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vendredi, 07 octobre 2016

La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

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La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

par Diana Johnstone

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Tout le monde claironne qu’il veut la fin de la guerre en Syrie, et restaurer la paix au Moyen-Orient.

Enfin, presque tout le monde.

« C’est comme un match éliminatoire où vous avez besoin que les deux équipes perdent, mais qu’au moins l’une d’entre elles ne gagne pas – nous nous satisferons d’un match nul, » disait Alon Pinkas, un ancien Consul-Général d’Israël à New York, au New York Times en septembre 2013. « Laissez-les saigner tous les deux, se vider de leur sang jusqu’à la mort: c’est la pensée stratégique qui a cours ici. »

Efraim Inbar, directeur du Centre Begin-Sadat pour les Études Stratégiques, soulignait les mêmes idées en août 2016:

L’Occident devrait chercher à affaiblir davantage l’État Islamique, mais pas à le détruire… Laisser des sales types tuer d’autres sales types a l’air très cynique, mais c’est utile et même moral de le faire si ça occupe les sales types et les rend moins capables de faire du mal aux types bien… De plus, l’instabilité et les crises contiennent parfois les présages de changements positifs… L’administration américaine ne semble pas apte à reconnaître le fait que l’EI puisse être un accessoire utile pour miner l’ambitieux plan de Téhéran pour la domination du Moyen-Orient.

D’accord, pas tout à fait tout le monde.

Mais le site humanitaire Avaaz, lui, veut assurément mettre fin à la guerre et restaurer la paix.

Ou pas?

Avaaz fait actuellement circuler une pétition qui a recueilli plus d’un million de signatures et en vise maintenant un million et demi. Elle va probablement les atteindre, avec des termes comme ceux-ci:

100 enfants ont été tués à Alep depuis vendredi dernier.

Maintenant ça suffit!

Avaaz poursuit pour déclarer: « il n’y a pas de moyen d’arrêter cette guerre, mais il n’y a qu’un seul moyen d’empêcher cette terreur qui vient du ciel – les gens réclament partout une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils. »

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Zone d’exclusion aérienne? Ça ne vous rappelle rien? C’est le stratagème qui a été utilisé pour détruire les défenses aériennes de Libye, et qui a ouvert le pays au changement de régime en 2011. Il avait reçu un soutien zélé de la part de Hillary Clinton, dont le goût pour ces mêmes méthodes en Syrie a été dûment enregistré.

Et quand l’Occident annonce « exclusion aérienne », cela signifie qu’en fait il y en a certains qui peuvent voler, mais pas d’autres. Avec la zone d’exclusion aérienne en Libye, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont pu voler tout leur soûl, tuant d’innombrables civils et détruisant les infrastructures, laissant les rebelles islamistes se tailler plusieurs tranches du pays.

La pétition Avaaz fait la même distinction. Certains devraient pouvoir voler, mais pas d’autres.

Construisons un appel mondial sonore et fort pour Obama et d’autres dirigeants, afin qu’ils résistent à la terreur de Poutine et d’Assad. C’est peut-être notre dernière chance pour aider à mettre un terme à ce massacre en masse d’enfants sans défense. Ajoutez votre nom.

Donc en fait c’est une affaire de massacre en masse d’enfants sans défense, et pour y mettre un terme il faudrait que nous en appelions à Obama le « roi des drones », afin de faire cesser la « terreur qui vient du ciel. »

Et pas seulement Obama, mais aussi d’autres « bons » dirigeants de pays membres de l’OTAN:

Au Président Obama, au Président Erdogan, au Président Hollande, au Premier Ministre May, et aux autres dirigeants mondiaux: en tant que citoyens horrifiés de par le monde par le massacre d’innocents en Syrie, nous en appelons à vous pour imposer une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie, comprenant Alep, pour que cesse le bombardement des civils syriens et pour garantir que l’aide humanitaire atteigne ceux qui en ont le plus besoin.

Le moment de parution de cette pétition est révélateur. Elle tombe exactement alors que le gouvernement syrien fournit l’effort pour mettre fin à la guerre en reconquérant la partie orientale de la ville d’Alep. Elle fait partie de l’immense campagne de propagande actuelle qui vise à réduire la connaissance du public de la guerre en Syrie à seulement deux facteurs: les enfants victimes et l’aide humanitaire.

Dans cette perspective, les rebelles ont disparu. Tout comme tous leurs soutiens extérieurs, l’argent saoudien, les fanatiques wahhabites, les recrues de l’EIIL tout autour du monde, les armes US et le soutien français. La guerre n’est que la conséquence de l’étrange fantaisie d’un « dictateur », qui se distrait en bombardant des enfants sans défense et en bloquant l’accès à l’aide humanitaire. Cette perspective réduit la guerre de cinq ans en Syrie à la situation telle qu’elle avait été dépeinte en Libye, pour justifier la zone d’exclusion aérienne: rien de plus qu’un vicieux dictateur qui bombarde son propre peuple.

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Pour un public qui aime consommer les événements mondiaux sous forme de contes de fées, tout cela se tient. Signez une pétition sur votre ordinateur et sauvez les enfants.

La pétition Avaaz ne cherche pas à mettre un terme à la guerre ou à restaurer la paix. Elle cherche clairement à gêner l’offensive du gouvernement syrien pour reprendre Alep. L’armée syrienne a subi de lourdes pertes en cinq ans de guerre, et ses recrues potentielles ont dans les faits été conviés à se soustraire au péril du service militaire par un voyage en Allemagne. La Syrie a besoin de puissance aérienne pour réduire ses propres pertes. La pétition Avaaz appelle à paralyser l’offensive syrienne, et donc à prendre parti pour les rebelles.

Attendez – mais cela signifie-t-il qu’ils souhaitent que les rebelles l’emportent? Pas exactement. Les seuls rebelles à priori suffisamment forts pour l’emporter, c’est Da’esh. Et personne ne souhaite vraiment cela.

La vérité brute c’est que pour mettre fin à cette guerre, comme avec la plupart d’entre elles, il faut qu’il y ait un gagnant et un perdant. Quand il devient clair lequel des deux va l’emporter, alors vient le temps où des négociations peuvent avoir lieu, menant par exemple à des amnisties. Mais cette guerre ne peut pas être « cessée par des négociations ». C’est le genre d’issue que les États-Unis ne peuvent soutenir qu’à la condition que Washington soit à même d’employer les négociations pour imposer ses propres marionnettes – pardon, des exilés pro-démocratie installés en Occident. Mais à l’heure actuelle, ils seraient rejetés comme des traîtres par la majeure partie des Syriens qui soutiennent le gouvernement, et comme des apostats par les rebelles. Donc, il faut que l’un des deux belligérants remporte cette guerre. L’issue la moins pire serait que le gouvernement Assad vainque les rebelles, afin de préserver l’état. Pour cela, les forces armées syriennes ont besoin de reprendre la partie orientale d’Alep, occupée par les rebelles.

Le travail d’Avaaz est d’amener l’opinion publique à s’opposer à cette opération militaire, en la dépeignant comme rien de moins qu’une entreprise conjointe russo-syrienne pour massacrer des civils, et en particulier des enfants. Pour cela, ils en appellent à une opération militaire de l’OTAN pour abattre (c’est ce que signifie « exclusion aérienne ») les avions syriens et russes qui fournissent un appui aérien à l’offensive de l’armée syrienne.

Même des mesures aussi dramatiques ne visent pas à faire cesser la guerre. Elles sont conçues pour affaiblir le belligérant qui a le dessus afin de l’empêcher de gagner. Cela signifie – pour employer l’expression absurde devenue populaire pendant la guerre en Bosnie [aux USA et en anglais US, NdT] – « mettre les joueurs sur le terrain sur un pied d’égalité » [« create a level playing field », NdT], comme si la guerre était un événement sportif. Cela signifie la poursuite de la guerre jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la Syrie, et que ce qui reste de la population syrienne remplisse des camps de réfugiés en Europe.

Comme le New York Times le rapportait depuis Jérusalem en septembre 2013, « la synergie entre les positions d’Israël et des États-Unis, si elle n’est pas explicitement articulée par les dirigeants de l’un ou l’autre pays, pourrait être une source cruciale de soutien pour M. Obama tandis qu’il cherche l’accord du Congrès pour des frappes chirurgicales en Syrie. » Ils ont ajouté que « les préoccupations d’Israël à propos de sa sécurité nationale jouissent d’un large soutien dans les deux grands partis à Washington, et l’American Israel Public Affairs Committee [AIPAC, principal lobby pro-israélien aux USA, NdT] est venu mardi apporter le poids de son soutien à l’approche de M. Obama. » (C’est à l’époque où Obama projetait de « punir le Président Bachar al-Assad pour l’emploi d’armes chimiques sans utiliser la force, afin de l’évincer du pouvoir » – avant qu’Obama choisisse plutôt de se joindre à la Russie pour démanteler l’arsenal chimique syrien, un choix pour lequel il continue de subir les foudres du lobby pro-israélien et de la faction belliciste à Washington.) La déclaration de l’AIPAC « ne disait rien, cependant, de l’issue souhaitée à la guerre civile… »

En effet. Ainsi que l’article de Jérusalem en 2013 poursuivait, « comme l’espoir de voir émerger une force rebelle modérée et laïque, à même de forger un changement démocratique et un dialogue constructif se réduit, du côté d’Israël, une troisième approche attire l’attention: laissez les sales types s’entretuer. ‘La perpétuation de ce conflit sert à tout point de vue les intérêts d’Israël,’ a affirmé Nathan Thrall, un analyste basé à Jérusalem pour l’International Crisis Group. »

La vérité toute simple est que la Syrie est la victime d’une Entreprise Criminelle Concertée de longue date pour détruire le dernier état nationaliste arabe laïque au Moyen-Orient, suite à la destruction de l’Irak en 2003. Alors qu’il avait été attribué à la répression gouvernementale de « manifestants pacifiques » en 2011, le soulèvement armé avait été préparé depuis des années et était appuyé par des puissances étrangères: l’Arabie Saoudite, la Turquie, les États-Unis et la France, entre autres. Les motivations françaises demeurent mystérieuses à moins qu’elles ne soient liées à celles d’Israël, qui voit la destruction de la Syrie comme un moyen d’affaiblir son grand rival dans la région, l’Iran. L’Arabie Saoudite possède des ambitions similaires d’affaiblissement de l’Iran, mais pour des motifs religieux. La Turquie, l’ancienne puissance impériale de la région, possède des ambitions territoriales et politiques qui lui sont propres. Le découpage de la Syrie peut tous les satisfaire.

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Cette conspiration flagrante et entièrement ouverte de destruction de la Syrie est un crime international majeur, et les États mentionnés plus haut sont tous des conjurés, des coupables complices. Ils sont rejoints dans cette Entreprise Criminelle Conjointe par des organisations ostensiblement « humanitaires » comme Avaaz, qui diffusent de la propagande de guerre déguisée en protection des enfants. Cela fonctionne parce que la plupart des gens ne peuvent tout simplement pas croire que leur gouvernement ferait de telles choses. C’est difficile de surmonter cette foi réconfortante. C’est plus naturel de croire que les criminels sont des gens malveillants dans un pays dont, en réalité, ils ne comprennent rien.

Il n’y a pas la moindre chance que cette entreprise criminelle retienne l’attention des procureurs de la Cour Pénale Internationale, qui comme la plupart des grandes organisations internationales est complètement contrôlée par les USA. À titre d’exemple, le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies pour les Affaires Politiques, qui analyse et cadre les sujets politiques pour le Secrétaire Général Ban Ki Moon est un diplomate étasunien, Jeffrey Feltman, qui était l’un des pivots de l’équipe Clinton au State Department pendant qu’elle œuvrait pour le changement de régime en Libye. Et les complices de cette entreprise criminelle incluent toutes les organisations pro-gouvernementales « non-gouvernementales » telles qu’Avaaz, qui poussent l’hypocrisie vers de nouvelles abysses en exploitant la compassion pour les enfants dans le but de justifier et de perpétuer ce crime majeur contre l’humanité et contre la paix dans le monde.

Diana Johnstone | 4 octobre 2016 | Counterpunch.org

Traduit par Lawrence Desforges pour Reseau International

http://arretsurinfo.ch/la-destruction-de-la-syrie-une-ent...

Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

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Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

By Jim Ostrowski

Ex: http://artvoice.com

This is an excerpt from the new book, The Impeachment of Barack Obama and Hillary Clinton for High Crimes in Syria and Libya, by Michael Ostrowski and James Ostrowski (2016).

The American interventions into Libya and Syria happened in a troubled part of the world with numerous and seemingly intractable problems that were in many ways the result of prior unwise American foreign policy.  This is particularly true with Syria.  The Iraq War launched by George Bush in 2003 destabilized the artificial state of Iraq.  It is widely recognized that Saddam Hussein was a brutal dictator who held Iraq together and under control by brute force.  However, it is rarely acknowledged that, since Iraq is an artificial country created by the Western allies after World War I, it is difficult to conceive of Iraq being held together in any other way than brute force.  As one of the co-authors pointed out in 2003, Iraq is made up of three discrete groups with historical and ideological, ethnic and religious differences.  The suggestion of peace through partition made in that article was ignored.[1]

Additionally, the elimination of Saddam’s secular regime opened the door for various Islamic factions to vie for state power.  ISIS emerged out of this power vacuum.  Syria, a regime controlled by a Shiite, Bashar al-Assad, was a natural target of ISIS, once it had gained a foothold among its fellow Sunnis in Iraq.  Say what you will about ISIS, but they had the savvy to realize what clueless (archist) foreign policy “experts” in the West did not, that the Sykes-Picott borders created by the Western powers were completely arbitrary and bore no relationship to reality in the 21st Century.  They ignored them, indeed, explicitly promised to obliterate them.

ISIS did not exist in a self-conscious form in Libya prior to the start of the civil war there in 2011.  Rather, that conflict had roots in the Arab Spring.  In addition to the wreckage of Iraq, the Arab Spring was the other major development that set the stage for intervention into Libya and Syria.

The Arab Spring is a large and complicated phenomenon that can only be summarized here.  What is vital to understand for present purposes is that this conflict was a face-off between old regimes in the Middle East and their opponents, who, whether correctly or not, portrayed themselves as democratic reformers.  Which side did the Progressive State of America support?  Both sides of course, illustrating the irrational nature of progressivism applied to foreign policy.

The relationship between the United States and Egypt is longstanding.  Keep in mind that virtually the entirety of American foreign policy in the Middle East is based on the simple concept of Israel First.[2]  That is, the United States does what Israel and its allies think is in the best interest of Israel.  Of course, it can never be called what it is, Israel First.  Rather, it is always sold to the gullible American public as necessary to fight terrorism or to keep the oil flowing.

Both rationalizations are nonsense of course.  In fact, both propositions are the precise opposite of the truth.  The only obstacle to the free flow of oil is America’s numerous, prior and unwise interventions into the Middle East directly or indirectly on behalf of Israel.  David Stockman traces this pernicious fallacy to Henry Kissinger: “That doctrine has been wrong from the day it was officially enunciated by one of America’s great economic ignoramuses, Henry Kissinger, at the time of the original oil crisis in 1973. The 42 years since then have proven in spades that it doesn’t matter who controls the oilfields, and that the only effective cure for high oil prices is the free market.”[3]

Likewise, America has been attacked by terrorists largely because of its prior unwise interventions on behalf of Israel.  These facts are really not debatable by any honest observer.  Rather, those blinded by self-interest or ideology are in denial about these facts and respond by shooting the messenger.

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Thus, America’s relationship with Egypt is largely a function of its slavish devotion to Israel.  Egypt made peace with Israel in 1979.  Naturally, America must bribe Egypt to pretend to like Israel.  That mandate led the United States to subsidize the brutal dictatorship of Hosni Mubarak from 1979 through 2011.  Mubarak’s regime featured systematic torture, massive violations of free speech and assembly, interference with elections and persecution of gays.[4]  All the while, this evil regime was propped up by Uncle Sam.  The only sin Egypt avoided was attacking Israel.  The Feds mulcted about two billion dollars a year from the U.S. taxpayer to bribe Egypt and its corrupt power elite.[5] Officially, the aid was “unconditional.”  Unofficially, there was the one condition previously stated.

It is worth noting that one of the reasons bin Laden gave for the 9/11 attacks was U. S. support for Egypt.[6]

Thus, decades of oppression from the U.S.-backed Mubarak regime led to an uprising in Egypt. But the U.S. backed Mubarak’s opponents as well.  The New York Times reported in 2011 that: “a small core of American government-financed organizations were promoting democracy in authoritarian Arab states. . . . the United States’ democracy-building campaigns played a bigger role in fomenting protests than was previously known, with key leaders of the movements having been trained by the Americans in campaigning, organizing through new media tools and monitoring elections.”[7]

Thus, the Progressive State of America was supporting both sides in the Arab Spring uprising that eventually spread to Libya and set the stage for the disastrous American intervention there that is the subject of this book and which, along with the Syrian catastrophe, has the world flirting with disaster.

Jim Ostrowski is a trial and appellate lawyer in Buffalo, NY.  He is CEO of LibertyMovement.org and author of several books including Progressivism: A Primer.  Copyright by Cazenovia Books (2016).

Notes:

[1] J. Ostrowski, “Will Iraq Have Democracy or Peace?,” lewrockwell.com, April 29, 2003.

[2] If that led to the cover up of an Israeli attack on the United States Navy ship U. S. S. Liberty in 1967, so be it.

[3] D. Stockman,

[4] E. Loftis, “Mubarak’s Horrific Human Rights Legacy,” motherjones.com, 2/1/11.

[5] T. Meyer, “F.A.Q. on U.S. Aid to Egypt:  Where Does the Money Go, And How Is It Spent?,” propublica.org., 10/9/13.

[6] “Full text: bin Laden’s ‘letter to America,'” supra.

[7] R. Nixon, “U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings,” nytimes.com, April 14, 2011.

mardi, 27 septembre 2016

Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

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Créer une "principauté salafiste" à l’est de la Syrie: l’objectif américain

Ex: http://zejournal.mobi

Les deux récentes attaques contre l’Armée arabe syrienne dans l’est de la Syrie correspondent au projet américain d’éliminer toute présence du gouvernement syrien à l’est de Palmyre. Cela permettrait aux États-Unis et leurs alliés de créer une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, qui serait une épine permanente dans le pied de la Syrie et ses alliés.

Une analyse de 2012 de l’Agence du renseignement de la Défense (DIA) disait :

« Il y a la possibilité d’établir une principauté salafiste officielle ou non à l’est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), et ceci est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, afin d’isoler le régime syrien… »

Notez que le plan mentionne précisément deux villes – Hasakah et Deir Ezzor.

Le 18 août, des unités des YPK kurdes ont soudain attaqué les positions du gouvernement syrien dans le centre de Hasakah au nord-est de la Syrie. Avant cet incident les relations entre les deux camps étaient correctes malgré quelques légers affrontements. Les Kurdes qui attaquaient étaient conseillés par des soldats des forces spéciales américaines. Lorsque la force aérienne syrienne est intervenue, les États-Unis ont menacé d’abattre ses avions. Les forces syriennes ont dû finalement se retirer des zones peuplées de Hasakah et sont maintenant confinées sur un aéroport à proximité de la ville. Elles sont coupées de tout approvisionnement et vont sans doute bientôt devoir abandonner.

(Pour les Kurdes, ces attaques se sont avérées politiquement catastrophiques. Non seulement ils ont perdu le soutien du gouvernement syrien et des Russes, mais la Turquie a utilisé ces affrontements pour justifier son invasion de la Syrie. Cela a mis fin au rêve national kurde d’un territoire continu de l’Irak à la Méditerranée.)

Samedi, les avions américains ont attaqué la plus importante position du gouvernement syrien à Deir Ezzor. Près d’une centaine de soldats syriens ont été tués et la plupart des équipements lourds que la garnison Deir Ezzor avait laissés ont été détruits. Immédiatement après l’attaque aérienne, les combattants de l’État islamique ont occupé les positions dont le gouvernement avait été chassé. Ces combattants de l’État islamique tiennent maintenant les hauteurs qui surplombent l’aéroport de Deir Ezzor. Le lendemain, l’État islamique a abattu un avion du gouvernement syrien près de Deir Ezzor.

La ville et ses 150 000 habitants sont encerclés par État islamique. Ils avaient été approvisionnés depuis Damas par des vols de nuit vers l’aéroport. Maintenant que l’aéroport est sous le feu de l’État islamique, qui a aussi des armes anti-aériennes, ces vols d’approvisionnement ne sont plus possibles. L’attaque aérienne étasunienne ne laisse pratiquement aucune possibilité au gouvernement syrien d’approvisionner la ville. Si cette situation perdure la ville tombera aux mains de l’État islamique.

Le plan américain est de prendre ensuite Raqqa en utilisant des forces par procuration turques ou kurdes. Le plan prévoit également de laisser l’armée irakienne reprendre Mossoul en Irak. La seule grande ville en territoire d’État islamique qui reste entre les deux est Deir Ezzor. Si l’État islamique la prend à la garnison isolée de l’armée syrienne, il aura une bonne base pour survivre. (Et ça tombe bien, il y a aussi de riches puits de pétrole à proximité.) Personne, à part l’État syrien affaibli, n’aurait alors un intérêt immédiat à le chasser de là.

Au nord de cette entité, il y aurait une zone kurde, sans ambition de s’étendre au sud. Au nord-ouest de l’entité de Deir Ezzor il y aurait la conviviale « Zone de sécurité » contrôlée par la Turquie qu’Erdogan envisage de créer.

Les deux dernières opérations des forces américaines dans l’est de la Syrie correspondent au plan d’une « entité sunnite » ou d’une « principauté salafiste » exposé dans le document de la DIA de 2012. Une telle entité empêchera la continuité territoriale du « croissant chiite » qui relie l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Cela correspond à « l’isolement » de la Syrie prévu dans l’analyse de la DIA. Une « entité sunnite » dans l’est de la Syrie permettra également le passage d’un pipeline de gaz du Qatar vers l’Europe via la Turquie. Le gouvernement syrien avait rejeté la construction de ce pipeline qui allait à l’encontre des intérêts vitaux de son allié russe.

Au premier abord, cette politique américaine semble être à courte vue. On ne voit pas comment une telle « entité sunnite » pourrait se stabiliser. Elle continuerait, au contraire, d’être une source de terrorisme qui frapperait bien au-delà des frontières de la Syrie et des États voisins. Mais c’est précisément l’instabilité de cette création qui permettrait aux États-Unis de maintenir leur présence dans la région. Une source d’insécurité qu’ils pourraient stimuler ou réduire, à volonté.

Traduction : Dominique Muselet

lundi, 19 septembre 2016

Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

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Washington va-t-il renoncer à faire tomber Bashar al Assad?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La trève négociée entre rebelles « modérés » et forces du régime, sous la tutelle de John Kerry et Serguei Lavrov, va-t-elle tenir? Officiellement, celle-ci à pour objectif de venir au secours des habitants d'Alep mais surtout d'unir toutes les parties dans un objectif commun: combattre et éradiquer Daesh dans la région. Mais il été stipulé aussi qu'elle devrait permettre d'entreprendre des négociations pour obtenir de Bashar el Assad d'accepter la mise en place d'un « gouvernement de transition ».
 
Ceci pourrait entrainer le maintien de Bashar al Assad pendant un certain temps et l'impossibilité de le voir remplacer par un gouvernement syrien aux ordres de Washington (puppet). Il en résulterait aussi une légitimité russe renforcée à se maintenir dans la région.

Or il faut rappeler que la chute de Bashar el Assad, allié des Russes, a toujours été la volonté des Etats-Unis, relayés par leurs amis de l'axe oléo-sunnite, Arabie saoudite et Qatar notamment. Il ne date pas d'hier. Pour le lobby militaro-pétrolier américain, qui définit la politique des Etats-Unis, la mise en place à Damas d'un gouvernement servile a été depuis 2009 un objectif constant.

Pour ce lobby militaro-pétrolier, l'objectif était d'installer à Damas des couloirs sécurisés à travers lesquels pourraient circuler les produits pétroliers du Qatar, à destination de l'Europe. Il fallait surtout que ceci se fasse en pétro-dollars recyclés en bons du trésor américains au service des politiques expansionniste et militaires des Etats-Unis.

Les 1.500 km de tuyaux, au coût de $10.000 milliards, devait joindre directement le Qatar au marché énergétique européen à travers l'Arabie saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie. L'Arabie saoudite en aurait profité pour assurer sa domination sur les Etats sunnites du Golfe, conjointement avec le Qatar, principal alliée des Etats-Unis dans la région.

Ceci venait directement en contradiction avec l'objectif de Bashar al Assad visant à mettre en place un « pipeline islamique », approuvé par les Russes, qui aurait relié les champs de pétrole iraniens à travers la Syrie jusqu'aux ports du Liban. L'influence de l'Iran chiite en aurait été considérablement augmentée.

Il n'y avait pas de moyens légaux pour contrer ce projet. La seule perspective était de provoquer la chute de Bashar, fut-ce au prix de la destruction d'une civilisation syrienne qui avait plus de 5000 ans d'ancienneté.

Aussi bien, comme le révèle Robert Kennedy Jr dans son article de  Politico Why the Arabs don't want us in Syria, dès 2009, des agents de la CIA sont entrés en action pour le renverser. L'objectif était, en suscitant et armant une opposition intérieure, de provoquer un des nombreux « regime change » par lesquels l'Amérique avait affirmé son pouvoir dans une grande partie du monde et, récemment, en Irak et en Libye.

Ce n'était pas la première fois que les Etats-Unis intervenaient ainsi en Syrie. En 1949, ils avait provoqué le chute du gouvernement démocratique d'un certain président Shukri-al-Kuwaiti qui hésitait à approuver un projet américain de pipeline dit Trans Arabian Pipeline, destiné à relier les champs pétroliers de l'Arabie saoudite aux ports du Liban via la Syrie.

Malheureusement, en Syrie aujourd'hui, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. En entrainant et finançant les extrémistes islamistes, les Américains et leurs alliés saoudiens ont provoqué des guerres qui ont tué 500.000 personnes et provoqué la fuite de 7 millions d'autres.

Sachant tout ceci, les Russes et les Iraniens ne peuvent espérer que les Etats-Unis renonceront à leurs projets traditionnels. Le départ de Bashar etl Assad en demeure la condition indispensable. Ils le poursuivront par tous les moyens à leur disposition, par la diplomatie, les services secrets et l'aide au terrorisme, à travers une opposition « modérée » armée et financée par eux.

Même si la trêve tient et réussit à soulager les populations d'Alep, la guerre civile en Syrie ne cessera pas pour autant, visant à renverser voire tuer Bashar al Assad. Le soutien militaire et diplomatique de la Russie et de l'Iran à ce dernier ne cessera donc pas non plus. Il faut le savoir.

 

dimanche, 18 septembre 2016

Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

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Obama voert voorstel Donald Trump uit en geeft Syrië over aan Rusland en Turkije

Geen verrassing: Amerikaanse regering laat voorheen gesteunde moslimrebellen in de steek, en levert de Koerden uit aan Erdogan

Turken mogen van Rusland 4000 km2 stuk Syrië bezetten


De Russische minister Sergei Lavrov en zijn Amerikaanse collega John Kerry. Op aandringen van de Amerikanen werden de details van de Syriëdeal niet bekend gemaakt. Dat is met duidelijke reden, want dan zou blijken dat de VS een feitelijke nederlaag heeft moeten slikken.

De media berichten met grote koppen dat Rusland en de VS akkoord zijn over een wapenstilstand in Syrië. Lezen we de artikelen, dan blijken die verbijsterend weinig details te bevatten en blijft het bij algemene termen zoals het mogelijk maken van het geven van humanitaire hulp in de belegerde gebieden, waaronder Aleppo. Dat president Obama niets loslaat over de inhoud van de deal is begrijpelijk als bedacht wordt dat hij met zijn 180 graden ommekeer niet de lijn van zijn gedroomde opvolger Hillary Clinton volgt, maar exact de voorstellen van de door hem zo gehate Republikeinse kandidaat Donald Trump heeft overgenomen.

Trump zei maanden geleden al dat het de Russische president Vladimir Putin zou moeten worden mogelijk gemaakt de oorlog in Syrië te beëindigen. Hij wees terecht op de harde feiten dat de Russen in veel kortere tijd vele malen effectiever bleken te zijn in hun strijd tegen ISIS dan de Amerikanen, die in werkelijkheid niet de jihadisten, maar de Syrische president Assad probeerden te verslaan.

Obama laat rebellen in de steek

De doorgaans goed ingelichte inlichtingen- en defensiespecialisten van het Israëlische DEBKAfile schrijven dat het geen wonder is dat de details van de Syriëdeal niet naar buiten worden gebracht, omdat daaruit zou blijken dat de moslimrebellen in het gebied rond Aleppo en misschien zelfs wel in heel Syrië, door Obama in de steek zijn gelaten. ‘De Syrische rebellen zitten nu in de val tussen zowel de Russisch-Turkse overeenkomst als de Russisch-Amerikaanse overeenkomst, waarbij de strop om hun nek schijnbaar wordt aangetrokken.’

Turken mogen van Russen groot stuk van Syrië bezetten

De eerstgenoemde Russische deal met de Turken werd beklonken in de gangen van de G20 top in het Chinese Hangzhou, waar Putin en zijn Turkse collega Erdogan besloten om gezamenlijk de Amerikanen feitelijk uit Syrië te stoten. Putin gaf Erdogan het groene licht om een circa 4000 vierkante kilometer groot stuk van het noorden van Syrië te bezetten, zogenaamd als een ‘veiligheidszone’ die onder totale controle van het Turkse leger zal komen te staan. Putin beloofde Erdogan dat de Russen daar niet langer militair zullen optreden.

In ruil daarvoor beloofde Erdogan zijn steun aan de pro-Amerikaanse en pro-Saudische rebellengroepen, die tegen het leger van Assad en diens bondgenoten vechten, op te geven. Met deze Turkse concessie in de hand kon Putin de deal aan zijn bondgenoot Assad verkopen, die zelf moest beloven om in het afgesproken gebied geen bombardementen meer uit te voeren (2). Erdogan hield het immer naïeve Europa vervolgens voor het lapje door te beweren dat de bezette zone bedoeld is als veilige haven voor Syrische vluchtelingen, waardoor de migrantenstroom naar Europa zou kunnen verminderen.

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Koerden overgegeven aan Erdogan

Misschien wel de grootste slachtoffers naast de Syrische bevolking zijn de Koerden, want die worden nu ook officieel aan hun lot overgelaten door Obama, en uitgeleverd aan de Turkse dictator. De seinen stonden al op rood voor de Koerden nadat vicepresident Joe Biden de Koerden vorige maand beval om zich ten oosten van de Eufraat terug te trekken. De Koerden zijn de afgelopen jaren juist één van de meest effectieve krachten in de strijd tegen ISIS geweest. Nu worden deze bondgenoten ook door de Amerikanen plotseling ‘terroristen’ genoemd, precies waar Erdogan op uit was.

Putin behaalt successen op Obama

Dat de Russen geen Amerikaanse bemoeienis meer dulden bleek uit een niet gerapporteerd incident boven de Zwarte Zee, waar een Russisch SU-25 gevechtsvliegtuig een Amerikaanse P8, ontwikkeld voor elektronische oorlogsvoering tegen grond- en zeedoelen, dwong om zijn koers te wijzigen.

Putin behaalde nog een succes op Obama, namelijk door de Israëlische premier Netanyahu en Palestijnse leider Abbas zover te krijgen om onder Russische supervisie opnieuw te gaan praten over een eventueel vredesverdrag.

‘Zolang ze het met elkaar uithouden’

De conclusie van de Israëlische specialisten is overigens veelzeggend: ‘Alle spelers in de regio zullen zonder twijfel nauwlettend volgen hoe het ‘Russische pad’ van Turkije zich zal ontvouwen, en hoe lang de verstokte opportunisten het met elkaar uithouden.’ (1)

Dat brengt ons bij een herhaling van wat we al vaker schreven, namelijk dat de samenwerking tussen Rusland en Turkije –al eeuwen gezworen vijanden- er hoogstwaarschijnlijk enkel is gekomen omdat beide partijen zoveel mogelijk gebruik van elkaar willen maken om de eigen doelstellingen te verwezenlijken. Vooral Erdogan is in vrijwel al zijn internationale afspraken een uitermate onbetrouwbare partner gebleken. Hij zal de deal met Putin dan ook net zo makkelijk weer lozen als dat hij deze nu gesloten heeft.

Staakt-het-vuren maakt weinig kans

De overeenkomst moet op maandag ingaan. Dit weekend blijkt door de strijdende partijen in Aleppo te worden gebruikt om er nog eens een schepje bovenop te doen, en te proberen om een zo goed mogelijke positie te behalen zodra het staakt-het-vuren in werking treedt. Omdat diverse groepen al hebben laten weten geen enkel vertrouwen in de afspraken te hebben, vermoeden we dat er al vanaf maandag continu schendingen zullen zijn, en de burgeroorlog feitelijk gewoon doorgaat.

Xander

(1) DEBKA
(2) Zero Hedge

Zie ook o.a.:

29-08: Invasie Syrië: Turkije voert met Amerikaanse steun totale oorlog tegen de Koerden (/ Koerdische Peshmerga en YPG slaan na Amerikaans verraad handen ineen tegen Turken – Stilzwijgende instemming Europa met Turkse invasie doet denken aan Hitlers onbestrafte verovering van Sudetenland, de militaire aanloop naar WO-2)
25-08: Exact 500 jaar na eerste Turkse veroveringsoorlog is nu de tweede begonnen
09-08: Onrust in Israël over toenadering Turkije, Rusland en Iran

vendredi, 16 septembre 2016

USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

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USA, l'hyperdésordre du pouvoir à ciel ouvert

Ex: http://www.dedefensa.org

Le rapport de Bill Van Auken de WSWS.org du 16 septembre (15 septembre en version originale anglaise) (*) sur les tensions entre le Pentagone et le département d’État pour ce qui concerne l’accord de cessez-le-feu en Syrie, élaboré par les USA (Kerry) et la Russie (Lavrov), est particulièrement intéressant en ce qu’il rassemble d’une façon significative les signes publics de cette tension. Il s’agit essentiellement de ce qu’on pourrait qualifier de “révolte ouverte” (publique, donc) du Pentagone contre l’accord élaboré par Kerry-Lavrov et accepté par Obama du côté US ; “révolte ouverte”, de communication essentiellement, avec l’attente d’un effet important. Le texte de WSWS.org rassemble toutes les déclarations de chefs militaires et civils du Pentagone, avec notamment une part très importante prise par les militaires dont il s’avère de plus en plus évident que le terne Ashton Carter (le secrétaire à la défense) n’est que le porte-parole extrêmement obéissant.

Il est incontestable que les déclarations des chefs militaires sont extrêmement tranchantes et remarquables par leurs conséquences politiques. Littéralement, ces chefs, qui ont la charge opérationnelle de la région, parlent comme s’ils se réservaient le droit de décider s’ils collaboreront ou non avec les Russes ; c’est-à-dire qu’ils se réserveraient le droit de décider d’appliquer ou non un des points essentiels d’un accord négocié et signé avec les Russes par le Secrétaire d’État, et approuvé par le président lui-même. Kerry a réagi avec modération et le grand sens du compromis qu’on lui connaît à ce raidissement public des chefs militaires qui a un aspect sensationnel malgré le faible écho rencontré (mais notre attention est tant sollicitée par ailleurs...) ; qui a fort peu de précédent, sinon aucun, dans l’expression publique de ce qui ne peut être considéré dans sa logique extrême que comme un refus pur et simple d’obéissance. Vipérin, Bill Van Auken note que « [l]es remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays ».

Effectivement, nous serions conduits à considérer de façon beaucoup plus dramatique l’attitude des militaires US, surtout en raison de leur expression publique dans des cadres hors du circuit militaire. Il s’agit d’une véritable volonté de s’affirmer sur la scène publique washingtonienne comme pouvoir et puissance autonomes, se jugeant eux-mêmes plus aptes que le secrétaire d’État et même que le président lui-même à déterminer ce qui représente la meilleure défense des intérêts stratégiques des USA. Le Pentagone considère depuis un certain temps, avec une irritation croissante, que Kerry manœuvre pour obtenir un accord à tout prix avec les Russes ; que le président est totalement engagé dans la politique partisane d’une campagne présidentielle en pleine crise d’une part, qu’il est surtout préoccupé d’autre part de laisser l’image d’un “président de paix” et qu’il est ainsi favorable à un accord également “à tout prix” avec les Russes sans réellement s’intéresser à son contenu. Ce point de vue du Pentagone implique également que les militaires jugent, dans la situation présente et le contexte qu’on connaît, à la fois Kerry et Obama en position de faiblesse.

En fonction de cette situation, les militaires font une sorte d’OPA publique sur le pouvoir de décision en matière stratégique, et ils le disent sans la moindre vergogne, s’adressant directement au “parti de la guerre” pour obtenir son soutien. Ils l’auront ou l’auraient sans aucun doute si besoin est/était, avec des personnages tels que McCain et Lindsay Graham au Sénat, qui exercent une influence énorme en cette matière et qui sont évidemment des maximalistes en toutes les matières possibles, y compris la psalmodie habituelle du “Assad Must Go” lorsqu’il s’agit de la Syrie, avec haine antirusse comme refrain. De ce point de vue, l’“absence de vergogne” des militaires pour intervenir de façon voyante et en publique n’est ni un défi gratuit, ni une maladresse, etc., mais bien une manœuvre tactique inhabituelle mais rendue nécessaire et assez peu risquée dans la situation actuelle pour affirmer leur position, l’expliciter, et obtenir le soutien public (du “parti de la guerre”) qu’ils recherchent.

Par conséquent et comme le montre cette analyse, nous aurions une vision assez nettement différente de celle de WSWS.org, qui tend à classer cette réaction des militaires comme une sorte d’attitude “normale”, “réglementaire” si l’on veut, en raison de la répartition des pouvoirs (l’idée d’un “droit de veto” des militaires sur la politique de sécurité nationale du pays) à l’intérieur de la machinerie du “pouvoir impérialiste” de Washington. Cela implique un rangement et un classement extrêmement précis et sérieux des différents pouvoirs, les uns par rapport aux autres, avec bien entendu une prédominance indiscutable du “pouvoir militaire”. (Cette façon de juger est très caractéristique des trotskistes, et donc de WSWS.org qui s’affirme si complètement dépositaire de la pensée et des méthodes originales et originelles du courant en question conservé dans sa vertu fondamentale. Nul doute que si les trotskistes venaient au pouvoir, nous aurions droit à un rangement également on ne peut plus sérieux et tiré à quatre épingles, avec réglementation intraitable, notamment de la liberté en première place.)

Au contraire, nous pensons que le pouvoir, d’habitude en grand désordre à Washington avec effectivement ces différents centres de pouvoir exerçant leur influence à différents degrés et avec un succès variable selon les circonstances mais toujours avec une discrétion de bon aloi, “entre copains et coquins”, est désormais plongé dans un hyperdésordre, de la sorte qui se voit sur la place publique, et même qui s’y montre sinon qui s’y pavane. La période se prête évidemment à cette sorte de démarche avec une fin de mandat extraordinairement agitée, une campagne présidentielle d’une intensité et également d’un désordre sans précédent, où le président lui-même est partie prenante simplement parce qu’il entend que “la suite” aille aux démocrates, pour poursuivre sa politique si couronnée de succès juge-t-il, et ainsi assurer son héritage aux yeux de l’histoire. La conséquence est évidemment une position présidentielle extrêmement affaiblie (le président, officier suprême, ou “juge” suprême des politiques à suivre, devenu complètement “partisan” est perçu comme ayant cédé au niveau de la fonction car l’on ne peut être “juge et partie”). Le Pentagone et les militaires jouent donc leur jeu, sans la moindre hésitation, en affichant publiquement une position qui n’est pas loin du simple refus d’obéissance sans trop de risque.

De son côté, Kerry a suffisamment montré de signes de faiblesse à diverses occasions, d’absence complet de caractère, vis-à-vis d’autres départements aussi bien que de certains de ses services (notamment les extrémistes type-Nuland), pour qu’on ne s’étonne pas de le voir lâcher du lest face aux militaires. Reste à voir jusqu’où il est prêt à reculer, soutenu par une planche pourrie nommée Obama qui n’hésiterait pas à le désavouer au profit des militaires si tel était son intérêt. Le point d’interrogation sur cette évolution en-écrevisse concerne le fait que les deux hommes (Kerry comme Obama) ont tout de même certains intérêts, ne serait-ce qu’au niveau de la satisfaction de certains traits de caractère comme la vanité ou l’autoglorification, alors que le revers de leur faiblesse (pour les militaires) est que cette faiblesse, conditionnée par un calendrier de fin de règne, signifie également qu’ils n’ont plus grand’chose à perdre dans cette aventure du strict point de vue de la politique elle-même.

Bref, le spectacle est évidemment pitoyable, exactement dans cette mesure où l’on sait, dans l ‘état des choses et la situation courante, qu’il ne peut être que pitoyable après tout. Les militaires sont très durs et presqu’anticonstitutionnels parce qu’ils ont en face d’eux une mollesse et une dissolution en pleine activité. Les Kerry-Obama reculent parce que c’est dans leurs habitudes et qu’ils n’ont plus rien à gagner du fait que le temps leur est compté ; ils seront prêts à reculer sans doute jusqu’à ce qu’ils réalisent que le “ils n’ont plus rien à gagner” peut également se décliner comme “ils n’ont plus rien à perdre”... Pour notre compte, nous estimons qu’il n’y a pas grand’chose à attendre de cette bataille d’aveugles dans un tunnel, ce qui est une façon comme une autre de décrire le pouvoir aujourd’hui à Washington. Le désordre est total, jusqu’à l’hyperdésordre, donc partout règnent l’impuissance et la paralysie.

Quant aux supputations de WSWS.org sur les réticences des militaires US à partager leurs innombrables petits secrets de procédure avec les Russes, il s’agit là d’une évidence qui ne prouve pas nécessairement la préparation d’une attaque imminente. Les militaires US procèdent de même avec leurs plus fidèles alliés, y compris les Britanniques dans les campagnes militaires, qui en sont réduits au rang d’exécutants aveugles. (Nous rappellerons l’anecdote plaisante venue d’une haute autorité militaire française à propos d’une rencontre des trois chefs du renseignement militaire d’Allemagne, de France et de UK lors de la guerre du Kosovo de 1999, avec le Britannique paradant avantageusement en affirmant qu’il en savait beaucoup grâce à ses liens “privilégiés” avec les USA, mais qu’il ne pouvait rien dire ; jusqu’à ce que les Français, qui jouait alors en indépendant, – temps heureux où la France existait encore, – s’aperçoive dans la discussion, selon ce qu’il en savait grâce à ses propres moyens nationaux, que le Britannique, bien au contraire, n’était au courant de rien au nom de ses liens “privilégiés” avec les USA et que lui, le Français, en savait beaucoup plus, notamment sur les activités des forces US, et particulièrement les vols ultrasecrets des B-2 dont les Britanniques ignoraient tout.)

... Bref et pour couper court, nous dirions que l'on n'attend plus, à Washington, que la venue d'un Trump président, lui qui entend faire valser les généraux.

dedefensa.org

Note

(*) Il est à noter que le texte de WSWS.org, que nous reprenons ci-dessous dans sa version française, a été repris intégralement par Russia Insider le 15 septembre, naturellement dans sa version anglaise. Nous signalons la chose parce que WSWS.org a une attitude bien connue, austère et extrêmement caparaçonnée dans son idéologie trotskiste, et donc ce site plus que méfiant, sinon hostile à établir des liens même de simple manipulation courante dans le monde des réseaux, avec d’autres sites, notamment ceux qui sont à haute visibilité et en anglais bien entendu, qui sont nettement de tendances politiques très différentes même s’ils sont objectivement antiSystème, – cas de Russia Insider, bien entendu. Il s’agit donc d’une entorse à une tradition bien établie qui est peut-être un signe du renforcement ponctuel des collaborations antiSystème, – à moins que RI ait agi sans aucune consultation de WSWS.org, ce qui laisse alors ouvertes toutes les possibilités de réactions et d’interprétations. Quant à dedefensa.org, qui a déjà repris des textes de WSWS.org, évoluant en français avec au cœur un penchant pour une vision suprahumaine des choses, il a jusqu’ici échappé à la vindicte possible de WSWS.org, si WSWS.org s’est aperçu de quelque chose...

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Le Pentagone défie ouvertement le cessez-le-feu USA-Russie en Syrie

Pendant que Washington et Moscou convenaient mercredi de prolonger un accord de cessez-le-feu durant encore 48 heures, les déclarations des [dirigeants] civiles et [militaires] du Pentagone ont soulevé des [réserves] sérieuses quant à savoir si les haut-gradés de l’armée américaine sont prêts à se conformer à l’accord. Derrière ces divisions il y a non seulement des préférences tactiques divergentes pour la poursuite des intérêts impérialistes américains en Syrie, mais aussi des [préoccupations] beaucoup plus graves au sujet des tensions militaires croissantes entre les États-Unis et la Russie elle-même.

L’accord de trêve, qui est entré en vigueur lundi, fut négocié entre le ministre américain des affaires étrangères John Kerry et le russe Sergueï Lavrov lors de pourparlers prolongés à Genève à la fin de la semaine dernière. Il appelle à un cessez-le-feu de sept jours, à être renouvelé toutes les 48 heures dans la mesure où il y a une cessation des violences. Après cela, les forces américaines et russes commenceraient à coordonner leurs opérations en Syrie, mettant en place un “centre conjoint de mise en œuvre” et le partage des renseignements de ciblage pour les frappes contre à la fois l’État islamique (ÉI) et le Front al-Nusra, affilié d’Al-Qaïda en Syrie, qui s’est récemment rebaptisé Jabhat Fatah al-Sham, ou Front pour la Conquête de la Syrie.

L’accord a ravivé les vives tensions au sein du gouvernement Obama au sujet de la guerre par procuration de l’impérialisme américain pour le changement de régime en Syrie. Ces divisions [avaient] violemment fait surface précédemment [lorsque] le président Barack Obama n’a[vait] pas utilisé une plus grande puissance militaire pour faire respecter sa demande que le président Bachar al-Assad quitte le pouvoir et, en particulier, en septembre 2013, après que les États-Unis avaient reculé après leur menace de mener un assaut Shock-and-Awe” (choc et effroi) sur Damas avec comme prétexte la fausse accusation selon laquelle le gouvernement Assad aurait utilisé des armes chimiques contre des civils. Washington préféra accepter un accord négocié par la Russie pour le désarmement chimique de la Syrie.

Plus récemment, quelque 50 fonctionnaires du ministère des affaires étrangères ont [diffusé] une note de dissidence interne en juin, demandant que les États-Unis lancent des frappes aériennes contre le gouvernement syrien, prétendument comme moyen de mettre un terme à l’effusion de sang des cinq ans de guerre que Washington lui-même a provoqués pour obtenir un changement de régime. Les désaccords actuels sont beaucoup plus inquiétants, cependant, [parce qu’ils] opposent les commandants militaires d’active américains à la politique du gouvernement, ce qui pose implicitement un défi au principe constitutionnel du contrôle civil de l’armée.

Selon un rapport publié mercredi dans le New York Times, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a été le premier à exprimer l’opposition de l’armée la semaine dernière lors d’une conférence téléphonique dans laquelle Kerry préconisait l’acceptation de l’accord avec la Russie. Kerry « s’est [senti] de plus en plus frustré » au fur et mesure que le débat se prolongeait pendant des heures avant qu’Obama n’approuve finalement l’accord, a rapporté le Times. Même après que l’administration ait décidé de cette politique, les commandants supérieurs en uniforme ont ouvertement exprimé des réserves, sinon une opposition catégorique.

Interrogé dans une téléconférence de presse [sur le fait de savoir] si les militaires se conformeraient aux termes de l’accord et partageraient des renseignements avec les Russes après la fin de la trêve de sept jours, le lieutenant général Jeffrey Harrigian, le commandant du Commandement central des forces aériennes des États-Unis, qui dirige la campagne de bombardements en Irak et en Syrie, a répondu : « Je pense que… il serait prématuré de dire que nous allons sauter en plein dedans. Et je ne dis pas oui ou non. La décision de l’armée va dépendre de ce que le plan sera finalement », a-t-il indiqué. Harrigian a dit des Russes, « Je ne vais pas dire que je leur fais confiance ».

Cette position a été soutenue par le général Philip Breedlove, qui a quitté le poste de Commandant suprême des forces alliées de l’OTAN en mars dernier seulement. « Je reste sceptique sur quoi que ce soit à voir avec les Russes », a-t-il déclaré au Times dans un entretien. « Il y a beaucoup de préoccupations au sujet de ce que nous ferons là où nos gens se trouvent ».

Par “nos gens”, Breedlove faisait apparemment référence aux diverses milices islamistes que Washington, en collaboration avec ses alliés régionaux, l’Arabie Saoudite, la Turquie et le Qatar, a payées et armées. L’une des principales pierres d’achoppement de l’accord de cessez-le-feu est que les États-Unis sont censés faire en sorte que leurs forces par procuration se séparent des forces d’Al-Qaïda avec lesquelles elles sont alliées et desquelles, dans de nombreux cas, elles sont indiscernables.

Le ministère russe des Affaires étrangères a rapporté que dans une conversation téléphonique avec Kerry mercredi, Lavrov « a souligné que Washington devrait tenir sa promesse d’écarter les groupes de ‘l’opposition modérés’ des groupes de l’ancien Front al Nosra et d’autres qui ont littéralement fusionné avec celui-ci ». Ces forces par procuration ont exprimé leur opposition à une telle séparation et il est loin d’être [assuré] qu’[elles] puissent survivre sans être intégrées aux milices d’al-Qaïda, qui constituent l’épine dorsale des soi-disant “rebelles”.

Ces déclarations ont été suivies mercredi d’un discours prononcé à l’Institut pour l’étude de la guerre à Washington par un général de l’US Army, Joseph Votel, le commandant du Commandement central des États-Unis, qui a exprimé des réserves similaires au sujet de l’accord de cessez-le-feu syrien. « Nous devons voir comment cela va se présenter d’abord […] voir la direction que ça va prendre […] si oui ou non cela se matérialisera effectivement, je ne sais pas », a-t-il déclaré. Votel a ajouté : « Il y a un déficit de confiance avec les Russes. Leurs objectifs ne sont pas clairs pour nous. Ils disent une chose et puis ils ne s’y conforment pas forcément. »

Des sentiments similaires ont été exprimés la veille dans un discours prononcé devant le Conseil de l’Atlantique par le sous-secrétaire de la Défense pour le renseignement Marcel Lettre, qui a [pastiché] la traduction anglaise du proverbe russe répété sans cesse par Ronald Reagan au cours des négociations avec l’Union soviétique dans les années 1980 sur les traités d’armes nucléaires. « Méfiance mais vérification, a déclaré Lettre, cela peut s’appliquer un petit peu dans ce cas ». Il a convenu que les « services de renseignement et le ministère de la Défense soutiennent fortement le nouvel accord » tant que « les étapes se déroulent selon notre façon de voir les choses ».

En réponse à ce roulement des tambours d’opposition militaire, Kerry a prononcé une modeste défense de l’accord qu’il a négocié dans un entretien avec la National Public Radio mercredi insistant pour dire qu’Obama soutient l’accord et est prêt à le mettre en œuvre. « Eh bien, le président des États-Unis est prêt et je pense que l’armée sera donc prête », a-t-il dit. « Personne ne demande aux gens [de transgresser] nos principes, mais il est important pour nous de respecter notre engagement dans l’accord ». Le [secrétaire d’État] « pense » que le Pentagone est prêt à se conformer à un accord approuvé par le président américain, tout en soulignant qu’il ne demande pas aux [chefs] militaires d’« abandonner leurs normes ». Les remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l’appareil d’État américain, l’influence prépondérante de l’immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays.

[L’opposition] entre Kerry et les militaires est lié[e] aux priorités contradictoires dans la poursuite par les États-Unis de leur politique impérialiste à l’échelle mondiale. Le soutien de Kerry et d’autres pour le cessez-le-feu n’est motivé par aucun souci humanitaire pour l’effusion de sang en Syrie, mais par leur désir d’utiliser la collaboration avec la Russie comme un moyen de sauver au moins une partie des forces par procuration qu’ils ont soutenues, lesquelles sont au bord d’une déroute complète [face] aux forces gouvernementales soutenues par la Russie. [Kerry & Cie] espèrent pouvoir employer une combinaison de diplomatie et de menaces militaires pour faire pression sur Moscou de sorte qu[e la Russie] se résigne à quelque chose qui ressemblerait au changement de régime que Washington a recherché avec son intervention sanglante en Syrie au cours des cinq dernières années.

Pour leur part, les [orientations centrales] du commandement militaire américain se concentrent de plus en plus sur les préparatifs d’un conflit militaire direct avec la Russie. Des réserves concrètes ont été soulevées quant aux partage des informations permettant de viser des cibles de l’État islamique et du Front al Nosra – en dehors du fait que ce sont les principaux combattants soutenus par les États-Unis pour renverser le régime – car cela pourrait fournir à la Russie des renseignements sur les protocoles militaires des États-Unis que Moscou pourrait utiliser pour se défendre contre des frappes aériennes en Russie ou dans son voisinage proche.

Dans des conditions où les États-Unis renforcent leurs forces depuis l’Europe orientale et les anciens États baltes jusqu’à la mer Noire dans un encerclement de la Russie de plus en plus agressif, [cette tendance] est devenue une préoccupation majeure. L’hystérie antirusse générée par les médias capitalistes américains – avec en tête le New York Times – au sujet d’une implication supposée du Kremlin dans le piratage du Parti démocrate et d’allégations que Donald Trump serait manipulé par Poutine est entièrement liée à ces préparatifs de guerre.

L’émergence de divisions entre l’armée et le gouvernement Obama sur l’accord convenu avec Moscou sur la Syrie constitue un avertissement urgent que le risque de guerres encore plus sanglantes, et même d’une conflagration nucléaire, ne cesse de croître.

Bill Van Auken, WSWS.org

dimanche, 11 septembre 2016

Erdogan ou Janus, le dieu aux deux visages

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Erdogan ou Janus, le dieu aux deux visages

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Apparemment Moscou attendait beaucoup d'un rapprochement avec Erdogan. Comme nous l'avions montré dans des articles précédents, Poutine espérait détacher la Turquie de l'Otan et de l'influence américaine, ceci au profit d'une nouvelle alliance Syrie, Turquie et Iran soutenant la présence russe en Syrie. Nous mêmes ici y avions cru, parlant naïvement d'un recul peut-être décisif de l'influence américaine au Moyen-Orient, tout au moins dans la partie chiite.
 
Mais il semble aujourd'hui que Erdogan, plus sultan que jamais, soit en train  selon l'expression familière, de rouler tout le monde dans la farine, Moscou, Ankara, Damas et sans doute aussi Washington. Il a obtenu d'eux qu'il laisse faire l'offensive turque à Jarabius en Syrie et au delà. Or, loin de s'en prendre à Daesh, comme initialement affirmé, cette offensive elle dirigée essentiellement contre les Kurdes, eux-mèmes adversaires déclarés de Daesh. Bien plus, elle vise la mise en place le long de la frontière turco-syrienne d'une zone d'exclusion, aérienne mais aussi terrestre, qui serait interdite aux Kurdes et aux soutiens qu'ils pourraient recevoir d'autres pays.

On ne voit pas aujourd'hui ce que gagne la Russie en fermant les yeux sur cette offensive turque, sinon s'attirer l'hostilité, non seulement des kurdes eux-mêmes mais de tous ceux, notamment en Europe, pour qui les revendications kurdes à l'autonomie représentent un facteur d'équilibre au Moyen-Orient et un élément important de la lutte contre l'islamisme radical.

Après avoir rencontré brièvement Poutine au G20 à Hangzou, Erdogan a longuement discuté avec Obama de la possibilité d'une opération militaire conjointe visant à libérer Raqqa, dans le nord de la Syrie, de la présence de l'Etat islamique. La démarche ne serait pas critiquable en soi, sauf qu'elle est manifestement dirigée contre l'Iran et la Russie. Elle vise sinon à éliminer, du moins sensiblement atténuer leur présence militaire dans la région. Comme la nature a horreur du vide, ce seraient les Etats-Unis et leurs alliés, notamment l'Arabie saoudite, qui assureraient la relève. Dans le même temps, Erdogan confirmerait, aux yeux du monde entier, y compris de l'Europe, le caractère incontournable de son influence au Moyen Orient et même auprès des Etats du Caucase.

Les Russes devraient dans ces conditions mieux tenir compte des avertissements de Téhéran leur conseillant de rester prudents avec Erdogan. Les Iraniens, d'après ce que l'on sait, avaient averti Moscou du fait que Erdogan, maître du double jeu, avait certainement un agenda (selon le mot à la mode) qu'il cachait de Poutine. Dans celui-ci figure la volonté de rester actif à l'Otan, ce qu'a confirmé la toute récente visite à Ankara du secrétaire général de celle, Jens Stoltenberg. Le ministre des affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir doit se rendre également à Ankara. L'un et l'autre veulent, selon les informations, négocier avec la Turquie un nouveau plan pour chasser Bashar al Assad. Dans le même temps, il semblerait que la Turquie, se prévalant de ses bonnes intentions occidentales, se prépare à relancer son entrée dans l'Union européenne et dans l'immédiat, l'obtention de visas pour les voyageurs turcs.

De l'observation des experts militaires, Moscou et Damas n'ont plus d'autres choix que chasser définitivement Daesh d'Alep, quelles que soient les pertes collatérales. Sans cela, ce sera la Turquie qui prétendra faire le travail, pour le meilleur bénéfice de son allié renouvelé, l'Amérique – sans pour autant renoncer aux aides diverses qu'elle a toujours prodigué, non sans contreparties financières, à ce même Daesh. 

jeudi, 07 juillet 2016

Fronts du Donbass et de Syrie : deux théâtres d’une même guerre

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Robert Steuckers :

Fronts du Donbass et de Syrie : deux théâtres d’une même guerre

Dans plusieurs articles et dans deux conférences données pour les « Journées eurasistes », patronnées par Laurent James à Bruxelles puis à Bordeaux, j’ai eu l’occasion de dire et de répéter que ces deux théâtres de guerre sont liés sur le plan stratégique. Je le répéterai ici car la prise de conscience de ces tragiques faits d’actualité peut contribuer à redonner aux Européens (et aux Russes) la conscience d’un destin commun : celui d’une civilisation bicéphale, ottonienne et rurikide en ses premiers fondements, non plus triomphante mais assiégée, martyre, conspuée comme un Heliand non reconnu par les homme triviaux, sans foi ni loi.

Revenons aux deux fronts de la guerre en cours : il serait sot d’imaginer que la situation en Syrie n’a rien à voir avec celle, bloquée, qui afflige les régions de l’Est de l’Ukraine. L’histoire nous enseigne que les deux régions sont des « régions-portails », des « gateway regions » sur les « rimlands » entourant le « heartland », la terre du milieu, dominée par la Russie. La notion géopolitique de « gateway région » ou « région-portail » a été mise en exergue par le stratégiste américain Saul B. Cohen dans plusieurs de ses essais et ouvrages. L’importance d’immobiliser, de détruire ou de bloquer les régions-portail est cruciale pour la stratégie globale actuelle et passée des Etats-Unis puisque celle-ci a toujours consisté à interdire le déploiement de synergies continentales sur la masse territoriale eurasiatique, dans le Vieux Monde ou sur l’Ile-monde du géopolitologue britannique Halford John MacKinder. Cette stratégie globale implique d’empêcher toute coopération sur le long terme entre l’Europe centrale et la Russie. La pratique consiste dès lors à créer artificiellement des conflits dans les régions-portail afin qu’elles ne puissent plus jouer leur rôle d’interface entre grandes régions d’Eurasie. On y créera des turbulences permanentes ou des guerres de longue durée en appuyant indirectement des intermédiaires, des « proxies », dont l’idéologie est toujours farfelue, délirante, criminelle et fanatique. Pendant des décennies, les régions-portail seront inutilisables, ne pourront plus servir à joindre des énergies constructives.

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La partie de l’Ukraine située à l’Est de la Crimée a relié jadis l’Europe (représentée par les comptoirs génois et partiellement vénitiens) au reste de l’Asie aux temps de Marco Polo, des grands khans mongols et plus tard encore, bien que dans une moindre mesure. La côte syrienne était la porte d’entrée des longues routes terrestres vers l’Inde et la Chine. La nécessité vitale de contrôler cette voie d’accès a amené l’Europe occidentale à lancer huit croisades durant notre moyen-âge (Spengler nous expliquait toutefois que la notion de « moyen-âge » n’est valide que pour nous).

Les réalités géographiques sont stables et permanentes. Elles seules sont significatives, au-delà des régimes ou des personnalités politiques, des idéologies ou même des religions. Tous les oripeaux idéalistes, utilisés pour susciter des guerres inutiles ou, pour être plus exact et précis, des guerres retardatrices (Carl Schmitt), sont autant de dérivatifs lourds et parasitaires pour aveugler les naïfs. MacKinder a voulu nous l’expliquer dans son livre magistral et plus ou moins oublié aujourd’hui, Democratic Ideals and Realities, qui a connu plusieurs éditions, chaque fois remaniées, entre 1919 et 1947.

Aujourd’hui, si les deux régions-portail en ébullition étaient pacifiées, les puissances économiques situées à l’Est et à l’Ouest de celles-ci, pourraient permettre l’acheminement de biens et de matières premières par voies terrestres, oléoducs et gazoducs, chemins de fer entre l’Asie orientale, l’Iran et l’Europe (dans le cas de la Syrie) et entre la Chine, la Russie et l’Allemagne (dans le cas de l’Ukraine). Ce qui est important aujourd’hui, et donc ne pourrait subir d’entraves artificielles, ce sont les projets postmarxistes et « listiens » de la Chine : elle les a imaginés et a commencé à les mettre en œuvre grâce aux surplus qu’elle a pu engendrer en devenant le principal atelier du monde. Elle envisage de les réaliser dans le cadre des BRICS et/ou du Groupe de Shanghai, avec l’assentiment de la Russie et du Kazakhstan.

Je parle ici très spécifiquement de projets « listiens » dans le cadre de cette grande organisation continentale car Friedrich List fut le principal théoricien du développement dans l’histoire du monde. Il demeure un classique de la pensée politique concrète et reste d’une grande actualité. Il ne faut jamais oublier que List impulsa le développement des chemins de fer dans l’Allemagne non encore industrialisée de la première moitié du 19ème siècle, initiative qui a permis l’unification territoriale des Etats allemands (du Zollverein à la proclamation du II° Reich à Versailles en 1871) et leur industrialisation fulgurante. Sans List, personne n’aurait jamais parlé d’une puissance allemande, politique et économique. Ce fut aussi List qui dressa les plans du creusement de canaux économico-stratégiques aux Etats-Unis (il fut fait citoyen américain), de façon à relier les régions des Grands Lacs aux ports de la côte est. En Allemagne encore, il propose aux cercles d’avant-garde politique, qui ne souhaitaient pas végéter dans l’aimable désordre de la Kleinstaaterei, de relier par canaux les bassins fluviaux de la Vistule à la Meuse dans la plaine nord-européenne alors dominée par la Prusse. Sans le génie de List, personne n’aurait jamais pu parler de la puissance agricole globale des Etats-Unis : en effet, l’Etat américain n’aurait jamais pu exploiter correctement le « wheat belt », la « ceinture de blé », du Middle West sans l’existence précoce d’un moyen de transport de masse vers les ports de l’Atlantique. De plus, l’approvisionnement aisé des grandes villes de la côte atlantique a permis d’attirer une immigration de grande ampleur venue d’Europe. Le ravitaillement était assuré.   

Selon List, qui songeait en termes de multipolarité continentale et favorisait les projets d’unification pacifiques sous l’égide du développement technologique, le rôle de l’Etat est justement de soutenir et de subventionner les moyens de communication pour susciter le développement de forces créatrices, industrielles, techniques et privées, appelées à croître. En ce sens, Joseph Schumpeter est son disciple. List appartient donc à une école libérale constructive, non handicapée par un fatras de notions idéologiques nauséeuses, présentées comme eudémonistes. Il est la figure de proue d’une école pragmatique efficace et non stupidement conservatrice de statu quo handicapants, qui a pu, dans le cadre des Lumières actives et non des Lumières bavardes, rejeter les aspects négatifs de l’idéologie libérale vulgaire qui oblitère l’Europe et l’eurocratisme aujourd’hui.

Les pionniers chinois du développement de l’Empire du Milieu se réclamaient de List, à la fin de l’ère impériale moribonde à la fin des années 1890 et aux débuts du défi lancé par les Républicains nationalistes de Sun Yatsen (qui réussit sa révolution en 1911). List a eu beaucoup de disciples chinois. Après les crises subies par la Chine au cours de la première moitié du 20ème siècle, les guerres civiles, les troubles provoqués par les « warlords » en lutte les uns contre les autres, l’occupation japonaise, l’ère communiste et la révolution culturelle, la Chine a décidé de se débarrasser tacitement du marxisme de l’époque maoïste, sans faire trop de tapage pour ne pas ameuter les masses auparavant conditionnées et les membres du parti. Cette « dé-marxisation » silencieuse est en fait une redécouverte de List et de ses disciples actuels, des plans qu’ils ont pensés et qui ressemblent à ceux que le maître initial avait forgés pour l’Allemagne ou pour les Etats-Unis.

Ces plans ont donné la puissance économique, industrielle et agricole à ces deux pays. Les divagations idéologiques actuelles créent la confusion et font émerger des conflits empêchant l’éclosion et la mise en œuvre de développements utiles dans le domaine des communications, dont l’humanité toute entière pourrait bénéficier. C’est une politique belliciste et retardatrice (Carl Schmitt) qui a provoqué les guerres horribles et inutiles de Syrie et du Donbass. Et ces conflits pourraient, on l’imagine bien, être rapidement étendu au Caucase (Tchétchénie, Daghestan, Ossétie), aux provinces de l’Est de la Turquie (les Kurdes contre l’établissement turc), bloquant pour de longues décennies toute possibilité d’étendre les voies de communication ferroviaires, les oléoducs et gazoducs et les routes terrestres.

Robert Steuckers.  

mercredi, 06 juillet 2016

Ismail Selvi interviewt Sinan Can; Over de Armeense Genocide en pogroms op Alevieten'

Ismail Selvi interviewt Sinan Can; Over de Armeense Genocide en pogroms op Alevieten'

Sinan Can is een Turks-Nederlandse documentairemaker. Hij is het meest bekend van de zesdelige documentaireserie 'Bloedbroeders' over de Armeense genocide, waarin hij samen met de Armeens-Nederlandse musicalacteur Ara Halici een reis door Turkije en Armenië ondernam. Daarna heeft hij een driedelige documentaireserie over de nadagen van de Arabische Lente, 'de Arabische Storm' , gemaakt. Eerder werkte hij onder andere aan de Zembla-uitzendingen 'De heilige Ayaan' en 'Gijzeling in Almelo', waarvoor hij de VVOJ Loep-prijs ontving. Voor de VARA-documentaireserie 'Uitgezet' kreeg hij de Clara Meijer-Wichmann Penning. De serie 'Bloedbroeders' werd genomineerd voor een IDA Award

Ismail Selvi is een Turks-Nederlandse columnist en ex-militair. Hij publiceert op verscheidene nieuwswebsites en schrijft met name over integratie van minderheden, de islam en de Turkse politiek vanuit een liberale invalshoek. Selvi is gevraagd voor Café Weltschmerz een serie interviews te maken over de integratie en nuances binnen de Turks-Nederlandse gemeenschap. Dit eerste interview met Sinan Can gaat o.a. over Alevieten en Soennieten, en de Armeense genocide.

Voel de urgentie en doneer Café Weltschmerz!
NL23 TRIO 0390 4379 13 (Disclaimer: Wij betalen over uw gift in Nederland belasting)

La Trahison de la politique arabe de la France

La Trahison de la politique arabe de la France

Eurasiexpress

Interview de Bassam Tahhan, politologue, spécialiste du monde arabo-musulman, par Frédéric Saillot, le 27 juin 2016

samedi, 25 juin 2016

Israël-Palestine: la guerre de l'eau

paleau2.jpg

Bob Woodward
Ex: http://www.decryptnewsonline.com

Le Proche-Orient est une zone géographique qui connaît ce que les experts appellent, une situation dite de « stress hydrique », c’est-à-dire un déséquilibre structurel entre son capital en eau limité et sa consommation, en très forte croissance compte tenu de son rythme démographique et de son développement économique.

L’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation a développé une échelle permettant d’évaluer la situation hydrique de différents Etats. Une situation hydrique suffisante a été fixée à 1 700 mètres cubes d’eau par personne par année. Entre ces deux extrêmes on considère que les Etats sont en situation de stress hydrique, c’est-à-dire que la situation est préoccupante.

On ne peut valablement aborder la bataille de l’eau dans le conflit israélo-palestinien, et plus largement dans la cadre de la crise au Proche-Orient, sans tenir compte de l’effet inducteur d’un ensemble d’épiphénomènes vecteurs d’accélération d’une issue, que celle-ci soit la paix ou l’enlisement de la guerre. L’eau, tout comme la violence qui règne dans ces territoires, est chargée d’une force perturbatrice dans un contexte où l’hégémonie est validée et radicalisée par une sémantique de nature idéologique, celle de l’Etat d’Israël.

La question de l’eau a pris un caractère géopolitique évident dans les relations entre Israël et les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, où les tensions prennent leur origine dans une disparité flagrante de consommation entre ces deux communautés qui partagent les même sources d’approvisionnement en eau.

Dans cette région au climat semi désertique, où les pluies sont inexistantes d’Avril à Septembre, avec des températures oscillant durant cette période entre 30°C et 50°C, la question de l’eau prend une dimension cruciale dans le processus de paix israélo-palestinien.

Le contrôle de l’eau c’est ce qui permet la viabilité et la puissance économique de l’Etat Hébreu. Elle est très vite devenue la clé de voûte de la stratégie sioniste dès le début du XXème siècle.

On peut se demander alors quelle place occupe l’eau, dans la culture et dans la religion de l’Etat d’Israël. Comment et dans quelle mesure, cet élément naturel, devient un symbole culturel et religieux important dans le politique ?

paleau.gifComment l’Etat Hébreux pourrait-il accepter de partager de manière plus équitable cette ressource si rare et risquer de se mettre en péril ?

Il en va de la viabilité, de la puissance de l’Etat Hébreux mais aussi des promesses que Dieu a fait à ce peuple.

Comment le peuple élu de Dieu, dont les valeurs doivent s’étendre dans le monde entier, pourrait-il vivre dans une terre promise qui serait trop pauvre en eau pour maintenir son niveau de développement ? Autrement dit, comment accepter de ne pas être à la hauteur des promesses que Dieu a fait à Moïse, et avant lui, à Abraham ?

C’est un fait que depuis 65 ans, l’Etat Hébreu utilise une grande partie des eaux souterraines qui s’écoulent aussi, en suivant une courbe naturelle, dans son territoire. Les deux tiers des besoins hydrauliques d’Israël sont assurés par les eaux souterraines de Cisjordanie, qui sont de plus en plus exposées à la pollution et à l’exploitation excessive. L’épuisement des réserves, combiné à l’arrivée de nouveaux migrants, ne fait qu’accentuer le problème. Le potentiel en eau de la Cisjordanie est constitué de l’eau de surface du Jourdain et de petits cours d’eau, plus de l’eau souterraine de trois nappes phréatiques régulièrement générées grâce aux pluies.

Les disponibilités en eau sont très préoccupantes pour Israël et les Territoires occupés, car il se situe bien en-deçà du seuil de 500 mètres cubes par an et par habitant. Les prélèvements dépassent les ressources et il y a surexploitation des nappes souterraines.

En effet les nappes phréatiques, d’un accès facile et peu coûteux, sont trop souvent surexploitées et elles peuvent connaître des rabattements importants. Cela entraîne une salinisation des eaux. Quand elles sont en position littorale il y a appel au vide et intrusion de l’eau de mer : c’est le phénomène du biseau salé des hydrogéologues. Les exploitants pompent alors dans les puits les moins profonds de l’eau salée ou saumâtre.

Ce phénomène est connu à Gaza, en Palestine, où l’eau de la nappe devient peu à peu impropre à la consommation humaine.

Dans ce contexte alarmant, Israël exploite la majeure partie des ressources en eau laissant les Palestiniens se contenter de la portion congrue.

Rajoutons que la plus grande partie de ses ressources ont été obtenues après la création de l’Etat d’Israël en 1948, grâce à l’occupation de territoires s’appropriant ainsi toutes les sources d’approvisionnement de la région. Cette occupation des différents territoires dits « occupés » nous permet de qualifier cette action de la part d’Israël, d’hydro-stratégique, puisqu’elle visait, certes, une extension territoriale, mais pas n’importe laquelle, celle qui permettait d’accroître son contrôle sur les ressources en eau de la région.

L’hydro-stratégie peut se définir comme l’art de manœuvrer des forces pour accomplir les fins de la politique selon des considérations hydrauliques.

I. Historique du contrôle de l’eau par Israël : un enjeu de conflit

Il faut remonter au début du XXème siècle pour saisir la complexité et la sensibilité du problème des frontières et celui de l’eau, au moment où commence la colonisation juive, lancée par Théodore Herzl, le théoricien du sionisme.

Simultanément, alors que le sionisme politique n’affichait, hors ses prétentions territoriales, que des aspirations culturelles, un parti religieux, le Mizrahi, se forme en 1902 pour revendiquer la "terre promise" afin de ré-ancrer les juifs dans le territoire biblique que Dieu leur a concédé et qui leur a été retiré parce qu’ils ont refusé l’Alliance. Il s’agit donc d’un mouvement de re-judéisation morale et religieuse qui risque de faire capoter le sionisme. En 1904 cependant, le sionisme politique reçoit l’appui de Chaïm Weizmann, d’origine russe, qui sera plus tard président de l’Etat d’Israël et qui s’installe en Angleterre.

Rappelons les grandes dates de l’histoire de la création de l’Etat d’Israël, ses extensions territoriales et sa mainmise sur les ressources hydrauliques de la région :

• 1917. Par la Déclaration Balfour, la Grande-Bretagne promet la « création d’un foyer national juif en Palestine » . Les premiers sionistes rachètent alors les terres en Palestine pour les cultiver afin d’y forger un nouveau peuple juif, comme ce fut déjà le cas, précédemment dans l’histoire.

Ce retour à la terre s’est immédiatement heurté à un obstacle majeur : le manque d’eau. La Palestine du mandat britannique est une terre aride où la seule réserve d’eau douce importante est le Lac de Tibériade qui fait frontière avec la Syrie et la Transjordanie.

• 1919. Le Président de l’Organisation Mondiale sioniste, Chaïm Weizmann adresse une lettre au Premier Ministre britannique, Lloyd George, lui demandant d’étendre la frontière nord de la Palestine de manière à englober toutes les sources d’eau tenant ainsi compte au-delà des considérations historiques ou religieuses, des considérations hydrauliques.

Il y soulignait déjà que « Tout l’avenir de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau pour l’irrigation et pour la production d’électricité ; et l’alimentation en eau doit essentiellement provenir des pentes du Mont Hermon, des sources du Jourdain et du Fleuve Litanie » . Les frontières ainsi proposées englobent Israël, mais aussi Gaza, la Cisjordanie, les hauteurs du Golan, des portions du Liban, de la Syrie et de la Jordanie.

paleau3.jpgC’est dans ce contexte qu’un hydrologue américain, Elwood Mead, sera invité par les sionistes à venir en Palestine, c’est chose faite en 1923 et en 1927.

Lors de ces deux voyages, il ne visitera que les colonies juives et établira un Etat des lieux de la situation de l’eau et des futurs projets hydrauliques à prévoir par les sionistes. Il donnera ensuite, des indications pour irriguer le Néguev, aride, en prélevant l’eau du Jourdain.

Ses travaux inspirent le Plan Hayes du nom d’un ingénieur américain qui préconise « l’irrigation des terres de la vallée du Jourdain, la dérivation des eaux du Jourdain et du Yarmouk pour la création d’énergie hydraulique, le détournement des eaux du nord de la Palestine vers le désert du Néguev au sud et l’utilisation de l’eau du Litani au sud du Liban » .

Ceci confirme l’importance que revêt l’eau dans la construction et la viabilité de l’Etat d’Israël sur le plan humain, économique et sécuritaire.

A la suite du génocide juif, l’ONU vote un plan de partage créant deux Etats et un statut International pour Jérusalem. Les juifs acceptent mais les Palestiniens le rejètent prétextant que leur population est plus nombreuse que la population juive.
• 15 mai 1948. L’Etat d’Israël est proclamé, et la même année le nouvel Etat se fixe quatre objectifs :
o contrôler le Lac de Tibériade ;
o le Jourdain ;
o la zone côtière et ses villes ;
o ainsi que le désert du Néguev dans le but de le faire fleurir pour absorber les flux migratoires et rassembler la diaspora juive.

• 1953. Israël va mettre en pratique notamment les directives du plan Hayes et commencer à détourner les eaux du Jourdain. Elle entreprend la construction du « National Water Carrier », colonne vertébrale à partir du nord du Lac de Tibériade qui lui permet de détourner vers elle la majeure partie du cours d’eau.
La Syrie et la Jordanie se plaignent et les Nations Unis critiquent ces actions israéliennes. Le Président Eisenhower décide d’envoyer en « médiateur » ou plutôt en conciliateur, Eric Johnston pour proposer un plan de répartition des ressources hydrauliques.
Après plusieurs négociations, en 1955 il fait une proposition favorable aux Israéliens.
Israël va donc poursuivre ses projets.

• 1964. Israël a fini de réaliser à partir du lac de Tibériade, l’interconnexion des eaux sur l’ensemble du territoire jusqu’au désert du Néguev, mis en valeur par l’irrigation, réussissant ainsi à réaliser l’idéal sioniste qui consiste à « faire fleurir le désert ». Les Arabes ripostent à plusieurs reprises, mais sans succès.

• 1967. La « guerre des six jours » est d’une certaine manière une guerre pour l’eau puisque les territoires désormais dits « occupés » par Israël lui permettent de contrôler la totalité des ressources, c’est-à-dire :
o le Golan, véritable château d’eau ;
o plus une partie du cours du Yarmouk ;
o ainsi que les trois grandes nappes aquifères de Cisjordanie, ce qui lui permet donc le contrôle de tout le cours du Jourdain.

Cette guerre lui permet d’achever la mise en œuvre de ses plans hydrauliques et son emprise territoriale sur toute la Cisjordanie, Gaza et les hauteurs du Golan.
Elle accapare le désert du Sinaï, non pour les ressources mais pour forcer l’Egypte à la laisser passer par le canal de Suez, ce qui donnera lieu à l’accord de Paix dit les "Accords de Camp David" et lui permettra en 1982 de rendre le Sinaï.

Cette guerre des six jours sera suivie d’une politique de colonisation c’est-à-dire d’implantations de juifs dans ces territoires conquis par la force. Cette colonisation permet de contrôler directement sur le terrain le niveau d’utilisation de l’eau par les populations locales (interdiction pour l’agriculture, pour le forage de puits...), mais également de développer la politique du fait accompli c’est-à-dire faire en sorte qu’il devienne impossible de rendre ces territoires par la présence de villes entières juives.

• 1978. Elle occupe le sud Liban pour achever en quelque sorte cet approvisionnement - avec notamment l’usage et le détournement d’une partie du Fleuve Litani par un système de pompage - sud Liban qu’elle ne libérera qu’en 2000, suite à une résistance acharnée du Hezbollah installé dans cette région.

II. Une répartition inégale de cette eau rare dans cette région

Israël contrôle tout le système de l’eau des territoires occupés de Palestine. Il organise un partage inégal et délibéré des ressources en eau : Israël détourne 75 % des ressources en eau des territoires occupés, ne laissant que 25 % aux Palestiniens.

La consommation moyenne en eau par habitant d’un Israélien est 5 fois plus importante que celle d’un Palestinien. Outre le rationnement en eau, les Palestiniens sont victimes de destruction de puits, de canalisation d’eau et d’assainissement, par l’armée israélienne.

Israël n’a cessé d’implanter des colonies juives (voir carte en annexe) dans les territoires occupés, au plus près des réserves en eau, voire en les détournant à leur profit. La surexploitation des puits de Gaza rend l’eau impropre à la consommation domestique. Le contingentement de l’eau imposé par Israël rend tout développement impossible dans les territoires occupés, met en cause la survie des Palestiniens et engendre de graves problèmes sanitaires.

La 26ème mission de protection du peuple palestinien, en juillet 2002 a relevé :
• La destruction des puits dans la bande de Gaza et dans la région de Rafah, du système d’assainissement et des canalisations en eau.
• La destruction des citernes sur les toits, mitraillés par l’armée (à Ramallah, Jénine et Rafah)
• Les vertes collines des colonies juives dans la vallée du Jourdain et leur arrosage incessant parfois inutile, à côté des espaces caillouteux et secs occupés par les Palestiniens.
Aujourd’hui, les 2/3 des besoins d’Israël sont assurés par les ressources provenant de l’extérieur des frontières de 1948 :
• environ 1/3 provient de Cisjordanie et de la nappe de la bande de Gaza ;
• et 1/3 provenant du lac de Tibériade et du Yarmouk.
Cette utilisation des eaux ne peut se faire que par un contrôle draconien et inégalitaire de la consommation palestinienne dans les Territoires :
• limitation des cultures ;
• interdiction de forer ;
o prix prohibitif de l’eau, etc.
75 % de l’eau des Territoires occupés est consommé par Israël et ses colonies. Le rapport de population entre Israël et les Territoires est de 2 à 1 et celui de la consommation d’eau de 11 à 1 !

Les discussions à venir avec les Palestiniens s’averrent difficiles : ils réclament 80 % des ressources de la Cisjordanie ce qui signifierait pour Israël une diminution de 20 % des ressources actuellement disponibles! Le dossier de l’eau est donc de toute première importance dans un éventuel règlement de paix.

De l’autre côté, Israël ne semble donc pas vouloir concéder une partie des ressources et applique bon nombre de règlements malgré leur contestation.

Ignorant les conventions de Genève, le gouvernement israélien applique aux Territoires occupés une loi datant de 1959 faisant de l’eau « une propriété publique soumise au contrôle de l’Etat ».

En effet, juste après l’occupation, le contrôle de l’eau fut confié à l’autorité militaire qui fit interdire toute nouvelle construction d’infrastructures liées à l’eau, puis elle s’empara de toutes les ressources en eau de Palestine, les déclarant propriété de l’Etat. En 1982, la compagnie d’eau israélienne, Mekorot, prend le contrôle de la ressource palestinienne en eau.

Des puits palestiniens sont ainsi détruits et les ressources en eau sont asséchées par des forages à grande échelle et des prélèvements à partir de puits très profonds pour le seul usage des Israéliens.

La législation militaire est introduite et la colonisation signifie le maintien stratégique sur les ressources hydrauliques de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, sans quoi Israël ne peut ni se développer, ni survivre.

Dès lors on comprend comment, le contrôle de l’eau et de la terre, couple indissociable, dirige la stratégie sioniste.

La politique agricole israélienne est l’expression même de l’idéal sioniste de « faire fleurir » le désert. Ainsi porter atteinte à l’agriculture est synonyme de s’attaquer à l’âme du pays.

Les exportations sont aussi une manière de montrer au reste du monde qu’en Israël rien ne manque sur le plan de la qualité de vie, qu’elle est vouée à être un grand pays, et que l’immigration des juifs vers Israël, considérer comme un « havre de paix », peut continuer à se poursuivre.

paleau4.jpgC’est pourquoi, aucun responsable politique israélien ne peut renoncer à « l’or bleu » des Territoires occupés. Israël considère comme un casus belli toute tentative d’appropriation de ses ressources en eau par les pays voisins. C’est le cas par exemple pour la Syrie, qui convoite une partie du Jourdain. Aujourd’hui le territoire de Gaza restitué aux Palestiniens, est un territoire qui a connu des pompages tellement excessifs que ce qu’il reste d’eau est impropre à la consommation (pollution, salinisation…), sachant que les nappes phréatiques mettent des décennies à se reconstituer.

Les perspectives à long terme sont alarmantes, car la région manque d’eau et en manquera de plus en plus car les ressources sont limitées et la demande ne fera qu’augmenter, compte tenu du rythme démographique élevé des deux côtés !

La Banque Mondiale prévoit que la demande vers 2040 pour Israël, les Territoires occupés et la Jordanie pourrait s’élever à 7 milliards de mètres cubes !

De toute évidence les ressources du bassin du Jourdain sont insuffisantes.

De ce fait la solution pourrait être régionale par des transferts d’eau, d’où l’intérêt porté au Litanie libanais, ou par le recours coûteux à des ressources non conventionnelles : dessalement de l’eau de mer, recyclage des eaux usées (...), mais là aussi les ressources financières sont inégales et les Palestiniens ne pourront se permettre d’endosser ces coûts. Ainsi, la perspective d’une coopération régionale pourrait s’avérer être une solution difficile à mettre en place, mais réalisable car cette eau si rare et si précieuse va aussi terriblement manquer pour Israël, si les surexploitations sont maintenues à ce rythme.

La question du partage de l’eau est un point clé d’un éventuel processus de paix israélo-palestinien et d’un apaisement des relations interétatiques au sein « d’une région du monde où le problème de la pénurie en eau avec ses répercussions politiques, se pose avec le plus de gravité ». Car, exception faite du Liban et de la Turquie dotés d’un potentiel hydraulique conséquent, les climats arides ou semi désertiques des autres pays du Proche-Orient, aggravés par des phénomènes de surexploitation et de surconsommation chroniques, font de l’eau une ressource rare et convoitée, donc polémogène. Des alternatives permettent cependant d’espérer une issue positive aux problèmes de la rareté et de la gestion de l’eau sur le plus ou moins long terme.

En 1995, Ismail Serageldin, vice-président de la Banque mondiale pour les questions de développement durable, déclarait : « les guerres du prochain siècle auront l’eau pour objet ». Un géographe de l’Université de l’Oregon, Aaron Wolf, s’est intéressé aux discordes entre États liées à l’eau de 1950 à 2000: sur 1831 litiges - soit en moyenne 30 par an -, deux tiers ont été réglés par des accords de coopération, 507 sont apparus véritablement dangereux et 21 seulement ont débouché sur des opérations militaires. Sur ces 21, 18 ont été le fait d’Israël. On peut identifier trois conflits importants au Moyen-Orient liés au contrôle de la ressource hydrique : celui opposant l’Irak, la Syrie et la Turquie à propos des fleuves de l’Euphrate et du Tigre ; celui entre la Syrie, Israël, les Territoires palestiniens et la Jordanie sur le partage des eaux du Jourdain ; le problème de l’utilisation des nappes aquifères entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ce sont ces deux derniers cas qui nous intéressent ici.

Il peut être intéressant de croiser l’étude d’Aaron Wolf avec un rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization) qui signale que dans le bassin du Jourdain, partagé entre quatre Etats (Liban, Syrie, Territoires palestiniens - donc Israël - et Jordanie), la ration d’eau individuelle est des plus réduites. En considérant qu’une situation de « stress hydrique » advient à partir du moment où un pays dispose de moins de 500 m3 d’eau par habitant et par an, presque tous les pays du Proche-Orient en sont victimes. La FAO estime que la quantité d’eau potable de bonne qualité disponible par personne et par an est de 250m3 en Israël, 85m3 dans les Territoires palestiniens et 200m3 en Jordanie. La ressource est rare, mais aussi très inégalement répartie puisque le nord d’Israël dispose de 500m3/pers/an, et le Liban et la Syrie, soit les deux pays en amont du Jourdain, disposent de 3000m3 pour le premier et 1200m3 pour le second.

Israël, qui développe dès sa création en 1948 l’utilisation agricole, met très tôt en œuvre une stratégie de conquête hydrique. Car son eau vient de l’extérieur de son territoire national. Le Jourdain constitue sa principale source d’eau. Né au Liban, le fleuve se dirige du Nord au Sud et reçoit trois affluents majeurs. Il traverse le lac de Tibériade, grande réserve d’eau douce d’Israël, avant de se jeter dans la mer Morte. Le bassin du Jourdain intègre aussi des aquifères souterrains localisés notamment sous les collines de Cisjordanie, et entre Haïfa et Gaza (plaine littorale).

Les rapports de force actuels autour de la ressource en eau remontent ainsi à la fondation d’Israël et surtout à la guerre des Six Jours, parfois perçue comme la première guerre de l’eau. Selon Ariel Sharon : « Les gens considèrent généralement que la guerre des Six-Jours a débuté le 5 Juin 1967. C’est la date officielle, mais en réalité, elle avait débuté deux ans et demi plus tôt, le jour où Israël avait décidé d’intervenir contre le détournement des eaux du Jourdain. A partir de là, une tension sourde et permanente s’installa le long de la frontière israélo-syrienne ». En 1953, Tel-Aviv entreprend le creusement du canal du National Water Carrier, destiné à détourner l’eau du bassin du Jourdain depuis le lac de Tibériade, soit le nord de la mer de Galilée, vers le désert du Néguev. Cette initiative provoque la colère des Etats arabes voisins, qui lancent à leur tour des projets de détournement des eaux du Jourdain en établissant des barrages sur ses affluents du Yarmouk et du Litani. Israël bombarde à plusieurs reprises les travaux, entrainant une grave détérioration de ses relations avec le Liban, la Syrie et la Jordanie. Lors de la Guerre des Six Jours, les Israéliens conquièrent le plateau du Golan et la Cisjordanie, contrôlant de facto les ressources hydrauliques. A partir de là, il est tentant de voir dans la question de la sécurité de l’approvisionnement en eau d’Israël un motif majeur du déclenchement de l’attaque de 1967. Mais, comme le rappelle le géographe Frédéric Lasserre, l’eau n’est qu’un facteur parmi d’autres, la stratégie militaire d’Israël visant d’abord en 1967 à réduire la menace égyptienne et à contrer les entrées en guerre de la Jordanie et de la Syrie. Néanmoins, il n’en reste que contrôler la vallée du Jourdain répond à des considérations de sécurité – créer une zone tampon contre d’éventuelles incursions ennemies – mais aussi d’approvisionnement en eau. Car en ayant la mainmise sur les territoires palestiniens, Israël contrôle les ressources aquifères de Gaza et de la Cisjordanie. L’occupation du Sud Liban lui permet aussi de contrôler le plateau du Golan et de détourner, jusqu’à son retrait en 2000, les eaux du Litani. De pays en aval, Israël passe ainsi à la position très enviée de pays en amont du Jourdain.

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L’eau est donc un paramètre à prendre en compte dans le conflit israélo-palestinien. Car, alors que les ressources se situent principalement chez les Palestiniens, Israël en dispose et les gère seul pour pourvoir aux besoins des deux populations. Dans l’ensemble, 40 % de son eau provient des Territoires palestiniens.

Pour combler ses besoins croissants, l’Etat juif a élaboré une législation rigoureuse sur l’eau. Une loi de 1959 stipule qu’elle est une propriété publique soumise au contrôle de l’Etat. En 1967, elle est étendue aux Territoires occupés dont les eaux sont déclarées « ressource stratégique sous contrôle militaire », permettant à Israël d’exercer un monopole. D’après un rapport de l’UNICEF de 2005, s’appuyant sur une étude de la Banque Mondiale, Israël puise ainsi dans le seul aquifère de Cisjordanie 86% de ses ressources en eau (soit le quart de sa consommation nationale), les colons 4% et les Palestiniens 10%. Dans l’ensemble, un tiers des ressources d’Israël provient des eaux de surface, notamment du Jourdain, le reste provient des eaux souterraines (sa nappe littorale, celle de Cisjordanie, et de la bande de Gaza). S’ajoutent d’importantes restrictions à l’accès à l’eau pour la population palestinienne qui est soumise à des quotas, qui doit obtenir une autorisation spéciale des autorités militaires israéliennes pour creuser tout nouveau puits et qui doit payer son eau agricole au prix de l’eau potable, soit un prix quatre fois supérieur à ce que payent les colons israéliens profitant d’un système de subventions. Le mur de sécurité séparant Israël et la Cisjordanie vient en outre désorganiser les systèmes d’irrigation palestiniens.

Et le problème, à première vue, semble s’aggraver. Déjà en situation de stress hydrique, les besoins en eau tendent à augmenter avec la forte pression démographique, l’existence de projets de développement agricole basés sur une forte irrigation et la dégradation des ressources existantes. Car la surexploitation des ressources se traduit par une baisse significative de la quantité disponible et par une importante salinisation de la nappe phréatique, provoquant à Gaza une situation de quasi pénurie. « La nappe phréatique a été tellement exploitée que c’est de l’eau salée qui coule aujourd’hui au robinet […] ‘’95% de l’eau ne correspond pas aux standards de l’eau potable et, en 2016, ce sera 100%’’ assure Monther Shoblak, directeur général du service des eaux de Gaza ».

C’est ainsi qu’en 2005, toujours d’après l’UNICEF, Israël consommait environ 2 000 millions de m3 d’eau par an alors que ses ressources oscillaient entre 1 400 et 1 600 millions de m3. Jusque-là, il semblait ainsi qu’un accord de paix avec les Palestiniens poserait à Israël de graves problèmes d’approvisionnement en eau, car l’Autorité palestinienne demande trois choses :

Les droits sur la presque totalité de la nappe de montagne, en bonne partie centrée sur la Cisjordanie

Le droit au partage des eaux du Jourdain

Le droit au partage des eaux de la Mer morte, lac salé bordé par la Jordanie, la Cisjordanie et Israël

Malgré un conflit qui semble, au premier abord, insoluble, il faut éviter de tirer des conclusions hâtives. Frédéric Lasserre montre bien que la gestion de l’eau ressort bien plus de choix politiques et sociaux que de spéculations sur la réduction des quantités disponibles. C’est le concept d’adaptation sociale et son corollaire, la gestion des tensions internes par les pouvoirs publics, qui constitue pour lui la pierre angulaire de toute étude sur les conflits de l’eau. Au Proche-Orient, comme partout ailleurs, les recours sont nombreux pour tenter de combler les besoins des uns et des autres.

1) La coopération internationale

Le droit international relatif à l’eau est encore flou et peu homogène. On peut distinguer trois doctrines juridiques concurrentes : les pays d’amont privilégient celle de « la souveraineté territoriale absolue » sur les eaux présentes sur le territoire national ; les pays d’aval celle de « l’intégrité territoriale absolue », chaque Etat devant permettre aux cours d’eau de poursuivre leur cours ; celle enfin de « la première appropriation » consistant à donner la priorité à ceux étant les premiers à avoir mis l’eau en valeur. En d’autres termes, les Palestiniens disent la géographie est pour nous, les Israéliens l’histoire est pour nous. Le droit international ne tranche pas entre ces deux positions. La convention de New York de 1997 sur le droit relatif aux utilisations des cours d’eau internationaux à des fins autres que la navigation comprend ainsi des contradictions implicites. L’article 5 mentionne le principe de « la souveraineté territoriale absolue » alors que l’article 7 mentionne celui de la « première appropriation ».

Les accords régionaux et bilatéraux ont quant à eux donné des résultats mitigés. En 1953, le plan Johnson prévoit la conclusion d’un accord à l’échelle du bassin du Jourdain, pour tenter de favoriser la coordination entre les usages respectifs. Mais Israël refuse de signer l’accord, tandis que la Ligue arabe décide de rejeter tout accord sur le partage de l’eau dans le bassin du Jourdain tant qu’un accord politique n’aura pas réglé la question palestinienne.

Une entente n’est pas pour autant impossible. Le traité de paix signé entre la Jordanie et Israël en 1994 ouvrent ainsi les bases d’un règlement de répartition équitable entre les deux pays.

2) L’amélioration du système d’irrigation

Près de 70% des ponctions en eau sont destinées à l’agriculture. On constate d’ailleurs que le niveau du Jourdain est sept fois plus bas aujourd’hui qu’il y a 50 ans en raison des nombreux détournements pour les projets d’irrigation. Par ailleurs, plus le pays est pauvre, plus il consomme d’eau pour irriguer : les pays dits « du tiers-monde » utilisent ainsi deux fois plus d’eau par hectare que les pays industrialisés, pour une production agricole en moyenne trois fois inférieure en valeur. Dans les Territoires palestiniens, réduire les besoins en eau agricole consisterait à améliorer le système d’irrigation en modernisant un réseau vieux et défectueux dont le taux de fuite est estimé à 40%. Israël dispose de toute la technologie nécessaire pour les y aider (taux de fuite de moins de 10%).

Faire revivre la Mer Morte

mermorte.jpgDe plus en plus d’espoir sont placés dans le projet fou consistant à faire revivre la mer Morte, qui était à terme condamnée si aucune action politique n’était entreprise. Comme la mer d’Aral, ce lac salé a perdu en un demi-siècle près du tiers de sa superficie, si bien qu’il est aujourd’hui divisé en deux bassins distincts. En cause, les prélèvements excessifs du Jourdain qui l’alimente et l’évaporation importante de l’eau due aux usines de production de sel qui le bordent.

Jusque-là, la principale solution mise en avant pour contrer la menace d’assèchement total du lac consistait à creuser un canal depuis la mer Rouge jusqu’à la mer Morte pour l’alimenter. Une étude de faisabilité a même été réalisée en 2006, estimant le projet à 3 ou 4 milliards de dollars. Le « canal de la paix » porte bien son nom puisqu’il pourrait bénéficier à terme à l’ensemble des protagonistes. Cependant, certaines organisations environnementales ne manquent pas de pointer le risque écologique d’un tel projet.

Une autre alternative se dessine aujourd’hui. Selon Gilbert Benhayoun, professeur d’économie et président du groupe d’Aix, Israël arrive à faire en sorte d’extraire moins d’eau du lac de Tibériade, permettant un débit plus rapide des eaux du Jourdain. A terme, si cette politique se poursuit, on peut penser que le Jourdain pourra à nouveau alimenter, ou réalimenter, le mer Morte.

4) Les eaux non conventionnelles

Toujours d’après G. Benhayoun, la situation a changé avec les avancées technologiques et la crise de l’eau en Israël est en passe d’être définitivement terminée. Les Israéliens pourraient ainsi produire bientôt suffisamment d’eau pour pourvoir à leurs besoins dont près de la moitié serait déjà couverte par de l’eau dite « non conventionnelle », c’est-à-dire issue du traitement des eaux usées et de la désalinisation. Israël est d’ailleurs le premier pays au monde pour le traitement des eaux usées, à hauteur de 90%, ressource qui est ensuite réutilisée dans l’agriculture. A noter cependant que les colons ne recyclent que 60% des leurs.

Alors qu’aujourd’hui près d’1% seulement de l’eau potable est produite par dessalement dans le monde, Israël dispose déjà de quatre usines de désalinisation, une à Ashkelon, une à Hadera, une à Palmachim et la dernière en date à Ashdod. Et le gouvernement israélien a approuvé récemment la construction d’une cinquième usine à Sorek, au sud de Tel-Aviv, qui permettra de combler encore un peu plus l’écart entre les besoins et les ressources en eau propres d’Israël. D’après certains experts qui se sont exprimés lors du Symposium « énergie-eau » qui s’est tenu cette année au sein de CleanTech pour son 17e Sommet annuel, Israël pourrait bientôt produire environ 600 millions de mètres cubes d’eau dessalée par an, couvrant près de 80 % de l’eau potable en milieu urbain.

L’eau de mer pourrait ainsi devenir l’une des principales ressources alternatives à la rareté de l’eau douce au Proche-Orient comme en témoigne les projets en cours pour construire une usine de dessalement à Gaza dont la population a essentiellement accès à de l’eau souterraine polluée, ou encore à Aqaba (projet israélo-jordanien). Mais les freins sont encore nombreux. Ces installations nécessitent en effet des besoins énergétiques lourds et coûtent extrêmement chères.

Ainsi, même si la crise de l’eau est encore bel et bien une réalité au Proche-Orient, elle change progressivement de nature. Au fil du temps, il s’agira plus d’une crise de répartition, de distribution, plutôt qu’une question de rareté réelle. Cela rejoint les conclusions de Frédéric Lasserre affirmant que le problème de l’eau est moins géographique que politique. Et le principal problème entre Israël et les Territoires palestiniens est que les accords d’Oslo II de 1995, qui devaient régler la question de l’eau pour cinq ans en attendant un accord final, n’ont toujours pas été mis à jour alors que le cadre n’est plus du tout adapté. Ses besoins en eau douce étant en passe d’être pourvus, Gilbert Benhayoun souligne que ce serait un beau geste politique de la part de l’Etat hébreu que d’accéder aux demandes de l’Autorité palestinienne qui souhaite récupérer la souveraineté sur ses ressources hydriques.

vendredi, 17 juin 2016

Donbass and Syrian Fronts: Two stages of a Single War

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Donbass and Syrian Fronts: Two stages of a Single War

Geographic realities are stable and permanent. They actually matter and all the idealistic disguises created to wage useless wars or delaying wars (Carl Schmitt) are only ponderous parasitic burdens to blind the naïve.

Robert Steuckers

Ex: http://deliandiver.org

I have always insisted on the fact that these both war stages were strategically linked. It would be silly to believe that the Syrian situation has nothing to do with the stalemate in East Ukraine. Historically both areas are so-called “gateway regions” on the rimlands around the Russian dominated heartland as the US geostrategist Saul B. Cohen could demonstrate in his works. As the globalist geopolitics of the United States aims at preventing any Pan-Eurasian synergies in the Old World (or on the World Island to take over MacKinder’s vocabulary) or any long term cooperation between Central Europe and Russia, it’s quite natural to let organize by dubious proxies skirmishes or long term wars on territories that could have an important linking function between major regions on the Eurasian continent. The present-day Ukrainian territory East of Crimea linked Europe (represented by the Genoese and Venetian commercial bases) to Asia at the time of Marco Polo, the great Mongol Khans or even later. The Syrian coast was the entrance gate to the long land roads to India and China. The vital necessity to control it, lead to the eight crusades Western Europe waged during our Middle Ages (Spengler explained why the notion of Middle Ages is only valid for Europe).

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Geographic realities are stable and permanent. They actually matter and all the idealistic disguises created to wage useless wars or delaying wars (Carl Schmitt) are only ponderous parasitic burdens to blind the naïve. That’s what MacKinder tried to explain in his too often forgotten book Democratic Ideals and Realities (several modified editions between 1919 and 1947). Today these two gateway regions, if they would be pacified, could secure the transit of goods and raw materials by roads, pipelines and railways between East Asia, Iran and Europe (in the case of Syria) and between China, Russia and Germany (in the case of Ukraine). What matters today are what I would call the post-Marxist and “Listist” projects China is coining thanks to its overflow of cash and in the framework of BRICS or Shanghai Group with the consent of Kazakhstan and Russia. I speak of a “Listist” perspective on continental organization as the main theorist of development in world history is indubitably Friedrich List. He helped to develop the railway communication system in 19th century Germany, accelerating the unification of the country and its industrialization. Without List, no one would have ever spoken of a German political or economic power. He also favoured the digging of canals both in the United States (he was made an American citizen) to link the Great Lakes area to the East coast harbours and in Germany to link all the river basins between the Vistula and the Meuse in the Prussian dominated Northern European plain. Without List’s genius, no one would have ever spoken of an early American global agricultural power as the wheat belt couldn’t have been properly exploited without a bulk transportation link to the Atlantic coast.

According to List, who thought in multipolar continental terms and favoured soft unification projects under the lead of technological development, the role of the State was to sponsor communication to help developing and creative private industrial and technological forces to thrive (Schumpeter). In this sense, List was a “constructive liberal”, a figurehead of a non conservative efficient praxis that could have annihilated the negative aspects of common liberal ideology.

The Chinese pioneers at the end of the moribund Chinese Empire in the late 1890s and at the beginning of the Republican challenge that lead to the nationalist Sun Ya Tsen revolution in 1911 were all mainly inspired by List who had quite a lot of Chinese disciples. After the paralysing troubles of civil war, of civil dissent caused by warlords, by the long Japanese occupation, communist rule and cultural revolution, China abandoned secretly all the Marxist humbug of the Maoist era (not too obviously in order not to stir too much worry among the masses and the party members). They indeed rediscover List and his ulterior followers and programmed plans akin to the ones he once drew for the United States and Germany.

These plans gave economical, industrial and agricultural powers to both countries. Present-day ideological divagations induce confusion and stir conflicts in order not to repeat positive plans to develop communication that were set up and achieved for the benefit of all the people on Earth. Therefore horrible and useless wars are waged in Syria and in the Donbass area and could be extended to the Caucasus (Chechnya, Dagestan, Ossetia), to East Turkey (Kurds against the Turkish government) blocking for long decades the possibility of expanding railways, pipelines and roads.

(Brussels and Forest-Flotzenberg, June 2016).

samedi, 04 juin 2016

Le sultan déboussolé

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Le sultan déboussolé

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Si Erdogan est en position de force vis-à-vis des europloucs grâce à son efficace chantage au terrorisme, il perd le nord sur tous les autres dossiers, dont certains tournent même au cauchemar pour lui.

Revenons un an en arrière... Son bébé daéchique et ses protégés qaédistes sont en pleine bourre en Syrie, Assad est en mauvaise posture, les Kurdes syriens sont sur le point d'être asphyxiés voire génocidés. Et puis patatrac ! Les Russes interviennent en septembre et se retournent contre la Turquie après l'incident du Sukhoï, les Etats-uniens tournent lentement casaque et s’acoquinent avec les Kurdes syriens sous la pression de l'opinion publique internationale. Forts du double soutien américano-russe, les YPG prennent le contrôle de la quasi-totalité de la frontière turco-syrienne, l'EI voit ses routes d'approvisionnement en provenance de maman Turquie réduites à peau de chagrin. Plus personne ne parle du départ d'Assad et le sultan a réussi l'insigne exploit de transférer une partie de la guerre civile syrienne sur son propre territoire.

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Deux récentes évolutions semblent indiquer qu'il est bien parti pour boire le calice jusqu'à la lie.

Pour la première fois, Erdogan a accusé la Russie de fournir des armements (notamment anti-aériens) directement au PKK et non plus seulement aux YPG syriennes. Si Moscou a mollement démenti - "Donnez des preuves" -, la plainte turque n'est peut-être pas infondée. Nous en évoquions d'ailleurs la possibilité après la bourde du 24 novembre.

Du coup, le sultan est en mode panique et ne "sait plus quoi faire" pour renouer avec les Russes. Il sait, bien évidemment - et le Kremlin ne se prive pas de le lui rappeler : excuses publiques et réparations. Mais ça, le mamamouchi mégalomane ne peut l'accepter sous peine de perdre la face, alors qu'il s'est récemment lancé dans l'autoritarisme.

Fait intéressant, notons la grande ambiguité de ses mots lorsqu'il se demande "comment le président russe Vladimir Poutine a pu sacrifier les très bonnes relations entre les deux pays à cause de l’erreur d'un pilote". Quel pilote : le russe ou le turc ? De cela découle, soit une obstination indécrottable, soit un début de reconnaissance de sa terrible erreur.

L'autre grande info est que les YPG kurdes et les quelques conseillers militaires US qu'elles trimbalent dans leurs fourgons avancent contre l'EI. Mais ce qui est intéressant, c'est la direction. Les gains de terrain modérés en direction de Raqqah ont été surcommentés par la MSN occidentale. Or, c'est l'arbre qui cache la forêt. La véritable avancée stratégique se fait vers l'ouest, c'est-à-dire au-delà de l'Euphrate, la ligne rouge fixée par Erdogan.

Un excellent article montre la dissonance entre les objectifs des Kurdes syriens et ceux de Washington. Les Américains aimeraient canaliser l'avancée kurde vers le sud et Raqqah, la capitale de Daech, afin de mettre le pied dans le sunnistan post-EI et peser ainsi sur le futur de la Syrie tout en ménageant l'encombrant allié turc.

Mais les Kurdes ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui ne rêvent que de faire la jonction avec leurs frères du canton d'Afrin à l'ouest d'Alep, scellant du même coup la frontière turque. La libération de Raqqah, ville arabe sunnite où ils seront de toute façon détestés, les laissent totalement froids.

Derrière la très médiatisée avancée de quelques kilomètres en direction de la capitale califale, c'est l'établissement de têtes de ponts à l'ouest de l'Euphrate qui doit retenir notre attention. Une véritable gifle à Erdogan qui ne peut doublement pas réagir (S400 russes et conseillers US "imbombardables").

Bon gré mal gré, les Américains ont suivi puisque, aux dernières nouvelles, leur aviation a apporté son soutien à la progression kurde vers Manbij tandis que des ingénieurs du génie civil aidaient à la construction de ponts. C'est le sultan qui sera content...

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/06/le-sultan-deb...

vendredi, 03 juin 2016

Andreas von Bülow: Kollateralschäden der US Strategie zur Weltherrschaft

Andreas von Bülow:

Kollateralschäden der US Strategie zur Weltherrschaft

mardi, 17 mai 2016

Erdogan’s plan to invade Europe

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Erdogan’s plan to invade Europe

by Steven Nezar Sahiounie (Syria)

Ex: http://germancenter.net

Europe is historically a group of different nations with Christian background, now banded together as an economic unit known as the European Union.
On the other hand, Turkey is a non-European nation with 75 million Muslim population, on the edge of the European continent, with a long stated goal of entering the EU, but consistently denied for several reasons, most importantly is Turkey’s record in Human Rights.
Turkey’s President Erdogan decided to invest in the Syrian crisis, by using migrants flooding into Europe as a method to change the demographics to Turkey’s favor.

Turkey has been sending boat loads of asylum seekers and economic migrants from Syria, and other countries, such as Iraq and Afghanistan. Promises of benefits are inferred, but not stated by the Europeans.
Turkey did not empty their Syrian refugee camps, as they profit by the donations and international pledges for the upkeep of the refugees. Systematically, the money which comes pouring in for the refugees is only partially spent on the refugees. The Turkish authorities: from the highest office holder, to the lowest guard on duty at the camps, are benefiting financially from the refugees. They even encouraged Syrians not living in the refugee camps to go on the boats to Greece.
The migrants did not go free of charge. Each boat person paid between 1-3 thousand Euros to make the short crossing in inflatable rafts. Many of the migrants came from safe and peaceful areas, such as the Syrian coast. Those persons did not leave death and destruction behind them, but sold homes, cars and furniture to pay for their new life in Germany, at the expense of the German taxpaying citizen. The people in the camps, who could have benefited the most out of a new European life and welfare benefits, could not sail away, because they had no money for the voyage.
Migrants followed migrants encouraged by jealousy, envy and greed. They asked themselves, “Why should my neighbor get all those free benefits in Germany? I deserve my slice of the pie. I will follow him.” Certainly, there were refugees who had suffered greatly in Syria and elsewhere and did, and still do, deserve help in starting a new life, in a safe place.
The Turkish people smugglers: aka “Boat-Men”, have worked and profited unabated. The Turkish police, intelligence services, security forces, Coast Guard, and Military have all been trained, well paid, and on duty in large numbers. Yet, the “Boat-Men” have gone on operating without fear of obstruction. The “Boat-Men” pay a large fee to the government authorities to turn a blind eye.
The population of Europe had been dwindling, due to a low birth rate, which is the opposite of Middle Eastern countries, because of the culture of large families. Erdogan’s plan was to invade Europe through the Tsunami of refugees, and eventually Turkey would be the winner at the long term, as the objection due to religion could no longer be used by some European parties.
The plan would depend on the new migrants eventually becoming citizens, and future generations might even be government office holders and officials. It is estimated that over 2 million refugees have entered Europe in the last year.
This huge influx will have drastic consequences inside Europe and globally.

vendredi, 06 mai 2016

Turquie : la chute de Davutoğlu

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Turquie : la chute de Davutoğlu

Ex: http://www.arretsurinfo.ch

La faute du Premier ministre turc, s’il y en a une, a été de ne pas s’adapter suffisamment au style interventionniste et de plus en plus « ultra-présidentiel » du président Erdoğan

Il est rare qu’un dirigeant politique souffre de revers de fortune aussi extraordinaires en une seule journée. Mercredi matin, Ahmet Davutoğlu, le Premier ministre turc, a appris que son entêtement à négocier avec l’Union européenne un accord visant à freiner le flux de réfugiés vers l’Europe en provenance de la Turquie avait été couronné d’un prix qu’aucun gouvernement turc n’avait jusqu’alors réussi à obtenir : la libéralisation des visas, permettant aux Turcs dotés de passeports biométriques de voyager librement dans l’espace Schengen dès le mois suivant.

Il n’a toutefois pas eu le temps de célébrer sa prouesse. Peu après, Davutoğlu a appris que son poste de Premier ministre était menacé, l’homme ayant perdu les bonnes grâces du puissant président du pays, Recep Tayyip Erdoğan. Suite à une réunion avec Erdoğan plus tard dans la journée, qui a duré 1 heure et 40 minutes, Davutoğlu était certain de son licenciement.

Il projetait de révéler l’information officiellement lors de la réunion du comité central de l’AKP, le parti au pouvoir, le jeudi matin. Mais l’opportunité lui a été refusée lorsque, quelques heures seulement après la rencontre, des sources faisant autorité – probablement proches du palais présidentiel – ont fait savoir que son temps au pouvoir était révolu : le parti allait organiser un congrès spécial dans les trois ou quatre semaines à venir pour élire un nouveau président et Davutoğlu ne se présenterait pas à l’élection.

Donc jeudi matin, il ne restait plus à Davutoğlu qu’à confirmer la nouvelle, ajoutant que la conférence aurait lieu le 22 mai, et à dire aurevoir à ses collègues sans répondre aux questions.

stratejik-derinlik.jpgTout ceci vient compléter un tableau d’humiliation exceptionnelle pour un Premier ministre qui, il y a seulement six mois, remportait presque la moitié des suffrages lors des élections générales. Bien que ses efforts pour développer son propre charisme n’aient pas porté leurs fruits, un consensus existe sur le fait que Davutoğlu s’est avéré un travailleur capable ayant commis peu d’erreurs, voire aucune, pendant ses vingt mois au pouvoir.

La faute de Davutoğlu, s’il y en a une, a été de ne pas s’adapter suffisamment au style interventionniste et de plus en plus « ultra-présidentiel » du président Erdoğan. Bien que la loi sur la présidence turque n’ait pas été modifiée et qu’en théorie la fonction demeure non-exécutive, au-dessus des partis et cérémoniale, en pratique c’est Erdoğan qui dirige la Turquie depuis le palais présidentiel. Toutes les décisions clé y sont désormais prises et ses équipes surveillent le travail de chaque ministère.

En tant que Premier ministre, Davutoğlu a travaillé selon les lignes parlementaires et ministérielles de ses prédécesseurs. En effet, comme la majorité de la vieille garde de l’AKP, il a résisté imperturbablement à l’idée d’une présidence exécutive et ce aussi longtemps qu’il l’a pu, ne déclarant son soutien à son égard qu’à la fin du moins de mars 2015 – soit six mois après l’arrivée d’Erdoğan au palais présidentiel.

Alors que le pouvoir se concentrait de plus en plus entre les mains du président et que l’influence politique était largement détenue par un groupe de conseillers et amis d’Erdoğan bénéficiant d’un accès personnel facile au président, les tensions entre ce dernier et le Premier ministre sont devenues inévitables.

Davutoğlu avait peu de chances de pouvoir faire face directement à cet obstacle, mais certains signes ont tout de même montré qu’il s’est efforcé de se construire une base de partisans, par exemple en créant un bloc de quatre petits journaux qui lui étaient personnellement dédiés. Il a également donné de minuscules mais claires indications que sa ligne politique personnelle était plus conventionnelle – plus pro-occidentale, dans l’optique du camp Erdoğan – que celle du palais présidentiel.

Dans un système moins personnel, tout ceci aurait pu ne pas être considéré comme bien important, mais à Ankara aujourd’hui, son attitude est apparue comme s’apparentant à une forme de défi.

Les signes du mécontentement du président à l’égard de Davutoğlu se sont multipliés la semaine dernière. Bien qu’il préside le parti au pouvoir, le weekend dernier Davutoğlu s’est vu déposséder de son droit de nommer les officiers provinciaux de l’AKP. Le Premier ministre a essayé de discuter de ceci avec Erdoğan mais en vain. Puis est apparu un mystérieux post sur internet, apparemment écrit par une personne proche du camp Erdoğan, qui a accusé le Premier ministre d’un manque réitéré de loyauté envers le président, notamment pour ses liens amicaux avec les États-Unis et l’Occident, et même pour avoir organisé une rencontre avec le magazine The Economist. Pire, Davutoğlu a indiqué l’année dernière qu’il préfèrerait un vote au Parlement pour condamner au moins certains des membres d’un groupe de ministres faisant l’objet d’une enquête pour corruption. Les spéculations allaient aussi bon train dans les médias pour savoir si Erdoğan était furieux que le président américain Barack Obama l’ait semble-t-il snobé tout en se montrant davantage disposé à communiquer avec Davutoğlu.

Plus important que tout ceci cependant semble être le désir d’accélérer l’introduction en Turquie d’un nouveau système politique, dans lequel la totalité des rênes du pouvoir est fermement concentrée entre les mains du président. Il y aura un nouveau Premier ministre, mais les trois noms qui sont mentionnés – Binali Yıldırım, le ministre des Transports ; Berat Albayrak, ministre de l’énergie et beau-fils du président Erdoğan ; et Mustafa Şentop, vétéran de l’AKP – travailleraient tous avec Erdoğan beaucoup plus étroitement que ne l’a fait Davutoğlu.

S’il y a un nouveau leader, il y aura aussi de nouvelles élections générales, peut-être associées à l’octroi d’un mandat populaire à une nouvelle constitution présidentielle. Jusqu’à présent, la direction de l’AKP a très fermement indiqué être contre la tenue d’élections avant leur date prévue à l’automne 2019. Toutefois, certains experts prédisent déjà que l’AKP, sous son nouveau président, pourrait changer d’avis et opter pour des elections anticipées.

Le moment pourrait être bienvenu. L’opposition est dans un piteux état avec le Parti d’action nationaliste (MHP) aux prises avec un leader très impopulaire qui refuse de s’en aller, et le Parti de la démocratie des peuples (HDP) pro-Kurdes pulvérisé sur le plan politique par la guerre qui fait rage depuis juillet dans le sud-est de la Turquie et désormais confronté aux probables poursuites judiciaires et emprisonnement de son principal groupe parlementaire pour des accusations de terrorisme soulevées par le gouvernement.

Il est probable qu’Ahmet Davutoğlu demeure dans un désert politique après sa démission. Outre son temps au gouvernement, on se souviendra de lui pour ses écrits sur la « profondeur stratégique » promouvant une vision de la Turquie en tant que superpuissance mondiale ayant « zéro problème avec ses voisins ». Toutefois, lorsqu’il était en charge de bâtir la politique étrangère de son pays, celui-ci s’est retrouvé empêtré dans une guerre civile sans fin en Syrie, a reçu un afflux de plus de deux millions de réfugiés, et, à l’exception de quelques nouveaux amis comme l’Arabie saoudite, est profondément isolé sur la scène internationale.

David Barchard | 6 mai 2016

– David Barchard a travaillé en Turquie comme journaliste, consultant et professeur d’université. Il écrit régulièrement sur la société, la politique et l’histoire turques, et termine actuellement un livre sur l’Empire ottoman au XIXe siècle.

Traduction de l’anglais (original). 

 

Source: MEE

mercredi, 20 avril 2016

Salmane, Al-Sissi, Erdogan, Netanyahu, ou la quintessence d’un énième plan US pour compenser leur échec en Syrie?

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Salmane, Al-Sissi, Erdogan, Netanyahu, ou la quintessence d’un énième plan US pour compenser leur échec en Syrie?

Par Nasser Kandil

En Août 2013, nous traduisions un article de M. Nasser Kandil intitulé : « Le Sinaï : Base américaine ? » [1]. Nous en rappelons cet extrait :

« … il est plus que probable que les Services de sécurité et la politique des USA vont désormais concentrer leurs efforts sur le Sinaï. Cela pourra prendre des mois et même des années au cours desquelles ils testeront plusieurs options. Parmi ces options, transformer cette zone en refuge pour les différents réseaux d’Al-Qaïda sur lesquels les drones US pourraient continuer leur besogne, ou la transformer en refuge pour les Frères Musulmans; lesquels, forts de leur continuité géographique avec leurs autres Frères à Gaza leur permettraient de lancer une guerre ouverte contre le chaos dans toute l’Égypte.

Une autre option plus facilement réalisable serait d’exploiter toutes ces entrées ouvertes au chaos dont des opérations fabriquées prétendument menaçantes pour Israël, notamment pour « Elat » si proche, afin de justifier leur mainmise directe sur le Sinaï au moyen de bases militaires gigantesques qui deviendraient le plus important porte avion US du monde.

Cette mainmise des États-Unis sur le Sinaï semble être devenue l’objectif stratégique du moment. À partir de là, il sera possible de compenser la perte des richesses pétrolières et gazières due à leur échec en Syrie. À partir de là, la sécurité d’Israël sera sous leur garde directe ainsi que celle de l’Asie, de l’Afrique et des pays du Golfe qui ne pourra pas échapper à leur vigilance. Ainsi, les États-Unis pourront dire qu’ils sont redéployés mais non vaincus !

Les yeux US sont braqués sur le Sinaï. Faisons-en autant, surtout les Égyptiens et leur Armée, maintenant que la mainmise sur le Sinaï risque de menacer la souveraineté de l’Égypte, laquelle souveraineté exige de se libérer des contraintes unilatérales imposées par « les accords de Camp David ».

Aux observateurs et géo-stratèges avertis de faire le lien avec cette synthèse des dernières analyses du même auteur, en rapport avec le sommet de l’OCI [Organisation de la coopération islamique] du 15/16 avril, précédé du « cadeau incroyable de l’Égypte à l’Arabie Saoudite » [2], non l’inverse, tellement incroyable que la colère gronde en Égypte [3], un pays qui se retrouverait avec deux îles stratégiques en moins, alors que le Canal de Suez serait menacé dans un très proche avenir et non seulement dans une dizaine d’années par le projet iranien de canal navigable [4] traversant tout le pays pour relier la mer Caspienne au golfe Persique [NdT].

Offensives politiques de l’Arabie Saoudite

Malgré ses échecs, l’Arabie Saoudite dispose toujours de trois cartes maîtresses :

  • La sauvegarde d’une certaine influence sur la future gouvernance yéménite étant donné que les pourparlers de paix, au Koweït, ont lieu entre les Houtis et « Ali Mohsen al-Ahmar », l’homme des Saoudiens au Yémen, nommé vice-président par le président contesté Abd Rabbo Mansour Hadi, après limogeage de Khaled Bahah début avril.
  • Ladite opposition syrienne par le biais du « Groupe de Riyad » rendu cette semaine aux pourparlers entre Syriens à Genève.
  • Le Courant du Futur au Liban

Ayant échoué à éliminer ses adversaires au Yémen, en Syrie et au Liban, l’Arabie Saoudite a imaginé pouvoir réunir ces trois cartes pour prouver qu’elle avait encore la capacité de jouer un rôle régional face à l’Iran en passant de la confrontation militaire à la confrontation politique.

Une confrontation politique qui s’est traduite par une offensive du roi Salmane dans plusieurs directions :

  • Annonce calculée de la trêve au Yémen pendant sa visite en Égypte.
  • Mainmise sur les deux îles égyptiennes de Tiran et Sanafir en Mer Rouge.
  • Pressions sur les pays participant au sommet de l’OCI pour l’instrumentaliser contre l’Iran.

Le tout dans le but de créer une nouvelle équation qui établirait l’équilibre voulu par les USA et Israël devenu ouvertement le meilleur allié de l’Arabie Saoudite: le trio « Arabie Saoudite-Turquie-Égypte », face à l’Iran, l’Irak, la Syrie et l’Algérie.

La Trêve obligée au Yémen

Concernant le Yémen, il faut quand même noter que telle n’était pas leur position de départ. Les Al-Saoud voulaient tout simplement écraser les Houtis pariant sur leur puissance financière et la bénédiction des USA. Les voilà obligés de négocier avec eux, d’admettre qu’ils n’ont pas réussi à entrer dans Sanaa, ni à briser le siège de Taiz, et que le maximum qu’ils aient pu obtenir est leur mainmise sur Aden alors qu’il est désormais de notoriété publique que les forces sur lesquelles ils s’appuient sont en majorité affiliées à Daech et Al-Qaïda.

 YEMEN

Au Yémen, nous avons donc affaire à une équation différente de la situation en Syrie, puisque ceux qui négocient sont ceux qui se battent sur le terrain, tandis que ladite opposition syrienne qui prétend négocier à Genève ne représente pas grand chose sur le terrain militaire et, par conséquent, ne peut pas arrêter la guerre menée contre l’Armée arabe syrienne par l’intermédiaire de Daech et Al-Nosra alias Al-Qaïda, deux organisations exclues de la trêve et du processus politique.

La mainmise sur les îles de Tiran et de Sanafir en Mer Rouge

Ces deux îles inhabitées sont situées dans le détroit de Tiran qui sépare le golfe d’Aqaba de la Mer Rouge. L’Armée égyptienne les a occupées avant la guerre de 1967 empêchant Israël d’emprunter le détroit à partir du port d’Elat. Selon un récit égypto-saoudien, elles seraient sous la souveraineté de l’Égypte depuis 1950, le roi Abdul Aziz ayant demandé au roi Farouk d’y déployer des forces égyptiennes pour prévenir toute attaque israélienne contre les deux îles, tandis que des chercheurs, des diplomates et des juristes égyptiens, s’appuyant sur de vieilles cartes ottomanes, s’accordent à dire que les deux îles font partie intégrante du Sinaï et donc de l’Égypte.

Suez  Elat

Aujourd’hui, la question ne consiste pas à discuter de ce problème de souveraineté bien qu’il suscite de vives polémiques et de violentes manifestations en Égypte [5]. La question est, pourquoi maintenant, alors que les accords de Camp David, ayant restitué à l’Égypte ces deux îles occupées par Israël en 1967 à condition qu’elles ne soient cédées à quiconque sans son accord, datent de 1981, et que les discussions à leur sujet entre l’Arabie Saoudite et l’Égypte durent depuis une trentaine d’années sans que l’Égypte ne consente à s’en séparer ? Certains prétendent qu’Israël, non plus, ne voyait pas cette cession d’un bon œil jugeant l’Arabie Saoudite moins fiable que l’Égypte.

Tenant compte des accords de Camp David, de la satisfaction affichée par le corps diplomatique et les médias israéliens à l’annonce de cette cession, de la détresse économique de l’Égypte au bord de la faillite, et surtout de la chronologie des événements qui se sont rapidement succédés durant le périple de dix jours du roi Salmane entre l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Turquie, il devient clair que ce transfert de souveraineté n’aurait pu se faire sans l’accord des Israéliens; voire, sans leur planification [6].

Décidé à exploiter la trêve au Yémen, Salmane s’arrange pour être en Égypte au moment même de sa déclaration, ce qui suggère qu’il vient en sauveur et non en quémandeur de piétailles pour poursuivre sa guerre meurtrière au Yémen: au total, 25 milliards de dollars sur cinq ans c’est plus qu’une bouffée d’oxygène pour le gouvernement égyptien; avec cependant, le projet de construction d’un pont terrestre entre l’Égypte et l’Arabie Saoudite à un moment critique où on ne voit pas très bien son utilité pour l’Égypte, tandis qu’Israël espère ouvertement en profiter pour des trajets plus directs avec l’Arabie Saoudite.

 Israël-carte-d-Israel-Liban-Jordanie-Palestine-Jourdain-Lac-de-Tibériade-Mer-Morte-Méditerranée-Mer-Rouge-2

Certains rapports parlent d’un accord israélo-saoudien pouvant expliquer ce moment précis de l’acquisition de ces deux îles par les Saoudiens. Elles serviraient deux objectifs :

  • Le premier: Amener les pipelines saoudiens vers l’Europe suivant un trajet passant par la presqu’île du Sinaï, puis le port de Haïfa; ce qui en ferait le « Rotterdam de la Méditerranée », un rôle lui ayant échappé suite à l’échec d’Israël dans sa guerre contre le Liban en 2006 grâce à la résistance héroïque du Hezbollah, alors qu’il était prévu de construire une connexion avec le réseau Nabucco venant du Kazakhstan en passant par le port turc de Ceyhan. De Haïfa, le pipeline aurait été prolongé jusqu’au port d’Ashqelon, puis la Mer Rouge, pour garantir les livraisons de pétrole à la Chine et à l’Inde, au cas où une guerre des États-Unis contre l’Iran conduirait à la fermeture du détroit d’Ormuz.
  • Le deuxième: Servir à la coopération entre les deux pays en matière de déploiement d’unités d’intervention militaire, de renseignements par satellites et radars hautement performants, évidemment après s’être accordés sur les normes communes d’identification des amis et des ennemis.

Quant à l’Égypte, elle risque de ne pas récolter grand-chose de ce pont terrestre qui prendra appui sur ces deux îles et certains pensent que l’expansion de Haïfa pourrait conduire à la fermeture du canal de Suez.

Pressions sur L’OCl

L’Arabie Saoudite a pesé de tout son poids, notamment financier, pour que la déclaration finale du sommet de l’OCI accuse l’Iran de soutenir le terrorisme et d’interférer dans les affaires intérieures des États musulmans de la région, en plus d’ajouter une clause qualifiant le Hezbollah d’organisation terroriste.

Ce faisant, Salmane a poursuivi une action entreprise avant de se rendre en Égypte: payer le prix pour mettre fin à la diffusion d’Al-Manar TV par l’opérateur égyptien NileSat, après l’avoir expulsée du satellite ArabSat quelques mois auparavant.

Avant le sommet, Salmane a tenté de rallier à sa cause la Turquie et le Pakistan, profitant du parapluie politique US qui relie leurs trois pays à Washington. Et alors que des pays participants avaient décidé de créer un climat favorable à une médiation pakistanaise entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, son ministre des Affaires étrangères, Adel al-Joubeir, s’est chargé de faire ajouter à la déclaration finale des clauses propres aux Pays du Golfe condamnant l’Iran et le Hezbollah, des clauses non soumises à tous les chefs d’état ou ministres des Affaires étrangères et qui ne se discutent pas en assemblée [mais qui sont, sans surprise, les seules retenues par les médias dominants, NdT].

Résultat de cet art de la gestion des défaites: Al-Sissi a boudé le sommet; tenant compte de leurs intérêts supérieurs sécuritaires et commerciaux, la Turquie et le Pakistan ont décidé de ne pas entrer en conflit avec l’Iran; la délégation iranienne s’est retirée avant la réunion de clôture; de nombreuses délégations se sont abstenues de commentaires et la Turquie a procédé à une opération cosmétique par un laïus de bonnes intentions appelant à des relations de coopération avec l’Iran. En d’autres termes, l’entreprise de Salmane a échoué.

Il n’en demeure pas moins qu’une fois de plus ce sommet a failli à la cause même de sa création, « la cause palestinienne » à peine évoquée, alors que l’Arabie Saoudite cherche à couvrir Israël en saisissant toutes les occasions pour prétendre qu’une solution est sur les rails et en s’acharnant sur l’Iran, la Syrie, le Yémen et le Hezbollah.

Pressions sur le Liban

La participation du Liban au sommet de l’OCI a été une occasion de mesurer jusqu’où irait l’Arabie Saoudite pour le transformer en champ de bataille contre le Hezbollah. Or, il semble qu’elle soit déterminée à aller plus loin encore et jusqu’à l’explosion, si toutefois les USA et l’Occident, parfaitement conscients que partout où elle est passée le terrorisme s’est enraciné, la laissaient faire.

En effet, l’ « Affaire Michel Samaha » semble n’avoir été qu’un exercice préparatoire pour mettre à l’épreuve les nerfs du gouvernement libanais et tester la fidélité de ses alliés locaux tels Saad Hariri et le ministre de la Justice Achraf Rifi; lequel, non content d’avoir remis en cause le jugement de la Cour de cassation militaire au Liban, avait appelé à traduire l’ancien ministre Samaha devant la Justice canadienne au prétexte qu’il est détenteur de la nationalité canadienne et même devant le TPI [ici, le Tribunal International pour Liban].

Aujourd’hui, certains voudraient aller dans le sens inverse, considérant que ceux qui seraient accusés par le TPI devraient être traduits devant la Justice libanaise. Ceux-là n’ont pas trouvé mieux que d’accuser Sayed Nasrallah en personne de l‘assassinat de Rafiq Hariri; une rumeur dont la source serait le Procureur du TPI. Ce même tribunal qui n’a cessé de balader ses accusations de la Syrie au Liban et dont nul n’ignore l’influence de l’argent sur ses décisions, comme l’ont reconnu nombre de ceux qui ont préféré démissionner que de continuer à y travailler.

Or, au stade où nous sommes, une simple question s’impose: Est-ce que l’organisation Al-Qaïda aurait pu se développer et être utilisée en Syrie si Rafiq Hariri n’avait pas été assassiné ?

Et soit dit en passant, ceux qui portent ces accusations, contre celui qui combat Al-Qaïda et évite que le Liban ne se laisse entraîner dans le bourbier de leur « fitna », se souviennent-ils que la première fois où ils ont entendu parler « d’Al-Nosra et du Jihad dans les Pays du Levant » c’était justement quand ces deux organisations ont déclaré être responsables de l’assassinat de Rafiq Hariri ?

Se souviennent-ils avoir entendu parler d’Al-Nosra presque simultanément par David Petraeus, l’ex patron de la CIA, disant: « Pas de victoire contre Daech sans coopération avec Al-Nosra ! » ? Par Moshe Ya’alon ainsi que Netanyahou affirmant tous les deux qu’ « Al-Nosra ne représente pas un danger pour Israël » ? Et par le président français, François Hollande, appelant à « considérer Al-Nosra comme un partenaire potentiel dans le processus politique en Syrie » ?

Nasser Kandil

Sources : Al-Binaa /Top News Nasser Kandil

http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id...

http://www.al-binaa.com/?article=108660

http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id...

http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id...

http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id...

http://www.al-binaa.com/?article=109591

http://topnews-nasserkandil.com/final/Full_Article.php?id...

 Synthèse et Traduction par Mouna Alno-Nakhal

 Notes :

 [1] Le Sinaï : Base américaine ?

http://www.mondialisation.ca/le-sinai-base-americaine/534...

 [2] Le cadeau incroyable de l’Egypte à l’Arabie Saoudite

http://www.tel-avivre.com/2016/04/10/le-cadeau-incroyable...

[3] Sissi offre deux îles égyptiennes stratégiques aux Saoud

http://www.mondialisation.ca/sissi-offre-deux-iles-egypti...

 [4] L’Iran se relie à l’Eurasie avec le Canal Perse : le canal de Suez de l’Iran

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article7049

 [5] Le président égyptien sous le feu des critiques pour avoir cédé deux îles à l’Arabie saoudite

https://francais.rt.com/international/18939-president-egy...

 [6] Israël dit avoir approuvé par écrit le transfert d’îles à l’Arabie saoudite

Le ministre de la Défense révèle la coordination entre Jérusalem, Le Caire et Ryad, et souligne une interaction stratégique naissante

http://fr.timesofisrael.com/israel-dit-avoir-approuve-par...

vendredi, 15 avril 2016

Synthèse nationale lance la collection "POURQUOI ?" avec un premier volume consacré à la Syrie

Synthèse nationale lance la collection "POURQUOI ?" avec un premier volume consacré à la Syrie

syrbaath348113862.jpgSynthèse nationale lance une nouvelle collection: la collection "POURQUOI ?". Alors, pourquoi cette collection ? Pour donner aux militants et sympathisants de la cause nationale des arguments dans le combat qu'ils mènent quotidiennement pour rétablir la vérité face au rouleau compresseur de la presse asservie à la pensée dominante. Chaque livre de cette collection sera consacré à un sujet d'actualité et développera des arguments permettant d'aider à une meilleure compréhension de celui-ci. Ces ouvrages sont collectifs et, fidèles à la vocation qui est celle de Synthèse nationale, ils donnent la parole à des personnalités qui connaissent bien les problèmes abordés.

Ainsi, le premier tome, qui sortira à l'occasion de la journée lilloise de Synthèse nationale du dimanche 24 avril prochain cliquez ici,sera consacré au conflit qui ensanglante la Syrie depuis quelques années. Son titre : "La Syrie baasiste plutôt que l'Etat islamique...". Vous retrouverez des contributeurs réguliers de Synthèse nationale, comme Georges Feltin-Tracol, Jean-Claude Rolinat, ainsi que des personnalités qui connaissent bien le problème pour l'avoir suivit de près comme Elisa Bureau, responsable de SOS Chrétiens d'Orient, Emmanuel Albach, ancien combattant volontaire français aux côtés des Phalangistes libanais en 1976, Martial Roudier, de l'excellent site Languedoc-info qui nous tient régulièrement informés sur l'évolution du conflit, ou Stéphane Wulleman qui vient d'effectuer plusieurs voyages en Syrie, et quelques autres.

Vous pouvez dès maintenant commander ce livre (150 pages, 20 €) à Synthèse nationale. Un outil indispensable pour mieux comprendre les sources et la réalité de cette guerre importée en Syrie par l'étranger et dont l'Europe supporte de plus en plus mal les conséquences dramatiques.

Le commander en ligne cliquez là

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jeudi, 10 mars 2016

L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

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L’Arabie saoudite met-elle le feu aux poudres pour déclencher une nouvelle guerre au Proche-Orient?

par Andreas Becker

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Actuellement, l’Arabie saoudite ne s’équipe pas seulement en matériel de guerre, mais semble être en effet avide de mettre le feu aux poudres. Ces derniers jours, des avions de combat saoudiens ont été transférés sur la base aérienne turque d’Incirlik. Ce transfert a eu lieu dans le cadre de la coalition militaire sous la direction des Etats-Unis contre l’Etat islamique (EI), dénommé aujourd’hui de préférence «Daech» par les politiciens et les médias occidentaux. Il faut considérer l’alliance turco-saoudienne contre la Syrie et l’Iran comme une alliance sunnite contre les chiites. Le Liban se montre cependant récalcitrant à la revendication saoudienne d’entrer dans son alliance militaire, comme le montre la lettre ouverte d’un important chrétien maronite adressée récemment au roi saoudien Salman. Lettre préconisant la paix, écrite à la veille d’une nouvelle guerre?

Depuis une semaine, le royaume du désert, riche en pétrole, est le théâtre de manœuvres militaires les plus étendues de son histoire. Y participent des forces armées provenant de 20 Etats différents: L’Arabie saoudite jouit actuellement des revenus des flux financiers investis, ces dernières décennies, dans des Etats arabes et africains. L’opération «Northern Thunder» («Tonnerre du Nord»), entamée il y a dix jours, est supposée durer une semaine encore. Elle ne fut communiquée que le jour initial même, parallèlement avec la menace de Riad, adressée au président Bachar al-Assad, de «le renverser par la force». C’est précisément ainsi que les guerres commencent.


La raison est que la victoire de l’EI contre Assad se fait attendre. Grâce au soutien aérien russe, le gouvernement syrien fut capable de reconquérir finalement certains territoires. Les Russes réussirent, assez rapidement, dans ce que la coalition anti-EI, dirigée par les Etats-Unis, n’atteignit pas une année durant: bloquer l’avancée de l’EI. Il faut pourtant préciser que le successeur d’Al-Qaïda n’est toujours pas vaincu.


L’Arabie saoudite mène déjà une guerre au Yémen contre les rebelles houthis. Le front anti-chiite est pourtant en train de s’élargir, menaçant d’englober un territoire allant de la Méditerranée au golfe Persique, de la frontière turque à la pakistanaise et l’afghane. En se montrant prête, de manière démonstrative, à intervenir militairement dans le conflit du Proche-Orient, Riad dissimule, selon sa propre logique, le fait qu’elle prend elle-même partie au conflit. L’Arabie saoudite a formé une alliance d’intérêts avec les Etats-Unis amis contre les alaouites au pouvoir en Syrie, dont est originaire la famille présidentielle d’Assad et qu’on considère comme faisant partie des chiites. Les raisons pour cette alliance anti-Assad ne sont pas identiques, mais la devise «L’ennemi de mon ennemi est mon ami» suffit pour se mettre d’accord pour déclencher une insurrection contre le gouvernement Assad.


Dans ce but, des clans syriens sunnites furent courtisés. On leur fournit argent et armes et leur assura un soutien logistique. Au début, Washington déclara qu’une «Armée syrienne libre» se battait contre le dictateur Assad et en faveur de la démocratie. Mais l’Armée syrienne libre se révéla, peu après, être en grande partie, des milices islamiques telles que le Front al-Nosra et l’Etat islamique (EI). Ni Riad, ni Washington n’accepte de le reconnaître. On ne parle pourtant presque plus de l’Armée syrienne libre aujourd’hui, mais surtout des meurtres perpétrés par les islamistes et dont les victimes sont avant tout des chrétiens. Pour le moment, il y a une zone d’ombre quant aux gouvernements et institutions qui soutiennent secrètement l’Etat islamique et ses rejetons.

Le Liban, un contre-modèle

Le Liban est le seul Etat du Proche-Orient à population fortement chrétienne. A l’origine, il fut un territoire de protection autonome pour les chrétiens vivant dans l’Empire ottoman et qui face à la répression se retirèrent dans ces terres maritimes et montagnardes. Durant les troubles sanglants du conflit au Proche-Orient, le pays a perdu sa majorité chrétienne. La cohésion et l’existence même du pays sont dues aux chrétiens et à leur foi, base de leur culture. Le Liban est l’exception remarquable d’un pays au Proche-Orient dont tous les différents groupes font partie du gouvernement.


Suite à ces évènements, les chrétiens auraient de bonnes raisons de se montrer, eux aussi, rancuniers. Ils pourraient donc également recourir aux armes, à l’instar des autres groupements religieux, mais ne le font que s’ils y sont contraints. Leur connaissance de l’histoire est bien là mais ils n’éprouvent aucun besoin de revanche.


La raison pour laquelle les chrétiens ne sont plus majoritaires dans ce pays – qui est en réalité le leur – est la fondation de l’Etat d’Israël et l’expulsion des Palestiniens, des musulmans sunnites et des chrétiens du pays. Ne voyant plus, dans un proche avenir, la possibilité de rentrer dans leur pays, l’OLP tenta de faire du Liban leur nouvel Etat. Une partie des Libanais sunnites les soutinrent.


S’en suivit une guerre civile sanglante. La tentative échoua. Le bilan fut catastrophique en vies humaines et en destructions. 27 ans après la fin de la guerre, le Liban est encore loin de bénéficier du niveau de vie qu’il avait auparavant grâce aux chrétiens. De même les Libanais doivent aux chrétiens que leur pays ne soit pas devenu un second Irak, une seconde Syrie, un second Yémen, une seconde Libye.


Tenter de continuer l’analyse des troubles libanais qui dominent les rapports entre les forces anti- et pro-syriennes, anti- et pro-occidentales, anti- et pro-israéliennes etc. dépasserait le cadre prévu et n’apporterait probablement plus de confusion que d’éclaircissement.

La «vengeance» saoudienne

Pour comprendre la situation actuelle, il importe juste de savoir que la Syrie vint en aide aux chrétiens dans la tentative de conquête palestinienne des années 70. Puis, il faut également tenir compte que le nombre de chiites, ayant considérablement augmenté au cours de ces récentes décennies, ces derniers se voient comme les alliés naturels des alaouites syriens.
Les chrétiens du Liban sont reconnaissants envers la Syrie pour leur aide militaire d’alors. Mais précisons également que la majorité des chrétiens libanais ne voulut pas d’un Liban sous protectorat syrien, raison pour laquelle ils soutinrent les Syriens qui se retirèrent en 2005. Cela ne change rien à la connaissance précise dont disposent les chrétiens libanais à propos des conditions de vie de leurs frères de foi chrétienne en Syrie, desquels ils sont souvent proches par des liens parentaux. En effet, ces conditions sont nettement meilleures sous l’alaouite Assad que sous une domination sunnite. Alors que le Hezbollah chiite lutte activement au côté d’Assad en Syrie, les chrétiens libanais se sentent proches des chrétiens syriens.

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Cela explique en partie la réticence du Liban à participer à l’alliance anti-chiite de l’Arabie saoudite orchestrée par les Etats-Unis. La raison principale en est l’autoprotection face à une autre guerre meurtrière et destructive dans laquelle on ne veut pas être impliqué. Un refus qui coûte cher au petit pays. Riad afficha ces jours-ci le catalogue pénal contre le Liban. Le roi Salman exige que le don, fait en 2013 par son prédécesseur le roi Abdallah, de trois milliards de dollars pour le réarmement de l’armée libanaise soit restitué. Cette somme considérable permit à ce petit pays, grâce aux livraisons d’armement de la France, de développer son armée. L’armée commune représente un facteur de stabilité important pour un Etat où combattaient encore il y a à peine plus de 25 ans de nombreuses milices armées.
Le désaccord de Riad s’exprime aussi dans l’avertissement public demandant aux Saoudiens d’éviter le Liban comme lieu de villégiature pour «des raisons de sécurité». Aujourd’hui, Riad est allé encore plus loin et a incité tous les Saoudiens à quitter le Liban. Cette mesure fut reprise par les alliés saoudiens les plus proches dans la région de Golfe, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Qatar. Les Libanais ne sont pas dupes: cet avertissement est en réalité une exhortation indirecte à réduire les relations économiques avec le Liban. Ce rappel actuel adressé aux citoyens saoudiens correspond au niveau civil en réalité à une mobilisation générale au niveau militaire.


La troisième menace qui ne fut pas exprimée officiellement mais fut très clairement mise en circulation informellement a des conséquences directes et massives: L’Arabie saoudite et les autres Emirats du Golfe pourraient expulser les 400'000 Libanais travaillant dans la région du Golfe. On devine aisément quelles seraient les conséquences de tels agissements pour le Liban, un pays comptant 4,4 millions d’habitants (auxquels s’ajoutent 450'000 réfugiés palestiniens et 1'250'000 réfugiés syriens). Au plus tard depuis l’annonce de cette menace tout Libanais sait que l’Arabie saoudite ne plaisante pas et que ce petit pays au bord de la Méditerranée doit se soumettre. Une quatrième menace complète encore la panoplie des menaces: la rumeur circule que les Etats du Golfe dirigés par des familles sunnites pourraient retirer leur argent des banques libanaises et provoquer ainsi une crise économique et sociale dans le pays.

Le refus libanais

La «vengeance» du roi saoudien Salman apparaît après que le ministre des Affaires étrangères libanais, le chrétien maronite Jebran Bassil du Mouvement patriotique libre, ait refusé par deux fois, lors des récentes rencontres des ministres des Affaires étrangères arabes, d’approuver une résolution anti-iranienne présentée par l’Arabie saoudite et de se soumettre ainsi à l’alliance saoudienne. Le Mouvement patriotique libre forme en politique intérieure le groupe parlementaire minoritaire des chrétiens libanais. Dans le domaine de la politique extérieure, concernant la poudrière du conflit entre sunnites et chiites, menaçant de faire sauter tout le Proche-Orient, la majorité et la minorité chrétienne sont en grande partie d’accord. Un engagement direct du Liban dans une guerre incontrôlable au Proche-Orient serait la fin de la dernière présence chrétienne significative dans la région.


Non seulement dans les cercles musulmans, mais aussi parmi les chrétiens libanais, circule la rumeur qu’Israël ne verrait aucun inconvénient à voir les territoires environnants détruits. Il en serait de même avec les forces occidentales pouvant à la suite d’une guerre faire main-basse sans aucune gêne sur les richesses naturelles du Proche-Orient. Une appréciation qui ne remonte guère le moral dans le pays. Un éminent chrétien du Liban ne veut pas spéculer sur de tels arrière-plans derrière les arrière-plans. Pour lui, les faits qui se trouvent sur la table sont suffisamment graves pour l’inciter à passer à l’action.


Face à cette crise grandissante où l’on peut sentir l’odeur de la poudre jusqu’à Beyrouth, le chrétien maronite Fady Noun, rédacteur en chef suppléant de «L’Orient-Le Jour», le quotidien libanais le plus renommé, a rédigé une Lettre ouverte adressée au roi Salman d’Arabie saoudite. Il y exige le respect mutuel et précise les raisons pour lesquelles le Liban ne peut pas accepter cette alliance, car sinon l’unique modèle permettant de trouver une solution au conflit serait détruit. Noun présente donc au roi saoudien le Liban comme modèle en l’invitant à choisir la paix plutôt que la guerre.    •

Source: www.katholisches.info/2016/02/24/zuendet-saudi-arabien-di...

(Traduction Horizons et débats)

«Il faut bien voir que l’on est là devant un phénomène de civilisation qui interpelle tout le monde, y compris l’Occident. L’Occident athée de la mort de Dieu, de la conquête coloniale, des invasions impériales, de l’inégalité des échanges, du racisme déclaré ou poli et du relativisme éthique. Un relativisme décrit par le philosophe américain Eric Voegelin, qui a réfléchi sur les millénarismes, comme ‹une divinisation de la société par elle-même›.
Comme elle nous manque, en ces jours troublants, cette réflexion vigoureuse sur les rapports civilisationnels qui nous permettrait de jouer notre rôle de médiateurs culturels, de ‹brokers› de la paix et de la vérité. Comme il nous manque aujourd’hui de penser le XXe siècle dont nous héritons. Comme elle nous manque, cette réflexion en profondeur sur l’islam pour comprendre ce qui a rendu possible cette aberration culturelle et politique que l’on nomme ‹Etat islamique›.»

Source: Lettre ouverte de Fady Noun adressée au roi saoudien Salman (extrait)

lundi, 07 mars 2016

Colloque: de la guerre au Proche-Orient à l'immigration et au terrorisme en Europe

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samedi, 05 mars 2016

Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

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Staakt het vuren? Turkije en Saudi Arabië bereiden nog steeds invasie Syrië voor

Turken schieten bij El Abyad ISIS te hulp door op de Koerden te schieten

Syrische president tegen Europa: Stop jullie oorlog tegen mij, dan hoeven de Syriërs niet meer te vluchten, en kunnen jullie hen tegen veel lagere kosten in ons eigen land helpen


Sinds afgelopen weekend zou het staakt-het-vuren in Syrië goed worden nageleefd. In Ankara en Riyadh wordt deze gevechtspauze echter voor heel andere doeleinden gebruikt dan voor het bereiken van permanente vrede in het land. De eerste vier Saudische F-16’s zijn namelijk op de Turkse luchtmachtbasis Incirlik gearriveerd, zogenaamd om tegen ISIS te vechten (1), maar in werkelijkheid als onderdeel van de in voorbereiding zijnde invasiemacht. Rusland heeft beide landen opnieuw gewaarschuwd niet militair in te grijpen in Syrië.

In strijd met de wapenstilstand vielen Turkse troepen en artillerie zaterdagavond de Syrische plaats El Abyad aan, waar de Koerdische PYD/PYG milities tegen ISIS vechten. Voor de duidelijkheid: de Turken schoten ISIS te hulp door op de Koerden te schieten, iets dat nu ook door Israëlische defensiespecialisten wordt bevestigd (2). Dat de Turken –met de zegen van de NAVO- heimelijk hun eigen creatie ISIS steunen hebben we de afgelopen anderhalf jaar uitgebreid gedocumenteerd.

Turken blijven jihadisten steunen en Koerden beschieten

Ondertussen blijft het Turkse leger troepen naar de grens met Syrië sturen, en worden moslimterroristen bevoorraad en bewapend, zodat ze nieuwe aanslagen in het noorden van het half verwoeste land kunnen plegen. Premier Davutoglu erkent inmiddels openlijk dat zijn land met alle mogelijke middelen de ‘militanten’ –radicale jihadisten- steunt die de wettig gekozen regering van president Assad omver willen werpen. Ook maakte Ankara nog eens goed duidelijk dat men niet van plan is de aanvallen op de Koerden te stoppen.

Dit zijn niets anders dan pure oorlogshandelingen, waar de Syrische regering zich gerechtvaardigd tegen mag verweren. En ook de Russen, omdat die de enige buitenlandse grootmacht zijn die met toestemming van Damascus in Syrië opereren. (3)

Assad tegen Europa: Stop jullie oorlog, dan hoeven Syriërs niet meer te vluchten

Assad legde in een interview met de Duitse ARD nog eens de vinger op de zere plek door te stellen dat als het Westen nu eens zou besluiten om hem in zijn strijd tegen de terroristen te steunen in plaats van andersom, de Syriërs niet meer naar Europa zouden hoeven vluchten. Ook stelde hij de ‘retorische’ vraag of het niet veel slimmer zou zijn om tegen veel lagere kosten dan de massa immigratie Europa nu kost de Syriërs in hun eigen land te helpen.

Saudi Arabië bevestigt mogelijke invasie

De belangrijkste Turkse partner in de Islamitische Militaire Alliantie, Saudi Arabië, heeft bij monde van minister van Defensie brigadier-generaal Ahmed Assert bevestigd dat er twee weken geleden op het NAVO hoofdkwartier in Brussel met 48 andere landen (5) uitgebreid is gediscussieerd over een potentiële invasie van Syrië. De generaal benadrukte dat, zodra het besluit is gevallen, zijn land een aanzienlijke bijdrage aan de interventiemacht zal leveren. (4)

De Saudi’s blijven bij hun eis dat Assad moet verdwijnen en moet worden vervangen door een ‘overgangsregering’. Minister van Buitenlandse Zaken Adel Al-Jubeir dreigde nogmaals dat zijn land militaire actie zal ondernemen als de Syrische president niet vrijwillig het veld ruimt en niet stopt met het aanvallen van de islamistische rebellen.

Syrië in 5 delen opgesplitst; ISIS behoudt Kalifaat

De CIA denktank Rand Corporation heeft een plan gepresenteerd waarmee Syrië in vijf delen wordt opgesplitst. Opmerkelijk is dat de door ISIS gecontroleerde gebieden in het oosten van het land niet in de plannen zijn opgenomen, waardoor de indruk wordt gewekt dat Washington accepteert dat het Islamitische Kalifaat tenminste een deel van Syrië in bezit krijgt. Ook de Koerden zouden ten oosten van de Eufraat hun eigen terrein mogen behouden. (6)

Kerry: Minstens 30.000 Amerikaanse soldaten nodig

De Amerikaanse minister van BuZa John Kerry noemde al een aantal van 30.000 Amerikaanse soldaten die nodig zouden zijn voor het opzetten van ‘veilige havens’ in Syrië. Zoals we eerder schreven zullen deze ‘veilige havens’ hoogstwaarschijnlijk als voorwendsel worden gebruikt voor een langdurige bezetting, en als bases om in later stadium het Syrische leger alsnog te verslaan, zodat er in Damascus een islamistisch regime kan worden geïnstalleerd.

Turkse plannen ‘zeer gevaarlijk’ voor rest van de wereld

‘De Turkse regering is compleet geobsedeerd geraakt met hun zuiderburen,’ schrijft Michael Snyder van The Economic Collapse blog. ‘En dat is zeer gevaarlijk voor de rest van de planeet. De enige wijze waarop Turkije, Saudi Arabië en hun bondgenoten de oorlog nog kunnen winnen is door een massale grondinvasie van Syrië. Dat zou een direct conflict veroorzaken met Iran, Hezbollah en de Russen, en aangezien Turkije lid van de NAVO is, zou dat ook de VS en Europa in de oorlog kunnen meesleuren.’

Xander

(1) DEBKA
(2) DEBKA
(3) Infowars
(4) Infowars
(5) End of American Dream
(6) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(7) The Economic Collapse (via Infowars)

Zie ook o.a.:

21-02: Turkse raketten naar Syrische grens; Russische MiGs naar Turkse grens
19-02: ‘Wereld maakt zelfde fatale fout met Erdogan als met Hitler’
12-02: Rusland waarschuwt voor wereldoorlog bij Turkse-Saudische invasie Syrië
09-02: Geplande invasie Syrië: Turkije en Saudi Arabië op oorlogspad tegen Rusland

jeudi, 03 mars 2016

Syria, ultimo bastione di Libertà

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samedi, 06 février 2016

Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

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Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

Interview mit dem ehemaligen indischen Botschafter in Syrien, V. P. Haran

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Ein aufschlussreicher Bericht des früheren Botschafters Indiens in Damaskus macht klar: Die Darstellung des Westens, der syrische Präsident Assad sollte durch einen Volksaufstand gestürzt werden, ist nicht haltbar. Der Krieg wurde von aussen angezettelt, unter anderem von den Golf-Staaten und der al-Kaida. Mit ihr arbeiteten die USA über den al-Nusra-Flügel zusammen. Assad hat die Gefahr unterschätzt – weil er wusste, dass sein Volk hinter ihm steht.


V.  P. Haran diente von 2009 bis 2012 als Indiens Botschafter in Syrien. Er hat mit dem mehrfach preisgekrönten indischen Magazin Fountain Ink darüber gesprochen, wie Teile der Medien den Aufstand aufgebauscht haben, und darüber, dass es schon in den ersten Tagen des Konfliktes Anzeichen gab, dass al-Kaida mit im Spiel war. Die Einschätzung des Botschafters bestätigt die Erkenntnisse des US-Journalisten Seymor Hersh, dass Assad im eigenen Volk keine militante Opposition zu fürchten hatte.

Deutsche Wirtschafts-Nachrichten: Wie war Syrien, als Sie im Januar 2009 dort ankamen?

V. P. Haran: Syrien war ein friedvolles Land, und es bestanden keine unterschwelligen Spannungen. Der syrischen Wirtschaft ging es gut, und die durchschnittliche Wachstumsrate lag bei mehr als 5 Prozent. Die Arbeitslosigkeit lag bei etwa 8 Prozent, doch arbeitslose Syrer konnten Arbeit in den Golf-Staaten finden. Es gab jedoch eine hohe Quote an gebildeten Arbeitslosen. Auch Syriens Auslandsschulden lagen bei komfortablen 12,5 Prozent des BIP. Ein Grossteil davon wurde Russland geschuldet, welches aber viele der Schulden abschrieb. Das echte Problem war die Dürre im Nordosten, die zu einer massiven Umsiedlung in den Süden und den Südwesten geführt hatte.

Wie war das Leben in Damaskus?

Als Diplomat neigt man dazu, ein zurückgezogenes Leben zu führen, doch manchmal fuhr ich in die Innenstadt, manchmal mit dem Taxi, trank einen Tee im Café und sprach mit den Menschen. Das waren wundervolle Momente und wundervolle Tage. Die öffentliche Ordnung war nie ein Problem. Meine weiblichen Kollegen erzählten mir, sie könnten Schmuck tragen, morgens um zwei Uhr alleine nach Hause gehen und sich dabei sicher fühlen. In einigen Stadtteilen hatten Restaurants bis um fünf Uhr morgens geöffnet. Man hatte nie das Gefühl, dass es Ärger auf den Strassen geben würde. Manche sagen, das sei wegen des Muchabarat (des Militärgeheimdienstes), doch ich spürte, dass die Menschen sich für ihre kollektive Sicherheit verantwortlich fühlten.


Als ich Damaskus erreichte, wurde mir gesagt, jeder Zweite gehöre zum Muchabarat. Das ist massiv zu hoch eingeschätzt. Es gibt eine Geheimdienstabteilung, die intern sehr effizient funktioniert, aber ich hatte nie eine direkte Begegnung. In meinen vier Dienstjahren folgte man mir einmal in der Idlib-Provinz. Ein Jeep hat sich an uns angehängt, aber sie verhielten sich nicht einschüchternd.

Haben Sie den «arabischen Frühling» in Syrien vorhergesehen?

Als sich die Situation in Tunesien und Ägypten anspannte, trat Präsident Bashar al-Assad im Fernsehen auf und erklärte, dass die ­politischen und wirtschaftlichen Bedingungen in Syrien anders seien. Er sagte, er sei zuversichtlich, dass Syrien nicht den gleichen Weg einschlagen werde. Das war auch die generelle Einschätzung der diplomatischen Gemeinschaft.


Bashar al-Assad war ein beliebter Staatschef, und das ist auch mit ein Grund, dass er noch immer an der Macht ist. Es gibt keine hinreichende interne Opposition, und viele der Probleme in Syrien sind ausländischer Herkunft, aus Quellen, die versuchen, sich eines unbequemen Regimes zu entledigen. 67 Prozent der gesamten arabischen Welt hatten ihn in einer Umfrage 2009 zur beliebtesten arabischen Person gewählt. Sogar die diplomatische Gemeinschaft war sich darüber einig, dass er die Unterstützung von etwa 80 Prozent der Einwohner Syriens hatte. Auch westliche Diplomaten bestätigten das. Er hatte im Jahr 2000 Reformen begonnen, die er aber wegen der Opposition durch die Baath-Partei nicht zu Ende führte.


Auch ist das nicht einfach ein Kampf zwischen Sunniten und Schiiten. Schauen Sie sich die Zahlen an. Es sind mehr als 50 Prozent sunnitische Muslime in Syrien. Die übrigen sind Kurden, Drusen, Maroniten, Assyrer, Alawiten und andere. Bashar al-Assad hat die volle Unterstützung dieser Minderheiten und sogar ein grosser Anteil der sunnitischen Muslime unterstützt ihn. Doch bis zu dem Zeitpunkt, als ich das Land 2012 verliess, hatte sich Syrien sehr verändert. Während die ersten paar Jahre wie im Himmel waren, begannen sich die Dinge Anfang 2011 zu verschlechtern.

Können Sie sich an die ersten Proteste 2011 erinnern?

Ab Februar, als Bahrain Proteste erlebte, versuchten einige NGOs, Proteste in Damaskus zu organisieren. Zwei wurden über zwei Wochenenden organisiert, doch kaum 20 oder 30 Leute nahmen teil. Die Zahl der Journalisten und Mitglieder der diplomatischen Gemeinschaft war weitaus grösser als die der Demonstranten. Dann kamen die Ereignisse des 18. März 2011, als Kinder an die Wände der Schule schrieben und es dann einen grossen Protest gab. In der darauffolgenden Woche kam es zu einem weiteren Protest in Latakia, und so etwas geschah dann an jedem weiteren Freitag.


Schon bald war es in Teilen von Latakia, Homs und Hama chaotisch, doch Aleppo blieb ruhig, was die Opposition sehr störte. Die Opposition konnte die Menschen von Aleppo nicht dazu bringen, gegen das Regime aufzustehen, also sandten sie Busladungen voller Leute nach Aleppo. Diese Leute verbrannten dann etwas auf den Strassen und gingen wieder. Journalisten berichteten dann davon und sagten, Aleppo habe sich aufgelehnt.
Dazu müssen ein paar Dinge gesagt werden: Ein Teil der Medien hat mit seinen negativen Darstellungen Syriens übertrieben. Manchmal wurde über Dinge berichtet, die nicht passiert sind. Beispielsweise sprach ich mit einem prominenten Scheich, als meine Kollegen mich völlig gestresst anriefen und sagten, der Scheich würde eine Rolle in den für den Nachmittag geplanten Protesten spielen. Aber das passierte überhaupt nicht. Denn tatsächlich sass ich in dem Moment ja mit ihm beim Mittagessen. Es gab eine Menge Übertreibungen durch die Medien.


Es gibt einen Vorgang, der heraussticht. In Idlib gab es zum harten Kern gehörende Sunniten, die nach Aleppo gegangen waren und Leute überredet hatten, der Opposition beizutreten. Menschen in Aleppo fingen an, sie zu schlagen und schickten sie fort. Die Masse war renitent geworden, und die Polizei musste kommen und sie unter Kontrolle bringen. Die Sunniten aus Idlib wurden von der ­Polizei in ein Haus gebracht und erhielten ihre Uniformen, damit sie entkommen konnten, ohne gelyncht zu werden.

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Veränderte sich Damaskus sehr in dieser Zeit?

Ich kann mich an einen Vorfall am 14. April 2011 entsinnen, als ich meinen täglichen Spaziergang zum Stadion unternahm, das etwa zwei Kilometer entfernt lag. Auf dem Weg kam ich an der Bäckerei vorbei, an der ich immer vorbeikam, doch es gab eine lange Schlange vor der sonst wenig frequentierten Bäckerei. Auf dem Weg zurück war die Schlange noch immer da, und ich fragte nach. Die Leute deckten sich mit Brot ein, da sie gehört hatten, dass etwas passieren würde. Am nächsten Tag passierte nichts, obwohl es ein Freitag war.


Als die Situation sich in der zweiten Hälfte 2012 verschlimmerte, ersetzte ich meinen Spaziergang zum Stadion durch einen anderen rund um den Park im Mezzeh-Bezirk. Eines Tages kam ein Motorradfahrer mit hoher Geschwindigkeit und bog an einer Ecke ab, wo er den Motor auf Touren brachte. Kurze Zeit später folgte ein Jeep mit Sicherheitsleuten, doch er verpasste die Abzweigung, die das Motorrad genommen hatte. Nachdem sie das Motorrad nicht finden konnten, kamen sie in den Park und fragten die Menschen, ob sie gesehen hätten, was passiert war. Dann wurde uns gesagt, dass die Leute auf dem Motorrad Angriffe planen würden.


In Mezzeh, unweit des Bezirks, in dem die Diplomaten leben, gibt es ein Kaktusfeld, und Rebellen waren durch einen Tunnel hineingelangt. Sie hatten dort ein Lager aufgebaut, von dem aus sie Brandraketen auf das Büro des Premierministers schossen. Danach kamen die Sicherheitskräfte herein und zerstörten das Lager. Das war eine gezielte Operation. Ich sprach mit jemandem, der eine Wohnung mit freier Sicht hatte, und er sagte mir, dass sie ein Gebäude ins Visier genommen und komplett zerstört hatten. Ein riesiges Geheimlager mit Waffen und Munition wurde aus dem Gebäude geborgen.

Doch Teile des Landes blieben ruhig?

Die externen Hintermänner der Opposition konnten das nicht verdauen. Sie schickten eine Gruppe Leute an die syrisch-jordanische Grenze, wo sie zwei Sicherheitsposten überrannten. Sie brachten alle Leute dort um. Manche von ihnen wurden auf grausamste al-Kaida-Weise getötet. Die Regierung meldete das nicht unverzüglich, doch ein Mitglied der diplomatischen Gemeinschaft bestätigte, dass es al-Kaida aus dem Irak gewesen war. Es war offenkundig, dass al-Kaida aus dem Irak seit April 2011 in Syrien war.


Al-Kaida war dort von der ersten Woche an, und wenn nicht seit der ersten Woche, dann seit Ende 2011, als al-Kaida-Fahnen auftauchten. Es waren diese Gruppen, die die Opposition über die Grenzen weg unterstützten. In Raqqa kamen die Kämpfer aus dem Norden, und es war klar, dass es al-Kaida war.

Assad sagte, dass es von Anfang an Terroristen waren. Warum hat ihm keiner geglaubt?

Die Köpfe der Menschen waren nicht offen. Was für ein Interesse sollte al-Kaida im Irak daran haben, Chaos in Syrien zu schaffen? Vieles davon wurde von aussen gelenkt, nämlich den Golf-Staaten. Al-Jazira spielte auch eine Rolle. Im April hatte ich einen Gast zum Amphitheater in Bosra geführt und danach nach Sweida, wozu ich die Autobahn zur jordanischen Grenze nehmen musste. Wir waren von 9.30–10.30 Uhr unterwegs. An diesem Tag wurde ein al-Jazira-Korrespondent gebeten, Syrien zu verlassen, und er reiste auf derselben Strasse. Der Korrespondent berichtete alle paar Sekunden von Checkpoints. Meine Botschaft rief mich in Panik an, weil sie dies im Fernsehen gesehen hatten. Ich sagte ihnen, ich hätte nur einen Checkpoint angetroffen.

Warum präsentierte die syrische Regierung keine besseren Beweise für die Anwesenheit von Terroristen?

Wir fragten sie, warum sie nicht aktiver in den Medien Stellung nahmen, und sie sagten, keiner glaube ihnen. Ihre PR und ihr Einsatz der Medien waren sehr schlecht. Andererseits gab es auch Ausschreitungen durch die Regierung. Syrien hat sehr ungenügende Polizeikräfte. Als nun die Probleme begannen, war die Regierung gezwungen, Sicherheitskräfte einzustellen, um mit den Problemen fertig zu werden, die sonst von der Polizei bewältigt werden. Einige aus der Armee begingen auch Übergriffe, und die Regierung stellte einige von ihnen unter Hausarrest oder sperrte sie ins Gefängnis, doch sie machten das nicht publik.


Bashar al-Assad war nicht nur langsam darin, Reformen zu erlassen, sondern auch langsam darin, Veränderungen, die gemacht wurden, bekanntzugeben. Als er zum Beispiel die Reform erliess, die die Vorrangstellung der Baath-Partei einschränkte, erfuhr man davon erst nach drei Monaten. Ihre PR war nicht weise. Sie haben die Krise nicht gut bewältigt.    •

Quelle: Deutsche Wirtschafts-Nachrichten vom 16.1.2016

(Übersetzung Deutsche Wirtschafts-Nachrichten und Zeit-Fragen)

mercredi, 20 janvier 2016

Examen de conscience au Levant?

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Examen de conscience au Levant?

Par Peroncel-Hugoz 

Ex: http://lafautearousseau.hautetfort.com

Peroncel-Hugoz ne craint pas d'employer un ton particulièrement mordant pour dire aux sunnites syriens ce qu'il estime être leurs quatre vérités…

A en croire l'ancien ministre gaulliste et académicien (de France et du Maroc), Maurice Druon, proche du roi Hassan II (1961-1999), ce monarque regrettait que les musulmans ne pratiquent guère l' « examen de conscience », c'est-à-dire un bilan régulier de leurs actions, en regardant en face, sans biaiser, leurs réussites et, surtout leurs échecs, voire leurs fautes.

A l'heure où vont sans doute enfin débuter au Machrek (Levant ou Proche-Orient, si vous préférez) de nouvelles négociations en vue de rétablir la paix en Syrie, ce n'est certainement pas en se contentant de répéter, comme des perroquets, « TSB ! », « TSB ! » (« Tout sauf Bachar ! ») que l'on arrivera à amorcer une solution. Revenez de vos illusions M. Fabius ! Sinon vous allez encore manger un de vos chapeaux ! 

S'est-on seulement demandé sérieusement pourquoi les noçaïris ou ansariehs de lointaine obédience chiite  (appelés aussi alaouites depuis le Mandat français sur Damas [1920-1943] mais sans aucun rapport direct avec la dynastie alaouite du Maroc), s'accrochaient tant à la direction de l’État syrien, en la personne de Bachar El Assad ? En un mot, comme en cent parce que cette minorité (environ 10 % des 20 millions de Syriens) redoute d'être marginalisée, persécutée ou éliminée si les sunnites majoritaires (environ 70% de la population) reviennent au pouvoir suprême, comme ce fut le cas jusqu'en 1970, avant le coup d’État d'Hafez El Assad, père de Bachar. 

Et cette crainte des noçairis ou alaouites n'est pas un vain fantasme : durant des siècles et des siècles, cette minorité fut maltraitée, rançonnée, traquée, à l'occasion massacrée, parfois même réduite en esclavage par les maîtres sunnites, au nom de l'orthodoxie religieuse. Les mandataires français soufflèrent à ces minoritaires de s'engager en masse dans la nouvelle armée syrienne pour échapper à la mainmise sunnite. Un orientaliste européen avisé, Raymond O'Zoux, prédit même, en 1931, que « ce petit peuple, souple et intelligent, sera bientôt un des premiers au Levant ». En attendant, ledit « petit peuple » investit à tel point l'armée qu'en 1970, elle prit par la force la tête de l’État, en la personne du général Hafez El Assad. 

Une fois au pouvoir, les alaouites appelèrent en renfort auprès d'eux d'autres minoritaires ayant eu, eux aussi, à pâtir de la majorité sunnite : chrétiens d'Orient, ismaëliens (chiites septimains fidèles de l’agha-khan), druzes (issus lointainement de l'Islam chiite égyptien) auxquels s'agrégèrent ceux des sunnites qui renoncèrent à leur suprématie exclusive et acceptèrent de coopérer avec le nouveau régime. Cet ensemble humain représentant grosso modo un bon tiers des Syriens explique la résistance acharnée depuis 2011 autour d'Assad II, contre des insurgés sunnites armés : à en croire les services secrets occidentaux ces insurgés se répartiraient début 2016 en pas moins de … 163 groupes ou bandes distincts, le principal étant bien sûr Daech !… 

Un examen de conscience survenant enfin, si Dieu veut, chez les sunnites les plus raisonnables*, permettrait peut-être à la communauté syrienne majoritaire de reconnaître enfin les fautes de ses aïeux et de souscrire à un nouveau système politique qui éliminerait, chez les minorités, autant que faire se peut, la peur de la vengeance ; cette peur qui explique le refus des alaouites (et des chrétiens, et des ismaëliens, etc.) de voir partir Assad fils, dictateur certes, comme son père, mais garantissant la survie des ses soutiens (et longtemps une relative prospérité dans ce magnifique pays qu'est Cham, la Syrie). 

Quelle solution alors ? Eh bien, peut-être, tout simplement celle qui permet au voisin, le Liban aux dix-sept croyances, de subsister vaille que vaille malgré la guerre de 1975-1990. La peur des chrétiens (qui représentent 30 % environ de la population libanaise)  a été sinon complètement abolie, du moins maintenue à un niveau supportable pour la société : la Constitution du pays garantit donc que le chef de l’État soit toujours un chrétien (de la variété maronite, c'est-à-dire catholique orientale, majoritaire dans la Chrétienté libanaise). Un chrétien qui néanmoins n'a pas le vrai pouvoir, lequel appartient aux sunnites (gouvernement) et aux chiites (assemblée). Un minoritaire alaouite pourrait sans doute jouer ce rôle en Syrie.  •

* Et il s'en trouve parmi cette élite islamo-syrienne, presque unique dans le monde arabophone, par ses qualités intellectuelles. A côté, la minorité alaouite n'est pas en reste : qu'on se souvienne seulement que le patriarche de la poésie arabe, Adonis (né en 1930, de son vrai nom Ali-Ahmed Saïd-Esber), appartient à cette communauté hétérodoxe dont il ne s'est jamais séparé, même s'il vit maintenant en France après avoir vécu au Liban. Ancien élève du Lycée français de Tartous, Adonis est aussi un des phares de la Francophonie littéraire universelle. 

Lire :

« Les Arabes ou le baptême des larmes » par M. Hayek, Gallimard, Paris.

« Guerres secrètes au Liban » par A. Laurent et A. Basbous, Gallimard.

« Les États du Levant sous Mandat français » (1931), par R. O'Zoux, Larose, Paris. Réédité à notre époque au Liban avec des présentations inédites de Fouad-Ephrem Boustany et de Moussa Prince. 

Peroncel-Hugoz

Repris du journal en ligne marocain le 360 du 08.01.2016

samedi, 16 janvier 2016

L'ouverture de nos frontières contribue à détruire les pays du Moyen-Orient

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L'ouverture de nos frontières contribue à détruire les pays du Moyen-Orient

Le père Fadi Najjar, jeune prêtre grec-melkite catholique d’Alep, déclare à Christianophobie Hebdo :

"Aucun chrétien ne pensait à partir avant la guerre ; aujourd’hui, l’hémorragie chrétienne est dramatique. Nous vivons les mêmes horreurs que tous les Aleppins, mais les chrétiens se sont sentis trahis par les pays occidentaux plus que n’importe qui. Je n’ai pas peur de dire que l’Europe chrétienne nous a trahis, et qu’elle est en partie responsable de cette disparition si préoccupante.

Vous en voulez à l’Occident ?

Évidemment. Ils ont créé et alimenté l’islamisme le plus destructeur et l’Europe le regrettera un jour… La France le sait déjà trop bien. Quelle tristesse de voir que vous goûtez au même mal que nous, alors que nous vous prévenons depuis des années.

Que pensez-vous de la politique d’immigration de l’Europe ou du Canada ?

Mais pourquoi ces pays ouvrent-ils subitement leurs frontières ? C’est une catastrophe évidemment ; cela contribue à la destruction de notre pays. Pour moi, ces politiques d’immigration sont une trahison, a fortiori lorsque des pays historiquement chrétiens facilitent le départ des chrétiens syriens. [...]"