et féconde, socialement pauvre, culturellement différente. Quel rapport avec le racisme ou l’antiracisme a le fait de s’interroger, très légitimement, sur les conséquences que l’immigration peut avoir en termes de niveau de vie, d’évolution des mœurs et de la culture, de sécurité et sur les nouvelles bases de l’identité nationale ? Nous sommes à un tournant, et un tournant difficile, d’une histoire dix fois séculaire.

 

On peut évidemment regarder ailleurs. On peut évidemment n’en jamais parler et n’y jamais penser. On peut estimer que l’immigration est une chance pour la France. Mais la meilleure attitude consiste-t-elle à nier ou à affronter la réalité ?

 

Face à cette réalité, la classe politique installée – les deux grands partis de gouvernement - reste majoritairement sur la ligne qui a sépare la France d’en haut de la France d’en bas, et qui a coupé les élites bien portantes des masses bien souffrantes. Elle sait mieux que le peuple ce qui est bon pour le peuple, et n’aime pas que celui-ci se mêle de ses affaires. A l’inverse, ceux qui, à gauche comme à droite, exploitent les colères et les frustrations du peuple et lui murmurent à l’oreille ce qu’il a envie d’entendre peuvent être dits populistes, entendez démagogues. Mais est-il si choquant d’écouter le peuple, et de tenir compte de ce qu’il vit et de ce qu’il veut ? Le populisme est aussi un visage de la démocratie.

 

mardi, 26 juillet 2011

Marc Laudelout sur Louis-Ferdinand Céline

 

Céline, bulletin celinien, un homme, un destin,

Marc Laudelout sur Louis-Ferdinand Céline
http://meridienzero.hautetfort.com/archive/2011/07/06/emission-n-57-louis-ferdinand-celine.html

dimanche, 24 juillet 2011

L. F. Céline: nouvelles parutions italienne et néerlandaise

Louis-Ferdinand Céline: nouvelles parutions italienne et néerlandaise

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/ 

 
Parution aux éditions Il Settimo Sigillo de lettres de Céline à la presse collaborationniste entre 1940 et 1944. Un choix d'Andréa Lombardi, préfacé par Stenio Solinas, traduit du français par Valeria Ferretti. http://lf-celine.blogspot.com

Presentiamo qui, per la prima volta in italiano, le discusse lettere e gli scritti di Louis-Ferdinand Céline alla stampa collaborazionista francese e apparse su “Je suis partout”, “Au Pilori”, “Germinal”, “La Gerbe”...
I temi toccati da Céline in queste lettere “maledette”, vanno dalla disfatta del 1940 e Vichy, gli ebrei, il razzismo, la guerra, la collaborazione franco-tedesca e gli intellettuali, alla polemica letteraria contro Proust, Cocteau e Peguy. Nel volume sono anche riprodotte le pagine originali delle ormai introvabili riviste e quotidiani dove apparvero gli scritti tradotti, mentre le appendici comprendono la risposta di Céline alle accuse della Procura francese, un ricordo di Céline scritto da Karl Epting, direttore dell’Istituto Tedesco di Parigi, un breve saggio sulla cultura politicizzata della Sinistra in quegli stessi anni e uno sui rapporti tra gli intellettuali francesi e tedeschi, e numerose fotografie.



Un livre de Nico Keuning paraît en néerlandais sur la période de l'exil danois, De laatste reis, De Deense jaren van Céline in ballingschap 1945 - 1951, aux éditions Aspekt.


Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) heeft als soldaat, (onder zijn werkelijke naam Destouches), arts en schrijver een turbulent leven geleid. Als avonturier en gelukzoeker zocht hij zijn heil in Afrika en in zijn functie als hygiënist van de Volkenbond reisde hij onder andere naar Amerika, Engeland, Duitsland, Denemarken...

Met zijn roman Reis naar het einde van de nacht (1932) bracht hij een vernieuwing in de Europese literatuur teweeg. ‘Ik heb de emotie weer in de schrijftaal gebracht.’ In Nederland vond hij bewonderaars onder schrijvers als Gerard Reve en W.F. Hermans. Wellicht ook door zijn misantropie, paranoia en eigenzinnigheid. Eind jaren ’30 neemt zijn carrière een dramatische wen- ding als hij in antisemitische pamfletten openlijk sympathiseert met ideeën van het nationaal-socialisme en het Franse volk waarschuwt tegen de joden en de dreiging van een Tweede Wereldoorlog. Uit angst geëxecuteerd te worden, slaat Céline in juni 1944 op de vlucht.

De laatste reis laat een andere Céline zien: een schrijver in het plunje van een zwerver op de vlucht door Duitsland, ondergedoken in Kopenhagen, opge- sloten in de Vestre Fængsel, de gevangenis in Kopenhagen, onder huisarrest in Klarskovgaard op het Deense eiland Seeland. Een kankerende Céline, een hatende Céline een wanhopige Céline, maar vooral een schrijvende Céline. Tijdens zijn Deense ballingschap (1945-1951) schreef hij naast een aantal romans zo’n vierduizend brieven, waarvan honderden aan zijn advovaat Thorvald Mikkelsen die in een ministerie van Justitie de slepende rechtszaak uiteindelijk wist te winnen.

Nico Keuning bezoekt de adressen in Kopenhagen, Korsør en Klarskovgaard, komt in contact met Céline-kenners, vindt nieuwe documenten, ontdekt een ‘pleitrede’ van Céline uit 1946 en werpt een ander licht op de Deense jaren van zowel de persoon Destouches als de schrijver Céline, die nu vijftig jaar geleden, op 1 juli 1961 in Meudon overleed.

jeudi, 21 juillet 2011

Le Bulletin célinien n°332

Le Bulletin célinien n°332 - juillet/août 2011

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

 
Vient de paraître : Le Bulletin célinien n°332.
 
Au sommaire :

- Bloc-notes (Marc Laudelout)
- In memoriam Colette Destouches
- L’année de Céline ou « la fête des fous » (Pierre Lalanne)
- In memoriam Thomas Federspiel (François Marchetti)
- Huit entretiens sur Céline (Frédéric Saenen)
- La revanche posthume de Céline (Jérôme Dupuis)
- Céline toujours indésirable à Montmartre (Marc Laudelout)
- Villon et Céline [1] (Pierre de Bonneville)
- Céline en Goétie (Philippe Alméras)
- Hommage de la S.E.C. à Céline

Un numéro de 24 pages, 6 € franco.
Le Bulletin célinien, B. P. 70, Gare centrale, BE 1000 Bruxelles
 

 

 

mardi, 19 juillet 2011

Intellectuels faussaires: triomphe médiatique des experts en mensonge

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« Les Intellectuels faussaires : Le triomphe médiatique des experts en mensonge » de Pascal Boniface (entretiens)

 

Ex: http://www.polemia.com/

Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), engagé à gauche, Pascal Boniface décape des idoles médiatiques, qu’il appelle des « experts en mensonge ». Un réjouissant jeu de massacre.

On ne peut guère soupçonner Pascal Boniface d’avoir, lui aussi, retourné sa veste, comme tant de ces « intellectuels faussaires » qu’il décrypte avec alacrité dans son dernier ouvrage éponyme. Après sa thèse d’État en droit international public sur les sources du droit international du désarmement, il fait très tôt partie des jeunes conseillers en affaires stratégiques proches de Charles Hernu, le premier ministre de la Défense de François Mitterrand, après mai 1981. Expert pour les questions de défense auprès du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, il travaille aussi sur ces sujets aux cabinets de Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, puis de Pierre Joxe, d’abord à l’Intérieur puis à nouveau à la Défense.

mensongesmédiatiques,manipulations mdiatiques,livre,pascal boniface,france,actualité,médias,presse,journauxBoniface est resté fidèle à cet engagement socialiste, tout en menant une brillante carrière d’universitaire (il est aujourd’hui enseignant à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII) et de consultant. Passé par l’université Paris-I, l’École spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et l’Institut d’études politiques de Paris et de Lille, il crée en 1990 l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), l’un des meilleurs think tanks français. Il en est le directeur. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, responsable de l’Année stratégique et du trimestriel la Revue internationale et stratégique, il est aussi, pour une autre passion, le secrétaire général de la Fondation du football.

On peut discuter son analyse du conflit israélo-palestinien : en 2003, son livre Est-il permis de critiquer Israël ? avait déjà suscité de vives controverses (lire dans Valeurs actuelles). Sa galerie des “experts en mensonge” est sans doute un peu polémique, parfois injuste. Sa liste – Bernard-Henri Lévy, Caroline Fourest, Alexandre Adler, François Heisbourg, Philippe Val et quelques autres – est sans doute incomplète. Mais les citations qu’il fait, les rappels de quelques énormités et de concepts creux assénés par tous ces intellectuels courtisés par tant de médias font mouche. Pascal Boniface s’est sans doute fait des ennemis pour longtemps. Il nous explique les raisons de cette charge, à gauche toute…

Frédéric Pons : Pourquoi avoir écrit ce livre maintenant sur les « intellectuels faussaires » ?

Pascal Boniface : Il est vrai qu’il aurait pu être écrit de puis longtemps. J’attendais que quelqu’un s’en charge. Cela n’est pas venu. J’étais de plus en plus agacé de voir ces mensonges et contre vérités défiler en boucle, ne pas être contredits. Voir ces faussaires triompher médiatiquement, alors que nombreux étaient ceux qui connaissaient leurs failles, devenait difficile à supporter ; je me suis donc attelé à la tâche. Les multiples réactions positives que je reçois montrent que, pour le public également, le moment était venu.

F.P. :Est-il exact que vous avez essuyé le refus de nombreux éditeurs ?

P.B. : Quatorze éditeurs ont rejeté le livre ; et encore, je ne l’avais envoyé ni à Grasset, ni à Denoël, ni à quelques autres dont je connaissais par avance la réponse, forcément négative. Cela montre bien le poids des connivences dans le milieu éditorial et, d’un certain côté, le non-respect du public auquel on dénie une variété de choix. Il y a là un vrai problème sur le plan démocratique.

F.P. Et dans les médias ?

P.B. : Si je ne peux pas parler d’un silence médiatique, il est vrai que je n’ai guère d’illusions sur les comptes-rendus de nombreux grands médias. Mais des journaux d’opinion à droite comme à gauche en font part et, surtout, le bouche à oreille fonctionne fort bien.

F.P. : N’êtes-vous pas vous-même, comme quelques journalistes de Valeurs actuelles, un habitué des plateaux de télévision ?

P.B. : Je suis en effet régulièrement invité dans des médias. Il y en a également où je suis interdit, uniquement sur la base de mes positions sur le conflit au Proche-Orient.

F.P. : Vous vous êtes aussi trompé…

P.B. : Mais je défie quiconque de me prendre en défaut de mensonges volontaires. Il a pu m’arriver de commettre des erreurs, comme tout un chacun, mais moins que certains que je cite en exemple. Cela me mortifie à chaque fois que je m’en rends compte. Mais je ne pourrais jamais émettre un argument auquel je ne crois pas, uniquement parce qu’il me permettrait de mieux convaincre le public.

F.P. : Homme de gauche, vous brisez des idoles qui sont pour la plupart issues de la gauche ou engagées à gauche. Ne tirez-vous pas contre votre propre camp, et peut-on être débatteur de droite sans être automatiquement un faussaire ?

P.B. : Je suis malheureusement parvenu à un âge où je n’ai plus d’illusions sur le fait que le monopole du coeur ou de la vertu serait à gauche. Je me sens toujours de gauche mais je connais des gens de droite d’une parfaite intégrité et animés par des convictions sincères et l’envie de servir l’intérêt général, et des gens qui se disent de gauche qui ne sont que des opportunistes sans foi ni loi et qui, au-delà des déclarations généreuses, ne pensent qu’à leur carrière personnelle.

F.P. : Qu’appelez-vous exactement « le bain amniotique de la pensée dominante » ?

P.B. : C’est le fait de croire que le monde occidental est supérieur aux autres civilisations, qu’il a le monopole de la vertu, qu’il serait en danger parce que justement il est plus vertueux, qu’Israël est la seule démocratie du Proche-Orient et que l'opposition à sa politique ne s’explique que par ce facteur, qu’il est l’avant-garde de la lutte contre le terrorisme islamiste, et que donc, au lieu de le critiquer pour sa politique à l’égard des Palestiniens, il faudrait plutôt le soutenir. Enfin, c’est aussi penser que l’islam en tant que tel est un danger. Et puis surtout, par rapport aux périls stratégiques, se concentrer sur la dénonciation des effets sans jamais réfléchir aux causes.

F.P. : Que reprochez-vous précisément à « l’entrée en force de la morale dans l’agenda international », phénomène que vous disséquez et qui permettrait à certains intellectuels de « nous faire avaler des couleuvres » ?

P.B. : Je serais ravi que la morale entre en force dans les relations internationales. Malheureusement, on l’évoque pour ne pas la mettre en pratique. Trop souvent son évocation conduit à un manichéisme qui divise le monde en deux : le bien d’un côté, le mal de l’autre. Par ailleurs, si on tranche les situations stratégiques au nom de la morale, on parvient vite à une situation où celui qui s’oppose à vous n’est pas un contradicteur mais un être immoral. Si votre opposant est contre la morale, pas la peine d’argumenter, il suffit d’excommunier. C’est une insulte à l’intelligence. Trop souvent, ceux qui se réclament d’une approche morale le font de façon sélective.

F.P. : Pourquoi dites-vous que BHL est de venu le « seigneur et maître des faussaires » ?

P.B. : Il a bâti autour de lui un réseau dont il est le centre. Membre du conseil de surveillance du Monde, président de celui d’Arte, actionnaire de Libération, proche d’Arnaud Lagardère et de François Pinault, il occupe une place médiatique absolument incroyable. Fort de cette position, il peut raconter n’importe quoi sans que jamais cela ne remette en question sa visibilité. Sur sa proximité avec le commandant Massoud, avec la famille de Daniel Pearl, il a multiplié les contrevérités. Par connivence ou par peur, on n’ose pas le contredire si on fait partie du milieu médiatique.

F.P. : Comment caractériseriez-vous le portrait type d’une « sérial-menteuse », telle que vous la décrivez sous les traits de Caroline Fourest ?

P.B. : Elle est la Marion Jones du débat public : apparence impeccable, bonnes performances, mais qui ne sont pas basées sur l’honnêteté. Simplement, la lutte antidopage est plus efficace dans le domaine du sport que la lutte antimensonges dans le domaine intellectuel. Sa caractéristique principale est d’attribuer à ses adversaires des propos qu’ils n’ont jamais tenus pour s’en offusquer.

F.P. : En êtes-vous sûr ?

P.B. : Encore récemment, pour répondre au portrait que je dresse d’elle, elle disait que j’avais toujours soutenu “des régimes peu recommandables” (ce qui est plutôt le cas de nombre de ses amis), que je combattais tous ceux qui défendaient la laïcité et le droit des femmes, et elle s’interrogeait par ailleurs de façon calomnieuse sur les financements de l’Iris (en clair, elle sous-entendait que j’étais financé par les pays arabes). Bien sûr elle ne répondait en rien sur le fond à ma démonstration, qu’elle confirmait plutôt par ses propos.

F.P. : Peut-on dire qu’Israël et l’islamisme sont devenus des facteurs clivants entre intellectuels, notamment à gauche, transformant certains en “faussaires” ?

P.B. : Je n’irai pas jusque-là. Il y a d’autres éléments, mais il est vrai que le soutien d’Israël et la stigmatisation de l’islam permettent une certaine impunité aux faussaires.

F.P. : Est-il possible, dans les médias, d’échapper aux «vents dominants » ou aux modes intellectuelles ?

P.B. : Malgré un battage médiatique digne des régimes autoritaires, Bernard-Henri Lévy n’aurait vendu que 3 500 exemplaires de son dernier livre. Cela prouve que le public est moins idiot que ne le pense une partie de ces élites faussaires. La connivence ne crée pas forcément le succès. En revanche, elle éloigne une grande partie de l’opinion de ces élites, ce qui est dangereux pour la démocratie.

Propos recueillis par Frédéric Pons
Valeurs actuelles 
30/06/2011

Pascal Boniface, Les Intellectuels faussaires : Le triomphe médiatique des experts en mensonge, Jean-Claude Gawsewich éditeur, mai 2011, 272 pages, 19,90 euros

Correspondance Polémia – 4/07/2011

lundi, 18 juillet 2011

"Fatigue du sens" de Richard Millet

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« Fatigue du sens » de Richard Millet

Ex: http://www.polemia.com/


Polémia a publié récemment un article sur « La révolte des intellectuels ». L’essai fulgurant de Richard Millet, Fatigue du sens, en est l’illustration. Didier Marc présente ici l’œuvre de l’ « écrivain prolifique et magnifique » qui en est l’auteur : le témoignage courageux et passionné d’un écrivain-guerrier pour qui « l’Europe tout entière n’est plus qu’une déchirure raciale dont l’islam et l’antiracisme sont les fourriers et le libéralisme le grand ordonnateur ».
Polémia

richard-millet.jpegRichard Millet est un écrivain prolifique et magnifique. Son œuvre comprend une cinquantaine de livres, des romans et des essais, tous écrits dans une langue et un style qui n’ont guère d’équivalent dans la littérature française contemporaine. Le sentiment de la langue

L’auteur du Sentiment de la langue (1), ouvrage qui a obtenu le Prix de l’essai de l’Académie française en 1994, est né en Haute-Corrèze et a vécu au Liban de six à quatorze ans, double enracinement que l’on retrouve dans toute son œuvre. Le pays de sa prime enfance c’est celui des hauts plateaux du Limousin, celui de Siom, son village entre Tulle et Aubusson, un pays « obscur entre l’eau, le granit et le ciel », aux gens repliés « dans les éternelles postures primitives ». Puis viendra le Liban et Beyrouth, cette ville pleine d’odeurs, de « chants d’oiseaux et de cris d’enfants », où il devient adolescent « dans un creuset de langues, de vocables et d'accents [qui] incitait à la tolérance », mais où, plus tard, il éprouvera « au plus haut le fait de vivre tout en achevant de [se] séparer de l'espèce humaine ».

Ces lieux de mémoire lui inspireront la plupart de ses livres, parmi lesquels deux sont particulièrement emblématiques : Ma vie parmi les ombres (2) pour la Corrèze, et La Confession négative (3) pour le Liban.

Le premier est un roman autobiographique, une plongée dans l’univers crépusculaire, funèbre, d’un monde rural que ses habitants abandonnent et qui meurt ; c’est une sorte de requiem pour une civilisation millénaire qui disparaît. C’est là qu’il erre, « perdu ou sauvé par l'écriture, ombre parmi les grandes ombres de Siom ». Ce livre pourrait être placé sous l’invocation de Patrice de la Tour du Pin selon lequel « les pays qui n’ont plus de légendes sont condamnés à mourir de froid ».

Confessions négatives

Le second livre, La Confession négative, est également autobiographique. C’est le récit de l'engagement de l’auteur, alors âgé de 22 ans, à Beyrouth aux côtés des chrétiens maronites et de leurs phalanges armées, lors de la guerre civile de 1975-1976. Millet était venu au Liban « chercher la poésie », et il n'y a trouvé que « la fleur inverse de [sa] propre abjection ». Ce mot renvoie sans doute, comme l’a souligné le critique Richard Blin (4), aux Fleurs du mal, « livre atroce », disait Baudelaire, dans lequel « j'ai mis tout mon cœur, toute ma haine ». Dans son journal, Mon cœur mis à nu, il écrivait aussi : « Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat. L'homme qui chante, l'homme qui bénit, l'homme qui sacrifie et se sacrifie ». C’est à ces hauteurs (celles où l’on côtoie Jünger, Malaparte ou Malraux) que se situe Richard Millet dans cet admirable récit qu’il définit lui-même comme un « opéra baroque ».

Après le Liban, il regagnera l'Europe « où les hommes ne croient plus à rien et où les ormes sont morts de maladie » et consacrera une part importante de son œuvre à défendre et illustrer la langue française, notamment avec sa trilogie sur Le sentiment de la langue.

Langue sans appartenance, nationalité sans fondement…

Cet amour du français se retrouve dans l’essai qu’il vient de publier sous le titre Fatigue du sens. Il y dénonce, en effet, le déclin de notre langue devenue « simple outil de communication, d’information, de propagande ». Le français d’aujourd’hui, le « sous-français contemporain […] est une langue sans appartenance véritable, de la même façon qu’il existe des nationalités ou des identités sans fondement ». En d’autres termes, le déclin de la langue est consubstantiel à la décadence de la nation. On assiste ainsi aujourd’hui à une véritable « tiers-mondisation des langues nationales par quoi le libéralisme établit le règne du Marché ».

Le cri de douleur d’un écrivain français, soucieux des origines

Ce thème n’est toutefois qu’un des aspects de cet essai qui est avant tout le cri de douleur d’un écrivain français qui a le « vaste souci de l’origine » et s’interroge sur « ce qu’il advient du sens de la nation et de [son] identité devant une immigration extra-européenne qui la conteste comme valeur et […] ne peut que la détruire, non pas avec l’intention de le faire mais parce que l’illimitation de son nombre et son assentiment aux diktats du libéralisme international rencontrent cette terrible fatigue du sens qui affecte les Européens de souche ». Par ce propos liminaire, le ton du livre est donné. Mais Millet n’est ni un pamphlétaire ni un provocateur. C’est un écrivain de souche française qui clame son appartenance à un peuple qui n’est plus aujourd’hui qu’une « population – une variabilité statistique ». Le peuple français, « parfaite synthèse » des Latins, des Celtes et des Germains, « ne peut qu’entrer en conflit avec une immigration extra-européenne » devenue massive.

L’immigré, figure emblématique de la société post-moderne

Cette immigration, estime-t-il, est devenue un « cauchemar », pour les autochtones comme pour les immigrés, car elle n’est, sous tous ses aspects, qu’un « trafic d’êtres humains où les intérêts mafieux rencontrent ceux du capitalisme international ». Il n’hésite pas à dire que « seuls les imbéciles et les propagandistes du Bien » peuvent continuer à prétendre que l’immigration est une « chance pour la France ». Pour lui, elle est, au contraire, porteuse d’une « guerre civile innommée ». Elle est devenue une idéologie, l’acmé de la pensée dominante, et l’immigré (le clandestin, le sans-papiers, le Rom) non seulement le nouveau prolétaire, mais la figure emblématique de la société post-moderne.

Ecrivain enraciné dans le sol français, dans la « vieille terre de la langue », Richard Millet ne peut se résoudre à « voir des minarets se dresser sur le plateau de Millevaches […] déjà défiguré par des éoliennes ». Il souffre de ne plus se reconnaître dans le pays qui est le sien, qui a honte de lui-même et ne cesse de se repentir et de se renier. Il se demande « comment être le citoyen d’un pays dont Yannick Noah, « cet histrion du Bien, miroir de l’insignifiance française, symbole de l’idéologie mondialiste » est la personnalité préférée. La France n’est plus qu’un « grand corps épuisé », un « non-lieu » incrusté dans une « mosaïque de non-lieux labellisés » (l’Europe, le monde).

Français de sang

Dans la même veine, il stigmatise l’idéologie racialiste du métissage généralisé et l’antiracisme, cet « appareil idéologique d’Etat » qui « finira par jeter l’opprobre sur ceux qui, n’appartenant à aucune minorité visible, ne sont que des Français de souche », expression à laquelle il préfère celle de « Français de sang ».

Comment en est-on arrivé là ? « C’est dans l’enseignement que tout s’est joué », énonce fort justement l’auteur. Ancien professeur dans la banlieue sud-est de Paris, il a pris conscience que face à une majorité d’élèves issus de l’immigration il ne pouvait plus « dire nous, ni renvoyer à un champ référentiel historique, géographique, culturel, religieux commun ». Ce constat l’a amené à renoncer à la « conception intégrationniste » de l’enseignement qu’il avait fait sienne et à abandonner ce métier. Mais il n’oublie pas de pointer également la responsabilité des idéologues et des pédagogues qui ont « mis à mal le système éducatif français au nom d’idéaux égalitaristes ». Ils ont notamment, au nom du fameux « apprendre à apprendre » cher aux « experts » en sciences de l’éducation, vidé la notion d’apprentissage de son sens. « Pourquoi apprendre et quel savoir », s’interroge l’ancien professeur, « lorsque l’idée de connaissance obéit à la logique horizontale et que la haine de l’intelligence, de l’héritage, de la profondeur, de l’effort est une des caractéristiques du monde contemporain ! »

Sans craindre le reproche incapacitant d’islamophobie, il écrit que l’islam est incompatible avec le christianisme européen et que sa « ruse suprême est de faire croire qu’il n’a rien à voir avec l’islamisme ». Il considère que l’islam, devenu, volens nolens, la deuxième religion en France, est un « universalisme expansif et réducteur ».

L’Europe, espace de disneylandisation ethnique

Millet n’est cependant pas un anti-immigré obsessionnel, comme voudraient le faire croire tous ceux, et ils sont nombreux, que ses idées insupportent et qui le détestent. Il n’hésite pas à montrer du doigt la figure du « Français de souche fatigué d’être lui-même au point de devenir l’esclave de […] sa veulerie, de sa médiocrité, de son acrimonie petite-bourgeoise… ». Il condamne également la « sous-américanisation » de la France et, au-delà, de l’Europe qui sont devenues « un espace de dysneylandisation ethnique […], le modèle du “parc humain” (5) de l’avenir où l’esprit est mis à mal par le divertissement et le spectacle ». Il se sent en exil, enfin, dans ce monde d’aujourd’hui que gouvernent « la Loi, la Tolérance, le Bien, l’Humanité » et que régentent les « lobbies sexuels, religieux, ethniques, régionalistes, maçonniques, etc. ».

En écrivant, dans une phrase qui pourrait résumer l’ensemble de son livre, « l’Europe tout entière n’est plus qu’une déchirure raciale dont l’islam et l’antiracisme sont les fourriers et le libéralisme le grand ordonnateur », Richard Millet a sans doute encore élargi le cercle de ses contempteurs. Mais il n’en a cure, car son essai, scandaleux pour la doxa et tous les bien-pensants du politiquement correct, est un véritable livre de combat. Il constitue, malgré parfois certaines généralisations un peu excessives, un ensemble de « fragments en forme de carreaux d’arbalètes » décochés sur le « monde horizontal » qui est le nôtre, c'est-à-dire le monde qui a renoncé « à toutes les valeurs de la verticalité ». Fatigue du sens est le témoignage courageux et passionné d’un écrivain-guerrier.

Didier Marc
6/07/2011

Richard Millet, Fatigue du sens, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2011, 154 pages, 16 €.

Notes

(1) Le Sentiment de la langue, I, II, III, La Table Ronde, puis coll. Petite Vermillon, 2003.
(2) Gallimard, 2003, puis Folio, 2005.
(3) Gallimard, 2009.
(4) In Le matricule des anges,
(5) Cf. Allusion à Peter Sloterdijk, n° 100, février 2009. Règles pour le parc humain. Une lettre en réponse à la Lettre sur l'Humanisme de Heidegger, Paris, Editions Mille et Une Nuits, « La petite collection », 2000.

Correspondance Polémia – 8/07/2011

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samedi, 16 juillet 2011

Cioran: scrivere per non morire

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Emil Cioran:

scrivere per non morire


   

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Solitario. Schifato dalla realtà e da molti aspetti incerti e fallaci della vita. Unico. Spietato nell’analisi, tagliente come un coltello che squarcia le credenze di tutti i giorni. Dimenticato. La descrizione corrisponde ad uno dei più grandi filosofi del 1900, un “maestro” saggista e nichilista, che ha avuto una sola colpa: ritrovare quel vitalismo, scomparso in molti momenti della sua vita, in un’ideologia che non può avere intellettuali compiacenti, perché rappresenta “il male assoluto”. Emil Cioran, lasciato chiuso nell’armadio ingombrante degli artisti maledetti, da cancellare dalle scuole, da non far conoscere. È retorica, ma, come si sa, sono i vincitori che decidono ciò che è degno di memoria. Decidono “loro”.


Cioran nacque nel 1911 in Transilvania, Romania. Tessuto sociale difficile e molto chiuso. Figlio di un prete ortodosso, visse un’ infanzia, ma verrebbe da dire un’intera vita, solitaria. Durante la prima guerra mondiale i genitori di Emil, come una parte degli intellettuali di origine rumena, erano stati confinati; il padre a Sopron, la madre a Cluj, lasciando i figli alle cure della nonna a Rasina. Durante il periodo universitario riuscì a legare con Samuel Beckett che ricorderà sempre con profonda amicizia. Conoscendo egregiamente il tedesco, i suoi primi studi si incentrarono su Immanuel Kant, Arthur Schopenhauer e specialmente Friedrich Nietzsche, suo filosofo di riferimento. Ma prima di pubblicare la sua prima opera, avendo vinto una borsa di studio, nel 1933, si trasferì a Berlino, poi a Dresda e a Monaco. Assistette all’insediamento di Hitler e rimase profondamente ammaliato dall’ideologia nazional-socialista che, in vecchiaia, criticò. Al suo rientro in Romania venne a contatto con il locale movimento fascista delle “guardie di ferro” che abbandonò solo alla vigilia della seconda guerra mondiale. Il fascismo, nella sua vita, fu l’unica ideologia che lo entusiasmò realmente, lui che odiava i pensieri realizzati perché “inseguitore di utopie”. All’utopia dedicò un famoso saggio del 1960 ,“Storia e utopia”, in cui sottolinea come da qualsiasi sogno utopico basato su un presunto ritorno o sua una futura realizzazione dell’età dell’oro, si scatenino sempre forze liberticide. Intanto si era laureato all’Università di filosofia di Bucarest e, successivamente, iniziò ad insegnare presso i licei di Brasov e Sibiu. La cattedra non faceva per lui, si sentiva come un lupo in gabbia. Gli mancava il respiro. E così iniziò a scrivere non solo come valvola di sfogo filosofico poetica, ma anche per rimanere in vita. Cioran, infatti, soffriva di insonnia e, più di una volta, scrisse che se non ci fosse stata la scrittura a tenergli compagnia durante la notte, si sarebbe ucciso. Molto incline al suicidio, l’intellettuale rumeno sopravvisse solo grazie alla sua penna. Pessimista cronico, schiacciato dall’incompiutezza dell’essere e fortemente critico perfino della “venuta al mondo”, dedicò tutta la sua vita, anche quando si trasferì in Francia, alla stesura di saggi profondissimi: nel 1952 uscì “Sillogismi dell’amarezza” raccolta di aforismi corrosivi e nel 1956 “La tentazione di esistere”. Nel 1964 elaborò “La caduta nel tempo”; in “Il funesto demiurgo” del 1969, fece un viaggio nel mondo dello gnosticismo; nell’“L’inconveniente di essere nati” del 1973 cercò, attraverso la positività e la negatività delle emozioni, di raggiungere i panorami più alti. Dalla sua grande mente presero vita svariatissimi libri, tantissimi altri rispetto a quelli citati in breve. Ma le opere che fotografano nel migliore dei modi Cioran sono l’ultima, “Confessioni e anatemi”, testamento pessimista che condanna la felicità fondata sul nulla; e la prima “Al Culmine della disperazione” del 1933 ove per la prima volta, lo scrittore rumeno capì che senza scrittura non avrebbe potuto vivere.


“L’insonnia è una vertiginosa lucidità che riuscirebbe a trasformare il Paradiso stesso in un luogo di tortura. Qualsiasi cosa è preferibile a questo allerta permanente, a questa criminale assenza di oblio. È durante quelle notti infernali che ho capito la futilità della filosofia. Le ore di veglia sono, in sostanza, un’interminabile ripulsa del pensiero attraverso il pensiero, è la coscienza esasperata da se stessa, una dichiarazione di guerra, un infernale ultimatum della mente a se medesima. Camminare vi impedisce di lambiccarvi con interrogativi senza risposta, mentre a letto si rimugina l’insolubile fino alla vertigine. Se non lo avessi scritto (“Al culmine della disperazione”, ndr) certamente avrei messo fine alle mie notti”. Questa l’introduzione al libro, quest’altro, invece, uno dei ragionamenti più celebri dell’opera: “Se non c’è salvezza attraverso la follia, è perché non c’è nessuno che non ne tema gli sprazzi di lucidità. Si desidererebbe il caos, ma si ha paura delle sue luci”.


Emil Cioran morì a Parigi il 20 giugno 1995. Finalmente riuscì ad addormentarsi, ma per sempre. E così venne dimenticato dai più. Già, perché decidono “loro” ciò che è degno di memoria oppure no. Ma non per tutti. Perché Cioran nelle librerie e, soprattutto, nella mente di qualche “bastardo”, è ancora vivo e da lì, rincrescerà all’“intellighenzia” del 2000, non si può esiliare.
 

00:17 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cioran, philosophie, france, pessimisme, roumanie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook