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jeudi, 24 février 2011

Laïs - Le loup,le renard et la bellette

Laïs - Le loup, le renard et la bellette

 

 

mardi, 22 février 2011

Le nouveau siège de l'OTAN va coûter 110 millions d'euros aux Français!

Le nouveau siège de l’Otan va coûter 110 millions d’euros aux Français !


arton271.gifPARIS (NOVOpress) – La décision prise par Nicolas Sarkozy de rejoindre le commandement intégré de l’Otan n’a pas pour seule conséquence une perte d’indépendance de la défense française, elle a également un coût pour le portefeuille du contribuable qui devra notamment débourser 110 millions d’euros pour le nouveau siège de l’Otan qui sera construit en face de l’actuel à Bruxelles d’ici à 2015.

Cette somme colossale représente plus de 10 % de la facture globale. Le secrétaire général de l’Otan a mentionné récemment que le projet global de construction devrait s’élever aux environs d’un milliard d’euros, soit le double du chiffre évoqué à l’origine du projet. La France est le quatrième contributeur financier au sein de l’Alliance, derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Alors que les restrictions budgétaires pour les armées européennes et notamment française sont de plus en plus drastiques, mettant en péril l’efficience même de leurs missions, le choix de consacrer de telles sommes pour reloger la bureaucratie de l’Alliance atlantique peut paraître particulièrement surprenant.


[cc [1]] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info [2]]


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lundi, 21 février 2011

Quelques questions rationnelles autour de l'innocence de Florence Cassez

florence-cassez2.jpg

Quelques questions rationnelles autour de l'innocence de Florence Cassez

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

Ex: http://www.insolent.fr/

Personne ou presque, comme on va le voir plus loin, n'oserait mettre en doute l'innocence de Florence Cassez. À la question, posée le 16 février, "La France doit-elle soutenir Florence Cassez à tout prix ?" les sondés répondent ainsi : Oui 56 % Non 38 % Ne se prononcent pas ? 6 %.

Les réserves habituellement formulées portent sur l'habileté de la démarche diplomatique de nos dirigeants dont on commence à mettre sérieusement en doute la subtilité. Ainsi Roland Mesnard répond à la question : "Quelles conséquences la déclaration de Nicolas Sarkozy sur le cas Cassez va-t-elle avoir" :

"Le Mexique va prendre la tête du G20, après la France. Et ça ne va pas faciliter le travail entre les deux pays. Florence Cassez risque d'en payer le prix aussi. Une fois encore, je ne dis pas qu'elle est coupable, mais en faire une héroïne qu'on affiche partout est-ce une bonne idée ? Je pense à elle. Ce qui va se passer maintenant c'est qu'elle ne sera pas rapatriée en France, mais transférée dans une prison de haute sécurité où les conditions de détention seront encore plus terribles"" (1)
.Mais sur le fond du dossier personne, ou presque, ne semble envisager dans l'Hexagone que la condamnation à 60 ans de prison, infligée par un tribunal [mexicain, donc nul et corrompu] à cette jeune femme [française, donc innocente] puisse représenter autre chose qu'une erreur judiciaire.

Il se trouve cependant, et sur internet, une publication (2) en langue française pour prendre la défense des autorités de Mexico. Elle le fait en référence à une forme de connaissance historique du pays, puisque son directeur Hugues de Blignères a consacré, sous le pseudonyme de Hugues Kéraly un livre aux vaincus de la guerre civile de 1926 à 1929, les "Cristeros"&bnsp;(3). Il se trouve que le gouvernement actuel est issu du retour démocratique au pouvoir de la droite. Ceci était intervenu par la victoire du Parti d'action nationale sous la conduite de Vincente Fox en 2000, après 70 années de règne du Parti révolutionnaire institutionnel et 70 années de persécution, plus ou moins violente selon les périodes, à l'encontre du catholicisme. En 2006, l'actuel président Felipe Calderon, issu du même PAN succédait à Vincente Fox au grand dam de la gauche.

Ce contexte explique sans doute l'engagement polémique de Sedcontra et de son directeur en faveur de ses amis catholiques mexicains. Il éclaire en même temps l'unanimité des médiats et des politiciens français en faveur des "frangins" du Grand Orient du Mexique.

Au-delà des prises de positions passionnelles et pour se faire une idée plus exacte et plus objective, nous ne doutons pas que les défenseurs de Florence Cassez accepteront de répondre aux questions rationnelles suivantes :

1° oui ou non Florence Cassez a-t-elle été la compagne du kidnappeur Israël Vallarta, accusé d’enlèvements, d’amputation d’otages et d’assassinats. Le gang s'appelait “Los Zodiacos”, convaincu d’une dizaine d’enlèvements et de plusieurs assassinats, il n'a pas été entièrement démantelé. La maison où habitaient Florence Cassez et son compagnon Israël Vallarta Cisneros, chef d’une bande de criminels spécialisés à Mexico dans le rapt des femmes et des enfants de bourgeois aisés s'appelle “Las Chinitas” . C'est à cet endroit que Cristina Rios Valladares, son mari Raul et leur fils Christian âgé de 11 ans, derniers otages du gang, furent conduits le 19 octobre 2005, après avoir été capturés par trois hommes armés de fusils de guerre dans une banlieue résidentielle de la capitale mexicaine.

2° oui ou non Florence Cassez a-t-elle été mise en cause comme ayant participé directement à la séquestration et même à la programmation des enlèvements. La dernière victime, Cristina Rios Valladares affirme ainsi (4) que le chef du gang provoquait chez sa compagne de formidables colères chaque fois qu’il venait bousculer sa victime et en abuser sexuellement : "Si tu continues à la sauter, je me vengerai sur elle, et tu n’auras pas ta rançon !" Voilà comment cette femme décrit sa douloureuse expérience :
"Mon nom est Cristina Rios Valladares. J’ai été victime d’une prise d’otage, aux côtés de mon époux Raul et de mon fils qui avait 11 ans. Depuis ce jour notre vie a totalement changé… Ma famille est détruite. Ce que mon fils et moi avons vécu, du 19 octobre 2005 au 9 décembre de la même année, est indescriptible : 52 jours de captivité pendant lesquelles je fus victime d’abus sexuels et, avec mon enfant, de torture psychologique…
Depuis notre libération, ma famille et moi nous vivons à l’étranger. Nous ne pouvons pas revenir à cause de la peur, car le reste de la bande n’a pas été arrêté… Nous avons appris la nouvelle de la peine de prison que Florence Cassez méritait, cette femme dont j’avais écouté la voix à de maintes reprises pendant ma captivité…
Une voix d’origine française qui bourdonne encore aujourd’hui dans mes oreilles.
Une voix que mon fils reconnaît comme celle de la femme qui lui pris du sang pour l’envoyer à mon époux, avec une oreille qui lui ferait penser qu’elle appartenait à son fils.
Maintenant j’apprends que Florence réclame justice et clame son innocence. Et moi j’entends dans ces cris la voix de la femme qui, jalouse et furieuse, hurlait sur Israël Vallarta, son petit ami et chef de la bande, que s’il recommençait à s’approcher de moi, elle se vengerait sur ma personne. Florence raconte “le calvaire” de la prison, mais elle voit sa famille dans le pénitencier, elle émet des appels téléphoniques, elle réalise des interviews pour la presse et elle ne craint pas chaque seconde pour sa vie."
3° l'opinion mexicaine a-t-elle été ou non abusée par la déclaration de David Orozco Hernández, qui soutient que Florence Cassez partageait la direction des “Zodiacos”
"Florence Cassez nous a rejoint en 2004, et son influence pour imposer et isoler le chef, ou plutôt s’isoler avec lui, ont largement contribué à semer la discorde au sein de l’organisation… Ses fonctions la Française tenaient beaucoup à garder le secret, vis-à-vis des autres membres du groupe, sur les cibles potentielles des enlèvements et la réalité des sommes obtenues des familles d’otages… Ils estimaient que ces informations stratégiques n’avaient pas lieu d’être partagées." (5)
4° Le grand argument des défenseurs de Florence Cassez repose sur le fait que "l’arrestation de Florence Cassez et d’Israël Vallarta, en décembre 2005, avait fait l’objet d’une reconstitution spectaculaire face aux caméras de la télévision mexicaine, au lendemain des faits : la Justice et la Police étaient trop contentes en effet de démontrer enfin leur efficacité face au fléau national des enlèvements crapuleux, assortis de tortures et d’assassinats…" Mais Sedcontra.fr demande : "en quoi cet excès de zèle publicitaire, assorti d’une maladroite mise en scène, établirait-il pour toujours l’innocence de Florence Cassez ?" (6).

Posons donc la question : un débat honnête entre les deux thèses est-il simplement permis ?
JG Malliarakis
 
Apostilles
  1. Direct Matin N° 832 du 17 février
  2. cf. "Sedcontra.fr".
  3. cf. Hugues Kéraly "La véritable Histoire des Cristeros"
  4. Sedcontra.fr
  5. reproduite les 12 et 13 mai 2008 à Mexico par La Jornada, El Universal, Radio Trece, El Porvenir.
  6. cf. ibidem.
  7. cf. ibidem.

Affaire Cassez: halte à la diplomatie émotionnelle !

Communiqué d’Aymeric Chauprade :
« Affaire Cassez : halte à la diplomatie émotionnelle ! »
http://www.realpolitik.tv/

mexiqueFranceFlorenceCassezElUniversal07032009r250.jpgLe président de la République et sa ministre des Affaires étrangères ont choisi de sacrifier ala relation entre la France et l’un des pays les plus importants d’Amérique Latine, le Mexique, officiellement au nom de « l’innocence d’une Française », en réalité au nom d’une pitoyable stratégie de communication émotionnelle à usage purement intérieur.

L’instrumentalisation du sentiment s’est désormais complètement substituée, dans tous les domaines (sécurité, justice, économie…), à la vraie politique, laquelle consisterait à traiter en profondeur la racine des problèmes. Nos gouvernants ne savent plus que larmoyer, devant des micros, tout en s’agrippant aux caméras des familles de victimes.

Attardons-nous un instant sur le fond de cette lamentable affaire Cassez. En décembre 2005, l’arrestation d’Israel Vallarta Cisneros et de sa compagne française, Florence Cassez, sonne le glas d’un terrible gang de kidnappeurs, « Los Zodiacos » lequel s’est rendu coupable de dizaines d’enlèvements, d’assassinats, de tortures et de viols. Plusieurs victimes, hommes, femmes et enfants témoignent et accusent Florence Valdez d’avoir participé aux séquestrations d’otage (qui se passaient dans le ranch où elle vivait avec son compagnon).

Voici un extrait du témoignage écrit de la dernière victime du clan « Los Zodiacos », paru dans la presse mexicaine et bien sûr occulté par la presse française :

« Mon nom est Cristina Rios Valladares. J’ai été victime d’une prise d’otage, aux côtés de mon époux Raul et de mon fils Christian qui avait 11 ans (…) Nous avons appris la nouvelle de la peine de prison que Florence Cassez méritait, cette femme dont j’avais écouté la voix à maintes reprises pendant ma captivité. Une voix d’origine française qui bourdonne encore aujourd’hui dans mes oreilles. Une voix que mon fils reconnaît comme celle de la femme qui lui a pris du sang pour l’envoyer à mon époux, avec une oreille qui lui ferait penser qu’elle appartenait à mon fils (…) Maintenant j’apprends que cette Florence réclame justice et clame son innocence. Et moi j’entends dans ces cris la voix de la femme qui, jalouse et furieuse, hurlait sur Israel Vallarta, son petit ami et chef de la bande, que s’il recommençait à s’approcher de moi, elle se vengerait sur ma personne ».

Contrairement aux partis dominants qui, à l’unisson, semblent vouloir faire de Florence Cassez un nouveau Dreyfus, nous ne voulons pas être définitifs sur cette affaire. La reconstitution spectaculaire devant les caméras de la télévision mexicaine, au lendemain de l’arrestation, en 2005, obéissait sans doute à une volonté de la part du gouvernement mexicain de médiatiser son action de répression de ce qui est un véritable fléau au Mexique : les enlèvements de personnes privées avec demande de rançon et mutilations. N’oublions pas que le président mexicain est confronté à des gangs criminels et des cartels qui, depuis 2006, ont fait plus de 30 000 morts dans ses forces de sécurité. Il s’agit d’une véritable guerre, et c’est la raison pour laquelle le petit caprice émotionnel du Tout-Paris n’impressionne guère les Mexicains. Il n’en demeure pas moins que cette reconstitution a contribué à ternir la procédure judiciaire mexicaine ; mais il faut raison garder : elle ne doit pas en effacer le contenu.

La vérité, c’est que le Mexique, grand pays membre de l’ALENA, et puissance importante de l’Amérique Latine, dispose d’un vrai système judiciaire, et que les faits sont accablants pour Florence Valdez. Les témoignages sont là, et il est difficile par ailleurs (simple remarque de bon sens) de faire croire que Florence Cassez ait pu vivre pendant autant de temps dans un ranch où s’activaient une bande de tueurs, avec des armes et des munitions partout, des otages cachés et souvent torturés, ceci sans n’avoir jamais rien remarqué ! On la sent en tout cas beaucoup moins naïve depuis qu’elle s’occupe de sa défense et que, de derrière les barreaux et depuis son téléphone mobile, elle dicte au Président de la France la politique qu’il faut suivre.

Au moment où la diplomatie française semble définie par la famille Cassez, il convient de remarquer que celle-ci n’a pas toujours dit la vérité. Ainsi, les parents de Florence Cassez ont-ils affirmé à la presse française qu’ils ne connaissaient pas le compagnon de Florence, Israel Vallarta. Manque de chance, la presse mexicaine a publié les photos de Bertrand Cassez, le père, en train de trinquer avec Israel Vallarta dans le ranch Las Chinitas, à 29 km de Mexico !

Cette affaire me fait penser à celle des deux Françaises, Sarah Zaknoun et Cécile Faye, emprisonnées en 2008 en République dominicaine pour trafic de drogue, et graciées en décembre 2009 par le président dominicain à la suite d’une campagne médiatique puis politique, depuis Paris. Je suis personnellement bien placé pour savoir que dans cette affaire, le même impératif médiatique et émotionnel faisait office de politique et écrasait le fonds du dossier. Heureusement pour les deux gentilles « vacancières », le Président dominicain voulait faire plaisir à la France et à son président. Mais la justice dominicaine n’avait pourtant pas été prise d’hallucination collective, pas plus que celle du Mexique et des victimes qui ont témoigné !

Il semble donc que dans notre pays, il y a des théories du complot autorisées et d’autres qui ne le sont pas. Il est par exemple autorisé et même encouragé de penser (reprenez les chroniques de pseudo-experts de la Russie après le récent attentat de l’aéroport de Moscou) que les Russes s’infligent des attentats tout seul, comme il est manifestement souhaitable de penser qu’une Française puisse être victime d’un gigantesque complot hier dominicain, aujourd’hui mexicain. Décidément, ne sont pas forcément xénophobes ceux que l’on croit. A lire la presse aujourd’hui, l’Amérique Latine c’est Tintin chez les Picaros ou l’Oreille cassée, au choix. Ah ces Mexicains, tous des « sergents Garcia » corrompus !

Je pense aussi à l’affaire Cesare Battisti, ce terroriste italien d’extrême-gauche, que les médias français s’étaient mis en tête de faire libérer, au mépris de la justice italienne et des relations avec ce pays ami. On y a retrouvé les traditionnelles leçons de morale française, le mépris pour nos voisins et amis, le déni de justice et de souveraineté d’un partenaire de l’Union européenne.

Je pense aussi à la gestion de l’affaire Bettancourt (la première, celle d’Ingrid), qui fut lamentable pour nos relations avec la Colombie.

Nous avons tout faux dans ces affaires ! Non seulement, à chaque fois, il est beaucoup plus probable que nous nous préoccupions de coupables que d’innocents, mais qui plus est, nous affichons devant le monde entier une arrogance sans nom, un mépris pour la justice et la souveraineté de ces pays, comme si d’ailleurs notre justice et notre démocratie étaient exemplaires !

En définitive, le problème fondamental de notre diplomatie en Amérique Latine ne tient-il pas au fait que nos gouvernants n’y aient aucune habitude de vacances ? S’ils avaient des villas en Colombie, ou s’ils se doraient sur les plages du Mexique, plutôt qu’en Tunisie ou en Egypte, peut-être feraient-ils preuve de moins d’arrogance ? Avec beaucoup d’humour, Elisabeth Levy suggérait que Florence Cassez avait la chance que le Mexique ne s’intéresse pas à l’avion Rafale, sinon elle serait oubliée depuis longtemps, par le pouvoir… et aussi par les médias !

Ces opérations médiatiques à usage intérieur, qui visent ici, notamment pour la Ministre des affaires étrangères, à se refaire à bon compte une image émotionnelle positive après l’affaire de Tunisie, ne sont pas dignes du gouvernement de la France. Cette politique émotionnelle, « du coup médiatique », qui contamine jusqu’à notre politique étrangère, est devenue absolument insupportable ; elle finira d’ailleurs pas se montrer contre-productive pour ceux qui en usent. Car si les Français ont des émotions et peuvent tomber dans ce genre de piège, ils comprennent par ailleurs de plus en plus que le pays est gouverné dans l’instant, sans vision stratégique, et que sa tête se pose de moins en moins la question du Bien commun.

Aymeric Chauprade

mercredi, 16 février 2011

La substitution ethnique chiffrée

La substitution ethnique chiffrée

mardi, 15 février 2011

R.I.P. Multiculturalism

R.I.P. Multiculturalism

Long Live Multiculturalism

 
 
R.I.P. Multiculturalism
 

French president Nicholas Sarkozy has joined British Prime Minister David Cameron and German Chancellor Angela Merkel in announcing the failure of multiculturalism.

Sarkozy went a bit further than his colleagues:

"We have been too concerned about the identity of the person who was arriving and not enough about the identity of the country that was receiving him."

Very true.

If the French, British, and Germans had been concerned about preserving their historic national identities, they never would have embarked on the suicidal policies of multiculturalism and mass immigration in the first place.

Muslims have settled in Western Europe because they want to reap the benefits of Western security and economic prosperity. They have not come to Europe to become decadent libertines. Unchecked immigration from the Muslim world will only recreate Turkey in Germany, Pakistan in Britain, and North Africa in France.

What does President Sarkozy propose to do about the growing unassimilated Muslim minority in France? He said the French people don't want to see Muslims praying in "an ostentatious way" in the street.

The plan seems to be to create an attractive national identity that Muslims will want to assimilate to - what David Cameron calls "muscular liberalism" - ban a few symbolic things like burkas and then hope the Muslim minority will integrate into mainstream society. That way everyone in France can go back to sleep and Europe can snooze into its utopian liberal future.

Geert Wilders is the only European politician who seems to have seriously thought about the long term consequences of this type of willful neglect.

If the Muslims keep coming and the Dutch keep aborting their children and emigrating abroad, then eventually a tipping point will be reached wherein the Netherlands (and later Western Europe) will be transformed into Eurabia.

I don't see much to crow about in the conversion of these mainstream politicians. Merkel, Cameron, and Sarkozy might denounce multiculturalism, but they don't seem inclined to address the problem in a serious way.

Similarly, Barack Obama is against "illegal immigration" if you take his rhetoric at face value, but his policies show otherwise.

Still, this is at least a hopeful sign that grassroots pressure is on the rise in Europe and a positive indication that at some point down the road the peoples of Europe will rid themselves of the spineless politicians, take matters into their own hands, and do what needs to be done to secure their own destinies.

William L. Houston

William L. Houston

 

William L. Houston is a graduate of the University of Alabama. He works in the Washington, DC area.

lundi, 14 février 2011

Naufrage de la diplomatie post gaullienne

Naufrage de la diplomatie post gaullienne

Ex: http://www.insolent.fr/

110208Les cafouillages assez lamentables et les polémiques non moins misérables autour des voyages privés de Mme Alliot-Marie, accompagnée de M. Patrick Ollier en Tunisie viennent de recevoir une sorte d'étrange écho. Grâce aux révélations du Canard enchaîné, qui paraîtra en date du 9 février, confirmées par Matignon à la veille de la mise en kiosques (1), on apprend en effet que le Premier ministre lui-même a effectué un voyage d'agrément, assez similaire quoique plus culturel. Le couple Ollier-Marie se rendait chez Ben Ali, Fillon chez Moubarak : décidément nos dirigeants fréquentent beaucoup les correspondants douteux de l'Internationale socialiste (2). Et ils semblent leur porter la poisse. De telles péripéties pourraient n'être considérées, à certains égards, comme ne relevant que de la dérision. Médiocre écume des choses, ces petits faits ne manquent pas toutefois de nous éclairer sur l'affaissement d'un système, celui de la diplomatie post-gaullienne autant que celui du régime politique intérieur.

Que représente en effet Mme Alliot-Marie ? Pour complaire aux rogatons de la Chiraquie impunie à ce jour, le gouvernement Fillon avait propulsé ce ministre itinérant au quai d'Orsay. Rappelons que dans les dernières années elle avait promené, sans jamais rien faire de bien marquant, son incompétence de droit divin, successivement, du ministère de la Défense, dans les gouvernements Raffarin puis Villepin de 2002 à 2007, puis au ministère de l'Intérieur de 2007 à 2009, puis au ministère de la Justice de juin 2009 à novembre 2010, avant de succéder le 14 novembre dernier à Kouchner au ministère des Affaires étrangères. On nous assure qu'elle a laissé un très bon souvenir au sein des administrations qu'elle a chapeautées. Et la chose nous semble normale dans la mesure même où elle n'aura dérangé le train-train d'aucun de ses bureaucrates.

Bien que n'ayant jamais réalisé rien de concret, cette ancienne présidente du RPR (1999-2002), fait partie des inévitables incontournables, indispensables de la classe politique. Soulignons que, par exemple, c'est sous la présidence de cette machine à perdre à la tête du RPR que Paris, après un siècle de majorité municipale de droite est passée, conduite au désastre par Séguin, sous la coupe de la gauche dite plurielle en 2001.

Ministre ridiculisée, elle vient d'illustrer, jusqu'à la caricature, l'inconsciente arrogance de trop de ces occupants des palais nationaux. La Ve république leur a conféré un sentiment de toute puissance. Leur règne dure pratiquement depuis 52 ans. De la sorte, c'est peut-être à eux plus encore qu'aux moubarakiens d'Égypte que s'adressera un jour l'impératif simple et direct : "dégage".

Au-delà de cette question, qui relève de la politique intérieure, on doit se préoccuper de tourner une autre page, plus illusoire encore, de notre apparence d'État : celle de la diplomatie post-gaullienne.

En son temps, le fondateur de la Ve république avait, certes, bercé beaucoup de Français d'un refrain d'indépendance, de dignité du pays, et en même temps de construction de l'Europe, dont le caractère à notre avis factice, ne devrait pas tromper. La seule chose qui se soit maintenue de cet héritage reprend la relation toujours fausse de ce pays avec l'Amérique.

Dès l'époque de la seconde guerre mondiale ce tropisme a dépassé la critique légitime parfois fondée qu'a longtemps appelée la politique mondiale américaine. En effet, si le parti démocrate des États-Unis a trop souvent tendu aux mêmes erreurs "désincarnées", que celles des radicaux-socialistes en France sous la IIIe république, si un certain "globalisme" insufflé par Washington met en péril les intérêts communs des Occidentaux, ceux-ci existent bel et bien, solidairement des deux côtés de l'Atlantique. Et, en s'obstinant à le nier systématiquement, dès 1941 (3) on peut se demander s'il ne s'agissait pas toujours de complaire aux intérêts de l'URSS.

Au moins dans sa politique extérieure globalement destructrice, le gaullisme historique avait conservé, en certaines circonstances, le sens, du moins en façade, de la dignité du pays. Il a toujours frayé avec les pires dictatures au nom d'un soi-disant réalisme, mais il a su le faire sous un vernis honorable.

Le fond est resté. La forme, en revanche, s'est dégradée avec le temps.

Les dirigeants français se comportent désormais ouvertement en commis voyageurs du complexe militaro-industriel hexagonal, et en corrupteurs des politiciens de petits pays étrangers. Ils ne craignent ni l'anachronisme des pots de vins à ciel ouvert, que l'OCDE proscrit officiellement. Ils nient seulement encore l'existence de rétro commissions en leur faveur. Mais bientôt, n'en doutons pas, l'évidence de celles-ci éclatera, elle aussi, au grand jour, à la faveur, par exemple, de l'affaire de Karachi ou de n'importe quelle autre. Et alors, nos politiciens, énarques et ministres intègres proposeront d'en compenser la disparition dommageable par de nouvelles subventions destinées à financer leur intéressante contribution aux débats d'idées dans la patrie de Descartes, de Pascal et de Bernanos.

Ceci s'accomplit aux yeux du monde, faut-il le rappeler. Seuls les derniers lecteurs des journaux parisiens l'ignorent.

Pendant toute l'année 2010, en parallèle avec les rumeurs de remaniement ministériel, on a fait des gorges chaudes sur l'échec de l'expérience d'une politique extérieure représentée par Kouchner. Et Dieu sait si notre ex-médecin humanitaire, ex-communiste, ex-radical de gauche, ex-débardeur de sacs de riz en Somalie, ex-procurateur de l'ONU au Kossovo, prêtait le flanc à la critique et à la caricature.

Au moins pouvait-il incarner un concept négativement positif, une remise en question de cette promiscuité avec les dictatures et de ces familiarités avec leurs potentats que les cuistres appellent d'un terme bismarckien qu'ils ne comprennent même pas. Si maladroite et parfois déplacée qu'ait pu se révéler la démarche du mari de Mme Ockrent, elle ouvrait un débat, celui de la rupture avec un passé déshonorant.

Merci au gouvernement Fillon remanié le 14 novembre. Il a dissipé sur ce point tout malentendu. Les barbouzes d'hier peuvent rôtir sereinement en enfer. Dans le monde de l'héritage des Foccart, des Chirac, des Roger Frey, des réseaux anti OAS alimentés par les délateurs communistes, des agents soviétiques et des financements tiers mondistes, rien ne semble vouloir changer. Du moins pour l'instant. Tout se contente de s'effondrer.

JG Malliarakis

 


Apostilles

 

  1. La dépêche AFP est datée du 8 février à 16 h 44.
  2. Dont le parti de Hosni Moubarak n'a été exclu que le 17 janvier 2010.
  3. cf. à ce sujet "De Gaulle dictateur" par Henri de Kérillis

mercredi, 09 février 2011

Arnaud Gouillon: la république française est-elle compatible avec l'identité française?

Arnaud Gouillon : la république française est-elle compatible avec l’identité française ?

Tribune libre d’Arnaud Gouillon, candidat identitaire à l’élection présidentielle de 2012 (www.arnaud-gouillon2012.com [1]).

[Tribune libre] Arnaud Gouillon : la république française est-elle compatible avec l’identité française ?La République est un système de gouvernement, une forme d’organisation politique. Notre pays en a connu d’autres : Empire, féodalité, monarchie absolue, monarchie constitutionnelle, consulat… Et il n’est pas exclu que d’autres formes apparaissent demain. La République, elle-même, n’est pas un bloc. Il existe ou a existé dans le monde de nombreuses formes de république. Il en a existé cinq en France, avec des Constitutions parfois très différentes. Cependant, il convient de distinguer la république, système de gouvernement, de la république, concept politique construisant une idéologie à vocation totalitaire. C’est le cas en France où l’idéologie « républicaine » apparue en 1789 n’a de « républicain » que le nom et sert, en fait, à masquer la destruction méthodique, au XIXème siècle des identités régionales, et, depuis 40 ans, de l’identité nationale.

La République n’est donc pas la France et la France ne saurait être réduite à la République. Notre pays (France) et notre peuple (français) existaient avant 1789, existent toujours aujourd’hui alors même que la République a investi la France en lui imposant ses symboles, ses valeurs et son hymne, et existera à l’avenir quoi qu’il advienne de notre système républicain.

La République définit le peuple français comme un « corps d’associés » (Sieyès), une « communauté civique » ouverte « à tous les hommes de la terre » (St Just) liés par des valeurs « universelles ». C’est ce préjugé sur la nature du peuple français qui fait de l’outil républicain une machine à fabriquer des Français de papiers. Car Français de papiers nous le sommes tous ! La République a enlevé la connotation identitaire au mot « Français » pour en faire une catégorie administrative. Dès lors, tout le monde peut se dire « Français ». Or, le nom sert à distinguer les réalités. Ce qui n’est pas distinct n’est pas nommé, et ce qui n’est pas nommé n’existe pas. En perdant notre nom, nous avons perdu notre capacité à nous distinguer et à exister. Le « peuple français » est alors identifié à la communauté civique, somme des administrés par la république.

Nous devons marquer une différence très claire entre la communauté civique et le peuple français. La communauté civique est composée de tous les Français de papiers (c’est-à-dire qui possèdent une carte d’ « identité »), peuple autochtone inclus. Le peuple français est quant à lui composé d’autochtones, c’est-à-dire d’Européens de culture et d’expression française. La communauté civique est donc une société Frankenstein créée à partir de peuples étrangers les uns aux autres, que la République tente vainement de fondre ensemble en invoquant les « valeurs républicaines ». Or, ces valeurs ont été rejetées hier par les peuples colonisés, et le sont aujourd’hui par leurs descendants de cités. Les Identitaires ont conscience que le peuple français est une partie, non la totalité, de cette communauté civique en déliquescence, et ne se résolvent pas à le voir disparaître avec elle.

L’idée de considérer politiquement et juridiquement les citoyens comme des « individus sans particularités » (Debray), est une aberration intellectuelle réductionniste qui ne tient pas devant la réalité et la complexité de l’humain. L’Histoire nous apprend que les Identités et les Appartenances finissent toujours par s’imposer. C’est au politique et au juridique de s’adapter à la réalité et non l’inverse. Nous Identitaires, pensons donc qu’il est indispensable d’anticiper ce mouvement afin de ne pas le subir. Il est nécessaire de faire valoir notre identité propre ainsi que nos spécificités en créant une nouvelle république, débarrassée de l’idéologie républicaine des siècles passés, qui ne sera plus un creuset dans lequel viendront mourir les peuples, et au premier chef le nôtre, mais, au contraire, un cadre politique permettant l’existence et la souveraineté du peuple autochtone.

Arnaud Gouillon
Candidat identitaire à l’élection présidentielle de 2012


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[1] www.arnaud-gouillon2012.com: http://www.arnaud-gouillon2012.com/

 

mardi, 08 février 2011

Michel Drac: entretien avec E&R-Bretagne

Michel Drac, entretien avec E&R Bretagne

 Ex: http://www.scriptoblog.com/

Les ouvrages du Retour Aux Sources font la part belle aux méthodes d’organisation et d'action  pensées par la gauche radicale (TAZ d’Hakim Bey, théorie des multitudes de Négri, éco-villages, …).

drac3.gifCroyez-vous la droite anti-libérale incapable de produire des idées pertinentes et des outils opérationnels adaptés à notre époque en crise ?

La droite anti-libérale a de toute évidence un problème pour se penser en rupture avec le Système. Ceci peut paraître curieux, dans la mesure où elle est objectivement plus étrangère au Système que n’importe quelle autre tendance politique. Mais au fond, c’est logique : pour se penser en rupture avec le Système, il faudrait que la droite anti-libérale conceptualise une rupture au sein du concept général de « droite », car une partie de la « droite » est dans le Système. Or, la droite anti-libérale, prisonnière de l’illusion d’un continuum de la « droite », ne parvient pas à penser cette rupture.

Ici, il faut bien dire que les logiques de classe ont tendance à prendre le pas sur les logiques purement politiques : il y a toujours un moment où le bon bourgeois anti-libéral est renvoyé à ses contradictions : comment être un bourgeois anti-libéral, aujourd’hui ?

Bref, je ne crois pas que la droite anti-libérale soit incapable de produire des idées pertinentes. Je constate en revanche qu’elle a du mal à les concrétiser, et même à les amener au stade du programme, du plan d’action. La droite anti-libérale est une sensibilité qui ne peut pas s’organiser.

 

Penser restaurer le système, l'aider à s'auto-corriger ou lutter pour le réformer (comme le font les réactionnaires, par exemple) n'aura pour résultat que de retarder la fin du Cycle et le début du suivant, selon vous. Quel peut donc être le rôle à jouer et la voie à suivre par des hommes différenciés en cette fin de Kali-Yuga? Cultiver une conscience politique propre à la formation d'une élite capable d'encadrer une (hypothétique et future) révolte des masses? Montrer l'exemple en se plaçant en dehors du jeu (retraite physique, élévation individuelle)? Ou combiner les deux?

L’économie occidentale contemporaine n’est pas réformable. C’est une énorme machine hypersophistiquée, une bonne partie des pièces s’est mise à fonctionner sans souci de l’ensemble, on a perdu le cahier de maintenance, et pour tout arranger, le pilote de machine est sourd, fou et ivre mort. La seule chose à faire, c’est d’attendre que le moteur explose, en se protégeant autant que possible contre les projections ! La priorité pour des hommes différenciés, comme vous dites, c’est de se préparer à se sauver eux-mêmes, alors que nous allons vers une période très, très dure.

Au demeurant, je pense que ce travail, s’il est conduit à termes, portera des fruits au-delà de son objectif immédiat. Au fond, si nous nous organisons pour nous en tirer le mieux possible, nous produisons simultanément et spontanément un modèle que d’autres voudront imiter. Paradoxalement, penser un égoïsme collectif, dans le contexte actuel, c’est aussi une manière d’aider tous ceux qui ne peuvent plus penser que l’égoïsme individuel. Plus que la noblesse des intentions, il faut juger l’efficacité concrète, et sous cet angle, la démarche consistant à structurer une contre-société me paraît aujourd’hui la plus porteuse.

Le narrateur de Vendetta explique ses actes (des assassinats, ndlr) à mots (ironiquement) choisis : ceux du champs-lexical managérial (« expérience passionnante et vie pleine de sens », etc.).

Penser les médiations nécessaires à une révolution, avec les concepts du système, résonne comme un aveu d'incapacité à produire du sens à l’extérieur de la matrice. Sens que le dernier opus du Retour au Sources (G5G – La Guerre de Cinquième génération) se propose, lui, de recréer. Pouvez-vous nous en dire plus?

Vous avez très bien saisi l’esprit des deux livres. Vendetta est une description de ce que l’on peut redouter, si la démarche proposé dans G5G est empêchée.

Il ne faut pas perdre de vue que les révoltés structurent toujours leur révolte avec, à la base, les concepts, les catégories du système qu’ils combattent. C’est pourquoi le parti communiste soviétique avait repris une partie des « techniques de gouvernement » propres à l’Eglise orthodoxe. C’est pourquoi le cérémonial napoléonien avait récupéré une partie des us et coutumes de la société de cour à la française. Etc.

Vendetta a été écrit pour expliquer, en gros : le Hitler, le Staline, le Mao de demain sont dans les tuyaux, et c’est la « démocratie libérale » contemporaine qui est en train de les incuber. Elle les incube d’une part parce que son dérèglement finit par rendre la vie impossible aux gens, ce qui va les pousser à la révolte ; et d’autre part parce qu’elle leur apporte sur un plateau les ingrédients de la violence révolutionnaire future : primat de la jouissance, de l’instantanéité, réduction de l’expérience humaine à l’individualité, compensée par un fonctionnement en réseau fluide.

On commence d’ailleurs à voir poindre cette nouvelle violence politique. Cette semaine (NB : début janvier 2011), nous avons eu une tuerie aux USA, avec un type qui a ouvert le feu en aveugle, lors d’un rassemblement politique. C’est là une pulsion de destruction (et d’autodestruction) qui ne s’organise pas, ou alors seulement de manière informelle, en réseau, et qui ne poursuit aucun autre objectif que la satisfaction de ceux qui s’y livrent. C’est ce vers quoi nous allons : la dictature par l’anarchie, l’extrême violence incontrôlable servant de prétexte à l’encadrement paranoïaque, partout, tout le temps.

G5G, à l’inverse, consiste à dire : dépêchons-nous d’offrir une issue, une voie vers le dehors de ce Système devenu fou, et qui nous rend fous. G5G, c’est le seul antidote à Vendetta, si vous voulez.

Dans De la souveraineté, vous expliquez que le mondialisme néolibéral se caractérise par l'absence d'idéologie originelle, combinée à une pathologie narcissique et au profit comme finalité - ce tout menant, selon vous, à la dictature du matérialisme bourgeois (fortification de l'élite du capital et asservissement de la masse).

Vous y opposez une posture européenne et traditionnelle : celle de la soumission du corps à la force, et de la force à l'esprit. Cette posture est-elle consubstantielle, comme mentionné par ailleurs, d’un certain élitisme et d’une purification éthique (mais pas ethnique) inévitable?

Dans De la souveraineté, j’ai essayé de faire comprendre rapidement quelque chose à mes lecteurs, tout en sachant que c’est quelque chose qu’on ne peut faire comprendre rapidement qu’au prix d’un certain simplisme. Ce quelque chose, c’est : le Système dans lequel nous vivons est une idéologie, à l’intérieur de laquelle nous habitons, et si nous avons l’impression qu’il n’y a pas d’idéologie, c’est parce que nous sommes dedans. L’absence d’idéologie originelle perçue par nous à la racine du Système provient uniquement du fait que nous confondons notre habitation au monde avec le rapport spontané, naturel, immédiat, de l’homme au monde. C’est la différence entre notre totalitarisme et les défunts modèles soviétiques et nazis : chez Goebbels, chez Souslov, tout le monde savait qu’il existait une idéologie ; c’était visible, revendiqué, même. Chez nous, cela reste caché. A aucun moment, le capitalisme et le consumérisme contemporain ne se donnent explicitement pour des constructions idéologiques. Le néolibéralisme lui-même se vit comme une simple description du réel. Quand un économiste néolibéral confond profit comptable et richesse, il ne sait pas qu’il opère un choix idéologique ; dans son esprit, c’est pareil, forcément pareil.

Ce qui permet, à mon avis, de prendre conscience du caractère idéologique du mondialisme néolibéral, c’est le rappel tranché, brutal, des alternatives possibles. On ne se sait enfermé dans l’idéologie que quand on en voit le dehors. C’est pourquoi j’ai rappelé qu’il avait existé, et qu’il existait encore, des mondes où l’impératif consumériste en contrepoint de l’impératif productiviste aurait été à peu près complètement dénué de sens – des mondes où le corps était là pour construire la force, et la force nécessaire pour préserver l’esprit. Des mondes, en somme, où l’être se réalise en réalisant sa nature, et non en violant la nature autour de lui. Ce rappel permet de faire comprendre en quoi le mondialisme néolibéral est idéologique : quand on voit le dehors, on comprend qu’on est à l’intérieur de quelque chose, d’une construction, qui n’est pas tout le monde, seulement un certain rapport au monde.

Quant à la question de l’élitisme, à la nécessité d’une forme de purification, il ne faut pas en faire un impératif figé, une sorte d’affirmation par hypothèse, que je donnerais là, au nom de je ne sais quelle autorité imaginaire. Il s’agit surtout dans mon esprit de rendre pensable une alternative, donc de rendre possible l’énonciation du négatif. Que ce négatif soit énoncé à partir d’une alternative élitiste ou non-élitiste, en fait, peu m’importe : à mes yeux, l’essentiel, c’est qu’il soit à nouveau énoncé. C’est la dynamique collective qui doit définir l’alternative au nom de laquelle le négatif est énoncé.

Sous diverses formes (action violente, retraite armée), l’engagement physique tient une place de choix dans les ouvrages du Retour Aux Sources.

Si le Grand Jihad (lutte intérieure contre ses mauvais penchants) doit précéder le Petit Jihad (lutte physique), pourquoi choisir de mettre plus en lumière l’action de révolte – au détriment du cheminement intérieur et individuel qui y mène ?

Vous trouvez que l’engagement physique tient une place de choix ? Pour l’instant, ce n’est que du papier… Plus tard, on verra de quoi il retourne, quand on passera à la pratique.

On sait, grâce à Norbert Elias notamment, que l’interdiction de la violence conduit à un auto-contrôle qui s’étend inexorablement à tous les domaines de la moralité (autocensure,…).

Rejoignez-vous cette idée que, pour redevenir humain, il faut d’abord redevenir barbare ?

Je pourrais vous répondre que les barbares sont généralement contraints à un très fort autocontrôle, puisque leur barbarie peut à tout moment se manifester entre eux. En ce sens, on pourrait tout aussi bien retourner le propos, et dire que pour nous libérer de l’obligation de l’auto-contrôle, il faut au contraire nous re-civiliser.

C’est la Loi qui libère. L’auto-contrôle, l’auto-censure contemporains trouvent leur source dans la disparition de la Loi. On ne sait plus ce qu’on a le droit de dire, de prôner. On ne sait plus où est l’orthodoxie. La Loi existe peut-être, mais elle est fixée si haute, si loin, qu’on ne peut plus la lire, tout au plus la deviner.

Ce que nous devons faire, c’est nous organiser entre nous pour définir une Cité à nous, distincte de la fausse cité définie par le Système. Et dans notre Cité à nous, nous fixerons notre Loi à nous. Et tout le monde pourra la lire, et tout le monde saura ce qu’on peut dire ou ne pas dire, et pourquoi. Alors nous serons libres. Il ne s’agit donc pas d’être barbares : il s’agit d’avoir une ville à nous, pour être civilisés entre nous.

Dans vos livres, l’individualité des personnages et leur temporalité (vie et mort) ne sont que des moyens au service d'une tâche (combat) sans cesse à recommencer. L'assurance de ne pas voir "le jour de la victoire" peut décourager certains de passer à l'action ("A quoi bon?") – mais  constitue aussi pour d'autres l'essence de leur engagement (dépassement de la peur de la mort). Comment peut-on (ou pourquoi doit-on) lutter, en ces temps de chaos, dans la joie et l'espérance?

Je n’ai écrit aucun roman, je suppose donc que le « vos » de « vos livres » fait référence ici aux romans publiés par le Retour aux Sources. Ou alors, il s’agit d’Eurocalypse, auquel j’ai participé ?

Bref. En tout cas, à titre personnel, je crois qu’un homme ne peut échapper à l’Absurde qu’en préparant sa mort. C’est sans doute en quoi je suis radicalement étranger à mon époque, d’ailleurs. Je n’arrive pas à comprendre à quoi rime l’existence qu’on nous propose, et qui pourrait se résumer ainsi : vous allez consommer le plus possible pour penser le moins possible à la mort, et quand vous mourrez, ce sera discrètement, dans une chambre d’hôpital, avec des soins palliatifs pour que vous ne fassiez pas de bruit et une euthanasie pour économiser les frais médicaux. Où est l’intérêt ?

drac4.gifJe trouve qu’une vie intéressante est une vie où l’on se bat, où l’on souffre, où l’on affronte l’adversité, et surtout, où l’on s’affronte soi-même. Je trouve qu’une vie intéressante est une vie difficile. C’est ce qui me donne de la joie, en tout cas, et peut-être de l’espérance ; je me dis que quand je partirai, couché sur un lit à regarder le plafond en sentant le froid qui remonte de mes pieds vers mon cœur, je pourrai dire au patron, dont je suppose qu’il m’attend de l’autre côté : j’ai joué ma partition, maintenant, tu décides pour la suite. Je trouve que ce qui rend la vie intéressante, c’est de se battre pour en arriver là : savoir qu’on a lutté.

Donc, en somme, pour répondre à votre question : c’est la lutte qui donne joie et espérance. Il ne s’agit donc pas de trouver joie et espérance pour lutter, mais de lutter pour trouver joie et espérance. Enfin, c’est comme ça que je vois les choses.

On trouve dans Vendetta cette sentence très juste : « On peut tout vouloir (…) à condition de vouloir les conséquences de ce qu’on veut ».

Dans un contexte de tensions réelles, et de surenchère générale – consciente ou ignorée - peut-on réellement vouloir précipiter le chaos?

Le narrateur de Vendetta est un homme absolument désespéré. Et c’est terrifiant : imaginez un monde où on aurait fabriqué des millions de fils uniques narcissiques, shootés à la consommation, plongés dans une absurdité radicale, et du jour au lendemain, réduits à la pauvreté, à l’impossibilité de se délivrer de l’Absurde par la consommation, de l’absence de transcendance par la mondanité. C’est le monde de demain, si la machine économique occidentale tombe complètement en panne, d’un coup, alors que le conditionnement consumériste des populations s’est poursuivi jusqu’au dernier moment.

Alors là, oui, en effet, on va avoir des gens qui pourront tout vouloir…

Vous explorez, à travers l'écriture, deux scenarii envisageables dans un futur proche : version décliniste, l’élite continue de piloter sans rencontrer d’écueil majeur et nous mourrons spirituellement. Version catastrophiste (Eurocalypse), l'accident se produit et laisse place au désastre. Comme les survivalistes, croyez-vous à la possibilité d'un collapse rapidement généralisable? Dans ce cas, pourquoi l'élite prendrait-elle le risque d'un clash intégral, alors que le chaos modéré lui permet de régner?

Je suppose que « l’élite », qui a manifestement créé le chaos, est persuadée qu’elle pourra le contrôler de bout en bout, dans un scénario décliniste. Mais la question, c’est : est-ce qu’elle pourra le contrôler de bout en bout ?

Vous savez, le Système n’est pas aussi fort qu’on le croit. Oh, certes, ce n’est pas nous qui allons le renverser frontalement. Mais le risque est réel qu’il se renverse lui-même. Tenez, imaginez, dans quelques années : révolte au Congrès des USA, audit de la FED, fin du financement de la dette par la dette, faillite des Etats US, réduction drastique du budget militaire étatsunien, évacuation des bases US un peu partout dans le monde. Peu après, l’Iran, délivré de la pression US, annonce disposer de l’arme nucléaire. Une « super-Intifada » traverse les « territoires occupés », le Hezbollah multiplie les attaques contre Israël. La Chine, furieuse que les Occidentaux aient organisé la déstabilisation du Soudan pour en récupérer le pétrole, laisse faire la révolte musulmane, et même la soutient discrètement. Paniquée, Tel-Aviv ordonne au MOSSAD de déclencher une série d’attentats sous faux drapeau, en Europe occidentale, pour obliger les Européens à s’engager massivement au Proche-Orient. La France, dont le président est un certain Dominique Strauss-Kahn, envoie des troupes en Palestine. Les banlieues françaises, du coup, s’enflamment…

C’est un scénario possible, parmi des dizaines qui peuvent nous plonger, très vite et presque sans crier gare, dans un contexte si instable que plus personne ne pourra vraiment le maîtriser. Alors la question, ce n’est pas est-ce que « l’élite » veut le chaos (elle le veut), ni elle est-ce qu’elle pense le maîtriser (elle le pense). La question, c’est : est-ce qu’elle pourra le maîtriser ?

Entre violence de bande synonyme de « refus de l’atomisation imposée par le monde moderne » (M. Maffesoli), et dépouille de blancs nantis interprétée comme de la « lutte des classes qui s’ignore » (A. Soral), la banlieue française est-elle en train de « rappeler au peuple qu’il s’est éloigné de la vertu » (in Vendetta)? Peut-elle, entre islam modéré et frustration exaspérée, constituer un relais de force révolutionnaire?

La banlieue française, peut-on en parler au singulier ? « On » voudrait nous faire croire qu’elle est peuplée majoritairement d’islamo-gangsters violeurs, ce qui est ridicule. Il serait tout aussi ridicule de prétendre qu’elle n’est peuplée que de gens vertueux…

La banlieue française me semble surtout, aujourd’hui, faire l’objet de beaucoup de fantasmes. En pratique, j’ai plutôt l’impression qu’on a affaire à un patchwork très hétérogène, où les forces les plus positives coexistent avec des forces extrêmement négatives. Le jeu, de mon point de vue de « de souche », consiste à nouer des alliances avec les forces positives pour neutraliser et si possible éradiquer progressivement les forces négatives.

D’où, soit dit en passant, l’intérêt d’une démarche comme E&R : il est essentiel que les hommes de bonne volonté réfléchissent ensemble à la manière dont on peut sortir de la situation inextricable où notre classe dirigeante nous a mis. Il s’agit de définir un processus de ré-enracinement des populations déportées chez nous par le capitalisme mondialisé – un ré-enracinement soit ici, soit dans leur pays d’origine, selon les cas, mais toujours dans le respect du droit des gens, sans naïveté mais sans préjugés. Il va falloir que tout le monde y mette du sien.

Votre idée de BAD (Base Autonome Durable), ilot fractionnaire, est pensée comme un système superposable au Système. Une alternative en lisière, reposant sur l'autonomie sécuritaire et médiatique, la construction d'une économie alternative et "une esthétique de la rareté, de la conscience et de la possession de soi". L'autonomie de la communauté y serait assurée par le trinôme Gardes (sécurité), Référents (éducation) et Intendants (production visant l'autarcie). Vous soulignez par ailleurs l'importance du légalisme ("c'est de loin la meilleure subversion").

Pourtant, entre bouc-émissairisation (cf. Tarnac) et accomplissement limité (cf. la Desouchière), la BAD n'est-elle pas une idée "grillée"? Par ailleurs, accepter de ne pas dépasser les bornes du système,  n'est ce pas réduire sa marge de manœuvre?

Tout d’abord, je vous ferai remarquer une chose : si j’avais décidé de « dépasser les bornes du système », je ne préviendrais pas…

Ensuite, je reste ouvert à toute autre proposition. Quel concept alternatif à la BAD peut-on me proposer ? Pour l’instant, j’observe qu’on ne m’a rien avancé de bien concluant. Alors la BAD n’est pas la panacée, certes, mais en attendant, c’est une expérimentation à conduire.

Les modes de vie alternatifs existent d'ores et déjà : dans le domaine de l'éducation (écoles Montessori, Steiner, homeschooling,…), de l'autonomie alimentaire (AMAP, magasins de producteurs, …), de l'habitat (auto construction, énergies renouvelables,…),…

Quelle urgence ou nécessité implique de penser l'autonomie sous forme communautaire, comme dans le cas de la BAD ?

Je ne sais pas si la BAD sera nécessairement communautaire. Ce qui est certain, c’est que si vous voulez résister à la pression du Système, il faut que ce soit collectif. Mais communautaire, ce n’est pas obligatoire. On peut très bien imaginer d’ailleurs plusieurs niveaux d’intégration, avec des noyaux communautaires et des entreprises non communautaires gravitant autour, et intégrant progressivement des individus « à cheval », un pied « dans le Système », un pied dehors.

Bref, sur le plan organisationnel, tout est à construire, tout est ouvert. Je crois qu’il faut tester, et c’est l’expérimentation qui nous dira progressivement comment faire.

Nombre de nos camarades s’interrogent sur l’organisation concrète d’une BAD. Se rapproche-t-on des écos-villages développés par Diana Leafe Christian ?  Selon vous, qu’elle serait - entre petites structures totalement autarciques et communautés plus poreuses, donc dépendantes -, la taille optimale d’une BAD? Comment y gérer l’humain (« recrutement », sélection, …) en fonction des différentes sensibilités (du néo-baba au survivaliste) ?

Je n’ai pas d’opinion arrêtée sur la taille des BAD. Il est très possible qu’il existe plusieurs « formats » de BAD, et que ces formats présentent tous points faibles et points forts, à étudier selon les circonstances, les choix des individus constituant le groupe, etc. Nous allons d’ailleurs tester prochainement, avec quelques amis, un projet collectif : nous nous ferons un plaisir d’informer E&R Bretagne sur le déroulement de ce projet, ce sera l’occasion d’échanger des expériences.

Cela dit, ce n’est pas la question-clef.

La question-clef, pour moi, ce n’est pas la BAD, mais le réseau des BAD. Là où la démarche « fractionnaire » que je propose se distingue des solutions « survivalistes » ou « écolos » préexistantes, c’est que je ne suggère pas d’installer des BAD ici, là, et là, d’une certaine manière et pas d’une autre. Ce que je suggère, c’est de construire progressivement, par le réseau des BAD, une contre-société.

Pour moi, si un jour on met au point la « BAD idéale », ce sera très bien, mais ce n’est pas l’objectif. L’objectif, c’est par exemple qu’un jour, la population « ordinaire » apprenne qu’il existe désormais un tribunal d’appel pour traiter en deuxième instance tous les litiges que les tribunaux locaux des BAD auront jugés, en fonction d’un code juridique « fractionnaire » (appelez ça autrement si vous voulez, du moment que cela veut dire : séparé, distinct, de l’autre côté d’une ligne imaginaire séparant Système et contre-société). Ce jour-là, le jour où il existera une Loi de la contre-société, je peux vous dire que nous aurons porté au Système que nous combattons le coup le plus rude que nous pouvions lui porter, avec nos faibles ressources : nous aurons repris la parole.

C’est de cela qu’il s’agit. Et comme vous le voyez, ça n’a rien à voir avec les néo-babas.

Pour conclure cet entretien, et avant de laisser nos lecteurs retourner fourbir leurs armes contre l’hétéronomie, avez-vous quelque chose à ajouter ? Une remarque, un conseil de lecture, une recommandation ou une digression sur un sujet de votre choix, …

Peut-être un mot sur votre président, Alain Soral, qui a (encore) des démêlés avec le lobby qui n’existe pas.

Nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur cette question : lui, il croit que c’est la question centrale, et moi, je crois qu’elle est très périphérique, même si elle est très perceptible. En outre, peut-être influencé par le protestantisme, je porte sur le monde juif un regard beaucoup plus nuancé que le sien – et même, dans certains cas, un regard de sympathie. J’aurais sans doute, un jour, pas mal de choses à lui dire sur le livre d’Ezéchiel, l’éthique de responsabilité et la question du « contrat » passé entre l’homme et Dieu dans la religion hébraïque… où notre ami pourrait voir que lire Ezéchiel comme un texte « sioniste », c’est faire un léger anachronisme !

Mais, en attendant, je trouve lamentable qu’on attaque quelqu’un en justice pour des propos où il ne fait que formuler une opinion sur l’état du pays et le rôle d’une communauté. Si ces propos sont fallacieux, qu’on en apporte la preuve dans une discussion ouverte et contradictoire. Depuis quand, en France, la justice doit-elle sanctionner les simples opinions ? Il est possible que celles de monsieur Soral soient erronées : eh bien, qu’on le prouve, qu’on déconstruise son propos, qu’on en montre les limites ou les erreurs. Mais la justice n’a pas à intervenir dans le débat d’idées, ou alors, et qu’on nous le dise franchement, nous vivons sous une dictature.

La judiciarisation du débat, en France, devient étouffante. Elle participe d’une entreprise générale d’intimidation des esprits libres. C’est pourquoi, indépendamment de notre opinion sur le fond, nous devons soutenir Alain Soral quand on prétend le faire taire par décision de justice, alors qu’il n’a formulé aucun appel explicite à commettre le moindre acte illégal.

Sinon, après, à qui le tour, et sous quel prétexte ?

Pour E&R en Bretagne,

Mathieu M. et Guytan

 

lundi, 07 février 2011

More Pie for Monsieur Lévy

More Pie for Monsieur Lévy

by Taki Theodoracopulos

Ex: http://takimag.com/

BHLarton492-139x190.jpgAbout fifteen years ago I received a very polite letter from Belgium asking me to list three of the most pompous and self-important people in the UK. It came with a self-addressed return envelope and stamp. The writer was known as l’entarteur, a man who would approach the pompous and vainglorious and shove a pie in their face. He would never insult the victims nor use foul language—in fact, he always remained silent—and he assured me in his letter that he used only the finest ingredients and freshest milk in his pies.

The first potential target who came to my mind was Edward Heath, but I immediately took his name off the list. Heath was too bloated, his face too red, and the last thing I wished was for him to have a stroke while covered in a lemon-meringue pie. L’entarteur agreed, and we started a lively correspondence. One of the candidates I submitted was not a Brit, but Algerian-born Frog Bernard-Henri Lévy, whom my Belgian buddy had already pelted with pies on at least three occasions. Four is a good round number, suggested yours truly.

One month later at the airport in Nice Lévy got blasted by l’entarteur like never before. The pie was giant size, and the cream made him look like a Yeti while he fumbled around and screamed bloody murder. Then les gendarmes interfered and arrested my friend, who offered no resistance. One thing the onlookers noticed was that the fuzz had trouble making the arrest because they were laughing so hard. Led in front of a judge, my NBF promised he would no longer throw pies on BHL (as the pompous Lévy is known in the land of cheese) and was let off with a fine for disturbing the peace. We lost touch with each other after that.

“There are those, mind you, who take Lévy seriously—French image-makers, PR hucksters, and other such modern pests—but serious people do not.”

gloupier.jpgLast week I almost got on a plane to Paris to help continue my Belgian friend’s good work, but I got lazy and went skiing instead. There is no pie big enough to make the bum BHL mend his wicked ways. His latest outrage involves Stéphane Hessel, a German-born Jew whose father emigrated to France in 1924 when Stéphane was seven. Hessel’s father was the model of one of the two lovers in Jules et Jim, the novel which later became a very popular film. Stéphane served in the French Army, became a prisoner of war, escaped, and joined de Gaulle. Dispatched to France to help organize the Resistance, he was captured, tortured, and sent to Buchenwald. While being transferred to Bergen-Belsen, he escaped again.

After the war he was named ambassador and worked with the United Nations. Honors and awards followed. Late last year—his 93rd—he published his book Be Indignant!, his defense of Palestinians under brutal Israeli occupation. The book became an overnight bestseller, moving 600,000 copies in three months. (Charles Glass Books, an imprint of London’s Quartet Books, has landed the UK rights and will publish it shortly.)

StephaneHessel.jpgHessel’s alma mater, the École Normale Supérieure, invited him to speak to the students. Then a pro-Israeli website objected. In comes our hero, Bernard-Henri Lévy, the multi-millionaire son of an Algerian timber tycoon, and one whose father I am sure never donned a military uniform for France or any other country. Lévy objected virulently to Hessel’s invitation, and the 93-year-old was silenced.

Well, I have not been silenced. I met the self-publicist and self-proclaimed philosopher once, and it was not pleasant. His trademark white shirt open to his navel was there for all to see—in the French Embassy, of all places—and his current squeeze, a blonde with whom I used to step out, introduced us. Lévy tried to stare me down like bullies do in sleazy clubs, but it didn’t work. I know how to handle phonies, and he’s as phony as they come. There are those, mind you, who take Lévy seriously—French image-makers, PR hucksters, and other such modern pests—but serious people do not. As a historian BHL has offered a very dark picture of French history in an attempt to draw attention to himself as an independent thinker. He is nothing of the kind and has never come up with a single philosophical proposition. In fact, he has been caught in his refutation of Kant quoting “the famous French philosopher Botul,” naively falling for a spoof perpetrated by a journalist who’d had enough of BHL’s phony pomposity.

Although I regret not having shoved a pie in his face, or a knuckle sandwich for that matter, what he did to the Pearl family deserved much more than lemon pies. BHL wrote a very bad book on Daniel Pearl’s murder but fictionalized it to the extent that Pearl’s widow and family were outraged, accusing Lévy’s ego of getting in the way of the truth. BHL’s methods are vile and, in the case of Israeli outrages against unarmed Palestinians, downright disgusting. No outrage by Israeli Zionists has ever caught his attention, but the moment the 93-year-old Hessel’s name came up, there was BHL, peacock-like, denouncing a fellow Jew who fought for his adopted country against the Nazis and suffered as a result.

Such are the joys of modern celebrities posing as hommes sérieux. BHL is a boaster and an impostor, a shameless publicity freak who has given philosophy a bad smell. We need to bake more pies. In a better world, he’d be eating knuckle sandwiches.

Mircea Eliade über Carl Schmitt und René Guénon

Mircea Eliade über Carl Schmitt und René Guénon

Ex: http://traditionundmetaphgysik.wordpress.com/

Er [Carl Schmitt] sagt mir, er sei ein Optimist in Bezug auf die Zukunft Europas. Nationalismus wie Internationalismus sind gleichermaßen überholte Modelle.
(Eintrag vom Mai 1944, S. 108)

eliadeJP.jpgDie State University of New York Press hat die englische Übersetzung des „portugiesischen Tagebuchs“ (Jurnalul portughez) von Mircea Eliade – er war von 1941-45 rumänischer Botschafter in Lissabon – veröffentlicht:


Mircea Eliade: The Portugal Journal. Translated with a preface and notes by Mac Linscott Ricketts. SUNY Press, 296 Seiten, Hardcover/Paperback, Neu-York 2010.
(Rumänische Ausgaben:

Ernst Jünger hatte in den „Strahlungen“, seinem Kriegstagebuch, Carl Schmitts Bericht von Eliades Besuch in Berlin wiedergegeben (Eintrag vom 15.11.1942, über Jüngers Gespräch mit Schmitt über Eliade wird dieser wiederum am 27.12.1942 informiert, siehe S. 54). In Eliades Tagebuch findet sich nun sein Bericht über die Begegnung, demzufolge Eliade von Schmitts Werk nur „Die romantische Politik“ [recte: Politische Romantik] kenne, die in Rumänien großen Einfluß auf Nae Ionescu und dessen Kreis ausgeübt habe. Aber Schmitt zeigt kein Interesse, das Gespräch in diese Richtung lenken zu lassen, lieber spricht er über die Politik der Regierung Salazars. Allerdings noch mehr lebt Schmitt zu dieser Zeit im symbolischen Gehalt des „Leviathan“ auf (vier Jahre nach Erscheinen des Buches, aber sicher vor allem auch im Hinblick auf die im Jahr 1942 erscheinende weltgeschichtliche Betrachtung „Land und Meer“), erwähnt selbstverständlich „Moby Dick“ und wünscht sich von Eliade entsprechende Literatur über Mythen und Symbolik, insbesondere „Zalmoxis“. Und nun unsere Übersetzung des restlichen Eintrags, der nur auf „Berlin, September [1942]“ datiert ist:

Was mich an Schmitt beeindruckt, ist sein metaphysischer Mut, sein Nonkonformismus, die Weite seiner Sicht. Er bietet uns eine Flasche Rheinwein an und bedauert, daß ich morgen bereits nach Madrid abreise. Er sagt, der interessanteste lebende Mensch ist René Guénon (und er ist erfreut, daß ich ihm zustimme).
(S. 32)


In „Der Leviathan in der Staatslehre des Thomas Hobbes. Sinn und Fehlschlag eines politischen Symbols“ (1938, Nachdruck Köln 1982) erwähnt Schmitt bekanntlich Guénons „La crise de la monde moderne“ aus dem Jahr 1927 in einer Fußnote auf S. 44 mit dessen Feststellung daß

„die Schnelligkeit, mit der die ganze mittelalterliche Zivilisation dem Vorstoß des 17. Jahrhunderts unterlag, unbegreiflich sei, ohne Annahme einer rätselhaften, im Hintergrund bleibenden ‘volonté directrice’ und eine ‘idée préconçue’.“

Die von Schmitt zitierte Stelle lautet in der deutschen Übersetzung „Die Krisis der Neuzeit“ (Köln 1950), S. 33:

Wir wollen uns hier nicht unterfangen, den gewiß sehr verwickelten Beweggründen nachzugehen, die sich zu diesem Wandel vereinigten. So grundstürzend war er, daß schwerlich anzunehmen ist, er habe ganz von selbst eintreten können ohne das Eingreifen einer lenkenden Willensmacht, deren wahres Wesen notwendigerweise rätselhaft genug bleibt. Es gibt da Umstände, die im Hinblick darauf doch recht sonderbar sind: Dinge, die in Wirklichkeit längst bekannt waren, werden zu einem bestimmten Zeitpunkt der Allgemeinheit zugänglich gemacht und dabei als neu entdeckte hingestellt; bis dahin waren sie um gewisser ihrer Nachteile willen, die ihre Vorteile aufzuheben drohten, in der Öffentlichkeit unbekannt geblieben.

Schmitt erwähnt dies im Zusammenhang mit den rosenkreuzerischen Verbindungen des offiziellen Vaters der Neuzeit, René Descartes. Interessanterweise hat Schmitt gerade, wie wir seit Mehrings Biographie wissen, in dem Jahr der Enstehung des „Leviathan“ häufiger Julius Evola getroffen (ebenso Johann von Leers, der eine Besprechung des „Leviathan“ für den „Weltkampf“ verfaßt und ironischerweise in den Fünfziger Jahren – wie Guénon – nach Kairo übersiedeln und sich zum Islam bekennen wird.)

eliade_portugal_journal.jpgEvola hat 1942 „Il filosofo mascherato“, die Besprechung eines Buches von Maxime Leroy über Descartes’ deviantes Rosenkreuzertum und seine Rolle im Rahmen der Gegeninitiation, in „La Vita Italiana“ veröffentlicht. (Deutsche Übersetzung: Der Philosoph mit der Maske, in: Kshatriya-Rundbrief, Nr. 7, 2000) Schmitts „Leviathan“ besprach Evola bereits 1938 in „La Vita Italiana“ (nachgedruckt in zwei weiteren wichtigen italienischen Zeitschriften). Evola kommt im übrigen in Eliades Tagebuch laut Index nicht vor.

Am 17. Februar 1943 trifft Eliade jedenfalls den Pariser Korrespondenten der „Kölnischen Rundschau“, Dr. Mário, der einst für den „Cuvântul“ geschrieben hat und sich als Freund von Nae Ionescu bezeichnet.

Wir sprachen eine lange Zeit. Er ist gerade aus Paris gekommen. Er scheint kein großer Anhänger von Hitler zu sein. Er ist der Überzeugung, daß René Guénon die interessanteste Person unserer Zeit sei. (Ich glaube das nicht immer, tue es aber oft. Obwohl ich Aurobindo Ghose für „verwirklichter“ halte.)
(…) Ich berichte ihm über mein Gespräch mit Carl Schmitt im Sommer vergangenen Jahres. Er ist überrascht, daß Schmitt Guénon schätzt.
(S.37)

Selbstverständlich finden sich in Eliades Tagebuch zahlreiche Eintragungen über Nae Ionescu, Emil Cioran, Constantin Noica, und im Westen weniger bekannte Vertreter dieses Kreises, und auch über den eigenständigen Religionsphilosophen Lucian Blaga (in dessen Raumkonzeption Schmitt interessante Aspekte zu finden hoffte, den er aber in Bukarest nicht treffen konnte, S. 108).

Zum Kontext des Kreises der „Generaţia nouă“ um ihren Lehrer Nae Ionescu und „Cuvântul“ siehe:

Corneliu Codreanu und die „Federn“ des Erzengels
Constantin Noica, der letzte große Metaphysiker

Cristiano Grottanelli hat das Gespräch Eliade/Schmitt über den abwesenden Guénon bereits zum Thema eines Aufsatzes gemacht:

Mircea Eliade, Carl Schmitt, René Guénon, 1942.

Jurnalul portughez si alte scrieri, Bukarest 2006, Jurnalul portughez, Bukarest 2010)

dimanche, 06 février 2011

New Dany Boon film plays on France-Belgium prejudice

Ex: http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-12325795

New Dany Boon film plays on France-Belgium prejudice
By Hugh Schofield BBC News, Paris

Benoit Poelvoorde and Dany Boon In the film, the two enemies endlessly insult each other's homelands

Rien-a-declarer.jpgMaking fun out of national stereotypes is not exactly standard comic fare
these days, so a new comedy out this week in France represents something of
a gamble for its star and director Dany Boon.

Set at a customs post on the French-Belgian border, Rien a Declarer (Nothing
to Declare) is the long-awaited follow-up to Boon's 2008 blockbuster
Bienvenu chez les Ch'tis (Welcome to the Sticks), which was seen by 20
million people and now ranks as the most popular French film ever.

The new film stays on Boon's home turf of the French far north, where the
locals are known as Ch'tis, drink Ch'ti beer and speak the Ch'ti dialect.

But if Bienvenu chez les Ch'tis was about the cultural misunderstandings
that arise when a French southerner blows in, Rien a Declarer plays on
another set of stereotypes - about Belgians.

Trailer:
http://www.wat.tv/video/bande-annonce-rien-declarer-355kx...

"I wanted to do a film about racism, but I wanted to make it funny" Dany
Boon Director

The year is 1993 and, following the creation of the EU's Schengen
passport-free travel zone, customs posts are to be dismantled along the
Franco-Belgian border.

Dany Boon plays customs officer Mathias, whose opposite number on the
Belgian side seethes with a virulent and irrational hatred of all things
French.

Belgian officer Ruben is played with panache by Benoit Poelvoorde, the actor
who recently vowed to let his beard grow until a government in Brussels is
finally formed.
Old-fashioned humour

Boon and Poelvoorde are condemned to work together when the authorities set
up new bi-national mobile patrols.

There is a thwarted love affair - Mathias with Benoit's sister Louise - a
drugs syndicate and plenty of ribaldry, before finally peace descends in
another feel-good finish.
Belgian actor Benoit Poelvoorde (L) and French director Dany Boon Boon (r)
says he wanted to make a film about racism, but wanted to make it funny

"When I was an arts student, I used to have to cross the border into Belgium
and the guards gave me a hard time because of my long hair," Boon said in an
interview with the BBC.

"Then recently I was back on the border, and these small villages which used
to be dominated by the customs now just stand empty. It was so evocative -
like those dust-blown streets in the Wild West."

Boon's cinema is based on the familiar and the comforting. Experimental it
is not. This is why, to an outsider's eye, much of the humour seems
extraordinarily old-fashioned.

The Poelvoorde character is motivated by a level of exaggerated
ultra-nationalism last seen in mid-19th Century Prussia. In other glaring
anachronisms, he goes to confession in church, and is driven to homicidal
frenzy by the thought of his sister marrying a Frenchman.

Underlying his behaviour are the old national cliches - that the French
think the Belgians are all thick, while the Belgians find the French
arrogant and smug. The jokes abound.

Boon defends himself against charges that he is pandering to the stereotypes
by describing his film as a satire on racism.
Still from Rien a Declarer The film follows the fictional dismantling of
customs posts along the Franco-Belgian border

"I wanted to do a film about racism, but I wanted to make it funny. The way
to do that, it seemed to me, was to focus on a French-Belgian situation.
French and Belgians are basically the same - the same language, the same
skin, the same religion - so the racism is utterly ridiculous.

"If I tried to make a comedy about a real racist situation - say with North
Africans - then it would be too sensitive to work."

Some might say Boon is having his cake and eating it - playing for easy
laughs and being high-minded at the same time.

But in France, the only question that matters is whether Rien a Declarer can
live up to the success of its monumental predecessor, the Ch'tis.

For the critics, the answer so far has been a resounding "Non".

Le Figaro described the film as "empty, lazy and tired", while Liberation
said it was a "reactionary fairy tale". Even crueller was Les Inrockuptibles
magazine, which said it was the sort of film wartime leader Marshal Petain
would ask to see on his deathbed.

It is true that the France as portrayed in Rien a Declarer is a kind of
de-globalised never-never-land where people behave according to
uncomplicated, reassuring patterns.

But then exactly the same could be said of Bienvenu chez les Ch'tis, and
that was the biggest French hit of all time.

The fact is that today's French are suckers for anything that will make them
forget their chronic sense of gloom.

Boon says he is upset by the critiques, but has a way of staying sane.

"I just get out the early reviews of les Ch'tis, and remind myself how the
critics got that one wrong too."

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vendredi, 04 février 2011

Immigration: un nécessaire renversement des perspectives politiques et idéologiques

immigration432.jpg

Immigration : un nécessaire renversement des perspectives politiques et idéologiques

par POLÉMIA (www.polemia.com/)

L’affaire est entendue : l’immigration en France et en Europe pose des problèmes économiques, sociaux, sécuritaires, culturels, civilisationnels de moins en moins admissibles. Il faut donc mettre un terme au processus migratoire. Mais comment ? Des réformettes à la marge ne régleront rien. Ce qu’il faut, c’est changer de paradigmes dominants. Polémia présente ici en douze points l’inventaire des bouleversements nécessaires pour inverser les flux migratoires.

1 – Rétablir la liberté d’expression

Depuis 1972, la loi Pleven, sous couvert de « lutter contre le racisme et l’antisémitisme », réprime la liberté d’expression. Une législation pénale de plus en plus extensive, appliquée lato sensu par des tribunaux politiquement corrects, rend de moins en moins facile la simple analyse de la réalité et a fortiori la possibilité de la faire connaître à l’opinion. Sans liberté d’expression, il n’y a pas de démocratie possible. Et sans diagnostic préalable, il n’y a pas de solution envisageable.

2 – Supprimer le financement des associations immigrationnistes

Les associations « antiracistes » et immigrationnistes vivent à 95% de subventions publiques. Elles se servent de cet argent pour encombrer les tribunaux : — devant les juridictions pénales pour réprimer la liberté d’expression de ceux qui ne pensent pas « bien » et pour exercer un chantage sur les autorités publiques nationales ou locales (« je ne te poursuis pas si tu me subventionnes »); une attitude en elle-même délictuelle; — devant les juridictions judiciaires et administratives pour défendre la cause des étrangers clandestins et des fraudeurs du droit d’asile ; en matière d’immigration, l’État n’a pas d’argent pour payer des avocats pour défendre la cause de la loi… mais il en donne à ceux qui la combattent !

3 – Changer de paradigme moral : retrouver la fierté, rompre avec la repentance

La France – comme l’Europe – souffre d’une idéologie culpabilisante. Jeunes générations et acteurs publics se voient constamment reprocher les malheurs de l’histoire : de la Seconde Guerre mondiale, de la colonisation ou de l’esclavage. Il faut en sortir : abroger les « lois mémorielles » et retrouver la fierté de notre passé.

4 – Changer de paradigme juridique : renoncer à l’idéologie des droits de l’homme et recouvrer la souveraineté française sur les lois françaises

Et pour cela dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme. Une Convention dont l’interprétation par la Cour européenne des droits de l’homme ne protège pas la liberté d’expression mais rend toutes nos lois de protection nationale inefficaces avant même d’être appliquées; une telle dénonciation est possible puisqu’elle est explicitement prévue par l’article 58 de la Convention (avec un préavis de six mois).

5 – Sortir du mondialisme économique et du sans-frontiérisme, revenir au patriotisme économique

L’immigration, c’est-à-dire « les délocalisations à domicile », est le pendant des délocalisations « offshore » : ce qui est à l’œuvre, c’est la même logique du mondialisme économique qui considère les hommes comme de simples marchandises. L’immigration, c’est aussi un moyen de faire baisser les salaires.

La relocalisation, la préférence nationale à l’emploi, le patriotisme économique sont des concepts à faire entrer en résonance pour revitaliser notre économie : « fabriquer français avec des Français. » Le succès des produits « made in local », appuyé sur la notion de circuits courts inhérente au développement durable, illustre la popularité – et donc l’acceptation – potentielle de ce mouvement.

6 – Rétablir de vraies frontières

Les frontières de l’Union européenne sont des passoires. L’Union européenne ne sait d’ailleurs même pas où elle s’arrête.

Or la frontière est une paroi protectrice : elle doit laisser passer ce qui est bon et maintenir à l’extérieur ce qui ne l’est pas. La France peut accueillir des étudiants étrangers à condition qu’ils soient en nombre limité et sérieusement sélectionnés. La France peut accueillir des réfugiés politiques à condition qu’il s’agisse de vrais réfugiés venant d’un tout petit nombre de pays. Pour le reste, la France doit drastiquement limiter les autorisations de séjour qu’elle accorde, ainsi que le nombre des visas attribués aux ressortissants des pays à risque. Il faut établir un contrôle préférentiel aux frontières pour les ressortissants de certains pays. Les pays d’émigration clandestine doivent figurer sur une liste noire. Il faut aussi comme les Suisses expulser tous les délinquants étrangers.

Partout dans le monde, en dehors d’une « sphère occidentale » en repli depuis la crise financière de 2007 – 2008, on assiste à un retour en force de la notion de frontière : la France serait dans son rôle en assumant une fonction d’avant-garde dans le rétablissement, en Europe, de cette condition essentielle à l’exercice des libertés politiques et économiques.

7 – Remettre en vigueur la liberté de préférence, abandonner la lutte contre les « discriminations »

Il faut mettre un terme au racisme anti-français, anti-européen, antichrétien. Il faut aussi redonner vie au beau concept de préférence. C’est une liberté fondamentale que de pouvoir choisir librement ses collaborateurs, ses fournisseurs, ses aides à domicile, ses voisins, ses locataires, l’école de ses enfants. Y compris selon les critères de la nationalité, de la religion, de l’ethnie ou de la civilisation.

8 – Adopter le principe de préférence nationale

Les ressources financières de l’État sont rares, surtout dans un contexte budgétaire marqué par un fort endettement. Il faut donc fermer les robinets des déficits et par là même couper les pompes aspirantes de l’immigration : par la préférence nationale à l’emploi, aux prestations familiales et aux aides sociales.

9 – Valoriser les principes de la civilisation française et refuser les mœurs étrangères

Tout ne se vaut pas et le multiculturalisme est un échec reconnu. La sagesse est d’en revenir à l’identité française, celle des terroirs et des clochers. La France, ce n’est pas une abstraction, c’est une culture, c’est une civilisation, où les mosquées, les minarets, le voile islamique, l’abattage rituel banalisé, la viande de singe et le culte vaudou n’ont pas leur place. A fortiori dans l’espace public.

10 – Réformer le droit de la nationalité

Être français, cela s’hérite ou se mérite. Cela signifie en revenir au jus sanguinis, au droit de la filiation : est français l’enfant né de parents français; peut devenir français l’étranger qui appartient à la civilisation européenne d’expression française par les mœurs, par la culture, par la langue et par l’affectio societatis.

11 – Mettre en œuvre la démocratie directe

Ce n’est pas aux élites de dire ce qui convient au peuple. C’est au peuple de tracer les voies de son avenir : en s’exprimant directement sur les grands sujets par référendum; après des campagnes loyales partageant équitablement l’expression entre les thèses opposées.

12 – Et en attendant ? Développer une attitude dissidente !

Ne nous méprenons pas. Ces changements supposent un bouleversement du monde et le renversement des élites dirigeantes politiques, financières, médiatiques qui gouvernent. En attendant il faut développer une attitude dissidente : dans le choix de l’école de ses enfants, dans l’enseignement qui leur est délivré, dans la sélection de ses fournisseurs, dans l’achat local plutôt que dans l’achat global, dans l’affirmation sans complexes de ses convictions politiques, de sa foi religieuse ou de ses choix philosophiques, de ses préférences culturelles et gastronomiques.

Polémia

• Mis en ligne sur Polémia, le 9 décembre 2010.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=1821

lundi, 31 janvier 2011

Suzy Solidor - Les filles de Saint Malo

Suzy Solidor

Les filles de Saint Malo

 

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dimanche, 30 janvier 2011

"La véritable virilité pour les afro-descendants réside dans leur retour en Afrique"

« La véritable virilité pour les afro-descendants réside dans leur retour en Afrique »

Par Stellio Robert, alias Stellio Capo Chichi, alias Kemiour Aarim Shabaz, alias Kemi Seba, « prédicateur panafricain » qui annonce quitter la France pour le Sénégal en mai 2011.

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Face à la discrimination, la véritable virilité pour les afro-descendants réside dans leur retour en Afrique afin de participer à la construction de ce continent, plutôt que dans la mendicité d’une place en France en prônant l’intégration.

Dire que la négrophobie et autres actes racistes se banalisent, se démocratisent en France ne relève plus de l’anecdote mais bien du fait établi voire de l’euphémisme. Habitué aux violences policières de toutes sortes (tabassage dans des fourgons, utilisation mortelle de Taser, évacuation musclée des familles mal-logées, violence en réunion, etc.).

La nouveauté vient du fait que les langues se délient (de plus en plus facilement) aussi bien sur les chaînes grand public (exemple du parfumeur Guerlain) que dans les plus hautes sphères de l’État (Brice Hortefeux, Éric Besson avec le débat sur l’identité nationale, les tests ADN, etc.).

Il est clair que l’ambiance, en France, est délétère, déjà pour les Français dits de souche, au vu de la crise économique et de son lot de délocalisations, de pertes d’emplois, de chômage record, mais aussi et surtout pour la communauté afro-descendante. La précarité, la discrimination à l’embauche comme au logement, ajoutée au stress que créé cette situation sous couvert de crise économique, font que la vie pour cette population est insupportable, intenable.

Et ce ne sont certainement pas les hommes et femmes politiques français, toutes tendances confondues, qui vont remédier à cela en proposant des solutions viables, sérieuses. Ils n’en n’ont pas, et ils le savent très bien. Bien au contraire, ces populations immigrées deviennent de plus en plus les sujets d’enjeux bassement électoralistes.

Face à un tel constat catastrophique, la seule et unique solution pour extirper ces communautés de la lente « clochardisation, » à laquelle certains font déjà face, est de se prendre en main.

Se prendre en main en se disant qu’il vaut mieux être roi chez soi que mendiant chez autrui. L’Afrique est un continent riche qui n’attend que ses enfants… Que ceux qui l’aiment véritablement viennent à elle pour travailler à son développement, plutôt que de continuer à s’émerveiller devant l’occidental allaitement qui nous avilit à travers bon nombres d’oeuvres pseudo-humanitaires.

L’Occident en général, et la France en particulier, n’a plus les moyens d’accueillir décemment les gens sur son territoire. Elle n’a déjà plus rien à s’offrir à elle-même, ce n’est certainement pas à des populations immigrées en difficulté qu’elle offrira quoique se soit. Pour échapper à cette situation de crise, pour ne plus avoir à faire face à des actes racistes, il est préférable de faire retour en Afrique pour construire un chez soi sûr.

Le retour volontaire et définitif en Afrique pour des objectifs clairs, viables est la seule et unique voie pour remédier aux problèmes que rencontrent ces populations d’immigrés en difficulté installées en France. On ne peut se sentir bien là nous où l’on n’est pas désiré, là où il n’y a plus de perspectives d’avenir, là où on n’est pas chez soi.

Tôt ou tard, l’Afrique demandera des comptes à sa diaspora. CONSTRUISONS, et rejoignons Afrikan Mosaïque (qui fait vivre des gens par centaines, à travers les emplois qu’elle a créée, grâce à la construction, toujours en cours, du village).

La Société Afrikan Mosaïque recrute ! Pour les entretiens d’embauche, contactez-les au 07 60 72 65 75

Kemi Seba

(Merci à jean-marc)

samedi, 29 janvier 2011

Les dernières frasques libertaires et déontologiques de BHL

Les dernières frasques libertaires et déontologiques de BHL

Ex: http://www.acrimed.org/article3520.html

BHL_par_Mor-2-cece2.jpgEncore BHL ? Oui, encore ! Mais pourquoi un tel acharnement ? Parce que l’année 2011 débute en fanfare pour le philosophe en chemise blanche, décidément sur tous les fronts. Et parce que cette fausse grandeur est en charge de la surveillance de plusieurs médias. Pauvres médias !

BHL a-t-il aidé à la censure de Stéphane Hessel ?

C’est en tout cas ce qu’affirme Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), dans un éditorial publié le 13 janvier sur le site du Crif. Richard Prasquier se félicite de l’annulation d’une conférence qui devait se dérouler à l’Ecole normale supérieure, en présence de Stéphane Hessel, mais aussi, entre autres, d’Elisabeth Guigou, de Benoît Hurel (Syndicat de la magistrature), de Leïla Shahid (représentante de la Palestine à Bruxelles) ou encore de Michel Warshawski (militant israélien). Le thème de la conférence était la solidarité avec les militants de la campagne de boycott d’Israël poursuivis en justice.

Le CRIF affirme que c’est grâce à son action que la directrice de l’ENS, Monique Canto-Sperber, a décidé d’annuler la conférence. Et, au détour d’une phrase, rend hommage à Valérie Pécresse, au rectorat de Paris, « ainsi qu’à Claude Cohen Tanoudij, prix Nobel de Physique, Bernard Henri Lévy et Alain Finkielkraut, tous anciens élèves de l’Ecole normale supérieure ». La phrase ne souffre d’aucune ambiguité : les trois « anciens » seraient, comme la ministre et le rectorat, intervenus auprès de la direction de l’ENS. BHL, ami d’Israël, aurait-il participé de près ou de loin à ce qui ressemble à s’y méprendre à une atteinte à la liberté d’expression ?

Pendant cinq jours, BHL ne réagit pas à l’éditorial de Richard Prasquier. C’est le 18 janvier, alors que « l’affaire » commence à faire du « buzz » (nous y reviendrons dans un prochain article), qu’il se signale. D’une curieuse manière. C’est en effet au Nouvel Obs, et non au Crif, que BHL fait parvenir le démenti qui suit :

« Je rentre des Etats-Unis et apprends qu’un débat autour de l’opération BDS a été annulé à l’Ecole normale. Contrairement à ce que laisse entendre votre site, je ne suis intervenu ni auprès de madame Canto-Sperber ni auprès de quiconque pour recommander l’annulation de ce débat. Je suis, par principe, même et surtout quand le désaccord est profond, partisan de la confrontation des points de vue – pas de leur "annulation" ».

Dont acte.

Dont acte ? Ou presque.

De deux choses l’une :
– soit le Crif dit la vérité, et BHL tente désespérément de se démarquer de cette initiative peu glorieuse, probablement en raison du « buzz » qu’elle a suscité ;
– soit le Crif ment. Mais dans ce cas, pourquoi BHL qui, chacun le sait, se sent très concerné par tout ce qui le concerne, a-t-il attendu cinq jours avant de réagir ? Pourquoi ne pas avoir exigé qu’un erratum soit publié sur le site de ceux qui sont à la source de cette « mauvaise » information, et non sur le site du Nouvel Obs, qui s’est contenté de la relayer ? Et pourquoi Richard Prasquier n’a-t-il pas, à l’heure où nous écrivons, changé la moindre virgule de son éditorial du 13 janvier ?

Autant de questions qui, pour l’instant, demeurent sans réponse. On ne doute pas que l’affaire ne manquera pas de connaître de nouveaux développements et rebondissements. A l’image d’une autre affaire impliquant BHL, celle qui l’oppose à Bernard Cassen.

BHL salit de nouveau Bernard Cassen...

Nous l’avions rapporté dans un précédent article : dans son Bloc-notes du 23 décembre, BHL commettait une bourde infamante : confondre, en évoquant les « Assises contre l’islamisation de l’Europe », Bernard Cassen, ancien directeur du Monde diplomatique, et Pierre Cassen, animateur de Riposte laïque. Cette utile confusion avait permis à Bernard-Henri de remettre au goût du jour l’un de ses thèmes favoris : les passerelles entre « rouges » et « bruns ». Si la bourde a été rapidement corrigée, BHL n’a toujours pas présenté ses excuses à Bernard Cassen. Bien au contraire...

En effet, dans son Bloc-notes du 6 janvier, il remet le couvert, évoquant « le double procès que [lui] intentent, pour le même article, un groupuscule d’extrême droite et un ancien du Monde diplo ». Par un (pas très) subtil procédé rhétorique, BHL réussit finalement là où il avait échoué deux semaines plus tôt : amalgamer Bernard Cassen et l’extrême droite. L’usage de l’expression « double procès  » est en effet lourde de sens : Cassen et le Bloc identitaire n’étaient peut-être pas côte à côte aux « assises », mais ils le sont désormais dans une croisade commune contre le philosophe en chemise blanche. En somme, BHL, adepte de la prophétie auto-réalisatrice, avait raison avant tout le monde. Soyons certains que cette clairvoyance ne manquerait pas, si l’affaire devait prendre une tournure judiciaire, d’être saluée par les tribunaux.

… et offre une tribune au Bloc identitaire

Tribunaux que la direction du Point semble vouloir éviter, puisqu’elle a accordé au Bloc identitaire, sympathique groupement de jeunes gens épris de valeurs progressistes, un droit de réponse aux approximations de Bernard-Henri Lévy. Comme nous l’avions signalé, l’accusation de « tentative d’assassinat contre Jacques Chirac » portée contre cette organisation était des plus contestables : le Bloc identitaire en tant que tel n’existait pas à l’époque, et c’est Maxime Brunerie, un proche de l’ancêtre du Bloc, Unité radicale, qui avait tenté de tirer sur le chef de l’Etat.

Le Bloc identitaire a donc pu, grâce à la rigueur de BHL, s’adresser, entre autres, au lectorat du Point. Une audience quantitativement inédite pour une organisation qui, bien qu’elle récuse le terme de groupuscule, n’a pas franchement pignon sur rue. Et même si Bernard-Henri a rédigé une « mise au point » à la suite du droit de réponse, le résultat est là : BHL aura offert, à cause de la démesure et de l’emphase habituelles de ses propos, une formidable tribune au Bloc, sans aucun doute ravi de cette publicité à moindres frais. Nous présentons à BHL toutes nos félicitations, auxquelles nous nous empressons d’en ajouter d’autres, au sujet de son courage et de sa lucidité quant à la révolution tunisienne.

BHL et la Tunisie, épisode 1 : le résistant de la 26e heure

Les quelques motivés qui suivent l’actualité du philosophe médiatique ont constaté qu’il a été, durant de longues semaines, silencieux sur la situation en Tunisie. Et soudain, le miracle est arrivé.

Le 13 janvier, (veille du départ de Ben Ali), depuis les États-Unis où il se trouve alors, Bernard-Henri Lévy lance – sur l’antenne d’Europe 1 – un appel dont le retentissement dépasse, et de loin, l’Appel de Londres lancé par le général de Gaulle. Le site « officieux » de BHL se charge, dès le lendemain, de mettre en valeur cette initiative. Les bonnes causes sont avant tout celles qui sont bonnes à la promotion de BHL-Moi-Je. 

Extrait : « Les Tunisiens vivent leur 1789. Et Bernard-Henri Lévy est de ceux qui ont compris que, pour gagner une bataille comme celle-ci, le Net est aujourd’hui un outil incontournable. Il sait les risques juridiques qu’il prend. Mais que faisaient d’autres ceux et celles de ses aînées qui, naguère, signaient des appels pour l’avortement ou pour l’insoumission dans la guerre d’Algérie. C’est la même logique, toujours ». Quand BHL ne met pas lui-même en scène sa légendaire modestie, ses amis se chargent de le faire pour lui.

Mais quelle est donc la prouesse qui nous a valu ce modeste éloge ? Le résistant BHL a posté un message sur Twitter via le compte de sa revue La règle du jeu : « Hackers de tous les pays, unissez-vous. Soutenez les Anonymous. Piratez, bloquez les sites officiels de la Tunisie de Ben Ali. BHL ». Les Anonymous sont des hackers qui, depuis plusieurs semaines, multipliaient les attaques informatiques contre les sites du régime tunisien… sans avoir attendu le réveil de BHL.

Et pourtant, toujours sur le site, on apprend que, malgré le retard à l’allumage de BHL, son « Tweet » « a fait le tour de la Toile ». Vérification faite, le tour fut rapide, comme en témoigne cette capture d’écran, réalisée plus de quarante-huit heures après la publication de l’appel :

 

Un écho international à la hauteur du courage de Bernard-Henri, résistant de la vingt-sixième heure.

BHL et la Tunisie, épisode 2 : Arabes, musulmans, même combat !

Après la chute de Ben Ali, Bernard-Henri ne tient plus en place. Dans son Bloc-notes du 18 janvier, titré « Leçons tunisiennes », il tire, à chaud, ses premiers bilans de la révolte populaire. On apprend ainsi que l’un des éléments notables du soulèvement tunisien est qu’il s’agit d’une « insurrection arabe » (c’est la deuxième « leçon ») : « Eh oui. Rappelez-vous ceux qui nous disaient qu’il y a des peuples faits pour la révolte et d’autres qui ne le sont pas ». Pour BHL, les événements de Tunisie sont la démonstration qu’il n’y a pas de peuple imperméable aux principes démocratiques : « les principes démocratiques sont des principes universels ». Même les Arabes, donc ! Saluons le courage avec lequel Bernard-Henri se défend contre la droite xénophobe et néo-coloniale...

Suit alors une prophétie quasi planétaire : « Aujourd’hui, la Tunisie. Demain, la Libye de Kadhafi. La Syrie de la famille Assad. Peut-être l’Iran d’Ahmadinejad ». Une déclaration qui nous vaudra peut-être un erratum de plus puisque, cher Bernard-Henri, les Iraniens ne sont pas Arabes : ce sont des Perses. Mais c’est vrai qu’après tout la majorité d’entre eux sont aussi des musulmans. L’amalgame est d’autant plus fâcheux qu’il est courant chez ceux que BHL prétend pourfendre dans sa chronique, « ces apôtres de la guerre des civilisations pour qui l’idée même d’un pays musulman et, en particulier, arabe ouvert aux droits de l’homme était une contradiction dans les termes ». On espère que Bernard-Henri saura, avant de nous infliger ses prochaines « leçons » politico-philosophiques, réviser ses leçons d’histoire-géographie.

Selon les fans de BHL, BHL triomphe aux Etats-Unis

Cette approximation est peut-être une conséquence de l’épuisant séjour de BHL aux États-Unis, destiné à promouvoir le livre coécrit avec Michel Houellebecq, Ennemis publics : une tournée qui, d’après le site de la revue de BHL, fut, comme l’annonce le titre de l’article qui lui est consacré, un « Triomphe, aux USA, pour Bernard-Henri Lévy et Michel Houellebecq ». Promotion réussie d’un livre, dont on nous dit qu’ « il semble qu’il soit parti pour faire un tabac ».

En témoigneraient, notamment, les critiques de la presse écrite états-unienne. Maria de França, qui a signé l’article de La règle du jeu, mentionne ainsi « la critique, excellente, signée par Sam Munson dans le Wall Street Journal ». Une critique, il est vrai, plutôt élogieuse. Puis l’article évoque « Les deux critiques, moins favorables mais importantes, signées, dans le New-York Times, par Dwight Garner (page culturelle quotidienne) et Ian Buruma (supplément Livres du week end) ».

Les extraits qui suivent, tirés de la critique de Ian Buruma, montrent ce que La règle du jeu appelle une critique « moins favorable » :

« On peut lire ce livre, un dialogue entre deux célèbres auteurs français, comme un roman comique, une brillante satire traitant de la vanité des écrivains […] ».

« Le running gag qui imprègne l’ensemble de la discussion est cette vaine prétention selon laquelle BHL, l’intellectuel le plus célébré et le plus médiatique [1] en France, et […] l’auteur de best-sellers Michel Houellebecq seraient détestés, persécutés et méprisés par à peu près tout le monde […] ».

« Ce qui est hilarant […] est l’usage des hyperboles […] ».

Et encore :

– « [A propos de la façon dont BHL revendique ses « engagements » (Daniel Pearl, Ayaan Hirsi Ali, Sarajevo, etc.)] : c’est ce que les Allemands appellent un Hochstapler, quelque chose qui se situe entre le vantard et l’imposteur, une célèbre figure comique dans la littérature européenne. (...) »

« Tout est brillamment exécuté. Mais je crains d’avoir à dire que rien de tout ceci n’est destiné à être lu comme un roman comique. Tout est fait avec le plus grand sérieux du monde ».

Etc.

Une critique « moins favorable » ? BHL et ses amis ont, décidément, le triomphe modeste, et manient tout aussi bien l’euphémisme que l’hyperbole. C’est sans doute cela, le « style BHL », complément indispensable de la rigueur et de la probité qu’il met au service du microcosme médiatique et de sa surveillance.

Parole de pape

Un style dont l’emphase et la solennité tiennent en général lieu d’argumentation.

Dans son Bloc-notes du 6 janvier, BHL professe : « Benoît XVI est parfaitement fondé à dire que les chrétiens sont, aujourd’hui, à l’échelle de la planète, le groupe religieux "en butte au plus grand nombre de persécutions" ». Aucun chiffre, aucune enquête, ne viennent étayer ce propos nuancé. Il faut dire que la source de BHL est connue pour sa modération et son objectivité.

Rideau.

Julien Salingue (avec Henri et Serge)

mercredi, 26 janvier 2011

Ma io, filosemita, celebro Céline

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Ma io, filosemita, celebro Céline

di Guido Ceronetti

Fonte: Corriere della Sera [scheda fonte]


«La Francia sbaglia a cancellare l’omaggio, era l’occasione per analizzarlo»


D eploro fortemente che uno scrittore come Céline sia stato tolto dal calendario delle celebrazioni per il 2011 in Francia. Un ministro della Cultura, in qualsiasi governo francese, ha sufficiente autorità per resistere ad ogni gruppo privato di pressione, sia pure benemerito, come in questo caso. Céline non è un piccolo pesce; è uno dei massimi scrittori e testimoni del secolo. Il suo cinquantenario (morì nel 1961, a Meudon, in banlieue) non sarà ugualmente dimenticato. Si capisce: la Shoah è una ferita della storia dell’uomo che il tempo non può né deve sanare, e il grido di Rachele in Ramah seguita a irrorarla di lutto. Ma la paranoia antisemita di uno scrittore che non ha versato sangue di deportati va vista come una anomalia della psiche, un’ombra del Fato, il possesso di un demone incubo. Va analizzata come malattia e non elevata a colpa. «Ha una pallottola in testa» lo giustificava Lucette. Lui, l’episodio della Grande Guerra che l’aveva fatto congedare e medagliare in fretta, non l’aveva mai taciuto: l’agitava sempre, il suo congedo di invalido permanente per il settantacinque per cento: ma sopratutto a renderlo furiosamente antisemita era stata l’ossessione che gli ebrei — tutti, in massa, banchieri o straccioni — spingessero ad una nuova spaventosa guerra con la povera Germania, che fino a Hitler non pensava minimamente a difendersene. Nel Trentasette pubblicò il suo manufatto di deliri, Bagatelles pour un massacre, pestando perché la Francia non perdesse tempo a disfarsi dei suoi ebrei, a scrostarli dai muri, a cacciarli via «che non se ne parlasse più» : una scrittura così potente come la sua attirò come miele gli antidreyfusardi, senza guadagnargli le simpatie dei nazisti; per la Gestapo, Céline era più pazzo che utile. Anche come antisemita Céline fu un isolato: i comunisti lo esecrarono dopo Mea culpa, agli antisemiti bisognosi di «razzismo scientifico» o religioso, di motivazioni monotone e piatte, quel Vajont di metafore forsennate, che finivano in pura autodistruzione spense presto il favore iniziale; inoltre, incontenibile, sotto l’occhio dei tedeschi occupanti che rigettavano e temevano il suo zelo pacifista, picchiava pubblicamente anche contro la connerie aryenne (che renderei come fessaggine, stronzaggine ariana). Non furono le sciagurate metafore celiniane dei tre saggi antisemiti a riempire i treni dei deportati da sterminare: chi li avrà mai letti tra i burocrati di Vichy? In una guerra simile contro l’essenza umana (altro che «banalità del male» !) furono senza numero i paradossi tragici. Céline nel Semmelwei, nel Voyage, in Mort à crédit, nei suoi romanzi stilisticamente ultraviolenti del dopoguerra, nei suoi viaggi al seguito del governo collaborazionista in fuga a Sigmaringen, spinse fino all’indicibile l’espressione letteraria della pietà umana; fu un moderno, e rimane, incarnatore di Buddha, un angelo pieno di cicatrici, che sfoga una pena scespiriana. Aggiungi il suo lavoro fino all’ultimo giorno di strenuo medico dei poveri, che quasi mai si faceva pagare. Lucette, a Meudon, mi mostrò la poltrona dove Céline passava la notte di insonne a vita. Il paesaggio, dalla vetrata, erano le officine della Renault-Billancourt, una fumante galera umana, non scorgevi un albero. Di là gli cadevano gocce fisse di delirio, da scavare una pietra, sul cranio della pallottola di guerra, Erinne dettatrici di insulti feroci di satirico, di maniaco di persecuzione (motivato), di aperture denunciatrici di verità crudeli, di amore per la bellezza, di sorriso in travaglio. L’insonnia, alleata del Contrasto, violenta di chiaroscuro, è «madre di tutto» . Il secolo XX ci ha lasciato tre libri, generati direttamente da una interminabile sequela di calvari umani che ha appestato e stravolto la totalità del pianeta abitato o inabitato — e i tre grandi libri mi sono indicati essere i racconti e i diari ultimi di Kafka, i racconti della Kolyma di Varlam Šalamov, e il Voyage au bout de la nuit di Céline. Comparando l’antisemitismo ormai sciolto negli acidi del Tempo di Céline, e il disastro filosofico di Martin Heidegger quando fu pervaso, tra 1933 e 1935, per vanità universitaria, per credulità da debilità mentale (quantunque giovane), di zelo filonazista nascostamente antisemita— mi sarebbe più facile, dovessi fare il minosse e pronunciarmi su entrambi, mandare semiassolto (o del tutto) Céline, astenendomi dall’incolpare Heidegger esclusivamente per motivi di prescrizione. Un pensatore non aveva nessun diritto di degradarsi a quel modo. Il discorso di rettorato del filosofo di Friburgo è peggio, è più mendace, più corruttore, di Bagatelles pour un massacre. Tuttavia, se di valori si parla, Heidegger è Heidegger. Se di gloria letteraria si parla, Céline, riplasmatore del linguaggio, petite musique, affrescatore e medico delle miserie umane, è Céline. Ingiusto e ridicolo, cancellarlo dalle celebrazioni del 2011. Era un’occasione per comprendere, riscoprire, analizzare. L’odio, Spinoza dixit, non può mai essere buono.

Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

Montherlant - Céline: Match nul?

Montherlant - Céline: Match Nul?

par Alain JAMOT

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/

Vous avez vu Montherlant pour son élection (à l’Académie). Ça va bien pour lui, il doit être content. Lui c’est Chateaubriand qui le gêne.
Le drapé antique. Il n’y arrive pas, ça l’embête.”
(Céline, sur Montherlant)

C’est de la littérature, aussi artificielle et aussi désuète que celle de Paul Alexis ou de Paul Lombard, écrivain au style “artisse” de la fin du XIXème siècle, et qui ne sera plus lue dans cinquante ans.
(Montherlant, sur Céline) Dictionnaire Céline, Philippe Alméras.


Mettre en vis à vis, dans un article, Montherlant et Céline, c’est un peu fouiller l’arrière-boutique un tantinet poussiéreuse de la littérature de droite d’il y a bien longtemps, celle du siècle dernier. L’aristo et le prolo, le gars de Neuilly et celui de Courbevoie, l’attentiste et le collabo, le spécialiste de la posture et la brute incapable de masquer ses sentiments et ses haines… Ont-ils quelque chose de commun, ces deux-là, à part finalement le succès, les manuels de littérature et la couverture blanche de Gallimard ?

Quand j’ai découvert les deux coupables, il y a bien longtemps, alors que je sortais de l’enfance pour aborder les rivages un peu pénibles de l’adolescence, et que je ne connaissais de la littérature (en gros) que Bob Morane, Jules Vernes et Oui-Oui, je m’imaginais que j’allais tomber avec eux sur des types sulfureux, des serial-writers fascistoïdes, des nazillons graphomanes, des suppôts du Mal (c’est à peu près ainsi que mes profs de lettres seventies les présentaient, eux qui se délectaient de Barthes ou de Rouge, dans ma lointaine banlieue).

Eh ben non, c’était tout le contraire ! Montherlant et Céline, y faisaient rien qu’à raconter des histoires de losers, de célibataires, de grabataires, de nanas encore turlupinées par Jésus avant de prendre la position horizontale, des histoires de misère, de dispensaire, de tuberculeux crachant leurs derniers instants dans des taudis et des galetas insalubres ! Bonjour la douche froide ! C’était donc ça, les méchants écrivains fascistes ? Je me disais bien qu’ils avaient dû se calmer avec l’âge (pour rentrer dans la Pléiade, mieux vaut éviter de rewriter Mein Kampf ou Je suis partout), mais qu’en fouillant dans leur production des années d’avant-guerre, ce serait bien le diable si je ne trouvais pas des trucs croustillants… Rien, nada !

Avec eux (mais ça décrivait bien aussi Drieu La Rochelle), je découvrais que l’écrivain de droite était avant tout un triste sire, un scribe consciencieux du tragique de la déliquescence franchouille, de la décadence, du lent glissement de la patrie de Pagnol, du pastis et des charentaises vers le néant intergalactique de la fin de l’Histoire…

Point de militants nationalistes et mystiques dans leurs bouquins, oh non, pas de héros guerriers triomphants en route vers le Walhalla, non non, mais de pauvres hères au quintal, analysés, scrutés, quantifiés, dans leurs sinistres et pathétiques habitudes de cocus de l’Histoire… des types humains pas très loin des héros de polars qui déferleraient sur l’Hexagone deux ou trois décennies plus tard.

Mais comment tout cela avait-il pu commencer, et d’où leur venait alors cette réputation sulfureuse ? En fait, le truc à la base, qui les rapprochait, c’était quoi ? C’était la guerre, la vraie, la Grande Guerre, celle de 14.

La guerre, la vraie.
Quand elle arrive, nos deux pieds nickelés ne se dégonflent pas : Céline suit le 12e régiment de Cuirassiers où il s’est engagé en 1912, Montherlant arrive enfin à se faire incorporer en 17. Les deux sont blessés, et finissent comme auxiliaires, Céline à Londres, Montherlant en France, à l’État-Major.

Montherlant, complètement shooté à Barrès, voit des morts partout et commencera, avec La Relève du matin, à broder sur le thème du sacrifice qui ne sert à rien, du héros qui meurt pour sauver un monde qui n’en vaut pas la peine.

Céline hallucine pour sa part sur le massacre, la boucherie, tout ce qui ressemble à un képi lui file de l’urticaire et se découvre pacifiste.

La différence fondamentale entre eux deux se trouve déjà là, bien évidente : Montherlant suit la guerre par les journaux, assiste aux messes d’enterrement de ses potes de Sainte-Croix de Neuilly, intrigue pour enfin endosser un uniforme et se rendre utile. Et ne pas passer pour un lâche après… Céline, on ne lui demande pas son avis, allez hop le proldu, au front ! En première ligne ! Et il se bat, est blessé. Céline y va à fond, en prend plein la gueule, ne s’économise pas. Montherlant se balade en semi-touriste, malgré lui, s’engage du bout des lèvres. On retrouvera sans cesse cette opposition entre eux, dans leur vie, dans leurs livres, dans leur style.

Pour les deux hommes, c’est la douche écossaise, l’électrochoc qui les sort de la programmation sociale : et tous deux, après la guerre, vont aller découvrir le monde, car à quoi bon survivre au suicide de l’Europe si c’est pour rester enkystés dans la médiocrité ?

Voyages voyages…
Céline rame, se marie et décroche son doctorat de médecine, Montherlant compte les crânes à l’Ossuaire de Douaumont. Tout cela aura vite une fin : twenties encore remuantes, chacun va foutre le camp parce qu’il n’y a que ça à faire.

Montherlant racle les fonds de tiroirs de sa mamie et réussit à se faire publier à compte d’auteur, puis un éditeur le remarque : let’s go ! Le pognon semble arriver assez facilement, bref il se débrouille et en route : c’est le Sud, l’Espagne, l’Algérie. Loin, mais pas trop. Les colonies et les espingouins, on connaît, on prend pas trop de risque pour le rapatriement.

Pour l’illuminé de Courbevoie, c’est une autre chanson : dès 1916, l’Afrique, puis avec la SDN les États-Unis, Cuba, le Canada, l’Angleterre. Céline bosse, rencontre des gens, se tape des greluches, rumine, observe, commence à gueuler.

Mine de rien, les deux rigolos inventent à leur façon on the road again et Katmandou quarante ans avant les autres, et repèrent déjà que la France bat de l’aile, qu’elle ne se relèvera jamais plus du grand abattoir de 14, que les colonies sont un enfer pour les autochtones et les petits blancs.

En politique, y savent pas trop où ils en sont, mais ça commence déjà à mijoter tout autour d’eux : la peur du bolchevique mine la bourgeoisie européenne, le couteau entre les dents alimente les fantasmes des rentiers et des parlementaires.

Bref, c’est le générique d’Amicalement vôtre : Montherlant/Brett Sinclair se la coule douce, découvre le sport et l’ambiance mecs sur le stade, vit dans les quartiers bourgeois et publie déjà beaucoup ; Céline/Danny Wilde bourlingue, travaille, écrit une vague nouvelle et a définitivement cessé d’être un prolo. Tout les sépare, tout les éloigne l’un de l’autre. Et puis arrivent les années trente…

Les grandes manœuvres
Céline, toujours fauche-man, a repéré qu’Eugène Dabit cartonne avec Hôtel du Nord et s’imagine qu’on peut se faire des couilles en or en écrivant de la prose prolétaire : l’innocent ! Un vrai réflexe de midinette ! Résultat, il pond Voyage au bout de la nuit ! Et ne se rend même pas compte qu’il vient de violer la langue française et de créer une brèche dans le ronron académique.

Denoël chope l’ovni au vol juste devant Gallimard, et c’est l’entrée en fanfare : il rate le Goncourt de peu (mais reçoit le Renaudot), avec un premier roman qui deviendra l’un des plus célèbres livres français.

Il en prend déjà plein la gueule : quoi, pas de grandes périodes classiques, pas de beau style, mais des mots crados, de la misère et encore de la misère, du désespoir, des pauvres comme s’il en pleuvait, et pas de rédemption, pas de lendemains qui chantent ?

Céline s’en fout, touche du pognon, se balade, écrit beaucoup. Et, au fil des années, commence à déraper : il fréquente Léon Daudet, se grise de succès, se passionne pour la politique et l’hygiène sociale, se croit tout permis, prend un premier râteau avec Mort à crédit et publie en 1937 Bagatelles pour un massacre : quel con ! Il a déjà commis un premier pamphlet contre les cocos de retour d’une virée en URSS, sans grand retentissement. Mais là, il est servi : l’antisémitisme est à la mode, on en redemande, et ça va lui coûter sa crédibilité. Comment un type aussi intelligent, un écrivain aussi doué a-t-il pu se laisser embarquer dans ce délire quasi-psychiatrique, ces élucubrations racialistes à la mords-moi-le-nœud ? Gide le ridiculise dans la NRF. Il s’en moque, et l’année suivante, rebelote : L’Ecole des cadavres !

Fin des haricots : la malédiction Céline s’installe, Gringoire, Je suis partout, l’Action française applaudissent, la gauche rejette notre héros dans les ténèbres, et lui, of course, se radicalise. On ne parlera désormais plus que de cela pour l’éternité, de ces deux opuscules gueulards et maladroits même si le style atteint parfois des sommets, où la haine du Juif se mêle au pacifisme, la peur de la guerre à la haine du fric. Pour le beauf de base, l’affaire est entendue : Céline, c’est de la littérature antisémite, et qui se vend bien, en plus… En 1939, les deux pamphlets sont pourtant interdits.

Pendant ce temps-là, Montherlant arrête ses rêveries sur le sport et la morale antique, et décide de surfer sur la misère lui aussi, mais plutôt celle de sa classe avec Les Célibataires, où deux noblaillons dépensent des trésors d’imagination pour ne rien foutre et vivre leur vie de parasites sociaux. Carton ! Il décide alors d’explorer aussi la misère sexuelle, et pond quatre tomes des Jeunes filles, où un Casanova froussard et cultivé fait la leçon à une Solange encore travaillée par le catholicisme : re-carton. Pour l’époque, ça sent bon l’érotisme, la provoc, la petite culotte, le crucifix et les grandes envolées élitistes. Étrange mélange, mais blockbuster de l’édition, en un temps où les curés faisaient encore recette et ne jouaient pas devant des salles vides.

Montherlant s’en met plein les fouilles à son tour, publie de nombreux petits ouvrages à tirages limités (genre L’Eventail de fer) chez des éditeurs obscurs, et se fait encore plein de pognon dessus ! Il a tout compris du business littéraire, et ne prend pas de risques idiots comme Céline : il surfe sur les fantasmes de l’époque, s’invente un personnage de pacotille, mélange d’antique, de préfasciste et de conservateur mais s’arrête avant l’erreur fatale. Il sent son public, lui donne ce qu’il souhaite, et parfois écrit pour lui-même, dans de petits essais confidentiels.

Alors Montherlant poltron et Céline courageux ? Pas si simple… Montherlant avance masqué, ses journées sont souvent des journées composées exclusivement de drague et d’écriture, et il ne veut pas trop attirer l’attention sur le penchant qu’il partage avec André Gide. Il sait aussi que si la politique peut faire parler de vous et vous lancer, elle peut aussi vous griller à vie en cas de dérapage et vous tailler un costard dont vous ne parviendrez plus à vous défaire, ad vitam aeternam… Et puis, si Montherlant, comme tous les auteurs, est vaniteux et exhibitionniste, il connaît via sa famille les rouages du monde, il sait en jouer. Alors que Céline, gros balourd génial et emporté, s’étonne des retours de flammes et des cabales. Assoiffé de reconnaissance, artistique, sociale, Céline veut tout, les gonzesses, le pognon, les gros titres et les gros tirages tout en restant lui-même, et en se permettant de délirer si bon lui semble. Oh coco, ça marche pas comme ça, et les écrivains et la politique, ça colle rarement, ils se font avoir presque à chaque fois…

Montherlant, malgré ses airs de Grand d’Espagne, calcule tout, prévoit presque tout, et avouera même avoir préféré retourner à son écritoire le 6 février 1934 plutôt que d’aller voir où en était le match Camelots du Roy/Préfecture de Police !

L’apocalypse
À partir de 1940, leur différence fondamentale s’affirme encore davantage. Céline boit des coups avec Brasillach, sert la louche d’Otto Abetz (Montherlant… aussi), torche des articulets pronazis, s’inquiète des progrès de la Résistance et se fout de la gueule de Pétain.

Montherlant publie Le Solstice d’été, vision Collège Stanislas de la victoire d’Hitler, pontifie un max mais décline très astucieusement tout appel du pied trop pressant de la Révolution Nationale. Toujours la prudence…

À partir de la Libération, où Montherlant s’en sort après une bonne remontrance, il décide de se lancer dans le théâtre, l’opérette pied-noir revue façon Grand Siècle, et nous débite La Reine morte et Le Maître de Santiago ! Du beau boulot, du sublime au kilomètre, mais ça reste du toc, du chiqué, du bois peint, du faux marbre. Le militant de droite qui se pique de culture s’extasie, et s’en sert comme rempart contre Sartre et Ionesco. On a les émotions, et les références, qu’on peut…

Céline court sous les bombes avec le chat Bébert et sa dulcinée dans Berlin, claque du bec avec Le Vigan en Poméranie et finit dans une geôle au Danemark. Et à l’époque, le Danemark, c’est pas encore l’État providence, les blondes sublimes à la poitrine opulente et à la morale sexuelle élastique : point de porno, mais plutôt la grisaille, le froid, la faim, le protestantisme. L’horreur, quoi…

Céline dépérit, commence ses correspondances fleuves, et finit par rentrer en France sur une astuce légale. Le voilà parti pour la misère, encore et encore, la gueulante aigrie, la paranoïa comme raison d’être, les falzars tenus par des bouts de ficelle, la pleurnicherie incessante, le fantasme des Chinois déferlant sur l’Occident, l’Apocalypse à Meudon, le discours répétitif et saoulant d’un vieillard complètement largué et méchant comme une teigne, avec des grabataires comme clients de son cabinet médical et du bordel dans toute la maisonnée.

Il engueule Gaston Gallimard, pleure sans cesse pour un à-valoir ou une réédition pendant que ce dernier signe de confortables chèques à Montherlant, qui est quasiment sacré Trésor National Vivant et entre à l’Académie.

Alors ça finit comme un mélo : Céline meurt angoissé, aigri, cradingue sans jamais avoir triché. Et Montherlant se flingue douze ans après, ne supportant plus de devenir aveugle… et son masque se fendille définitivement.

Résultat des courses
Que reste-t-il aujourd’hui de tout cela ? Littérairement, Céline gagne haut la main. Avec Proust (et Joyce), il a propulsé l’écriture hors des remugles bourgeois et des ânonnements bécasses des profs de lettres. La littérature, avec lui, ça gueule, ça souffre, ça pète, ça picole, ça frôle les grands parcours Deleuze/Guattari : on se déterritorialise pour replanter sa casbah ailleurs, plus loin, toujours plus loin, on va de ligne de fuite en ligne de fuite, on s’immerge dans le devenir perpétuel, dans le devenir-animal, le devenir-Bébert, le devenir-totalitaire, on prend tous les risques, on explose la syntaxe, on déverse un proto-argot, on se ramasse, et on parvient même à faire sortir des écrasements historiques et sociaux des trésors de tendresse. Eh oui, comme tous les grands énervés, Céline sait aussi fondre de tendresse et d’amour pour sa meuf, son chat, ses amis, mais aussi ses pauvres, ses patients, ses prolos, ceux qui sentent la soupe, qui puent de la gueule, qui crèvent de la vérole, de la tuberculose ou du cancer, tous ceux pour qui le Front Populaire fut alors une miraculeuse épiphanie.

Céline écrivain de droite ? Oui, mais d’une droite métaphysique, ontologique, pour qui le surgissement de l’Être ne peut s’accompagner que d’un désespoir intégral et glaçant, d’une droite pour laquelle il n’y a pas de rédemption possible, et dont la parousie ne peut s’imaginer que comme une explosion vitaliste sans retour, un festival au lance-flammes…

Montherlant, lui, avec son beau style, ses gros tirages d’antan et ses postures agaçantes, était en fait un homme du passé. L’aboutissement plutôt que le commencement de quelque chose. Tout sonne un peu vieillot chez lui et surtout son style, un peu irréel, encore intéressant, parfois saisissant ou touchant, mais si loin, si loin… Montherlant héros d’une droite faussement moderne, qui se fait un film sur l’Ancien Régime, qui se prend le chou sur des arguties catholiques proprement inintelligibles aujourd’hui pour le Français moyen, ou qui ronchonne encore sur la perte de l’Algérie Française.

Montherlant qui a aussi sûrement agi pour la décrédibilisation de l’écrivain en tant qu’artiste et intellectuel utile et légitime à droite que Sartre et BHL à gauche, c’est dire !

Céline anticipe notre chaos quotidien, nous file une toolbox stylistique pour nous en sortir. Montherlant nous ouvre son musée, et nous explique que quand même, avant, c’était mieux…

Bukowski révérait Céline, et en fera un quasi-personnage dans son dernier roman.

Montherlant, même Le Figaro n’en parle plus !

Restent les livres, au-delà des hommes et des parcours. Mais combien les lisent encore vraiment, ces deux-là ?

Alain JAMOT
surlering.fr, 27/10/2009.
Repris sur le site montherlant.be

mardi, 25 janvier 2011

Le langage agressif d'un ambassadeur américain à l'égard de la France

Le langage agressif d’un ambassadeur américain à l’égard de la France

18 janvier, 2011 - Ex: http://www.knowckers.org/ 

Les États-Unis commencent à manifester une certaine nervosité à l’égard de la position européenne sur les Organismes Génétiquement Modifiés. Dans un télégramme daté du 19 décembre 2007 destiné au Département d’Etat à Washington, Craig Stapleton, ambassadeur américain à Paris, évoque la position française sur les Organismes Génétiquement Modifiés dans le cadre des discussions sur le Grenelle de l’environnement Grenelle qui venait de s’achever. Le Canard Enchaîné a sorti l’affaire le 12 janvier 2011, d’après les fuites organisées par Wikileaks.


Plusieurs éléments ressortent de l’analyse de ce télégramme diplomatique américain.


Selon Craig Stapleton, la France joue  avec l’Italie, l’Autriche et même la Commission, un rôle majeur dans la campagne anti OGM en Europe. Un des résultats concrets du Grenelle de l’environnement est l’interdiction du MON-810 (seul OGM autorisé en France). Cette décision serait vécue comme une catastrophe pour les intérêts de la firme multinationale nord-américaine Monsanto. Pour ne pas en rester là, l’ambassadeur américain suggère de frapper l’Union Européenne en se concentrant principalement sur les leaders du mouvement (c’est à dire la France).


Les mots de l’ambassadeur sont sans nuances : causer des dommages à travers toute l’Europe puisqu’il s’agit d’une responsabilité collective, mais en se focalisant sur les coupables. Les attaques contre l’UE doivent être menées de manière discrètes (on pense à des opérations d’information et d’influence). La liste des représailles doit être graduée  et avoir des effets durables à long terme. Cette idée d’attaquer la France et l’Union Européenne aurait été soufflée par un syndicat agricole français. Et l’ambassadeur de rajouter : en fait, les partisans des biotechnologies en France (incluant jusqu’à un syndicat agricole) nous ont dit que la seule solution pour faire changer d’avis la France était de déclencher des représailles.


Cette fuite est révélatrice du climat de tension concurrentielle qui règne autour de la commercialisation mondiale et des OGM et de la pénétration de ces produits sur le marché européen. Elle met en évidence les contradictions d’une partie des acteurs économiques français de ce secteur qui ne savent plus à quel saint se vouer pour entre r eux aussi sur ce marché porteur. Il est clair que l’absence de stratégie de puissance de la France sur cet enjeu abordé principalement par le politique sous l’angle du principe de précaution  facilite toutes les manœuvres des puissances concurrentes qui cherchent à appuyer l’action de leurs entreprises.

lundi, 24 janvier 2011

Edernité d'Edern

Edernité d’Edern

Entretien avec François Bousquet

Ex: http://blogchocdumois.hautetfort.com/

jdh.jpgLa société du spectacle célèbre la mort de François Mitterrand. Nous, nous célébrons celle de Jean-Edern Hallier, mort le siècle dernier, un 12 janvier. C’était un spectacle à lui tout seul. Retour sur le dernier grand phénomène de cirque de la littérature française avec François Bousquet, auteur de Jean-Edern Hallier ou le narcissique parfait, paru aux éditions Albin Michel, et qui a eu la chance de travailler avec lui à l’époque du « Jean Edern’s club » sur Paris première, quand l’animateur jetait d’un geste augustéen les mauvais livres dont on l’inondait.

Dans Jean-Edern ou le narcissique parfait, vous vous attardez longuement sur les grands coups d’éclat de Jean-Edern…

Je n’ai jamais cessé d’être époustouflé par ses audaces, ses échecs, sa folie. Il avait repris à son compte la devise de Mick Jagger : Too much is never enough. Et on peut nous croire, trop, chez lui, n’était jamais assez. Il a repoussé les limites du ridicule au-delà de tout horizon. Réellement, il s’autorisait tout. Une sorte d’impudeur fondamentale, étrangère au caricatural, guidait sa vie. Les mécanismes d’autocensure, ce que la psychanalyse appelle le « Surmoi », le tribunal de la conscience, ne jouait jamais chez lui. C’était un grand accidenté des débuts de la vie. On l’avait accouché au forceps, en l’éborgnant. Né cyclope, avec un seul œil, il s’est de suite réfugié dans le pays enchanté des mythomanes. Les thèses de Mélanie Klein sur le traumatisme de l’accouchement trouvent ici le sujet expérimental rêvé. Ébréché à la naissance, Jean-Edern est devenu un clown cyclopéen, un valet de comédie, anormalement confiné, avec les moyens physiques d’un adulte, aux guerres de tranchées des halte-garderies et des jalousies de classe maternelle. Ce qui s’est traduit en 1975, à l’âge de trente-neuf ans, par un attentat au cocktail Molotov dans la cage d’escalier de Françoise Mallet-Joris, alors vice-présidente du Prix Goncourt, prix avec lequel Jean-Edern était (et sera toujours) fâché. On ne compte pas les colis piégés qu’il a envoyés à des confrères, à Jean Daniel, à Jean-François Revel, qui n’ont pas explosé. Ça n’a pas toujours été le cas. En 1982, il a fait plastiquer, pour liquider un contentieux « scolaire » très ancien, l’appartement de Régis Debray, rue de Seine. La moitié de l’immeuble a sauté. Il n’y a eu, pour seule victime, qu’un malheureux chien. La même année, il s’est lui-même enlevé pendant une semaine avant de prévenir l’AFP qu’on le relâchait. C’étaient les Pieds Nickelés à lui tout seul. Il avait de la nitroglycérine dans le sang et réglait ses conflits de jalousie à la dynamite. Nous, on envoie prosaïquement des lettres recommandées avec accusée réception, lui envoyait des pains de plastic. Il allait toujours trop loin. Il suffisait qu’on lui dise : ne le fais pas, pour qu’il le fasse. Dans ces conditions, ça finissait toujours par une convocation dans le bureau du juge, mais l’explication de texte était toujours fournie chez Bernard Pivot.

Plutôt qu’à la littérature, vous préférez le rattacher à une autre famille, celle des grands bouffons ?

On veut à tout prix faire de lui un écrivain, mais il y en a bien assez. Jean-Edern a d’ailleurs rapidement oublié la littérature. Cet oubli, c’était peut-être quelque chose de l’ordre de l’acte manqué. Peut-être sentait-il inconsciemment qu’il ne serait pas à la hauteur de cette assignation au génie et s’en est tenu à la promotion tonitruante de livres à peine achevés. La campagne publicitaire a été incomparable, le plan média invraisemblable, mais la qualité de l’œuvre inversement proportionnelle à l’intentionnalité et au projet de grandeur. C’était un mégalomane parfait, un euphorique dominé par les superlatifs. Le plus grand, le plus intelligent, le plus admirable. Il jouissait de lui sous le mode de l’auto-érotisme, en s’administrant quotidiennement des surdoses d’éloges qui auraient tué tout autre que lui. On n’a pas idée du narcissisme ni des mécanismes d’auto-divinisation si l’on n’a pas pratiqué quelque peu Jean-Edern. Il avait fini par penser qu’il était prédestiné de naissance au génie, ce qui lui économisait de toute évidence d’en devenir un.

Pour vous, ça n’est pas un problème…

Son génie était ailleurs. Il a su renouer avec une tradition tombée dans l’oubli, le carnavalesque médiéval, la comédie italienne, les valets de Molière, tout le cortège du monstrueux joyeux du Moyen Âge, avec sa cour des miracles, ses gargouilles, ses bossus. Le miracle, c’est qu’une société aussi normative et hygiénique que la nôtre ait laissé passer un tel Scapin, aussi expert que lui en larronnerie et fanfaronnade. C’était un personnage de BD qui aspirait à entrer à l’Académie, et dont la vie a fini par ressembler à une suite de faits-divers dans un décor de cartoons. Quoi qu’il fît, c’était drôle, à ses dépens et aux dépens des puissants. Tout était comique, rien n’était tragique. Pourquoi était-il réduit à la condition des bouffons, et pas à celle des rois ? Parce qu’il était boiteux, borgne, estropié, au même titre que les nains de cour qui fournissaient, jadis, les contingents de bouffons pour donner la réplique aux princes. Mais Jean-Edern était un bouffon royal. Mieux vaut être un bouffon royal qu’un monarque ridicule. Dans Dostoïevski, le bouffon se dégonfle et en appelle à la compassion du public en lui livrant son sentiment d’indignité. Il n’ose pas être pleinement un prince de la dérision alors qu’un Stavroguine par exemple assume parfaitement d’être un prince du mal. Si le bouffon pouvait se livrer sans réserve à la dérision, aucun pouvoir n’y résisterait, pas même celui d’un Stavroguine. Il arracherait son masque de gravité et de dignité à l’Homme. Malheureusement, les bouffons ignorent certaines des potentialités de leur art : ils ne sont dangereux que par intermittence. Mais alors quelle puissance de destruction !

C’est à vos yeux en tant que directeur de journal, à la tête de L’Idiot international, qu’il a donné le meilleur de lui-même ?

Jean-Edern faisait du journalisme sauvagement, en dehors de tout cadre légal, sans carte de presse. C’était un journaliste par accident, qui a su transformer le fortuit et l’accidentel en miracle permanent. Obsédé par les grandes aventures de la presse, il a créé un journal d’écrivains et d’incendiaires, pour aborder l’actualité de biais, par l’inactualité de la littérature, sous le mode du hooliganisme littéraire et de la rupture avec tous les conformismes. Il y est parvenu, pendant cinq ans, de 1989 à 1993. Tous ceux qui comptaient ou allaient compter sont alors passés par L’Idiot international. C’était l’équipe de France Espoir de la littérature, même s’il y avait quelques vétérans du Barreau et de l’Académie. L’Idiot a été une merveilleuse licence sur l’époque, un permis de tuer par le style, arraché par Jean-Edern au consensus journalistique.
Jean-Edern voulait sortir la littérature du ghetto littéraire. Il était exotérique, populiste, plébiscitaire, visait un public de cent mille personnes. Les petites salles ne retenaient pas son attention. Ce qu’il fallait à sa folie, c’était le Stade de France. Et il l’aurait rempli ! Seulement, refaire L’Idiot international aujourd’hui serait impossible. C’était un journal inimitable, inimitablement dirigé. Les conditions de l’époque et la vigilance des tribunaux interdisent la renaissance de ce type de presse. Il y a des polémistes, mais ils n’auront jamais le mégaphone de Jean-Edern ni sa capacité à médiatiser une intervention. La prise de parole, dans une société médiatiquement bloquée, passe par la provocation, praxis à double tranchant : d’un côté elle a un très fort coefficient de médiatisation et de l’autre elle est délégitimante. Elle vous retire tout de suite ce que vous avez arraché grâce à elle. Jean-Edern forçait les portes des grands médias grâce à sa popularité de clown, qui le protégeait tout en le déconsidérant, et inversement. Témoin douteux de la vérité, il était systématiquement récusé, en dépit des écoutes téléphoniques et des condamnations de justice. N’oublions pas qu’il a été l’homme le plus écouté de France et son journal le plus condamné. Mais à trop hurler au loup, c’est le loup qu’on croit.

Que dire de ce couple inattendu qu’il a formé avec François Mitterrand ? Le prince et son poète ? Ou plutôt devrions-nous dire le monarque et son bouffon ?

François Mitterrand était un voyeur. Ce n’est pas la première fois que le pouvoir appelle ce genre de perversion. C’est Mitterrand qui trichait, c’est Jean-Edern qui disait la vérité. Il ne faut pas renverser les rôles. Jean-Edern a indiscutablement mis en scène sa victimisation, mais on ne peut nier qu’il a bel et bien été persécuté par le pouvoir. Dans le cas de la cellule antiterroriste de l’Élysée, le président de la République a été pris d’une frénésie d’espionnage qui excède largement les capacités de nuisance de Jean-Edern et les nécessités de la surveillance. Les écoutes n’étaient pas seulement illégales, mais inutiles. Ce qui nous conduit logiquement à penser que Mitterrand y prenait un certain plaisir. En gourmet, il se délectait de son indiscrétion. Est-ce que Jean-Edern était un terroriste sérieux ? Non, assurément. Le terrorisme pose, lui aussi, la question de l’autorité. Jean-Edern était un amateur, discrédité d’avance, et dont la cause était beaucoup moins politique qu’infantile. C’était au fond du terrorisme passionnel. À eux deux, ils forment le couple du voyeur et de l’exhibitionniste, du prince et du bouffon, du gendarme et du voleur. Peut-être fallait-il, en ces temps d’ennui, de normalisation et de conformisme, un David comique pour terrasser un Goliath compassé.

Que pensez-vous des spéculations autour de sa mort, assassinat ou non ?

C’est le type même de la thèse qui n’aurait jamais dû quitter son rang d’hypothèse. Jean-Edern est mort d’un arrêt cardiaque, usé qu’il était d’excès tabagiques et alcooliques. Il a eu un cancer, fait des infarctus, des gardes à vue et même une parodie de funérailles nationales au Panthéon avec la complicité de Léon Zitrone. L’idée, farfelue, d’un « contrat » lancé contre lui a été relayée par la partie folklorique de son entourage, autant de cryptomanes et de conspirationnistes éminemment sympathiques, mais qui s’enflamment à tout bout de champ et font ressurgir, au moindre indice, le secret de l’Atlantide englouti. C’est difficile de les suivre. Si on avait dû tuer Jean-Edern, on l’aurait fait plus tôt. Tel n’a pas été le cas. Son « assassinat manqué » n’est donc pas venu couronner une carrière d’opposant, ni faire du « martyr ridicule », comme les appelait Léon Cladel, un héros de la liberté. Ce que Jean-Edern n’était pas. Héros, il l’était, oui, mais du médiatique.

Jean-Edern aurait-il tout sacrifié à la célébrité ?

Tout est vain, comme dit l’Ecclésiaste, et singulièrement notre société du spectacle. Mais la télévision était une tentation trop grande pour Jean-Edern et tenait du pacte faustien mal interprété. Comme il visait la plus forte Unité de bruit médiatique, il s’agitait sans arrêt pour passer au « Vingt Heures » ou du moins figurer en bonne place dans le journal, sous n’importe quelle rubrique, dans la page économie, people ou faits-divers. La France entière devait le voir. C’était vital pour lui. Quand il a été animateur, le problème s’est résolu de lui-même : il est entré dans la boîte. Quoique inactuel, c’est un héros de notre temps. Il est très difficile de survivre à l’incinération télévisuelle. La société du spectacle fait une consommation effrénée de héros provisoires, d’histrions jetables et autres chanteurs d’un soir. Jean-Edern a malgré tout survécu à sa disparition médiatique. L’historien des trente dernières années du XXe siècle sera surpris de retrouver son nom partout, en politique, en littérature, à la télévision, au tribunal. Moteur hybride, il fonctionnait à n’importe quoi, pourvu que ça le conduise à la seule Terre promise qui compte : la télévision. Premier Prix au Concours Lépine de l’entrisme télévisuel… et du sortisme, parce qu’on le chassait au moins aussi souvent qu’on le recevait. Il avait même le projet de faire le Paris-Dakar avec le capitaine Barril. Quel attelage ! Manquait un dromadaire. Il appartient à l’histoire poétique du charlatanisme. Proto-héros précaire et clinquant, il aurait trouvé naturellement sa place dans un film d’Emir Kusturica, avec Maradona, Richard Virenque et Rossinante. Comment ne pas tomber amoureux d’un pareil équipage ! C’est peut-être l’équation secrète du quichottisme.

Alors que reste-t-il de lui ?

Jean-Edern se présentait à nous sur une scène de théâtre, sur des tréteaux, en clown débridé et fraternel. Notre relation à lui était celle de spectateurs médusés. Ce n’était pas un maître, il ne dispensait aucun enseignement. Il vivait en perpétuelle insécurité narcissique, entouré d’une nuée de jeunes gens émerveillés par sa folie et son abandon à la parole et à l’admiration des autres. Je trouve que dans cette lutte poétique que mènent les délicats contre la classe prédominante des vulgaires, il n’était pas le moins beau. Albatros baudelairien qui n’est pas près d’être surpassé, j’ai voulu lui rendre hommage, sans occulter l’envers du décor.
Jean-Edern nous rappelle qu’il peut y avoir de l’excellence ailleurs que dans le cursus honorum balisé de l’écrivain classique, qui fait des livres et des colloques, en suivant la flèche de la littérature. En tant que calamité sociale, il relevait de la piraterie, du picaresque et du vaudeville. Il faut être aveugle et insensible pour ne pas deviner là un potentiel poétique exceptionnel et inédit. À un certain niveau, l’escroquerie s’apparente à une œuvre d’art et le bateleur télévisuel à un djinn plus féerique que médiatique. Ça ne me dérange absolument pas que Jean-Edern n’ait été que ce qu’il était, puisqu’il l’était par privilège poétique et décret divin. C’était un poète monté sur un clown, et qui se jetait pour finir dans le vide. Ses ennemis se refusent à l’admettre par principe, mais c’était beau à voir.

François Bousquet, Jean-Edern Hallier ou le narcissique parfait, Albin Michel, 140 p., 13€.
Frédéric Hallier, Denis Gombert et François Bousquet, « L’Idiot international », une anthologie, Albin Michel, 232 p., 25€

mercredi, 19 janvier 2011

Rébellion n°45

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Sortie du numéro 45 de "REBELLION"

Sommaire: http://rebellion.hautetfort.com/

Avec un hommage à Jean PARVULESCO!

samedi, 15 janvier 2011

Pierre Gripari, portrait de l'écrivain en joyeux pessimiste

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Pierre Gripari, portrait de l'écrivain en joyeux pessimiste

par Anne Martin-Conrad

(Infréquentables, 8)

Ex: http://stalker.hautetfort.com/

Vous avez dit «infréquentable» ? Oui, bien sûr, et heureusement ! Où serait la grandeur d’un écrivain qui plairait à tout le monde ?
Gripari est né en 1925, mort en 1990 : le calcul est vite fait et vous m’avouerez qu’être fréquentable en ce siècle ce serait plutôt inquiétant. Ils sont d’ailleurs nombreux ceux qui ont été couverts d’honneurs et sur lesquels la pierre du tombeau s’est refermée lourdement : on n’en parle plus, on ne les lit plus. Il est vrai qu’on inventait alors l’intellectuel, qui devait se confondre avec l’écrivain… Peine perdue, leur compte est bon, les hommes, les idées, passent, les œuvres resteront.
Les nuages noirs qui menaçaient toute entreprise littéraire, toute réflexion à cette époque, c’était le communisme et la psychanalyse : il n’y avait pas d’autre grille de lecture. Hélas, à peine en a-t-on fini avec celles-là que d’autres se précipitent à l’horizon : la même quantité de bêtise et de conformisme pèse toujours sur le monde, sous une forme ou sous une autre. Aujourd’hui, les droits de l’homme et les bons sentiments continuent de semer la mort à tous les points cardinaux : fuyons les amoureux de l’humanité.
Des vertus requises pour réussir dans le monde littéraire de ces temps de misère, Gripari n’en avait aucune. La souplesse qui fait les carrières, la flatterie qui ménage les puissants, le dossier de subvention glissé au bon moment au bon endroit, sur le bureau qui l’attend ce n’est pas que Gripari se le refusait, c’est qu’il n’en avait aucune notion !
Dans le livre d’entretiens, Gripari mode d’emploi, son ami Alain Paucard lui dit : «Ça commence par un malentendu, ça se poursuit par un purgatoire, et ça finit par une réhabilitation !» Faut-il vraiment le souhaiter ? S’il s’agit de consensus, non : une œuvre digne de ce nom doit rester au-dessus de tout, en quelque manière infréquentable.
Comme dirait une femme célèbre, et largement surestimée, «on ne naît pas infréquentable, on le devient !» Mais la vie est une sorte de lutte entre un individu et le monde qui l’accueille : il naît avec quelques atouts, un noyau dur, il les confronte avec ce qui l’entoure, puis, un jour, c’est la bataille en rase campagne. Il faut conquérir l’univers… c’est un corps à corps dont il sort, éventuellement, mais rarement, une œuvre.
Gripari aimait ce thème, il le décline dans tous ses romans, Pierrot la Lune, Gripotard, Branchu, dans ses contes aussi, Le Prince Pipo, Jean-Yves sont des enfants de Wilhelm Meister. Et il ne s’agit pas de grandir pour se perdre dans la masse, mais pour accomplir une vocation, quel qu’en soit le prix. Il faut apprendre à désespérer de bonne heure, mais la mélancolie contemplative n’est pas pour lui et sa profession de foi, souvent répétée est : «la tête qui dit non, le cœur qui dit oui.»
Les années d’apprentissage de Pierre Gripari forment un socle fragile qui prépare le terrain pour une vie difficile : un père arrivé de Grèce et fraîchement naturalisé, une mère normande que l’ambition déçue amène à prendre un amant, puis à noyer le chagrin qui s’ensuit dans les alcools forts. Elle en meurt en 1941. Le père est tué sur une route de Touraine par un mitraillage allié en 1944… Les astrologues disent doctement que Gripari avait Mars dans son ciel.
Les années 40 avaient amené la famille Gripari dans un village des bords de la Loire, Saint-Dyé, et Pierre s’y retrouve seul avec son jeune frère… Ce village existe, j’y suis allée dans les années 90 : on se souvient des Gripari. Ils étaient scandaleux, infréquentables, déjà… Et Pierre qui n’aimait pas les filles ! C’est le comble.
gripari2.jpgCe jeune homme qui a fait de bonnes études, interrompues par les événements, travaille comme dactylo chez le notaire, s’emploie l’été chez un cultivateur, joue du piano le samedi soir dans les bals. Bref, il n’y a rien à lui reprocher, mais, tout de même, il n’est pas comme tout le monde : on le lui fait savoir. Pourtant, il est communiste, selon l’air du temps, mais à sa façon sans doute.
Il écrit, mais personne ne le sait. La vie est un théâtre, dit Shakespeare, et Gripari entre déjà dans son rôle : il imagine une correspondance qui s’adresse à un inconnu rêvé et qui est signée Alceste… Grande solitude, sentiment d’exil.
Au cours de son enfance mouvementée, il avait eu recours aux livres, ceux des autres : «J’ai parlé autre part de l’émerveillement, du sentiment de fraternité joyeuse qu’ont éveillé en moi, lorsque j’étais enfant, des livres comme Croc-Blanc ou David Copperfield. J’ai retrouvé cela depuis avec Homère, Tolstoï, Gogol, Kipling, Céline… Ce qu’ils m’ont apporté n’était pas quelque chose d’accessoire, ce n’était pas du luxe, ni du superflu. C’était, c’est au contraire quelque chose d’essentiel, de vital.» Il se considère comme un héritier, à lui maintenant d’écrire, envers et contre tout.
«Je pars à l’armée en 46 avec la carte du Parti dans la poche, je la fous en l’air après avoir lu Kravtchenko, je reviens à Paris en 49, sur mes vieilles positions sceptiques, épicuriennes et pessimistes […] déclassé total, je me retrouve au milieu de gens dont la mentalité m’est totalement étrangère, snobé par mes anciens amis […] dans le quartier, au bureau, les seules personnes qui m’intéressent sont des communistes, et je reviens tout doucement à eux.»
Il travaille à la Mobil Oil, apprend le russe aux cours du soir de France URSS, tout naturellement, puisqu’il aime les livres, il exerce les fonctions de bibliothécaire pour le compte de la CGT… C’est là que les choses se gâtent : au lieu de recommander la littérature soviétique, il conseille Gogol ! Scandale… Sans compter qu’au syndicat, on n’aime pas beaucoup les «pédés».
Dans les années 50, à l’occasion d’un voyage en train vers la Grèce, où il rencontre sa famille paternelle, il traverse la Yougoslavie, voit le communisme de l’intérieur et en sort définitivement, guéri de toute espérance dans quelque système que ce soit, sur la terre comme au ciel.
Son expérience, du communisme et de ses avatars lui sera une source abondante d’inspiration… Cela nous vaut quelques nouvelles jubilatoires et le personnage émouvant de Socrate-Marie Gripotard.
Vers la fin des années cinquante, il cesse de jeter ses carnets, ses essais… Il écrit, pour le théâtre, et son premier roman, Pierrot la Lune. Et là commence sa brillante carrière d’infréquentable, en tant qu’écrivain… D’abord, il y évoque, avec une sincérité qui n’était pas de bon aloi à l’époque, son homosexualité. O, rien de scandaleux, pas de descriptions scabreuses, plutôt le trouble et la difficulté qu’il y a à le vivre. Au pire, c’était tout de même immoral, au mieux, c’était gênant… personne ne s’y retrouvait, ni les censeurs, ni les intéressés eux-mêmes.
Le récit de cette jeunesse se situait dans les années quarante… le sujet était délicat et les opinions bien tranchées. Lui raconte ce qu’il a vu, avec étonnement, avec le souci de la vérité, d’évoquer la complexité de la situation. Rien pour arranger les choses ! Dans l’après guerre, on s’installait dans le noir et blanc et nous y sommes toujours, il faut bien le dire.
Ce manuscrit se retrouva sur le bureau de Roland Laudenbach à La Table Ronde, dûment recommandé par Michel Déon qui avait été séduit par Lieutenant Tenant
gripari 4.jpgLieutenant Tenant est la première pièce jouée, en 1962… Une critique flatteuse de Jean-Jacques Gautier l’avait lancée et un reportage photo dans Paris-Match avait précipité Pierre sous les feux de la rampe (le système a parfois des faiblesses et laisse passer… Il ne peut pas tout contrôler, aussi rigide qu’il soit). Et voici que tout se gâte : après quelques semaines, le producteur trouve que la pièce est trop courte et lui demande d’ajouter une scène. Pierre refuse (on reconnaît là sa propension à être infréquentable !) Il n’a pas de vanité d’auteur, mais beaucoup d’orgueil et ne supportera jamais qu’on touche à ce qu’il écrit. Qu’à cela ne tienne, le producteur fait écrire la scène par un autre… ce que Pierre n’accepte pas, évidemment.
Cet acte de rébellion arrête net sa carrière d’auteur dramatique, et le malentendu n’est pas seulement économique et médiatique : «Ceux qui attendaient une pochade antimilitariste furent déçus. Les habitués du boulevard trouvèrent les scènes philosophiques trop lourdes. Les staliniens (russes ou chinois) du théâtre «engagé» tiquèrent devant les allusions aux Tatars de Crimée qui furent massacrés, sur l’ordre de Staline, à la libération du territoire. Et le public de l’avant-garde qui a mauvaise conscience dès qu’il ne s’ennuie pas, trouva la pièce légère.»
Il aggrave son cas en refusant de signer le fameux Manifeste des 121… Pour lui, l’Algérie sera algérienne, c’est inévitable, mais ce n’est pas une raison pour trahir les Français installés là-bas depuis des générations et à qui on a promis... Il est remarquable de voir que la plupart des thèmes qui l’ont diabolisé et qui donnaient lieu à des conflits sanglants, n’ont plus de sens aujourd’hui ! Comme la querelle du Filioque et celle des Iconoclastes, ils ne sont plus que matière d’Histoire.
Plus jamais il ne sera joué ailleurs que dans les cafés-théâtres. Pas de subventions pour lui, pas de metteur en scène qui s’y risque… Sauf Guy Moign qui créera une compagnie et montera ses textes chaque fois qu’il le pourra, mais pour qui jamais les grandes salles ne s’ouvriront.
Gripari avait écrit des contes pour la jeunesse. Il était sous contrat avec La Table ronde, l’éditeur de l’Algérie Française, qui publiait aussi des romans, mais des livres pour enfants… jamais. Les célèbres Contes de la rue Broca parurent en 1967 : un beau volume de la collection Vermillon… sans images, diffusé comme les pamphlets politiques qui faisaient la renommée de l’éditeur. Aucun succès ! Chute dans un gouffre sans fond…
C’est Jean-Pierre Rudin, libraire à Nice, qui, au début des années 70 entreprit une croisade, vendit deux mille exemplaires à lui tout seul, par la persuasion ou la terreur… Le contact était établi, hors des fameux «circuits» et les enfants le plébiscitèrent. Depuis, les Contes de la rue Broca ont refait le chemin à l’envers, investi les écoles, les bibliothèques, le ministère de l’Education nationale lui-même… Là, les choses se gâtent, car tout le monde s’en saisit et les «adapte». Une notion très dangereuse… Qui lit Perrault dans la merveilleuse version originale des Contes de ma Mère l’Oye ? Même chose pour les contes de Gripari. Lui qui travaillait scrupuleusement le rythme, le choix des mots, se voit souvent attaqué par toute sorte de prédateurs-adaptateurs et autres simplificateurs : c’est la rançon du succès.

Je disais bien qu’être trop fréquentable, c’est un autre genre de malédiction ! Mais rassurons-nous, c’est la seule partie de son œuvre qui trouve grâce aux yeux du monde tel qu’il est.
À la fin de ces années 60, les malentendus étaient donc déjà bien installés. Comme il est passé du communisme à la fréquentation d’un milieu de droite, à cause de son éditeur, et qu’il s’y est fait des amis, c’est un traître de la pire espèce. Ou bien, comme un esprit libre est vraiment infréquentable dans tous les mondes possibles, cela arrange le milieu littéraire, théâtral, journalistique de le cataloguer ainsi. En fait, Gripari n’est pas un idéologue, c’est un moraliste, il le dit, l’écrit et le montre : «Moi, je suis un individualiste discipliné, qui paie ses impôts, jette ses papiers dans les corbeilles, afin que l’État lui foute la paix sur tout le reste.»
C’est à ce moment-là que je l’ai connu. Il était solide comme un roc : il écrivait et tout le reste était secondaire. C’était sa force. Pour se loger et se nourrir (très mal !) il continuait de faire des petits travaux de bureau qui l’occupaient à mi-temps et lui laissaient la tête libre. Vivant comme un moine, il n’était embarrassé de rien : pas de voiture, pas de télé, pas de radio, même pas de livres ou presque, car il en achetait quelquefois qu’il donnait aussitôt lecture faite. Quand ses amis, cherchant à l’aider, lui offraient un objet quelconque ou un vêtement, il remerciait gentiment et s’en débarrassait immédiatement, trouvant toujours plus pauvre ou plus intéressé que lui.
gripari5.jpgCet état de pauvreté consenti lui donnait une apparence un peu particulière qui le rendait encore infréquentable à une autre échelle : celle des relations sociales. Il allait en sandales, à grandes enjambées, le pantalon attaché avec une ficelle, un «anorak» informe jeté sur les épaules. Le luxe qu’il s’accordait, dès qu’il le pouvait, c’était l’opéra, un lieu où il faisait certainement sensation, mais quant au répertoire il le connaissait certainement mieux que la plupart des spectateurs qu’il y côtoyait.
Mais c’était un si joyeux compagnon, si cultivé, si drôle, si original qu’il était souvent invité à dîner. Il se mettait à table avec grand appétit, riait à gorge déployée, racontait une histoire aux enfants, flattait les animaux de la maison, et si par hasard il y avait un piano, il jouait des rengaines (son répertoire de pianiste de bal) entrecoupées de leitmotive des opéras de Wagner. Après quoi, tout le monde faisait silence et il nous lisait un texte fraîchement écrit.
En 1969, La Table ronde renonce à publier cet auteur par trop atypique… Dans les deux années qui suivent, il sera refusé par dix-sept éditeurs. Ne nous privons pas d’en faire la liste : Gallimard, Flammarion, Albin Michel, Bourgois, Julliard, Le Seuil, Belfond, José Corti, Balland, Fayard, Denoël, Laffont, Grasset, Losfeld, Stock, Mercure de France, Marabout… Il est à noter que parmi eux, il en est de grands et qui ont du flair : il est à craindre que les refus émanèrent de lecteurs plus soucieux du politiquement correct que de la valeur littéraire.
On les comprend, je veux dire qu’on comprend leur prudence, ils avaient une mission : faire tenir debout l’aveuglement idéologique sous toutes ses formes, soutenir coûte que coûte le progrès, le féminisme, la psychanalyse, la décolonisation, mai 68, Mao… C’est que Gripari n’y allait pas par quatre chemins. «Il ne faut jamais faire de concession, les concessions, c’est comme le crime : ça ne paye pas», disait-il et il savait bien qu’il n’avait plus rien à perdre… «Si ces cons-là n’en veulent pas, (il parlait de ses manuscrits), ils peuvent m’étouffer, me faire crever, d’accord, mais ce sera tant pis pour eux d’abord. C’était quand même tragique, parce que, quand on n’est pas publié, on est moins motivé à écrire. On a beau dire, quand le débouché n’existe pas… Je me suis vraiment senti menacé d’asphyxie, de mort lente, d’assassinat». Cette douloureuse expérience nous vaut une description à la manière de Balzac du milieu éditorial dans Histoire de Prose. Il était catalogué : mécréant, fasciste, provocateur. Le pire, le plus insupportable est qu’il n’attaquait pas de front, il n’opposait pas une idée à une autre, il détournait tout en ironie, en rêve, en drôlerie.
Il ne disait pas «Dieu n’existe pas !», il disait «On ne sait pas pourquoi les hommes ont tant besoin de son existence !» Dieu est le personnage principal de l’œuvre de Gripari. Il est partout, dans les romans, les nouvelles, les poèmes, de même que Jésus, la Vierge et le Saint-Esprit., A tel point que dans les pays très catholiques, comme l’Espagne ou la Hongrie, on n’a pas souhaité publier le Petit Jéhovah ou le Gentil petit diable.
L’Histoire du méchant Dieu, son exégèse biblique à lui, a de quoi énerver le chrétien sincère ou pratiquant, ou tout simplement l’amoureux de juste mesure, mais L’Évangile du Rien, une anthologie de textes sacrés ou mystiques est un très beau livre, une sorte de bible nihiliste. La fin, la disparition des dieux dans son roman posthume, Monoméron, dont c’est le sujet, arrache des larmes au matérialiste le plus endurci.
Il aimait la Bible, comme il aimait les poèmes homériques. L’Éternel le fascinait, alors que, pour lui, le Jésus des Évangiles était «un personnage littéraire peu crédible»… Et si vous êtes intrigués par des personnages tels que le nain Dieu, le géant Jésus, Sainte Épicure et la déesse Bonne Mère, les clés sont dans le roman Le Conte de Paris. L’un de ses amis, religieux traditionaliste notoire, officiant à Saint-Nicolas du Chardonnet, pouvait dire avec humour mais non sans vérité : «Si Dieu n’existait pas, je me demande ce qu’il aurait raconté !».
Il n’en ratait pas une : dans les années 70, Bettelheim avait décrété que les contes de fées n’étaient pas démocratiques et qu’il ne fallait plus de rois, ni de princesses. Gripari ignorait l’oukase et continuait d’en écrire. C’est sans doute cet épisode auquel il avait été confronté qui lui donna l’idée de Patrouille du Conte. Une patrouille doit moraliser les contes : le loup ne peut plus manger la grand mère, l’ogre doit opter pour un régime végétarien… Heureusement, l’entreprise tourne mal et les contes retrouvent la délicieuse cruauté qui réjouit les enfants et nous laisse à tous d’excellents souvenirs.
Il avait pris le pli du paradoxe, du pas de côté, tout lui était bon pour renverser les situations et les fameuses «valeurs». Malgré son goût des hommes, Gripari n’avait rien d’un misogyne. Il était simplement irrité et amusé par les slogans féministes. Il leur préférait la franche et joyeuse guerre des sexes et son Roman Branchu illustre le sujet avec allégresse. Ses histoires ne se terminent jamais par un mariage heureux et il y a peu de femmes, sauf les déesses mères, dans son œuvre : «L’amour fin en soi, l’amour fou, l’amour sauveur du monde m’inspirent la même méfiance, la même gaieté amère, la même agressivité goguenarde que la joie du martyre.» Lisez que, même si on remplace la femme par un homme, la question de fond est que, pour accomplir une œuvre, il faut s’y engager, il faut être seul et libre de toute pesanteur affective ou matérielle.
gripari7.jpgTout cela ne fait pas un gros dossier de presse ! Et quand un journaliste aventureux chronique les Contes, encore aujourd’hui, il ne manque pas de prendre les précautions d’usage, disant que son œuvre pour adultes sent le soufre. Le jour où Jacques Chancel l’invita pour la célèbre émission Radioscopie, en 1979, il fut rappelé à l’ordre par la LICA… Gripari s’était livré à quelque plaisanterie saugrenue sur le racisme !
Les dix dernières années de sa vie, il participa à une émission de radio qui consistait en des exercices littéraires dans le style de l’Oulipo. Il y était très apprécié des auditeurs, car, non seulement, il excellait dans ces jeux «de potache, de matheux en goguette», disait-il, mais il était très drôle et apportait une animation très personnelle… Là aussi, rien n’arrêtait une boutade ou une plaisanterie de telle sorte que le producteur de l’émission nourrissait à chaque enregistrement de légitimes inquiétudes.
En 1975, Grasset Jeunesse commence à publier tout ce qu’il écrit pour les enfants, réédite en albums très bien illustrés par Lapointe les Contes de la rue Broca et les Contes de la Folie-Méricourt. Dans le courant des années 80, il pourra vivre de sa plume… toujours comme un ascète, mais en tous cas, libre de son temps.
À auteur infréquentable, éditeurs infréquentables, en tous cas hors du système éditorial, commercial, médiatique : enfin, il les rencontre ! D’abord en 1972, Robert Morel, chrétien de gauche, installé dans les Hautes Alpes, qui laissera un catalogue de livres reliés, très originaux, publiera Les Rêveries d’un Martien en exil (des nouvelles), et Gueule d’Aminche (un polar méditerranéen inspiré de l’épopée de Gilgamesh) puis s’empressera de faire faillite.

Enfin, en 1974, il rencontre Vladimir Dimitrijevic, le fondateur de L’Âge d’Homme, l’éditeur des dissidents russes, qui deviendra son ami. Désormais, tout ce qu’il écrit sera édité : poésie, théâtre, romans, essais, nouvelles…
Gripari est mort jeune, je veux dire qu’il avait encore des histoires à raconter et en ce XXIe siècle déjà bien engagé, il est toujours un auteur inconnu. Ceux qui l’ont rencontré, qui l’ont lu, qui ont parlé avec lui, l’ont trouvé très fréquentable, amical, généreux, courtois et bienveillant.
Rue de la Folie Méricourt, sa dernière adresse, il déjeunait «en dessous» de sa chambre, chez Dany. C’était une gargote où il y avait encore des habitués ronds de serviette, employés, ouvriers, artisans qui travaillaient dans le quartier. Certains jours, il y avait les déménageurs qui sont immortalisés dans l’un de ses contes… Le chien dormait sous le bar, le saucisson beurre, les harengs à l’huile et les plats en sauce étaient promptement dévorés. Et c’était un spectacle réjouissant de voir Pierre Gripari causant avec tout le monde, racontant, riant, chantant, commentant les nouvelles et les résultats sportifs. Ici, son élégance toute personnelle ne choquait personne. Non, il n’était pas du tout infréquentable,
«Il faut des malheurs pour que naissent et s’épanouissent les héros» dit le poète. Pierre Gripari a connu l’adversité, l’injustice et l’incompréhension. Jamais il ne s’est incliné, jamais il n’a remis en question l’idée qu’il se faisait de la grandeur de son métier : écrivain, raconteur d’histoires.

C’est la Mort, la Faucheuse, qui l’a trouvé très fréquentable, et un peu trop tôt.

On est complice de ce qui arrive, Gripari marchait joyeusement dans les flaques en ayant la tête levée vers les étoiles.

Heureusement il a rencontré ses frères, lecteurs, éditeur.

L'auteur
Anne Martin-Conrad, née en 1941, autodidacte, a eu de nombreuses activités professionnelles, parmi lesquelles celles de journaliste et libraire. Elle a accueilli Pierre Gripari dans sa librairie-théâtre en 1967 et a fait partie de son cercle d'amis jusqu'à sa mort, puis elle a animé l'Association des Amis de Pierre Gripari pendant dix ans. Elle a publié un Dossier H aux éditions L'Âge d'Homme et un Gripari dans la collection Qui suis-je ? (en collaboration avec Jacques Marlaud) chez Pardès en 2010.

mardi, 11 janvier 2011

Présence des musulmans en Europe : nouvelles manipulations en vue

Jean-Gilles MALLIARAKIS:

Présence des musulmans en Europe nouvelles manipulations en vue

Ex: htpp://www.insolent.fr/

Jean-Yves Le Gallou: l'immigration silencieuse

 

Jean-Yves Le Gallou: l'immigration silencieuse

lundi, 10 janvier 2011

Drieu la Rochelle, poeta della decadenza

Drieu La Rochelle, poeta della decadenza

Pierre Drieu La RochelleVi sono scrittori che impersonano nella loro esistenza e nelle opere un’epoca intera con tutte le sue contraddizioni. Pierre Drieu La Rochelle è stato uno di questi enfants du siècle. E il fascino dei suoi romanzi è legato non solo alla loro efficacia letteraria, ma anche al fatto che lo scrittore francese è diventato il simbolo di una generazione, quella degli “anni ruggenti”, divisa fra una vita disordinata e la ricerca di un ordine personale e sociale. Personaggi e romanziere si sono identificati agli occhi dei lettori sino a perdere ogni distinzione. E così doveva avvenire perché tutta la sua narrativa è un lungo monologo autobiografico in cui fantasia e confessione si intrecciano inestricabilmente.

 Qualcuno lo ha definito il fratello di F.S. Fitzgerald, il poeta della decadenza, della disintegrazione di una civiltà. E la definizione è, in parte, esatta. Drieu infatti è fra gli scrittori francesi che hanno avvertito più tragicamente e intensamente la crisi dell’uomo occidentale. “Il suo spirito era abituato – ha scritto in un romanzo – a confrontare la vecchiezza di oggi, che si dibatte con scosse secche e nervose, alla giovinezza creatrice con le sue armonie calme e piene”.

Le sue opere letterarie più significative, come Drôle de voyage, Fuoco fatuo, Rêveuse bourgeoise, Gilles, sono tutte modulate su questo tema della decadenza. I personaggi ne sono partecipi e rivelano nelle loro vicende l’incapacità di avere rapporti costanti e normali con gli altri, donne, uomini e ambienti, in un’alternanza di desideri e delusioni, di decisioni e di rinnegamenti; spinti continuamente a fuggire, a evitare ogni legame per timore di dovere “scegliere”.

Le pagine più compiute della sua narrativa, in genere scostante come scostante era lo stesso scrittore, sono appunto quelle in cui Drieu esprime questa atmosfera di crisi attraverso un ritmo linguistico che passa da un periodare secco e duro a una prosa densa e contorta. Ma parlare in Drieu di un’unità e costanza stilistica sarebbe, a parer nostro, inesatto: per lui infatti lo stile era un puro strumento che doveva adattarsi alla materia che trattava. Mentre, per fare un esemio, Fuoco fatuo e La commedia di Charleroi sono costruiti in un linguaggio scabro ed essenziale, Drôle de voyage e la prima parte di Gilles, che descrivono invece una corruzione di sentimenti e un clima di disfacimento, sono modulati su un ritmo più contorto, denso, colmo di echi e di riferimenti. Ma il caso più significativo è quello di Rêveuse bourgeoise,dove l’autore, dovendo rievocare in chiave fantastica la storia della sua famiglia e l’ambiente della media borghesia durante la belle époque, adotta consapevolmente il linguaggio del naturalista.

Pierre Drieu La RochelleLa modernità di Drieu sta, a parer nostro, nella struttura costante di tutta la sua opera che, al di là delle differenze stilistiche sottolineate, fonde nel tessuto narrativo materiali di diversa estrazione, descrizioni di vicende, meditazioni interiori, annotazioni storiche e di costume, costruendo un vero e proprio tipo di “romanzo-saggio”. Ma, a differenza di altri narratori, Drieu descrive senza definire: tutta la sua narrativa manca cioè di corposità veristica, i personaggi non hanno volto, sono centri nervosi, temperamenti – o forse anime – e i loro rapporti non sono quasi mai visti direttamente, ma attraverso lo schermo dei loro riflessi emotivi.

Faremmo però un torto al romanziere francese se lo riducessimo a un puro descrittore della decadenza. La consapevolezza della decadenza non era per lui un alibi, una giustificazione per accomodarsi nella poltrona di un nichilismo senza speranza. In lui era viva l’esigenza di una rivolta per modificare una situazione personale e sociale che giudicava negativa. L’aveva già sperimentata durante la prima guerra mondiale, che gli ispirò il suo racconto più compiuto, quella Commedia di Charleroi, in cui i temi della guerra moderna come simbolo della decadenza, il desiderio di rivolta, l’eroismo e la paura si mescolano in un impasto linguistico di derivazione surrealista, spezzato, rotto, in cui passato e presente, azione e meditazione formano vari piani narrativi intrecciati fra di loro in una struttura armonica.

Questo bisogno però di una rivolta, invece di esprimersi, come sarebbe stato proprio per uno scrittore, in una ricerca e in un approfondimento interiore, lo spinse verso l’azione pubblica, nell’evasione dell’impegno politico attivo che si concluse, come si sa, nella sua adesione al fascismo e nel tragico suicidio. Ma – ed è bene sottolinearlo per comprendere appinero la sua personalità – negli ultimi anni lo scrittore francese stava maturando una meditazione che lo allontanava sempre di più, da un punto di vista psicologico, dalla politica, dagli aspetti più contingenti della storia, e lo portava a cercare certezze non condizionate dagli avvenimenti. L’ultimo Drieu, che fra l’altro ha scritto quella stupenda confessione che è Racconto segreto, viveva ormai orientato verso una prospettiva metafisica, nella lettura di San Paolo, dei Vangeli e dei testi sacri orientali.

Pol Vandromme ci offre in questo saggio un ritratto prevalentemente psicologico di Drieu nella sua epoca, molto importante per capire i temi fondamentali delle sue opere, e nello stesso tempo sottolinea i motivi originali di questo autore che ha anticipato, pur nei limiti della sua formazione culturale, non solo una certa letteratura dell’incomunicabilità del dopoguerra, ma anche una corrente letteraria francese, quella che è passata alla storia degli anni cinquanta come la scuola degli ussari e degli enfants tristes.

Presentazione di: Pol Vandromme, Pierre Drieu La Rochelle, Borla, Torino 1965, pp. 7-10