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mardi, 13 novembre 2018

Les relations internationales dans un monde multipolaire

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Les relations internationales dans un monde multipolaire

par Hans Köchler*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Afin d’éviter tout malentendu, il est judicieux d’entreprendre d’abord une clarification concernant la formulation du sujet qui m’a été assigné «Les relations internationales dans un monde multipolaire». Pour le terme «international», c’est assez simple. Il faut cependant souligner spécifiquement ce qu’on entend par ce terme «interétatique», puisque qu’en allemand «nation» a encore une autre signification. Il s’agit donc des relations entre les Etats et implicitement, de celles entre les peuples et les individus. Cela n’entre pas en contradiction avec le fait que l’Etat obtienne sa légitimité du statut souverain du citoyen dans l’action commune.

«L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.»

«Multipolaire» et «multilatéral»

Cependant, la notion de «multipolaire» nécessite d’être expliquée de manière plus précise. Il ne faut pas la confondre avec la notion de «multilatéral». Cette dernière se rapporte à la forme ou plutôt à la méthode de l’action en politique extérieure des Etats, alors qu’au contraire l’adjectif «multipolaire» met l’accent sur la configuration de pouvoir entre les Etats. Ce sont deux niveaux de compréhension totalement différents de l’application de cette notion. Les accords, par exemple, peuvent être soit bilatéraux, soit multilatéraux; ils ne peuvent cependant jamais être unilatéraux, puisque on ne peut conclure un accord avec soi-même. Les sanctions peuvent être unilatérales, si elles sont imposées par une seule partie, soit par un seul Etat, soit par un groupe ou une organisation d’Etats. Les sanctions ne deviennent des mesures de contrainte collectives, donc multilatérales, que si elles sont dispensées par le Conseil de sécurité des Nations Unies au nom de tous, donc au nom de la communauté des nations. On peut donc dire qu’un Etat agit dans un certain cas, de façon multilatérale, c’est-à-dire, qu’il prend des décisions en commun avec d’autres Etats, ou alors, dans un cas isolé ou de façon générale, il peut également agir de façon unilatérale.


Il en va tout autrement avec l’adjectif «multipolaire». A un moment donné, la configuration de pouvoir au niveau global ou régional peut être unipolaire, bipolaire ou multipolaire. Ici, il n’est pas question – tout autrement qu’avec «unilatéral», «bilatéral» ou «multilatéral» – du nombre des Etats trouvant un accord au sujet de mesures particulières, mais du nombre de pôles de pouvoir au niveau global. Juste un indice pour préciser cette différence: dans un ordre multipolaire, un Etat peut – s’il le souhaite – agir de manière unilatérale, s’il pense être assez puissant pour le faire. S’il n’y a qu’un seul centre de pouvoir, l’Etat dominant sera constamment tenté d’agir comme il le désire, sans rechercher l’entente avec les autres Etats, puisqu’il n’existe aucun contrepoids à son pouvoir. Dans une telle configuration, il peut cependant de son propre chef également agir de manière multilatérale, c’est-à-dire, accorder sa position avec d’autres Etats – s’il en ressent la magnanimité ou – selon le point de vue – suffisamment d’indulgence.

Trois questions déterminantes concernant le sujet

Après cette clarification, nous pouvons rentrer in medias res, dans le vif du sujet. Comme je vois la chose, il y a trois questions déterminantes concernant le sujet – comment avancer au niveau international dans un monde multipolaire:

  1. Quelle est la marge d’action des acteurs étatique dans une constellation multipolaire, induisant idéalement, mais non nécessairement, aussi un équilibre de pouvoir multipolaire?
  2. Quelle est la particularité des relations internationales, lorsqu’il y a plus de deux pôles de pouvoir, c’est-à-dire, quelle en est la différence d’avec une configuration unipolaire ou bipolaire?
  3. Quelles sont les perspectives d’avenir de l’action interétatique dans un contexte multipolaire – ou, très concrètement, hic et nunc: comment passer d’une configuration unipolaire à une configuration multipolaire?

Le monde est dans une phase transitoire

Je pense qu’il est clair pour nous tous que le monde se trouve actuellement dans une telle phase transitoire et que nous nous trouvons pour l’instant dans une sorte de mélange hybride. L’ordre mondial n’est plus exclusivement unipolaire, mais il n’est pas non plus entièrement multipolaire. Il est évident qu’une telle époque de bouleversements comprend pour tout le monde de l’instabilité et des risques. Il y a cependant encore une autre incertitude. Dans cette phase transitoire, il est tout à fait possible que se forme une nouvelle bipolarité – par exemple «Etats-Unis – Chine». Il n’est pas possible de donner une évaluation exacte du parallélogramme des forces globales en présence.

Rétrospective historique

Afin de comprendre correctement la situation actuelle et estimer d’une manière réaliste les chances et les perspectives de l’action étatique, il faut effectuer une brève rétrospective historique. Au cours des siècles depuis le début de l’organisation étatique, les relations internationales ont essentiellement été des démonstrations de force régies par la loi du plus fort. Il n’y avait à cela aucun cadre (légal) normatif. Pour décrire cette situation, il y a en allemand une expression adaptée: l’«anarchie de la souveraineté».


Dès le XVIIe siècle, et surtout depuis le Traité de Westphalie qui mit fin à la guerre de 30 Ans, on a essayé de formuler des règles du jeu pour les relations interétatiques – et cela dans une sorte de cadre multipolaire. Mais ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que sont apparus les prémisses d’une codification universelle des règles devant être suivies par les Etats, ou plus exactement des règles que les Etats se sont volontairement engagés à respecter. On pourrait citer en exemples la Sainte-Alliance qui fit suite aux guerres napoléoniennes ou – à la fin du XIXe siècle – l’unification par les Conventions de La Haye et enfin, au siècle dernier déjà, la mise en forme d’un statut pour l’organisation nommée Société des Nations, devenue – après une autre guerre mondiale – l’Organisation des Nations Unies. Mais on doit admettre qu’il n’existe, à l’heure actuelle, aucun système de règles pour la mise en application homogène et généralisée de normes internationales sur lesquelles on se soit mis d’accord. Finalement, tout au long des siècles, le progrès a seulement consisté à continuellement préciser et à codifier davantage ces règles et principes.

Potentiel de la Realpolitik et le cadre légal

Ainsi, en ce qui touche au positionnement de chaque Etat dans la communauté mondiale, les relations internationales sont définies, aussi au début de notre millénaire, par une sorte d’interaction entre deux facteurs: d’une part, le potentiel de la realpolitik et d’autre part, le cadre légal. On ne peut considérer aucun de ces aspects isolés l’un de l’autre.
Passons ensuite au potentiel de realpolitik: on entend par là la capacité d’un Etat à exprimer ses intérêts vitaux – soit, à l’américaine «the national interest». Ceux-ci sont déterminés d’une part par les paramètres économiques, militaires et technologiques, donc selon le potentiel de pouvoir effectif d’un Etat. Entretemps, il est devenu à la mode d’y adjoindre l’aspect de «soft power». D’autre part, il dépend aussi du savoir-faire tactique et diplomatique d’un Etat, de la manière dont il s’investit concrètement – avec le potentiel de pouvoir dont il dispose – dans les divers débats et de sa capacité à participer à l’articulation mutuelle des intérêts, ou à négocier ses intérêts avec les autres sur la base de la réciprocité. Cette habileté diplomatique – comme on peut l’observer dans les politiques d’alliance d’un Etat – fait essentiellement partie de la force de realpolitik et se joint donc au potentiel effectif du pouvoir. Le rôle joué par Talleyrand lors du Congrès de Vienne en est un exemple particulièrement frappant: il était le représentant de la France postnapoléonienne – le perdant de la guerre! – et malgré le potentiel de pouvoir radicalement réduit de son pays, il a été capable de jouer un rôle tout à fait décisif dans les pourparlers.

Des principes légalement codifiés plutôt que l’«anarchie des souverainetés»

Le deuxième facteur important, outre le potentiel de la realpolitik, est le cadre légal. A cet égard il y a une différence fondamentale avec l’époque pré-moderne de l’anarchie des souverainetés. Alors que les conflits d’intérêts précédents prenaient un tour essentiellement belliqueux, ils peuvent à présent être négociés selon des règles précises – depuis que les principes légaux sont codifiés dans des accords. La structure des normes interétatiques toujours plus complexe devrait offrir – tout au moins selon sa conception – de la sécurité à l’acteur étatique de deux façons: d’une part dans la vie réelle, on pourrait aussi dire, au sens physique – en tant que protection des attaques et interventions contre sa souveraineté. C’est, par exemple, l’importance des dispositions dans la Charte des Nations-Unies ou, auparavant, dans le Pacte Briand-Kellog. D’autre part, l’ensemble codifié des normes devrait offrir un genre de sécurité de planification – selon le principe de la bonne foi. Un Etat doit pouvoir être sûr que les autres Etats agissent également selon le système de règles sur lequel il y a eu accord préalable.

Le dilemme des Nations Unies

Ce deuxième facteur – le cadre légal – n’est toujours pas entièrement développé. Il reste abstrait, si l’on ne le considère pas en rapport avec le potentiel de la realpolitik. A quoi servent les plus belles règles – sur le papier –, si un Etat n’est pas en mesure d’exiger leur respect face à d’autres acteurs potentiellement plus forts. Voilà en quoi consiste exactement, depuis sa fondation, le dilemme de l’Organisation des Nations Unies en tant que garant du droit et de la paix au niveau mondial.

L’unipolarité rend le cadre légal presque totalement inefficace

Les deux facteurs – le potentiel de la realpolitik et le cadre légal – sont mis en œuvre différemment selon la structure du système international (unipolaire, bipolaire, multipolaire). Quand l’un des deux domine – dans une situation d’unipolarité – les facteurs que j’ai mentionnés dans le second point – le cadre légal – demeurent en grande partie sans effet. Dans une telle configuration, ce sont avant tout les petits et moyens Etats qui y perdent leur marge de manœuvre – ce que nous avons tous pu observer durant les dernières décennies – par exemple, dans l’ordre bipolaire de la guerre froide. Dans des conditions d’unipolarité, l’Hégémon s’en tiendra au cadre légal uniquement tant que celui-ci ne s’oppose pas à ses intérêts vitaux. Pour illustration, on pourrait renvoyer à la politique de Donald Trump. La résiliation unilatérale par les Etats-Unis du traité conclu avec l’Iran a démontré de façon drastique aux gens de bonne foi les conséquences d’une politique unilatérale. Lorsqu’un Etat se sent si puissant qu’il pense ne pas devoir prendre en considération les intérêts d’autrui, alors il est capable d’ignorer les engagements des résolutions obligatoires du Conseil de sécurité des Nations-Unies ou ceux conclus par un précédent gouvernement, dans le cas où le gouvernement en poste pense qu’une telle position correspond mieux à ses intérêts nationaux.


Dans une configuration unipolaire, ce ne sont, pour les membres de la communauté internationale, pas tant les normes formellement en vigueur qui comptent, mais leur positionnement en realpolitik: soit en tant que vassal de l’Hégémon – ce qui a été, par exemple, pendant longtemps le rôle de l’Allemagne à l’égard des Etats-Unis – ou dans une tentative de se regrouper avec d’autres Etats. Nous en trouvons un exemple pour ce cas, dans les formes transnationales de coopération, comme par exemple les BRICS ou les initiatives au niveau régional telle l’Organisation de coopération de Shanghai. Il s’agit là d’une coordination politique entre Etats sympathisants dans le but de résister à la pression de l’Hégémon.

Stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire

Parmi les options de la realpolitik, il y a aussi la possibilité que certains Etats poursuivent une stratégie d’accès au pouvoir dans le domaine purement militaire, notamment en recourant à des armes de destruction massive. Cela signifie, on a pu l’observer tout récemment avec l’exemple de la crise au sujet de la Corée du Nord. Concernant la problématique des armes nucléaires dans le contexte de la realpolitik, il existe également une intéressante – et sibylline – étude («Advisory Opinion») de la Cour de justice internationale qui a évoqué le tabou de la question de l’admissibilité des armes nucléaires dans sa réponse à la question qui lui avait été posée à ce sujet par l’Assemblée générale, à savoir si, dans un cas où il s’agit de la survie d’un Etat en tant que tel, la question de l’utilisation d’armes de destruction massive ne devait pas être considérée autrement que seulement sur un plan formel (uniquement aux termes de la loi).

Davantage de marge de manœuvre dans un ordre multipolaire

Les options – brièvement esquissées – d’action des Etats dans le contexte unipolaire contiennent déjà en elles-mêmes les prémisses de l’émergence d’un ordre multipolaire dans lequel plus de deux centres de pouvoir négocient les règles du jeu des relations internationales et articulent ensuite leurs intérêts dans le cadre de ces règles. Il est évident que dans un tel cadre l’acteur indépendant – en comparaison du scénario unipolaire – possède une marge de manœuvre clairement plus étendue. Il n’est plus alors livré, pour le meilleur et pour le pire, à la volonté d’un Hégémon, mais peut articuler ses intérêts en coopération avec d’autres acteurs, ce qui lui ouvre toujours plusieurs options. Il peut rejoindre un groupement régional ou en créer un autre, ou participer à un forum de coopération transnational. Mentionnons comme exemples, les BRICS ou le G20. Un Etat peut également se positionner en tant que médiateur neutre, comme le démontre manifestement la politique extérieure de la Suisse. Dans une constellation bipolaire, comme durant la guerre froide, cette politique peut cependant développer une plus importante efficacité. (Cela correspond aussi à l’expérience de la diplomatie autrichienne jusqu’à son entrée dans l’Union européenne.)

Aucune obligation à participer à un des centres du pouvoir

Dans cette comparaison des différents types d’ordre universel, il est important de souligner que la multipolarité ne veut pas dire que chaque Etat aurait l’obligation de se joindre à l’un des centres du pouvoir existant (et donc de se soumettre) – et que de cette façon, les petits Etats seraient pour ainsi dire marginalisés. La multipolarité signifie au contraire l’existence de plusieurs pôles de pouvoir pouvant se former autour d’Etats indépendants, mais aussi autour de groupements d’Etats ou d’organisations interétatiques ne s’étendant pas nécessairement au monde entier. Là aussi, il y a pour un Etat indépendant la possibilité fondamentale de s’abstenir ou de décider de façon autonome s’il nécessite une sécurité supplémentaire en intégrant une organisation existante ou non. Il y a donc une large marge d’appréciation et de manœuvre diplomatique. Les petits Etats ne sont donc pas contraints à se joindre à un groupe de pays.


L’avantage décisif de la configuration multipolaire – plutôt complexe, il faut le reconnaître – est que chaque acteur, indépendamment de sa taille et de son pouvoir, a une marge de manœuvre – on pourrait aussi dire un espace de liberté – relativement plus grande que dans l’ancienne configuration unipolaire. Pour les Etats de moindre importance, un cadre multipolaire constitue clairement une meilleure garantie pour la sauvegarde de leur indépendance, qu’un système hégémonique ou aussi bipolaire.


Même si dans une configuration à deux pôles de pouvoir des Etats neutres avec un bon savoir-faire diplomatique parviennent dans des cas isolés, à avoir un «poids» plus considérable que dans un contexte multipolaire, il y a, vu les conditions structurelles de cet équilibre de pouvoir, toujours un danger accru d’être aspiré dans la domination régionale d’un des deux pôles ou alors d’être repoussé dans l’«arrière-cour» d’une des superpuissances. Les risques sont donc plus élevés que de se placer dans le cadre d’une multitude d’Etats se trouvant en concurrence ou en coalition et s’inscrivant avec dynamisme dans le polygone des forces continuellement changeantes.

Ni Etat mondial, ni gouvernement mondial

Dans le monde multipolaire de l’avenir se dessinant d’ores et déjà, il y a l’opportunité pour chaque Etat d’affirmer sa souveraineté dans la coopération librement négociée sur la base de la réciprocité avec les autres pays. Malgré la grande fluctuation – il faut en convenir – de cette configuration, il s’agit probablement de la meilleure option que la formation d’un Etat mondial dont le quotidien politique – si j’ose ironiquement m’exprimer ainsi – serait structurellement absolument semblable aux conditions dans un ordre mondial unipolaire. L’Hégémon imposant sa volonté à tous les Etats, serait, au sein de la construction d’un Etat planétaire, remplacé purement et simplement par une sorte de gouvernement mondial qui absorberait la diversité des peuples et des cultures par son exercice de son pouvoir central. Il y a là une forte ressemblance structurelle avec l’unipolarité.


Pour terminer, permettez-moi mon ceterum censeo, en dernier ajout. L’ONU, l’Organisation des Nations-Unies fondée à la suite de la Seconde Guerre mondiale, ne pourra survivre en tant que projet mondial que si elle fait son deuil de l’idée d’un gouvernement mondial exercé par un Conseil de sécurité doté de plein-pouvoirs dictatoriaux et qu’elle réussit à se transformer en un cadre normatif et organisationnel pour un nouvel équilibre multipolaire des pouvoirs. La subordination persistante de la communauté mondiale à la volonté des cinq Etats les plus puissants de l’époque – c’était la multipolarité de 1945! – est, au sein du nouveau cadre se dessinant actuellement, un anachronisme dangereux pouvant finalement faire éclater tout le système.    •
(Traduction Horizons et débats)

 
Hans Köchler

Hans Köchler a été de 1990 à 2008 directeur de l’Institut de philosophie de l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du Groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie inter­nationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler.
Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II.
Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation, au sein de diverses organisations internationales, à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public.
Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale.
Le texte que nous reproduisons ici est la version autorisée d’un discours donné par M. Köchler lors du colloque de septembre «Mut zur Ethik», le 1er  septembre 2018 à Sirnach en Suisse.

Apokalypse auf halbem Weg

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Apokalypse auf halbem Weg

 

In seinem neuesten Buch sieht Michael Lüders den Orient am Abgrund. Und spiegelt dabei deutsche Dämonen.

„Armageddon im Orient – wie die Saudi-Connection den Iran ins Visier nimmt“, so der programmatische Titel. Der Autor der beiden Bestseller „Wer den Wind sät“ und „Die den Sturm ernten“ legt damit nach.

Mutig für Moslems

Lüders, so viel zur Person, ist studierter Politologe und Islamwissenschaftler, betreibt eine auf den Mittleren Osten spezialisierte Beraterfirma, ist Autor zahlreicher Sachbücher zu dieser Region, sowie einer Handvoll Romane. Er ist außerdem der Nachfolger Peter Scholl-Latours als Präsident der Deutsch-Arabischen Gesellschaft.

Die emotionale Bindung an die islamische Welt mag erklären, warum sich Lüders mit seinem neuen Buch so weit aus dem Fenster lehnt und gleichzeitig im Rahmen bleibt. „Armageddon im Orient“ ist ein sehr mutiges Buch, allerdings nur im Einsatz für Orient und Islam.

Lüders stellt darin nicht nur die im Untertitel so bezeichnete „Saudi-Connection“ an den Pranger, sondern ebenso in einer für westliche Länder und insbesondere Deutschland ganz außergewöhnlichen Schärfe und Deutlichkeit den jüdischen Einfluß auf die amerikanische Politik.

Von dieser amerikanischen Politik zeichnet er allerdings ein Zerrbild, daß primitiver in keinem Pamphlet gegen die „alten weißen Männer“ zu finden ist. Präsident Trump sei „die Verkörperung eines karikaturhaften Simpels“, dessen Politik der Gipfel der Plutokratie sei, in der reiche Großspender für die entsprechende Summe alles haben könnten. Seine Präsidentschaft sei die unverhüllte Fortsetzung der Privatgeschäfte mit anderen Mitteln.

Beweise?

Aus diesem Grund folgt Lüders Entstehungsgeschichte der Trumpschen Nahostpolitik auch großteils den Spuren von Jared Kushner. Die Geschäfte des jüdischen Schwiegersohns von Trump mögen noch so zwielichtig und seine Parteinahme für Israel noch so offensichtlich sein, Lüders Behauptung, der saudische Boykott Katars sei von Kushner eingefädelt worden, um Katar dafür zu bestrafen, daß sein Staatsfonds eine Verhandlung über die Refinanzierung einer Immobilie der Kushner Company platzen ließ, bedürfte starker Indizien und nicht nur der Spekulation.

Mit zweierlei Maß

Während Lüders seinen Lesern kompetent die politischen Verstrickungen des Orients entwirrt, bleibt die westliche Politik holzschnittartig primitiv: Trump habe sich von Saudis und jüdischen Zionisten kaufen lassen. Eine Betrachtung über die Verbindung von Innen- und Außenpolitik, wie er sie den Ländern des Orients angedeihen läßt, findet nicht statt.

Während er richtigerweise vor den Falschbehauptungen und der Gräuelpropaganda in der westlichen Presse warnt und seinen Lesern den machtpolitischen Hintergrund dieser Berichterstattung vor Augen führt, belegt er Behauptungen über den amerikanischen Präsidenten unreflektiert mit Zitaten aus amerikanischen Zeitungen, die Trump aus hauptsächlich innenpolitischen Gründen seit drei Jahren bis aufs Messer bekämpfen.

Selbst bei Zitaten aus „Fire and Fury“ läßt Lüders jegliche Quellenkritik vermissen. Obwohl es sich beim Autor dieses Buches um den Skandaljournalisten Michael Wolff handelt, gegen dessen Arbeitsweise auch bei früheren Veröffentlichungen erhebliche Vorwürfe erhoben wurden.

Während er immer wieder vor den moralischen Simplifizierungen warnt, mit denen die Propagandapresse die Weltpolitik in Gut und Böse einteilt, hat er am Ende seines Buches einfach die Rollen vertauscht. Nun steht das „anti-schiitische Dreieck“ aus Washington, Tel Aviv und Riad als großer Bösewicht da, während man für die Interessen Assads, Rußlands und des Irans Verständnis aufzubringen habe.

Dieses Messen mit zweierlei Maß hat System. Lüders füllt eine bestimmte Nische aus. Er bietet seinen Lesern scharfe Kritik an dem Narrativ, das uns tagtäglich aus der Mainstreampresse entgegenschallt. Diese Kritik untermauert er mit einer einseitig vereinfachten, aber umso eindringlicheren Beschreibung der Machtfaktoren, die den Mittleren Osten prägen.

Das ist erst einmal nicht schlecht. Aus meiner eigenen Jugenderfahrung kann ich bestätigen, daß dergleichen Literatur gerade bei jungen Menschen geeignet ist, überhaupt erst einmal die Ausbildung eines Bewußtseins zu fördern, das in politischen Tatsachen denkt, anstatt der planmäßigen Verblödung durch unsere politische Bildung zu folgen.

Trotzdem gegen das Eigene

Lüders liefert seinen Lesern aber gleichzeitig etwas, wovon ein Großteil des kritischen politischen Publikums doch nicht lassen will: Jenem schäbigen Überlegenheitsgefühl, daß dadurch entsteht, die eigenen Leute herunterzumachen. Das Selbstbild eines aufgeklärten Kämpfers für die von der eigenen Gemeinschaft Unterdrückten. Es ist die stärkste Triebkraft des etwas unglücklich als „Ethnomasochismus“ bezeichneten Phänomens.

Der Leser bekommt von Lüders ein Gefühl vermittelt, ähnlich demjenigen, daß ein grüner Student hat, nachdem ihm sein Postkolonialismusprofessorx erklärt hat, wie der strukturelle Rassismus Braune und Schwarze überproportional arbeitslos macht.

Am Ende seines Buches fordert Lüders die europäischen Staaten auf, Washington gegenüber entschlossen und einig ihre Interessen zu wahren. Doch diese Interessen bestehen für Lüders nur darin, keine armen Moslems zu bombardieren und keine Flüchtlingsströme abzubekommen, welche den Populismus förderten und der liberalen Demokratie schadeten. Eine sichere Grenze scheint ihm hierfür allerdings keine Lösung zu sein.

Keine eigenen Interessen

Hier liegt der Hund begraben. Lüders kennt keine eigenen Interessen Deutschlands, jedenfalls nicht des deutschen Volkes, allenfalls der Bundesrepublik. Für seine Liebe zur islamischen Welt riskiert er das Todesurteil der westlichen Nachkriegsöffentlichkeit: Antisemit zu sein. Doch bricht er nicht aus dem Opferspiel aus, er nimmt nur die Underdogs unter den Opfern, die Muslime, gegen die jüdischen Edelopfer in Schutz.

Seinem eigenen Nicht-Opfer-Volk fehlt in diesem Schema die Rechtssubjektivität. Ebenso allen anderen westlichen Ländern. Deshalb kann er nicht verstehen, daß der Orient nicht gerade Trumps oberste Priorität ist, er es sich aber nicht leisten kann, jene Republikaner im Kongreß zu verlieren, die bei AIPAC auf der Soldliste stehen. Lüders kommt gar nicht auf den Gedanken, daß ein Amerikaner die geplante Umsiedelung der Palästinenser auf die Sinaihalbinsel bedauern mag, die geplante Umsiedelung von Guatemalteken nach Iowa und Wisconsin hingegen als direkte Bedrohung auffaßt.

Kein Horrorszenario im Orient, sondern nur die Wiedergewinnung unseres Status als eines eigenständigen Rechtssubjekts kann uns die Handlungsfähigkeit zurückgeben, eigene Interessen zu vertreten und unabhängig von dem heuchlerischen Geschrei fremder Interessengruppen zu wahren.

Michael Lüders: Armageddon im Orient, Wie die Saudi-Connection den Iran ins Visier nimmt, München 2018, 272 S., 14,95 €. ISBN 978-3-406-72791-7

samedi, 10 novembre 2018

La guerre des Six Jours : un tournant militaire, politique et sémantique

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La guerre des Six Jours : un tournant militaire, politique et sémantique

Article publié le 5 juin 2017, à l’occasion des cinquante ans du conflit, sur le site Philitt.

C’était il y a cinquante ans. Le lundi 5 juin 1967, Israël lançait une gigantesque offensive militaire contre trois armées arabes : l’Égypte de Nasser, la Syrie du parti Baath (dirigée alors par Noureddine al-Atassi) et la Jordanie du roi hachémite Hussein. Ce troisième conflit israélo-arabe, court et intense, constitue un tournant certain pour le monde arabe et, à certains égards, dans les relations internationales.

Après la Nakba (le désastre) de 1948, soit l’exode de plus de 700 000 Palestiniens après la première guerre, et la campagne de Suez en 1956 contre l’Égypte de Nasser, menée par la France, le Royaume-Uni et Israël, la guerre des Six Jours est le troisième conflit israélo-arabe en moins de vingt ans. Et il y en aura bien d’autres. Chacun de ces conflits peut être considéré comme un tournant : celui de 1948  installe Israël dans la région et provoque des départs palestiniens massifs (notamment dans les pays arabes voisins) et celui de 1956 fait du zaïm égyptien Nasser une figure tutélaire du nationalisme arabe, un véritable héros. La guerre de 1967, notamment à cause de l’occupation et de l’annexion de territoires arabes qui s’ensuivent, contribue à plonger le monde arabe dans des impasses politiques et intellectuelles.

Inutile de revenir sur les détails militaires du conflit. Si l’enchaînement des événements est connu et admis, leur interprétation est loin de faire l’unanimité. Le conflit a commencé par une attaque de l’aviation israélienne, tandis que les aviations arabes étaient encore au sol. Les Mirage III français achetés par Israël ont pu ainsi prouver leur efficacité. Le casus belli fut le blocus du détroit de Tiran imposé par l’Égypte aux navires israéliens dès le 23 mai, action qui s’ajoute au départ des troupes onusiennes exigé par Nasser. Seulement, il est difficile de considérer honnêtement qu’il s’agissait d’une réponse israélienne à des velléités belliqueuses de la part de l’Egypte : la guerre des Six Jours s’apparente davantage à une agression israélienne préméditée, dont les motivations dépassent largement les actes et les discours du mois précédant le conflit.

Cette guerre est souvent décrite comme la première guerre de l’eau. De ce point de vue, c’est davantage le front syrien que le front égyptien qu’il convient d’observer. Dans ses mémoires, l’ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon (qui commandait une division au moment des faits) le reconnaît volontiers : deux ans et demi avant le début du conflit, Israël avait déjà prévu d’intervenir en réponse au projet syrien de détournement des eaux du Jourdain dans le Golan. Ce détournement faisait lui-même suite à la construction d’un canal israélien destiné à détourner ces eaux depuis le lac Tibériade. L’occupation du Golan à l’issue du conflit apparaît ainsi comme un but de guerre et non comme un butin accidentel.

La guerre des Six Jours constitue une rupture militaire, politique et sémantique à trois niveaux. A l’échelle mondiale, notamment dans le cadre de la guerre froide et de la politique étrangère de la France dans la région ; à l’échelle du monde arabe, y compris d’un point de vue idéologique ; enfin, à l’échelle de la question palestinienne.

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Un tournant politique et militaire

En 1967, les relations américano-soviétiques se caractérisent par une relative « détente » et les États-Unis du président Lyndon Johnson commencent à afficher une véritable proximité avec Israël, certes encore éloignée du soutien inconditionnel que nous connaîtrons plus tard, mais contrastant avec les pressions américano-soviétiques contre l’expédition de Suez en 1956. La position américaine est alors délicate : le soutien apporté à Israël est atténué par la crainte d’une déstabilisation du régime jordanien et d’une défaite arabe telle qu’elle rendrait l’intervention militaire des Soviétiques possible. Pour ce qui est de ces derniers, leur véritable rôle n’est pas tout à fait clair. Ont-ils encouragé les armées arabes à provoquer un conflit et à se préparer à celui-ci ? Ou ont-ils plutôt voulu l’éviter ? Des archives polonaises portant sur la session plénière du Comité central du Parti communiste du 20 juin 1967 semblent révéler que Léonid Brejnev n’avait aucune intention de déclencher ce conflit et que son influence sur les armées arabes (syrienne et égyptienne) était limitée.

Ces mêmes archives révèlent que Moscou avait prévenu Nasser des intentions israéliennes d’attaquer la Syrie dès avril-mai 1967 afin qu’il mobilise ses troupes pour aider ses alliés syriens, pensant qu’Israël ne pouvait tenir sur deux fronts[1]. Une erreur de calcul manifeste. Notons que l’historiographie soviétique associe, de son côté, cette défaite arabe au manque de préparation des militaires arabes, à une manipulation américaine des moyens de liaison ou à des manipulations internes à l’appareil militaire égyptien : des généraux égyptiens formés en « Occident » auraient voulu faire échouer Nasser afin de susciter un rapprochement avec les États-Unis. L’ironie voudra que ce rapprochement (et incidemment l’éloignement égypto-soviétique) se fasse après le relatif succès du conflit suivant en 1973 (toujours avec des armes soviétiques).

En France, cette guerre révèle une autre rupture vis-à-vis d’Israël. La France, sous le général de Gaulle, n’est plus ce fidèle allié qu’elle a été depuis 1945 (y compris pour les groupes armés précédant l’État, décrits comme terroristes par les forces britanniques). Avec l’indépendance de l’Algérie en 1962 et la volonté de mener une politique étrangère indépendante et équilibrée, il n’est plus question de poursuivre le soutien inconditionnel offert par la IVe  République. Dès 1958, le général de Gaulle remet en cause la coopération nucléaire entre les deux pays. En novembre 1967, dans une conférence de presse restée célèbre (pour de mauvaises raisons), il fait du conflit un diagnostic implacable et sans concession : « […] A la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître en effet un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir […] C’est pourquoi, d’ailleurs, la Ve République s’était dégagée vis-à-vis d’Israël des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet État […] Hélas, le drame est venu. Il avait été préparé par une tension très grave et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie et aussi des menaces de destruction prodiguées contre Israël […] Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré qu’éventuellement il donnerait tort à quiconque entamerait le premier l’action des armes […] On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé en six jours de combats des objectifs qu’il voulait atteindre, maintenant, il organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression et expulsions. Et il s’y manifeste contre lui la résistance qu’à son tour il qualifie de terrorisme […] » Ces mots forts, prononcés par un homme qui en connaît la teneur mieux que quiconque, révèlent une lucidité et une clairvoyance aussi inaudibles en 1967 qu’elles peuvent encore l’être aujourd’hui. Un discours singulier, bien différent des douces mélodies pro-israéliennes de Serge Gainsbourg (Le sable et le soldat) et d’Adamo (Inch’Allah).

images.jpgDans le monde arabe, à la défaite militaire s’ajoute la défaite symbolique. Il y a bien évidemment l’humiliation de l’occupation : le Sinaï égyptien (qui sera récupéré par le président Sadate), le Golan syrien (annexé en 1981), les fermes libanaises de Chebaa et les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie (dont Jérusalem-Est), administrés auparavant par l’Égypte et la Jordanie. Il y a aussi la spoliation du peuple palestinien, qui se retrouve occupé et malmené pendant des décennies par une puissance étrangère. Mais il y a aussi l’échec du nationalisme arabe qui en annoncera bien d’autres. Cet échec de trois grandes armées arabes encouragera le réveil de la résistance palestinienne. Dans les années 1970, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) jouera un rôle analogue à celui de Nasser, décédé en 1970. En Jordanie comme au Liban, Yasser Arafat apparaîtra comme une figure tutélaire à son tour, stimulé par quelques succès militaires dont les grandes armées arabes ont été incapables. On retrouvera ce phénomène avec le Hezbollah libanais. Un peu plus de dix ans après cette guerre, à la cause arabe contre Israël se substituera une cause nouvelle, nourrie par la montée du wahhabisme à la faveur des pétrodollars, celle de la guerre d’Afghanistan (1979). Tandis que l’Égypte vient de signer un traité de paix avec Israël (ce que la Jordanie fera en 1994), des milliers de combattants venus du monde arabe se retrouveront ainsi plongés dans un conflit lointain au nom d’une appartenance religieuse, encouragés par les Américains et contre l’ennemi « impie » tout désigné : l’Union soviétique.

Un tournant sémantique

La guerre des mots se joue d’abord aux Nations unies. Quelle résolution adopter au Conseil de sécurité des Nations unies ? Moscou, qui condamne « l’agression israélienne », souhaite un « retrait de tous les territoires occupés ». La France du général de Gaulle va dans le même sens en se montrant plus modérée : il faut condamner Israël pour avoir déclenché les hostilités, lui demander d’évacuer les territoires occupés et demander aux États arabes de reconnaître à Israël le droit d’exister. Sur la question de l’occupation, Moscou et Paris se heurtent à Washington. Les Américains rejettent la formulation toute simple « retrait des territoires occupés ». Les Britanniques réussissent alors à imposer une version consensuelle : « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit ». La résolution 242 est adoptée par le Conseil de sécurité le 22 novembre 1967, quelques jours avant la fameuse conférence de presse du général de Gaulle. Une résolution jamais appliquée qui fera couler beaucoup d’encre. Entre autres raisons, parce que la version anglaise est moins précise que la version française. La version anglaise évoque un retrait « from territories occupied in the recent conflict » (l’absence d’article permettant de traduire par « de certains territoires »), tandis que la version française, plus précise, évoque le retrait « des territoires occupés » (donc de la totalité d’entre eux).

Un texte peut-il décemment exiger le retrait de certains territoires tout en laissant l’occupant décider desquels ? Ce flou voulu par Israël et installé par les grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, sera sans cesse alimenté. C’est ce même flou qui avait caractérisé le début du conflit, lorsque l’agression était présentée comme une guerre défensive. En France, une bonne partie de l’intelligentsia de l’époque veut croire à l’histoire de David contre Goliath – David n’étant pourtant pas connu pour ses « attaques préventives ». Car c’est de cela qu’il s’agit : une agression présentée comme une « attaque préventive », qui conduira à l’occupation, annonçant elle-même l’annexion et la colonisation. Les territoires occupés seront, quant à eux, des territoires « disputés », pour reprendre le discours officiel israélien. Les exemples ne manquent pas de ces audaces sémantiques annoncées par la guerre de 1967 : le nom biblique de Judée-Samarie plutôt que la profane Cisjordanie, la formule générique d’ « Arabes de Palestine » plutôt que l’admission de l’existence d’un « peuple palestinien », etc.

L’agression israélienne de 1967 était la première étape d’une stratégie bien préparée. D’abord, s’étendre et contrôler les ressources hydrauliques. Puis, faire la paix avec les États arabes voisins affaiblis séparément. Notons que si cela a fonctionné avec l’Égypte et la Jordanie, les tentatives avec la Syrie et le Liban ont échoué. Enfin, isoler les Palestiniens et noyer leur cause. De perversion sémantique en perversion juridique, jamais la situation n’aura été aussi déséquilibrée… et jamais les discours n’auront autant feint l’équilibre. Le langage de vérité du général de Gaulle en 1967 apparaîtrait aujourd’hui comme une intolérable provocation. Telle est pourtant la nécessité qu’impose la compréhension des faits : se réapproprier les mots justes.

Adlene Mohammedi

Note : 

[1] Uri Bar-Noi, “The Soviet Union And The Six-Day War: Revelations From The Polish Archives”, Cold War International History Project, Wilson Center, 7 juillet 2011. URL : https://www.wilsoncenter.org/publication/the-soviet-union....

vendredi, 09 novembre 2018

Le Brésil de Bolsonaro et les relations internationales

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Le Brésil de Bolsonaro et les relations internationales

par Romain Migus 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Ca y est. «Ele foi eleito presidente». Il est élu. Lui, c’est Jair Messias Bolsonaro, le nouveau président du Brésil. Ces derniers jours, impossible d’échapper aux différents commentaires – généralement d’indignation – qui accompagnent le résultat des élections présidentielles dans la 8e puissance mondiale.

Cette effervescence médiatique autour du nouveau président brésilien s’explique par deux phénomènes. D’une part, elle est en partie motivée par la déferlante actuelle de nouveaux acteurs populistes conservateurs sur la scène politique occidentale. Jair Bolsonaro viendrait en effet confirmer une tendance actuelle à la contestation apparente d’un ordre politique qui allait de soi, il y a encore quelques années.

D’autre part, le retentissement de l’élection de cet homme politique, aux déclarations aussi violentes que controversées, est aussi dû au poids que représente ce pays-continent au niveau international. Or qu’en est-il vraiment ? La marche du monde va-t-elle être bouleversée par l’accession au pouvoir de Jair Bolsonaro ?

Que change l’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir ?

Durant la première décennie du XXIe siècle, l’Amérique Latine s’était dotée d’organismes supranationaux dont le but était de renforcer l’intégration et la coopération entre les pays latino-américains. Une vision indépendante qui permettait de bâtir des solutions communes hors de l’ingérence de Washington. La construction d’un monde multipolaire, et l’édification d’une diplomatie Sud-Sud visant à l’élaboration de politiques conjointes en matière de finances, de développement, d’agriculture, d’énergie et de commerce, ont été l’horizon commun de la plupart des pays latino-américains durant la décennie précédente. Durant cette période, le Brésil de Lula a joué un rôle prépondérant dans la construction de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), de la  Communauté d’Etats latino-américains et caribéens (Celac), ou encore du forum bi-régional Amérique du Sud-Afrique (ASA), qui regroupait 55 pays d’Afrique et 12 d’Amérique du Sud.

Ce panorama régional était déjà largement écorné avant l’élection de Jair Bolsonaro. Sous les coups de butoir d’une droite décomplexée, qui a rongé son frein pendant une décennie, l’Unasur traverse une crise sans précédent. Six pays sur les douze qui la composent (dont le Brésil) ont fait connaître leur souhait de suspendre leur participation à cet organisme (1). Quand au Forum ASA, il est au point mort et n’a plus tenu de réunion plénière depuis 2013.

Comment en est-on arrivé là ? Les raisons sont avant tout politiques. L’arrivée au pouvoir de plusieurs gouvernements de droite a changé la donne. Ces gouvernements, dont la ligne politico-économique renoue avec le néolibéralisme, préfèrent établir des traités économiques bilatéraux ou des accords commerciaux régionaux – comme l’Alliance du Pacifique rassemblant le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique – plutôt que de parier sur la coopération comme moteur du développement régional. Jair Bolsonaro s’insère dans cette dynamique et il y a fort à parier que son élection mettra un coup d’arrêt aux organismes de coopération régionale, ainsi qu’à la dynamique des relations Sud-Sud.

Même s’il existe, pour l’instant, plus d’indices que de propositions programmatiques chez le nouveau président brésilien, on peut d’ores et déjà déceler une certaine cohérence entre son programme économique ultra-libéral et sa vision internationale. Tout comme il rejette toute régulation de l’économie par les secteurs étatiques, il n’acceptera aucune contrainte internationale qui pourrait aller à l’encontre de la réalisation de son projet politique.

Ce qui est choquant n’est pas tant la réaffirmation de la souveraineté brésilienne sur les 3/5e de la forêt amazonienne, que son projet politique et économique aux antipodes des préoccupations écologiques internationales

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre sa position par rapport à l’Accord de Paris. Jair Bolsonaro a réaffirmé qu’il n’en sortirait pas à la condition qu’aucune contrainte écologique extérieure n’entrave son projet de développement de l’agro-industrie, de l’élevage intensif et de l’industrie minière dans la région amazonienne.

Ce qui est choquant n’est pas tant la réaffirmation de la souveraineté brésilienne sur les 3/5e de la forêt amazonienne, que son projet politique et économique aux antipodes des préoccupations écologiques internationales (2). Le futur nous dira qui gagnera ce bras de fer. L’Accord de Paris résistera-t-il à la sortie du Brésil après celle des Etats-Unis ? Ou tout sera-t-il fait pour éviter une sortie du géant sud-américain ? La réponse semble déjà faire partie de la question.

Les positions de Jair Bolsonaro nous rappellent surtout qu’aucun traité ou organisme international ne réussit à s’imposer aux choix politiques et économiques d’une nation souveraine, si détestables qu’ils puissent nous paraître.

Il en a été de même par le passé lorsque les gouvernements de gauche d’Amérique latine ont fait capoter l’Accord de libre-échange pour les Amériques (3) ou lorsque le Venezuela décida de se retirer de la Communauté andine des nations, sans que le ciel ne lui tombe sur la tête. En dernier lieu, le dépositaire de la souveraineté reste le peuple et son expression électorale. A moins de remettre en cause le principe de démocratie représentative, mais ceci est un autre sujet.

Relations ambiguës avec la Chine

Quelle peut être la marge de manœuvre du nouveau président brésilien face à la Chine ? Durant sa campagne, Jair Bolsonaro a multiplié les déclarations hostiles et provocantes contre la grande nation asiatique. Sa volonté de s’aligner sur la diplomatie de Washington pourrait laisser penser qu’un virage diplomatique drastique pourrait être opéré.

Les relations de Brasilia avec Beijing devront se faire sous l’angle du pragmatisme économique et non de l’idéologie

Néanmoins, la réalité des liens entre la Chine et le Brésil devrait pousser le nouveau chef d’Etat à une position plus pragmatique, surtout à court et moyen terme, le mandat présidentiel ne durant que quatre ans. En effet, 54 milliards de dollars ont été investis par les Chinois sur une centaine de projets de 2003 à 2018. Le gouvernement non élu de Michel Temer, peu suspect de sympathie pour le communisme ou le monde multipolaire a, sur la seule année 2017, porté les investissements du géant asiatique à 10,8 milliards de dollars. Ni les Etats-Unis, ni l’Europe n’étant en mesure de constituer une alternative crédible à cet investissement massif, les relations de Brasilia avec Beijing devront se faire sous l’angle du pragmatisme économique et non de l’idéologie.

Même si le Brésil pourra restreindre certains investissements chinois, tourner le dos aux Brics (4) ou à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures, dont le Brésil fait partie, reste peu probable sinon suicidaire pour son économie. De même, il ne semble pas vraisemblable que le Brésil s’isole du projet de Nouvelle route de la soie en Amérique Latine, négocié au sein du Forum Celac-Chine, laissant ainsi des concurrents régionaux profiter des avantages tirés de tels accords.

Qui plus est, si les exportations brésiliennes vers la Chine représentaient à peine 2% avant l’arrivée de Lula au pouvoir, elles totalisent en 2018, 26% du total des exportations, principalement dans le domaine de l’agro-business, l’un des piliers du soutien au nouveau président brésilien. Si le Brésil est en droit de diversifier les pays où il exporte, via l’accord Union européenne-Mercosur, par exemple, le marché chinois apporte un débouché bien plus sûr et stable pour ses produits que ne pourrait l’être l’Europe ou les Etats-Unis, régions du monde où commence à s’agiter l’étendard du protectionnisme économique.

Le Venezuela

L’un des thèmes récurrents de la campagne de Bolsonaro a été le Venezuela. Rien d’étonnant. Depuis quelques années, le pays bolivarien s’invite en guest-star de nombreux processus électoraux à travers le monde. Du Chili à l’Espagne en passant par l’Argentine, la France et même les Etats-Unis, une campagne électorale ne semble pas être aboutie sans qu’une référence au modèle chaviste soit utilisée par les candidats de droite pour stigmatiser leurs adversaires politiques.

Jair Bolsonaro n’a pas fait exception à cette règle, vociférant tout au long de la campagne qu’il mettrait tout en œuvre pour que «le Brésil ne devienne pas un autre Venezuela». Nul doute que le nouveau président brésilien augmentera la pression politique et diplomatique contre son voisin. L’échange téléphonique entre Mike Pompeo et le nouveau président du Brésil au lendemain de son élection va dans ce sens. Le secrétaire d’Etat étasunien ayant évoqué une nécessaire coordination entre les deux pays sur la question du Venezuela.

Le Venezuela deviendra un argument de change dans les relations qu’entretiendra Jair Bolsonaro et son équipe avec l’administration Trump, fervent opposant au gouvernement de Nicolas Maduro

Dans ce contexte, comment interpréter les déclarations de certains proches du nouveau président ? Son fils Eduardo, ainsi que le général Augusto Heleno y Luiz Philippe de Orleans, pressentis pour occuper respectivement le ministère de la Défense et celui des Affaires étrangères ont laissé entendre qu’une intervention militaire contre le pays bolivarien n’était pas à exclure. Si Jair Bolsonaro s’est lui même défendu de toute aventure guerrière, il paraît évident que le Venezuela deviendra un argument de change dans les relations qu’entretiendront Jair Bolsonaro et son équipe avec l’administration Trump, fervent opposant au gouvernement de Nicolas Maduro.

Il faut aussi se rappeler que l’Etat du Roraima, frontalier avec le Venezuela, est alimenté en électricité par le pays bolivarien. Dans un conflit aggravé, le Venezuela disposerait donc de la possibilité de rationner cet approvisionnement et de générer une situation chaotique dans un Etat désormais gouverné par Antonio Denarium, un partisan du président élu (5).

Une intervention du Brésil en terres bolivariennes aurait des répercussions sur tout le continent. Non seulement le Venezuela compte sur des soutiens diplomatiques ou militaires de poids (russes, chinois et cubains) mais la nouvelle doctrine militaire de ce pays, élaborée dès 2005, mise sur une stratégie adaptée aux conflits non conventionnels et à la guerre de quatrième génération.

Agresser le Venezuela reviendrait à créer une poudrière régionale et un bourbier militaire qui s’étendrait sur plusieurs années. Pas sûr que le Brésil sorte vainqueur d’un tel affrontement ni que Bolsonaro y gagne en popularité.

Israël et le Proche Orient

Jair Bolsonaro entretient des liens politiques et religieux très fort avec Israël et s’est même fait baptiser dans les eaux du Jourdain. Il a plusieurs fois rappelé son attachement à la «démocratie israélienne» qu’il considère comme un exemple à suivre. Ce faisant, il se démarque de la politique extérieure du PT qui avait reconnu l’Etat de Palestine et rappelé son ambassadeur en Israël pour protester contre l’opération Bordure Protectrice en 2014.

De la même manière, le gouvernement de Dilma Roussef s’était opposé à la nomination de Dani Dayan comme ambassadeur de Tel Aviv au Brésil. Motif invoqué : alors que le gouvernement brésilien dénonçait l’occupation de la Palestine, Dani Dayan, membre du parti extrémiste Foyer Juif, et ancien président du conseil de Yesha, qui représente les intérêts des colons israéliens, pouvait perturber les relations entre les deux pays. Une campagne de soutien au diplomate israélien avait été orchestré par la députée Geovania da Sé, membre du groupe parlementaire évangéliste à l’assemblée brésilienne, groupe parlementaire qui comptait parmi ses membres un certain Jair Bolsonaro (6).

Le « nationaliste » Bolsonaro au cours d’un discours

Suivant le mouvement initié par Donald Trump, ce dernier a annoncé le transfert de l’ambassade brésilienne à Jérusalem et a promis de fermer l’ambassade de l’Etat Palestinien, ouverte en 2016 en déclarant : «La Palestine est-elle un pays ? La Palestine n’est pas un pays, donc elle ne devrait pas avoir d’ambassade ici».

Le Brésil de Bolsonaro deviendra sans aucun doute l’un des soutiens majeurs de la politique israélienne au Proche-Orient et développera certainement des partenariats rapprochés avec l’Etat d’Israël.

Bolsonaro au-delà des maux

Le tournant géopolitique que représente l’élection de Jair Bolsonaro doit se comprendre dans son contexte régional. La direction géopolitique que prendra la nouvelle équipe dirigeante devrait peu différer de celle déjà en vigueur dans les pays latino-américains dirigés par des gouvernements néo-libéraux. En cela, il renforcera cette tendance, qui s’inscrit désormais comme un virage continental qui balaie les politiques et les avancées réalisées par les gouvernements post-libéraux du début du siècle.

Au-delà des mots et des maux, l’alignement sur les politiques de Washington dans la région, et un certain pragmatisme par rapport à la Chine, caractériseront surement le mandat du nouveau président brésilien, qui, pour mettre en œuvre sa politique autoritaire sur le plan intérieur ne pourra se payer le luxe d’être isolé diplomatiquement.

Notes:

(1) Les pays suivants ont exprimé leur souhait de suspendre leur participation à Unasur: L’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Pérou, et le Paraguay. Notons que le président équatorien a décidé de porter un sérieux coup d’arrêt à l’organisme d’intégration en décidant de récupérer ses installations situées dans la banlieue de Quito.

(2) La France dispose du 2e espace maritime au monde (Zone économique exclusive). L’écosystème dans ce territoire français est aussi d’une richesse inestimable. Doit-on pour autant renoncer à notre souveraineté sur cette zone en raison des intérêts écologiques internationaux qui en découle? 

(3) La Zone de Libre Échange entre les Amériques était un projet de libéralisation des économies et de dollarisation du continent. Principalement porté par les Etats-Unis, il fut mis en déroute grâce à l’action conjointe des gouvernements progressistes dans la région. Voir Telesur, “América Latina, a 12 años de la derrota del Alca”, 05/11/2017, https://www.telesurtv.net/news/10-anos-del-NO-al-ALCA-201...

(4) Le siège pour les Amériques de la Banque de Développement des Brics a récemment été ouverte à Brasilia par le gouvernement de droite –non élu- de Michel Temer

(5) Une intrusion armée, sous le prétexte d’une guerre humanitaire, pourrait être le prétexte pour prendre le contrôle des centrales hydro-électriques vénézuéliennes, situées juste de l’autre coté de la frontière.

(6) Voir Romain Migus, “La agenda secreta de Israel en América Latina”, Venezuela en Vivo, 30/04/2016,  https://www.romainmigus.info/2017/11/la-agenda-secreta-de...


- Source : RT (Russie)

jeudi, 08 novembre 2018

Russia, India & Iran Want to Create Alternative Trade Route to Suez Canal

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Russia, India & Iran Want to Create Alternative Trade Route to Suez Canal

Le plan russo-sino-européen pour contourner les sanctions pétrolières contre l’Iran

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Le plan russo-sino-européen pour contourner les sanctions pétrolières contre l’Iran

par William Engdahl

Ex: http://www.zejournal.mobi

Il se peut fort bien que la politique unilatérale de la terre brulée menée par l’administration Trump donne un résultat tout à fait contraire à ce que l’on attend. La décision de Washington d’abandonner l’accord nucléaire iranien et d’imposer des sanctions sévères aux entreprises qui commercialisent du pétrole iranien, à partir du 4 novembre, crée de nouvelles voies de coopération entre l’UE, la Russie, la Chine et l’Iran et potentiellement d’autres pays. La récente déclaration de responsables bruxellois sur la création d’un Special Purpose Vehicle (SPV) non spécifié pour éviter légalement le commerce du pétrole en dollars américains et donc les sanctions américaines, pourrait potentiellement marquer le début de la fin de la domination du système dollar dans l’économie mondiale.

Selon les rapports des derniers pourparlers bilatéraux germano-iraniens à Téhéran, le 17 octobre, les mécanismes d’une structure spéciale qui permettrait à l’Iran de continuer à tirer profit de ses exportations de pétrole commenceront à être mis en œuvre dans les prochains jours. Fin septembre, Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l’UE, a confirmé son intention de créer un tel canal commercial indépendant, notant qu’« aucun pays souverain ou organisation ne peut accepter que quelqu’un d’autre décide avec qui vous êtes autorisé à faire du commerce ».

Ce SPV serait calqué sur le système de troc soviétique utilisé pendant la guerre froide pour éviter les sanctions commerciales américaines, où le pétrole iranien serait en quelque sorte échangé contre des marchandises, sans échange d’argent. L’accord SPV impliquerait l’Union européenne, l’Iran, la Chine et la Russie.

Selon divers rapports de l’UE, le SPV implique un système de troc sophistiqué qui permet d’éviter les sanctions du Trésor américain. Par exemple, l’Iran pourrait expédier du pétrole brut à une entreprise française, accumuler des crédits par l’intermédiaire du SPV, un peu comme une banque. Un intermédiaire financier multinational soutenu par l’Union européenne serait mis en place pour traiter les transactions avec les entreprises intéressées par des transactions avec l’Iran et avec les parties iraniennes. Ces transactions ne seraient pas visibles par les États-Unis et impliqueraient des euros et des livres sterling plutôt que des dollars.

C’est une réponse extraordinaire à ce que Washington appelle une politique de guerre financière totale contre l’Iran, qui inclut des menaces de sanctions contre les banques centrales européennes et le réseau de paiements interbancaires SWIFT basé à Bruxelles si ils maintiennent des liens avec l’Iran après le 4 novembre. Dans les relations qui existent entre l’Europe de l’Ouest et Washington depuis 1945, de telles mesures agressives n’ont jamais été prises auparavant, ce qui oblige les principaux cercles politiques de l’UE à repenser les choses en profondeur.

Une nouvelle architecture bancaire

Le contexte de cette mystérieuse initiative a été présenté en juin dans un rapport intitulé « L’Europe, l’Iran et la souveraineté économique : nouvelle architecture bancaire en réponse aux sanctions américaines ». Le rapport a été rédigé par l’économiste iranien Esfandyar Batmanghelidj et Axel Hellman, membre de l’European Leadership Network (ELN), un groupe de réflexion politique basé à Londres.

Le rapport propose que la nouvelle architecture comporte deux éléments clés. Tout d’abord, elle s’appuiera sur des « banques passerelles » désignées pour servir d’intermédiaires entre les banques commerciales iraniennes et celles de l’UE liées à l’entité ad hoc. Le deuxième élément est qu’elle serait supervisée par un bureau de contrôle des actifs étrangers de l’UE ou EU-OFAC, sur le modèle du Trésor américain, mais utilisé pour faciliter le commerce légal UE-Iran, et non pour le bloquer. Ce système UE-OFAC, entre autres fonctions, consisterait à créer des mécanismes de certification pour garantir les entreprises faisant de tels échanges commerciaux et à « renforcer les protections juridiques européennes pour les entités engagées dans le commerce et l’investissement en Iran ».

Le SPV utiliserait des Gateway Banks spécifiques, des banques de l’UE non affectées par les « sanctions secondaires » de Washington car elles ne font pas d’affaires aux États-Unis et se concentrent sur les affaires avec l’Iran. Il peut s’agir de banques régionales allemandes appartenant à l’État, de certaines banques privées suisses telles que la Europäisch-Iranische Handelsbank (EIH), une banque européenne créée spécifiquement pour le financement du commerce avec l’Iran. En outre, certaines banques iraniennes ayant des bureaux dans l’UE pourraient être utilisées.

Quel que soit le résultat final, il est clair que les actions belliqueuses de l’administration Trump contre le commerce avec l’Iran forcent les grands pays à coopérer, ce qui pourrait entraîner la fin de l’hégémonie du dollar qui a permis à un gouvernement américain endetté de financer une tyrannie mondiale au détriment des autres.

UE-Russie-Chine….

Lors de la récente Assemblée générale des Nations unies à New York, Federica Mogherini a déclaré que le SPV a été conçu pour faciliter les paiements liés aux exportations de l’Iran – y compris le pétrole – tant que les entreprises impliquées exerçaient des activités légitimes en vertu du droit communautaire. La Chine et la Russie sont également impliquées dans le SPV. La Turquie, l’Inde et d’autres pays pourraient y adhérer par la suite.

Immédiatement, comme prévu, Washington a réagi. Lors d’une réunion avec l’opposition iranienne aux Nations unies, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, ancien chef de la CIA, a déclaré qu’il était « troublé et même profondément déçu » par le projet européen. Il a notamment déclaré : « C’est l’une des mesures les plus contre-productives que l’on puisse imaginer pour la paix et la sécurité régionales et mondiales. » Le plan de Washington pour une guerre économique contre l’Iran est-il vraiment conçu pour favoriser la paix et la sécurité régionales et mondiales ?

Un SWIFT non étasunien ?

L’une des armes les plus brutales de la batterie de guerre financière du Trésor américain est la capacité de forcer le système de compensation interbancaire privé SWIFT, basé à Bruxelles, d’empêcher l’Iran de l’utiliser. Cela a eu un effet dévastateur en 2012 lorsque Washington a fait pression sur l’UE pour que SWIFT se soumette, un grave précédent qui a déclenché l’alarme partout dans le monde.

Le fait que le dollar américain demeure la monnaie dominante pour le commerce international et les transactions financières donne à Washington un pouvoir extraordinaire sur les banques et les entreprises du reste du monde. C’est l’équivalent financier d’une bombe à neutrons. Cela pourrait être sur le point de changer, même si ce n’est pas encore chose faite.

En 2015, la Chine a dévoilé son système CIPS (China International Payments System). À l’origine, le CIPS était considéré comme une future alternative chinoise à SWIFT. Il offrirait des services de compensation et de règlement à ses participants pour des opérations et des paiements transfrontaliers en Renminbi. Malheureusement, une crise boursière chinoise a forcé Pékin à revoir ses plans à la baisse, bien qu’il y ait un squelette d’infrastructure.

Dans un autre domaine, depuis fin 2017, la Russie et la Chine ont discuté de la possibilité de relier leurs systèmes de paiements bilatéraux en contournant le dollar. Le système Unionpay de la Chine et le système de paiement intérieur de la Russie, connu sous le nom de Karta Mir, seraient directement reliés.

Plus récemment, les principaux cercles politiques de l’UE se sont fait l’écho de ces idées sans précédent dans l’ère post-1944. En août, se référant aux actions unilatérales des États-Unis pour bloquer le pétrole et d’autres échanges commerciaux avec l’Iran, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a déclaré à Handelsblatt, un grand quotidien économique allemand, que « l’Europe ne devrait pas permettre aux États-Unis d’agir au-dessus de nos têtes et à nos dépens. Pour cette raison, il est essentiel que nous renforcions l’autonomie européenne en établissant des canaux de paiement indépendants des États-Unis, en créant un Fonds monétaire européen et en mettant en place un système SWIFT indépendant ».

Une fissure dans l’édifice du dollar

Jusqu’où l’UE est disposée à défier Washington sur la question du commerce avec l’Iran n’est pas encore clair. Il est fort probable que Washington, par l’intermédiaire de la NSA et d’autres moyens, puisse avoir accès aux échanges entre l’UE, l’Iran, la Russie et la Chine dans le cadre du SPV.

Outre les récentes déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères, la France envisage d’étendre le SPV iranien afin de créer un moyen de protéger les économies de l’UE contre les sanctions extraterritoriales illégales, comme les sanctions secondaires qui punissent les entreprises européennes faisant des affaires en Iran en les empêchant d’utiliser le dollar ou de faire affaire aux États-Unis. La porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès Von der Mühll, a déclaré qu’en plus de permettre aux entreprises de continuer à commercer avec l’Iran, le SPV « créerait un outil de souveraineté économique pour l’Union Européenne au-delà de ce seul cas. Il s’agit donc d’un plan à long terme qui protégera, à l’avenir, les entreprises européennes des effets de sanctions extraterritoriales illégales ».

Si tel est le cas de la nouvelle structure ad hoc de l’UE, cela créera une fissure béante dans l’édifice du dollar. Se référant au SPV et à ses implications, Jarrett Blanc, ancien responsable du département d’État sous Obama et impliqué dans la négociation de l’accord nucléaire iranien, a noté que « le mécanisme de paiement ouvre la porte à une dégradation à long terme du pouvoir des sanctions américaines ».

L’UE a fait preuve d’une rhétorique effrénée et de vociférations véhémentes contre la guerre économique unilatérale des États-Unis et l’imposition extraterritoriale de sanctions telles que celles contre la Russie. Mais sa détermination à prendre des mesures énergiques pour créer une véritable solution de rechange a, jusqu’à présent, été absente. Il en va de même à d’autres égards pour la Chine et la Russie. La guerre des sanctions américaines incroyablement brutale contre l’Iran va-t-elle enfin marquer le début de la fin de la domination du dollar sur l’économie mondiale qu’elle exerce depuis Bretton Woods, en 1945 ?

J’ai l’impression qu’à moins que le SPV, sous quelque forme que ce soit, n’utilise les avantages technologiques remarquables de certaines des technologies du Blockchain ou d’autres comme celles du XRP ou de Ripple, basé aux États-Unis, qui permettraient d’acheminer les paiements transfrontaliers de façon sécuritaire et presque instantanée à l’échelle mondiale, il n’aura que peu d’effet. Ce n’est pas que les programmeurs informatiques européens n’ont pas l’expertise nécessaire pour développer de tels logiciels, et encore moins les Russes. Après tout, l’une des principales entreprises de Blockchain a été créée par un Canadien d’origine russe nommé Vitalik Buterin. La Douma russe travaille sur une nouvelle législation concernant les monnaies numériques, même si la Banque de Russie y semble toujours fermement opposée. La Banque populaire de Chine est en train de développer et de tester rapidement une cryptomonnaie nationale, le ChinaCoin. Les technologies de Blockchain sont encore largement méconnues, même dans les cercles gouvernementaux tels que la Banque centrale russe qui devrait voir en elle bien plus qu’une nouvelle « bulle des mers du Sud ». La capacité d’un système de paiement supervisé par l’État à échanger des monnaies au-delà des frontières, totalement crypté et sécurisé, est la seule réponse plausible à court terme aux sanctions unilatérales et aux guerres financières jusqu’à ce qu’un ordre plus civilisé entre les nations soit possible.

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

mardi, 06 novembre 2018

Quand les droits de l’homme se transforment en arme géopolitique

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Quand les droits de l’homme se transforment en arme géopolitique

par Alfred de Zayas

Ex: http://www.zejournal.mobi

Utiliser et abuser des droits humains comme une arme géopolitique a transformé le droit individuel et collectif à l’aide, à la protection, au respect et à la solidarité – fondé sur la dignité humaine et l’égalité de tous et de toutes – en un arsenal hostile pour s’attaquer aux concurrents ou adversaires économiques et politiques. La technique du dénigrement public («naming and shaming») est devenue une sorte de kalachnikov omniprésente utilisant les droits de l’homme comme munition.

L’expérience montre cependant que la technique du dénigrement public ne soulage en rien la souffrance des victimes. Elle poursuit uniquement des objectifs stratégiques de certains gouvernements, d’organisations non gouvernementales tout à fait politisées, de lobbies, et d’une industrie droits-de-l’hommisme en émergence, instrumentalisant les droits de l’homme pour dénoncer sélectivement et déstabiliser autrui, même souvent pour faciliter un changement de régime, indépendamment de leur évidente tendance antidémocratique, impérialiste, voire néo-colonialiste et sans égard pour la norme fondamentale du droit international de la non-ingérence dans les affaires internes des Etats souverains.

Cette stratégie repose sur le postulat erroné suivant: «celui qui dénonce» possède une sorte d’autorité morale et l’«Etat dénoncé» est censé de reconnaître cette supériorité morale et doit agir en conséquence. Cela pourrait fonctionner théoriquement si «celui qui dénonce» faisait ses reproches et pratiquait l’humiliation médiatique d’une manière non sélective et renonçait à un évident deux poids deux mesures. Toutefois, cette technique se retourne souvent contre «celui qui dénonce», car tout le monde se rends compte qu’il utilise les droits de l’homme «à la carte», a souvent ses propres secrets honteux à cacher et demeure peu crédible moralement.

Cet exemple classique de mauvaise foi intellectuelle renforce en général la résistance des Etats ou gouvernements «dénoncés» qui seront encore moins enclins à prendre des mesures en vue de corriger les violations des droits de l’homme réelles ou imaginaires. Ou alors, on peut supposer que «celui qui dénonce» souhaite en réalité susciter davantage de résistance parmi les dénoncés afin que l’on puisse encore mieux clouer au pilori le «dénoncé». Cela s’inscrit dans une idée machiavélique des droits de l’homme en tant qu’instrument de politique extérieure ne servant pas à améliorer la vie des individus mais à promouvoir des objectifs géo-économiques et géopolitiques.

Une autre technique de guerre envers les droits de l’homme est l’emploi des «lois» comme arme de déstabilisation. Il s’agit de la dite «guerre à l’aide du droit» [en anglais «lawfare», une synthèse de «law» et «warfare»] avec laquelle le «droit» est utilisé pour saper l’Etat de droit en instrumentalisant le droit pénal international pour diaboliser certaines personnalités dirigeantes bien choisies. Là aussi c’est le deux poids deux mesures. Un avocat ou un juge respectable ne trahirait pas son métier en jouant à ce genre de double jeu – mais certains le font. Au lieu de préserver l’éthique de l’Etat de droit, ces juges politisés corrompent et minent la crédibilité de tout le système (pensez au «Volksgerichtshof» [Tribunal du Peuple] du juge Roland Freisler!). Parfois on pense aux juges de la Cour pénale internationale à La Haye, aux juges de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg et aux juges de la Cour interaméricaine des droits de l’homme à San José, Costa Rica. Certains de leurs jugements manquent de toute cohérence et violent les principes fondamentaux tel «audiatur et altera pars». Le «droit» n’est plus le droit, mais une arme politique, une arme de destruction massive.

L’arsenal des droits de l’homme utilisé comme arme comprend aussi des guerres non-conventionnelles, telles les guerres économiques et les régimes de sanctions qu’on tente de justifier par des prétendues violations des droits de l’homme dans le pays visé. Le résultat de ces guerres est qu’elles prennent en otage des populations entières sans apporter une quelconque aide aux victimes – ni à celles ayant subi des violations des droits de l’homme par leurs propres gouvernements, ni à celles soumises aux «sanctions collectives» par l’Etat ou les Etats ayant prononcé des sanctions. Cela peut mener à des crimes contre l’humanité, lorsque la sécurité alimentaire est détruite, les médicaments et les appareils médicaux manquent ou ne sont disponibles qu’à des prix prohibitifs. Empiriquement, on sait que les sanctions économiques tuent. Les régimes de sanctions contre l’Irak, la Syrie ou le Venezuela ont déjà tué des milliers de personnes civiles, mortes de malnutrition ou manque de médicaments, et ont déclenché des flux migratoires.

La technique du «dénigrement public» de gouvernements et de peuples implique dans certaines conditions d’autres violations des droits de l’homme et de l’Etat de droit en violation des articles 6, 14, 17 ,19 et 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et peuvent atteindre les limites de ce qu’on appelle «discours de la haine» (art. 20).
En guise de conclusion: même s’il y a eu dans certains cas des résultats positifs suite à un «dénigrement public», notamment par quelques ONG sérieuses, cette manière d’agir est très problématiques et n’est certes pas une solution pour toutes les violations des droits de l’homme. Dans des situations complexes, le «dénigrement public» a très souvent aggravé la situation ou alors il s’est avéré totalement inefficace. Les Etats feraient bien de consulter à nouveau l’Evangile selon Matthieu VII, 3–5, et de remplacer la technique hypocrite et politisée du «dénigrement public» par des honnêtes propositions de bonne foi et des recommandations constructives, complétées par un service de conseil et d’assistance technique pour apporter de l’aide concrète aux victimes sur le terrain, voir une réparation directe aux victimes.

Tisser et entretenir des liens d’amitié et de bienveillance est la meilleure chose que l’on puisse faire pour développer la coopération et le progrès dans le domaine des droits de l’homme. Le plus urgent, à l’heure actuelle, est une diplomatie réfléchie, des négociations axées sur des résultats, une culture du dialogue et de la conciliation – et certainement pas d’une «culture» de l’intransigeance et de l’hypocrisie n’aidant personne.

L'auteur, Alfred de Zayas, a été nommé dès mai 2012 premier Expert indépendant pour la promotion d’un ordre international démocratique et équitable par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Son mandat s’est terminé en mai de cette année. Actuellement, il est professeur de droit international à la Geneva School of Diplomacy. Il est haut fonctionnaire retraité de l’Office du Haut Commissaire des Droits de l’homme, où il était secrétaire du Comité des Droits de l’homme et chef du Département de pétitions (greffier).

vendredi, 26 octobre 2018

El problema del uigur en China - La parte no mencionada

F. William Engdahl*

Ex: http://www.elespiadigital.com

En los últimos meses, los medios de comunicación occidentales y la Administración de Washington han empezado a aumentar el tono y el llanto por los supuestos campos de internamiento en masa en el noroeste de China, donde supuestamente hasta un millón de chinos uigures chinos están siendo detenidos y sometidos a diversas formas de "reeducación" Varias cosas sobre estas acusaciones son notables, entre otras cosas, todas se originan en los medios de comunicación occidentales o en las ONG "demócratas", como Human Rights Watch, cuyo historial de veracidad deja mucho que desear.

En agosto, Reuters publicó un artículo titulado "La ONU dice que tiene informes creíbles de que China tiene millones de uigures en campamentos secretos ".  Una mirada más cercana al artículo no revela una declaración oficial de la ONU, sino más bien una cita de un miembro estadounidense de un Comité “independiente” que no habla en nombre de la ONU: Resulta que la fuente de la acusación es una ONG asesora independiente de las Naciones Unidas llamada Comité para la Eliminación de la Discriminación Racial. La única persona que hizo la acusación es la miembro del comité estadounidense Gay McDougall, dijo que estaba "profundamente preocupada" por esos "informes creíbles", pero McDougall no citó ninguna fuente para sostener tan dramática acusación.

Reuters en su artículo refuerza su reclamo citando a una turbia ONG con sede en Washington DC, los Defensores de los Derechos Humanos de China (CHRD). En una excelente investigación de sus antecedentes, los investigadores del Proyecto Grayzone descubrieron que el CHRD obtiene cientos de miles de dólares de gobiernos anónimos. La notoria ONG del gobierno de los Estados Unidos, National Endowment for Democracy, está en la lista de los sospechosos habituales.  Cabe destacar que el discurso oficial de CHRD es el de Human Rights Watch, que también recibe fondos de la fundación Soros .

El 'problema uigur'

El verdadero estado de los asuntos en la provincia china de Xinjiang con respecto a los uigures no es posible verificarlo de forma independiente, si existen tales campamentos y, de ser así, quién está allí y bajo qué condiciones. Sin embargo, lo que se sabe es el hecho de que las agencias de inteligencia de la OTAN, entre ellas Turquía y Estados Unidos, junto con Arabia Saudita, han estado involucradas en el reclutamiento y despliegue de miles de musulmanes uigures chinos para unirse a Al Qaeda y otros grupos terroristas en Siria en años recientes. Este lado de la ecuación merece una mirada más cercana, es el lado omitido por Reuters o la embajadora de la ONU Haley.

Según los medios sirios citados en Voltaire.net, en la actualidad hay aproximadamente 18,000 uigures étnicos en Siria concentrados en una aldea en la frontera turca con Siria. Desde 2013, dichos soldados uigures han abandonado el combate junto a Al Qaeda en Siria y han regresado a Xinjiang de China, donde han llevado a cabo varios actos terroristas .  Esta es la punta de un desagradable proyecto vinculado a la OTAN para plantar las semillas del terror y el malestar en China. Xinjiang es un eje de la Iniciativa Belt Road de China, la encrucijada de los oleoductos y gasoductos estratégicos de Kazajstán, Rusia y un objetivo principal de la intriga de la CIA desde hace décadas.

Turquía, al menos desde 2011, al comienzo de la guerra de la OTAN contra la Siria de Bashar al Assad, desempeñó un papel clave en facilitar el flujo de personas uigures chinas para convertirse en jihadistas en Siria. Utilizo deliberadamente el "desempeñó" para dar beneficio de la duda si todavía es el caso hoy o si se ha convertido en una vergüenza para Erdogan y la inteligencia turca. En cualquier caso, parece que miles de uigures están escondidos en Siria, la mayoría alrededor de Idlib, el último puesto de avanzada de terroristas en contra del régimen.

Washington y el ETIM

En un excelente análisis de la historia de terror uigur de China, Steven Sahiounie, periodista sirio del 21st Century Wire, señala que una organización clave detrás de la radicalización de la juventud uigur china es el Movimiento Islámico del Turquestán Oriental (ETIM) y su frente político, el Partido Islámico del Turquestán (TIP), también conocido como "Katibat Turkistani". Cita un discurso pronunciado en Estambul en 1995 por el entonces alcalde de Turquía, Erdogan, quien declaró: "Turquestán Oriental no es sólo el hogar de los pueblos turcos, sino también la cuna de la historia, la civilización y la cultura turcas....". Turkestán oriental es Xinjiang.

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Hoy en día, el ETIM está encabezado por Anwar Yusuf Turani, autoproclamado Primer Ministro de un gobierno en el exilio que reside principalmente en Washington DC. ETIM se mudó curiosamente a Washington en un momento en que el Departamento de Estado de los Estados Unidos lo catalogó como una organización terrorista. De acuerdo con un informe publicado en una revista de investigación turca,  “las actividades de la organización de Turani para el gobierno en el exilio se basa en un informe titulado El Proyecto de Xinjiang”. Eso fue escrito por el ex oficial superior de la CIA Graham E. Fuller en 1998 para Rand Corporation y revisado en 2003 bajo el título "El problema de Xinjiang"

He escrito extensamente en mi libro, The Lost Hegemon, sobre el agente de la CIA Graham Fuller. El ex jefe de la estación de la CIA en Estambul, Fuller, fue uno de los arquitectos del asunto Irán-Contra de Reagan-Bush, y uno de los principales patrocinadores o gestores de la CIA que facilitó el exilio en los EE. UU. de Gülen. También, estaba según lo ha reconocido, en Estambul la noche del fallido golpe de Estado de 2016. En 1999, al final de la era Yelstin rusa, Fuller declaró: “La política de guiar la evolución del Islam y de ayudarlos contra nuestros adversarios funcionó maravillosamente bien en Afganistán contra los rusos. "Las mismas doctrinas todavía pueden usarse para desestabilizar lo que queda del poder ruso, y especialmente para contrarrestar la influencia china en Asia Central". Esto es a lo que se dirige la encubierta arma estadounidense del ETIM. Como la mayoría de los grupos yihadistas sunitas radicales, el ETIM de Turani obtuvo fondos de los grupos sunitas radicales de Arabia Saudita.

A fines de la década de 1990, Hasan Mahsum, también conocido como Abu-Muhammad al-Turkestani, fundador del Movimiento Islámico de Turkestán Oriental, trasladó la sede de ETIM a Kabul, refugiándose en el Afganistán controlado por los talibanes. En Afganistán, los líderes de ETIM se reunieron con Osama bin Laden y otros líderes de Al Qaeda, los talibanes y el Movimiento Islámico de Uzbekistán, entrenados por la CIA, para coordinar acciones en Asia Central.  Cuando el ejército paquistaní asesinó a al-Turkestani en 2003, Turani se convirtió en jefe de ETIM y llevó su sede a Washington.

En su propio estudio de Xinjiang, Graham E. Fuller, observó que los grupos de Arabia Saudita habían diseminado la literatura religiosa extremista wahabí y posiblemente armas pequeñas a través de simpatizantes en Xinjiang, y que los jóvenes musulmanes turcos habían sido reclutados para estudiar en las madrasas en Pakistán, Afganistán y Arabia Saudita. Añade que los uigures de Xinjiang también lucharon junto a Al Qaeda de Osama bin Laden en Afganistán en la década de 1980.

Fuller señaló: "Los uigures están realmente en contacto con grupos musulmanes fuera de Xinjiang, algunos de ellos se han radicalizado en una política yihadista más amplia en el proceso, unos pocos estuvieron involucrados anteriormente en guerrilla o entrenamiento terrorista en Afganistán, y otros están en contacto con Mujahideen musulmanes internacionales luchando por las causas musulmanas de independencia en todo el mundo".

El documento político de la Estrategia de Defensa Nacional del Pentágono de enero de 2018 nombró explícitamente a China junto con Rusia como las principales "amenazas" estratégicas para la supremacía de los Estados Unidos. Afirma que "la competencia estratégica entre estados, no el terrorismo, es ahora la principal preocupación en la seguridad nacional de los Estados Unidos". De manera explícita, y esto es nuevo, el periódico del Pentágono no cita una amenaza militar sino económica. Afirma: "China y Rusia ahora están socavando el orden internacional desde el interior del sistema al explotar sus beneficios al mismo tiempo que socavan sus principios y 'reglas ” La escalada de la guerra comercial contra China, las amenazas de sanciones sobre las denuncias de los campos de detención uigur en Xinjiang, las amenazas de sanciones si China compra equipos de defensa rusos, todo está destinado a interrumpir la única amenaza emergente para un orden global de Washington, que no se basa sobre la libertad o la justicia, sino sobre el miedo y la tiranía. Cómo las autoridades de China están tratando de lidiar con este asalto completo es otro tema. El contexto de los acontecimientos en Xinjiang, sin embargo, debe quedar claro. Occidente, y especialmente Washington, participa en una guerra irregular a gran escala contra la estabilidad de China.

*consultor de riesgos estratégicos y profesor. Es licenciado en política por la Universidad de Princeton

jeudi, 25 octobre 2018

The Mass Media and the reciprocal Al-Qaeda: Afghanistan, Bosnia, Libya, Syria, and now Myanmar

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The Mass Media and the reciprocal Al-Qaeda: Afghanistan, Bosnia, Libya, Syria, and now Myanmar

Murad Makhmudov and Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times: http://www.moderntokyotimes.com

The mass media corporations throughout the Northern Hemisphere that incorporate the Sunni Muslim media agenda, once more appear to be quenching the al-Qaeda and Sunni Islamist terrorist chord along with so-called humanitarian organizations that incite. Of course, the pattern is abundantly obvious despite the media elites ignoring this reality. After all, since the Siege of Mecca, this natural flow can be seen in the coverage of Afghanistan (the 1980s and early 1990s), Bosnia, Libya, Syria, and now the same media and the humanitarian machine that incites is in full flow against Myanmar.

In other words, the mass media ups the ante against either the non-Muslim side in the conflict or against Muslim leaders that seek a more secular or non-Sharia Islamic path. Hence, the mass media and various Sunni Islamist terrorist groups espouse overt generalizations jointly in order to galvanize the “Takfiri sword.”

Reuters reported last year, “In a video message released by al Qaeda’s al-Malahem media foundation, Khaled Batarfi called on Muslims in Bangladesh, India, Indonesia, and Malaysia to support their Rohingya Muslim brethren against the enemies of Allah.”

The result of the usual theme turned Afghanistan into Year Takfiri Zero after ousting President Najibullah. Since the start of the demise of Afghanistan the same one-sided media hatchet job then manipulated events in Bosnia to galvanize the “Muslim victim card,” while Islamists – including international jihadists – were butchering and beheading on the ground based on a mainly silent mass media. Of course, the same scenario of good versus evil would then be ushered against Libya and Syria – in recent times the same process is being used against Myanmar. This mass propaganda that is propagated in Western media circles – and similarly being ushered by Gulf media outlets – is the boost that Sunni Islamists need in order to declare another “fake jihad.” The upshot is a huge boost for international Sunni Islamist terrorists, a future failed or weakened nation-state, and further persecution against religious minorities – be they Alawites, Christians, the Shia, Shabaks, Yazidis, or other faith groups.

Therefore, the announcement that al-Qaeda seeks a Sunni Islamist “fake jihad” against Myanmar on the back of the mass media, is yet another continuation of a process that is monotonous by nature. In other words, the same collaborating forces are now seeking a new conflict in Myanmar that will encourage more terrorism and embolden sectarianism on all sides. Hence, humanitarian groups are equally inciting against one side while glossing over massacres in the other direction and failing to link events in the Chittagong Hill Tracts and Southern Thailand.

Khaled Batarfi, a leading figure in Al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP), called on international Sunni Islamists to declare war against the government of Myanmar. He said, “So spare no effort in waging jihad against them and repulsing their attacks, and beware of letting down our brothers in Burma [Myanmar].”

Of course, it is fine for AQAP and other Sunni Islamist terrorist groups to butcher and slaughter Shia Muslims and other non-Muslim groups. After all, Shia Muslims are deemed to be “apostates” in the eyes of Sunni Takfiris. Hence, AQAP and Saudi Arabia led Sunni alliance in Yemen, happens to be turning this country into a living nightmare. However, this reality isn’t seen by AQAP and other Sunni Muslim voices emanating from nations including Turkey (a nation that also kills the mainly Sunni Kurds and is involved in supporting sectarianism against the Syria government) because it doesn’t suit the agenda. Like usual, while Yemen is going to hell the usual Western powers are selling more military arms to allies throughout the Gulf. Therefore, the only thing that unites “the fake unifying Sunni Muslim voice” is a sense of injustice providing Muslims are perceived to be on the losing side when fighting non-Muslims or the Shia.

Shia Iran is also caught up in the rhetoric but where were the mass Sunni Muslim demonstrations against ISIS (Islamic State – IS) in Iraq, when ISIS butchered the Shia in vast numbers in single based massacres in several parts of the nation? Likewise, did nations like Malaysia (Shia Islam is illegal) and Turkey (Alevi persecuted and the mainly Sunni Kurds killed by the state apparatus) lambast ISIS to the same anti-Myanmar degree when Sunni Takfiris began to cleanse Christians in Iraq, enslave Yazidis, and kill the Shia? Despite this, Iran also plays the “Muslim victim card” despite the fact that it is Sunni Islamists on the whole that is butchering the Shia in several nations.

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Turning to Libya, Colonel Gaddafi was no saint but the mass media glorified a “fake-revolution” that was based on Gulf and NATO intrigues. Like usual, the media provided the propaganda angle and then Sunni Islamists entered the fray on the ground. Hence, the usual forces promised democracy in Libya but the end result was a failed state, the lynching of black Africans by various Arab militias, ISIS beheading Christians, rampant poverty, countless militias, the destruction of Sufi shrines by Takfiris, and becoming a conduit for exporting Sunni Islamist sectarians to Syria. In 2018, Libya is now a paradise for human smuggling and raping black African female migrants in transit and other ill deeds based on being a failed state.

This reality, just like supporting Sunni Islamists in Afghanistan in the 1980s and early 1990s, is a million miles from the promises ushered by senior international politicians and the mass media. In other words, the propaganda used to oust both leaders led to failed states, narcotics, women put further into the shadows, chaos, and boosting forces that support killing apostates, stoning women to death for adultery, butchering the Shia (Afghanistan), and other barbaric realities.

The next nation to follow the usually combined forces of the mass media, Sunni Islamist sectarianism, Gulf and NATO intrigues, and the incitement by humanitarians was Syria. After all, from day one Sunni Takfiris supported the policy of “Alawites to the grave, Christians to Beirut.” Yet, the mass media portrayed a one-sided view of events that swelled the numbers of Sunni Islamist terrorists entering Syria from nations including NATO Turkey.

Myanmar now faces the same combined forces based on “good versus evil.” Given this reality, Al-Qaeda is seeking to further increase the bloodshed and spill blood in the name of sectarianism and Sunni Islamic jihad in this nation – while Bengali Muslims on the ground in Rakhine seek another land grab to replicate the Chittagong Hill Tracts. Hence, like usual, this is following on from the one-sided mass media reports of events in Myanmar. Hence, while small minorities including the mainly Buddhist Mro people face being cleansed by the Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) – who are following the usual Islamist traits of killing and persecuting small minorities – the mass media is negating this reality to any major extent. Similarly, ARSA terrorists in Myanmar are killing Bengali Hindus. Meanwhile, some reports state Hindu women are being forced to convert to Islam – a tactic used against Yazidis in Iraq and against other minorities in countless conflicts throughout history. Despite this, the mantra of the mass media is creating the knock-on-effect of encouraging international jihadists to flock to the arena of conflict based on “good versus evil.”

AFP (France 24) reports, “San Tun said many of his Mro people — who number between 20,000 and 40,000 — had to leave everything behind as they sought sanctuary in government-held areas, fearful Rohingya militants would target them again.”

mro.jpgModern Tokyo Times says, “In other words, just like Yazidis have been enslaved and raped by Sunni Islamists in Iraq, and the same Sunni Islamist Takfiri virus stating “Alawites to the grave, Christians to Beirut” in Syria, then the small mainly Buddhist tribe of the Mro equally face Islamist cleansing. Yet, if mass media corporations seek to be believed, then surely the Islamists of ARSA would be solely focused on the armed forces of Myanmar in order to protect Bengali Muslims. Instead, just like in Iraq where Sunni Islamists target Yazidis and other minorities who have no power – nor have persecuted Sunni Muslims – it seems that ARSA is following the Islamist mantra of cleansing, killing, and persecuting…Therefore, ARSA is threatening the small mainly Buddhist tribe of the Mro who number between 20,000 and 40,000 people. At the same time, Bengali Hindus caught in the path of ARSA also face the Islamist sword.”

Overall, with al-Qaeda seeking a new Sunni Islamic jihad against Myanmar, then once more the mass media is laying the foundation by spreading one-sided versions to the point of inciting hatred. Similarly, Sunni Islamists throughout Europe will utilize the non-Muslim angle in order to recruit more terrorists to several conflicts. Therefore, Myanmar faces increasingly dark times and regionally divided loyalties will boost sectarianism on several fronts.

It is worth noting that more Muslims have been killed by Muslims in nations including Afghanistan, Iraq, Libya, Somalia, Syria, and Yemen – rather than in Myanmar. Equally, the security forces in this nation only responded after Islamists and Bengali Muslims turned against the indigenous of Rakhine. Of course, this will not stop the Islamist agenda of spreading more violence to Myanmar – while increasing pressure regionally in nations including Bangladesh and Indonesia. This role is continuously played out based on the one-sided media mantra and the role of humanitarian agencies that incite.

http://www.france24.com/en/20170903-buddhists-hindus-flee...

https://www.reuters.com/article/us-myanmar-rohingya-alqae...

http://moderntokyotimes.com/?p=7710

mercredi, 24 octobre 2018

Myanmar should utilize its geopolitical importance: Positive ties with China, India, and Japan

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Myanmar should utilize its geopolitical importance: Positive ties with China, India, and Japan

Sawako Utsumi and Lee Jay Walker

Modern Tokyo Times: http://www.moderntokyotimes.com

The nation of Myanmar is far from isolated despite the efforts of many Western and Islamic media outlets. Equally, Myanmar doesn’t need any moral lambasting from nations that sell military arms to Saudi Arabia despite the utter barbarity of what is happening in Yemen. Hence, Western nations are not only ignoring the plight of 12 million people suffering from severe shortages of food in Yemen based on the brutal deeds of the Saudi Arabia-led Sunni Muslim alliance; the same Western nations have no qualms in selling vast amounts of military arms to Saudi Arabia. Therefore, leading Western powers and Islamic nations should put their respective houses in order, rather than continuously lambasting Myanmar.

Ironically, the negative narrative being used against Myanmar seems to be creating greater awareness to enhance relations with regional nations, two Permanent Members of the United Nations, and nations further afield in Northeast Asia. The outcome being that Myanmar is improving relations with China, India, Japan, the Russian Federation, South Korea, Thailand, Vietnam, and others. At the same time, business investments from other nations including Singapore and Taiwan highlight the fact that this nation can’t be isolated based on foreign intrigues.

In terms of geopolitics the powers of China, India, and Japan respectively understand the significance of Myanmar. At the same time, the Russian Federation understands the bigger geopolitical picture and along with China, these two Permanent Members of the United Nations are valuable friends of Myanmar.

However, for Myanmar, this nation doesn’t need to focus on any single nation or one collective angle. Instead, China, India, and Japan – and others – seek positive ties with Myanmar based on various factors. Hence, Myanmar should utilize each nation for the unique traits that exist. For example, China is important for economic investments and is a Permanent Member of the United Nations. Likewise, Japan is a democratic and economic power that can boost the infrastructural development of Myanmar, can mediate with leading Western powers in the northern hemisphere, provide technological advancements, boost economic investments, and other important areas.

In relation to India, the International Institute for Strategic Studies, stipulates, New Delhi views the nation as a key part of its ‘Act East’ policy, which was announced by Modi during the 12th ASEAN–India Summit in Myanmar in 2014. India believes it can use Myanmar to strengthen trade links and increase engagement with the regional grouping – but sees Myanmar as a neighbor first, and an ASEAN member second.”  

Hence, for India, the nation of Myanmar is important based on regional factors, the geopolitical angle in relation to China, national security issues, and is a key nation in India’s “Act East” initiative. Equally, Myanmar is a natural bridge to ASEAN based on geography. Also, in recent times India and Japan are increasingly looking at enhancing important areas related to geopolitics, the military, and economics.

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Recently, State Counsellor Aung San Suu Kyi of Myanmar met Prime Minister Shinzo Abe of Japan in Tokyo. Prior to this important meeting, Modern Tokyo Times stipulated, Japan values positive relations with Myanmar based on recent history and because of the progress made by this nation in recent times in the realm of democracy. Of course, the geopolitical angle of Myanmar is richly important and the binding ties of Buddhism mean that both nations have natural bonds. Therefore, Aung San Suu Kyi knows that her reception is keenly awaited in the corridors of power in Japan.”

Overall, Myanmar doesn’t need to fall into any one single orbit because China, India, and Japan have various strengths. Similarly, the Russian Federation is a good bridge between China and India – and political elites in Moscow seek to further ties with Japan. At the same time, the Russian Federation is a Permanent Member of the United Nations and recent military sales highlight new ventures in the pipeline. Therefore, Myanmar is of geopolitical importance and the same applies to the entire development of the Mekong Delta region – this factor, and many others equates to Myanmar being able to cherry pick the best angle of China, India, and Japan in order to strengthen many areas of the nation.

https://www.iiss.org/blogs/analysis/2018/05/india-myanmar...

http://moderntokyotimes.com/japan-to-welcome-state-counse...

samedi, 20 octobre 2018

The Geopolitics of the Khashoggi Murder

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The Geopolitics of the Khashoggi Murder

by Graham E. Fuller

Ex: https://lobelog.com

The grisly details of the murder of Saudi journalist Jamal Khashoggi by Saudi security goons in their own consulate in Istanbul has riveted global attention like few other recent stories. Not surprisingly, the lurid descriptions of this single sensational case have far greater impact on public perceptions than the deaths of some ten thousand Yemenis—mostly civilians— in Saudi Arabia’s military operations in Yemen—facilitated by Washington and London.

Simultaneously we have the theatrical spectacle of the Erdogan government in Turkey releasing in tantalizing dribs and drabs the apparently documented details of the horrors of Khashoggi’s torture, murder and dismemberment, keeping the story alive. All of this skillfully escalates public revulsion and places Saudi Arabia and its impetuous crown prince Muhammad bin Salman (MbS) into a stark spotlight before the world. Saudi Arabia has many enemies in this world; the chickens are coming home to roost.

But what is really going on here? What is Turkey up to?  

Pundits love to talk about some “implacable historical confrontation” between Shi’ite Iran and Sunni Saudi Arabia. To buy into this is to miss deeper issues. In reality it is the ideological gulf between Saudi Arabia and Turkey, not Iran, that is more deeply rooted—even if less publicly aired—than the so-called Iranian threat. It is about the future face of the Middle East,

For starters, it was the Ottoman Turkish Empire that undertook to  roll back and overthrow the first Wahhabi state to arise in Arabia in the early 19th century that had already rampaged across the peninsula when the Holy Places were under the legal protection of the Ottoman Sultan.

But what are the fissures today? The bottom line is that Turkey represents a modern, rational, institutionalized state still functioning within a democratic order—although its moderate Islamist president Erdogan is now probing the boundaries of what is acceptable in a democratic state. Nonetheless Erdogan has won successive elections, even while playing rough games against opposition parties. It may be harder today than a decade ago to speak of “democratic Turkey” but it is nonetheless a reality in terms of its political parties, elections, political debate inside parliament and in public (though limited in the state-controlled media.) Turkey’s sophisticated electorate, general westernization, the position of women, its advanced economy, levels of education and westernization and long-standing political and social institutions—however much manipulated and abused by Erdogan today—still exist. Turkey’s political sophistication and experience over the longer run will enable democratic practice to prevail.

The point of this is not to praise Turkey’s democratic order today; there is now much to criticize in Erdogan’s personalized and arbitrary management of the country, his arrest of outspoken journalists and purges of police, the courts, and universities.  Indeed, if Erdogan had resigned after his first ten years in office, his long list of accomplishments and those of his party would suffice to make him the greatest prime minister in modern Turkish history. Yet—classically—power corrupts and often leads to greater authoritarianism;  we now witness Erdogan’s  squandering of his own legacy through his own arbitrary and high-handed actions.

But that is not the point. For all of its current abuses, the political and social institutions of even Erdogan’s Turkey scare Saudi Arabia. Turkey has a constitution, maintains the trappings of democracy and elections and political debate in a parliament. All these things are anathema to Riyadh and threaten the very basis of Saudi monarchy.  In addition, Erdogan’s party, the AKP, represents a moderate Islamist perspective in the region that stands in near total opposition to the narrow, xenophobic, intolerant and extreme version of Islam—routinely exported—of Saudi Wahhabi Islam. Erdogan’s views are closer to the more modern Muslim Brotherhood—an old and now mainly non-violent party that embraces at least the principles of democratic procedure, elections, and a broad-based electorate that includes non-Muslims. It wins elections. Saudi Arabia loathes the Muslim Brotherhood which they view as ultimately serving to undermine monarchy; indeed political Islam basically has little regard for monarchy which it perceives as lacking in Islamic legitimacy.

In short, the Turkish view of politics and Islam is abhorrent and threatening to the Saudi political order that is based on monarchy and Wahhabi clergy. If any state represents advanced Islamic opinion in this world, it is more likely Turkey and certainly not Saudi Arabia with its near medieval mind-set coexisting alongside its glittering turnkey skyscrapers.

Then we have the anomaly of Qatar. This small Gulf state is also a monarchy and even embraces—at least nominally—Wahhabi Islam, but in a vastly more open and tolerant form than the Saudi version. Qatar, even though a monarchy, also views the Muslim Brotherhood as essentially the face of a more modern future political Islam, far from the Saudi Wahhabi version. And Qatar sponsored and still maintains the pan-Arab satellite TV station al-Jazeera, which revolutionized public discussion of politics all across the Arab world and beyond. Riyadh detests the debates on al-Jazeera and the threat that such open discussion of regional politics poses to autocracy. Turkey, for all its present warts, represents the future of Muslim governance in the region while Saudi Arabia languishes far in the past, apart from the formidable power of its wealth.

Saudi Arabia aspires to leadership of the Muslim world, but apart from its massive wealth and technical “custodianship” of the Muslim Holy Place, its sterile and arthritic culture offers very little to anybody.

Qatar too finds itself in close sympathy with the Turkish government. And with MbS’s rash decision to try to bring to heel or overthrow the independent-minded government of Qatar, Turkey lined up with Qatar and dispatched Turkish troops there to guard the border against possible Saudi military invasion.

Saudi Arabia and Turkey fundamentally represent rival forces jockeying for influence in the future Syrian political order in post-civil war Syria.

Sunni Qatar and Sunni Turkey both deal widely with Shi’ite Iran. Yet Saudi Arabia claims that Iran is the source of all evil and instability in the Middle East, and shares ever closer ideological views with Israel—on purely cynical basis of enemy-of-my-enemy. Sadly Washington has bought into this Israeli-Saudi narrative on Iran.

With the murder of Jamal Khashoggi in Istanbul, Ankara has been happy to exploit the scandal and turn the screws on Riyadh. Ankara’s staged leaks of detailed grisly documentation of the event has thrown Riyadh badly off balance—which strengthens the hand of Ankara and nearly everybody else including Washington in being able to pressure the Saudi Kingdom.

Iran of course is the alleged sinister threat constantly trumpeted by Riyadh—and Israel—a policy designed ultimately to bring the US into a war with Iran. Here too Riyadh more fundamentally fears Iran as  an evolving democratic state in an Islamic context; Iran’s elections and fairly transparent politics are all closely followed by the outside world, they matter.  Basically Iran will preside over a functioning democratic state far earlier than Saudi Arabia ever will; Saudi Arabia indeed lacks any institutional foundations for such an open political order. In addition the Saudis fear their own oppressed Shi’ite minority, yet deep Shi’ite alienation becomes a self-fulfilling prophesy under onerous Wahhabi oppression. Above all, Wahhabi Islam detests Shi’ite Islam in principle—even as Wahhabism is hostile to nearly all other schools of Islam as well. So Iran constitutes for Riyadh the ideal target that can be opposed on religious and ideological grounds while avoiding denunciations of Iranian democratic structures, elections, or analysis of the oppression of Saudi Shi’ites.

This is why Ankara is happy to embarrass Riyadh in its murder of Khashoggi; the two countries are far more rivals than allies in the Muslim world and will remain so. Yet Ankara still does not wish to break with Riyadh entirely either, since Saudi financial resources might still just be useful to Ankara down the road.

As the geopolitics of the world changes—particularly with the emergence of new power centers like China, the return of Russia, the growing independence of Turkey, the resistance of Iran to US domination in the Gulf, the waywardness of Israel, and the greater role of India and many other smaller players—the emergence of a more aggressive and adventuristic Saudi Arabia is not surprising. Indeed we might even say it is overdue in a state so long marked by conservative and cautious foreign policy.  And so for Washington “managing the Gulf” becomes an increasingly impossible task with every passing year. Too many other significant players have stepped into the game with their own vital interests—even as the US has reduced its international clout to a primarily military role —a trend that well precedes Trump.

As we follow the lurid news about the murder of Jamal Khashoggi, it’s important to realize that this ugly incident represents just a small piece of the much bigger geopolitical game playing itself out in the Gulf.

Graham E. Fuller is a former senior CIA official, author of numerous books on the Muslim World; his first novel is “Breaking Faith: A novel of espionage and an American’s crisis of conscience in Pakistan;” his second one is BEAR. (Amazon, Kindle). Reprinted, with permission, from grahamefuller.com

Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

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Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

par Emmanuel LEROY,

Consultant et Président d’Urgence Enfants du Donbass

Ex: http://www.academiedegeopolitiquedeparis.com

Introduction 

Avant d’aborder ce qui serait aujourd’hui la vision du monde des héritiers de Vladimir 1er, prince de Novgorod et Grand-Prince de la Rus’ de Kiev, je crois nécessaire d’essayer de comprendre pourquoi la Russie est l’objet de tant de haine de la part des élites qui gouvernent l’occident. Répondre à cette question me parait important car souvent, trop souvent de mon point de vue, depuis le règne de Pierre le Grand, le pouvoir en Russie a eu tendance parfois, à calquer sa politique en réaction ou à l’imitation de l’occident, sans percevoir toujours très clairement les forces véritables qui sont à l’œuvre dans la vision du monde occidentale. Cette tendance lourde a bien évidemment favorisé cette fameuse querelle opposant les slavophiles aux occidentalistes à laquelle l’URSS n’a pas échappé, et dans laquelle la Russie de Vladimir Poutine baigne encore, séparant deux visions du monde antagonistes qu’incarnent parfaitement aujourd’hui des personnalités comme Sergueï Glaziev pour le camp conservateur slavophile ou comme Alexeï Koudrine pour le camp libéral occidentaliste.

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Emmanuel Leroy

Définir ce que souhaite le camp libéral n’est pas très difficile, il nous suffit de regarder à quoi ressemble l’occident aujourd’hui, à savoir des sociétés où toute notion de solidarité a disparu, où l’argent règne en maître, où l’homosexualité et le mariage pour tous sont promus comme une norme, et où l’on augmente l’âge de la retraite tout en ouvrant les vannes de l’immigration au lieu de promouvoir la natalité. La faction libérale en Russie est pratiquement absente du champ électoral comme on l’a vu ces dernières années avec les résultats du parti Labloko, mais elle est en revanche surreprésentée dans les médias – contrairement à ce que l’on pense en occident – dans la sphère économique et au sein du gouvernement où aux côtés du Premier ministre siègent d’autres ministres qui ont parfaitement intégré la théorie de la « main invisible » dans leur vision du monde.

Il est plus difficile de définir précisément ce que souhaitent les conservateurs russes car il y a plusieurs approches possibles du conservatisme : il y a celle incarnée par le club Stolypine de M. Glaziev qui au rebours des idées libérales d’Adam Smith souhaiterait un Etat interventionniste sur le modèle de l’Allemagne de Bismarck influencée par les idées de Friedrich List et de son « protectionnisme éducateur ». Il existe aussi un conservatisme slaviste que l’on pourrait qualifier de social-chrétien et qui s’inspire d’auteurs comme Berdiaev, Soloviev, Iline, Dostoïevsky ou encore Soljenytsine mais qui ne semble pas avoir trouvé de traduction politique dans le paysage russe contemporain. Et il existe enfin, grand paradoxe, un conservatisme communiste dont la permanence peut s’analyser non seulement comme une réaction aux dérives libérales de la Russie sous Boris Eltsine mais également comme un contrepoids à l’hégémonie du parti majoritaire – lorsque celui-ci est perçu comme trop libéral – comme on vient de le voir récemment à Vladivostok.

Autre paradoxe de la société russe contemporaine est celui incarné dans les plus hautes sphères de l’Etat où est promue une vision conservatrice et multipolaire du monde, en réaction à la vision unipolaire et totalitaire de l’occident, tout en ayant conservé au plan institutionnel une constitution occidentalo-compatible héritée des années Eltsine et permettant sur le plan économique la mise en place d’une praxis ultra-libérale que ne désavouerait pas l’Ecole de Chicago. Il s’agit là d’une contradiction idéologique majeure que la Russie devra trancher tôt ou tard, et le plus tôt dans l’intérêt du peuple russe lui-même sera le mieux.

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Pour mieux comprendre en quoi la Russie d’aujourd’hui incarne, presque malgré elle, l’opposition absolue au système occidental, il faut se pencher d’abord sur les origines profondes de la russophobie, ensuite nous devrons répondre à la question délicate « Que veut faire la Russie ? ».

1/ Les origines profondes de la russophobie

2/ Que veut faire la Russie ?

1/ Les origines profondes de la russophobie

Au fil du temps et de mes réflexions, j’ai acquis la conviction que l’on ne peut comprendre les événements géopolitiques sans avoir présent à l’esprit ce que le grand historien Fernand Braudel appelait la longue histoire et qui renvoie en quelque sorte à l’aphorisme de Nietzsche selon lequel « l’homme de l’avenir sera celui qui aura la plus longue mémoire ».

Si l’on refuse l’idée que la plupart des guerres, des coups d’état, des « révolutions de couleur » auxquels nous assistons relèvent d’une très ancienne vision du monde que j’appelle l’Idéologie anglo-saxonne, on se trouve alors dans la situation d’un médecin traitant un cancer avec de l’aspirine.

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne ?

C’est ce que Kipling a appelé Le Grand Jeu lors de l’affrontement des empires russe et britannique dans ce qui n’était pas encore l’Afghanistan. Mais le Grand jeu c’était aussi l’éradication du catholicisme en Angleterre sous Cromwell, c’était la politique des William Pitt, père et fils, dans l’avènement de la révolution française et de la prise de contrôle de la France après la défaite de Waterloo, c’était la politique impériale de Benjamin Disraeli, c’était la guerre du Japon contre la Russie en 1905 et la 1ère révolution qui suivit, financée par les banques anglo-saxonnes, tout comme la révolution bolchevique de 1917, ce furent les deux guerres mondiales et ce jeu, car pour eux c’est un jeu, même s’il est souvent cruel, continue jusqu’à aujourd’hui avec l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie, la Géorgie, l’Ukraine, le Yémen etc..

Je n’aurai pas le temps en quelques minutes de vous résumer 5 siècles d’histoire européenne et a fortiori mondiale, aussi, je voudrais juste esquisser devant vous quelques pistes de réflexion afin que vous creusiez vous-même dans cette direction si vous l’estimez nécessaire.

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume. Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il est le premier à avoir conceptualisé l’idée d’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

C’est là, à partir de cet exploit de piraterie exceptionnel, qu’est née cette idée de parvenir à la suprématie mondiale par la puissance maritime et l’accaparement des richesses d’autrui.

Mais ce qu’il faut bien comprendre – et c’est cela qui est véritablement révolutionnaire – c’est que cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles au sein des élites anglo-saxonnes notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « Qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l’Eurasie ; qui gouverne l’Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à trois siècles de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie.

Mais alors en quoi cette idéologie anglo-saxonne serait-elle russophobe ?

Elle n’est pas spécifiquement russophobe, elle a d’abord été francophobe, puis hispanophobe, puis à nouveau francophobe, puis germanophobe, mais il se trouve qu’après les défaites successives de l’Espagne à la fin du XVIIème siècle, de la France en 1815, des empires centraux en 1918 et du monde germanique en 1945, il ne reste plus qu’un protagoniste sur le continent eurasiatique à s’opposer aux Anglo-Saxons, et c’est le peuple russe.

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Voilà brièvement résumées, les causes profondes de la russophobie et tant que l’on n’a pas intégré cette vision de la longue histoire, on ne peut comprendre véritablement la nature des conflits qui sont en cours. Ces conflits sont des étapes, des épiphénomènes dans le Grand jeu de contrôle des destinées de l’humanité par la nomenklatura anglo-saxonne et la Russie est le dernier grand obstacle qui se dresse devant elle et voilà pourquoi elle doit disparaître. À n’importe quel prix.

Et elle a bien failli disparaître en 1991 quand elle perdut 1/5ème de son territoire et plus de 30 millions de ses concitoyens qui sont aujourd’hui, Kazakhes, Kirghizes, Ouzbèks ou Tadjiks. Elle a failli mourir aussi durant ces années 90 où elle fut pillée et saccagée ignominieusement par des prédateurs travaillant en étroite relation avec la finance anglo-saxonne.

Pour ceux qui voudraient un dessin explicite, je leur conseille de visiter l’académie Glazounov à Moscou où au 1er étage se trouve un immense tableau de cet illustre peintre et résumant parfaitement le martyre que subit la Russie durant ces années terribles.

Oui, je pense également que la fin de l’Union soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle car elle a permis à l’occident d’avancer jusqu’aux frontières de la Russie et même de mettre la main sur son cœur historique, la Rus’ de Kiev.

À ce stade, que peut faire la Russie pour inverser le processus et mettre un terme à l’hégémonie totale de ceux qui veulent prendre en main les destinées du monde, car tout bien pesé, c’est bien de cela dont il s’agit : unipolaire ou multipolaire le monde de demain devra choisir et dans ce contexte d’antagonisme absolu, que pourra faire la Russie ?

Et tout d’abord…

2/ Que veut faire la Russie ?

Il peut paraître présomptueux, surtout ici, devant des citoyens russes, de poser cette question, mais si l’on se souvient de ce que disait Churchill lui-même à ce sujet, à savoir que « la Russie était un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », il n’est peut-être pas inutile d’ouvrir la matriochka pour essayer de voir ce qu’il y a dedans.

Je crois que la Russie a un rôle essentiel à jouer dans les années qui viennent pour restaurer un équilibre dans le monde mais c’est un message qui est difficile à faire passer car le tempérament russe est assurément peu porté à l’universel, du moins tel que le conçoivent les Français ou les Anglo-Saxons.

Pourtant la Russie a déjà par deux fois dans son existence, proclamé sa vérité dans le monde. La première fois, c’était au nom de la Sainte Alliance quand le Tsar Alexandre 1er tentait d’élever une digue contre les idées destructrices de la Révolution française. La deuxième fois, et c’est un paradoxe, c’est au nom des idéaux de cette même Révolution française que les bolcheviques répandront sur la terre l’idéal prolétarien.

On voit se dessiner en Russie, depuis le début des années 2000 une vision du monde multipolaire et qui semble vouloir s’afficher comme une altérité à l’idéologie occidentale.

Pour bien comprendre la réorientation de la Russie en ce début de XXIème siècle, il faut relire le discours fondamental de Vladimir Poutine à Munich en février 2007 qui entend mettre un terme à l’unipolarité anglo-saxonne et qui réaffirme une certaine conception westphalienne d’équilibre du monde.

Voilà ce que déclarait le Président de la Fédération de Russie : « J’estime que le monde unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (…) manquera de ressources militaro-politiques et économiques, mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur une base morale et éthique de la civilisation contemporaine ».

Dans ce discours, Vladimir Poutine remettait également en cause la prétendue primauté du droit étatsunien sur le droit international et dénonçait la volonté des Etats-Unis d’empiéter dans les domaines réservés des autres Etats, notamment à travers la sphère juridique.

Mais contester le modèle occidental en lui opposant la multipolarité – qui n’est qu’un concept creux – n’est pas suffisant. Tant que l’économie et les institutions russes fonctionneront avec le moteur occidental de l’idéologie libérale, la Russie sera confrontée à une contradiction interne qui sera mortelle à terme.

À l’idéologie des droits de l’homme, il faut opposer la primauté du droit des peuples.

Au libéralisme égoïste et destructeur qui ne favorise que l’oligarchie mondiale, il faut opposer l’interventionnisme de l’Etat souverain protecteur des plus faibles.

À la permissivité sans limite et à la destruction des valeurs fondamentales des sociétés humaines, il faut opposer la protection de la famille et des valeurs traditionnelles, y compris religieuses.

Ces quelques exemples montrent bien que la nature de la guerre totale qui oppose aujourd’hui l’occident à la Russie est bien culturelle et idéologique avant d’être militaire et je redoute fort que les conflits chauds ou tièdes comme ceux de Syrie ou du Donbass et dans lesquels les Anglo-Saxons entraînent la Russie aujourd’hui, ne soient que des leurres pour dissimuler le cheval de Troie que jour après jour les occidentaux mettent en place dans tout l’espace de la CEI.

Nous étions en Arménie la semaine dernière avec mon ami Jean-Michel Vernochet pour une série de conférences et de rencontres et nous avons pu mesurer la réalité de la présence étatsunienne dans ce pays ex-soviétique où ils ont installé leur deuxième plus grande ambassade dans le monde aux confins de la Caspienne, de la Mer Noire et de la Méditerranée : pas un programme culturel ou archéologique sans la présence du logo « USAID », pas un café qui n’arbore fièrement le sigle Coca-Cola et jusqu’à la Bibliothèque nationale d’Arménie qui abrite en son sein un « American Corner » où sont diffusées, entre autres, les œuvres de M. Brzezinski et de l’amiral Mahan. Même les Chinois sont présents à Erevan avec leur programme « China Aid ». Nous n’y avons pas vu de programme « Russia Aid » et dans ce pays qui comptait 100% de russophones il y a un quart de siècle, les jeunes générations ne parlent plus que l’anglais et dans moins d’un siècle il n’y aura plus que quelques savants distingués qui parleront encore la langue de Pouchkine.

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Plus grave encore que ce que je viens de vous décrire en Arménie, est la reconnaissance de l’Eglise autocéphale d’Ukraine la semaine dernière par le patriarcat de Constantinople. Il s’agit là encore d’une catastrophe géopolitique ou géoreligieuse majeure pour le monde slave. À quoi sert de vaincre militairement le terrorisme manipulé par l’occident en Syrie quand le monde orthodoxe est menacé d’un schisme majeur ?

Je voudrais achever cette intervention en formulant le vœu que la Russie retrouve sa place, toute sa place dans le monde, notamment en reprenant la tête de file des pays non-alignés afin que se dresse contre la maladie occidentale une alliance de pays libres et souverains. La Russie pourrait proposer de remettre à jour la Charte de La Havane de 1948 et d’y entraîner tous les peuples qui veulent sortir de la spirale mortifère de l’idéologie anglo-saxonne. Quelques pays en Europe et dans le monde semblent aujourd’hui se réveiller et être prêts à sortir de l’état de vassalité et d’esclavage dans lequel ils sont plongés.

La Russie non seulement s’honorerait à les y aider, mais ce faisant, j’en suis persuadé, elle se sauverait elle-même.

jeudi, 18 octobre 2018

Belligérance tous azimuts : Trump veut reprendre le contrôle de l’Amérique latine

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Belligérance tous azimuts : Trump veut reprendre le contrôle de l’Amérique latine

 
Auteur : Ken Livingstone
Ex: http://www.zejournal.mobi 
 

Trump intensifie ses efforts pour provoquer des changements de régime dans les pays d’Amérique latine qui refusent de se plier à ses desiderata, tout en gardant un silence hypocrite sur les violations des droits humains commises par des alliés américains comme l’Arabie saoudite.

Ces dernières années, la droite a refait surface en Amérique latine. La première étape de l’élection du prochain président du Brésil a vu le candidat de droite Jair Bolsonaro remporter 46 % des voix. À deux semaines du scrutin final, il mène de 16 %.

Même si les gouvernements progressistes qui placent l’égalité, l’éducation, les soins de santé et la lutte contre la pauvreté au premier plan de leur politique, sont toujours puissants dans la région, la dernière période a été difficile, y compris au Venezuela.

Mais il est également vital, en temps de crise, de se rappeler pour quoi se battent ceux qui, comme nous, participent à des campagnes de solidarité. Le décès d’Hugo Chavez en 2013 nous a tous bouleversés, mais les idéaux et les progrès sociaux pour lesquels il s’est battu ne sont pas morts avec lui. Ceux qui écoutent les médias de droite, ne voient en Chavez qu’un dictateur brutal, et refusent d’admettre qu’il a changé Venezuela en mieux. Chavez ne s’intéressait d’ailleurs pas uniquement à son propre pays : il voulait remodeler le continent tout entier. Il a été une inspiration pour ceux qui, comme lui, voulaient s’attaquer aux énormes inégalités et sortir du système néo-libéral qui nuit à la population.

J’ai eu l’honneur de le rencontrer lorsqu’il est venu à Londres en 2006 et de travailler avec lui par la suite. Ce qui m’a le plus frappé chez lui, c’est que contrairement à tant d’autres présidents et premiers ministres, c’était un homme simple, complètement dépourvu de la vanité ou de l’obsession de célébrité qui défigure tant de nos dirigeants. Il n’était pas issu d’un milieu politique et il avait passé sa carrière militaire à mener la lutte contre les guérillas qui tentaient de renverser le gouvernement réactionnaire du Venezuela. J’ai été très ému quand il m’a dit ce qui l’avait fait changer. C’est au cours d’une escarmouche où l’un de ses hommes, un de ses bons amis, a été abattu. Chavez l’a tenu dans ses bras pendant son agonie, et c’est à ce moment que Chavez a décidé que lui-même et son pays devaient changer.

J’ai pris la parole le week-end dernier lors de la campagne de solidarité avec le Venezuela, organisée pour commémorer le vingtième anniversaire de la première victoire électorale de Chavez. J’ai dit que nous devions faire connaître son vrai bilan.

Malgré les campagnes de diffamation des États-Unis et des médias, la tentative de coup d’État et les efforts incessants de l’opposition pour le chasser par des moyens antidémocratiques, Chavez est resté fidèle à son objectif de sauver le Venezuela. Comme on peut le voir par ses actes politiques :

– Il a mis en place le Programme Mission Miracle qui a sauvé plus de 3,5 millions de personnes de la de cécité en Amérique latine.

– Il a fourni 1,2 million de logements bons marchés aux plus démunis du Venezuela, et ce nombre ne cesse de croître depuis 2010.

– Ses programmes d’éducation ont éradiqué l’analphabétisme au Venezuela, 1,5 million d’adultes ont appris à lire et à écrire.

– Le nombre de Vénézuéliens bénéficiant d’une pension d’État a sextuplé.

– Il a également mis en place un service national de santé qui a permis de sauver la vie de millions de personnes.

Malheureusement, l’économie vénézuélienne est aujourd’hui confrontée à de réels défis, la chute massive des prix du pétrole a sapé l’économie, les exportations de pétrole étant la principale source de revenu du pays. Mais ce qui a causé le plus de dégâts, ce sont les sanctions américaines contre le Venezuela, qui ont commencé sous l’administration Obama, et qui ont été considérablement aggravées par Trump. Il s’agit notamment de l’interdiction pour les États-Unis d’acheter toute dette ou créance du gouvernement vénézuélien et du géant pétrolier public PDVSA.

Il n’est pas surprenant que les sanctions économiques aient accru les pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres biens essentiels tout en limitant la capacité du gouvernement à résoudre les problèmes économiques du pays. Ce sont les Vénézuéliens à faible revenu qui souffrent le plus. Les sanctions ont également accru la polarisation politique, rendant le dialogue indispensable plus difficile au moment où des voix internationales viennent soutenir les efforts du pays pour sortir de la crise.

Pendant sa campagne présidentielle, Trump a clairement indiqué qu’il voulait provoquer un changement de régime au Venezuela et on ne peut pas l’accuser de ne pas tenir sa promesse. Les sanctions contre le Venezuela, en sont la preuve d’autant qu’elles s’accompagnent de menaces d’une intervention armée.

On a appris le mois dernier, grâce au New York Times, que des officiers vénézuéliens dissidents avaient tenu une réunion secrète avec des responsables de l’administration Trump pour discuter du renversement de l’actuel président Nicolas Maduro. L’article expliquait que l’administration Trump avait refusé de les soutenir, mais les sanctions continuent. La Maison-Blanche a refusé de répondre aux questions sur ces entretiens mais a admis « dialoguer avec tous les Vénézuéliens qui manifestent un désir de démocratie afin d’apporter un changement positif à un pays qui a tant souffert ».

Il y a déjà eu deux tentatives ratées pour renverser le gouvernement de Maduro, dont une en août pendant un rassemblement à Caracas, où deux drones ont explosé sans toucher leur cible.

Ce n’est pas la première fois que Trump menace publiquement d’intervenir militairement. En août 2017, il a dit« nous avons le choix entre plusieurs options pour le Venezuela, y compris une option militaire si nécessaire. »

Cela fait des décennies que les Etats-Unis s’efforcent renverser des gouvernements progressistes ou parfois même des gouvernements qui affirment simplement leur souveraineté nationale, en utilisant toutes sortes de méthodes qui vont des coups d’État par des moyens détournés et discrets aux coups militaires, des sanctions aux blocus et de l’isolement international aux interventions militaires.

Les manifestations de belligérance tous azimuts de Trump, y compris sa volonté de construire un mur le long de la frontière avec le Mexique, sont accompagnées du versement de millions de dollars à des organisations qui œuvrent contre des gouvernements qui refusent d’obéir aux Etats-Unis, pour réaffirmer le contrôle américain dans la région.

Il n’y a pas que le Venezuela qui subit des sanctions, la République du Nicaragua et Cuba en subissent depuis près de soixante ans. Ce qui n’est jamais dit dans les médias, c’est que ces sanctions sont illégales en vertu du droit international. Mais l’Amérique a un droit de veto aux Nations-Unies et domine les principales institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

Des investissements dans son économie et une diversification qui lui éviterait de dépendre totalement du pétrole permettraient au Venezuela de résister à la politique de Trump. Espérons que le processus de dialogue qui se déroule au Venezuela et le succès des récentes élections régionales permettront de revenir à la normale et de relever les défis auxquels le pays est confronté.

Mais Trump n’a pas que le Venezuela en ligne de mire. Après la réélection des Sandinistes (FSLN) en 2016, la dernière attaque des États-Unis contre le Nicaragua est le Nicaraguan Investment Conditionality Act qui vise à bloquer les prêts de la Banque mondiale, de la Banque internationale de développement et d’autres institutions au Nicaragua. Le Nicaragua reçoit chaque année des millions de dollars de prêts pour investir dans les infrastructures et les programmes éducatifs et sociaux. Cette loi a été largement condamnée, notamment par les représentants des entreprises, le parlement et les syndicats.

Trump reprend l’attitude hostile de George W Bush vis à vis Cuba. En juin de l’année dernière, Trump a promis de revenir sur les modestes progrès réalisés sous Obama et de renforcer le blocus étasunien de l’île, malgré l’opposition de la plupart des Cubano-américains. Trump a aussi expulsé 60% des diplomates cubains pour satisfaire les partisans de la ligne dure.

Il faut savoir qu’il y a une alternative à l’agenda de Trump. L’opposition à Trump se renforce aux Etats-Unis, en Amérique latine et dans le monde entier, y compris ici en Grande-Bretagne, où le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a fait preuve d’une réelle intégrité en étant la première personnalité politique nationale à demander à Theresa May de renoncer à recevoir Trump. Corbyn a dit : « Soyez sûrs que je m’opposerai et que le parti travailliste s’opposera à tous ceux qui attisent les peurs chez nous et à l’étranger, et le parti travailliste se tiendra sans équivoque aux côtés de ceux qui manifestent contre Trump et il le fera jusqu’à notre victoire ».

L'auteur, Ken Livingstone, est un politicien anglais, il a été maire de Londres de 2000 à 2008. Il a également été député et membre du Parti travailliste.

Traduction: Dominique Museletet

Photo d'illustration: © Reuters / Marco Bello


- Source : RT (Russie)

mardi, 16 octobre 2018

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

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Der Weg nach Eurasien

Von Johannes Schüller

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Durch die ukrainische Krise könnte die NATO erstmals seit dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 wieder einen ebenbürtigen geopolitischen Gegner finden. Die Russische Föderation unter Präsident Wladimir Putin wächst nach der wirtschaftlichen und politischen Not der 1990er Jahre zur neuen Kontinentalmacht heran. Schlagworte wie „Eurasien“ bündeln auch die Hoffnungen einiger rechter Kritiker weltweiter US-amerikanischer Dominanz. Doch die Ideen dahinter sind alt: Das multiethnische Rußland hatte nie die Gestalt des klassischen europäischen Nationalstaates. Seit dem 19. Jahrhundert entstanden deshalb verschiedenste Ideen, dem Westen eine andere, konservative Identität gegenüberzustellen.

Drei Schlüsselereignisse trieben die Entwicklung des russischen Selbstbewußtseins voran. Das erste, wahlweise als traumatisch oder initial wahrgenommene Ereignis bildete die Herrschaft Peter des Großen von 1682 bis 1725. Seine am westeuropäischen Vorbild orientierten Reformen in der Wirtschaft, Verwaltung, im Schulwesen und Militär sicherten Rußland den Weg zur Großmacht. Zugleich stellten sie aber auch die altrussische Reichsidentität, die sich am mittelalterlichen Erbe des Moskauer Großfürstentums und der einer vor allem bäuerlichen geprägten Gesellschaft orientierte, fundamental in Frage. Doch auch Peter I. konnte Rußlands Staat und Kirche, dieses seltsame „Gemisch von byzantinischem, lateinischem und mongolischem Ursprung“1, nicht endgültig europäisieren.

Die Dekabristen: Volksbegriff der deutschen Romantik

Gut hundert Jahre später folgte das zweite Schlüsselereignis: Kaiser Alexander I., Herrscher von 1801 bis 1825, führte 1812 den ersten „Vaterländischen Krieg“ des Russischen Reiches gegen Napoleon. Trotz der französischen Niederlage wirkte der kulturell-geistige Einfluß des modernen Europas bis tief ins 19. Jahrhundert nach. Junge, adelige Offiziere kamen als Besatzer mit den sich herausbildenden Nationalstaaten Europas, dem Konstitutionalismus und den Ideen der Aufklärung in Berührung. Diese Erfahrung führte unter anderem, ausgehend von Soldaten und Offizieren, zum Aufstand der Dekabristen am 14. Dezember 1825 als „erste[r] Erfahrung Rußlands mit der politischen Revolution“2. Den Anlaß bildete der eingeforderte Eid auf den neuen Kaiser Nikolaus vor Senat und Synode in St. Petersburg. In ihren oppositionellen Verfassungsentwürfen stellten sie den alten Reichspatriotismus in Frage und setzten an seine Stelle einen auch den Ideen der deutschen Romantik entlehnten Volksbegriff.


Sprache und Geburt galten demnach erstmals als entscheidendes Kriterium für die russische Staatsbürgerschaft. Angesichts des bisherigen übernationalen und sich vor allem am Zaren-Patriarch orientierten Selbstverständnisses handelte es sich um eine revolutionäre Forderung. Zudem forderte die dekabristische „Wohlfahrtsunion“, offenbar inspiriert vom Vorbild der Französischen Revolution, eine sprachliche und politische Homogenisierung der Bevölkerung des Reiches, die Durchsetzung einer vorpetrinischen Terminologie und eine Reinigung der russischen Sprache von Fremdwörtern. Im Mittelpunkt dieses Programms stand das russische Volk als Kulturnation, das „narod“. Dieses Wort sollte zum Schlüsselbegriff eines ethnischen russischen Nationalismus werden.

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Der Nationalismus begann in Rußland konservativ

Diese von Westeuropa inspirierte Identität trug revolutionären Charakter, denn ein vorrangig auf das Volk als Kulturnation bezogenes Bewußtsein gab es zuvor in Rußland kaum. Die zwei Säulen der Reichsidentität, die sich seit dem 16. Jahrhundert durchsetzte, bildeten die Herrschaft des Zaren als Autokraten sowie dessen Legitimation und Verbindlichkeit durch die orthodoxe Kirche. Erst Mitte des 18. Jahrhunderts lassen sich erste Anzeichen eines kultur- und sprachbezogenen Nationalbewußtseins im gebildeten Adel feststellen.3 Der russische Nationalismus hatte, anders als in Westeuropa, einen konservativen Ursprung: Ein Zeugnis davon legt die „Schrift über das alte und neue Rußland“ des offiziellen Reichshistoriographen Alexanders I. und Schriftstellers Nikolai Michailowitsch Karamsin ab. Karamsin, der zuerst mit der Französischen Revolution sympathisierte und schließlich zu einem ihrer entschiedensten Kritiker wurde, bezog in diesem 1811 veröffentlichen Werk deutlich Stellung gegen westeuropäische Einflüsse und berief sich statt dessen auf die nationalrussische politische und kulturelle Tradition.


Die entscheidende Rolle in der offiziellen Durchsetzung eines dezidiert konservativen Nationalbewußtseins aber sollte Sergei Semjonowitsch Uwarow spielen: Als „Minister für Volksaufklärung“ unter Nikolaus I., der als Kaiser von 1825 bis 1855 die Abwendung Rußlands vom einstigen Vorbild Westeuropa betrieb, setzte er die sogenannte Uwarowsche Triade durch. Sie gilt als „Gründungsurkunde des russischen Nationalismus“. Ihre drei Elemente hießen „Orthodoxie“, „Autokratie“ und „volksverbundener Patriotismus“, „narodnost“ im russischen Original. Uwarow zog damit zugleich die Konsequenzen aus dem gescheiterten Dekabristenaufstand. Er übernahm die Sprache des politischen Gegners, um sie zugleich im Sinne des zaristischen Vielvölkerreichs umzuinterpretieren, in dessen Mittelpunkt Rußland als führende Nation verstanden werden sollte. Der politischer Notwendigkeit geschuldete Kompromiß zwischen Reichs- bzw. Staats- und Volksidentität blieb bis ins heutige, moderne Rußland erhalten. Der modellierte Nationalismus Uwarows sollte aber zugleich die Integrität eines vor allem multiethnischen Reiches auf die Probe stellen, denn die „Umgründung des Imperiums in einen russischen Nationalstaat“4 stellte das bisherige Selbstverständnis des Zarismus in Frage.

Die Slawophilen: Dorfgemeinschaft als Ideal

Deutlich wird das auch in der sich Mitte des 19. Jahrhunderts etablierenden Bewegung der Slawophilen. Sie trieben gemeinsam mit den ideologisch konträren Westlern die öffentliche Debatte um die russische Identität voran. Unter dem Einfluß des aufkeimenden Nationalbewußtseins und der deutschen Schule des Idealismus, darunter Friedrich Wilhelm Schelling und Friedrich Hegel, etablierten sie einen auch dem deutschen Idealismus entlehnten Volksbegriff. Zu den Kernelementen der Mehrheit der Slawophilen gehörten vor allem die dezidierte Kritik am zeitgenössischen Zarenreich, die Forderung nach einer „theologiefreien Volkskirche“ – im Gegensatz zur orthodoxen Staatskirche –, eine Idealisierung des einfachen Volkes sowie des vormodernen, also in erster Linie vorpetrinischen Rußlands. Das hieß konkret, so die Osteuropa-Historiker Frank Golczewski und Frank Pickhan: „Moskau statt St. Petersburg, Einheimische statt ‚fremder‘ Berater, das friedliche Leiden und Fühlen der Russen gegen das oberflächliche, rationalistische, dominierende Agieren der Ausländer.“5 Im Gegensatz zur kriegerischen Entwicklung des Westens sei Rußland aus Liebe und Gewaltlosigkeit entstanden, urteilte der russische Romantiker Stepan Petrovič Ševyrev. Verkörpert wurde dieses explizit vormoderne Selbstverständnis in der „obščina“, dem Urtypus der bäuerlichen Dorfgemeinde. Diese Identität ließ politisch zweierlei zu: zum einen die grundlegende Auffassung, „daß das russische Volk demokratisch war“6 und in seiner regionalen Vielfalt auch grundlegende kommunale Selbstbestimmung Ausdruck findet, und zum anderen die Besinnung auf die überlieferte familiär-patriarchalische Ordnung des Dorfes, die auf Reichsebene in der Autorität des Zaren gipfelt.

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Aleksandr Nikolaïevitch Axakov

Anders als in Europa bezog sich der Nationalismus im Zarenreich in seinen Ursprüngen zudem nicht auf das sich gesellschaftlich durchsetzende Bürgertum, sondern stärker auf Prekariat und Bauerntum. Die Verbindung von Unterschichtenbewußtsein und Nationalismus bildet bis heute in Rußland eine wichtige Denkschule, etwa in Gestalt des linke und rechte Elemente vereinenden Nationalbolschewismus der 1990er Jahre.
Die Gleichsetzung russischer Identität und des Unterschichtenbewußtseins spiegelt sich im 19. Jahrhundert vor allem im Werk von Fjodor Michailowitsch Dostojewski wider. Als sein weltweit „bekanntester russischer Roman“ darf bis heute Schuld und Sühne gelten. Hier treffen die Metropole St. Petersburg heimatlose, entwurzelte Großstädter und Provinzmädchen ebenso wie die psychologischen Defekte der Moderne gegenüber christlich-orthodoxer Erweckung aufeinander. All dies bündelt sich in der Figur des 23jährigen ehemaligen Jurastudenten und Mörders Rodion Romanowitsch Raskolnikow. Dieser lebt um 1860 in ärmlichsten Verhältnissen und wohnt in einer düsteren, sargähnlichen Dachstube, die „eher einer Handkammer oder einer Art Schrank als einem Wohnraum“ ähnelt, inmitten des „unerträglichen Geruchs aus den Schenken“ von St. Petersburg. Er ist „so schlecht gekleidet, daß manch einer, selbst ein an schlechte Kleidung gewöhnter Mensch, sich geschämt hätte, in solchen Lumpen am Tag auf die Straße zu gehen.“7 Zugleich erweist sich Raskolnikow intellektuell jedoch als überdurchschnittlich begabt. Als vermeintlich außergewöhnlicher Mensch gesteht er sich die gleichen moralischen Privilegien zu, die beispielsweise auch Napoleon für sich in Anspruch hätte nehmen können. Das Opfer dieses Größenwahns ist eine alte herzlose Wucherin, die er als unnötige Last der Menschheit betrachtet und, ebenso wie deren geistig minderbemittelte Schwester, ermordet.

max-beckmann-dostojewski-i.jpgDostojewski: National-religiöse Überwindung des Nihilismus

Doch Raskolnikow zeigt sich seiner Tat nicht gewachsen. Er wird zunehmend nervöser und verräterischer, obwohl er offenbar einen „perfekten Mord“ ohne eindeutige Spuren durchgeführt hat. Dennoch wird Raskolnikow nach zwei, oftmals durch Fieberfantasien unterbrochenen Wochen als Mörder gefaßt. Seine Schwester und die Mutter aus der russischen Provinz, die als Personifikationen ärmlicher Unschuld erscheinen, können die Verwirrung Raskolnikows erst kaum verstehen. Ins sibirische Zuchthaus treiben ihn der Untersuchungsrichter Porfirij Petrowitsch, der ihn unter anderem mit einer Diskussion über die Idee des Übermenschen auf die Schliche kommt, sowie die Prostituierte Sonja Marmeladow. Petrowitsch jedoch fehlen die belastenden, eindeutigen Beweise, obwohl alles auf Raskolnikow als Mörder hindeutet.


Die ehemalige Prostituierte aber, die selbst tiefgläubig ist, überredet Raskolnikow zum Geständnis, damit er seine Sünde bereue. Vor Gericht bekennt dieser die Tat in vollem Umfang, beschuldigt sich noch zusätzlich selbst und erklärt, er habe „infolge aufrichtiger Reue“ seine Selbstanzeige bei der Polizei vorgenommen. Den Aufenthalt im sibirischen Straflager, in dem ihn seine Freundin Sonja regelmäßig besucht, beschreibt der Erzähler – im Gegensatz zu Raskolnikows Zeit in St. Petersburg – als Freiheit. Der Verurteilte nähert sich dank Sonja dem einst verschmähten Christentum, freilich ohne in der Bibel zu lesen. Gemeinsam mit ihr träumt er von einer Zukunft in Sibirien, fernab von St. Petersburg. Dabei ahnt Raskolnikow, daß er sein neues Leben mit „einer großen künftigen Tat werde bezahlen müssen“.8


Die ins Mythische verweisende Selbsterneuerung Raskolnikows im letzten Kapitel von Schuld und Sühne bleibt dunkel. Sie läßt sich als beispielsweise „religiöse Überwindung des Nihilismus“9 oder Abwendung von den in St. Petersburg damals „modernen, landläufigen Ideen der materialistischen Philosophie“10 deuten. Über der psychologischen und kriminalistischen Tiefenstruktur möglicher Interpretationen bleiben jedoch die Kontraste deutlich, die Dostojewski in seinem ersten großen und bekanntesten Roman als Slawophilen kennzeichnen. Die moderne, westliche Großstadt St. Petersburg erscheint als Ort des Verbrechens, des Gestanks und ungerechter Armut, das Zwangsexil in der sibirischen Verbannung deutet jedoch die Erlösung Raskolnikows an. Sein Verbrechen rechtfertigt er ausgerechnet durch einen Vergleich mit Napoleon, dessen Einmarsch in Rußland der eigenen nationalen Identität erst ihr Selbstbewußtsein verlieh. Verbrechen und Strafe (Titel in der neueren Übersetzung des Romans von Swetlana Geier) ist gegen den abendländischen Helden gerichtet, dessen Urbild der aischyleische Promotheus ist, „der Frevler zum Heil der Menschheit mit Napoleon als moderner Variante“, benennt Gerigk ein wesentliches Motiv in Schuld und Sühne.11


Gegen das Heldenideal der westlichen Nationalstaaten setzte Dostojewski unter anderem die Idee einer christlich-orthodoxen Menschheitserlösung durch Rußland. Diese Gedanken verdichten sich in dem in der Wochenschrift Der Staatsbürger bis 1881 in Form kleinerer Essays veröffentlichten Tagebuch eines Schriftstellers: „Rußland kann nicht der großen Idee untreu werden, die ihm von einer Reihe von Jahrhunderten als Vermächtnis übertragen worden ist und der es bisher unbeirrt gefolgt ist. Diese Idee besteht unter anderem auch in der Vereinigung aller Slawen; aber diese Vereinigung soll nicht gewaltsame Aneignung sein, sondern Dienst an der Allmenscheit“, notierte Dostojewski 1876 im Artikel Die Orientfrage. Das Russische Zarenhaus, das den Panslawismus nach anfänglicher Skepsis zur Legitimation eigener außenpolitischer Interessen instrumentalisierte, verstand sich auch als Schutzmacht der Slawen auf dem Balkan. Der Russisch-Türkische Krieg von 1877/1878 endete gut 60 Kilometer vor Istanbul, zahlreiche russische Freiwillige hatten gemeinsam an der Seite Serbiens, Rumäniens und Montenegros gekämpft. Dostojewski forderte, daß Konstantinopel „– früher oder später – doch unser werden muß“. Soweit kam es jedoch nicht: Die europäischen Großmächte, darunter vor allem Österreich-Ungarn, verhinderten 1878 auf dem Berliner Kongreß einen erheblichen Machtzuwachs Rußlands auf dem Balkan.


Den Panslawismus Dostojewskis entkräftete das nicht: An der Spitze der „wirklichen, neuen Herrschaft Christi und der Verkündigung des endgültigen Wortes der Orthodoxie“ stehe schon längst Rußland. Es solle als „Beschützerin, vielleicht sogar Führerin, nicht aber Beherrscherin“, abseits vom „Schein des offiziellen Christentum, an das in Wirklichkeit niemand mehr außer dem einfachen Pöbel glaubt“, die slawischen Völker und Griechenland zum „umfassenden Dienst an der Menschheit“ vereinen.12 Bemerkenswerterweise notierte Dostojewski, jene Russen, die sich dieser nationalen Mission stellen, seien „Revolutionäre aus Konservatismus“.13

dan.jpgDanilewski: Der russische Spengler

Seinen geistigen Mentor fand er früh in dem Naturwissenschaftler und Geschichtsdenker Nikolai Jakowlewitsch Danilewski, dessen 1871 veröffentlichtes Buch Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt zur „Bibel der Panslawisten“ wurde. Danilewski, der von 1822 bis 1885 lebte, wirkt mit seiner Streitschrift für den Eigencharakter Rußlands bis heute in die nationalen Identitätsdebatten nach. Alexander Dugin, einflußreicher Kopf der heutigen Eurasischen Bewegung, nennt Danilewski neben den Geschichtsphilosophen Oswald Spengler und Arnold J. Toynbee als geistige Mentoren.14 Der Biologe, der Mitte des 19. Jahrhunderts neben Dostojewski den „Übergang von einer religiös-nationalen zu einer säkulär-nationalen Geschichtsphilosophie“15 geprägt hatte, gilt zugleich als wissenschaftlicher Begründer des Panslawismus. In Rußland und Europa argumentiert er anhand vererbter seelischer Eigenschaften verschiedener Kulturkreise, aber auch – gemäß dem Stand der damaligen Anatomie – auf Grundlage von Schädel- und Kieferform. Europa, das eigentlich nur eine „westliche Halb-Insel Asiens“ darstelle, so Danilewski, sei eine willkürlich definierte Landmasse, als deren Teil sich Rußland keineswegs verstehen dürfe: „Es bezeichnet nur das Gebiet der großen germanisch-romanischen Zivilisation – es ist ihr Synonym, und nur mit der fortschreitenden Entwicklung dieser Zivilisation erhielt das Wort ‚Europa‘ den Sinn und die Bedeutung, in der es jetzt angewandt wird.“ Danilewski erkennt wenige historische Gemeinsamkeiten zwischen Rußland, jenem Reich zwischen der germanisch-romanischen Welt und Asien, und dem Westen: „Gehört nun Rußland in diesem Sinne zu Europa? Leider oder erfreulicherweise, zum Glück oder zum Unglück – nein, es gehört nicht dazu. Es nährte sich nicht durch keine einzige der Wurzeln, durch welche Europa sowohl wohltätige wie schädliche Säfte unmittelbar einsog (…) Rußland bildete keinen Teil des erneuerten Römischen Reiches Karls des Großen“, und es „gehörte nicht zur theokratischen Föderation, welche die Monarchie Karls ablöste“.16

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Danilewski betont, schärfer und entschiedener als Uwarow und auch Dostojewski, die Gegensätze seiner Nation zur europäischen, „germanisch-romanischen Zivilisation“ und deren erdrückender Dominanz. Die Bemühungen der Westler seit Peter dem Großen, Rußland in Anlehnung an das Vorbild des Westens zu modernisieren, seien zwangsläufig zum Scheitern verurteilt gewesen. Denn auch aus der Sicht der Europäer stelle das Slawentum mit Rußland an der Spitze einen vollkommen eigenständigen, organisch gewachsenen Kulturkreis zwischen Europa und Asien dar. Danilewski nennt einen Großteil der Charakterisierungen, die noch heute zum Teil unser Rußlandbild prägen. Der Slawe, so der Biologe, habe im Laufe seiner Geschichte eine außerordentliche Duldsamkeit, Rechtsgläubigkeit und eine Liebe der Gewaltlosigkeit entwickelt. In scharfem Gegensatz dazu stehe Europa: es sei historisch geprägt von Gewaltsamkeit bei gleichzeitig ausuferndem Individualismus, religiöser Unduldsamkeit und einem verlogenen Amtsglauben. Die angeblichen Gründe benennt Danilewski in der Kombination des Charakters der germanisch-romanischen Völker mit dem Katholizismus und schließlich dem den Nihilismus einleitenden Protestantismus. Rußland hingegen habe sich – trotz der Bemühungen prowestlicher Kräfte – nie an diesem Verfallsprozeß beteiligt und sich eine organisch gewachsene Volksseele, Widerwillen gegen den Parteienstaat und den Vorrang des Kollektivs vor dem Individuum bewahren können.


Dabei nimmt Danilewski Spenglers Theorien aus dem Untergang des Abendlandes von 1918 vorweg, eben nur mit eindeutig prorussischer Präferenz. Auch er betrachtet die Weltgeschichte aus der Perspektive voneinander unabhängiger, einem Aufstiegs- und Verfallsprozeß unterworfenen Kulturtypen. Während sich der germanisch-romanische Westen im Niedergang befinde, solle ihm als aufstrebende Macht Rußland an der Spitze eines „Allslawischen Bundes“, zu dem auch das orthodoxe Griechenland gehöre in einem „Weltkampf“ entgegentreten. Die Idee des europäischen Gleichgewichts, wie es vor allem Großbritannien forcierte, diene nicht dem russischen Interesse. „Der Kampf mit dem Westen ist das einzige Rettungsmittel sowohl zum Ausheilen unserer russischen Kulturkrankheiten wie auch zur Entfaltung der allslawischen Sympathien“, so sein Fazit.17 Danilewskis oft ins Klischee abgleitende, radikale Thesen fanden in der russischen Gesellschaft des 19. Jahrhunderts eine breite Anhängerschaft.

Die frühen Eurasier: Asien als Heimat

Danilewskis Einfluß auf konservative und traditionalistische Bewegungen in Rußland entspricht der Wirkmächtigkeit Spenglers innerhalb der Konservativen Revolution in Deutschland. Mit seiner Idee eines expliziten Sonderbewußtseins, eines „Kontinents“ zwischen Europa und Asien nahm Danilewski zugleich auch die eurasische Ideenwelt vorweg. Die „Eurasische Bewegung“, deren Ursprünge sich in einem 1921 im bulgarischen Sofia von vier russischen Emigranten veröffentlichten Sammelband namens Der Auszug nach Osten (im russischen Original: Ischod k Vostoku) finden, verstand den geographischen Raum – ebenso wie Danilewski – als wichtigste Kategorie der eigenen Identität. „Die russischen Menschen und die Menschen der Völker der ‚Rußländischen Welt‘ sind weder Europäer noch Asiaten. Da wir mit den verwandten und uns umgebenden Kultur- und Lebenselementen verschmolzen sind, schämen wir uns nicht, uns als Eurasier zu betrachten (Hervorhebung im Original, J. S.)“, heißt es in dem von dem Musikologen Petr Petrovič Suvčinskij, dem Geographen Petr Nikolaevič Savickij, dem Theologen Georgij Wassilewitsch Florowskij sowie dem Slawisten Nikolaj Sergeevič Trubeckoj herausgegebenem Werk.18 Die vier Autoren entstammten, ebenso wie die intellektuelle Mehrheit der eurasisch gesinnten Exilrussen, der universitären Elite des zaristischen Rußlands.


Bemerkenswerterweise waren die Herausgeber von Ischod k Vostoku in drei Fällen auch ostukrainischer Herkunft und plädierten für eine Einbindung ihrer Heimat in ein zukünftiges, russisch dominiertes eurasisches Imperium. Die Konflikte und Debatten der Gegenwart deuteten sich bereits an. So wandten sich die Eurasier gegen einen bisher dominanten Eurozentrismus und betonten statt dessen, in mindestens historisch korrigierender Absicht, das asiatische Erbe Rußlands. Entscheidend für die Identität ihres Vaterlandes sei der fruchtbare kulturelle, politische und militärische Austausch Rußlands mit Asien vom 13. bis ins 19. Jahrhundert. Während die offizielle Geschichtsschreibung im frühmittelalterlichen Großreich der Kiewer Rus den Ursprung des modernen Rußlands erkannte, betonten die Eurasier die mongolischen Eroberungszüge durch Dschingis Khan im 13. Jahrhundert als Grundlage der eigenen Identität. Damals sei es zu einer ersten imperialen Vereinigung des Großkontinents Eurasien gekommen, auf dessen Territorium sich später zum größten Teil auch das Zarenreich und die Sowjetunion erstreckten. Unter russischer Dominanz bildete sich so eine eigene, multikulturell geprägte, seit 700 Jahren bestehende Zivilisation heraus, die den europäischen Kultureinfluß in Rußland marginal erscheinen lasse – so die ersten Eurasier in Ischod k Vostoku.19 Den geographischen Begriff „Eurasien“ hatte bereits in den 1880er Jahren der österreichische Geologe Eduard Suess eingeführt. Die Emigranten erweiterten ihn im Sinne einer eigenständigen, politischen und kulturell verstandenen Großmacht, die unter anderem auch Ostukrainer, Weißrussen und die Völker Mittelasiens, darunter den Turan als Urheimat der heutigen Türken, umfassen sollte.

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Orthodoxer Glauben als verbindendes Element

Obwohl es mit dem Panslawismus als einer weiteren „antiwestlichen Abgrenzungs- und imperialen Legitimationsstrategie“20 zahlreiche ideologische Schnittmengen gibt, betonte der Eurasismus deutlich stärker die asiatische und östliche Komponente in der russischen Identität. Dementsprechend wurde auch das Modell westlicher Demokratie und der dort verortete Liberalismus, anders als bei den Panslawisten, fast durchgehend abgelehnt. An die Stelle des ebenfalls aus Europa importierten Bolschewismus sollte eine sogenannte Ideokratie treten, deren zentrale Elemente Elitenherrschaft, Einparteiensystem und eine allgemeinverbindliche, eurasische Staatsideologie bilden. Die Eurasier waren sich der ideologischen und geographischen Schnittmengen mit dem Sowjetstaat und dessen Fähigkeit, die territorialen Grundlagen eines zukünftigen eurasischen Reiches zu sichern, durchaus bewußt. So sollte der Sozialismus laut einzelnen Strategien seit 1926 nicht etwa gestürzt, sondern vielmehr mittels einer Machtübernahme innerhalb der Kommunistischen Partei durch die „wahre Ideologie“ des Eurasismus ersetzt werden.21 Den wesentlichen Unterschied zum „Sozialismus in einem Land“ bildete jedoch der Bezug auf den orthodoxen Glauben als staatstragende Religion.


Diese Bewegung des Jewrasistwo erfuhr in den russischen Emigrantenkreisen nach der Oktoberrevolution 1917 in Europa ihre Blütezeit, beschränkte sich jedoch im Wesentlichen auf Intellektuellenzirkel. Denn die Positionen der Eurasier fanden sich vor allem seit 1923 im Eurasischen Verlag sowie verschiedenen eigenen Periodika, unter anderem in Berlin, Paris, Prag und Brüssel, wieder. Zwar gab es vor allem seitens ehemaliger weißer Offiziere Pläne zum Aufbau einer eurasischen Partei und einer stärkeren Einflußnahme und Bekämpfung des Sozialismus in der UdSSR, jedoch wurden diese Versuche schnell vom sowjetischen Geheimdienst beendet. 1929 spaltete sich die Bewegung nach langen Flügelkämpfen in ein linkes, prosowjetisches sowie ein traditionalistisches, christlich-orthodoxes Lager. Erst in der geopolitischen Debatten nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 entfaltete der Eurasismus sein ideologisches Potential erneut. Durch das zeitgleiche Auseinanderfallen des Warschauer Paktes sah sich die neugegründete Russische Föderation gezwungen, vor allem im mittelasiatischen Raum der ehemaligen Sowjetrepubliken verstärkt die politische und wirtschaftliche Zusammenarbeit zu suchen. Innerhalb der politischen und intellektuellen Elite Rußlands erfuhr der Eurasismus als Alternative zur Westbindung eine Wiedergeburt. „Raum, Hegemonie, Staatlichkeit und Multiethnizität“ seien die zentralen Kategorien des politischen Eurasismus nach 1990, betont der Politikwissenschaftler Jens Fischer. Als dessen zentrale Werte in der politischen Praxis nennt er die „Liebe zu Rußland, materielles und geistiges Eigentum Rußlands, staatliche Einheit, territoriale Unversehrtheit, Familie, Kollektivismus, Freiheit der Persönlichkeit, gewissenhafte Arbeit, Demokratie, soziale Gerechtigkeit, Gleichberechtigung der Völker, multinationale Kultur, Selbstlosigkeit in der Verteidigung des Vaterlandes, Geistigkeit“22. Unter der pragmatisch-selbstbewußten Außenpolitik von Präsident Wladimir Putin haben diese Werte erneut Konjunktur, ideologisch erweitert und mit den Denkern der europäischen Konservativen Revolution verknüpft wurden sie jedoch von Alexander Dugin.

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Dugin: Neoeurasismus gegen US‑Imperialismus

Dugin, 1962 in Moskau geboren, ist der wichtigste Kopf der „neoeurasischen Bewegung“ nach 1990. Seine Konjunktur erfuhr der Eurasismus, freilich stark modifiziert, angesichts der „geopolitischen Tragödie“ des Zusammenbruchs der Sowjetunion, wie Dugin selbst betont.23 Anders als der klassische russische Nationalismus, der nach 1990 ebenfalls wieder auflebte, geht es den Neoeurasiern jedoch nicht allein um eine Rückkehr zur alten, ethnisch gebundenen russischen Großmacht. Zugleich handelte es sich bei Dugins Ideologie keineswegs um eine Aktualisierung der eurasischen Konzepte der 1920er Jahre. Drei Elemente, so der Historiker Stefan Wiederkehr, kennzeichneten den Neoeurasismus: „Erstens dominierte bei Dugin das Denken in geopolitischen Kategorien. Zweitens stützte er sich zu Beginn der neunziger Jahre stärker auf das Gedankengut der westeuropäischen Neuen Rechten und deren Kanon von älterer Literatur als auf den klassischen Eurasismus. Deshalb umfaßte drittens der Eurasienbegriff Dugins zu Beginn der neunziger Jahre die zusammenhängende Landmasse von Europa plus Asien (Hervorhebung im Original, J. S.).“24

Ziel, so Dugin zu Beginn der 1990er Jahre, sei ein „eurosowjetisches Imperium von Dublin bis Wladiwostok“, Europa sei es darin auf Grundlage einer pax eurasiatica bestimmt, „freiwillig oder unfreiwillig der UdSSR beizutreten“.25 Daß die geopolitische Tradition der sowjetischen Supermacht jedoch sich nicht ohne weiteres wiederbeleben ließe, wurde Dugin schnell bewußt. Statt dessen suchte er verstärkt Allianzen mit Kräften, die ebenfalls gegen die US-amerikanische Dominanz und den westlichen Liberalismus gerichtet sind. Zu seinen Austauschpartnern innerhalb sogenannter Rundtischgespräche in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), zählten unter anderem Vertreter der europäischen Neuen Rechten, darunter der Franzose Alain de Benoist und der Belgier Robert Steuckers, aber auch Muslime. Anders als die Autoren des Jewrasistwo der 1920er Jahre erkannte Dugin nicht im „germano-romanischen“ Europa den Feind, sondern in den USA als einzig verbliebener Weltmacht und der ihr zugrunde liegenden Ideologie des Liberalismus. Orientiert an Carl Schmitts Idee der Weltgeschichte als Kampf von Land- gegen Seemächte betrachtete er eine zukünftige, globale Eurasische Union unabhängiger Staaten und Kulturen als Gegenmodell zur US-amerikanischen Idee der „One World“.


Innerhalb dieses weit über die ehemalige Sowjetunion hinausweisenden „heiligen Eurasischen Reichs“ sollten die Völker ihre Werte und Traditionen vor dem Liberalismus verteidigen, so Dugin. Statt einer weltweiten US-Dominanz schlug er eine „Autarkie der Großräume“ vor. Damit einher geht die Ablehnung jeder Form von Universalismus. In einem Interview mit dem deutschen Wochenmagazin Der Spiegel vom Juli dieses Jahres betonte Dugin: „Es gibt keine universellen Werte. Die, die dafür gehalten werden, sind eine Projektion westlicher Werte.“ „Die westliche Zivilisation“, so legte er nach, sei „eine rassistische, ethnozentristische Zivilisation. Jeder Westler ist ein Rassist – kein biologischer, wie Hitler, aber kulturell. Deswegen denkt er, es gebe nur eine Zivilisation – oder Barbarei.“26 Die Thesen von Dugin erscheinen oft stark überspitzt und auf öffentliche Skandalisierung programmiert. Die neoeurasische Ideologie, die Dugin sowohl als Überwindung von Liberalismus, Kommunismus als auch Faschismus versteht, verdichtete er in dem 2009 auf Russisch und 2013 in der deutschen Übersetzung erschienenen Sammelband Die Vierte Politische Theorie. Aufbauend auf Martin Heideggers Ontologie entwarf ein Autorenkollektiv um Dugin ein theoretisches Modell, das als Synthese und Überwindung der drei Großideologien der Moderne verstanden werden soll. Im Mittelpunkt der Kritik stehen sowohl der westliche Fortschrittsoptimismus als auch der Glaube an ein „Ende der Geschichte“, wie es der US-amerikanische Politikwissenschaftler Francis Fukuyama voreilig prognostiziert hatte. Statt dessen glaubt Dugin, in der Tradition von Spengler, an eine Wiederkehr der Geschichte: „Im Wesentlichen haben wir es aber mit einer Erneuerung und Fortsetzung jenes westlichen Universalismus zu tun, der von dem Römischen Reich durch das christliche Mittelalter und durch die Moderne im Sinne von Aufklärung und Kolonisierung überliefert wurde, bis hin zu den heutigen Erscheinungen von Postmodernismus und Ultraindividualismus.“27 Damit erweist sich Dugins Neoeurasismus zugleich als Wiederauflage der antiwestlichen Geschichtsphilosophie von Danilewski und als Erweiterung der eurasischen Geopolitik der 1920er Jahre. Mit einer Anpassung dieser Legitimationsideen russischer Großmachtpolitik an das 21. Jahrhundert gelang es ihm zugleich, weltweit Unterstützer zu finden – unter anderem auch in Brasilien und China. Auch in der deutschen Rechte findet Dugin Gehör, denn er betont, der Widerstand gegen die erdrückende US-amerikanische Dominanz sei zwangsläufig zugleich mit dem Streben nach nationalstaatlicher Souveränität der Bundesrepublik verbunden. In einem Interview mit Manuel Ochsenreiter für das Nachrichtenmagazin Zuerst! betonte Dugin: „Deutschland muß sich als unabhängiges, freies und souveränes politisches Gebilde definieren. Was auch immer die US-amerikanischen oder deutschen Politiker heute reden, die Wahrheit ist ganz einfach: Es gibt keine Freiheit in der Okkupation. Wenn Deutschland frei sein will, muß es gegen die Okkupation rebellieren.“28


dugin geopolitica libros-books-amazonia.jpgIm Zuge der ukrainischen Krise geriet auch Dugin ins Visier der westlichen Öffentlichkeit; etablierte deutsche Zeitungen, darunter Die Welt und die Frankfurter Allgemeine Zeitung, porträtierten den vermeintlichen „rechtsradikalen Guru“ und „Einflüsterer Putins“29. Dugins Stern scheint jedoch zu sinken. Im Mai dieses Jahres wurde er als Soziologieprofessor an der staatlichen Moskauer Lomonossow-Universität vom Rektor entlassen. Grund waren unter anderem sein Aufruf, die Opfer des Massakers von Odessa vom Mai 2014 mit dem Blut der „Kiewer Junta“ zu rächen, sowie eine sich anschließende Unterschriftensammlung gegen ihn. Als aktuell bedeutendster Vertreter der langen Tradition russischer Großreichsideen dürfte seine Stimme jedoch nicht leiser werden. Europas Patrioten und Konservative sollten diesen Gegenpol zur ideologischen Dominanz des Westens zu schätzen wissen. Aber sie sollten auch nicht vergessen: Die Ideen dieses wichtigen Verbündeten stehen in einer langen Tradition russischen Reichsbewußtseins. Sie verkörpern nicht mehr und nicht weniger als den ideologischen Überbau nationaler Interessen.

Anmerkungen

1 Vgl. Pëtr Kropotkin: Ideale und Wirklichkeit in der russischen Literatur. Zürich: Diogenes 2003 (= Kropotkin):, S. 36 f. Fürst Kropotkin (1842–1921), Geograph, Schriftsteller und einer der wichtigsten anarchistischsten Theoretiker, betrachtet vor allem den für Russland verheerenden asiatischen Mongolensturm als wesentlich für die Bildung eines Moskauer Zentral- und Militärstaates. Mit Hilfe der Mongolenkhane sei es dem Großfürstentum Moskau gelungen, die umliegenden Stadtstaaten und Fürstentümer zu unterwerfen: „Der Mongoleneinfall, der im Jahre 1223 stattfand, zerstörte diese ganze junge Zivilisation und leitete Rußland in ganz neue Bahnen.“
2 So das Urteil des Dekabristen Gawriil Stepanowitsch Batenkow. Zitiert nach: Nikolaj I. Zimbajew: Zur Entwicklung des russischen Nationalbewußtseins vom Aufstand der Dekabristen bis zur Bauernbefreiung. In: Die Russen. Ihr Nationalbewußtsein in Geschichte und Gegenwart. Herausgegeben von Andreas Kappeler. Nationalitäten- und Regionalprobleme in Osteuropa. Band 5. Köln: Markus Verlag 1990, S. 38. Die Bezeichnung „Dekabrist“ leitet sich von der russischen Bezeichnung für „Dezember“, dem Monat des Aufstandes, ab.
3 Vgl. Frank Golczewski/Gertrud Pickhan: Russischer Nationalismus. Die russische Idee im 19. und 20. Jahrhundert. Darstellung und Texte. Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht 1998 (= Golczewski/Pickhan), S. 15.
4 Vgl. ebd., S. 22.
5 Zitate: Ebd., S. 25.
6 N. L. Brodskij, Rannie slavjanofily. Moskau 1910, S. LXII. Zitiert nach: Ebd., S. 25.
7 Fjodor M. Dostojewski: Schuld und Sühne. Rodion Raskolnikoff. Roman. Aus dem Russischen von E. K. Rashin. München: Piper 2008, S. 7 ff.
8 Ebd., S. 741.
9 Hans-Jürgen Gerigk: Dostojewskijs Entwicklung als Schriftsteller. Vom „Toten Haus“ zu den „Brüdern Karamasow“. Frankfurt am Main: Fischer 2013 ( = Gerigk), S. 53 f.
10 Kropotkin, S. 251.
11 Gerigk, S. 74.
12 Ebd., S. 231f.
13 Ebd., S. 221.
14 Vgl. das Interview im Spiegel mit Dugin vom Juli 2014: „Jeder Westler ist ein Rassist.“ Spiegel-Gespräch. Der Spiegel. Nr. 29/14. 7. 2014. S. 120–125 ( = Der Spiegel), hier S. 121.
15 Golczewski/Pickhan, S. 39.
16 Nikolai Jakowlewitsch Danilewski: Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt. Übersetzt und eingeleitet von Karl Nötzel. Osnabrück: Otto Zeller 1965 ( = Danilewski), S. 21.
17 Ebd., S. 235.
18 Ischod k Vostoku. Herausgegeben von Petr Petrovič Suvčinskij, Petr Nikolaevič Savickij, Georgij Wassilewitsch Florovskij, Nikolaj Sergeevič Trubeckoj. Sofia 1921. Zitiert nach: Stefan Wiederkehr: Die eurasische Bewegung. Wissenschaft und Politik in der russischen Emigration der Zwischenkriegszeit und im postsowjetischen Rußland. Köln/Weimar/Wien: Böhlau 2007 (= Wiederkehr), S. 34.
19 Vgl. dazu: Jens Fischer: Eurasismus: Eine Option russischer Außenpolitik? Berlin: Berlin Verlag 1998 (= Fischer), S. 39 f.
20 Wiederkehr, S. 33.
21 Vgl. ebd., S. 137.
22 Fischer, S. 107.
23 Vgl. Wiederkehr, S. 233.
24 Ebd., S. 234.
25  So Dugin in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), 1992. Zitiert nach: Wiederkehr, S. 233.
26 Der Spiegel, S. 122.
27 Alexander Dugin: Die Vierte politische Theorie. London: Arktos 2013, S. 77 f.
28 „Ohne Rebellion keine Souveränität“. Deutsches Nachrichtenmagazin Zuerst! Januar 2014. S. 20–24, hier S. 22 f.
29 Vgl. Julia Smirnova: Putins Vordenker, ein rechtsradikaler Guru. Die Welt, 11. 7. 2014. Online einsehbar unter: www.welt.de/politik/ausland/article130011929/Putins-Vorde... (Stand vom 25. Juli 2014), oder Kerstin Holm: Auf diesen Mann hört Putin. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 16. Juni 2014. Online einsehbar unter: www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/

Rußlands riesige Landmasse verbindet Europa mit Asien. Der eurasische Gedanke hatte schon in den Emigrantenkreisen der Zwischenkriegszeit größere Wirksamkeit, nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion entfaltete sich sein ideologisches Potential erneut.

jeudi, 11 octobre 2018

La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

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La stratégie de la Russie dans le bassin de la mer Noire

par Nikolas Gvosdev

Ex: https://versouvaton.blogspot.com 

Article original de Nikolas Gvosdev, publié le 2 août 2018 sur le site War On The Rocks
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Le 16 mai, le président russe Vladimir Poutine a inauguré le pont du détroit de Kertch, reliant la péninsule de Crimée au continent russe, sept mois plus tôt que prévu. Ce faisant, il a signalé la détermination de la Russie à remodeler l’équilibre géopolitique et géo-économique de la région de la mer Noire, malgré les sanctions occidentales. Bien que Moscou ne soit pas en mesure de dominer la mer Baltique, ses efforts pour transformer la mer Noire en mare nostrum  portent leurs fruits. Au cours des dernières années, le Kremlin a maîtrisé la feinte de la Baltique : en se livrant à des provocations aériennes et maritimes dans une région très surveillée par l’Occident, la Russie a été capable de renforcer sa position en mer Noire sans préavis. Alors que la plupart des stratèges américains s’inquiètent de la région de Suwalki sur la frontière polono-lituanienne en tant que voie potentielle d’invasion russe vers l’Europe centrale, c’est l’accumulation de puissance de la Russie en mer Noire qui devrait préoccuper les décideurs politiques. En utilisant la mer Noire comme un tremplin, la Russie peut projeter sa puissance au-delà de son environnement immédiat – au Moyen-Orient, dans les Balkans et en Méditerranée – et renforcer sa réémergence en tant que grande puissance.

John Kerry a déjà évoqué avec malice le fait que cette politique étrangère russe remonte au XIXe siècle. Mais dans ce cas, Poutine et son équipe ont remonté un siècle de plus en s’inspirant de l’illustre prince Grigori Potemkine. Favori de Catherine la Grande, Potemkine a conçu la première annexion de la Crimée par la Russie et a été le premier gouverneur général de la « Nouvelle Russie » (Novorossiia) – territoires qui comprennent aujourd’hui le sud-est de l’Ukraine. Il a défendu le point de vue selon lequel le destin de la Russie se trouvait au sud et plaidé en conséquence pour une expansion dans les Balkans, le Caucase et le nord du Moyen-Orient. Le soi-disant « projet grec » de Catherine – un complot visant à étendre le contrôle russe autour de la mer Noire en démantelant l’Empire ottoman et en le remplaçant par la restauration de ce que l’on appelait autrefois Byzance en tant que marionnette russe – était un projet audacieux, une machination de Potemkine.

Le projet grec de Potemkine supposait une inimitié persistante entre les empires russe et ottoman. Au milieu du XIXe siècle, Nicolas Ier et son ministre des Affaires étrangères, Karl Nesselrode, ont tenté de retourner le scénario. Abandonnant l’approche de Potemkine, ils ont cherché à cultiver une amitié avec le sultan ottoman Mahmoud II et ont ainsi coupé les Ottomans de leur partenariat traditionnel avec les puissances d’Europe occidentale. Leur approche a réussi et, en 1833, les deux parties ont signé le traité d’Unkiar Skelessi. En contrepartie de l’adhésion aux exigences stratégiques russes – dont le principal accordait à la marine russe l’accès à la Méditerranée – le Sultan a reçu le plein soutien de l’Empire russe dans sa lutte contre ses opposants internes. Malheureusement pour Nicolas, cependant, ce traité à court terme ne pouvait pas conduire au réalignement permanent de l’Empire ottoman, en particulier compte tenu de l’hostilité du siècle dernier. Après la mort de Mahmoud, son fils Abdulmejid I s’est retourné vers les Britanniques et les Français pour résister à l’empiétement de la Russie. Ce qui est arrivé ensuite est bien connu : la Russie a subi une perte dévastatrice pendant la guerre de Crimée, qui a limité la marche du pouvoir russe vers la Méditerranée.

Comme ses deux contemporains, les efforts récents de Poutine auraient recueilli beaucoup de soutien de Potemkine. La prédilection du président à utiliser la station balnéaire de Sotchi sur la mer Noire comme capitale de facto (c’est l’endroit préféré de Poutine pour des sommets bilatéraux avec des leaders mondiaux et des événements tels que le Congrès du peuple syrien) relève la Russie du sud à l’importance que Potemkine envisageait. Potemkine aurait, bien sûr, applaudi ce que la Russie considère comme la deuxième annexion de la Crimée en 2014. Cela a permis à Moscou de refuser aux puissances rivales l’accès au bassin de la mer Noire en cas de conflit militaire. En effet, les éléments clés de l’offensive de la Russie en matière de soft power aujourd’hui – en soutenant le partenariat stratégique avec l’Arménie et en rapprochant la Géorgie de l’orbite russe – préservent ainsi les 250 ans du vieil héritage de Potemkine.

Dans le même temps, Poutine s’est lancé avec succès dans la stratégie de Nicolas Ier. Bien que la sensibilisation du tsar au Sultan Mahmoud ait été éphémère, Poutine semble avoir plus de chance de nouer un partenariat stratégique avec Recep Tayyip Erdogan. Ce partenariat de commodité a survécu à plusieurs obstacles, notamment la crise qui a éclaté après qu’un jet russe fut abattu par  des avions de combat turcs à la frontière turco-syrienne en 2015. Oui, la Turquie ne reconnaît pas les prétentions de la Russie sur la Crimée et les deux pays ont des différends constants sur la Syrie, mais Erdogan est prêt à compartimenter ces désaccords pour obtenir des avantages pour la Turquie dans d’autres domaines – que ce soit pour obtenir des systèmes de défense aériens S-400 ou des centrales nucléaires. En fin de compte, Moscou cherche à inciter Ankara à ne pas s’opposer à la résurgence de la Russie dans la région de la mer Noire en échange de gains concrets pour la prospérité turque, dont M. Erdogan a besoin pour maintenir sa position politique intérieure. L’alternative indésirable serait que Ankara revienne à sa position traditionnelle d’aide à l’Occident et à la guerre froide, à savoir aider l’Occident et bloquer les ambitions russes. Heureusement, la Russie a plusieurs carottes à offrir à son partenaire. Celles-ci incluent la collaboration sur des questions distinctes en Syrie ainsi que des infrastructures énergétiques. Bien que toujours membre officiel de l’OTAN, la Turquie a accepté ce partenariat stratégique de facto. À l’instar du traité d’Unkiar Skelessi, des siècles auparavant, l’acceptation par la Turquie du partenariat avec Moscou a permis de positionner la Russie en mer Noire, d’ouvrir l’accès russe à la Méditerranée et de faciliter les livraisons d’énergie vers l’ouest, donnant au Kremlin la possibilité de conserver ses instruments d’influence.

Cette résurgence des capacités militaires russes en mer Noire remet en cause la stratégie par défaut de l’Occident dans la région depuis l’effondrement de l’Union soviétique : l’expansion inexorable des institutions euro-atlantiques pour englober tout le littoral de la mer Noire et contenir la Russie dans les limites de sa côte Nord-Est. La fatigue de l’expansion, combinée à l’instabilité politique dans la périphérie méridionale de l’Europe, a coupé l’élan du projet occidental. Parallèlement, les actions de la Russie contre la Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 ont permis à Moscou de mieux contrôler le littoral de la mer Noire en détachant l’Abkhazie de la Géorgie et en s’emparant de la Crimée. Il n’y a pas d’appétit, en particulier en Europe, pour la lourde charge nécessaire pour faire entrer le reste des États riverains de la mer Noire dans l’OTAN et l’Union européenne. Pendant ce temps, la Russie a pris les devants en se présentant comme le meilleur arbitre des problèmes régionaux pressants – de la résolution du statut juridique de la mer Caspienne à la fin de la guerre civile syrienne. Le message de Moscou est clair : les pays de la mer Noire n’ont pas besoin que les États-Unis s’impliquent.

L’initiative d’origine occidentale restante dans la région est le corridor énergétique du Sud – un projet visant à développer les liens d’infrastructure et les relations de sécurité nécessaires pour permettre au gaz naturel eurasien d’atteindre les consommateurs occidentaux sans passer par un territoire sous contrôle russe. L’Azerbaïdjan est l’État clef de cet effort. Non seulement l’Azerbaïdjan possède ses propres grandes réserves de gaz, mais il sert également de centre de transit essentiel reliant l’Asie centrale à l’Europe.

Pourtant, même ici, la Russie a adapté son approche. La tentative russe impitoyable menée dans les années 1990 pour contraindre l’Azerbaïdjan à renoncer à la « principale route d’exportation » de Bakou à Ceyhan (Turquie) a été remplacée par une approche plus accommodante. Moscou ne cherche plus à bloquer mais à coopter. Le pipeline russe Turkish Stream, actuellement en construction pour relier la partie continentale de la Russie à la Turquie européenne, servira de base à la Russie pour fournir du gaz non seulement à la Turquie mais à l’ensemble de l’Europe du Sud. Cela aidera à étendre l’influence de la Russie dans des pays comme la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie – et même en Italie, où un nouveau gouvernement pourrait être beaucoup moins enclin à soutenir des sanctions continues contre Moscou. Dans le même temps, la Russie pourrait également travailler avec l’Azerbaïdjan en approvisionnant le pays en gaz, et ainsi participer indirectement au projet de corridor énergétique du Sud. Cela compromettrait la logique stratégique d’un projet censé réduire l’influence de l’énergie russe en Europe méridionale et centrale.

Ironiquement, étant donné que les États-Unis ont identifié la Russie comme un adversaire majeur, la décision de l’administration Trump de se retirer de l’accord nucléaire iranien aurait involontairement renforcé la position de la Russie dans la mer Noire. Pour réussir à réduire l’influence de la Russie, le corridor énergétique du Sud exige un volume de gaz supérieur à celui que l’Azerbaïdjan seul peut fournir. Alors que les sanctions américaines reviennent hanter Téhéran, la colonisation de la mer Caspienne devient beaucoup moins probable. L’acceptation par l’Iran de la délimitation de la mer reposait en partie sur la possibilité de mettre en place des projets conjoints avec d’autres États riverains de la mer Caspienne. Rien n’indique que l’administration Trump est intéressée à émettre des dérogations pour de tels projets. Sans règlement, une autre partie de la stratégie du corridor énergétique du sud vers l’Ouest – la construction d’un pipeline transcaspien pour amener les vastes réserves de gaz naturel du Turkménistan vers l’ouest – sera probablement abandonnée. D’autres efforts visant à exploiter pleinement le corridor sud, soit en échangeant du gaz avec l’Iran, soit en acheminant du gaz iranien vers l’Ouest, sont également en cours. Par conséquent, soit le Turkish Stream russe comblera les lacunes, soit la Russie elle-même deviendra un participant au corridor Sud et, dans les deux cas, l’influence de la Russie ne sera pas moindre.

Il y a deux ans, j’ai noté que « la Russie avait fait sa demande pour être l’arbitre du bassin de la mer Noire ». De nombreux analystes américains ont admis que la Russie renforçait ses capacités militaires, mais Moscou a appris à tirer avantage de ces tendances pour soutenir ses objectifs politiques, à une époque où les États-Unis n’ont pas de stratégie cohérente. Aujourd’hui, la Russie est plus proche que jamais de son objectif de devenir la puissance dominante en mer Noire.

Nikolas Gvosdev est le président de la chaire « Capitaine Jerome E. Levy » au US Naval War College et un boursier non résident de l’Institut de recherche sur la politique étrangère. Les opinions exprimées sont les siennes.

Note du traducteur

Cet article est issu d'une série de 5, par un auteur enseignant pour l'US Navy. Il est toujours intéressant de lire les points de vue qui y sont développés car même si certains jugements de valeur sont contestables, l'ensemble est assez équilibré dans le cadre de la russophobie endémique en Occident.

Guerre froide 2.0 : dépendance de l’Amérique à la guerre

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Guerre froide 2.0 : dépendance de l’Amérique à la guerre
 
Entrevue de Dmitry Orlov avec Global Research
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
GlobalResearch : Nous sommes rejoints par Dmitry Orlov. Il est écrivain, blogueur et analyste géopolitique russo-américain. Son travail s’est concentré sur le déclin et l’effondrement économiques, écologiques et politiques aux États-Unis, et il est également l’auteur de nombreux articles. Ses livres comprennent Réinventer l’Effondrement : L’expérience soviétique et les perspectives américaines et Rétrécissement de la technosphère : Se familiariser avec les technologies qui limitent notre autonomie, notre autosuffisance et notre liberté. Il nous rejoint ici depuis Moscou. Merci beaucoup de revenir dans notre émission Dmitry. 

Dmitry Orlov : C’est bon d’être avec toi Michael. 

GR : Maintenant, je pense que la première chose que je voulais évoquer, ce sont les nouvelles récentes. Il y a eu…. récemment, les forces syriennes ont abattu un avion de reconnaissance russe Il-20, mais l’armée russe a fait valoir qu’il s’agissait en fait d’un résultat des actions israéliennes. Je crois qu’elle a annoncé qu’il s’agissait d’utiliser cet avion pour se cacher dans sa signature radar, et c’est en réponse à cet incident que plusieurs batteries de missiles S-300 sont parvenus en Syrie. 

Je sais qu’il y a des commentaires… Le Saker, par exemple, a dit qu’il s’agit de facto d’une mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie. Nous savons maintenant que les choses ne se sont pas très bien passées jusqu’à présent pour les objectifs impériaux américains dans ce pays. Je me demande quelle est l’importance de ce dernier événement dans le contexte général de ce que nous avons vu ? 

DO : Eh bien, c’est un peu un signal d’alarme pour les Israéliens parce que la Russie a été extrêmement conciliante en ce qui concerne les préoccupations d’Israël en matière de sécurité. On se rend compte que la rhétorique venant de Téhéran a été assez virulente. L’Iran se dit toujours qu’il a pour objectif de détruire Israël. Il n’y a aucun moyen pour Israël de ne pas réagir à une telle provocation, et le fait qu’il y ait maintenant des troupes iraniennes près de la frontière israélienne et qu’il y ait une fabrication d’armes sur le territoire syrien les inquiète au point que les Russes doivent laisser Israël s’occuper de ses propres problèmes de sécurité. 

Mais les Israéliens ont agi de la manière la plus irresponsable parce qu’ils ont donné moins d’une minute d’avertissement avant que cette attaque ne se déclenche. Ils ont de plus mal nommé les cibles et ils se sont mal comportés dans l’espace aérien en ce sens qu’ils n’ont pas pu ne pas voir ce gros avion à hélices qui ne représentait absolument aucune menace pour personne. Ils savaient qu’il y aurait des tirs anti-aériens et ils les ont attirés non sur eux-mêmes mais sur cet avion. Il y a eu d’autres malheureuses mésaventures, qui seront toutes révélées à la suite de l’enquête, il est donc encore trop tôt pour le dire. 

Mais la réponse de la Russie a été essentiellement de dire aux Israéliens qu’ils ne pouvaient plus le faire et qu’ils devaient armer les Syriens d’un système de défense aérienne plus moderne, qui était probablement déjà en place. Il vient d’être remis au commandement syrien. 

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une évolution majeure. Je pense que la Russie et Israël vont arranger les choses. Je ne pense pas qu’Israël va cesser d’attaquer des cibles sur le terrain en Syrie [en réponse] à des actions qu’il considère comme provocatrices. Il craint beaucoup les roquettes de précision, les armes de précision, construites en Syrie ou introduites clandestinement en Syrie, qui peuvent être introduites clandestinement en Israël ou être tirées sur Israël depuis le Liban ou depuis la Syrie elle-même. 

GR : Oui, je veux dire, je pense qu’on voit depuis longtemps que la tentative américaine de renverser ou d’instiguer un changement de régime à Damas ne fonctionne pas. Même le projet de balkanisation, l’idée de balkaniser la Syrie d’une manière qui favorise les États-Unis, l’OTAN et leurs laquais impériaux si vous voulez le dire ainsi, il semble y avoir une certaine agitation. Quelles sont, selon vous, les options qui s’offrent aux États-Unis à l’heure actuelle ? À défaut d’une déclaration de se rendre. 

DO : Eh bien, il n’y aura pas de déclaration de reddition. Ne nous faisons pas d’illusions. Fondamentalement, ce que les États-Unis font en Syrie [est] semblable à ce qu’ils font partout ailleurs : ils génèrent de l’activité afin d’être en mesure de commander plus de systèmes d’armes, plus de munitions, pour essentiellement user du matériel de guerre, parce que c’est ce dont les entrepreneurs ont besoin, et ces entrepreneurs, du complexe militaro-industriel, financent diverses campagnes au Congrès. C’est comme cela que fonctionne l’écosystème politique, et ce qui se passe sur le terrain n’est qu’une sorte de spectacle secondaire. 

Maintenant, en termes d’objectifs stratégiques, quels qu’ils soient, les États-Unis ne les atteignent certainement pas. Il y a ce campement qu’ils ont à Al-Tanf dans le sud, il y a quelques autres endroits dans le nord où ils jouent avec les Kurdes, ce qui empoisonne leurs relations avec la Turquie. Ils ont complètement détruit Raqqa et n’ont fait absolument aucun effort pour nettoyer cette ville, pour la restaurer, de sorte qu’il y a encore des corps en décomposition enterrés sous des tas de décombres, et cela fait plusieurs mois. C’est essentiellement une atrocité humanitaire qu’ils ont perpétrée à Raqqa, mais ils ne font rien d’autre que gaspiller de l’argent et du matériel de guerre. Et je pense que c’est en fait leur but à ce stade-ci : générer une activité militaire. 

GR : Eh bien, c’est un point intéressant. Je veux dire, nous ne parlons pas seulement du contrôle impérial des ressources et des secteurs stratégiques, mais aussi de l’idée d’utiliser les activités militaires comme moyen de générer des fonds pour les principaux entrepreneurs militaires, les entrepreneurs de la défense et les intérêts affiliés. Ce qui m’amène à une autre dynamique en jeu, l’armée américaine. C’est énorme, du moins en termes de sommes d’argent dépensées, plus d’une dizaine de fois [… plus que la Russie, NdT] – plus que les 10 pays suivants réunis. La Russie ne dépense pas autant d’argent, mais pourtant elle est stratégiquement beaucoup plus efficace dans la façon dont elle utilise et dépense son argent pour son armée. 

DO : En termes de parité achat/efficacité, on en est à un dollar russe pour 10 dollars US en dépenses de défense. C’est vraiment le rapport. Les États-Unis doivent dépenser dix fois plus que la Russie pour obtenir des résultats identiques ou inférieurs. Il y a beaucoup de raisons à cela. 

GR : Donc, en termes de parité, diriez-vous que la Russie est effectivement maintenant un rival militaire des États-Unis ? Peut-elle contrebalancer les États-Unis dans tous les domaines ? 

DO : Oh, non, absolument pas. Essentiellement, la position russe consiste à s’assurer que les États-Unis et l’OTAN n’ont absolument aucun plan pour attaquer la Russie ou pour attaquer les alliés de la Russie. Pardonnez cette pensée. Mais à part cela, la position de la Russie est complètement défensive, et la position américaine – parce qu’il n’est pas nécessaire de défendre la patrie américaine contre qui que ce soit, personne ne prévoit d’attaquer les États-Unis – est purement offensive. 

Maintenant, il faut dix fois plus de ressources pour attaquer que pour défendre. C’est généralement compris comme un principe. Ainsi, les États-Unis essaient de mener une politique qui ne les mène pas vraiment à la victoire, ni même à occuper une meilleure position. Cela les conduit à la faillite nationale, rien de plus. 

GR : Eh bien, qu’en est-il de la dynamique économique qui s’est manifestée dernièrement ? Les sanctions qui sont imposées à la Russie et à l’Iran ? Et je me demande comment cela se passe au sein de l’UE, parce que les États-Unis sont alliés à l’Union européenne, mais les intérêts de l’Union européenne sont touchés par les sanctions, et je me demande donc si nous voyons une rupture potentielle de cette alliance ? Bien qu’il y ait eu des efforts, il y a toujours eu des efforts pour briser une alliance entre la Russie et la Chine, je me demande laquelle de ces alliances est la plus fragile, si je peux m’exprimer de cette façon. 

DO : C’est vraiment difficile de savoir ce qui va craquer en premier. Il y a certainement une énorme tension entre Washington et l’Union européenne. Il y a une énorme montée de tension au sein même de l’Union européenne, à cause du mantra des libéraux qui ont commencé à faire entrer des quantités illimitées de migrants en Europe. Cela tourne sans aucun doute à un énorme, énorme problème, un énorme conflit interne à l’UE. 

Aujourd’hui, les relations entre l’UE et la Russie n’ont pas vraiment été gravement endommagées par Washington et par ces sanctions que les Européens ont accepté bon gré mal gré, beaucoup d’entre eux se plaignant, malgré tout, tout au long du processus. En ce qui concerne, par exemple, la coopération énergétique entre l’UE et la Russie, elle est définitivement remise sur les rails, parce qu’il n’y a vraiment pas d’autres options que celle de faire des affaires avec la Russie pour que l’UE se fournisse en gaz naturel, et cela signifie aussi à ce stade de contourner l’Ukraine, car plus personne ne veut vraiment faire affaire avec ce pays. C’est une sorte de calice empoisonné. 

Pour ce qui est de ce que les sanctions ont fait à l’économie russe, oui, elles leur ont coûté quelques points de pourcentage de croissance du PIB, mais l’effet bénéfique de ces sanctions est souvent sous-estimé. Cela a vraiment réveillé la Russie quant au fait qu’elle doit devenir autosuffisante dans de nombreux domaines. Elle est déjà devenue autosuffisante dans de nombreux domaines et elle travaille très dur pour atteindre l’autosuffisance dans davantage de domaines et pour trouver de nouveaux partenaires commerciaux qui ne la sanctionneront pas. Ainsi, les sanctions ont vraiment réveillé les Russes sur le fait que les Américains ne sont pas leurs amis, qu’ils ne seront jamais leurs amis, et cela les a incité à agir en conséquence. 

GR : Au sujet de la situation économique américaine, ils ont une crise de la dette insoutenable. On dirait qu’ils ne pourront jamais s’en sortir même en rampant, qu’ils n’auront pas la capacité de maintenir leur trajectoire actuelle. Je veux dire, nous assistons probablement à un autre krach boursier, probablement le plus tôt sera le mieux, et je pense que c’est déjà écrit. Cela ne manquera pas d’affecter la façon dont les États-Unis se comportent dans le monde, même s’ils ne le disent pas à voix haute. Je veux dire, vous l’avez suggéré tout à l’heure. 

Alors, lorsqu’il s’agit de cette dimension économique, et d’autres pays sont sans doute conscients de la non-durabilité de la situation économique américaine, comment voyez-vous les choses se dérouler ? Les choses vont-elles s’effondrer de façon désastreuse ? Ou est-ce qu’il y aura des gens sournois… des gens qui voudront s’éloigner de ce pôle secondaire, l’axe Russie-Chine-Iran, si vous voulez. Sur le plan économique, comment les gens, comment les pays concurrents vont-ils réagir à ce qui semble être la fin inévitable … et l’effondrement de l’économie américaine ? 

DO : Eh bien, je pense que cette fin est écrite sur le mur depuis très longtemps maintenant. C’est juste une question du quand, et personne ne connaît la réponse. Et la grande tâche à laquelle sont confrontés de nombreux pays dans le monde en ce moment, et c’est une tâche énorme, c’est la dé-dollarisation. Vous avez quelque chose comme cent quatre-vingts monnaies différentes qui utilisent toutes le dollar américain pour commercer les unes avec les autres, qui ont toutes des listes de prix en dollars, qui se convertissent en dollars pour commercer les uns avec les autres, puis se reconvertissent et utilisent le fait qu’il y a cette énorme réserve de liquidités en dollars qu’ils peuvent exploiter en tout temps quand bon leur semble. 

Mais l’inconvénient, c’est que chaque fois que quelqu’un négocie avec le dollar américain, il devient partie intégrante de la juridiction américaine et fait l’objet de sanctions américaines. Et il fut un temps où les États-Unis étaient en quelque sorte un bon citoyen – un bon citoyen du monde – qui se permettait de profiter du fait que tout le monde utilise le dollar américain. Maintenant, il y a d’énormes avantages pour les États-Unis. Mais en retour, ils permettaient aux gens d’utiliser le dollar comme ils le souhaitaient. Mais maintenant, avec Trump en particulier, avec ses politiques commerciales, les États-Unis exigent que d’autres pays utilisent le dollar dans l’intérêt économique des États-Unis et à leur propre détriment. Et c’est là que tout le monde se réveille et le remarque. 

Mais il s’agit ensuite de dé-dollariser, et c’est une tâche énorme, car la Chine n’est pas vraiment prête à remplacer le dollar par son propre yuan. Personne ne s’attend vraiment à ce que la Chine intervienne et joue un rôle aussi important aussi rapidement. La Chine met généralement beaucoup de temps à faire de tels ajustements et fait de nombreux petits pas. Et personne d’autre ne veut vraiment le faire non plus. 

Donc, nous sommes dans une période où il y aura beaucoup de demi-mesures, beaucoup de mesures forcées seront prises si la situation se détériore soudainement. Mais je pense qu’il y a de très bonnes chances que le commerce international et les chaînes d’approvisionnement internationales subissent beaucoup de dommages si ces liquidités en dollars s’évaporent, parce que les deux seules façons, et c’est en fait la même, de sortir de cette crise dans laquelle les États-Unis se sont mis avec le taux de croissance totalement insoutenable de leur endettement, est soit un effondrement déflationniste soit un effondrement inflationniste, ou une combinaison des deux. 

On risque de voir les prix baisser dans certains domaines et une hyperinflation dans d’autres. Il y aura d’énormes distorsions économiques et le reste du monde devra simplement coexister. Ils ont une réserve de dollars, ils utilisent cette réserve de dollars pour commercer entre eux, ils ont des contrats signés qui sont tous en dollars. Alors, comment peut-on dé-dollariser ça ? C’est une tâche gigantesque. 

GR : Oui, je m’intéresse un peu à votre façon de voir… les messages des médias au sujet de ces réalités, parce qu’ils semblent provoquer de fortes diversions. Je veux dire qu’il y a les attaques de longue date…. Eh bien le … Russiagate, les attaques contre Trump que nous voyons de façon continue, je veux dire qu’il y a beaucoup de choses ridicules à ce sujet et particulièrement… ce que nous avons vu récemment dans cette affaire Skripal. 

Et ça… Ce qu’ils essaient d’expliquer, c’est qu’il y a ces deux ex … cet espion qui a été assassiné par ces deux agents russes, et cette histoire semble s’effondrer au fur et à mesure que vous la regardez de plus prêt. Il semble bien que, comme Theresa May et ses alliés, les médias retro-pédalent autour de ce récit défaillant. Que pensez-vous de la façon dont les médias continuent de propager cette mythologie sur la Russie et … sa toxicité sur la scène internationale ? S’agit-il d’une manifestation… Y voyez-vous une manifestation de votre thèse de longue date sur l’effondrement, l’effondrement de l’Empire ? 

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DO : Eh bien, je pense que l’Occident, l’Occident dans son ensemble, s’est heurté à la Russie comme une sorte d’objet inébranlable qui lui est totalement indigeste, qui ne peut être traité. Et cela coïncide avec une baisse catastrophique de la qualité du leadership occidental. Qu’il s’agisse de Trump, de Theresa May, d’Emmanuel Macron ou de tous ces récents dirigeants européens, à quelques exceptions près, ils sont tous absolument incapables d’être cohérents, sans parler de formuler une stratégie ou des plans. Ils échouent, et tout le monde voit qu’ils échouent, et ils ne peuvent pas s’en empêcher. Ils se contentent de continuer le récit qu’ils ont concocté. 

Avec l’affaire Skripal, c’est grotesque. Il n’y a absolument aucune preuve derrière l’histoire britannique, et il y a beaucoup de faits qui sont tout simplement complètement contradictoires et qui nient le récit qui a été exprimé. Les Russes sont donc heureux de rester les bras croisés et d’ignorer tout cela. Ils savent qu’il y aura des sanctions, que ces sanctions n’ont rien à voir avec les armes chimiques, qu’elles n’ont rien à voir avec quoi que ce soit d’autre : la Russie est assise sur un stock de ressources énergétiques qui va durer des centaines d’années. 

Et elle a assez pour exporter aussi longtemps qu’elle le juge bon. Mais en réalité, elle veut devenir indépendante des exportations d’énergie, et c’est un gros problème pour l’Occident, car l’Occident n’a absolument aucune stratégie pour devenir indépendant des importations énergétiques russes. Il n’y a rien qu’il puisse faire à ce sujet, sauf essentiellement faire tout ce que la Russie est prête à faire pour lui, accepter de coopérer avec la Russie. 

Il est fondamentalement en train de sauter dans tous les sens parce qu’il a ce problème qu’il ne peut pas résoudre. Il ne peut pas attaquer la Russie militairement. Il essaie d’attaquer la Russie sur le plan économique, mais cela ne fonctionne pas. Il essaie d’isoler la Russie et, de ce fait, la Russie renforce ses liens avec des pays du monde entier. L’organisation de coopération de Shanghai représente aujourd’hui près de la moitié du PIB mondial, soit près de la moitié de la population mondiale. Et c’est une organisation de sécurité dont la Russie fait partie. 

L’Occident essaie de mettre en scène de petites provocations comme les petits exercices d’entraînement le long de la frontière russe dans les pays baltes qui sont censés effrayer la Russie. Maintenant, si l’OTAN attaquait la Russie, la Russie la stopperait. Cela n’a pas vraiment de sens en tant que plan, mais cela a un sens en tant que récit interne, quelque chose que ces dirigeants occidentaux incompétents peuvent dire à leur propre peuple. 

GR : Dmitry, je pense que nous allons en rester là, mais je tiens vraiment à vous remercier. J’apprécie vraiment votre façon de penser unique et avant-gardiste et les idées que vous partagez avec nous et nos auditeurs. Merci beaucoup de vous joindre à nous. 

DO : Merci, Michael. 

GR : Nous avons parlé avec Dmitry Orlov, ingénieur, écrivain et blogueur russo-américain. Vous pouvez voir plus de ses articles sur le site cluborlov.com

Dmitry Orlov 

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

mercredi, 10 octobre 2018

Das große Spiel – Geopolitik

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Das große Spiel – Geopolitik

Auch in Deutschland sollte man sich wieder stärker mit der wissenschaftlichen Geopolitik befassen, um so katastrophale außenpolitische Fehler zu vermeiden. Unsere Politik braucht eine entsprechende Handlungsanleitung.

Von Dr. Hans-Jürgen Klose

Ex: https://www.contra-magazin.com

Das Wort „Geopolitik“ darf in Deutschland noch nicht lange wieder in den Mund genommen werden, weil es gängige Ansicht war, dass Karl Haushofer Hitlers Lehrmeister in Sachen Strategie gewesen sei. Es ist zwar richtig, dass der Begriff „Geopolitik“ eng mit dem Namen Haushofers verbunden ist, aber das darf uns nicht davon abhalten, Geopolitik für uns richtig zu definieren. Im Zeitraum bis zum Beginn der Operation Barbarossa bestimmte Haushofers Geopolitik tatsächlich das Handeln des 3. Reichs.

Ein Angriff auf die Sowjetunion war für Haushofer jedoch unvorstellbar (darum geriet er nach dem Angriff auf die Sowjetunion völlig ins politische Abseits). Aber gerade dieses Beispiel, der Einmarsch in Russland, zeigt wie schrecklich es ist den wissenschaftlichen Blickwinkel der Geopolitik zu ignorieren und statt dessen Machthunger über den Verstand zu setzen. Politische Laien benutzen das Wort „Geopolitik“ ohne sich darüber im Klaren zu sein, dass es für einen Amerikaner eine völlig andere Bedeutung hat als für uns.

Haushofer war von Hause aus Geograph, wenn auch mit starker politischer Ambition und tiefen Geschichtskenntnissen. Er war seinerzeit maßgeblich am Zustandekommen des Deutsch-Sowjetischen Nichtangriffspakts beteiligt. Wissenschaftlich legte er dar, warum es nicht zum Krieg zwischen Deutschland und den Sowjets kommen durfte. So wenig es sich für Hitler ausgezahlt hat, den wissenschaftlichen Rat zu ignorieren, zahlt es sich für amerikanische Zeitgenossen aus, den kompletten wissenschaftlichen Aspekt der Geschichte von Ländern in amerikanischer Geopolitik außer Acht zu lassen.

In den USA will „Geopolitik“ gar nicht als Wissenschaft verstanden werden, sondern als pragmatische Handlungsanweisung von Strategen für die Weltpolitik. Aber diese Definition lässt beim „Strategen“ schon „Strategie“ und mit der Strategie auch das Wort „Krieg“ mitschwingen. Dem wissenschaftlichen Geopolitiker kommt es darauf an, das Geworden-sein kollektiver Verhältnisse im Raum (Geographie) und in der Zeit (Geschichtsschreibung) zu verfolgen, um zu ermitteln worauf Entwicklungen hinauslaufen. Dass dieser Ansatz kriegsvermeidend ist, liegt auf der Hand.

Wir sollten, wenn uns der Frieden lieb ist, unsere Form der Geopolitik richtig positionieren und auch vom Gegenüber die Erklärung einzufordern, von welcher Geopolitik er spricht. Denn Krieg hat der Westen nun genug gehabt, aber geschichtliche Beziehungsgeflechte zwischen Staaten, Völkern und Stämmen sind für westliche Politiker immer noch böhmische Dörfer. Jeder der nationale Interessen vertritt, sollte sich Grundzüge geopolitischen Denkens aneignen, um nicht in amerikanische Fehler zu verfallen.

La volte-face de l’Inde anéantit la stratégie «quadrilatérale» anti-chinoise de Trump

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La volte-face de l’Inde anéantit la stratégie «quadrilatérale» anti-chinoise de Trump

Ex: http://www.zejournal.mobi

Un changement de politique étrangère de l’Inde la semaine dernière a désintégré la stratégie de l’administration Trump contre la Russie et la Chine. Le traitement de l’Inde par les médias américains va changer. Le gouvernement indien de Narendra Modi va essuyer un feu nourri d’attaques propagandistes.

Il y a deux semaines, la Revue hebdomadaire de Moon of Alabamas’intéressait à l’accord véreux que Modi, le fondamentaliste hindou qui est président de l’Inde, a conclu sur l’avion de combat Rafale:

En résumé : Le gouvernement précédent avait signé un contrat avec la société française Dassault pour l’achat de 126 Rafales pour 10,6 milliards de dollars. 30% du prix devait être rétrocédé par Dassault à l’avionneur d’État indien HAL pour assembler la plus grande partie des avions.

Modi s’est envolé pour Paris et a changé l’accord à l’insu de son cabinet et de l’armée de son pays. L’Inde n’aura plus que 36 Rafales mais ils lui coûteront 8,7 milliards de dollars. 30% de l’argent sera rétrocédé à une société indienne privée appartenant au groupe privé Reliance, menacé de faillite, pour des projets sans aucun rapport, et sans transfert de savoir-faire.

On ne sait pas encore combien d’argent Reliance, qui appartenait à la famille Ambani, autrefois très riche, devait reverser à Modi et à son parti. Depuis que tout cela a fuité, Il y a des appels à la démission de Modi, mais il est peu probable qu’il le fasse.

Mon article était basé sur le gros travail de recherche du Caravan Magazin et je citais ma source. Aujourd’hui, le New York Times a repris l’histoire : Avec le « douteux » contrat sur les avions de combat, l’opposition indienne parvient à déstabiliser Modi. L’ « article récapitulatif » du New York Times a deux semaines de retard sur la révélation de l’accord véreux par Caravan, qu’il ne cite même pas, et il n’apporte rien de nouveau.

La question est donc : Pourquoi sort-il maintenant ?

Les États-Unis avaient espéré qu’ils pourraient attirer l’Inde, traditionnellement non alignée, dans leur camp et l’utiliser dans leurs guerres stratégiques contre la Chine, la Russie et l’Iran. La Stratégie quadrilatérale d’une alliance indo-pacifique du Japon, de l’Australie et de l’Inde sous la direction des États-Unis a été conclue il y a un an, soi-disant pour mettre en place un « ordre fondé sur le droit » qui permettrait aux États-Unis de décider de ce que la Chine (et les autres pays) auraient le droit de faire dans le bassin indo-pacifique.

Les détracteurs du gouvernement Modi n’ont pas apprécié du tout le rôle subordonné que la fière Inde était censée jouer dans cet accord.

Puis, le Congrès américain, par le biais de la loi intitulée Acte pour contrer les adversaires de l’Amérique au moyen de sanctions (CAATSA), a menacé l’Inde de sanctions si elle achetait les systèmes russes S-400 de défense aérienne. Trump la menace également de sanctions si elle achète de pétrole iranien.

Les critiques intérieures contre la stratégie de Modi se sont intensifiées. Le scandale des Rafales a ajouté à la pression. Après quelques hésitations, Modi a finalement changé de cap.

La semaine dernière, le président Poutine s’est rendu en Inde et a signé un certain nombre de contrats importants. L’Inde achètera 5 exemplaires (40 lanceurs) du système S-400 pour 5 milliards de dollars. En outre, les deux parties ont conclu un accord pour la construction de 6 réacteurs nucléaires supplémentaires par des entreprises russes en Inde. (Deux réacteurs russes sont déjà en service en Inde et deux autres sont en construction). Les réacteurs valent environ 20 milliards de dollars chacun et seront construits au cours de la prochaine décennie. Rosneft a signé un accord de dix ans pour fournir à l’Inde 10 millions de tonnes de pétrole par an. Il y a aussi quelques autres nouveaux accords .

Les allusions que ces dirigeants ont faites, lors de cette rencontre au sommet, au multilatéralisme, ainsi que leur déclaration commune, ont été ressenties par Trump comme un coup de pied au cul. L’ancien ambassadeur indien M. K. Bhadrakumar écrit sur son blog Indian Punchline :

Nous semblons avoir jeté aux oubliettes l’idée du « Quadrilatère » de l’administration Trump, qui était, bien sûr, une tentative à peine déguisée de créer un système d’alliance dirigé par les Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique pour isoler la Chine dans sa propre région. L’Inde prend ses distances par rapport à cette entreprise.

Dans un article plus approfondi, Bhadrakumar développe la vision indienne :

Il faut prendre en compte toutes les évolutions internationales pour adapter notre réponse. Il nous faut notamment prendre en compte les progrès de la relation entre la Chine et la Russie plutôt que de les regarder avec scepticisme. L’entente croissante entre ces deux pays signifie que la stratégie américaine visant à les diviser et à les combattre séparément – la Chine sur le champ de bataille du Pacifique et la Russie sur le champ de bataille européen – a échoué. Au contraire, ce qui est en train de se produire, c’est une éviction des États-Unis du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est. Washington montre des signes de nervosité. C’est ce qui explique la tentative désespérée des Américains d’attirer l’Inde dans une alliance militaire répondant à ses propres besoins. Ce serait une grosse erreur de croire en un « ordre libéral international » qui n’est, évidemment, qu’un mythe américain. 

Malgré les menaces de sanctions américaines, l’Inde continuera également à acheter du pétrole iranien :

L’Inde achètera 9 millions de barils de pétrole iranien en novembre, selon deux sources dans l’industrie du pétrole, ce qui signifie que le troisième importateur mondial de pétrole continuera à acheter du brut à la république islamique malgré les sanctions américaines qui entreront en vigueur le 4 novembre.

La Chine continuera également à acheter des hydrocarbures à l’Iran. Toutes ces transactions ne se feront évidemment pas en dollars américains, comme autrefois, mais en devises bilatérales ou dans le cadre d’opérations de troc.

Les nouveaux accords indiens avec la Russie, les déclarations prononcées au sommet russo-indien et la poursuite des achats de pétrole à l’Iran constituent d’énormes revers pour les politiques anti-Chine, anti-Russie et anti-Iran de l’administration Trump. La stratégie internationale de Trump pour sauver le « pouvoir unilatéral » des Etats-Unis a échoué à cause de l’indocilité de l’Inde. Et c’est précisément la raison pour laquelle le New York Times attire maintenant l’attention du public sur le scandale de corruption des Rafales et met l’accent sur l’opposition intérieure à Modi.

L’Inde de Modi est maintenant sur la liste américaine officielle des pays maléfiques. Chargez les canons de la propagande ! Il est temps de changer son régime.

Traduction : Dominique Muselet

mardi, 09 octobre 2018

Trump zeigt nur das wahre Gesicht der USA

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Trump zeigt nur das wahre Gesicht der USA

US-Präsident Donald Trump gilt als „Elefant im weltpolitischen Porzellanladen“, doch im Grunde genommen macht er nur das, was Washington immer schon tat: US-Interessen über alles stellen.

Von Marco Maier

Ex: https://www.contra-magazin.com

Donald Trump und dessen neokonservative Administration haben seit seinem Amtsantritt kaum einen Anlass ausgelassen, die eigenen Partner, Alliierten und Vasallen zu brüskieren. Alleingänge aus der Position der Stärke heraus und eine eigenwillige Rosinenpickerei was internationale bzw. multilaterale Abkommen betrifft inklusive. Doch die Empörung darüber ist eigentlich pure Heuchelei.

Denn schon seit vielen Jahrzehnten gilt in der US-amerikanischen Politik die Devise, dass die eigenen nationalen Sicherheits- und Wirtschaftsinteressen im Vordergrund stehen, gefolgt von jenen Israels. Alles Andere spielt faktisch nur eine untergeordnete Rolle. Das war schon früher so und hat sich nicht wirklich geändert. Trump ist lediglich einfach nur deutlich undiplomatischer und direkter in seinen Forderungen, die unter dem alten Establishment noch eher indirekt erhoben wurden.

Und wenn Trump hingeht und die NATO-Staaten dazu auffordert, gefälligst mehr Geld ins Militär zu stecken, dann hat das nicht unbedingt etwas damit zu tun, dass die USA so viel für die „Sicherheit“ Europas ausgeben würden. Nein, es geht darum, dass das US-Imperium völlig überdehnt ist und die militärische Aufrüstung der europäischen Aliierten es den Amerikanern erlauben, sich auf den ostasiatischen Raum zu konzentrieren. Dort wartet nämlich der Gegner China und die Europäer dürfen sich im Weltkriegsfall gegen Russland verheizen lassen.

Das Perfide an der US-Taktik ist, dass sie es in all den Jahrzehnten in denen sie sich über das Völkerrecht, internationale Verträge und Abkommen, sowie die Interessen ihrer Alliierten hinwegsetzten, schafften, ihnen einzureden dass dies auch gut für sie selbst wäre. Und dank der medialen Propaganda hat sich dieses Denken auch in den Köpfen vieler Menschen festgesetzt. Dabei ist gerade für die Europäer diese „transatlantische Partnerschaft“ in weiten Teilen nur ein relativ einseitiges Geschäft gewesen. Mit Großbritannien und Frankreich gibt es da auch zwei Atommächte und ein (west-)europäisches Verteidigungsbündnis hätte auch zu Zeiten des Kalten Krieges ausgereicht, da die Spannungen ohne die US-Einmischung wahrscheinlich nicht so groß gewesen wären.

Und heute? Da lassen sich die Europäer (erneut) gegen Moskau in Stellung bringen. Dabei müsste eine nachhaltige europäische Sicherheitspolitik auf normale, gute Beziehungen zu den anderen Großmächten – also den USA, Russland und China – beruhen und unter Berücksichtigung der geopolitischen Verhältnisse vor allem eine Position des Ausgleichs einnehmen. Doch selbst heute, mit all den Spannungen mit Washington, bleiben die Transatlantiker in Europa stark. Und warum das? Weil die Indoktrinierung durch die ganzen Denkfabriken und Vereine nach wie vor anhält und die USA immer noch ein Orientierungspunkt sind.

Wir müssen uns dennoch bewusst sein, dass die extrem nationalistische Politik Donald Trumps nur ein ungefiltertes Bild dessen ist, was Washington schon seit „Ewigkeiten“ durchzieht. Trump hat den USA nur die Maske vom Gesicht gerissen und setzt einfach auf extremen Unilateralismus, wo sich die meisten seiner Amtsvorgänger zumindest für die Öffentlichkeit noch darum bemühten, den Menschen einen multilateralen Westen zu verklickern. Nun jedoch scheint es tatsächlich zu einem größeren Riss durch den Atlantik zu kommen. Bleibt die Hoffnung, dass dies auch bei einem Trump-Nachfolger anhält, der wieder der alten globalistischen Linie folgt.

Kampf um die Arktis

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Kampf um die Arktis

Großbritannien schickt 800 Soldaten in die Arktis, welche zusammen mit Norwegern, Niederländern und Amerikanern russische Ansprüche kontern sollen.

Von Marco Maier

Ex: https://www.contra-magazin.com

Wie der britische Verteidigungsminister ankündigte, wird das Vereinigte Königreich 800 Soldaten der britischen Special Forces in den hohen Norden Norwegens entsenden, um dort die norwegischen, niederländischen und US-amerikanischen Arktis-Truppen zu unterstützen. Jedes Jahr sollen sie demnach zur Winterzeit für mindestens zehn Jahre lang dort stationiert werden, um die russischen Aktivitäten zu beobachten.

Bevor der britische Verteidigungsminister, William Williamson, nach Birmingham reiste, um eine Rede zu halten, sagte er: „Wir sehen russische U-Boot-Aktivitäten sehr nahe am Niveau des Kalten Krieges, und es ist richtig, dass wir darauf reagieren.“ Und weiter: „Wenn wir die Uhr zehn Jahre zurückdrehen könnten, dachten viele, dass die Ära der U-Boot-Aktivitäten im hohen Norden und im Nordatlantik und die damit verbundene Bedrohung mit dem Fall der Berliner Mauer verschwinden würden. Diese Bedrohung ist wirklich wieder in den Vordergrund getreten.“

Angesichts der im arktischen Gebiet vorhandenen und vermuteten Ressourcen ist im Zuge des Klimawandels und der zunehmenden Eisfreiheit in der Arktis der Kampf der Mächte um diese entbrannt. Im Westen befürchtet man, Moskau könnte diesen Umstand dazu nutzen, die wirtschaftlichen Aktivitäten in der Region massiv auszubauen und die natürlichen Ressourcen dort für sich zu vereinnahmen. Doch genau das wollen die anderen Anrainerstaaten – darunter die USA, Kanada, Dänemark und Norwegen – auch.

Wenn man bedenkt, dass die Truppenansammlungen der NATO an der Grenze zu Russland nun schon seit einigen Jahren immer größer werden, ist es schon eine Tatsachenverdrehung, wenn man hier von einer „russischen Aggression“ spricht. Vielmehr handelt es sich hierbei um eine NATO-Provokation gegen Russland.

lundi, 08 octobre 2018

Keith Preston: Saudi, UAE, US behind Recent Terrorist Attack in Iran

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Keith Preston: Saudi, UAE, US behind Recent Terrorist Attack in Iran

Ex: https://www.attackthesystem.com

TEHRAN (Tasnim) – An American political analyst said the triangle of Saudi Arabia, the UAE and the US was behind the recent terrorist attack in Iran’s southwestern city of Ahvaz, adding that Saudi Arabia has been consistently involved in providing support for terrorist activities across the region.

“It is quite likely that the perpetrators of the attack have received support from Saudi Arabia. This would certainly be in keeping with Saudi Arabia’s past history in the region,” Keith Preston, the chief editor and director of attackthesystem.com, told Tasnim in an interview.

He added, “A likely strategy that Saudi Arabia and the UAE are pursuing is to increase the hostilities toward Iran to the point that the United States will engage in military intervention against Iran, and on behalf of the (Persian) Gulf states.”

The following is the full text of the interview.

Tasnim: As you know, 25 people were killed and dozens of others injured after unknown terrorists opened fire at a military parade in Iran’s southwestern city of Ahvaz on Saturday. What are your thoughts on the attack?

Preston: The first question that emerges as a result of the attack obviously involves the matter of what party is responsible. So far, multiple groups have claimed responsibility. Daesh posted an online video claiming responsibility for the attack. However, Daesh has a history of claiming responsibility for terror attacks in which they were actually not involved, so their credibility is strained at this point. The al-Ahvaziya group has also claimed responsibility as has the Ahvaz National Resistance and both of these are plausible suspects. At present, it has yet to be determined which party is actually responsible. However, the government of Iran has said to have arrested multiple individuals that are suspected of involvement in the attack, and more information may be forthcoming in the future. Meanwhile, the leadership of the (Islamic) Revolutionary Guards (Corps) has suggested that international enemies of Iran may have been complicit in the attack, which is also certainly plausible, but the evidence for this claim has yet to be revealed on a level where complicity can be fully substantiated. It is most likely that one of the terror groups that claim to represent separatist tendencies in Ahvaz is responsible, and it is also likely the responsible party was receiving support from international forces as well.

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Tasnim: According to media reports and as you mentioned, the al-Ahvaziya terror group, whose recruits are believed to be scattered in several European countries, including in the Netherlands and in Denmark, claimed responsibility for the attack in Ahvaz. The terror outfit, which is backed by Saudi Arabia, has a record of carrying out sabotage acts in Iran’s Khuzestan province, which encompasses Ahvaz and some other Arab-dominated towns. How do you see the role of Riyadh in the attack?

Preston: It is quite likely that the perpetrators of the attack have received support from Saudi Arabia. This would certainly be in keeping with Saudi Arabia’s past history in the region. Saudi Arabia has been consistently involved in providing support for terrorist activities in various locations in the Middle East, and (it) is well known that many of the Sunni jihadi groups receive substantial support from Saudi Arabia and other (Persian) Gulf States. Given the present conflict between Saudi Arabia and Iran, and Saudi Arabia’s war against Yemen, and against the Shiite people of the Eastern Province, it is quite likely that Saudi Arabia would be motivated to back a terror attack in Iran in order to create domestic instability and chaos inside Iran. While Saudi involvement in the attack has yet to be fully substantiated, in all probability the responsible parties have likely received support from Saudi Arabia at some point.

Tasnim: Following the attack on Saturday, Abdulkhaleq Abdulla, an adviser to the Abu Dhabi government, justified the attack on Twitter, claiming that it was not a terrorist attack and that “moving the battle to the Iranian side is a declared option”. “Attacks of this kind will increase during the next phase,” he said. What do you think?

Preston: The statement from Abdulkhaleq Abdulla could be interpreted in two ways. On one hand, it is possible that he was simply expressing his own personal sympathies for those who carried out the attack, and that there is no specific context to his statement of a wider nature. However, the statement is very suspicious as it seems to indicate that Abdulkhaleq Abdulla is aware of organized efforts to continue to carry out such attacks against Iranian targets in the future. If the latter is true, it would essentially mean two things. First, that the government of the United Arab Emirates was involved in the attacks, which would also mean that Saudi Arabia was involved as well. Second, it would mean that the Saudi/UAE-led coalition that is currently waging war in Yemen wishes to escalate the war by engaging in direct attacks against Iranian targets for the purpose of attempting to destabilize Iran, and lure Iran into a wider regional conflict that might also include the intervention of the United States on behalf of the (Persian) Gulf nations.

Tasnim: Reports suggest that US National Security Adviser John Bolton, Secretary of State Mike Pompeo as well as Saudi Crown Prince Mohammed bin Salman were behind the attacks. Do you believe so?

Preston: Mohammed bin Salman has in the past expressed his intention of escalating the conflict between Iran and Saudi Arabia by taking the conflict “inside Iran,” as he has previously stated. Given this past statement, it is certainly likely that Saudi Arabia was involved in the attack. Similar statements coming from the UAE indicate the involvement of Abu Dhabi as well. A likely strategy that Saudi Arabia and the UAE are pursuing is to increase the hostilities toward Iran to the point that the United States will engage in military intervention against Iran, and on behalf of the (Persian) Gulf states. It is also interesting that the attack in Ahvaz has occurred now that Mike Pompeo, the former director of the Central Intelligence Agency in the United States has become the Secretary of State, and John Bolton has become National Security Adviser. Both Pompeo and Bolton have been closely associated with America’s “neoconservative” foreign policy faction, which has long advocated for “regime change,” or a war of aggression against Iran. Therefore, it is certainly possible that Pompeo and Bolton have signaled their support for Saudi and UAE efforts to escalation hostilities with Iran, including the backing of terror attacks such as Ahvaz, for the purpose of creating a pretext for US military intervention in the region against Iran.

Tasnim News Agency

Une guerre des tubes

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Une guerre des tubes

par Bastien VALORGUES

Si on écarte la voie maritime avec les pétroliers et les bateaux gaziers, les hydrocarbures se transportent principalement au moyen de tubes parfois enfouis sous terre : les oléoducs pour le pétrole et les gazoducs. Les construire implique à la fois un coût financier élevé, la mobilisation de techniques sophistiquées ainsi que des implications géopolitiques souvent considérables.

Dans les années 1980, l’hebdomadaire Minute, fer de lance de l’opposition nationale à François Mitterrand, s’indignait de l’avancée des travaux de l’oléoduc Droujba (« Amitié »). Décidé en 1963 par l’Union Soviétique afin de vendre son pétrole aux États d’Europe occidentale, ce tube, le plus long du monde (plus de 4 000 km), était vu par les anti-communistes comme le Cheval de Troie du soviétisme triomphant. Ce ne fut pas le cas. En revanche, son tracé, du Sud-Est de la Russie à l’Allemagne en passant par l’Ukraine, la Biélorussie, la Hongrie et la Pologne, permet à Moscou d’exercer des pressions politiques telles les « guerres du gaz » russo-ukrainiennes de la première décennie du XXIe siècle.

Des questions géopolitiques importantes

Le tracé de ces « tubes », qu’ils soient oléoducs ou gazoducs, suscite toujours de vifs débats politiques, des pressions diplomatiques variées, de choix économiques contradictoires, voire des conflits plus ou moins larvés, entre les États mis en concurrence pour une éventuelle participation au réseau en construction. Ces « hôtes » espèrent bénéficier de la rente de passage lucrative alors que les États importateurs veillent d’abord à choisir un chemin sûr et le moins coûteux possible. Ce constat provoque régulièrement des tensions entre les compagnies et les États d’une part, entre les États d’autre part.

Les 20 300 km de gazoducs et les 40 000 km d’oléoducs qui parcourent l’espace méditerranéen sont bien souvent à l’origine des rivalités frontalières. Sur sa façade orientale est prévu un gazoduc Iran – Irak – Syrie dont la réalisation renforcerait l’emprise de Téhéran, via le fameux « Croissant chiite », au Moyen-Orient. L’Arabie Saoudite fait tout pour contrecarrer cette perspective bien déplaisante. Elle bénéficia un temps de l’appui d’Ankara. En décembre 2014, la méga-compagnie russe Gazprom abandonnait le projet South Stream, concurrente du projet turco-occidental Nabucco. Le South Stream partait de Russie, traversait la mer Noire et alimentait la Bulgarie, la Serbie, l’Autriche et l’Italie. Financièrement soutenu par Bruxelles et Washington, le gazoduc Nabucco passerait, lui, par l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, la République tchèque et l’Autriche.

Cependant, depuis l’échec du coup d’État du 15 juillet 2016, Ankara s’est rapproché vers Moscou et frappe les Kurdes de Syrie, principaux alliés gauchistes de la Coalition atlantiste occidentale. L’hostilité croissante d’Erdogan envers les Occidentaux rend aléatoire la concrétisation du gazoduc Trans-Adriatique soutenu par la Commission de Bruxelles. Partant de l’Azerbaïdjan et contournant l’Arménie, poste avancé du monde euro-chrétien, le tube traverserait la Géorgie, la Turquie, la Grèce, l’Albanie, la Macédoine, l’Adriatique et l’Italie. Or si les relations entre Athènes et Skopje se réchauffent quelque peu, les frictions sont fréquentes entre les Grecs et les Turcs…

Des questions géopolitiques majeures

Ce projet compléterait le gazoduc Blue Stream reliant à travers la mer Noire la Russie et la Turquie. Ce gazoduc serait dès l’année prochaine complété par un autre tube gazier, le Turkish Stream. La Turquie suit ici ses intérêts énergétiques afin de satisfaire une population nombreuse et de maintenir un dynamisme économique frappé par la chute de la livre turque par rapport au dollar.

En matière d’oléoduc, la Turquie dispose de sa bonne situation de carrefour euro-asiatique avec, par exemple, le Bakou – Tbilissi – Ceyhan (BTC). Ouvert en 2005, cet oléoduc de 1 780 km transporte du pétrole brut extrait de la Caspienne jusqu’au port de Ceyhan en Turquie. Il traverse l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie et appartient à un consortium international de firmes turques, américaines, azéries, italiennes, françaises, japonaises et norvégiennes. Moscou n’a jamais apprécié le BTC et quand la Géorgie a cherché en août 2008 à écraser les séparatismes abkhaze et ossète du Sud, la Russie en a profité pour s’en approcher le plus près possible si bien que la sécurité du BTC n’est plus assurée… Cependant, le récent accord entre les puissances riveraines de la Caspienne qui exclut la présence de toute flotte étrangère apaise un peu les tensions sous-jacentes.

La Russie ne se focalise pas que sur le Caucase quand bien même elle soutient l’Arménie qui, victime d’un blocus complet imposé par Bakou et les Turcs, ne doit sa survie qu’aux aides russe et iranienne. La nomination de l’opposant Nikol Pachinian au poste de Premier ministre par une majorité parlementaire qui lui est habituellement hostile n’est pour l’instant qu’une péripétie intérieure. Soucieuse de ne plus être pénalisée par l’action contraire des pays sur lesquels passent les tubes, la Russie parie sur North Stream. Lancé en 1997, ce projet a été inauguré en 2011 par Vladimir Poutine en personne. Il contourne la Biélorussie, l’Ukraine, les États baltes et la Pologne en passant par la mer Baltique afin de fournir en combustible la riche et dynamique Allemagne. Ce n’est pas un hasard si l’ancien chancelier social-démocrate allemand Gerhard Schröder siège dans les instances dirigeantes de North Stream.

La menace américaine

La Russie a maintenant l’intention de lancer un North Stream 2. Or le Sénat des États-Unis renâcle, suite aux injonctions de l’État profond américain. Les pétroliers américains ont en outre un besoin vital d’exporter vers l’Europe leur gaz de schiste et leur pétrole bitumineux et de s’enrichir aux dépens des États européens rackettés, soumis et hébétés.

Voir les hydrocarbures russes alimenter toute l’Europe à un prix compétitif leur est proprement insupportable. Ils font donc pression sur le Congrès et la Maison Blanche. Les États-Unis menacent dorénavant de représailles financières et judiciaires toute entreprise européenne qui se risquerait à commercer avec l’Iran, voire avec la Russie. En matière énergétique comme dans d’autres domaines, Washington garde son comportement prédateur insupportable. Or, grande dilapidatrice d’énergies, la société américaine sait que c’est son point faible principal. Les Européens, les Russes, les Turcs et les Iraniens, les Chinois en arrière-plan, peuvent ensemble rejeter ces menaces en organisant leur indépendance énergétique à l’échelle eurasiatique. Il faut tout faire pour favoriser la « Grande Panne » des énergies et des ressources au-delà de l’Atlantique Nord.

Bastien Valorgues

samedi, 06 octobre 2018

AMERICA WANTS TO DEPRIVE MACEDONIA OF HONOR AND IDENTITY

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AMERICA WANTS TO DEPRIVE MACEDONIA OF HONOR AND IDENTITY

 
Ex: http://www.katehon.com 

There are perhaps few precedents in the world when outside countries insist on changing the name of a whole independent country. In the case of Macedonia, which, at the request of Greece, held a referendum on the topic “should we not change Macedonia to Northern Macedonia”, - the situation is glaring.

Pro-American Prime Minister Zoran Zaev, supported by a pro-American liberal lobby and still a national minority - Albanians, leads the country to a political, religious, national, and culturological impasse. The state of Macedonia for free that the actual neoplasm. Being such, without understanding their national identity and trying to overcome a lot of problems in the interethnic area, the Macedonian state is somewhat reminiscent of Ukraine or the Baltic border countries. In an effort to get into the European Union and NATO, the Macedonian officials, this must be particularly emphasized - not the people, but the pro-Western liberals - are ready to go for anything, just to touch the sweet European pie with their teeth. Moreover, they were taught nothing by the experience of Bulgaria, a country related to the ethnic composition of the Macedonian-Slavs, who received from the EU and NATO only status and a salary of 250 euros in Sofia, which is considered to be good.

However, as a result, a referendum in Macedonia was declared invalid. A little more than 30 percent of the population came to vote, and according to the laws of the state, referendum decisions with a turnout below 50 percent are considered invalid. But for those who are trying to drag Macedonia into NATO, the figure of 90 percent of those who came to vote for changing the name of the country to Northern Macedonia is important. And not a turnout figure.

Pro-American media and politicians of a small Balkan country, be sure, obtypyapayut event in such a way that the main thing will be the number of voters. Contrary to the will of the indigenous majority of the state - the Macedonian-Slavs. And the English, German, American and Albanian press already unequivocally speaks about this.

In Macedonia, which is not a secret to anyone, the main driving force aimed at renaming this country is the ethnic minority - the Albanians. But this is still the Albanians - an ethnic minority. However, taking into account the birth rate in Albanian families, as well as migration to Macedonia from neighboring Kosovo and Albania itself, in a dozen years, and maybe earlier, Albanians will become the majority. This has already happened in the unfortunate Kosovo, where the indigenous inhabitants of the region - the Serbs - were first overtaken in the demographic bend, and then driven out of the heart of Serbia.

Currently, in Kosovo, only in the north, in Kosovo Mitrovica, and in one tiny enclave in the south of the region, Serbs still live, being in constant fear for their lives. Without work, but with faith in their strength.

In Macedonia, the situation is developing at the same threatening pace. North of Macedonia, the Macedonians themselves are considered lost to the Slavs. In the ancient city of Tetovo, founded by the Serbs in the XIII century, out of 50 thousand inhabitants about 30 thousand are Albanians and only 18 thousand are Macedonians. In the old Gostivar, out of 35 thousand inhabitants, 16 thousand are Albanians and only 11 thousand are Macedonians. In Kichevo, Albanians are slowly catching up on the demographics of the Slavs.

In the third largest number of Kumanovo. Here live 40 thousand Macedonians and 20 thousand Albanians, between whom fights and shooting regularly take place, and in 2015 there was a massacre in Kumanovo between the Macedonian army and special forces, on the one hand, and Albanian militants, who arrived from Kosovo, on the other.

The capital of the Republic of Skopje is divided by the Vardar River into two parts. In one live mainly - but not only - the Macedonians and Serbs. In the other, on the side of the ancient fortress of Skopje - Kale, where in 1346 the Serbian king Stephen Dusan was crowned king of the Serbs and Greeks, live exclusively Albanians. And Orthodox Slavs, without extreme need, do not go to the other side of Vardar.

In Skopje, the national composition is on the side of the Macedonians. Of the half a million inhabitants, 60 percent, and Albanian Muslims, 30 percent. Conflicts and skirmishes regularly occur between Slavs and Albanians. Over the past 10-15 years, an ever-increasing Albanian population has been knocking out big rights. Albanians already have one third in the Macedonian parliament, they have several influential parties - the DUI, Besa and Alliance for Albanians, as well as the ADP. They are increasingly demanding that the Albanian language be recognized as the second state language. And they are the main beneficiaries of renaming the country. Because Albanians demand a revision of the history of Macedonia as a whole, pointing to the fact that its present territory has been part of the Ottoman Empire for centuries. And because the Albanians, through a split in the Balkan lands, continue to cherish the idea of ​​Great Albania.

“Great Albania will begin with the death of little Macedonia,” say the ideologists of this formation. It is the Albanian parties and movements that insist on the federalization of the state. If it ever happens, the whole north of the country will become mono-ethnic, and that will prevent this part, already densely populated by Albanians, from separating from Macedonia or becoming part of Kosovo, which, in turn, along with the southern parts of Serbia wants to be part of Albania?

As practice shows, there is nothing impracticable in this - with the help of the Albanian factor, Yugoslavia, Serbia has already been dismembered, an “independent Kosovo” has been formed, which was recognized by most of the EU and Washington. Tensely in the Albanian suburbs of Greece, Bulgaria, Montenegro - this is so that the crucian remembers the pike. In the XX and XXI centuries, the Albanians became a real Trojan horse for the Balkans, pursuing a policy of disengagement and supported by the US in almost everything.

Actually, the number of voters in the referendum is exactly the percentage of Albanians, plus political suicides from among Slavic liberals, grant-eaters and simply unwise people who support the policy of Zoran Zayev who joined them.

Macedonians against national shame

Orthodox Macedonians, right-wing politicians and football fans of Macedonia, as they can, oppose the insane policy of pro-Westerners. But they do not have so many influential lobbyists. Their activities are not supported by Western grants aimed at “democratization of society”.

If Macedonia is renamed, a revision of the country's history will begin.

Macedonia As mentioned earlier, the country has invented a story for itself and even a language that makes it related to Ukraine. For centuries, the current territory of the country owned by the Greeks, Serbs, Bulgarian kings, Ottomans. At the end of the 19th century, almost at the same time as in Ukraine, ideologists of political Macedonian appeared on these lands. Although it would be more correct to designate a large part of the Slavic population of these regions as Bulgarians. The current famous Macedonian surnames - Peev, Zayev, Popov, Starchev, Panchev - very much resemble Bulgarian surnames. In the 20th century, surnames appeared with the end of “ski” or “wski”: Stavrevski, Shumulikoski and others, who had already adopted the Macedonian flavor. But the basis of the Macedonian language is still Bulgarian.

Creating a new national identity, the Macedonians write a new story. If Ukrainian ideologues abandoned everything Russian in their history, or Ukrainians attributed famous poets, writers, architects, and leaders of the Russian Empire and USSR, then the ideologues of Macedonia "took" the heroes of the ancient world - Philip and Alexander the Great. And along with them, the whole history of ancient Macedonia with all the conquests of Tsar Alexander the Great, as far as India. This was a stumbling block in relations with Greece, which reasonably believes that ancient Macedonia, Greek, was located on the territory of the three present Greek provinces with the names Macedonia!

While the political leaders of the countries argued and fought in the press and in the political fields, the capital of Macedonia, Skopje, was literally filled with statues of Philip, Alexander and many other heroes of antiquity. These monuments are very beautiful, monumental, which have become the hallmark of Skopje and the whole country. They are located a few hundred meters from the very bridge across Vardar, connecting the Albanian and Slavic quarters. And the Albanians have repeatedly desecrated monuments and historical memory. Once again, because in their vision in Macedonia there is another story connected with the empire of the Ottomans and the ancient Illyrians, which is disputed by many historians.

The worst thing that awaits the Macedonians, if NATO lobbyists push the idea of ​​renaming the country, is a revision of national identity. Greece requires that the monuments in Skopje and throughout the country have a postscript that these are heroes of ancient Greece. The state mythology will also crack - it turns out that both Philip and his son, the conqueror of the Universe, are not Macedonians, but “Northern Macedonians,” if they want to continue to uphold the myth that these historical figures were born and lived here.

In general, the situation for the indigenous people of the country is not seen as the most optimistic. By making concessions to other countries, the official Skopje can push the country into NATO for the sake of absolutely mythical preferences. Macedonia is one of the poorest countries in Europe, and the example of Bulgaria, but what to say - Bulgaria, Romania, Croatia, Bosnia - shows that sensual touches to the foot of Brussels did not make these countries prosperous and well fed. And Macedonia can lose both honor, and history, and national identity.

jeudi, 04 octobre 2018

After Embarrassing Defeat, NATO, EU and the West Try to Alter Reality in Macedonia

After Embarrassing Defeat, NATO, EU and the West Try to Alter Reality in Macedonia

Ex: http://www.strategic-culture.org

Although the September 30, 2018 name-change referendum in Macedonia, which was supposed to set that ex-Yugoslav federal republic on a path to (certain) NATO and (blithely promised but much less certain) EU membership, failed miserably, with only 36.91% of the voters turning out, well short of the 50% + 1 necessary for it to be valid – one would never know it from the reactions of its Western proponents and impatient beneficiaries. Indeed, a new term may be needed to adequately describe the reactions of the key pillars representing the reliquiae reliquiarum of the Western-led post-Cold War unipolar moment. Fake news simply doesn’t do them justice. Fake reality anyone?

The US State Department was firmly in denial, releasing the following statement“The United States welcomes the results of the Republic of Macedonia’s September 30 referendum, in which citizens expressed their support for NATO and European Union (EU) membership by accepting the Prespa Agreement between Macedonia and Greece. The United States strongly supports the Agreement’s full implementation, which will allow Macedonia to take its rightful place in NATO and the EU, contributing to regional stability, security, and prosperity. As Macedonia’s parliament now begins deliberation on constitutional changes, we urge leaders to rise above partisan politics and seize this historic opportunity to secure a brighter future for the country as a full participant in Western institutions.”

EU Commissioner for European Neighborhood and Enlargement Negotiations Johannes Hahn wasn’t to be outdone in his contempt for the 63% of the Macedonian “deplorables” who stayed home in order to voice their disagreement with renouncing their perceived national identity and country name (it was to become “Northern Macedonia”) in exchange for the double joy of a) becoming NATO’s cannon-fodder in its increasingly hazardous game of chicken with Russia and b) the EU’s newest debt-serfs: “Referendum in Macedonia: I congratulate those citizens who voted in today's consultative referendum and made use of their democratic freedoms. With the very significant "yes" vote, there is broad support to the #Prespa Agreement + to the country's #Euroatlantic path. I now expect all political leaders to respect this decision and take it forward with utmost responsibility and unity across party lines, in the interest of the country.” He was seconded the following day, in a joint statement, by Federica Mogherini, High Representative of the EU for Foreign Affairs and Security Policy and Vice President of the EU Commission.

Understandably, as the most direct public stakeholder, NATO Secretary General Jens Stoltenberg was particularly (hyper)active. As the disappointing results began to roll in, Stoltenberg went into immediate damage control, tweeting“I welcome the yes vote in Macedonia referendum. I urge all political leaders & parties to engage constructively & responsibly to seize this historic opportunity. #NATO’s door is open, but all national procedures have to be completed.” He reinforced his delusional missive the next day, releasing a similar statement co-signed by EU President Donald Tusk. And the day after, during a news conference, Stoltenberg even offered lightning-quick NATO accession to the unwilling Macedonians – January 2019, to be exact – if they would just be so kind as to urgently implement the very agreement that they had just so emphatically rejected. When NATO says it promotes democratic values – it means it!

But that wasn’t the end of the “democracy mongering” surrounding what may well prove to be NATO’s, the EU’s and the rest of the end-of-history West’s Balkan Waterloo. For example, the EU Parliament’s Group of the Progressive Alliance of Socialists and Democrats, although “regretting that the turnout was less than 50%,” nevertheless hailed the referendum’s results and “call(ed) on the opposition to respect the expressed will of the majority [sic] of voters.” The Group’s leader, Udo Bullmann, while also maintaining that, somehow, a voter turnout of under 37% still represented a “majority,” additionally used the occasion to chastise Macedonia’s President for having the nerve to call for a boycott of the referendum (he committed the crimethink of referring to it as “historical suicide” during his UN General Assembly address), as well as to decry – what else? – “reports about Russian interference in the electoral process.” It goes without saying that Bullmann offered absolutely zero proof for his assertion. On the other hand, according to numerous media reports, as September 30 approached, while no high Russian official was to be seen anywhere in the vicinity, a veritable procession of Western political bigwigs made the pilgrimage to Skopje in order to reveal to the natives their “true” best interests: Sebastian Kurz“Mad Dog” Mattis, the indefatigable StoltenbergFederica MogheriniJohannes HahnAngela Merkel. No meddling there, obviously…

Speaking of Angela Merkel, she also joined her fellow Western democrats’ show of unanimous disdain for the Macedonian voters’ majority opinion, urging the country to “push ahead” with the implementation of the majority-rejected accord, citing voters’ “overwhelming support” [sic], and arguing through the mouth of her spokesman that the required 50% + 1 turnout was actually “very high,” as voter registers purportedly included many people who had long since left the country.

Coincidentally (?), the same argument was used by Greek Foreign Minister Nikos Kotzias, who opined that the “yes” votes cast in the referendum do, in fact, “represent the majority despite the low turnout because Macedonia does not have the 1.8 million voters entered into its electoral rolls but just 1.2 million since 300,000 people have left the country since the voter lists were last updated 20 years ago.” The fallacy of his reality-challenged claim is easily exposed if we just take a glance at the results of Macedonia’s last parliamentary elections (December 2016), in which voter turnout was just under 1.2 million (1,191,832 to be exact) or, officially, 66.79%. If we were to believe Kotzias and Merkel (who lodged no objections at the time), that would have meant that the turnout for the 2016 elections had been 99% – a figure that would make any totalitarian dictator blush with envy. On the other hand, since those elections did produce the “desired result,” enabling the current heavily pro-NATO/EU government led by Zoran Zaev to be formed, that automatically made them “valid” in the eyes of the high priests of democracy in Brussels, Berlin, London and Washington.

Needless to say, Zaev joined his Western patrons’ charade, hailing the referendum as a “democratic success,” and announcing that he would seek the Macedonian Parliament's support to amend the constitution and get the agreement with Greece ratified (according to the so-called Prespa Agreement, the Macedonian Parliament must adopt the necessary constitutional amendments by the end of 2018) so that the Greek Parliament can do the same, which would seal the deal. However, Zaev and his Albanian political partners are currently well short of the necessary two-thirds majority (reportedly, they can count on 71 deputies, or 9 short of the needed 80), and will have to call early elections if they don’t soon succeed in securing it.

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Yet, let it not go unsaid that Zaev was singing a rather different tune prior to the referendum, assuring that “citizens will make the decision,” and that Parliament would vote on the necessary constitutional changes only if the referendum is successful. But that was then, when confidence was still high that the usual combination of Western pressure, money and overwhelming domination of the media spectrum would get the job done. And then reality struck on September 30...

Still, amidst all the faux cheer and public displays of confidence of the pro-NATO/EU crowd, a palpable sense of unease hangs in the air. As a Deutsche Welle opinion piece put it, the “low voter turnout for Macedonia's referendum is a bad starting point for the country's future development.” And, according to DW in Serbian, a Frankfurter Allgemeine Zeitung commentary warned that “politicians who otherwise ceaselessly talk of democracy as a ‘special value’ should not call on the parliament in Skopje to accept the voting results.” In other words, Macedonia’s people (read – a large majority of the majority Slavic population) have “voted with their feet” and rejected the agreement, and no new parliamentary election, no matter the results, can change that unpleasant-but-immutable fact. That alone will delegitimize any Western-led effort to “manufacture consent” by ramming the agreement through the present or future Parliament – although, as we know, NATO doesn’t put too much stock in referenda anyway, while the EU is not averse to making citizens vote as many times as needed to obtain the “right” result.

But the West has lost more than just legitimacy in Macedonia – it has damaged its reputation, perhaps irretrievably. In the words of former presidential advisor Cvetin Chilimanov, “The West has humiliated us… Macedonians have rejected this media, psychological, political and propaganda aggression against the people, and that’s the tragedy of these days, that a large percentage of a people that had been genuinely oriented towards the West has changed its mind and stopped looking at the West as something democratic, something progressive and successful… That is the reason for the boycott. Pressure was applied against Macedonia, a country that had always been open to ties with the West, but which did not want to make this disgusting compromise and humiliate itself before the neighboring countries, before Western countries. We did not understand why that humiliation was needed so that we might become a member of Europe. What’s worst, perhaps that is now the thinking of a silent majority of the people, that they won’t forget this insult and this attack on Macedonia.” 

Photo: Twitter

mercredi, 03 octobre 2018

The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

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The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

Ex: https://www.geopolitica.ru

Editor's Note

This is the fifth in a series of Stratfor monographs on the geopolitics of countries influential in world affairs. It was originally published on Dec. 16, 2008.

The geopolitics of India must be considered in the geographical context of the Indian subcontinent — a self-contained region that includes India, Pakistan, Bangladesh and, depending how one defines it, Nepal and Bhutan. We call the subcontinent "self-contained" because it is a region that is isolated on all sides by difficult terrain or by ocean. In geopolitical terms it is, in effect, an island.

This "island" is surrounded on the southeast, south and southwest by the Bay of Bengal, the Indian Ocean and the Arabian Sea. To the west, it is isolated by mountains that rise from the Arabian Sea and run through Pakistan's Baluchistan province, stretching northward and rising higher and higher to the northwestern corner of Pakistan. There, at the Hindu Kush, the mountain chain swings east, connecting with the Pamir and Karakoram ranges. These finally become the Himalayas, which sweep southeast some 2,000 miles to the border of Myanmar, where the Rakhine Mountains emerge, and from there south to India's border with Bangladesh and to the Bay of Bengal. The Rakhine are difficult terrain not because they are high but because, particularly in the south, they are covered with dense jungle.

The Geography of the Subcontinent

The subcontinent physically divides into four parts:

                        The mountainous frame that stretches in an arc from the Arabian Sea to the Bay of Bengal.

                        The North Indian Plain, stretching from Delhi southeast through the Ganges River delta to the Myanmar border, and from the Himalayas in the north to the southern hills.

                        The Indian Peninsula, which juts southward into the Indian Ocean, consisting of a variety of terrain but primarily hilly.

                        The deserts in the west between the North Indian Plain and Pakistan's Indus River Valley.

Pakistan occupies the western region of the subcontinent and is based around the Indus Valley. It is separated from India proper by fairly impassable desert and by swamps in the south, leaving only Punjab, in the central part of the country, as a point of contact. Pakistan is the major modern-day remnant of Muslim rule over medieval India, and the country's southwest is the region first occupied by Arab Muslims invading from what is today southwestern Iran and southern Afghanistan.

The third major state in the subcontinent is the Muslim-majority Ganges delta state of Bangladesh, which occupies the area southeast of Nepal. Situated mainly at sea level, Bangladesh is constantly vulnerable to inundations from the Bay of Bengal. The kingdoms of Nepal and Bhutan rest on the heights of the Himalayas themselves, and therefore on the edge of the subcontinent. There is also a small east-west corridor between Nepal and Bangladesh connecting the bulk of India to its restive northeastern states and its eastern border with Myanmar. In this region is India's easternmost state, Arunachal Pradesh, whose territory is also claimed by China.

The bulk of India's population lives on the northern plain. This area of highest population density is the Indian heartland. It runs through the area around Lahore, spreading northwest into Pakistan and intermittently to Kabul in Afghanistan, and also stretching east into Bangladesh and to the Myanmar border. It is not, however, the only population center. Peninsular India also has an irregular pattern of intense population, with lightly settled areas intermingling with heavily settled areas. This pattern primarily has to do with the availability of water and the quality of soil. Wherever both are available in sufficient quantity, India's population accumulates and grows.

India is frequently compared geographically to non-Russian Europe because both are peninsulas jutting out of the Eurasian land mass. They have had radically different patterns of development, however.

The Europeans developed long-standing and highly differentiated populations and cultures, which evolved into separate nation-states such as Spain, France, Germany and Poland. Their precise frontiers and even independence have varied over time, but the distinctions have been present for centuries — in many cases predating the Roman Empire. The Indian subcontinent, on the other hand, historically has been highly fragmented but also fluid (except when conquered from the outside). Over fairly short periods of time, the internal political boundaries have been known to shift dramatically.

The reason for the difference is fairly simple. Europe is filled with internal geographic barriers: The Alps and Pyrenees and Carpathians present natural boundaries and defensive lines, and numerous rivers and forests supplement these. These give Europe a number of permanent, built-in divisions, with defined political entities and clear areas of conflict. India lacks such definitive features. There are no internal fortresses in the Indian subcontinent, except perhaps for the Thar Desert.

Instead, India's internal divisions are defined by its river systems: the Ganges, the Brahmaputra, the Narmada and so on. All of India's major cities are centered around one of these river systems, a fact that has been instrumental in the rise of so many distinct cultures in India — Punjabis, Gujaratis, Marathis, Tamils and others — which have manifested in modern times as states within India. That said, Indian nationalism is very strong and counters the separatist tendencies. There is a balance between a strong central governance and substantial regional autonomy.

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What is permanent in the subcontinent is the frame, the mountains, and beyond these the wastelands. We can see this most clearly when looking at the population distribution of the surrounding regions. The subcontinent is isolated as a population center, surrounded by comparatively empty regions. It is not only a question of the mountains around it, although those are substantial barriers; the terrain beyond the mountains in every direction is sparsely populated, and in many ways its resources are insufficient to support a sizable, sedentary civilization. As a result, India has rarely demonstrated an appetite for adventurism beyond the subcontinent. If India can find a way to manage Pakistan and Bangladesh, there is little pressure to do anything more.

India's Geopolitical Imperatives

The geography of the subcontinent constrains the behavior of governments that arise there. If there is to be an independent India, and if it is to be a stable and secure nation-state, it must do the following things:

Geopolitical Imperatives

                        Achieve suzerainty in the Ganges River basin. The broad, braided plains of the Ganges basin are among the most fertile in the world and guarantee a massive population. India must become the premier power in this heartland. This does not mean that such power must be wielded by a unified, centralized authority. A coalition of powers can be functional, and even somewhat hostile powers such as Bangladesh can be tolerated so long as they do not challenge India's authority or security.

                        Expand throughout the core of the subcontinent until it reaches all natural barriers. Forests, hills and rivers aside, there is little else in the confines of the subcontinent that limits India's writ. "Control" of the additional territories can be a somewhat informal and loose affair. The sheer population of the Ganges basin really requires only that no foreign entity be allowed to amass a force capable of overwhelming the Ganges region.

                        Advance past the patch of land separating the Ganges basin from the Indus River basin and dominate the Indus region (meaning Pakistan). The Indus Valley is the only other significant real estate within reach of India, and the corridor that accesses it is the only viable land invasion route into India proper. (Modern India has not achieved this objective, with implications that will be discussed below.)

                        With the entire subcontinent under the control (or at least the influence) of a centralized power, begin building a navy. Given the isolation of the subcontinent, any further Indian expansion is limited to the naval sphere. A robust navy also acts as a restraint upon any outside power that might attempt to penetrate the subcontinent from the sea.

These imperatives shape the behavior of every indigenous Indian government, regardless of its ideology or its politics. They are the fundamental drivers that define India as a country, shaped by its unique geography. An Indian government that ignores these imperatives does so at the risk of being replaced by another entity — whether indigenous or foreign — that understands them better.

A History of External Domination

India's geopolitical reality — relative isolation from the outside world, a lack of imposed boundaries, the immense population and the dynamic of a central government facing a vast region — has created localized systems that shift constantly, resist central authority, and ultimately cannot be organized into a coherent whole, either by foreign occupiers or by a native government. It is a landscape of shifting political entities, constantly struggling against each other or allying with each other, amid an endless kaleidoscope of political entities and coalitions. This divided landscape historically has created opportunities for foreign powers to divide India and conquer it — and indeed, the subcontinent was under foreign domination from the 11th century until 1947.

Externally, the threats to India historically have come from the passes along the Afghan-Pakistani border and from the sea. India's solution to both threats has been to accommodate them rather than resist directly, while using the complexity of Indian society to maintain a distance from the conqueror and preserve the cultural integrity of India. (In a sense, Mahatma Gandhi's strategy of nonviolent resistance represents the foundation of India's historical strategy, although the historical basis for Indian nonviolent resistance has been more commercial than ethical.) But essentially, India's isolation, coupled with its great population, allows it to maintain a more or less independent foreign policy and balance itself between great powers.

Between the 11th and 18th centuries, India was ruled by Muslims. The first invasion occupied the area of what is today Pakistan. Over the centuries — under various rulers and dynasties, particularly the Mughals — Muslims expanded their power until they dominated much of India. But that domination was peculiar, because the Muslims did not conquer the Hindus outright. Except in the area west of the Thar Desert and the Ganges delta, they did not convert masses of Indians to their religion. What they did was take advantage of the underlying disunity of India to create coalitions of native powers prepared to cooperate with the invaders. The urge to convert Hindus to Islam was secondary to the urge to exploit India's wealth. Political and military power was a means toward this end, rather than toward conversion, and because of this, the Hindus were prepared to collaborate. In the end, the Indians' internal tensions were greater than their resentment of outsiders.

European powers followed the Muslims into India en masse. Unlike the Muslims, they arrived from the sea, but like the Muslims, their primary motive was economic, and they sought political power as a means toward economic ends. The British, the most permanent European presence in the subcontinent, used India's internal tensions to solidify their own position. They did not conquer India so much as they managed the internal conflicts to their advantage.

What was left behind when the British departed was the same sea of complex and shifting divisions that had defined India before they came. Most of the regions that were Muslim-majority areas became Islamic entities, eventually dividing into Pakistan and Bangladesh. The rest of India was united under a single government, but in a sense, that government ruled in the same way the British had.

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The Geopolitics of Modern India

Modern India has its origins in the collapse of the British Empire. Indeed, it was the loss of India that ultimately doomed the British Empire. The entire focus of imperial Britain, from the Suez Canal to Gibraltar and Singapore, was to maintain the lines of supply to India. Many of the colonies and protectorates around the world secured by Britain in the 19th century were designed to provide coaling stations to and from India. In short, the architecture of the British Empire was built around India, and once India was lost, the purpose of that architecture dissolved as well. The historical importance of India could not be overestimated. Lenin once referred to it as the supply depot of humanity — which overstated the case perhaps, but did not overstate India's importance to Britain.

The British gave up India for several reasons, the most important of which was commercial: The cost of controlling India had outstripped the value derived. This happened in two ways. The first was that the cost of maintaining control of the sea-lanes became prohibitive. After World War II, the Royal Navy was far from a global navy. That role had been taken over by the United States, which did not have an interest in supporting British control of India. As was seen in the Suez crisis of 1956, when the British and French tried to block Egyptian nationalization of the canal, the United States was unprepared to support or underwrite British access to its colonies (and the United States had made this clear during World War II as well). Second, the cost of controlling India had soared. Indigenous political movements had increased friction in India, and that friction had increased the cost of exploiting India's resources. As the economics shifted, the geopolitical reality did as well.

The independence of India resulted in the unification of the country under an authentically Indian government. It also led to the political subdivision of the subcontinent. The Muslim-majority areas — the Indus Valley region west and northwest of the Thar Desert, and the Ganges River basin — both seceded from India, forming a separate country that itself later split into modern-day Pakistan and Bangladesh. It was this separatism that came to frame Indian geopolitics.

India and Pakistan, for the bulk of their mutual existence, have had an adversarial relationship. For a long time, the Indian sentiment was that Pakistan's separation from India could have been avoided. This attitude, coupled with Pakistan's own geographic, demographic and economic inferiority, has forced Islamabad to craft its entire foreign policy around the threat from India. As a result, the two sides have fought four wars, mostly over Kashmir, along with one that resulted in the hiving off of Bangladesh.

As noted earlier, the Indian heartland is the northern plain of the Ganges River basin. This plain is separated from Pakistan's heartland, the Indus Valley, only by a small saddle of easily traversed land; fewer than 200 miles separate the two rivers. If India is to have any ambition in terms of expansion on land, the Indus is the only option available — all other routes end either in barriers or in near-wasteland. Meanwhile, the closeness — and sheer overwhelming size — of India is central to Pakistan's mind-set. The two are locked into rivalry.

China and the Himalayan Wall

Apart from this enmity, however, modern India has faced little in the way of existential threats. On its side of the mountain wall, there are two states, Nepal and Bhutan, which pose no threat to it. On the other side lies China.

China has been seen as a threat to India, and simplistic models show them to be potential rivals. In fact, however, China and India might as well be on different planets. Their entire frontier runs through the highest elevations of the Himalayas. It would be impossible for a substantial army to fight its way through the few passes that exist, and it would be utterly impossible for either country to sustain an army there in the long term. The two countries are irrevocably walled off from each other. The only major direct clash between Indian and Chinese forces, which occurred in 1962, was an inconclusive battle over border territories high in the mountains — both in the northeast Indian state of Arunachal Pradesh and the Kashmiri border region of Aksai Chin — that could lead nowhere.

A potential geopolitical shift would come if the status of Tibet changed, however. China's main population centers are surrounded by buffer states — Manchuria, Inner Mongolia, Xinjiang and Tibet. So long as all are in Chinese hands, the core of China is invulnerable to land attack. If, however, Tibet were to become independent, and if it allied with India, and if it permitted India to base substantial forces in its territory and to build major supply infrastructure there, then — and only then — India could be a threat to China. This is why the Indians for a long time championed the Dalai Lama and Tibetan independence movements, and why the Chinese until fairly recently regarded this as a major threat. Had a pro-Indian, independent government been installed in Tibet, the threat to China would be significant. Because New Delhi held open the option of supporting Tibetan independence, Beijing saw the Indians as engaged in developing a threat to China.

The Chinese tried to develop equivalent threats in India, particularly in the form of Maoist communist insurgencies. Indian Maoists (Naxalites) and Nepalese Maoists have been supported by Beijing, though that support is no longer what it used to be. The Chinese have lost interest in aggressive Maoism, but they do have an interest in maintaining influence in Nepal, where the Maoists recently increased their power through electoral gains. This is China's counter to India's Tibet policy.

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But for both, this is merely fencing. Neither would be in a position militarily to exploit an opening. Stationing sufficient force in Tibet to challenge the Chinese People's Liberation Army would outstrip India's resources, and for little purpose. Using Nepal as a base from which to invade India would be similarly difficult and pointless for Beijing. At the moment, therefore, there is no Indo-Chinese geopolitical hostility. However, these would be points of friction if such hostility were to occur in the distant future.

Russia, the United States and Pakistan

In the absence of direct external threats, modern India's strategic outlook has been shaped by the dynamics of the Cold War and its aftermath. The most important strategic relationship that India had after gaining independence from Britain in 1947 was with the Soviet Union. There was some limited ideological affinity between them. India's fundamental national interest was not in Marxism, however, but in creating a state that was secure against a new round of imperialism. The Soviets and Americans were engaged in a massive global competition, and India was inevitably a prize. It was a prize that the Soviets could not easily take: The Soviets had neither an overland route to India nor a navy that could reach it.

The United States, however, did have a navy. The Indians believed (with good reason) that the United States might well want to replace Britain as a global maritime power, a development that might put India squarely in Washington's sights. The Indians saw in the United States all the same characteristics that had drawn Britain to India. Elsewhere, India saw the United States acting both to hurry the disintegration of the European empires and to fill the ensuing vacuum. India did not want to replace the British with the Americans — its fundamental interest was to retain its internal cohesion and independence. Regardless of American intent — which the Indians saw as ambiguous — American capability was very real, and from the beginning the Indians sought to block it.

For the Indians, the solution was a relationship, if not quite an alliance, with the Soviet Union. The Soviets could provide economic aid and military hardware, as well as a potential nuclear umbrella (or at least nuclear technical assistance). The relationship with the Soviet Union was perfect for the Indians, since they did not see the Soviets as able to impose satellite status on India. From the American point of view, however, there was serious danger in the Indo-Soviet relationship. The United States saw it as potentially threatening U.S. access to the Indian Ocean and lines of supply to the Persian Gulf. If the Soviets were given naval bases in India, or if India were able to construct a navy significant enough to threaten American interests and were willing to act in concert with the Soviets, it would represent a serious strategic challenge to the United States.

In the late 1950s and early 1960s, the United States was facing a series of challenges. The British were going to leave Singapore, and the Indonesian independence movement was heavily influenced by the Soviets. The Egyptians, and therefore the Suez Canal, also were moving into the Soviet camp. If India became a pro-Soviet maritime power, it would simply be one more element along Asia's southern rim threatening U.S. interests. The Americans had to act throughout the region, but they needed to deal with India fast.

The U.S. solution was an alliance with Pakistan. This served two purposes. First, it provided another Muslim counterweight to Nasserite Egypt and left-leaning Arab nationalism. Second, it posed a potential threat to India on land. This would force India to divert resources from naval construction and focus on building ground and air forces to deal with the Pakistanis. For Pakistan, geographically isolated and facing both India and a not-very-distant Russia, the relationship with the United States was a godsend.

It also created a very complex geographical situation.

The Soviet Union did not directly abut Pakistan — the two were separated by a narrow strip of territory in the northeasternmost confines of Afghanistan known as the Wakhan Corridor. The Soviets could not seriously threaten Pakistan from that direction, but the U.S. relationship with Pakistan made Afghanistan a permanent Soviet interest (with full encouragement of the Indians, who wanted Pakistan bracketed on both sides). The Soviets did not make a direct move into Afghanistan until late 1979, but well before then they tried to influence the direction of the Afghans — and after moving, they posed a direct threat to Pakistan.

China, on the other hand, did border on Pakistan and developed an interest there. The aforementioned Himalayan clash in 1962 did not involve only India and China. It also involved the Soviets. India and China were both putatively allied with the Soviet Union. What was not well known at the time was that Sino-Soviet relations had deteriorated. The Chinese were very suspicious of Soviet intentions and saw Moscow's relationship with New Delhi as potentially an alliance against China. Like the Americans, the Chinese were uneasy about the Indo-Soviet relationship. Therefore, China also moved to aid Pakistan. It was a situation as tangled as the geography, with Maoist China and the United States backing the military dictatorship of Pakistan and the Soviets backing democratic India.

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From the Indian point of view, the borderland between Pakistan and China — that is, Kashmir — then became a strategically critical matter of fundamental national interest. The more of Kashmir that India held, the less viable was the Sino-Pakistani relationship. Whatever emotional attachment India might have had to Kashmir, Indian control of at least part of the region gave it control over the axis of a possible Pakistani threat and placed limits on Chinese assistance. Thus, Kashmir became an ideological and strategic issue for the Indians.

Shifting Alliances and Enduring Interests

In 1992, India's strategic environment shifted: The Soviet Union collapsed, and India lost its counterweight to the United States. Uncomfortable in a world that had no balancing power to the United States, but lacking options of its own, India became inward and cautious. It observed uneasily the rise of the pro-Pakistani Taliban government in Afghanistan — replacing the Indian-allied Soviets — but it lacked the power to do anything significant. The indifference of the United States and its continued relationship with Pakistan were particularly troubling to India.

Then, 2001 was a clarifying year in which the balance shifted again. The attack on the United States by al Qaeda threw the United States into conflict with the Taliban. More important, it strained the American relationship with Pakistan almost to the breaking point. The threat posed to India by Kashmiri groups paralleled the threat to the United States by al Qaeda. American and Indian interests suddenly were aligned. Both wanted Pakistan to be more aggressive against radical Islamist groups. Neither wanted further development of Pakistan's nuclear weapons. Both were happy to be confronting the Pakistanis with more and more aggressive demands.

The realignment of Indian relations with the United States did not represent a fundamental shift in Indian geopolitics, however. India continues to be an island contained by a ring of mountains. Its primary interest remains its own unity, something that is always at risk due to the internal geography of the subcontinent. It has one enemy on the island with it, but not one that poses a significant threat — there is no danger of a new generation of Muslim princes entering from Pakistan to occupy the Indian plain. Ideally, New Delhi wants to see a Pakistan that is fragmented, or at least able to be controlled. Toward this end, it will work with any power that has a common interest and has no interest in invading India. For the moment, that is the United States, but the alliance is one of convenience.

India will go with the flow, but given its mountainous enclosure it will feel little of the flow. Outside its region, India has no major strategic interests — though it would be happy to see a devolution of Tibet from China if that carried no risk to India, and it is always interested in the possibility of increasing its own naval power (but never at the cost of seriously reshaping its economy). India's fundamental interest will always come from within — from its endless, shifting array of regional interests, ethnic groups and powers. The modern Indian republic governs India. And that is more important than any other fact in India.