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samedi, 23 octobre 2010

La Laïcité décérébrée de la France et l'avenir politique de l'Europe

La laïcité décérébrée de la France et l’avenir politique de l’Europe

Ex: http://www.mecanopolis.org/

Par Manuel de Diéguez

 Face au messianisme conquérant d’une démocratie placée sous le joug d’un empire planétaire de la « liberté » et de la « justice », l’Europe asservie oppose depuis bientôt trois quarts de siècle un repli stratégique illusoire. Triste camp retranché, en vérité, qu’une apologie désespérée des simples « cultures », piteuse retraite dans la multiplicité et la diversité des folklores censés opposer la barrière infranchissable des régions à l’expansion apostolique et vassalisatrice d’un empire victorieux ! Toutes les civilisations vaincues recourent au stratagème d’un panégyrique éploré et stérile de leur passé glorieux. On croit repousser les Tamerlan de l’histoire à seulement cultiver des fleurs de grand prix, on croit terrasser les barbares à les enivrer de parfums qu’ignorent leurs narines. Les trésors pillés du musée de Bagdad fleurent bon dans les foires et sur les marchés du Nouveau Monde. L’Occident oubliera-t-il que la seule civilisation insubmersible est née à Athènes ?

 

Elle n’avait pas de joyaux somptueux à étaler aux regards ; son seul glaive était celui de la raison. Alors, les premières victoires des argumentations rigoureuses ont couronné les enchaînements de la dialectique, alors le diadème de la logique est devenu pour toujours le casque et la tiare de la civilisation mondiale. La pensée rationnelle de demain triomphera-t-elle des cultures décérébrées de notre temps?

Les premiers architectes du discours raisonné avaient compris que la démocratie serait philosophique ou ne serait pas. Les théocraties ne pensent pas – leurs dieux savent tout – tandis que le pouvoir des masses populaires combat un ennemi plus difficile à vaincre que les idoles – l’opinion publique. Du moins les prêtres disposaient-ils d’un noyau dur de l’entendement politique dont ils avaient reçu l’armure en héritage et dont les ancêtres avaient fait étinceler les cuirasses, tandis que la démocratie guerroie avec le chaos cérébral du plus grand nombre, ce qui la condamne à demeurer à jamais minoritaire et désarmée sur l’agora.

Parmi les capitulations cérébrales des civilisations qu’entraîne leur chute dans la servitude politique, la première est celle de la laïcité française, qui a renoncé au scalpel de la pensée critique et qui donnera demain à une France en voie de décérébration une place de choix au musée des « arts premiers » du quai Branly.

C’est au cœur de ce naufrage de la raison que je me suis demandé si l’Europe vassalisée par la  » doxa  » du clergé des modernes quittera l’horticulture culturelle dans laquelle elle s’est peureusement réfugiée. J’ai donc imaginé un dialogue serré entre la laïcité au bistouri d’un apprenti-philosophe et celle d’un républicain culturaliste, afin de tenter d’illustrer la tragédie du dépérissement de l’encéphale de la France.

1- La laïcité et les croyances religieuses

Le fantassin de la laïcité nationale: Voyez-vous, Monsieur, la ruine de la République de l’intelligence tient à l’asthénie politique de la laïcité. Comment voulez-vous fonder l’unité morale et intellectuelle d’un pays dont le culte de la raison avait pourtant bâti les premiers autels, comment voulez-vous convertir aux droits et aux pouvoirs de la méthode le peuple des logiciens de 1789 si nous renonçons à former les générations montantes à l’école d’un discours raisonné? Hélas, notre pauvre éducation nationale n’initie plus les enfants aux principes qui guidaient la droiture de l’intelligence française – elle se contente de charger leur mémoire de savoirs tout bêtement exacts.

Le philosophe : Fort bien, Monsieur, mais comment définissez-vous la laïcité?

Le fantassin : La laïcité, c’est la tolérance à l’égard de toutes les religions de la terre, la laïcité, c’est le respect que professe notre civilisation à l’égard de toutes les croyances sacrées qui rendent désormais le monde aussi providentiellement divers que du temps du polythéisme, la laïcité c’est la substitution de la bénédiction républicaine à la bénédiction apostolique. Tous les catéchismes et tous les mythes sacrés en bénéficieront dorénavant – et, dans le même temps, quel élan unanime du genre humain vers la compréhension rationnelle du monde si la laïcité, c’est également et tout à la suite la proclamation sans ambages de la séparation radicale des catéchèses ecclésiales et des Etats rationnels!

Le philosophe : Je crains de rencontrer la résistance d’une première casemate fortifiée sur le chemin de l’œcuménisme que suivra votre raison en promenade; car je doute de la cohérence cérébrale d’une laïcité que vous placez maintenant sur la même route fleurie que la théologie prospère des Eglises. Qu’est-ce que votre tolérance équitablement partagée entre les droits de la logique d’Euclide et celle de la Révélation? Par quel raisonnement d’une rigueur exemplaire, je l’espère, fondez-vous le rayonnement de la France rationnelle dans le monde sur un postulat philosophique contradictoire par nature et par définition? Car vous nous présentez les attraits d’une tolérance complaisante aux dieux dont un long usage de leurs bénédictions a certifié la pédagogie. Mais leurs doctrines se trouvent en guerre les unes avec les autres. Comment votre tolérance se présentera-t-elle, dans le même temps, en porte-parole assermenté de la vigueur et de la cohérence de la pensée républicaine? La logique universelle dont la raison véritable est armée déploiera-t-elle par centaines les banderoles d’une légitimation générale des usages et des traditions les plus absurdes?

Le fantassin : Tout Etat responsable se fonde sur une raison responsable. Comment défendez-vous une laïcité politiquement irresponsable et, par conséquent, incivique?

Le philosophe : Fort bien: vous avouez que votre tolérance n’est pas philosophique pour un sou, mais seulement politique en diable; vous avouez que les démocraties l’ont adoptée pour le seul motif qu’elles l’ont jugée payante, donc de nature à défendre l’ordre public à peu de frais. Mais alors, comment annoncerez-vous tout à trac aux croyants les plus convaincus, donc aux citoyens persuadés de la pertinence de leur orthodoxie religieuse , que la République consent non point à valider franchement, mais seulement à « tolérer » hypocritement leur erreur et qu’elle met beaucoup d’habileté politique à plaquer le masque de la charité sur le visage d’une France devenue tartufique des pieds à la tête?

Si vous avez affaire à des cervelles pour lesquelles deux et deux font cinq, pourquoi renoncez-vous si vite à réfuter leur aberration? Tout simplement, parce que vous savez bien que les croyances religieuses sont tenaces et même indéracinables, de sorte que vous vous dites qu’il appartient à tout Etat de sens rassis de les accepter du bout des lèvres, donc de renoncer à faire régner de force les théorèmes des géomètres de la condition humaine dans les têtes rebelles à en écouter les prémisses et les conclusions. Mais c’est assurer seulement la paix civile que d’édicter l’interdiction pure et simple de débattre sérieusement de la nature des dieux. En politique, ce n’est pas la logique, mais seulement la politique qui dit ce qui est rationnel et ce qui ne l’est pas. Votre tolérance est donc feinte et contrefaite du seul fait qu’elle n’est pas honnêtement légitimable dans l’ordre des sciences et des savoirs reconnus, votre laïcité décérébrée n’est rien de plus que la forme du machiavélisme que l’éducation nationale des démocraties a lovée au cœur d’une Liberté rendue secrètement acéphale, mais fière de la vacuité cérébrale de son civisme.

2 – La laïcité et la logique

Le fantassin : Ne savez-vous pas que la séparation de l’Eglise et de l’Etat commence sur les bancs de l’école et qu’elle repose entièrement sur l’enseignement, dès le plus jeune âge, des droits de la raison, donc sur l’initiation des enfants aux pouvoirs de l’argumentation logique? Comment la France de notre génération déverserait-elle les principes d’une logique cacochyme dans les têtes innocente de la génération suivante?

Le philosophe : Dans ce cas, dites-moi, je vous prie, comment vous édifiez sans le dire et en catimini une République que vous avez amputée en coulisses de l’esprit de logique de la France, dites-moi, je vous prie, ce qu’il en est d’une nation que vous ne prétendez laïque que pour rire? Quel sens faut-il donner à votre refus masqué, mais catégorique d’exercer pleinement les droits de la pensée rationnelle? L’autorité régalienne qu’exerce votre laïcité retorse et contrefaite, vous en déguisez non moins pieusement la doctrine que l’Eglise fait monter le pain de sa dogmatique dans le four de sa sainteté. Mais qu’est-ce qu’un Etat tellement illogique qu’il renoncera non moins fermement qu’une tyrannie cauteleuse ou une théologie impérieuse à convaincre l’adversaire par des démonstrations serrées et conduites en bon ordre? Que vous placiez l’autorité de votre despotisme sur un trône terrestre ou céleste, ce sera toujours à un maître que vous obéirez. Croyez-vous vraiment que la France laïque pourra s’offrir longtemps le luxe de jeter la pensée logique par-dessus bord, croyez-vous vraiment que la République fera de l’irrationnel le levain de sa foi aussi aisément que l’Eglise reçoit la manne de la Révélation dans ses ciboires?

Le fantassin : L’arbitraire s’accompagne toujours d’une oppression. Je ne vois pas de quelle oppression les croyants auraient à se plaindre au sein de notre République. Ce sont la Monarchie de Juillet, la Restauration et le second Empire qui ont mis en place une dictature catéchétique, si j’en crois une éducation nationale qui me l’a enseigné sur les bancs de l’école laïque.

Le philosophe : Imaginez un instant une France dans laquelle la religion catholique, apostolique et romaine aurait retrouvé dans leur plénitude, primo, l’exercice de la puissance publique, secundo, l’autorité du clergé sur la société civile, tertio, les moyens de la hiérarchie sacerdotale de régner sur les esprits dont elle disposait sous la monarchie; puis, imaginez que cet Etat armé de nouveau et jusqu’aux dents des droits de son ciel, que cet Etat, dis-je, daigne vous accorder une grâce particulière, celle de vous damner de votre propre chef; imaginez, de surcroît, que ce sceptre d’une fausse liberté soit censé vous élever au rang d’élu d’un Dieu résigné – celui que le progrès continu des savoirs rationnels dans le siècle contraindrait, de son propre aveu, à vous décorer des insignes de son propre accommodement aux prétentions effrontées du profane. Dans ce cas, ne s’agirait-il pas exclusivement, pour les représentants assermentés de leurs dogmes aux abois, de sauvegarder bon gré mal gré les apparences d’un ordre public et d’une unité théologiques de la nation, alors que celle-ci serait censée avoir chu dans les affres du temporel et se trouverait livrée aux tortures de la damnation aux yeux du Saint Siège? Que diriez-vous de tant de bienveillance et de bénignité apparente d’une Eglise de ce genre à votre égard, de tant de clémence et de condescendance du Vatican pour votre hérésie, de tant de mépris de Rome sous l’affichage benoît de sa charité?

Et maintenant, prenez la situation inverse, celle d’une République devenue maîtresse des lieux. Ne sera-t-elle pas contrefaite à son tour, une laïcité frappée de l’interdiction doctrinale de réfuter le péché d’ignorance et de sottise dans les écoles publiques, ne sera-t-elle pas hypocrite, elle aussi, une raison républicaine dont le refus de raisonner se parera d’une sagesse politique souveraine ? Mais croyez-moi, les fidèles ne sont pas dupes des gages de votre fausse bonté. Ils préfèreraient que vous tiriez le fer que d’assister au spectacle de vos dérobades sous l’apprêt de vos bénédictions laicisées.

3 – La laïcité respectueuse

Le fantassin : Je ne vois pas comment la laïcité respecterait les croyances religieuses de bonne foi si elle leur infligeait l’humiliation de les réfuter sur le pré. Les bons républicains n’ont pas d’autre choix que de laisser l’ épée au fourreau.

Le philosophe : Dans ce cas, je vois se dessiner à l’horizon une difficulté morale de plus forte taille encore que la difficulté cérébrale, celle de la définition du respect. Est-ce respecter les peuplades primitives de s’incliner bien bas devant leurs grigris? Est-ce respecter un interlocuteur que de demeurer bouche cousue devant lui, mais de n’en penser pas moins? Est-ce respecter un ignorant que de juger inguérissable sa sottise? Voyez le coup de force inavoué que vous cachez sous les dehors trompeurs de votre respect: vous laissez l’illettré croupir dans son trou, mais vous tranchez les armes à la main de l’étendue des pouvoirs intellectuels et politiques que vous concédez à son idole. Ce sera à votre seule initiative que le totem se verra signifier votre interdiction pure et simple de se mêler de politique au sein de la République. Vous réduisez les apanages de l’amulette du ciel au droit que vous lui accordez de dresser l’oreille aux prières de ses adorateurs; mais ces derniers, vous les parquez dans leurs demeures ou leurs temples et vous ratatinez les prérogatives de leur culte au point de leur interdire de jamais se manifester au grand jour et sur la voie publique. Mais, dans le même temps, vous renoncez prudemment à convaincre les croyants de l’inanité de leur théologie.

Le fantassin : La République ne réfute les dieux que dans la mesure où la nécessité s’en impose aux démocraties rationnelles. Les juifs ont réfuté les idoles des païens, non point jusqu’à les proclamer inexistantes, mais seulement en tant qu’impuissantes, donc inutiles, puisque non profitables à leur politique; les chrétiens sont allés un peu plus loin – les dieux trop anthropomorphes à leurs yeux étaient ridicules et ne pouvaient exister. Mais leurs connaissances psychologiques des dieux rentables n’allait pas jusqu’à psychanalyser la politique de l’idole panoptique qu’ils s’étaient donnée. Pourquoi voulez-vous que la République réfute une divinité autrefois omnipotente et omnisciente, mais qui n’est plus enseignée ni dans les écoles publiques, ni dans les écoles confessionnelles, puisque les manuels scolaires ont été déniaisés dans les deux institutions et que tous les enseignants reconnus sont désormais habilités par des diplômes laïcs?

Le philosophe : Que voilà un beau prétexte pour mettre un terme à la conquête de la connaissance scientifique du genre simiohumain! A ce compte, nous ne saurons jamais ni pourquoi les ancêtres ont cru en leurs faux dieux pendant trois millénaires, alors qu’ils excellaient déjà dans les arts et les sciences, ni pourquoi nous croyons encore en trois fantômes qui trépasseraient aussitôt dans l’ordre politique si nous leur retirions leurs fourches du diable et leurs marmites infernales – ce dont les Eglises se gardent bien.

Quelle est la solidité de votre prétendue science de tous les dieux ou d’un seul si elle vous interdit encore de vous mêler résolument de leurs affaires dans la cité et de leur fermer le caquet? Elle est infirme, votre anthropologie critique si elle vous autorise à ne condamner les idoles que superficiellement, donc sans oser les citer à comparaître devant votre tribunal, faute, me semble-t-il, de vous trouver en mesure de rédiger l’acte d’accusation qui répondrait à la question de savoir pourquoi l’encéphale des évadés de la zoologie sécrète des dieux ; elle est manchote, votre science du simianthrope si elle n’ose prêter une oreille même distraite au Céleste enraciné au plus secret de l’inconscient du singe vocalisé. Mais si votre judicature n’est pas suffisamment légitimée à vos propres yeux, comment pouvez-vous prétendre respecter un ciel auquel vous interdisez pourtant d’autorité de mettre le nez dans les affaires de votre République? Pourquoi ne daignez-vous pas réduire sa folie a quia ? Les chrétiens ont osé ridiculiser les autels des païens et anéantir leurs simulacres sacrés. Pourquoi reculez-vous devant la superbe des trois dieux uniques qui vous font délirer, alors qu’ils ne se chamaillent qu’avec les atouts que vous leur avez mis entre les mains? Comment se fait-il que vous les saluiez d’un hochement de tête et que vous poursuiviez votre chemin en détournant les yeux? Craignez-vous d’en apprendre davantage sur l’homme et sur la politique qu’à réfuter Neptune ou Apollon?

Et puis, votre laïcité au petit pied a-t-elle seulement des titres à se proclamer citoyenne si vous vous contentez de remplacer les fausses allégations de Jupiter par la prosternation des Français et de leur Ministère de l’éducation nationale devant le mutisme apeuré de l’intelligence de la France? Qu’avez-vous fait du cerveau de la nation depuis 1905? Puisque nous savons, nous, que l’idole à trois têtes devant laquelle notre espèce continue de s’agenouiller n’a d’autre domicile que les boîtes osseuses en folie des déments qui les adorent, l’honnêteté qui inspire l’esprit de logique de la République exige pour le moins que nous consentions à les extraire des cervelles et à en exposer les effigies sur les places publiques.

4 – La République aux cent têtes

Le fantassin : Si Périclès avait ordonné la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il lui aurait bien fallu sauver les apparences de la foi à Athènes; et comment les aurait-il sauvées sans imposer le silence, du moins en public, aux prêtres de Zeus, d’Athéna, de Mars et de Poséidon ? Allez-vous redonner à l’Eglise de France le droit de haranguer et même d’ameuter les citoyens dans la rue ? Nous avons mis deux siècles à seulement limiter quelque peu le pouvoir immense dont disposait l’Eglise sous la monarchie et qui lui permettait d’égarer le faible entendement des foules de l’époque ; et maintenant vous prétendez tout subitement redonner au clergé gallican le droit de tromper les sots, et cela sous le prétexte, absurde par définition, selon lequel le droit naturel des dévots devenus républicains serait de nous faire entendre leurs arguties avec la même docilité pieuse qu’ils doivent, eux, à leur ignorance et à leur naïveté ! Mais vous savez bien que si vous mettez face à face un savant et un ignorant et si vous demandez au public de les départager, ce sera toujours le plus bavard et le plus malin qui se verra couronné des lauriers du vainqueur. Si l’astrologie était enseignée dans nos écoles, la moitié des Français croiraient à l’astrologie. Comment pouvez-vous redonner tous leurs droits aux idoles, et cela au nom même de la laïcité?

Le philosophe : Tiens, tiens, vous voilà tout allumé d’une saine indignation philosophique , vous voilà monté sur le pont d’une raison plus logicienne! Mais vous éludez encore la vraie question, qui n’est pas de combattre sur le front des droits de l’ignorance et de la sottise, mais de préciser ce qu’il en coûtera à la raison incohérente du XXIe siècle que vous nous préparez, vous qui videz la laïcité du contenu qui la définit, vous qui la rendrez si fièrement irrationnelle à son tour qu’elle vous reconduira tout droit à la même capitulation de la pensée logique que la théologie du Moyen Age. Savez-vous que, plus d’un siècle après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, un tiers des Français croit encore dur comme fer en l’existence du paradis et de l’enfer? Vous estimez qu’il n’est pas digne d’une République de la raison de perdre son temps à réfuter des totems. Mais savez-vous que les concepts se totémisent à leur tour et qu’on ne devient un spéléologues des profondeurs de l’inconscient de la « raison » elle-même que si l’on a appris à observer les idoles verbifiques qui trônent dans les têtes?

Le fantassin : Sachez , Monsieur le philosophe, que la République ne viole pas les consciences, sachez que la démocratie compte sur les progrès constants de la raison dans le monde, même si ces progrès doivent se révéler d’une lenteur désespérante, sachez que la France refuse tout net de fonder les droits de la pensée rationnelle sur le recours à la force.

Le philosophe : Mais, mon bon Monsieur, qui vous parle de faire appel à la force des baïonnettes ? Votre laïcité faussement revêtue des apanages d’une République d’avant-garde, mais engagée sur le front de bataille de la raison totémisée du monde actuel, votre laïcité, dis-je, refuse avec persévérance d’honorer les droits attachés depuis Voltaire à l’exercice de la pensée critique; et votre refus de décrypter la totémisation rampante de la raison des modernes et d’en connaître la généalogie suffira grandement à fonder votre espèce de liberté intellectuelle sur un obscurantisme condamné à ignorer les ressorts anthropologiques de vos idéalités sacralisées. Vous avez beau jeu de vous faire une gloire de garder vos gendarmes dans leurs casernes si votre pacification cérébrale de la France repose sur votre censure des conquêtes de la postérité du siècle des Lumières. Je vois les mâchoires discrètement sacerdotalisées de votre République verbifique dévorer à belles dents les « hérésies » de la raison combattante de demain.

Qu’en est-il de la raison de la France rousseauiste dont vous bénissez encore les ciboires et les cierges ? Vous êtes les nouveaux naturistes ; c’est pourquoi vous croyez n’avoir pas à vous mettre sur la piste de la divinité même fatiguée de votre temps. Vous ne refusez que les théologiens qui ont minutieusement recensé les traits de leur idole à l’école de deux millénaires de leur doctrine. Vous avez seulement dépassé les théoriciens du ciel qui vous dessinaient les contours abrupts ou amollis de leur roi dans les nues et sur la terre. Ceux-là, pourquoi se tueraient-ils à faire semblant d’apprendre les secrets d’une idole dont ils prétendent connaître les arcanes en long et en large et depuis tant de siècles? Mais vous, pourquoi n’avez-vous pas connaissance des rouages du dieu Liberté qui rôde dans les couloirs de votre République et qui fait fumer vos sacrifices sur les autels du langage devant lesquels votre démocratie ensanglantée se prosterne?

5 – La quête de la raison

Le fantassin : Où voulez-vous en venir?

Le philosophe : Vous le savez bien : si la République se prélassait dans les aîtres d’ une raison accomplie, donc arrivée à bon port, croyez-vous que la France demeurerait un Etat intellectuellement vivant? La pensée suit son chemin de croix. Il lui est interdit de prendre place sur le bateau ivre que sa rivale, la théologie, croit conduire d’une main sûre. Jamais le paradis de la vérité rationnelle ne rivalisera à armes égales avec celui d’une mythologie exercée, elle, à s’enfermer de génération en génération et de siècle en siècle dans des fortins inattaquables. Mais s’il appartient à la République de la raison de poursuivre inlassablement son voyage, comment fonderiez-vous l’ordre public sur une forme nouvelle de la paresse d’esprit, celle que vous avez baptisée la tolérance au pays d’Alice? Sous le masque de votre tolérance, j’y reviens, je vois un refus sacerdotal de faire progresser la connaissance des secrets redoutables du genre humain, je vois l’orgueil et la peur à travers les trous du manteau de votre parcelle de raison.

Le fantassin : J’ai foi en l’avenir de la science, Monsieur, j’ai foi en l’élan naturel que la révolution française a donné à l’intelligence dans le monde entier. Comment ne vaincrait-elle pas un adversaire tapi derrière les murailles fissurées de ses dogmes? Comment ne terrasserait-elle pas les régiments de la peur à l’école des légions aguerries d’une logique dont rien ne saurait arrêter la marche?

Le philosophe : Que voilà un beau stratège! J’ai déjà dit que les religions n’ont pas à fortifier sans relâche leurs châteaux forts, puisqu’elles ont disqualifié d’avance et à jamais les armes présentes et futures de leurs agresseurs. Est-il une stratégie plus assurée de l’emporter à tous coups que de n’avoir en rien à réfuter des arguments? Mais voyez comme nous sommes à la peine: si nous n’allons pas défier l’ennemi dans ses retranchements, si nous n’ouvrons pas une brèche dans ses rangs, si nous suspendons un seul instant nos assauts sur un champ de bataille qui nous est étranger, si nous n’observons pas la rouille qui menace sans cesse nos propres armes, si nous ne fortifions pas sans relâche nos propres campements à l’école des dangers de la pensée vivante, donc faillible, nous tomberons dans la même léthargie cérébrale qui, depuis l’âge des premiers singes raisonneurs, donne à la foi la citadelle inviolable de sa somnolence pour trésor. Ce ne sont pas des légions sous les armes que nous combattons, c’est le sommeil du genre humain. Croyez-moi, cet ennemi-là dispose de ressources dont vous mesurez mal l’étendue. Si vous n’y prenez garde, une laïcité à l’usage de Paul et Virginie et que vous croyez encore habile à naviguer entre les récifs périra beaucoup plus rapidement que la paresse d’esprit des croyances dont les Bernardin de Saint Pierre de la démocratie auront renoncé à combattre les ténèbres, parce qu’il est dans la nature d’une raison bucolique de périr corps et biens dans la stagnation, tandis que les religions prospèrent à servir de havres tranquilles à une humanité avide de s’engourdir.

Le fantassin : Monsieur, ne pensez-vous pas que votre philosophie d’une laïcité périlleuse et sans cesse au combat conduira l’humanité tout entière à l’anarchie? « De l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace », disait Danton. Mais quels Etats et quelles sociétés peuvent-ils se condamner à faire progresser sans fin leur apostolat? Ne vaut-il pas mieux administrer prudemment la boîte osseuse de la France et des Français, quitte à la laisser faire escale dans une rade trop tranquille, s’il est mortel de la livrer précipitamment aux risques de la navigation en haute mer? Car enfin, si la République socratique que vous appelez de vos vœux était vouée à approfondir sans relâche la connaissance la plus angoissante des secrets du genre humain et si la science de notre évolution en panne se révélait de plus en plus mortelle pour la cité, n’en viendrions-nous pas à nous demander pourquoi il existe des religions messianiques, donc pourquoi notre espèce se forge des dieux prometteurs, donc pourquoi elle s’enivre de songes tour à tour euphoriques et terrifiants, donc pourquoi les évadés de la nuit animale se montrent bien souvent, je vous le concède, plus prêts à prendre les armes pour défendre les rêves qui comblent leurs attentes que leurs pauvres lopins sur la terre ? Est-il de sage politique finaliste, Monsieur, d’expédier la sotériologie républicaine et la démocratie édénique siéger dans le royaume du salut par le savoir si, décidément, les extases du vrai savoir sont incompatibles avec les exigences de l’action?

6 – Le regard sur le Dieu des singes

Le philosophe : Je ne vous le fais pas dire! Voyez-vous, depuis la parution de L’origine des espèces de Darwin en 1859 et de l’Interprétation des songes de Freud en 1900, ce n’est plus l’astronomie minusculisée de Copernic qui se voit frappée d’interdit par tous les Etats du monde, mais la spectrographie anthropologique du Dieu de la délivrance que nos ancêtres adoraient. Au XVIIIe siècle, c’était encore le récit de la création qui commençait de se trouver réfuté par les encyclopédistes ; aujourd’hui, c’est la croyance en l’existence même d’une idole soi-disant rédemptrice, mais aux châtiments sauvages et aux récompenses trompeuses, d’une idole de la délivrance qui se révèle scindée entre trois cervelles calculatrices, trois morales intéressées, trois théologies harponneuses, trois clergés gros et gras, trois hameçons catéchétiques, trois codes pénaux en lambeaux, une idole qui se révèle un totem aussi sanglant que stupide et que nos anthropologues relèguent dans le paléolithique. Votre laïcité sera bonne à jeter aux orties si, cent six ans après la loi de séparation de l’Eglise et de l’ Etat, elle n’ose pas davantage démontrer les duperies du ciel que Descartes ne s’est risqué à défendre l’héliocentrisme quatre-vingts ans après la parution du De Revolutionibus du grand Polonais. Qu’en est-il de l’animal politique coincé entre ses béatitudes et ses tortures infernales et que nous appelons « Dieu »?

Le fantassin : Vous allez un peu fort ! Vous avez de la chance que la République ait aboli la sainte inquisition et ses bûchers!

Le philosophe : La raison est à l’école des blasphèmes et des sacrilèges. Voyez dans quel abîme de l’ignorance et de la sottise vous vous précipitez si, près d’un demi-millénaire après le procès de Galilée, vous prétendez priver la République des saintes profanations de la raison de demain. Car vous allez substituer aux pouvoirs d’un ciel abêti et cruel les apanages, régaliens à leur tour, des Etats auto- idéalisés à l’école des artifices de leur propre verbiage. Si vous vous décidez à faire débarquer dans nos écoles la connaissance anthropologique de la sauvagerie de tous les dieux, quel portrait de la barbarie de nos ancêtres que le spectacle du monstre céleste qui se faisait offrir leur chair et leur sang sur ses offertoires et auquel nos malheureux ascendants payaient le tribut de la rédemption de leurs squelettes! Si la République devenait le nouvel Isaïe de la raison du monde, comme nous jetterions allègrement aux orties le garant de l’éternité de nos ossatures! Voyez comme nous sommes loin du petit séisme astronomique qui a bouleversé la boîte crânienne des théologiens du cosmos il y a un demi-millénaire, voyez comme notre siècle sera celui du chambardement de la science du fonctionnement cérébral de notre espèce ou ne sera pas. Souvenez-vous de ce que les décadences sont toujours liées aux paniques de la pensée. Ce sera au prix de la décadence de la civilisation mondiale de l’intelligence que vous porterez votre laïcité acéphale sur les fonts baptismaux des formes nouvelles de l’ignorance du monde. Mais peut-être la vraie France fécondera-t-elle la conque osseuse d’une humanité encore en devenir.

7 – L’homme et l’imaginaire

Le fantassin : Comment démontrez-vous l’inexistence, sous quelque forme spatiale que ce soit, du Dieu des sacrifices sanglants dans un univers devenu multidimensionnel? Et puis, même si l’idole n’existait que dans les esprits, songez qu’un Dieu privé de ses foudres et de sa chambre des tortures désarmerait la République des châtiments. Retirerez-vous son glaive dans l’imaginaire à la France dite « des armes et des lois »?

C’est pourquoi je me demande si la République, elle, se trouve ailleurs que dans le cerveau des Français. Je vous défie de jamais rencontrer ce personnage au coin de la rue; mais si vous soutenez qu’il se cacherait dans les articles de la Constitution, qu’il se ferait voir davantage en chair et en os sur les bancs de l’Assemblée nationale, que son corps serait visible sous l’uniforme des agents de la force publique, que les robes noires des magistrats et des ténors du Barreau manifesteraient sa réalité physique, vous me répondrez que la France et son Etat ne sont présents que sous l’os frontal des habitants de ce pays et que la géographie se refuse à porter secours aux attentes de l’esprit et du cœur. La question se réduit donc, me semble-t-il, à celle de savoir pourquoi les dieux ont eu d’abord des bras et des jambes, puis se sont réduits à un souffle dans l’éther, alors que la France ne se gêne pas de donner le change et de faire croire qu’elle existe indépendamment de la foi de ses fidèles et qu’elle aurait donc besoin de l’étoffe de ses drapeaux et des rubans de ses décorations pour bien montrer qu’elle n’arbore des signes et des signaux que pour se prouver à elle-même qu’elle n’est ni une vapeur, ni un simple acteur de l’esprit.

Mais ne pensez-vous pas que l’humanité a besoin de substantifier des personnages mentaux et que la politique veut rencontrer son propre corps collectif et le concrétiser dans l’imaginaire afin de s’en faire un interlocuteur public? Mais alors, ne pensez-vous pas que le dieu des cierges et des ciboires est construit sur le même modèle? Voyez comme il a besoin de cérémonies, de rites, de chasubles, de crosses d’évêques et de régiments de prêtres pour exister, lui aussi, à l’exemple de la France!

Le philosophe : Vous voyez bien que la dissection anthropologique de « Dieu » nous éclaire sur la vie des Etats et des hommes dans l’imagination patriotique et religieuse confondues! Songez que le simianthrope est un animal né social et que, de la fourmi aux abeilles et aux loups, les animaux socialisés par la nature se révèlent hiérarchisés, donc placés par leur capital psychogénétique sous les ordres d’un chef à la fois réel et imaginaire, de sorte qu’ils se sentent appelés par leur propre dédoublement cérébral à se ranger docilement sous un sceptre bicéphale et à en respecter les commandements bifaces avec une docilité ou une indocilité qu’ils appellent leur liberté ou leur servitude. Puis le lent grossissement de la conque osseuse du singe évolutif au cours des âges l’a nécessairement conduit à se demander ce qu’il adviendrait de ses chefferies physiques et mentales s’il n’avait pas de harpon pour capturer et domestiquer l’air, la mer et les étendues célestes.

C’est pourquoi une simiohumanité devenue peu ou prou post-zoologique à la rude école d’apprentissage des millénaires de ses songes s’est donné dans les nues des maîtres fabuleux et de plus en plus proportionnés à l’extension de son environnement oculaire et mental. Mais comment retirer leur casquette aux idoles si je suis un animal dédoublé entre son corps et ses songes ? Quand la difficulté de séparer Poséidon de la mer et Apollon du soleil est devenue plus difficile que de séparer Hermès du commerce, il nous a bien fallu reléguer Zeus dans un au-delà du monde visible, mais sans lui retirer pour autant les cordes qui nous rattachent à lui. Nous en avons profité pour attribuer au glaive sanglant de la justice de Zeus des qualités morales et politiques de plus en plus incompatibles avec sa fonction de président de nos tribunaux et de garde-chiourme de nos prisons. Depuis lors, trois idoles carcérales et séraphiques à souhait sont devenues les étais, les poutres de soutènement et les recours du singe qu’épouvante le vide et le silence de la geôle de l’immensité dans laquelle il se trouve enfermé.

Le fantassin : Vous vous demandez donc comment nous allons désensauvager l’idole des singes sans la réduire à une potiche politique.

Le philosophe : Je me demande avant tout comment nous arracherons la République aux griffes d’un empire étranger si notre laïcité en était réduite à recourir aux armes de la raison rudimentaire des ancêtres. Etes-vous sûr que votre laïcité acéphale se révèlera l’instrument d’un asservissement moins complaisant de la France et de l’Europe à l’empire américain qu’une idole trop hâtivement désarmée? Autrement dit, sommes-nous condamnés à retourner aux dieux primitifs pour survivre ou bien allons-nous nous donner un Dieu de l’intelligence? Mais ce Dieu-là, comment le ferons-nous « exister »?

Le fantassin : Fort bien, fort bien ; mais pourquoi croyez-vous que Socrate a bu dans un esprit patriotique la ciguë mortelle dont les archontes de la ville ont jugé de sage politique de lui tendre la coupe? Ne pensez-vous pas que ce philosophe indocile a compris le danger pour la philosophie elle-même de tomber dans une misanthropie incivique si elle ne scellait pas une alliance docilement patriotique et indissoluble avec les Etats de son temps ? Votre « Dieu » de l’intelligence, sur quelle balance pèserez-vous la supériorité de son encéphale?

8 – La sainteté de la raison

Le philosophe : Vous admettez donc que si la sagesse politique la plus médiocre était l’âme véritable de la laïcité, il nous faudrait négocier la bancalité cérébrale de la République d’aujourd’hui avec les archontes . Mais ne croyez-vous pas que les vrais guerriers de la laïcité se mettent à l’école et à l’épreuve de la ciguë socratique?

Le fantassin : Bon, entrons encore davantage dans les sacrilèges de votre dialectique de la sainteté de la raison: certes, la France socratique ne saurait rendre la raison de notre siècle aussi ignorante et aveugle que la bonne et sotte théologie de nos ancêtres. Mais si nous lui fournissions des arguments acérés, croyez-vous que nous nous serons mis à l’abri pour si peu? Qui nous assurera que nous ne courrons pas à bride abattue vers l’autre danger que vous avez évoqué, celui de tomber dans un second Moyen Age? Comment les peurs qu’on prend pour des garde-fous ou des sauve-qui-peut protègeraient-ils les démocraties des audaces fécondes, donc selon vous, des blasphèmes créateurs que prononcera la raison? Vous dites que si une Liberté fondée sur le refus d’accorder ses droits à la pensée critique devait se rendre aussi catéchétique dans les coulisses que sa rivale dans le ciel, le tour serait venu, pour la fille aînée d’une raison privée de votre bistouri, d’enfanter un obscurantisme du XXIe siècle. Vous dites que cet obscurantisme de la dernière cuvée se prétendra faussement laïc et démocratique à souhait. Mais comment démontrez-vous que seul le scalpel d’une laïcité résolument pensante protègera la France des attraits du faux messianisme de la démocratie américaine. Comment démontrez-vous qu’une laïcité timide serait l’arme d’une vassalisation irrésistible de l’Europe?

Le philosophe: Ne voyez-vous pas que le culte d’une raison démocratique amputée conduira le monde moderne à un tartuffisme de la liberté politique aussi contrefait que le culte précédent, qui livrait les vaincus à leur vainqueur sous les couleurs d’une divinité faussement irénique et toujours complice du plus fort, ne voyez-vous pas que votre France se prosternera devant les idoles du langage forgées sur l’enclume des idéalités politiques du Nouveau Monde, ne voyez-vous pas que les totems du triomphateur se révèleront non moins redoutables que les grigris dont la monarchie fleurissait ses autels, ne voyez-vous pas que votre République d’une laïcité décérébrée armera de pied en cap un clergé bureaucratique auquel sa piété docile servira d’échine aussi flexible que celle du clergé chrétien, ne voyez-vous pas que votre scolastique des droits de l’homme enfantera une classe dirigeante fière de sa demi « raison » politique, ne voyez-vous pas que votre sacerdoce de la Liberté distribuera les nouveaux bénéfices ecclésiastiques dont la fonction publique déversera la manne et le pactole, ne voyez-vous pas que le nouvel esprit d’orthodoxie qui s’imposera au cœur de l’Etat de demain sera forgé sur l’enclume des idéaux de la démocratie américaine?

9 – Un double examen de conscience

Parvenus à cette auberge, le dialogue entre nos deux bretteurs a marqué une pause. Le fantassin se disait que si la guerre entre une laïcité devenue acéphale sur les autels des idéalités de la République devait mettre en danger la sainteté toute verbale des démocraties de la Liberté, le genre humain se vaporiserait dans des abstraction pseudo rédemptrices et que le danger de se prosterner devant des idoles verbales forgées par les démocraties auto-idéalisées serait aussi grand que de retourner au vocabulaire du Moyen Age. De son côté, le philosophe s’interrogeait maintenant avec angoisse sur le sort politique qui menaçait la science anthropologique encore au berceau dont il rêvait. Le tribunal des idéalités était-il appelé à se changer en un nouveau saint office? La censure idéologique interdirait-elle de formuler les méthodes de décryptage des secrets théologiques du singe rêveur? L’évolution cérébrale dangereusement pseudo rationnelle de l’animal parlant le reconduirait-elle à châtier les nouveaux blasphèmes de la pensée?

Certes, la généalogie critique de l’espèce de raison que sécrète l’encéphale simiohumain allait permettre de spectrographier les personnages verbaux que les semi évadés de la zoologie encensent dans leur tête et dans leur cœur. Mais une République tolérante à l’égard du sacrilège socratique accepterait-elle la déconfiture du  » Dieu  » mimétique qui se regardait depuis tant de siècles dans le miroir que sa créature lui tendait? La France n’était pas près de jeter à la casse l’idole vieillie qui conduisait l’Europe à la décadence; au contraire, elle jugeait préférable de la requinquer un instant afin qu’elle renforçât les chaînes que le conquérant lui avait attachées aux chevilles.

Et pourtant il était bien évident que les Etats européens condamnés à se refléter dans leurs identités collectives magnifiées par le ciel de leur servitude politique et religieuse seraient conduits à la dissolution pure et simple. Certes, un continent qui demeurerait sous la tutelle de ses songes sacrés allait tomber dans l’ignorance et la sottise des vassaux qui proclament toujours que leur défaite serait l’expression de la volonté impénétrable de l’idole de leur vainqueur; mais une humanité indocile et qui saurait qu’elle n’a décidément jamais eu d’autre interlocuteur qu’elle-même serait-elle encore de taille à fonder l’éthique de sa résurrection sur son abandon dans le vide de l’immensité ? Le fantassin de la laïcité se tourna vers son ami le philosophe:

- Ne pensez-vous pas, Monsieur, lui dit-il, que si la République et le cosmos n’avaient plus de gouvernail à se partager, nous ferions naufrage ensemble?

Le philosophe lui répondit :

- Je ne me résignerai jamais à boiter sans fin entre les félicités de la bêtise et les désespoirs de l’intelligence.

Et le dialogue reprit pour quelques instants encore.

10 – Comment pousser Dieu dans le dos ?

Le fantassin : Je vous concède que « Dieu » n’était qu’un malheureux apprenti pédagogue. Nos ancêtres encore dans l’enfance s’échinaient de siècle en siècle à la double tâche de porter humblement sa casaque dans leurs prières et à le déniaiser à l’école de leur intelligence naissante; et il est vrai qu’ils l’ont éduqué avec suffisamment de succès d’une époque à l’autre qu’ils l’ont rendu au moins égal en esprit aux plus sages de ses créatures. Mais où puisaient-ils les ressources cérébrales qui leur permettraient de lui attribuer peu à peu des qualités morales et intellectuelles en progrès sur les précédentes? Quand le flair politique de leur créateur mythique, fort médiocre à l’origine, eut appris peu à peu à égaler celui de tous les Machiavel de sa théologie , quand sa science de l’avenir cérébral de sa créature eut fait pâlir d’envie les plus grands docteurs de son Eglise, pourquoi ne s’est-on pas demandé de quelle intelligence ses prophètes nourrissaient leurs performances cérébrales et quelles étaient les armes du bord qui leur avaient permis d’installer progressivement dans le cosmos une divinité capable de se perfectionner lentement?

Le philosophe : Réjouissez-vous, Monsieur, c’est précisément sur ce modèle que la République fonctionne en réalité dans les têtes. La démocratie, elle aussi, tente sans relâche de porter remède à ses infirmités. Les sachant inguérissables par nature, cette théologienne invétérée gesticule sur les planches d’un théâtre croulant sous les détritus. Mais si vous mettez en parallèle les ahanements respectifs d’un « Dieu » fatigué et d’une République calquée sur les progrès poussifs de son intelligence, ne disposerez-vous pas d’un programme transcendant aux soubresauts irrationnels de l’Histoire?

11 – L’intelligence ascensionnelle

Le philosophe se disait maintenant qu’un regard de l’intelligence ascensionnelle du simianthrope pourrait faire aller de l’avant et parallèlement l’encéphale du créateur fabuleux d’autrefois et la matière grise de sa malheureuse créature; car celle-ci demeurait obstinément emboîtée dans son propre effigie dûment célestifiée. Qu’en était-il d’une idole et d’une République tellement calquées l’une sur l’autre qu’on les voyait courir de conserve parmi les ruines du monde et rivaliser d’ambition à lui donner une direction? Certes, « Dieu » n’avait jamais été qu’une idole à dégrossir dans les laboratoires du devenir; et si on la plaçait au-dessus de ses adorateurs, c’était seulement afin d’apprendre plus facilement à se regarder progressivement du dehors. Mais n’est-ce pas devenir « divin », si je puis dire, que d’apprendre à porter un regard de haut et de loin sur les animaux sacrés dont nos ancêtres avaient peuplé le cosmos et qu’ils appelaient des dieux? Quand on a su qu’il s’agissait d’idoles à décoder, on est parvenu à courir à leurs côtés, puis à surplomber leurs ateliers. Si la laïcité enfantait un regard toujours provisoire sur l’infirmité cérébrale et morale des trois dieux uniques, ne deviendrait-elle pas l’Isaïe des modernes?

Imaginons donc une République future et qui se serait armée d’un télescope dont le miroir réfléchirait ensemble le tortionnaire souterrain et le vaporisateur de nos ancêtres. Quelle comète de l’intelligence de l’humanité ! Nos ancêtres peuplaient les nues d’animaux politiques sauvages et difformes. Quels forgerons d’un « Dieu » bancal sommes-nous inconsciemment demeurés au sein d’une République à laquelle Socrate enseigne un « Connais-toi » perpétuellement ouvert – celui que la philosophie ne cessera jamais de demeurer à elle-même. A nous de savoir si nous délivrerons ce diamant de sa gangue.

Quand le fantassin de la laïcité pensante et le philosophe se séparèrent, le premier était armé d’un regard d’anthropologue sur les abysses des Républiques, le second d’une spéléologie du genre simiohumain plus inachevable que jamais.

Manuel de Diéguez, le 3 octobre 2010

Manuel de Diéguez est un philosophe français d’origine latino-américaine et suisse.

Visiter le site de Manuel Diéguez [2]


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vendredi, 22 octobre 2010

Céline et les châtaignes grillées

Céline et les châtaignes grillées
 
...Que faisait Céline un certain soir d’octobre 1933 ? Il dégustait des châtaignes grillées en compagnie de confrères écrivains tels Pierre Mac Orlan, André Thérive, André Salmon, Léon Frapié ou Lucien Descaves. Une fois encore, c’est grâce aux patientes recherches (parallèles) d’Henri Thyssens et de Gaël Richard ¹ dans la presse française de l’époque que la biographie célinienne s’est enrichie de ce détail pittoresque.
C’est l’hebdomadaire satirique Bec et Ongles qui, le 21 octobre, relate ce fait sans en donner malheureusement la date. Cela se passe à la Brasserie Courbet, porte d’Orléans, à l’initiative du peintre Auguste Clergé (1891-1963) qui, l’année précédente, avait créé avec quelques autres artistes, le premier Salon populiste. Voici ce qu’écrit l’échotier sous le titre « Vernissage au Gaillac » :
« Un vernissage qui dure jusqu’à quatre heures du matin est un vernissage qui compte. Il est vrai que les invités, réunis autour d’un tonneau de vin de Gaillac, n’avaient pas besoin de ce qu’il y avait au mur pour prendre du bon temps. Il y avait à boire, il y avait à manger aussi. On était nourri ; châtaignes grillées à discrétion… La châtaigne donne soif, on buvait du Gaillac, le Gaillac donne faim, on mangeait des châtaignes. Ceci explique pourquoi on était encore là à quatre heures du matin.
Mais tout le monde n’était pas venu uniquement pour boire et manger.
Il s’agissait d’une exposition d’un genre très nouveau, dont l’initiative revenait au peintre Clergé. Des écrivains, et non des moindres, MM. Georges de Boutelier, Céline, Mac Orlan, Thérive, Salmon, Marcel Belger, Lucien Descaves, avaient calligraphié une page d’un de leurs livres sur une grande feuille de papier et des peintres avaient illustré ces textes au gré de leur fantaisie.
Cela s’appelait, on ne sait trop pourquoi, le Salon Populiste ². »
Dans un autre article, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Charles Fegdal confirme la présence de l’écrivain : « J’aperçois, parmi la foule, M. Céline, très entouré, très pressé – il ne restera pas jusqu’au bout de la nuit ». Ce journaliste mentionne également le titre figurant sur le carton d’invitation (« Vernissage aux vieux vins et châtaignes grillées »), mais sans préciser, lui non plus, la date de cette manifestation ³. Tout au plus sait-on qu’elle eut lieu la deuxième ou, plus vraisemblablement, troisième semaine d’octobre 1933.
Commentaire de Henri Thyssens : « Voilà donc une manifestation assez inattendue à laquelle a participé Céline, grand auteur à la mode en 1933, mais qui n’est pas attestée ailleurs. Il serait curieux de retrouver, si elle a existé, cette grande feuille du papier Canson où Céline aurait calligraphié un extrait du Voyage, qu’un peintre inconnu aurait aquarellée… ».
Ce mois d’octobre 1933 est aussi celui où il prononce à Médan son « Hommage à Zola » à l’invitation de Lucien Descaves. Durant cette année 1933, suite à la parution du Voyage, il s’avère que Céline participa un peu à la vie littéraire, ou du moins ne déclina pas certaines invitations 4, comme il le fit généralement par la suite.

Marc LAUDELOUT

1. Tous deux effectuent des recherches à partir des collections numérisées de journaux disponibles sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France. Voir la « Chronologie biographique » sur le site de Henri Thyssens, « Robert Denoël, éditeur » [www.thyssens.com] et Gaël Richard, « Céline dans Bec et ongles (1933) » in L’Année Céline 2008, pp. 124-130.
2. ***, « Vernissage au Gaillac », Bec et ongles, n° 89, 21 octobre 1933.
3. Charles Fegdal, « Le Salon Populiste sous le signe des châtaignes », Une semaine à Paris, n° 596, 20-26 octobre 1933.
4. Notamment celle de Daniel Halévy, le 22 février 1933. Au cours de cette réception, il rencontre Lucien Daudet, Georges Bernanos, Robert Vallery-Radot et Robert de Saint-Jean qui s’en fait l’écho dans son journal.


 

lundi, 18 octobre 2010

Fabrice Robert: "Etre populiste, c'est défendre son peuple"

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Source : http://www.ripostelaique.com/Fabrice-Robert-president-du-... 

Fabrice Robert: "Etre populiste, c'est défendre son peuple"

Entretien accordé au journal "Riposte Laïque" (octobre 2010)

Riposte Laïque : Tu es président d'un mouvement, devenu un parti, que la presse classe généralement l'extrême droite. Comment réagis-tu à cette caractérisation, et comment vous situez-vous par rapport au Front national ?
Fabrice Robert : La presse a toujours besoin de placer les partis politiques dans de petites cases bien rangées. Certains journalistes nous qualifient d’extrême droite, un politologue comme Jean-Yves Camus positionne plutôt les Identitaires entre l’UMP et le FN. Je répondrais que nous sommes tout simplement identitaires. Or, être identitaire ne renvoie pas à un dogme – avec sa vérité unique - ni à une idéologie – avec ses constructions intellectuelles éloignées de la réalité. Etre identitaire, cela renvoie à un principe se fondant sur le réel, sur du charnel ; Cela renvoie à ce qu’on est tout simplement.
Alors, l’identité est-elle un concept de droite ou de gauche ? J’ai plutôt tendance à concevoir l’identité comme un thème qui dépasse les clivages politiciens. Aujourd’hui, des milliers de Français – même s’ils votent NPA ou UMP – participent à la défense de notre identité (défense de langue régionale, d’un patrimoine local, etc.). Tout notre travail aujourd’hui est de mettre en relation, en harmonie… notre mouvement identitaire et tous ceux qui pratiquent l’identité sans pour autant en avoir saisi les implications politiques et historiques. Pour exemple, nous accueillons régulièrement dans nos rangs des militants issus des Verts qui reprochent à leur ancien mouvement de fermer les yeux face à l’islamisation de notre sol. Ils retrouvent chez nous la dimension écologique associée à la défense de notre identité charnelle. Mais ce type de ralliements concerne aussi d’autres formations politiques (Modem, MPF, etc.). A chaque fois, c’est le marqueur identitaire – absent ou pas assez prononcé dans leur formation d’origine - qui amène ces personnes à franchir le pas.

Identitaires, nous voulons également nous inscrire dans le vaste courant populiste qui se développe partout en Europe. Car être populiste, c'est défendre son peuple. Et défendre son peuple, c'est défendre son identité. Face à la trahison des élites et alors que l’Etat ne parvient plus à assurer la sécurité de ses citoyens, il nous semble urgent de mettre en place des initiatives destinées à protéger notre peuple et faire entendre sa voix.
Vous me demandez comment les Identitaires se situent par rapport au Front National. Pourquoi nous demander de nous définir par rapport à d’autres, et pourquoi toujours par rapport au FN, qui n’est tout de même pas le centre de la vie politique française ? Je préférerais que vous me demandiez ce qui nous distingue fondamentalement de l’UMP ou du Parti socialiste. Mais puisque vous me posez la question, je vais y répondre.

Nous nous distinguons, tout d’abord, de ce parti par les méthodes. Le Front National se concentre uniquement sur le terrain électoral. Or, nous considérons que le pouvoir ne se prend pas uniquement par les urnes et que l'engagement électoral doit rester un moyen supplémentaire au service de nos idées et pas une fin en soi.

Nous sommes dans une logique gramsciste. Ainsi, nous pensons que pour prendre le pouvoir, encore faut-il avant réussir la conquête des esprits. Le combat doit être total et emprunter donc divers modes d’actions : Opérations d'agit-prop, développement du réseau associatif, création de médias alternatifs, maîtrise du réseau Internet, etc.
Face au modèle rigide et centralisé du parti classique, nous pensons aussi que l’avenir est au travail en réseau, à la mise en synergie des compétences et des initiatives.
Nous nous distinguons également du Front National par les idées. Le Front National tient un discours hostile à l'Europe et aux patries charnelles que sont les régions alors que nous pensons qu’il faut défendre la triple appartenance région/nation/Europe qui - précision importante - ne doit pas être perçue comme une menace pour l’intégrité de la France, bien au contraire.
Alors que le Front national ne défend que l'identité nationale, nous pensons qu'il est nécessaire de promouvoir à la fois les identités charnelle (locale), historique (française) et civilisationnelle (européenne). Pour le Front national, ces identités sont antagonistes. Pour nous, elles sont complémentaires.

D'autre part, le Front national associe la question de l'identité et celle de l'acceptation des « valeurs républicaines ». Il suffirait donc à n’importe quel étranger d’accepter ces valeurs pour devenir un Français à part entière ? Comment entretenir un lien d'appartenance et d'identification avec une idée offerte à l'humanité entière ? Cette conception artificielle évacue toute dimension charnelle et historique. Et je pense qu’il faut aujourd’hui prendre clairement acte de l’échec de l’assimilation. Comme l’écrivait le général de Gaulle, « On peut intégrer des individus ; et encore, dans une certaine mesure seulement. On n'intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions, leurs souvenirs communs de batailles gagnées ou perdues, leurs héros. »
Pour construire et se projeter dans l’avenir, un peuple doit vouloir partager un destin commun. Est-ce vraiment possible avec ceux qui représentent la France Halal et la France Racaille ? Que faut-il faire aujourd’hui ? Tenter de leur enseigner par la force les valeurs républicaines et l’amour de la France ? Cela me semble bien compromis aujourd’hui…

Riposte Laïque : Récemment, tu as publié un texte, personnel, sur ton parcours de jeunesse. Pourquoi cette démarche ?
http://fr.novopress.info/66193/retour-sur-un-parcours-pol...
Fabrice Robert : Je crois que le moment était venu de dire certaines choses, d’apporter des précisions sur quelques moments clés de mon parcours politique personnel. Face au développement des Identitaires, certains médias tentent de nous discréditer en nous raccrochant à certains événements passés. Je ne renie rien, j’assume tout mais je réclame le droit d’évoluer. Je milite depuis plus de 20 ans. Les positions que je défends aujourd’hui peuvent être différentes de celles que je portais à 18 ans… même si mon parcours a joué un rôle déterminant chez l’homme que je suis aujourd’hui.
Plutôt que de laisser se propager certaines contre-vérités, j’ai donc préféré prendre les devants et dire les choses une bonne fois pour toute. J’ai été un militant nationaliste radical. Je ne le suis plus aujourd’hui. Nous avons engagé une véritable « révolution culturelle » avec les Identitaires. Et je crois pouvoir dire que nous sommes à l’origine d’un nouveau courant politique en France avec le développement de nouveaux concepts et de nouvelles formes d’action. Continuer, par exemple, à associer Les Identitaires à feu Unité radicale, relève de la parfaite malhonnêteté intellectuelle. C’est un peu comme si vous mettiez sur le même pied le Front National et Ordre Nouveau, le Parti socialiste et le PSU…
Au fond, j’ai toujours agi pour la défense de mon identité. Mais la forme que prend mon engagement aujourd’hui est en phase avec le réel, loin de certains excès propres à la jeunesse.

Riposte Laïque : Comment expliquez-vous qu'il y ait pas mal de jeunes, dans vos rangs, et davantage de garçons que de filles ?
Fabrice Robert : En huit ans, nous avons su innover, surprendre et remporter des victoires importantes. Nous avons voulu affronter les défis d’aujourd’hui avec les armes de notre époque. C’est ce qui explique en partie l’attrait d’une partie de la jeunesse pour les Identitaires. Nous avons imposé un style et une manière différente d’aborder le combat politique. Aujourd’hui, je peux affirmer que nous avons créé une véritable génération identitaire composé d’hommes et de femmes qui ont commencé à militer chez nous et qui ne sont donc jamais passé auparavant par d’autres formations politiques.
Par nos actions, nous avons voulu montrer que baisser les yeux dans la rue n’était pas devenu obligatoire. D’ailleurs, la première campagne des jeunes identitaires était intitulée « Face à la racaille, tu n’es plus seul ». Dans une société qui dévirilise sa population, face à un Etat qui démissionne devant la violence, le racisme anti-blanc et l’offensive des barbus, il existe encore des jeunes qui veulent résister en rejoignant une communauté militante forte et déterminée. Pour donner un exemple concret, nous avons désormais une influence prépondérante parmi la jeunesse niçoise. En effet, Le Figaro avait révélé que les Identitaires réalisaient le deuxième score “à droite” chez les moins de 25 ans derrière Christian Estrosi lors des municipales de 2008.
Alors, oui, nous comptons – dans nos rangs – une base importante composée de militants jeunes. Ce qui est extrêmement positif car, la jeunesse, c’est l’avenir. Mais les Identitaires attirent toutes les générations. Si les jeunes sont souvent plus novateurs, ils savent aussi écouter les conseils des plus anciens. C’est cette synergie et cette complémentarité qui fait la force du mouvement identitaire.
Riposte Laïque : Le Bloc Identitaire s'est beaucoup mobilisé pour la défense de René Galinier, ce septuagénaire emprisonné pour avoir tiré sur deux cambrioleuses. Considères-tu qu'il est normal de tirer sur des personnes, simplement parce qu'elles sont dans ton domicile ? Quelle revendication politique y a-t-il, derrière cet investissement ?
Fabrice Robert : Cette affaire révèle une dérive inquiétante. Face à l’augmentation de la délinquance et après avoir vidé la légitime défense de son sens, la justice ne laisse plus aux honnêtes gens - en cas d'agression - que deux possibilités : La prison ou le cercueil.

René Galinier en a fait les frais, lui qui a voulu défendre son foyer après avoir déjà subi plusieurs cambriolages. C’est donc la sécurité qu’a choisi René Galinier, et on peut le comprendre au vu des nombreuses attaques de personnages âgées, saucissonnages avec torture et autres joyeusetés. Si demain, c’est votre foyer qui était en danger, votre famille menacée, agiriez-vous autrement que René Galinier ?

Pour nous, cette affaire est l’occasion de rappeler que la légitime défense est un droit fondamental et un devoir civique; qu’il est parfaitement normal de se protéger soi-même, de protéger ses proches ou encore ses biens. Par les actions en faveur de René Galinier, le Bloc Identitaire réclame une refonte totale de la "légitime défense", intégrant la notion de sanctuarisation du domicile. Nous réclamons tout simplement le droit élémentaire pour les Français de se défendre face aux agressions ! Ces français qui servent de véritables punching-balls à la racaille venues chez eux du monde entier, et qui devraient en plus se taire quand ils se font agresser !
Notre mobilisation a permis également d’élargir le cercle des soutiens et de briser le mur du silence médiatique. C’est ainsi que le député UMP Elie Aboud est allé rendre visite à René Galinier dans sa cellule et que le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme a accepté de prendre la tête du Groupe de parrainage René Galinier. Eric Zemmour a évoqué cette affaire dans sa chronique du 23 septembre sur RTL. Enfin, le 5 octobre, suite au refus de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Montpellier de libérer René Galinier, un certain nombre de députés, membres du Collectif de la Droite populaire (tels que Christian Vanneste, Bernard Carayon, Jacques Myard, Thierry Mariani ou bien encore Lionnel Luca) ont réagi par un communiqué au maintien en détention de cette homme de 73 ans. Même Xavier Bertrand, patron de l'UMP, s'est déclaré « choqué » par cette décision de justice.

Il faut tout de même savoir que la cour d’appel a notamment invoqué cet argument proprement stupéfiant : « Une mise en liberté pourrait aussi susciter l’incompréhension dans l’ethnie d’origine des victimes et faire craindre des représailles à l’égard du mis en examen. » René Galinier reste donc en prison parce que, Français de souche, il a tiré sur des Tsiganes et non sur des Bretonnes !
En un mois, nous avons organisé plus de 40 rassemblements en France (Lyon, Paris, Marseille, Nice, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Béziers, Nevers, Annecy, etc.). Et nous comptons désormais amplifier la mobilisation. D’autres manifestations vont rapidement se dérouler simultanément dans toute la France.

Riposte Laïque : Vous avez partagé la responsabilité du désormais célèbre apéro saucisson-pinard du 18 juin avec 26 associations, dont Résistance républicaine et Riposte Laïque. Quel bilan avez-vous tiré de cette action ?
Fabrice Robert : Un bilan très positif, évidemment.
Ce rassemblement représente une victoire, à plus d’un titre. C’est, tout d’abord, la première fois en France qu’un événement organisé sur un réseau social comme Facebook se concrétise en rassemblement politique et citoyen dans la rue. Grâce à notre maîtrise des nouvelles technologies, nous avons suscité le développement d’un buzz mondial et ainsi contribué à libérer la parole sur la question de l’islamisation. En écoutant les discussions dans la rue, en scrutant l’ensemble des commentaires postés sur le Web, nous savions que la bataille de l’opinion avait été gagnée. Cela montre qu’il est possible – avec un peu de savoir-faire - de déstabiliser la forteresse politico-médiatique pour faire passer efficacement nos idées en direction du grand public.

Avec cette action, nous sommes parvenus également à faire bouger les lignes de manière considérable. Nous avons, en effet, réussi à provoquer un rassemblement trans-courant qui a réuni des personnes de sensibilités différentes, le temps d’une action, face à une menace qui nous préoccupe tous. Militants croyants, athées, agnostiques, de droite ou de gauche, nous avons sur mettre de côté nos différences au nom d’un certain pragmatisme politique. Je crois que le temps n’est plus aux postures idéologiques, génératrices de divisions. Dans certaines situations d’urgence – et c’est le cas aujourd’hui -, il faut accepter parfois de faire front ensemble pour réveiller notre peuple et l’amener à réagir contre la trahison des élites qui nous gouvernent aujourd’hui.
Pour finir, je pense que si nous avons réussi une belle opération avec cet apéro saucisson-pinard, il faut savoir passer à autre chose. Je n’ai donc pas l’intention, pour ma part, de multiplier l’organisation de ce type de rassemblements dans les prochains mois. Inutile de recycler indéfiniment un concept qui a très bien fonctionné à un instant T.
L’imagination au pouvoir ! A nous d’innover et de continuer à surprendre ! Les idées et les projets ne manquent pas. N’oublions pas non plus cette petite dose d’humour pour mettre les rieurs de notre côté et ridiculiser les tartuffes au pouvoir.

Il me paraît en tout cas important de continuer dans cette logique trans-courant et donc de développer rapidement d’autres initiatives associant les Identitaires à Riposte Laïque, Résistance Républicaine et tous ceux qui accepteront de rejoindre ces rassemblements ponctuels.
Riposte Laïque : Vous défendez une notion de "civilisation européenne", et le régionalisme. Cela signifie-t-il que vous seriez prêt à voir disparaître la France dans une Europe des régions, même si le modèle européen actuel ne vous convient pas. A l'instar des gauchistes, diriez-vous : "Non à cette Europe, oui à une autre Europe ?"
Fabrice Robert : Attention aux raccourcis trop faciles. Demander une plus grande autonomie des régions, ce n’est pas vouloir la destruction de la France. Regardez les Länders en Allemagne et les Cantons en Suisse. Avez-vous le sentiment que le choix d’un modèle fédéral mette en péril la cohésion de ces pays ? C’est d’ailleurs ce type de système – plus respectueux des libertés locales – qui a permis la votation en Suisse contre les minarets. Ce qui n’aurait jamais été possible dans un système complètement centralisé comme la France.

Etre « régionaliste » - mais je préfère le terme de « localiste » - ce n’est pas être indépendantiste. Il n’est pas question de demander la séparation entre sa province et l’Etat mais simplement la prise en compte, le respect, de ses spécificités et la mise en place d’institutions permettant que soient gérées à l’échelon local les domaines qui peuvent l’être. Il s’agit simplement de l’application du principe de subsidiarité. Tout ce qui peut être traité localement ne doit pas l’être par l’échelon supérieur. Cela vaut aussi bien dans le domaine politique qu’économique. Pourquoi Paris devrait décider de tout et imposer sa tutelle administrative écrasante sur l’ensemble du territoire national ? Vous qui n’avez de cesse de dénoncer la pesanteur bruxelloise, vous semblez dans le même trouver normal le centralisme excessif de l’Etat français. Or, est-il utile de rappeler que cette bureaucratie oppressante qui sévit à Bruxelles n’est que la simple exportation du modèle français ? Pourquoi ce qui est anormal au niveau de l’Europe devrait être acceptable au niveau national ? J’ai le sentiment que nous sommes en train de réactiver la querelle entre Jacobins et Girondins. Face à l’urgence, faisons en sorte d’opter pour le dialogue plutôt que pour la guillotine…

Concernant l'Europe actuelle, je pourrais vous dire qu'on ne jette pas la France parce qu'on n'aime pas Sarkozy. Je pense que l'Europe politique est une nécessité. Et une Europe politique aura forcément besoin d'institutions. Mais il est vrai que tant que nous enverrons des mauvais et des retors comme Michel Barnier à la Commission ou Rachida Dati au Parlement, rien ne changera. Nous sommes, bien évidemment, opposés à ces européistes qui apparaissent comme des partisans d'une Europe niant les appartenances nationales et régionales et qui perçoivent l'Europe comme première étape vers le mondialisme, destructeur des identités.

Les identitaires sont tout simplement des... Européens. Nous croyons à l'Europe comme civilisation et donc partie prenante de notre identité, mais aussi comme cadre politique nous permettant de défendre mieux nos identités nationales face au rouleau-compresseur mondial, de peser face aux grands blocs, d'amener un peu de paix et d'équilibre à la surface du monde. Plus d'Europe, c'est moins d'OTAN, plus d'Europe, c'est moins de textile chinois, plus d'Europe c'est moins de gaz algérien. Plus d’Europe, c’est aussi de nouvelles perspectives pour lutter contre l’islamisation de notre continent. Nous ne gagnerons pas tout seul. Rappelez-vous certaines périodes où l'unité européenne s'est faite face à la déferlante musulmane : Poitiers, Vienne, Lépante.
Pour finir, je dirais qu’il n’y a pas pour moi incompatibilité entre l’attachement à sa province, à son pays et à l’espérance d’une Europe plus politique susceptible de mieux défendre nos intérêts, nos valeurs et notre identité.

Riposte Laïque : Comme nous, tu t'inquiètes de la montée de l'islam. Quelles mesures faudrait-il prendre, selon toi, pour mettre en échec ce que nous considérons comme un péril mortel pour notre laïcité, et notre modèle de société ?
Fabrice Robert : Si l’islam représente une menace pour la laïcité, cette religion est surtout profondément incompatible avec les valeurs de la civilisation européenne.
Nous savons également que l'Islam n'est pas qu'une foi. A la fois religion et idéologie, l’islam amène au totalitarisme. C'est notamment une loi civile au prosélytisme agressif et revendicatif. C'est pourquoi nous nous opposons fermement aux exigences de plus en plus virulentes de l'Islam sur notre sol : suppression du porc dans les menus scolaires, multiplication des mosquées-cathédrales, traitement spécifique réservé aux femmes dans les services publics (hôpitaux, piscines...), contestation des programmes d'enseignement, etc.

Quelle place pour l'Islam en France ? Ni mosquées, ni voile, ni subventions, ni revendications, ni représentation institutionnelle.
Si la laïcité, principe d’organisation publique, doit être défendue pour empêcher toute dhimmitude des pouvoirs publics à l'égard de l'islam, il faut aller plus loin et refuser l'islamisation au nom de notre IDENTITE profonde. Nous considérons que ce ne sont pas uniquement des textes de loi ainsi qu’une laïcité réaffirmée ou renforcée qui peuvent aujourd'hui constituer un rempart solide et suffisant face à l'islamisation. Je pense qu’il faut aller plus loin et favoriser la réactivation de nos anticorps identitaires, et cela au niveau local, national et civilisationnel. Défi total, réponse totale. Confrontés à l'Autre, nous devons participer à réactiver ce Nous.

Riposte Laïque : Vos détracteurs vous reprochent souvent, outre votre régionalisme, une conception "racialiste" de l'Europe, proche d'une Europe blanche. Vous pensez réellement qu'il faut être blanc pour être de culture européenne ?
Fabrice Robert : Je voudrais, tout d’abord, rappeler deux citations du Général de Gaulle. La première : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne » et la deuxième : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »
Contrairement à ce que pensent certains, les Identitaires ne sont pas des adeptes de la pureté raciale ou de la thèse d’une supériorité de la race blanche sur les autres. Mais, dans le même temps, nous refusons la propagande vantant les mérites du métissage et le modèle du citoyen du monde indifférencié et sans racines qui est d’ailleurs peut-être la résultante d’un certain jacobinisme français, négateur des différences (se rappeler notamment la guerre menée contre les langues locales). Pour faire face aux menaces qui pèsent sur nous aujourd’hui – immigration et islamisation – nous avons besoin d’avoir de repères, de savoir qui nous sommes. Plus nos identités seront fortes et affirmées, plus nous serons capables de résister.

Nous défendons une vision ethno-culturelle de l’identité. Pour nous, l’identité, c’est ce qui distingue un peuple d’un autre. La diversité des peuples, c’est aussi ce qui fait la richesse de l’humanité. En tant qu’identitaires, nous refusons aussi bien pour nous - que pour les autres - de disparaître face au rouleau compresseur mondial. Nous posons un principe simple : rester soi-même.
Nous pensons que l’intégration et l’assimilation ne sont réalisables que sur un petit nombre d'individus. Or, aujourd’hui, nous avons affaire à un phénomène massif qui peut réellement provoquer une substitution de populations. Lorsque l’on assiste au développement du racisme anti-blanc et anti-français ainsi qu’aux divers communautarismes politico-religieux, le constat est sans appel. Selon nous, les sociétés multiculturelles et multiraciales se transforment souvent en sociétés multiracistes. En défendant les identités, nous luttons finalement pour une société plus harmonieuse. Notre slogan « 100 % identité, 0 % racisme » résume notre position. Chaque peuple doit pouvoir s'épanouir sur sa terre.

Riposte Laïque : Quelles sont les actions du Bloc Identitaire dont tu es le plus fier ?
Fabrice Robert :
Nombreuses sont les actions qui ont permis d’imposer la marque de fabrique des Identitaires. Mais s’il fallait choisir, voici ma sélection ci-dessous présentée dans l’ordre chronologique.

Hiver 2003. Noël approche. Dans le froid de décembre, des militants identitaires organisent la première soupe au cochon. Ce ne sera pas la dernière. Aussitôt dénoncée comme « raciste » par de nombreux médias comme France Info, la soupe au cochon va faire le tour du monde. De l’Australie à l’Arabie saoudite, la presse internationale s’empare du sujet.

2004. Les jeunes identitaires se mobilisent contre Sniper. Ce groupe de rap s’est fait une spécialité de la haine anti-française et du racisme anti-blanc. En utilisant massivement des moyens simples, les identitaires alertent l’opinion mais aussi les élus. L’affaire remonte jusqu’à l’Assemblée nationale. Résultat : 20 concerts de Sniper sont annulés.
Octobre 2006. Le jour se lève sur Montfermeil, ville en voie d’islamisation de la banlieue parisienne. Soudain, les habitants des lotissements sont réveillés en sursaut par des hurlements lancinants. C’est l’appel à la prière lancé par un mégaphone disposé sur un véhicule qui sillonne les rues. Non… Les Barbus n’ont pas encore rendu l’appel du muezzin obligatoire en France ! Il s’agit d’une équipe du Bloc Identitaire qui, par ce moyen simple et pédagogique, veut alerter les habitants de souche de ce qui les attend à moyen terme. Au même moment, une autre équipe distribue des tracts dans les boîtes aux lettres pour expliquer l’action. Allah Akbar, l’ami du petit-déjeuner…

2008. L’extrême gauche lance l’opération cercles de silence. Il s’agit pour elle de se rassembler dans chaque ville de France, de former un cercle et de faire silence en brandissant des pancartes contre l’expulsion des clandestins, afin d’attirer l’attention des passants… et des médias. Un peu partout, au fil de l’année, les jeunes identitaires s’inviteront joyeusement à ces rassemblements. A Nice, ce sont Claude François et ses Claudettes qui viendront rompre en musique le « silence » du cercle ; à Paris, ce seront des footballeurs, leurs chants et leurs écharpes ; dans tous les cas, les jeunes identitaires sauront manier humour et décontraction…

2008. Lancement également du Collectif Expulsion Sans Frontières. Né comme une riposte au Réseau Éducation Sans Frontières, le CESF va très vite prendre toute sa légitimité, grâce à la rencontre avec une association de jeunes Africains dénonçant l'émigration clandestine. Des réunions publiques seront organisées en France avec Emile Bomba, président de l'ALCEC. Un vrai dialogue s'instaure entre identitaires européens et patriotes camerounais.

Janvier 2010. Le Bloc Identitaire s’invite dans le débat sur l’identité nationale. Mais, à l’inverse des autres, il va chercher Eric Besson chez lui, à Donzère, la ville dont il est le maire. La manifestation rassemble 300 militants, dont plusieurs élus de communes avoisinantes. Beau joueur, le ministre déclarera d’abord être prêt à rencontrer des représentants du Bloc Identitaire à son ministère de Paris. Avant de se raviser…

Mars 2010. Quick se met au halal. Nombreux sont ceux qui dénoncent cette dérive. Peu sont ceux qui agissent. Les cochons sont interdits chez Quick ? Eh bien, les cochons vont rendre une petite visite à l’enseigne. Et un beau matin, ce sont cinquante militants portant des masques de cochon qui déboulent pacifiquement à l’intérieur du Quick halal de Villeurbanne. L’action est filmée. Diffusée sur Internet, elle est reprise par Canal Plus. En une semaine, 400 000 Français l’ont vue. Durant plusieurs jours, cette action est au centre des débats médiatiques.
Pendant la même période, des groupes de pression pro-immigration organisent la « 1ère journée sans immigrés ». Objectif : essayer de prouver que sans immigrés, la France ne fonctionne plus. Bien soutenue par les grands médias, l’opération fera long feu. Mais, en face, seuls les identitaires s’organisent dans une trentaine de villes. Objectif : humour et dérision. A Paris, des militants déploient sur les ponts du périphérique des banderoles : « Souriez ! C’est la Journée sans immigrés ! ».

Depuis juin 2010. Il faut surtout mentionner l’apéro saucisson-pinard ainsi que la forte mobilisation en faveur de la libération de René Galinier (actions décrites ci-dessus). Enfin, le 7 octobre dernier, des militants identitaires se sont introduits dans la salle du Conseil municipal de Bègles pour protester contre les récents propos de Noël Mamère (celui-ci a dénoncé une « France qui pue » à la tribune de l’Assemblée nationale). Durant près d’une heure, une dizaine de militants identitaires, munis de pinces à linge et de bombes désodorisantes, ont réclamé des excuses à Noël Mamère pour ces propos qui constituent une véritable insulte à l’égard de tous les Français attachés dcà leur Histoire et à leurs traditions.

Comme vous le voyez, nous essayons de faire passer notre message à partir d’actions associant créativité, humour et maîtrise des nouveaux moyens de communication.

Riposte Laïque : Vous avez annoncé que vous alliez présenter une candidature à la prochaine élection présidentielle. Pensez-vous sincèrement recueillir 500 signatures, et ne pensez-vous pas être instrumentalisé par l'UMP pour affaiblir le Front national, qui, en cas de candidature de Marine Le Pen, inquiète l'Elysée ?
Fabrice Robert :
Quand je vois la formulation de votre question, j’ai le sentiment que nous aurons affaire à deux Fronts républicains en 2012. L’un destiné à faire barrage à Marine Le Pen et l’autre appelant à la soutenir pour éviter les divisions…

Plus sérieusement, je suis le président d’un parti, le Bloc identitaire qui est porteur d’une offre politique nouvelle dont nul autre candidat potentiel à l’élection présidentielle n’est prêt, aujourd’hui, à se faire le porte-parole. Mon objectif est bien de développer ce courant, de le structurer et de gagner en visibilité médiatique. Nous sommes constamment sur le terrain, nous multiplions les actions qui bénéficient d’un certain retentissement médiatique. Faudrait-il que notre travail et notre créativité bénéficient uniquement à d’autres sur un malentendu politique et sous prétexte qu’ils sont candidats lors de certaines échéances électorales et pas nous ? Autant alors rejoindre directement le Front National…
Si nous sommes chez les Identitaires, c’est bien parce que nous ne retrouvons pas dans le Front National aujourd’hui. Nous avons surtout le sentiment d’incarner une nouvelle offre politique à l’image de la Lega Nord en Italie. Est-ce anormal de vouloir utiliser tous les moyens mis à notre disposition pour la faire connaître ?

Notre désir de présenter un candidat à la prochaine élection présidentielle repose sur la conviction que le Bloc identitaire ne peut être absent de cette échéance pour trois raisons principales :

- Aucun parti de l’échiquier politique traditionnel ne représente l’engagement identitaire, à savoir l’attachement à la triple appartenance région/nation/Europe et à un projet de société promouvant localisme, fédéralisme, démocratie et écologie. Par ailleurs, seul le Bloc identitaire incarne aujourd’hui le combat total contre l’immigration de masse et l’islamisation, menaces pour notre héritage et pour l’avenir de notre civilisation. Sur ce plan, nous refusons toute logique intégrationniste ou assimilatrice simplement parce qu’elles sont devenues, face au nombre, inopérantes donc suicidaires ;
- La montée en puissance des idées et des représentations identitaires partout en Europe nous ordonne de poursuivre sans hésiter sur la voie qui est la nôtre. Notre candidature à l’élection présidentielle représenterait une formidable opportunité de faire avancer nos idées, qui trouvent un écho auprès de plus en plus d’Européens, de continuer d’y sensibiliser l’opinion française et de poursuivre notre conquête des esprits ;
- Cette candidature est aussi un moyen supplémentaire d’inscrire nos actions militantes et notre présence politique dans la durée. Pour être très clair, il ne s’agit en rien de renoncer aux méthodes qui ont fait leurs preuves (agit-prop, actions locales, présence permanente sur le terrain, fonctionnement en réseaux, etc.), mais bien plutôt de leur offrir encore plus de visibilité, de reconnaissance, d’audience.

Concernant Marine Le Pen, je ne veux pas insulter l’avenir. Mais, à ce que je sache, Les Identitaires ne font pas partie du Front National et Marine Le Pen ne partage pas la plupart des idées identitaires. Elle peut évoluer mais, à l’heure actuelle, elle est en opposition frontale avec notre sentiment d’appartenance à la civilisation européenne, défend le jacobinisme contre lequel nous luttons, s’arcboute sur les valeurs républicaines comme horizon indépassable de l’identité nationale, etc. Nous voulons profiter de cette campagne pour faire connaître notre spécificité auprès du grand public. Quant à savoir si notre candidature pourrait être instrumentalisée par l’UMP, je pourrais répondre qu’à ce petit jeu, tout le monde peut apparaître comme l’instrument de quelqu’un. Rappelez-vous de Mitterrand qui, à un moment donné, aurait favorisé le développement du Front National pour affaiblir la droite classique… Je ne rentre pas dans ces considérations. Ce qui m’intéresse, c’est de développer les idées incarnées par le courant identitaire.

Alors, est-il donc envisageable d’obtenir les 500 signatures ? Nous verrons bien. Ce qui nous intéresse, en priorité, c'est de prendre la parole dans cette campagne, c'est de l'investir pour montrer que sur les questions d'identité, d'écologie, sur la question du politique, il existe une autre façon de dire et de faire que les autres. Et c’est d’expliquer aux Français qu’ils peuvent, à l’image de ce que nous faisons quotidiennement sur le terrain, s’approprier le débat public, imposer leurs propres thèmes et obtenir des victoires, au lieu d’attendre que les problèmes soient résolus par ceux qui sollicitent leurs suffrages. Si nous parvenons à éveiller le peuple français, nous aurons gagné.

 

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Henry de Monfreid

Henry De Monfreid, il fascista che ispirò Hergé e Pratt finalmente pubblicato in Italia 

di Massimo Carletti
 
 
Dal Secolo d'Italia di giovedì 23 settembre 2010
 
 
Monfreid%20Pa.jpgDi Henry De Monfreid in Italia si sa poco o niente e sono scarse le traduzioni, disponibili tra l'altro solo da qualche anno. «L'ultimo vero filibustiere della letteratura europea» lo ha invece definito Stenio Solinas. «Ho avuto una ricca, irrequieta e magnifica» dichiarò lo scrittore alcuni giorni prima di morire all'età di 95 anni nel 1974. Prima che autore fu uomo di mare e d'avventure e iniziò a scrivere passati i cinquant'anni. Una seconda vita la sua, quella da scrittore. Anzi la terza. Perchè quando nasce, a La Franqui-Leucate (Aude), sulla costa mediterranea il 14 novembre 1879, c'è solo il mare a presagire che tipo di vita sceglierà.  
È figlio di George-Daniel de Monfreid e di Amèlie Bertrand. Il padre è un pittore-incisore, amico e rappresentante legale di Paul Gauguin. C'è da dire che se il destino è anche nei nomi, l'Henry è segnato nel suo come pochi altri. Il cognome "De Monfreid" è il nome d'arte scelto dalla nonna, Marguerite Barrière. Sposata, separata e conscia che la carriera di cantante lirica le lasciava poche speranze per il futuro, si fece amante di un ricco gioielliere americano, tale Gideon Reed. Ne rimase incinta e il facoltoso per non correre troppi rischi, le fece avere una nuova identità e poche preoccupazioni, mantenendola a vita.
 
Henry cresce tra le visioni di luoghi esotici nello studio parigino, e il mare di Cap Leucate, dove grazie al padre sarà iniziato alla navigazione a vela. Sono gli anni in cui conosce Victor Segalen, entrato in contatto con il padre in virtù dell'amicizia di quest'ultimo con Paul Gauguin.
Abbandonati gli studi il giovane Henry, dopo esser riuscito a evitare il servizio militare, pensa che è giunto il momento di metter su famiglia, prole compresa. Prende infatti con se Lucie d'Auvergne, ragazza già madre di un bambino al qual deciderà di dare il suo nome. Fa il venditore di caffè porta a porta. Poi torna a Parigi dal padre trovando impiego come lavamacchine e come autista. Nel 1907 e si stabilisce a Fécamp. Nel 1905 aveva avuto intanto il suo primo figlio da Lucien, Marcel. Nel 1908 lascia la ditta Maggi e investe in una fattoria. Poi lascia Lucien e con i due figli si trasferisce dal padre a Saint-Clement, ai piedi dei Pirenei. Vi passa un'intero anno di convalescenza, conoscendo tra l'altro la sua futura seconda moglie Armgart Freudenfeld, figlia dell'amministratore tedesco dell'Alsazia occupata. Riabilitatosi prende consapevolezza che la sua vita ha bisogno di una svolta e la fortuna vuole che un amico gli propone un impiego presso la ditta Guignony in Abissinia. È il 1911, ha 32 anni.
 
Accetta e da Marsiglia s'imbarca sul bastimento Oxus. Subito fraternizzerà con gli arabi. Rompe con la Guignony e assistito dal somalo Abdi che gli sarà sempre fedele ingaggia un equipaggio di dancali e inizia a esplorare il Mar Rosso dedicandosi alla pesca delle perle. Nel 1913 torna in Francia, in agosto sposa la seconda moglie. In ottobre riparte per Gibuti e con un carico d'armi percorre in largo e in lungo il Mar Rosso. Sopravvissuto a una tempesta si converte all'Islam prendendo il nome di Abd el Hai, "schiavo della vita", uno dei 99 nomi di Allah secondo i musulmani. Nel mese di dicembre viene arrestato per traffico d'armi e violazione dei codici doganali. Uscirà di galera tre mesi dopo, nel marzo del 1915. È l'anno in cui soffiano i venti della prima guerra mondiale, e lui si rende utile compiendo alcune missioni di spionaggio contro l'impero ottomano.
 
Nel 1916 chiama la moglie e la figlia a vivere con lui a Obock, dove nasceranno Amélie nel 1921 e Daniel nel 1922. Quello stesso anno trasportando lavoratori ad Aden nello Yemen, forza il blocco inglese, iniziando la sua personale guerra con l'amministrazione britannica. La quale nel 1917 lo dichiara "ospite indesiderato" e nel 1918 lo imprigiona a Berbera. Il suo "status" di collaboratore dei francesi gli vale però la "grazia". Finita la guerra continua i suoi traffici con l'Altair, il nuovo veliero che ha personalmente costruito, e mette a segno un colpo da maestro piazzando 12 tonnellate di hascisc contrabbandate dall'India all'Egitto sotto il naso degli inglesi. Con il ricavato compra una centrale elettrica e un mulino a Dire Dawa, in Etiopia. È il 1923 e a Gibuti arriva la giornalista americana Ida Treat, in viaggio di nozze con il marito Paul Valliant Couturier. Un veliero all'ancora nel porto attrae la loro attenzione: «Un europeo era a poppa. Difficile prenderlo per un somalo, ma non avrei saputo dire se era un arabo. Muscoloso, il suo corpo aveva il colore del tabacco. A testa scoperta, sotto il sole equatoriale, i piedi ben piantati, una fiera al sole. Una barca di somali gli passò vicino e i marinai lo salutarono con un grido ritmato: Addl-el Hai… Abdl-el Hai!». Era De Monfreid e i novelli sposi restano affascinati da quest'uomo che si nutre esclusivamente di thè. La giornalista ne narrerà le gesta, rendendolo una leggenda. Nel frattempo De Monfreid è a sua volta affascinato da quel che succede in Italia. È un estimatore di Mussolini e degli italiani in Etiopia. Nel 1926 incontra il gesuita francese Pierre Teilhard de Chardin, ne diviene amico e lo accompagna durante i suoi scavi archeologici. Due anni dopo accompagna Joseph Kessel in un suo reportage. E anche l'autore di Belle de jour resta affascinato dal personaggio De Monfreid, e parlerà ampiamente del suo caro «vecchio pirata». Ma fa di più, convince De Monfreid che deve raccontare la sua vita. E così De Monfreid passati i cinquant'anni comincia a scrivere e l'anno succesivo, nel '31, pubblica il suo primo libro, I segreti del Mar Rosso. È un successo e la sua fama diviene tale che Hergé lo fa diventare un personaggio delle storie di Tintin.
 
Ne I sigari del faraone appare infatti uno scaltro trafficante d'armi del Mar Rosso che salva Tintin dal mare. Due anni dopo esce Verso le terre ostili d'Etiopia, con critiche feroci a Haile Selassie. Il Negus non gradisce e lo espelle dal paese. Vi rientra però nel '36, con i suoi amici italiani che accompagna in quanto corrispondente di guerra per France Soir. È ora una vera celebrità, in Francia viene invitato alle serate di gala e vi si presenta in smoking e espadrillas, avendo un'odio viscerale per le scarpe. Nella prima metà degli anni Trenta pubblica una quindicina di romanzi e trova anche il tempo, nel '37, d'interpretare stesso nel film tratto dal suo primo libro.
 
Lo scoppio della seconda guerra mondiale lo coglie in Africa. Lui in Etiopia si mette a disposizione degli italiani. Nel '42 gli inglesi lo catturano. Viene rinchiuso con gli italiani in un campo di prigionia in Kenia. Quando nel '45 ne esce si ritira in una capanna alle pendici del Monte Kenia vivendo di caccia, scrivendo e dipingendo. Tornerà in Francia solo nel 1947, stabilindesi a Ingrandes. Lui ama andarsene in giro con un corvo sulla spalla destra. Per hobbies alleva manguste e si esibisce come chansonnier al Vieux Colombier. I suoi libri vengono sempre pubblicati per quella Grasset cui collabora ora anche Hugo Pratt, il futuro papà di Corto Maltese.
 
Pratt disegnerà le copertine dei romanzi di De Monfreid, già conosciuto probabilmente in Africa durante la guerra e ne farà uno dei personaggi nella serie a fumetti Gli Scorpioni del deserto. È plausibile inoltre che la vita e le vicende esotiche di De Monfreid abbiano non poco determinato quelle che saranno le caratteristiche di Corto Maltese. De Monfreid intanto, in quegli stessi anni entra nel dizionario francese e nel 1958, all'età di 79 anni, viene dato per morto quando assieme al figlio Daniel sparisce per dieci giorni nel tentativo di raggiungere le isole Mauritius su di un piccolo cutter. È ormai un arzillo ottantenne, caro amico di Jean Cocteau, il quale assieme ad altri spingerà per farlo eleggere all'Accademia di Francia. Ma non viene accettato per il suo passato "fascista". De Monfreid non ne fa un dramma e ultraottantenne collabora alla realizzazione di una serie di telefilm ispirata ai suoi romanzi. Va ancora in barca e la morte lo coglie solo nel '74 a 95 anni. Ha lasciato oltre 70 scritti e un gran numero di lettere, oltre a quadri e fotografie che raccontano tutta la sua vita. In Francia è una leggenda, mentre qui da noi è misconosciuto nonostante i legami con l'Italia. Solo negli ultimi anni una casa editrice specializzata in opere legate al mare, la Magenes, ha pubblicato i suoi primi due romanzi, I segreti del Mar Rosso (pp. 277, € 14,00) e La crociera dell'hascish (pp. 315, € 14,00).
Esce ora Avventure di mare (pp. 256, € 15,00): sarà un altro piccolo tassello nella conoscenza di un uomo straordinario, che ha attraversato un intero secolo, il più tumultuoso, tutto di corsa e senza mai voltarsi.

samedi, 16 octobre 2010

Le lobby pro-français en Wallonie

Picard / «  ‘t Pallieterke » :

Le lobby pro-français en Wallonie

 

 

wallonie-france2.jpgEn France, pense-t-on sérieusement à annexer la Wallonie, et même Bruxelles, à la « mère-patrie » hexagonale ? Oui, si l’on croit ce qu’écrivent certains sites sur Internet ou certains journaux. Ainsi, le ministre français des affaires européennes, Pierre Lellouche, se serait exprimé ouvertement, lors d’une réunion, sur les effets positifs qu’aurait une réception de la Wallonie dans le giron de Mère-France. La question demeure ouverte : quel est le degré de réalisme de tels plans ? Quel zèle déploient donc  les décideurs pour que cesse d’exister la frontière qui sépare encore la Wallonie de la France ?

 

Soyons clairs dès le départ : l’intérêt que porte la France à la Wallonie est encore relativement réduit. Il existe certes quelques parlementaires néogaullistes en France qui ont montré un bien vif intérêt pour les anciens départements de Jemmapes (= Hainaut), de Sambre-et-Meuse (Namur), de l’Ourthe (Liège) et des Forêts (Luxembourg wallon + Grand-Duché). Jean-Pierre Chevènement, nationaliste de gauche, lorgne, lui aussi, vers le Nord. En fait, l’intérêt que portent les Français pour ce Septentrion wallon reste fort marginal. Les Français ne connaissent pas trop bien les réalités belges. Lors d’une visite, fin des années 90, le Président français de l’époque, Jacques Chirac, s’était demandé si « la Belgique comptait en fait plusieurs cantons ».

 

Cet intérêt assez chiche pour la Wallonie procède de tout un éventail de raisons. D’abord, Paris ne s’est intéressé qu’aux régions flamandes bordées par l’Escaut. Ensuite, la Wallonie n’est, pour les Français, qu’une sorte d’annexe délabrée du « Nord ». Elle est à leurs yeux une région dépourvue d’intérêt. De surcroît, on sait aussi en France que ce n’est pas seulement la Wallonie mais la Belgique tout entière qui se trouvent partiellement sous contrôle économique français, par le biais des « secteurs utiles », notamment via la position dominante qu’occupe Electrabel/GDF/Suez. Les Français savent aussi que les frontières existantes sont des vaches sacrées à l’intérieur de l’UE. Paris a bien l’intention de toujours les respecter. Sauf s’il y a évidemment une majorité claire et nette de Wallons qui opterait pour une annexion à la France. La situation peut rapidement se modifier.

 

Pour le moment, ce n’est certainement pas le cas. Le lobby pro-français en Wallonie est actuellement faible. Il s’agit surtout de personnages qui lorgnent vers le Sud depuis des décennies comme les chefs de file du « Rassemblement wallon », Paul-Henry Gendebien et le constitutionaliste liégeois François Perin. Or le poids politique de ces deux hommes est inexistant. Comme on le sait fort bien, le parti rattachiste RWF n’a jamais été capable de dépasser 1% des voix en Wallonie.

 

Cette situation pourrait peut-être se modifier complètement en cas de dislocation de la Belgique. Si tel est le cas, une attitude pro-française pourrait subitement émerger en Wallonie, pour autant qu’elle soit latente. Pour avancer une telle hypothèse, nous n’avons qu’un seul exemple historique : au lendemain de la seconde guerre mondiale, beaucoup d’associations wallingantes se sont engouées pour la France. C’est un fait : le mouvement wallon (officiel) a toujours cherché à se profiler comme un mouvement de résistance antiallemand se référant à la personnalité du Général De Gaulle. La date du 18 juin 1940 est significative à cet égard. Ce jour-là, rappelons-le, De Gaulle prononce, depuis Londres, son fameux appel à poursuivre la lutte contre l’Allemagne. Or la date du 18 juin est aussi, par un pur hasard, celle de la bataille de Waterloo en 1815. Pour les tenants du wallingantisme, ce fut une défaite calamiteuse car, en conséquence, les Wallons furent inclus dans le « Royaume-Uni des Pays-Bas », instance politique qu’ils abominent. Nous ne devons pas oublier non plus que la « Congrès National Wallon » de 1945 avait opté pour une annexion à la France. S’il y a scission de la Belgique, cette vieille histoire sera certainement exhumée du placard.

 

Cependant, cette nostalgie des Wallingants s’avèrera insuffisante pour amener une majorité du peuple de Wallonie dans le giron de la France. Pour réussir une pareille opération, il faut des hommes politiques connus et populaires. Il y en a : quelques politiciens socialistes comme Christophe Collignon ou Claude Eerdekens lorgnent depuis longtemps vers la France. Ils se sentent étroitement liés à la région « Nord/Pas-de-Calais », qui est un bastion rouge. Ils n’auront de cesse de souligner que la Wallonie et cette région du Nord de l’Hexagone ont beaucoup de points communs.

 

Quelques figures de proue de la mouvance libérale portent leur regard plus loin : vers Paris. C’est bien connu : une personnalité comme Didier Reynders était fort heureux de voir la Banque Fortis reprise par BNP-Paribas. Cet homme connaît son chemin dans les salons de la capitale française. Il est d’ores et déjà écrit dans les étoiles que Reynders, quand il quittera la politique, occupera à Paris une fonction importante à la BNP-Paribas.

 

Si besoin s’en faut, Reynders est prêt à jouer les utilités et à devenir l’une des chevilles ouvrières du lobby pro-français de Wallonie. Il sait qu’il obtiendra, pour ce faire, le soutien de l’homme d’affaires wallon Albert Frère, qui est devenu plus français que belge. Frère a été l’un des personnages les plus importants quand il s’est agi de vendre à l’encan quelques grandes entreprises belges à la France. Parmi les protagonistes français de cette affaire, nous avons les dirigeants de Dexia, dont Pierre Mariani, qui auront tout intérêt en cas de scission de la Belgique à conserver de solides liens économiques avec le Septentrion wallon (et avec le reste aussi…).

 

Picard / « ‘ t Pallieterke ».

(article paru dans «  ‘t Pallieterke », Anvers, 22 septembre 2010).    

 

Maurice Allais

Maurice Allais

ex: http://www.telegraph.co.uk/ 

Maurice Allais, who died on October 9 aged 99, was a Nobel Prize winner who warned against "casino" stockmarket practices that eventually precipitated the current global financial crisis; he also claimed to have disproved Einstein's General Theory of Relativity.

 
Photo: AFP/GETTY

In the 1990s he delighted eurosceptics by his opposition, almost unique among French economists, to the single European currency; europhobes were less enthused when he revealed that he was against it because the currency's introduction should have been preceded by wholesale European political union.

He had won his Nobel for Economics in 1988. But he might also have been a candidate for the award in Physics, a discipline in which he was best known for his discovery that Earth's gravitational pull appears to increase during a solar eclipse.

Fluctuations have since been measured during 20 or so total solar eclipses, but the results remain inconclusive, and the "Allais effect", as it is known, continues to confound scientists. Allais himself had little doubt that the effect indicated a flaw in Einstein's theory of relativity. Indeed, he had little time for Einstein who, he claimed, had plagiarised the work of earlier scientists such as Lorentz and Poincaré in his 1905 papers on special relativity and E=mc2.

As an economist, Allais had reason to complain that others had been given credit that was his due. In his first major work, A la Recherche d'une Discipline Economique (1943), he proved mathematically that an efficient market could be achieved through a system of equilibrium pricing (when prices create a balance in demand with what can be supplied).

It proved vital in guiding the investment and pricing decisions made by younger economists working for the state-owned monopolies that proliferated in Western Europe after the Second World War – and for the authorities regulating private sector monopolies in an age of denationalisation.

He was awarded the Nobel for his "pioneering contributions to the theory of markets and efficient utilisation of resources", but the award was late in coming. His work has been compared favourably with that carried out at the same time or later by the American Paul Samuelson and the British economist John Hicks, both of whom won Nobel Prizes in the 1970s. Allais's work also served as a basis for the analysis of markets and social efficiency carried out by one of his former pupils, Gerard Debreu, who won the Nobel Economics Prize in 1983 after he became an American citizen, and Kenneth Arrow, who won the prize in 1972.

The main reason why Allais was overlooked for so long appears to be that he did not publish in English until late in his career and as a result did not gain the international recognition that was his due. Paul Samuelson felt that, had Allais's early works been in English, "a generation of economic theory would have taken a different course".

The son of a cheese shop owner, Maurice Allais was born in Paris on May 11 1911. After his father died in captivity during the First World War, he was raised by his mother in reduced circumstances.

A brilliant student at the Lycée Louis-le-Grand, Allais trained as an engineer at the Ecole Polytechnique and worked for several years as a mining engineer. He turned to economics after being appalled by the suffering he saw during a visit to the United States during the Great Depression. He taught himself the subject and soon began to teach it at the Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris, introducing a mathematical rigour into the French discipline, which at that time was mostly non-quantitative.

Allais's most important contributions to economic theory were formulated during the Second World War, when French academics, working under German occupation, were largely cut off from the outside world.

John Hicks, one of the first Allied economists in Paris after the liberation, recalled making his way to an attic where, once his eyes had adjusted to the dark, he could see a group with miners' lamps on their heads listening to a lecturer at a board. The lecturer was Allais, and he was talking about whether the interest rate should be zero per cent in a no-growth economy. This foreshadowed his second major publication, Economie et Intérêt (1947), a massive work on capital and interest which has formed the basis for the so-called "golden rule of accumulation". This states that to maximise real income, the optimum rate of interest should equal the growth rate of the economy.

Allais's book also included the suggestion that in stimulating an economy it is helpful to use a simple model consisting of two generations, young and old. At each step, the old generation dies, the young generation grows old, and a new young generation appears. The model, now known as the overlapping generations model, got little attention at the time, but more than a decade later Paul Samuelson introduced the same idea independently.

Allais's work had more than theoretical importance. When France rebuilt its economy on a combination of state dirigisme and market economics, Allais provided the theoretical framework needed to allow planners to resist the short-termism of politicians and set optimum pricing and investment strategies.

During the 1950s he pioneered a new approach when, in examining how people respond to economic stimuli, he asked a group to choose among certain gambles, and then examined their decisions. He discovered that the subjects acted in ways that were inconsistent with the standard theory of utility, which predicts that people will behave as rational economic beings. As a result he created the "Allais Paradox", an equation that predicts responses to risk.

Allais, who served as director of research at the National French Research Council, remained active and independent-minded until well into his eighties. Shortly before the stock market crash of 1987 he wrote a paper warning that the situation presented "three fundamental analogies with that which preceded the Great Depression of 1929-1934: a great development of promises to pay, frenetic speculation, and a resulting potential instability in credit mechanisms, that is, financing long-term investments with short-term deposits."

In 1989 he warned that Wall Street had become a "veritable casino", with loose credit practices, insufficient margin requirements and computerised trading on a non-stop world market – all contributing to a dangerously volatile financial climate.

In a recent article he argued that a "rational protectionism between countries with very different living standards is not only justified but absolutely necessary".

Allais was a prolific writer, both in the length of his pieces (his books typically ran to 800 or 900 pages) and in the variety of subjects he addressed. As well as works on economic theory and physics, he also wrote books on history.

Maurice Allais was appointed an officer of the Légion d'honneur in 1977 and grand officer in 2005. He was promoted to Grand Cross of the Légion d'honneur earlier this year.

His wife, Jacqueline, died in 2003, and he is survived by their daughter.

Maurice ALLAIS (1911-2010)

 Maurice ALLAIS (1911-2010)

(vertaald door Frederik Ranson : Ex: http://n-sa.be/ )

AllaisMauH2.jpgMaurice Allais, die op 9 oktober op 99-jarige leeftijd overleed, was een Nobelprijswinnaar die waarschuwde tegen de "casino"-praktijken op de aandelenmarkt die uiteindelijk hebben geleid tot de huidige wereldwijde financiële crisis; hij beweerde ook Einsteins algemene relativiteitstheorie te hebben weerlegd.

In de jaren 1990 verheugde hij de eurosceptici door zijn verzet, bijna uniek onder de Franse economen, tegen de Europese eenheidsmunt; eurofoben waren minder enthousiast toen hij onthulde dat hij ertegen was omdat de invoering van de munt had moeten worden voorafgegaan door een Europese politieke unie op grote schaal.

Hij won zijn Nobelprijs voor de Economie in 1988. Maar hij had ook kandidaat kunnen zijn voor die in de Natuurkunde, een vakgebied waarin hij het best bekend was voor zijn ontdekking dat zwaartekracht van de aarde lijkt te stijgen tijdens een zonsverduistering.

In 1954 experimenteerde hij met een zelf uitgevonden "paraconische" slinger en hij merkte dat, wanneer de maan voor de zon passeerde, de slinger een beetje sneller bewoog dan hij zou moeten hebben gedaan. Zijn verklaring, uiteengezet in L'Anisotropie de l'espace (1997), was dat ruimte andere eigenschappen vertoont langs verschillende assen en dit als gevolg van beweging door een ether die gedeeltelijk wordt beïnvloed door planetaire lichamen.

Schommelingen zijn inmiddels gemeten tijdens een twintigtal totale zonsverduisteringen, maar de resultaten zijn nog niet overtuigend en het "Allais-effect" (zoals het bekend staat) blijft voor verwarring zorgen onder wetenschappers. Allais zelf twijfelde er niet aan dat het effect een fout in Einsteins relativiteitstheorie aangaf. Inderdaad, hij had weinig tijd voor Einstein, die volgens hem het werk van eerdere wetenschappers zoals Lorentz en Poincaré had geplagieerd in zijn geschriften van 1905 over de speciale relativiteitstheorie en E=mc2.

Als econoom had Allais reden om te klagen dat anderen erkenning hadden gekregen die hem toekwam. In zijn eerste grote werk, A la Recherche d'une discipline économique (1943), bewees hij wiskundig dat een efficiënte markt kan worden bereikt via een systeem van economisch evenwicht (wanneer de prijzen zorgen voor een evenwicht tussen de vraag en wat kan worden geleverd).

Het bleek van vitaal belang in het sturen van de beslissingen over investeringen en prijzen die genomen werden door jongere economen, werkzaam voor de staatsmonopolies die zich uitbreidden in het West-Europa van na de Tweede Wereldoorlog – en voor de overheden die private sectorale monopolies reguleerden in een tijdperk van denationalisering.

Hij werd bekroond met de Nobelprijs voor zijn "baanbrekende bijdragen aan de theorie van de markten en een efficiënt gebruik van middelen", maar de onderscheiding kwam laat. Zijn werk is gunstig vergeleken met dat uitgevoerd op hetzelfde ogenblik of later door de Amerikaan Paul Samuelson en de Britse econoom John Hicks, die beiden Nobelprijzen wonnen in de jaren ‘70. Allais’ werk diende ook als basis voor de analyse van de markten en maatschappelijke efficiëntie uitgevoerd door een van zijn voormalige leerlingen, Gérard Debreu, die de Nobelprijs voor de Economie won in 1983 (nadat hij Amerikaanse staatsburger was geworden) en Kenneth Arrow, die de prijs in 1972 won.

De belangrijkste reden waarom Allais zo lang over het hoofd werd gezien lijkt te zijn dat hij niet in het Engels publiceerde tot laat in zijn carrière en als gevolg daarvan niet de internationale erkenning kreeg die hem toekwam. Paul Samuelson vond dat als Allais’ vroege werken in het Engels waren geweest, "een generatie van economische theorievorming een andere koers zou hebben genomen".

Maurice Allais werd geboren als zoon van de eigenaar van een kaaswinkel in Parijs op 11 mei 1911. Nadat zijn vader tijdens de Eerste Wereldoorlog in krijgsgevangenschap overleed, werd hij opgevoed door zijn moeder in moeilijke omstandigheden.

Als een briljante student aan het Lycée Louis-le-Grand werd Allais opgeleid als ingenieur aan de Ecole Polytechnique en hij werkte enkele jaren als mijningenieur. Hij wendde zich tot de economie na geschokt te zijn door het leed dat hij zag tijdens een bezoek aan de Verenigde Staten tijdens de Grote Depressie. Hij schoolde zichzelf in het onderwerp en begon al snel te les te geven aan de Ecole Nationale Superieure des Mines de Paris, waarbij hij een wiskundige strengheid invoerde in het Franse vakgebied, dat op dat ogenblik voornamelijk niet-kwantitatief was.

Allais’ belangrijkste bijdragen aan de economische theorie werden geformuleerd tijdens de Tweede Wereldoorlog, toen de Franse academici – werkend onder Duitse bezetting – grotendeels van de buitenwereld afgesneden waren.

John Hicks, een van de eerste geallieerde economen in Parijs na de bevrijding, herinnerde zich dat hij zich een weg moest banen naar een zolder waar – eens zijn ogen zich aan het duister hadden aangepast – hij een groep met mijnwerkerslampen op hun hoofd kon zien luisteren naar een leraar voor een bord. Die leraar was Allais en hij was aan het spreken over het feit of de rente nul procent zou moeten zijn in een economie zonder groei. Dit was de voorbode van zijn tweede grote publicatie, Economie et interêt (1947), een enorm werk over kapitaal en rente dat de basis heeft gevormd voor de zogenaamde "gouden regel van de accumulatie". Daarin staat dat om het reële inkomen te maximaliseren de optimale rente gelijk moet zijn aan de groei van de economie.

Allais’ boek bevatte ook de suggestie dat het bij het stimuleren van een economie nuttig is om een eenvoudig model, bestaande uit twee generaties (jong en oud), te gebruiken. Bij elke stap sterft de oude generatie, wordt de jonge generatie ouder en verschijnt een nieuwe jonge generatie. Het model – nu bekend als het overlappende-generatiesmodel – kreeg weinig aandacht op dat ogenblik, maar meer dan een decennium later introduceerde Paul Samuelson  hetzelfde idee onafhankelijk van Allais.

Allais' werk hadden meer dan een theoretisch belang. Toen Frankrijk zijn economie in een combinatie van staatsdirigisme en markteconomie heropbouwde, leverde Allais het theoretische kader dat de planners nodig hadden om het korte-termijndenken van politici te kunnen weerstaan en optimale prijs- en investeringsstrategieën op te stellen.

Tijdens de jaren 1950 bedacht hij als eerste een nieuwe aanpak toen hij, tijdens onderzoek naar hoe mensen reageren op economische prikkels, een groep vroeg om te kiezen tussen bepaalde gokken en vervolgens hun beslissingen onderzocht. Hij ontdekte dat de proefpersonen handelden op manieren die in strijd waren met de standaardtheorie over nut, die voorspelt dat mensen zich zullen gedragen als rationele economische wezens. Als gevolg daarvan bedacht hij de "Allais-paradox", een vergelijking die reacties op risico's voorspelt.

Allais, die werkte als directeur van het Franse Nationale Centrum voor Wetenschappelijk Onderzoek, bleef actief en onafhankelijk denkend tot ver in zijn tachtigerjaren. Kort voor de beurskrach van 1987 schreef hij een opstel waarin hij schreef dat de situatie "drie fundamentele gelijkenissen (vertoonde) met dat wat de Grote Depressie van 1929-1934 voorafging: een bovenmatige ontwikkeling van schuldbewijzen, koortsachtige speculatie en een daaruit voortvloeiende mogelijke instabiliteit in kredietmechanismen, dat wil zeggen: de financiering van investeringen op lange termijn met korte-termijndeposito's".

In 1989 waarschuwde hij dat Wall Street een "waar casino" was geworden, met losse kredietpraktijken, onvoldoende margevereisten en een gecomputeriseerde handel op een non-stop wereldmarkt – die allen bijdragen tot een gevaarlijk wispelturig financieel klimaat.

In een recent artikel betoogde hij dat een "rationeel protectionisme tussen landen met een zeer uiteenlopende levensstandaard niet alleen gerechtvaardigd is, maar zelfs absoluut noodzakelijk".

Allais was een productieve schrijver, zowel in de lengte van zijn stukken (zijn boeken hadden dikwijls 800 à 900 pagina’s) als in de verscheidenheid van onderwerpen die hij behandelde. Naast werken over economische theorie en natuurkunde schreef hij ook boeken over geschiedenis.

Maurice Allais werd benoemd tot officier van het Legion d'honneur in 1977 en Grootofficier in 2005. Hij werd bevorderd tot het Grootkruis van het Legion d'honneur eerder dit jaar.

Zijn vrouw, Jacqueline, overleed in 2003 en hij wordt overleefd door hun dochter.

Bron: Telegraph

vendredi, 15 octobre 2010

Comment l'administration Bush a fait payer à Chirac le prix de sa "trahison"

Le journaliste Vincent Nouzille raconte comment l'administration Bush a fait payer à Chirac le prix de sa « trahison »

Un soldat américain couvre le visage d'une statut de Saddam Hussein à Bagdad, en avril 2003 (Goran Tomasevic/Reuters)

 

Dans un livre à paraître cette semaine, le journaliste Vincent Nouzille raconte par le menu la manière dont l'administration Bush a fait payer 5,5 milliards de dollars (4 milliard d'euros) à la France comme prix de sa « trahison » lors du déclenchement de la guerre en Irak en 2003.

Une somme lâchée sous pression par Jacques Chirac lors de la renégociation de la dette irakienne, alors qu'il l'avait initialement refusée. Un prix tenu quasiment secret et qui n'a fait aucun débat en France. Rue89 publie les bonnes feuilles du livre « Dans le secret des présidents ».

 


Ex: http://www.rue89.com/

La Maison Blanche demeure, en cette fin de 2003, très rancunière. George Bush souhaite même mettre la France à l'amende de manière sonnante et trébuchante. Car l'Irak coûte 70 milliards de dollars [50 milliards d'euros, ndlr] par an au budget américain.

Washington ne veut pas être seul à supporter le coût des opérations militaires et de la reconstruction. Paris devrait partager le fardeau, ne serait-ce que pour compenser son refus d'envoyer des troupes aux côtés des GI's.

Durant quelques mois, la Maison Blanche va mener une intense campagne de pression sur l'Elysée afin d'obtenir un chèque de Paris. Le plus surprenant, c'est que Jacques Chirac finira par y céder, piétinant ses propres principes, mais sans le crier sur les toits de peur d'être critiqué pour un geste qui coûtera plusieurs milliards d'euros à la France…

Les coulisses de cette victoire de Bush, passée inaperçue, révèlent la force du rouleau compresseur américain. Le président des Etats-Unis commence son harcèlement à l'automne 2003. […]

Les principaux créanciers de Saddam Hussein

A défaut d'obtenir une grosse rallonge financière directe, la Maison Blanche revient à la charge sur un autre dossier économique sensible : celui de la dette irakienne, accumulée depuis des années par le régime de Saddam Hussein. Le montant des impayés, qui correspond à des achats militaires ou civils de la dictature, atteint plus de 120 milliards de dollars, en tenant compte des arriérés d'intérêts. Les principaux créanciers de l'Irak sont le Japon, la Russie, la France et l'Allemagne.

Coïncidence ou non, ces trois derniers pays se sont opposés à l'offensive américaine. La Maison Blanche voit donc un double avantage à obtenir un abandon de créances en faveur de Bagdad : cela permettrait à l'Irak « nouveau » de repartir sur des bases économiques plus saines, sans ce lourd fardeau à rembourser ; et il y aurait un petit parfum de revanche à faire assumer cet effacement de dettes par des pays si peu coopératifs !

[…] Lorsque [l'émissaire américain, ancien secrétaire d'Etat, ndlr] James Baker rencontre Jacques Chirac, le mardi 16 décembre 2003, la position française est plutôt prudente. La France ne souhaite pas faire de cadeau particulier à l'Irak. […] [Baker obtient ensuite de Chirac que la réduction de la dette irakienne soit d'environ 50%, ce qui représente déjà un effort énorme, ndlr.]

George Bush ne se contente pas de la réduction de moitié de la dette irakienne. Il veut obtenir davantage. En mars 2004, à l'occasion d'un coup de téléphone à Jacques Chirac, […] le président américain demande à son homologue français d'« examiner avec la plus grande attention » la lettre qu'il va lui envoyer au sujet de la dette irakienne. La position des Etats-Unis se dévoile rapidement : ils réclament une annulation de 95% de la dette irakienne, autrement dit un effacement quasi-complet de l'ardoise !

Le coup de pouce du FMI à la Maison Blanche

[…] Au fil des semaines, les négociateurs américains gagnent du terrain. Ils obtiennent des promesses d'appui de leurs « bons » alliés, comme le Royaume-Uni, le Canada, l'Italie et le Japon. Le Fonds monétaire international (FMI) apporte un peu d'eau à leur moulin, estimant qu'une annulation de 70% à 80% serait nécessaire pour que l'Irak puisse tourner la page du passé.

Ce chiffrage du FMI suscite des doutes à Paris. Une autre étude de la Banque mondiale et de l'ONU, publiée à l'automne 2003, évoquait plutôt un besoin d'annulation à hauteur de 33%. Du coup, les exigences de la Maison Blanche sont jugées totalement excessives.

Dans une note au Président Chirac, avant le dîner qui doit avoir lieu à l'Elysée, le 5 juin 2004, en l'honneur de George Bush venu commémorer le D-Day, ses conseillers estiment que la requête américaine serait « coûteuse pour la France », qui est le troisième créancier de l'Irak, avec 6 milliards de dollars d'impayés. Surtout, selon eux, elle pose fondamentalement des « problèmes de principe » :

« Nous ne pouvons pas moralement accorder à l'Irak, un pays potentiellement riche, peu peuplé et qui dispose des deuxièmes réserves de pétrole du monde, des annulations comparables à celles dont bénéficient les pays les plus pauvres et les plus endettés de la planète (80% à 90%).

Alors qu'en termes d'effort, nous allons déjà faire en six mois [pour l'Irak] ce que nous avons mis plus de dix ans à faire [pour les 37 pays éligibles au plan d'aide exceptionnel de pays pauvres, appelé PPTE]. »

 

Bref, il n'est pas question d'aller au-delà des 50% promis à James Baker ! Ce cadeau est déjà disproportionné comparé aux autres pays.

Les conseillers recommandent à Jacques Chirac de tenir bon devant Bush. […]

La discussion s'achève sur un constat de désaccord. […] Pourtant, soumis aux charges répétées de Washington et de ses alliés, l'Elysée va craquer.

« La pression américaine était énorme »

La dernière session de négociations se déroule à Bercy durant trois journées complètes, en novembre 2004. L'ambiance est à couper au couteau. […]

« La pression américaine était énorme. Je n'ai jamais vécu une négociation aussi unilatérale que celle-là », témoigne Jean-Pierre Jouyet, qui présidait les séances.

Au bout de trois jours, le front des créanciers se fissure. Jean-Pierre Jouyet poursuit :

« J'ai appelé Maurice Gourdault-Montagne [le conseiller diplomatique de l'Elysée, ndlr], qui était avec le Président Chirac à un Conseil européen, et je lui ai décrit la situation : les Allemands venaient de lâcher subitement, sans concertation préalable, probablement pour se faire bien voir des Américains. J'ai donc expliqué que nous pouvions continuer de tenir tête, mais que nous étions seuls. Gourdault-Montagne m'a répondu qu'il allait en parler au Président Chirac.

Il m'a ensuite rappelé pour me dire que le Président avait décidé de ne plus s'opposer au consensus. J'ai donc appliqué ces instructions de l'Elysée.

Nous n'aurions sans doute pas pu récupérer grand-chose de nos créances, mais je ne suis pas sorti très content de cette négociation, c'est le moins que l'on puisse dire. »

 

Curieusement, Nicolas Sarkozy, qui s'apprête à quitter ses fonctions de ministre de l'Economie et des Finances pour la présidence de l'UMP, n'intervient pas dans cette discussion, qui concerne pourtant l'argent de l'Etat. Il laisse son directeur du Trésor, Jean-Pierre Jouyet, en prise directe avec l'Elysée.

Les consignes de Chirac conduisent à la conclusion d'un accord portant sur une annulation, par étapes, de 80% de la dette irakienne, soit un effacement total de plus de 30 milliards de dollars pour la vingtaine de pays créanciers concernés : c'est exactement ce que l'Elysée jugeait inacceptable quelques mois auparavant !

L'accord est officialisé par le Club de Paris le 21 novembre 2004, à quelques semaines des premières élections en Irak.

« Nous ne l'avons pas fait pour Bush, mais pour les Irakiens. C'était d'ailleurs le tarif à payer par tous les créanciers », plaide Jean-David Levitte, qui a suivi le dossier comme ambassadeur à Washington.

Le cadeau fait à Bush

D'autres acteurs ont une interprétation différente de ce retournement français. Alors que George Bush vient juste d'être réélu pour un second mandat, Jacques Chirac a décidé, comme le chancelier allemand Schröder, cette concession majeure afin de se rabibocher avec la Maison Blanche. […]

Devant une délégation de sénateurs américains, qu'il recevra le 31 janvier 2005 à l'Elysée, le président de la République confirmera ouvertement avoir cédé à la pression américaine : « A la demande des Etats-Unis, notamment suite à un appel téléphonique du président Bush, la France a accepté d'annuler la quasi-totalité de la dette irakienne », dira-t-il.

Pour éviter une polémique sur ce « cadeau fait à Bush », l'Elysée ne se vantera pas publiquement de son reniement et se gardera de toute communication trop visible sur cette annulation de créances, accordée sans que la France bénéficie, en retour, d'une véritable contrepartie économique.

Le ministère des Affaires étrangères se contentera, à la fin de 2005, d'un discret communiqué annonçant que la France et l'Irak ont signé un accord bilatéral relatif au traitement de la dette irakienne dans le cadre de la mise en œuvre des accords du Club de Paris. Un joli habillage pour une décision hors normes.

Les conseillers de l'Elysée reconnaissent d'ailleurs qu'il s'agit d'une largesse française particulièrement onéreuse. Préparant, au début de 2005, des entretiens de Jacques Chirac avec George Bush et sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, ils listent les initiatives prises par l'Elysée pour prouver ses bonnes intentions diplomatiques à l'égard de Washington sur l'Irak. On peut y lire notamment :

« Présidente du Club de Paris, la France a fait aboutir une solution audacieuse, généreuse et exceptionnelle du problème de la dette (80% en trois étapes). Cet allègement signifie pour nous une annulation de créances de 5,5 milliards de dollars. »

 

5,5 milliards de dollars ! Il s'agit d'un chèque colossal, puisqu'il représente plus de 4 milliards d'euros, soit dix fois le coût annuel des forces françaises en Afghanistan. Ou 80 fois l'annulation de la dette consentie à Haïti après le tremblement de terre de janvier 2010…

Bush a bien réussi à faire payer Chirac.

Très cher.

► Vincent Nouzille, « Dans le secret des présidents », éd. Fayard/Les Liens qui Libèrent, parution 13 octobre 2010, 583 pages, 24,50 euros.

Photo : un soldat américain couvre le visage d'une statut de Saddam Hussein avec le drapeau américain à Bagdad, en avril 2003 (Goran Tomasevic/Reuters)

jeudi, 14 octobre 2010

Ludwig Woltmann: la obsesion por la hegemonia germanica

 
Sebastian J. Lorenz
Ex: http://imperium-revolucion-conservadora.blogspot.com/

ludwig-woltmann.jpgComenzamos por señalar la corriente darwinista que reinterpretó la lucha de clases como una lucha de razas, en la que destaca la obra de Ludwig Gumplowicz (Der Rassenkampf), judío de origen polaco que, casualmente, sería considerado como maestro sociológico por el germanista radical Ludwig Woltmann. Precisamente, increpado Gumplowicz por su discípulo Woltmann al haber abandonado el concepto de raza, el sociólogo nostálgico respondió en los siguientes términos: «Me sorprendía … ya en mi patria de origen el hecho de que las diferentes clases sociales representasen razas totalmente heterogéneas; veía allí a la nobleza polaca, que se consideraba con razón como procedente de un tronco completamente distinto del de los campesinos; veía la clase media alemana y, junto a ella, a los judíos; tantas clases como razas … pero, en los países del occidente de Europa sobre todo, las distintas clases de la sociedad hace ya mucho tiempo que no representan otras tantas razas antropológicas y, sin embargo, se enfrentan las unas a las otras como razas distintas …».
Woltmann, sin embargo, representa ya un modelo racista más avanzado en el tránsito hacia el racismo biológico, apropiándose, al mismo tiempo, de ciertas elucubraciones de Gobineau y De Lapouge. Ludwig Woltmann, un ex-marxista que abandonó la lucha de clases y se convirtió a la lucha de razas, representa, en definitiva, un racismo que aparece ahora revestido como una ciencia de la antropología que se dirige a establecer los caracteres de los pueblos superiores y dominadores, capaces de asegurar la primacía y la potencia de las civilizaciones. Curiosamente, en su famoso “manual”, Armin Mohler incluye a Woltmann entre los autores völkischen (rama del “campesinado”) de la Revolución Conservadora alemana.
Para ello, Woltmann define un tipo biológico, puramente antropológico y morfológico en sus descripciones, y después, lo asocia a una serie de cualidades espirituales: «el hombre de alta estatura, de cráneo desarrollado, con dolicocefalia frontal y de pigmentación clara –la raza nord-europea- representa el tipo más perfecto del género humano y el producto más alto de la evolución orgánica». Otto Hauser, su discípulo, definía a los pueblos indoeuropeos como «pueblos rubios, bien definidos, que llegaron por sí mismos a una cultura cuyo nivel será admirado siempre, mientras circule en un pueblo, en un individuo, sangre nórdica afín».
Insiste Woltmann en que, mientras a las razas nórdicas les corresponde mayores cualidades intelectuales y facultades creativas, a las razas inferiores les resulta imposible acoger elementos de las civilizaciones que, como la nórdico-mediterránea tan próxima a sus áreas geográficas, pudieron adoptar para su propio beneficio, pero no lo hicieron, sumiéndose finalmente en la barbarie. Sin embargo, las razas germánicas se adueñaron rápidamente de las culturas griega y romana, mientras que, ni griegos ni romanos asimilaron la hebraica. «La transmisión de una civilización superior a razas inferiores no es posible sin una mezcla de sangre, a través de la cual los elementos de la raza más dotada se fundan con los de las razas menos dotadas». Pero el cruce de razas no es un factor de progreso duradero, sino cuando se trata de dos razas afines y del mismo valor biológico y espiritual: «es así como los germanos y los romanos se sintieron recíprocamente como de igual valor».
A pesar de reiterar la tradicional advertencia sobre los peligros de la mezcla de razas, Woltmann se aparta del pesimismo gobiniano para abrazar el difuso concepto de la “desmezcla de razas” que luego reinterpretarían Rosenberg y Darré para el nacionalsocialismo. Según esta teoría, debía atribuirse una importancia capital al fomento artificial de la raza a través de cruzamientos endogámicos (esto es, entre individuos supuestamente pertenecientes a la misma raza), con «la modesta esperanza de poder conservar y salvaguardar la sana y noble existencia de la raza actual por medio de medidas higiénicas y políticas encaminadas a protegerla».
291208_152955_PEEL_QZBZNe.jpgLas tesis iniciales de Woltmann, no obstante lo anterior, irían cobrando un intenso matiz germanista, hasta el extremo de no tolerar la unión de los alemanes con otras ramas de la familia nord-europea. Es más, una posible asimilación de los otros pueblos germánicos –daneses, holandeses, etc- la condicionaba a su dominio por parte de una gran Alemania. La extravagancia de Woltmann, que partía de la idea según la cual el valor de una civilización depende de la cantidad de raza rubia germana que contenga, le hizo asegurar que los grandes hombres (nobles, políticos, artistas, filósofos, etc) más representativos de la cultura y la sociedad italiana, francesa y española eran, sin duda alguna, de ascendencia germánica, pensando que sus cualidades anímicas y espirituales revelarían siempre los caracteres antropológicos del germano, dolicocéfalo y rubio, aun cuando su apariencia física externa fuera la de un alpino braquicéfalo o la de un oscuro mediterráneo.
Poseído por la obsesión del “racismo rubio”, veía en las élites intelectuales y artísticas de las naciones europeas a hombres de cabello rubio y ojos azules. Hasta un teórico racista de la talla de Hermann Wirth llegaría a decir que «por un error singular de observación, Woltmann y sus partidarios descubrieron en tantos genios y talentos europeos rasgos germánicos. Para ojos imparciales, los retratos que Woltmann agregó como explicación muestran precisamente lo contrario: tipos baskiros, mediterráneos y negros».
Evidentemente, ningún historiador serio pondrá en duda que en todos los países europeos, en mayor o menor medida, existen elementos raciales –o más exactamente antropológicos- del tipo germánico o, en general, indoeuropeo, debidos a las continuas y sucesivas invasiones de estos pueblos. Así, Max van Gruber podrá decir que «cuando examinamos las características físicas de nuestros más grandes hombres en cuanto a su pertenencia, encontramos, es verdad, caracteres nórdicos, pero en ninguno exclusivamente nórdicos … pero a las cualidades de los nórdicos han tenido que agregarse ingredientes de otras razas para producir tan feliz composición de cualidades».
El sueño de una hegemonía germánica mundial de Woltmann tenía, sin embargo, un obstáculo históricamente reiterado y constatado: el hombre germánico es el gran enemigo –y el más peligroso- del hombre germánico. Alemania necesitaba “una regeneración espiritual y una purificación racial internas” destinadas a la lucha final y definitiva, para lograr un grado de civilización superior a todos los precedentes, contra todas las familias de raza germánica.
Unas décadas más tarde, la Gross Deutschland conseguiría la anhelada “unidad racial germánica” (Germanische Blutseinheit) sometiendo, no sólo a los baltos y eslavos parcialmente germanizados (lituanos, letonios, checos, polacos, ucranios), sino también a otros pueblos germanos, como daneses, noruegos, holandeses, flamencos, y enfrentándose, especialmente, con los anglosajones –británicos y norteamericanos- por la conquista del mundo, pero el resultado final fue muy distinto al de la premonición de Woltmann.

mercredi, 13 octobre 2010

Maurice Allais: la mort d'un dissident

Maurice Allais : la mort d'un dissident

 

"Ceux qui détiennent le pouvoir de décision nous laissent le choix entre écouter des ignorants ou des trompeurs" (Maurice Allais)

arton2301.jpgEx: http:://www.polemia.com/

Seul Français prix Nobel d’économie, Maurice Allais, est mort à 99 ans dimanche 10 octobre. Esprit universel, économiste et physicien, il était à la fois couvert d’honneurs et réduit au silence. Car il s’était attaqué aux tabous du temps. Critiquant notamment le libre-échangisme mondial, la financiarisation de l’économie, l’immigration incontrôlée. Annonçant dès 1998 la crise financière, il avait été ensuite réduit au silence : en 2005, le Figaro lui avait même refusé un article critique sur la Constitution européenne que ce grand économiste libéral (libéral-socialiste, aimait-il à dire) avait dû publier dans …l’Humanité.

Rappelons quelques uns de ses axiomes tels que ceux qu’il avait énoncés dans sa « Lettre aux Français contre les tabous indiscutés », publiée - une fois, hélas, n’était pas coutume – dans Marianne du 5 décembre 2009 :

« Le point de vue que j'exprime est celui d'un théoricien à la fois libéral et socialiste. »

« Les grands dirigeants de la planète montrent une nouvelle fois leur ignorance de l'économie qui les conduit à confondre deux sortes de protectionnismes : il en existe certains de néfastes, tandis que d'autres sont entièrement justifiés. Dans la première catégorie se trouve le protectionnisme entre pays à salaires comparables, qui n'est pas souhaitable en général. Par contre, le protectionnisme entre pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire. C'est en particulier le cas à propos de la Chine, avec laquelle il est fou d'avoir supprimé les protections douanières aux frontières. Mais c'est aussi vrai avec des pays plus proches, y compris au sein même de l'Europe. »

« Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m'apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d'aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d'un contresens incroyable. » (…) Nous faisons face à une ignorance criminelle. »

« Ma position et le système que je préconise ne constitueraient pas une atteinte aux pays en développement. Actuellement, les grandes entreprises les utilisent pour leurs bas coûts, mais elles partiraient si les salaires y augmentaient trop. Ces pays ont intérêt à adopter mon principe et à s'unir à leurs voisins dotés de niveaux de vie semblables, pour développer à leur tour ensemble un marché interne suffisamment vaste pour soutenir leur production, mais suffisamment équilibré aussi pour que la concurrence interne ne repose pas uniquement sur le maintien de salaires bas. Cela pourrait concerner par exemple plusieurs pays de l'est de l'Union européenne, qui ont été intégrés sans réflexion ni délais préalables suffisants, mais aussi ceux d'Afrique ou d'Amérique latine. »

« Les grands dirigeants mondiaux préfèrent, quant à eux, tout ramener à la monnaie, or elle ne représente qu'une partie des causes du problème. Crise et mondialisation : les deux sont liées. »

« Cette ignorance et surtout la volonté de la cacher grâce à certains médias dénotent un pourrissement du débat et de l'intelligence, par le fait d'intérêts particuliers souvent liés à l'argent. Des intérêts qui souhaitent que l'ordre économique actuel, qui fonctionne à leur avantage, perdure tel qu'il est. Parmi eux se trouvent en particulier les multinationales qui sont les principales bénéficiaires, avec les milieux boursiers et bancaires, d'un mécanisme économique qui les enrichit, tandis qu'il appauvrit la majorité de la population française mais aussi mondiale. »

« Question clé : quelle est la liberté véritable des grands médias ? Je parle de leur liberté par rapport au monde de la finance tout autant qu'aux sphères de la politique. »

Polémia qui, à plusieurs reprises, a rendu hommage au Prix Nobel d'économie 1988, signale ici quelques recensions, mises sur son site, de l’œuvre récente de Maurice Allais.

Maurice Allais : les causes du chômage français
Maurice Allais : le coût de l’immigration
Maurice Allais flingue le néo-libéralisme dans une revue financée par Bercy
Les analyses prophétiques de Maurice Allais

Polémia
12/10/2010

mardi, 12 octobre 2010

Maurice Allais, prix Nobel d'économie, meurt à 99 ans

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Maurice Allais, prix Nobel d'économie français, meurt à 99 ans

Le seul Français à avoir reçu le prix Nobel d’économie est décédé samedi à son domicile à l’âge de 99 ans.

 

Né le 31 mai 1911 à Paris, polytechnicien et membre de l’Institut, Maurice Allais a en particulier enseigné à l’École des mines de Paris et dirigé le Centre d’analyse économique.

Il a reçu le prix Nobel en 1988 pour ses contributions à la théorie des marchés et de l’utilisation des ressources.

Maurice Allais n’a pas toujours été bien compris, loin s’en faut. «Beaucoup de lecteurs le considèrent comme un champion du protectionnisme», ce qui est un «jugement profondément inexact», soulignait, lors de la même cérémonie, l’enseignant et chercheur Thierry de Montbrial.

Mais il est vrai qu’à force de vouloir que l’union politique précède l’union économique, Maurice Allais s’était affirmé comme un farouche défenseur d’une Communauté européenne d’abord soucieuse d’assurer sa propre sécurité économique, ce qui l’avait fait passer pour celui qui voulait bâtir une forteresse autour de l’Europe.

Il rappelait ainsi l’an dernier , qu’«un protectionnisme raisonné entre des pays de niveaux de vie très différents est non seulement justifié, mais absolument nécessaire».

Il se définissait lui-même comme un «libéral socialiste». C’est, expliquait-il cette position qui lui faisait souhaiter par exemple, pour éviter une destruction de l’agriculture et de l’industrie françaises, le rétablissement de préférences régionales au sein du commerce international dès lors que les écarts de salaires devenaient trop importants.

Le Figaro

Alerte aux attentats: désinformation, manipulation, réalité?

Alerte aux attentats : désinformation, manipulation, réalité ?

 

Ex: http://www.polemia.com/

garde_n4.jpg« A propos du plan vigipirate qui concerne les risques liés à la menace terroriste en France, le ministère de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales rappelle que la France est actuellement au niveau d’alerte "rouge". »

Le quotidien genevois, Le Temps, s’interroge sur le véritable objectif de la « mise en garde pratiquement sans équivalent » lancée par les autorités américaines et britanniques pour alerter leurs nationaux en voyage touristique en Europe afin qu’ils évitent tout particulièrement la Tour Eiffel et la Hauptbannof de Berlin.
Polémia

Le domaine de la lutte

Une mise en garde pratiquement sans équivalent pour alerter qui? Les touristes américains, afin qu’ils évitent les environs de la tour Eiffel et de la Hauptbahnhof de Berlin? Les Européens eux-mêmes, pour qu’ils ne sous-estiment pas l’enjeu de la guerre en cours en Afghanistan et au Pakistan? Les terroristes en devenir, pour qu’ils se sentent traqués et commettent ainsi un faux pas?

La mise en garde des Etats-Unis contre un risque d’attentats en Europe a fini par susciter craintes et désarroi. Les autorités américaines ont raison, bien sûr, de prévenir leurs concitoyens en cas d’informations crédibles et concordantes, comme elles le font depuis des années à l’égard de la Somalie, de l’Afghanistan ou, plus récemment, du Mexique. Mais ici, le caractère diffus de la menace ne fait qu’augmenter la confusion, ajoutant la peur de l’impuissance à celle d’une action meurtrière éventuelle.

Cette décision américaine est en réalité au croisement de deux tendances lourdes de la lutte contre le terrorisme telle qu’elle a vu son origine à Manhattan, après l’écroulement des deux Tours jumelles. Le monde n’est plus le même, et chacun est prié d’en prendre note. «Si tu vois quelque chose, dis quelque chose», proclament sans cesse depuis neuf ans les messages dans le métro et les autobus new-yorkais. Chacun, partout, est ainsi converti en agent particulier d’un combat global. Les Américains ne font aujourd’hui qu’étendre le domaine de la lutte à l’Europe. Ce ne sont pas eux, mais les Européens qui se sentent choqués par cette évolution.

En outre – et c’est la deuxième tendance à l’œuvre – tous les attentats doivent désormais pouvoir être déjoués, même les plus improbables, veulent croire les Américains. Caméras de surveillance dans chaque coin, contrôles interminables aux aéroports et, maintenant, établissement progressif de zones à risque autour des lieux les plus fréquentés. L’approche est erronée, elle aura toujours un coup de retard. Mais qui en défend une autre?

Luis Lema
Editorial 
Le Temps
06/10/2010

Correspondance Polémia –07/10/2010

Image : les paras de la Légion sous la Tour Eiffel

samedi, 09 octobre 2010

Maurras e gli intellettuali

“Il Partito dell’Intelligenza”. Maurras e gli intellettuali

di Francesco Perfetti

Fonte: il giornale [scheda fonte]

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In occasione del conferimento della laurea honoris causa rilasciatagli dall’Università di Aix-en-Provence, il grande poeta inglese Thomas Stearns Eliot pronunciò una commossa allocuzione dedicata a Charles Maurras, il fondatore dell’Action Française, ricordando l’impressione che gli aveva fatto la lettura del saggio su L’avenir de l’Intelligence, che egli aveva intrapreso nel 1911, allorché si trovava, studente poco più che ventenne, a Parigi.

Era stato colpito dalla critica al romanticismo e dal classicismo maurrassiani e precisò che per lui, come per altri amici intellettuali, Maurras aveva finito per rappresentare «una sorta di Virgilio» che li aveva accompagnati «alle soglie del Tempio» strappandoli dalle tentazioni dell’agnosticismo. Eliot era un americano naturalizzato inglese e, proprio per questo, il suo apprezzamento per Maurras è significativo. Esso dimostra come il pensiero dello scrittore abbia avuto, anche al di fuori dei confini del suo Paese, nel mondo degli intellettuali, un grande peso. A maggior ragione, naturalmente, la sua influenza si esercitò nella sua Francia, nella Francia della Terza Repubblica. E fu un’influenza importante e assai più profonda di quanto non si pensi soprattutto nell’ambito della cultura più che in quello della politica. Un dato, questo, che è stato messo – comprensibilmente – in ombra dalle vicende politiche che hanno coinvolto Maurras e il movimento monarchico dell’Action Française fino al coinvolgimento del suo autore e dei suoi seguaci nel regime di Vichy.

Il rapporto del maurrassismo con il mondo degli intellettuali è stato analizzato nel corso di un convegno internazionale tenutosi a Parigi, al Centre d’Histoire de Science po., i cui atti sono stati oggi pubblicati col titolo Le maurrasisme et la culture (Presses Universitaires du Septentrion, pagg. 370, euro 26) a cura di Olivier Dard, Michel Leymarie e Neil McWilliam. Ne emerge un quadro mosso, articolato, pieno di sfumature che fa comprendere il fascino che, nel bene o nel male, lo scrittore francese ha esercitato sugli intellettuali del suo tempo.

All’indomani della Prima guerra mondiale, nel momento di maggior successo del movimento dell’Action Française, si parlò del “Parti de l’Intelligence”. E non a torto perché, si potrebbe dire con una battuta, è con Charles Maurras che l’intelligenza e la cultura passarono a destra. E non è un caso che Julien Benda scrivesse il suo celebre pamphlet su La trahison des clercs proprio per denunciare il fatto che molti intellettuali erano finiti, come intellettuali militanti, nelle file dell’Action Française e sulle pagine del quotidiano omonimo. Furono molto vicini a Maurras, anche se in qualche caso poi se ne allontanarono, pensatori cattolici come Jacques Maritain e Georges Bernanos, polemisti come Léon Daudet e Henri Massis, scrittori come Thierry Maulnier, storici come Jacques Bainville e Pierre Gaxotte e via discorrendo. E subirono la suggestione delle sue idee altre personalità del mondo culturale della Francia del tempo, da Paul Bourget a Drieu La Rochelle, da Henri de Montherlant ad André Malraux fino ad Henri Daniel-Rops. Persino uno scrittore come Marcel Proust, così diverso, quanto meno sul piano stilistico, dal classicismo di Maurras non fu insensibile al suo fascino: in una lunga lettera fattagli pervenire nel 1921 l’autore dellaRecherche inviava al suo corrispondente l’omaggio della propria riconoscenza e ammirazione, gli confessava di nutrire l’illusione di esistere, almeno qualche volta, nel suo ricordo e precisava di non aver mai perduto una sola occasione per poter parlare pubblicamente di lui. Che Proust dovesse essere grato a Maurras era in fondo logico, perché era stato quest’ultimo a lanciarlo nel mondo letterario francese con un lungo saggio elogiativo del primo lavoro, Les Plaisirs et les jours (1896).
Maurras, prima di dedicarsi alla politica e di assumere il ruolo di capo riconosciuto della destra francese, si era affermato come giornalista, poeta e scrittore. Dal contatto con la sua ardente e adorata terra di Provenza – dove era nato nel 1868 a Martigues – impregnata di romanità, Maurras aveva sviluppato una sensibilità per tutto ciò che si riferiva al mondo classico. Avrebbe scritto, in seguito, belle pagine sul suo rapporto con Roma: «Sono romano nella misura in cui mi sento uomo: animale che costruisce città e Stati, non un vagante roditore di radici; animale sociale e non carnivoro solitario. Sono romano per tutto ciò che vi è di positivo nel mio essere, per tutto ciò che vi aggiunsero il piacere, il lavoro, il pensiero, la memoria, la ragione, la scienza, le arti, la politica e la poesia degli uomini che vissero insieme prima di me». Poi, il viaggio in Grecia, come inviato speciale della Gazette de France per i giochi olimpici, aveva fatto il resto. E aveva segnato il suo passaggio alla politica: l’amore per la classicità si era tradotto in desiderio di ordine.
 
Da poeta e scrittore classicheggiante Maurras si era trasformato in politico, anzi in teorico della politica elaborando un sistema, quello del nazionalismo integrale, culminante nel progetto di una monarchia «tradizionale, ereditaria, antiparlamentare e decentrata» che doveva recuperare il senso della storia francese. E che, di fatto, diventò popolare soprattutto fra gli intellettuali e gli studenti universitari, anche non monarchici ma nazionalisti, al punto che il padre del sindacalismo rivoluzionario, Georges Sorel, giunse a scrivere che Maurras rappresentava per la monarchia ciò che Marx aveva rappresentato per il socialismo.
L’avventura politica di Maurras e dell’Action Française, iniziata nella spumeggiante e pittoresca fin de siècle con i cabaret, il Moulin Rouge e le dame del Chez Maxim, era proseguita nei ruggenti anni Venti e Trenta, che vedevano, dopo il conflitto mondiale, affermarsi regimi autoritari e totalitari. L’antigermanesimo, frutto del suo classicismo e del suo antiromanticismo, avrebbe spinto Maurras a guardare con simpatia al fascismo italiano, dopo la vittoria del Fronte Popolare, proprio in funzione antitedesca per fronteggiare il pericolo hitleriano in Europa. Nel 1940, durante l’occupazione tedesca, paradossalmente, l’anziano scrittore e polemista sostenne il governo di Vichy come consigliere del maresciallo Pétain che gli sembrava incarnare il simbolo dell’unità dei francesi. Una scelta, questa, che provocò una profonda frattura fra i suoi seguaci, molti dei quali (a cominciare dallo stesso Charles de Gaulle) avrebbero scelto la strada della Resistenza. Una scelta che avrebbe avuto conseguenze sulla stessa vita di Maurras, arrestato nel 1944, processato per collaborazionismo e condannato a morte con una sentenza poi trasformata in ergastolo.

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vendredi, 08 octobre 2010

Olivier Bardolle - Petit traité des vertus réactionnaires

 

 

Vient de paraître chez L'Editeur, ce Petit traité des vertus réactionnaires d'Olivier Bardolle, que nous vous conseillons.

Présentation de l'éditeur
En Occident, depuis près d'un demi-siècle, les idées progressistes tiennent le haut du pavé. Il semblerait pourtant que l'on redécouvre aujourd'hui certaines vertus à la pensée réactionnaire. Ne serait-ce qu'une capacité de résistance certaine aux ravages de l'hypermodernité et aux bienfaits immodérés de la pensée unique. Sans tomber dans le manichéisme propre à l'époque, ce petit traité, particulièrement tonique, dénonce les fausses valeurs avec jubilation et poussera chacun, qu'il se prétende de droite ou de gauche, à réviser son catéchisme idéologique. C'est ainsi qu'Eric Naulleau, réputé de gauche, n'a pas hésité à préfacer ce texte en toute indépendance d'esprit. A lire sans modération

L'auteur
Olivier Bardolle, né en 1952, est un essayiste reconnu et un interlocuteur recherché (on l'a vu plusieurs fois dans l'émission de Frédéric Taddeï, Ce soir ou jamais). Du Monologue implacable (Ramsay, 2003) à De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce (L'Esprit des Péninsules, 2008) ou à ce Petit traité des vertus réactionnaires, Olivier Bardolle tisse, dans la lignée de Philippe Muray (à qui ce dernier ouvrage est dédié), le portrait de l'hypermodernité avec sagacité, ironie, mordant et, ce qui n est pas encore interdit : érudition. Chacun de ses essais épingle la bien-pensance et les idées toutes faites de ses chers contemporains.

Olivier Bardolle, Petit traité des vertus réactionnaires, L'Editeur, 2010.
Commande possible sur Amazon.fr.

 

jeudi, 07 octobre 2010

Céline et L'Oréal

Céline et L’Oréal

Ex: http://lepetitcelinien.blogspot.com/ 

 

Il a beaucoup été question, cet été, de l’affaire Bettancourt. Elle oppose, comme on sait, Liliane Bettencourt à sa fille, avec en outre des interférences avec le gouvernement français. Quel rapport avec Céline ? Le 17 février 1942, dans une lettre à Lucien Combelle, il eut des mots très vifs à l’égard du père de Liliane, Eugène Schueller (1881-1957) : « Votre Shoeller [sic] avec toutes ses pitreries me semble bien youtre. Il ne parle jamais des juifs dans ses livres. Il paraît que son conseil d’administration recèle de forts puissants youtres, anglais et américains. » C’est que deux jours auparavant, dans son journal Révolution nationale, Combelle avait publié un grand article d’Eugène Schueller sur « Le salaire proportionnel ». Dans une société libérée du capitalisme libéral et des syndicats, qu’il appelait de ses vœux, les ouvriers eussent touché un triple salaire : un salaire d’activité, un salaire familial calculé en fonction de leur nombre d’enfants, et un salaire de productivité. Schueller avait déjà traité ce thème dans son livre, La Révolution de l’économie, paru l’année précédente et que l’auteur des Beaux draps avait certainement lu. Si Céline se méfiait de Schueller, c’est parce qu’il participait à la direction du RNP de Marcel Déat. Lequel était également suspect aux yeux de Céline en raison de ses liens avec la franc-maçonnerie et de son appartenance au monde parlementaire de la IIIe République que l’écrivain n’avait guère en haute estime. Coïncidence : en exil, Céline sympathisera avec le représentant de L’Oréal au Danemark, Georges Sales, et sa jeune épouse. « Ma compatriote, la petite bretonne... » dira d’elle Céline (1).
Qui était Eugène Schueller ? Ce chimiste génial mit au point les premières teintures capillaires de synthèse puis créa en 1909 la Société française de teintures inoffensives pour cheveux, futur L’Oréal. Devenu riche, le père de Liliane Bettencourt finança la fameuse Cagoule dans les années trente. C’est après la victoire du Front populaire que Schueller s’intéressa au mouvement nationaliste et devint l’intime d’Eugène Deloncle, l’un des chefs cagoulards. Avec ce dernier, Jean Fontenoy et Jacques Dursort, il fonda en octobre 1940 le Mouvement Social-Révolutionnaire (MSR) qui fit long feu. Les réunions de la direction du MSR se tenaient au siège de L’Oréal (14, rue Royale à Paris) (2). L’année suivante, il devint le président de la Commission des Affaires Économiques du RNP. Après la guerre, nombreux seront ceux qui, soit épurés, soit ayant appartenu au mouvement cagoulard, se verront embauchés chez L’Oréal. Dont Pierre Monnier qui fit toute sa carrière dans ce groupe à partir des années 50. À propos de Schueller, Céline, qui l’avait rencontré avant guerre chez Denoël, lui dira : « Il était aussi intelligent et intuitif que vous le dites, et bien entendu paranoïaque !... ». À l’Oréal, Monnier eut comme patron François Dalle (1918-2005) auquel l’homme d’affaires Jean Frydman reprocha publiquement – mais en 1995 seulement – d’avoir fait de l’entreprise un refuge d’anciens cagoulards et de collaborateurs.
André Bettencourt (1919-2007) ne fut pas davantage exempt de reproches. On lui fit grief des articles parus dans La Terre française (dont il assurait la direction) qui soutenaient activement la Révolution Nationale. Et qui étaient parfois franchement antisémites. Ensuite, l’histoire de L’Oréal est intimement liée à celle de la IVe et de la Ve République. Si Bettencourt fut plusieurs fois ministre, ce fut aussi le cas de son ami de jeunesse (qui témoigna à la Libération en faveur d’Eugène Schueller) : un certain François Mitterrand, beau-frère d’une nièce de Deloncle. Et l’on sait qu’il dirigea pendant deux ans Votre beauté, mensuel du groupe L’Oréal. On imagine les commentaires sarcastiques que toute cette histoire inspirerait aujourd’hui à Céline !

Marc LAUDELOUT

1. Pierre Monnier, Ferdinand furieux, L’Age d’homme, 1979, p. 14.
2. Schueller faisait partie du Comité exécutif du MSR, présidait et dirigeait « toutes les Commissions techniques et Comités d’études » du mouvement (Révolution Nationale, n° 3, 26 octobre 1941).
Pour plus de détails, voir l’article de Bruno Abescat, « Les secrets de la première fortune de France », L’Express, 30 novembre 2000 (disponible sur http://www.lexpress.fr).

vendredi, 01 octobre 2010

Le Bulletin célinien n°323 (oct. 2010)

Le Bulletin célinien n°323 - Octobre 2010

 

Au sommaire du Bulletin célinien n°323 d'octobre 2010:

Marc Laudelout : Bloc-notes
M. L. : Les souvenirs de Naud et Tixier
David Alliot : Céline et ses juges
Thierry Bouclier : La défense de Tixier-Vignancour
André Brissaud : Louis-Ferdinand Céline est amnistié (1951)
Éric Mazet et Pierre Pécastaing : Naud le temporisateur
M. L. : L’accueil critique de « Bagatelles pour un massacre »
G. P. : Le paysage urbain crépusculaire dans « Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit » (II)
M. L. : Céline et les châtaignes grillées

Le numéro 6 euros à :
Le Bulletin célinien
B. P. 70
B 1000 Bruxelles 22

 

 

Le Bulletin célinien n°323 - Bloc-notes

 

Louis-Daniel Hirsch fut le directeur commercial des éditions Gallimard de 1922 à 1974. « Hirsch, ses amis, les cocos, Sartre, etc... » (1). Dixit Céline dans un bel amalgame. En exil, il est plus incisif : « C’est Hirsch qui commande la NRF comme Mayer commande la justice. Le reste est blabla (2). ». Vieilles obsessions… Mais il faut prendre garde à ne pas se laisser abuser par un être plus ambivalent que le laissent supposer ses ultimes invectives.
C’est le piège dans lequel est tombé Mikaël Hirsch, petit-fils du précédent, qui signe un roman dans lequel Céline tient une grande place (3). Le personnage central est Gérard Cohen qui se définit « demi-juif ». Jeune coursier des éditions Gallimard dans les années cinquante, il se rend fréquemment à Meudon pour y apporter le courrier mais se garde bien de révéler son identité. Crédible. Ce qui l’est moins, c’est que, dès la première rencontre, Céline l’appelle « mon p’tit Gérard » (!). Vétille…
Pour le reste, c’est un Céline conforme à sa légende noire qui est imaginé par l’auteur : « J’étais tout ce qu’il haïssait profondément. (…) Eût-il su qui j’étais, son attitude aurait certainement changé du tout au tout. » Voire... Mikaël Hirsch serait sans doute bien étonné d’apprendre qu’à la même époque, Céline sympathisait avec un militant sioniste, ancien agent du groupe terroriste Stern qui avait lutté contre la colonisation britannique en Palestine. Voici son témoignage : « Quand la presse israélienne, à l’époque, eut vent de ma correspondance avec Céline, elle m’a attaqué de façon absolument ignoble. Ce qui ne m’a pas empêché de rencontrer Céline à deux reprises chez lui, à Meudon. Nous avons évoqué bien entendu la question juive. À sa demande pressante, je lui ai décrit l’aventure des premiers colons socialistes qui rêvaient d’une société nouvelle et s’étaient acharnés, dans des conditions impossibles, à défricher des marais, à fertiliser des déserts. “Je dois vous dire que j’admire profondément ces gens-là”, me disait-il, et je savais qu’il était sincère, qu’il avait une très grande considération pour l’État d’Israël (4) ». Singulier contraste avec l’antisémitisme rabique attaché à la figure de Céline jusque dans les dernières années de sa vie. Ainsi récolte-t-on ce que l’on a semé…
L’antisémitisme est chez lui l’arbre qui cache la forêt : un profond attachement à la sauvegarde de la race. À un autre admirateur juif, il écrivait : « Il est temps que l’on mette un terme à l’antisémitisme par principe, par raison d’idiotie fondamentale, l’antisémitisme ne veut plus rien dire — On reviendra sans doute au racisme, mais plus tard et avec les juifs — et sans doute sous la direction des juifs, s’ils ne sont point trop aveulis, avilis, abrutis. » Et dans une lettre ultérieure : « ...Les juifs sont précisément les premiers et les plus tenaces racistes du monde. Il faut créer un nouveau racisme sur des bases biologiques, les éléments existent (5). »
Ceci nous éloigne assurément de la figure convenue de l’ermite de Meudon décrite par Mikaël Hirsch. Dommage car, dans un roman évoquant le Céline des dernières années, il y avait là un thème qu’il eût été intéressant d’esquisser. Cette simplification n’enlève rien au talent de l’auteur. Le constat vaut pour le style et cette manière de transcender ses obsessions et sa fascination mêlée de répulsion pour un écrivain de génie.

Marc LAUDELOUT

1. Lettre à Gaston Gallimard, 8 décembre 1954 in Lettres à la N.R.F., 1931-1961, Gallimard, 1991, p. 264.
2. Lettre à Pierre Monnier, 12 mai 1950 in P. Monnier, Ferdinand furieux, L’Age d’homme, 1979, p. 133.
3. Mikaël Hirsch, Le réprouvé, L’Éditeur, 2010.
4. Éric Mazet, « Quatorze lettres à Jacques Ovadia » in L’Année Céline 1991, Du Lérot / Imec, 1992, pp. 55-66.
5. Lettres à Milton Hindus des 14 juin et 10 août 1947 in M. Hindus, L.-F. Céline tel que je l’ai vu, L’Herne, 1969, pp. 148 et 161.

mercredi, 29 septembre 2010

Les Etats-Unis draguent les "leaders" musulmans en France

Les Etats-Unis draguent les « leaders » musulmans en France


WASHINGTON (NOVOpress) – Al Kanz s’en fait l’écho aujourd’hui [1] : les Etats-Unis s’intéressent aux chefs d’entreprise musulmans qui prospèrent notamment en France. A l’initiative de l’IVLP (International Visitor Leadership Program), « 26 entrepreneurs, tous musulmans, sont pour trois semaines les hôtes du gouvernement américain », se félicite le site des consommateurs musulmans. Parmi ces invités, Nabil Djedjik [2], secrétaire général du syndicat patronal SPMF (synergie des professionnels musulmans de France)», et propriétaire de plusieurs restaurants « certifiés halal » en région parisienne.

Depuis plusieurs années, l’ambassade des Etats-Unis développe un réseau de partenariats avec des élus locaux, des associations, des entrepreneurs et des « leaders culturels ». Elle dispose pour cela d’un budget annuel de 3 millions de dollars pour soutenir des projets de rénovation urbaine, des festivals de musique et des conférences. Jeudi dernier, le site du journal La Croix rappelait que l’ambassadeur « a récemment fait venir en France l’acteur américain Samuel L. Jackson (photo) et invité des groupes de rap français à se produire dans sa résidence. Des jeunes des banlieues, en particulier des musulmans, participent chaque année au programme qui invite 20 à 30 « jeunes leaders » Français pour un séjour de plusieurs semaines aux Etats-Unis ». But de la manœuvre ? [3] « tenter d’établir un lien avec la prochaine génération de leaders en France et cela inclut les banlieues ». Autrement dit, la « diversité » au service d’une société de consommation indifférenciée sert les plans du libéralisme américain.


[cc [4]] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info [5]]


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[1] fait l’écho aujourd’hui: http://www.al-kanz.org/2010/09/27/spmf-usa/

[2] Nabil Djedjik: http://fr.linkedin.com/pub/nabil-djedjik/17/581/140

[3] But de la manœuvre ?: http://francois-d-alancon.blogs.la-croix.com/banlieues-francaises-la-difference-americaine/2010/09/23/

[4] cc: http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

[5] http://fr.novopress.info: http://fr.novopress.info

jeudi, 23 septembre 2010

Louis-Ferdinand Céline - An Anarcho-Nationalist

Louis-Ferdinand Céline

An Anarcho-Nationalist

Ex: http://www.counter-currents.com/

Celine04.jpgIn his imaginary self-portrayal, the French novelist Louis-Ferdinand Céline (1894–1961) would be the first one to reject the assigned label of anarcho-nationalism. For that matter he would reject any outsider’s label whatsoever regarding his prose and his personality. He was an anticommunist, but also an anti-liberal. He was an anti-Semite but also an anti-Christian. He despised the Left and the Right. He rejected all dogmas and all beliefs, and worse, he submitted all academic standards and value systems to brutal derision.  Briefly, Céline defies any scholarly or civic categorization. As a classy trademark of the French literary life, he is still considered the finest French author of modernity—despite the fact that his literary opus rejects any academic classification. Even though his novels are part and parcel of the obligatory literature in the French high school syllabus and even though he has been the subject of dozens of doctoral dissertations, let alone thousands of polemics denouncing him as the most virulent Jew-baiting pamphleteer of the 20th century, he continues to be an oddity eluding any analysis, yet commanding respect across the political and academic spectrum.  Can one offer a suggestion that those who will best grasp L. F. Céline must also be his lookalikes — the replicas of his nihilist character, his Gallic temperament and his unsurpassable command of the language?

Cadaverous Schools for Communist and Liberal Massacres

The trouble with L. F. Céline is that although he is widely acclaimed by literary critics as the most unique French author of the 20th century and despite the fact that a good dozen of his novels are readily available in any book store in France, his two anti-Semitic pamphlets are officially off limits there.

Firstly, the word pamphlet is false. His two books, Bagatelles pour un massacre (1937) and Ecole des cadavres (1938), although legally and academically rebuked as “fascist anti-Semitic pamphlets,” are more in line with the social satire of the 15th century French Rabelaisian tradition, full of fun and love-making than modern political polemics about the Jewry. After so many years of hibernation, the satire Bagatelles finally appeared in an anonymous American translation under the title of Trifles for a Massacre, and can be accessed online.

The anonymous translator must be commended for his awesome knowledge of French linguistic nuances and his skill in transposing French argot into American slang. Unlike the German or the English language, the French language is a highly contextual idiom, forbidding any compound nouns or neologisms. Only Céline had a license to craft new words in French. French is a language of high precision, but also of great ambiguities. Moreover, any rendering of the difficult Céline’s slangish satire into English requires from a translator not just the perfect knowledge of French, but also the perfect knowledge of Céline’s world.

Certainly, H. L. Mencken’s  temperament and his sentence structure sometimes carry a whiff of Céline. Ezra Pound’s toying with English words in his radio broadcasts in fascist Italy also remind  a bit of Céline’s style. The rhythm of Harold Covington’s narrative and the violence of his epithets may remind one a wee of Celine’s prose too.

But in no way can one draw a parallel between Céline and other authors—be it in style or in substance. Céline is both politically and artistically unique. His language and his meta-langue are unparalleled in modern literature.  To be sure Céline is very bad news for Puritan ears or for a do-good conservative who will be instantly repelled by Céline’s vocabulary teeming as it does with the overkill of metaphorical “Jewish dicks and pricks.”

Trifles is not just a satire. It is the most important social treatise for the understanding of the prewar Europe and the coming endtimes of postmodernity. It is not just a passion play of a man who gives free reign to his emotional outbursts against the myths of his time, but also a visionary premonition of coming social and cultural upheavals in the unfolding 21st century. It is an unavoidable literature for any White in search of his heritage.

These weren’t Hymie jewelers, these were vicious lowlifes, they ate rats together . . . They were as flat as flounders. They had just left their ghettos, from the depths of Estonia, Croatia, Wallachia, Rumelia, and the sties of Bessarabia . . . . The Jews, they now frequent the guardhouse, they are no longer outside… When it comes to crookedness, it is they who take first place . . . All of this takes place under the hydrant! with hoses as thick as dicks! beside the yellow waters of the docks… enough to sink all the ships in the world . . . in a décor fit for phantoms . . . with a kiss that’ll cut your ass clean open . . . that’ll turn you inside out.

The satire opens up with imaginary dialogue with the fictional Jew Gutman regarding the role of artistry by the Jews in the French Third Republic, followed by brief chapters describing Céline’s voyage to the Soviet Union.

Between noon and midnight, I was accompanied everywhere by an interpreter (connected with the police). I paid for the whole deal. . . . Her name was Natalie, and she was by the way very well mannered, and by my faith a very pretty blonde, a completely vibrant devotee of Communism, proselytizing you to death, should that be necessary. . . . Completely serious moreover…try not to think of things! …and of being spied upon! nom de Dieu! . . . . The misery that I saw in Russia is scarcely to be imagined, Asiatic, Dostoevskiian, a Gehenna of mildew, pickled herring, cucumbers, and informants. . . . The Judaized Russian is a natural-born jailer, a Chinaman who has missed his calling, a torturer, the perfect master of lackeys. The rejects of Asia, the rejects of Africa. . . . They were just made to marry one another. . . . It’s the most excellent coupling to be sent out to us from the Hells.

When the satire was first published in 1937, rare were European intellectuals who had not already fallen under the spell of communist lullabies. Céline, as an endless heretic and a good observer refused to be taken for a ride by communist commissars. He is a master of discourse in depicting communist phenotypes, and in his capacity of a medical doctor he delves constantly into Jewish self-perception of their physique . . . and their genitalia.

The peculiar feature of Céline narrative is the flood of slang expressions and his extraordinary gift for cracking jokes full of obscene humors, which suddenly veer off in academic passages full of empirical data on Jews, liberals, communists, nationalists, Hitlerites and the whole panoply of famed European characters.

But here we accept this, the boogie-woogie of the doctors, of the worst hallucinogenic negrito Jews, as being worth good money! . . . Incredible! The very least diploma, the very least new magic charm, makes the negroid delirious, and makes all of the negroid Jews flush with pride! This is something that everybody knows. . . . It has been the same way with our own Kikes ever since their Buddha Freud delivered unto them the keys to the soul!

Mortal Voyage to Endtimes

In the modern academic establishment Céline is still widely discussed and his first novels Journey to the End of the Night and Death on the Installment Plan are still used as Bildungsromane for the modern culture of youth rebellion. When these two novels were first published in the early 30s of the twentieth century, the European leftist cultural establishment made a quick move to recuperate Céline as of one of its own. Céline balked. More than any other author his abhorrence of the European high bourgeoisie could not eclipse his profound hatred of leftist mimicry.

Neither does he spare leftists scribes, nor does he show mercy for the spirit of “Parisianism.” Unsurpassable in style and graphics are Céline’s savaging caricatures of aged Parisian bourgeois bimbos posturing with false teeth and fake tits in quest of a rich man’s ride. Had Céline pandered to the leftists, he would have become very rich; he would have been awarded a Nobel Prize long ago.

In the late 50’s the burgeoning hippie movement on the American West Coast also tried to lump him together with its godfather Jack Kerouac, who was himself enthralled with Céline’s work. However, any modest reference to his Bagatelles or Ecole des Cadavres has always carefully been skipped over or never mentioned. Equally hushed up is Céline’s last year of WWII when, unlike hundreds of European nationalist scholars, artists and novelists, he miraculously escaped French communist firing squads or the Allied gallows.

His endless journey to the end of the night envisioned no beams of sunshine on the European horizon. In fact, his endless trip took a nasty turn in the late 1944 and early 1945, when Céline, along with thousands of European nationalist intellectuals, including the remnants of the French pro-German collaborationist government fled to southern Germany, a country still holding firm in face of the oncoming disaster. The whole of Europe had been already set ablaze by death-spitting American B17’s from above and raping Soviet soldiers emerging in the East. These judgment day scenes are depicted in his postwar novels D’un château l’autre (Castle to Castle (French Literature))  and Rigadoon
.

Céline’s sentences are now more elliptic and the action in his novels becomes more dynamic and more revealing of the unfolding European drama. His novels offer us a surreal gallery of characters running and hiding in the ruins of Germany. One encounters former French high politicians and countless artists facing death—people who, just a year ago, dreamt that they would last forever. No single piece of European literature is as vivid in the portrayal of human fickleness on the edge of life and death as are these last of Céline’s novels.

But Céline’s inveterate pessimism is always couched in self-derision and always stung with black humor. Even when sentenced in absentia during his exile in Denmark, he never lapses into self pity or cheap sentimentalism. His code of honor and his political views have not changed a bit from his first novel.

Upon his return to France in 1951, the remaining years of Céline’s life were marred by legal harassment, literary ostracism, and poverty. Along with hundreds of thousands Frenchmen he was subjected to public rebuke that still continues to shape the intellectual scene in France. Today, however, this literary ostracism against free spirits is wrapped up in stringent “anti-hate” laws enforced by the thought police— 70 years after WWII! Stripped of all his belongings, Céline, until his death, continued to use his training as a physician to provide medical help to his equally disfranchised suburban countrymen, always free of charge and always remaining a frugal and modest man.

From The Occidental Observer, March 24, 2010, http://www.theoccidentalobserver.net/authors/Sunic-Celine...

mardi, 21 septembre 2010

Louis-Ferdinand Céline et Roland Cailleux

Louis-Ferdinand Céline et Roland Cailleux

La création d'un site consacré à Roland Cailleux, www.roland-cailleux.weebly.com, écrivain méconnu, est l'occasion de rappeler le lien Céline-Cailleux.

Le volume Avec Roland Cailleux paru au Mercure de France (coll. " Ivoire ") en 1985, hommage à cet excellent auteur méconnu, comportait un important entretien de 1961 avec Céline que Philippe Alméras cite assez largement dans son Dictionnaire Céline. Mais au fur et à mesure de la mise à jour des archives Cailleux, d'autres commentaires apparaissent, dont celui-ci, daté du 19 juin 1957.
L’admiration pour le phénomène de la littérature française est, comme toujours, entière. Cailleux, cependant, place des bémols sur la sincérité de Céline, ses rapports à la chose littéraire, à l’argent, etc. Même plus que des bémols... Il s’exprime avec un excès de violence qui appelle une remarque : Cailleux souffrait de cyclothymie. Il subissait en alternance deux ans de déprime et deux ans de réactivité accrue. Très vraisemblablement se trouvait-il dans la seconde phase en abordant le cas Céline de la sorte. Cette notion précisée, la pièce n’en a que plus de spontanéité et, à ce titre, mérite d’être versée au dossier.
À cette occasion, il ne sera pas inutile non plus de rappeler le rôle que joua Roland Cailleux dans la genèse des Deux Étendards de Lucien Rebatet. Ils s’étaient connus à l’école Bossuet, où l’un était élève quand l’autre était pion. Une amitié de toute une vie s’en était suivie, indéfectible au point que Roland fut le plus fidèle soutien et visiteur de son aîné à Fresnes, extrayant de la clôture, page à page, le manuscrit du condamné. Il est le destinataire des Lettres de prison, de Rebatet, publiées en 1993 au Dilettante. Précisons toutefois que si la fidélité de Cailleux était légendaire, il n'approuvait pas les idées de Rebatet et, à plusieurs reprises par le passé, l'avait mis en garde.
Roland Cailleux (1908-1980) a partagé sa vie entre l’exercice de la médecine thermale à Chatel-Guyon pendant l’été, et une vie littéraire, l’hiver, dans les milieux de la N.R.F. Il fut le très exigeant et rare auteur de cinq livres: Saint-Genès ou la vie brève, Une lecture, Les Esprits animaux, À moi-même inconnu, et (posthume) La Religion du Cœur.

Christian DEDET


Le 19 juin 1957

Après avoir écrit à Nimier que je n'écrirai pas d'article sur Céline, j'ai envie de parler de lui aujourd'hui.
Il y a des mois, quand j'ai été le voir avec Nimier justement (je l'avais vu depuis la guerre une autre fois à Meudon, mais seul), il nous a lu le premier et le dernier chapitre d'Un château l’autre. On ne peut pas juger sur une lecture bien sûr (d'autant plus que Céline bafouille et accroche sans arrêt), mais il m'a semblé que je retrouvais l'auteur de Voyage et de Mort à crédit. Je suis sorti de là en disant à Nimier que c'était incontestablement le plus grand écrivain vivant. Je le pensais en entrant, et si la lecture avait été décevante je n'en aurais pas moins pensé la même chose. Mais j'aurais dit: le plus grand d'écrivain vivant baisse ou déconne, ce que j'ai dit pour pas mal d'ouvrages depuis Mort à crédit: les politiques avant tout, et ceux qui ont paru depuis son retour, excepté Casse-pipe. Mais j'ai beaucoup aimé des tas de morceaux des Entretiens avec le Professeur Y, et j’ai lu tout haut Normance (ça me paraissait mieux lu de cette façon, il est vrai que je ne l'ai pas terminé).
Entre-temps, Nimier l'a relancé, comme je lui écrivais hier, Céline lui doit une fière chandelle. J'avais moi-même écrit, quelques jours après ma visite à Céline, une lettre où je lui disais l'admiration profonde que j'ai pour lui et ma joie que c'était de connaître le plus grand écrivain français vivant, que, d'après cette lecture, on avait l'impression qu'on l'avait retrouvé.
Depuis, j'ai téléphoné à Nimier pour lui demander ce qu'il y avait dans l'intervalle, entre le premier et le dernier chapitre, et il ne m'a pas caché que c'était moins bon, il n'est pas fou, Ferdinand, en ayant l'air de feuilleter au hasard (tout en nous assurant avec un culot insensé, que tout était parfait dans son livre).
Depuis, le travail de Nimier a été effectif; le bouquin n'a pas encore paru et on ne parle que D’un château l’autre. C'est très bon pour Céline, mais c'est tout de même de curieuses mœurs. Ils me font chier avec leurs avant-premières; ça ressemble à de la publicité pour un savon gras qu’on lance. Ils vous détergent, c’est le meilleur, c’est insensé, quelle peau ça vous fait, oh, là, là, et personne ne s’est encore lavé, on n’a pas vu le produit. C’est du délire collectif. Faut-il que les gens soient bêtes et moutonniers ! Il doit bien rigoler Céline. Vous parlez d’un lancement. Tout ça n’est évidemment pas sérieux. Que Céline soit bien content parce que ça va se vendre, d’accord, mais que ça soit bon, j’attends de voir!
Oh, c'est très bien fait. Non seulement la presse de droite donne, dans Rivarol, Poulet qui avait été dur pour Normance et Féerie pour une autre fois, redélire (1). L'a-t-il lu, ce nouveau bouquin? Je n'en sais rien, car il n'en parle pas, ça sera pour un second article.
Dans la Nouvelle Revue Française, Nimier a fait un catéchisme tordant pour présenter Céline, et il y a un long extrait de Céline, c'est le début de son bouquin qu'il nous avait lu, avec: "À suivre" (2). Aujourd'hui, dans Arts, où on avait déjà reproduit la présentation presque intégrale de Nimier auparavant, il y a une interview de Céline, un très bon article de Bernard de Fallois sur le style de Céline (mais pas sur D’un château l’autre), et quatre jeunes romanciers parlent de lui aussi (3).
Enfin, ça c'est le plus beau succès de Nimier, j'imagine, il a trouvé le moyen de lui faire prendre un interview dans L’Express, où Céline met par terre tous les imbéciles du journal en dépit d'un chapeau dégueulasse de Françoise Giroud, d'un second chapeau avant l'interview et de dessins assez infâmes de Jean Eiffel (4). L'interview d'Arts est mauvaise, tandis que celle de L’Express est merveilleux car Céline y est prodigieux.

Céline a le front, dans Arts, aujourd'hui, de reconnaître qu'il est devenu le "faits-divers" à la mode et qu'il en donne aux interviewers pour leur argent. C'est bien mon avis, c'est pourquoi je n'écrirai pas d'article.
Autant il était bon d'en parler quand personne n’en disait rien, autant il est ridicule de prendre la suite du snobisme à la mode. Nous attendrons qu’il soit de nouveau dans la panade pour en reparler. En ce moment, il nous casse les pieds.
Et la panade d'ailleurs!...
Il se les est roulés pendant la guerre, et surtout pendant; il gueulait comme un sourd qu'il crevait de faim, et les gens marchaient. Je les connais, moi, les combines de Voyage et de Mort à crédit, et les éditions de luxe, et Gen Paul, qui bariolait avec un peu d'aquarelle ses gravures sur une édition de luxe pour la revendre un peu plus cher, sous les nazis, j'ai vu ça. Il y en avait d'autres qui crevaient de faim à ce moment-là, c'était pas Céline. Ça a changé quand il a foutu le camp, assez ignoblement, sans prévenir les copains, et puis, quand il a été en prison au Danemark. Mais à Sigmaringen, je connais la musique, moi, et il ne la raconte pas dans D’un château l’autre. Rebatet m'a raconté, j'en aurais, moi aussi, à dire. Seulement, moi je n'étais pas là-bas. Je comptais les tickets d'alimentation. J'avais pas des lingots de côté. Aussi je n'avais pas à les emporter avec les Allemands. Il avait un grand ami, Céline: Le Vigan. Il faut voir comment il l'a laissé tomber (5) . C'est pas croyable. Seulement, si moi, j'y étais pas, il y a des gens qui y étaient et qui sont encore vivants. Pour peu qu'ils parlent, on va voir déballer un joli linge sale. Je suis persuadé que Céline s'en fout, pourvu qu'il se vende. Mais il faut avouer qu'il s'est bien vendu, au sens précis du terme (au pluriel). Il nous fait suer, c'est le plus grand écrivain vivant, d'accord, mais c'est un beau salaud. Il a toute honte bue, le cochon, il a prétendu après guerre, qu'il avait pas été antisémite, qu'on avait mal compris. Aujourd'hui, il nous raconte dans Arts que c'était le plus grand ennemi d'Hitler. Je suis persuadé qu'il aimait pas Hitler, mais quand il écrivait dans les feuilles les plus antisémites et quand il publiait Les Beaux draps (là, il se retenait, il n'a pas pu trouver les vaincus), ça n'était pas joli, joli; ils étaient grassement payés, les articles dans les feuilles antisémites. Ne vous inquiétez pas, il n'avait pas de difficultés avec les tickets d'alimentation. D'ailleurs, il le sait bien, il le reconnaît qu'il est une ordure, aussi. Il n'y avait pas besoin de savoir non plus des détails sur sa vie privée (la façon dont il a traité ses enfants [sic] et ses petits-enfants qu'il ne voulait pas voir, qu'il ne recevait pas quand il crevait d'argent), pour le deviner, il n'y avait qu'à le lire (7). Le Bardamu, c'est aussi une crapule, un dégueulasse, ça n'est pas moi qui le dit: c'est lui. Et Robinson, qui est son double? Comme Monsieur Verdoux est le double du Charlot des Lumières de la ville, il est ignoble, et le fait de l'avouer n'enlève rien à sa saloperie.


Moi, pauvre idiot, quand j'ai appris qu'on fondait le prix des Écrivains médecins et que tous les médecins de un à cent dix ans pouvaient s'y présenter (il y avait Pierre Dominique (8) qui avait de la bouteille et le Doyen de la Faculté de Médecine, ce vieux con de Binet qui avait le front de se présenter aussi, et des tas d'autres, tous des merdes... tout de même Duhamel n'avait pas osé), j'ai été voir Mondor, et je lui ai dit: "Y en a qu’un, un seul, c’est Céline, c’est à lui qu’il faut donner le prix", il a été un peu épaté. J’ai l’impression qu’il ne savait pas très bien ce qu’était Céline à ce moment-là. J’exagère. D’ailleurs, il s’est rattrapé depuis, et il a fait pour Céline tout ce qu’on pouvait faire. Un homme admirable, Mondor (9).
Malheureusement, à ce moment-là, ce n'était pas possible, paraît-il, de lui donner le Prix, il était trop marqué pour le genre de Jury du Prix des Médecins Écrivains. On me l'a donné à l'unanimité quand Mondor m'a dit que je devais me présenter. Ça ne m'a pas rapporté la réédition de mon livre qui était épuisé. Les journalistes, à la sortie du Prix, n'ont pas pu le trouver chez Gallimard. J'avais une publicité formidable huit ans après la publication de Saint Genès, mais ça ne m'a servi rigoureusement à rien. Il n’est toujours pas réédité, Saint Genès. Alors, moi aussi, je l'aime Gallimard, comme Céline, seulement j'ai plus de raisons.
Ça m'a tout de même rapporté deux cent mille francs, ce Prix. Je n'avais pas beaucoup d'argent, j'étais criblé de dettes à ce moment-là, et puis, moi j'avais gardé mes enfants, pas comme Céline. J'ai tout de même téléphoné à Marcel Aymé pour lui demander si Céline n'était pas dans la panade, autant qu'on le disait, et pour savoir si je devais lui envoyer l'argent. Marcel Aymé m'a dit de ne pas faire une pareille sottise et que Céline se démerdait très bien, et c'était vrai qu'il avait touché des millions de ses éditeurs qu'il vilipendait. Moi, quand je touche cinquante ou cent mille francs d'avance, je suis bien épaté, et mon Saint Genès n’a été tiré qu’à six mille. Quant à Une lecture et Les Esprits animaux, il y en a encore plein les réserves. Et on les avait tirés pourtant qu'à trois mille, à 10 % que ça me rapporte, calculez combien je suis riche.

Alors, de la pitié pour Céline, je veux bien, mais c'est pas moi qui l'aie obligé à faire de la politique, il n'avait qu'à rester médecin comme moi. Paie un peu trop sa connerie, c'est vrai, mais pourquoi a-t-il été si con? Il gémit aujourd'hui dans Arts parce qu'il s'est trompé de cas. C'est un comble. Il voudrait la place de Mauriac, il est écœurant.

J'ai entendu aussi Rebatet raconter ça, qu'il s'était trompé de cas et que c'était sur Staline qu'il aurait dû miser. Ah, ils sont propres, nos pamphlétaires !

Mais ils ont des excuses. Le second surtout qui n'a aucun sens pratique, tandis que Céline est beaucoup plus roué. Il crie à la misère et à force de la crier, ça prend. Il peut pas manger, il faut qu'il fasse son marché lui-même, il n'a pas d'auto, il est vieux, sa femme travaille (ça c'est vrai, mais ça ne doit pas rapporter beaucoup, avec ses leçons de danse, à Meudon!), mais enfin il n'en serait pas là (si vraiment il en est là) s'il n'avait pas fait tout ce qu'il a fait. Oui, il a eu une vie difficile (mais pas en Amérique où il a épousé une femme américaine, qui était riche (11), mais pas à la Société des Nations où il avait une planque confortable, mais pas, encore une fois, au temps du succès et surtout au temps des Allemands). Où ils sont passés, ces lingots? Il se plaint qu'on lui ait tout barboté dans son appartement, même les murs. Tel que je le connais, quand il avait foutu le camp, il n'avait pas dû laisser grand-chose. Il n'a rien retrouvé quand il est revenu. Admettons-le. Il est déchu national (12). On s'en fout. Mais enfin, les millions qu'il a eus au retour, qu'est-ce qu'il en a fait? C'est une question que lui pose Parinaud dans Arts ce matin. Il prétend qu'il cherche une combine qui lui permettrait de gagner les vingt mille ou trente mille francs qui, en plus de sa retraite, lui permettraient de vivre. "— Mais votre éditeur vous a déjà avancé des millions et avec ce livre il vous fait une rente"; il ne trouve qu’à répondre, le Céline (c’est pas brillant): "Qui vous a dit ça?" Réponse de Parinaud: "C’est mon métier de savoir." Alors une dérobade insensée de Céline: "Cela ne m’empêche pas de manger des nouilles et de boire de l’eau", à quoi l’autre rétorque excellemment: "Le Docteur Destouches sait mieux que personne pourquoi Céline est au régime." Dernière riposte de Céline qui éclate de rire: "J’ai toujours été masochiste et con."

On ne peut pas mieux dire.
D'autre part, il a été grand mutilé de guerre de 1914, et il a des droits sur nous, mais peut-être pas le droit de s'engraisser sous les Allemands, pas le droit de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et de crier à la misère. Il l'a tout de même achetée, sa maison de Meudon (13) . C'est ce qu'il voulait dans Les Beaux draps, et que tous les Français aient un pavillon en banlieue et cent francs par jours. Maintenant, ça ferait trois mille francs. Je suis tranquille, il les a, et il a même un grand jardin. C'est lui qui nous prend pour des cons. Il a raison d'ailleurs, ça réussit toujours. Je ne donnerai pas cher de la reconnaissance qu’il aura pour Nimier (11) . On verra bien. Mais à la façon dont il a traité Paulhan qui a fait tout pour lui, au moment où c'était le plus difficile, et sur lequel il bave déjà dans le Professeur Y et plus encore dans D’un château l’autre, ça promet du joli. Nimier, d'ailleurs, s'en moque. Encore une fois, on verra bien.

Ceci dit, et les choses mises un peu au point, je me sens tout à fait à l'aise pour parler de mon admiration pour notre plus grand écrivain vivant. vais même faire une conférence à Cambridge sur lui. Tout ça c'est des intentions bien sûr, et je suis cossard. Je suis généreux, mais paresseux. Je suis généreux quand Céline est par terre, mais je suis aussi vaniteux, et quand Céline dans L’Express déclare qu'il n'y a pas un écrivain de la jeune génération qu'il connaisse et qui en vaille la peine, j'ai envie de lui foutre mon pied dans le cul. D'ailleurs, il ne lit pas, il écrit des sottises insensées sur Proust dans Bagatelles pour un massacre. En dépit de la citation que fait aujourd'hui Fallois sur le même Proust, dans les Voyages. Il n'y a que Céline qui compte. Aucune importance, c'est ce qui fait sa force.

Je suis injuste. Je ne crois pas lui avoir envoyé Une lecture, et je ne sais pas s'il a lu Les Esprits animaux. S'il les a lus, il a bien le droit de ne pas les aimer (quoique ça pourrait lui plaire). Mais pour Saint Genès je le lui ai envoyé en lui demandant de me dire ce qu'il en pensait. Et, direct, et sans fioritures, il m'a répondu. Une belle lettre.

Donc, il faudrait parler avant tout de son style. Fallois, qui prétend en parler, ne fait que des citations. Il y a eu un article de Claude Jamet pendant la guerre, que je voudrais me procurer, mais que je n'ai pas lu (14) . Je n'ai rien de sérieux sur son style, la seule chose sérieuse. D'ailleurs, aucun critique ne parle du style, il en serait incapable. Ou bien ils le pignochent au microscope, comme Marcel Berger. Ils n'y comprennent rien. C'est que c'est très difficile. Il n'y a que les auteurs qui pourraient bien en parler. C'est pour ça que j'aime tant quand ça arrive. C'est exceptionnel. Ils n'ont pas le temps. Ils y réfléchissent en écrivant. Pour leur propre compte. Ce ne sont pas des critiques. Mais il y a, heureusement, deux ou trois bouquins de Gide, et, les dépassant infiniment, le Contre Sainte-Beuve de Proust.
Et puis aussi quelques notes de Céline sur son style dans les Entretiens avec le Professeur Y.
C'est de là qu'il faudrait partir, car il sait tout de même de quoi il parle. Ce qui n'empêcherait pas de contrer tout ce qu'il y a de mauvais dans son style, sa facilité... son désossement, son manque de rigueur, tout ou à peu près tout ce qui a paru depuis Voyage et Mort à crédit. Il écrit ou il éjacule. On n'écrit pas un bouquin uniquement avec des cris de jouissance ou de torture. Ça fait poétique à bon compte. Lui aussi, il est responsable de la décadence de la langue française, il l'a désarticulée, liquéfiée, tout est à refaire; tu parles d'un trait de décomposition! Il faudra absolument que j'en parle de ce côté-là, c'est nouveau.

Et puis, il n'est pas unique, ça n'est pas un météore, on oublie que James Joyce avait commencé.
Dutourd, aujourd'hui, cite, ce qui est beaucoup moins profond, Vallès, Rictus, Barbusse et Vadé (!) au dix-huitième. Et Restif de la Bretonne. C'est bien facile.
Mais il n'y a pas que son style qui — j'y reviens, et ce n'est pas contradictoire — est admirable aussi. Dans Voyage, Mort à crédit, et Casse-pipe.
Il y a aussi son merveilleux bon sens, ça n'est pas d'aujourd'hui que les fous, les délirants, font sortir la vérité de leur bouche comme les enfants. C'est affolant, elle est toute nue, c'en est même obscène. Mais c'est ça. C'est criant, c'est scandaleux. J'adore ça. C'est vrai, ça me suffit. Pas: dégueuler, vomir. Chier à la face.
Montaigne, c'est très bien, mais c'est tout de même précieux par rapport à Céline. Au dix-septième siècle, n'en parlons pas. Ils ont tous des perruques dans leur style, et La Bruyère a des côtés petit marquis, Montesquieu est voltairien avant la lettre, il est persan à sa manière. Au dix-huitième, les encyclopédistes ont tout de même des crinolines. Et Rousseau est une chochotte, qui se balance majestueusement sur son escarpolette à la Gide. Ah, les belles tirades! Ah, je m'aime-t-y! Ah, je m'en fous! Au dix-neuvième, c'est le délire ou la comédie. Romantiques ou hérétiques, toujours moqueurs, ou presque tous. Depuis Rabelais, on n'avait plus entendu ça. Et encore Rabelais avait-il une bonne couche moyenâgeuse, des replis hercyniens de culture.
Oui, l'arrivée de Céline a été un grand moment de la littérature française.

Roland CAILLEUX
Source


Notes
1. Allusion au bref article de Robert Poulet paru le 13 juin 1957 dans Rivarol. La critique littéraire proprement dite parut le 4 juillet. À noter que le livre sortira le 20 juin, le lendemain même de la rédaction de ces notes dictées par Roland Cailleux à sa secrétaire.
2. "Céline au catéchisme", article sous forme de questions-réponses, par Roger Nimier, accompagné de bonnes feuilles de D’un château l’autre, La N.N.R.F., juin 1957.
3. Cette interview d'André Parinaud était accompagnée d'une enquête auprès de quatre jeunes romanciers : Jean Dutourd, Pierre Gascar, Jacques Perret et Roger Vailland.
4. Cette interview, faite (à l'instigation de Nimier) par Madeleine Chapsal et titrée "Voyage au bout de la haine ", parut le 14 juin 1957, soit une semaine avant la sortie du livre en librairie.
5. Robert Le Vigan fit pourtant l'éloge de Céline lors de son procès.
6. En réalité, Céline a toujours refusé d'être payé pour les lettres-articles qu'il donnait parfois à la presse.
7. "[Destouches] vint voir son père à Meudon plusieurs fois, et ils se téléphonaient assez souvent, mais il lui interdit de lui amener ses enfants. Quand elle insistait, il répondait toujours qu'il était trop sensible, qu'il s'attachait trop facilement, surtout aux enfants. Il refusait d'aller au-devant de nouvelles affections et préférait les ignorer pour n'avoir pas ensuite à en souffrir" (François Gibault, Céline, III, Mercure de France, 1981, p. 306).
8. Pierre Dominique (1891-1973).
9. Henri Mondor, futur préfacier de Céline dans la Pléiade et témoin à décharge lors du procès devant la Cour de justice de Paris.
10. "Oh que cela est magnifique ! Quelle résurrection ! grâce à vous !...". Lettre de Céline à Roger Nimier (17 juillet 1957) in Lettres à la N.R.F., 1931-1961, Éd. Gallimard, 1991.
11. Allusion à Elizabeth Craig que Roland Cailleux croit donc avoir été l'épouse de Céline.
12. Céline avait été déclaré en état d'indignité nationale.
13. Le pavillon de Meudon fut acquis grâce à un héritage que fit Lucette Destouches.
14. Allusion à un article intitulé "Préliminaires à l'esthétique de L.-F. Céline" paru le 25 mars 1944 dans Révolution nationale. Cet article sera repris en 1948 dans le recueil d'articles de cet auteur, Images mêlées de la littérature et du théâtre (Éditions de l'Élan).

 

 

dimanche, 19 septembre 2010

Chantage au "nazisme" à la SNCF

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Chantage au « nazisme » à la SNCF

Les commandes sont particulièrement attrayantes car elles impliquent d’énormes sommes d’argent, soit, plus de 35 milliards d’euro. C’est la somme que devrait mobiliser le plus grand projet ferroviaire de l’histoire des Etats-Unis. D’ici à l’année 2030, des liaisons TGV devraient être mises en oeuvre entre Los Angeles et San Francisco, d’une part, et entre Sacramento et San Diego, d’autre part. Au cours des prochaines décennies, des tracés similaires devraient être installés et exploités dans plus de dix régions des Etats-Unis, car le Président Obama veut étoffer et moderniser les chemins de fer américains. L’Etat écologique qu’est la Californie devrait jouer un rôle de pionnier dans ce projet. Sur le modèle du TGV français, l’Etat californien devrait, d’ici 2020, construire un nouveau tracé, pour éviter toutes éventuelles collisions avec les trains de marchandises, plus lents. La SNCF et la firme Alstom, qui construit les TGV, espèrent recevoir les avances nécessaires pour une partie des commandes. Mais en Californie, une résistance est en train de se former : la commande formidable qu’espèrent obtenir les Français risque de capoter face à une clause, évoquant le « nazisme ».

 

Blumenfield_070910.jpgLe Sénat de Californie vient d’entériner une proposition de loi spéciale formulée par le député Bob Blumenfield (photo), élu du Parti Démocrate. Le 1 janvier 2011, des conditions particulières pourront être imposées, dont l’objectif est de demander d’énormes compensations, sous prétexte que les chemins de fer français ont joué un certain rôle pendant la seconde guerre mondiale. Blumenfield et ses alliés visent essentiellement la déportation des juifs entre 1942 et 1944. Ils reprochent à la SNCF d’avoir participé au transport de déportés en direction des camps de concentration. L’entreprise d’Etat française refuse depuis des années d’accepter toute forme de responsabilité en cette affaire. Blumenfield rétorque : « Maintenant, on voit arriver cette entreprise en Californie en voulant prendre une part de la plus grande commande publique de l’histoire de notre Etat. Je pense que si une entreprise veut obtenir l’argent du contribuable, elle doit assumer la responsabilité de ses actes dans le passé ». La SNCF doit dès lors payer un dédommagement aux survivants des camps de concentration.

 

De fait, plusieurs procès ont déjà eu lieu en France, concernant les transports de déportés juifs, qui ont eu lieu pendant l’occupation allemande du pays. En 2006, la SNCF a été reconnue coupable mais une juridiction, en appel, a tranché en faveur des chemins de fer, annulant ainsi le premier jugement. Ensuite, le Conseil d’Etat, soit la plus haute juridiction en France, a déclaré, fin 2009, qu’il ne prendrait pas de décision contraire en cette affaire. Tout jugement qui irait dans le sens voulu par Blumenfield ne pourrait donc être prononcé qu’aux Etats-Unis ; dans ce pays, toutefois, un groupe de plusieurs survivants des persécutions nationales-socialistes à l’encontre des Juifs, ont introduit une plainte contre la SNCF auprès d’un tribunal de New York. Outre des dédommagements, ces plaignants réclament aussi, d’après certaines sources, que la SNCF ne puisse plus faire fonctionner des chemins de fer sur le territoire des Etats-Unis, comme le fait la société Keolis depuis peu en Virginie du Nord.

 

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Denis Douté, responsable principal de la SNCF aux Etats-Unis, rejette les reproches formulés contre les chemins de fer français, en avançant l’argument que les cheminots français ont agi « sur ordre de l’occupant » et ont, de surcroît, été très « actifs dans la résistance contre le nazisme ». Et il a ajouté : « Il existe en France, en Israël et aux Etats-Unis une commission très active qui a traité environ 24.000 cas et a payé des dédommagements pour un montant de plus de 550 millions de dollars ». Blumenfield estime, pour sa part, que cette déclaration de Douté, et ces compensations effectivement payées, ne doivent nullement empêcher le paiement de futurs dédommagements.  Il rappelle que de nombreuses entreprises, notamment allemandes, ont payé des dédommagements bien plus élevés, « indépendamment de leur Etat ou de leurs actionnaires », ou « ont créé des fonds ou pris d’autres initiatives ». « La différence avec la SNCF, c’est que celle-ci n’a rien mis en œuvre qui soit similaire », ajoute Blumenfield, qui, en outre, estime que le travail, entrepris jusqu’ici pour corriger l’histoire officielle de l’entreprise, n’est qu’une « fausse idéalisation ».

 

H. W.

(article paru dans DNZ/Munich – n°35/2010).

vendredi, 17 septembre 2010

Bulletin célinien n°322

Le Bulletin célinien n°322

Septembre 2010

Au sommaire du Bulletin célinien n°322 de septembre 2010 :

Marc Laudelout : Bloc-notes
La citation du mois (Michel Marmin)
Frédéric Saenen : Céline et le droit. Entretien avec Maître François Gibault
Marc Laudelout : Céline et L’Oréal
Jean Rougerie : Adapter Céline au théâtre (1979)
Paul Chambrillon : Mon ami Jean Rougerie
G. P. : Le paysage urbain crépusculaire dans Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit (I)
Jean-Paul Louis : L’Année Céline 2009

Un numéro de 24 pages, 6 euros franco de port:

Le Bulletin célinien
B. P. 70
B 1000 Bruxelles 22

 
 
À l’instar de leur écrivain de prédilection, certains céliniens, même s’ils ne sont pas nécessairement aussi sobres qu’il l’était, ont « la mémoire atroce des buveurs d’eau (1).» En 2003, Jean-Paul Louis rendit compte du livre d’Émile Brami (2). Critique peu amène, jugez en par sa conclusion : « Force est de remarquer que le tunnel où il nous entraîne n’a ni entrée, ni sortie, ni voies de dégagement. Sans hauteur de vue, sans vision pittoresque, il est d’époque, étroit et répétitif (3).» Sept ans plus tard, Émile Brami n’a pas oublié cette flèche du Parthe : « Au contraire de beaucoup de céliniens, je n’ai pas besoin que Céline soit un saint laïc. Certains de ses admirateurs inconditionnels veulent que ce soit un grand écrivain et un homme parfait. Cela m’est complètement égal. Un célinien bien connu appelle Céline “le vieux”, comme si c’était son père. Un père idéal, puisque c’est un “vieux” de substitution qu’il s’est inventé et choisi. Et l’éreintement le pire que j’ai eu à propos de Céline vient de ce monsieur, parce que justement, je montrais dans la biographie que j’ai écrite certaines facettes de Céline qui étaient peu glorieuses (4). » Je me garderai bien de porter un jugement sur cette querelle. Cela étant, l’éditeur de L’Année Céline a été suffisamment pris à partie par ses pairs ces derniers temps (5) pour que l’envie ne me prenne – non pas de le défendre (il est assez grand garçon pour le faire tout seul) – mais de dire la réalité des choses. Dans son article, Jean-Paul Louis s’attachait surtout à mettre en lumière plusieurs erreurs d’interprétation de l’auteur. À l’époque, j’en avais relevé d’autres (6). Mais présenter (sans le nommer, soit dit en passant) ce célinien comme un admirateur inconditionnel de l’écrivain est excessif. S’il n’a jamais dissimulé son attachement profond pour la figure de l’écrivain (7), il a néanmoins marqué ses distances avec le pamphlétaire sans que cette prise de position ne soit motivée par quelque conformisme convenu. Ainsi, à propos des fameux textes interdits : « Ce n’est pas donné à tout le monde d’exprimer les plus mauvaises idées au plus mauvais moment, dans les termes les moins adéquats. » (8) Quant à considérer que Jean-Paul Louis voit en Céline une figure paternelle parce qu’il l’appelle, avec une ironie teintée d’empathie, « le Vieux », n’est-ce pas verser dans la psychanalyse de bazar ? (9) Pour le reste, nous sommes quelques uns à admirer Céline tout en regrettant pour sa mémoire qu’il se soit commis avec des « crapules d’exhibition qui polluaient dans des cloaques (10). »

Marc LAUDELOUT

1. « Je possède, médecin, buveur d’eau, non fumeur, une mémoire atroce. »(Lettre de Céline à Jean Galtier-Boissière, mars 1953)
2. Émile Brami, Céline. « Je ne suis pas assez méchant pour me donner en exemple... », Écriture, 2003.
3. [Jean-Paul Louis], « Livres reçus. Céline (II) », Histoires littéraires, vol. IV, n° 16, octobre-novembre-décembre 2003, pp. 178-180.
4. Émile Brami, « Pour qui aime la littérature, il y a des écrivains indispensables » [propos recueillis par Joseph Vebret], Le Magazine des Livres, n° 25, juillet-août 2010, pp. 36-38.
5. Le Canard enchaîné, sous la plume d’un célinien patenté, a déploré qu’il défende parfois Céline « bec et ongles jusqu’à l’indéfendable ». La revue Études céliniennes, elle, estime que certains de ses commentaires « laissent une impression de malaise » [sic].
6. Marc Laudelout, « Le Céline d’Émile Brami », Le Bulletin célinien, n° 246, octobre 2003, pp. 3-5.
7. « Le lecteur verra que je ne cherche pas à cacher mon attachement pour Céline, pour son art, du meilleur au pire : curieuse sympathie qui se développe, entre un écrivain et son éditeur, par-delà le temps qui les sépare, sans laquelle nul ne saurait lire, comprendre et faire connaître quelque œuvre que ce soit. » (Lettres à Marie Canavaggia, 1936-1960, Gallimard, 2007, p. 33).
8. Jean-Paul Louis, « Ménage de printemps » in Autour de Céline, 3, Le Lérot rêveur, n° 57, printemps 1994, pp. 23-26.
9. D’autant que l’explication est plus simple : « Je l’appelle : le Vieux, par référence à Flaubert qui, on le sait, désignait Sade ainsi dans les lettres familières. » (Jean-Paul Louis, Histoires du Vieux et autres nouvelles in Le Lérot rêveur, n° 59, printemps 1999, p. 12).
10. Le mot est de Pol Vandromme qui ajoute : « Il faut se rappeler ce qu’était Au Pilori, officine de délation où des stipendiés en proie au délire se flattaient de leurs mouchardages. Que le plus grand écrivain du siècle participe à la carmagnole en compagnie d’individus tarés et de propagandistes tarifés a de quoi scandaliser l’esprit le plus indulgent à l’inconscience des littérateurs. » (Pol Vandromme, Journal de lectures, L’Age d’Homme, 1991, pp.65-66.)

 

Pétain, De Gaulle: deux figures d'un tragique destin

Pétain, De Gaulle : deux figures d’un tragique destin

Pétain, De Gaulle… Réfléchissons un instant à ces personnages d’une époque lointaine. Et d’abord, quelle étonnante destinée que celle du maréchal Pétain ! Avoir été porté si haut et avoir été jeté si bas ! Dans la longue histoire de la France, d’autres grands personnages furent admirés, mais aucun sans doute n’a été plus aimé avant d’être tant dénigré.

Son malheur fut d’hériter, non seulement d’une défaite à laquelle il n’avait pris aucune part, mais plus encore d’un peuple, jadis grand, qui était tombé effroyablement bas. Pourtant, de ce peuple, jamais il ne désespéra. Le général De Gaulle, dont le destin croisa si souvent le sien, ne nourrissait pas les mêmes espérances, sinon les mêmes illusions. « J’ai bluffé. confiera-t-il vers 1950 à Georges Pompidou, mais la 1 ère armée, c’était des nègres et des Africains (il voulait dire des « pieds-noirs »). La division Leclerc a eu 2 500 engagés à Paris. En réalité, j’ai sauvé la face, mais la France ne suivait pas. Qu’ils crèvent ! C’est le fond de mon âme que je vous livre : tout est perdu. La France est finie. J’aurai écrit la dernière page. » (1)

Cela, même aux pires moments, Pétain eût été incapable de le penser.

Il était né en 1856 dans une famille de paysans picards, sous le règne de Napoléon III, avant l’automobile et avant l’électricité. Trois fois, il connut l’invasion de sa patrie, en 1870, en 1914 et en 1940. La première fois, il était adolescent et son rêve de revanche fit de lui un soldat.

En 1914, il avait 58 ans. Son indépendance d’esprit l’avait écarté des étoiles. Simple colonel, il se préparait à la retraite. L’assassinat à Sarajevo d’un archiduc autrichien et l’embrasement de l’Europe en décidèrent autrement. L’épreuve, soudain, le révéla. Quatre ans plus tard, il commandait en chef les armées françaises victorieuses de 1918 et recevait le bâton de maréchal de France. De tous les grands chefs de cette guerre atroce, il fut le seul à être aimé des soldats. Contrairement à tant de ses pairs, il ne voyait pas dans les hommes un matériel consommable. Le vainqueur de Verdun était l’un des rares à comprendre qu’il ne servait à rien d’être victorieux si le pays était saigné à mort.

Il y a bien des explications à la défaite de 1940, mais pour le vieux Maréchal, l’une des causes premières se trouvait dans l’effroyable saignée de 14-18. L’holocauste d’un million et demi d’hommes jeunes avait tué l’énergie de tout un peuple.
La première urgence était donc de maintenir ce peuple autant que possible à l’abri d’une nouvelle tuerie. Simultanément, Pétain espérait une future renaissance d’une « révolution nationale ». On l’en a blâmé. Certes, tout pouvait être hypothéqué par l’Occupation. En réalité, il n’avait pas le choix. La « révolution nationale » ne fut pas préalablement pensée. Avec toutes ses équivoques, elle surgit spontanément comme un remède nécessaire aux maux du régime précédent.

Aujourd’hui, dans la sécurité et le confort d’une société en paix, il est facile de porter sur les hommes de ce temps-là des jugements définitifs. Mais cette époque brutale et sans pitié ne pouvait se satisfaire de pétitions morales. Elle exigeait à chaque instant des décisions aux conséquences cruelles qui pouvaient se traduire, comme souvent en temps de guerre, par des vies sacrifiées pour en sauver d’autres.

À Cangé, en conseil des ministres, le 13 juin 1940, ayant pris la mesure exacte du désastre, le maréchal Pétain, de sa voix cassée, traça la ligne de conduite qui allait être la sienne jusqu’au bout, en 1944 : « Je déclare en ce qui me concerne que, hors du gouvernement, s’il le faut, je me refuserai à quitter le sol métropolitain. Je resterai parmi le peuple français pour partager ses peines et ses misères. »

Pour qui n’assumait pas de responsabilité gouvernementale, il était loisible de prendre un autre parti et de relever symboliquement le défi des armes. Et il est salubre que quelques audacieux aient fait ce choix. Mais en quoi cela retire-t-il de la noblesse à la sacrificielle résolution du maréchal Pétain ?

Les adversaires du général De Gaulle ont tenté de minimiser la portée et la hauteur de son propre geste, l’appel à une résistance ouverte. Ils ont fait valoir que l’ancien protégé du Maréchal ne s’était pas embarqué dans l’aventure sans parachute. Ils ajoutent qu’affronter les Allemands, depuis Londres, derrière un micro, était moins périlleux que de le faire en France même, dans un face à face dramatique, inégal et quotidien. Peut-être. Mais, parachute ou pas, le choix rebelle du Général était d’une rare audace. Fruit d’une ambition effrénée, ripostent ses détracteurs. Sans doute. Mais que fait-on sans ambition ?

Ce type d’ambition, cependant, faisait défaut au maréchal Pétain. A 84 ans, avec le passé qui était le sien, il n’avait plus rien à prouver et tout à perdre.

Si notre époque était moins intoxiquée de basse politique et de louches rancunes, il y a longtemps que l’on aurait célébré la complémentarité de deux hommes qui ont racheté, chacun à leur façon, ce qu’il y eut de petit, de vil et d’abject en ce temps-là.

Dominique Venner

Notes:

1. Georges Pompidou, Pour rétablir une vérité, Flammarion, 1982, p 128

Source : DominiqueVenner.fr

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mercredi, 15 septembre 2010

Mütterrevolution in Frankreich: Frauen wollen wieder ins Haus zurück!

Mütterrevolution in Frankreich: Frauen wollen wieder ins Haus zurück!

Eva Herman

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Es tut sich was im Staate Deutschland. In Frankreich. In ganz Europa. Die Menschen sind aufgewacht. Sie protestieren, demonstrieren, widersprechen und fordern! Sie gehen auf die Straße und melden sich, sprechen endlich aus, was sie sich gestern noch nicht getrauten: Im Ausland sind es Einschnitte ins sozial abgesicherte Leben, hier ebenso. Und mehr: das Sarrazin-Buch, die Schulreform Hamburg, Projekt Stuttgart 21, der Atomdeal der Bundesregierung, die Diskussion um die Atommüll-Endlager, die Castortransporte usw. Die Bundes- und Landesregierungen haben derweil immer schlechtere Karten. Zu lange und zu offensichtlich wurde amtlich vertuscht, gelogen und betrogen. Ja, es tut sich gewaltig etwas. Doch noch sind längst nicht alle Themen auf dem Tisch. Frankreich führt uns gerade vor, was auch hierzulande über kurz oder lang explodieren wird: die Familienpolitik!

 

 

Wenn man die hierzulande überhaupt noch so nennen darf. Richtiger hieße es wohl eher: die Anti-Familienpolitik. Frau von der Leyen, die ehemalige Krippenministerin, wird sich bei einem Blick auf den französischen Nachbarn verwundert die Augen reiben, ebenso ihre eher linksgerichtete Vorgängerin Renate Schmidt. Ach ja, und nicht zu vergessen die amtierende, kinderlose Familienministerin Schröder, die sich, ebenso wie ihre resoluten Vorgängerinnen, heute für die Krippen stark macht wie einst schon Margot Honecker.

Die fatalen Anti-Mama-Thesen, die den Frauen hierzulande seit Jahrzehnten übergestülpt werden, haben bereits immensen Schaden angerichtet. Sie zerstören die natürlichen, intuitiven Anlagen der Mütter und ersetzen sie durch die straff getaktete Botschaft: Ein erfülltes, globalisiertes Leben besteht aus einem strammen Berufsdasein! Kinder? Sind kleine Störfaktoren, die man schon früh in die Krippe bringen kann, bringen soll. Je mehr Krippen vorhanden, desto gelungener wird dies als familienfreundliches Modell gelobt. Deswegen: Ausbau des deutschen Krippennetzes auf 750 000 Plätze. Dabei werden sämtliche Forschungen über das natürliche Bindungsverhalten, wie es uns jede Straßenkatze mit ihren Jungen vor Augen führt, arrogant und sträflich vernachlässigend ignoriert. Mehr noch: Es wird tatsächlich, rein amtlich, sogar behauptet, Krippenhaltung bei Kindern fördere die Geburtenquote. Das ist ebenso dreist erlogen, was sogar der Familienforscher Hans Bertram aus von der Leyens Expertenteam einräumen musste, als er letztes Jahr vor den bundesdeutschen Medien einknickte: Ob sich Elterngeld und Kita-Ausbau auf die Geburtenzahlen auswirkten, werde sich erst in »zehn bis fünfzehn Jahren« zeigen.

Es ist schon jetzt klar, dass das System gescheitert ist. Es wagt nur noch keiner, das laut zu sagen. Seit Jahren ist Deutschland auf der inzwischen langen Liste der europäischen Länder Schlusslicht, was die Geburtenquote angeht.

Nicht nur von der Leyen beschwor das Nachbarland Frankreich als rühmliches Vorbild. Alle deutschen Feministinnen, deren erklärtes Ziel die Zerstörung mütterlicher Gefühle ist, schielten ebenso zu den »frankofrohen« Nachbarn mit dem Hinweis: So müssen wir es auch machen! Alle Kleinkinder kämen dort schon früh in die Krippe, alle Mütter arbeiteten und alle seien ja sooo glücklich!

Und jetzt? Auf einmal Pustekuchen. Eine mittelschwere Mütterrevolution ist in Frankreich plötzlich im Gange: Die Frauen wollen nicht mehr! Sie wollen nicht mehr den anstrengenden Spagat zwischen Karriere, Kind, Haushalt und Ehemann leisten müssen. Immer mehr gut ausgebildete französische Mütter kündigen ihren Job und bleiben zuhause. Wohlwissend, dass sie von der Gesellschaft für diese Entscheidung nicht geliebt werden, in Kauf nehmend, dass sie mit weniger Geld auskommen und sich ständig ihrer Familie und dem Bekanntenkreis gegenüber erklären müssen. Doch das ist ihnen egal. Die neue Sehnsucht der Frauen in Frankreich heißt: Rückkehr zu den traditionellen Grundwerten.

Bereits Ende der siebziger Jahre zog die französische Journalistin und vierfache Mutter Christiane Callonge (l’Express, Elle) in einem aufsehenerregenden Buch Bilanz. Unter dem Titel Ich will ins Haus zurück schrieb Callonge: »Ich will ins Haus zurück, nicht immer nur erzwungenermaßen, sondern öfter, länger, freiwilliger. Ich will nicht meine Kinder nur zwei Stunden täglich sehen. Ich weigere mich zu wählen zwischen Beruf und Familie. Ich will beides. Ich will leben!« Dieses Buch hatte in Frankreich der Diskussion um die Befreiung der Frau bereits vor dreißig Jahren entscheidende neue Impulse gegeben.

Nun ist die Debatte wieder öffentlich geworden, doch längst nicht mehr so zaghaft und vorsichtig. Selbstbewusste Mütter, jahrelang erfolgreiche, durchsetzungsfreudige Macher- und Karrierefrauen, hängen ausdrücklich ihren Job an den Nagel und bleiben selbstbewusst zuhause. Sie wissen, auf was sie sich einlassen: auf das Natürlichste der Welt, auf die Liebe. Und genau das wollen sie auch. Der bisherige gesellschaftliche Status, nach dem die Arbeit das Wichtigste sei, verliert für besonders gut ausgebildete Frauen zunehmend den Reiz. Immer mehr Französinnen brechen mit den alten, familienunfreundlichen Traditionen.

Der französischen Feministin und Beauvoir-Anhängerin Elisabeth Badinter gefällt das neue Mutterideal überhaupt nicht. Sie sorgt sich um die Freiheiten, die sich Frauen einmal erkämpft haben, schreibt sie in ihrem neuen Buch Der Konflikt. Diese seien seit 30 Jahren zunehmend bedroht – in Deutschland noch mehr als in Frankreich. Badinter, auch Philosophin und Bestsellerautorin, macht dafür genau jene neuen Ideale von der perfekten Mutter verantwortlich. Sie flößten allen Müttern ein schlechtes Gewissen ein, die ihrem Kind nicht ständig den Vorrang vor sich selbst, ihrem Partner und ihrem Beruf einräumen, ist die Meinung der Publizistin.

Das, was den Menschen erst zum Menschen macht, nämlich seine Verbindung zur Schöpfung, kritisiert die engagierte Kämpferin. Das neue Mutterbild, vor dem sie sich augenscheinlich fürchtet, würde dominiert vom Diktat der Natur. Die ständige Nähe zwischen Mutter und Kind sei angeblich natürlich, mault sie; sie soll für die gesamte Entwicklung des Kindes unverzichtbar sein? Eng mit diesem Naturbild verknüpft sei das Stillen. Dass es daher weit über das erste Jahr hinaus moralisch geboten sei, gefällt Badinter ebenso wenig. Was sei denn eigentlich wirklich natürlich? Und sollten Frauen im Namen der Natur wieder verzichten lernen? Badinter fürchtet sich, wie viele fehlgeleitete Feministinnen, vor Nähe, Zärtlichkeit und vor Abhängigkeit durch Liebe. Das betrifft Kinder gleichermaßen wie auch Männer. Umso engagierter kämpfen sie dagegen.

Das ist der neue Konflikt Frankreichs. Er wird sicher auch in allernächster Zeit zu handfesten Debatten in Deutschland führen. Das Bewusstsein für diese drängenden, lebensbestimmenden Fragen wächst täglich. Auch wenn deutsche Mainstream-Medien wie DER SPIEGEL, DIE WELT oder die Süddeutsche Zeitung die Feministin Badinter derzeit ebenso emphatisch hochjubeln wie ihre deutschen Mitstreiterinnen Dorn oder Schwarzer – angesichts der alarmierenden Zahlen, dass jede zweite berufstätige Mutter über Burn-out-Syndrome klagt, und angesichts der Tatsachen, dass seit den siebziger Jahren die Zahl alkoholanfälliger bzw. alkoholgefährdeter Frauen drastisch zugenommen hat , verweigern sich auch hierzulande die Frauen zunehmend dem Diktat der globalisiert-notwendigen Erwerbstätigkeit, die zulasten ihrer eigenen Gesundheit und zulasten des Seelenfriedens der ganzen Familie geht.

Wenn die Menschen dann erkennen werden, dass sie auch im Bereich der Familienpolitik zu Opfern von staatlicher Propaganda und Manipulation geworden sind, wenn sie den Zerfall der Gesellschaft aufgrund der Atomisierung der kleinsten gesellschaftlichen Zelle, der Familie, erkennen müssen, dann wird der Schmerz darüber sie traurig und wütend machen. Diese Wut der Bürger ist eine mindestens ebenso große Gefahr wie die derzeitig wachsende Erkenntnis, dass scheinbar überall amtlich getäuscht, gelogen und betrogen wird: Sie wird die Menschen zunehmend auf die Straße führen, sie wird sie suchen lassen nach neuen Möglichkeiten, zu ihrem Recht zu kommen. Vielleicht in einer neuen Partei, die weitab von den derzeitigen Volksparteien einstehen will für Werte, Tradition und ein Empfinden für die eigene Kultur? Warum auch nicht?

 

vendredi, 10 septembre 2010

Nice: hommage à Catherine Ségurane

Nice : Hommage à Catherine Ségurane

NICE (NOVOpress) – En 1543, sur les remparts de Nice, Catherine Ségurane, une lavandière, assomma de son battoir à linge un porte-étendard de l’armée turque qui assiégeait la ville et ceci redonna force et ardeur aux combattants niçois. Ainsi, Nice a résisté à ceux qui depuis soixante-dix ans faisaient trembler l’Europe. Les Turcs se replièrent mais en emmenant en esclavage les populations dont ils avaient pu s’emparer.

Pour la huitième année consécutive les jeunes niçois fier de leur identité ont défilé aux flambeaux le premier dimanche de septembre pour honorer cette héroïne nissarde.

Source des photos : Jouinessa Rebela, les jeunes Identitaires du Pays Niçois [1].

 

 

 

 

 

 


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[1] Jouinessa Rebela, les jeunes Identitaires du Pays Niçois: http://www.jouinessa.com/

mercredi, 08 septembre 2010

Immigration et identité: les erreurs de la Nouvelle droite et de l'Eglise catholique romaine

Immigration extra-européenne et identité : les erreurs de la Nouvelle droite et de l’Eglise catholique romaine…

Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

Le dernier numéro de la revue Eléments pose la question en gros titre de couverture  et s’interroge pour savoir si certains intellectuels dits de La Nouvelle droite  dans leur combat remarquable contre le monde individualiste, droit de l’hommiste, globalisé, anglo-saxon, et de la consommation effrénée n’appartiendraient pas en fait à la Nouvelle gauche ?

Après tout,  le fait que Mohammed soit le nouveau prénom le plus usité  des naissances dans la région bruxelloise ne serait pas aussi grave que certains Européens traditionalistes, xénophobes et dépassés auraient tendance à le croire ! Finalement, une identité n’est pas immuable en soi et ne peut qu’évoluer au fil des siècles. L’immigration extra-européenne, à tout prendre, est un moindre danger pour notre identité européenne que le règne aliénant de la marchandise et de la consommation. Le vrai danger serait le capitalisme financier visant toujours plus à étendre son empire et transformant les êtres vivants en objets inanimés (1).

Nous tenons à nous élever avec force contre cette idée qui est très belle sur le papier et qui se rapproche effectivement de la conception (Weltanschauung) des hommes de gauche pratiquant trop facilement  et allègrement le déni des réalités.

Le véritable et plus grave  danger  pour les Français qui se définissent avant tout comme des Européens de langue française, c’est bien l’inacceptable phénomène migratoire extra-européen car il porte atteinte, au-delà des risques évidents de guerre civile et à une difficile politique du retour, d’une façon irréversible, à l’identité européenne, à la substance ethnique du peuple français. Le système économique, lui, pourrait  être adapté et changé sans trop d’encombres du jour au lendemain ! (fin du libre échange, mise en place de la préférence communautaire, mise en place d’un capitalisme volontariste industriel). L’immigration au contraire, engage la patrie charnelle du peuple français qui a pris son origine bien avant 1789. Le système économique suicidaire actuel ne présente pas les mêmes dangers à long terme ; il est , nonobstant les trop nombreuses  vies  déjà gâchées et les emplois définitivement  perdus  suite aux délocalisations inconscientes, plus facilement  modifiable et réversible.

Lorsqu’on voit les réactions de jeunes vierges effarouchées telles que celles de Jean-Pierre Raffarin ou de Michel Rocard, suite au renvoi volontaire avec un pécule de 300 euros, avion payé, de quelques Roms dans leur pays d’origine, on réalise à quel point est grave pour la société française le cancer mortel droit de l’hommiste. La réaction des élus de l’UMPS est d’autant plus inacceptable que ces mêmes Roms expulsés auront le droit de revenir d’ici quelque temps dans notre douce France ! En fait, pour la majorité d’entre eux, ce sont des congés payés dans leur pays d’origine aux frais du contribuable français ! A noter  également que  La France est un des rares pays au monde où des clandestins peuvent manifester publiquement  et tranquillement pour se faire régulariser   à tour de bras !

Ces réactions de l’UMPS sont d’autant plus stupides et scandaleuses que ces expulsions ne contribuent en rien  et pas le moins du monde à la diminution du véritable  danger  migratoire qui consiste, sous le règne médiatique  des seuls effets d’annonce du Président Sarkozy, à ne rien faire contre l’entrée annuelle effective de 250 000 nouvelles  personnes par an en France, essentiellement du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne, soit une nouvelle agglomération lilloise extra-européenne tous les 3 ans dans l’hexagone, nonobstant une natalité délirante de ces nouveaux arrivants  et un nouvel appel d’air pour les mariages mixtes et les regroupements familiaux ! Et avec Madame Ségolène Royal, Madame Aubry et les socialistes, ce serait 450 000 personnes par an !

Quant aux réactions de certains hommes d’Eglise pour ces mêmes Roms,  elles nous rappellent que le christianisme a contribué au déclin et à la chute de l’Empire romain. Thomas Molnar a bien analysé les causes principales de la décadence européenne actuelle qui prennent leurs sources dans l’Eglise catholique romaine, l’Université et la Culture.(2)

Orateur et homme politique important vivant au IVème siècle, époque du chaos qui vit triompher le christianisme, Symmaque  le romain est célèbre pour avoir protesté publiquement quand les chrétiens, soutenus par Théodose, enlevèrent du Sénat de Rome, en 382, la statue et l’autel de la Victoire. Tout cela se termina par le sac de Rome par  Alaric en 410 ! L’Europe avec une fin possible du christianisme connaitra-t-elle un sort équivalent à la fin de l’Empire romain et du paganisme, se demandait à juste titre Thomas Molnar ?

L’Eglise catholique, les droits de l’hommistes, les intellectuels soit disant éclairés contribuent donc à cette « peste de l’esprit » selon Dominique Venner (3) qui s’est étendue à l’ensemble du monde blanc jusqu’à combiner sournoisement son autodestruction par la voie d’un brassage généralisé. Nietzsche avait aussi déjà vu le danger voyant dans le christianisme la religion des faibles avec tout ce que cela comporte de beau pour les envolées humanitaires, mais aussi de risques mortels et bien réels pour notre civilisation.

Seuls résistent finalement  à ces absurdités et à la catastrophe programmée, comme à la veille de la chute de l’Empire romain, quelques intellectuels épars, quelques hommes et  partis politiques, le  bon sens, l’âme populaire, la Russie et ne l’oublions pas, l’Eglise catholique  orthodoxe qui a un point de vue très différent de l’Eglise catholique romaine. Selon la religion catholique orthodoxe, « il existe des valeurs qui ne sont pas inférieures aux droits de l’homme tels la foi, la morale, le sacré et la Patrie ».

N’est ce pas un certain Poutine qui a prédit qu’au rythme où vont les choses, « la France finirait par devenir la colonie de ses anciennes colonies » ! Seuls le populisme, le nationalisme et la droite identitaire peuvent sauver la France ! La situation est grave. Il n’est plus possible de rester « Zen », de jouer au philosophe éclairé  à l’esprit  impassible et supérieur. L’heure semble bien au contraire venue de baisser les masques, de sortir  très vite du bois et de  donner la Garde car sinon la bataille dores et déjà engagée pour la survie de l’identité française et européenne pourrait  bien être définitivement perdue !

Marc Rousset*

*Marc Rousset est l’auteur de « La nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou », Editions Godefroy de Bouillon, 2009 . Il collabore régulièrement à la revue Synthèse nationale.

Notes

(1) Alain de Benoist, Nous et les autres, Problématique de l’identité, p 134, Krisis,  2007

(2)Thomas Molnar, Moi, Symmaque, L’Age d’Homme, Lausanne-Paris, 2000

(3) Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens, Editions du Rocher, p 38, 2009