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dimanche, 25 février 2018

Afrin: Moscou maître du jeu?

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Afrin: Moscou maître du jeu?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'enclave kurde d'Afrin, district du gouvernorat d'Alep, dans le nord-ouest de la Syrie, se retrouve actuellement l'enjeu et la victime d'un affrontement indirect entre les Etats-Unis et la Russie. Celui-ci se traduit sur le terrain par une confrontation militaire directe entre la Turquie et des milices soutenues par la Syrie de Bashar al Assad.

La Turquie, dans le cadre d'une suite de l'opération Rameau d'olivier lui ayant permis d'entrer en Syrie, veut prendre le contrôle d'Afrin afin d'en éliminer les milices kurdes qu'elle considère comme terroristes et dont la présence selon elle encourage les opérations menées sur son territoire par des combattants kurdes favorables aux revendications indépendantistes des Kurdes turcs.

La Syrie veut empêcher tout démembrement ou fédéralisation de son territoire national. Elle se battra, dans la limite de ses forces, contre toute puissance étrangère susceptible d'encourager des régions potentiellement autonomistes. C'est ce qu'à tort ou à raison elle accuse aujourd'hui la Turquie d'être.

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La Russie considère dorénavant la Turquie, pourtant encore membre de l'Otan, comme un élément essentiel d'une alliance chiite irano-irako-syrienne visant à contrer l'axe sunnite de l'Arabie saoudite et des monarchies pétrolières, qui joue globalement le jeu américain. Si la Syrie s'opposait ouvertement à la Turquie, elle ne pourrait pas compter sur l'appui russe. Sa situation se compliquerait radicalement. Mais Bashar al Assad le veut-il vraiment?

Quant aux Etats-Unis, leur politique déjà ancienne visant à abattre Bashar allié des Russes, pour éliminer ceux-ci de Syrie, se confirme. Loin de se retirer ils veulent maintenir un fort contingent de l'US Army en Syrie, notamment pour:

- imposer une partition de celle-ci en prenant le contrôle de son territoire à l'est de l'Euphrate;

- mettre la main sur les champs gaziers situés au nord-est de la Syrie;

- créer une zone de transit contrôlée à partir de laquelle les opérations des Kurdes et des milices terroristes contre la Russie et ses alliés pourraient être planifiées et exécutées. Ils visent par ailleurs à soutenir les opérations israéliennes contre les forces iraniennes et du Hezbollah au Liban et en Syrie.

Le point d'interrogation posé par les Kurdes

L'enjeu essentiel aujourd'hui est représenté par les Kurdes. Vont-ils jouer le jeu américain? Vont-ils au contraire se rapprocher des Russes, notamment dans le cadre des prochaines négociations de paix prévues par Moscou, pour bénéficier de leur protection? C'est manifestement ce que les Kurdes de Syrie, et plus particulièrement ceux d'Afrin, envisagent aujourd'hui. Dans ce cas, ils attendront de Moscou qu'il tempère les ardeurs de Bashar al Assad. En échange de quoi, ils cesseraient de faire le jeu des Américains.

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Les milices assyriennes se battent désormais aux côtés des Kurdes dans le gouvernorat d'Afrin

Or c'est ce qui se passera probablement. Les Russes rassureront Bashar en lui confirmant qu'ils n'accepteront jamais une partition de la Syrie et qu'en conséquence, il n'a pas intérêt à s'affronter militairement tant avec les Kurdes qu'avec les Turcs. Bashar qui est réaliste le comprendra.

Les Kurdes, à commencer par ceux d'Afrin, comme bientôt ceux d'Iblid, en grand péril actuellement, se tourneront vers Moscou comme vers un sauveur. Les Américains en seront pour leurs frais. Et Vladimir Poutine, déjà considéré comme le seul arbitre désormais dans la région, verra son influence encore renforcée.

Certains observateurs suggèrent même que les Russes ont poussé Bashar à s'en prendre aux Turcs pour que ce soit lui que les Kurdes considèrent comme un sauveur. En ce cas, ils se rallieront à lui et refuseront les manipulations américaines. Quant aux Turcs, qui ne veulent pas vraiment attaquer Damas, mais se protéger des Kurdes, ils devraient comprendre le jeu.

Nous verrons dans les prochains jours si la présente analyse se trouve vérifiée par les évènements. Qu'il en soit, le sujet est loin d'être clos.

samedi, 24 février 2018

La Turquie menace d’envahir des îles grecques

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La Turquie menace d’envahir des îles grecques

Ex : http://xandernieuws.punt.nl

L’Empire ottoman en voie d’être reconstitué suite aux conquêtes militaires turques

Le retour des années 30 : l’Europe ne fait rien contre les menées d’un dictateur toujours plus agressif

Les chars turcs entrent en Syrie, suite à une opération cyniquement nommée “Rameau d’Olivier”. Si tout dépendait d’Erdogan, d’autres pays voisins de la Turquie connaîtraient le même sort que la région d’Afrin.

Comme ils l’ont dit et répété au cours des dernières années écoulées, le dictateur turc Recep Tayyip Erdogan, son parti l’AKP et aussi une bonne part de l’opposition sont obsédés par la restauration de l’Empire ottoman, s’il le faut par des conquêtes militaires. La campagne contre les Kurdes dans le Nord de la Syrie se poursuit. La Turquie erdoganienne n’a pas cessé de chercher la confrontation avec la Grèce au cours de ces dernières semaines : l’espace aérien grec a été violé 138 fois et un navire patrouilleur turc a éperonné un bateau des garde-côtes grecs. « Ceux qui pensent que nous avons oublié les pays dont nous nous sommes retirés il y a cent ans, se trompent », a dit Erdogan le 12 février. Ces territoires comprennent non seulement la            Grèce mais aussi de larges portions de l’Europe sud-orientale, de l’Afrique du Nord et du Proche- et Moyen-Orient, y compris Israël. « Ce que nous avons réalisé jusqu’ici n’est que pâle esquisse par rapport aux attaques de grande envergure que nous planifions pour les temps à venir, Inch’Allah ».

Les îles touristiques grecques convoitées dans la Mer Egée se trouvent certes devant les côtes turques mais appartiennent légalement et historiquement à la Grèce. Malgré cela, le monde politique turc, dans sa majorité, réclame ouvertement  la reconquête de ces îles. Ainsi, Kemal Kilicdaroglu, chef du plus grand parti d’opposition, le CHP, a promis en décembre dernier que, s’il gagne les élections de l’an prochain, il « envahira et annexera dix-huit îles grecques, exactement comme l’ancien premier ministre Bülent Ecevit le fit en 1974 avec Chypre ». Meral Aksener, chef du nouveau « Bon Parti », lui aussi, a appelé à l’invasion : « Ce qui doit arriver, arrivera ».

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Erdogan menace ouvertement les pays voisins d’une invasion militaire

Le dictateur Erdogan a refait usage le 12 février dernier d’un langage martial, renforcé suite à son invasion de la région d’Afrin en Syrie septentrionale, sous prétexte d’attaquer les Kurdes, invasion qui n’a quasiment reçu aucune réprobation de l’Amérique, de l’Europe et de l’OTAN. « Nous avertissons ceux qui, dans la Mer Egée et à Chypre, ont dépassé les bornes. Ils n’ont du courage que tant qu’ils ne voient pas notre armée, nos navires de guerre et nos avions de combat… Ce que représente Afrin pour nous, vaut aussi pour nos droits en Mer Egée et à Chypre. Ne croyez jamais que l’exploitation des gisements de gaz dans les eaux chypriotes et les actes opportunistes en Mer Egée échappent à nos radars ».

“Tout comme nous avons mis fin aux intrigues par les opérations ‘Bouclier de l’Euphrate’ et ‘Rameau d’Olivier’ (en Syrie), et bientôt à Manbij et dans d’autres régions, nous pourrions mettre un terme aux intrigues de ceux qui se fourvoient le long de notre frontière méridionale… Nos navires de guerre et notre force aérienne surveillent étroitement la région pour intervenir de toutes les manières possibles, si nécessaire ».

“Et ceux qui croient que nous avons oublié les territoires dont nous nous sommes retirés, les larmes au coeur, il y a cent ans, sont dans l’erreur”, a poursuivi Erdogan. « Nous ne cessons de répéter que la Syrie, l’Irak et d’autres territoires sont incrits dans nos cœurs et ne sont pas différents, pour nous, de notre territoire national turc. Nous luttons pour que, partout où l’on entend l’adhan (l’appel islamique à la prière), aucun drapeau étranger ne flottera. Les actions que nous avons menées jusqu’ici ne sont que de pâles esquisses par rapport aux attaques de plus grande envergure que nous planifions pour les temps à venir, Inch’Allah ».

La Turquie exalte des siècles de pure brutalité et d’oppression

Durant les 600 années d’existence du Califat islamique, jusqu’à la première guerre mondiale environ, celui-ci prit la forme de l’Empire ottoman. Pendant ces six siècles, bon nombre de guerres saintes ont été lancées, de nombreux pays ont été occupés, des massacres de grande envergure y ont été perpétrés, des peuples ont été chassés de leurs terres ou partiellement exterminés et tous les ‘kafirs ‘, c’est-à-dire les non-musulmans, ont subi des discriminations et ont été rudement oppressés, tant les juifs que les chrétiens. Ce passé impérialiste, extrêmement violent où se sont succédé de manière ininterrompue des assassinats, des enlèvements, des viols et des conversions forcées, est exalté aujourd’hui par le monde politique turc, où Erdogan semble jouer le rôle du nouveau calife du monde musulman tout entier.

La plus grande attaque turque contre des populations non-musulmanes (chrétiennes en l’occurrence) a eu lieu entre 1914 et 1923, lorsque les Turcs ont exterminé près d’un million et demi d’Arméniens, de Grecs et d’Assyriens et en ont déporté ou chassé des millions d’autres. Malgré ce lourd passé, la Turquie a pu devenir membre de l’OTAN en 1952. Cette adhésion n’a pas empêché les Turcs de commettre, trois ans plus tard, un pogrom anti-grec d’une violence inouïe à Istanbul et d’expulser en 1964 tous les Grecs qui étaient restés dans le pays (alors que la Grèce, elle aussi, était membre de l’OTAN, et l’est toujours. De plus, les Turcs occupent illégalement le Nord de l’île de Chypre depuis 1974.

« La Turquie doit être rendue responsable de ses crimes »

Il faut se rendre compte que, pour Ankara, ces actes relèvent d’une guerre de religion. Le chef du « Directorat d’Etat » pour les affaires religieuses, le « Diyanet », a littéralement décrit l’invasion turque d’Afrin comme un « djihad ». Le Diyanet est également responsable d’un prêche particulièrement agressif, appelant au djihad et au martyr, tenu à Hoorn aux Pays-Bas et que le quotidien néerlandais De Telegraaf a évoqué. Le ministre néerlandais des affaires sociales Koolmees a promis d’enquêter sur cette affaire mais nous ne devons pas nous attendre à une action substantielle de la part des autorités de La Haye puisque nous avons affaire, une fois de plus, à un « islam bénéficiant d’une protection spéciale » dans notre pays.

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“C’est justement parce que les Turcs n’ont jamais été tenus pour responsables de leurs actes criminels et de leurs agressions qu’ils continuent à menacer la sécurité et la souveraineté de leurs voisins », nous avertit le journaliste turc Uzay Bülüt. « Il est grand temps que l’Occident s’éveille et s’occupe d’Ankara » (1).

La question demeure ouverte: ce réveil aura-t-il lieu…? Au cours de ces dernières années, nous avons pu observer qu’à la moindre critique que les Européens leur adressent, les Turcs répondent par des menaces, notamment en promettant de « lâcher » encore quelques millions de « réfugiés syriens ».

Un retour aux années 1930 – Y aura-til une troisième guerre mondiale ?

Les temps que nous vivons aujourd’hui nous rappellent cruellement  les années 1930, lorsqu’un autre dictateur ne fut jamais contrecarré et pouvait utiliser le même langage agressif, avant de commencer, comme les Turcs aujourd’hui, à perpétrer des conquêtes à « petite échelle » comme, par exemple, au Pays des Sudètes. Les historiens sont d’accord entre eux pour dire que l’Allemagne nationale-socialiste n’a pu devenir puissante que grâce à la politique d’apaisement occidentale, avant de déclencher le pire cataclysme guerrier que fut la seconde guerre mondiale.

Cette seconde guerre mondiale pourra toutefois être dépassée en horreur et en victimes par un cataclysme équivalent ou pire que serait un troisième conflit global si on laisse la bride sur le cou d’Erdogan et de ses séides qui commencent aujourd’hui à grignoter le territoire syrien puis grignoteront le territoire grec pour ensuite conquérir quelques territoires balkaniques voire l’Egypte, la Libye et même Israël. L’Europe sera tenue en échec parce que les Turcs la menaceront de lui envoyer quelques millions de réfugiés et d’organiser en son sein une « cinquième colonne », recrutée dans l’immigration d’origine turque, jusqu’au jour où les conquérants turcs se sentiront assez forts pour nous affronter militairement afin de nous inclure dans le califat. 

Xander

(1) Gatestone Institute

jeudi, 22 février 2018

Multipolarity and polycentricity

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Leonid Savin:

Multipolarity and polycentricity

Ex: https://www.geopolitica.ru

The very term “multipolarity” is of American (Anglo-Saxon) origin, and in the third chapter we examined similar concepts that have been developed in other countries. As various scholars have indicated, varying interpretations of multipolarity have provoked certain conceptual dilemmas. For instance, a report on long-term global trends prepared by the Zurich Center for Security Studies in 2012 noted that:

The advantage of ‘multipolarity’ is that it accounts for the ongoing diffusion of power that extends beyond uni-, bi-, or- tripolarity. But the problem with the term is that it suggests a degree of autonomy and separateness of each ‘pole’ that fails to do justice to the interconnections and complexities of a globalised world. The term also conceals that rising powers are still willing to work within the Westernshaped world economic system, at least to some extent. This is why the current state of play may be better described as ‘polycentric’. Unlike ‘multipolarity’, the notion of ‘polycentricism’ says nothing about how the different centres of power relate to each other. Just as importantly, it does not elicit connotations with the famous but ill-fated multipolar system in Europe prior to 1914 that initially provided for regular great power consultation, but eventually ended in all-out war. The prospects for stable order and effective global governance are not good today. Yet, military confrontation between the great powers is not a likely scenario either, as the emerging polycentric system is tied together in ways that render a degree of international cooperation all but indispensable.

The Swiss scholars involved in this summation approached the issue from the standpoint of reviewing security issues in a globalized world and tried to find an adequate expression for contemporary trends. However, there also exist purely technical approaches and ideological theories which employ the term “polycentric”.

The concept of “polycentricity” had been used before to describe the functioning of complex economic subjects. Accordingly, if management theories are springboards for geopolitical practice, then this model’s basic elaborations already exist. In a literal sense, the term “polycentric” suggests some kind of spatial unit with several centers. However, the term does not specify what kind of centers are in question, hence the obvious need to review various concepts and starting points before discussing polycentrism.

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Four levels of this concept can be discussed in the context of political-administrative approaches. The analytical-descriptive level is needed for describing, measuring, and characterizing the current state of a spatial object by means of precisely determining how long a country or capital can be “polycentric.” Secondly, this concept can be understood in a normative sense which might help, for example, in reorganizing the spatial configuration of an object, i.e., either to promote/create polycentrism or support/utilize an existing polycentric structure. Thirdly, when it comes to spatial entities, it is necessary to specify their spatial scale, i.e., at the city level, city-region, mega-regional level, or even on the national or transnational levels. Upon closer examination, the concept of polycentrism concept thus challenges our understanding of centers in urban areas, since such can concern either their roles and functional ties (relations) or their concrete morphological forms (the structure of urban fabric). This differentiation between the functional and morphological understandings of polycentrism constitutes the fourth dimension.

In the contemporary situation which features the presence of city-states and megalopoli that can easily compete with some states in the classical understanding in the most varied criteria (number of residents and their ethnic identity, length of external borders, domestic GDP, taxes, industry, transport hubs, etc.), such an approach seems wholly appropriate for more articulated geopolitical analysis. Moreover, in the framework of federal models of state governance, polycentrism serves as a marker of complex relations between all administrative centers. Regional cooperation also fits into this model since it allows subjects to “escape” mandatory compliance with a single regulator, such as in the face of a political capital, and cooperate with other subjects (including foreign ones) within a certain space.

To some extent, the idea of polycentrism is reflected in offshore zones as well. While offshores can act as “black holes” for the economies of sovereign states, on the other hand, they  can also be free economic zones removing various trade barriers clearly within the framework of the operator’s economic sovereignty.

It should also be noted that the theory of polycentrism is also well known in the form of the ideological contribution of the Italian community Palmiro Togliatti as an understanding of the relative characteristics of the working conditions facing communist parties in different countries following the de-Stalinization process in the Soviet Union in 1956. What if one were to apply such an analysis to other parties and movements? For example, in comparing Eurosceptics in the EU and the conglomerate of movements in African and Asian countries associated with Islam? Another fruitful endeavor from this perspective could be evaluating illiberal democracies and populist regimes in various parties of the world as well as monarchical regimes, a great variety of which still exist ranging from the United Kingdom’s constitutional monarchy to the hereditary autocracy of Saudi Arabia which appeared relatively recently compared to other dynastic forms of rule. Let us also note that since Togliatti the term “polycentrism” has become popular in political science, urban planning, logistics, sociology, and as an expression for unity in diversity.

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In 1969, international relations and globalization expert Howard V. Perlmutter proposed the conceptual model of EPG, or Ethnocentrism-Polycentrism-Geocentrism, which he subsequently expanded with his colleague David A Heenan to include Regionalism. This model, famously known by the acronym EPRG, remains essential in international management and human resources. This theory posits that polycentrism, unlike ethnocentrism, regionalism, and geocentrism, is based on political orientation, albeit through the prism of controlling commodity-monetary flows, human resources, and labor. In this case, polycentrism can be defined as a host country’s orientation reflecting goals and objectives in relation to various management strategies and planning procedures in international operations. In this approach, polycentrism is in one way or another connected to issues of management and control.

However, insofar as forms of political control can differ, this inevitably leads to the understanding of a multiplicity of political systems and automatically rejects the monopoly of liberal parliamentarism imposed by the West as the only acceptable political system. Extending this approach, we can see that the notion of polycentrism, in addition to connoting management, is contiguous to theories of law, state governance, and administration. Canada for instance has included polycentricity in its administrative law and specifically refers to a “polycentric issue” as “one which involves a large number of interlocking and interacting interests and considerations.” For example, one of Canada’s official documents reads: “While judicial procedure is premised on a bipolar opposition of parties, interests, and factual discovery, some problems require the consideration of numerous interests simultaneously, and the promulgation of solutions which concurrently balance benefits and costs for many different parties.  Where an administrative structure more closely resembles this model, courts will exercise restraint.”

Polycentric law became world-famous thanks to Professor Tom Bell who, as a student at the University of Chicago’s law faculty, wrote a book entitled Polycentric Law in which he noted that other authors use phrases such as “de-monopolized law” to describe polycentric alternatives.

Bell outlined traditional customary law (also known as consolamentum law) before the establishment of states and in accordance with the works of Friedrich A. Hayek, Bruce L. Benson, and David D. Friedman. Bell mentioned the customary law of the Anglo-Saxons, ecclesiastical law, guild law, and trade law as examples of polycentric law. On this note, he suggests that customary and statutory law have co-existed throughout history, an example being Roman law being applied to Romans throughout the Roman Empire at the same time as indigenous peoples’ legal systems remained permitted for non-Romans.

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Polycentric theory has also attracted the interest of market researchers, especially public economists. Rather paradoxically, it is from none other than ideas of a polycentric market that a number of Western scholars came to the conclusion that “Polycentricity can be utilized as a conceptual framework for drawing inspiration not only from the market but also from democracy or any other complex system incorporating the simultaneous functioning of multiple centers of governance and decision making with different interests, perspectives, and values.” In our opinion, it is very important that namely these three categories - interests, perspectives, and values - were distinguished. “Interests” as a concept is related to the realist school and paradigm in international relations, while “perspectives” suggests some kind of teleology, i.e., a goal-setting actor, and “values” are associated with the core of strategic culture or what has commonly been called the “national idea,” “cultural-historical traditions”, or irrational motives in the collective behavior of a people. For a complex society inhabited by several ethnic groups and where citizens identify with several religious confessions, or where social class differences have been preserved (to some extent they continue to exist in all types of societies, including in both the US and North Korea, but are often portrayed as between professional specialization or peculiarities of local stratification), a polycentric system appears to be a natural necessity for genuinely democratic procedures. In this context, the ability of groups to resolve their own problems on the basis of options institutionally included in the mode of self-government is fundamental to the notion of polycentrism.

Only relatively recently has polycentrism come to be used as an anti-liberal or anti-capitalist platform. In 2006, following the summit of the World Social Forum in Caracas, Michael Blanding from The Nation illustrated a confrontation between “unicentrism” characterized by imperial, neo-liberal, and neo-conservative economic and political theories and institutions, and people searching for an alternative, or adherents of “polycentrism.” As a point of interest, the World Social Forum itself was held in a genuinely polycentric format as it was held not only in Venezuela, but in parallel also in Mali and Pakistan. Although the forum mainly involved left socialists, including a large Trotskyist lobby (which is characteristic of the anti-globalist movement as a whole), the overall critique of neoliberalism and transnational corporations voiced at the forum also relied on rhetoric on the rights of peoples, social responsibility, and the search for a political alternative. At the time, this was manifested in Latin America in the Bolivarian Revolution with its emphasis on indigenism, solidarity, and anti-Americanism.

It should be noted that Russia’s political establishment also not uncommonly uses the word “polycentricity” - sometimes as a synonym for multipolarity, but also as a special, more “peace-loving” trend in global politics insofar as “polarity presumes the confrontation of poles and their binary opposition.” Meanwhile, Russian scholars recognize that comparing the emerging polycentric world order to historical examples of polycentricity is difficult. Besides the aspect of deep interdependence, the polycentricity of the early 21st century possesses a number of different, important peculiarities. These differences include global asymmetry insofar as the US still boasts overwhelming superiority in a number of fields, and a multi-level character in which there exist: (1) a military-diplomatic dimension of global politics with the evolution of quickly developing giant states; (2) an economic dimension with the growing role of transnational actors; (3) global demographic shifts; (4) a specific space representing a domain of symbols, ideals, and cultural codes and their deconstructions; and (5) a geopolitical and geo-economic level.

Here it is necessary to note that the very term “polycentricity” in itself harbors some interesting connotations. Despite being translated to mean “many”, the first part (“poly-“) etymologically refers to both “pole” and “polis” (all three words are of Ancient Greek origin), and the second part presupposes the existence of centers in the context of international politics, i.e., states or a group of states which can influence the dynamic of international relations.

MH-Parm.jpgIn his Parmenides, Martin Heidegger contributed an interesting remark in regards to the Greek term “polis”, which once again confirms the importance and necessity of serious etymological analysis. By virtue of its profundity, we shall reproduce this quote in full:

Πόλις is the πόλоς, the pole, the place around which everything appearing to the Greeks as a being turns in a peculiar way. The pole is the place around which all beings turn and precisely in such a way that in the domain of this place beings show their turning and their conditions. The pole, as this place, lets beings appear in their Being and show the totality of their condition. The pole does not produce and does not create beings in their Being, but as pole it is the abode of the unconsciousness of beings as a whole. The πόλις is the essence of the place [Ort], or, as we say, it is the settlement (Ort-schaft) of the historical dwelling of Greek humanity. Because the πόλις lets the totality of beings come in this or that way into the unconcealedness of its condition, the πόλις is therefore essentially related to the Being of beings. Between πόλις and “Being” there is a primordial relation.

Heidegger thus concludes that “polis” is not a city, state, nor a combination of the two, but the place of the history of the Greeks, the focus of their essence, and that there is a direct link between πόλις and ἀλήθεια (this Greek word is usually translated into Russian as “truth”) Thus, in order to capture polycentricity, one needs to search for the foci and distribution areas of the essence of the numerous peoples of our planet. Here we can once again mention strategic cultures and their cores. 

Translated from Russian by Jafe Arnold.

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Shaping the Multipolar Future of World

Michel Drac sur Fire and Fury (de Michael Wolff)

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Michel Drac sur Fire and Fury (de Michael Wolff)

 
Une note de lecture sur la chronique écrite par un journaliste américain sur la Maison Blanche pendant la première année de la présidence Trump.
 

Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

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Diriger dans l’ombre: comment l’unipolarité s’adapte à la multipolarité

Auteur : Andrew Korybko

Ex: http://zejournal.mobi

Les États-Unis sont en train de construire un système mondial d’alliances bilatérales et multilatérales pour les aider à projeter plus efficacement leur pouvoir tout au long de ce XXIe siècle. Alors que le monde se dirige vers la multipolarité, les États-Unis sont prêts à exploiter cette tendance à leur avantage géopolitique.

Au lieu de « faire cavalier seul » comme Bush était enclin à le faire, les États-Unis trouvent maintenant des moyens d’amener les autres à faire leur sale boulot en convainquant leurs « partenaires » qu’ils ont un intérêt commun à le faire. Au cours de la guerre de Libye de 2011, la France et le Royaume-Uni ont pris l’initiative tandis que les États-Unis, comme il a été décrit, « dirigeait dans l’ombre ». Un éditorial du New York Times de l’époque définissait cela comme « une assistance militaire américaine discrète avec [les autres] sonnant du clairon ». Quatre ans plus tard, ce concept s’est développé à partir du tube à essai libyen et il est devenu mondial, les États-Unis mettant en place des systèmes d’alliance similaires dans le monde entier afin de projeter indirectement leur volonté de puissance dans des régions clés. Comme le dit le dicton cynique, « Pourquoi faire par vous-même ce que les autres peuvent faire pour vous ? ».

« Amis » à travers le monde

Jetons un coup d’œil aux partenaires américains « dirigés dans l’ombre » (DDO), en commençant par l’hémisphère occidental et en allant vers l’Est :

Amérique latine

Les États-Unis travaillent en étroite collaboration avec l’Alliance du Pacifique, un groupe de négociation économique néolibéral composé de proches alliés comme le Mexique, le Costa Rica, Panama, la Colombie, le Pérou et le Chili. Leur objectif commun est de contrer la vision économique de gauche émanant du Venezuela et de démanteler son réseau de résistance géopolitique au Nicaragua, à Cuba, en Équateur et en Bolivie. Le résultat final est de cerner et de contenir le Brésil au cas où il déciderait de contrer sérieusement l’influence des États-Unis.

Europe

L’Allemagne, moteur économique de l’UE, est le principal État DDO pour les affaires inter-européennes, mais les États-Unis ont également désigné des partenaires secondaires DDO pour trois régions stratégiques.

Les pays baltes : La Suède est tout sauf un membre officiel de l’OTAN mais elle est occupée à une militarisation croissante basée sur une menace sous-marine russe fantôme. Son objectif est d’amener formellement la Finlande, neutre, avec sa frontière longue et exposée avec la Russie, à provoquer une nouvelle crise dans les relations Est-Ouest.

Europe de l’Est : La Pologne a toujours nourri l’ambition de restaurer son ancien Commonwealth polono-lituanien sur la version moderne de la Biélorussie et de l’Ukraine, et elle s’est associée aux États-Unis pour déstabiliser l’Ukraine et fortifier les forces de Kiev afin d’étendre sa sphère d’influence convoitée.

Croisée des chemins entre les Balkans et le Moyen-Orient : La Turquie, membre de l’OTAN, était censée « tenir le fort » pour les États-Unis à ce moment géopolitique crucial, mais après que Washington eut commencé à utiliser l’outil du nationalisme kurde comme moyen de pression sur Ankara, la Turquie a rapidement redirigé une partie de sa loyauté vers le monde multipolaire.

Afrique

En général, la France est le bras armé des États-Unis pour le continent, vu qu’elle compte quelques milliers de soldats disséminés dans une douzaine de pays, mais comme en Europe, les États-Unis ont aussi quelques partenaires secondaires DDO en Afrique :

Afrique de l’Ouest/Afrique centrale : L’organisation d’intégration régionale de la CEDEAO a dernièrement déployé ses forces militaires au Mali (quelle que soit la durée de son déploiement), tandis que l’armée tchadienne au centre du continent a projeté son pouvoir là-bas, au Cameroun et en République centrafricaine. Bien que le Nigeria fasse partie de la CEDEAO, les États-Unis ne lui font pas confiance en tant que proxy unipolaire loyal et cherchent donc à renforcer les États qui l’entourent (en fermant les yeux sur Boko Haram) en tant qu’influence tampon.

Afrique de l’Est : L’Ouganda et le Rwanda avaient précédemment fait équipe sous la direction des États-Unis pour occuper la plus grande partie de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et piller les vastes ressources minérales du pays. Après avoir connu quelques turbulences au cours de la dernière décennie, l’Ouganda tient maintenant la barre et a suivi les « suggestions » américaines en envoyant ses troupes en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Somalie, tout en continuant à administrer une grande partie de la RDC.

Golfe Persique

L’Arabie saoudite est l’évident DDO désigné ici, et à travers le CCG, elle contrôle une moindre constellation de proxy qui ont tous été armés jusqu’aux dents par des expéditions d’armes américaines et occidentales dirigées contre l’Iran.

Asie du sud

Les États-Unis n’ont encore couronné officiellement aucun État en tant que partenaire DDO, mais si le récent voyage d’Obama en Inde s’avère être une indication, alors il a certainement jeté son dévolu sur l’Inde pour ce rôle important. La question est : l’Inde va-t-elle mordre l’appât et risquer la confrontation avec la Chine ? [Depuis 2015, cette idée s’est renforcée même si l’Inde continue de souffler le chaud et le froid, NdT].

Asie du sud-est

Les choses sont un peu plus délicates dans cette région, mais les États-Unis aimeraient que le Vietnam et les Philippines s’associent dans une alliance politico-militaire pour contrer les revendications de la Chine dans la mer de Chine méridionale. Le Vietnam, une puissance terrestre, servirait de complément aux Philippines, qui pourraient devenir un « porte-avions insubmersible ». Les États-Unis encouragent également une coopération indo-japonaise plus profonde dans cette région, en particulier sur le front naval, en tant que forme de confinement chinois. Plus au sud, l’économie énorme de l’Indonésie pourrait devenir un hybride sino-occidental, formant ainsi un rempart partiel contre une région entièrement influencée par la Chine. [La situation s’est ici renversée avec un président philippin atypique qui a plutôt fait pivoter son pays vers la Chine, NdT].

Asie de l’Est

Le Japon est la pierre angulaire de la stratégie des États-Unis en Asie de l’Est, mais il y a une tentative d’intégrer la Corée du Sud (traditionnellement pragmatique et économiquement proche de la Chine) dans un cadre de sécurité pro-américain plus large. La première étape a déjà été franchie, puisque les trois États partagent désormais des renseignements sur la Corée du Nord, créant ainsi des mécanismes stratégiques qui pourraient être rapidement redirigés vers la Chine dans le futur.

Tromperie par la diplomatie

Les États-Unis ont récemment tenté de « renverser » certains États multipolaires et de les inclure dans leur giron, leur offrant des accords et de la « diplomatie » pour leur faire baisser la garde (comme ce fut le cas pour la Libye avant la guerre de 2011). Les deux exemples actuels sont Cuba et l’Iran, le premier ayant dangereusement accepté la carotte alors que le second semble bien comprendre le bâton qui l’accompagne silencieusement. Les intentions des États-Unis dans ces manifestations «pacifiques » hautement médiatisées doivent être remises en question, car le rejet immédiat de l’offre de la Corée du Nord d’arrêter son programme nucléaire en échange de la cessation des exercices militaires conjoints américano-sud-coréens montre qu’il s’agit d’« accords » unilatéraux en faveur d’un seul camp. En définitive, si les États-Unis ne peuvent pas indirectement contrôler un État par le biais du DDO ou l’amener à réduire ses défenses stratégiques, la tromperie cède la place à la destruction, comme le savent malheureusement trop bien les habitants de Syrie et d’Ukraine orientale.

Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone

L'auteur, Andrew Korybko, est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie « Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime » (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

mercredi, 21 février 2018

L’Autriche se branche sur la “nouvelle route de la Soie”: la voie ferrée russe à large écartement arrivera jusqu’à Vienne

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L’Autriche se branche sur la “nouvelle route de la Soie”: la voie ferrée russe à large écartement arrivera jusqu’à Vienne

Vienne/Moscou – A l’ombre des sanctions de l’UE contre la Russie, le nouveau gouvernement autrichien opte pour une politique originale et prouve par là sa vision à long terme. Le ministre autrichien des communications, Hofer (FPÖ) négocie avec son homologue russe Sokolov la prolongation d’une voie ferrée à large écartement. Celle-ci permettra de relier l’Autriche au Transibérien et, via celui-ci, à la Chine. La petite république alpine aura ainsi accès à la « nouvelle route de la Soie », pour l’essentiel promue par la Chine.

Les négociations entre Hofer et Sokolov indiquent qu’il y a désormais un rapprochement politique entre Vienne et Moscou, en dépit des sanctions systématiques qu’impose l’UE à la Russie, sanctions que l’on critique avec véhémence en Autriche depuis quelques années déjà.

Concrètement, il s’agit de réaliser des plans qui sont dans les tiroirs depuis plusieurs années, notamment celui visant à prolonger jusqu’à Vienne la voie à large écartement du Transibérien qui arrive en Europe dans l’Est de la Slovaquie. Le projet envisage la construction d’une gare à conteneurs pour les frets arrivant d’Asie en Europe. Elle se situerait soit à Parndorf ou près du Kittsee dans le Burgenland.

Le ministère autrichien des communications prépare d’ores et déjà l’étape suivante : calculer et choisir le modèle économique et financier approprié pour ce projet estimé à 6,5 milliards d’euros. Après cette mise au point, les consultations commenceront avec les pays partenaires ; ensuite, on mettra cette politique au diapason avec la Commission européenne et on entamera tous les processus nécessaires pour obtenir les autorisations requises.

Article paru sur: http://www.zuerst.de  

mardi, 20 février 2018

Revoir l’Europe: la construction européenne selon Laurent Wauquiez

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Revoir l’Europe: la construction européenne selon Laurent Wauquiez

par Georges FELTIN-TRACOL

LW-livbre.jpg« La force de l’Europe est sans doute d’avoir été perpétuellement traversée par une envie d’ailleurs, une forme de doute existentiel qui nous a poussés à aller toujours plus loin, à nous questionner et à nous remettre sans cesse en cause. Ce besoin de dépassement est pour moi la plus belle forme de l’esprit européen (p. 290). » C’est à tort qu’on attribuerait ces deux phrases à Guillaume Faye. Leur véritable auteur n’est autre que Laurent Wauquiez, le nouveau président du parti libéral-conservateur de droite Les Républicains. Il avait publié au printemps 2014 Europe : il faut tout changer. Cet essai provoqua le mécontentement des centristes de son propre mouvement, en particulier celui de son mentor en politique, Jacques Barrot, longtemps député-maire démocrate-chrétien d’Yssingeaux en Haute-Loire. Après sa sortie sur le « cancer de l’assistanat » en 2011, ce livre constitue pour l’ancien maire du Puy-en-Velay (2008 – 2016) et l’actuel président du conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes une indéniable tunique de Nessus. Il convient cependant de le lire avec attention puisqu’il passe de l’européisme béat à un euro-réalisme plus acceptable auprès des catégories populaires.

Laurent Wauquiez avoue volontiers avoir cru à 16 ans que « nous serions cette génération qui accoucherait du fédéralisme européen (p. 9) ». Le projet européen conduit par François Mitterrand, Helmut Kohl et Jacques Delors stimulait son imagination juvénile. « La cause était entendue : les limites nationales étant trop étroites pour enfermer nos rêves de grands espaces, c’est résolument vers l’Europe que nos regards rêveurs se tournaient (p. 9). » Il ne s’agit pas d’une allusion aux grands espaces schmittiens : l’auteur ignore tout de ce penseur majeur du XXe siècle… Ce n’est pas son seul manque. Bien que major à l’agrégation d’histoire, il avoue volontiers ignorer la vie et l’action de Grundtvig (p. 256). Preuve qu’il n’a jamais lu les ouvrages de Jean Mabire. Trois décennies plus tard et après ses expériences d’élu local et de secrétaire d’État porte-parole du gouvernement (2007 – 2008), de secrétaire d’État chargé de l’Emploi (2008 – 2010), de ministre des Affaires européennes (2010 – 2011), et de ministre de l’Enseignement supérieure et de la Recherche (2011 – 2012), son enthousiasme s’étiole et se tiédit. Certes, « les grands desseins politiques ont besoin d’incarnation (p. 27) ». Or, il remarque à juste titre que « l’Europe manque cruellement de grands projets mobilisateurs et fédérateurs (p. 27) ».

Ses critiques font mouche quand il ironise respectivement sur la Commission européenne qualifiée de « tapir qui se regarde le nombril (p. 112) », le Conseil européen de « tribu des Lémuriens (p. 119) » dont « les grandes manœuvres [… en font un] pays des grands fauves (p. 123) », le Parlement européen de « grenouille et […] bœuf (p. 128) » et la Banque centrale européenne de « dernier rempart fédéral (p. 213) ». Il prévient que les bâtiments à Bruxelles – Strasbourg – Francfort – Luxembourg sont cernés par « la meute des lobbies (p. 135) ». À qui la faute ? À la sempiternelle coalition libérale – sociale-démocrate-chrétienne qui monopolise l’eurocratie ?

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Refonder politiquement l’Europe ?

Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité des essais signés naguère par Michel Poniatowski, Philippe de Villiers, voire Bruno Mégret (1), avec cette sous-estimation notable des enjeux de puissance. Les manques y sont notables ! Laurent Wauquiez agrémente sa démonstration de nombreuses et parfois savoureuses anecdotes ministérielles. Ainsi, dès qu’il faut aborder les questions européennes, les députés français quittent-ils en masse l’hémicycle… Il déplore « la démission du politique face à l’expertise administrative (p. 121) » et constate que « c’est le politique qui a abandonné Bruxelles et non le fonctionnaire qui a pris la place (p. 123) ». Comment alors redonner aux institutions européennes un sens politique quand celles-ci persévèrent à neutraliser toute action du politique ?

Si les plumitifs le poursuivent de leur vindicte, c’est probablement parce que Laurent Wauquiez défend un « choc des civilisations » et les racines spirituelles de l’Europe. Outre l’humanisme et les Lumières, il se rabat sur l’habituel et paresseux triangle Athènes – Rome – Jérusalem bien qu’il reconnaisse que l’« apport barbare constituera la matrice des futurs États-nations (p. 287) ». À ses yeux, les billets en euro témoignent de l’absence d’identité concrète. « L’identité européenne vue par les institutions actuelles s’y trouve toute entière résumée : une construction artificielle, sans frontière, sans début, sans fin, sans contenu (p. 276). » Il assume pour sa part que « l’Europe a été chrétienne et on se condamne à ne rien comprendre si l’on cherche à tout prix à nier ce pan de notre histoire (p. 284). » En revanche, il ne voit pas Charlemagne en père de l’Europe. « Le véritable enfantement historique de l’Europe est le Moyen Âge. Cette naissance […] est la résultante de deux tendances : l’action du christianisme et l’opposition à l’islam (p. 279). » Il souligne que « notre histoire est une histoire commune, mais c’est l’histoire d’un affrontement entre la civilisation européenne et la civilisation ottomane (p. 168) ». Par conséquent, « historiquement, la Turquie n’a jamais été un pays européen. […] Le combat entre la Sublime Porte et les puissances européennes était un combat à mort pour la suprématie d’une puissance sur l’autre (p. 167) ». Cette logique d’affrontement est plus qu’actuelle avec la nouvelle Turquie du Reis Erdogan qui maintient son inacceptable occupation du Nord de Chypre et son blocus scandaleux envers la vaillante Arménie.

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La Turquie ne devrait pas rejoindre l’Union européenne comme d’autres États candidats à l’adhésion tels que « l’Ukraine a vocation à être un pays charnière entre Europe et Russie et doit le rester (p. 88) ». Il rappelle qu’à l’instar d’Emmanuel Macron, Nicolas Sarközy défendait l’élargissement aux États des Balkans, ce que ne veut pas Wauquiez qui rejette, quant à lui, les élargissements récents. Il considère même que « c’est l’élargissement qui a tué l’Europe (p. 293) ».

Pour ce livre, l’auteur entreprend un vibrant « plaidoyer pour une rupture (p. 171) ». Il existe une particularité européenne par rapport à d’autres continents eux aussi européens. « Il y a en Europe une combinaison de facteurs que l’on ne trouve pas en Amérique : l’enracinement dans un paysage (l’architecture, la nature travaillée par l’homme, les frontières); l’enracinement dans des langues et, au final, une recherche permanente d’équilibre (pp. 289 – 290). » C’est quand même à demi-mot que Laurent Wauquiez s’insurge contre une certaine forme du politique correct. « Tétanisés par Maastricht, les pro-européens n’osent plus émettre la moindre critique. Ils ont abdiqué toute forme d’esprit critique (p. 16). » D’après lui, « dénoncer les défaillances de l’Union européenne ne revient pas à se classer automatiquement dans le camp des anti-européens (p. 22) ». Les pro-européens manquent de lucidité critique, ce qui favorise la perdition certaine des institutions de l’Union pseudo-européenne. Il condamne l’idéologie mortifère de la Direction générale de la concurrence sise à Bruxelles. Ses lubies idéologiques ultra-libérales nuisent aux intérêts européens. « La concurrence devrait être un moyen et non une fin en soi (p. 47). » Quant aux normes de plus en plus intrusives et dispendieuses, elles « ne sont pas une dérive, elles sont le mal profond d’une Europe qui faute de faire des grands projets s’ennuie dans des sujets accessoires (p. 34) ». Les instances soi-disant européennes ne sont pas les seuls responsables de cet ennui existentiel. « Les États membres contribuent à cette dérive (p. 33). » Qu’on ne s’étonne pas ensuite que « l’Europe n’arrive plus à dépasser les lobbies et les querelles d’intérêts entre États membres (p. 34) ». En effet, « dans les négociations européennes, chacun met toute sa pugnacité à faire reconnaître tel ou tel particularisme local, qui alimente encore plus le luxe de détail des directives européennes (p. 33) ». L’absence de coordination effective incite les participants à jouer leur propre carte sans s’aviser de la dimension continentale des défis. Par ailleurs, bien qu’impolitique, « l’Europe a une capacité étonnante à se faire des ennemis. L’accès aux aides européennes est ainsi un épouvantable parcours du combattant (p. 25) ». Il regrette par exemple la lenteur d’application du programme Galileo du fait de la nonchalance du commissaire italien de l’époque, Antonio Tajani, « un homme sympathique mais qui a manqué de rigueur et de détermination (p. 29) ». Aujourd’hui, Antonio Tajani préside le Parlement européen et serait le probable candidat Forza Italia de Silvio Berlusconi à la fonction de président du Conseil en cas de victoire aux législatives de mars prochain de la Coalition des droites.

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Pour l’euro

Laurent Wauquiez se veut pragmatique. S’il s’oppose à « notre folie libre-échangiste (p. 226) », il aimerait que « l’Europe doit nous permettre de bâtir un patriotisme industriel européen à même de faire face à la Chine et aux États-Unis (p. 53) ». Cela ne l’empêche pas d’approuver la logique libre-échangiste globalitaire de l’OMC. Il paraît ne pas connaître les travaux d’Emmanuel Todd, ni même les écrits du Prix Nobel d’économie Maurice Allais qui était un libéral atypique. Wauquiez aurait tout intérêt à s’en inspirer. Mais il ne le fera pas de crainte de déplaire aux médiats officiels de désinformation.

L’entité soi-disant européenne est une bureaucratie. Soit ! Mais « quand la technocratie prend le pouvoir, ce n’est pas la technocratie qu’il faut blâmer mais le politique (p. 214) ». Comment politiser l’Europe alors que celle-ci est foncièrement impuissante ? La question se fait pressante. Par « un réarmement intellectuel à un moment où l’Europe doit faire face aux défis venus des continents qui se réveillent (p. 279) », écrit-il. Il se doute que « le danger est tout simplement que l’Europe sorte de l’histoire et s’enfonce dans une molle décadence (p. 21) ». Pour Laurent Wauquiez, l’Europe est une nécessité, sinon « ce rendez-vous est sans doute le dernier. […] Différer, attendre, revient à choisir de sortir de l’histoire. Nous sommes dans la position des empires décadents. Nous avons encore la possibilité de choisir notre destin, mais demain il sera trop tard et l’avenir se fera alors sans nous (p. 297) ». Il réclame un changement profond des structures institutionnelles européennes. La France devrait sortir de l’Espace Schengen, retrouver la maîtrise complète de ses frontières, exiger que l’immigration revienne aux États membres et que Paris pratique une politique migratoire fondée sur des quotas ! Dans le même temps, l’Union dite européenne devrait établir des limites géographiques précises à son extension. « Oui, il faut des frontières, oui, il faut des protections et des règles : cela vaut pour l’immigration comme pour l’économie. L’Europe, si elle renonce à défendre son limes, se condamne (p. 252). »

Hostile au sans-frontièrisme, il conspue l’action délétère de la Cour européenne des droits de l’homme et invite les fonctionnaires européens à travailler pour de courtes périodes dans les administrations nationales. Là où son discours ne surprend plus concerne la monnaie unique. Laurent Wauquiez « reste convaincu que renoncer à l’euro serait une folie (p. 195) ». Parlant des États membres de l’Eurolande, il a bien compris que « l’euro les oblige à être ensemble mais la réalité est que leurs divergences restent fortes et ne permettent pas de constituer un véritable affectio societatis européen (p. 181) ». En fait, « la crise de l’euro n’est pas une crise de la dette ou des déficits excessifs. […] La crise de l’euro est avant tout la crise de pays dont les chemins économiques divergeaient de plus en plus et qui n’avaient plus du tout la même compétitivité. Les marchés se sont tout simplement pris à douter qu’il soit possible de tenir la même monnaie entre une Allemagne forte et une Grèce ou une Espagne exsangues sur le plan économique (p. 199) ». Il ignore là encore l’influence néfaste de la Haute Finance cosmopolite. Donc, conclut-il, « l’euro a besoin d’un exécutif fort (p. 217) ». Oui, mais comment ?

euro-373008_640.jpgIl reste sur ce point d’une grande ambiguïté. « Toute tentation fédéraliste, tout renforcement quel qu’il soit des institutions européennes dans le cadre actuel doit être systématiquement rejeté (pp. 293 – 294). » Il est révélateur qu’il n’évoque qu’une seule fois à la page 187 la notion de subsidiarité. Il pense en outre qu’« il n’y a pas un peuple européen, et croire qu’une démocratie européenne peut naître dans le seul creuset du Parlement européen est une erreur. Il faut européaniser les débats nationaux (p. 139) ». Dommage que les Indo-Européens ne lui disent rien. Il reprend l’antienne de Michel Debré qui craignait que le Parlement européen s’érigeât en assemblée constituante continentale. « Construire l’Europe avec la volonté de tuer la nation est une profonde erreur (p. 285). » À quelle définition de la nation se rapporte-t-il ? La nation au sens de communauté de peuple ethnique ou bien l’État-nation, modèle politique de l’âge moderne ? En se référant ouvertement à la « Confédération européenne » lancée en 1989 – 1990 par François Mitterrand et à une « Europe en cercles concentriques » pensée après d’autres par Édouard Balladur tout en oubliant que celui-ci ne l’envisageait qu’en prélude à une intégration pro-occidentale atlantiste avec l’Amérique du Nord, Laurent Wauquiez soutient une politogenèse européenne à géométrie variable. Dans un scénario de politique-fiction qui envisage avec deux ans d’avance la victoire du Brexit, il relève que « le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne suite à son référendum, mais a contribué à faire évoluer les 27 autres États membres pour qu’ils acceptent une forme plus souple de coopération autour d’un marché commun moins contraignant (p. 191) ». D’où une rupture radicale institutionnelle.

Un noyau dur « néo-carolingien »

EUR6.pngLa configuration actuelle à 28 ou 27 laisserait la place à une entente de six États (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie et Pays-Bas) qui en exclurait volontairement le Luxembourg, ce paradis fiscal au cœur de l’Union. « Le noyau dur à 6 viserait une intégration économique et sociale forte (p. 185). » Il « pourrait s’accompagner d’un budget européen, poursuit encore Wauquiez, qui aurait comme vocation de financer de grands projets en matière de recherche, d’environnement et de développement industriel (p. 186). » On est très loin d’une approche décroissante, ce qui ne surprend pas venant d’un tenant du productivisme débridé. Cette « Union à 6 » serait supervisée par « une Commission restreinte à un petit nombre de personnalités très politiques qui fonctionnerait comme un gouvernement élu par le Parlement (pp. 187 – 188) ». S’il ne s’agit pas là d’une intégration fédéraliste, les mots n’ont aucun sens ! Laurent Wauquiez explique même que « la politique étrangère et la défense sont d’ailleurs toujours parmi les premières politiques mises en commun dans une fédération ou une confédération d’États (p. 92) ». Il n’a pas tort de penser que ce véritable cœur « néo-carolingien » (2) serait plus apte à peser sur les décisions du monde et surtout d’empêcher le déclin de la civilisation européenne. Faut-il pour le moins en diagnostiquer les maux ? « La première défaite, observe-t-il, c’est d’abord une Europe qui a renoncé à être une puissance mondiale. Elle accepte d’être un ventre mou sans énergie et sans muscle. Elle a abandonné toute stratégie et ne cherche plus à faire émerger des champions industriels (pp. 250 – 251) ». L’effacement de l’Europe a été possible par l’influence trouble des Britanniques. Londres imposa la candidature de l’insignifiante Catherine Ashton au poste de haut-représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité « a méthodiquement planifié par son inaction l’enlisement de la politique étrangère de sécurité et de défense (p. 90) ». Un jour, Laurent Wauquiez discute avec son homologue britannique. Quand il lui demande pourquoi avoir choisi cette calamité, le Britannique lui répond qu’« elle est déjà trop compétente pour ce qu’on attend d’elle et de la politique étrangère européenne, c’est-à-dire rien (p. 90) ». Résultat, le projet européen verse dans l’irénisme. « L’Europe a pensé que sa vertu seule lui permettrait de peser alors qu’il lui manquait la force, la menace, les outils d’une diplomatie moins morale mais plus efficace (p. 93). » L’essence de la morale diverge néanmoins de l’essence du politique (3).

Map_of_Visegrad_Group.pngAutour de ce Noyau dur européen s’organiseraient en espaces concentriques une Zone euro à dix-huit membres, puis un marché commun de libre-échange avec la Grande-Bretagne, la Pologne et les Balkans, et, enfin, une coopération étroite avec la Turquie, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Cette vision reste très mondialiste. L’auteur n’envisage aucune alternative crédible. L’une d’elles serait une Union continentale d’ensembles régionaux infra-européens. Au « Noyau néo-carolingien » ou « rhénan » s’associeraient le « Groupe de Visegrad » formellement constitué de la Pologne, de la Hongrie, de la Tchéquie, de la Slovaquie, de l’Autriche, de la Croatie et de la Slovénie, un « Bloc balkanique » (Grèce, Chypre, Bulgarie, Roumanie), un « Ensemble nordico-scandinave » (États baltes, Finlande, Suède, Danemark) et un « Axe » Lisbonne – Dublin, voire Édimbourg ? C’est à partir de ces regroupements régionaux que pourrait ensuite surgir des institutions communes restreintes à quelques domaines fondamentaux comme la politique étrangère, la macro-économie et la défense à condition, bien sûr, que ce dernier domaine ne soit plus à la remorque de l’Alliance Atlantique. Il est très révélateur que Laurent Wauquiez n’évoque jamais l’OTAN. Son Europe ne s’affranchit pas de l’emprise atlantiste quand on se souvient qu’il fut Young Leader de la French-American Foundation.

Dès lors, il a beau proclamé que « l’Europe c’est […] faire ensemble des projets que l’on ne peut faire seul, aborder fièrement la concurrence et montrer à la face du monde qu’unis, les Européens ont de l’énergie à revendre, qu’ils forment un continent d’ingénieurs et d’industriels capables de relever tous les défis (p. 39) ». Cela reste de pieuses intentions. Tout son exposé se fonde sur les méthodes viciées de la démocratie bourgeoise libérale représentative et de la sinistre partitocratie.

Étonnante synthèse

JMon-Time.jpgLaurent Wauquiez méconnaît les thèses fédéralistes intégrales et non-conformistes. Il semble principalement tirailler entre Jean Monnet et Philippe Seguin. « Les deux sont morts aujourd’hui, et c’est la synthèse de Monnet et Séguin qu’il faut trouver si l’on veut sauver l’Europe (p. 18). » Cette improbable synthèse ne ferait qu’aggraver le mal. Wauquiez affirme que « Monnet et Séguin avaient raison et il faut en quelque sorte les réconcilier (p. 17) ». À la fin de l’ouvrage, il insiste une nouvelle fois sur ces deux sinistres personnages. « La vision de Monnet n’a sans doute jamais été aussi juste ni d’autant d’actualité (p. 293) » tandis que « définitivement, Philippe Séguin avait raison et le chemin suivi depuis maintenant vingt ans est en mauvais chemin (p. 291) ». Se placer sous le patronage à première vue contradictoire de Monnet et de Séguin est osé ! Jean Monnet le mondialiste agissait en faveur de ses amis financiers anglo-saxons. Quant à Philippe Séguin qui prend dorénavant la posture du Commandeur posthume pour une droite libérale-conservatrice bousculée par le « bougisme » macronien, cet ennemi acharné de la Droite de conviction représentait toute la suffisance, l’illusion et l’ineptie de l’État-nation dépassé. Sa prestation pitoyable lors du débat avec François Mitterrand au moment du référendum sur Maastricht en 1992 fut l’un des deux facteurs décisifs (le second était la révélation officielle du cancer de la prostate de Mitterrand) qui firent perdre le « Non » de justesse le camp du non. François Mitterrand n’aurait jamais débattu avec Marie-France Garaud, Philippe de Villiers ou Jean-Marie Le Pen…

Europe : il faut tout changer est un essai qui tente de trouver une voie médiane entre une Union actuelle en dysfonctionnement total et l’option souverainiste. Certaines suggestions paraissent intéressantes, mais Laurent Wauquiez demeure malgré tout un modéré. S’il a les mêmes convictions que Séguin, voire du Chirac de l’« appel de Cochin » (décembre 1978), les droitards sans cesse cocufiés risquent de voir leurs cornes encore plus poussées… Wauquiez devine l’enjeu européen sans s’extraire du train-train politicien. Pas sûr que cet entre-deux de pondération mitigé incite les électeurs de la « France périphérique » à voter pour la liste que soutiendra Wauquiez aux élections européennes de 2019.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : cf. de Michel Poniatowski, l’excellent L’avenir n’est écrit nulle part, Albin Michel, 1978, et L’Europe ou la mort, Albin Michel, 1984; de Philippe de Villiers, Notre Europe sans Maastricht, Albin Michel, 1992, La Machination d’Amsterdam, Albin Michel, 1998, etc., de Bruno Mégret, La Nouvelle Europe. Pour la France et l’Europe des nations, Éditions nationales, 1998, L’Autre Scénario pour la France et l’Europe, Éditions Cité Liberté, 2006, ou Le Temps du phénix. Récit d’anticipation, Éditions Cité liberté, 2016.

2 : Ce cœur « néo-carolingien » ou « rhénan » s’apparente aux thèses de Marc Rousset développées dans La nouvelle Europe de Charlemagne. Le pari du XXIe siècle (Économica, 1995), préface d’Alain Peyrefitte.

3 : cf. Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2003.

• Laurent Wauquiez, Europe : il faut tout changer, Odile Jacob, 2014, 302 p.

Future intégration économique entre la Russie et le Japon?

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Future intégration économique entre la Russie et le Japon?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Poser la question ne paraît pas sérieux. D'une part les deux pays faute d'un traité de paix sont encore juridiquement en guerre. D'autre part et surtout, beaucoup de différences séparent leurs économies.

Le Japon est bien intégré dans l'économie libérale américaine et européenne. La Russie cherche sa voie dans une alliance avec la Chine, en perspective d'une future Eurasie. Même si son économie s'ouvre de plus en plus à des relations technologiques et financières avec le monde dit « occidental », à l'exclusion des Etats-Unis, elle reste très fermée et difficile à pénétrer par des intérêts étrangers. Ne mentionnons pas le fait que le Japon demeure politiquement une sorte de satellite de Washington. Les choses pourront changer si les Japonais y trouvaient de l'intérêt. D'ailleurs la récente rencontre Shinzo Abe-Vladimir Poutine au forum économique de Vladivostok a été d'un bon présage à cet égard.

sakhhokk.pngIl ne faut pas sous-estimer les points sur lesquels les deux économies pourraient dès maintenant coopérer, si les circonstances politiques le permettaient. La Russie représente un vaste marché de consommation, que les industries russes peineront à satisfaire, faute de financements et de produits adaptés. Son vaste continent, notamment au delà du cercle polaire, est assez grand pour accueillir des investisseurs japonais. Ceux-ci diminueraient la dépendance actuelle à l'égard de la Chine. En contrepartie, la Russie pourrait fournir des matières premières et de l'énergie dont le Japon manque cruellement. Ses industries militaires qui sont extrêmement compétitives et modernes, pourraient intéresser Tokyo au cas où celui-ci déciderait de se constituer une défense indépendante des forces américaines et de leurs matériels.

Si l'on ne peut envisager, malgré leurs aspects complémentaires, une future intégration des deux économies, de très importants rapprochements pourraient se faire rapidement. Mais il faudrait pour cela un grand programme géopolitique qui permettrait aux populations et aux décideurs des deux pays de visualiser concrètement les avantages qu'en tireraient les deux partenaires.

Un futur pont-tunnel

C'est le rôle que pourrait jouer le projet de pont-tunnel à l'étude entre les deux pays. Nous avons déjà mentionné ce projet et marqué son intérêt dans un article de janvier 2018 Un projet de pont entre la Russie et le Japon https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/140118.... Dans le présent article, il n'est pas inutile d'y revenir.

Ce projet, dans l'esprit de l'OBOR chinois, impliquerait de massifs investissements d'infrastructures. Or c'est un domaine dans lequel les Chemins de fer russes (http://eng.rzd.ru/) excellent, ceci dès le temps du Transsibérien. Quant aux financements, ils pourraient provenir, non seulement de la Russie et du Japon, mais de la Chine et de la Corée du Sud, qui souhaitent des relations économiques plus faciles que par mer avec le Japon.

Le projet une fois décidé pourrait provoquer une vague d'investissements dans les iles Sakhalin et Hokkaido, sans mentionner la région de Vladivostok. Le chemin de fer faciliterait l'accès du Japon aux matières premières et produits primaires russes, dont il manque et qu'il est obligé d'importer de plus loin. Comme indiqué ci-dessus, les consommateurs russes seront preneurs des produits sophistiqués de l'économie japonaise. Il s'agirait d'échanges gagnant-gagnant , ce qui n'est pas le cas dans les relations du Japon avec les Etats-Unis et l'Europe, qui voient un lui un concurrent n'offrant pas de contreparties.

Reste à savoir si l'ogre américain laissera son porte-avion japonais en mer du Japon et dans le Pacifique lui échapper. Peut-être qu'affaibli  il ne pourra pas faire autrement.

lundi, 19 février 2018

Entrevista con el profesor Claudio Mutti

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Entrevista con el profesor Claudio Mutti

Con motivo de la reciente publicación de la obra «Democracia y Talasocracia», el pasado 30 de septiembre nos desplazamos a Parma (Italia) para entrevistar a su autor, el profesor Claudio Mutti.
 
En la entrevista repasamos aspectos de la más candente actualidad a nivel geopolítico, como el de la crisis de los refugiados, o las relaciones entre el mundo occidental y Rusia.
 
 
 

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jeudi, 15 février 2018

La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !

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La nouvelle politique militaire des États-Unis – attention – danger !

mercredi, 14 février 2018

Perspectives pour une Corée réunifiée

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Perspectives pour une Corée réunifiée

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Beaucoup d'attention a été non sans raison apportée aux contacts lors des Jeux olympiques de PyeongChang entre les deux présidents, Moon de la Corée du Sud et Kim Jung-un de la Corée du Nord. Il apparaît que Moon a été invité à  Pyongyang,  capitale de Corée du Nord, par son homologue. Il aurait accepté de s'y rendre.

CR-1.pngCeci bien évidemment s'est fait sans demander l'accord des Etats-Unis qui expriment actuellement leur fort mécontentement. Nul ne sait si les deux pays réussiront à s'entendre, ni sur quelles bases ceci se ferait. Mais beaucoup d'hypothèses très positives circulent en ce moment.

L'histoire et la logique font qu'une réunification des deux Corées, même si c'est sous la formule d'un Etat fédéral, se produira inévitablement dans les prochaines années. Manifestement la Chine et la Russie, très influentes de part et d'autre, y poussent. Mais sur quelles bases celle-ci pourrait-elle se faire?

Excluons dans cette question l'examen du fait que les Etats-Unis ont transformé la Corée du Sud en plateforme avancée des forces militaires considérables qu'ils déploient en mer du Japon et dans le Pacifique sud. Si en effet Séoul ne voulait plus de leur présence, ils seraient bien obligés d'en tenir compte, sauf à agiter des menaces militaires contre le pays ainsi colonisé qui voudrait s'en libérer.

Ceci étant, en dehors des différences démographiques, les deux pays ont un profil très différent. La Corée du Sud est connue dans le monde entier par la compétitivité des entreprises qu'elle y héberge, notamment dans le secteur des technologies numériques. Elle a lié tant aux Etats-Unis qu'en Europe des relations avec les entreprises correspondantes de ces pays qui la rendent en pratique inséparable sur de nombreux plans des économies américaines et européennes. Ces relations ne devraient pas être remises en cause pour des motifs purement politiques.

La Corée du Nord, comme nul n'en ignore aujourd'hui, a réussi à se donner des compétences de premier rang dans le domaine des missiles et de l'arme nucléaire qui la mettront vite au niveau d'autres pays du club des grandes puissances militaires. La Corée du Sud, privée pratiquement de tout moyen de défense en propre du fait des Etats-Unis, devrait être heureuse de partager les ressources militaires du Nord.

Au plan politique, la Corée du Sud peut prétendre être une démocratie. Elle a de bonnes relations avec tous les pays de ce type, notamment en Europe. La Corée du Nord, sans être à proprement parler une dictature, est incontestablement un régime autoritaire. A cet égard elle est proche de la Russie et de la Chine. Mais il y a tout lieu de penser que la pratique démocratique du Sud contaminerait rapidement le Nord. Ceci d'autant plus que si les deux Corées décidaient de s'unir afin de reformer une Corée unique, les populations, d'abord très hésitantes, particulièrement au sud, verraient ceci d'un bon oeil car le sentiment national « coréen » paraît encore vif, ou tout prêt à renaitre.

CR-2.pngComplémentarité

Dans ce cas, la complémentarité des deux économies et de leurs investissement respectifs s'adapterait à merveille. La nouvelle Corée deviendrait une véritable grande puissance mondiale, dans tous les domaines.

Si cette nouvelle Corée entretenait de bonnes relations avec la Chine et la Russie, elle pourrait y conquérir de nouveaux marchés, notamment au plan économique. D'ores et déjà la Chine a proposé d'étendre aux deux Corées une branche de l'OBOR ou Nouvelle Route de la Soie qui les mettrait en relation plus facilement que par la mer avec les pays traversés par cette nouvelle voie, comme avec l'Europe. Le coût pourrait en être partagé.

Le rôle nécessairement très important que jouera l'actuelle Corée du Sud dans la future Corée unifiée devrait rassurer tous les pays asiatiques, notamment ceux de l'Organisation de Coopération de Shanghai. Il n'est pas exclu que le Japon, actuellement très hostile, notamment sous l'influence de son allié américain, se rapproche pragmatiquement de ce nouvel ensemble.

Ce sont ces perspectives, que nous ne développerons pas davantage ici, qui déplaisent fortement à Donald Trump, lequel avait promis plusieurs fois de réduire Pyongyang en cendres, sort auquel d'ailleurs ne pourrait pas échapper Séoul, du fait de sa proximité. Ce sont les mêmes raisons qui ont justifié le visage furieux du vice président américain Mike Pence lors de la séance inaugurale des Jeux puis son départ précipité. Personne apparemment parmi les organisateurs sud-coréens n'a cherché à le retenir. Chacun sait désormais que du fait de sa perte d'influence en Asie, l'Amérique n'aura aucun moyen d'empêcher une future réunification.

mardi, 13 février 2018

Coronel Pedro Baños: La principal preocupación de EEUU es evitar la unión de Rusia con la UE

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Nuño Rodríguez: Entrevista al coronel Pedro Baños

Coronel Pedro Baños: La principal preocupación de EEUU es evitar la unión de Rusia con la UE

Ex: http://latribunadecartagena.com

El pueblo español sabrá salir adelante. No con nuestros dirigentes, digo con el pueblo español. Cuando hemos tenido que salir fuera hemos salido, y hemos hecho dinero pero sin hacer enemigos. Somos diferentes, yo he dado muchas vueltas por el mundo, la capacidad creativa, de iniciativa de imaginación que tiene el pueblo español lo tienen muy pocos pueblos en el mundo

Pedro Baños Bajo, coronel del Ejército de Tierra y Diplomado de Estado Mayor, es uno de los mayores especialistas en Geopolítica, Estrategia, Defensa, Seguridad, Terrorismo, Inteligencia y Relaciones Internacionales a nivel mundial; su situación militar de reserva es uno de esos lujos que España no debería permitirse. Ha sido jefe de Contrainteligencia y Seguridad del Cuerpo de Ejército Europeo, en Estrasburgo y profesor de Estrategia y Relaciones Internacionales en la Escuela Superior de las Fuerzas Armadas, perteneciente al Centro Superior de Estudios de la Defensa Nacional, en Madrid. Durante la presidencia española de la Unión Europea fue miembro del equipo de la Dirección General de Política de Defensa, del Ministerio de Defensa. Estuvo al frente de la División de Asuntos Estratégicos y Seguridad, de la Secretaría General de Política de Defensa, como Jefe del Área de Análisis Geopolítico. Fue asesor militar en el Parlamento Europeo. Ha cursado estudios en España, Alemania, Francia, Estados Unidos, Bélgica, Turquía, Reino Unido, Israel y China y, en la actualidad colabora con medios de comunicación e imparte conferencias en universidades y fundaciones -tanto en España como en el extranjero- sobre Estrategia, Geopolítica, Inteligencia, Terrorismo, Relaciones Internacionales, Defensa y Seguridad.

Recientemente ha publicado “Así se domina el mundo. Desvelando las claves del poder mundial”, ¡que ya se encuentra en su quinta edición!

 domina-el-mundo_pedro-banos-bajo_201708031558.jpgNo resulta sencillo entrevistar al coronel Pedro Baños. Su nivel de conocimiento requiere -en justa reciprocidad- un entrevistador a su altura. Por ello hemos enviado a Nuño Rodríguez, politólogo y colaborador habitual de La Tribuna de Cartagena.

Muchísimas gracias por atender a La Tribuna de Cartagena, coronel.

Ha escrito usted un libro interesantísimo; analiza usted desde los estados y las organizaciones supranacionales hasta la mente del individuo. Es un mundo complejo ¿Qué actores son los más importantes dentro de esta complejidad?

Yo sigo pensando que los estados. Por encima de todo, los estados. Se habla de los agentes no estatales, el terrorismo no estatal… pero los principales agentes son los estados. Estamos hablando que hay estados poderosísimos que, sin lugar a dudas,  tienen una capacidad para ejercer su influencia de modo omnímodo, no sólo porque el estado detente el monopolio de la violencia, sino porque estos estados tienen una fuerza gigantesca.

Comenta en el libro que el estado es un ser vivo. Por lo menos algunos de ellos… ¿Qué variables podemos tener para medir la vida real de un estado?

Hay una serie de parámetros que miden, por ejemplo, el desarrollo social y el desarrollo industrial de un país. Como por ejemplo el consumo de ciertas materias primas, de ciertas sustancias, minerales... Por supuesto hay otros parámetros para medir el desarrollo social, que puede ser hasta cuantos teléfonos móviles tiene un país. Hay muchos parámetros que lo pueden medir. Y es verdad que son estados vivos porque necesitan básicamente dos cosas; alimentarse y crecer. Que es, por un lado, mantener a la población, proveer todos los recursos para la supervivencia humana, y por otro lado, seguir manteniendo su desarrollo industrial, por lo tanto necesita consumir permanentemente, necesita alimentar su sangre, su industria, su sabia.

Y eso lo tienen que hacer todos los estados.

La armada de EE.UU. es más poderosa que todo el resto de las armadas del mundo juntas

España, se puede entrever dentro de su libro, que es un estado mariachi….

Sí, hay que pensar que aquí hay los típicos matoncillos de patio del colegio. Pero los líderes del patio del colegio son muy pocos, todos los demás hacemos la ola. Somos los seguidores, los adláteres de estos poderosos. Cada uno se ha alineado o se ha afiliado con un poderoso del patio y a nosotros nos ha tocado el bando de EE.UU. Pero también hay algunos países -como pasa con los niños del patio del colegio- que no quieren pertenecer a ningún grupo. Pero es muy peligroso, porque al final suelen ser los perjudicados.

Ciertamente, coronel; estamos hablando que hay estados independientes, pero son muy pocos y siempre están presionados para juntarse con uno u otro bando.

Así es.

¿Si España es un estado mariachi, un estado que va en coalición con su banda de malos, al tener la soberanía enajenada en muchos aspectos, ¿podríamos hablar de estados zombis?

Principalmente son estados que no pueden sustraerse al influjo de los poderosos. Más que zombis yo los llamaría títeres. Porque muchas veces no actúan en su propio beneficio sino en beneficio del jefe. Es verdad que podríamos acusar a los gobiernos europeos de seguir, algunas veces en exceso, las directrices de EE.UU. Pero también es muy difícil, como comento, sustraerse al gran poder que tiene EE.UU. en todos los órganos.

El presupuesto americano de defensa es casi 100 veces el de España

Machiavelssssss.jpgTambién comenta en su último libro una cita de Maquiavelo que decía que “siempre son estos estados los que suelen hacer el trabajo sucio de los grandes para mejorar su imagen frente a ellos…” Estamos también con otros actores, como son las organizaciones supranacionales, como la UE, o incluso la OTAN se podría contar como tal ¿Están estas organizaciones tomando forma de estado independiente, o son claras herramientas de los estados fuertes, de los matones del colegio?

Son herramientas. Primero hay unas organizaciones internacionales donde no se pierde soberanía, otras supranacionales como es la UE donde, teóricamente, se pierde soberanía, pero vemos que hay parte de la soberanía que se retiene a toda costa por parte de los estados, como es el caso de las fuerzas armadas. Se puede decir que la pérdida de soberanía es parcial, incluso dentro de la UE hay países que se niegan a seguir algunas de las directrices marcadas por Bruselas. Pero es verdad que, en el caso de la OTAN, es un instrumento geopolítico en manos de EEUU, que es el que más aporta en todos los órdenes. No sólo en términos económicos sino también de material.

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Coronel Baños, estamos viendo como todos los países miembros de la OTAN están apoyando, con dinero o con tropas, en un trabajo que parece diseñado nada más para acorralar Rusia. Tenemos ahora una fuerza en Europa, la PESCO, que también está obligando a poner el 2% del PIB de los países europeos para financiarla ¿Qué razón tendría estar dentro de la OTAN una vez que se haya creado esta fuerza, si llegara a ser operativa?

Como estamos hablando la OTAN es básicamente EE.UU. por su capacidad de aportar medios estratégicos. Europa está empezando a tener aviones de transporte estratégico, pero también hablamos, por ejemplo, de sistemas de comunicaciones. A día de hoy el sistema Galileo no tiene ni punto de comparación con el sistema de posicionamiento global GPS, el sistema americano. Estamos hablando de una disparidad de medios entre organizaciones, enorme. En armamento nuclear estamos hablando de unas pocas cabezas que tengan Francia o Reino Unido, comparado con las miles de cabezas nucleares que tiene Estados Unidos, estamos hablando de barómetros completamente diferentes. Para hacernos una idea; la armada de EE.UU. es más poderosa que todo el resto de las armadas del mundo juntas, no de las europeas juntas, sino de todas las armadas del mundo juntas. Con lo cual estamos hablando de jugar en ligas completamente diferentes. El presupuesto americano de defensa es casi 100 veces el de España, para calcular la diferencia (risa).

En estas iniciativas como la que usted señala, PESCO, llevaron tanto tiempo hablar de ellas, que creo poco. La primera iniciativa para crear una comunidad europea de la defensa es de los años cincuenta, y fracaso también. Aquí surgen muchísimos problemas, acabas que comentar el tema del presupuesto, del aporte con respecto al PIB; hay países que aportan más del 2% -muy pocos- pero hay otros que no llegan al 0,5% del PIB.  La media en Europa está ahora en el 1,4% del PIB ¿De verdad hay gente que piensa que países, como España,  pueden pasar del 0,9% al 2%, aunque sea en pocos años? Desde luego tendría que evolucionar muchísimo la economía para que la población permitiera (habiendo recortes en educación, en sanidad, o en unas pensiones que prácticamente ya no se pueden sostener) que se duplicase el presupuesto de defensa. Más aun cuando si hablamos, no explicamos a la población cuáles van a ser los objetivos de esa duplicación del presupuesto. Eso hay que unirlo a varios aspectos más; lo primero es que no solamente el porcentaje frente al PIB son las fuerzas que tú puedas aportar, evidentemente no es lo mismo un país que pueda tener dos mil soldados -pensemos en el caso de Malta o Luxemburgo- que países como Alemania, Francia Italia o España. El problema que se plantea es ver si pasaría como en la OTAN, que al final las misiones son decididas básicamente por Estados Unidos y, obviamente, no van a ser en su perjuicio sino en su beneficio. Aquí podría pasar exactamente igual. Hay muchas circunstancias que a mí me hacen desconfiar. A lo mejor una idea podía ser una Europa de defensa de dos velocidades, pero tampoco sería una solución.

Entonces, ¿no ve factible que la UE, con sus organismos, llegue a alcanzar el nivel de desarrollo que tiene ahora mismo EEUU?

No, por supuesto que no; porque si hablamos de la OTAN estamos hablando de un liderazgo fuerte, que es el que dirige la organización. ¿Aquí quién la dirigiría? ¿Permitiría Francia que fuera Alemania? ¿Alemania dejaría este papel protagonista a Francia? Ya tenemos el problema servido. Después, como comento, aunque nos juntásemos y subiésemos el presupuesto al 4%, no llegaríamos ni de lejos a hacerle sombra a EE.UU. Además crear la PESCO no es, según nos han trasmitido nuestros políticos, abandonar la OTAN. Simplemente sería reforzar el pilar europeo dentro de la OTAN, que por otro lado, ya es algo que reclama EE,UU,, que dice que ya está bien de soportar nuestra defensa a costa de su erario público.

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Es cierto que hemos enajenado nuestra defensa a los Estados Unidos, después si los EEUU quieren disponer de ella como quieran, ya es cosa suya. ¿Qué trabas podrían llegar a poner los EE.UU. pare frenar estos avances en la autodefensa de Europa, en el Galileo, en las misiones externas exclusivamente europeas? 

Hoy por hoy no le preocupa por lo que estamos hablando; nuestros avances son muy tímidos no vamos a engañarnos. Hasta que el Galileo llegar a pensar simplemente en hacer sombra al GPS, todavía quedaría muchísimo por desarrollar. En todo lo demás básicamente igual. Mientras este núcleo fortalecido de la defensa europea siguiera estando dentro de la OTAN, y mientras EEUU siguiera manejando este instrumento, tampoco sería algo que perjudicara a los Estados Unidos. Más al contrario; aportaría menos dinero, que igual le serviría para reforzar sus servicios sociales o asuntos internos, y por otro lado seguiría manejando la organización. Otra cosa sería si, hipotéticamente, nos convirtiéramos en un rival geopolítico, esos seria otra cuestión.

La principal preocupación de EE.UU. es evitar la unión de Rusia con la Unión Europea

¿Se está intentando evitar la unión de Rusia con la UE?

Esa es la principal preocupación de EE.UU. Y esa es la realidad. Para cualquiera que entienda de geopolítica es algo obvio. Como han intentado a lo largo de la historia todos los países omnímodos o imperialistas; el que surja una unión que les perjudicara a ellos. Es evidente.

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Brzezinski también estaba diciendo, en su antiguo libro del tablero mundial, que el campo de juegos iba a ser Eurasia, que intentar balcanizar Eurasia siempre iba a ser un objetivo de los EEUU.

Por supuesto.

Afirma usted que España es un estado mariachi -incluso dentro de la UE-. Pero España era un país que estaba industrializado, que tenía sus parámetros bien organizados, su empleo, su industria, su PIB… Para entrar en la UE nos obligaron a desindustrializarnos ¿Se puede decir que nos quitaron una escalera que era nuestra y que ahora no nos dejan subir?

Buena pregunta, porque hoy en día hay una sensación rara. Siendo verdad que hemos ganado muchas cosas -como infraestructuras y demás- por otro lado la vida se ha encarecido mucho desde la entrada del euro. Porque los sueldos prácticamente no han subido pero si ha subido todo lo demás. Solo hay que ver lo que en el año 2.000 costaba cualquier cosa, en comparación con los sueldos que había en aquel momento, y lo que cuesta hoy en día. Simplemente hay que ver los alquileres en Madrid, en comparación con los sueldos.  Hay mucha gente que empieza a verlo con mucho recelo. Son esos recelos, esas desilusiones, lo que fomentan el auge de extremismos políticos, enmarcando también, dentro de ellos, el nacionalismo.

Vemos, coronel Baños, que hay gente que ha subido con su escalera, que tienen países industrializados y que están abogando claramente por el libre comercio. Nosotros nos hemos quedado como un país de servicios que no tiene nada con lo que competir dentro de lo que es el libre comercio ¿Tiene futuro esta Europa de las dos velocidades?

El que haya una Europa de dos velocidades va en contra de los principios de la propia UE, como el principio de igualdad soberana. Con todo el esfuerzo que se ha hecho para incorporar países en la UE, las dos velocidades es ir en contra del esfuerzo. Ahora estamos viendo que igual no todos los países podían haber ingresado en la UE ¿Qué significan las dos velocidades?, ¿dejar una serie de países al margen?, ¿qué países van a quedar al margen? Porque cuando se habló de dejar al margen a Polonia, inmediatamente Polonia alzó la voz “Yo para eso no he ingresado en la UE”, además es un país importante, por población y por territorio, no es un país pequeño. Igual hay que hacerlo para sobrevivir como UE, que por supuesto la UE debe reinventarse a toda costa, pero marginar países miembros no creo que sea la mejor de las soluciones.

lawfarebook.jpgEl Lawfare, que como explica en su libro es el uso de las leyes contra la soberanía de otros países ¿qué incidencia está teniendo en España dentro de la UE? Porque ya tenemos muchos aspectos en los que no somos soberanos, ni en la economía, ni en la moneda, ni en la defensa…

No hay un objetivo claro de perjudicar a España, ni mucho menos. Pero es verdad que las leyes internacionales, que el derecho internacional, es una herramienta más en manos de los poderosos, que son los que lo pueden ejercer. En el libro expongo muchos casos de ello, por ejemplo; hay muchos países que están saliendo de la Corte Penal Internacional (CPI) porque consideran que sólo perjudica a los débiles, a los que no tienen esa capacidad de defensa.

La guerra de Yemen no aparece en los telediarios porque quien está atacando es Arabia Saudí

¿A África…?

Como África. Es una realidad, lo estamos viendo ¿Por qué ahora mismo no se está interviniendo en la República Democrática del Congo cuando hay un desastre humanitario gigantesco? O, lo mismo, en Yemen. En Yemen, como quien está atacando es Arabia Saudí y evidentemente es aliado de los poderosos, no hay interés casi ni de que aparezca en las noticias, en los telediarios... En cambio en otros conflictos en los que hay interés, nos machacan sistemáticamente con ese tipo de noticias.

Ahora que menciona Yemen, comenta usted en su libro que todos los países que están siendo díscolos con el sistema internacional, dentro de Oriente Medio, eran los que tenían una buena relación directa con la URSS y en los que todavía se supone que Rusia tiene una influencia más directa ¿Están los poderosos luchando  contra los vestigios de la URSS?

Sí, en cierto modo la guerra fría no ha terminado. Hay escenarios clarísimos donde sigue vigente. Como es el escenario de Corea del Norte; en este país perdura la guerra fría pura y dura. Además de intereses económicos, como reflejo en mi libro, hay intereses ideológicos clarísimos. No cabe duda que la guerra fría sigue en cierto modo vigente. Sobre todo ante una Rusia, que no es que quiera recuperar el esplendor absoluto que tuvo en su momento la URSS, pero sí es cierto que quiere tener parte de la influencia que llegó a tener la URSS; pero como EE.UU. intenta influir en toda América, en Europa o allí donde puede. Cuando nos dicen que parece que Rusia quiere conquistar el mundo, que quiere invadir a toda Europa, hay que ver que EE.UU. tiene cerca de 800 bases repartidas por todo el mundo. Vamos a ver el mapa, vamos a ser honestos y vamos a ver quién rodea a quién.

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La influencia se suele ejercer más con el soft power, como comenta usted en el libro, que con el hard power…

Sobre todo ese soft power que era lo que pretendía, y así lo explicaba el presidente Obama en su Estrategia de Seguridad Nacional del 2.015. Ahora parece que le quieren dar la vuelta a la tortilla. Pero el objetivo es el mismo; ser el gran dominador del mundo. Dominarlo tanto con las armas como con las mentiras. La falacia es un arma de guerra, es un arma de guerra muy poderosa.

Todos los poderes políticos necesitan de la credibilidad de la población. En un mundo mediatizado, donde la política es una estructura narrativa basada en informaciones bastante inconcretas, ¿tiene esto una solución racional o incluso puede ser mejor que las poblaciones no tengan nada que ver con las decisiones de los gobiernos?

Desde que existe información existe desinformación, manipulación de la información. Desde el origen de los tiempos y a partir de la aparición de la imprenta, de una manera mucho más palpable. Hoy en día, con la tecnología actual, desde los medios de comunicación, se permite hacerlo de una manera diferente. Pero el procedimiento, la base, es exactamente la misma. El otro día veía que iba a haber una comisión europea contra las fake news… pero vamos a ver, cualquiera que entienda un poco de qué va este mundo sabe que la primera fake news es la política y, la política institucional. Tanto estatal como comunitaria. Todos los días nos están bombardeando con noticias que no son ciertas. Nos dan una imagen que no corresponde con la realidad de los países. Ni sobre la realidad de Europa; eso son también fake news. Lo que pasa ahora, que parece que todos nuestros males tienen que provenir de Rusia, que parece quiere causarnos el mayor de los perjuicios, pues parece que únicamente Rusia elabora fake news. Y sin embargo es algo clásico, tradicional.

Con Obama Irán iba a acabar con el Estado Islámico. Y llega Trump y dice que Irán es el malo malísimo

También el mundo parece estar dividido tanto en estados poderosos, con sus gigantescas estructuras militares, como en sistemas mediáticos, como es el sistema mediático occidental, que tiene el enemigo creado con la satanización de Rusia ¿Qué otros enemigos creados podemos encontrar por el mundo?

Tenemos claramente Corea del Norte, y tenemos Irán. Además ese Irán basado en la hipocresía internacional, donde se crean y destruyen países por antojo. Recordemos que desde el año 79 era el gran Satán. Pero cuando llegó Obama y alcanzó un acuerdo nuclear y les dijo que les iba a desbloquear trescientos mil millones de dólares que tenían en cuentas congeladas, de repente nos decían -y podemos ir a la hemeroteca- que Irán iba a ser la solución de Oriente Medio. Irán iba a ser quien iba solucionara todos los problemas, en parte porque iba a acabar con el Estado Islámico. Y de repente llega Trump y dice de nuevo que Irán es el malo malísimo, la peor de las dictaduras, un régimen brutal… ¿A quién creemos? ¿Hace dos años a Obama o ahora a Trump? Para que veas cómo nos manejan, nos condicionan y ¡además nos lo creemos! El problema es que cuando intentas mirarlo de manera objetiva, independiente e imparcial, y tratas de transmitirlo a la población, la gente está ya tan condicionada por lo que le han bombardeado que dicen “no, no, no, este hombre está equivocado, la verdad es lo que nos acaban de decir”.

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La información con más carga emocional ¿es al final la que más hondo cala?

Por supuesto, y curiosamente es más fácil jugar con las emociones y los sentimientos de lo que la gente se cree. Pongo ejemplos en el libro de cómo consiguen en 48 horas hacernos cambiar el modo de ver el mundo, es facilísimo.

Si, al final se basa todo en la comunicación persuasiva y las narrativas de corte emocional. En un sistema mediático es más barato y efectivo convencer a la gente que imponerle políticas por la fuerza. ¿Va a suponer este hecho un cambio en el campo marcial, lo ha supuesto ya?

Claro, hoy en día se basa sobre todo de hacer la guerra en la mente de las personas. Para que nos hagamos una idea un poco gráfica; la guerra siempre ha sido para doblegar voluntades. Doblegar las voluntades de los líderes, es decir, que el líder al final firmase la rendición. ¿Qué ponían los líderes en medio? A los ejércitos. Hoy en día se trata de sortear al ejército, atacando directamente a las poblaciones y a los líderes, y por supuesto a la mente de las poblaciones y la mente de los líderes. Si tú convences a las poblaciones que les lleve a forzar a sus líderes a tomar decisiones que beneficien al adversario, estás ganando la guerra.

Afirma en el libro que todo de lo que estamos hablando, los estados, los poderes militares, el poder mediático… al final todo responde nada más que a razones económicas, a razones comerciales.

Todos los conflictos, todas las guerras tienen un componente económico. En algunos casos es el prioritario, en otros casos no lo es. Pero el económico es un componente que todos los conflictos tienen. Si hablamos ahora mismo del conflicto de Siria, del absoluto drama humanitario que hay allí, hay que ver cuestiones de trazados de gaseoductos y oleoductos. Porque no es lo mismo que haya un gobierno chií y que también lo haya en Irán, por lo tanto el gas y el petróleo provengan de Irán, y salga al Mediterráneo para que venga a Europa para que lo consumamos los europeos, a que allí haya un gobierno favorable al mundo suní, y que ese petróleo venga de los países suníes del Golfo Pérsico. Se ve que siempre detrás de los conflictos hay un componente económico. En el libro lo explico, la guerra como se hace; con dinero, con dinero y con más dinero. Y el dinero que has gastado lo tienes que rentabilizar, y eso lo haces obteniendo beneficios económicos del conflicto en el que has entrado.

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Coronel Baños, en su libro habla de beneficios económicos, de comercio, de las grandes masas de dinero, del sistema bancario, de la familia Rotschild -que precisamente se hizo lo grande que es gracias a la falacia que divulgó sobre la batalla de Waterloo- ¿Cómo está configurado a día de hoy el mundo, dentro y sobre los estados, en familias económicas?

El poder económico es muy importante, condiciona incluso a los propios estados. Sobre todo porque en algunos ambientes, sabes que nosotros, en el mundo católico, el tener dinero o el ser pudiente está mal visto; lo que se dice de que es más fácil que entre un camello por el ojo de una aguja que un rico en el reino de los cielos. En cambio si vas a mundo protestante, en general, está bien visto. El calvinista -como Rockefeller- piensa que cuanto más rico eres más aportas a la sociedad, por lo tanto ser rico es algo socialmente beneficioso. En muchos países la unión entre la política y la economía es muy íntima. Aquí nos cuesta todavía apoyar como estado a nuestras industrias, porque pensamos que se van a  enriquecer por ello, pero no pensamos que si esa industria se enriquece va, por ejemplo, a pagar impuestos a los funcionarios. En el libro pongo ejemplos de cómo EE.UU. ha llevado a cabo golpes de estado para favorecer a sus empresas, para favorecer a sus industrias, principalmente las de energía. Evidentemente existe una fuerte relación entre el poder económico y el poder político. Hoy en día en EE.UU. las donaciones a los grandes partidos son secretas,  y se aportan grandes cantidades, y antes o después los receptores tendrán que devolver el favor. Hay que pensar que el poder, quien lo tiene, no aparece en ningún sitio. La familia Rotchild se supone que se compone de unos doscientos miembros que nadie sabe ni quiénes son, ni dónde están, ni se sabe nada sobre ellos. Se dice que el poder lo tiene el Club Bilderbeg, pero el Club Bilderberg no es nadie, porque hay alguien detrás que lo maneja. Como en la Cumbre de Davos. De lo que podamos ver y nos puedan transmitir no es lo importante, lo importante son las reuniones en paralelo que se realizan. Hay gente que paga fortunas por poder participar en esas reuniones en petit comité que es donde realmente se manejan los hilos del mundo.

Cuando hace diez años hablabas del Club Bilderberg te llamaban conspiranoico. A día de hoy salen sus reuniones anunciadas en los noticieros de la televisión y se ve que el poder va cambiando de escenario.

¡Se anuncian las reuniones y las listas de asistentes! Es información totalmente transparente, dónde y quién asiste, como Albert Rivera de Ciudadanos. Se les llama para ver qué opinan, qué piensan… pero hay gente por encima manejando todo eso.

Al final, lo que somos los ciudadanos nos limitamos a producir y a consumir. Somos una especie de hámster dentro de una rueda.

Y muchas veces lo hacemos felices. Aunque sepamos que somos el hámster dentro de la rueda, estamos encantados no tener que preocuparnos de buscar la comida fuera. Sabemos lo complejo que es el mundo, sabemos cómo nos manejan, cómo nos manipulan… pero es muy fácil decir que los problemas los solucionen otros. Yo tengo mis problemas personales, mis problemas laborales en mi pequeño mundo, pero lo demás ¿Qué me abusan? Pues que me abusen. Muchas veces es inconcebible como soportamos tales abusos, tanto de la política nacional como internacional. Además lo aceptamos con una pasividad absoluta. La gente dice ¿Cómo se pueden permitir estos casos de corrupción, estos escándalos? ¡Y en todos los niveles! Esto es para que hubiese habido una revolución clarísima. En cambio nos tienen tan adormecidos, tan anestesiados… Como explico en mi libro hay muchos estados corruptos donde los poderes para poder ser muy corruptos tienen que permitir, a los de abajo, participar de pequeñas corruptelas, así parece que están todos en el mismo barco. Y no estamos todos en el mismo barco.

Es una de las formas que expone en el libro de compartir el poder. También habla de que no hemos salido a las calles a protestar, pese a las informaciones que han salido, porque la narrativa en el sistema mediático consigue redirigirse de tal manera, que la atención se centra más en quién ha dicho la información, en desprestigiar a la fuente, que en la información misma.

Es un efecto interesante, porque aquí el asunto de Wikilieaks, por ejemplo, se sabe que la gente no se va a poner a leer miles de cables diplomáticos oficiales ¡Que todo lo que dice Wikileaks son cables diplomáticos oficiales, entre diplomáticos o servicios de inteligencia de un país! Aquí ahora nos preocupamos de que “es que ha sido Rusia quien lo ha desvelado” -que puede ser un problema- pero lo verdaderamente interesante es lo que dicen los cables. Del asunto de Wikileaks es que son cables propios, no son cables que hayan sido copiados o imitados.

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Es uno de los problemas de la democracia, y de la la división sectorial del trabajo, una persona trabajadora normal, en una democracia, está obligada a una jornada laboral en su puesto de trabajo, pero después se supone que tiene que tener otra jornada para informarse de todas estas cosas.

La gente llega a su casa cansada. Tiene sus problemas y su pequeño mundo. Nos ponemos frente al televisor y nos anestesian, nos bombardean con informaciones sobre lo que está pasando, pero no ni el porqué ni el para qué. Y cuando nos explican el porqué y el para qué son razones viciadas completamente. La gente, que no tiene por qué saber de estos temas, como yo no sé de cirugía del cerebro -por ejemplo- (a mí me pueden contar cualquier cosa de neurocirugía y me lo voy a creer), con estos temas que nos afectan a todos por igual, directa y permanentemente, la gente que no tiene por qué saber, y cuando intenta saber esta tan condicionado por  la información viciada que tampoco se va a enterar.

Al final es un sistema de valores que hay que creérselo. Tienes que comulgar con ello. Coronel, como apunta en su libro, el ser humano necesita de creencias metafísicas. Hay en el libro una cita de Freud que es determinante; retirar el cristianismo de Europa no se va a poder hacer, a no ser que se sustituya por un sistema de creencias exactamente igual, pero diferente ¿Estamos haciendo un tránsito las sociedades occidentales antes sociedades cristianas, hacia unas sociedades con otras creencias?

Sí, de hecho hay que pensar cómo se ha transformado el mundo en muy poco tiempo. El mundo que yo conocí, hace 40 años, no tiene nada que ver con el actual. El modelo social que había en España es completamente diferente. Que nadie piense que estos cambios surgen por generación espontánea. Hay agentes que lo van condicionando, que lo van transformando. No digo ni para mejor ni para peor, pero es una realidad. Además, como expongo en el libro, hay una pérdida de valores donde todo se cuestiona, todo se banaliza, todo es posible, todo es… y ¿por qué no?, llegará un momento en que habrá una sociedad completamente diferente. No digo ni mejor ni peor, no sé si nos hará más felices o más desgraciados, pero que vamos a ser una sociedad con ese tipo de valores diferentes sin lugar a dudas.

En su libro comenta que las sociedades multiétnicas tienden a conflictos étnicos. Habla también en el libro de George Soros como percusor y mecenas de todas estas políticas de mentes y puertas abiertas ¿Cree que todas estas políticas pueden estar encaminadas a crear esta clase de conflictos étnicos dentro de los estados occidentales para ser más manejables?

 Yo no lo descartaría. Lo que sí que es cierto es que la diversidad, que debería enriquecernos, muchas veces es utilizada para dividirnos. No es tampoco una fábula, lo cierto es que ahora mismo estos movimientos migratorios, en muchos casos de musulmanes, está rompiendo Europa. Se muestra con datos objetivos lo que está pasando. En estos países del grupo de Visegrado, principalmente en Polonia y en Hungría, donde las declaraciones de sus líderes políticos principales, como es el caso de Victo Orban (el primer ministro de Hungría) que ha dicho que no quiere un solo refugiado por el mero hecho de ser musulmanes. Están volviendo a levantar fronteras,  están construyéndose muros; ahora mismo hay doce muros fronterizos construyéndose en Europa. Estamos viendo que se rompe Europa porque ya no se cumplen las directrices de Bruselas. Estamos hablando de que se produce un desorden social una vez que se produce ese multiculturalismo. A lo mejor nosotros en España lo aceptamos muchos mejor porque nosotros siempre hemos sido un cruce de culturas, de religiones, hasta de razas ¿Qué sucede? Que nosotros lo aceptamos mucho mejor que otros países donde se consideran, o consideraban, más étnicamente puros en todos los conceptos sociales. Nosotros cuando estamos en el extranjero nos relacionamos más, aceptamos cualquier relación. Además caemos bien y se nos quiere por eso precisamente.

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Sabemos entonces cómo el sistema nos está manejando. Sabemos cómo están atacando nuestras sociedades desde sitios abstractos, indescriptibles, pero con políticas bastante concretas. La palabra de moda de este año, la más buscada en Google dicen, la más consultada, ha sido Aporafobia. Se supone que significa odio a los pobres. Como con otras fobias surgidas de la nada se empezara a legislar para blindarlas jurídica y socialmente. En su libro, coronel Baños, habla de cómo a los pobres se les puede utilizar, se les puede radicalizar con unos fines concretos. No hay que ser muy listo para saber que si desde el sistema mediático nos han dicho que esa ha sido la palabra de moda es porque el sistema económico-político se prepara para generar millones de pobres ¿Qué religiones o ideologías nos pueden vender para radicalizar a la gente y provocar que se revolucione?

Pues surgirán por todos los lados porque mira; yo cuando hablo de pobre lo enmarco en un concepto mucho más amplio.  Amplio desde el concepto de la persona desilusionada, desmotivada, frustrada…

¿Como el vendedor de fruta que se inmoló en Túnez del que habla en su libro?

Claro. Ese vendedor de fruta de Túnez lo tenemos aquí en España, lo tenemos en Europa, y cada vez hay más casos. A me gustaría que nuestros políticos aprendieran la lección de lo que ha pasado no hace mucho en Irán, hace poco en Túnez: las aspiraciones legítimas, sobre todo de los jóvenes, para pedir mejoras socio económicas. Aquí lo entendemos como movilizaciones en búsqueda de una democracia occidental, y no es eso. Buscan mejoras socio económicas. Hablamos de una juventud, en el caso de Túnez, que el 60% de los licenciados están en paro. Y sin ninguna perspectiva de trabajar en lo que han estudiado. En España no estamos de una manera muy diferente. Aquí tenemos una juventud que la tenemos adormecida, anestesiada, drogada, con el fin de que no surja esa revolución. Pero hay que ver lo que va a pasar a muy corto plazo. Tenemos una generación que en muchos casos no tiene capacidad para vivir por sí misma. Aunque esté trabajando, requiere de ayuda, o ayuda familiar o ayuda estatal. Eso significa, aunque estén mantenidos artificialmente, muchos no están cotizando a la Seguridad Social ni el sistema de pensiones. Si nosotros los mayores vamos a tener difícil tener una pensión ellos directamente no lo van a  tener. Pensemos el monstruo que estamos creando. Estamos abocados a una revolución, y todavía no estamos aprendiendo la lección de lo que está sucediendo.

Nos hablan de los logros de los últimos cuarenta años.  ¿Dónde están los logros?

Estamos teniendo ya todos los elementos de frustración en la sociedad española como para crear una yihad, acorde a su libro. ¿Nos falta el mecenas y la voluntad de los líderes políticos de arriba?

Claro. Al final alguien utilizara esta situación de modo torticero. Será una ideología política, será una religión, pero alguien lo utilizará, que no quepa ninguna duda. Cuando hay desesperanza la gente intenta agarrarse a algo que le ofrece una esperanza, incluso sabiendo que puede llegar a fracasar, ¡pero cuando la persona está ya fracasada…! Tiene que tener al menos esa ilusión. Porque no hay nada más desesperante en la vida que pensar que no se tiene futuro para uno mismo o para sus hijos.  Eso es lo más desesperante del mundo. Y la desesperación genera tensiones y las tensiones revoluciones.

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He visto doctoras en nanotecnología trabajando de dependientas en una tienda…

El otro día me contaban que dos camareros de una cafetería de universidad, eran los dos licenciados, ingenieros. Muchas veces nos hablan de los logros en los últimos cuarenta años. Si lo analizamos con tranquilidad nos preguntamos ¿Dónde están los logros? En el año 77 los intereses hipotecarios estaban al 22%, hora están negativos. En aquel año, una familia, trabajando un solo miembro de la familia aportaba entre el 20-30% de su sueldo para pagar esa hipoteca y la pagaba entre cinco y diez años. Hoy en día, trabajando los dos padres, y aportando el 50% de los dos sueldos, esa misma hipoteca la pagan entre 30 y 50 años. Que me explique alguien en que hemos progresado; nos han hecho mucho más esclavos.       

Y encima han roto la estructura familiar, nos han hecho más esclavos y más débiles.

Y encima han roto la estructura familiar, nos han hecho más esclavos y más débiles.

Antes había movilidad social, que era uno de los pilares de la democracia. Una persona saliendo de las clases más humildes, trabajando, con honradez, con seriedad, echándole horas, pues esa persona podía pasar a clase media. Hoy en día es al revés; es la clase media la que está pasando a clase baja, y cada vez más. Hoy en día un joven lo más seguro, a pesar de toda la formación que tenga, puede que no salga en toda su vida de clase baja. No va a poder llegar a la clase media en la que vivían sus padres y sus abuelos. En el año 77 una persona que  había terminado una carrera, una ingeniería, arquitectura, abogacía, era un señor de por vida, tenía la vida resuelta de por vida; podía tener cuántos hijos quisiera, varias casas, lugares de recreo… hoy en día muchísimos arquitectos están trabajando de falsos autónomos, encima ganando una miseria.  Me contaban un caso de una persona que tenía dos hijos con carreras técnicas que le decían “nos habéis engañado, hemos estudiado y no tenemos ni para vivir” y eran estudiantes de Matrículas de Honor. Ese es el monstruo que estamos creando. Y después salen las fake news diciendo que todo va bien, que todo está mejorando, que todo es maravilloso y fantástico. En el año 77 el 3% de la población era licenciado superior, ahora más del 30% ¿Qué sucede? Que la gente con acceso a buenos puestos de trabajo, bien remunerados, sigue siendo el 3%. Que son los hijos de la gente pudiente, que ha podido estudiar en el extranjero, que hablan varios idiomas, han ido a universidades prestigiosas, esos evidentemente encuentran trabajo… Todos estos monstruos que han creado que son las universidades de pueblo ¿Cuánta gente que estudia en esas universidades va a encontrar trabajo? Además muchas de esas carreras que se sabe desde el origen que no van a tener salidas laborales, que no van a ejercer nunca ¿De qué sirven? Sólo sirven para generar frustraciones.  Porque estamos haciendo dos enseñanzas diferentes. Porque no es lo mismo el que está estudiando en un colegio público de un barrio periférico de Madrid que el que está estudiando en un colegio exclusivo que cuesta de 500 a 1500 euros al mes. No es lo mismo ni por el círculo de relaciones, ni por enseñanza, ni por los idiomas que aprenden… estamos marcando una diferencia desde el principio.  Eso lo tienes que unir luego con la enseñanza posterior. Podemos mirar los hijos de nuestros políticos y ver cuántos están estudiando en una universidad de una pequeña provincia, o cuantos están estudiando en las mejores universidades en el extranjero.

Volvemos otra vez al tema de la desindustrialización de España. Esto es algo que se tenía que saber ¿Cómo se pueden hacer tantas universidades generando gente preparada académicamente para un sistema laboral que no los va a poder absorber?

Porque aquí no se hacen planteamientos a largo plazo, se hacen planteamientos políticos a corto plazo. Aquí hay intereses políticos, además intereses políticos muy localistas. En toda Europa. Una de las debilidades, también de las ventajas, de la democracia es la alternancia en el poder. Mientras China hace planes estratégicos a 50 años vista, o Rusia, que no tiene que dar cuenta a ningún parlamento ni a ninguna oposición, nuestros políticos aquí están preocupados principalmente de ganar las siguientes elecciones, además de dar el codazo a su compañero de al lado para que no le vaya a quitar el puesto. Muchas veces es más fácil estar haciendo políticas que te garanticen un voto temporal para mantenerte o llegar al poder que estar haciendo políticas de estado, que igual te perjudican pero  benefician al país a largo plazo. Para la ciudadanía lo más sencillo es “si en mi pueblo que tiene quinientos habitantes, me ponen un hospital y un helicóptero medicalizado, y me ponen cuatro UVIs móvil, pues ¡qué bueno es el alcalde! Pero no piensan que después puede ser un lastre económico. La gente se piensa que el dinero crece de los árboles, después no piensan que el alcalde tendrá que poner el suelo para construir cuatro veces más caro porque alguien tendrá que pagar el hospital, el helicóptero y las UVIs móvil, y lo van a pagar los hijos o los nietos de los que lo están disfrutando. Pero el político se ha mantenido en el poder unos cuantos años y ha triunfado personalmente. Pero no ha hecho un beneficio para el pueblo.

Al final son otras potencias vecinas las que se acaban beneficiando de esto. Porque si hay otros países que se dicen amigos y aliados que absorben nuestros médicos generados a mucho más bajo coste que en sus propios países, y se los están llevando allí a pagarles unos sueldos irrisorios en relación a su preparación. Después estamos viendo como desde países pudientes sí que llegan inversores y compran los terrenos del pueblo de ese alcalde porque ellos sí que pueden comprar una casita con esos precios de construcción a primera línea de mar ¿Están empobreciendo España artificialmente?

Sí, porque además nosotros nos estamos quedando principalmente para el sector servicios. Sí que es cierto que tenemos multinacionales fuertes, bancos fuertes. Pero es el sector servicios una parte muy sustancial, muy importante del PIB ¿Pero y si mañana cambia la situación? ¿Y si mañana, Dios no lo quiera, sufrimos varios atentados que hacen huir el turismo? ¿Y si se abren otras zonas de turismo, como los Balcanes, de que vamos a vivir nosotros? Como bien dices ¿Para qué quieres tres mil ingenieros si no hay fábricas donde trabajar? ¿Para qué miles de arquitectos si no hay edificios que construir? Eso es lo que tenemos que pensar. Además la alta tecnología que tenemos, que como aquí no sabemos fomentar, potenciar y retener a nuestros mejores científicos pues las start up españolas las está comprando China a precio de saldo.

Somos diferentes. El pueblo español, no con nuestros dirigentes, sabrá salir a delante

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Estamos generando capital humano de gran calidad para otros  a bajo coste. Para terminar; España, como ente socio político ha tenido que mutar sobre sí misma por lo menos tres veces en la historia para poder sobrevivir ¿Sobrevivirá España a los cambios a los que está expuesta?

Sobrevivirá ¿Sabes por qué? Por el pueblo español. Somos un pueblo, que aparte de ser generosos, tolerantes, que aceptamos la diversidad, somos un pueblo muy especial, que tenemos mucha imaginación. Somos un pueblo trabajador, que no nos achantamos por nada. Y lo demostramos cuando salimos a cualquier sitio. Somos un pueblo capaz de con cuatro alambres hacer un coche. Eso somos nosotros, los españoles. Y lo demostramos constantemente, incluso con nuestros jóvenes obligados a salir al extranjero que llaman la atención por su capacidad de hacer las cosas, y sobre todo con esa imaginación, con esa iniciativa.  El pueblo español sabrá salir adelante. No con nuestros dirigentes, digo con el pueblo español. Cuando hemos tenido que salir fuera hemos salido, y hemos hecho dinero pero sin hacer enemigos. Somos diferentes, yo he dado muchas vueltas por el mundo, la capacidad creativa, de iniciativa de imaginación que tiene el pueblo español lo tienen muy pocos pueblos en el mundo. Sigo teniendo mucha esperanza y mucha fe en el pueblo español que es el mejor valor que tenemos en España.

Después de todos los bombardeos mediáticos para olvidarnos de nosotros mismos ¿Sigue habiendo una idiosincrasia española dentro del sistema de naciones?

Yo creo que sí, a pesar de estos movimientos centrífugos si que creo que tenemos una idiosincrasia especial, y va a ser muy difícil acabar con ella. Eso es lo que nos une en cierto modo a todos. Todos los pueblos que han pasado con esas diversidades nos han formado de una manera muy especial, porque sabemos que esa diversidad nos ha enriquecido, sabemos que cuando una raza se mantiene demasiado pura acaba debilitándose. Esa diversidad aquí a sido favorable por que nos ha fortalecido.

Muchísimas gracias, coronel Pedro Baños por haber atendido a La Tribuna de Cartagena. Sólo puedo recomendar a todos los lectores su libro. Un libro que como hemos visto en la entrevista no deja ninguna manera de dominación mundial fuera del saco; desde los estados-nación hasta la mente del individuo, un libro sobre geopolítica redondo. Normal que vaya ya por la quinta edición, a punto de salir la sexta creo.

Sí, sale la sexta en breve y se está preparando una séptima con alguna actualización. Sale esta semana una edición en portugués, para el mundo lusófono, y se empieza esta semana también a comercializar en Hispanoamérica.

Rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine en Afghanistan

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Rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine en Afghanistan

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Alors que Donald Trump continue à présenter la Chine comme une menace quasi existentielle pour les Etats-Unis , les militaires américains engagés par le même Donald Trump dans ce qui parait un guerre sans fin contre les Talibans envisagent sérieusement à cette fin un partenariat avec la Chine.

Début janvier, les forces américaines avait mené dans l'est de l'Afghanistan une frappe aérienne sur une milice progouvernementale afghane infiltrée par les islamistes affiliés aux Talibans, phénomène d'ailleurs courant. Treize combattants avaient été tués à cette occasion. (voir https://www.tdg.ch/monde/frappe-americaine-tirs-13-morts/...)

Dans la suite de cette opération, l'aviation américaine vient de lancer une série de frappes contre l'ETIM ( East Turkestan Islamic Movement) au nord est de l'Afghanistan, dans la province du Badakhshan près de la frontière avec la Chine et le Tajikistan. https://www.defense.gov/News/Article/Article/1435247/us-f...

Le prétexte en était que l'ETIM y entretenait des camps d'entrainement au profit des Talibans, et leur fournissait des militants. Mais il se trouve que l'ETIM est très proche des séparatistes musulmans chinois ouighours (uighurs) que Pékin combat depuis des années, sans grands succès d'ailleurs. Le bruit a couru que les Etats-Unis avaient agi à partir d'informations fournies pas la Chine

Interrogé à ce sujet, le représentant du ministre des Affaires étrangères chinois a déclaré que la Chine était ouverte à toute coopération pragmatique avec les pays combattant le terrorisme et contribuant au maintien de la paix sur un pied d'égalité.

Le 6 février, lors d'une visite à Washington, peu commentée malgré son importance, le secrétaire d'Etat chinois Yanf Jiechi a rencontré Donald Trump. L'un et l'autre se sont félicités des bonnes perspectives de coopération entre les deux pays, dans de nombreux domaines notamment la lutte contre le terrorisme. http://www.xinhuanet.com/english/2018-02/10/c_136964623.htm

Dans le même temps, le chargé d'affaires russe pour l'Afghanistan Zamir Kabulov avait assuré que Moscou considérait la lutte contre l'Etat islamique en Afghanistan comme une priorité, compte tenu des dangers que celui-ci représentait pour les Etats asiatiques de l'ex-URSS et la Russie elle-même. http://tass.com/politics/989170 . Les combattants islamiques étaient désormais selon lui 10.000 et leur nombre augmentait régulièrement. Précédemment, Kabulov avait accusé les Etats-Unis d'y transférer des combattants islamique d'Iraq et de Syrie, et de continuer à les approvisionner en armes, ceci avait-il laissé entendre pour renforcer la menace islamique aux frontières de la Russie.

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La lutte contre le terrorisme afghan représentera-t-elle un terrain de rapprochement durable entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie? On peut en douter. A supposer que l'Afghanistan soit définitivement purgée de tout terrorisme par une action commune entre ces trois grandes puissances, vu les potentialités stratégiques et économiques du pays, aucune de celle-ci ne renoncera à la perspective d'y exercer un protectorat de fait. Malgré son éloignement géographique, Washington pourra s'appuyer dans ce but sur son armée et les multiples bases militaires américaines de la région.

Sur l'ensemble du sujet, voir M.K. Bhadrakumar http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumaranrediffmailcom/

dimanche, 04 février 2018

Pékin appelle l'Europe à combattre l’unilatéralisme

La Chine a demandé aux pays européens, dont l’Allemagne, de ne pas se contenter de « mots » face à l’unilatéralisme commercial et de prendre des mesures concrètes.

Le porte-parole du ministère chinois du Commerce Gao Feng, cité par l’IRNA, a souligné que les Européens ne devaient pas dresser d’obstacles aux investissements chinois dans leurs pays.

Dans une interview à Pékin, ce responsable chinois a affirmé que l’Allemagne, l’Italie et la France avaient rédigé des règlements qui leur permettraient d’entraver l’accès des sociétés chinoises à leurs marchés ainsi que l’achat par pékin de biens européens.

« Lors du Forum économique de Davos en Suisse, c’étaient les mêmes dirigeants européens, dont les Allemands, qui avaient annoncé que l’unilatéralisme commercial n’était pas le choix du futur et qu’il fallait le combattre », a-t-il ajouté.

« Bien que les investissements chinois en Allemagne aient augmenté tout au long de ces dernières années, ils sont encore dans la phase initiale et les tergiversations de Berlin et d’autres chancelleries européennes bloqueront le développement des relations et des investissements bilatéraux », a précisé le diplomate chinois.

D’après M. Feng, les investissements chinois en Allemagne ont atteint les 2 milliards 270 millions de dollars, un chiffre rudimentaire par rapport à l’ensemble des investissements effectués en Allemagne, ce qui ne constitue pas une menace.

« Pékin encouragera encore les entreprises chinoises à investir dans l’Union européenne, tout en espérant que les Européens leur accordent une attitude juste et équitable », a-t-il affirmé.

Depuis des années, la Chine s’est engagée à faire évoluer son modèle de croissance économique vers un modèle axé sur la consommation, les services et l’innovation. Les chiffres montrent que ces efforts portent leurs fruits.

Le Japon réembrigadé par le Pentagone

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Le Japon réembrigadé par le Pentagone

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

En décembre 2016, la Russie et le Japon s'étaient entendues sur un projet de coopération économique concernant les «Kouriles du Sud», ainsi appelées par les Russes, et que les Japonais nomment «Territoires du Nord». Ces quatre îles font officiellement partie de la région russe de Sakhaline, mais sont revendiquées par le Japon, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Ce différend territorial n'était toujours pas réglé.

Cependant, au cours d'une visite officielle au Japon, les 15 et 16 décembre 2016, le président russe Vladimir Poutine, dont c'était la 16e rencontre avec le Premier ministre Shinzo Abe, avait estimé qu'«il serait naïf de penser qu'on puisse régler ce problème en une heure. Mais il est sans doute nécessaire de chercher une solution. Il faut un travail méticuleux pour renforcer la confiance bilatérale.»

Shinzo Abe s'était dit d'accord pour, dans ses termes, une «nouvelle approche» axée sur le levier économique. Les deux pays avaient décidé d'«ordonner à des experts d'entamer des consultations afin de se mettre d'accord sur les conditions et les domaines d'exploitation commune» .

Ce rapprochement entre le Japon et la Russie ne pouvait être accepté par Washington. Les consultations ont tourné court à l'annonce du déploiement d'un système américain Aegis de missiles de défense au Japon. Comme nous l'avons souvent indiqué, ces missiles peuvent aussi bien être de défense que d'attaque. De plus ils pourront facilement être dotés des bombes nucléaires d'un format réduit dont le Pentagone vient d'annoncer l'étude. Une version maritime du système Aegis a déjà été mise en place au Japon. En décembre 2017, le gouvernement japonais avait approuvé un budget militaire record de $46 milliards comportant une contribution à l'installation au Japon de deux stations terrestres Aegis. Celles-ci devraient être opérationnelles vers 2023.

Moscou a toujours refusé d'admettre que les missiles Aegis fussent uniquement défensifs. Le 28 décembre la porte-parole du ministère de la défense a déclaré que la décision japonaise causait de graves inquiétudes. Il s'agissait selon elle d'un nouveau pas pour le déploiement dans tout le Pacifique sud d'un système global de missiles susceptibles de frapper la Russie. La Chine avait exprimé la même préoccupation.

Moscou n'a pas tardé à répliquer. Medvedev vient d'annoncer le 30 janvier qu'un aéroport installé dans l'ile Itutop des Kouriles allait être transformé pour recevoir des avions militaires ou des drones ainsi qu'un système adéquat de contrôle aérien. Il s'agit évidemment d'un premier pas pour la militarisation des Kouriles. Ces décisions réciproques, japonaises et russes, semblent enterrer l'espoir d'un traité de pais entre les deux pays. Ce que l'on avait nommé l'offensive de charme de Shinzo Abe est en train de tourner court. Le Japon, de son fait, continue à être considéré par Moscou comme un allié indéfectible des Etats-Unis. Voilà qui devrait rassurer Washington quant à la crainte d'une « trahison » du Japon.

Il y a lieu de craindre que les échanges économiques et touristiques qui commençaient à s'établir entre ce pays et la Sibérie russe ne puissent plus se poursuivre. C'est sans doute ce que veut Donald Trump aujourd'hui, qui multiplie les déclarations agressives envers la Chine et la Russie.

Références

Voir en date du 19/12/2016
http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles...

Ainsi que, daté du 2/02/2018
http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumara...

samedi, 03 février 2018

La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

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La trilogie EUROPA sur Radio Méridien Zéro !

Monsieur PGL vous propose un entretien avec notre ami Robert Steuckers, à l’occasion de la trilogie qu’il publie aux éditions Bios et qui est la somme de ses écrits et réflexions sur le destin de notre continent. Ce sera l’occasion également de revenir sur son parcours.

A la barre PGL, à la technique JLR.

Pour écouter:

https://radiomz.org/emission-n330-europa-eurasia-identite...

 

vendredi, 02 février 2018

Histoire du soft power américain

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Histoire du soft power américain

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://www.huyghe.fr

1. De la guerre froide à Obama

Aux USA, l’influence est pensée depuis longtemps comme technique à finalité stratégique: une guerre pour désarmer l’hostilité, une guerre à la guerre en somme qui fera du monde « un endroit plus sûr pour les États-Unis » selon la formule de Wilson. Ce dernier partait du principe que les démocraties ne se combattent pas par les armes. Il entrevoyait déjà un apaisement général par propagation des principes politiques américains.

D’où l’idée récurrente d’influencer l’autre pour le rendre un peu moins « autre » et éventuellement un peu plus démocrate, un peu plus amoureux de la liberté à l’américaine, davantage désireux d’en adopter le mode de vie. Cela repose sur une certaine confiance en la valeur universelle du système et sur la conviction que celui qui le combat ne peut être qu’en proie à illusion doctrinale, à une méconnaissance de la réalité ou à une passion contraire à la nature humaine : il s’agit donc de le guérir. Par une contre-offensive idéologique.

Durant la guerre froide, la CIA conçoit un plan de «guerre culturelle» et conduit, notamment à travers le Congrès pour la Liberté Culturelle, une politique de subventions à des journaux, des livres, des conférences, des manifestations artistiques. Tout cela est censé sauver l’intelligentsia du giron du communisme et offrir une alternative culturelle, politique et morale aux populations de l’Est ou des pays tiers. L’affrontement est clairement idéologique.

L’agence s’emploie à diffuser les auteurs antistaliniens, fussent-ils de gauche, mais aussi le jazz, la peinture abstraite, toutes les formes d’une culture distractive, « jeune », antitotalitaire qui font contraste avec le pesant réalisme socialiste : des gens qui lisent Koestler, sifflent l’air de Porgy and Bess ou aiment la peinture abstraite ne seront jamais de vrais Rouges, pense-t-on à l’Agence. De la concurrence des idées on passe à celle des cultures.

Diplomatie publique

L’entreprise eut un prolongement. Eisenhower créa en 1953 l’United States Information Agency qui devait fonctionner jusqu’en 1999 pour mener une politique de vitrine médiatique. Elle lança des publications et manifestations et surtout des radios dont Voice of America émettant en 45 langues et Radio Free Europe, destinée à l’autre côté du rideau de fer. Le but était projeter une « bonne image » des USA, d’offrir à des audiences étrangères des informations auxquelles elles n’avaient pas accès, de promouvoir certaines valeurs en particulier culturelles. L’USIA se chargeait d’entretenir des réseaux d’amis des USA : journalistes et personnalités invités à visiter le pays, boursiers (notamment le programme Fullbright) et contacts avec d’anciens étudiants des universités américaines…

Le tout fut baptisé en 1970 : « diplomatie publique », une diplomatie qui soutient les objectifs politiques en s’adressant directement à l’opinion extérieure. Mais pas au public domestique : l’US Information and Educational Exchange Act de 1948 connu comme Smith-Mundt Act, interdisant de faire de la propagande destinée aux citoyens américains.
Dans la décennie 90, la notion devait tomber en désuétude faute d’ennemi à combattre, l’USIA finit par se « fondre » dans le département d’État).

voice-of-america-labyrinth.jpgPendant un demi siècle, relayée par l’USIS (United State Information Service), la diplomatie publique avait ainsi produit ou exporté des milliers d’heures d’émission, de films, de livres,…, mais aussi établi des contacts avec des milliers de gens pour «raconter au monde l’histoire vue d’Amérique».

Son bilan sera discuté : l’USIA est parfois vue comme un agence de propagande coûteuse qui faisait mal ce que l’autre camp réalisait plus efficacement en sens inverse, relayé par des intellectuels progressistes et profitant du courant de la contre-culture.
Second reproche à la diplomatie publique : était-il vraiment utile de payer des fonctionnaires pour rendre l’Amérique plus populaire alors que James Dean, Marilyn Monroe, Elvis Presley , la MGM, puis CNN y parvenaient de cause de façon plus crédible et en rapportant des devises ? D’autres se demandent pareillement si la chute du Mur de Berlin n’est pas à porter au crédit de la télévision de RFA reçue en RDA : elle propageait une image bien plus positive de l’Occident que tout service officiel.

Dans les années qui séparent la fin de l’URSS du 11 septembre, la politique d’influence US semble se confondre au moins dans l’esprit de ses promoteurs avec un « élargissement » du modèle occidental, pour ne pas dire avec le mouvement de l’Histoire. Il s’agit pour les USA de « contrôler la mondialisation » (shapping the globalization), donc d’encourager une mondialisation qui repose autant sur les droits de l’homme et le marché que sur les technologies de la communication et la mondialisation des cultures.

Cette politique quasi pédagogique prend de multiples formes. Ce peut être l’accompagnement du passage à la démocratie des anciens pays socialistes par ONG ou think tanks interposés, aussi bien que l’apologie des autoroutes de l’information comme « agora planétaire ». Le tout dans un contexte où l’influence US semble sans rivale.

Le contrôle de la globalisation

Pour une part, l’influence se privatise. Elle devient une dimension fondamentale de l’intelligence économique. Elle sert d’abord à la conquête des marchés ; là encore, les Américains comprennent qu’il faut combiner soutien politique, imitation des modes de vie, prépondérance des les standards techniques ou juridiques et un imaginaire culturel rendant désirable le made in USA. D’autres facteurs jouent telle la complexité croissante des normes internationales de production, donc le rôle des instances internationales et partant l’intérêt du lobbying.

Citons aussi le poids de mouvements d’opinion concernés par des dimensions écologiques, sociales ou sécuritaires de l’activité économique donc le rôle des ONG et des « parties prenantes », les facteurs d’image et de réputation dans la compétitivité des firmes… Autant de raisons pour les entreprises de se lancer à dans une politique internationale d’influence positive, voire agressive. Elles sont à la merci d’une rumeur sur Internet, d’une mise au pilori par une ONG, d’une attaque médiatique, d’une offensive informationnelle : elles doivent se préserver d’une influence déstabilisatrice comme une « e-rumeur ».

Parallèlement, une notion prend de l’importance dans les années 90 : celle d’affaire, action ou coopération civilo-militaires (qui donnent toujours le sigle ACM). Elle est liée à des conflits typiques de la fin du XX° siècle : des États disloqués, en proie à des guerres civiles, ou des situations indécises entre guerre et paix où des violences armées sont menés sporadiquement par des groupes ethniques, politiques, criminels voire mêlant les trois. L’intervention des forces occidentales, avec ou sans mandat des Nations Unies appelle une politique de reconstruction de la paix ou de la nation (peace building, nation building) ou, pour le moins, la gestion d’une situation indécise. À rebours de leur fonction traditionnelle (affronter symétriquement une autre troupe en uniforme jusqu’à la victoire politique scellée par le traité de paix), les troupes sont confrontées à des situations où il s’agit de contrôler l’exercice de la violence pour en freiner l’escalade. Il est tout aussi nécessaire de recréer les conditions d’une vie « normale » sur des territoires livrés au chaos.

Surtout dans la période qui mène à la mise en place d’autorités civiles reconnues, les troupes sont de facto chargées de tâches humanitaires, économiques administratives, politiques, bref non militaires. Cela les met au contact de civils, d’ONG, d’organisations internationales, de forces politiques, d’autres armées, d’entreprises… et bien sur des médias . Cette quête pratique n’est pas forcément désintéressée : les ACM peuvent rapporter des dividendes en termes d’image, de contrats de reconstruction pour ses entreprises, d’adoption de normes favorables à ses industries, …. Intérêts publics et privés peuvent se trouver liés comme civils et militaires. Mais l’objectif immédiat est surtout de contribuer à la stabilité du pays par des relations fiables avec les autres acteurs, un mélange entre action d’urgence et relations publiques.

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La quête du soft power

Aux USA et dans la même période que l’influence trouve son nouveau nom : soft power. L’expression lancée par le doyen Joseph S.Nye gagne le statut de concept clé des relations internationales. Elle exprime une attractivit américaine qui repose sur la séduction de sa culture de masses (blockbusters hollywwodiens, séries TV, Mc Donald, basket, etc.), plus excellence scientifique et universitaire, plus les succès de sa technologie surtout numérique (les GAFA et la Silicon Valley), plus médias internationaux, plus influence intellectuelle de ses essayistes et de ses think tanks, plus américanisation des élites mondiales, plus image démocratique du pays, plus popularité de l’american way of life, plus...

Si l’Amérique prédomine dans le domaine du hard power, en particulier militaire, dit en substance Nye, elle doit aussi son statut d’hyperpuissance à sa capacité de séduire et d’attirer. La notion recouvre le rayonnement de l’Amérique, dû à sa technologie, à sa réputation, à ses artistes, à son cinéma, à ses université, … et autres choses où le gouvernement a peu de responsabilité, mais elle repose aussi sur sa diplomatie, sa capacité de convaincre et d’entraîner dans les organisations internationales. Amener les autres à désirer ce que vous voulez « sans carotte ni bâton » : voilà qui est tentant mais résonne un peu comme un vœu pieux.

Ce débat plutôt abstrait avant le 11 septembre prend une tout autre tournure en 2001. L’Amérique découvre alors la haine qu’elle suscite. Pour une part, les néo-conservateurs qui tenaient en réserve leurs plans contre les États voyous, leur guerre « préemptive » voire leur « quatrième guerre mondiale » contre le terrorisme jouent la carte du dur.

Parallèlement le recours à l’influence douce semble redevenir un saint Graal de la géopolitique US ou une ressource mystérieuse que l’Amérique devrait retrouver pour mettre fin à l’animosité.

L’appel à rétablir un soft power submergé par l’antiaméricanisme et décrédibilisé par une guerre contreproductive devient une des constantes du discours critique contre G.W. Bush. Ce slogan résonne souvent comme un pathétique « Aimez nous ». Ainsi, lorsque Francis Fukuyama rompt avec le camp néo conservateur, l’ancien chantre de la fin de l’histoire oppose la mauvaise méthode, la promotion de la démocratie par les armes, à la «bonne», celle qui consisterait à restaurer le soft power. Il ne faudrait pas renoncer au principe wilsonien, mais, parallèlement recommencer à négocier, à rechercher le consensus de ses alliés, à mener une action à travers des ONG et des organisations internationales régionales. Il est tentant de traduire : se rendre aimable, en somme.

Il serait caricatural de faire du soft power un monopole des démocrates, et de croire les républicains forcément partisans du «hard». La nuance entre diplomatie publique, soft power et influence renseigne davantage sur le locuteur que sur le contenu de la politique qu’elle recouvre.

Ainsi, quand Nye déclare que "l'Amérique doit mélanger le pouvoir dur et soft en un "pouvoir intelligent" (smart power), comme elle le faisait du temps de la guerre froide.", pareille nostalgie ne caractérise pas exactement un progressiste. Du reste, dans le camp conservateur, beaucoup en appellent à une grande politique qui tarirait les sources de l’extrémisme religieux et restaurerait une image de leur pays dont les sondages –ils en sont grands consommateurs - montrent la dégradation depuis six ans.

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Une des premières réactions de l’administration Bush en 2001, fut de recréer un sous-secrétariat d’État à la diplomatie publique. Il fut d’abord confié à la publicitaire Charlotte Beers ; elle s’employa à produire des vidéos démontrant la liberté de culte dont jouissent les musulmans aux USA. Au fur et à mesure des guerres d’Afghanistan et d’Irak apparurent des radios arabophones et même une télévision, al Hurrah, censée concurrencer al Jazeera, mais avec un succès modéré dans le monde arabe. Parallèlement, l’administration Bush créa un Bureau d’Influence Stratégique (Office of Strategic Influence): il fallut le dissoudre lorsque la presse révéla qu’il risquait de mener des actions de désinformation qui toucheraient les citoyens américains.

Mais la diplomatie publique n’est pas seulement l’affaire des hauts fonctionnaires : le secteur privé intervient dans la promotion de l’Amérique. Ainsi Walt Disney produisant avec le département d’État des films présentant le pays à ses visiteurs ou les entreprises qui créent des « cercles d’influence » avec des groupes de journalistes ou des chambres de commerce. De la même façon, nombre d’opérations sont sous-traitées à des « agences de communication » ou assimilées qui, suivant le cas, «vendent» l’opposition à Saddam et la thèse des armes de destruction massive (comme le groupe Rendon) avant la guerre d’Irak ou, après, s’assurent de la bonne orientation de la presse locale (comme le Lincoln Group).

On verra aussi l’appareil d’État américain s’engager dans un combat quasi spirituel : il faut contrer « l’extrémisme violent » (comprenez le djihadisme), lancer un contre-discours, montrer que cela n’a rien à voir avec le vrai islam, contrer la propagande mensongère d’al Qaïda puis celle, plus moderne, plus efficace, et plus « Web 2.0 » de Daech.

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La stratégie d’influence américaine comporte aussi un volet « subversif » : l’aide aux mouvements dits de la socité civile qui luttent contre des régimes autoritaires et, comme par hasard, antiaméricains,. Ceci vaudra sous les présidences successives de G.W. Bush et de Obama, mais prend la suite du bons vieux système de regime change consistant à aider l’oppostion dans certains pays. S’inspirant de l’expérience du renversement de Milosevic et des méthodes du groupe OTPOR, il y aura la révolution des roses en Géorgie (2003), orange en Ukraine (2004), des tulipes au Kirghizistan, « en jean » en Biélorussie (2005), du cèdre au Liban (2005). Ne parlons pas de la vague verte d’Iran (2009) ni de l’enthousiasme que déclenchera le printemps arabe de 2011 (ça y était, le monde arabe, évitant le double péril de l’islmamisme et des autocraties, allait se convertir au modèle démocratique occidental). Chaque fois on retrouve des fonds (d’ailleurs pas dut tout occultes- de l’US AID, du département d’État, du National Endowment for Democracy, de l’Institut pour la paix, etc. Des Ong finançant et formant les activistes démocratiques comme l’Albert Einstein Institute et la fondation Soros Open Society soutiennent les révoltes. Nous ne sommes pas en train de dire que les services américains ou quelques ONG renversent les gouvernement à leur guise partout sur la planète, mais qu’il jouent ouvertement la carte du soutien aux forces réputées modernes et ouvertes, donc pro-occidentales.

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Soft Obama

Les années Obama ont-elles changées la pratique de l'influence stratégique d'État ?

La personnalité même du président devenu star internationale avant son élection et nobelisé au seul bénéfice de l'image fut en soi un exemple de "branding". Il "était" la marque USA dans toute sa splendeur, et rendait visible l'idée de soft power, comme s'il lui suffisait d'apparaître pour réconcilier l'Amérique avec le monde. La communication de la Maison Blanche exploita largement l'effet de contraste : elle opposait sa pratique apaisée à la brutalité de G.W. Bush. Très vite Hillary Clinton, au Département d’État, prit le relais, elle qui se réclame de Joseph Nye et de son smart power : la nouvelle Amérique utilisant suivant le cas sa puissance militaire, diplomatique, économique... mais aussi culturelle pour accomplir ses objectifs internationaux ; le moindre n'était pas de lutter contre les djihadistes et de dissiper les fantasmes dont est sensé se nourrir l'antiaméricanisme. Bien entendu, l'enthousiasme des débuts se heurtera aux réalités assez vite.

Si le soft power est un état idéal ou un résultat désiré, l'influence, la lutte idélogique, la présence médiatique, la "com", la mise en valeur de l'image américaine (éventuellement à travers celle de son président) en furent les moyens. Du coup, le terme "diplomatie publique" perdit ses connotations de Guerre foide et d'anti-communisme républicain. On se mit à parler d'une "nouvelle diplomatie publique" qui reposerait moins sur l'utilisation de grands médias émettant vers l'étranger (telle la télévision arabophone al Hurrah) que sur la présence sur les réseaux sociaux, le prestige culturel, la coopération avec les ONG et la société civile pour véhiculer le bon message... La propagande d’État devait passer par les réseaux sociaux et par les organisations de la société civile.

L'administration Obama a joué de ses atouts comme ses bonnes relations avec les entreprises de la Silicon Valley. Sa stratégie devient ostensiblement "2.0". Tandis que l'armée (qui ne fait désormais plus de "psyops" mais des "Military Informations Strategic Operations", ce qui sonne moins redoutable), la diplomatie américaine devient "e-diplomacy". Les représentants des USA, militaires ou diplomates, sont invités à être très présents sur les réseaux sociaux, à y faire du "storytelling" et à délivrer y compris à des audiences étrangères leur message de soutien aux objectifs de leur pays.

hillary-caricature-large.jpgParallèlement l'Amérique affiche sa volonté de soutenir les cyberdissidences et de lutter pour que s'épanouisse en ligne une société civile sans frontières. Hillary Cliton, en particulier, présente le droit de se connecter comme un droit de l'homme et milite pour des "technologies de libération" : l'extension d'Internet, échappant au contrôle des régimes étatiques est sensée apporter à la fois des bénéfices économiques, politiques (favoriser la démocratie pluraliste) aussi favoriser l'épanouissement d'une indispensable société civile. Du coup la cause universelle du Net se confond avec les intérêts des USA, première société de l'information de la planète (comme pendant la Guerre froide, ils se confondaint avec la défense universelle des libertés politiques).

La lutte pour la liberté du Net, se concrétise par le refus de principe de laisser des entreprises américaines vendre des techniques de censure à des gouvernements dictatoriaux mais aussi la volonté de fournir aux "blogueurs démocrates" de la formation ou des outils et logiciels pour échapper à la police. Même si les mauvais esprits font remarquer que les États Unis changent d'attitude lorsqu'il s'agit de lutter contre Wikileaks ou Megaupload... Ou contre Snowden.

Par ailleurs, en 2011, Obama crée le Center for Strategic Counterterrorism Communications qui doit mener la lutte pour la déradicalisation et la réfutation de la propagande djihadiste. Preuve que l’on en revient aux méthodes de guerre froide, ou plutôt d’affrontement idéologique à l’échelle de la planète. En 2016 le CSCC se transforme en Global Engagement Center sensé lutter avec des partenaires (ONG; écoles, leaders religieux...) contre le jihad dans les têtes. Mais, o surprise, juste avant que quitter son bureau ovale, Obama rajoute aux compétences du GEC la lutte contre la propagande et les interférences étrangères : Chine, Corée et surtout Russie.

Counter-speech (la contre-propagande contre le djihad, smart power, "nouvelle" diplomatie publique : le vocabulaire change, mais les fondamentaux restent les mêmes : l'Amérique retrouve spontanément sa tentation de convertir le reste du monde à ses valeurs pour sa propre sécurité (en vertu du vieux principe kantien que les démocraties ne se font pas la guerre), mais aussi pour sa prospérité. Et elle tend facilement à se persuader que les outils de la communication garantissent la liberté et l'harmonie des peuples, ce qui est très exactement la définition de l'idéologie de la communication.

SPFBH-4trump.jpg2. Trumpisme et « sharp power »

Peu de gens nieraient que le soft power américain ait diminué : un président qui traite les autres pays de trous à merde n’incarne pas exactement l’attractivité et la persuasion.

Si l’on s’en réfère à des sources comme le classement annuel des pays « The soft power 30 » du centre de diplomatie publique de Portland - qui range les nations selon leur capacité à « attirer, construire et mobiliser des réseaux d’acteurs pour agir en commun », les États-Unis sont passés en troisième position, dépassés par la France (grâce à l’élection de Macron qui nous aurait sauvés du péril populiste) et le Royaume-Uni (en dépit du Brexit). Les U.S.A. continuant à prédominer dans le domaine de l’excellence universitaire, de l’influence culturelle, de la technologie, etc. souffriraient de la déplorable image (y compris personnelle) et de la rhétorique de Trump qui affirme sans complexe vouloir poursuivre les intérêts de son pays et non des valeurs ou des buts universels. On accordera sans trop chicaner : la perception de la nouvelle présidence est désastreuse. Une fois que nous avons dit cela, nous n’avons pas dit grand chose.
On pourrait aussi analyser la supposée crise du soft power U.S. comme traduisant - au-delà de la perte d’attractivité d’un modèle qui se prenait pour celui de la fin de l’Histoire - la concurrence d’autres pouvoirs nationaux d’influence.

Si l’on parle concurrence, et en mettant de côté des pays qui peuvent avoir une bonne image internationale comme la Suisse ou l’Australie mais ne pèsent guère sur les affaires du monde, on pense immédiatement à la Chine. Qu’il s’agisse de la prolifération des instituts Confucius, de l’accueil d’étudiants étrangers, de l’engagement économique en Afrique, d’opérations de communication spectaculaires comme le thème des Routes de la Soie, de l’image globale de ses performance, la Chine progresse dans l’opinion hors frontière et développe une diplomatie efficace. L’autre grande puissance qui entend développer son soft power (miagkaïa sifa dans sa langue) est la Russie, même si l’idée même que Moscou puisse faire quoi que ce soit de doux semble hérisser beaucoup de commentateurs.

L’influence russe est largement idéologique ; elle passe, en synergie avec sa diplomatie, par l’affirmation d’un pôle « illibéral », contre-modèle à la mondialisation à l’occidentale. Son message préconise les valeurs traditionnelles, les identités et souverainetés ; il prône une alternative multilatérale (on aurait dit autrefois impérialistes) au modèle occidental, atlantiste, unipolaire. L’influence russe se manifeste largement par les médias et les réseaux, réalisant ainsi une performance assez paradoxale dans le domaine de la public diplomacy et du cyberpower où l’Amérique était censée être imbattable. La Russie est en effet présente à travers des médias internationaux (RT qui vient de lancer une chaîne francophone, Spoutnik, etc.) et sur le Web 2.0. D’où un contre-discours accusant la Russie, ses pompes, ses œuvres et sa disinformatsya, d’être derrière les mouvements populistes et à l’origine de la diffusion des fake news, d’asphyxier les médias 2.0 avec des armées de trolls (pour la propagande) et de hackers (pour saboter, voler des données confidentielles et éventuellement les publier comme dans le cas des mail du parti démocrate américain), d’avoir des agents et des réseaux politiques et intellectuels partout, de fausser les élections, ... Ces accusations de subversion, souvent plus violentes que ce que l’on disait pendant la guerre froide de l’influence occulte des agents bolchevik, se ramènent à l’idée d’une sorte de gigantesque sabotage. Poutine tenterait en somme de provoquer le chaos politique et, plutôt que d’attirer en faveur de son modèle idéologique, de saboter les démocraties (on ne dit plus le monde libre) par le chaos électoral, idéologique et politique. Cette influence « alternative » destinée à casser le monopole médiatique et idéologique des sociétés « ouvertes » est donc présentée comme purement négative pour ne pas dire nihiliste. D’où apparition d’un néologisme sharp power, qui désignerait ce pouvoir « aigu » de la Chine et de la Russie ; elles chercheraient à nous blesser : moins à persuader de l’excellence de leurs régimes autoritaires qu’à affaiblir l’adversaire occidental. De The Economist qui dénonce en couverture le sharp power chinois, à Foreign Affairs qui soupçonne Moscou de favoriser toutes les tendances antidémocratiques qui peuvent affaiblir l’Otan, l’UE ou les USA. Ce serait donc une nouvelle façon de désigner une guerre subversive de l’information et même Joseph Nye, l’homme qui a lancé les notions de soft et smart power, se joint au concert contre ces opérations occultes. Profitant de l’asymétrie des forces et de nos faiblesses (donc de la liberté d’informer occidentale, du libéralisme et du pluralisme, comme de notre manque de pugnacité idéologique), deux États seraient donc en train de nous manipuler et de nous diviser.

Le concept-valise de sharp power ne traduit pas seulement le retour d’une rhétorique de guerre froide (les agents de l’étranger s’en prennent à nos valeurs et diffusent de fausses informations subversives), il est la traduit en termes de causalité diabolique (l’action des méchants pervertissant le meilleur des mondes possibles) des faiblesses de l’idéologie. Et la plus grave d’entre elles : être incapable de penser que l’on s’oppose à elle autrement que par méchanceté ou par naïveté.

jeudi, 01 février 2018

The Economist et la guerre mondiale

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The Economist et la guerre mondiale

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans son édition papier du 27 janvier 2018 1) The Next War le journal financier britannique The Economist annonce une menace grandissante de guerre entre les grandes puissances “The Growing Threat of Great Power Conflict.”

TheE-NW93084.jpgEn éditorial, The Economist déclare que même si les guerres de ces 25 dernières années ont causé des millions de morts, une guerre entre Grandes Puissances n'était pas imaginable. Aujourd'hui du fait de changements à long terme dans les équilibres géopolitiques et parce que la domination militaire des Etats-Unis et de ses alliés est mise en défaut par la prolifération des nouvelles technologies, une troisième guerre mondiale est devenue plausible. Le monde, écrit-il, n'y est pas préparé.

D'ores et déjà, il prévoit l'explosion de conflits régionaux ou urbains meurtriers, notamment dans les quartiers misérables et surpeuplés des grandes villes. Le changement climatique, la croissance démographique, les conflits ethniques ou religieux, en seront les moteurs. Les carnages récents à Mossoul et Alep en sont la préfiguration.

Mais bien plus menaçant est le fait la Russie et la Chine soient désormais considérées par Washington comme des adversaires stratégiques. Ceci de proche en proche pourrait déboucher sur un holocauste nucléaire.

Or The Economist, organe représentatif du capitalisme anglo-américain dont le succès est lié à la domination américaine, loin d'utiliser ces mises en garde pour un nouvel appel à une mobilisation contre la guerre et aux négociations diplomatiques, évoque ces perspectives pour demander que le “hard power” c'est-à-dire l'armée américaine, soit utilisée partout dans le monde.

Cela seul permettra, selon lui, de sauvegarder la paix. Il prévient que si les classes dominantes russes et chinoises sont autorisées par l'Amérique à assurer leur domination dans leur propre pays, elles refuseront rapidement la domination américaine dans leurs sphères d'influence élargie, l'Asie orientale pour la Chine, l'Europe continentale et l'Asie centrale pour la Russie.

A la suite de cet éditorial, l'essentiel de The Next War est consacré à l'énumération des domaines où les Etats-Unis doivent réaffirmer leur pouvoir après « vingt ans de dérives stratégiques » L'ouvrage mentionne notamment de nouvelles armes nucléaires, ainsi que des armes conventionnelles rajeunies utilisant notamment l'Intelligence Artificielle et la robotique. Ni la Chine ni la Russie ne doivent être laissées libres de se doter de moyens comparables. Il ne mentionne pas le fait que les dépenses militaires américaines équivalent déjà à celles réunies des autres Etats

De plus, pour The Economist, les entreprises américaines de l'informatique et de l'Internet doivent être intégrées dans l'effort de réarmement américain. En particulier les GAFA doivent dorénavant, par une censure préalable, ne pas permettre aux oppositions à l'Amérique de s'exprimer librement, et moins encore de mener des cyber-guerres, comme la Russie, d'après Washington, l'a fait jusqu'ici sans opposition.

Observation

On notera que, dans tous les domaines où The Economist s'alarme d'un prétendu recul des Etats-Unis, le complexe militaro-industriel américain a déjà imposé au pays et au monde les différentes décisions que le journal estime nécessaires pour sauvegarder la domination américaine. Le dispositif nucléaire est en plein renforcement, les vecteurs comme les bombardiers stratégiques et les sous-marins en sont déployés dans le monde entier, y compris aux frontières de la Russie et de la Chine. Quant aux nouvelles technologies de l'informatique et de l'Internet, y compris l'Intelligence Artificlle avancée, tous les experts savent que les investissements américains visant à leur utilisation militaire dépassent largement ce que peuvent faire de leur côté la Russie et la Chine.

Ce qui manque encore aux Etats Unis et à leurs alliés, en premier lieu les Britanniques, est d'avoir convaincu leurs populations qu'elles doivent se préparer à une guerre mondiale inévitable. Or pour l'éviter, affirme The Economist, dans l'immédiat, elles doivent accepter de prendre en charge les coûts nécessaires à la domination militaire américaine. Ceci en admettant de fortes baisses de leurs niveaux de vie.

Ce dernier numéro de The Economist, manifestement, souhaite contribuer à une remobilisation des esprits. « Augmentons dramatiquement les moyens nécessaire au rétablissement de la domination américaine et la guerre nucléaire pourra peut-être être évitée ».

1) https://www.economist.com/na/printedition/2018-01-27
 

Een wereldorde gewrocht op wereldzeeën

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Een wereldorde gewrocht op wereldzeeën

door Jonathan Van Tongeren

Ex: http://www.novini.nl

In zijn boek Land en zee schetst de Duitse staatsrechtsgeleerde Carl Schmitt (1888-1985) de geopolitieke bronnen van het internationale recht en de Anglo-Amerikaanse wereldhegemonie, hij lokaliseert die in de overgang van de Britten van een eilandnatie naar een echte zeemacht.

In de eerste hoofdstukken van zijn boek schetst Schmitt de ontwikkelingen in de scheepvaart, de verkenning en de uiteindelijke beheersing van de zeeën. Hij gebruikt daar ettelijke hoofdstukken voor, waarmee hij ook het punt van de grote geleidelijkheid van deze ontwikkelingen overbrengt. Eerst was er wel zeevaart, maar waren er nog geen echte zeemachten, de zee begon als kustvaart en later beperkten handelsmachten als Genua en Venetië zich aanvankelijk tot binnenzeeën als de Middellandse Zee en de Zwarte Zee. Pas in de loop van de vijftiende eeuw gaat men de kust van Afrika verkennen, rondt men uiteindelijk de Kaap en trekken ontdekkingsreizigers als Vasco da Gama en Magellaan er op uit. En Columbus niet te vergeten.

schmitt.jpg.pagespeed.ic.Fn7rzaPS8K.jpgMaar het zijn protestanten in Noordwest-Europa die zich tot echte zeemachten ontwikkelen, doordat watergeuzen en piraten een primaire afhankelijkheid van de zee ontwikkelen. Het zullen uiteindelijk dan ook de Engelsen (en zij die als de Engelsen denken) zijn die de vrijgemaakte maritieme energieën beërven en het idee propageren dat de zee vrij is, dat de zee niemand toebehoort.Dat idee lijkt eerlijk genoeg, de zee is vrij dus van iedereen, niet waar? Maar als de open zee niemand toebehoort, geldt er uiteindelijk het recht van de sterkste. “De landoorlog heeft de tendens naar een open veldslag die beslissend is”, schrijft Schmitt. “In de zeeoorlog kan het natuurlijk ook tot een zeeslag komen, maar zijn kenmerkende middelen en methoden zijn beschieting en blokkade van vijandelijke kusten en confiscatie van vijandige en neutrale handelsschepen [..]. Het ligt in de aard van deze typerende middelen van de zeeoorlog, dat zij zich zowel tegen vechtenden als niet-vechtenden richten.”

En dan maakt Schmitt een cruciaal punt: “[S]inds de Britse inbezitname van de zee raakten de Engelsen en de volkeren die in de ban van Engelse ideeën staan, eraan gewend. De voorstelling dat een landrijk een wereldomspannende macht zou kunnen uitoefenen zou volgens hun wereldbeeld ongehoord en onverdraaglijk zijn.”

Het Britse eilandrijk groeide uit tot een wereldomspannende macht, doordat het voor de zee koos. “Nadat de scheiding van land en zee en de tweespalt der beide elementen eenmaal tot constitutie van de planeet was geworden” ontwikkelde men een hele manier van denken en een internationaal rechtssysteem “waarmee de mensen voor zichzelf de wijsheid en redelijkheid van deze situatie verklaarden, zonder het oerfeit daarvan in het oog te houden: de Britse keuze voor de zee en de tijdsgebondenheid daarvan.” Zodoende kunnen we ons geen ander mondiaal economisch systeem en geen ander internationaal recht meer voorstellen. Daaruit blijkt “dat de grote Leviathan ook macht over de geest en de ziel van de mens heeft”.

Land en zee is rijk aan waardevolle gedachten, maar tegelijk een zeer compact boek, zodat de lezer vooral de tijd moet nemen om de sterk geconcentreerde ideeën die het bevat op zich in te laten werken. Recent is er een Nederlandse vertaling verschenen bij Uitgeverij De Blauwe Tijger, die dit klassieke werk mooi uitgevoerd heeft in een tweetalige editie met op de rechterpagina’s de vertaling en links het originele Duits. Een kleinood voor iedereen die iets wil begrijpen van de wereld waarin wij leven!

N.a.v. Carl Schmitt, Land en zee. Een wereldhistorische beschouwing (Uitgeverij De Blauwe Tijger: Groningen, 2017), vertaling: Henry van Sanderburg, paperback met stofomslag.

jeudi, 25 janvier 2018

Chișinău – Discours de Manuel Ochsenreiter

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Chișinău – Discours de Manuel Ochsenreiter

Ex: http://www.flux.md

Cher Monsieur le Président, chers invités, chers collègues,

C’est une habitude très régulière de voir les orateurs officiels allemands s’excuser dans les pays étrangers pour le passé de l’Allemagne. Heureusement je ne suis pas fonctionnaire !

Alors pardonnez-moi s’il vous plaît de ne pas suivre cette règle de fer des interventions allemandes à l’étranger. Je pense que notre problème aujourd’hui n’est pas notre passé. Nos problèmes sont les événements du temps présent, ceux d’aujourd’hui, pas d’hier. En d’autres termes, les fonctionnaires allemands s’excusent pour la Seconde Guerre mondiale alors qu’ils planifient et mènent une politique de nuisance contre notre continent européen, alors qu’ils imposent un système de colonialisme financier libéral à l’Europe de l’Est et du Sud-Est et se préparent à une nouvelle confrontation sérieuse avec le monde russe. C’est – je ne trouve pas d’autre terme – de l’hypocrisie.

Ce qui se passe aujourd’hui au nom de ma nation est honteux. J’appellerais cela de la « publicité mensongère ». Que comprenons-nous habituellement sous ce terme ? Si je vous offre un produit et que vous trouvez plus tard que dans la boîte, il y a quelque chose d’autre, probablement de qualité inférieure, c’est de la « publicité mensongère ». C’est aussi le cas lorsque vous voulez acheter du poulet sur le marché, mais qu’on vous donne de la viande de chien ou de chat à la place par exemple. Pour le traduire en politique, dans ses relations étrangères, Berlin dit « intérêt allemand » mais en réalité, il faut entendre « trans-atlantisme ». Et il ne faut pas oublier que quand nous disons Europe, nous voulons dire Union européenne. En économie, Berlin propose des « valeurs commerciales allemandes » alors qu’il faut plutôt entendre « Wall Street ». C’est de la « publicité mensongère » dans sa forme la plus pure.

ZUERST-Innere-Sicherheit-Verbrecherparadies-Deutschland.jpgMais il existe un exemple très connu de « publicité mensongère »  : la « Deutsche Bank ». Beaucoup de gens – peut-être même certains ici dans l’auditoire – pensent que c’est notre banque nationale. En raison de son nom. Cela semble presque aussi stable et fiable qu’une « horloge suisse ». Mais la « Deutsche Bank » est une banque privée ordinaire, fortement impliquée dans des projets de spéculation hyper-capitalistes de Wall Street, une institution financière mondialiste où le mot « allemand » n’est qu’une marque. Notre banque nationale est la « Bundesbank » – « banque fédérale ». Bien sûr, « Bundesbank » semble moins attrayant que « Deutsche Bank ». Mais c’est exactement l’essence de la « publicité mensongère ».

En Europe centrale, nous nous sommes tellement habitués à ces mensonges, à ces interprétations erronées de la réalité qu’il nous est très souvent difficile de faire la distinction entre la réalité virtuelle de l’étiquetage frauduleux et le monde réel.

La crise financière mondiale de 2008 aurait dû nous ouvrir les yeux. Pour la première fois dans l’histoire moderne, le gouvernement allemand renflouait une banque privée, la « Commerzbank » la deuxième plus grande banque d’Allemagne. En d’autres termes : l’argent réel du contribuable, généré par les travailleurs allemands, les employés, les petites et grandes entreprises a dû combler un énorme trou causé par l’hyper-spéculation virtuelle et les opérations financières risquées. La confiance que nous avions auparavant dans notre secteur bancaire soit-disant « solide » a été rompue en 2008 et dans les années qui ont suivies.

Malheureusement aujourd’hui, nous trouvons ce principe virtuel de « publicité mensongère » dans l’ensemble de l’espace économique européen, en particulier en ce qui concerne l’Europe de l’Est et du Sud-Est. Ces pays ont été soumis à de vastes campagnes de publicité pour rejoindre l’Union européenne et sa sphère économique. Interrogez les Tchèques, les Hongrois, les Bulgares ou les Roumains sur les promesses de Bruxelles et de Berlin. Ils en ont payé le prix fort. Leur industrie a été attaquée, leurs valeurs ont été violées et récemment ils sont devenus une autoroute géante pour des masses d’immigrants clandestins traversant la soi-disant « route des Balkans ».

Ou vérifiez aujourd’hui les principaux médias ukrainiens et lisez leurs attentes à se rapprocher un peu plus de la super-entité bruxelloise.

 

Ce n’est pas l’Europe des Européens, c’est l’Union européenne du secteur financier international. Ce n’est pas une coïncidence si les institutions financières mondiales encouragent par tous les moyens la désintégration de nos sociétés. En Allemagne, les grandes compagnies globalistes encouragent les migrations massives malgré le danger. Elles encouragent la fuite des cerveaux de l’Europe du Sud-Est vers le centre où, par exemple, un enseignant roumain gagne de l’argent en servant de la bière aux étudiants saouls et aux touristes à Berlin, Cologne ou Hambourg. C’est un système qui détruit toute identité collective en Europe. Les identités collectives sont également importantes en matière de sécurité sociale. À la fin, il ne restera qu’un continent sans nom et sans visage de quelques centaines de millions d’individus, ou peut-être mieux, de consommateurs. Mais même s’il n’y aura plus d’« Allemagne » il y aura toujours une « Deutsche Bank ».

Comment contrer un tel développement ? Comment le combattre ? Comment développer un système immunitaire européen ? La gauche politique authentique en Europe, comme de nombreux groupes socialistes, se bat pour imposer des règles strictes et des sanctions draconiennes aux entités financières globalistes. Ils se battent aussi contre les systèmes financiers virtuels, ces systèmes de capitalisme de casino. Cela va-t-il améliorer la situation ? Peut-être un peu. Mais malheureusement, dans de nombreux cas, la gauche sous-estime l’importance des identités collectives. Les forces eurosceptiques conservatrices luttent contre la désintégration de leurs identités nationales et culturelles. Mais elles sous-estiment très souvent l’importance de limiter le pouvoir du globalisme financier.

zuerst-1-2018.jpgMais l’un sans l’autre ne fonctionnera pas à la fin. Le système de l’économie virtuelle va de pair avec le système de désintégration des sociétés. Le marché libre vient avec la société ouverte et vice versa.

Comme je l’ai dit au début : il est dommage que Berlin soit la principale force du marché ouvert et de la société ouverte en Europe. Nous pourrions même dire : Angela Merkel est le bulldozer de la désintégration.

L’Allemagne pourrait jouer un rôle positif, si elle retrouve sa propre identité. C’est exactement là où le vrai travail des Allemands commence, enfin ceux qui s’opposent à la politique domination de Berlin. Être ici et discuter avec vous de notre nouvelle Europe, l’Europe européenne, est un bon début. Une Europe, où un fonctionnaire allemand sera capable et désireux de commencer un discours sans s’excuser.

Manuel Ochsenreiter
Centre allemand d’études eurasiennes

Traduit par Hervé relu par Cat pour le Saker Francophone

Source: http://lesakerfrancophone.fr

mercredi, 24 janvier 2018

De la nouvelle doctrine militaire américaine: la Russie et la Chine comme “menace croissante”

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De la nouvelle doctrine militaire américaine: la Russie et la Chine comme “menace croissante”

Ex: http://www.zuerst.de

New York: La nouvelle stratégie militaire américaine a suscité, comme il fallait s’y attendre, la réprobation de la Russie et de la Chine. Le ministre russe des affaires étrangères Lavrov a déclaré lors d’une conférence de l’ONU à New York qu’il est désolant de voir que les Etats-Unis cherchent sans cesse à prouver leur capacité à exercer leur leadership en jouant la carte de la confrontation et non celle du dialogue et du droit international. La Russie, elle, en revanche, est prête à entamer un dialogue sur les doctrines militaires.

L’ambassade de Chine aux Etats-Unis a déclaré pour sa part que le gouvernement de Beijing s’efforcerait toujours de promouvoir « un partenariat global » et non d’asseoir une « domination globale ». Ceux qui observent le monde avec le regard de la guerre froide ne voient partout que conflits et confrontations.

Le ministre américain de la défense, Jim Mattis, avait en effet annoncé que les forces armées américaines se concentreraient désormais davantage sur la Russie et la Chine, après une décennie et demie de lutte anti-terroriste. Ces deux Etats, aux yeux du ministre américain, constituent une menace croissante et entendent organiser un monde fonctionnant selon leurs modèles autoritaires, a dit Mattis à l’occasion de la publication du texte révélant la nouvelle stratégie. Dans ce document de onze pages, les responsables américains mettent en exergue les priorités de la politique de défense de Washington.

Les autres “priorités” de la nouvelle doctrine de sécurité américaine sont la Corée du Nord et le renforcement de l’OTAN. Les pays partenaires doivent remplir leurs obligations et augmenter leurs budgets d’armement .

Un ancien ambassadeur britannique le révèle : les Etats-Unis veulent déstabiliser la Syrie sur le long terme

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Un ancien ambassadeur britannique le révèle : les Etats-Unis veulent déstabiliser la Syrie sur le long terme

Ex: http://www.zuerst.de

Londres : Le ministre américain des affaires étrangères Rex Tillerson a annoncé officiellement, il y a quelques jours, que les Etats-Unis demeureront militairement actifs en Syrie dans l’avenir. Cette décision enfreint le droit des gens de plein fouet. L’ancien ambassadeur britannique à Damas, Peter Ford, vient d’accorder un entretien d’une grande clarté  au portail russe « Sputnik ». Il y explique les raisons de cette volonté.

Les Etats-Unis n’ont pas l’intention d’introduire la démocratie en Syrie ni de détruire la milice terroriste du dit « Etat islamique ». Le plan de Washington vise bien plutôt à réduire à néant « toute stabilisation de la Syrie en tant qu’Etat unifié et souverain », a précisé Sir Peter Ford. « Depuis déjà quarante ans, c’est le but à long terme des Etats-Unis et ils ont aujourd’hui un début de chance d’atteindre cet objectif, en favorisant la naissance d’un Etat kurde dans le Nord et le Nord-Est de la Syrie ».

Le ministre des affaires étrangères Tillerson a esquissé les objectifs de la politique américaine au Proche Orient, sans trop de circonlocutions verbales. Ford : “Parce que les Américains ont vu, désormais, qu’ils ne pourront plus imposer par la force un changement de régime, ils cherchent dorénavant à saisir d’autres opportunités de déstabiliser durablement le pays”.

L’ancien ambassadeur britannique ne laisse planer aucun doute sur l’illégalité de l’intervention américaine en Syrie : « Ce que les Etats-Unis font là-bas est contraire au droit international. Entretenir une présence militaire de longue durée sur le territoire d’un Etat membre des Nations-Unies, est en contravention flagrante avec le droit des gens. Sans l’autorisation particulière et exceptionnelle d’un Etat, une telle présence est absolument contraire au droit ». Mais, ajoute Ford : « Les Etats-Unis jouent le jeu en appliquant d’autres règles et pensent détenir le droit de faire usage de violence. L’Amérique foule aux pieds le droit et la loi. On s’en aperçoit en maintes régions de la planète, pas seulement en Syrie ».

The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

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The Russo-Chinese "Alliance" Revisited

America’s greatest strategic mind of global recognition, Alfred Thayer Mahan, in his seminal work The Influence of Sea Power upon History saw the World Ocean and activity in it as the foundation for national greatness and power. The pivot of this greatness was a powerful navy. Through Mahan, the Theory of Navalism reached American elites late in 19th Century. As Byron King noted:

Mahan’s book struck the highest levels of the governing classes like a bolt of lightning and created a tempest of intellectual upheaval not just within the U.S. Navy, but throughout the broader American (and overseas) political, economic, and industrial system.

It was, however, not Navalism as a theory which contributed to both intellectual and, eventually, social upheaval—it was the industrial revolution and the technological paradigm that revolution created, which propelled ideas of naval blockades and of the decisive battles of large fleets to the forefront of global strategic thought. The confirmation of the correctness of Mahan’s vision didn’t have to wait for too long—on 28 May 1905, in the straits of Tsushima, Russia’s Baltic Sea Squadron of Admiral Zinovyi Rozhesvensky was almost completely obliterated by the Japanese naval force of Admiral Togo in what amounted to one of the most lop-sided battles in history. Russia’s de jure defeat in the Russo-Japanese War of 1904-05 became inevitable in the wake of Tsushima, which became in Russia a euphemism for a catastrophe. Recriminations and, eventually the First Russian Revolution followed as the result of this military-political humiliation. This outcome also cemented a central postulate of Navalism—large, expensive fleets became the main force which embodied both national prestige and safety for the trade of the nation which possessed them. The era of battleships and cruisers unfolded but so did the era of submarines.

The explosive technological and doctrinal development of fleets, both naval and commercial, followed. Also Mahan’s ideas that the old concept of Guerre’ de Course, of commerce raiding, simultaneously matured and reached industrial proportions, which would see massive naval battles on the Shipping Lanes of Communications (SLOC) during WW I and, especially so, during WW II. The Safety of SLOCs and maritime Choke Points became defining factors in Western strategic thinking of the 20th Century. Nowhere was this more so than in Great Britain and, especially, in the newly emerging superpower of the United States. The World Island is how Admiral Elmo Zumwalt defined the United States of the 20th Century. The post WW II US Navy became more than just a concentrated material expression of American national pride and of industrial-technological prowess; it became the guarantor of the safety of those numerous SLOCs and Choke Points on which American prosperity depended then and continues to depend even more so today.

Enter the 21st Century. With the collapse of the Soviet Union, the US Navy lost its only modern peer—the Soviet Navy. Today, the US Navy reigns supreme over the vast spaces of the World Ocean, thus making American maritime trade secure. For now it also controls the world’s maritime trade which amounts to almost 90 percent of all global trade. A fleet of more than 62 000 commercial vessels every day carries millions tons of cargo, ranging from crude oil and ore to washing machines and cars, between hundreds of ports, thus generating trillions of dollars in capital movement every month. It seems that the United States with her magnificent navy is living proof of the old geopolitical truism that the one who controls the World Ocean controls the world’s trade, and thus controls the World. This was true with the United States being the most productive and largest industrial economy in the post-World War Two world. This is not the case anymore. To be sure, the United States still hugely depends on and still controls most SLOCs, but this time the pattern is different and is changing constantly.

China’s ever-growing manufacturing capacity entered the game—the times when the United States was shipping massive amounts of finished goods and of materiel both to Europe and elsewhere around the world are over. Of course, the United States still produces many finished goods, some of them of a world-class quality, such as commercial aircraft, processors, generators, and engines, to name just a few; but in 2017 the United States posted an astonishing 344 billion dollars trade deficit with China. Today, the US controlled SLOCs in the Asia-Pacific area operate as supply lines for the US internal market, shipping monthly tens of billions of dollars’ worth of the finished consumer goods to the United States, filling the shelves of American Walmarts, Targets and Costcos with mostly Chinese-manufactured TVs, home appliances, computers, Smart phones, furniture, and articles of clothing. The United States today depends on China for its own everyday consumer needs. This dependence is unprecedented historically and is a powerful reason for questioning both America’s internal and international trade policies. Today, trade deficits of such a scale are among the most important drivers behind contemporary geopolitical upheaval.

The United States is in a trade hole and that hole is extremely deep. Yet, while the US-Chinese trade is the talk of the town and is extremely important in explaining contemporary geopolitical dynamics, and an inevitable US-Chinese trade war, a much larger but less talked about global scenario is beginning to emerge and it has everything to do with the fact of China’s (One) Belt and Road initiative aka the New Silk Road. A lot has been said about this massive project, most of it is positive and it is derived from the fact of the seemingly much fairer and beneficial, for all parties involved, nature of it. This is true, especially against the background of the mayhem and destruction the United States has unleashed around the world. Yet, the Chinese project is far more than just an exercise in charity which it certainly is not. China, with her excessive industrial capacity, is in it for a much bigger prize than the United States, with its sluggish consumer market and declining standard of living. Nor are Africa or Eurasian subcontinent the targets, although often placed in the center of Chinese considerations. The name of the Chinese game is Europe. Without Europe, the One Belt and Road initiative becomes merely an expansion into large but mostly poor markets in Asia. The Philippines or Indonesia cannot compare to the advanced economies of Germany or France. Europe, not just the EU, is a different game. With her almost 750 million population and a GDP larger than that of China or the US, Europe is the only truly wealthy market left in the world. China desperately needs access to this market both through the land bridge and SLOCs and it is here where the geopolitical dance of the century becomes extremely intricate. Several important facts must be considered before drawing any conclusions on the mid to long-term developments:

1. The United Stated posts huge trade deficits not only with China. The US is in a deep 56 billion dollars trade hole with Germany in 2017. It consistently posts trade deficits with most European nations from France to Finland and Russia. With the EU alone, the US trade deficit is more than 135 billion dollars. With the exception of military hardware, commercial aircraft and some electronics, the US is simply not competitive in Europe. China is and precisely in that sector where the United States produces next to nothing—consumer goods. The Europeans are aware of this, as they are apprehensive of China’s One Belt and Road. Speaking on January 10, 2018 France’s President Macron was explicit in his description of the Silk Road:

“We must come up with a common position at the European level…We can’t disregard this initiative. It would mean dealing with its consequences and would be a profound strategic mistake.”

Europe does feel a need to protect her strategic sectors and those are the ones where China still lags considerably—the high-tech machine building sectors.

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2. With China securing the safety of her strategic rear and crucial resources by entering into all but an full-fledged military-political alliance with Russia, China seems poised to complete the Silk Road’s land-bridge, a small part of which will go through Russia. Modern transportation technologies, including high-speed rail—the exact field in which China is one of the global leaders—may significantly change the matrix of goods’ flow and, indeed, interconnect Eurasia with a highly developed railroad network. In fact, the work is already in progress. But here is the catch.

3. Commercial marine transport still remains the most efficient way of delivering large quantities of goods—a term “Road” stands for SLOCs in a One Belt and Road initiative. China needs this Road which connects her ports with the Mediterranean and it is here where all illusions about this Chinese initiative must be dispelled.

There is a lot of talk about the Russia-Chinese alliance, as well as about Russia being a junior partner in such an alliance. All this is a result of not seeing the very serious real factors behind the new Silk Road. First, China’s initiative is not that beneficial to Russia. In fact, it goes contrary to Russia’s own plans for creating a new Eurasian Economic Union (EAEU). Russia has its own designs on large portions of the markets China sees as her own. Russia, dominating Eurasia’s heartland, has a shot at a serious upgrade of its own role in this plan and that is what Russia is doing already. One of the major reasons is the fact that the US Navy and the Chinese Navy (PLAN) are simply in different leagues. One may say, and justly so, a lot of negative things about the US Navy, which does face a whole host of large technological and operational problems, but there can be no denial that it still remains the most powerful naval force in history. It is precisely this force which can, if push comes to shove, stop any maritime trade in almost any part of the world. The “almost” qualifier is extremely important here.

One also may say that this is an unrealistic scenario, while in reality it is anything but. The Chinese Navy (PLAN) was in construction overdrive for a decade now and it built a large number of surface combat ships, some of which on paper look impressive. By 2030 it also plans to have four aircraft carriers in its order of battle. China is also building naval bases in Pakistan, which is prudent once one considers that a large portion of this “Road” passing through the Indian Ocean. But the question remains—in the case of an inevitable US-China trade war, which may go hot on “neutral” territory, will the Chinese Navy (PLAN) be able to defend its SLOCs from the interdiction by the US Navy?

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The answer is an unequivocal no. China may already have a very serious A2/AD (Anti-Access/Area Denial) capability which would deters the US Navy and make its life difficult in the South China Sea, but blue water operations are a completely different game. The US Navy today and in the foreseeable future has an ace up its sleeve, and that is a world-class, massive nuclear attack submarine force which, considering the US Navy’s powerful surface element, will not allow PLAN to defend its SLOCs. While Mahan’s ideas seem to be moribund, they may yet see their resurrection in the form of a large fleet standoff with global implications.Neither now nor in the foreseeable future will China be able to overcome the US Navy’s technological underwater superiority, and eventually the Chinese will also need to contend with India’s view of the Indian Ocean as her own internal lake. India also sees the Chinese naval presence in the Indian Ocean as a threat to herself. It is not surprising therefore to see increased cooperation between the US and Indian Navies. The PLAN is not ready to face such odds, especially when one considers the rather unimpressive technological reality of PLAN’s submarine force—this inferiority in technology and numbers will not be overcome any time soon. In plain language, in the open ocean the US Navy can and, most likely, will sink the Chinese Navy and that will mean the end of the Road, leaving onl the Belt to China.

In the end, the United States also needs Europe in a desperate attempt to revitalize own economy by utilizing the subjugated and split EU as the main market for US hydrocarbons and goods. The US doesn’t need Chinese competition in what has now become a struggle with enormously high stakes for the United States. After all, the memories of America as a global industrial powerhouse are still fresh among many. This, eventually, may move the United States into full confrontational mode with China and it is here where Russia will have her own very appealing strategic fork in the road, with some preparations for this fork now being made. The most important sign of this was Vladimir Putin’s rather startling revelation, during his October 2017 Valdai Forum conversation with youth, of his concern for the fate of white European Christian Civilization and his desire to preserve it.

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The importance of this statement is difficult to overstate—much more is at stake than mere economic issues, however important. The Russian-Chinese alliance today seems unshakable and it will remain so for a while, but, contrary to some opinions, this is not because Russia needs China—certainly no more than China needs Russia. It is a situational global alliance, but it is also the economically natural alliance of two very close neighbors. China needs Russia’s resources, which Russia gladly sells to China, but China also needs Russia’s technology and she needs it desperately. Europe is also not just a market for China; it provides access to very advanced technologies, from nuclear power to transportation. But Europe and Russia are effectively the same culture, while China and Russia are not.

Putin at Valdai confirmed Russia as primarily a European nation and stressed the necessity to preserve it as such while preserving European, which is Western, culture as a whole—this is without doubt a most startling and profound political statement from a major global statesman in the 21st century. Preserving European culture is impossible without extremely advanced technology and advanced military systems, but that is what Russia has been building for the last decade. With Europe slowly coming to some understanding of the dead end of its cultural and economic policies, it is becoming clear that Europe sees neither China nor the United States as friends. Yet, even despite sanctions on Russia, the Q3 2017 reports saw a very significant, double digit, growth in trade between Russia and Germany, Netherlands, Italy, and Austria—hardly a sign of an isolated nation. The trade with China also grew tremendously by more than 20% and reached 84 billion dollars, with a target of 200 billion to be reached in the nearest future. There will be no cohesion to any Eurasian economic plans without Russia. The Russians know this, and so do the Chinese and the Americans.

More importantly, while it is primarily Russian or Russia-derived military technology which has already firmly secured the Chinese and Russian littorals and their near sea zones from any aggression, Russia holds yet another joker up her sleeve. It is the Northern Sea Route, which China supports enthusiastically. She has sound reasons for doing that. Unlike the Indian Ocean where PLAN would have to face the immensely powerful US Navy, Russia controls the Arctic and possesses a world-class A2/AD capability there, from advanced nuclear submarines, patrol and missile carrying aviation to a system of surveillance and reconnaissance sensors and coastal weapons, which make this route a desirable trade artery, also being much shorter than other maritime routes. The pace of Russian construction of ice-breakers for year-round operation of this ice route, now greatly mitigated by climate change, testifies to the fact that this route is already becoming an important economic and geopolitical factor.

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The strategic implications are enormous—neither the US Navy, nor, for that matter any other navy, would be able to interdict Arctic SLOCs. Russia already has enough fire-power in the Arctic to ensure that passage is peaceful under any geopolitical conditions, while retaining, if need be, the capacity to shut it down. China has no such capabilities. But that is why China knows how to behave with Russia, which is also, together with Finland, a source of advanced technology for China not only militarily but for the use of this route. As The Diplomat noted:

In short, as long as solid Russia-China relations exist, the future of the Ice Silk Road is bright.

There are no reasons for China or Russia to spoil their relations, especially now when the agreement has been signed and a JV established for developing and building Russian-Chinese long-range wide-body CR 929 aircraft, which gives China access to world-class Russia’s commercial aircraft design and technologies. Russian-Chinese energy and infrastructure projects are also impressive and have huge potential for growth. In general, after all of these factors are considered, one can easily see that no matter how one plays with numbers or geography, Russia long ago secured both continental and maritime pivot positions for any major Eurasian project. She did that by playing to her many strengths. Then, by openly stating her European cultural roots, Russia has asserted her claim to be the very real bridge between Asia and Europe and she has all the necessary economic, technological and military wherewithal to support such a claim.

Will Europe get the signal? There are certainly many there who got it already but so did the United States, whose neocon cabal is going apoplectic when facing an unfolding geopolitical reality in which the United States may be simply bypassed as a player in Eurasia or, under highly desirable yet unattainable conditions, see herself reinventing herself as a major global productive player. How to do this? Alfred Thayer Mahan left no instructions and that could be a big problem. But if we all manage to avoid Mahan’s vision of large fleets blowing each-other out of the water with modern conventional let alone nuclear weapons, in their desperate fight to control shipping lanes of communications—this, I think, will fit the common sense of most people in Russia, the US, China and Europe. These four players must sort their problems out in a peaceful and civilized way—there is no other viable option. The only alternative is a bloody destructive triumph of Navalism.

lundi, 22 janvier 2018

A US-Turkish Clash in Syria?

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A US-Turkish Clash in Syria?

Turkey is moving armor and troops south to Syria’s border enclave of Afrin, occupied by Kurds, to drive them out, and then drive the Syrian Kurds out of Manbij further south as well.

Says President Recep Tayyip Erdogan, “We will destroy all terror nests, one by one, in Syria, starting from Afrin and Manbij.”

For Erdogan, the Kurdish YPG, the major U.S. ally in Syria, is an arm of the Kurdish PKK in Turkey, which we and the Turks have designated as a terrorist organization.

While the Kurds were our most effective allies against ISIS in Syria, Turkey views them as a mortal peril and intends to deal with that threat.

If Erdogan is serious, a clash with the U.S. is coming, as our Kurdish allies occupy most of Syria’s border with Turkey.

Moreover, the U.S. has announced plans to create a 30,000-man Border Security Force of Kurds and Arabs to keep ISIS out of Syria.

Erdogan has branded this BSF a “terror army,” and President Bashar Assad of Syria has called BSF members “traitors.”

This U.S. plan to create a BSF inside Syria, Damascus declared, “represents a blatant attack on the sovereignty and territorial integrity and unity of Syria, and a flagrant violation of international law.”

Does not the Syrian government have a point?

Now that ISIS has been driven out of Raqqa and Syria, by what authority do U.S. forces remain to arm troops to keep the Damascus government from reimposing its authority on its own territory?

Secretary of State Tillerson gave Syria the news Wednesday.

The U.S. troop commitment to Syria, he said, is now open-ended.

Our goals: Guarantee al-Qaida and ISIS do not return and set up sanctuary; cope with rising Iranian influence in Damascus; and pursue the removal of Bashar Assad’s ruthless regime.

But who authorized this strategic commitment, of indefinite duration, in Syria, when near two decades in Afghanistan have failed to secure that nation against the return of al-Qaida and ISIS?

Again and again, the American people have said they do not want to be dragged into Syria’s civil war. Donald Trump won the presidency on a promise of no more unnecessary wars.

Have the American people been had again?

Will they support a clash with NATO ally Turkey, to keep armed Kurds on Turkey’s border, when the Turks regard them as terrorists?

Are we prepared for a shooting war with a Syrian army, backed by Russia, Iran, Hezbollah and Shiite militias from Iraq, Afghanistan and Pakistan, to hold onto a fourth of Syria’s territory in alliance with Kurds?

The U.S. coalition in Syria said this week the BSF will be built up “over the next several years” and “be stationed along the borders … to include portions of the Euphrates river valley and international borders to the east and north.”

Remarkable: A U.S.-created border army is going to occupy and control long stretches of Syria’s borders with Turkey and Iraq, over Syria’s objections. And the U.S. military will stand behind the BSF.

Are the 2,000 U.S. troops in Syria really up to that task, should the Turks decide to cleanse the Syrian border of Kurds, or should the Syrian regime decide to take back territory occupied by the Kurds?

Who sanctioned this commitment to a new army, which, if Syria and its Russian and Iranian allies, and the Turks, do not all back down, risks a major U.S. war with no allies but the Kurds?

As for Syria’s Kurds casting their lot with the Americans, one wonders: Did they not observe what happened when their Iraqi cousins, after helping us drive ISIS out of Mosul, were themselves driven out of Kirkuk by the Iraqi army, as their U.S. allies watched?

In the six-year Syrian civil war, which may be about to enter a new phase, America faces a familiar situation.

While our “allies” and adversaries have vital interests there, we do not. The Assads have been in power for the lifetime of most Americans. And we Americans have never shown a desire to fight there.

Assad has a vital interest: preservation of his family regime and the reunification of his country. The Turks have a vital interest in keeping armed Kurds out of their border regions adjacent to their own Kurdish minority, which seeks greater independence.

The Israelis and Saudi royals want the U.S. to keep Iran from securing a land bridge from Tehran to Damascus to Lebanon.

The U.S. War Party wants us to smash Iran and remain in the Middle East forever to assure the hegemony of its favorites.

Have the generals taking us into Syria told the president how and when, if ever, they plan to get us out?

Camp Bondsteel muss geschlossen werden!

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Camp Bondsteel muss geschlossen werden!

Ex: https://www.zeit-fragen.ch/de

Steigende Spannungen und Gefahrenherde alter und  neuer Krisen erfordern die Einig-keit und das Bemühen aller Friedenskräfte zur Schliessung ausländischer Militärbasen, insbesondere der rund um den Globus in anderen Staaten aufgebauten US- und Nato-Basen. Die Kräfte, die sich um den Frieden bemühen, sind verpflichtet, die klare Botschaft zu verbreiten, dass die in anderen Staaten bestehenden US- und Nato-Militärbasen Werkzeuge des Hegemonismus, der Aggression und der Besetzung darstellen und als solche geschlossen werden müssen.


Frieden und eine alle mit einschliessende Entwicklung, die Eliminierung von Hunger und Armut bedingen eine Umverteilung der Ausgaben für die Aufrechterhaltung solcher Militärbasen zugunsten von Entwicklungsbedürfnissen, Bildung und Gesundheitsversorgung. Nach dem Ende des Kalten Krieges erwartete die ganze Menschheit Stabilität, Frieden und Gerechtigkeit in einer Welt gleichberechtigter Staaten und Völker. Diese Erwartungen erwiesen sich als vergebliche Hoffnungen.


Anstatt die US- und Nato-Basen in ­Europa zu schliessen, wurde der Kontinent im Laufe der zwei letzten Jahrzehnte durch eine ganze Reihe neuer US-Militärbasen in Bulgarien, Rumänien, Polen und den baltischen Staaten vernetzt. Infolgedessen gibt es heute mehr US-Militärbasen in Europa als auf dem Höhepunkt des Kalten Krieges. Frieden und Sicherheit sind brüchiger, und die Lebensqualität wird aufs Spiel gesetzt.


Diese gefährliche Entwicklung wurde 1999 eingeleitet durch die Nato-US-geführte Aggression gegen Serbien (die Bundesrepublik Jugoslawien). Am Ende der Aggression errichteten die USA in Kosovo und Metochien, dem besetzten Teil des serbischen Territoriums, eine militärische Basis, Camp Bondsteel genannt, die eine der teuersten und die grösste US-Militärbasis ist, die nach dem Vietnam-Krieg aufgebaut worden ist. Das war nicht nur illegal, sondern ein brutaler Akt der Missachtung der Souveränität und territorialen Integrität Serbiens sowie anderer Grundprinzipien des Völkerrechts. Heute gibt es gar den Plan, Camp Bondsteel zu erweitern und es – mit Blick auf geopolitische Absichten und Konfrontationen – zu einem permanenten Standort amerikanischer Truppen und zu einem Dreh-  und Angelpunkt der US-Militärpräsenz in Südosteuropa zu machen.


Wir verlangen, dass der Militärstützpunkt Camp Bondsteel geschlossen wird, und genauso alle anderen US-Militärbasen in Europa und der Welt. Vorbereitungen für das Vorantreiben von Konfrontation und neuen Kriegen sind eine sinnlose Verschwendung von Geld, Energie und Entwicklungsmöglichkeiten.


Das Belgrad-Forum als integraler Teil der Friedensbewegung der Welt steht entschieden zur Initiative, alle Militärbasen in der Welt zu schliessen und die Ressourcen statt dessen den wachsenden Entwicklungsbedürfnissen und der Sehnsucht der Menschen nach einem besseren Leben zukommen zu lassen.

The Belgrade Forum for a World of Equals. Belgrad, 12. Januar 2018

(Übersetzung Zeit-Fragen)