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samedi, 05 décembre 2015

La coalition impossible

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La coalition impossible

Ou comment la destruction du SU-24 russe fait tomber le masque de l’OTAN…
 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

C’est l’incident aérien le plus grave jamais survenu entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis 1950. Mardi 24 novembre, un Soukhoï 24 (SU-24) de l’armée de l’air russe a été abattu par deux F-16 turcs  dans la région du Hatay, au nord-ouest de la Syrie. Selon les informations de prochetmoyen-orient.ch, fondées sur plusieurs sources militaires russes et celles de deux services européens de renseignement, l’avion russe évoluait dans l’espace aérien syrien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque et ce sont bien les deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien en suivant une « procédure d’interception directe », lancée contre l’appareil russe.

Cette opération aurait été directement initiée et gérée par l’état-major central des forces armées turques basé dans la banlieue d’Ankara. Elle aurait été programmée au lendemain des frappes effectuées quelques jours auparavant par Moscou contre des camps de jihadistes turkmènes, dans le nord-ouest de la Syrie. Et cette mission de représailles était d’autant plus importante pour le commandement d’Ankara,  qu’une dizaine de membres des forces spéciales turques, engagées aux côtés des jihadistes sur territoire syrien, font partie des victimes des raids de la chasse russe.

Plusieurs informations supplémentaires  renforcent cette lecture d’une opération programmée dont le Pentagone était parfaitement tenu informé, presque heure par heure… Selon les sources de prochetmoyen-orient.ch, 27 chars déployés dans des provinces occidentales de la Turquie avaient été acheminés sur des plateformes ferroviaires à Gaziantep, dans le sud du pays, d'où ils avaient gagné la frontière syrienne sous escorte de la police et de la gendarmerie. Dans ce contexte, l’état-major turc menait l’une des manœuvres inter-armées les plus importantes des dix dernières années le long de sa frontière syrienne. Selon un communiqué de l'état-major général, cette opération a réuni 18 chasseurs F-16. Enfin, nos sources confirment qu’Ankara a bien consulté Washington avant d’abattre le SU-24 !


Sans surprise, le président Barack Obama a aussitôt exprimé son soutien à la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, en avançant son « droit à défendre l’intégrité de son territoire national », juste avant Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui a affirmé sans ciller que l’avion russe avait bel et bien violé l’espace aérien turc ! Plus discrète mais sans ambiguïté, Angela Merkel y allait elle-aussi de son soutien obligé à Ankara.  En effet, il s’agit de ne pas indisposer Recep Erdogan qui continue d’exercer son chantage aux migrants sur une Union européenne (UE) tétanisée qui s’apprête à lui verser trois milliards d’euros. Ce pauvre Jean-Claude Junker, qui préside la Commission comme un club de foot de deuxième division, n’a pas compris que ce « loyer » n’était que la caution d’un bail très éphémère. Erdogan fera boire à l’UE le calice jusqu’à la lie en exfiltrant, au coup par coup et selon son agenda et ses impératifs, les réfugiés des guerres proches et moyen-orientales qui campent à ses frontières.

Ce chantage aux migrants n’est qu’une carte supplémentaire dans le jeu d’Erdogan qui prétend poursuivre ses procédures d’adhésion à l’UE au moment même où il bombarde prioritairement des combattants kurdes pourtant engagés au sol et en première ligne contre les terroristes de Dae’ch  et alors qu’il  accentue sa dérive fascisante en menaçant toujours plus les libertés civiles et politiques. Ce n’est pas la question du jour, pourrait-on dire, mais elle constitue un handicap originel, sinon original : comment l’UE peut-elle sérieusement continuer à envisager l’adhésion d’un pays qui occupe l’un de ses Etats membres depuis 1974 ? Comment s’accorder sur des « valeurs européennes communes », alors qu’Ankara n’a toujours pas reconnu le génocide arménien ? Etc..

Ces détails de l’histoire n’encombraient certainement pas les consciences de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, estimant - à l’unisson en leur temps - que pour tuer l’Europe politique, il fallait l’élargir à l’infini pour la transformer en un grand marché, une espèce de grande Suisse néolibérale en y intégrant prioritairement les anciens membres du Pacte de Varsovie et la Turquie, porte-avions de l’OTAN, veillant à l’articulation stratégique de l’Europe et de l’Asie. Nous y sommes : Thatcher et Bush ont gagné ! Leurs héritiers - Bush/Obama, Blair/Cameron, Sarkozy/Hollande - suivent la même ligne et en rajoutent. Détruisant tout ce qui subsistait de l’héritage gaullien, Paris a rejoint le commandement intégré de l’OTAN. L’UE se charge désormais d’interdire les fromages à pâte molle pendant que l’Alliance Atlantique s’occupe des choses sérieuses… Et c’est principalement cette évidence géostratégique, sur la table et aux yeux de tous, qui empêche la formation d’une seule et unique coalition contre Dae’ch et le terrorisme salafo-jihadiste.

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Dans les limites de cette imparable équation et après le crash de l’avion russe dans le Sinaï, les attentats de Beyrouth, Bagdad, Paris et Tunis, il était  sans doute pertinent de rencontrer personnellement cinq chefs d’Etat ou de gouvernement , dont trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le bilan de ce marathon diplomatique est plutôt maigre, estime un diplomate français qui a suivi la tournée de très près : « toujours plus démocratiques que Sa majesté, nos ‘amis’ britanniques ont promis d’ « intervenir » à nos côtés après un débat aux Communes ; les Allemands ont promis quelques boîtes de choucroute aux coopérants militaires présents en Irak ; le Pentagone nous transmettra du renseignement transgénique tandis que les Chinois relisent Confucius… Restait Vladimir Poutine, qui avait proposé exactement ce que souhaite aujourd’hui François Hollande, fin septembre à la tribune de l’Assemblée de l’ONU… avant de se faire éconduire poliment - à cause de l’Ukraine notamment. Il a eu la délicatesse de ne pas revenir sur le fiasco des porte-hélicoptères Mistral… »  

Mais là, c’est François Hollande qui est gêné aux entournures. « Notre travailleur de la mer reste accroché au bigorneau du « ni-ni » (ni Dae’ch-ni Bachar), sans repérer la pieuvre et ses multiples tentacules qui menacent la profondeur des ondes planétaires », poursuit notre diplomate qui conclut : « mais surtout, comme membre à part entière d’une OTAN dont la France vient de réintégrer le Commandement intégré, le président de la République peut difficilement faire cavalier seul avec le camarade Poutine ! Sur ce plan, Barack Obama reste le patron incontesté et donne le « la ». Ce que nos lumières du Quai d’Orsay ont le plus grand mal à comprendre : c’est précisément que le président américain ne mène pas sa ‘guerre contre la terreur’ avec le même logiciel que celui de Laurent Fabius ». Et François Hollande ne peut plus, désormais parler de « coalition » avec Moscou mais doit s’en tenir à une simple « coordination »concernant  les frappes !

Un téléphone rouge relie déjà les états-majors américain, russe et syrien afin d’éviter que tous leurs avions n’entrent en collision ou ne se tirent dessus. Ankara n’a pas décroché le même combiné… Cet oubli n’est pas un dysfonctionnement et correspond au contraire à une implacable logique. Au début de son deuxième mandat, Barack Obama avait clairement dit que les intérêts des Etats-Unis à l’horizon 2040 se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale, reprenant mot pour mot la définition des priorités « eurasiatiques » du Polonais Zbigniew Brzezinski. Toujours très influent parmi les stratèges démocrates, cet ancien conseiller à la Sécurité de Jimmy Carter estime depuis la fin de la Guerre froide que les Etats-Unis doivent décentrer leurs engagements moyen-orientaux pour les redéployer en Asie afin de contenir la Chine et de prévenir le retour stratégique de la Russie, d’où une nécessaire normalisation avec l’Iran notamment.

Ainsi le Pentagone gère les crises irako-syriennes, israélo-palestiniennes et pakistano-afghanes en fonction de celle de l’Ukraine, de celles d’Europe centrale, régulièrement attisées par la Pologne et la Lituanie, ainsi que des nouveaux foyers de confrontation, dont le Grand nord arctique[1] où un partage des richesses naturelles et des positions stratégiques s’annonce des plus problématiques… Dans la plupart de ces déchirures de la mondialisation contemporaine, l’UE fait fonction de cheval de Troie de l’OTAN qui avance masqué, son programme de bouclier anti-missiles sous le bras. Cette nouvelle arme a deux fonctions essentielles : achever le démantèlement des industries européennes de défense dont celle de la France éternelle et essouffler celles de la Russie et de la Chine comme le fît, en son temps, le programme reaganien de « guerre des étoiles ».

Par conséquent, il était organiquement impossible que Barack Obama accepte la proposition de Vladimir Poutine d’une coalition unique anti-Dae’ch, comme il est inconcevable de voir François Hollande pactiser, plus que de raison, avec le président russe. C’est d’une aveuglante évidence : la Guerre froide se poursuit tranquillement par d’autres moyens… depuis le démantèlement du Pacte de Varsovie et les consolidations successives d’une OTAN dont la principale mission demeure la reproduction de l’hégémonie stratégique, économique, politique, sinon culturelle de Washington et de ses supplétifs.

A cet égard, le lancement à grand tam-tam de la série policière Occupied constitue l’un des derniers symptômes du déferlement de la propagande néoconservatrice qui submerge nos médias depuis plusieurs années. Publicité : « Qu'aurions-nous fait pendant l'Occupation ? Aurions-nous eu le courage de résister à l'envahisseur ou la lâcheté de continuer à vivre presque comme avant ? Telle est l'obsédante question soulevée par la série Occupied, diffusée à partir de ce jeudi soir sur Arte à 20 h 55. À l'origine de ce thriller politique au budget de 11 millions d'euros, l'écrivain norvégien Jo Nesbo, qui a imaginé l'invasion de la Norvège par la Russie ». Sans commentaire !

La question demeure depuis la chute du Mur de Berlin : pourquoi ne pas avoir démantelé l’OTAN, comme on l’a fait avec le Pacte de Varsovie pour initier un nouveau système de sécurité collective englobant l’ensemble de l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural ? Inconcevable pour Washington où la grande majorité des policy makers se considéraient comme seuls vainqueurs de la Guerre froide, sûrs de leur droit historique à engranger sans partage les dividendes de la nouvelle donne. Et comme toujours, le Pentagone et Hollywood devaient justifier, habiller et moraliser les profits de leur infaillible messianisme : l’OTAN partout, c’est pour le bien de l’humanité tout entière…

Le 27 mai 1997, Javier Solana - à l’époque patron de l’OTAN - et Boris Eltsine (à jeun), signaient à Paris un « Acte-fondateur OTAN-Russie ». Sans cynisme, Washington saluait un « partenariat naturel ». Ses propagandistes communiquaient : « l'Acte fondateur OTAN-Russie instaure solidement la base d'un partenariat de sécurité permanent entre les deux parties, balayant l'idée qu'elles devaient être ennemies à tout jamais. La signature de l'Acte ne signifie pas que les différences d'orientation ou de vues s'évanouiront du jour au lendemain. Mais elles pourront s'estomper, au fil du temps, à travers un processus de larges consultations régulières sur des questions politiques et de sécurité au sein du nouveau Conseil conjoint permanent. La tâche principale consistera à passer du papier à la réalité en exploitant pleinement les nouvelles occasions ». On connaît trop la suite…

Trois ans auparavant, la Russie avait rejoint le « Partenariat pour la paix », la Russie et l’OTAN signant plusieurs accords importants de coopération. Ces derniers portaient notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire. Puis fut inventé le Conseil OTAN-Russie (COR), une instance de consultation, de coopération, de décision et d'actions conjointes dans le cadre duquel les différents États membres de l'OTAN et la Russie devaient travailler ensemble en tant que partenaires égaux sur toute une gamme de questions de sécurité d'intérêt commun.

Le COR était officiellement créé le 28 mai 2002, date à laquelle le président russe Vladimir Poutine et les membres de l'OTAN signaient sur la base militaire italienne de Patricia di Mare la déclaration de Rome. Le 1er avril 2014, en réponse au rattachement de la Crimée à la Russie, intervenant après la destitution du gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch et le coup de force portant au pouvoir à Kiev un gouvernement pro-occidental, l'OTAN décidait unilatéralement de mettre un terme à la coopération avec la Russie, suspendant de fait le conseil OTAN-Russie.

Depuis, nous ne sommes pas sortis de cette domination géostratégique de l’OTAN qui continue à supplanter notre souveraineté nationale et celle de nos partenaires au profit des priorités et des intérêts de Washington. Le mot de la fin provisoire revient à un « économiste atterré » qui nous dit : « nous n’arrivons pas à réguler une mondialisation devenue folle - ‘guerre de tous contre tous’ - qui nous fait régresser à de vieilles logiques westphaliennes où les Etats classiques sont confrontés en permanence à des homologues ‘ Etats faillis’, de plus en plus nombreux, au sein desquels règnent les seigneurs de la guerre, les mafias et les grandes sociétés transnationales majoritairement anglo-saxonnes ».  

Richard Labévière, 1 er décembre 2014 

[1]              François Thual et Richard Labévière : La bataille du Grand nord a commencé… Editions Perrin, 2008.

vendredi, 04 décembre 2015

Diplomatic rhetoric and the neo-Ottoman strategy of Davutoğlu

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Diplomatic rhetoric and the neo-Ottoman strategy of Davutoğlu

Ex: http://www.katehon.com

The Prime Minister of Turkey, Ahmet Davutoğlu, called for military communication channels with Russia to prevent incidents such as what has happened with the Russian Su-24 bomber. He expressed this before his visit to the occupied part of Cyprus by Turkey, which has a symbolic meaning. Turkey's ambitions to restore its influence are not only focused on part of Syria, but also on the Balkans and the Caucasus

Strategic Depth

Turkish Prime Minister and leader of the Justice and Development Party, Ahmet Davutoğlu, is known for his work "Strategic Depth", which he wrote when he held the post of professor at the University of Marmara. In it he calls for a foreign policy guided by historical heritage and geo-strategic position. He says that Turkey is a European and Asian, Balkan and Caucasian, Middle Eastern and Mediterranean country, appealing to the past might of the Ottoman Empire. Davutoğlu calls for present and future Turkish politicians to restore the role and status of Turkey, at the very least, and to make it a regional actor which is not dependent on the great powers such as the United States. This explains the ongoing diplomatic maneuvering in relations with Washington, Beijing and Moscow. Since the beginning of the 2000's, Turkey has tried to diversify relations and to establish cooperation with the EU, the countries of Central Asia, the Middle East and Africa.

"Zero problems with neighbors"?

One of the theses of Davutoğlu has been a diplomacy  based on "soft power," which seeks to avoid problems with neighboring countries. Obviously, the intentions of the author have not come to fruition, because Turkey still has strained relations with Greece, has failed to resolve the conflict with Armenia, and also opposes the legitimate government of Syria. The theory of a peacekeeping policy is actually transformed into an aggressive tool, used influence and manipulate the other regional countries, which has led to a series of crises.

The Islamic factor

Under the auspices of the Justice and Development Party, the country has embarked upon a course of desecularization, changing the religious atmosphere. Under various pretexts, it has put pressure on the secular structures and passed legislation Islamicizing the public sector. In 2010, Turkey eliminated radical Islam and other ideologies as a named threat from their doctrines on national security . The main donors of Islamization of Turkey are Qatar and Saudi Arabia.

Ottomanism and Pan-Turkism

The doctrine of neo-Ottomanism involves the imposition of various strategies. This takes into account the historical experience of political control over a vast area - the Balkans, North Africa, the South Caucasus through to the Caspian Sea, all of the Red Sea coast and the northern Black Sea region. Mirroring this, the pan-Turkic ideology is based on the concept of the Turkic ethnocentrism. Both directions have been criticized by Arab Muslim countries, claiming Turkey has a "wrong" Islam which legitimizes the historical occupation of Arab lands, as well as and other Turkic states; denying modern Turkey the right to exclusive Turkic identity, because historically this territory was home to other peoples - Celts, Slavs, Greeks, Armenians, Kurds, and others.

A combination of tools for Policy

Turkey will use a variety of methods and concepts for their foreign policy, depending on the context. Earlier, Davutoğlu declared an interest in joining the Eurasian Economic Union, showing here an opportunistic approach to regional geopolitical projects. Obviously, for other countries and peoples, Ankara will use different rhetoric to achieve their interests.

dimanche, 29 novembre 2015

Capire la politica estera della Francia nel Mediterraneo: da Francesco I a oggi

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Capire la politica estera della Francia nel Mediterraneo: da Francesco I a oggi

Perché la Francia interviene da sola, prima in Libia poi in Siria? È una domanda che abbiamo sentito spesso, in particolare dopo le recenti incursioni aeree francesi contro i jihadisti siriani.



 La prima risposta è che Parigi antepone l'interesse nazionale a qualsiasi altro fattore esterno: alleanze, accordi, equilibri internazionali. Prima risposta, sì, ma non sufficiente e neanche esaustiva: infatti, per capire la politica estera francese non si può partire da Hollande; meglio cominciare da Francesco I Valois...

Nel 1525, a Pavia, l'esercito di Francesco I di Francia subisce una durissima sconfitta da parte degli imperiali di Carlo V.

Re di Spagna, il 23 ottobre 1520 Carlo da Gand è incoronato ad Acquisgrana sovrano del Sacro Romano Impero con il nome di Carlo V. Regna su un territorio che comprende i Paesi Bassi, l'Arciducato d'Austria, la Spagna, i domini italiani e le colonie americane e, dopo la battaglia di Mohacs del 1526, anche la Boemia e l' Ungheria, quest'ultima divisa con la Grande Porta (Impero ottomano, nda).

Un regno vasto, che ostacola l'espansionismo dei due “vicini”, Francia e Impero ottomano. L'epopea di Carlo Martello a Poitiers e gli echi delle crociate sono lontani e la ragion di stato supera i limiti imposti dalle differenze religiose, storiche e culturali. E' così che, nel 1536, Francesco I di Francia e il sultano Solimano il Magnifico sottoscrivono un trattato di amicizia e di commercio.

"Un'empia alleanza”, come la definirono i contemporanei, che per duecentocinquant'anni legherà i due paesi.

Amicizia, commercio, ma anche campagne militari: la Guerra d'Italia (1542-1546) vede, infatti, la flotta francese e quella corsara di Khayr al-Dīn Barbarossa attaccare i domini spagnoli e porre d'assedio Nizza (allora parte del Ducato di Savoia). Dai porti di Provenza, poi, salpano bastimenti carichi di materiale navale e bellico (in particolare artiglierie) destinate all'esercito di Solimano, violando di fatto l'embargo sulla vendita di armi che le potenze cristiane hanno imposto a Costantinopoli.

L'accordo franco ottomano continua ancora per tutto il '700; tuttavia, proprio durante il XVIII Secolo, il ridimensionamento degli equilibri internazionali porterà alla fine dell'alleanza fra Parigi e la Grande Porta. L'asse dei commerci si sposta all'Oceano Atlantico; le colonie d'oltre Oceano sono il nuovo terreno di confronto fra francesi e inglesi; a est, sulle sponde del Mar Nero, i russi strappano ai turchi il controllo di Azov e Sebastopoli, mentre nel Mediterraneo la corsa barbaresca risente della carenza di materie prime e dell'evoluzione tecnologica delle marine europee. Poi, nel 1799 Napoleone invade l'Egitto, gesto che pone fine al secolare trattato di amicizia fra il suo paese e Costantinopoli.

Diplomazia a parte, l'invasione napoleonica mette in luce anche la debolezza dei domini ottomani in Nord Africa, debolezza della quale la Francia approfitta: prendendo come pretesto una missione anti pirateria, nel 1830 occupa Algeri.

Non sarà l'unico territorio ottomano ad essere conquistato: la Tunisia cade nel 1881. Il Marocco diverrà protettorato nel 1912.

Però, governare l'Algeria non è facile, perché Costantinopoli continua ad essere riferimento politico e religioso per le genti musulmane. Dopo un trentennio di lotte, l'autorità francese emette una serie di leggi che isolano la popolazione indigena di fede islamica: prima, con il decreto che favorisce gli ebrei d'Algeria (decreto Cremieux), poi, con l'allargamento della cittadinanza agli immigrati europei. Infine, il Code de l'indigénat del 1887 contribuisce a creare un ulteriore distacco fra la cultura occidentale francese e gli algerini. 

La fine della Grande Guerra vede dissolversi il secolare Impero turco. Gli accordi di Sykes-Picot (1916) concedono alla Francia di conquistare altri due ex domini ottomani,  la Siria e il  Libano (mandato del 1920-'44). La scomparsa della Grande Porta, però, lascia spazio al nazionalismo arabo, nemico insidioso per la stabilità delle colonie in Medio Oriente e in Africa. Una stabilità che vacilla nel 1940, quando la Germania conquista la Francia.

Con la svastica che sventola sulla Tour Eiffel, qual è il futuro dei possedimenti d'oltremare? La sorte delle colonie francesi preoccupa, in primis, le forze dell'Asse.

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Siria, Libano e Nord Africa sono sotto il controllo del Governo collaborazionista di Vichy che,  sospende il decreto Cremiuex sulla cittadinanza agli ebrei per assecondare i tedeschi, questi ultimi visti con favore dalle popolazioni locali, perché nemici delle potenze coloniali.

Ma, seppure collaborazionista, lo Stato di Vichy non è incline a tutelare gli interessi del solo Terzo Reich. Attraverso l'attività diplomatica dell'ammiraglio François Darlan, lo sbarco anglo-americano in Marocco e la conquista alleata di Algeri incontrano una debole resistenza delle truppe filo tedesche. Un doppiogiochismo animato dalla speranza che USA e Gran Bretagna riconoscano ancora, a guerra finita, l'autorità francese su quelle terre.

Dal 1946 al 1954  e dal 1954 al 1962, la Francia è impegnata nelle guerre di Indocina e d' Algeria. L'impero è perso; a restare, però, sono l'interesse e l'attenzione di Parigi per i paesi francofoni della Francafrique

L'ultima eredità del colonialismo, la Legione straniera, opera ancora oggi con basi ad  Abu Dhabi e a Gibuti. Dagli Anni Sessanta, la Legione è intervenuta in Ciad ( 1988, 1996, 2008), in Congo (1997), in Libano (2006) e ancora, nel 2002, in Costa d'Avorio a sostegno del governo di Laurent Gbagbo, nell'ambito di operazioni militari condotte al di fuori dell'egida di  organizzazioni internazionali.

Più di recente, è corretto ricordare l'incursione aerea del 19 marzo 2011 in Libia,  l' Opération Serval (Mali, 2013) e i raid in Siria del 2015.  Soffermiamoci sulla Siria. Ad ottobre, il presidente Francois Hollande rifiuta una cooperazione aerea con la Russia, parla di un dossier in preparazione sui crimini di guerra di Assad e, ancora, punta il dito contro Mosca rea di colpire le forze ribelli, nemiche di Damasco. Poi, gli attentati parigini ridimensionano gli equilibri strategici della crisi siriana e tra l'Eliseo e il Cremlino c'è un avvicinamento. Il merito? Certamente i negoziati di Vienna hanno rassicurato Parigi sul futuro di Assad, distendendo, di conseguenza, i rapporti con Putin. Ma c'è anche un'altra cosa: con un'Europa blindata di fronte al pericolo terrorismo, la Russia è per i francesi una preziosa carta da giocare sia per combattere l'Isis, sia per assicurarsi, un domani, un ruolo guida nella Siria del dopo guerra. Una risorsa importante, che potrebbe convincere la Francia a lasciare nel cassetto eventuali dossier... almeno per il momento.

 @marco_petrelli

jeudi, 26 novembre 2015

Réflexions sur la géopolitique et l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée

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Robert Steuckers :
Réflexions sur la géopolitique et l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée

Dérives multiples en marge de la crise grecque

La crise grecque est majoritairement perçue comme une crise économique et monétaire, détachée de tout contexte historique et géopolitique. Les technocrates et les économistes, généralement des bricoleurs sans vision ni jugeote, englués dans un présentisme infécond, n’ont nullement réfléchi à la nécessité, pour l’Europe, de se maintenir solidement dans cet espace est-méditerranéen, dont la maîtrise lui assure la paix. Sans présence forte dans cet espace, l’Europe est déforcée. Ce raisonnement historique est pourtant établi : les croisades, l’intervention aragonaise en Grèce au 14ème siècle (avec la caste guerrière des Almogavares), etc. montrent clairement que ce fut toujours une nécessité vitale d’ancrer une présence européenne dans cet archipel hellénique, menacé par les faits turc et musulman. L’absence de mémoire historique,entretenue par les tenants de nos technocraties banquières et économistes, a fait oublier cette vérité incontournable de notre histoire : la gestion désastreuse de la crise grecque le montre à l’envi.

Erdogan, Toynbee et la dynamique turque

La puissance régionale majeure dans cet espace est aujourd’hui la Turquie d’Erdogan, même si toute puissance véritable, de nos jours, est tributaire, là-bas, de la volonté américaine, dont l’instrument est la flotte qui croise dans les eaux de la Grande Bleue. Trop peu nombreux sont les décideurs européens qui comprennent les ressorts anciens de la dynamique turque dans cette région, qui donne accès à la Mer Noire, aux terres noires d’Ukraine, au Danube, au Caucase, au Nil (et donc au cœur de l’Afrique orientale), à la Mer Rouge et au commerce avec les Indes. Comprendre la géopolitique à l’œuvre depuis toujours, dans ce point névralgique du globe, même avant toute présence turque, est un impératif de lucidité politique. Nous avons derrière nous sept siècles de confrontation avec le fait turc-ottoman mais c’est plutôt dans l’histoire antique qu’il convient de découvrir comment, dans la région, le territoire en lui-même confère un pouvoir, réel ou potentiel, à qui l’occupe. C’est le byzantinologue Arnold J. Toynbee, directeur et fondateur du « Royal Institute of International Affairs » (RIIA), et par là même inspirateur de bon nombre de stratégies britanniques (puis américaines), qui a explicité de la manière la plus claire cette dynamique que pas un responsable européen à haut niveau ne devrait perdre de vue : la domination de l’antique Bithynie, petit territoire situé juste au-delà du Bosphore en terre anatolienne, permet, s’il y a impulsion adéquate, s’il y a « response » correcte au « challenge » de la territorialité bithynienne (pour reprendre le vocabulaire de Toynbee), la double maîtrise de l’Egée et de la Mer Noire. Rome devient maîtresse de ces deux espaces maritimes après s’être assurée du contrôle de la Bithynie (au prix des vertus de César, insinuaient les méchantes langues romaines…). Plus tard, cette Bithynie deviendra le territoire initial du clan d’Osman (ou Othman) qui nous lèguera le terme d’« ottoman ».

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Une Grèce antique pontique et méditerranéenne

On parle souvent de manière figée de la civilisation grecque antique, en faisant du classicisme non dynamique à la manière des cuistres, en imaginant une Grèce limitée tantôt à l’aréopage d’Athènes tantôt au gymnase de Sparte, tantôt aux syllogismes de ses philosophes ou à la géométrie de ses mathématiciens, une Grèce comme un îlot isolé de son environnement méditerranéen et pontique. Le point névralgique de cette civilisation, bien plus complexe et bien plus riche que les petits professeurs classicistes ne l’imaginaient, était le Bosphore, clef de l’ensemble maritime Egée/Pont Euxin. Le Bosphore liait la Grèce égéenne à la Mer Noire, la Crimée et l’Ukraine, d’où lui venait son blé et, pour une bonne part, son bois et ses gardes scythes, qui assuraient la police à Athènes. La civilisation hellénique est donc un ensemble méditerranéen et pontique, mêlant divers peuples, de souches européennes et non européennes, en une synthèse vivante, où les arrière-pays balkaniques, les Thraces et les Scythes, branchés sur l’Europe du Nord finno-ougrienne via les fleuves russes, ne sont nullement absents. L’espace hellénique, la future Romania d’Orient hellénophone, l’univers byzantin possèdent donc une dimension pontique et l’archipel proprement hellénique est la pointe avancée de ce complexe balkano-pontique, situé au sud du cours du Danube. En ce sens, l’espace grec d’aujourd’hui, où s’étaient concentrées la plupart des Cités-Etats de la Grèce classique, est le prolongement de l’Europe danubienne et balkanique en direction du Levant, de l’Egypte et de l’Afrique. S’il n’est pas ce prolongement, si cet espace est coupé de son « hinterland » européen, il devient ipso facto le tremplin du Levant et, éventuellement, de l’Egypte, si d’aventure elle redevenait une puissance qui compte, comme au temps de Mehmet Ali, en direction du cœur danubien de l’Europe.

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bithynia.gifToynbee, avec sa thèse bithynienne, a démontré, lui, que si l’hellénité (romaine ou byzantine) perd la Bithynie proche du Bosphore et disposant d’une façade pontique, la puissance qui s’en empareraitpourrait aiséments’étendre dans toutes les directions : vers les Balkans et le Danube, vers la Crimée, la Mer Noire et le cours des grands fleuves russes, vers le Caucase (la Colchide), tremplin vers l’Orient perse, vers l’Egypte en longeant les côtes syrienne, libanaise, palestinienne et sinaïque, vers le Nil, artère menant droit au cœur de l’Afrique orientale, vers la Mer Rouge qui donne accès au commerce avec l’Inde et la Chine, vers la Mésopotamie et le Golfe Persique. L’aventure ottomane, depuis la base initiale des territoires bithynien et péri-bithynien d’Osman, prouve largement la pertinence de cette thèse. L’expansion ottomane a créé un verrou d’enclavement contre lequel l’Europe a buté pendant de longs siècles. La Turquie kémaliste, en rejetant l’héritage ottoman, a toutefois conservé un pouvoir régional réel et un pouvoir global potentiel en maintenant le territoire bithynien sous sa souveraineté. Même si elle n’a plus les moyens techniques, donc militaires, de reprendre l’expansion ottomane, la Turquie actuelle, post-kémaliste, garde des atouts précieux, simplement par sa position géographique qui fait d’elle, même affaiblie, une puissance régionale incontournable.

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Une Turquie ethniquement et religieusement fragmentée derrière un unanimisme apparent

Le fait turc consiste en un nationalisme particulier greffé sur une population, certes majoritairement turque et musulmane-sunnite, mais hétérogène si l’on tient compte du fait que ces citoyens turcs ne sont pas nécessairement les descendants d’immigrants guerriers venus d’Asie centrale, berceau des peuples turcophones : beaucoup sont des Grecs ou des Arméniens convertis en surface, professant un islam édulcoré ou un laïcisme antireligieux ; d’autres sont des Kurdes indo-européens sunnites ou des Arabes sémitiques également sunnites ; d’autres encore descendent d’immigrants balkaniques islamisés ou de peuples venus de la rive septentrionale de la Mer Noire ; à ces fractures ethniques, il convient d’ajouter les clivages religieux: combien de zoroastriens en apparence sunnites ou alévites, combien de derviches à la religiosité riche et séduisante, combien de Bosniaquesslaves dont les ancêtres professaient le manichéisme bogomile, combien de chiites masqués chez les Kurdes ou les Kurdes turcisés, toutes options religieuses anciennes et bien ancrées que l’Européen moyen et les pitres politiciens, qu’il élit, sont incapables de comprendre ?


Le nationalisme turc de facture kémaliste voulait camper sur une base géographique anatolienne qu’il espérait homogénéiser et surtout laïciser, au nom d’un tropisme européen. Le nationalisme nouveau, porté par Erdogan, l’homme qui a inauguré l’ère post-kémaliste, conjugue une option géopolitique particulière, celle qui combine l’ancienne dynamique ottomane avec l’idéal du califat sunnite. Les Kurdes, jadis ennemis emblématiques du pouvoir kémaliste et militaire, sont devenus parfois, dans le discours d’Erdogan, des alliés potentiels dans la lutte planétaire amorcée par les sunnites contre le chiisme ou ses dérivés. Mais tous les Kurdes, face à l’acteur récent qu’est l’Etat islamique en Irak et en Syrie, ne se sentent pas proches de ce fondamentalisme virulent et ne souhaitent pas, face à un sunnisme militant et violent, céder des éléments d’émancipation traditionnels, légués par leurs traditions gentilices indo-européennes, par un zoroastrisme diffus se profilant derrière un sunnisme de façade et de convention, etc.

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Erdogan toutefois, avec son complice l’ancien président turc Gül, avait avancé l’hypothèse d’un néo-ottomanisme affable, promettant, avec le géopolitologue avisé Davoutoglu, « zéro conflits aux frontières ». Cette géopolitique de Davoutoglu se présentait, avant les dérapages plus ou moins pro-fondamentalistes d’Erdogan et le soutien à l’Etat islamique contre les Alaouites pro-chiites du pouvoir syrien, comme une ouverture bienveillante des accès qu’offre le territoire turc, union des atouts géographiques bithynien et anatolien.

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Echec du néo-ottomanisme

L’Europe, si elle avait été souveraine et non pas gouvernée par des canules et des ignorants, aurait parfaitement pu admettre la géopolitique de Davoutoglu, comme une sorte d’interface entre le bloc européen (de préférence libéré de l’anachronisme « otanien ») et le puzzle complexe et explosif du Levant et du Moyen-Orient, que le néo-ottomanisme déclaré aurait pu apaiser et, par la même, il aurait annihilé certains projets américains de balkaniser durablement cette région en y attisant la lutte de tous contre tous, selon la théorie de Donald M. Snow (l’intensification maximale du désordre par les uncivilwars).

Cependant l’Europe, entre la parution des premiers écrits géopolitiques et néo-ottomanistes de Davoutoglu et les succès de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, a connu un ressac supplémentaire, qui se traduit par une forme nouvelle d’enclavement : elle n’a plus aucune entrée au Levant, au Moyen-Orient ou même en Afrique du Nord, suite à l’implosion de la Libye. La disparition du contrôle des flux migratoires par l’Etat libyen fait que l’Europe se trouve assiégée comme avant le 16ème siècle : elle devient le réceptacle d’un trop-plein de population (essentiellement subsaharienne) et cesse d’être la base de départ d’un trop-plein de population vers les Nouveaux Mondes des Amériques et de l’Océanie. Elle n’est plus une civilisation qui rayonne, mais une civilisation que l’on hait et que l’on méprise (aussi parce que les représentants officiels de cette civilisation prônent les dérives du festivisme post-soixante-huitard qui révulsent Turcs, Africains et Arabo-Musulmans).

Dimensions adriatiques

Si cette civilisation battue en brèche perd tous ses atouts en Méditerranée orientale et si la Grèce devient un maillon faible dans le dispositif européen, ce déclin irrémédiable ne pourra plus prendre fin. Raison majeure, pour tous les esprits qui résistent aux dévoiements imposés, de relire l’histoire européenne à la lumière des événements qui ont jalonné l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée, de l’Adriatique et de la République de Venise (et des autres Cités-Etats commerçantes et thalassocratiques de la péninsule italienne). L’Adriatique est la portion de la Méditerranée qui s’enfonce le plus profondément vers l’intérieur des terres et, notamment, vers les terres, non littorales, où l’allemand est parlé, langue la plus spécifiquement européenne, exprimant le plus profondément l’esprit européen. La Styrie et la Carinthie sont des provinces autrichiennes germanophones en prise sur les réalités adriatiques et donc méditerranéennes, liées territorialement à la Vénétie. L’Istrie, aujourd’hui croate, était la base navale de la marine austro-hongroise jusqu’au Traité de Versailles. L’Adriatique donne accès au bassin oriental de la Méditerranée et c’est la maîtrise ininterrompue de ses eaux qui a fait la puissance de Venise, adversaire tenace de l’Empire ottoman. Venise était présente en Méditerranée orientale, Gênes en Crimée, presqu’île branchée sur les routes de la soie, laissées ouvertes par les Tatars avant qu’ils ne se soumettent à la Sublime Porte. Cette géopolitique vénitienne, trop peu arcboutée sur une masse territoriale assez vaste et substantielle, n’est peut-être plus articulable telle quelle aujourd’hui : aucun micro-Etat, de dimension urbaine ou ne disposant pas d’une masse de plusieurs dizaines de millions d’habitants, ne pourrait fonctionner aujourd’hui de manière optimale ni restituer une géopolitique et une thalassopolitique de grande ampleur, suffisante pour sortir justement toute la civilisation européenne de l’impasse et de l’enclavement dans lesquels elle chavire de nos jours.

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Double atout d’une géostratégie néo-vénitienne

Le concert européen pourrait déployer unenouvelle géopolitique vénitienne, qui serait une perspective parmi bien d’autres tout aussi fécondes et potentielles, pour sortir de l’impasse actuelle ; cette géopolitique vénitienne devrait dès lors être articulée par un ensemble cohérent, animé par une vision nécessairement convergente et non plus conflictuelle. Cette vision pourrait s’avérer très utile pour une projection européenne efficace vers le bassin oriental de la Méditerranée et vers l’espace pontique. Venise, et Gênes, se projetaient vers le bassin oriental de la Méditerranée et vers la Mer Noire, au-delà du Bosphore tant que Byzance demeurait indépendante. Cette double projection donnait accès aux routes de la soie, au départ de la Crimée vers la Chine et aussi, mais plus difficilement au fil des vicissitudes qui ont affecté l’histoire du Levant, au départ d’Antioche et des ports syriens et libanais vers les routes terrestres qui passaient par la Mésopotamie et la Perse pour amener les caravanes vers l’Inde ou le Cathay.

La présence des villes marchandes italiennes à Alexandrie d’Egypte donnait aussi accès au Nil, à cette artère nilotique qui plongeait, au-delà des cataractes vers les mystères de l’Afrique subsaharienne et vers le royaume chrétien d’Ethiopie. Les constats que nous induisent à poser une observation des faits géopolitiques et géostratégiques de l’histoire vénitienne et génoise devraient tout naturellement amener un concert européen sérieux, mener par des leaders lucides, à refuser tout conflit inutile sur le territoire de l’Ukraine actuelle car ce territoire donne accès aux nouvelles routes qui mènent de l’Europe occidentale à la Chine, que celles-ci soient ferroviaires (les projets allemands, russes et chinois de développement des trains à grande vitesse et à grande capacité) ou offre le transit à un réseau d’oléoducs et de gazoducs. Aucune coupure ne devrait entraver le développement de ces voies et réseaux. De même, les territoires libanais, syriens et irakiens actuels, dans l’intérêt d’un concert européen bien conçu, devraient ne connaître que paix et harmonie, afin de restaurer dans leur plénitude les voies d’accès aux ex-empires persans, indiens et chinois. Le regard vénitien ou génois que l’on pourrait jeter sur les espaces méditerranéen oriental et pontique permettrait de générer des stratégies de désenclavement.

L’Europe est ré-enclavée !

Aujourd’hui, nous vivons une période peu glorieuse de l’histoire européenne, celle qui est marquée par son ré-enclavement, ce qui implique que l’Europe a perdu tous les atouts qu’elle avait rudement acquis depuis la reconquista ibérique, la lutte pluriséculaire contre le fait ottoman, etc. Ce ré-enclavement est le résultat de la politique du nouvel hegemon occidental, les Etats-Unis d’Amérique. Ceux-ci étaient les débiteurs de l’Europe avant 1914. Après le désastre de la première guerre mondiale, ils en deviennent les créanciers. Pour eux, il s’agit avant tout de maintenir le vieux continent en état de faiblesse perpétuelle afin qu’il ne reprenne jamais plus du poil de la bête, ne redevienne jamais leur créancier. Pour y parvenir, il faut ré-enclaver cette Europe pour que, plus jamais, elle ne puisse rayonner comme elle l’a fait depuis la découverte de l’Amérique et depuis les explorations portugaises et espagnoles du 16ème siècle. Cette stratégie qui consiste à travailler à ré-enclaver l’Europe est la principale de toutes les stratégies déployées par le nouvel hegemon d’après 1918.

versailles.pngMême s’ils ne signent pas le Traité de Versailles, les Etats-Unis tenteront, dès la moitié des années 20, de mettre l’Europe (et tout particulièrement l’Allemagne) sous tutelle via une politique de crédits. Parallèlement à cette politique financière, les Etats-Unis imposent dans les années 20 des principes wilsoniens de droit international, faussement pacifistes, visant à priver les Etats du droit à faire la guerre, surtout les Etats européens, leurs principaux rivaux, et le Japon, dont ils veulent s’emparer des nouvelles conquêtes dans le Pacifique. On peut évidemment considérer, à première vue mais à première vue seulement, que cette volonté de pacifier le monde est positive, portée par un beau projet philanthropique. L’objectif réel n’est pourtant pas de pacifier le monde, comme on le perçoit parfaitement aujourd’hui au Levant et en Mésopotamie, où les Etats-Unis, via leur golem qu’est Daech, favorisent « l’intensification maximale du désordre ». L’objectif réel est de dépouiller tout Etat, quel qu’il soit, quelle que soient ses traditions ou les idéologies qu’il prône, de sa souveraineté. Aucun Etat, fût-il assiégé et étouffé par ses voisins, fût-il placé par ses antécédents historiques dans une situation d’in-viabilité à long terme à cause d’une précédente mutilation de son territoire national, n’a plus le droit de rectifier des situations dramatiques qui condamnent sa population à la misère, à l’émigration ou au ressac démographique. Or la souveraineté, c’était, remarquait Carl Schmitt face au déploiement de ce wilsonisme pernicieux, la capacité de décider de faire la guerre ou de ne pas la faire, pour se soustraire à des situations injustes ou ingérables. Notamment, faire la guerre pour rompre un encerclement fatidique ou un enclavement qui barrait la route à la mer et au commerce maritime, était considéré comme légitime. Le meilleur exemple, à ce titre, est celui de la Bolivie enclavée au centre du continent sud-américain, suite à une guerre du 19ème siècle, où le Pérou et le Chili lui avaient coupé l’accès au Pacifique : le problème n’est toujours pas résolu malgré l’ONU. De même, l’Autriche, vaincue par Napoléon, est privée de son accès à l’Adriatique par l’instauration des « départements illyriens » ; en 1919, Clémenceau lui applique la même politique : la naissance du royaume de Yougoslavie lui ôte ses bases navales d’Istrie (Pola), enlevant par là le dernier accès des puissances centrales germaniques à la Méditerranée. L’Autriche implose, plonge dans la misère et accepte finalement l’Anschluss en 1938, dont la paternité réelle revient à Clémenceau.

Versailles et le wilsonisme bétonnent le morcellement intra-européen

Ensuite, pour l’hegemon, il faut conserver autant que possible le morcellement territorial de l’Europe. Déjà, les restrictions au droit souverain de faire la guerre gèle le tracé des frontières, souvent aberrant en Europe, devenu complètement absurde après les traités de la banlieue parisienne de 1919-1920, lesquels rendaient impossible tout regroupement impérial et, plus précisément, toute reconstitution, même pacifique, de l’ensemble danubien austro-hongrois, création toute naturelle de la raison vitale et historique. Ces traités signés dans la banlieue parisienne morcellent le territoire européen entre un bloc allemand aux nouvelles frontières militairement indéfendables, « démembrées » pour reprendre le vocabulaire de Richelieu et de Haushofer, et une Russie soviétique qui a perdu les glacis de l’Empire tsariste (Pays Baltes, Finlande, Bessarabie, Volhynie, etc.). Le double système de Versailles (de Trianon, Sèvres, Saint-Germain, etc.) et des principes wilsoniens, soi-disant pacifistes, entend bétonner définitivement le morcellement de la « Zwischeneuropa » entre l’Allemagne vaincue et l’URSS affaiblie par une guerre civile atroce.

La situation actuelle en découle : les créations des traités iniques de la banlieue parisienne, encore davantage morcelées depuis l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et de l’ex-Tchécoslovaquie, sans oublier le démantèlement des franges ouest de la défunte Union Soviétique, permet aujourd’hui aux Etats-Unis de soutenir les revendications centrifuges tantôt de l’une petite puissance résiduaire tantôt de l’autre, flattées de recevoir, de toute la clique néoconservatrice et belliciste américaine, le titre louangeur de « Nouvelle Europe » audacieuse face à une « Vieille Europe » froussarde (centrée autour du binôme gaullien/adenauerien de la Françallemagne ou de l’Europe carolingienne), exactement comme l’Angleterre jouait certaines de ces petites puissances contre l’Allemagne et la Russie, selon les dispositifs diplomatiques de Lord Curzon, ou comme la France qui fabriquait des alliances abracadabrantes pour « prendre l’Allemagne en tenaille », obligeant le contribuable français à financer des budgets militaires pharaoniques, notamment en Pologne, principale puissance de la « Zwischeneuropa », censée remplacer, dans la stratégie française ce qu’était l’Empire ottoman contre l’Autriche des Habsbourg ou ce qu’était la Russie lors de la politique de revanche de la Troisième République, soit un « rouleau compresseur, allié de revers », selon la funeste habitude léguée par François I au 16ème siècle. La Pologne était donc ce « nouvel allié de revers », moins lourd que l’Empire ottoman ou que la Russie de Nicolas II mais suffisamment armé pour rendre plus difficile une guerre sur deux fronts.

Depuis les années 90, l’OTAN a réduit les effectifs de la Bundeswehr allemande, les a mis à égalité avec ceux de l’armée polonaise qui joue le jeu antirusse que l’Allemagne ne souhaitait plus faire depuis le début des années 80. La « Zwischeneuropa » est mobilisée pour une stratégie contraire aux intérêts généraux de l’Europe.

Des séparatismes qui arrangent l’hegemon

Dans la partie occidentale de l’Europe, des mouvements séparatistes sont médiatiquement entretenus, comme en Catalogne, par exemple, pour promouvoir des idéologies néo-libérales (face à d’anciens Etats jugés trop protectionnistes ou trop « rigides ») ou des gauchismes inconsistants, correspondant parfaitement aux stratégies déconstructivistes du festivisme ambiant, stratégies favorisées par l’hegemon, car elles permettent de consolider les effets du wilsonisme. Ce festivisme est pleinement favorisé car il se révèle l’instrument idéal pour couler les polities traditionnelles, pourtant déjà solidement battues en brèche par soixante ou septante ans de matraquage médiatique abrutissant, mais jugées encore trop « politiques » pour plaire à l’hegemon, qui, sans discontinuer, fabrique à la carte des cocktails affaiblissants, chaque fois adaptés à la dimension vernaculaire où pointent des dissensus exploitables. Cette adaptation du discours fait croire, dans une fraction importante des masses, à l’existence d’une « identité » solide et inébranlable, ce qui permet alors de diffuser un discours sournois où la population imagine qu’elle défend cette identité, parce qu’on lui fabrique toutes sortes de gadgets à coloration vernaculaire ; en réalité, derrière ce théâtre de marionnettes qui capte toutes les attentions des frivoles, on branche des provinces importantes des anciens Etats non pas sur une Europe des ethnies charnelles, ainsi que l’imaginent les naïfs, mais sur les réseaux mondiaux de dépolitisation générale que sont les dispositifs néo-libéraux et/ou festivistes, afin qu’in fine tous communient, affublé d’un T-shirt et d’un chapeau de paille catalan ou basque, flamand ou wallon, etc. dans la grande messe néo-libérale ou festiviste, sans jamais critiquer sérieusement l’inféodation à l’OTAN.

Rendre tous les Etats « a-démiques »

Ainsi, quelques pans entiers du vieil et tenace ennemi des réseaux calvinistes/puritains anglo-américains sont encore davantage balkanisés : l’ancien Empire de Charles-Quint se disloque encore pour rendre tous ses lambeaux totalement «invertébrés » (Ortega y Gasset !). Les Bretons et les Occitans, eux, ne méritent aucun appui, contrairement aux autres : s’ils réclament autonomie ou indépendance, ils commettent un péché impardonnable car ils visent la dislocation d’un Etat occidentiste, dont le fondamentalisme intrinsèque, pure fiction manipulatrice, ne se réclame pas d’un Dieu biblique comme en Amérique mais d’un athéisme éradicateur. Les Bretons ne revendiquent pas la dissolution d’une ancienne terre impériale et européenne mais d’un Etat déjà « adémique », de « a-demos », de « sans peuple » (« a » privatif + démos, peuple en grec, ce néologisme ayant été forgé par le philosophe italien Giorgio Agamben). Il faut donc les combattre et les traiter de ploucs voire de pire encore. La stratégie du morcellement permanent du territoire vise, de fait, à empêcher toute reconstitution d’une réalité impériale en Europe, héritière de l’Empire de Charles-Quint ou de la « Grande Alliance », mise en exergue par l’historien wallon Luc Hommel, spécialiste de l’histoire du fait bourguignon. La différence entre les indépendantismes anti-impériaux, néfastes, et les indépendantismes positifs parce qu’hostiles aux Etats rénégats, qui, par veulerie intrinsèque, ont apostasié l’idéal d’une civilisation européenne unifiée et combattive, ne doit pas empêcher la nécessaire valorisation de la variété européenne, selon les principes mis en exergue par le théoricien breton Yann Fouéré qui nous parlait de « lois de la variété requise ».

Des tissus de contradictions

En Flandre, il faut combattre toutes les forces, y compris celles qui se disent « identitaires », qui ne revendiquent pas un rejet absolu de l’OTAN et des alliances nous liant aux puissances anglo-saxonnes qui articulent contre l’Europe le réseau ECHELON. Ces forces pseudo-identitaires sont prêtes à tomber, par stupidité crasse, dans tous les pièges du néo-libéralisme. En Wallonie, on doit rejeter la tutelle socialiste qui, elle, a été la première à noyer la Belgique dans le magma de l’OTAN, que les adversaires de cette politique atlantiste nommaient le « Spaakistan », rappelle le Professeur Coolsaet (RUG).

En Wallonie, les forces dites « régionales » ou « régionalistes » sont en faveur d’un développement endogène et d’un projet social non libéral mais sans redéfinir clairement la position de la Wallonie dans la grande région entre Rhin et Seine. La littérature wallonne, en la personne du regretté Gaston Compère, elle, resitue ces régions romanophones de l’ancien Saint-Empire dans le cadre bourguignon et les fait participer à un projet impérial et culturel, celui de Charles le Téméraire, tout en critiquant les forces urbaines (et donc non traditionnelles de Flandre et d’Alsace) pour avoir torpillé ce projet avec la complicité de l’« Universelle Aragne », Louis XI, créateur de l’Etat coercitif moderne qui viendra à bout de la belle France des Riches Heures du Duc de Berry, de Villon, Rutebeuf et Rabelais.

Compère inverse la vulgate colportée sur les divisions de la Belgique : il fait des villes flamandes les complices de la veulerie française et des campagnes wallonnes les protagonistes d’un projet glorieux, ambitieux et prestigieux, celui du Duc de Bourgogne, mort à Nancy en 1477. Certes Compère formule là, avec un magnifique brio, une utopie que la Wallonie actuelle, plongée dans les eaux glauques de la crapulerie politique de ses dirigeants indignes, est aujourd’hui incapable d’assumer, alors que la Flandre oublie sa propre histoire au profit d’une mythologie pseudo-nationaliste reposant sur un éventail de mythes contradictoires où se télescopent surtout une revendication catholique (le peuple pieux) contre les importations jacobines de la révolution française et une identification au protestantisme du 16ème siècle, dont les iconoclastes étaient l’équivalent de l’Etat islamiste d’aujourd’hui et qui ont ruiné la statuaire médiévale flamande, saccagée lors de l’été 1566 : il est dès lors plaisant de voir quelques têtes creuses se réclamer de ces iconoclastes, au nom d’un pannéerlandisme qui n’a existé que sous d’autres signes, plus traditionnels et toujours au sein de l’ensemble impérial, tout en rabâchant inlassablement une hostilité (juste) contre les dérives de Daech, toutefois erronément assimilées à toutes les formes culturelles nées en terres islamisées : si l’on se revendique des iconoclastes calvinistes d’hier, il n’y a nulle raison de ne pas applaudir aux faits et gestes des iconoclastes musulmans d’aujourd’hui, armés et soutenus par les héritiers puritains des vandales de 1566 ; si l’on n’applaudit pas, cela signifie que l’on est bête et surtout incohérent.

Les mythes de l’Etat belge sont eux aussi contradictoires car ils mêlent idée impériale, idée de Croisade (la figure de Godefroy de Bouillon et les visions traditionnelles de Marcel Lobet, etc.), pro- et anti-hollandisme confondus dans une formidable bouillabaisse, nationalisme étroit et étriqué, étranger à l’histoire réelle des régions aujourd’hui demeurées « belges ».

En Catalogne, la revue Nihil Obstat(n°22, I/2014), publiée près de Tarragone, rappelle fort opportunément que tout catalanisme n’a pas été anti-impérial : au contraire, il a revendiqué une identité aragonaise en l’assortissant d’un discours « charnel » que l’indépendantisme festiviste qui occupe l’avant-scène aujourd’hui ne revendique certainement pas car il préfère se vautrer dans la gadoue des modes panmixistes dictées par les officines d’Outre-Atlantique ou communier dans un gauchisme démagogique qui n’apportera évidemment aucune solution à aucun des maux qui affectent la société catalane actuelle, tout comme les dérives de la NVA flamande dans le gendérisme (made in USA avec la bénédiction d’Hillary Clinton) et même dans le panmixisme si prisé dans le Paris hollandouillé ne résoudront aucun des maux qui guettent la société flamande. Cette longue digression sur les forces centrifuges, positives et négatives, qui secouent les paysages politiques européens, nous conduit à conclure que l’hegemon appuie, de toutes les façons possibles et imaginables, ce qui disloque les polities, grandes et petites, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie et les forces centrifuges qui importent les éléments de dissolution néolibéraux, festivistes et panmixistes qui permettent les stratégies d’ahurissement visant à transformer les peuples en « populations », à métamorphoser tous les Etats-Nations classiques, riches d’une Realpolitik potentiellement féconde, en machines cafouillantes, marquées par ce que le très pertinent philosophe italien Giorgio Agamben appelait des polities « a-démiques », soit des polities qui ont évacué le peuple qu’elles sont pourtant censées représenter et défendre.

L’attaque monétaire contre la Grèce, qui a fragilisé la devise qu’est l’euro, afin qu’elle ne puisse plus être utilisée pour remplacer le dollar hégémonique, a ébranlé la volonté d’unité continentale : on voit réapparaître tous les souverainismes anti-civilisationnels, toutes les illusions d’isolation splendide, surtout en France et en Grande-Bretagne, tous les petits nationalismes de la « Zwischeneuropa », toutes les formes de germanophobie qui dressent les périphéries contre le centre géographique du continent et nient, par effet de suite, toute unité continentale et civilisationnelle. A cette dérive centrifuge générale, s’ajoutent évidemment les néo-wilsonismes, qui ne perçoivent pas le cynisme réel qui se profile derrière cet angélisme apparent, que percevait parfaitement un Carl Schmitt : on lutte parait-il, pour la « démocratie » en Ukraine ou en Syrie, pour le compte de forces sur le terrain qui s’avèrent très peu démocratiques. Les festivismes continuent d’oblitérer les volontés et ruinent à l’avance toute reprise d’une conscience politique. Les séparatismes utiles à l’hegemon gagnent en influence. Les séparatismes qui pourrait œuvrer à ruiner les machines étatiques devenues « a-démiques » sont, eux, freiner dans leurs élans. L’Europe est un continent devenu « invertébré » comme l’Espagne que décrivait Ortega y Gasset. L’affaire grecque est le signal premier d’une phase de dissolution de grande ampleur : la Grèce fragilisée, les flots de faux réfugiés, l’implosion de l’Allemagne, centre du continent, l’absence de jugement politique et géopolitique (notamment sur le bassin oriental de la Méditerranée, sur la Mer Noire et le Levant) en sont les suites logiques.

Robert Steuckers.

Madrid, Alicante, Hendaye, Forest-Flotzenberg, août-novembre 2015.

mercredi, 18 novembre 2015

Russische interventie in Syrië Intervention russe en Syrie

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Russische interventie in Syrië 

Intervention russe en Syrie

Dendermonde: Ronde Tafel in Nederlands en Frans.
Termonde: Table Ronde en néerlandais et en français.

Op 28 november komt taalkundige, geopolitiek specialist en geschiedkundige Robert Steuckers spreken over de Russische interventie in Syrië en de geopolitieke gevolgen.

Le 28 Novembre, le linguiste, expert en géopolitique et historien Robert Steuckers parlera de l'intervention russe en Syrie et de ses conséquences géopolitiques.

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In het Nederlands en het Frans, aangevuld met Engels en Russisch
En néerlandais et en français, ainsi qu'en anglais et en russe
In Dutch and French, plus English and Russian
На Голландском и французском языке, а также на английском и русском языке

inkom gratis - entrée gratuite

www.eurorus.org

vendredi, 09 octobre 2015

La nouvelle illusion turque

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La nouvelle illusion turque

par Jean-Gilles Malliarakis

Ex: http://www.insolent.fr

Elle semble sur le point de s'installer dans les cercles de pouvoir de l'Europe institutionnelle. Il s'agit, de la part de MM. Jean-Claude Juncker, Donald Tusk et Martin Schulz, de supplier le gouvernement d'Ankara de contrôler les flux migratoires qui transitent actuellement par son territoire.

Une première rencontre s'est tenue le 5 octobre. On a déployé à Bruxelles le tapis rouge au président turc Erdogan. On a tout dégagé en vue du lèche-vitrines de son épouse Emine avenue Louise "n’hésitant pas, selon les clients, à faire bloquer par son service de sécurité l’entrée à certains magasins qu’elle visitait." (1)⇓

Les Européens ont absolument besoin de la Turquie, tel est le message que l'on veut faire passer. Le Monde parlait à l'avance, dès le 3 octobre, d'une sorte d'alliance "obligatoire". (2)⇓

Voilà, dès lors, comment le journal conservateur allemand Die Welt (3)⇓ évoque de tels pourparlers. "Beaucoup de paroles chaleureuses de la part des plus hauts représentants de l'Union européenne. Ceci est un jour important pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan. "Nous avons besoin de la Turquie. Nous ne pouvons pas nous y prendre tous seuls" (toujours cette expression "wir schaffen das"…), a déclaré le président du Conseil européen, Donald Tusk, ayant en vue le nombre croissant de réfugiés en Europe. En outre au nom de l'Union européenne Tusk était même prêt à parler d'une "zone tampon" en Syrie le long de la frontière turque. Ceci est une vieille revendication que formule Ankara. Erdogan sourit : "Nous sommes prêts à toutes les formes de coopération." Et le journal conclut : "La Turquie est maintenant plus importante que jamais pour l'Union européenne".

Pour ce qui est de l'actualité fugace, cependant, il convient ici de rappeler aux gentils négociateurs bruxellois quelques données, sur lesquelles nos médias demeurent fort discrets.

La Turquie n'est pas seulement inondée de réfugiés et migrants. Elle se débat dans une grave crise monétaire. En un an, entre octobre 2014 et octobre 2015, la livre turque est passée de 2,21 pour un dollar à 3,02, soit un dévissage de 36 %.

Elle est en pleine campagne électorale. La guerre dans le sud-est anatolien a repris par la volonté d'Erdogan de ressembler le nationalisme turc contre le PKK.

Soulignons que sur c'est sur ce thème qu'il a organisé ce 4 octobre un énorme meeting de 12 000 personnes à Strasbourg, s'impliquant plus que jamais dans la campagne électorale, espérant rallier une partie de l'électorat nationaliste. Cette intervention la veille de sa visite d'État relève autant du mauvais goût que du mélange des genres.

Car la majorité AKP a été durablement ébranlée par divers scandales. Dès lors on dit s'inquiéter du fait que l'on négocie avec M. Erdogan dont le pouvoir constitutionnel reste encore, sur le papier, à peu près égal celui du grand-duc de Luxembourg quoique sa mégalomanie soit devenue grandissante depuis quelque temps.

Certes la diplomatie d'État de ce pays, la résilience de son peuple et, même, l'habileté de ses dirigeants au cours sa longue histoire permettent de préjuger de sa capacité à rebondir.

La part d'illusion consiste d’autre part, à faire l'impasse sur la politique étrangère de "chauve-souris" qui caractérise la diplomatie turque, tiraillée au moins entre trois identités contradictoires, dont l'islam sunnite et l'Asie centrale, qui l'éloignent de l'Europe. (4)⇓

Mais justement, il se révélera d'autant plus nécessaire de rappeler aussi quelques faits historiques dont la mémoire habite encore les peuples de l'est européens. Ils sont en général d'autant mieux passés sous silence que l'on a réduit à sa plus simple expression l'enseignement de l'Histoire aussi bien dans le secondaire, depuis la réforme Haby de 1975, ou par l'invasion des soixante-huitards ou dans des programmes comme ceux de l'Institut d'Études politiques sous la régence de feu Richard Descoings.

Après 40 ans de giscardo-chiraco-socialisme la mémoire nationale des Français n'existe plus, et leur conscience européenne semble s'être réduite à ce que peut en penser Cyril Hanouna.

Voilà qui permet de répandre, dans une opinion décérébrée, toutes les illusions, en général, et celles qui ont trait à la politique de l'Europe, en particulier.

JG Malliarakis

À lire en relation avec cette chronique

"La Question turque et l'Europe" par JG Malliarakis à commander aux Éditions du Trident, sur la page catalogue ou par correspondace en adressant un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.

Apostilles

  1. cf. sur le site "capitale.be" le 5 octobre 2015 à 15 h 51, et la protestation d'un conseiller communal.
  2. cf. "Le Monde" le 3 octobre 2015 à 10h43 "Erdogan, allié obligé de l’Europe"
  3. cf. "Die Welt" le 5 octobre, article "Flüchtlingskrise : Wir brauchen die Türkei" ("Crise des réfugiés: "Nous avons besoin de la Turquie").
  4. cf. notre chronique de 2009 "La chauve-souris turque sa propagande et sa diplomatie 
du pacte germano-soviétique jusqu'à nos jours", base d'un chapitre de mon petit livre "La Question turque et l'Europe" à commander aux Éditions du Trident, sur la page catalogue ou par correspondace en adressant un chèque de 20 euros aux Éditions du Trident, 39 rue du Cherche-Midi 75006 Paris.

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mercredi, 07 octobre 2015

Putin Moves His Rook Into Syria

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Putin Moves His Rook Into Syria

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

Frankfurt, Germany –Could anyone in the Obama administration have been so slow-witted to imagine that Russia wouldn’t move hard to counter US efforts to overthrow Moscow’s  ally, Syria?

The Syrian war began almost five years ago by the US, France, Britain and Saudi Arabia  to overthrow Syria’s Iranian and Russian-backed government. The result so far:  250,000 dead, 9.5 million refugees flooding Europe and  Syria shattered.

This is nothing new: the first CIA coup attempt to overthrow a Syrian ruler Gen. Husni Zaim was in 1949.

A combination of imperial hubris and ignorance has led Washington to believe it could overthrow any government that was disobedient or uncooperative.  Syria was chosen as the latest target of regime change because  the Assad regime – a recognized, legitimate government and UN member –was a close ally of America’s Great Satan, Iran.  Formerly it had been cooperating with Washington.

After watching Syria be slowly destroyed, Russia’s President, Vladimir Putin, moved his rook onto the Syrian chessboard.  For the first time since 1991, Moscow sent a small expeditionary  unit of 50 warplanes to Syria both to shore up the Assad regime and to reaffirm that  Russia has long-standing strategic interests in Syria.

Few of the  administration’s bumbling amateur strategists likely knew that Russia claimed during the 19th century to be the rightful protector of Mideast Christians.  Russia watched in dismay the destruction of Iraq’s ancient Christian communities caused by the overthrow of their protector, President Saddam Hussein.  Moscow has vowed not to let a similar crime happen again to Syria’s Christians.

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Russia is also clearly reasserting a degree of her former Mideast influence.  In 1970, Russian pilots tangled with Israeli warplanes over the Suez Canal during the “War of Attrition.”  The flying time from Moscow to Damascus is about the same as New York City to Miami. Syria is in Russia’s backyard, not America’s.

A highly effective propaganda war waged against Syria and Russia by the US, French and British media has so demonized Syria’s President Assad that Washington will find it very difficult to negotiate or include him in a peace deal.  The US made the same stupid mistake with Afghanistan’s Taliban and now is paying the price.

President Bashar Assad is no Great Satan. He was a British-trained eye specialist forced into the dynastic leadership of Syria by the car crash that killed his elder brother.  The Assad regime has plenty of nasty officials but in my long regional experience Syria is no worse than such brutal US allies as Egypt, Saudi Arabia, Morocco or Uzbekistan.

President Putin has long been calling for a negotiated settlement to end this destructive conflict that is quickly resembling Lebanon’s ghastly civil war from 1975-1990 whose horrors I saw firsthand.

Who rules Syria is not worth one more death or refugee.  Sadly, Syria may be beyond repair.  The crazies we created are now running large parts of Iraq and Syria.  Russia mutters about going into Iraq.

Vlad Putin keeps his game tightly under control.  I’m not so sure about the Obama White House and its confused advisors.  Better make a deal with Assad, a natural US ally, and end this crazy war before Sen. John McCain and his  Republican crusader pals really do start World War III.

Washington refuses Russia any legitimate sphere of influence in Syria, though Moscow has had a small base in Tartus on the coast for over 40 years.  This Russian logistics base is now being expanded and guarded by a ground force estimated at a reinforced company.

This week came reports that modest numbers of Iranian infantry have entered war-torn Syria.  Lebanon’s tough Hezbollah fighters are also in action in Syria.

Opposing them are a mixed bag of irregular forces and heavily armed religious fanatics trained and armed by US, French and British intelligence and financed by Washington and the Saudis.  This writer believes small numbers of US and French Special Forces and  British SAS are also aiding anti-Assad forces.

Israel and Turkey, hopping to profit from a possible break-up of Syria,  are also discreetly aiding the anti-Assad forces that include al-Qaida and everyone’s favorite bogeyman,  Islamic State.

Howls of protest are coming from Washington and its allies over Russia’s military intervention.  Don’t we hate it when others do exactly what we do.  The US has over 800 bases around the globe.  French troops operate in parts of Africa.  Both nations stage military interventions when they see fit.

Washington accuses Moscow of imperialism as 10,000 US troops, fleets of warplanes and 35,000 US mercenaries fight nationalist forces in Afghanistan.  Iraq remains a semi-US colony. Russia withdrew all of its 350,000 troops stationed in Germany in 1991; US bases still cover Germany and, most lately, Romania.

vendredi, 12 juin 2015

Turkije: opgelet voor de tweekoppige draak!

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Opgelet voor de tweekoppige draak

Verkiezingen in Turkije

door Dirk Rochtus
Ex: http://www.doorbraak.be

Wordt de tweekoppige draak AKP-MHP tot leven gewekt, krijgen de verkiezingen voor de Koerden een bittere nasmaak.

De Turkse kiezer heeft bewezen verknocht te zijn aan de democratie. De autoritaire stijl van president Recep Tayyip Erdogan van de AKP valt niet in de smaak bij de bevolking. Dat Erdogan van de invoering van een presidentieel systeem via een grondwetswijziging de inzet van de parlementsverkiezingen had gemaakt, kost zijn partij nu de gewenste tweederdemeerderheid, om nog maar te zwijgen van de absolute.

Veel liberaal ingestelde Turken kozen eieren voor hun geld door te kiezen voor een partij waarvoor ze normaal niet zouden stemmen. De pro-Koerdische Democratische Volkspartij (HDP) scheen hen het meest geschikte middel om een dam op te werpen tegen de plannen van Erdogan om van Turkije een autocratisch bestuurd land te maken. De ironie wil dat het de Koerden zijn – de Turkse Koerden – die de Turkse democratie moeten redden. De strijd van de Turkse staat tegen de Koerdische Arbeiderspartij (PKK) en meer algemeen tegen Koerdische dromen over meer autonomie, hebben de Turkse samenleving jarenlang verlamd. De jaren 90 van de vorige eeuw, toen de gewapende strijd op zijn hoogtepunt was, gelden als 'verloren decennium'. Van hervormingen richting meer democratie was toen amper sprake.

Diepe kloof

Het moet gezegd dat de AKP in de eerste jaren na haar aantreden in 2002 een frisse wind deed waaien in Turkije en zelfs een opening naar de Koerden maakte. Maar de laatste jaren was de wind weer gekeerd. Erdogan voer een meer autoritaire koers en leek het vredesproces met de Koerden te willen opofferen op het altaar van een meer staatsnationalistisch beleid.

De kiesdrempel van 10 procent – de hoogste ter wereld – was oorspronkelijk ingesteld om democratische pro-Koerdische partijen uit het parlement te houden. Ook nu weer was het bang afwachten of de HDP het zou halen. Gelukkig beschikte de partij met de figuur van covoorzitter Selahattin Demirtas over een charismatisch boegbeeld en bood ze een alternatief aan die Turken die vreesden voor een almachtige AKP.

Met 12,6 procent zorgt de HDP nu voor de grote verrassing. De AKP zelf kan met 41 procent van de stemmen nog altijd op een benijdenswaardige populariteit bogen. Niettemin kan een partij die in haar hoogmoed zoveel meer wilde, alleen maar teleurgesteld zijn. Voor het eerst in dertien jaar zal er weer een coalitieregering moeten worden gevormd. Van een leien dakje zal dat niet lopen, zo diep is de kloof tussen de verschillende partijen. Sommige AKP-politici gewagen zelfs al van nieuwe verkiezingen, mocht er na 45 dagen nog geen regering gevormd zijn. Een bewijs dat ze nog altijd niet beseffen dat democratie ook inhoudt dat je naar de kiezer luistert en dus compromissen sluit.

Koerdische dromen

Gaan de Turken hun landgenoten van Koerdische oorsprong nu omarmen op weg naar een democratischer, meer pluralistisch en meer geregionaliseerd Turkije? Atatürk, de stichter van de Republiek Turkije, had begin jaren 20 de Koerden voor zijn kar gespannen om mee te strijden tegen de Griekse invaller, maar na het gedane werd hun hoop op meer culturele rechten verbrijzeld. Ook nu weer tonen de Turkse Koerden hun bereidheid om op te komen voor een beter Turkije. Daarvoor hebben ze hun vroegere dromen van staatkundige onafhankelijkheid laten varen. Ze zouden al tevreden zijn met meer autonomie binnen het Turkse staatsverband, maar niet als doel op zich. Demirtas had dat kernachtig uitgedrukt met de woorden: 'De Koerdische kwestie kan niet los worden gezien van de democratisering van Turkije.'

Gevaarlijke coalitie

Maar de coalitievorming kan nog onaangenaam uitdraaien. De ultra-nationalistische MHP, die niets wil weten van toegevingen aan de Koerden, is van 13,1 naar 16,5 procent geklommen. Ze geldt als de meest geknipte coalitiepartner voor de AKP, ook al omdat ze in het verleden de regeringspartij vaak gesteund heeft, bijvoorbeeld toen het hoofddoekenverbod in de openbare sector werd opgeheven. Een eventuele coalitie van AKP en MHP zou tot meer confrontatie leiden met de Koerden die nu natuurlijk meer verwachten van de Turkse staat. Als zo'n tweekoppige draak tot leven wordt gewekt, zullen de verkiezingen voor de Koerden een bittere nasmaak krijgen.

Ook de voorstanders van toetreding van Turkije tot de Europese Unie (EU) reageren enthousiast op deze stembusslag. Inderdaad, de Turkse democratie staat er, ondanks alle groeipijnen. De vraag is wat de Turkse politici met het mandaat van de kiezer aanvangen. Als de dromen van de pro-Koerdische partij voor meer democratie – zowel van haar achterban als van haar modern ingestelde gelegenheidskiezers – in de wind worden geslagen, zullen de Europese tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap zich weer gesterkt weten in hun afwijzende houding.

(Dit artikel verscheen eerder in De Standaard).

mercredi, 10 juin 2015

La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

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La Turquie refuse à Erdogan sa super-présidence

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les électeurs turcs ont rejeté Super-Erdogan, ce « héros » auto-proclamé de la Turquie islamique et néo-ottomane, nouveau calife en son luxueux palais. Depuis la fin du mandat d’Abdullah Gül, son vieux complice désormais marginalisé, et son élection, Recep Erdogan n’a cessé de jouer les autocrates et encore récemment fêtait devant ses troupes militantes la victoire de Constantinople en 1453.

Avec 40.93% des voix, et 256 députés (sur un total de 550), l’AKP réalise une contre-performance même si ce parti reste le premier du pays, perdant plus de huit points par rapport à 2011 et 72 sièges. Il est désormais bien loin de la majorité absolue et bien davantage encore du nombre de sièges nécessaires pour faire voter une révision constitutionnelle accentuant le caractère présidentiel du nouveau régime qu’il souhaite mettre en place, mais que 75% des Turcs selon les derniers sondages, et même 60% de ses propres électeurs, refusent.

Avec 25.08% des voix et 132 sièges, le mouvement kémaliste CHP ne progresse guère en nombre de voix. Le CHP échoue une fois de plus à représenter une véritable alternative aux yeux des électeurs, la réislamisation en cours de la Turquie que l’AKP a fortement encouragée depuis dix ans lui étant nettement défavorable, y compris à Istanbul et à Ankara.

Avec 16.38% des voix (+3.37) et 82 sièges (+29), démentant ainsi tous les sondages, les nationalistes du MHP réussissent en revanche un très bon score, même s’ils ne retrouvent pas leur résultat de 1999 (18%). Ils bénéficient de la perte de crédits d’Erdogan et de l’échec de la ligne néo-ottomane du premier ministre Davutoglu. A côté d’eux, les nationaux-islamistes du BTP avec 0.38% sont nettement marginalisés.

Le vainqueur indiscutable de ce scrutin est le DHP, ce parti démocrate représentant surtout les Kurdes mais aussi les minorités. Avec 13.1% et 80 sièges (+50), il fait une entrée fracassante au parlement et réussit surtout à empêcher l’AKP de bénéficier de la prime, car ses sièges auraient été au premier parti du pays en cas de score inférieur à 10%. Une part importance de l’échec de l’AKP s’explique par un vote massif en faveur du DHP dans le Kurdistan et même en dehors (10.6% à Istanbul, 11.5% à Izmir).

Enfin, le parti islamiste Saadet en revanche reste très faible avec 2.06% des voix (+1.06) même s’il progresse très légèrement. Les autres partis sont très faibles, à l’instar du parti de gauche radicale Vatan Partisi (0.33%), du DP nationaliste (0.15%), du Turk Parti (0.12%) ou encore des libéraux-démocrates (0.05%).

Ces résultats vont contraindre l’AKP à mettre en place une coalition qui limitera considérablement sa marge de manœuvre. On pourrait aussi imaginer une grande coalition contre lui au parlement, mais l’incompatibilité doctrinale totale entre le MHP (nationalisme turc) et le DHP (pro-Kurdes) rend cette hypothèse peu vraisemblable. Une grande coalition AKP/CHP est de même totalement inconcevable. Une coalition MHP/AKP, alors que le MHP est opposé à l’adhésion à l’UE du pays, est en revanche imaginable, de même qu’un gouvernement AKP minoritaire.

Du point de vue des Européens opposés au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ces résultats électoraux ne sont pas nécessairement une bonne nouvelle. La dérive autoritariste d’Erdogan était un argument en or pour y mettre fin et en tout cas pour faire traîner les choses au maximum. Avec la montée du DHP, qui prône davantage de démocratie et de droits, cet alibi est affaibli. En revanche, une coalition AKP/MHP serait très positive car les nationalistes turcs sont de farouches opposants à l’adhésion à l’UE. De plus, mouvement d’extrême-droite lié au Bozkurt (« loups gris »), sa réputation en Europe occidentale est plutôt négative.

L’AKP a en tout cas connu son premier revers significatif, même si ce parti est loin d’être à terre. Perdre huit points en quatre ans alors qu’il est le parti sortant n’est pas lamentable. Et puis certains électeurs ont voulu mettre un frein aux ambitions du chef de l’Etat ou ont été révulsés par quelques scandales de corruption. Il y a enfin la croisade intérieure que mène Erdogan contre le mouvement Fetullah Gülen, après s’en être pris à l’opposition laïque au sein de l’armée et de la presse. Mais Erdogan découvre désormais que le peuple ne le suit plus aveuglément.

 

Thomas FERRIER (PSUNE/LBTF)

Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

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Erdogan en zijn tegenstanders in Europa zijn objectieve bondgenoten

door Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen.

Een 'nieuw Turkije' vormt de inzet van de Turkse parlementsverkiezingen die vandaag 7 juni gehouden worden. Als de regerende Partij voor Gerechtigheid en Ontwikkeling (AKP) twee derde van de zetels in de wacht sleept, kan ze via een grondwetswijziging een presidentieel systeem invoeren. De huidige president Recep Tayyip Erdogan zou meer armslag krijgen en verder gestalte kunnen geven aan wat hij het 'nieuwe Turkije' noemt. Maar wat betekent hier 'nieuw'? Algemeen luidt de kritiek in binnen- en buitenland op Erdogan dat Turkije onder hem (als premier toen) een meer autoritaire koers is gaan varen. Onder een president die uitvoerende macht verwerft, zou die tendens nog worden versterkt. Zo een president zou in staat zijn om nog meer een conservatieve moraal aan te prijzen, nog meer grootse en zelfs megalomane projecten op touw te zetten en nog een forser buitenlands beleid erdoor te duwen. Hij zou nog minder rekening hoeven te houden met kritiek van mensenrechten- en milieuactivisten, vakbonden, journalisten of vertegenwoordigers van minderheden. Hij zou op die manier inderdaad op 29 oktober 2023 bij de honderdste verjaardag van de stichting van de republiek kunnen terugblikken op een 'nieuw Turkije'. Een dergelijk land zou misschien modern ogen omdat er nieuwe, glinsterende bouwwerken oprezen, omdat er nieuwe wegen getrokken en grote stuwdammen aangelegd werden, maar het zou vaak ten koste van het milieu en van de leefomstandigheden kunnen gegaan zijn. Een dergelijk land zou misschien geen sociale conflicten kennen onder het mom van een 'harmonische' samenleving die wordt aangestuurd door een sterke president en een machtige regeringspartij. Maar nieuw in de zin van respectvol tegenover andere meningen en samenlevingsvormen zou het niet zijn. Paradoxaal gezien zou de overwinning van de AKP op zondag 7 juni net meer van hetzelfde zijn.

Risico's

Het klopt dat er onder de AKP heel wat verwezenlijkt is. De economie ging er op vooruit en er kwam een opening naar de Koerden. Maar Erdogan ontpopte zich ook tot de pleitbezorger van een meer conservatieve, religieus geïnspireerde moraal, terwijl hij tegelijkertijd kritische mensen de mond snoerde. De onafhankelijkheid van pers en justitie is bedreigd, oppositiepartijen bieden weinig weerwerk. Maar nu zit er met de pro-Koerdische Democratische Volkspartij (HDP) een flinke luis in de Turkse pels. Bij de vorige parlementsverkiezingen stuurde haar voorgangster direct gekozen volksvertegenwoordigers naar het parlement die daar dan een fractie vormden; nu komt de HDP als geheel op. Een groot risico, want haalt de partij de kiesdrempel van tien procent? De HDP rekent niet alleen op de stemmen van nationalistische Koerden, maar ook op die van liberale en seculiere Turken die naar een alternatief voor de AKP snakken. Selahattin Demirtas, de charismatische voorzitter van de HDP, waagt het erop omdat hij bij de presidentsverkiezingen van augustus vorig jaar 9,77 procent van de kiezers achter zich wist te scharen. Erdogan probeert nu religieus voelende Koerden voor zich te winnen en deinst er niet voor terug Demirtas te bestempelen als 'zoroastriër' (aanhanger van de leer van de Oud-Perzische profeet Zarathustra).

Frustratie

Als de HDP de kiesdrempel haalt, ziet de AKP haar gewenste twee derde meerderheid in rook opgaan. Indien niet, gaan de 50 zetels die de HDP normaal zou halen naar andere partijen. De gevaren zijn in dat geval niet min. De Turkse Koerden – degenen onder hen die dromen van meer autonomie binnen het Turkse staatsverband – zijn dan niet vertegenwoordigd in het parlement. Uit frustratie trekken ze misschien weer de separatistische kaart. Nog meer botsingen met de centralistische Turkse staat zijn dan voorgeprogrammeerd. Aan het huidige bondgenootschap tussen gematigde Koerdische nationalisten en liberale Turken komt ook een einde. Erdogan zal zo Turkije nog meer naar zijn inzichten kunnen boetseren.

Analisten vragen zich af of Turkije omwille van zijn meer op het Midden-Oosten gericht beleid wegdrijft van het Westen. Maar zou een Turkije onder een sterke president als Erdogan niet ook in zijn binnenlandse politiek, zijn maatschappijmodel, wegdrijven van de Europese Unie (EU)? Het zou misschien wel modern ogen, maar niet Westers zijn. De tegenstanders van Turks EU-lidmaatschap hekelen Erdogan, maar in feite zou een overwinning van hem een godsgeschenk zijn voor hen. Nu al gaan er her en der stemmen op die zeggen dat het in geval van een AKP-zege beter zou zijn de onderhandelingen met de kandidaat-lidstaat af te breken. Dat is het paradoxale: dat Erdogan en zijn tegenstanders in Europa nu zondag objectieve bondgenoten zijn.

(Dit artikel verscheen eerder op www.knack.be)

dimanche, 10 mai 2015

Egipto, Grecia y Chipre crean un frente unido contra la Turquía de Erdogan

Ex: http://www.elespiadigital.com

Por segunda vez en seis meses los líderes de Egipto, Grecia y Chipre (la parte greco-chipriota) se han reunido la pasada semana en Nicosia, la capital chipriota, con el fin de crear una coalición antiturca en Oriente Medio y el Este del Mediterráneo. Ellos también discutieron la situación en Palestina, la explotación de las reservas de gas y la lucha contra el terrorismo.

La cumbre tripartita -a la que acudió el presidente egipcio, Abdel Fattah al Sisi, el de Chipre, Nicos Anastasiades, y el primer ministro griego, Alexis Tsipras- discutió temas de tipo económico, político y de seguridad y tuvo lugar dentro del marco dirigido a crear un frente unido contra Turquía en un momento en el que este último país hace gala de una actitud expansionista y de agresión contra sus vecinos.

En relación al terrorismo la cumbre discutió los asuntos regionales, en especial el crecimiento del EI y sus actividades en la región del Mediterráneo, desde el Norte del Sinaí hasta las costas de Libia. Sisi dijo que el EI supone una amenaza directa a Egipto, y Grecia y Chipre mostraron también su preocupación por las actividades del grupo terrorista en el Mediterráneo. Grecia señaló que Turquía permite al EI cruzar su territorio, sin ningún obstáculo, para dirigirse a Siria e Iraq.

En el tema de Palestina, los participantes llamaron a una reanudación de las negociaciones de paz con vistas al establecimiento de un estado palestino con su capital en Jerusalén Este. La declaración final de la cumbre también subrayó que “Egipto hará esfuerzos para lograr un acuerdo de cese el fuego a largo plazo en la Franja de Gaza”.

Cooperación contra Turquía

Por su parte, los tres líderes han acordado ejercer un contrapeso al impacto negativo de las políticas turcas en la región y, sobre todo, su apoyo al terrorismo. Ellos mostraron la necesidad de colaborar en este sentido para alcanzar la estabilidad en la región a la vez que promueven los intereses económicos de los tres países.

Existe también una disputa histórica en lo que respecta a la ocupación del Norte de Chipre por Turquía desde hace 40 años. Grecia está preocupada por las aspiraciones expansionistas del presidente turco, Recep Tayyip Erdogan, y su respaldo a las organizaciones terroristas. Egipto, por su parte, ve a Turquía como una amenaza a la estabilidad por su apoyo al grupo de los Hermanos Musulmanes.

Grecia y Chipre están considerados como los mayores apoyos de Sisi en la Unión Europea y han trabajado para impedir la imposición de sanciones contra el Egipto de Sisi tras el derrocamiento de Mohammed Mursi y de los Hermanos Musulmanes.

mardi, 05 mai 2015

La Turchia presidia il mar di Levante e costruisce una portaerei

A distanza di quarant’anni l’isola di Cipro rimane spezzata tra due mondi, quello greco del sud e quello turco del nord. Tra le due repubbliche (la prima riconosciuta dalla comunità internazionale, la seconda solo da Ankara) corre una zona cuscinetto lunga 180 chilometri che separa il territorio. Una separazione che non può colmare o risolvere decenni d’odio, diffidenza e rancori.

A Cipro tutto rimane sospeso. In una tregua precaria. Ciclicamente le due parti annunciano negoziati e incontri, ma regolarmente tutto finisce in baruffa e l’ingarbugliata situazione isolana resta ancor più intricata. A peggiorare, se possibile, vi è poi, da qualche anno, la questione degli immensi giacimenti offshore — subito dai greci ribattezzati Afrodite, mentre gli israeliani hanno preferito nomi più crudi come Leviathan e Karish (squalo)… — scoperti nel mar di Levante, tra l’isola e la costa asiatica. Una partita complicata quanto strategica che vede coinvolti più attori: Israele, l’Egitto, il Libano, la Siria, i palestinesi di Gaza e le due entità cipriote.

Lo scorso autunno Erdogan — grande protettore dei ciprioti del Nord — ha spedito una propria nave di ricerca davanti alle coste settentrionali dell’isola. Immediata la reazione di Atene — custode, ormai scalcinata ma attenta, dei diritti della repubblica ufficiale — che ha immediatamente protestato in tutte le sedi europee. Indifferente ai turbamenti ellenici, il governo neo ottomano di Ankara ha rilanciato inviando nelle acque contestate le proprie navi da guerra per un’esercitazione militare che ha sfiorato a più riprese la nave di perforazione italiana Saipem 10000.

Alcun risultato è sortito neppure dalla risoluzione di condanna dell’Unione Europea (effetto Mogherini?) dello scorso 13 novembre: la Turchia ha annunciato che proseguirà le sue ricerche e ha rivendicato per se e il satellite cipriota un ampliamento deciso delle reciproche zone economiche marine.

A confermare ulteriormente le ambizioni marittime di Ankara (e le mire energetiche), il consiglio di sicurezza nazionale turco ha deciso di trasformare radicalmente il progetto della nave anfibia in costruzione nei cantieri Sedef: l’unità diverrà una vera e propria portaerei (sviluppando il concetto dell’ammiraglia spagnola Juan Carlos, nella foto) e verrà equipaggiata per imbarcare velivoli F35b. La consegna è prevista per il 2019. Il mar di Levante si fa burrascoso.

jeudi, 30 avril 2015

Flüchtlingsströme: Wie die NATO Nordafrikas Entwicklung zerbombte

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Flüchtlingsströme: Wie die NATO Nordafrikas Entwicklung zerbombte

Gerhard Wisnewski

Wie bereits im letzten Artikel zu diesem Thema berichtet, geht die gegenwärtige Flüchtlingskrise hauptsächlich auf die NATO und ihre Kriegs- und Umsturzpolitik in Nordafrika zurück. Durch die Zerschlagung ganz Nordafrikas entstanden instabile Staaten, Arbeitslosigkeit, Angst, Hunger und Elend sowie der Wunsch nach Sicherheit, die nun verstärkt in Europa gesucht wird. Die Verbrechen der Vereinigten Staaten und ihrer Verbündeten reichen jedoch noch viel weiter. Denn sie zerstörten nicht nur die Heimat von Millionen Menschen und ein bequemes »Flüchtlingsbollwerk« für Europa, sondern auch die wichtigste entwickelnde Kraft Nord- und Zentralafrikas: Libyen.

Wie schon gesagt bot Libyen, bevor es 2011 von den USA und ihren Verbündeten bombardiert wurde, zahlreichen Flüchtlingen und Zuwanderern aus dem übrigen Afrika Aufnahme und Schutz. Es war Auffangbecken und eine der »letzten Grenzen« nach Europa für unzufriedene, bedrohte, aber auch arme Menschen aus dem Rest des Kontinents und galt als der »Türsteher Europas« (Zeit, online, 29.11.2010).

Wovon unsere Bankrottpolitiker nur träumen...

Aber Libyen war noch viel mehr als ein »Flüchtlingsbollwerk« für Europa. Von dem prosperierenden Gaddafi-Staat ging genau das aus, was in Lippenbekenntnissen unserer Politiker immer gefordert wurde: Eine sich entwickelnde Kraft, die dazu hätte führen können, dass sich Afrika hätte selber helfen können.

Bis 2011 war Libyen ein blühendes und aufstrebendes Land mit jeder Menge Rohstoffen, einem vorzüglichen Sozialsystem, faszinierenden Entwicklungsprojekten und einem gesunden Staatshaushalt – also mit allem, wovon unsere Bankrottpolitiker nur träumen können. Mit den Öl-Einnahmen wuchsen Macht und Möglichkeiten des libyschen Staatschefs.

Er investierte die Gelder in gigantische strategische Entwicklungspläne für sein Land, aber auch für ganz (Nord-) Afrika. Sein Blick reichte weit über Libyen hinaus. Gaddafi glaubte nicht nur an die libysche Nation, sondern an die Idee des Panarabismus bzw. sogar des »Panafrikanismus« und sah sich selbst als eine Art arabischen und afrikanischen Übervater in den Fußstapfen von Gamal Abdel Nasser.

Er wollte sich auch nicht länger auf die globale Rolle des ewigen bösen...

Weiterlesen:

http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/gerhard-wisnewski/fluechtlingsstroeme-wie-die-nato-nordafrikas-entwicklung-zerbombte.html

mardi, 28 avril 2015

The Curse Of Colonel Gadhafi

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The Curse Of Colonel Gadhafi

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

When they destabilized Libya and overthrew strongman Muammar Gadhafi in 2011 the U.S. and its Canadian and European allies unleashed a series of events that accounts for the steady flood into Europe of migrants from North Africa. There are, purportedly, “up to 1 million” poor, uneducated, possibly illiterate, predominantly male, and by necessity violence-prone individuals, poised to board rickety freighters in the Libyan ports of Tripoli and Zuwarah, and make the perilous journey across the Mediterranean, to southern Italy. The 900 migrants who perished off the coast of Libya when their vessel capsized embarked in Zuwara.

Zuwara has always been “famous for people smuggling,” notes Richard Spencer, Middle East editor of The Telegraph. “The modern story of Zuwara and its trade in people,” says Spencer, whose newspaper has documented the genesis of the exodus well before the U.S. press awoke to it, “was a key part of the late Col. Muammar Gadhafi’s relationship with the European Union.”

The “indigenous, pre-Arab inhabitants of North Africa,” Berbers, as they are known in the West, have long since had a hand in human trafficking. As part of an agreement he made with Silvio Berlusconi’s government, “Col. Gaddafi had agreed to crack down on the trade in people.” For prior to the dissolution of Libya at the behest of Barack Obama’s Amazon women warriors—Hillary Clinton, Susan Rice and Samantha Power—Libya had a navy. Under the same accord with the Berlusconi government (and for a pretty penny), Gadhafi’s admiralty stemmed the tide of migrants into Europe.

Here’s an interesting aside: Because he cracked down on their customary trade, the Zuwarans of Libya rose up against Gadhafi; the reason for this faction’s uprising, in 2011, was not the hunger for democracy, as John McCain and his BFF Lindsey Graham would have it.

Back in 2007, Labor Prime Minister Tony Blair also shook on an accord with Gadhafi. Diplomacy averse neoconservatives—they think diplomacy should be practiced only with allies—condemned the agreement. The “Deal in the Desert,” as it came to be known derisively, was about bringing Libya in from the cold and into the 21st century. In return, and among other obligations, Gadhafi agreed to curtail people smuggling.

Ever ask yourself why so many northern and sub-Saharan Africans flocked to Libya? As bad as it was before the West targeted it for “reform”—and thus paved the way for the daily privations of the Islamic State—Libya was still one of the mercantile meccas in this blighted and benighted region.

As dumb as “W” was in unseating Iraq’s dictator, Saddam Hussein, he acted wisely with Gadhafi. Both George Bush and Bill Clinton, before him, saw to it that, in exchange for a diplomatic relationship with the U.S., Gadhafi abandoned terrorism and weapons of mass destruction.

Africa has always provided what the cognoscenti term “push factors” for migration: “Poverty, political instability and civil war … are such powerful factors,” laments Flavio Di Giacomo, a spokesman for the International Organization of Migration in Italy. More recently, the Middle East has been the source of the flight. The chaos and carnage in Iraq is ongoing—has been since the American invasion of 2003. Of late, the civil war in Syria, in which the U.S. has sought to topple another strongman who held it all together, has displaced 4 million people. Jordan, Lebanon and Turkey have absorbed hundreds of thousands of these refugees, as they should. But there are at least 500,000 more war-worn Syrians ready to be put to sea.

Programmed from on high, Europeans, like Americans, are bound by the suicide pact of political correctness to open their borders to the huddled mass of Third World people, no matter the consequences to their societies. Gadhafi was without such compunction. In 2010, he openly vowed to “turn Europe black,” unless the neutered Europeans rewarded him handsomely for doing the work they refused to do: patrol and protect their coastline.

“Tomorrow Europe might no longer be European, and even black,” roared Gadhafi, “as there are millions who want to come in. We don’t know if Europe will remain an advanced and united continent, or if it will be destroyed, as happened with the barbarian invasions.”

Presidential candidate Hillary Clinton cackled barbarically when she learned of the demise of Col. Gadhafi, but the colonel is having the last laugh.

Sur sa responsabilité dans la destruction de la Libye, BHL persiste et signe

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Sur sa responsabilité dans la destruction de la Libye, BHL persiste et signe

Quatre ans après avoir milité pour une intervention militaire en Libye et l’élimination de Kadhafi, Bernard-Henri Lévy, croit toujours que sa solution était la bonne, l’unique possible. Face au constat du chaos, de la guerre civile, de la montée de l’islamisme, et du drame des migrants, tout juste concède-t-il que la Libye n’est pas aussi belle qu’on pouvait l’escompter. BHL ou l’art du truisme.

Bernard Henri Lévy n’est jamais aussi sûr de lui que quand l’évidence de ses errements saute aux yeux. Invité sur France-Inter le philosophe interventionniste qui plaidait jusqu’à l’Elysée pour une intervention en Libye visant à terrasser Kadhafi a la conscience très tranquille.

Confronté à la question des milliers de migrants qui partent des côtes libyennes fuyant ou profitant du chaos libyen, BHL qui se pavanait autrefois aux côtés de Sarkozy annonçant au peuple libyen sa libération et son bonheur à venir, ne se sent aucune responsabilité. Bien au contraire, maîtrisant comme personne l’art du slalom, BHL contourne l’obstacle « ceux qui pourraient peut-être se sentir une certaine responsabilité sont ceux qui ont laissé faire la guerre en Syrie. S’il y a un problème c’est en Erythrée, c’est en Syrie. La Libye, n’est qu’un thermomètre, un passage. La source de cette abomination qu’est cette hécatombe en mer, cette transformation de  la méditerranée en cimetière. Mais la source  c’est la non-intervention en Syrie, le collapse en Somalie et c’est la dictature en Erythrée ».

Accordons à BHL que tout n’a pas commencé avec lui même si ce fut l’impression laissée à l’époque par le « Serment de Tobrouk », un documentaire à sa gloire de grand libérateur de Tripoli tissant sa propre légende.

Quatre ans plus tard, BHL prend quelques distances mais y croit toujours : « La Libye n’est pas aussi belle qu’on pouvait l’escompter car l’histoire ne se fait pas en un jour. Il faut un peu de temps. Je continue à dire que la dictature de Kadhafi était l’une des pires du siècle passé, l’une des plus cruelles, l’une des plus atroces, l’une des plus arbitraires. Et les fruits de la liberté sont amers.  Il vaut mieux ça que cette espèce de chape de plomb qui pesait sur les libyens ». 

La Libye avait évidemment beaucoup de défauts au temps de Kadhafi mais elle exerçait un contrôle sur ses frontières, les islamistes n’y avaient pas « table ouverte » et  par le clientélisme et la violence, Kadhafi parvenait à « tenir » les tribus. C’est notamment le constat cruel mais pragmatique que faisait Jean-PIerre Chevènement dès 2014. Depuis, on dira avec la même prudence de Sioux que le philosophe que la Libye est peut-être encore un peu moins belle…

Régis Soubrouillard | 22 Avril 2015

Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales

Source: http://www.marianne.net/bhl-libye-n-est-pas-belle-qu-on-pouvait-escompter-100232956.html

samedi, 25 avril 2015

Will Greece Join the Eurasian Union?

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F. William Engdahl

Ex: http://journal-neo.org

Will Greece Join the Eurasian Union?

At the very least the new Greek government realizes it must play in a deadly power game over the future of the nation in an asymmetrical manner. The so-called Troika—EU Commission, European Central Bank and IMF—is demanding blood from a turnip when it comes to Greece. So after hitting a granite wall in appealing for easing of the austerity to permit Greek economic growth to begin climbing back to solvency, the government of Greek Prime Minister Alexis Tsipras is looking at every option. The latest move is their looking east to Moscow and then Beijing. The Greek crisis, which began in October 2009 is at a critical crossroads.

In 2007-2008 as the US-centered sub-prime real estate debt crisis first erupted, Greek state debt was around 100% of GDP, higher than EU average but not unprecedented and manageable. By 2014 the debt had soared to 175% of GDP, higher than even Italy. The country had to take €240 billion from the Troika to avoid debt default, a step that would have brought German and French banks holding Greek bonds to likely default. At the start of the Greek crisis Greek bonds were held by mainly EU banks who found the higher interest rates attractive. When a bank crisis in Germany and France threatened as a Greek default threatened, the EU governments, the IMF and the European Central Bank took over 80% of Greek sovereign debt, letting the private banks once more off the hook at the expense of Greek and European taxpayers.

Either the Euro or Dollar goes

Greece was literally the Achilles Heel of the Euro and Washington and Wall Street hit it with a savagery not seen since they ran the Asia Crisis and Russian sovereign default crises in 1997-1998. When Greece imploded in late 2009 the dollar was the main currency under threat of abandonment. The Chinese were openly rebuking the US Government for letting its own deficits and debt explode at a rate well over $1 trillion a year. The response of the US Treasury Financial Warfare Division, the Federal Reserve and of Wall Street and the rating agencies was to launch a counter attack on the euro to “save” the dollar. It worked and few of the naïve Berlin politicians, certainly not Schäuble, nor Merkel, had a clue how sophisticated the Washington currency war machinery had become. They began to find out.

The USA credit rating agencies, led by Standard & Poors and Moody’s, took the unprecedented step of downgrading Greek government debt three notches in one day in April 2010 just as EU Governments had agreed a Greek rescue plan. That downgrade to so-called junk status meant that pension funds and insurance companies around the world were immediately forced to dump their Greek bonds by law, forcing interest rates Greece must pay to borrow, were it even able, to unpayable levels. A cabal of New York hedge fund managers led by George Soros met to coordinate Geek speculative attacks, worsening the crisis and the costs to Greek taxpayers.

What did Greece get for that new debt? A bloody austerity dictate from the EU, led by German Finance Minister Wolfgang Schäuble whose austerity demands made Heinrich Brüning in 1931 look like an angel of mercy. Unemployment soared to depression levels of 27% for the general population, falling to 25.7% in January 2015—hailed by Brussels and Berlin as a “sign” their austerity is working!—youth unemployment reaching well over 60%. The IMF as always, dictated massive cuts in public employees and health and education services to “save” money, only making tax revenues decline more. It all demonstrated what Germans knew painfully well from the 1930’s, namely that austerity never solves a debt crisis, only real economic growth.

The left party of Tsipras, Syriza, which evolved out of the Greek Communist Party after the collapse of the Soviet Union was elected in January by a desperate electorate fed up with depression and Weimar-style austerity without end. Tsipras’ mandate is to get a better economic future for Greeks. His only option at this point is to opt out of the Euro and perhaps also out of the EU and NATO.

The British Telegraph reported on April 2, a week before likely IMF loan payment default by Greece that Greece was drawing up drastic plans to nationalize the country’s banking system and introduce a parallel currency to pay bills unless the eurozone takes steps to defuse the simmering crisis and soften its demands. Sources close to the ruling Syriza party said the government is determined to keep public services running and pay pensions as funds run critically low. The Telegraph cites a senior Greek official: “We are a Left-wing government. If we have to choose between a default to the IMF or a default to our own people, it is a no-brainer. We may have to go into a silent arrears process with the IMF. This will cause a furore in the markets and means that the clock will start to tick much faster,” the source told The Telegraph.

Failing to get one Euro of genuine relief from Schäuble or the EU, and with the prospect of default on a €458 million repayment to the IMF or default on state pensions, Tsipras flew to Moscow to meet with Putin. Despite that Greece paid the €458 million to the International Monetary Fund on April 9, the real question is the next payments Greece must make every week in April and a further $7.75 billion it will have to pay in May and June, while struggling to pay its own government staff and state pensions.

Greece as Russian Energy Hub?

The Putin Tsipras meeting prepared for possible future steps that could alter the future of not only Greece but of the entire EU. President Putin announced after his talks with Tsipras on April 8 that Tsipras did not ask Russia for financial aid.

What they did discuss was potentially far more significant for Greece. They talked about energy projects including Putin’s proposed Turkish Stream to deliver Russian gas to Turkey instead of directly to the EU after Brussels, pushed by Washington, sabotaged the Russian South Stream gas project.

Turkish Stream proposes to deliver gas to the Greek border adjacent to Turkey. Greek Energy Minister Panagiotis Lafazanis said that Athens supports Russia’s planned Turkish Stream pipeline project, as well as extending the gas route to Greece. Russia and Turkey signed a memorandum of understanding on the construction of the gas pipeline between the two countries under the Black Sea in December 2014. Greece would then become a distribution hub to further passage of gas to consumers in southern Europe including Italy, an alternative to the defunct South Stream.

Putin remarked after his talks with Tsipras at their joint press conference in Moscow on 8 April, “Of course, we have discussed the prospects of realization of the large infrastructure project which we call Turkish Stream — a key project for transporting Russian gas to the Balkans, maybe to Italy, the countries of Central Europe. The new route will provide for the Europeans’ needs in fuel, and would allow Greece to become one of the main power distribution centers on the continent, could help attract significant investments into the Greek economy.” Greece would also earn gas transit fees of hundreds of millions of euros annually if it joins the Turkish stream pipeline project.

In turn, Tsipras said that Athens is interested in attracting investment in construction of the pipeline on its territory to handle gas coming through the Turkish Stream.

According to media reports, Putin and Tsipras will also focus on possible discounts on Russian natural gas for Greece. In addition Russia discussed investing in joint venture companies with the Greek government. Initial projects to be explored include a public Greek-Russian company and Russian investment in the harbor at Thessaloniki that the IMF demands be privatized as well as railway participation. Following last week’s talks with Russian Energy Minister Alexander Novak and Russian energy company Gazprom CEO Alexei Miller, Lafazanis said that Athens had asked for a cut in its price for Russian natural gas.

Russia and Eurasia?

Putin called for trade relations to be restored between Russia and the EU, including Greece. He said the two had discussed “various ways of co-operating, including major projects in energy. Under these plans, we could provide loans for certain projects,” Putin said, adding that it was not a question of aid. One of those plans is for the pipeline called “Turkish Stream”, to channel natural gas from the Turkish-Greek border into Greece.

For his side Tsipras made clear his government opposed any new sanctions on Russia, something that Washington was not at all pleased about, with US media editorials attacking Greece for being the mythical Trojan Horse for Russia to get back into the EU orbit. Responding in his typically droll humor, the Russian president told BBC, “About mythology and Trojan horses and so forth: the question would be valid if I was the one going to Athens,” he said. “We are not forcing anyone to do anything.”

Recent polls show that well over 63% of Greeks are warm to Russia as an ally, while only 23% feel warm towards the EU. The two countries, Russia and Greece, share a common Orthodox religion and historically were close. Costas Karamanlis, Greek conservative Prime Minister from 2004-09 pursued a “diplomacy of the pipelines,” where he saw Greece as a gateway for Russian oil and gas to Europe. Washington and Brussels were furious. Karamanlis was voted out in suspicious circumstances a year after signing a gas deal with President Putin, just before the revelation of the financial crisis. After he lost elections in 2009, it emerged that Russia’s FSB security agency had warned its Greek counterpart, EYP, of a 2008 plot to assassinate Karamanlis to halt his pro-Moscow energy alliance.

Trojan Horses, Achilles Heels and the rich heritage of Greek mythology do nothing to solve the crisis of Greece, which, in reality, is the general crisis of European civilization.

What no one in Berlin, Paris or Rome dare to address is the reality that the European Union countries are dying. Demographically, economically and morally they are in a death agony downward spiral. Either they make a definitive break with the bankrupt Washington and NATO Atlantic dollar world and throw their lot fully behind making the Eurasian Economic Union led by Russia into a viable new region of economic prosperity, along with China and the New Silk Road high-speed rail projects criss-crossing Eurasia, or in four or five years at best the EU will be choking in its own debt and economic depression as is Greece today.

The only other option open at this time, the option of the status quo financial powers that be, was tried in Nazi Germany, Vichy France and Mussolini Italy in the 1930’s. We don’t need to try that again.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/04/16/will-greece-join-the-eurasian-union/

jeudi, 23 avril 2015

Dwingen de Grieken Europa te kiezen tussen Amerika of Rusland?

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Dwingen de Grieken Europa te kiezen tussen Amerika of Rusland?

Slechts 23% Grieken is positief over EU, 63% ziet Rusland als nieuwe bondgenoot - Deelname Europese machten aan Aziatische Infrastructuur Investerings Bank signaal van naderende geopolitieke machtsverschuiving

De toenadering die Griekenland zoekt tot Rusland baart de gevestigde orde in Brussel en Washington grote zorgen. De Russische president Putin wil na het mislukken van het South Stream oliepijpleiding project een alternatieve pijpleiding aanleggen via Turkije naar Griekenland, waardoor Griekenland een belangrijke energie’hub’ voor Zuid- en Centraal Europa zal worden. Er zijn zelfs geruchten dat als de EU en het IMF de druk op de Grieken niet wil verlichten, het land mogelijk tot de pas opgerichte Euraziatische Unie zal toetreden. Dat zal Europa voor het blok zetten: blijven we vasthouden aan het financieel, politiek en moreel op zijn allerlaatste benen waggelende Amerika, of kiezen we voor nieuwe ongekende economische mogelijkheden in heel Azië?

Niet Griekse volk, maar Europese banken gered

Toen in 2007-2008 de financiële crisis losbarstte lag de Griekse staatsschuld rond de 100% van het BNP – hoger dan het Europese gemiddelde, maar niet onhoudbaar. Tot 2014 explodeerde deze schuld echter naar 175% van het BNP en moest het land met drie bailout pakketten van € 240 miljard overeind worden gehouden.

Een staatsbankroet had hoogstwaarschijnlijk de Franse en Europese banken, die grote hoeveelheden Griekse schuldpapieren hadden opgekocht, doen omvallen. Daarom namen de EU, het IMF en de ECB ruim 80% van de Griekse staatsschuld over – niet om het volk te helpen, maar om de banken te redden. De rekening werd bij de Europese belastingbetaler neergelegd.

Amerikaanse financiële aanval op de EU

Omdat de financiële crisis de snel uit de hand lopende –jaarlijks met ruim $ 1 biljoen stijgende- staatsschuld van de VS blootlegde, openden de Amerikanen om hun dollar te redden de aanval op de EU. Pal nadat de EU-regeringen in april 2010 hadden ingestemd met het Griekse reddingsplan, werd het land door de Amerikaanse kredietbeoordelaar Standard & Poor’s in één klap met drie stappen afgewaardeerd naar de ‘junk’ status.

Het gevolg was dat verzekeraars en pensioenfondsen wereldwijd hun Griekse waardepapieren afstootten, wat de rente die het land voor kredieten moest betalen gigantisch deed stijgen. Griekenland kwam in een uitzichtloze crisis terecht. In ruil voor financiële hulp eisten het EU en het IMF snoeiharde bezuinigingen. Gevolg: de werkeloosheid steeg naar 27%, onder jongeren zelfs naar 60%. De belastinginkomsten daalden en de Griekse publieke voorzieningen stortten in.

Wanhopige Grieken zoeken hulp in Moskou

Het wanhopige Griekse volk stemde vervolgens op de extreemlinkse Syriza partij, die uit de communistische partij is voortgekomen. Partijleider Tsipras beloofde een einde te maken aan de harde bezuinigingen en zei dat hij daarvoor desnoods uit de EU en de NAVO zou treden. Tevens werd begonnen met serieuze voorbereidingen voor de herinvoering van de eigen munt, de drachme, en het nationaliseren van het bankensysteem.

Omdat Syriza vastbesloten was om de publieke voorzieningen, ambtenaren en pensioenen overeind te houden, zou er geen geld meer over zijn om het IMF terug te betalen. Daarom reisde Tsipras naar Moskou, naar eigen zeggen echter niet om te bedelen om geld, maar om te praten over intensievere economische samenwerking die het land weer uit het slop zou kunnen halen. In ruil daarvoor beloofde Tsipras geen nieuwe Europese sancties tegen Rusland goed te zullen keuren.

Russisch aardgas via Turkije en Griekenland naar Europa

Eén van de onderwerpen was de door Putin voorgestelde Turkish Stream pijpleiding, die Russisch aardgas via Turkije naar Griekenland moet gaan leveren. Deze leiding moet in de plaats komen van het mislukte Russische South Stream project, dat Brussel onder grote Amerikaanse druk had gesaboteerd, omdat Washington niet wil dat Rusland een nog belangrijkere rol in de energievoorziening aan Europa gaat spelen.

In december 2014 hadden Rusland en Turkije al een verklaring ondertekend om de bouw van Turkish Stream mogelijk te maken. Griekenland wordt in dit plan een belangrijke ‘hub’ voor het verdere transport van Russisch aardgas naar Italië, de Balkan en Centraal Europa. Dat levert de Grieken alleen al aan doorvoerrechten enige honderden miljoenen euro’s per jaar op. Ook zal het land weer aantrekkelijker worden voor investeringen.

Putin en Tsipras bespraken tevens een korting op de prijs van Russische olie en het opzetten van joint ventures met de Griekse regering. Pilotprojecten zouden de uitbouw van de haven van Thessaloníki zijn –die volgens het IMF moet worden geprivatiseerd- en investeringen in de Griekse spoorwegen.

‘Trojaans paard’?

De Griekse leider stelde duidelijk tegen nieuwe Europese sancties tegen Rusland te zijn. Daar was men in Washington bepaald niet blij mee. In Amerikaanse media werd Griekenland zelfs een ‘Trojaans paard’ genoemd, waarmee Rusland de EU zou binnendringen. Putin reageerde op zijn immer droge humoristische wijze: ‘Wat mythologie, Trojaanse paarden en zo betreft: die vraag zou terecht zijn als ik naar Athene zou gaan. Wij dwingen niemand iets te doen.’

63% Grieken wil Rusland, nog maar 23% de EU

Opiniepeilingen wijzen uit dat 63% van de Grieken Rusland als nieuwe bondgenoot begroet. Nog maar 23% is positief over de EU. Rusland en Griekenland delen daarnaast de orthodoxe christelijke religie en historisch goede betrekkingen.

Dat onderstreept dat niet alleen Griekenland, maar heel het Westen in een algemene crisis terecht is gekomen. Demografisch, financieel, economisch, politiek en moreel is de EU in een dodelijke neerwaartse spiraal terecht gekomen.

Europa moet kiezen tussen Amerika of Rusland

Feitelijk dwingen de Grieken met hun toenadering tot Rusland Europa tot de keus: of we breken met de failliete dollarwereld, met Washington en met de almaar agressiever wordende NAVO, en zetten vol in op samenwerking met de door Rusland geleide Euraziatische Unie en met China; of de schuldenlast in de EU is over 4 tot 5 jaar zo onhoudbaar geworden, dat we in een zelfde economische depressie belanden als Griekenland, waardoor onze welvaartsstaat definitief verdwijnt.

Er is nog een andere optie, namelijk die in de jaren ’30 door de heersende financiële machten door Nazi-Duitsland, Vichy-Frankrijk en Mussolini-Italië werd gekozen, met de bekende verschrikkelijke gevolgen. Daar zal werkelijk niemand in Europa op zitten te wachten. (1)

Aansluiting Europa, Japan, Australië bij Chinese Investeringsbank

Gelukkig gloort er hoop, want ondanks grote bezwaren en dreigementen van Amerika besloten Frankrijk, Duitsland en Groot Brittannië onlangs mee te doen met de oprichting van China’s Aziatische Infrastructuur Investerings Bank (AIIB). Die wordt door de VS als een grote bedreiging gezien voor het door Washington gedomineerde IMF en voor de positie van de dollar als enige wereld reservemunt.

Ook de traditionele Amerikaanse bondgenoten Australië en zelfs Japan sloten zich bij de AIIB aan, dat van plan is om tot in lengte van decennia biljoenen te gaan investeren in de opbouw van de infrastructuur in Azië.

Voor de VS is de aansluiting van zijn vazalstaten in Europa en Azië een enorme geopolitieke nederlaag, die mogelijk verstrekkende gevolgen zal hebben en een radicale machtsverschuiving op onze planeet teweeg zal brengen - een die ervoor zal zorgen dat niet langer één supermacht met behulp van financiële en militaire dreiging en chantage de rest van de wereld zijn wil kan opleggen. (2)

Xander

(1) KOPP
(2) KOPP

Zie ook o.a.:

17-03: Stratfor: VS wil ten koste van alles alliantie Duitsland-Rusland voorkomen (/ ‘Amerika zet volken tegen elkaar op om te voorkomen dat ze zich tegen VS keren – VS zet in op het ten val brengen van Rusland en de EU’)
10-03: China en Rusland lanceren in herfst anti-dollar alliantie
28-02: 10 redenen waarom de VS en de EU uit zijn op oorlog (/ Het Vrije Westen bestaat niet meer)
22-02: Stratfor over nieuwe oorlog in Europa: Niemand zal voor de EU willen sterven (/ Brussel maakte fatale fout door enkel banken te redden en gewone man in de steek te laten)
08-02: ‘Europa moet oorlogskoers VS en NAVO loslaten en samen met Rusland wereldvrede redden’
05-01: 12 experts verwachten wereldwijde economische chaos in 2015

samedi, 04 avril 2015

Europe-Russie, indispensable entente en Méditerranée...

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Europe-Russie, indispensable entente en Méditerranée...

par Philippe Migault

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Migault, cueilli sur le site d'information russe Sputnik et consacré à l'intérêt d'un partenariat stratégique entre la Russie et l'Europe pour stabiliser la Méditerranée. Philippe Migault est Directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et stratégiques (IRIS).

Europe-Russie, indispensable entente en Méditerranée

L'opposition déterminée du Kremlin à toute intervention armée de la « communauté internationale » en Syrie en 2013, afin de soutenir la rébellion au régime de Bachar el-Assad, a été l'élément précipitant l'émergence d'un nouveau paradigme international en gestation lente depuis 2003, caractérisé par une tension croissante entre la Russie d'une part, les Etats-Unis et leurs alliés les plus fidèles de l'autre.

S'il est exagéré de parler d'une nouvelle guerre froide, les paramètres géopolitiques et idéologiques différant très sensiblement de ceux qui prévalaient avant 1989, l'expression n'en fait pas moins florès dans la presse occidentale et, notamment, lorsqu'il s'agit d'évoquer la diplomatie russe en Méditerranée. Cette zone, pourtant, n'est pas considérée par les autorités russes comme la plus cruciale du point de vue de leurs intérêts vitaux et, à ce titre, se prête moins que l'Europe orientale à un affrontement avec les Etats-Unis et l'Union européenne.

Certes la Méditerranée, dans l'inconscient collectif russe, est un espace chargé de symboles historiques forts. Ceux-ci ne sont pas à négliger dans le cadre de la politique intérieure de la Fédération de Russie, caractérisée par une montée en puissance du patriotisme transcendant toutes les orientations politiques. Espace traditionnel de projection de puissance sous les Tsars, la Méditerranée est considérée comme une aire dans laquelle la voix de la Russie doit être entendue.

Du point de vue de la religion en premier lieu. Depuis la chute de Constantinople en 1453, Moscou a toujours prétendu à la succession spirituelle de l'empire byzantin et, à ce titre, s'est érigée en protectrice des communautés chrétiennes d'Orient. Prétendant régner sur la « troisième Rome » les Tsars ont, en conséquence, multiplié les guerres de conquête contre l'empire ottoman au nom de la défense des communautés chrétiennes des Balkans. La guerre de Crimée, rappelons-le, prend sa source dans la volonté russe de réaffirmer le Primat orthodoxe sur les Lieux Saints de Palestine. Cette vision, toujours vivace au sein d'une opinion publique russe qui, depuis la chute de l'URSS, a opéré un important retour vers la religion, n'est pas à négliger alors que, sur le pourtour méditerranéen, les chrétiens sont aujourd'hui persécutés, que ce soit sur le théâtre syro-irakien, en Egypte ou, précédemment, au Liban.

Du point de vue stratégique ensuite. Menées au nom de la religion, les guerres livrées par la Russie Tsariste en Méditerranée n'avaient pourtant rien de croisades. Plus que la défense de la foi chrétienne, simple prétexte visant à obtenir l'adhésion de la population russe, le véritable objectif a toujours été d'obtenir l'accès aux mers chaudes qui faisait défaut à la Russie, en conquérant Constantinople et les Détroits. Cette politique a produit quelques-unes des plus grandes victoires russes: Tchesmé, Patras, Navarin…La Russie a renoncé depuis longtemps à ses vieilles ambitions. Mais elle entend bien, si nécessaire, défendre ses positions dans la région à l'aide de ses forces armées.

Pour autant la Méditerranée n'est pas cruciale pour la Russie. Le débouché de Suez ne lui est pas aussi indispensable. Figurant parmi les premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, la Russie n'a pas besoin de garantir un accès permanent et rapide aux hydrocarbures du golfe Persique.

Certes le port de Novorossiïsk, en mer Noire, est le plus important de Russie pour le trafic containers. Installé en eaux profondes (les fonds de la baie Tsemes oscillent entre 21 et 27 mètres), il peut accueillir les plus grands navires. Débouché du Caspian Pipeline Consortium, acheminant en mer noire le pétrole kazakh du gisement de Tengiz, il joue un rôle important dans la politique russe de l'énergie. Port privilégié pour l'importation des produits d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, notamment les produits agricoles, il retrouve aussi depuis 2003 une importance militaire relative, 300 millions d'euros d'investissements ayant été consentis pour les infrastructures de la base navale depuis 2007.

Mais il ne faut pas oublier que ce potentiel ne peut être exploité à plein. L'activité commerciale de Novorossiïsk est nécessairement limitée compte tenu des règles de navigation du Bosphore, limitant le transit à des bâtiments d'un tonnage maximal de 100 000 tonnes. Incapable d'accueillir, par exemple, les plus grands supertankers, jaugeant 250 000 tonnes, Novorossiïsk est de surcroît enclavée, mal desservie par route et par rail, ce qui restreint son rôle dans le cadre de l'économie russe. Et les autres ports russes en mer noire sont nettement moins aptes encore au grand commerce maritime. Taganrog et Azov sont situés en eaux peu profondes (respectivement 5 et 8 mètres). Le trafic est faible à Touapsé. Il existait un grand projet portuaire à Taman, à l'extrémité de la péninsule éponyme, avec notamment la volonté d'en faire le principal port russe dédié à l'exportation d'ammoniac. Mais le rattachement de la Crimée semble avoir interrompu le projet, les infrastructures portuaires de cette dernière dotant la Russie de nouveaux et précieux atouts maritimes.

L'apport de la Crimée est de nature à accroître très sensiblement les capacités navales russes en Mer Noire, donc, dans une certaine mesure, en Méditerranée. Les ports et chantiers navals de Sébastopol, Eupatoria, Féodosia, Kertch, le site d'entraînement pour avions de combat embarqués NITKA de Novofedorovka, additionnés aux capacités navales et aéronavales de Novorossiïsk et de Yeysk, offrent à la Russie la possibilité théorique d'accélérer la modernisation de la flotte de la mer Noire. Celle-ci, vieillissante, devrait recevoir six nouveaux sous-marins et six nouvelles frégates d'ici 2020, ce qui lui permettrait de demeurer la flotte la plus puissante de la région hors Turquie.
Il convient cependant de relativiser le potentiel de croissance qu'offrira la Crimée à la politique russe en Méditerranée, du moins à moyen terme.

En premier lieu parce qu'en dépit de la volonté réitérée à de multiples reprises par les autorités russes de moderniser le secteur de la construction navale, celui-ci ne parvient pas à atteindre les objectifs assignés malgré les investissements consentis. Alors que Moscou a concentré 70% des capacités du pays en la matière au sein d'une holding publique, OSK, les programmes d'armement engagés ont tous du retard, que ce soit sur le segment des escorteurs (destroyers, frégates, corvettes) ou sur celui des submersibles (SNA, nouveaux bâtiments à propulsion anaérobie). L'Amirauté russe est aujourd'hui contrainte de faire du neuf avec du vieux, en rétrofitant d'anciens bâtiments aux qualités éprouvées, ou en présentant comme des unités d'un nouveau type des navires qui ne sont que les ultimes versions modernisées de classes développées dans les années 80. Il convient d'apprécier à cette aune l'annonce d'un déploiement permanent de la flotte russe en Méditerranée, qui n'est possible qu'en concentrant sur zone des moyens provenant des flottes du Pacifique, de la Baltique et du Nord. Bien loin de ressusciter la fameuse 5ème Eskadra soviétique, évoquée par la presse occidentale à la moindre incursion d'un croiseur ou d'un porte-aéronefs russe hors d'âge en Méditerranée orientale, cette présence russe, suivant les déclarations mêmes de Moscou, doit d'ailleurs se concevoir comme une « réserve opérationnelle » de bâtiments, vouée aussi bien à l'action en Méditerranée que dans l'océan Indien, dans le cadre notamment de la lutte anti-piraterie.

Au-delà de l'actuelle faiblesse des moyens industriels et navals, la Russie ne peut guère envisager de mener une politique agressive en Méditerranée pour des raisons géostratégiques évidentes. D'une part en raison de la barrière que continue de représenter le goulet des détroits, dont les deux rives sont contrôlées par la Turquie, Etat membre de l'OTAN. D'autre part parce que la flotte russe est sans doute condamnée à long terme à évoluer en Méditerranée en situation d'infériorité quantitative face aux marines de l'Alliance Atlantique, cette dernière ayant la capacité, de surcroît, d'assurer très facilement sa supériorité aérienne dans l'ensemble du bassin Méditerranéen. Enfin parce que la Russie, en dehors du point d'appui de Tartous, ne dispose d'aucune base navale d'importance sur ce théâtre.

Acteur de second rang comparativement aux puissances riveraines et aux Etats-Unis, la Russie effectue cependant un retour sur la scène méditerranéenne, dont elle s'était retirée depuis la dislocation de l'Union Soviétique. Les autorités russes profitent de circonstances favorables, endogènes et exogènes, les autorisant de nouveau à mener une politique aux ambitions raisonnables.

Endogènes en premier lieu: En dépit de ses actuelles difficultés économiques, la Russie a acquis entre 2000 et 2013 les moyens financiers lui permettant d'apporter son soutien aux Etats de la région, d'acheter amitiés et alliances.

Exogènes ensuite: Alors qu'une désaffection certaine se manifeste en Grèce, à Chypre et dans les Balkans vis-à-vis du modèle européen, compte tenu de la crise affectant l'Union Européenne et des politiques d'austérité drastiques imposée par Bruxelles, la Russie trouve une occasion d'accroître son influence au sein de ces Etats proches par la culture, qu'elle soit slave et/ou orthodoxe. La possibilité pour les forces russes de se voir octroyer des facilités à Chypre, sur la base aérienne de Paphos et dans le port de Limassol, a été évoquée. Membres de l'Union Européenne, la Grèce et Chypre n'ont également pas hésité à acquérir des armes russes, tandis que Vladimir Poutine et Alexis Tsipras, qui doivent se rencontrer le 8 avril prochain, ont multiplié les messages d'amitié l'un envers l'autre.

Les exportations d'armement évoquées supra sont l'un des principaux vecteurs permettant à la diplomatie russe de renforcer son influence en Méditerranée. Parce qu'elle a très tôt dénoncé les conséquences des « Printemps arabes » — arrivée au pouvoir de l'Islamisme radical (Egypte, Tunisie), guerres civiles (Syrie), Etats faillis (Libye) — la Russie est considérée par les pays menacés de troubles similaires comme un allié précieux, en mesure de leur fournir les armements susceptibles de maintenir l'ordre en interne et de les protéger d'une éventuelle intervention occidentale.

Réédition du syndrome du barrage d'Assouan, la Russie n'aurait peut-être jamais repris pied en Egypte si les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux n'avaient dénoncé avec une telle véhémence la répression de la confrérie des Frères musulmans par le régime du maréchal al-Sissi. Aujourd'hui ce dernier négocie des contrats d'armement avec Moscou représentant un montant total de plus de deux milliards de dollars, discute d'une aide russe permettant à l'Egypte d'élargir le dispositif du Canal de Suez, tandis que les denrées agricoles égyptiennes sont venues remplacer sur les étals russes les marchandises européennes sur lesquelles Moscou a décrété l'embargo.

Le partenariat militaro-industriel avec l'Algérie s'est encore renforcé malgré les mésententes survenues en 2007 lors d'un contrat portant sur la livraison de Mig-29 défectueux.

Quant à l'alliance russe avec la Syrie, alors qu'on évoque timidement la nécessité de rechercher la coopération de Bachar al-Assad pour combattre les Islamistes radicaux de l'Etat Islamique (EI), elle n'a jamais été aussi solide, tant la pertinence des mises en garde russes contre la chute des régimes baasistes a été démontrée par l'absurde.

Et l'influence russe n'est pas spécifique aux Etats arabes. Israël, où vivent aujourd'hui plus d'un million de russophones, entretient également des liens de plus en plus étroits avec la Russie, dans le domaine notamment du renseignement antiterroriste. Tel-Aviv s'est abstenu de voter la résolution des Nations Unies condamnant l'intervention russe en Crimée. L'Etat hébreu, qui a annexé ouvertement (Golan) ou de facto (colonies de Cisjordanie) des territoires étrangers, pouvait, il est vrai difficilement, fustiger la Russie sur ce point alors que Moscou dispose de solides capacités de nuisance à son égard via, notamment, les matériels militaires qu'elle peut fournir à la Syrie ou à l'Iran.

La Russie, au total, ne pèse pas en Méditerranée du même poids qu'une des principales puissances riveraines. Elle n'en renforce pas moins méthodiquement ses positions, notamment depuis le début des « Printemps arabes ».

Cette influence croissante est parfois perçue comme une menace, l'expression d'une volonté expansionniste. Il est pourtant possible de considérer différemment le rôle croissant de la Russie en Méditerranée. Nous partageons avec elle de nombreux intérêts dans la zone, tant du point de vue économique que sécuritaire. Alors que le risque d'attentats islamistes n'a jamais été considéré comme aussi élevé dans l'UE, que l'EI multiplie les atrocités sur le front syro-irakien, que la Libye et la bande sahelo-saharienne sombrent dans l'anarchie et le terrorisme, chacun est conscient que la menace n'est pas la Russie, mais les mouvements wahhabites armés, qui campent aujourd'hui sur les côtes libyennes, à 350 kilomètres de l'Italie.

Dans ce cadre la coopération avec Moscou, qui mène depuis 1994 une guerre sans trêve à ces groupes fondamentalistes, est un atout dont il serait absurde et dangereux de se passer. La France ne serait pas capable d'intervenir au Mali et en République Centrafricaine sans les avions gros porteurs Antonov-124 d'une entreprise détenue à 50% par des actionnaires russes, Volga-Dnepr. Les services de renseignement russes ont régulièrement livré des informations à leurs homologues américains, britanniques, français sur les mouvements terroristes islamistes et réciproquement. Parallèlement les Russes et les Iraniens ont été les premiers, par leur aide matérielle, à soutenir les régimes de Damas et de Bagdad qui, pour être autoritaires, n'en sont pas moins jugés préférables aujourd'hui aux partisans d'Abou Bakr al-Baghdadi par les chancelleries occidentales.

Russes et Européens, nous avons le même ennemi, le fanatisme sunnite, menaçant dans l'ensemble de la Méditerranée, quelle que soit la rive considérée. Le plus grand péril, dans l'immédiat, est celui-là. Il faut déterminer en conséquence notre politique de défense et de sécurité et nos relations avec la Russie. 

Philippe Migault (Sputnik, 27 mars 2015)

lundi, 30 mars 2015

Des Syriens demandent réparation à Fabius!

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Des Syriens demandent réparation à Fabius!

Source: Le Figaro

Des Syriens, dont des proches ont été victimes de rebelles, ont demandé mercredi au tribunal administratif de Paris une réparation symbolique d’un euro, « pour les fautes personnelles commises par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans ses fonctions ». Sept civils syriens, cinq hommes et deux femmes, qui se présentent comme des proches de victimes de violences commises par les rebelles luttant contre le régime de Bachar al-Assad, sont à l’origine de cette procédure.

Laurent Fabius s’est montré en pointe dans le dossier syrien, au côté de la rébellion à qui la France a livré des armes, et il est visé pour plusieurs déclarations publiques. Le chef de la diplomatie avait ainsi estimé, en août 2012, que « Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur terre » et, en décembre 2012, que »le Front al-Nosra fait du bon boulot », alors même que cette organisation djihadiste syrienne venait d’être classée terroriste par les États-Unis.

L’un des plaignants, Nawar Darwich, affirme que le village près de Lattaquié, dans lequel il s’était réfugié avec sa famille pour fuir des attentats ayant visé son quartier à Damas, avait été envahi à l’aube du 4 août 2013 par des « bandes armées appartenant aux groupes criminels » du groupe al-Nosra et de l’Armée syrienne libre qui ont massacré une quinzaine de membres de sa famille, dont ses parents et quatre de ses frères et sœurs.

Le rapporteur public a demandé le rejet de la demande des plaignants, estimant que la justice administrative était incompétente à l’égard des « actes de gouvernement ».

Le tribunal administratif a mis l’affaire en délibéré sous quinze jours. Les plaignants avaient déjà déposé une plainte contre Laurent Fabius devant la Cour de justice de la République, habilitée à juger les infractions des membres du gouvernement pendant leurs fonctions, mais la justice avait classé la procédure en janvier dernier.

Source: http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/12/10/97001-20141210FILWWW00263-des-syriens-demandent-reparation-a-fabius.php

vendredi, 27 mars 2015

Les Grecs de la Mer Noire

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Erich Körner-Lakatos :

Les Grecs de la Mer Noire

Quand les Pontiki, les Grecs de la Mer Noire, rêvaient d’un Etat à eux

Vers les heures du midi, le 29 mai 1453 la Rome orientale, soit l’Empire byzantin, bascule définitivement dans le passé. La nuit précédente, l’Empereur Constantin XI Paléologue et ses sujets, Grecs et Latins réunis, avaient prié en commun dans Sainte-Sophie. Ensuite, chacun s’en est allé à son poste. Juste avant les premières lueurs de l’aube, les Turcs lancèrent leur attaque contre Constantinople, dernier bastion de l’ancien Empire byzantin. Cette « Polis », jadis très étendue, a été réduite à une population de 36.000 habitants. Pendant quelques petites heures, les défenseurs soutiennent l’assaut des janissaires puis, par une poterne de la muraille, ceux-ci parviennent à s’engouffrer dans la ville et à atteindre son centre. Les chrétiens succombent à la puissance musulmane. Les Ottomans sont sous le commandement de Mehmet II, qui vient de prendre le titre de « Mehmet le Grand », parce qu’il s’est rendu maître de la capitale byzantine.

La métropole est tombée mais quelques restes épars de l’ancien Empire byzantin continuent à se défendre bec et ongles contre les fidèles de Mohammed. D’une part nous avons la Morée byzantine dans le Péloponnèse qui résistera pendant six ans sous le commandement de Demetrios, un frère du dernier empereur. D’autre part, deux Etats du Pont Euxin (la Mer Noire), peuplé de Grecs dits « pontiques » (Pontiki), résistent aussi : Trébizonde et Theodoros.  A l’est du littoral méridional de la Mer Noire se trouve l’Empire de Trébizonde, qui existe depuis 1204, l’année où les chevaliers catholiques de la Quatrième Croisade ont pris Constantinople et l’ont pillée. L’Empire grec-byzantin survit alors en exil à Nicée et autour de cette vieille Cité grecque d’Asie Mineure. L’Empire de Trébizonde, lui, va tenir jusqu’en 1461. Le dernier empereur de Trébizonde, David Comnène (Komnenos) sera exécuté le 1 novembre 1463.

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La principauté de Theodoros se trouvait en Crimée, dans l’arrière-pays d’un littoral alors dominé par les Génois qui tenaient le port de Caffa (Theodosia pour les Grecs, Feodossia pour les Russes aujourd’hui). Cette principauté s’était constituée au 13ème siècle comme partie de la région byzantine de Cherson en Crimée, qui ne sera jamais une colonie génoise. Elle fut toujours étroitement liée à l’Empire de Trébizonde. Les habitants de Theodoros étaient un mélange de Grecs, de Goths de Crimée (qui parlaient toujours leur langue germanique), d’Alains et de Karaïmes (variante très particulière du judaïsme). Tous cependant se servaient du grec comme langue véhiculaire et avaient adopté la religion grecque-orthodoxe.

En mai 1475, les Ottomans prennent la ville de Caffa et chassent définitivement les Génois de la Crimée. Le tour de la principauté de Theodoros est venu : le Grand Vizir ottoman, commandant de l’armée, Ahmed Pacha, entame le siège de la capitale Mangup qui durera six mois. Les défenseurs ne capitulent qu’en décembre 1475. Ce morceau byzantin de la Crimée sera le dernier territoire indépendant qui relevait de l’Empire. Alexandre, le dernier Prince de Theodoros, appartenait à la dynastie grecque-arménienne des Gabras. Son sort sera pitoyable : il sera réduit en esclavage et mourra prisonnier à Constantinople.

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Revenons au 20ème siècle. Pendant la première guerre mondiale, les Français font distribuer en secret dans toute l’Anatolie des cartes d’une future République Pontique ou République du Pont. Les Grecs pontiques, habitants du littoral méridional de la Mer Noire se soulèvent en mai 1919. Au même moment, les puissances de l’Entente donnent le feu vert au premier ministre grec Eleftherios Venizelos pour qu’il envahisse l’Anatolie : il ne se passe pas un mois pour que les troupes grecques débarquent à Smyrne. D’autres puissances européennes débarquent également des troupes en Asie Mineure : les Italiens à Adalia (aujourd’hui Antalya) et les Français plus à l’est, en Cilicie. Tous veulent un morceau aussi gros que possible du gâteau anatolien.

Les Grecs pontiques descendent de la population de l’Empire de Trébizonde. Les insurgés de mai 1919 réclament la création d’un Etat grec pontique. Leur métropole, la ville portuaire de Trébizonde n’est pourtant pas habitée que par des Grecs pontiques ; il y a aussi des Arméniens et ceux-ci réclament la ville pour que la future Grande Arménie, dont ils rêvent, puisse disposer d’une fenêtre sur la Mer Noire. Venizelos déclare devant le Parlement d’Athènes qu’il ne voit aucun inconvénient à ce que la future Arménie prenne Trébizonde. Ilkomonos, Président de la Ligue nationale du Pont, déçu, critiquera sévèrement la Grèce pour cet abandon. L’Etat des Grecs du Pont ne sera qu’un rêve et une ébauche : il n’existera jamais, d’abord parce que Trébizonde et toute la région du Pont ont été attribués à la République d’Arménie lors du Traité de Sèvres en 1920. Ce sera un autre plan non réalisé : à la fin de l’année 1920, les troupes nationalistes turques battent et repoussent les Arméniens. Le rêve des Grecs du littoral méridional de la Mer Noire s’évanouit définitivement. Pire : le Traité de Lausanne de 1923, dont les clauses sont plus favorables aux Turcs que celles du Traité de Sèvres, prévoit un échange de population entre la Grèce et la Turquie. Après avoir vécu pendant plus de 3000 ans dans la région, les Grecs orthodoxes du Pont sont contraints de quitter leur pays. 300.000 d’entre eux sont évacués de force vers la Grèce, où la population autochtone ne les accueille pas de manière amicale parce qu’ils parlent un dialecte jugé bizarre et qu’on les prend pour des « demi-Turcs ».

Aujourd’hui encore, existent de par le monde des associations de Grecs pontiques qui se donnent pour but de cultiver leur héritage culturel.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°10/2015, http://www.zurzeit.at ).

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La « Megali Idea »

« Megali idea », la « Grande Idée », pour les Grecs, est l’union de toutes les régions peuplées de Grecs ethniques, la création d’une très grande Grèce. Cette idée s’est développée à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème : à cette époque, le Royaume de Grèce, qui, au départ, en 1832, ne comprenait qu’une infime partie des terres habitées par des Hellènes, s’était agrandi. En 1864, les Iles ioniennes autour de Corfou se joignent au royaume. En 1881, c’est au tour de la Thessalie. En 1913, les Grecs héritent de la Crète et de la Macédoine. Lors des traités de la région parisienne de 1919, le premier ministre grec Venizelos réclame l’annexion de toute la Thrace, y compris Constantinople, qui ne serait plus la capitale ottomane d’Istanbul. Constantinople serait reconquise, rêve de tous les patriotes grecs. Venizelos demande aussi le retour à la mère –patrie de toutes les îles de l’Egée, la région de Smyrne sur la côte occidentale de l’Anatolie jusqu’à l’actuelle Antalya, une bande territoriale de 400 km de long et de 50 km de profondeur sur la côte méridionale de la Mer Noire (le territoire peuplé de Grecs pontiques) et, enfin, Chypre.

Le Traité de Sèvres ne satisfait pas les Grecs. Ils reçoivent certes toute la Thrace, sauf Istanbul. Egalement les îles de l’Egée, à l’exception de l’archipel du Dodécanèse, autour de Rhodes, donné à l’Italie, et la région de Smyrne. Le littoral méridional de la Mer Noire reste turc. Les Anglais ne cèdent évidemment pas Chypre, car l’île est un élément stratégiquement trop important sur la route des Indes. Après l’échec de leur campagne d’Anatolie et le Traité de Paix de Lausanne, les Grecs perdent la Thrace orientale et la région de Smyrne. La « Megali idea » appartenait au passé.

EKL.

De pyrrhusoverwinning van SYRIZA

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De pyrrhusoverwinning van SYRIZA

Ex: http://www.solidarisme.be

“Als we nog één veldslag winnen, gaan we (eraan) ten onder!” Dat antwoordde de Griekse koning Pyrrhus in 279 v. Chr. na een zoveelste moeizame overwinning op de Romeinen. Vandaag ziet het ernaar uit dat Alexis Tsipras, de nieuwe Griekse premier, goed op weg is een nieuwe betekenis te geven aan het begrip dat sindsdien bekend staat als “pyrrhusoverwinning”.

De verkiezingsoverwinning van Tsipras lijkt wel de kroniek van een aangekondigde dood. Herinnert u zich nog dat hij eind januari met veel bombarie de samenwerking met de gehate Trojka (Europese Commissie, Europese Centrale Bank en Internationaal Monetair Fonds) opgezegde? Wel, amper een maand later, op 20 februari, had zijn minister van Financiën al een akkoord met diezelfde Trojka bereikt. Met andere woorden, de samenwerking is al hervat nog voor ze goed en wel was opgezegd. “We hebben een veldslag gewonnen, maar nog niet de oorlog”, zei Tsipras, van wie niet kan worden gezegd dat hij ook de eerlijkheid van Pyrrhus heeft. Als een verlenging van het bestaande(!) noodpakket al een gewonnen veldslag wordt genoemd, is het duidelijk dat Tsipras’ “oorlog” erin alleen in bestaat om Griekenland koste wat kost in de eurozone te houden.

Minister van Financiën Yanis Varoufakis noemde het akkoord dat hij had bereikt met de Trojka (in de hoedanigheid van de Eurogroep) “een kleine stap in de juiste richting”. Waaruit die (mars)richting dan wel bestaat? Toch niet de verkiezingsbeloften van het uiterst-linkse SYRIZA, waarvoor Tsipras en hijzelf verkozen zijn? De enige overwinning die ze op hun conto kunnen schrijven, bestaat erin dat de voorwaarden van het (bestaande) noodpakket versoepeld zijn en de Grieken een “alternatief” besparingsplan mogen opstellen. Daarmee vervallen onder meer de verplichting van de Trojka om de lonen en pensioenen te verlagen (maar dat betekent nog geen verhoging!) alsook die om de btw op voeding en geneesmiddelen te verhogen (maar dat betekent nog geen verlaging!). Met andere woorden: het was al slecht en het zal even slecht blijven. Er verandert gewoon niets. Het status-quo wordt verlengd. Griekenland blijft aan het kredietinfuus liggen en zal dat krediet met rente en sociale rampen dubbel en dik moeten terugbetalen.

Wel veranderd zijn de woorden “Trojka”, “memorandum” en “crediteurs”, die in de tekst van de Eurogroep werden geschrapt en vervangen door “instellingen”, “akkoord” en “partners”. Zo luidt het in de open brief van een ontgoochelde Manolis Glezos, Europees parlementslid voor Syriza en verzetsheld uit de Tweede Wereldoorlog (cf. “SYRIZA Begins to Crack: ‘Legendary’ SYRIZA MEP Apologises to the Greek People for Their Deception”, XA Ameriki, 23 februari 2015). De hele maskerade, een typisch staaltje van politiek-correcte taalmanipulatie, kan echter niet verhullen dat alvast een heleboel verkiezingsbeloften van Syriza niet ingelost zullen worden. Zo zal het minimumloon niet worden verhoogd tot 751 euro en evenmin de privatiseringsgolf van de vorige regering teruggedraaid. Zelfs nieuwe privatiseringen worden helemaal niet uitgesloten, hooguit zullen ze voortaan aan een uitvoerige beoordeling onderworpen worden. Dat was tot nog toe niet het geval in het door corruptie geplaagde Griekenland. Griekenland blijft dus een land onder Europese curatele, waar inspecteurs van de Trojka, excuseer, “instellingen” de besparingen zullen superviseren. Een land dat van zijn nationale soevereiniteit enkel nog de soevereine schuld overhoudt.

Het probleem met verkiezingen in Griekenland of elders is natuurlijk dat kiezers zich steeds weer blindstaren op beloftes van de burgerlijke partijen (die niet het volk als geheel, maar fracties van de burgerij vertegenwoordigen). Ze hebben meestal niet het flauwste benul van hoe die beloftes verwezenlijkt moeten worden. De verkiezingen zijn zelf ook een maskerade, omdat ze de illusie voeden dat de sociale hiërarchie zichzelf periodiek even opheft, kan worden geteld en opnieuw uitgevonden. Daar is natuurlijk niets van aan. SYRIZA is niet alleen op vlak van kiezersbedrog in hetzelfde bedje ziek als de andere partijen, maar ook dwaas als het oprecht geloofde dat verkiezingen genoeg zijn om een verandering van de machtsverhoudingen te bewerkstelligen. De sociale hiërarchie blijft immers wat ze is: een hiërarchie van geldgevers en geldnemers, schuldeisers en schuldenaars. Hét kiezersbedrog dat in de sterren geschreven stond, was natuurlijk de onmogelijke belofte van SYRIZA om Griekenland in de Eurozone te houden en tegelijk het door diezelfde Eurozone opgelegde besparingsbeleid af te wijzen. Gezien de trotskistische, internationalistische en eurocommunistische achtergronden van die partij hoeft dat niet te verbazen. Zo hielden Tsipras en ECB-voorzitter Mario Draghi in juni vorig jaar al topoverleg als “internationalisten” onder elkaar. Een andere ogenschijnlijke eigenaardigheid is dat Syriza banden zou hebben met het Institute for New Economic Thinking (INET) van George Soros, de superspeculant van joodse komaf die al langer protestbewegingen financiert in Oost- en nu dus ook Zuid-Europa (cf. “Wie sich George Soros als Euro-Retter inszeniert”, Wirtschaftswoche, 14 februari 2013).

Het moge duidelijk zijn dat SYRIZA zonder stappenplan aan zijn “revolutie” begonnen is. De eerste stap die de partij zou moeten zetten is natuurlijk uit de Eurozone treden en naar de drachme terugkeren. Die laatste kan dan tegen een voordelige wisselkoers (of zelfs meervoudige wisselkoers) de uitvoer aanzwengelen om de handelsbalans te versterken. De eerste stap naar een sociale revolutie is dus een nationale revolutie door een herbevestiging van de staat in zijn hoedanigheid van uitvoerende macht. De publieke opinie in de EU-landen, zelfs in Griekenland, is de afgelopen jaren echter zodanig bang gemaakt voor de mogelijke gevolgen van een euro-exit dat ze blind is geworden voor de rampzalige werkelijkheid van de euro in Griekenland zelf. Natuurlijk is uit Eurozone treden alleen niet genoeg, maar het is wel de eerste stap. Wie het geldwezen – en dus ook de kapitaalvorming en het kapitaalverkeer – op een andere leest wil schoeien kan dat immers niet doen zonder een eigen betaalmiddel en een eigen, liefst genationaliseerde nationale bank.

Que savons-nous de ce qui s'est fait en notre nom en Libye ?

Que savons-nous de ce qui s'est fait en notre nom en Libye ?

Entretien avec Françoise Petitdemange

Ex: http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr


libye-2014-01-21-ENGL-1.jpgA l'initiative souveraine du président de la république française, Nicolas Sarkozy, la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne a donc été anéantie sous les bombes en 2011. Observatrice attentive des événements qu'elle commentait quotidiennement sur Internet, Françoise Petitdemange annonce la parution de son ouvrage "La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)". Elle répond ici à quelques questions...

Michel J. Cuny : En 1969, lors de la chute du roi Idriss 1er et de la prise de pouvoir par un groupe d'officiers unionistes libres, comment le gouvernement français avait-il réagi ?

Françoise Petitdemange : Georges Pompidou venait d'être élu à la présidence de la république, le 20 juin de cette année 1969, lorsque le 1er septembre, la Révolution a eu lieu en Libye. L'accueil qu'il fait aux jeunes révolutionnaires a été fort heureusement relaté par Guy Georgy qui s'apprêtait à devenir le premier ambassadeur de France dans la Libye révolutionnaire :

"Vous avez appris ce qui s'est passé ; on ne connaît pas encore les auteurs de ce coup d'Etat, mais il est probable que ce sont des nationalistes à la Nasser. Le monde arabe est en effervescence, la croissance démographique et le pétrole, la misère et la richesse insolente s'y côtoient, la soif de dignité et de justice est la nouvelle antienne du tiers-monde. La moitié de ces peuples ont moins de vingt-cinq ans et l'avenir n'est certainement pas aux rois, aux princes ni aux potentats de tout poil. Vous verrez ces jeunes gens. Vous les écouterez pour savoir ce qu'ils veulent, vous les jugerez avec sympathie, vous leur offrirez notre coopération. Il ne doit pas manquer de domaines où l'intérêt de nos deux pays puisse être complémentaire."

 

Michel J. Cuny : Dans quel domaine les intérêts de la Libye révolutionnaire et de la France de Georges Pompidou ont-ils pu, par exemple, se rejoindre ?

Françoise Petitdemange : Dès l'automne, pour défendre la jeune révolution, des pourparlers secrets ont été engagés, entre la France et la Libye, portant sur des avions "Mirage" de la firme Dassault. Très rapidement, les services secrets israéliens (le Mossad) révèlent l'affaire, aussitôt relayés dans les médias français. En février 1970, lors d'un voyage officiel du couple présidentiel français aux Etats-Unis, des manifestations accompagnent ses déplacements. Le 28, à Chicago, Georges et Claude Pompidou, conviés à un dîner offert par le Chicago Council of Foreign Relations et l'Alliance française, sont accueillis par un millier de manifestants de la diaspora juive : "Pompidou go home !" A l'issue du dîner, la foule est encore plus agressive. Le journaliste Vincent Nouzille raconte...

"Les services de sécurité et les gardes du corps sont débordés. Les cris fusent. Des manifestants pressent les Pompidou et leur crachent au visage."

 

Michel J. Cuny : La Libye révolutionnaire n'était donc ni une amie d'Israël, ni une amie des Etats-Unis en général... Pour quelles raisons ?

Françoise Petitdemange : A propos d'Israël, voici comment Muammar Gaddhafi devait répondre, lors d'un entretien accordé en avril 1983 à trois journalistes, Hamid Barrada (Africain), Marc Kravetz (Européen et Juif), Mark Whitaker (Etats-Unis), qui venaient d'évoquer la persécution des Juifs(ves) :

"Les Juifs, je le répète, ont été persécutés et pourraient l'être encore, c'est possible. Mais il est absolument certain qu'ils n'ont pas été touchés pendant les quatre mille ou cinq mille ans qu'ils ont vécu avec les Arabes. Voilà une vérité qui mérite d'être consignée dans les livres - et méditée." Alors, où est le problème ? Ici: "Tel est le credo des sionistes, consigné dans leurs écrits et illustré par leur comportement actuel. Périsse le monde entier pourvu qu'ils subsistent eux seuls et réalisent leur croyance fallacieuse, à savoir qu'ils sont le peuple élu."

En ce qui concerne les Etats-Unis, les membres du Comité central des Officiers Unionistes Libres, devenu le Conseil du Commandement de la Révolution avaient été intraitables. Les troupes états-uniennes, comme trois mois auparavant les troupes britanniques, avaient dû évacuer les bases militaires, le 30 juin 1970 au plus tard, mettant ainsi fin à la colonisation. Ce démantèlement avait été l'une des raisons majeures, pour les jeunes militaires et civils, de faire la révolution.

 

Michel J. Cuny : Comment définir la Jamahiriya Arabe Libyenne ?

Françoise Petitdemange : Le terme Jamahiriya, qui est un néologisme créé par Muammar Gaddhafi, veut dire "Etat des masses". Les éléments fondamentaux de cette structure sont les Congrès Populaires de Base (CPB) qui ont eu pouvoir décisionnel.

"Sont membres de droit des CPB tous les citoyens libres ayant 16 ans révolus ainsi que tous les ressortissants des pays arabes s'ils le désirent."

Les CPB (Congrès Populaires de Base) ont compétence pour...

"1 - Promulguer les lois dans les différents domaines... 2 - Etablir le plan de développement [économique et social] et le budget de l'Etat. 3 - Ratifier les traités et accords [signés] entre la JALPS [Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste] et les autres pays. 4 - Définir la politique [générale] dans tous les domaines. 5 - Déterminer les relations de la JALPS avec les autres pays. 6 - Fixer la position politique de la JALPS à l'égard des mouvements politiques dans le monde. 7 - Statuer en ce qui concerne la guerre et la paix. 8 - Former les Comités populaires et évaluer leur action, (leur demander des comptes)."

Les Comités Populaires de Base, quant à eux, ont la charge de mettre en application les décisions des Congrès Populaires de Base.

A l'échelle du pays, les Secrétaires délégués par les Congrès Populaires de Base, les Comités Populaires de Base, ainsi que par les Unions, Syndicats et Ligues professionnel(le)s, les Secrétaires du Comité Populaire Général, le Secrétariat Général du Congrès Général du Peuple se réunissent une ou deux fois par an, lors du Congrès Général du Peuple (CGP).

 

Michel J. Cuny : Cette démocratie directe, pleinement assumée sur le plan politique, se retrouvait-elle jusque dans la dimension économique ?

Françoise Petitdemange : Dès après la Révolution, Muammar Gaddhafi lit un "Communiqué"  à la radio libyenne. Parlant de la nouvelle Libye...

"Elle ira de l'avant sur le chemin de la liberté, de l'union et de la justice sociale, garan-tissant à tous ses fils le droit à l'égalité et ouvrant grand devant eux les portes d'un travail honnête, d'où seront bannies l'injustice et l'exploitation, où personne ne sera ni maître ni serviteur, où tous seront des frères libres, au sein d'une société qui verra régner, par la grâce de Dieu, la prospérité et l'égalité."

Dans l'Etat des masses, tout ce qui est fondamental pour l'être humain était assuré. Au moment du mariage, par exemple, chaque couple libyen recevait un logement gratuit (un appartement ou une maison) dont la superficie pouvait aller jusqu'à 160 mètres carrés. Pour les habitant(e)s, l'eau, l'électricité, le chauffage, à usage domestique, étaient gratuit(e)s. Le prix d'un litre de carburant était de 0,08 euro, etc...

Voilà tout ce que la France de Nicolas Sarkozy et du sioniste avéré Bernard-Henri Lévy a décidé de détruire.

 

"La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011)", Editions Paroles Vives, 542 pages, 29 € (port compris). Contact avec Françoise Petitdemange : fpetitdemange.mjcuny@orange.fr

 

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La trame de mon livre sur la Libye révolutionnaire

par Françoise Petitdemange  

     Le 1er Septembre 1969, le peuple libyen, qui s'apprête à partir au travail, apprend, par la radio, qu'une révolution a eu lieu à l'aube. La voix mystérieuse d'un homme lisant un Communiqué annonce que, désormais, la Libye est une République Arabe Libyenne...  « où personne ne sera ni maître ni serviteur ». [Page 19] Les premières manifestations de soutien viennent des faubourgs pauvres : « C'est le printemps qui paraît à notre porte. » [Page 23] Le mouvement s'étend... « Un extraordinaire cortège de femmes dévoilées défile dans Tripoli et vient apporter solennellement le témoignage de son appui à la révolution. » [Page 23]

     Quelques jours plus tard, l'équipe des douze jeunes Officiers Unionistes Libres, qui est devenue le CCR (Conseil du Commandement de la Révolution), nomme le Premier ministre, choisi en dehors d'elle, et chargé de constituer un gouvernement. Le 10 septembre, le Conseil des ministres annonce le doublement des salaires les plus modestes, la réduction des loyers de 30 à 40 %, et le placement des banques sous le contrôle du gouvernement, etc. : ce qui sera fait. Très vite, un programme de création de logements est lancé parce que le peuple vit dans des bidonvilles. Lorsque la journée d'école est finie pour les enfants, commencent, dans les classes, des cours du soir pour les adultes parce que le peuple est analphabète.

     Le CCR (Conseil du Commandement de la Révolution) dote la Libye d'une Constitution provisoire, en totale rupture avec la Constitution monarchique : elle est proclamée le 14 décembre 1969. En 1970, les bases militaires françaises, britanniques et états-uniennes sont démantelées et les troupes d'occupation sont conviées à déguerpir, avec armes et bagages, du sol libyen.

      En 1973, des CPB (Congrès Populaires de Base) sont constitués dans lesquels le peuple libyen peut décider quasiment de tout ; des CPB (Comités Populaires de Base) sont chargés de mettre en application les décisions. Le premier CGP (Congrès Général du Peuple) réunit un millier de personnes à Tripoli du 5 au 18 janvier 1976 ; il se réunira une nouvelle fois, du 13 au 24 novembre de la même année : les termes définissant la structure politique de la Libye, devenue la RALPS (République Arabe Libyenne Populaire Socialiste), y seront précisés. Par la suite, il se réunira une ou deux fois par an. Le CGP (Congrès Général du peuple) est destiné à définir les grandes options du développement à l'échelle du pays que le CPG (Comité Populaire Général) sera chargé de mettre en application durant l'année.

     Le 2 mars 1977, la RALPS devient la JALPS (Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste) ou Etat des masses. L'Etat des masses, c'est le peuple libyen se gouvernant lui-même, c'est la démocratie directe. Par sa structure horizontale appuyée sur l'ensemble de la population libyenne, il remet en cause la structure verticale des Etats bourgeois à tendance monarchique, comme celle de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, chapeautée par une infime minorité de personnes.

     En 1986, les CPB (Congrès Populaires de Base) élaborent de nouveaux textes législatifs sur « les biens mal acquis » et sur « la propriété foncière ». Concernant celle-ci... « La terre, en Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, n'est la propriété de personne, elle ne peut être l'objet de transaction ni de transfert de propriété. » [Page 208] La maison appartient à celui qui l'habite, tant qu'il l'habite et l'entretient. Il en est de même pour la ferme et la terre y afférente : la ferme appartient à celui qui l'habite et l'entretient et la terre appartient à celui qui la cultive tant qu'il la cultive, dans le cadre de l'usage familial, c'est-à-dire sans exploitation du travail de quelqu'un, extérieur à la famille, qui serait salarié. Il en est de même pour toutes les branches professionnelles. Dans la société socialiste, il n'y a pas de salarié(e)s mais des associé(e)s : le revenu du travail appartient à celui-celle qui travaille et ne peut donc provenir d'une production faite au profit d'un tiers.

     Durant ces 42 années, de 1969 à 2011, des relations s'établissent entre la Libye et les autres pays africains, bien sûr, mais aussi entre la Libye et les autres pays dans le monde : la France, la Yougoslavie puis les pays des Balkans, l'URSS puis la Russie, l'Irak, la Syrie, le Qatar, l'Arabie saoudite, Cuba, l'Argentine, l'Iran, le Venezuela, etc. Non, la Libye n'est pas un pays isolé sur le plan international.

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     Les 8 et 9 septembre 1999, Muammar Gaddhafi, par sa Déclaration de Syrte (Libye), impulse un nouveau souffle à l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine), créée en 1963, qui devient l'UA (Union Africaine). Celle-ci s'appuiera sur les principes suivants : « - l'égalité entre les Etats membres de l'Union, - l'autorité entre les mains des peuples » ; « - l'union s'engage à défendre le continent sur terre, mer et dans les airs ». [Page 373] A Syrte, les objectifs, qui sont énumérés, sont destinés à être concrétisés par les institutions telles que le Congrès africain, la Banque centrale africaine, le Fonds monétaire africain, etc.

     Lors du Sommet de l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) qui a lieu moins d'un an plus tard, du 10 au 12 juillet 2000, à Lomé (Togo), Muammar Gaddhafi relance un projet proposé en 1924, visant à réaliser... « Un ensemble, dit-il, que l'on appellera les Etats-Unis d'Afrique. C'est la solution historique pour le continent. La solution à la guerre et au sous-développement. A mon sens, je pense que l'Afrique n'est absolument pas un continent pauvre. Il n'a peut-être pas de liquidités, mais il a des ressources et des matières premières. Je considère l'Afrique comme un continent riche. » [Pages 380-381] La même année, une Conférence Mondiale est organisée sur la monnaie commune africaine: le Dinar-or.

    Libyexxxxcccvv.jpg La « Troisième guerre du Golfe », menée par les Anglo-Saxons contre l'Irak, commence le 20 mars 2003 ; Bagdad tombe le 9 avril ; la guerre s'achève officiellement le 1er mai ; le chantage « Pétrole » (à moindre prix) « contre Nourriture » (surfacturée), qui sera à l'origine de la mort de 1,5 million d'Irakiens et d'Irakiennes dont 500.000 enfants, ne prendra fin que le 21 novembre à minuit. Saddam Hussein sera arrêté dans la nuit du 13 au 14 décembre : il sera humilié et maltraité en violation complète du droit international et des droits de l'Homme... Après un procès bâclé, de juillet 2004 à décembre 2006, un procès des plus iniques avec menaces de mort à l'appui sur les avocats de la défense, il sera, non pas fusillé comme il en avait fait la demande, mais pendu le 30 décembre.

     Lors du Sommet de l'UA (Union Africaine) d'Accra (Ghana) qui se tient du 1er au 3 juillet 2007, les chefs des Etats africains et le Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, se déclarent... « Conscients de la nécessité d'associer les populations et la diaspora africaines au processus d'intégration économique et politique de notre continent afin que l'Union africaine soit une Union des peuples et non une simple « Union des Etats et des gouvernements ». » [Page 441]

     Petite parenthèse à l'échelle du monde... Muammar Gaddhafi est invité à Paris, du 10 au 15 décembre 2007 ; aussitôt, les médias-menteurs se déchaînent, les “socialistes” sont furieux... Les droits de l'homme ? Nicolas Sarkozy se sent obligé de dire qu'il en a été question dans les conversations. Mais le Guide révolutionnaire, qui reçoit dans sa tente, déclare, le 11, tout à fait sereinement : « Tout d'abord, nous n'avons pas évoqué, moi et le président Sarkozy, ces sujets. » [Page 455] Quelques temps plus tard, lors d'une intervention à l'Unesco, il remettra à leur place les fanatiques de cette violence bourgeoise : « Avant de parler des droits de l'homme, il faut vérifier que les immigrés en bénéficient, chez vous, de ces droits. » [Page 456]

     Le 23 septembre 2009, Muammar Gaddhafi s'exprime devant l'Assemblée générale de l'ONU, à New York. A propos de la Charte, le voici soulevant un problème majeur : « Le Préambule est très attrayant, et personne n'a rien à y redire, mais toutes les dispositions qui viennent ensuite contredisent complètement le Préambule. » [Page 471]

     Après cela, Muammar Gaddhafi profite du déplacement dans cette partie du globe pour rendre visite à Hugo Chávez au Venezuela. Le 27 septembre, il prononce un discours au Sommet Afrique-Amérique du Sud : « Nous avons l'espoir que le prochain sommet qui se tiendra, je pense, en Libye, en 2011, verra la situation de nos peuples s'améliorer grâce aux efforts communs qui seront accomplis sous la direction de notre frère révolutionnaire Chávez. Pendant ces deux années, nos peuples devraient faire des réalisations matérielles et morales sur tous les plans. » [Page 482]

      Le 14 décembre 2010, lors du 3ème Festival mondial des arts nègres, Muammar Gaddhafi, qui est bien placé pour savoir ce qui se prépare autour de la caverne Afrique où les quarante voleurs s'apprêtent à revenir en force, met en garde les populations... « Nous sommes en train de vivre un nouvel assujettissement », car l'Afrique est comme « une proie que tous les loups de par le monde veulent dévorer ». [Page 486] « A bas l'impérialisme ! L'Afrique doit s'unir, pour qu'on ne redevienne pas des serfs ou des esclaves. Il faut mettre en place un gouvernement d'union pour le continent africain, que l'Afrique ait une seule armée (...) qui se composerait d'un million de soldats. » [Page 487]

     Après la déstabilisation de la Côte d'Ivoire début décembre 2010, de la Tunisie en janvier 2011 et de l'Egypte en février, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis attaquent militairement la Libye et la Syrie, le 19 mars 2011, soit huit ans, presque jour pour jour, après l'attaque de l'Irak (20 mars 2003) qui devait s'achever par l'assassinat politique crapuleux de Saddam Hussein. Pour la Libye, l'attaque se fera dans le ciel, par la mer et sur la terre.

     Durant sept mois, du 19 mars au 31 octobre, les trois chefs d'Etat criminels, relayés par l'Otan, vont utiliser un arsenal considérable dont des ADM (Armes de Destruction Massive), bombes à ogives fabriquées à l'uranium appauvri et phosphore blanc, contre une population de... 6 millions d'habitant(e)s. Au nom des droits de l'Homme...

     Au mépris des interventions de l'UA (Union Africaine), des chefs de tribus et du peuple libyen, les trois chefs d'Etat criminels et les tueurs en masse de l'Otan, comme le commandant Charles Bouchard, boucher génocidaire du peuple libyen, vont faire assassiner, sous les bombes, des hommes, des femmes, des enfants. Alors que le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, et le commandant Charles Bouchard affirmaient ne pas attaquer les civils, voici ce que valent leurs paroles...

     Le 25 avril, l'Otan bombarde, pour la troisième fois depuis le début de cette guerre, la caserne Bab Al Azizia, résidence du Guide révolutionnaire et de sa famille ; dans la nuit du 29 au 30 avril, l'Otan attaque la résidence de Seïf al-Arab, 29 ans, le plus jeune fils de Muammar et de Safia Gaddhafi qui jouait avec trois de leurs petits-enfants : ils sont tous tués. L'un des révolutionnaires du 1er septembre 1969, Khouildi El Hamidi, est le seul rescapé des bombardements, à huit reprises, de sa villa, effectués par l'Otan, le dimanche 20 juin, à 1 heure 45 du matin ; son fils, Khaled, de retour à la maison, après avoir rencontré deux amis en ville pour évoquer les événements dans leur pays, constate, en arrivant à proximité de la maison de son père, que celle-ci est en ruines, que sa femme, âgée de 34 ans, Safa, enceinte, et ses deux enfants, Khewldy (qui avait tout juste fêté ses 3 ans dans l'après-midi), et sa sœur, Khalida, 4-5 ans, ainsi que d'autres membres de la famille, des personnes qui avaient aidé au service lors de la fête, des enfants du village, viennent d'être déchiqueté(e)s, dans leur sommeil, par les bombes occidentales. Et combien de familles comme celle de Khouildi et Khaled... anéanties par les chefs d'Etat français, britannique, états-unien qui se disent et se croient civilisés. Le 7 novembre, Khaled El Hamidi confirmera le carnage effectué par les mercenaires aux ordres des troupes spéciales occidentales : « A Syrte, ils ont tué près de 1.000 membres de la tribu de Kadhafi. » [Page 500] 

     Le 20 octobre, Muammar Gaddhafi et son fils Moatassem Billah, ainsi qu'un autre des compagnons de la Révolution du 1er Septembre 1969, Abou Bakr Younis Jaber, qui était le seul homme noir du groupe, sont lynchés et assassinés d'une façon effroyable, selon des méthodes barbares : crimes qui n'ont pu être perpétrés que suivant des recommandations qui ont été données, aux tortionnaires, par les chefs d'Etat français, britannique et états-unien. Ces derniers, et leurs mauvais génies comme Polichinelle (BHL) et Hillary Clinton, doivent répondre de leurs guerres et de leurs crimes devant des tribunaux afin que justice soit rendue à ces peuples martyrisés. En Yougoslavie, en Irak, en Libye, en Syrie, etc., la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis auraient perdu le peu d'honneur qu'il leur restait, s'il leur en était resté...

     La contre-révolution de février, doublée de la guerre coloniale, de mars à octobre 2011, contre la Libye, a été tournée, manifestement et réellement, contre la Révolution du 1er Septembre 1969, contre le peuple libyen, contre les autres peuples africains, mais aussi, indirectement... contre les peuples européens, américains, chinois, russes, etc. La grande bourgeoisie de la finance internationale vient de montrer, une fois encore, et continue de montrer, jour après jour, ce dont elle est capable, en tirant les ficelles de ces pantins, chefs d'Etat des trois pays occidentaux les plus belliqueux, contre tous les peuples du monde. Ne pouvant établir leur dictature bourgeoise en Libye, ils ont semé le chaos.

     Combien de mort(e)s en Libye ? Tabou !

jeudi, 26 mars 2015

Menaces sur les croisières en Méditerranée

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MENACES SUR LES CROISIÈRES EN MÉDITERRANÉE
 
Derrière les barbares, les barbaresques!

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

Ce sont des croisiéristes à terre qui ont été attaqués en Tunisie. Mais comment ne pas se demander, si les croisières elle-même, en méditerranée notamment, ne seront pas bientôt des cibles. Cette hypothèse est de plus en plus évoquée par les spécialistes de la sécurité, même si elle n’est pas médiatisée pour ne pas provoquer d’affolement.


Ce sont des amiraux, ayant eu de hautes fonctions dans l'Otan, cités par Le Point, qui ont pointé du doigt la menace. «Si j'avais un yacht de plaisance et l'intention de naviguer cet été en Méditerranée, je serais inquiet pour ma sécurité», a ainsi déclaré l'amiral britannique Chris Parry. «Les côtes italiennes, les rivages européens les plus proches de la Libye, vont devenir des endroits à haut risque», a renchéri l'amiral américain Jim Stavridis. Pour lui, il n'y a aucune raison pour que la Méditerranée ne devienne pas, après l'océan Indien, le golfe de Guinée ou le détroit de Malacca, un nouveau terrain d'action pour la piraterie.


C’est vraie, il n’y a aucune raison, surtout finalement que ce ne serait que revenir à une situation antérieure. Retour possible donc à la case piraterie barbaresque. La prise d'esclaves serait simplement remplacée par la prise d’otages.


Barbaresque est un terme qui désignait les pirates opérant dans le bassin méditerranéen après la conquête musulmane. La durée de leur activité en mer Méditerranée est telle qu'elle peut être décrite depuis les premiers temps de l'Islam, alors associée à la conquête musulmane sur le continent européen, qui, une fois la péninsule ibérique prise, se prolonge par des incursions en Septimanie jusqu'à des prises de villes en Provence.


C'est par la seconde phase de l'ère coloniale que les puissances européennes vont mettre fin aux raids des pirates barbaresques, opérant depuis des cités de la côte sud de la Méditerranée, entre-temps passées sous domination ottomane.


Sur le plan géographique, le terme barbaresque correspond approximativement à l'aire du Maghreb actuel, connue sous le nom de côte des Barbaresques ; sur le plan historique, les siècles barbaresques recouvrent la période ottomane qui, pour l'Algérie par exemple, court de 1516, année de l'arrivée des frères Barberousse à Alger, à 1830 ; sur le plan démographique, le barbaresque désigne aussi bien les corsaires et marins originaires de cette aire géographique que les habitants du Maghreb.


Ce terme peu précis est péjoratif, à l'instar du terme sarrasin qui désignait aussi bien, au Moyen Âge européen, les Arabes que les Berbères d'Espagne. Il évoquait la réalité du sort très peu enviable fait aux chrétiens victimes de la traite des esclaves de Barbarie qui tombaient entre les mains des pirates lors des razzias et finissaient leur vie comme esclaves ou dans les bagnes d'Alger ou de Tunis. Un pan de l’esclavage peu mis en évidence, on se demande bien pourquoi ?


Au tout début du XVIème siècle, Khayr ad-Din Barberousse, amiral de l'Empire ottoman, est utilisé par François Ier dans sa lutte contre l'Italie Cependant, à la suite de l'échec de cette politique et de la Bataille de Lépante, les puissances européennes sont progressivement confrontées à l'impossibilité de naviguer en Méditerranée, soit à cause de rançonnement des marchandises, ou bien à cause de la prise d'esclaves, parfois rachetés.


Aussi, de nombreuses batailles navales ont lieu comme la Bataille du cap Celidonio en 1608 suivie d'une autre en 1616, la Bataille de Valona en 1638, le Bataille de Cherchell en 1665, la Bataille de Bougie en 1671. En France, Colbert entreprend de les combattre méthodiquement à partir de 1662.


Parallèlement, des ordres religieux comme les Trinitaires ou l'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, déjà fondés depuis plusieurs siècles, tentent de racheter des esclaves chrétiens, aide qui s'intensifiera sous Louis XIV, libérant des centaines de prisonniers après parfois des décennies de captivité. Mais l'immense majorité reste captive: 600 000 à 1 000 000 au Maghreb sur la période 1530-1640.


Cette période prendra fin avec la prise de contrôle hégémonique des puissances européennes correspondant à la seconde phase de l'ère coloniale, au cours de laquelle ces pays installent sur les pays du Maghreb une tutelle coloniale. Associés à ces opérations militaires, les États-Unis connaissent deux épisodes de leur histoire militaire navale dénommés : "guerre de la côte des barbaresques" (Première guerre barbaresque), (1801–1805) et Seconde guerre barbaresque (1815). Ces opérations restent dans la mémoire comme un des premiers faits d'armes du corps des Marines.


Alors bien sûr pas d’amalgame…. Mais tout de même avec ce qui se passe, on a  le droit de se dire que la pax  européa imposée par la colonisation qui n’avait pas que des mauvais côtés, est aujourd’hui en danger et avec elle notre manière de vivre, ce qui inclut le tourisme et…. les croisières.


Le danger est réel …. Et le temps des barbaresques pirates musulmans n’est pas si ancien.

lundi, 16 mars 2015

Israel, Gaza, and Energy Wars in the Middle East

Tomgram: Michael Schwartz, Israel, Gaza, and Energy Wars in the Middle East
 
Ex: http://www.tomdispatch.com

oil-in-gaza.jpgTalk of an oil glut and a potential further price drop seems to be growing. The cost of a barrel of crude now sits at just under $60, only a little more than half what it was at its most recent peak in June 2014. Meanwhile, under a barrel of woes, economies like China's have slowed and in the process demand for oil has sagged globally. And yet, despite the cancellation of some future plans for exploration and drilling for extreme (and so extremely expensive) forms of fossil fuels, startling numbers of barrels of crude are still pouring onto troubled waters.  For this, a thanks should go to the prodigious efforts of "Saudi America" (all that energetic hydraulic fracking, among other things), while the actual Saudis, the original ones, are still pumping away.  We could, in other words, have arrived not at "peak oil" but at "peak oil demand" for at least a significant period of time to come.  At Bloomberg View, columnist A. Gary Shilling has even suggested that the price of crude could ultimately simply collapse under the weight of all that production and a global economic slowdown, settling in at $10-$20 a barrel (a level last seen in the 1990s).

And here's the saddest part of this story: no matter what happens, the great game over energy and the resource conflicts and wars that go with it show little sign of slowing down.  One thing is guaranteed: no matter how low the price falls, the scramble for sources of oil and the demand for yet more of them won't stop.  Even in this country, as the price of oil has dropped, the push for the construction of the Keystone XL pipeline to bring expensive-to-extract and especially carbon-dirty Canadian "tar sands" to market on the U.S. Gulf Coast has only grown more fervent, while the Obama administration has just opened the country's southern Atlantic coastal waters to future exploration and drilling.  In the oil heartlands of the planet, Iraq and Kurdistan typically continue to fight over who will get the (reduced) revenues from the oil fields around the city of Kirkuk to stanch various financial crises.  In the meantime, other oil disputes only heat up.

Among them is one that has gotten remarkably little attention even as it has grown more intense and swept up ever more countries.  This is the quarter-century-old struggle over natural gas deposits off the coast of Gaza as well as elsewhere in the eastern Mediterranean.  That never-ending conflict provides a remarkable and grim lens through which to view so many recent aspects of Israeli-Palestinian relations, and long-time TomDispatch regular Michael Schwartz offers a panoramic look at it here for the first time.

By the way, following the news that 2014 set a global heat record, those of us freezing on the East Coast of the U.S. this winter might be surprised to learn that the first month of 2015 proved to be the second hottest January on record.  And when you're on such a record-setting pace, why stop struggling to extract yet more fossil fuels? Tom

The Great Game in the Holy Land
How Gazan Natural Gas Became the Epicenter of An International Power Struggle

By Michael Schwartz

Guess what? Almost all the current wars, uprisings, and other conflicts in the Middle East are connected by a single thread, which is also a threat: these conflicts are part of an increasingly frenzied competition to find, extract, and market fossil fuels whose future consumption is guaranteed to lead to a set of cataclysmic environmental crises.

Amid the many fossil-fueled conflicts in the region, one of them, packed with threats, large and small, has been largely overlooked, and Israel is at its epicenter. Its origins can be traced back to the early 1990s when Israeli and Palestinian leaders began sparring over rumored natural gas deposits in the Mediterranean Sea off the coast of Gaza. In the ensuing decades, it has grown into a many-fronted conflict involving several armies and three navies. In the process, it has already inflicted mindboggling misery on tens of thousands of Palestinians, and it threatens to add future layers of misery to the lives of people in Syria, Lebanon, and Cyprus. Eventually, it might even immiserate Israelis.

Resource wars are, of course, nothing new. Virtually the entire history of Western colonialism and post-World War II globalization has been animated by the effort to find and market the raw materials needed to build or maintain industrial capitalism. This includes Israel's expansion into, and appropriation of, Palestinian lands. But fossil fuels only moved to center stage in the Israeli-Palestinian relationship in the 1990s, and that initially circumscribed conflict only spread to include Syria, Lebanon, Cyprus, Turkey, and Russia after 2010.

The Poisonous History of Gazan Natural Gas

Back in 1993, when Israel and the Palestinian Authority (PA) signed the Oslo Accords that were supposed to end the Israeli occupation of Gaza and the West Bank and create a sovereign state, nobody was thinking much about Gaza's coastline. As a result, Israel agreed that the newly created PA would fully control its territorial waters, even though the Israeli navy was still patrolling the area. Rumored natural gas deposits there mattered little to anyone, because prices were then so low and supplies so plentiful. No wonder that the Palestinians took their time recruiting British Gas (BG) -- a major player in the global natural gas sweepstakes -- to find out what was actually there. Only in 2000 did the two parties even sign a modest contract to develop those by-then confirmed fields.

BG promised to finance and manage their development, bear all the costs, and operate the resulting facilities in exchange for 90% of the revenues, an exploitative but typical "profit-sharing" agreement. With an already functioning natural gas industry, Egypt agreed to be the on-shore hub and transit point for the gas. The Palestinians were to receive 10% of the revenues (estimated at about a billion dollars in total) and were guaranteed access to enough gas to meet their needs.

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Had this process moved a little faster, the contract might have been implemented as written. In 2000, however, with a rapidly expanding economy, meager fossil fuels, and terrible relations with its oil-rich neighbors, Israel found itself facing a chronic energy shortage. Instead of attempting to answer its problem with an aggressive but feasible effort to develop renewable sources of energy, Prime Minister Ehud Barak initiated the era of Eastern Mediterranean fossil fuel conflicts. He brought Israel's naval control of Gazan coastal waters to bear and nixed the deal with BG. Instead, he demanded that Israel, not Egypt, receive the Gaza gas and that it also control all the revenues destined for the Palestinians -- to prevent the money from being used to "fund terror."

With this, the Oslo Accords were officially doomed. By declaring Palestinian control over gas revenues unacceptable, the Israeli government committed itself to not accepting even the most limited kind of Palestinian budgetary autonomy, let alone full sovereignty. Since no Palestinian government or organization would agree to this, a future filled with armed conflict was assured.

The Israeli veto led to the intervention of British Prime Minister Tony Blair, who sought to broker an agreement that would satisfy both the Israeli government and the Palestinian Authority. The result: a 2007 proposal that would have delivered the gas to Israel, not Egypt, at below-market prices, with the same 10% cut of the revenues eventually reaching the PA. However, those funds were first to be delivered to the Federal Reserve Bank in New York for future distribution, which was meant to guarantee that they would not be used for attacks on Israel.

This arrangement still did not satisfy the Israelis, who pointed to the recent victory of the militant Hamas party in Gaza elections as a deal-breaker. Though Hamas had agreed to let the Federal Reserve supervise all spending, the Israeli government, now led by Ehud Olmert, insisted that no "royalties be paid to the Palestinians." Instead, the Israelis would deliver the equivalent of those funds "in goods and services."

This offer the Palestinian government refused. Soon after, Olmert imposed a draconian blockade on Gaza, which Israel's defense minister termed a form of "'economic warfare' that would generate a political crisis, leading to a popular uprising against Hamas." With Egyptian cooperation, Israel then seized control of all commerce in and out of Gaza, severely limiting even food imports and eliminating its fishing industry. As Olmert advisor Dov Weisglass summed up this agenda, the Israeli government was putting the Palestinians "on a diet" (which, according to the Red Cross, soon produced "chronic malnutrition," especially among Gazan children).

When the Palestinians still refused to accept Israel's terms, the Olmert government decided to unilaterally extract the gas, something that, they believed, could only occur once Hamas had been displaced or disarmed. As former Israel Defense Forces commander and current Foreign Minister Moshe Ya'alon explained, "Hamas... hasconfirmed its capability to bomb Israel's strategic gas and electricity installations... It is clear that, without an overall military operation to uproot Hamas control of Gaza, no drilling work can take place without the consent of the radical Islamic movement."

Following this logic, Operation Cast Lead was launched in the winter of 2008. According to Deputy Defense Minister Matan Vilnai, it was intended to subject Gaza to a "shoah" (the Hebrew word for holocaust or disaster). Yoav Galant, the commanding general of the Operation, said that it was designed to "send Gaza decades into the past." As Israeli parliamentarian Tzachi Hanegbi explained, the specific military goal was "to topple the Hamas terror regime and take over all the areas from which rockets are fired on Israel."

Operation Cast Lead did indeed "send Gaza decades into the past." Amnesty International reported that the 22-day offensive killed 1,400 Palestinians, "including some 300 children and hundreds of other unarmed civilians, and large areas of Gaza had been razed to the ground, leaving many thousands homeless and the already dire economy in ruins." The only problem: Operation Cast Lead did not achieve its goal of "transferring the sovereignty of the gas fields to Israel."

More Sources of Gas Equal More Resource Wars

In 2009, the newly elected government of Prime Minister Benjamin Netanyahu inherited the stalemate around Gaza's gas deposits and an Israeli energy crisis that only grew more severe when the Arab Spring in Egypt interrupted and then obliterated 40% of the country's gas supplies. Rising energy prices soon contributed to the largest protests involving Jewish Israelis in decades.

As it happened, however, the Netanyahu regime also inherited a potentially permanent solution to the problem. An immense field of recoverable natural gas was discovered in the Levantine Basin, a mainly offshore formation under the eastern Mediterranean. Israeli officials immediately asserted that "most" of the newly confirmed gas reserves lay "within Israeli territory." In doing so, they ignored contrary claims by Lebanon, Syria, Cyprus, and the Palestinians.

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In some other world, this immense gas field might have been effectively exploited by the five claimants jointly, and a production plan might even have been put in place to ameliorate the environmental impact of releasing a future 130 trillion cubic feet of gas into the planet's atmosphere. However, as Pierre Terzian, editor of the oil industry journal Petrostrategies, observed, "All the elements of danger are there... This is a region where resorting to violent action is not something unusual."

In the three years that followed the discovery, Terzian's warning seemed ever more prescient. Lebanon became the first hot spot. In early 2011, the Israeli government announced the unilateral development of two fields, about 10% of that Levantine Basin gas, which lay in disputed offshore waters near the Israeli-Lebanese border. Lebanese Energy Minister Gebran Bassil immediately threatened a military confrontation, asserting that his country would "not allow Israel or any company working for Israeli interests to take any amount of our gas that is falling in our zone." Hezbollah, the most aggressive political faction in Lebanon, promised rocket attacks if "a single meter" of natural gas was extracted from the disputed fields.

Israel's Resource Minister accepted the challenge, asserting that "[t]hese areas are within the economic waters of Israel... We will not hesitate to use our force and strength to protect not only the rule of law but the international maritime law."

Oil industry journalist Terzian offered this analysis of the realities of the confrontation:

"In practical terms... nobody is going to invest with Lebanon in disputed waters. There are no Lebanese companies there capable of carrying out the drilling, and there is no military force that could protect them. But on the other side, things are different. You have Israeli companies that have the ability to operate in offshore areas, and they could take the risk under the protection of the Israeli military."

Sure enough, Israel continued its exploration and drilling in the two disputed fields, deploying drones to guard the facilities. Meanwhile, the Netanyahu government invested major resources in preparing for possible future military confrontations in the area. For one thing, with lavish U.S. funding, it developed the "Iron Dome" anti-missile defense system designed in part to intercept Hezbollah and Hamas rockets aimed at Israeli energy facilities. It also expanded the Israeli navy, focusing on its ability to deter or repel threats to offshore energy facilities. Finally, starting in 2011 it launched airstrikes in Syria designed, according to U.S. officials, "to prevent any transfer of advanced... antiaircraft, surface-to-surface and shore-to-ship missiles" to Hezbollah.

Nonetheless, Hezbollah continued to stockpile rockets capable of demolishing Israeli facilities. And in 2013, Lebanon made a move of its own. It began negotiating with Russia. The goal was to get that country's gas firms to develop Lebanese offshore claims, while the formidable Russian navy would lend a hand with the "long-running territorial dispute with Israel."

By the beginning of 2015, a state of mutual deterrence appeared to be setting in. Although Israel had succeeded in bringing online the smaller of the two fields it set out to develop, drilling in the larger one was indefinitely stalled "in light of the security situation." U.S. contractor Noble Energy, hired by the Israelis, was unwilling to invest the necessary $6 billion in facilities that would be vulnerable to Hezbollah attack, and potentially in the gun sights of the Russian navy. On the Lebanese side, despite an increased Russian naval presence in the region, no work had begun.

Meanwhile, in Syria, where violence was rife and the country in a state of armed collapse, another kind of stalemate went into effect. The regime of Bashar al-Assad, facing a ferocious threat from various groups of jihadists, survived in part by negotiating massive military support from Russia in exchange for a 25-year contract to develop Syria's claims to that Levantine gas field. Included in the deal was a major expansion of the Russian naval base at the port city of Tartus, ensuring a far larger Russian naval presence in the Levantine Basin.

While the presence of the Russians apparently deterred the Israelis from attempting to develop any Syrian-claimed gas deposits, there was no Russian presence in Syria proper. So Israel contracted with the U.S.-based Genie Energy Corporation to locate and develop oil fields in the Golan Heights, Syrian territory occupied by the Israelis since 1967. Facing a potential violation of international law, the Netanyahu government invoked, as the basis for its acts, an Israeli court ruling that the exploitation of natural resources in occupied territories was legal. At the same time, to prepare for the inevitable battle with whichever faction or factions emerged triumphant from the Syrian civil war, it began shoring up the Israeli military presence in the Golan Heights.

And then there was Cyprus, the only Levantine claimant not at war with Israel. Greek Cypriots had long been in chronic conflict with Turkish Cypriots, so it was hardly surprising that the Levantine natural gas discovery triggered three years of deadlocked negotiations on the island over what to do. In 2014, the Greek Cypriots signed an exploration contract with Noble Energy, Israel's chief contractor. The Turkish Cypriots trumped this move by signing a contract with Turkey to explore all Cypriot claims "as far as Egyptian waters." Emulating Israel and Russia, the Turkish government promptly moved three navy vessels into the area to physically block any intervention by other claimants.

As a result, four years of maneuvering around the newly discovered Levantine Basin deposits have produced little energy, but brought new and powerful claimants into the mix, launched a significant military build-up in the region, and heightened tensions immeasurably.

Gaza Again -- and Again

Remember the Iron Dome system, developed in part to stop Hezbollah rockets aimed at Israel's northern gas fields? Over time, it was put in place near the border with Gaza to stop Hamas rockets, and was tested during Operation Returning Echo, the fourth Israeli military attempt to bring Hamas to heel and eliminate any Palestinian "capability to bomb Israel's strategic gas and electricity installations."

Launched in March 2012, it replicated on a reduced scale the devastation of Operation Cast Lead, while the Iron Dome achieved a 90% "kill rate" against Hamas rockets. Even this, however, while a useful adjunct to the vast shelter system built to protect Israeli civilians, was not enough to ensure the protection of the country's exposed oil facilities. Even one direct hit there could damage or demolish such fragile and flammable structures.

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The failure of Operation Returning Echo to settle anything triggered another round of negotiations, which once again stalled over the Palestinian rejection of Israel's demand to control all fuel and revenues destined for Gaza and the West Bank. The new Palestinian Unity government then followed the lead of the Lebanese, Syrians, and Turkish Cypriots, and in late 2013 signed an "exploration concession" with Gazprom, the huge Russian natural gas company. As with Lebanon and Syria, the Russian Navy loomed as a potential deterrent to Israeli interference.

Meanwhile, in 2013, a new round of energy blackouts caused "chaos" across Israel, triggering a draconian 47% increase in electricity prices. In response, the Netanyahu government considered a proposal to begin extracting domestic shale oil, but the potential contamination of water resources caused a backlash movement that frustrated this effort. In a country filled with start-up high-tech firms, the exploitation of renewable energy sources was still not being given serious attention. Instead, the government once again turned to Gaza.

With Gazprom's move to develop the Palestinian-claimed gas deposits on the horizon, the Israelis launched their fifth military effort to force Palestinian acquiescence, Operation Protective Edge. It had two major hydrocarbon-related goals: to deter Palestinian-Russian plans and to finally eliminate the Gazan rocket systems. The first goal was apparently met when Gazprom postponed (perhaps permanently) its development deal. The second, however, failed when the two-pronged land and air attack -- despite unprecedented devastation in Gaza -- failed to destroy Hamas's rocket stockpiles or its tunnel-based assembly system; nor did the Iron Dome achieve the sort of near-perfect interception rate needed to protect proposed energy installations.

There Is No Denouement

After 25 years and five failed Israeli military efforts, Gaza's natural gas is still underwater and, after four years, the same can be said for almost all of the Levantine gas. But things are not the same. In energy terms, Israel is ever more desperate, even as it has been building up its military, including its navy, in significant ways. The other claimants have, in turn, found larger and more powerful partners to help reinforce their economic and military claims. All of this undoubtedly means that the first quarter-century of crisis over eastern Mediterranean natural gas has been nothing but prelude. Ahead lies the possibility of bigger gas wars with the devastation they are likely to bring.

Michael Schwartz, an emeritus distinguished teaching professor of sociology at Stony Brook University, is a TomDispatch regular and the author of the award-winning books Radical Protest and Social Structure andThe Power Structure of American Business (with Beth Mintz). His TomDispatch book, War Without End, focused on how the militarized geopolitics of oil led the U.S. to invade and occupy Iraq. His email address is Michael.Schwartz@stonybrook.edu.

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Copyright 2015 Michael Schwartz

vendredi, 13 mars 2015

L’avenir que Kadhafi avait prédit

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L’avenir que Kadhafi avait prédit

La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective

« Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre où il remettait en cause (à juste titre) la légitimité de ceux qui, à l’époque, cherchaient à renverser son gouvernement, en les qualifiant d’extrémistes, d’agents étrangers, de rats et de toxicomanes. On s’est moqué de lui, on l’a caricaturé, ridiculisé et diabolisé; une ignoble vidéo parodique tournant en dérision le leader libyen s’est propagée sur les réseaux sociaux; l’auteur de la vidéo, un Israélien, trouvait sans doute le mot libyen d’arabe courant « Zenga » (qui signifie une ruelle) si drôle qu’il l’a extrait de l’un des discours de Kadhafi, l’a mis en boucle sur un air de hip-hop et voilà* … il a fait un hit qui a été diffusé largement (et honteusement) avec un zèle « révolutionnaire » dans le monde arabe. Nous l’avons partagée, nous avons ri, il est mort.

Mais c’est nous qui faisons maintenant les frais de cette plaisanterie sanglante ; Kadhafi savait de quoi il parlait; dès le début, il a accusé les soi-disant rebelles libyens d’être sous l’influence de l’idéologie d’Al-Qaïda et de Ben Laden; personne ne l’a cru, évidemment, même pas un tout petit peu. Et pourquoi aurions-nous dû le croire? Après tout, n’était-il pas un vil dictateur obsédé par le sexe et déterminé à massacrer la moitié de la population libyenne tout en soumettant l’autre moitié à des viols collectifs à l’aide de ses mercenaires subsahariens shootés au Viagra? Au moins c’est ce que le cancer visuel qu’est la chaîne Al Jazeera nous serinait, tout comme sa collègue saoudienne, encore plus haineuse si possible, d’Al-Arabiya dans leur couverture d’une rare malhonnêteté de la brutale conquête de la Libye par l’OTAN. C’est vrai que Kadhafi s’habillait bizarrement; pourquoi ferait-on faire confiance à un despote excentrique, fantasque, vêtu de bouts d’étoffe bigarrées, lorsqu’on a avec soi des sionistes bien propres sur eux comme Bernard Henry Levy, John McCain et Hillary Clinton qui sourient en faisant le signe de la victoire sur les photos, pourquoi vraiment?

Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

La prolifération rapide de groupes terroristes à la gâchette facile et de factions djihadistes arrosés de pétrodollars en Libye n’a pas été due à une sorte d’échec des services secrets des gouvernements occidentaux ni à la simple conséquence du vide de pouvoir laissé par le meurtre de Kadhafi; non, c’était un calcul politique délibéré, une stratégie volontairement mise en œuvre par l’OTAN et ses alliés dans le Golfe réunis sous le sinistre sobriquet des « Amis de la Libye » (Coalition Internationale contre ISIS) pour faire de ce pays d’Afrique du nord le plus grand et du plus incontrôlable dépotoir d’armes, de militants d’Al-Qaïda et du commerce illégal d’hydrocarbures du monde.

On peut donc dire, sans risquer de se tromper, que la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a permis à l’OTAN de bombarder la Libye jusqu’à la réduire en miettes, a finalement porté ses fruits … et c’est un fruit complètement pourri, dont, en quelque sorte, le dernier assassinat horrible de 21 pêcheurs et travailleurs égyptiens par la branche libyenne de l’État Islamique est la pièce à conviction n° 1, sans parler bien sûr, de la myriade de meurtres quotidiens, des bombardements et de mini-guerres civiles qui sont maintenant le lot quotidien de l’ensemble du pays depuis que l’Occident a fomenté son coup d’Etat contre le gouvernement de Kadhafi. La « Libye » est devenue aujourd’hui synonyme d’anarchie et de mort. En la libérant, l’OTAN lui a fait l’inestimable cadeau d’un long avenir d’instabilité et de chaos.

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Dans une interview avec les médias occidentaux de désinformation collective que sont la BBC, ABC et le Sunday Times, en février 2011, feu Mouammar Kadhafi a dit à ses arrogants interviewers; « Avez-vous vu les agents d’Al-Qaïda? Avez-vous entendu toutes ces émissions djihadistes? C’est Al-Qaïda qui contrôle les villes de Al Baida et de Derna, des anciens détenus de Guantanamo et des extrémistes lâchés par l’Amérique pour terroriser le peuple libyen … « . Derna est maintenant le principal bastion d’ISIS en Libye.

Par une étrange coïncidence (ou une sorte d’ironie cosmique), la date à laquelle ISIS a choisi de diffuser sa vidéo de la décapitation des captifs égyptiens, déclarant ainsi officiellement sa présence dans le pays déchiré par la guerre avec trois champs de pétrole sous son contrôle, a marqué (de manière tout à fait appropriée) le 4e anniversaire du commencement de la soi-disant révolution libyenne le 15 février 2011; aucun « hommage » n’aurait mieux convenu à la commémoration de la débâcle causée par le changement de régime opéré par l’Occident en Libye.

Mais bien avant qu’ISIS ne fasse le buzz, tout de suite après la chute de l’ancien régime, la nature atroce de la Libye « révolutionnaire » s’est révélée dans toute son effroyable splendeur, quand les soi-disant rebelles ont commis, avec une perfection qui donne la chair de poule, tous les crimes dont Kadhafi avait faussement été accusé : massacres, bombardements aveugles de zones résidentielles, voitures piégées, arrestations massives, torture, vol du pétrole et des ressources nationales … toute la panoplie. En 2013, deux militantes britanniques pro-palestiniennes, en chemin vers la bande de Gaza avec un convoi d’aide humanitaire, ont fait l’expérience personnelle des fruits pourris du chapitre libyen du soi-disant printemps arabe, quand elles ont été enlevées par une bande de révolutionnaires libyens-devenus-seigneurs-de-guerre dans la ville de Benghazi et violées devant leur père.

Les partisans des interventions humanitaires doivent se donner des claques dans le dos de satisfaction maintenant que la Libye a achevé sa métamorphose démocratique d’un pays qui avait plus haut niveau de vie d’Afrique sous le régime de Kadhafi, au modèle typique d’état failli : une zone sans foi ni loi de fanatisme religieux, d’affrontements sanglants et de marché de gros de têtes coupées ; en fait la Libye est devenue si « démocratique » qu’elle dispose maintenant de deux parlements et de deux gouvernements (en guerre), chacun avec sa propre armée (de criminels) et soutenus par l’argent et les caches d’armes de puissances étrangères concurrentes, sans parler de la myriade de mouvements et de milices sécessionnistes auxquels le coup illégal contre Kadhafi a donné naissance dans tout le pays tandis que la gratuité des soins de santé, de l’éducation et de l’électricité, que les Libyens tenaient pour acquise sous le régime de Kadhafi, n’est plus maintenant qu’une relique du passé; voilà l’opération « Odyssey Dawn »** qu’on avait promise aux Libyens; une version aseptisée de l’Irak sans l’indignation publique, soigneusement reconditionnée en « responsabilité de protéger » et livrée au moyen de campagnes de bombardements aériens grâce auxquelles le très zélé Club des Co-conspirateurs du Golfe (CCG) de l’Occident conduits uniquement par leur mesquines vendettas personnelles contre Kadhafi, a pu tester l’efficacité meurtrière des avions de guerre rouillés made in USA et de ceux de l’OTAN, sur le peuple de Tripoli et de Syrte.

C’est ce que Kadhafi avait prédit dès le début et plus encore; l’euphorie éphémère des révolutions tunisienne et égyptienne était tout simplement trop puissante et trop exaltante pour que nous nous embarrassions à lire les lettres en petits caractères; était-ce un complot, ou un véritable esprit révolutionnaire qui avait mal tourné? Ça n’a plus d’importance, maintenant qu’ISIS est devenu le véritable legs de la place Tahrir; « Ils tourneront la Libye en un autre Afghanistan, une autre Somalie, un autre Irak … vos femmes ne seront pas autorisées à sortir, ils vont transformer la Libye en un émirat islamique et l’Amérique bombardera le pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme », avait dit le dirigeant libyen assassiné à la fin d’un discours télévisé le 22 février 2011, et on n’a jamais entendu paroles plus prophétiques.

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Le prototype libyen de la « guerre propre » américaine s’est avéré être un tel succès qu’on l’a reproduit avec la plus totale inconscience en Syrie; Les escadrons de la mort « Blackwater » de Paul Bremer du temps passé, qui répandaient la terreur partout en Irak, sont de retour … avec une touche islamique : barbus, vêtus de noir, couverts d’explosifs de la tête aux pieds, circulant dans des convois de Toyota Land Cruiser et l’idée fixe d’établir un califat islamique sans frontières et en constante expansion (qui se garde bizarrement de déranger le régime sioniste dans son occupation de la Palestine).

Chaque jour, le monde arabe découvre au réveil une nouvelle atrocité enregistrée sur vidéo; un festival de scènes sanglantes et terrifiantes offert par ISIS (ou IS ou ISIL), et d’innombrables autres « youtube », avec par exemple les crimes encore plus odieux que nous offrent les Etats-Unis avec leur guerre unilatérale de drones exterminateurs; toute la région tangue au rythme des décapitations à la machette et des incinérations par les missiles Hellfire. La mort est partout, elle tombe du ciel … et monte du sol; la guerre contre le terrorisme dresse sa tête hideuse une fois de plus; pour faire rentrer dans le rang les méchants terroristes que l’Occident lui-même a financés et commandités au nom de la démocratie pour déstabiliser des régimes « peu recommandables »; un implacable rituel cyclique*** qui commence par la responsabilité de protéger et se termine par la guerre contre le terrorisme, avec des milliers de vies innocentes, généralement qualifiées de dommages collatéraux, écrasées dans le processus.

C’est exactement ce que Kadhafi avait prévu; une Libye engloutie dans le chaos total, la guerre civile et les diktats occidentaux; un terrain fertile pour le fondamentalisme djihadiste et les extrémistes … dommage que, au lieu d’écouter ses mises en garde, nous ayons préféré nous payer sa tête au son d’une parodie israélienne.

Ahmad Barqawi

Ahmad Barqawi, chroniqueur indépendant et écrivain

Notes :
*En français dans le texte
**L’opération Odyssey Dawn est la contribution américaine à l’intervention militaire de 2011 en Libye.
***Groundhog Day. Le jour de la marmotte est un événement célébré en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur, soit le 2 février. Selon la tradition, ce jour-là, on doit observer l’entrée du terrier d’une marmotte. Si elle émerge et ne voit pas son ombre parce que le temps est nuageux, l’hiver finira bientôt. Par contre, si elle voit son ombre parce que le temps est lumineux et clair, elle sera effrayée et se réfugiera de nouveau dans son trou, et l’hiver continuera pendant six semaines supplémentaires (Wikipedia).
Cela signifie aussi une situation où les événements se répètent ou semblent se répéter indéfiniment.

Article original : http://www.counterpunch.org/2015/03/09/libya-isis-and-the-unaffordable-luxury-of-hindsight/

Traduction : Dominique Muselet pour Arrêt sur Info

URL de cet article: http://arretsurinfo.ch/lavenir-que-kadhafi-avait-predit/