Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 09 mai 2020

Un danger dévoilé - Contre la société des Ombres

black-open-abaya-with-lace-details.jpg

Daniel Cosculluela:

Contre la société des Ombres

« Elle est devenue ingouvernable, cette « terre gâtée » où les nouvelles souffrances se déguisent sous le nom des anciens plaisirs; et où les gens ont si peur. Ils tournent en rond dans la nuit et ils sont consumés par le feu. Ils se réveillent effarés, et ils cherchent en tâtonnant la vie. Le bruit court que ceux qui l'expropriaient l'ont, pour comble, égarée».
Guy Debord.

Une question mérite d'être posée qui ne l'est qu'accessoirement. Au-delà et par-delà la signification politique du voilage islamique, existe-t-il un impact en terme de santé, nuisance ou bénéfice ? ...


Les recherches auxquelles nous nous sommes livrées ne nous ont pas permis de découvrir de bénéfices avérés .... si ce n'est d'éviter les coups de soleil !


Dans le champ des nuisances les entrées sont plus nombreuses.


Mais il importe tout d'abord de souligner que même dans les milieux qui prônent le voilement des femmes, cette imposition ne concernerait les filles qu'à partir de la puberté. Mais des voix de plus en plus nombreuses et écoutées insistent pour recommander le port du voile le plus précocement possible. Et l'on observe dans les espaces publics, au-delà des théocraties musulmanes, des fillettes pré-pubères enveloppées de sombres voiles hermétiques. Si l'on en croit l'lmam saoudien Abdallah Daoud, le voilement intégral dès la naissance viserait à protéger l'enfant de la convoitise sexuelle des hommes « ..... pour ne pas tenter les pervers » (ouma.com le 04/02/2013),

Nous allons examiner le problème dans trois directions :

- La santé physique
La carence en vitamine D engendre une hypovitaminose résultant d'une faible exposition solaire quotidienne. Des études l'attestent, paradoxalement(!), tant dans des pays tels que la Jordanie et le Maroc que dans les pays nordiques. Le problème est le même chez les femmes juives orthodoxes pour les mêmes raisons.


De ce fait, s'observe une ostéoporose, un trouble de la densification des dents et donc un trouble du développement (rachitisme, retard de croissance, diminution des défenses immunitaires, hypotonie musculaire, fatigabilité, convulsions hypo-calcémiques).
De plus le port prolongé du voile autour des cheveux peut majorer la séborrhée du cuir chevelu et s'accompagner de chutes de cheveux, voire d'alopécie.

voiles.jpg


- La santé mentale
Le voile enferme les fillettes dans une double contrainte, d'une part une hyper-sexualisation liée au risque d'attentat sexuel dont elles pourraient faire l'objet de par leur seul statut féminin, d'autre part une infantilisation par le pré-supposé de la résistance ou dénégation que l'enfant peut opposer à la sollicitation. Cela freine donc le développement affectif et cognitif, limite les déplacements géographiques (risqués par essence) et entrave le développement intellectuel et la curiosité naturelle qui le porte.


Cela conduit l'enfant à ne se promouvoir que comme reproductrice, gardienne d'une intimité domestique.


Ce qu'observant le Docteur Aslem Lazaar Selimi (06 avril 2016) déclare:« il faut sauver {es petites filles. Je suis psychiatre à l'hôpital de Nabeul (Tunisie), et tous les jours, des médecins m'adressent des petites filles voilées, pour « troubles psychogènes»!!!! Facile pour moi d'identifier l'origine de ces troubles, pas besoin d'être psy pour comprendre qu'un voile/ ça voile !! ».


- La santé sociale
Le voile est une entrave au développement relationnel qui, nonobstant les règles le déterminant, est le fondement de toute société (et éventuellement civilisation). Le modèle culturel ainsi promu ne participe guère du développement de la gent féminine mais surtout, sinon essentiellement, il menace nos fondements civilisationnels. A ce titre il n'est ni discutable, ni tolérable. Et si quelques féministes intellectuellement décharnées le tolèrent ou le promeuvent, ça n'est là que l'expression de la seule chose que (disait Jacques Lacan): "La psychanalyse ne peut pas soigner: la connerie !!".

Daniel Cosculluela.

00:05 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, voile | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 01 avril 2020

Gaston Bouthoul, polémologue. Fin de l’omertà ?

AVT_Gaston-Bouthoul_1568.jpeg

Gaston Bouthoul, polémologue. Fin de l’omertà ?

par Arnaud Imatz

Le réalisme politique ne jouit pas en France d’une bonne réputation, ni dans les milieux académiques, ni dans les médias mainstream. Si dans les pays Anglo-saxons, en Amérique hispanique et dans le reste de l’Europe (en Italie tout particulièrement), l’intérêt ne se dément pas pour « l’école de pensée réaliste », dans l’Hexagone, elle est le plus souvent balayée d’un revers de main, taxée d’idéologie antidémocratique, manichéenne, opportuniste et désespérante, perçue comme une idéologie de dominants qui refusent de penser le changement et l’avenir. Le silence de la grande presse parisienne sur la remarquable synthèse du professeur Dalmacio Negro Pavón, La loi de fer de l’oligarchie. Pourquoi le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, publiée en novembre dernier (Toucan / L’Artilleur, 2019), n’est qu’un révélateur de plus de cette censure « soft » mais efficace.

71ukXAUZq2L.jpgRéputé l’un des meilleurs politologues du monde hispanique, l’académicien Negro Pavón a beau montrer que le réalisme politique n’est pas une famille politique homogène mais un point de vue de recherche et d’étude qui vise à éclairer les règles de la politique, qu’il n’est pas la défense du statu quo, qu’il part de l’évidence des faits mais ne se rend pas devant eux, qu’il ne se désintéresse pas des fins dernières mais reconnaît au contraire la nécessité vitale des finalités non politiques (le bonheur et la justice), rien ne peut ébranler la foi de ses adversaires, ennemis autoproclamés de toute pensée « machiavélienne », ou plutôt, selon leurs dires, « machiavélique ». Dans le fond, on le sait, le postmodernisme (mélange de néo-marxisme et de néo-libéralisme), n’est qu’une rébellion contre la réalité. Et le péché capital que redoutent ses thuriféraires est moins la « démagogie populiste », comme on l’entend ad nauseam, que le « sain scepticisme politique ». Une manière de penser qui, précisément, fait dire à Pavón,  au grand dam de nos pseudo-progressistes, qu’il y a une condition essentielle pour que la démocratie politique soit possible et sa corruption beaucoup plus difficile: « il faut que l’attitude à l’égard du gouvernement soit toujours méfiante ». Et encore, citant Bertrand de Jouvenel : « le gouvernement des amis est la manière barbare de gouverner ».

Simone Weil, Bertrand de Jouvenel, Raymond Aron, Jules Monnerot ou Julien Freund, pour ne citer qu’eux, ont tous, à un moment ou à un autre de leurs vies et à des degrés divers, fait l’amère expérience de cette méfiance et de cette hostilité que suscitent le « sain scepticisme politique ». Mais en la matière, la victime, l’exclus ou le réprouvé par excellence est assurément le polémologue Gaston Bouthoul, tombé injustement dans l’oubli depuis des décennies. À l’occasion du 40e anniversaire de sa mort (1980-2020), le politologue de l’Université de Murcie, Jerónimo Molina Caro, déjà connu pour ses travaux sur Raymond Aron et Julien Freund, nous offre une véritable somme sur la vie et l’œuvre de « Gaston Bouthoul, Inventor de la Polemología » (Centre d’études politiques et constitutionnelles de Madrid, Prix Luis Díez del Corral).

mini_magick20190404-31551-1ulxni0.pngGaston Bouthoul (Boutboul selon son certificat de naissance), est né dans la petite ville côtière de Monastir en Tunisie, le 8 mai 1896. Élevé au sein d’une famille bourgeoise de la communauté juive d’Afrique du Nord, le jeune Gaston parle le français, le dialecte arabe de la région et l’italien. Une fois ses études secondaires terminées, il quitte Tunis pour Paris, mais il restera toujours très attaché à son pays de naissance. En mai 1916, il s’inscrit à la faculté de droit et de lettres de la Sorbonne, puis, en juillet 1918, à l’Université de Lyon. De retour à Paris, en novembre 1918, dès la fin de la Première guerre mondiale, il acquiert la nationalité française.

Bouthoul obtient successivement deux doctorats en 1924 et en 1931: un premier doctorat en sciences juridiques et sciences politiques et économiques à la Sorbonne, avec une thèse « principale » sur La durée du travail et l’utilisation des loisirs et une thèse « secondaire » Étude sociologique des variations de la natalité dans les faits et la doctrine ; puis,un deuxième doctorat en lettres, section philosophie, à l’Université de Bordeaux avec une thèse « principale » sur L’invention (dans laquelle il défend la psychologie sociale et s’oppose au sociologisme de Durkheim) et une thèse « secondaire » sur Ibn-Khaldoun, sa philosophie sociale.Le génial aventurier politique et érudit, Ibn Khaldoun (1332-1406), né à Tunis et mort au Caire, sorte de machiavélien avant la lettre, théoricien de la décadence et de ses causes historiques, conduit très tôt Bouthoul à adhérer au réalisme politique.

En 1923, Bouthoul se marie avec Vera Betty Helfenbein, une jeune femme brillante, née à Odessa. Avocate, écrivaine et peintre, Betty côtoie le milieu intellectuel de la capitale où elle introduit son mari, qui se lie d’amitié avec une pléiade d’intellectuels dont Jacques Prévert et le francophile et francophone Ernst Jünger. L’amitié avec l’auteur de Sur les falaises de marbre ne se démentira pas. Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, à deux reprises, en 1950 et 1951, le couple recevra Jünger dans sa résidence d’été d’Antibes.

La carrière universitaire semble s’ouvrir à Bouthoul, mais ses affinités intellectuelles, fort éloignées de la sociologie durkheimienne, qui est alors hégémonique en France, rendent difficiles son intégration dans les milieux académiques. Intellectuel libre, chercheur indépendant, il est rétif à se plier aux conventionnalismes, aux formalités et servitudes de la vie académique. Sa vertu et son caractère l’éloignent des chapelles et des coteries mais le revers de la médaille est son exclusion des postes universitaires importants. Personnalité non-conformiste, membre du Club des « Savanturiers » fondé par Boris Vian et Raymond Queneau, Bouthoul étonne, choque même les bien-pensants.

Gaston et Betty Bouthoul ont néanmoins un avantage appréciable : l’indépendance financière que leur assure la profession d’avocats bien établis laquelle les met à l’abri des revers et chausse-trapes académiques. Les deux défendront les intérêts de clients et d’amis célèbres dont, dans le cas de Gaston Bouthoul, Jacques Prévert, Henri Langlois, fondateur de la cinémathèque française, ou les enfants naturels de Picasso.

51lwf6+xpnL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgC’est en 1922 que le nom de Gaston Bouthoul est mentionné pour la première fois dans la Revue internationale de sociologie, organe de l’Institut international de sociologie fondé par le sociologue René Worms (1893). À partir de 1926, cette revue réputée est dirigée par un ami de Bouthoul, Gaston Richard, un disciple de Durkheim devenu anti-durkheimien. Collaborateur régulier de la Revue internationale de sociologie mais aussi du Mercure de France, le futur polémologue recense et commente les néo-machiavéliens italiens Roberto Michels, Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto. Pacifiste, se situant politiquement au centre-gauche, Bouthoul adhère à la franc-maçonnerie et collabore, semble-t-il, avec Paul Reynaud. Mais ses prises de position partisanes sont accidentelles au regard de son scepticisme politique foncier. Personne n’a plus souligné que lui « l’extrême pauvreté intellectuelle de la vie politique », la persistance dans le temps de quelques idées politiques basiques qui permettent de parler d’une infrastructure psychologique ou mentale dont les effets opèrent constamment sur la pensée et l’action politique. La politique est, selon lui, le degré le plus bas de l’activité intellectuelle. N’importe qui peut aspirer à une brillante carrière s’il est capable de réciter quelques slogans.

Bouthoul contribue aux travaux du Congrès international et intercolonial de la Société indigène, publiés en 1931, sous la tutelle de Lyautey. Sa communication porte sur l’amélioration des conditions sociales en Tunisie. Durant les années 1920 et 1930, il fréquente assidument l’École coloniale et dirige la Revue d’Afrique (de 1928 à 1939). C’est l’époque ou le radical-socialiste, Albert Sarraut, ministre et président du gouvernement, justifie la colonisation comme une « œuvre de solidarité humaine », une obligation civilisatrice, le droit du fort à aider le faible, une entreprise d’association et de prolongation de l’Europe. Les colonies ne sont pas seulement des marchés mais la création d’une nouvelle humanité. Leur finalité n’est pas purement matérielle ou économique mais leur objectif est de développer un nouvel idéal moral, de créer une nouvelle tradition intellectuelle commune, un nouveau type humain imprégné de deux cultures. Optimiste, Bouthoul croit en la possibilité d’un islam français. Il se déclare partisan d’un fédéralisme européen (« l’autonomie ou l’indépendance dans l’interdépendance » diront pour leur part Edgar Faure ou Albert Camus dans les années 1950) qui repose sur l’autonomie des différentes régions de l’empire français. Plus tard, des considérations démographiques le convertiront en un partisan de l’abandon de l’empire.

A la fin des années trente, Bouthoul commence à s’intéresser à l’étude du « phénomène-guerre » et écrit dans la Revue de Défense nationale. En 1940, grâce à ses bonnes relations avec l’imam de la mosquée de Paris, il obtient un certificat d’appartenance à la religion musulmane qui le protège lui et sa femme sous l’Occupation. En janvier 1941, le couple se replie sur Antibes. Amis de l’écrivain-résistant René Laporte, les Bouthoul retrouvent chez lui Aragon, Georges Auric, Cocteau, Eluard, Claude Roy, Pierre Seghers, André Verdet et bien d’autres.

718T0q1iQgL.jpgLa profonde impression que produit la Deuxième guerre mondiale sur Bouthoul – l’hécatombe européenne et les effets de l’arme atomique -, réoriente sa vie intellectuelle. De retour à Paris en 1945, il fonde l’Institut Français de Polémologie pour l’étude scientifique des causes des guerres (IFP). La polémologie, c’est l’étude de la guerre considérée comme un phénomène d’ordre social et psychologique. Bouthoul cherche à remplacer le pacifisme idéologique par un pacifisme scientifique, c’est-à-dire une conception de la paix fondée sur l’étude multifactorielle du « phénomène guerre ».

Dès les années 1950-1960, les grandes lignes de sa pensée sont déjà nettement tracées. Bouthoul, dénonce la saturation ou l’inflation démographique, l’amoncellement humain, qui met en péril le respect de la dignité de la personne et son progrès moral. Il rejette la prétendue relation de causalité purement quantitative entre l’augmentation de la population et le progrès établie par les démographes populationnistes. Néomalthusien optimiste (alors que Malthus est un pessimiste), il combat le populationnisme par crainte et haine de la guerre. Il réfute le populationnisme d’Alfred Sauvy, fondateur et directeur de l’Institut National d’Études Démographiques. Il s’oppose au populationnisme du républicain de centre gauche Zola, comme à celui du socialisme militant (utopique, marxiste et social-démocrate lequel sera partisan de la lutte des classes… jusqu’au triomphe du Welfare State). La dépopulation est pour les populationnistes un symptôme non équivoque de décadence car elle impose à la nation une « atmosphère déprimante ». À l’inverse, pour Bouthoul le propre des civilisations qui optent résolument pour la quantité est la tendance à devenir chaque fois plus inhumaine.

La solution du problème de la guerre et de la paix n’est pas, selon lui, dans les doctrines politiques, ni juridiques, ni morales, ni économiques, mais dans la science et le savoir. Ou la polémologie ou la guerre ! A l’adage traditionnel, romain et clausewitzien, Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépare la guerre), et à celui du pacifisme rhétorique, Si vis pacem, para pacem (Si tu veux la paix, organise la paix), Bouthoul préfère la devise, Si vis pacem, gnosce bellum (Si tu veux la paix, comprend la guerre). Les incriminations et les discours contre la guerre ne servent à rien ; l’important, c’est la connaissance de l’agressivité collective et des conditions qui la suscitent.

md1207020186.jpgBouthoul étudie la périodicité des guerres, leurs causes présumées et leurs fonctions sociales. Il remet en question toute forme de déterminisme économiciste qu’il soit d’inspiration libérale ou marxiste. Ce n’est pas l’économie, mais la démographie qui est « le facteur numéro 1 »  de la guerre. Ni le dirigisme économique ni le libre-échange influent décisivement sur l’agressivité des nations. Il ne faut pas nier l’influence des facteurs psychologiques, culturels ou économiques, mais les circonstances de nature démographique sont celles qui comptent le plus.

La guerre n’est pas une maladie sociale, ni une pathologie collective, mais l’expression constante et régulière du dynamisme biologique et démographique, une fonction stable de la biologie sociale qui s’exerce sous les prétextes les plus variés. La guerre est innée et acquise, un fait de nature et un fait d’histoire, ses racines sont dans l’animalité de l’homme, mais aussi dans son humanité et dans sa sociabilité projetées dans le devenir historique. La guerre est un phénomène sociologique ou psychologique plus que politique. Elle n’est pas intentionnelle, mais plus nécessaire et fatale que volontaire et optionnelle. Elle est indépendante, au moins en partie sinon totalement, de la volonté humaine. Elle ne dépend ni de la souveraineté, ni de la forme de gouvernement, mais du déséquilibre démo-économique et de l’agressivité collective.

Alors que pour Clausewitz la guerre a pour finalité la destruction de l’ennemi afin de lui imposer notre volonté. Pour Bouthoul, la guerre a comme finalité la « relaxation » démographique. Pour l’un, la guerre est un phénomène historique et contingent (la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens), pour l’autre, elle est un phénomène périodomorphique. La guerre a une fonction double : générique et spécifique. La première, est destructive (mortalité supplémentaire) et réductrice (effondrement de la natalité). La seconde, quintessence de la polémologie, consiste en l’élimination de jeunes garçons, une constante dans l’histoire des idées politiques et sociales. La causalité du phénomène guerre est majoritairement démographique. Ainsi, l’indépendance de l’Algérie sous De Gaulle s’explique par une conscience aigue du problème démographique qui plane sur la métropole : que deviendrait le haut niveau de vie de la France si quelques millions d’Africains arrivaient sur son territoire ?

La traversée du désert de Bouthoul se prolonge pendant plus de vingt ans. C’est seulement à partir de 1966 que son Institut prend vraiment son essor. Tout commence à changer lorsqu’il se lie d’amitié avec Lucien Poirier. C’est la première rencontre providentielle pour lui. Théoricien de la dissuasion nucléaire, principal représentant de la stratégie française de l’après-guerre, le général Lucien Poirier est un proche du gaulliste, ministre des armées, futur premier ministre, Pierre Messmer. Poirier fait appel à la collaboration de Bouthoul pour la Revue militaire d’information. Les finances de l’IFP s’améliorent et sa revue  Guerres et Paix est publiée aux PUF, de 1966 à 1970.

La seconde rencontre heureuse et inespérée de Bouthoul est celle de la journaliste pacifiste, femme de lettres et femme politique, Louise Weiss, qui assume le secrétariat général de l’IFP, de 1964 à 1971. En 1967, un Centre de sociologie de la guerre, dépendant de l’institut de sociologie de l’Université libre de Bruxelles, est crée et dirigé par  le général Victor Werner enthousiaste divulgateur des thèses de Bouthoul. Un autre ami proche, le professeur de philosophie politique, Julien Freund, fonde l’Institut de polémologie de l’Université de Strasbourg (1970). La dédicace du livre de Freund Utopie et violence (1978) à Gaston Bouthoul et à la mémoire de sa femme Betty témoigne de leur proximité.

En 1971, paraît le premier numéro des Études polémologiques ; les membres du comité d’honneur de cette nouvelle revue de l’IFP sont pour la plupart des intellectuels du Collège de France et de l’Institut de France (Braudel, Fourastié, Guitton, Rueff etc.). Deux collaborateurs de Bouthoul sont parmi les plus actifs, Hervé Savon, chercheur au Collège de France et le général René Carrère.

la-surpopulation-dans-le-monde.jpgDurant toute sa vie, Bouthoul publie des centaines d’articles et une bonne vingtaine de livres dont les titres sont éloquents. Parmi eux citons : Cent millions de morts (1946), Huit mille traités de paix (1948) [pas moins de 8000 traités de paix « qui devaient durer éternellement » ont été conclus entre l’année 1500 av. J.-C. et 1860], Les guerres, éléments de polémologie (1951), Le phénomène-guerre (1962), Sauver la guerre : lettre aux futurs survivants (1962), La surpopulation dans le monde (1964), L’art de la politique (1969), L’infanticide différé (1970), Essais de polémologie ( 1976) ou encore, en collaboration avec René Carrère et Jean-Louis Annequin, Le Défi de la guerre de 1740 à 1974 (1976) et Guerres et civilisations (1979).

Bouthoul a été critiqué pour son « monocausalisme » démographique, sa corrélation trop simpliste entre démographie et guerre (Alfred Sauvy, Paul Vincent, Raymond Aron) ou sa « délocalisation » des conflits (Yves Lacoste). Il lui a été aussi fait le reproche moral de justifier la guerre en lui attribuant une fonction sociale. Mais en réalité, il présente la polémologie comme un chapitre de la sociologie dynamique, générale, en raison du grand nombre de facteurs interdépendants qu’elle implique (depuis l’anthropologie et l’ethnologie démographique, jusqu’à l’économie, en passant par le droit et la psychologie). S’il croit en la primauté des facteurs démographiques, il n’a jamais affirmé que la surpopulation ou les perturbations démographiques sont l’unique cause de la guerre. Selon lui, « La surpopulation ne conduit pas nécessairement à la guerre, mais elle est une situation dans laquelle s’activent les institutions destructives. La prépondérance de l’une ou de l’autre sera déterminée par la mentalité, la conjoncture politique et idéologique, la technique, la tradition et bien sûr le hasard ».De sorte que « bien qu’on ne peut pas affirmer scientifiquement une relation certaine de causalité entre la perturbation démographique et la naissance des conflits… celle-ci peut favoriser les conditions qui créent le lien polémogène ».

Avec un pourcentage majoritaire de sa population entre 20 et 35 ans, nous dit Bouthoul, un peuple est plus belligène et agressif. C’est au fond la doctrine du Youth Bulge des sociologues anglo-saxons d’aujourd’hui pour qui, lorsque dans un peuple la population des jeunes (entre 15 et 24 ans) dépasse les 20%, les possibilité de conflit intérieur ou de guerre extérieure se multiplient. Une société majoritairement gérontocratique et féminine est en revanche moins agressive.

Victime d’une grave maladie, Bouthoul décède en décembre 1980. Quelques mois plus tôt, il a accepté que l’IFP soit dissous et absorbé par la Fondation pour les Études de Défense nationale (1980). Respectant sa volonté, René Carrère en devient le directeur et Christian Schmidt, de l’université Paris IX Dauphine, le directeur adjoint. La FEDN sera à son tour dissoute, en 1992, sur proposition du ministre socialiste Pierre Joxe.

Sans projection universitaire, sans postérité véritable, surtout après la perte irréparable d’Hervé Coutau-Bégarie (2012), fondateur de l’Institut de stratégie comparée, et malgré les efforts méritoires de Myriam Klinger, maître de conférences à l’Université de Strasbourg, Gaston Bouthoul a semblé pendant des années condamné à être ignoré, méconnu et oublié. Mais grâce au livre passionnant et remarquablement documenté de Jerónimo Molina Cano, Gaston Bouthoul, inventeur de la polémologie. Guerre, démographie et complexes belligène, il n’en est rien. C’est avec impatience qu’on attend sa traduction et sa publication en France.

Arnaud Imatz est historien des idées, membre correspondant de l’Académie royale d’histoire d’Espagne.

dimanche, 29 mars 2020

La panique du coronavirus est le produit de l'urbanisation généralisée des sociétés humaines. Une relecture de Lewis Mumford

AVT_Lewis-Mumford_8922.jpeg

La panique du coronavirus est le produit de l'urbanisation généralisée des sociétés humaines.

Une relecture de Lewis Mumford

Compilation établie par Pierre-Olivier Combelles

Ex: http://pocombelles.over-blog.com

Toutes mes méthodes, tous mes moyens sont sensés: c'est mon but qui est fou.  Capitaine Achab (Moby Dick, par Herman Melville). Cité par L. Mumford dans "Le Mythe de la machine" (trad. fr. Fayard, 1974).

"La société des grandes métropoles est particulièrement bien outillée pour éliminer les initiatives spontanées et l’indépendance de l’esprit."

"Au dernier stade de son développement, la métropole capitaliste est devenue le ressort essentiel qui assure le fonctionnement de cet absurde système. Elle procure à ses victimes l’illusion de la puissance, de la richesse, du bonheur, l’illusion d’atteindre au plus haut point de la perfection humaine.

En fait, leur vie est sans cesse menacée, leur opulence est éphémère et privée de goût, leurs loisirs sont désespérément monotones, et leur peur justifiée de la violence aveugle et d’une mort brutale pèse sur cette apparence de bonheur. Dans un monde où ils ne peuvent plus reconnaître leur œuvre, ils se sentent de plus en plus étrangers et menacés : un monde qui de plus en plus échappe au contrôle des hommes, et qui, pour l’humanité, a de moins en moins de sens.

Certes, il faut savoir détourner les yeux des sombres aspects de la réalité quotidienne pour prétendre, dans ces conditions, que la civilisation humaine a atteint son plus brillant sommet.

Mais c’est à cette attitude que les citoyens de la métropole s’entraînent chaque jour : ils ne vivent pas dans un univers réel, mais dans un monde de fantasmes, habilement machiné dans tout leur environnement, avec des placards, des images, des effets de lumière et de la pellicule impressionnée ; un monde de murs vitrés, de plexiglass, de cellophane, qui les isole de leur peine et des mortifications de la vie, - monde d’illusionnistes professionnels entourés de leurs dupes crédules. (…)

Les spectateurs ne conversent plus comme des personnes qui se rencontrent au croisement des routes, sur la place publique, autour d’une table. Par l’antenne de la radio et de la télévision, un très petits nombre d’individus interprètent à notre place, avec une adresse toute professionnelle, les mouvements d’opinion et les événements quotidiens. Ainsi les occupations les plus naturelles, les actes les plus spontanées sont l’objet d’une surveillance professionnelle et soumis à un contrôle centralisé. Des moyens de diffusion, aussi puissants que variés, donnent aux plus éphémères et aux plus médiocres ouvrages un éclat et une résonance qui dépassent de loin leurs mérites.

Lewis Mumford, La Cité à travers l'histoire, Collection Esprit, Editions du Seuil (Paris). Nouvelle édition (et traduction française): Agone (2011)

« Dans le système capitaliste, la permanence n’a pas droit de cité, ou plutôt les seuls éléments stables qui s’y retrouvent de façon constante sont l’avarice, la cupidité et l’orgueilleuse volonté de puissance ».

AGON_MUMF_2011_01.jpg

« L’histoire de Rome indique avec un relief particulier ce qui, dans le domaine politique aussi bien que dans celui de l’urbanisme, doit être à tout prix évité. Nous voyons là de nombreux signaux d’alarme, indiquant le départ de pistes dangereuses. Lorsque, dans les centres surpeuplés, les conditions d’habitat se détériorent tandis que le prix des loyers monte en flèche, lorsque le souci d’exploiter de lointains territoires l’emporte sur la recherche de l’harmonie interne, nous songeons inévitablement à ces précédents romains. »

Ainsi retrouvons-nous aujourd’hui les arènes, les immeubles de rapport, les grands spectacles avec nos matchs de football, nos concours de beauté, le strip-tease rendu omniprésent par la publicité, les stimulations constantes du sexe, de la boisson, de la violence, dans un climat digne en tout point de la Rome antique. Et nous voyons également se multiplier les salles de bain et les piscines, et des autoroutes non moins coûteuses que les anciennes routes pavées, cependant qu’attirent les regards des milliers d’objets éphémères et brillants, merveilles d’une technique collective, mis à la portée de toutes les convoitises. Ce sont les symptômes de la décadence : le renforcement d’un pouvoir amoral, l’amoindrissement de la vie. »

Lewis Mumford, La Cité à travers l’histoire (The City in history, 1961). Editions Agone, 2011.

« Les sectateurs du mythe de la grande métropole, qui ne veulent voir dans ses proliférations cancéreuses que les poussées d’une croissance normale, continueront d’appliquer automatiquement leurs cataplasmes, leurs onguents, leurs slogans incantatoires et leurs spécialités de charlatans, jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour sauver la civilisation de la mort et se sauver eux-mêmes. Une grande partie de l’œuvre de reconstruction urbaine des cent dernières années, y compris, certes, la plus récente-démolition de quartiers insalubres, rénovation d’édifices publics, extensions suburbaines, maisons modèles-, n’a fait que perpétuer dans les structures d’une perpétuelle nouveauté la même concentration sans but défini et le même désordre fondamental auquel il était indispensable de porter remède. »

Lewis Mumford, Le déclin des villes. France-Empire, 1970.

"Grâce à cette nouvelle "mégatechnologie", la minorité dominante créera une structure uniforme, supraplanétaire, embrassant tout, et destinée au travail automatique. Au lieu de fonctionner activement comme une personnalité autonome, l'homme deviendra un animal passif, sans but, conditionné par la machine, et dont les fonctions propres, suivant l'actuelle interprétation du rôle de l'homme par les techniciens, seront soit insérées dans la machine, soit strictement limitées et contrôlées au profit d'organisations dépersonnalisées, collectives." ((Mumford, Le mythe de la machine, trad. 1973, p. 2) 

978-0-226-55027-5-frontcover.jpg

Et ici le résumé de l'ouvrage célèbre (et toujours épuisé en français depuis l'édition de Fayard en 1974): Le mythe de la machine: http://elkorg-projects.blogspot.fr/2009/12/lewis-mumford-...

RJVBKLOC7ZA7JOQQMHP33SW6YU.jpg

Les faubourgs (asentamientos) s'étendent à perte de vue dans le désert autour de Lima,  la capitale du Pérou (10 millions d'habitants, le tiers du pays.). Les habitants sont venus des Andes, où le soleil brille toujours, où l'air est pur et où ils vivaient du travail des champs. Ph/ P.O. Combelles, 2012: http://pocombelles.over-blog.com/article-le-perou-pays-em...

Republication de l'article de mon blog:

http://pocombelles.over-blog.com/archive/2013-12/

dimanche, 22 mars 2020

Helmut Schelsky

helmut-schelsky-f2b481ae-b67c-47c2-b8a0-2ee6fa635de-resize-750.jpg

Helmut Schelsky

Ex: https://alchetron.com

Helmut Schelsky (14 October 1912 – 24 February 1984), was a German sociologist, the most influential in post-World War II Germany, well into the 1970s.

Biography

Schelsky was born in Chemnitz, Saxony. He turned to social philosophy and even more to sociology, as elaborated at the University of Leipzig by Hans Freyer (the "Leipzig School"). Having earned his doctorate in 1935 (thesis [tr.]: The theory of community in the 1796 natural law by Fichte), in 1939 he qualified as a lecturer ("Habilitation") with a thesis on the political thought of Thomas Hobbes at the University of Königsberg. He was called up in 1941, so did not take up his first chair of Sociology at the (then German) Reichsuniversität Straßburg in 1944.

s-l1600.jpgAfter the fall of the Third Reich in 1945, Schelsky joined the German Red Cross and formed its effective Suchdienst (service to trace down missing persons). In 1949 he became a Professor at the Hamburg "Hochschule für Arbeit und Politik", in 1953 at Hamburg University, and in 1960 he went to the University of Münster. There he headed what was then the biggest West German centre for social research, in Dortmund.

In 1970, Schelsky was called to be a professor of sociology at the newly founded Bielefeld University (creating by the way the only German full "Faculty of Sociology", and the "Centre of Interdisciplinarian Research" ("Zentrum für Interdisziplinäre Forschung" [ZiF] at Rheda), planned to be a 'German Harvard'). However, his new university changed very much, due to the years of student unrest all over Europe and North America, so he returned to Münster in anger, in 1973, for another five years. Having been a busy and successful publisher and editor all his life, he wrote several more books, against the Utopian way to approach Sociology, as fostered by the Frankfurt School, and on the Sociology of Law, but died a broken man in 1984.

Schelsky and German sociology

The "Leipzig School" (the social philosopher Hans Freyer, the anthropologist Arnold Gehlen, the philosopher Gotthard Günther), rich in the talents of a first generation, was of strong theoretical influence on Schelsky. But Freyer also dreamt of building up a sociological think tank for the Third Reich - quite differently to most other sociologists, e. g. to the (outspoken) anti-Hitlerian Ferdinand Tönnies (University of Kiel) and to Leopold von Wiese (University of Cologne), and to the émigrés (e. g. to Karl Mannheim, and to the up-and-coming René König, Paul Lazarsfeld, Norbert Elias, Theodor Adorno, Rudolf Heberle, and Lewis A. Coser). Freyer's ambitions failed miserably, the Nazi power elite monopolizing ideology, but helped the talented (and former Nazi) student Schelsky in his first career steps.

HS-arbeit.jpgAfter the Second World War, no longer a National Socialist, Schelsky became a star of applied sociology, due to his great gift of anticipating social and sociological developments. He published books on the theory of institutions, on social stratification, on the sociology of family, on the sociology of sexuality, on the sociology of youth, on Industrial Sociology, on the sociology of education, and on the sociology of the university system. In Dortmund, he made the Social Research Centre a West German focus of empirical and theoretical studies, being especially gifted in finding and attracting first class social scientists, e.g. Dieter Claessens, Niklas Luhmann, and many more.

It helped that Schelsky was an outspoken liberal professor, without any ambition to create adherents - a rare bird among German mandarins. He helped another 17 sociologists qualify as lecturers (outnumbering in this any other professor in the Humanities and Social Sciences) and anticipated the boom in sociological chairs at German universities. Manning them, he was professionally even more successful than the outstanding remigrants René König (Cologne) and Otto Stammer (Berlin) - the Frankfurt School starting to be of influence only after 1968.

Hsch-sex.jpgSchelsky was able to design Bielefeld University as an innovative institution of the highest academic quality, both in research and in thought. But the fact that his own university had moved away from his ideas hit him hard. His later books, criticizing ideological sociology (very much acclaimed now by conservative analysts) and on the sociology of law (quite influential in the Schools of Law) kept up his reputation as an outstanding thinker, but fell out of grace with younger sociologists. Moreover, his fascinating analyses, being of highest practical value, went out of date for the same reason; only by 2000 did new sociologists start to read him again.

References

Helmut Schelsky Wikipedia

samedi, 21 mars 2020

Freyer, Hans (Johannes)

hans-freyer-fbba1dbb-daea-41dd-912e-34f5c3f2d51-resize-750.jpg

Freyer, Hans (Johannes)

Elfriede Üner

Ex: http://www.uener.com

(Lexikon Artikel im "Lexikon des Konservatismus", Leopold-Stocker-Verlag, Graz/Stuttgart 1996)

geb. 31.7.1887 Leipzig; gest. 18.1.1969 Ebersteinburg/Baden-Baden.

Deutscher Philosoph und Soziologe; Schwerpunkte historische politische Soziologie und Kulturtheorie der Industriegesellschaft.

Revolution-von-rechts-e1547504426465-210x300.jpgDer Sohn eines sächsischen Postdirektors erhielt seine Gymnasialausbildung am königlichen Elitegymnasium zu Dresden-Neustadt, studierte von 1907 bis 1911 in Leipzig Philosophie, Psychologie, Nationalökonomie und Geschichte, u.a. bei Wilhelm Wundt und Karl Lamprecht, in deren universalhistorischer Tradition er seine ersten Arbeiten zur Geschichtsauffassung der Aufklärung (Diss. 1911) und zur Bewertung der Wirtschaft in der deutschen Philosophie des 19. Jahrhunderts (Habilitation 1921) verfaßte. Nach zusätzlichen Studien in Berlin mit engen Kontakten zu Georg Simmel und Lehrtätigkeit an der Reformschule der Freien Schulgemeinde Wickersdorf kämpfte F. mit dem Militär-St.-Heinrichs-Orden ausgezeichnet im Ersten Weltkrieg. Als Mitglied des von Eugen Diederichs initiierten Serakreises der Jugendbewegungverfaßte F. an die Aufbruchsgeneration gerichtete philosophischen Schriften: Antäus (1918), Prometheus (1923), Pallas Athene (1935). Von 1922 bis 1925 lehrte er als Ordinarius hauptsächlich Kulturphilosophie an der Universität Kiel, erhielt 1925 den ersten deutschen Lehrstuhl für Soziologie ohne Beiordnung eines anderen Faches in Leipzig und widmete sich von nun an der logischen und historisch-philosophischen Grundlegung dieser neuen Disziplin. In Auseinandersetzung mit dem Positivismus seiner Lehrer und mit der Philosophie Hegels sollten typische gesellschaftliche Grundstrukturen herausgearbeitet und ihre historischen Entwicklungsgesetze gefunden werden. Darüber hinaus ist für F. die Soziologie als konkrete historische Erscheinung, erst durch die abendländische Aufklärung möglich geworden, Äußerung einer vorher nie dagewesenen gesellschaftlichen Emanzipation zur wissenschaftlichen Selbstreflexion, drückt deshalb als "Wirklichkeitswissenschaft" in der Erfassung des gegenwärtigen gesellschaftlichen Wandels auch den kollektiven Willen aus, ist also als Wissenschaft zugleich politische Ethik, die die Richtung des gesellschaftlichen Wandels zu bestimmen hat.

81BnL7dXLWL.jpgF. war ab 1933 Direktor des Instituts für Kultur- und Universalgeschichte an der Leipziger Universität. Als neu gewählter Präsident der Deutschen Gesellschaft für Soziologie legte er diese 1933 still, um eine politische "Gleichschaltung" zu verhindern. Den damaligen europäischen politischen Umbrüchen brachte F. als Theoretiker des Wandels zunächst offenes Interesse entgegen, fühlte sich der theoretischen Erfassung dieser Entwicklungen verpflichtet und war deshalb nie aktives Mitglied einer politischen Partei oder Bewegung; er wurde später der "konservativen Revolution" der zwanziger Jahre als "jungkonservativer Einzelgänger" (Mohler) zugeordnet. Die vor 1933 noch idealistisch formulierte Konzeption des Staates als höchste Form der Kultur (1925) hat F. im Lauf der bedrohlichen politischen Entwicklung revidiert in seinen Studien über Machiavelli (1936) und Friedrich den Großen (Preußentum und Aufklärung 1944) durch einen realistischen Staatsbegriff, der ausschließlich durch Gemeinwohl, langfristige gesellschaftliche Entwicklungsperspektiven und durch prozessuale Kriterien der Legitimität gerechtfertigt ist: durch den Dienst am Staat, der aber den Menschen keinesfalls total vereinnahmen darf, sowie die Prägekraft des Staates, der dem Kollektiv ein gemeinsames Ziel gibt, aber dennoch die Freiheit und Menschenwürde seiner Bürger bewahrt. Insbesondere gelang F. in der Darstellung der Legitimität als generellem Gesetz jeder Politik eine dialektische Verknüpfung des naturrechtlichen Herrschaftsgedankens mit der klassischen bürgerlich-humanitären Aufklärung: Nur die Herrschaft ist legitim, die dem Sinn ihres Ursprungs entspricht - es muß das erfüllt werden, was das Volk mit der Einsetzung der Herrschaft gewollt hat.

Als Gastprofessor für deutsche Kulturgeschichte und -philosophie an der Universität Budapest (1938-45) verfaßte F. sein größtes historisches Werk, die "Weltgeschichte Europas", eine Epochengeschichte der abendländischen Kultur. Von den politischen Bestimmungen der Amtsenthebung nicht betroffen lehrte F. ab 1946 wieder in Leipzig, wurde 1947 nach einer durch G. Lukács ausgelösten ideologischen Debatte entlassen, war danach Redakteur des Neuen Brockhaus in Wiesbaden, lehrte 1955 bis 1963 Soziologie an der Universität Münster und nahm mehrere Gastprofessuren in Ankara und Argentinien wahr. 1958 leitete er als Präsident den Weltkongreß des Institut International de Sociologie in Nürnberg und wurde mit dem Ehrendoktor der Wirtschaftswissenschaften in Münster (1957) und der Ingenieurswissenschaften an der Technischen Hochschule in München (1961) ausgezeichnet.

41IpH1pl9ML._SX311_BO1,204,203,200_.jpgZentraler Gesichtspunkt seiner Nachkriegsschriften war die gegenwärtige Epochenschwelle, der Übergang der modernen Industriegesellschaft zur weltweit ausgreifenden wissenschaftlich-technischen Rationalität, deren "sekundäre Systeme" alle naturhaft gewachsenen Lebensformen erfassen. F. weist nach, wie diese Fortschrittsordnung zum tragenden Kulturfaktor wird in allen Teilentwicklungen: der Technik, Siedlungsformen, Arbeit und Wertungen. Seine frühere integrative Perspektive einer Kultursynthese wird ersetzt durch den Konflikt von eigengesetzlichen, künstlichen Sachwelten einerseits und den "haltenden Mächte" des sozialen Lebens andererseits, die im "Katarakt des Fortschritts" auf wenige, die private Lebenswelt beherrschende Gemeinschaftsformen beschränkt sind. Jedoch bleibt die Synthese von "Leben" und "Form", von Menschlichkeit und technischer Zivilisation für F. weiterhin unerläßlich für den Fortbestand jeder Kultur, im krisenhaften Übergang noch nicht erreicht, aber durchaus denkbar jenseits der Schwelle, wenn sich die neue geschichtliche Epoche der weltumspannenden Industriekultur konsolidieren wird. F.s Theorie der Industriekultur, kurz vor seinem Tode begonnen, ist unvollendet geblieben. Sein strukturhistorisches Konzept der Epochenschwelle hat in der deutschen Nachkriegssoziologie weniger Aufnahme gefunden, während es in der deutschen Geschichtswissenschaft wesentlich zur Überwindung einer evolutionären Entwicklungsgeschichte beigetragen hat und eine sozialwissenschaftlich orientierte Strukturgeschichtsschreibung einleitete, wofür F.s Konzept der Eigendynamik der sekundären Systeme ebenso ausschlaggebend war.

F. hielt andererseits an einem gegen die Sachgesetzlichkeiten gerichteten Begriff der Geschichte als souveräne geistige Verfügung über Vergangenheit fest. Die Annahme einer selbstläufigen Entwicklung ist nach F. dem Geschichtsdenken des 19. Jahrhunderts verhaftet, ein modernes historisches Bewußtsein hat solchen Chiliasmus abgetan. Geschichte als Reservoir von Möglichkeiten für konkrete Zielformulierungen kann Wege öffnen zur Bewältigung der Entfremdung durch sekundäre Systeme. Zugleich weist F. auf die Paradoxie eines rein konservativen Handelns hin: Ein Erbe nur zu hüten ist gefährlich, denn es wird dadurch zu nutzbarem Besitz, zum Kulturbetrieb entwertet; ebenso wird die Utopie, durchaus förderlich als idealtypische oder experimentelle Modellkonstruktion, als konkrete Zukunftsplanung zum Terror einer unmenschlichen wissenschaftlichen Rationalität. Diese Paradoxien beweisen für F. die Wirklichkeitsmacht der Geschichte, die weder bewahrt, geformt noch geplant, sondern nur spontan gelebt werden kann. F.s bleibender Beitrag besteht in der dialektischen Verschränkung und Nichtreduzierbarkeit der Dimensionen von politischer Herrschaft, wissenschaftlicher Rationalität und der sozialen Willens- und Entscheidungsgemeinschaft und in der Charakterisierung dieses dialektischen Verhältnisses als die eigentliche Dimension des "Politischen", die auch im gegenwärtigen "technisch-wissenschaftlichen Zeitalter" nicht an Bedeutung verloren hat.

Literaturverzeichnis Hans Freyer bis etwa 1994

Bibliographie:

E. Üner: H. F.-Bibliographie, in: H. F.: Herrschaft, Planung und Technik. Hg. E. Üner, Weinheim 1987, S. 175-197.

Schriften:

Die Geschichte der Geschichte der Philosophie im achtzehnten Jahrhundert (Phil. Diss.), Leipzig 1911; Antäus. Grunlegung einer Ethik des bewußten Lebens, Jena 1918; Die Bewertung der Wirtschaft im philosophischen Denken des 19. Jahrhunderts (Habil.), Leipzig 1921; Theorie des objektiven Geistes, Leipzig-Berlin 1923; Prometheus. Ideen zur Philosophie der Kultur, Jena 1923; Der Staat, Leipzig 1925; Soziologie als Wirklichkeitswissenschaft, Leipzig-Berlin 1930; Revolution von rechts, Jena 1931; Pallas Athene. Ethik des politischen Volkes, Jena 1935; Das geschichtliche Selbstbewußtsein des 20. Jahrhunderts, Leipzig 1937; Machiavelli, Leipzig 1938; Weltgeschichte Europas, Wiesbaden 1948; Die weltgeschichtliche Bedeutung des 19. Jahrhunderts, Kiel 1951; Theorie des gegenwärtigen Zeitalters, Stuttgart 1955; Schwelle der Zeiten, Stuttgart 1965.

Editionen:

Gedanken zur Industriegesellschaft, Hg. A. Gehlen, Mainz 1970; Preußentum und Aufklärung und andere Studien zu Ethik und Politik, Hg. E. Üner, Weinheim 1986; Herrschaft, Planung und Technik. Aufsätze zur politischen Soziologie, Hg. E. Üner, Weinheim 1987.

Literatur:

J. Pieper: Wirklichkeitswissenschaftliche Soziologie, in: Arch. f. Soz.wiss. u. Soz.pol. 66 (1931), S. 394-407; H. Marcuse: Zur Auseinandersetzung mit H. F.s Soziologie als Wirklichkeitswissenschaft, in: Philos. Hefte 3 (1931/32), S. 83-91; E. Manheim: The Sociological Theories of H. F.: Sociology as a Nationalistic Paradigm of Social Action, in: H. E. Barnes, ed., An Introduction to the History of Sociology, Chicago 1948, S. 362-373; L. Stern: Die bürgerliche Soziologie und das Problem der Freiheit, in: Zs. f. Geschichtswiss. 5 (1957), S. 677-712; H. Lübbe: Die resignierte konservative Revolution, in: Zs. f. die ges. Staatswissensch. 115 (1959), S. 131-138; G. Lukacs: Die Zerstörung der Vernunft, Neuwied-Berlin 1962; H. Lübbe: Herrschaft und Planung. Die veränderte Rolle der Zukunft in der Gegenwart, in: Evang. Forum H. 6, Modelle der Gesellschaft von morgen, Göttingen 1966; W. Giere: Das politische Denken H. F.s in den Jahren der Zwischenkriegszeit, Freiburg i. B. 1967; F. Ronneberger: Technischer Optimismus und sozialer Pessimismus, Münster/Westf. 1969; E. Pankoke: Technischer Fortschritt und kulturelles Erbe, in: Geschichte i. Wiss. u. Unterr. 21 (1970), S. 143-151; E. M. Lange: Rezeption und Revision von Themen Hegelschen Denkens im frühen Werk H. F.s, Berlin 1971; P. Demo: Herrschaft und Geschichte. Zur politischen Gesellschaftstheorie H. F.s und Marcuses, Meisenheim a. Glan 1973; W. Trautmann: Utopie und Technik, Berlin 1974; R. König: Kritik der historisch-existentialistischen Soziologie, München 1975; W. Trautmann: Gegenwart und Zukunft der Industriegesellschaft: Ein Vergleich der soziologischen Theorien H. F.s und H. Marcuses. Bochum 1976; H. Linde: Soziologie in Leipzig 1925-1945, in: M. R. Lepsius, Hg., Soziologie in Deutschland und Österreich 1918-1945, Kölner Zs. f. Soziol. u. Sozialpsychol., Sonderh. 23, 1981, S. 102-130; E. Üner: Jugendbewegung und Soziologie. H. F.s Werk und Wissenschaftsgemeinschaft, ebd. S. 131-159; M. Greven: Konservative Kultur- und Zivilisationskritik in "Dialektik der Aufklärung" und "Schwelle der Zeiten", in: E. Hennig, R. Saage, Hg., Konservatismus - eine Gefahr für die Freiheit?, München 1983, S. 144-159;E. Üner: Die Entzauberung der Soziologie, in: H. Baier, Hg., H. Schelsky - ein Soziologe in der Bundesrepublik, Stuttgart 1986, S. 5-19; J. Z. Muller: The Other God That Failed. H. F. and the Deradicalization of German Conservatism. Princeton, N. J. 1987; E. Üner: H. F.s Konzeption der Soziologie als Wirklichkeitswissenschaft, in: Annali die Sociologia 5, Bd. II, 1989, S. 331-369; K. Barheier: "Haltende Mächte" und "sekundäre Systeme", in: E. Pankoke, Hg., Institution und technische Zivilisation, Berlin 1990, S. 215-230; E. Nolte: Geschichtsdenken im 20. Jahrhundert, Berlin-Frankfurt/M. 1991, S. 459-470; E. Üner, Soziologie als "geistige Bewegung", Weinheim 1992; H. Remmers: H. F.: Heros und Industriegesellschaft, Opladen 1994; E. Üner: H. F und A. Gehlen: Zwei Wege auf der Suche nach Wirklichkeit, in: H. Klages, H. Quaritsch, Hg., Zur geisteswissenschaftlichen Bedeutung A. Gehlens, Berlin 1994, S. 123-162.

vendredi, 20 mars 2020

Fuir le monde, Lipovetsky et le néant

Gilles-Lipovetsky-1.jpg

Fuir le monde, Lipovetsky et le néant

par Olivier Pascault

Ex: https://latelierduserpentvert.blogspot.com

            Gilles Lipovetsky, sociologue français à la mode à la fin des années 1980, a associé son nom à l'exploration de la notion d'Individu comme « atome irréductible » de l'âge démocratique. Après avoir pointé l'individualisme de la société « postmoderne », Lipovetsky voit venir le temps de « l'hyperliberté » et de «  l'hyperanxiété » ; il demeure pour autant optimiste.

            9782070325139-475x500-1.jpgLa parution de L'Ere du vide, en 1983, fit grand bruit. Gilles Lipovetsky apparaissait comme un observateur de la société postmoderne, celle qui voyait simultanément l'écroulement des grandes idéologies et le développement de l'individualisme. Ce livre marquait l'entrée en scène tonitruante d'un « Narcisse cool et affranchi ».

            S’il y eut le « moderne » et le « postmoderne », les temps sont aujourd'hui hypermodernes. Tel est le diagnostic de Gilles Lipovetsky, capable d'analyser le luxe et le féminin et d'en tirer une radiographie sociologique de toute une époque. L'idéologie du progrès propre à la modernité n’est plus d'actualité ; or, la revendication hédoniste de la postmodernité, (années 60-80) est, elle aussi, caduque. Survient donc l'hypermodernité.

            Dans Les Temps hypermodernes, tout semble aspiré par l'urgence et la profusion : libéralisme économique, fluidité médiatique, hyperconsommation… mais aussi les paradoxes. Nous vivons l'instant, mais on s'inquiète du futur. Nous subissons les médias, mais on filtre leurs messages. Nous désertons la politique, mais on s'investit dans le bénévolat. Pour Lipovetsky, la vitalité démocratique est toujours à l’œuvre. Les grands systèmes agonisent, dès lors, quand l'individu est toujours empli de ressources. Malheureusement, le constat ne débouche sur aucune proposition concrète. Une sociologie hypermoderne ? Un pet de vent intellectuel ?

            9782253083818-001-T.jpegL’existence dans l’hypermodernité expose un versant refoulé dans excès et une dualité, où la frivolité masque une profonde anxiété existentielle collective. De là naît un rapport crispé sur le présent, lequel triomphe dans le règne de l'émotivité angoissée. L'effondrement des traditions est alors vécu sur le mode de l'inquiétude et non sur la conquête de libertés individuelles et collectives. L'hypermodernité, pour Lipovetsky, tient également lieu de chance à saisir, celle d'une responsabilisation renouvelée du sujet.

            Cet essai est composé de trois parties. Le texte de Gilles Lipovetsky est précédé par une introduction signée du philosophe Sébastien Charles, suivi par des entretiens sur son parcours intellectuel. Cet ensemble de textes reste bref mais dense et donne à la fois un résumé et une analyse de nos temps confus du marais intellectuel.

            Père de deux filles et toujours marié avec leur mère, il se réjouit des familles recomposées et des sexualités libérées. Il se vante de son goût favorable à la légalisation du cannabis mais se montre très hésitant sur une éventuelle loi sur le voile. « La conso (comprendre consommation ; Lipovetsky se veut moderne jusqu’au bout du clavier) des autres m'intéresse mais je vis facilement avec rien » … et il se dit philosophe et sociologue ! De la philosophie de comptoir ou plus sûrement de la sociologie de lounge !

            Lipovetsky se réjouissait de voir la nation, l'armée, l'Eglise jetées par-dessus bord pour faire sortir des flots capitalistes le démocrate radieux, droit-de-l'hommiste et consumériste. A regret, le « philosophe » doit bien admettre que l'affranchissement de l'individu génère autant d'angoisse que de créativité, même s'il peine toujours à reconnaître que l'homme libre est de plus en plus inégal et de moins en moins fraternel. En résumé, un auteur biberonné à la valve d'un oubli nécessaire pour qui veut progresser dans sa vie intellectuelle et personnelle…

Olivier Pascault

le 22 novembre 2010.

  • Gilles Lipovetsky [avec Sébastien Charles], Les Temps hypermodernes, Ed. Grasset, 2004, Paris, 186 pages (12 euros).

samedi, 07 mars 2020

Quelle leçon tirer du comportement des élites?

Bastille_Day_Parade-768x512.jpg

Quelle leçon tirer du comportement des élites?

« La rupture des liens sociaux, provoquée par l’effondrement de la société, l’inégalité des revenus, la stagnation sociale et la marginalisation de la classe ouvrière s’exprime dans d’innombrables pathologies sinistres.

Une société clivée adopte des comportements autodestructeurs – violence armée incontrôlée, dépendance aux opiacés et sadisme sexuel – pour tenter de composer avec la dislocation, l’impuissance et la douleur. Les croisades morales sont l’expression de cette maladie culturelle. Elles sont emblématiques d’une société en profonde détresse, incapable de faire face rationnellement aux problèmes qu’elle rencontre. Ces croisades ne font qu’empirer les choses, dès lors qu’il apparaît qu’elles sont inefficaces, elles engendrent invariablement un fanatisme effrayant. » (Chris Hedges, le 26 août 2019, dans Truthdig, traduit par www.les-crises.fr)

Cette description de la situation d’une société façonnée par les « élites » aux Etats-Unis pourrait quasi être la même pour la France d’en haut qui s’est enfoncée à son tour dans la dégénérescence, provoquant la même rupture sociale, le même mensonge politique et la criminalité des gouvernants faisant tout pour cacher le fait qu’ils soutiennent le terrorisme et fournissent les armes qui massacrent actuellement les enfants du Yémen, par exemple… Les preuves documentées sont abondantes et accablantes sur le sujet, c’est même l’embarras du choix pour celui qui veut s’informer vraiment. Mais les rôles de chacun sont compartimentés et la réalité est ainsi morcelée à souhait.

Je renvoie le lecteur aux actions de Benoit Muracciole, président de l’ONG ASER, Action Sécurité Éthique Républicaines. Avec toutes les preuves nécessaires, il se bat contre la vente d’armes françaises, utilisées dans le conflit au Yémen et dénonce le Gouvernement français pour crimes contre l’humanité.

51SAVye6WaL.jpgOn peut également citer Jean-Loup Izambert, avec ses reportages incomparables et ses livres minutieusement documentés, comme « 56 », Tome 1, l’État français complice de groupes criminels ; Tome 2, Mensonges et crimes d’État…. Crimes sans châtiment… etc. On peut encore renvoyer le lecteur intéressé par la qualité et l’objectivité journalistique sur ce type de sujets, à Paul Moreira qui a traité la question de l’Ukraine et les crimes impardonnables de l’Occident.

Ces références à elles seules, produisent une bibliothèque de documents avec leurs multiples sources vérifiées et officielles… qu’il n’est pas possible de contester… Bien entendu, ces journalistes de qualité, largement reconnus depuis longtemps par la profession, n’ont pas échappé à l’exclusion, à la condamnation, à la diffamation, pour avoir osé tenir un discours qui n’était pas « politiquement correct » !

Le fanatisme des « élites » dirigeantes, est celui de l’ultra libéralisme qui prévaut sur tout le reste et l’ultra libéralisme est un vrai fascisme, comme cela a été démontré, notamment par Manuela Cadelli, Présidente de l’Association Syndicale des Magistrats Belges, dans une excellente tribune du Journal Le Soir, en mai 2017. Nous sommes revenus au point de départ de ce qui avait provoqué en 1939 l’engagement du monde entier dans une guerre meurtrière et le désastre pour les peuples maltraités par cette folie des élites…

Les Français ont rejeté massivement en 2005 la constitution européenne déguisée en « Traité de Lisbonne » : en 2008, les « élites » ont imposé d’office aux Français cette constitution en se moquant de leur avis pourtant éclairé ! Aujourd’hui, ces mêmes « élites » leur imposent les règles de Bruxelles à coups de 49.3 puisque, par exemple, la réforme du droit du travail en 2017 et aujourd’hui la réforme des retraites en 2020 ont été exigées par l’UE. Dans la logique du referendum de 2005, ces deux réformes sont naturellement refusées massivement par le peuple Français dans son ensemble…

Comme le disait Chris Hedges en août 2019, la seule option qui reste à ce pouvoir est celui d’adopter « des comportements autodestructeurs, la violence armée et un fanatisme effrayant. »

Édouard Philippe a annoncé un nouvel usage du 49.3 pour imposer aux Français la réforme des retraites conçue par Bruxelles au profit de la mafia financière. Là aussi toutes les preuves ont été largement étalées sur la table des discussions interminables avec la ploutocratie au pouvoir. Il est impossible que ce mépris exceptionnel pour les Français puisse en rester là, sans conséquences graves pour le pays tout entier !

Le meilleur du patrimoine national est bradé au profit de la haute finance mondiale. Le pays est livré aux flibustiers du « monde de la finance », le véritable ennemi identifié par François Hollande dans son discours du Bourget en 2012, les compagnies internationales d’assurances et les fonds de pensions… Tout est clairement organisé pour un pillage en règle des nations livrées à la prédation financière.

Toute souveraineté des peuples passe par la souveraineté monétaire. C’est précisément elle qui a été consciencieusement minée pour être détruite dans le détail, livrant le monde entier à la précarité absolue et à sa soumission au système devenu le pouvoir totalitaire qui règne sans partage sur la vie de tous. Les peuples, dans leur ensemble, sont tombés à la merci du système bancaire qui fait la pluie et le beau temps sur le monde livré à ses caprices de dominants ne pensant que profit. Voilà la dégénérescence qui nous frappe et les pouvoirs en place travaillent avec acharnement pour nous l’imposer…

Nous savons donc très exactement qui est notre ennemi : le capitalisme sous sa forme actuelle ultra libérale et mondialisée. On peut le reconnaître, même solennellement (comme François Hollande l’avait fait dans son « fameux » discours du Bourget le 22 janvier 2012, qui lui avait valu son élection à la présidence de la République) et en même temps se mettre à son service !

« Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » (F.Hollande)

Comment expliquer que les « élites » puissent dénoncer l’ennemi commun, ce capitalisme sauvage ultralibéral qui sème la dévastation dans ce monde, et se mettre pourtant à son service avec acharnement ? Une première réponse est possible : celle de la solution facile par la trahison ou celle de la complicité, égocentrique, opportuniste ! Mais serait-il possible que les « élites », en réalité et « malgré elles » prises en otage par ce capitalisme sauvage ultralibéral, puissent manifester simplement un syndrome de Stockholm pour tenter de sauver leur peau au cœur de ce système sans pitié qui les obligerait à le servir ?

(Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique que l’on a observé chez des otages ayant vécu un certain temps avec leurs geôliers et qui ont développé une forme d’empathie, ou contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci, selon des mécanismes complexes d’identification devenu un moyen efficace de survie.)

medium.PNGA les entendre, il semblerait que oui ! Il semblerait que ce fut le cas de François Mitterrand théoriquement socialiste, de François Hollande théoriquement socialiste, d’Alexis Tsipras théoriquement de gauche. On se rappelle de la description faite par Tsipras évoquant le couteau sous la gorge tenu par les Allemands alors que Hollande se faisait collaborateur docile aux ordres de Merkel.

Le 13 juillet 2015, Angela Merkel imposait un plan « d’austérité́ » aux Grecs ! Alexis Tsipras déclarait : « j’ai signé le couteau sous la gorge un accord auquel je ne crois pas » !

Hollande était pourtant en position de force : il pouvait faire valoir une autre vision que celle de ce chantage odieux imposé à la Grèce, jetée dans le malheur sans autre raison que celle exigée par la logique du pillage ultralibéral. Pourquoi ce « socialiste » devait-il se sentir otage impuissant du chantage pratiqué par l’ennemi : « le monde de la finance » ?

Pourquoi, Macron, aujourd’hui, se croit-il obligé de nous imposer par 49.3 la réforme des retraites exigée par Bruxelles, au profit de l’ennemi « du monde de la finance », comme il nous avait imposé en 2017, à coup de 49.3, la réforme du code du travail voulue par Bruxelles au profit des grandes entreprises du CAC 40 et donc de l’ennemi « du monde de la finance » ?

Vraisemblablement, en ce qui concerne Macron tout au moins, parce qu’il est un serviteur dévoué de « l’ennemi du monde de la finance », parce qu’il en fait partie, parce qu’il en est issu, parce qu’il roule exclusivement pour lui, parce qu’il a été parachuté là dans ce seul objectif financé à grand frais par « l’ennemi du monde de la finance » auquel il doit aujourd’hui sa prestigieuse promotion et ses nombreux privilèges exorbitants aux frais, cette fois-ci, du peuple !

f88ad0eb3a16dad817bac4ea1be0c878.jpg

On a parfois le sentiment d’assister à un aveuglement volontaire des « élites » qui fonctionnent sur le mode « hypnotique », comme si chacune d’elles ne voyait qu’un seul élément du puzzle complexe organisé par l’ennemi « du monde de la finance », comme si chaque élément était perçu comme le bien de tous et pour tous…

C’est exactement de cette manière que chaque complice du Régime nazi du Troisième Reich, faisait sa part du travail, ne voyant chacun que l’élément immédiat au service duquel il consacrait sa vie et son énergie, croyant sincèrement travailler au bien commun et pour un monde meilleur. Dans le Film de Costa-Gavras « Amen » (2002), le réalisateur fait comprendre cette terrible réalité : l’ensemble des éléments complexes qui permettaient d’organiser la Shoa, n’était pas visible pour la conscience de chaque acteur volontairement isolé dans sa tâche dont la réelle finalité lui échappait sans cesse. C’est cela qui explique comment le crime contre l’humanité s’organise : en faisant croire aux complices recrutés, promotionnés, élevés aux fonctions suprêmes, qu’ils vont être les héros, même incompris, du plus grand bien de l’humanité !

Jean-Yves Jézéquel

Source: Jean-Yves Jézéquel via https://www.mondialisation.ca

Source de la photo en vedette : Wikimedia Commons, Chairman of the Joint Chiefs of Staff, juillet 2017.

mercredi, 12 février 2020

Renaud Beauchard : Christopher Lasch Une éthique de l'espérance

e7443ebed11f3c77a09fbb5e08b7d424.jpg

Renaud Beauchard : Christopher Lasch Une éthique de l'espérance

 
Renaud Beauchard, universitaire, nous présentent ses travaux issus de son livre dédié à la pensée de Christopher Lasch https://www.amazon.fr/Christopher-Las...
 
Pour nous contacter (agenda des conférences, revue, propositions d'aide) : cerclearistote@gmail.com
Soutenez nous. Soyez mécène : https://www.tipeee.com/cerclearistote ou faites un don Paypal via notre site internet (lien en rouge, en bas à droite) : http://cerclearistote.com/
 

mardi, 11 février 2020

De la lucha de clases a la lucha de género

feminism-800x480.jpg

De la lucha de clases a la lucha de género

POR CRISTIAN TABORDA,

para OTRA VOZ RADIO

Ex: https://hernandezarregui.blogspot.com

Decía Marx en la "Ideología Alemana": "las ideas de la clase dominante son las ideas dominantes en cada época [...] por eso, en cuanto dominan como clase y en cuanto determinan todo el ámbito de una época histórica, se comprende que lo hagan en toda su extensión y por tanto, entre otras cosas, también como pensadores, como productores de ideas, que regulen la producción y distribución de las ideas de su tiempo; y que sus ideas sean, por ello mismo, las ideas dominantes de la época".

Cabe preguntarse entonces, en torno a la actualidad, ¿Cuáles son las ideas dominantes de nuestra época? ¿Cuál es la "clase" dominante? ¿Quiénes producen, regulan y distribuyen esas ideas? ¿Cuál es la ideología incuestionable?.

Uno de los principales rasgos de cualquier ideología es no asumirse como tal, se naturaliza y es dado como algo obvio, logra instalarse en el sentido común sin ser cuestionada. La ideología como un conjunto de ideas, nos permite darnos una forma de conocer las cosas, una cosmovisión, teniendo el sesgo de expandir esa forma particular de ver el mundo a la totalidad. Ve el mundo bajo esos lentes. Así lo hicieron el marxismo, el liberalismo y el fascismo durante el siglo pasado, la ideología dominante terminó convirtiéndose en un totalitarismo, las ideologías terminan pensando por el pueblo e instalando el pensamiento único, persiguiendo y eliminando al disidente.

HEGEMONÍA Y GLOBALIZACIÓN

Tras la implosión de la Unión Soviética y la caída del muro de Berlín el liberalismo se alzó triunfal y el dominio de la economía a nivel global mediante un mercado único se impuso por sobre todo, se produjo una neutralización de la política en términos de Carl Schmitt. El marxismo, el liberalismo y las posturas de tercera posición fueron fagocitadas, absorbidas, por el capitalismo financiero y la globalización. La lucha por la distribución del ingreso, los derechos sociales, la libertad, la justicia social y las ideas de familia, patria y religión fueron sustituidas por la lucha de derechos individuales, reivindicación de minorías y la integración cultural en un mundo cosmopolita. La globalización logró su hegemonía pos liberal en base al consenso de los derrotados y la interdependencia económica construida.

Ante la consagración de un capitalismo absoluto el marxismo abandono la lucha de clases y a los trabajadores como sujeto político integrándose al mundo globalizado; el liberalismo se vio absorbido por la gestión tecnocrática y la administración económica dejando de lado los ideales liberales; y los partidos que expresaban los movimientos de tercera posición institucionalizados implementaron políticas neoliberales y discursos progresistas. Acompañaron el proceso de globalización con la reivindicación de minorías, los postulados cosmopolitas de un mundo sin fronteras, descartando sus ideas tradicionales y sometiéndose a la corrección política. Se vieron estas tradiciones filosóficas recicladas ahora en la única ideología viva, la ideología globalista, el "progresismo transnacional" como describe el politólogo estadounidense John Fonte. El pensamiento hegemónico.

EL '68 COMO "REVOLUCIÓN CULTURAL". LA IZQUIERDA POSMODERNA

Pero esta ideología tiene origen un tiempo atrás, donde su expresión histórico-política es el Mayo francés de 1968 un movimiento cultural donde cambia el eje de la izquierda que adopta las ideas provenientes de la “Escuela de Frankfurt”, la cual enfatiza los elementos éticos, subjetivos e individuales de la “teoría crítica”, de forma que ésta se configuraba como una teoría general de la transformación social, espoleada por un deseo de “liberación” comprendida en sentido individual. La “liberación” y la “emancipación” eclipsaban así el objetivo de la revolución y se fundían en el horizonte utópico de una “felicidad” orientada al desarrollo personal. Se partía del individuo, su deseo, el arte y la cultura como forma de expresión política contra el orden establecido, abandonando las viejas premisas socialistas.

Este movimiento tenía una amalgama de pensadores que construían su visión de la realidad y terminarán dando forma a la ideología actual cuyos basamentos se encuentran en la Teoría Queer de Judith Butler. Parte de la "escuela de la sospecha" Nietzsche, Marx, Freud, la "teórica crítica" de Adorno, Marcuse, Horkheimer, el postestructuralismo de Michel Foucault, Gilles Deleuze y Jacques Derrida con su deconstrucción.

LA IDEOLOGÍA DE GÉNERO Y EL RELATIVISMO

Influenciada por todos estos pensadores, de los cuales toma distintos conceptos, y por feministas radicales como Simone de Beauvoir y Monique Wittig, Butler realiza una síntesis que expone en "Deshacer el género" donde sostiene como premisa fundamental que "las categorías hombre y mujer son políticas y no naturales" idea que da soporte a la ideología dominante de esta época. La ideología de género.

Propone al género como una construcción social, diferente al sexo biológico naturalmente dado, donde las mujeres y las "minorías" por su condición de género son oprimidas por una estructura patriarcal machista. Y una heteronormatividad que sanciona a las "disidencias" y sexualidades "no binarias".

La solución ya no sería una revolución social y la lucha de clases como proponía el marxismo, sino la subversión de los valores y la disputa de poder en los espacios públicos por parte de los cuerpos (individuos). La deconstrucción como método de resistencia, tergiversando la propuesta gramática de Derrida.

Esta ideología consecuente con el capitalismo financiero y funcional a la liberación absoluta del individuo que lo desvincula de cualquier lazo histórico, colectivo, trascendente y biológico, que promueve el hedonismo incesante, concluye en el consumismo y el placer sexual como única realización del hombre o la mujer, la liberalización del deseo, la mera satisfacción material, aniquilando toda espiritualidad y naturalidad. El nihilismo de Nietzsche, el deseo de Freud, la descentralización que plantea Deleuze y la idea transgénero de Butler son el resumen de la nueva ideología dominante, de un capitalismo especulativo, que en términos de Hegel, refleja los conceptos de la nueva clase global (global class) en la realidad: Una élite sin Dios, sin patria, consumista y transexual.

LA REVOLUCIÓN ANTROPOLÓGICA

Como plantea Michel Onfray hemos entrado en un nuevo tipo de sociedad totalitaria que destruye la verdad, abole la libertad y niega la naturaleza. Esto es lo que define perfectamente a la ideología de género que promueve una verdadera revolución, una "revolución antropológica", borrando la diferencia biológica de sexos bajo la máscara conceptual del género, eliminando la trascendencia, la idea de Dios y con la dictadura del relativismo que instala la "posverdad" y elimina la distinción entre el bien y el mal, abre las puertas al transhumanismo como una consecuencia lógica de la evolución, el hombre sin límites el "Homo Deus".

Las burguesías industriales de raíz nacional se vieron superadas por el desarrollo económico transnacional ante esta nueva clase global apátrida, que retomó el control de la economía, la oligarquía financiera internacional, la clase dominante representante del capital financiero que se afianzó en su poder económico proveniente del mercado mundial encuentra, hoy, como límites de su expansión política, la soberanía de los territorios, los Estados reguladores y la Iglesia, un obstáculo para instalar el sistema de gobernanza global acorde al mercado único, y que encuentra como otro de sus límites de expansión biológica al humano, a la condición humana.

Teniendo "conciencia para sí" allí radica su necesidad de producir, financiar, distribuir y regular sus ideas, transnacionalistas, transhumanistas y transexuales, para superar las barreras nacionales, los límites humanos impuestos por la moral y una revolución sexual para frenar la reproducción, sobre todo en los países de la periferia, que ve como una explosión demográfica en perjuicio de sus intereses como plasma Henry Kissinger en el informe NSSM 200 (National Security Study Memorandum 200).

EL TOTALITARISMO GLOBALISTA

Medios de comunicación, ONGs y universidades son las "fábricas de subjetividades" que se encargan de reproducir las ideas del poder global y censurar a las disidentes. Podemos ver como estos "aparatos ideológicos del mercado", reformulando el concepto de Althusser, son hoy los promotores del aborto, la subrogación de vientre o el lenguaje "inclusivo" entre otras políticas "progresistas". Un claro ejemplo es la propaganda emanada en series de empresas como Netflix o Disney que promueven la hipersexualizacion o la transexualidad, distintos medios que realizan un bombardeo sistemático de noticias vinculadas al género, femicidios o el hedonismo en redes sociales y televisión, las políticas que fomentan organizaciones como Open Society Foundation o Human Right Watchs, y universidades como la UBA que aceptan el lenguaje "inclusivo" de manera oficial.

En el plano de la censura y marginación basta con ver el poco espacio que tienen quienes difieren al pensamiento políticamente correcto, y si hay lugar, el intento de ridiculización o calificación de "retrógrado", "conservador" o "conspirador" a modo de anular la opinión de quien piense diferente. Más explícito se hace en el espacio público; cuando la intolerancia y el ridículo llega a tal punto de tapar un mural de un bebé en el vientre de su madre y luego el de una mujer embarazada, como los realizados por la artista Lisette Feider en la parte exterior del área de maternidad del hospital Piñero en CABA, estos fueron censurados por ser considerados un acto de "violencia simbólica" y una "provocación". Claramente, expresar mediante el arte la representación de traer una vida al mundo es una provocación para la necropolítica.

Como si fuera poco para instalar su ideología en lo más hondo de la conciencia el globalismo cuenta, siguiendo con conceptos de Pierre Bourdieu, con el Estado, que tiene en su poder el "monopolio de la violencia simbólica". La institucionalización de la ideología de género como credo oficial con el dispositivo legal-represivo en sus manos. Podemos ver a modo de ejemplificación el caso de España con el nuevo Ministerio de la "igualdad" o nuestro país con el Ministerio de "Géneros y diversidad" organismos encargados de la difusión propagandística ideológica de género. Los gobiernos cooptados y bajo presión de organismos supranacionales que representan a la élite financiera se encargan de difundir la ideología dominante mediante la utilización del Estado. Organismos como la ONU, FMI, la Unión Europea o el Banco Mundial que carecen de legitimidad democrática y forman parte de la plutocracia globalista. El totalitarismo financiero que mediante la dictadura del dólar promueve el progresismo cultural y la anarquía comercial.

La ideología de género es utilizada por la oligarquía de tres formas: 1) Como dominación política a través de la corrección política y bajo el disfraz moral de la "diversidad", la "igualdad" y la "inclusión", de esta forma se eleva ante el resto ejerciendo un supremacismo moral; 2) Como disciplinamiento social se impone a través del punitivismo y el normativismo legal promovido por el derecho con "perspectiva de género", terminando con el principio de inocencia ante una acusación mediante la sentencia mediática, y cuando no, por medio del escrache público; 3) Como subordinación cultural, aceptando crédito internacional bajo la condición de implementar políticas de género o antinatalistas como lo hace el Banco Mundial o el FMI, la financiación de organismos para promover políticas públicas en base al lobby LGTB y ONGs que financian el activismo feminista, la aceptación de ideas con origen en los grandes Think Tanks extranjeros, utilizadas como métodos de dominación. Asistimos a una neocolonización, que es ideológica, a una homologación cultural donde el pensamiento se vuelve homogéneo y se borran las diferencias que enriquecen a cada pueblo, subordinados estos a la monocultura mundialista del consumo.

Hoy incuestionable ante el circo mediático que representa al establishment globalista, la ideología del poder se presenta como noble y en defensa de las minorías "oprimidas", quien busque correr el velo y desenmascarar las falacias en las que incurre, informar quienes financian y promueven esas ideas o señalar los medios de comunicación y empresas aliados en el negocio del Capitalismo Gay Friendly, es demonizado y perseguido por la Policía del pensamiento progresista que bajo una supuesta superioridad moral y en nombre de la "inclusión" excluye al que piense diferente, quien se atreva a desafiar la dictadura del relativismo que impone la ideología de género es acusado de "ultraderecha" o "populista", como mínimo, sino es tildado de fascista en nombre del antifascismo. La ideología está consiguiendo consumar el crimen perfecto, como diría Jean Baudrillard, matar la realidad.

EL NUEVO ORDEN SIMBÓLICO

Este nuevo orden simbólico que intenta destruir la tradición, las costumbres y la cultura, se impone con la apropiación de los símbolos nacionales y populares por parte del progresismo para su beneficio político y mediante la neolengua de género, la promoción de los individuos unisex sin distinción de género, la hipersexualizacion de la vida y la feminización de la política. Es la consumación de la batalla cultural librada por la izquierda progresista desde el '68. Al convertirse en la hegemonía político-cultural, ahora está simbología logro consenso por izquierda y por derecha.

El nuevo orden lo impone por izquierda el progresismo con la ideología de género y por derecha el neoliberalismo con la ideología del libre comercio, desde los dos polos determinan un individuo sin familia, cosmopolita, precarizado, de bajo costo, en un mercado único global sin fronteras donde su única libertad es la de consumir. El globalismo tiene como ideal el hombre consumista sin identidad, sin patria y sin sexo. Una No-persona. La propuesta de la clase global radicalizada es la configuración de un nuevo orden mental mediante la psicopolítica y la guerra psicocultural manteniendo el control de las ideas y la desigualdad social, sin alterar el orden material y el statu quo.

A partir de este nuevo orden simbólico el progresismo clasifica la familia tradicional como una "opresión patriarcal", la nación como una idea fascista y ve en la religión una mentira. Desde el peronismo vemos, en todo ello lo contrario, la construcción de un pueblo: unidad, identidad y cultura. La familia, anterior al individuo, como la célula orgánica de toda sociedad es la primera comunidad donde se forman los lazos naturales de solidaridad y amor, en la relación única de madre e hijo. La Nación como conformación de la identidad de un pueblo que fomenta la unidad en un territorio determinado en el cual se realiza la comunidad preservando sus tradiciones y costumbres. La religión como el fundamento de la cultura que determina la moral del pueblo y sus valores de raíz cristiana en nuestro caso. Familia, patria y religión son los pilares de una vida en común que construyen una identidad y una cultura con arraigo en la tradición y las costumbres, son hoy la verdadera resistencia al poder hegemónico.

CULTURA DE LA VIDA

Ante el avance de esta cultura del descarte y colonización ideológica impera fomentar la cultura de la vida y el amor de la familia, reivindicar la patria y la fé en los valores trascendentes, el bien, la verdad y la justicia.

Al desquicio de la ideología de género, el relativismo absoluto y la revolución antropológica oponerle el sentido común. Y el principio que reza: "La realidad es superior a la idea".

Al capitalismo financiero absolutista una economía en beneficio de los pueblos, donde en el centro este el trabajo y no el Dios dinero.

A la lucha de sexos y la disputa de género la máxima que dice: "la unidad prevalece al conflicto". Porque ni el hombre ni la mujer se realizan solos, mucho menos en una comunidad que no se realiza.

By CENTRO DE ESTUDIOS HERNANDEZ ARREGUI en febrero 05, 2020

vendredi, 31 janvier 2020

L’usurpation du Pouvoir par les minorités

C’est toujours de cette façon que meurt un régime politique, voire une civilisation : lorsqu’un petit groupe d’agités, aussi motivés qu’efficaces, s’empare de la force publique, profitant de la passivité du troupeau humain.

Les minorités commencent par saper l’autorité du Pouvoir en place, sous les applaudissements d’une partie des rejetons veules, incapables et moralement déficients de l’élite de la richesse et de la culture. C’est la phase nécessaire, généralement longue de plusieurs décennies, que des observateurs aussi lucides qu’impuissants nomment parfois, d’une façon fort intelligente : miner une société.

On y parvient grâce à l’hystérie et à l’arrogance, par l’usage des confusions sémantiques et du trompe-l’œil, et encore plus facilement si l’on adopte un statut victimaire. Les sexagénaires actuels ne peuvent oublier comment ont agi, puis triomphé, les agitateurs des années 1965 sq. en Occident.

L’hystérie du comportement, l’arrogance du discours exercent une extraordinaire fascination sur le bourgeois, l’ouvrier, le commerçant ou le paysan calmes et travailleurs. Car, pour des êtres qui s’ennuient à force de routine, d’application et de conformisme, il persiste toujours un espoir de divertissement hors normes. Les détraqué(e)s et les crétins fascinent les êtres de bon sens, au même titre qu’ils se jettent, avant de s’endormir ou lors de leurs vacances, sur des thrillers dégoulinant de joie de nuire, de malfaisance, de sang et d’horreur.

La bonne propagande est celle qui fait passer l’exception pour la règle, qui parvient à faire adhérer aux plus gros mensonges, par le mécanisme de l’information, tronquée parce que partielle et partisane, ainsi que par la répétition jusqu’à satiété des mêmes bobards. Les images et les films truqués valent infiniment mieux que n’importe quel discours démagogique, tout le monde le sait depuis plus d’un siècle. Mais le succès va toujours à celui qui promet la lune sans effort ou, mieux encore, le paradis, soit terrestre, mais dans un avenir indéterminé, soit post-mortem – et personne n’est jamais revenu d’outre-tombe pour détromper les bonimenteurs.

Au bout du compte, l’universitaire se retrouve aux côtés de l’analphabète, vaincu par les mêmes mensonges ou les mêmes demi-vérités, seule varie la présentation… encore a-t-on vu en 1968 de soi-disant brillants cerveaux beugler des slogans d’un merveilleux crétinisme.

La reconnaissance par les médias – partant par l’opinion publique qu’il est devenu si aisé de formater grâce à la propagande télévisée, puis aux blogs et aux sites à prétentions historiques du Net – du statut de victime personnelle, familiale ou communautaire, permet d’exiger une protection juridique particulière, une atténuation du discours médiatique en cas de déviance personnelle ou communautaire, et d’espérer un afflux d’hommages publics et privés, ainsi que de subventions d’origine étatique.

Être reconnu descendant d’un peuple de « victimes perpétuelles de persécutions » permet de s’intégrer à ces « minorités qui font la loi ». Se réclamer du judaïsme victimaire, se poser en lointain descendant d’esclaves, en victime de discrimination sexiste ou « homophobe », en résidu d’inceste ou de viol à l’âge prépubère font de n’importe quel minus, voire d’un authentique délinquant, un sujet hautement protégé par les médias, l’administration publique et les directeurs des relations humaines du secteur public et du privé. La posture victimaire bien exploitée autorise la revendication permanente et tous azimuts.

À la fin du processus de pourrissement de la société, s’impose l’une des minorités. Qu’elle soit composée d’une communauté d’affairistes, d’intellectuels, de professionnels de la manipulation d’opinion publique (depuis les journalistes et les politiciens « fous de dieu » jusqu’aux simples courtiers en assurance vie éternelle) ou encore de guerriers ne fait rien à l’affaire. D’ailleurs, bien souvent, comme ce fut le cas en France l’An 1789, à Petrograd en 1917 ou à Téhéran l’An 1979, on trouve associés des membres de ces quatre composantes.

Dès qu’une minorité a triomphé, raflant le Pouvoir – soit la puissance policière et militaire, la justice, les médias, le droit d’user de l’argent public et, pour les nullités plus ou moins décoratives, l’accès aux sinécures dorées –, débutent les querelles de Divas. La lutte est sans merci, mais pas forcément sanglante. Puis se crée une société nouvelle, dont la durabilité dépend de bien trop de paramètres, dont le plus puissant demeure sa sacrée majesté le hasard, pour qu’on puisse énoncer une théorie à ce propos.

Il n’est pas besoin de « complot » (variante à la sauce romantique : de « conjuration ») pour expliquer la victoire d’une minorité.

Les minorités qui ont triomphé ces derniers millénaires jouissaient presque toutes d’un chef, parfois génial (tels Jules César et son neveu Octave devenu Auguste), souvent médiocre (un François Mitterrand a incarné l’espoir du changement en France à l’aube des années 1980).

De façon obligatoire, elles sont riches de propagandistes efficaces, ceux qui savent « colérer » la populace, suivant le principe fondamental : « Plus c’est gros, plus c’est con, mieux ça passe. »

Mais, pour triompher, elles doivent nécessairement enthousiasmer des militants prêts à tout sacrifier pour la cause. Une minorité qui gagne n’est pas celle qui pleurniche ou intente des actions en justice pour enrichir ses membres ou faire parler d’eux. Une minorité qui emporte le morceau est celle qui parvient à noyauter l’infrastructure de l’État, non pas les hauts fonctionnaires vénaux et opportunistes, mais des centaines de petits agents mus par l’idéal ou l’ambition – et la combinaison de ces deux motivations s’est toujours avérée particulièrement efficace.

Dans la France soixante-huitarde, les fêtards alcoolo-tabagiques et les grandes gueules marxistes de toutes les chapelles (trotskistes et maoïstes s’avérant les plus nocifs) ont obtenu ce qu’ils voulaient : l’abolition de l’État napoléonien, la féminisation de la société – gage d’une plus grande efficacité de la propagande pleurnicharde et démagogique –, le brassage des races et des cultures. Ils n’ont fait que détruire, tenter de dissoudre l’esprit national. Ils y sont presque parvenus grâce à la globalo-mondialisation.

Le résultat est effarant, au point que le seul (et lamentable) mouvement populiste français est objectivement devenu le premier parti du pays… au moment où il n’a plus ni chef, ni doctrine, ni élan, ni militantisme actif.

Au milieu des ruines, il reste l’espérance. Celle du triomphe d’une aristocratie du courage et de la droiture, au service du Bien commun et de la Nation, elle-même pleinement intégrée à la race européenne.

Mais pour obtenir ce résultat, il faut attendre que les Français – et d’une manière générale les Européens – souffrent davantage qu’actuellement, pour qu’enfin ils se révoltent. Ils ne le feront que le jour où une puissante minorité active aura compris que la globalo-mondialisation menace directement la survie de leurs descendants.

Car, si la plupart des minorités triomphantes s’avèrent malfaisantes, corrompues, tyranniques, voire sanguinaires, il en est de bienfaisantes – celle qui instaura l’Empire romain, par exemple.

17:55 Publié dans Définitions, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : définition, sociologie, minorités | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 16 janvier 2020

Mensenrechtenorganisatie eist andere namen voor geslachtsdelen om transgenders te pleasen

pixabay-transgender-verwarring.jpg

Mensenrechtenorganisatie eist andere namen voor geslachtsdelen om transgenders te pleasen 

—————————————————————————————————————————————-

Krankzinnig: ‘Vagina’ moet worden gereserveerd voor transgender vrouwen; biologische vrouwen hebben voortaan een ‘voorste gat’ – Woord ‘penis’ wordt feitelijk geschrapt

—————————————————————————————————————————————-

De pro-LGBTQ+ mensenrechtenorganisatie HRC (Human Rights Campaign Foundation) is een campagne gestart waarin andere, ‘inclusievere’ namen voor menselijke geslachtsdelen worden geëist, zodat de uiterlijke verschillen tussen biologisch natuurlijk gebleven mensen en transgenders in ieder geval woordelijk worden opgeheven. Sterker nog: het woord ‘vagina’ moet zelfs exclusief worden gereserveerd voor transgender ‘vrouwen’; biologisch geboren vrouwen hebben vanaf nu een ‘front hole’, een gat aan de voorkant.

In de HRC folder ‘Veiligere seks voor Trans Lichamen’ worden de nieuwe benamingen op een rijtje gezet, waarvan hier de meest opvallende:

* Trans: Iedereen die zichzelf onderdeel van de transgender gemeenschap voelt. Daarvoor hoef je geen operaties te hebben gehad;

* Pik:  Alle externe genitaliën ‘in alle vormen en maten bij mensen van alle genders’. Oftewel: biologisch vrouwen kunnen vanaf nu ook een ‘pik’ hebben, als zij dat zelf zo ervaren;

* Voorste gat: (lett. ‘front hole’, gat aan de voorkant). Alle interne geslachtsdelen, ‘soms* een vagina genoemd.’ Dat voorste gat kan in zich in die sommige gevallen ‘zelf vochtig maken, afhankelijk van leeftijd en hormonen.’

* Vagina: ‘Wij gebruiken dit woord voor de genitaliën van trans vrouwen die operaties aan hun onderkant hebben gehad.’

* Strapless: (Lett. ‘voorbind-loos’). Strapless is een term die uit de pornografische wereld komt, en meestal wordt gebruikt voor lesbische seks zonder gebruik van voorbind penissen. HRC: ‘Wij gebruiken dit woord om de genitaliën van trans vrouwen die nog geen genitale reconstructie –soms* een penis genoemd- hebben gehad.’ (*schuingedrukt toegevoegd).

Twitteraars overweldigend negatief over nieuwe taalgids

Op Twitter reageerden mensen overweldigend negatief op dit Orwelliaanse trans-manifest. ‘Wow, dus trans vrouwen hebben een vagina, maar wij biologische vrouwen hebben een voorste gat. LOL, deze mensen zijn krankzinnig.’ Daarmee verwees deze reageerder onder andere naar HRC medewerker Amir Sariaslan, die als eerste over deze nieuwe trans ‘taalgids’ twitterde.

‘Wat is dit nu weer voor een politiek correcte dystopische 1984 taalcontrole?’ vraagt een ander zich af met het oog op het streven om de gebruikelijke benaming van het vrouwelijke geslachtsdeel exclusief te willen toewijzen aan een splintergroepje waar 99% van de bevolking nooit mee te maken krijgt (althans, nog niet).

‘Ik ben er vrij zeker van dat we nu in de singulariteit zijn beland,’ grapte een ander, verwijzend naar de ‘singulariteit’ van futurist Ray Kurzweil, die verwacht dat de mensheid in uiterlijk 2045 (maar mogelijk zelfs al vanaf 2030) zal samensmelten met AI (kunstmatige intelligenties).

Nepnieuws over niet-bestaande moord epidemie onder transgenders

De HRC brengt de afgelopen tijd allerlei nepnieuws berichten naar buiten, zoals dat ‘transfoben’ een ‘moord epidemie’ onder transgenders zouden begaan. Uit alle feiten blijkt echter dat hier helemaal niets van klopt, en dat transgenders geen tiende van een procent vaker het slachtoffer worden van moord dan anderen.

‘Het is dus geen wonder dat de HRC nu probeert om termen te veranderen om ‘trans lichamen’ zich beter te laten voelen omdat ze zichzelf hebben verminkt – wat de rest van de samenleving natuurlijk in de lastige positie brengt om met deze waanzin mee te doen, om maar politiek correct te blijven,’ geeft Mike ‘Natural News’ Adams als commentaar.

‘Kwaadaardig om kinderen in verwarring te brengen over basis van het leven’

‘Transseksuelen zijn geestesziek,’ schreef iemand. Een ander stelde dat ‘het kwaadaardig is om kinderen in verwarring te brengen over de basis van het leven. Kinderen zullen de linkse leugens niet overleven. Plant de leugen – laat de waanideeën groeien – zaai de dood.’ (1)

Op de website van onderzoeksjournalist Martin Vrijland vindt u veel meer, uitgebreidere en met tal van feiten onderbouwde artikelen over de transgender / LGBTQ+ agenda en het transhumanisme. Enkele recente links:

* Wie is Erland Oscar Galjaard en wat heeft hij met eugenetica te maken?
* Waarom wel of niet voor het transhumanisme en de singulariteit (leven in een AI computer) te kiezen?
* De grote ommekeer: Martin Vrijland neemt het op voor de LHBTI gemeenschap!
* Heeft LHBTI geslachtskeuze-opvoeding van kinderen een aantoonbare biologische grondslag?
* In het nieuwe ‘wakker’ (woke) is de blanke heteroseksuele man te lang bevoorrecht geweest
* De Bijbel is al genderneutraal gemaakt, maar ook aan de genderneutrale koran wordt gewerkt.


Xander

(1) Natural News
(2) Afbeelding: Pixabay (rechtenvrij)

Zie ook o.a.:

2019:
21-12: ‘Global Mega Trends’ consulting rapport voorziet transhumane mensheid in 2030
20-12: Kritiek op transgender agenda in VS en Engeland bestraft met ontslag en gevangenisstraf
16-12: Duitse jurist lekt nieuwe EU-wet om mensen die tegen immigratie zijn op te sluiten in inrichtingen (/ Straks ook critici van diversiteit, transgender, klimaat en EU zelf opgesloten)
14-12: Hoe absurd, zuur en krankzinnig is het Westen eigenlijk geworden? Nou zo:
10-12: Iedereen zou ‘De werkelijkheid zoals we die waarnemen’ moeten lezen

mardi, 07 janvier 2020

La voie du corporatisme

corpo.png

La voie du corporatisme

par Franck BULEUX

Ex: https://metainfos.fr

Dans la réforme des retraites, il est question d’universalité.

Bien entendu, l’universalité en France ne concerne que les personnes résidentes en France, ce qui n’est déjà pas si mal. On se demande parfois à quoi sert le critère de nationalité, mais c’est un autre débat.

Le critère d’universalité implique l’ensemble des personnes, comme le système d’indemnisation des frais de santé, mis à part, il est vrai, le système dit de droit local, qui concerne l’Alsace et la Moselle, soit trois départements du Grand Est.

Ce système universel permet à toute personne de bénéficier de la prise en charge de leurs frais de santé au seul titre de leur résidence stable et régulière en France.

En matière d’assurance vieillesse (lire « retraite »), il a été mis en place des systèmes différents au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. On peut s’interroger sur les deux systèmes de répartition et de capitalisation. Il est simplement nécessaire de rappeler, contrairement à ce qui se dit ou s’écrit ici et là, que la répartition n’offre aucun droit puisque les cotisations sociales de l’année en cours permettent de régler les prestations de cette même année. Il s’agit, purement et simplement, d’un système de solidarité intergénérationnel, sans pérennité garantie. Il n’y a donc aucun « droit acquis » en la matière.

À partir de ce système, inauguré le 14 mars 1941 par le régime de Vichy et repris par le Conseil national de la Résistance (CNR), l’après-guerre a vu l’éclatement des régimes. Chaque régime (quarante-deux) gère ses propres cotisations et verse les prestations dues aux personnes concernées.

La dérive apparaît, non pas dans la différenciation des régimes, mais dans leurs choix subjectifs. On peut, en effet, s’étonner du choix de certains régimes spécifiques. Le régime de la SNCF existait déjà avant 1945, sans doute existait-il un certain corporatisme dès 1909, date de l’entrée en vigueur du régime dit « spécial ». On le voit, rien n’est simple, et le plus souvent la date de 1945 ne sert qu’à sacraliser, qu’à sanctuariser des règles antérieures, du moins pour leurs principes. Il est nécessaire de le rappeler, les prestations sociales, même si elles ont été généralisées, ne sont pas nées à la Libération.

Le mot « corporatisme » employé il y a quelques lignes semble être un « gros mot », c’est-à-dire un mot qui ne doit pas être utilisé. Une corporation est un ensemble de personnes qui exercent la même profession, généralement regroupées dans une association et bénéficiant, comme ce fut le cas aussi bien dans l’Antiquité romaine que sous l’Ancien Régime, d’un ensemble de monopoles et de privilèges. Nous y voilà… « privilèges », c’est-à-dire un droit collectif reconnu par la loi en échange de services : protection d’une profession (numerus clausus) contre la concurrence abusive, voire déloyale, obligation à l’engagement militaire des nobles sous l’Ancien Régime en contrepartie du non-paiement de l’impôt… Un privilège peut donc être octroyé en contrepartie d’une obligation liée à la solidarité nationale comme l’ouverture de services publics tous les jours calendaires.

Vouloir à tout prix l’universalité des systèmes, c’est méconnaître les particularités, nier les particularismes. Que représente l’universalité face aux métiers ? En 1884, les syndicats professionnels ont obtenu l’abrogation de la loi Le Chapelier de 1791 visant à l’interdiction du régime général d’exercice collectif des métiers ouvriers, c’est-à-dire des corporations.

Les syndicats sont, pour la plupart d’entre eux, des confédérations, c’est-à-dire qu’ils représentent des fédérations représentant de nombreux métiers. Pourquoi ? Parce que les exigences des métiers sont différentes, les besoins des salariés aussi. Pourquoi ne pas les prendre clairement en compte ?

Deux systèmes me semblent abusifs : l’universalisme qui ne correspond en rien aux particularismes et l’individualisme qui ne revêt un intérêt qu’en cas de reconnaissance d’un préjudice direct et personnel par un tribunal compétent. Au-delà de l’universalisme et de l’individualisme, il existe le corporatisme, qui peut préserver des droits issus des particularités des métiers. Un « privilège », du latin privilegium (« loi concernant un particulier »), est à l’origine une disposition juridique conférant un statut particulier, statut lié à une situation.

La réforme des retraites nous est présentée comme une ode à l’égalité absolue, pour ne pas dire l’égalitarisme. La République en marche (LREM) comme la plupart des mouvements de droite libérale (la majorité des Républicains) se servent de ce concept pour s’appuyer sur cette réforme libérale. Mais ce n’est pas de libéralisme (système universel et impersonnel) dont nous avons besoin mais de conservatisme, au sens premier du terme. La conservation de notre identité, c’est aussi la préservation de nos métiers, le respect de nos spécificités face à un universalisme niveleur.

Non, il n’y a pas trop de régimes spéciaux, mais il n’y en a pas assez. Le statut des cheminots, longtemps profession réservoir des forces de gauche (voir les liens entre le PCF et la SNCF en 1947 lorsque les communistes ont quitté le gouvernement et l’explosion concomitante des émeutes sociales), est l’arbre qui cache la forêt. Qu’il faille refonder les règles concernant les cheminots, pourquoi pas ? Mais la question essentielle, globale est la mise en place de systèmes liés aux métiers, bref un système corporatiste. Recentrer les métiers (réserver la vente de pain aux artisans boulangers), octroyer des privilèges à certaines professions (le droit de stationner gratuitement en faveur des commerçants ayant pignon sur rue), conserver les trimestres sans cotisations aux mères de famille dans le cadre de la promotion de la natalité (qu’en sera-t-il dans un système dit « à points » puisque, par définition, s’il n’y a pas de revenus, il n’y a pas de points…) Qui évoque cette carence liée au nombre d’enfants ? (https://metainfos.fr/2019/12/24/noel-maternite-le-combat-oublie/ ) moins que nos dirigeants aient déjà décidé que l’immigration et la robotisation ne remplaceront, à court terme, les travailleurs nationaux ? C’est une optique, mais les députés LREM devraient nous le confirmer.

Confier l’expression populaire au législatif est une hérésie, compte-tenu de l’augmentation de l’expression du pouvoir exécutif avec, notamment, la mise en place par le président Chirac du quinquennat. Nous y reviendrons lors d’une prochaine chronique. Hérésie aussi quand on voit le nombre de Français qui ne s’expriment pas lors des élections législatives, dont l’existence ne sert qu’à valider le choix présidentiel du mois précédent : sans compter les bulletins blancs et nuls, plus de 51 % des Français inscrits ne se sont pas déplacés en juin 2017 pour participer à l’éclatante victoire sans appel (sic) des inconnus ou des recyclés (le plus souvent du PS) d’En marche ! Face à cette désaffection, un Conseil national des métiers serait le bienvenu qui permettrait de mobiliser les branches d’activités et le monde du travail.

Il est temps de revenir à une société utilitariste. La notion de corporatisme n’est pas surannée, elle représente l’essence de la nation, celle des intérêts (au sens positif) professionnels, intérêts qui permettent aussi de lier les employeurs et les salariés, hors lutte de classes.

Oui, le corporatisme est une option d’avenir. Il serait temps d’y réfléchir.

mercredi, 01 janvier 2020

Zygmunt Bauman et le bon usage du terrorisme

par Nicolas Bonnal

Ex: https://leblogalupus.com

Il est important de contrôler les masses rétives et de les faire plier. L’attentat de Strasbourg n’a pas failli à cet égard. Las, chat échaudé craint l’eau froide. Et le pouvoir aux abois, avec cette arme ridicule de 1892, n’a pas su exploiter le massacre pour interdire à la France de se réveiller. Le Bataclan, lui aussi coordonné dans des circonstances invraisemblables, fut mieux exploité et maintint l’État-PS et le lobby euroatlantiste au pouvoir, mal dans les baskets des déplorables depuis l’élection du Donald.

zb-wasted.jpgOn va relire le sociologue israélo-britannique Zygmunt Bauman, auteur de remarquables essais sur notre postmoderne et zombi mondialisation. Il a bien compris que la clé c’est la peur et son exploitation (on est en 2002) :

« Mais l’envoi de troupes en Irak n’a fait qu’aggraver la crainte de l’insécurité, aux États-Unis et ailleurs…. Comme on aurait pu s’y attendre, le sentiment de sécurité ne fut pas la seule victime collatérale de cette guerre. Les libertés personnelles et la démocratie ont vite connu le même sort. Pour citer l’avertissement prophétique d’Alexander Hamilton :

« La destruction violente des vies et des biens que causent la guerre et l’inquiétude permanente qu’entraîne un état de danger permanent obligeront les nations les plus attachées à la liberté à chercher le calme et la sécurité auprès d’institutions qui tendent à détruire leurs droits civils et politiques. Pour être plus protégées, elles finissent par accepter le risque d’être moins libres. »

On croirait lire Thucydide. Mais ne biaisons pas. Bauman ajoute :

« La vie sociale change quand les hommes commencent à vivre derrière des murs, à engager des gardes, à conduire des véhicules blindés, à porter des matraques et des revolvers et à suivre des cours d’arts martiaux. La difficulté est la suivante : ces activités renforcent et contribuent à produire la sensation de désordre que nos actions visaient à empêcher. »

L’important dans ce ministère de le peur, comme dirait Fritz Lang, qui connut et le nazisme et le maccarthysme, est de créer une peur qui se nourrit d’elle-même. C’est le sujet du passionnant et percutant Captain America (le soldat d’hiver) produit par les israéliens de Marvel Comics. Le pouvoir se nourrit d’attentats car ils servent à soumettre. Debord a aussi écrit sur le sujet. Mais restons-en à Bauman :

« Il semble que nos peurs soient devenues capables de s’auto-perpétuer et de s’auto-renforcer, comme si elles avaient acquis un dynamisme propre et pouvaient continuer à croître en puisant exclusivement dans leurs propres ressources. »

La peur gagne sans rire tous les domaines, la météo, le sexe, le vêtement, la bouffe :

« Nous cherchons à dépister « les sept signes du cancer » ou « les cinq symptômes de la dépression », nous tentons d’exorciser le spectre de la tension trop forte, du taux de cholestérol trop important, du stress ou de l’obésité. Autrement dit, nous sommes en quête de cibles de substitution sur lesquelles décharger le surplus de crainte existentielle qui n’a pas pu trouver ses débouchés naturels, et nous découvrons ces cibles de fortune en prenant de grandes précautions pour ne pas inhaler la fumée de cigarette des autres, pour ne pas ingérer d’aliments gras ou de « mauvaises » bactéries – tout en avalant goulûment les liquides qui se vantent de contenir « les bonnes » –, pour éviter l’exposition au soleil ou les relations sexuelles non protégées… »

zb-pmdis.pngBauman ici explique pourquoi on croule sous d’horribles et coûteuses voitures informelles. Cela correspond à la paranoïa du « « capitalisme de catastrophe » (Ramonet) :

« L’exploitation commerciale de l’insécurité et de la peur a des retombées commerciales considérables. Selon Stephen Graham, « les publicitaires exploitent délibérément la crainte très répandue du terrorisme catastrophique pour dynamiser les ventes très lucratives de 4 x 4 ». Ces monstres militaires très gourmands en carburant, que les Américains appellent SUV (sport utility vehicles), représentent déjà 45 % de l’ensemble des ventes de voitures aux États-Unis et s’intégrent dans la vie urbaine de tous les jours sous le nom de « capsules défensives ». Le 4 x 4 est un signifiant de sécurité que les publicités dépeignent, à l’instar des communautés fermées au sein desquelles on les voit souvent rouler, comme permettant d’affronter la vie urbaine, pleine de risques et d’imprévus […]. Ces véhicules semblent apaiser les craintes que ressentent les membres de la bourgeoisie lorsqu’ils se déplacent en ville (ou sont bloqués dans les embouteillages). »

Puis il revient au sujet, le terrorisme et son utilité comme ingénierie sociale :

« En octobre 2004, la BBC a diffusé une série documentaire sous le titre The Power of Nightmares : the Rise of the Politics of Fear (« Le pouvoir des cauchemars : la montée de la politique de la peur »). Adam Curtis, auteur et réalisateur de cette série, l’un des documentaristes les plus acclamés en Grande-Bretagne, y montre que, si le terrorisme international est assurément un danger réel qui se reproduit continuellement dans le no mans land mondial, une bonne partie – sinon l’essentiel – de sa menace officielle « est un fantasme qui a été exagéré et déformé par les politiciens. Cette sombre illusion s’est propagée sans jamais être contestée à travers les gouvernements du monde entier, les services de sécurité et les médias internationaux ». Il ne serait pas difficile d’identifier les raisons du succès rapide et spectaculaire de cette illusion : « À une époque où toutes les grandes idées ont perdu leur crédibilité, la peur d’un ennemi fantôme est tout ce qu’il reste aux politiciens pour conserver leur pouvoir. »

Et comme s’il avait lu Guy Debord, Bauman rappelle les années de plomb allemandes (l’actuel fascisme humanitaire-antiraciste-féministe en Allemagne a de beaux précédents) :

« Capitaliser sur la peur est une stratégie bien établie, une tradition qui remonte aux premières années de l’assaut néolibéral contre l’État social.

Bien avant les événements du 11 septembre, beaucoup avaient déjà succombé à cette tentation, séduits par ses redoutables avantages. Dans une étude judicieusement intitulée « Le terrorisme, ami du pouvoir de l’État », Victor Grotowicz analyse l’utilisation des attentats de la Fraction armée rouge par la République fédérale allemande à la fin des années 1970. En 1976, seuls 7 % des citoyens allemands considéraient leur sécurité personnelle comme une question politique importante, tandis que, deux ans après, une majorité considérable d’Allemands en faisait une priorité, avant la lutte contre le chômage ou contre l’inflation. Durant ces deux années, la nation put voir à la télévision des reportages sur les exploits des forces de police et des services secrets, alors en pleine expansion, et put entendre les hommes politiques promettre des mesures toujours plus dures dans la guerre totale contre les terroristes. »

zb-miettrs.jpgIl est important de rappeler cela, qu’il s’agisse de Sarkozy-Macron-Hollande, de Bush, May, Clinton-Obama, Merkel et du reste ; l’Etat fasciste-sécuritaire accompagne la dégradation-extinction de l’Etat de droit et de l’État social. L’État renonce à la carotte et a recours à la trique du CRS et au contrôle par des services plus ou moins secrets :

« On en venait à se demander si la fonction manifeste de ces nouvelles mesures, sévères et ostensiblement impitoyables, censées éradiquer la menace terroriste, ne dissimulait pas une fonction latente : déplacer le fondement de l’autorité de l’État d’un domaine qu’elle ne voulait ni ne pouvait maîtriser efficacement vers un autre domaine où son pouvoir et sa détermination pouvaient se manifester de façon spectaculaire, en remportant presque tous les suffrages. Le résultat le plus évident de la campagne antiterroriste fut une rapide hausse de la peur dans tous les rangs de la société. »

D’où évidemment un incessant recours à ces insaisissables émanations terroristes (dans Captain America, cela s’appelle justement Hydra). Bauman rappelle qu’on baptisa l’hydre du terrorisme mondial pour effrayer les chaumières et servir l’avènement de l’Etat policier universel :

« Adam Curtis, déjà cité, va encore plus loin et suggère qu’Al-Qaida existait à peine, sinon comme vague programme visant à « purifier par la violence religieuse un monde corrompu », et ne fut créé que par l’ingéniosité des juristes ; Al-Qaida ne fut ainsi baptisé que « début 2001, quand le gouvernement américain décida de poursuivre Ben Laden en son absence et dut utiliser les lois antimafia qui exigeaient l’existence d’une organisation criminelle portant un nom ».

Le terrorisme compte donc sur l’Etat postmoderne, dont il est le meilleur et le plus régulier allié :

« Contrairement à leurs ennemis déclarés, les terroristes ne sont pas limités par l’étendue modeste de leurs ressources. Lorsqu’ils conçoivent leur stratégie et leur tactique, ils peuvent compter au nombre de leurs atouts la réaction attendue et quasi certaine de « l’ennemi », qui viendra considérablement amplifier l’impact des atrocités commises. Si le but des terroristes est de répandre la terreur au sein de la population ennemie, l’armée et la police ennemies veilleront à ce qu’ils y parviennent bien au-delà de ce qu’ils auraient pu accomplir par leurs propres moyens. »

Dure et rigoureuse conclusion de Bauman :

« De fait, on ne peut que reprendre l’analyse de Michael Meacher : le plus souvent, et surtout depuis le 11 septembre, nous avons l’air de « jouer le jeu de Ben Laden ». Cette attitude peut avoir des conséquences tragiques. »

zb-amour.jpgOn a tous vu la nullité brouillonne des forces du désordre à Strasbourg. Mais ce chaos fait partie de la mise en scène, et Bauman vous l’explique :

« Les forces terroristes ne souffrent guère de ce genre d’attaques ; au contraire, c’est dans la maladresse et dans la prodigalité extravagante de leur adversaire qu’elles puissent une énergie renouvelée. L’excès n’est pas seulement la marque des opérations explicitement antiterroristes ; il caractérise aussi les alertes et avertissements adressés à leurs propres populations par la coalition antiterroriste. »

Le grand vainqueur est l’État postmoderne (avec le bonapartisme la France a toujours eu de l’avance). On rappelle du reste la citation de Maurice Joly :

« Il y aura peut-être des complots vrais, je n’en réponds pas ; mais à coup sûr il y aura des complots simulés. À de certains moments, ce peut être un excellent moyen pour exciter la sympathie du peuple en faveur du prince, lorsque sa popularité décroît. »

Je reprends mon étude sur Joly :

Le pouvoir subventionne la presse et devient journaliste :

« Dans les pays parlementaires, c’est presque toujours par la presse que périssent les gouvernements, eh bien, j’entrevois la possibilité de neutraliser la presse par la presse elle-même. Puisque c’est une si grande force que le journalisme, savez-vous ce que ferait mon gouvernement ? Il se ferait journaliste, ce serait le journalisme incarné. »

Le pouvoir contrôle et soudoie tout, opposition populiste compris :

« Comme le dieu Vishnou, ma presse aura cent bras, et ces bras donneront la main à toutes les nuances d’opinion quelconque sur la surface entière du pays. On sera de mon parti sans le savoir. Ceux qui croiront parler leur langue parleront la mienne, ceux qui croiront agiter leur parti agiteront le mien, ceux qui croiront marcher sous leur drapeau marcheront sous le mien. »

Joly avait même inventé l’expression « pensée unique ».

Gouverner par le chaos alors ? En effet et dix ans avant notre Lucien Cerise, Bauman écrit :

« La société n’est plus protégée par l’État, ou, du moins, elle ne peut plus se fier à la protection offerte ; elle est désormais exposée à la rapacité de forces qu’elle ne contrôle pas et qu’elle ne compte ni n’espère reconquérir et dompter. C’est pour cette raison, en premier lieu, que les gouvernements qui se débattent pour affronter les orages actuels passent d’une série de mesures d’urgence à une autre, d’une campagne ad hoc de gestion de la crise à une autre, en rêvant uniquement de rester au pouvoir après les prochaines élections, mais sont par ailleurs dépourvus de toute ambition à long terme, sans parler d’envisager une solution radicale aux problèmes récurrents de la nation. »

Sources

00:07 Publié dans Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, sociologie, zygmunt bauman | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 31 décembre 2019

El marxismo cultural como mutación ideológica

Mcul-stalfou.jpg

El marxismo cultural como mutación ideológica

Carlos X. Blanco

Ex: https://decadenciadeeuropa.blogspot.com

En la historia de las religiones se suele considerar que una mutación drástica en el cuerpo de los dogmas da pie a un cisma, una herejía o, sencillamente, a una religión nueva. Los criterios para considerar el grado de ruptura, parcial o radical, con el sistema de creencias precedentes, suelen agruparse en dos grandes grupos: internos y externos. Dentro de los criterios internos, hay mucho campo para la discusión teológico-dogmática. Allí, seguidores de lo viejo y de lo nuevo se enzarzan en agrias peleas en torno al verdadero contenido revelado y doctrinal. Dentro de esta discusión interna, no es posible ser neutral. Todos creen, pero creen de diversa manera. Todos comparten una raíz de creencia o un humus de devoción, pero están dispuestos a morir o dejarse matar por aquello en que difieren. Hay tramos y porciones de racionalidad, pero hay siempre un intangible núcleo duro de fe. Así se escribe la historia de los Concilios, y la historia de muchas herejías, herejías que siempre lo son con respecto a ortodoxias triunfantes. Nunca muere una religión del todo, pero todas mutan y se ramifican por más que sean celosos los correspondientes guardianes de la ortodoxia.

Sabido esto, otro tanto se diga de las ideologías. Las ideologías se comportan de muy parecido modo que las religiones. Como ellas, poseen núcleos duros de dogmatismo e irracionalidad, acaso núcleos inexpugnables e imposibles de purgar en el alma humana. Como las creencias trascendentes, las creencias mundanas de signo político, pues eso es ideología, poseen sus núcleos y sus cinturones opinables, sus iglesias y sus aparatos de propaganda, inmunización, represión y mutación. Las ideologías también mutan, y llegan a volverse adversas al cuerpo dogmático de procedencia. Y al igual que sucede con las religiones, las ideologías poseen segmentos de discusión racional que llegan a envolver a su núcleo fundacional, haciendo así que la verdad que acaso pudieran contener, fruto de una discusión e investigación libres, llegue a envenenarse al contagio con el núcleo al que sirven, y al que ellas envuelven.

Mcul-im.jpg

Lo arriba expresado, puede aplicarse estrictamente al marxismo como ideología. Muchos han sido los autores que han comparado el marxismo con una religión. Lo han hecho de forma simplista unos, de manera sistemática y certera otros. Acaso sean los propios marxistas quienes mejor conocen los fosos dogmáticos e irracionales de su doctrina, y sean los más exactos en su lenguaje cuando describen "herejías" revisionistas en su propia doctrina, tribunales "inquisitoriales" en el Partido, y "culto a la Personalidad" en el Amado Líder. El marxismo visto como cuasi religión por sus propios correligionarios, posee una rica historia, precisamente en el decurso de las polémicas entre comunistas, en sus sucesivas Internacionales, en sus desviaciones y escisiones. Esto, en el plano interno. Pero el marxismo como ideología también presenta, desde el punto de vista externo (esto es, ante el analista que no es partícipe de su sistema de creencias) una analogía muy notable con las mutaciones de pensamiento religioso. Así como la mutación de ciertos dogmas judeocristianos dio luz al Islam, y la mutación del catolicismo dio pie al protestantismo y de aquí brotaría, a su vez, el subjetivismo ético, podría emplearse parecido esquema con respecto al marxismo como ideología político-social y económica: su mutación en "marxismo cultural" define los tiempos aciagos que nos tocan.  Describir esa mutación sería tarea digna de un estudio mucho más extenso y hondo que el que ahora podemos ofrecer aquí. Pero vamos a señalar algunas hebras y fragmentos.

La mutación del marxismo stricto sensu, con todas sus variantes, en un marxismo cultural, nunca va a ser reconocida internamente por los propios marxistas, ni por las demás ideologías de izquierda en general. En apariencia, habrá un núcleo duro en el marxismo cultural que los viejos marxistas y marxistas stricto sensu nunca aceptarán. Me refiero a la defensa, conservación y potenciación de un sistema económico capitalista de mercado, ampliamente globalizado, dominado por grandes trasnacionales que, parafraseando a Marx, "no tienen patria". En teoría el marxismo stricto sensu es contrario a esta situación del mundo. Para esta ideología, el capitalismo es la raíz de todos los males, y el hecho de que se degraden los cimientos básicos de la Civilización, como la Familia, la Comunidad, el buen gusto o el sentido de la decencia, sería atribuible exclusivamente al poder del Capital. En efecto, Karl Marx describe la lógica del Capital como una maquinaria implacable, deshumanizada, una apisonadora y trituradora que anulará al individuo. La filosofía de Marx, y su crítica de la Economía Política supone un análisis muy fino, insuperado en su época, de los horrores del capitalismo y de su tendencia inmanente. Pero de una filosofía y de una crítica económico-política pronto hubo de surgir una ideología: el Comunismo como proyecto totalitario estatalista.

Mcul-femlgbt.jpg

Esta tesis es importante, y llevo años explicándosela a mis alumnos. Las ideologías han podido nacer en el seno de sistemas filosóficos, gestarse en el corazón del corpus producido por grandes pensadores, pero llegan a ser construcciones dogmáticas y anti-filosóficas. Así, por vía de ejemplo: la matriz del liberalismo está en Locke, en su filosofía. La matriz del marxismo, ya sea el socialdemócrata o el leninista, está en Marx. Pero las ideologías no son, en modo alguno, filosofías. Toda ideología es una vulgarización y fosilización de ideas filosóficas, de fragmentos de discurso y crítica que, en su momento y en manos de su creador, pudieron ser racionales, saludables, críticos y vigorizantes, pero que en manos de los epígonos, de los sectarios, de los militantes, acaban siendo rosarios de dogmas, muchas veces inconexos entre sí, y desde luego desconectados de la realidad. Las ideas de Marx, vigorosas en el momento en que surgieron de su cabeza y de su pluma, incomprendidas por el movimiento obrero de aquel momento, no son co-extensivas con la ideología de los marxistas. De la misma manera, los escritos del filósofo liberal por excelencia, John Locke, no son los sofismas ideológicos de los neoliberales.

La Filosofía es el trabajo con las ideas, y a la vez es la crítica constante e implacable de las ideologías. Una idea brota de un suelo real de categorías técnicas, económicas, sociales, culturales. Una idea es una construcción social que trasciende la praxis concreta del hombre pero que surge de ella, la expresa y la trasciende. Una idea es una organización de la realidad. En cambio, la ideología es la elaboración desvirtuada, una esclerosis y fosilización vulgarizada de las ideas.

Distingamos al filósofo del ideólogo. Si el pensamiento neoliberal extremista es un no-pensamiento, que hace del mundo un gigantesco mercado, y del hombre y la naturaleza una simple y llana mercancía, y si el Estado –dimisionario- se pliega más y más a los intereses del Gran Capital-, nuestro John Locke no es el culpable. El filósofo inglés contribuyó a organizar ideas de aquel momento suyo en que se desplegaba la mentalidad burguesa capitalista. Y si el llamado socialismo real fue más bien gulag, el terror, la escasez, la represión, Marx no es el culpable. Marx fue el filósofo revolucionario que fraguó sus ideas para interpretar su realidad en otro momento ulterior a Locke, cuando las relaciones sociales habían pasado a otra fase de explotación intensa del hombre sobre el hombre. Las ideas organizan las categorías sociales y productivas, las expresan y critican. En las ideologías, en cambio, hay siempre elementos dogmáticos, promesas salvíficas, una teología de la Historia que nos marca, de manera irrefutable, no científica, hacia dónde ir.

Es por esto que el llamado marxismo cultural es, en el siglo XXI, la Ideología con mayúsculas, la Ideología por excelencia, reuniendo todos los requisitos señalados arriba. Se trata de una ideología dogmática, como todas, que no es –directamente- fruto de ninguna Filosofía previa (y por tanto no posee un padre fundador concreto). El llamado marxismo cultural es el resultado de una mutación del marxismo ideológico, una aberración dentro del mismo. En modo alguno es una Filosofía, ni siquiera una desviación de ideas filosóficas de algún tipo.

Mcul-dan.jpg

El marxismo ideológico había degenerado de manera notable en el primer tercio del siglo XX. En las universidades occidentales, tanto como en los movimientos obreros, se había llegado a una situación de estancamiento y polaridad. Por un lado, se vivía el factum de la Unión Soviética, la existencia densa y sólida de la Dictadura del Proletariado, un Estado socialista "realmente existente" que a los ojos de muchos, incluyendo parte de la izquierda occidental más culta y humanista, empezaba a parecer como un verdadero horror. El comunismo mostró sus garras. Una cosa era emprender la crítica del capitalismo, tratar de reformarlo o superarlo, pero conservando los valores fundamentales de la Civilización y otra, muy distinta, era apoyar un régimen totalitario, un Estado policial y terrorista que iba a contradecir todo el derecho natural y la tradición humanista de Europa y, en general, Occidente. Los marxistas apoyaron mayoritariamente ese modelo de Estado policial, colectivista y totalitario al que José Stalin le puso su horrendo sello personal. Ese fue un polo, mientras que el otro, más informado y avisado, optó por elaborar un marxismo no soviético, más crítico y "creativo". Al no depender de la tutela de Moscú, este marxismo occidental pudo liberarse de ciertos dogmas, por ejemplo el economicismo. Así, en las universidades europeo-occidentales y americanas se puso un mayor acento en las "superestructuras", esto es, en el análisis de los factores ideológicos que hacen que el capitalismo pueda crear consenso entre la población, no ya sólo entre las clases beneficiadas por el sistema de dominación, sino incluso entre las que cuentan como clases explotadas.

Así fue como gran parte del marxismo occidental dejó los análisis económico-políticos en un lugar apartado, a modo de preámbulo o presupuesto, para desarrollar en su lugar una "transformación" autónoma de las relaciones sociales e ideológicas capitalistas, al margen o a la espera de una transformación económica efectiva. De esta manera algunos autores marxistas llegaron a convertirse en autoridades "de cabecera" en la izquierda occidental. De la Filosofía de Karl Marx se procedió a una purga y elección de contenidos, obviando aquellos que implicaban la acción violenta para asaltar el poder, la acción de masas cada vez más numerosas y pauperizadas y la tesis del determinismo económico. Los marxistas occidentales obviaron, evidentemente, aquello que había que obviar para que la propia realidad no se les viniera encima, aplastándoles las narices, pues eran profecías incumplidas y hechos contrarios a la realidad. Especialmente en la Europa occidental de la Guerra Fría, dos fueron las influencias seleccionadas para producir un marxismo ideológico que reuniera esos dos requisitos de no identificarse con la U.R.S.S. ni con la revolución, y no esperar a que la base o infraestructura económica se transformara para implantar el socialismo. La primera influencia fue la de Antonio Gramsci, y la segunda la de la Escuela de Frankfurt.

De Antonio Gramsci se toma la idea de hegemonía. El filósofo italiano analizó la "totalidad social", esto es, la sociedad capitalista en la cual el Estado no era, simplemente, una suerte de "comité de empleados al servicio del Capital", sino un organismo mucho más complejo que hace que el Capital garantice el consentimiento y la aceptación del pueblo, siendo el Estado, antes que otra cosa, un agente cultural y educativo, un adoctrinador. Si las fuerzas pro-capitalistas, liberales o conservadoras, habían logrado tanto consentimiento en la sociedad esto era, a los ojos de Gramsci, debido a la cooptación de intelectuales "orgánicos", pedagogos, artistas, escritores, así como gracias al control casi absoluto de la prensa, la escuela, la universidad, el ocio y el espectáculo. De cara a la ingeniería social, que es en el fondo lo mismo que el marxismo cultural, ese control es superestructural y garantiza la continuidad "básica" del sistema capitalista.

Gran parte de la izquierda occidental posterior a la Guerra Fría se volvió interesadamente gramsciana, esto es, "idealista". El control de las ideas, la transformación del hombre para una mejor y mayor explotación capitalista del mundo, que habrá de incluir la mercantilización del ser humano a través de varias fases -su barbarización, su animalización, su cosificación- se hizo más y más necesario para la extensión del programa capitalista de dominación mundial. Hubo un momento, en el siglo XX, en que se descubrió que una interpretación "idealista" del marxismo y una colaboración ideológica del sistema con los intelectuales del izquierdismo era lo más efectivo para proceder a un saqueo sin restricciones de la naturaleza y del ser humano, transformando en mercancía todo cuanto era posible imaginar. El capitalismo descubrió que era conveniente disponer de "superestructuras" izquierdistas.

La otra fuente del marxismo cultural es, por supuesto, la Escuela de Frankfurt. Una corriente mutante del marxismo que se volvió explícita en cuanto a intenciones de obtener un "hombre nuevo", especialmente en la versión del ideólogo Herbert Marcuse quien, haciendo mixtura entre el freudismo y el marxismo, profetizó un estado animalesco de la humanidad futura en el cual el trabajo (y todo cuanto para éste autor implicaba de represión, esfuerzo, abnegación, disciplina) quedaría superado a favor del "juego". Una infancia y adolescencia permanentes en un ser humano irresponsable, dedicado permanentemente al disfrute libidinoso. Los límites entre el juego, el trabajo y el sexo se difuminan en esta teoría, con lo cual la cultura humana se vuelve absolutamente viscosa, sin formas. Esa vida convertida en una fiesta adolescente perpetua es la promesa buscada y promovida desde todos los laboratorios de ingeniería social a partir de Marcuse y su mayo del 68. En las degradadas universidades y escuelas de Occidente, semejante alternativa venció sobre el sueño del "Paraíso Socialista" que, a fin de cuentas todavía contemplaba referencias al valor del trabajo y el sacrificio, defensa de la patria y exaltación de la familia. Por el contrario, la Escuela de Frankfurt y el freudo-marxismo de Marcuse pueden considerar que tales instancias fundamentales de la Civilización son "represivas". Así, para millones de jóvenes europeos y americanos a partir de los años 60 del siglo pasado, la lucha "contra el sistema" devino en una abstracta y ciega lucha contra la Represión, y no en una lucha contra las "insufribles" condiciones económicas que hacían que esos jóvenes estuvieran bien alimentados, matriculados en la universidad y guarecidos por los ingresos de sus padres hasta bien entrada la treintena.

mcul-poings.jpg

Lo significativo, para nuestro análisis, no es el por qué esos millones de jóvenes semicultos se acogieron a una ideología que, a fin de cuentas, les liberaba de cargas, obligaciones, una visión de la vida cómoda, "des-represiva" que consagraba la existencia del adolescente haciéndola ideal, perpetua y superior, garantizando su vigencia hasta la vejez en una utópica Sociedad del Bienestar ilimitada, "idealista", infantilmente alzada sobre las nubes como los castillos de los sueños y de los cuentos... Lo importante es otra cosa: el marxismo cultural como mutación ideológica, como anti-filosofía, que implica todo ello está llegando a ser el mecanismo de control de pensamiento de masas más eficaz y omnímodo de la historia pues él mismo provoca el consenso universal buscado. Perpetúa las relaciones de explotación entre países y entre clases sociales, siendo ciegos ante ellas, con la ventaja de que apenas quedan "marxistas auténticos" para analizarlas y denunciarlas. La esclavitud de millones de seres en nuestro planeta queda oculta, en cambio, bajo las demandas de feministas de clase media y media-alta con diplomas universitarios y vida "liberada" que piden cuotas de igualdad. La trata de niños o el comercio de armas en el globo, se oscurecen ante las manifestaciones a favor de la aberración sexual por parte de activistas millonarios o la declaración de los derechos humanos de los simios. La degradación de las condiciones laborales de las personas no tiene el mismo "sex-appeal" en el mercado de las ideologías y de la propaganda que los llamados "derechos de bragueta". Y suma y sigue. El marxismo cultural es la mayor mutación ideológica y la mayor nube negra y tóxica sobre las conciencias del hombre y la mayor trampa de la historia. Posiblemente, la mayor apuesta del capitalismo globalizado tendente a troquelar no ya sólo la sociedad, plegada a sus dictados, sino a troquelar y transmutar la propia naturaleza del hombre.

Publicado originalmente en "Naves en Llamas" (2018; nº 2,pps. 23-32)

NLL-marxismocultural.png

lundi, 16 décembre 2019

Michel Maffesoli : La « faillite des élites » ou bien plutôt « les tribus contre le peuple » ?

MM-portraitfe.jpg

Pierre Le Vigan:

Michel Maffesoli : La « faillite des élites » ou bien plutôt « les tribus contre le peuple »?

Politologue et sociologue, Michel Maffesoli décrypte depuis des décennies les mouvements profonds de notre société. Ses livres ne laissent pas indifférent.  La violence totalitaire, L’ombre de Dionysos, La contemplation du monde, Le temps des tribus (1988), … tous ont marqué une étape et un approfondissement de ses thèmes. Ses constats n’échappent pas à la subjectivité dans laquelle est pris tout sociologue. Les conclusions qu’il en tire sont elles-mêmes tributaires de ses jugements de valeur. Son dernier livre, la faillite des élites, devrait une fois de plus faire l’objet de polémique. Il le mérite. Exploration de ses thèmes, et analyse critique.

Le thème principal de Michel Maffesoli est, depuis des années, le déclin de la modernité. C’est ce thème qu’il reprend avec Hélène Strohl dans La faillite des élites, sous-titré La puissance de l’idéal communautaire (Cerf, 2019). Le thème, c’est l’agonie de la modernité. C’en est fini de la démocratie parlementaire, du républicanisme civique, des syndicats, qui « se contentent de défendre des privilèges on ne peut plus dépassés » – privilèges qui, en passant, me paraissent une goutte d’eau par rapport aux privilèges des hommes du Capital, mais qui retiennent, sans originalité excessive, l’attention de Michel Maffesoli.

MM-faillite.jpg

Selon le sociologue, ce sont toutes les catégories de la modernité qui s’effondrent : l’égalité, la raison, le progrès, les procédures formelles de validation du vrai.  Et on devrait ajouter : la vérité elle-même, et la justice sociale, tout ce qui n’est pas vérifiable à hauteur d’une communauté forcément restreinte, puisque c’est celle d’affinités choisies, les affinités électives. On remarque que les catégories qui disparaissent ne se superposent pas toutes ; certaines sont même antagoniques.  Les vertus civiques de la République, ce n’est pas tout à fait la même chose que la démocratie parlementaire, même si, sous la IIIe République, les deux choses se sont accommodées.

La technologie, nous dit Maffesoli,  devient une technomagie, favorisant la cristallisation des émotions. A la vie de l’esprit succède « la vie de tout le corps » (Miguel de Unanumo). A une élite déconnectée du peuple succède la mise en cause de l’élite par le peuple – et on arrive ici au sens du titre du livre. Le peuple se rappelle soudain qu’il est l’instituant, et que l’Etat n’est que l’institué. Il est temps, pense le peuple, de remettre les choses à l’endroit. Bien sûr. Mais précisément, ce que furent les Gilets jaunes, c’est une demande de politique, et ce qu’ils mirent en pratique, c’est le dépassement des petites communautés (les artisans, les femmes seules au RSA, les autoentrepreneurs, etc) au profit d’un mouvement fédérateur des différences, et largement d’accord sur  un point essentiel, et ce point est politique, qui est le référendum d’initiative populaire, qui est la revendication même d’un pouvoir populaire, c’est-à-dire d’un pouvoir arraché à l’oligarchie.

Résumons le constat de Michel Maffesoli, et d’Hélène Strohl : c’est la primauté de la vie sur le concept. La fin de la modernité, c’est de constater que la vie se débarrasse du concept, Le quod (le réel, la vie, le ‘’comment c’est’’) se débarrasse du quid (le concept, le ‘’ce que c’est’’). La modernité a dénié le sentiment d’appartenance. Elle a abouti à des « phénomènes communautaires paroxystiques et donc immaitrisables ». Il s’agit donc de montrer que « les communautés sont là », et que des élites aveugles ont tort de nier cette réalité ou de s’en inquiéter, ou de combattre ce phénomène. Tel est le thème du livre, et telle est sa thèse.

Qu’en penser ? Tout d’abord, le livre pose plusieurs problèmes de lecture. Ce ne sont pas des problèmes de style : il est  souple, léger, et parfois précieux : « La socialité est la caractéristique de l’entièreté de l’être en commun » peut se dire plus simplement « l’être humain est un animal social ». Inutile d’être précieux quand la langue vulgaire permet d’exprimer une idée, un concept. Comme disait Diderot : « hâtons-nous de rendre la philosophie populaire ». Ce n’est pas brader la philosophie que de la rendre la plus accessible possible.   

Un problème de lecture réside dans le choix de caractères d’imprimerie gris clairs, trop pâlichons.  Mais le problème principal réside – on s’en doute – dans la construction même du livre. Les auteurs passent de jugements de fait à des jugements de valeur. Les jugements de fait sont censés être neutres (telle pomme est rouge). Les jugements de valeur ne le sont pas (telle pomme est meilleure qu’une autre). En outre, nous savons que les jugements de fait peuvent être présentés d’une manière non neutre. Exemple : un verre dit à moitié vide est le même que celui dit à moitié plein, mais la tonalité de l’expression n’est pas la même. Le passage d’un registre à l’autre est donc une difficulté du livre. Ce n’est pas la seule.

mm-violence.jpg

Il y a dans le livre plusieurs thèmes de niveaux différents. Il y a (1) une anthropologie. C’est celle qui affirme, à juste titre, que l’homme est un animal social, et même communautaire.

Il y a (2) une éthique, qui est qu’il faut s’accorder avec ce qui est. Cette éthique est ambigüe : il faut faire avec ce qui est, nous dit-on, certes, mais doit-on approuver pour autant tout ce qui est ? C’est aussi une éthique qui se veut une éthique de l’esthétique.  On peut se demander si elle n’est pas plutôt une éthique de la jouissance (pourquoi pas ? Mais cela pose la question de la disparition du juste et du bien du domaine de l’éthique. Dany-Robert dufour a écrit des choses très pertinentes sur le lien entre capitalisme et idéologie de la jouissance gratuite).

Il y a (3) une vision du monde contemporain : le paradigme  postmoderne (la communauté) aurait succédé au paradigme moderne (l’individu). Mais cette vision est-elle exacte ? Prend-t-elle en compte tout le réel ? Gilles Lipovetsky, qui n’est pas non plus un sociologue mineur, et Hervé Juvin, et bien d’autres observateurs ne souscrivent pas à cette analyse : ils estiment que notre société reste individualiste, sous des formes évidemment renouvelées depuis plusieurs décennies. Enfin (c’est le 4e point), les auteurs avancent une philosophie : « Les idées ne sont que la transcription des perceptions sensibles, des affects ressentis (…) » (p. 71). C’est la reprise des conceptions de David Hume. Nos auteurs auraient pu en dire plus sur cette épistémologie qu’ils font leur. Et qui est très aventurée et difficilement soutenable.

Les auteurs voient le monde contemporain  comme un grand tournant et une grande libération : libération des concepts, libération de la raison, libération du cogito individuel. C’est la grande braderie des concepts. C’est aussi l’adieu à Kant. Le phénomène se débarrasse du noumène. La vie se débarrasse des théories sur la vie.  Le réel se débarrasse des essences. Le sensualisme succède au rationalisme. Les catégories de la liberté et de l’égalité s’épuisent, au profit de liens choisis, et de valeurs choisies, ce qui pose un  problème : nous reste-t-il, en tant que Français, quelque chose en commun ?

Point crucial : le peuple se débarrasse des élites. Ou il essaie. Il s’en débarrasse mentalement. Il les laisse tourner à vide. [Mais nos auteurs ne voient pas que l’on ne débarrasse pas si facilement des élites. Elles continuent de mettre en place leur société postnationale et liquide]. La réalité sociale foisonnante reprend  conscience d’elle-même, et veut en finir avec les catégories d’ordre, de raison, de justice, qui descendent de l’Etat et des élites rationnelles vers le peuple. Un peuple assujetti devient enfin rebelle.  Les instincts reprennent le pas sur la raison. La nature et la surnature (les mythes, l’imaginaire…) prennent le pas sur le culturel et le social normé (les lois, le respect des normes, la convenance…). Ce qui est archétypal (les résidus de Pareto) prendrait le pas sur ce qui rationnel (les dérivations de Pareto), sur ce qui s’objectivise, s’explique, se justifie, y compris les idéologies se piquant de logique. Les dérivations, qui sont les idéologies modernes, sont en train de mourir. L’anthropologie profonde de l’homme, communautaire, aventureuse, jouisseuse, prend sa revanche sur la raison, triste, mécanique, prévisible, travailleuse (trop travailleuse), sérieuse (trop sérieuse).

Le plaisir de l’être-ensemble prime sur le devoir-être du vivre-ensemble. Les liens choisis priment sur les liens imposés, sur les cohabitations forcées, sur les relations transactionnelles, celles qui reposent sur un contrat juridique. Au contrat social entre individus, succède le holisme. La socialité précède l’individu. Le feeling supplante le rationnel, et le calculé. L’homme retrouve sa dimension animale, trop oubliée. L’être humain se rappelle qu’il est un être-avec-autrui, un être en compagnie. Le contrat social explicite cède la place à un pacte implicite, qui est celui des affects.

Le pacte (postmoderne) est fondé sur le consensus, tandis que le contrat (moderne) est fondé sur le compromis. L’écrit cède la place à l’oral. Le contrat était tendu vers le long terme, le pacte concerne le court terme, le présent. Et il concerne la tribu, ici et maintenant. Le présent remplace le projet tout comme il remplace le progrès. Même la sexualité change : on s’accouple moins, on se lèche davantage.

Il serait toutefois raisonnable de ne pas en faire trop. Que les tribus libertines et clubs échangistes « participent à la cohésion sociale », comme l’affirment nos auteurs (p. 144), c’est tout de même beaucoup leur prêter. Par principe, il est très bien que chacun puisse vivre ce qu’il a envie de vivre entre adultes consentants. Mais de là à en faire une opération de salut public de la cohésion sociale, c’est certainement excessif.  On aurait plutôt vu, dans ce rôle de facteur de cohésion sociale les retraités, souvent de milieu populaire, qui donnent gratuitement leur temps à des associations de soutien scolaire de quartiers HLM.

mm-ordre.jpg

Le bonheur postmoderne continue d’être décliné par les auteurs : le commerce des biens, le commerce des idées et le commerce amoureux se rejoignent et se fondent en un seul ensemble. A son petit Moi, l’homme préfère le bain dans une communauté, le « Moi commun », le « moi transcendant » dont parle Novalis, c’est-à-dire le moi qui nous porte au-delà du moi, la communauté comme immersion entre pairs. « La perfection n’est pas dans un ‘’moi’’  tout puissant, mais dans un ‘’nous’’ ouvert, en constante évolution ». C’est la communauté comme élargissement du soi.

L’individu n’étant plus seul, il n’est plus assujetti à un principe unique, incarné par l’Etat. C’est ce qu’Alain Bihr a appelé « le crépuscule des Etats-nations ». A l’Etat providence, vertical, succède une solidarité horizontale : co-location, co-working, co-voiturage, etc. Tout cela réjouit Maffesoli. Ce sont bel et bien le retour à des partages horizontaux, choisis, parfois fraternels. Parfois. Car il y a des exclus de cet Eden communautaire.  Le jardin des délices des uns peut être le jardin des supplices des autres. Et la jouissance des uns peut être cruelle, comme le rappelle Dany-Robert Dufour.

Les très pauvres, et en particulier les démunis en bagage culturel, ne bénéficient pas de tels outils, les co-ceci et autres uberisations plus ou moins marchandes, qui supposent maitrise de l’informatique, d’internet, de l’anglais basique. Ces coopérations horizontales entre pairs excluent, par principe, les non pairs, les isolés, et l’isolé n’est pas le cadre célibataire de centre-ville, c’est le retraité dans un village sans commerces, c’est le banlieusard d’un quartier difficile, c’est l’habitant de la cité Charles Hermitte à Paris, porte de la Chapelle, dans un quartier que tout le monde évite du fait de la présence de camps de migrants et de l’insécurité. La réduction de plus en plus nette des moyens de la politique sociale, et de l’Etat providence, qu’il serait plus juste d’appeler Etat protecteur (qui protège matériellement des accidents de la vie) laisse toute une part de la population, surtout française, sans aides, sans soutien, car, justement, tous n’ont pas accès aux solidarités horizontales, organiques. Les Français sont souvent plus désocialisés que les immigrés, dont la culture  traditionnelle inclut une fratrie élargie, des solidarités de village, etc. Nous sommes plus désocialisés car plus modernes. Déclin de l’Etat protecteur : pourquoi ? Bien sûr parce que la priorité de nos sociétés est le profit de grands groupes. Mais pas uniquement. Cette réduction des moyens de la politique sociale, surtout par rapport à l’explosion de la précarité, vient de l’immigration, car c’est elle qui rend inépuisables les besoins sociaux. La poursuite de l’immigration, c’est forcément plus d’insécurité sociale pour les Français, et pour les immigrés  les plus intégrés, c’est-à-dire ceux qui travaillent.

En ce sens l’Etat social, l’Etat protecteur a bien des défauts mais son principal défaut serait de ne pas exister, c’est-à-dire de laisser la place à la loi de la jungle de la société de marché. Et ce n’est qu’en recentrant cet Etat protecteur sur la base d’une préférence nationale, dissuasive de l’immigration, qu’il peut être sauvé, ainsi qu’en édictant des contreparties entre droits et devoirs. 

mm-tribus.jpg

Les auteurs de La faillite des élites, croyant faire un constat, disent des vérités, mais des vérités partielles, Ils avancent masqués. Ils ont un projet idéologique. C’est leur droit. Mais ce projet n’est pas affiché. Ils nous disent : à l’unité ontologique succède un pluralisme ontologique. « Tout coule. Rien n’est jamais à la même place. Mais le flot est incessant ». Pour être très concret, un pluralisme des valeurs succède à une unicité des valeurs, celles incarnées par la société et par l’Etat, garant de celle-ci. Une sorte de polythéisme vécu, pratique,  reviendrait, sans doute dans le prolongement inconscient du christianisme médiéval et du culte pluriel des saints, tant il est vrai, comme disait Joseph de Maitre, que le christianisme – on comprend qu’il s’agit ici du catholicisme – est un « polythéisme raisonné ».

Pour Maffesoli, l’Etat français est fondamentalement unitaire. Il est « monothéiste ». Mais l’auteur se trompe. L’Etat est devenu communautariste. Il n’est plus une unité. Ne croyant plus en la France, l’Etat n’est plus que le garant d’une « société inclusive », c’est-à-dire une société dans laquelle chacun vient avec sa culture, ses croyances, sa foi  mais n’envisage pas d’aller avec empathie vers le pays d’accueil, de marquer son affection (oui, il faut ici employer ce terme) envers la France et envers les Français. Ce pas vers la France, certains étrangers le font quand même encore, par exemple en donnant à leurs enfants un prénom français, mais ce pas est de moins en moins fréquent dans la mesure même où l’Etat, an nom du « respect des différences », ne fait rien pour l’encourager. D’où la panne de l’assimilation, devenue impossible quand la masse des étrangers est supérieure, dans beaucoup de quartiers, à la présence des Français de longue filiation, ceux qui constituaient encore, dans les années 1950, 95 % de la population, la France n’ayant jamais été depuis 1500 ans un pays de grande immigration. 

La France devient ainsi une superposition hasardeuse de « tribus », un collage maladroit entre différentes communautés, qui s’ignorent, dans le meilleur des cas, ou s’agressent, dans le pire des cas. Finkielkraut a parlé de « balkanisation » de la France. Comment lui donner tort ? D’où une question : cette France rêvée par Michel Maffesoli, la France des tribus, n’est-ce pas une France déjà là ? Celle dans laquelle nous vivons ? N’est-ce pas la France actuelle ?

Maffesoli voit cette France qu’il dit « heureuse » et qui celle de « petite poussette » de Michel Serres, autre optimiste de principe. Dans cette France « débarrassée » des idéologies, des récits, des systèmes d’explication du monde, voire de transformation des sociétés, on aborde sans « préjugés », et plus encore sans recul, les faits du présent sans les hiérarchiser. On se laisse balloter par les émotions, et terrorisé par la marche du progrès. Car la postmodernité n’échappe pas au culte du progrès. Ceux qui pensent que « c’était mieux avant », au moins dans certains domaines, sont toujours ringardisés. « On n’est plus au Moyen-Age… »

Il y a ceux qui sont « en retard », « arriérés » et ceux qui sont « dans la vague », dans le mouvement. « Il faut avancer » : c’est la phrase qui réconcilie les modernes et les postmodernes. Les modernes voulaient avancer vers une société du travail, ou vers une société plus juste, les postmodernes veulent avancer dans la décontraction, l’esprit « cool ».

mm-crise.jpg

« Pas de prise de tête » est leur slogan. On passe du « dogmatisme doctrinal » à un pluralisme des opinions, nous dit Maffesoli. Ici, on s’interroge. Pluralisme ? Depuis plus de 50 ans, la liberté d’opinion n’a cessé d’être réduite par des lois, et tout autant par un journalisme-flic, dénonciateur, inquisiteur, qui somme untel de « s’expliquer », et de faire repentance pour une phrase trop spontanée, qui accuse un tel de n’être « pas clair » parce qu’il tient des propos nuancés sur des sujets où l’outrance est obligatoire, etc. Un trait d’humour à propos de l’obsession des violences sexistes amène Finkielkraut à devoir s’expliquer, lui aussi, à bien préciser que c’était de l’humour, un pas de côté pour parler avec un peu de distance de sujets « chauds ». Liberté d’opinion et d’expression à l’époque actuelle, en France ? C’est une plaisanterie que de croire cela.

L’homme et l’œuvre sont liés désormais dans une même réprobation. Doit-on interdire le visionnage des films de Polanski parce qu’il aurait abusé d’une jeune fille il y a quelques décennies ? Faut-il rééditer tout Céline ? Telles sont les questions qui sont « débattues ». Absurdité : car il n’est nul besoin de trouver l’homme Céline sympathique, pas plus que l’homme Matzneff, pour trouver leurs œuvres de qualité. Oui, le Taureau de Phalaris est un bon livre. Oui, en même temps, la complaisance vis-à-vis de la pédophilie est déplorable. Oui, lire Céline est nécessaire pour comprendre notre époque, oui, Céline était geignard, parfois odieux, et pas trés digne. Le talent n’excuse rien, c’est entendu, mais il faut toujours distinguer l’homme et l’œuvre.

Nous en sommes là, à l’heure de « l’envie de pénal » de tous contre tous, notre époque n’ayant pas peur du ridicule. On passe de la pensée qui descend des hauteurs universitaires au « gazouillement » des blogs et de twitter. Seulement, twitter, ce n’est tout de même pas du niveau des articles de  Chateaubriand, ou de Maurras (qui détestait le premier du reste).

Bien entendu, il n’est pas interdit de relever quelques aspects positifs aux relations telles qu’elles se mettent en place dans le monde postmoderne. La notion d’empathie, ou d’intropathie (connaissance de moi-même en tant que je suis affecté par autrui), supplante celle d’intérêt. Un exemple particulièrement intéressant est celui des groupes de pairs. Ce sont des groupes d’entraide dans lesquels une ou plusieurs  personnes étant passés par une problématique (alcool, drogue, autisme, dépression,…) et ayant trouvé des solutions aident les autres à cheminer dans le même sens de diminution d’une souffrance et/ou d’une dépendance pathologique. Ce peut être par exemple, des anciens alcooliques, des usagers de drogues engagés dans des pratiques de réduction des risques (de transmission de virus notamment), des anciens anorexiques, etc. C’est un exemple probant du passage de solidarités mécaniques (comme la redistribution sociale effectuée par l’Etat et les pouvoirs publics) à une solidarité organique (venant des gens eux-mêmes). Qu’il y ait chez l’homme des ressources émotionnelles (un « ordo amoris » dit Max Scheler) qui puissent à la fois l’ouvrir aux autres, et le mettre en correspondance avec un ordre divin, c’est une réalité. Mais elle ne peut suffire à assurer une solidarité entre tous, et à protéger les plus faibles, qui sont les plus désocialisés.

mm-france.jpg

Maffesoli en conclut que le « prétendu individualisme » est un fake (un trucage). C’est un « fake à l’usage d’histrions déphasés ». A l’individualisme aurait succédé une autre époque, celle des identifications multiples. Les identifications multiples, plurielles ne sont pourtant pas une nouveauté. Chacun est célibataire ou en couple, a une fonction professionnelle (on ne dit plus « un métier », ni une profession), a tel engagement, a telle passion, tel passe-temps. Bref, un ingénieur n’est jamais qu’un ingénieur, ce peut être aussi un homme à femmes, ou un homosexuel, un communiste, ou un identitaire, un chasseur, un grand voyageur, un amateur de bons vins, un calme, un nerveux, un sanguin, tout ce que l’on voudra. En même temps. C’est une banalité : chacun a différentes facettes de sa personnalité.  

Le constat de Michel  Maffesoli, c’est la grande migration des us et coutumes. Il  s’en réjoui. Nous avons quitté les eaux de la modernité pour entrer dans celles de la  postmodernité. En tout cas d’une certaine postmodernité, solidaire dans l’entre-soi, communautaire entre gens du même monde,  décontractée, « tranquille » (chacun connait l’échange « Ca va ? Oui, Tranquille »), apaisée. C’est le temps des bobos [mais on sait qu’il y a une autre postmodernité, qui est celle des Gilets jaunes, qui est celle de la colère spontanée du peuple].

« Non, ce n’est plus l’individualisme qui prévaut » est le titre d’un chapitre du livre. Si c’est le principe qui fait l’histoire, comme le pensait Karl Marx, c’est donc, avec la postmodernité, le principe postmoderne, celui des liens horizontaux,  qui fait une histoire postmoderne. C’est du reste l’unique point sur lequel  Maffesoli donne raison à Marx.

De fait, la fin de l’efficacité d’un principe marque son déclin. Et une époque est effectivement toujours déterminée par un principe, ou, mieux encore, un paradigme. De même, la fin d’une époque, c’est toujours la fin du principe qui l’a générée. Dans le monde postmoderne, ce qui est donné à la communauté est pris à l’individu. C’est la communauté qui devient la référence, l’individu, lui, est éclaté entre diverses identités. « Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même, c’est une morale d’Etat Civil, elle régit nos papiers »,  disait Michel Foucault (L’archéologie du savoir). Les identités sont de plus en plus multiples, elles deviennent floues et de plus en plus changeantes. Au-delà des identités, il y a des identifications, et il y a des « sincérités successives ». La conséquence de cela, c’est l’éclatement du moi. On passe du « je pense » cartésien au « je suis pensé » nietzschéen. C’est le motif de la pensée postmoderne connue aux Etats Unis sous le nom de French theory (qui était d’ailleurs moins une théorie qu’une mode intellectuelle).

mm-dionysos.jpg

Le bricolage des mythes remplace le mythe du progrès. L’idéologie du progrès, le scientisme, le positivisme avaient amené à l’éclipse des images mythiques au profit des croyances en la science, amenant à des connaissances claires, précises, chiffrées des phénomènes. Jacob Taubes, dans ses deux livres qui évoquent Carl Schmitt (En divergent accord et La théologie politique de Paul), a noté que le mythe, qui parle au corps a été remplacé par la croyance en la science, qui parle à la raison. Selon Maffesoli, un mouvement de balancier nous ramène vers le corps, nous reconduit vers les sens, vers ce qui est incarné, plus que vers ce qui est prouvé (scientifiquement). Le même mouvement qui nous éloigne des progressismes nous éloigne des messianismes (juif, chrétien, musulman). Aux messianismes qui nous font miroiter une vie future parfaite, succède une sagesse qui renoue avec l’antique, avec Epicure et Lucrèce, et avec la Stoia (le Portique, l’école des stoïciens), et qui consiste à faire avec ce qui est, et à s’accorder aux autres tels qu’ils sont, et avec soi-même tel que l’on est (ce qui est sans doute plus difficile).

Il s’agit non seulement d’accepter, mais d’avoir plaisir de vivre dans la « fédération bruissante » (Maurice Barrès) de la communauté des hommes. Il s’agit de réévaluer le quotidien. Les tribus urbaines remplacent l’homme seul dans la foule. Les techniques qui avaient désenchanté le monde le réenchantent, en créant des lieux symboliques via internet. Et des liens à la suite des lieux. Les cybertribus « développent des pratiques communautaires qui peuvent être rangées sous la rubrique de l’immoralisme éthique » (morale et éthique étant le même mot dans des langues différentes, l’expression de Maffesoli est tautologique).

« Le néo-tribalisme postmoderne pourrait permettre une coexistence des appartenances au sein d’un même individu […] », écrit Hélène Strohl. Il permettrait que l’individu ne soit pas assigné à une seule identité. Ce n’est pas douteux, mais ce n’est pas du tout nouveau. L’identité professionnelle, par exemple, s’est toujours superposée à d’autres identités, ou identifications, religieuse, sexuelles, artistiques, etc. Toute la théorie de Ricoeur sur l’identité idem et l’identité ipsé, réunies dans l’identité narrative, explique cela. Ce qui est frappant avec Maffesoli, c’est que les communautés sont toujours là pour permettre à l’individu de s’épanouir. Qu’un individu soit un faisceau d’identités (culturelles, professionnelles, sportives, amoureuses, etc), cela n’est pas douteux. Personne n’y voit d’inconvénient, à une condition toutefois : il y a aussi des conditions politiques à l’épanouissement de l’individu. Et c’est là le grand impensé de Maffesoli. Or, ce n’est pas simple d’éviter la question du politique. Le court terme, qui est le plaisir de l’individu, peut être en contradiction avec le long terme, qui est la préservation d’un cadre de civilisation, et de repères culturels commun à toute une société, à toute une nation, qui, par définition, est une construction à long terme. Et c’est bien là le problème auquel se heurte Maffesoli. Du moins auquel il devrait se heurter, en toute logique. Mais il ne s'y heurte pas car il l’esquive. Il l’esquive car il n’aime pas la logique, et parce qu’il n’est pas frontal, en bon postmoderne qu’il est.

La condition d’existence des communautés choisies, affectionnées par Maffesoli, c’est la pérennité d’un certain cadre civilisationnel. La juxtaposition des communautés, cela ne marche qu’un temps. Cela ne marche plus quand la communauté nationale cesse d’exister. Nos auteurs nous disent qu’il faut accepter la coexistence de plusieurs appartenances. On peut évidemment être un bon Français et être attaché à son village natal, qu’il soit européen ou extra-européen. Mais que se passe-t-il quand les appartenances se disputent un même individu ? Ou quand ces appartenances se hiérarchisent de la façon suivante : la France pour les droits sociaux et les avantages, la patrie d’origine pour les affections ? Que se passe-t-il quand l’appartenance à la France n’est mise en avant que pour les avantages sociaux, matériels, le droit au logement, la gratuité des soins, etc, et que le moindre événement sportif dit que les attachements ne vont jamais à la France, voire sont dressés contre elle ? Chacun sait que ces cas ne sont pas rares. Et ils sont tout le problème de l’immigration.

Maffesoli explique que le postmoderne est le retour du prémoderne. C’est effectivement vrai. C’est le retour à une situation anténationale, avant les Etats-nations. Or, être Français, c’est, qu’on le veuille ou non, appartenir à une nation. A une nation politique. Que celle-ci ait vocation à intégrer une « Europe indépendante », comme disait le général de Gaulle, par la création d’une confédération préservant un certain art de vivre, ce que l’on appelle une civilisation, cela ne fait, pour moi, pas de doute. Encore faut-il ne pas revenir au temps des tribus et des allégeances féodales. Si elles préparent un Empire, c’est toujours l’Empire des autres. C’est la domination de notre pays par un Empire étranger qu’elles préparent. Une domination pas forcément physique, mais qui pourrait bien être mentale. Et qui peut être celle dont il est le plus difficile de se libérer.  

mm-diable.jpg

Le pluralisme ontologique, ou tout simplement ce que Max Weber appelait le « polythéisme des valeurs » amène à ce qu’il ne soit plus possible de croire au Progrès – qui est par définition unique, comme un train lancé sur une seule voie. Le contraire du progrès n’est évidemment pas la régression, ou la réaction, bien qu’il soit nécessaire et sain de réagir : la réaction à un médicament veut dire qu’il fait de l’effet. Reste à savoir si c’est le bon effet.   Qu’est-ce que le Progrès ? Avec un grand P cela veut dire l’idéologie du progrès, et même la religion du progrès. Le contraire du Progrès, ce n’est donc pas la régression, c’est le sens des limites. Le contraire de l’idéologie du progrès, c’est de penser aussi aux dégâts du progrès, c’est de refuser la démesure (hubris). C’est le sentiment que le progrès ne peut être sans fin, qu’il ne peut être un mouvement vers toujours plus d’arraisonnement du monde, c’est préférer Alain Finkielkraut à Philippe Forget (et Alain de Benoist à Guillaume Faye). C’est se retrouver dans les idées de Jean-Paul Dollé plus que dans celles de Luc Ferry (au demeurant excellent pédagogue). C’est préférer  Robert Redeker à Michel Serres (d’un optimisme déprimant), et Sylviane Agacinski à Frédéric Worms (que l’on préfère en spécialiste de Bergson plus qu’en spécialiste de la bioéthique). Or, ce qui est très caractéristique de Michel Maffesoli, c’est que, se réjouissant de ce qu’il croit être un abandon de l’idée de progrès, il n’entre pas dans les débats évoqués ci-dessus. Ce qu’il refuse de penser, c’est que c’était mieux avant, en tout cas dans certains domaines : l’éducation, la civilité, la sécurité, le prix des logements par rapport aux salaires, la qualité de vie sociale, même et surtout dans les quartiers populaires, le contrôle plus léger dans tous les actes de la vie, auquel a succédé un flicage généralisé, l’élitisme républicain qui vaut mieux que l’ascension sociale parce que l’on est issu « de la diversité » [ce qui veut dire en clair que l’on n’est pas d’origine française]. C’était mieux avant dans tout ce qui compte pour les classes populaires, celles qui ne peuvent se protéger de l’ensauvagement des quartiers de banlieues.

Renversant la charge des responsabilités, Maffesoli estime que « l’islamisme est relié à l’absence de bienveillance [des pouvoirs publics] envers les religions de communautés immigrés ». Etonnante remarque. N’a-t-il pas vu les affichages « bon ramadan », pour la rupture du jeune,  sur les panneaux de Paris et d’autres grandes villes (et même une vidéo des joueurs du PSG !), ces grandes villes fiefs des « bobos », bastions du politiquement correct et de la pensée unique « diversitaire », et vivier de l’électoral Macron ? Ces grandes villes dont la plupart ne souhaitent à personne de « joyeuses Pâques ? Selon Maffesoli, il faut répondre à l’islamisme et aux autres extrémismes par… le relativisme, par exemple en leur laissant la possibilité de défiler. On croit rêver. Car s’il y a une différence entre l’islam et l’islamisme (je le crois, au sens où l’islamisme est un djihadisme), c’est bien que l’Islam est une religion et une civilisation (il faut alors mettre une majuscule : Islam), et si l’islamisme est autre chose, il est une volonté conquérante d’islamisation forcée. Nous savons cela. Il fut un temps où le christianisme aussi était expansionniste. Faut-il donc autoriser de telles manifestations islamistes ? Croit-on que cela ne nous mènerait pas tout droit à la guerre civile ? Nos sociétés ne sont-elles pas déjà excessivement relativistes ?

Exemple. Le respect de la possibilité de pratiquer sa religion est assuré en France, alors que ce respect n’a pas son équivalent dans les pays musulmans (être chrétien en pays musulman est souvent impossible), c’est déjà beaucoup, et c’est très bien comme cela. Nous acceptons une non réciprocité. C’est énorme. Et il faudrait aller encore plus loin, nous dit Maffesoli ? On rêve, ou on fait un cauchemar, car on sait comment se terminent les capitulations, par des capitulations encore plus grandes. Il serait encore mieux que notre tolérance  soit comprise comme un acte de générosité, et non de faiblesse. Ce serait folie que d’aller au-delà. La générosité deviendrait asservissement et masochisme.

Maffesoli cite justement, en l’approuvant, Goethe (Le second Faust) « la frisson sacré est la meilleur part de l’humanité ». Il faut donc proposer du sacré, de la mystique, de l’engagement passionné, qui est tout le contraire du relativisme, de l’extrême tolérance que propose Maffesoli. On ne répond à un plein – et l’islamisme est un plein, et l’islam tout court aussi – que par un autre plein. Certainement pas par le vide des valeurs d’un laïcisme pitoyable, certainement pas par un patriotisme mou, certainement pas par des incantations à une République en oubliant de dire que la république est admirable quand c’est la République française, et que n’avons que faire d’une république de nulle part.

mm-ecosophie.jpg

La fin de l’idée de progrès, c’est la fin de la Raison surplombante, et c’est la fin de la verticalité. Il s’agit désormais non pas de contracter avec l’autre (le contrat social), mais de le renifler, car si l’homme n’est pas qu’un animal, il est aussi un animal, affirment  les auteurs. Bien sûr,  personne de sensé ne dit le contraire. Du reste, c’est l’évacuation de l’animalité de l’homme qui a abouti à la bestialité (dans les camps de concentration), dit Maffesoli. Le point de vue est unilatéral. L’animalité est du côté du bien, la culture du côté du mal.  Mais la nature de l’homme, c’est sa culture. Quant à l’animalité, elle est non pas du côté du bien, mais au-delà du bien et du mal.

La modernité était selon Maffesoli marquée par la verticalité, la postmodernité est marquée par l’horizontalité. La modernité connaissait les religions, la postmodernité connait le sacral. Ou le reconnait à nouveau, comme avec les prémodernes Mais que dit Maffesoli de la place croissante de l’islam en France ? Ce n’est pourtant du sacral, c’est une religion au sens classique, avec ses rites. Silence de l’auteur sur cette contradiction entre sa théorie et ce que nous voyons.

« L’assomption de l’individualisme était l’essentielle spécificité de l’époque moderne », et la montée des communautés serait le signe de l’entrée en  postmodernité.  Mais de quelles communautés parle-t-on ? M. Maffesoli et Mme Strohl ne les voient pas comme une façon de rétablir des continuités, des permanences. Ce sont des appartenances éphémères, et ce ne sont pas toujours des appartenances. « Les communautés soulignent l’importance du nomadisme comme structure anthropologique indépassable ». Le nomadisme « est une structure anthropologique retrouvant une vigueur nouvelle » dans les moments de décadence (p. 167). En haut, le nomadisme des traders, d’un hôtel international à un autre, en bas, le nomadisme des migrants, des « réfugiés », vrais ou faux, des « mineurs isolés » dont on conviendra qu’ils sont rarement isolés, et souvent moins mineurs qu’ils le disent.

Que le nomadisme soit le principal vecteur d’une communauté retrouvée laisse pour le moins dubitatif. Ce fut certes le cas au Sahara, avec les bédouins, ou dans les tribus mongoles. Cela fait tout de même un certain temps que, en Europe, les communautés se forment sur d’autres bases.

Dans le même temps, Maffesoli manifeste sa sympathie pour les Gilets Jaunes. Ceux-ci représentent une forme de retour du lien social. Des gens qui étaient isolés (mais comme nous vivons dans une époque postmoderne, nous avions cru comprendre à la lecture de Maffesoli que les isolés n’étaient que des faux isolés ?) retrouvent le plaisir du lien social. Les  auteurs ont raison de saluer ce phénomène. Toutefois, on ne voit pas le lien entre ces nouvelles communautés que furent les Gilets Jaunes et le goût du nomadisme. Tout au contraire, les Gilets Jaunes témoignent du besoin de retrouver des repères, de ne plus se sentir étranger chez soi, de retrouver des stabilités et des ancrages. C’est tout le contraire du nomadisme qui caractérise les « bobos » urbains de centre-ville. Les communautés de Maffesoli sont des communions de circonstances. Les auteurs l’écrivent : « L’idéal communautaire est présentéiste ». Les solitaires « ne sont jamais isolés », croient savoir les auteurs (p. 154), car ils sont toujours en lien avec les autres, devant leur ordinateur, leur tablette, ou leur smartphone. Singulier optimisme. Combien de nos compatriotes vivent tristement de contacts virtuels déréalisants ? Ou d’une solitude complète. Combien de personnes agées que leurs enfants ne visitent jamais ? Au lieu de se pencher sur cette hypothèse comme quoi l’individu isolé serait toujours une réalité très répandue de nos sociétés, nos auteurs renvoient la critique de la vacuité de certains tribus à du ressentiment et à de la jalousie devant la « chaleur » du groupe. Eh bien oui, rollers, trottinettes et autres véhicules bizarres, aussi vite apparus que démodés, et encombrant les trottoirs, me paraissent participer du crétinisme à roulettes, dont la panoplie comporte généralement un casque, pour écouter sinon de la musique, du moins du « son ». De même, airbnb, blablacar et autres réseaux sociaux sont approuvés sans réserve par Maffesoli. Ils seraient une reliance. Ils « constituent la communion des saints postmoderne ». Rien que cela. On  n’est pas obligé d’être convaincu par cette formule dont l’inattendu n’implique pas une quelconque justesse.

mm-silence.jpgCertes, ces outils de partage de véhicules, ou de chambres, rendent à coup sûr bien des services, alliant l’intérêt financier à des contacts humains qui peuvent être sympathiques, bien que la plupart du temps, très superficiels. Mais nos auteurs oublient une caractéristique de tous ces réseaux. C’est la notation, ce sont les « étoiles » à affecter à chaque « partenaire », c’est la mise en ligne des « avis », ce sont les commentaires qui sont publics, etc. C’est la tyrannie de la transparence. Et alors que les auteurs critiquent les concours, ils font l’éloge des réseaux, qui impliquent un système de notation beaucoup plus inquisitorial que n’importe quel concours, une dictature de la transparence, intrusive, et plus injuste  que n’importe quel concours. Les réseaux sociaux ? C’est le grand panoptique. Faire leur apologie ? C’est tuer l’intimité, la pudeur, le quant à soi. Au profit des ego, du tank à soi.  

Les communautés postmodernes ne sont  pas non plus en tension vers quelque chose qui nous dépasse. Les auteurs voient les communautés comme résolument immanentes. Ils ont certainement raison de voir la condition postmoderne définitivement au-delà de tout péché originel. Reste que la fin du péché originel n’est pas la fin de toute verticalité. Elle ne devrait, en tout cas, pas l’être car aucun monde humain ne peut se passer de verticalité.   

Nous serions passés de la raison au corps, du calcul à l’instinct. Du devoir-être rigide à l’invention libre de soi.  De l’universalisme des droits de l’homme  au particularisme des droits des tribus. De la raison normée au bricolage des justifications, de la Morale unique à des morales par tribus, voire à des morales par situations, validées par des groupes d’appartenance restreints, et non par la société toute entière.  

Il nous faudrait nous réjouir de l’affaiblissement de la culture des « concours ».  Fort bien. Mais si les concours ne sont pas toujours la solution idéale, que mettre à la place ? Le copinage, les relations ? Nous savons que celles-ci jouent un rôle, mais n’est-il pas justement utile de limiter ce rôle par des concours ? On en arrive au thème de l’élitisme républicain, et on comprend ici que c’est justement ce qui n’est pas du goût de nos auteurs « postmodernes ». Et pourtant, qu’obtient-on quand on abandonne l’élitisme républicain ? M. Benalla et M. Castaner. A la place de M. Chevènement, ou de M. Peyrefitte. Ils ne sont pas dépourvus d’entregent. Est-ce le seul critère qui doit prévaloir ? Est-ce préférable à un vieux serviteur de l’Etat, qui aurait un peu plus de crédibilité ?  Quand Maffesoli oppose le katholon, c’est-à-dire tout simplement la totalité de ce que nous partageons à l’universalisme, en quoi cela nous fournit-il une solution ? La  mise sur le marché des idées d’un terme peu usité ne peut tenir lieu de solution. Car le bien commun à tous renvoie toujours à ce qu’est ce « tous ». S’agit-il d’une simple communauté d’affinités sportives, sexuelles, éducatives, etc ? S’agit-il d’une communauté de « gamers » ? De « traders » ? De LGBT ? Que ces communautés existent ne pose aucun problème. La socialité passe partout et cela donne des communautés, plus ou moins conflictuelles du reste, et cela est très bien ainsi. Mais ces communautés restreintes ne remplacent pas des communautés plus vastes. Dans les communautés postmodernes, il ne s’agit jamais de la nation, de notre patrie, puisqu’elle transcenderait toutes les communautés, et que nulle transcendance n’est admise dans le paradis postmoderne, le « seul et vrai paradis », celui de l’horizontalité infinie. 

mm-iconologies.jpgMais alors, qu’est-ce qui fait sens pour nous tous ? La réponse est que nous sommes devant un pur néant. Celui-ci ne peut que légitimer la déconstruction de tout Etat. Si rien ne nous rassemble en peuple, pourquoi un garant de ce rassemblement ? Mais si l’Etat n’est pas à lui tout seul le garant du bien commun, ni même l’unique élément d’un ordre public, il en est l’un des piliers. L’Etat ne doit pas être tout, mais il couronne le tout.  Déconstruire tout Etat, c’est sortir de l’histoire, en d’autres termes, c’est devenir colonisés, c’est devenir sujet de l’histoire des autres. « L’anarchie, c’est l’ordre sans l’Etat », disaient Elisée Reclus et P-J Proudhon. Mais quand règne, dans de nombreux quartiers, une forme d’ensauvagement, ce n’est le moment de supprimer l’Etat, dont l’une des fonctions essentielles est la sécurité du peuple, aussi bien la sécurité intérieure que la sécurité extérieure (on peut certes imaginer des « tribus » de sociétés privées de sécurité, et de gardes du corps, et d’ailleurs, elles existent déjà, mais la sécurité est alors proportionnelle aux moyens financiers).

Dans une optique purement communautaire, et en fait communautariste, ce que « nous » partageons ne renvoie qu’à de petites communautés qui ne font pas l’histoire. C’est-à-dire qu’elles subissent l’histoire. Il n’y a pas, ici, de troisième voie : l’histoire, on la fait, ou on la subit. La postmodernité que défend Michel Maffesoli, c’est encore la loi des frêres qui succède à la loi des pères. Les pairs plutôt que les pères. Mais c’est justement de cette mise à égalité que notre société meurt. Les pairs sont nécessaires. Mais les pères demeurent indispensables. Les pairs ne peuvent suppléer aux pères. Les apprenants sont mis sur le même plan que les professeurs, les conseils d’élèves doublonnent les structures d’adultes.  Au final, tout le monde étant responsable de tout, plus personne n’est responsable de rien.

Enfin, les pairs ne sont pas une invention de la postmodernité. Qu’était un syndicat ? Sinon un regroupement entre pairs. Que sont les Gilets Jaunes ? Sinon des pairs. Les Gilets Jaunes sont plus proches des mouvements de la modernité militante que de la postmodernité « cool » et sage et ludique. Par le simple fait qu’ils ont le sentiment clair des mensonges du pouvoir, les Gilets Jaunes ne sont pas postmodernes. Dans ce cas, ils ne croiraient à aucune vérité, donc à aucun mensonge. Dans le monde postmoderne, il n’y a plus de distinction entre honnêteté et malhonnêteté. C’est exactement cela qui créait le désespoir de Wittgenstein, le sentiment que l’honnêteté n’est plus possible intellectuellement dans un monde postmoderne redevenu antésocratique, tandis que, anthropologiquement, Wittgenstein se sentait hanté par la question de l’honnêteté.  

Les temps postmodernes ne sont plus à la croyance en la vérité. Ce qui amène la fin de la croyance en une justice, et en un bien commun. Le commun n’est plus que partiel : les usagers de trottinettes, la « communauté » blablacar, etc. Les tribus sont un moyen de développer du collectif sans politique. C’est-à-dire de laisser le pouvoir aux puissances d’argent. C’est pour cela que les fondés de pouvoir du Capital, qu’ils s’appellent Macron un jour ou Tartempion le lendemain les aiment tant.

Pierre Le Vigan                                

Michel Maffesoli et Hélène Strohl, La faillite des élites, 228 p., Lexio, 2019.

 

lundi, 02 décembre 2019

Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

serveimage-35.jpg

Post-modernisme sociétal : enfer et damnation

par Léon Camus

Ex: http://www.geopolintel.fr

C’est toujours la même chose, l’on cherche sempiternellement des explications pour justifier – comprendre dit-on – l’évidence, l’explicable en soi, chaque fois qu’un allumé (ou illuminé) surine allégrement des passants. Le 4 octobre 2019 ce sont des collègues de travail, mais d’autres fois ce sont des passants innocents… dans des transports en commun, ou des jeunes femmes attendant devant la gare St Charles à Marseille, des soldats en faction, un prêtre âgé officiant dans son église, bref n’importe qui, n’importe quand. Et toujours la même histoire et le même éteignoir. Le même sordide déni de réalité de la part de l’autorité publique. Affaire classée sans suite, direction l’hôpital psychiatrique d’où l’assassin ressortira au bout de six mois blanc comme neige, déclaré rétabli et ayant coupé aux Assises (certes une économie pour le budget de la Justice, que le citoyen lambada paiera néanmoins par un impôt de sang).

Les Romains jugeaient des actes bruts et non des intentions. Il est aussi vrai que nos lois, imprégnées de christianisme, distinguent avec plus de mansuétude l’acte fortuit, accidentel ou passionnel (perpétré sur le coup de la colère), par rapport au forfait mûri et prémédité. La question des circonstances atténuantes fut dès lors introduite à bon escient. Cela fut bel et bon mais une brèche était ouverte par laquelle s’engouffra à l’époque contemporaine, de façon catastrophique, toutes les dérives imaginables. Plus encore après l’avènement de ces lèpres de l’esprit que furent le marxisme, le freudisme puis le freudo-marxisme qui introduisirent après la lutte des classes, la guerre des races et des sexes jusqu’au pandémonium actuel avec pour conséquence peu visible - en accompagnement - la destruction de toute logique du réel qui s’est traduite notamment par la dislocation du droit.

Déchéance intellectuelle des pseudos élites

La déchéance intellectuelle de nos classes dirigeantes est affligeante au-delà de toute expression. Elle serait au fond plutôt comique si elle n’était à ce point tragique. On en veut pour exemple les propos du garde des Sceaux, l’échevelée Mme Nicole Belloubet, statuant que « ce n’est pas l’accouchement qui fait la filiation… [celle-ci étant] fondée sur un acte de volonté et un projet parental…[et] déconnectée de la vraisemblance biologique, pour les couples de femmes ». Cet éminent ministre devrait au demeurant nous dire ce que qu’elle entend par « vraisemblance idéologique  ». Il faut se reporter au débat sur la “procréation médicalement assistée” (et le duo d’anthologie Buzin-Belloubet [1]) pour bien prendre la mesure des lourdes pathologies mentales (sous forme de délires objectifs ou d’extravagants dénis de réalité) des débattants quant aux droits à l’insémination artificielle des transgenres.

Dans Byzance assiégée par Mehmet II en 1453, l’on débattait encore, dit-on du sexe des anges. Aujourd’hui, alors que nos usines chimiques brûlent à l’instar et à la suite de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il n’est rien de plus urgent que de faire passer des lois bouleversant l’ordre social, créant des ruptures anthropologiques dont nous n’avons pas fini d’absorber (si tant faire se peut) les traumatisme et retombées de tous ordres. Au nom d’un soi-disant bonheur, ces gens s’acharnent à faire notre malheur car… si l’on touche un bout de la charpente, c’est à terme, tout l’édifice qui s’écroule1. C’est également la voie choisie par le piteux démagogue « Insoumis », Jean-Luc Mélenchon, crachant dans le sens du vent et voyant dans la PMA - “dans un discours vibrant relatif à la portée philosophique du texte” !? [2] - « une révolution du principe de la filiation qui proclame que le patriarcat est fini…Autrement dit : que propriété des hommes sur le corps des femmes ou sur celui de leurs enfants, qui a prévalu pendant des millénaires est terminé ». Bravo. Insistant lourdement sur le caractère « social et culturel de la filiation et non pas sur son caractère biologique »… « Oui c’est la fin du patriarcat. Des femmes mettront au monde des enfants sans l’autorisation des hommes. Pour ma part, je me suis toujours opposé à ce qu’on proclame d’une façon ou d’une autre une vérité biologique… Il n’y a pas de vérité biologique, il n’y a qu’une vérité sociale et culturelle ». Or si c’est M. Mélenchon qui le dit, c’est que cela doit être vrai, n’est-ce pas  [3] ?

chaos1.jpg

Avec et après la drogue (feu Jacques Chirac en fut un formidable exemple [4]), l’addiction sexuelle et la pornographie, le satanisme bcbg – très silencieusement présent hélas depuis des lustres - est aujourd’hui ouvertement revendiquée par Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre les discriminations depuis mai 2017 (elle-même auteur de romans obscènes, prélude au début de sa rapide ascension politique avant d’être fondatrice du blog “Maman travaille” !). Ceci dans le magazine phare de la mode féminine « Elle », numéro sorti également ce 4 octobre. Or çà, si le satanisme s’invite subrepticement (mais de moins en moins discrètement ) à la remorque de l’écolâtrie en tant que religion dominante parmi les méchants apôtres du mondialisme, il sera/serait intéressant d’examiner le rôle que le dit satanisme peut y jouer comme rite d’admission, sa profession scellant, dans la transgression partagée, l’appartenance aux différents degrés d’initiation et aux grades correspondant de l’hyperclasse rectrice du destin de l’humanité.

Le terrorisme une fatalité  !

Au gouvernement, l’on s’est très hâtivement essayé à minimiser, à relativiser l’aimable tuerie préfectorale entre collègues. Une fois de plus les bards de service – Castaner entre autres - ont dû se déjuger en urgence parce qu’il a été rapidement impossible d’affirmer que le fonctionnaire de police, né à Fort de France, boucher d’occasion au couteau de céramique, était un déséquilibré… en dépit des dires de son épouse qui, recourant au plan de sortie convenu, s’était appliqué à le faire passer derechef pour schizophrène : « il m’a réveillée la nuit précédente parce qu’il entendait des voix » [5] !

La méchante combine et les gros mensonges gouvernementaux n’ont cependant pas tenu longtemps au vu des messages textuels échangés entre époux, complices dans la préméditation et l’action. D’ailleurs de qui se moque-t-on : habilité secret défense, l’homme était converti depuis une dizaine d’années (2008) et non depuis dix-huit mois comme l’ont seriné les médias et tout ce temps, collègues et services de sécurité internes n’y ont vu que du feu ! Ils seraient aujourd’hui très précisément 38 fonctionnaires ou assimilés présentant des risques sérieux de radicalisation, enkystés dans des services sensibles. N’est-ce pas 38 de trop ? Ne faudrait-il pas revoir alors, en priorité, la politique autoritairement volontariste de recrutement visant à créer une mixité obligée, raciale, ethnique, confessionnelle, notamment dans les administrations publiques avec passage facilité dans les filières d’accès aux grandes écoles et aux grands corps de l’État pour les individus issus de la diversité ? Cela au nom d’une prétendue discrimination positive, ce qu’annonçait le 17 décembre 2008 avec une certaine brutalité, le sieur Sarkozy dans son discours fondateur de Palaiseau « Égalité des chances et diversité » [6]. Au demeurant, la discrimination, qu’elle soit positive ou non, reste une discrimination en transgression absolu des principes constituants de la République, non ?

chaosmandico-2.jpg

On voit ce que cela donne dans nos services de police, dans l’armée (n’a-t-on pas parlé de mutinerie sur le porte-avions Charles de Gaulle ?). L’inculture étant à présent ce qu’elle est, et les cadres compétents de l’armée et de la haute administration ayant été envoyés prématurément au rencart (ou épurés comme en 2004 à l’occasion de l’Affaire dite “Pétrole contre nourriture” engagée à l’initiative du Trésor américain, laquelle permit d’éliminer la vieille garde du Quai d’Orsay et de laminer ce qui demeurait encore de la politique arabe de la France). D’abord certes en raison du renouvellement des générations, mais aussi par la modification des critères de sélection et de recrutement (diversité et correction politique obligent, à Sciences Po et à l’ENA), jusqu’à obtention de l’effet souhaité à savoir l’arasement de la mémoire institutionnelle et historique. État de fait qui a permis au président Macron de parler impunément de supposés crimes contre l’humanité perpétrés par la France en Algérie et ce sans que quiconque ait songé à rappeler que nombre d’officiers et de sous-officiers de l’Armée de libération nationale algérienne (ALN) avaient été formés par la France, avaient servi en Indochine où ils purent acquérir une science des armes qu’ils retournèrent ensuite contre la Métropole et les départements français d’Algérie. On ferait bien de s’en souvenir parce que nous sommes en train de reproduire la même criminelle erreur. Ce dont se fichent bien les adeptes dogmatiques ou laxistes (et leurs comparses, commensaux et acolytes), partisans du métissage à tout crin, de l’effacement des frontières et du grand remplacement à tous les échelons au sein des Services de l’État.

Demeure un point très noir : le dossier de la tuerie a été juridiquement ouvert sous la qualification « d’assassinats et tentatives d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Est-ce à dire que le tueur aurait pu ne pas agir de son seul chef ? Michaël Harpon était-il une taupe islamiste pouvant avoir transmis à des réseaux takfiristes certains fichiers ou bases de données de la DRPP ? Les Services étrangers et Interpol doivent être ravis… Voilà où conduit l’amour immodéré de la société plurielle et du brassage interculturel… mais aussi d’une haine à peine masquée pour la franchouillardise. Au total, les services de l’État sont désormais à l’image de la nation, c’est-à-dire en passe d’être dévorés par les conséquences mortifères d’idéologies férocement anti-nationales. Et conséquemment, infiltrés, noyautés par des activistes ennemis, lesquels, à l’arrivée, pas n’ont besoin d’être une multitude pour être d’une extrême nocivité.

chaos-3.jpg

Bref, l’administration française (au même titre que ses homologues européennes), otage de la dogmatique officielle, est de cette façon peu à peu gangrenée par une politique devant se lire et s’analyser dans le contexte général d’une sournoise éviction des populations autochtones. Ce qu’il est convenu d’appeler le Grand remplacement, ceci au grand dam des Commissaires politiques et idéologiques qui sévissent sur tous les plateaux des grandes chaînes d’information (Cnews/BFM/LCI/FrandInfo/France24/EuroNews/etc.). Substitution de population que ceux-ci qualifient avec un mépris non dissimulé de « mythe » ou de « phantasme », nous expliquant benoîtement et doctement que le terrorisme n’est en fin de compte qu’une fatalité inhérente à la modernité et que nous devrions finalement faire avec.

Ces ténors de la doxa surinformés, si éclairés, n’ont de toute évidence pas dû prendre le métro depuis au moins une trentaine d’années, à qui il ne viendrait jamais à l’idée (tous n’étant pas absolument pervers que le monde a changé sous leurs pieds. Des gens qui devraient normalement être placés dans la catégorie des minus habens (voire des oligophrènes) parce qu’incapables de saisir que les frontières devraient être fermées de toute urgence à l’immigration légale (à commencer par le regroupement familial) et a fortiori illégales, frontières qui d’ailleurs n’eussent jamais dues être ouvertes… Quand s’achèvera le quinquennat en cours, ce sont quelque cinq millions de migrants qui seront entrés et se seront installés, en grand partie à la charge d’un pays pourtant en voie de désindustrialisation et de paupérisation rapide !

L’Éducation nationale, Lampedusa bis

La rentrée s’est bien passée ! Nos enseignants préparent la “France” de demain avant de se suicider [7] à l’instar de nos 51 policiers morts depuis janvier dernier et de nos paysans, un tous les deux ou trois jours. Cent femmes ont été tuées par leur conjoint ces neufs derniers mois. Toutefois, dans ce dernier cas, personne ne songe (ou ne réclame) que soit rendu public l’appartenance culturelle, confessionnelle, l’origine ethnique des meurtriers. Si par extraordinaire c’était le cas nous risquerions d’avoir de belles surprises. Mais cela n’arrivera pas, la divulgation de ce genre d’information tombe sous le coup de la loi (on voit bien ici que l’antiracisme est une forme aiguë d’antifrancisme). Ces jours-ci des vidéos circulaient donnant à voir de choquantes agressions dans des écoles de la République contre des maîtres. Ces actes se multiplient aujourd’hui à la vitesse grand V. On assassine (vendredi 4 octobre dans le Val d’Oise un adolescent est poignardé) et l’on rackette aux abords des établissements scolaires. … « Combien - d’enseignants - nous dit Claude Bourrinet [8] - ont-ils vu leur idéal brisé par la démagogie de pédagogues irresponsables, par une administration tatillonne et aveugle, par l’indifférence du système aux épreuves qu’ils subissent pour tenter de délivrer leur savoir à des populations de plus en plus déséquilibrées, déstabilisées par une sous-culture mortifère, hostiles à la culture, à l’effort intellectuel, au livre, au savoir scientifique, historique ? La peste de l’inculture agressive frappe tout le monde, y compris les enfants de souche. C’est une pandémie barbare, que les idéologues ne veulent pas voir, quand ils ne la cautionnent pas par des préceptes égalitaristes, laxistes et bienveillants, ineptes  ». 

Le 30 septembre, dans le Val d’Oise à Sarcelles, au lycée de la Tourelle, un jeune majeur âgé de 19 ans s’est attaqué avec une rare violence à son prof de gym après avoir refusé de retirer sa casquette, signe identitaire s’il en est. Il est complaisamment filmé par ses petits copains. La chose serait anecdotique si elle n’était parfaitement emblématique de l’état décomposition avancée de l’institution éducative… relais, s’il en est, de la pire politique anti-française. La comparution immédiate du voyou – quand même ! - nous a appris, que le dénommé Dio est arrivé clandestinement en France en 2013 ; qu’il a été condamné à huit mois de prison, dont quatre avec sursis et qu’il n’a, évidemment, jamais été expulsé. En un mot il s’agit d’une super chance pour la France… Autrement dit un parasite destiné à vivre ad vitam æternam au crochet de la vache à lait hexagonale. Pour mémoire, nos établissements publics, avec la complicité du ministère de l’Éducation nationale (et d’une nuée d’associations subventionnées), accueillent des milliers de sans papiers et qu’il est assez souvent recommandé aux enseignants de falsifier des résultats scolaires ou autres documents administratifs afin que « le jeune » ne rencontre pas de difficultés… avec pour contrepartie les graves problèmes de discipline et de sécurité que l’on déplore de nos jours. L’Éducation nationale, havre d’accueil pour les migrants est ainsi devenue une quasi zone de non-droit… avec la complicité de certains enseignants eux-mêmes… avant qu’éventuellement ils n’en deviennent eux-même les pitoyables victimes.

La Maison brûle

En temps de crise, la multiplication à l’infini des événements dramatiques ou tragiques, grave dans l’opinion l’idée que le pouvoir s’est engagé dans une mortelle impasse et qu’il s’avère incapable de gérer avec le minimum d’efficacité et de résultats, les effets négatifs (collatéraux) de ses errements. Un sentiment qui s’est manifesté très nettement avec l’affaire Lubrizol où la seule question qui mériterait une réponse aussi rapide que nette : pourquoi un tel sinistre s’est-il déclaré à proximité d’installations protégées par des dispositifs de sécurité optimaux ? Question qui continue à se poser en outre à propos de l’incendie de Notre-Dame et l’hallucinante vitesse de propagation du feu dans la charpente.

chaos444444.jpg

Un arbre ne devant jamais cacher la totalité de la forêt, rappelons – nous y reviendrons – que le terrible sinistre rouannais, fait suite à une impressionnante série d’incendies, tout aussi gravissimes, ayant détruits des sites industriels de nature similaire… tels l’incendie du 3 juillet dernier sur le site classé « Seveso seuil haut » dans les Yvelines, au sein du périmètre de l’usine « Seine Aval » du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) implantée dans la plaine d’Achères. “Une installation stratégique, soit la plus grande station d’épuration des eaux usées d’Europe - s’étendant sur 600 ha, elle traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciens [9] - anéantie en totalité par le feu et ce, à seulement trente kilomètres de la capitale. Il faudra entre trois et cinq ans pour la reconstruire, au prix, dans l’intervalle, d’une pollution gravissime de la Seine. » Qui en parle ? Ce site n’a en fait cessé d’enregistrer des sinistres de plus en plus graves depuis plusieurs années. Sa gestion est entachée par des dévoiements sans précédent en matière de marchés publics avec en arrière plan un théâtre de concussion et corruption ! Un désastre absolu, qui ne suscite qu’une fort inquiétante indifférence [10]. Cela reste bien entendu à inscrire au bilan de Mme Hidalgo, maire de Paris, intuitu personnæ, membre du conseil d’administration de la dite entreprise d’intérêt vital pour la capitale et sa région.

Léon Camus - 6 octobre 2019

Notes

[1Cf. facebook.com/ridiculeTV/ - Voir https://www.facebook.com/ridiculeTV...

[2lesinrocks.com26sep19

[3On en jugera à travers cette sotie déjà immédiatement envisageable, la réalité dépassant désormais l’imagination… « En terre d’Absurdie anoméenne (négation/abolition des lois issues de l’ordre naturel) après le vote sur la PMA, antichambre de la gestation pour autrui, quoique l’On clame à tout-va qu’il s’agirait en ce cas d’espèce d’un tabou, une limite intransgressible. La PMA serait une aubaine pour Charlotte (adoptée par un couple d’hommes mariés via cet autre formidable progrès égalitariste que fut le mariage pour tous) à l’heure de sa maturité sexuelle, cette heureuse enfant se trouvant titulaire d’un père adoptif Jean et d’une mère adoptive Pierre. Or grâce à l’œuvre immense du bon docteur Freud et de son émule Wilhelm Reich, elle se trouve, par la grâce de ces géants, dépourvue de toute inhibition, trouble ou culpabilité (soit la cohorte de névroses véhiculées par l’éducation chrétienne), quant à l’attirance ressentie pour l’un et pour l’autre des parents, légalement et respectivement père et mère quoique pourvus d’organes reproducteurs identiques. Il arriva ce qui devait arriver : Charlotte mit au jour un garçon de son père Jean (sans que l’on puisse évidemment parler d’inceste), puis une fille conçue avec sa mère adoptive, Pierre. Devinette, objet des débats policés Buzin/Belloubet : quel doit être le statut exact de la mère de Charlotte vis-à-vis de l’enfant conçu avec son mari, père d’icelle ? Au demeurant, la loi permettra aux enfants de Charlotte, s’il s’agit d’une fille et d’un garçon, de se marier ensemble ». Elle est pas belle la vie ?

[4Voir le témoignage accablant de Gérard Fauré « Dealer du tout Paris » octobre 2018.

[5Michaël Harpon, le bien nommé, 45 ans, employé depuis 20 ans au service informatique de la Direction du renseignement de la préfecture de police « a pété un plomb et a tué quatre collègues à l’arme blanche ». Converti à l’islam depuis 18 mois (en vérité depuis 2008), aux dires d’un psychiatre expert « en général, lorsqu’on a des gestes brusques d’une telle violence, ils ont extrêmement rares surviennent sous couvert de formes très particulières de schizophrénie ». Et comme il est devenu impossible de gommer la dimension confessionnelle de ce passage à l’acte, on la met à « en parts égales avec la psychopathologie de la personne ». Nul ne parle évidemment de fanatisme religieux, une notion trop concrète et pas assez scientifique.

[6Seule la version audio est fidèle, la transcription écrite officielle ayant éliminé les passages où le président parle de conduire cette politique par la contrainte. Extrait : https://www.youtube.com/watch?v=1XI...

[7Christine Renon, directrice de l’école maternelle Méhul de la ville de Pantin, dans l’académie de Créteil, parvenu au bout de l’épuisement moral a été retrouvé morte le 24 septembre 2019. Le même jour, Frédéric Boulé, professeur au lycée international de Valbonne dans les Alpes-Maritimes, en finissait également avec la géhenne qu’est devenue l’Éducation nationale tombées aux mains de soi-disant pédagogues confits en idéologie mortifère.

[8bdvoltaire.fr5oct10

[9Les Franciens, habitants de la Francie, sont ce que l’on nomme aujourd’hui assez sottement les Franciliens.

[10cf.MarcLaimé/mondediplo.net27sep19

 

mardi, 26 novembre 2019

Les bobos sont aux commandes. Mais qui sont-ils vraiment?

bobocratieE.jpg

UNE CLASSE À PART

Les bobos sont aux commandes. Mais qui sont-ils vraiment?

par Luc Gaffié

Les bourgeois bohèmes sont partout. Ils ont investi l’administration, les médias, la recherche, l’instruction publique. On en parle tout le temps… mais que sait-on d’eux ?


Utilisé à l’origine pour décrire une réalité sociologique américaine bien précise, le terme bobo en est venu à désigner une forme d’esprit et une mentalité qui affecte l’ensemble des nouvelles classes dirigeantes des pays occidentaux.


Le bobo excelle à dissimuler le luxe sous des apparences de simplicité et à affecter une générosité de façade. Il est partisan d’un enseignement public où il évite de placer ses propres enfants. Il milite pour l’immigration et le vivre ensemble, mais vit en milieu fermé. La tête dans les nuées, mais les pieds fermement ancrés dans les ornières du pouvoir et du profit, le bobo est prêt à saper les piliers même de la société qui le nourrit. L’actualité récente en fournit d’éclatants exemples.


Au-delà d’un tableau de mœurs féroce et souvent comique, Luc Gaffié met en évidence des stratégies de caste suicidaires. L’hypocrisie bobo érigée en mode d’être aura-t-elle raison de notre civilisation ?

Essai | Société | ISBN 978-2-88892-199-8 | 13×20 cm., 168 p., 15 €

mercredi, 23 octobre 2019

SJWs As Bourgeois Bolshies

Screen-Shot-2019-10-22-at-1.07.10-AM-554x579.png

SJWs As Bourgeois Bolshies

Illustration: LGBT Pride poster in Soviet Style (Design Boom)

I’m reading one of the best books I’ve ever seen, historian Yuri Slezkine’s The House of Government: A Saga of the Russian Revolution. It’s a massive — over 1,000 pages — history of the Bolshevik movement, focusing on the people who lived in a vast apartment building constructed across the Moskva River from the Kremlin, for party elites. In the 1930s, during the purges, it was the most dangerous address in the country. The secret police came for people there all the time.

sle.jpgThe book has given me a breakthrough in understanding why so many people who grew up under communism are unnerved by what’s going on in the West today, even if they can’t all articulate it beyond expressing intense but inchoate anxiety about political correctness. Reading Slezkine, a UC-Berkeley historian, clarifies things immensely. Let me explain as concisely as I can. All of this is going into the book I’m working on, by the way.

In my book, I identify two main factors that make the “soft totalitarianism” we’re drifting into different from the hard totalitarianism of the communist years. One is the vastly greater capabilities of surveillance technology, and its penetration into daily life in this current stage of capitalism. The other is the pseudo-religion of Social Justice, the holy trinity of which is Equity, Diversity, and Inclusion. The mathematician James Lindsay last year wrote an insightful essay analyzing Social Justice ideology as a kind of postmodern religion (“faith system,” he writes). Reading Slezkine on Bolshevism illuminates this with new depth.

To be clear, Social Justice religion is not the same thing as Bolshevism, which conquered a nation and turned it into a charnel house. But the psychological dynamics are so similar that I can understand now why Soviet-bloc emigres feel in their bones that something wicked is coming, and coming fast.

I’m going to give a brief overview of the ideas in this part of Slezkine’s book. Slezkine describes the Bolsheviks as “millenarian sectarians preparing for the apocalypse.” He gives a short history of apocalyptic sects, which he said began in the Axial Age, the period between the 8th and the 3rd centuries BC that saw parallel developments in civilizations — Chinese, Indian, Middle Eastern, Greco-Roman — that caused a fundamental shift in human consciousness. The Axial Age introduced some concepts that are still with us today, including the idea that history is linear. Religion and philosophical systems of the Axial Age developed a sense of separation from the Real (that is, what is material), and the Ideal (what is transcendent). They also introduced the idea that time would culminate in a final battle between Good and Evil that would result in the End of History and the everlasting reign of Justice. The rich will be conquered, and the poor will triumph.

Slezkine writes at some length about these themes in the Hebrew Bible (Old Testament), but points out that they also existed in parallel in other religions of the era. The two Abrahamic religions that emerged from Axial Age Judaism — Christianity and Islam — modified these same concepts for themselves. The Book of Revelation in the Christian Bible is the standard Western account of the Apocalypse, but not the only one.

In the 16th century, the radical Protestant theologian Thomas Müntzer, leader of an apocalyptic Reformation sect, led an armed revolt against the Catholic Church, Martin Luther, and feudal authority. He and his followers believed the Last Days were upon the world, and that revolutionary violence was necessary to prepare for them.

These movements, says Slezkine, often depend on the virtuous mutually surveilling each other to keep everyone in line. Calvin’s Geneva was like this, and had laws prescribing the death penalty for relatively minor violations of its purity code. In the 17th century, the English Puritan movement under Thomas Oliver [the mistake was mine — RD] Cromwell (the “Puritan Moses”) was in this same vein.

The Enlightenment birthed apocalyptic millenarianism without God. Slezkine doesn’t mention him, but I want to put in a plug for the book Black Mass by the English political philosopher John Gray, which I wrote about here. Gray is an atheist, but he cannot stand the militant atheism of people like Richard Dawkins and the late Christopher Hitchens. In the book, Gray writes about how the instinct for utopia, born out of religion, keeps surfacing in the West, even without God. Nothing is more human, he writes, than to be prepared to kill and die to secure meaning in life. More Gray:

Those who demand that religion be exorcised from politics think this can be achieved by excluding traditional faiths from public institutions; but secular creeds are formed from religious concepts, and suppressing religion does not mean it ceases to control thinking and behaviour. Like repressed sexual desire, faith returns, often in grotesque forms, to govern the lives of those who deny it.

Slezkine writes that this same apocalyptic millenarianism erupted in anti-Christian form in the French Revolution. The Jacobins were Enlightenment apocalyptics, believing in the triumph of Reason, Science, and Virtue. And they were proto-Bolsheviks. Robespierre, in a 1794 speech to the National Assembly, praised “virtue, without which terror is destructive; terror, without which virtue is impotent. The Terror is nothing but justice, prompt, severe, inflexible; it is thus an emanation of virtue.”

In 19th century America, millenarianism took more gentle forms, but was still popular. Baptist preacher William Miller prophesied the end of the world in 1843, and reached a national audience with his forecast of doom. It didn’t happen, but his work gave rise to the Adventist movements, which are still with us today. Joseph Smith, founder of the Latter-Day Saints faith, was another millenarian — a more successful one.

Slezkine says that apocalyptic millenarianism in 19th century Europe often took the form of nationalism. Karl Marx advocated German nationalism as the first step in the worldwide communist revolution. Following Hegel, History was Marx’s god. Slezkine:

[F]aith in progress is just as basic to modernity as the Second Coming was to Christianity (‘progressive’ means ‘virtuous’ and ‘change’ means ‘hope’). ‘Totalitarianism’ is not a mysterious mutation: it is a memory and a promise; an attempt to keep hope alive.

By “totalitarianism,” he means the system by which apocalyptic millenarians enforce the conditions they believe will constitute the New Jerusalem — the utopia in which their sect believes.

The Marxist faith system prophesied a worldwide conflagration — Revolution — that would see the saints (the Proletariat) cleanse the world of the wicked (the Bourgeoisie) and their false religion (Capitalism). The Revolution would establish Communism: a paradise in which the state would wither away, because the cause of man’s alienation would have been dealt with. Marx despised religion, but he did not believe that his system was religious at all. It was, he taught, entirely scientific — thus making Marxism entirely compatible with what Enlightenment-era elites believed was the prime source of authority.

In Russia of the late 19th century, there was a great deal of apocalyptic fervor, and, of course, a number of Marxist and other left-wing revolutionary groups. The Bolsheviks were the most ruthless and disciplined of them all. Slezkine says it doesn’t matter whether the faith of the Bolsheviks was really a religion or not. The fact is, it functioned like one. If religion is a set of agreements about sacred realities, though sacred realities believed to be objectively true, and the community organized around those beliefs, then every state on earth is religious. The Bolshevik “faith” united people, focused them around what Slezkine calls “the ultimate conditions of their existence,” and told them what they had to do.

For the pre-revolutionary Bolsheviks, the priests and the prophets were their intellectuals, who were “religious about being secular.” Writes Slezkine: “A conversion to socialism was a conversion to the intelligentsia, to a fusion of millenarian faith and lifelong learning.”

The Bolshevik faith was initially spread among the intellectuals primarily through reading groups. Once you adopted the Marxist faith, everything else in life became illuminated. The intellectuals went into the world to preach religion to the workers. These missionaries, says Slezkine, appealed to and tried to intensify hatred in the hearts of their listeners. They spoke to the moral sense within the common people, and gave them what, if taken in a strictly religious sense, would be called prophetic revelations.

The pre-revolutionary Bolsheviks denounced “Philistines” — people who are sunk in their everydayness, and lack revolutionary consciousness. It is chilling to read the lines of description they had for people like this. Slezkine calls the Philistines the “stock antipode of the intelligent” — that is, the kind of person that a member of the intelligentsia saw as his exact opposite. In pre-revolutionary Russia, the intelligentsia saw themselves as a kind of secular priesthood. The way they wrote about their enemies, and the way they rhapsodized about revolution, was utterly fanatical and inhuman. Slezkine:

The revolutionaries were going to prevail because of the sheer power of their hatred. It cleansed the soul and swelled like the flood of the real day.

The “real day” is the day of Apocalypse, when the truth is fully made manifest, and all evil, injustice, and lies are cleansed from the earth. It would come about through “sacred fury.” Slezkine quotes Bolshevik memoirs recalling the revolutionary days of 1917-18. Pure ecstasy, like the day of Pentecost in the New Testament.

Slezkine draws this interesting distinction:

Marx and Engels were not utopians – they were prophets. They did not talk about what a perfect system of social order should be and how and why it should be adopted or tested; they knew with absolute certainty that it was coming – right now, all by itself, and thanks to their words and deeds.

The Bolsheviks, however, did have a complex plan for creating utopia. Reading Slezkine, you can’t help but be impressed by the power and discipline that Lenin and his lieutenants exercised. He was one of the most evil men who ever lived, Lenin — Slezkine’s accounts of Bolshevik mass murder of class enemies on Lenin’s orders make Robespierre’s bloodthirstiness seem like amateur hour. But he was a true revolutionary genius.

For young people in pre-revolutionary Russia, being part of these leftist groups “gave one a great sense of purpose, power, and belonging.” Note this: one reason for the advance of revolutionary consciousness is that parents, despite depending on the stability of Tsarist autocracy, would not turn away from their radicalized children. Slezkine: “The ‘students’ were almost always abetted at home while still in school and almost never damned when they became revolutionaries.”

Bolshevism in power tried to destroy the traditional family, seeing it as an incubator of capitalism. Slezkine writes about how this form of Bolshevik radicalism had to give way to a more conservative ideology of the family, because it caused problems that Soviet society could not deal with.

In power, Bolsheviks carried out apocalyptic destruction of the old order, including the mass murder of class enemies. I have just now arrived at the point in Slezkine’s narrative in which he describes the “Great Disappointment” — a term (borrowed from the Millerites) for the experience of the New Jerusalem not having arrived as promised. As I understand it, Slezkine will describe the homicidal spasms of the 1930s, under Stalin, as the vengeful Bolshevik reaction to utopia’s failure. Utopia can only have failed because its proselytes were weak in faith — and therefore deserve to be punished for their infidelity.

So, what does this have to do with our own Social Justice Warriors? There are clear parallels. Again, I encourage you to read James Lindsay’s analysis of the postmodern faith system of Social Justice for more.I believe that this is what those who lived under communism intuit from the Social Justice Warriors — I mean, why it frightens them:

Like the early Bolsheviks, the SJWs are radically alienated from society. They regard ordinary people as the intelligents regarded the so-called Philistines: with visceral contempt.

Justice depends on group identity. For Marxists, the line between Good and Evil ran between classes: the Proletariat and the Peasants on one side, the Bourgeoisie on the other. Marxism sees justice as entirely a matter of taking power away from the Bourgeoisie, and giving it to the revolutionary classes. Some in the bourgeoisie acquired revolutionary consciousness, and aided the Revolution.

Similarly, for the SJWs, the line also passes between groups, based on group identity. The Oppressors are whites, males, capitalists, heterosexuals, and Christians. The Oppressed are ethnic minorities, women, anti-capitalists, LGBTs, atheists, and other “marginalized” people. Justice is about taking power from the Oppressors and giving it to the Oppressed. Some among the Oppressors acquire revolutionary consciousness and aid the revolution; they are called “allies,” and practice “allyship.”

Social Justice Warriors, like the early Bolsheviks, are intellectuals whose gospel is spread by intellectual agitation. It is a gospel that depends on awakening and inspiring hatred in the hearts of those it wishes to induce into revolutionary consciousness. This is why it matters immensely that they have established their base within universities, where they can train those who will be going out to work in society’s institutions in ideologized hatred.

SJWs believe that science is on their side, even when their claims are unscientific. They are doing the old post-Enlightenment utopian trick of making essentially religious claims, but claiming that they are objectively true. Quote from a Times story: “We’re all born nonbinary. We learn gender.”

SJWs are utopians who believe that Progress requires smashing all the old forms for the sake of liberation. After we are freed from the chains that bind us, we will experience a new form of life. From a June 4 New York Times Magazine story on destroying gender binaries:

Our talk shifted again from the past to the future. Jacobs spoke about foreseeing a time when people passing each other on the street wouldn’t immediately, unconsciously sort one another into male or female, which even Jacobs reflexively does. “I don’t know what genders are going to look like four generations from now,” they added, allowing that they might sound utopian, naïve. “I think we’re going to perceive each other as people. The classifications we live under will fall by the wayside.”

Among the voices of the young, there are echoes and amplifications of Jacobs’s optimism, along with the stories of private struggle. “There are as many genders as there are people,” Emmy Johnson, a nonbinary employee at Jan Tate’s clinic, told me with earnest authority. Johnson was about to sign up for a new dating app that caters to the genderqueer. “Sex is different as a nonbinary person,” they said. “You’re free of gender roles, and the farther you can get from those scripts, the better sex is going to be.” Their tone was more triumphal: the better life is going to be. “The gender boxes are exploding,” they declared.

In the case of transgender SJWs, parents can become the greatest advocates for their children, as in pre-revolutionary Russia with the radical youth. A distressed parent of a female-to-male transgender told me that in her child’s high school, the pressure on parents from other parents to suppress all doubts about transgenderism was intense. Here, from that same NYT Magazine piece I quote above, is another anecdote:

Kai grew up in the Maryland suburbs outside Washington; both his parents are economists. He came out to them as genderqueer a year and a half ago, and they, as he put it, were willing “to step through the door” he held wide for them, the door into his way of seeing himself. They read a piece of creative writing he gave them, a meditation using Dadaism to explicate the nonsense of either-or. His mother asked if she could buy him new clothes. “Shopping for clothes was something we’d always done,” he said. “It was her way of saying, ‘I want to keep being part of your life.’ That was really stepping through the door. And then, all the nerve-rackingness of shopping in the men’s section of a department store and trying on pants and worrying about how people are looking at you and reading your gender, it would have been really hard to do on my own. But my mother was there. Just like when we’d shopped together before. And that made it normal.”

Here’s an interesting difference: from what I can tell, most SJWs don’t have a clearly envisioned utopia. What will the world look like when whiteness is once and for all defeated? When toxic masculinity has been fully vanquished? And so forth. They don’t know; all they know is that these things must come to pass, and will come to pass. We have to first destroy the old world and its corrupt structures. From the point of view of someone who stands to be smashed by these revolutionaries, it doesn’t really matter whether or not they have a plan for what to do after you’re overthrown.

Here’s another interesting difference, and an important one: SJWs may want to destroy the oppressive practices, but unlike the Bolsheviks, they don’t want to destroy the institutions of society. Rather, they want to conquer them and administer them. The religion of Social Justice has already conquered the university, as James Lindsay points out, and is moving quickly into other institutions: media (the NYT is its Pravda), law, tech, entertainment, and corporate America. The Social Justice faith system can be easily adapted by the institutions of bourgeois capitalism — a fact that conceals its radicalism.

The people who have lived in societies suffused with this kind of ideology — emigres from Soviet-bloc countries — can see through the veil. With this new book I’m working on, I’m going to do my best to help readers see through their eyes. Meanwhile, if you are really interested in the Russian Revolution, I strongly urge you to read The House Of Government — all 1,128 pages of it. Yuri Slezkine is a masterful storyteller. It reads like a novel.

jeudi, 10 octobre 2019

Gender Theory Outlaws Reality

theorie.jpg

Gender Theory Outlaws Reality

Check out the important updates to the post about LGBTQ Equity Week in a suburban Chicago school district. If you haven’t read the original post, please do. You won’t believe how extreme the lesson plan is. Reader Jefferson Smith, who is a leftie, says it goes too far, and asks why parents won’t stand up against stuff like this? I wish I knew the answer. My guess is that nothing frightens middle class people more than being thought to be not respectable.

On this topic, here’s a remarkable piece that ran the other day in The Public Discourse, titled “Overruling the Visible: The Emperor’s New Gender.” The author, Margaret Harper McCarthy, talks about the case heard at SCOTUS this week, in which a male-to-female transgender person sued the funeral home who dismissed him because he said he was changing his sex to female, and began dressing as a woman. Excerpts:

What is at stake here is much more than the right of an individual to free self-expression or an employer’s freedom of religion to hold and act on such “stereotypes.” Since everyone in the workplace of that individual employee will be asked to accept that he is “a woman,” what is at stake is whether or not their—and, by extension, every person’s—pre-ideological, innate knowledge of oneself as a boy or girl, imbibed quite literally at the maternal breast, will be for all practical and public purposes officially overruled as false, a “stereotype.”

Conversely, what is at stake is whether or not the alternative will be for all public and practical purposes officially true: namely, that everyone’s “identity” is arbitrarily and accidentally related to his or her body—as ghost to machine—even if the two are “aligned” in the majority of cases, as the fashionable prefix “cis” means to suggest.

This is the metaphysical heart of transgenderism, the thing that few people commenting in public life ever talk about, preferring instead to harp on “rights.” More:

There is no question about the nihilistic objectives of the new philosophy of sex. Those objectives were already in play at the beginning of the sexual revolution. This was conceived by its founder, Wilhelm Reich, to be the most comprehensive of revolutions, because it rebelled against the very principle of reality itself, rejecting the “finalistic” notion of sexual acts. But now, in addition to obscuring the objective reality of sexual acts, “gender” would prevent us from seeing what we are—a man or a woman—or, indeed, that we are anything at all. Taking the “new clothes” of the famous Emperor in a new direction, the cloak of “gender” would render invisible all the naked evidence.

Here is the newness of the ancient attempt to extricate ourselves from the given relations in which sexual difference entangles us. It is, as Hanna Arendt said, “the knowledgeable dismissal of [the visible].” David Bentley Hart suggests a compelling reason for this. If modernity is in large part post-Christian, it cannot simply revert back to paganism and its mores. It must go further back. Since the Christian God is the One who Created all things, it must get behind everything, visible and invisible, to the only “other god” left: “the Nothing” of spontaneous subjectivity. “Gender” is precisely this: the attempt to free the will from any prevenient natural order. This could not have been more clearly stated than by Butler when she channeled Nietzsche, saying: “there is no ‘being’ behind doing, effecting, becoming . . . the deed is everything.” But it was also chillingly stated two decades before when the feminist Shulamith Firestone called for the eventual elimination of the sex distinction itself.

One cannot, of course, just will the sex distinction away. But one can try to make it conform to the new “spontaneous” will. Indeed, if the temptation to cut ourselves off from all that gave us birth gets its inspiration from radical liberationist movements, it depends on the technological manipulation of human biology for any hope of success.

Read the whole thing. Harper McCarthy has zeroed in on the unsurpassable radicalism of transgenderism, and how it requires the denial of material reality. This is how you get such crackpot things as this definition of “lesbian” from the Equity Week lesson plan: “People who love or are attracted to the same gender, often referring to women.” Because there can be male lesbians, don’t you know.

And things like this:

Screen-Shot-2019-10-09-at-3.25.59-PM-e1570652791811.png

 

And things like biological males now presenting as females beating biological women at women’s sporting contests — with the women, who are at a significant physical disadvantage, having to suck it up for the sake of Progress. For example, this rather tall, muscular transwoman who won the world championship in cycling, racing against biological women:

It’s outrageously unfair to actual women, but we aren’t allowed to see what is right in front of our eyes.

In this week’s oral testimony at the Court, Justice Breyer said something interesting. From SCOTUSBlog’s recap:

Cole was followed at the lectern by John Bursch, who argued on behalf of the funeral home. Treating men and women equally, Bursch argued, does not mean that employers need to treat men as women. Bursch suggested that, if the plaintiffs prevailed, an overnight shelter for women would have to hire a transgender woman, even if some of the women at the shelter had been the victims of domestic violence or rape.

Justice Stephen Breyer dismissed what he described as Bursch’s “parade of horribles.” We are deciding, Breyer said, simply whether discrimination against transgender people falls within Title VII’s ban on discrimination “because of sex.”

Argh! The “parade of horribles” is important not because of consequentialist reasoning, but because it casts light on the real-world problems that would be caused by the Court deciding that gender theorists are right, and that the body — our male bodies and our female bodies — mean nothing. The “parade of horribles” itself is evidence against what Justice Breyer is trying to do: abstract human beings from their bodies.

There is a case coming before a district court soon, in which the defendant, charged with making a threat, is a man who presents as a woman. The man, I am told by someone working on the case, claims to be pregnant, and says he can feel the baby kicking. The sex of the defendant has nothing to do with the charge, let me be clear, and this defendant is either a nut or a troll. But I wonder: if this trans-female wanted to apply for pregnancy-related disability in a state that had strong transgender protections in its laws, on what grounds would an employer legally refuse? That a man can’t get pregnant? But this is a woman! What if a female-to-male transgender who was legally a man, but still had a uterus, got pregnant? Can “Dad” have maternity leave? Why can Dad-With-A-Uterus have maternity leave, but Penis-Having-Pop can’t?

Separate gender from sex, and it’s madness. As Ken Myers says, “Matter matters.” If you liked the Margaret Harper McCarthy essay, check out this one on transhumanism published by the scholar Mark Shiffman, in a 2015 issue of First Things. He says transgenderism and transhumanism are a modern manifestation of Gnosticism, which he describes thus:

The world is not an order of beings manifesting God’s goodness; it is rather an order of inert matter in motion, available for the human will and intellect to master and manipulate. Ancient Gnosticism sought deliverance from evil by severing the spirit’s ties to the material world. Modern Gnosticism appears at first to take a much more optimistic view of creation. Its hopes, however, are not placed in nature as created, but rather in the mind’s capacity to construct models that will unlock the powers trapped within the given order of beings, so as to release their infinite possibilities and make them subservient to our needs and aspirations. It hopes to escape evil not by fleeing the world, but by stepping away in distrust, securing the independent power of the mind through the scientific method, and then turning against the world with a vengeance and transforming it to suit the human will.

This is going to end in disaster. Let me end by recalling this passage from a blog I posted some years ago. In it, I refer to the science fiction writer Ted Chiang’s novella, “Tower Of Babylon”. It’s a story about Elamite miners in ancient Babylon who are participating in the construction of the famous tower. When the story begins, the builders have reached the vault of heaven (the story depends on ancient cosmology), and who are thinking about piercing it, even though they fear that it might bring a second deluge upon the earth. This passage jumped out at me:

Hillalum could not keep his doubts silent at such a time. “And if the waters are endless?” he asked. “Yahweh may not punish us, but Yahweh may allow us to bring our judgment upon ourselves.”

“Elamite,” said Qurdusa, “even as a newcomer to the tower, you should know better than that. We labor for our love of Yahweh, we have done so for all our lives, and so have our fathers for generations back. Men as righteous as we could not be judged harshly.”

“It is true that we work with the purest of aims, but that doesn’t mean we have worked wisely. Did men truly choose the correct path when they opted to live their lives away from the soil from which they were shaped? Never has Yahweh said that the choice was proper. Now we stand ready to break open heaven, even when we know that water lies above us. If we are misguided, how can we be sure Yahweh will protect us from our own errors?”

Men as righteous as we could not be judged harshly. Of course not.

The metaphor is that when we rise too far above the earth from which we derive, from our givenness, we call forth apocalypse.

mercredi, 18 septembre 2019

A false open society

tolfs.jpg

A false open society

By Keith Preston

Ex: http://hlmenckenclub.org

The Myth of the Open Society

One of the pervasive myths of our time is that we live in an open society where contentious issues, and serious questions of public policy, are supposedly addressed by means of Socratic dialogue, or open discourse reflecting the principles of Voltaire, Thomas Jefferson or John Stuart Mill. For reasons that I will explain, this claim of an open society is false. I could certainly discuss multiple ways in which the open society claim is problematic. For example, I could examine many parallel difficulties such as over criminalization, overregulation, increasingly greater centralization, and ever pervasive bureaucratization. However, for the purpose of this discussion, I want to focus on ideological conformity, and the way in which ideological conformity is enforced in liberal democratic societies.

“Liberal Illiberalisms”

We live in an era of what has been called “liberal illiberalisms” by the libertarian writer Cathy Young. Young has provided multiple examples of how enforced ideological conformity works. Many such illustrations can be found and I will briefly mention a few examples.

  • In 2015, Yale’s Intercultural Affairs Council issued a warning against potentially offensive Halloween costumes. A professor named Erika Christakis objected that such a directive had the effect of undermining the students’ freedom of expression.  The reaction was a barrage of indignation being levied against Christakis by members of the Yale academic community, including students as well as faculty and staff members. Christakis and her husband, also a faculty member, were physically confronted by student protestors. The students subsequently demanded that the couple be terminated by the university. The Yale University administration failed to support the Christakises who subsequently stepped down from their positions.

  • In 2015, a photo shoot took place in England to promote the film Suffragette, which is about the battle for the right of English women to vote. In the film, Meryl Streep plays the role of Emmeline Pankhurst, a leading British suffragist. Streep and three other actresses were shown wearing a T-shirt with a quote from Pankhurst that read, “I’d rather be a rebel than a slave.” The slogan was attacked for supposedly “trivializing the black experience of slavery and allowing white women to claim it as their own.” Others criticized the use of the words “rebel” and “slave,” claiming these terms amounted to the glorification of slavery as practiced during the Confederacy, even though the film had nothing to do with the Confederacy, or American history generally.

  • In 2014, the British National Student Union rejected a motion condemning ISIS on the grounds that the resolution could promote Islamophobia.

  • In 2015, the same reason was cited by the University of Minnesota to oppose a commemoration of the victims of the September 11, 2001, terrorist incident.

  • Cathy Young points out how accusations of cultural appropriation are used to attack everything from yoga classes (which were banned at the University of Ottawa, apparently on the grounds that yoga involves the appropriation of Hindu culture) to white people wearing the dreadlocks hairstyle to a kimono exhibit at the Boston Museum of Fine Arts.

  • Ethnic food has been attacked as form of cultural appropriation. For instance, a burrito shop in Portland was closed after its white female owners’ described their having collected recipes white on a vacation in Mexico. Because of this, they were accused of stealing from Mexican culture, and practicing what was called “culinary white supremacy.”

  • Among others that have been attacked in this way was a professor who was reprimanded for “merely mentioning the belief that transgender identities are ‘not real’” or “female students having a ‘slut-shamey’ conversation about a fellow student described as a ‘bro-hopper.’”

  • Some universities have put up posters warning against the use of supposedly offensive words and phrases such as “crazy,” “you guys,” “illegal alien,” or “did you lose weight?”

  • The University of California established guidelines for avoiding microaggressions such as “asking an immigrant where she or he is from, encouraging a quiet Asian-American or Latino to speak up, or expressing the opinion that women in America today have the same opportunities as men.”

  • Within the pro-choice movement, pro-abortion rights activists have been asked to “avoid gender-specific language (such as ‘women’) so as to be inclusive to female-bodied individuals who may get pregnant and seek abortions but identify as male or non-binary.”  Likewise, “an abortion rights fundraising event humorously dubbed ‘Night of a Thousand Vaginas’ was met with anger from offended activists who thought it excluded transgender women.”

finally did it.jpg

Certainly, many other similar examples of thought and speech control could be cited. But the question that arises involves the matter where sentiments and actions such as these originate from.

Political Correctness as an Ideological Superstructure

At times, I am asked by leftists why I pay so much attention to this issue when surely my time might be better spent focusing on hate crimes, or other matters that are considered to be more substantive. I do so because the ideological extremism that I just described is presently a rising force in the wider society, concentrated in influential sectors, and gradually becoming part of the elite’s ideological superstructure. In fact, in order to understand the phenomenon that I am presently describing it may be helpful to engage in the intellectual appropriation of certain insights from Marxist theory. According to Marx, all societies have an ideological superstructure that is used to justify the existing society’s dominant institutions. In the ancient world, the superstructure may have been rooted in the idea that the emperor was a descendent of the sun-god. In medieval societies, the divine right of kings served as the superstructure. In modern democracies, the superstructure is derived from the idea that the government is elected by the people. However, Marx argued that beneath this ideological superstructure is a material base that he described as a substructure. The substructure involves certain sectors of the economy or forms of production that are associated with the interests of particular classes.

I would suggest that at present there is indeed an ideological superstructure that exists in societies like our own, and that there is a system of enforced conformity to this ideology. The ideological superstructure is what is commonly called “political correctness.” It is also important to understand that political correctness comes in multiple forms. An individual that frequently reads and comments on my work has used an analogy to the Church. We might say that there is a high church liberalism and a low church liberalism. Low church liberals are simply those who sincerely favor equal opportunity in education and employment, being nice to gay people, holds to the “melting pot” view of immigration, or perhaps favor universal healthcare. I know many people like this.

However, there is also a high church liberalism that is obsessed with the eradication of offensive history, promotes concepts such as cultural appropriation and micro-aggressions, insists on calling a manhole a “people hole,” and that takes offense to Halloween costumes, or to the serving of tacos in a university cafeteria. Recently, a representative of the People for the Ethical Treatment of Animals made the claim that milk is a symbol of white supremacy. These are the kinds of people that think it is perfectly fine if a 12 year old undergoes transgender surgery. It should also be acknowledged that there is a far-left and a center-left version of political correctness. The far-left version is represented by the campus protestors, the Antifa, the neo-Maoists, and other representatives of the extreme left. The center-left version is often manifested as a blend of PC culture with the American civil religion or civic nationalism. For example, it will be said that the reason the United States is a great nation is because we have gay marriage.

The Enforcement of Ideological Conformity

For the most part, this ideological superstructure is not enforced through traditional state repression, such as a knock on the door in the middle of the night which results in someone getting tossed in a gulag. However, there are some disturbing trends in this area, such as the fact that Marine Le Pen was recently ordered by a French court to undergo a psychiatric examination. This practice of declaring political dissidents to be mentally ill and responding with coercive psychiatric intervention is straight out of the Soviet playbook. But for the most part, there is little formal censorship in the Western democracies (with some exceptions related to fringe areas like Holocaust denial).

Instead, the enforcement of ideological conformity is farmed out to other institutions, such as the media, educational institutions, corporations, and technology companies. The means of enforcement involve the use of social, economic, and professional sanctions rather than the outright criminalization of dissidents. Ideological conformity is also enforced by means of extra-legal methods, such mob violence, shouting down speakers, the harassment political opponents or public figures in public places or even at their private homes, and the aggressive vigilante activities of groups such as the Antifa. It is for this reason that it is often necessary for gatherings of dissidents to take place on a clandestine basis. The proponents of the ideology of political correctness are heavily concentrated in influential sectors of society. Among the more significant examples are the electronic media and professional journalism, universities and public schools, the entertainment industry, left-wing professionals such as attorneys and healthcare specialists, the left-wing of clergy, the public sector bureaucracy, social services and human services, advertising, public relations, and corporate human resources and diversity officers.

However, one of the most significant sectors of these kinds involves technology companies. For example, Facebook recently purged over 800 pages with millions of followers, including pages with left-wing as well as right-wing perspectives, with the common denominator being that all of the purged pages represented some kind of anti-establishment perspective. It is also interesting to note that similar methods are used by the professional “watchdogs,” which typically focus most of their attention on the Right, but also attack leftist, African-American or other minority perspectives that are also considered to be outside the realm of acceptable liberal opinion.

The Socioeconomic and Demographic Basis of Political Correctness

It should also be noted that what I have called high church liberalism represents only a very small number of people when compared to the general public. A recent study involving the present political divisions in the United States was conducted by More in Common, a British organization that studies political conflict around the world. In their recently released report called “Hidden Tribes,” a term that was used to describe America’s major political divisions, it was observed that political correctness is overwhelmingly unpopular among all races, classes, religions, genders, and political affiliations in the United States.  Approximately 80% of Americans expressed opposition to political correctness. The study also found that political correctness is more unpopular among Native Americans, Asians, and Hispanics than among whites, and only slightly more unpopular among whites than among blacks, with nearly three quarters of African-Americans expressing opposition to political correctness.

The authors of the report suggest that Americans are politically divided into seven so-called “tribes” with progressive activists constituting 8%, traditional liberals 11%, passive liberals 15%, the politically disengaged 26%, moderates 15%, traditional conservatives 19%, and devoted conservatives 6%.The only political affiliation of the seven where the majority of the “tribe” expressed a favorable view of political correctness was “progressive activists” who are only 8%.  Even a substantial minority of progressives expressed criticism of political correctness (about 30%). The identity of the “progressive activist” political tribe was overwhelmingly white, affluent, and educated, along with a smaller group of elites among traditional minorities. In other words, the proponents of political correctness are largely concentrated in the left-wing of the upper middle class, among urban cosmopolitan professionals, and the newly rich from outside the traditional elite whose wealth has been generated by newer, high-tech industries. These sectors constitute what we might call the “left-wing of capitalism.”

It is interesting that many on the Right continue to fetishize capitalism when it has to be considered that present day capitalism differs considerably from the capitalism of the elite, top hat wearing plutocratic families of the nineteenth and twentieth century. Today, capitalism is just as likely to be represented by Silicon Valley, Hollywood, and Madison Avenue as it is by the Chamber of Commerce, and by figures such as Mark Zuckerberg, Bill Gates, Jeff Bezos, Oprah Winfrey, Warren Buffet or George Soros. In fact, the sociologist Joel Kotkin, himself a centrist Democrat, has argued that an alliance has developed what he calls the “techno-oligarchs” of Silicon Valley and the mass media, and what he terms the “new clerisy” associated with the various sectors that are involved with ideas, ranging from journalism to education to advertising.

GERRYMANDERING-Steve-Sack-The-Minneapolis-Star-Tribune-MN.jpg

As an aside, I would note that, contrary to another myth, from a historical perspective it was the left-wing of the upper-middle class that was the class base of leftist revolutions. It could be reasonably argued that the liberal revolutions of the eighteenth and nineteenth century were driven by the left-wing of an upwardly mobile middle class whose political ambitions were frustrated by the existing political order. I would also suggest that the real class basis for the Marxist revolutions of the twentieth century likewise originated from left-leaning middle class sectors. For example, the famous Communist leaders from the twentieth century were mostly teachers, doctors, lawyers, and other middle class professionals, with only Stalin himself originating from what could be considered a proletarian background. I would suggest that present day political correctness is a manifestation of the rising left-wing of the upper middle class. Political correctness is the foundation of their ideological superstructure with the technology industry and the various professional sectors previously mentioned being their material base.

Solutions

If there are any solutions to be found to the challenges that are presented by this forced ideological conformity, one of these might be to extend First Amendment jurisprudence to corporations, media companies, technology companies, schools and universities, and cyberspace. In early American history, the Bill of Rights was considered by American jurisprudence to apply only to the states and localities. As the power of the federal government has grown, and the states and localities have largely been reduced to administrative units, constitutional jurisprudence has been extended to the states and localities. It may be necessary to extend the Bill of Rights to the aforementioned institutions since these institutions are essentially the equivalent of private states. For example, I would suggest that technology companies are not private businesses, but crony-capitalist or state-capitalist institutions that have made billions of dollars by piggybacking on technology that was developed by the government with taxpayer money. Therefore, cyberspace should be regarded as public space (like parks, streets, and sidewalks), and the fight for free speech in cyberspace might be compared to free speech fights in the early 20th century by the labor movement,  or Free Speech movement of the 1960s. At present, the center-right has come to dominate the Supreme Court, and much of the federal judiciary. Therefore, this may be an opportunity, perhaps the last there will ever be, for constitutional jurisprudence regarding the First Amendment to be revised in the way that I have suggested.

 

lundi, 16 septembre 2019

De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir...

woodstock1.jpg

De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir...

par Georges Jure Vujic

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré à la génération des millennials. Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

De Woodstock à Netflix : les enfants du désir ont peur de mûrir

On peut légitimement se demander pourquoi commémorer le 50e anniversaire de Woodstock, si ce n’est pour se joindre à cette hystérie commémorative de notre époque, où l’on commémore tout et n’importe quoi. L’instant commémoratif, l’ère de la commémoration évoquée par Pierre Nora, s’intégrant parfaitement aux besoins du marché parfois bling bling de la mémoire, fabriquant et cultivant les événements sursignifiés grâce au mélange de rituel et de festif. En effet, on assiste à une privatisation du mémoriel et du qui aboutit non seulement à un délitement d’un cadre unitaire d’appartenance historique et culturel, mais aussi à une cacophonie commémorative, ou « le surmoi commémoratif, le canon ont disparus ». Pour ce qui est des 50 ans de Woodstock dédiée à l’ère du Verseau, s’agit il ici de se réapproprier une mémoire générationnelle, une identité générationnelle sociale et culturelle voir musicale ? Ou tout simplement de faire du profit sur le marché de l’industrie musicale, dans le registre retro des grandes anthologies pop-rock ?

Cependant, dans ce flou mémoriel, il convient de rappeler que le plus grand concert rock de l’histoire, qui devait se tenir à Woodstock, haut lieu de la contre-culture américaine, s’est au bout du compte tenu dans la petite ville de Bethel, à 100 km de Woodstock même. Ce mega-concert , aux allures de grandes messe hippie qui verra défiler les grands noms du rock américain, réunira des quelques 100 000 spectateurs prévus, plus de 500 000 spectateurs, ce qui causera quelques bouchons.
Avec le spectacle actuel des soirées Rave, des techno et trans party de la new age musique de tribus urbaines contemporaines, qui rassemblent des milliers de fêtards, nous sommes loin du temps des militants « love and peace », des rassemblements hippies colorés, même si des similitudes persistent en matière d’hypnose collective et d’hystérie festive. En dépit d’une dimension mythologique événementielle qui est délibérément entretenue pour des raisons de marketing, une histoire parallèle indésirable et souterraine de ce méga-événement refait toujours surface. En effet la consommation de drogues diverses, dont du LSD, était absolument hors de contrôle.

belgaimage-134758052-full-1100x715.jpg

A la suite de Woodstock, qui se soldera par 3 morts et qui laissera un goût amer de désorganisation, une autre tentative de bis repetita de mega rock concert se finira tragiquement. Le concert gratuit des Rolling Stones à Altamont en décembre 1969, rassemblera 300 000 personnes à l’Est de San Francisco. Aussi mal organisé que fût Woodstock, le concert termina tragiquement avec la mort Meredith Hunter âgé de 18 ans le poignardé par le service de sécurité musclé des Hells Angels. Plus tard, l’image de marque de des communautés hippies sera ternie par les ravages des drogues dures et l’obscure secte de Charles Manson reconnue coupable de meurtres dans la région de Los Angeles.

NetflixandChill-1140x634.jpg

Anatomie de la génération « Netflix and chill »

Après les générations « bayboomers » hippies, des yuppies des années 80, des bobos (bourgeois-bohèmes), émergera la génération millennials (génération X ou Y), laquelle regroupe des individus nés entre 1980 et 1995, et étant considérée par les historiens américains comme une génération caractérisée par “l’esprit rationnel, l’attitude positive, l’esprit d’équipe et le sacrifice“. Bien sûr, le modèle d’explication générationnelle est souvent limité et réductionniste car il est soumis à la théorie du cycle générationnel selon lequel la société serait divisée en plusieurs phases périodiques de 16 à 20 ans, ce qui explique que le dit modèle est le plus souvent appliqué dans les stratégies marketing. Cependant, ce qui est évident, c’est que cette nouvelle génération est devenue la cible commerciale privilégiée commerciale des nouvelles IT technologies, en particulier en ce qui concerne les générations technophiles férues de nouvelles innovations informatiques.

En effet, cette génération constitue la plus grande armée de consommateurs de nouveaux gadgets/smarthphone, accepte volontiers les habitudes conformistes de la consommation ostentatoire de marque, ainsi que les valeurs sociales de nouvelle économie de partage type Uber et Airbnb.


Certains analystes les appellent la génération «Netflix & Chill», parce qu’ils aiment «chiller », se détendre et passer plus de temps libre chez soi à regarder des émissions de divertissement internationales – bingewatcher des séries et films.
Cette génération privilégie les modes de communication virtuelle, via SMS, WhatsApp, Messenger, Twitter, Instagram, Snapchat… lesquels constituent autant de lieu virtuel de socialisation, au détriment des cafés et des clubs où se retrouvaient les générations passées.


yuppiehandbook.jpgSelon la sociologue Elizabeth Nolan Brown, les « jeunes citadins professionnels »,”yuccies(Young Urban Professional), les nouveaux free lancers capitalistes combinent les idéaux de la contre-culture et l’esprit d’entreprise de Sillicon Valley. Certains parlent déjà de l’émergence d’un nouveau “capitalisme indie” combinant micro-artisanat et micro-entreprises, éditions limitées, nouveaux modes de consommation et de production, humanisme et écologie avec le capitalisme de réseaux. Cette nouvelle génération s’intègre parfaitement dans la logique postmoderne et marchande du vintage, de l’ironie et du pastiche, mais aussi du marché et des bénéfices réalisés sur fond de contre-culture et de subversions créatives. Elle s’intègre à merveille dans une nouvelle stratégie de marketing de réseau – à travers divers réseaux sociaux, sites Web, blogs, clubs, comme une expérience de marketing de masse.

Ainsi, la culture « Netflix and chill » est un élément indispensable de ce que Pierre Bourdieu appelle le “capital culturel” de la domination sociale et de la “culture d’entreprise” dans laquelle Thomas Franck s’inscrit dans une nouvelle catégorie de consommatisme branché (culture d’entreprise, contre-culture ).
La génération millennials, même si elle se déclare apolitique, ne peut échapper à l’héritage libéral de gauche de 68, retouché cependant avec une approche pragmatique et branchée du capitalisme de marché. En dépit de leurs efforts pour être des de « vrais créatifs » soucieux de l’environnement, ils sont devenus un produit culturel un GMO, un mutant générationnel, se situant quelque part entre contre-culture post-68 et pragmatisme postmoderne du marché. Loin des goldenboys des années 80 et 90, ils ont inventé un modèle hybride d’entrepreneuriat créatif, promouvant une sorte de capitalisme à capital humain par la promotion d’une micro-économie reposant sur l’individualisation et la personnalisation les désirs. Gilles Lipovetsky, dans Le bonheur paradoxal, évoque en ce sens le jeu de la personnalisation de la consommation et des désirs induits par l’hyperindividualisation de l’offre. Par exemple, des projets de camions d’affaires alternatifs , les bars a céréales Cereal Killer Cafe à Londres des frères Keery ou les vêtements Picture Organic Clothing avec des matériaux recyclés.

Contrairement aux générations des années 60 et 70 qui s’opposaient à la société fondée sur la division capitaliste du travail et la société de consommation , la génération millenium, cultive un certain égoïsme pragmatique à l’égard du monde professionnel et de la valeur propriété, bien illustrés par la règle des 4 I: « individualiste, interconnecté, impatient et inventif ».

millenials.jpg

A l’opposé de la génération hippie qui vivait volontairement en marge de la société et cultivait des modes de vie communautaires, les millennials ne sont plus imprégnés d’utopies sociales ni d’idéaux politiques révolutionnaires. En effet, alors que les hippies prônaient le retour à la nature et de vie en communautés en s’inspirant du naturalisme de H.G Thoreau, la nouvelle génération, qui consomme volontiers « good food », sensible à la conservation de l’environnement et de la nature, est une grande consommatrice de l’éco-industrie verte et de l’idéologie du développement durable.
La précarisation sociale et la paupérisation progressive des jeunes en Europe et en Amérique du Nord ont fortement influencé et façonné une génération qui ne cherche pas à changer radicalement le monde mais est plus tentée de trouver de manière pragmatique de nouvelles alternatives et des opportunités professionnelles au sein du système dominant. Jean-Laurent Cassely, qui étudie les phénomènes générationnelles, souligne que les schémas mentaux sont en train de changer et que la rébellion d’aujourd’hui n’a plus d’aspect radical, mais prend une dimension entrepreneuriale. Par exemple, l’ancien slogan 68-huitard situationniste «vivre sans temps mort et jouir sans entraves» n’est pas valable aujourd’hui pour la génération moderne qui poursuit des ambitions professionnelles et entrepreneuriales ».


Il s’agit d’une “sur-adaptation” des jeunes générations qui changent souvent d’emploi et de secteur sous l’effet de la « disruption » à la fois sociale et économique, en cherchent à réconcilier le monde des affaires et de la consommation avec leurs propres valeurs personnelles. Étant donné l’instabilité du monde du travail et de la précarisation, les nouvelles générations ne croient plus en des projets de carrière sûrs et à long terme, et expérimentent davantage la vie sous forme de projets divers, ce qui pose la question de leur héritage culturel et patrimonial et de leur capacité de transmission de leur capital social aux nouvelles générations, étant donné que la société dans son ensemble ne repose plus sur les possibilités de projection et de prévision à long terme.

Bien entendu, aujourd’hui, les critères de réussite sociale diffèrent des générations 60 et des années 80. La priorité est donnée à la réalisation de l’autonomie personnelle, à une profession locale et soucieuse de l’environnement, avec un mépris de l’ère postindustrielle des hiérarchies classiques du monde du travail.


Les générations Woodstock et celles de 68 ont plutôt cherché à changer le monde par l’utopie et la révolution sociale, tandis que les nouvelles générations cherchent à explorer et d’établir de nouveaux équilibres sociaux, tout en gardant une posture pragmatique et politiquement correcte. La question qui se pose pour l’avenir est celle de savoir si la génération actuelle sera capable de relever les nombreux défis sociaux, politiques, identitaires et environnementaux du monde actuel. D’autre part, dans un monde où s’accroit le fossé entre l’oligarchie mondialiste et le peuple de plus en plus pauvre, il faudra beaucoup plus qu’un selfie ou qu’un twitt subversif pour renverser ou inverser l’apathie générationnelle en tant que mode de reproduction passif de l’ordre dominant capitaliste néolibéral.

Marché du désir et capitalisme addictif

Le projet contre-culturel plaidé par des théoriciens contestataires, tels Theodore Rosack et Herbert Marcuse, cher aux générations hippies et celles de la Nouvelle gauche de 68, se soldera par une échec, dans la mesure où le discours contestataire d’émancipation et d’autonomie totale sera très vite récupérée par le système dominant, et deviendra paradoxalement une matrice incontournable de l’industrie culturelle abondamment critiquée par Theodor W. Adorno et Max Horkheimer. Cependant, il convient de constater que ce projet contre-culturel de la nouvelle société émancipatrice est en réalité le produit d’un long processus de déconstruction ontologique et philosophique résultant des Lumières, de la modernité et de la postmodernité contemporaine, qui constituent en fait les principaux leviers de la révolution anthropologique et culturelle du XVIIIe siècle à nos jours…
Le résultat final d’un tel processus de déconstruction sera l’avènement du règne du « Grand moi » auto-institué et narcissique de la postmodernité, évoqué par Christopher Lasch dans » la culture du narcissisme « avec de la domination de l’individualisme , de l’hypersubjectivisation et l’atomisation sociale.

Virgin-radio-vieillissez-pas-trop-vite.jpg

Le sociologue Michel Maffesoli évoquera l’émergence de générations d’enfants « éternels » figure de puer eternus – en tant que figure emblématique de la postmodernité qui a remplacé « l’homme mûr », un producteur sérieux et rationnel. Un sorte de « homo novus » postmoderne qui ne veut va mûrir, adepte de la nouvelle idéologie du “jeunisme” qui impose de rester jeune pour toujours, de s’habiller jeune, de penser jeune, de ne pas se référer au passé mais profiter du moment présent. Le culte hippie quelque peu « grunge » de la figure rousseauiste du « bon sauvage » rebelle, a aujourd’hui muté vers le culte jeuniste hipster du “jeune homme branché et hypermobile sur trottinette éléctrique de la nouvelle génération Netflix and Chill.»
Cependant, il ne faut pas oublier que la nouvelle génération millenials, née dans les années 80 a hérité du lourd fardeau de l’incohérence et de l’infantilisme de ceux qui ont appelé à l’émancipation par rapport à toute forme d’autorité et de tradition. La majorité des émules de la génération hippie et celle de 68, se sont parfaitement intégrés au système capitaliste néolibéral, et sont devenues les chiens de gardes de la pensée unique, et ceux qui hier militaient pour la victoire de l’internationalisme prolétarien prônent aujourd’hui les vertus de la mondialisation néolibérale et l’abolition des frontières.


En effet, selon Charles Shaar Murray, « Le chemin qui mène des hippies aux yuppies n’est pas aussi tortueux que beaucoup aiment le croire. Une bonne partie de la vieille rhétorique hippie pourrait parfaitement être reprise par la droite pseudo-libertaire, ce qui s’est d’ailleurs produit. Rejet de l’État, liberté pour chacun de faire ce qu’il veut, cela se traduit très facilement par un yuppisme ‘laisser-faire’. Voilà ce que cette époque nous a légué. » De toute évidence, de nombreux hippies sont devenus des parfaits yuppies dans les années 1980 et chefs d’entreprise, rédacteurs en chef de grands journaux, comme par exemple le grand dirigeant Jerry Rubin ancien hippie, qui est devenu activiste Reaganien et républicain néolibéral convaincu.


clouscardCAPSED.jpgEn France, Michel Clouscard a été le principal penseur de cette dynamique de transformation du “capitalisme de la séduction“, voyant dans le mouvement hippie une simple crise interne de la dynamique du capitalisme américain, qui s’est approprié et a recentré les slogans de gauche libérale (individualisme, hédonisme, nomadisme, cosmopolitisme) en les mettant au service de la logique du “marché du désir”, du nouveau capitalisme “libéral-libertaire”.

Ce “marché du désir ” repose sur un modèle de consommation libidinal et ludique, accompagné d’un discours émancipateur. Ce qu’il faut rappeler, c’est qu’après la seconde guerre mondiale, la nouvelle dynamique du capitalisme à la quête de nouveaux marchés, avec le plan de Marshall dans l’Europe de l’après-guerre entendait créer un “modèle permissif pour le consommateur” tout en restant “répressif pour le producteur”. Puis, sous les auspices de l’industrie de musique pop-rock, un nouveau “marché du désir” émerge, avec la contre-culture hippie, sur fond de psychédélisme, de révolte pacifique sociale et de désobéissance civile. Promouvoir l’hédonisme sans limites et l’expérimentation individuelle, la prétendue libération sexuelle et la consommation massive de stupéfiants devait, à l’aide d’un discours d’émancipation, constituer les nouveaux leviers de l’aliénation comsumériste sociale.

Un tel processus de dépendance se poursuit aujourd’hui à travers le modèle du “capitalisme addictif ” analysé par Patrick Pharo, qui étudie le phénomène de l’idolâtrie de la technologie, des écrans, la dépendance vis à vis de Facebook, mais aussi la recherche démesurée de l’optimisation et du profit, qui s’inscrivent dans “un processus de dépendance basé sur des désirs et des habitudes générés artificiellement et enracinés dans le mécanisme du désir “. Un processus similaire d’appropriation des désirs est présent dans le rapport salarial contemporain, perçu comme un rapport d’enrôlement du conatus (concept Spinozien qui renvoie à l’idée d’une puissance d’agir qui s’incarne par des désirs, des affects) du travailleur au service de celui du patron, thèse avancée par Frédéric Lordon, dans Capitalisme, désir et servitude – Marx et Spinoza.

Le panoptique de l’exposition permanente

On se souvient de Foucault pour lequel la normalité dans les sociétés modernes étaient le principal instrument de répression, alors qu’avec la nouvelle génération, le désir sans limite exalté et sanctifié par le marché, est devenu le principal outil de dressage d’une génération qui ne peut se permettre de ne pas avoir de désir, conformes à l’offre du marche ludique et de l’hyperfestif ou pire se soumettre un impératif de devoir. A l’opposé du Panoptique de Bentham, qui correspondait à une technologie politique de type disciplinaire, la nouvelle génération est a la fois la victime et le ressort actif de la nouvelle société d’exposition evoque par Bernard E. Harcourt. « Elle est le sujet privilégié la partie prenante de l’ère digitale, ou il n’est plus guère besoin de discipliner les individus. Ces derniers exposent volontairement leurs identités sans avoir à intégrer la visibilité d’un pouvoir qui les surveillerait. Ni la surveillance, ni le spectacle donc, mais l’exhibition, l’exposition consciente et volontaire de chacun par le truchement d’interfaces digitales sur Internet et les réseaux sociaux. Nous aurions maintenant affaire à une sorte de « voyeur oligarchique qui profiterait de notre exhibitionnisme ».

Dans le cas du Big Brother, il s’agissait dans le roman de Orwell d’une dystopie totalitaire où les désirs, la sexualité, les sentiments altruistes et les libertés étaient neutralisés. Dans notre ère digitale au contraire, les individus sont poussés à devenir des « machines numériques désirantes » (Sloterdijk parle d’ « êtres anthropotechniques ») en montrant et en partageant leurs préférences personnelles (songeons au « likes » de Facebook, à l’inflation de commentaires et photos postés en ligne). Il ne s’agit donc plus de réprimer les désirs et les passions, mais bien au contraire de les débrider et de les afficher librement et avec notre consentement. C’est un parfait « huis clos » de l’exposition en temps réel, un panoptique de l’exhibition permanente.

hedonismo-800x445.jpg

Avec les générations 60 et 68, le système dominant s’efforçait d’infiltrer, de récupérer et de neutraliser les structures de la contre-culture juvénile, en orientant les aspirations radicales vers une tendance à l’hédonisme dissolvant et un nihilisme autodestructeur. Aujourd’hui, face à la crise générationnelle qui est à la fois une crise de transmission et de solidarité générationnelle, avec la nouvelle génération millenials qui est devenue un maillon complaisant de l’autorégulation du système, se pose la question de l’existence et de la pertinence même d’un désir subversif générationnel et de la capacité réactive de résistance anti-systémique, qui semblent disparus ou consommés par le jeu de la déconstruction des grands récits de la modernité.

En guise de conclusion, malheureusement, les deux générations, celles de Woodstock et celle des millennials, sont finalement le produit d’une conception anthropocentrique du monde et d’un solipsisme social réducteur qui fait du “bonheur et du plaisir personnel” le but ultime de l’existence, ce qui convient parfaitement au marché capitaliste du désir. Cette filiation eudémoniste pose la question de l’existence d’un désir et d’un pouvoir subversif générationnel collectif qui transcenderaient cet individualisme eudémoniste, pour s’efforcer cette fois ci non plus de déconstruire mains de reconstruire un monde livré depuis des décennies à la dévastation ontologique, spirituelle, culturelle, sociale et environnementale. Il faudra relire Albert Camus. « Chaque génération, sans aucun doute, pense qu’elle est condamnée à changer le monde. La mienne sait qu’elle ne le fera plus. Mais sa tâche peut être plus grande. Il s’agit d’empêcher le monde de s’effondrer ».

Jure Georges Vujic (Polémia, 09 septembre 2019)

18:05 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sociologie, hédonisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 05 juin 2019

Marx et le pouvoir satanique de l’argent…

karl-marx.jpg

Marx et le pouvoir satanique de l’argent…

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Le culte de l’argent détruit la planète et l’humanité. Devenus humanitaires, les oligarques se montrent encore plus dangereux que quand ils sont simplement voraces… cela appelle une réflexion sur le rôle satanique de l’argent, vrai prince dans ce monde. Pas besoin d’évoquer les pleurnicheries du christianisme occidental qui aura contribué (réforme et découvertes, colonisation, solidification puis aggiornamento mielleux) plus qu’aucune autre religion à la destruction de ce monde. 

Voyons donc un penseur plus sérieux. 

Debord les cite souvent : dans ses manuscrits de 1844 formidablement inspirés, Marx décrit le pouvoir de l’argent. Et cela va donner les observations suivantes :

« L’argent en possédant la qualité de tout acheter, en possédant la qualité de s'approprier tous les objets est donc l'objet comme possession éminente. L'universalité de sa qualité est la toute-puissance de son essence. Il passe donc pour tout-puissant... L'argent est l'entremetteur entre le besoin et l'objet, entre la vie et le moyen de subsistance de l'homme. Mais ce qui sert de moyen terme à ma vie, sert aussi de moyen terme à l'existence des autres hommes pour moi. C'est pour moi l'autre homme. »

Pour nous éclairer Marx a recours comme votre serviteur aux classiques. On commence par Goethe :

« Que diantre! il est clair que tes mains et les pieds

Et ta tête et ton c... sont à toi ;

Mais tout ce dont je jouis allégrement

En est-ce donc moins à moi ?

Si je puis payer six étalons,

Leurs forces ne sont-elles pas miennes ?

Je mène bon grain et suis un gros monsieur,

Tout comme si j'avais vingt-quatre pattes… »

Puis Marx continue avecShakespeare via le splendide/méconnu Timon d'Athènes :

« De l'or! De l'or jaune, étincelant, précieux! Non, dieux du ciel, je ne suis pas un soupirant frivole... Ce peu d'or suffirait à rendre blanc le noir, beau le laid, juste l'injuste, noble l'infâme, jeune le vieux, vaillant le lâche... Cet or écartera de vos autels vos prêtres et vos serviteurs ; il arrachera l'oreiller de dessous la tête des mourants ; cet esclave jaune garantira et rompra les serments, bénira les maudits, fera adorer la lèpre livide, donnera aux voleurs place, titre, hommage et louange sur le banc des sénateurs ; c'est lui qui pousse à se remarier la veuve éplorée. Celle qui ferait lever la gorge à un hôpital de plaies hideuses, l'or l'embaume, la parfume, en fait de nouveau un jour d'avril. Allons, métal maudit, putain commune à toute l'humanité, toi qui mets la discorde parmi la foule des nations... »

Et plus loin :

« O toi, doux régicide, cher agent de divorce entre le fils et le père, brillant profanateur du lit le plus pur d'Hymen, vaillant Mars, séducteur toujours jeune, frais, délicat et aimé, toi dont la splendeur fait fondre la neige sacrée qui couvre le giron de Diane, toi dieu visible,& qui soudes ensemble les incompatibles et les fais se baiser, toi qui parles par toutes les bouches et dans tous les sens, pierre de touche des cœurs, traite en rebelle l'humanité, ton esclave, et par ta vertu jette-la en des querelles qui la détruisent, afin que les bêtes aient l'empire du monde. »

kmgb.jpgEt Marx commente et explique les passages cités :

« Shakespeare décrit parfaitement l'essence de l'argent. Pour le comprendre, commençons d'abord par expliquer le passage de Goethe :

Ce qui grâce à l'argent est pour moi, ce que je peux payer, c'est-à-dire ce que l'argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l'argent. Ma force est tout aussi grande que celle de l’argent. »

L’argent peut tout et donc il dissout tout :

« Les qualités de l'argent sont mes qualités et mes forces essentielles, – à moi son possesseur. Ce que je suis et ce que je peux n'est donc nullement déterminé par mon individualité. Je suis laid, mais je peux m'acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l'effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l'argent. De par mon individualité, je suis perclus, mais l'argent me procure vingt-quatre pattes ; je ne suis donc pas perclus; je suis un homme mauvais, malhonnête, sans conscience, sans esprit, mais l'argent est vénéré, donc aussi son possesseur, l'argent est le bien suprême, donc son possesseur est bon, l'argent m'évite en outre la peine d'être malhonnête ; on me présume donc honnête; je suis sans esprit, mais l'argent est l'esprit réel de toutes choses, comment son possesseur pourrait-il ne pas avoir d'esprit ? »

L’argent devient/achète l’esprit :

« De plus, il peut acheter les gens spirituels et celui qui possède la puissance sur les gens d'esprit n'est-il pas plus spirituel que l'homme d'esprit? Moi qui par l'argent peux tout ce à quoi aspire un cœur humain, est-ce que je ne possède pas tous les pouvoirs humaine ? Donc mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? »

Et il devient « le lien de tous les liens » :

« Si l'argent est le lien qui me lie à la vie humaine, qui lie à moi la société et qui me lie à la nature et à l'homme, l'argent n'est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas dénouer et nouer tous les liens ? N'est-il non plus de ce fait le moyen universel de séparation ? Il est la vraiemonnaie divisionnaire, comme le vrai moyen d'union, la force chimique[universelle] de la société. »

Marx synthétise l’envolée de Shakespeare (à qui les lobbies LGBTQ financés grassement font subir les pires avanies) :

« Shakespeare souligne surtout deux propriétés de l'argent :

1º Il est la divinité visible, la transformation de toutes les qualités humaines et naturelles en leur contraire, la confusion et la perversion universelle des choses ; il fait fraterniser les impossibilités.

2º Il est la courtisane universelle, l'entremetteur universel des hommes et des peuples. »

La définition vient :

« La perversion et la confusion de toutes les qualités humaines et naturelles, la fraternisation des impossibilités - la force divine - de l'argent sont impliquées dans son essence in tant qu'essence générique aliénée, aliénante et s'aliénant, des hommes. Il est la puissance aliénée de l'humanité.

Ce que je ne puis en tant qu'homme, donc ce que ne peuvent toutes mes forces essentielles d'individu, je le puis grâce à l'argent. L'argent fait donc de chacune de ces forces essentielles ce qu'elle n'est pas en soi; c'est-à-dire qu'il en fait son contraire. »

 

Sources 

Karl Marx, manuscrits de 1844 (classiques.uqac.ca)

Shakespeare, Timon…

lundi, 03 juin 2019

Europe in Irreversible Decay

homeless.jpg

Europe in Irreversible Decay

EU Elections are Proof of It

Europe, an “old” colonialist continent, is decaying, and in some places even collapsing. It senses how bad things are going. But it never thinks that it is its own fault.

North America is decaying as well, but there, people are not even used to comparing. They only “feel that things are not going well”. If everything else fails, they simply try to get some second or third job, and just survive, somehow.

On both sides of the Atlantic, the establishment is in panic. Their world is in crises, and the ‘crises’ arrived mainly because several great countries, including China, Russia, Iran, but also South Africa, Turkey, Venezuela, DPRK and the Philippines, are openly refusing to play in accordance with the script drawn in Washington, London and Paris. In these nations, there is suddenly no appetite for sacrificing their own people on the altar of well-being of Western citizens. Several countries, including Venezuela and Syria, are even willing to fight for their independence.

Despite insane and sadistic embargos and sanctions imposed on them by the West; China, Russia and Iran are now flourishing, in many fields doing much better than Europe and North America.

If they are really pushed any further, China, Russia and their allies combined, could easily collapse the economy of the United States; an economy which is built on clay and unserviceable debt. It is also becoming clear that militarily, the Pentagon could never defeat Beijing, Moscow, even Teheran.

After terrorizing the world for ages, the West is now almost finished: morally, economically, socially, and even militarily. It still plunders, but it has no plan to improve the state of the world. It cannot even think in such terms.

It hates China, and every other country that does have progressive, internationalist plans. It smears President Xi Jinping and his brainchild, the Belt and Road Initiative (BRI), but there is nothing new and exciting that the West is able to offer to the world. Yes, of course, those regime changes, coups, military interventions and theft of natural resources, but anything else? No, silence!

*****

During my two weeks long working visit to Europe, in the Czech Republic (now renamed to Czechia), a country that enjoys a higher HDI (Human Development Index defined by UNDP) than Italy or Spain, I saw several young, decently dressed men, picking through garbage bins, right in front of my hotel, looking for food.

I saw young Europeans kneeling and begging in Stuttgart, the second richest city in Germany (where both Mercedes and Porsche cars are produced).

montreuil-propose-des-casiers-solidaires-aux-sdf-540x312.jpg

What I observed in all seven countries of the EU that I visited, was confusion, but also indifference, extreme selfishness and almost grotesque idleness. In great contrast to Asia, everybody in Europe was obsessed with their ‘rights’ and privileges, while no one gave a slightest damn about responsibilities.

When my plane from Copenhagen landed in Stuttgart, it began to rain. It was not heavy rain; just rain. The Canadair jet operated by SAS is a small aircraft, and it did not get a gate. It parked a few meters from the terminal and the captain announced that ground staff refused to bring a bus, due to lightning and the downpour. And so, we stayed inside the plane, for 10 minutes, 20 minutes, half an hour. The lightning ended. The drizzle continued. 40 minutes, no bus. One hour later, a bus appeared. A man from the ground staff emerged leisurely, totally wrapped in plastic, protected hermetically from rain. Passengers, on the other hand, were not even offered umbrellas.

“I love myself”, I later read graffiti in the center of the city.

The graffiti was not far from the central train station, which is being refurbished at the cost of several billion euros, and against the will of the citizens. The monstrous project is marching on at an insanely lazy pace, with only 5-6 construction workers detectable at a time, down in the tremendous excavations.

Stuttgart is unbelievably filthy. Escalators often do not work, drunkards are all over, and so are beggars. It is as if for decades, no one did any face-lift to the city. Once free museums are charging hefty entrance fees, and most of the public benches have disappeared from parks and avenues.

The decay is omnipresent. The German rail system (DB) has virtually collapsed. Almost all trains are late, from the ‘regional’; to the once glorified ICE (these German ‘bullet trains’ are actually moving slower, on average, even in comparison to some Indonesian inter-city expresses).

The services provided everywhere in Europe, from Finland to Italy, are grotesquely bad. Convenience stores, cafes, hotels – all are understaffed, badly run and mostly arrogant. Humans are often replaced by dysfunctional machines. Tension is everywhere, the bad mood omnipresent. Demanding anything is unthinkable; one risks being snapped at, insulted, sent to hell.

I still remember how Western propaganda used to glorify services in the capitalist countries, when we were growing up in the Communist East: “The customer is always treated like a god”. Yes, right! How laughable.

sdfchaise.jpg

For centuries, “European workers” were ‘subsidized’ by colonialist and neo-colonialist plunder, perpetrated in all non-white corners of the world. They ended up being spoiled, showered with benefits, and unproductive. That was fine for the elites: as long as the masses kept voting for the imperialist regime of the West.

“The Proletariat” eventually became right-wing, imperialist, even hedonistic.

I saw a lot this time, and soon I will write much more about it.

What I did not witness, was hope, or enthusiasm. There was no optimism. No healthy and productive exchange of ideas, or profound debate; something I am so used to in China, Russia or Venezuela, just confusion, apathy and decay everywhere.

And hate for those countries that are better, more human, more advanced, and full of socialist enthusiasm.

*****

Italy felt slightly different. Again, I met great left-wing thinkers there; philosophers, professors, filmmakers, journalists. I spoke at Sapienza University, the biggest university in Europe. I lectured about Venezuela and Western imperialism. I worked with the Venezuelan embassy in Rome. All of that was fantastic and enlightening, but was this really Italy?

A day after I left Rome for Beirut, Italians went to the polls. And they withdrew their supports from my friends of the 5-Star-Movement, leaving them with just over 17%, while doubling the backing for the extreme right-wing Northern League.

This virtually happened all over Europe. UK Labor lost, while right-wing Brexit forces gained significantly. Extreme right-wing, even near-fascist parties, reached unexpected heights.

It was all “me, me, me” politics. An orgy of “political selfies”. Me had enough of immigrants. Me wants better benefits. Me wants better medical care, shorter working hours. And so on.

Who pays for it, no one in Europe seems to care. Not once did I hear any European politicians lamenting about the plundering of West Papua or Borneo, about Amazonia or the Middle East, let alone Africa.

And immigration? Did we hear anything about that nuisance of European refugees, millions of them, many illegal, that have descended in the last decades on Southeast Asia, East Africa, Latin America, and even Sub Continent? They are escaping, in hordes, from meaninglessness, depressions, existential emptiness. In the process, they are stripping the locals of land, real estate, beaches, everything.

“Immigrants out”? Fine; then European immigrants out from the rest of the world, too! Enough of the one-sidedness!

The recent EU elections clearly showed that Europe has not evolved. For countless dark centuries, it used to live only for its pleasure, murdering millions in order to support its high life.

pancartes-des-sdf-revisitees_656362_default_base_img.jpg

Right now, it is trying to reshuffle its political and administrative system, so it can continue doing the same. More efficiently!

On top of it, absurdly, the world is expected to pity that overpaid and badly performing, mainly right-wing and lethargic European proletariat, and sacrifice further tens of millions of people, just in order to further increase its standard of living.

All this should not be allowed to happen. Never again! It has to be stopped.

What Europe has achieved so far, at the expense of billions of lives of “the others”, is definitely not worthy of dying for.

Beware of Europe and its people! Study its history. Study imperialism, colonialism and the genocides it has been spreading all over the world.

Let them vote in their fascists. But keep them away. Prevent them from spreading their poison all over the world.

They want to put the interests of their countries first? Wonderful! Let us do exactly the same: The people of Russia first, too! China first! And, Asia, Africa, Latin America first!

• First published by NEO – New Eastern Outlook

Andre Vltchek is a philosopher, novelist, filmmaker and investigative journalist. He has covered wars and conflicts in dozens of countries. Four of his latest books are China and Ecological Civilization with John B. Cobb, Jr., Revolutionary Optimism, Western Nihilism, a revolutionary novel Aurora and a bestselling work of political non-fiction: Exposing Lies Of The Empire. View his other books here. Watch Rwanda Gambit, his groundbreaking documentary about Rwanda and DRCongo and his film/dialogue with Noam Chomsky On Western Terrorism. Vltchek presently resides in East Asia and the Middle East, and continues to work around the world. He can be reached through his website and his Twitter. Read other articles by Andre.

vendredi, 24 mai 2019

Hedonistische technocratie houdt ons gevangen in pôst-adolescentie

postado.jpeg

Hedonistische technocratie houdt ons gevangen in post-adolescentie

door Sid Lukkassen

Ex: https://www.novini.nl

Ex: Eerder dit jaar filosofeerde ik over het boek Keep the Aspidistra Flying. Daarin maakt George Orwell invoelbaar hoe banaal en afgestompt het leven van de Britse middenklasse was. Nadien verscheen er in Nederland een boek met een soortelijk thema: het is geschreven door Mel Bontje en heet Bart Mittendorf, een zak met niets. Van de film The Matrix (1999) kennen we allemaal de keuze tussen de blauwe en de rode pil. Wie de rode pil slikt, wordt wakker in de harde realiteit maar leeft wel in de authentieke waarheid. De blauwe pil betekent weer in slaap vallen en wegdromen bij comfortabele leugens.

Laat me daarom tevoren één opmerking maken: voorbij dit boek is de weg naar de blue pill onbegaanbaar. Reader beware.

Het verhaal heeft raakvlakken met films als Fight Club (1999) en Noise (2007). In Noise ontmoet een man die is voorbestemd voor het leven van de familie doorzon een even wellustige als gewillige filosofiestudente. Zij prikkelt zijn geest en vervult zijn oerinstincten. Hierdoor ziet hij in een moment van helderheid hoe hij gebukt gaat onder een hedonistische technocratie: hij breekt los uit zijn routinebestaan en besluit volledig break the system te gaan.


bart.jpgVanaf de openingspagina is duidelijk welke auteur voor Mel Bontje een grote inspirator is. Seks in een boek is één ding, maar waarom toch die fascinatie met zelfbevlekking? Een ander feit dat in het oog springt is dat de auteur doorklinkt in de gesprekken. Hij laat zich kennen in zowel zijn fascinatie met aftandsheid en verval, als in zijn erudiete woordkeuzes om sociale analyses uit te drukken. Dit rijmt niet overal met de personages: het zijn deftige zinnen waarmee de jonge geest absoluut en doordringend oordeelt over de werkelijkheid.

De hoofdpersoon Bart Mittendorf loopt een zielloze haptent binnen. “Het enige speelse in de zaak was het geluid van het borrelende frituurvet” (p.38). Elke pagina kent dergelijke zinnen – de auteur is duidelijk getalenteerd. Wel geven de personages lange, gestileerde commentaren op de maatschappij en op wat er speelt in hun leven. Deze reflecties vinden plaats binnen situaties die daar soms te vluchtig voor lijken.

Via deze commentaren drukt het boek het afgrijzen uit van het vooruitzicht een diploma te halen bij een instituut dat zich niet om je bekommert, om vervolgens in dienst te treden bij een bedrijf dat zich niet om je bekommert. Ondertussen een sprankelend en levenslustig enthousiasme veinzend om jezelf ‘in de markt te zetten’ – dit afgrijzen wordt met drank, drugs of Netflix gekalmeerd en dit noemen we ‘vrijheid’.

“Ik heb het geprobeerd, maar ik kwam erachter dat ik geen geluk haal uit een leven dat bestaat uit interactie met jongens en meisjes die hun gebrek aan authenticiteit verschuilen achter maat- en mantelpakjes […] Alles voor het behalen van validatie in een absurde, ontwortelde en volledig vervlakte realiteitscontext. Niemand was meer dan een mislukte reproductie van een vacatureomschrijving.” (p.16-7)

Het type leven dat zojuist werd omschreven hebben we ook nog eens uitgeroepen tot het hoogst haalbare in de menselijke geschiedenis, namelijk ‘liberale democratie’. En zo stuurt het boek ons indirect in de richting van een levenswijsheid: niet het hebben van een hoog inkomen is het geheim van de vrijheid, maar het hebben van een laag uitgavenpatroon. De auteur verwoordt dit als volgt: “Zijn buikvet zou schuilgaan achter een maathemd van dure stof. Dag in dag uit zou hij gehuld moeten gaan in een mantel van leugens en opgaan in de grijze massa der kantoorschepsels tot hij niet beter zou weten. Toch wilde hij de chaos in zijn ziel niet laten bedwingen door de dwangbuis van het bedrijfsleven.” (p.17)

De kernzin van het boek – en feitelijk van de Westerse cultuur – vinden we op pagina 52: “Niets dwong me om serieus te worden.” Oftewel de hedonistische technocratie houdt ons gevangen in een post-adolescentie. Het is normaal dat je na je afstuderen een vaste baan vindt met een degelijk salaris en dan een gezin sticht. Tenminste dat geldt voor een beschaving die wil voortbestaan. Onze realiteit na het afstuderen is tig onbetaalde stages, nul urencontracten, tien jaar Tinderen, een leven lang huurwoningen.

Échte volwassenheid betekent in deze situatie: een slaaf worden van het systeem. Steeds meer jongvolwassenen zien dit en slikken de rode pil. Ik ken een arts die maandelijks 4.000 euro verdient en 2.500 overhoudt. Ik ken een consultant die 5.000 verdient en 2.800 overhoudt. Beiden werken dag en nacht. De auteur beschrijft soortgelijke situaties en concludeert dat we welbeschouwd werkvee zijn van een globale elite, die jongeren met kosmopolitische propaganda bestookt om hen in dit keurslijf te lokken:

“Hoe langer de jonge westerling op reis is, hoe meer hij gaat geloven in de maakbaarheid van de wereld, het ideaal van mondiaal pacifisme en postmoderne theorieën. In de Berlijnse hostels krioelt het van de cultuurmarxisten: types die het als hun levensdoel zien om zich op te werpen voor alles wat zwak en zielig is. Ze willen niets liever dan zichzelf wegcijferen voor alles dat als minderheid, onderdrukt of achtergesteld bestempeld kan worden. Het Berlijnse jeugdhostel is de bunker van de Gutmensch.” (p.56)

Dat de welbespraaktheid van de personages niet overal rijmt met hun sociale stratificatie, maakt echter niet dat het geen leuke personages zijn om over te lezen. Neem nu Vera – zij wordt omschreven als slank, blond en goed in vorm. “Vera zweeg, legde haar hand op Barts rug, bracht haar lippen richting zijn hals en klom langzaam op zijn schoot. Ze zat met haar gezicht naar hem toe, met zijn neus onder haar boezem” (p.56). Dit personage vervult een belangrijke pedagogische rol: Vera’s geile gekronkel leert jeugdige lezers dat cultuurrealisme en postprogressivisme wel degelijk kunnen leiden tot goede seks.

Dit is een passend moment om kort iets te zeggen over Houellebecq, met wiens proza er vele gelijkenissen zijn. “Mijn wanstaltige voorkomen zou ze met een enkele blik veroordelen. Zonder woorden zou ze de verwerpelijkheid van mijn gedaante in volle helderheid bevestigen” (p.35). Deze Franse schrijver wordt soms ‘vrouwonvriendelijkheid’ verweten oftewel misogynie – het tegendeel is waar. Deze auteur die in de verleidingskunst wat klungelig is, maakt zijn vrouwelijke personages tot lustvolle sletten die zélf het contact initiëren. ‘Sletterig’ is hier niet in een negatieve zin bedoeld, maar juist in een sekspositieve. De vrouwelijke karakters die hun genot najagen zijn uiterst geëmancipeerd.

Het enige kritiekpunt op Bart Mittendorf is dat de auteur mogelijk teveel doorschijnt in de erudiete volzinnen van de personages. De dialogen van de personages zijn soms te intelligent geschreven voor de proleten die ze zijn. Maar al met al is dit een perfect jeugd- en avonturenboek dat de huidige tijdsgeest weerspiegelt. De anti-Steppenwulf.

“Rustig blijven we onze dagelijkse taken uitvoeren; we hopen dat iedereen elkaar ooit, zonde enige vorm van wrok, de hand zal reiken. In lijn met de Duitse filosoof Johann Gottfried von Herder stellen we ons voor dat culturen elkaar prachtig aanvullen, zoals bloemen in een tuin. Wat we vergeten is dat al die bloemen snakken naar licht, ruimte en lucht. Het hardnekkigste onkruid zal de dienst gaan uitmaken en al het overige verdringen. We laten iedereen binnen en zien alles steeds verder naar de klote gaan. Hierover durven we geen oordeel te vellen.” (p.63)

“We worden uitgeleverd door een politieke elite die zijn machtsgeile gezicht verschuilt achter een masker van valse humanitaire waarden. Het is de neomarxistische elite die de fatale baksteen in het bloedende gezicht van Europa smijt. Ik kan het niet accepteren om als nietszeggend schepsel te worden vertrapt onder de schoenzolen van de botsende beschavingen.” (p.64)

“In de menigte leek iedereen op elkaar: het kroost van het kroost van 68-ers.” (p.77)

“We zijn te laf om de slijmerige realiteit te ontsluieren. Tot dat moment, het moment dat we onszelf hebben ontdaan van de leugen, zullen we enkel leven om vergeten te worden, tot niets groots in staat zijn en louter onzinnig slavengedrag vertonen.” (p.22)

De schrijver Mel Bontje zal natuurlijk niet worden ‘ontdekt’ door ‘kwaliteitsmedia’: daarvoor is het deuggehalte onvoldoende – zo zal duidelijk zijn uit het bovenstaande meesterlijke proza. Maar het boek is zéker de moeite van het lezen waard. Misschien is het hier en daar zelfs net te gepassioneerd geschreven ‘for his own good’. Zoals ik al zei: voorbij dit boek is de weg naar de blue pill onbegaanbaar.

Op zaterdag 29 september om 15:00 uur vindt een boekpresentatie plaats van het boek ‘Bart Mittendorf. Een Zak Met Niets’ in Boekhandel Cursief te Gorinchem. Meer informatie hier: https://www.facebook.com/events/1129092800581064/

« Schizophrénie culturelle » : les médias privilégient l’émotionnel et divisent la société

schizo.jpg

« Schizophrénie culturelle » : les médias privilégient l’émotionnel et divisent la société

Ex: https://www.entelekheia.com

Ce texte traite des USA, mais comme bien souvent, les nouvelles tendances américaines existent aussi dans toute leur zone d’influence, dont la France. Les faits comptent de moins en moins pour les médias grand public et les ressentis, le story-telling, les culpabilisations diverses, les anathèmes sommaires et autres manipulations émotionnelles prennent une place de plus en plus importante – Au détriment de la société toute entière.


Paru sur RT sous le titre ‘Cultural schizophrenia’: Media shift to feelings over facts tearing US apart


Au cours des dernières décennies, les médias d’information américains se sont tournés vers le militantisme et les chantages affectifs, selon une étude de la RAND Corporation [1]. Cela sème la zizanie dans la société américaine, explique le journaliste lauréat du prix Pulitzer Chris Hedges.

L’étude, publiée par la RAND cette semaine, suggère qu’entre 1987 et 2017, le contenu des nouvelles est passé de l’objectivité à une couverture « plus subjective, davantage fondée sur l’argumentation militante, et avec plus d’appels à l’émotionnel ».

Bien que les émissions d’information du câble aux heures de grande écoute et le journalisme en ligne soient à l’avant-garde de ce virage, la même tendance été également remarquée dans la presse écrite, a conclu le think tank lié au gouvernement des USA. Cela contribue à ce que la RAND a appelé le « Délabrement de la vérité », décrit comme un désaveu de la primauté des faits et des analyses dans le discours public.

« Les réseaux d’information par câble – CNN, MSNBC, Fox – ont renoncé au journalisme », a déclaré Hedges en commentaire du rapport de la RAND. « Ils l’ont remplacé par des émissions de télé-réalité centrées sur [le président américain] Donald Trump, ses tweets et le Russiagate. Il y a eu un abandon complet du journalisme. »

Hedges, un correspondant international primé de plusieurs grands journaux qui anime aujourd’hui On Contact, une émission hebdomadaire d’interviews sur RT America, a affirmé que la détérioration du paysage médiatique américain est « bien pire » que ne le suggère le rapport de la RAND.

« La structure commerciale qui a créé les anciens médias a disparu et cela a éviscéré le journalisme dans le pays, car elle n’est plus rentable. Nous l’avons vu avec l’effondrement des petites annonces, qui représentaient 40% des revenus des journaux. Elle n’est plus viable sur le plan économique », a déclaré M. Hedges.

Cette situation a entraîné la disparition d’organes de presse, qu’il s’agisse de journaux locaux ou de grandes publications comme le Philadelphia Enquirer. Pendant ce temps, les médias Internet ont créé un « espace de liberté totale, où les gens sont ghettoïsés et entretiennent des systèmes de croyances particuliers ou des théories du complot qu’ils ont adoptées ou soutenues ».

Il est difficile de faire le distinguo entre les faits et les opinions aujourd’hui, et les gens croient ce qu’ils veulent croire, a expliqué Hedges.

« Nous avons passé des années à regarder CNN et MSNBC promouvoir cette théorie du complot selon laquelle Trump est un agent du Kremlin… C’était un tas de foutaises, mais ça a attiré les téléspectateurs. »

Lorsque le journalisme n’est plus fondé sur des faits, il devient presque impossible pour le public de démêler le vrai du faux.

« Cela crée une schizophrénie culturelle », a dit Hedges, faisant remarquer qu’il l’avait observé lors de l’effondrement de la Yougoslavie dans les années 1990, alors que les médias locaux provoquaient des antagonismes et des haines entre les groupes ethniques de ce pays très multiculturel. [2] Des choses similaires se produisent en ce moment aux États-Unis, où « les médias de droite diabolisent Bernie Sanders et Barack Obama en les comparant à Hitler et les médias de gauche qualifient tous les partisans de Trump de racistes et de déplorables ».

« Tout cela crée une fragmentation sociétale et des conflits », a conclu Hedges. « Ces schismes pourraient mener à des troubles civils – c’est ce qui se passe ici. »

 

Traduction et notes Entelekheia

Note de la traduction :

[1] La RAND Corporation, un think tank américain typique des années de plomb de la Guerre froide, a été créé par le gouvernement américain en 1948 pour mener des recherches stratégiques sur les menaces internationales envers les USA et les moyens de les contrer.

[2] La « dé-titoïsation » de la Yougoslavie, donc la rupture de son unité idéologique incarnée par la devise « Yougoslavie : six républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets, un Parti », était un préalable à son démembrement, que les atlantistes des administrations Bush père, puis Clinton avaient planifié dès la fin des années 80. Les médias y ont eu un grand rôle en divisant la population par l’exacerbation des divergences ethniques de ce pays, à l’époque le plus multiculturel au monde. Voir par exemple The Destruction of Yugoslavia: A Template for America’s Future Policy, par Wayne Masden sur Strategic Culture Foundation.