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mercredi, 13 novembre 2019

La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

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La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

Ex: https://www.geopolitica.ru

La Roumanie est un ancien pays communiste qui fait partie depuis environ une quinzaine d’années de l’intégration euro-atlantiste. Afin de mieux décrypter la situation actuelle de ce pays, je voudrais d’abord comparer brièvement l’état présent des faits avec celui qui a précédé la prétendue « révolution », qui nous a amené libéralisation, privatisation, progressisme et a imprimé une orientation générale vers la mondialisation. En substance, je pense que l’on peut dire qu’au cours de ces 30 dernières années, nous sommes passés du stade de l’oppression communiste – mais au moins nous étions toujours propriétaires des ressources et de l’économie du pays – à un triste statut de colonie dans laquelle nous n’avons presque aucune souveraineté, ni industrie, ni propriété des ressources, ni culture nationale.

Entrons maintenant dans les détails. En ce qui concerne la situation économique de la Roumanie avant 1989, on nous dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de données officielles parce que tout, dans le communisme, était mensonger, si bien que les données fournies par le gouvernement de Nicolae Ceaușescu étaient exagérées et politisées. Ces données visaient à dépeindre la « grandeur » du communisme et du « souverain bien-aimé », mais en réalité le système économique était défectueux et inefficace. Il est vrai que la propagande mégalomaniaque était absolument réelle, mais l’idée qu’il n’y a pas de données et que le système était dysfonctionnel semble relever d’une nouvelle forme de manipulation du peuple.

En effet, n’oublions pas que la Roumanie a été l’un des très rares pays dans le monde entier à avoir réussi, au printemps 1989, à rembourser intégralement sa dette envers le FMI (21 milliards de dollars). Ensuite, tous ceux qui ont vécu à cette époque savent, par exemple, que dans chaque ville, même dans les plus petites, il y avait au moins une grande entreprise, avec des centaines ou des milliers de salariés. Au total, il y avait dans le pays environ 1200 grandes usines et entreprises qui avaient une production massive dans de nombreux domaines : machines, grands et petits véhicules, industrie extractive, habillement, industrie alimentaire… et une grande partie de la production était destinée à l’exportation. Selon les déclarations publiées par les médias centraux d’un ancien secrétaire d’État et ensuite directeur de l’Institut d’économie de l’Académie roumaine, Constantin Ciutacu, la Roumanie était dans les années 1980 parmi les 10 premiers pays d’Europe comme puissance industrielle, avec la plus forte croissance économique.

Aujourd’hui, les sociétés transnationales sont parvenues à contrôler plus de 90% du capital utilisé dans l’économie du pays et, conformément à un récent rapport rendu public par un sénateur, plus de la moitié des sociétés multinationales qui exploitent nos ressources depuis 20 ans n’ont rien payé avec les redevances qu’elles sont censées payer, selon les contrats.

La Roumanie est aujourd’hui le deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, avec le taux d’inflation annuel le plus élevé de l’UE.

En conséquence, au cours des dix dernières années, plus de quatre millions de citoyens de la population active ont émigré, issus des milieux les mieux formés et les plus instruits, ce qui représente plus de 20% de la population du pays. Cela nous place au 5e rang des populations émigrantes dans le monde, bien plus que dans les pays voisins.

Les relations Roumanie-Moldavie

Nous voyons donc quels sont les soi-disant « avantages » de notre intégration dans les structures euro-atlantistes. Aussi, peu importe à quel point le nouvel ordre politique a critiqué le régime communiste (dont je ne suis pas partisan), il semble que la situation actuelle soit bien pire. Dans ce contexte, je tiens à souligner l’orientation des négociations en cours, en vue de parvenir à une approche « européenne » entre la Roumanie et la République de Moldavie. Je considère que ces deux pays sont frères, du même genre, nous avons le même sang (à l’origine) et nous parlons la même langue, et nous sommes essentiellement unis au niveau de l’âme et de la conscience. Seuls les vicissitudes et les intérêts historiques des grandes puissances ont dessiné en 1940 une ligne de démarcation artificielle entre nous. Mais aujourd’hui, étant donné que la Roumanie est déjà occupée par l’empire mondialiste, il est tout à fait logique que l’alliance euro-atlantiste soutienne ce rapprochement entre nous comme un moyen de pénétrer plus profondément vers la Russie, qui est sa véritable cible.

Ce que la Russie représente aujourd’hui

La Russie dérange l’empire mondialiste en s’opposant efficacement à ses plans. Avec la Chine, la Fédération de Russie constitue un pôle de pouvoir fort différent de l’ordre unipolaire hégémonique que veulent les États-Unis et ceux qui gouvernent réellement l’Amérique. Et les mondialistes n’essaient même pas de cacher que c’est exactement ce qu’ils veulent. La Russie est actuellement le principal pôle du christianisme dans le monde, le pôle des conservateurs des traditions morales et spirituelles chrétiennes qui ont jadis constitué la base de toute la culture européenne. Pourtant, ces valeurs chrétiennes ont été presque complètement déracinées en Occident par l’assaut de normes dites « progressistes » et « politiquement correctes ».

D’un point de vue militaire, il est important de noter que la Fédération de Russie a bloqué l’expansion impérialiste américaine qui a commencé après 2001. Le renversement du régime en Syrie, stoppé en 2017-2018, prenait la même voie que les changements de régime antérieurs, imposés en Irak, en Libye et dans d’autres pays du Moyen-Orient qui figuraient depuis longtemps sur la liste des pays à contrôler que les États-Unis avaient établie. Dans tous ces pays, l’OTAN, sous la direction des États-Unis, a attaqué sous prétexte « d’interventions humanitaires » et n’a apporté que des catastrophes à tous les niveaux, comme prix de la domination américaine. L’intervention décisive de la Russie, soutenue par la Chine, a également permis de bloquer le coup d’État vénézuélien au début de cette année. Le coup d’État poursuivait l’imposition totalement illégale d’un soi-disant nouveau « président », en fait une marionnette de la CIA. La Fédération de Russie continue d’être un facteur fondamental pour le maintien de la paix au Moyen-Orient, et je fais spécifiquement référence au fait que la coalition atlantiste dirigée par les États-Unis vise avec insistance à attaquer l’Iran.

La position délicate des pays de la zone tampon entre la Russie et la zone euro-atlantique

Compte tenu de ce contexte international tendu, il me semble nécessaire de souligner que la Roumanie et la Moldavie, comme tous les pays de la ceinture qui relient la mer Noire à la mer Baltique, devraient choisir soigneusement avec qui elles s’allient. La décision est d’autant plus importante que les théories géopolitiques soulignent que ces États sont essentiels pour le contrôle de l’Eurasie, la principale terre continentale du monde (Heartland). Les pays respectifs occupent une position clé dans cette zone de confrontation entre les deux grandes alliances (atlantiste et continentale) et c’est pourquoi il est difficile de croire que les pays de cette zone puissent s’engager avec succès sur une voie de neutralité et d’indépendance.

Une autre chose importante à souligner est qu’à mon avis, la Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS d’hier. En ce sens, il est révélateur d’examiner les faits et non la propagande. Ceux qui cherchent à discréditer la Russie cherchent aujourd’hui à superposer son comportement aux anciennes pratiques de l’URSS, mais la différence est évidente pour tout analyste objectif d’un point de vue militaire, politique, idéologique ou économique. Dans le même temps, les États-Unis, qui dirigent l’alliance euro-atlantiste, sont présentés par leurs partisans comme un garant de la démocratie et de la liberté dans le monde. Pour clarifier les choses, il suffit d’examiner les actions de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’OTAN au cours des 20 dernières années. L’alliance OTAN/États-Unis a attaqué un nombre croissant de pays, même après la guerre froide, qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué le chaos dans ces régions.

Comment fonctionne le mondialisme

Sur la base des observations faites au fil du temps, on peut décrire brièvement comment le mondialisme agit pour s’emparer du pouvoir et dominer les pays du monde. En ce qui concerne la ligne économique, la création du système pétrodollar favorise progressivement le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Le système des banques nationales est centralisé, sous le contrôle d’un cartel transnational occidental. Les États sont encouragés à emprunter et à devenir débiteurs, mais les dettes augmentent ensuite de façon exponentielle. L’augmentation de la dette s’accompagne d’une perte de souveraineté et de ressources naturelles. Les États qui ont tendance à sortir du système sont soumis à des sanctions économiques qui les affectent très durement, précisément parce que les leviers fondamentaux du système sont contrôlés par l’élite mondialiste. Récemment, il n’y a pas eu beaucoup d’alternative. Mais la situation a changé depuis que de plus en plus d’États ont commencé à comprendre que la seule façon de sortir de la domination du monopole mondialiste est l’alliance avec d’autres États afin d’atteindre un ordre multiple. À cet égard, on peut noter qu’un processus ferme de « dédollarisation » a déjà commencé.

Au niveau militaire et paramilitaire, nous avons vu comment fonctionne l’empire mondialiste dans le cas des soi-disant « États voyous » : en soutenant, finançant et même en organisant des « protestations de l’opposition », déclenchant plus ou moins des « révolutions de couleur », qui aboutissent à des changements de régime. Et si ces méthodes ne suffisent pas, la nécessité d’une « intervention humanitaire » est invoquée et l’action américaine dirigée par l’OTAN entre en jeu.

Sur le plan social et idéologique, les structures de soutien de la société, des hiérarchies et des classes sociales ont été affaiblies : la classe des intellectuels libres et du clergé, puis la classe des petits commerçants indépendants et en général toute la classe moyenne. La mondialisation divise la société en une « élite » de très rares super-riches qui ont le pouvoir, et de l’autre côté, une grande masse de personnes tenues dans l’ignorance, la pauvreté et manipulées pour voter comme le suggèrent habilement les médias, qui sont presque entièrement détenus par l’Élite. La démocratie est devenue un instrument de nivellement et de déstructuration (atomisation) de la société sous l’angle de l’égalité et des droits de l’homme. Un exemple : dans les pays émancipés, on ne permet plus de manifester en public les éléments religieux chrétiens pour ne pas offenser les autres, plus exactement les immigrés, et c’est pourquoi la religion chrétienne doit – de l’avis des législateurs mondialistes – être isolée, marginalisée, pratiquée uniquement en privé. Les progressistes veulent aussi que la famille traditionnelle ne soit plus un modèle fondamental, ils soutiennent que les mariages LGBT peuvent être tout aussi bons. Ou que les droits de l’individu sont plus importants que les droits de la communauté. Et que l’idée même de l’existence de « nations » serait dépassée.

En ce qui concerne le concept de nation, je rappelle que, par exemple, le philosophe allemand Hegel voyait la « nation » comme l’expression d’un ordre divin manifesté sur Terre : « [L’unité de la volonté universelle et subjective se trouve, d’un point de vue archétypal] dans l’État, dans ses lois, dans ses arrangements universels et rationnels ». Dans le même ordre d’idées, l’un des plus grands historiens et hommes politiques roumains, Nicolae Iorga, a déclaré que ce qui définit une nation est une communion de conscience et d’âme entre les membres de cette nation : « Nous ne sommes pas ensemble parce qu’il y a pour tous le même régime douanier, la même administration, les mêmes circonstances quotidiennes, mais parce que la même âme nous anime tous ».

Pourtant, nous voyons que le progressisme et la « pensée politique correcte » de la société euro-atlantiste contemporaine tendent à uniformiser et à désagréger ces ressorts profonds de la conscience et de l’âme nationale. Il en résulte un conglomérat plat et amorphe, qui a perdu sa dimension verticale : l’enracinement dans les traditions et l’aspiration collective selon un modèle transcendant.

Se connecter à la Source (Dieu) est la meilleure voie

Une dernière idée que je tiens à souligner est qu’une véritable alternative au système mondialiste ne peut fonctionner que si une mutation se produit au niveau de la population générale. Quelles que soient les bonnes idées que nous avons, si elles ne sont pas assimilées puis soutenues par la population, le système reste vulnérable aux coups d’État, à la corruption et à la manipulation. Et la mutation la plus importante est la reconnaissance de la dimension verticale dont je parlais tout à l’heure. Et surtout la reconnexion à la Source Divine. Dieu est l’allié invincible. C’est justement pourquoi certains essaient de faire en sorte que l’on ne s’en rende pas compte, ou qu’on l’oublie.

Source - FLUX

L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

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L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On parle beaucoup depuis quelques jours de l'entretien du 7 novembre d'Emmanuel Macron avec The Economist, où le Président français indique indiquant que l'Otan est devenue Brain Dead, autrement dit a perdu toute raison d'être.

Selon lui, l'Europe se trouve au bord du précipice. Elle a besoin de se considérer stratégiquement comme un pouvoir géopolitique, sinon elle perdra tout contrôle de son destin. Mais pour lui cela tient désormais à la volonté de l'Amérique, et de Donald Trump en particulier, de cesser de s'impliquer dans le financement de l'Otan.

Or Emmanuel Macron ne veut pas reconnaître pas que l'Otan, sous la direction américaine, vise à préparer une guerre avec la Russie puis désormais, comme nous l'avons précédemment montré, avec la Chine. Il ne veut pas voir que Donald Trump ne remet pas cet objectif mortifère en cause, même si de telles guerres, devenant vite nucléaires, signifierait la fin non seulement des Européens, mais des Américains eux-mêmes. Il refuse d'admettre que Donald Trump veut seulement que les Européens consacrent des sommes plus importantes au financement de l'Otan, prenant ainsi le relais du Pentagone.

Tout laisse penser qu'Emmanuel Macron voudrait que la France, avec l'aide financière de l'encore riche Allemagne, incite l'Europe à se doter d'une force de défense proprement européenne. Celle-ci prendrait le relais de l'Otan pour défendre l'Europe d'une agression militaire russo-chinoise. Or rien ne permet de croire que Moscou ou Pékin puisse raisonnablement envisager une telle agression où ils auraient beaucoup de choses à perdre sans aucun résultat.

Si Emmanuel Macron voulait que la France, conjointement avec l'Allemagne, se donne des objectifs à la hauteur des enjeux du monde de demain, elle devrait affecter plus de moyens financiers, non à se défendre contre la Russie ou la Chine, mais à prendre des positions substantielles dans le domaine des politiques spatiales, y compris en vue de la mise en place d'une station permanente sur la Lune. L'Europe est en train, malgré les efforts du CNES français (Centre national d'études spatiales), d'y prendre des retards qui risquent de n'être jamais récupérables.

Voir The Economist https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macr...

mardi, 12 novembre 2019

L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

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L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

 
 
Auteur : Dr Wafik Ibrahim
Ex: http://www.zejournal.mobi

C’est une accusation explicite qui appelle à demander aux autorités arabes pourquoi permettent-elles de telles interventions, tout en se démarquant de la théorie du complot, car elles sont évidentes, prouvées et même exposées par les médias. Est-il normal que l’Etat américain exige de l’armée libanaise de protéger les manifestants et de ne pas les réprimer dans un pays où le mouvement populaire a bloqué la plupart des routes vitales et où seuls quatre blessés n’ayant que des contusions mineures, les chasseurs en forêt risquent plus, ont été enregistrés durant les 20 jours consécutifs des protestations ?

Pour l’Irak, les Américains s’efforcent de restreindre les manifestations dans les zones chiites du sud et de la capitale Bagdad et de concentrer l’affrontement entre le gouvernement dominé politiquement par les chiites et les zones à prédominance démographique chiite, essayant d’annihiler l’influence politique et démographique sunnites sur les événements en Irak, et isolant complètement le Kurdistan des Irakiens arabes qu’ils soient sunnites ou chiites.

Quant au Yémen, il semble que le projet pour éliminer les Ansarullah de l’État yéménite de Sanaa a lamentablement échoué, ce qui a nécessité un retour rapide vers l’unification du sud yéménite réparti entre influences saoudienne et émiratie, et sa séparation du nord en le démembrant en zones sous contrôle saoudien et émirati et patronage américain.

Quelqu’un s’oppose-t-il à ce nouveau siège américain ? Au Liban, des partis locaux liés à la politique américaine ont parasité la véritable insurrection populaire. Peut-on nier l’étendue du contrôle américain sur les Forces libanaises, les Phalanges libanaises, le Parti socialiste progressiste, de nombreuses associations et l’ensemble des politiques hariristes ? Ce sont des forces internes qui agissent selon les motivations des antennes américaines qui ont réussi à brider les forces militaires et de sécurité.

Cependant, les critiques acerbes adressées au Chef d’état-major de l’armée et à son chef des services de renseignement les ont obligés à ouvrir une route principale reliant Beyrouth au nord qui a été coupée par les Forces de Geagea. Le plus drôle, c’est que l’armée l’a rouverte en quelques minutes, révélant ainsi la faiblesse de ceux qui la barraient.

Vint alors « l’ordre américain » aux militaires, sous forme de conseils fraternels, de protéger les manifestants, sans un mot sur la nécessité d’un dialogue entre les manifestants pour la réalisation de leurs revendications, ce qui démontre combien les Américains étaient désireux de « faire durer la crise  » via leurs comparses comme mécanisme pour épuiser tout le Liban et attaquer le Hezbollah régional.

Qu’en est-il de l’Irak ? Les Américains saignent l’économie et l’unité de l’Irak depuis les années 1990, comme en témoigne la poursuite de leur projet de diviser l’Irak en trois états kurde, sunnite et chiite, qu’ils essaient d’exécuter de deux manières depuis leur occupation en 2003 à ce jour : affaiblir l’Etat central et ouvrir la voie aux interventions de l’Arabie Saoudite et de la Turquie islamistes.

Le Hachd Chaabi, qui a triomphé du terrorisme et remporté une victoire revigorante pour son pays avec toutes ses composantes, s’est trouvé éparpillé entre ses partis luttant pour le pouvoir, dont En Marche (Saïroun), Fatah et Al-Hikma. Leurs relations avec l’Iran les réunissaient des fois, comme Ils étaient divisés par les politiques saoudo-américaines d’autres fois, jusqu’à ce que cet Irak, riche et distingué par son Histoire, s’avère être l’un des pays les plus corrompus au monde.

L’Irak a été pillé par ses politiciens qui faisaient plier les gens par le nationalisme et la religiosité, renforçant les disparités sectaires et ethniques d’une part et le combat entre la corruption politique et les chiites du sud et de Bagdad d’autre part.

Ceux-ci ont constaté qu’ils n’avaient ni travail, ni infrastructure, ni eau potable, et qu’ils avaient faim. Ils avaient lancé un mouvement massif qui dure depuis des mois, sans relâche, et même les centaines de morts et les milliers de blessés tombés sous le feu de leur armée et certains intrus n’ont pas été en mesure d’étouffer leur insurrection. C’est le diktat de la faim.

Là, des informations nous parviennent disant que les Américains empêchent le gouvernement irakien de parachever son quorum politique sunnite, chiite et kurde, de sorte qu’il ne peut assurer des solutions pour répondre aux demandes populaires, et empêchent également le premier ministre de démissionner, sous divers prétextes qui dissimulent les tentatives américaines d’attiser le mouvement populaire.

On voit ici à quel point les Américains sont désireux de déclencher la crise, de l’alimenter et d’empêcher que des solutions n’y soient apportées. Loin de la théorie du complot, les Américains veulent l’aggravation permanente du mouvement irakien, dans une escalade qui n’entraîne pas la destruction de l’Etat, qui a des proportions kurdes et sunnites, mais affecte la relation des gens du Sud et de Bagdad avec la partie politique qui les représente au pouvoir, tendant vers l’établissement de mauvaises relations avec les Hachd Chaabi et percevant les limites du rejet de la relation avec l’Iran sous prétexte qu’il est le soutien principal du Hachd et de ses extensions au sein du gouvernement irakien. Ce qui est donc requis est le durcissement du siège de l’Iran du côté de l’Irak avec lequel il a la frontière la plus longue et les relations politiques les plus importantes qui lui permettent de s’infiltrer économiquement et de briser l’embargo américain.

Ce faisant, les Américains atteignent d’un coup plusieurs objectifs, dont le premier est de poursuivre la fragmentation sectaire et ethnique de l’Irak et d’empêcher sa consolidation en tant qu’État fort susceptible de coordonner avec la Syrie et d’assiéger le golfe, en plus du parachèvement du processus de strangulation de l’Iran à travers sa plus grande ouverture avec l’Irak et donc la Syrie, bloquant ainsi les routes Iran-Syrie-Iraq et, en même temps, entravant l’expansion russe et chinoise dans la région.

Les Américains utilisent les mêmes tactiques en Syrie, mais leur problème avec l’État syrien est qu’il a réussi à rallier l’armée et le peuple à l’État, en monopolisant la représentation du peuple syrien dans toutes ses diversités ethniques et régionales, à tel point que tout ennemi est exclu du consensus national, avec l’assentiment international et l’adhésion des amis et des ennemis.

Ce sont donc des méthodes américaines renouvelées qui ont remplacé celles qui ont échoué sur les terrains syrien et irakien. L’Irak, le Yémen et le Liban survivront-ils à ces nouvelles approches ?

Au Liban, le Hezbollah est le premier à avoir réussi à adopter une démarche patriotique élégante avec le mouvement libanais et à contenir ses aspects néfastes, tandis que le Yémen du Nord s’apprête à soutenir le Sud. Les cœurs se serrent de crainte pour l’Irak ciblé de toutes parts. Ses forces nationales pourront-elles inventer des solutions de nature à éliminer les poisons américain, saoudien et turc ?

Les capacités de ses forces nationales sont énormes, la première étant la promulgation d’un projet dans lequel les Irakiens sont égaux politiquement, économiquement, sociologiquement et tous unis contre la corruption politique. Ce n’est pas difficile en Mésopotamie.


- Source : Al Binaa (Liban)

lundi, 11 novembre 2019

L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

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L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

par Jean-Paul Baquiasr

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union Européenne, bien que regroupant des Etats dont le poids économique n'est pas négligeable, ne deviendra jamais une super-puissance mondiale. Il faudra que pour cela elle s'affranchisse de la domination politique, économique et culturelle que les Etats-Unis continuent à exercer sur elle depuis l'origine.

Il ne faut jamais oublier que Washington a présidé à sa mise en place des les années 1960 pour en faire une plate-forme leur permettant de préparer une guerre contre la Russie, guerre proprement dite mais aussi diplomatique. Cet objectif demeure toujours d'actualité, l'Otan étant une autre version de l'Europe au plan militaire.

Depuis plusieurs années désormais se sont constitués des unions d'Etats auxquelles l'Union européenne, sur les injonctions répétées des Etats-Unis, refuse toujours de s'associer. Il s'agit essentiellement d'unions économiques, dans lesquelles la Chine joue un rôle essentiel. Mais Washington les considère aussi, non sans raisons d'ailleurs, comme visant à concurrencer la domination américaine. La Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, cherche à y étendre son influence. Mais pour beaucoup des Etats moins importants participant à ces unions, il s'agir surtout de regrouper des forces leur permettant de faire face à la domination américaine. Même si la situation économique aux Etats-Unis semble entrée en récession, ceux-ci ont moins que jamais renoncé à étendre leur domination sur le reste du monde.

On pourra d'abord mentionner l'Union Economique Eurasiatique comprenant (nous ne traduisons pas) les Etats suivants : Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyz Republic, Russia Tajikistan et bientôt Moldova. L'objectif en est surtout d'encourager le libre-échange et la coopération économique entre les membres.

Viennent ensuite :

- La très importante Shanghai Cooperative Organization, SCO. (Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan, India, China et Pakistan; avec en observateurs Afghanistan, Iran, Mongolia, Belarus et partenaires de dialogue Armenia, Azerbaijan, Cambodia, Nepal, Sri Lanka et Turquie. Elle compte 4 puissances nucléaires et se donne pour but de renforcer la sécurité et la cas échéant la coopération militaire entre ses membres. Ceux-ci ont signé un accord dit Déclaration de Bishkek visant à faire de l'Asie Centrale une zone excluant l'emploi d'armes nucléaires entre les signataires. Par ailleurs la SCO encourage le renforcement des liaisons ferroviaires et aériennes en son sein.

- L'ASEAN ou Association of Southeast Asia qui date de 1967, (Brunei Darussalam, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, Philippines, Singapore, Thailand et Vietnam). Initialement très tournée vers les Etats-Unis, elle le reste, mais négocie aussi aujourd'hui des accords présentés comme stratégiques avec Pékin et Moscou.

Le Regional Comprehensive Economic Partnership (Brunei, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, the Philippines, Singapore, Thailand, Vietnam, China, Japan, South Korea, Australia et New Zealand, avec sans doute prochainement l'Inde. Il encourage en priorité les investisseurs étrangers et permet à ceux-ci d'attaquer les gouvernements qui les refuseraient au profit d'investissements publics exclusifs.

- La Belt and Road Initiative. Prévue pour être inaugurée en juin 2021, elle rassemblera 4 milliards de personnes au sein de 130 pays en Eurasie, Afrique, Amérique Latine et Pacifique Sud. Elle veillera à la coordination des politiques économiques, la connectivité des infrastructures, les échanges entre personnes. Elle construit déjà des centrales électriques au Pakistan, des lignes ferroviaires en Hongrie et de nombreux ports maritimes de l'Afrique à la Grèce. L'Iran, stigmatisée par les Etats-Unis, en fait partie.

On comprendrait mal que les principaux pays européens, notamment l'Allemagne, la France et l'Italie, persistent à ignorer tout ceci

Pour en savoir plus

https://russia-insider.com/en/politics/how-russia-and-china-are-building-eurasia-geopolitical-powerhouse/ri27839

dimanche, 10 novembre 2019

Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

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Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La BRI ou Belt and Road Initiative est un grand programme d'origine chinoise, lancé il y a 6 ans, visant à connecter par des techniques modernes tous les Etats le souhaitant dans la région asiatique, au Moyen Orient et bientôt en Europe.

C'est devenu la hantise des Etats-Unis qui y voient la volonté de Pékin d'imposer son influence économique et politique dans cette partie du monde, en éliminant de ce fait l'influence américaine.

Nous avons souvent ici présenté la BRI. Voir notamment un article concernant la participation de l'Italie. Il est inutile d'y revenir. Il était évident que Washington était obligé de répliquer. Ceci vient d'être fait avec le lancement du Blue Dot Network. Celui-ci est présenté, officiellement, comme destiné à promouvoir des infrastructures de développement dans la région indo-pacifique et au-delà. Celles-ci devraient être « sustainables » c'est à dire aussi peu coûteuses et aussi peu agressives à l'égard de l'environnement que possible.

Il s'agit d'un projet commun réunissant la US Overseas Private Investment Corporation dont le nom indique bien les objectifs, le ministère australien des Affaires Etrangères et du Commerce, ainsi que la Banque Japonaise pour la Coopération internationale.

XI Jinping vient d'annoncer à Shanghai, lors de la China International Import Expo que la Chine avait à ce jour signé 197 accords concernant la coopération pour le développement de la Bri, avec 137 pays et 30 organisations internationales. Même si ces chiffres paraissent un peu exagérés, ils sont pas comparables avec l'intérêt que pourra rencontrer Blue Dot, où beaucoup voient une tentative de Wall Street pour conserver son emprise dans la région.

L'Inde, en ce qui la concerne, dont le rôle sera essentiel, semble partagée par le désir de participer à la BRI et d'être présente dans Blue Dot, tout au moins si celle-ci tient ses promesses. Beaucoup d'entreprises indiennes conservent de nombreux liens commerciaux avec les Etats-Unis et voudraient manifestement jouer sur les deux tableaux.

Pour le moment, Blue Dot a plutôt suscité de la méfiance en Asie. Ceci tient au fait que derrière des investissements privés, il est facile d'y voir un processus permettant, non seulement au grand capital américain, mais au Pentagone, de reprendre un peu de poids dans une partie du monde où l'influence de la Chine est devenue considérable.


 

jeudi, 07 novembre 2019

Relations internationales et antagonismes idéologiques...

 

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Relations internationales et antagonismes idéologiques...

par Pierre de Lauzun
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur Geopragma et consacré à l'impact des antagonismes idéologiques dans le champ des relations internationales.

Relations internationales et antagonismes idéologiques

A côté du schéma des relations internationales classique depuis les traités de Westphalie, fondé sur des rapports entre entités plus ou moins souveraines, d’autres facteurs sont régulièrement venus colorer ces relations. On peut citer ici les conflits de civilisations chers à S. Huntington, bien qu’historiquement on trouve peu d’exemples où un conflit significatif oppose ce qu’on peut décrire comme deux aires de civilisation (voir un billet précédent). Même si des différences culturelles profondes ont souvent contribué à renforcer les antagonismes et à les radicaliser : les conflits étaient et sont en général d’abord des conflits entre puissances. Ce n’est que dans le cas de l’Islam que ce terme pouvait acquérir plus de vraisemblance, dans son opposition avec le monde chrétien d’un côté, le monde hindou de l’autre. Mais justement l’Islam est spécifique par l’association étroite qu’il fait entre religion et politique, et donc sa proximité potentielle avec une idéologie politique.

Cela nous conduit à mettre en lumière une autre type d’opposition, plus caractéristique de l’époque moderne au sens large, qui sont les conflits idéologiques. La guerre froide vient immédiatement ici à l’esprit, mais la seconde guerre mondiale dans une très large mesure aussi ; voire la première, du moins si on prend au pied de la lettre la propagande de l’époque. Comme si, à l’époque démocratique tout particulièrement, il fallait justifier les conflits par autre chose que les simples oppositions de puissance : par des oppositions entre un bien et un mal, moyennant bien sûr simplification éventuellement caricaturale de la réalité. Cette opposition idéologique n’oblitère évidemment pas la dimension de conflit de puissance, évidente dans tous ces cas, mais elle lui donne une caractère et une intensité toutes particulières ; elle peut en outre orienter les décisions prises, du fait de sa logique propre. C’est cette époque qu’on a pu croire un bref instant terminée en 1991 avec la fin de l’URSS.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Apparemment la domination de ce qu’on peut appeler l’idéologie occidentale, est considérable sinon massive : elle donne sa substance au discours international de tout côté, depuis les débats de l’ONU jusqu’aux argumentaires donnés par les faucons américains, en Iraq et ailleurs. Idéologie utilisée abondamment pour justifier des politiques, et notamment des interventions ici ou là, militaires ou non. Mais sans qu’il y ait désormais un adversaire idéologique clair.

Les tentatives pour dresser une protestation, ou un début d’alternative, sincère ou pas, contre cette idéologie dominante sont timides et locales. C’est même vrai dans le cas de l’islamisme, sous ses différentes formes. Certes il représente un phénomène majeur. Soit comme prétexte à intervention, soit comme boutefeu, il peut jouer un rôle important dans les évènements. Mais il ne se situe pas à ce stade au niveau des grands rapports de force entre puissances, car il faudrait pour cela qu’une vraie puissance l’incarne. Sur la scène internationale il s’exprime en fait surtout sous la forme spécifique du terrorisme, dont la connexion avec de vraies puissances reste limitée. Certes un certain islamisme militant est revendiqué sous des formes diverses et souvent antagonistes par l’Arabie saoudite, l’Iran, et d’autres comme de plus en plus la Turquie. La première répand sa version rigide et extrême de l’Islam, à coups de dizaines de milliards, depuis plus de 50 ans (avec ses amis ou rivaux du Golfe), mais sans fédérer un véritable camp structuré comme tel. L’éventail de ses amis est pour le moins éclectique. Le second a su rassembler et mobiliser les communautés chiites dans un arc traversant tout le Moyen Orient, qui a actuellement le vent en poupe, mais sans sortir de ce cousinage par nature limité. Le chiisme reste fort peu missionnaire. La Turquie, importante comme puissance régionale, est peu suivie comme leader et reste à dominante nationaliste. Dans les faits donc, même si l’idéologie conditionne ces antagonismes et d’autres, le conflit de puissances reste prépondérant au niveau des relations de pouvoir. Reste que la résurgence indéniable de l’islamisme est un fait géopolitique majeur, qui peut l’être plus encore à l’avenir, si elle conduit à une modification suffisante des équilibres internes, et par là des priorités des pays concernés. C’est donc dans la patte humaine des pays musulmans qu’est l’enjeu, avant les relations internationales entre puissances.

Une autre source majeure d’alternative idéologique, potentiellement plus massive et plus significative, est l’évolution possible de la Chine. Au stade actuel, l’ancien antagonisme entre marxistes et occidentaux ne joue plus de rôle significatif au niveau mondial. Mais la Chine reste fondée sur des principes indéniablement différents et antagonistes de ceux qui constituent la doxa internationale, notamment américaine. A ce stade, cela ne prend pas chez elle la forme d’un programme idéologique conquérant. On peut même avancer que sa situation idéologique interne n’est elle-même pas stabilisée : il est clair que le régime cherche une justification à ce niveau, mais pour réussir il faudrait que cela prenne une forme différente et surtout plus élaborée. Elle pourrait tourner autour de l’idée actuellement latente d’un régime « éclairé », possédant une vision à long terme, qui est dégagée et mise en œuvre par des élites intellectuelles et sociales elles-mêmes sélectionnées à partir du peuple par le tamis du parti : on mêlerait ainsi une certain héritage léniniste plus ou moins maoïste (cher au président chinois actuel) avec des éléments de confucianisme récupéré (l’idée ancienne d’une élite supposée vertueuse au service du peuple, mue par le culte de la moralité publique). Mais la formalisation théorique de cela reste à ce stade limitée et déficiente, et non exportable.

A ce stade donc la Chine n’est pas mûre pour jouer un rôle international significatif à ce niveau, même si dans son mode d’intervention on voit l’impact de la différence avec les pays occidentaux, notamment dans son indifférence affichée à toute « démocratisation » dans les pays qu’elle aide. Ajoutons que la tradition chinoise séculaire était plus introvertie que messianique ; même si la Chine ancienne avait progressivement assimilé des zones vastes, grâce à son modèle culturel et politique attractif pour ses voisins ou les pays dominés. Mais outre qu’elle n’a plus cette puissance d’attraction à ce stade, sous cette forme cela ne donnerait de réponse que pour les pays de son environnement immédiat, culturellement proches (Japon, Corée, Vietnam) – et ce n’est en rien le cas actuellement. En bref la Chine actuelle commence à faire sentir sa puissance, mais elle rayonne bien plus par son pragmatisme que par son modèle ou ses idées. Elle n’a en outre aucune expérience historique des relations de puissance. Mais le temps travaille pour elle. Et à terme, on ne peut pas exclure qu’elle construise un modèle alternatif plus puissant, idéologiquement rival du modèle américain ou occidental. On peut par ailleurs trouver dans la tradition chinoise ancienne, si elle est quelque peu revisitée, un modèle politique fort, et même des motifs à interventionnisme, y compris sur base moralisante ; ainsi chez Mencius, successeur principal de Confucius, qui justifiait la guerre s’il s’agit d’éliminer des « tyrans » opprimant leur peuple. La situation reste donc mouvante et pourrait nous surprendre.

D’autres sources encore peuvent émerger à terme long : pensons à une civilisation ancienne comme celle de l’Inde, désormais en voie d’affirmation politique elle aussi.

Mais il n’est pas inintéressant de considérer un autre cas beaucoup plus d’actualité, quoique bien moins dramatique que les exemples cités : celui des populismes. Bien entendu les mouvements ou personnages classés comme tels sont censés faire partie du monde des démocraties à l’occidentale. En outre, ils sont hétérogènes, et ne constituent ni un front ni même une alliance. Rien ne dessine à ce stade un antagonisme d’ensemble entre eux et les autres régimes se disant démocratiques. Néanmoins la manière dont ils sont perçus, tant par les médias que par la diplomatie de ces autres pays, présente des traits caractéristiques, où la dimension idéologique (en l’espèce de réprobation) est manifestement prégnante : PIS polonais, Orban, Lega de Salvini, Brexiters à la Boris Johnson, personnages comme Trump ou Bolsonaro sont fondamentalement ressentis dans le discours dominant comme des anomalies moralement condamnables, dans leur discours même. On les rapproche parfois même d’un autre réprouvé comme V. Poutine, malgré les différences évidentes – mais justement ce rapprochement est symptomatique. Certes, le phénomène n’en est qu’à ses débuts, et peut faire long feu. Le succès ou l’échec du Brexit, l’avenir politique de D. Trump, l’évolution de l’Est de l’Europe ou de l’Italie seront ici des tournants importants, parmi d’autres. Certes, même si le phénomène subsiste, la possibilité d’un front de tout ou partie de ces dirigeants paraît plutôt improbable à ce stade. Mais on ne pourrait pas exclure qu’une fracture durable s’installe dans la belle unanimité antérieure, colorant alors les relations internationales de façon appréciable, vu l’importance des pays concernés. Le consensus idéologique occidental pourrait se trouver alors fortement altéré.

Pierre de Lauzun (Geopragma, 4 novembre 2019)

mercredi, 06 novembre 2019

Robert Strausz-Hupé – Le nouvel ordre mondial et l’empire américain

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Robert Strausz-Hupé – Le nouvel ordre mondial et l’empire américain

L’ordre mondial qui se profile sera-t-il celui de l’empire universel américain ? Il doit en être ainsi, dans la mesure où il portera le sceau de l’esprit américain. L’ordre à venir marquera la dernière phase d’une transition historique et en finira avec la période révolutionnaire de ce siècle.

La mission du peuple américain consiste à enterrer les États-nations, guider leurs peuples endeuillés vers des unions plus larges, et intimider par sa puissance les velléités de sabotage du nouvel ordre mondial qui n’ont rien d’autre à offrir à l’humanité que de l’idéologie putréfiée et de la force brute…

Pour la cinquantaine d’années à venir le futur appartient à l’Amérique. L’empire américain et l’humanité ne seront pas opposés, mais simplement deux noms pour un même ordre universel sous le signe de la paix et du bonheur. Novus orbis terranum (Nouvel ordre mondial).

« The Balance of Tomorrow » – Robert Strausz-Hupé, Orbis, 1957

Robert Strausz-Hupé was a former U.S. ambassador to Turkey, NATO, Belgium, Sweden, and Sri Lanka, a professor of political science at the University of Pennsylvania, and the founder of the Foreign Policy Research Institute and its journal Orbis. – FPRI

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mardi, 05 novembre 2019

Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie ?

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Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Turquie a déclenché le 9 octobre une offensive dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'elle qualifie de  terroriste  mais qui est soutenu par les pays occidentaux en raison de sa lutte active contre les combattants de l'organisation État islamique présents en Syrie.

La raison alléguée par Ankara en était sa volonté d'empêcher des milices kurdes extérieures à la Turquie de rejoindre des Kurdes ayant toujours vécu dans l'Est de la Turquie afin de constituer l'amorce d'un Etat Kurde qui priverait en ce cas la Turquie de toute souveraineté sur un bon quart de son territoire.

Pour Recep Tayyip Erdogan, cette perspective était inacceptable et devait être combattue en engageant toutes les forces militaires du pays. Même si celles-ci ne sont pas aussi efficaces qu'elles en ont la réputation au sein de l'Otan, elles sont néanmoins parfaitement capables de conquérir et occuper une large bande ou zône de sécurité tout au long de la frontière syro-turque et sans doute un peu au delà, tant du moins que les Américains alliés de la Turquie au sein de l'Otan laisseront faire.

Recep Tayyip Erdogan avait sans doute considéré que le retrait du contingent américain annoncé à grand bruit par Donald Trump lui laisserait les mains libres pour mener une offensive militaire de grande ampleur contre les Kurdes, voire pour occuper durablement une bande frontalière  de sécurité. Quant à la Russie, elle était restée à ce jour dans l'expectative, d'autant plus qu'elle ne dispose pas sur place de moyens militaires suffisants pour freiner l'offensive turque.

Or il avait semblé que Washington ne laisserait pas se poursuivre l'offensive turque contre les Kurdes des YPG. Le 17 octobre, lors d'une visite à Ankara, le vice-président américain Mike Pence avait obtenu la suspension pour 120 heures de l'offensive turque lancée le 9 octobre, afin de permettre aux forces kurdes d'abandonner leurs positions actuelles dans le projet turc de « zone de sécurité ». Ceci il est vrai ne signifie pas avant l'arrêt définitif de cette offensive et moins encore ultérieurement le retrait des Turcs dans leurs positions antérieures.

Le 21 octobre Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu' une grande partie des 120 heures était désormais écoulée  et que l'offensive reprendrait si les YPG ne respectaient pas l'accord.

Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, a, de son côté, accusé la Turquie de saboter l'accord de cessez-le-feu en empêchant le retrait des combattants FDS de la ville assiégée de Ras al-Aïn. Selon lui, l'accord contient un point essentiel précisant l'ouverture d'un couloir d'évacuation sous le parrainage des États-Unis. Or les  Turcs empêcheraient le retrait kurde du secteur de Ras al-Aïn. ils empêcheraient notamment la sortie des blessés et des civils. Ils continueraient d'attaquer les Kurdes.

On notera que les Kurdes, confrontés à l'absence américaine, ont demandé le soutien de Bashar al Assad, président de la Syrie et allié de la Russie. La Syrie a répondu indirectement en mettant en place des troupes dans des secteurs proches de la frontière turque, notamment de Kobané et Minbej. Ceci se ferait avec l'assentiment des Russes.

On pourrait penser au soir du 21 octobre que Moscou ne souhaiterait pas la mise en place définitive au nord de la Syrie d'une bande de sécurité dominée par les Turcs. Reste à savoir si Erdogan se laissera arrêter, car il semble pour le moment tenir toutes les cartes en mains.

Notes

1) La carte n'est pas à jour concernant les différentes zones d'occupation. Nous la publions pour donner une image générale de la région

2) Le lecteur pourra relire l'analyse du général Delawarde en date du 14 octobre 2019 analysant  l'offensive turque en Syrie et publiée sur ce site. Pour l'essentiel, elle demeure d'actualité.
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3915...

3) On consultera sur ce sujet un article détaillé de E. J. Magnier qui vient de nous parvenir
https://ejmagnier.com/2019/10/21/rencontre-poutine-erdoga...

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A la date du 22/10 à 22h, on peut lire dans la presse du soir

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait état, mardi 22 octobre, d'un « accord historique » sur la Syrie conclu lors d'une réunion avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi, en Russie.
 « Aujourd'hui, avec M. Poutine, nous avons conclu un accord historique pour la lutte contre le terrorisme, l'intégrité territoriale et l'unité politique de la Syrie ainsi que pour le retour des réfugiés », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse.
Selon Recep Tayyip Erdogan, l'accord conclu avec Vlaidmir Poutine, allié du régime de Damas, porte surtout sur les secteurs du nord-est de la Syrie dans lesquels les forces kurdes du YPG sont présentes mais où l'offensive turque n'avait pas été étendue avant sa suspension.

Nous y reviendrons sans doute

lundi, 04 novembre 2019

Comment la Chine efface les Américains

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Comment la Chine efface les Américains

Les Carnets de Nicolas Bonnal

L’Amérique ? C’est devenu depuis les années soixante un mixte d’impérialisme facho-nihiliste, d’oligarchie tiers-mondiste et de fascisme antiraciste-féministe. Mais cela ne mène plus très loin. America, gratte again…

La Chine s’est éveillée et, pauvre Napoléon, le monde ne tremble pas. Le monde sortira des guerres impériales/humanitaires (les idées chrétiennes devenues folles de Chesterton) et autre croisades occidentales/accidentelles. Mais voyons des analyses US plus précises…

J’ai demandé à Hervé de traduire un texte Unz.org de l’universitaire Roberts Godfree sur la déculottée US dans tous les domaines (ce n’est pas que l’Europe vaille mieux, on est tous d’accord). Aucune schadenfreude : ce qui m’affole c’est que notre occident anesthésié ne se rend compte de rien ou s’en sort par des boniments paternalistes ou des clichés racistes.

Et cela donne : 

« En 2003, j’ai publié un livre sur le déclin des trente-six indicateurs sociaux et économiques de l’Amérique. J’en ai envoyé des copies par la poste à l’Administration, au Congrès et aux chefs de département et j’ai reçu une réponse du Directeur général de la Central Intelligence Agency, qui m’a dit que l’Agence fournissait des informations presque identiques au gouvernement depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps, notre déclin et la montée en puissance de la Chine se sont accélérés et cet élan nous a menés si loin, si rapidement, que toute compétition est devenue irréaliste. »

Roberts remet alors des pendules à l’heure :

« Si la Chine ressemblait à la caricature que nos médias nous présentent depuis ces sept dernières décennies, alors oui, nous devrions contrebalancer son autoritarisme excessif, répressif et autoritaire et investir notre trésor dans les technologies de pointe pour faire en sorte que nous fassions l’envie du monde….Mais que faire si la Chine n’est ni répressive, ni autoritaire ? Et s’il ne nous reste plus de trésor à investir ? Et si les dirigeants chinois étaient plus populaires, respectés et compétents que les nôtres ? Que se passerait-il si son économie était déjà 30 % plus forte que la nôtre, connaissait une croissance trois fois plus rapide, avec deux tiers de fardeau de la dette en moins ? Et si elle était déjà en avance sur nous sur le plan scientifique et technologique, imprenable sur le plan militaire, et si elle possédait des alliés plus nombreux et plus puissants que les nôtres ? »

On rappelle que les chinois/confucéens sont contents :

« Gouvernement : Confucius, le politologue suprême disait : « Si les gens n’ont pas confiance en leurs dirigeants, l’État ne peut pas exister. » La confiance en notre gouvernement est à son plus bas niveau de l’histoire. Gallup affirme  que la plupart d’entre nous considèrent le gouvernement comme notre problème le plus urgent et que seuls 54 % d’entre nous « exprimons constamment une position pro-démocratique ». Le système de gouvernement professionnel et non confessionnel de la Chine l’a ramené à son rôle d’Empire du milieu. Comparé au nôtre, le gouvernement chinois est tourné vers l’avenir, décentralisé, efficace et économe. L’Examen d’admission au gouvernement sélectionne chaque année les 2 % des meilleurs diplômés et la réussite est la seule voie vers le pouvoir et la responsabilité. Les 200 membres du Conseil d’État – tous promus pour leur capacité à travailler en coopération – ont gouverné collectivement des milliards de personnes pendant 5 000 ans et leurs données publiques sont stupéfiantes. La plupart ont un doctorat et un QI supérieur à 140. Tous ont commencé leur carrière dans les villages les plus pauvres du pays et n’en sont partis qu’après avoir augmenté les revenus du village de 50%. Ils ont répété cette performance à tous les niveaux, y compris à la présidence, comme le fait Xi. »

Roberts rappelle que le vaurien Donald a parfois raison décidément dans sa discordance cognitive :

« Nous choisissons les dirigeants par acclamation – une coutume gréco-romaine qui favorise les vauriens qui savent parler – et c’est exactement ce que nous avons alors que, comme l’a  fait remarquer  le président Trump, « les dirigeants chinois sont beaucoup plus intelligents que nous. C’est comme prendre les New England Patriots et Tom Brady et les faire jouer contre ton équipe de football du lycée. »

Et Roberts d’ajouter :

« Aujourd’hui, la Chine génère 20 % du PIB mondial par rapport à nos 15 %, ses importations et ses exportations sont équilibrées, ses relations commerciales sont excellentes, sa monnaie est assez valorisée, son économie est 30 % plus importante et croît trois fois plus vite, ses salaires dans le secteur manufacturier sont à égalité avec les nôtres et ses plans pour 2025 sont à couper le souffle. Toujours de nouvelles autoroutes, voies ferrées, métros et ports et, l’année prochaine, l’Internet le plus rapide et le plus avancé avec des villes entières construites autour de la 5G. »

Soutien du monde émergent, la Chine n’est même pas impopulaire et elle manage sans menace une bonne partie du monde :

« En 2018, le taux d’approbation mondial de 34 % de la Chine battait celui de l’Amérique, qui était de 31 %... Nous avons cédé le contrôle de la Crimée et de la mer Noire à la Russie et, de plus en plus, du Moyen-Orient. Avec la Nouvelle route de la soie, la Chine et la Russie fusionnent l’Union économique eurasienne (Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kazakhstan, République kirghize et Russie avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Moldavie en considération) ; l’Organisation coopérative de Shanghai, OCS (Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Inde, Chine, Pakistan ; avec l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et la Biélorussie comme observateurs et l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Népal, Sri Lanka et la Turquie comme partenaires de dialogue) ; et le Partenariat économique régional global, (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Une fois que les gazoducs Nord Stream II et South Stream seront achevés en décembre, comment l’UE pourra-t-elle résister à s’y brancher ? »

Voyons la Science et le QI chinois :

« Leurs cinq points de QI supplémentaires par rapport à nous signifient qu’ils ont 300 000 personnes avec un QI de 160, comparativement à 30 000 en Occident. La Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier producteur mondial d’articles scientifiques, représentant près d’un cinquième de la production mondiale totale, selon un  nouveau rapport. La Chine  domine le classement mondial  des articles de recherche les plus cités publiés dans les 30 domaines technologiques les plus en vogue. Bien que les États-Unis aient produit 3,9 millions d’articles sur la recherche en tous domaines, comparativement à 2,9 millions en provenance de la Chine, cette dernière a produit la plus grande part dans 23 des 30 domaines qui ont suscité le plus d’intérêt, tandis que l’Amérique a obtenu la tête pour les sept autres.

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Puis la Technologie : « Les deux tiers des ordinateurs les plus rapides au monde sont chinois, mais rien ne révèle plus le vide de notre armoire technologique que la domination chinoise du haut débit mobile amélioré. Nous prendrons deux fois plus de temps et dépenserons deux fois plus pour intégrer un système moins abordable, fonctionnel, compatible et évolutif. Pourtant, nos impitoyables médias ont tourné en dérision le président Trump lorsqu’il a appelé l’Amérique à dominer la 6G, malgré le fait publiquement connu que Huawei a 600 mathématiciens, physiciens et ingénieurs travaillant sur le 6G depuis plus d’un an. La Chine est en tête du classement mondial dans la plupart des dix principaux domaines « prometteurs » comme la recherche sur les piles et représente plus de 70 % de tous les articles sur les photocatalyseurs et le traitement du cancer ciblé par l’acide nucléique, qui se classent respectivement en 12e et 14e position. Les États-Unis sont en tête dans trois domaines de la biotechnologie, dont l’édition du génome en 7eme position, et l’immunothérapie en 10eme. La Chine est le chef de file mondial de  la recherche fondamentale  et de la plupart des technologies, en particulier celles concernant les  régions chaudes. »

L’Aérospatiale ? 

« La Chine a lancé plus de missions spatiales en 2018 que la Russie ou l’Amérique et son premier avion de ligne local décollera cette année, bien que la FAA ait trainé les pieds. C’est le premier fournisseur mondial de drones et le plus grand fabricant et exportateur d’avions de combat légers. Maintenant que son avion de combat, le WS-15, est en production, son J-20 va dépasser les nôtres. »

Ironiquement, l’auteur ajoute sur cette guerre commerciale aux dimensions modestes :

« Comme le dit Parag Khanna, Pékin doit se demander pourquoi le numéro 3 lancerait une guerre commerciale contre le numéro 1. Bien que nous soyons autosuffisants à bien des égards, nous sommes peut-être moins indispensables que nous ne l’imaginons. «L’Amérique d’abord» sonne bien, sauf quand cela signifie en fait « l’Amérique seule ».

Indicateurs sociaux ?

« Le GINI chinois, qui n’avait jamais atteint nos niveaux, est en train de chuter comme une pierre et l’extrême pauvreté disparaîtra l’année prochaine, lorsque tous les Chinois auront une maison, un emploi, beaucoup de nourriture, une éducation, des rues sûres, des soins de santé et de vieillesse (il y aura alors plus de toxicomanes, de suicides et d’exécutions, plus de personnes sans abri, pauvres, affamées et prisonnières en Amérique qu’en Chine). 500 000 000 de Chinois vivant en milieu urbain auront une valeur nette et un revenu disponible supérieurs à ceux des Américains moyens, leurs mères et leurs nourrissons seront moins susceptibles de mourir en couches, leurs enfants obtiendront leur diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que nos enfants ; et survivront. 98 % des Chinois listés comme « pauvres » sont déjà propriétaires de leur maison et Xi a programmé de ramener le coefficient GINI au-dessous de celui de la Finlande, d’ici 2021-2035. »

L’éducation est incomparable reflétant celle des quatre dragons qui nous impressionnaient tant au cours des lointaines années 80 : 

« Aucun pays n’a autant d’ingénieurs intelligents, bien formés et dévoués. Un quart des travailleurs en Science, Technologie et Mathématiques dans le monde sont des Chinois, une main-d’œuvre intellectuelle huit fois plus nombreuse, qui croît six fois plus vite et qui obtient son diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que chez nous. D’ici 2025, la Chine comptera plus de travailleurs qualifiés sur le plan technologique que l’ensemble des pays de l’OCDE – États-Unis, UE, Canada, Mexique, Australie, Israël, Japon, Corée, Nouvelle-Zélande et Turquie – réunis. »

Pierre d’achoppement, la sécurité, la fierté nationale :

« Faible criminalité, pas d’absurdités religieuses ou de violence islamique. Les entreprises peuvent investir en toute sécurité sans crainte de troubles religieux, de violence ou de vol qualifié.

La foi en l’avenir, le nationalisme, la croyance en une Chine meilleure. Les Chinois croient fermement en l’avenir et sacrifient volontiers temps et efforts pour la prochaine génération. Les Chinois ont le même sentiment que celui que nous avions dans les années 60, sauf que leurs salaires et leur richesse ont doublé chaque décennie depuis soixante-dix ans. »

A l’heure où l’occident bascule dans le techno-bolchévisme, la dystopie écologiste, le transgenre et le fascisme humanitaire, la Chine est démocrate…

« La Chine est la première  démocratie  au monde. Bien que cette affirmation mette en colère de nombreux Occidentaux, quel que soit le système de mesure utilisé, la Chine est une démocratie prospère et l’Amérique ne l’est pas, que ce soit sur le plan électoral, populaire, procédural, opérationnel, financier ou technologique. »

Roberts ajoute qu’elle saura même se défendre :

« L’armée chinoise  dispose de certains des  systèmes d’armes  les plus modernes au monde pour la moitié du coût de la défense américaine. Ses missiles les plus modernes surpassent les nôtres dans toutes les catégories grâce au couplage étroit entre leurs chimistes de pointe et les fabricants de propergols pour fusées. Les systèmes d’armes russes comblent toutes leurs lacunes. »

Cerise sur le gâteau : « 95 % des chinois soutiennent les politiques de leur gouvernement et la plupart sont prêts à se battre pour leur pays. »

L’indianiste Daniélou écrivit que les aryens occidentaux étaient de simples prédateurs. Le chaos des siècles passés l’aura montré. On verra la suite avec nos chinois…

 

vendredi, 01 novembre 2019

Realpolitik después de ‘el fin de la Historia’

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Realpolitik después de ‘el fin de la Historia’

Francisco Albanese

Ex: https://derecha-alternativa.com

Según señala Robert Steuckers en su “Historical Reflections on the Notion of World War” (y que traduje para el libro Sinergias Identitarias, publicado por Editorial EAS de España), una gran Guerra Mundial que aún no termina se inició en 1756 durante la Guerra de los Siete Años.

Esta guerra por el dominio de la Talasocracia –al más puro estilo de los fenicios y cartagineses– ha marcado la gran mayoría de los conflictos bélicos posteriores, por lo que se tratarían de subguerras formando parte de una guerra a mayor escala por el control del poder marítimo. En esta gran guerra mundial, el control de los mares goza de una importancia fundamental, ya que los mares proporcionan rutas de acceso y transporte para los recursos, efectivos militares, y brindan la posibilidad de “ahogar” países de carácter telurocrático, es decir, aquéllos cuyo poder se basa en lo terrestre, y que deben luchar constantemente para no ser asfixiados por las potencias marítimas.

En la primera contienda por el dominio de la Talasocracia, Inglaterra y Francia comenzaron a marcar el camino de los siglos posteriores: un ambicioso Luis XVI –luego calumniado por la Historia como un rey inepto que vivía en fiestas– quiso lanzarse en una carrera tecnológica para la modernización de su flota, de manera de superar las humillantes condiciones del Tratado de París de 1763 y anular el crecimiento del poder marítimo británico. Ambas potencias ayudaron en procesos que truncaron temporalmente las ansias del otro, y delinearon la forma del Mundo Moderno: Francia apoyó la Independencia de los EEUU, lo que dejó al Imperio Británico con una profunda herida, mientras que Inglaterra hizo lo suyo apoyando a la Revolución Francesa, que terminó decapitando –literalmente– a la Monarquía Francesa, y al mundo como era conocido hasta ese entonces.

De esta manera, el conflicto por el dominio de las rutas marítimas y las tierras aledañas que sirven para el transporte de recursos ha marcado la mayor parte de los conflictos bélicos de los últimos tres siglos, y las ideologías, sueños independentistas y credos han sido utilizados como herramientas en el ordenamiento del tablero de ajedrez mundial. A esta forma realista y pragmática de ver el mundo y sus conflictos bélicos, el estadista alemán Otto von Bismarck le dio el nombre de realpolitik, es decir, “política de la realidad”, ya que se basa en una manera concreta y práctica –casi insípida– de entender la causa que mueve a los engranajes del mundo: no hay mayor filosofía que la de una potencia moviéndose de acuerdo a sus intereses.

No ver al mundo desde la realpolitik puede provocar que el individuo sufra confusiones ante, por ejemplo, el apoyo de potencias occidentales lideradas por Estados Unidos a grupos radicales wahabitas, cuyos valores y formas de vida son absolutamente contrarios a los que Occidente profesa, además de ser profundamente antidemocráticos, intolerantes y muchas veces inhumanos. Por razones estratégicas, pragmáticas y sin más ideología que la conveniencia, Occidente ha entregado financiamiento, entrenamiento y armas a grupos como Al-Qaeda, Estado Islámico, Emirato Islámico de Afganistán, etc., los que después se han vuelto contra sus antiguos aliados profanos y alejados de la bendición de Dios.

Es algo inocente, entonces, creer que la caída de misiles americanos en suelo sirio obedece a algún tipo de compasiva intención del gobierno de Donald Trump de liberar al pueblo de Siria de (presuntos) ataques químicos, o que la condena rusa a la agresión americana sea una genuina preocupación del Kremlin por el régimen de Bashar al-Assad. Los bombardeos sobre Siria no tienen nada que ver con derrocar a un dictador, ni armas químicas, ni ataques sobre la población, ni reestablecer la democracia, ni la seguridad, ni nada, sino que están relacionados con la posición estratégica de Siria para un gasoducto dentro de Pentalasia –es decir, la zona terrestre ubicada entre el litoral oriental del Mar Mediterráneo (el Levante), el Mar Rojo, el Golfo Pérsico, el Mar Caspio y el Mar Negro–. Es tiempo de dejar de creer que esto es un asunto humanitario o ideológico[1], y asumir la política de la realidad. Después del fin de la Historia quedaba historia aún por contar, y ésta está escrita con la tinta de la realpolitik y de una guerra por el dominio de los mares que aún no termina.

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Fuente: E.S.

Notas.

[1] http://www.latercera.com/mundo/noticia/macron-defiende-bo...

lundi, 28 octobre 2019

Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

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Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

par Michel GRIMARD

Ex: http://www.europemaxima.com

Renouer des liens avec la Russie n’avait rien d’outrancier, comme voulaient le faire croire tous ceux qui, sans relâche, nous déconsidéraient sans nous permettre de nous exprimer. Il semble que nos appels à cesser de refuser le dialogue et à faire preuve d’un plus grand réalisme aient été entendus.

Notre conférence-débat du 20 mars dernier « Comment relancer les relations avec la Russie » a reçu un écho favorable. Elle a aidé à faire prendre conscience de l’absurdité des nocives relations franco-russes et du nécessaire rétablissement de liens raisonnables.

Comme l’a déclaré le Président Emmanuel Macron : « Il faut effacer les frictions passées, ce qui n’efface pas forcément des points de tension sur l’actualité. »

Nous nous réjouissons des propos chaleureux qu’il a tenus sur la Russie, « grande puissance profondément européenne ».

« Cette Europe qui va de Lisbonne à Vladivostok ».

Des positions constamment affirmées par le ROUE et qui figurent dans sa charte. De la même façon que la France a défendu la réintégration de la Russie au Conseil de l’Europe, elle doit œuvrer pour qu’elle retrouve sa place dans le G7, dont elle a été exclue en 2014 lors de l’annexion de la Crimée.

La crédibilité de ce groupe en dépend. Les membres du G7 sont-ils exempts de tous reproches ? Non, certains ont annexé ou maintiennent sous leur tutelle des régions ou des pays qui leur sont parfois plus étrangers que la Crimée à l’égard de la Russie.

Pour ne citer qu’eux, c’est le cas de l’Angleterre avec l’Irlande du Nord et Gibraltar, de la Chine avec le Tibet [Note de la rédaction d’Europe Maxima : la Chine n’appartient pas au G7…].

Puissance importante, incontournable sur la scène internationale, la Russie ne peut être absente du G7. L’Europe doit certes se soustraire aux antagonismes Washington – Moscou qui l’impactent, mais la Russie demeure le partenaire qui s’impose naturellement et logiquement à l’Europe. Seule la conjoncture dicte actuellement le rapprochement avec la Chine, dont les intérêts sur l’extrême Sibérie sont sources d’affrontements futurs avec la Russie.

L’Union européenne doit tenir compte de cette contradiction et agir avec maîtrise et subtilité à l’égard de la Russie, sans laquelle une Europe, même unie, serait orpheline d’un atout essentiel. Maintenir le lien transatlantique, certainement, mais en finir avec l’OTAN, instrument de vassalité de l’Europe au service des États-Unis, est un impératif.

Concevoir avec la Russie une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe, comme le souhaite le Président Emmanuel Macron, mérite intérêt, même si l’idée a été évoquée plusieurs fois dans le passé.

La réactivation la plus récente a eu lieu en 2010 sous la présidence de Dimitri Medvedev. En octobre 2011, le ROUE a d’ailleurs organisé un diner-débat sur le thème « L’Europe ne peut éviter une refonte de son architecture de sécurité ».

Monsieur Dimitri Rogozine, à l’époque ambassadeur de la Fédération de Russie auprès de l’OTAN, y participait. Il fut, dans les semaines qui suivirent, nommé vice-Premier Ministre, chargé de la défense et de l’industrie spatiale. Il est aujourd’hui Directeur général de la Corporation d’État de ROSCOSMOS.

Au moment où le Président Donald Trump montre sa versatilité concernant la défense de l’Europe et sa stratégie unilatérale de mise en cause des traités, FNI et à terme START III, le renouvellement de l’architecture de sécurité de notre continent devient une urgence.

Si la naïveté n’est pas de mise en diplomatie, il ne convient pas, pour autant, de bloquer toute initiative, comme le font la Pologne et les Pays baltes qui refusent systématiquement les discussions et recherches de paix, dès qu’il s’agit de la Russie.

Leur atlantisme viscéral les rend totalement tributaires de l’OTAN et ambivalents sur la défense européenne, car proches dans les déclarations, mais éloignés dans les actes. Ils agissent à l’opposé de la Finlande qui prône le dialogue avec la Russie, dont elle a eu également à pâtir.

Pour certains, le projet d’une nouvelle architecture de sécurité européenne serait un piège tendu par la Russie, au prétexte qu’elle serait mue par un unique but – détruire l’Europe –, alors que celle-ci n’aurait jamais manifesté la moindre agressivité.

C’est oublier sa volonté d’introduire l’OTAN en Ukraine et en Géorgie, pour compléter l’encerclement de la Russie. Au lieu de dresser des barrières sources de suspicions et par là même de conflits, recherchons des structures communes, privilégiant la paix.

Dans cet esprit et face au rejet des différents traités sur le contrôle des armements qui favorisent, de nouveau, leur libre prolifération, la France doit être présente lors des éventuelles discussions sur ce sujet.

La relance du Comité consultatif de coopération, gelé en 2014, participe à cette volonté de rapprochement voulue par le Président Emmanuel Macron. La réunion du 2+2 à laquelle participait d’ailleurs Dimitri Rogozine, ne peut que les prémunir mutuellement en facilitant la compréhension entre les deux pays.

Après avoir remercié la France pour ses efforts en faveur de la réinsertion de la Russie au sein du Conseil de l’Europe, le Président Vladimir Poutine a démontré sa volonté d’apaisement. Comme convenu, les échanges de prisonniers entre Kiev et Moscou ont eu lieu et se sont bien déroulés; d’autres doivent suivre.

Un début de processus de paix dans le Donbass, alliant élections et promulgation d’une nouvelle loi accordant un statut spécial pour cette région, a été salué comme une avancée majeure par la Russie. À Kiev d’agir.

Michel Grimard, président du ROUE

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 16 octobre 2019.

samedi, 26 octobre 2019

Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

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Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce mémorandum a été signé par les deux présidents lors de leur rencontre à Sotchi le 21 octobre. Son contenu vient d'être rendu public.

La rencontre a duré 7 heures, ce qui est considérable compte tenu du temps disponible pour les chefs d'Etat. A la fin de la rencontre ils ont signé un mémorandum conjoint dont le contenu est désormais connu. Dans ce document Recep Erdogan et Vladimir Poutine confirment leur plein accord à la nécessité de conserver l'unité politique et l'intégrité du territoire de la Syrie sous la présidence de Bashar al Assad, ainsi que leur volonté de conserver la sécurité au sein de la République turque.

Sur ce dernier point, ils ont confirmé leur détermination à combattre le terrorisme islamique et à ne pas accepter les prétentions de séparatistes visant à démembrer le territoire turc. Par le terme de séparatiste, ils désignent en particulier les mouvements kurdes visant à reconstituer un grand Kurdistan qui engloberait notamment le Kurdistan turc. 

Ils ont également assuré que le contrôle désormais assuré par la Turquie après son offensive militaire des derniers jours sur un couloir dit de sécurité long de 120 km et large de 32 située sur le territoire syrien ne sera pas remis en question. Il inclut les agglomérations de Tel Abyad et Ras Al Ayn. Ceci signifie concrètement que l'armée turque n'opérera plus désormais en dehors de cette zone. En revanche, la police militaire russe et les gardes-frontières syriens veilleront à ce que les unités militaires kurdes dites People's Protection Units (YPG) s'éloignent d'au moins 30 km de la bordure sud du couloir de sécurité. C

Ceci fait, fin octobre prochain, la zone sera contrôlée conjointement par des unités militaires russes et turques. Cependant, l'armée syrienne pour sa part conservera le contrôle des villes de Qamishly, Manbij et Tal Rifat.

Le mémorandum fait aussi des préconisations concernant la facilitation du retour des réfugiés ayant fui cette zone et la détection des terroristes pouvant s'y infiltrer, ainsi que ceux se trouvant dans des prisons kurdes au nord-est de la Syrie qui retrouveront la liberté. Selon certaines sources, ces terroristes mêlés de divers criminels pourraient être plus de 15.000. La plupart sont détenus dans les prisons kurdes de Shaddali, Hasakah et Allya. Ils se sont livrés à de nombreux crimes tels que décapiter les femmes kurdes et éventrer leurs enfants. Les Kurdes voudraient qu'ils soient jugés et punis en conséquence. Or le retrait précipité des YPG ne facilitera pas cette tâche, que les Russes n'auront certainement pas pour le moment les moyens de reprendre à leur compte. Le ministre de la défense russe Sergey Shoigu vient cependant de souligner l'importance de ce problème, ceci d'autant plus que ces terroristes proviennent de Russie et de divers pays européens et ne manqueront pas d'y retourner si leurs gardiens kurdes sont obligés d'abandonner leurs postes. rien n'est fait pour les en empêcher.

Lors de leur rencontre à Sotchi, ni Recep Erdogan ni Vladimir Poutine n'ont examiné ces questions essentielles à la sécurité de la région. Ils n'ont pas non plus abordé la question des 12.000 réfugiés vivant actuellement dans des camps dans les provinces de Al-Hasakah and Deir Ez-Zor. Certains de ces camps sont de très grande taille. Des dizaines de milliers de femmes, enfants et vieillards y vivent dans des conditions très précaires, manquant d'eau, de nourriture et de médicaments. Les maladies infectieuses s'y multiplient, notamment l'hépatite, les troubles intestinaux et la tuberculose. Nul parmi les ONG occidentales si promptes à dénoncer les atteintes aux droits de l'homme de Bashar al Assad n'évoque ces questions.

Un autre point n'a pas été abordé, malgré son importance. Il concerne le fait que les Américains, en dépit de leur retrait progressif de la région, conservent des contingents militaires importants pour protéger les gisements de pétrole appartenant aux compagnies pétrolières américaines ou convoités par elles. La récente rencontre du vice-président américain Mike Pence et de Recep Tayyip Erdogan à Ankara n'avait pas, comme l'on pouvait s'en douter, abordé cette question. La plupart des observateurs neutres constatent que les Américains ne sont pas venus au moyen orient en Iran pour combattre les djihadistes. Ils les auraient au contraire le plus souvent approvisionnés en armes et vivres. Ils sont venus pour y défendre leurs intérêts pétroliers. On imagine mal aujourd'hui qu'ils puissent cesser de le faire.

On notera que la Turquie, bien que membre de l'Otan et à cet égard alliée des Etats-Unis, confirme son statut d'allié de fait de la Russie. Washington laisse faire, compte tenu sans doute de l'importance géopolitique de ce pays;

Note au 26/10

On nous écrit: En France, un certain nombre de mouvements musulmans dits salafistes, c'est-à-dire encorageant le terrorisme, sont soutenus par le gouvernement turc. Beaucoup de mosquées sont directement fiancées par le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'Algérie ou le Maroc. Nous sommes la proie d'un certain nombre de puissances étrangères qui veulent s'emparer de la France.

lundi, 21 octobre 2019

Chisinau Forum III: Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

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Chisinau Forum III:

Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

 

Gilles-Emmanuel Jacquet, politologue, diplomate, journaliste, Suisse

En 1997 Zbigniew Brzezinski exposa dans son ouvrage «The Grand Chessboard » (« Le Grand Échiquier ») cette vision stratégique qui correspond à la politique étrangère des États-Unis d’Amérique : afin d’établir une hégémonie globale les USA doivent contrôler l’Eurasie, en particulier sa périphérie (le « rimland » de Nicholas J. Spykman) et contenir les puissances continentales du « heartland » telles que la France, l’Allemagne et la Russie mais aussi plus récemment la Chine et l’Inde.

Après la dissolution de l’URSS et la fin du système bipolaire de la Guerre Froide, les USA cherchèrent à établir à l’échelle globale un système unipolaire dont ils seraient les garants et dont les valeurs occidentales libérales apporteraient aux peuples du monde la paix, la démocratie, les droits de l’Homme et la prospérité. Les attentats du 11 septembre 2001 contredirent ces espoirs mais le gouvernement de G.W. Bush et les penseurs néo-conservateurs américains ne remirent pas en question leur vision du monde. Le multilatéralisme, le droit international et l’ONU furent ignorés et en 2003 les USA attaquèrent l’Irak qui n’avait développé aucune arme de destruction massive à ce moment-là et n’avait aucun lien avec les attentats du 11 septembre ou Al-Qaïda. L’Irak fut dévasté par un conflit qui n’est pas terminé et la situation au Moyen Orient s’aggrava. La recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien ainsi qu’au statut du Golan syrien occupé par Israël fut peu à peu abandonnée. Le Printemps Arabe de 2011 fut l’occasion pour les États-Unis, ses alliés du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite ou Émirats Arabes Unis), la Turquie et Israël de déstabiliser certains pays comme la Syrie ou la Libye dont les régimes hérités du nationalisme représentaient des obstacles à leurs projets régionaux. La politique étrangère menée par les USA et ses alliés au Moyen Orient ou en Afghanistan durant la Guerre Froide puis lors du Printemps Arabe ainsi que le soutien à des partis ou des groupes armés islamistes ont également joué un rôle dans le développement du terrorisme islamiste à l’échelle régionale et mondiale. 

 

Alors que l’Iran avait cherché à de nombreuses reprises au cours des années 2000 à nouer de nouvelles relations diplomatiques et commerciales avec l’Europe et même les USA, ces derniers ont décidé de retourner à une logique de confrontation avec Téhéran. Malgré ce qu’avait déclaré le Président Donald Trump lors de son voyage en Arabie Saoudite, l’Iran ne représente aucune menace pour les pays occidentaux ou l’Europe du point de vue du terrorisme. L’Iran a été également victime du terrorisme islamiste sunnite, en particulier d’ISIS, et coopère avec de nombreux pays dans la lutte anti-terroriste. Dans la crise iranienne, les USA ne suivent pas leur intérêt national qui leur commanderait plutôt de poursuivre le dialogue et l’ouverture mais les préoccupations de l’Arabie Saoudite ou d’Israël qui ne souhaitent pas voir Téhéran jouer un rôle de puissance régionale. 

En Europe, l’expansion de l’OTAN et des USA au cours des années 1990 et 2000, a ravivé et aggravé d’anciens conflits dans les Balkans ou dans le Caucase comme ce fut le cas avec le conflit de 2008 en Géorgie et en Ossétie du Sud. Le conflit qui touche l’Ukraine orientale depuis 2014 est un des symptômes de la faiblesse politique et géopolitique de l’Union Européenne ainsi que de sa dépendance stratégique envers les USA à travers l’OTAN. Un peu moins de vingt ans après le conflit en ex-Yougoslavie et une quinzaine d’années après celui du Kosovo, l’Union Européenne échoua à empêcher un nouveau conflit d’éclater sur le continent européen et permit aux USA et à l’OTAN de renforcer leur influence aux frontières de la Russie. 

Cette politique visant à établir un système international unipolaire sous hégémonie des USA a mené à de nombreux conflits au cours des trente dernières années et a porté atteinte au droit international ainsi qu’au fonctionnement et à la crédibilité de nombreuses organisations internationales comme l’ONU. Washington et l’OTAN ont également recréé une nouvelle Guerre Froide en Europe en utilisant d’anciennes rivalités nationales ou problématiques ethnolinguistiques (Ukraine) et en instrumentalisant la mémoire des crimes du communisme (Ukraine, Pologne) afin de créer un fossé toujours plus grand entre la Russie d’un côté et ses voisins ainsi que l’Europe occidentale, de l’autre. 

 

Avec la renaissance de la puissance chinoise et la mise en place de la nouvelle Route de la Soie, l’axe du monde s’est déplacé vers l’Asie et la région de l’Océan Pacifique. En restant dans l’OTAN et en ne développant pas de partenariat privilégié avec la Russie, les pays de l’UE risquent dans le long terme de ne pas être assez puissants afin de contrebalancer la puissance chinoise en Eurasie. Alors que les penseurs néo-conservateurs américains et les atlantistes en Europe continuent de défendre la vision d’un système mondial unipolaire placé sous la domination prétendument bienveillante des États-Unis, l’émergence des BRICS est le signe que le monde est devenu réellement multipolaire et qu’il est temps pour certaines puissances occidentales de respecter des principes fondamentaux du droit international qu’elles avaient subverti par le biais de l’instrumentalisation des droits de l’Homme. 

Le respect du droit international, de la souveraineté des États et de la Charte des Nations Unies va de pair avec la vision d’un monde multipolaire, d’un système international reconnaissant la pluralité et la liberté des nations, dans lequel chaque État jouit réellement des mêmes droits tout en restant maître de son destin. L’ONU fournit un forum adéquat mais certaines puissances, en particulier occidentales, ont subverti certains de ses principes et son fonctionnement. Afin de refléter réellement et équitablement l’évolution du monde vers un système multipolaire le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé mais aucun consensus n’est apparu à cause de contentieux historiques et politiques entre certains pays (comme la Chine et le Japon ou l’Inde et le Pakistan). Enfin, le respect du chapitre VII de la Charte des Nations Unies et l’application des articles 46 et 47 sur la mise en place d’un Comité d’état-major devant assister le Conseil de Sécurité pourrait empêcher l’OTAN de violer le droit international et la Charte des Nations Unies ou d’outrepasser ses instructions, comme cela s’était produit lors des conflits au Kosovo et en Libye.

Actualités européennes : le refus de l’intégration balkanique

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Actualités européennes : le refus de l’intégration balkanique

par Eugène Guyenne

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Récemment, Emmanuel Macron, avec Mark Rutte (Premier Ministre néerlandais) et le premier ministre danois, s'est posé en étendard de la continuité de l’entrisme atlantiste dans l’Union Européenne, et ce en rejetant l’entrée des pays balkaniques, avec la Macédoine du Nord et l’Albanie à l’ordre du jour, provoquant de nombreuses déceptions dans ces deux pays.

Tant chez la chancelière allemande Angela Merkel, que chez le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, ce dernier dénonçant même “une lourde erreur historique” et que “pour être crédible, elle [l’Union européenne] doit respecter ses engagements”, que chez le président du Conseil européen Donald Tusk mentionnant qu’une « écrasante majorité des États membres étaient favorables » à l’ouverture des négociations avec les deux candidats, qui requiert l’unanimité des États membres, tous ont manifesté leur mécontentement.

Alors que le dossier balkanique, comme le Brexit, est encore repoussé aux calendes grecques (au printemps 2020 lors du prochain sommet UE-Balkans organisé à Zagreb, où la Croatie sera la prochaine directrice pendant 6 mois), Zoran Zaev (Premier ministre de Macédoine du Nord) a proposé qu’aient lieu des élections anticipées, dont les dates seront dévoilées le 20 octobre 2019, en réaction à cette décision de rejet de Bruxelles.

Et encore une fois, s’il fallait en douter, l’Union Européenne prouve qu'elle est une « Europe des États », par nature stérile avec toujours le même manichéisme occidental où les « projets européens » sont perpétuellement repoussés à plus tard.

En attendant peut-être un changement, grâce au Parti des Européens (LPE).

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

samedi, 19 octobre 2019

Geopolitiek Instituut Vlaanderen/Nederland: Colloquium in Diest

Geopolitiek Instituut Vlaanderen/Nederland: Colloquium in Diest, 17/11

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jeudi, 17 octobre 2019

OPA territoriales

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OPA territoriales

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’été a connu une affaire que beaucoup ont pris pour une nouvelle provocation loufoque de Donald Trump. L’édition du 15 août 2019 du Wall Street Journal révélait l’intérêt de l’actuel président des États-Unis pour le Groenland. Il aurait proposé d’acheter l’île arctique au Danemark. Le royaume danois jugea la démarche vaine.

Dépendance de Copenhague, le Groenland dispose d’une large autonomie interne et n’appartient plus depuis le milieu des années 1980 à l’Union dite européenne. Au moment où la route maritime du Nord deviendrait plus accessible, il occupe une position géopolitique essentielle. Outre la présence de gisements d’hydrocarbures, son sous-sol regorgerait d’or, de zinc, de cuivre, de graphite, de nickel, de platine et d’uranium.

Loin d’être une énième pitrerie, Donald Trump inscrit son étonnante proposition dans l’action de ses prédécesseurs. À deux reprises déjà, la Maison-Blanche a voulu acheter l’île; en 1867, puis en 1946 pour un montant de cent millions de dollars… L’homme d’affaire devenu président relance ainsi une vieille pratique étatsunienne : l’achat plus ou moins honnête de territoires.

La formation des États-Unis aux XIXe et XXe siècles se réalise autour du regroupement de terres acquises à vil prix. En 1803, le Premier consul Bonaparte vend pour quatre-vingt millions de francs le vaste territoire de la Louisiane entre le Golfe du Mexique et les confins du Canada. Sous-peuplée et mal défendue, la Louisiane constituait une cible prioritaire pour la belliqueuse Angleterre dans son espoir de soumettre ses anciennes colonies rebelles. En 1819, l’Espagne reçoit cinq millions de dollars pour la cession de la Floride. En 1848, les États-Unis font un bond territorial considérable. Suite à une féroce guerre d’invasion, les États-Unis versent au gouvernement mexicain un pourboire de quinze millions de dollars dans le cadre du traité de Guadalupe. Ce traité biaisé offre à la jeune puissance nord-américaine le Texas, la Californie, l’Utah, le Nevada, l’Arizona, le Colorado et le Nouveau-Mexique. Cinq ans plus tard, en 1853, l’Étatsunien James Gadsden négocie avec Mexico, un accord sur la rectification frontalière méridionale du Nouveau-Mexique. Washington y achète une bande de terre de 76 800 km² dans laquelle se trouvent les villes bien connues des cinéphiles fans de western, Yuma et Tucson.

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En 1867, les États-Unis réussissent un très beau coup territorial. Partisan du Nord pendant la Guerre de Sécession entre 1861 et 1865, le tsar Alexandre II commet l’erreur irréparable de vendre l’Alaska pour la somme de sept millions deux cents mille dollars. La Russie perd sa dimension tricontinentale qui lui aurait permis de faire du Nord de l’océan Pacifique un lac russe. En 1899, le traité de Paris arrête la guerre entre l’Espagne et les États-Unis. Contre vingt millions de dollars, Madrid cède Porto Rico, les îles de Wake et de Guam dans le Pacifique ainsi que les Philippines et Cuba. Un an plus tôt, les États-Unis avaient annexé la république bananière d’Hawaï…

En 1917, Washington achète enfin au Danemark pour vingt-cinq millions de dollars sa part des îles Vierges. L’autre partie de cet archipel des Antilles appartient toujours au Royaume-Uni. Par cette acquisition, les États-Unis renforcent leur emprise sur les aires centre-américaine et caraïbe.

Réclamer le Groenland revient par conséquent à poursuivre une vieille politique géo-boutiquière. Bien des critiques de Trump n’ont toujours pas compris que son impulsivité ne l’empêchait pas de réfléchir. Cette manie douteuse d’acheter des territoires s’applique jusqu’au continent européen puisque qu’est-ce que l’OTAN, sinon la meilleure justification pour manipuler des gouvernements soi-disant européens plus que jamais déférents envers leur maître d’outre-Atlantique ?

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 142, mise en ligne sur TV Libertés, le 7 octobre 2019.

Syrie: la Turquie, vecteur d’un plan B américain ? (débat)

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Syrie: la Turquie, vecteur d’un plan B américain ? (débat)

 
a quasi coïncidence est extraordinaire: y a-t-il un quelconque lien entre l’agression de l’armée turque contre le nord-est de la Syrie à la faveur du feu vert US et la tentative de coup d’État qu’a connu la semaine dernière l’Irak ?

Au Moyen-Orient, tant que les États-Unis maintiendront leur présence, toutes les guerres seront imbriquées. Ce vendredi, alors que l’artillerie et l’aviation turques continuent à frapper des localités syriennes, les FDS ont procédé à quelques étranges libérations: plusieurs chefs terroristes de Daech ont été libérées avant d’être remis aux forces américaines qui les ont transférés en Irak. La Turquie est-elle le vecteur d’un plan B américain amorcé avec le pseudo retrait US du Nord syrien ?

 

Pierre Dortiguier, politologue, et Ayssar Midani, analyste franco-syrienne des questions internationales, s’expriment sur le sujet.

Source: https://www.presstv.com

mercredi, 16 octobre 2019

La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

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La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

Déclaration conjointe du Conseil d’administration de Geopragma, le 10 octobre 2019 : 

La situation des Kurdes syriens est tragique. Elle illustre les souffrances d’un peuple sans Etat éparpillé aux quatre coins de plusieurs pays. Mais se lamenter n’est pas suffisant. Le réalisme nous impose de voir que la situation actuelle découle en partie de la stratégie floue et hasardeuse des puissances occidentales dans le conflit syrien depuis 2011.

Depuis 2011 une absence d’analyse stratégique

Voici ce que nous pouvions savoir dès 2011 :

  • Membre de l’OTAN, la Turquie n’accepterait jamais l’existence d’un Kurdistan syrien autonome ou pire, indépendant, si celui-ci venait à être parrainé par les Kurdes turcs du PKK ;
  • Les Kurdes sont des alliés militaires extrêmement utiles contre notre ennemi principal que sont les différents avatars du djihadisme sunnite, qu’il s’agisse de l’Etat islamique ou d’autres groupes dits « rebelles » ;
  • Le seul Kurdistan existant pour l’instant de façon autonome est celui d’Irak : sa viabilité tient d’une part à son maintien au sein des frontières irakiennes, d’autre part à ses relations pacifiées avec la Turquie, lesquelles sont fondées sur l’exportation des hydrocarbures vers Ankara et le non-soutien au PKK ;
  • Le djihadisme et plus globalement le chaos politique prospèrent notamment sur la déréliction des structures étatiques. La création de vastes zones sans réelle et solide gouvernance doit être évitée au maximum ;
  • Les opérations de « nationbuilding » fonctionnent mal, plus encore si l’Etat nation à construire est vu comme une menace par la plupart de ses voisins. Elles exigent par ailleurs un coût financier et une durée d’intervention qui sont absolument incomparables avec ceux d’une opération militaire classique.

Nous pouvions dès lors tirer plusieurs conclusions négatives :

  • Créer une enclave kurde de facto dissociée du gouvernement syrien et dominée par le PKK amènerait inéluctablement à une intervention turque ;
  • Les puissances occidentales n’auraient pas réellement les moyens de s’opposer à une telle intervention menée par un membre de l’OTAN ;
  • Plus largement, la création d’un Kurdistan syrien viable représenterait un projet économique et politique excédant les capacités des puissances occidentales, d’autant que le modèle économiquement collectiviste et politiquement autoritaire du PKK empêcherait tout développement harmonieux.

Etant donné cela, associer les Kurdes à la lutte contre Daech était une nécessité à la condition que cette association se fasse dans le cadre d’une coordination minimale avec le gouvernement syrien et avec ses alliés russe et iranien. Au début du conflit, un accord tacite a d’ailleurs été passé entre les Kurdes syriens et le gouvernement de Damas : il s’agissait d’une sorte de pacte de non-agression, l’armée syrienne et les milices chiites laissant le champ libre aux Kurdes pour s’occuper d’eux-mêmes.

L’utilisation des Kurdes par les Américains dans une logique de containment à courte vue

Mais cet accord tacite est progressivement tombé avec la création des Forces démocratiques syriennes sous l’égide des Américains : les objectifs de la coalition arabo-kurde, mais dominée par les Kurdes, était d’une part de lutter contre Daech, mais d’autre part d’endiguer la reconquête par Damas des zones djihadistes, notamment à l’Est de l’Euphrate. Si le premier objectif était évidemment des plus louables, ce second objectif, jamais clairement assumé, condamnait les Kurdes à devenir les supplétifs des Etats-Unis et à voir leur territoire servir de point d’appui depuis lequel Washington pouvait espérer continuer d’exercer une certaine pression sur l’ensemble des acteurs régionaux. L’espace conquis par les FDS descendant bien au sud des zones de peuplement kurdes pour couvrir tous les territoires syriens à l’est de l’Euphrate entrait dans une logique de « containment » pour empêcher la structuration d’un axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.

La tragédie que les Kurdes vivent découle largement de cette situation. Ceci est d’autant plus cynique que les Etats-Unis savaient dès le début, qu’ils ne resteraient pas éternellement en Syrie, qu’ils ne mettraient pas les milliards nécessaires à la reconstruction du Kurdistan syrien et qu’en cas de conflit entre les Kurdes et la Turquie, ils choisiraient (certes en protestant) Ankara, membre de l’OTAN.

Nous y sommes, pour le plus grand malheur des Kurdes. La situation des Kurdes syriens est le fruit de l’irreal politik occidentale qui sévit, pour le cas de la France, depuis le tournant atlantiste de notre diplomatie et l’abandon des principes gaulliens qui, en matière de politique étrangère, ont été jusqu’en 2003 un socle commun partagé tant par la droite que par la gauche. Cette époque révolue nous manque. Elle manque aussi aux peuples du Moyen-Orient.

Que peut faire la France  pour les Kurdes?

Même si la résistance kurde apparaît réelle, il est probable que Recep Erdogan finisse par obtenir, peu à peu, le corridor d’une trentaine de kilomètres de large qu’il souhaite établir le long de la frontière syro-turque pour installer les centaines de milliers de migrants syriens, dont la population turque ne veut plus. Cette dimension migratoire n’est pas sans représenter, pour nos pays occidentaux, une menace mortelle en matière de risque terroriste. Le Kurdistan syrien ne peut demeurer ce qu’il a été trop longtemps, pour le malheur des Kurdes eux-mêmes, une enclave occidentale visant à endiguer le trio Damas-Téhéran-Moscou.

La seule option qui permettrait d’éviter ce scénario du pire et qui préserverait la sécurité  des Kurdes est une solution à l’irakienne :  une région kurde disposant d’une large autonomie au sein d’une Syrie unitaire mais fédéralisée. Mais ceci exige d’abandonner la politique irréaliste de suivisme des Etats-Unis conduite depuis 2012, de favoriser un dialogue entre le gouvernement syrien et les représentants kurdes de Syrie.

Nous en sommes très loin tant, dans chaque camp, les positions sont aujourd’hui opposées… Seuls contre tous et forts de notre seul soutien moral, les Kurdes ne survivront pas longtemps. Il existe néanmoins aujourd’hui un dialogue régional entre les principales puissances (Turquie, Iran, Irak, Syrie) coordonné par la Russie. La France ne peut retrouver une influence dans cette région qu’en s’inscrivant dans ce contexte. Nier l’existence de cet espace de discussion serait une aberration, même s’il nous énerve naturellement car il symbolise l’ampleur de l’affaiblissement de notre influence au Levant. En tenant compte des équilibres locaux et régionaux plutôt qu’en privilégiant  une internationalisation du conflit, la France pourrait à la fois être fidèle à ses alliés kurdes contre l’islamisme radical, restaurer une présence en Syrie et retrouver petit à petit le rôle de médiateur qu’elle a abandonné pour un suivisme contraire à ses intérêts et à son rôle dans le monde.

Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

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Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

Ex: http://www.zejournal.mobi

Le premier quotidien économique allemand vient de publier les conclusions de deux chercheurs qui évaluent l'impact commercial des sanctions occidentales contre la Russie. Selon eux, elles coûteraient cher à l'Europe, et en particulier à l'Allemagne.

Dans sa politique de sanctions contre la Russie depuis la crise ukrainienne de 2014, l’Europe est-elle victime de «tirs amis», comme l’affirment Matthieu Crozet, de l'Université Lingnan de Hong Kong, et Julian Hinz, de l'Institut pour l'économie mondiale de Kiel ?

Ces deux chercheurs viennent en effet de réaliser un étude intitulée «Tirs amis: l'impact commercial des sanctions prises par la Russie et des contre-sanctions». Elle doit prochainement paraître dans Economic Policy, la revue savante de l’European Economic Association qui rassemble les publications d’Oxford, de Sciences Po et de l’Université de Munich.

Le quotidien économique allemand Handelsblatt, qui se l’est procurée, en révèle les principales conclusions : les sanctions décrétées par 37 pays dont les Etats-Unis, le Japon et les 28 Etats membres de l’UE représentent un manque à gagner commercial de 4 milliards de dollars par mois supporté presque à parts égales par la Russie (52%) et les pays qui ont introduit les sanctions (48%). Mais l’Union européenne est la principale concernée avec 92% des pertes des pays ayant introduit les sanctions, soit un manque à gagner mensuel de près d’un milliard et demi d’euros.

Le quotidien allemand explique que pour parvenir à ces chiffres,  les deux chercheurs ont décomposé le commerce avec la Russie en différents pays et catégories de produits. Puis ils ont élaboré des scénarios de développement normal de ces différents marchés sans sanctions qu’ils ont comparés avec le développement réel. La différence obtenue constitue le montant de la perte commerciale imputable aux sanctions et aux contre-sanctions décidées en réponse par la Russie.

38% des pertes au détriment des entreprises allemandes

Mais parmi les Etats membres, il en est un qui a particulièrement souffert, l’Allemagne, selon l’étude des deux chercheurs qui lui attribuent 38% des pertes des pays associés aux sanctions contre la Russie. Le Handelsblatt rappelle dans son article daté du 11 octobre que des chefs d’entreprise et des hommes politiques allemands se plaignent régulièrement de ces sanctions, le Premier ministre du Land de Saxe, Michael Kretschmer, ayant fait sensation en juin en demandant leur levée.

Fait remarquable, Hinz et Crozet affirment qu’une part importante des dommages causés au commerce avec la Russie ne sont pas liés à des interdictions d’exportation ou d’importation de certains produits, mais indirectement. Les sanctions financières imposées par les Etats-Unis à l’égard d’une liste d’institutions financières et d’entreprises énergétiques russes de plus en plus longue ont joué un rôle crucial dans l’effet de ralentissement des échanges.


- Source : RT (Russie)

mardi, 15 octobre 2019

Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

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Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

 
Dr. David Shahnazaryan
 

The purpose of this article is not to analyze the situation around Iran and all the possible scenarios.We just would like to present some considerations in view of the dangerous developments around the Islamic Republic, as Washington and Tehran remain locked in the ongoing standoff with no end in sight.

Despite some recent positive trends and moves,which have reduced the risk of a possible military action against Iran, the situation around the Islamic Republic remains quite explosive. U.S. attempts to put together a new coalition of nations to counter what it sees as a renewed maritime threat from Iran, the deployment of warships in the Persian Gulf, the seizure of oil tankers and destruction of military drones have created a situation, when hostilities are more likely to betriggered by the so-called ‘war by accident’, rather than by a political decision of one of the major involved partis.

Given the large number of key players and stakeholders in this process, involving both public and non-public actors, it is not ruled out that one of the players may attempt to provoke a hostility that could be portrayedas ‘war by accident’.

In case of the worst possible scenario –if hostilities and war breakout – it is obvious that ground operation against Iran is practically impossible, first of all, because of geography–we mean mountain ranges along some of its border, deserts in the east,swamps in the south  and Turkey in the east that would not let US troops use its land to invade Iran.

But it is also evident that the geography of the military operation theater would expand significantly across the region. Military operations may embracecountries that would be involved in war inadvertently. As a result, the number of nations involved in hostilities would increase dramatically and the hostilities would extend throughout the Middle East- from Syria to the UAE, from Iran to Saudi Arabia, and so on.

In the event of hostilities against  Iran, it is more than likely that it would take Tehran from four to six months to developa nuclear weapon.Some experts are tendingto consider the situation around the Islamic Republic to be much more complicated than the Caribbean Crisis, saying the latter involved two partiesonly  and it was  much easier for them to seek a way out, while in the case of Iran, as already mentioned, the evident and non-evident key actors are many.

It is more than obvious that in the event of hostilities or war, it would be impossible to calculate all the scenarios, but one thing is clear: massive airstrikes against Iran would triggera large influx of refugees from that country. Most likely, Turkey would close its borders, and those flows would head north to the borders with Armenia and Azerbaijan.

This would pose a serious threat not only to Armenia and Azerbaijan but also to Russia. Some Russian military experts have already argued that Russia would have to increase and consolidate the number of its frontier troops on the Armenia-Iran border, take also control of Azerbaijan-Iran border, as well as the actual border between Nagorno-Karabakh and Iran.

In the event of such developments, it may be difficult for Azerbaijan to sit on different geopolitical chairs at the same time and official Baku would be more likely to allow  Russia to take control of its  border with Iran (including its exclave Nakhichevan) as the large flow of refugeeswould become a source of serious domestic political instability.

The hostilities against Iranwould produce no winners, neither military nor political. All would lose. But there is no doubt that Russia would get the biggest political dividends, and maybe China as well. Possible hostilities against Iran would greatly enhance Russia’s role and none other than Moscow could assume the part of a mediator. China might also show assistance to Moscow.

The Russia-Iran relations are already acquiring strategic allied qualities. As evidence,we can point out the recently signed agreement on expanded military cooperation between Iran and Russia. Iran is pursuing closer ties with the Russia-led Eurasian Economic Union (EEU). The sides are completing a set of procedures necessary for the entry into force of aninterim agreement establishing a free trade zone between Iran and the EEU, which is to begin operatingstaring October 27, 2019.

Given Turkey’s growing multilateral cooperation with Russia, it is safe to say that the Moscow-Ankara-Tehran triangle will become decisive, with Russia gaining significant influence in it. Thistrilateral cooperation may have a different meaning and impact, also in a variety of processes in a much larger region.

 Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

Opportunities and potential scenarios ofhow interests and influences may change in the Middle East are a subject of constant discussions  in the context of Iran-related  developments, while the South Caucasus, where there are big conflict-generating  potential and  serious factors threatening  stability and security, and first of all, the Nagorno-Karabakh (NK)conflict, as a rule, is being ignored. The negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries – Russia, the United States and France –is now in a stalemate.

Given the bellicose, belligerent rhetoric, resumed after a pause by Azerbaijani president and some other top officials, as well as Armenian prime minister’s contradicting speeches along with his defense minister’s statements containing  aggressive elements, it is not ruled out that in the event of a possible large military action against  Iran,Azerbaijan may try to resort to hostilities in Nagorno-Karabakh presenting it as a justified response to contradicting and incomprehensive statements, even to the OSCE Minks Group co-chairs, coming from the current Armenian authorities, and their short-sighted policy.

 

It should be noted that significant changes have taken place in the NKconflict negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries. After the so-called ‘four-day war’ in 2016 April, thefocus in the discussions was placed exclusively on the ways to ease tensions and on the OSCE Minsk Group co-chairs proposals to maintain the ceasefire agreement, signed back on May 12, 1994.

They include the deployment of a larger OSCE monitoring group on the contact line, the installation of special electronic equipment to record ceasefire violations along the line of contact, and the creation of mechanisms for an international investigation of ceasefire breaches by the sides of the NKconflict. Azerbaijan has so far refused to accept these proposals of the OSCE Minsk Group co-chairing countries, ignoring the mediators’ calls.

After the change of power in Armenia in April-May 2018,these issues were pushed out from the negotiation agenda, and are no longer mentioned in the OSCE Minsk Group co-chairs’ official statements. By the way, starting in 2013 and until 2016, these proposals werepresented to the conflicting parties as a demand.

Instead, the focus in the discussions in the negotiation process shifted to the conflict settlement issues, which obviouslyis not promising, and that is why, as mentioned above, the negotiations have appeared in an uncertain, almost deadlocked situation.

Such a change in the agenda seems to satisfy Azerbaijan, and the current deadlock does not, to put it mildly, contribute to the maintenance of the ceasefire by the parties to the NKconflict, which, by the way, is their international obligation.

t should be noted that while earlier the mediators considered the conflict management, ceasefire and security maintenance to be their task, now after the famous ‘elevator’ verbal agreement reached between Pashinyan and Aliyev on September 28, 2018, in Dushanbe, to open a direct Armenian-Azerbaijani communication line,the ceasefire maintenance has shifted to the Pashinyan-Aliyev format.This change has been already stated in the OSCE Minsk Group co-chairs’ statements. These realities have significantly diminished the role of mediators in maintaining the ceasefire and restraining the rise of tensions.

Now it will be quite difficult, almost impossible in this situation to persuade Azerbaijan, or force it to return to the previous agenda, as the Azerbaijani authorities have got an opportunity to ignore the agenda that was not benefiting them.In case of an outbreak of hostilities in NK conflict, the active involvement of new political players, in the first place of Russiaand also the US, Turkey and Iran, would becomeinevitable.

Can OSCE Minsk Group co-chairing countries establish stability on the line of contact in the Nagorno-Karabakh conflict zone without the consent of parties of the conflict?

Azerbaijan has consistently opposed proposals to reduce the tension on the line of contact. The implementation of these measures can only be achieved with the consent of theparties of NKconflict. However, the OSCE Minsk Group co-chairing states have the opportunity to make the situation in the NKconflict zonemanageable and stable without the consentof the conflicting parties.

Given the fact that the OSCE Minsk Group co-chairing states – Russia, the United States and France – are permanent members of the UN Security Council, and are the most important geopolitical centers, all three technically are capable of establishing satellite control over the contact line, and as amatter of fact,they use this opportunity regularly to follow all the movements and changes on the line of contact in the NKconflict zone.

Consequently, these three mediating states can exercise political will and, without the consent of the parties to the conflict, come out with a joint official statementto say that they will exchange information regularly from satellite monitoring and will periodically discussand  analyze all the changes in the military situation in the conflict zone and possible undesirable developments.

The exchange of satellite monitoring information, discussions and analyses among the OSCE Minsk Group co-chairing states could serve as a serious deterrent to offensive plans of the sides to the conflict. Such a form of cooperation will substantially reduce the risk of resumption of large-scale hostilities and will become a strong positive impetus for furthering the NKpeace process.

At present, there are threats to global security in the region, and potential hostilities against Iran may spur a new war in Nagorno-Karabakh, and on the contrary, the outbreak of hostilities in NKconflict zone may trigger an escalation of the tension around Iran.In this context, the task of de-escalating and reducing the risk of new large-scale hostilities in the NKconflict zone is becoming more relevant for the wide regionMiddle East-South Caucasus.

Dr. David Shahnazaryan,

Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary, Ambassador of the President of Armenia on Special Missions and Special Representative of the President of Armenia 1992-1995, the Head of the National Security 1994-1995, former two-term deputy in the Armenian parliament from 1991-1995 and 1995-1999.

India’s Civilisational Identity and the World Order

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India’s Civilisational Identity and the World Order

 

Author: Zorawar Daulet Singh

As the neo-liberal world order declines, non-Western powers are uniquely equipped to manage the power transition and contestations over the basic tenets of the emerging system. India’s civilisational ethos of reconciling different ideas will be of immense value in navigating the uncertainty and turmoil at a critical juncture of world history.

Many in India bewail the decline of the so-called liberal world order. Yet, few ask whether India was even a part of that order or actually shared all the norms and values that underpinned it. As a consequence, much of the debate dwells on the assertion that, as a liberal democracy, India’s foreign policy and geopolitical choices must logically follow suit. In practice, this meant that India would share the burden of democracy promotion elsewhere in the world as well as join a camp of other democracies. Yet, that has not occurred as I have discussed previously (Singh 2018). But, for most, India’s choices are seen as pragmatic rather than as a result of a civilisational tradition.

Different from Liberal West

On the surface, India would seem like the ideal candidate for membership in a coalition of democracies. The Indian Constitution, along with a largely uninterrupted period of liberal democratic practice, has laid a normative framework that has been difficult to challenge by any serious political force. On human rights, freedom of speech, equality of opportunity, private property rights, political participation and peaceful transfer of power between competing parties or groups, and rule of law and access to justice, India is very much part of a liberal political tradition.

Yet, when India interacts with the world, other values and beliefs also come into play. This is because Indian thought is constituted by a variety of ideas, and being a liberal democracy is merely one of those identities. The Indian world view is a hybrid one, shaped by a combination of liberalism, a belief in a plural multi-civilisational world order, a unique colonial experience and postcolonial identity, an aspiration for regional leadership with a corresponding geopolitical identity, and Westphalian values of sovereignty and non-interference. Collectively, these have created a distinct world view and a prism through which India perceives and interacts with the world.

The Western tradition could not be more different. As American historian Eric McKittrick put it in the 1950s,

With nothing to push against it, [liberalism]1 thinks in absolutes; the occasional shadows which cross its path quickly lengthen into monsters; every enemy is painted in satanic terms, and it has no idea how it would behave if the enemy were either bigger or different. (Desch 2008: 10)

One study found that, between 1871 and 1965, “Liberal states waged 65 percent of non-major power wars (which almost always are against weaker states).” Another study found a similar pattern, with “Liberal states starting 100 percent of these wars of choice” (Desch 2008: 16). Extending this pattern to the last three decades would reveal a similar conclusion. There was, and still is, an ideological hubris and an ambition to change opposing systems in the Western mind. None of these facets are part of the Indian psyche and world view, and this makes superimposing concepts such as democracy promotion highly problematic in India’s case.

So, what makes India different? India’s social and political journey has been a process of competition, compromise, and adjustment between different ideas. The constitutional commitment to internal diversity and pluralism has shaped the outlook towards international politics too. Coexistence with ethnic, religious, and ideological diversity at home has often meant coexistence with alternative systems abroad. There is an innate illiberalism in American liberalism that does not prevail in Indian culture, which by historical tradition and experience is not so easily threatened or overwhelmed by rival “others.”

The introduction of civilisational values transforms this conversation. The biggest difference between India and the West is that the Western mind assigns little value to nationalism, culture, and civilisation. These are usually seen as anachronisms and obstacles in the path of homogenisation of political communities. Civilisation is seen as regressive and antithetical to the order and modernity that democracy and neo-liberalism are intended to bring. But, for India, it is a core value that enables rather than hinders its domestic order, social stability, and development.

 

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If we are going to address the puzzle of why India’s domestic system as a democracy does not impact its outlook and behaviour towards other states and the world order in general, we must also ask: What impact does India’s longer civilisational history and culture have on its foreign policy? This question needs to be addressed seriously. There might be a strong case to be made that India’s civilisational history allows for a more complex relationship and interplay with rival ideologies and moral frameworks. The prolonged ability to negotiate differences and handle ambiguities conditions Indian political and cultural thought as well as its international relations. It was on this basic foundation that other values and norms have been absorbed into Indian thinking; specifically, the Westphalian concept of sovereignty and India’s unique colonial experience that fostered and further strengthened nationalism and created a distinct geopolitical identity for India.

One key distinction between India and Western approaches is that the latter promote democracy by providing moral, diplomatic, and financial support to individuals and organisations that are openly resisting or challenging the political status quo in a state. India rarely enters into such interference that might defy the ruling regime and undermine the sovereignty of a state. India works with the legitimate government of the day to offer different types of assistance. India’s interventions are in concert with the recipient—to strengthen the recipient state and its people—while the Western approach is fundamentally one of changing the target state and its institutions in concert with a section of the polity. It is about creating or exploiting a divide between the state and the people.

This difference in approaches can only be explained by the absence of a historical determinism in Indian strategic and philosophical thought, which, unlike Western liberal or radical Marxist ideas, has never had a proselytising historical tradition nor an ideological vision of the world that insists on universality as a necessary prerequisite for a world order and geopolitical cooperation. It is no accident that India’s democracy has managed to survive in a region with diverse regimes and political systems. It is also instructive that India was among the first to embrace non-alignment and carve out its own path when confronted with rival ideologies, neither of which were entirely appealing to India’s identity, culture, and ethos. Prime Minister Narendra Modi’s multi-alignment is another version of that same philosophy, that India can find common ground and derive stable and mutually beneficial ties with a variety of different civilisational states and political systems.

Changing World Order

For the past decade, it is increasingly clear that the neo-liberal order, or at least the dominant variant of it that we had become familiar with, along with some of its institutions are losing their effectiveness to supply public goods and govern a more complex globalised system. The demands and range of interests of the global South and non-Western world will not only require major reforms of these institutions, but more likely the establishment of new institutions to fill the governance void. The process has already begun. It is also clear that India will be at the forefront of collaboration with other rising powers and some of the traditional great powers in experimenting with new regional institutions and norms to supply public goods and order around Asia.

Only when there is clarity about the type of world we would like to see emerge can we put forward ideas or concepts and practise them in our foreign policy. Do we seek a multipolar polycentric world order where different civilisational states are going to manage the international system in a less hierarchical way, which is another way of saying the democratising of international relations? This is the dominant voice of India. If the central strategic task is transitioning from a unipolar neo-liberal world order for the privileged few to a multipolar interdependent world order with many civilisational states as members of such an open and inclusive international community, then we need a reformed vision to accommodate the diversity and pre-empt the chaos that could ensue from the power transition that is already under way. And, there is no automatic correlation between regime types and this reformed world order.

This is not an abstract insight. All we have to do is look at India’s foreign policy during the phase when its identity as a democracy was at its peak: the post-2000 era. This is the period of deep engagement with the United States and its allies. And yet, when it came to ideas on world order, international security, global governance, reforming the Bretton Woods institutions, etc, India formed partnerships with a variety of rising or re-emerging powers and civilisations, often with different political systems that were unsatisfied with the prevailing order and the position of these states within that order. Over the past decade, this trend has become even stronger: BRICS (Brazil, Russia, India, China and South Africa), Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), and Shanghai Cooperation Organisation (SCO) are all manifestations of this. These international and regional networks or institutions have been established not because its members are ordered in identical ways internally, but because many of these states had similar ideas of world order, and it made sense to collaborate in transitioning the world towards those images.

The good news is that the basic framework of a liberal international order (as distinct from the ascendance and decline of neo-liberal ideology over the past few decades) is already extensive in its ability to assimilate diverse rising powers with different political systems. The challenge is renewing that basic structure of an open and rule-based system, while making the necessary adjustments to expand the institutional and normative capacity to accommodate a larger swathe of the non-Western world. As Ikenberry (2011: 65) correctly points out, “The world is not rejecting openness and markets; it is asking for a more expansive notion of stability and economic security.” It is neo-liberalism as a global ordering concept that has unravelled and been discredited in the past decade, not just because it failed to address the problem of growth and sustainable development, but also because it sought to negate the self-images of several resurging non-Western civilisations. But, an open global economic order with rules to guide interdependence is still very much a worldwide demand.

The alternatives to an open world order—spheres of influence, closed regional blocs, neocolonial mercantilist networks, or, in essence, a fragmented order—are not appealing to rising powers because they seek wider regional and global access. Having benefited from global interdependence, they want that basic normative framework of an open system to survive. Indeed, one of the deep ironies of contemporary international relations is that rising powers, such as India, China and others, have today become the vanguards or champions for a reformed rule-based economic order that can enable their domestic transformations to continue, while the established liberal great powers have become revisionist and conservative in their orientation.

indiappppppp.pngFinally, a word of caution: India has to be extremely careful about uncritically lapping up the “democracy promotion” discourse, which is often aimed at polarising Asia and the world, and denying many states the flexibility of pursuing more complex foreign policies and balance of power strategies (Singh 2018). In the 1950s, Jawaharlal Nehru went to the extent of instructing his diplomats to avoid phrases such as the “free world,” “iron curtain,” or any politically-charged binary that could let it appear that India was parroting Western Cold War rhetoric that potentially positioned it at a disadvantage vis-à-vis other major powers. Modi’s June 2018 speech at the Shangri- La Dialogue in Singapore echoed this approach (MEA 2018). Rejecting the idea that India has a singular identity that then must automatically place it in one coalition or bloc, the Prime Minister spoke of a multitude of groups and partners where the common link was not democracy or shared domestic political systems, but converging material interests or shared ideas and norms of the world order or overlapping concepts of security.

Again, what allows for such multi-directional interactions and plurality in India’s foreign policy is a civilisational conception of the world order as an open and inclusive community of states. Such a philosophy is anathema for liberal absolutism and its drive for universality, which shapes much of the tragedy of Western geopolitics.

Source: https://www.vision-gt.eu

lundi, 14 octobre 2019

Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

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Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

Auteur : Salman Rafi Sheikh

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En dépit du fait que la Turquie a récemment défié les États-Unis avec son achat du système de missiles russes S-400, le président US a finalement cédé à la demande de longue date de son partenaire de l’OTAN d’envahir le nord du pays et d’éliminer les milices kurdes. Il s’agit là d’une décision cruciale puisque les milices kurdes ont été les principaux alliés terrestres des États-Unis dans la guerre contre l’État Islamique en Syrie. Avec l’abandon par les États-Unis de leur seul allié terrestre en Syrie, un changement de politique est en cours, un changement qui pourrait finalement profiter à la Syrie. Même si nous y reviendrons plus tard, ce dont il convient de discuter ici, c’est du facteur qui a conduit les États-Unis à changer leur position d’antan vis-à-vis des Kurdes.

Le monde devient de plus en plus multipolaire, et le fait que la Turquie soit un « Empire du Milieu » entre deux pôles a tiré le meilleur parti de sa position géostratégique dans l’ordre mondial émergent. Comme Erdogan l’a dit dans son récent discours à l’ONU, « le monde est plus grand que cinq ». Il faisait référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité : Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et État-Unis. Peut-être veut-il que son pays soit inclus comme sixième, ou que le monde a déjà trop changé pour que ces pays puissent se débrouiller seuls sans se soucier des intérêts des autres puissances.

Comme l’ont indiqué de nombreux reportages dans les grands médias occidentaux, la Turquie, malgré ses liens stratégiques très explicites avec la Russie, reste importante pour les États-Unis. Le fait que les États-Unis, bien qu’ils soient si profondément habitués à diriger le monde unilatéralement, aient dû changer leur position reflète la politique étrangère et les ajustements stratégiques nécessaires que même les États-Unis doivent faire dans ce monde de plus en plus multipolaire où un pays, relativement plus petit que les États-Unis et situé à l’intersection de l’Asie et de l’Europe, peut forcer un pays beaucoup plus grand et puissant à donner la priorité aux intérêts des petits pays.

Deux choses, en tant que telles, se distinguent. Premièrement, la Turquie n’est plus un partenaire étasunien souple et volontaire et/ou un ardent partisan du programme mort pendant la guerre froide d’endiguement de l’Union Soviétique, ou Russie et Chine de l’époque contemporaine, même si elle continue de fournir la base aérienne d’Incirlik, un aéroport militaire au sud-est de la Turquie, qui accueille cinquante armes nucléaires tactiques visant principalement à renforcer ce que les experts OTAN appellent une « garantie étendue » de leur organisation contre une invasion russe en Europe.

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La base aérienne d’Incirlik

Deuxièmement, les États-Unis, en raison de la forte présence de la Russie dans la région, ne sont plus un hégémon extérieur retranché dans la région, pratiquement plus en mesure d’imposer leurs politiques à leurs partenaires. Cela signifie que la Turquie est en bien meilleure position qu’il y a quelques années pour défendre ses intérêts de manière beaucoup plus indépendante. C’est peut-être la raison pour laquelle la Russie, tout en sachant que le territoire turc peut être utilisé contre la Russie dans tout conflit futur avec l’OTAN, développe toujours ses relations d’une manière jamais connue auparavant par les deux pays.

C’est quelque chose que les États-Unis ne peuvent pas contrôler. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est ajuster leur position pour protéger leurs intérêts à long terme. Leur décision de se tenir à l’écart de l’incursion turque à venir reflète cet ajustement.

D’autre part, la Russie et la Syrie sont également très présentes dans l’équation. Si la Syrie et la Russie peuvent s’opposer à une présence militaire à grande échelle de la Turquie en Syrie – et toutes deux réitéreront que cette présence n’est pas invitée et n’a aucun fondement légal -, cette objection ne deviendra pas une opposition pratique, car une incursion turque et le silence des États-Unis qui a suivi, ainsi que leur abandon des Kurdes pourraient rapprocher ces derniers de la Syrie et de la Russie.

Les responsables russes ont récemment parlé des « positions maximalistes » que les Kurdes ont adoptées dans leurs relations avec le gouvernement syrien. Par conséquent, une fois acculés par les Turcs et abandonnés par les États-Unis, ils pourraient se tourner vers le gouvernement syrien pour un arrangement. Cela donnera bien sûr à la Syrie et à la Russie l’occasion de réunifier l’ensemble de la Syrie, un objectif ultime auquel même la Turquie s’est montrée sensible.

Une récente déclaration du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavu?o?lu, a indiqué qu’Ankara avait « soutenu l’intégrité territoriale de la Syrie depuis le début de la crise et continuera de le faire » et qu’en éliminant toutes les « forces terroristes » de cette région, la Turquie ne ferait que « contribuer à apporter sécurité, paix et stabilité à la Syrie ».

En outre, étant donné que la Russie envisage d’étendre sa coopération avec la Turquie au-delà de la Syrie, Moscou ne s’opposera pas à l’incursion turque et laissera Ankara lui échapper des mains. Dans le même temps, Moscou voudrait s’assurer qu’il n’y ait pas de combats à grande échelle, ce qui permettrait à des groupes comme l’État Islamique et Al-Qaïda de refaire surface et d’annuler les progrès que la Russie et la Syrie ont réalisés depuis deux ans ou deux ans.

Moscou fera donc son propre ajustement et préférera jouer un rôle de médiateur entre les Kurdes et les Turcs, et les Kurdes et Damas afin de consolider le contrôle syrien sur tous ses territoires.

Dans ces conditions, il est possible qu’un règlement émerge de la tempête que la Turquie s’apprête à déclencher. La médiation de Moscou pourrait être acceptable pour toutes les parties. Ankara, bien sûr, voudrait que Damas et Moscou garantissent aux Kurdes qu’ils sont confinés dans leurs zones traditionnelles et qu’ils ne s’engagent pas dans des activités militantes contre Ankara, ni n’incitent au séparatisme parmi les Kurdes vivant en Turquie.

Traduction Réseau International

OTAN versus OCS : un bras de fer feutré mais réel

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OTAN versus OCS : un bras de fer feutré mais réel

Auteur : Général Dominique Delawarde 

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C’est bien en réaction à la malheureuse campagne de l’OTAN dans l’ex-Yougoslavie que la Russie et la Chine, humiliées et impuissantes à l’époque, ont résolu de s’organiser pour tenter de s’opposer plus efficacement aux ingérences unilatérales de l’Alliance Atlantique qui pointaient leur nez. Leurs efforts conjoints ont abouti à la création, en 2001, de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS). Au départ peu puissante, cette organisation a pris, petit à petit, du poids avec son élargissement et le développement économique très rapide de certains de ses membres, la Chine et l’Inde notamment. Cette montée en puissance de leur économie a permis à ces pays d’augmenter considérablement leurs budgets de défense et d’inscrire ces hausses dans la durée.

Au fil du temps, et bien qu’elle s’en défende, cette organisation est devenue clairement rivale et concurrente de celle de l’Atlantique Nord pour ce qui est de sa vision du monde. Cette opposition à « la coalition occidentale » s’est exprimée, dès 2005, par le rejet unanime de la candidature des USA qui ne demandaient, pourtant, qu’un strapontin d’observateur. Elle se manifeste aussi à l’ONU où l’Inde et la Chine se montrent solidaires de la Russie sur les crises syrienne et ukrainienne. Elle se mesure enfin dans la teneur des 18 déclarations communes cosignées par les chefs d’état de l’OCS. Ces documents viennent chaque année clôturer leur Congrès depuis 2001.

Aujourd’hui, l’OCS compte huit États membres à part entière, dont quatre puissances nucléaires, Russie, Chine, Inde, Pakistan, alors que l’OTAN n’en compte que trois. Elle compte aussi quatre pays observateurs dont l’Iran, depuis 14 ans, et six partenaires de discussion, dont la Turquie depuis 7 ans. Les huit membres à part entière regroupent, à eux seuls 43 % de la population de l’humanité, à comparer aux 11 % qui constituent la population des 28 pays membres de l’OTAN. En terme de population, le centre de gravité de la « communauté internationale » n’appartient donc pas à l’OTAN.

L’Alliance cherche à se rassurer en affichant le cumul des budgets de défense de ses 28 États membres en le comparant aux budgets des États membres de l’OCS, pris individuellement. Elle met aussi en avant les réelles divisions au sein de l’organisation concurrente pour ne pas avoir à évoquer les siennes. Elle souligne enfin le facteur d’efficacité présumé que constitue son organisation militaire intégrée en occultant le fait que les forces militaires des pays de l’OCS effectuent une douzaine de grandes manœuvres militaires bi ou multilatérales chaque année.

De lourdes erreurs d’appréciation sont manifestement commises, volontairement ou non, par ceux qui veulent à tout prix promouvoir la fiction d’une supériorité écrasante de l’OTAN, qui resterait, aujourd’hui et demain, la seule « super alliance » apte à régenter le monde.

La première de ces erreurs consiste à présenter des comparaisons de budgets de défense qui ne sont pas pertinentes puisqu’elles prennent comme unité de mesure le dollar nominal au lieu d’utiliser la parité de pouvoir d’achat (PPA). En effet, les membres de l’OCS payent bien leurs personnels militaires dans leur propre monnaie et n’achètent quasiment pas d’équipements à l’Ouest. Leurs budgets de défense ne peuvent donc être correctement évalués qu’en parité de pouvoir d’achat.

Sans entrer dans les détails, les budgets de défense cumulés des États membres de l’OTAN se montent, à environ, 1000 milliards de dollars en nominal et quasiment le même montant en parité de pouvoir d’achat (PPA), compte tenu du poids des USA et des trois poids lourds européens de l’Alliance, dont le niveau de vie est proche.

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Le tableau, ci-dessus, présente les budgets de défense des pays membres de l’OCS en $ nominal et en PPA.

Ce tableau fait apparaître une quasi-parité PPA entre l’OCS et l’OTAN (à 1000 milliards de $ PPA environ). Les leaders politiques et militaires occidentaux ne devraient pas négliger ce type de comparaison et, peut-être, devraient-ils commencer à s’inquiéter du rythme toujours très élevé de progression des budgets de défense dans le camp de l’OCS, notamment pour la Chine et pour l’Inde.

Notons que le budget de défense PPA de l’Iran, adversaire des USA, donc potentiellement de l’OTAN, est tout à fait « respectable ». Ceci pourrait expliquer d’ailleurs certaines percées technologiques qui ont surpris les observateurs et qui pourraient encore surprendre.

La deuxième erreur d’appréciation consiste à ne considérer que les budgets en oubliant de comparer la manière de les utiliser. Sur ce point, la comparaison OTAN-OCS est en défaveur des pays membres de l’OTAN. L’entretien des très nombreuses bases US établies sur l’ensemble de la planète et la politique d’ingérence des trois pays : États-Unis, Royaume-Uni, France, coûte très cher. Ces derniers, surtout les USA, y consomment une part considérable de leur budget de défense. Cela réduit d’autant la part consacrée au renouvellement des équipements et à leur maintenance. Ajoutons que la politique de dispersion, voire l’engagement de forces et de moyens sur l’ensemble de la planète n’est pas toujours un gage d’efficacité en termes militaires, lorsque vient le moment de s’engager rapidement sur un seul théâtre, bien localisé, et d’y concentrer son effort…

Pour les pays de l’OCS, ce type de « gaspillages » liés aux interventions et aux stationnements de forces hors de leurs frontières est minimal et la part consacrée à la mise en place de nouveaux équipements est maximale. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’ingérence et la course à l’hégémonie nécessitent la possession, la maintenance et l’emploi quasi-permanent de matériels « offensifs » très coûteux : porte-avions, aéronefs, missiles de croisière ultrasophistiqués qui ne sont, par ailleurs, plus invulnérables. A l’inverse, la posture plus « défensive » de l’OCS peut être très efficace à bien moindre coût : dispositifs anti-aériens, missiles antinavires, drones.

La troisième erreur des Occidentaux consiste à sous-estimer la rapidité de l’évolution de divers facteurs de puissance. La croissance économique (PIB) des pays membres de l’OCS, tirée par l’Inde et la Chine est, encore aujourd’hui, trois à quatre fois supérieure à celle des pays membres de l’OTAN, ce qui se traduit par de très fortes hausses annuelles des budgets de défense au sein de l’OCS depuis sa création, de 6% à 12% par an pour la Chine et pour l’Inde. Ces hausses se poursuivent aujourd’hui au sein de l’OCS, alors que presque tous les Etats membres de l’OTAN ont connu des budgets en forte régression, puis en stagnation, depuis la fin de la guerre froide.

La quatrième erreur d’appréciation de l’Alliance Atlantique est de sous-estimer les réactions de rejet et le niveau des inimitiés, voire de haine, que leurs interventions suscitent. Ces réactions de rejet concernent les pays victimes des ingérences US/OTAN, les alliés et amis de ces pays victimes, et une part croissante des opinions publiques occidentales. Elles constituent des facteurs d’affaiblissement de l’OTAN et de renforcement de la détermination et de l’unité du camp qui s’y oppose.

La cinquième erreur d’appréciation des stratèges occidentaux est de considérer que les pays dans le camp de l’OCS sont trop profondément divisés et manquent de cohésion pour constituer une réelle opposition (Chine-Inde, Inde-Pakistan). C’est oublier que ces Etats ont, jusqu’à présent, fait primer leurs objectifs communs sur leurs disputes bilatérales, si aiguës soient ces dernières.

En effet, dans le cadre des congrès annuels, des réunions préparatoires à ces congrès et des autres grands rendez-vous : sommet des BRICS, G20, commémorations de fêtes nationales, rencontres bilatérales, les chefs d’Etats et leurs ministres rencontrent plusieurs fois par an leurs homologues des autres Etats membres de l’OCS, et ils se parlent. Compte tenu de leur longévité au pouvoir, ces leaders politiques se connaissent parfaitement. Ils cosignent de nombreuses déclarations communes et votent souvent ensemble, contre les projets de résolutions présentés par les Occidentaux à l’ONU. Ils multiplient les manœuvres militaires bi ou multilatérales et achètent leurs armements à l’Est plutôt qu’à l’Ouest.

Enfin, dès qu’elle le souhaitera, l’OCS n’aura aucun mal à s’élargir. Les candidats potentiels ne manquent pas. L’Iran et la Turquie, pour ne citer que ces deux Etats, pourraient d’ailleurs y être admis à court ou moyen terme. Si l’OCS ralentit volontairement son élargissement, c’est probablement pour ne pas alarmer inutilement l’Occident et gagner les quelques années nécessaires pour assurer, puis consolider sa suprématie sur les deux volets économique et militaire.

Lorsqu’on veut comparer l’OTAN à l’OCS, il y a, bien sûr, d’autres erreurs d’appréciation à éviter, concernant notamment les aspects quantitatifs et qualitatifs des effectifs militaires, de l’entraînement, des matériels majeurs, des réserves, de la disponibilité opérationnelle des unités et des équipements, des forces morales, et des systèmes de gouvernance des Etats membres. Ces comparaisons surestiment trop souvent nos capacités et sous-estiment celle d’une organisation qui pourrait bien être, en tout ou partie, notre adversaire de demain. L’étude du très sérieux institut Thomas More du 30 mai 2017, montre à quel point la composante UE de l’OTAN est devenue, au fil du temps, une addition de faiblesses (1). Sans doute l’UE a-t-elle trop engrangé les dividendes de la paix depuis 1991 pour en arriver là.

Dans un tel contexte, chacun sent, chacun sait que le centre de gravité de la puissance économique et militaire bascule assez rapidement des pays membres de l’OTAN, vers ceux de l’OCS. Ne serait-il pas prudent et clairvoyant pour la France d’adopter une politique étrangère au moins plus équilibrée entre l’Est et l’Ouest (politique gaullienne) ? Une politique plus ouverte à l’Est afin de ne pas s’enfermer dans une liaison transatlantique exclusive, c’est à dire dans le camp des perdants probables de demain. Le travail des politiques consiste à comprendre le monde et à anticiper et non pas à réagir avec retard aux événements et à faire subir à leur pays les préjudices découlant de leur imprévoyance ou de leurs erreurs d’analyse.

Il est néanmoins vrai que, jusqu’à présent, l’OTAN a toujours pris la précaution de ne s’engager militairement que du « fort au faible » (Serbie, Libye). Mais hélas, les élites néoconservatrices US et européennes tiennent, aujourd’hui, le haut du pavé tant à Washington que dans les plus hautes instances de l’OTAN. Ces élites ne manquent jamais de projets bellicistes pour tenter d’assurer l’hégémonie US sur le « reste du monde ». A ce titre, les propos du général US Westley Clark, ancien commandant en chef de l’OTAN sont édififiants (2).

Espérons que ces élites ne commettront pas, demain, l’erreur de surestimer la force de leur camp et de sous-estimer celle de leur adversaire potentiel. Pour preuve, la détermination des Houthis qui tiennent en échec depuis cinq ans les corps expéditionnaires à hauts budgets de la coalition saoudienne pourtant assistés par le trio Etats-Unis, Royaume-Uni, France. Il y a peut-être des leçons à tirer. ….

Espérons enfin que ces mêmes élites ne lanceront pas l’Alliance atlantique, et la France avec elle, dans des aventures qui pourraient bien s’avérer au-dessus de leurs forces et avoir des conséquences apocalyptiques pour elles comme pour le monde.

Notes:

(1) https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/264-europe_de_la_defense_et_capacites_militaires

(2) https://www.youtube.com/watch?v=vE4DgsCqP8U


- Source : Iveris

samedi, 12 octobre 2019

Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!

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Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!
 
 
Conférence en trois parties organisée par Résistance Helvétique en mars 2019.
 

vendredi, 11 octobre 2019

Table ronde: ”La Syrie en flammes”

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3ème Forum de Chisinau:

21 septembre 2019

Table ronde: ”La Syrie en flammes”

 
 
 
Table ronde ”La Syrie en flammes”