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dimanche, 26 mars 2023

La Tunisie contre le Grand Remplacement

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La Tunisie contre le Grand Remplacement

par Georges FELTIN-TRACOL

Créée en novembre 1942 et dissoute en mai 1943, la Phalange africaine fut un mouvement éphémère qui défendait les acquis de la Révolution nationale en Afrique française du Nord. Elle participa à la bataille de Tunisie aux côtés de l’Afrika Korps. Huit décennies plus tard, son spectre hanterait-il les couloirs du palais présidentiel de Carthage ?

Le 21 février 2023, à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, le président tunisien Kaïs Saïed a suscité un effroi planétaire occidentalo-centré. Il ordonnait des « mesures urgentes […] pour faire face à l’arrivée en Tunisie d’un grand nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne ». Par sa position géographique, son pays se situe à proximité de l’île italienne de Lampedusa et de l’Union dite européenne.

La combinaison infernale des politiques d’austérité économique du FMI, de pillage systématique des ressources naturelles par les Occidentaux (dont les Français) et de kleptocratie durablement installée déstabilisent des sociétés africaines déjà en proie à une surnatalité et aux violences ethno-tribales dans le cadre de frontières artificielles absurdes. Tous ces méfaits structurels incitent les Africains à tenter de se rendre en Europe et, par conséquent, à passer par la Tunisie plus sûre que la Libye en pleine guerre civile.

Le président Kaïs Saïed estime que ces flux migratoires clandestins « veulent changer la composition de la démographie tunisienne. C’est un complot pour s’attaquer à l’État, au peuple et à l’identité tunisienne ». Il ajoute qu’il s’agit « d’une entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle ». Ainsi considère-t-il qu’une menace grave pèse sur le « caractère arabe et musulman de la Tunisie ». Renaud Camus, sors de ce corps !

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Les remarques présidentielles ont déclenché l’indignation de la médiasphère bien-pensante qui parle de « complotisme » et de « racisme ». Instance prédatrice bien connue, la Banque mondiale a rompu les négociations avec le gouvernement de Tunis dès le 7 mars dernier. Victimes des années d’incurie de Ben Ali (1987 – 2011) et de dix ans d’indécentes collusions parlementaires partitocratiques, les Tunisiens subissent maintenant une terrible crise économique. Frappé par une très forte inflation, le pays d’environ douze millions d’habitants compterait entre 21.000 et 57.000 clandestins africains.

Le dirigeant tunisien y voit une source inquiétante de criminalité et d’affrontements. Plaque tournante des migrations illégales, Sfax a connu de violents incidents entre sans-papiers et autochtones qui se préoccupent d’ailleurs de la multiplication des églises sur leur sol, maints Africains professant le christianisme. Au lendemain de la sortie présidentielle, les ambassades du Burkina Faso et du Congo commençaient à rapatrier au plus vite le plus grand nombre de leurs ressortissants respectifs présents en Tunisie de manière illégale. Le 4 mars, deux avions affrétés respectivement par le Mali et la Côte d’Ivoire raccompagnaient 133 Maliens vers Bamako et 145 Ivoiriens vers Abidjan. Les ONG droits-de-l’hommistes s’en scandalisent. Leurs critiques véhémentes n’impressionnent pas le chef d’État qui ose appliquer la remigration.

Les commentateurs remplacistes insistent alors volontiers sur les 69,50 % d’abstention pour le référendum constitutionnel du 25 juillet 2022. Ils soulignent toujours avec une rare malignité que les législatives des 17 décembre 2022 et 19 janvier 2023 se sont déroulées avec une participation moyenne de 11,31 %. Cette forte abstention témoigne surtout de la dépolitisation généralisée de la société tunisienne. Les jeux politiciens et les échéances électorales fatiguent les électeurs qui se tournent vers leur président. Celui-ci cumule en outre bien des défauts pour les bien-pensants. Ce fidèle partisan du nationalisme panarabe et de la tradition musulmane paie ses positions anti-sionistes constantes. Les Occidentaux lui reprochent son alignement sur l’Algérie en guerre froide avec le Maroc. En août 2022, le gouvernement algérien a versé à son voisin de l’Est 450 millions de dollars. Quelques semaines plus tard, la Tunisie recevait Brahim Ghali, le chef du Front Polisario.

Le 5 mars dernier, suite aux vives protestations de l’Union africaine qui assiste à l’effritement de son idéal panafricaniste, le gouvernement tunisien a pris quelques mesures supposées mieux encadrer l’immigration sauvage d’origine subsaharienne. Il accorde une carte de séjour d’un an, simplifie les procédures de rapatriement volontaire dans un cadre juridique concerné avec les ambassades et exonère le paiement des amendes dressées pour une présence illégale. Ces choix risquent d’exaspérer une population dont une minorité est noire et qui ne s’est jamais penchée sur son passé esclavagiste.

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Enregistré en tant que 214e parti en décembre 2018, le Parti nationaliste tunisien ne doit pas être confondu avec la formation progressiste de l’homme d’affaires Faouzi Elloumi, le Parti national tunisien. Animé par Sofien Ben Sghaïr, le Parti nationaliste tunisien (logo, ci-dessus) dénonce « un plan européen annoncé pour installer les migrants africains subsahariens en Tunisie et les empêcher d’aller en Europe ». Bruxelles donne en effet plusieurs millions d’euros à Tunis afin d’éviter tout départ vers la péninsule italienne. Ce mouvement a lancé cet été sur Facebook une pétition exigeant des autorités l’expulsion immédiate des migrants en situation illégale et des immigrés délinquants, l’imposition de visas obligatoires aux Africains et l’abrogation de la loi liberticide du 23 octobre 2018 qui pénalise les actes, les propos et les discriminations liés à la race. Ce texte a néanmoins récolté plus d’un million de signatures.

Prônant la préférence tunisienne, le Parti nationaliste tunisien a vérifié au cours des dernières semaines dans les magasins et autres restaurants des grandes villes si les salariés noirs étaient en règle. Ces actions se comprennent dans le cadre d’une concurrence avec un très lointain héritier de la Brigade nord-africaine qui luttait contre les résistants du Limousin, un certain Parti national-socialiste des travailleurs de Tunisie dont le secrétaire général, Mohamed Al-Kahlawi, a reçu en octobre 2022 un haut-responsable du Front Polisario.

Dans la quatrième chronique du 5 octobre 2021 intitulée « Décisionnisme tunisien » (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/08/decisionnisme-tunisien.html ), votre serviteur évoquait déjà l’atypisme du président Kaïs Saïed défini dans L’Actualité à la hache (Éditions du Lore, 2021) comme « le croisement politique réussi des “ Gilets Jaunes “ français et du Mouvement Cinq Étoiles en Italie ». On pourrait ajouter que c’est un lointain cousin d’Éric Zemmour et de Henry de Lesquen. Son hostilité aux bavardages parlementaires, son refus patent du système des partis, son immense souci de préserver l’identité nationale arabe et mahométane du peuple tunisien et ses saillies contre les dogmes du « politiquement correct » en font, malgré les graves vicissitudes économiques contingentes, un très grand serviteur de sa patrie.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 66, mise en ligne le 21 mars 2023 sur Radio Méridien Zéro.

dimanche, 26 décembre 2021

Crise migratoire en Europe de l'Est

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Crise migratoire en Europe de l'Est
 
Crise des réfugiés

par Nick Krekelbergh

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Au cours des derniers mois, l'Europe a été confrontée une fois de plus, peut-être pour la première fois depuis l'apparition de la pandémie du coronavirus, à une manifestation plus ou moins vive de ce que l'on appelle la "crise migratoire". Bien sûr, on ne peut pas dire que le phénomène de la migration endémique vers l'Europe ait été absent pendant tout ce temps. L'accident le plus meurtrier impliquant des migrants sur la Manche à ce jour, qui a eu lieu le 24 novembre, a rappelé brutalement, au prix de 27 vies, que la "jungle" de Calais a peut-être été évacuée, mais que le trafic illégal de personnes entre l'Europe et les îles britanniques se poursuit sans relâche. Des centaines de migrants attendent toujours de passer au Royaume-Uni sur la côte nord de la France. L'année dernière, un nombre record d'entre eux s'est aventuré dans ce voyage risqué, avec 15.400 migrants arrivés rien qu'entre le 1er janvier et le 31 août. Ces chiffres de l'immigration clandestine ont atteint un pic en particulier pendant les mois d'été.

Ce qui est nouveau, en revanche, c'est l'escalade à la frontière entre plusieurs pays d'Europe orientale, dont l'un est en dehors de l'Union européenne et l'autre à l'intérieur. Il ne s'agissait pas des scènes auxquelles nous sommes déjà habitués en provenance de la Méditerranée ou des longs flux de migrants empruntant la route des Balkans, mais d'une accumulation improbable de réfugiés, souvent originaires du Kurdistan irakien, dans un no man's land entre les pays slaves de Pologne et de Biélorussie, loin au nord, ainsi que les pays de la mer Baltique. Au cours de l'été 2021, le nombre de migrants illégaux entrant dans l'espace Schengen via la Lituanie a été multiplié par 50. Cette évolution a été rapidement suivie d'une forte augmentation des flux migratoires vers la Lettonie et la Pologne. Le Belarus enverrait délibérément les migrants à travers la frontière et les attirerait même à Minsk avec des visas touristiques, pour ensuite leur montrer le chemin vers les frontières de l'UE. La Lituanie a rapidement réagi en construisant une clôture de 508 km pour fermer la frontière, et la Lettonie a également rapidement commencé la construction d'un mur similaire. Une telle construction était improvisée et totalement nouvelle, car jusqu'à présent, pas plus de quelques dizaines de migrants s'étaient aventurés du Moyen-Orient à travers l'Europe de l'Est. Le consensus social s'est toutefois avéré large et il n'y a pas eu besoin d'un grand débat politique. Le gros de la migration s'est déplacé à l'automne vers la Pologne, qui a réagi comme si elle avait été piquée par une guêpe. Des troupes ont été mobilisées et envoyées à la frontière et des milliers de migrants ont été piégés entre les armées polonaise et biélorusse dans un camp de tentes près de Kuznica.

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La Pologne fait partie de l'Union européenne depuis 2004, mais elle est depuis 2015 sous la coupe de la coalition dominée par le PiS, un parti national-conservateur, et se montre depuis lors de plus en plus euro-critique. En octobre de cette année, la décision du tribunal constitutionnel de Varsovie selon laquelle certaines parties du droit européen violent la Constitution polonaise a provoqué de nouveaux troubles à Bruxelles, et les craintes - à la limite de l'hystérie - d'un hypothétique Polexit ont augmenté de manière exponentielle à la nomenclature de l'UE et dans les médias d'Europe occidentale. Depuis les années 1990, le Belarus est dirigé par le leader postcommuniste Loukachenko, qui a instauré un régime autocratique et peu libéral qui est resté extrêmement populaire pendant des décennies. Cela s'explique en partie par le maintien de nombreuses structures sociales et économiques de l'ancienne Union soviétique, qui a épargné à l'ancienne république soviétique une grande partie du malaise économique de ses voisins causé par les libéralisations sauvages des années 1990 et les crises financières de 2008 et 2010. Ces dernières années, cependant, la popularité du leader charismatique a été mise à mal et le régime a été soumis à une pression croissante. Après le déclenchement d'importantes manifestations à l'été 2020, Loukachenko a réussi à éviter un Maïdan à l'ukrainienne, mais seulement en échange d'une influence croissante de Moscou, de sorte que la transition pacifique du pays vers une ère post-Loukachenko semble résider principalement dans la réalisation éventuelle d'une Union-État supranationale (qui existe théoriquement depuis 1999) avec la Russie.

Jeu d'échecs géopolitique

Les Bélarussiens éprouvent un profond ressentiment à l'égard de l'UE, qui présente la dirigeante de l'opposition bélarussienne Sviatlana Tsikhanouskaya comme la grande gagnante des élections et tente d'imposer des sanctions strictes au pays (183 personnes et 26 entités figurent sur la liste des sanctions, ainsi que toutes les compagnies aériennes bélarussiennes). En Occident, Mme Tsikhanouskaya, l'épouse du blogueur Tsikhanousky, qui a été condamné à 18 ans de prison, est considérée comme le visage de l'opposition, bien qu'en réalité celle-ci soit très divisée et comporte également une importante composante pro-russe. Selon un sondage réalisé par Chatham House à l'été 2021, le candidat présidentiel le plus populaire est même le larbin de Gazprom Victor Babarika (également en prison), et Loukachenko est toujours beaucoup plus populaire que Tsikhanouskaya, qui représente elle-même moins de 10 % des votes, mais qui correspond à l'idéal occidental d'une femme, d'un pouvoir et d'une "citoyenne du monde" (bien qu'elle ait pu elle-même être affectée à ce rôle par des étrangers sans trop de contribution après avoir fui le territoire du Belarus à l'été 2020). La Lituanie et la Pologne ont joué un rôle de premier plan dans le soutien de l'opposition biélorusse en 2020, bien que ce rôle semble désormais avoir été largement repris par l'Union européenne. Tout récemment encore, Ursula von der Leyen a annoncé, à la suite d'une rencontre avec Tsikhanouskaya, qu'elle disposerait d'un paquet d'investissements de trois milliards prêts si un changement de régime - souhaitable pour l'UE - devait avoir lieu au Belarus.

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Il est donc clair que la crise aux frontières orientales de l'Europe faisait partie d'une partie d'échecs géopolitique sophistiquée, mais ce n'est pas nouveau. Après tout, il est depuis longtemps inhabituel que la migration vers l'UE soit au centre des négociations avec des pays situés à la périphérie du continent européen. À cet égard, il y a déjà eu le "Turkey deal" avec Erdogan en 2016, selon lequel les migrants illégaux arrivant sur les îles grecques pouvaient être renvoyés en Turquie. Elle a non seulement fourni à la Turquie environ six milliards par an, mais aussi un levier pour exercer une pression géopolitique. Cela a été démontré lorsqu'en 2019, l'armée turque a mené l'opération Printemps de la paix au Kurdistan, à la frontière avec la Syrie, et a menacé d'ouvrir les portes à 3,6 millions de réfugiés vers l'Europe lorsque cela a suscité des critiques internationales. En fait, cet accord semble avoir eu un effet d'entraînement. Le Maroc reçoit environ 130 millions de subventions européennes depuis 2014 pour arrêter les migrants à la frontière et l'Espagne a signé un accord selon lequel tout réfugié qui traverse à la nage le détroit de Cueta peut être renvoyé. La réalité, cependant, est régulièrement différente. Pas plus tard qu'en mai de cette année, le gouvernement marocain de Mohammed IV a exercé des représailles contre l'Espagne pour avoir hébergé Brahim Ghali, l'un des dirigeants du Polisario, un mouvement indépendantiste luttant pour le Sahara occidental. Des milliers de migrants ont traversé à Cueta sans que les garde-côtes marocains n'interviennent. Dans d'autres incidents similaires, les gardes-frontières marocains mobilisent même les migrants et leur montrent le chemin. Une situation similaire à celle du Belarus, donc.

Par rapport aux autres frontières extérieures européennes, la détermination rigide avec laquelle les Polonais maintiennent leurs frontières fermées et le niveau de militarisation qui l'accompagne sont peut-être des éléments distinctifs. L'arrivée de l'hiver rigoureux d'Europe de l'Est a mis fin temporairement à l'impasse à la frontière. Les Biélorusses ont démantelé les camps de tentes à partir du 17 novembre et ont rapatrié une grande partie des migrants, mais on s'attend à ce que le jeu recommence tout simplement au printemps prochain. A suivre, sans doute ...
 

Nick Krekelbergh

dimanche, 06 juin 2021

Réflexions sur le choc Maroc/Espagne

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Réflexions sur le choc Maroc/Espagne

Par Jordi GARRIGA

Ex: https://metainfos.com

Avec le Maroc, il est très facile de faire une comparaison avec Israël. En fait, la question de Gaza et de sa comparaison possible avec le Sahara ou Ceuta est quelque chose que nous pouvons faire. En d’autres termes, les Israéliens, les Américains, veulent se laver les mains, avoir les « mains propres », c’est pourquoi ils ont finalement fait reconnaître au Maroc l’État d’Israël. Avec ce soutien, le Maroc sait qu’il peut, sinon réussir, commencer à faire des tentatives, à faire des expériences, à tester la résistance espagnole sur ses places nord-africaines.

En effet, on peut supposer que le Maroc ne s’arrêtera pas là, le Maroc a complètement contourné le droit international, tout comme Israël le fait, tout comme le font les États-Unis, et comme aujourd’hui la plupart des puissances souveraines dans le monde. Parce que le gros problème avec l’Espagne est qu’elle n’a en réalité pas ou plus de souveraineté.

Des documents, des résolutions, tout ce que vous voulez peut nous être présenté, mais l’Espagne est une entité qui n’est pas souveraine, ni politiquement ni économiquement.

Lorsque l’Espagne est entrée dans la Communauté économique européenne (aujourd’hui l’UE) en 1986, l’Espagne a elle-aussi, à ce moment là, été contrainte de reconnaître l’État d’Israël, faisant ainsi exploser la politique traditionnelle espagnole d’amitié avec les pays arabes.

Le fait est que la situation va très bien pour le « sultan » du Maroc: d’une part, il utilise son peuple à volonté en le jetant contre l’Espagne. C’est un moyen traditionnel en politique que de solutionner ses problèmes internes, en particulier dans le cas du Maroc ceux du Nord du pays en les projetant à l’extérieur, et en blâmant l’Espagne de tous les maux.

Il existe pourtant de nombreux liens économiques entre les deux pays, donc si un boycott est proclamé, les coupables seront en premier les Espagnols car, dans tous les cas, à Casablanca, tout ce qui détériorera la situation économique marocaine sera forcément la faute du voisin pervers du nord.

Et c’est qu’en Espagne, cette question est vécue aussi de manière compliquée, car nous avons comme en France un grave problème d’identité nationale et il ne faut pas s’attendre à ce que de nombreux citoyens soient prêts à défendre l’ « espagnolité » de Ceuta et Melilla.

En ce sens que depuis de nombreuses années, l’idée s’est répandue qu’il vaut peut-être mieux «rendre» ces villes au Maroc.

Le problème est que ces îlots ne peuvent être renvoyés à leur propriétaire, à un État, par exemple le Marocain car ils n’ont en réalité jamais fait partie du Maroc: Ceuta était portugaise en 1415 et espagnole en 1580 jusqu’à aujourd’hui présent. Melilla depuis 1556. Le Maroc n’existe que depuis 1956.

Mais … cette propagande constante pendant plus de 40 ans après l’abandon du Sahara occidental, trahi par l’ancien roi Bourbon en 1975, a fait des ravages. Bien que la position doit être ferme: nous n’avons rien à rendre, car ce sont deux villes espagnoles, point final.

Le problème, qui le relie avec Israël cité plus-haut, c’est que le Maroc est l’autre grand porte-avions yankee qui surveille l’accès de l’Europe de l’Ouest à la Méditerranée: contrôle de l’Afrique du Nord, contrôle de l’Europe, contrôle du Moyen-Orient … Et cette situation va perdurer tant que l’Europe continuera d’être la partie orientale de l’Empire mondialiste incarné par les États-Unis, tant que l’Espagne, comme les autres pays européens, est totalement dépendante de la géopolitique de la soumission atlantiste, soumise à l’obligation de rejoindre le bloc mondialiste, « occidental » quel qu’il soit.

À l’heure actuelle, l’Europe et encore moins l’Espagne ou la France à eux seuls n’ont assez de pouvoir pour créer leur propre bloc pour affronter le Maroc et ses parrains yankee-sionistes puisque l’Europe contre ses intérêts à choisi une politique anti-eurasienne, anti-russe.

Pour l’Espagne, les alternatives sont compliquées: elle est déjà intégrée dans une Europe, l’UE, mais on sait déjà à quel point cette organisation est dans la dépendance complète et incapable de défendre un quelconque de ses intérêts.

Depuis longtemps, l’Espagne et le Maroc vivent dans une tension constante. Dans quelle mesure cette tension va-t-elle se poursuivre et jusqu’à quand les tentatives d’invasion, les provocations continueront-elles?  Jusqu’au réveil du peuple hispanique ?…  Jusqu’au sursaut européen final ? C’est très difficile de savoir. Mais il est clair que pendant de nombreuses années, cela posera aux Espagnols, de nombreux problèmes et de multiples ricochets à nos voisins européens les plus proches : les marocains ne font pour la moitié d’entre eux que traverser l’Espagne pour rejoindre Paris.

Ce qui vient de se passer n’est en tout cas qu’un épisode de plus dans le drame d’une Europe assiégée de l’intérieur comme de l’extérieur.

mardi, 24 mars 2020

Sur les berges de l’Évros

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Sur les berges de l’Évros

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Pendant que les médiats centraux se focalisent sur l’épidémie de covid-19 dont la dangerosité n’est avérée que pour les personnes âgées ou atteintes de pathologies chroniques, les berges de l’Évros deviennent un foyer ardent de tensions internationales.

Prenant sa source en Bulgarie où on l’appelle Maritza et se jetant dans la Mer Égée au terme d’un parcours de 480 km, le fleuve Évros sert depuis le traité de Lausanne de 1923 de frontière entre la Turquie et la Grèce. Ce cours d’eau est devenu un point de franchissement illégal pour des milliers d’immigrés poussés par les Turcs à s’installer en Europe. Plus au Sud, au large des côtes turques, les îles grecques de Samos, de Lesbos, de Chios, de Kos et de Leros connaissent la même pression migratoire.

Le président Erdogan souhaitait mettre la Syrie sous sa coupe et en faire un vassal islamiste. Grâce à l’intervention militaire russe et à l’aide décisive de l’Iran, du Hezbollah libanais et des milices chiites irakiennes, Damas récupère progressivement sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, y compris à Idlib. Malgré la présence d’une forte tendance eurasiste au sein de ses unités, Erdogan poursuit sa politique néo-ottomane, ce qui multiplie les frictions avec Moscou.

Outre la Syrie, Ankara soutient militairement en Libye le gouvernement de transition de Fayez el-Sarraj tandis que la Russie appuie le maréchal Khalifa Haftar. La Turquie maintient depuis les années 1990 un blocus draconien contre l’Arménie qui ne fait que défendre son peuple au Haut-Karabakh. Le Liban, la Syrie et Chypre n’apprécient pas que des navires turcs d’exploration pétrolière prospectent dans leurs eaux territoriales. Enfin, haut lieu de placement des capitaux russes, Chypre subit depuis 1974 dans sa partie septentrionale l’occupation militaire turque.

Mécontent de perdre sa carte syrienne, le Reis d’Ankara aurait aimer que les États de l’Union dite européenne le soutiennent et renforcent leurs sanctions contre Moscou. Le refus européen l’incita, au mépris des engagements passés et des millions d’euros déjà versés, à pousser les clandestins à franchir l’Évros et à se ruer sur les îles grecques.

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Saturées par une masse démographique incontrôlable qui rend le quotidien déjà difficile plus que pénible, les populations des îles elles-mêmes frappées par l’austérité financière, ne cachent plus leur exaspération. Elles se défendent non seulement contre des intrus qui saccagent églises et chapelles, mais aussi contre des policiers plus que jamais au service de la ploutocratie cosmopolite, de nombreux agents des forces d’occupation mentale que sont les journalistes de l’Établissement mondial et des ONG humanitaires ethno-masochistes.

Ce qui se passe au bord de la Maritza et sur les îles concernent tous les Européens. Le ministre turc de l’Intérieur vient de déployer un millier d’hommes des forces spéciales de la police avec la mission de favoriser le passage en Grèce, voire en Bulgarie, des « migrants ». Comment réagiront-ils face à la résistance des douaniers grecs et bulgares à moins de provoquer un casus belli ? Une guerre de moins en moins froide se prépare aux portes orientales de l’Europe. Courrier International (des 5 au 11 mars 2020) rapporte les propos révélateurs d’un éditorialiste du quotidien turc Star : « Il est temps de rendre la monnaie de sa pièce à l’Europe colonisatrice et à ces croisés démoniaques. » Venant d’un héritier des génocideurs arméniens et des pirates méditerranéens qui réduisaient en esclavage de nombreuses populations européennes, cette affirmation péremptoire ferait sourire si elle n’exprimait pas la conviction profonde de nombreux Turcs.

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Soldats autrichiens sur les rives de l'Evros en Grèce. Des unités des quatre pays du Groupe de Visegrad y sont désormais stationnées aussi.

L’attitude inacceptable d’Ankara mérite une correction. Le 4 mars dernier, Génération Identitaire a lancé sur France-pétitions.com une campagne de signatures demandant au gouvernement français d’habitude prompt à s’engager dans des aventures militaires inutiles d’envoyer des troupes sur l’Évros et en Mer Égée. La France et ses vingt-six partenaires du « Machin de Bruxelles – Strasbourg » s’honoreraient d’y dépêcher le porte-avions Charles-de-Gaulle, du matériel et des soldats. Cette intervention se compléterait par l’envoi supplémentaire de renforts sur l’île italienne de Lempedusa ainsi que dans les enclaves espagnoles en Afrique du Nord de Melilla, de Ceuta, de la presqu’île Velez de la Gomera, de l’archipel Al Hoceima, des treize îles Chaffanires et de l’îlot Persil.

Certes, l’Allemagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas comptent désormais d’importantes communautés d’origine turque. Celles-ci pourraient devenir une redoutable cinquième colonne. Ankara les travaille d’ailleurs politiquement par l’intermédiaire, aux Pays-Bas, du parti Denk et, dans l’Hexagone, du Parti Égalité et Justice. Et alors ? En cas de protestations violentes de la part de certains éléments troubles, le recours massif aux LBD s’imposerait sans aucun état d’âme d’autant que l’avenir de l’Europe albo-boréenne se joue à ses confins. Emmanuel Macron a parlé de la « mort cérébrale de l’OTAN » et réclame régulièrement une armée européenne.

Le comportement menaçant de la Turquie constitue un excellent motif pour en jeter les bases opérationnelles. Des Champs Catalauniques en 451 au sacrifice héroïque de Lord Byron à Missolonghi en 1824, les Européens savent d’instinct que leur survie passe par l’union de leurs armes. Plus que le précédent bien connu de la victoire navale de Lépante du 7 octobre 1571 à laquelle le Royaume de France s’abstint pour cause d’alliance avec la Sublime Porte, il faut se souvenir de la bataille navale de Navarin du 20 octobre 1827. Ce jour-là, non loin d’ailleurs de Lépante, les marines britannique, française et russe écrasèrent les flottes ottomane, égyptienne et barbaresque. Cette victoire européenne aida les indépendantistes grecs et permit en août 1828 le débarquement en Morée, au Sud-Ouest du Péloponnèse, d’un corps expéditionnaire français commandé par le général Maison.

Les Européens ont l’impérieux devoir de retrouver l’esprit de Navarin. Ils doivent arrêter la submersion migratoire, mettre un terme à l’entité fantoche de la République turque de Chypre du Nord, reconnaître le caractère national arménien du Haut-Karabakh, imposer la levée du blocus contre l’Arménie, libérer la Thrace orientale, assurer aux Grecs et aux Russes la maîtrise des détroits du Bosphore et des Dardanelles et, surtout, reprendre un demi-millénaire plus tard notre deuxième Rome : Constantinople.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 164, mise en ligne sur TV Libertés, le 16 mars 2020.

dimanche, 22 mars 2020

Facebook et la «harga», les réseaux sociaux alimentent le rêve européen des migrants

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Lu dans SLATE:

Facebook et la «harga», les réseaux sociaux alimentent le rêve européen des migrants

Killian Cogan et Roqiya Sabeg 

Influencés par les récits et photos idylliques de connaissances installées en Europe, des milliers de jeunes Maghrébins prennent chaque année le risque de l'émigration, parfois au péril de leur vie.

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Un trentenaire algérien à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine le 7 novembre 2018, l'une de ses étapes pour tenter de rejoindre les pays de l'UE. | Elvis Barukcic / AFP

 En ce jour pluvieux, Oussama, 31 ans, est attablé à un petit café d'Istanbul aux lumières blafardes. Originaire d'Annaba, ville côtière de l'est algérien, il s'est envolé pour la Turquie en 2017.

Oussama est un harraga, ou «brûleur» en arabe maghrébin, l'un de ces nombreux clandestins du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée ou les Balkans –un trajet qui s'avère fatal pour certains.

Eldorado

Le rêve d'Oussama, c'est Paris. Afin de s'y rendre, il a déjà effectué deux tentatives pour franchir la frontière gréco-turque et parcourir les Balkans. La première fois, à peine eût-il le temps d'entrer en Grèce que les chiens des gardes-frontières lui lacéraient les jambes. La deuxième fois, la police grecque l'a tellement battu qu'il n'a pas pu ouvrir un œil pendant des semaines. Il en garde les stigmates.

«Ils aussi ont pris toutes mes affaires, mes habits et m'ont jeté dans la rivière», raconte Oussama. Malgré cela, il n'en démord pas: il rentera le coup.

Comment est-il si certain que ce périlleux trajet en vaut la peine? Oussama voit l'expérience que relaient des connaissances en Europe sur Facebook: «C'est en voyant la meilleure vie que mènent mes amis en Europe que j'ai décidé de partir. L'Algérie n'a rien à offrir.»

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«Nous ne sommes pas assez bons, mais nous craignons Dieu et éprouvons un désir ardent d'immigrer.»

À titre d'exemple, il montre des photos tout juste envoyées de Paris par Mido, un harraga qui a fait le trajet depuis Istanbul il y a quelques mois. On y voit le jeune homme tout sourire, les ruelles pittoresques du VIIe arrondissement et une tour Eiffel étincelante.

Pour beaucoup de harragas, les réseaux sociaux contribuent à entretenir un mythe de l'eldorado européen. Comble de l'immigré, il est coutume pour le confrère arrivé à destination d'afficher sa réussite, réelle ou fictive.

Mises en scène

Vêtements de marque, liasses de billets et selfies aux côtés de filles blondes européennes, certains surjouent la success story.

Le phénomène semble particulièrement prégnant chez les jeunes, comme le notait en 2018 un rapport de l'association Trajectoires sur les migrants mineurs non accompagnés du Maroc en Espagne et en France.

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«Tout ça pour toi Maman, afin que tu puisses réaliser ton rêve et faire le voyage pour la Mecque.»

Ces mises en scène permettent de ne pas perdre la face vis-à-vis de la famille ou des amis restés au pays. «S'ils publient ce genre de contenu, c'est parce qu'ils ne pourraient pas supporter le regard qu'ils ont fait tout ça pour rien», affirme Kouceila Zerguine, avocat et militant des droits humains, défenseur des harragas.

D'autres pages Facebook et comptes Instagram administrés depuis le Maghreb ont vocation à faire rêver. Aux photos de trajectoires migratoires en bateau ou à pied se mêlent des clichés d'une Europe idyllique: des harragas posant dans les quartiers les plus cossus de Paris, de Milan et de Londres ou aux côtés de blondes sulfureuses.

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«Épouse une belle européenne pour tes enfants.»

«Cela relève de l'imaginaire migratoire et n'est en rien exclusif aux réseaux sociaux», prévient Farida Souiah, chercheuse à l'université Aix-Marseille et experte de la harga, ou migration clandestine du Maghreb vers l'Europe.

En 1975, bien avant l'avènement de Facebook ou d'Instagram, le sociologue Abdelmalek Sayad expliquait déjà la reproduction de l'émigration à travers une «méconnaissance de la vérité objective» de celle-ci entretenue par les immigrés de retour au pays.

Mais si l'imaginaire de la ghorba, ou terre d'asile, fut jadis façonné par des récits rapportés par les immigrés, aujourd'hui, c'est avant tout par la toile qu'il est véhiculé. «Des réalités qui se disaient déjà dans les années dans les années 1970 sont renouvelées par Facebook», observe Farida Souiah.

Responsabilité

Au-delà de relater une représentation fantasmée du Vieux Continent, les réseaux sociaux permettent également d'organiser la trajectoire migratoire.

C'est souvent sur Facebook ou Instagram que les passeurs proposent leurs services. Et sur ces mêmes pages qui idéalisent l'Europe, on partage ses expériences entre harragas et on échange des tuyaux pour éviter les gardes-côtes et mener son trajet à bien.

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«Voici la voie des vrais hommes, des hommes qui ne connaissent pas l'impossible.»

En tentant de se dédouaner de leur responsabilité dans l'émigration, les autorités algériennes ont même directement incriminé les réseaux sociaux.

En 2019, des poursuites judiciaires ont été entamées contre les administrateurs de cinquante-et-une pages Facebook «faisant l'apologie de la harga». «Les réseaux sociaux contribuent à l'amplification du phénomène migratoire», avait fait valoir le ministre de l'Intérieur Noureddine Bedoui, désormais destitué de ses fonctions.

En réalité, certaines pages Facebook préviennent aussi des dangers de la traversée et de la difficulté à vivre en Europe: nombreuses sont les publications au sujet d'embarcations qui ont chaviré, d'autres montrent des harragas dormant dans les rues de villes européennes.

Kouceila Zerguine note que si «l'on accuse les réseaux sociaux d'aggraver l'émigration», ce qui pousse les jeunes à fuir l'Algérie, c'est un «manque de liberté sociétale» et une «médiocrité généralisée» imputable au gouvernement.

Désillusion

En arrivant sur place, les harragas doivent toutefois composer avec le décalage entre ce que relaient les réseaux sociaux et la réalité.

Ce fut le cas de Mohammed*, Algérien de 33 ans travaillant comme serveur dans un café de Londres.

«Je savais que ça serait difficile, mais pas à ce point. La culture européenne est très individualiste.»

Mohammed, Algérien immigré en Grande-Bretagne

Originaire de la ville de Bouira, Mohammed est arrivé en Grande-Bretagne il y a dix ans. «Facebook m'a vendu un rêve», confie-t-il. Depuis son téléphone portable, il montre des clichés photoshoppés de Londres, sur lesquels il projetait ses aspirations avant de partir.

«Quand je suis arrivé à Londres, c'était la désillusion totale. Je savais que ça serait difficile, mais pas à ce point. La culture européenne est très individualiste», décrit celui qui est venu à l'aide d'un visa touriste dont il a «brûlé» la date de validité.

Selon Farida Souiah, si ces migrants sont souvent conscients des périls de la migration et de l'adversité qui les attend «là-bas», ils se laissent rêver. «Il suffit de quelques clichés pour maintenir le mythe», avance-t-elle.

Pour Oussama, ces clichés, c'est un objectif de vie: «Une fois arrivé en Europe, tout ira mieux. Et un jour, moi aussi je publierai un selfie en bas de la tour Eiffel.»

* Le prénom a été changé.

 

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mercredi, 18 mars 2020

Turquie : le migrant, ce boulet (de canon)

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L’ANTIPRESSE 224

LE BRUIT DU TEMPS par Slobodan Despot

Turquie : le migrant, ce boulet (de canon)

La guerre lancée ces derniers jours par la Turquie contre le continent européen est inédite. Même Jean Raspail, dans sa vision de cauchemar du Camp des Saints, n’avait pas envisagé que les déracinés débarquant par bateaux soient poussés dans le dos par des baïonnettes. Or c’est ce qui est en train d’arriver aux frontières de la Grèce.

Dans un entretien diffusé sur CNN, le ministre de l’intérieur turc Süleyman Soylu déploie un diagramme en se pourléchant les babines : c’est la statistique du flot humain qu’il s’apprête à lâcher sur l’Europe pour la désunir et la déstabiliser. C’est ce même ministre qui, en 2017, avait menacé de « distiller » vers l’Europe 15000 migrants par mois. Ayant déjà obtenu 6 milliards d’euros de l’UE pour contenir ses 3,6 millions de malheureux, la Turquie se livre au chantage classique, utilisant une masse humaine comme outil d’extorsion.

Le ciel a bien changé depuis l’an 2015 où Mme Merkel, sans l’aval de ses partenaires européens, avait ouvert les bras au flot humain en répondant « on y arrivera » («wir schaffen das») à qui s’inquiétait de cette démarche imprudente. S’en est suivie une expansion décomplexée de l’AfD. À l’époque, au moins, quelqu’un les avait invités sur le Vieux continent. Aujourd’hui, c’est l’inverse : on les y pousse de force. On les entasse dans des autocars et on les fait débarquer, pistolet en main, devant les barbelés de la frontière grecque. Le caractère forcé du mouvement est attesté par les ONG et leurs avocats : « Environ 300 migrants du centre de rapatriement d’Akyurt à Ankara ont été transportés à la frontière contre leur volonté dans la nuit du 29 février, a déclaré le 4 mars Sadik Onur Gelbal, président du centre des droits des migrants de l’association du barreau d’Ankara. Selon un migrant encore présent dans le centre, seuls 7 migrants sont restés dans le centre après avoir résisté à l’expulsion. Les avocats n’ont pas été autorisés à le visiter. »

Piteux devant les forts, arrogant devant les faibles, Erdogan se défoule sur l’UE de l’humiliation subie sur le terrain en Syrie puis, le 5 mars dernier, à Moscou. Il profite du désastre humanitaire d’Idlib pour « dégazer » une réserve de réfugiés qui n’ont rien à voir avec ce front-là (Afghans et Pakistanais pour la plupart). Et il ne les envoie pas n’importe où.

A Andrinople (Edirne), le principal point de sortie, Bulgarie et Grèce sont à même distance ou peu s’en faut. Mais le Sultan ménage la Bulgarie qui lui a rendu de pas si menus services lors de la tentative de coup d’État de 2016, en renvoyant ses opposants gülenistes se faire peler le jonc à Ankara. Surtout, il sait que la Grèce est un maillon faible et marginalisé de l’Europe. Et il profite de l’occasion pour régler des comptes historiques avec le voisin qui incarne au plus profond la civilisation qu’il veut abattre. La guerre est donc déclarée en mer Égée.

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Situation inédite, l’humain n’y sert plus de chair à canon, mais carrément d’obus — ou de bélier. Les migrants déferlent sur les barbelés, les gardes-frontières sont débordés, les paysans grecs patrouillent en armes de l’autre côté ou pulvérisent du lisier de porc sur les clôtures pour tenir à distance les mahométans. En mer, les vedettes turques cherchent à éperonner les patrouilleurs grecs pour créer l’incident militaire. C’est une diversion bienvenue après l’aventure avortée en territoire syrien, et une mise à l’épreuve cruelle d’une « unité » européenne dont tout le monde, à commencer par la Sublime Porte, sait qu’elle n’existe pas. D’autant moins qu’il s’agirait en l’occurrence de choisir entre A) la solidarité européenne et B) la cohésion otanienne. L’issue du dilemme ne fait aucun doute — sachant que l’option B ne se décide même pas à Bruxelles mais à Washington. Le satrape du Bosphore peut donc laisser s’ébattre librement sa queue de scorpion qu’il a dû rentrer entre les jambes devant les Russes. Comment ? L’Europe, terre de solidarité et d’accueil, ne veut pas accueillir ces misérables ? Elle foule aux pieds ses valeurs ? Les autorités grecques sont nazies, pas moins. Et vlan ! Un argument favori de nos démocraties qui leur revient à la figure en partant de l’angle le plus improbable. L’ogre qui leur reproche de ne pas être véganes ! En quelques jours, la Sublime Porte en aura fait davantage pour démanteler le village Potemkine européen que les eurosceptiques et brexiteurs réunis en trois législatures.

C’est dans cette ambiance crépusculaire que le couple Merkron va se rendre à la Porte douze jours après que la Porte se fut rendue au Kremlin. Saisissante ironie de l’histoire : le Saint Empire romain-germanique (Rome I) allant plier le genou devant Constantinople (Rome II) allant plier le genou devant Moscou (Rome III) (1). Car l’issue de la négociation fait peu de doute : Mme Merkel a déjà — mollement — levé son index dans la première mise aux enchères de stocks humains, en déclarant accepter un lot. Tout ce qu’elle et Macron espèrent, c’est que les 700 millions octroyés à la Grèce pour héberger les migrants suffiront à construire un glacis façon Sud-Liban dans les Balkans. Les risques de chantage seront plus contenables qu’avec les Ottomans.

La tractation serait déjà difficile sans les migrants : avec eux, elle devient désespérée. Avec une perversion sardonique, les Turcs ont parfaitement compris que la munition humaine était plus pénétrante face aux Européens que les obus à l’uranium appauvri. Elle les met en demeure d’abjurer le commandement premier de leur décalogue, décalogue qui au fil du temps s’est imprudemment réduit à cette seule ligne : « Tu accepteras l’Autre, toujours et en toutes circonstances, fût-ce au détriment de tes propres intérêts ! ». Si elle n’accueille pas ces surnuméraires, n’importe leur nombre, si elle se met à couler leurs embarcations comme le font les Américains dans le golfe du Mexique, l’UE cesse ipso facto d’exister. Voici donc les Européens réduits à accueillir les bras ouverts ce bombardement explicitement destiné à faire crouler leur forteresse. Il ne leur reste qu’à faire contre mauvaise fortune bon cœur. « Oh, le joli pavé qui nous arrive sur la tête ! Justement, il nous manquait une dalle dans l’allée... » Il y a à la fois une obscénité et une justice immanente dans la composition de ce tandem. L’obscénité, c’est que deux puissances de l’Ouest européen vont solder l’avenir du continent par-dessus les premiers concernés, les peuples balkaniques à qui l’on n’a rien demandé. La justice immanente, c’est qu’il s’agit des deux premiers coupables de la crise migratoire en Europe. L’Allemagne, pour avoir ouvert la boîte de Pandore en 2015. La France, pour avoir détruit la Libye, verrou de l’Afrique, et activement œuvré à livrer la Syrie laïque aux djihadistes (2). Provoquant un marasme de crimes, de terreur et d’exils.

Il faudrait être naïf pour croire, cependant, que les deux pèlerins iront à Byzance en s’écorchant les genoux. Nul doute qu’ils feront une fois de plus porter le fardeau à d’autres, à commencer par la Grèce officiellement promue parking à migrants (mais les tractations ont discrètement cours avec d’autres pays de la région dont la Serbie non-membre de l’UE). Comme au temps des guerres ottomanes, le Saint Empire cherche à se construire un glacis face au Turc. À cette différence près qu’au lieu de lever des troupes dans les Balkans, il essaie d’y caser les boucliers humains de l’envahisseur. C’est là que le grotesque vire au tragique. C’est tragique en tout premier lieu pour les êtres humains concernés, qui ne sont considérés comme tels ni d’un côté ni de l’autre.

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Dans les lointaines années 2000, au temps où la migration se « limitait » à des boat-people, la journaliste communiste Maria Pace Ottieri avait eu l’idée de s’embarquer à Lampedusa pour rencontrer ces humains face à face, un par un, et tenter de comprendre ce qui les motivait à tout lâcher — argent, travail, famille — pour rejoindre l’Europe au risque de leur vie. L’illusion de la prospérité occidentale, à leurs yeux, était plus puissante que tous les sacrifices. J’ai publié à l’époque son récit débordant d’humanité (et du reste primé en Italie), Une fois que tu es né, tu ne peux plus te cacher, dans l’indifférence totale des médias francophones. Dans les migrants, nos bien-pensants semblaient voir des icônes, des symboles et surtout des statistiques, mais y reconnaître un ingénieur, un infirmier ou un garçon de café semblables à ceux de chez nous semblait les incommoder. De cet échec éditorial, j’ai tiré une leçon précieuse. À l’époque déjà, ce n’étaient pas des hommes, mais des missiles. Utilisés, en l’occurrence, dans une guerre intestine de l’Europe contre elle-même.

Voici qu’on entasse ces humains-missiles dans cinq, bientôt dix ou vingt îles grecques, devenues camps provisoires — or on le sait bien, il n’y a que le provisoire qui dure. Voici Lesbos dévastée et transformée en lazaret. Lesbos, patrie de la sublime Sapho de Mytilène et de ces voluptés que l’islam, justement, voue aux gémonies : le saphisme et l’ouzo. Ce n’est pas seulement une question de territoire : c’est tout un pan de notre imaginaire commun, de notre conscience esthétique et culturelle, qui est saccagé comme les sites archéologiques d’Irak après le passage successif des GI’s et du djihad. Les uns comme les autres, les arrivants comme les indigènes, nous sommes victimes non d’un, mais de deux projets d’anéantissement de l’humain.

D’un côté, l’antihumanisme islamique. De l’autre, un logiciel interne au monde développé auquel le nivellement coranique va comme un gant. En 2018, trois ans après le « wir schaffen das » de Mme Merkel, alors que l’opération était pudiquement qualifiée de « demi-succès », le patron du patronat allemand semblait le seul à se féliciter de la manœuvre. « Je suis moi-même surpris que cela aille si vite », a affirmé le dirigeant de la fédération des patrons allemands BDA, Ingo Kramer dans une interview au quotidien régional Augsburger Allgemeine. « Sur les plus d’un million qui sont arrivés en particulier depuis 2015, 400.000 d’entre eux suivent une formation par alternance ou ont décroché un emploi. » Autrement dit, et dans le meilleur des cas, un migrant travaillait (ou se formait) pour en nourrir deux autres. On était bien loin de la solution au problème de nos retraites, invoquée comme motif de l’appel d’air. Cela eût-il été un plein succès que l’idée de déraciner des millions d’humains pour résoudre le problème économique d’une autre population serait profondément révoltante. Sans même parler de l’élément de contrainte (3).

Quoi qu’il en soit, le patronat reste bien content d’avoir toute cette masse de pression sous la main pour amener, in fine, les salaires et les conditions de travail à parité avec la Chine (son but probable quoiqu’inavoué). Entre le cynisme ottoman et le fonctionnalisme industriel, les conséquences sont les mêmes. Les peuples sont singuliers et conscients d’eux-mêmes, mais les masses interchangeables et malléables : remplaçons donc ceux-là par celles-ci, nous disent à la fois l’islam et le capitalisme globalisé. M. Macron® et Mme Merkel, lors de leur rencontre avec M. Erdogan, ne débattront au fond que d’une seule question : comment fondre une masse indistincte dans une autre masse indistincte. Chrétiens, prolétaires, Bavarois ou Pakistanais : les épithètes ne comptent plus. Nous ne sommes plus qu’une aire peuplée d’unités fonctionnelles. Le sultan Erdogan utilise peut-être l’humain comme boulet de canon. Mais l’idée ne vient pas de lui. Ce à quoi nous faisons face aujourd’hui n’a qu’une appellation adéquate : l’abolition de l’homme.

NOTES

  1. 1) Les prophètes de la Troisième Rome sont aux anges !
  2. 2) Je me souviens de ce débat littéraire avec Isabelle Hausser, à Morges en 2014, lorsque la romancière nous avait fièrement expliqué comment elle et son mari, Michel Duclos, le prodigieusement ignare ambassadeur de France à Damas avaient soutenu l’opposition « démocratique » syrienne qui devait s’avérer entièrement fantasmée.
  3. 3) Dans une interview accordée à Sept.info en 2016, Jean-Philippe Gaudin (actuel chef du Service de renseignement de la Confédération), alors patron du renseignement militaire, déclarait que « La migration forcée a toujours été une arme » et précisait que le rythme de l’intégration des migrants était la clef de son succès. Comment intégrer assez rapidement des flots d’arrivants, qui plus est forcés ?

vendredi, 29 mars 2019

Der Migrant: Ein öffentlicher Feind?

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Der Migrant: Ein öffentlicher Feind?

mercredi, 19 septembre 2018

Orban : La prochaine bataille se dessine – l’Union européenne veut enlever aux Etats membres le droit de défendre leurs frontières

Viktor Orban a donné une interview hier (14.9.2018) à la radio Kossuth, émission « 180 minutes », pour analyser les événements qui se sont déroulés au Parlement européen lors du procès de la Hongrie basé sur le rapport Sargentini ainsi que la suite à venir.

La semaine précédant ce procès, Merkel s’est rendue chez Macron en France et ensemble ils ont adressé un ultimatum aux pays se trouvant aux frontières extérieures de l’Espace Schengen. Ils ont défini une stratégie pour mettre à genoux la Hongrie, qui échappe à leur contrôle et refuse de se transformer en société multiculturelle. Voilà ce qui se joue dans les coulisses alors que le regard est fixé sur le procès Sargentini.

La stratégie consisterait à enlever aux pays situés aux frontières de l’UE le droit de défendre leurs frontières et à y envoyer des mercenaires pour gérer la migration. (Les gardes-frontières hongrois assermentés et patriotes seraient remplacés par des mercenaires à la solde de l’UE !). « Ils veulent tout simplement nous enlever les clefs de la porte », résume Orban». La prochaine bataille consistera à décider qui va défendre les frontières de la Hongrie et qui on laissera entrer sur le territoire hongrois.

Orban dit qu’il ne faut pas avoir la moindre illusion : ces mercenaires auront l’ordre de faire entrer les migrants. Le procès Sargentini était une sorte de diversion par rapport à ce projet, mais signalait aussi la volonté claire de stigmatiser et diaboliser toute la Hongrie, de l'isoler, de la mettre au ban de la communauté européenne pour fragiliser sa position et affaiblir sa résistance.

Orban explique que le Parlement européen actuel est acquis à l’idéologie pro-migrationniste de la gauche, qui y est majoritaire, c’est pourquoi la motion contre la Hongrie a obtenu la majorité.

Ces élites considèrent qu’ils ont comme mission historique de changer la composition de la population européenne, d’effectuer la mise en œuvre du grand remplacement. Ces politiciens haïssent ceux qui s’opposent à  eux, et haïssent ceux qui essayent d’organiser une résistance contre eux. Après les élections de mai 2019, ils aimeraient préserver un Parlement européen pro-migrationniste afin de continuer le même travail qu’ils ont fait jusqu’ici. Pour cela, ils doivent attaquer le symbole de la résistance qu’est la Hongrie et spécialement moi – dit Orban – parce que je dirige le pays.

Orban pointe du doigt le fait que le Parlement européen a dû transgresser ses lois pour condamner la Hongrie. Le camp de Sargentini a dû changer le règlement du scrutin juste avant le vote car il savait (tout comme la Hongrie) qu’autrement il ne pourrait pas obtenir les 2/3 des voix nécessaires pour la condamnation. C’est pour cela qu’il a décidé que les abstentions, contrairement au règlement, ne seraient pas comptabilisées comme « votants » (ce qui réduisait la base de calcul des 2/3 en conséquence) [ndlr : nous en avons parlé ici]. Le Parlement européen est en train de consommer les dernières miettes de son intégrité morale lorsqu’il juge un pays en violant ses propres règles pour arriver à ses fins !

Il y a eu de bonnes et de mauvaises surprises [lors de ce vote au PE]. L’équipe de Sebastian Kurz [le ÖVP autrichien] a voté majoritairement contre la Hongrie alors que la Roumanie, avec qui la Hongrie a un rapport tumultueux, a voté en faveur de la Hongrie. C’est une grande leçon pour nous.

Orban rassure la population : il ne peut pas y avoir de grandes conséquences à cette condamnation Sargentini. Au mois de mai, il y aura la nouvelle élection du Parlement européen et l’équipe actuelle, qui n’est plus qu’une collection de mode de fin de saison, sera renouvelée.

Des spécialistes du parlement hongrois ont réfuté point par point, dans un rapport, l’acte d’accusation de Sargentini.


19 points concernent les désaccords de la Hongrie avec le PE (mariage homosexuel, enseignement de la théorie du genre, etc.). 13 points avaient déjà été débattus et jugés, les dossiers étaient clos.37 points sont des erreurs de faits.

Orban appelle à la vigilance : à côté de l’enjeu migratoire, il y a l’enjeu des votations européennes à venir.


Nous connaissons les faits concernant le budget européen et ses statistiques. L’Union européenne soutient, avec plusieurs centaines de millions d’euros, les organisations, soi-disant civiles, de Soros. Et Soros mène un lobbyisme politique actif contre la Hongrie. Si la composition du Parlement européen change après mai 2019, les centaines de millions destinés aux ONG de Soros vont sauter.

Sargentini accuse la Hongrie d’antisémitisme et, en même temps, elle mène une campagne contre Israël. Or, Macron en personne vient de préciser que l’antisémitisme moderne est dirigé actuellement contre l’Etat d’Israël. L’Union européenne finance des pseudo-ONG qui mènent en réalité des campagnes antisémites contre Israël.


Orban résume cela ainsi : la situation est telle que le centre de l’antisémitisme moderne, qui est dirigé contre Israël et son gouvernement, est l’Union européenne. Le centre du financement de cet antisémitisme moderne se trouve à Bruxelles.

Orban dit que cela ne peut plus durer et que si cela dépend de la Hongrie, après l’élection du PE, elle changera ces choses.

Orban précise que pour la Hongrie, après le rôle qu’elle a joué dans la Shoah, c’est une obligation morale de prendre position contre l’antisémitisme. C’est une question d’honneur. La Hongrie a annoncé une tolérance zéro envers l’antisémitisme. Et cette femme (Sargentini), qui soutient l’antisémitisme moderne, nous condamne !

En ce qui concerne les députés hongrois de l’opposition siégeant au PE, Orban accepte que l’opposition soit démoralisée après avoir perdu trois fois de suite les élections en Hongrie. Orban leur rappelle ce qu’il avait dit au parlement après les élections : aucun échec n’est définitif en politique, aucune victoire n’est définitive. Dans la lutte  virile pour le pouvoir, il y a des coups durs, mais avec l’aide de Dieu et la foi en ce que les partis croient juste, l’un ou l’autre vaincra. Dans une lutte pour le pouvoir, les émotions font surface, mais Orban est tout de même sidéré de constater que ses adversaires ont une telle haine pour les vainqueurs que l’avenir de leur propre pays passe au second plan pour eux. « C’est la mentalité communiste », résume Orban, qui ajoute : «  Il y a un réel problème avec celui qui hait plus son adversaire politique qu’il n’aime son pays. »

Orban attire également l’attention sur le fait que le rapport Sargentini condamne la Hongrie entière. Le rapport est disponible à chacun, il s’adresse à toute la Hongrie et pas seulement au gouvernement en place.

Source : https://www.mediaklikk.hu/cikk/2018/09/14/orban-viktor-mi...

Résumé/traduction Cenator pour LesObservateurs.ch

Rappel : https://lesobservateurs.ch/2018/05/01/proces-stalinien-in... (voir notamment les interventions de Peter Szijjarto)

lundi, 09 juillet 2018

Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

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Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

Immigration illégale : « Beaucoup de problèmes demeurent irrésolus »

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Lors du dernier sommet européen, la problématique des migrations illégales a constitué la thématique majeure des débats. Etes-vous satisfait des résultats de ceux-ci ?

MB : Finalement, l’UE a bien vu qu’il est impossible, pour l’Italie, à elle seule, de freiner le flot des migrants. L’UE a également reconnu qu’il était urgent et nécessaire, d’arrêter ces débarquements de migrants venus des côtes africaines. Cependant, bon nombre de problèmes demeurent irrésolus : nous devons surtout songer à repenser entièrement et à reformer le droit d’asile.

Q.: Quelle est, à votre avis, l’importance d’une protection de la frontière entre la Libye et le Niger dans le cadre d’une lutte généralisée contre les immigrations illégales de grande ampleur ? Faudra-t-il envoyer là-bas des policiers et des soldats européens ?

MB : La zone frontalière entre la Libye et le Niger est effectivement une véritable autoroute pour les migrants illégaux. Seul un contingent militaire peut sécuriser et améliorer la situation.

Q.: La Libye refuse que l’on installe sur son territoire des camps d’accueil. Comment pourrait-on amener la Libye (et d’autres Etats africains) à coopérer avec l’UE ?

MB : Il me paraît nécessaire que la Libye convienne, avec l’UE, d’un plan de grande envergure, élaboré sérieusement. Et il ne s’agit pas seulement d’argent, mais de moyens fondamentaux, pour activer la lutte contre les passeurs et pour offrir une gestion plausible des flots migratoires et des demandeurs d’asile.

Q.: Les activités de certaines ONG posent tout particulièrement problème en Méditerranée. Que pourra-t-on et devra-t-on mettre en œuvre pour arrêter ce trafic d’êtres humains ?

MB : Désormais, un bonne part de l’opinion publique s’est rendue compte que beaucoup d’ONG ont étroitement collaboré avec les passeurs. Avant que les contrôles nécessaires et les mesures de prévention puissent être mises en œuvre, les activités de ces ONG dans les régions maritimes concernées doivent être arrêtées. Les ports, où elles débarquaient habituellement les migrants, doivent être fermés, comme l’a ordonné le nouveau gouvernement italien.

Q.: Depuis le 1 juillet, l’Autriche préside le Conseil de l’UE. Qu’attendez-vous d’elle ?

MB : Le nouveau gouvernement autrichien agira très positivement dans la crise actuelle, en respectant le projet européen initial des pères fondateurs de l’Europe unie, notamment en rapprochant les peuples européens. Nous avons pleinement confiance en ce nouveau gouvernement autrichien sur ce chapitre !

Q.: Un des projets majeurs de cette présidence autrichienne est de lutter contre l’immigration illégale de grande ampleur. Y aura-t-il un axe entre Rome et Vienne, entre le ministre italien des affaires intérieures Matteo Salvini et son collègue et homologue autrichien Kickl ?

MB : Les deux ministres de l’intérieur trouveront certainement un bon terrain d’entente, tant en ce qui concerne le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Europe qu’en ce qui concerne la nécessité de créer des centres d’accueil pour identifier les migrants en zones extérieures à l’UE.

Q.: En Espagne, le nouveau gouvernement de gauche se montre très favorable à l’immigration. Cette position pourra-t-elle mettre en danger les efforts entrepris pour renforcer la protection des frontières extérieures à l’UE et pour combattre les migrations illégales de grande ampleur ?

MB : Nous devons espérer que la pression exercée par l’opinion publique espagnole, qui refuse catégoriquement l’invasion migratoire sur son sol, freinera cette politique néfaste du parti socialiste espagnol et de ses alliés qui, follement, agissent dans le sens d’une politique des « portes ouvertes ».

Q.: Je vous pose maintenant une question très générale : dans quelle mesure le travail de la FPÖ autrichienne, qui participe depuis décembre au gouvernement de l’Autriche, est-il un exemple pour la Lega ?

MB : La FPÖ est certes un exemple pour nous, non seulement pour la Lega mais pour toutes les forces politiques européennes qui veulent retrouvent la souveraineté de leurs Etats. Nous devons prendre position de manière claire et décidée pour la sécurité de nos peuples et pour un arrêt complet de toute immigration. Mais nous devons aussi avoir la capacité de gagner à nous l’approbation des électeurs « modérés », des centristes et des catholiques. La campagne « La Lega pour Salvini premier ministe » allait dans ce sens.

Q.: Les élections en Allemagne, en Autriche et en Italie ont montré que de plus en plus de gens votent pour les partis qui expriment de solides critiques à l’endroit de l’UE. Observe-t-on, dans les pays de l’UE, à un changement de cap fondateur ou bien doit-on admettre avec fatalisme que l’établissement dictera encore et toujours la voie à suivre ?

MB : Si les partis critiques se développent et engrangent encore de bons scores électoraux, il n’y aura plus de place en Europe pour les politiques foireuses et caduques des bureaucrates bruxellois.

Q.: Récemment, Merkel et Macron ont proposé des plans pour une réforme de l’euro-zone, qui devrait, selon eux, obtenir son propre budget. Quel regard jetez-vous sur ces plans ? Est-ce un pas de plus vers davantage de centralisme ?

MB : Merkel et Macron sont deux dinosaures de la politique eurocratique. Le séisme que nous avons provoqué les ensevelira, sans que nos peuples, y compris les Français et les Allemands, les regretteront.

Q.: Après les mutations politiques survenues en Autriche et en Italie, pourra-t-on, à terme, envisager une bonne coopération avec les gouvernements critiques à l’égard de l’UE, comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie, afin de constituer un contrepoids au binôme franco-allemand ?

MB : Le groupe de Visegrad est non seulement un allié naturel de nos deux gouvernements mais constitue un signal politique et historique bien clair car ceux qui se sont libérés de la dictature communiste ne veulent pas subir un autre régime irréaliste et fou, orchestré par des technocrates et des bureaucrates soutenus par la haute finance et cherchant à dominer durement nos nations et nos régions.

Q.: Actuellement, on est en train de négocier le budget de l’UE pour les années 2021-2027. Après le Brexit, y aura-t-il des restrictions ?

MB : Nous pouvons éviter toute augmentation des quotas pour les pays membres d’une manière très simple : en décidant clairement de réduire les dépenses de l’UE, qui sont extravagantes, inutiles et trop onéreuses. Nous nous positionnons clairement contre tout nouvel impôt européen que celui-ci soit imposé ouvertement ou de manière camouflée.

Entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°27-28/2018 ; http://www.zurzeit.at .

mercredi, 06 décembre 2017

L'immigrationnisme des libéraux a pour origine leur conception individualiste de la société

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L'immigrationnisme des libéraux a pour origine leur conception individualiste de la société

par Robert Skidelsky

Ex: http://lesalonbeige.blogs.com

Robert Skidelsky, professeur émérite d'économie politique à l'université de Warwick, publie une analyse dans Les Echos

"La sociologie, l'anthropologie et l'histoire ont apporté d'importantes avancées au débat sur l'immigration. Elles permettent notamment d'affirmer que l'hostilité à l'égard de l'immigration de masse ne peut être réduite à une protestation contre les pertes d'emplois, la baisse des salaires et les inégalités croissantes. L'économie a certainement joué un rôle dans la montée de la politique d'identité, mais la crise d'identité ne sera pas simplement effacée par des réformes économiques. Le bien-être économique n'est pas la même chose que le bien-être social.

Commençons malgré tout par l'économie, en utilisant le Royaume-Uni, qui s'apprête à sortir de l'UE, comme un cas d'espèce. Entre 1991 et 2013, il y a eu un afflux net de 4,9 millions de migrants nés à l'étranger en Grande-Bretagne. La théorie économique nous dit que l'immigration nette, comme le libre-échange, ne profite à la population autochtone qu'avec un certain retard. L'argument ici est que si l'on augmente la quantité de main-d'oeuvre, son prix (les salaires) baisse. Cela permet d'augmenter les bénéfices. L'augmentation des bénéfices conduit à davantage d'investissements, qui vont augmenter la demande de main-d'oeuvre, ce qui va renverser la première tendance à la baisse des salaires. L'immigration permet ainsi à une population plus nombreuse de jouir du même niveau de vie que la population moins nombreuse dans la situation précédente, d'où une nette amélioration du bien-être total.

Une étude récente de l'économiste de l'université de Cambridge Robert Rowthorn a toutefois montré que cet argument comporte de nombreuses lacunes. Les prétendus effets temporaires en termes de travailleurs autochtones déplacés et de salaires plus bas peuvent durer cinq ou dix ans, alors que les effets bénéfiques supposent une absence de récession. Et même sans récession, s'il y a un afflux de migrants, plutôt qu'une augmentation exceptionnelle de la taille de la main-d'oeuvre, la demande de main-d'oeuvre peut constamment être en retard sur la croissance de l'offre. La « thèse selon laquelle les migrants occupent les emplois de travailleurs locaux et poussent leurs salaires vers le bas est peut-être exagérée, dit Rowthorn, mais elle n'est pas toujours fausse ».

Un deuxième argument économique est que l'immigration va rajeunir la main-d'oeuvre et va stabiliser les finances publiques, parce que les jeunes travailleurs importés vont générer les impôts nécessaires pour financer un nombre croissant de retraités. La population britannique devrait dépasser les 70 millions d'habitants avant la fin de la prochaine décennie, soit une augmentation de 3,6 millions, ou 5,5 %, en raison de l'immigration nette et de l'excédent des naissances sur les décès parmi les nouveaux venus. Rowthorn rejette cet argument. « Pour maintenir une fois pour toutes une réduction du taux de dépendance, il faut un flux incessant de migrants. Une fois que l'afflux s'arrête, la structure des âges revient à sa trajectoire d'origine. » Ainsi, même avec des résultats optimaux comme l'évitement de la récession, les arguments économiques en faveur de l'immigration à grande échelle ne sont guère concluants. Ainsi le noeud de la question est vraiment son impact social. 

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David Goodhart, ancien rédacteur en chef de la revue « Prospect », a plaidé en faveur de la restriction d'un point de vue social-démocrate. Il tient pour acquis que la plupart des gens préfèrent vivre avec leurs semblables et que les décideurs doivent prêter attention à cette préférence. Une attitude de laisser-faire quant à la composition de la population d'un pays est aussi intenable que l'indifférence quant à sa taille. Pour Goodhart, l'origine de l'hostilité des libéraux à propos des contrôles migratoires est leur conception individualiste de la société. À défaut de comprendre l'attachement du peuple à des communautés sédentaires, ils taxent l'hostilité à l'égard de l'immigration de réaction irrationnelle ou raciste.

Un afflux trop rapide de migrants affaiblit les liens de solidarité et érode à long terme les liens affectifs nécessaires pour maintenir l'Etat providence. « Les gens préféreront toujours leur propre famille et leur propre communauté, affirme Goodhart, c'est la tâche d'un libéralisme réaliste de s'efforcer d'obtenir une définition de la communauté suffisamment large pour inclure les personnes de différentes origines, sans être trop large au point de perdre toute signification. » Les libéraux économiques et politiques sont associés dans la défense d'une immigration sans restriction. Les libéraux économiques considèrent les frontières nationales comme des obstacles irrationnels à l'intégration mondiale des marchés. De nombreux partis politiques libéraux considèrent les Etats-nations et les loyautés qu'ils inspirent comme des obstacles à l'intégration politique plus large de l'humanité.

Sur ce point se joue le plus vieux débat des sciences sociales. Les collectivités peuvent-elles être créées par la politique et les marchés, ou bien est-ce qu'elles présupposent un sentiment d'appartenance ? Il me semble que quiconque réfléchit à ces questions est forcé d'accepter avec Goodhart que la citoyenneté, pour la plupart des gens, est une chose dans laquelle ils sont nés. Si la composition d'une communauté se modifie trop rapidement, cela arrache les gens à leur propre histoire, en en faisant des déracinés. L'anxiété des libéraux de ne pas passer pour des racistes leur cache ces vérités. Une explosion de ce que l'on appelle actuellement le populisme est une conséquence inévitable.

La conclusion politique à tirer est banale, mais il est bon de la rappeler. La tolérance d'un peuple au changement et à l'adaptation ne doit pas être étendue au-delà de ses limites. Plus précisément, l'immigration ne doit pas être poussée trop loin, parce qu'elle déclenchera à coup sûr l'hostilité."

vendredi, 14 octobre 2016

An Update From Germany

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An Update From Germany

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Ex: http://www.lewrockwell.com

Germany is smaller than California. Within the last two years, it has allowed in roughly two million Muslim refugees and immigrants, all by fiat. Having no voice in this radical demographic change, many Germans are fuming.

Last year, I wrote from Leipzig that Germany has lost its autonomy and sanity. Teaching at the university, I registered that all my students were openly sympathetic towards Muslim refugees, so I suggested they look harder at their government’s complicity in the US’s endless war against Muslims.

The best way to help Afghans, Iraqis, Libyans and Syrians is to not kill them and destroy their countries, obviously. My students couldn’t quite go there, however, for that would entail them being “anti-American,” a big no-no in their vassal state. In the lobby of my university building, there was a banner admonishing against xenophobia, Islamophobia, homophobia, sexism, anti-Semitism and anti-Americanism.

The biggest taboo in Germany is Israel’s role in this serial destruction, and not just of Muslim but European countries. Badgered for decades with Holocaust guilt, no self-respecting German can bat a dark eyelash in any Jew’s direction. They cannot probe George Soros, for example. Though Germany was being purposely dismantled, my students could not see it.

Yesterday, a Syrian terrorist suspect was taken into custody in Leipzig, only to be found dead by suicide hours later. Of course, it’s a preposterous story. One can expose false flag events and planted stories while acknowledging that real crimes by Muslims are also occurring, however. As with the amplifying tension between blacks and whites in the US, Muslims are being deployed in Europe sow chaos and disunity.

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Millions of young, impoverished young men from cultures that frown on alcohol and the exposure of female flesh are being imported into a country of huge beer steins and nude sunbathing. What can go wrong? A friend of mine in Frankfurt gives us an update:

Things are slowly sliding into chaos. “Refugees” keep pouring in (600,000 so far this year). The Secretary of the Interior proudly announced that last year, only 880,000 refugees came to Germany, not 1.1 million, as was said before. The problem is nobody really knows how many refugees were never registered. The borders were open, they are still open, so people came and just vanished.

A good example: In the summer of 2015, just before the refugee crisis got into high gear, we had the G20 meeting in Munich. It was intensively protected with tens of thousands of policemen in Bavaria. During one week, the police conducted border controls, and guess what? In one week, they “found” 14,000 illegal persons—persons who had secretly sneaked into Germany. That was in only ONE week. They haven’t done that since.

Cities are changing—when you go to the central station of any German town, you see lots and lots and lots of foreign men—Arabs and Blacks etc. In Frankfurt, the police admit that they have lost control of the central station (in regards to the selling of drugs and petty crimes).

In Leipzig, a famous club in Connewitz called Conne Island had to admit that they have a teensy weensy bit of a problem with a new clientele—that women didn’t feel save anymore, that violence erupted on many nights, that women were sexually harassed, etc. Therefore, they increased security measures. Though they really tried hard not to appear racist or anything like that, everybody with two brain cells left knows of whom they were talking about.

But still, we are officially told that there are no problems with increases in violence, theft, rapes, drug pushing, etc. What Germans see is something different. Anger is rising. We have rapes and other incidents on a daily basis.

In Dresden, some German youths threatened Syrian kids with a knife. This was widely condemned by the media. Then some German threw some really big fireworks at a mosque. Interestingly, the press reported this as a “bomb attack”. Now, we had a “bomb attack” when a refugee blew himself up in a crowd with some real explosives, killing himself and wounding 10 people. Though this was a real bomb, we are told that we have to despise and condemn those who put fireworks at the front of a mosque (hurting no one and not destroying really anything—only the wall was blackened).

Yet in regards to the refugee who blew himself up—or his colleague who (luckily) unsuccessfully tried to hack people to death with an axe on a train—nope, he is not to be condemned or despised.

We are constantly told that these Germans who attack refugees, as recently happened in Bautzen in the east of Germany, are “the ugly face of Germany”—something to be ashamed of. Yet we are not told that before some 80 Germans and some 30 refugees in Bautzen got into a fight, that for weeks and weeks the refugees in Bautzen had been getting drunk in public, harassing women, shouting abuses at passers-by, etc.

And we are never, never told that refugees showed the “ugly face of Islam” or whatever when things like in Cologne happened.

The cloak of political correctness is very heavy and thick now, hanging over everything.

A few days ago, a Syrian extremist, member of ISIS, escaped a raid by the police, who tried to get him (he was just planning a—you guess—big bomb attack at an airport), and while he was fleeing, he was caught by three other Syrians, who held him, tied him with a rope and took him to the police.

Schau an—the poor bastard hanged himself in his cell in prison. Funny, how all these terrorists never seem to survive their actions that long. Of course, there are rumors that there is something suspicious about it. We will never know, I guess. The secret services are surely behind some, but not all actions. It’s a mystery—and the one who tries to look into it can’t lead to a happy life, so few dare.

Now the press is full with coverage about the “first Syrian heroes” of Germany. Funnily enough, only nitpickers mention that, according to German law, binding somebody is illegal (German law has some exceptions for people to act in self-defense, but this was no such thing).

A few months ago, three Germans did the same thing. They held an Iraqi who was threatening people in a supermarket with a bottle, tied him to a tree and informed the police. Oh, the condemnation! How could they take the law into their own hands! Shame, shame, shame on them! No tolerance for this!

But here, with these three Syrians doing exactly the same thing, it’s all good. All nice. Heroes. Brave boys. Hurra Hurra und dreimal Hurra!

Really, some people get really frustrated because of all this, some will soon turn to violence, and others are just leaving. We know that especially highly qualified Germans are silently leaving the country, going to Australia, New Zealand, Canada, anywhere else, to escape this change in Germany.

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Because a change it is, and not for the better. It seems somebody high above is hell bent on changing the very fabric of German society. And most people are so busy with making money, looking after the family, etc. that they really do not realize that the dismantling of Germany is well under way.

Okay, we already have parts in cities where the police are losing control and women do not go there alone at night—but no, these are no ghettos. Not yet. And if, as happened in Bonn, a language school has issued a warning to its foreign pupils to not go into certain areas because of the danger of getting mugged or raped there, if the school says it has recorded over 250 incidents of pupils who had had bad experiences in these areas—ah, come on, are you racists or what?!

Yes, we have more and more mosques. There are former Muslims like Sabatina James or Hamed Abdel-Sayed who are criticizing Islam, but they are only fringe figures. When Sabatina James says on the prime time news that child marriages, which are growing in number, are horrible, she is told by our anchorman that not all are horrible. Some are good.

Oh, happy country! Slowly, slowly, streets, cities, the way of life, etc., are changing. Let’s ban pork in Kindergarten—all right. Let’s call the Weihnachtsmarkt (Christmas market) Wintermarkt from now on—in order to not offend anybody. Let’s make separate days in public baths—one for the women, one for the men. And lastly, let’s tell the Germans that sharia is not all that bad—in fact, it perfectly matches our Grundgesetz, the constitution of the Federal Republic!

It is really strange to see all this, Linh. Slowly, slowly, our country is changing before our very eyes. Now—in danger of repeating myself—I do not blame Muslims in general. They are just pawns in a game, as I said before. But one has to be willfully ignorant to not see that this path that we are on is heading towards hatred, violence and (maybe) finally civil war.

My take is that the East Germans will resist it first—maybe they make a putsch or something like it and get out of the Federal Republic. It is possible.

You cannot change the whole fabric of a society and think that everybody will welcome it. The German structure of Germany, its very own culture, would change in such a way, that it wouldn’t be German anymore. It would be something new. Some will resist that, and I guess it will be the East Germans.

As the CIA once stated—by 2020, we should have civil unrest in Europe. I guess we might even start earlier.

Of course, I sometimes wonder WHY the powers that be want the destruction of German, but that is speculation. What counts is the result.

And this is clear: Germany is slowly eroded, changed, morphed into a multicultural society with no roots, where all groups watch each other suspiciously, where the few rich live well in their gated communities, while the rest of the population tries to survive another day. That’s the way.

Still, there is hope because there is something called fate. And I guess (or hope) fate has some surprises for the powers that be. In the very end, things may turn out differently. We’ll see.

This is the way the world ends.

This is the way the world ends.

Not with a bang, but a…… bigger bang. 

Que cache le mythe des migrants présentés comme «opportunité économique»?

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Que cache le mythe des migrants présentés comme «opportunité économique»?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

La majorité de la population française est réticente à la submersion de notre pays par les pseudo-réfugiés. Elle le démontre davantage chaque jour et commence même, parfois, à montrer les crocs, ce qui ne peut que nous réjouir. Dans ce combat, elle fait face à de nombreux ennemis qui entendent utiliser tous les moyens possibles pour accélérer la tiers-mondialisation de notre pays. Des immigrés qui se mobilisent pour les « migrants » comme on l'a vu à Sarcelles (la solidarité des races sombres à notre encontre) à l'establishment politico-médiatique, tous sont au coude-à-coude pour favoriser l'installation des nouveaux profiteurs...

Des profiteurs ? Vous n'y pensez pas ! Ceux qui tirent avantage de la situation sont, en réalité, les pays européens chez qui le torrent migratoire se déverse. Vous n'aviez peut-être pas saisi : les « migrants » sont une opportunité économique pour nos sociétés vieillissantes ! Toute l'oligarchie reprend en cœur ce même discours : ils coûtent (un peu) au départ mais rapportent (énormément) au final ! Il faut donc les accueillir à tout prix! Les termes élogieux -souvent empruntés au vocabulaire économique- abondent : les réfugiés sont « une ressource » et doivent être considérés comme « des investissements » nous disait Pierre Moscovici l'année dernière. Emmanuel Macron parlait d' « opportunité économique ». Le Monde, Ouest France et bien d'autres médiats sont également unanimes : les migrants sont une chance pour l'économie française ! Pour une organisation internationale comme l'OCDE, l'évidence est la même : « les flux de migrants sont positifs pour les économies des pays d’accueil. » vient de déclarer Angel Gurria, son sécrétaire général.

Résumons. Qui va payer vos retraites ? Eux ! Qui va faire repartir la croissance économique ? Eux ! Qui  va nous sortir de la merde ? Eux !

La preuve ? On la trouverait en Suède. Quel heureux hasard ! Ce pays, autrefois florissant et agréable mais aujourd'hui en phase terminale de tiers-mondialisation, aurait largement bénéficié des apports économiques dus aux masses de migrants arrivés sur son sol... Magie ! Proportionnellement à sa population, c'est la Suède qui a accueilli le plus de migrants parmi tous les pays européens. Aucun doute n'est donc permis : avec une croissance économique de 4,5% lors du dernier trimestre et 2015 forcément due aux nouveaux arrivants, on ne peut conclure qu'une seule chose : ils sont une chance pour ce pays scandinave comme pour tout notre continent ! 20Minutes.fr nous donne les détails :

" Les 160.000 nouveaux arrivants ont en effet dynamisé l’activité de la nation, un phénomène dont ont profité les 9,5 millions d’habitants, explique France Inter. En effet, après les dépenses liées à la gestion immédiate de l’arrivée des migrants et directement payées par l’Etat Suédois à diverses entreprises, le gouvernement a lancé de plus vastes programmes d’investissement.

Et pour construire ces routes, bâtiments et autres écoles, les entreprises de BTP, qui peinaient jusque-là à recruter, ont pu compter sur les récents immigrés pour offrir une main-d’œuvre bienvenue.

Résultat : les sociétés suédoises peuvent fournir une quantité de travail et de services qu’elles ne pouvaient pas proposer auparavant. Quant aux travailleurs, ils gagnent un salaire et, via la TVA, reversent de l’argent à l’Etat à chaque dépense."

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Les mondialistes exultent! Ils ont trouvé l'argument suprême pour nos sociétés gouvernées par le tout-économique. J'entendais encore hier matin (mercredi 13 octobre) sur RTL l'inénarable Nicolas Domenach qui n'en pouvait plus à propos de la Suède. Lisez plus haut : les 9,5 millions de suédois ont profité du travail des migrants ! N'en doutez pas ! Grâce à eux, on sortira de la crise !

La réalité est sans doute bien loin de cette propagande éhontée qui rappelle celle en faveur des immigrés extra-européens qui, eux aussi, ont contribué à la richesse des pays européens de fort belle manière... Les similitudes sont frappantes. L'immigration de peuplement en Europe a été favorisée par les grands patrons, ceux-là même qui ont réclamé, en Allemagne surtout, l'accueil des migrants ces dernières années. On sait pourtant que ces populations ne travaillent quasiment pas et sont en général inaptes à toute autre activité que celle qui consiste à pomper les aides des pays qui les reçoivent. On nous a vendus des ingénieurs et des chercheurs... il doit y avoir erreur sur la marchandise. Je vois plutôt les rues de Paris ou de Calais remplies de loqueteux et de tronches de cauchemar...

Prenons le cas allemand. Après avoir tout fait pour que le pays ouvre ses frontières aux réfugiés, les capitalistes sont revenus à la réalité : ils sont quasiment tous inemployables. En juin 2016, seuls 54 réfugiés (sur plus d'un million) avaient été embauchés par les entreprises du Dax (les 30 entreprises les plus riches de l’Indice boursier allemand). Ils les ont réclamés mais finalement ils n'en veulent plus... c'est l'Etat et la population qui devront s'en accommoder ! Et ils resteront là... “Nous croyions avoir affaire à des médecins et des ingénieurs syriens. On réalise aujourd’hui que ces réfugiés qualifiés forment une minorité”, a ainsi déclaré une responsable de la fédération des employeurs allemands (BDA) qui ont commencé depuis des mois à déchanter. Retour à la réalité...

Si l'on ne parle que de l'impact économique (et non social ou politique) apporté par ces millions de clandestins sur notre sol, force est de constater qu'il n'est pas en notre faveur et ne le sera jamais. Même chose que pour l'immigration de peuplement qui nous a été imposée depuis des décennies. Ces populations ne travaillent pas ou peu. Quand elles le font, c'est au noir ou dans des circuits de l'économie parallèle. Certes, elles consomment... dans les kebabs et autres échoppes exotiques bien peu contrôlées par les autorités. Elles coûtent surtout des millions, des milliards même. Souvenez-vous de ce chiffre : l'immigration illégale a coûté 1,38 milliards d'euros à la France en 2015. C'est plus que le budget de la santé (1,25 milliards) ! Accueillis jusque dans des châteaux, aidés en tout avec notre argent, on voit mal comment les migrants crasseux qui envahissent nos rues pourraient aider notre économie. Ils n'ont pas contribué à celle de Calais où nombre de restaurants et magasins ont fermé leurs portes à cause de leur présence...

L'important est là : on cherche à nous faire avaler que, comme les réfugiés sont bons pour notre économie et la sacro-sainte croissance, il faut les accepter et les intégrer à tout prix. L'argument pognon est utilisé de manière à endormir le chaland qui acceptera inévitablement tous les problèmes apportés par ces populations qui n'ont rien à faire chez nous. Et avant tout pour une raison raciale. Nous sommes différents donc nous ne pouvons vivre ensemble. D'autant que nous ne recevons pas la crème... Les multiples viols (de groupe de plus en plus souvent à l'image de cette handicapée violée par plusieurs demandeurs d'asile...en Suède!), meurtres et destructions diverses sont là pour en témoigner. Sans parler des terroristes infiltrés dans tout ce beau monde !

Quand Attali nous promet que « les réfugiés vont faire de l’Europe la première puissance du monde», il sait à quel point son mensonge est gros. Il n'y croit pas plus que tous les autres membres de l'oligarchie mais l'utilise à une fin : la destruction de notre identité, de notre race, de l'Europe. L'argument économique est l'arbre qui cache la forêt : l'idéologie mondialiste utilise l'argent pour avilir les peuples puis pour les détruire.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

lundi, 10 octobre 2016

Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

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Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la « crise des migrants » est une opération menée par Bruxelles avec l’aide des médias et des ONG contre les Etats-nations afin d’instaurer une Europe multiculturelle à l’issue d’une guerre de quatrième génération.
 
Pour cet ancien ponte du renseignement hongrois, l’opération actuelle prend trois formes. « L’une est une attaque politique formelle venant de Bruxelles, l’autre est une attaque diffuse à travers les médias « mainstream », bien sûr les grands médias occidentaux, mais aussi une part des médias hongrois qui sont financés de l’extérieur. » La troisième est une attaque « concrète », sur le terrain, organisée par des « organisations civiles », qui, sous couvert d’aide humanitaire, instrumentalisent les migrants.

Le renseignement hongrois sait qui manipule les migrants

Lazlo Foldi prend pour exemple les images milliers de migrants (sept mille) qui se sont rués cette semaine sur les barrières posées à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Ces migrants n’ont pas eu l’idée tout seuls de porter des pancartes rédigées en anglais à l’intention des caméras, ni de chanter leur exigence de traverser la frontière, juste après le résultat du referendum hongrois. Ils n’ont pas eu non plus l’idée de foncer soudainement sur le point de la frontière le plus proche de Belgrade : ils ont affirmé aux cameramen de télévision que des « civils européens » d’organisations humanitaires leur avaient appris qu’après le referendum « les Hongrois auraient compris et ouvriraient leur frontière ». Une fausse nouvelle soigneusement calculée pour provoquer cette marée humaine et pouvoir en diffuser l’image grâce aux télévisions occidentales. Pour l’ancien patron des opérations du renseignement, ce n’est qu’une énième désinformation menée par les « humanitaires » pour instrumentaliser les migrants.

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La guerre de quatrième génération, sans bruit ni sang

« Il s’agit d’un système bien huilé, qui a été élaboré il y a des années », assure Foldi. Un système qui mène une « guerre de quatrième génération », sans opération militaire ni effusion de sang, une guerre psychologique dont le premier ressort est la mauvaise conscience de l’Occident, soigneusement semée et cultivée grâce à la repentance. Elle vise la soumission de populations préalablement travaillées, pour qui la notion d’ennemi n’existe pratiquement plus. En Europe occidentale, le dernier événement qui l’ait utilisée est la guerre d’Algérie : seuls les plus de soixante-cinq ans s’en souviennent. Le gros des populations n’identifie donc simplement pas la révolution-invasion-guerre qu’elles subissent. Cette guerre non déclarée, cette invasion sans armes, ne rencontrent en conséquence que très peu de résistance, encore moins de résistance raisonnée. Et les rares individus qui songent à se défendre sont montrés du doigt comme « clivants », donc, ipso facto, exclus d’une société dont le principe de base est qu’il est exclu d’exclure. Ce qui fait que les anticorps sont éliminés par l’organisme avant de pouvoir agir contre les bacilles qui envahissent ledit organisme. Il s’agit d’une maladie sociale auto-immune, et feu Louis Pauwels n’avait pas tort voilà trente ans de parler de « sida mental ».

Bruxelles provoque la crise des nations d’Europe

Il est tout à fait remarquable, et caractéristique de la révolution (ou plutôt de l’inversion) en cours, que l’invasion de l’Europe et la soumission des peuples d’Europe soient organisés par ceux-là mêmes qui devraient les défendre : l’Union européenne de Bruxelles, les grands médias, les ONG. Pour Lazlo Foldi, la raison en est que l’objectif de l’Union européenne et de tout le complexe institutionalo-médiatique qui relaie l’idéologie mondialiste, selon « une stratégie fixée depuis longtemps », est de « transformer l’Europe en un système multiculturel au-dessus des nations ».
 
C’est d’ailleurs pour cela que la première opération de la guerre de quatrième génération a visé la Hongrie. « Ils veulent éradiquer toute velléité de rébellion, écraser l’esprit de résistance représenté aujourd’hui par le gouvernement hongrois. »

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Les Hongrois ne veulent pas des horreurs du Multikultistan

Cet esprit de résistance est d’autant plus dangereux pour le projet mondialiste qu’il pourrait bien faire des émules. John Podesta, le directeur de la campagne d’Hillary Clinton, vient en effet de recevoir par wikileaks des morceaux de rapports des renseignements allemands tout à fait éclairants sur l’invasion de l’Allemagne par les migrants et la façon dont les Allemands la perçoivent. Le titre en est parlant : « Multikultistan : un tunnel des horreurs pour les Allemands moyens ».
 
La suite est au diapason : « L’immigration musulmane et la folie multiculturelle laissent une traînée de misère et de pagaille en Allemagne, le pire étant à venir à cause de la démographie ». A Berlin en effet, où les statistiques religieuses ne sont pas interdites, on sait que l’islam n’est confessé que par 9 % de la population, alors que les récidives chez les jeunes criminels touchent à soixante-dix pour cent des musulmans, selon le procureur de Berlin Roman Reusch. Plus précisément, 46 % des jeunes criminels en série sont d’ascendance arabe et 33 % d’ascendance turque. Un porte-parole de la police note l’extension des ghettos ultraviolents. Et la réaction des Allemands de souche est logiquement la fuite : ils quittent Berlin Ouest où ils se trouvent la cible d’une violence spécifique de la part des migrants. Ils ont perçu la menace.

Apprendre aux nations d’Europe qu’elles sont en guerre

Tel est la talon d’Achille de l’opération « crise des migrants » : pour que la guerre de quatrième génération se termine par une victoire mondialiste, il est nécessaire qu’elle demeure subreptice, il ne faut pas qu’elle apparaisse comme une guerre contre les nations, il ne faut pas qu’elle « clive », il faut qu’elle semble une transformation paisible et inéluctable. Une évolution non aversive. C’est ainsi qu’elle apparaît encore souvent, vue des beaux quartiers d’Europe occidentale et d’Amérique. Malgré les informations reçues par son directeur de campagne Podesta, Hillary Clinton n’a rien perdu de ses certitudes. S’exprimant à huis clos (mais tout fuit) devant les cadres de la banque Itau, elle leur a fait part de son « rêve », en l’espèce un « marché commun hémisphérique, avec le libre échange intégral et pas de frontières ».
 
Pour Hillary et les idéologues qui se servent ainsi de l’économie pour faire leur révolution, le « protectionnisme », sous toutes ses formes, est l’ennemi. D’où leur aversion rabique, forcenée, frénétique, hystérique, contre Donald Trump, qui a pourtant un grand nombre des défauts qu’ils pourraient apprécier : il suffit qu’il veuille limiter l’immigration et le libre échange pour être entièrement diabolique. Il suffit qu’il refuse pour l’Amérique le destin de soumission qu’il voit se dessiner pour l’Europe. C’est pour la même raison que Viktor Orban, qui est pourtant un défenseur bien insuffisant des nations, est l’objet d’une véritable danse du scalp à Bruxelles : il suffit qu’il ne plie pas complètement devant le dogme mondialiste. Quant aux révélations de l’ancien ponte des renseignements hongrois, qui donnent une base solide aux revendications des Hongroise, il est probable que les médias occidentaux le traiteront par leur seul argument convainquant : le silence.

Pauline Mille

jeudi, 22 septembre 2016

Afflux migratoire et délitement de l’Etat

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Afflux migratoire et délitement de l’Etat – aspects juridiques, politiques et culturels de la question des réfugiés

Par Hans Köchler, professeur de philosophie politique*

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

«En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.»

Je diviserai mon intervention en trois parties.

Tout d’abord, je me pencherai sur la configuration du Moyen-Orient et j’esquisserai une brève rétro­spective historique allant jusqu’à l’actuel délitement des Etats en présence.

Dans un deuxième temps, j’examinerai les événements que je décris comme le délitement des Etats et la déstabilisation de l’Europe.

Enfin, je m’interrogerai sur les buts et les intentions dissimulés derrière ces développements. «Un nouvel ordre mondial?» (avec point d’interrogation), pourrait être l’intitulé abrégé pour cette dernière section de mon intervention.
Avant d’examiner les problèmes plus en détail, donc, je voudrais faire certaines remarques préalables:
En ce qui concerne l’actuelle problématique des réfugiés ou des flux migratoires, je ne me souviens d’aucune situation dans laquelle la presse et l’opinion publique aient été aussi diamétralement opposées. Dans les divergences entre l’opinion publique et les medias, je vois un problème tout à fait fondamental pour notre communauté démocratique.

Je ne vais pas présenter une fois encore les faits déjà connus dans le détail; on n’emmène pas une chouette à Athènes. Bien au contraire, il s’agit pour moi de traiter des raisons pour lesquelles nous sommes, ici et maintenant, confrontés – non seulement au Proche- et au Moyen-Orient, mais de plus en plus aussi en Europe, et cela aussi bien sur le plan intérieur qu’à l’international ou, comme on le dit souvent, au niveau «supranational» – à un délitement de l’Etat dont la conséquence est l’actuel soi-disant afflux de populations migratoires ici en Europe.

J’aimerais aussi aborder ici la dimension géopolitique des événements et en particulier, la question des conséquences voulues ou plutôt non-voulues de cette évolution. Les questions à ce propos se posent à peu près sous cette forme: l’afflux migratoire vers l’Europe est-il vraiment une conséquence imprévue – et donc non voulue – des interventions militaires de l’Occident dans cette région du Moyen-Orient, y compris en Afrique du Nord, et qui seraient dans ce cas et selon l’expression convenue, celles de la «juste rétribution d’une mauvaise action»? Ou – et là se pose le second raisonnement possible – y aurait-il des hasards ou plutôt des liens qui indiqueraient un plus vaste concept géostratégique?
L’analyse des trois rubriques suivantes m’amène – en particulier en ce qui concerne l’Union européenne – à poser également la question suivante: cette invasion effective – avec abrogation de pratiquement toutes les barrières légales et sécuritaires – est-elle voulue, et si oui, dans quelle mesure, ou est-ce simplement symptomatique d’une société de la prospérité et du plaisir qui aurait perdu toute volonté d’affirmation identitaire?

En tant qu’Autrichien, par rapport à ce qui s’est déroulé à grande échelle pendant des mois l’an dernier au vu et au su de tous, je dois avant tout poser cette question: Pourquoi, au cours de ces longs mois, la République a-t-elle capitulé devant la loi de la jungle? Sans entrer dans des détails suffisamment connus, je renvoie seulement à ce fait: l’Etat a fait entrer sur le territoire des centaines de milliers de personnes sans savoir, dans la plupart des cas, de qui il s’agissait et a ensuite transféré ces gens – agissant quasiment comme un passeur de migrants au niveau national – en majeure partie à la frontière allemande.

Au préalable, je voudrais également établir encore une clarification terminologique: en Europe, les migrants ne sont pas au sens strict des réfugiés de guerre, mais très concrètement des migrants économiques – puisqu’ils proviennent soit de pays présentant toutes les conditions de sécurité, soit même directement de pays-tiers sûrs. C’est pratiquement sans exception toujours le cas. En outre, je me prononcerai plus tard sur l’aspect juridique de ce fait.

1. Configuration du Moyen-Orient et brève rétrospective historique

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui

«Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant ‹Etats faillis›, mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe.»

J’en viens ainsi à la première partie de mon intervention: la discussion de la configuration du Moyen-Orient avec une brève rétrospective historique.
A titre personnel, je voudrais ajouter que j’ai visité en permanence depuis les années 70 les pays ou plutôt la région dont il s’agit ici, et que je cherche ainsi à formuler ici un jugement qui se base non seulement sur la lecture de la presse, mais aussi sur des observations personnelles et la collaboration avec des intellectuels, hommes politiques et organisations dans les pays du Moyen-Orient.

Ecroulement de l’ordre artificiel établi par les vainqueurs

Ce que nous voyons à présent est l’écroulement consécutif à la Première Guerre mondiale de l’ordre ayant résulté de la fin de l’empire ottoman, instauré de par la volonté des vainqueurs, soit les puissances coloniales de l’époque. Dans les débats actuels, ce n’est pas uniquement le soi-disant Etat islamique (IS) de nos jours qui constate la «fin des Accords Sykes-Picot». (Ceci implique le traité secret conclu en 1916 entre les ministres des Affaires étrangères de France et de Grande-Bretagne sur la répartition des zones d’intérêts dans la région du Moyen-Orient).
On doit aussi retenir la chose suivante: en comparaison avec le nouvel ordre instauré, la géographie politique en quelque sorte harmonieuse – et ceci est dit avec peut-être un peu de nostalgie – de l’empire ottoman, soit des régions développées sur une base historique et organisées en unités administratives – a été remplacée par des territoires artificiels, souvent ethniquement hétérogènes, sur le modèle des Etats nationaux européens, ce qui signifiait souvent, concrètement, qu’on découpait arbitrairement les zones d’habitat de tout un peuple – cf. le destin des Kurdes – ou qu’on soustrayait d’unités territoriales développées sur des bases historiques, des mini-Etats qui devenaient pour ainsi dire «Domaines réservés» des intérêts respectifs des grandes puissances. Le fait est – comme on peut s’en rendre compte – que, par exemple, l’Etat pétrolier du Koweït a été en son temps prélevé sur la Vilayet de Bassora. (Une Vilayet est un arrondissement administratif datant de l’empire ottoman.) Le Koweït et la région de l’actuelle ville de Bassora en Irak étaient une seule et même unité administrative fondée sur des bases historiques.
Je ne voudrais pas non plus revenir sur les conséquences de la Déclaration Balfour de 1917, par laquelle la Grande-Bretagne a de fait créé le conflit – de nos jours encore sans solution – du Proche-Orient en disposant, sans considération pour la population arabe, de la région de Palestine (pour laquelle l’Angle­terre avait reçu un mandat pour la création d’une fédération de peuples après l’écroulement de l’empire ottoman) – une région déjà secrètement promise – voir la mission secrète de «Lawrence d’Arabie», faussement idéalisée en Europe – aux Arabes.

Affirmation identitaire dans le cadre de la rivalité Est-Ouest

Les Etats nationaux hétérogènes dans la région – comme par exemple l’Irak avec sa complexe composition multiethnique et multi-religieuse (Kurdes, Arabes, Musulmans, à leur tour divisés en Sunnites et Chiites, Chrétiens d’Orient, Yézides) – ne pouvaient ou plutôt ne peuvent être rassemblés et dirigés que par un pouvoir central fort. Tout autre point de vue serait une illusion. Il serait malhonnête d’espérer pouvoir comparer un Etat créé par les vainqueurs, pour ainsi dire sur décision extérieure, avec un Etat européen, établi au cours des siècles par des méthodes politiques éprouvées.
Dans l’ère de l’après-Seconde Guerre mondiale, il était aussi décisif pour le maintien de l’ordre étatique dans ces pays qu’un équilibre de pouvoir – bien que précaire – existe entre les deux superpuissances de l’époque. Cela procurait au gouvernement concerné – ou plutôt à l’homme au pouvoir – du Moyen-Orient une sorte de marge de manœuvre entre l’Est et l’Ouest. En essayant de manœuvrer entre deux pouvoirs rivalisant ensemble, au besoin aussi en jouant l’un contre l’autre, il était possible d’affirmer dans une certaine mesure les intérêts de son propre Etat.

Réveil du sentiment national arabe

A cette époque, le réveil de la conscience nationale panarabe a aussi été un facteur stabilisant. Il s’agissait par là de souligner le lien commun entre tous ces Etats. La langue et la culture arabe étaient le ciment entre les membres de la communauté extrêmement diversifiée idéologiquement ou plutôt religieusement. C’est justement l’accent mis sur la nation arabe commune (au sens de la nation culturelle) qui a permis de surmonter les antagonismes religieux. Dans ce cadre, il faut aussi considérer le rôle politique alors très influent dans toute la région du parti Baas (parti laïc), lequel avait d’ailleurs été fondé par un chrétien syrien. Le slogan de l’époque – dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingts, non seulement en Irak, mais encore en Syrie et dans l’Egypte de Nasser – était celui d’une grande nation arabe existant sous la forme de plusieurs Etats – en tout plus de 20. (Cependant, dans un pays comme l’Irak qui n’était pas ethniquement homogène, cette idéologie était contestable sur le plan de la politique intérieure, comme le montrait aussi le conflit dans les régions kurdes.)

L’ère de la puissance mondiale unique

Avec la fin de la guerre froide – c’est-à-dire avec l’écroulement du communisme – donc, à partir de 1989, le monde s’est soudain trouvé livré à une unique puissance mondiale. D’ailleurs dans les jours et les mois qui ont suivi le délabrement du bloc de l’Est et la fin de l’Union soviétique, le président irakien de l’époque, Saddam Hussein, avait clairement reconnu le dilemme sur le point de surgir, lorsqu’il réunit en 1990 une conférence arabe au sommet sur la réévaluation de la situation géopolitique. Bien qu’il ait pris conscience dès le début de cette problématique, il n’en a pas tiré les conclusions correctes – ce qu’on constate rétrospectivement – et cela, au préjudice de son propre pays. Il ne faut pas non plus oublier que le nationalisme arabe, donc l’accentuation de l’héritage commun rappelant que tous font partie d’une seule nation, se retrouve éclaté en plusieurs pays différents suite aux circonstances historiques. Cela fut accompli dans l’esprit dominant l’ère de la décolonisation découlant de la Seconde Guerre mondiale.

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Vers le délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient

Cela m’amène à l’autre aspect que je décris par «délitement de l’Etat au Proche- et Moyen-Orient». Les Américains ont introduit par ailleurs la notion de «failed state» (Etat en déliquescence) – principalement toutefois pour justifier leurs propres interventions d’après le modèle suivant: on constate tout d’abord l’existence quelque part d’un «failed state», ce qui fait qu’on est bientôt tout simplement obligé d’intervenir. Cependant le fait est, comme l’histoire l’a montré dernièrement, que très souvent des Etats jusque-là relativement stables se transformaient en Etats en déliquescence, les soi-disant «failed states», suite aux actions et interventions militaires.

Réveil de l’Islam en réaction au monopole idéologique de l’Occident

Comme on l’a déjà expliqué, les différents systèmes nationaux n’ont plus, après la fin de la guerre froide, réussi à s’affirmer face à la pression politico-idéologique des Etats-Unis, soudain devenus l’unique puissance mondiale, en fait, la puissance hégémonique mondiale. En conséquence cela impliquait également une délégitimation des systèmes de chacun de ces Etats à l’égard de leur propre population. Une sorte de vide idéologique s’est alors mis en place – j’ai encore le vif souvenir d’entretiens, en particulier à Bagdad au début des années quatre-vingt-dix, avec des personnalités provenant de l’ensemble du monde arabe, et pas seulement d’Irak – qui a lui-même été comblé, de façon relativement rapide mais totale, par l’Islam. En Irak également, le président élu, jusqu’alors strictement laïc, s’est soudain découvert la fibre religieuse. (En ce qui concerne le réveil religieux et son importance politique, ce processus avait auparavant débuté en Iran – donc en milieu chiite. Un mouvement populaire, plus ou moins en opposition aux tentatives obsessionnelles du shah d’Iran de «changer totalement de cap» en engageant à fond son peuple dans le mode de vie et les valeurs occidentales, s’y était formé sur la base de l’Islam devenu facteur identitaire, ce qui a mené au renversement du régime de 1979.)

«La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entre temps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à une détérioration de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue ‹intervention humanitaire› ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue ‹responsabilité de protéger› (‹responsibility to protect›).»

Destruction des Etats stables par les interventions militaires

Enfin, l’événement traumatisant scellant la fin du panarabisme a été l’invasion du Koweït par l’Irak à l’été 1990. Cela a signifié en conséquence l’élimination effective de l’Irak en tant qu’acteur régional, durant la guerre du Golfe de l’année suivante. Le processus de «neutralisation» politique et de marginalisation de l’Irak s’est alors poursuivi pendant plus d’une décennie en conséquence des sanctions économiques au niveau mondial imposées à l’Irak officiellement par les Nations Unies, mais en réalité par les Etats-Unis et leurs alliés. C’étaient, à ma connaissance, les mesures de contrainte les plus complètes et les plus meurtrières qui aient jamais été appliquées par l’organisation des Nations Unies – dont il est résulté un million de morts, sinon plus. Bien que je n’entre pas ici dans les détails, il faut le garder présent à l’esprit, si l’on veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui en Irak et dans toute la zone alentour – tout comme en Syrie. Le fait est qu’historiquement ces sanctions étaient exceptionnelles, un crime commis envers tout un peuple au nom de la communauté internationale. En effet, après les événements pas encore complètement investigués survenus une décennie plus tard, le 11 septembre 2001, la volonté de puissance des Etats-Unis n’a plus connu de frein et a peu à peu porté le coup mortel à l’ordre ancien établi dans la région. Que ce soit en bien ou en mal – en fonction de votre manière de voir – les guerres d’agression camouflées au nom du droit international ou de l’humanitaire, avec ou sans l’aval des Nations Unies – en Afghanistan, en Irak, en Libye, et au jour d’aujourd’hui aussi en Syrie – ont non seulement détruit efficacement l’ordre politique dans les pays concernés et créé les soi-disant «Etats faillis», mais aussi déclenché une réaction en chaîne, en fin (provisoire) de laquelle on trouve l’immigration massive incontrôlée en Europe. J’en arrive maintenant au sujet principal de l’intervention d’aujourd’hui.

Aspects du délitement de l’Etat dans la région

Je voudrais distinguer ici deux aspects des effets de ce délitement de l’Etat dans la région. D’une part donc, l’aspect numéro un: les gens fuient parce que l’Etat s’enfonce dans la guerre. C’est par exemple la situation en Irak, en Libye, mais aussi en Syrie et, ce qui a encore échappé à l’Occident, au Yémen (où – comme en Syrie – une guerre civile extrêmement violente fait rage, soutenue par l’étranger). Le deuxième aspect, à clairement distinguer du premier est: l’Etat qui s’enfonce dans le chaos devient la zone de concentration ou plutôt la base logistique de migrants issus d’une autre région en direction de l’Europe. L’exemple classique en est la Libye. Le pays est devenu de fait la zone de concentration et le point de communication logistique pour l’organisation d’une immigration massive en provenance des pays africains situés au sud du Sahara, ce qu’on appelle la «zone sub-saharienne». Nous avons ici affaire à un «Etat» qui n’existe plus en tant qu’unité souveraine efficace, où on trouve deux gouvernements, deux parlements et quantité de milices rivales et d’autorités régionales – sur un territoire immense qui s’appelait auparavant «la grande Jamahiriya socialiste arabo-libyenne».
Si l’on passe ces éléments en revue, on doit aussi être attentif au fait qu’il n’existe pas d’organisation panarabe efficace pouvant recréer l’ordre – et que, finalement, il n’y en a jamais eu. La Ligue des Etats arabes, s’étant réunie fin juillet en Mauritanie pour débattre de la situation, peut tout au plus émettre des déclarations qui ne l’engagent en rien en réalpolitique. Bien qu’en ayant le statut d’organisation régionale, elle a donc le devoir de stabiliser la situation, en exerçant seulement un rôle d’observateur passif. Le fait est que cette organisation a plutôt encouragé des guerres d’agression, par son action dans l’histoire récente, comme le montre l’exemple de l’Irak.

«Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir.»

«L’Union [européenne ] se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.»

2. Délitement de l’Etat et déstabilisation en Europe

J’en viens avec cela – dans la chronologie des événements – au délitement de l’Etat et à la déstabilisation politique et sociale en Europe. Ici non plus je ne tiens pas à présenter en détail des faits largement connus. Il s’agit pour moi avant tout d’une analyse politique, juridique et sociale de la problématique à laquelle nous sommes confrontés en Europe.

L’UE se révèle être une construction politique défectueuse

En ce qui concerne l’aspect politique, il faut malheureusement se rendre compte du fait que l’Union européenne s’est révélée être une construction totalement défectueuse. Je constate ici un délitement de l’Etat dans le domaine international. Dans la gestion de la «crise des réfugiés» (je reviendrai plus précisément sur cette terminologie), l’Union européenne s’est révélée être un Moloch prétendant être un Etat, mais embrouillé dans un ensemble de règles contradictoires, et pour ainsi dire inefficaces, de compétences nationales et super-étatiques. L’Union se révèle de plus en plus clairement être une formation dysfonctionnelle dont les fonctionnaires et les juristes mettent en œuvre des règlements contradictoires qu’ils exécutent selon le bon vouloir du politique. Ceci est valable tout autant pour la problématique migratoire, pour celle des réfugiés, que pour l’échec de la politique monétaire.

Politique malhonnête et perte de confiance

En rapport avec la soi-disant politique des réfugiés, l’échec de l’Union apparaît concrètement dans le fait suivant: avant tout par une politique de porte grande ouverte, c’est-à-dire incluant la continuation du Traité de Schengen (libre circulation des personnes entre les Etats signataires du Traité de Schengen) et le refus total et simultané de protection des frontières extérieures. Malgré les diverses explications et promesses des politiciens et de la bureaucratie, au jour d’aujourd’hui rien n’en a été modifié. Il n’existe jusqu’à présent aucune protection efficace des frontières extérieures, et sans elle, le Traité de Schengen tout entier n’a plus aucun sens. On trompe les citoyens en réaffirmant par des envolées quasiment lyriques l’importance de la libre circulation des personnes et en déclarant sujet tabou l’exécution de contrôles aux frontières intérieures à l’espace Schengen, alors que les frontières extérieures ne sont pas sécurisées. Un pays comme la Hongrie qui, l’an passé déjà, a essayé d’observer fidèlement les dispositions en vigueur, a vu – comme nous-mêmes l’avons vu – ses efforts sabotés et a été dénigrée au niveau européen. Dans ces circonstances, il n’y a rien d’étonnant à ce que les citoyens perdent de plus en plus confiance dans des instances européennes agissant de façon aussi malhonnête.
Pour compléter, il faut toutefois ajouter que la République autrichienne, à l’initiative du plus jeune membre de gouvernement, le ministre des Affaires étrangères, s’est peu à peu appropriée le point de vue de la Hongrie et a réglé la politique de migration avec les pays des Balkans de l’Ouest et les Etats du Traité de Višegrad (Pologne, Slovaquie, Hongrie, République tchèque) ce qui a également signifié que la Macédoine a été soutenue et encouragée à exercer un contrôle efficace de sa frontière avec la Grèce.

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Le second point concernant l’échec de l’UE et le déficit de crédibilité du système européen est pour moi la manipulation malhonnête du Traité de Dublin – selon les conditions duquel, rien, mais alors vraiment rien du tout, n’est entrepris pour une protection commune des frontières extérieures. Par suite de cette continuelle négligence, ce décret est devenu depuis longtemps obsolète. La rétention, et un premier enregistrement des réfugiés dans un pays comme la Grèce – en grande difficulté financière – se sont révélées tout simplement illusoires.
Ce qui a apporté un certain soulagement sur ce front dans la situation actuelle (juillet 2016), n’est pas lié à une protection effective des frontières extérieures et à l’application du Traité de Dublin, mais uniquement à d’autres accords convenus ad hoc. Il s’agit là, d’une part de la coordination au sujet de la politique de migration auquel est parvenue la République d’Autriche avec les pays balkaniques de l’Ouest, d’autre part de la position de la Turquie qui – pour des raisons que je ne peux présenter ici en détail – est à présent tout à fait compétente et prête à exercer de meilleurs contrôles sur la sortie des gens stationnés sur son territoire national.

«Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme. C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat.»

Dissolution de la souveraineté suite au manque de contrôles aux frontières

Cela m’amène à un autre aspect du délitement de l’Etat et de la déstabilisation de l’Europe, notamment l’échec de la politique sociale. Sur le papier, donc aux termes de la loi, les Etats souverains, tous sans exception, n’ont démontré depuis le début de l’année ni la volonté, ni la capacité d’exercer réellement leur souveraineté. (Par rapport à l’Autriche, il y a, comme déjà mentionné, depuis le début de l’année un certain changement parce que maintenant le ministre des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense coopèrent et osent soudainement parler ouvertement de sécuriser les frontières du pays. Jusqu’à il y a peu, on avait peur d’être catalogué de fasciste ou de raciste lorsqu’on voulait souligner l’importance de l’exercice de la souveraineté sur le territoire national). Le critère essentiel de la reconnaissance d’un Etat en tant que membre souverain de la communauté internationale est et reste le contrôle de son propre territoire dans une perspective de long terme.

C’est également la définition en droit international classique pour la reconnaissance d’une communauté en tant qu’Etat. La notion d’Etat implique l’existence d’une autorité contrôlant un territoire déterminé, clairement défini et exerçant ce contrôle non seulement du jour au lendemain ou jusqu’au jour prochain, mais dans une perspective de long terme. Se reposer sur une politique d’«ouverture des frontières» est à cet égard une illusion et en réalité, un stupide euphémisme. L’Etat, cela signifie toutefois une communauté capable d’entreprendre une délimitation entre son propre territoire et une autre zone. Cette condition, notamment, le contrôle efficace du territoire, n’a actuellement plus cours dans de nombreux Etats d’Europe.

Concernant l’Autriche, il y a eu, tout au moins de la part des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, l’aveu qu’on devait entreprendre quelque chose. Cependant, s’il se produit un afflux migratoire à la frontière sud, le pays n’aura alors pas les ressources pour protéger sa frontière de manière efficace. Le fait est qu’au cours de l’année dernière – jusqu’au vote avec les pays des Balkans – les migrants pouvaient entrer dans le pays comme ils le désiraient tout en empêchant leur identification par les autorités – et donc par là, leur enregistrement réglementaire. Ceux qui pénétraient illégalement en Autriche pouvaient décider d’eux-mêmes – cela leur a été noblement accordé –, s’ils restaient ou s’ils voulaient continuer leur voyage. Le pouvoir exécutif et l’armée se limitaient au rôle d’observateurs impuissants, et à l’aide humanitaire.

Délégitimation de l’Etat à l’intérieur et à l’extérieur des frontières

Je voudrais encore insister sur deux autres aspects d’un point de vue juridique et politique, c’est-à-dire, sur la délégitimation et la déstabilisation.

Premièrement: Nous avons affaire ici à une double délégitimation de la chose publique – à l’intérieur et à l’extérieur de l’Etat. En ce qui concerne la délégitimation à l’extérieur du pays, on la constate dans l’abandon effectif de la souveraineté.

Un Etat qui renonce à l’exercice de sa souveraineté dans un domaine essentiel n’est pas pris au sérieux par la communauté internationale et perd son statut de partenaire digne de confiance.

En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.

«En ce qui concerne la délégitimation de l’Etat à l’intérieur du pays, la meilleure manière de l’illustrer est de poser la question suivante: pourquoi le citoyen justiciable doit-il s’incliner devant la violence exercée par l’Etat dans lequel il vit, si cet Etat contrevient aux lois cent fois par jour selon son bon plaisir, visiblement politique, et nie en conséquence simultanément le droit fondamental de ses citoyens à la sécurité? L’Etat et ses institutions démontrent ainsi un parfait mépris vis-à-vis de leur responsabilité à l’égard des citoyens soumis au système judiciaire.»

Le système «deux poids, deux mesures» détruit les fondements de l’ordre juridique

Enfin, ces processus mènent – et c’est l’autre aspect mentionné plus haut – à la déstabilisation de l’ordre national, et ceci à divers égards. Je voudrais le décrire tout à fait brièvement.
Premièrement: en appliquant le système «deux poids, deux mesures», l’Etat supprime peu à peu les fondements du système judiciaire. Si dans un cas, des milliers de gens passent la frontière et entrent sans problème, mais que dans l’autre cas, le citoyen lambda tout à fait respectable atterrissant par exemple dans un aéroport, est, lui, minutieusement contrôlé, cela signifie que des normes différentes sont appliquées à chaque fois au passage des frontières. On voit un autre exemple de cette duplicité lorsque l’Etat, tout en punissant les passeurs à titre individuel, agit lui-même en tant que passeur à grande échelle. Je n’ai pas besoin de spécifier les détails concernant le transfert de migrants illégaux, par exemple de la frontière sud de l’Autriche à la frontière allemande.

Délabrement de la société civile

Deuxième aspect de la déstabilisation: la présence d’un nombre croissant de migrants issus de cultures totalement diverses et dont la notion de société et d’Etat est complètement différente amène non seulement des tensions sociales et des conflits, mais encore entraine une désintégration de la société civile, pourtant elle-même indispensable à la démocratie – avec tous les problèmes pour la sécurité intérieure qui résultent de la perte du contrôle de l’immigration. C’est ce que je désignerais, indiscutablement, comme la perte du consensus social.

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Déclin du consensus au niveau interétatique

Le troisième aspect de la déstabilisation se situe au niveau européen, donc interétatique. Ici nous avons également affaire à un déclin du consensus, dans ce cas entre les Etats-membres. Celui-ci se montre dans la divergence totale entre les positions des «nouveaux» et des «anciens» Etats-membres sur la question des migrations – un processus qui peut aller jusqu’à l’échec complet de la construction super-étatique de l’Union européenne.
Il s’agit là plus ou moins d’une discussion «tous contre tous» et il n’est pas étonnant que de plus en plus d’Etats reviennent aux solutions nationales ou plutôt adoptent des conventions en dehors du cadre de l’UE selon leurs intérêts spécifiques. On en a vu un exemple dans les accords conclus lors de la Conférence de Vienne entre l’Autriche et les pays balkaniques de l’Ouest ou plutôt les Etats de Višegrad – pour ainsi dire sans l’aval de Bruxelles ou de Berlin.

Le fait est qu’on revient peu à peu au contexte national parce qu’on s’aperçoit que c’est là que se trouve la seule solution effective aux problèmes concrets touchant directement à l’intérêt national, même s’il est possible – après des décennies d’érosion de l’autorité de l’Etat – que cela se produise en quelque sorte à un niveau inférieur, en partie parce que les Etats eux-mêmes n’ont plus les ressources nécessaires à la défense de leurs frontières.

Fragilité de l’Etat sur la base de concepts juridiques inexacts – quelques mises au point conceptuelles

Cela m’amène aux implications juridiques de la déstabilisation. Il me semble que dans le débat actuel, les concepts sont devenus complètement imprécis sur le plan juridique, ce qui est une raison essentielle pour la surcharge effective des structures de l’Etat et la fragilité croissante de l’Etat. Il faudrait développer en urgence une mise au point conceptuelle sur le plan politique.

Convention de Genève sur les réfugiés

Premièrement: la Convention de Genève de 1951 concernant les réfugiés et qui est juridiquement contraignante pour tous les Etats de l’UE ne traite absolument pas des réfugiés de guerre. Cette situation n’est absolument pas communiquée aux populations. Selon cette convention, la guerre n’est en aucun cas un motif justifiant l’asile. Selon son article 2, les réfugiés sont définis comme des individus craignant d’être persécutés pour des motifs raciaux, religieux, nationaux, idéologiques ou à cause de leur appartenance sociale à des groupes définis, et qui, à cause de ces persécutions, se retrouvent en exil et sont dans l’incapacité, ou ne sont pas disposés, à demander leur protection par leur propre pays.

Cela signifie que lorsque la guerre éclate dans un pays, sa population n’obtient pas automatiquement le droit d’asile, ou plutôt le droit de déposer une demande d’asile. On différencie le citoyen persécuté, comme décrit plus haut, de celui dont le pays est impliqué dans une guerre – si cette guerre est menée entre Etats, c’est-à-dire qu’un pays est attaqué en tant que tel sans que ce soit pour une raison de religion, d’appartenance nationale ou encore d’idéologie. En outre, la situation de discrimination ou de persécution, telle que la conçoit la Convention, n’est pas clairement décrite. Les cas de discrimination et de persécution recensés dans la Convention pourraient concerner de nombreuses personnes impliquées dans des guerres civiles, ils ne correspondent pas nécessairement à une situation de guerre subie par un pays victime d’une agression extérieure.

Deuxièmement, il faut maintenir le statut juridique qui, en vertu de l’article 31 de la Convention de Genève, veut que les réfugiés ainsi définis, parvenus illégalement sur le territoire d’un pays, n’obtiennent l’immunité par rapport à cette entrée illégale que s’ils proviennent (1) directement d’une zone dans laquelle leur vie et leur liberté sont compromises selon l’article 2 cité plus haut, et (2) s’ils s’inscrivent dès leur entrée illégale auprès des services publics du pays en question, c’est-à-dire, qu’ils se laissent enregistrer.

C’est le texte de la Convention. Cela signifie toutefois qu’en fait tous ceux arrivant dans les pays de l’Union européenne par voie maritime ou terrestre ne jouissent d’aucune immunité, et ne peuvent donc revendiquer le droit de solliciter l’asile, puisque ils proviennent déjà de pays dans lesquels ils n’étaient pas poursuivis. Cela signifie légalement qu’aucun pays de l’UE n’a, selon la Convention, l’obligation de laisser entrer les gens – en lieu de quoi, bien sûr, une organisation internationale comme l’UE ou un Etat souverain sont libres d’opter pour une autre solution plus généreuse. Un pays peut déclarer, comme bon lui semble, que tous les réfugiés provenant de tous les pays du monde sont bienvenus en tout temps et qu’il n’y a aucune «limite supérieure». Il doit cependant supporter lui-même les conséquences de cette politique et ne peut en imputer la charge à d’autres Etats. En réalité, chaque pays a également le droit de prendre des mesures contre l’entrée irrégulière des étrangers. Inversement, il existe bien sûr aussi le droit pour chaque Etat d’expulser ces gens. Cela ressort aussi, à l’inverse, dans la formulation de l’article 32, paragraphe 1, de la Convention de Genève sur les réfugiés.

La guerre froide comme arrière-plan historique de la Convention

Pour comprendre, juste une très brève indication sur le contexte historique: la Convention s’appliquait primitivement à des personnes qui, avant une date butoir bien précise – le 1er janvier 1951 – étaient devenus des réfugiés. Avec le protocole d’accord de 1966, cette restriction temporelle a été levée. A ce propos, un fait particulier – généralement passé sous silence – présente dans ces circonstances un intérêt certain: en fait, un Etat peut, selon ce protocole, en limiter la portée territoriale, sur simple déclaration, lors de son adhésion à la Convention. La Turquie, par exemple, a fait usage de cette disposition. Dans la situation actuelle, on atteint tout simplement le comble de l’ironie justement dans le cas de ce pays dont la coopération est si importante dans la question des réfugiés. En raison de la clause formulée selon le statut juridique de la Convention de Genève sur les réfugiés, la Turquie est en droit d’accepter uniquement des réfugiés en provenance d’Europe mais pas du Moyen-Orient ou d’Asie. Par ailleurs, la Turquie a également formulé une autre réserve, selon laquelle on ne peut attribuer à toute personne acceptée dans le pays en tant que réfugié des avantages pécuniaires plus importants que l’assistance sociale ou les aides versées aux citoyens du pays lui-même.

Sur le plan historique, il est aussi intéressant que la Convention – ainsi qu’elle a été fixée à la date butoir du 1er janvier 1951 – ne concernait avant tout que les réfugiés qui fuyaient vers l’Ouest les persécutions dans les pays communistes suite aux bouleversements politiques en Europe après la Seconde Guerre mondiale. A l’époque (pendant la guerre froide), le soutien aux réfugiés politiques était une cause tout à fait essentielle pour la création de la Convention.

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Par ailleurs, il existait déjà, depuis les années vingt et l’après-Première Guerre mondiale, une pré-convention qui concernait surtout les réfugiés en provenance de Russie et d’Arménie, puis, (dans les années trente, après l’arrivée au pouvoir des nationaux-socialistes) ceux qui venaient d’Allemagne. C’est donc seulement à partir des années soixante qu’on a élargi la protection des réfugiés. Cependant, et quelle qu’en soit la configuration historique concrète, le fait est que, au regard de la situation juridique d’après la Convention en vigueur, un réfugié perd sa qualité de réfugié à partir du moment où il quitte volontairement un pays-tiers sûr et doit alors être considéré comme migrant. En Europe, dans la configuration actuelle, les personnes considérées comme des «réfugiés» selon la Convention de Genève, sont, dans le plus grand nombre des cas, des migrants économiques. (Le terme de «réfugié économique» est juste une expression trompeuse.) Les migrants économiques sont des gens passant d’un pays à l’autre à la recherche de meilleures conditions de vie.

En général, on dissimule également aux citoyens le troisième aspect, concernant le plan juridique: les Etats signataires de la Convention de Genève sur les réfugiés peuvent dénoncer cette même Convention en tout temps selon l’article 44, paragraphe 1. La résiliation entre en vigueur un an après la date de réception de la lettre de résiliation par le secrétaire général de l’ONU. Le droit d’asile n’est donc pas un principe pour ainsi dire éternel ou immuable du droit international, ni une norme mentionnée en théorie juridique comme Jus cogens (norme impérative de droit international). En conséquence de quoi, il faut aussi préciser que dans un cadre légal, la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948 n’est pas juridiquement contraignante pour ce qui touche aux réfugiés et au droit sur l’asile. L’article 14, paragraphe 1 de la Déclaration établit seulement de manière générale le droit de chaque individu à l’asile: «En cas de persécution, tout individu a le droit de rechercher et de profiter de l’asile dans d’autres pays.»

La concrétisation de ce principe n’est pas spécifiée. Comme le précise déjà son titre – «Déclaration» – il ne s’agit pas ici d’un contrat aux normes impératives, mais d’un document par lequel les Etats proclament ce qui est important à eux. Il s’agit ici finalement bien plus d’un principe moral ou d’une ligne de conduite, pour ainsi dire d’une anticipation de la communauté internationale qui avait adopté la Convention à l’époque. Il est quand même intéressant de noter que dans les deux alliances globales (décidées en 1966 et entrées en vigueur en 1976) par lesquelles la Déclaration des Droits de l’homme a été en quelque sorte rendue opérationnelle et juridiquement obligatoire – d’une part concernant les droits civils et politiques et d’autre part les droits économiques, sociaux et culturels – on ne trouve aucune définition du statut de réfugié ni de celui d’asile.

«Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique.»

3. Questions géopolitiques

Cela m’amène au final à poser, sur le sujet d’aujourd’hui, la question géopolitique suivante: avons-nous affaire, avec l’afflux des réfugiés, ou plus exactement, avec l’afflux migratoire en Europe, à une déstabilisation opérée au nom d’un «nouvel ordre mondial»?

En raison de l’aggravation de la situation au cours des derniers mois, on ne peut esquiver cette question. On ne doit pas non plus se laisser intimider par tous ceux qui parlent immédiatement de «théories du complot», etc. Le fait est que chaque tribunal rendant un jugement dans le cadre d’une procédure pénale doit développer ex definitione une théorie du complot, dès lors qu’il s’agit de plus d’un seul responsable. En tant que citoyen à part entière et qui se fait son opinion par lui-même, il n’est pas possible de céder sur quoi que ce soit.

«Nouvel ordre mondial et théories du complot»

En ce qui concerne la notion de «nouvel ordre mondial», j’ai déjà essayé au début des années quatre-vingt-dix d’analyser l’idéologie la soutenant. Juste avant la seconde guerre du Golfe (après l’occupation du Koweït par l’Irak), le président Bush (père) dans son «Discours sur l’Etat de l’Union» du 16 janvier 1991 avait exposé le début d’un soi-disant «nouvel ordre mondial» («New World Order»). Il a annoncé, à la lettre, dans cette déclaration que «l’Etat de droit, et non pas la loi de la jungle» devrait s’appliquer immédiatement au gouvernement des Etats. Cela serait la nature même du «nouvel ordre mondial».

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Rétrospectivement, on peut dire aujourd’hui que les Etats-Unis cherchaient à profiter du moment propice, suite à l’effondrement de l’empire communiste, pour garantir leur position hégémonique une fois pour toutes – un objectif proclamé dans la doctrine de sécurité nationale par Bush junior une décennie plus tard comme la volonté des USA de ne plus jamais accepter une situation de parité stratégique avec un autre Etat. Cela reflète bien, comme on pourrait le dire dans une rétrospective historique mondiale, l’abus et l’illusion du pouvoir. L’évolution de la politique mondiale au cours des dernières deux décennies doit être considérée dans cette perspective. La pièce maîtresse de cette stratégie était le droit des Etats-Unis de remodeler tout le Moyen-Orient selon leurs propres intérêts, pour ainsi dire «nomine novi ordinis saeculorum» (au nom d’un nouvel ordre mondial). Ceci a ensuite été établi par le concept idéologique d’un soi-disant «New Middle East» avec les mots d’ordre de la démocratie et des droits de l’homme. Les faits que j’ai rapidement esquissés ici à propos de la crise des réfugiés – historiquement, politiquement, légalement – doivent être interprétés dans un contexte général géostratégique et historique; les coïncidences et l’ordre chronologique doivent être examinés avec soin. Je voudrais illustrer brièvement la signification de tout cela au moyen de cinq exemples.

Premièrement, je renvoie à la destruction du système politique par la force armée – en violation de la Charte des Nations Unies – en Afghanistan (2001), en Irak (2003), en Libye (2011) et en Syrie (un processus qui est en marche depuis 2011 et qui est en relation avec le soutien plus ou moins direct aux groupes islamiques armés dans ce pays). La conséquence directe de telles interventions est, comme l’opinion mondiale a pu entretemps s’en apercevoir, la guerre civile et l’afflux de réfugiés. Dans tous les cas mentionnés, nous avons affaire à un délitement de l’Etat planifiée et directement provoquée. L’instrument idéologique dont on s’est servi pour justifier ces interventions déstabilisantes, est celui de la prétendue «intervention humanitaire» ou – comme on l’a dit dans la dernière version parce que cela parait moins compromettant – de la prétendue «responsabilité de protéger» («responsibility to protect»).

Utilisation des «nouveaux medias sociaux» par les services de renseignements

Deuxièmement, on est ici renvoyé de façon exemplaire à la gestion des services secrets ou plutôt à l’utilisation des nouveaux médias sociaux («New Social Media») pendant le printemps arabe en 2011. Là aussi la conséquence en a été – voir également les événements en Egypte – le chaos sous forme de guerre civile. Le déclenchement de la révolte et de la guerre civile en Syrie a également été réalisé essentiellement à l’aide de ces techniques d’information. Pour être correct, il faut bien sûr préciser que ce n’est qu’un facteur parmi plusieurs.

L’«Etat islamique»

Le troisième exemple est l’apparition de l’«Etat islamique», sous la dénomination officielle daula al islamia fi al iraku wa al scham, donc l’Etat islamique en Irak et dans la région de l’Al-scham. (C’est la région historique qui comprend aussi la Palestine et le Liban.) Cet «Etat» réclame non seulement ces territoires, mais encore des régions appartenant à d’autres pays, comme par exemple l’Egypte, la Libye, le Mali, le Nigeria, les Philippines (la région de Mindanao), l’Afghanistan, et les Etats d’Asie centrale comme par exemple l’Ouzbékistan, etc.

Il ne faut pas non plus sous-estimer l’influence idéologique de l’Etat islamique en Europe – non seulement au vu du danger de l’infiltration dans l’afflux de réfugiés non-contrôlés, mais encore par la radicalisation et le recrutement des musulmans vivant en Europe pour la cause de l’Etat islamique. Je mets en garde sur le danger qu’il y a à sous-estimer le potentiel émotionnel du réveil de la tradition islamique, en particulier sur la jeunesse. Il est naïf et impardonnable de croire qu’on peut amener des gens, en leur faisant signer une liste de grands principes – comme le font ceux qui enregistrent l’accueil des réfugiés – à reconnaître un gouvernement laïc, c’est-à-dire neutre sur le plan religieux, et de pour ainsi dire rayer d’un trait de plume et mettre au rancart ce qui est pour eux primordial, leurs convictions religieuses. Pendant qu’on se présente en donneur de leçons devant les gens et qu’on joue les «stagiaires» pour quelques heures, quelques jours tout au plus, on s’achète une tranquillité mais en réalité on ne résout rien.

Le quatrième aspect que je voudrais encore mentionner porte sur les effets de ce que j’ai décrit dans les premiers trois aspects, en fait, le déclenchement d’une immigration massive vers l’Europe. Cela me semble être un doux euphémisme de parler – comme l’a fait précédemment la ministre autrichienne des Affaires intérieures – d’une «tempête sur la forteresse Europe». Il s’agit au contraire et pour le dire précisément, bien plus d’une tempête sur une zone frontalière extérieure laissée sans protection, – par principe ou par négligence. Ce n’est pas une «forteresse» qui est attaquée ici, mais une entité n’ayant évidemment plus du tout la volonté de se protéger et qui montre déjà plus ou moins les signes de la déliquescence.

Coïncidences ou programmations?

A ce propos, deux coïncidences attirent l’œil: d’une part la coïncidence temporelle – presque comme si l’on appuyait sur un bouton – entre la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés dans les pays voisins de la Syrie (approximativement à l’été 2015) et la dilatation soudaine de l’afflux des réfugiés. (Je pense ici aux camps gérés par le HCR dans les pays voisins, en particulier la Jordanie. Là-dessus on a une quantité d’informations détaillées fournies par les fonctionnaires jordaniens.) Il faut également mentionner la coïncidence résidant en la situation insupportable pour la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie mais également pour l’Autriche et la Hongrie, engendrée par l’invitation de facto de la cheffe du gouvernement allemand. En outre, tout cela a fait directement suite, chronologiquement, à la réduction drastique des moyens alloués aux camps de réfugiés régis par l’ONU.

Conflits intérieurs

En ce qui concerne les conséquences à moyen et à long terme, un cinquième aspect est aussi à considérer. Il s’agit là d’une part d’un modèle de société multiculturelle devenu impraticable et dont la chancelière allemande a d’ailleurs constaté l’échec des années avant l’immigration de masse (en octobre 2010) dans un discours devant la «Junge Union» – une évolution qu’elle suscite à présent encore plus avec sa politique en renforçant massivement l’afflux de réfugiés en Europe par ses déclarations répétées. Une autre conséquence de cette immigration incontrôlée est que les conflits culturels-religieux sont importés en Europe. Le danger existe désormais de voir le «conflit des civilisations» (Le «Clash of civilizations» de Huntington) devenir une réalité locale. Une autre conséquence de cette évolution est la décomposition des sociétés autochtones européennes en camps idéologiquement irréconciliables. Nous sommes confrontés à une énorme polarisation politico-sociale, d’une intensité n’ayant plus été observée depuis les dernières décennies et se transformant entre temps en une réalité de politique intérieure dans de nombreux Etats membres de l’Union européenne. Comme conséquences de la manipulation que j’ai déjà décrite – ou de la non-manipulation – du caractère problématique des réfugiés par les instances européennes, il faut maintenant constater une délégitimation croissante et le délabrement progressif de l’Union européenne, constatable par chacun. Un signe tout à fait clair en est la récente décision de la population anglaise, découlant en grande partie de la politique des réfugiés, et dont devra répondre la Chancelière allemande.

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Réflexions finales

Menace de marginalisation politique et économique de l’Europe

Cela m’amène à mes réflexions finales. Tout cela se traduit en géopolitique de la façon suivante: premièrement, l’Europe va devenir un acteur mondial de plus en plus marginalisé. Deuxièmement, les protagonistes nationaux vont pour longtemps s’occuper d’abord d’eux-mêmes. On ne peut même plus balayer d’un simple revers de main le danger de désordres intérieurs et du déclenchement d’une guerre civile. Simultanément, cela renvoie à la menace de baisse de la capacité concurrentielle économique en raison des changements démographiques et de l’augmentation du manque de viabilité financière liée en cela à l’Etat social. Dans ce cas, l’affirmation des grands principes sous forme de mantra n’est d’aucune utilité, pas plus qu’il ne sert à rien de répéter cent fois aux gens qu’il n’existe, en matière de réfugiés «aucune limite supérieure de nombre»– ce qui est d’ailleurs parfaitement faux.

«Les Etats européens […] déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.»

Le mélange des aspects normatifs et effectifs détruit la crédibilité du principe lui-même

On doit distinguer, en effet, entre une limite supérieure dans le légal-normatif et une limite supérieure au sens effectif. Naturellement le droit d’asile est valable selon la Convention de 1951, aux conditions formulées dans cette convention, pour tous ceux qui remplissent ces conditions; ici on ne peut ni séparer, ni exclure. Cependant, il est de fait également clair que, par exemple, la République autrichienne ne peut recevoir chez elle – disons – deux ou trois milliards de personnes de la population mondiale.

Ou encore, pour formuler un autre exemple: celui qui voudrait de son propre chef aider les réfugiés parce qu’il le voit comme une obligation morale, doit aussi se dire que son dévouement – ainsi que le commandement de l’amour envers son prochain – est fondamentalement valable à l’égard de tous. Le même, cependant, doit également être assez honnête pour reconnaître qu’il ne pourrait, même s’il le voulait, accueillir dans son propre appartement des milliers de personnes, qui peut-être revendiqueraient tous son aide. Si l’on mélange le normatif et l’effectif, on détruit finalement la crédibilité du principe lui-même.

«Unintended consequences» ou conséquences volontaires?

L’identification des profiteurs de cette chaîne d’événements, comme je l’ai indiqué ici, peut éventuellement nous donner des indications, dans la mesure où il s’agit des célèbres, comme disent les Américains, «unintended consequences», donc de conséquences imprévues, ou plutôt de développements intentionnellement provoqués. Puisque ceux qui profitent d’un tel développement craignent naturellement de se retrouver au centre de l’attention générale, ils peuvent donc tout aussi facilement, comme je l’ai déjà expliqué plus haut, jouer de l’habituel argument massue de la théorie du complot. L’observateur critique des évènements, je l’espère, ne se laissera pas si facilement intimider.

Un équilibre des pouvoirs multipolaires comme alternative viable

Evidemment, il existe l’espoir d’un renversement de tendances géopolitiques mais seulement si à moyen terme se forme au plan global un nouvel équilibre de pouvoir – multipolaire en l’occurrence – représentant une alternative viable à l’actuelle configuration de pouvoir hégémonique. Toutefois, ainsi que je le crains, dans l’Etat où elle se trouve actuellement, l’Union européenne n’aura aucune part dans la formation de cette multipolarité. On ne peut se laisser aller à aucune illusion. La situation au Moyen-Orient ne se stabilisera pas avant des décennies. En ce qui concerne peut-être la confrontation des Chiites et des Sunnites, nous nous trouvons face à une situation similaire à celle de la guerre de Trente ans. Les interventions occidentales ont engendré, en ce qui concerne cette guerre de religion, une configuration absolument comparable à cette tragédie européenne du XVIIe siècle. Pour ce qui est du flux migratoire résultant des interventions militaires, je crains qu’il n’ait déjà atteint le «point de non retour». Les mesures prises dans la région pour défendre l’afflux des réfugiés sont à peine plus prometteuses. Bien qu’on ait toujours dit qu’il fallait combattre le problème à la racine, c’est-à-dire qu’il fallait – après avoir durablement détruit leur ordre politique – rétablir des Etats stables et viables, je ne vois donc pas comment on pourrait encore le réaliser de façon crédible – malgré tout le pouvoir et la puissance économique possédés par l’Occident – dans les décennies prochaines. Parce qu’aussi regrettable que cela puisse être, il est peut-être déjà trop tard pour s’attaquer aux causes et qu’il s’agit donc avant tout de prendre des mesures efficaces, et on parle là de mesures physiquement efficaces, pour la protection des frontières de l’Europe.

Protéger les frontières pour protéger la paix du continent

Les Européens, et je veux dire ici avant tout les politiciens européens, seraient bien avisés de ne pas importer les conflits dont j’ai traité ici et de pratiquer une politique de la raison au lieu d’une politique des sentiments (qui par moments menace de dégénérer en hystérie collective humanitaire) basée sur une analyse rationnelle des conséquences géopolitiques des développements. Le monde arabe a sombré dans le chaos – en toute hypocrisie au nom de la démocratie et des Droits de l’homme.

Les Etats européens qui sont maintenant directement concernés – d’une façon bien différente de celle du responsable, de l’autre côté de l’Atlantique – par les conséquences de cette évolution, vont eux-mêmes être déstabilisés s’ils laissent les considérations humanitaires – par ailleurs dénuées de tout fondement juridique – prendre le dessus sur la raison d’Etat et générer une situation dans laquelle le Bonum commune Europaeum – le bien de tous les citoyens – et la paix continentale sont mis en jeu. Ils pourraient ainsi, cela est à craindre, provoquer leur propre chute au nom d’une humanité mal comprise, si des citoyens engagés et conscients des responsabilités, des partis, des mouvements politiques ne s’y opposent efficacement.    •

Hans Köchler

(Traduction Horizons et débats)

Hans Köchler a fait partie de 1990 à 2008 du comité directeur de l’Institut de philosophie de l’université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie internationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler: Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II. Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation au sein de diverses organisations internationales à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public. Hans Köchler a toujours pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale. Le texte que nous reproduisons ici reprend une intervention d’Hans Köchler à l’invitation de la «Coopérative Zeit-Fragen» le 25 juillet 2016 à Sirnach (CH).

Source: Zeit-fragen.ch/

 

vendredi, 08 juillet 2016

Einwanderung oder Souveränität

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Karl Albrecht Schachtschneider & Jost Bauch:

Einwanderung oder Souveränität

Karl Albrecht Schachtschneider & Jost Bauch sprechen über das Thema Einwanderung oder Souveränität, bei Quer-Denken.TV

jeudi, 07 juillet 2016

Peter Feist: Ursachen der Flüchtlingswelle

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Peter Feist: Ursachen der Flüchtlingswelle

Peter Feist spricht über die Ursachen der Flüchtlingswelle bei Quer-Denken.TV

mardi, 14 juin 2016

Jean-Yves Le Gallou à Nice

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jeudi, 02 juin 2016

Akif Pirinçci: Die Umvolkung von dem Austausch der Deutschen & den Invasionsgewinnlern

Akif Pirinçci:

Die Umvolkung von dem Austausch der Deutschen & den Invasionsgewinnlern

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mercredi, 01 juin 2016

»Umvolkung« Ellen Kositza bespricht Akif Pirinçci!

»Umvolkung«

Ellen Kositza bespricht Akif Pirinçci!

Das Buch hier bestellen:
http://goo.gl/YgwNrB

Ellen Kositzas sechstes Buchvideo wartet mit einem Paukenschlag auf: Die Literaturredakteurin der Zeitschrift Sezession hat Akif Pirinçcis neuen Hammer »Umvolkung. Wie die Deutschen still und leise ausgetauscht werden« bereits vor Veröffentlichung gelesen und präsentiert die wichtigsten Thesen des Skandalautors.
Wenn das Video gefällt, teilen und jetzt den kanal schnellroda abonnieren!

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mardi, 17 mai 2016

Erdogan’s plan to invade Europe

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Erdogan’s plan to invade Europe

by Steven Nezar Sahiounie (Syria)

Ex: http://germancenter.net

Europe is historically a group of different nations with Christian background, now banded together as an economic unit known as the European Union.
On the other hand, Turkey is a non-European nation with 75 million Muslim population, on the edge of the European continent, with a long stated goal of entering the EU, but consistently denied for several reasons, most importantly is Turkey’s record in Human Rights.
Turkey’s President Erdogan decided to invest in the Syrian crisis, by using migrants flooding into Europe as a method to change the demographics to Turkey’s favor.

Turkey has been sending boat loads of asylum seekers and economic migrants from Syria, and other countries, such as Iraq and Afghanistan. Promises of benefits are inferred, but not stated by the Europeans.
Turkey did not empty their Syrian refugee camps, as they profit by the donations and international pledges for the upkeep of the refugees. Systematically, the money which comes pouring in for the refugees is only partially spent on the refugees. The Turkish authorities: from the highest office holder, to the lowest guard on duty at the camps, are benefiting financially from the refugees. They even encouraged Syrians not living in the refugee camps to go on the boats to Greece.
The migrants did not go free of charge. Each boat person paid between 1-3 thousand Euros to make the short crossing in inflatable rafts. Many of the migrants came from safe and peaceful areas, such as the Syrian coast. Those persons did not leave death and destruction behind them, but sold homes, cars and furniture to pay for their new life in Germany, at the expense of the German taxpaying citizen. The people in the camps, who could have benefited the most out of a new European life and welfare benefits, could not sail away, because they had no money for the voyage.
Migrants followed migrants encouraged by jealousy, envy and greed. They asked themselves, “Why should my neighbor get all those free benefits in Germany? I deserve my slice of the pie. I will follow him.” Certainly, there were refugees who had suffered greatly in Syria and elsewhere and did, and still do, deserve help in starting a new life, in a safe place.
The Turkish people smugglers: aka “Boat-Men”, have worked and profited unabated. The Turkish police, intelligence services, security forces, Coast Guard, and Military have all been trained, well paid, and on duty in large numbers. Yet, the “Boat-Men” have gone on operating without fear of obstruction. The “Boat-Men” pay a large fee to the government authorities to turn a blind eye.
The population of Europe had been dwindling, due to a low birth rate, which is the opposite of Middle Eastern countries, because of the culture of large families. Erdogan’s plan was to invade Europe through the Tsunami of refugees, and eventually Turkey would be the winner at the long term, as the objection due to religion could no longer be used by some European parties.
The plan would depend on the new migrants eventually becoming citizens, and future generations might even be government office holders and officials. It is estimated that over 2 million refugees have entered Europe in the last year.
This huge influx will have drastic consequences inside Europe and globally.

lundi, 09 mai 2016

Akif Pirinçci:" L’intégration est une historiette mensongère !"

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L’intégration est une historiette mensongère !

Entretien avec l’écrivain germano-turc Akif Pirinçci sur les impacts de l’immigration musulmane massive, sur la nécessité d’une assimilation et sur la démission du politique

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Monsieur Pirinçci, votre dernier livre traite du « grand remplacement » (de l’Umvolkung). Dans quelle mesure ce « grand remplacement » a-t-il progressé, au vu de l’immigration de masse et du chaos migratoire que nous observons aujourd’hui en Europe ?

AP : Chez nous, en Allemagne, ce processus étrange de « remplacement de la population » est très avancé : il suffit de le constater, et à l’œil nu, dans toutes les rues par où l’on passe. Jadis, seuls les initiés s’en rendaient vraiment compte car les personnes étrangères entraient au compte-gouttes. Aujourd’hui, ce remplacement, auparavant très lent, ne s’observe plus seulement dans les grandes agglomérations. Dans bon nombre de quartiers de Bonn, je vois désormais déambuler des bandes d’hommes d’origine arabe dans les rues, je les vois traîner dans les bistrots, sirotant du café, servis par de jolies serveuses allemandes. Je n’imagine même pas que ces gens travaillent : ils sont tout simplement là.

Dans les villes, on n’entend plus que très peu parler allemand. Je ne sais pas pendant combien de temps ce pays s’appellera encore l’Allemagne.

Quelles seront les conséquences de ce processus, s’il se poursuit et s’amplifie encore ?

AK : La première conséquence sera que nous nous serons acheminés vers l’éclosion d’une société servile, composée d’esclaves. Pourquoi ? Parce qu’il faudra payer tout cela. Dans mon livre intitulé justement « Umvolkung », j’ai calculé qu’il nous faudra quelque 50 milliards d’euros, chiffres actuels. Cela correspond exactement à un huitième du budget de l’Etat allemand. Cette somme colossale devra être gagnée par l’économie du pays ou provenir d’un gigantesque endettement. Si, au cours de l’année qui vient, autant de migrants arrivent, qui seront totalement inutiles et improductifs, tant sur le plan culturel que sur le plan économique, et qui le resteront pendant des décennies, alors il faudra non plus 50 petits milliards d’euros mais 175 milliards ! Somme qui devra être déboursée chaque année, si l’on veut que ces gens puissent mener ici une vie décente. Et quand chacun de ces réfugiés attirera en Allemagne quatre autres personnes de son pays, au nom du regroupement selon les habitudes prises, alors la population qui travaille (majoritairement allemande ou européenne) sera réduite à l’esclavage pour payer ces 50 à 175 milliards d’euros.

akif1BCzJr0fHL.jpgOn peut bien sûr me rétorquer : « Attention ! Les gens ne se laisseront pas faire ! ». Mais que feront-ils ? On peut imaginer qu’ils émigreront sous d’autres cieux. Cependant, il faut savoir que l’émigrant est un type particulier d’humain, comme l’étaient par exemple mes parents, personnes de nature aventureuse. Or la plupart des Allemands contemporains ne sont pas des types d’aventuriers. Ils veulent faire tranquillement leur boulot, élever leurs enfants et partir en vacances.

En matière d’intégration, il y a des problèmes depuis longtemps. Le monde politique, en fait, veut-il vraiment l’intégration ?

AP : L’intégration ? C’est une historiette mensongère ! L’intégration, c’est un vocable inventé par un quelconque tocard gauchiste ou écolo. Pour moi, il n’y a que l’assimilation qui fonctionne, parce qu’un Etat ou une communauté populaire (ethnique) ne peut pas fonctionner quand chacun mitonne sa petite cuisine dans son coin. Il ne suffit pas de parler l’allemand (ou la langue officielle du pays). Cela ne suffit pas, comme le démontre l’histoire des pays multi-ethniques. Franchement, il n’y a que l’assimilation qui marche mais, rappelons-le, l’assimilation est un acte volontaire. On ne doit pas avoir besoin d’interprète, comme mes parents qui n’en ont jamais eu besoin et qui, de surcroît, n’ont jamais rien demandé à l’Etat. L’assimilation fonctionne généralement au mieux par l’intermédiaire des enfants mais nos gouvernements ont au contraire tout fait pour que les enfants ne s’assimilent pas. Partout, on leur donne des cours de religion islamique et on leur met dans la tête qu’ils doivent rester ce qu’ils sont. Mais, ajoute-t-on, tu pourras toujours devenir astrophysicien, si cela te chante. Nous voyons pourtant ce que cette religion a engendré dans leurs pays d’origine. Pourquoi n’avons-nous pas dit : si vous voulez rester chez nous, le processus d’assimilation sera peut-être long mais il se fera uniquement selon le modèle allemand.

Cela ne se passe pas ainsi, sans nul doute parce que le politiquement correct s’est incrusté trop profondément, a acquis trop d’influence…

AP : Il n’y a pas que le politiquement correct ! Toute cette affaire de migrants et de réfugiés génère une industrie qui rapporte des milliards et s’avère plus pondéreuse que les géants Apple, Google et Microsoft réunis. Je pense qu’un dixième de la population allemande profite directement ou indirectement de ces vagues migratoires.  Cette aubaine (pour 10% de la population) constitue un doux poison qui permet d’amplifier le phénomène. L’immigration actuelle est rendue possible par une armée de profiteurs. J’en déduis que l’association « Pro Asyl », qui favorise ces vagues migratoires, est plus puissante que le syndicat des fonctionnaires allemands (Deutscher Beamtenbund).

Tout simplement parce qu’elle a de bons contacts avec les médias et peut ainsi déclencher de vastes campagnes de sensibilisation…

AP : En effet, elle imprime sa marque. Lorsque vous passez les journaux en revue, vous constatez qu’il y a un article critique déplorant que le pays est « submergé d’hommes jeunes et analphabètes, dont on ne sait pas où leur trouver du gibier sexuel si bien qu’on aura un été de viols collectifs, etc. ». Face à ce seul article critique, vous trouvez dix articles qui vous expliqueront doctement qu’un certain Osman ou un certain Omar, réfugiés en Allemagne, ont ouvert une petite boutique de bijoux à deux filiales ou une autre entreprise du genre. Ces anecdotes, insignifiantes, sont montées en épingle pour faire croire que les artisans d’un second miracle économique sont enfin arrivés chez nous. C’est aberrant. Au contraire, on voit de plus en plus de bonnes femmes circuler dans nos villes, engoncées dans des voiles ou des robes-sacs : comment pourraient-elles bien œuvrer à un miracle économique en conservant de tels accoutrements ?

N’est-ce pas étrange que ce soit justement les milieux de gauche qui prétendent agir pour la démocratie mais, en réalité, travaillent à la suppression de toute démocratie en Allemagne et en Autriche ?

AP : Ils se sont toujours foutus de la démocratie. Il y a quelques jours, en Allemagne, on a démantelé un groupe terroriste qualifié d’extrême-droite, composé bien évidemment d’une brochette de zozos qui avaient accumulé dans une cave des fusées de feu d’artifice. Rien que le fait de qualifier une telle brochette de « terroristes de droite » est du plus haut ridicule, alors même que les antifas commettent des voies de fait réelles, battent des citoyens et les envoient à l’hosto, manient le gourdin à qui mieux mieux, sans que policiers ni juges n’interviennent. Mais tant va la cruche à l’eau qu’elle se brise : depuis peu, la cruche, en effet, présente des fissures de plus en plus profondes.

Et, à votre avis, quand se brisera-t-elle, cette cruche ?

AP : La cruche se brisera à la fin de cette année, j’en suis absolument sûr, car au bout de ces prochains mois, de nouvelles vagues de migrants vont arriver. Les Allemands se rendront compte des sommes astronomiques que tout cela va coûter et qu’en plus les impôts vont augmenter de manière vertigineuse, qu’ils soient directs ou indirects. Tous les Allemands, sans exception, vont se voir taxés ou ponctionnés d’une façon ou d’une autre : je ne pense pas qu’ils soient un peuple aussi léthargique qu’on veut bien le croire. La « douloureuse taxatoire » qu’on leur infligera sera telle qu’ils se réveilleront et présenteront la note à ce gouvernement de cinglés, je devrais dire de criminels cinglés.

Les Allemands, encore majoritaires jusqu’à nouvel ordre, vont-ils devoir s’adapter aux migrants musulmans, encore minoritaires ?

AP : On avance le chiffre de 4,5 millions de musulmans présents sur le sol allemand. Ce chiffre est inexact car une femme sur huit ou sur dix circule voilée ou affublée d’un foulard. J’estime le nombre de musulmans à dix millions, parmi lesquels nous trouvons des gens modérés, normaux, adaptés à la vie moderne. Mais ceux-là courberont l’échine lorsque les radicaux, les excités, prendront le pouvoir. C’est ce qu’ils ont fait dans la quasi-totalité des pays musulmans. C’est justement chez vous, en Autriche, que l’on entend que la journée de la fête des mères a été supprimée dans quelques écoles maternelles. Le démantèlement de vos institutions et traditions s’opère graduellement et, un jour viendra où Noël sera aboli, où il n’y aura plus de Pâques, où l’on ne célèbrera plus que le ramadan.

(entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°17/2016, http://www.zurzeit.at ).  

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samedi, 07 mai 2016

Complots à ciel ouvert… ou comment les groupes de réflexion liés à l’OTAN contrôlent la politique européenne des migrants

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Complots à ciel ouvert… ou comment les groupes de réflexion liés à l’OTAN contrôlent la politique européenne des migrants

Par William Engdahl 

Source New Eastern Outlook

Ex: http://lesakerfrancophone.fr

Les vagues de migrants fuyant les guerres touchant la Syrie, la Libye, les attentats de Tunisie et d’autres pays musulmans déstabilisés par les Révolutions de Couleur du Printemps arabe menées par Washington ont créé le plus grand bouleversement social qu’a connu l’Union européenne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Maintenant, il est devenu clair pour la plupart que quelque chose de sinistre est en cours de réalisation, quelque chose qui menace de détruire le tissu social et l’essence même de la civilisation européenne. Ce que peu de gens réalisent, c’est que tout ce drame est orchestré, non pas par la chancelière allemande Angela Merkel ou par des bureaucrates anonymes de la Commission européenne, mais par une cabale de think tanks liés à l’OTAN.

Le 8 octobre 2015, au milieu de la vague créé par des centaines de milliers de réfugiés inondant l’Allemagne, la chancelière allemande Angela Merkel a proclamé, au cours d’un programme populaire de télévision allemande : «J’ai un plan». Elle en a profité pour critiquer vertement son partenaire de coalition, le chef de la CSU bavaroise, Horst Seehofer, un critique virulent de la politique des bras ouverts aux réfugiés de Merkel depuis le printemps 2015, qui a permis à plus d’un million de réfugiés d’entrer en Allemagne l’année dernière.

Depuis, avec une détermination d’acier, la chancelière allemande a défendu le régime criminel d’Erdogan en Turquie, un partenaire essentiel de son plan.

Le monde entier a regardé avec étonnement comment elle a ignoré les principes de liberté d’expression et a décidé de poursuivre publiquement un comédien bien connu de la télévision allemande, Jan Böhmermann, pour ses remarques satiriques à propos du président turc. Tout le monde est étonné de voir que le symbole de la démocratie européenne, la chancelière allemande, a choisi d’ignorer l’emprisonnement par Erdogan de journalistes d’opposition et sa censure des médias d’opposition turcs, alors qu’il tente d’établir une dictature de facto en Turquie. Tout le monde est resté perplexe quand le gouvernement de Berlin a choisi d’ignorer la preuve accablante qu’Erdogan et sa famille ont été matériellement complices du terrorisme d’État islamique en Syrie, qui est à la source de la crise des migrants. Tout le monde a été étonné de voir comment elle a poussé pour un engagement de l’UE à donner des milliards au régime d’Erdogan, pour soi-disant faire face à l’afflux de réfugiés dans les camps de réfugiés turcs.

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Le plan Merkel

Toutes ces actions en apparence inexplicables de la dirigeante allemand, qu’on dit par ailleurs pragmatique, semblent remonter à son approbation d’un document de 14 pages préparé par un réseau de think-tanks otaniens, effrontément intitulé Le plan Merkel.

Ce que la chancelière allemande n’a pas dit à son hôtesse, Anne Will, ou à ses téléspectateurs, c’est que son plan lui avait été fourni seulement quatre jours plus tôt, le 4 octobre, dans un document déjà intitulé Le plan Merkel, par un think-tank international nouvellement créé et, évidemment, bien financé, appelé l’Initiative de stabilité européenne ou ISE. Le site internet de l’ISE indique qu’il possède des bureaux à Berlin, Bruxelles et Istanbul.

De quoi éveiller les soupçons, car les auteurs du document ISE ont intitulé leur plan comme s’il provenait du bureau même de la chancelière allemande et non pas d’eux. Plus suspect encore est le contenu du Plan Merkel d’ISE. En plus d’avoir déjà hébergé plus d’un million de réfugiés en 2015, l’Allemagne devrait «accepter d’accorder l’asile à 500 000 réfugiés syriens enregistrés en Turquie au cours des 12 prochains mois». En outre, «l’Allemagne doit accepter les réclamations de la Turquie […] et assurer le transport en toute sécurité des candidats retenus […] déjà enregistrés auprès des autorités turques […]» Et enfin, «l’Allemagne doit accepter d’aider la Turquie à obtenir l’exemption de visa pour l’Union européenne en 2016».

Ce prétendu Plan Merkel est un produit des think tanks étasuniens et de l’OTAN liés aux  gouvernements des pays membres de l’OTAN ou de membres potentiels. La maxime «suivre la trace de l’argent» est instructive pour voir qui dirige vraiment l’UE aujourd’hui.

L’Initiative de stabilité européenne (ISE)

L’ISE vient à la suite des efforts faits par l’OTAN pour transformer l’Europe du Sud-Est après la guerre des États-Unis contre la Yougoslavie dans les années 1990, qui a abouti à la balkanisation du pays et à l’établissement d’une grande base aérienne conjointe entre l’OTAN et les États Unis, le Camp Bond Steel au Kosovo.

L’actuel président de l’ISE, qui est directement responsable du document intitulé Plan Merkel, est un sociologue autrichien basé à Istanbul, Gerald Knaus. Knaus est également membre du Conseil européen des relations étrangères (ECFR), et un membre de l’Open Society.

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Fondée à Londres en 2007, l’ECFR est une imitation du Conseil de New York pour les Relations Etrangères, le think-tank créé par les banquiers Rockefeller et JP Morgan pendant les pourparlers de paix du traité de Versailles, en 1919, pour coordonner une politique étrangère mondiale anglo-américaine. De manière peu surprenante, le créateur et financier de l’ECFR est le multimilliardaire américain et bailleur de fonds des Révolutions de couleur, George Soros. Dans pratiquement toutes les révolutions de couleur soutenues par le département d’État américain depuis l’effondrement de l’Union soviétique, y compris en Serbie en 2000, en Ukraine, en Géorgie, en Chine, au Brésil et en Russie, George Soros et les ramifications de ses fondations Open Society ont été dans l’ombre du financement des ONG et des militants pro-démocratie, dans le but d’amener au pouvoir des régimes pro-Washington et pro-OTAN.

Les membres sélectionnés, appelés membres ou associés du Conseil de l’ECFR, basé à Londres, comptent son co-président Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères du Parti Vert, qui a obligé son parti à soutenir le bombardement illégal, par Bill Clinton, de la Serbie sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les autres membres de l’ECFR sont l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Xavier Solana. On y trouve aussi  le plagiaire déshonoré et ancien ministre allemand de la Défense, Karl-Theodor zu Guttenberg ; Annette Heuser, directrice exécutive de la Bertelsmann Stiftung à Washington DC ; Wolfgang Ischinger, président de la Conférence sur la sécurité de Munich ; Cem Özdemir, président de Bündnis90 / Die Grünen ; Alexander Graf Lambsdorff du Parti libéral allemand (FDP) ; Michael Stürmer, correspondant en chef de Die Welt ; Andre Wilkens, directeur de la Fondation Mercator ; Daniel Cohn-Bendit du Parlement européen. Cohn-Bendit, connu sous le nom Danny le Rouge pendant les émeutes étudiantes de mai 1968, était un membre du groupe autonomiste Revolutionärer Kampf (Lutte Révolutionnaire) à Rüsselsheim en Allemagne, avec son proche allié, maintenant président de l’ECFR, Joschka Fischer. Les deux ont ensuite fondé la branche Realo des Verts allemands.

Les fondations Open Society sont un réseau de fondations exonérées d’impôts, créé par George Soros à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, pour promouvoir la démocratie et le marché libre pro-FMI et la libéralisation du marché des anciens pays communistes, ce qui a ouvert grande la porte au pillage systématique des actifs miniers et énergétiques de ces pays. Soros était un financier majeur de l’équipe économique libérale de Boris Eltsine, qui comprenait aussi l’économiste de Harvard, promoteur de la thérapie de choc, Jeffrey Sachs, et le conseiller libéral d’Eltsine, Egor Gaïdar.

Déjà, il devient clair que le Plan Merkel est en réalité un Plan Soros. Mais il y a plus, si l’on veut comprendre l’ordre du jour qui sous-tend ce plan.

Les fondateurs de l’ISE

L’Initiative de stabilité européenne est financée par une liste impressionnante de donateurs. Le site les répertorie.

Logo-RobertBoschStiftung.jpgLa liste comprend, en plus des Fondations Open Society de Soros, la Stiftung Mercator, une organisation liée aussi à Soros et l’organisation Robert Bosch Stiftung. La Commission européenne est aussi un des bailleurs de fonds de I’ISE. Puis, assez curieusement, la liste des bailleurs de fonds pour le plan Merkel comprend également une organisation au nom orwellien, l’Institut de la paix des États-Unis.

Certaines recherches révèlent que l’Institut de la paix des États-Unis a tout sauf un esprit épris de paix. L’Institut de la paix des États-Unis est présidé par Stephen Hadley, ancien conseiller au Conseil de sécurité nationale des États-Unis pendant les guerres menées par l’administration néoconservatrice Bush-Cheney. Son conseil d’administration comprend Ashton B. Carter, l’actuel ministre de la Défense de l’administration Obama ; le secrétaire d’État John Kerry ; le major-général Frederick M. Padilla, président de la National Defense University des États-Unis. Ce sont des architectes très expérimentés de la stratégie de domination militaire mondiale, dite Full Spectrum Dominance, du Pentagone.

Les auteurs du Plan Merkel, en plus des largesses des fondations de George Soros, listent comme bailleur de fonds importants le German Marshall Fund étasunien. Comme je le décris dans mon livre, The Think Tanks, le German Marshall Fund est tout sauf allemand. «C’est un think tank américain ayant son siège à Washington, DC. Son ordre du jour est la déconstruction de l’Allemagne d’après-guerre et plus largement des États souverains de l’UE, pour qu’ils s’adaptent au mieux à l’agenda de globalisation de Wall Street.»

Le German Marshall Fund de Washington a été impliqué dans la politique de changements de régime post-1990 des États-Unis, en ligne avec le National Endowment for Democracy, les fondations Soros, et le faux nez de la CIA appelé USAID. Comme je le décris dans mon livre, «l’objectif principal du German Marshall Fund, selon son rapport annuel de 2013, était de soutenir le programme du Département d’État américain pour les soi-disant opérations de consolidation de la démocratie dans les anciens pays communistes dans l’est et le sud-est de l’Europe, des Balkans à la mer Noire. De manière significative, leur travail comprenait l’Ukraine. Dans la plupart des cas, ils ont travaillé en collaboration avec l’USAID, largement identifiée comme une façade de la CIA ayant des liens avec le Département d’État, et la Fondation Stewart Mott qui donne des fonds à la National Endowment for Democracy ».

On pourra remarquer que la même Stewart Mott Foundation est aussi un bailleur de fonds du Plan Merkel, tout comme le Rockefeller Brothers Fund.

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Tout cela devrait donner à réfléchir quant à savoir pour qui et vers quels objectifs est destiné l’accord Merkel-Erdogan censé faire face à la crise des migrants de l’UE. Est-ce que la faction Rockefeller-Bush-Clinton aux États-Unis a l’intention de l’utiliser comme une expérience d’ingénierie sociale importante pour créer le chaos et des conflits sociaux dans l’UE, en même temps que leurs ONG telles que la NED, Freedom House et les Fondations Soros attisent les choses en Syrie et en Libye et à travers le monde islamique ? L’Allemagne est elle, comme l’a dit Zbigniew Brzezinski, un vassal de la puissance américaine dans le monde après 1990 ? À ce jour, tout montre que c’est le cas. Le rôle des think tanks liés au États-Unis et à l’OTAN est central pour bien comprendre la façon dont la République fédérale d’Allemagne et l’Union européenne sont effectivement contrôlées au delà du rideau de l’Atlantique.

William Engdahl

Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.

dimanche, 24 avril 2016

La comédie des migrants...

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La comédie des migrants...

par Richard Millet

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle chronique incendiaire de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et consacrée aux migrants...

Écrivain, Richard Millet vient de publier Tuer (Léo Scheer, 2015), ouvrage dans lequel il revient, après La confession négative (Gallimard, 2009), sur l'expérience fondatrice que fut pour lui sa participation à la guerre civile libanaise dans les années 70...

La comédie des migrants

moton775.jpgA la gare de Lyon, hier soir, au pied des escalators menant du RER aux quais du TGV, un vieil accordéoniste jouait, assez maladroitement, Les Fiancés d’Auvergne d’André Verchuren, un air que je n’avais pas entendu depuis des lustres, ma mémoire me trompant d’abord en me faisant croire qu’il s’agissait de Bruyères corréziennes de Jean Ségurel. La musique populaire étant un excellent accélérateur de souvenir, j’ai oublié pendant quelques minutes l’endroit où je me trouvais pour me laisser envahir par les étendues du Cantal et les vastes forêts du haut Limousin, régions dépeuplées où je me demande depuis longtemps quand les terres agricoles seront rachetées par la Chine ou l’Arabie saoudite, comme ces pays le font en Afrique. C’est chose faite, apprend-on, et non pas dans le Massif central, mais dans le Berry où les Chinois ont acquis plus d’un millier d’hectares, ce qui « inquiète », dit-on, l’émotion venant du caractère encore « sacré » que la terre garde, en France, malgré la propagande multiculturelle et les diktats de la « mondialisation ».

Et puis je me suis laissé reprendre par la foule qui gagnait les quais ; une foule fortement métissée, vulgaire, souvent malodorante, que j’avais hâte de fuir, quittant d’un pas vif la gare de Lyon pour rejoindre une amie, place de la Bastille, où pullulaient de jeunes bobos qui prenaient là un verre en attendant de rejoindre les illuminés de « Nuit debout », place de la République, lesquels accueillaient, ce soir-là, le frère d’Ernesto Guevara : notre époque est telle que le népotisme y rencontre naturellement le simulacre pour perpétuer les illusions gauchistes – les fils ou petits-fils des soixante-huitards se contentant du frère de Che Guevara et d’un « mouvement » qui n’est rien d’autre qu’une fébrile festivité gaucho-culturelle organisée par les mêmes officines bobos : regardez les pancartes pro-LGTB, « Welcome refugees », « Hollande dégage ! », et vous comprendrez qu’il n’y a rien de neuf sous les lunes de mars et d’avril, et que tout ça est en parfait accord avec ces réclames pour des compagnies d’assurances ou des hypermarchés mettant en scène des couples mixtes : des Noirs avec des Blanches, telle étant la fatalité pour les Européennes de souche, au sein du Grand Marché capitaliste.

Hollande, lui, est allé au Liban pour faire oublier une désastreuse prestation télévisée au cours de laquelle, en bon apôtre du néant, il a tenté de persuader les Français de souche et les Néo-Français mondialisés que la France va mieux. Il est si seul à le croire que, de ridicule, il en devenait presque touchant, à la manière d’un polichinelle épuisé qui a pourtant accompli sa tâche, laquelle était de faire voter la loi sur le mariage homosexuel. Bien sûr, il visitera, au Liban, un camp de réfugiés, comme l’avait fait, il y a deux ans, son ex-concubine : le charity business vole au secours des sondages d’opinion. Le pape, lui, a fait mieux : il a ramené de Lesbos douze réfugiés syriens, tous musulmans, apportant ainsi sa pierre à l’islamisation de l’Europe (les chrétiens d’Orient, eux, peuvent crever la gueule ouverte). Quant à la comédie des migrants, elle continue de plus belle puisque, la route des Balkans fermée, ces derniers ont retrouvé le chemin de Lampedusa, île si chère à la romancière qui m’a expédié à Pôle emploi où j’irai, la semaine prochaine, voir comment il me sera possible de vivre sans prendre, moi aussi, la route de Lampedusa. Le milliard d’euros octroyé à la Turquie pour qu’elle rapatrie les réfugiés qui s’accumulent en Grèce et ferme sa frontière avec la Syrie n’est donc qu’un bakchich donné à l’islamiste Erdogan – lequel a par ailleurs obtenu de Mme Merkel qu’elle poursuivre en justice un humoriste allemand qui avait offensé le sultan. Ce nouveau signe de soumission est à peu près du même ordre que mon licenciement à la suite de l’article que j’ai écrit sur la littérature française en général : la liberté d’expression n’existe plus vraiment, dans l’Europe post-chrétienne ; et c’est une farce que d’en appeler sans cesse à Voltaire ou à Camus. Nul ne s’indigne, par exemple, des danses de joie musulmanes qui ont accueilli les attentats de Paris et de Bruxelles, comme le révèle un ministre belge : information évidemment taboue, et le ministre d’emblée traité de « nationaliste » par la propagande européenne …

J’ai beau, ce matin, songer aux immenses espaces de l’Auvergne et du Limousin : s’y déverseront bientôt les hordes de migrants et d’immigrés non-occidentaux qui occupent déjà des quartiers entiers de Clermont-Ferrand, de Limoges, de Montluçon, et de toutes les villes françaises. Un ami limousin me dit qu’à Clermont les Tchétchènes, nombreux, regardent les monts d’Auvergne comme ceux du Caucase, et rêvent d’établir là une république islamique. La comédie des migrants qui sont chassés de la porte grecque pour revenir par la fenêtre italienne est, certes, un drame pour tous. Pour nous autres, Français de souche et immigrés sincèrement assimilés, c’est une tragédie dans laquelle le capitalisme mondialisé tient la main de l’islamisme le plus radical.

Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 17 avril 2016)

mercredi, 13 avril 2016

L’Europe et les migrations – causes, conséquences et gestion

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L’Europe et les migrations – causes, conséquences et gestion

par Albert A. Stahel,

Institut d’études stratégiques, Wädenswil

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Le mouvement migratoire qui se répand actuellement en Europe pourrait s’inscrire dans la réalité au cours des prochaines années, peut-être même sur des décennies.

Les réfugiés syriens

Poussés par la pénurie de produits alimentaires, elle-même conséquence de la sécheresse qui a sévi entre 2006 et 2010, par la corruption du régime ainsi que par le «printemps arabe», l’opposition sunnite a manifesté au début de l’année 2011 dans la ville syrienne de Dara contre le régime issu de la minorité alaouite du président Bashar al-Assad, régime au pouvoir depuis 1963. Le gouvernement a alors accepté quelques réformes; ainsi, le rôle dirigeant du parti Baas a été supprimé du texte de la Constitution. Les pouvoirs du président en ont été augmentés d’autant. Très rapidement l’escalade du conflit a évolué vers une véritable guerre entre l’armée syrienne et les divers groupes armés sunnites tels la Free Syrian Army. Aujourd’hui, l’opposition sunnite est totalement divisée.


Un nombre sans cesse croissant d’Etats et de groupes étrangers se sont alors immiscés dans cette guerre. Ainsi, les Etats-Unis et la Turquie ont soutenu la Free Syrian Army par des livraisons d’armes tandis que l’Arabie saoudite et le Qatar finançaient avant tout les groupes islamistes qu’ils approvisionnaient également en armes. L’Iran est accouru au secours de son allié al-Assad, en expédiant au régime syrien non seulement des armes, mais aussi des conseillers militaires et des troupes de combat de la garde républicaine et du Hezbollah libanais. Depuis septembre 2015, la Fédération de Russie s’est également jointe aux hostilités, ses avions de combat se livrant à des bombardements depuis la base aérienne militaire de Hmeimim.


La conséquence de la poursuite de la guerre ininterrompue depuis 2011 a été la destruction, non seulement de villes comme Alep et Damas, mais aussi de sites archéologiques, telle l’Apamée hellénistique. En outre, les organisations salafistes comme l’Etat islamique (EI) ont détourné à leur profit la guerre en Syrie pour atteindre leurs propres objectifs et conquis d’immenses territoires. Actuellement, l’EI doit contrôler environ 50% de la Syrie. Une coalition conduite par les Etats-Unis mène une guerre aérienne contre l’EI, avec des résultats modérés. Faute de pouvoir utiliser ses propres troupes, Washington emploie des mercenaires kurdes recrutés au PYD syrien – de nouveau probablement allié du PKK kurde – et les Peshmergas irakiens.


En 2012, la Syrie avait une population d’environ 22'597'531 habitants.1 De mars 2012 à l’été 2015, il y a eu vraisemblablement 250'000 décès de Syriens et Syriennes. Dans le même temps, des millions de personnes, surtout Sunnites, se sont enfuis de Syrie. Selon l’UNHCR, on en dénombre 4'603'363, en Turquie, Egypte, Irak, Jordanie et au Liban2 dont, à la fin de l’année 2015, entre 2 et 2,5 millions étaient réfugiés en Turquie3 et 245'022 en Irak4. En Syrie même, plus de 7,5 millions de personnes déplacées auraient été chassées de leurs maisons et appartements.


Plus d’un demi-million de Syriens et Syriennes, surtout Sunnites, pourraient avoir émigré en 2015 depuis la Turquie jusqu’en Autriche, en Allemagne et en Suède en passant par la Grèce et la route des Balkans.

Les réfugiés irakiens

Depuis l’invasion des Etats-Unis et de leur «Coalition des bonnes volontés» en mars/avril 2003 et la chute de Saddam Hussein, la guerre règne en Irak entre les Chiites et les Sunnites. Très rapidement, à partir de 2003, s’est formée une quasi-avant-garde des Sunnites évincés du pouvoir, Al-Qaïda en Irak, dont le chef était le Jordanien Abu Musab al-Zarqawi. Après qu’il ait été abattu le 7 juin 2006, au laser et par des bombes dirigées par GPS depuis un avion de combat US F-16,5 Al-Qaïda en Irak s’est graduellement transformé en Etat islamique. Aujourd’hui l’EI, sous l’égide du calife Ibrahim, contrôle encore environ 30% de l’Irak malgré les pertes territoriales infligées au cours des derniers mois par les Peshmergas et l’armée irakienne.


L’Etat islamique continue ses attaques contre les opposants chiites et les membres du gouvernement de Bagdad. Sur le plan militaire, l’Irak va recevoir les conseils des Gardes de la révolution iraniens. Il y a également en Irak des milices chiites sous commandement iranien. Les Etats-Unis consolident avec leurs alliés la puissance de l’armée irakienne et lui dispensent des formations. L’objectif final est la reconquête de la grande ville irakienne de Mossoul qui sert de capitale à l’EI. La guerre en Irak pourrait encore durer quelques temps à cause du retrait, ordonné par le président Obama, de toutes les troupes de l’armée de terre américaine fin 2011 et de par la vacance de pouvoir qui en a résulté.


La population de l’Irak était en 2014 de 32'585'692 personnes.6 En décembre 2015 le nombre des réfugiés irakiens était estimé à 2'019'050.7 1'400'000 d’entre eux ont été déplacés à l’intérieur de l’Irak et 400'000 vivent en Syrie. Seuls 166'000 réfugiés sont stationnés en Turquie. Dans l’intervalle, une partie d’entre eux pourrait avoir émigré en Autriche, en Allemagne et en Suède.

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Les réfugiés en provenance d’Afghanistan, du Pakistan, d’Iran et d’Afrique du Nord

Parmi les candidats potentiels à l’émigration, il faut mentionner les jeunes en provenance de divers Etats d’Asie et d’Afrique du Nord, et ce, en raison de la situation économique, des conditions sociales, d’un mauvais approvisionnement en denrées alimentaires et en eau et aussi, en partie, à cause de la situation politique à l’intérieur du pays d’origine.

L’Afghanistan fait partie de ces Etats. Malgré la lutte pour le pouvoir entre le gouvernement de Kaboul et les Talibans, le calme règne dans de nombreuses provinces. S’il se produit des attaques terroristes de la part des Talibans, elles ont lieu surtout à Kaboul et sont dirigées contre les troupes américaines ou afghanes. L’augmentation du nombre de ces attaques pourrait être la conséquence du départ presque total des troupes territoriales des Etats-Unis et de leurs alliés à la fin de 2014.


Au 1er janvier 2016, on estimait la population de l’Afghanistan à 33'275'428 personnes.8 Une année auparavant, on n’en dénombrait que 32'376'967, ce qui équivaut à un taux de croissance de 2,78%. Malgré l’émigration, la population est en augmentation. Cependant, ce qui est inquiétant, c’est le fait que 14'067'852 personnes, soit 42,3% de la population, a moins de 15 ans, répartis entre 7'209'454 garçons et 6'858'398 filles. Au vu de la situation économique et sociale et de l’espérance de vie moyenne, qui est de 44,8 ans pour les hommes, une partie non négligeable de la population mâle de l’Afghanistan entre 10 et 20 ans pourrait désirer émigrer. Il pourrait s’agir là de 2,5 à 5 millions de jeunes.


Voisin de l’Afghanistan, le Pakistan présente une situation identique. Il en résulte là aussi – surtout dans le nord-ouest – des troubles dont les auteurs sont les Talibans pakistanais. Tout comme en Afghanistan, il y a au Pakistan d’énormes différences économiques et sociales entre les classes sociales les plus basses et les élites. Au 1er janvier 2016, le Pakistan avait une population de 190'814'320 personnes.9 Un an plus tôt, elle ne comptait que 187'831'555 personnes, ce qui signifie un taux de croissance démographique 1,59%. La couche de population des moins de 15 ans atteignait 67'603'605 personnes, soit 35,4% de la population totale, dont 34'726'298 garçons et 32'877'307 filles. Il est plus difficile d’estimer le nombre de candidats à l’émigration du Pakistan. Il pourrait cependant s’agir de plus d’un million.


L’Iran est dirigé par une théocratie. En Iran, les facteurs déterminants l’émigration sont le manque de perspectives économiques et une société sclérosée. Au 1er janvier 2016, l’Iran avait une population de 80'311'566 personnes.10 Dix ans plus tôt, ils étaient 79'321'632, ce qui, par conséquent, indique un taux de croissance démographique de 1,25% pour la République populaire islamique d’Iran. Début 2016, le nombre de jeunes de moins de 15 ans s’élevait à 19'318'947, soit 24,1% de la population, dont 9'907'235 garçons et 9'411'712 filles. En Iran également on relève un excédent de garçons. Au contraire des pays voisins, seuls quelques éléments des couches sociales les plus défavorisées seraient susceptibles d’être candidats à l’émigration. Les dirigeants politiques iraniens sont attentifs aux besoins des catégories sociales inférieures. Par contre, selon mes expériences personnelles lors de plusieurs voyages et de nombreux entretiens, ce sont avant tout les diplômés universitaires et les étudiants qui pourraient être tentés par l’émigration, notamment aux Etats-Unis.


Les pays d’Afrique du Nord offrent une image contrastée. La Libye est un pays en déliquescence, où le chaos domine et où s’affrontent différentes milices. Ici aussi, l’Etat islamique est actif et il a cherché à y établir un territoire sous contrôle. A la suite du «printemps arabe», la Tunisie s’est transformée en quasi démocratie. Toutefois la situation de politique intérieure y demeure marquée par l’instabilité. L’Algérie est dirigée par une dictature militaire. Les manifestations n’y sont pas admises. La population berbère de Kabylie exige de la classe dirigeante arabe la reconnaissance de son ethnie, voire même un degré d’accession à l’autonomie. Le même constat s’applique également aux Touareg des montagnes du Hoggar au Sahara. En plus de ces conflits et revendications ethniques, le régime est confronté à des attaques de la branche locale d’Al-Qaïda au Maghreb. Le Maroc voisin offre le même tableau que l’Algérie. Depuis longtemps les Berbères de l’Atlas et de la région de Marrakech y sont opprimés par les souverains arabes de Rabat. S’y ajoute en outre la question non résolue de l’avenir de la région de l’ancien Sahara espagnol. Les combattants sahraouis et leurs familles vivent toujours dans des camps de réfugiés en Algérie.


La Libye, pays en pleine déliquescence, avait en 2016 une population de 6'678'697 habitants.11 L’année précédente, elle était de 6'543'636, avec par conséquent un taux de croissance démographique de 2,06%. Avec un total de 2'188'409, dont 1'118'081 garçons et 1'070'328 filles de moins de 15 ans, nous avons ici une très jeune population (32,8?% du total). Là aussi, on relève un excédent de garçons. Au vu de la situation désastreuse du pays, la Libye devrait avoir une proportion élevée de candidats à l’émigration parmi les jeunes.


Au 1er janvier 2016, la Tunisie avait une population de 11'205'342 d’habitants avec un taux de croissance de 0,98?%.12 Avec 2'601'208 adolescents (1'343'408 garçons et 1'257'800 filles) de moins de 15 ans, la proportion par rapport à l’ensemble de la population s’élève à 23,2?%. La Tunisie a le taux le plus élevé de combattants étrangers engagés dans l’EI et doit aussi compter avec un pourcentage élevé de candidats à l’émigration.


L’Algérie comptait au 1er janvier 2016 une population de 40'319'284 habitants et un taux de croissance de 1,17%.13 24,2% de ces personnes, c’est-à-dire 9'752'025, avaient moins de 15 ans, dont 4'976'609 garçons et 4'775'416 filles. La dictature militaire limitant la libre circulation des jeunes, beaucoup d’entre eux seraient donc susceptibles de désirer émigrer.


Le Maroc ne diffère pas de l’Algérie dans la structure de sa population. Au 1er janvier 2016, le Maroc avait une population de 33'931'519 habitants et un taux de croissance de 1,07%.14 On y dénombrait 9'443'481 jeunes gens de moins de 15 ans, dont 4'791'809 garçons et 4'651'672 filles, soit 27,8% de l’ensemble de la population. Du fait que le Royaume du Maroc, comparé à la dictature militaire de l’Algérie, exerce une répression moindre à l’encontre de son opposition, le taux des candidats à l’émigration devrait être inférieur à celui relevé dans la dictature militaire algérienne.


Dans l’analyse des trois pays, Tunisie, Algérie et Maroc, il faut également considérer qu’ils ont, en raison de leur passé historique, encore une relation étroite avec l’ancienne puissance coloniale française, dont font notamment partie la langue et la culture.

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Les conséquences de l’appel de Mme Merkel

Avec son appel, la Chancelière allemande Mme Merkel a, en prônant l’entrée sans conditions des réfugiés syriens en Allemagne, enfreint différentes réglementations et entrainé diverses répercussions. Tout d’abord, avec son appel unilatéral, elle s’est non seulement placée au-dessus du droit de contrôle du Parlement allemand, mais elle a également annulé de son propre chef les deux Accords de Schengen et de Dublin. Tous deux reposent sur un contrôle de l’immigration des demandeurs d’asile en Europe et leur enregistrement obligatoire. En cas de refus de leur demande d’asile, ils doivent être renvoyés dans le pays dans lequel ils ont été enregistrés à leur arrivée en Europe. C’est principalement cette mesure qui a été abrogée.


En outre, elle a généré avec son appel un effet d’entrainement sur les réfugiés syriens vivant en Turquie ainsi que sur les candidats à l’émigration issus des pays mentionnés plus haut. En ce sens, elle est à l’origine d’un flux migratoire incontrôlé qui à présent déferle sur l’Europe. Non seulement les pays qui se trouvent sur la route des Balkans, comme la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie ont été submergés par l’endiguement de cette arrivée massive d’immigrés, mais en Allemagne même cela a déclenché un véritable chaos de réfugiés et de demandeurs d’asile. Comme le montre l’actualité, la police et les institutions allemandes ne parviennent plus, ni à enregistrer les demandes, ni à contrôler ce flot de plus d’un million d’immigrants. En fait, le chaos règne en Allemagne dans le domaine des réfugiés, complété par la petite délinquance de certains immigrants.


A cela s’ajoute le fait que l’intégration de nombre de ces immigrés – qui ne proviennent pas de régions en guerre – va très rapidement surcharger l’Allemagne. Un grand nombre de jeunes Afghans ont ainsi interrompu leur scolarité, lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement analphabètes, ce qui signifie que, même dans leur propre langue, ils ne savent ni lire ni écrire. A quoi viennent s’ajouter les problèmes culturels, comme l’ont montré les évènements du 31 décembre 2015 à Cologne. Beaucoup de ces jeunes gens, en particulier ceux venant d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Afrique du Nord, vivent dans des sociétés dans lesquelles les femmes comptent pour rien et sont au mieux des marchandises.


Cela n’est qu’en partie dû à l’islam en tant que religion. Ce sont notamment les sociétés d’où proviennent ces jeunes gens qui sont archaïques. Le fait que ce soient avant tout des jeunes hommes qui ont émigré en Europe génère un autre problème. A l’avenir, l’Allemagne va devoir se confronter à la société parallèle instable née de cette immigration.


Avec son appel, Mme Merkel n’a pas seulement remis en question l’avenir de l’Allemagne, mais c’est aussi l’avenir même de l’Europe qu’elle a remis en cause, par son abrogation unilatérale des Accords de Schengen et de Dublin. L’un après l’autre, les pays ont réintroduit les contrôles frontaliers. Ainsi, ces deux accords n’ont même plus la valeur du papier sur lequel ils ont été conçus.


Mme Merkel s’entête à refuser d’introduire en Allemagne des contrôles aux frontières et des quotas. En même temps, elle continue à parler d’une solution européenne pour la crise migratoire, ce qui, au vu des évènements, est devenu totalement inenvisageable. Elle remet de plus en plus en question l’avenir de l’Allemagne tout comme, en principe, celui de l’Europe toute entière.

Qui y a-t-il derrière l’appel de Mme Merkel?

Il y a deux ans encore, la chancelière fédérale refusait de manière impitoyable toute concession face à l’Italie au sujet de l’accueil par l’Allemagne de réfugiés en provenance d’Afrique. Etrange volte-face.

Malheureusement, on ne peut pour le moment que spéculer sur ce revirement. On peut concevoir que cet appel réponde à une proposition de l’administration Obama. Par la poursuite de leurs guerres au Moyen-Orient, les Etats-Unis sont responsables de la souffrance, des tragédies et du drame des réfugiés dans ces régions. Il est possible qu’au travers de l’accueil par l’Allemagne des réfugiés syriens venus de Turquie, l’administration Obama espère se soustraire à sa responsabilité vis-à-vis de la catastrophe engendrée par les Etats-Unis. Il est aussi plausible qu’on lui ait suggéré que l’Allemagne pourrait ainsi négocier des indulgences pour les crimes commis par le régime nazi en accueillant des réfugiés et générer en même temps un renouvellement de la société allemande vieillissante. Mais le fait est qu’avec cet appel, elle a déclenché un phénomène migratoire qui pourrait bouleverser l’Europe.

Solution à la crise migratoire

Comment pourrait-on résoudre cette crise migratoire et l’endiguer à l’avenir? Comme l’ont montré les récents évènements touchant aux réfugiés et aux migrants en provenance d’Afrique, la reconduite à la frontière et l’expulsion des personnes refusées est pratiquement impossible. Il ne reste que la possibilité de stopper le flux migratoire. Il faudrait pour cela que les trois pays, l’Allemagne, l’Autriche et la Suède, arrêtent leur soutien financier aux immigrants. En remplacement, on ne fournirait plus qu’un soutien pratique. Il faudrait en outre cesser de distribuer gratuitement des portables et de fournir le généreux soutien d’assistants sociaux et d’avocats. Dès à présent, les organisations humanitaires pour les réfugiés ne devraient plus recevoir d’aide financière de l’Etat. La prochaine étape de dissuasion serait l’obligation pour les migrants de séjourner impérativement dans des camps situés en dehors des grandes villes. Ensuite, les infractions, telles le fait de peloter des femmes ou même de les violer devraient être passibles de sanctions très sévères par l’Etat de droit.


La prochaine étape consisterait à ce que tous les Etats membres de l’espace Schengen réintroduisent leurs propres contrôles aux frontières. Sans cela, les flux migratoires ne pourront être stoppés. Lors de ces contrôles, les candidats à l’émigration venant d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iran et de l’Afrique du Nord devront être placés dans des camps directement à la frontière et être expulsés aussi rapidement que possible. Les Etats n’acceptant pas leurs ressortissants devront être poursuivis par les Etats européens.
Les mesures décrites doivent être prises immédiatement par les chefs d’Etats européens sensés, même s’ils sont vilipendés par Mme Merkel et sa clique d’écolos-gauchistes. Il ne reste que peu de temps à l’Europe pour sauver son espace culturel et économique.15    •

Source: www.strategische-studien.com du 13/3/16, première parution in: Portas Capital Newsletter, février 2016

(Traduction Horizons et débats)

1    The Military Balance 2015. The International Institute for Strategic Studies, London, 2015, p. 352
2    http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php
3    Stratfor. How German Politics will Change Europe, January 22, 2016, p. 3
4    http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php
5    Mc Chrystal, St., General, U.S. Army (ret), My Share of the Task, A Memoir, updated with a New Preface, Portfolio/Penguin, New York, 2014, p. 230
6    The Military Balance 2015, p. 330
7    www.unhcr.org/pages/49e486426.html
8    http://countrymeters.info/en/Afghanistan
9    http://countrymeters.info/en/Pakistan
10    http://countrymeters.info/en/Iran
11    http://countrymeters.info/en/Libya
12    http://countrymeters.info/en/Tunisia
13    http://countrymeters.info/en/Algeria
14    http://countrymeters.info/en/Morocco
15    Stratfor, How German Politics Will Change Europe, January 22, 2016, p. 5

samedi, 09 avril 2016

Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

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Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

Ex: http://lesobservateurs.ch
 

De Roger Köppel

L'Europe est sur le point de s'autodétruire. Aucune civilisation qui ne sécurise plus ses frontières et accueille, sans orientation, des centaines de milliers, voire des millions d'étrangers difficilement ou à peine intégrables, n'a de chance de survie. La mentalité délirante du «nous y arriverons» a régulièrement provoqué des catastrophes au cours de l'histoire européenne. Il est probable que les hommes d'État européens se soient aussi dit «nous y arriverons» en lançant leurs armées dans une guerre qu’ils pensaient de courte durée pendant l'été 1914. Quatre ans et des millions de morts plus tard, on a reconnu l'erreur. Ce sont les peuples qui en ont payé le prix, pas les gouvernants. La surestimation de ses propres capacités est la source de tous les maux.

Le problème fondamental aujourd'hui reste l'islam. Pour des raisons sur lesquelles nous n'avons pas besoin de nous attarder, cette religion est particulièrement exposée au risque de détournement par des fanatiques et des fous attirés par la mort. Ce n'est pas la foi en elle-même qui est à blâmer, toutefois, il est troublant que ce ne sont pas des bouddhistes, des protestants, des juifs ni des Témoins de Jéhovah barbares qui font sauter des aéroports et des terrains de jeu. Ce sont des membres de la communauté musulmane qui s'arrogent le droit au nom de leur Dieu de commettre de telles atrocités. Le détournement de Dieu à des fins terrestres existe ou a existé probablement dans de nombreuses religions. Mais la virulence de la terreur islamiste est un fait. Le passer sous silence et l'enjoliver ne servent à rien.

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Qu'ont à voir les attentats terroristes avec l'immigration actuelle en provenance d'Afrique du Nord et du Proche-Orient? Les personnes bienveillantes calment le jeu. Elles disent que les poseurs de bombes sont nés en Europe et ont un passeport européen. C'est vrai. Mais c'est bien ce qui est alarmant. Apparemment, les communautés musulmanes en France, en Belgique ou en Allemagne sont des foyers de non-intégration et d'incitation à la haine religieuse. La «politique d'intégration» portée aux nues des États a échoué. Les naturalisations ne constituent pas un prérequis, mais devraient éventuellement attester une intégration réussie. Paris et, maintenant, Bruxelles sont des symptômes aigus d'une politique d'immigration erronée, qui va mal.

Alors que l'intégration des musulmans nés dans ces pays ne marche guère, l'UE accueille des millions de croyants de l'islam d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Cela ne fait qu'augmenter considérablement la menace de terrorisme en Europe. Le risque existe que pénètrent sous le couvert de l'asile des islamistes, futurs auteurs d'attentats-suicides. Je trouve, cependant, encore plus catastrophique le fait que des politiciens uniquement soucieux de leur image fassent subir à nos sociétés, sans mandat pour le faire, des changements assimilables à une thérapie de choc, à un niveau transnational, et ce, à vitesse grand V.

La grande majorité des migrants ne remplissent pas les conditions pour réussir leur intégration dans notre économie concurrentielle. Au contraire, ils importent leurs visions de la politique, de l'État de droit, des femmes et de la religion qui datent d’avant la modernité. Ils viennent de régions où les luttes tribales et les vendettas ont encore cours, où l'on met en pratique avec un zèle sacro-saint, voire fatal, des idées moyenâgeuses sur l'honneur masculin. Il est prévisible que nombre d'entre eux finiront dans les filets de la protection sociale, sans la pression du travail pour s'adapter. Le risque est que nous produisions des légions de déracinés et de mécontents qui chercheront des soupapes d'échappement politiques à leur déception. La France et la Belgique ne sont qu'un avant-goût. Il est illusoire de croire que la politique puisse venir à bout de cette migration de masse.

Bien entendu, je ne crois pas que les structures ethniques ou culturelles soient immuables. L'homme est flexible et adaptable lorsque les circonstances l'exigent. Nous sommes la seule créature capable de se réinventer, concept que les philosophes ont appelé «transcendance pratique». Bien sûr, les musulmans peuvent se faire accepter dans notre société et réussir. Mais, force est de constater qu'il y a précisément des groupes et des cultures qui mettent plus de temps que d'autres à prendre pied. Ces différences culturelles et ces influences du milieu d'origine ne sont pas insurmontables, mais elles existent, et il faut les prendre en compte. Une bonne politique d'immigration est donc toujours une question d'individualités, de mesure et de nombre. Plus les difficultés d’intégration de certaines cultures sont grandes, plus l'immigration devrait être menée de manière prudente et mesurée. Les autorités doivent apprendre à dire non.

L'UE fait le contraire. L'accord sur les réfugiés avec la Turquie est un autre aveu de faillite. Bruxelles refile la responsabilité de protéger les frontières orientales de l'Europe à l'autocrate Erdogan. On paie des milliards, on fait miroiter aux Turcs la possibilité de voyager sans visa et, en plus, on leur prend des migrants du Proche-Orient, en nombre illimité. Ce n'est pas un accord, c'est une soumission. Elle montre que l'UE n'est plus en mesure ou plus désireuse d'exercer ses missions régaliennes essentielles. Les accords de Schengen sont désormais lettre morte, tout comme le Règlement de Dublin sur les réfugiés, qui n'a jamais fonctionné. La situation est instable et dangereuse. Des conflits sociaux menacent. L'extrémisme politique prendra de l'ampleur tant que les élites et leurs médias ne seront pas prêts à discuter des problèmes qu'ils ont créés, ni à les résoudre.

Et que se passe-t-il en Suisse? L'immigration ne ralentit pratiquement pas. L'initiative contre l'immigration de masse est encore loin de la mise en œuvre. Le Conseil fédéral fait primer les intérêts de l'UE sur la décision populaire. En matière d'asile, la ministre de la Justice Sommaruga mise excessivement sur la culture de l'accueil. La nouvelle révision de la loi sur l'asile rendra la Suisse encore plus attrayante pour les fraudeurs en matière d'asile et les faux réfugiés. Le Conseil fédéral devrait envoyer des signaux de protection accrue des frontières, n'accorder l'asile qu'aux personnes dont la vie et l'intégrité physique sont vraiment en danger. Au lieu de cela, on augmente les capacités d'accueil. Désormais, le gouvernement veut même avoir le droit d'exproprier des personnes privées et des communes. L'aide judiciaire pour tous les demandeurs d'asile devrait accélérer les processus. Ce serait une erreur de plus, car la Suisse ne renvoyant pratiquement pas les demandeurs d'asile déboutés, les conseils juridiques ne permettront au mieux qu'à ce qu'encore plus de faux réfugiés aient le droit de rester en Suisse encore plus vite – «en procédure accélérée».

Alors qu'il faudrait de la modération, c'est la démesure qui prévaut. Cela n'augure rien de bon.

Roger Köppel  / Die Weltwoche