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mardi, 08 mai 2018

Monika Berchvok s’entretient avec Robert Steuckers

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Monika Berchvok sentretient avec Robert Steuckers

Suite à la parution de Pages celtiques aux éditions du Lore et de la trilogie Europa aux éditions Bios de Lille, Monika Berchvok a soumis l'auteur de ces ouvrages, Robert Steuckers, à un feu roulant de questions, démontrant par là même que les rebelles de la jeune génération des années 2010 entendent connaître les racines les plus anciennes de cette sourde révolte qui est en train de s'amplifier dans toute l'Europe. Monika Berchvok avait déjà interrogé Robert Steuckers lors de la parution de La Révolution conservatrice allemande aux éditions du Lore en 2014 (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2014/07/26/r... )

Votre parcours est d'une extrême richesse intellectuelle. Quelle est l'origine de votre engagement ?

Parler de richesse intellectuelle est certainement exagéré : je suis surtout un homme de ma génération, à qui l’on a encore enseigné le « socle », aujourd’hui, hélas, disparu des curricula scolaires. J’ai vécu mon enfance et mon adolescence dans un monde qui était encore marqué par la tradition tranquille, les mœurs et les manières qui n’étaient pas celles du monde industriel ou du secteur tertiaire, où plus l’on s’éloigne du réel tangible et concret, plus on acquiert une prétention et une arrogance démesurées face aux « ploucs », comme moi, qui restent avec leurs lourdes godasses, ancrés dans la gadoue du réel (si, si, c’est du Heidegger…). Mon père, qui n’avait pas vraiment été à l’école, sinon à l’école primaire de son village limbourgeois, ne voulait rien entendre des modes et des manies qui agitaient nos contemporains dans les années 1960 et 1970 ; « tous des fafouls », clamait-il, « fafoul » étant un terme dialectal bruxellois pour désigner les zozos et les farfelus. J’ai vécu dans un foyer sans télévision, éloigné du et hostile au petit univers médiocre de la chansonnette, des variétés et de la sous-culture yéyé ou hippy. Je remercie encore mon géniteur, 25 ans après sa mort, d’avoir pu résister à toute la mièvre abjection de ces années où le déclin a avancé à pas de géant. Sans télévision, cela va sans dire, j’ai eu beaucoup de temps pour lire. Merci Papa.

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Le 95 de la rue Berkendael aujourd'hui, la maison de mon enfance et de mon adolescence, où j'ai vécu de 1956 à 1978. C'est là que tout a commencé !

Ensuite, élève doué en primaire mais foncièrement fainéant et désespérément curieux, la seule bouée de sauvetage, pour ne pas finir clodo ou prolo, était l’apprentissage des langues à un bon niveau puisque, Bruxellois, je vivais dans une rue où l’on parlait les trois langues nationales (et leurs variantes dialectales), avec, en plus, le russe des quelques anciens officiers blancs et de leur enfants échoués en notre bonne ville. Avec cette pluralité linguistique, la tâche était dès lors à moitié mâchée. Clément Gstadler, un voisin, vieil instituteur alsacien, qui avait échoué en Belgique, me disait, coiffé de son éternel chapeau traditionnel du pays de Thann et avec un accent tudesque à couper au couteau : « Mon garçon, on est autant de fois homme que l’on connait de langues ». Fort de cette tirade martelée par Gstadler, je me suis donc inscrit, à dix-huit ans, en philologie germanique puis à l’école des traducteurs-interprètes.

L’origine de mon engagement est la volonté de rester fidèle à tous ces braves gens que l’on considèrerait aujourd’hui comme anachroniques. Sur leurs certitudes, battues en brèche, il fallait ériger un dispositif défensif, que l’on espérait toujours devenir un jour offensif, reposant sur des postulats diamétralement opposés aux hystéries des branchés, construire en nos cœurs une forteresse alternative, inexpugnable, que l’on était bien décidé à ne jamais rendre. 

Comment définir votre combat métapolitique ?

Dilthey, que les alternatifs de notre genre ne connaissent hélas pas assez, a partiellement construit son système philosophique sur une idée fort simple : « on ne définit que ce qui est mort, que les choses et les faits dont le temps est définitivement achevé ». Ce combat n’est pas achevé puisque je ne suis pas encore passé de vie à trépas, sans doute pour contrarier ceux que ma rétivité déplait. Il est évident, qu’enfant des années 1950 et 1960, mes premières années de vie se sont déroulées à une époque où l’on voulait tout balancer aux orties. C’est bien entendu une gesticulation que je trouvais stupide et inacceptable.

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Marcel Decorte: il a forgé le terme de "dissociété", plus actuel que jamais !

Rétrospectivement, je puis dire que je sentais bien, dans ma caboche de gamin, que la religion foutait le camp dès qu’elle avait renoncé et au latin et à l’esprit de croisade, très présent en Belgique, même chez des auteurs tranquilles, paisibles, comme un certain Marcel Lobet, totalement oublié aujourd’hui, sans doute à cause de la trop grande modération de ses propos, pourtant tonifiants au final pour ceux qui savaient les capter en leur sens profond. Le philosophe Marcel Decorte, à l’époque, constate que la société se délite et qu’elle va basculer dans la « dissociété », terme que l’on retrouve aujourd’hui, même dans certains cénacles de gauche, pour désigner l’état actuel de nos pays, laminés par les vagues successives de « négationnisme civilisationnel », telles le soixante-huitardisme, la nouvelle philosophie, le pandémonium néo-libéral ou le gendérisme, tous phénomènes « dissociaux », ou vecteurs de « dissocialité », qui convergent aujourd’hui dans l’imposture macroniste, mixte de tous ces funestes délires, sept décennies après l’ouverture de la Boîte de Pandore. Le combat métapolitique doit donc être un combat qui montre sans cesse la nature perverse de tous ces négationnismes civilisationnels et surtout qui dénonce continuellement les officines, généralement basées au-delà de l’Atlantique, qui les fabriquent pour affaiblir les sociétés européennes et pour créer une humanité nouvelle, totalement formatée selon des critères « dissociaux », négateurs du réel tel qu’il est (et qui ne peut être autrement, comme le remarquait un philosophe pertinent, Clément Rosset, malheureusement décédé au cours de ces dernières semaines). Pour énoncer une métaphore à la mode antique, je dirais qu’un combat métapolitique, dans notre sens, consiste, comme le disait l’européiste Thomas Ferrier de Radio Courtoisie, à ramener tous ces négationnismes dans la Boite de Pandore, dont ils ont jailli, puis de bien la refermer.

Vous évoquez dans vos récents travaux « le bio-conservatisme ». Que recouvre ce terme ?

Louis_de_Bonald_by_Julien_Léopold_Boilly.jpgJe n’ai pas évoqué le « bio-conservatisme ». Mon éditeur, Laurent Hocq des Editions Bios, estime que c’est une piste qu’il va falloir explorer, justement pour combattre les « négationnismes civilisationnels », notamment tous les éléments qui nient la corporéité de l’homme, son inné phylogénétique et son ontologie. Pour moi, un bio-conservatisme bien conçu doit remonter à la sociologie implicite que Louis de Bonald esquissait au 19ème siècle, en critiquant les dérives individualistes des Lumières et de la révolution française. Le romantisme, dans ses dimensions qui ne sont ni éthérées ni larmoyantes, insiste sur l’organicité, vitaliste et biologique, des faits humains et sociaux. Il faut coupler ces deux filons philosophiques –le réalisme conservateur traditionnel et le romantisme organique-  et les brancher ensuite sur les acquis plus récents et mieux étayés scientifiquement que sont la biocybernétique et la théorie des systèmes, tout en ne basculant pas dans une ingénierie sociale perverse comme le voulait l’Institut Tavistock, dont le « complotiste » David Estulin, aujourd’hui installé en Espagne, a investigué le rôle cardinal dans l’élaboration de toutes les formes de lavage de cerveau que nous subissons depuis plus d’une soixantaine d’années. Les « tavistockiens » avaient fait usage de la biocybernétique et de la théorie des systèmes pour imposer une culture « dépolitisante » à tout le monde occidental. Ces disciplines peuvent parfaitement être mobilisées, aujourd’hui, pour faire advenir une culture « re-politisée ». C’est ce travail de mobilisation métapolitique que Laurent Hocq veut amorcer avec moi. Il va falloir que je remobilise des personnes compétentes en ces domaines pour parfaire la tâche.

En bout de course, repenser un « bio-conservatisme », n’est ni plus ni moins une volonté de restaurer, le plus vite possible, une société « holiste » au meilleur sens du terme, c’est-à-dire une société qui se défend et s’immunise contre les hypertrophies fatidiques qui nous conduisent à la ruine, à la déchéance : hypertrophie économique, hypertrophie juridique (le pouvoir des juristes manipulateurs et sophistes), hypertrophie du secteur tertiaire, hypertrophie de la moraline désincarnée, etc.

Le localisme est aussi une thématique qui revient souvent dans vos derniers livres. Pour vous le retour au local a une dimension identitaire, mais aussi sociale et écologique ?

Le localisme ou les dimensions « vernaculaires » des sociétés humaines qui fonctionnent harmonieusement, selon des rythmes immémoriaux, sont plus que jamais nécessaires à l’heure où un géographe avisé comme Christophe Guilluy constate la déchéance de la « France d’en-bas », des merveilleuses petites villes provinciales qui se meurent devant nos yeux car elles n’offrent plus suffisamment d’emplois locaux et parce que leurs tissus industriels légers ont été délocalisés et dispersés aux quatre coins de la planète.

L’attention au localisme est une nécessité urgente, de nos jours, pour répondre à un mal terrifiant qu’a répandu le néo-libéralisme depuis l’accession de Thatcher au pouvoir en Grande-Bretagne et depuis toutes les politiques funestes que les imitateurs de cette « Dame de fer » ont cru bon d’importer en Europe et ailleurs dans le monde. 

Le refus du « grand remplacement » migratoire passe par une compréhension des mouvements des immigrations à l'époque de la mondialisation totale. Comment renverser la tendance des flux migratoires ?

En ne les acceptant pas, tout simplement. Nous sommes une phalange de têtus et il faut impérativement que notre entêtement devienne contagieux, prenne les allures d’une pandémie planétaire.

Cependant, quand vous évoquez le fait qu’il faille « une compréhension des mouvements des immigrations », vous soulignez indirectement la nécessité de connaître à fond les contextes dont ces migrants sont issus. Depuis un demi-siècle, et même plus car mai 68 a des antécédents dans les deux décennies qui l’ont précédé, nous sommes gavés d’une culture de pacotille, faite de variétés ineptes, qui occupent nos cerveaux à des spectacles chronophages et les empêchent de se concentrer sur des choses aussi réelles qu’essentielles. Un bon Etat est un Etat qui s’enquiert des forces à l’œuvre dans le monde. Que les flux migratoires soient acceptés ou non, tout Etat-hôte, animé par une vision saine des choses, devrait dresser une cartographie économique, ethnique et sociale des populations issues des pays d’émigration.

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Pour l’Afrique, cela signifie connaître l’état de l’économie de chaque pays exportateur de migrants, l’éventuel système de kleptocratie qui y règne, les composantes ethniques (et les conflits et alliances qui en découlent), l’histoire de chacun de ces phénomènes politiques ou anthropologiques, etc. Ce savoir doit alors être livré par une presse honnête aux citoyens de nos pays, afin qu’ils puissent juger sur des pièces crédibles et non pas être entraînés à voter suite à une inlassable propagande assénée à satiété et reposant sur des slogans sans consistance.

Pour la Syrie, il aurait fallu, avant que les flots de réfugiés ne se déversent en Europe, connaître de manière bien plus précise les structures religieuses et tribales du pays : en effet, les médias, généralement incultes et tributaires de la « culture de pacotille » imposée depuis des décennies, ont découvert des clivages syriens qu’ils avaient ignorés jusqu’alors. Une poignée seulement d’entre nous avait une notion claire de qui étaient les Alaouites ou les Yézidis, savait que les communautés chrétiennes syriennes étaient traversées par des clivages compliqués, connaissait l’alliance tacite qui unissait ces Alaouites aux Chiites duodécimains, comprenait que l’ennemi principal du système politique baathiste était les frères musulmans, déjà fauteurs des terribles désordres de 1981-1982 qui avaient ravagé la Syrie au temps d’Hafez el-Assad, père du Président actuel. Bref, le grand public ne savait rien de la complexité syrienne. Le seul os qu’il avait à ronger était le slogan qui décrétait qu’Assad était un horrible monstre, juste bon à être éliminé par des sicaires fondamentalistes ou des bombes américaines.

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Pour l’Afrique, le seul moyen de réduire les flots de réfugiés, réels ou seulement économiques, aurait été de mettre un terme aux régimes manifestement trop kleptocratiques, de manière à pouvoir fixer les populations sur leur sol d’origine en infléchissant les sommes détournées vers des investissements infrastructurels. En certains cas bien précis, cela aurait aussi dû passer par un retour à une économie agricole vivrière et à un abandon partiel et bien régulé des monocultures qui ne parviennent pas à nourrir correctement les populations, surtout celles qui ont opté pour les exodes ruraux vers les villes et les bidonvilles tentaculaires, comme, par exemple, ceux du Nigéria.

Pour la Syrie, il aurait fallu établir un filtre pour trier les réfugiés mais cela aurait, ipso facto, privilégié les communautés musulmanes ou chrétiennes, alliés au régime, au détriment des strates qui lui sont hostiles et qui sont aussi nettement moins intégrables à nos sociétés européennes, puisque le salafisme qui les anime est viscéralement hostile à toutes les formes de syncrétismes et à toutes les cultures qui ne lui correspondent pas à 100%. En outre, en règle générale, la réception de flots migratoires en provenance de pays où sévissent de dangereuses mafias n’est nullement recommandable même si ces pays sont européens comme la Sicile, le Kosovo, l’Albanie ou certains pays du Caucase. Toute immigration devrait être passée au crible d’une grille d’analyse anthropologique bien établie et ne pas être laissée au pur hasard, à la merci d’une « main invisible » comme celle dont toutes les canules libérales attendent la perfection en ce bas monde. Le non discernement face aux flux migratoires a transformé cette constante de l’histoire humaine, dans ses manifestations actuelles, en une catastrophe aux répercussions imprévisibles car, à l’évidence, ces flux ne nous apporteront pas une société meilleure mais induiront un climat délétère de conflits inter-ethniques, de criminalité débridée et de guerre civile larvée.

Renverser la tendance des flux migratoires se fera quand on mettra enfin en œuvre un programme de triage des migrations, visant le renvoi des éléments criminels et mafieux, des déséquilibrés relevant de la psychiatrie (que l’on expédie délibérément chez nous, les infrastructures capables de les accueillir étant inexistantes dans leurs patries d’origine), des éléments politisés qui cherchent à importer des conflits politiques qui nous sont étrangers. Une telle politique sera d’autant plus difficile à traduire dans la réalité quotidienne que la masse importée de migrants sera trop importante. On ne pourra alors la gérer dans de bonnes conditions.

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Vous avez connu Jean Thiriart. Sa vision politique d'une « Grande Europe » vous semble-t-elle encore actuelle ?

Jean Thiriart était d’abord, pour moi, un voisin, un homme qui vivait dans mon quartier. J’ai pu constater que derrière le sexagénaire costaud et bourru se cachait un cœur tendre mais meurtri de voir l’humanité basculer dans le ridicule, la trivialité et la veulerie. Je n’ai pas connu le Thiriart activiste puisque je n’avais que douze ans quand il a abandonné son combat politique à la fin des années 1960. Ce combat, qui s’est étendu sur une petite décennie à partir de l’abandon du Congo par la Belgique en 1960 et suite à l’épilogue tragique de la guerre d’Algérie pour les Français, deux ans plus tard. Thiriart était mu par une idée générale bien affirmée : abolir le duopole de Yalta, qui rendait l’Europe hémiplégique et impuissante, et renvoyer dos à dos Américains et Soviétiques pour que les Européens puissent se développer en toute indépendance. Il appartenait à une génération qui avait abordé la politique, très jeune, à la fin des années 1930 (émergence du rexisme, du Front Populaire, guerre d’Espagne, purges staliniennes, Anschluss, fin de la Tchécoslovaquie née à Versailles), a vécu la seconde guerre mondiale, la défaite de l’Axe, la naissance de l’Etat d’Israël, le coup de Prague et le blocus de Berlin en 1948, la Guerre de Corée et la fin du stalinisme.

Deux événements ont certainement contribué à les ramener à un européisme indépendantiste, différent en ses sentiments de l’européisme professé par les idéologues de l’Axe : la révolte hongroise de 1956 et la campagne de Suez, la même année, celle de ma naissance (en janvier). L’Occident, soumis à Washington, n’a rien fait pour secourir les malheureux Hongrois. Pire, lors de l’affaire de Suez, les Américains et les Soviétiques imposent aux Français et aux Britanniques de se retirer inconditionnellement du théâtre opérationnel égyptien. Thiriart, et bon nombre de ses compagnons, temporaires ou non, constatent que le duopole n’a nulle envie de s’autodissoudre ni même de se combattre, de modifier dans un sens ou dans l’autre le tracé du Rideau de Fer qui mutile l’Europe en son beau milieu, de tolérer une affirmation géopolitique quelconque de la part de puissances européennes (fussent-elles membres du conseil de sécurité de l’ONU comme la France et le Royaume-Uni). La décolonisation du Congo a également montré que les Etats-Unis n’étaient nullement prêts à soutenir la présence belge en Afrique centrale, en dépit du fait que l’uranium congolais avait servi à asseoir la suprématie nucléaire de Washington depuis les bombes atomiques fabriquées pour mettre le Japon à genoux en 1945. L’abandon du Congo et surtout du Katanga ont créé une animosité anti-américaine en Belgique, vague sur laquelle va surfer Thiriart. Pour la petite histoire, le frère d’Hergé fut le seul militaire belge à ne pas se dégonfler et à manifester une hostilité arrogante aux militaires de l’ONU venus prendre le contrôle de sa base congolaise.

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Une unité de chasseurs ardennais au Congo, 1960.

De fil en aiguille, Thiriart créera le fameux mouvement « Jeune Europe » qui injectera bien des innovations dans le discours d’un milieu activiste et contestataire de l’ordre établi que l’on pouvait classer au départ à l’extrême-droite dans ses formes conventionnelles, petites-nationalistes ou poujadistes. Les « habitus » de l’extrême-droite ne plaisaient pas du tout à Thiriart qui les jugeait improductifs et pathologiques. Lecteur des grands classiques de la politique réaliste, surtout Machiavel et Pareto, il a voulu créer une petite phalange hyper-politisée, raisonnant au départ de critères vraiment politiques et non plus d’affects filandreux, ne produisant que de l’indiscipline comportementale. Cet hyper-réalisme politique impliquait de penser en termes de géopolitique, d’avoir une connaissance de la géographie générale de la planète. Ce vœu s’est réalisé en Italie seulement, où la revue Eurasia de son disciple et admirateur Claudio Mutti est d’une tenue remarquable et a atteint un degré de scientificité très élevé.

Pour contourner la césure de Yalta, Thiriart estimait qu’il fallait chercher des alliés de revers en Méditerranée et à l’Est de la vaste masse territoriale soviétique : d’où sa tentative de dialoguer avec des nationalistes nassériens arabes et avec les Chinois de Chou En Lai. La tentative arabe reposait sur une vision méditerranéenne précise, incomprise par les militants belges et très bien captée, au contraire, par ses disciples italiens : cette mer intérieure devait être dégagée de toute tutelle étrangère selon Thiriart. Il reprochait aux diverses formes de nationalismes en Belgique de ne pas comprendre les enjeux méditerranéens, ces formes étant davantage tournées vers l’Allemagne ou les Pays-Bas, l’Angleterre ou les pays scandinaves, tropisme « nordique » oblige. Son raisonnement sur la Méditerranée ressemblait à celui que Victor Barthélémy, adjoint de Doriot et lui aussi ancien communiste, mentionne comme le sien et celui de Mussolini dans ses mémoires. Thiriart dérivait très probablement sa vision de la géopolitique méditerranéenne d’un sentiment d’amertume suite à l’éviction de l’Angleterre et de la France hors de l’espace méditerranéen après l’affaire de Suez en 1956 et après la guerre d’Algérie.

nasser.jpgAvec les Arabes, les Européens, selon Thiriart, partageaient un destin méditerranéen commun qui ne pouvait pas être oblitéré par les Américains et leurs pions sionistes. Même si les Français, les Anglais et les Italiens étaient chassés du littoral nord-africain arabophone, les nouveaux Etats arabes indépendants ne pouvaient renoncer à ce destin méditerranéen qu’ils partageaient avec les Européens non musulmans, massés sur la rive septentrionale. Pour Thiriart, les eaux de la Grande Bleue unifient et ne posent aucune césure. Il fallait, de ce fait, favoriser une politique de convergence entre les deux espaces civilisationnels, pour la défense de la Méditerranée contre l’élément étranger à cet espace, qui s’y immisçait et que constituait la flotte américaine commandée depuis Naples.

L’idée de s’allier avec la Chine contre l’Union Soviétique visait à obliger celle-ci à lâcher du lest en Europe pour affronter les masses chinoises sur le front du fleuve Amour. Le double projet de parier sur les Arabes nassériens et sur les Chinois a marqué les dernières années de l’activité politique de Thiriart. Les années 1970 sont, pour lui, des années de silence ou plutôt des années où il s’immerge dans la défense de son créneau professionnel, à savoir l’optométrie. Quand il revient sur la brèche au début des années 1980, il est quasi oublié des plus jeunes et éclipsé par d’autres filons politiques et métapolitiques ; qui plus est, la donne a considérablement changé : les Américains ont fait alliance avec les Chinois en 1972 et, dès lors, ces derniers ne peuvent plus constituer un allié de revers. Comme d’autres, dans leur propre coin et sans concertation, tels Guido Giannettini et Jean Parvulesco, il élabore un projet euro-soviétique ou euro-russe que le régime d’Eltsine ne permettra pas de concrétiser. Il rencontre Alexandre Douguine en 1992, visite Moscou, rencontre des « rouges-bruns » mais meurt inopinément en novembre de la même année.

Ce qu’il faut retenir de Thiriart, c’est l’idée d’une école des cadres formées aux principes émis par la philosophie politique pure et à la géopolitique. Il faut aussi retenir l’idée d’une Europe comme espace géostratégique et militaire unique. C’est l’enseignement de la seconde guerre mondiale : la Westphalie se défend sur les plages de Normandie, la Bavière sur la Côte d’Azur et le cours du Rhône, Berlin à Koursk. Les moteurs ont permis le rétrécissement considérable de l’espace stratégique tout comme ils ont permis la Blitzkrieg de 1940 : avec un charroi hippomobile, aucune armée ne pouvait atteindre Paris depuis la Lorraine ou le Brabant. Les échecs de Philippe II après la bataille de Saint-Quentin le prouvent ; Götz von Berlichingen ne dépassera jamais Saint-Dizier ; les Prussiens et les Autrichiens ne dépassent pas Valmy et les armées du Kaiser sont arrêtées sur la Marne. Seule exception : l’entrée des alliés à Paris après la défaite de Napoléon à Leipzig. Les Etats-Unis sont désormais l’unique superpuissance, même si le développement d’armements nouveaux et l’hypertrophie impériale, qu’ils se sont imposée par démesure irréfléchie, battent lentement en brèche cette force militaire colossale, défiée récemment par les capacités nouvelles des missiles russes et peut-être chinois. L’indépendance européenne passe par une sorte de vaste front du refus, par une participation à d’autres synergies que celles voulues par Washington, comme le voulait aussi Armin Mohler. Ce refus érodera lentement mais sûrement la politique suprématiste des Américains et rendra finalement le monde « multipolaire ». La multipolarité est l’objectif à viser comme le voulait sans doute Thiriart mais aussi Armin Mohler et comme le veulent, à leur suite, Alexandre Douguine, Leonid Savin et votre serviteur.   

Trois auteurs allemands semblent vous avoir particulièrement marqué : Ernst Jünger, Carl Schmitt et Günter Maschke. Que conservez-vous de leurs pensées ?

En fait, vous me demandez d’écrire un livre… J’admire les écrits politiques du jeune Jünger, rédigés au beau milieu des effervescences des années 1920 comme j’admire aussi ses récits de voyage, ses observations en apparence banales qui ont fait dire à quelques jüngeriens, exégètes de son œuvre, qu’il était un « Augenmensch », littéralement un « homme d’yeux », un homme qui arraisonne le monde de la nature et des formes (culturelles, architecturales, …) par le regard, par un regard pénétrant qui porte bien au-delà de la surface des choses vues et perçoit les règles et les rythmes de leur intériorité.

Je sortirai très bientôt un ouvrage copieux mais qui ne sera certainement pas exhaustif sur Carl Schmitt. Je tiens à rappeler ici que Carl Schmitt écrit ses premiers textes pertinents à l’âge de seize ans et couche sur le papier son dernier texte fondamental à 91 ans. Nous avons donc une œuvre colossale qui s’étend sur trois quarts de siècle. Carl Schmitt est le théoricien de beaucoup de choses mais on retient essentiellement de lui l’idée de décision et l’idée de « grand espace ». Mon ouvrage, à paraître aux éditions du Lore, montrera le rapport de Schmitt à l’Espagne, la nature très particulièrement de son catholicisme romain dans le contexte des débats qui ont animé le catholicisme allemand, son pari pour la Terre contre la Mer, etc.

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Günter Maschke, sur le siège de son appartement d'où il émet ses réflexions puissantes sur la pensée de Carl Schmitt, d'où il récite par coeur les plus beaux poèmes de Gottfried Benn et d'où il brocarde tous les esprits impolitiques !

Parler de Günter Maschke m’intéresse davantage dans le cadre du présent entretien. J’ai connu Günter Maschke à la Foire du Livre de Francfort en 1984, puis lors d’un petit colloque organisé à Cologne en 1985 par des lycéens et des étudiants inféodés au Gesamtdeutscher Studentenverband, une association qui entendait chapeauter les organisations étudiantes qui, à l’époque, oeuvraient à la réunification du pays. Maschke est un ancien animateur tonitruant et pétulant des années activistes de 1967 et 1968 à Vienne, dont il sera expulsé pour violences de rue. Pour échapper à la prison en RFA, parce qu’il était déserteur, il réussira, via le collectif français « Socialisme ou Barbarie » à être discrètement exfiltré vers Paris d’abord, Cuba ensuite. Il s’installera dans la république insulaire et castriste des Caraïbes et y rencontrera Castro qui lui fit faire un tour de l’île pour lui montrer « ses » champs de canne à sucre et toutes « ses » propriétés agricoles. Maschke, qui ne peut tenir sa langue, lui a rétorqué : « Mais tu es le plus grand latifundiste d’Amérique latine ! ». Vexé, le lider maximo n’a pas reconduit son droit d’asile et Maschke s’est retrouvé à la case départ, c’est-à-dire dans une prison ouest-allemande pendant treize mois, le temps d’un service militaire refusé, comme le voulait la loi. En prison, il découvre Carl Schmitt et son disciple espagnol Donoso Cortès et, dans l’espace étroit de sa cellule, il trouve son chemin de Damas.

Beaucoup d’activistes de 67-68 en Allemagne tourneront d’ailleurs le dos aux idéologies qu’ils avaient professées ou instrumentalisées (sans trop y croire vraiment) dans leurs années de jeunesse : Rudi Dutschke était, au fond un nationaliste luthérien anti-américain ; ses frères ont donné des entretiens au journal néo-conservateur berlinois Junge Freiheit, et non à la presse gauchiste habituelle, celle qui répète les slogans d’hier sans se rendre compte qu’elle bascule dans l’anachronisme et le ridicule ; Frank Böckelmann, que Maschke m’a présenté lors d’une Foire du Livre, venait du situationnisme allemand et n’a plus cessé de fustiger ses anciens camarades dont l’antipatriotisme, dit-il, est l’indice d’une « fringale de limites », d’une volonté de s’autolimiter et de s’automutiler politiquement, de pratiquer l’ethno-masochisme. Klaus Rainer Röhl, aujourd’hui nonagénaire, fut l’époux d’Ulrike Meinhof, celle qui, avec Baader, sombrera dans le terrorisme. Röhl, lui aussi, se rapprochera des nationalistes alors que ce sont les articles d’Ulrike Meinhof dans sa revue konkret qui déclencheront les premières bagarres berlinoises lors de la venue du Shah d’Iran.

Baaderfilm.jpgLe film d’Uli Edel consacré à la « Bande à Baader » (2008) montre aussi le glissement graduel du « complexe » terroriste en RFA, qui part d’un anti-impérialisme idéaliste et irraisonné, débridé et hystérique, mais parfois juste dans certaines de ses analyses, pour déboucher sur un terrorisme encore plus radical mais au service, finalement, de l’impérialisme américain : dans son film, Edel montre très clairement le jeu, notamment quand Baader, déjà arrêté et jugé, s’entretient avec le chef des services de police, et lui explique que la deuxième génération des terroristes n’obéit plus aux mêmes directives, surtout pas aux siennes. La deuxième génération des terroristes, alors que Meinhof, Baader et Ensslin (par ailleurs belle-sœur de Maschke !) étaient emprisonnés et non encore suicidés, assassine des hommes d’Etat ou des décisionnaires économiques qui voulaient justement mener des politiques en contradiction avec la volonté des Etats-Unis et émanciper la RFA de la tutelle pesante que Washington faisait peser sur elle. Ce glissement explique aussi l’attitude prise par Horst Mahler, avocat de Baader et partisan, en son temps, de la lutte armée. Lui aussi passera au nationalisme à sa sortie de prison, un nationalisme fortement teinté de luthérianisme, et retournera en prison pour « révisionnisme ». Aux dernières nouvelles, il y croupirait toujours.

Au début des années 1980, Maschke est éditeur à Cologne et publie notamment des ouvrages de Carl Schmitt (La Terre et la Mer), de Mircea Eliade, de Pierre Drieu la Rochelle, d’Agnès Heller et de Régis Debray. Chaque année, en octobre quand se tenait la fameuse Foire du Livre de Francfort, Maschke, qui trouvait que j’avais une bonne bouille de jeune réac’ imperturbable, me faisait dresser par Sigi, son inoubliable épouse qui nous a quittés trop tôt, un lit de camp au beau milieu de son bureau prestigieux, où se trouvaient les plus beaux fleurons de sa bibliothèque. C’est ainsi que chaque année, de 1985 à 2003, j’ai fréquenté le « salon Maschke », où passaient des personnalités aussi prestigieuses que l’écrivain conservateur et catholique Martin Mosebach ou le philosophe grec du politique Panajotis Kondylis, l’ex-situ Franck Böckelmann ou le polémologue suisse Jean-Jacques Langendorf. Ces soirées étaient, je dois l’avouer, bien arrosées ; on y chantait et déclamait des poèmes (Maschke aime ceux de Gottfried Benn), la rigolade était de rigueur et les oreilles de bon nombre de sots et de prétentieux ont dû siffler tant ils ont été brocardés. J’ai hérité de Maschke un franc-parler, qui m’a souvent été reproché, et il a largement contribué à consolider en moi la verve moqueuse des Bruxellois, celle que je dois à mon oncle Joseph, le frère de ma mère, lanceur de bien verts sarcasmes.

Sur la photo, Joshka Fischer, devenu ministre hessois, prête serment en baskets.

Joschka-Fischer-Turnschuhe.pngJe ne saurais clore ce paragraphe sans rappeler la rencontre fortuite entre Maschke et Joschka Fischer, l’année où ce dernier était devenu ministre du Land de Hesse, première étape qui le conduira à devenir le ministre allemand des affaires étrangères qui a fait participer son pays à la guerre contre la Serbie. Fischer déambulait dans les longs couloirs de la Foire du Livre. Maschke fond sur lui et s’en va lui tâter et pétrir le ventre, bien dodu, en lançant à la cantonade : « Eh bien, camarade Fischer, ça engraisse son homme de devenir ministre ». S’ensuivit une logorrhée de propos acerbes déversés sur le petit Fischer qui regardait ses baskets (son image de marque à l’époque, pour faire « cool ») et bafouillait des excuses qui n’en étaient pas. En le grondant comme s’il n’était qu’un sale mioche, Maschke lui prouvait que son néonationalisme à lui, schmittien, était dans la cohérence anti-impérialiste des années 67-68, tandis que l’alignement de Fischer en était la honteuse trahison. L’avenir lui donnera amplement raison : Fischer, ancien Krawallo violent du gauchisme hessois, deviendra un vil valet de l’impérialisme américain et capitaliste ; les propos dithyrambiques qu’il a prononcés ces dernières semaines pour faire l’éloge de la Chancelière Merkel ne font qu’accentuer cet amer sentiment de trahison. Ces remarques valent évidemment pour Daniel Cohn-Bendit, aujourd’hui belliciste à la solde de Washington. Jean-François Kahn, dans un entretien accordé très récemment à la Revue des deux mondes, parle de lui comme d’un soixante-huitard devenu néocon à la mode des anciens trotskistes de la Côte Est.

Photo: Gudrun Ensslin rejette son passé rigoriste protestant, tout comme le faisait le mouvement provo hollandais.

EnsslinGudrunnude.jpgDans sa quête après son retour de Cuba et son séjour dans un lugubre ergastule bavarois, Maschke, à la différence de Mahler par exemple ou de la famille de Dutschke, évoluera, avec Schmitt et Donoso, vers un catholicisme baroque et joyeux, fortement teinté d’hispanisme et rejettera la violence crispée, protestante et néo-anabaptiste qui avait si nettement marqué les révolutionnaires extra-parlementaires allemands des années 1960. Pour lui comme pour le cinéaste Edel, les sœurs Ensslin, par exemple, étaient excessivement marquées par l’éducation rigoriste et hypermoraliste, propre à leur milieu familial protestant, ce qui lui paraissait insupportable après son séjour à Cuba et ses voyages en Espagne. Aussi parce que Gudrun Ensslin basculait dans un goût morbide pour une sexualité débridée et promiscuitaire, résultat d’un rejet du puritanisme protestant que met bien en exergue le film d’Edel. La critique maschkienne de l’antichristianisme de la nouvelle droite (française) se résume, à son habitude, par quelques bons mots : ainsi, répétait-il, « ce sont des gars qui ont lu simultanément Nietzsche et Astérix puis, de ce mixte, ont fabriqué un système ». Pour lui, l’antichristianisme de Nietzsche était une hostilité aux rigueurs du protestantisme de la famille de pasteurs prussiens dont était issu le philosophe de Sils-Maria, attitude mentale qu’il est impossible de transposer en France, dont la tradition est catholique, Maschke ne prenant pas en compte la tradition janséniste.

Ces anecdotes pour montrer que toute attitude politique doit retomber dans une sorte de réalisme aristotélicien.

Vous revenez dans votre livre, « Pages celtiques », sur l’apport du monde celte à notre civilisation continentale. Que gardons-nous de « gaulois » dans notre identité européenne ? Vous revenez sur le mouvement nationaliste irlandais et écossais longuement. Quelles leçons devons-nous tirer de leurs longues luttes ?

Dans Pages celtiques, j’ai voulu, pour l’essentiel, souligner trois choses : premièrement, la disparition de toutes les références culturelles et linguistiques celtiques est le résultat de la romanisation des Gaules ; cette romanisation fut apparemment rapide au sein des élites mais plus lente dans les sphères de la culture populaire, où elles ont résisté pendant cinq ou six siècles. La culture vernaculaire est restée de langue celtique jusqu’à l’arrivée des Germains, des Francs, qui prenaient le relais des Romains. On peut affirmer que la religiosité populaire est restée celle des « paysans éternels » (Mircea Eliade) et qu’elle est demeurée plus ou moins celle dont les Celtes pratiquaient les rituels. Cette religiosité de la glèbe est demeurée intacte sous le vernis chrétien, religion des élites seules au départ. Les dei loci, les dieux des lieux, sont tout simplement devenus des saints ou des madones, nichées dans les troncs des chênes ou placées aux carrefours ou près des sources. La « dé-celtisation », l’éradication de la religion des « paysans éternels », s’est opérée sous les coups de la modernité, avec la généralisation de la télévision et… avec Vatican II. Ce que les Français ont encore de « gaulois », a été mis en sommeil : c’est une jachère qui attend un réveil. Notre fond, en Belgique, a été, lui, profondément germanisé et romanisé, dans le sens où les Eburons, les Aduatuques et les Trévires étaient déjà partiellement germanisés du temps de César et où les tribus germaniques ingwéoniennes installées ultérieurement dans la vallée de la Meuse ont été au service de Rome et rapidement latinisées.

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Statue de Colomban à Luxeuil-les-Bains.

Deuxièmement, l’apport celtique est également chrétien dans le sens où, à la fin de l’ère mérovingienne et au début de l’ère pippinide/carolingienne, les missions chrétiennes ne sont pas seulement téléguidées par Rome ; elles sont aussi irlando-écossaises avec Saint Colomban qui s’installe à Luxeuil-les-Bains, ancien site thermal gaulois puis romain. La Lorraine, l’Alsace, la Franche-Comté, la Suisse, le Wurtemberg, la Bavière, le Tyrol et une partie de l’Italie du Nord reçoivent le message chrétien non pas d’apôtres venus du Levant ou de missionnaires mandatés par Rome mais par des moines et des ascètes irlando-écossais qui proclament un christianisme plus proche de la religiosité naturelle des autochtones, avec quelques dimensions panthéistes, tout en préconisant le recopiage à grande échelle des manuscrits antiques, grecs et latins. Le syncrétisme chrétien, celtique et gréco-latin, qu’ils nous ont proposé, reste le fondement de notre culture européenne et toute tentative d’ôter ou d’éradiquer l’un de ces éléments serait une mutilation inutile voire perverse, qui déséquilibrerait en profondeur les assises de nos sociétés. Le moralisme béat et niais, propre à l’histoire récente de l’Eglise et à sa volonté de se « tiers-mondiser », a d’ailleurs ruiné toute la séduction que la religion pouvait exercer sur les masses populaires. Ne pas tenir compte du vernaculaire (celtique ou autre) et ne plus défendre à tout prix l’héritage des humanités classiques (avec la philosophie politique d’Aristote) ont éloigné et les masses et les élites intellectuelles et politiques de l’Eglise. Les paroisses ont perdu leurs ouailles : en effet, qu’avaient-elles à gagner à entendre répéter ad nauseam le prêchi-prêcha sans épaisseur qu’on leur propose désormais ?

Photo: statue du révolutionnaire irlandais Wolfe Tone à Dublin. 

WolfeToneStatue.JPGTroisièmement, au 18ième siècle, les Lumières politiques irlandaises, écossaises et galloises sont certes hostiles à l’absolutisme, réclament des formes nouvelles de démocratie, revendiquent une participation populaire aux choses publiques et appellent à un respect par les élites des cultures vernaculaires. Le républicanisme éclairé des Irlandais, Gallois et Ecossais, est hostile à la monarchie anglaise qui a soumis les peuples celtiques et le peuple écossais (mixte de Celtes, de Norvégiens et d’Anglo-Saxons libres) à un véritable processus de colonisation, particulièrement cruel, mais cette hostilité s’accompagne d’un culte très pieux voué aux productions culturelles du petit peuple. En Irlande, ce républicanisme n’est pas hostile au catholicisme foncier et contestataire des Irlandais ni aux multiples résidus du paganisme panthéiste que recèle naturellement et syncrétiquement ce catholicisme irlandais. Les représentants de cette religiosité ne sont pas traités de « fanatiques », de « superstitieux » ou de « brigands » par les élites républicaines. Ils ne sont pas voués aux gémonies ni traînés à la guillotine ou à la potence.

Les Lumières celtiques des Iles Britanniques ne renient pas les enracinements. Au contraire, elles les exaltent. La Bretagne, non républicaine, est victime, comme tout l’Ouest, d’une répression féroce par les « colonnes infernales ». Elle adhère dès lors en gros à l’ancien régime, en cultive la nostalgie, aussi parce qu’elle avait, à l’époque, un « Parlement de Bretagne » qui fonctionnait de manière optimale. L’oncle de Charles De Gaulle, le « Charles De Gaulle n°1 », sera le maitre d’œuvre d’une renaissance celtique en Bretagne au 19ième siècle, dans le cadre d’une idéologie monarchiste. A la même époque, les indépendantistes irlandais luttaient pour obtenir le « Home Rule » (l’autonomie administrative). Parmi eux, à la fin du 19ième siècle, il y avait Padraig Pearse qui créera un nationalisme mystique, alliant catholicisme anti-anglais et mythologie celtique. Il paiera de sa vie son engagement indéfectible : il sera fusillé suite au soulèvement de Pâques 1916. De même le chef syndicaliste James Connolly, mêlera marxisme syndicaliste et éléments libertaires de la mythologie irlandaise. Il partagera le sort tragique de Pearse.

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James Connolly.

Les leaders de l’Irlande indépendante offriront aux observateurs politiques de tous horizons un cocktail original de syndicalisme nationaliste, de celtisme mystique et de catholicisme social, où l’idéologie des droits de l’homme sera mobilisée contre les Britanniques non pas dans un sens individualiste, avec, pour référence, un homme détaché de tout lien social, de tout passé, donc avec un homme qui est posé comme une « apostasie sans nom du réel ». Au contraire, l’idéologie républicaine irlandaise raisonne au départ d’une vision de l’homme imbriqué dans un tout culturel, social et bio-ethnique. Ce tout doit alors aussi être l’objet d’une protection légale avec, pour corollaire, que toute atteinte, quelque part dans le monde, à l’un de ces ensembles ethno-socio-culturels est une atteinte à un droit fondamental de l’homme, celui d’appartenir à une culture. Les droits de l’homme sont donc, pour les Irlandais, indissociables des cultures qui animent et irriguent les sociétés humaines.

Après la seconde guerre mondiale, les Gallois prendront fait et cause pour les Bretons poursuivis par la République, qui sera condamnée par la Cour Internationale des Droits de l’Homme pour crime contre la culture bretonne : ce fait est bien évidemment oublié, parce qu’il a été sciemment occulté. Aujourd’hui, notamment à la suite des tirades péremptoires des « nouveaux philosophes », dont la trajectoire commence vers 1978 et se poursuit aujourd’hui, quarante ans plus tard ( !), avec les fulminations hystériques de Bernard-Henri Lévy, la République se veut la défenderesse par excellence des droits de l’homme : il est dès lors piquant et amusant de rappeler qu’elle a été condamnée sur plainte de Gallois et d’Irlandais pour crime contre une culture vernaculaire de l’Hexagone et que, par voie de conséquence, tout acte politique qui enfreindrait finalement les droits de la culture populaire ou contesterait à celle-ci le simple droit à l’existence et au déploiement, est également un crime passible d’une condamnation équivalente. Il existe donc d’autres interprétations et applications possibles des droits de l’homme que celle qui traite automatiquement d’arriéré et de fasciste potentiel toute personne se réclamant d’une identité charnelle. Les droits de l’homme sont ainsi parfaitement compatibles avec le droit de vivre une culture enracinée, spécifique et inaliénable, qui, finalement, a valeur sacrée, sur un sol qu’elle a littéralement pétri au fil des siècles. Hervé Juvin, par le biais d’une interprétation originale et politiquement pertinente des travaux ethnologiques et anthropologiques de Claude Lévi-Strauss et de Robert Jaulin, est celui qui nous indique le chemin à suivre aujourd’hui pour sortir de cette ambiance délétère, où nous sommes appelés à vouer une haine inextinguible envers ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, à nous dépouiller de notre cœur profond pour nous vautrer dans le nihilisme de la consommation et du politiquement correct.

Je dois partiellement ce celtisme à la fois révolutionnaire et identitaire à l’activiste, sociologue et ethnologue allemand Henning Eichberg, théoricien et défenseur des identités partout dans le monde, qui avait exprimé un celtisme analogue dans un ouvrage militant et programmatique, paru au début des années 1980, au même moment où Olier Mordrel avait fait paraitre son Mythe de l’Hexagone. Mon ami Siegfried Bublies donnera d’ailleurs le titre de Wir Selbst à sa revue nationale-révolutionnaire non conformiste, traduction allemande du gaëlique Sinn Fein (= « Nous-Mêmes »). Bublies fut l’éditeur des textes polémiques et politiques d’Eichberg, décédé, hélas trop tôt, en avril 2017.

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Henning Eichberg.

Dans Pages celtiques, j’ai également rendu hommage à Olier Mordrel, combattant breton, et défini la notion de patrie charnelle, tout en fustigeant les idéologies qui veulent l’éradiquer et la criminaliser. 

Vous relancez des activités transeuropéennes. Comment jugez-vous l'évolution des forces  « identitaires » en Europe ?

Non, je ne relance rien du tout. Je suis trop vieux. Il faut laisser la place aux jeunes, qui se débrouillent très bien selon des critères et des clivages propres à leur génération, selon des modes de communication que je ne maîtrise pas aussi bien qu’eux, tels les réseaux sociaux, les vidéos sur youtube, instagram, facebook ou autres. Ensuite, les instituts contestataires de la gabegie ambiante se multiplient à bon rythme car nous vivons une révolution conservatrice consolidée par rapport à ce qu’elle était, en jachère, il y a vingt ou trente ans. Il est vrai que les pouvoirs dominants n’ont pas tenu leurs promesses : des Trente Glorieuses, on est passé aux Trente Piteuses, selon l’écrivain suisse Alexandre Junod, que j’ai connu enfant et qui a si bien grandi... Et il est encore optimiste, ce garçon : s’il écrit encore un livre, il devra évoquer les « Trente Merdeuses ». Car on est tombé très très bas. C’est vraiment le Kali Yuga, comme disent les traditionalistes qui aiment méditer les textes hindous et védiques. Je me mets modestement au service des nouvelles initiatives. Les forces identitaires sont plurielles aujourd’hui mais les dénominateurs communs entre ces initiatives se multiplient, fort heureusement. Il faut travailler aux convergences et aux synergies (comme je l’ai toujours dit…). Mon éditeur Laurent Hocq s’est borné à annoncer trois colloques internationaux pour promouvoir nos livres à Lille, Paris et Rome. C’est tout. Pour ma part, je me bornerai à conseiller des initiatives comme les universités d’été de « Synergies européennes », même si elles étaient très théoriques, car elles permettent de se rencontrer et de moduler des stratégies fécondes pour les années à venir.  

Pour commander la trilogie EUROPA aux éditions Bios: www.editionsbios.fr

Pour commander Pages celtiques et La révolution conservatrice allemande auprès des éditions du Lore : www.diffusiondulore.fr

 

 

 

Zombies « antifas » et délires idéologiques

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Zombies « antifas » et délires idéologiques

par Dominique Baettig

Médecin, ancien conseil national (CH)

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Très peu de temps après avoir insulté, hué, incité à la haine, menacé, jeté des pierres contre les invités à la conférence de C. Blocher à Glovelier, les altermondialistes, antifas zombifiés ( morts vivants, programmés, selon des réflexes pavloviens, à combattre partout fascisme, racisme et autres concepts moralistes délirants selon leurs lunettes déformantes , tout ce qui n’est pas d’accord avec eux en fait !), redonnent dans le QJ un nouvel échantillon de leurs pratiques de harcèlement et d’interdiction du débat d’idées qui devrait pourtant être la marque de toute démocratie.

Le récit de Tina Leiser (une militante qui protège bien sûr les gentils migrants envahisseurs et  victimes de la haine des habitants autochtones) à Lesbos est hallucinant. On a peine à y croire, tant le récit descriptif des habitants locaux, en plein débarquement imposé, interdits de faire marcher le tourisme, se voyant imposés le droit à migrer sans discussion, abandonnés par l’Etat, piétinés par l’Union européenne, manipulés par les passeurs qui se moquent éperdument du chaos induit, est proche de la caricature. Pour les convictions délirantes des antifas, police politique qui se place en dessus du Droit, à la fois police de la pensée, pré-jugement expéditif ( sur des biais idéologiques) et bourreau habilité à frapper de manière préventive, les protestations des populations bousculées et dépouillées sont des manifestations de la « haine de l’Autre ». Elle cherche à neutraliser les victimes des chaos migratoires et criminaliser toute protestation.

L’affaire Théo, récemment en France était une illustration de cette manière de présenter des « fake news » qui ont eu la vie trop longue : des policiers accusés à tort d’avoir « sodomisé » un récalcitrant membre d’une minorité visible et donc forcément innocente. Ces terroristes, mélange de gardes rouges maoïstes et d’illuminés religieux (l’idolâtrie inconditionnelle et repentante du Grand Autre multiculturel) sont totalitaires et dangereux, sûrs d’eux-mêmes et convaincus de bénéficier de l’impunité. La manifestation antiBlocher n’était qu’un prétexte à houspiller des gens plutôt âgés, soucieux des inconvénients de la mondialisation et de la destruction, par remplacement, de leur monde qui disparaît. Ceux qui ont écouté la causerie de celui qui a , à l’époque,  en s’appuyant sur les principes de la démocratie directe, empêché l’intégration dans la machine libérale de l’Europe ont aujourd’hui entendu un discours très peu profilé : on ne peut pas faire grand-chose dit-il à ceux qui s’inquiètent des coûts de la santé, apprenez à être concurrentiels face à l’agriculture brésilienne répond-il à un agriculteur qui s’inquiète de la disparition des domaines agricoles, accueillons les forces de travail utiles à l’économie multinationale qui s’est installée ici pour bénéficier des conditions cadres propices à l’innovation. Rien sur les traités qui font perdre la souveraineté économique et politique de notre pays comme FATCA, TTIP, juste la promotion d’ initiatives politiciennes qui sont acceptées par le peuple certes mais engluées et dénaturés par la classe politique et parlementaire. Pas vraiment menaçant pour l’establishment. On peut facilement mesurer le fossé entre les fantasmes des altermondialistes et la réalité du pragmatique et libéral refondateur de l’UDC. C. Blocher est d’abord un entrepreneur avisé, un manager, qui sait s’offrir un soutien de légitimité populaire et s’appuie sur la théorie du ruissellement et de ses bienfaits indirects pour créer des emplois. C’est son droit.

Le vrai motif des antifas c’est de terroriser de manière préventive tous ceux qui s’inquiètent de la déferlante migratoire, qui veulent restaurer les frontières, garantes du cadre de la démocratie et de la souveraineté. C’est le péché fondamental, la « Haine de l’Autre » qui justifie haine préventive, terrorisme, intimidation, agression, harcèlement. Indigne d’une démocratie où chacun devrait pouvoir participer à une conférence, dialoguer, échanger des points de vue en toute sécurité. #MeToo, assez de violence, d’incitation à la haine, de diabolisation, de fantasmes, d’interprétations faussées de ceux qui croient qu’ils combattent le Mal, Sauron, le Diable en personne alors qu’ils sont les complices des passeurs, des nouveaux esclavagistes, des déconstructeurs du modèle social traditionnel et identitaire, des mondialistes de l’oligarchie financière et économique.

 

Dominique Baettig, 3.5.2018

lundi, 07 mai 2018

Les enfants de l'idéologie libérale-libertaire

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Les enfants de l'idéologie libérale-libertaire

Par Paul Matilion

Ex: http://www.in-limine.eu 

Dresser un portrait de la jeunesse actuelle ne peut se faire sans essayer de comprendre les tenants et les aboutissants de la révolution culturelle de mai 1968 qui a façonné l’idéologie libérale-libertaire qui nous domine toujours. A l’époque, le fossé des générations sans précédent, « un événement mondial, quelque chose qui ne s’était encore jamais produit avec cette simultanéité et sur une telle échelle » a eu comme conséquence que les jeunes, se sentant « étrangers à leurs parents » [1], ont voulu imposer leur vision du monde à la société. Ils n’ont pas essayé d’élaborer une société représentative des différentes générations qui la composaient mais, au contraire, ont imposé leur génération comme socle de la nouvelle ère. Génération des mots d’ordre « il est interdit d’interdire » et « CRS SS », cette nouvelle ère a alors blâmé l’autorité comme valeur de la vieille génération ringarde au profit du développement personnel comme valeur de la jeune génération oppressée.

De cette révolution culturelle opérée par les jeunes bourgeois de l’époque s’en est alors suivi une forte alliance – celle que l’on se plaît à nommer l’idéologie libérale-libertaire – entre d’une part le libéralisme économique et d’autre part le libéralisme culturel, les deux poursuivant une logique semblable : celle de l’illimité. Le libéralisme est une doctrine économique « qui se donne le marché pour seul fondement, avec pour alliées naturelles l’initiative privée et la libre concurrence » [2]. Il faut rajouter à cette définition qu’une des fonctions du libéralisme économique est la volonté d’accumuler toujours plus, de manière croissante, des capitaux et des profits. De son côté, le libéralisme culturel est la volonté d’étendre toujours plus les droits subjectifs des individus en écartant tout procédé qui serait susceptible de les limiter. Les deux fonctionnent désormais de pair : le libéralisme culturel créant de nouveaux marchés pour le libéralisme économique et le libéralisme économique approfondissant toujours plus le libéralisme culturel. Cette alliance, somme toute logique, est le fruit du combat qu’ont mené les soixante-huitards contre toutes les formes d’autorité afin qu’ils puissent jouir sans entraves. Néanmoins, certaines formes d’autorité légitimes sont nécessaires pour construire une société ambitieuse, soucieuse de transmettre son héritage aux générations suivantes et respectueuse de la fonction des individus qui la composent.

Les jeunes soixante-huitards ayant assimilé l’autorité au fascisme, les rapports intergénérationnels qui ont suivi les événements de 1968, selon le pédopsychiatre Patrice Huerre, « se sont un peu dilués dans une bienveillance apparente des adultes, qui souhaitaient rompre ainsi avec la période antérieure et favoriser le dialogue et l’épanouissement de chacun, refusant l’opposition et le conflit » [3]. Si l’intention d’abandonner toute forme d’autorité, au profit d’une flexibilité, peut paraître alléchante, il n’en reste pas moins que l’enfer est pavé de bonnes intentions, et que celle-ci a entraîné des conséquences néfastes pour la jeunesse contemporaine.

LA DELEGITIMATION DE LA FONCTION PATERNELLE

Aujourd’hui, la société dans son ensemble ne soutient plus la fonction paternelle dans la famille comme l’a constaté le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun : « c’est dans un mouvement de va-et-vient, que fonction paternelle et société se délégitiment aujourd’hui mutuellement de leur tâche ; c’est bien de ne plus être soutenue par le social que la fonction paternelle décline » [4] . En effet, désormais, les parents se doivent d’écouter leur enfant et se soucier principalement de son émancipation individuelle. L’autorité que le père est censé incarner s’étiole donc dans un souci de compréhension de l’enfant. A tel point que l’on ne pourrait désormais plus parler de couple père et mère mais de couple mère et mère bis, ce qui ne laisse pas sans poser de problèmes.

Le père est celui qui apprend l’altérité à l’enfant. Il est celui qui apprend à l’enfant que la mère n’est pas toute à lui puisqu’il demeure en couple avec elle. Il est aussi un Autre plus lointain que la mère – car il n’est pas aussi proche physiquement de son enfant que la mère l’a été – et avec qui l’enfant va pourtant devoir composer. Il vient donc annoncer à l’enfant qu’il n’existe pas que la relation duelle avec sa mère, mais qu’il peut et doit aussi exister une relation avec un tiers. Le père vient donc introduire l’enfant au monde, à ce qui est différent. Il vient donc aussi montrer à l’enfant l’existence d’une dissymétrie entre lui et la mère et non une symétrie.

13189003.jpgL’idéologie libérale-libertaire a pourtant délégitimé ce rôle du père en l’assignant au même rôle que celui de la mère, les deux étant désormais astreints à se nommer simplement parents, papa et maman et pourquoi pas parent 1 et parent 2. Jean-Pierre Lebrun va même plus loin en expliquant qu’il y a un « désaveu de la fonction paternelle pouvant mener jusqu’au triomphe de l’emprise maternante » [5]. Or la symétrie n’invite pas l’enfant à connaître l’altérité, la différence. Elle ne permet pas non plus à l’enfant de connaître l’absence et le manque de la mère car le père n’est plus l’étranger qui vient le retirer de sa relation fusionnelle avec elle. En assignant au père le même rôle qu’une mère, c’est-à-dire en lui retirant ce qui fait sa fonction initiale (l’intervention tierce, l’ouverture à l’altérité…) et en laissant s’installer une relation continue sans manque et pleine de jouissance entre l’enfant et la mère « on tend à provoquer l’annulation de tout manque, donc l’extinction de tout désir, du fait de l’empêchement de se déployer vers autre chose, vers un ailleurs que la présence maternelle » [6].

Place est faite alors à la continuité, à l’immédiateté, à l’absence d’absence, au tout plein et au « maternage qui est privilégié au détriment du dématernement » [7]. Et cela profite beaucoup au libéralisme économique qui fonctionne sur un système où la limite n’a pas lieu d’être au profit de l’incitation à une consommation toujours plus importante. C’est ce qui amène Jean-Pierre Lebrun à affirmer que « l’espèce de cordon ombilical que représente aujourd’hui l’usage du téléphone portable, la coupure sous toutes ses formes vécue comme un traumatisme qu’on refuse de subir, la prégnance de l’image télévisuelle qui échappe à la discontinuité, [sont] autant d’exemples de situations qui, sans avoir de rapport direct avec la relation à la mère, ont pourtant bien un rapport avec le fait d’entériner comme souhaitable un fonctionnement maternant et de discréditer toute tentative de mettre en cause un tel fonctionnement » [8].

L’absence de dissymétrie entre père et mère conduira aussi l’enfant, qui ne connaît pas la différence, à vouloir éviter le conflit au profit du consensus car il n’a pas les capacités de se confronter à ce qui est différent. En effet, la différence de l’autre fait peur et les idées des autres, les idées étranges, n’intéressent pas car à s’y confronter elles engendreraient des conflits. Ne pas être capable de s’ouvrir à la différence des autres et des idées produit le monde du consensus, de la totalité. C’est ce qui amène Jean-Pierre Lebrun à affirmer que « ce à quoi on assiste, c’est au triomphe du consensualisme, autrement dit de l’amour ! Mais d’un amour qui croit pouvoir rester en deçà de la césure, de la discontinuité, de l’asymétrie, de la rupture. C’est-à-dire d’un amour qui voisine uniquement avec la structure de l’amour maternel, celui de la mère pour son enfant et de l’enfant pour sa mère » [9].

LA DELEGITIMATION DE LA FONCTION DE L’ECOLE

Avec l’autorité du père délégitimée par la société c’est aussi l’autorité du professeur qui est invalidée. En effet, comme l’explique Jean-Pierre Lebrun, « là où le système familial donnait la première clef de la confrontation avec le dissymétrique, avec la différence des places, ce qui risque d’être aujourd’hui proposé, c’est un monde où chacun occupe la même place, un univers où les relations ne connaissent plus aucune contrainte, aucune donne qui ne dépende pas que de moi » [10]. L’enfant, sans l’intervention du père comme tiers, comme autre et comme étranger, ne peut pas avoir conscience de la place hiérarchique qu’occupent les individus dans la société. Le professeur occupe donc à ses yeux une place amoindrie à celle qu’il devrait occuper réellement.

Darcos-FranceCulture2.jpgAussi, ce qui caractérise la société libérale contemporaine est la permissivité des parents dans leur manière d’éduquer leur enfant. Christopher Lasch, dans son ouvrage La culture du narcissisme, faisait déjà état de ce constat relativement à la situation aux États-Unis lors des années 1970 en citant Arnold Rogow, un psychanalyste. Selon ce dernier, les parents « trouvent plus facile, pour se conformer à leur rôle, de soudoyer que de faire face au tumulte affectif que provoquerait la suppression des demandes des enfants ». Christopher Lash ajoute à son tour qu’ « en agissant ainsi, ils sapent les initiatives de l’enfant, et l’empêchent d’apprendre à se discipliner et à se contrôler ; mais étant donné que la société américaine n’accorde plus de valeur à ces traits de caractère, l’abdication par les parents de leur autorité favorise, chez les jeunes, l’éclosion des manières d’être que demande une culture hédoniste, permissive et corrompue. Le déclin de l’autorité parentale reflète « le déclin du surmoi » dans la société américaine dans son ensemble » [11].

Si d’un côté le professeur n’est pas identifié aux yeux de l’enfant comme détenant une autorité légitime à laquelle il faut se plier à l’école et que dans le même temps l’idéologie libérale-libertaire incite les parents à faire preuve de laxisme dans l’éducation de leur enfant, il est évident que la transmission des savoirs dont le professeur est le garant ne peut plus s’opérer de manière efficace. De toute manière, l’école a abandonné depuis longtemps son rôle de transmettre les savoirs élémentaires (savoir lire, écrire, compter) au profit du développement individuel de l’enfant. Les programmes scolaires ne chargent plus le professeur d’enseigner des « savoirs » mais le chargent de développer les « compétences » des élèves.

Christopher Lasch, en critiquant les dérives de l’école américaine des années 1970, nous dresse un tableau qui est loin d’être sans liens avec les transformations contemporaines de l’école française. Il nous explique que les réformateurs progressistes de l’époque souhaitaient une école qui réponde aux besoins des élèves et qui les encourage dans leur créativité. Selon lui « deux dogmes, parmi les plus importants, gouvernent l’esprit des éducateurs américains : premièrement, tous les étudiants sont, sans effort, des « créateurs », et le besoin d’exprimer cette créativité prime celui d’acquérir, par exemple, la maîtrise de soi et le pouvoir de demeurer silencieux » [12]. Ce constat pourrait être, mots pour mots, celui dressé pour décrire les idées de nos intello-bobo français actuels qui alimentent les colonnes de Libération et Le Monde avec leurs théories visant à construire l’école du progrès.

lash.jpgEn France, actuellement, le souci de l’école d’accompagner les élèves dans leur développement personnel en favorisant leur créativité et non en les soumettant à l’autorité du professeur pour leur apprendre à maîtriser les savoirs essentiels est couplé avec le souci bourdieusien de ne pas reproduire les classes sociales. Néanmoins, c’est tout l’inverse qui se produit. Tout comme Christopher Lasch l’explique, « les réformateurs, malgré leurs bonnes intentions, astreignent les enfants pauvres à un enseignement médiocre, et contribuent ainsi à perpétuer les inégalités qu’ils cherchent à abolir » [13]. Effectivement, je me souviendrais toujours d’une professeur d’Histoire-Géographie dans le lycée où je travaillais en tant que surveillant à côté de mes études de droit qui, dans l’intention d’enseigner sa matière de manière ludique et attractive, basait principalement son cours sur la projection de films documentaires. Il se trouve que ce lycée, situé dans le quartier du Marais à Paris, était composé à la fois d’élèves provenant de l’immigration et d’une classe sociale défavorisée du 19ème arrondissement ainsi que d’élèves provenant d’une classe sociale aisée du 3ème arrondissement. Les élèves qui parvenaient le mieux à retenir avec précision le contenu des documentaires étaient sans surprise ceux du 3ème arrondissement tandis que les élèves qui avaient du mal à retenir le même contenu étaient ceux provenant du 19ème arrondissement. Pourtant, le fait de baser essentiellement son cours sur des films documentaires était une manière pour cette professeur d’échapper à un enseignement magistral qu’elle jugeait élitiste. Comme l’explique alors à nouveau Lasch, concernant l’école américaine avec laquelle on peut faire un parallèle avec l’école française actuelle, « au nom même de l’égalitarisme, ils [les réformateurs] préservent la forme la plus insidieuse de l’élitisme qui, sous un masque ou sous un autre, agit comme si les masses étaient incapables d’efforts intellectuels. En bref, tout le problème de l’éducation en Amérique pourrait se résumer ainsi : presque toute la société identifie l’excellence intellectuelle à l’élitisme. Cela revient à garantir à un petit nombre le monopole des avantages de l’éducation. Mais cette attitude avilit la qualité même de l’éducation de l’élite, et menace d’aboutir au règne de l’ignorance universelle » [14].

L’école est désormais devenue le lieu où la jeunesse avec ses codes, ses attentes et ses désirs s’impose au professeur, bon gré mal gré. L’enseignant n’est plus celui qui transmet les savoirs et les découvertes scientifiques que lui seul est supposé connaître, mais celui qui doit s’efforcer de rattraper son retard sur les nouveautés technologiques que les jeunes maîtrisent mieux que lui afin d’y conformer son enseignement. C’est ce qui amène Alain Finkielkraut à déplorer qu’aujourd’hui « être vieux, autrement dit, ce n’est plus avoir de l’expérience, c’est, maintenant que l’humanité a changé d’élément, en manquer. Ce n’est plus être le dépositaire d’un savoir, d’une sagesse, d’une histoire ou d’un métier, c’est être handicapé. Les adultes étaient les représentants du monde auprès des nouveaux venus, ils sont désormais ces étrangers, ces empotés, ces culs-terreux que les digital natives regardent du haut de leur cybersupériorité incontestable. A eux donc d’intégrer le changement d’ère. Aux anciennes générations d’entamer leur rééducation. Aux parents et aux professeurs de calquer leurs pratiques sur les façons d’être, de regarder, de s’informer et de communiquer de la ville dont les princes sont les enfants. Ce qu’ils font, sur un rythme endiablé et avec un zèle irréprochable, soit en numérisant les outils pédagogiques, soit, comme le montre Mona Ozouf dans un article du Débat, en adaptant les manuels non encore dématérialisés à la nouvelle sensibilité numérique » [15]. Ce qui est regrettable, c’est que le professeur n’a plus pour fonction d’imposer d’en haut un cadre limité propice à la transmission des savoirs, mais de se faire imposer par en bas un cadre aux limites fluctuantes et fonction des nouvelles technologies dont les enfants sont les maîtres afin de leur transmettre des connaissances via un support dont ils sont devenus addicts. Le professeur, étant désormais dépourvu de toute autorité et en accord avec le « fonctionnement maternant » de notre société, n’initie plus une coupure dans l’utilisation des nouvelles technologies utilisées en continu par les élèves mais, au contraire, accepte leur utilisation permanente.

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L’école, prise d’assaut par les tenants de la nouvelle pédagogie du développement personnel de l’enfant, n’est plus un lieu où le professeur vérifie, sans culpabiliser, par des contrôles de connaissance et en attribuant des notes que les savoirs qu’il a transmis à l’élève ont bien été compris et appris mais un lieu où l’on débat de la pertinence de la notation, celle-ci étant vue comme une sanction traumatisante pour ledit élève. Si à partir d’une mauvaise note traumatisme il y a, c’est bien parce que l’enfant n’est plus habitué à cette confrontation à l’altérité que doit initier l’intervention du père comme agent de l’autre de la mère. C’est bien parce que le « non ! » du père qui vient poser un cadre et une sanction à l’enfant dépassant une limite n’est plus opéré à cause d’une délégitimation de son autorité par la société que les élèves se sentent blessés par une mauvaise note. Pourtant, la notation est nécessaire car, comme l’estime Jean-Pierre Lebrun, « si plus personne ne dit à l’enfant : « Ton travail n’est pas bon », ce qui veut dire aussi : « Tu peux faire mieux », l’enfant reste livré à lui-même, orphelin d’un appui dont il a besoin » [16]. Néanmoins, au lieu de prendre le problème dans le bon ordre, c’est-à-dire en considérant que si l’élève est ébranlé par une mauvaise note la raison est à trouver dans la délégitimation de l’autorité du père par la société, le mouvement actuel est plutôt, désormais, de débattre de l’opportunité des fessées données par les parents à leurs enfants.

UNE DELEGITIMATION OPEREE PAR UNE SOCIETE JEUNISTE

Les adolescents d’aujourd’hui ne sont plus les marginaux qu’ils étaient hier. Notre société entière, désormais, respire l’adolescence dans son mode de fonctionnement. « Le rapport au temps, ce culte de l’immédiat si cher aux adolescents – « c’est l’instant et l’immédiat qui compte, je dois avoir tout de suite » – imprègne toute la société. En ce sens la société adulte est très adolescente dans son fonctionnement » nous explique Patrice Huerre [17]. Il ne faut donc pas s’étonner que l’autorité du père et du professeur soit invalidée par la société dans son ensemble. La révolution culturelle de mai 1968 n’a pas établi un partage intergénérationnel des fonctions qui aurait pu régir le mode de fonctionnement de la société contemporaine mais a imposé le dictât il est interdit d’interdire propre à l’adolescence et qui nous gouverne actuellement.

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Ainsi, les rites et les événements qui permettaient de passer de l’adolescence à l’âge adulte n’existent plus. Il n’est pas rare de voir, sur la rive droite parisienne, des papas revenant de l’école avec leur enfant, la casquette à l’envers et le skate à la main. Les adolescents ont de moins en moins de modèles plus âgés qui leur montrent ce qu’est être adulte. Les publicités font le culte de la jeunesse en déployant tout un arsenal d’images et de slogans pour nous convaincre coûte que coûte qu’il faut rester le plus jeune possible. Le service militaire qui permettait d’opérer une étape pour quitter l’adolescence et le foyer parental n’existe plus et il s’opère, désormais, tout le contraire puisque les jeunes restent de plus en plus longtemps chez leurs parents.

Ce n’est pas l’adolescence qu’il faut critiquer, celle-ci étant une étape de la vie nécessaire. C’est plutôt la validation de l’adolescence comme modèle de fonctionnement de la société et l’invalidation, par la société, de l’autorité des plus âgés (pères, mères, professeurs,…) qu’il faut critiquer. Cela ne veut pas non plus dire qu’il faut faire une éloge réactionnaire de l’autorité absolue des plus âgés sur les plus jeunes. Il faut, en restant dans la juste mesure, bâtir une société où le dialogue intergénérationnel est possible et où la transmission de l’héritage culturel, des savoirs, des traditions de nos aînés et de nos morts s’opère afin que les plus jeunes, une fois devenus plus vieux, transmettent à leur tour cet héritage garni et enrichi avec le temps. Pour cela, et contrairement à aujourd’hui, il faut que chaque individu se voit attribuer, dans la société, la place qui lui revient (la place du Père au père, celle de la Mère à la mère, celle du Professeur au professeur,…). Mais pour cela, je crains qu’il ne faille une nouvelle révolution culturelle…


1 : Margaret Mead, Le Fossé des générations, 1971

2 : Francis Balle, Libéralisme, in Encyclopaedia Universalis, 2015

3 : Patrice Huerre, De l’adolescent à l’adolescence in Qu’est-ce que l’adolescence ? ; Éditions Sciences Humaines, 2009

4 : Jean-Pierre Lebrun, Un monde sans limite ; Éditions érès, 2011

5 : ibid

6 : Jean-Pierre Lebrun in La condition humaine n’est pas sans conditions ; Édition Denoël, 2010

7 : ibid

8 : ibid

9 : ibid

10 : Jean-Pierre Lebrun, Un monde sans limite ; Éditions érès, 2011

11 : Christopher Lasch, La culture du narcissisme, réédité aux éditions Flammarion, 2006

12 : ibid

13 : ibid

14 : ibid

15 : Alain Finkielkraut, L’identité malheureuse ; Éditions Stock, 2013

16 : Jean-Pierre Lebrun, La condition humaine n’est pas sans conditions ; Édition Denoël, 2010

17 : Patrice Huerre, De l’adolescent à l’adolescence in Qu’est-ce que l’adolescence ? ; Éditions Sciences Humaines, 2009

Source : https://paulmatilion.wordpress.com/2015/02/25/les-enfants...

Trop pour les banlieues ?

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Trop pour les banlieues ?

Pierre Le Vigan ♦
Urbaniste et essayiste

Ex: https://metamag.fr

Dépense-t-on trop pour les banlieues ? Le nouveau plan Borloo suscite les critiques ou le scepticisme. Pour certains, on finance le multiculturalisme, pour d’autres on finance la défrancisation.

Si on pense qu’à coup d’argent, on va résoudre les problèmes posés par l’immigration, très présente en banlieue mais guère plus que dans toutes les grandes villes, on se trompe. Si on pense que la crise d’identité se résoudra par des financements supplémentaires, on va dans le mur. L’identité, pas plus que l’école, n’est d’abord principalement une question de moyens.

Quand j’étais enfant, mon école primaire, rue Escudier à Boulogne-Billancourt, était, vers 1963-66, très modeste et mal chauffée. On y travaillait pourtant très bien et on y apprenait quelque chose. Mais si un nouveau plan banlieue ne résoudra pas des problèmes qui relèvent de la politique d’immigration et de la politique de sécurité publique, dépense-t-on trop et pour rien pour « la banlieue », en d’autres termes, pour ses habitants ?

« Nous sommes la première civilisation à s’être ruinée pour financer son propre anéantissement », dit Finkielkraut. Mais quel rapport avec la banlieue ? C’est l’immigration qui coûte cher à la collectivité et constitue l’armée de réserve du capital. C’est l’ouverture aux flux migratoires voulue par nos gouvernants et par l’Union européenne qui consister à privatiser les bénéfices (faire baisser le coût de la main d’œuvre) et à socialiser les coûts sociaux, sociétaux, culturels et identitaires reportés sur le peuple de France, y compris les immigrés qui avaient commencé à s’intégrer et qui sont déstabilisés par une immigration sans cesse renouvelée. Ce qu’il faut incriminer, c’est la politique consistant à tolérer l’entrée d’une masse de clandestins en en expulsant de temps en temps seulement une petite minorité, clandestins que l’on trouve bien souvent dans les cuisines des bons restaurants ou chez les sous-traitants de gros chantiers, et que l’Etat finit vite par régulariser car le capitalisme a besoin de cette main d’œuvre fragile, sans tradition syndicale, et flexible. Si on ne dit pas cela, on dénonce l’effet sans dénoncer la cause, et c’est ce que font la plupart des néo-conservateurs français.

Et l’argent de la politique de la ville ? Parlons-en.

La politique de la ville représente quelque 500 millions par an. C’est 1/1000e des dépenses de l’Etat (qui sont de 500 milliards par an). Et cela dans un pays dont le PIB est de 2200 milliards. Et dans la durée ? Sur 23 ans, de 1989 à 2012, la politique de la ville incluant la rénovation urbaine a coûté 90 milliards. Cela fait en moyenne 3,9 milliards par an : 0,18 % du PIB. A comparer aux 140 milliards/an du budget de l’éducation nationale : 6% du PIB. Ce n’est pas grand chose non plus comparé aux 41 milliards d’allègement de charges pour les entreprises en 2017. Dépenser moins de 4 milliards par an pour une population vivant dans un cadre de vie souvent dégradé, ou mal conçu dés le départ, souvent loin des transports, des emplois, voire des commerces, est-ce trop ?

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Car justement, c’est une des grandes questions : qui est concerné par cette politique ? Les simples habitants des quartiers de grands ensembles, qui ne sont pas toute la banlieue, sont quelque 6 millions. Soit 10 % de la population française. En région parisienne (« aire urbaine de Paris » en termes technocratiques), sur 14 millions d’habitants, 12 millions vivent hors Paris intra « périph », c’est-à-dire pour la plupart en banlieue. Il n’est pas absurde de dépenser pour améliorer leurs transports, éclairage public, etc.

Il y a dans ces quartiers des gens qui travaillent, de toute origine, et même des enfants qui apprennent, et aussi, du reste, des Français de souche. Ayant vécu plusieurs décennies dans des HLM de Seine Saint Denis et du Val de Marne, je peux en témoigner. Croit-on qu’il n’y a plus un seul français de souche en banlieue ? En fonction des quartiers, de 40 à 80 % des habitants (comme le rappelle X. Raufer) sont issus de l’immigration. Que fait-on ? On laisse tomber nos compatriotes de banlieue ? On abandonne les travailleurs, immigrés ou pas, de banlieue au racket de bandes de « jeunes », au pillage des véhicules de chantier des artisans ?

Quant au précédent plan Borloo de 2003-2012, il a surtout permis de lourdes rénovations urbaines qui ont été une aubaine pour les grands groupes du bâtiment. Si, pour le coup, on raisonnait – ce qui serait réducteur – en simple comptable, comme ceux qui mettent en avant le coût « exorbitant » de la politique de la ville, il faudrait inclure dans le bilan l’impact positif sur la croissance de ces travaux.

La vraie question est donc ailleurs. Le « mille-feuille administratif » de la politique de la ville (Xavier Raufer) doit être évidemment simplifié. Le terme même de politique de la ville est trompeur. Il faut tout simplement dire que les banlieusards ont droit comme chacun à la qualité urbaine, à la sécurité, aux transports, et à ne pas vivre dans des ghettos, ni dans des « territoires perdus », tenus par des bandes de délinquants.

Les subventions aux associations doivent être strictement contrôlées pour ne pas constituer une pompe aspirante de l’immigration. Et surtout, répétons-le, les dépenses pour les banlieues doivent intégrer un des premiers besoins des habitants, c’est-à-dire la sécurité. Il faut ainsi en finir avec le laxisme et la peur des « bavures » dans des quartiers où la « bavure » est quotidienne et consiste dans la présence de bandes de racailles, trafiquants, avec parfois une continuité de parcours ou des complicités avec des djihadistes. Il faut bien entendu aussi refuser toute « discrimination positive » entretenant une logique victimaire.

En d’autres termes, il faut faire du social si on entend par social par exemple du soutien scolaire, mais il faut aussi faire du répressif et remettre les banlieues dans le droit commun de notre pays, et c’est la condition même du social.

Derniers ouvrages parus de l’auteur :

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dimanche, 06 mai 2018

Lucien Cerise: formatage social et manipulation des radicalisés

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Lucien Cerise sur Radio Courtoisie : Formatage social et manipulation des radicalisés (avril 2018)

 
Lucien Cerise était l’invité d'Anne-Laure Maleyre sur Radio Courtoisie le 7 avril 2018 sur le thème : Formatage social et manipulation des radicalisés.
 
« Retour sur Maïdan, la guerre hybride de l’OTAN » de Lucien Cerise : https://bit.ly/2mAfg69
Le Retour aux Sources Éditeur : Boutique en ligne : http://www.leretourauxsources.com/
 

samedi, 05 mai 2018

Michel Drac : Macron - Trump : entre coup de com' et coup de grâce

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Michel Drac :

Macron - Trump : entre coup de com' et coup de grâce

 
Rencontre au somment entre Emmanuel Macron et Donald Trump. La première visite d'Etat du président américain se déroule dans un contexte explosif. Guerre en Syrie, guerre au Yémen, guerre économique et terrorisme, les crises se multiplient partout dans le monde. La propagande médiatique bat son plein. Sur chaque théâtre, une véritable partie d'échec se joue. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts avec le soutien des médias. Qui tire son épingle du jeu, qui sont les grands perdants ? Où se situe la France dans tout ça ? Voilà quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre avec Michel Drac, éditeur et auteur de Voir Macron, aux éditions Le Retour aux Sources. Retrouvez un autre numéro du Samedi Politique avec Michel Drac: https://www.tvlibertes.com/2017/12/16... ¨
 
Paralysie contagieuse
 
Dans certains secteurs ce sont huit mois de retard. Les géomètres, les cabinets d''études, les cabinets d'avocat, les hôpitaux sont convaincus que la puissance publique ne sait plus comment faire sans directives, sans compétences, sans budget. Alors elle paralyse tout le monde.
 
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vendredi, 04 mai 2018

Rencontre de Wuhan. Étonnant silence des gouvernements européens

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Rencontre de Wuhan. Étonnant silence des gouvernements européens

Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Un événement dont les conséquences géostratégiques, en Asie comme dans le monde, pourraient être très importantes, s'est tenu dans la ville de Wuhan, ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Wuhan) en Chine centrale, les 4 et 5 mai 2018.

Le président chinois Xi Jinping et le premier ministre indien Narendra Modi y ont eu une rencontre de deux jours présentée comme « informelle ». Mais manifestement elle a été prise très au sérieux par les gouvernements respectifs, comme en témoigne les articles citées ci-dessous en référence, et auxquels nous conseillons de se reporter.

On se souvient que longtemps l'Inde et la Chine avaient entretenu de bons rapports, comme en témoigne le rôle qu'elles avaient eu, conjointement avec la Russie, pour la mise en place de l'accord du BRIC. Mais c'en était trop pour Washington. Le maintien de l'Inde dans sa sphère d'influence était, vu l'importance du sous-continent indien, essentiel. Un changement de présidence, très largement favorisé par les dollars et les pressions de la CIA, avait conduit à la présidence Narendra Modi, membre du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party. Modi, qui devait beaucoup à Washington avait multiplié les gestes de bonne entente à l'égard des Etats-Unis. Il avait aussi, malgré une volonté affichée d'encourager l'industrie indienne, notamment dans le domaine militaire, laissé le complexe militaro-industriel américain récupérer des positions stratégiques, qu'il n'a pas perdues depuis.

Cependant, la montée en puissance de la Chine et l'aggravation des problèmes économiques de l'Inde, notamment dans les domaines agricole, urbain et des infrastructures de transport, a changé la donne. La Chine n'aurait aucun intérêt à annexer en quoi que ce soit l'Inde. Elle a assez de difficultés à résoudre pour son propre compte. Quelques heurts de frontière très grossis par les nationalistes dans les deux pays, ne changeront rien à cela. Par contre l'Inde aura beaucoup à gagner d'investissements financiers et industriels chinois dont ses propres intérêts économiques espèrent devenir partenaires. Quant à la Chine, son principal objectif sera d'éviter que l'Inde ne retombe sous l'influence américaine. Voir le sous-continent devenir un abri pour la marine et l'aviation des Etats-Unis serait catastrophique.

Manifestement, bien que Xi et Modi n'en aient pas dit grand chose à ce jour précis, la rencontre entre les deux chefs d'Etat a permis d'envisager de nombreux domaines de coopération réciproque sur le modèle gagnant-gagnant. La possibilité pour l'Inde de s'intégrer dans le vaste programme chinois dit OBOR, Nouvelle route de la soie, terrestre et maritime, permettra notamment de désenclaver une Inde plus isolée géographiquement qu'il n'apparait à la lecture de la carte.

On comprend dans ces conditions que ni les gouvernements « occidentaux » ni les médias à leur service n'aient guère faits de commentaires à cette rencontre. Si l'Europe reste sous l'influence atlantique, elle perdra l'occasion de s'intégrer avec succès dans le vaste ensemble indo-asiatique en train de se mettre en place. Emmanuel Macron espère peut-être permettre à la France  de jouer un rôle dans cette perspective. Encore faudrait-il qu'il se dégage des intérêts américains qui ont joué un grand rôle dans son élection. 

Références

http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2018/05/02/guns-vs-...

http://www.globaltimes.cn/content/1100289.shtml

* Voir aussi, en français (à lire avec du recul) Le Monde http://abonnes.lemonde.fr/international/article/2018/04/3...

 

Jean-Paul Brighelli: La fracture verticale...

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Jean-Paul Brighelli:

La fracture verticale...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Paul Brighelli, cueilli sur son blog Bonnet d'âne et consacré à la fracture entre la France d'en haut et celle d'en bas... Normalien et agrégé de lettres, ancien professeur de classes préparatoires, Jean-Paul Brighelli est un polémiste de talent auquel doit déjà plusieurs essais comme La fabrique du crétin (Folio, 2006), A bonne école (Folio, 2007), Tableau noir (Hugo et Cie, 2014), Voltaire et le Jihad (L'Archipel, 2015) ou C'est le français qu'on assassine (Blanche, 2017).

La fracture verticale

Le gauchisme fut la maladie infantile du capitalisme. Il est aujourd’hui son symptôme sénile. Le NPA — et tous les ersatz du trotskisme —, Benoît Hamon et Jean-Luc Hyde / (celui qui se revendique castriste, à ne pas confondre avec Jekyll Mélenchon, qui préfèrerait être populaire) persistent à croire à un axe gauche / droite parfaitement horizontal, qui situe les Républicains et Marine Le Pen quelque part à l’extrême-droite du spectre. Ce qui permet à Macron de trôner au centre, dans un meden agan politique dont il a fait ses choux gras et ses 25% d’électeurs qui en valent 70. Sans doute est-ce cela que l’on appelle la démocratie.


Cette configuration arrange si fort le Président de la République, que si elle devait persister (et il fait de son mieux pour cela), il le sera encore dans dix ans.

JPBriL.jpgLa France insoumise, comme l’a raconté un intéressant article de Marianne.fr, est partagée entre ceux qui croient encore (et c’est bien de foi qu’il s’agit) à cette dichotomie droite / gauche, et ceux qui à la suite d’Iñigo Errejón, l’un des leaders de Podemos, ont compris que « la principale frontière qui divise nos sociétés n’est pas celle qui sépare les sociaux-démocrates et les conservateurs, mais celle qui sépare ceux d’en haut du reste de la société, reste de la société qui souffre du consensus néolibéral, des politiques technocratiques et des coupes budgétaires, appliquées tantôt par la gauche, tantôt par la droite ».

J’ai moi-même mis un certain temps à le comprendre, parce que je vivais dans l’illusion professionnelle d’œuvrer pour que les enfants des classes populaires bénéficient, comme autrefois, de ce fameux « ascenseur social » dont on nous a rebattu les oreilles. Ou, à défaut d’ascenseur, en panne depuis lurette, au moins de l’escalier. Ou de l’escalier de service. Ou…
Ou rien. Il n’y a jamais eu d’ascenseur, ce fut toujours plus dur pour les pauvres que pour les riches de monter simplement à l’étage. Et il n’y a aujourd’hui plus aucune possibilité de s’élever lorsque l’on part d’en bas. Les exemples de « réussite » que l’on nous donne valent aussi cher, en termes de raisonnement, que les self made men américains, dont la mise en évidence camoufle mal le fait qu’à 99% la société US est aussi bloquée que la nôtre. Quand tu es né en bas, désormais, tu y restes.


Voici déjà quelques années que nous sommes revenus en 1788, avec une oligarchie crispée mais triomphante au sommet et un peuple écrasé et soumis en bas. À ceci près que désormais le roi dispose de médias obéissants (le degré de lèchecultisme du Point ou de BFM envers les puissants de ce monde est proprement inouï) afin de maintenir les gens de peu, les gens de rien dans une aliénation heureuse — ou qui prétend l’être : que l’on parle autant du bonheur au moment où il ne concerne qu’une minuscule portion de la population donne une idée de l’intoxication médiatique.

L’axe n’est plus horizontal, il est vertical. En bas, le peuple. En haut, une caste qui se prétend légitime — non pas la légitimité de naissance, comme sous l’Ancien Régime, mais celle que confère un système électoral qualifié de « démocratique ».


Fuck democracy ! Inutile d’invoquer les mânes de Montesquieu pour rappeler qu’elle n’est qu’une perversion de la République. Inutile de souligner que l’oligarchie est elle aussi une perversion de l’aristocratie : le gouvernement des meilleurs a été remplacé par l’entente cordiale des copains, via les filières qu’ils se sont inventées pour se reconnaître et exclure le peuple (l’ENA par exemple, avec ses filières subséquentes, la Cour des Comptes ou les grandes banques).
À noter que cette dichotomie politique a une expression spatiale. L’oligarchie habite Paris. Le reste est… périphérique. Ça n’existe pour ainsi dire pas. On a si bien désindustrialisé la France, si bien acculé la paysannerie au suicide, si bien désespéré les cités qui ne sont pas des villes-monde, qu’il n’y a presque plus rien à craindre. Il suffit d’organiser, de temps à autre, une grande farce électorale, et le lendemain ce sera business as usual.


Parce que le système a toutes les chances de se perpétuer, si nous persistons à penser que c’est de démocratie que nous avons besoin. Les « élites » auto-proclamées inscrivent leurs enfants dans les pouponnières ad hoc, de la Maternelle à l’Université — et se fichent pas mal que tant de talents issus du peuple trépignent à la porte. On en exfiltre un de temps en temps, on l’exhibe, on le loue — et il se vend.


Les protestations « gauchistes » (au sens que Lénine donne au terme) de certains étudiants en ce moment vont dans le sens de cette glaciation sociale. Ouvrir l’université à tous, tout en sachant comment les élèves, les futurs étudiants, ont été laissés en friche par un système scolaire livré aux libertaires pédagogues, c’est entériner cet axe vertical qui conforte, en haut, ceux qui ont si bien confisqué le pouvoir et les richesses qu’ils finissent par se croire légitimes. C’est enterrer vivant le peuple de l’abîme.

Les « pré-requis » avancés cette année ne sont que de la poudre aux yeux. Pour favoriser vraiment les enfants du peuple, il faudrait une vraie sélection, mais il faudrait surtout que l’on formât le peuple. En amont. Les restrictions sur les programmes, sur les heures de cours, le recours à des pédagogies létales (jamais il n’est apparu aussi clairement que les libertaires pédagogues, les exfiltrés des Jeunesses Ouvrières Chrétiennes, les cons patissants de toutes farines, faisaient le jeu des libéraux installés tout là-haut) ont eu pour effet de cristalliser dans leurs bulles quelques nantis nés les poches pleines et inscrits dans des écoles « à l’ancienne », payantes ou non, au sommet. Et en bas la masse indistincte du peuple, abonnée désormais aux pédagogies « ludiques ». Même les grands concours sont désormais viciés : si vous ne disposez pas des codes non écrits, vous n’avez pratiquement aucune chance. Quels que soient votre talent et votre travail.
Juste des leurres.

Démocratie et oligarchie vont la main dans la main — aussi bien dans l’idéologie « de gauche » que dans la pensée « de droite ». Ce n’est pas pour rien que tous les gouvernements, avec une touchante unanimité, ont investi beaucoup d’argent dans la pérennisation des ghettos scolaires, puisque le ghetto d’en bas était la garantie de l’immuabilité du ghetto d’en haut. Pas un hasard si tous les gouvernements (mais particulièrement ceux de gauche) ont désigné « l’élitisme » scolaire comme leur principal adversaire, promouvant un égalitarisme qui in fine ne sert que les intérêts des classes dirigeantes — qui pratiquent entre elles une démocratie en circuit fermé.

Voltaire-ou-le-jihad.jpg« Classe » est un mot bien trop lourd. Une oligarchie n’est pas une classe, mais un gang. Le modèle de ces gens-là n’est ni Adam Smith (ni Bastiat), ni Marx : c’est Al Capone, et il n’est plus installé à Chicago, mais à Bruxelles — avec une planque secondaire à Berlin. Quant à la possibilité que se lèvent des « incorruptibles » pour s’opposer à ces gens-là… Ceux qui existent se font dégommer depuis des années par les cons vaincus de l’axe horizontal.


Il est significatif que ce soient des Etats installés aux marges de l’Europe (Espagne ou Grèce — ou Hongrie aussi en quelque manière) que s’élèvent les voix du peuple. En Espagne, Podemos est devenu en deux ans le troisième parti du pays. Mais il lui reste encore à convaincre ses concitoyens que le PP ou le PSOE sont des verrous mis en place par la mafia, des verrous qu’il faut faire sauter. Et non des partis légitimes.


En France… Qualifier d’extrême-droite des gens qui ont voté Marine Le Pen pour protester contre leur exclusion (car le peuple a bien compris qu’il lui était désormais impossible de bouger, sous le talon de fer velouté des oligarques) permet au système de se perpétuer — on l’a vu en juin. Se réclamer de la Droite ou de la Gauche est tout aussi stérile. Et Macron, qui est loin d’être un imbécile, joue fort bien des contradictions de la Gauche et de la Droite en attirant à lui les suceurs de rondelle et les lécheurs de bottes. Laissez venir à moi les petits profiteurs.

Contre la démocratie, dont le vice originel a permis cette division entre un Paradis réservé aux « élus » et l’enfer d’ici-bas, il faut restaurer la République. Restaurer le moment républicain, où un homme du peuple pouvait, en six mois, devenir général — et envoyer chez la Veuve les aristocrates figés dans leurs quartiers de noblesse. Contre la mondialisation, il faut restaurer la Nation. Il faut le faire vite, sinon la situation dégénérera. Ce n’est pas par les élections qu’il faut passer — elles sont contrôlées par le Système —, mais par la rue.
Sinon, la rue se vengera tôt ou tard, pour le pire ou pour le pire.

Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 19 avril 2018)

jeudi, 03 mai 2018

François-Bernard Huygue : les Fake News

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François-Bernard Huygue : les Fake News

François-Bernard Huyghe, médiologue, nous présente le concept de Fake news, son histoire et ses ambiguïtés.
 
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Quelques extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (2 mai 2018)

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Quelques extraits de la revue de presse de Pierre Bérard (2 mai 2018)
 
Le point de vue d’Hervé Juvin sur les bombardements occidentaux en Syrie. Il répond aux questions de RT en français (18/04/2018) :
 
- Emmanuel Todd interrogé par France culture se montre rassuré au lendemain des frappes occidentales sur la Syrie. Selon lui « il ne s’est rien passé ». Il ajoute que les trois démocraties originelles (États Unis, Royaume-Uni et France) sont divisées entre une classe oligarchique et une classe populaire, division qui va s’élargissant ce qui lui permet d’annoncer des ruptures en série dans le tissu social. Il note, pour l’avoir lui même éprouvé, que le niveau des diplomates et des politiques russes est très supérieur à celui des occidentaux et que la Russie est devenue à l’insu de son plein gré un modèle pour les partis « populaires »  (terme qu’il préfère à celui de « populistes ») occidentaux, car elle a refusé, contrairement à la Chine, de mettre sa main d’oeuvre au service du capitalisme occidental. Par ailleurs, se basant sur la structure des système familiaux en Syrie, il explique que la victoire de Bachar el Assad était prévisible :
 
Caroline Galacteros : pourquoi la France ne doit pas s’associer aux frappes en Syrie. Cette géopolitologue de l’école réaliste (et patriote) ne voit nul intérêt pour la France à s’engager dans cette nouvelle affaire syrienne. Elle résiste en cela à l’intoxication médiatique qui est souvent le préalable à la guerre. Comme l’Occident ne sait plus mener ses troupes au feu que pour des raisons impérativement humanitaires, il fabrique pour son opinion indigène des bobards idoines sensés émouvoir la sensibilité de son opinion. Le même sketch mensonger nous est servi depuis les mains coupés des enfants par les barbares teutons en 1914 jusqu'aux armes de destruction massive de Saddam-Hitler. Aujourd’hui c’est au tour du boucher Assad de recevoir sa ration de fake news. C’est l’alibi parfait qui sidère les populations jusqu’à ce que le coup soit éventé, bien des années après. Comme le disait Carl Schmitt dans La notion de politique (1927) « Le concept d’humanité est un instrument particulièrement utile aux expansions impérialistes, et sous sa forme éthique et humanitaire, il est un véhicule de l’impérialisme économique » :         
 

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- Enfin, pour en terminer de manière clownesque avec cette affaire des raids sur la Syrie, voici la prestation lacrymale du va-t-en guerre Bernard Henri Lévy. Le ton est grave, la pose solennelle, le débit sentencieux   quand il affirme benoitement que « les occidentaux doivent faire comme les israéliens ». Malheureusement pour sa crédibilité, déjà fortement écornée, Botul a recours à un fake news quand il assimile la situation dans la Ghouta à celle de Sarajevo en 1994-1995. « Je me rappelle, dit-il avec assurance, en Bosnie, à Sarajevo, quand les Serbes envoyaient des armes chimiques sur le marché de Markala… ». Or aucun de ces massacres n’a été décrit par les enquêtes internationales comme relevant de la panoplie des armes chimiques. Ainsi que le confirme à l’AFP Rusmir Smajilhodzic, journaliste de l’agence de Sarajevo. Il déclare en effet que « jamais une attaque chimique n’a été évoquée : ni à l’époque des faits, ni par la suite par les experts ou devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Mais comme disait une autre célébrité commise à la propagande d’État, plus c’est gros plus ça passe… :

- Alain Juillet, ancien directeur du renseignement au sein de la DGSE, haut responsable pour l’intelligence économique auprès du premier ministre s’exprime sans trop de fard et sans langue de bois sur les différentes crises traversées depuis une vingtaine d’années et se risque à quelques approches de prospectives. Entretien parfois lumineux mené par le site Thinkerview en avril 2018, malgré sa longueur (2 heures 16 minute) :
 
- Dans son point de vue sur l’actualité du mois de mars, Michel Drac aborde la politique « protectionniste » de Trump, tire les leçons de l’affaire syrienne et du patatras de l'affaire Skripal, évoque la situation en Europe et au sein de l’OTAN, la bouffonnerie de la politique intérieure française (où le dégagisme rattrape les dégagistes eux-mêmes et où l’on pourrait fort bien se diriger vers une stratégie de la tension et une sortie de l’illusion démocratique). Dans le bonus enregistré le 13 avril il fait le constat que les crises commencent à se percuter…:
 

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Bernard Lugan en entretien avec Tv-Libertés pour présenter son livre  Mai 68 vu d’en face. Membre de la Fédération des Étudiants Nationalistes passé à l’AF parce que son chef était en prison, il mène durant les « événements » une véritable guérilla à la tête de son corps franc. Récit plein de verve d’une rébellion qui se voudrait authentique mais qui, en réalité, a servi les intérêts du régime en place. Il est difficile d’être un authentique « révolutionnaire », surtout quand on n’a que 20 ans et que la fougue l’emporte sur la réflexion :
 
- En avril TVLibertés recevait Michel Geoffroy qui y présentait son dernier livre La super Classe Mondiale contre les peuples (éditions Via Romana, 2018). Énarque, contributeur régulier au site de la Fondation Polémia, l’auteur emprunte son titre à l’étude de Samuel Huntington Qui sommes-nous ? Identité nationale et choc des cultures (éditions Odile Jacob) :
 
- Le samedi politique d’Elise Blaise reçoit Michel Drac pour nous entretenir des relations internationales à travers le match Macron-Trump. L'invité s'exprime avec beaucoup de discernement :
 

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- Vidéo de Michel Drac. Note de lecture à propos du livre de Frédéric Lynn Les hommes libres (éditions Bios). Ce nationaliste français y raconte avec humour son expérience de combattant volontaire au sein des unités indépendantistes du Donbass au cours des années 2014-2016. À l’opposé du narratif de la presse occidentale toujours empressée de nous conter l’opposition entre les bons (ukrainiens) et les méchants (pro-russes), le récit du livre est beaucoup moins contrasté. Il nous présente une guerre qui obéit davantage, du côté des russophones, à des considérations locales qu’à des théories géopolitiques de grande envergure. Il nous explique que l’anti-fascisme officiel des républiques de Donetsk et de Lugansk, ressemble davantage par les valeurs qu’il développe à celles que combattent les antifas occidentaux. Nombreuses remarques également sur le caractère de la Russie profonde. Un exposé lumineux. 
 
- La Constitution inclusive est née, tel est est le constat opéré par Florence Rault sur le site de Causeur. Elle y fustige avec bonheur les nombreuses absurdités proposées par le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et le femmes :
 
- L'introduction dans les universités brésiliennes de la discrimination positive fondée sur la « race » ou les caractéristiques phénotypiques pose des problèmes inattendus. Parmi les critères possibles l’État de Para, le plus noir du pays, en a retenu certains et a mis en place une grille d’évaluation comprenant, parmi les cases à cocher, de réjouissantes questions telles celles-ci « le nez du candidat est-il court, large et plat ? Quelle est l’épaisseur de ses lèvres ? La couleur de ses gencives est-elle suffisamment violette ? Sa mâchoire inférieurs est-elle suffisamment prognathe ? » Chaque impétrant recevant un nombre de points relatif à chaque critère comme le type de chevelure ou la forme du crâne. Malgré quelques protestations, les activistes noirs ont insisté pour conserver cette grille afin d’éviter les fraudes. En effet certains candidats en sont venus à se grimer pour paraître plus noir et être admis dans les quotas. Ce retour « nauséabond aux heures les plus sombres » de l’anthropologie physique annonce-t-il une célébration de la crâniométrie et de l’angle facial ? Cela se pourrait bien si l’on en juge par l’étonnante réaction des mouvements noirs, et antiracistes, qui s’en montrent partisans. Comme quoi la société arc-en-ciel brésilienne sait tenir les promesses que le CRAN (comité représentatif des associations noires de France) n’a pas pas encore osé formuler :
 
- Le site de la Fondation Polémia publie l’article d’un fonctionnaire ayant assuré un rôle important dans l’administration du dispositif judiciaire entourant la demande d’asile en France. Il décrit l’une des voies offertes aux migrants africains pour rejoindre l’Europe sans trop de difficultés. On y constatera, entre autre, l’action éminemment décisive d’une association comme France Terre d’Asile qui dispose de plus de 900 permanents et d’une dotation annuelle de 68 millions d’euros entièrement versé par l’État, c’est à dire par le contribuable afin d’encourager et d’organiser la submersion de notre continent.
 

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Joseph Savès propose une excellente note de lecture du livre de Stephen Smith La ruée vers l’Europe, la jeune Afrique en route pour le Vieux Continent (édition Grasset). L’explosion démographique de l’Afrique sub-saharienne rend illusoire le développement de ce continent si sa population doit tripler dans le prochain demi-siècle, or elle triplera à coup sûr. Cela rend inopérant le déversement des sommes folles que le monde développé, surtout européen, y transfert en pure perte. D’autant que 42% des africains âgés de quinze à vingt-quatre ans et 32% des diplômés du supérieur déclarent vouloir émigrer. Le plan qui consiste à aider l’Afrique afin d’y maintenir sa population sur place est un échec, d’autant plus que dès qu’est franchi un seuil minimal de prospérité les africains se montrent désireux de rejoindre l’El Dorado européen où ils sont certains d’être accueillis par la bienveillance des communautés diasporiques . Face à cet immense défi il nous faut choisir entre adopter l'éthique de conviction et l’éthique de la responsabilité. Stephen Smith nous livre tous les arguments pour opérer ce choix en toute connaissance de cause : 
 

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- Pour le politologue Frédéric Saint Clair la droite ne doit pas seulement combattre l’islam politique ou terroriste mais doit lutter contre la propagation de l’islam culturel qui conduit à un séparatisme territorial fondé sur une « halalisation » de la société civile. En conséquence Saint Clair propose de rompre avec les principes libéraux qui ont animé l’action de l’État français jusqu’à présent de manière à prémunir  le socle culturel européen qui fonde nos moeurs. Captivante étude du rôle du nu féminin dans l’identité européenne de Praxitèle à Rodin et de la féminité depuis L’Ilade; une féminité que bien entendu la civilisation islamique ne peut qu’exclure de son panorama. Des analyses pétries d’intérêt qui trouvent leurs bases dans la thèse de Samuel Huntington sur les conflits civilisationnels. Il est par ailleurs l’auteur du livre La droite face à l’islam qui vient de paraitre aux éditions Salvator :
 
- Mission « Defend Europe ». Une série d’opérations de communication rondement menées avec à l’issu de celles ci la sympathie de nombreux français et européens. Malheureusement, les seuls à faire du bruit, médiatiquement parlant, sont les immigrationnistes qui semblent avoir juré la perte de l’Europe. Les autres rasent les murs ou appartiennent à l’immense conjurations que constitue « la majorité silencieuse » qui n’est majoritaire que par son mutisme tonitruant. D’où l’importance de ce genre d’initiative et  la nécessité de la soutenir :
 
- L'émission I Média présentée par Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp se penche principalement sur l’opération Defend Europe qui provoque la rage des journalistes de grand chemin et les piailleries des ligues de vertu  :
 
- Reportage honnête d’ Édouard Chanot (Sputnik) sur l’action de Génération Identitaire au col de l’échelle et les échos qu’elle a reçus :
 

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Le premier mai, avec le recul suffisant, l’OJIM analyse les réactions de la presse mainstream à l’action des Identitaires. Dans ses colonnes elle oppose toujours selon les mêmes mantra les « méchants xénophobes de l’extrême droite raciste agissant telle une milice » rappelant les heures sombres de l’Occupation aux gentils citoyens pro-migrants qui interviennent bénévolement pour secourir des miséreux. Pour le coup ceux- ci ne sont qualifiés ni de « milice », ni d’ultra-gauche et aucun journaliste ne rappelle qu’ils opèrent en bande organisée et le plus souvent qu’il sont largement subventionnés. À aucun moment n’est posée la question de savoir qui agit dans la légalité et qui s’en dispense. Bref, un véritable catalogue de la désinformation en vigueur à l’image de l’inimitable Mélenchon accusant l’extrême droite d’avoir saboté les manifs syndicales du premier mai, alors que tout le monde s’accorde à y voir la main de l'extrême gauche des casseurs, de plus en plus violente au fur et à mesure qu’elle se réduit et que ses objectifs deviennent incompréhensibles :
 
- La manifestation pro-migrants organisée à Gap le samedi 28 avril par une vingtaine d’associations aurait réuni à peine 200 participants (la photographie en plan serré que publie les journaux ne permet pas d’en juger, il faut donc croire l’AFP sur parole). Une misère qui en dit long sur les sentiments de la population à l’égard des immigrés clandestins, mais aussi à l’égard de ceux qui les aident et à l'égard du laxisme de l’État qui abandonne ses frontières à la main-mise des passeurs. Ce rassemblement avaient pour but de protester contre Génération Identitaire qui, faut-il le rappeler, a agi conformément à la loi :
 

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- Pour Michèle Tribalat Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, ne sait absolument pas de quoi il parle puisque selon lui il y a que 200 000 personnes « d’origine étrangère » en Ile de France. La démographe rétablit les chiffres :
 
- Plan Borloo : commentaires éclairés d’Alain Finkielkraut en deuxième partie de son intervention :
 
- Plan Borloo : un tonneau des Danaïdes inutile et nuisible selon Guillaume Bigot. Un point de vue partagé par l’ex-garde des Sceaux Rachida Dati qui déclare dans Ouest-France que la première 
expérience Borloo en 2002 s’est conclue alors par l’instauration d’une véritable économie souterraine basée sur le trafic de drogue tandis que de nombreux élus et responsables politiques, naïfs ou cyniques, en voulant acheter la paix sociale, ont laissé le terrain au communautarisme, aux caïds et aux imams auto-proclamés, tout cela sous la protection d’association comme SOS racisme. Selon elle, ne pas reconnaître, comme le fait Borloo dans ses propositions, que l’islamisme gangrène ces quartiers, c’est s’exposer à échouer. Comme le dit Alain Finkielkraut à propos du plan Borloo « nous sommes la première civilisation à se ruiner pour financer son propre anéantissement » :
- Gabriel Robin trace pour L’incorrect la mythologie qui a présidé au énième plan Borloo pour les banlieues :

mercredi, 02 mai 2018

Presseschau - Mai 2018

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Presseschau

Mai 2018

 

AUßENPOLITISCHES

 

Die Herrschaft der westlichen Welt ist zu Ende. Das sagt ein Mann, der es wissen muss

200 Jahre haben die westlichen Länder die Welt zur bisher erfolgreichsten Zivilisation geformt. Nun geht unsere Dominanz zu Ende, sagt der Politologe Kishore Mahbubani. Der Osten mit China an der Spitze übernimmt die Macht.

https://nzzas.nzz.ch/hintergrund/die-herrschaft-der-westl...

 

Weltbank

Einwanderer überweisen Rekordbeträge in ihre Heimat

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2018/einwanderer-uebe...

 

Ungarn

Orbán triumphiert bei Parlamentswahl

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/orban-trium...

 

Reaktionen auf Ungarn-Wahl

Mehr Orbán, weniger Asselborn

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/mehr-orba...

 

(Feindmarkierung)

Ungarn, Polen und Europa: Feind in den eigenen Reihen - Was kann die EU tun?

https://www.gmx.net/magazine/politik/ungarn-polen-europa-...

 

Regierung Kurz liefert

„Heimaturlaub“ führt zu Verlust des Bleiberechts

https://www.tichyseinblick.de/daili-es-sentials/heimaturl...

 

Winnie Mandela

Ex-Frau von Nelson Mandela gestorben

https://www.welt.de/politik/ausland/article175091673/Winn...

 

Alliierter Angriff in Syrien

Back to Realpolitik

von Thomas Fasbender

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/back-to-r...

 

Kanadische Journalistin spricht Klartext: Wie die Medien über Syrien lügen

https://www.youtube.com/watch?v=5tc4EKMcPDA

 

KenFM im Gespräch mit: Christian Blex

Seit rund sieben Jahren wird der säkulare arabische Staat Syrien, wie vor ihm schon der Irak oder Libyen, von außen destabilisiert und mit Terror überzogen.

https://www.youtube.com/watch?v=MF6HmvAVmNI

 

Japan Frauen wollen Hilfe leisten - und werden aus Sumo-Ring geworfen

Frauen dürfen beim japanischen Sumo-Kampf nur zuschauen. Auch als mehrere Frauen nach einem Notfall im Ring Erste Hilfe leisteten, wurden sie weggeschickt - der Sport steht deswegen in der Kritik.

http://www.spiegel.de/panorama/gesellschaft/sumo-in-japan...

 

Ende der Castro-Ära

Kubas neuer Staatschef Díaz-Canel ist eine Marionette

Miguel Díaz-Canel ist das neue Gesicht Kubas. Hoffnung auf politische Reformen macht der Präsident aber nicht.

http://www.handelsblatt.com/politik/international/ende-de...

 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Ex-Außenminister Fischer

„Merkel ist ein Glück für das Land“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article175796502/...

 

Allensbach-Umfrage

Grünen-Wähler identifizieren sich kaum mit ihrer Heimat

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruenen...

 

Kauder über Antisemitismus

„Null Toleranz! Jeder Einzelfall muss geahndet werden“

Volker Kauder, Chef der Unionsfraktion, fordert eine Meldepflicht für antisemitische Vorfälle an Schulen.

https://www.welt.de/politik/deutschland/article175048932/...

 

Hessen

Lorz: Schulen für antisemitische Vorfälle sensibilisieren

https://www.welt.de/regionales/hessen/article175248750/Lo...

 

Richterbund: Deutsche Justiz ist überfordert

https://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2018/04/08/ri...

 

Terrorabwehr

EU-Kommission will Personalausweise künftig mit Fingerabdrücken

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/eu-kommissi...

 

Etaterhöhung

Entwicklungsminister Müller will mehr Geld für Afrika

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/entwick...

 

Merkel sichert deutschen Vertriebenen Unterstützung zu

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merkel-...

 

Brandenburger CDU hält Koalition mit Linkspartei für möglich
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/branden...

 

AfD-Spitze entscheidet sich für Desiderius-Erasmus-Stiftung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-spi...

 

Iris Nieland (AfD): Kunsthochschule Mainz erhält trotz massiver Kritik der Wirtschaftsführung zunehmend höhere Mittel

https://irisnieland.wordpress.com/2018/04/18/iris-nieland...

 

Guido Reil

AfD-Politiker bei Mai-Demo in Gewahrsam genommen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article175980009/...

 

Berlin

Deutschlands verwahrloste Hauptstadt

Der große Verfall

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-gross...

 

Kulturstaatsministerin

Grütters will Aufklärung des kolonialen Erbes vorantreiben

https://www.monopol-magazin.de/gruetters-will-aufklaerung...

 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

Neue Rechte: Germanische Thing-Zirkel

In der alten Bundesrepublik suchten rechte Zirkel vergeblich nach dem historischen Moment, die Konservativen zu gewinnen. Diesmal scheint es ihnen zu gelingen.

Von Thomas Assheuer

http://www.zeit.de/2018/14/neue-rechte-nationalismus-kons...

 

Herd. Heimat. Hass. Über die Verlockungen rechten Denkens (2/4)Renegaten, Konvertiten, Überläufer

Zur Wanderung von Intellektuellen aus dem linken ins rechte Lager

http://www.deutschlandfunk.de/herd-heimat-hass-ueber-die-...

 

234 Flaschen Champagner auf EU-Kosten - Rechtspopulisten sollen Geld erstatten

https://www.merkur.de/politik/234-flaschen-champagner-fra...

 

Szene soll 18.000 Personen umfassen

Verfassungsschutz zählt immer mehr Reichsbürger

https://www.tagesspiegel.de/politik/szene-soll-18-000-per...

 

(Auch dies ein Medien-Hype…)

Fall Maximilian T.

Begründete Zweifel

von Christian Vollradt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/begruen...

 

"Nato-Strichjunge Heiko Maas"

Diether Dehm, die Erika Steinbach der Linken

Der Linken-Bundestagsabgeordnete Diether Dehm beschimpft Außenminister Heiko Maas als "Nato-Strichjungen". Es ist nicht das erste Mal, dass er auf diese Weise auffällt.

https://www.n-tv.de/politik/Diether-Dehm-die-Erika-Steinb...

 

Wegen NPD-Veranstaltung

Bundesverfassungsgericht rügt die Stadt Wetzlar

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesv...

 

Neu-Isenburg

Laut, friedlich, aber kleiner als zuvor

Proteste beim AfD-Parteitag

https://www.op-online.de/region/neu-isenburg/proteste-bei...

 

("Antifa"-Propagandaschau an Schule in Güstrow)

Indoktrination

Streit um Anti-AfD-Ausstellung an Güstrower Schule

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/streit-um-anti-afd-a...

 

(Zwar kein Fair Play gegenüber der AfD. Aber eine Ehrung bekommt man trotzdem… oder gerade deshalb…)

Löwen im Herz. Hessen integriert.

Integrationsvorbild Peter Fischer

Staatssekretär Kai Klose: „Peter Fischer vermittelt Werte wie Fair Play, Toleranz, Zusammenhalt und das Einstehen für seine Überzeugungen wie kein anderer“

https://soziales.hessen.de/presse/pressemitteilung/integr...

 

Feine Sahne Fischfilet

Alle Türen stehen weit offen

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/alle-tu...

 

(Und die nächste linke Anti-Volk-Band… Kafvka… wenig originell)

Gerechtigkeit

Wie eine linke Band die rechte Szene in Sachsen-Anhalt aufmischt

http://www.bento.de/politik/antifa-festival-gegen-rechts-...

 

(Dazu…)

  1. April, Schnellroda

https://sezession.de/58475/21-april-schnellroda

 

(Ebenfalls dazu, und zu dem "bento"-Artikel…)

Eine Pleite und eine symbolische Okkupation

https://sezession.de/58480/eine-pleite-und-eine-symbolisc...

 

„Mission Alps“

Identitäre errichten Zaun an italienisch-französischer Grenze

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/identitaere...

 

(Repression der subtilen Art. Kontenkündigung durch die Postbank)

Trojanisches Pferd und Damoklesschwert

https://sezession.de/58445/trojanisches-pferd-und-damokle...

 

Verbraucherschutz: Wenn Banken ihren Kunden das Konto kündigen

http://www.faz.net/aktuell/finanzen/meine-finanzen/verbra...

 

Heuchelheim

AfD-Veranstaltung abgesagt

„Von Storch und Höcke sind die größten Schädlinge für Deutschland“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/von-sto...

 

(Bizarre Demonstration gegen Identitäre in Halle)

Sonntagsheld (56) – Stänkern gegen Links

Unsere fünfte Kolonne schlägt zu...

https://sezession.de/58447/sonntagsheld-56-staenkern-gege...

 

Österreich: Hausdurchsuchung bei Identitären

https://sezession.de/58503/oesterreich-hausdurchsuchung-b...

 

Hausdurchsuchungen bei IBÖ wegen Verdachts auf Bildung einer kriminellen Vereinigung

https://www.unzensuriert.at/content/0026756-Hausdurchsuch...

 

Alles weg?! - Razzia gegen Martin Sellner & IB Österreich

https://www.youtube.com/watch?v=fiKYrwdwWiA

 

In drei Bundesländern Razzia gegen mutmaßliche Reichsbürger

https://www.tagesschau.de/inland/razzia-reichsbuerger-101...

 

„Autonomes Zentrum“

Wuppertal vermietet Haus kostenfrei an Linksextreme

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/wuppert...

 

Antisemitismus-Debatte

Israel-Hasser wollen gegen „Blutsauger“ und „Parasiten“ demonstrieren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/israel-...

 

Linksextreme bekennen sich zu Anschlag auf Moschee
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linksex...

 

Linksextremismus

Kandel: 20 Ermittlungsverfahren nach Antifa-Demonstration

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kandel-...

 

Jahrestag der Bücherverbrennung

Antifaschistische Himmelfahrtsposse

von Bastian Behrens

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/antifasch...

 

Sachsen

Linksextreme verunglimpfen Gedenken an deutsche Kriegsopfer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linksex...

 

Chaostage in Berlin

Linksextremistischer Mordaufruf im Internet

von Martina Meckelein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linksex...

 

Linksextremismus

Eliten und Mob koalieren

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/eliten-un...

 

Demo in Linz: Zwei Festnahmen

Zwei vorübergehende Festnahmen und ein verletzter Polizist ist die Bilanz des Polizeieinsatzes am Mittwoch auf dem Linzer Taubenmarkt. Rund 40 Personen hatten eine angemeldete Demonstration gestört, die sich gegen Flüchtlinge wendete.

http://ooe.orf.at/news/stories/2909281/

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

Ist England verloren? In Haft mit Douglas Murray (Teil 1)

Von Martin Sellner

https://sezession.de/58456/ist-england-verloren-in-haft-m...

 

Ist England verloren? Nein, wenn… (Teil 2)

Von Martin Sellner

https://sezession.de/58469/ist-england-verloren-nein-wenn...

 

Nach Marathondebatte

Frankreich beschließt schärfere Asylgesetze

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/frankreich-...

 

Bürgschaften

Flüchtlingshelfer müssen vorerst nicht zahlen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

Köln prüft Hotel für Flüchtlinge – zu hohe Summe für CDU-Frau?

https://www.welt.de/politik/deutschland/article175365970/...

 

Bouffier: Ohne Zuwanderer kein Spargel mehr

http://www.faz.net/aktuell/rhein-main/wirtschaft/bouffier...

 

(Die Einwanderer sollen uns die Rente bezahlen…)

Frühjahrsgutachten

Wir brauchen Rente mit 70 – oder 500.000 Zuwanderer im Jahr

https://www.welt.de/wirtschaft/article175616647/Wir-brauc...

 

(Die nächste Erfolgsstory…)

Gastronomie

Der Geschmack der Heimat

Syrische Lokale prägen die Esskultur der Berliner bald ebenso wie zuvor die von Griechen, Türken oder Indern. Das liegt vor allem daran, dass viele Flüchtlinge in der Hauptstadt ihre eigene Gastronomie eröffnen.

Von Verena Mayer

http://www.sueddeutsche.de/stil/gastronomie-der-geschmack...

 

Islamisierung und Linksliberalismus

#NichtOhneMeinKopftuch: Die bizarre Faszination für den Islam

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/nichtohne...

 

Herford

Eklat um Ditib-Moschee

Integration als Farce

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/integra...

 

Hermannplatz

Nach Drohungen: Jüdische Demo in Berlin wird abgebrochen

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/nach-drohungen-juedi...

 

Handel mit Identitäten : Flüchtlinge verkaufen deutsche Papiere im Internet

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/fluechtlinge-ve...

 

Hamburg kann Piraten nicht abschieben
Filmreife Asylposse
von Boris T. Kaiser
https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/filmreife...

 

Mobbing in Berliner Schulen

"Vom Krankenwagen aus der Schule abgeholt“

Der Tagesspiegel hat dazu aufgerufen, von Erfahrungen mit Schulmobbing zu berichten. Aus Berlin-Mitte erzählen heute Eltern eines Viertklässlers.

https://www.tagesspiegel.de/berlin/mobbing-in-berliner-sc...

 

Politische Korrektheit

Integrationsrat wirft Polizei Schüren von Ressentiments vor

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/integra...

 

Kriminalität

Propaganda mit Statistik

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/propagand...

 

Mannheimer Intensivtäter sind doch nicht minderjährig

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mannhei...

 

Ex-Frau und Kind erstochen: Verdächtiger Nigrer gehörte zur Lampedusa-Gruppe

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/frau-un...

 

14-Jähriger präsentiert sich vor Gericht als wild entschlossener Attentäter

https://web.de/magazine/panorama/14-jaehriger-praesentier...

 

Einwanderer und Deutsche prügeln sich erneut in Cottbus

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/einwand...

 

Vor Bäckerei in Fulda

Polizei erschießt 19-Jährigen – er randalierte mit Steinen

https://www.welt.de/vermischtes/article175431792/Vor-Baec...

 

(Und umgehend solidarisiert sich die Community mit dem Täter)

Fulda

Polizei ruft zu mehr Sachlichkeit auf

"Wir wollen Gerechtigkeit" - Demo und Protestzug gegen tödliche Polizeischüsse

https://osthessen-news.de/n11586718/wir-wollen-gerechtigk...

 

Hannover

Nach Streit an Imbiß

Vier Polizisten verletzt: Mob feuert junge Männer an

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/vier-po...

 

Berlin

Auf offener Straße: Araber prügelt mit Gürtel auf Kippa-Träger ein

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/auf-off...

 

Verletzte in Witzenhausen

Demonstranten klagen nach Anti-Abschiebe-Demo gegen Polizei

https://www.hessenschau.de/gesellschaft/demonstranten-kla...

 

Nächtliche Demonstration eskalierte

Syrer zurück in Witzenhausen - Abschiebeversuch war rechtswidrig

https://www.hessenschau.de/gesellschaft/syrer-zurueck-in-...

 

(Dazu…)

Abschiebegegner organisieren Widerstand per SMS-Kette

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/abschie...

 

Zwickau

„Erhöhte Haftempfindlichkeit“

Milderes Urteil für Intensivtäter weil er Ausländer ist

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mildere...

 

Intensivtäter Abdel S.

Richter rechtfertigt Ausländerbonus für Intensivtäter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/richter...

 

Mord am Jungfernstieg

Mit der Macht der Staatsgewalt gegen kritische Blogger

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/mit-der-m...

 

Borna

Kirchenschändung Schock nach Randale in Kilianskirche von Bad Lausick

Erst wurden zwei Kirchen in Chemnitz attackiert, jetzt die Kilianskirche Bad Lausick angegriffen: Die Polizei ermittelt. In Chemnitz wurde ein junger Asylbewerber aus Pakistan als Täter gestellt. Ob es Parallelen zu Bad Lausick gibt, ist zurzeit offen.

http://www.lvz.de/Region/Borna/Schock-nach-Randale-in-Kil...

 

Hessen

Tod von dreifacher Mutter: Lebensgefährte muss vor Gericht

https://www.welt.de/regionales/hessen/article175881978/To...

 

Pmai18-6.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Sind schönere Städte „rechtsradikal“?

Zum Denunziationsversuch eines Modernisten

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1299

 

Frankfurts Neue Altstadt – Das Herz am rechten Fleck. Eine Antwort.

Von Claus Wolfschlag

https://clauswolfschlag.wordpress.com/2018/04/09/frankfur...

 

Jagd auf Rechte: Jetzt sind die Fachwerkhäuser dran!

https://www.tichyseinblick.de/tichys-einblick/jagd-auf-re...

 

Frankfurter Altstadt

Ist Fachwerk faschistisch?

https://www.welt.de/kultur/plus175716225/Frankfurter-Alts...

 

Architektur in der Krise: Leben im Aktenordner

von Niklas Maak

http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/warum-neue...

 

Köln

Mieter verlieren Kampf um Villa

Kündigung für rechtens erklärt - Neue Eigentümer planen Neubau mit Wohnungen für Flüchtlinge

https://www.ksta.de/koeln/urteil-mieter-verlieren-kampf-u...

 

Die verschwiegenen Kirchenschändungen in Deutschland

http://vera-lengsfeld.de/2018/04/29/die-verschwiegenen-ki...

 

„Die Kunst ist frei“

Das trojanische Pferd von Dresden

von Sebastian Hennig

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/das-tro...

 

Falsch geparkt

Warum Leihräder die Innenstädte blockieren

Eigentlich ist es eine gute Idee: statt eines Autos ein Fahrrad ausleihen und Gutes fürs Klima tun. Doch viele der Leihräder versperren Geh- und Radwege. Einige Städte haben sich deshalb schon strenge Regeln ausgedacht.

https://www.n-tv.de/panorama/Warum-Leihraeder-die-Innenst...

 

Jay-Z: Freudentränen nach Coming-out von Mutter

http://www.zeit.de/news/2018-04/04/jay-z-freudentraenen-n...

 

Conchita Wurst: "Ich bin seit vielen Jahren HIV-positiv"

https://www.gmx.net/magazine/unterhaltung/stars/conchita-...

 

KenFM zeigt: Die dunkle Seite der Wikipedia

https://www.youtube.com/watch?v=wHfiCX_YdgA

 

Christliche Symbole

Bayern hängt Kreuze in allen öffentlichen Gebäuden auf

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/bayern-haengt-kreuze...

 

In Deutschland regiert die Feigheit vor dem Streit

https://www.abendblatt.de/meinung/article214014671/In-Deu...

 

Thea Dorn über Nation, Heimat, Identität

Plädoyer für einen aufgeklärten Patriotismus - ohne AfD

Thea Dorn im Gespräch mit Liane von Billerbeck

http://www.deutschlandfunkkultur.de/thea-dorn-ueber-natio...

 

(Karlheinz Weißmann meint ein Kippen erkennen zu können)

Umkämpfte Diskurshoheit

Die Hegemonie kippt

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-hegem...

 

(Zum Buch "Siegen"…)

Buchvorstellung

Unfähig zur Selbstbehauptung

von Fabian Schmidt-Ahmad

https://jungefreiheit.de/kultur/literatur/2018/unfaehig-z...

 

(Mal wieder ein aufgebauschtes "Rassismus"-Skandälchen…)

Polizei verhaftet zwei Schwarze – und Starbucks muss sich entschuldigen

https://www.gmx.net/magazine/panorama/polizei-verhaftet-s...

 

Nach Boykottaufruf

Starbucks verpflichtet Mitarbeiter zu Anti-Rassismus-Training

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/starbucks-v...

 

Echo-Preisverleihung

Für solche „Künstler“ ist in Deutschland kein Platz

von Alice Weidel

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/fuer-solc...

 

Kollegah vs. Campino: Kulturkampf oder Ablösung?

Martin Lichtmesz

https://sezession.de/58470/kollegah-vs-campino-kulturkamp...

 

Musikpreis Echo wird abgeschafft

https://www.gmx.net/magazine/unterhaltung/musik/musikprei...

 

Politische Korrektheit

Keine beste Freundin

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/keine-beste...

 

(the Simpsons)
Debatte um Kultserie
Rassismus? Nein, Ressentiments gegen weiße Unternehmer!
https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/rassismus-nei...

 

Sonntagsheld (57) – Southern Gentleman

https://sezession.de/58478/sonntagsheld-57-southern-gentl...

 

JF-TV

Erklärung 2018: „Der Druck wird nicht aufhören“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/erklaer...

 

Verschwörungstheorien aus Macht und Ohnmacht

https://sezession.de/57504/verschworungstheorien-aus-mach...

 

Der Schulderhaltungssatz – wir sind immer schuld

https://sezession.de/58420/der-schulderhaltungssatz-wir-s...

 

(Die Wanze im eigenen Wohnzimmer…)

Amazon Echo: Durch diesen Fehler hörte Alexa dauerhaft zu

http://www.computerbild.de/artikel/cb-News-Sicherheit-Ama...

 

Weniger Geldautomaten in Deutschland

http://www.zeit.de/wirtschaft/2018-04/banken-geldautomate...

 

Das war’s. Diesmal mit: Kaffee und allerlei Männern

Von Ellen Kositza

https://sezession.de/58471/das-wars-diesmal-mit-kaffeeger...

 

Bestseller-Verfilmung

"Das Zeiträtsel": Fantasievolles Kinderdrama

https://www.volksstimme.de/kino/filmbesprechung/das-zeitr...

 

Roman von Monika Maron „Munin oder Chaos im Kopf“

Leben in der Vorkriegszeit

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/leben-in-...

 

Amor Towles – „Ein Gentleman in Moskau“

https://sezession.de/58319/amor-towles-ein-gentleman-in-m...

mardi, 01 mai 2018

Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

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Jean-Michel Vernochet: "La guerre civile froide"

Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet N°8 (20 janvier 2018)

Enregistrement public à Meylan

 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet n°8 – 20 janvier 2018.
Une émission spéciale enregistrée en public à Meylan.
 
Le Libre Journal de Jean-Michel Vernochet est une nouvelle émission d’ERFM, la radio en ligne et en continu d’Égalité & Réconciliation.
 
Pour ce huitième numéro, Jean-Michel Vernochet était invité par la section d’E&R Grenoble à enregistrer son émission en public.
L’occasion pour Jean-Michel Vernochet de présenter son dernier livre, "La guerre civile froide : La théogonie républicaine de Robespierre à Macron" (octobre 2017) : http://bit.ly/2yHg8jG
 
Un entretien mené par Pierre-Antoine Plaquevent pour "Les Non-Alignés" : http://www.xn--les-non-aligns-nkb.fr/
 
Une vidéo réalisée avec l'aimable autorisation de ERFM.
 
Le Retour aux Sources Éditeur :
 

samedi, 28 avril 2018

Les nouveaux gladiateurs et l’hymne républicain

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Les nouveaux gladiateurs et l’hymne républicain

par Pierre-Emile Blairon

Le jeu de balle au pied (football) est l’un des éléments majeurs de conditionnement des foules par les élites au pouvoir principalement en Europe. La recette est bien connue et ne date pas d’hier ; pour détourner les peuples des enjeux cruciaux et laisser le pouvoir agir sans l’aval des masses, il suffit de leur présenter un hochet ; l’Empire romain décadent prévenait toute tentative de soulèvement du peuple en lui fournissant Panem et circenses, du pain et des jeux du cirque. Les Romains arrivaient donc en foule dans les arènes pour voir mourir les gladiateurs qui s’étripaient entre eux ou qui affrontaient des bêtes sauvages. Ces gladiateurs étaient des mercenaires bien payés, hommes libres ou esclaves, qui trouvaient dans ce métier l’occasion d’accéder à un statut social envié quand ils avaient survécu.

Les footballeurs sont nos nouveaux gladiateurs (à moindre risque), mercenaires internationaux, dont le prix d’achat dépasse toutes les normes acceptables. Ils viennent de toutes les parties du monde mais, en France, essentiellement de nos anciennes colonies d’Afrique, du Nord et sub-saharienne (les fameux Blacks-Blancs-Beurs au sein desquels on a intelligemment supprimé toute discrimination en les appelant uniformément les « Bleus »).

Pas plus que les gladiateurs romains (le fameux : Ave Caesar, qui morituri te salutant ne concernait que certains délinquants condamnés à mort), les footballeurs ne sont tenus à saluer les officiels occupant les tribunes. Cependant, on leur demande, avant chaque match international, de chanter leur hymne national, enfin, l’hymne du pays dont ils ont acquis la nationalité et qu’ils représentent dans les compétitions internationales. La loi veille : tout outrage à l’hymne national est, en France, depuis 2003, susceptible d’être puni par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende.

Certes, Karim Benzema n’entrait pas dans le cadre visé par la loi en déclarant en avril 2018 ne pas chanter la Marseillaise sur les stades parce que, «Si vous écoutez bien, la Marseillaise appelle à faire la guerre. Et ça, ça ne me plait pas». Benzema est un footballeur natif de Lyon, officiant dans le club madrilène dont son compère Zidane (ancien footballeur, natif, lui, de Marseille) est entraîneur. «On ne va pas me forcer à chanter La Marseillaise. Zidane, par exemple, ne la chantait pas forcément. Et il y en a d'autres».

Benzema n’avait pas tout à fait tort, s’il s’en était tenu là, mais nous allons voir que ce n’était pas le cas.

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Ce jour-là…

Sans doute, en effet, ce jour-là, avait-il fini par percevoir les paroles du refrain du chant révolutionnaire hurlées dans les gradins par les supporters. Elles lui parvenaient indistinctement, brouillées par les bruissements des étendards claquant au vent, arborant fièrement les logos des diverses multinationales sponsor.e.s des footballeurs. Il recevait, troublé, effaré même, quelques paroles étranges clamées avec enthousiasme par cette belle et sportive jeunesse française : sanglant, égorger, sang impur, féroces soldats…

Il regardait ses coéquipiers bouger silencieusement les lèvres – television is watching you ! - d’autres marmonnant des incantations destinées à attirer sur eux la bienveillance des antiques dieux de la savane.

Benzema, imperturbable, un léger voile d’inquiétude dans les yeux, avait décidé de ne pas faire semblant de chanter en ne chantant pas du tout. Il allait, dans un moment, à mains nues et les pieds uniquement armés de crampons, affronter les redoutables Lions (club de Brisbane, Australie, en match amical). Les maillots des champions étincelaient sous le soleil, marqués aux armes de Nike (prononcer Naïque) et d’EDF.

Il avait décidé, ce jour-là, de ne plus chanter du tout car, décidément, ces paroles étaient indignes.

Un exemple et un contre-exemple

Bel exemple de pacifisme pour ces jeunes de banlieues dont il était devenu l’idole. Ils ne songeaient qu’à marcher dans ses traces, ils ne rêvaient tous que de voitures luxueuses, de sex-tapes torrides, de villas somptueuses à Malibu ou à Dubaï, décorées de damasquins aux couleurs chatoyantes, aux salles de bains rutilantes avec leurs robinets d’or, aux piscines remplies de superbes jeunes femmes à l’abondante chevelure d’un blond platiné, à la plastique généreuse et indéformable, comme dans un conte des mille et une nuits…

L’exemplarité du discours et de l’attitude de Benzema s’arrête sans doute là ; le boxeur champion du monde Patrice Quarteron, d’origine guadeloupéenne, lui aussi issu de la banlieue – il est né à Sevran - est aussi un exemple pour les jeunes, d’autres jeunes, ceux qui sont reconnaissants à la France de les avoir accueillis. Il a violemment et publiquement[1] dénoncé l’attitude de Benzema, lorsqu’il s’est permis de cracher au sol lorsqu’a retenti la Marseillaise.

« Sur les terrains, tu traînes partout ton arrogance, ton mépris du public, de la ferveur des supporteurs, des journalistes. Sûr de toi, convaincu d’être le prochain Zidane. Et encore… Tout ça n’est que du foot. Mais il a fallu que tu commettes l’impardonnable. L’insupportable. L’insulte à la nation.

C’était en Espagne. La Marseillaise retentit, la France rend hommage aux victimes d’un attentat. Et toi, tu craches au sol. Si tu avais fait cela en Algérie, tu serais probablement un homme mort. »

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Ceci en réponse à la déclaration d’amour de Benzema pour le pays d’origine de ses parents :

« Parce que l’Algérie c’est mon pays, voilà, mes parents ils viennent de là-bas. Après, la France… C’est plus sportif, voilà. »

Et Patrice Quarteron d’exprimer sa propre position dans un langage coloré:

« Quand vous portez un drapeau d'un pays où vous ne vivez pas, on vous dit "bravo, j'adore, c'est courageux, c'est un signe d'ouverture". Quand on porte le drapeau du pays dans lequel vous vivez, où vous payez vos impôts, avec lequel vous souffrez, aimez, combattez, on vous dit : "t'es un chien, un putain de facho". Je porte mon drapeau fièrement. Et j'emmerde les fils de putes qui préfèrent se sentir Américains, Marocains, Russes, etc. tout ça parce qu'ils vont en vacances une semaine dans un autre pays et reviennent en se sentant étrangers à leur propre pays. Soyez patriotes et reconnaissants. Vous devez tout à la France. »

La Marseillaise : hymne national ou hymne républicain ?

N’était cette remise en cause de notre hymne national, personne ne se serait intéressé outre mesure à ses paroles, inconnues pour la plupart des Français, hormis son refrain vengeur.

Aux armes, citoyens,

Formez vos bataillons,

Marchons, marchons !

Qu'un sang impur

Abreuve nos sillons !

marseillaise.jpg

Le texte est certes fort belliqueux, de même que le sont beaucoup d’hymnes nationaux dans le monde, tel celui des Algériens, le pays chéri de Benzema, où l’on perçoit un ressentiment vis-à-vis de la France qui a pourtant tout donné à ce pays qui n’existait pas, jusqu’à son nom et sur l’héritage duquel les Algériens vivent sans rien y avoir apporté depuis 1962 :

Ô France ! le temps des palabres est révolu

Nous l'avons clos comme on ferme un livre

Ô France ! voici venu le jour où il te faut rendre des comptes

Prépare-toi ! voici notre réponse.

Mais revenons à notre hymne national : aucune ligue de vertu ne s’indigne à l’énoncé de ce « sang impur », parfaite illustration du racisme le plus abject ? Non, parce que le « sang impur » est celui des peuples européens à qui la France vient de déclarer la guerre, la Bohême et la Hongrie ; donc, le même sang que celui des Révolutionnaires, qui n’est donc pas plus impur ; les prémices de l’ethnomasochisme en quelque sorte.

La Marseillaise fut chantée la première fois rue Thubaneau, à Marseille (d’où son nom), rue célèbre pour la prolifération de ses lupanars (loin de moi l’idée d’employer l’expression triviale de Patrice Quarteron !)

Le premier couplet est le seul encore chanté (sur les sept que compte l’hymne) :

Allons, enfants de la Patrie,

Le jour de gloire est arrivé !

Contre nous de la tyrannie

L'étendard sanglant est levé, (bis)

Entendez-vous dans les campagnes

Mugir ces féroces soldats ?

Ils viennent jusque dans vos bras

Égorger vos fils, vos compagnes !

marseillaiserenoir.jpgLes féroces soldats en question sont donc ceux à qui la Révolution vient de déclarer la guerre et qui, à cet effet, a créé l’Armée du Rhin, dont la Marseillaise, à l’origine, était destinée à en être le chant.

Cette Armée du Rhin comprendra d’innombrables sous-armées dont les dénominations varieront au gré des regroupements décidés par les Révolutionnaires. L’armée de Meuse, Sarre et Moselle fut confiée à François-Claude de Bouillé, monarchiste fidèle au roi et qui servit donc la France révolutionnaire qui ne lui en sut pas gré car il est stigmatisé par la cinquième strophe de la Marseillaise dans laquelle il devient le complice de ceux qu’il a combattus.

Cette incohérence s’explique par le fait qu’il sut mater, à la demande de Lafayette, une mutinerie à Nancy avec la plus grande rigueur, il en fut même félicité, dans un premier temps, par l’Assemblée révolutionnaire ; mais la part importante qu’il prit à l’organisation de la fuite du roi ne le racheta pas.

Où l’on constate que les paroles de la Marseillaise composées par Rouget de Lisle s’attachent (excepté le septième couplet qui n’est pas de lui) à décrire des péripéties très marquées temporairement sans pouvoir s’élever pour les dépasser à des considérations englobant l’histoire de France dans le temps, dans l’espace et dans l’énoncé. Ces paroles restent liées à une période bien précise : la Révolution, à la guerre menée contre le roi de Bohême et de Hongrie et au régime républicain qui l’a suivie, sans accéder au statut national, au « roman national » dirait-on aujourd’hui, que l’hymne mériterait.

On peut déplorer que le seul nom cité soit celui de Bouillé pour le vilipender alors que les noms de héros authentiques qui ont lutté pour l’indépendance de la France ne sont pas mentionnés pour les glorifier, comme celui de Vercingétorix qui sut rassembler les Gaulois contre l’envahisseur romain, comme celui de Jeanne d’Arc qui se sacrifia pour bouter les Anglais hors de notre territoire, et comme tous ceux qui firent don de leur personne à la France.

Pierre-Emile Blairon

[1] https://www.valeursactuelles.com/societe/le-poing-final-de-patrice-quarteron-benzema-comment-oses-tu-cracher-sur-le-pays-qui-ta-nourri-94988

jeudi, 26 avril 2018

Michel Geoffroy : la Super Classe Mondiale contre les peuples

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Michel Geoffroy : la Super Classe Mondiale contre les peuples

 
Enarque et contributeur de la Fondation Polémia,
Michel Geoffroy publie un réquisitoire contre la Super
Classe Mondiale dont le représentant en France est
bel et bien Emmanuel Macron. L’oligarchie veut
imposer le chaos, notamment migratoire, mais
l’auteur prévient :”Contre toute attente, l’oligarchie
va échouer”. Revigorant !
 
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Caroline Galacteros : "Retrouver la voie d'une diplomatie réaliste"

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Caroline Galacteros : "Retrouver la voie d'une diplomatie réaliste"

 
Docteur d'Etat en Science politique, colonel de réserve, ancienne auditeur de l'IHEDN, Caroline Galactéros présente le nouveau think tank, qu'elle préside : Geopragma.
 

Hervé Juvin : "Le réel est notre premier problème politique"

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Hervé Juvin : "Le réel est notre premier problème politique"

Conseiller en stratégie, ancien président d'Eurogroup Institute, essayiste, notamment chez Gallimard, Hervé Juvin est vice-président de Geopragma. Lors de la soirée de lancement, il évoquait la nécessité d'une géopolitique réaliste.
 

mardi, 24 avril 2018

Le Libéralisme et ses alternatives pour le XXIème siècle

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Le Libéralisme et ses alternatives pour le XXIème siècle

 
Ex: https://www.katehon.com

2ème colloque de Chisinau (15-16 décembre 2017)
Contribution à la 4ème théorie économique. »

Discours Chisinau le 14 Décembre 2017

Mesdames et Messieurs,

Je suis très honorée d’avoir été invitée à ce deuxième colloque de Chisinau consacré aux questions économiques.Une analyse de la problématique économique sera d’autant plus utile que la question sera abordée sous différents angles, qui permettront d’en mieux cerner les contours. Pour comprendre la question économique, il me semble en effet tout à fait impératif de mettre cette dernière dans un contexte spatio-temporel de nature institutionnelle. Aucune dissertation sur la question économique ne peut valablement trouver de fil conducteur si l’on ne fait pas l’effort de pratiquer une analyse sérieuse de son évolution institutionnelle dans le temps et dans l’espace.

Or l’analyse des institutions, mesdames et messieurs, ne ressort pas à strictement parler du champ de compétence des économistes, qui sont des praticiens du domaine économique. L’examen du cadre institutionnel de l’économie est de la compétence des juristes.C’est donc en ma qualité de juriste que je vais intervenir à l’occasion de ce colloque consacré à la problématique économique. C’est également en ma qualité de juriste que je vais faire une indispensable incursion dans le champ monétaire et financier.

A titre liminaire, il semble utile de replacer le cycle de conférences de Chisinau dans son contexte institutionnel international. Le présent colloque s’inscrit dans le droit-fil de la Déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944 qui, si elle avait été appliquée, se serait opposée à la fois à la liberté absolue du commerce international tenu par les multinationales et à l’établissement d’un système monétaire international unifié. Ceci est une vaste histoire…

J’ai commencé l’analyse juridique et institutionnelle de la question économique à l’occasion de mon travail de thèse, consacré à l’entreprise. Par la suite, mon expérience en tantqu’avocate dans le domaine de la fiscalité internationale et plus précisément des prix de transfert,a induit une réorientation du champ de mes analyses. Mon approche, initialement juridique et institutionnelle, du domaine économique s’est peu à peu transformée en approche politique et géopolitique.Parce que touteanalyse institutionnelle se poursuit nécessairement, naturellement, parune mise en perspectivepolitique et géopolitique.

L’économie, en raison des implications qu’elle a dans le quotidien des gens, doit aujourd’hui être considérée comme LA matière politique et géopolitique par excellence.Dans le contexte actuel de crise perpétuelle, si d’aucuns dissertent à l’envie et avec plus ou moins d’arrières pensées, sur l’impasse économique et financière dans laquelle le monde est plongé, personne ne semble entrevoir, et encore moins proposer,la moindre solution pour sortir de l’impasse.

Or, un problème qui ne trouve pas de solution est un problème qui est mal posé.Le problème économique me semblejustement particulièrement mal posé.Pour vous en convaincre, je vais vous faire part des constats auxquels mon approche, que d’aucuns jugeront « iconoclaste »,et qui est d’ordre juridique, institutionnelle, politique et géopolitique a abouti. Le qualificatif « iconoclaste », appliqué dans un contexte de pouvoir temporel et non pas dans un contexte de pouvoir spirituel, ne doit pas faire peur.Il est en effet tout à fait nécessaire de s’opposer à la tradition, même lorsqu’elle date de plusieurs centaines d’années, lorsque celle-ci mène l’humanité à sa perte ; or c’est justement dans cette direction que nous courrons collectivement. Il est des époques qui doivent être politiquement « iconoclastes », et nous sommes justement au cœur d’une telle époque.En pratiquant l’approche politique et géopolitique de l’économie, j’ai découvert un certain nombre d’éléments qui désignent, à eux seuls, la voie conceptuelle permettant de sortir de l’actuelle impasse économico-monétaire. Impasse qui sévit au niveau mondial et qui nous mène tout droit vers la destruction des peuples et la construction d’un gouvernement mondial dirigé par les principaux détenteurs de capitaux de la planète.
Cette petite introduction, nécessaire à la compréhension du sujet, m’amène à fairela remarque selon laquelle les milieux académiques ne considèrent jamais l’économie selon cette approche institutionnelle, politique etgéopolitique, pourtant déterminante. D’un point de vue académique, les économistes pratiquent l’économie tandis que les juristes mettent l’économie en musique règlementaire, sans jamais questionner la pertinence du cadre.Les juristes se cantonnent aujourd’hui à un rôle secondaire consistant à mettre en œuvre et éventuellement àperfectionner les règlementations économiques. Ils ont, depuis beaucoup trop longtemps, abdiqué leur rôle politique consistant à avoir une approche dynamique et critique de la législation.Ce faisant, les juristes sont devenus inutiles, de simples parasites alimentant un système économico-politique, de type newtonien, qui éloigne toujours plus l’humanité du soleil nécessaire à sa survie. Cette pente malheureuse est née de l’influence de la théorie pure du droit d’Hans Kelsen ; à partir de là les juristes praticiens sont devenus structurellement incapables de questionner les finalités du droit, seules les techniques juridiques leur sont restées accessibles.

Pour retourner dans le vif du sujetéconomique et des alternatives envisageables, il faut d’abord et avant tout comprendre que les forces à l’œuvre dans le monde dans lequel nous vivons ont, au fil des siècles, organisé une domination institutionnelle totale du pouvoir économique sur le pouvoir politique. Cette domination devra prochainement trouver sa conclusion logique dans l’avènement d’un gouvernement mondial, appelé « Nouvel Ordre Mondial » par ses partisans. En réalité, ce Nouvel Ordre n’a rien de nouveau, il est l’aboutissement logique de la constante élévation sociale de l’ordre des banquiers commerçants qui a, aujourd’hui, rang de puissance politique. Cet ordre des banquiers commerçants, dont on peut, grosso modo, faire remonter la naissance à l’époque des Grandes Découvertes, en raison du considérable enrichissement dont ils ont pu alors bénéficier, est aujourd’hui arrivé à un point où il a acquis un pouvoir mondial de type monopolistique. Les tenanciers de ce pouvoir économique, à force d’accaparement des richesses, sont parvenus au stade où ils imposent des institutions internationales à leur mesure. Le constat, malheureux, est qu’aucune instance politique n’est plus en mesure de lutter efficacement contre ce conglomérat de banquiers commerçants, qui pratique un pouvoir absolu et sans partage.

« Comment en est-on arrivé là ? »…Est une longue histoire faite de luttes, de contre-luttes et d’un nombre considérable d’abdications.

Dès le début, la caste naissante et ambitieuse des banquiers commerçants a entrepris un mouvement en double révolution (sans jeu de mot), consistant d’une part en un effort conceptuel afin de dissoudre le « pouvoir » politique en place, et d’autre part à mettre en œuvre, pays par pays, une institution capable de centraliser et gérer les masses monétaires en circulation. Concrètement, les deux principaux outils utilisés par le pouvoir économique, pour s’élever au rang de pouvoir politique, ont été : premièrement l’élaboration et la diffusion du principe de « séparation des pouvoirs » et, deuxièmement la mise en place de « banques centrales ».Les Français ont eu un rôle de fer de lance dans la mise en place conceptuelle etinstitutionnelle de ces deux éléments de destruction massif des peuples et des Etats. Il semble juste, en retour,que des Français établissent les mesures conceptuelles qui permettront le rétablissement des Etats au sens politique du terme - qui est le sens premier et le seul pertinent -, dans leur capacité de fonctionnement normal. Dans le contexte actuel, il ne faut en revanche malheureusement pas compter sur des Français pour mettre en œuvre institutionnellement ces concepts nouveauxdont la finalité est la rénovation du pouvoir politique. Nous y reviendrons…

Le premier moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est le principe dit « de séparation des pouvoirs », théorisé par Charles Louis de Secondat baron de Montesquieu. Ce principe a eu le succès spatio-temporel que vous savez.Universellement reconnu comme le seul moyen institutionnel de limiter le pouvoir, il a permis une uniformisation générale des modes de gouvernement de tous les pays du monde ; rendant dès lors possible le passage à la phase ultime du gouvernement mondial.

La séparation des pouvoirs, fallacieusement présentée comme une « limitation » du pouvoir, est en réalité une « dissolution » du pouvoir. Il faut, pour s’en convaincre, remonter au sens premier du mot « politique » et se rappeler qu’un gouvernement est la traduction institutionnelle permettantla mise en œuvre de la « politique ». Au sens premier du terme, la « politique » est l’art d’organiser la vie de la Cité. A ce titre, la « politique » doit réguler les comportements individuels de manière à ce qu’ils soient compatibles avec un comportement de groupe, un comportement social. La « politique »s’accompagne donc nécessairement du pouvoir de maîtriser les lois qui s’appliquent sur son territoire, de rendre la justice,ainsi que du pouvoir de contrainte, permettant d’assurer l’intégrité du groupe. Retirer au « pouvoir politique » les fonctions législative et judiciaire revient tout simplement à retirer au pouvoir politique sa raison d’être, qui est en même temps la justification de son pouvoir de contrainte. Si en plus vous retirez au gouvernement la maîtrise de sa monnaie, qui est un des moyens permettant d’œuvrer à la paix sociale, vous obtenez la situation actuelle dans laquelle les Etats ne sont plus des entités politiques mais des entités au service du pouvoir économique caché.
Il faut ajouter que le principe de « séparation des pouvoirs », chargé de dissoudre le pouvoir politique ancien, sera abandonné lorsqu’il aura rempli sa fonction et que le nouveau pouvoir pourra s’exprimer au grand jour. On assiste d’ailleurs précisément à cette évolution dans la construction européenne -qui est le premier pas vers le Nouvel Ordre Mondial - où le principe de séparation des pouvoirs est ouvertement abandonné. La « séparation des pouvoirs » ne sera évidemment pas appliquée par le futur gouvernement mondial.

Le second moyen mis en place par les détenteurs du fait économique dans leur quête du pouvoir est la centralisation des questions monétaires dans leurs mains. Le système de la centralisation monétaire dans les mains des banquiers, que nous appellerons ici - par facilité de compréhension - le « système des banques centrales », est né au Pays-Bas, s’est perfectionné en Angleterre, et s’est ensuite installé en France avant de se répandre dans tous les pays du monde. En se généralisant, le système des banques centraless’estévidemment diversifié et complexifié. La plupart des banques centrales du monde, soixante parmi les plus importantes, sont aujourd’hui gérées et régulées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI en français, BIS en anglais) située à Bâle. Cet établissement bancaire et financier, créée en 1930 à l’occasion du plan Young, a été conçu dès l’origine comme une entité juridique de droit public comparable à un Etat, moins, évidemment, la fonction de régulation sociale.Pour l’anecdote - qui n’en est pas une -, ce sont les flux financiers (via de nombreux prêts) qui ont transité par la BRI qui ont financé l’effort de guerre nazi et permis l’avènement du IIIème Reich allemand.

Le « système des banques centrales » s’est vu complété en 1944, au moment des Accords de Bretton Woods, par l’avènement d’institutions bancaires internationales telles que le FMI et la Banque mondiale ; créant dès lors ce qu’il est convenu d’appeler l’ordre financier international. Ce système financier bénéficie du support de nombreux autres organismes bancaires à vocation internationale, régionale et supra nationale telles que la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD, née en 1944 à Bretton Woods), la Banque Européenne d’Investissement (BEI créée en 1958), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD créée en 1991), la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB pour Council of Europe Development Bank ; créée en 1956)… Sans même évoquerles différentes institutions du système financier, de plus en plus intégré, de l’Union Européenne. S’ajoutent à tout ça les nombreux établissements bancaires et financiers chargés, moyennant une politique de prêts à intérêts, de mettre sous dépendance, par le biais d’un relais financier régional ou global,tous les territoires et pays du monde. Cette mise sous tutelle financière mondiale des Etats est cachée derrière les bons sentiments de la prétendue volonté de construire, reconstruire ou aménager les territoires. Il faut ici noter que cacher la réalité factuelle derrière une apparence de « bons sentiments claironnés » est la méthode suivie depuis toujours par les tenants du pouvoir économique afin d’arriver à leurs fins politiques.

A cet égard et dans le droit fil de la méthodologie perverse généralement employée par la caste économique au pouvoir, je dois mettre l’auditoire en garde contreune interprétation fallacieuse, généralement faite, de l’origine de la construction européenne. OUI cette construction s’est faite dans le contexte de la domination américainemondiale du XXème siècle, mais NON elle n’est pas un produit américain au sens strict.

Car il faut considérer que l’Empire américain n’a été, et n’est encore,lui-même qu’un avatar de la puissance économique et financière globale. Cette puissance, qui a pris politiquement conscience d’elle-même au siècle dit des Lumières, s’est successivement incarnée dans les Empires Britannique puis Américain ; les Etats-Unis d’Amérique ont été au XXème siècle ce que la Couronne Britannique fut au XIXème siècle : une matérialisation du pouvoir grandissant des banquiers-financiers.Il n’est pas exclu que les détenteurs de la puissance financière mondiale aient opté pour la Chine en tant que nouvel Empire intermédiaire précédant l’arrivée concrète du gouvernement mondial. Toutefois, leurs plans pourraient être déjoués par le pouvoir politique chinois, qui vient par exemple d’interdire sur son territoire les plateformes de crypto-monnaies et qui semble poursuivre inlassablement depuis quelques années une implacable lutte contre la corruption. L’avenir nous renseignera sur le fait de savoir si la Chine sera ou non le 3ème et dernier Empire global, celui chargé de précéder l’avènement du Nouvel Ordre Mondial, c’est-à-dire de la dictature universelle...
La construction européenne, dont l’origine technique remonte pour l’essentiel au XIXème siècle, a été pensée par et dans les cercles œuvrant à la domination du pouvoir économique global.La construction européenne est un laboratoire d’essai, elle est la première marche vers l’intégration de ce qui deviendra, inéluctablement au XXIème siècle, si personne ne s’y oppose sérieusement, le gouvernement mondial. L’expérience de l’intégration européenne - qui porte le nom d’Union Européenne - permet aux détenteurs du pouvoir économique de tester in vivo, sur le continent européen, ce qui sera généralisé à l’ensemble du monde et constituera les modalités de fonctionnement du gouvernement mondial. Il ne faut pas s’y tromper !

Je pourrais longuement vous parler de l’actuel engouement pour les crypto-monnaies selon la technologie blockchain, du fonctionnement du circuit économique global et de la façon dont les multinationales s’y sont prises pour mettre les Etats sous leur dépendance économique.Toutefois, ces développements, longs, ne sont pas adaptés au format de cette présentation orale.Je pourrais également vous expliquer l’ensemble des conséquences techniques, en termes d’organisation gouvernementale, de la suppression du principe de « séparation des pouvoirs ».Mais là encore il nous faudrait un temps qui n’est pas compatible avec les exigences de la présentation d’ensemble, à laquelle répond ce discours.Permettez-moi juste de mentionner que si l’article 13 de l’actuelle Constitution russe est en débat, c’est surtout son article 10 qui devrait être mis en cause ;car la « séparation des pouvoirs », qui suppose la « dissolution » du pouvoir, pose un problème politique insoluble à tous les Etats qui l’ont adopté. L’article 13 litigieux, qui certes ajoute le dernier clou au cercueil du « pouvoir », n’est en réalité qu’une manifestation secondaire du problème politique réel.
Pour tous les détailstechniques, je vous donne rendez-vous dans un autre cadre…

Je termine cet exposé en insistant sur le fait que LE DROIT est LE moyen qui permettra soit d’aller toujours plus loin vers l’avènement du gouvernement mondial, soit de stopper ce processus mortifère et d’entreprendre une lutte efficace contre les postulants économiques au pouvoir politique global.

Connaître les techniques juridiques permettant de faire face au danger ne suffit évidemment pas.Il faut y ajouter une réelle détermination politique qui, seule, permettra de mettre ces techniques en œuvre. Cette volonté politique ne doit pas être recherchée dans les pays occidentaux, qui ne sont pas en capacité politique et socio-culturelle de lutter ; le réveil des BRICS doit, à cet égard, être considéré comme un potentiel espoir,tout en gardant à l’esprit que l’ennemi est puissant, y compris dans ces derniers Etats…

Mesdames et Messieurs, je vous remercie de l’attention que vous avez bien voulu porter à cet exposé.

dimanche, 22 avril 2018

La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct

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La stratégie de l’intimidation : du terrorisme jihadiste à l’islamiquement correct

 

Critique élogieuse du dernier livre d’Alexandre Del Valle par Dr Dominique Schwander

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Dans son livre, lequel est excellent et très bien documenté, Del Valle aborde les sujets actuellement les plus préoccupants pour nos démocraties européennes; il y traite de:

  • la psychologie du terrorisme et du terrorisme psychologique
  • la politique de l’apaisement ou pax islamica
  • la stratégie expansionniste du lobby islamique mondial en Europe
  • la stratégie victimaire, des provocations du communautarisme
  • la dénonciation de l’islamophobie, de la genèse et de l’actualité de l’islamiquement correct
  • les mythes de la dette envers la science arabo-musulmane et de la tolérance à l’’Al-Andalus
  • le mythe de l'Al-Andalus au service de l’irrédentisme et du suprémacisme islamiques.

Cet auteur fin connaisseur de l’islam et brillant enseignant universitaire répond avec lucidité, clairvoyance et impartialité à plusieurs questions actuelles que tout citoyen suisse se pose. En voici quelques unes:

ADV-intim.jpgLe vivre ensemble est-il encore possible, en Europe et aux USA, avec un tel échec de l’assimilation de ces immigrants musulmans et/ou africains ?

L’islam et l’islamiquement correct sont-ils compatibles avec nos Etat-nations, alors que son idéologie politique et sa charria s’impose dans nos quartiers, où la moitié des jeunes musulmans souhaitent l’instauration de la charia et rejettent notre Constitution démocratique et nos lois?

L’islamisation de nos Etat-nations par les musulmans coupeurs de langues (djhadistes soft) et leur victimisme islamiquement correct ne sont-ils pas encore plus dangereux que le terrorisme musulman des coupeurs de gorge (djihadistes hard)?

Est-il possible et comment d’éviter la désintégration des Etats-nations de l’Europe, les tensions croissantes et le risque de guerre civile qui en découle et nous menace ? Pourquoi aucun doctrinaire musulman, ni les gardiens de La Mecque, ni les imams sunnites, ni les ayatollahs ont-ils excommunié et déclaré hérétiques ou apostats les terroristes musulmans?

Pourquoi les angéliques, les idiots utiles et les islamo-collabos propagent-ils que la supposée islamophobie serait plus horrifiante que nos victimes physiques des attentats terroristes musulmans et que la lutte contre l’islamophobie doit primer sur celle contre le terrorisme musulman et la lutte pour notre peuple souverain?

Quel Occidental n’est pas stupéfait par la comparaison du sort des musulmans d’Europe aujourd’hui, libres d’exercer leur virulent prosélytisme, aux juifs d’hier victimes du génocide nazi?

Comment peut-on déradicaliser les jeunes musulmans radicalisés et combattre le jihadisme en Europe alors que de nombreuses et étendues zones de non-droit islamisées sont contrôlées par l’oumma musulmane qui exige de tous les musulmans pratiquants de former dans nos Etats-nations leur société supra-nationaliste séparée des infidèles-mécréants, par définition tous des ennemis de l’islam, par exemple une société de non-France-non état de droit où la menace idéologique et civilisationnelle de l’islam ersatz de religion se répand au nom de la liberté religieuse  et du  droit à la différence?

Voici en résumé quelques réponses, observations et faits pertinents pour encourager les patriotes qui ne sont ni de droite ni de gauche mais pour leur peuple souverain à lire cet imposant et brillant ouvrage de 500 pages que j’ai pu obtenir en trois minutes en format Kindle sur Amazon, ici où je suis au Panama, Etat-nation corrompu, pluri-culturel, pluri-raciste, riche mais avec beaucoup de pauvres et malheureusement également bientôt  multiconflictuel.

  • L’objectif des tous les musulmans pratiquant est, de gré ou de force, la soumission-conquête  et l’islamisation de toute la terre et de tous ces habitants et, grâce à cet acte pieux, de gagner par là leur salut et leur place au paradis sexualisé musulman. Il s’agit donc de supprimer en Europe le christianisme et d’y inclure de force l’islam et les musulmans pratiquants.
  • Tous les musulmans pratiquants utilisent la stratégie de l’intimidation: intimidation morale, culturelle et civilisationnelle pour les uns (djihad soft), et intimidation physique pour les autres (djihad hard).
  • Les premiers nous imposent leur vision totalitaire sous couvert de liberté religieuse et de diversité multiculturelle. Les autres utilisent la violence et la terreur comme outils d’intimidation, de persuasion, de manipulation et de propagande idéologique. Ce terrorisme des égorgeurs ou coupeurs de têtes (hard) est la façon la plus fulgurante de modifier les comportements des adversaires, de diffuser une idée subversive et de leur faire accepter de se soumettre. Ce terrorisme alimente la terreur psychologique et juridique instaurée par les coupeurs de langue (soft) que sont les nouveaux censeurs qui luttent contre l’islamophobie, le blasphème et la liberté d’expression, à coups de revendications, de procès, de scandales et de lynchages médiatiques. Pour nous intimider et nous soumettre, les coupeurs de langues (soft) musulmans ont besoin des coupeurs de tête (hard) musulmans: la terreur de ces derniers dissuade les patriotes occidentaux, les dits blasphémateurs et les clairvoyants islamophobes de combattre le suprémacisme subversif des musulmans coupeurs de langue. Simplement, ceux qui menacent de couper les têtes donnent le ton. En réalité, ces terroristes musulmans ne massacrent pas pour venger les peuples musulmans envahis par les croisés du moyen-âge puis colonisés par des pays occidentaux mais pour qu’on parle de leur cause dans les mass médias et dans le public, pour semer la terreur et pour subjuguer tous ces Européens idiots utiles et toutes ces ONG bien trop attachés à l’apaisement communautaire de l’oumma musulmane militante et missionnée, ceci afin que les musulmans les fassent tomber dans leur piège de l’intimidation et que triomphe un jour leur soit-disante seule vraie religion, l’islam. Tous ces terroristes musulmans sont experts en manipulation des esprits via les mythes tel celui de l’Al-Andalus, le visuel tel la vidéo de sauvages égorgements, les symboles  tel le World Trade Center, leurs slogans bien choisis et lancés au bon moment et évidemment la taqyia.

adv-ccs.jpgL’Organisation de la Coopération islamique (OCI), créée en 1969, à Djedda est le second groupe d’États le plus grand au monde après l’ONU. L’OCI regroupe 57 Etats musulmans poursuivant la promotion mondiale de l’islam-idéologie et de ses lois et règles théocratiques. Son objectif est triple:

La plupart de nos élus occidentaux se sont laissés manipuler et convaincre que la lutte contre l’islamophobie et autres mesures illusoires d’apaisement seraient la meilleure tactique pour calmer la colère de musulmans pratiquants, apaiser les terroristes musulmans, voir les domestiquer. En réalité c’est le contraire qui se passe: plus on cède aux revendications des musulmans pratiquants et de n’importe quel totalitaires, plus ils y voient de la faiblesse et plus ils accroissent leurs exigences. Ainsi par exemple bien trop préoccupées de ne pas offenser les musulmans, des autorités municipales espagnoles culpabilisant et ayant peur des jihadistes hard se sont soumises volontairement et même par anticipation à interdire des magnifiques fêtes culturelles traditionnelles « Moros y cristianos » dans la province de Valence. Une fois de plus des autorités et des élus sont des victimes soumises de la stratégie d’intimidation des musulmans, ménagent  les susceptibilités de ceux dont ils ont peur, de ceux qui risquent d’être violents, les autres, soit toutes sortes de musulmans pratiquants, mais craignent l’islamophobie, qui n’jamais tué personne, de ceux qui ne sont pas violents et qui n’inspirent pas la crainte, soit les chrétiens et les leurs. Dans son roman politique-fiction « 2084 », l’écrivain tunisien Boualem Sansal décrit un monde néo-orwellien soumis au totalitarisme de l’islam-idéologie. Il déclare dans ce livre que « la France finira par devenir islamiste à force de céder aux fanatiques et aux terroristes ».

La culpabilisation est l’arme manipulatrice de destruction psychologique de masse de tous les dictateurs et de tous les totalitaires qui empêchent un peuple souverain de résister à un islam sournois, rampant puis conquérant, cet islam irrationnel qui se nourrit et se renforce de l’incohérence et de la faiblesse provocatrices des sociétés complexées qui cherchent l’illusoire apaisement et cèdent aux intimidations, aux demandes, aux revendications et aux exigences de leurs ennemis et de leurs oppresseurs.

Confronté à la guerre asymétrique que livrent à l’Occident les musulmans pratiquants et leurs terroristes, les Occidentaux doivent ne plus penser en stratégies et tactiques des guerres classiques mais apprendre ce qu’est une guerre asymétrique  et réaliser que tous leurs ennemis et envahisseurs sont des soldats sans uniformes. Même les femmes et les enfants placés comme boucliers humains devant les soldats de DAECH, les soldats du Hamas et les envahisseurs massés aux frontières, en particulier d’Israël et des USA, sont également des soldats sans uniformes.

La Suisse et ses voisins ne vaincront pas cet ennemi et sa guerre asymétrique tant que leurs élus et notre Défenses ne renoncent pas au paradigme de la guerre froide qui leur fait préférer encore aujourd’hui les États musulmans théocratiques du Golfe et la Turquie membre de l’OTAN à la Russie post-soviétique, toujours considérée par de nombreux élus et décideurs américains et européens comme pire que le terrorisme musulman.

Depuis la chute de Grenade en 1492, le mythe andalou est une véritable obsession pour nombre d’islamophiles occidentaux et de musulmans pratiquants du monde. La revendication des territoires musulmans perdus comme l’Al-Andalus a été au centre de tous les attentats islamistes d’Espagne ces quinze dernières années. L’objectif est de terrifier les occupants infidèles de l’Espagne anciennement musulmane jusqu’à ce que les musulmans aient récupéré, avec l’aide de allah, toutes les terres musulmanes perdues. Cette « reconquista » à rebours de l’Al-Andalus fait que l’Espagne est un des pays d’Europe les plus pris en tenaille par l’islam et que l’Al-Andalus est un puissant thème mobilisateur pour les djihadistes tant soft que hard.

adv-cocc.gifC’est le célèbre calife abbasside à Bagdad, Al-Maàmoun, de mère esclave perse (813-833), despote éclairé surnommé prince des mécréants en raison de son soutien à l’école rationaliste des mutazilites, qui encouragea le mouvement des traductions, en particulier du patrimoine intellectuel grec. L’Age d’Or de l’empire abbasside à Bagdad, doit beaucoup à la prestigieuse Université de Gondisapur, dans le sud-est de l’Iran actuel. Ces rares califes éclairés de Bagdad qui étaient à peine musulmans et fortement influencés par les cultures perse et mésopotamienne, étaient adeptes de l’hérésie des mutazilites, qui sera définitivement condamnée un siècle plus tard par les tenants de l’orthodoxie musulmane. La civilisation qui tenta de s’imposer  dans les cours de Bagdad, du Caire, d’Ispahan, ou de Cordoue, était en fait étrangère à l’islam-idéologie. Après cette période d’effervescence intellectuelle, l’islam, abandonnant le soufisme pour l’orthodoxie du sunnisme, forcera, jusqu’à aujourd’hui, les musulmans dans une foi aveugle et une acceptation littérale du coran. Toute tentative d’aggiornamento de l’islam apparut comme une innovation blâmable, une atteinte à l’éternité et à la perfection divine du coran soit-disant révélé à Mahomet, mot par mot par l’ange Gabriel mandaté par allah l’unique dieu. La novlangue musulmane apparut: le terme sophia, sagesse en grec, devint synonyme d’erreur en islam. De la même manière, la notion de bidaà, innovation, devint synonyme de blâmable. Depuis lors, juristes et fidèles de l’islam-idéologie sont soumis à une des quatre écoles orthodoxes du sunnisme. Le chiisme offrant avant Khomeini un peu plus de marge de manœuvre parce qu’il n’a jamais déclaré le coran incréé comme le sunnisme l’a fait. Après qu’aux X et XI ème siècles, les hadiths furent compilés, l’islam sunnite n’a connu ni réformes, ni conciles, ni innovations de grande ampleur, à l’inverse du christianisme et même du judaïsme.

Cette science et cette culture dites arabes ou musulmanes des califats de Bagdad et Cordoue seraient plutôt celle des sciences gréco-persanes-judéo-orientales. Les conquérants arabes et musulmans empruntèrent tout aux peuples conquis ou en contact avec eux, notamment en leur imposant la langue arabe puis le coran. En réalité, bien avant l’apparition de l’islam, tous les peuples installés autour de la Méditerranée, tous fédérés par Rome, formaient une civilisation judéo-chrétienne et méditerranéenne relativement cohérente. On oublie trop souvent que lorsque les arabes et les musulmans conquirent le Moyen-Orient en 630, ils rencontrèrent plus de 600 ans de civilisation assyrienne-chrétienne-syriaque, avec un riche héritage, une culture très évoluée, et des institutions d’enseignement avancées. Les chrétiens des actuels pays musulmans  suivants Syrie, Liban, Irak, Égypte, Iran, Turquie, etc, sont les derniers descendants et héritiers des anciennes civilisations pré-islamiques du Proche et Moyen-Orient

Ces Lumières philosophiques et scientifiques du dit âge d’or de Bagdad et de l’Al-Andalus exprimées en arabe, sont en réalité redevables aux peuples non-arabes conquis par l’empire musulman. Par ailleurs, elles furent  possible non pas grâce à l’islam, lorsque l’orthodoxie musulmane s’amoindrit entre les VIIIe et IXe siècles à Bagdad sous les rares califes abbassides peu orthodoxes et très ouverts, mais malgré l’islam officiel.

Le double mythe de la science arabe-musulmane et de la tolérance d’Al-Andalus est propagé pour masquer les enjeux du jihad qui sont au cœur de l’islamisme conquérant lancé à l’assaut de l’Occident culpabilisé et ouvert à tous les vents. Ce mythe islamophile sert à dissimuler la réalité guerrière du suprémacisme islamique et de son institution la dhimmitude.

Le problème principal posé aujourd’hui en Europe et aux USA par l’islam est le fait que toutes les organisations représentant l’islam et les musulmans pratiquants refusent l’assimilation des musulmans dans leurs pays d’accueil et exigent pour eux des immunités territoriales, des dérogations et des passe-droits, aux règlements scolaires et autres, aux lois et à nos Constitutions démocratiques.

adv-ti.jpgL’objectif des musulmans est de faire interdire, par l’ONU et les démocraties occidentales le blasphème et la liberté d’expression et de conscience, afin que tout le monde se conforme en fin de compte aux commandements liberticides et suprémacistes de la charia, sous couvert de lutte contre la diffamation des religions assimilée à du racisme; tout ce tapage antidémocratique parce que les musulmans seraient les victimes de la pire nouvelle forme de racisme: l’islamophobie assimilée à l’antisémitisme d’hier du nazisme.

De nombreux musulmans pratiquants d’Occident sont hostiles aux pays qui les ont accueillis ou même qui leur ont donné une double nationalité, pays qu’ils qualifient de mécréants,  dévoyés, pervers et ennemis des musulmans et de l’islam.

La médiatisation continuelle de la terreur recherchée par les jihadistes musulmans pratiquants n’a pas déclenché dans nos sociétés culpabilisées une mise à l’index des préceptes présentés comme « sacrés » et légaux qui justifient l’intolérance et la violence musulmane. Tant que le coran et autres textes « sacro-saints » seront lus et se répandront, la vraie colonisation conquérante de l'islam continuera et les musulmans ne serons jamais vaincus.

Le communautarisme ethnique, en particulier de l’oumma musulmane exerce pour la gauche la fonction qu’assurait autrefois, pour le parti communiste, l’existence d’un prolétariat.  La gauche et l’oumma, cette nébuleuse rouge-verte , ont remplacé la défense des ouvriers  par les immigrés musulmans victimisés, ce nouveau prolétariat de substitution.

Pour la gauche, l’islam n’est jamais responsable de sa manière de croire et de pratiquer l’islam, comme le terroriste musulman n’est jamais pleinement responsable de ses actes. C’est la société occidentale capitaliste qui est la véritable responsable de ce qui lui arrive de mauvais de l’islam.

Philosophiquement, la gauche, l’église catholique du pape Francisco et l’islam partagent un même universalisme conquérant et un même messianisme au sujet des pauvres. Ce qui leur plaît, dans l’islam-idéologie, c’est l’égalitarisme de l’oumma et que les exigences des musulmans sont un formidable levier de déstabilisation de l’État bourgeois. La Grande Bretagne, la Belgique, la France et la Suède sont les pays d’Europe où l’alliance islamo-gauchiste est la plus forte.

Nos sociétés européennes gagnées par la mauvaise conscience et subjuguées par ces minorités musulmanes et/ou africaines militantistes, missionnées et tyranniques n’osent plus défendre l’identité européenne et judéo-chrétienne et donc leurs intérêts géo-civilisationnels. Ceci les conduit à considérer des États et organisations civilisationnellement ennemis de l’Occident comme des amis économiques et politiques.

La soumission progressive à l’ordre liberticide de la théocratie islamique est  aussi favorisée par les politiques de compromission et d’apaisement fondées sur les intérêts matériels à court terme, sur la corruption d’élites dirigeantes, l’avidité, les enjeux géopolitiques, énergétiques et financiers et l’achat de votes. Cette soumission n’est pas seulement explicable par les seuls intérêts économiques et électoralistes, car leur ouverture unilatérale aux forces et États musulmans qui persécutent leurs minorités non-musulmanes tout en prétendant défendre des minorités musulmanes persécutées en Europe, n’est pas le fruit d’une faiblesse militaire et géopolitique. Elle est le résultat d’un abandon de tout patriotisme, de toute politique de civilisation par nos dirigeants intimidés par les ligues de vertus multiculturalistes et les lobbies musulmans et islamophiles.

L’objectif du terrorisme en tant qu’arme est d’amener l’adversaire-mécréant ou apostat à penser qu’il est en position de faiblesse radicale et qu’il a par conséquent intérêt à se soumettre de façon anticipatoire afin d’être épargné dans le futur (en cessant de blasphémer, de réclamer l’assimilation des musulmans, de critiquer l’islam, en acceptant une partition communautaire du territoire sur les bases de l’application de la charia et en combattant toujours plus l’islamophobie à mesure que le jihadisme frappe, tant soft que hard, etc.

Le véritable champ de bataille du terrorisme se situe dans les colonnes des journaux et sur les écrans de télévision. Le succès d’une opération terroriste dépend presque entièrement de l’importance de la publicité qu’elle obtient dans nos mass-médias. Cette médiatisation massive de l’acte violent et intimidant obéit à une stratégie rationnelle et calculée pour étendre la terreur.

Le terrorisme musulman trouve naissance dans cette vision théocratique et suprémaciste du renouveau du califat qui promet que le djihadiste musulman gagnera sa place au paradis pornographique. L’origine du jihadisme n’est donc pas à rechercher dans l’exclusion des déshérités. Le terrorisme musulman est une continuation de cet ersatz de religion  et de la politique des musulmans pratiquants, par d’autres moyens.

adv-veo.jpgLe grand cheikh d’Al-Azhar, Ahmed Mohamed Al-Tayeb dirigeant cette université, a encore récemment justifié, d’un point de vue juridique de l’islam le fait, de ne pas excommunier les jihadistes et les terroristes musulmans ou de ne pas leur promettre l’enfer, parce que selon l’islam-idéologie « pour exclure quelquun, il est nécessaire que ce dernier sorte de sa foi, renie sa foi dans les anges, les livres de allah» donc le coran, les hadiths, la charia, etc. Et ce n’est pas le seul doctrinaire musulman a avoir cette ferme opinion antidémocratique que les soldats sans uniforme de DAECH sont de vrais musulmans dont le seul tort est, parfois, d’agir mal individuellement. Cela signifie que si quelques actes des terroristes musulmans sont condamnables, ni l’idéologie de DAECH, ni ses membres ne peuvent être excommuniés tant que ces membres professent l’islam sunnite pur et dur et non une foi hérétique. Autrement dit cela signifie que, pour les doctrinaires/idéologues sunnites précités, les jihadistes terroristes musulmans sont plus orthodoxes et plus musulmans que les pacifiques mais hérétiques musulmans libéraux ou réformistes qui émettent leurs doutes sur les textes musulmans « sacro-saints ». La déradicalisation du jihad soft, prosélyte et institutionnel de nos immigrants desassimilés et du djihad hard des terroristes musulmans est bel et bien un gigantesque problème idéologico-« religieux »-civilisationnel et temporel. Pour prévenir le terrorisme musulman il faut que tout l’Occident pratique, sans tarder  une contre-radicalisation idéologique et une contre guerre psychologique pour éliminer tout djihadisme soft. Il est donc grand temps de déclarer nuls tous les passages du coran, de la sunna (dires et faits du messager Mahomet), de la sira (bibliographie de Mahomet et récits de guerre), de la charia (loi de l’islam) et du fiqh (droit musulman classique) qui incitent à la violence et visent à affaiblir ou détruire la démocratie, nos Constitutions,  nos souverainetés et les peuples souverains de l’Europe. En même temps que cette déradicalisation, il nous faut, d’une part fermer nos pays afin de les couper et de les protéger des organisations mondiales et nationales de l’islam qui manipulent et instrumentent nos concitoyens et d’autre part revaloriser notre identité nationale, notre civilisation occidentale et notre patriotisme assimilateur pour éliminer les traîtres à la patrie qui nous demandent de nous renier nous-mêmes, les faux jetons de la repentance qui nous enseignent la honte de nos ancêtres et de leurs actions passées, les adeptes de l’amour des autres et du mépris des nôtres et de soi, les islamo-collabos, tous les idiots utiles, sans oublier les partisans nationaux et étrangers qui interfèrent et s’ingèrent dans les affaires des pays musulmans souverains.

L’Université sunnite d’Al-Azhar, du Caire, s’est refusée à excommunier les terroristes musulmans alors qu’elle a excommunié de nombreux musulmans libéraux, réformistes, anti-islamistes et anti-jihadistes. La plus grande et prestigieuse faculté doctrinaire du monde musulman sunnite de l’Université Al-Azhar au Caire n’a jamais décrété que prôner le jihad musulman guerrier comme un pilier de l’islam, diaboliser les non-musulmans et les apostats, sont hérétiques. Par contre, cette même université, présentée comme plus modérée que les doctrinaires saoudiens, n’a pas eu d’état d’âme à excommunier nombre de musulmans réformistes, modernistes ou libéraux. Tous les musulmans réformistes qui ont osé préconiser un aggiornamento de l’islam, après avoir dénoncé la violence et l’intolérance de tous les textes « sacro-saints » de l’islam-idéologie ont été mis à l’index, condamnés pour apostasie, assassinés où se sont exilés.

Le lucide maréchal-président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dans sa  franche conférence aux enseignants de l’Université sunnite d’Al-Azhar, le 29 décembre 2014, a dit « Nous ne faisons pas assez concernant un véritable discours religieux. Le problème n’a jamais été notre foi. Il est lié à une idéologie que nous sanctifions. Je parle dun discours religieux en accord avec son temps. »…» Je madresse aux érudits religieux et prédicateurs »… « Il est inconcevable quen raison de l’idéologie que nous sanctifions, notre oumma dans son ensemble soit source de préoccupations, de danger, de tueries et de destruction dans le monde entier »…  « Je ne parle pas de religion mais d’idéologie, l’ensemble des idées et des textes que nous avons sanctifiés au cours des siècles, à tel point que les contester est devenu très difficile. On en est arrivé au point que cette idéologie est devenue hostile au monde entier. Peut-on imaginer que 1,6 milliard de musulmans tuent une population mondiale de 7 milliards pour pouvoir vivre entre eux ? Cest impensable. Je prononce ces mots ici, à l’université Al-Azhar, devant des prédicateurs et des érudits. Puisse allah être témoin au jour du jugement de la sincérité de vos intentions »… « Vous ne pouvez y voir clair en étant enfermés dans cette idéologie. Vous devez en émerger pour voir les choses de l’extérieur, pour vous rapprocher dune idéologie réellement éclairée. Vous devez vous y opposer avec détermination. »…« Le monde entier attend dentendre vos paroles ; il faut élaborer un nouveau discours religieux en accord avec notre temps »… « Nous devons révolutionner radicalement notre religion sinon nous courrons à notre perte, et nous en serons les seuls responsables ».

Ce qui choque le plus les adeptes de l’islamiquement correct n’est pas l’identité radicale en elle-même, mais celle des seuls Européens-blancs-judéo-chrétiens, sommés de saborder leur civilisation pour se faire pardonner leurs fautes passées, alors qu’ils n’étaient même pas nés! En revanche, on constate que tout ce qui va dans le sens de la (re) valorisation des identités non-occidentales et non-judéo-chrétiennes, en particulier la dite culture musulmane, est présenté comme une acceptation de la diversité multiculturelle et une nécessaire manifestation de  tolérance.

L’islamiquement correct, le fils du politiquement correct, désigne un processus d’intimidation et de correction de tous ceux qui ne se conforment pas à une représentation acritique et non-apologétique du ersatz de religion ou idéologie et de la civilisation musulmanes. Dans son stade avancé, l’islamiquement correct décrit un syndrome de soumission plus ou moins volontaire aux revendications liberticides et aux menaces diverses émanant tant des forces institutionnelles et terroristes de l’islam que des forces néo-tiersmondistes et multiculturalistes qui les exonèrent ou les cautionnent. Au niveau mondial, il désigne une attitude psychologique de capitulation volontaire face au suprémacisme islamique porté par les grandes organisations islamiques mondiales, elles-mêmes financées et soutenues diplomatiquement par des États (monarchies wahhabites du Golfe, Turquie néo-ottomane du calife Erdogan, Pakistan parrain des Talibans, etc.). Ce panislamisme, qui dissimule mal ses desseins politiques conquérants derrière la défense de l’islam-idéologie a connu une très nette progression en Europe et aux États-Unis depuis une trentaine d’années. C’est cette version soft du totalitarisme vert musulman qui est le vrai ennemi dans la mesure où le terrorisme jihadiste, la version hard, n’est qu’un mode d’action guerrier actionné pour intimider, dissuader et soumettre par la violence ceux que les pôles institutionnels de l’islam, qui ont les mêmes buts suprémacistes, ne parviennent pas à intimider par la diplomatie, la manipulation et la taqyia.

adv-gce.jpgInfiltrer, manipuler et noyauter l’ONU; cela en particulier pour dénoncer l’islamophobie, exiger de l’ONU et de tous les Etats-nations non-musulmans de pénaliser le blasphème et la liberté d'expression, alors que justement ce sont les Etats musulmans qui refusent de distinguer entre critiques de l’islam et haine envers les musulmans et qui ont l’antisémitisme le plus extrême et où les chrétiens sont les plus persécutés: mises à mort, emprisonnement, pogroms et dhimma. En réalité pour l’OCI, en vertu du principe de la suprématie islamique contenue dans le coran, la diffamation des religions ne concerne que l’islam!

Contrôler et réislamiser les communautés musulmanes issues de l’immigration et éviter à tout prix leur assimilation et leur désislamisation. L’OCI le dit clairement: « Les communautés dimmigrants musulmans en Europe font partie de la nation islamique» et recommande «une série de mesures visant à empêcher l’intégration et lassimilation des musulmans dans la culture européenne »

utiliser la présence de tant de musulmans en terre infidèle pour en faire des militants missionnés pour propager l’islam. Cela signifie que les États non-musulmans doivent aménager leurs propres lois, constitutions et règlements scolaires pour faire des exceptions au profit des minorités musulmanes qui ne doivent pas être tenues d’obéir à des lois ou règles contraires aux lois de l’islam qui sont au-dessus de tout, à l’instar de la communauté musulmane, la Oumma qui est une et la meilleure du monde.L’OCI affirme, avec arrogance, le rôle civilisateur et historique de l’oumma musulmane que allah a créée «la meilleure communauté suscitée parmi les hommes » (coran 3: 110), celle qui montre le vrai chemin à toute l’humanité. Il s’agit bien, pour l’OCI, d’un plan de conquête politico-idéologique du monde par l’ersatz de religion de Mahomet.L’Arabie saoudite, qui préside l’OCI, a même infiltré le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies basé à Genève; elle a intégré la Commission de la condition de la femme (CSW). Jusqu’en 2022, ce royaume théocratique, sexiste, autoritaire  et connu pour son « chop chop square » et la lapidation des femmes veillera donc à promouvoir les droits des femmes et l’égalité entre les sexes! Moralité: sortir de l’ONU et dissoudre l’inutile et coûteuse ONU. 

Le Dialogue Euro-Arabe (DEA) initié par l’UE a instauré en Europe un vaste  et dispendieux dispositif de refonte et d’islamisation des manuels scolaires et universitaires, en priorité européens. Cette DEA a même accordé un droit de regard  aux pays musulmans intégrés au processus, alors que ces mêmes États violent chez eux les principes de non-discriminations! Dans le monde réel de la Suisse, les rôles restent opposés, puisque l’Occident est la seule civilisation qui respecte et incarne un vrai pluralisme démocratique, libéral et culturel, à la différence des pays musulmans monoculturels, très rarement démocratiques et qui imposent les lois de l’islam et une ethnie aux minorités.

L’Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe (OSCE) exige que les directions des écoles doivent veiller à ce que les règles et les pratiques de leurs écoles n’aient pas d’effets discriminatoires: habillement, accès à l’apprentissage de sa propre religion, menus à la cantine, dates des vacances. L’OSCE ajoute qu’il faut être particulièrement vigilant en ce qui concerne leurs répercussions sur les jeunes musulmanes. Concernant la refonte des manuels scolaires en Europe, l’OSCE  a fait un copier/coller des demandes de l’OCI et autres organisations musulmanes mondiales.

Les États participants de l’OSCE ont condamné l’islamophobie en parlant de violence et de discrimination envers les musulmans. L’OSCE, contrairement aux déclarations des terroristes musulmans de Daesh, du califat, etc, a fermement rejeté que le terrorisme est associé à une quelque religion ou culture que ce soit.Alors que l’OCI, l’ISESCO et la LIM dénoncent constamment notre islamophobie   et notre soit-disant racisme, l’enseignement saoudien, turc, etc, inculque à leurs élèves un véritable suprémacisme panislamique: « La nation musulmane se caractérise par une particularité qui fait delle la meilleure nation qui ait été engendrée pour lhumanité ».

L’immigration n’est une bonne chose que si le peuple souverain d’accueil est fier de lui-même et de sa nation, donc pas un peuple qui se dénigre lui-même et a perdu sa souveraineté comme le peuple français macronisé et le peuple allemand merkelisé, et exige de ses  gouvernants que l’immigration soit accompagnée d’une stricte politique d’assimilation patriotique qui transforme tous ces immigrants en de futurs citoyens patriotes loyaux et des militants assimilés et convaincus des valeurs et des vertus nationales et civilisationnelles du pays d’accueil. Il est évident, expérience a été faite maintes fois, qu’un immigrant ne peut pas avoir envie de s’assimiler et de s’identifier à une nation, une culture une civilisation qui ne véhicule pas une image positive d’elles-mêmes.

La stratégie de l’intimidation, intellectuelle, physique ou psychologique, des  musulmans théocratiques conquérants, de leurs prédateurs et de leurs djihadistes n’a pas prise sur un peuple souverain et des gouvernants non culpabilisés, fiers de leur bon droit, de leur histoire et de leurs vertus, qui partagent un même esprit de corps avec une vision positive d’eux-mêmes.La gauche et les immigrants extra-européens ne comprennent toujours pas que l’asile n’est pas seulement recevoir des papiers et des allocations sociales mais accepter le contrat social de vivre et de travailler dans une société humaniste du XXI ème siècle et de remplir des devoirs et pas seulement avoir des droits, sans même les mériter.Terminons par un extrait de la Déclaration sur les droits de l’homme en islam adoptée par tous les pays musulmans le 5 août 1990 au Caire lors de la 19e Conférence islamique des ministres des affaires étrangères des pays musulmans.

Article 6 :

a). La femme est l’égale de l’homme au plan de la dignité humaine. Elle a autant de droits que de devoirs. Elle jouit de sa personnalité civile et de l’autonomie financière, ainsi que du droit de conserver son prénom et son patronyme.

b) La charge d’entretenir la famille et la responsabilité de veiller sur elle incombent au mari.

Article 22 :

a)Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la charia.

b) Tout homme a le droit d’ordonner le bien et de proscrire le mal, conformément aux préceptes de la charia.

Article 24 :

Tous les droits et libertés énoncés dans la présente déclaration sont soumis aux dispositions de la charia.

Article 25 : 

La charia est l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation de l’un quelconque des articles contenus dans la présente déclaration.

 

Ces articles sont à 100% incompatibles avec la déclaration des droits de l’homme de l’ONU de 1948, notre constitution démocratique, nos lois, la liberté d’expression, la liberté de conscience et l’égalité entre femmes et hommes. Ceci n’empêche pas tant de nos élus d’être islamophiles, islamo-collabos, co-allah-bos et de trahir notre peuple souverain.

Dans son livre, Alexandre del Valle nous a prouvé comment l’oumma  musulmane, cette guerrière nébuleuse musulmane est lancée à la conquête du monde et comment nous pouvons nous défendre, pour nos enfants et nos petits enfants, et reconquérir notre riche histoire, notre culture et notre civilisation.

Dr Dominique Schwander

 

samedi, 21 avril 2018

Martin Lichtmesz: Die US-amerikanische Rechte unter Trump: Eine Bestandsaufnahme

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Martin Lichtmesz:

Die US-amerikanische Rechte unter Trump: Eine Bestandsaufnahme

 
Martin Lichtmesz gibt eine kundige Einführung in den »Amerikanismus«.
 
sezession.de
antaios.de
staatspolitik.de
 

vendredi, 20 avril 2018

Eric de la Maisonneuve: Les Routes de la Soie

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Eric de la Maisonneuve:

Les Routes de la Soie

Le général Eric de la Maisonneuve, spécialiste de la Chine, évoque pour nous l'histoire des routes de la Soie de la Préhistoire aux projets de Xi Jinping.
 

jeudi, 19 avril 2018

Presseschau - April 2018

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Presseschau

April 2018

 

AUßENPOLITISCHES

 

112 Milliarden US-Dollar

Amazon-Gründer Jeff Bezos ist reicher als Bill Gates

https://www.tagesspiegel.de/wirtschaft/112-milliarden-us-...

 

Interview mit Autor des "Draghi-Crashs"

Insider warnt: "In zwei Jahren fliegt uns das Bankensystem um die Ohren"

https://www.focus.de/finanzen/boerse/interview-mit-autor-...

 

Bargeldabschaffung

Bargeld schützt vor Überwachungsstaat und Meinungsdiktatur

von Henning Lindhoff

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/bargeld-s...

 

(Katerstimmung in linksliberalen Kommentarspalten)

Kommentar: Einfache Antworten

Wahlausgang in Italien: Projekt einer demokratischen EU könnte gefährdet sein

https://www.hna.de/politik/kommentar-italien-einfache-ant...

 

Wahlen in Ungarn: Wenig Chance für die Opposition

Alle gegen Orbáns Ungarn

http://www.pi-news.net/2018/03/alle-gegen-orbans-ungarn/

 

Präsidentschaftswahl in Rußland

Die Notbremse ziehen

von Thomas Fasbender

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-notbr...

 

Katalonien

Verhaftung Puigdemonts

Augen zu und durchfahren lassen

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/augen-zu-...

 

Frankreich

Tatmotiv Judenhaß: Holocaustüberlebende in Paris ermordet

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/tatmotiv-ju...

 

Kriegsschauplätze in Syrien – Was wir über die östliche Ghouta, Afrin und das Euphrat-Tal wissen sollten

https://www.nachdenkseiten.de/?p=42716

 

Schatten überm Frühlingsfest

Kurden fühlen sich vom Westen verraten

https://www.n-tv.de/politik/Kurden-fuehlen-sich-vom-Weste...

 

Nach Schlacht um Afrin

Kurdische Knoten

von Jürgen Liminski

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/kurdische...

 

„Ungläubiger Name“

Eltern in Afghanistan nennen Sohn Donald Trump – Kind bekommt Todesdrohungen

https://www.welt.de/vermischtes/article174677253/Eltern-i...

 

Volkskongress beginnt

China steigert Rüstungsausgaben deutlich

https://www.n-tv.de/politik/China-steigert-Ruestungsausga...

 

Chinas Staatschef Xi Jinping kann lebenslang Präsident bleiben

https://www.welt.de/newsticker/news1/article174422727/Pra...

 

"Tag der Stille". Auf Bali schweigt sogar das Internet

https://www.tagesschau.de/ausland/bali-stille-101.html

 

Verbindungen in die USA

Deutsche Umwelthilfe: Selbstbedienungsbüffet auf Kosten des Steuerzahlers

von Reinhard Westphal

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2018/deutsche-umwelth...

 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Merkel gratuliert SPD zu GroKo-Zustimmung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merkel-...

 

Broders Spiegel: Maas ist der Gau

https://www.youtube.com/watch?v=a8NxFAhZnh0

 

„Das Vertrauen verloren“ : Marine-Kommandeur rechnet mit von der Leyen ab

http://www.faz.net/aktuell/politik/ich-habe-das-vertrauen...

 

Kramp-Karrenbauer hält viele AfD-Wähler für verloren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kramp-k...

 

Bundeskanzlerin Merkel will AfD „möglichst aus dem Bundestag herausbekommen“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article174553940/...

 

Verfassungsschutz warnt vor "subkulturell-rechtsextremistischem Hintergrund"

Livestream: „Merkel muss weg“-Demo Hamburg

http://www.pi-news.net/2018/02/livestream-merkel-muss-weg...

 

AfD-Antrag zur deutschen Sprache sorgt für Hohn und Spott

Die AfD möchte Deutsch als Landessprache im Grundgesetz verankern. Die Kritik folgt prompt: Die AfD wolle ihre „eigene Kleinkariertheit“ dem ganzen Land überstülpen.

https://www.tagesspiegel.de/politik/landessprache-geforde...

 

Initiatorin der ersten Anti-Merkel-Demo Uta Ogilvie zu Gast bei AfD-Fraktion im Dialog

https://afd-fraktion-hamburg.de/2018/03/14/initiatorin-de...

 

Rechtspopulist

Mit André Poggenburg tritt der Scharfmacher der AfD ab

https://www.abendblatt.de/politik/article213665977/Mit-An...

 

Zeitungsausträger

Koalitionsvertrag: Eine schäbige Rentenkürzung

von Nicolaus Fest

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/koalition...

 

AfD-Anfrage

Fast 350 Millionen Euro Kindergeldzahlungen fließen ins Ausland

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fast-35...

 

AfD mischt den Bundestag mit Reden auf, wie sie dort seit 20 Jahren nicht mehr zu hören waren. Hier ein paar wenige Reden:

Wieder eine brillante Rede von Dr. Alice Weidel, AfD,  im Bundestag, stellt alles in den Schatten

https://www.youtube.com/watch?v=HvdT3qrOaZI

AfD - Dr. Alice Weidel im Bundestag: "Sie verstehen von Ökonomie überhaupt nichts"

https://www.youtube.com/watch?v=0FKeCfhbYjU

Die Rede des AfD-Abgeordneten Dr. Gottfried Curio zur Vollverschleierung

https://www.youtube.com/watch?v=_o1z7ZAaqY4

Rüdiger Lucassen, AFD: Spricht Tacheles im Bundestag zur Verteidigungspolitik, Einsatz in Mali, Zustand und Einsatzfähigkeit der Bundeswehr

https://www.youtube.com/watch?v=J-8XFwBbX2g

Leif Erik Holm (AfD) haut im Bundestag so richtig auf den Putz

https://www.youtube.com/watch?v=_rnfFNLzKmE

 

650.000 Euro teurer Test

Bundeswehr führt Umstands-Uniformen für schwangere Soldatinnen ein

https://www.focus.de/politik/deutschland/650-000-euro-teu...

 

Wegen Krieg in Afrin

Pro-kurdische Aktivisten besetzen SPD-Zentrale in Frankfurt

http://www.hessenschau.de/politik/pro-kurdische-aktiviste...

 

Kristin Rose-Möhring

Frauenbeauftragte der Bundesregierung will Nationalhymne ändern

https://www.focus.de/politik/deutschland/kristin-rose-moe...

 

Bielefelder Experte: "Polizisten in NRW sind Gewalttätern nicht mehr gewachsen"

http://www.nw.de/lokal/bielefeld/mitte/22087551_Bielefeld...

 

Muslime in der Bundeswehr - Bartels für Imame als Seelsorger

https://www.zdf.de/nachrichten/heute/muslime-in-der-bunde...

 

Kostspielige Kampfmittelbeseitigung

Die Bombenwerfer müssen sich beteiligen

von Henning Lindhoff

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-bombe...

 

Eindrücke aufarbeiten

Friedrich-Ebert-Schüler besuchen Auschwitz-Gedenkstätte

https://www.op-online.de/region/muehlheim/muehlheim-fried...

 

"Buchhalter von Auschwitz"

Früherer SS-Mann Oskar Gröning ist tot

Der frühere SS-Mann Oskar Gröning ist tot. Der Rentner war 2015 in einem aufsehenerregenden Prozess wegen Beihilfe zum Mord in 300.000 Fällen zu vier Jahren Gefängnis verurteilt worden.

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/ehemaliger-ss-mann-...

 

Mecklenburg-Vorpommern

Matrosendenkmal wird saniert: 3,5 Millionen Euro

https://www.welt.de/regionales/mecklenburg-vorpommern/art...

 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

Kampf gegen Rechts : Ein Volk von Antifaschisten

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/kampf-gegen-rec...

 

(linkes Aktionsbündnis Brandenburg)

Landtag von Brandenburg

Parlamentarisches Gutachten sieht AfD diskriminiert

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/parlamentarisches-gu...

 

(Skandal…)

Unbekannte legen rechtspopulistische Flyer in Bahn-Magazin

https://www.swr3.de/aktuell/nachrichten/Unbekannte-legen-...

https://www.tagesschau.de/inland/bahn-flyer-asyl-101.html

https://www.focus.de/politik/deutschland/junge-freiheit-b...

 

Gastbeitrag

Demokratie verlangt Antitotalitarismus statt „Antifaschismus“

von Alice Weidel

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/demokrati...

 

Moslemische Masseneinwanderung

Bittere Erkenntnis: Die wahren Antifaschisten sind die anderen

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/bittere-e...

 

(Hetzkommentar von Adrian Schulz… Rechte sollen so geächtet werden, "bis sie sich nicht mehr trauen, auch nur zum Bäcker zu gehen.")

Mit Nazis reden bringt nichts

Gibt man Rechtsextremen Raum, füllen sie ihn. Also macht Kommunikation hier wenig Sinn. Man muss ihnen das Leben schwer machen, wo es nur geht.

http://www.taz.de/!5489446/

(Der Autor: https://twitter.com/grosserbizeps )

 

(Ein Experte mit handfester Erfahrung…)

Ex-Außenminister Joschka Fischer sieht „viele Nazis“ in der AfD

https://www.welt.de/politik/article174153474/Joschka-Fisc...

 

„Widerstand als Christenpflicht“

Katholische Jugend fordert Katholikentag ohne AfD

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/katholi...

 

("Hotel Berlin")

Zutritt verboten

Berliner Hotel: AfDler müssen draußen bleiben
https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berline...

 

Bundestag

AfD-Reden: Union kündigt Faktenchecks an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-red...

 

Betreiber von „Honigmann“ seit 13.11.2017 im Knast. PI hat darüber kein Wort berichtet

https://michael-mannheimer.net/2017/12/28/betreiber-von-h...

 

Leipzig: Wir kommen!

Von Ellen Kositza

https://sezession.de/58315/leipzig-wir-kommen

 

Prozess in Dresden

Lange Haftstrafen für rechtsterroristische "Gruppe Freital"

https://www.focus.de/politik/deutschland/prozess-in-dresd...

 

Martin Sellner und Brittany Pettibone in England verhaftet

https://sezession.de/58336/martin-sellner-und-brittany-pe...

 

Identitäre Bewegung verurteilt Festnahme von Martin Sellner

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/identitaere...

 

„Dem Gemeinwohl nicht zuträglich“

Großbritannien verweigert Pegida-Chef Bachmann die Einreise

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/grossbritan...

 

Pirinçci-Rede ins Internet gestellt

Neuer Strafbefehl gegen Pegida-Chef Bachmann

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/neuer-s...

 

Per Leo zur Leipziger Buchmesse

Von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/58351/per-leo-zur-leipziger-buchmesse

 

Leipziger Buchmesse – Antaios, Tumulte, Resonanz

https://sezession.de/58352/leipziger-buchmesse-antaios-tu...

 

Buchmesse: Einschüchterungen und Erklärungen

Benedikt Kaiser

Die Leipziger Buchmesse liegt hinter uns – wir mußten einiges erleben.

https://sezession.de/58357/leipziger-buchmesse-einschuech...

 

Buchmesse Leipzig: Lumpen, Lügen, Lücken

https://sezession.de/58356/buchmesse-leipzig-lumpen-luege...

 

Ellen Kositza und Götz Kubitschek fassen die Leipziger Buchmesse zusammen

https://www.youtube.com/watch?v=hcPf3YH4vvk

 

NSU

Verfahren um Akten-Vernichtung nach Geldauflage eingestellt

https://www.welt.de/politik/deutschland/article174944754/...

 

Gesinnungsdiktatur in Frankfurt verhindern!

Kongress über Familienkonflikte unter linkem Beschuss

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1298

 

(Die Stadt Wetzlar und Oberbürgermeister Manfred Wagner (SPD) befürworten Gesinnungsrecht und setzen sich über den Rechtsstaat hinweg)

Das Nein zur Vermietung der Stadthalle an die NPD Stadt Wetzlar widersetzt sich dem BVerfG

https://www.lto.de/recht/hintergruende/h/bverfg-wetzlar-n...

 

Zutrittsverbot für NPD Fall Wetzlar: Verfassungsgericht schaltet Kommunalaufsicht ein

http://www.hessenschau.de/politik/fall-wetzlar-verfassung...

 

Thüringer Regierung nach Sprengstoffund in Antifa-Szene unter Druck

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/thuerin...

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sprengs...

 

Baden-Württemberg

AfD-Landesparteitag: Farbanschlag auf Haus von Pressesprecher

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-lan...

 

Demonstrant krankenhausreif geprügelt

„Merkel muß weg“-Demo: Linksextreme gehen auf Teilnehmer los

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/merkel-...

 

Verletzte Beamte

Kandel: Polizei erhebt schwere Vorwürfe gegen Linksextreme

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kandel-...

 

Großeinsatz in Rigaer Straße: Polizei verhaftet Linksradikalen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/grossei...

 

Rigaer Straße

Nach Großeinsatz: Linksextreme attackieren Polizei mit Pflastersteinen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nach-gr...

 

Linksextremistische Straftaten in Hamburg verdoppelt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linksex...

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

Yascha Mounk und ein „einzigartiges historisches Experiment“

https://sezession.de/58253/yascha-mounk-und-ein-einzigart...

 

(Herfried Münkler)

"Grenzöffnung" sei richtig gewesen

Top-Historiker behauptet: Merkel hat Europa mit ihrer Flüchtlingspolitik gerettet

https://www.focus.de/politik/deutschland/grenzoeffnung-se...

 

Europa stehen weitere Einwanderungswellen aus Afrika bevor

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/europa-steh...

 

Weltbank warnt vor 140 Millionen „Klimaflüchtlingen“ bis 2050

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/weltbank-wa...

 

UN-Behörde: Migration ist unvermeidlich und wünschenswert

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/un-behoerde...

 

Soziologe hält Auswanderung von Deutschen für unproblematisch

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/soziolo...

 

"Können nicht Gang der Geschichte aufhalten"

Schäuble: Bürger müssen akzeptieren, dass es immer mehr Muslime gibt

https://www.focus.de/politik/deutschland/koennen-nicht-ga...

 

Statistisches Bundesamt

2016 kamen mehr als 1,7 Millionen Ausländer nach Deutschland

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/2016-ka...

 

Flüchtlingsziel Nummer eins

Neue Zahlen: In Deutschland suchen mehr Menschen Asyl als im gesamten EU-Rest zusammen

https://www.focus.de/politik/deutschland/asylantraege-deu...

 

Heute stimmt der Bundestag gegen bessere Kontrollen an den Grenzen

https://www.bz-berlin.de/berlin/kolumne/heute-stimmt-der-...

 

Dublin-Verfahren

Griechenland lehnt Rücknahme von Asylbewerbern ab

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/griechenlan...

 

Linkspartei und Grüne fordern Abschiebestopp nach Afghanistan

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linkspa...

 

Flüchtlinge: Israel einigt sich mit UNHCR auf Umsiedlung von Afrikanern

Statt wie geplant Tausende Afrikaner abzuschieben, will Israel sie nun umsiedeln. Dass auch Deutschland Flüchtlinge aufnehmen soll, bestätigte das UN-Hilfswerk nicht.

http://www.zeit.de/politik/ausland/2018-04/israel-afrikan...

 

Israel

Warum Netanyahu doch keine Flüchtlinge nach Deutschland schickt

http://www.spiegel.de/politik/deutschland/israel-warum-ne...

 

25 Standorte

Der große Streit um Berlins neue Flüchtlingsunterkünfte

25 neue Unterkünfte sollen in den kommenden Jahren in Berlin entstehen. In den Bezirken gibt es Widerstand gegen die Standorte.

https://www.morgenpost.de/berlin/article213617491/Der-gro...

 

Syrer und Afghanen klagen erfolgreich gegen ihre Asylbescheide

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/syrer-u...

 

Syrer scheitern mit Asylgesuchen in Japan

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/syrer-schei...

 

Schwedens Integrations-Traum ist geplatzt

Die Sicherheit der Bürger in den Grossstädten ist in Schweden zu einem heissen Politikum geworden. Dass Waffengewalt mehr und mehr von Jugendbanden ausgeht, ist besonders erschreckend.

https://www.nzz.ch/international/schwedens-zerplatzter-in...

 

Die Propaganda vom blonden Babyboom

Ohne Fleiß kein Preis: Die Baby-Lüge

http://www.pi-news.net/2018/03/ohne-fleiss-kein-preis-die...

http://www.spiegel.de/gesundheit/schwangerschaft/geburten...

 

Security pöbelt auf der ITB

Wachleute bedrängen israelischen Tourismusstand

https://www.tagesspiegel.de/berlin/security-poebelt-auf-d...

 

„Drecksdeutscher“

Deutschenfeindlichkeit in Berlin nimmt zu

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/deutsch...

 

In Berlin leben über 40.000 abgelehnte Asylbewerber

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/in-berl...

 

Essener Tafel

Im sozialen Brennglas

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/im-sozi...

 

Essener Tafelrunde (JF-TV Im Fokus mit Guido Reil)

https://www.youtube.com/watch?v=qX030MB9CNw

 

Kommentar-Wirbel wegen Merkels "Essen-Kritik"

Journalist Claus Strunz kritisiert Angela Merkel offen in Sat.1-Kommentar

https://www.tag24.de/nachrichten/strunz-merkel-kommentar-...

 

Essen

Partei stellt Strafanzeige gegen Tafel und Chef Jörg Sartor

Der Streit um den Aufnahmestopp für Ausländer bei der Essener Tafel geht weiter. Eine umstrittene Kleinpartei stellt nun Strafanzeige gegen den Verein und dessen Vorsitzenden - wegen Steuerhinterziehung.

https://www.focus.de/politik/deutschland/essen-partei-ste...

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/einwand...

 

(Zur Essener Tafel)

„hart aber fair“

Tanz um den heißen Brei

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/tanz-um-d...

 

Marl

Weitere Tafel beschließt Aufnahmestopp für Ausländer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/weitere...

 

(Ende gut, alles gut…)

Essener Tafel hebt Aufnahmestopp für Ausländer auf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/essener...

 

Islamischen Gemeinschaft Deutschland

Lutherische Kirchen verteidigen Zusammenarbeit mit radikalen Moslems

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/lutheri...

 

Psychologe macht Islam mitverantwortlich für Mobbingzunahme

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/psychol...

 

Fremdenfeindlichkeit : Mehr als 2200 Angriffe auf Flüchtlinge im Jahr 2017

http://www.faz.net/aktuell/gesellschaft/kriminalitaet/ras...

https://www.freiepresse.de/NACHRICHTEN/DEUTSCHLAND/Rund-2...

 

Innenministerium : Fast 1000 Angriffe auf Muslime und Moscheen

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/950-angriffe-au...

 

Koordinierte Aktion der PKK? Anschlagserie auf türkische Einrichtungen setzt sich fort

https://www.tagesspiegel.de/politik/koordinierte-aktion-d...

 

POL-GI: Pressemeldung vom 10.03.2018: Gießen: Messerangriff in der Schanzenstraße - Polizei fahndet nach zwei Tätern

https://www.presseportal.de/blaulicht/pm/43559/3887647

 

Offenbach

Prozess am Amtsgericht

Gedealt statt abgeschoben

https://www.op-online.de/offenbach/prozess-amtsgericht-of...

 

Bluttat in Flensburg

17-Jährige erstochen: Tatverdächtiger ist abgelehnter Asylbewerber

https://www.shz.de/lokales/flensburger-tageblatt/17-jaehr...

 

Ehepaar mit dem Messer bedroht

Gewaltbereiter Syrer darf in Cottbus bleiben

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gewaltb...

 

Prozess in Berlin

Sechs junge Männer sollen 14-Jährige zu Sex genötigt haben

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/berlin-sechs-maenne...

 

Großbritannien

Vergewaltigt und zu Kebab verarbeitet?

https://www.bz-berlin.de/artikel-archiv/vergewaltigt-und-...

https://www.mirror.co.uk/news/uk-news/family-missing-14-y...

 

Burgwedel

24-Jährige gerät mit Jugendlichen in Streit. Dann sticht ein Junge zu

https://www.welt.de/vermischtes/article174876055/Niedersa...

http://www.pi-news.net/2018/03/versuchter-messermord-in-g...

 

Messerstechereien in Deutschland: Frau in Bochum und Jugendlicher in Burgwedel schwer verletzt

https://www.gmx.net/magazine/panorama/messerstechereien-d...

 

Reaktionen auf Messerattacken

Messerrepublik Deutschland

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/messerrep...

 

Offenbach

Überfall: Räuber drückt Seniorin an Wand

https://www.op-online.de/offenbach/ueberfall-offenbach-ta...

 

Gewalt auf den Straßen

Polizei stoppt rivalisierende Männergruppen in Duisburg

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/polizei...

https://www.youtube.com/watch?v=UWO4qQ5YOoQ

 

Messerstechereien in Deutschland: Frau in Bochum und Jugendlicher in Burgwedel schwer verletzt

https://www.gmx.net/magazine/panorama/messerstechereien-d...

 

Mitten am Tag

Mit Messer bedroht: Unbekannte überfallen Paketzusteller

https://www.op-online.de/region/frankfurt/messer-bedroht-...

https://www.presseportal.de/blaulicht/pm/4970/3892180

 

(Zu solchen Fällen verkündet der "tagesschau"-"Faktenfinder"…)

Zahlen zur Kriminalität. Keine "Messer-Epidemie" in Deutschland

https://faktenfinder.tagesschau.de/inland/kriminalitaet-d...

 

Mordverdacht: Haftbefehl gegen 32-jährigen Syrer nach Brand in Leipzig

http://www.lvz.de/Leipzig/Polizeiticker/Polizeiticker-Lei...

http://www.lvz.de/Leipzig/Polizeiticker/Polizeiticker-Lei...

 

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KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Schweringen: Unbekannte flexen Hakenkreuz von Kirchenglocke - und ernten nicht nur Applaus

https://www.gmx.net/magazine/panorama/schweringen-unbekan...

 

Islamische Begegnungsstätte

Ein Prunkstück der Architektur: Die Moschee der Zukunft

https://www.abendblatt.de/region/norderstedt/article10802...

 

Norderstedt bekommt eine „einzigartige“ Protzmoschee

https://www.journalistenwatch.com/2018/02/09/norderstedt-...

 

Plädoyer für Rekonstruktion

Neumarkt-Gesellschaft Dresden in Amerika geehrt

http://www.dnn.de/Dresden/Lokales/Leidenschaftliches-Plae...

 

Deutscher Lehrerverband

Lehrerpräsident kritisiert "Inflation an guten Noten"

https://www.merkur.de/welt/lehrerpraesident-kritisiert-in...

 

Intelligenz

In der Bildungspolitik ist selbst die SPD ideologischer als die SED

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/in-der-bi...

 

Verbotenes Spielzeug

So spioniert "Cayla" Kinder aus

http://www.sueddeutsche.de/digital/verbotenes-spielzeug-s...

 

"Leser*innen bald nur noch online": "taz" analysiert sich selbst mit Innovationsreport.

http://www.turi2.de/aktuell/leserinnen-bald-nur-noch-onli...

http://taz.de/report2021/

 

YouTube verbietet Videos zur Waffenherstellung

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/youtube-ver...

 

YouTube will mit Wikipedia Verschwörungstheorien bekämpfen

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/youtube-will-...

 

Debatte um Rassismus kam in Frankfurt auf

Diskussion um Namen: Mohren-Apotheke in Kassel bleibt Mohren-Apotheke

https://www.hna.de/kassel/vorderer-westen-ort140786/mohre...

 

Streit um den Begriff „Mohr“

Theologin wirft Übersetzern der Lutherbibel Rassismus vor

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/theologin-wirft-uebe...

 

Frankfurts Sprachpolizei: Nie mehr „Elfenbeinküste“!

Kommunale Ausländervertretung dreht endgültig durch

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1294

 

Politische Korrektheit

Australische Airline drängt Mitarbeiter zu gendersensibler Sprache

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/australisch...

 

Australiens Krankenschwestern müssen sich zu ihrem „Privileg als Weiße“ bekennen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/australiens...

 

Rechte Äußerungen Suhrkamp distanziert sich von Autor Uwe Tellkamp

Bei einer Diskussion in Dresden hat der Schriftsteller Uwe Tellkamp ("Der Turm") AfD-nahe Ansichten vertreten - nicht zum ersten Mal. Nun sieht sich sein Verlag Suhrkamp zu einem ungewöhnlichen Schritt gezwungen.

http://www.spiegel.de/kultur/literatur/uwe-tellkamp-suhrk...

 

Eklat um Uwe Tellkamp

Suhrkamp wechselt ins Lager der Gesinnungsprüfer

https://www.welt.de/debatte/kommentare/article174394865/E...

 

Maron: Suhrkamp hat Tellkamp ohne Not verraten

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/maron-suhrkamp-hat-t...

 

Vor der Messe: Tellkamp, Grünbein und die Anarchie

https://sezession.de/58332/vor-der-messe-tellkamp-gruenbe...

 

(Zu Uwe Tellkamp)

Meinungsfreiheit

Nicht mehr länger schweigen

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/nicht-meh...

 

Stilisiert sich Jutta Ditfurth zum Opfer?

Von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/58384/stilisiert-sich-jutta-ditfurth...

 

Safranski: Es gibt keine Pflicht zur Fremdenfreundlichkeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/safrans...

 

Heino-Album

NRW-Heimatministerin distanziert sich von Schallplatte mit Heimatliedern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nrw-hei...

 

Erklärung 2018

Prominente Publizisten unterstützen Proteste gegen Flüchtlingspolitik

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/promine...

 

Erklärung 2018 – eine Welle der Bekenntnislust

Von Götz Kubitschek

https://sezession.de/58354/erklaerung-2018-eine-welle-der...

 

Das war’s. Diesmal mit: Afroamerikanern und viel Gerede

Von Ellen Kositza

https://sezession.de/58404/das-wars-diesmal-mit-afroameri...

 

Auf Streife im Internet

Polizei Hessen kämpft gegen Hetzbotschaften in sozialen Netzwerken

https://www.op-online.de/hessen/streife-internet-9727187....

 

Filmwettbewerb KRASS gegen HASS

http://krassgegenhass.junetz.de/

https://www.offenbach.de/leben-in-of/sicherheit-ordnung/k...

(Hier ist denn plötzlich von Rassismus die Rede, womit offenbar wird, um was in Wirklichkeit geht. Um die Abwertung kritischer Haltungen zur Masseneinwanderung. Der Hass der "Antifa" wird selbstverständlich nicht erwähnt…)

https://www.offenbach.de/rathaus/rathaus-aktuell/presseme...

 

Nationalmasochismus und „Anschluß“

https://sezession.de/58343/nationalmasochismus-und-anschl...

 

Steve Bannon in Zürich

„Für gewisse Leute ist er der Teufel“

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/fuer-gewisse-...

 

Parallelgesellschaften und Parallelstrukturen

Die Spaltung Deutschlands

Von Roland Tichy

https://www.tichyseinblick.de/tichys-einblick/die-spaltun...

 

„Erklärung 2018“

Aufruhr der Intellektuellen

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/aufruhr...

 

Kapitaldelikte (3): Die Humankapitalisten

https://sezession.de/58213/kapitaldelikte-3-die-humankapi...

 

Kapitaldelikte (4): Kreativwirtschaft

https://sezession.de/58371/kapitaldelikte-4-kreativwirtsc...

 

„The Green Lie“ und die ökosoziale Idee

https://sezession.de/58342/the-green-lie-und-die-oekosozi...

 

Die Grüne Couch - Episode 4

https://www.youtube.com/watch?v=K5EC_drMydg

 

Neues Hambacher Fest

https://neues-hambacher-fest.de/

 

Geheimsache Tiertransporte

Millionen Tiere werden jedes Jahr durch Europa transportiert, bis nach Nordafrika. Rinder und Schafe sind oft tage- oder wochenlang eingepfercht auf Lastwagen und Schiffen unterwegs.

https://www.zdf.de/dokumentation/37-grad/37-geheimsache-t...

 

Botswana

Geier leiden unter Bleivergiftung

http://www.deutschlandfunk.de/botswana-geier-leiden-unter...

 

Weltweiter Antibiotikaverbrauch um 65 Prozent gestiegen

http://www.zeit.de/wissen/gesundheit/2018-03/gesundheit-a...

 

(100 Jahre Frieden von Brest-Litowsk)

Demütigungen blieben erspart

https://jungefreiheit.de/wissen/2018/demuetigungen-bliebe...

Erster Weltkrieg

Durchbruch im Westen

von Dag Krienen

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2018/durchbruc...

 

Österreich: Achtzig Jahre 1. Opfer

https://sezession.de/58340/oesterreich-achtzig-jahre-1-op...

 

»Sea Changes«: Derek Turner im Gespräch

https://sezession.de/58281/sea-changes-derek-turner-im-ge...

 

Martin Mosebachs „Die 21“

Die Heiligen vom Strand

von Matthias Matussek

https://jungefreiheit.de/kultur/literatur/2018/die-heilig...

mercredi, 18 avril 2018

Entretien avec Robert Steuckers pour le site Europe Maxima

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Entretien avec Robert Steuckers pour le site Europe Maxima
 
propos recueillis par Thierry Durolle
 
Europe Maxima : En ce début d’année 2018 paraît donc votre tant attendue trilogie intitulée Europa. Pourriez-vous, en préambule, nous expliquer sa genèse ?
 
Les textes qui figurent dans les 996 pages de cette trilogie sont tirés de mes anciennes revues, sont des conférences prononcées au fil du temps ou encore des entretiens accordés à des revues ou des sites amis, le tout sur une période d’un peu plus de vingt-cinq ans. Je n’avais pas l’intention de publier quoi que ce soit, n’ayant jamais eu la vanité du graphomane qui s’ingénie à noircir du papier pour compenser on ne sait trop quelle blessure de sa petite enfance. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Jules Dufresne des éditions du Lore qui m’a littéralement assiégé pour que je lui remette mes textes sur la révolution conservatrice allemande. Dufresne, avec l’ardeur de sa jeunesse, a ouvert la boite de Pandore : à sa suite, Laurent Hocq, directeur des Editions Bios (Lille), m’a fait subir un deuxième siège pour que je compose cette trilogie. Laurent Hocq a pris de sérieux risques financiers pour lancer cette entreprise et je lui en suis très reconnaissant ; j’attends surtout de mes lecteurs qu’ils lui rendent hommage et qu’ils l’épaulent dans ses initiatives. Chaque texte de cette trilogie a en fait une histoire, est né de circonstances particulières, liées à mes tribulations de gamin métapolitologue, qui m’ont fait pérégriner de colloques en conférences à travers toute l’Europe : j’ai surtout une dette ineffaçable envers deux hommes aujourd’hui décédés, Gilbert Sincyr, ancien Président de l’association grande-européenne « Synergies européennes » et Robert Keil, animateur du Cercle Hermès à Metz et co-fondateur, avec André Wolf, de l’association « Minerve ». Sincyr et Keil se sont décarcassés pour organiser des colloques et des conférences, des universités d’été et des séminaires à tour de bras. Les textes de la trilogie sont aussi le fruit de leurs efforts, de leur énergie qu’ils ont dépensée sans compter. Je n’oublie pas, non plus, deux amis allemands, Heinz-Dieter Hansen de Hambourg et le Dr. Rolf Kosiek, qui m’ont invité régulièrement à prendre la parole devant leurs publics respectif ni les efforts de trois amis milanais, Marco Battarra, Alessandra Colla et Maurizio Murelli, de la « Società Editrice Barbarossa », sans qui les magnifiques universités d’été italiennes de « Synergies européennes » n’auraient pas été possibles ni la superbe collection de livres, baptisée « Sinergie Europee ». Enfin, je remercie mon éditeur espagnol actuel Manuel Quesada, dont le deuxième volume de la trilogie reprend un entretien, ainsi que mon éditrice australienne Gwendolyn Taunton, philosophe traditionaliste très pointue, qui a pris le risque, elle, de me faire connaître dans le monde anglo-saxon. En fait, je réactive un vieux combat en entrant dans le troisième âge : quelques humoristes facétieux de mes compatriotes flamands disent que je suis le Colonel du « Volkssturm métapolitique ».

La genèse de cette trilogie réside donc toute entière dans le travail des deux cercles que j’avais cofondés avec Jean Eugène van der Taelen à Bruxelles en 1983, l’EROE (« Etudes, Recherches et Orientations européennes ») et avec Gilbert Sincyr en 1994 (« Synergies européennes »).

Pour se procurer la trilogie "Europa":

www.editionsbios.fr

http://www.facebook.com/editionsbios.fr/

@EditionsBIOS

+33 7 70 27 00 46

Europe Maxima : L’histoire-géographie, la politique et la géopolitique sont des disciplines qui vous sont familières et qui se taillent une part de lion dans votre trilogie. La spiritualité, quant à elle, n’est principalement évoquée, qu’en rapport à l’idée d’empire. L’idée de non-séparation du pouvoir temporel et de l’autorité spirituelle vous séduit-elle ?

jvlmzm.jpgOui, certes, l’histoire et la géographie, plus exactement un mixte des deux, est ma passion, sinon depuis l’enfance, du moins depuis la troisième année de notre école secondaire, où l’on nous avait suggéré l’achat du petit atlas historique des collégiens, rudement bien fait et qui m’a tout de suite passionné. Plus directement, dans la mouvance du militantisme métapolitique qui fut et reste le mien, l’événement déclencheur du processus qui nous a mené à la trilogie que vous évoquez, a été l’obligation de remettre, en juin 1980, un travail de fin d’études pour le cours de « relations internationales », donné par Madame Massart, fille d’un ancien député wallon, gaulliste à tous crins. Comme j’étais en classe d’allemand à la haute école des traducteurs-interprètes, il fallait que le travail soit basé sur des ouvrages allemands ou fasse référence à la politique allemande, comme, par exemple, l’Ostpolitik de Willy Brandt à l’époque. J’ai demandé à présenter un ouvrage que j’avais acquis par correspondance : le livre de l’ancien général autrichien Jordis von Lohausen, intitulé Mut zur Macht (Le courage de la puissance), dont l’auteur, avant de revenir dans la nouvelle armée autrichienne après la seconde guerre mondiale, avait été animateur de la radio de son pays où il présentait avec une formidable concision, et une diction merveilleuse, les villes d’art italiennes. Cette concision se retrouve dans son livre qui mêle justement savoirs historiques et géographiques et s’appuie sur une cartographie originale et très suggestive, comme le voulait précisément Karl Haushofer, lorsqu’il dirigeait, pendant l’entre-deux-guerres, son institut de géopolitique : une bonne carte suggestive valait pour lui une longue démonstration écrite. Quand je devais remettre mon travail à Mme Massart, nous étions en 1980, l’année qui a suivi l’accession de Margaret Thatcher au pouvoir au Royaume-Uni. Reagan, autre propagateur d’un « conservatisme néolibéral », allait accéder à la magistrature suprême aux Etats-Unis ; outre sa volonté de pratiquer une politique de retour au libéralisme dur et pur, il entendait mettre un terme au statu quo d’une guerre froide dominée par la double idée d’un dégel graduel et d’une coexistence pacifique, sans que ne soient modifiées les limites des zones d’influence, acquises pas les deux grandes puissances du duopole américano-soviétique.
 
Cette perspective reaganienne, qui était de vouloir bouleverser cet ordre duopolistique, avait été secrètement activée par Zbigniew Brzezinski dès la fin des années 1970. Selon ces plans, les pièces de l’échiquier planétaire devaient nécessairement bouger : elles ne le pouvaient que si l’on réactivait des dynamiques refoulées comme, par exemple, l’islamisme militant, pour plonger le ventre mou et centre-asiatique de l’URSS dans une effervescence permanente, obligeant Moscou à lâcher du lest. La stratégie, avec l’appui financier saoudien, sera d’abord appliquée en Afghanistan. La suite tragique, non terminée, de cette opération, nous la connaissons trop bien : la stratégie initiée par Brzezinski a débouché sur une guerre permanente et un enlisement sans fin. Ce n’est pas là une politique impériale au sens noble du terme mais la création d’un chaos infécond et criminel qui affecte toute la planète.  

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Aux Etats-Unis aussi, on commençait, tout à la fin des années 1970, à reparler sérieusement de géopolitique, notamment avec Colin S. Gray, qui entendait réactualiser la géopolitique thalassocratique de Halford John Mackinder et de Nicholas Spykman (dont Olivier Zajec, il y a deux ans, a exploré méthodiquement l’œuvre en France). Enfin, avec l’appui d’un excellent professeur écossais, Mr. Sidgwick, j’avais potassé à fond les atlas historiques de Colin McEvedy et lu le captivant ouvrage de Paul Johnson, The Offshore Islanders, ouvrage critique à l’endroit des orientations politiques britanniques, qui avaient omis de miser sur un développement intérieur, sur une stratégie économique d’investissement patrimonial, sur un développement des sciences chimiques et sur une colonisation intérieure des Iles Britanniques, à l’instar des politiques bismarckiennes de l’Allemagne réunifiée à partir de 1871. Tout le reste de mes démarches découle de ce contexte universitaire : j’ai voulu offrir tout cela à une certaine école métapolitique. En vain. J’ai reçu un accueil grossier, sotte gesticulation d’autodidactes gougnafiers, dont vous avez sûrement entendu parler…

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Ceci dit, la pédagogie dont faisait preuve Lohausen, décédé en 1997, vient d’être ressuscitée par un Colonel espagnol qui s’est mis volontairement à la retraite, Pedro Banos, dans Asi se domina el mundo – Desvelando las claves del poder mundial (Ariel, 2017). Paru en novembre 2017, cet ouvrage a été réédité six fois ( !) entre sa parution initiale et février 2018. Il explicite de manière particulièrement didactique les principes géopolitiques immuables, l’impossibilité d’échapper à l’histoire, la permanence des intérêts, les géostratégies impassables, le danger d’ignorer l’idiosyncrasie des peuples, etc. Si je m’enthousiasmais pour Lohausen en 1979, à 23 ans, je m’enthousiasme avec la même ferveur pour le livre du Colonel Banos en 2018, à 62 ans.

Revenons à la spiritualité, deuxième thème de votre question : il est évident que j’ai été frotté à Evola (plutôt qu’à Guénon, tout en appréciant hautement la critique que celui-ci formulait à l’encontre du monde moderne, avec l’idée de « cubification » du monde, reprise aujourd’hui avec brio par le penseur espagnol Ernesto Milà, par ailleurs géopolitologue avisé). J’ai participé aux premières activités de la défunte revue Totalité, aventure qui donnera naissance, ultérieurement, aux éditions Pardès.

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En Belgique, les activités évoliennes, le Centro Studi Evoliani, étaient dirigées par Marc. Eemans, figure étonnante de la pensée européenne, à laquelle seule la revue Antaios de Christopher Gérard a rendu naguère un hommage mérité. Qui a été Marc. Eemans, né en 1907 et décédé en 1998, l’année du centenaire d’Evola ? Jeune écolier à Termonde (Dendermonde) en Flandre orientale, il est initié par un professeur de son « athénée » aux études wagnériennes et à la mythologie scandinave et germanique. Adolescent, il adhère, par esprit de révolte, au dadaïsme et au surréalisme, accessoirement au léninisme : il fera un magnifique portrait du leader de la révolution russe, aujourd’hui exposé à Saint-Pétersbourg. Dans les années 1920, il rencontre l’avant-gardiste flamand Paul van Ostaijen, qui, dans l’un de ses manifestes, explique que le mysticisme médiéval de la région sise entre l’Escaut et le Rhin, donne déjà toutes les recettes pour une « illogique » fondamentale permettant de jeter bas le système dominant, tâche que s’était assignée André Breton, qui avait aussi dit, entre mille et une autres choses, qu’il préférait s’allier au Dalaï Lama (pas celui d’aujourd’hui… !) plutôt que d’œuvrer à la défense d’un système occidental qu’il jugeait inique et mortifère. Peu ou prou, Evola, qui vient, lui aussi, du dadaïsme, van Ostaijen et Breton ont, in fine, la même démarche, en dépit de toutes leurs différences, de leurs idiosyncrasies respectives : le point commun à ces trois hommes, c’était de chercher une voie pour échapper à l’impasse moderne. C’est donc, très naturellement, la conclusion que tire le jeune Eemans à la fin des années 1920 ; tout feu, tout flamme, il s’en va prononcer une petite conférence sur les mystiques médiévales flamandes et rhénanes, devant le groupe des surréalistes bruxellois, autour de René Magritte. Ce groupe s’affiche comme résolument laïque, antireligieux jusqu’à la caricature, « communistophile », combattant inlassablement la « Calotte » et voilà qu’il s’insurge bruyamment et vulgairement devant l’idée de van Ostaijen et d’Eemans de réhabiliter Maître Eckhart, Sœur Hadewych ou encore Ruusbroec l’Admirable. Eemans est exclu pour « cléricalisme », alors que, justement, cette mystique de notre moyen-âge lumineux permet d’échapper à tout encadrement stérilisateur.

Plus tard, dans le cercle évolien animé par Eemans et le regretté Salvatore Verde (qui fondera, après son retour en Italie, la revue Antibancor) et dans l’antenne de Totalité en Belgique, soit le « Cercle Culture et Libertés » (CCL), alors animé par Alain Derriks, parce que Daniel Cologne était parti enseigner en Suisse, l’idée d’un Empire gibelin spiritualisé faisait route, lentement mais sûrement : je me rappelle avoir balbutié une présentation d’un article de Giorgio Locchi, paru dans un numéro de Nouvelle école, sur la notion d’Empire (de Reich), lors d’une réunion où l’émouvant écrivain prolétarien Pierre Hubermont était présent. Hubermont était certes sorti du communisme dur et pur pour trente-six raisons, liées notamment à une adhésion au planisme d’Henri de Man et aux événements de la Guerre d’Espagne (tout comme la figure fascinante de Ward van Overstraeten, fondateur du PCB dès le lendemain de la première guerre mondiale). Hubermont adhérait à un communisme pacifiste où les peuples d’Europe auraient fédéré leurs énergies pour retrouver justement l’idée germanique d’Empire, dont sa Wallonie natale avait toujours été partie prenante, notamment en offrant des contingents bien fournis de tercios, à l’époque hispano-impériale, ou des régiments d’élite à l’époque autrichienne.

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L’idée d’Empire est certes politique et aussi spirituelle car, ne l’oublions jamais, Frédéric II de Hohenstaufen aimait l’œuvre et la spiritualité naturaliste de François d’Assise. Eemans avait consacré un ouvrage, hélas jamais publié, à ce magnifique Empereur et Roi de Sicile, travail qui lui avait permis de se lier d’amitié avec l’académicien Marcel Brion, lui aussi fasciné par cette figure tragique de l’histoire européenne. Les Néerlandophones du groupe ne juraient, eux, que par un ouvrage allemand consacré à l’Empereur et dû à l’historien Ipsen. Ex-potaches latinistes et donc aptes à lire l’italien, Derriks et moi avons pris contact avec les groupes néogibelins italiens de Parme et de Padoue, afin de parfaire cette démarche spirituelle, métapolitique et politique. C’est ainsi que nous avons tous deux fait l’acquisition du livre d’Antonino De Stefano, qui abordait, entre autres choses, les liens entre l’impérialité du Staufer et la spiritualité ascétique et naturelle/cosmique du Poverello d’Assise.

N’étant pas un théologien stricto sensu, je ne vais pas entrer dans le débat, infini d’ailleurs, sur la primauté du spirituel ou du temporel : il est évident que notre démarche associait les deux, sans l’intention de faire chavirer les démarches spirituelles dans une stérilité apolitique ou les démarches politiques/temporelles dans la sécheresse d’un mécanicisme infécond. Cette effervescence intellectuelle de nos vingt ans est toujours active chez le sexagénaire valétudinaire que je suis devenu. La flamme brûlait encore, très vive, chez le nonagénaire Eemans : il n’y pas de raison de capituler, c’est un hommage qu’il faut lui rendre, à lui et à tous ceux qui, dans le même espace philosophique, ont montré la même endurance.

Ces souvenirs, j’en ai bien conscience, ne répondent pas exactement à votre question qui demande une réponse précise, bien ronde et bien ficelée. Cette réponse existe bel et bien dans une œuvre magistrale, celle de l’Espagnol Antonio Medrano, jadis collaborateur de Totalité. Medrano a fait un chemin impressionnant depuis les temps héroïques de Totalité. Son œuvre, pour faire succinct, englobe la spiritualité, la politique et la vie quotidienne (qu’il convient de mettre au diapason des traditions vives ou refoulées d’Europe et d’Asie). Medrano est l’auteur de plusieurs bestsellers que l’on retrouve dans toutes les librairies d’Espagne, dont mon favori reste celui qui nous enjoint à « tuer les dragons en nous », renouant avec la spiritualité que dégageaient les cultes de Saint-Michel, Saint-Georges et Santiago de Compostelle.

luchacon.jpgQuantitativement, l’oeuvre d’Antonio Medrano est presque aussi abondante que celle d’Evola, qu’il complète magistralement, avec brio et esprit didactique. Je ne comprends pas pourquoi ce travail, magnifique, indispensable, n’a jamais été réceptionné par ses anciens correspondants en France. Tout comme, d’ailleurs, l’œuvre monumentale, avec des volumes dépassant les 80.000 ventes, de l’ancien correspondant espagnol de la ND, José Javier Esparza. Ou encore les ouvrages d’Ernesto Milà, notamment l’anthologie intitulée Milicia, nous révélant tous les aspects d’une spiritualité kshatriyaque qu’il convient, pour nous, miliciens métapolitiques, d’intérioriser et de transmettre pour nous donner, et donner à tous ceux qui voudront bien nous suivre et nous relayer à l’heure de notre mort, ce que Frithjof Schuon appelait très judicieusement, un « centre ». Cet ostracisme à l’égard de ces œuvres espagnoles formidables est un scandale, un grave manquement à la rigueur métapolitique. Pour quels inavouables et sordides motifs ? Jalousie ? Mépris ? Je ne sais. Je vais m’assigner pour tâche de faire connaitre ces travaux dans une phase prochaine de mes modestes démarches d’instituteur et de perroquet, de petit hussard noir de l’ « Empire eurasiatique de la Fin », comme le disait Jean Parvulesco, découvert, lui aussi, dans les pages de Totalité…      

Europe Maxima : Votre conception de l’idée d’empire n’est donc pas sans rappeler celle défendue autrefois par Julius Evola. Est-ce que vous vous considérez comme un (néo) gibelin ? Pensez-vous que cette idée d’empire représente un projet politique d’avenir ? Enfin, est-ce que l’école dite de la Tradition primordiale eut une influence sur vous ?

Oui, c’est clair, ma démarche est gibeline et kshatriyaque, même si je suis un civil car finalement, pour Clausewitz, la guerre n’est jamais qu’un expédient qui poursuit la politique par d’autres moyens et qui poursuit aussi, cela va sans dire, la métapolitique. L’Empire n’est pas un « projet politique d’avenir », il est un projet de toujours, au-delà des contingences et vicissitudes temporelles. Si nous n’avons pas d’Empire, nous sommes condamnés à dépérir politiquement et biologiquement : la chute de l’Empire romain a entraîné l’Europe dans de longs siècles de misère, la fin des rois wisigothiques en Espagne a permis l’invasion arabo-berbère de la péninsule ibérique et de la Septimanie languedocienne, la fin du pseudo-empire soviétique a failli faire basculer la Russie dans la « smuta » eltsinienne, la fin de l’impérialité romaine-germanique a plongé l’Europe centrale dans un impolitisme calamiteux, la fin de l’Empire chinois/mandchou a plongé la Chine dans de longues décennies d’une effroyable misère, où s’affrontaient des warlords inconscients de tout destin commun : pour von Lohausen, le territoire impérial romano-germanique (qui comprend la Bohème), flanqué de l’espace gallique pour former le noyau carolingien de l’histoire médiévale et moderne de l’Europe, constitue la « paume » de notre sous-continent à laquelle sont liés cinq « doigts » péninsulaires ou insulaires (Ibérie, Italie, Balkans, Scandinavie, Iles Britanniques) ; si la « paume » est morcelée, mutilée, les périphéries « digitales » vont, elles aussi, à vau-l’eau. Christopher Steding avait parlé d’une « neutralité intellectuelle impolitique », à propos des espaces culturels des périphéries germaniques (mais non allemandes/non prussiennes) de l’Empire allemand de Bismarck, où le bourgeoisisme intellectuel apolitique dominant et, de ce fait, irresponsable, que l’on observait aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Suisse alémanique, exerçait une séduction mortifère, entraînant les Allemands à oublier leur vocation « archangélique et michaëlienne ».

C’est là que nous retrouvons la « tradition primordiale » : celle-ci remonte, comme je l’explique dans la trilogie, aux peuples cavaliers indo-européens de la proto-histoire, dont le Professeur Lebedinsky a retracé l’épopée dans une série de livres d’importance primordiale. Par ailleurs, pour le Professeur américain contemporain Christopher Beckwith, dans Empires of the Silk Road, ces peuples cavaliers génèrent la vision d’un prince accompagné d’une suite, d’un comitatus, soumis à une rude discipline spirituelle, guerrière et cavalière, exigeant une fidélité inconditionnelle jusqu’à la mort. Ce sont ces princes-là, et les hommes qui les suivent, qui fondent les empires et c’est le seul modèle qu’il convient de reproduire, surtout après les périodes de « smuta », de déclin, de déliquescence et, ajoute Beckwith, pour renverser la vapeur après les dégâts profonds commis par les communismes modernisateurs. Les traditions avestiques, védiques et zoroastriennes révèlent cette spiritualité fondatrice d’empires, avec des héros sublimes, de Rama à Zarathoustra. Nous trouvons une illustration de cette spiritualité dans l’œuvre de Jean Haudry et dans celle de Paul du Breuil.

Cette spiritualité implique la vision d’un rapport fécond entre terre et ciel, le ciel étant l’espace lumineux, celui de la Grande Lumière. Elle implique un culte des oiseaux, notamment des aigles, symboles de tous les empires, car les oiseaux effectuent en permanence un va-et-vient entre le sol tellurique des hommes et le monde ouranien des dieux (ou de Dieu). Elle génère aussi le culte des archanges ailés, messagers des dieux ou de Dieu sur la Terre, aujourd’hui oubliés dans la religion officielle qui bascule dans la fange du moralisme, de la bigoterie voire du sociétal. Elle nous rappelle aussi que le moteur de notre civilisation n’a pas été seulement le monarchisme ou le papisme romain mais surtout les ordres de chevalerie, avatars des comitati indo-européens de la protohistoire. Eux sont à coup sûr les porteurs de la tradition primordiale, comme l’explique Paul du Breuil.    

Europe Maxima : Dans le premier tome intitulé « Valeurs et racines profondes de l’Europe », vous retracez l’histoire de la bataille de Lépante. Nous  devons saluer la qualité de ce texte où se côtoient exactitude et détails historiques à une plume rendant la lecture passionnante. Pourquoi êtes-vous revenu sur ce moment de l‘histoire de l’Europe ?

force_honneur.jpgLe très long récit sur la bataille de Lépante est une œuvre de commande : il y a quelques années est paru un gros volume de format DINA4, consacré aux batailles décisives qui ont fait l’Europe ou l’ont menacée en ses fondements quand elles ont été des défaites. Elève de Herder et de Dilthey, mais aussi du postsioniste israélien Ilan Pappé, je m’insurge contre l’idée éminemment moderne ou mécaniciste (Herder et Dilthey sont en quelque sorte des « modernes »), qui imagine que l’on peut fixer avec une exactitude mécanique, le début ou la fin d’un processus historique. Je ne pouvais pas rédiger un papier sur la bataille de Lépante sans évoquer la très longue épopée qui a opposé les Empires d’Europe (Rome et Byzance) aux peuples hunniques, turcs et mongols : nous avons donc une bataille plus que millénaire, dont l’enjeu a été notre Europe péninsulaire, entre Européens et Ouralo-Altaïques, dont les Wachstumsspitzen (les pointes avancées de leurs croissances géographiques), pour paraphraser Haushofer, ne peuvent que se télescoper comme le montrent les derniers discours et rodomontades d’Erdogan en Turquie. Mes amis bruxellois, non inféodés à un quelconque cénacle, et la ND gréciste flamande, section de Louvain, m’avaient demandé, en 2004, de brosser un tableau du choc pluriséculaire entre Européens et Turcs : l’article sur la bataille de Lépante est la fusion de cette double conférence, prononcée en français et en néerlandais, et d’une étude plus systématique de la bataille en soi du 7 octobre 1571 et de tous les enjeux stratégiques en Méditerranée (Chypre, Rhodes, Malte) car, ne l’oublions pas, la Méditerranée encercle l’Europe par le Sud, ce qui a des effets délétères, si une puissance hostile la tient, y compris en ses régions septentrionales : c’est une leçon que les géopolitologues et les historiens des thalassocraties anglo-saxonnes n’ont jamais oubliée. On trouve d’ailleurs, chez Mackinder et Mahan, la trace de cette obsession d’encercler l’Espagne, la France (sa façade méditerranéenne), l’Italie, les Balkans et l’Anatolie, en contrôlant l’entièreté de cette mer intérieure qui s’enfonce profondément dans la masse continentale euro-afro-asiatique. C’est la raison de la présence de la flotte américaine entre Gibraltar et Suez et de l’existence de l’Etat d’Israël. L’étude des longs prolégomènes de la bataille de Lépante nous enseigne ce que signifie, géopolitiquement parlant, l’espace maritime méditerranéen.

Europe Maxima : Vous retracez les attaques à l’encontre de l’unité européenne, qu’elles soient internes ou externes. Qu’est le plus grand danger actuellement pour l’Europe et ses peuples selon vous ?

Le danger le plus grave, le plus mortel, pour les peuples, les empires et les civilisations, c’est l’impolitisme. Je rappelle très souvent l’adage d’Arthur Moeller van den Bruck : le libéralisme fait périr les peuples. L’idéologie libérale, dans toutes ses facettes, dans toutes ses déclinaisons, celles de gauche comme celles de droite, est un poison mortel pour les cités, de quelque dimensions qu’elles soient. La fusion des utopies dites de gauche, des élucubrations libertaires, freudo-marxistes et pansexualistes des années 1960 et du néolibéralisme thatchéro-reaganien a généré un cocktail idéologique à géométrie variable, particulièrement nocif, contre lequel aucun contrepoison n’a été trouvé, si ce n’est notre vision des choses mais elle est encore bien incapable de « faire masse », comme dirait Elias Canetti, pour bloquer les processus de déliquescence ou pour lancer une contre-offensive réellement efficace. Le triomphe du macronisme en France montre bien que la « masse » requise n’est pas encore atteinte, dans l’opposition populaire à cette expression particulièrement affligeante et ridicule de la « grande fusion gauchiste/néolibérale », pour faire concrètement barrage à ces germes du néant et du kali yuga. Ce mixte diabolique de toutes les perversions antipolitiques, à l’œuvre dans la société et dans le « sociétal », ne permet aucunement de « vertébrer » les cités, selon l’expression de José Ortega y Gasset. Une cité « invertébrée » est condamnée à la stagnation, à la mort lente mais certaine. Si cette stagnation perdure trop longtemps, le temps mort, le temps perdu avant que l’accumulation des frustrations ne permette à l’opposition positive de « faire masse », risque effectivement de faire passer les cités, les Etats et l’ensemble de notre civilisation de vie à trépas parce que la « masse » oppositionnelle requise, pour bloquer le déclin par une vigoureuse riposte katéchonique, ne se coagule pas à temps.  

Europe Maxima : Votre deuxième tome « De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale »  a pour sujet central l’Eurasie. Qu’est-ce qui vous  attire dans l’idée d’Eurasisme ? Sont-ce des relents « schmittiens » de théorie des grands espaces ?

jmbf.jpgL’idée d’Eurasie, avant même que le terme « eurasisme » ne soit devenu courant dans l’espace métapolitique qui est le nôtre, était présente en nos têtes : d’abord, au niveau romantique, par le fameux livre de Jean Mabire consacré au « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg. Ce livre nous montrait la nécessité de maîtriser l’espace entre la Volga et le Pacifique. Gamin, j’avais fait une élocution à l’école sur l’aventure de Vitus Behring, le marin danois au service des tsars qui avait traversé l’Arctique jusqu’au détroit qui porte aujourd’hui son nom : l’idée n’a cessé de me trotter dans la boule ! L’imagerie de notre enfance, véhiculée par la série de chromos « Historia », nous vantait la gloire du R. P. Verbist devenu grand mandarin dans la Chine impériale au 17ième siècle. La biographie insigne de ce jésuite flamand a donné à la pensée politico-diplomatique belge un tropisme chinois récurrent, impliquant la nécessité de relier l’Europe occidentale à la Chine en se servant de la Russie comme pont. Cette idée allait se manifester concrètement pendant la première guerre mondiale : le Corps militaire des automitrailleuses belges est alors envoyé au secours de l’armée russe sur le front de Galicie, introduisant du même coup l’arme automobile blindée dans les stratégies de l’armée tsariste d’abord, de l’armée rouge ensuite. Dans notre groupe, le grand-père et le grand-oncle de l’un de nos camarades avaient été enrôlés dans cette troupe et une belle photo de ces deux jeunes officiers belges, en uniforme russe, trônait dans sa chambre d’adolescent. Finalement, la mort au combat du grand-oncle fit que le grand-père, son frère jumeau, resta en Belgique et ne participa pas à cette formidable aventure militaire eurasienne, qui mena le Corps belge des automitrailleuses jusqu’à Vladivostok (l’écrivain wallon Marcel Thiry, qui fit partie de cette troupe, et, aujourd’hui, le Professeur flamand Wim Coudenys ont rédigé d’excellents ouvrages sur cette aventure militaire ; au cours de cette dernière semaine de mars 2018, l’historien Hugues Wenkin vient de faire paraître Des Belges au service du Tsar ! aux éditions ardennaises Weyrich).

Gottfried+Wilhelm+Leibniz.jpgLe tropisme chinois (et japonais) des milieux diplomatiques belges est en fait une traduction de la pensée politique du philosophe et mathématicien allemand des 17ième et 18ième siècles, Leibniz. Celui-ci se méfiait dans un premier temps de la « Moscovie » (comme on disait à l’époque) et lui attribuait des « tares mongoles ». La disparition du Royaume de Pologne-Lituanie, considéré, avant l’avènement de la Russie, comme un barrage protecteur en Europe centrale et occidentale, et l’européanisation de la Moscovie sous l’action de Pierre le Grand et de son élite germanique (allemande, hollandaise, flamande et suédoise) fait de Leibniz le premier penseur eurasien (avant la lettre) car il veut relier les deux pôles de haute civilisation, l’Europe et la Chine, par le « pont moscovite ». La réalisation de ce concert euro-russo-chinois, pour Leibniz, consoliderait les acquis des plus hautes civilisations de la planète. Aujourd’hui, les Chinois sont « leibniziens » et suggèrent la création d’un réseau de chemins de fer transeurasiens et de communications maritimes via les océans indien et arctique : les fameuses « nouvelles routes de la soie ».

Pour Carl Schmitt, à qui je consacrerai très bientôt un ouvrage, l’idée de « grand espace », de Grossraum, est d’abord limitée à l’Europe, dont toutes les composantes devaient revenir peu ou prou à un écoumène catholique traditionaliste, se remémorant sa matrice et sa forme romaines, avant que la déliquescence de la théologie catholique et des partis se réclamant, partout en Europe, du catholicisme, ne l’ait profondément déçu. Chez Carl Schmitt et chez Anton Zischka, on peut déceler une idée qui était en l’air dans l’entre-deux-guerres et dans les années 1950, avant la grande vague de la décolonisation : l’idée d’Eurafrique, dont les zélotes les plus enthousiastes voulaient assécher partiellement la Méditerranée par la construction d’un gigantesque barrage à Gibraltar, nouveau pont terrestre artificiel permettant l’acheminement de marchandises par chemins de fer transsahariens et transméditerranéens. On trouve certes chez Schmitt une volonté de se dégager des tutelles anglo-saxonnes et thalassocratiques : les pages de son journal posthume Glossarium sont très explicites à ce sujet. Schmitt voit dans toute thalassocratie un pouvoir qui liquéfie tout, dissout toute assise tellurique et sape la viabilité des structures et des formes politiques. Mais on ne trouve pas vraiment, dans son œuvre, une vision eurasienne du « grand espace ». En revanche, on la trouve chez Haushofer, suite au pacte germano-soviétique et au Pacte d’Acier (entre l’Italie, l’Allemagne et le Japon) : le géopolitologue allemand parle alors d’une « troïka » puis d’un « quadrige », qui fédère toutes ses forces pour balayer l’impérialisme britannique, notamment en Iran et en Inde. Haushofer apportait ainsi un point final aux spéculations des « nationaux-bolchevistes » des années 1920 (parmi lesquels Ernst Jünger), qui rejetaient l’Occident, ses formes de libéralisme et ses stratégies géopolitiques impérialistes. Les événements de la seconde guerre mondiale le décevront profondément, ainsi que son fils Albrecht, lié au complot du 20 juillet 1944 contre Hitler et, par suite, assassiné dans la prison de Berlin-Moabit. Karl Haushofer et son épouse Martha se suicideront après la défaite allemande.

Europe Maxima : Vous expliquez qu’il n’y a pas un mais plusieurs eurasismes. Dans laquelle de ces variantes vous retrouvez-vous ?

L’eurasisme est effectivement, avant toutes autres choses, l’ensemble des spéculations russes sur le destin de l’Empire des tsars, de la terre russe en général et de la jeune URSS. On a parlé, en Russie, successivement d’un mythe scythe, d’un espace germano-slave puis d’une fusion slavo-turque, où l’orthodoxie post-byzantine et l’islam (surtout turc et iranien) ne s’opposeraient plus et forgeraient une alliance pérenne contre les forces antitraditionnelles dans le monde. L’idée avait germé dans la tête de Konstantin Leontiev au 19ième siècle, suite à la vague d’anti-occidentalisme qui avait déferlé sur la Russie après la guerre de Crimée. Les idées de Leontiev et, celles, pourtant modernistes, de Nikolaï Danilevski (sur la jeunesse des peuples slaves et le vieillissement des peuples d’Occident) puis celles, plus récentes, de Lev Gumilev, décédé en 1992 (lequel entrevoyait la fusion slavo-turque) vont se mêler en un cocktail, souvent instable, révélant un eurasisme foncièrement anti-occidental, fulminant contre la « synthèse romano-germanique ». Tout cela transparaît dans la pensée d’Alexandre Douguine. Si la synthèse germano-slavo-balte hellénisante, dont rêvait la Tsarine Catherine II pour la Crimée reconquise en 1783, pouvait séduire, de même que l’exaltation de la fusion germano-slave prussianisée chez son fils Paul I ou que les mythes scythes, l’idée d’une fusion slavo-turque, qui serait « hunnique » en ses directions géopolitiques et nierait ipso facto la geste cosaque en Sibérie, elle, est impossible à vendre en Europe occidentale, sauf à d’indécrottables masochistes. Même dans une Europe occidentale qui rejetterait tous ses modernismes et abandonnerait toute forme de libéralisme. 

Cependant une Russie-puissance ne peut renoncer à ses « directions géopolitiques » habituelles, lancées dans l’espace géographique du bassin de la Volga et de la Caspienne puis de la Sibérie dès le règne d’Ivan le Terrible, ni à la volonté de synthèse euro-russe de Pierre le Grand, faute de sombrer dans le chaos et surtout dans la récession. Sa présence courageuse en Syrie participe d’une volonté de perpétuer l’héritage de Catherine II qui entendait bien avoir une fenêtre sur la Méditerranée orientale.  

Je défends l’idée d’un eurasisme où aucune des composantes ne serait diabolisée selon les recettes éculées de la russophobie ou des anti-occidentalismes outranciers qui jettent le bébé avec l’eau du bain. Cette idée est effectivement née et s’est concrétisée immédiatement après la Guerre de Sept Ans au 18ième siècle. Suite aux défaites françaises en Amérique du Nord et en Inde, la thalassocratie anglaise jette les bases de sa puissance maritime sur la planète toute entière. En Europe, la France fait la paix avec l’Autriche-Hongrie, jusqu’alors son ennemie héréditaire, et celle-ci est alliée aux Russes de Catherine II dans sa grande offensive contre les Ottomans dans le Caucase, en Ukraine et en Mer Noire. Le futur Louis XVI épouse Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, mettant un terme à une guerre interminable de plus de trois siècles, commencée sous Charles le Hardi (dit le « Téméraire » en France). La France développe une politique maritime sur sa façade atlantique qui lui permettra, à terme, de damer le pion à l’Angleterre lors de la guerre d’indépendance des Treize Colonies, les futurs Etats-Unis. Mieux : la politique maritime de Louis XVI s’étend au Pacifique, où il avait envoyé La Pérouse. Les Russes explorent également le Pacifique et s’installent dans les Iles Hawaï, en Alaska et jusqu’en Californie où ils auront, longtemps, jusqu’en 1842, une frontière commune avec l’Empire espagnol ! Nous avons donc eu, au 18ième siècle, un eurasisme concret, efficace, progressiste au bon sens du terme. La Révolution française, manigancée depuis Londres, y mettra un terme, inaugurant de longues décennies de misères et de destructions. Le Congrès de Vienne, après la défaite napoléonienne à Waterloo, restitue une sorte d’union eurasiatique de l’Atlantique au Pacifique, sous la forme de la Sainte-Alliance ou « Pentarchie ». Elle ne durera que peu de temps. Les premières lézardes se forment lors de l’indépendance belge, où Français et Britanniques s’allient pour détruire le « Royaume-Uni des Pays-Bas », dont la reine était la sœur du Tsar. La guerre de Crimée mettra un terme définitif à toute coopération pentarchique, enclenchant un processus de russophobie dans le monde anglo-saxon et un processus d’occidentalophobie en Russie, qu’atteste notamment le Journal d’un écrivain de Dostoïevski. Toute vision eurasienne en Europe centrale et occidentale doit être portée par une volonté de restaurer la triple alliance franco-austro-russe du 18ième siècle et les bonnes intentions de la Pentarchie du 19ième. Il faut rejeter conjointement la russophobie et l’hostilité délirante au romano-germanisme, puisque l’idée de Saint-Empire est éminemment traditionnelle et non une idée issue de l’interprétation outrée et délirante de l’idéologie des Lumières par une brochette de crapules avocassières de Paris et de ses environs.   

Duginxcvvbnb.jpgEurope Maxima : Nous sommes un certain nombre à penser qu’un type de néo-eurasisme - celui professé par un Alexandre Douguine par exemple - n’est ni plus ni moins que le cache-sexe d’un nouvel impérialisme russe. Qu’en pensez-vous ? Le fait de critiquer, ou d’émettre des réserves sur la Russie de Vladimir Poutine, envisagée par certains comme la « Troisième Rome », est plus que clivant. Au point de voir apparaître parfois un véritable « reductio  ad atlanto-sionum » et de transformer certains acteurs de l’extrême-droite française en militants antifascistes...

Les deux principes qui doivent guider nos réflexions et nos démarches pragmatiques sont, premièrement, l’idée d’une union indéfectible des trois grands peuples slaves (Grands-Russes, Biélorusses et Ukrainiens), préconisée par Soljénitsyne, et, deuxièmement, l’interdiction de manipuler les peuples ou les Etats de l’ « étranger proche » contre la Russie, contre l’Europe ou contre l’Iran ou l’Inde. Cela passe par une dissolution de l’OTAN, bien évidemment, l’effondrement du système communiste ayant rendu cette alliance militaire centrée sur les Etats-Unis complètement caduque et inutile. C’est là un axiome à ne jamais perdre de vue : toute alliance transatlantique, impliquant l’immixtion de puissances de l’hémisphère occidental, donc de puissances extérieures à l’espace civilisationnel européen et à l’écoumène méditerranéen, ou l’immixtion de puissances historiquement hostiles à la civilisation européenne en tous les syncrétismes qu’elle a présentés au cours de son histoire pluriséculaire, est un danger qui menace notre civilisation en ses fondements les plus profonds car les unes entendent les affaiblir (donc les détruire à petit feu) tandis que les autres entendent les faire disparaître de la scène internationale par la violence djihadiste (ou assimilée).

Selon les principes succinctement énoncés par Leibniz, aucune turbulence retardatrice des synergies et des convergences à l’œuvre sur le territoire des grands pôles civilisationnels européen et chinois ni sur le gigantesque pont russe ou russifié qui les relierait, soit sur toute la masse continentale eurasienne et africaine, ne peut être tolérée si elle va dans un sens souhaité par une puissance extérieure à ces espaces ou si elle abonde dans le sens voulu par des religiosités ou des idéologies hostiles aux syncrétismes féconds des empires d’hier et d’aujourd’hui, et hostiles, je précise, au nom de farfeluteries théologiques ou idéologiques qui se veulent « fondamentalistes », que cela émane des corpus religieux et civilisationnels chrétiens, musulmans ou juifs. Quand ces fondamentalismes farfelus fusionnent, dans des stratégies retardatrices ou porteuses de turbulences inutiles et nuisibles, avec les linéaments dissolvants du néolibéralisme, ils doivent être combattus avec opiniâtreté et vigilance : on pense à la synthèse entre fondamentalisme puritain américain, fondamentalisme djihadiste de toutes moutures et néolibéralisme dans le chef du financier Soros ou encore aux mixtes délétères que sont les « révolutions orange » ou assimilées, théorisées par Gene Sharp au profit du Pentagone.

Créer des foyers de turbulences est l’une des stratégies favorites des thalassocraties qui ne veulent pas que se créent des synergies ou des sphères de coprospérité sur la masse continentale, au-delà des grands océans Atlantique et Pacifique qui délimitent l’hémisphère occidental. Ces foyers sont nombreux : Donbass (et demain la Moldavie), Kosovo, Syrie, conflit israélo-palestinien, Irak, Afghanistan, Birmanie avec les Rohingyas, troubles dans l’isthme birmano-thaïlandais, tiraillements dans la Mer de Chine méridionale, etc. Partout, on voit la main de services liés à l’hyperpuissance de l’hémisphère occidental alliée aux fondamentalismes wahhabites. Toutes les puissances d’Europe et d’Asie doivent s’opposer de concert à la création et l’entretien de telles turbulences : il en va de la survie de toutes les civilisations syncrétiques, de grande profondeur temporelle, qui se sont déployées et installées dans ces vastes régions du monde.

Pour revenir plus précisément à la Russie, où Douguine occupe une place idéologique importante ou dont l’importance est gonflée dans les médias occidentaux, force est d’accepter son analyse qui est partie du constat de la déchéance russe sous Eltsine dans les années 1990. La Russie, pas plus que la France, l’Allemagne et le reste de l’Europe, n’est faite pour le libéralisme des oligarques ou du CAP40 : il est donc nécessaire de faire un pas en retrait (je n’ai pas dit en « arrière » comme l’auraient dit les progressistes néolibéraux…) par rapport aux recettes désormais éculées du libéralisme à l’anglo-saxonne ou à la mode bricolée et imposée à l’Europe après 1945 (je veux désigner ici le libéral-constitutionnalisme « octroyé » disait Hans-Dieter Sander, récemment décédé, ou dit aujourd’hui le politologue allemand Josef Schüsselburner, deux hommes que j’avais traduits du temps des revues Vouloir et Nouvelles de Synergies européennes).

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On parle désormais de « démocraties illibérales » pour fustiger, dans les médias dominants, ces « pas en retrait » que l’on peut observer dans des pays comme la Pologne (en dépit de son alliance ferme avec la grande thalassocratie d’Outre-Atlantique), en Hongrie avec Orbàn et, bien sûr, en Russie avec Poutine. Ce pas en retrait doit impérativement être fait face à toutes les folies sociétales qui tourneboulent les démocraties et les sociétés qui ne veulent pas franchir le pas vers cet « illibéralisme » salvateur et rééquilibrant. A cela doit s’ajouter, si le « libéralisme » persiste à être confondu avec les délires néolibéraux en vogue depuis Thatcher et Reagan, une ferme intention de revenir au moins au capitalisme rhénan (explicité dans les années 1990 par Michel Albert) ou au capitalisme patrimonial ou à l’ordo-libéralisme, avec un rejet sans ambigüité du capitalisme spéculateur et manchestérien et un retour définitif à diverses formes de planisme (comme au temps du gaullisme des années 1960) ou aux pratiques de l’économie dite de la « régulation ». En gros, nous devons opérer un retour aux économies dites « hétérodoxes », qui tiennent toutes bien compte des contextes géographiques et historiques des zones qu’elles sont appelées à gérer.

C’est l’illibéralisme des positions de Poutine qui fait sa force, les Russes sachant instinctivement que les délires sociétaux de l’américanosphère occidentale ou que le libéralisme des oligarques ne peuvent qu’apporter des malheurs, même si cette posture politique, éminemment politique, ne leur procure, pour l’instant, qu’un développement socio-économique moins spectaculaire au niveau des ménages qu’en Europe, où pourtant, la récession se fait cruellement sentir, notamment dans la France dite « d’en-bas » (cf. Christophe Guilluy), une récession affligeante que les médias ne cessent de dissimuler derrière leurs écrans de fumée idéologiquement corrects. En ce sens, la Russie est sans doute la « Troisième Rome » de notre époque, celle de l’illibéralisme appuyé par son église orthodoxe, aussi et surtout parce que l’UE, profondément dévoyée, ne veut plus être la réincarnation de la « Première Rome », germanisée à partir de 955, suite à la bataille de Lechfeld, emportée par l’Empereur Othon I.

En évoquant la réduction à l’ « atlanto-sionisme » et la mutation de certains nationalistes en anti-fascistes, vous voulez sûrement parler de la nouvelle question ukrainienne qui agite les milieux européistes illibéraux, où les uns prennent parti pour les combattants pro-russes du Donbass et les autres pour les militants du bataillon « Azov ». Personnellement, je ne veux pas de querelles et d’affrontements sur le territoire de l’Ukraine ni dans la région du Caucase : de tels affrontements ne font que le jeu des puissances de l’hémisphère occidental qui enrayent de la sorte les communications entre l’espace russo-sibérien, le Caucase, l’Iran, l’Inde et la Chine. Aucun frein aux communications ne peut avoir lieu en ces zones-là de notre propre « étranger proche » (qui est aussi celui des Russes). L’ « atlanto-sionisme » des polémistes que vous évoquez n’est pas une sorte de croquemitaine métaphysique mais est bel et bien, pour moi, l’hyperpuissance dont l’Etat profond est marqué par l’idéologie iconoclaste, puritaine et bibliste, née dans les années 1560 dans la région de Valenciennes et de Maubeuge, qui a déclenché une vague de vandalisme délirant en Flandre et en Hollande, avant de passer en Angleterre puis, avec l’exil des pèlerins du Mayflower, aux futurs Etats-Unis. L’Etat profond, c’est cela, c’est cette identification à un message biblique complètement artificiel, étranger même aux vieilles communautés juives, message qui forme la texture intime de l’Etat profond américain qui a dominé la planète sans partage depuis 1945 et qui est challengé uniquement par la Chine depuis une quinzaine d’années. Ni les combattants du Donbass, partagés entre paléo-communistes et nationalistes orthodoxes, ni les militants du bataillon Azov n’entendent, me semble-t-il, partager l’idéologie anti-syncrétique des biblistes américains, des télé-évangélistes puritains, des chrétiens sionistes (plus nombreux que tous les sionistes et juifs des Etats-Unis !) ou des néo-sionistes israéliens (dénoncés avec pertinence par les universitaires post-sionistes de l’Etat hébreu, dont on ne lit pas assez les thèses dans les milieux métapolitiques que nous suivons ou apprécions). Ce qui est navrant, c’est que douguinistes virulents et azovistes zélés communient conjointement dans le culte de la révolution conservatrice allemande des années 1920, citent et traduisent Arthur Moeller van den Bruck, Ernst Jünger, Oswald Spengler et Martin Heidegger sans se rendre compte que tous ces grands penseurs, dont on ne cesse de potasser les œuvres tant elles sont pertinentes et pérennes, percevaient, sans hésitation, l’américanisme, en tant que forme outrancière du modernisme, comme le plus grand danger qui guettait l’humanité. Leurs lectures communes devraient plutôt les inciter à former un front commun ! Je crains qu’en Ukraine et au Donbass, et par ricochet en Russie, on ne soit en train de reproduire sans aucune adaptation nécessaire, des formes désuètes ou démonétisées du passé : d’un côté, il y a exaltation des formes propres au Troisième Reich allemand, de l’autre, retour aux formes complètement anachroniques du communisme soviétique, y compris dans les commémorations officielles de la Fédération de Russie, alors que le ministre russe des affaires étrangère Sergueï Lavrov pratique une diplomatie parfaitement traditionnelle après que les Américains ont rejeté explicitement la pratique de la diplomatie, décriée comme une vieillerie propre à la « Vieille Europe » franco-allemande. Il y a donc un hiatus sérieux à déplorer entre une pratique diplomatique, traditionnelle et vénérable, qu’il convient de « re-planétariser », et des nostalgies ridicules qui permettent d’orchestrer une propagande antirusse, sur la base d’un vieil antisoviétisme anachronique mais remis au goût du jour, en Europe de l’Est, notamment en Pologne et dans la partie de l’Ukraine qui est marquée par l’église uniate. Ce folklore soviétique, stupidement réactivé à l’ère postsoviétique, a les mêmes effets qu’aurait, en Pologne, en France ou en Tchéquie, la réactivation des défilés allemands des années 1930 dans l’Allemagne de Merkel ! Le retour à des formes passées mais non traditionnelles est inutile et contreproductif.

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Enfin, je repense avec tristesse à tous les efforts qu’avait entrepris un écrivain comme Wolfgang Strauss, un ancien interné du goulag de Vorkhuta, pour réconcilier, dans une perspective populiste et organique, les Allemands, les Russes et les Ukrainiens : sa pensée s’alignait sur celle de Soljénitsyne et pouvait être qualifiée de « folciste », de « néo-slavophile » ou de « néo-narodnikiste ».     

Europe Maxima : Dans le dernier tome « L’Europe, un balcon sur le monde » vous ouvrez la perspective européenne sur le reste du monde. Il fut un temps où l’Europe dominait le globe. Dorénavant on pourrait presque dire l’inverse. La multipolarité est-elle vraiment un avantage pour l’Europe ? L’opposition Nord/Sud n’est pas pour autant caduque...

Ne nous faisons pas d’illusions : la domination véritable de l’Europe sur le reste du monde n’a été que de courte durée. Je dirais qu’elle a duré de l’installation des Anglais à Aden jusqu’à leur départ des Indes en 1947. Soit à peu près 124 ans, le huitième d’un millénaire. Jusqu’à la mainmise totale des Anglais sur les Indes en 1847, année où Victoria devient « Impératrice », les grands pôles économiques de la planète sont l’Inde et la Chine, qui valent à elles deux plus de 35% de l’économie mondiale. Le 19ième siècle voit le triomphe, en Europe, d’une révolution industrielle basée sur le charbon et l’acier, puis, dans la première décennie du 20ième, sur le pétrole, qui sera d’abord américain, caucasien (donc russe) ensuite, puis, finalement moyen-oriental (iranien et arabe-saoudien). Nous assistons à un ressac économique de l’Europe, malheureusement accompagné d’un déclin moral sans précédent, qui fait de nous la risée de la planète : libéraux, soixante-huitards, maniaques du sociétal et du gendérisme contribuent à rendre ce qui reste de notre civilisation complètement ridicule et aberrant. Bon nombre de peuples non européens rejettent à juste titre ce pandémonium et nous couvrent de leur mépris : la haine du Blanc est aussi (mais pas seulement) la haine envers un homme qui a profondément et ridiculement dégénéré, ce que l’on n’attendait pas du tout de lui, à qui on reproche désormais de nier les assises du réel social, biologique, ontologique. Certes la haine due au ressentiment, à un sentiment d’infériorité mal placé, existe aussi mais elle n’osait pas, jusqu’ici, s’exprimer avec la même frénésie. Le déclin de l’Europe est bien sûr tributaire des effets désastreux des deux guerres mondiales, avec les épouvantables saignées qui en ont découlé et que l’on repère dans une France qui a dû faire appel très tôt à des immigrations non européennes, dans une Allemagne où le ressac démographique atteint des proportions très inquiétantes, dans une Russie qui ne s’est jamais vraiment remise des pertes humaines du communisme et de la guerre de 1941-1945. Moralement, nous assistons à une implosion de la civilisation européenne : Paul Valéry, Thomas Mann (dans La montagne magique), Christopher Isherwood (qui a décrit le Berlin décadent sous la République de Weimar) et bien d’autres encore ont observé les premiers balbutiements de cet effondrement. Après la seconde guerre mondiale, les services américains vont induire, par les médias, le cinéma, certaines revues, une junk culture décadente, dans le but à peine dissimulé était d’affaiblir l’Europe et de l’empêcher à jamais de retrouver ses lustres d’antan. Ce travail de sape va s’effectuer sur deux tableaux : d’une part, une culture de frivolités et de distraction totale pour empêcher élites et classes populaires d’avoir une pensée véritablement politique, au service de la Cité et du long terme, et d’autre part, une culture de la culpabilité et de la repentance pour empêcher ces mêmes catégories sociales de poursuivre la trajectoire éternelle de leur histoire propre, en les amenant à juger celle-ci toujours imparfaite et toujours criminelle.

sjjc.jpgLa multipolarité est, dans ce cadre, une revendication d’autonomie de la part d’autres grandes puissances ou de quelques puissances régionales dites émergeantes, aujourd’hui essentiellement russe et chinoise (puisque l’Europe est hors du jeu sous la double chape de cette junk culture et de cette culture de la repentance). Cette revendication d’autonomie conteste aux Etats-Unis le droit de gérer seuls la planète et de promouvoir uniquement leur ordre du jour dans les affaires de tous les continents. A terme, cette revendication de multipolarité, à laquelle l’Europe devrait participer, vise la juxtaposition pacifique d’entités s’assimilant à des empires ou des « grands espaces » selon la conception de Carl Schmitt, lequel définissait, tout comme son disciple Bernhard Willms, le monde comme un pluriversum et non un universum, ainsi que le voulait le Président presbytérien Woodrow Wilson, l’homme politique américain dont Schmitt a toujours vivement contesté les visions et cela, dès le début de son itinéraire intellectuel, dès les années 1920.

Quand vous parlez de la résilience de « l’opposition Nord/Sud », je suppose que vous évoquez le terrible problème des immigrations africaines en Europe, accentué davantage encore depuis l’effondrement total de la Libye du Colonel Khadafi, suite aux prises de décision les plus calamiteuses de l’histoire récente, notamment dans le chef du Président bling-bling Nicolas Sarközy. Cette « opposition », comme vous dites, doit être regardée sous deux angles : 1) elle est possible uniquement parce que l’installation de tous les migrants imaginables est désormais possible et financièrement avantageuse pour eux, sans que ne soit pratiquée une discrimination positive et qualitative à l’égard de ces migrants, et sans une évaluation objective, et très stricte, de l’utilité sociale de cette installation massive. Un filtrage restrictif serait utile, justement sur base de la possible utilité sociale que pourrait éventuellement revêtir le migrant. Toute installation sauvage, comme cela se passe aujourd’hui, est à proscrire ; 2) la politique des portes ouvertes, préconisée par les médias dominants, les bonnes consciences (que Hegel appelait les « belles âmes » dans des textes incisifs que l’on ferait bien de relire, surtout à gauche de l’échiquier politique conventionnel), est ni plus ni moins qu’un instrument des réseaux dominés par Washington pour noyer l’Europe dans une population qui ne dépend, finalement, que des allocations sociales, généreusement distribuées depuis les « Trente Glorieuses », devenues bien vite les « Quarante Piteuses ». Comme on l’observe dans l’Allemagne de Merkel depuis 2015, quand les portes se sont ouvertes toutes grandes aux flots de migrants en provenance de partout et de nulle part, le magnifique édifice du système allemand de sécurité sociale s’est lézardé dangereusement, avec un nombre croissant et finalement assez impressionnant d’Allemands, surtout des retraités ou des jeunes ménages (ce qui est très grave démographiquement parlant), qui plongent tous dans une effrayante précarité. En France, cet afflux massif, sans réelle utilité sociale, empêche les pouvoirs publics de s’occuper des régions périphériques, qui plongent dans une récession très inquiétante. On reste pantois en constatant que les partis politiques dominants, sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens, oeuvrent aujourd’hui à détruire totalement les systèmes de sécurité sociale qu’ils ont édifiés jadis, à la suite de longs combats, menés par des militants socialistes ou jocistes exemplaires, dont le travail est allègrement trahi et dont les bénéficiaires potentiels sont grugés sans vergogne.

Sans même mentionner les budgets démesurés que les pays européens vont devoir consacrer au maintien de l’ordre dans leurs villes suite à ces immigrations incontrôlées, celles-ci entraîneront un gonflement démesuré des frais sociaux, des allocations familiales et de substitution et des nouveaux logements sociaux à construire en lisière des grandes villes. Donc ces migrations, socialement et économiquement inutiles, même si elles ont été tolérées au départ par les principes généreux des socialistes et des jocistes, ont pour but politique, non pas d’assimiler des populations africaines, moyennes-orientales ou autres, au nom d’un eudémonisme éclairé ou caritatif, mais de lester les budgets des Etats européens afin qu’ils n’investissent plus dans un enseignement de qualité, dans la recherche et le développement en hautes technologies (satellites, nanotechnologie, avionique de pointe, télécommunications, etc.) et surtout pour qu’ils ne développent plus leurs forces armées, dont les budgets et les effectifs sont, en effet, constamment réduits. Nous déboucherons alors très vite, si ce n’est déjà fait, sur la ruine de l’Etat napoléonien ou clausewitzien ou encore gaullien, bâti sur le principe romain du Si vis pacem, para bellum. Et sur la ruine de l’Etat-Providence, construit par les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, depuis la deuxième internationale et depuis l’encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII.

Les médias, qui, en bout de course, finissent toujours par reprendre des mots d’ordre préalablement lancés par des officines médiatiques américaines, habilement téléguidées par les services spéciaux, favorisent cette immigration massive et inutile, non pas pour pratiquer une politique d’assimilation ou pour concrétiser un programme charitable basé sur l’importante vertu éthique et politique qu’est la générosité, mais pour torpiller tous projets européens dans les domaines cruciaux que sont le développement technologique et les forces armées. A cause des budgets nationaux déséquilibrés par l’hypertrophie subite et inattendue du social, les investissements impératifs, pour toute entité politique vivante, sont impossibles à réaliser. Le mixte idéologique, couplant gauchisme sociétal et néolibéralisme, et les immigrations massives sont des armes de quatrième génération pour paralyser le seul « grand espace » qui pourrait réellement défier Washington en tant qu’unique superpuissance, soit en s’autonomisant soit en forgeant des alliances conditionnelles avec des puissances petites et grandes de son environnement eurasien immédiat.  

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Europe Maxima : La Chine pèse dorénavant dans l’équation économico-politique mondiale. Où la situeriez-vous parmi les forces en présence ?

La Chine, qu’on le veuille ou non, qu’on le déplore ou non, constitue aujourd’hui un modèle intéressant à observer sinon à imiter. On dit, notamment en Allemagne avec le sinologue Aust, qu’elle doit sa renaissance à la réactivation des principes de Confucius, après la parenthèse communiste et maoïste. Cette affirmation est évidemment exacte, Confucius, d’après la thèse de Karl Jaspers sur les « périodes axiales de l’histoire », étant l’un de ces indépassables fondateurs de valeurs créatrices et consolidatrices de civilisations, qui ont émergé entre le septième et le cinquième siècles avant l’ère chrétienne en Chine, en Inde, en Iran, en Palestine juive et en Grèce. Confucius a joué en Chine un rôle similaire à celui d’Aristote dans l’orbe hellénique, en proposant une vision réaliste et pragmatique des choses politiques, des res publicae. Yvan Blot a raison de nous rappeler, très souvent, que la lecture des œuvres d’Aristote est un impératif d’hygiène intellectuelle, surtout celles qui sont relatives à la politique et à l’éthique (dont l’indispensable Ethique de Nicomaque). Une Chine qui opère un retour aussi net à Confucius devrait être flanquée d’une Europe qui retournerait sans détours inutiles à la Politique d’Aristote et à son Ethique de Nicomaque. Car, il y a, pour notre sous-continent, la nécessité urgente de revenir aux humanités classiques, battues en brèche depuis l’avènement calamiteux des biblismes iconoclastes au 16ième siècle, qui ont été, avant tout, une révolte, profondément imbécile, contre le retour aux racines préchrétiennes de l’Europe grecque et latine. La Renaissance n’est pas autre chose que ce retour. Cet iconoclasme imbécile constitue la base première, la source idéologique initiale, de l’Etat profond américain et des hystéries destructrices du wahhabisme saoudien. Les adversaires principaux et secondaires de l’Europe classique s’articulent sur un dispositif idéologico-théologique qui cultive l’intention bien arrêtée de détruire tous les acquis de civilisation antérieurs à l’avènement de leurs faux prophétismes.

Dans un tel contexte, la Chine, le Japon, l’Inde hindouïste (rassemblée derrière les étendards du BJP), constituent tous trois de puissants môles de résistance à toutes les théologies hostiles aux valeurs ancrées dans la profondeur temporelle ainsi qu’aux idéologies modernistes éradicatrices, en dépit de la terrifiante parenthèse communiste que la Chine a connue. Ces trois pôles non abrahamiques peuvent nous aider à nous débarrasser de toutes les scories théologiques et idéologiques qui se sont malheureusement incrustées dans notre psyché depuis les catastrophes du 16ième siècle et des guerres de religion en Europe occidentale et depuis les révolutions jacobines et communistes, qui se prétendaient « éclairées », pour mieux plonger l’Europe dans la confusion et dans l’horreur. De même, les principes confucéens, shintoïstes et védiques qui animent la Chine, le Japon et l’Inde actuels peuvent parfaitement constituer des antidotes à la piètre mixture de soixante-huitardisme, de néolibéralisme et de gendérisme qui immerge nos sociétés occidentales dans la bouffonnerie la plus abjecte.

Enfin, si la Chine de Xi Jinping est à nouveau confucéenne, elle est aussi inspirée par des théoriciens de la politique et de l’économie qui sont purement européens. Après les guerres de l’opium, menées par le Royaume-Uni et la France contre la Chine impériale dans la première moitié du 19ième siècle, le Céleste Empire a connu un siècle de honte et d’humiliation, qu’il n’est pas prêt d’oublier. Marx a eu des disciples qui ont donné mauvaise réputation à son œuvre, dont les protagonistes de la « révolution culturelle » dans la Chine maoïste et la fameuse « Bande des Quatre ». Le 19ième siècle allemand a toutefois révélé un autre penseur politique, bien plus important, et dont les retombées pratiques ont toutes été positives et incontournables. Je veux parler de Friedrich List, théoricien du développement économique et infrastructurel des nations, surtout celles qui étaient sur la voie d’un développement. List a préconisé le développement de la Zollunion allemande par la création d’un système de douane particulier et par la création de voies de communication ferroviaires. Tout à la fois sujet prussien et citoyen américain, List a préconisé le creusement de canaux entre les Grands Lacs du continent nord-américain et la côte atlantique pour acheminer vers les ports le surplus de blé cultivé dans le Wheat Belt, de même, il a proposé de relier par chemins de fer l’Atlantique au Pacifique, donnant aux Etats-Unis la puissance démultipliée que donne toute forme de bi-océanité. En France, il a proposé la « colonisation intérieure » du territoire. Ses idées n’ont pas manqué de séduire les mandarins clairvoyants qui entendaient sortir au plus vite du siècle de honte, imposé surtout par les Anglais. Les Républicains chinois, qui arriveront au pouvoir à Pékin en 1911, ont eu des ministres et des hauts fonctionnaires qui avaient retenu la leçon de List. L’idée actuelle des routes de la Soie est bel et bien un avatar contemporain de la pensée de List et de ses disciples chinois. Un projet listien pour le 21ième siècle !

Certes, le phénomène connexe au néolibéralisme qu’est la délocalisation des petites industries, dont les industries textiles et du jouet, par exemple, est un expédient qui a favorisé la montée de la Chine au détriment de notre petit tissu industriel localisé et disséminé sur l’ensemble de nos territoires nationaux. Si nous devons applaudir la Chine de Xi Jinping aujourd’hui, c’est pour le projet des routes de la Soie. Si nous devons nous en méfier, c’est parce que nous devons absolument reconstituer chez nous notre petite industrie qui a été délocalisée à cause des élucubrations des théoriciens irréalistes du néolibéralisme.   

Europe Maxima : Que pensez-vous du réveil de l’islam ? Adhérez-vous à la thèse du choc des civilisations ou avons-nous affaire, en fait, à une instrumentalisation des franges radicales de l’islam par certaines officines occultes ?

Je ne pense pas que l’hystérie fondamentaliste qui agite le monde islamique aujourd’hui soit un « réveil ». C’est une crise, un cri de colère face à une incapacité fondamentale et phénoménale de participer aux synergies fécondes des autres civilisations. Cette incapacité n’est pas un propre à la civilisation islamique puisque celle-ci, grâce à d’habiles et ingénieux syncrétismes, a pu, à certains moments-clés de l’histoire, atteindre des niveaux d’excellence incontestable et développer ce que d’aucuns nomment, un peu abusivement, des « Lumières » musulmanes (Islamic Enlightenment). Le terme est abusif car on ne peut transposer des phénomènes euro-occidentaux comme le moyen-âge ou les Lumières dans des contextes civilisationnels différents. C’est là une importante leçon que nous ont léguée Oswald Spengler et son disciple tunisien Hichem Djaït. S’il n’y a pas eu de phénomènes entièrement assimilables aux Lumières ouest-européennes dans les autres civilisations, dont l’islam, il y a eu, en revanche, des syncrétismes féconds, là-bas, qui ont donné des résultats positifs qui doivent être étudiés, analysés et imités, si cela s’avère utile. Or, les fondamentalismes wahhabites et salafistes qui font rage aujourd’hui dans le monde musulman et ont plongé la Syrie dans une horreur qu’elle ne méritait vraiment pas, rejettent avec véhémence les syncrétismes qui ont fait la gloire de bon nombre de phénomènes civilisationnels musulmanisés. Ce rejet sanctionne simultanément l’incapacité à se brancher sur d’autres excellences civilisationnelles et à se nourrir des acquis concrets d’autrui. Reproche que l’on peut évidemment adresser au fondamentalisme américain, incapable de reconnaître de l’excellence en dehors de ses messages étriqués.

La vigueur des syncrétismes ne se vérifie pas seulement dans certaines phases de l’histoire de la civilisation islamique. Elle se vérifie également dans notre propre civilisation. La chevalerie européenne, qui fut vectrice de progrès organisationnels, notamment dans le chef des ordres hospitaliers, est un syncrétisme romano-germano-sarmate christianisé. Le thomisme est un syncrétisme helléno-chrétien qui restitue à Aristote toute la place qu’il doit avoir dans les vastes cités politiques, qu’elles soient nôtres ou autres (mais alors sous d’autres oripeaux, dont les oripeaux confucéens). En islam, il y a eu des syncrétismes irano-islamiques ou aristotélo-islamiques : ceux précisément que les fondamentalismes salafistes veulent détruire de fond en comble aujourd’hui, tout en étant ouvertement ou secrètement alliés au puritanisme de l’Etat profond américain, désireux, lui, de détruire les racines vives de la civilisation européenne.   

Europe Maxima : Nous serons d’accord que l’Europe ne pourra jamais incarner une troisième voie autonome tant qu’elle sera inféodée au bloc occidental. Comment pourrions-nous nous émanciper de cette tutelle ?

Est-il encore opportun de parler de « Troisième Voie » ? On en parlait, du temps où se dressaient le Rideau de Fer et le Mur de Berlin, séparant une orbe capitaliste d’un orbe où régnait le communisme. La « Troisième Voie » voulait biffer les aspérités du communisme, tout en proposant un socialisme solidariste et en cherchant à réduire les excès du capitalisme en régulant « corporativement » les instances productrices de l’économie, selon les théories suggérées par Proudhon, De Man, de Mun, Sorel, etc. Aujourd’hui, le communisme est mort. Il n’y a plus que le capitalisme sous le signe extrême du néolibéralisme qui soit en piste en Europe, face à des « grands espaces » ou de petits pays qui optent parfois pour l’illibéralisme, en désirant gommer les aspects les plus déplaisants du néolibéralisme, les dérives folles du sociétal et les affres incapacitants de la repentance perpétuelle. La « Troisième Voie » d’hier est aujourd’hui une « Deuxième Voie », plurielle et contextualisée, en révolte contre la volonté frénétique de vouloir tout universaliser. Les pays illibéraux adhèrent partiellement à cette « Deuxième Voie » alternative, en refusant l’alignement sur la pensée unique propagée par la superpuissance thalassocratique dominante, qui ne veut qu’un seul modèle économique, celui du néolibéralisme. L’objectif est d’infléchir l’illibéralisme, réaction partielle et incomplète, vers une alternative plus radicale, dans le sens où l’adjectif qualificatif « radical » ne doit pas être confondu avec le qualificatif/substantif « extrémiste » car il indique une volonté de retour à ce qui relève des racines donc des profondeurs (temporelles et telluriques) de toute histoire particulière. La « Deuxième Voie » n’est pas aujourd’hui un corpus tout fait mais un corpus en gestation et en devenir qui vise l’érosion de toutes les pesanteurs, et demain de toutes les traces, de la « Première Voie » dominante. Dilthey, penseur allemand du 19ième, disait que l’on ne pouvait définir que les formes mortes et que l’on ne pouvait jamais définir ce qui était vivant, en marche, en devenir. Une des faiblesses de notre mouvance métapolitique est de ne pas avoir suffisamment étudié les méthodes de Dilthey, héritier de Herder, précurseur de Spengler et de toutes les pensées organicistes du 20ième siècle, au-delà même des excellences de la « révolution conservatrice » allemande dont bon nombre d’entre nous se posent comme les seuls héritiers.

Etre inféodé au bloc occidental dominé par les Etats-Unis, c’est être inféodé à une puissance qui veut notre affaiblissement perpétuel comme l’explique aujourd’hui, en Espagne, la Colonel Pedro Banos. Peut-on raisonnablement vouloir son affaiblissement perpétuel ? Sa déchéance ? Non, bien sûr. Seuls les fous veulent un tel état de choses (et ils sont hélas fort nombreux aujourd’hui au sein même de nos Etats…). Pour se dégager de cette inféodation, un front du refus est nécessaire, articulé entre tous les Européens au-delà des frontières étatiques et linguistiques. Ce front du refus, ce front de la rétivité générale comme j’ai déjà eu l’occasion de l’appeler, est une œuvre métapolitique d’envergure à laquelle pas un seul combattant métapolitique ne peut se soustraire : elle peut se décliner sous de multiples formes, par exemple, en proposant par la parole et l’écrit une géopolitique alternative, en luttant de toutes les manières possibles et imaginables contre la fameuse junk culture, dénoncée par l’Américaine Suzanne Jacoby, en revalorisant tout ce qui est vernaculaire contre les habitudes universalistes de consommation alimentaire, de consommation culturelle, en boycottant systématiquement tous les produits venus d’Outre-Atlantique (portables, voitures, ordinateurs, loisirs, boissons, parcs d’attraction ...), en s’insurgeant contre les fusions industrielles et financières qui livrent des entreprises historiquement européennes à des cartels américains, en luttant contre toutes les injustices socio-économiques qu’entraîne le néolibéralisme, en revalorisant les héritages classiques européens dans l’enseignement et en littérature, en philosophie, en art. Il va de soi qu’il convient de militer, comme militaient les mouvements communistes des années 1950 jusqu’à l’affaire des missiles en Allemagne entre 1979 et 1982, contre l’OTAN, contre la participation de nos Etats aux opérations de l’OTAN, contre l’expansion de cette alliance contraire à nos intérêts, contre la présence de puissances non européennes dans cette organisation. En France, cela signifie un retour à la politique gaullienne de non inféodation. En Suisse, en Autriche, en Suède et en Finlande, cela signifie une volonté de demeurer des Etats neutres, non alignés. Le travail nécessaire pour se dégager de cette inféodation, qui nous mène à une mort lente mais en phase d’accélération rapide et de plus en plus imminente, est le plus important qui soit, le plus ample à parfaire.

(réponses formulées à El Campello/Alicante, avril 2018).

mardi, 27 mars 2018

Les tensions dangereuses augmentent en Allemagne

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Les tensions dangereuses augmentent en Allemagne

par Eberhard Hamer, juriste et professeur d’économie*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

«Le secteur de la construction ne peut plus satisfaire la demande de nouvelles habitations», («Die Welt» du 11/1/18). Malgré un accroissement du volume de construction de 3 à 8% par an, la pénurie de logements augmente non seulement dans les grandes villes mais également dans les villes moyennes – dans les grandes villes même dramatiquement, notamment à Berlin.


Les politiciens du domaine social appellent cela défaillance du marché et exigent des programmes de soutien étatiques massifs. La cause n’est pas la défaillance du marché, mais la défaillance de l’Etat – en raison de la plus grande invasion migratoire provoquée par Merkel et son équipe par l’ouverture des frontières pour tous les migrants dans le système social le plus généreux du monde. Que servent 350 000 nouveaux appartements quand plus de 700 000 immigrants par an ont droit à un logement? Et comme ces personnes ne veulent pas aller à la campagne, mais dans les grandes villes, où leurs compatriotes ont déjà pris pied, c’est justement là – voir Berlin – que suite à l’arrivée en masse le besoin d’appartements, la pénurie de logements et donc la pression sur les prix des loyers augmentent. Ce n’est pas étonnant qu’à Berlin les autochtones dans le besoin ou les étudiants ne trouvent plus «d’habitation payable». L’énorme pression de l’immigration augmente justement dans ce segment de marché et transforme nos grandes villes, qui deviennent plus colorées, plus musulmanes, avec plus de langues parlées et plus prolétaires. Le «manque d’habitations payables» incontestable n’est pas la faute des sociétés immobilières ou d’un marché insuffisant, mais d’une immigration de masse provoquée par de faux philanthropes et admise par la Grande coalition.

Criminalité croissante

Presque quotidiennement, la presse parle d’une «criminalité croissante» dans le pays. Toutes les trois minutes à lieu un cambriolage, chaque heure une attaque contre personnes. La lutte internationale contre le crime se plaint, «que l’Allemagne est devenu le centre et lieu de repos des organisations criminelles mondiales» telles que la mafia, la ’Ndrangheta, les triades, les bandes de voleurs roumains, polonais, ukrainiens et albanais, les réseaux de distribution pour le trafic de drogue international et l’augmentation brutale de la petite délinquance dans nos rues. Malgré l’augmentation des forces de police la criminalité augmente.
De plus en plus de criminels entrent dans le pays, car en Allemagne ont les laisse davantage en paix que dans d’autres pays, l’Allemagne leur offre aussi les prestations sociales complètes et un pays riche avec de bonnes opportunités pour la criminalité. Mais au lieu de prendre au sérieux les craintes de la population, notre politique tolère

  • que les Etats-Unis conduisent leurs troupes de terroristes internationaux battues en Syrie, qu’ils veuillent les réutiliser en Iran, de Mosul et Rakka à d’autres endroits. Entretemps, ils les placent en Allemagne.
  • que le Maroc et la Tunisie vident leurs prisons, pour exporter les criminels vers l’Europe en refusant par la suite de les reprendre,
  • que la plus haute juridiction interdise l’expulsion d’étrangers criminels, parce qu’ils «seraient poursuivis» à l’étranger à cause de leur criminalité,
  • et que des milliers de cabinets d’avocats s’assurent des aides juridictionnelles pour des procès administratifs (200 000) contre la punition de criminels ou le refus de prestations sociales à des étrangers illégaux.

L’Allemagne doit payer davantage

L’UE et toutes les organisations mondiales exigent de l’Allemagne «davantage de solidarité», c’est-à-dire davantage de financements de répartition, car l’Allemagne n’a pas seulement des excédents d’exportation croissants, mais également «suffisamment» de recettes fiscales publiques. Ainsi, l’Allemagne devrait contribuer par des milliards de prestations supplémentaires à un «Plan Marshall pour l’Afrique», devrait subventionner davantage la Grèce, l’Italie ou l’Espagne et financer l’insolvabilité menaçante de la France en abandonnant sa souveraineté financière à l’Europe (Union financière) pour soutenir les fonds d’aide élargis du MES. En outre, les millions de visiteurs sociaux arrivant doivent être alimentés de la même manière que les cas sociaux allemands (Hartz-IV) (2016 = + 700 000) et toutes les prestations sociales doivent être massivement augmentées. Tout cela sans prendre en considération que

  • nous avons certes un boom, mais pas de véritable croissance, plutôt un semblant de reprise suite à une augmentation artificielle de la masse monétaire, menaçant d’éclater bientôt,
  • nos revenus suite aux prestations de la classe moyenne et des ouvriers restent derrière ceux de l’industrie financière, tout en étant de plus en plus taxés, parce que la politique ne supprime pas même les impôts les plus insensés (impôts sur les vins mousseux, impôts de solidarité, impôts de propagande, redevances TV/radio).

Mécontentement croissant

Le mécontentement croissant avec les rendements économiques de la population allemande (le fait de ne pratiquement plus pouvoir acquérir un appartement par son propre effort) est en rapport avec la charge extrême des fournisseurs de services et celle-ci avec la distribution politique de notre prospérité dans le monde. La prétendue «solidarité» avec les réfugiés – également un emballage trompeur, car 94% des immigrants ne sont pas des réfugiés – est seulement une partie de cette exploitation politiquement voulue de notre peuple.
On pourrait continuer avec des exemples similaires. Ils documentent tous que les grandes difficultés de notre population, notamment la crise du logement, la criminalité, le manque de pouvoir faire des économies ou le taux élevé des charges ne sont pas naturels, ne sont pas dus au marché, mais provoqués par des dysfonctionnements et des manipulations étatiques. Notre politique est responsable de nos difficultés et non pas notre système.
Les régulations erronées continueront également avec le nouveau gouvernement
Les décisions de la nouvelle Grande coalition montrent cependant que les principales régulations erronées comme par exemple les paiements de l’Allemagne pour l’EU (Union financière), la sollicitation excessive de notre système social (immigration de masses) et les charges fiscales exagérées de nos prestataires de services ne changeront pas avec la même politique qu’auparavant. La politique est elle-même trop lâche pour nommer les causes des problèmes. Elle craint la punition des majorités électorales, si elle ne faisait que nommer la dépréciation monétaire, l’augmentation de la masse monétaire, l’exploitation de notre système social ou l’extension de l’EU aux frais de l’Allemagne.
Faut-il donc que la bulle financière éclate pour que la pseudo-prospérité redescende au niveau de la véritable prospérité et qu’ainsi la réalisation des exigences exagérées des pays étrangers, des organisations étrangères et des immigrants étrangers ne soit plus possible?    •

*    Eberhard Hamer est un économiste allemand. Après des études d’économie nationale, de théologie et de droit, il a travaillé en tant qu’avocat dans une entreprise. Plus tard, il a obtenu la chaire de politique financière et économique de la Haute Ecole de Bielefeld, où il a enseigné jusqu’à sa retraite en 1994. Dans les années 1970, il a fondé le «Mittelstandsinstitut Niedersachsen» à Hanovre. Hamer est auteur et éditeur de nombreux livres, entre autres «Was tun, wenn der Crash kommt? Wie sichere ich mein Vermögen oder Unternehmen?» [Que faire, quand le crash arrivera? Comment puis-je protéger ma fortune ou mon entreprise?] (10e édition 2008) et «Visionen 2050. Wohin steuern wir? Trends und Prognosen für Deutschland und Europa» [Vision 2050. Où allons-nous? Tendances et prévisions pour l’Allemagne et l’Europe] (2016).

(Traduction Horizons et débats)

Les guerres de l’impérialisme américain au Proche-Orient

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Les guerres de l’impérialisme américain au Proche-Orient

par Matin Baraki*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Aktham Suliman est un journaliste originaire de la Syrie et ancien chef du bureau berlinois de la chaîne de télévision qatarienne Al Jazeera, connue sous le nom «CNN Arabic», qu’il a dirigée de 2002 à 2012. Récemment, il a présenté une brillante analyse critique et objective sur les guerres et le chaos créés par l’impérialisme américain au Proche-Orient. Suliman est trop modeste en voulant limiter son analyse au Proche-Orient. L’auteur parvient à illustrer d’une manière impitoyable les causes, les forces actives et l’arrière-plan stratégique de la catastrophe géopolitique au Proche-Orient et à analyser les dimensions stratégiques allant bien au-delà du Proche-Orient. Il analyse également de manière détaillée le conflit entre Israël et les Palestiniens, en décrivant la politique de l’occupation coloniale du gouvernement israélien et de ses alliés internationaux. (p. 34sq.)
Al Jazeera était la seule chaîne arabe indépendante diffusant en direct des informations sur la brutalité de la guerre impérialiste dirigée par les Etats-Unis contre l’Irak et atteignant ainsi 50 millions de foyers arabes. A l’époque, cela rendit tellement furieux l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le «caniche» de George W. Bush opérant en Europe, qu’il appela à bombarder la centrale d’Al Jazeera de Doha, capitale du Qatar. On n’est pas allé jusque-là, mais la centrale de la chaîne de Bagdad, capitale de l’Irak, fut détruite.
Avec l’«arabellion» [les «Printemps arabes»] l’orientation politique de la chaîne changea. D’une institution informant de manière ouverte et objective, elle se transforma en un instrument du mouvement islamiste «ikhwan al-Muslimin» de la Société des Frères musulmans et de la politique extérieure du gouvernement de l’Emirat de Qatar et des intérêts des Etats-Unis. (p. 18)
Suliman analyse très subtilement les guerres du Golf fomentées par les Etats-Unis, prouve la manière dont les résolutions de l’ONU ont été instrumentalisées et comment les Nations Unies sont constamment humiliées par l’administration américaine. La résolution 678 du 29 novembre 1990 fut interprétée de telle sorte que, du jour au lendemain, on transforma le prétendu bouclier de protection pour les civils en une agression contre l’Irak. (p. 25)
Les inspecteurs de l’ONU ont pu attester que l’Irak ne disposait en réalité d’aucune arme de destruction massive. Pourtant, selon l’auteur, l’armée américaine a tout de même bombardé le pays «à l’âge de pierre» pour détruire sa prétendue capacité nucléaire. (p. 27) En Irak elle a «lâché davantage de bombes que pendant toute la Seconde Guerre mondiale». (p. 26) Le reporter de CNN Bernard Shaw a décrit la situation de la manière suivante: «Le ciel au-dessus Bagdad est en feu». (p. 39)
Les horreurs de la guerre, dont la fin est difficile à déterminer, sont minutieusement décrites. (p. 113–161) Commençant par les tortures à la prison de la CIA d’Abou Ghraib jusqu’à l’exécution de civils dans les rues de Bagdad depuis un hélicoptère par des mercenaires américains, Aktham Suliman nous informe de manière très précise des crimes de guerre commis par les Etats-Unis et leurs alliées. (p. 28sq.)
Suliman démontre que tant l’ambassadrice américaine à Bagdad April Glaspie que le département d’Etat américain ont donné le feu vert au gouvernement de Saddam Hussein pour l’invasion du Koweït. (p. 32) De cette façon, le gouvernement irakien a été attiré dans le piège de Koweït pour être finalement écrasé. Même lors de leur retrait du Koweït, on n’accorda aucune grâce aux unités militaires irakiennes. A mon avis, cela s’apparente à un crime de guerre.
Francis Fukuyama avec sa thèse de la «fin de l’histoire» et Samuel P. Huntington avec son terme violent du «choc des civilisations» sont qualifiés d’incendiaires spirituels soutenant aussi la réelle guerre. (p. 49) Suliman met fortement en cause la version officielle des événements du 11 septembre 2001 et met en avant les liens entre le chef d’Al-Qaïda Ousama ben Laden et le théologien et dirigeant palestinien des Frères musulmans Abdallah Azzam avec la CIA. (p. 65–110)
Dans le dernier chapitre, il décrit, en bon observateur, les dits «printemps arabes» qui n’en étaient point. Je recommande chaleureusement la lecture du livre de Aktham Suliman à quiconque désire s’informer de première main sur les interdépendances et les contextes nationaux, régionaux et internationaux des guerres et des conflits du Proche- et Moyen-Orient.    •

*    Matin Baraki est un politologue et interprète germano-afghan. Après sa formation professionnelle de mécanicien de précision, il a étudié la pédagogie à Kaboul et y a travaillé en tant qu’enseignant. De 1970 à 1974, il a été assistant technique à la faculté de sciences à l’Université de Kaboul. En 1974, il s’est rendu en République fédérale d’Allemagne où il a obtenu son doctorat à l’Université Phillips de Marbourg en 1995. Puis il a enseigné, en tant que politologue, la politique internationale dans les universités de Marbourg, de Giessen, de Kassel et de Münster.

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Suliman, Aktham. Krieg und Chaos in Nahost.
Eine arabische Sicht. Frankfurt/ Main 2017.
ISBN 978-3-939816-40-9
(Traduction Horizons et débats)

«La guerre et le chaos au Proche-Orient»

«Ce livre se comprend, d’un point de vue arabe, comme le curriculum vitae de la mort au Proche-Orient du dernier quart de siècle. Il y a environ 25 ans, au début de l’année 1991, le nombre d’hommes et de femmes armés provenant de plus de trente pays, rassemblés sur une petite zone désertique du nord-est de la péninsule Arabique, atteignit plus d’un demi-million. Pour l’Occident, c’était le début de l’opération «Tempête du désert» pour libérer le Koweït de l’invasion irakienne s’étant déroulée l’été précédent. Pour un grand nombre de personnes du monde arabe, cette opération fut une tempête de la mort, dont la région entre l’océan Atlantique et le golfe Persique ne s’est toujours pas remise. […]
L’ouvrage «La guerre et le chaos au Proche-Orient» ne prétend pas être LA vision arabe, mais UNE vision arabe, sachant que plus de 400 millions d’Arabes vivant dans plus de vingt pays arabes et à l’étranger ont droit à plus d’une seule vue. Mais il y a ce sentiment commun. D’un point de vue arabe, les 25 dernières années ne sont pas seulement des faits et des événements historiques, mais plutôt des moments fatidiques pour des êtres humains de chair et de sang. Ils ont transformé les biographies de millions d’Arabes, y compris celle de l’auteur de ce livre. Toutefois, ou justement pour cette raison, il faut rappeler que du point de vue arabe – malgré toutes les images d’actualité –, la mort et la tristesse ne sont pas les seules réalités au Proche-Orient, sont présentes également la vie et joie.»

Une politique délicate au Proche-Orient

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«Les Etats-Unis ont détruit par le feu de la guerre toute la région de l’Afghanistan à la Libye – région qu’on peut appeler avec raison le berceau de notre civilisation. Les objectifs poursuivis sont la création de nouvelles frontières au Moyen-Orient et la volonté d’envoyer la Fédération de Russie en enfer.»

Une politique délicate au Proche-Orient

par Willy Wimmer*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

hd. Le 15 février 2018, alors qu’un drone venait de pénétrer dans l’espace aérien israélien avant d’être abattu, lors d’une nouvelle attaque israélienne contre des positions en Syrie et la destruction d’un avion de combat israélien, le journal israélien «The Times of Israel» (https://www.timesofisrael.com/russian-official-if-iran-at...) a retransmis les propos de l’ambassadeur adjoint russe Leonid Frolov formulés lors d’une interview: «En cas d’agression contre Israël il n’y aura pas que les Etats-Unis aux côtés de Tel Aviv – la Russie, sera elle aussi, aux côtés d’Israël.» Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au ministère allemand de la Défense et ancien vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE place cette déclaration dans un contexte politique plus large.

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On n’a probablement encore jamais entendu une telle chose. Un ambassadeur adjoint russe du nom de Frolov s’exprime à Tel Aviv et le monde entier l’écoute. Il désigne Israël comme pays contre lequel la Russie n’acceptera aucune agression. Et il en rajoute. Selon lui, la Russie se tiendra aux côtés d’Israël – tout comme les Etats-Unis – au cas où l’Iran agresserait Israël. Voilà des mots ayant instantanément fait le tour du monde. Le charme de ces paroles prononcées sur les rivages de la Méditerranée par M. Frolov est dû au fait suivant: ce ne sont pas des remarques faites en tant que simple membre d’une hiérarchie. En écoutant attentivement les paroles de M. Frolov, on entend parler son président Poutine. Il n’est guère imaginable qu’un vice-ambassadeur se soit déjà exprimé aussi fermement.

L’objectif essentiel de la politique américaine est l’affaiblissement de la Russie

Les deux guerres du Caucase des années 1990 ont démontré la volonté des Etats-Unis de s’en prendre à la partie faible de la Fédération de Russie. Maintenant, on veut utiliser les peuples caucasiens – ayant peuplés depuis les guerres du Caucase du XIXe siècle les Etats du Levant – contre la Russie actuelle. Il suffit d’écouter l’ancien conseiller en sécurité américain, le général à la retraite Michael Flynn, pour comprendre que les Etats-Unis ont détruit par le feu de la guerre toute la région de l’Afghanistan à la Libye – région qu’on peut appeler avec raison le berceau de notre civilisation. Les objectifs poursuivis sont la création de nouvelles frontières au Moyen-Orient et la volonté d’envoyer la Fédération de Russie en enfer.


A Berlin, nous étions bien avisés d’écouter les diplomates de l’ancienne RDA, fort bien formés et connaissant parfaitement cette région. Cela nous a énormément aidés à bien comprendre les dimensions des affrontements. La révolution iranienne a déclenché de gros bouleversements. Par exemple, que les Etats-Unis ont, de ce fait, perdu leurs stations d’écoute dirigées contre les forces militaires stratégiques de l’Union soviétique le long de la frontière irano-soviétique. Les Soviétiques craignaient alors l’installation de nouvelles stations américaines le long de la frontière afghano-soviétique, ce qui fut empêché par l’invasion de l’Afghanistan. Depuis lors, cette lutte entre Moscou et Washington détermine les événements dans la région, et Washington n’a pas rechigné à la détruire en grande partie.

La Russie est de retour sur la scène internationale

Les Etats-Unis avec leur «alliance de guerre perpétuelle» formée avec l’Angleterre et la France ne se sont pas préoccupés le moins du monde du droit international et de la protection des biens culturels des 5000 ans passés, quand ils ont lancé leurs attaques dans la région entre Kaboul et Tripolis. Moscou se comporte différemment, illustré par son soutien du gouvernement légitime syrien. Après le coup d’Etat de 2014 à Kiev en faveur de Washington, la situation au Proche- et Moyen-Orient s’est rapidement développée en faveur de la capacité d’action russe. Les dirigeants iraniens, israéliens et saoudiens se sont rendus à Moscou et s’y rendent toujours. Le président Poutine peut s’entretenir avec tous, malgré ou plutôt parce qu’il soutien le gouvernement légitime de Damas. Gagner du temps est toujours une bonne maxime en diplomatie.


La honte occidentale est que les Etats-Unis s’engagent dans toutes les guerres mais ne s’engagent nulle part en faveur de la paix. Il se peut qu’on doive faire une exception concernant l’actuel président Trump. Cependant, le comportement de son conseiller principal de sécurité McMaster à Munich a montré qu’il semble être étroitement encerclé par des «Pentagonistes». En comparaison, Poutine, le président russe, donne une tout autre impression.

Et Israël?

Il faudrait que nous nous rappelions tous qu’avant la guerre en Syrie, il était prévu de trouver un accord entre Tel Aviv et Damas concernant le plateau du Golan. Le règlement de ce litige, vieux de plusieurs décennies, a été empêché par un revirement de la part d’Israël. Tel Aviv est appelé à bien réfléchir au sens à donner aux déclarations énergiques de M. Frolov. Il faut également se demander, s’il n’y aura jamais une autre manifestation de perspectives de paix aussi crédibles que celles contenues dans ce «coup de tonnerre» russe? Israël devra également prendre des décisions, pas seulement Téhéran.    •

*    Willy Wimmer a été député du Bundestag pour la CDU de 1976 à 2009, secrétaire d’Etat au ministère allemand de la Défense de 1988 à 1992 et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE de 1994 à 2000. Il est co-auteur du livre «Die Wiederkehr der Hasardeure. Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute» (avec Wolfgang Effenberger, 2014) et auteur du livre «Die Akte Moskau» (2016).
(Traduction Horizons et débats)

«Les Etats-Unis avec leur ‹alliance de guerre perpétuelle› formée avec l’Angleterre et la France ne se sont pas préoccupés le moins du monde du droit international et de la protection des biens culturels des 5000 ans passés, quand ils ont lancé leurs attaques dans la région entre Kaboul et Tripolis.»