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mardi, 04 octobre 2016

Mister Céline. Docteur Destouches

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Entretien avec Marc Laudelout:

Mister Céline. Docteur Destouches

Ex: http://rebellion-sre.fr

Comme son nom l’indique, Le Bulletin célinien (fondé en 1981) est entièrement con­sacré à l’oeuvre de Louis-Fer­dinand Céline. Chaque mois, il rend compte de tout ce qui constitue l’actualité célinien­ne. Cette revue indispensable est dirigée, avec la plus gran­de rigueur, par Marc Laude­lout. Entretien publié dans Rébellion 29 – Mars/Avril 2008

Comment devient on célinien ? Qu’est ce qui vous touche le plus, personnellement, dans les écrits de l’auteur de Mort à crédit ?

Tout a commencé par la découver­te du Voyage au bout de la nuit dans la bibliothèque paternelle alors que j’avais une quinzaine d’années. Ce fut un grand choc. La lecture des autres romans suivit, dont précisé­ment Mort à crédit qui constitue, se­lon moi, son chef-d’oeuvre absolu. Ce qui me touche le plus, c’est l’harmo­nie entre l’univers célinien et le sty­le à la fois si original et si prenant. J’apprécie beaucoup aussi ce mélan­ge de comique et de tragique qui est, comme l’avait noté Céline lui-même à propos de Shakespeare (auquel il n’avait garde de se comparer !), la marque des grands écrivains. J’ad­mire chez lui ses dons multiples qui en font à la fois un grand écrivain ex­pressionniste et un polémiste étince­lant qui, même lorsqu’il se fourvoie, ne perd pas son talent. J’ajoute que Céline n’est pas que le vociférateur qu’on dépeint souvent : c’est aussi un chantre lyrique de la danse, de cer­tains paysages maritimes, de la beau­té féminine,… Ajoutez à cela un grand talent d’épistolier (que La Pléiade cé­lèbrera cette année), et vous aurez une vision presque complète de sa valeur en tant qu’écrivain.

laudelout.jpgComment expliquer le regain d in­térêt pour l’oeuvre de Céline de­puis quelques années ? En ren­trant dans les «classiques» de la littérature a-t-elle perdu de son aspect subversif ?

Je pense que, par son langage et sa façon de voir l’humanité, Céline est en phase avec son époque. Le fait qu’il soit devenu un classique n’a en rien entamé l’aspect subversif de son oeu­vre, d’autant qu’une partie de celle-ci demeure sous le boisseau. Or, ses écrits de combat constituent aussi de grands moments de littérature, com­me je l’ai indiqué. L’oeuvre célinien­ne est avant tout subversive dans la mesure où sa vision de l’homme est décapante et débarrassée des idéolo­gies sclérosées. Ce qui est subversif chez lui, c’est une grande lucidité al­liée à une sorte de mysticisme athée. C’est ce mélange qui est détonant.

Le pessimisme célinien ne laisse que peu de place à l’espoir. Dans cette vision extrêmement noire de la vie, n’y a t il donc rien au bout de la nuit ?

Céline a, en effet, une vision assez noire de l’humanité mais il y a des éclaircies dans son oeuvre personna­lisées par des figures inoubliables, tel le sergent Alcide, dans Voya­ge au bout de la nuit, qui rachètent toutes les autres. Paradoxalement, c’est dans Les Beaux draps, publié en 1941, que Céline est le moins pessi­miste puisqu’il y propose un vérita­ble programme de régénération na­tionale qui passe notamment par une réforme radicale de l’enseignement ainsi que par l’organisation de la so­ciété française sur des bases commu­nautaires.

Quel rôle joue l’humour si parti­culier qui émane tant de l’oeuvre que du personnage lui-même ? Serait-ce une catharsis de la mi­sère humaine, une échappatoire ou bien l’ironie du désespoir ?

Un peu tout cela à la fois… C’est sur­tout, chez Céline, une arme redou­table. Lorsqu’il est en exil au Dane­mark, il menace ses épurateurs d’un pamphlet vengeur, sachant très bien combien sa vis comica est puissante et dévastatrice. À l’instar de Proust, Céline est un très grand auteur co­mique, ce qui n’exclut ni profondeur ni gravité.

Dans l’écriture de Céline on trou­ve un mélange de colère et de fu­reur. Quelle place tient la révolte dans ses écrits et dans sa vie ?

Céline est, en effet, un homme en colère, fustigeant la société matéria­liste de son temps et ses contempo­rains qu’il trouve lourds, préoccupés par des frivolités et subissant des in­fluences délétères. Cette colère est aussi liée à l’histoire : ancien com­battant de la guerre 14-18, blessé dans sa chair suite à son attitude hé­roïque, il refuse avec force un nou­veau conflit franco-allemand qu’il es­time fratricide. Ce pacifisme extrême l’amènera, comme on sait, à préconi­ser une alliance avec l’Allemagne na­tionale-socialiste.

Beaucoup de ses amis relevaient la grande différence entre l’hom­me qu il était vraiment –fidèle en amitié, médecin généreux et ami des bêtes – et le personnage de clochard misanthrope qu’il jouait dans les dernières années de sa vie. N’est ce pas là le plus para­doxal dans sa personnalité?

Céline, né sous le signe des Gémeaux, était un être très ambivalent, tour à tour avare et généreux, sensible et dur, compatissant et misanthrope, al­truiste et indifférent,… C’est, en ef­fet, une personnalité très paradoxale. Cela étant, il faut distinguer le Céline des années 20-40 et l’altruiste profon­dément déçu revenant d’exil. Nul dou­te que quelque chose s’est brisé en lui durant les dix-huit mois de réclusion qu’il fit au Danemark. Ces épreuves n’ont fait qu’accentuer sa misanth­ropie foncière. S’il ne s’est jamais re­nié, il regrettait, à la fin de sa vie, de s’être occupé de politique, estimant, disait-il, que ces problèmes le dépas­saient de beaucoup.

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A quel niveau placer «l’engage­ment politique» de Céline ? Est il pour vous, comme Marc Crapez le décrit dans son livre La Gau­che réactionnaire, le dernier re­présentant de l’esprit sans-culot­te hébertiste ?

Il faut se méfier des étiquettes. On trouve, en effet, chez Céline des ac­cents hébertistes mais on peut aussi le rattacher à d’autres courants pro­ches de l’anarchisme de droite qui suppose un regard sans complaisan­ce sur le peuple tel qu’il est et non tel qu’on l’exalte. Lui-même se di­sait communiste mais « communis­te d’âme » et bien entendu antidémo­crate, résolument hostile à la dictatu­re de la majorité. « Les cons sont la majorité, disait-il, c’est donc bien for­cé qu’ils gagnent ! ».

La filiation littéraire de Céline est glorieuse – François Villon, Rabe­lais, Jules Vallès, Proust – com­ment a-t-il intégré ses influences dans son travail ?

Céline a créé son propre langage en parfaite adéquation avec son univers baroque mais il est évident qu’il ne part pas de nulle part. Les influen­ces qu’il a subies sont multiples. Il avait une grande admiration pour les classiques, dont Chateaubriand et La Fontaine mais aussi les écrivains que vous citez, y compris Proust, si éloigné de lui, auquel il reconnaissait un incontestable don de créateur. À la fin de sa vie, il disait son estime pour trois écrivains contemporains : Henri Barbusse, Charles-Ferdinand Ramuz et Paul Morand (première manière) dans la mesure où eux aussi étaient parvenus à introduire l’émotion du langage parlé dans leur écriture.

On a dit aussi que Céline avait lu et apprécié Nietzsche. Pourtant, Lui-même ne l’a jamais évoqué directement dans son oeuvre ?

Céline était très discret sur ses lec­tures. On sait que, durant sa période londonienne, il fut un grand lecteur de Nietzsche qu’il citera plus tard (parfois sous forme allusive) et dans son oeuvre et dans sa correspondan­ce. À cet égard, je vous recommande la lecture du livre de Anne Henry, Cé­line écrivain (L’Harmattan, 1994) qui montre avec talent la proximité de la pensée de Céline avec celle de Nietzs­che mais aussi de Schopenhauer.

Vous dirigez Le Bulletin célinien, pouvez nous vous présenter ses activités ?

Le Bulletin célinien, qui en est à sa 27ème année, a essentiellement pour vocation de rendre compte de l’actualité célinienne (publications, colloques, adaptations théâtrales, échos de presse, etc.) mais publie aussi des études, des témoignages et divers documents relatifs à l’homme et à l’oeuvre. Je me considère, sans fausse modestie, comme un publi­ciste célinien, pas davantage. Le seul titre de gloire de la revue que j’anime est d’être l’unique mensuel consacré à un écrivain. En marge de l’édition de ce périodique, j’édite aussi des disques consacrés à Céline (Robert Le Vigan, Arletty, Albert Paraz, etc.) et des livres. J’ai notamment publié des ouvrages d’Alain de Benoist, Pol Vandromme, André Parinaud et Henri Poulain traitant de l’écrivain. En sep­tembre prochain sortira le 300ème nu­méro du Bulletin…


Le prix de l’abonnement est de 56 € (France et Belgique). Pour les pays ex­tra-européens l’abonnement est de 76 €. L’abonnement comprend les onze numé­ros de l’année en cours.

Le Bulletin Célinien
c/o Marc Laudelout,

139 rue Saint-Lambert,

BP 77

B-1200 Bruxelles (Belgique)

http://bulletincelinien.com/

mardi, 27 septembre 2016

TERRE & PEUPLE Magazine n°68

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TERRE & PEUPLE Magazine n°68

Le numéro 68 de Terre & Peuple Magazine est centré autour du thème du populisme

Pierre Vial, dans son éditorial ‘Les assassins dans la maison’, n’y va pas par quatre chemins.  Quand il s'agit de se débarrasser d’animaux dangereux, les paysans savent bien qu’il n’y a pas trente-six solutions.  Nous choisissons de mettre les pieds dans le plat en promettant aux assassins : « Cela va vous coûter cher. »

Retour à la terre de la Bannière T&P de Flandre-Hainaut-Artois, qui a organisé un weekend de formation théorique et pratique des citadins au petit élevage et au jardinage, y compris la greffe et la taille d’arbres fruitiers et la cueillette de plantes qui soignent.  Prochaine édition en préparation.

Roberto Fiorini dénonce la précarisation des salariés français (aujourd’hui, 85% de l’embauche est temporaire) que prépare la Loi Travail pour se conformer à l’agenda européen et flexibiliser les coûts salariaux à la demande du MEDEV, le syndicat du patronat.  In-votables, les textes ne passent que par le subterfuge de ‘l’article 49/3’.  Cocus dans la rue, les syndicats ouvriers, ‘antifas idiots’, grondent mollement et se rangent.

Jean-Patrick Arteault commente l’ouvrage de Lucien Cerise sur 'Les Neuro-pirates’ et particulièrement l’ingénierie sociale du conflit identitaire.  Art de la guerre cognitive, l’ingénierie sociale vise à épargner à l’oligarchie les lourds investissements dans la surveillance et la répression des masses, qu’elle amène à se conformer ‘spontanément’.  Dans droit fil de ‘La Fabrique du consentement’ de Walter Lipmann, c’est une méthode pour pénétrer sans effraction un système mental ou social, par abus de confiance, et pour le contrôler furtivement, en amplifiant ses contradictions afin de le fragmenter.  Le conflit identitaire est triangulaire, entre deux acteurs cornaqués par un troisième, qui lance et entretient le conflit.  Le bourreau manipulateur doit apparaître comme la victime et rendre passionnel le conflit entre ses cibles.  Comment rendre cette ingénierie sociale inopérante ?  En recueillant les faits et en dégageant leurs relations de cause à effet pour remonter à l’ennemi caché.  Dans le cas pratique du double phénomène de l’invasion migratoire de l’Europe et de l’offensive jihadiste sur l’Europe et sur le Moyen-Orient, la cible principale est l’Europe, son peuplement et ses valeurs de libertés.  La réinfosphère identitaire a bien ciblé l’ennemi islamique.  Les plus éclairés ont repéré le jeu géopolitique des Saoudiens, de Qataris et des Turcs.  Du côté des musulmans, envahisseurs victimisés, on se démène à dénoncer le racisme et l’islamophobie des Européens.  L’observateur familiarisé avec l’ingénierie sociale situe le troisième angle du triangle : les marionnettistes du premier niveau, saoudiens, qataris et turcs, ne sont même plus masqués dans les grands médias.  Les mieux informés dégagent le rôle indirect des Américains.  Mais il y a encore un acteur que le casting ne se soucie pas de citer, qui a l’habitude d’être présenté en victime, qui pratique la stratégie du chaos fragmenteur au Moyen-Orient, qui soutient l’immigration et en même temps les mouvements identitaires hostiles à l’islam et dont la tradition messianique prédit que, à la fin des temps, ses rivaux s’étriperont mutuellement pour lui faire place nette.

Pierre Vial ouvre le dossier central sur le populisme en remarquant queddans la presse du système, l'adjectif populiste est devenu le qualificatif censé disqualifier.  Pour définir le populisme, il cite Vincent Coussedière pour qui, dans le n°160 d’Eléments, c’est la maladie dont souffrent les peuples européens.  Mais la maladie n’est pas le contraire de la santé.  Elle est la réaction, saine, d’un organisme agressé.  Le sursaut immunitaire contre le système à tuer les peuples (dont l’immigration-évasion) avec son poison cosmopolite.  Ses zélotes, de BHL au Pape, se rendent coupables d’ethnocide.  Mais ils butent sur le refus populiste de se laisser engloutir.

Jean Haudry situe le concept peuple dans les langues indo-européennes entre population et nation définie par sa langue, l’étranger barbare se trouvant comme les (autres) animaux hors communication avec les seuls vrais hommes.  L’ancêtre des Indo-Iraniens est Manu (de la Loi de Manu).  Mannus est celui des Germains (de Germanie) et Manees celui des Phrygiens.  L’ethnie est conçue comme un groupe de cinq peuples répartis selon les points cardinaux autour d’un centre, comme les cinq provinces d’Irlande et comme l’Islande ancienne, cinq étant l’expression symbolique d’une totalité (les cinq doigts de la main).  Au cercle supérieur, le peuple s’identifie à la tribu (les Teutons = ceux de la tewta ; un autre nom de la tribu est tiré d’Aryas, mais ari désigne plutôt les autres clans rivaux, et bientôt ennemi, contraste qui s’amplifiera dans la société héroïque, où le peuple se définit comme les siens (swe : Suèves, Sabins, Samnites) ou comme une confrérie guerrière d’hommes-loups.  Dans plusieurs langues, une même forme désigne le peuple et l’armée : populus latin est dérivé du verbe populari = dévaster et laos grec est à rapprocher du hittite lahha = expédition guerrière et de l’irlandais laech = guerrier.  La société héroïque est guerrière, issue de la période d’expansion à partir de bandes de jeunes hommes.

Alain Cagnat, qui traite des ‘Elites contre le peuple’, souligne que ‘populiste’ se veut une insulte.  Trump, qui affronte l’élite de pouvoir, est populiste et anti-moderniste, car l’ennemi majuscule de la bourgeoisie progressiste qui a déboulonné l’aristocratie traditionnelle, est l’enracinement.  Il faut en faire table rase.  Ce ne sera pas sans heurts, car les gens frustes sont des simples qui s’attachent.  Le communisme poussera cette logique jusqu’à l’absurde, jusqu’à vouloir faire le bien du peuple contre lui-même, avec le massacre des koulaks et l’organisation de la grande famine de l’Holodomor.  Il ne comprendra pas que le peuple répond à des mécanismes vitaux.  Le communisme disparu, avec son mirage économique, les ‘socialistes défroqués’ en ont conservé l’internationalisme et l’égalitarisme.  L’ouvrier est devenu un petit bourgeois identitaire !  Quand le peuple trahit ainsi la cause du peuple, il faut le remplacer.  En l’espèce, il faut le métamorphoser, par le métissage, pour le convertir à l’idéologie du Monde.  En 1945, De gaulle a abandonné l’éducation aux communistes et, vingt ans plus tard, en mai 68, les idées gauchistes triomphaient.  Le tiers-mondisme a remplacé l’internationalisme et préparé l’immigrationisme.  Le féminisme, qui a remplacé l’ouvriérisme, détruit la famille.  On a enseigné aux enfants à haïr les pensées autres et à préférer son lointain à son prochain.  Au lieu d’éduquer le peuple, l’oligarchie lui enseigne la Vérité et ne tolère que le politiquement correct.  Aux autochtones, on infuse la repentance, pour faire inciter l’immigré à la Juste Vengeance.  Mais le peuple, qui a flairé le précipice, freine des quatre fers.  Il se fonde sur des valeurs éternelles, moins vaporeuses que celles de la République.  Il voit le christianisme, qui avait rythmé son existence, remplacé par une religion de tous temps hostile.  Il constate que les élites ont cessé d’aimer la France, que leur morale des Lumières n’est qu’un masque.  Il se gausse de leur rhétorique contorsionnée.  La fracture passe aussi par l’Eglise.  Le Pape, imprégné de la théologie marxisante de la libération, s’affirme comme un acteur du multiculturalisme.  La fracture passe également par le FN, que son souci de se dé-diaboliser conduit à trahir son âme.  Il est temps d’entrer en résistance.  Un vent d’espoir en fait claquer l'étendard, non seulement en France, mais dans toute l’Europe et même aux Etats-Unis.

Le TP Magazine a interviewé un jeune cadre polonais qui a vécu à l’Ouest et connaît bien la Pologne.  Il a démonté la propagande occidentale et rectifié l’image exécrable que notre presse bien-pensante nous propose du PiS, le parti Droit et Justice qui est au pouvoir en Pologne : le premier ministre Jaroslaw Kaczynski , fasciné par le populisme du hongrois Viktor Orban, seraît prêt pour créer un axe Budapest-Varsovie-Moscou europhobe, dont la vraie cible serait la démocratie libérale (à la Montesquieu, avec la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire et l’équilibre entre eux).  Pour l’interviewé, la Pologne est, au contraire, un modèle de démocratie parlementaire proportionnelle, qui ne peut se gouverner que par coalition (et qu’il est aisé dès lors de rendre ingouvernable).  Le PiS a été au pouvoir entre 2005 et 2007 et a payé cher son manque d’introductions dans la grande presse.  Le PO (Plate-forme civique) a par la suite dirigé la politique du pays durant huit ans.  Parti ‘moderne’ pro-UE, il a ouvert le pays aux investissements étrangers, à la spéculation et à une corruption monumentale.  Entre temps, le PiS a connu une crise tragique, avec le crash de l’avion du Président Lech Kaczynski, le propre frère jumeau de Jaroslaw, qu’accompagnait tout l’état-major du PiS.  Le parti est parvenu à survivre à ce choc, à rajeunir ses cadres et à compenser par l’internet son manque d’accès à la presse mainstream, à un moment où le peuple était excédé par l’équipe en place.  Il a déjoué une prise en main de la Cour constitutionnelle, organe modérateur du droit du président de la république à dissoudre le parlement.  Le PiS est un modèle de social-démocratie du type Poland First.  Le PiS a l’appui d’Israël et des USA.  L’opinion selon laquelle Jaroslaw Kaczynski nourrirait des sentiments personnels de vengeance à l’égard de Vladimir Poutine est assez vraisemblable.

Pour Pierre Vial, le populisme est une tradition française, de prise de conscience du sentiment commun de la nécessité chez ceux qui partagent une même conception du monde.  Pour les Suisses, cela s’exprime par la voie du referendum d’initiative populaire.  C’est la démocratie directe, celle qui n’est pas confisquée par une élite cooptée.  Pour refaire l’unité, après la tragédie fratricide de la Révolution, Bonaparte a proposé au peuple la Grande Armée, école de fraternité, et le Concordat, accueilli avec soulagement par la paysannerie.  Napoléon III a fait de même pour le prolétariat ouvrier naissant, en mariant à la fierté nationale la justice sociale qui rétablit l’unité, contre les fomenteurs de la lutte des classes.  La tradition bonapartiste a été incarnée ensuite par le Parti de l’Appel au Peuple.  Les Jeunesses Patriotes, du bonapartiste Pierre Taittinger, qui combattaient les communistes, ont eu cinq tués en 1925 et deux encore le 6 février 1934, dans la révolte populaire contre les pourris.  La Révolution nationale transcende les clivages dans la population.  Elle n’est pas la révolution d’une classe, mais d’une génération.  Le boulangisme fut incontestablement populiste, la république bourgeoise corrompue étant à la fois antinationale et antipopulaire.  Le sursaut instinctif du peuple était incompressible.  Après la disparition subite du brave général Boulanger et la décomposition de son mouvement, son thème a été repris par la Ligue des Patriotes de Paul Déroulède.  Au même moment, Edouard Drumont, dans La France Juive qui connaît un immense succès, reconnaît aux Juifs qu’ils sont un peuple, mais qu’ils ont dès lors un autre destin que celui du peuple français, car il préconise un socialisme national.  Ses sympathies vont clairement aux communards (« Ce sont des hommes pareils à nous ») et il dénonce le massacre de Fourmies.  La défense du peuple toutes classes confondues se retrouve prônée en 1936 dans L’Humanité dans « la réconciliation française contre les 200 familles » (Paul Vaillant-Couturier) et réalisée dans l’Italie fasciste et dans l’Allemagne hitlérienne.  La mystique populiste est explicite dans le Parti Populaire Français de Jacques Doriot, ancien responsable communiste, et dans le Rassemblement National Populaire de Marcel Déat.  De même dans les Croix de Feu, transformés en 1936 en Parti Social Français, du Colonel de La Rocque qui, pas plus que le Maréchal Pétain, ne permettra à la vague populiste de balayer la IIIe République.  Sous la IVe, le populisme ressurgit avec poujadisme, réaction de santé des laborieux contre les bureaucrates parisiens, du pays réel contre le pays légal. Aux élections de 1956, il rafle 52 députés, dont le plus jeune est Jean-Marie Le Pen.  Le mouvement sera marginalisé par l’arrivée de De Gaulle, lequel installe une caste technocratique.  Celle-ci ne comprendra rien au surgissement et à la percée du Front National, vaste électorat issu de toutes les couches et de tous les bords, le plus populaire et le plus ouvrier, ce que Taguieff définit dès 1984 comme un national-populisme.  C’est le syndicat des indigènes.

Robert Dragan fait l’inventaire des partis européens ‘dissidents’.  Cela couvre trente-six pays, avec pour certains plusieurs fiches détaillées : une vraie merveille à conserver sous la main en attendant le prochain printemps (cfr Georges Schwartz, alias Soros, et sa tendresse inquiétante pour les Balkans).  Il n’est malheureusement pas possible de résumer un tel dictionnaire !

Poursuivant son autopsie de la Révolution Française, Pierre Vial aborde la Convention et la Terreur, en rappelant que l'Assemblée Nationale était  alors partagée entre 'La Gironde', tenue par une bourgeoisie d'affaires de notables locaux soucieux de re-stabilisation, et 'La Montagne', aile marchante de la révolution, liée aux enrichis par les biens nationaux et par les fournitures militaires, et dont les leaders étaient le démagogue Danton, le paranoïaque Marat et le puritain Robespierre.  Entre les deux 'Le Marais' des opportunistes guettant le sens du vent pour voler au secours de la victoire.  Et, dehors, la rue appartenait aux 'sans-culottes', qui portaient leurs revendications à la Commune de Paris afin de sanctionner, pour cause de disette, le pouvoir aux mains des Girondains.  C'est le procès du Roi et son exécution qui vont marquer la rupture entre Girondains et Montagnards et consacrer le principe de la table rase du peuple, débarrassé de ses traditions et racines et désormais ouvert au progrès et au cosmopolitisme, dans une laïcisation du dogme monothéiste, qui brise avec l'idéal antique de dépassement de l'homme européen (de la juste mesure à l'immensité immensurable).  Message de rupture au peuple français, la décapitation de Louis XVI est en même temps un message à tous les peuples européens, avec qui c'est la guerre.  La décision de lever 300.000 soldats, volontaires ou non, provoque une insurrection paysanne et catholique.  Dans le même temps, la disette a décuplé le prix du pain.  Pour tenter de rassurer les possédants inquiets, les conventionnels, qui qualifient d'Enragés les sans-culottes révoltés, menacent de la peine de mort ceux qui revendiquent des lois subversives du droit de propriété.  Contre les 'Suspects' d'être des ennemis de la liberté, ils instituent un Tribunal révolutionnaire, chargé de frapper vite et fort, et un Comité de Salut public, qui court-circuite le gouvernement au mains des Girondains.  Se sentant menacés, ceux-ci mobilisent les provinces.  Les sans-culottes répliquent par un comité insurrectionnel et par une manifestation géante qui assiège la Convention.  Les Girondains qui n'ont pas fui sont arrêtés.  Les Montagnards, pour sauver la patrie en danger d'armées étrangères et d'insurrections, vendéenne et autres, installent un gouvernement d'exception.  La Convention met 'La Terreur à l'ordre du jour'.  Ses 'Représentants en mission' (Fouché, Barras) font régner dans tout le pays une terreur totale et permanente.  A Paris, les Enragés réclamaient et obtenaient du tribunal révolutionnaire de Fouquier-Tinville la tête des traîtres et la confiscation de leurs biens.  Charlotte Corday, fera justice en assassinant Marat, qui avait réclamé qu'on coupât 270.000 têtes !  Le zèle épurateur débouche sur des exécutions de masse, au canon à mitraille à Lyon et empilés garrottés dans des embarcations coulées dans la Loire à Nantes.  Ce sont les jeunes chefs militaires victorieux qui vont donner au Comité de salut public un poids suffisant pour contrecarrer l'action des 'factions', Enragés et Indulgents, qui s'accusaient mutuellement de trahison dans le Journal d'Hébert ou dans celui de Desmoulins.  Robespierre, qui est opposé à la fois au modérantisme et aux excès, choisit d'éliminer d'abord les hébertistes ultra-terroristes.  Hébert, qui met dans le même sac tous ceux qui s'opposent à lui, avait suggéré aux sans-culottes : « Sur une forêt de piques, promenez toutes les têtes de ces scélérats. »  Ceux-ci en retiennent que, pour sauver leur peau, il leur faut avoir d'abord celle d'Hébert.  La Convention ordonne alors l'arrestation des hébertistes, qui sont sans retard guillotinés.  Ayant frappé à gauche, Robespierre se devait de frapper à droite les Indulgents, avec à leur tête Danton, orateur entraîneur d'hommes qui se savait irrésistible et se croyait intouchable.  Arrêté et traduit devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Saint-Just, celui-ci ne lui laissera pas l'occasion de s'exprimer, sauf pour prédire : « Robespierre me suit. »  Celui-ci, que Nietzsche qualifiait « le plus froid des monstres froids » et dont Mirabeau prédisait : « Il ira loin : il croit tout ce qu'il dit. », exerce alors pratiquement une dictature.  La Vendée subit à ce moment, avec les Colonnes Infernales, une Terreur folle, un génocide qui déshonore à jamais ceux qui l'ont ordonné et dont ont témoigné des soldats républicains rongés de honte.  Mais entre temps la justification de la Terreur par la menace étrangère est devenue  de moins en moins évidente, vu les victoires remportées par les militaires.  Robespierre, qui redoute les ambitions de ceux-ci, souhaite arrêter la guerre.  Les anciens Représentants en mission, craignant d'avoir à rendre compte de leurs exactions, ont fait courir le bruit que se préparaient de nouvelles charrettes.  Aussi, quand le 8 Thermidor Robespierre demande à la Convention « de punir les traîtres » et « d'épurer » le Comité de sûreté générale et le Comité de Salut public dont il est lui-même l'âme, sans désigner nommément « les fripons », bien des conventionnels se croient visés et une coalition se forme pour arrêter la Terreur.  La Convention vote alors l'arrestation de Robespierre.  Celui-ci riposte en faisant sonner le tocsin et la Commune de Paris se proclame en insurrection.  Robespierre occupe l'Hôtel de Ville avec la poignée de ses fidèles, mais les sans-culottes, qui sont las des Enragés, sentent d'instinct qu'ils ne sont pas des leurs et ils ne sont pas prêts à sacrifier leur vie pour eux.  Robespierre, grièvement blessé, est arrêté et il sera guillotiné le soir même avec 21 des siens et 83 autres dans les deux jours qui suivent.  Les Thermidoriens n'étaient qu'une coalition de circonstance à qui Robespierre a fait fonction de bouc émissaire.  Ils se sont empressés de mettre en place une démocratie bourgeoise, soucieuse de capitaliser les acquis matériels et financiers de l'opération, en prévenant un retour en force des royalistes et des sans-culottes, tout en prenant en compte le poids croissant d'une armée forte de ses succès.  Ils ont installé le pouvoir de l'argent.

 

 

mardi, 05 juillet 2016

Ultreïa n°8

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Ultreïa N°8

 

Eté 2016

Sommaire

Phares

Kabîr, maître et poète universaliste

Jean-Claude PERRIER

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Dans les pas des pèlerins de l'absolu

Arnaud Desjardins, le passeur entre deux mondes

Bernard CHEVILLIAT

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Dans les pas des pèlerins de l'absolu

Hauteville, un lieu pour croître

Christophe BOISVIEUX

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L'esprit des lieux

Fès, ville de l'esprit

Brice GRUET

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L'esprit des lieux

Souvenirs de Fès capitale spirituelle du Maroc
A la mémoire de Titus Burckhardt.

Roland et Sabrina MICHAUD

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A la croisée des chemins

Rencontre avec Sylvie Germain
" Notre besoin de sens n'a ni fin ni mesure, c'est le plus lancinant et inassouvissable des besoins."

Sylvie GERMAIN

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Nœuds et Labyrinthes - Dossier

Le CHAMANISME,
une NOUVELLE MÉDECINE de L' ÂME ?

Florence QUENTIN, Patrick CICOGNANI, David DUPUIS, Laetitia MERLI, Anne PASTOR, Audrey MOUGE, Corine SOMBRUN

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Nobles voyageurs - PORTFOLIO

Les Himalayas de Matthieu Ricard

Matthieu RICARD

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Figures libres

Charles de Foucauld ou le grand retournement

Christiane RANCÉ

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Les Cahiers Métaphysiques

Cahiers métaphysiques n°8

Muriel CHEMOUNY, Dr Jean-Marc KESPI

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Oasis

Francis Hallé pour l'amour des arbres

Claude ALBANESE

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Aux quatre angles du monde

La cité interdite sous le signe du yin-yang

Cyrille J.-D. JAVARY

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Rythmes & Sons

Les derviches tourneurs, une mystique de la danse

Père Alberto Fabio AMBROSIO

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Bivouac

La grande vision de Black Elk
Récit graphique - Episode 1/2

Jean-Marie MICHAUD

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Billet vagabond

Multiples sont les chemins des hommes ...

Jacqueline KELEN

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Édito par Florence QUENTIN

« De tous ses yeux la créature
voit l’Ouvert. Seuls nos yeux
sont comme retournés et posés autour d’elle
tels des pièges pour encercler sa libre issue.
Ce qui est au-dehors nous ne le connaissons
que par les yeux de l’animal. Car dès l’enfance
on nous retourne et nous contraint à voir l’envers,
les apparences, non l’ouvert…
Mais nous autres, jamais nous n’avons un seul jour
le pur espace devant nous, où les fleurs s’ouvrent
à l’infini. Toujours le monde, jamais le
Nulle part sans le Non, la pureté
insurveillée que l’on respire,
que l’on sait infinie et jamais ne désire.”
Rainer Maria Rilke, Élégies de Duino

Voir l’Ouvert. Respirer la pureté insurveillée et infinie. Rejoindre le Nulle part sans le Non. L’oeuvre de Rilke, poète orphique, est parcourue de ces fulgurances chamaniques qui l’inscrivent dans la lignée immémoriale des intermédiaires entre deux mondes, des Maîtres du désordre qui conversent avec les Esprits et guérissent les âmes. Depuis l’aube de l’humanité, couvrant de leurs manteaux célestes et chtoniens les Cinq Continents, les chamans se sont mis au service de la communauté pour maintenir le lien qui unit le clan à l’univers. Notre monde éreinté par l’inconséquence des hommes redécouvre ces traditions qui revivifient la terre, réensemencent les consciences et nous alertent sur l’imminence d’une catastrophe écologique et sociale, comme le montre notre dossier qui voit peut-être dans le retour du chamanisme une “nouvelle médecine de l’âme”.

Passée au crible d’anthropologues, cette expérience constitutive de la condition humaine est éclairée par les témoignages de voyageuses occidentales qui l’ont vécue au sein de traditions éloignées les unes des autres, mais qui se rejoignent sur le fond. La Grande Vision du Sioux Black Elk, notre nouveau récit graphique, sert une même idée d’inspiration céleste.

Le rituel de l’extase se retrouve dans la danse des derviches, à la fois tension vers l’Absolu et retour à l’Origine. Une quête qui irrigue aussi la vie d’Arnaud Desjardins, passeur inlassable, tout autant que celle de Kabîr, hindou shivaïste qui oeuvra pour une fraternité aux pieds d’un même Dieu, ou encore celle de Charles de Foucauld, qui témoigna “d’une âme poreuse à Dieu” ( C. Rancé ). Dieu-Rien. Dieu-Aucun qui stupéfie l’homme en “lui dévoilant l’éclat éblouissant de son vide, le silence vibrant de son appel, la pure nudité de sa richesse”, comme l’envisage quant à elle l’écrivain Sylvie Germain dans l’entretien qu’elle nous a accordé.

De part en part, ce Souffle parcourt Fès, dont Titus Burckhardt – à qui Roland Michaud rend ici hommage – disait qu’elle était construite “pour le bonheur des hommes, pour répondre à leurs besoins fondamentaux, physiques, sentimentaux et spirituels”.

L’aspiration au pinacle ne se fait jamais aussi pressante que dans l’Himalaya, où Matthieu Ricard nous entraîne à sa suite avec des images saisissantes qui parlent autant de monastères au bord du vide ou de ferveur populaire que de sa propre intériorité.
Et Rilke, en écho : “Nous devons accepter notre existence aussi loin qu’elle puisse aller; tout, même l’inouï doit y être possible. C’est là au fond le seul courage que l’on exige de nous : être assez courageux pour accueillir ce qui peut venir à notre rencontre de plus étrange, de plus extravagant, de plus inexplicable.” (Lettres à un jeune poète)

Au fil de ce numéro retrouvez nos dix chroniques :

Mosaïque du Ciel par Olivier GERMAIN-THOMAS –  Le pin et l’icône

Méditer en chemin par Fabrice MIDAL – La méditation et l’éthique

Le fil de l’émerveillement par Bertrand VERGELY – Un toast pour la bonne humeur

Ubiquité de la prière par Christiane RANCÉ – A l’écoute d’Eloa 

L’instant soufi par Éric GEOFFROY –  Conscience, quand tu nous tiens ! 

Il n’y a qu’une seule religion par Patrick LAUDE – Dieu de l’exclusion, Dieu de l’inclusion

La couronne du ciel par Frank LALOU – Mazel Tov ! 

Le buffle et la tortue par Cyrille J.D.JAVARY – « Entretiens » avec un ami chinois

Mais aussi  Signe & Traces, Rites & Repères

Symbolique universelle d’un signe, d’une gestuelle, d’un rite ou d’un mythe… 4 pages illustrées par Stéphanie LEDOUX.

mardi, 31 mai 2016

Le Crapouillot nouveau est arrivé!

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Le Crapouillot nouveau est arrivé!

par Francis Bergeron - Présent cliquez ici

Un crapouillot, c’était le nom que l’on donnait à un petit obusier de tranchée. Il ne payait pas de mine mais il était redoutablement efficace. Les poilus appréciaient sa robustesse et sa capacité à faire taire les armes du camp d’en face, avec ses torpilles qui montaient haut dans le ciel pour retomber dans la tranchée ennemie, à quelques dizaines de mètres à peine.

Née dans les tranchées, il y a un peu plus de cent ans, à l’initiative du génial anarchiste de la plume Jean Galtier-Boissière, la revue Le Crapouillot a donc d’abord été une feuille de soldats, un journal satirique, drôle et impertinent, qui faisait oublier les dures conditions du moment. Puis, la paix venue, elle s’est reconvertie en une copieuse revue politique, littéraire et artistique.

Le Crapouillot a fait les beaux jours de trois républiques, ce qui n’est pas rien. De sensibilité pacifiste et socialisante mais anticommuniste, la revue rassemblait, sous la IIIe République, des talents très divers, qui allaient de Béraud à Mac Orlan. Sous la IVe, avec Galtier-Boissière, son « vénéré directeur » (comme il se faisait appeler) toujours aux commandes, Le Crapouillot a recyclé nombre de grandes plumes, victimes de l’épuration, à commencer par Lucien Rebatet, Maurice Bardèche et Pierre Dominique. « Avec le recul, écrit François Nourissier, la carrière et l’action de Galtier-Boissière apparaissent comme un rare chef-d’œuvre d’anarchie narquoise, de provocation et finalement de liberté. »

Le Crapouillot change de main à la mort de Galtier. Lié un temps à Minute à la grande époque de l’hebdomadaire, il professe un antigaullisme et un anticommunisme de bon aloi et rallie à lui de nouveaux talents comme Geneviève Dormann, Jean Bourdier, Roland Gaucher, Roland Laudenbach, Camille Galic, Alphonse Boudard, Antoine Blondin, François Brigneau, Dominique Venner… en bref tout ce qui comptait dans le petit monde du politiquement incorrect de l’époque, même si une certaine complaisance mercantile le pousse à privilégier parfois des thèmes un peu scabreux (pour l’époque).

Et puis, un jour de 1996, sans crier gare, la revue a disparu des kiosques. Depuis lors, un tel titre manquait dans le paysage médiatique car aucun autre journal, aucune autre revue, n’a eu l’ambition ni n’a réussi à prendre le relais. Le Crapouillot restait une référence, un mythe. Le titre était d’ailleurs l’une des revues les plus collectionnées. On sait aujourd’hui à quel point ses dossiers ont influencé le dessinateur Hergé, par exemple, qui y a puisé une partie de son inspiration, pour Tintin en Amérique ou L’Oreille cassée.

Mais voici que Le Crapouillot nous revient, après quelque vingt longues années de silence. Une nouvelle équipe s’est mise en place. Dans son mot de bienvenue le directeur de la rédaction, Bertrand Sorlot, annonce la couleur. Se référant aux trois âges du Crapouillot et au génial Galtier-Boissière, il nous dit que Le Crapouillot du printemps 2016 entend revendiquer « cet esprit d’indépendance, d’insolence et de vérité ». C’est tout ce qu’on lui souhaite !

Ce premier numéro est consacré au terrorisme islamique. Il ne mâche pas ses mots : « La bien-pensance européenne et sa démagogie ouvrent un boulevard aux fanatiques de tous bords. Les élus politiques, clientélistes, fricotent avec les groupes d’influence ouvertement pro-Frères musulmans, que ce soit le Hamas, ou l’UOIF en France. Sans parler des rapports étroits avec des pays qui pratiquent l’obscurantisme religieux le plus abject et qui sont la source des financements du radicalisme salafiste en France et en Belgique. »

Occuper le terrain, en vitrine des marchands de journaux, pour rappeler ce genre de vérité, ce n’est jamais inutile. Et nous ne serons jamais trop nombreux à le faire. Alors bon vent pour le retour de ce (toujours jeune) confrère !

En vente dans les kiosques, et par abonnement : RIGEL Editions, 4 bis rue de Cronstadt 75 015 Paris. Abonnement de lancement : 27 euros pour quatre numéros.

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lundi, 23 mai 2016

Giono, Céline et Gallimard

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Giono, Céline et Gallimard

par Marc Laudelout

Ex: http://bulletincelinien.com

On a beaucoup commenté la manière dont Céline se comporta avec Robert Denoël, puis Gaston Gallimard. Au moins a-t-il toujours joué franc jeu : « J’étais l’auteur le plus cher de France ! Ayant toujours fait de la médecine gratuite je m’étais juré d’être l’écrivain le plus exigeant du marché – Et je l’étais ¹. »

gionoeeeeee.jpgGiono, c’est autre chose. Sa correspondance avec Gallimard, qui vient de paraître, nous montre un personnage d’une duplicité peu commune. Dès 1928, Gaston lui propose de devenir son éditeur exclusif dès qu’il sera libre de ses engagements avec Grasset. Grand écrivain mais sacré filou, Giono n’aura de cesse de jouer un double jeu, se flattant d’être « plus malin » que ses éditeurs. Rien à voir avec Céline, âpre au gain, mais qui se targuait d’être « loyal et carré ». Giono, lui, n’hésitait pas à signer en même temps un contrat avec Grasset et un autre avec Gallimard pour ses prochains ouvrages. Chacun des deux éditeurs ignorant naturellement l’existence du traité avec son concurrent. But de la manœuvre : toucher deux mensualités (!). La mèche sera vite éventée. Fureur de Bernard Grasset qui voulut porter plainte pour escroquerie et renvoyer l’auteur indélicat devant un tribunal correctionnel. L’idée de Giono était, en théorie, de réserver ses romans à Gallimard et ses essais à Grasset. L’affaire ira en s’apaisant mais Giono récidivera après la guerre en proposant un livre à La Table ronde, puis un autre encore aux éditions Plon.  En termes mesurés, Gaston lui écrit : « Comprenez qu’il est légitime que je sois surpris désagréablement. » Et de lui rappeler, courtoisement mais fermement, ses engagements, ses promesses renouvelées et ses constantes confirmations du droit de préférence des éditions Gallimard. En retour, Giono se lamente : « Avec ce que je dois donner au percepteur, je suis réduit à la misère noire. » Et en profite naturellement pour négocier ses nouveaux contrats à la hausse. Ficelle, il conserve les droits des éditions de luxe et n’entend pas partager avec son éditeur les droits d’adaptation cinématographiques de ses œuvres. Tel était Giono qui, sur ce plan, ne le cédait en rien à Céline. On peut cependant préférer le style goguenard de celui-ci quand il s’adresse  à  Gaston : « Si j’étais comme vous multi-milliardaire (…), vous ne me verriez point si harcelant… diable ! que vous enverrais loin foutre !  ² ».

À l’instar de Céline ³, Giono souhaitait se voir édité de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade. Dix ans plus tard, le même scénario se répète : l’auteur de Colline meurt en 1970 un an exactement avant la parution de ses Œuvres complètes sur papier bible.

• Jean GIONO, Lettres à la NRF, 1928-1970 (édition établie par Jacques Mény), Gallimard, 2016, 528 p. (26,50 €).

  1. (1) Lettre du 19 mars 1947 (Lettres à Milton Hindus, 1947-1949, Gallimard, 2012, p. 38).
  2. (2) Lettre du 20 juin 1956 (Lettres à la NRF, 1931-1961), Gallimard, 1991, p. 323).
  3. (3) Si Céline eut parfois des mots acides à l’endroit de Giono (« Rabindrathagoriste du poireau »), comment ne pas évoquer ici la belle lettre qu’il lui écrivit en 1953 alors qu’il avait exprimé (à Marcel Aymé) le vague souhait de s’installer dans le Midi. Ce qui valut à Giono ces remerciements émus de Céline : « Mon cher Giono, Marcel Aymé m’a lu votre lettre et je suis bien vivement touché par l’amitié que vous me témoignez et l’accueil que vous faites à mon projet d’aller séjourner vers Manosque». Renonçant finalement au projet, il poursuit : « Je suis bien sensible, croyez-le, à votre si généreuse offre de rechercher autour de vous des personnes disposées à me venir en aide… », pour conclure par cette formule inhabituelle sous sa plume : « Je vous embrasse cher Giono et vous remercie bien sincèrement et m’excuse et vous prie de me croire bien amicalement vôtre. Destouches » (Lettres, Gallimard, 2009).
BC-Cover516.jpgBulletin célinien n°385, mai 2016
Sommaire : 
Dictionnaire célinien des lieux de Paris – L’adaptation théâtrale de Voyage par Damien De Dobbeleer –
D’un Mourlet l’autre –
Rennes, de Céline à Kundera –
Le Journal de Marc Hanrez –
Dictionnaire amoureux de la langue française –
Un texte ignoré de Léon Daudet sur Céline –
Nietzsche et Céline –
Nos archives audio-visuelles

dimanche, 22 mai 2016

ULTREÏA ! 07

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ULTREÏA ! 07

Collectif ULTREÏA !

Magazine-livre - Printemps 2016

19,90€

228 pages

Le numéro de printemps s’ouvre sur le portrait d’un éminent “serviteur de la paix”, Lanza del Vasto, dont l’oeuvre prolifique n’est que le reflet d’une vie orientée vers la non-violence, la sobriété et la spiritualité. Un riche parcours qui demeure plus que jamais d’actualité.

Quête d’absolu et somme spirituelle traduite dans le monde entier que l’on retrouve chez le métaphysicien Frithjof Schuon, qui porta l’idée d’ “unité transcendante des religions” et de sagesse pérenne qu’il opposa au nihilisme du monde moderne en une pensée d’une rare acuité.

L’ésotérisme est-il (encore) une voie ? Dans ce dossier, nous avons questionné des auteurs de plusieurs disciplines et religions pour savoir si celui-ci était universel et s’il pouvait être une opportunité pour notre temps. Et être une voie de liberté face à la perspective souvent très légaliste de l’exotérisme, la religion conventionnelle ?

À la croisée des chemins, dans un long et riche entretien, Matthieu Ricard revient sur son parcours singulier, expose sa perspective bouddhiste et partage ses réflexions sur l’altruisme, le bonheur ou la conscience.

Dans un beau portfolio, Tuul – photographe d’origine mongole – et Bruno Morandi nous emmènent dans les steppes de Mongolie à la rencontre des chamanes qu’ils connaissent bien.

À Philae, dans l’extrême sud égyptien, nous goûterons à la magie de l’île d’Isis qui fut sauvée des eaux dans les années 1960. Aux portes de la Nubie, ce territoire dédié au féminin sacré “enchante” véritablement ceux qui le foulent.

Nous mettrons aussi nos pas dans ceux de Nicolas Bouvier, célèbre écrivain-voyageur suisse, qui, pour raconter le monde, tissa un “langage à l’exigence splendide”. Un être rare et jubilant qui accepta que le voyage le fasse… et le défasse.

Christiane Rancé rendra un ultime hommage à René Girard.

Puis nous bivouaquerons à Sheikh Hussein, au cœur même du pèlerinage extatique et universaliste de l’Aréfa, en Éthiopie, en Bolivie, dans les pas de Charles de Foucault. Enfin, Florian Rochet nous invitera à être des « nomades contemplatifs « .

Pour en découvrir plus (interview, vidéos, sommaire détaillé…) : www.revue-ultreia.com

Feuilleter et découvrir quelques pages du n°07 

Format : 21cm x 27cm

ISBN :978-2-37241-022-9

mercredi, 18 mai 2016

Terre & Peuple Magazine n°67 - Le message de nos ancêtres

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Communiqué de "Terre & Peuple - Wallonie":

Terre & Peuple Magazine n°67

Le message de nos ancêtres

Le numéro 67 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème 'Le message de nos ancêtres'.

Pierre Vial, dans son éditorial, en appelle au pays réel pour jeter à bas un pays légal qu'on ne peut que mépriser, parce qu'il trahit les aspirations élémentaires du peuple.  Contre le dévoiement du système, les urnes ne sont d'aucun remède.  L'alternance gauche-droite n'est même plus un trompe-l'oeil.  Suivons le modèle des moutons enragés de notre monde paysan, trop longtemps châtré par un pseudo-syndicalisme.

Introduisant le dossier central sur le message à nous transmis par nos ancêtres, Pierre Vial encore, cite le Colonel Driant (volontaire de guerre à 61 ans tué à la tête de ses chasseurs), dans un de ses romans, 'L'invasion noire' : « La paix éternelle n'est qu'un mythe, une utopie.  Et ne le regrettons pas car, s'il n'y avait pas tout cela, s'il y avait la paix régnant pour toujours, vous verriez s'installer auprès d'elle le pouvoir exclusif de l'argent. »  Et il conclut en citant Dominique Venner qui nous indique nos responsabilités : « Celle d'abord de ne pas se taire. »

Pour situer la tradition indo-européenne, Jean Haudry rappelle que nos ancêtres ont longtemps refusé de l'écrire, limitant l'utilisation de l'écriture aux matières qui ne méritent pas d'être retenue 'par coeur' (telle la comptabilité).  La coutume des ancêtres était une réalité vécue dans la transmission d'idéaux, formulés ou non.  Certaines formules sont banales (les chevaux rapides), mais d'autres sont insolites (la gloire intarissable) et probantes lorsqu'il s'agit de reconstruire le formulaire commun.  Comme les trois fonctions duméziliennes, la triade pensée-parole-action est notionnelle, mais elle comporte en plus des racines étymologiques.  Elle est passée de l'Iran à la Grèce et ensuite à Rome pour aboutir à la chrétienté dans le confiteor (...que j'ai péché en pensées, en paroles, en actions).  D'autres coutumes n'ont pas laissé d'expression formulaire, tel le jeûne que s'inflige le créancier frustré, afin d'exercer une pression morale sur le débiteur, pratique qui se retrouve en Inde et en Irlande.  La mythologie comparée est une autre voie de reconstruction.  De même l'homologie entre les unités de temps, jour, mois, année, cycle cosmique.  Vestige de l'habitat circumpolaire, la mythologie exprime principalement le désir du retour de la belle saison, l'Aurore de l'année, notamment le groupe formulaire de notions 'traverser l'eau de la ténèbre hivernale'.

Llorenç Perrié Albanell impute à la société de consommation la destruction du tissu communautaire, en masquant au peuple les symboles qui lui véhiculaient jusqu'ici la tradition, les blasons régionaux, les fêtes traditionnelles.  On éduque les jeunes générations à devenir citoyen du monde, à oublier notre histoire, la sagesse de nos contes et de nos légendes, le lointain ayant la priorité sur le prochain.

Pierre Vial épingle l'urticaire que déclenche la formule lapidaire des célèbres manuels scolaires d'Albert Malet « nos ancêtres les Gaulois » chez de pauvres hères qui n'ont la plupart du temps ni histoire ni ancêtres dont se glorifier.  Il relève que l'hebdomadaire Libération dénonce comme « fascistes » les aventures d'Astérix et de son village de résistants aux envahisseurs étrangers !  Il rappelle que le monde celtique s'étendait, au IIIe siècle AC, de la Galatie (en Asie Mineure) à l'Ecosse et à l'Andalousie.  Il cite Venceslas Kruta et Myles Dillon pour illustrer l'intrépidité au combat des paysans-guerriers celtes et leur sens élevé de l'honneur.

Robert Dragan prend appui sur le grand romancier français Maurice Genevoix (1890-1980) pour réveiller notre mémoire, celle du monde de nos ancêtres « qui s'est moins modifié de 1600 à 1900 que dans le dernier demi-siècle ».  Genevoix évoque ses propres racines : « C'était là le quartier des miens, parents, oncles, grands-parents, un vieux quartier nommé la Croix-de-Pierre à cause d'une croix de Rogations, presque sans âge, voisine elle-même d'un monument plus ancien encore, une tombelle, un tumulus.  Ce tertre rond, ce Mont-aux- Prêtres, couvert de vignes perpétuait le souvenir des prêtres gaulois, des druides dont le grand sanctuaire national -on le sait depuis Camille Jullian- était à quelques kilomètres de là dans une île boisée de la Loire. »  Il dépeint ensuite un monde enraciné, qui a su inventer les équilibres qui font la civilité, et par conséquent la civilisation.  Cet enracinement entraîne l'individualisation des races.  Il cite les vignerons qui côtoyaient les mariniers de la Loire : « Deux races, l'une endormie, plutôt lente, sentencieuse, l'autre ouverte, liante, expansive, quelque peu braillarde ; l'une voyageuse, dénouant les amarres de ses bateaux, l'autre rivées à ses maisons basses, comme la chèvre à son piquet. »  Mais « tous les quartiers bord à bord, solidaires, s'accommodant les uns aux autres. »  Les frontières de ces sédentaires sont celles de la tribu gauloise, la cité comme l'ont dénommée les Romains.  « La première vertu citadine est la sociabilité.  On enseignait la politesse aux enfants pour mieux les intégrer. »  Cette urbanité est à l'origine de l'extrême gentillesse qui caractérisait le peuple français, la civilisation française.  Elle n'a été possible que parce que d'autres veillaient aux vraies frontières, aux limites de la paix de l'empire.  Robert Dragan cite à ce propos 'Le coeur rebelle' de Dominique Venner : « Pendant plus de mille ans, les vraies frontières de la France ont été défendues sur l'Ebre, l'Oder ou le Danube.  La France n'a pas eu à se soucier de monter la garde face au 'Désert des Tartares'. »

Pierre Vial souligne l'importance, pour notre longue mémoire, des contes populaires de l'Europe dont la tradition a été durant des siècles, voire des millénaires, uniquement orale.  Ce n'est qu'au XVIIIe siècle avec Perrault et aux XIXe avec les Grimm et avec Andersen qu'ils ont été enfin transcrits.  Il n'est pas insignifiant que les forces d'occupation alliées en Allemagne aient interdit la publication des contes des frères Grimm jugés responsables pour partie du national-socialisme.  Les spécialistes (Van Gennep, Saintyves, Bettelheim) ont démontré que l'objet de ces récits n'était nullement fantaisiste, mais éducatif.

Alain Cagnat remet sa tête entre ses deux oreilles au premier ministre Valls, qui avait déclaré : « La nation corse, je ne sais pas ce que c'est. »  Désormais, il saura.  Il saura que les Corses ont résisté à de multiples envahisseurs et ne se sont jamais laissé soumettre.  Phorkys, premier roi légendaire de Corse, était fils de Gaïa, la déesse-mère.  Une présence humaine est attestée sur l'île depuis plus de 9.000 ans et la Dame de Bonifacio est née en -6750 AC.  La légende locale, non sans analogie avec les mythes berbères, rapporte que la bergère ligure Corsa a suivi son taureau qui nageait volontiers jusqu'à l'île.  Mais on raconte aussi que le Troyen Cor y a rejoint la Cartaginoise Sica.  Il y a également la divinité solaire Garganu, qu'on retrouve au mont Gargan que le chrtianisme allait rebaptiser Mont Saint-Michel.  Vers -3000, l'île se couvre de dolmens et de menhirs.  Leur île étant située au carrefour de la Méditerranée occidentale, les Corsi y côtoient des Phéniciens, des Etrusques, des Ligures, des Cathaginois.  Ce sont les Phocéens (marseillais) qui vont la coloniser, fondant Aleria en -564, introduisant la vigne, exploitant les mines.  Vers -250, les Romains chassent les Grecs.  Les Corsi, qui se révoltent, sont férocement réprimés.  Après l'effondrement de l'Empire romain, les Germains qui ont dévasté la Corse en sont chassés par les Byzantins.  Charlemagne s'empare de l'île en 774, pour en faire don au Pape.  A partir de cette époque, elle est sans cesse ravagée par les Maures, qui massacrent ceux de ses habitants qui ne sont pas commercialisables comme esclaves.  Les Corses se réfugient alors dans leurs montagnes, où ils installent leurs pieve, petites redoutes villageoises.  En 1016, les Pisans et les Génois débarrassent la Corse des Mauresques.  Les Génois, plus brutaux, prennent le contrôle des côtes où ils établissent des comptoirs commerciaux, laissant l'intérieur aux signori fidèles à Pise.  Au XVe siècle, les Génois confient la gestion de l'île à l'office de Saint Georges, une banque privée qui exploite abusivement et de manière brutale les Corses, qui ne s'en débarrasseront qu'en 1562.  Dès le début du XVIe siècle, les Barbaresques reprennent leurs razzias, parfois avec l'appui des Français : François 1er ravagera l'île, car les Génois sont les alliés de Charles-Quint.  Celui-ci, au Traité du Cateau-Cambrésis, rend la Corse à Gênes, qui la conservera jusqu'en 1729, quand les Corses se révolteront et proclameront leur indépendance.  Les Génois reprendront le contrôle avec l'aide de la France.  Pasquale Paoli, qui est alors élu chef de la Nation, édicte une constitution.  Louis XV envoie trente mille hommes et le traité de Versailles octroie la Corse à la France. La Révolution française donnera raison à Paoli, qui revient triomphant en 1790.  La Terreur n'épargnant pas la Corse, Paoli appelle les Anglais à l'aide.  Ceux-ci chassent les Français, mais annexent l'île.  Les Français reviendront deux ans plus tard avec Bonaparte qui va réprimer sévèrement les indépendantistes.  Aujourd'hui, ce sont eux qui sont au pouvoir sous la bannière Corsica Nazione.  Le nouveau président a prononcé son discours d'intronisation dans sa langue natale et, de préférence à la Marseillaise, il a fait chanter à son assemblée le Dio Vi Salvi Regina.  Les Corses sont des insoumis.  Agressés par des petites frappes immigrées, ils les ont prévenus : « Prenez garde à la fureur des Corses. »  Comme le recommande Elisabeth Badinter, « Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe.  Et surtout, NE BAISSEZ PAS LES YEUX.

Notre ami Yann a interviewé l'animateur du groupe musical Frakass, qui vient de sortir un dernier album, 'Le Sang perdu'.  Il s'inscrit dans la veine de réaction à la dégénérescence contemporaine, bien dans la ligne du renouveau païen auquel invite le mythe du Ragnarok, le crépuscule des dieux.  Quand on lui demande l'album du groupe qu'il préfère, il refuse de n'en citer qu'un ou alors 'Voluspa', parce qu'il est dédié à la naissance de Damien, le petit garçon du batteur.  Le prochain titre sera 'Gundestrup', du nom du fameux chaudron ancestral.

Roberto Fiorini réclame au Medef, le syndicat patronal, le million d'emplois qui avaient été promis en échange des dizaines de milliards perçus, citant Charles Pasqua : « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. »  Il avertit contre la stratégie qui vise à fragiliser toujours plus les travailleurs salariés et il évoque à ce sujet le NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate Unemployment), indicateur économique libéral qui désigne le taux de chômage suffisant pour dissuader la main d'oeuvre de faire valoir des prétentions (+ ou - 10%).  92% des offres d'emploi sont des contrats précaires.  Tous les chômeurs ne sont pas des fainéants.

Pierre Vial poursuit son étude fondamentale de la révolution.  Dans ses premières années, la Révolution française a installé un pouvoir de notables aux yeux de qui le peuple était une masse malléable.  Cependant, la crise économique qui a sévi en 1788 a entraîné la précarité alimentaire, la paupérisation rurale et le chômage dans les villes.  L'achat du pain représentait alors 50 à 90% des dépenses des classes populaires.  La survie de 40% de la population dépendait de la charité.  De nombreuses régions étaient infestées de brigands, pas toujours impopulaires.  La rumeur suggérait des complots visant à affamer le peuple et des manipulations tramées par les aristocrates.  Cela attisait des flambées de révolte, réactions contre le capitalisme exploiteur et contre l'Etat coercitif.  Le roi se révèle alors impuissant à assumer son rôle de père nourricier.  Paris, dans sa masse de populations écrasante (700.000 habitants), faisait se côtoyer des dirigeants opulents et des affamés, dans un mélange explosif que maniaient les agitateurs agités des cafés du Palais-Royal.  Nombre de Garde-Française passèrent alors du côté de l'émeute.  L'Assemblée constituante, prévue pour mettre sur pied une société parfaite, devait fatalement créer la désillusion.  La vente des biens de l'Eglise était censée garantir l'émission d'assignats, qu'une spirale inflationniste déprécia à peine un an plus tard.  La Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 aurait dû marquer la fin de la révolution. Une fraction seulement du peuple français prenait fait et cause pour elle.  Le reste était le terreau de la contre-révolution.  Le clergé était divisé.  Les prêtres réfractaires, souvent soutenus par la population, réveillaient la haine viscérale des anti-cléricaux.  Les paysans s'organisent contre les profiteurs.  Les clubs et les sociétés populaires véhiculent des mots d'ordre agressifs.  Y sévissent des journalistes excités, dont Marat, l'ami des opprimés.  Une minorité très déterminée forme une avant-garde révolutionnaire.  L'absence du pouvoir fortifie les radicaux.   Dans les campagne, la révolution est perçue comme une entreprise de déracinement venant des villes.  De 1791 à 1793, la guerre contre l'Europe se double d'une guerre civile, tandis que l'économie continue de se dégrader, l'échec de la fuite du roi.  La constitution enfin achevée, elle a été présentée à Louis XVI qui l'a approuvée, mais il était déjà trop tard pour que le geste calme le jeu.  L'Assemblée est divisée : entre les Feuillants royalistes et les Jacobins anti-monarchistes, le Marais des timorés, la Gironde pragmatique et modérée.  Quand le roi lui propose, pour reprendre la main, de déclarer la guerre à l'Autriche, il ouvre la boîte de Pandore.  Mais l'armée est en piteux état et lorsque le duc de Brunswick menace de détruire Paris si Louis XVI n'est pas rétabli, il signe en fait l'arrêt de mort du roi.  Les Tuileries sont envahies, ses défenseurs massacrés, l'Assemblée vote la suspension du roi et se reforme en Convention.  Danton fait incarcérer la famille royale.  C'est dans ces conditions qu'a lieu la plus que surprenante victoire de Valmy.

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mercredi, 04 mai 2016

CIUDAD DE LOS CESARES n°107

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CIUDAD DE LOS CESARES n°107

Revista de Política y Cultura Alternativas.
Fundada en Santiago de Chile en Junio de 1988.
Director: Erwin Robertson R.
Dirección postal: Casilla 16.480, Santiago 9, Chile.
Dirección electrónica: ciudad_de_los_cesares@yahoo.com
Marzo / Mayo de 2016

CC-ob_7c65a2_107.jpegCon este Equinoccio de Otoño se inicia el XXVIII año de Ciudad de los Césares. Como ya en ocasiones anteriores, los aniversarios –jalones que marcan el camino recorrido- sirven para tomar nuevos alientos, mirar hacia atrás por un momento –medir la distancia recorrida- y reemprender la marcha. Es posible que algunos caminantes se hayan rezagado; y es que, como en una peregrinación, nadie –dice nuestro recordado José Luis Ontiveros en el último artículo entregado a Ciudad de los Césares- está excluído de trazar sobre su alma el itinerario de su cura o de su perdición; y, al fin, es el corazón el camino que nunca se equivoca.

Como siempre, se comienza con lo que al orden de la Polis se refiere; y en cuanto a ello, el redactor E.R. nos advierte, en “Asociación Transpacífica y geopolítica global”, que la Ciudad, si llega a adherir a un tratado, corre el riesgo de incorporarse a una geopolítica que no es la suya; y que, en esta materia, lo primero es definir al Enemigo.

Cuáles son las trampas que este tipo de tratados suele presentar, nos enseña también Bernard Notin en “La picardía de los acuerdos comerciales globalitarios”.

En “Clausewitz y Schmitt: Guerra y Política”, Pablo Anzaldi quiere indicar el camino para sobrepasar el malestar liberal de Iberoamérica, llamando al estudio de estos dos clásicos del pensamiento político.

Por su parte, Teodoro Klitsche de la Grange observa en “La resurrección de las naciones- Nacionalismo y globalización” que la tendencia nacionalista, y su expresión concreta, el Estado nacional, están más vivos de lo que se había dado por hecho hace algún tiempo.

Entrevistado en “Marx, Gramsci, Gentile. Para una filosofía de la acción, más allá de derechas e izquierdas”, el filósofo italiano Diego Fusaro declara que esta fase totalitario-absoluta del capitalismo ha vuelto obsoletas las antiguas distinciones políticas y llama, en consecuencia, a la unión de todas las fuerzas anticapitalistas.

A propósito de una obra sobre una corriente política chilena, Renato Carmona se pregunta “¿Cómo desarrollar un discurso que comprenda adecuadamente la situación política actual?”. Y “ciclo”, “situación”, “discurso”, “comprensión” y, en suma, “cultura política”, son las nociones clave que interroga. “Entre ruptura y permanencia- Actualidad de Cioran”, de Yannick Sauveur, quiere mostrar efectivamente como el escritor rumano de los años Treinta es el mismo de la Posguerra, y cuán actual sigue siendo.

Renzo Giorgetti, por su lado, presenta “Una imagen de la contra-iniciación”, valiéndose nada menos que de una novela de Louis-Claude de Saint-Martin, el Filósofo Desconocido. “Música alternativa y Tradición. Barbarossa Umtrunk” da a conocer esta banda musical y sus referencias culturales, mediante una entrevista a su fundador.

Y por fin, Guillermo Sepúlveda nos sugiere una “Autoterapia para sanar una personalidad deconstruída”. Quedan todavía los Libros: esta vez nos encontramos con Luis Oro Tapia (El concepto de realismo político), Wolfgang Martynkewicz (Salón Deutschland), Takashi Furubayashi/ Hideo Kobayashi (Últimas palabras de Yukio Mishima), Hugo Eduardo Herrera (La derecha en la crisis del Bicentenario) y Gloria Dünkler (Yatagán).

En suma, todo un cargamento, lector, que esperamos sea para tu inquietud. Salve.

http://revistaciudaddeloscesares.blogspot.fr/

samedi, 19 mars 2016

Tekos 161: Ierse strijd in perspectief

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INHOUDSOPGAVE

    • Editoriaal
       
    • De Ierse onafhankelijkheidsverklaring van 1916
      vertaald door Francis Van den Eynde
       
    • De Ierse paasopstand van 1916 in historisch perspectief
      door Francis Van den Eynde
       
    • Sinn Fein en het "Left Republicanism"
      door Geert Struyve
       
    • De Finse Lapua-beweging
      door Pieter Jan Verstraete
       
    • De crisis van de hedendaagse identiteiten
      door Thibault Isabel vertaald door Peter Logghe
       
    • Sprokkels uit de moestuin
      door Björn Roose

 

 

samedi, 02 janvier 2016

La Nouvelle Revue d'Histoire n°82

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La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque

(n° 82, janvier - février 2016)

Le dossier central est consacré à De Gaulle et à ses rapports avec les Américains.

On peut y lire, notamment,  des articles de Pierre-Yves Rougeyron ("1940-1945 : Le duel de Gaulle-Roosevelt"), de Hervé Giraud ("Giraud et les Américains"), de Nicolas Vimar ("La France devient une puissance nucléaire"), de Philippe Fraimbois ("1966. La France sort de l'OTAN"), de Gaël Moulec ("De l'Atlantique à l'Oural : De Gaulle et l'Union soviétique"), de Martin Benoist ("De Gaulle en Roumanie ou le temps des illusions") et de Lionel Rondouin ("De Gaulle et Jacques Rueff. Contre le dollar-roi").

Hors dossier, on pourra lire, en particulier, deux entretiens, l'un avec Bernard Lugan ("Comprendre le chaos libyen") et l'autre avec Thierry Buron ("La nouvelle Allemagne"), ainsi que des articles d'Emma Demeester ("Gambetta. La République et la patrie"), de Péroncel-Hugoz ("Anne de Kiev, reine capétienne"), d'Yves Morel ("1829-2015. Pourquoi le désastre grec ?"), de Rémy Porte ("1915-19-16 : Martyre et renaissance de l'armée serbe") et de Jean-François Gautier ("Les militaires et la musique"), ou encore les chroniques de Péroncel-Hugoz et de Philippe d'Hugues....

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vendredi, 18 décembre 2015

Ciudad de los Césares N°106

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Ciudad de los Césares N°106

Diciembre de 2015 / Febrero de 2016

Presentación

Los lectores antiguos de Ciudad de los Césares conocen sus ritmos y sus tiempos y saben tener paciencia; saben que esta revista, viviendo normalmente al límite de sus medios, o más allá de ellos, se toma sus libertades en relación con las regularidades que de una publicación periódica se esperan. Que, no obstante, espera volver siempre junto a esos lectores, así los dioses la asistan. Como hace en la presente ocasión.

Temas de interés en la política nacional y en la internacional se han acumulado en estos meses. De los más relevantes de ellos se hace cargo E.R. en “Derrotas no heroicas y apetito constituyente”: se trata de los tropiezos que en su vida internacional el país experimenta, y de los senderos  por donde se quiere llevarlo en lo interior. Sin dejar de dar una mirada a los acontecimientos que en el ancho mundo se suscitan. Renato Carmona, en “De historia y de terrorismo”, indaga en los dos tópicos contenidos en su título, en busca de referencias culturales más profundas para la política del momento. Por su parte, nuestro amigo Guillermo Andrade nos entrega una crónica de actualidad en “¿Versalles o Brest-Litowsk? El acuerdo nuclear de Irán”. Y como siempre, el economista francés Bernard Notin desnuda la realidad de la economía global, ahora en “La oligarquía criminal del occidentalismo”. Encontramos también todo un análisis del estado actual del mundo, en sus aspectos jurídico y político, en las “Notas sobre la dependencia de los Estados y la Globalización”, del jurista italiano Teodoro Klitsche de la Grange.


Pasamos a otro terreno con la entrevista al escritor francés Luc-Olivier d’Algange, ya conocido en Ciudad de los Césares, quien habla de la lengua como recurso contra la uniformación, de las remniscencias de lo más lejano y del momento del Paraíso. “Los Kalash, últimos paganos del Hindu Kush”, nos lleva al tema de la difícil supervivencia de esta etnia indoeuropea, según la conferencia del lingüista y estudioso de la mitología Jean Vertemont. “Navidades rabínicas”, del profesor argentino Arnaldo Rossi, enseña la interpretación del cristianismo que en ciertos intelectuales judíos se encuentra, y la recepción que ella tiene en medios católicos. “Autorretrato” es a modo de la despedida del fallecido escritor mexicano José Luis Ontiveros. Por cierto, el amigo que nos ha dejado es especialmente recordado. Por último, y como es habitual, los libros, siempre parte del bagaje que los seguidores de una cultura alternativa deben portar: Giorgio Agamben, Michel Houellebecq, el chileno Martín Cerda están entre ellos, así como el volumen que recoge las ponencias del Encuentro de la América Románica de Buenos Aires en 2014, y aquel que reune las visitas del escritor Miguel Serrano a Ciudad de los Césares. A más de las revistas recibidas. Todo un material para discutir, pues; y con ello, hasta la próxima: ¡salve!, lector.

Ciudad de los Césares
Revista de Política y Cultura Alternativas
Casilla 16480 Santiago 9 Chile

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mercredi, 09 décembre 2015

Les peuples fondateurs de l'Europe...

Les peuples fondateurs de l'Europe...

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Le onzième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré aux peuples fondateurs de l'Europe.

Au sommaire de ce numéro :

Éditorial : Qui sont les Européens ?
Par Philippe Conrad

L'Europe, du néolithique à l'âge de Bronze
Par Philippe Fraimbois

A la découverte d'un peuple
Par Henri Levavasseur

Les Indo-Européens
Entretien avec Jean Haudry, propos recueillis par Pauline Lecomte

Sur l'existence des Indo-Européens
Par Yann Le Bohec

L'Europe est née en Grèce
Par Philippe Conrad

Peuples d'Italie préromaine
Par Jean-Louis Voisin

Ce que nous a légué Rome
Par Jean-Louis Voisin

L'Europe des Celtes
Par Philippe Conrad

Des Gaulois aux Gallo-Romains
Par Yann Le Bohec

Le monde des Ibères
Par Philippe Parroy

Les Basques, le peuple le plus ancien d'Europe
Par Arnaud Imatz

L'Espagne des Wisigoths
Par Michel Savoie

L'essence de l'Espagne
Par Arnaud Imatz

La Catalogne, avec ou sans l'Espagne ?
Par Arnaud Imatz

Aux origines du monde germanique
Par Henri Levavasseur 

Bretons insulaires et armoricains
Par Yves de Tréséguidy

Quand la (Grande) Bretagne est devenue l'Angleterre
Par Philippe Parroy

L'exception irlandaise
Par Philippe Conrad

Les raisons du "miracle franc"
Par Philippe Conrad

L'Aquitaine, à la périphérie de l'espace franc
Par Bernard Fontaine

Le royaume ostrogoth de Théodoric
Par Bernard Fontaine

L'Italie des Lombards
Par Bernard Fontaine

A la recherche de l'homme scandinave
Par Nicolas Kessler

Des Magyars à la Hongrie historique
Par Henri Bogdan

Unité et pluralité des Allemagnes
Par Eric Mousson-Lestang

L'ethnogenèse des Russes
Par Jean-Pierre Arrignon

Comment la Russie retrouve ses racines
Par Jean-Pierre Arrignon

L'identité française, un produit de l'histoire
Par Pierre de Meuse

L'obsession de l'ailleurs
Par Ludovic Greiling

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lundi, 07 décembre 2015

TERRE & PEUPLE Magazine n°65

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Communiqué de "Terre & Peuple"-Wallonie:

TERRE & PEUPLE Magazine n°65

Le numéro 65 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème 'L'ISLAM, les bonnes questions, les bonnes réponses'.

Pierre Vial, consacre son éditorial au penchant au suicide que manifeste l'Europe : après l'hécatombe de 1914-1918, récidivée vingt ans après, elle se précipite à présent -est-ce le coup de grâce- dans l'apocalypse prophétisée en 1973 déjà par Jean Raspail, dans son 'Camp des Saints'. Tandis que les élites mondialistes complices redoutent un sursaut populiste, et que les pays d'Europe de l'est refusent en effet d'accueillir sans limite les envahisseurs, le pape demande au contraire à chacun des siens de recevoir ces conquérants, trop souvent arrogants.

Le Blancmeunier épingle, comme nous l'avons fait dans notre numéro précédent, les XIVe Olympiades juives, qui se sont tenues à Berlin dans l'Olympia Stadion où ont eu lieu les Jeux de 1936. Il y associe l'hommage rendu dans le Musée des Cultures Européennes (sic) au transsexuel Conchita Wurst (remarquant que son prénom signifie petit vagin) !

Sur nos racines génétiques, Robert Dragan annonce deux bonnes nouvelles : d'abord, que la question des Indo-Européens n'est pas tabou pour les médias américains et, ensuite, que les travaux d'une équipe de chercheurs américains vient aujourd'hui confirmer l'opinion des linguistes qui situent le foyer originel de la langue mère des parlers européens en Ukraine et dans la plaine germano-polonaise et balte, avec une civilisation qui remonte à 3000 AC et qu'on désigne du nom d'un site de référence : Yamanaya (à mettre en mémoire).

Pierre Vial ouvre le dossier central en soulignant la réalité éclatante de la conquête territoriale de l'Europe par l'islam, qui la justifie comme étant la volonté d'Allah. Le salafisme a la prétention de nous purifier de notre impureté, notamment en détruisant les reliques du christianisme médiéval comme celles du paganisme gréco-romain. Nous sommes appelés à une nouvelle croisade de reconquête sous le signe de la croix celtique.

N. Bagration invite à la connaissance de l'islam, par celle de Mahomet et par celle du Coran. Mahomet est un orphelin pauvre, contraint de travailler comme berger et ensuite comme caravanier au service d'une riche veuve, qu'il épouse et qui lui donne quatre filles, ce qui le contraint à adopter son cousin Ali. Méprisé des notables de La Mecque, dont le pouvoir était assis sur le culte d'idoles (dont une météorite noire), Mahomet que son métier avait mis au contact des religions juive, chrétienne et zoroastrienne, avait appris des bribes de monothéisme. Rejeté par les bourgeois, il se serait retiré dans les montagnes pour y méditer et l'archange Djibril (Gabriel) lui a alors transmis la parole d'Allah, qu'il a dictée ensuite à des secrétaires. Allah dénonce les riches arrogants, qu'il adjure de suivre son prophète et de donner leur fortune aux pauvres. Ces pauvres, Mahomet les rassemble autour de lui. Après une brève tentative d'intégrer dans son discours les idoles païennes (voir les versets sataniques), il reprend des éléments de christianisme et de judaïsme, tentant de rallier les tribus juives qui sont nombreuses et puissantes dans la péninsule. Mais celles-ci lui reprochent sa connaissance approximative de la Bible. Au décès de ses protecteurs, son oncle, chef de son clan, et son épouse, il est contraint de quitter La Mecque en 622. Il se retire avec une centaine de fidèles à Médine : c'est l'Hégire, départ du calendrier musulman. Il épouse plusieurs femmes (Sadwa, Aïcha qui a 6 ans, Zaynab qui est la femme de son fils Ali, Allah l'autorisant opportunément à transgresser l'interdit !). Il organise des razzias et des attaques de caravanes. Ayant violé une trêve sacrée, il fait scandale, mais il produit une sourate qui l'y autorise. Les Mecquois excédés mettent le siège devant Médine, mais ils échouent et Mahomet devient alors le maître de la ville. Allah lui dicte alors la Charia, avec son code politique. Le message d'Allah devient arabisant et anti-juif. La prière ne doit dès lors plus se faire en direction de Jérusalem, mais de La Mecque, dont Mahomet s'empare bientôt sans combat. Allah interdit désormais les razzias contre des musulmans et le puissant mobile du butin est réorienté vers l'extérieur du monde arabe. Mahomet meurt inopinément en 632.

Le Coran comporte 6.240 versets, regroupés en 114 sourates ou chapitres. Les versets, qui sont la parole d'Allah sont versés dans le coeur de Mahomet par Djibril, en fonction des circonstances. Les titres des sourates sont sans rapport avec leur contenu. Elles sont classée par ordre de taille, les plus longues d'abord, ce qui a pour effet un ordre chronologique inverse, car les sourates révélées à La Mecque (de 612 à 622) sont les plus courtes, certains de leurs versets ne comportant parfois que quelques syllabes. Elles sont parfois contradictoires, les verset postérieurs annulant les plus anciens : ainsi, les versets médinois qui prêchent la violence annulent 124 versets mecquois qui prônent la tolérance. Le Coran est destiné à être mémorisé et récité. Initialement, il n'a pas été écrit. La première version écrite n'a été ordonnée que par le troisième calife Utman. Le texte ne doit pas donner lieu à méditation réfléchie, mais à soumission aveugle. Il est très matérialiste : l'enfer est présenté comme une salle de torture et le paradis comme un lupanar. Fataliste, il nie le libre arbitre. Le texte est immuable et le réformisme est surtout un retour aux sources, à un âge d'or mythique.


Robert Dragan plaide pour un retour à une étude scientifique des origines de l'Islam, distante de toute révérence à l'égard d'une révélation monothéiste qui serait venue parachever les deux autres. Le Coran est truffé de référence à la Bible, de citations de la Torah : soit Dieu a répété une partie de sa révélation, soit les proto-musulmans étaient de culture judéo-chrétienne et il faut alors se demander comment ils ont pu produire un Livre nouveau aussi différent ? La Sira regroupe les éléments de la biographie de Mahomet qui ont été fixés par Al-Boukhari d'après des témoignage oraux, les Hadiths, au plus tôt deux siècles et demi après les faits. Avec leurs commentaires, elles constituent la Sunna. Or, au fil des siècles, le nombre des Hadiths n'a cessé de croître : il y en a des dizaines de milliers et les Chiites d'Iran en revendiquent un million et demi ! La tradition historique affirme que le calife Utman a fait procéder à un tri des Corans alors en circulation. Par ailleurs, on notera que Mahomet, superlatif d'un adjectif qui signifie 'digne d'être loué', qualifie 'le Christ Jésus fils de Marie' sur une inscription sur le Dôme du Rocher, à Jérusalem. D'autre part, la langue du Coran n'est pas celle de Médine et de La Mecque et elle donne à penser que les premiers musulmans étaient des Syriens et des Araméens, qui vouaient un culte au Christ et voulaient reconquérir le Terre Promise. Le verset 111 de la sourate 2 promet : N'entreront au paradis que les juifs ou les naçara. Il s'agit de judéo-chrétiens qui avaient pris Jésus pour le messie conquérant et dont saint Jérôme souligne qu'ils ne sont ni juifs ni chrétiens. Toutes ces données sont connues des exégètes, mais demeurent confidentielles en Occident. Pourquoi ?


Alain Cagnat décrit la fulgurante expansion arabo-musulmane durant le VIIe siècle. Alors que les premiers écrits en arabe (araméen dénaturé) ne remontent pas au delà du Ve siècle et que le judaïsme et le christianisme se développent dans la péninsule arabique au prix de grandes violences, de multiples prophètes y prêchent leurs révélations. Mahomet, qui se fera un devoir d'exterminer ses concurrents, meurt en 632, laissant une communauté divisée. Son beau-père lui succède en tant que calife. Il meurt en 634, mais trouve le temps de convertir de force toutes les tribus de la péninsule. Le deuxième calife est assassiné en 644 et remplacé par Uthman, gendre du Prophète, qui est assassiné à son tour. Le quatrième calife est Ali, un autre gendre de Mahomet, qui rencontre l'hostilité d'Aïcha, la veuve du Prophète, et c'est de la fitna, la guerre civile qui ne cessera plus jamais. Les révoltés sont vaincus à la Bataille du Chameau, en 656, mais Ali est assassiné en 658. Son fils al Husayn doit abandonner le califat et les partisans d'Ali, les shi'at Ali (chiites) n'accepteront jamais l'usurpation des sunnites, lesquels se jugent les seuls orthodoxes. Le calife sunnite Mu'âwija transfère la califat à Damas, capitale des Omeyades. Son fils Yazid lui succède en 680. Il écrase les partisans d'Ali à Karbala, en Irak, où al-Husayn est tué. Karbala devient la ville sainte des chiites, où ils commémorent chaque année leur tragédie au cours de l'Ashura, procession d'auto-flagellés. Les califes Omeyades règnent durant 90 années et, exploitant le penchant des tribus arabes pour le rezzou, étendent la conquête bien au delà de la péninsule, à tout le Moyen-Orient, à l'Egypte, à la Libye, la Tunisie, le Maghreb jusqu'à l'Atlantique. En 711, Târiq Ziyâd, qui règne à Tanger, se rue en Hispanie avec 12.000 Berbères. Il bat le roi Wisigoth à Guadalete et s'empare de Cordoue et de Tolède. Une autre armée, formée d'Arabes, s'empare de Séville et fait sa jonction avec l'armée berbère. Les musulmans balayent toute la péninsule ibérique, à l'exception du petit royaume wisigoth des Asturies. Son roi Pelayo, retranché dans ses montagne, lance une contre-attaque et détruit une armée mahométane à Covadonga, en 722 soit tout juste un siècle après l'Hégire. C'est le début de la Reconquista. Les Arabes ne s'attardent pas, franchissent les Pyrénées, prennent Narbonne, poussent jusqu'à Autun. Mais les Francs de Charles Martel les écrasent à Poitiers en 732 et reprennent Nîmes, Béziers et Narbonne. Il a suffi d'un siècle pour que des Bédouins fanatisés religieusement et avide de butin s'imposent aux puissances de l'époque, Byzance, la Perse, les Wisigoths d'Espagne. Cette dernière ne sera complètement libérée qu'en1492 et l'Europe repoussera les Ottomans jusque dans le XIXe siècle.


L'auteur démontre ensuite le caractère abusif et tactique de la distinction qu'on invite à opérer entre l'islam et l'islamisme, qui serait seul à devoir aujourd'hui être rejeté. Il dénonce la tentative de disqualification de toute contradiction par l'accusation d'islamophobie.


Enfin, pour illustrer son argumentation, il retrace l'histoire d'al Qaïda. Pour achever les Russes, embourbés en Afghanistan, les Américains forment et équipent lourdement des guérilleros musulmans, qui vont ensuite échapper à leur contrôle et se muer en talibans, hommes de foi pris en main par un richissime saoudien, Bin Laden. Ils n'admettront pas, lorsque les Américains entreprennent de 'libérer' le Koweit, l'idée de kufars impurs qui souillent la terre d'islam/ On connaît la suite : le 09-11 et al Quaïda mise au ban de l'humanité.

Avec la seconde guerre du Golfe, la milice est pulvérisée et un fragment se transforme en Etat Islamique, avec al Bagdhâdi comme calife. Ciblé en 2005 et blessé, il est capturé. Les Américains (pressés d'être débarrassés d'Assad ?) le libèrent ! L'Etat Islamique et al Qaïda, faux jumeaux, se sont donné comme objectif de conquérir la terre entière, en agissant sur une base populaire à partir de petits chefs locaux. Ils comptent sur la conversion d'une masse de petits Blancs décervelés par leurs élites et achevés de stupeur.


Pierre Vial règle leur compte à ces convertis qui, s'ils ne partent pas en Syrie (un volontaire sur quatre est un autochtone européen), se fondent sagement dans la masse. Nos immigrationistes minimisent le phénomène. Certains se convertissent pour épouser une musulmane, d'autres pour pouvoir survivre dans un milieu sous haute tension (notamment les prisons). Ils ne s'embarrassent guère de lire le coran.


L'auteur poursuit sur le thème du djihad, dont la finalité n'est pas de convertir, mais de conquérir. Il remarque que la guerre, incompatible avec les préceptes chrétiens, est cependant admise par l'Eglise à la condition d'être juste. Le militaire qui tue ne fait qu'obéir à la loi. Il peut le faire sans haine. La bulle d'Innocent II, qui institue l'ordre des Templiers, moines-guerriers, a fait de larges emprunts aux écrits de Saint Bernard de Clairvaux.


Pierre Vial encore souligne le contraste du statut de liberté et de dignité de la femme dans les traditions européennes et l'avilissante impureté dont l'islam la marque. Le comportement complexé du mâle musulman se révèle jusque dans les viols qu'il commet : de nombreuses femmes yézidis qui en ont été les victimes témoignent que leurs bourreaux s'accroupissaient pour prier avant de commettre leur forfait.


Llorenç Perrié Albanell clôture le dossier sur l'islam par un rappel de la guerre ethno-religieuse en Bosnie. Le ministre bosniaque de la Défense Hassan Cengic était imam. Les armes provenaient d'Iran. Les mercenaires, tous musulmans, étaient payés par ben Laden. L'armée musulmane, 200.000 hommes, a été largement financée par les Etats-Unis. The Mirror a repris en juillet 2015 l'information de BFMTV sur le village bosniaque de Osve, qui sert aujourd'hui de camp de base à Daesh ! Il cite le livre d'Ibran Mustafic 'Srebrenica, Le chaos planifié', qui rapporte le massacre d'un millier de musulmans modérés par les radicaux de Naser Oric, aux fins de justifier l'intervention de l'Otan contre la Serbie.


Roberto Fiorini a recensé le livre de Jean-François Bouchard 'Le banquier du diable' sur l'oeuvre du financier économiste Hjalmar Schacht, patriote qui a refusé d'affamer le peuple allemand en remboursant les dettes, dont les pharamineuses réparations de guerre. Préférant investir les faibles ressources dans l'économie réelle de préférence aux spéculations financières, il a permis à son pays exsangue de se relever plus puissant que jamais. « Cette détermination à orienter les moyens sur le bien commun, su présente à berlin et si absente à Paris avait conduit à un écart entre les deux pays qui semùblait irrattrapable. » (2015, éd. Max Millo, 284 p., chez Akribeia, 45/3 route de Vourles, F-69230 Saint-Genis-Laval, 18,90€ + port)


Jean-Patrick Arteault nous a déjà largement informés, dans sa longue enquête sur les racines anglo-saxonnes du mondialisme parue dans TP Magazine, sur Carroll Quigley, professeur à Oxford qui a étudié de tout près l'histoire secrète de l'oligarchie anglo-américaine. C'est sous ce titre que parait au Retour aux sources (452p., 26€) la traduction française de l'ouvrage de Quigley, présentée par Pierre Hillard. On se rappellera que, dans le dernier quart du 19e siècle, un groupe d'hommes de la haute société britannique a été réuni, par Cecil Rhodes d'abord et par Alfred Milner ensuite, en connexion avec la haute finance mondiale, pour réaliser l'unification du monde sous direction anglo-saxonne. Parmi leurs moyens d'action, il y a la formation de réseaux d'influence (notamment le Groupe de Bilderberg) et l'éducation de jeunes sujets d'élite. La fortune considérable de Cecil Rhodes a servi à constituer une fondation de bourses d'études. On notera que les époux Clinton sont tous deux des boursiers Rhodes.

samedi, 05 décembre 2015

Rébellion n°72: une autre éducation!

Une autre éducation !...

Nous vous signalons la parution de la revue Rébellion (n°72, novembre - décembre 2015). Vous pourrez notamment lire dans ce numéro un dossier sur l'éducation et des articles de David L'Epée et de Charles Robin, l'auteur de La gauche du Capital (2014).

On notera au passage que la revue dispose désormais d'un très beau site que nous vous invitons à consulter : Rébellion

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Au sommaire de ce numéro :

Éditorial: Hic Sunt Dracones

Réflexion : L’allogénat, ou l’appel au coucher des luttes révolutionnaires françaises et africaines, par Dany Colin

Actualité : Et revoilà les gaucho-humanitaristes dans la rue ! par Jean Morvan

Dossier : Pour une autre Education

La fabrique de l’aliénation sur l’école techno-libérale, par Charles Robin
« Produire du temps de cerveau disponible » : l’éducation dans le monde moderne, par Marie Chancel et Dazibao
La destruction de l’Ecole : Objectif politique prioritaire du Pouvoir, par Patrick Visconti

Polémique : Les chiens de garde aboient et la caravane passe, par David L’Epée

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mercredi, 04 novembre 2015

LIMITE: Une revue quelque peu limitée

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LIMITE: Une revue quelque peu limitée

par Georges FELTIN-TRACOL

 

limi108-55d72edfbe727.jpgLe politiste Gaël Brustier a-t-il raison de définir le large mouvement de protestation contre le « mariage pour tous » comme la manifestation d’un « Mai 68 conservateur » (Éditions du Cerf, 2014) ? Quand on en observe attentivement les différentes composantes, on ne peut qu’être frappé par sa grande hétérogénéité. Si le groupe appelé Sens commun se fourvoie maintenant chez Les Républicains (l’ex-UMP) et que La Manif pour Tous se contente des seuls sujets sociétaux, d’où ce silence éloquent sur le travail dominical bientôt obligatoire et l’invasion migratoire en cours, Le Printemps français, longtemps en pointe contre le pouvoir en place, s’est volatilisé. Quant aux Veilleurs qui exprimaient leur désapprobation par l’immobilité et la déclamation face aux « forces du désordre » des passages entiers extraits des œuvres de Péguy et de Bernanos, ils ne soutiennent plus le siège devant quelques ministères. Ils misent dorénavant sur un périodique qui se veut d’écologie intégrale : la revue Limite.

 

Lancée suite à la parution de l’essai de Gaultier Bès, Nos limites, puis de l’encyclique pontificale du « pape » conciliaire Bergoglio, Laudato Si’, cette nouvelle revue conteste l’ensemble des structures libérales-libertaires et progressistes. Issue de la rencontre entre la génération des Veilleurs et celle, plus ancienne, qui anima dans les années 1990 la revue souverainiste – royaliste Immédiatement, Limite se positionne sur le créneau chrétien bioconservateur. Par ce titre significatif, la rédaction juge que « notre écologie ne peut qu’être intégrale : indissolublement sociale et environnementale, éthique et politique » contre les ravages de la société technicienne (selon l’expression d’une de leurs références, le penseur protestant Jacques Ellul). Ainsi souhaite-t-elle concilier une « certaine décroissance matérielle » et « un renouveau spirituel radical ». Limite se veut par ailleurs non libérale. Non libérale et pas anti-libérale parce que certains de ses rédacteurs comme Eugènie Bastié publient de temps en temps dans Le Figaro où sévit le dénommé Ivan Rioufol qui se félicitait, le 26 avril 2013, que « les jeunes Européens se disent fidèles […] à la famille, au couple, à la propriété, mais ils soutiennent aussi l’initiative privée, le libre marché, la globalisation. Conservateurs et libéraux, ils sont une aubaine pour la France ». Bigre !

 

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Gaultier Bès

 

Une revue ambiguë

 

Lecture achevée, un réel sentiment d’ambiguïté perdure. Outre les habituelles tentatives de disculper le christianisme et par-delà lui, le monothéisme, de ses lourdes responsabilités dans la crise écologique, un vrai flou politique persiste du fait de l’absence de maturité du bioconservatisme chrétien. Sur le site de la revue, revuelimite.fr, Falk Van Gaver met en ligne un vibrant « Redécouvrons la théologie de la libération » ! Attendons-nous qu’un article avance que le Che Guevara était un authentique éco-guerrier…

 

Qualifié de « Michéa britannique », Phillip Blond se proclame « Red Tory » (conservateur rouge) qui « exclut à la fois le monopole du marché et celui de l’État ». Il conseilla David Cameron en 2010, celui-là même qui a fait adopter le mariage gay, réduit les aides fiscales aux familles nombreuses et restreint tous les jours un peu plus les libertés publiques sous couvert de lutter contre les islamistes. L’intéressant entretien avec cet héritier du distributionnisme de G.K. Chesterton et Hilaire Belloc s’inscrit dans la veine de deux autres contributions qui saluent la Commune de Paris de 1871 et en appelle à un christianisme social plus offensif. Limite aura-t-elle cependant l’audace de redécouvrir et d’actualiser les travaux des non-conformistes des années 1930, à part les figures obligées du « personnalisme gascon », Jacques Ellul et Bernard Charbonneau ? Il faut le souhaiter si la rédaction se donne l’ambition d’occuper et de tenir la ligne de crête des idées.

 

Bien plus grave constitue « Regards sur la condition des migrants », un article de Pierre Jova. La duplicité du bioconservatisme chrétien y est manifeste en suggérant une « tierce voie » à la fois hostile aux sans-frontiéristes et aux « idolâtres […] de la “ remigration ” ». Cette « tierce voie » impliquerait l’évangélisation des envahisseurs ! Une scandaleuse prise de position guère surprenante. Dans Marianne (du 23 au 29 octobre 2015), Jean-Claude Jaillette trace le portrait de Marion Maréchal – Le Pen qui correspond assez bien à ce bioconservatisme en formation. L’article cite un certain Benoît Sévilla, responsable des Veilleurs à Versailles : « Une nouvelle ligne de fracture apparaît. Ultra-conservateurs sur les questions de société et d’accord avec le FN, nous sommes en désaccord avec eux sur la question des migrants. » Que les Veilleurs de la préfecture des Yvelines offrent donc leur loft à leurs chers clandestins ! Seraient-ils donc des No Border en puissance, croyants en plus ?

 

Un accueil criminel

 

Une fois encore, un mauvais esprit versaillais sur l’Hexagone. L’Église et le christianisme contemporain des années 2010 démontrent leur nocivité en prônant « la charité inconditionnelle envers les migrants ». Pierre Jova affirme tranquillement que « pour annoncer le Christ aux migrants, il faut être au clair avec notre propre identité. Une identité vivante, et non figée, tenue pour acquise. L’Europe est chrétienne parce qu’elle fut forgée par des gens qui croyaient en Dieu, et non dans les “ valeurs ” chrétiennes ». Pas exempt de contradictions, Pierre Jova propose le co-développement. Se détournerait-il de l’après-développement prescrit en son temps par l’économiste François Partant ? Avec « La décroissance rend-elle obsolète le clivage gauche – droite ? », mis en ligne le 16 septembre 2015, Kévin Victoire considère que seule « la revue Limite constitue un exemple (le seul ?) de tentative de dépassement des vieux clivages. Ici, pas de paganisme, ni d’ethno-différentialisme ». À tort, mais cohérent de la part de militants chrétiens qui œuvrent à la décadence européenne.

 

Le « Grand Remplacement » en cours est de nature démographique et ethnique. Il ne fait que se superposer à un autre Grand Remplacement, beaucoup plus ancien, réalisé il y a environ 2000 ans : le spiricide chrétien à l’encontre des paganismes euro-boréens dont la vision du monde était profondément écologique et qui posait des distinctions entre leurs membres et leurs éventuels hôtes (hostis). La revue Limite n’a pas encore atteint ce limes fondamental. Dommage pour elle !

 

Georges Feltin-Tracol

 

Limite. Revue d’écologie intégrale, n° 1, septembre 2015, « Décroissez et multipliez-vous ! », 96 p., 12 €.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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lundi, 02 novembre 2015

La Nouvelle Revue d'Histoire n°81 est en kiosque

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La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 81, novembre - décembre 2015)

Le dossier central est consacré aux scandales financiers et à la corruption politique. On peut y lire, notamment,  des articles de Philippe Conrad ("La corruption des « grands ancêtres »" ; "Panama et les « chéquards »"), de Martin Benoist ("1847 : l'affaire Teste-Cubières"), de Christian Lépagnot ("Le duc de Morny et les bons Jecker"), de Jean Kappel ("Le krach de l'Union générale" ; "La Légion d'honneur à l'encan" ; "La cinquième république des « affaires»"), de Clément Mesdon ("L'affaire Stavisky") et d'Olivier Dard ("Politique et finance, les raisons du scandale").

Hors dossier, on pourra lire, en particulier, deux entretiens avec Jean-Paul Bois ("Une nouvelle histoire militaire") et un autre intitulé "Dominique Venner et le Blanc Soleil des vaincus"), ainsi que des articles d'Emma Demeester ("Godefroy de Bouillon. Un preux à Jérusalem", de Philippe Parroy ("Les deux siècles de la croisade d'Orient"), d'Agnieszka Moniak-Azzopardi ("La Grande Guerre, une guerre polonaise ?"), de Laurent Wetzel ("Jean-Paul Hutter, un normalien dans la Wehrmacht") d'Isabelle de La Mettrie ("Décembre 1965. De Gaulle en ballotage") et de Martin Benoist ("Le monde disparu de la Prusse rouge"), ou encore les chroniques de Péroncel-Hugoz et de Philippe d'Hugues....

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samedi, 03 octobre 2015

Revue "Conflits": Inde/Chine

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Inde-Chine, un même horizon ?...

Le septième numéro de la revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon, et dont le dossier est consacré aux relations entre l'Inde et la Chine, vient de sortir en kiosque.

Au sommaire de ce numéro :

ÉCHOS

ÉDITORIAL

Ils ne voient pas, ils n'entendent pas, ils ne parlent pas Par Pascal Gauchon

ACTUALITÉ

ENTRETIEN

François Godement, le regard froid d'un homme chaleureux Propos recueillis par Pascal Gauchon

PORTRAIT

Henry Kissinger. Le "révolutionnaire blanc" Par Charles Zorgbibe

ENJEUX

Un paradis fiscal. Une construction géopolitique Par Vincent Piolet

ENTRETIEN

Général François Lecointre. L'armée française face au terrorisme

ENJEUX

Sport et influence Par Jean-Baptiste Noé

ENJEUX

Fuir l'Erythrée Par Catherine Augagneur-Delaye et Alain Michalec

IDÉES REÇUES

La réécriture géopolitique de l'histoire de la Chine Par Jean-Marc Huissoud

IDÉES

Grégoire Chamayou. L'anti-drone Par Florian Louis

GRANDE STRATÉGIE

L'empire aztèque. Intimidation, persuasion, information Par Carmen Bernand

BATAILLE

Marignan 1515. Beaucoup de bruit pour rien Par Pierre Royer

POLÉMIQUE

Le Quai d'Orsay, plus atlantiste que la Maison-Blanche? Par Hadrien Desuin

BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

Le "miracle brésilien" passé en revue (de presse)

BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

Le djihadisme, le comprendre pour mieux le combattre Par Gérard Chaliand

CHRONIQUES

LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

GÉOPo- TOURISME

Genève, suisse ou internationale ? Par Thierry Buron

DOSSIER : Inde-Chine, un même horizon ?

Une montagne, une guerre et un quadrilatère Par Pascal Gauchon

Inde-Chine. Le rapport de force

GRANDE CARTE : La rivalité Inde-Chine en Asie

Les relations économique entre la Chine et l'Inde Par Michel Nazet

Les relations militaires entre l'Inde et la Chine Par Hadrien Desuin

Entre Inde et Chine, l'Asie du sud-est Par Michel Nazet

Inde, Chine, Pakistan? L'Inde prise à reversPar Sébastien Sénépart

Océan indien. L'Inde de retour chez elle ? Par Pierre Royer

Le "collier de perles", menace ou fantasme ? Par John Mackenzie

Adversaire ou partenaire ? Chine et Inde en Afrique Par François Lafargue

Face à la Chine : Japon-Inde, des partenaires naturels ? Par Jean-Marc Bouissou

Les USA entre Inde et Chine. Un triangle à haut risque Par Thomas Snégaroff

Chine-Inde-Russie. Vers un "triangle anti-hégémonique" Par Pascal Marchand

L'homme du Gujarat et l'Empereur de Chine? Par Claude Chancel

jeudi, 01 octobre 2015

Rébellion: nouvelle radicalité

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Editorial : Pour une nouvelle radicalité !

Société : La vidéosurveillance - Argos Panoptès du monde moderne ( Marie Chancel)

Politique : Réflexion sur l'organisation de l'immigration de masse ( Patrick Visconti)

Ecologie : Entretien avec Nicolas Fabre sur le retour à la terre.

International : Entretien avec Dari Douguina du mouvement eurasiste.

Histoire : Déboulonnons le XVIII ème Siècle ( David l'Epée)

Cinéma : Le Cinéma français et sa critique, entre “chien-de-gardisme” et schizophrénie ( D. Colin)

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Contact : rebellion_larevue@yahoo.fr

lundi, 22 juin 2015

Numéro hors-série de la NRH: éternel retour de la guerre

L'éternel retour de la guerre...

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Le dixième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré à la guerre et à ses métamorphoses.

Au sommaire de ce numéro :

Éditorial : Vers l'explosion de la poudrière mondiale ?
Par Philippe Conrad

L'histoire des guerres, l'histoire du monde
Entretien avec le général Vincent Desportes, propos recueillis par Grégoire Gambier

La préhistoire de la guerre
Par Philippe Conrad

La guerre dans les anciennes sociétés indo-européennes
Par Henri Levavasseur

La chevalerie ou le modèle médiéval de la guerre
Par Bernard Fontaine

Les ordres militaires médiévaux
Par Bernard Fontaine

La Révolution militaire à l'époque moderne
Par Jean-Pierre Bois

La petite guerre, auxiliaire de la "grande"
Par Sandrine Picaud-Monnerat
La "guerre de course" des Bretons
Par Yves de Tréséguidy

De la guerre des rois à la guerre des peuples
Par le général Maurice Faivre

Guerre industrielle, guerre totale
Par Philippe Conrad

La Grande Guerre des écrivains
Par Philippe Colombani

La permanence de la guerre économique
Par Pascal Gauchon

La guerre révolutionnaire,"le pouvoir au bout des fusils"
Par Yves Nantillé

L'école française de la contre-insurrection
Par Mériadec Raffray

La guerre n'est plus un tabou
Entretien avec le colonel Michel Goya, propos recueillis par Philippe Conrad

Comment le cinéma voit la guerre
Par Philippe d'Hugues

samedi, 06 juin 2015

Revue Livr'Arbitres: D. de Roux

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Livr'arbitres: Dominique de Roux

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mardi, 02 juin 2015

T&P-magazine 63: choc des civilisations

Communiqué de "Terre & Peuple"-Wallonie:

Le numéro 63 de TERRE & PEUPLE Magazine 

'Le choc des civilisations'

terre_et_peuple_magazine_63.jpgPierre Vial, dans son éditorial, souligne la gigantesque manipulation de la masse des Français, suite aux massacres de Charlie Hebdo et du Super Kascher.  Ces drames ont été instrumentalisés comme de providentiels dérivatifs de leur attention, détournée ainsi des hontes et turpitudes, des vicissitudes et inaptitudes des imposteurs au gouvernement.  Mais ce soufflé est vite retombé : chômage, insécurité, ce sont à présent des élus socialistes qui osent avouer ne plus croire au 'vivre ensemble'.  Dont Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de Mitterand, dans son livre 'Politiquement incorrect'.

Attilio Vanini brûle un cierge au Maréchal Rodolfo Graziani, à la mémoire de qui sa ville natale d'Affile vient d'édifier un monument.  C'est assez pour que le New York Times s'en indigne et que le Daily Telegraph lance une p^étition pour la destruction de cette incorrection !

Pierre Gillieth tresse une couronne d'immortelles à l'acteur incomparable qu'a été Robert Le Vigan (Goupi Tonkin, dans 'Goupi Mains-Rouges' de Jacques Becker), sacrifié expiatoire à la correctitude.

En introduction au dossier central, Jean-Patrick Arteault s'est laissé interviewer sur la barnumesque manipulation de masses de 'Je suis Charlie' à laquelle ont donné lieu les attentats de Paris.  S'agit-il d'une puissante réaction collective d'occidentaux à l'action violente de la civilisation islamique contre des marqueurs symboliques de leurs, valeurs, conflagration qu'a prophétisée Samuel Huntington, une phase de son fameux 'Choc des civilisations' ?   Le détonateur de la crise française est le salafisme, frange minoritaire mais non marginale de l'islam qui représente entre 15 et 25% des musulmans mondiaux.  Mais la confrontation ne pose de problème que parce qu'il y a l'immigration et parce que le laïcisme joue les musulmans comme un antidote aux catholiques, eux-mêmes empressés de battre leur coulpe.  Alors que les Bobos, qui avaient décidé que l'islam est occidentalo-compatible, sont embarrassés d'avoir à se déjuger à l'endroit des islamistes radicaux, découvrent que les bons musulmans méprisent les valeurs occidentales, homosexualité, pornographie, féminisme, démocratie messianique, révérence pour le sionisme, etc.  Par ailleurs, l'Oumma (communauté des croyants) comprend des civilisation diverses arabo-, irano-, turco-, négro-, indo-musulmane.  Par ailleurs, on peut définir notre occident comme une structure, ce que suppose sa durée.  Une structure de domination de l'ensemble de la planète, une structure en réseau polysynodique, où chaque élément est à la fois autonome et complémentaire.  Une domination qui s'exerce notamment sur quatre champs : celui des idées et du conditionnement des masses, celui de la pyramide sociale avec à son sommet une oligarchie richissime et prédatrice que l'argent unit et divise à la fois, celui de la mondialisation de la finance qui poursuit la privatisation des profits et la socialisation des pertes et, enfin, celui de l'énergie.  Sans oublier la puissance militaire des Etats-Unis et leur cynique détermination, autant collatérale que chirurgicale.

Alain Cagnat note que, pour la masse des bobos séduits par le mirage du 'vivre ensemble', Samuel Huntington s'est à l'évidence fourvoyé avec son 'Choc des civilisations'.  L'ouvrage avait, en 1996, fait l'effet d'une bombe dans l'euphorie de la fin de la guerre froide et du triomphe du capitalisme libéral, à qui s'ouvrait la perspective de 'La fin de l'histoire' (Fukushima).  Les rangs des défenseurs de la liberté risquaient de se disloquer.  Par bonheur, l'Axe du mal n'a pas tardé à révéler sa monstrueuse réalité lorsque l'abominable s'en est pris au pauvre petit Koweit et à ses maternités.  L'ONU a alors rétabli l'OTAN dans son rôle d'archange justicier, en Irak d'abord et bientôt en Afghanistan, libéré des soviétiques pour tomber aux mains des fanatiques talibans.  Tout cela semblait donner raison à Huntington, notamment l'attentat du 11 septembre 2001 !  Mais plus profondes que les affrontements locaux entre peuples et états-nations, il y a les collisions entre blocs civilisationnels, ensembles plus vastes et durables.  Huntington en identifie neuf : l'occident chrétien, l'orthodoxie slave, l'islam, l'Inde hindouiste, la Chine, le Japon, l'Amérique latine et l'Afrique.  Aymeric Chauprade en dénombre quinze, dont la civilisation européenne et le Foyer judaïque et quatre civilisations islamiques (arabique, turque, iranienne et indonésienne).  La civilisation, par opposition à la barbarie, serait la marque du 'Monde libre', euphémisme qui recouvre la prétention d'hégémonie américaine.  Arrogante, la civilisation anglo-saxonne est décadente.  Ses moeurs dépravées, sa sous-culture de masse, son consumérisme, sa dévirilisation, sa démographie vieillissante éveillent le mépris.  Du déclin naît le risque d'invasion.  Huntington relève deux puissances renaissantes susceptibles d'en profiter : la civilisation orthodoxe eurasiatique et l'islam.  Américano-centré, il ne considère de civilisation occidentale qu'à partir de la chrétienté des carolingiens !  Et les slaves orthodoxes étant les rivaux des Américains, ne peuvent pas faire partie de la même civilisation !  Il accommode les réalités en fonction du projet américain.  Il n'aperçoit pas l'immigration qui gangrène les peuples européens : ce qui n'est que  normal pour un immigré.

Sous l'intitulé 'Faux drapeau', Robert Dragan traite de l'enquête fouillée menée par l'historien Laurent Guyenot sur les attentats du 11 septembre 2001 et sur l'assassinat de Kennedy en 1963.  Celui-ci invite à envisager que l'affrontement Occident-Islam soit, plus probablement qu'une réalité géopolitique, le fait de manoeuvres d'un parti sans scrupules, maître dans l'art du maquillage et de la manipulation.  Guyenot considère que 1963 marque une rupture et la naissance d'un 'Etat profond' américain, mêlant affairistes, militaires bellicistes, politiciens corrompus et CIA, milieu tout-puissant capable à l'époque de canaliser la commission d'enquête.  Robert Dragan juge ce point de départ discutable et s'étonne que n'ait pas été préféré la fondation de la Réserve fédérale (que Kennedy s'apprêtait à museler).  Mais pour arranger une affaire comme le 11 septembre, il paraît hautement improbable qu'une simple coïncidence d'intérêts ait pu y parvenir.  Les invraisemblances des explications officielles sont criantes.  Ne serait-ce que le fameux 'nez de Pinocchio' (l'image diffusée d'un avion qui pénètre comme dans une motte de beurre dans la structure en acier de la tour et en ressort de l'autre côté!).  Elle suppose des complicités au plus haut niveau audiovisuel, mais induit l'absence d'avions  mais la nécessaire présence d'explosifs.  Guyenot suggère le recours à une arme nucléaire miniaturisée, ce qui aurait résolu le problème gigantesque de la mise en place de tonnes d'explosifs classiques nécessaires.  Ce qui explique la présence dans les décombres, trois semaines après l'écroulement, de masses de métal en fusion et les cancers fulgurants développés par les sauveteurs.  Quand il s'agit d'identifier les commanditaires, l'auteur explore deux pistes, pour en écarter une.  Il rappelle l'histoire américaine des agressions simulées (l'explosion de l'USS Maine pour arraisonner Cuba en 1898, le torpillage du Lusitania pour entrer en guerre en 1917, Pearl Harbour en 1941, etc).  Mais le risque sanitaire majeur au coeur symbolique des Etats-Unis l'incite à douter que l'Etat profond américain en soit l'auteur.  Le crime n'a pas profité aux pétroliers et équipementiers américains aussi pharamineusement qu'on s'est plus à la répéter.  Pour faire porter la suspicion sur une méchante bourgeoisie blanche? Ou sur un complot du Pentagone ? Et écarter ainsi l'idée d'une origine étrangère ?  La thèse de Guyénot est que l'équipe Bush, surprise par une manipulation beaucoup plus ample qu'attendue, a été l'otage d'un chantage qui l'a contrainte à envahir l'Irak (aventure que Bush père avait toujours refusée) .  Ses soupçons se portent sur Israël !  Les indices ne sont pas peu nombreux.

Pour Llorenc Perrié Albanell, le choc des civilistations est un leurre qu'agite le capitalisme mondialiste libéral pour manipuler les masses.  Après le communisme, l'islamisme, un autre impérialisme, vert comme le billet du même nom.

Robert Dragan croque avec appétit le tube de Zemmour.  'Le suicide français' est une histoire événementielle, non sans charme ni valeur, de nos quarante dernières années que l'auteur décrit en sociologue.  Il date l'origine de nos maux de Mai 68.

C'est une couronne mortuaire que tresse Jean Haudry au livre 'Mais où sont passés les Indo-Européens ?' de Jean-Paul Demoule.  Ce curieux scientifique créature de Pierre Vidal-Naquet, sans pourtant récuser la concordance des langues dites indo-européennes, y dénonce à la vindicte populaire, et surtout aux idéologues de son clan, non seulement les 'mal-pensants', mais les simples déviants.  Il y révèle notamment qu'Antoine Meillet, pourtant « républicain progressiste », définit l'indo-européen reconstruit comme « une langue de chefs et d'organisateurs imposée par le prestige d'une aristocratie ».  Et que chez Emile Benveniste, pourtant juif, on peut relever une « proximité idéologique avec les représentations aryennes de l'Allemagne nazie ».  C'est toutefois cette même grossière persécution qui est parvenue à faire retirer de la vente par les Presses Universitaires de France les deux 'Que Sais-je ?' de Jean Haudry (dont elles ont cependant vendu quarante mille exemplaires!) et à faire supprimer par l'université Lyon III l'Institut d'études indo-européennes.  Jean Haudry souligne que Jean-Paul Demoule reprend ainsi l'ancienne conception de l'Eglise catholique, qui voulait croire à la filiation hébraïque des langues de la chrétienté.  Ce que reconnaît maladroitement Demoule, qui veut voir dans l'hypothèse indo-européenne « un mythe d'origine qui dispenserait les Européens d'emprunter le leur aux Juifs et à la Bible. »

Jean Haudry, encore, expose l'hypothèse paradoxale que les Indo-Européens aient, à la fin de la période commune, connu un 'choc de civilisation' interne qui aura opposé des groupes sédentaires installés et enrichis à des compagnonnages de jeunes guerriers (Männerbünde), migrants et prédateurs.  La guerre entre les Latins et les Troyens et surtout celle de la fondation de Rome entre les Sabins et les premiers Romains conduits par les jumeaux divins Romulus et Remus en sont des figurations.  Il en va de même chez les Scandinaves avec la 'première guerre du monde' entre les Vanes, riches et endogames, et les Ases qui accepteront une réconciliation mais imposeront l'exogamie.  Les Romains enlèveront enlevé les Sabines, lesquelles imposeront la réconciliation entre leurs frères et leurs époux.

François Delacroix a lu pour nous le dernier roman de Michel Houellebecq 'Soumission', qui met en scène la victoire sur Marine Le Pen, au second tour des présidentielles de 2022, de la Fraternelle Musulmane de Ben Abbès.  Et ce n'est pas la guerre civile.  A peine si les rayons kasher disparaissent discrètement dans les supermarchés.  Comme le démontre Arnold Toynbee, les civilisation ne meurent pas assassinées : elles se suicident en douceur.  Une renaissance européenne dans une soumission au Dieu de l'islam qui remplacerait Celui du marché, François Delacroix y croira le jour où Eric Zemmour se convertira à l'islam.

La sainte colère qui gonfle le beau texte d'Alain Cagnat sur « nos frères au col dégrafé » ne peut pas se résumer.  Elle foudroie la mémoire des tueurs de l'épuration qui a décapité le poète André Chénier en 1794 dans le même éclair que celle « des rats sortis des égouts » pour fusiller le poète Robert brasillac le 6 février 1945.

Pierre Vial en fin cite le grand philosophe politique juif Léo Strauss : « La civilisation occidentale est composée de deux éléments en total désaccord : Jérusalem et Athènes. »  Notre histoire se présente comme une suite de tentatives de les harmoniser, toutes promises à l'échec.  Nous sommes les héritiers d'hommes libres, les hoplites de Miltiade qui ont chargé au pas de course, à Marathon, la masse des sujets soumis du Grand Roi. Ils en ont triomphé pour que survive une conception du monde qui allait devenir le patrimoine commun des Européens.

 

vendredi, 15 mai 2015

Rébellion n°69

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Rébellion n°69

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

A quoi sert Rébellion ?

L'ÉDITORIAL DE JEAN GALIÉ

Le langage de la vie réelle.

INTERNATIONAL

Les nouveaux Communards du Donbass

ENTRETIEN

Du Kosovo au Donbass, solidarité européenne.

Rencontre avec Nikola Mirkovic.

IMPÉRIALISME

Vers une occupation des USA au coeur de l'Europe.

 ACTUALITÉS

SOCIAL

La loi Macron ou les fonds de tiroir de la dérégulation.

RÉFLEXIONS

La nécessité de la terreur.

Pour une reconstruction idéologique radicale !

ALTERNATIVES

Réflexions sur la vie en communauté et les Z.A.D. 

Autonomie et imaginaire.  

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vendredi, 08 mai 2015

Le Cercle Proudhon: le sursaut de l'esprit français

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Entretien avec Pierre de Brague

Le Cercle Proudhon: le sursaut de l'esprit français

Ex: http://zentropa.info

brague.jpgJeune historien et membre d'Egalité et Réconciliation, Pierre de Brague oeuvre à la redécouverte d'une expérience politique les plus originale du XX siècle : Le Cercle Proudhon.

Rivarol/ Quelles sont les origines idéologiques du Cercle Proudhon ?

Le Cercle Proudhon est à mon sens l’incarnation française la plus aboutie qui soit (au niveau de la formulation intellectuelle) de la conjonction des deux non-dits de la matrice bourgeoise issue de 1789 à savoir cette escroquerie philosophique (les Lumières), politique (la démocratie) et économique (l’exploitation capitaliste) qui constitue notre actuelle mythologie officielle. Face à ce « système », certains ont plébiscité l’appui sur le « monde d’avant », l’Histoire et la Tradition, devenant alors d’affreux réactionnaires pour le libéralisme (dont la définition pourrait être : la dictature du présent), et d’autres ont voulu bâtir le « monde d’après », arc-boutant leurs aspirations Révolutionnaires sur la défense des intérêts du prolétariat, devenant alors l’alibi progressiste de toutes les compromissions socialistes… Lorsqu’elles furent intègres, radicales et authentiques, les mouvances monarchistes et syndicalistes ont représenté, chacune à leur manière, la quintessence des alternatives à cette « civilisation » bourgeoise. Ainsi de l’Action Française et du syndicalisme révolutionnaire. Le Cercle Proudhon est la réunion de certains militants - à mes yeux les meilleurs éléments - de ces organisations ; la crème de la crème de la radicalité patriote : une sorte d’union sacrée anti-démocratique, anti-capitaliste, anti-bourgeoise et anti-Lumières qui nous apparaît impensable au premier abord, mais qui se révèle conforme à ce que le véritable « esprit politique français » a produit (et doit produire) de manière plus ou moins explicite au fil des époques.

Rivarol / Pourquoi reprendre Proudhon comme figure tutélaire?

À première vue, rien de plus éloigné des monarchistes catholiques de l’AF et des syndicalistes révolutionnaires que le supposé anarchiste libertaire se revendiquant de 1789 que serait Pierre-Joseph Proudhon. Mais c’est se borner aux délimitations malhonnêtes du conditionnement intellectuel de ne pas faire l’exégèse profonde de l’homme et de son œuvre. Le Cercle ne tombe évidemment pas dans cet écueil et s’il peut arborer légitimement le sulfureux patronage du penseur franc-comtois c’est par une fidélité quasiment métapolitique à « l’esprit proudhonien », cet esprit parfaitement français, à la fois traditionnel et révolutionnaire, qui, par une vive et libre opposition des antagonismes, se transcende et trouve l’équilibre, cette notion fondamentale à la richesse insoupçonnée (et pour le coup quasiment métaphysique).

proudhon.0.jpgSi l’on s’en tient aux théories, Proudhon, par son fédéralisme, son mutualisme, sa critique acide de la démocratie et de la propriété capitaliste, ainsi que son caractère de farouche pourfendeur de la culture bourgeoise, a su permettre –malgré les tentatives de récupération des socialistes républicains- « à des Français, qui se croyaient ennemis jurés, de s’unir pour travailler de concert à l’organisation du pays français ». Nous touchons là un point essentiel : Proudhon était un homme d’ordre et non cet anti-étatiste anti-théiste et anti-propriétaire primaire que l’on veut nous faire accroire… C’est en tant que prophète de « l’ordre social français » que les membres du Cercle célèbrent ce « grand réaliste », ce « Maître de la contre-révolution », ce « Proudhon constructeur » à l’esprit et à la foi révolutionnaire. J’arrête ici, c’est certainement déjà trop de dialectique pour les quelques placides intellectuels de « gôche » qui prétendent s’accaparer la figure de ce rude fils de paysan, viril et guerrier, inaltérable et hardi défenseur du Travail, de la Famille et de la Terre (qui a dit Patrie ?) ; je ne voudrai pas être désigné responsable de l’ataraxie mentale dont ils souffrent, si peu nombreux soient-ils.

Rivarol / Cette alliance de royalistes et de syndicalistes révolutionnaires a-t-elle reçue le soutien de leurs « maîtres »  Charles Maurras et  Georges Sorel ?  Quelles furent les principaux animateurs du cercle ?

Allons immédiatement, si vous le voulez bien, au fond du sujet : Proudhon, Maurras et Sorel, incarnent pleinement et précisément, chacun à leur manière, avec des variations et des idiosyncrasies propres -que nous n’ôterons pour rien au monde à l’histoire et à la fortune de l’humanité- cet « esprit politique français » si précieux à mes yeux. Ils le personnifient par leurs « êtres », par leurs pensées, par leurs authenticités mêmes. Ils sont, ensemble et chacun de leur côté, cet esprit révolutionnaire conservateur français qui configure certainement le pire affrontement possible pour la pseudo-« civilisation » ploutocratique actuellement bourgeoise et soi-disant démocratique et libérale dans laquelle nous baignons depuis bien trop longtemps.

Pour être concret tout en restant succinct : que l’on songe aux conjonctions profondes qui animent cette si belle triade. Que ce soit sur l’Action, sur l’Intelligence, sur l’Organisation ou même sur l’État, les concordances, les filiations, les accords, les rapprochements et les frottements sont finalement prégnants ! Et ce jusqu’à constituer une philosophie politique véritablement française, foncière et radicale, qui se définirait par la recherche de l’organisation sociale qui rendra le plus justice à la dignité des travailleurs français et à la défense de leurs libertés et de leurs intérêts spirituels et matériels. J’invite le lecteur à reprendre un par uns les mots de cette dernière phrase et à y déceler une quelconque résonance avec notre contemporanéité…

Il n’y avait donc aucun problème de fond à ce que Maurras et Sorel soutiennent l’initiative de leurs meilleurs (ou atypiques selon l’angle de vue) disciples, surtout lorsqu’elle se fit sous ce glorieux patronyme de Proudhon. Cessons ici tout essentialisme pour revenir aux réalités et aux contextes : il n’était pas question pour les « maîtres » de fusionner leurs mouvements ou de participer activement et personnellement à ce genre « d’expériences » conférant pratiquement à l’aventure. Les maîtres respectifs sont restés à l’écart, en retrait, accompagnant d’abord avec entrain et bienveillance, mais également avec méfiance, la « tentative » du Cercle Proudhon. Notons néanmoins que c’est Sorel qui a fait le premier pas « officiel » dès 1908 dans une revue syndicaliste italienne en dressant l’éloge pragmatique de l’AF, considérée alors comme une vraie force vivante pour l’avenir de la France. Remarquons aussi que Maurras prononça une allocution à la première réunion du Cercle, qui fut tenue à l’Institut d’Action Française, donc dans ses locaux, le 17 décembre 1911.

Dans la pure lignée de cet « esprit proudhonien », à l’instar, et peut-être plus encore que leurs aînés, Georges Valois et Édouard Berth furent les principaux protagonistes du Cercle, lui donnant une vie et une aura rares, représentant et formulant magnifiquement la Combativité et la Vitalité française, comme, ai-je l’impression, la France savait -malgré tout- encore en produire il y a quelques décennies… Citons les autres fondateurs et participants rédacteurs aux Cahiers du Cercle : Henri Lagrange, Gilbert Maire, René de Marans, Marius Riquier, André Pascalon et Albert Vincent.

Rivarol/ Le rejet de la Démocratie est-il commun aux deux mouvances ?

Et comment !

Qualifiée de « plus grande erreur du siècle passé »,  de « maladie mortelle » et de « plus sotte des rêveries », la démocratie est mise en cause par ces deux écoles pour des raisons propres qui sont finalement similaires. À droite, on rejette la république démocratique car c’est le régime et le système politique de l’avènement de la classe bourgeoise, soit ce gouvernement des intérêts étrangers et anti-traditionnels, et à gauche parce que c’est l’alibi majeur de l’exploitation capitaliste. Le Cercle va directement à l’essentiel en attestant de la consubstantialité des institutions démocratiques, des « valeurs » bourgeoises et de la domination socio-économique.

La démocratie libérale bourgeoise est explicitement vomie en tant que « totalité » pour des raisons politiques et économiques, et en dernière instance parce qu’elle n’est que le symbole d’une vision du monde hypocrite et mortifère. Si l’on accepte de l’utiliser comme un terme générique, cette Démocratie (qui est encore la nôtre aujourd’hui) n’est qu’une fable avilissante, abrutissante, précaire, anti-Production et anti-Culture.  « Ramenée parmi nous pour instaurer le règne de la vertu, elle tolère et encourage toutes les licences. Elle est théoriquement un régime de liberté ; pratiquement elle a horreur des libertés concrètes, réelles et elle nous a livrés à quelques grandes compagnies de pillards, politiciens associés à des financiers ou dominés par eux, qui vivent de l’exploitation des producteurs. » Voilà comment le Cercle Proudhon définissait la démocratie dans sa première Déclaration !

Rivarol / Les animateurs du cercle insistaient sur les vertus viriles, vitalistes et héroïques.  L'aspect guerrier était-il au coeur de la démarche de ce groupe ?

Proudhon restera l’immortel auteur de La Guerre et la Paix, ouvrage majeur par lequel il établit que toute construction humaine –et toute humanité- tient son origine dans la guerre. Il s’agit ici d’exalter le sentiment guerrier, mobilisateur, générateur « du sublime, de la gloire, de l’héroïsme, de l’idéal et de la poésie » et non de vanter la barbarie ou les va-t-en-guerre. Cet esprit combattant se retrouve transposé chez Sorel via ses Réflexions sur la Violence et le mythe de la « grève générale » où l’ouvrier devient le nouveau héros ; quant à Maurras et son Si le Coup de Force est possible, les vertus aristocratiques qu’il défend ne pouvaient que tomber en accord avec cette aspect. Tout ceci évidemment en opposition dialectique avec les pseudo « valeurs » bourgeoises bien-pensantes hypocrites et maniérées que seraient le pacifisme, l’humanitarisme et l’intellectualisme.

Rivarol / L'équipe de rédaction n'hésitait pas à attaquer la finance anonyme et vagabonde. En quoi l'anti-capitalisme était-il un élément fondamental de la démarche du cercle ?

Anonyme, anonyme… Pas tant anonyme que ça si l’on en croit certains textes ! L’anti-capitalisme est effectivement un élément fondamental de la démarche du Cercle, au même titre que l’anti-démocratisme, et pour cause : ils sont indissociables, et ce constat n’a pas échappé aux militants du Cercle, bien au contraire. Admettant l’alliance des démocrates et des financiers, comme aujourd’hui celle des socialistes bobos et des néo-libéraux bling-bling, le Cercle y oppose une alliance des royalistes et des syndicalistes révolutionnaires, et ce sans forcer sa cohésion car la mise à bas du « régime de l’Or » (par opposition au « Sang ») est une thématique forte chez les partisans de Maurras. Georges Valois lui-même, le principal initiateur du Cercle, la « recrue prolétarienne » de l’AF, fut toute sa vie durant l’homme d’un combat, celui de l’Humain contre l’Argent, et ce quoique l’on en dise.

Citons encore une fois la si concise prose du Cercle : « La démocratie enfin a permis, dans l’économie et dans la politique, le rétablissement du régime capitaliste qui détruit dans la cité ce que les idées démocratiques dissolvent dans l’esprit, c’est-à-dire la nation, la famille, les mœurs, en substituant la loi de l’or aux lois du sang. La démocratie vit de l’or et d’une perversion de l’intelligence. » Nous retrouvons ici le véritable moteur métapolitique du Cercle : c’est le combat de la Vie et de la Civilisation contre son placebo fantoche aliénant et destructeur.

Rivarol/ L'accusation d'antisémitisme lancée contre le Cercle Proudhon est-elle valable ?

Plus largement, comment analysez-vous l'antijudaisme présent dans le mouvement ouvrier de la fin du XIXe siècle ?

L’antijudaïsme du mouvement ouvrier, comme celui du Cercle Proudhon, de Proudhon lui-même ou de beaucoup d’autres, fut rarement racial ou théologique. La question juive s’y présente comme un problème essentiellement économique et social, perçu sous l’angle de la lutte des classes. Concernant le Cercle, si attester de la place prééminente de la bourgeoisie juive dans la société française suite à sa prise de pouvoir au sein même de cette classe bourgeoise (par l’instauration de la république démocratique) est un fait suffisant pour être taxé d’antisémitisme, alors oui le Cercle est antisémite !

Rivarol /  Pour vous, en quoi consiste le mélange de Réaction et de Révolution qui incarne l'esprit français ?

Il convient de manier les termes avec exactitude, comme dirait un certain Professeur. Il est question de Tradition et non de Réaction. Comme expliciter plus haut, toute la vérité de cet « esprit français » résulte de la libre opposition des antagonismes, que ce soit au point de vue politique ou individuel. Ce qui, à mon avis, définit le mieux l’esprit français tient en un mot : l’équilibre, auquel nous devons impérativement accoler une qualité chérie par Proudhon lui-même, je veux parler de l’ironie. Définition simple mais subtile, et qui se décline à une multiplicité de niveaux. En dehors de ses théorisations politiques, Proudhon devient ici le symbole de la France éternelle, celui qui mêle « esprit classique et christianisme fondamental », ce révolutionnaire patriote, ce gaulois frondeur et spirituel, ce mélange unique et réussi entre la rudesse et la légèreté. Un « miracle français » reconnu dans le monde entier et qui engendrait, il y a encore peu de temps, une vision du monde, une identité et une mentalité propres que les agressions répétées du libéralisme mondialisé anti-humain ont mis à mal, illustrant cette « mutation anthropologique » que Pasolini constatait dans son pays dès les années 1970.  Faire revivre l'esprit de la France, voilà ce qui importe !

Propos recueillis par Monika Berchvok.  (Rivarol)

A lire :

Les Cahiers du Cercle Proudhon, préface de Pierre De Brague, Editions Kontre Kulture (http://www.kontrekulture.com/) , 2014, 496 pages – 18 euros.

Le numéro 68 de la revue Rébellion avec un important dossier sur Sorel, le syndicalisme révolutionnaire  français et le Cercle Proudhon ( 5 euros – Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02)

jeudi, 07 mai 2015

Le retour de l'Etat?

Le retour de l’État ?...

Nous vous signalons la publication du treizième numéro de la revue Perspectives libres consacré au retour de l’État.

La revue Perspectives libres, dirigée par Pierre-Yves Rougeyron, est publiée sous couvert du Cercle Aristote et est disponible sur le site de la revue

 

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Au sommaire :

Éditorial

Le retour de l’État par Pierre-Yves Rougeyron

Dossier : Le retour de l’État

Les métamorphoses de l’État par Hervé Juvin

Le retour de l’État par Wolfgang Drechsler

Pour une métapolitique de l’État par Romain Lasserre

L’État de Grâce par Jérémy-Marie Pichon

La naissance du nouveau monde par Miguel Guenaire

L'espace et l’État par Jacques Blamont

Pour une nouvelle planification par Alain Cotta

L’État-nation : toujours au poste par Alasdair Roberts

Étatisme et socialisme par Julien Funnard

L’État-Tiers par Jean-François Gautier

Libres pensées

« L'autre canon » : histoire de la science économique à la Renaissance par Erik S. Reinert

Management : une époque « formidable » ?... par Philippe Arondel

Libres propos

« Ready for Hillary » : vers un Dernier Moment Américain ? par Clément N'Guyen

La criminalité chinoise organisée par Horacio Calderon

Espagne-Europe : une relation paradoxale par Miguel Ayuso

Camus philosophe : l'enfant et la mort par Pierre Le Vigan

L'économie selon Houellebecq par Pierre Le Vigan