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samedi, 29 octobre 2022

L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni

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L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni

Andrea Muratore & Emanuel Pietrobon

Source: https://insideover.ilgiornale.it/politica/lindia-conquista-downing-street-con-sunak-lalba-di-un-nuovo-regno-unito.html

24.10.2022: c'est la date que la postérité retiendra pour dire que l'ère post-anglo-saxonne de l'Empire britannique a officiellement commencé. Date coïncidant avec la victoire de Rishi Sunak dans la course éliminatoire pour la direction du Parti conservateur britannique, qui fait de lui, en remplacement de Liz Truss, le premier chef de gouvernement d'origine indienne de l'histoire du pays.

Plus britannique que jamais, ancien banquier de Goldman Sachs, une carrière à la City suivie d'une ascension fulgurante dans les rangs des Tories, passé le poste de Chancelier de l'Échiquier à l'ère du Covid et de l'édification de la Grande-Bretagne globale, Sunak impose un changement structurel. Car Sunak, en effet, n'est rien de moins que la personnification du Royaume-Uni en mutation, ou plutôt déjà muté car devenu post-anglo-saxon et multiracial, mais non pas post-impérial.

Indien, oui, mais britannique

Le néo-premier ministre né à Southampton le 12 mai 1980 est le fils de parents d'origine indienne, nés au Kenya et en Tanzanie, qui se sont installés au Royaume-Uni dans les années 1960. Sur tous les fronts, c'est un fils, sinon un petit-fils de l'empire d'autrefois, qui est devenu le porte-drapeau de la Grande-Bretagne globale qu'il envisageait comme centrée sur Londres, le nouveau "Singapour sur la Tamise", en tant que premier centre financier du monde.

Sunak est le premier premier ministre nommé par le roi Charles III, un souverain plus complexe que la vulgate ne le dépeint : cultivé, instruit plus qu'aucun de ses prédécesseurs, le premier roi à recevoir une éducation non pas militaire mais politique, littéraire et sociale. Dirigeant post-impérial et post-colonial par définition, Charles est né en 1948, un an après la fin de la domination coloniale de Londres sur le sous-continent indien, et est aujourd'hui le monarque sous le trône duquel le premier ministre en charge est une figure si symbolique.

Le pragmatique Sunak incarnera-t-il la Grande-Bretagne post-britannique ? La nation qui a vu la Grande-Bretagne affirmer le Brexit comme l'ultime épopée impériale aux peuples de son pays connaîtra-t-elle ses propres troubles dans sa proche banlieue ? Et comment le premier fils de l'empire parviendra-t-il à gouverner ? Sunak sera-t-il plus global que britannique dans ses choix en matière de politique économique - il n'est pas hyper-libéral, il est cependant un libre-échangiste convaincu -, d'identité - il est bien moins extrémiste que nombre de ses collègues de parti - et de politique étrangère ? Que deviendra la relation spéciale avec Washington maintenant que Londres s'est montré vulnérable sur le front intérieur en premier lieu ? Et qu'adviendra-t-il des relations avec l'Inde, maintenant qu'un descendant de l'ancienne colonie dirige le pays ? Toutes ces questions sont légitimes.

La revanche de la périphérie sur le centre

L'histoire, comme on le sait, adore se moquer de l'homme. Le 24 octobre, alors que les hindous et les jaïnistes du monde entier étaient occupés à célébrer Diwali - l'une des fêtes les plus importantes de l'Indosphère, un moment de liesse où les fidèles se souviennent que le Bien triomphe toujours du Mal - un événement capital s'est produit à Londres : un Indien naturalisé britannique, Rishi Sunak, est devenu Premier ministre. Coïncidence, ou destin, selon votre point de vue.

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Il était question d'un gouvernement Sunak depuis des mois, depuis la crise de BoJo, nous ne sommes donc pas confrontés à ce que l'on appellerait habituellement un coup de tonnerre. Mais cela n'enlève rien au caractère mémorable de l'événement. Premier ministre d'origine indienne. Emblème de l'entrée du Royaume-Uni dans une nouvelle ère, d'ailleurs irréversible - car la démographie est le destin -, aux caractéristiques post-anglo-saxonnes et multiraciales. L'accomplissement de la prophétie de Macaulay.

Sunak n'est pas moins britannique que de naissance, et son CV est explicite à cet égard, mais ce qui est indéniable, c'est qu'il représente, à la fois, la revanche des périphéries sur le centre et le symbole d'une nouvelle nation multinationale, dynamisée par l'affirmation et l'activisme des fils des anciennes colonies et, bien qu'imperceptiblement, par le lobbying omniprésent et influent des membres du Commonwealth.

L'ascension de Sunak a eu lieu en plein jour, est-il écrit, et cela se rapporte directement au discours sur le pouvoir croissant des banlieues (et de leur progéniture) à influencer la dynamique interne de la métropole déconfite. Une ascension largement prédite car accompagnée de complots et de sabotages dans le dos de BoJo, dont Sunak a été l'architecte de la chute - déclenchant la crise gouvernementale en juillet - et qui n'aurait jamais été possible si le "parti minoritaire" de Downing Street, dirigé par les Pakistanais Sajid Javid et Saqib Bhatti, l'Irakien Nadhim Zahawi et les Indiennes Priti Patel et Suella Braverman (photo, ci-dessous), ne l'avait pas soutenue et popularisée. Complots et sabotages se sont ensuite redirigés au détriment de Liz Truss, qui a également été boycottée sur le plan intérieur par les primevères rouges du parti indien - en particulier le ministre Braverman - et, sur le plan extérieur, mise en difficulté par un curieux bras de fer avec New Delhi.

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Homme de Londres ou homme de New Delhi ?

Trois raisons peuvent expliquer l'ascension impétueuse de Sunak, le premier ministre britannique du Joyau de la Couronne, à la lumière de ce qui s'est passé dans les coulisses de Downing Street.

La première est la moins diégétique : Sunak a senti le potentiel du parti minoritaire, de plus en plus nombreux et influent, et l'a utilisé à son avantage pour donner le coup de grâce à ses rivaux impopulaires. La revanche (authentique et sans malice) du Commonwealth sur Londres.

La deuxième et la troisième sont similaires mais différentes : la montée en puissance de Sunak comme faisant partie d'un plan astucieux scénarisé par des esprits raffinés basés soit en Angleterre, et donc stabilisateurs, soit en Inde, et donc puissamment inquiétants.

Le premier cas. Il pourrait s'agir d'une tentative, née dans les coulisses, de restaurer le calme en Grande-Bretagne afin qu'elle puisse poursuivre le rêve post-Brexit d'une Grande-Bretagne globale, dont le couronnement serait inévitablement le scellement d'une relation spéciale avec l'Inde - une mission échouée par BoJo, perdue dès le départ par Truss et que seul un homme comme Sunak, un véritable enfant du Gange, aurait une réelle chance de mener à bien. L'entrée de Londres dans l'ère post-anglo-saxonne comme fonction préparatoire à un retour impérial.

Le deuxième cas. On serait alors confronté à un phénomène exceptionnel : la transformation de New Delhi en un acteur décisif dans les équilibres internes de la Grande-Bretagne. Un acteur capable de les consolider ou de les briser, selon l'intérêt et la contingence, avec l'aide de sa progéniture insérée aux postes économiques et politiques clés. La métropole otage de l'(ancienne) périphérie.

Quelle que soit la durée réelle du mandat de Sunak, l'intrigue qui a permis son succès ne restera pas dans l'histoire comme un épisode impromptu, mais comme un événement décisif - un tournant entre deux époques. Il y aura un avant et un après Sunak. L'après-Sunak coïncidant avec un Royaume-Uni pleinement conscient de sa multiracialité et de l'érosion progressive de l'idée même de britannicité. La question est de savoir si et dans quelle mesure cette transformation aura des répercussions internationales importantes et, surtout, au profit de qui.

mardi, 04 octobre 2022

Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

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Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

Enric Ravello Barbier

Source : https://www.enricravellobarber.eu/2022/10/liz-truss-todavia-podia-ser-peor.html#.YzwjQUzP2Ul

La mort d'Elizabeth II marque la fin d'un règne et de toute une époque de l'histoire britannique, une époque qui a vu le déclin du Royaume-Uni, qui avait commencé comme puissance impériale et a fini comme un pays de second rang progressivement isolé sur la scène internationale. S'il y a une valeur à reconnaître à son protagoniste, c'est sans doute celle d'avoir été une "professionnelle" de la Couronne. Elizabeth II Windsor (en réalité Saxe-Cobourg Gotha) s'est occupée de tous les détails de sa vie en gardant à l'esprit son rôle de reine, auquel le personnel était toujours subordonné, dans la vie comme dans la mort. Ce n'est pas une coïncidence si elle a choisi l'Écosse pour mourir, une note émotionnelle doublée de l'impact visuel de voir le cercueil de la Reine avec la version écossaise des armoiries royales britanniques (deux carrés du lion rouge écossais, un des trois lions anglais et un de la harpe irlandaise) alors qu'on le convoyait de Balmoral à Édimbourg. À son arrivée à Londres, le cercueil a été recouvert des armoiries royales dans la version utilisée en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (deux quadrants des trois lions anglais et un du lion rouge écossais, plus le quadrant de la harpe irlandaise).

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Parmi les détails, quelque chose d'illustratif, qui est passé inaperçu - ou du moins non commenté par les journalistes couvrant les funérailles. Tous les soldats portant le cercueil de la Reine, tant en Écosse qu'en Angleterre, étaient quasiment tous blancs (à de rares exceptions près, dont la photo ci-dessus), ce qui n'est évidemment pas un hasard. De nombreux chroniqueurs soulignent que seuls les Britanniques blancs l'ont pleurée. Le changement démographique - tant soutenu par la maison royale - sera l'un des éléments qui mettront fin à la monarchie britannique.

Les funérailles étaient une tentative de montrer au monde qu'ils étaient toujours la nation puissante qui a construit le plus grand empire de l'histoire mondiale. Un chant du cygne ; rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. C'est précisément sous le règne d'Elizabeth II que le Royaume-Uni a d'abord définitivement perdu son empire, puis a commencé à perdre le contrôle de son territoire européen, qui a été progressivement occupé par des masses d'immigrants provenant de ses anciennes colonies, une bataille démographique très difficile à inverser.

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Boris Johnson, l'anti-Européen

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à propos de la démission de Johnson : "Sous Boris Johnson, le Royaume-Uni a mené une politique agressive à l'égard de la Russie après avoir retiré le Royaume-Uni de l'Europe et s'être retrouvé marginalisé par rapport à la politique européenne. Ces derniers temps, il a été très actif en essayant de créer une nouvelle alliance : Royaume-Uni, Pologne, pays baltes, Ukraine, pour obtenir le soutien britannique sur le continent. Sa démission est la bienvenue".

Tandis que le géopolitologue français Alexandre del Valle a déclaré sur son compte twitter : "La démission de Boris Johnson est une bonne nouvelle pour la paix en Europe. Il a été le principal moteur de la guerre pour couvrir ses scandales internes, poussant une dynamique belliciste avec le risque de provoquer une guerre majeure entre la Russie et l'OTAN".

Johnson représentait le Brexit "dur" - on pourrait dire absurde - d'une rupture totale avec l'Europe, et l'immigration d'Afro-Asiatiques du Commonwealth et le remplacement démographique des Britanniques blancs (1) (2).

Liz Truss est arrivée

Liz Truss a commencé sa carrière politique au sein des libéraux avant de passer aux Tories. Elle a été critique de la monarchie, anti-Thatcher et a fait campagne pour le Remain avant de devenir une fervente partisane du Brexit dur. Avec sa rhétorique ultra-libérale et europhobe, Truss a remporté l'élection interne du parti conservateur au cours de laquelle le remplaçant de Boris Johnson devait être choisi.

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L'ancienne ministresse des affaires étrangères a battu son rival, l'ancien ministre des finances Rishi Sunak. Tous deux représentent l'aile la plus conservatrice et la plus ultra-libérale du parti. Rishi Sunak a été le candidat le plus chanceux au premier tour, mais a perdu au second tour face à Truss. Sunak, d'origine indienne, montre que le Parti conservateur sera bientôt dirigé par des personnes d'origine étrangère. Sans surprise, le parti Tory a été le principal moteur du remplacement démographique des Britanniques autochtones. Rappelons que durant les 43 dernières années, lorsque ce processus s'est déroulé, 33 l'ont été sous un gouvernement conservateur et 10 sous un gouvernement travailliste. Un fait qui devrait donner à réfléchir à ceux qui pensent que les partis conservateurs sont un frein à l'immigration.

Deux jours avant sa mort, Elizabeth II a nommé Truss au poste de Premier ministre, évitant ainsi un long processus de passation des pouvoirs, ayant ainsi donné sa "dernière bénédiction".  Dans le gouvernement de Truss, il n'y aura pas d'hommes blancs aux postes clés (3). Ainsi - pour répéter ce que nous avons dit plus haut - le parti conservateur sera le premier parti européen à exclure les autochtones de la direction d'un pays européen.  Il n'y a pas de place pour les hommes blancs dans le conservatisme, le rôle principal passe aux minorités déjà installées en Grande-Bretagne.

L'échec de la Grande-Bretagne globale. Le Royaume-Uni isolé dans l'anglosphère.

En politique étrangère, Truss aggravera les relations déjà tendues avec l'UE, comme Bruxelles l'a déjà annoncé (4) (5). La nouvelle Première ministre menace de ne pas accepter les conditions de sortie et a déclaré qu'elle ne se conformera pas au "protocole irlandais", qu'elle modifiera unilatéralement.

Poursuivant la ligne anti-européenne et belliciste de Johnson, Truss a insisté sur le soutien à l'Ukraine - avec ses effets déstabilisants sur l'Europe. En déclarant en septembre dernier : "La Grande-Bretagne armera l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle vainque la Russie". Dans son délire, elle a également déclaré que: "Si la situation exigeait que j'appuie sur le bouton nucléaire, je le ferais immédiatement. Et je me moque que des millions de personnes meurent, pour moi l'essentiel est la démocratie et nos idéaux". Fantasmer sur les souvenirs d'être un grand empire alors que le Toyaume-Uni n'est qu'une ancienne puissance en déclin imparable.

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Quelqu'un devrait rappeler à l'intrépide première ministresse britannique que le Royaume-Uni dispose de 215 ogives nucléaires, tandis que la Russie en possède plus de 7000, dont beaucoup sont dirigées vers Londres.

"Global Britain", la stratégie internationale post-Brexit du Westminster, n'a pas eu de résultats concrets

Le RU est désormais marginalisé au sein du pacte AUKUS, une alliance de puissances anglo-saxonnes dont le véritable objectif est de faire face à l'expansion chinoise dans le Pacifique. Les trois autres puissances anglo-saxonnes du pacte (les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) ont toutes ou presque toutes leurs côtes dans le Pacifique ; le Royaume-Uni se trouve aux antipodes planétaires et son rôle dans l'Alliance n'est guère plus que décoratif.

Londres a essayé de se rendre fort dans les pays de Visegrad, dans le cadre de sa géopolitique permanente visant à séparer l'Allemagne de l'Europe centrale et orientale, mais la réalité est que les deux principales capitales du groupe de Visegrad ont ignoré Londres : Varsovie donne la priorité à son alliance avec Washington et Budapest regarde - timidement - vers Moscou.

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L'un des arguments présentés par Boris Johnson aux Britanniques était la signature prochaine d'un pacte commercial qui ferait du Royaume-Uni un partenaire commercial préférentiel des États-Unis, permettant au marché américain de remplacer le marché européen. Non seulement un tel pacte n'est ni annoncé ni en vue, mais l'arrivée de Biden - un démocrate - à la Maison Blanche a refroidi les relations entre Washington et Londres, qui sont aujourd'hui au plus mal (6). Il convient de rappeler que Biden est d'origine irlandaise et qu'il a, à plusieurs reprises, averti les locataires de Westminster de faire preuve de prudence à l'égard de la situation en Irlande.

Vers un effondrement économico-financier

La situation économique du Royaume-Uni est désastreuse (7). La livre est à son niveau le plus bas et l'inflation à son niveau le plus haut. L'horizon à court et moyen terme est chaotique. La monnaie britannique est presque à parité avec le dollar, la Banque d'Angleterre a dû venir à son secours (8) et l'inflation est imparable.

Les décisions malavisées de Westminster en matière de taux d'intérêt et les politiques de relance post-Covid malavisées menacent de pousser le Royaume-Uni dans une situation économiquement et socialement insoutenable. Le 1er octobre dernier, des milliers de Britanniques sont descendus dans la rue pour brûler symboliquement leurs factures d'électricité en raison de leurs prix élevés, un avant-goût de ce qui va se passer cet hiver.

Non contente de se trouver confrontée à tous ces problèmes, Mme Truss menace de ne pas se conformer aux conditions de sortie de l'UE, ce qui déclencherait des contre-mesures commerciales de Bruxelles pour les importations et les exportations britanniques qui pourraient plonger le Royaume-Uni dans un très grave problème d'approvisionnement.

Ces perspectives économiques renforcent - encore plus - la volonté de l'Écosse et de l'Irlande du Nord de quitter un Royaume-Uni qui, alors, se rétrécira.

Comme première mesure économique, Truss a annoncé une importante réduction des impôts, qu'elle a dû modifier immédiatement car elle mettait en danger la continuité de son faible gouvernement (9). Une deuxième mesure consiste à assouplir les lois britanniques sur l'immigration. Des lois qui, comme nous l'avons déjà dit, marginalisent les Européens et favorisent les masses afro-caribéennes et asiatiques des pays membres du Commonwealth (10). Rien ne semble pouvoir empêcher l'économie britannique de sombrer dans le chaos au cours des prochains mois (11).

Dans son discours inaugural en tant que premier ministre, Liz Truss a déclaré : "Ensemble, nous pouvons surmonter la tempête". La réponse du peuple britannique va dans une autre direction, le parti conservateur est au plus bas niveau de son soutien populaire et une débâcle électorale en faveur des travaillistes s'annonce. Le Daily Mirror de Londres a publié en première page le 3 octobre "Truss est terminée". La question est : une autre personnalité ne sera-t-elle pas encore pire que Truss ?  Le rythme du déclin du Royaume-Uni nous amène à penser que ce serait très probablement le cas.

NOTES :

1) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/precisiones-sobre-la-aplicacion-y-el.html#.YzsJKctBzIU

2) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/sobre-las-medidas-antiimmigracion-de.html#.YzsI68tBzIU

3) https://panampost.com/mamela-fiallo/2022/09/06/hombres-blancos-nuevo-conservadurismo-ingles/

4) https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220906/ue-empeoramiento-relaciones-reino-unido-victoria-truss/700930232_0.html

5) https://elordenmundial.com/liz-truss-mas-peligrosa-que-johnson-para-la-ue-y-para-el-reino-unido/

6) https://www.elmundo.es/internacional/2022/09/21/6329d54621efa051368b45af.html

7) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/27/6331e9b721efa0da3c8b4599.html

8) https://elpais.com/economia/2022-09-26/el-banco-de-inglaterra-y-el-gobierno-de-truss-intervienen-para-frenar-el-desplome-de-la-libra.html

9) https://elpais.com/economia/2022-10-03/la-primera-ministra-britanica-da-marcha-atras-en-la-rebaja-de-impuestos-para-salvar-su-gobierno.html

10) https://www.theguardian.com/uk-news/2022/sep/24/liz-truss-plans-to-loosen-immigration-rules-to-boost-uk-economy

11) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/10/631b8816e4d4d8277e8b45c7.html


 

dimanche, 02 octobre 2022

Remarques sur des funérailles planétaires

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Remarques sur des funérailles planétaires

par Georges FELTIN-TRACOL

Pendant une journée, Londres a retrouvé son rang de capitale du monde qui fut le sien sous la reine Victoria (1819 - 1837 – 1901). Plus d’une centaine de chefs d’État parmi lesquels de très nombreuses têtes couronnées dont l’empereur du Japon lui-même, et des chefs de gouvernement, venus du Commonwealth ou pas, ont assisté aux obsèques de la reine Elizabeth II le lundi 19 septembre dernier.

La médiasphère occidentale s’est complue pendant cette séquence dans l’émotion, la superficialité et l’hagiographie. Une grandiose entreprise de sidération de masse s’est déroulée sous nos yeux crédules. Oubliées par conséquent les questions gênantes autour de cet événement.

Par exemple, comment peut-on justifier une file longue, selon les journalistes sur place, de plusieurs kilomètres et une attente variable entre douze et vingt-quatre heures au moment où le Royaume Uni vient à peine de sortir de la crise covidienne ? L’organisation de soirées privées dans les ministères au temps du confinement – le célèbre Partygate – a provoqué la démission du Premier ministre Boris Johnson. Dans un royaume chagriné, des millions de Britanniques se réunissent et se côtoient pendant de longues heures sans craindre la moindre contamination. Certes, ils patientent dans les rues et bravent la nuit, le froid et le vent… Ces attroupements gigantesques ne favorisent-ils pas néanmoins l’apparition de foyers de contagion géants ? Sinon ces scènes n’invalident-elles pas le port de la muselière hors de son domicile ? À moins que le covid contribue à sa manière à respecter le deuil national d’Albion.

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Tous les commentateurs s’esbaudissent des hommages rendus à la reine défunte. Maints reportages montrent un peuple éploré. Nul n’aurait l’idée de se gausser de ces manifestations de respect. En décembre 2011, quand décéda subitement le président de la Commission nationale de défense de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jung Il, les Occidentaux se moquèrent des foules massées dans les artères principales de Pyongyang qui pleuraient la disparition de leur dirigeant bien-aimé. Avec leurs clichés modernes, ils y voyaient au mieux une manipulation, au pis un fanatisme orchestré. Or, « les lamentations collectives, écrit Philippe Pons dans Le Monde du 22 décembre 2011, font partie des expressions de la douleur du deuil dans la culture coréenne. […] Les Coréens sont extravertis dans la joie comme dans la douleur. Lors des funérailles d’un parent, ces derniers “ crient “ leur chagrin. Exprimer ses condoléances par des larmes relève de l’étiquette sociale ».   C’est en effet à travers les rites funèbres que se découvre l’âme profonde des peuples. Encore faudrait-il que les journalistes de l’Occident global soient compétents en ethno-psychologie...

À l’heure où l’empreinte carbone devient un critère prioritaire de « gouvernance », quel est donc l’impact environnemental d’une telle concentration humaine ? Ne faut-il pas prendre en compte le ballet des avions des responsables politiques arrivant à Londres ? N’aurait-il pas été souhaitable qu’ils viennent tous en char à voile et en trottinette électrique ? Ils appellent leurs populations à la sobriété énergétique, mais ils se moquent volontiers de leurs injonctions qui ne les concernent pas. Insupportable « deux poids deux mesures » !

Derrière l’apparat traditionnel – la proclamation de Charles III par le roi d’arme de l’Ordre de la Jarretière au palais Saint-James – se tapit un ultra-progressisme inquiétant d’inspiration spéculative franc-maçonne. Les  Windsor-Mountbatten représentent une famille cosmopolite. David Icke y voit des « reptiliens ». La réalité est plus prosaïque. Cette dynastie d’origine germanique et danoise sert depuis la chute des Stuart en 1688 la véritable souveraine d’Angleterre: la finance de la City de Londres !

La reine a nommé sous son règne quinze premiers ministres. Le dernier, deux jours avant sa mort, est la conservatrice Liz Truss qui s’appelle en réalité Mary Elizabeth Truss. La reine se prénommait Elizabeth Alexandra Mary. L’inversion des prénoms n’est-elle pas, sinon une singulière coïncidence, un signe digne des augures ? Par ailleurs, à propos du nouveau roi, son prénom reste problématique dans l’histoire anglaise. Charles Ier Stuart meurt décapité en 1649 sur l’ordre d’Oliver Cromwell. Le général Monck restaure en 1660 la royauté en faveur de Charles II, le fils du monarque assassiné, qui règne jusqu’en 1685. La « Grande Peste » de 1665 (environ 80.000 morts), le « Grand Incendie » de Londres en 1666 (près de 14.000 maisons et églises détruites) et la promulgation de l’Habeas Corpus de 1679 qui limite son absolutisme imité de Louis XIV marquent ce quart de siècle « carolien ». Toujours sous Charles II émergent au Parlement les factions whigs (référence aux paysans calvinistes écossais révoltés) et tories (allusion aux brigands, catholiques ou non, irlandais).

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Les funérailles solennelles d’Elizabeth II préfigurent-elles l’enterrement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ? Promoteur du multiculturalisme et habitué aux réunions annuelles de Davos, Charles III pourrait voir l’éclatement de son royaume avec l’indépendance de l’Écosse, la réunification de l’Irlande - bien que dans ces deux cas, les indépendantistes soient eux aussi des globalistes gendéristes -, et la fragmentation socio-culturelle de l’Angleterre. On sait maintenant qu’Elizabeth II n’appréciait guère le premier ministre travailliste Anthony Blair. Outre son rôle intrusif dans la gestion médiatique de la mort soudaine de la princesse Diana et l’attitude plus que hautaine de la républicaine catholique Cherie Blair, la reine regrettait la Dévolution envers l’Écosse, le Pays de Galles et l’instauration de la puissante mairie du Grand Londres.

Les obsèques d’audience planétaire d’Elizabeth II détournent pour l’instant l’immense colère sociale. Une inflation élevée déclenche de nombreuses grèves, pour l’heure suspendues. Le gouvernement pseudo-conservateur et véritablement financiariste profite des circonstances pour tenter d’étouffer les tensions socio-économiques. Attention ! Cela ne veut pas dire que la reine coule maintenant des jours heureux sur une quelconque île des Bahamas en compagnie d’Elvis Presley !

Certes, Elizabeth II a montré tout au long de sa vie un grand sens du devoir. Mais, en son nom, elle a entériné le conflit honteux en 1983 contre l’Argentine dans l’Atlantique Sud, accepté la répression inacceptable pendant trois décennies en Irlande du Nord et cautionné en tant que reine du Canada l’occupation pluriséculaire du Québec et l’asservissement des autres communautés canadiennes-françaises. On attend toujours des excuses officielles et sincères de Londres pour le « Grand Dérangement » des Acadiens au milieu du XVIIIe siècle.

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À l’instar des autres monarchies modernes, la royauté britannique n’est qu’une parodie de traditions dévaluées. Les membres des familles régnantes (ou non) actuelles se vautrent dans le politiquement correct. Le prince de Galles William réclame la censure sur Internet des supposés discours de   « haiiiiinnnnne ». Les couronnes se parent dorénavant de wokisme. Croire en un sursaut national, populaire et européen en rétablissant une auctoritas royale devient un grave contre-sens. Les monarchies occidentales valident toutes les involutions sociétales. Finalement, les seules à garantir leurs intérêts nationaux sont les républiques dynastiques coréenne du Nord et syrienne !

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 44, mise en ligne le 27 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 01 octobre 2022

Que se passe-t-il chez les Britanniques?

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Que se passe-t-il chez les Britanniques?

La livre britannique à un niveau historiquement bas, les taux d'intérêt souverains s'envolent

https://zurzeit.at/index.php/was-ist-denn-bei-den-briten-los/

L'ancienne et prestigieuse livre sterling, monnaie du Royaume-Uni et, jusqu'à récemment, l'une des grandes monnaies de réserve du monde, a connu une chute sans précédent ces derniers jours. Rien qu'au cours des deux semaines qui viennent de s'écouler, la livre s'est dépréciée de plus de 10% par rapport au dollar américain, atteignant lundi son niveau le plus bas jamais enregistré, à 1,038 GBP/USD. Depuis l'été dernier, la livre a même perdu plus d'un quart de sa valeur. Ce sont des proportions qu'en temps normal l'on ne connaît que pour les monnaies du tiers-monde.

Dans le même temps, les taux d'intérêt que le nouveau ministre des Finances britannique, Kwasi Kwarteng, doit payer pour sa dette publique sur les marchés obligataires sont en forte hausse. Depuis le début du mois, le taux de rendement des "gilts", le nom donné aux obligations d'État dans le jargon boursier, est passé de 2,6 à 4,1 %. Il y a un an, ces obligations d'État coûtaient encore moins de 0,2 % d'intérêt. Le nom "gilts" vient d'ailleurs de "gilt-edged" (en français : "avec un bord doré"), parce qu'autrefois, le gouvernement de Sa Majesté ajoutait justement un bord doré aux pièces physiques pour suggérer une solvabilité et une valeur particulières. Eh bien, ce vernis est maintenant enlevé ...

La chute de la devise et des obligations a été déclenchée par la présentation du budget et des réductions d'impôts prévues par la nouvelle Première ministre Liz Truss vendredi dernier. Pour atténuer le coût de l'explosion des prix de l'énergie, la Grande-Bretagne devra trouver au moins 60 milliards de livres (près de 70 milliards d'euros actuellement) de nouvelles dettes sur les marchés des capitaux au cours des six prochains mois. Parallèlement, les baisses d'impôts censées, selon Truss, relancer l'économie britannique, sont critiquées comme étant inadaptées à cet objectif, car elles allègent surtout les hauts revenus et n'ont donc pas d'effet économique à grande échelle.

Mais les véritables causes sont plus profondes. Depuis plus d'un an, les consommateurs et l'industrie souffrent des prix exorbitants du gaz. En 2021 déjà, plusieurs fournisseurs de gaz des îles britanniques ont connu des difficultés financières et de nombreux consommateurs ne peuvent plus payer leurs factures de gaz. Et ce, malgré l'existence depuis longtemps d'un plafond légal ("price cap") pour les dépenses énergétiques privées. En effet, le gaz naturel n'est pas seulement une énergie de chauffage importante dans les foyers anglais, mais il est également largement utilisé pour la cuisine et la pâtisserie. Le fait que la Grande-Bretagne possède elle-même d'importants gisements de gaz et de pétrole en mer du Nord n'aide pas la population britannique. En effet, le rendement de ces gisements est en baisse depuis 20 ans et aucun investissement n'a été réalisé dans de nouvelles sources d'énergie, l'avenir des énergies fossiles étant considéré comme politiquement incertain. Il n'est donc pas étonnant que le taux d'inflation officiel soit désormais de 10,1 % en juillet.

Les sanctions économiques contre la Russie, dans lesquelles le gouvernement britannique s'est jusqu'à présent particulièrement distingué, au même titre que les États-Unis, ont ensuite mis le comble à cette situation. Un bel exemple de ce qui pourrait malheureusement nous arriver en hiver.

jeudi, 22 septembre 2022

Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"

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Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"

Le nouveau monarque britannique est un partisan du "Nouvel ordre mondial

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/charles-iii-koenig-des-great-reset/

Après la mort de la reine Elizabeth II, son fils aîné Charles est devenu le nouveau chef d'État. Contrairement à sa mère, qui ne s'est jamais exprimée politiquement au cours de sa longue vie, le nouveau roi, qui portera le nom de Charles III, a pris clairement position à plusieurs reprises. Il est surtout l'une des figures de proue du "Great Reset", c'est-à-dire de la transformation fondamentale de l'économie et de la société ordonnée d'en haut.

Lors d'une conférence virtuelle du "Forum économique mondial", le 3 juin 2020, l'héritier du trône à l'époque a déclaré que "nous avons une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise - rendre ses ondes de choc sans précédent plus réceptives aux grandes visions du changement". Par crise, il faut entendre la crise provoquée par le coronavirus. Et de poursuivre : "En passant du sauvetage à la reprise, nous avons donc une occasion unique, mais qui disparaît rapidement, de tirer des leçons et de nous engager sur une voie plus durable. Nous n'avons jamais eu cette opportunité et ne l'aurons peut-être plus jamais. Nous devons utiliser tous les leviers à notre disposition, car nous savons que chacun d'entre nous a un rôle important à jouer".

De plus, l'ex-Prince de Galles a fait savoir sur son site internet : "Le Great Reset, lancé aujourd'hui dans le cadre d'une table ronde virtuelle, vise à reconstruire, redessiner, revitaliser et rééquilibrer notre monde. Il a été conçu pour garantir que les entreprises et les communautés 'reconstruisent mieux' en plaçant les pratiques commerciales durables au cœur de leurs activités".

Le terme clé est "durable" et semble à première vue raisonnable et discret. Mais en réalité, le terme "durable" est le prétexte pour augmenter ou créer de nouvelles taxes, changer les habitudes de vie des gens, manipuler les masses ou restreindre les droits fondamentaux au nom de la religion civile du changement climatique prétendument causé par l'homme uniquement. Et tout cela, bien sûr, sans que les citoyens aient leur mot à dire démocratiquement.

samedi, 17 septembre 2022

Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire

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Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire

par Maxim Medovarov

Souce: https://www.ideeazione.com/elizabeth-windsor-ed-elizabeth-truss-risultati-intermedi/

Une évaluation sobre des capacités du système politique britannique dans une nouvelle phase de crise exceptionnellement aiguë du développement mondial s'impose.

Deux jours après avoir rencontré son homonyme et l'avoir confirmée comme Premier ministre, la reine Elizabeth II, minée par un stress excessif, a quitté ce monde. Il est difficile d'imaginer un moment plus symbolique et providentiel.

La Reine a commencé à régner sur le pays avec Churchill et l'a laissé avec Truss: la dégradation est évidente, mais le vecteur politique du premier et de la seconde est le même. Elizabeth II, en tant que monarque, n'a jamais été une figure décorative et a toujours été impliquée dans les affaires publiques bien plus que ce que l'on pouvait attendre d'elle. Même la première fois qu'il lui a parlé de politique, Churchill a été interpelé par la profondeur de ses connaissances.

Il ne fait aucun doute qu'Elizabeth II partage non seulement formellement (en tant que monarque qui ordonne l'usage de la force), mais en fait avec ses premiers ministres, la responsabilité de toutes les interventions, guerres, répressions et coups d'État dans le monde déclenchés par la Grande-Bretagne au cours des 70 dernières années. Le symbole de la complicité personnelle de la Reine dans les crimes de guerre a été sa prestation devant un piano volé au palais de Saddam Hussein. Et puis il y a eu et il y a Suez, les Malouines, l'Irak, la Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l'Ukraine: partout l'élite britannique a laissé des marques sanglantes dans le monde au cours des 70 ans de règne d'Elizabeth II. Les réseaux sociaux en Argentine, en Iran, en Égypte se réjouissent aujourd'hui de la nouvelle de la mort de la reine.

Pour la société britannique elle-même, ce furent 70 ans de dégradation de la culture, de l'éducation, des infrastructures, de la protection sociale, des soins de santé et de l'économie. Aujourd'hui, les gens ordinaires et les villes du Royaume-Uni sont plus pauvres et plus ruinés qu'il y a seulement un demi-siècle. Un tiers de la population britannique est constituée d'immigrants ou de descendants d'immigrants, un fait qui se reflète désormais de manière éclatante au niveau du gouvernement et du parlement.

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Le Commonwealth britannique s'est effondré sous nos yeux au cours des deux dernières décennies. L'Inde a même rompu ses liens symboliques avec Londres et mène une politique totalement indépendante. Les Fidji ont fait sécession du Commonwealth, la Barbade de la Couronne britannique. L'Australie et la Jamaïque abordent pour la première fois une discussion politique sérieuse sur la sécession, sur le rejet de la souveraineté britannique suite au prochain couronnement de Charles. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une sécession immédiate, mais le processus est en cours. En quelques années, Londres pourrait - si les circonstances extérieures le permettent - perdre non seulement ces territoires d'outre-mer, mais aussi l'Écosse et l'Irlande du Nord, devenant ainsi un royaume divisé.

Le décès d'Elizabeth II ne peut pas être simplement évoqué comme s'il s'agissait d'une simple question d'âge. Sa mère et son mari ont vécu plus longtemps qu'elle. Elle s'inscrit dans la tendance de l'année 2022, avec la grande guerre de libération en Ukraine et le glissement tectonique de l'économie mondiale vers la multipolarité, avec les décès symboliques de ceux qui incarnaient cette époque proche et révolue, de Jirinovski aux responsables de l'effondrement de l'Union soviétique. En l'espace de quatre mois, Chouchkevitch, Kravchuk, Burbulis, Bakatin et Gorbatchev sont morts les uns après les autres, ce qui ne peut être une simple coïncidence. Elizabeth II trouve logiquement sa place dans cette énumération nécrologique, tandis que les noms de Biden, Kissinger et Soros manquent encore à l'appel.

Elizabeth II était un symbole de l'atlantisme "doux". Il semble qu'elle n'ait fait des commentaires ouvertement anti-russes qu'une seule fois, il y a quelques années, dans un discours du trône devant le Parlement. Son rôle dans le système atlantiste était de représenter le "bon flic" face à ses premiers ministres. Aujourd'hui, les masques sont tombés et la catastrophe anthropologique vivante qu'est aujourd'hui la Grande-Bretagne, en la personne de Liz Truss, est harmonieusement complétée par le roi Charles III de Grande-Bretagne, caricatural et très mal aimé, qui a battu tous les records d'âge pour accéder au trône.

Le choix du nom de Charles pour le trône, d'une part, ramène pour la première fois la couronne britannique au souvenir des Stuarts et à ses racines écossaises. Bien qu'il n'y ait pas une goutte de sang anglais ou écossais chez Elizabeth et Charles, seulement du sang allemand et un peu de sang danois, tous deux ont pris soin de donner la priorité à l'Écosse dans leurs visites et leurs titres. Ce n'est pas une coïncidence si la reine a passé les derniers mois de sa vie au château de Balmoral, en Écosse.

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D'autre part, Charles II (1766-1788) était le nom du prétendant au trône britannique, le légendaire favori Charles Edward Stuart, "Bonnie Prince Charlie", dont le monument se dresse même à Derby, en Angleterre. Dans cette optique, le choix par le nouveau roi du nom de Charles III révèle un accent délibérément provocateur de sa succession aux monarques libéraux et oligarchiques qui gouvernent les îles depuis 1689 et qui sont étroitement alliés à l'élite financière et politique de la City. Le Prince Charles a longtemps cherché à se créer une drôle de réputation de champion du traditionalisme, mais ces dernières années ont montré à quel point il l'était.

L'engagement du nouveau roi envers l'atlantisme et le mondialisme sera tout aussi ferme que celui du nouveau premier ministre. Mais une nouvelle ère se profile à l'horizon, une ère sans Gorbatchev, si vous voulez ; et les différences se manifesteront par une profonde crise politique intérieure, un effondrement énergétique et une rupture complète des procédures démocratiques, même apparentes (c'est déjà le troisième premier ministre à arriver au pouvoir sans élections générales et malgré la haine de la majorité de la population du pays).

Du point de vue de la Russie, il n'y a pas lieu de se réjouir ou de se désoler. Il est nécessaire de procéder à une évaluation sobre des capacités réelles du système politique britannique dans la nouvelle phase, extraordinairement aiguë, du développement mondial. Mais l'écrasante majorité de la population britannique, selon tous les sondages et enquêtes, n'est manifestement pas heureuse de voir Charles III devenir ou de voir Liz Truss ou Boris Johnson à la tête du gouvernement, ou de subir l'imposition autoritaire du programme LGBT ou de se voir administrer des factures astronomiques d'électricité et de chauffage. On ne peut que lui présenter nos condoléances.

mercredi, 14 septembre 2022

La cour royale de Grande-Bretagne et les mots d'ordre mondialistes

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La cour royale de Grande-Bretagne et les mots d'ordre mondialistes

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/09/britannian-kuningashovi-ja-globalistien-agendat/

Le décès de la reine d'Angleterre a été rapporté dans les médias du monde entier. Monarque qui régna plus de 70 ans, Elizabeth II, décède tout récemment au château de Balmoral en Écosse, unjeudi soir de septembre, à l'âge de 96 ans. Elle a bénéficié d'un grand succès populaire pendant la majeure partie de son règne - du moins c'est ce qu'on nous assure.

Certains disent que c'est l'Empire britannique qui a lancé le projet de mondialisation qui révolutionne le monde. Il est ironique que le décès du leader symbolique du Commonwealth soit pleuré par des personnes qui, dans le même temps, s'indignent du fait que leur île natale soit envahie par des immigrants venus des anciennes colonies, tandis que les Britanniques de souche seront bientôt une minorité dans leur propre pays.

Selon l'ordre de succession britannique, le fils aîné de la reine deviendra désormais roi. Né à Buckingham Palace en 1948, Charles est peut-être plus connu pour son mariage raté avec Lady Diana Spencer, qui est décédée dans un accident de la circulation à Paris en 1997, un an seulement après son divorce.

En tant que duc et prince de Windsor, Charles est dépeint en public comme un personnage maladroit mais aimable qui parle à ses plantes, aime l'architecture traditionnelle et protège la nature. Charles a même été considéré comme un "prince philosophe" antimoderne qui apprécie les religions du monde et est un partisan de l'école traditionaliste de la philosophie pérenne.

Mais dans une réalité plus dure, il est une noble figure de proue de l'empire mondialiste, où les manœuvres économiques et géopolitiques douteuses d'un petit groupe supranational sont hypocritement dissimulées derrière une façade philanthropique.

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Combien se souviennent encore que c'est Charles, le futur roi du "développement durable", qui s'est prononcé en 2020 en faveur du "Great Reset" du Forum économique mondial ? Charles partageait l'idée de Klaus Schwab et de ses partenaires que la "pandémie" offrait une opportunité de changer fondamentalement le monde.

Dans la pratique, cela signifie que l'héritier du trône britannique - ainsi que les familles fortunées et la nouvelle figure de proue politique du Royaume-Uni, le Premier ministre nouvellement élu Liz Truss - continuera à combiner techno-féodalisme, faux écologisme et capitalisme d'entreprise.

Lorsque le père de Charles, le prince Philip, est décédé lors de la crise sanitaire en avril 2021, de nombreux journalistes sinistres se sont souvenus que le prince, qui cultivait les remarques désobligeantes et l'humour noir, avait un jour déclaré qu'il espérait être réincarné en un "virus mortel qui contribuerait à résoudre la surpopulation".

Comme de nombreux eugénistes de l'élite dirigeante, Charles a appelé à freiner la croissance démographique dans les pays en développement, et son fils, le prince William, a provoqué l'indignation avec ses commentaires sur la croissance démographique en Afrique. Étrangement, même à notre époque politiquement trop correcte, de telles déclarations racistes et éco-fascistes sont pardonnées assez facilement lorsqu'elles sont éructées par les membres des familles royales.

La cour royale britannique, avec son étiquette et son esthétique, peut apparaître aux monarchistes les plus ardents comme une "gardienne de la tradition", mais Elizabeth II et ses descendants promeuvent des agendas mondialistes depuis des décennies, des politiques d'immigration libérales aux programmes de l'ONU et aux politiques d'identité pour les minorités sexuelles.

Le futur roi Charles III continuera à jouer son rôle dans le maintien d'un empire mondial d'exploitation. La gestion de cet empire comprend des familles puissantes, des familles de banquiers, des membres de la royauté et des propriétaires de sociétés internationales et de conglomérats médiatiques, qui ne renonceront pas volontairement à leur pouvoir et à leurs plans, qui ont été affinés dans les sociétés secrètes des élites pendant des décennies.

dimanche, 14 août 2022

Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

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Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

par Nicolas Bonnal

Les milliardaires de Davos qui ont voulu le vaccin, la guerre antirusse et le reset pour mener à bien notre anéantissement démographique, culturel et économique, peuvent se frotter les mains: la détresse énergétique est pour cet hiver et elle va frapper tout le monde sauf cette minorité bourgeoise et bobo qui les soutient rageusement. Les gouvernements de l’Europe, à la solde de l’OTAN, de Biden et de Leyen, ne reculeront pas. Comme toujours c’est un ancien politicien, Gordon Brown cette fois, qui reconnaît notre catastrophe à venir ; elle concernera la moitié des Britanniques; on lisait dans la revue RT.com traduite par mes amis de lesakerfrancophone.fr;

« Si les politiciens eux-mêmes sont obligés de l’admettre :

« Selon le politicien travailliste Gordon Brown, l’augmentation continue des prix du carburant place « 35 millions de personnes dans 13 millions de ménages – un pourcentage sans précédent de 49,6 % de la population du Royaume-Uni«, en situation de risque de pauvreté énergétique en octobre. Qualifiant la situation de « bombe à retardement financière« , il a ajouté qu'il n’y a rien de moral à ce que des dirigeants indifférents condamnent des millions d’enfants et de retraités vulnérables et irréprochables à un hiver de grande pauvreté. »

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Si, c’est très normal, Gordon, car il faut sauver le climat et faire reculer la barbarie, c’est-à-dire la Russie, en attendant la vieille Chine.

Brown espère que les élites futures, issues des minorités ethniques commerçantes ou du féminisme russophobe et branché, sauront réagir :

« C’est pourquoi, a déclaré M. Brown, le Premier ministre sortant Boris Johnson, ainsi que les candidats à la direction du parti Tory, l’ancien chancelier Rishi Sunak et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, « doivent convenir cette semaine d’un budget d’urgence. »

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Mais il a des doutes sur la bonne volonté du futur cabinet britannique, Gordon Brown : a-t-il lu mon texte sur Churchill (inspiré par l’historien John Charmley) qui, pour détruire son Poutine de service avec ses Polonais de service, anéantit l’Europe mais aussi la puissance impériale et l’économie de sa terre – avant de la soumettre, sa terre, au capital américain qui depuis nous a froidement anéantis ?

Et Gordon Brown use alors de tout son poids :

« S’ils ne le font pas, le parlement devrait être rappelé pour les forcer à le faire ». Il a ajouté que si rien n’est fait, une autre hausse du prix du carburant en janvier laissera 54 % de la population en situation de précarité énergétique. »

On se rapproche de la famine en Grande-Bretagne, ce pays si infatigable quand il s’agit de faire la guerre (pendant les guerres napoléoniennes on noyait aussi dans le sang les émeutes de la faim) :

« L’ancien Premier ministre a déclaré que les scènes dont il a été témoin dans son comté natal de Fife, en Écosse, lui rappellent ce qu’il a lu dans les années 1930 : des enfants sous-alimentés, « des retraités qui choisissent de nourrir leur compteur électrique ou de se nourrir eux-mêmes » et des infirmières qui doivent « faire la queue à leur banque alimentaire.»

Tout cela confirme mon analyse de la première heure ici-même : pousser la Russie à la guerre pour nous couper le gaz et instaurer le reset en appliquant les mesures techno-totalitaires utilisées pendant leur « épidémie ». L’utilisation dramatisée des incendies cet été renforce la panique censée justifier les mesures d’épouvante qui nous attendent cet automne et cet hiver. Les médias renforcent le contrôle d’hébétude collective dont parlait Baudrillard dans son noble opus sur la guerre d’Irak.

Brown frappe encore plus fort et il évoque Dickens :

 « La pauvreté « frappe si fort » que les organisations caritatives sont incapables d’alléger le fardeau des gens, a déclaré M. Brown, ajoutant que « la Grande-Bretagne crée une génération de jeunes garçons et filles laissés pour compte», dont l’enfance « commence à ressembler aux scènes honteuses d’un roman de Dickens ». L’ex-PM a promis de se battre « pour renouveler l’objectif de réduction de la pauvreté des enfants que ce gouvernement a honteusement aboli».

Le seul objet de ce gouvernement comme de celui de la France ou des blattes allemandes (Lauterbach est affolant : ancien de Harvard tout de même) et italiennes c’est la liquidation de nos économies pour sauver le climat, liquidation doublée d’un contrôle technologique concentrationnaire à prétexte sanitaire. On verra si l’Occidental moyen sera capable de le comprendre et de réagir. Mon cher ami Serge de Beketch disait avant de mourir que les gens réagiraient quand ils auraient plus peur que mal, on verra. Nietzsche disait que chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant – et que donc en le lui coupant, cet appétit… La pénurie est la voie royale qui mène à la tyrannie, et c’est ce que veulent les élites occidentales depuis les années 70 (voyez mon texte sur ce grand reset qui se termine).

Ne comptez pas sur des cerbères comme Borne, Scholz ou Lauterbach pour réagir dans le bon sens.

Pour comprendre l’attitude de Gordon Brown (et de ces anciens politiciens soudainement honnêtes ou humanistes) je rappellerai l’impeccable formule de La Rochefoucauld: « les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour n’être plus en état de donner le mauvais exemple » (maxime 93). En cette époque de gouvernements de fous furieux aux ordres de nonagénaires génocidaires (Soros, Rothschild, Schwab, la Reine, Fauci, Biden, etc.) c’est plutôt opportun à rappeler.

Il sera marrant de voir jusqu’où la presse (« cette corporation achetée ») justifiera toute cette gueuserie, c’est-à-dire, soignons nos mots, ce génocide.

Sources :

https://www.rt.com/news/560403-poverty-fuel-uk-brown

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-7-au-...

https://reseauinternational.net/pourquoi-le-grand-reset-s...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/30/le-syndrome-...

https://livrefrance.com/Rochrtf.pdf

 

 

vendredi, 05 août 2022

Anarchie britannique

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Anarchie britannique

SOURCE : https://it.insideover.com/politica/lanarchia-britannica.html

Membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, puissance de l'OTAN, membre des grandes alliances internationales et héritier d'un empire qui contrôlait une grande partie du monde, le Royaume-Uni affronte l'épreuve de l'histoire avec une seule certitude (pour l'instant) : celle de ne plus vouloir faire partie de l'Union européenne. Le Brexit, issu de ce retentissant référendum populaire de 2016, a sanctionné une rupture nette entre Londres et le Vieux Continent.

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Un divorce qui intervient après un mariage peu heureux, dans lequel l'île, plutôt que d'être un membre actif de la communauté européenne, est toujours apparue comme une épine dans le pied des tentatives d'intégration. Et au fil du temps, ces différences se sont révélées insurmontables, combinant un profond mécontentement à l'égard de l'UE dirigée par les Franco-Allemands et les aspirations britanniques à ne pas être engagées dans une politique considérée comme continentale et sans rapport avec ses ambitions et caractéristiques naturelles. La recherche d'un commerce mondial non lié aux schémas de l'UE, l'élan vers le monde, le sentiment de défaite d'une Europe désormais déséquilibrée par rapport à Berlin et Paris mais perçue comme un mécanisme destiné à prendre fin et, enfin, la relation spéciale avec les États-Unis (désormais le véritable dominus atlantique) ont fait qu'une partie profonde de l'État britannique n'a jamais nié la possibilité d'une sortie de l'UE. Le vote populaire, peut-être inattendu par les Brexiteers les plus purs eux-mêmes, n'est cependant pas apparu comme un coup de tonnerre, mais comme une parfaite adhésion de la Grande-Bretagne profonde à ce que représentent les orientations stratégiques traditionnelles de Londres.

A partir de là, on a commencé à parler non plus du Royaume-Uni, mais de Global Britain: une puissance mondiale britannique (les mots sont importants) s'ouvrant au monde presque dans une sorte de libération de certains fils et liens représentés par un prétendu lest européen. Une ambition post-impériale qui, cependant, outre les ambitions propagandistes évidentes mais aussi les ambitions naturelles du peuple britannique, cache des angoisses que le Brexit n'a certainement pas effacées. Nous utilisons le terme "anglais" non par erreur : parce que ce qui est immédiatement apparu clairement aux observateurs, c'est que le Brexit était en fait un choix profondément anglais. Ce n'est pas le Londres cosmopolite qui a voté en faveur du divorce avec Bruxelles, ni les parties périphériques du Royaume, notamment l'Écosse. Ceux qui appelaient au Brexit étaient les parties profondes de l'Angleterre, certaines parties du Pays de Galles, les Unionistes d'Irlande du Nord. En bref, tous ces groupes qui s'accrochent encore fermement à une appartenance qui ne semble plus aussi profondément enracinée dans d'autres contextes.

Ce n'est pas une coïncidence si, juste après l'approbation de la sortie de l'UE, les premiers remous d'un nouveau référendum pour l'indépendance sont venus d'Écosse. Ce n'est pas non plus une coïncidence si, précisément, la frontière entre l'Ulster et l'Éire a ramené à la surface les divisions internes de l'Irlande que l'on croyait terminées avec les accords conclus après des décennies épuisantes de lutte. Le Brexit était considéré comme un cauchemar pour les Écossais, terrifiés à l'idée de devoir compter uniquement sur Londres, et pour les nationalistes irlandais qui pensaient que faire partie de l'UE donnerait au moins l'apparence d'une unité entre Belfast et Dublin.

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Le divorce, cependant, n'était pas seulement une gifle à ces aspirations internes au Royaume, mais aussi un moyen, après tout, d'éviter d'avoir à affronter le risque d'une division qui, aujourd'hui encore, n'est pas totalement éteinte. La Grande-Bretagne globale, donc l'appel à une Grande-Bretagne globale, prend également le rôle d'une forme d'incantation avec laquelle on persuade les provinces réticentes de se rappeler qu'elles font partie d'un destin commun. Si vous ne regardez plus l'Europe, vous regardez le monde. Externaliser les problèmes signifie également désactiver certains discours sécessionnistes (et en même temps pro-européens) afin de faire à nouveau appel au sentiment d'"empire" d'une puissance qui n'a jamais vraiment été européenne.

Réussir est une tâche difficile. Boris Johnson, le premier ministre qui a voulu faire avancer à tout prix les négociations sur la sortie de l'UE au point de menacer, à nouveau, d'un divorce "dur", apparaît comme un leader faible. Les conservateurs ont semblé étourdis par le Brexit tandis que les travaillistes, autrefois timides partisans de l'européisme, doivent maintenant faire face à une réalité qui semble inéluctable. Autour d'eux, un monde changeant qui n'accepte aucune perte de temps. La guerre en Ukraine est la preuve que la Grande-Bretagne veut être un protagoniste de la politique européenne et un membre plus actif de l'Alliance atlantique. Son défi à la Russie est total, mais elle ne dédaigne pas non plus les aventures dans l'Indo-Pacifique, d'Ormuz à la mer de Chine méridionale. Son "empire" existe, dans l'esprit de Londres. Et tout le monde se rend compte qu'à présent, le Royaume-Uni est à nouveau une puissance océanique plutôt que continentale. Il est difficile de savoir si le défi sera relevé, mais il est désormais certain que personne ne peut s'y résoudre : le Brexit est une réalité, la Grande-Bretagne globale une ambition peut-être souhaitée mais nécessaire. Le peuple britannique a choisi.

Le Royaume-Uni, peut-être plus désuni qu'uni, doit faire face à l'histoire et trouver comment en sortir indemne. Et pourquoi pas, essayer encore de rêver en grand pour éviter de devoir réfléchir à ses propres fragilités.

mardi, 19 juillet 2022

Le cyclone nationaliste sur l'Irlande du Nord

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Le cyclone nationaliste sur l'Irlande du Nord

Andrea Muratore

SOURCE : https://it.insideover.com/nazionalismi/il-ciclone-nazionalista-sullirlanda-del-nord.html

La journée du 5 mai 2022 est entrée dans l'histoire de l'Irlande du Nord. À l'occasion du 41e anniversaire de la mort de Bobby Sands lors de la grande grève de la faim menée par les prisonniers sécessionnistes de l'Armée républicaine irlandaise (Ira) contre le gouvernement britannique de Margaret Thatcher, pour la première fois, les formations pro-détachement en Ulster ont remporté plus de sièges que les Unionistes lors des élections locales.

La victoire du Sinn Fein entre dans l'histoire

À l'Assemblée d'Irlande du Nord, renouvelée pour la septième fois depuis l'Accord du Vendredi Saint de 1998, la majorité relative est allée à la gauche nationaliste Sinn Fein, dont la composante catholique et sécessionniste est favorable à la réunification avec les comtés de la République d'Irlande. Les Verts du Sinn Fein ont obtenu 29% des voix et 27 sièges sur 90.

Cette décision, associée à d'autres dynamiques en cours d'apurement entre le Royaume-Uni et l'Irlande, constitue un carrefour pour le pays. Depuis le 5 mai, l'Ulster est pratiquement enfermé dans une impasse institutionnelle en raison du fait que le Parti unioniste démocratique (DUP), deuxième avec 21,3 % et 25 sièges, ne veut pas donner le feu vert à l'accord d'unité nationale qui permettrait à Michelle O'Neil, leader du Sinn Fein, de devenir Premier ministre selon le système de la division des pouvoirs. L'Irlande du Nord est légalement dirigée par un gouvernement de cohabitation entre Unionistes et Nationalistes, le siège de Premier ministre étant garanti au parti le mieux placé et celui de député au mieux placé des partis opposés.

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Le problème de l'Ulster ressurgit

Les Dup font de l'obstruction. Et la raison est également liée au lien entre l'Irlande du Nord et la question britannique. Les unionistes irlandais ressentent encore la "trahison" de Boris Johnson, qui, en concluant l'accord de Brexit, a accepté la possibilité de placer la frontière douanière entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne aux frontières maritimes entre l'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, ce qu'ils voulaient éviter par voie terrestre dans la forme interne de l'île celtique. Amener, en effet, une partie du Royaume-Uni à rester dans l'union douanière et les contrôles des autorités de l'UE à s'appliquer à une zone du pays soumise à la souveraineté de Londres.

Le leader du parti DUP Donaldson a demandé une action décisive du Royaume-Uni et, peu avant sa chute, l'exécutif dirigé par Johnson a présenté plusieurs projets de loi visant à affaiblir le pouvoir d'influence des autorités de l'UE sur l'Irlande du Nord. Voir la réaction sévère de l'UE, qui accuse Londres de violer le droit international, sans pour autant échauffer les esprits de l'ancien allié du gouvernement irlandais du Parti conservateur britannique, qui, sur les votes des Dup, tient le haut du pavé à Westemeinster de 2017 à 2019.

L'enracinement des Dup a été si radical que même Liz Truss, ministre des affaires étrangères de Johnson, a averti les Unionistes de "laisser tomber" et de débloquer la situation en Irlande du Nord. Mais la crainte atavique des unionistes de voir une victoire du Sinn Fein faire "notre jour", pour reprendre la célèbre expression de Bobby Sands, fait monter la tension.

Comment l'Irlande du Nord change

Comme pour de nombreuses régions du Royaume-Uni, 2016 a été une année cruciale pour l'Irlande du Nord, où la partie britannique de l'île a voté massivement en faveur du Remain dans le cadre du référendum sur le Brexit (55,78 % contre 44,22 % en faveur du Leave). Eh bien, dans cette optique, le Sinn Fein a sans doute pu coopter en sa faveur le mécontentement populaire d'une partie de la population, notamment dans la capitale Belfast, dû à la crainte d'un détachement économique et social du reste de l'île. En particulier, le Sinn Fein, aidé par le soutien extérieur de la Dup au gouvernement conservateur entre 2017 et 2019, a également utilisé l'arme de l'anti-austérité contre ses opposants et ses partenaires forcés au gouvernement. Le Dup a été présenté comme le parti qui a sapé la sécurité sociale des Irlandais du Nord, approuvé la bévue du Brexit et, surtout, maintenu en vie pour longtemps un gouvernement de Londres considéré comme hostile à l'Ulster.

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La pandémie a fait le reste puisque la hache de la récession s'est abattue sur l'Irlande du Nord et ce n'est que fin 2021 que les niveaux de PIB du dernier trimestre de 2019 avant la pandémie ont été reconfirmés, tandis qu'en mai, l'emploi dans la région était encore inférieur à la fin de la dernière année de normalité. Les catholiques d'Irlande du Nord ont également bénéficié de la montée en puissance du Sinn Fein de la République d'Irlande, devenu le premier parti en termes de votes et la plus grande force d'opposition aux exécutifs centristes et libéraux de Dublin.

Le Sinn Fein en guerre contre l'austérité

Des deux côtés de la frontière, le Sinn Fein a fait équipe, a recadré sa rhétorique d'unification pour la présenter de manière positive aux modérés du Nord et du Sud. L'Irlande des égaux" est la nouvelle devise du parti dirigé par les deux femmes-symbolistes, Michelle O'Neill et MaryLou McDonald, qui étudient pour devenir respectivement premier ministre et première ministre d'Irlande. La force du Sinn Fein a été de rallier à la cause nationaliste une ligne de fracture qui, dans l'Irlande plus contemporaine, et particulièrement en Ulster, n'avait en fait pas existé sous une forme intense : le clivage gauche-droite.

Le Sinn Fein, à l'approche du vote du 5 mai, note le Foreign Policy Research Institute, s'est concentré sur le fait que "le Brexit, Covid-19 et la guerre en Ukraine ont dévasté l'économie irlandaise des deux côtés de la frontière. Ainsi, lors des élections pour l'assemblée du Stormont, le parti s'est judicieusement concentré sur la lutte contre la crise du coût de la vie et sur la réparation du "service de santé" par la réduction des temps d'attente dans les hôpitaux, des besoins concrets soudés à la rhétorique libérale et pro-marché. Le parti a "promis d'investir plus d'un milliard de livres dans les soins de santé et 300 millions de livres pour lutter contre le coût élevé de la vie". Tout cela ressemble à ce qui a été fait de l'autre côté de la frontière, car en République d'Irlande, les membres du Sinn Fein "se sont battus pour des salaires décents, des loyers plus bas, le soutien des droits de négociation collective des syndicats et un engagement à augmenter les paiements sociaux".

Le Dup a été frappé par la difficulté de contrer un large programme interpartis à cette pression politique, et il est probable qu'il en soit de même pour les formations centristes qui soutiennent le premier ministre Leo Varadkar à Dublin. Et donc depuis 2016, année du centenaire de l'insurrection qui a ouvert la voie à l'indépendance de l'Irlande vis-à-vis de l'Empire britannique, la formation a perdu du terrain en s'identifiant aux politiques conservatrices, au Brexit et à leurs conséquences redoutées.

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L'avenir et le rôle des États-Unis

Quel avenir, alors, pour l'Irlande du Nord ? Andrew Gamble, politologue à l'université de Cambridge, a écrit dans Domino que les sujets brûlants des prochaines années pourraient être le développement des tendances actuelles : d'une part, la soudure des deux branches du Sinn Fein sur un discours commun, nationaliste modéré, de gauche et anti-austérité, qui, selon le Nord, peut vendre l'unification comme le meilleur véhicule pour la prospérité de l'Irlande du Nord. De l'autre, la rupture de l'entente cordiale entre le DUP et les conservateurs britanniques, qui dure depuis le XIXe siècle.

Dans les deux cas, on parle de perspectives capables d'influencer les scénarios internationaux. Le Sinn Fein de l'Irlande républicaine est certainement beaucoup plus prudent que sa branche nordiste en ce qui concerne l'unification à court terme, car il doit briser le cordon sanitaire du Fianna Fael et du Finn Gael, le "grand centre" de l'Eire, à son égard, tandis que la rupture Tory-Dup sur le protocole nord-irlandais peut avoir pour conséquence de radicaliser davantage les unionistes dans leur sortie de facto de l'accord du Vendredi Saint. Pour lesquels le gouvernement reviendrait désormais aux catholiques et qui sont la base d'une coexistence qui a mis fin à une guerre civile de faible intensité et qui, à plusieurs reprises ces dernières années, a montré des signes de ne pas être complètement éteinte. Si l'impasse persiste, Londres pourrait invoquer la règle directe sur l'Irlande du Nord en contournant le Vendredi Saint de 1998. Dans ce cas, l'Irlande du Nord exploserait comme elle l'a fait entre 2013 et 2020 avec plusieurs cas de protestations et d'affrontements entre Unionistes et Nationalistes.

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"Il y a le silence des cimetières de ces régions, bruyant et plein de chagrin. Une zone de guerre sans véritable paix mais seulement du calme. Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant", a écrit Leonardo Palma sur Geopolitica.info en racontant le Belfast divisé et tendu des jours du 20e anniversaire des accords du Vendredi Saint. La tension à Belfast et dans ses environs est revenue à plusieurs reprises à des niveaux élevés et il en sera de même à l'avenir. À tel point que les garants de la paix dans la région ont même inclus les États-Unis. Dont le président, Joe Biden, est un catholique d'origine irlandaise qui a exprimé à plusieurs reprises ses opinions favorables au Vendredi saint. M. Biden et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont mis en garde le DUP et le Royaume-Uni contre la tentation de saper l'accord du Vendredi Saint, et des organisations telles que le Comité américain du Brexit ont ouvertement condamné la gestion de l'Irlande du Nord par le Royaume-Uni. Pendant ce temps, de l'autre côté de l'Atlantique, dans la communauté américaine d'origine irlandaise, la cause du Sinn Fein gagne une sympathie croissante. Et entre Dublin et Belfast, ils sont certains que beaucoup seraient prêts à faire un clin d'œil aux nationalistes s'ils arrivaient au pouvoir. Après tout, dans leur intention, l'Irlande du Nord dirigée par le Sinn Fein voudrait montrer que la possibilité de se détacher de la couronne de Londres est possible. Tout comme Washington a prouvé que c'était possible au 18e siècle.

lundi, 18 juillet 2022

L'éternel retour du référendum écossais : les risques pour le Royaume-Uni

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L'éternel retour du référendum écossais : les risques pour le Royaume-Uni

Matteo Muzio

Source: https://it.insideover.com/politica/leterno-ritorno-del-referendum-scozzese-i-rischi-per-il-regno-unito.html

"Nous avons clos la question pour une génération", a déclaré triomphalement le Premier ministre britannique de l'époque, David Cameron, au lendemain du référendum pour réclamer l'indépendance de l'Écosse, qui a eu lieu le 18 septembre 2014. Grâce au soutien de personnalités du Parti travailliste, comme l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un Écossais de Glasgow, le Non l'a emporté avec 55 % du soutien des électeurs. À l'époque, on craignait qu'une Écosse indépendante n'aurait pas eu un chemin facile à parcourir vers l'adhésion à l'UE et on s'inquiétait de perdre le régime des pensions britanniques. De plus, selon les chiffres du gouvernement écossais, 44,6 % des adultes en Écosse ne paient pas d'impôt sur le revenu, ce qui signifie que leurs revenus sont inférieurs à 12.560 £. Un signe que le système d'aide sociale britannique soutient un grand nombre de personnes ayant des problèmes à s'entretenir au quotidien.

En 2016, la victoire du Brexit lors d'un autre référendum a changé la donne : l'Écosse s'est retrouvée hors de l'Union européenne contre son gré: 63 % des Écossais ont choisi de rester avec Bruxelles. Au Parlement d'Édimbourg, pendant ce temps, la domination du Scottish National Party, parti de gauche et indépendantiste, n'a pas faibli. Après les élections de 2021, ils ont été confirmés au pouvoir pour la quatrième fois consécutive, dans une coalition avec les Verts qui partagent leur ligne indépendantiste. Après la sortie de Londres de l'Union le 31 janvier 2020, le climat à Bruxelles est devenu beaucoup plus favorable à une éventuelle Écosse en tant que nouvelle nation.

À Édimbourg, des oreilles avaient écouté : le 19 décembre 2019, une nouvelle loi a été votée permettant d'organiser des référendums sans demander l'autorisation de Londres ; passant ainsi outre le point de vue du gouvernement de Boris Johnson selon lequel, comme l'affirmait son prédécesseur Cameron, la question était close pour une génération. La partie écossaise, cependant, a fait valoir que les conditions matérielles avaient beaucoup changé et que l'adieu à Bruxelles remettait tout en jeu. Selon les mots du premier ministre Nicola Sturgeon, le fait que l'Écosse "ne veut pas d'un gouvernement de Boris Johnson, ne veut pas quitter l'Union européenne et veut plutôt choisir son propre avenir" est une condition suffisante pour essayer à nouveau.

Le succès des élections générales de 2019, avec 48 sièges écossais au Parlement de Londres sur les 59 disponibles et une reconduction en 2021, corrobore cette thèse. Il faut dire aussi que ce contraste a drainé le soutien des travaillistes écossais en faveur des conservateurs locaux, liés à Londres, unionistes, mais moins conservateurs que leurs collègues anglais. Ainsi, un unionisme sous-jacent dans la société écossaise reste en arrière-plan, bien que divisé entre les partis "anglais", les conservateurs, les travaillistes et les libéraux-démocrates. Fin 2020, cependant, l'indépendantisme a atteint des niveaux très élevés : selon un sondage Ipsos-Mori d'octobre 2020, le soutien à la rupture avec l'Angleterre avait atteint 58 %. Par conséquent, en prévision des élections de mai 2021, le gouvernement de Sturgeon a préparé un plan en onze points au cas où les indépendants obtiendraient une majorité aux élections de cette année-là : un objectif qui a ensuite été atteint en mai 2021, grâce à huit députés écossais verts et à leur programme autonomiste, qui leur a permis d'entrer au gouvernement.

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Pour le ministre de l'autonomie régionale, Michael Gove, le plan d'Édimbourg n'a aucune chance d'être reconnu comme valable par Londres. En outre, sa réalisation pose d'autres problèmes : peu avant les élections de 2021, l'ancien premier ministre Alex Salmond a mené une scission créant le parti Alba (Alba est le nom gaélique de l'Écosse), très critique à l'égard du premier ministre, qui a été accusé d'utiliser la question "uniquement pour se plaindre à Londres". Une hypothèse également confirmée par l'ancien bras droit de Boris Johnson, Dominic Cummings, qui a écrit dans l'un de ses récents livres "qu'il n'y a pas de réelles intentions d'organiser le référendum parce que le front du Oui n'est pas sûr de gagner".

Le 14 juin, la première d'une série d'études visant à prouver que l'hypothèse de l'indépendance est la meilleure option de toutes a été présentée par le Premier ministre Sturgeon. Un livre blanc affirmant qu'une Écosse indépendante serait "plus riche, plus équitable et plus juste". Par rapport à dix autres nations européennes, Édimbourg se classe actuellement au dernier rang pour divers indicateurs. Alors que certains critiques, comme le journal londonien The Times, suggèrent qu'en réalité le document ne contient aucune proposition majeure et n'est rien d'autre qu'une approbation de propagande pour la cause de l'indépendance. Il est possible que ce soit le cas, étant donné que le secrétaire à la Constitution, Angus Robertson, a déclaré publiquement qu'un nouveau référendum est prévu pour octobre 2023, une déclaration confirmée ultérieurement par la première ministre écossaise elle-même avec les atours de l'officialité. Difficile pour un nouveau dirigeant à Downing Street de changer d'avis sur ce point. Il est toutefois possible que la campagne du référendum renforce la position du parti conservateur, quel que soit le nouveau leader.

jeudi, 07 juillet 2022

La Grande-Bretagne et sa force sans l'Union européenne - La Grande-Bretagne globale comme tentative d'une nouvelle hégémonie

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La Grande-Bretagne et sa force sans l'Union européenne

La Grande-Bretagne globale comme tentative d'une nouvelle hégémonie

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/britain-and-its-strength-without-european-union?fbclid=IwAR0tWAFlxGwZDvqS9g63l5ObHPJmMpzpY0sPjfoNl4tCqD-U4fAxWDwH3YM

Le 3 février 2020, le Premier ministre Boris Johnson, qui venait de conclure la sortie triomphale du Royaume-Uni de l'Union européenne et de remporter une victoire écrasante aux élections générales, a choisi le cadre historique de l'Old Royal Naval College de Greenwich pour exposer sa vision du nouveau pays et de son futur rôle dans la communauté mondiale.

La vision de Johnson d'une Grande-Bretagne mondiale ne signifie pas grand-chose pour l'UE. Ayant finalement réussi le miracle géopolitique du Brexit et s'étant libéré de tout l'abîme des obligations envers l'UE, il était logique que le Royaume-Uni se lance dans le monde de la même manière et de manière indépendante. Pour les observateurs politiques au Royaume-Uni et au-delà, la détermination de Johnson à garantir une politique étrangère britannique totalement indépendante faisait partie intégrante de sa stratégie de politique intérieure réussie. Pour le gouvernement Johnson, le Brexit est devenu davantage une idéologie qu'un événement politique.

Le Royaume-Uni a peut-être quitté l'UE, mais il ne peut pas quitter l'Europe. Géographiquement, il est clair que l'UE reste un partenaire important pour le Royaume-Uni. Dans un monde où la concurrence géopolitique, les avances étrangères et la coercition géoéconomique s'intensifient, une démocratie de taille moyenne au large de la côte ouest de l'Eurasie ne peut qu'espérer promouvoir ses intérêts aux côtés de partenaires libéraux partageant les mêmes idées. Alors que les États-Unis deviennent de plus en plus égocentriques et se concentrent sur l'Indo-Pacifique et la Chine, l'UE est un partenaire géopolitique nécessaire pour le Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni peut contribuer à ce partenariat. Contrairement à sa "relation spéciale" avec les États-Unis, le Royaume-Uni n'a pas besoin d'assumer le rôle de partenaire junior et de suivre son leader sur la voie de n'importe quelle entreprise insensée qui pourrait dicter la politique intérieure américaine. Cependant, il est nécessaire de dépasser les querelles actuelles, de cesser de jongler imprudemment avec la paix fragile en Irlande du Nord et de s'efforcer de créer une relation de coopération.

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Il existe un moyen de réaliser cet alignement géostratégique sans sacrifier aucun des avantages de souveraineté que le Brexit pourrait apporter. Le gouvernement britannique actuel ne semble pas vouloir adopter cette approche. Mais elle reste une stratégie politique très viable au Royaume-Uni. Comme le montre un récent sondage du European Council on Foreign Relations, le public britannique est, au mieux, indifférent à la restauration de la Grande-Bretagne en tant que puissance militaire mondiale et a peu d'animosité envers l'UE après le Brexit.

La Grande-Bretagne globale est une illusion enracinée dans un passé impérial malencontreux. Mais le Royaume-Uni n'a pas besoin de s'isoler du monde ou d'assumer une position servile permanente dans les affaires mondiales. Le Royaume-Uni, en interaction avec l'UE, a le potentiel et la volonté politique.

Johnson semble être généralement indifférent à l'extrême vulnérabilité géopolitique de la Grande-Bretagne.

Il peut sembler que le nouveau rôle mondial de la Grande-Bretagne nécessitera des ressources diplomatiques accrues pour restaurer toutes ces relations historiques qui ont été négligées pendant trop longtemps. Mais alors que le réseau britannique de conseillers en matière de défense augmente d'un tiers, le service des affaires étrangères doit se contenter du personnel dont il dispose. "Faire des affaires" deviendra plus complexe que jamais, étant donné la nécessité de faire des affaires dans les deux sens dans les capitales des 27 États membres de l'UE.

Le prédécesseur de Johnson, Theresa May, a proposé quelque chose de très différent : un partenariat entre le Royaume-Uni et l'UE en matière de sécurité et d'affaires étrangères "d'une ampleur sans précédent, impliquant la diplomatie, la défense et la sécurité et la coopération au développement". Mais aux yeux des europhobes qui ont porté Johnson au pouvoir, cela ne fera que renforcer l'opinion de l'UE selon laquelle une Grande-Bretagne post-Brexit devrait rester dans l'orbite de l'UE. La vraie souveraineté exige une cosmologie entièrement nouvelle : la Grande-Bretagne globale doit se libérer complètement du champ gravitationnel de l'Union et rétablir sa position comme l'une des étoiles les plus brillantes dans un ciel plus vaste.

Comme déjà mentionné, une telle vision du monde semble bizarre et dangereuse. Il serait trompeur de croire qu'il existe d'énormes opportunités commerciales inexploitées à l'autre bout du monde qui pourraient compenser la perte du marché unique de l'UE. Et il est dangereux de tourner un regard nelsonien sur ce que le Royaume-Uni peut réaliser en termes d'influence mondiale grâce à la coopération avec l'UE.

La politique étrangère britannique pour l'ère géopolitique

Si la vision du monde qui sous-tend la Grande-Bretagne globale est effectivement une illusion, la Grande-Bretagne post-Brexit a besoin d'une politique étrangère qui reflète son nouveau statut en dehors de l'UE. La première étape consiste à déterminer ce que le pays veut et ce dont il a besoin de sa politique étrangère et quel type de politique étrangère le public britannique peut soutenir.

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À cette fin, le Conseil européen des relations étrangères a chargé Datapraxis de réaliser un sondage auprès du public britannique. Sans surprise, la conclusion générale de l'enquête est que le public s'intéresse peu à la politique étrangère et qu'il est divisé de manière assez égale sur les questions les plus sensibles. "Je ne sais pas" est la principale réponse à la plupart des questions. Près de la moitié des personnes interrogées (46 %) n'ont exprimé aucune opinion sur la promotion massive de l'enquête intégrée dans la région indo-pacifique. Cette indifférence donne aux dirigeants politiques toute latitude pour déterminer la politique étrangère, comme le gouvernement Johnson l'a amplement démontré. Toutefois, dans cet environnement plutôt libéral, certaines préférences et même exigences du public en matière de politique étrangère britannique sont visibles. Premièrement, le public britannique dans son ensemble se bat pour l'indépendance et la souveraineté. La décision de la Grande-Bretagne de quitter l'UE a une origine complexe, mais apparemment le motif principal était le désir de laisser la Grande-Bretagne décider par elle-même, dans le cadre de ce que Johnson a fièrement proclamé "la souveraineté retrouvée". Dans cette affaire, le gouvernement semble suivre l'esprit de l'ère nationaliste naissante. De nombreux citoyens britanniques considèrent les pays les plus souvent cités comme des interlocuteurs clés pour le Royaume-Uni, notamment les États-Unis, la France, l'Allemagne et l'Inde, comme des "partenaires essentiels" plutôt que des alliés qui partagent ses valeurs. D'un point de vue public, le Royaume-Uni ne semble pas avoir beaucoup de relations avec ces pays (à l'exception de l'Australie : Les Anzacs, Bondi Beach et le cricket sont encore plus importants que le rôle récent du pays en tant que nation leader dans la lutte contre le changement climatique).

Au-delà de la rigidité de l'adhésion à l'UE, le Royaume-Uni a assumé un réseau d'engagements internationaux, en partie parce que les politiciens britanniques ont considéré que l'avantage net de limiter la liberté de la Grande-Bretagne était le prix à payer pour limiter la liberté des autres. Par conséquent, la Grande-Bretagne a cherché à modifier le monde qui l'entoure afin de mieux répondre à ses intérêts nationaux, ce qui, en substance, a permis au pays de rester maître de son destin.

Le manque d'enthousiasme du public pour les États-Unis semble s'étendre à son conflit avec la Chine. 55 % des personnes interrogées pensent qu'il y a déjà une "guerre froide" entre les États-Unis et la Chine. En outre, 45% pensent que l'"endiguement" de la Chine est nécessaire, mais parmi eux, seuls 39% estiment que le Royaume-Uni devrait y participer. 46% - et la majorité de ceux qui ont une opinion sur cette question - préféreraient rester neutres en cas de guerre entre les États-Unis et la Chine. Une fois encore, les citoyens britanniques ont les mêmes opinions que leurs homologues de l'UE.

Cependant, la coopération est compatible avec la demande publique de souveraineté et d'indépendance si le Royaume-Uni peut maintenir une diversité de partenaires et éviter une dépendance excessive vis-à-vis d'un seul partenaire. Dans les affaires internationales, la monogamie est l'ennemi de la souveraineté. En effet, dans la mesure où la Grande-Bretagne a eu une "grande stratégie" au cours du dernier demi-siècle, c'était précisément pour éviter d'avoir à choisir entre l'Amérique et l'Europe. Trouver un équilibre entre les États-Unis et l'UE est donc essentiel à toute stratégie britannique efficace. Il est peut-être plus facile pour le gouvernement britannique actuel de travailler avec Washington. Cependant, sur des questions allant du changement climatique à la montée de la Chine, la simple géographie dicte que les intérêts et les priorités du Royaume-Uni exigent une coopération plus étroite avec l'UE qu'avec les États-Unis. S'aligner trop étroitement sur l'un ou l'autre d'entre eux signifie perdre la capacité de prendre des décisions par nous-mêmes, ce qui explique pourquoi, comme le prétendent les partisans du Brexit, il a été si durement combattu.

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En pratique, cela signifie que le Royaume-Uni devra trianguler entre les États-Unis et l'UE sur toute une série de questions. La triangulation ne signifie pas la nécessité d'agir comme un pont ou un médiateur. Les États-Unis et l'UE n'ont pas besoin ou ne veulent pas que la Grande-Bretagne, pour reprendre les termes du premier ministre de l'époque, Tony Blair, "construise des ponts de compréhension entre les États-Unis et l'Europe" (les États-Unis et l'UE ont toujours été capables de communiquer entre eux par eux-mêmes - comme la réunion de Biden avec les dirigeants européens en juin 2021, qui a abouti à une liste exhaustive des affaires entre les États-Unis et l'UE). La triangulation consiste plutôt à utiliser diverses formes d'influence sur les deux partenaires pour les rapprocher de la position du Royaume-Uni. Le changement climatique et la réglementation technologique sont des exemples de la façon dont cela peut fonctionner dans un large éventail de défis de politique étrangère du Royaume-Uni.

Changement climatique et tarifs du carbone

L'UE, les États-Unis et le Royaume-Uni ont des approches différentes de la lutte contre le changement climatique. L'UE se concentre sur le contrôle des secteurs à fortes émissions, l'établissement d'une taxe sur le changement climatique et les efforts pour exporter la réglementation climatique à ses partenaires commerciaux. Les États-Unis, en revanche, se sont concentrés sur les solutions technologiques, en partie parce qu'ils ne disposent pas du consensus national nécessaire pour fixer un prix sur les émissions de carbone. Le Royaume-Uni se situe quelque part au milieu.

Sur les questions climatiques, le système de tarification du carbone de l'UE est le principal point de discorde entre l'UE et les États-Unis et entre le Royaume-Uni et les États-Unis. On ne sait pas si les États-Unis adopteront le type de mécanisme d'ajustement aux frontières du carbone (CBAM) proposé par l'UE qui a fait sourciller Washington, et si oui, on ne sait pas comment. L'envoyé américain pour le climat, John Kerry, a récemment averti que l'UE ne devrait utiliser la taxe qu'en dernier recours, en déclarant : "Elle a de graves implications pour l'économie, les relations et le commerce".

Du point de vue du Royaume-Uni, cette divergence potentielle est une opportunité. L'atout particulier du CBAM est qu'il s'agit de l'un des rares mécanismes internationaux proposés pour aider à atteindre les objectifs climatiques fixés lors de la COP26, qui restent par ailleurs tributaires du respect par près de 200 pays de leurs engagements individuels et de l'exécution efficace de leurs tâches. Le CBAM pourrait donc bien être important pour la façon dont l'histoire jugera le sommet et la première grande intervention post-Brexit du Royaume-Uni sur la scène mondiale. Mais l'UE a peu de chances d'y parvenir sans la coopération active des États-Unis. Dans le même temps, l'accord UE-États-Unis sur le CBAM pourrait nuire au Royaume-Uni, dont les exportations de fer, d'acier et d'aluminium vers l'UE sont relativement importantes.

Comment tout a changé depuis le Brexit et comment le Royaume-Uni s'en sort-il ? Super, selon le gouvernement. Le sommet du G7 soigneusement planifié en Cornouailles en juin 2021 a démontré le rétablissement du leadership international du Royaume-Uni. Ce fut également l'occasion d'annoncer un nouvel accord de libre-échange avec l'Australie - et ce n'est que le dernier des plus de 60 accords de ce type déjà conclus par le Royaume-Uni depuis le Brexit dans le monde.

Mais la réalité est certes moins encourageante. La quasi-totalité des "nouveaux" accords de libre-échange ne sont que des extensions d'accords européens dont le Royaume-Uni a bénéficié en tant que membre de l'UE. Certes, il n'y a toujours pas d'accord entre l'UE et l'Australie (bien qu'un tel accord soit inévitable). Mais l'accord du Royaume-Uni avec l'Australie est une petite chose, dont on estime qu'il n'ajoute que 0,01 % à 0,02 % au PIB. Il ne faut pas oublier septembre 2021, lorsque Londres, Washington et Canberra ont créé leur alliance - AUKUS, repoussant fermement la France en marge de la politique dans la région indo-pacifique.

Le début des négociations pour l'adhésion du Royaume-Uni au Partenariat transpacifique global et progressif (CPTPP), anciennement connu sous le nom de Partenariat transpacifique, est peut-être plus prometteur. Ce groupe comprend un grand nombre des économies dynamiques de la région Indo-Pacifique. Toutefois, il est peu probable que les avantages supplémentaires de l'adhésion au CPTPP soient substantiels, étant donné que le Royaume-Uni a déjà conclu des accords de libre-échange bilatéraux avec les quatre pays les plus importants du partenariat (Japon, Corée du Sud, Canada et Singapour), là encore un héritage de l'adhésion à l'UE. Les propres chiffres du gouvernement évaluent l'augmentation potentielle du PIB à moins d'un dixième de pour cent.

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En comparaison, un prévisionniste économique du gouvernement estime que les dommages causés au PIB par le Brexit s'élèvent à 4 pour cent, soit le double de ceux causés par la pandémie. Le commerce total de marchandises entre le Royaume-Uni et l'UE a chuté de 15 pour cent, soit 17 milliards de livres sterling.

Plus récemment, le Premier ministre britannique Boris Johnson a surpris le public lors d'une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en proposant une alliance politique, économique et militaire qui serait une alternative à l'Union européenne. Elle devrait inclure des pays "unis par la méfiance envers Bruxelles, ainsi que par la réaction de l'Allemagne à l'agression militaire russe". Il s'agit de la Grande-Bretagne, de l'Ukraine, de la Pologne, de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie ; plus tard, la Turquie pourrait se joindre à l'association, ce qui rappelle beaucoup le projet Intermarium, oublié mais exhumé.

Continuité de l'accord commercial entre la Colombie et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

Le Royaume-Uni n'a pas non plus l'intention de quitter la région sud-américaine. La Colombie, le Pérou et l'Équateur, ainsi que le Royaume-Uni, ont signé un document qui maintiendra le cadre des relations commerciales. Il convient de noter que la signature du document a eu lieu alors que le Royaume-Uni était encore en train de quitter l'UE.

L'objectif était de garantir le maintien des conditions existantes d'intégration et d'accès préférentiel à cet important marché.

"Les deux pays partagent l'objectif d'assurer la continuité de la relation que nous avons dans l'accord entre l'Union européenne et la Colombie, le Pérou et l'Équateur depuis son entrée en vigueur en 2013", a expliqué le ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme, José Manuel Restrepo Abondano.

Il est important que la Colombie continue à maintenir et à développer ses relations actuelles avec le Royaume-Uni, principalement dans le domaine du commerce des biens et services, des investissements et des marchés publics. Il s'agit d'un marché qui, en 2019, représentait 10,2 % de ce qui est destiné à l'Union européenne et 7,4 % de ce qui est importé à l'exportation.

L'un des secteurs qui profite le plus des relations commerciales actuellement gérées par les deux économies est l'agriculture. En 2020, les exportateurs nationaux ont vendu ces produits à ce pays pour une valeur de 309 millions de dollars, ce qui représente 66 % du total des ventes dans ce pays et 14,3 % des exportations agricoles de toute l'Union européenne. Les principaux produits d'exportation étaient les bananes, le café, les fleurs et les fruits, ainsi que d'autres parties de plantes comestibles.

Selon des documents du Foreign Office publiés par Declassified, l'ambassade du Royaume-Uni a dépensé 6000 £ en 2019-2020 pour effectuer une "analyse des perceptions du soft power du Royaume-Uni en Colombie" qui a aidé à "identifier les intérêts futurs de l'association dans les messages publics et les médias sociaux". Des sondages auprès des Colombiens ont été réalisés "ce qui a aidé l'ambassade à développer l'approche la plus efficace".

Après la publication des données de l'enquête, Colin Martin-Reynolds, ambassadeur britannique en Colombie à partir de 2019, a engagé 25 000 £ dans la création d'une nouvelle "campagne de sensibilisation à l'environnement et à la biodiversité". Les investisseurs britanniques semblent être une priorité dans le nouveau programme UKCOL2021. Lors de son lancement en juin, le vice-ministre colombien des Affaires étrangères, Francisco Echeverri, a décrit le Royaume-Uni comme "l'allié historique" de la Colombie et "notre troisième investisseur le plus important".

Lors du même événement, Flavia Santoro, présidente de ProColombia, l'agence d'État pour la promotion des investissements étrangers, a déclaré que UKCOL2021 était une "étape importante" dans les relations entre les deux pays, ajoutant que "nous avons fixé des objectifs pour développer les affaires avec les investissements britanniques".

Pour en revenir à l'analyse du projet Global Britain, après tout, il s'agit plutôt d'une illusion. Mais il existe une politique étrangère qui peut gagner le soutien de la population britannique et tracer un avenir sûr et influent pour le Royaume-Uni. La vraie question est de savoir si le peuple britannique peut trouver et élire un gouvernement suffisamment fort pour que cela se produise. Les plans pour un référendum en Écosse en 2023 montrent qu'il existe différents points de vue sur l'avenir de la Grande-Bretagne.

samedi, 02 juillet 2022

Le syndrome Churchill et la catastrophique guerre occidentale

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Le syndrome Churchill et la catastrophique guerre occidentale

Nicolas Bonnal

On a vu le niveau de débilité, d’incompétence et même d’incorrection, vestimentaire ou autre, des leaders du G7. Macron est en perdition, Trudeau aussi et Biden va prendre une raclée, n’en déplaise aux catastrophistes. Mais mon sujet est le syndrome Churchill : Churchill est l’homme politique le plus nul possible (voir le livre de John Charmley) sur le plan pratique, et qui ne se sentait à l’aise que dans des guerres totales et d’extermination contre les Allemands, qui étaient la cible de l’époque. Or sur ordre des néocons beaucoup plus inspirés par Churchill que par Strauss les hommes politiques nuls ou même obscènes que nous avons en Occident veulent se lancer dans une guerre éternelle de type orwellien contre la Russie ; dans l’espoir que ces chefs de guerre insensés seront célébrés par des foules toujours plus abruties. Ils oublient que Churchill fut jeté dehors par ses électeurs british en 1945, preuve sans doute que la satisfaction n’était pas à la hauteur des aspirations du chéri des journalistes néocons.

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On va citer le capitaine Grenfell, ami de John Buchan, sur les buts aberrants de Churchill, car ce dernier se met à déifier le stalinisme pour écraser l’hitlérisme (qui lui a proposé dix fois la paix). Je cite la traduction de mes amis du Saker francophone :

« Mais, en supposant que la suppression par la force des tyrannies dans des pays étrangers constituât le devoir des Britanniques, pourquoi trouvait-on une autre tyrannie, partenaire des Britanniques dans ce processus? La tyrannie communiste, en Russie, était pire que la tyrannie nazie en Allemagne ; les conditions générales de vie du peuple russe était largement inférieures à celles des Allemands ; le travail de forçat en Russie était employé à grande échelle, en comparaison à la même pratique sur le sol allemand, la cruauté n'y avait rien à envier à celle du côté allemand, et de nombreux observateurs la décrivent même comme bien plus importante. La technique répugnante des purges, des interrogatoires brutaux amenant à "confession", et l'espionnage domestique généralisé était déjà à l'œuvre en Russie depuis des années avant que Hitler n'introduise ces mêmes méthodes en Allemagne, qu'il copia probablement de l'exemple russe. Mais M. Churchill encensait la Russie comme allié des plus bienvenus, quand elle se trouva embarquée dans la guerre. »

Plus loin Grenfell souligne le bilan effrayant de cette guerre pour l’Angleterre et son empire (qui n’a pas été détruit par le nazisme mais par la guerre contre le nazisme) :

« Il s'était montré prêt à tout sacrifier pour parvenir à cette victoire, et les sacrifices consentis par lui laissèrent ses co-vainqueurs britanniques à moitié ruinés, rationnés, emprisonnés financièrement dans le camp de concentration de leur île, assistant à la désintégration de leur Empire, leur propre pays occupé par des soldats américains, et leur économie nationale dépendant de la charité étasunienne. Tout cela pour quoi ? Pour que les Allemands se vissent désarmés de manière permanente? À peine trois ou quatre années passées, nous suppliions les Allemands de se réarmer aussi rapidement que possible. »

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Grenfell a tout résumé là : on a détruit le pays et l’Europe pour rien, pour se retrouver avec une URSS plus forte que jamais. Puis avec une Europe anglo-américaine plus belliciste que jamais…

Ce n’est pas un hasard si Orwell a écrit son 1984 pendant cette triste époque. Voyez l’enfant aux cheveux verts de Losey ; on est passé de l’Angleterre edwardienne maîtresse du monde vers 1900 à un pays prolétarisé et clochardisé y compris sur le plan culturel et sociétal. Et c’est Churchill et sa rage guerrière qui ont précipité tout cela. Mais puisqu’on vous dit qu’il a sauvé le monde et la paix…

Les nazis volaient des territoires ? Grenfell, qui n’est pas russophile pour un sou, remarque justement (et cela explique la claque de Kaliningrad…) :

« Pourtant, à Yalta, il accepta que des centaines de milliers de kilomètres carrés de territoire polonais (sans parler des territoires lettons, lituaniens ou estoniens) fussent accordés, sans l'aval des habitants, aux gâteurs d'âme, en désaccord flagrant de la Charte Atlantique que lui-même et le président des USA avaient claironné au monde au cours de la même guerre, et en déni flagrant de la déclaration de guerre britannique contre l'Allemagne de 1939, qui précisément garantissait l'inviolabilité du territoire polonais. En outre, les compensations accordées aux Polonais sous forme de territoire d'Allemagne orientale, et l'allocation de la moitié du reste de l'Allemagne à une occupation russe, eurent pour effet de supprimer la zone tampon historique entre Moscou et les pays bordant l'Atlantique. »

Et Grenfell d’ajouter justement :

« Aucune raison réaliste n'existait de considérer l'alliance de la Russie comme loyale et digne de confiance. »

Sur Roosevelt, Grenfell rejoint les libertariens américains :

« On peut également admettre que le président Roosevelt, à cette époque, était dans un état d'hallucination fascinée quant à la pureté virginale des motivations du maréchal Staline… »

Revenons à la situation présente : nos « élites » (ouaf ouaf) s’inspirent d’un homme qui fut prêt à tout pour gagner une guerre déshonorante (un million de civils allemands carbonisés sous les bombes) et déplorable sur le plan des résultats.

Comprenez donc qu’ils vous affameront, vous priveront d’eau (cf. le ministre teuton), d’électricité, de bagnole, de liberté (mais pas de vaccin !), et qu’ils continueront dans leur aberration guerrière jusqu’au bout. Tout sera bon pour exterminer la Russie qui a remplacé l’Allemagne. Mais restons optimistes : le peuple se réveillera !

Source:

Grenfell – Haine inconditionnelle (lesakerfrancophone.fr)

vendredi, 10 juin 2022

Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber

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Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber

Par Wolfgang Eggert

Source: https://www.compact-online.de/anarchy-in-the-uk-boris-johnson-vor-dem-fall/?mc_cid=4c30a4c7c2&mc_eid=128c71e308

Cover_COMPACT_2022_06_shop.jpgLe Premier ministre britannique a été victime d'un vote de défiance. Qu'est-ce qui se cache réellement derrière tout cela - et qu'arrivera-t-il ou qui viendra après Boris-Brexit ? La ministre des Affaires étrangères Liz Truss est pressentie pour lui succéder. Nous dressons le portrait de cette figure de la ligne dure russe dans le numéro de juin de COMPACT, que vous pouvez commander ici: https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/.

Le disque punk par excellence - Never Mind the Bollocks ("Oublie les C*** à l'air") - est sorti en 1977 pour le 25e anniversaire de l'accession au trône de la reine d'Angleterre. Avec des chansons comme l'ironique "God save the Queen" ou "Anarchy in the UK". Tout le monde pensait que les interprètes - les Sex Pistols - étaient des gauchistes. Et c'était sans doute le cas. À l'époque en tout cas.

Aujourd'hui, alors que la Queen fête une fois de plus son anniversaire, le chanteur John Lydon, alias Jonny Rotten, a fait savoir que la révolte contre "le haut" ou "le système" n'existait plus que du côté de la droite. L'homme ne se soucie toutefois pas de ce décalage. Il reste fidèle à lui-même. Et à sa coiffure, qui donne l'impression qu'il vient de se faire sécher les cheveux fraîchement lavés sur un bateau de pêche au milieu de la mer du Nord.

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Ce n'est pas la seule raison pour laquelle Lydon ressemble au Premier ministre anarchique de son pays. Le 6 juin, Boris Johnson a dû faire face à un vote de défiance interne à son parti. Le "partygate" aurait été l'élément déclencheur: Plus d'une douzaine de festivités, longtemps vendues par Johnson comme des "réunions de travail", ont eu lieu au 10 Downing Street - alors que l'élite politique avait envoyé le reste du pays dans son bureau à domicile dans un isolement confinatoire et monacal pour cause de Corona.

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Des photos prises à la sauvette ont fait le tour du monde. On y voyait des tables de bureau décorées de confettis et de serpentins, sur lesquelles étaient posées des boissons alcoolisées, avec en arrière-plan le Premier ministre éméché essayant de nouer sa cravate.

Ne vous y trompez pas. Ce procédé, ou plus exactement ces procédés, ne sont pas de nature à créer un fossé entre le peuple et les dirigeants de l'île. Bien au contraire. Tout Anglais s'y reconnaît: les hommes, comme - particularité européenne - les femmes d'ailleurs, se lâchent quand on le leur permet.

Si c'est interdit, c'est encore mieux: c'est pourquoi les images du ministre britannique de la Santé Matt Hancock, qui, marié et annonçant chaque jour de nouvelles règles de distance, embrassait sa secrétaire avec la langue dans le couloir du bureau, capturées en secret puis publiées, n'ont pu susciter qu'admiration et jalousie au pays de la bière chaude.

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Malgré cela, le Premier ministre, qui planait au-dessus de tout, a été conduit par des rabat-joie devant l'échafaud moral de son parti, pour y être renvoyé et envoyé dans le désert "par manque de moralité et de crédibilité" (comme si les politiciens dits démocratiques n'avaient jamais possédé aucune de ces deux qualités).

Une vengeance tardive

Il n'est pas nécessaire d'être très malin pour découvrir qui étaient les instigateurs de ce théâtre et de quoi il s'agissait réellement : La véritable toile de fond est - toujours - le Brexit, qui a considérablement entamé l'existence du royaume. L'Irlande du Nord et l'Écosse sont sur le point de quitter le Royaume-Uni, avec l'aide de l'UE, qui devrait également avoir de nombreux acteurs de la presse britannique sur ses listes de paie.

Ce qui explique que les journalistes mentent sur ce même vote de défiance, comme ils l'ont toujours fait. De même que les arguments sur la nécessité du vote étaient mensongers, l'analyse du résultat des élections peut également être considérée comme tirée par les cheveux.

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Oui, il est vrai que si l'on demande à un groupe politique s'il apprécie le président, 40% de "non" sont un désaveu. Mais il serait faux de conclure, comme l'ont fait les médias, que Johnson a perdu la confiance de son propre camp.

En réalité, c'est plutôt le contraire qui s'est produit: lorsque Boris Brexit a été soumis au vote des Tories, ce sont même des députés moins "conservateurs" qui ont voté pour lui - non pas parce qu'il était trop conservateur pour eux, mais tout simplement parce qu'il voulait répondre au souhait de son peuple de quitter l'UE.

De ce point de vue, Johnson a même réussi à gagner quelques voix dans les rangs de son parti, soudoyé par les lobbyistes (on pense involontairement à Trump et aux républicains américains). Le fait qu'il ait réussi, en passant outre la couche sociale éloignée de Whitehall, à servir aux Tories dans les urnes le meilleur résultat électoral de mémoire d'homme - c'est cadeau !

Conséquences géopolitiques

Reste la question de savoir ce que l'on souhaite à cet homme, à ce pays... et, d'un point de vue allemand, à soi-même.

Il y a plusieurs réponses à cette question, qui sont tout à fait contradictoires :

    1) Pour sa position d'incitation à la guerre dans le conflit ukrainien, cet homme devrait partir ; et le plus vite possible, car il risque la guerre nucléaire, après laquelle notre continent aurait (encore !) l'air pire que la coiffure du Premier ministre anglais aujourd'hui déjà. Tant les Britanniques que les Européens continentaux peuvent - et même doivent ! - penser ainsi s'ils ont encore un peu de bon sens.

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Mais les deux parties devraient maintenant

  1. 2) en ce qui concerne l'UE, croiser les doigts pour que Boris puisse continuer à se débattre aussi longtemps que possible. Les Britanniques peuvent le faire dans l'espoir que l'île, libérée de l'étau bruxellois, ne sera pas entraînée dans la chute du continent ou qu'elle pourra - déjà avant - reconquérir davantage de libertés nationales ; les Européens de l'UE, en particulier ceux de Paris et de Berlin, devraient également se réjouir d'une nouvelle dérive de l'ancienne Grande-Bretagne, car un retour de Londres compliquerait à nouveau le transfert de pouvoir vers l'Allemagne et la France - et donc la ligne géopolitique.

Le vote de défiance semble maintenant tout droit imposé par le continent, de sorte que l'on peut se demander s'il y a encore ici (chez "nous") des romantiques désespérés qui veulent ramener les Britanniques dans le bateau ? Ou s'agit-il seulement d'une punition au vu et au su de tous, afin que les éventuels sortants puissent voir ce qui les attend si, un jour, ils abandonnent Bruxelles - et deviennent "bornés" ?

C'est dans ce dernier groupe que l'on peut trouver un certain nombre de représentants du Grand Jeu qui peuvent encore considérer comme "historique" la lutte pour le globe (qui ne peut être menée que dans le cadre de grandes alliances). Ils savent à quel point Britannia a joué un rôle hostile à l'Europe pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

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Et qui, dans un certain esprit de revanche territoriale, souhaitent aux Lords et aux Dames, en plus d'une nourriture médiocre et de coups de soleil sévères, que Boris Johnson continue à les harceler. Car lui, et lui seul, peut poursuivre le Brexit avec suffisamment de courage pour que la fédéralisation naissante du Royaume-Uni (c'est-à-dire la souverainisation de l'Écosse et de l'Irlande du Nord sous le drapeau européen) soit menée à bien.

Qui succèdera à Boris-Brexit ?

Pendant ce temps, dans les médias britanniques, les journalistes et les soi-disant experts férus de l'UE et/ou du Nouvel Ordre Mondial discutent de l'impact du vote précédent. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que Boris "est fini". Presque personne ne lui accorde plus d'une année de survie politique. Presque tout le monde, y compris Nigel Farage, s'attend à une débâcle électorale conservatrice dans le cas contraire. La question est de savoir qui les Tories veulent mettre en avant comme candidat de remplacement pour éviter un tel désastre.

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Les patriotes allemands, du moins ceux qui sont prêts et capables de penser leurs rêves politiques "à l'anglaise" - un défi de taille, il est vrai -, peuvent souhaiter Jacob Rees-Mogg (foto), ministre du Brexit enrichi par la Bourse dans le cabinet Johnson, une caricature de l'Angleterre d'avant-hier dans sa présentation et son apparence. L'effet serait une dérive immédiate de l'île vers l'Atlantique, ce qui, du point de vue local, n'est pas la pire des solutions.

Mais il est plus probable que l'intronisation d'un "candidat du centre", que l'establishment du vieux parti croit capable de réconcilier les camps, un candidat qui laisse les Saxons pêcheurs poser à nouveau leurs filets dans le reste de l'Europe. Que Dieu lui-même nous en préserve !

Dans le numéro de juin de COMPACT, dont le thème principal est "Les Verts en guerre", nous montrons comment l'ancien parti pour la paix se plaît à être le moteur d'un échange de coups nucléaires. Baerbock, Habeck, Hofreiter & Co. mènent leur combat sur deux fronts : à l'extérieur contre la Russie, à l'intérieur contre leur propre peuple. Commandez ici - ou abonnez-vous dès maintenant avec ce numéro (https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/ ).

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samedi, 21 mai 2022

Contre-sens irlandais

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Contre-sens irlandais

par Georges FELTIN-TRACOL

Le jeudi 5 mai 2022, en même temps que les élections locales en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles, les électeurs renouvelaient les 90 sièges de l’Assemblée d’Irlande du Nord. Cette institution constitue un rouage essentiel dans la pacification des esprits après trente ans de conflit (1968 - 1998). Au cours de ces trois décennies d’agitations et d’oppression de la communauté catholique, l’Ulster devint un terrain fertile d’application des stratégies militaires de maintien de l’ordre.

Les troubles cessèrent avec les « Accords du Vendredi Saint » signés le 10 avril 1998 à l’initiative du Premier ministre britannique, le travailliste Anthony Blair. Aidé de son homologue de la République d’Irlande, il força les protestants loyalistes et les républicains catholiques à se partager le pouvoir. L’Assemblée d’Irlande du Nord investit, approuve les actes et contrôle un gouvernement territorial bicéphale. Représentant chacun leur communauté confessionnelle, le Premier ministre et le vice-Premier ministre disposent des mêmes prérogatives. Depuis un quart de siècle, un protestant détient la première fonction et un catholique la seconde. En 2006, l’Accord de Saint-Andrews provoqua une séisme politique : les ennemis jurés du DUP (Parti unioniste démocratique) et du Sinn Féin (« Nous mêmes ») décidèrent de coopérer. Cette parité confessionnelle procède d’abord des accords de 1998, puis ensuite du mode de scrutin qui combine la proportionnelle et le scrutin majoritaire uninominal à un tour. Le « système de Hare » impose le scrutin à vote unique transférable. Les électeurs classent selon leur préférence tous les candidats. Ceux qui recueillent le moins de suffrages sont écartés et leurs votes sont attribués aux autres candidats. Certes, bien plus long, le dépouillement est fastidieux. Il donne cependant une chambre assez représentative.

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Il est probable que le prochain Premier ministre d’Irlande du Nord soit une catholique, à savoir la vice-présidente du Sinn Féin Michelle O’Neill. Une grande première ! En effet, avec 29 %, soit un point de plus, le Sinn Féin obtient 27 sièges. Le DUP n’en remporte que 25, ne fait que 21,4 % et perd 6,7 points. Une partie non négligeable de son électorat a privilégié la TUV (Voix unioniste traditionnelle) qui passe en cinq ans de 20 523 votes à 65 788, soit 7,6 % et un gain de cinq points. La TUV n’a toutefois qu’un seul élu. Les formations modérées, parrains des accords du Vendredi Saint conclus sous l’égide de l’Union pseudo-européenne, reculent encore. Avec neuf sièges, le Parti unioniste d’Ulster obtient 11,1 % et perd près de deux points. Le Parti social-démocrate et travailliste maintient ses 8 sièges malgré une régression de 2,9 points (9 %). Mouvement populiste d’extrême gauche, « Le peuple avant le profit », réunit 1,15 % et garde son unique siège. En revanche, l’Alliance qui rejette le critère structurant conflictuel entre catholiques  et protestants réalise 13,5 %, soit 4,5 points de plus et remporte 17 sièges. Ce succès traduit la lassitude des nouvelles générations qui n’adhèrent plus aux clivages religieux. Il s’explique aussi par l’apparition d’Irlandais d’origine immigrée souvent musulmans. Ces deux données sont à prendre en considération pour les décennies à venir.

Il ne faut pas se réjouir de cette élection. Longtemps vitrine politique de l’IRA (Armée républicaine irlandaise), le Sinn Féin agit tant au Nord qu’au Sud de l’île. Vainqueur en Ulster, il compte déjà quatre sénateurs et 37 députés dans la République d’Irlande dont il incarne l’opposition officielle à la coalition ministérielle centriste. Né en 1970, à l’occasion de dissensions au sein des groupes paramilitaires républicains, l’actuel Sinn Féin n’est pas l’héritier direct de son homonyme du début du XXe siècle.

Très tôt, ce mouvement s’inscrit dans la gauche radicale. Son seul député européen siège aux côtés des élus grecs de Syriza, espagnols de Podemos et de La France Insoumise dans le groupe de la Gauche unitaire européenne – Gauche nordique verte. Le Sinn Féin a dénoncé les régimes militaires d’Amérique du Sud, critiqué l’apartheid en Afrique du Sud et soutenu la cause palestinienne. Lors de la crise des sans-papiers en 2015 – 2016, ses militants établissaient un parallèle spécieux avec l’exode déclenché par la Grande Famine de 1845 – 1851.

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La présidente eurosceptique du Sinn Féin, Mary Lou McDonald, ne cache pas par ailleurs son progressisme foncier. Elle promeut l’inclusivité, le multiculturalisme, le sociétalisme et le gendérisme sans oublier l’avortement, le féminisme et l’homoconjugalité. Le supposé nationalisme du Sinn Féin relève du nationalisme civique contractualiste, négateur des appartenances identitaires charnelles effectives… Il faut par conséquent le considérer comme l’avant-garde du « national-cosmopolitisme ». De leur côté, par leur proximité historique et symbolique avec la franc-maçonnerie et le biblisme politique vétéro-testamentaire, sous la bannière de Dieu, du Royaume Uni et de la Couronne, les unionistes défendent les Afrikaners et l’État d’Israël. Ils s’enferment dans un passéisme muséal. Leur conservatisme moral et sociétal n’a pas empêché la légalisation du « mariage » homosexuel en Ulster. Force est de constater que ces deux camps rivaux nuisent au destin civilisationnel de l’Europe impériale. 

Sauf coup de théâtre, l’Irlande et l’Ulster ne se réunifieront pas dans les prochaines années. Grâce au Brexit, la Verte Erin forme déjà au quotidien un seul ensemble douanier puisque la frontière « euro-britannique » passe en mer d’Irlande. Cette réalité enrage les unionistes favorables à l’établissement d’une véritable frontière entre les deux territoires irlandais au risque possible de relancer les troubles au Nord. Cette question sera le principal sujet de discussion entre le Sinn Féin et le DUP. Pas sûr que les négociations aboutissent. Un blocage institutionnel se profile donc à l’horizon... 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 33, mise en ligne le 17 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.

dimanche, 15 mai 2022

Le triomphe du nationalisme nord-irlandais balkanise le Royaume-Uni alors que Johnson subit une raclée électorale

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Le triomphe du nationalisme nord-irlandais balkanise le Royaume-Uni alors que Johnson subit une raclée électorale

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/triunfo-del-nacionalismo-norirlandes-balcaniza-la-gran-bretana-global-mientras-johnson-sufre-paliza-en-elecciones-por-alfredo-jalife-rahme/

Paradoxes de la démondialisation : les dirigeants de la Grande-Bretagne (GB) et des Etats-Unis subissent une profonde répudiation sur le plan intérieur, alors qu'ils encouragent la guerre en Ukraine contre la Russie, au risque de déclencher un échange de tirs nucléaires entre les deux blocs.

La "première guerre mondiale hybride" (https://bit.ly/3KVXzZS) est en train de se dérouler - comme en conviennent l'économiste Sergei Glaziyev, proche du Kremlin, et le géopoliticien brésilien Pepe Escobar - car en Ukraine, plusieurs guerres sont menées en une seule et, surtout, les États-Unis mènent ouvertement une "guerre par procuration" contre la Russie et la Chine, puisqu'en affaiblissant Moscou, la profondeur stratégique de Pékin est diminuée.

La "guerre de propagande" qui proclame le "triomphe (sic)" du président ukrainien Zelenski, comédien de profession, sur la Russie - qui n'existe que dans les hallucinations morbides de Twitter et de Televisa avec son partenaire américain Univision - a déjà des effets délétères sur la politique intérieure britannique: effondrement de la livre sterling, défaite électorale cuisante du premier ministre conservateur Boris Johnson, hausse des taux d'intérêt, inflation, crises énergétique et alimentaire, etc.

Scénario similaire pour son allié de guerre Joe Biden - qui affiche aujourd'hui un taux de rejet de 57 %, selon le sondage de Rasmusen (https://bit.ly/3P9JgUN) - dont le front intérieur s'effondre à six mois des élections cruciales de mi-mandat qui laissent présager un tsunami trumpiste dû à l'inflation, à la crise incoercible de l'immigration, à la criminalité et à une gestion épouvantable de la santé.

Le premier ministre Johnson a subi une raclée lors des élections locales du 5 mai: "il a perdu près de 500 sièges et le contrôle de 11 conseils", les travaillistes ayant récupéré 139 sièges, selon la BBC (https://bbc.in/3PdWcJe).

Au-delà de la débâcle de Johnson, le triomphe du parti nationaliste nord-irlandais Sinn Fein - le bras politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) - en faveur de son indépendance du Royaume-Uni (RU) - qui est la somme de l'Irlande du Nord et de la "GB globale". La Grande-Bretagne qui, à son tour, est l'ensemble formé par l'Angleterre/l'Écosse/le Pays de Galles -, a perdu la majorité des sièges favorables à l'Union au Parlement de l'Ulster pour la première fois en 101 ans.

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Le "libéral unioniste", qui opère sur Twitter sous le nom de @SrIberist, commente : "Victoire historique pour le Sinn Fein en Irlande du Nord. La réunification de l'Irlande est une question de temps. Elle sera suivie de l'indépendance de l'Écosse et de son adhésion en tant que 28e État à l'UE. Il est intéressant de penser à ce que sera l'avenir du Royaume-Uni pour l'Angleterre et le Pays de Galles" (https://bit.ly/39cX6p3).

Il est très paradoxal que la matrice autrefois financiarisée de la mondialisation néolibérale reste éviscérée en son sein: tant par la victoire du nationalisme du Sinn Fein en Ulster, partie du Royaume-Uni/"Global GB", qu'aux États-Unis par le Trumpisme.

L'Ukraine est-elle la dernière guerre de la mondialisation ? D'où feront-ils fonctionner la machinerie financière de la mondialisation sans leurs opérateurs centraux qui sont désormais au bord de la balkanisation ?

Le premier ministre écossais pro-indépendance Nicola Sturgeon (https://bit.ly/3wkt6zb) a félicité le Sinn Fein pour "un résultat véritablement historique", alors que les sécessions de l'Irlande du Nord et de l'Écosse se nourrissent mutuellement de leur volonté d'indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni/de la "GB globale".

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Plutôt que la sécession attendue, plus tôt que tard, de l'Irlande du Nord pour rejoindre ses frères dans une Irlande désormais indépendante, réunie, et à majorité catholique, la véritable nouvelle est le triomphe souverainiste/nationaliste au sein même du modèle "Global GB" qui est devenu le mantra du ministère britannique des Affaires étrangères après son Brexit (https://bit.ly/3KYs0ytx),

Le monde s'est écroulé autour du "héros de l'Ukraine" Johnson, qui doit encore payer pour le péché politique capital de son Partygate - les bacchanales du premier ministre britannique dans des bureaux publics, en pleine réclusion forcée https://bbc.in/3M4eE5f) - alors que les plaques tectoniques de la monarchie néolibérale de la "GB globale" se sont fracturées avec les balkanisations non improbables, entraînée par les électeurs  de l'Écosse et de l'Irlande du Nord.

Moralité : le nationalisme souverain est l'antidote à la mondialisation néolibérale (https://bit.ly/38krIVp).

Pour suivre le Prof. Alfredo Jalife Rahme:

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lundi, 14 février 2022

Duplicité britannique: Boris Johnson salue les vertus de la diplomatie tout en accentuant les tensions militaires avec la Russie

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Duplicité britannique: Boris Johnson salue les vertus de la diplomatie tout en accentuant les tensions militaires avec la Russie

SOURCE : https://www.controinformazione.info/la-doppiezza-britannica-non-e-molto-piu-intensa-del-fatto-che-il-primo-ministro-boris-johnson-acclama-le-virtu-della-diplomazia-mentre-accumula-tensioni-militari-con-la-russia/

Cette semaine, M. Johnson a écrit un article d'opinion pour le journal Times dans lequel il se dit convaincu que "la diplomatie peut l'emporter" pour éviter que l'escalade des tensions autour de l'Ukraine ne dégénère en une guerre totale entre le bloc militaire USA-OTAN et la Russie.

M. Johnson a toutefois annoncé, quasi simultanément, que la Grande-Bretagne prévoyait de déployer davantage de marines, d'avions de chasse et de navires de guerre en Europe de l'Est. La Grande-Bretagne a déjà pris la tête des pays européens membres de l'OTAN en envoyant des armes et des forces spéciales en Ukraine, dans le cadre d'une défense contre l'"agression russe".

Ce que Johnson propose cette semaine, c'est le déploiement d'un plus grand nombre de forces britanniques en Pologne et dans les États baltes, dans ce qu'il appelle une démonstration du soutien "inébranlable" de la Grande-Bretagne à l'Europe. Il s'agit d'un prétexte cynique pour embellir l'image de la Grande-Bretagne comme une sorte de puissance animée de nobles sentiments.

Le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Moscou cette semaine pour des discussions de fond avec le dirigeant russe Vladimir Poutine sur les efforts visant à apaiser les tensions concernant l'Ukraine. La semaine prochaine, le chancelier allemand Olaf Scholz se rendra également à Moscou pour des entretiens avec Poutine.

Ensuite, nous voyons Londres faire apparemment tout son possible pour que la diplomatie échoue en augmentant arbitrairement les tensions militaires avec la Russie.

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M. Johnson et sa ministre des affaires étrangères, Liz Truss, se sont employés à mettre en garde la Russie contre un carnage sanglant si elle osait envahir l'Ukraine. Moscou a nié à plusieurs reprises avoir l'intention d'envahir le pays. Cependant, Mme Truss a été photographiée par les médias britanniques portant un gilet pare-balles de l'armée alors qu'elle était montée sur un char d'assaut. Elle doit se rendre à Moscou ces jours-ci pour des entretiens avec son homologue russe Sergei Lavrov. Cette rencontre promet d'être glaciale. On se demande pourquoi le Kremlin s'intéresse à un envoyé britannique aussi incompétent et malhonnête.

Londres, comme d'habitude, se plie aux exigences de Washington. Depuis que les États-Unis ont lancé, il y a près de trois mois, leur campagne de propagande accusant la Russie d'agression contre l'Ukraine, la Grande-Bretagne a explicitement amplifié le message de Washington sur la prétendue agression russe.

La propagande et les opérations médiatiques psychologiques sont un domaine dans lequel l'empire britannique décrépit conserve des compétences incontestables. On peut supposer que la prédominance des médias anglophones donne aux Britanniques un avantage inné.

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Ce dont Londres semble profiter, c'est d'animer la russophobie inhérente à la Pologne et aux États baltes. Les récents déploiements militaires britanniques se sont concentrés dans ces États d'Europe de l'Est, ainsi qu'en Ukraine. Cette démarche a servi à gonfler l'hystérie quant à l'agression russe.

Fait significatif, Johnson était à Kiev la semaine dernière pour rencontrer le président ukrainien Vladimir Zelensky, le même jour que le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Morawiecki a été l'une des voix russophobes les plus véhémentes d'Europe de l'Est, appelant à des sanctions plus drastiques encore contre Moscou.

Johnson renforce ces appels à une position unifiée de l'OTAN et de l'Europe sur des sanctions préventives contre la Russie "si elle envahit l'Ukraine". M. Johnson a déclaré que les sanctions devraient être "prêtes à l'emploi" et devraient inclure l'arrêt du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Union européenne.

Notamment, l'Allemagne et la France, les deux plus grandes économies de l'UE, sont réticentes à l'idée de parler de la fin de Nord Stream 2 si les tensions s'aggravent. Berlin et Paris sont manifestement plus disposés à trouver une issue diplomatique à l'impasse dans laquelle se trouve le bloc de l'OTAN dirigé par les États-Unis et la Russie.

Voici une ironie amère : la Grande-Bretagne a quitté l'Union européenne après le référendum sur le Brexit en 2016. Boris Johnson était une personnalité publique de premier plan qui a poussé au Brexit avec le mantra de la "reprise en main" de l'Union européenne.

Toutefois, si la Grande-Bretagne est désormais officiellement sortie du bloc européen, elle est toujours en mesure d'exercer une énorme influence sur l'UE dans ses relations avec la Russie. Londres mobilise un axe d'hostilité à l'égard de Moscou en militarisant les États russophobes d'Europe de l'Est, ainsi que l'Ukraine, et en imposant des sanctions visant à détruire le commerce énergétique stratégique avec la Russie.

En effet, la Grande-Bretagne gonfle probablement délibérément son importance internationale en alimentant de dangereuses tensions avec la Russie.

La crise de l'Ukraine a été artificiellement gonflée par Washington, avec l'aide et la complicité de Londres. Dicter l'énergie et les affaires étrangères de l'Europe à la Russie, voire à la Chine, est l'objectif non avoué de Washington et de son fidèle serviteur britannique. Et en accomplissant cet objectif, la Grande-Bretagne a cyniquement exploité la russophobie de l'Europe de l'Est pour obtenir un rôle surdimensionné dans l'ingérence dans les affaires de l'Union européenne, un bloc qu'elle a officiellement quitté après le Brexit.

Les préoccupations de la Russie en matière de sécurité doivent être négociées rationnellement et calmement par des moyens diplomatiques. Les objections de Moscou à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN sont tout à fait raisonnables.

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Mais il y a peu de chances que la diplomatie l'emporte lorsque des gens comme Boris Johnson et d'autres guerriers froids de Londres attisent les tensions guerrières par des livraisons d'armes provocantes à l'Europe de l'Est, dans un contexte de distorsions fantastiques sur l'"agression russe".

Une autre ironie amère est le rôle historique néfaste de la Grande-Bretagne dans l'incitation aux guerres en Europe. Contrairement à la version conventionnelle de la propagande de la Seconde Guerre mondiale, c'est Londres qui a secrètement mobilisé l'Allemagne nazie pour attaquer l'Union soviétique, sacrifiant ainsi son "allié" nominal, la Pologne et d'autres pays. Aujourd'hui, Londres proclame qu'elle défend l'Europe contre "l'agression russe" tout en préparant le terrain pour une guerre contre la Russie.

Source : Culture stratégique

Traduction : Luciano Lago

mardi, 01 février 2022

Londres prend le contrôle de l'Europe de l'Est

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Londres prend le contrôle de l'Europe de l'Est

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/politica/36635-londres-toma-el-control-de-europa-del-este

Le Royaume-Uni ne se contente pas d'armer l'Ukraine, il prévoit également de créer une alliance tripartite nettement anti-russe avec l'Ukraine et la Pologne, dont la tâche principale sera de "s'opposer à la Russie". C'est ce qu'a annoncé la ministre britannique des Affaires étrangères, Elizabeth Truss, lors d'une conférence de presse à l'Institut Lowy de Sydney, en Australie.

"À la suite des entretiens de haut niveau qui ont eu lieu à Londres en décembre, nous continuons à développer des liens non seulement avec l'Ukraine, mais aussi avec la Pologne, et il s'agit de nouveaux liens trilatéraux qui devraient être activés dans un avenir très proche. Nous continuerons à soutenir l'Ukraine et à appeler la Russie à la désescalade. Parce que tout ce qui se passe en Europe de l'Est est important pour le monde entier. Après tout, la Russie menace aujourd'hui la liberté, la démocratie et l'État de droit, et ces menaces ne sont jamais régionales par nature, mais mondiales", a déclaré Elizabeth Truss, invitant l'Australie à "réagir" avec la Grande-Bretagne, ainsi qu'à aider l'Ukraine à trouver d'autres sources d'approvisionnement en électricité pour se libérer de sa dépendance au gaz russe.

Après cela, le British Council for Geostrategy a publié sur Twitter une carte de la future alliance tripartite, dans laquelle la Grande-Bretagne, la Pologne et l'Ukraine sont reliées par un axe : on obtient une sorte d'"axe du bien", auquel s'opposent la Russie et le Belarus, désignés comme des États hostiles à l'alliance tripartite.

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Le Geostrategy Council l'indique sur Twitter : voilà à quoi ressemblera la nouvelle alliance tripartite entre la Grande-Bretagne, la Pologne et l'Ukraine, dont Elizabeth Truss a parlé en Australie, mais de manière très brève et générale.

Rappelons que Londres a intensifié son travail dans la direction de l'Ukraine depuis un an maintenant, de nombreux experts affirment que désormais, ce ne sont pas les États-Unis, mais la Grande-Bretagne qui est le "principal protecteur" de Kiev.

Selon le politologue Malek Dudakov , le Premier ministre Boris Johnson a décidé de modifier l'agenda international de la Grande-Bretagne en se tournant vers l'Europe de l'Est, ce qui, espère-t-il, permettra de résoudre les problèmes internes du pays, notamment ceux du parti conservateur. C'est pourquoi le chef du ministère britannique des affaires étrangères manifeste un tel intérêt pour l'Europe de l'Est.

Et le journaliste Herman Kulikovsky, auteur de la chaîne Telegram Older Edda, estime que la nouvelle Triple Alliance entre la Grande-Bretagne, la Pologne et l'Ukraine n'est pas défensive, car elle dispose de trop peu de puissance pour la défense.

"La Triple Alliance doit plutôt être interprétée non pas comme une alliance, mais comme un renouveau néocolonial de la Grande-Bretagne, qui a repris ses droits sur les sauvages d'Europe de l'Est. En cas de guerre, les Britanniques défendront non pas leurs "alliés", mais leurs points clés sur leur territoire, par exemple la base navale d'Odessa. Et même se défendre non pas de la manière habituelle, où l'infanterie, les chars, la flotte et l'artillerie attaquent l'ennemi, mais par le biais d'opérations diplomatiques et de reconnaissance et d'accords secrets", commente Kulikovsky sur l'actualité.

Il ne reste plus qu'à rappeler que la Triple Alliance (il s'agissait autrefois de la Triple Alliance) a marqué le début de la division de l'Europe et a joué un rôle important dans la préparation et le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Analyse : la liste de Londres

Anton Karpov

Le 21 janvier, Londres fait à l'Ukraine et à la Pologne une offre que les vassaux ne peuvent refuser : créer une alliance tripartite contre la Russie. Le ministère britannique des Affaires étrangères l'a même indiqué sur une carte publiée sur Twitter. L'état d'union de la Russie et du Belarus, en plus de l'anneau de l'OTAN, est amené dans un environnement supplémentaire. La Russie et le Belarus sont marqués sur la carte comme territoires ennemis.

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Troupes britanniques dans les Pays Baltes.

L'initiative de Londres a été annoncée alors que le ministère de la défense de Foggy Albion avait déjà décidé d'envoyer ses militaires en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne dès que possible.

La composition de la cargaison britannique à destination de l'Ukraine est connue: 30 spécialistes militaires des unités d'élite de l'armée britannique, qui sont arrivés en Ukraine en tant que formateurs, ont apporté avec eux environ deux mille missiles antichars.

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Un message concernant les livraisons d'armes est venu de Londres après que le ministère russe des affaires étrangères, par la bouche de Maria Zakharova, a déclaré : "Depuis plusieurs jours, la Grande-Bretagne envoie des armes à l'Ukraine par des avions de transport militaire de son armée de l'air. Il est déjà évident qu'au moins six vols ont été organisés. Des détails ont également été mentionnés : Londres a livré à Kiev environ 460 tonnes d'armes, à savoir des systèmes antichars portables, avec lesquels on peut combattre en zone urbaine. Des instructeurs britanniques formeront l'armée ukrainienne aux tactiques de combat urbain.

Londres diffuse l'idée d'une invasion supposée inévitable de l'Ukraine par les troupes russes. Les médias ukrainiens reprennent cette idée, et les autorités de Zelensky élaborent des instructions et des plans de mobilisation, y compris pour les femmes, en cas de guerre. Quelqu'un parle positivement de la création d'unités de défense territoriale, où toute la population devrait être armée.

Le 22 janvier, Londres a déclaré : "Nous disposons d'informations indiquant que les autorités russes cherchent à installer un dirigeant pro-russe à Kiev, alors qu'elles envisagent d'envahir et d'occuper l'Ukraine". Un ancien député de la Verkhovna Rada, Yevgeny Muraev, a été désigné comme candidat potentiel pour le rôle d'un tel leader.

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On dirait une blague. Et le point n'est pas que Muraev photo) est sur la liste des sanctions de la Russie depuis des années. Le fait est que Muraev, et cela est bien connu de tous, est un faux opposant, présenté comme un politicien "pro-russe". On pense que Muraev est un autre projet de Rinat Akhmetov.

Cet "opposant" s'est révélé être un leurre, ayant déposé une plainte ouverte au SBU contre Viktor Medvedchuk. S'adressant au chef du SBU, Muraev a désigné Medvedchuk comme le chef de la cinquième colonne.

En même temps, Muraev sait quoi dire. Il affirme que l'Ukraine devrait retrouver son statut neutre de non-bloc, "libéré à jamais de tout contrôle extérieur", que le partenariat avec l'UE devrait être révisé "en faveur de l'Ukraine ou abandonné complètement", qu'il y a un "conflit civil" dans le Donbass, et non une "guerre russo-ukrainienne", que "la Russie aide la RPD et la RPL avec de l'argent, des équipements, des instructeurs, tout comme les États-Unis ont aidé les forces armées d'Ukraine et la garde nationale". Muraev a même qualifié la "révolution de la dignité" de coup d'État. Rien de moins ! Aucune sanction n'est appliquée à son encontre, sa chaîne de télévision Nash n'est pas fermée, le SBU ne fouille pas ses bureaux, il n'est pas assigné à résidence. Et tout le monde sait pourquoi : il joue le rôle qui lui revient.

Moscou a réagi à la blague. La déclaration de la mission diplomatique russe indique : "Nous demandons instamment à Londres de mettre fin aux provocations rhétoriques stupides, qui sont très dangereuses dans la situation actuelle, et de contribuer aux efforts diplomatiques réels visant à fournir des garanties fiables pour la sécurité européenne".

A Londres, ils savent parfaitement qui est Muraev. Peut-être est-il celui qu'ils veulent voir à Bankovaya. Il est rappelé que le stratège politique américain Paul Manafort a travaillé depuis 2004 avec le candidat à la présidence ukrainienne Viktor Ianoukovitch, à l'invitation de Rinat Akhmetov (photo, ci-dessous). Elle s'est terminée avec la révolution orange. M. Manafort a travaillé avec M. Ianoukovitch en 2010 et, après le coup d'État, a continué à travailler avec l'ancien chef de l'administration de M. Ianoukovitch, M. Lyovochkin, qui est appelé le "père de Maidan" et dont la chaîne Inter TV, comme la chaîne Nash de Muraev, ne rencontre aucun obstacle parmi les autorités ukrainiennes actuelles. Beaucoup, semble-t-il, commencent seulement à comprendre que Ianoukovitch était un projet occidental, en partie un projet d'Akhmetov, comme Oleg Lyashko, comme beaucoup, beaucoup d'autres...

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Akhmetov vit depuis longtemps à Londres. Il a acheté une maison de luxe donnant sur Hyde Park pour 136 millions de livres sterling en 2011 (les médias précisent : "avec une piscine, une cave à vin et cinq chambres"). Il est un partenaire commercial de longue date de Petro Porochenko et a beaucoup fait pour que le roi du chocolat revienne en Ukraine le 17 janvier.

Et Zelensky a l'air pathétique. Il comprend que ses maîtres sont prêts à jeter l'Ukraine dans le feu de la guerre pour créer de nouveaux problèmes pour la Russie. L'incendie en Ukraine est également dangereux pour Zelensky lui-même, mais il ne peut rien faire maintenant, son jeu est terminé. Ils continuent à le faire chanter avec le retour de Porochenko et, pendant ce temps, ils amènent des armes en Ukraine, en répétant : la Russie est sur le point d'attaquer, le feu de la guerre est inévitable.

Le beau monde politique ukrainien d'aujourd'hui ressemble à l'histoire du "Slobid du corbeau" de I. Ilf et E. Petrov. Petrov "Slobidka du corbeau" dans "Le veau d'or". Les habitants de la maison, qui soupçonnent qu'un des habitants, ayant sécurisé la propriété contre le feu, va mettre le feu à la maison, sécurisent la leur. En même temps, ils sortent des choses et passent la nuit à se disperser avec des amis. C'est comme ça en Ukraine : ceux qui le pouvaient sont partis et ont retiré leurs biens. "La maison était condamnée. Il n'a pas pu éviter le feu. Et, en effet, à douze heures du soir, elle a brûlé, elle s'est enflammée d'un seul coup de six points. Seuls deux d'entre eux n'étaient pas préparés à l'incendie d'Ilf et Petrov : un intellectuel échevelé et "la grand-mère de personne". La Russie ne ressemble ni à une grand-mère ni à un intellectuel portant le nom de famille caractéristique de Lokhankin, qui est fouetté à l'unisson par les voisins...

samedi, 04 décembre 2021

Dans les coulisses du Brexit 

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Dans les coulisses du Brexit 

par Georges FELTIN-TRACOL

Malgré ses dénégations répétées en boucle sur des chaînes d’information complaisantes, le gouvernement français est en train de lâcher les pêcheurs qui naviguent en mer du Nord et dans la Manche. Dans la vive querelle qui oppose Paris à Londres au sujet des zones de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes, la République française et l’Union dite européenne démontrent leur évidente volonté de ne surtout pas nuire à la Grande-Bretagne.

Cette soumission des intérêts continentaux aux exigences de la perfide Albion n’est pas une surprise quand on lit le nouvel ouvrage de Michel Barnier. L’actuel prétendant à la primaire interne fermée du parti Les Républicains pour désigner son candidat à l’Élysée a écrit La grande illusion. Journal secret du Brexit (2016 – 2020) (Gallimard, 2021, 544 p., 23 €). Pendant les quatre années de négociations serrées et féroces, l’ancien commissaire européen, promu responsable en chef des discussions pour l’Union pseudo-européenne, a tenu un journal de bord quotidien.

Titulaire de différents ministères sous François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarközy, Michel Barnier est un gaullo-centriste très tôt préoccupé par les questions écologiques. Il a co-organisé les Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Il place son action publique sous la tutelle de la femme politique Simone Veil et de Jean-Paul II. Gravitant autour de la Commission à Bruxelles, il présente toutes les garanties de politiquement correct. On pourrait par conséquent craindre que La grande illusion soit un livre fade et convenu. Ce n’est pas le cas malgré une profusion regrettable d’anglicismes. On présume que les discussions avec les Britanniques et entre les membres de son équipe se faisaient dans la seule langue de Shakespeare.

Certes, par sa parution au printemps 2021, cet ouvrage constitue le premier étage d’une éventuelle candidature présidentielle l’an prochain si son auteur parvient à terrasser au terme d’un combat épique de titans Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti et Philippe Juvin. C’est un plaidoyer pro domo à propos de deux longues négociations. En effet, il a fallu discuter à deux reprises avec les Britanniques. La première s’organisait autour de toutes les modalités pratiques et des répercussions quotidiennes de la sortie du Royaume-Uni de l’Union. La seconde portait sur les relations à venir à établir entre Londres et Bruxelles. Au fil des séances bilatérales, bientôt troublées par le covid et les confinements successifs, Michel Barnier fait découvrir au lecteur la machinerie eurocratique, c’est-à-dire des fonctionnaires européens issus des différents États membres impliqués dans leur domaine de compétence.

Dès la réception de son mandat, l’auteur agit pour que les 27 montrent face à Londres une unité réelle et non pas une entente de façade. Il y réussit. Outre la Commission et le Conseil européen, il fait des comptes rendus réguliers aux ambassadeurs permanents à Bruxelles, au Parlement européen et aux parlements nationaux, ce qui implique de se rendre chaque semaine de la Finlande à Chypre, du Portugal aux Pays baltes. À force de côtoyer des chefs d’État et de gouvernement et sachant que depuis Sarközy, n’importe qui peut briguer la présidence de la République hexagonale, Michel Barnier a dû se sentir pousser des ailes et une ambition…

Bien que diplomate et connaisseur des dossiers nombreux inhérents au Brexit, l’auteur ne cache pas son agacement. Plus on avance dans le livre, plus on découvre les manœuvres vachardes de Martin Selmayr. Le directeur allemand du cabinet de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, en est l’éminence grise. Il est devenu son secrétaire général en un temps record. À la demande des Britanniques toujours prêts à enfoncer un coin, Selmayr tenta de court-circuiter l’équipe officielle. Michel Barnier répliqua au quart de tour en lui faisant comprendre qu’il jouait avec le feu…

Ce sont toutefois les Britanniques eux-mêmes qui exaspèrent souvent le narrateur. S’il s’était penché sur l’histoire diplomatique du Royaume-Uni et des États-Unis, il aurait aussitôt compris qu’on ne peut pas se fier aux Anglo-Saxons : ils ne respectent jamais les traités qu’ils signent. Les tribus amérindiennes au XIXe siècle, les Alliés en 1919 – 1920 et l’Iran au début du XXIe siècle peuvent le certifier. Signé en 2003 par Nicolas Sarközy alors ministre de l’Intérieur, le traité du Touquet profite avant tout aux Britanniques qui retrouvent leur vieille maîtrise sur Calais. Le lundi 17 février 2020, David Frost, négociateur en chef du Royaume-Uni, retrouve Michel Barnier à Bruxelles. Le Britannique annonce que « le gouvernement de Boris Johnson ne se sent pas lié par la déclaration politique qu’il a pourtant signée le 17 octobre, il y a à peine quatre mois ». Pis, le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté « se contenterait bien d’un accord du type Canada et en même temps nous demande dans d’innombrables domaines de maintenir les avantages du marché intérieur : prestataires de services, interconnexions électriques, cabinets d’audit, avocats, services financiers ». Rappelons que Londres a aussi quitté le marché intérieur et ne consent qu’à conclure un traité de libre-échange le moins contraignant possible…

Pendant ses dix années de présidence, Charles De Gaulle a toujours refusé l’admission du Royaume-Uni dans la Communauté européenne. Ce fut l’une des nombreuses erreurs de Georges Pompidou d’en approuver l’adhésion. Le chaos politique qui résulte du Brexit, l’impréparation manifeste des dirigeants britanniques à ce choix et leur audace à vouloir toujours siéger entre deux chaises montrent la clairvoyance du premier président de la Ve République.

Il faut maintenant souhaiter que s’aggravent les effets du Brexit en Grande-Bretagne afin que les successeurs de la Queen puissent assister depuis leur palais à la réunification irlandaise, à l’indépendance de l’Écosse, à l’autodétermination des Cornouailles et du Pays de Galles, à la sécession de la métropole londonienne et au rattachement – inéluctable - à l’Espagne et à l’Argentine de Gibraltar et des Malouines.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 12, mise en ligne le 30 novembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

lundi, 29 novembre 2021

Konrad Rękas : Jeder Tritt ein Britt ! - ou encore quelques lignes sur le système britannique

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Konrad Rękas : Jeder Tritt ein Britt ! - ou encore quelques lignes sur le système britannique

Source: https://myslkonserwatywna.pl/rekas-jeder-tritt-ein-britt-czyli-jeszcze-o-systemie-brytyjskim/?fbclid=IwAR1y9ZEev0wp8A_wUNMFC2cRuHcS2Bgr_KANm4LuHCmrk7U3p1jCL8zaLJI

Je ne suis en aucun cas un anglophobe. En fait, je ne suis même pas brittophobe, si l'on se souvient que la notion même de Royaume-Uni politique a été inventée pour renforcer le pouvoir des souverains écossais de la dynastie Stuart, par ailleurs sympathiques. En outre, depuis que j'ai posé le pied sur les îles, il y a une trentaine d'années, en y faisant mes études et en y retournant fréquemment, j'avoue aimer presque tout ce qui vient d'Angleterre, du Pays de Galles et surtout d'Écosse, y compris la ou les langues, la cuisine, les spiritueux, le style vestimentaire traditionnel, les bâtiments et l'ameublement, jusqu'à l'humour et, bien sûr, l'école de pensée politique et le système juridique, à mon humble avis une pratique bien plus efficace que le système continental à bien des égards. En un mot, j'imite bien involontairement tant d'amoureux de tous ces biens et valeurs avant moi, pour ne citer que Roman Dmowski lui-même.

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Le système de Mme Bucket

Et pourtant, pour les mêmes raisons que lui, je n'arrive parfois pas à me défaire de cet étrange mélange de fascination et de sympathie irrationnelle des Polonais pour l'Angleterre, et surtout pour les classes dirigeantes anglaises. Les mêmes classes qui (comme Cat l'a si bien écrit), de toute l'Europe, avaient parfois un peu de considération pour (certains) des Allemands, gardant un intérêt personnel doublé d'un sentiment de supériorité pour les Américains, et méprisant unanimement le reste du monde au point de ne plus tenir compte du néant des autres. Car, de même qu'il est impossible de ne pas apprécier les réalisations anglaises, et plus tard britanniques, elles ne peuvent en aucun cas inspirer la sympathie, elles ne le sont pas et n'ont jamais été destinées à le faire. "Que chacun fasse ce qu'il veut" - cet ordre enthousiaste du duc de Wellington à Waterloo décrit le mieux à la fois le caractère unique reconnu du système britannique et l'attitude extérieure la plus appropriée à son égard.

Quant aux questions sociales et organisationnelles elles-mêmes, plus encore que le système, pendant des siècles, le système politique de la Grande-Bretagne ressemblait à ceci : la monarchie et l'aristocratie concentraient sur elles les intérêts et les complexes des classes moyennes, tous les Bucketheads du monde. Dans le même temps, l'Église anglicane veille à l'obéissance des pauvres et de la classe ouvrière. Et la véritable gouvernance et les affaires avaient lieu à l'extérieur ou derrière cette crèche quasi-monarchique et pseudo-religieuse. Et grâce à cela, en fait, après Oliver Cromwell, la classe dirigeante de l'Angleterre n'a plus eu à se dévoiler, gouvernant derrière des rois faibles et figurants et des premiers ministres poussés au premier rang. La mort de Philip Battenberg n'a fait que rappeler ce rôle utilitaire de la maison britannique... au pouvoir. Le prince Philip lui-même - il est toujours bon de le rappeler - a couvert d'un manteau d'arrogance maladroite son rôle de leader, ou du moins de représentant, dans des initiatives qui ne révèlent leur pleine dimension civilisationnelle qu'après un demi-siècle. En bref, en nous concentrant sur la rusticité de l'aristocrate (quelle antinomie apparente, digne de Zorozh Ponimirski... !), nous n'avons pas vu qu'il était le porte-parole du climatisme précoce, de la dépopulation et d'une nouvelle stratification oligarchique à l'échelle mondiale.

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Le système de Mme Windsor

À propos, il convient peut-être de mentionner une curiosité à la jonction des questions qui nous intéressent - le système britannique, la position Battenberg-Sachs-Coburg-Gotha et le climatisme précisément. En effet, le système invisible du Royaume-Uni, récemment cité dans Mysl Konserwatywna (= Conservative Thought) par le Dr Adam Danek, conserve en fait ses freins législatifs, qui ont été mis en place par les occupants de Buckingham Palace. Quelques mois après que le Guardian ait rapporté que le gouvernement britannique consulte le tribunal sur la législation avant de la soumettre officiellement au Parlement, une pratique similaire a été révélée ( ?) en Écosse. Lors de la précédente législature du Parlement écossais, le parti au pouvoir, le Scottish National Party, négociant avec le soutien des Verts locaux (qui sont indépendantistes et fortement antimonarchistes), a proposé l'introduction d'une législation obligeant les propriétaires fonciers à vendre ou à louer les terrains nécessaires à l'installation d'équipements de transmission d'énergie renouvelable (éoliennes et fermes solaires). Et comme nous le savons - les plus grands propriétaires fonciers en Ecosse sont la Couronne et Elizabeth personnellement. Et il s'est avéré que le gouvernement écossais, qui ne recule devant aucun républicanisme, a accepté d'introduire, avant même la procédure parlementaire, des amendements exemptant de la nouvelle servitude uniquement les successions du monarque actuel. Insistons sur le fait qu'Elizabeth n'a pas bloqué, bien qu'elle aurait pu le faire, cette loi fondamentalement destructrice de la propriété, et qu'elle n'a pas non plus organisé d'exemptions pour ses copains aristocrates, mais qu'elle s'est contentée de rafistoler le bénéfice pour ses biens personnels. Le gouvernement autonome, à son tour, a dû admettre que cela avait été fait pour "assurer le bon fonctionnement de la nouvelle loi". Ainsi, avant que quelqu'un n'écrive quelque chose sur les "rois qui règnent, mais ne gouvernent pas", il serait préférable de vérifier ce que ces grands-pères-transquilles font réellement, ce qu'ils possèdent et à quoi ils servent...

Cette implication de la classe dirigeante britannique dans l'expansion du climatisme (qui, bien sûr, n'empiète sur aucun, même le plus petit, détail des intérêts des membres de cette élite) ne fait que confirmer la continuité de cette doctrine avec le courant plus large du libéralisme, principale matière d'exportation de la Grande-Bretagne depuis des siècles. Sans nous rappeler que ce ne sont nullement les États-Unis qui ont inventé l'impérialisme mondial sous la forme d'une propagation de leur propre système partout, il est également impossible de comprendre la spécificité systémique de la Grande-Bretagne. Et pourtant, c'est précisément de cette manière que Londres/City a neutralisé la concurrence européenne de la France et a finalement désintégré géopolitiquement l'Hispanidad. Alors - un autre paradoxe ! - une tentative similaire par rapport à la Russie, sous la forme de la révolution de février, a été katekhoniquement mais inconsciemment bloquée par les bolcheviks. Puis, à son tour, le parasite qui infeste la vieille Angleterre a commencé à se déplacer de l'autre côté de l'Atlantique, prenant la forme du démo-libéralisme, mais restant essentiellement le même ver solitaire qui se trouvait à Londres depuis au moins la bataille de Bosworth..... Et ce n'est en aucun cas une question indifférente pour l'anglophilie complaisante polonaise, car notre pays et notre nation - bien qu'en principe parfaitement moins qu'indifférents à Albion - ont langui quelque part en marge des intérêts de la City pour deux raisons seulement : la géopolitique/géoéconomie et l'idéologie qui les sert.

Pourquoi la Grande-Bretagne est l'ennemi de la Pologne

En ce qui concerne la première de ces questions, il convient de noter objectivement que les intérêts géopolitiques de l'Angleterre, puis de la Grande-Bretagne, aux alentours des 15ème/16ème siècles, étaient exclusivement opposés aux intérêts de la Pologne. Sans émotion ni sentiment, c'était et c'est toujours le cas. À partir du 15ème siècle, l'Angleterre commence à considérer la Moscovie naissante comme sa sphère d'influence, estimant qu'il est rentable d'acquérir une influence en Orient et de participer au commerce lucratif (notamment des fourrures) avec des perspectives d'expansion loin dans les steppes asiatiques et en Sibérie. C'est l'origine du conflit entre les intérêts anglais, puis britanniques, et les intérêts polonais, qui a duré pendant les trois siècles suivants. La Pologne/la Rzeczpospolita posait un problème, par exemple en faisant concurrence à Moscou pour les Inflants, c'est-à-dire l'accès aux ports de la Baltique, et en s'engageant périodiquement dans une compétition pour gagner de l'influence à l'Est. En un mot - se mettre en travers du chemin. Les Anglais ont donc essayé de manière pragmatique de lever l'obstacle polonais à plusieurs reprises, notamment dans le cadre d'un autre de leurs projets beaucoup plus vastes : le tissage de leur propre réseau d'internationalistes protestants, qui n'a même pas eu besoin d'une incitation spéciale des Anglais pour identifier correctement la République de Pologne comme le maillon faible du camp des États catholiques (traités comme un adversaire naturel). Et ce qui est caractéristique - de telles actions ont été prises par Elizabeth I, James VI, et dans la version améliorée surtout par Cromwell. Car c'est aussi l'un des éléments les plus importants du système anglo-britannique - l'immuabilité de la perception des intérêts géopolitiques/géo-économiques de la classe dirigeante, indépendamment de la gradation actuelle des objectifs et des nuances tactiques, sans parler des différences de politique interne qui sont alors reléguées au second plan. Comme on le sait, après des tentatives moins réussies - comme le Déluge et le traité de Radnot - la politique britannique a finalement triomphé lors des Partitions, dont Londres était l'auteur au moins complémentaire de Berlin. Il est toutefois important de noter que c'est à ce moment-là qu'un autre élément géopolitique important est apparu avec une clarté particulière, à savoir la contradiction croissante entre les intérêts britanniques et russes, déjà immanente bien sûr en raison de l'infériorité de cette dernière composante, mais tout juste perçue par les parties intéressées elles-mêmes.

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En fait, le premier dirigeant russe qui a tenté de limiter l'influence de Londres est Pierre III, et plus tard surtout son fils, l'empereur Paul (illustration, ci-dessus). De même, bien sûr, la contradiction existentielle absolument fondamentale entre la Grande-Bretagne et la Russie est devenue apparente avec l'émergence de la Russie dans les positions eurasiennes et, plus important encore, la prise de conscience mutuelle des implications que recelait cette situation. Dans le même temps, la contradiction entre les intérêts polonais et britanniques s'est poursuivie sans relâche, mais dans ce cas, malheureusement, elle est devenue de moins en moins claire et compréhensible pour ceux de nos ancêtres qui ne comprenaient pas qu'ils se battaient dans des soulèvements non pas pour la Pologne, mais pour l'exportation mondiale de l'idéologie libérale.

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Le 19ème siècle polonais a été une grande lutte entre le conservatisme polonais et un libéralisme intrinsèquement cosmopolite, bien que formellement britannique à l'époque et américain aujourd'hui, qui voulait une Pologne de non-conservatisme plutôt qu'une Pologne conservatrice. Malheureusement, au lieu des conservateurs polonais, ce sont nos défenseurs en réaction qui ont dû prendre part à ce combat. Principalement - des Russes, soutenus par moins de quelques Polonais conscients, qu'ils soient penseurs (comme Henryk Rzewuski et Michał Grabowski) ou praticiens (comme Aleksander Wielopolski et Kazimierz Krzywicki). Pour les besoins de l'argumentation, il convient d'ajouter que, bien que cela puisse difficilement être considéré comme une contribution indépendante - en tant que Polonais, nous avons également contribué au Grand Jeu géopolitique commun contre Albion, grâce auquel des noms tels que Jan Prosper Witkiewicz ou Bronisław Grąbczewski sont les rares parmi les dénominations polonaises que les Anglais conscients mentionnent avec appréciation, et certainement plus souvent que les Polonais eux-mêmes.

Gott strafe England

Ainsi, comme on peut le voir, l'ensemble du système britannique se compose à la fois de son côté formel et juridique (avec une monarchie usurpatrice loin d'être une façade et une forme distinctive de parlementarisme), d'un intérêt de classe très concret et conscient et des facteurs idéologiques qui le servent (autrefois sous la forme du libéralisme alternant avec une imitation libérale du conservatisme, aujourd'hui plus souvent sous la forme de diverses incarnations du libéralisme progressiste, y compris le climatisme) et, bien sûr, des facteurs géopolitiques et géoéconomiques. Tout cela constitue ensemble et inextricablement la britannicité politique, politique et sociale, ce qui devrait être instructif et un avertissement surtout pour la Pologne. Comme nous savons que depuis plusieurs centaines d'années, la Grande-Bretagne (même si elle occupe aujourd'hui une position beaucoup moins importante que son ancienne colonie américaine) n'est rien d'autre que l'hôte d'un parasite de la finance, un ver solitaire qui est le principal moteur du mondialisme, un phénomène qui n'est complété que par les phénomènes si infâmes du progressisme dans le monde occidental - nous devrions également comprendre que dans la réalité du triomphe du mondialisme, la finale de la Comédie non divine, il n'y a aucune place pour la Pologne.

Dans le même temps, cependant, nous n'avons aucune raison de rejeter a priori le scénario le plus improbable - l'apocastase géopolitique et idéologique. Puisque, selon Saint-Martin, même Satan peut être sauvé s'il se repent de ses péchés, même les États américains et l'Angleterre redevenus normaux mériteraient et deviendraient peut-être dignes d'un salut (pas seulement géopolitique). Bien que probablement ce n'est pas et ne sera pas le cours des événements appartenant à notre monde...

Konrad Rękas.

vendredi, 01 octobre 2021

L’OTAN et sa projection AUKUS

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L’OTAN et sa projection AUKUS

par Georges FELTIN-TRACOL

François Hollande n’a jamais eu de chance. Tout ce qu’il a entrepris en tant que président de la République vire au fiasco en cascade. L’annulation surprise par l’Australie du contrat mirobolant de vente de sous-marins en est un nouvel exemple. Le désaveu est aussi cinglant pour l’actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui l’avait négocié en tant que ministre de la Défense. Mortifié par la décision du Premier ministre australien Scott Morrison, Emmanuel Macron a ordonné le rappel immédiat et pour une durée indéterminée des ambassadeurs français en poste à Canberra et à Washington. En effet, l’Australie préfère la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire de fabrication étatsunienne.

Doit-on être surpris de ce choix qui prouve le double discours anglo-saxon ? Certes, ce matériel n’entre pas dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire signé par l’Australie. Mais si la Chine avait donné le même type d’engin à Téhéran ou à Pyongyang, Washington aurait dénoncé un manquement grave aux traités internationaux.

Ce nouveau coup de Trafalgar présente plusieurs avantages pour l’Anglosphère. Il fragilise d’abord tout développement d’une industrie de défense française et européenne émancipée des États-Unis. La Suisse préfère acheter les avions de combat de l’Oncle Sam plutôt que des Rafale bien plus performants. Les Britanniques taclent le gouvernement français au moment où s’accentuent les tensions à propos des traversées clandestines de migrants et des zones de pêche dans la Manche. Dans la perspective du troisième référendum d’autodétermination du 12 décembre prochain en Nouvelle-Calédonie, les Anglo-Saxons travaillent à la fin de la présence française en Océanie. Ils encouragent en sous-main les indépendantismes kanak et polynésien et favorisent la prolifération des sectes évangéliques sur place.

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L’annulation du contrat français consacre enfin la nouvelle alliance appelée AUKUS en raison des initiales anglaises de ses membres. Cette nouvelle « Triple Alliance » belliciste des antipodes vise à contrer l’activisme diplomatique chinois en Océanie aux dépens de Taïwan. Elle regroupe l’Australie, les États-Unis qui ont dans la région l’île de Guam, les Samoa américains, et la fédération des îles Marianne du Nord, et la Grande-Bretagne présente dans le Pacifique-Sud par, d’un côté, sa possession autonome de Pitcairn et, d’un autre, par des États du Commonwealth (îles Salomon, Samoa occidentales, Karibati, Tuvalu, Nauru, Vanuatu et les Fidji). La conclusion de ce pacte est le premier succès diplomatique engrangé d’un Royaume-Uni hors du carcan bruxellois. Quant à l’Australie, elle a l’habitude de suivre Washington. Des troupes australiennes ont combattu au Vietnam et en Irak.

Rendu public le 15 septembre 2021, le pacte ANKUS se substitue au traité de sécurité militaire dans le Pacifique signé à San Francisco le 1er septembre 1951 entre l’Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande appelé ANZUS. Il cessa de fait en août 1986 quand les États-Unis suspendirent leur engagement à l’égard de la Nouvelle-Zélande travailliste, écologiste et pacifiste, qui refuse depuis l’accueil dans ses ports de tout bâtiment nucléaire. À l’échelle de l’aire Asie – Pacifique, AUKUS devient la clé de voûte stratégique d’une coopération militaire esquissée autour du QUAD (Groupe quadrilatéral de coordination de la défense) qui rassemble les États-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde. Il s’agit d’un retour partiel à l’OTASE (Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est) qui, de 1954 à 1977, réunissait dans une volonté de contrer l’URSS et la Chine populaire l’Australie, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande et le Pakistan qui s’en retira en 1973. Ces nouvelles manigances géo-diplomatiques entendent maintenant contenir la Chine, la Russie et la Corée du Nord, voire le Myanmar…

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Il faut par ailleurs rapprocher ces deux dispositifs asiatique et océanien à l’échelle intercontinentale avec les « accords d’Abraham » conclus en 2020. La reconnaissance de l’État d’Israël par des pays arabes et musulmans comme Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Maroc et le Soudan qui rejoignent l’Égypte et la Jordanie, renouvelle avec de nouveaux partenaires le fameux « Pacte de Bagdad » du 24 février 1955 signé entre la Turquie et l’Irak et qui devint avec l’adhésion du Royaume-Uni, de l’Iran et du Pakistan la CENTO (ou Organisation du traité central) disparue en 1979. Les accords d’Abraham s’opposent au jeu régional de l’Iran, de l’Irak, de la Turquie, de la Syrie, de la Russie et de l’Afghanistan.

AUKUS et accords d’Abraham participent ainsi au projet géopolitique mondial des néo-conservateurs. Le pacte AUKUS renforce les liens étroits tissés entre les services de renseignement, civils et militaires, étatsuniens, britanniques, australiens, néo-zélandais et canadiens au cours du dernier demi-siècle dans le cadre des Five Eyes (les « Cinq Yeux »). Il offre à l’OTAN aujourd’hui composée de trente membres parmi lesquels la Slovaquie, le Monténégro, la Macédoine du Nord ou l’Albanie bien connus pour leurs magnifiques plages donnant sur l’Atlantique, une dimension planétaire. George W. Bush rêvait que le Japon ou l’Australie, déjà liés dans le cadre du « Partenariat global » otanien, intégrassent une « OTAN globale ». La France de Jacques Chirac s’y opposa fermement et fit capoter l’extension planétaire de l’organisation atlantiste. Elle en paie désormais le prix.

Paris aura beau réclamer une armée européenne; cela restera un vœu pieux. Les dirigeants des États-membres de l’Union dite européenne restent les fidèles laquais de l’Alliance Atlantique. Les réseaux atlantistes occupent par ailleurs une place non négligeable dans la haute-administration, la presse, les affaires, la haute-hiérarchie militaire et le personnel politicien ainsi que dans les banlieues de l’immigration. Les gesticulations diplomatiques françaises expriment surtout une vaine déception colérique. De plus en plus dépendant de la logistique étatsunienne, l’Hexagone ne peut plus se permettre de rompre avec l’Ogre atlantiste. Qu’Emmanuel Macron le comprenne bien, la gifle australienne qu’il vient de recevoir n’est que la première d’une longue série de baffes diplomatiques.  

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 3, mise en ligne le 28 septembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

jeudi, 30 septembre 2021

Après AUKUS, l'espace: comment Johnson relance Global Britain

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Après AUKUS, l'espace: comment Johnson relance Global Britain

Andrea Muratore

Ex: https://it.insideover.com/tecnologia/dopo-aukus-lo-spazio-cosi-johnson-rilancia-la-global-britain.html

À la mi-août, le retrait chaotique des Occidentaux d'Afghanistan avait vu le Royaume-Uni tenter, en vain, de prolonger le séjour des États-Unis et de leurs alliés dans le pays au-delà du 31 août et échouer à organiser une deuxième phase d'évacuation des civils et des soldats afghans face à l'avancée des talibans sans la couverture de la superpuissance. À l'époque, la stratégie Global Britain du gouvernement de Boris Johnson semblait ne tenir qu'à un fil, dépendant des priorités stratégiques américaines après des affaires passées similaires sur des questions telles que la 5G et la fermeture à la Chine.

En septembre, cependant, la signature du pacte AUKUS a montré le côté plus précieux stratégiquement de ce lien ombilical. La relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni reste, dans un certain sens, spéciale et, avec l'Australie, Londres est choisie comme le partenaire le plus proche de la superpuissance dans l'alliance déjà restreinte des "Five Eyes". Une synergie comparable, à certains égards, à celle qui existe entre Washington et Israël.

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Et tout cela a été confirmé par un approfondissement des liens australo-américains sur le front spatial, directement lié au monde des sous-marins que Washington fournira à Canberra, ce qui s'est immédiatement traduit par un geste du gouvernement de Sa Majesté. Moins de deux semaines après la signature d'u pacte AUKUS, le 15 septembre, Londres a en effet présenté sa nouvelle stratégie spatiale nationale, qui semble taillée sur mesure pour le nouveau cadre stratégique né d'AUKUS.

La stratégie spatiale nationale mise en place par le gouvernement de Boris Johnson est ambitieuse et répond pleinement à la logique que la stratégie Global Britain avait indiquée pour l'avenir du Royaume-Uni post-Brexit : une plus grande importance dans les scénarios militaires internationaux, une intégration croissante entre les secteurs civils, les appareils économiques et de défense, et la recherche d'une position forte dans le contexte scientifique mondial.

Dans cette optique, la stratégie spatiale nationale définit cinq objectifs généraux pour renforcer la position du Royaume-Uni dans l'espace: renforcer la position de Londres dans l'économie spatiale, promouvoir l'utilisation de l'espace dans le respect du droit international, conformément à la convention des Nations unies signée cette année par le gouvernement, soutenir la recherche et l'innovation, exploiter les technologies spatiales pour lutter contre le changement climatique, et promouvoir la protection de l'intérêt national en se positionnant comme une puissance spatiale.

"Au cœur de cette stratégie", a déclaré George Freeman, le nouveau ministre des sciences du gouvernement conservateur, "nous reconnaissons que nous sommes engagés dans une course mondiale pour le contrôle de l'espace" et que nous avons certains atouts "sur lesquels nous avons l'intention de nous appuyer".

Londres rappelle sa volonté de devenir une superpuissance scientifique et technologique, également dans le secteur spatial, et d'établir des collaborations profondes et décisives avec ses alliés. De ce point de vue, la référence à AUKUS est évidente, étant donné que le Royaume-Uni entretient une relation privilégiée avec les États-Unis et l'Australie (ainsi qu'avec la Nouvelle-Zélande et le Canada) en matière de renseignement, avec pour conséquence le partage de flux d'informations qui ont une importance décisive pour les échanges dans l'espace ; dans les domaines naval et militaire, il se coordonnera avec Washington et Canberra ; et, surtout, il a depuis longtemps perfectionné le processus du Brexit dans le domaine spatial également. Partageant ses voies avec celles des programmes européens pour l'alternative au Gps (Galileo), les constellations de satellites vétérans et les nouveaux équipements pour l'internet par satellite.

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Space News souligne que, compte tenu des changements d'époque qui ont eu lieu dans le secteur à l'échelle internationale, Londres n'a pas reproposé l'objectif de prendre le contrôle de 10 % du marché mondial de l'économie spatiale qu'elle prône depuis des années ; et si Andrew Stanniland, PDG de Thales Alenia Space UK, a souligné que Londres doit rattraper son retard dans le domaine technologique, le Royaume-Uni conserve " une part de marché de 6 % " à l'échelle mondiale dans l'économie spatiale, avec 21 milliards de dollars sur 345 générés en 2019 dans le secteur.

Le périmètre AUKUS confirme ainsi son désir de projeter ses ambitions en tant que bloc cohésif au-delà des limites de l'alliance navale et de l'endiguement des stratégies chinoises dans l'Indo-Pacifique. Londres suit le pacte américano-australien sur les sous-marins et, en tant que nation disposant des capacités les plus avancées dans les domaines naval et spatial, poursuit sa stratégie de renforcement de l'hybridation mer-ciel, qui apparaît de plus en plus fondamentale en tant que déterminant de la puissance au XXIe siècle. Cela prouve que nous devrons attendre longtemps pour que les conséquences géopolitiques du nouvel axe anglo-saxon soient effacées, du moins avant de pouvoir considérer la stratégie de la Grande-Bretagne globale comme terminée.

dimanche, 26 septembre 2021

Précisions sur l'AUKUS

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Précisions sur l'AUKUS

Pierre-Emmanuel Thomann

1st Docteur en géopolitique, enseignant et expert sur les questions européennes et globales

Pour interpréter la configuration géopolitique émergente qui résulte de la création de l'alliance des Etats-Unis, de l'Australie et du Royaume-Uni (AUKUS) dans le cadre de la doctrine indo-pacifique, les enjeux doivent être abordés à l'échelle mondiale et pas seulement dans la zone Indo-Pacifique afin d'en souligner les ressorts profonds (carte ci-dessus : Stratégie géopolitique des Etats-Unis  contre la Russie et la Chine dans le contexte de la nouvelle rivalité des puissances, 2020).    
 
ll faut rappeler que selon la posture géopolitique Etats-Unis, la doctrine indo-pacifique (notion introduite par le Japon dès 2010), n'est que le volet asiatique d'une manoeuvre plus large qui consiste à encercler l'Eurasie, l'autre volet étant le front est-européen contre la Russie. AUKUS s'inscrit donc dans la volonté des Anglo-Saxons de se positionner au sommet de la hiérarchie des puissances.  
 
Cette alliance anglo-saxonne dans l'indo-pacifique est exclusive, car elle est liée à l'objectif des Anglo-Saxons de ralentir l'émergence du monde multipolaire à l'échelle mondiale, notamment contre la Chine mais aussi contre la Russie. Elle est complémentaire de la stratégie globale des Anglo-Saxons d 'empêcher aussi l'éventuelle émergence d'un bloc Ouest-européen autour de la France et l'Allemagne, avec à terme une entente avec la Russie, voire avec la Chine par voie continentale. L'objectif est aussi de forcer les Etats à choisir entre la Chine et les Etats-Unis, sur le mode, "vous êtes avec nous ou contre nous !". L 'AUKUS ne constitue donc qu'une escalade supplémentaire dans le cadre d'une grande stratégie des Etats-Unis vis-à-vis de l'Eurasie, avec pour objectif d'empêcher une puissance rivale de contrôler les zones côtières de ce continent (et mettre en danger sa suprématie). Elle trouve sa source dans la doctrine géopolitique de Spykman reconduite jusqu'à aujourd'hui (endiguement de l'URSS dans les années 1950) et de manière plus explicite, la désignation, de la Chine et la Russie comme adversaires des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump.

L'angle spatial est le coeur de toute analyse géopolitique, et en s'inspirant de la formule du géographe allemand Friedrich Ratzel, "Im Raume lesen wir die Zeit" (Dans l'espace, nous lisons le temps), on peut ainsi dire "nous pouvons lire l'avenir dans les cartes !".

L'émergence de cette configuration était donc en grande partie prévisible. L'erreur de la diplomatie française (depuis le départ du général de Gaulle) a été de persister à croire qu'un rang privilégié pouvait lui être accordé en se coulant dans les priorités géopolitiques anglo-saxonnes (en s'inscrivant dans la doctrine indo-pacifique/en favorisant les élargissements de l'OTAN) tout en préservant une marge de manoeuvre tactique (en obtenant des contrats d'armements par exemple). Je souligne ici ma définition: une stratégie géopolitique, c'est l'anticipation sur l'espace temps des autres (alliés et ennemis). C'est désormais à la France de répliquer (prochain post).

mardi, 21 septembre 2021

Les Etats-Unis s'orientent vers le Pacifique et contre la Chine: l'Europe demeure dans l'obscurité.

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Les Etats-Unis s'orientent vers le Pacifique et contre la Chine: l'Europe demeure dans l'obscurité

Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/09/estados-unidos-se-desplaza-al-escenario.html#.YUjJjX06-Ul

Les États-Unis renforcent leur puissance dans le Pacifique en créant une alliance militaire anti-chinoise avec le Royaume-Uni et l'Australie. La tension dans la zone Pacifique entre les deux grandes puissances mondiales (la Chine et les États-Unis) a gagné en intensité ces dernières semaines, avec un regain de tension sur une question qui oppose Washington à Pékin depuis des décennies : la souveraineté de l'île de Taïwan, que la Chine revendique comme son propre territoire et sur laquelle Pékin a fixé une date limite pour son incorporation complète, 2049, année du centenaire de la proclamation de la République populaire de Chine.

Il ne s'agit pas d'une décision majeure de l'actuel président Joe Biden, mais simplement de la poursuite d'une politique déjà annoncée par Obama : le centre géostratégique du monde se déplace vers le Pacifique et les États-Unis s'installent sur la nouvelle grande scène de la politique mondiale. Selon Barack Obama lui-même, 60% de la flotte de guerre américaine devait être située dans l'océan Pacifique.

L'alliance militaire AUKUS (Australie + Royaume-Uni + États-Unis) correspond parfaitement à la recherche par les États-Unis d'alliés dans la région pour contrebalancer la puissance chinoise. Logiquement, ses premiers et plus fidèles alliés seront recherchés dans le monde anglo-saxon (1). L'Australie a dû choisir entre son premier allié commercial (la Chine) et son premier allié militaire (les États-Unis), avec lesquels elle entretient des liens culturels et ethniques déterminants, liens qu'elle partage avec la "mère patrie" britannique commune.

Cette alliance dans le Pacifique comprend déjà - suivant la même logique de recherche d'alliés - le Canada et la Nouvelle-Zélande (les "Five Eyes"), qui sont susceptibles de rejoindre l'alliance militaire dans un avenir proche.  Dans la stratégie américaine, cela représente une nouvelle étape clairement définie dans sa stratégie: l'abandon de l'Europe occidentale. Les scénarios ont changé et l'Atlantique est désormais un océan secondaire.

La France, qui est désormais la seule voix de l'Europe dans la politique internationale, a réagi contre la décision de l'Australie pour deux raisons précises: 1) la rupture du contrat d'achat de sous-marins nucléaires signé entre Paris et Canberra, qui les achètera désormais aux Etats-Unis, et 2) sa non-inclusion dans la stratégie militaire du Pacifique qui laisse ses possessions du Pacifique sans le parapluie militaire du Pentagone (2). Mais Paris sait que la raison profonde est la suivante: la France, comme toute l'Europe, est en train de devenir un acteur secondaire ou tertiaire dans la géopolitique militaire mondiale et que l'OTAN n'aura bientôt plus aucun sens, ne protégera plus l'Europe, et que l'UE doit maintenant commencer à construire une armée européenne. Les déclarations du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont claires pour qui veut les comprendre (3). Le véritable problème n'est pas que les États-Unis ne soient plus un "allié fiable". Les États-Unis n'ont jamais été un allié, mais la puissance dominante qui a soumis l'UE à un contrôle colonial. Aujourd'hui, les scénarios changent et l'Europe ne constitue plus un intérêt majeur pour Washington, qui, comme le font tous les pays forts, se désengage simplement, se débarrasse d'un fardeau qui ne lui est plus utile.

La Chine, puissance montante, a menacé de qualifier cette alliance d'"irresponsable" (4). Pékin ne réagira pas immédiatement; sur le plan militaire elle sait qu'elle n'est pas encore en mesure de le faire, et, diplomatiquement, elle vient d'enregistrer ses deux derniers triomphes: l'accord avec les Talibans en Afghanistan et la récente incorporation de l'Iran dans l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), triomphes qui lui donnent un grand avantage stratégique dans son premier objectif géopolitique actuel: la construction de la nouvelle route de la soie sous son contrôle.

A l'exception de la voix de Paris, l'UE, pathétique alliance de faiblesses délétères, montre son impuissance dialectique en déclarant, en pleurnichant abondamment, que "Nous n'avons pas été informés". Ce que je me demande personnellement, c'est si les dirigeants de l'UE seront capables de percevoir les changements stratégiques que l'Europe sera obligée de faire dans le très court terme, et qui passent inévitablement par un rapprochement avec la Russie.

Notes:

(1) https://www.elconfidencial.com/mundo/2021-09-15/eeuu-influencia-china-respuesta-alianza-uk-australia_3290279/

(2) https://www.abc.es/internacional/abci-francia-denuncia-pacto-eeuu-australia-y-reino-unido-punala-espalda-202109161151_noticia.html

(3) https://www.elmundo.es/internacional/2021/09/18/61464634fdddffe8248b45bb.html

(4) https://www.ansa.it/sito/notizie/mondo/2021/09/16/cina-irresponsabile-accordo-usa-australia-su-sottomarini_4406874f-76c8-4fa0-9121-a8ef006df627.html

 

dimanche, 19 septembre 2021

L'accord américano-britannico-australien sur les sous-marins est une plaisanterie dangereuse qui ne fera qu'aggraver la crise géopolitique avec la Chine

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L'accord américano-britannico-australien sur les sous-marins est une plaisanterie dangereuse qui ne fera qu'aggraver la crise géopolitique avec la Chine

L'Australie a du mal à maintenir opérationnels ses six sous-marins à propulsion diesel actuels; elle veut maintenant construire huit sous-marins à propulsion nucléaire, bien qu'elle ne dispose ni de la main-d'œuvre qualifiée ni de l'infrastructure nucléaire nécessaire.

Il s'agit d'une histoire d'achats militaires géopolitiques devenus fous.

L'Australie est une nation insulaire dont la survie même dépend de sa capacité à accéder aux lignes de communication maritimes stratégiques (SLOC) afin que les liaisons commerciales essentielles puissent fonctionner de manière durable. En bref, si une nation ou un groupe de nations devait couper les liaisons maritimes de l'Australie avec le reste du monde, le pays finirait par s'étioler et mourir.

Malgré son impressionnante masse terrestre, l'Australie est une nation relativement petite, avec une population d'un peu moins de 26 millions d'habitants (ce qui la place au 55e rang mondial) et un PIB de 1,3 billion de dollars (13e rang mondial). Le budget de la défense pour 2021 prévoit que l'Australie dépense 2,1 % de son PIB, soit environ 44,6 milliards de dollars australiens. Un peu moins de 16 milliards de dollars australiens ont été consacrés à la marine australienne, qui compte près de 50 navires en service et plus de 16.000 personnels à son service.

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Parmi les types de navires sur lesquels l'Australie compte pour sa défense navale figure le sous-marin à missiles guidés de classe Collins, une modification de la classe suédoise Vastergotland de sous-marins diesel-électriques. L'Australie a acheté six sous-marins de la classe Collins entre 1996 et 2003. Le sous-marin de classe Collins utilise trois moteurs diesel pour charger des batteries géantes qui permettent au sous-marin de fonctionner en quasi-silence, un avantage dangereux dans la guerre navale moderne. En effet, un sous-marin de classe Collins a réussi à pénétrer les défenses d'un porte-avions américain lors d'un exercice en 2000, se positionnant pour le couler. Cet incident n'est pas un cas unique pour le sous-marin de classe Collins, dont les opérations silencieuses en font l'une des classes de sous-marins les plus dangereuses en termes de guerre navale déployée aujourd'hui.

Le sous-marin de classe Collins présente toutefois de nombreux problèmes. Des défauts de conception et une pénurie de pièces de rechange ont eu un impact sur la disponibilité opérationnelle des sous-marins, coûtant aux Australiens des centaines de millions de dollars en frais de maintenance par an. Et bien que chaque sous-marin soit doté d'un équipage d'environ 60 personnes spécialement formées, il n'y avait qu'un équipage suffisant pour faire fonctionner trois ou quatre sous-marins à la fois.

Les sous-marins de la classe Collins devraient terminer leur vie utile avant 2030. Le gouvernement australien a opté pour un sous-marin de remplacement basé sur un sous-marin nucléaire français existant, mais en remplaçant le système de propulsion nucléaire par une configuration diesel plus silencieuse.

Il était prévu de construire douze de ces sous-marins pour un coût compris entre 40 et 50 milliards de dollars australiens. En 2021, cependant, ces projections de coûts avaient explosé pour atteindre plus de 90 milliards de dollars australiens pour la construction et 145 milliards de dollars australiens pour l'entretien pendant leur cycle de vie. En outre, le premier sous-marin ne serait pas disponible avant 2034 environ, ce qui obligerait la marine australienne à entreprendre un coûteux programme de prolongation de la durée de vie de ses sous-marins existants de la classe Collins.

Les États-Unis entrent en scène. Les États-Unis sont actuellement focalisés sur la nécessité d'affronter militairement la Chine dans la région du Pacifique, mais ils sont désavantagés en termes de capacités et de soutien régional. Alors que les États-Unis ont fait pression sur le Royaume-Uni pour qu'il augmente son engagement naval dans le Pacifique, ce qui s'est traduit par le déploiement très médiatisé de grands navires de guerre, l'adhésion de l'Australie à la campagne de lutte contre la Chine est considérée comme un atout majeur pour la crédibilité de toute dissuasion navale dirigée par les États-Unis.

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Conscient du potentiel offert par la débâcle de l'Australie en matière d'acquisition du sous-marin de classe Collins, le président Joe Biden, ainsi que le premier ministre britannique Boris Johnston, ont lancé une bouée de sauvetage politique au premier ministre australien Scott Morrison, permettant à l'Australie d'annuler son coûteux projet de sous-marin de classe Collins et de le remplacer par un sous-marin à propulsion nucléaire de conception encore indéterminée, qui sera développé avec les États-Unis et le Royaume-Uni au cours des 18 prochains mois.

L'Australie a rapidement accepté l'offre.

L'intérêt de la proposition américano-britannique réside dans le fait qu'elle n'est accompagnée d'aucun détail - combien coûtera le programme, comment l'Australie exploitera-t-elle les systèmes avancés d'énergie nucléaire alors qu'elle n'a aucune expérience indigène en la matière et, peut-être plus important encore, comment l'Australie prévoit-elle d'équiper huit grands sous-marins alors qu'elle peut à peine fournir quatre équipages pour sa flotte existante de classe Collins ?

En outre, au-delà de la prémisse opérationnelle dictée par les États-Unis consistant à "défier les Chinois", le dossier ne dit rien sur la manière dont l'acquisition de grands sous-marins à propulsion nucléaire fera progresser la sécurité nationale australienne. C'est le silence et la manœuvrabilité qui font du sous-marin de classe Collins une arme potentiellement mortelle. Toute flotte australienne équipée de sous-marins nucléaires aura des difficultés à opérer dans les eaux peu profondes qui définissent la majorité des SLOC qu'elle devra défendre. En outre, le bruit et la configuration plus volumineuse d'un sous-marin à propulsion nucléaire signifieront que toute future force australienne sera beaucoup moins capable de tuer un adversaire naval moderne, et beaucoup plus susceptible d'être détectée et détruite.

En réalité, l'offre américano-britannique de fournir des sous-marins nucléaires à l'Australie n'est guère plus que de la politique intérieure projetée sur une carte géopolitique théorique créée par les États-Unis. L'Australie est confrontée à une crise budgétaire due à l'explosion du budget associé au remplacement du sous-marin de classe Collins de conception française, une crise qui pourrait menacer de faire tomber le gouvernement de Scott Morrison. Boris Johnston cherche désespérément une plateforme à partir de laquelle il peut projeter une image de pertinence géopolitique du Royaume-Uni. Et Biden a désespérément besoin de pouvoir faire de même pour un électorat américain ébranlé par l'humiliation d'avoir perdu un conflit de 20 ans en Afghanistan.

Il n'en reste pas moins que les États-Unis n'ont pas de contrepoids militaire significatif face à la Chine, que le Royaume-Uni n'est pas en mesure de maintenir une présence militaire crédible dans le Pacifique et que l'Australie ne peut se permettre d'acquérir et d'exploiter une force de huit sous-marins d'attaque à propulsion nucléaire. Le projet de sous-marin nucléaire australien est une plaisanterie dangereuse qui ne fait qu'exacerber la crise géopolitique existante avec la Chine en y injectant une dimension militaire qui ne verra jamais le jour.

Source: https://www.rt.com/op-ed/535199-australia-submarine-deal-dangerous/