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mardi, 11 octobre 2016

Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

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Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Malgré les objurgations de Jean-Marc Ayrault, devant le Conseil de Sécurité puis depuis dans tous les médias, selon lesquelles il faut radicalement condamner l'action russe à Alep, en soutien de l'offensive du régime contre les forces islamistes qui tiennent encore certains quartiers, l'on peut difficilement soutenir la position française.

Nous l'avons plusieurs fois montré, renoncer à évincer, pour des prétextes dits humanitaires, les djihadistes d'Alep signifierait dans l'immédiat une chute de Bashar al Assad et très vite ensuite l'éviction des Russes de leur bases en Syrie. Ceci est inenvisageable par Vladimir Poutine, au moment où il est en voie de rendre ces bases, notamment celle de Tartous, permanentes.

On peut se demander pourquoi la France, au plus haut niveau, continue à soutenir une exigence que même les Etats-Unis se trouvent obligés d'accepter. Un des arguments présentés est que détruire l'occupation par l'Etat islamique des zones qu'il contrôle à Alep reviendrait à libérer pour des actions terroristes en Europe les quelques centaines de « terroristes modérés » qu'il y entretient. Mais il en sera de même de la prise de Mossoul recherchée par la coalition américaine dont la France, avec ses Rafales, fait partie. Il en sera de même, plus généralement, de l'éviction des djihadistes de toute la Syrie, objectif auquel adhère la France, si l'on a bien compris;

Se protéger du terrorisme en France supposera des méthodes plus énergiques que celle consistant à en laisser quelques éléments prospérer à Alep. Ceci d'autant plus que ce terrorisme islamique apparaît comme de plus en plus endogène, en provenance de certaines banlieues et qu'il est par ailleurs lié à un narco-trafic devant lequel la République semble avoir définitivement capitulé. Ceci au grand découragement de la police qui y laissera de plus en plus de morts.

François Hollande prend actuellement le risque de rompre toute relations avec Vladimir Poutine, en refusant à propos d'Alep de le recevoir en France. Il ferait mieux de l'inviter officiellement à l'Elysée afin d'envisager en détail les actions communes à mener contre un terrorisme islamique et mafieux qui menace les deux pays.


Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

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Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections parlementaires de Géorgie du 8 octobre 2016 opposaient principalement le mouvement de centre-gauche « Rêve géorgien » mené par Garibashvili au centre-droit du « Mouvement national uni » fondé par la figure désormais honni de Sakashvili, devenu entre temps ministre au sein du gouvernement ukrainien de Porochenko.

Si les deux formations sont globalement favorables à l’adhésion européenne et aux principes de la « démocratie libérale » telle que définie par les canons occidentaux, le Rêve Géorgien étant associé au PSE et le MNU au PPE, le Rêve Géorgien est moins russophobe, moins déterminé aussi à reconquérir l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, car Sakashvili avait précipité son pays dans une guerre contre la Russie à leur propos.

Avec 49,26% des voix, le Rêve Géorgien remporte largement l’élection législative alors qu’il était sortant. Le MNU en revanche, avec 26,46% des voix, reste certes le premier parti d’opposition mais à vingt points derrière. L’Alliance des Patriotes de Géorgie, pro-russe, eurosceptique et populiste, avec 5% des voix et 6 députés, rentre au parlement.

Ce ne sera a priori pas le cas des « Libéraux Démocrates » qui n’ont obtenu que 4,58% des voix, ni de la formation conservatrice « Un Etat pour un peuple » avec 3,48% des voix ou encore de la formation conservatrice pro-russe « Géorgie Unie » avec 3,53% des voix.

Les sociaux-démocrates classiques du « Parti Géorgien du Travail » devront se contenter de 3,12% des voix, de même que le Parti Républicain (libéral, pro-européen) avec 1,55% des voix. Les formations de droite comme « Idée géorgienne » et « Troupe géorgienne », défendant toutes un programme nationaliste anti-russe, se contenteront de 0,17 et 0,16% des voix.

Le parti de Sakashvili n’a pas réussi à remonter la pente, le souvenir des erreurs de l’ancien dirigeant et des accusations de corruption à son encontre étant toujours vivace. Un éventuel succès de sa formation aurait également pu irriter le voisin russe. La ligne de Rêve Géorgien cherche à placer le pays dans un équilibre entre l’Union Européenne et la Russie, en évitant une alliance totale avec la Russie comme l’a fait son voisin arménien, afin de bénéficier de la protection russe contre les actions azéries. En outre, la droite géorgienne est, sauf exception, alignée sur l’OTAN et les USA.

A cette élection, les Géorgiens, comme tous les autres Européens, ont eu le choix entre la peste et le choléra, entre deux atlantismes mais dont celui de droite était plus affirmé. Là encore, comme ailleurs sur le continent, une troisième voie s’impose.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 10 octobre 2016

Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

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Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la « crise des migrants » est une opération menée par Bruxelles avec l’aide des médias et des ONG contre les Etats-nations afin d’instaurer une Europe multiculturelle à l’issue d’une guerre de quatrième génération.
 
Pour cet ancien ponte du renseignement hongrois, l’opération actuelle prend trois formes. « L’une est une attaque politique formelle venant de Bruxelles, l’autre est une attaque diffuse à travers les médias « mainstream », bien sûr les grands médias occidentaux, mais aussi une part des médias hongrois qui sont financés de l’extérieur. » La troisième est une attaque « concrète », sur le terrain, organisée par des « organisations civiles », qui, sous couvert d’aide humanitaire, instrumentalisent les migrants.

Le renseignement hongrois sait qui manipule les migrants

Lazlo Foldi prend pour exemple les images milliers de migrants (sept mille) qui se sont rués cette semaine sur les barrières posées à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Ces migrants n’ont pas eu l’idée tout seuls de porter des pancartes rédigées en anglais à l’intention des caméras, ni de chanter leur exigence de traverser la frontière, juste après le résultat du referendum hongrois. Ils n’ont pas eu non plus l’idée de foncer soudainement sur le point de la frontière le plus proche de Belgrade : ils ont affirmé aux cameramen de télévision que des « civils européens » d’organisations humanitaires leur avaient appris qu’après le referendum « les Hongrois auraient compris et ouvriraient leur frontière ». Une fausse nouvelle soigneusement calculée pour provoquer cette marée humaine et pouvoir en diffuser l’image grâce aux télévisions occidentales. Pour l’ancien patron des opérations du renseignement, ce n’est qu’une énième désinformation menée par les « humanitaires » pour instrumentaliser les migrants.

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La guerre de quatrième génération, sans bruit ni sang

« Il s’agit d’un système bien huilé, qui a été élaboré il y a des années », assure Foldi. Un système qui mène une « guerre de quatrième génération », sans opération militaire ni effusion de sang, une guerre psychologique dont le premier ressort est la mauvaise conscience de l’Occident, soigneusement semée et cultivée grâce à la repentance. Elle vise la soumission de populations préalablement travaillées, pour qui la notion d’ennemi n’existe pratiquement plus. En Europe occidentale, le dernier événement qui l’ait utilisée est la guerre d’Algérie : seuls les plus de soixante-cinq ans s’en souviennent. Le gros des populations n’identifie donc simplement pas la révolution-invasion-guerre qu’elles subissent. Cette guerre non déclarée, cette invasion sans armes, ne rencontrent en conséquence que très peu de résistance, encore moins de résistance raisonnée. Et les rares individus qui songent à se défendre sont montrés du doigt comme « clivants », donc, ipso facto, exclus d’une société dont le principe de base est qu’il est exclu d’exclure. Ce qui fait que les anticorps sont éliminés par l’organisme avant de pouvoir agir contre les bacilles qui envahissent ledit organisme. Il s’agit d’une maladie sociale auto-immune, et feu Louis Pauwels n’avait pas tort voilà trente ans de parler de « sida mental ».

Bruxelles provoque la crise des nations d’Europe

Il est tout à fait remarquable, et caractéristique de la révolution (ou plutôt de l’inversion) en cours, que l’invasion de l’Europe et la soumission des peuples d’Europe soient organisés par ceux-là mêmes qui devraient les défendre : l’Union européenne de Bruxelles, les grands médias, les ONG. Pour Lazlo Foldi, la raison en est que l’objectif de l’Union européenne et de tout le complexe institutionalo-médiatique qui relaie l’idéologie mondialiste, selon « une stratégie fixée depuis longtemps », est de « transformer l’Europe en un système multiculturel au-dessus des nations ».
 
C’est d’ailleurs pour cela que la première opération de la guerre de quatrième génération a visé la Hongrie. « Ils veulent éradiquer toute velléité de rébellion, écraser l’esprit de résistance représenté aujourd’hui par le gouvernement hongrois. »

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Les Hongrois ne veulent pas des horreurs du Multikultistan

Cet esprit de résistance est d’autant plus dangereux pour le projet mondialiste qu’il pourrait bien faire des émules. John Podesta, le directeur de la campagne d’Hillary Clinton, vient en effet de recevoir par wikileaks des morceaux de rapports des renseignements allemands tout à fait éclairants sur l’invasion de l’Allemagne par les migrants et la façon dont les Allemands la perçoivent. Le titre en est parlant : « Multikultistan : un tunnel des horreurs pour les Allemands moyens ».
 
La suite est au diapason : « L’immigration musulmane et la folie multiculturelle laissent une traînée de misère et de pagaille en Allemagne, le pire étant à venir à cause de la démographie ». A Berlin en effet, où les statistiques religieuses ne sont pas interdites, on sait que l’islam n’est confessé que par 9 % de la population, alors que les récidives chez les jeunes criminels touchent à soixante-dix pour cent des musulmans, selon le procureur de Berlin Roman Reusch. Plus précisément, 46 % des jeunes criminels en série sont d’ascendance arabe et 33 % d’ascendance turque. Un porte-parole de la police note l’extension des ghettos ultraviolents. Et la réaction des Allemands de souche est logiquement la fuite : ils quittent Berlin Ouest où ils se trouvent la cible d’une violence spécifique de la part des migrants. Ils ont perçu la menace.

Apprendre aux nations d’Europe qu’elles sont en guerre

Tel est la talon d’Achille de l’opération « crise des migrants » : pour que la guerre de quatrième génération se termine par une victoire mondialiste, il est nécessaire qu’elle demeure subreptice, il ne faut pas qu’elle apparaisse comme une guerre contre les nations, il ne faut pas qu’elle « clive », il faut qu’elle semble une transformation paisible et inéluctable. Une évolution non aversive. C’est ainsi qu’elle apparaît encore souvent, vue des beaux quartiers d’Europe occidentale et d’Amérique. Malgré les informations reçues par son directeur de campagne Podesta, Hillary Clinton n’a rien perdu de ses certitudes. S’exprimant à huis clos (mais tout fuit) devant les cadres de la banque Itau, elle leur a fait part de son « rêve », en l’espèce un « marché commun hémisphérique, avec le libre échange intégral et pas de frontières ».
 
Pour Hillary et les idéologues qui se servent ainsi de l’économie pour faire leur révolution, le « protectionnisme », sous toutes ses formes, est l’ennemi. D’où leur aversion rabique, forcenée, frénétique, hystérique, contre Donald Trump, qui a pourtant un grand nombre des défauts qu’ils pourraient apprécier : il suffit qu’il veuille limiter l’immigration et le libre échange pour être entièrement diabolique. Il suffit qu’il refuse pour l’Amérique le destin de soumission qu’il voit se dessiner pour l’Europe. C’est pour la même raison que Viktor Orban, qui est pourtant un défenseur bien insuffisant des nations, est l’objet d’une véritable danse du scalp à Bruxelles : il suffit qu’il ne plie pas complètement devant le dogme mondialiste. Quant aux révélations de l’ancien ponte des renseignements hongrois, qui donnent une base solide aux revendications des Hongroise, il est probable que les médias occidentaux le traiteront par leur seul argument convainquant : le silence.

Pauline Mille

samedi, 08 octobre 2016

Zestien hoge Duitse rechters: Merkel breekt grondwet met massa immigratie

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Zestien hoge Duitse rechters: Merkel breekt grondwet met massa immigratie

In ‘De Staat in de Vluchtelingencrisis’ wordt gesteld dat de bondskanselier een ‘staatsgreep’ heeft gepleegd en zichzelf tot ‘alleenheerser’ heeft gemaakt

‘De regering mag niet de identiteit van het volk, waar zij haar identiteit aan te danken heeft, structureel veranderen’

SPD wil na verkiezingen volgend jaar ultralinkse rood-rood-groene coalitie vormen


Bondskanselier Merkel kan met haar eenzijdige besluiten met recht een nieuwe Reichskanzler worden genoemd, net als haar illustere voorganger Adolf Hitler, die op vergelijkbare wijze stap voor stap de macht van het volk buiten werking stelde.

De almaar aanzwellende kritiek op haar ‘Wir Schaffen Das’ welkomsbeleid wimpelt Angela Merkel tot nu toe af als onbetekenend. Analisten vragen zich af of ze dat blijft doen nu 16 van Duitslands hoogste gerenommeerde rechters in het boek ‘De Staat in de Vluchtelingencrisis’ stellen dat de bondskanselier met haar immigratiebeleid op werkelijk alle punten de Duitse grondwet breekt. ‘Angela Merkel heeft het geldende recht feitelijk buiten werking gesteld,’ staat reeds in het voorwoord. ‘Het volk is de stille getuige van de afbraak van zijn collectieve identiteit,’ en de ‘door de staat gefinancierde media praten enkel de officiële koers na.’

‘Staatsgreep van boven’

Als gezaghebbende Duitse staats- en grondwetrechters, waaronder een rechter die tot het hoogste Grondwettelijke Hof behoort, Angela Merkel beschuldigen van een oneindig lange reeks wetsovertredingen, dan kan niemand meer ontkennen dat er bij onze Oosterburen iets zeer ernstigs gaande is. De opstellers van het boek hebben het zelfs over een ‘coup van boven’, een door de bondskanselier en haar vertrouwelingen zelf gepleegde staatsgreep – misschien wel het allerergste verwijt dat je als regeringsleider door rechters voor de voeten kan worden gegooid.

‘Lawine immigranten zal samenleving mee naar ondergang sleuren’

Met hun vertwijfelende oproep doen staatsrechters zoals professor Peter Huber (Grondwettelijke Hof) en professor Otto Depenheuer (Universiteit Köln) een appel op de elite om ‘nu het nog relatief rustig is’ de wissels voor immigratie om te zetten. Gebeurt dat niet, dan zal de ongecontroleerde ontwikkeling ‘tot een lawine’ uitgroeien die zowel de staat als de samenleving ‘met zich mee zal sleuren’ naar de ondergang, waardoor de rechtstaat totaal zal verdwijnen.

Dat dit geen rechtse complottheorie is, bewijst de regering Merkel met recent aangekondigde maatregelen en acties, zoals het binnenlands willen inzetten van het Duitse leger, de oproep aan alle burgers om een noodvoorraad aan te leggen, en de plannen om mogelijk al spoedig een verbod uit te vaardigen op het gebruik van contant geld.

‘Regering mag identiteit van het volk niet veranderen’

De rechtstaat is volgens de 16 rechters dankzij de migrantencrisis ‘aan het verdampen’, en daar is Angela Merkel de belangrijkste verantwoordelijke voor. ‘Het besluit van de bondskanselier om de grenzen voor iedereen open te houden, heeft geen democratische legitimiteit. De regering mag niet de identiteit van het volk, waar zij haar identiteit aan te danken heeft, structureel veranderen.’

‘Merkel heeft zichzelf tot alleenheerser gemaakt’

‘Nu Merkel zonder het volk te consulteren besluiten heeft gemaakt waarmee zowel de identiteit van het volk als het karakter van de nationale staat van dit volk ernstig wordt beschadigd, heeft ze zichzelf tot alleenheerser gemaakt. Dat is niet verenigbaar met het principe van de soevereiniteit van het volk.’ (1)

Censuur

Auteur en onderzoeksjournalist Udo Ulfkotte vraagt zich hardop af hoelang dit boek in de Duitse winkels zal liggen, aangezien de regering Merkel sinds vorig jaar op steeds hardere en strengere wijze censuur pleegt op alle media, en zelfs al bloggers heeft laten arresteren omdat ze zich openlijk uitspraken tegen haar massale moslim migranteninvasie van Duitsland en Europa.

SPD wil rood-rood-groene coalitie

Dat het bij onze Oosterburen na de verkiezingen van volgend jaar juist nog sneller richting afgrond kan gaan, blijkt uit het feit dat regeringspartij SPD (de Duitse PvdA) gesprekken voert met de Linken en Grünen voor de vorming van een zogeheten ‘rood-rood-groene’ coalitie, bedoeld om het CDU van Merkel buitenspel te zetten (2).

Wij verwachten dat die coalitie geen meerderheid zal behalen, maar alsnog met het CDU zal worden aangevuld, en er dus een ‘zwart-rood-groene’ coalitie ontstaat, die ons continent nog sneller zal islamiseren door het te overspoelen met miljoenen moslims.

Xander

(1) KOPP
(2) Focus

mercredi, 05 octobre 2016

Presseschau - Oktober 2016

Quand le système judiciaire français coule à pic...

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Quand le système judiciaire français coule à pic...

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue  Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la déliquescence de la justice française...

Justice, ruine et délires : quand le système judiciaire français coule à pic

Tribunaux surchargés, gardiens de prison débordés, laxisme généralisé : l'institution judiciaire, clé de voûte de la République française, est aujourd'hui dans un triste et inquiétant état.

• A l'intention des persécuteurs stipendiés "Décryptage", "Décodeurs" & co., membres du Taubira-fan-club : tous les faits et chiffres ici mentionnés sont dûment sourcés et bien sûr, à leur entière et inquisitrice disposition.

1) La ruine

Une justice de qualité est-elle encore rendue dans la France de l'automne 2016 ? On peut en douter car le (fort pâle) garde des Sceaux lui-même parle d'une justice "exsangue". Situation d'autant plus grave que, bien sûr, la justice est la clé de voûte de tout Etat de droit.

Commençons par une - affligeante - visite du domaine judiciaire. Déjà, il est bien sous-dimensionné : par rapport à la moyenne de l'Union européenne, la France compte quatre fois moins de procureurs et deux fois moins de juges.

En France même et à l'automne 2015, le président de la conférence des procureurs dénonce "la faillite du service public de la justice" et - fait rarissime - les forts mutiques procureurs généraux élèvent désormais la voix. Tous dénoncent "des retards persistants d'exécution des décisions" et des "difficultés croissantes à faire fonctionner les chambres et fixer les audiences". Ainsi, en juin 2016 "au tribunal de Bobigny, 7 300 peines attendent d'être appliquées".

Avocats d'un côté, syndicalistes de la pénitentiaire de l'autre, tous dénoncent des "juridictions françaises en ruine". Bobigny, on l'a vu, mais aussi Créteil, Nanterre, Brest, Agen, Nantes : postes vacants, exécrables conditions de travail, piètres qualités des jugements ; encore et toujours, énormes délais d'audiencement.

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Côté syndical, on constate que les détenus deviennent maîtres des prisons - bandits, islamistes, hybrides (les deux ensemble, type Kouachi-Abdeslam-Coulibaly). Résultat : mutineries et émeutes à répétition, gardiens agressés dans des maisons (d'arrêt ou centrales), où la discipline se perd. Le patron du principal syndicat pénitentiaire parle de "déliquescence du système" et d'"autorité en fuite". Dans les prisons, désormais, "presque chaque détenu possède un portable. Certains en ont plusieurs" - quand c'est bien sûr formellement interdit.

Autre symptôme d'effondrement, les cafouillages dans l'appareil judiciaire ; d'abord, les "libérations intempestives". "Toujours plus de détenus relâchés devant l'impossibilité de s'expliquer devant un juge". Faute d'escortes, des multirécidivistes sont ainsi purement et simplement libérés. Au-delà, des couacs judiciaires en rafales (parmi vingt autres ces derniers mois) :

"Le receleur remis en liberté après une erreur du tribunal"... "Prison : une faute d'orthographe lui permet de sortir et de s'évader"... "Une figure du milieu marseillais libéré pour délai judiciaire dépassé", ainsi de suite.

Autre couac, financier celui-ci. "Victime" d'un premier imbroglio judiciaire, un islamiste de gros calibre reçoit du ministère de la Justice... un chèque de 20 000 euros de dédommagement. L'Obs' - qui n'est pas exactement un brûlot sécuritaire - dénonce une "erreur judiciaire grossière".

A Montargis, des documents de justice confidentiels sont mis à la poubelle et jonchent le trottoir.

Bien sûr, il y a eu les ravages-Taubira, ses expériences libertaires conclues par un bide intégral. Son diaphane successeur finit ainsi par reconnaître l'échec de la "contrainte pénale" (seul acte notable de l'ère Taubira), un "outil peu utilisé par les juridictions". Dit en clair : les magistrats se tapent des inventions de la camarilla-Taubira. S'ajoute à cela le foutoir qui règne depuis lors dans le (pourtant crucial) suivi des condamnés. Dispositif que la Cour des comptes, qui peut avoir la litote cruelle, dénonce en mai 2016 comme "empilement de nombreux acteurs qui peinent à s'organiser et coopérer".

L'idéologie libertaire est bien sûr en cause, mais aussi, une vaste incompétence. Ici, le récent et triste exemple donné par Mme Adeline Hazan, "contrôleuse générale des lieux de privation de liberté" (Inspecteur des prisons, en novlangue socialo). A l'été 2016, la "contrôleuse" déclare ainsi que "plus on construira de places de prison, plus elles seront occupées" - pathétique ânerie sur un banal effet d'optique-statistique, que l'on explique, pour le corriger, aux étudiants en criminologie de première année, vers le deuxième ou troisième cours...

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Bazar, idéologie, incompétence... Là-dessus, les bobards de journalistes naïfs ou complices. Après un braquage, combien de fois lit-on dans le journal que "le vol avec usage ou menace d'une arme est puni, au maximum, de vingt ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende". Bon, se dit le lecteur : au moins, un malfaiteur paiera pour ses crimes. Tu parles.

Car sous Taubira & succession, voici comment passe la justice, la vraie, celle du quotidien. Août 2016 : lisons "Le Phare dunkerquois", de ces petits hebdos de province où affleure encore le réel criminel. Omar B. est toxicomane. 27 inscriptions au casier judiciaire. Enième affaire de vol en flagrant délit. Tribunal et sentence : "Le condamné n'est pas maintenu en détention (il sort donc libre)... Sa peine de neuf mois fermes est aménagée (en français, annulée) pour qu'il puisse entrer en post-cure et être opéré du genou". Vous avez bien lu. La justice Taubira & co., désormais appendice de la Sécu.

De telles affaires, chaque semaine.

2) Les délires

Dans les décombres de notre justice, les aberrations se succèdent, le burlesque un jour, l'effrayant le lendemain - le scandaleux, toujours - sur un rythme accéléré.

De ces aberrations, voici la dernière (à ce jour) : Nancy, un criminel incarcéré, en prime, proche d'un "dangereux détenu radicalisé", reçoit par erreur (on l'espère...) les noms des agents pénitentiaires ayant rédigé un rapport sur lui.

Peu auparavant, un autre bandit incarcéré profite d'une "sortie à vélo" pour s'évader et sauter dans la voiture où l'attend son frère, un islamiste fiché.

Et Reda B.

(17 condamnations dont 7 pour braquage) dont on lit qu'il s'est évadé (en 2012) de la prison du Pontet (Vaucluse) "à l'occasion d'un tournoi d'échecs".

Et ces évasions de la prison d'Amiens - deux en quelques mois ! - où des détenus scient les barreaux de leur cellule... Les draps de lit le long de la façade... Le complice dehors qui jette la corde... A l'ancienne, façon Fanfan la Tulipe ! La direction du lieu-dit, par antiphrase, "de privation de liberté", se demande "comment des lames de scie ont pu parvenir jusqu'à eux" - judicieuse question, vraiment.

Et ce tribunal de Grenoble qui, d'abord, prend comme caution d'un caïd de la drogue 500 000 euros en espèces, 1 000 billets de 500 euros "dégageant une forte odeur d'alcool... pour dissiper les traces suspectes".

Parfois, ces foirades confinent au burlesque : "Oise : un cours d'art martial pour les détenus, les surveillants indignés"... "Haute-Garonne : le détenu cachait une piscine gonflable dans sa cellule"... Registre happening, toujours : "Un styliste sans-papiers organise un défilé [de mode] clandestin au Palais de justice de Paris".

Les sportifs maintenant : "Nantes : à peine condamné, un détenu s'évade du tribunal en pleine audience". Le multirécidiviste "bondit hors du box et s'échappe". Les magistrats, bras ballants. Sans doute, ce bondissant "nantais" a-t-il été inspiré par un "collègue" de Colmar qui, plus balèze encore, "A peine condamné, s'évade par la fenêtre du tribunal".

Telle est aujourd'hui la justice, Taubira ou post-Taubira. Car, cette dernière partie jouer les idoles pour médias subventionnés - elle dont, à l'automne 2015, l'action était rejetée par 71% des Français - ça ne va pas mieux.

Un exemple, là encore pris entre dix autres analogues. Février 2016, gare de Lyon : un policier est massacré (triple fracture de la mâchoire, etc.) par un colosse de 110 kilos connu pour trafic de stupéfiants, vols de voiture, rébellion, etc. Arrêtée, la brute épaisse est laissée libre "sous contrôle judiciaire".

A chaque désastre, le transparent garde des Sceaux promet - que faire d'autre ? Tout va s'arranger... Les contrôles seront renforcés... Puis attend, résigné, que le suffrage universel abrège son calvaire.

Voici les dernières convulsions. Au gouvernement, incompétents, idéologues et pragmatiques-largués se déchirent. Suite à une pique du Premier ministre sur la modestie de son bilan effectif, Mme Taubira montre les dents et déclare "Je peux devenir méchante".

Enfin ! Un point sur lequel on peut lui faire pleinement confiance.

Xavier Raufer (Atlantico, 28 septembre 2016)

 

Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

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Requiem pour un Empire défunt de François Fetjö

par Franck ABED

Ex: http://www.europemaxima.com

Francois-Fejt_1898.jpegAlors que l’Europe civilisationnelle meurt jour après jour devant nous, sous les coups de boutoir conjugués du modernisme, du mondialisme et du consumérisme, il demeure fondamental de comprendre l’histoire de notre continent, si nous voulons encore croire à un avenir digne de ce nom… À ce titre j’ai récemment découvert, au gré de mes recherches, une petite merveille intellectuelle qui décrypte avec faits, objectifs et arguments circonstanciés, la mort programmée de l’Autriche-Hongrie. Cette dernière reste couramment mais improprement appelée Empire austro-hongrois, alors que son nom exact devrait être Double Monarchie austro-hongroise.

François Fetjö fut un journaliste et historien français d’origine hongroise, spécialiste de l’Europe de l’Est et de l’histoire du communisme. Dans cet ouvrage solidement documenté, il présente sa thèse à rebrousse poil de l’histoire officielle : la Double Monarchie n’implosa pas suites aux attaques des minorités ethniques qui la composaient, pas plus qu’elle ne mourut à cause de ses contradictions internes dues à un système politique archaïque et décadent. Non ! Elle fut littéralement assassinée par la volonté politique des pays de l’Entente, animés par le désir de républicaniser l’Europe. Même si François Fetjö évoque, parfois avec une nostalgie certaine, que nous pouvons comprendre et partager le passé des Habsbourg, il ne tombe jamais dans l’hagiographie et le prosélytisme. Ainsi, avant d’entrer dans les considérations stratégiques et politiques du début du XXe siècle, l’écrivain rappelle comment cette famille de petite noblesse a su, par une lucide stratégie matrimoniale et une sagesse diplomatique, s’imposer comme l’une des dynasties les plus illustres d’Europe. Evoquant sa lutte contre la Maison de France, les Turcs musulmans, les Russes, l’auteur analyse également, point par point, les réussites et les échecs des descendants de Rodolphe de Habsbourg.

Précisons que l’histoire telle qu’elle est actuellement enseignée, reste malheureusement sous contrôle de la plus virulente extrême gauche. Les communistes et autres marxistes-léninistes dépeignent donc la chute de la Double Monarchie comme une fatalité qui relèverait en quelque sorte d’un sens de l’histoire cher à Hegel. Pourtant ce meurtre fut voulu et encouragé par les dominants d’alors. En effet, tout en évoquant le destin particulier de cette lignée habsbourgeoise, François Fejtö, à partir d’archives inédites ou trop peu connues, démontre que la monarchie austro-hongroise aurait pu continuer à exister après guerre, si les Alliés n’avaient pris la décision de la rayer de la carte. Nous pouvons lire cette analyse brillante : « Il est indéniable que le fait de démolir l’Autriche correspondait aux idées des maçons, en France et aux États-Unis (1). Leur vision de l’Europe républicaine et démocratique, dans le cadre de la Société des Nations qu’ils lui avaient prévue, ne s‘est point accomplie. En fin de compte, des dirigeants nationalistes, diplomates et militaires, se sont servis de leur appoint psychologique et moral pour établir l’hégémonie, encore précaire, de la France sur les petits États successeurs de la monarchie détruite, et qui étaient beaucoup moins viables et beaucoup plus dangereux pour l’équilibre de l’Europe, beaucoup moins utiles comme barrière à l’expansionnisme allemand que n’aurait été une monarchie réorganisée. »

fejtorequiem.gifEffectivement avant la Grande Guerre, l’Empire jouait un rôle stabilisateur en Europe centrale, comme nous l’avons malheureusement appris à nos dépends depuis son homicide : Deuxième Guerre mondiale, agitations et instabilités politiques chroniques dans cette zone géographique, guerres ethnico-religieuses dans les années 90, etc. Nous citons également le texte introductif de Joseph Roth qui figure dans l’avant-propos, démontrant la cohésion des peuples derrière leur souverain légitime : « Dans cette Europe insensée des États-nations et des nationalismes, les choses les plus naturelles apparaissent comme extravagantes. Par exemple, le fait que des Slovaques, des Polonais et des Ruthènes de Galicie, des juifs encafetanés de Boryslaw, des maquignons de la Bácska, des musulmans de Sarajevo, des vendeurs de marrons grillés de Mostar se mettent à chanter à l’unisson le Gott erhalte (2) le 18 août, jour anniversaire de François-Joseph, à cela, pour nous, il n’y a rien de singulier (3). » Il n’est guère étonnant que les babéliens d’hier et d’aujourd’hui, pourfendeurs des frontières et des identités, ne comprennent pas la nature réelle et profonde de ce cosmopolitisme chrétien et monarchique qui heurte leurs convictions maçonniques…

Sur la dépouille de la vieille et auguste monarchie naquirent de nombreux États libres et indépendants qui ne purent guère profiter longtemps de cette chimère révolutionnaire du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Des historiens sérieux comme Jacques Bainville (4) avait vu dans le traité de paix de Versailles la trame historique des prochaines décennies et les désastres qu’il engendrerait. François Fetjö conclut de manière admirable : « La victoire totale de 1918 et les traités de paix qui en découlèrent engendrèrent le néo-impérialisme monstrueux de l’Allemagne, incarné par Hitler, puis l’expansionnisme de l’Union soviétique, qui a pu prendre en charge comme prix de sa contribution à la victoire sur Hitler, la quasi-totalité de l’Europe centrale.  » Concrètement nous pouvons dire que les grands principes démocratiques sont la mère de tous les totalitarismes. Malheureusement, au mépris de l’histoire nos adversaires enseignent que la Double Monarchie a implosé, alors qu’elle fut suicidée à l’insu de son plein gré…

Franck Abed

Notes

1: Il est notoire que Wilson et Clémenceau furent membres de la maçonnerie.

2 « Que Dieu garde notre Empereur et Roi », hymne de l’Empire, composé par Joseph Hayden.

3 : La Crypte des Capucins.

4 : Les conséquences politiques de la paix, ouvrage dans lequel est dénoncé le traité de Versailles de 1919 en ces termes célèbres : « Une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux. »

• D’abord mis en ligne sur AgoraVox, le 29 septembre 2016.

mardi, 04 octobre 2016

2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

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2030: Les immigrés et les cas sociaux majoritaires en France?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Impossible de savoir de quoi l'avenir sera fait. Il y a trop de facteurs en jeu, trop d'imprévus, trop d'incertitudes. Cependant, on peut esquisser un assez probable tableau de ce que deviendra notre pays dans un futur plus proche qu'on ne le pense. Et un pays est avant toute chose la somme des populations qui y vivent. Partant de là, on se dit que le cauchemar ne fait que commencer... La situation actuelle nous apprend trois choses fondamentales :

1 – Le pourrissement et la décrépitude de la France sont solidement ancrés et rongent les forces vives de notre pays à une vitesse inquiétante. La France change et les « Français » aussi. Entre le grand remplacement et la dégénérescence inexorable d'une partie de la population « de souche », on se dit que la célèbre formule de Robert Dun prend tout son sens : « Il est plus tard que vous ne pensez ».

2 – En 40 ans, notre pays a complètement changé. Quatre décennies ! Ce n'est rien à l'échelle de la vie d'un peuple. A ce rythme-là, on se dit que 20 ou 30 ans de plus suffiraient à anéantir tout ce que la France a été....

3 - L'oligarchie est la principale responsable du marasme total dans lequel se débat la France depuis si longtemps. Si tout ce que nous connaissons n'est pas le fruit d'une conspiration, on peut toutefois vérifier chaque jour à quel point l'état de notre pays est dû à la nullité et à l'incompétence des pseudo-élites qui nous gouvernent mais surtout à l'idéologie qui les porte: mélange de marxisme culturel et de soumission à l'étranger. Un pays mal dirigé et trahi depuis des décennies a toujours peu de chances de briller... C'est une évidence historique. Notons cependant que lorsque le peuple ne fait rien pour se préserver et accepte quasiment tout sans broncher, la situation est encore pire. C'est l'histoire récente de la France. Elle aura des conséquences abyssales sur l'avenir. Si avenir il y a.

On le sait: la démographie, les déplacements de personnes à grande échelle et la surpopulation seront les enjeux du XXIème siècle dans le monde entier. Nous allons donc tenter d'aller à l'essentiel: à quoi ressemblera la population française ne serait-ce que dans 20 ans ? Les quelques éléments ci-dessous n'ont aucunement la prétention de faire le tour de la question mais simplement d'apporter quelques éléments de réflexion.

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I. Déclin du talent et fuite des cerveaux

Le premier facteur de réponse se trouve dans une évidence rarement formulée : le déclin du talent (je reprends ici à dessein le titre du livre de H.F. Günther). Toute notre société en témoigne. La France devient peu à peu un pays de sous-doués qui ne pourra éternellement vivre sur ses acquis anciens. La baisse du QI moyen français en 20 ans (4 points en moins pour une moyenne de 98 désormais) a certes de multiples causes mais ne viendra pas démentir mon propos.

L'école (qui n'est que le miroir de la société voulue par le Système) est en crise, elle produit des générations d'analphabètes et de crétins... Oui, ceux qui seront la France de demain... L'abrutissement n'a jamais été si profond chez une population qui n'aspire bien souvent qu'à consommer et à se laisser porter par les vagues du Système. C'est l'inculture satisfaite qui domine aujourd'hui. Nous en avons déjà parlé. Les Français n'ont le goût de rien, ni de penser, ni de créer, ni de travailler. Ils sont trop fatigués. Ils transmettent tout cela à leurs enfants...

fuite-des-cerveaux.gifEn parallèle, les cerveaux quittent la France. Adieux diplômés et chercheurs remplacés par migrants et chômeurs exotiques! Tous ces cerveaux ne reviendront jamais. Ils constituent une perte irréparable, d'autant que leur nombre ne fait qu'augmenter. “Le flux net sortant annuel des personnes nées en France a doublé entre 2006 et 2011 pour s’établir à près de 120 000 personnes en 2011” lit-on dans le Figaro. Si l'on s'en tient à ces chiffres, ce sont donc plus d'un million d'individus parmi les plus qualifiés que l'on perdra en 10 ans. Qui restera-t-il à votre avis ?

II. L'explosion de l'assistanat

Face à une conjoncture économique désastreuse nourrie des conséquences de la mondialisation et de la nullité des pouvoirs publics dans le domaine de l'emploi, la France compte 10% de chômeurs soit 6,5 millions de personnes (toutes catégories confondues).

Parmi ceux-ci, ne nous voilons pas la face, existe un nombre conséquent de gens qui ne font rien, ne cherchent pas de travail et vivent aux crochets de la collectivité. Prenons d'abord les chiffres officiels de la CAF : fin 2015, plus de 2,5 millions de foyers français sont allocataires du RSA ! 2,5 millions de foyers, c'est au moins 7 à 8 millions de personnes, non ?

L'assistanat est devenu un problème majeur pour la France. Nous en avions déjà parlé dans notre article Métier ? Assisté. Les profiteurs professionnels sont de plus en plus nombreux et pondent des tas d'enfants qui seront eux aussi voués à suivre les traces de leurs géniteurs: ne rien faire et profiter du Système ! Ce phénomène est inquiétant de par son ampleur mais surtout de par son caractère profond: ces populations d'oisifs et de cas sociaux dégénèrent de génération en génération! L'oisiveté est la mère de tous les vices dit l'adage... C'est ce que nous avons appelé la « cas-socialisation de la France ». Une triste réalité qui pose déjà d'épineux problèmes car l'aide à outrance constitue un appel d'air pour l'immigration et fait dégénérer des millions de Français.

Le Système continuera sa politique d'assistanat malgré tous les problèmes posés par celle-ci (problèmes financiers notamment, voyez comme les départements sont asphyxiés par le paiement de ces aides). C'est une évidence : les bénéficiaires du RSA et du reste seront de plus en plus nombreux. Plusieurs raisons à cela :

-Le chômage endémique et tout ce qui découle des décennies de libéralisme qui ont mis la France à genoux.

-La facilité de vivre sans rien faire grâce à des aides mirobolantes. Y'a bon la sécu! comme dirait le Docteur Merlin! Français ou étrangers, venez tous vous abreuver à la source du pognon facile. Aucune contrepartie n'est demandée !

-La volonté de l'Etat de garder sous perfusion financière des millions de personnes. Celles-ci sont, de fait, ses obligés. Les masses oisives sont tenues en laisse en quelque sorte. Si elles ne percevaient rien, elles seraient à même de déclencher d'importants troubles sociaux. RSA = un des ingrédients de la paix sociale.

Le redressement économique et moral de notre pays ne semblant pas prévu pour demain, la France sera dans 20 ans un pays qui crèvera littéralement de ses assistés, tant financièrement que socialement et culturellement. Le pain et les jeux seront plus que nécessaires pour tenir la plèbe exotique et crasseuse! Autant dire que ce n'est pas un atout pour notre avenir...

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III. La France colorée

Qui fait des tonnes d'enfants aujourd'hui, mis à part les cas sociaux? Les immigrés extra-européens. Ces derniers, on le sait, sont majoritairement des assistés professionnels. Il suffit de constater à quel point les départements les plus touchés par l'immigration sont souvent ceux où les aides sociales sont les plus développées (Seine-Saint-Denis, Nord...).

Aujourd'hui, les chiffres des naissances non-blanches font froid dans le dos. On les connaît grâce au dépistage de la drépanocytose qui est une maladie génétique ne touchant quasiment que les populations africaines ou antillaises. La France interdisant les statistiques ethniques, c'est le seul moyen pour nous de savoir quelle est l'ampleur du grand remplacement. Les chiffres ci-dessous sont édifiants (source)! En 2015, près de 40% des enfants nés en France n'étaient pas d'origine européenne! Des régions comme la PACA (52%!) ou l'Ile-de-France (73%!) semblent condamnées à court terme à devenir des enclaves africaines où les Blancs seront en grande minorité. Le reste du pays suit la même trajectoire... L'africanisation de la France, prévue dans les années 1930 déjà par un Céline, est devenue réalité. Imaginez dans 20 ans...

Le fait est que même si les frontières étaient fermées aujourd'hui, nous serions tout de même condamnés à l'africanisation. Il y a certes peu de risques qu'elles le soient de sitôt... Les migrations continueront et viendront accélérer la mise en minorité des Blancs. La tour de Babel au lieu de la tour Eiffel! N'oublions pas pour finir que la population « de souche » est vieillissante et qu'elle ne peut faire face, à terme, au flot continu de populations jeunes qui lapinent à tout va. Aujourd'hui déjà, si le taux de natalité français (dont se félicitent politiciens et médias) est supérieur à celui de certains pays voisins, c'est bien grâce à l'apport africain...

IV. Villes et campagnes

La population française étant urbaine à 80%, il est utile de se questionner sur l'avenir de nos villes, là où le changement est toujours le plus rapide. En 40 ans, elles ont tellement évolué... en mal. La fuite de la population blanche de celles-ci ne va faire que croître. Cloaques immondes bourrés de toutes les races sombres et vendues au mondialisme financier et cosmopolite, les métropoles verront leur population se transformer comme jamais. Elles perdront peu à peu leur identité, bafouée par les influences extra-européennes et le phénomène bobo, à l'image de ce qui se profile depuis des années. La gentrification de certains quartiers s'accélérera probablement, menée par tous ceux qui s'accommoderont de la situation grâce à leurs revenus élevés. Pour le reste, ce sera la direction du bidonville... Normal, la France devient un pays digne du tiers-monde.

Les Blancs « normaux » continueront quant à eux leur exode dans ce que le géographe Christophe Guilluy a appelé « la France périphérique ». Les temps seront de plus en plus durs, il va falloir payer et supporter le poids des diverses chances pour la France dont on vient de parler... Le dictature du Système risque en outre de s'intensifier... Campagnes et zones périurbaines profondes deviendront les bases de repli de tous ceux qui voudront se séparer de ce que le Système aura fait de notre pays. C'est là que les Blancs les plus conscients s'organiseront face à une France qui n'en aura plus que le nom et qu'ils pourront retrouver leurs racines et traditions... ainsi qu'un sens à la vie! En attendant de résister activement et non plus passivement à leur disparition programmée? Espérons-le, le temps presse. Il n'a jamais été si tard.

Rüdiger / C.N.C.

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lundi, 03 octobre 2016

Laurent Obertone, Guerilla

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Laurent Obertone, Guerilla

(Ring, 2016)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Obertone connait la France. Ses rouages, ses ressorts secrets. Il sait que tout cela est potentiellement déjà mort, que la structure est branchée sur respirateur artificiel et que « l’incident » qui tranchera les câbles peut survenir à tout instant.

Obertone imagine et montre.

Il imagine le scénario du pire et le pousse à son paroxysme. Ainsi, l’effondrement de la structure France qu’il dépeint se fait en trois jours. Trois jours entre notre situation actuelle et l’univers de Mad Max. Et oui, Laurent Obertone n’y va pas avec le dos de la cuillère!

Certains verront là une forme d’outrance et une dimension « irréaliste ». Mais là n’est pas le fond de l’ouvrage. Ce livre est le récit du « collapse » du système, de sa faillite à tous niveaux. Certes. Mais là n’est pas l’essentiel.

Car Guerilla, plus que l’histoire de l’effondrement, est plutôt le récit de la dépression occidentale, de la xénophilie à outrance, de l’ethnomasochisme total. Guerilla est un constat froid et résolument implacable sur l’état de notre société. Et surtout sur l’état de la psyché de « l’homme blanc » contemporain. De ses manies, de ses tares.

Obertone, par ce texte fort et acéré, prononce une accusation. Une accusation lourde et remuante. Pour formuler son réquisitoire, l’auteur se contente de montrer. Le livre bien qu’œuvre de fiction, et offrant au lecteur des revirements parfois surprenants, parle surtout du réel… Et le constat qu’il en tire est terrifiant.

Dans ce livre vous ne trouverez pas de héros, ou peut-être quelques rares figures attachantes mais résolument désenchantées, lucides. Trop lucides... Les personnages que l’auteur décrit avec une grande acuité sont, pour la plupart, atteints d’une forme de peste intérieure. Cette peste est incurable et nombre des protagonistes que vous rencontrerez à travers les quelques 400 pages du texte en crèveront… Et de manières peu réjouissantes.

obertoneguerilla.jpgDépressifs s’abstenir… Ce texte vous collera au cerveau pendant plusieurs semaines. Et les lueurs d’espérance n'y sont guère nombreuses.

Guerilla est aussi le récit de l’ultra-violence, du déchaînement absolu. Du ré-ensauvagement brutal des villes et des campagnes de l’Hexagone. De la livraison des cités de France aux barbares. D’ailleurs, l’auteur brille par ses descriptions. Il dévoile la violence totale. Pas de fard ni d’entourloupe. Toutefois, à aucun moment nous ne tombons dans le gore et l’outrance. Cela est un beau tour de force.

Vous trouverez aussi quelques passages truculents, car le chaos absolu que décrit ce livre peut être le prétexte à une forme d’humour. Un humour sombre : le meilleur.

Le récit est aisé à lire. Le style est clair, net. Les paragraphes sont courts et accompagnent les respirations du lecteur. Les amateurs de « punchlines » seront satisfaits.

Guerilla est à mettre dans toutes les mains. Certains se diront mal à l’aise en le lisant. D’autres y verront une prophétie. Parfois on vous hurlera dessus, on vous accusera de faire de la sinistrose et d’être un fasciste primaire. Il s’agit incontestablement de très bonnes raisons de l’acquérir et de le lire. Et surtout de l’offrir sur un ton narquois en affirmant : « Tiens, voici la France qui vient. Tu ne pourras pas dire que tu ne savais pas ».

Jacques Thomas / C.N.C.

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Phänomenologie verlorener Räume

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Phänomenologie verlorener Räume

von Marc P. Ihle

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Massenmigration „schaffen wir“? Wie unser identitärer Kulturraum dabei verlorengeht

Erst verschwinden die Bilder. Dann die Menschen. Sartre schreibt in seiner phänomenologischen Ontologie Das Sein und das Nichts, dass der Blick des Anderen uns als Person konstituiert, ein wechselseitiges Anerkennungsverhältnis, soziale Menschwerdung. Das gilt in analoger Weise für Räume, die unserem sie formenden Blick antworten durch den Wechsel der Bilder, aus deren Rückkopplung der Mensch eines Kulturraumes seine Identität bezieht. Unser Blick bejaht den Raum in seinem gewachsenen Sosein, der Raum schenkt uns seine Bilder, denen die Seele durch die Geburt in ein Volk wie durch einen Initiationsritus verbunden wird. Heimat, das bedeutet Identität, die wir in der Erscheinung unseres Kulturraums vorfinden.

Heimat ist eine Perspektive, ein gemeinsamer Blickpunkt, von dem aus ein Kulturraum gesehen und konstituiert wird. Im Zenit ihrer kulturellen Entwicklung stehend, haben große Völker ihren Raum ganz aus ihrem Genius geformt, wie die Athener ihre Polis und die europäischen Christen das Heilige Römische Reich. Ihre Kulturraumpflege war cultus. Mit dem Niedergang des cultus, der einsetzenden Verwahrlosung des Raumes, beginnt auch der Verfall eines Volkes. Raumgrenzen werden uneindeutig, äußere wie innere Feinde erwachen, und die verwaschene Bildwelt der Nachgeborenen erzeugt eine Erschlaffung, die keinen Gedanken an Abwehr aufkommen lässt. Es braucht keinen Kapitulationsakt, der Raum wird selbst amorph, die Bilder schwinden; andere Völker brechen in ihn ein, mit ihren Bildern und Träumen. Zuletzt erfolgt ein Ikonoklasmus gegen die alten Götter, dann gibt es einen neuen, völlig anderen, fremden Raum.

Phänomenologie im Bruch

Was drängt sich heute unserem raumschaffenden Blick auf, wenn wir über einen deutschen Großstadtboulevard flanieren; sind wir noch zu Hause in diesem ethnischen Eklektizismus? Noch kann man in jedem größeren Ort das Angelusläuten hören, doch man hört es verhalten, fast nicht ohne sich dabei schuldbewusst an die Brust zu schlagen, mea culpa, und sich bei dem Gedanken zu ertappen, wie lange es das noch geben mag.

Ob sich nicht bald der Schrei des Muezzins, der Gong eines Buddhatempels oder die wüste Furie einer Feme hineinmischen wird. Glockenklang hat etwas Unschuldiges und Erhabenes, doch ich nehme wahr, dass ich ihn mit dem Unterton einer Anklage höre: Warum gibt es euch überhaupt noch, ihr Christen? Dieselben Menschen, die sich von ihrem kulturellen Erbe wie von einer vertrockneten Nabelschnur getrennt haben und in den Bildern des Heilands in der Krippe einen furchtbaren Atavismus sehen, würden Minarette jeder Größenordnung tolerieren, allein um sich damit einen phallisch fundierten Ausweis ihrer hybriden Toleranz in den Hinterhof zu stellen.

Unser Raum ist keine frei verfügbare Marktfläche. Es ist der Ort, an welchem unsere Art zu sein eine Selbstverständlichkeit ist. Bilder von hoher symbolischer Erlösungsmacht wohnen ihm inne. Der Zyklus des Kirchenjahres verleiht ihm Struktur. Wir Deutsche benötigen keinen Opernführer, um die Quintessenz der Wagnerschen Meistersinger–Ouvertüre zu verstehen. Wie Thomas Mann über das Werk schreibt, in ihm wohnt deutscher Geist. Welches Schicksal droht unseren romantischen Vorstellungen, jenen Stimmungen, die Caspar David Friedrich unverwechselbar einfing, wenn sie der Bannstrahl des islamischen Bilderverbotes trifft? Nicht nur die Bilder verschwinden; es geht um unsere Art, Mensch zu sein.

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Masse und Macht der „Neuen“

Emanuel Levinas sagt, dass wir im Anderen ein „Antlitz“ sehen, das ihn wie uns selbst zu menschlichen Personen macht. Was ist heute die typische Straßenszene: Eine Gang junger, viriler Nordafrikaner, uniformiert in der flüchtlingstypischen Einheitskluft von Levis und Jack-​Wolfskin, die um einen Bahnhofszugang lungern. Ihre Blicke leer, dunkel, herausfordernd, manchmal sogar hasserfüllt. Sie lächeln nie. Sie scheinen keine Namen zu haben. Sie treten auf als kompakte Masse. Sprungbereit in ihren federnden Bewegungen. Wo ist ihr Antlitz, wo in der unverhohlenen Aggressivität strahlt etwas von der christlichen Idee der Gottessohnschaft durch, der wir in den großen Momenten der Renaissancemalerei begegnen? Ein Mensch, nicht ein Fordernder.

Nach Einbruch der Dämmerung in der Fußgängerzone: Junge, muslimische Paare, gutgekleidet, immer einen Kinderwagen dabei, die Frauen mit Kopftuch. Um Missverständnissen vorzubeugen: Die islamische Kultur ist eine große Kultur mit langer Geschichte, das Kopftuch ein respektables religiöses Symbol. In unseren Straßen, in dieser Massivität, ist es eine Waffe. Manchmal wirken sie wie Patrouillen, die ein frisch besetztes Gebiet arrondieren.

Man ist schnell mit dem Vorwurf mangelnder Empathie. Als wären die uralten Bildräume, die emotionalen und mentalen Galerien der europäischen Völker, nichts als leer stehende Baracken, die sich im Handumdrehen zu riesigen Auffanglagern umwidmen lassen. Es existiert keine Sprache zwischen uns und den sogenannten „Neuen“; schon dieser Begriff in Orwellscher Diktion, als wären die en masse aus namenlosen Nestern der nordafrikanischen Wüste nach Europa drängenden Menschen nichts anderes als potentielle Deutsche mit keiner anderen als der hehren Absicht, unsere womöglich tatsächlich ausgebrannte Kultur zu bereichern.

Das mag in linken Ohren das defätistische Gejammer von Kulturpessimisten sein. Was ist denn schon groß passiert, fragt eine große deutsche Wochenzeitung sinngemäß. Die nervenden Zigeuner mit ihrem infernalischen, markerschütternden Geheul, das sie unter Musik verstehen und sie so begeistert, dass sie die ganze Innenstadt damit beschallen. Rempelnde Levantiner, die meinen, sich auf einem orientalischen Prachtboulevard zu bewegen, statt sich den hiesigen Gepflogenheiten anzupassen. Marginalien, könnte man meinen.

Unser 1453

Doch unser Blick hat sich verändert. Unsere Welt, wie sie war, ist uns genommen worden. Das ist mehr als der übliche historische Wandel. Es ist ein Identitätsbruch, wie ihn Friedenszeiten noch nicht sahen. Die Frage ist nicht abwegig, wie oft wir noch Weihnachten feiern werden, das „reaktionäre“ Christenfest, meine ich, nicht die multikulturelle Begegnungsmöglichkeit mit Glühwein und Falafel am Jahresende. Die Selbstverständlichkeit, mit der wir in unserem Kulturraum von Identität sprechen, uns den gewachsenen Institutionen anvertrauen, ist verloren. Die unhintergehbare Selbstevidenz der Bilder, sie ist fraglich geworden, verfemt sogar, und lächerlich gemacht.

Um es mit einem Terminus Heideggers auszudrücken, wir Europäer sind „Unbehauste“ geworden, große, schwerfällige Minderheiten, die in verlorenen Räumen stagnieren. Die Massenmigration des Jahres 2015 ist irreversibel, unabhängig davon, wie viele noch kommen oder auch wieder gehen. Das ist unser 1453. Nur eine flüchtige Straßenszene, und wir erkennen, wie wir nie wieder sehen werden. Die Phänomenologie unserer verlorenen Räume steht unter dem Diktat fremder Kulturen, die sich einen Raum nach Europa formen werden. Er wird eine andere Sprache haben, nichts von der uns heute noch in Resten vertrauten Klarheit der abendländischen Formsprache. Der auf unseren Straßen tobende, vorerst noch stumme Krieg wird dieser Sprache ihren rohen Klang verleihen.

dimanche, 02 octobre 2016

Alexandre Mendel, La France Djihadiste

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Alexandre Mendel, La France Djihadiste

(Editions RING, 2016)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com 

Impossible d'échapper à l'actualité, ou plus exactement à la réalité, en ce qui fut la période estivale de 2016. Après l'attentat du 14 juillet, il n'y eut quasiment pas un seul jour en Europe sans une attaque ou un attentat... L'Allemagne et la France commençaient à payer lourdement le prix d'une immigration-invasion de masse qui, en plus de nous remplacer, apporte avec elle l'islamisation de notre continent (des rayons halals dans les supermarchés aux terroristes islamiques en passant par le « fameux » burkini). Tout ceci n'est cependant qu'un début, et ce n'est pas La France Djihadiste d'Alexandre Mendel qui nous contredira…

Alexandre Mendel est journaliste, sa plume, il l'a notamment exercée dans Valeurs Actuelles. Sa spécialité est le travail de terrain, ce qu'on a coutume d'appeler le journalisme d'investigation. Etant donné le sujet abordé ici c'est un réel plus, bien que l’entreprise soit risquée. Ce dernier s'est d'abord intéressé aux départs pour la Syrie et son vivier français, la ville de Lunel dans l’Hérault. Sans doute, ses attaches régionales et familiales y sont pour quelque chose.... Au fur et à mesure de ses recherches se dessine un portrait sans concessions, mais réaliste, d'une France que certains ne veulent tout simplement pas voir (ou n'en soupçonnent qu'à peine l'existence).

alexandre-mendel-la-france-djihadiste1.jpgAlors, quelle est-elle cette France djihadiste ? A première vue, et sans minimiser la dangerosité des célèbres « déséquilibrés », elle ne se compose pas de moudjahidines féroces, n’en déplaise aux « néo-croisés ». En effet, il ne faut pas regarder du côté du prophète – dans tout ce qu’il a de belliqueux – mais plutôt du côté de la CAF et du CCAS du coin. Cas-sociaux, petits trafiquants ré-islamisés et paumés constituent le gros des départs pour la Syrie. Leur point commun ? Etre, pour la grande majorité, des enfants d’immigrés. Profils de déracinés nourris à l’occidentalisme plus qu’avec les versets du Coran, ces joyeux drilles rendent désormais la monnaie de leur pièce à tous ces bisounours droit-de-l’hommiste qui les ont traités en victimes pendant tant d’années… Ce n’est donc pas tant le coran qui est à l’origine des nombreuses conversions à l’islam radical -et aux départs pour la Syrie- mais plutôt le monde moderne. Déracinement identitaire, manque de verticalité et crise du sens ont fait beaucoup de mal. Sur ce dernier sujet, ce sont souvent des imams autoproclamés ou des organismes politico-religieux comme les Frères Musulmans qui l’exploitent, voire parfois des services de renseignements…

La France Djihadiste mérite d’être lu et médité. C’est une enquête très bien ficelée qui, au final, dresse un bilan plutôt inquiétant du rapport entre la France et l’islam radical. Car ce n’est pas tellement le message des prêches ou même les attentats qui, en soi, sont préoccupants ; c'est avant tout l’ampleur du phénomène, le nombre de candidats au Djihad, de terroristes, de loups solitaires etc. Mais est-ce si surprenant quand on sait que les gouvernements successifs ont laissé s’installer des enclaves ethnico-religieuses, ces fameuses No go-zones, si bien que l’on peut dorénavant parler d’un maillage territorial conséquent ? Et puis qu’en est-il de tous les musulmans qui ne se reconnaissent ni dans l’islam radical, ni dans les « valeurs de la République » ? Où étaient-ils lors des manifestations pour Charlie Hebdo ? Sont-ils descendus dans la rue après le 13 novembre ? Poser la question c’est déjà y répondre et, dans la perspective d’une « guerre civile » ethnico-religieuse, un tel silence est pesant. Mais dans un pays (de) soumis, est-ce si surprenant ?

Donatien / C.N.C.

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European Resurrection: Identitarianism in Europe

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Erkenbrand Conference

European Resurrection: Identitarianism in Europe


Red Ice will be live streaming the Erkenbrand conference that is taking place in Rotterdam, Netherlands. The theme is European Resurrection: How Identitarianism Will Shape the Future of Europe.

Millennial Woes, F. Roger Devlin & a third mystery guest will be speaking on Tuesday the 27th at 7 pm Central European Summer Time / 1 pm Eastern Daylight Time / 10 am Pacific Daylight Time.

jeudi, 29 septembre 2016

Mathieu Slama: «Le grand drame de la modernité»

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Mathieu Slama: «Le grand drame de la modernité»

 

Vous parlez d’une croisade de Moscou contre l’Occident, mais l’offensive n’est-elle pas plutôt menée par les États-Unis, Poutine se bornant à défendre les traditions ?

Il y a sans doute une part de provocation dans le choix du mot « croisade », mais aussi deux raisons essentielles : d’abord, Poutine lui-même a décidé, depuis quelques années, de s’attaquer frontalement au modèle libéral des sociétés occidentales. Non seulement il défend les valeurs traditionnelles de la Russie, mais il s’en prend explicitement aux pays euro-atlantiques, et à l’Europe tout particulièrement, qu’il accuse de rejeter ses racines et de tomber dans le « primitivisme », au mépris des « valeurs spirituelles de l’humanité ». Ensuite, le mot « croisade » contient une dimension éminemment religieuse, et il se trouve que c’est aussi sur ce terrain que Poutine s’en prend à l’Occident. Défendant « les valeurs de la famille traditionnelle, de la vie humaine authentique, y compris de la vie religieuse des individus », il s’est attaqué à plusieurs reprises à la conception européenne de la laïcité. On connaît aussi sa proximité affichée avec l’Église orthodoxe, qu’il lie étroitement, dans ses discours, au destin national de la Russie. 

Voici l’intuition de mon livre : ce qui se joue dans le conflit entre Poutine et les pays occidentaux est bien plus fondamental qu’un simple conflit d’intérêts sur les dossiers syrien ou ukrainien. Il y a, en arrière-plan de tout cela, le retour d’un vieil affrontement entre deux grandes visions du monde concurrentes : le monde libéral d’un côté, exaltant l’individu et son émancipation ; et le monde de la tradition, exaltant la communauté et l’enracinement.

Vous présentez Poutine comme une personnalité attachée à l’égalité entre les nations. Mais est-il vraiment cet apôtre du droit international et de la non-ingérence ? Nous pensons à la Géorgie, à l’Ukraine. Stratégie rhétorique ?

Un des mots les plus souvent utilisés par Poutine est « diversité du monde ». Dans son discours, l’Occident se rend coupable de vouloir modeler le monde à son image. Il y a là un argument essentiel qu’il faut entendre (stratégie rhétorique ou non) : l’Occident est persuadé que son modèle libéral est applicable au monde entier. Il suffit de feuilleter les reportages dans les médias français sur l’Iran, par exemple : on célèbre ce pays parce qu’il s’occidentalise ! Mais on crie à l’obscurantisme dès qu’il s’agit d’évoquer ses composantes traditionnelles. C’est tout le paradoxe de nos sociétés libérales : nous exaltons l’Autre mais ce n’est que pour annihiler son altérité. Il y a, dans cet universalisme occidental, un mélange d’incompréhension et de mépris. Cet universalisme est aussi dangereux quand il se transforme en action extérieure (cf. les ingérences occidentales catastrophiques au Moyen-Orient).

En revanche, il est exact que Poutine ne s’applique pas forcément cette règle de non-ingérence. Poutine n’est pas un saint : il y a, chez lui, une ambition impériale, liée à une volonté de protéger les intérêts stratégiques de la Russie face à une Amérique agressive et intrusive. Comme le disait Soljenitsyne, qui s’inquiétait du renouveau impérialiste russe, plutôt que de chercher à s’étendre, la Russie devrait plutôt s’attacher à conserver l’âme du territoire qu’il lui reste. 

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Faisant l’éloge de l’enracinement, vous prenez l’exemple de Bilbo, un Hobbit frileux à l’idée de quitter sa terre natale pour partir à l’aventure. Attachement que vous qualifiez de « noble ». Or, il me semble plutôt que les Hobbits incarnent cette prudence petite-bourgeoise, aux antipodes de la vraie noblesse qui est lutte pour la vie, mépris du confort matériel et passion pour les équipées lointaines.

Pour illustrer les limites du modèle libéral occidental, j’évoque, en effet, la belle parabole de Tolkien sur le combat de plusieurs communautés fictives qui luttent pour leur survie face à un ennemi technicien et guerrier. Les Hobbits sont des personnages intéressants car ils vivent en vase clos, selon des rites traditionnels immémoriaux. Ils partent à l’aventure à contrecœur, ayant sans cesse la nostalgie de leur terre durant leur voyage. C’est cette nostalgie que je trouve formidable, parce qu’elle représente tout ce que nous avons perdu en Occident. Le rapport à la terre, au lieu, comme disait Levinas, le sens de la mesure, la perpétuation de vieilles traditions qui donnent un sens à notre existence : tout cela ne veut plus rien dire pour nous autres Occidentaux. Les Européens ne comprennent plus qu’un seul langage, celui des libertés individuelles. C’est cela, le grand drame de la modernité.

Entretien réalisé par Romain d’Aspremont 

Essayiste

mardi, 27 septembre 2016

Le relèvement de la Russie

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Le relèvement de la Russie

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Amis de Radio-Libertés,

Le 18 septembre dernier, 110 millions d’électeurs russes ont élu leurs députés à la Douma d’État pour les cinq prochaines années. Les Occidentaux dénoncèrent pour l’occasion les restrictions faites aux candidats d’opposition prévues par le code électoral. Ces âmes sensibles devraient plutôt regarder en Californie où les candidatures indépendantes sont quasi impossibles, en France et en Grande-Bretagne où des forces politiques importantes ne sont guère représentées au Parlement.

Ces législatives sont un bon prétexte pour évoquer Un printemps russe, l’essai très intéressant d’Alexandre Latsa (Éditions des Syrtes, 2016, 309 p., 20 €). Français vivant et travaillant à Moscou, l’auteur donne aussi sur des sites russes francophones un point de vue bien différent des habituels fantasmes journalistiques hexagonaux.

Dans cet ouvrage subjectif et engagé, l’auteur, s’il ne cache pas que la corruption demeure le principal problème social, estime que Vladimir Poutine a relevé la Russie, relèvement entamé, rappelle-t-il, – on l’oublie trop souvent – par Evgueni Primakov, le Premier ministre de Boris Eltsine en 1998 – 1999. Dans la décennie 1990, le pays sombrait dans le désordre, le risque d’éclatement séparatiste, une criminalité exponentielle, la paupérisation généralisée de la population et la confiscation des ressources nationales par une bande de financiers aventuriers et véreux, les futurs oligarques. Le rétablissement de l’ordre exigé et réalisé par un jeune président issu du KGB passa par la réduction de toutes les forces centripètes. C’est pourquoi le parti Russie unie monopolise la vie politique. Mais n’est-ce pas le cas avec l’ANC en Afrique du Sud ou la sociale-démocratie suédoise ?

Y appliquer les critères de l’Occident est une erreur grossière, affirme Alexandre Latsa, car la Russie est un État-continent qui abrite en son sein une très grande diversité ethnique et spirituelle. Moscou demeure la capitale de l’ultime Empire qui ne saurait être un quelconque État-nation. L’unité (dans la diversité culturelle assumée) de ce très vaste espace prime sur les droits individuels. Faut-il cependant au nom de cette unité se réjouir comme le fait l’auteur de l’annexion de la Crimée et du conflit dans l’Est de l’Ukraine ? Les Européens devraient plutôt s’entendre face à des menaces plus sérieuses : les banksters, le mondialisme, l’immigration, l’islamisme et la société de consommation.

Bonjour chez vous !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 2, d’abord diffusée sur Radio-Libertés, le 23 septembre 2016 vers 8 h 20.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/le-relevement-de-la-russie-par-georges-feltin-tracol/

dimanche, 25 septembre 2016

Machtkampf zwischen USA und EU

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Machtkampf zwischen USA und EU

Streit um Besteuerung von US-Unternehmen in Europa geht aufs Ganze

Norman Hanert
Ex: http://www.preussische-allegemeine.de

Im Schatten der schwierigen Verhandlungen zum TTIP-Abkommen hat sich zwischen Brüssel und Washington ein Konflikt  über die Besteuerung von US-Konzernen entzündet. Viele Großunternehmen aus Übersee haben mit Steuersparmodellen in Ländern wie Irland hohe Gewinnrück­lagen angehäuft, die nun Begehrlichkeiten wecken.


Gekämpft wird in dem Streit mit harten Bandagen. Nach den Ermittlungen der EU-Kommission wegen der Besteuerung für das Unternehmen Apple in Irland hat die US-Regierung eine Warnung an die EU-Kommission geschickt, die im Ton ungewöhnlich scharf ausgefallen ist. Washington wirft der EU-Wettbewerbsaufsicht vor, sie agiere wie eine übernationale Steuerbehörde und habe ganz speziell US-Firmen im Visier.


Die USA kündigen zudem an, man „prüfe weiterhin eventuelle Antworten, wenn die Kommission an ihrem aktuellen Kurs festhält“. Aus Sicht einiger linker Kritiker stellt die Reaktion aus Washington einen Beleg dafür dar, wie weit die US-Administration mittlerweile durch die Interessen amerikanischer Konzerne bestimmt sei.


Der Wahrheit näher kommen dürfte allerdings eine andere Deutung: Eine Reihe von US-Firmen wie eben Apple, aber auch Amazon, Google, Microsoft oder Facebook, haben in den vergangenen Jahren hohe Gewinnrücklagen gebildet, die nun ins Visier der Politik gerückt sind. Laut einer Untersuchung, die der US-Kongress bereits vor einigen Jahren vorgelegt hat,  haben  US-Firmen Reserven von insgesamt zwei Billionen Dollar angehäuft. Dabei hätten sie unter anderem die entgegenkommende Steuerpraxis in verschiedenen EU-Ländern genutzt.


Allein die Geldreserven von Apple schätzen Experten derzeit auf über 230 Milliarden Dollar. Aus Sicht der US-Regierung ärgerlich ist, dass Apple über 90 Prozent der Summe bislang außerhalb des Heimatlandes belässt. Der iPhone-Hersteller ist damit nicht allein. Auch andere Konzerne  haben die Steuergesetze verschiedener EU-Länder genutzt, um ihre Gewinne kleinzurechnen und den hohen Steuersätzen in den USA zu entkommen.


Üblicherweise will der US-Fis­kus 35 Prozent auf jene Gewinne,  die vom Ausland  in die USA transferiert werden – so zumindest die bisherige Regelung. Inzwischen hat nämlich in Washington eine Diskussion über eine Sonderregelung, einen sogenannten „tax holiday“, begonnen. Wie bereits im Jahr 2004 sollen Unternehmen von einer Sonderregelung profitieren, wenn sie Geld in die Vereinigten Staaten transferieren. Bei der Steueramnestie vor zwölf Jahren mussten sie lediglich 5,25 Prozent Steuern auf  Auslandsgewinne zahlen, wenn sie in die USA überwiesen wurden. Als Folge holten US-Firmen damals über 300 Milliarden Dollar in ihr Heimatland.


Ob sich ein derartiger Erfolg wiederholen lässt, hängt nicht zuletzt vom Agieren der EU ab. Werden die US-Firmen bereits von Brüssel zur Kasse gebeten, dann schmälert dies die zu erwartenden Einnahmen für die Steuerkasse der Vereinigten Staaten.


Dass sich Brüssel in der Angelegenheit überhaupt mit der US-Regierung anlegt, ist dem Zusammentreffen mehrerer Umstände geschuldet: Eine wichtige  Rolle spielt die personelle Besetzung der EU-Kommission.  So hat die dänische EU-Wettbewerbskommissarin Margrethe Vestager bereits mehrfach bewiesen, dass sie einen Konflikt mit großen Konzernen wie etwa Google nicht scheut. Dabei kann die Sozialliberale aus einer starken Position handeln: Vestagers Heimatland Dänemark gilt in Sachen Steuerdumping als unverdächtig.


Noch wichtiger aber: EU-Kommissionspräsident Jean-Claude Juncker ist gut beraten, Vestager speziell in der Angelegenheit  Konzernbesteuerung völlig freie Hand zu lassen und ihr nicht in die Quere zu kommen. Der Luxemburger gilt unter anderem deshalb bereits als politisch schwer angeschlagen, weil auch sein Heimatland Unternehmen mit „kreativen“ Steuerlösungen angelockt hat. Juncker war jahrelang Finanzminister, später Premierminister von Luxemburg.


Als geschwächt gilt auch die Position der  EU-Handelskommissarin Cecilia Malmström. Bereits in der Vergangenheit war ihr – unter anderem aus Frankreich – ganz offen vorgeworfen worden, sie setze  sich in Brüssel für die Interessen der US-Regierung ein.


Auch ihr bisheriges Vorgehen bei den Verhandlungen zum Freihandels- und Investitionsschutzabkommen (TTIP) mit den USA hat starke Kritik hervorgerufen. Mittlerweile erscheint sogar ein Scheitern des Abkommens und damit ein massiver Misserfolg Malmströms möglich: Nach dem, was nach außen dringt, sind die Verhandlungen der EU mit den Amerikanern festgefahren, während US-Präsident Obama  nur noch kurze Zeit im Amt ist.  Sollte in wenigen Wochen Donald Trump als  nächster US-Präsident ins Weiße Haus einziehen, kann TTIP in seiner bisherigen Form vermutlich als erledigt angesehen werden.      

Norman Hanert

TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

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TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

par Dario Rivolta*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Dans les accords entre des particuliers, on introduit souvent une clause indiquant la possibilité d’un arbitrage en cas de controverses entre les parties adverses portant sur l’interprétation ou le non-respect de l’accord par une des parties contractantes. Dans la plupart des cas, on remettra le jugement à un tiers, telle la Chambre de commerce du pays, où l’accord a été signé, ou celle de Genève ou de Stockholm ou une autre. Dans tous les cas, on indique explicitement que tout ce qui a été signé ou ce qui n’est pas prévu expressément par l’accord doit être conforme aux lois de l’Etat dans lequel le travail ou la livraison ont été effectués.


Dans le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ou TTIP en anglais) négocié depuis 4 ans entre les délégués des Etats-Unis et les fonctionnaires de la Commission européenne, (si nécessaire à la demande du Conseil européen), on mentionne également la possibilité d’un arbitrage pour résoudre d’éventuels conflits entre diverses entreprises ou bien entre celles-ci et des Etats signataires. En aucun cas pourtant, on mentionne des lois existantes ou futures. En d’autres termes, cet aspect sera la raison pour l’engagement des tribunaux d’arbitrages et leurs sentences car l’objectif de ces accords est la protection des investissements. Un pourvoi en appel n’est pas prévu selon la proposition américaine et un tel tribunal sera doté de trois arbitres: un pour chaque partie et un troisième, élu par accord commun. Jusqu’à présent, la contre-proposition européenne se limite à la seule revendication que soit garanti le fait que les arbitres n’aient pas de conflits d’intérêts (Les donneurs d’ordre ne devront-ils pas les payer?) et qu’il y ait la possibilité de faire un recours.


De telles conditions ne sont pas nouvelles: déjà dans les années 1960, divers gouvernements allemands avaient conclu des accords similaires avec 130 autres Etats, afin de protéger les investissements privés (allemands!). Bien que tous n’étaient pas égaux, ils prévoyaient la possibilité, en cas de violation des intérêts d’une partie, de faire recours auprès d’un tribunal d’arbitrage et de soumettre le fauteur à des sanctions avec indemnisation des «victimes». Le sens et le but étaient de contrer l’insécurité du droit et le manque de fiabilité de quelques systèmes juridiques pour garantir les intérêts de ceux ayant investi des millions, voire des milliards, dans ce pays.


Dans les négociations actuellement en cours, il est clairement précisé qu’il sera possible d’intervenir contre des expropriations «directes ou indirectes» des investissements.
Là, il ne faut pas penser uniquement à des conflits entre des particuliers ou à des nationalisations explicites. Tout acte gouvernemental représentant un risque ou diminuant les gains prévus des investisseurs est traité comme une expropriation «indirecte».


Pour illustrer cela, voici quelques exemples:

  • En 2009, l’entreprise suédoise Vattenfall, demanda 1,4 milliards d’euros au gouvernement allemand pour des présumés dommages subis suite à des mesures exigées en faveur de l’environnement lors de la construction d’une centrale à charbon. La plainte fut abandonnée suite à l’adaptation des mesures prévues en faveur de l’environnement.
  • En 2011, Philip Morris accusa le gouvernement australien et demanda des dédommagements. La cause était une nouvelle loi votée par le Parlement, demandant à tous les producteurs des normes plus sévères pour l’emballage des cigarettes avec l’objectif de diminuer ainsi la consommation de tabac. Cela limiterait les gains de l’entreprise multinationale. En 2015, l’Australie gagna le litige uniquement grâce à une subtilité formelle, suite à quoi la plaignante annonça un recours aussitôt que le Partenariat transatlantique (TTIP) serait en vigueur.
  • En 2012, l’Equateur fut condamné à payer 1,7 milliards de dollars à l’Occidental Petroleum Corp. parce que le pays lui avait retiré la concession d’exploitation d’un champ de pétrole, après que la société américaine ait remis ses propres droits à une société canadienne, sans y être autorisée.
  • En 2012, Vattenfall demanda à nouveau à l’Allemagne 4 milliards d’euros de dédommagements parce que le gouvernement avait décidé la sortie du nucléaire.
  • En 2014, le groupe d’énergie allemand RWE recourut à l’arbitrage contre le gouvernement espagnol parce que celui-ci avait limité les subventions en faveur des énergies renouvelables.
  • L’accord panaméricain Nafta (un précurseur de ce que pourrait être TTIP) contient la même clause d’arbitrage (la clause dite ISDS). Sur la base de celle-ci, l’entreprise américaine Lone Pine Ressources demanda en 2013 250 millions de dollars au Canada parce que le Québec avait pris des précautions et interdit la fracturation hydraulique afin de protéger les eaux du fleuve Saint Laurent. En outre, le Canada perdit le procès contre Exxon Mobil et Murphy Oil. L’Etat canadien avait osé d’imposer que 16% des profits des extractions concessionnelles devaient être utilisées pour la recherche de nouveaux gisements. Toujours dans le contexte du traité Nafta, le Canada dut payer 13 milliards de dollars à l’entreprise américaine Ethil. L’Etat canadien avait interdit l’utilisation du MMT, un additif pour l’essence, produit par le géant chimique Ethil parce qu’il nuit à la santé humaine.

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Voilà quelques exemples pour prouver la facilité avec laquelle les grandes multinationales peuvent accuser les gouvernements en ayant recours à «la protection des investissements» ancrée dans les divers accords. Avant tout, il est évident que les intérêts commerciaux prévalent aux lois démocratiques et légitimes des gouvernements et des Parlements.


La clause de l’arbitrage en discussion (ISDS) existe, dans une première version, depuis 1959 mais jusqu’en 1995, elle ne fut appliquée qu’exceptionnellement. Depuis ce moment et notamment dès 2000, le recours à de tels arbitrages a augmenté de façon exponentielle. Cela revient pour le législateur à du chantage éveillant la méfiance envers les décisions ou les lois pouvant mettre à risque les intérêts des grandes multinationales. Seuls très peu de pays, dont le Brésil, ont refusé d’utiliser le modèle ISDS lors d’accords commerciaux et l’Afrique du Sud a même fait savoir qu’elle allait se retirer de tous les accords commerciaux prévoyant l’application de cette clause, y compris des accords déjà signés.


Dans la discussion sur le TTIP, la question des arbitrages n’est pas encore clarifiée. A Bruxelles, on pense encore pouvoir changer les clauses d’une manière ou d’autre. Malgré la pratique du secret gardé dans les négociations, il semble que les Américains insistent avec persévérance sur leur position de la NAFTA.


Il est évident que l’affaire des arbitrages est essentielle. Même les évêques américains, avec leurs collègues européens ont diffusé leur propre «recommandation» constatant que les méthodes proposées jusqu’à présent «pourraient apporter des avantages injustifiés pour les intérêts commerciaux utilisant les règles des tribunaux d’arbitrage ou des systèmes juridiques pour affaiblir d’importantes normes en matière d’environnement, du droit de travail et des droits de l’homme … Une attention disproportionnée pour l’harmonisation ou la simplification de la régulation ne doit pas constituer la base pour mettre en danger des normes appropriées de la sécurité, du travail, de la santé et de l’environnement appliquées localement par des organismes étatiques, fédéraux ou régionaux …».


Nous ne savons pas comment cette confrontation se terminera et quel pourrait être un éventuel compromis, s’il y en a. Ce qui est certain, c’est que l’obsession d’éviter les tribunaux publics et l’ignorance de lois locales ou étatiques, restreint objectivement la liberté de tout Etat de droit. De plus en plus souvent, la volonté citoyenne est contournée et les législations nationales sont soumises aux intérêts et décisions commerciaux.    •
(Traduction Horizons et débats)

*    Dario Rivolta est chroniqueur pour les informations politiques internationales et conseiller en commerce extérieur. Il est spécialiste des sciences politiques, spécialisé dans le domaine de la psychologie sociale. De 2001 à 2008, il a été député au Parlement italien et vice-président de la Commission des Affaires étrangères. Il a représenté le Parlement italien au Conseil de l’Europe et à l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale. Puis, il était également responsable des relations internationales de son parti.

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Lorsque le «libre-échange» prime sur le droit étatique…

Un tribunal international a ordonné au gouvernement canadien de payer 17 millions de dollars de dédommagements à deux entreprises pétrolières, suite à une violation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, NAFTA en anglais).
Une porte-parole de «Natural Resources Canada» a précisé dans un courriel que la décision juridique du 20 février 2015 avait octroyé à Exxon Mobil 13,9 millions de dollars avec intérêts en sus, et à Murphy Oil 3,4 millions avec intérêts en sus.
Michelle Aron a déclaré qu’Ottawa analyserait cette décision et les possibles réactions après en avoir délibéré avec les gouvernements de la Terre-Neuve et du Labrador.
Le comité de la NAFTA avait statué que les obligations concernant les dépenses de recherches imposées par le gouvernement aux deux entreprises pétrolières, violaient l’art. 1106 de l’accord de libre-échange.
Cet article défend aux gouvernements d’exiger des prestations spécifiques comme conditions préalables à des investissements.
Exxon Mobil n’a pas voulu se prononcer et Murphy Oil n’a pas pu être atteint.

Source: The Canadian Press du 6/3/15

Critiques croissantes envers TTIP

Les désaccords proviennent-ils aussi de la sphère du politique?

km. A l‘intérieur de l‘UE, l’acceptation du prétendu Traité du libre-échange transatlantique (TTIP) diminue constamment. Si l‘on analyse les résultats du dernier sondage de l‘Eurobaromètre du printemps 2016, le soutien au sein de l‘UE a continué à baisser et se trouve en moyenne à 51% des personnes interrogées. Dans huit pays, il est inférieur à 50%: en France, en Italie, en Croatie, en Slovaquie, en Slovénie, au Luxembourg, en Allemagne et en Autriche. Les deux derniers pays ont les taux d‘approbation les plus bas: 25% pour l‘Allemagne et 20% pour l‘Autriche.
Peut-être est-ce aussi en raison des élections à venir que des hommes politiques renommés des Etats de l‘UE critiquent TTIP en haut lieu. Le secrétaire d‘Etat français Matthias Fekl, responsable du commerce, a annoncé le 30 août qu‘il voulait proposer la rupture des négociations concernant TTIP à la réunion des ministres du commerce de l‘UE le 23 septembre à Bratislava. Le président français François Hollande avait déclaré quelques jours auparavant que les négociations avec les Etats-Unis étaient sclérosées et déséquilibrées. Le ministre allemand de l‘économie Sigmar Gabriel a déclaré, lui aussi, que TTIP avait «en fait échoué». Le 31 août, le chancelier autrichien Christian Kern a critiqué et remis en question non seulement TTIP, mais également l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais), signé en 2014 entre le Canada et l’UE.
Le chancelier autrichien a demandé un sondage sur Internet parmi les membres de son parti qui durera jusqu‘au 18 septembre, et auquel des citoyens non-membres du parti peuvent également participer.
Les questions montrent clairement que les critiques avancées concernant ce traité sont également intégrées:

  • «L‘Autriche doit-elle accepter l‘application provisoire de CETA au niveau de l‘UE?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s’il contient la possibilité de procédures d‘arbitrage contre des Etats?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s‘il permet d‘abaisser les normes qualitatives européennes?
  • Les traités de libre-échange futurs devront-ils être construits de manière à ce que les normes qualitatives européennes (p.ex. pour la sécurité des produits, la protection des données, des consommateurs, de la santé, de l‘environnement et des animaux) puissent être maintenues?
  •  Les négociations futures sur TTIP ou d‘autres traités du libre-échange doivent-ils être liées à l’obligation de garantir la plus grande transparence possible?» Et le chancelier d’ajouter: «Nous nous sentirons naturellement obligés de respecter les résultats de ce sondage.»

Il faudra attendre pour voir. Dans ce contexte, il est intéressant de voir que les participants du Sommet du G20 à Hangzhou en Chine, semblent être «nerveux». La «Neue Zürcher Zeitung» se permet d‘écrire dans son éditorial du 6 septembre que les chefs d‘Etat et de gouvernement étaient inquiets suite au fait que les «perdants» de la mondialisation «expriment de plus en plus souvent leur mauvaise humeur lors des élections». Et le journal d‘ajouter: «La couche des dirigeants politiques est en soucis, car suite à ce développement, ils se sentent remis en question.»
Les chefs d‘Etat et de gouvernement du G20 devraient cependant comprendre – tout comme les politiciens de l‘UE s‘exprimant actuellement – que les critiques face à la mondialisation et ses projets, tels TTIP et CETA, ne sont pas primairement basées sur des mobiles utilitaristes, donc avancées par les «perdants» du système. De très nombreuses personnalités du monde entier se font de réels soucis au sujet de l’actuel système mondial financier et économique, ses méthodes et ses effets secondaires – par exemple les injustices criantes et les guerres dévastatrices – qui pourraient précipiter toute l’humanité dans un gouffre sans fond.

samedi, 24 septembre 2016

Chr. Guilluy: La "société ouverte", c'est l’autre nom de la "loi du marché"...

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La "société ouverte", c'est l’autre nom de la "loi du marché"...

Entretien avec Christophe Guilluy

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par le géographe Christophe Guilluy à Atlantico à l'occasion de la sortie de son nouvel essai Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016). L'auteur nous livre une description lucide d'une France déjà largement communautarisée et dont la classe moyenne a explosé sous les coups de la mondialisation...

Christophe Guilluy : "Le paradoxe, c'est qu'aujourd'hui ce sont les pauvres qui vont demander la fin de l'État-Providence"

guilluycrépuscule.jpgAtlantico : Dans votre dernier livre Le crépuscule de la France d'en haut, vous dressez un premier constat insistant sur la fracture entre un discours politique évoquant les classes moyennes alors que celles-ci seraient en voie de transformation vers une classe populaire. Quelle différence faites-vous entre une représentation politique et la réalité du terrain ?

Christophe Guilluy : Oui, c’est paradoxal alors même que nous sommes au temps de "la sortie de la classe" moyenne des petites catégories salariées. La classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues, est l'héritière des Trente Glorieuses. Leur représentation du pays, c'est la France de Giscard. Avec deux Français sur trois qui sont des classes moyennes qui ne s'en sortent pas trop mal, et qui sont encore dans une phase où l'on peut imaginer que leurs enfants vont s'en sortir. C'est l'idée d'une classe moyenne majoritaire.

Et d'ailleurs, ces partis ont été conçus pour cela, ils s'adressent toujours aux classes moyennes.

Mais le paradoxe est que les sociologues nous expliquent depuis 20 ans que la classe moyenne a implosé, qu'elle s'est émiettée, divisée. Il y a une classe moyenne inférieure, supérieure, il y a même une classe moyenne "inférieure-inférieure". Ce que les politiques ne comprennent pas, c'est qu'un concept peut être pertinent à un instant T et être totalement inopérant quelques années plus tard, ce qui est le cas avec le concept de classe moyenne. Il ne dit plus rien. Je me suis donc posé la question de savoir pourquoi la classe politique continuait d'utiliser un concept qui n'existe plus.

Il y a d'abord un intérêt politique, qui est de laisser entendre qu'il existe encore une classe moyenne majoritaire. Cela signifie que le système économique qui a été choisi profite à la majorité. C'est une façon de réaffirmer une France qui serait intégrée socialement, économiquement, même si, par ailleurs, il peut y avoir des problèmes. Et ce "par ailleurs" correspond aux banlieues, où vivent des populations qui ont des "problèmes", où il y a des émeutes, des exclus, etc. Mais ce "eux" n'est pas "nous". Parce qu'il y a ici une impossibilité de penser la classe moyenne autrement que comme une classe moyenne blanche.

Le second intérêt ici, pour les classes supérieures, c'est de s'identifier aux classes moyennes. Ce qui est génial, c'est de se laisser croire que finalement on fait partie de "la moyenne",  comme l'ouvrier ou l'employé, c’est-à-dire comme ceux qui ont véritablement subi une baisse de niveau de vie, une vraie précarisation, un vrai descenseur social. Ce brouillage social est accentué par le fait que ces classes supérieures tiennent en même temps un discours critiquent sur "les riches". Elles portent pourtant et cautionnent le modèle mondialisé de ces élites en tenant le discours de la société ouverte. Le problème est que "la société ouverte" est l’autre nom de la "loi du marché". Une loi du marché qui bénéficie effectivement prioritairement aux riches et aux détenteurs du capital mais aussi à ces classes supérieures qui, actuellement, se constituent notamment des patrimoines dignes des hôtels particuliers du XIXe. Mais aujourd'hui, cette bourgeoisie n'est plus identifiée comme telle. D’où mon utilisation du mot "bobo", qui m'a été reprochée. Si cette catégorie ne constitue qu’une fraction des couches supérieures (dont le point commun est de soutenir le modèle mondialisé, elles peuvent donc être de gauche ou de droite), elle permet de sortir du brouillage de classe en utilisant le mot "bourgeois". Ces gens sont arrivés dans des quartiers populaires, là où vivaient des catégories modestes (anciens ouvriers, actifs immigrés…), dont les revenus, le capital culturel, n’ont rien à voir avec ces classes supérieures. Cette nouvelle bourgeoisie n’est pas "riche", elle ne détient souvent pas le "capital", mais il faut les désigner pour ce qu'ils sont : des bourgeois. Ces gens sont très sympas, cools etc., mais ils représentent une catégorie sociale qui n'a strictement rien à voir avec ce qu'étaient hier les classes populaires qui occupaient ces territoires. Il ne faut pas non plus oublier la violence sociale de cet accaparement de biens qui étaient anciennement ceux de ces catégories populaires.

L'idée a été de connecter cela avec une vision globale des effets de mondialisation sur le territoire. Et attention, il n'y a pas de complot : il s'agit simplement du résultat du "laissez-faire" du marché. Le marché de l'emploi dans les grandes métropoles est totalement polarisé. Les emplois des anciennes classes moyennes ont alors progressivement disparu. Le marché des métropoles n'a pas besoin de ces gens. Le résultat est qu'aujourd'hui, 66% des classes populaires ne vivent plus dans les 15 premières métropoles.

Un sondage IFOP pour Atlantico publié le 4 septembre indiquait que 75% des Français considéraient que le terme "républicain" ne les touchait plus, ce terme ayant perdu son sens. Votre constat insiste également sur la notion de "séparatisme républicain", indiquant que la société française serait en voie d’américanisation, par l'acceptation "banale" du multiculturalisme. Ici encore, considérez-vous que le discours "républicain" actuel soit en retard ? 

fanfare-gifs-animes-323257.jpgJe parle de fanfare républicaine. La grosse caisse. L'absurdité de ce débat est de penser que nous, en France, parce que nous sommes plus malins que les autres, nous allions entrer dans le système mondialisé, mais en gardant la République. Sauf que nous ne pouvons pas avoir le système mondialisé sans en avoir les conséquences sociétales. Il faut choisir. Soit nous gardions un système autarcique, protectionniste, fermé, etc., soit on choisit la société ouverte et ses conséquences, c’est-à-dire le multiculturalisme.

Il suffit d'aller cinq minutes dans un collège pour voir comment les enfants se définissent : blanc, noir, musulman, juif, tout sauf "je ne reconnais aucune origine". Même si nous avons pu connaître cela au début de l'immigration maghrébine. Mais cela a basculé à la fin des années 1980, et maintenant, on y est. Et le discours consistant à vouloir revenir à l'assimilationniste républicain n'a pas de sens. C'était un très beau système mais que fait-on ? On demande aux filles d'enlever leurs voiles, aux juifs d'enlever leurs kippas, etc. ? Oui, mais ça s'appelle une dictature. Attention, je ne dis pas qu'il y a eu acceptation, parce que personne n'a voulu une société multiculturelle, et certainement pas les milieux populaires (quelles que soient leurs origines). Ce modèle n'a pas été voulu en tant que tel, ce n'est que la conséquence de l'ouverture. La société française est devenue une société américaine comme les autres. Il suffit de regarder les méthodes de gestion des minorités : quelle différence entre le Royaume-Uni et la France ? Un jeune Pakistanais à Londres a à peu près le même ressenti qu'un jeune maghrébin en France, un jeune Noir de Bristol par rapport à un jeune Noir de Villiers-le-Bel.

bobo.jpgLe problème ici, c'est la différence entre le multiculturalisme à 10 000 euros et le multiculturalisme à 1 000 euros. À 1 000 euros, les choix résidentiels et scolaires sont de 0. Ce qui veut dire cohabitation totale. Si vous habitez dans un pavillon bas de gamme au fin fond de l'Oise et que la cohabitation est difficile avec les familles tchétchènes installées à côté de chez vous, vous ne pouvez pas déménager. En revanche, le bobo de l’Est parisien qui s'achète un loft s’assure grâce au marché de son voisinage et, au pire, peut toujours déménager ou déscolariser ses enfants si cela se passe mal. C'est la seule différence. Parce que pour toutes ces questions, et contrairement à ce que laisse entendre la doxa médiatique, nous sommes tous pareils. En haut, en bas, toutes les catégories sociales, quelles que soient les origines... Ce qui change, c'est le discours d'habillage. Le "je suis pour la société ouverte" ne se traduit pas dans la réalité. La norme, c’est l’érection de frontières invisibles dans les espaces multiculturels ou le séparatisme car personne ne veut être minoritaire.

La société multiculturelle est une société avec des tensions réelles et une paranoïa identitaire pour tout le monde. Les blancs pensent que les musulmans vont prendre le terrain, les maghrébins pensent que les Français sont racistes, les Noirs considèrent que les Arabes leur en veulent, les Juifs sont dans une relation conflictuelle avec les musulmans.

Aujourd'hui, c'est la tension avec l'islam qui monopolise le débat, en raison de la présence d'une importante communauté en France, (et en extension) mais également en raison du réveil de l'islam dans le monde musulman. Nous sommes sur une logique démographique avec un islam qui prend de plus en plus de place. Dans une telle configuration, si une partie de la communauté se radicalise, elle devient de fait beaucoup plus visible.

En réalité, sur ces questions il n’y a pas "les bons" et "les méchants" : nous sommes face à des comportements universels. Il est possible de faire comprendre à l'autre que ce qui se passe aujourd'hui avec le FN est d'une banalité extrême. En expliquant que ce qui se passe, c'est que le vote FN est un vote de "blédard", d’attachement à son "village", d’une volonté banale de ne pas devenir minoritaire, surtout pour les catégories populaires, quelles que soient leurs origines, qui n’ont pas les moyens d’ériger des frontières invisibles. C’est vrai en France, mais aussi en Algérie, au Sénégal ou en Chine : ces ressorts sont universels. Tout le monde peut le comprendre. Nous sommes dans cette complexité du monde multiculturel, que nous n'avons pas choisi. Quand je dis "nous", les falsificateurs laissent entendre qu’il s’agit d’un comportement de "petit blanc". C’est faux, cette perception est commune à tous les individus quelles que soient leurs origines. Les musulmans ne sont pas plus partisans de la société multiculturelle que les Juifs, les Chinois, les Français blancs ou les Noirs. Ils la pratiquent mais sans l’avoir choisie. Cette société idéalisée par la classe dominante, elle est ce qu'elle est, avec sa dose de séparatisme. Ce qui pose la question du séparatisme, qui n'est pas une hypothèse mais une réalité. Et cette société-là, c'est la société américaine. La France est aujourd'hui le pays d'Europe qui la plus grande communauté maghrébine, la plus grande communauté juive, et la plus grande communauté noire. Le multiculturalisme, nous y sommes, malgré la fanfare républicaine qui joue encore. Aujourd'hui, c'est la question de l'islam qui est posée, mais demain, compte tenu des flux migratoires qui ont lieu aujourd'hui et de la croissance démographique en Afrique, c'est la question de l'identité noire qui se posera.

Vous évoquez l'idée d'une "société populaire" en rupture avec un discours dominant, formant ce que l'on pourrait appeler une société parallèle. Quels en sont les contours ? Qui sont les membres de cette société populaire ? A l'inverse, comment évoquer cette "France d’en haut" électoralement parlant ?

Électoralement parlant, cette France d’en haut, structurellement minoritaire, pèse beaucoup sur les grands partis. Mais ce qui est intéressant, c'est la désaffiliation des nouvelles classes populaires de leurs alliances traditionnelles. L'ouvrier qui votait à gauche, le paysan qui votait à droite : tout cela, c'est fini. C'est soit l'abstention, soit le vote FN pour les catégories populaires d’origine française ou européenne. Mais ce qui se forme, c'est une nouvelle société ou des gens qui étaient opposés (l'ouvrier, le petit commerçant, l’employé et le paysan, qui se retrouvent pour beaucoup sur ces territoires de la France périphérique) ont une perception commune de la mondialisation.

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C'est ce qui les rapproche. Ce sont ces catégories qui vont vers le parti de sortie de la classe moyenne, le FN. Il n'y a pas de conscience de classe, mais ces gens pensent à peu près la même chose du sort qu'on leur a fait avec la mondialisation, mais également des effets de la métropolisation. Ces populations sont sédentaires, elles n'ont plus les moyens de partir, elles doivent s'ancrer sur le territoire, dans des zones peu dynamiques en termes de création d’emplois privés dans un contexte de raréfaction de l’argent public. De plus, ces territoires ont beaucoup vécu de redistribution, de l'investissement public, de la création de postes dans le secteur public. Mais tout cela est terminé. La manne publique a disparu. Et ce n'est pas parce que les gens ont Internet qu'ils sont à New York, ce discours est une arnaque. Le Cantal et Manhattan, ce n'est pas la même chose. Le réseau, ce n'est pas Internet, ce qui compte c'est de rencontrer des gens, être physiquement en face de quelqu'un avec qui on décide de faire des choses, comme le font les cadres supérieurs dans les métropoles. La mobilité n'est plus une mobilité pour tous, elle concerne prioritairement les catégories supérieures, ce qui implique une nouvelle forme de sédentarisation des catégories populaires.

Dans un livre publié en 2006 (Combattre les inégalités et la pauvreté. Les États-Unis face à l'Europe), le directeur de la recherche économique de Harvard, Alberto Alesina, et son collège Edward Glaeser montrent "la relation fondamentale entre fragmentation raciale et dépenses sociales en pourcentage de PIB", indiquant que plus un pays est fragmenté "racialement", moins les dépenses sociales sont élevées. La France périphérique peut-elle participer à de telles décisions ?

C'est également la thèse de Robert Putnam, qui a analysé les grandes villes, et qui a démontré le même phénomène. Il se posait la question de savoir pourquoi les politiques sociales étaient plus faibles dans les grandes villes. Et effectivement, le résultat était que les gens ne veulent pas payer pour les pauvres d'une autre communauté. C'est toute l'ambiguïté du rapport actuel à l'État-Providence qui se traduit dans la parole politique. Il existe un discours radical actuellement sur cette question, qui consiste à dire que l'on donne trop d'argent aux chômeurs, aux assistés, etc. Et ce, sans poser la question culturelle qui se cache pourtant derrière. C'est exactement ce qui se passe en France.

Ce qui est amusant, c'est que les libéraux pensent que les Français sont gagnés par le libéralisme et qu'ils sont contre l'État-Providence. C’est faux. Mais la situation paradoxale est qu’aujourd’hui ce sont les pauvres qui vont demander la fin de l'État-Providence.   

Vous avez été attaqué pour votre travail. Quelle est la difficulté de votre discours au sein de l'Université ?

Oui, des critiques de quelques individus très idéologisés et éloignés des réalités, qui falsifient mon travail, et aussi tout bêtement par des "concurrents". Une histoire de business. Au-delà de ça, ces gens défendent en réalité un modèle, celui des classes dirigeantes, dont ils bénéficient.

Christophe Guilluy (Atlantico, 19 septembre 2016)

Serbiens nie endende Schlacht auf dem Amselfeld

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Serbiens nie endende Schlacht auf dem Amselfeld

Im Sommer 1389 standen sich die serbisch geführte christliche Allianz und das muslimische Heer des Sultan Murad I. auf dem Amselfeld im heutigen Kosovo gegenüber. Für die Serben und ihr aufstrebendes Großreich auf dem Balkan, bedeutete die Schlacht auf dem Amselfeld mehr als für die Osmanen, deren Eroberungswille nicht durch eine oder zwei Niederlagen gebrochen werden konnte. Die Serben, die auf der Balkanhalbinsel eine wichtige politische Mittelmacht geworden waren, zählten sich zu den Verbündeten Konstantinopels, des II. Roms. Diese Verbindung zur frühen Orthodoxie von Byzanz setzt sich bis heute fort. Heute ist es Moskau, welches als Nachfolger Roms von der Orthodoxen Kirche zum III. Rom erhoben wurde bzw. sich selbst dazu erhoben hat. Die serbische Folklore hat aus der Schlacht aus dem Amselfeld einen Nationalmythos gemacht. Die auf dem Schlachtfeld heute blühenden Pfingstrosen würden rot für die serbischen Helden und blau für die Osmanen blühen. Die epochale Auseinandersetzung von insgesamt 40.000-50.000 Kämpfern auf beiden Seiten hat beiden Serben einen prägenderen Eindruck hinterlassen als bei den Türken. Ein nationales Abwehrepos, welches in der Tradition der balkanischen Verteidigung gegen die Türkeninvasion steht. Letztendlich ist sich die Historie scheinbar uneinig, wer die Schlacht letztendlich für sich entscheiden konnte. Die Verluste auf beiden Seiten waren dramatisch. Jedoch konnte das osmanische Reich seine Verluste schneller wieder ausgleichen, als die Serben dies vermochten. Und so kam es, dass trotz der Bündnistreue der serbischen Fürsten das byzantinische Konstantinopel fallen musste. Einen Vorwurf kann man den Serben nicht machen. Zumindest nicht den, dass sie nicht alles versucht hätten. Immer wieder waren Ritter-und Bauernheere der christlichen Fürstentümer auf dem Balkan dem Ruf aus Konstantinopel gefolgt. Hin und wieder gelang es den christlichen Streitern auch die Osmanen in offener Feldschlacht zu schlagen. Aber gegen die numerische und häufig auch waffentechnische Überlegenheit der Türken war kein Kraut gewachsen und die serbischen Fürsten mussten sich nach vielen Jahrzehnten der Abwehrschlachten einer osmanischen Herrschaft beugen.

Der serbische Fürst Lazar hatte seine Kämpfer aus allen Teilen des Balkans zusammengerufen und war häufig mit seinen Streitern gegen die Osmanen siegreich gewesen. Zuletzt bei Dubravnica und davor bei Pločnik. Immer wieder hatte er dabei seinem quasi Erzfeind Murad I. Paroli geboten und war vielleicht eine Art persönliche Nemesis für den Osmanensultan geworden. Auf dem Amselfeld fiel er jedoch wahrscheinlich inmitten seiner Ritterelite beim Sturmangriff auf die Türken. Andere Quellen erzählen davon, dass er gefangenen genommen und hingerichtet wurde, während widerum andere behaupten, dass einige seiner Männer ihn zum Sterben zurückgelassen hätten. Wie auch immer Lazar starb – mit ihm endete auch für lange Zeit die serbische Souveränität auf dem Balkan, als sich das christliche Heer aus Serben und Ungarn unfähig sah, die Befreiung Konstantinopels anzugehen. Stattdessen mussten sich die Serben den Türken beugen und mit dem Verlust der treusten Verbündeten, sah sich Konstantinopel in so arger Bedrängnis, dass es sogar die katholische Kirche von Rom um Hilfe bat. Dazu muss man wissen, dass Rom und Konstantinopel überhaupt gar nicht miteinander klar kamen und es brauchte eine wirklich ungeheure verzweifelte Lage, ehe die Orthodoxie den Papst um Hilfe bat. Diese Erniedrigung vor Rom konnte das byzantinische Reich jedoch nicht retten.

Heute mögen wir auf den Kosovo blicken, jener künstliche durch NATO und EU geschaffene Staat auf dem Balkan, dessen Grenzen von den Serben nicht anerkannt werden. Denn obwohl die Bevölkerung heutzutage hauptsächlich muslimisch und albanisch geprägt ist, liegt im Kosovo der historische Ort der Schlacht auf dem Amselfeld. Noch vor knapp 100 Jahren gehörte dieses Gebiet noch Serbien und es blieb auch in den Wirren der 90er Jahre hart umkämpft. Es sind heute nicht die Türken, sondern die muslimischen Albaner, welche Anspruch auf den Kosovo erheben. Für die Serben immer noch ein unfassbarer Umstand, den sie nicht hinnehmen können. Ähnlich den Armeniern mit ihrem Berg Ararat, der jetzt zur Türkei gehört. Das Amselfeld ist zutiefst mit dem serbischen Nationalgeist verbunden, als dass es bei einer anderen Nation verbleiben könne. Vor allem nicht dann, wenn die Albaner für viele doch die unwilligen oder aber auch willigen Verbündeten der heutigen Türkei sind. Zumindest die Türken sehen die kleine muslimische Nation in Südosteuropa als erweiterten Herrschaftskreis an und der türkische Präsident hat klar gemacht, dass von dort aus der Einfluss des Islam wieder über den gesamten Balkan bis nach Wien ausgebreitet werden muss.

Die Orthodoxie von Moskau unterstützt Serbien, indem sie den Kosovo ebenfalls nicht anerkennt. Obwohl viele Serben aus dem Land gejagt wurden und die meisten orthodoxen Kirchen trotz vermeintlichem Schutz durch die NATO und EU-Kräfte vandalisiert wurden, hält Serbien an seinem Anspruch fest. Und um es mit den Worten eines Bundeswehrsoldaten zu formulieren, der im Kosovo seinen Dienst tat: „Der Balkan ist ein Pulverfass.“

Und die Schlacht auf dem Amselfeld setzt sich fort. Wer weiß noch, wie schrecklich die letzten Kriege auf dem Balkan waren, als Yugoslawien zerbrach?

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vendredi, 23 septembre 2016

GEOPOLITICA DELL’ORTODOSSIA

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GEOPOLITICA DELL’ORTODOSSIA

di Claudio Mutti*

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

claudio mutti,géopolitique,russie,orthodoxie,religion,politique internationale,europe,affaires eruopéennesIl titolo di questo numero di “Eurasia” è stato palesemente suggerito da quello di un’omonima opera di François Thual1 che, prendendo in esame il caso esemplare del cristianesimo ortodosso, mostra come il fattore religioso, lungi dal ridursi a dato secondario o sovrastrutturale, possa fornire ad un soggetto politico un patrimonio di miti e di simboli, fino a costituire un motore determinante delle sue azioni e delle sue scelte. Certo, agli studiosi di geopolitica si offre la possibilità di sottoporre ad un’indagine analoga anche altre grandi religioni che, dopo aver occupato spazi diversi del continente eurasiatico, hanno fondato ciascuna una propria civiltà, ciascuna ispirando le dinamiche del proprio spazio rispettivo; e in effetti non mancano, nella letteratura di settore, gli studi concernenti le implicazioni geopolitiche delle varie forme religiose2.

Per quanto riguarda in modo specifico l’Ortodossia, è stato detto che a renderla particolarmente idonea all’approccio geopolitico è il suo caratteristico rapporto con la terra. “In nessun’altra area come in quella di tradizione ortodossa – scrive uno studioso – il problema della terra intesa come imperskaja zemljà (‘terra imperiale’), sacra per definizione, riveste tanta importanza. (…) il pensiero imperiale-territoriale, di matrice religiosa, è centrale nella concezione ortodossa (…) nella cultura politica di stampo bizantino-ortodosso la terra assume un carattere sacrale, che ne determina non solo l’inviolabilità, ma anche la santità dell’espansione: la Svjataja Russkaja Zemljà (‘Santa Terra Russa’) è per esempio speculare alla Srpska Sveta Zemlja (‘Santa Terra Serba’)”3.

La geopolitica dell’Ortodossia è quindi intimamente collegata ad una concezione che, formatasi in epoca bizantina, è stata trasmessa alle entità statuali che hanno ricevuto l’eredità di Bisanzio.

Tra gli elementi costitutivi di tale concezione, risulta centrale l’idea della translatio imperii, ossia del trasferimento della funzione imperiale da Roma a Bisanzio e da Bisanzio a Mosca. Tale translatio ebbe il suo inizio storico nel 324, quando Costantino fondò una seconda capitale nella parte orientale dello Stato romano, cosicché nel 381 il patriarca bizantino poteva affermare di essere secondo soltanto a Roma, dal momento che “Costantinopoli è la nuova Roma”4. Mille anni dopo, nel 1393, quando l’“eresia latina” si era ormai definitivamente installata a Roma e Bisanzio veniva minacciata da ogni parte, il patriarca costantinopolitano Antonio IV rivolse le sue aspettative verso la Russia, ricordando al “gran principe” moscovita Vasilij I che i cristiani dovevano avere una sola Chiesa e un solo basileus ton Romaion. Ancora un secolo e, nel 1492, quarant’anni dopo la conquista ottomana di Costantinopoli, il metropolita Zosimo presentò la candidatura di Mosca: “Costantino il Grande fondò la nuova Roma, san Vladimiro battezzò la Russia, ora Ivan III è il nuovo Costantino della nuova Costantinopoli, Mosca”5. Una ventina d’anni più tardi, il monaco Filoteo di Pskov formulò in una lettera allo zar Ivan III la teoria di Mosca quale terza Roma: “Tutti gl’imperi cristiani arrivarono alla loro fine e sono stati riuniti nell’unico impero del nostro sovrano, secondo i libri profetici, cioè nell’impero russo. Due Rome sono cadute, ma la terza è già in piedi e non ci sarà una quarta”6.

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A tradurre in termini geopolitici l’ideale della Santa Russia ortodossa e bizantina saranno, paradossalmente, i rappresentanti del dispotismo illuminato russo. Pietro il Grande (1682-1721) e Caterina II (1762-1796), per i quali il richiamo ai valori religiosi e alla difesa dei cristiani ortodossi costituivano una fonte di legittimazione delle loro conquiste, assoggettarono sì la Chiesa, ma ne recuperarono il messaggio ideologico. “A partire dall’inizio del XVIII secolo – scrive Thual – la geopolitica estera russa è in una fase di espansione continua; la gestione quotidiana di questo spazio imperiale e la diplomazia russa si ispireranno a due principi: la difesa dell’Ortodossia, una specie di panortodossismo che avrà un ruolo più importante del panslavismo per quanto concerne la politica estera russa. Se la nascita dei temi ideologici risale al periodo precedente a quello dei Romanov, sarà proprio questa dinastia a riattualizzarli ed a farli passare dallo stadio di mito, di suggestione collettiva, allo stadio di schema d’azione e di canovaccio per il comportamento politico”7. Caterina II, in particolare, concepì l’idea di far sorgere nella penisola balcanica una sorta di nuovo impero bizantino, alla testa del quale si sarebbe insediato un membro della famiglia imperiale russa. Tale disegno non si realizzò, ma col trattato di Küçük Kaynarca del 1774 Caterina ottenne che da quel momento in poi lo Zar di Russia parlasse a nome di tutti gli ortodossi sudditi della Sublime Porta. Da allora la fede ortodossa continuò a nutrire gli obiettivi specifici della geopolitica russa: la riconquista di Costantinopoli e delle vie di comunicazione tra il Mar Nero e il Mediterraneo, la trasformazione dei paesi ortodossi dei Balcani in Stati satelliti della Russia, il recupero dell’Armenia e dei Luoghi Santi in Palestina.

A questa visione geopolitica, incentrata sul rapporto conflittuale tra Russia e Turchia, Konstantin Leont’ev (1831-1891), il “Nietzsche russo”8, contrappone una tesi ben diversa: le due potenze eurasiatiche, in quanto espressioni di due civiltà minacciate entrambe dalla sovversione liberale e democratica proveniente da Occidente, dovrebbero trovare i termini di un’intesa e costituire una barriera di spirito tradizionale9.

Leont’ev rimase vox clamantis in deserto; ma in un certo modo  la sua tesi è stata confermata, sia pure da un punto di vista diametralmente opposto, dal teorico dello “scontro delle civiltà”, il quale fissa la frontiera della civiltà occidentale “là dove finisce il cristianesimo occidentale e iniziano l’islamismo e l’ortodossia”10. Il simbolismo geografico è eloquente: alla Mezzaluna islamica, che dai Balcani giunge al Caucaso attraverso l’Anatolia, si unisce la Croce ortodossa, l’asse della quale, radicato in Palestina, attraversa l’isola di Cipro e giunge a Costantinopoli, per dirigersi poi verso la Romania, dove si congiungono i due bracci: quello serbo e quello russo11.

* Direttore di “Eurasia”.

______________________________________________________________

  1. F. Thual, Géopolitique de l’Orthodoxie, Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Paris 1993; ed. it. Geopolitica dell’Ortodossia, Saggio introduttivo di A. Vitale, Società Editrice Barbarossa, Milano 1995. Dello stesso autore, in italiano: Il mondo fatto a pezzi, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 2008.
  2. Per limitarci all’attività di François Thual, possiamo citare Géopolitique du chiisme, Arléa, Paris 1995 e Géopolitique du Bouddhisme, Editions des Syrtes, Brest 2002.
  3. A. Vitale, Saggio introduttivo a: F. Thual, Geopolitica dell’Ortodossia, cit., pp. 8-9.
  4. R. Lee Wolff, The Three Romes: The Migration of an Ideology and the Making of an Autocrat, in “Daedalus”, primavera 1959, p. 294.
  5. In Pamjatniki drevnerusskogo kanoničeskago prava, I, St-Peterburg 1908, pp. 795 ss.
  6. V. Malinin, Starec Eleazarova monastyria Filofei i ego poslanija, Kiev 1901, suppl. pp. 54.
  7. F. Thual, Geopolitica dell’Ortodossia, cit., p. 49.
  8. N. Berdjaev, Konstantin Leont’ev. Očerk iz istorii russkoj religioznoj mysli, YMCA Press, Paris 1926, pp. 37-39.
  9. K. Leont’ev, Bizantinismo e mondo slavo, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 1987. Per una presentazione del pensiero di Leont’ev si veda A. Ferrari, La terza Roma, Edizioni all’insegna del Veltro, Parma 1986.
  10. S. P. Huntington, Lo scontro delle civiltà e il nuovo ordine mondiale, Garzanti, Milano 2000, p. 230.
  11. 11. Cfr. O. Clément, La Chiesa ortodossa, in: Storia delle religioni a cura di Henri-Charles Puech, 10. Il cristianesimo medievale, Universale Laterza, Bari 1977, p. 165.

Erkenbrand: The Alt-Right in the Netherlands

Bart & Michael - Erkenbrand: The Alt-Right in the Netherlands

cropped-Erkenbrand-09.jpgDutch Alt-Right activists Bart and Michael have taken the initiative to set up regular meetups in the Netherlands people concerned with the future of Europe. Their first conference, Erkenbrand, will take place in Rotterdam at the end of September and include guests such as Millennial Woes and Roger Devlin.

We begin with a few necessary introductions, including a brief mention of the upcoming Erkenbrand conference in Holland. We then delve into the ongoing demographic crisis in the West. Although this topic is certainly commonplace within the Alt-Right, there has been very little coverage on the how it has affected Holland in particular. Thankfully, Bart and Michael are more than willing to fill us in. We learn that Holland, much like the rest of the West, is being flooded with non-European immigrants. Major cities like Amsterdam are already nearly half non-Dutch; the countryside, unfortunately, is beginning to undergo a similar transformation. We also discuss Geert Wilders, the establishment right, and whether or not we will be able to save our countries through the political process.

In the members’ hour, we begin by discussing the vital role that networking plays within our movement. We consider the fact that many aspects of Western culture – history, myths, art, etc. – are currently being altered or, in some cases, blatantly removed for political reasons. Bart and Michael then tell us more about Amsterdam. Thanks to 100 years of socialist rule, the Netherlands’ capital has become overrun with prostitution, drugs, and crime. We also discuss how liberalism’s promotion of tolerance has effectively created a culture of indifference, in which people now consider it moral to allow immorality. The show concludes with a consideration of the steps that need to be taken to preserve the West.

Guest's website: http://www.erkenbrand.nl

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A propos des élections législatives russes

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Victoire de Putinus Augustus

A propos des élections législatives russes

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Le dépouillement s’étant arrêté à 99,5% des suffrages, mon analyse reposera sur ces chiffres provisoires, mais les chiffres définitifs ne devraient de toute façon différer que de manière extrêmement marginale. Le nombre d’élus de chaque parti est également connu.

united-russia.jpgAvec 54,2% des voix environ, le parti Russie Unie de Poutine et Medvedev s’impose largement, bien davantage que ce que prévoyaient les sondages, y compris ceux sortis des urnes, où le mouvement était plutôt annoncé aux alentours de 43% environ, alors qu’il est de dix points supérieurs au final. Cela alimentera toutes les spéculations, non sans raison, mais n’oublions pas qu’à l’époque d’Eltsine, les USA ne s’offusquaient pas de méthodes démocratiquement « particulières » lorsqu’il s’agissait de s’opposer aux communistes. Russie Unie obtient également 72% de la douma et 343 sièges, écrasant de tout son poids les trois formations politiques qui ont réussi à passer la barre fatidique nécessaire pour obtenir un groupe parlementaire.

Avec 13,4% et 13,2%, communistes du KPFR (Ziouganov) et nationalistes du LPDR (Jirinovski), deux formations qui existent au moins depuis 1993, les partis de l’opposition légale sont largement marginalisés. Les premiers obtiennent 42 sièges et les seconds 39 sièges. Ils auront chacun leur groupe parlementaire mais dont le poids ne sera pas déterminant pour influencer les grandes orientations décidées par Poutine. Enfin « Russie Juste », une sorte de sociale-démocratie à la russe, obtient 6,2% des voix et 23 sièges. Ces trois partis perdent en tout 108 sièges, diminuant en conséquence leurs moyens.

Les autres mouvements politiques sont très modestes. Yabloko, « La Pomme », un mouvement de centre-droit, n’obtient que 2% des voix, de même que le mouvement Parnas (0,73%), les Verts (0,76%), le Parti de la Croissance (1,29%) ou encore le Parti des Retraités pour la Justice (1,74%). L’extrême-gauche (« Communistes de Russie ») résiste mieux avec 2,3% des voix.

L’opposition modérée, patriote et/ou nationaliste, est également très affaiblie. Rodina, qui a perdu toutes ses figures marquantes, dont Rogozine et Glaziev, n’obtient qu’1,5% des voix, et encore faut-il préciser que ce mouvement est « poutinien » de fait. Patriotes de Russie obtiennent 0,59%.

Vladimir Poutine a donc largement gagné ces élections, une fois de plus, comme depuis 2000, et a même renforcé sa puissance politique, réduisant l’opposition modérée à une portion congrue, même si les communistes résistent encore, alors que certains sondages les annonçaient à 8% des voix.

La démocratie autoritaire mise en place par Poutine après l’effondrement du pays sous Eltsine ne se cache plus. Physiquement Poutine ressemble de plus en plus à Octavien, plus connu sous son nom d’Auguste. Tout comme Octavien paraissait bien timide lorsqu’il hérita de César, ce qui abusa Antoine, Poutine était un inconnu lorsqu’Eltsine le nomma premier ministre puis le choisit comme héritier politique après avoir décidé de démissionner. Il s’est révélé petit à petit à la tête du pays comme une personnalité hors norme, qui suscite à la fois crainte et respect. Son nom même peut lui paraître prédestiné.

En effet son prénom Vladimir signifie « maître du monde » ou « garant de la paix » et son nom Poutine signifie « l’homme du chemin », donc « celui qui indique le chemin ». En outre Vladimir Ier le Soleil Rouge fut le fondateur de la Rus’ de Kiev, dont la Russie est héritière au même titre que l’Ukraine, et le premier prince chrétien des Slaves de l’Est, converti en 988. Poutine dirige la Russie depuis plus de quinze ans sans discontinuité, ayant simplement laissé à son poulain Medvedev, un « homme-ours » là encore prédestiné par son nom même, un mandat présidentiel de transition.

Tout comme Octavien/Auguste, il œuvre sans relâche à la renaissance de la Russie et à son retour sur la scène internationale, à tout prix, même s’il subit des sanctions économiques de l’Occident en raison de son action supposée en Ukraine et notamment de l’annexion de la Crimée. Poutine a neutralisé les véléités séparatistes des Tchétchènes au prix d’une alliance avec Ramzan Kadyrov, qui tient cette région d’une main de fer et d’une bien insupportable main verte, qui plus est. Il a neutralisé le rapprochement de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Moldavie en faveur de l’OTAN, et aussi en conséquence vis-à-vis de l’Union Européenne. C’est aussi pour cela que Poutine reste si populaire dans une Russie gardant la tête haute.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Retour sur une élection pas comme les autres à Berlin

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Retour sur une élection pas comme les autres à Berlin

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les résultats définitifs de l’élection pour le parlement du Land de Berlin accentuent les tendances constatées au moment du sondage sorti des urnes. Avec 21.6%, la SPD perd 6.7 points alors qu’elle était au pouvoir en coalition au niveau de la capitale. Elle paie là son alliance au niveau national avec la CDU dans le cadre de la « grande coalition ». La CDU paie la politique migratoire suicidaire d’Angela Merkel, les électeurs de son camp lui répondant « wir schaffen nicht das » (« nous n’y arriverons pas »). Avec 17.6% des voix et 5.7 points de perte, elle connaît un résultat désastreux, à peine remise de son effondrement dans le Mecklembourg-Poméranie. A eux deux réunis, la grande coalition SPD/CDU n’atteint pas 40% des voix. Cette contre-performance va certainement accentuer la crise entre la CDU et son alliée bavaroise la CSU.

Die Linke (« La gauche ») avec 15.6% des voix progresse de 3.9 points aux dépens de la SPD et en partie de la liste Piraten. Les Verts (Die Grüne) en revanche avec seulement 15.2%, bien que n’étant pas associés au gouvernement, régressent de 2.4 points. Leur laxisme migratoire légendaire a pu les pénaliser légèrement dans cette élection.

C’est l’AFD de Frauke Petry qui avec 14.2% des voix réussit une progression spectaculaire. Annoncée seulement aux alentours de 11.5% en début de soirée, elle atteint au final presque 15%, soit la tendance haute annoncée par les sondages. Berlin-Est notamment a donné à l’AFD des scores plus que significatifs alors que Berlin-Ouest reste davantage « conformiste ». L’AFD sèche tout ce qui est à sa droite, que ce soit la scission ALFA (de Bernd Lucke) qui n’obtient que 0.4% des voix ou l’extrême-droite historique, la NPD obtenant péniblement 0.6%, ayant souffert d’un fort vote utile en faveur de l’AFD, tout comme Pro Deutschland qui tombe à 0,4% des voix (-0,8).

La formation de protection du monde animal Die Partei (« Le Parti ») obtient enfin 2% et les Pirates 1.7% soit une perte sèche de 7.2 points. Après un exploit à l’élection précédente, la formation pirate retourne à son noyau d’origine. Elle a été largement marginalisée par les enjeux locaux et par la montée de l’AFD contre laquelle la gauche radicale semble s’être davantage mobilisée.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

jeudi, 22 septembre 2016

Afflux migratoire et délitement de l’Etat

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Afflux migratoire et délitement de l’Etat – aspects juridiques, politiques et culturels de la question des réfugiés

Par Hans Köchler, professeur de philosophie politique*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

«En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.»

Je diviserai mon intervention en trois parties.

Tout d’abord, je me pencherai sur la configuration du Moyen-Orient et j’esquisserai une brève rétro­spective historique allant jusqu’à l’actuel délitement des Etats en présence.

Dans un deuxième temps, j’examinerai les événements que je décris comme le délitement des Etats et la déstabilisation de l’Europe.

Enfin, je m’interrogerai sur les buts et les intentions dissimulés derrière ces développements. «Un nouvel ordre mondial?» (avec point d’interrogation), pourrait être l’intitulé abrégé pour cette dernière section de mon intervention.
Avant d’examiner les problèmes plus en détail, donc, je voudrais faire certaines remarques préalables:
En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.

Je ne vais pas présenter une fois encore les faits déjà connus dans le détail; on n’emmène pas une chouette à Athènes. Bien au contraire, il s’agit pour moi de traiter des raisons pour lesquelles nous sommes, ici et maintenant, confrontés – non seulement au Proche- et au Moyen-Orient, mais de plus en plus aussi en Europe, et cela aussi bien sur le plan intérieur qu’à l’international ou, comme on le dit souvent, au niveau «supranational» – à un délitement de l’Etat dont la conséquence est l’actuel soi-disant afflux de populations migratoires ici en Europe.

J’aimerais aussi aborder ici la dimension géopolitique des événements et en particulier, la question des conséquences voulues ou plutôt non-voulues de cette évolution. Les questions à ce propos se posent à peu près sous cette forme: l’afflux migratoire vers l’Europe est-il vraiment une conséquence imprévue – et donc non voulue – des interventions militaires de l’Occident dans cette région du Moyen-Orient, y compris en Afrique du Nord, et qui seraient dans ce cas et selon l’expression convenue, celles de la «juste rétribution d’une mauvaise action»? Ou – et là se pose le second raisonnement possible – y aurait-il des hasards ou plutôt des liens qui indiqueraient un plus vaste concept géostratégique?
L’analyse des trois rubriques suivantes m’amène – en particulier en ce qui concerne l’Union européenne – à poser également la question suivante: cette invasion effective – avec abrogation de pratiquement toutes les barrières légales et sécuritaires – est-elle voulue, et si oui, dans quelle mesure, ou est-ce simplement symptomatique d’une société de la prospérité et du plaisir qui aurait perdu toute volonté d’affirmation identitaire?

En tant qu’Autrichien, par rapport à ce qui s’est déroulé à grande échelle pendant des mois l’an dernier au vu et au su de tous, je dois avant tout poser cette question: Pourquoi, au cours de ces longs mois, la République a-t-elle capitulé devant la loi de la jungle? Sans entrer dans des détails suffisamment connus, je renvoie seulement à ce fait: l’Etat a fait entrer sur le territoire des centaines de milliers de personnes sans savoir, dans la plupart des cas, de qui il s’agissait et a ensuite transféré ces gens – agissant quasiment comme un passeur de migrants au niveau national – en majeure partie à la frontière allemande.

Au préalable, je voudrais également établir encore une clarification terminologique: en Europe, les migrants ne sont pas au sens strict des réfugiés de guerre, mais très concrètement des migrants économiques – puisqu’ils proviennent soit de pays présentant toutes les conditions de sécurité, soit même directement de pays-tiers sûrs. C’est pratiquement sans exception toujours le cas. En outre, je me prononcerai plus tard sur l’aspect juridique de ce fait.

1. Configuration du Moyen-Orient et brève rétrospective historique

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant ‹Etats faillis›, mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe.»

J’en viens ainsi à la première partie de mon intervention: la discussion de la configuration du Moyen-Orient avec une brève rétrospective historique.
A titre personnel, je voudrais ajouter que j’ai visité en permanence depuis les années 70 les pays ou plutôt la région dont il s’agit ici, et que je cherche ainsi à formuler ici un jugement qui se base non seulement sur la lecture de la presse, mais aussi sur des observations personnelles et la collaboration avec des intellectuels, hommes politiques et organisations dans les pays du Moyen-Orient.

Ecroulement de l’ordre artificiel établi par les vainqueurs

Ce que nous voyons à présent est l’écroulement consécutif à la Première Guerre mondiale de l’ordre ayant résulté de la fin de l’empire ottoman, instauré de par la volonté des vainqueurs, soit les puissances coloniales de l’époque. Dans les débats actuels, ce n’est pas uniquement le soi-disant Etat islamique (IS) de nos jours qui constate la «fin des Accords Sykes-Picot». (Ceci implique le traité secret conclu en 1916 entre les ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne sur la répartition des zones d’intérêts dans la région du Moyen-Orient).
On doit aussi retenir la chose suivante: en comparaison avec le nouvel ordre instauré, la géographie politique en quelque sorte harmonieuse – et ceci est dit avec peut-être un peu de nostalgie – de l’empire ottoman, soit des régions développées sur une base historique et organisées en unités administratives – a été remplacée par des territoires artificiels, souvent ethniquement hétérogènes, sur le modèle des Etats nationaux européens, ce qui signifiait souvent, concrètement, qu’on découpait arbitrairement les zones d’habitat de tout un peuple – cf. le destin des Kurdes – ou qu’on soustrayait d’unités territoriales développées sur des bases historiques, des mini-Etats qui devenaient pour ainsi dire «Domaines réservés» des intérêts respectifs des grandes puissances. Le fait est – comme on peut s’en rendre compte – que, par exemple, l’Etat pétrolier du Koweït a été en son temps prélevé sur la Vilayet de Bassora. (Une Vilayet est un arrondissement administratif datant de l’empire ottoman.) Le Koweït et la région de l’actuelle ville de Bassora en Irak étaient une seule et même unité administrative fondée sur des bases historiques.
Je ne voudrais pas non plus revenir sur les conséquences de la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle la Grande-Bretagne a de fait créé le conflit – de nos jours encore sans solution – du Proche-Orient en disposant, sans considération pour la population arabe, de la région de Palestine (pour laquelle l’Angle­terre avait reçu un mandat pour la création d’une fédération de peuples après l’écroulement de l’empire ottoman) – une région déjà secrètement promise – voir la mission secrète de «Lawrence d’Arabie», faussement idéalisée en Europe – aux Arabes.

Affirmation identitaire dans le cadre de la rivalité Est-Ouest

Les Etats nationaux hétérogènes dans la région – comme par exemple l’Irak avec sa complexe composition multiethnique et multi-religieuse (Kurdes, Arabes, Musulmans, à leur tour divisés en Sunnites et Chiites, Chrétiens d’Orient, Yézides) – ne pouvaient ou plutôt ne peuvent être rassemblés et dirigés que par un pouvoir central fort. Tout autre point de vue serait une illusion. Il serait malhonnête d’espérer pouvoir comparer un Etat créé par les vainqueurs, pour ainsi dire sur décision extérieure, avec un Etat européen, établi au cours des siècles par des méthodes politiques éprouvées.
Dans l’ère de l’après-Seconde Guerre mondiale, il était aussi décisif pour le maintien de l’ordre étatique dans ces pays qu’un équilibre de pouvoir – bien que précaire – existe entre les deux superpuissances de l’époque. Cela procurait au gouvernement concerné – ou plutôt à l’homme au pouvoir – du Moyen-Orient une sorte de marge de manœuvre entre l’Est et l’Ouest. En essayant de manœuvrer entre deux pouvoirs rivalisant ensemble, au besoin aussi en jouant l’un contre l’autre, il était possible d’affirmer dans une certaine mesure les intérêts de son propre Etat.

Réveil du sentiment national arabe

A cette époque, le réveil de la conscience nationale panarabe a aussi été un facteur stabilisant. Il s’agissait par là de souligner le lien commun entre tous ces Etats. La langue et la culture arabe étaient le ciment entre les membres de la communauté extrêmement diversifiée idéologiquement ou plutôt religieusement. C’est justement l’accent mis sur la nation arabe commune (au sens de la nation culturelle) qui a permis de surmonter les antagonismes religieux. Dans ce cadre, il faut aussi considérer le rôle politique alors très influent dans toute la région du parti Baas (parti laïc), lequel avait d’ailleurs été fondé par un chrétien syrien. Le slogan de l’époque – dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingts, non seulement en Irak, mais encore en Syrie et dans l’Egypte de Nasser – était celui d’une grande nation arabe existant sous la forme de plusieurs Etats – en tout plus de 20. (Cependant, dans un pays comme l’Irak qui n’était pas ethniquement homogène, cette idéologie était contestable sur le plan de la politique intérieure, comme le montrait aussi le conflit dans les régions kurdes.)

L’ère de la puissance mondiale unique

Avec la fin de la guerre froide – c’est-à-dire avec l’écroulement du communisme – donc, à partir de 1989, le monde s’est soudain trouvé livré à une unique puissance mondiale. D’ailleurs dans les jours et les mois qui ont suivi le délabrement du bloc de l’Est et la fin de l’Union soviétique, le président irakien de l’époque, Saddam Hussein, avait clairement reconnu le dilemme sur le point de surgir, lorsqu’il réunit en 1990 une conférence arabe au sommet sur la réévaluation de la situation géopolitique. Bien qu’il ait pris conscience dès le début de cette problématique, il n’en a pas tiré les conclusions correctes – ce qu’on constate rétrospectivement – et cela, au préjudice de son propre pays. Il ne faut pas non plus oublier que le nationalisme arabe, donc l’accentuation de l’héritage commun rappelant que tous font partie d’une seule nation, se retrouve éclaté en plusieurs pays différents suite aux circonstances historiques. Cela fut accompli dans l’esprit dominant l’ère de la décolonisation découlant de la Seconde Guerre mondiale.

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Vers le délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient

Cela m’amène à l’autre aspect que je décris par «délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient». Les Américains ont introduit par ailleurs la notion de «failed state» (Etat en déliquescence) – principalement toutefois pour justifier leurs propres interventions d’après le modèle suivant: on constate tout d’abord l’existence quelque part d’un «failed state», ce qui fait qu’on est bientôt tout simplement obligé d’intervenir. Cependant le fait est, comme l’histoire l’a montré dernièrement, que très souvent des Etats jusque-là relativement stables se transformaient en Etats en déliquescence, les soi-disant «failed states», suite aux actions et interventions militaires.

Réveil de l’Islam en réaction au monopole idéologique de l’Occident

Comme on l’a déjà expliqué, les différents systèmes nationaux n’ont plus, après la fin de la guerre froide, réussi à s’affirmer face à la pression politico-idéologique des Etats-Unis, soudain devenus l’unique puissance mondiale, en fait, la puissance hégémonique mondiale. En conséquence cela impliquait également une délégitimation des systèmes de chacun de ces Etats à l’égard de leur propre population. Une sorte de vide idéologique s’est alors mis en place – j’ai encore le vif souvenir d’entretiens, en particulier à Bagdad au début des années quatre-vingt-dix, avec des personnalités provenant de l’ensemble du monde arabe, et pas seulement d’Irak – qui a lui-même été comblé, de façon relativement rapide mais totale, par l’Islam. En Irak également, le président élu, jusqu’alors strictement laïc, s’est soudain découvert la fibre religieuse. (En ce qui concerne le réveil religieux et son importance politique, ce processus avait auparavant débuté en Iran – donc en milieu chiite. Un mouvement populaire, plus ou moins en opposition aux tentatives obsessionnelles du shah d’Iran de «changer totalement de cap» en engageant à fond son peuple dans le mode de vie et les valeurs occidentales, s’y était formé sur la base de l’Islam devenu facteur identitaire, ce qui a mené au renversement du régime de 1979.)

«La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entre temps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à une détérioration de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue ‹intervention humanitaire› ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue ‹responsabilité de protéger› (‹responsibility to protect›).»

Destruction des Etats stables par les interventions militaires

Enfin, l’événement traumatisant scellant la fin du panarabisme a été l’invasion du Koweït par l’Irak à l’été 1990. Cela a signifié en conséquence l’élimination effective de l’Irak en tant qu’acteur régional, durant la guerre du Golfe de l’année suivante. Le processus de «neutralisation» politique et de marginalisation de l’Irak s’est alors poursuivi pendant plus d’une décennie en conséquence des sanctions économiques au niveau mondial imposées à l’Irak officiellement par les Nations Unies, mais en réalité par les Etats-Unis et leurs alliés. C’étaient, à ma connaissance, les mesures de contrainte les plus complètes et les plus meurtrières qui aient jamais été appliquées par l’organisation des Nations Unies – dont il est résulté un million de morts, sinon plus. Bien que je n’entre pas ici dans les détails, il faut le garder présent à l’esprit, si l’on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Irak et dans toute la zone alentour – tout comme en Syrie. Le fait est qu’historiquement ces sanctions étaient exceptionnelles, un crime commis envers tout un peuple au nom de la communauté internationale. En effet, après les événements pas encore complètement investigués survenus une décennie plus tard, le 11 septembre 2001, la volonté de puissance des Etats-Unis n’a plus connu de frein et a peu à peu porté le coup mortel à l’ordre ancien établi dans la région. Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant «Etats faillis», mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe. J’en arrive maintenant au sujet principal de l’intervention d’aujourd’hui.

Aspects du délitement de l’Etat dans la région

Je voudrais distinguer ici deux aspects des effets de ce délitement de l’Etat dans la région. D’une part donc, l’aspect numéro un: les gens fuient parce que l’Etat s’enfonce dans la guerre. C’est par exemple la situation en Irak, en Libye, mais aussi en Syrie et, ce qui a encore échappé à l’Occident, au Yémen (où – comme en Syrie – une guerre civile extrêmement violente fait rage, soutenue par l’étranger). Le deuxième aspect, à clairement distinguer du premier est: l’Etat qui s’enfonce dans le chaos devient la zone de concentration ou plutôt la base logistique de migrants issus d’une autre région en direction de l’Europe. L’exemple classique en est la Libye. Le pays est devenu de fait la zone de concentration et le point de communication logistique pour l’organisation d’une immigration massive en provenance des pays africains situés au sud du Sahara, ce qu’on appelle la «zone sub-saharienne». Nous avons ici affaire à un «Etat» qui n’existe plus en tant qu’unité souveraine efficace, où on trouve deux gouvernements, deux parlements et quantité de milices rivales et d’autorités régionales – sur un territoire immense qui s’appelait auparavant «la grande Jamahiriya socialiste arabo-libyenne».
Si l’on passe ces éléments en revue, on doit aussi être attentif au fait qu’il n’existe pas d’organisation panarabe efficace pouvant recréer l’ordre – et que, finalement, il n’y en a jamais eu. La Ligue des Etats arabes, s’étant réunie fin juillet en Mauritanie pour débattre de la situation, peut tout au plus émettre des déclarations qui ne l’engagent en rien en réalpolitique. Bien qu’en ayant le statut d’organisation régionale, elle a donc le devoir de stabiliser la situation, en exerçant seulement un rôle d’observateur passif. Le fait est que cette organisation a plutôt encouragé des guerres d’agression, par son action dans l’histoire récente, comme le montre l’exemple de l’Irak.

«Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir.»

«L’Union [européenne ] se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.»

2. Délitement de l’Etat et déstabilisation en Europe

J’en viens avec cela – dans la chronologie des événements – au délitement de l’Etat et à la déstabilisation politique et sociale en Europe. Ici non plus je ne tiens pas à présenter en détail des faits largement connus. Il s’agit pour moi avant tout d’une analyse politique, juridique et sociale de la problématique à laquelle nous sommes confrontés en Europe.

L’UE se révèle être une construction politique défectueuse

En ce qui concerne l’aspect politique, il faut malheureusement se rendre compte du fait que l’Union européenne s’est révélée être une construction totalement défectueuse. Je constate ici un délitement de l’Etat dans le domaine international. Dans la gestion de la «crise des réfugiés» (je reviendrai plus précisément sur cette terminologie), l’Union européenne s’est révélée être un Moloch prétendant être un Etat, mais embrouillé dans un ensemble de règles contradictoires, et pour ainsi dire inefficaces, de compétences nationales et super-étatiques. L’Union se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.

Politique malhonnête et perte de confiance

En rapport avec la soi-disant politique des réfugiés, l’échec de l’Union apparaît concrètement dans le fait suivant: avant tout par une politique de porte grande ouverte, c’est-à-dire incluant la continuation du Traité de Schengen (libre circulation des personnes entre les Etats signataires du Traité de Schengen) et le refus total et simultané de protection des frontières extérieures. Malgré les diverses explications et promesses des politiciens et de la bureaucratie, au jour d’aujourd’hui rien n’en a été modifié. Il n’existe jusqu’à présent aucune protection efficace des frontières extérieures, et sans elle, le Traité de Schengen tout entier n’a plus aucun sens. On trompe les citoyens en réaffirmant par des envolées quasiment lyriques l’importance de la libre circulation des personnes et en déclarant sujet tabou l’exécution de contrôles aux frontières intérieures à l’espace Schengen, alors que les frontières extérieures ne sont pas sécurisées. Un pays comme la Hongrie qui, l’an passé déjà, a essayé d’observer fidèlement les dispositions en vigueur, a vu – comme nous-mêmes l’avons vu – ses efforts sabotés et a été dénigrée au niveau européen. Dans ces circonstances, il n’y a rien d’étonnant à ce que les citoyens perdent de plus en plus confiance dans des instances européennes agissant de façon aussi malhonnête.
Pour compléter, il faut toutefois ajouter que la République autrichienne, à l’initiative du plus jeune membre de gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, s’est peu à peu appropriée le point de vue de la Hongrie et a réglé la politique de migration avec les pays des Balkans de l’Ouest et les Etats du Traité de Višegrad (Pologne, Slovaquie, Hongrie, République tchèque) ce qui a également signifié que la Macédoine a été soutenue et encouragée à exercer un contrôle efficace de sa frontière avec la Grèce.

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Le second point concernant l’échec de l’UE et le déficit de crédibilité du système européen est pour moi la manipulation malhonnête du Traité de Dublin – selon les conditions duquel, rien, mais alors vraiment rien du tout, n’est entrepris pour une protection commune des frontières extérieures. Par suite de cette continuelle négligence, ce décret est devenu depuis longtemps obsolète. La rétention, et un premier enregistrement des réfugiés dans un pays comme la Grèce – en grande difficulté financière – se sont révélées tout simplement illusoires.
Ce qui a apporté un certain soulagement sur ce front dans la situation actuelle (juillet 2016), n’est pas lié à une protection effective des frontières extérieures et à l’application du Traité de Dublin, mais uniquement à d’autres accords convenus ad hoc. Il s’agit là, d’une part de la coordination au sujet de la politique de migration auquel est parvenue la République d’Autriche avec les pays balkaniques de l’Ouest, d’autre part de la position de la Turquie qui – pour des raisons que je ne peux présenter ici en détail – est à présent tout à fait compétente et prête à exercer de meilleurs contrôles sur la sortie des gens stationnés sur son territoire national.

«Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme. C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat.»

Dissolution de la souveraineté suite au manque de contrôles aux frontières

Cela m’amène à un autre aspect du délitement de l’Etat et de la déstabilisation de l’Europe, notamment l’échec de la politique sociale. Sur le papier, donc aux termes de la loi, les Etats souverains, tous sans exception, n’ont démontré depuis le début de l’année ni la volonté, ni la capacité d’exercer réellement leur souveraineté. (Par rapport à l’Autriche, il y a, comme déjà mentionné, depuis le début de l’année un certain changement parce que maintenant le ministre des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense coopèrent et osent soudainement parler ouvertement de sécuriser les frontières du pays. Jusqu’à il y a peu, on avait peur d’être catalogué de fasciste ou de raciste lorsqu’on voulait souligner l’importance de l’exercice de la souveraineté sur le territoire national). Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme.

C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat. La notion d’Etat implique l’existence d’une autorité contrôlant un territoire déterminé, clairement défini et exerçant ce contrôle non seulement du jour au lendemain ou jusqu’au jour prochain, mais dans une perspective de long terme. Se reposer sur une politique d’«ouverture des frontières» est à cet égard une illusion et en réalité, un stupide euphémisme. L’Etat, cela signifie toutefois une communauté capable d’entreprendre une délimitation entre son propre territoire et une autre zone. Cette condition, notamment, le contrôle efficace du territoire, n’a actuellement plus cours dans de nombreux Etats d’Europe.

Concernant l’Autriche, il y a eu, tout au moins de la part des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, l’aveu qu’on devait entreprendre quelque chose. Cependant, s’il se produit un afflux migratoire à la frontière sud, le pays n’aura alors pas les ressources pour protéger sa frontière de manière efficace. Le fait est qu’au cours de l’année dernière – jusqu’au vote avec les pays des Balkans – les migrants pouvaient entrer dans le pays comme ils le désiraient tout en empêchant leur identification par les autorités – et donc par là, leur enregistrement réglementaire. Ceux qui pénétraient illégalement en Autriche pouvaient décider d’eux-mêmes – cela leur a été noblement accordé –, s’ils restaient ou s’ils voulaient continuer leur voyage. Le pouvoir exécutif et l’armée se limitaient au rôle d’observateurs impuissants, et à l’aide humanitaire.

Délégitimation de l’Etat à l’intérieur et à l’extérieur des frontières

Je voudrais encore insister sur deux autres aspects d’un point de vue juridique et politique, c’est-à-dire, sur la délégitimation et la déstabilisation.

Premièrement: Nous avons affaire ici à une double délégitimation de la chose publique – à l’intérieur et à l’extérieur de l’Etat. En ce qui concerne la délégitimation à l’extérieur du pays, on la constate dans l’abandon effectif de la souveraineté.

Un Etat qui renonce à l’exercice de sa souveraineté dans un domaine essentiel n’est pas pris au sérieux par la communauté internationale et perd son statut de partenaire digne de confiance.

En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.

«En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.»

Le système «deux poids, deux mesures» détruit les fondements de l’ordre juridique

Enfin, ces processus mènent – et c’est l’autre aspect mentionné plus haut – à la déstabilisation de l’ordre national, et ceci à divers égards. Je voudrais le décrire tout à fait brièvement.
Premièrement: en appliquant le système «deux poids, deux mesures», l’Etat supprime peu à peu les fondements du système judiciaire. Si dans un cas, des milliers de gens passent la frontière et entrent sans problème, mais que dans l’autre cas, le citoyen lambda tout à fait respectable atterrissant par exemple dans un aéroport, est, lui, minutieusement contrôlé, cela signifie que des normes différentes sont appliquées à chaque fois au passage des frontières. On voit un autre exemple de cette duplicité lorsque l’Etat, tout en punissant les passeurs à titre individuel, agit lui-même en tant que passeur à grande échelle. Je n’ai pas besoin de spécifier les détails concernant le transfert de migrants illégaux, par exemple de la frontière sud de l’Autriche à la frontière allemande.

Délabrement de la société civile

Deuxième aspect de la déstabilisation: la présence d’un nombre croissant de migrants issus de cultures totalement diverses et dont la notion de société et d’Etat est complètement différente amène non seulement des tensions sociales et des conflits, mais encore entraine une désintégration de la société civile, pourtant elle-même indispensable à la démocratie – avec tous les problèmes pour la sécurité intérieure qui résultent de la perte du contrôle de l’immigration. C’est ce que je désignerais, indiscutablement, comme la perte du consensus social.

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Déclin du consensus au niveau interétatique

Le troisième aspect de la déstabilisation se situe au niveau européen, donc interétatique. Ici nous avons également affaire à un déclin du consensus, dans ce cas entre les Etats-membres. Celui-ci se montre dans la divergence totale entre les positions des «nouveaux» et des «anciens» Etats-membres sur la question des migrations – un processus qui peut aller jusqu’à l’échec complet de la construction super-étatique de l’Union européenne.
Il s’agit là plus ou moins d’une discussion «tous contre tous» et il n’est pas étonnant que de plus en plus d’Etats reviennent aux solutions nationales ou plutôt adoptent des conventions en dehors du cadre de l’UE selon leurs intérêts spécifiques. On en a vu un exemple dans les accords conclus lors de la Conférence de Vienne entre l’Autriche et les pays balkaniques de l’Ouest ou plutôt les Etats de Višegrad – pour ainsi dire sans l’aval de Bruxelles ou de Berlin.

Le fait est qu’on revient peu à peu au contexte national parce qu’on s’aperçoit que c’est là que se trouve la seule solution effective aux problèmes concrets touchant directement à l’intérêt national, même s’il est possible – après des décennies d’érosion de l’autorité de l’Etat – que cela se produise en quelque sorte à un niveau inférieur, en partie parce que les Etats eux-mêmes n’ont plus les ressources nécessaires à la défense de leurs frontières.

Fragilité de l’Etat sur la base de concepts juridiques inexacts – quelques mises au point conceptuelles

Cela m’amène aux implications juridiques de la déstabilisation. Il me semble que dans le débat actuel, les concepts sont devenus complètement imprécis sur le plan juridique, ce qui est une raison essentielle pour la surcharge effective des structures de l’Etat et la fragilité croissante de l’Etat. Il faudrait développer en urgence une mise au point conceptuelle sur le plan politique.

Convention de Genève sur les réfugiés

Premièrement: la Convention de Genève de 1951 concernant les réfugiés et qui est juridiquement contraignante pour tous les Etats de l’UE ne traite absolument pas des réfugiés de guerre. Cette situation n’est absolument pas communiquée aux populations. Selon cette convention, la guerre n’est en aucun cas un motif justifiant l’asile. Selon son article 2, les réfugiés sont définis comme des individus craignant d’être persécutés pour des motifs raciaux, religieux, nationaux, idéologiques ou à cause de leur appartenance sociale à des groupes définis, et qui, à cause de ces persécutions, se retrouvent en exil et sont dans l’incapacité, ou ne sont pas disposés, à demander leur protection par leur propre pays.

Cela signifie que lorsque la guerre éclate dans un pays, sa population n’obtient pas automatiquement le droit d’asile, ou plutôt le droit de déposer une demande d’asile. On différencie le citoyen persécuté, comme décrit plus haut, de celui dont le pays est impliqué dans une guerre – si cette guerre est menée entre Etats, c’est-à-dire qu’un pays est attaqué en tant que tel sans que ce soit pour une raison de religion, d’appartenance nationale ou encore d’idéologie. En outre, la situation de discrimination ou de persécution, telle que la conçoit la Convention, n’est pas clairement décrite. Les cas de discrimination et de persécution recensés dans la Convention pourraient concerner de nombreuses personnes impliquées dans des guerres civiles, ils ne correspondent pas nécessairement à une situation de guerre subie par un pays victime d’une agression extérieure.

Deuxièmement, il faut maintenir le statut juridique qui, en vertu de l’article 31 de la Convention de Genève, veut que les réfugiés ainsi définis, parvenus illégalement sur le territoire d’un pays, n’obtiennent l’immunité par rapport à cette entrée illégale que s’ils proviennent (1) directement d’une zone dans laquelle leur vie et leur liberté sont compromises selon l’article 2 cité plus haut, et (2) s’ils s’inscrivent dès leur entrée illégale auprès des services publics du pays en question, c’est-à-dire, qu’ils se laissent enregistrer.

C’est le texte de la Convention. Cela signifie toutefois qu’en fait tous ceux arrivant dans les pays de l’Union européenne par voie maritime ou terrestre ne jouissent d’aucune immunité, et ne peuvent donc revendiquer le droit de solliciter l’asile, puisque ils proviennent déjà de pays dans lesquels ils n’étaient pas poursuivis. Cela signifie légalement qu’aucun pays de l’UE n’a, selon la Convention, l’obligation de laisser entrer les gens – en lieu de quoi, bien sûr, une organisation internationale comme l’UE ou un Etat souverain sont libres d’opter pour une autre solution plus généreuse. Un pays peut déclarer, comme bon lui semble, que tous les réfugiés provenant de tous les pays du monde sont bienvenus en tout temps et qu’il n’y a aucune «limite supérieure». Il doit cependant supporter lui-même les conséquences de cette politique et ne peut en imputer la charge à d’autres Etats. En réalité, chaque pays a également le droit de prendre des mesures contre l’entrée irrégulière des étrangers. Inversement, il existe bien sûr aussi le droit pour chaque Etat d’expulser ces gens. Cela ressort aussi, à l’inverse, dans la formulation de l’article 32, paragraphe 1, de la Convention de Genève sur les réfugiés.

La guerre froide comme arrière-plan historique de la Convention

Pour comprendre, juste une très brève indication sur le contexte historique: la Convention s’appliquait primitivement à des personnes qui, avant une date butoir bien précise – le 1er janvier 1951 – étaient devenus des réfugiés. Avec le protocole d’accord de 1966, cette restriction temporelle a été levée. A ce propos, un fait particulier – généralement passé sous silence – présente dans ces circonstances un intérêt certain: en fait, un Etat peut, selon ce protocole, en limiter la portée territoriale, sur simple déclaration, lors de son adhésion à la Convention. La Turquie, par exemple, a fait usage de cette disposition. Dans la situation actuelle, on atteint tout simplement le comble de l’ironie justement dans le cas de ce pays dont la coopération est si importante dans la question des réfugiés. En raison de la clause formulée selon le statut juridique de la Convention de Genève sur les réfugiés, la Turquie est en droit d’accepter uniquement des réfugiés en provenance d’Europe mais pas du Moyen-Orient ou d’Asie. Par ailleurs, la Turquie a également formulé une autre réserve, selon laquelle on ne peut attribuer à toute personne acceptée dans le pays en tant que réfugié des avantages pécuniaires plus importants que l’assistance sociale ou les aides versées aux citoyens du pays lui-même.

Sur le plan historique, il est aussi intéressant que la Convention – ainsi qu’elle a été fixée à la date butoir du 1er janvier 1951 – ne concernait avant tout que les réfugiés qui fuyaient vers l’Ouest les persécutions dans les pays communistes suite aux bouleversements politiques en Europe après la Seconde Guerre mondiale. A l’époque (pendant la guerre froide), le soutien aux réfugiés politiques était une cause tout à fait essentielle pour la création de la Convention.

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Par ailleurs, il existait déjà, depuis les années vingt et l’après-Première Guerre mondiale, une pré-convention qui concernait surtout les réfugiés en provenance de Russie et d’Arménie, puis, (dans les années trente, après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes) ceux qui venaient d’Allemagne. C’est donc seulement à partir des années soixante qu’on a élargi la protection des réfugiés. Cependant, et quelle qu’en soit la configuration historique concrète, le fait est que, au regard de la situation juridique d’après la Convention en vigueur, un réfugié perd sa qualité de réfugié à partir du moment où il quitte volontairement un pays-tiers sûr et doit alors être considéré comme migrant. En Europe, dans la configuration actuelle, les personnes considérées comme des «réfugiés» selon la Convention de Genève, sont, dans le plus grand nombre des cas, des migrants économiques. (Le terme de «réfugié économique» est juste une expression trompeuse.) Les migrants économiques sont des gens passant d’un pays à l’autre à la recherche de meilleures conditions de vie.

En général, on dissimule également aux citoyens le troisième aspect, concernant le plan juridique: les Etats signataires de la Convention de Genève sur les réfugiés peuvent dénoncer cette même Convention en tout temps selon l’article 44, paragraphe 1. La résiliation entre en vigueur un an après la date de réception de la lettre de résiliation par le secrétaire général de l’ONU. Le droit d’asile n’est donc pas un principe pour ainsi dire éternel ou immuable du droit international, ni une norme mentionnée en théorie juridique comme Jus cogens (norme impérative de droit international). En conséquence de quoi, il faut aussi préciser que dans un cadre légal, la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 n’est pas juridiquement contraignante pour ce qui touche aux réfugiés et au droit sur l’asile. L’article 14, paragraphe 1 de la Déclaration établit seulement de manière générale le droit de chaque individu à l’asile: «En cas de persécution, tout individu a le droit de rechercher et de profiter de l’asile dans d’autres pays.»

La concrétisation de ce principe n’est pas spécifiée. Comme le précise déjà son titre – «Déclaration» – il ne s’agit pas ici d’un contrat aux normes impératives, mais d’un document par lequel les Etats proclament ce qui est important à eux. Il s’agit ici finalement bien plus d’un principe moral ou d’une ligne de conduite, pour ainsi dire d’une anticipation de la communauté internationale qui avait adopté la Convention à l’époque. Il est quand même intéressant de noter que dans les deux alliances globales (décidées en 1966 et entrées en vigueur en 1976) par lesquelles la Déclaration des Droits de l’homme a été en quelque sorte rendue opérationnelle et juridiquement obligatoire – d’une part concernant les droits civils et politiques et d’autre part les droits économiques, sociaux et culturels – on ne trouve aucune définition du statut de réfugié ni de celui d’asile.

«Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique.»

3. Questions géopolitiques

Cela m’amène au final à poser, sur le sujet d’aujourd’hui, la question géopolitique suivante: avons-nous affaire, avec l’afflux des réfugiés, ou plus exactement, avec l’afflux migratoire en Europe, à une déstabilisation opérée au nom d’un «nouvel ordre mondial»?

En raison de l’aggravation de la situation au cours des derniers mois, on ne peut esquiver cette question. On ne doit pas non plus se laisser intimider par tous ceux qui parlent immédiatement de «théories du complot», etc. Le fait est que chaque tribunal rendant un jugement dans le cadre d’une procédure pénale doit développer ex definitione une théorie du complot, dès lors qu’il s’agit de plus d’un seul responsable. En tant que citoyen à part entière et qui se fait son opinion par lui-même, il n’est pas possible de céder sur quoi que ce soit.

«Nouvel ordre mondial et théories du complot»

En ce qui concerne la notion de «nouvel ordre mondial», j’ai déjà essayé au début des années quatre-vingt-dix d’analyser l’idéologie la soutenant. Juste avant la seconde guerre du Golfe (après l’occupation du Koweït par l’Irak), le président Bush (père) dans son «Discours sur l’Etat de l’Union» du 16 janvier 1991 avait exposé le début d’un soi-disant «nouvel ordre mondial» («New World Order»). Il a annoncé, à la lettre, dans cette déclaration que «l’Etat de droit, et non pas la loi de la jungle» devrait s’appliquer immédiatement au gouvernement des Etats. Cela serait la nature même du «nouvel ordre mondial».

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Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir. L’évolution de la politique mondiale au cours des dernières deux décennies doit être considérée dans cette perspective. La pièce maîtresse de cette stratégie était le droit des Etats-Unis de remodeler tout le Moyen-Orient selon leurs propres intérêts, pour ainsi dire «nomine novi ordinis saeculorum» (au nom d’un nouvel ordre mondial). Ceci a ensuite été établi par le concept idéologique d’un soi-disant «New Middle East» avec les mots d’ordre de la démocratie et des droits de l’homme. Les faits que j’ai rapidement esquissés ici à propos de la crise des réfugiés – historiquement, politiquement, légalement – doivent être interprétés dans un contexte général géostratégique et historique; les coïncidences et l’ordre chronologique doivent être examinés avec soin. Je voudrais illustrer brièvement la signification de tout cela au moyen de cinq exemples.

Premièrement, je renvoie à la destruction du système politique par la force armée – en violation de la Charte des Nations Unies – en Afghanistan (2001), en Irak (2003), en Libye (2011) et en Syrie (un processus qui est en marche depuis 2011 et qui est en relation avec le soutien plus ou moins direct aux groupes islamiques armés dans ce pays). La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entretemps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à un délitement de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue «intervention humanitaire» ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue «responsabilité de protéger» («responsibility to protect»).

Utilisation des «nouveaux medias sociaux» par les services de renseignements

Deuxièmement, on est ici renvoyé de façon exemplaire à la gestion des services secrets ou plutôt à l’utilisation des nouveaux médias sociaux («New Social Media») pendant le printemps arabe en 2011. Là aussi la conséquence en a été – voir également les événements en Egypte – le chaos sous forme de guerre civile. Le déclenchement de la révolte et de la guerre civile en Syrie a également été réalisé essentiellement à l’aide de ces techniques d’information. Pour être correct, il faut bien sûr préciser que ce n’est qu’un facteur parmi plusieurs.

L’«Etat islamique»

Le troisième exemple est l’apparition de l’«Etat islamique», sous la dénomination officielle daula al islamia fi al iraku wa al scham, donc l’Etat islamique en Irak et dans la région de l’Al-scham. (C’est la région historique qui comprend aussi la Palestine et le Liban.) Cet «Etat» réclame non seulement ces territoires, mais encore des régions appartenant à d’autres pays, comme par exemple l’Egypte, la Libye, le Mali, le Nigeria, les Philippines (la région de Mindanao), l’Afghanistan, et les Etats d’Asie centrale comme par exemple l’Ouzbékistan, etc.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’influence idéologique de l’Etat islamique en Europe – non seulement au vu du danger de l’infiltration dans l’afflux de réfugiés non-contrôlés, mais encore par la radicalisation et le recrutement des musulmans vivant en Europe pour la cause de l’Etat islamique. Je mets en garde sur le danger qu’il y a à sous-estimer le potentiel émotionnel du réveil de la tradition islamique, en particulier sur la jeunesse. Il est naïf et impardonnable de croire qu’on peut amener des gens, en leur faisant signer une liste de grands principes – comme le font ceux qui enregistrent l’accueil des réfugiés – à reconnaître un gouvernement laïc, c’est-à-dire neutre sur le plan religieux, et de pour ainsi dire rayer d’un trait de plume et mettre au rancart ce qui est pour eux primordial, leurs convictions religieuses. Pendant qu’on se présente en donneur de leçons devant les gens et qu’on joue les «stagiaires» pour quelques heures, quelques jours tout au plus, on s’achète une tranquillité mais en réalité on ne résout rien.

Le quatrième aspect que je voudrais encore mentionner porte sur les effets de ce que j’ai décrit dans les premiers trois aspects, en fait, le déclenchement d’une immigration massive vers l’Europe. Cela me semble être un doux euphémisme de parler – comme l’a fait précédemment la ministre autrichienne des Affaires intérieures – d’une «tempête sur la forteresse Europe». Il s’agit au contraire et pour le dire précisément, bien plus d’une tempête sur une zone frontalière extérieure laissée sans protection, – par principe ou par négligence. Ce n’est pas une «forteresse» qui est attaquée ici, mais une entité n’ayant évidemment plus du tout la volonté de se protéger et qui montre déjà plus ou moins les signes de la déliquescence.

Coïncidences ou programmations?

A ce propos, deux coïncidences attirent l’œil: d’une part la coïncidence temporelle – presque comme si l’on appuyait sur un bouton – entre la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie (approximativement à l’été 2015) et la dilatation soudaine de l’afflux des réfugiés. (Je pense ici aux camps gérés par le HCR dans les pays voisins, en particulier la Jordanie. Là-dessus on a une quantité d’informations détaillées fournies par les fonctionnaires jordaniens.) Il faut également mentionner la coïncidence résidant en la situation insupportable pour la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie mais également pour l’Autriche et la Hongrie, engendrée par l’invitation de facto de la cheffe du gouvernement allemand. En outre, tout cela a fait directement suite, chronologiquement, à la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés régis par l’ONU.

Conflits intérieurs

En ce qui concerne les conséquences à moyen et à long terme, un cinquième aspect est aussi à considérer. Il s’agit là d’une part d’un modèle de société multiculturelle devenu impraticable et dont la chancelière allemande a d’ailleurs constaté l’échec des années avant l’immigration de masse (en octobre 2010) dans un discours devant la «Junge Union» – une évolution qu’elle suscite à présent encore plus avec sa politique en renforçant massivement l’afflux de réfugiés en Europe par ses déclarations répétées. Une autre conséquence de cette immigration incontrôlée est que les conflits culturels-religieux sont importés en Europe. Le danger existe désormais de voir le «conflit des civilisations» (Le «Clash of civilizations» de Huntington) devenir une réalité locale. Une autre conséquence de cette évolution est la décomposition des sociétés autochtones européennes en camps idéologiquement irréconciliables. Nous sommes confrontés à une énorme polarisation politico-sociale, d’une intensité n’ayant plus été observée depuis les dernières décennies et se transformant entre temps en une réalité de politique intérieure dans de nombreux Etats membres de l’Union européenne. Comme conséquences de la manipulation que j’ai déjà décrite – ou de la non-manipulation – du caractère problématique des réfugiés par les instances européennes, il faut maintenant constater une délégitimation croissante et le délabrement progressif de l’Union européenne, constatable par chacun. Un signe tout à fait clair en est la récente décision de la population anglaise, découlant en grande partie de la politique des réfugiés, et dont devra répondre la Chancelière allemande.

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Réflexions finales

Menace de marginalisation politique et économique de l’Europe

Cela m’amène à mes réflexions finales. Tout cela se traduit en géopolitique de la façon suivante: premièrement, l’Europe va devenir un acteur mondial de plus en plus marginalisé. Deuxièmement, les protagonistes nationaux vont pour longtemps s’occuper d’abord d’eux-mêmes. On ne peut même plus balayer d’un simple revers de main le danger de désordres intérieurs et du déclenchement d’une guerre civile. Simultanément, cela renvoie à la menace de baisse de la capacité concurrentielle économique en raison des changements démographiques et de l’augmentation du manque de viabilité financière liée en cela à l’Etat social. Dans ce cas, l’affirmation des grands principes sous forme de mantra n’est d’aucune utilité, pas plus qu’il ne sert à rien de répéter cent fois aux gens qu’il n’existe, en matière de réfugiés «aucune limite supérieure de nombre»– ce qui est d’ailleurs parfaitement faux.

«Les Etats européens […] déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.»

Le mélange des aspects normatifs et effectifs détruit la crédibilité du principe lui-même

On doit distinguer, en effet, entre une limite supérieure dans le légal-normatif et une limite supérieure au sens effectif. Naturellement le droit d’asile est valable selon la Convention de 1951, aux conditions formulées dans cette convention, pour tous ceux qui remplissent ces conditions; ici on ne peut ni séparer, ni exclure. Cependant, il est de fait également clair que, par exemple, la République autrichienne ne peut recevoir chez elle – disons – deux ou trois milliards de personnes de la population mondiale.

Ou encore, pour formuler un autre exemple: celui qui voudrait de son propre chef aider les réfugiés parce qu’il le voit comme une obligation morale, doit aussi se dire que son dévouement – ainsi que le commandement de l’amour envers son prochain – est fondamentalement valable à l’égard de tous. Le même, cependant, doit également être assez honnête pour reconnaître qu’il ne pourrait, même s’il le voulait, accueillir dans son propre appartement des milliers de personnes, qui peut-être revendiqueraient tous son aide. Si l’on mélange le normatif et l’effectif, on détruit finalement la crédibilité du principe lui-même.

«Unintended consequences» ou conséquences volontaires?

L’identification des profiteurs de cette chaîne d’événements, comme je l’ai indiqué ici, peut éventuellement nous donner des indications, dans la mesure où il s’agit des célèbres, comme disent les Américains, «unintended consequences», donc de conséquences imprévues, ou plutôt de développements intentionnellement provoqués. Puisque ceux qui profitent d’un tel développement craignent naturellement de se retrouver au centre de l’attention générale, ils peuvent donc tout aussi facilement, comme je l’ai déjà expliqué plus haut, jouer de l’habituel argument massue de la théorie du complot. L’observateur critique des évènements, je l’espère, ne se laissera pas si facilement intimider.

Un équilibre des pouvoirs multipolaires comme alternative viable

Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique. Toutefois, ainsi que je le crains, dans l’Etat où elle se trouve actuellement, l’Union européenne n’aura aucune part dans la formation de cette multipolarité. On ne peut se laisser aller à aucune illusion. La situation au Moyen-Orient ne se stabilisera pas avant des décennies. En ce qui concerne peut-être la confrontation des Chiites et des Sunnites, nous nous trouvons face à une situation similaire à celle de la guerre de Trente ans. Les interventions occidentales ont engendré, en ce qui concerne cette guerre de religion, une configuration absolument comparable à cette tragédie européenne du XVIIe siècle. Pour ce qui est du flux migratoire résultant des interventions militaires, je crains qu’il n’ait déjà atteint le «point de non retour». Les mesures prises dans la région pour défendre l’afflux des réfugiés sont à peine plus prometteuses. Bien qu’on ait toujours dit qu’il fallait combattre le problème à la racine, c’est-à-dire qu’il fallait – après avoir durablement détruit leur ordre politique – rétablir des Etats stables et viables, je ne vois donc pas comment on pourrait encore le réaliser de façon crédible – malgré tout le pouvoir et la puissance économique possédés par l’Occident – dans les décennies prochaines. Parce qu’aussi regrettable que cela puisse être, il est peut-être déjà trop tard pour s’attaquer aux causes et qu’il s’agit donc avant tout de prendre des mesures efficaces, et on parle là de mesures physiquement efficaces, pour la protection des frontières de l’Europe.

Protéger les frontières pour protéger la paix du continent

Les Européens, et je veux dire ici avant tout les politiciens européens, seraient bien avisés de ne pas importer les conflits dont j’ai traité ici et de pratiquer une politique de la raison au lieu d’une politique des sentiments (qui par moments menace de dégénérer en hystérie collective humanitaire) basée sur une analyse rationnelle des conséquences géopolitiques des développements. Le monde arabe a sombré dans le chaos – en toute hypocrisie au nom de la démocratie et des Droits de l’homme.

Les Etats européens qui sont maintenant directement concernés – d’une façon bien différente de celle du responsable, de l’autre côté de l’Atlantique – par les conséquences de cette évolution, vont eux-mêmes être déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.    •

Hans Köchler

(Traduction Horizons et débats)

Hans Köchler a fait partie de 1990 à 2008 du comité directeur de l’Institut de philosophie de l’université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie internationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler: Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II. Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation au sein de diverses organisations internationales à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public. Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale. Le texte que nous reproduisons ici reprend une intervention d’Hans Köchler à l’invitation de la «Coopérative Zeit-Fragen» le 25 juillet 2016 à Sirnach (CH).

Source: Zeit-fragen.ch/

 

Presseschau Spezial KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

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Presseschau
 
Spezial KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
September 2016
 
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mardi, 20 septembre 2016

Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

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Elections régionales de Berlin: la chute de la maison CDU

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Selon les données de 19h46 (en France), les élections régionales de Berlin confirment les craintes de la chancelière Angela Merkel même si l’AFD n’a pas obtenu le résultat espéré.

Avec 23,2% des voix, la SPD recule de près de cinq points et paie ainsi le prix de sa grande coalition nationale avec la CDU. Même si elle reste le premier parti du Land, elle est sévèrement remise à sa place. La CDU avec 17,9% des voix perd aussi plus de cinq points (-5.4) et n’est pas en meilleure situation. Les deux partis fondamentaux du système allemand à Berlin sont donc seulement aux alentours de 40%. La sanction est dure.

Avec 16,7% des voix, les Verts (Grünen) sont troisième avec 16,7% des voix. Ils ne perdent qu’un point environ. Ce n’est pas un grand succès pour eux, même s’ils évitent de perdre des voix, dans un contexte migratoire où leur laxisme légendaire aurait pu leur jouer des tours. Die Linke avec 16,2% progresse de 4,5 points ce qui est considérable. Les voix perdues par la SPD se sont massivement reportés en faveur du mouvement issu de l’ancien SED d’Allemagne de l’Est.

Les libéraux (FDP) avec 6,5% des voix auront également des élus, progressant de 4,7 points au détriment de la CDU. Ils remontent péniblement la pente.

L’AFD de Frauke Petry, avec 11,8% des voix, réussit une belle performance et s’impose au moins comme la 5ème force de la capitale. Quand on compare le vote AFD à Berlin avec le vote FN à Paris intra muros, on peut considérer le résultat de l’AFD, qui avait été victime ces dernières semaines d’une campagne diabolisatrice très dure, comme un succès majeur. Les autres formations politiques sont réduites aux Pirates (1,7% , -7,2) qui s’effondrent littéralement, notamment en faveur de l’AFD, et aux autres listes autour de 6% des voix.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

PS: à 20:57, les résultats provisoires sont un peu différents. 21,5% pour la SPD, 17,6% pour la CDU, 15,7% pour Die Linke, 15,2% pour les Verts, 14,1% pour l'AFD (ce qui est un bien meilleur score), 6,7% pour le FDP et sans doute 0,8% pour la NPD (non confirmé).

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