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dimanche, 14 avril 2024

L’étrange famille royale d’Angleterre: sous le soleil de Satan?

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L’étrange famille royale d’Angleterre: sous le soleil de Satan?

Pierre-Emile Blairon 

Sous le soleil de Satan : c’est le titre de l’ouvrage le plus fameux de l’écrivain catholique Georges Bernanos qui décrit la vie tourmentée d’un jeune prêtre aux prises avec l’impiété de ses ouailles et leurs péchés pas toujours bien cachés ni avoués. Atmosphère ténébreuse, relents de tombes fraîchement creusées, de turpitudes sexuelles, de personnages torturés -ou pas- par le besoin de faire le mal.

La famille royale d’Angleterre, après la mort de la reine Elisabeth, passe actuellement par une zone  de grandes turbulences; est-elle en train de faire son « great reset » ?

Elle suivrait en cela tous les « grands » personnages et tous les puissants de la planète qui s’y activent afin de conserver leurs prébendes et d’aboutir à leurs sombres desseins concernant l’avenir de la population planétaire [1].

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Satan, le prince de ce monde

S’il y a un Roi d’Angleterre, Satan, lui, est le « Prince » de ce monde. Il n’est pas nécessaire de faire partie de la mouvance chrétienne pour évoquer (ou, pour certains, invoquer) son nom. Nous avons souligné, dans un précédent article [2] sur ce même site, l’origine commune du nom Satan avec celui de Titan, l’un procédant de la tradition chrétienne et l’autre de la mythologie grecque, les deux ayant la même fonction, ou mission, celle de défier Dieu, voire de le remplacer.

Sous le soleil de Satan : il y a comme une contradiction dans ce titre, le « prince de ce monde » étant considéré comme le « prince des ténèbres », que vient faire ici le soleil ? C’est que, à l’origine, Satan était Lucifer, en latin, le « porteur de lumière ».

Dans l'Apocalypse (22:16), Jésus dit :  « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Églises. Je suis le rejeton et la postérité de David, l’étoile brillante du matin ».

Ainsi, le Christ lui-même associe d’une part l’étoile brillante du matin, qui, chez les Romains, est  Lucifer représentant Vénus, l'astre du matin, qui brille encore avant le lever du soleil et, d’autre part, son ascendance royale juive, se proclamant l’héritier du roi David, filiation que revendiquent également les souverains anglais.

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Lucifer, celui qui veut trop briller, atteint par l’hubris, la vanité, voulant rivaliser avec Dieu, est expulsé du ciel, rejeté dans le monde matériel, la Terre, avec les anges rebelles qui le suivaient; il deviendra alors Satan, l’ange déchu, mais aussi le maître de notre monde.

« Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. » (Genèse 6: 1-4.)

Cette histoire fait partie du corpus de légendes, de mythes, de croyances, qui peuplent les traditions non seulement des Religions du Livre mais aussi celles de l’Antiquité et d’anciennes civilisations antédiluviennes qui remplacent les « anges » par des êtres venus de la mer ou de l’espace qu’ils appellent « dieux ».

Et « les fils de Dieu », les anges déchus, firent des enfants aux Terriennes. Et l’on suppose que ces enfants très spéciaux ont constitué, au fil des siècles, une lignée, une caste, ou une secte, les « belles femmes terriennes » ne servant plus alors qu’à engendrer les enfants des anges rebelles, des démons, coincés dans ce tout petit morceau d’univers qu’est notre planète, bien trop petit pour satisfaire leur orgueil démesuré.

Depuis quelques dizaines d’années, les humains (?) qui dirigent le monde : caste des oligarques, des ploutocrates, sectes pédo-satanistes, transhumanistes ou, maintenant, transhumains, tentent de nous persuader qu’ils existent bien, que ce sont eux les maîtres, qu’ils ont décidé pour nous de notre destin et qu’il ne nous reste plus qu’à nous soumettre ou à disparaître, ou les deux. Quitte à vivre dans ce que ces privilégiés considèrent cependant comme une prison, autant y vivre en tant que gardiens plutôt qu’en tant que détenus.

Les Windsor sont-ils liés à ces gens et ont-ils les mêmes ambitions, les mêmes méthodes, les mêmes intérêts et les mêmes origines ? Nous n’en savons rien ; nous pouvons juste constater que les quelques indices que nous avons en notre possession ne plaident certes pas en leur faveur.

Il semble, en effet, que les Windsor se croient obligés de fournir des gages d’allégeance à une entité diabolique, qu’elle soit réelle ou existant seulement dans leurs cerveaux dérangés, comme s’y sont soumis les représentants des diverses sectes au pouvoir comme nous l’évoquions dans un article précédent (La France, laboratoire de la secte mondialiste, http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/10/09/la-france-laboratoire-de-la-secte-mondialiste.html) ; quelques exemples: Macron, quand il parle de la « bête de l’événement », Bill Gates quand il numérote ses brevets avec le 666, Christine Lagarde quand elle utilise la numérologie occulte pour annoncer les projets du FMI, etc.

Les dames de la cour

Depuis l’arrivée au trône de la dynastie des Windsor, peu de femmes, gravitant autour de la famille royale, ou même en faisant partie, sont sorties indemnes de cette accointance ou de ce statut, sauf à quitter à temps le cercle pernicieux: divorces, accident, maladies précoces, séparations, exils.

Je ne vais donner ici que quelques exemples emblématiques.

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Kate Middleton

La nouvelle toute récente qui a le plus ému le peuple anglais a été d’apprendre que Kate Middleton souffre d’un cancer. Kate Middleton est une roturière dont les parents s’étaient enrichis grâce à la création d’une société de production d’articles de fête qu’ils ont revendue récemment car leur entreprise s’était fortement endettée et pour tenter de résoudre leurs propres difficultés financières qui sont rapidement apparues.

Kate a connu le prince William, fils du roi et de Diana, à l’Université avant de l’épouser en 2011.

Kate Middleton a hérité à son mariage du titre de princesse de Galles, tout comme l’infortunée et regrettée princesse Diana. En janvier 2024, elle aurait été opérée, dans une clinique londonienne, de l’abdomen. Elle n’est pas réapparue en public depuis sauf par l’intermédiaire de photos (qu’on lui a reproché d’avoir retouchées, mais est-elle à l’origine de cette manipulation, qu’elle a reconnue?) ou d’une vidéo qui la présente seule le 22 mars 2024, assise sur un banc, afin d’annoncer le cancer dont elle souffre qui a été détecté au cours de l’opération; cette vidéo est contestée par certains internautes qui doutent de son authenticité, suggérant qu’il pourrait s’agir d’une création de l’Intelligence artificielle, et donnant comme preuve le fait que la bague qu’elle porte au doigt disparaît pendant un court moment pour réapparaître ensuite (minute 1,19 secondes de la vidéo [3]).

Les internautes s’étonnent également que leur princesse, admirée pour son élégance, ait ressorti, lors de cette importante communication, un pull marinière qu’elle avait déjà porté 7 ans auparavant lors d’une précédente prise de vues!

Ses proches, dont son mari, assurent qu’elle a demandé de rester seule pour se reposer et que c’est pour cette raison qu’elle n’a pas assisté à la messe traditionnellement suivie à Pâques par l’ensemble de la famille royale. On peut estimer qu’elle aurait pu se montrer ne serait-ce qu’un court instant pour couper court aux rumeurs [4].

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Sarah Ferguson

C’était l’ancienne femme du prince Andrew, elle était déjà divorcée lorsque cette aristocrate, née en 1959, rencontre le prince. Ils se marieront en 1986, auront deux filles, se sépareront en 1992 (Sarah avait été photographiée avec un amant au bord d’une piscine dans une attitude non équivoque) et divorceront en 1996; pour autant, Andrew et Sarah vivent toujours sous le même toit du beau manoir de Royal Lodge, non loin du château de Windsor, se félicitant d’une amitié réciproque.

« Et les derniers événements vécus n'ont fait que consolider cette amitié entre les anciens amants terribles. Sarah Ferguson peut compter sur Andrew pour la soutenir alors qu'elle a été touchée récemment par deux cancers, du sein et de la peau. Quant au duc d'York, il a toujours trouvé chez son ex-femme une indéfectible alliée lorsqu'il était embourbé dans la sale affaire Epstein – d'autant qu'elle a bénéficié elle-même des largesses du milliardaire pour éponger ses dettes, ce qui l'a contrainte à présenter publiquement des excuses. » (Par Marc Fourny, Le Point, 16 mars 2024).

Nous pouvons être surpris de cette proximité de Sarah Ferguson avec le pédophile milliardaire opportunément « suicidé » dans sa prison en 2019, alors que son mari était censé rester discret sur ses propres liens avec Epstein.

Mais l’histoire de ce couple tumultueux ne s’arrête pas là: selon une information parue dans le Daily Mail en mars de cette année, le roi Charles a donné son accord à la demande pour le moins étonnante des deux amants devenus amis: ils veulent se remarier. Pourquoi?

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Lady Diana

Nous n’allons pas revenir sur le destin hors-normes de celle qui est devenue l’un des personnages les plus célèbres de la fin du XXe siècle – et les plus aimés, au moins dans sa patrie - tant par sa beauté, son charisme, ses amours orageuses (et controversées) que par sa fin tragique.

Nous allons plutôt nous concentrer sur ce dernier épisode de sa vie dont elle avait elle-même prédit, ou prévu, les circonstances dans lesquelles il allait se dérouler.

Le 31 août 1997, Diana perdait la vie dans un accident de voiture sous le pont de l’Alma à Paris ; elle était en compagnie de Dodi Al Fayed,  fils du milliardaire égyptien Mohamed Al-Fayed, de leur chauffeur Henri Paul, et de Trevor Rees-Jones, le garde du corps de Dodi Al-Fayed, seul rescapé de l’accident.

Le chauffeur, Henri Paul, est le directeur de la sécurité du Ritz, l’hôtel où le couple vient de dîner; leur chauffeur attitré a servi de leurre pour les paparazzi en stationnant le véhicule du couple devant l’entrée du Ritz alors que la Mercédès fournie par l’hôtel va démarrer devant une issue de secours. A l’entrée du tunnel sous le pont de l’Alma, la voiture fait une embardée et va s’écraser dans un pilier non protégé à l’époque. Le chauffeur et le compagnon de Diana meurent sur le coup, Diana pendant son transport à l’hôpital.

L’enquête aboutira à la responsabilité du chauffeur, qui roulait trop vite et qui avait trop bu.

Le père de Dodi, lui, pense que son fils et Lady Di ont été assassinés par les services secrets britanniques du M16 et que la famille royale d’Angleterre est commanditaire de cet assassinat car elle n’approuve pas le mariage envisagée de Diana avec son fils; la contre-enquête qu’il a diligentée n’aboutira pas à prouver ses dires.

Diana avait divorcé du prince Charles un an avant sa mort, à trois jours près, le 28 août 1996.

Deux mois après son divorce, elle avait confié à son majordome, Paul Burrel, une lettre adressée à son avocat, mais pas envoyée, qui constituait « une assurance au cas où », avait-elle dit à Burrel.

Cette lettre disait ceci : « Je suis assise aujourd'hui à mon bureau en octobre, dans l'attente de quelqu'un qui me prenne dans ses bras et me pousse à rester forte et à garder la tête haute. Cette étape particulière de ma vie est la plus dangereuse - mon mari planifie actuellement "un accident" avec ma voiture, une défaillance des freins et une grave blessure à la tête afin de lui laisser la voie libre pour épouser Tiggy » (la nourrice de ses deux enfants, Alexandra Legge-Bourke), avant de poursuivre en évoquant  le nom de la maîtresse (officielle?) de son époux, Camilla Parker Bowles. "Camilla n'est rien d'autre qu'un leurre et nous sommes toutes les deux utilisées par cet homme".

Cette dernière phrase s’applique-t-elle seulement à ses déboires amoureux ?

Burrell va confier cette lettre au Daily Mirror qui la fera paraître en 2003.

Lucia Flecha, une amie proche de Diana ne croyait pas à l’authenticité de cette lettre manuscrite.

« Le majordome savait parfaitement imiter l'écriture de Lady Diana et pourrait en fait être l'auteur de la lettre. Je n'y crois toujours pas […]. Je ne pense pas qu'elle craignait pour sa vie, encore moins le prince Charles, le futur roi du pays » avait-elle déclaré.

Rien de plus simple que de faire vérifier l’authenticité de la lettre par un graphologue compétent, ce que n’ont pas manqué de faire les enquêteurs, puisqu’ils se sont permis, forts de cette analyse apparemment, d’aller interroger le prince Charles sur ce sujet en 2005, en tant que témoin, lequel a répondu benoîtement qu’« il ne savait pas pourquoi son épouse avait écrit cette lettre ». Autrement dit : « Circulez, y a rien à voir. »

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Le journal québécois Le devoir du 7 janvier 2004, sous le titre : « Sitôt ouverte, l'enquête sur la mort de la princesse Diana est ajournée », écrivait alors :

« Une nouvelle enquête sur le décès de Diana a été officiellement ouverte hier à Londres — et immédiatement ajournée — au moment où un journal populaire anglais révélait que la princesse avait accusé son époux Charles d'intentions meurtrières. "J'ai demandé à la police de faire des recherches. Leur résultat aidera à déterminer si de telles questions entrent dans le cadre des enquêtes", a encore précisé M. Burgess. Le chef de Scotland Yard, John Stevens, a ainsi été saisi de l'affaire.

Peu après son ouverture, l'enquête britannique sur la mort de Diana a été ajournée pour 12 à 15 mois en raison de la complexité de l'affaire. Le coroner attend notamment de recevoir un dossier de 6000 pages déjà refermé par la justice française. Il espère obtenir "la permission d'utiliser sans entraves" ce dossier français et décidera sur cette base qui sera appelé à témoigner. M. Burgess a précisé que son enquête avait une base commune avec celle menée côté français mais qu'elle restait limitée à l'examen des circonstances détaillées de la mort de Diana et de Dodi. »

Autrement dit : « Circulez, y a rien à voir. » bis. On attend toujours.

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L’homme de la cour: Thomas Kingston

Thomas Kingston a été découvert sans vie le 27 février 2024 par son père dans une dépendance verrouillée (on suppose: de l’intérieur) de la demeure de ses parents. Il était marié à Gabriella Windsor, fille unique de Michael de Kent, cousin germain de la reine Élisabeth II. Thomas Kingston était lui-même le petit-cousin par alliance du roi Charles III. Vous voulez en savoir plus? Voilà qui sera difficile.

L’unanimité psittaciste des revues people est remarquable : Point de vue, Gala, Paris Match, Histoires royales, Closer, Vanity fair… ont toutes écrit à peu près les mêmes phrases au sujet du supposé suicide de Thomas Kingston sans se poser aucune question; voici la version de Closer, laquelle a le mérite quand même de titrer sous forme d’interrogation : Thomas Kingston s’est-il suicidé?: « C'est un drame qui a endeuillé la Couronne britannique. Le 27 février dernier, Thomas Kingston est mort à l’âge de 45 ans. Le mari de Lady Gabriella Windsor a été retrouvé sans vie dans sa propriété du Gloucestershire. Une enquête a tout de suite été ouverte pour faire la lumière sur cette tragédie et déterminer ses circonstances. "Il n’y a pas de circonstances suspectes et aucune autre partie n’est impliquée", annonçait rapidement la police. Quelques jours après, de nouvelles informations inquiétantes ont été dévoilées. Katy Skerrett, procureure principale du Gloucestershire, a indiqué que l’ex-compagnon de Pippa Middleton était mort après avoir subi une "blessure traumatique à la tête"Une arme à feu aurait également été trouvée près de son corps. Selon elle, il s'agirait d'un "incident tragique". D’après les premières informations, Thomas Kingtson s’était rendu dans la maison de ses parents, situé dans les Cotswolds, dans le Gloucestershire. Le dimanche 25 février, il aurait déjeuné avec eux et son père serait ensuite sorti pour promener les chiens. À son retour, l’analyste financier “n’était pas dans la maison” et sa mère aurait tenté de le chercher. Le père de famille aurait ensuite “forcé l’entrée dans une dépendance verrouillée”. Il aurait alors fait une terrible découverte. » Publié le 05/03/2024 par Lou Ducreux.

Nous avons là, dans cette affaire, un chef-d’œuvre d’incohérence, de non-dit, de non-police, de non-justice et de non-journalisme où des gens sont payés pour ne rien faire, ne rien voir et ne rien dire.

« Il n’y a pas de circonstances suspectes » annonçait rapidement la police. Quelle diligence !

Kingston est mort après avoir subi une « blessure traumatique à la tête » selon la procureure.

Une arme à feu aurait été trouvée près de son corps.

Le magazine Paris-Match ne s’embarrasse pas de détails, lui : La thèse du suicide est privilégiée puisqu’une arme à feu a été retrouvée près du corps. Ben voyons ! CQFD. C’est aussi simple que ça !

Blessure traumatique, arme à feu près du corps, personne ne parle de la balle que Kingston se serait tiré dans la tête. Une blessure traumatique n’est pas forcément un trou effectué par une balle. Surtout, pas de risque et pas de vagues, moins on en dit, mieux ça vaut. Aucun détail sur l’arme ni sur la balle (éventuelle) après autopsie.

Kingston était dépressif ? Non, selon ses proches.

« Circulez, y a rien à voir » ter.

Alors ? Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Règlement de compte à OK Balmoral ?

Y aurait-il un lien autre que chronologique avec la disparition que nous espérons momentanée de Kate Middleton depuis le mois de janvier 2024 (pour cause supposée de maladie) que Kingston devait nécessairement connaître puisqu’il avait assidûment fréquenté sa sœur Pippa avant son mariage avec Gabriella ?

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Les pédophiles

Trois pédophiles sont dûment répertoriés pour avoir fréquenté les ors de la monarchie anglaise et ce ne sont pas des petites pointures: le prince Andrew, Jeffrey Epstein et Jimmy Savile.

Nous ne parlerons pas ici de William et Harry, les fils du roi et de Diana dont les noms sont seulement cités dans une nouvelle affaire de pédophilie qui monte en puissance aux Etats-Unis parce qu’ils ont participé à au moins une soirée organisée par le rappeur P. Diddy, accusé de viol et de trafic sexuel à grande échelle.

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Le prince Andrew, duc d’York

« A tout seigneur, tout honneur », disions-nous autrefois pour commencer une liste, quand les mots avaient un sens et que les expressions étaient populaires.

Effectivement, Andrew est le « seigneur » local, mais l’« honneur » n’est pas sauf.

S’il y un lien entre les Windsor et les diverses sectes ploutocratiques, transhumanistes et pédo-satanistes qui polluent le monde – question que je posais un peu plus avant – ce lien pourrait être le prince Andrew, lien facilité à l’époque d’avant l’affaire Epstein, lorsqu’il était « représentant spécial du gouvernement pour le commerce international ».

On connaît assez bien son implication dans l’affaire Epstein qui lui coûté assez cher ; il a perdu nombre de ses prérogatives de fonction, mais aussi de l’argent : il a dédommagé grassement Virginia Giuffre, l’une de ses victimes, âgée maintenant de 38 ans, mais qui était mineure au moment des faits, pour qu’elle retire sa plainte: environ 14 millions d’euros payés en grande partie par la reine, car Andrew était, paraît-il, son fils préféré… et désargenté.

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Bien qu’il s’en soit défendu, Andrew était parfaitement au courant des activités d’Epstein; il a d’ailleurs fréquenté de la même façon une sorte de clone d’Epstein, Peter Nygard (photo), un milliardaire finno-canadien ayant fait fortune dans le domaine de la mode qui, comme Epstein, recevait ses invités dans son île des Bahamas où il organisait pour eux ce qu’on appelait autrefois des parties fines avec, là encore, la présence de très jeunes filles mineures. De même qu’Epstein, il avait son Lolita Express, en l’occurrence un Boeing 727. Il sera arrêté fin 2019 à la suite de nombreuses plaintes de jeunes femmes pour viol, trafic sexuel (y compris d’enfants), évasion fiscale… Le Daily Mail a publié une photo du prince Andrew en compagnie de Nygard sur son île en l’an 2000 ; sa femme, Sarah Ferguson, ainsi que ses deux filles, auraient également été prises en photo sur l’île du milliardaire qui a maintenant 82 ans et séjourne en prison.

Pour couronner le tout et pour ne laisser aucune ambiguïté sur le statut du prince en tant que prédateur sexuel, le Sun a publié le témoignage d’une kinésithérapeute Emma Gruenbaum, introduite auprès de son mari par Sarah Ferguson. Cette femme le décrit comme un « pervers sexuel » qui multipliait les avances et les allusions salaces… « J'avais beaucoup de clients prestigieux et j'allais souvent dans leur villa, raconte-t-elle. Mais Andrew était très différent. C'était un pervers sexuel permanent, dès le début. […] Dès le début, le prince l'agresse verbalement par des questions salaces sur ses préférences sexuelles. « Ce n'est pas votre putain d'affaire », lui lance-t-elle sans se démonter. « Tu ne peux pas me parler comme ça », réplique Andrew, visiblement surpris par son aplomb. « Dieu merci, j'avais 34 ans à l'époque et j'étais capable de faire face à cette situation, explique Emma Gruenbaum dans le Sun. Mais ce n'est tout simplement pas acceptable pour un homme de sa position. » Elle est d'autant plus gênée que le prince se présente toujours nu, avec une simple serviette pour cacher son intimité. « Je détournais les yeux quand il montait sur la table et je m'assurais qu'il avait sa serviette couvrant sa pudeur, se souvient la kiné. Mais tout au long du massage, il ne parlait que de sexe anal et faisait des blagues à ce sujet. Il me demandait quand j'avais eu mon dernier rapport sexuel… » (Le Point, 14 février 2022, Marc Fourny)

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Jeffrey Epstein

Tout le monde connaît « l’affaire Epstein » ; ce personnage n’est intéressant dans cette liste que par les liens qu’il entretenait avec la famille royale, ainsi que sa compagne Ghislaine Maxwell, fille du magnat de la presse britannique Robert Maxwell, introduits à la cour par le prince Andrew. On voit sur une photo Jeffrey Epstein et Ghislaine Maxwell assis ensemble sur le banc d’une véranda à Balmoral, l’une des résidences de la reine. Ghislaine Maxwell a été condamnée à 20 ans de prison en 2022 pour complicité de trafic sexuel. On attend toujours des réactions de la justice aux premiers noms de personnalités importantes piochés dans son carnet d’adresses. On connaît le destin de Jeffrey Epstein: « suicidé » en prison le 10 août 2019 avant son procès.

Jimmy Savile

Né à Leeds en 1926 et mort dans la même ville en 2012, Jimmy Savile a effectué la majeure partie de sa carrière à la télévision grâce à laquelle il est devenu une vedette très populaire auprès du peuple anglais; les premiers soupçons sur ses agissements pédophiles sont apparus grâce à une enquête du Sun lancée en 2008 qui l’aurait lié à une affaire sordide concernant un orphelinat où les enfants auraient été maltraités, violés, torturés, mais l’enquête conduit à un non-lieu à l’époque, ce qui n’est pas surprenant. C’est seulement après sa mort que des plaintes d’abus sexuels, des centaines, sont déposées à l’encontre de Savile.

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Un documentaire Netflix datant de 2022, « Jimmy Savile: A British Horror Story » met en cause le prince Charles car il révèle ses liens d’amitié avec le pédophile qu’il a fréquenté pendant 20 ans, reçu à la cour et pris comme « conseiller » de communication entre 1986 et 2006. Il deviendra aussi le conseiller du prince Andrew ! Bien évidemment, le prince Charles a déclaré qu’il ignorait tout des agissements de Savile. Cependant, on peut faire remarquer que la moindre secrétaire embauchée dans un ministère fait l’objet d’une enquête de moralité ou bien l’on vérifie, pour le moins, que son casier judiciaire est vierge. Le prince Charles disposait de tous les moyens pour diligenter une recherche, même superficielle, sur Savile, avant d’en faire le conseiller du futur roi. 

La dynastie des Windsor : des frankistes, des juifs, des nazis ?

La dynastie des Windsor est née du nom d’un château construit, initialement par Guillaume le Conquérant, à partir du XIe siècle ; habituellement, c’est le château qui porte le nom d’une dynastie et non le contraire.

Le changement de nom de la famille royale anglaise, autrefois dynastie de Hanovre ou de Saxe-Cobourg et Gotha, où la branche allemande était prépondérante, s’est effectué par ordre du roi George V en 1917 pour éviter toute ambiguïté pendant la guerre contre l’Allemagne.

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Des Frankistes ?

Le Frankisme est une secte religieuse juive sabbatéenne [5] hérétique, apparue au XVIIIe siècle avec son fondateur, Jacob Frank (1726-1791) (gravure, ci-dessus) qui rassembla jusqu’à 20.000 adeptes, principalement des Juifs polonais, la doctrine frankiste rejetant les tabous juifs et incluant même dans ses rituels des pratiques orgiaques. Les successeurs de Frank « connurent une ascension fulgurante, le mouvement se transforma en secte hérétique qui dévia vers le nationalisme et l'antisémitisme », selon le livre de Charles Novak, Jakob Frank, le faux messie.

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Et nous avons là peut-être l’explication de cette curieuse cohabitation de deux termes qui semblent antinomiques: juif et nazi, à propos des Windsor.

Le nom de Mountbatten vient de l’allemand Battenberg: Berg, montagne en allemand, mount, montagne en anglais. L’obligation décrétée par George V d’angliciser les noms d’origine allemande s’appliquant alors à Lord Mountbatten, originellement Battenberg. L’origine des Battenberg provenant elle-même d’une alliance de la famille allemande de Hesse, Alexandre, avec Julie, fille du comte Hauke, converti frankiste, devenant alors princesse de Battenberg, petite ville de la province de Hesse-Nassau (photo. Légende photo : La mairie de Battenberg (bâtiment jaune à gauche qui est l’ancien pavillon de chasse de la famille de Hesse), l’église et la place situées sur le Neuburg, à l’emplacement du vieux château de Battenberg.)

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Des Juifs ?

Nous sommes ici obligés de donner des détails qui peuvent paraître scabreux.

Dans son livre Le suppléant, un titre qui veut tout dire, le prince Harry nous donne des indications sur son anatomie intime. « Lorsque de retour du Pôle Nord, le prince Harry a dû parler de son anatomie avec son père, le roi Charles III, son pénis ayant été gelé, il a réalisé que cette partie de lui si intime avait déjà été une "affaire publique", "une véritable curiosité". "Un nombre incalculable de livres et de journaux (même le New York Times) avaient mentionné que Willy et moi n'étions pas circoncis", écrit le père d’Archie et Lilibet. Et ce, selon eux, sur un véto de Lady Diana. "Selon eux, Maman l'avait interdit", partage le prince Harry à ce sujet. Et rétablit la vérité sur son pénis, laissant planer le doute sur celui de son frère. "S'il est tout à fait vrai que les risques d'engelures péniennes sont bien plus importants en l'absence de circoncision, l'information me concernant était fausse. J'ai été circoncis bébé", partage le prince Harry dans Le suppléant. » Pure People, Ari Guardiola, 31 janvier 2023.

Nous ne doutons pas que les risques d’engelures péniennes seraient moins importants, du fait même d’un volume réduit de la partie concernée. Nous sommes plus intéressés par le fait que les enfants (en tout cas, au moins un) de la famille royale admettent qu’ils sont bien circoncis, ce qui est, habituellement, mais pas exclusivement, une coutume directement liée à une éventuelle judaïté et, d’une manière plus élargie, aux Sémites, cette pratique incluant donc les musulmans. La tradition remonte bien plus loin, comme nous l’explique le magazine juif Alliance : « Les garçons de la famille royale britannique sont toujours circoncis par un rabbin. Le père de Will, le prince Charles, a été circoncis au palais de Buckingham en 1948 par le rabbin Jacob Snowman, le mohel officiel de la communauté juive de Londres. Mais Snowman n'était pas le premier mohel, circonciseur royal. La tradition remonte au roi George Ier, qui a régné de 1714 à 1727. Des années plus tard, croyant descendre directement du roi David, la reine Victoria fit également circoncire tous ses fils. Et la reine Elizabeth II a perpétué la tradition. La tradition s'est poursuivie jusqu'à Edward VII, le duc de Windsor et le prince Charles, qui a été circoncis par Jacob Snowman GP au palais de Buckingham en 1948. Ses frères Andrew et Edward ont également subi la même procédure. » Alliance, 10 septembre 2022, Claudine Rouillet.

Il semble bien que la circoncision, en l’occurrence, ne relève pas de la religion mais de l’idéologie confondue avec la religion. On ne comprend pas bien pourquoi des Celtes auraient eu un ancêtre juif, le roi David, à des milliers de kilomètres de leurs contrées.

En bref, si l’antisémitisme supposé des Windsor semble provenir de la partie juive de leur origine (le frankisme), leur philosémitisme provient, a contrario, dirons-nous, de la partie indo-européenne et celte. Ce qui, vous en conviendrez, complique de beaucoup la situation et les conclusions que nous pourrions en tirer. Mais il y a des exceptions.

Des nazis ?

Charles-Édouard de Saxe-Cobourg et Gotha (1884-1954) a traversé les deux guerres mondiales.

Petit-fils de la reine Victoria, cousin germain du dernier empereur allemand Guillaume II. Il sera désigné par sa grand-mère comme héritier du Duché de Saxe-Cobourg et Gotha par le jeu des alliances. Il se trouvera donc soutenir l’Allemagne au moment de la première guerre mondiale contre les Anglais et banni de ce fait de sa patrie natale. Il rejoindra plus tard, en 1935, le parti nazi au sein duquel il exercera de hautes fonctions. Il se rapprochera du roi Edouard VIII à son avènement.

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Edouard VIII, fils du roi d’Angleterre George V, monte sur le trône en janvier 1936, après la mort de son père et abdique 326 jours après pour pouvoir épouser l’américaine Wallis Simpson, divorcée d’un premier mari et en instance de divorce d’un second. Ce que ne peuvent accepter les structures politiques de l’époque, invoquant l’incompatibilité de cette situation avec le statut du roi de chef de l’Église d’Angleterre ; c’est tout au moins le prétexte qu’elles ont invoqué pour le faire abdiquer, la véritable raison étant qu’Edouard VIII avait de fortes sympathies pour le régime hitlérien ainsi que sa future femme.

Pour l’anecdote, ces deux personnages ne seront pas les seuls de la famille royale à manifester des sympathies pour le régime hitlérien: c’est ainsi que seront exhumées une photo et un film [6] montrant la future reine d’Angleterre, Elisabeth, sa sœur Margaret, leur mère et leur oncle, le futur Edouard VIII faisant le salut nazi.

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On sait que trois des sœurs de Philip Mountbatten, duc d’Edimbourg, mari d’Elisabeth II, étaient membres du parti nazi et, enfin, la photo du prince Harry déguisé en officier nazi de l’Afrika Korps en janvier 2005 soulèvera un grand émoi dans la presse.

Kali-Yuga

Julius Evola écrivait, dans Chevaucher le tigre : « Dans le monde classique, on parle d'une descente progressive de l'humanité de l'Âge d'or jusqu'à celui qu'Hésiode appela l'Âge de fer. Dans l'enseignement hindou correspondant, l'Âge final est appelé le Kali-Yuga (l'âge sombre), et l'on en exprime le caractère essentiel en soulignant que ce qui est propre au kali-yuga, c'est précisément un climat de dissolution - le passage à l'état libre et chaotique des forces individuelles et collectives, matérielles, psychiques et spirituelles qui, auparavant, avaient été contenues, de diverses manières, par une loi venant d'en haut et par des influences d'ordre supérieur. Les textes tantriques ont donné une image suggestive de cette situation en disant qu’elle correspond au complet « éveil » d’une divinité féminine – Kâlî – symbolisant la force élémentaire et primordiale du monde et de la vie, mais se présentant, sous ses aspects « infernaux », comme une déesse du sexe et des rites orgiaques. « Endormie » jusque là – c’est-à-dire latente quant à ces derniers aspects – elle serait, durant l’« âge sombre », complètement éveillée et agissante. »

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Il semble que les Windsor aient au moins retenu de leur colonie indoue la figure de l’une des principales déesses de son panthéon, Kâlî. Tout comme l’avait fait le célèbre groupe de rock britannique, les Rolling Stones, qui avaient choisi comme logo un détail de la représentation de la déesse : son énorme langue rouge, signe sans équivoque adressé comme un défi à notre monde finissant.

Notes:

[1] Voir notre article du 6 février 2021 : Mais quelle est cette secte qui dirige le monde ?

[2] Voir notre article du 3 octobre 2023 : La France, laboratoire de la secte mondialiste

[3] https://www.youtube.com/watch?v=JoWTuctHyyc&t=22s

[4] On pense, par analogie, à Brigitte Macron à qui la journaliste américaine Candace Owens a demandé de produire les photos de son enfance afin de dissiper tout soupçon sur son identité.

[5] De Sabbataï Tsevi qui se proclama Messie en 1648.

[6] https://www.youtube.com/watch?v=wL5sOKP5Aqw

 

vendredi, 29 décembre 2023

Université de Cambridge: en route vers une liste de "livres problématiques"

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Université de Cambridge: en route vers une liste de "livres problématiques"

Peter Logghe

Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 185, décembre 2023

Dans le dernier numéro de la revue allemande Cato, " Magazin für neue Sachlichkeit ", le philosophe et chroniqueur Michaël Andrick (né en 1980) écrit ce qui suit: "Le retrait de livres des bibliothèques et l'exclusion de personnes hors de la société suit toujours le même principe: la haine des dissidents, des comportements et des idées dissidents. Si ce mouvement d'annulation en Occident suit son cours sans être perturbé, il aboutira à l'idiotie et à l'aveuglement politico-moral".

Il est particulièrement inquiétant de constater que cette folie pseudo-religieuse semble se répandre surtout dans ce qui était autrefois les temples européens de la pensée libre: nos universités. C'est surtout dans les pays anglo-saxons que ce mouvement aux traits soft et totalitaires semble bien s'implanter.

Nous aimerions vous narrer l'histoire suivante. En octobre 2023, la bibliothèque de l'université de Cambridge a demandé à ses bibliothécaires de dresser une liste de "livres problématiques" afin de pouvoir décider de leur sort. C'est ce que rapporte le journal anglais The Sunday Telegraph.

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La note de la bibliothèque universitaire disait : "Nous aimerions que tous nos collègues de Cambridge nous fassent part des livres que vous considérez comme problématiques (pour quelque raison que ce soit, et donc pas seulement en rapport avec les thèmes de la décolonisation), afin que nous puissions publier une liste d'exemples sur l'intranet des bibliothécaires de Cambridge et décider de ce qu'il convient de faire avec chacun d'entre eux". Le journal britannique rapporte que le Pembroke College a informé son personnel et lui a demandé de coopérer à la création de la liste de livres "noirs". Ultérieurement, le Pembroke College donnera des conseils à ses bibliothécaires et à ses lecteurs sur la manière de traiter ces livres.

Et, oh non, il ne s'agit pas de censure blanche (excusez le mauvais jeu de mots), déclare la bibliothèque de l'université de Cambridge (fondée en 1209!): "Les bibliothèques de l'université de Cambridge ne censurent pas, ne dressent pas de liste noire et ne retirent pas de livres, à moins qu'ils ne soient pénalement interdits par les lois britanniques. Nous nous engageons à dialoguer avec nos collègues afin de pouvoir continuer à l'avenir à mener des discussions ouvertes et honnêtes avec les lecteurs sur la manière dont nous collectons les livres et sur les raisons de cette collecte".

Le chaud et le froid en même temps. Pas de censure mais des "listes de livres problématiques" et, ultérieurement, des "lignes directrices sur la manière de les traiter en tant que lecteurs ou bibliothécaires": en quoi est-ce différent de la censure? James Orr, maître de conférences à l'université de Cambridge, a immédiatement répondu: "La création d'un index des livres qui posent problème à un camp sur un sujet particulier - un sujet sur lequel les universitaires et le public sont particulièrement divisés - serait une évolution sombre et désagréable. Elle porterait gravement atteinte à la réputation légitime de la bibliothèque universitaire, qui est l'une des meilleures institutions de ce pays".

La bibliothèque universitaire de Cambridge a annoncé qu'elle poursuivrait ses "efforts".

"Partout où l'on brûle des livres, on finit par brûler des gens".

Heinrich Heine (1797-1856)

Peter Logghe

samedi, 04 novembre 2023

Sanctions économiques: un algorithme britannique pour la Pax Americana

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Sanctions économiques: un algorithme britannique pour la Pax Americana

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/ekonomicheskie-sankcii-britanskiy-algoritm-dlya-pax-americana

Les sanctions en tant que mécanisme de restrictions diverses font l'objet de recherches et de discussions animées depuis de nombreuses années. Il ne fait aucun doute que les mesures sans précédent prises par les pays occidentaux à l'encontre de la Russie et la réaction en chaîne qui s'en est suivie et qui a balayé le monde entier ont renforcé l'intérêt pour ce sujet. Néanmoins, comme le montrent les travaux d'universitaires de différents pays, les sanctions en tant que telles n'ont jamais eu l'effet pour lequel elles ont été introduites. Elles sont nuisibles, inutiles et punissent souvent les États dont les gouvernements les ont imposées, selon le principe du boomerang. De plus, les pays occidentaux ont d'abord utilisé de fausses perceptions pour justifier les sanctions.

L'histoire des sanctions remonte généralement à la polis grecque antique et à l'exemple de l'action d'Athènes contre Mégare, lorsque ses marchands se sont vus interdire l'accès aux ports de l'Union maritime dirigée par Athènes. En réponse, Mégare et Corinthe, lors du conseil de la Ligue du Péloponnèse, ont accusé Athènes d'actes hostiles et la guerre du Péloponnèse, qui a duré trente ans, a éclaté et Athènes l'a perdue face à Sparte.

En Occident, cependant, les restrictions commerciales sont interprétées comme des mesures démocratiques, en référence à la démocratie athénienne historique. Dans le même temps, les partisans des sanctions, par ignorance ou intentionnellement, oublient de mentionner que la démocratie athénienne était très différente de la démocratie libérale du monde moderne - les femmes n'y participaient pas aux décisions, elles n'avaient tout simplement pas le droit de vote, et la démocratie athénienne était un système esclavagiste. Ce n'est pas un hasard si Platon a défini la démocratie comme l'une des pires formes de gouvernement après la timocratie, c'est-à-dire le règne des capitalistes. Une fois de plus, le résultat des sanctions athéniennes a conduit à une guerre dévastatrice dans la région et à la disparition d'Athènes elle-même. Et les démocrates libéraux actuels sont tout simplement inconscients de ce fait.

Enfin, si les pays occidentaux se réfèrent régulièrement au christianisme comme à leur propre héritage, pourquoi oublient-ils l'un des commandements du Christ - faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent ? La réponse réside dans l'hypocrisie et le double langage des hommes politiques occidentaux.

Bien entendu, il existait d'autres formes de sanctions au Moyen Âge et aux Temps modernes. L'excommunication par l'Église catholique est également souvent considérée comme une forme de sanction. Mais même dans ce cas, on peut observer l'effet inverse, d'une part avec l'institution des indulgences, et d'autre part avec l'émergence des réformistes et la naissance de diverses sectes de protestants, qui ont détruit l'hégémonie du Vatican en Europe.

En ce qui concerne la période des 50 dernières années, il n'existe pas de réponse affirmative sans ambiguïté quant à l'impact positif des sanctions pour leurs initiateurs.

Par exemple, un article étudie l'impact des sanctions imposées par les États-Unis sur les libertés civiles des pays ciblés pour la période 1972-2014 [i]. Pour résoudre ce problème, les auteurs utilisent une structure de résultats potentiels qui est indépendante du choix des variables d'appariement et qui présente l'avantage supplémentaire de révéler l'effet sur la variable de résultats au fil du temps. Ils constatent que les sanctions entraînent une diminution des libertés civiles, telles que mesurées par l'indice des libertés civiles de Freedom House ou l'indice d'autonomisation de Cinranelli et Richards. Ils constatent que les résultats sont robustes aux différentes spécifications. En d'autres termes, l'effet des sanctions est contraire au résultat escompté, car l'un des impératifs de la politique étrangère américaine, y compris les mesures restrictives, est d'étendre et de renforcer les libertés civiles.

La recherche nous permet également de conclure que ce sont les pays anglo-saxons, c'est-à-dire les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui mènent traditionnellement une politique de sanctions.

On sait qu'au sein de l'UE, la Grande-Bretagne est traditionnellement un partisan de l'instrument des mesures restrictives, qu'elle est responsable de l'introduction de la plupart des régimes de sanctions et qu'elle est un fervent partisan des restrictions individuelles. Le rôle de la Grande-Bretagne dans les régimes de sanctions de l'UE depuis 1991 est bien documenté [ii]. Fait révélateur, lorsque la Grande-Bretagne a imposé des restrictions au Zimbabwe en 2001, le régime de sanctions a été rapidement adopté par l'ensemble de l'UE, qui l'avait soutenu pendant plus d'une décennie.

Après le référendum sur le retrait de la Grande-Bretagne de la Communauté, un certain nombre d'hommes politiques de l'UE ont même suggéré que l'élan en faveur des sanctions s'essoufflerait. En effet, un déclin de la cohésion intra-européenne sur les sanctions contre la Russie a pu être observé. La Hongrie, en particulier, a activement critiqué cette approche. Quant à l'approche européenne, elle a toujours été soit une réaction aux actions de la Grande-Bretagne ou des États-Unis, soit un suivi des politiques établies par ces derniers. En outre, l'UE ne dispose pas du tout d'un instrument d'application des sanctions similaire à celui des États-Unis. Les institutions de l'UE n'ont généralement pas de mandat pour surveiller les effets des sanctions de l'UE au-delà des responsabilités des responsables respectifs et des groupes de travail géographiques [iii].

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Il n'existe pas d'indicateurs convenus pour un tel suivi, et les évaluations ont précédemment été effectuées sur une base ad hoc. Fait révélateur, interrogé sur l'impact des sanctions de l'UE sur le Myanmar lors d'une audition de la Chambre des Lords britannique en 2006, un haut fonctionnaire de l'UE a admis que si "il peut y avoir quelques conséquences collatérales involontaires et accidentelles [...] des conséquences collatérales involontaires et accidentelles sur les gens ordinaires", "[ils] n'ont pas réalisé qu'il s'agissait d'un problème sérieux" [iv].

Malgré les difficultés à mesurer l'efficacité des sanctions, des tentatives ont été faites pour évaluer leur succès. Diverses analyses ont montré que les taux de réussite sont comparables à ceux d'autres acteurs qui imposent des sanctions, et qu'ils ont tendance à être faibles, se situant entre 10 et 30 % du nombre total de tentatives [v].

Une évaluation comparative a toutefois montré que les sanctions de l'UE dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune ont tendance à être moins efficaces que la suspension de l'aide dans le contexte de la politique de développement de l'UE [vi].

Il faut reconnaître que l'apogée des régimes de sanctions s'est produite après 1991, lorsque le moment unipolaire de la Pax Americana a été établi.

L'auteur britannique Chris Doyle note à cet égard que "les sanctions les plus dévastatrices imposées par l'ONU ne sont devenues possibles qu'avec l'effondrement de l'Union soviétique, lorsque les États-Unis sont devenus le seul hégémon mondial. Les sanctions de l'ONU ont soudain augmenté de façon spectaculaire. Les sanctions imposées à l'Irak de 1990 à 2003 ont été les plus sévères jamais imposées à un État-nation. Elles ont détruit l'ADN même de la société irakienne. D'autres régimes de sanctions contre l'Iran et la Libye ont eu des effets controversés. Quarante ans de sanctions américaines n'ont guère fait bouger le régime de Téhéran. L'Iran a-t-il conclu l'accord nucléaire de 2015 parce qu'il souhaitait bénéficier d'un allègement des sanctions ? On peut en douter. Qu'est-ce que 60 ans d'embargo américain sur Cuba ont apporté ? L'économie cubaine s'est effondrée, la pauvreté s'est répandue, mais il n'y a pas eu de changement de régime. La Corée du Nord a été soumise à des sanctions sévères qui n'ont eu aucun impact politique" [vii].

Il convient d'ajouter ici que les États-Unis, à cette époque, ont activement utilisé les Nations unies comme instrument de leur propre politique, en exerçant des pressions par l'intermédiaire du FMI, qu'ils contrôlaient. Si un pays n'adoptait pas la position américaine, il se voyait tout simplement refuser un prêt ou un crédit favorable.

Il est évident que les sanctions obligent les pays à ajuster leur politique étrangère et à considérer d'autres pays victimes des mêmes sanctions comme des partenaires. La Syrie s'est rapprochée de l'Iran et de la Russie. Les prêteurs chinois ont prêté des milliards de dollars aux banques russes après l'imposition des sanctions occidentales. La Russie commence à utiliser le yuan comme monnaie de réserve, se débarrassant ainsi de sa dépendance à l'égard du dollar et de l'euro.

Les sanctions et restrictions antirusses se sont révélées inefficaces. Qui plus est, alors que l'économie américaine a pratiquement stagné et que les actifs monétaires américains ne sont plus aussi stables (risques de liquidité et excès de liquidités), la Russie a réussi à augmenter ses réserves d'or et, avec la RPC, à sortir ses monnaies nationales de la "zone de risque" du dollar [viii].

En 2021, le Centre pour une nouvelle sécurité américaine, dans un rapport spécial sur la coopération Russie-Chine, a noté que "Moscou et Pékin coopèrent déjà pour contourner les sanctions américaines et les contrôles à l'exportation, atténuant ainsi les effets des pressions économiques américaines. Si leur partenariat s'approfondit, ou même si chaque pays renforce individuellement sa résistance aux pressions américaines, cela pourrait potentiellement affaiblir l'efficacité des instruments financiers de coercition des États-Unis, en particulier les sanctions et les contrôles à l'exportation, qui ont été un élément clé de l'arsenal de la politique étrangère des États-Unis. Les États-Unis seraient ainsi moins à même d'utiliser ces mesures financières pour isoler et dissuader les comportements indésirables non seulement de la Chine et de la Russie, mais aussi d'autres pays qui pourraient puiser dans leurs réseaux pour contourner la pression américaine. Par exemple, si leurs efforts de dédollarisation s'accélèrent, cela affaiblirait la capacité de Washington à appliquer des sanctions dans le monde entier et nuirait à la lutte des États-Unis contre la corruption, le blanchiment d'argent et d'autres efforts visant à renforcer le système mondial [ix].

En fait, les États-Unis eux-mêmes ont commencé à détruire leur système "fondé sur des règles", et il est peu probable qu'ils puissent arrêter ce processus à mesure que de plus en plus de pays s'orientent vers la multipolarité.

Il existe actuellement une campagne visant à délégitimer l'utilisation de sanctions unilatérales dans les forums de l'ONU. Outre la résolution classique de l'Assemblée générale des Nations unies exigeant la fin de l'embargo contre Cuba (AGNU), une campagne a récemment pris de l'ampleur au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour condamner les sanctions unilatérales comme étant contraires aux droits de l'homme. Cette campagne a abouti à la nomination par le Conseil des droits de l'homme en 2015 d'un rapporteur spécial sur l'impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur la jouissance des droits de l'homme [x].

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Cette tendance se poursuit, comme en témoignent les discours prononcés lors de la dernière Assemblée générale des Nations unies en septembre 2023. De même, l'imposition de sanctions unilatérales en plus des mesures du CSNU a rencontré une certaine résistance. Ce mois-ci, la Chine et la Russie ont largement abandonné le régime de sanctions contre la RPDC, revenant ainsi sur leur position antérieure au sein du CSNU. De nouveaux mécanismes de règlement international sont en cours d'élaboration, contournant le système de transaction occidental. Une partie du chemin à parcourir pour surmonter les restrictions insensées des États-Unis et de leurs satellites a été franchie. Il reste à finaliser certaines questions dans la pratique pour enfin dépasser l'influence négative de l'Occident collectif et aider d'autres pays à renforcer leur propre souveraineté et notre bien-être commun.

Notes:

i - Antonis Adam & Sofia Tsarsitalidou. Les sanctions conduisent-elles à un déclin des libertés civiles ? Public Choice volume 180, pages 191-215 (2019).

ii - Jerg Gutmann, Matthias Neuenkirch, Florian Neumeier. The Economic Effects of International Sanctions : An Event Study (Les effets économiques des sanctions internationales : une étude d'événements). Document de travail CESifo n° 9007. 16 avril 2021. papers.ssrn.com.

iii - Vries, A. de, Portela, C. & Guijarro, B., 'Improving the effectiveness of sanctions : A checklist for the EU', CEPS special report, no 95, Centre for European Policy Studies, Bruxelles, 2014.

iv - UK House of Lords, Select Committee on Economic Affairs, reply by Deputy Director of DG External Relations, European Commission, Mr Karel Kovanda, to Q268, 17 October 2006, publications.parliament.uk

v - Brzoska, M., "Research on the effectiveness of international sanctions", in H. Hegemann, R. Heller & M. Kahl eds. Kahl eds, Studying 'effectiveness' in International Relations, Budrich, Opladen, 2013, pp. 143-160.

vi - Portela, C., "A blacklist is born : Building a resilient EU human rights sanctions regime", EUISS Brief, no. 5, mars 2020, www.iss.europa.eu

vii - www.arabnews.com

viii - Eugene Alexander Vertlieb. Project Putin-2024 in the Geostrategy of Confrontation and Internal Challenges (Projet Poutine-2024 dans la géostratégie de la confrontation et des défis internes). Global Security and Intelligence Studies, volume 6, numéro 2, hiver 2021. P. 189.

ix - Andrea Kendall-Taylor et David Shullman, Navigating the Deepening Russia-China Partnership. CNAS, 2021. P. 2.

x - Jiménez, F., "Medidas restrictivas en la Unión Europea : Entre las 'sanciones' y el unilateralismo europeo" in C. Martínez & E. Martínez eds, Nuevos Retos para la Acción Exterior Europea, Valencia, 2017, pp. 509-534.

vendredi, 04 août 2023

Les oligarques russes et la haine de Londres pour Poutine

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Les oligarques russes et la haine de Londres pour Poutine

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/26036-piccole-note-gli-oligarchi-russi-e-l-odio-di-londra-per-putin.html

Londres est le plus ardent défenseur d'une guerre totale avec la Russie. Par rapport à d'autres nations, elle a fait preuve d'une agressivité particulière, comme s'il s'agissait d'un véritable redde rationem contre Poutine et Moscou.

Ceci, comme nous l'avons écrit dans d'autres notes, répond à une perspective géopolitique : la guerre ukrainienne a eu pour effet de réduire l'espace géopolitique de l'Union européenne et de son économie, que la Grande-Bretagne considère, non sans raison, comme un concurrent direct sur la scène mondiale, et de ranimer l'axe anglo-saxon, en réduisant l'axe précédent entre Washington et Bruxelles.

Sur ce dernier point, il est facile de voir comment le Royaume-Uni est un partenaire de Washington - une importance également favorisée par les réseaux post-coloniaux de Londres dans le Pacifique, qui se révèlent stratégiques dans une fonction anti-chinoise - tandis que les pays d'Europe continentale ont maintenant un rôle complètement auxiliaire par rapport à Washington, qui attire tout au plus quelques correctifs lorsqu'ils recherchent des espaces de manœuvre importuns.

Londres et les oligarques russes

Mais l'antagonisme de Londres à l'égard de Moscou, et de Poutine en particulier, a aussi quelque chose de moins stratégique et de plus viscéral. Il y a de nombreuses raisons à cela, notamment le fait que Poutine a mis fin à l'un des avantages les plus lucratifs dont bénéficiait le Royaume-Uni depuis la fin de l'Union soviétique.

En effet, le Royaume-Uni a été le phare des oligarques russes, attirés comme des papillons de nuit par la lumière de la City. Des centaines de milliards de dollars ont afflué à Londres, fruit des vols des oligarques aux dépens de la communauté russe.

Lors de l'effondrement du communisme, en effet, une petite élite très liée à l'Occident, et à la City en particulier, grâce à l'assentiment de Boris Eltsine, a racheté toutes les ressources de la Russie pour quelques dollars, avec un profit exponentiel, apportant ces gains troubles au Royaume-Uni.

Cette histoire bien connue a fait couler beaucoup d'encre, comme celle du New Yorker dans un article intitulé "Comment les oligarques russes ont acheté Londres", qui cite un clin d'œil de l'Economist : Londres est devenue "un réceptacle pour l'argent sale russe".

getimage-15.jpegL'article mentionne un livre d'Oliver Bullough sur le sujet, résumé comme suit sur un autre site : "Il y a tellement d'argent des oligarques à Londres que la ville a été surnommée "Londongrad". Bullough affirme qu'un système de banquiers, d'avocats, de comptables et d'experts en relations publiques s'est développé au Royaume-Uni pour aider les kleptocrates russes à dissimuler leurs richesses" (titre de l'interview : "Comment le Royaume-Uni est devenu un coffre-fort pour les oligarques russes"). Le New Yorker mentionne également que Londres est devenue une "blanchisserie" pour l'argent russe illicite.

 

Lebedev, l'oligarque devenu lord

À Londres, les oligarques ont noué des relations fructueuses avec le monde de la finance, de la politique et des médias. Exemplaire en ce sens, mais aussi significatif en matière de guerre, ce que rapporte le Treccani sur Evgeny Lebedev, l'un des plus importants oligarques ayant débarqué sur les rives de la Tamise.

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Lebedev (photo) a été "l'un des principaux alliés (et financiers) à toutes les étapes politiques les plus importantes de la carrière de Boris Johnson, en particulier lors de la campagne cruciale en faveur de la gauche lors du référendum sur le Brexit".

"[...] Soyons clairs, Johnson n'était pas seul, l'ensemble de l'establishment britannique rendait périodiquement hommage au magnat. Ses soirées étaient régulièrement fréquentées par des stars du cinéma et de la musique, ainsi que par des personnalités du parti travailliste comme Sadiq Khan, l'actuel maire de Londres, Tony Blair et ses anciens conseillers Peter Mandelson et Alistair Campbell", ces derniers étant des figures clés du blairisme.

Le Treccani rapporte également comment Lebedev a acheté au fil des ans certains des médias les plus importants du pays, l'Evening Standard et The Independent, ce qui lui a permis d'entretenir des relations encore plus fructueuses avec l'establishment britannique, même si la plus intime est restée celle avec Boris Johnson, qui l'a nommé en 2020 membre de la Chambre des Lords (avec un vote favorable du Parlement...).

"Celle de Lebedev, conclut le Treccani, n'est qu'un exemple, même si c'est peut-être le plus sensationnel, des nombreux exemples d'oligarques russes (mais pas seulement) qui sont devenus une partie importante de l'économie britannique au cours des trente dernières années en exploitant les larges mailles qui régulent le marché financier de la City de Londres et qui permettent, ou plutôt encouragent, l'entrée d'importants capitaux étrangers. Des capitaux qui, à travers l'acquisition d'institutions historiques telles que des clubs de football ou des journaux, entrent alors en contact étroit avec l'establishment britannique". Il faudrait ajouter que la finance est absente.

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L'idée que Boris se fait de la Russie

Au début de la guerre en Ukraine, les oligarques russes ont été lourdement sanctionnés. Mais ceux qui ont été touchés sont ceux qui étaient encore liés d'une manière ou d'une autre à l'establishment russe, comme Roman Abramovitch (1), et non ceux, nombreux, qui, ayant fui à l'étranger avec l'argent pillé de la mère patrie, ont été élus porte-drapeaux de la liberté parce qu'ils étaient des opposants à Poutine (qui avait même tenté de rapatrier une partie des biens mal acquis).

A tel point que, pour reprendre l'histoire exemplaire de Lebedev, l'oligarque est toujours tranquillement assis sur son siège à la Chambre des Lords (voir Politico). Un siège à partir duquel il continue d'entretenir des relations à plusieurs niveaux avec l'establishment britannique.

Les oligarques sans lien avec Moscou ont en Poutine un ennemi juré, puisqu'il a mis fin à leur prédation, mais le sentiment semble également partagé par l'establishment britannique, en particulier la Finance, qui rêve peut-être encore d'une Russie livrée à une poignée d'oligarques, prêts à apporter leurs richesses louches sur les rives de la Tamise.

Au passage, on peut rappeler que l'apogée des oligarques russes a coïncidé avec l'âge d'or de la mafia russe. Voici un clin d'œil de Radio Free Europe : "La Russie de Boris Eltsine ressemblait à une mafia déguisée en pays".

L'histoire des oligarques russo-britanniques est également instructive à un niveau plus particulier, limité à la portée de Boris Johnson. C'est Johnson qui s'est rendu par surprise à Kiev pour empêcher Zelensky de signer la paix avec Moscou, ce qui était pratiquement fait. Et Johnson semble être l'un des plus ardents partisans de cette guerre ukrainienne par procuration contre Moscou.

Ses relations étroites avec Lebedev ont peut-être quelque chose à voir avec l'idée que Boris se fait de la Russie.

Note:

(1) Présenté comme pro-Poutine, Abramovitch, comme d'autres oligarques, ne s'intéresse en réalité qu'à ses propres affaires. Mais, contrairement à d'autres, il a pensé qu'un accord avec Moscou, plutôt qu'une confrontation, pourrait leur être bénéfique, d'où l'accord signé avec Poutine ces dernières années. Mais si Abramovitch a été le plus durement touché par les sanctions occidentales depuis le début de la guerre, ce n'est certainement pas en raison de ses relations avec l'establishment russe, mais parce qu'il a été l'un des facilitateurs de l'accord, qui a ensuite volé en éclats, entre Kiev et Moscou en mars 2022. En toucher un pour en éduquer cent.

mardi, 25 juillet 2023

Le désastre irakien (vu de Londres) vingt ans plus tard

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Le désastre irakien (vu de Londres) vingt ans plus tard

Une Irakienne parle à contrecœur de son pays, lors de la rare évocation des malheurs qui l'ont frappé et le frappent encore, elle s'exprime avec pudeur et tristesse, se demande "pourquoi tous ces morts ? à qui a servi l'invasion ?".

par Lorenzo Ferrara

Source: https://www.barbadillo.it/110405-il-disastro-iraq-visto-da-londra-ventanni-dopo/

Alham est une vieille dame irakienne dont je tonds périodiquement la pelouse. Elle parle avec réticence de son pays, lors des rares mentions des malheurs qui l'ont frappé et le frappent encore, elle s'exprime avec pudeur et tristesse, se demande "pourquoi tous ces morts ? à qui a servi l'invasion?... A personne", conclut-elle amèrement. Il est impossible de la blâmer.

En effet, dans le Times du 18 mars 2023, Catherine Philp, depuis Bagdad, titre : "20 ans après, les cicatrices de la guerre d'Irak ne sont pas encore refermées". Dans le texte: "L'invasion est considérée comme une folie qui a entamé la capacité et la crédibilité de l'Occident à intervenir". Ahmad se souvient clairement du mélange d'excitation et de terreur qu'il a ressenti lorsque les Américains ont commencé à bombarder sa ville. Nous n'étions que des enfants, mais nous étions heureux de savoir que nous allions nous débarrasser de Saddam. Ahmad et ses frères se sont cachés sous les meubles lorsque les bombardements "choc et stupeur" ont commencé, s'émerveillant du "feu rouge qui apparaissait dans le ciel" lorsque les missiles atteignaient leurs cibles dans la matinée du 20 mars 2003. Trois mois plus tard, son père est mort, tué par erreur lorsque des soldats américains nerveux ont ouvert le feu à un poste de contrôle à Sadr City... L'année suivante, leur maison a été détruite par un char américain lors de combats avec l'Armée du Mahdi...

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Vingt ans plus tard, l'invasion de l'Irak est largement reconnue comme un échec, un acte de folie arrogante fondé sur de fausses informations qui sonnerait le glas de l'idée d'une intervention occidentale comme force du bien... et de l'Irak lui-même, pour lequel l'invasion a déclenché des événements qui allaient tuer des centaines de ses propres citoyens, forçant des millions d'entre eux à fuir à l'étranger. C'était en 2007 et Bagdad se balkanisait rapidement, les gangs sunnites et les milices chiites terrorisant les rues, tuant et chassant ceux de la secte opposée... Des dizaines de civils étaient retrouvés morts chaque jour, pour la plupart des sunnites tués par des escadrons de la mort chiites affiliés à des ministres du gouvernement, leurs corps mutilés étant jetés sur la voie publique. Les morgues de Bagdad se sont remplies si rapidement que des projections de diapositives des morts ont été organisées pour permettre aux familles d'identifier leurs proches plutôt que d'avoir à fouiller dans des piles de cadavres (...)". Je pense que c'est suffisant comme citation.

Pour parrainer et encourager l'intervention aux côtés des Etats-Unis, un homme, Tony Blair, qui aurait signé une sorte de pacte de sang avec George W. Bush, a échappé de justesse à la condamnation.

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En détail : le 7 juillet 2016 est paru Iraq Inquiry, ou plutôt : douze volumes qui mettent noir sur blanc ce que tout le monde sait désormais, à savoir que l'invasion de l'Irak par le Royaume-Uni et les États-Unis en 2003 était non seulement illégitime, mais aussi inutile. Avec de graves répercussions sur la population civile durement touchée par le conflit, mais aussi sur la sécurité mondiale, car le terrorisme international a également proliféré à partir de ce pays. Après sept ans de travail, Sir John Chilcot (nommé par l'ancien Premier ministre Gordon Brown qui avait souhaité une commission d'enquête en 2009) écrit dans le rapport publié le 6 juillet dernier en pointant clairement du doigt la décision ignoble de Tony Blair, alors Premier ministre, de soutenir l'ancien président américain George W. Bush dans l'attaque contre l'Irak.

Sur BBC news en juillet 2016, on peut lire le résumé suivant: "Le Royaume-Uni est entré en guerre avant que toutes les options pacifiques n'aient été explorées et l'action militaire "n'était pas un dernier recours", affirme le rapport Chilcot.

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L'invasion en 2003 était basée sur des "renseignements et des évaluations erronés" qui n'ont pas été remis en question. La menace que représentaient les armes de destruction massive irakiennes a été "présentée avec une certitude injustifiée". L'ancien Premier ministre Tony Blair affirme que la décision d'agir a été prise "en toute bonne foi" et qu'il assume "l'entière responsabilité des erreurs commises". Les familles des Britanniques tués lors de la guerre en Irak affirment que le conflit a été un "fiasco" et n'excluent pas une action en justice. David Cameron affirme que "ces leçons doivent servir à quelque chose"... Tandis que Jeremy Corbyn affirme que la guerre était "un acte d'agression militaire lancé sous un faux prétexte".

Quelle est la réponse de l'homme lui-même au rapport Chilcot?  "Je me sens profondément et sincèrement attristé, d'une manière qu'aucun mot ne peut exprimer correctement, pour ceux qui ont perdu des êtres chers en Irak, qu'il s'agisse de nos forces armées, des forces armées d'autres nations ou des Irakiens".

"Les évaluations des services de renseignement effectuées au moment de l'entrée en guerre se sont révélées erronées, les conséquences se sont avérées plus hostiles, plus longues et plus sanglantes que nous ne l'avions jamais imaginé... et une nation dont nous voulions libérer le peuple du mal de Saddam est devenue, au contraire, la victime du terrorisme sectaire. Pour tout cela, j'exprime la plus grande tristesse, le plus grand regret et les plus grandes excuses". Et encore, "il n'y a pas eu de mensonges, le Parlement et le Cabinet n'ont pas été trompés, il n'y a pas eu d'engagement secret en faveur de la guerre, les renseignements n'ont pas été falsifiés et la décision a été prise en toute bonne foi". Tony Blair s'est excusé pour les erreurs commises, mais pas pour la décision d'entrer en guerre.

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Vittorio Sabadin a écrit le 5 janvier 2022 dans La Stampa: "L'ancien premier ministre britannique Tony Blair a fait graver un mémo déclarant la guerre en Irak "illégale". L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair s'est vu décerner le titre de Sir par la reine Élisabeth, mais ses sujets ne sont pas d'accord : les mensonges qu'il a proférés en 2003 pour déclencher la guerre contre l'Irak sont impardonnables et il est responsable de la mort de dizaines de soldats britanniques. La pétition visant à le déchoir de son titre de chevalier a presque atteint les 700.000 signatures et, pour aggraver sa situation, on a découvert que Blair avait ordonné de brûler une note dans laquelle la plus haute autorité juridique du gouvernement déclarait que la guerre en Irak était illégale.

C'est l'ancien ministre de la défense de Blair, Geoff Hoon, qui a révélé l'existence de cette note et l'ordre de la détruire. Il est revenu sur cette affaire dans ses mémoires "See How They Run", dont quelques bonnes pages ont été publiées par le Daily Mail... Dans la Grande-Bretagne moderne, apparemment, un acte de transgression aussi manifeste n'empêche pas l'octroi d'une reconnaissance au plus haut niveau...

La Reine a attendu 14 ans avant d'accorder à Blair le titre de chevalier, un honneur accordé à tous les premiers ministres peu après la fin de leur mandat. On ne sait pas ce qui l'a poussée à changer d'avis, mais il s'agit sans aucun doute d'une décision malheureuse...".

Que l'infâme chapitre irakien est à nouveau rouvert pour Tony Blair ?

Il est bien connu que les Britanniques considèrent la guerre comme un outil dont ils peuvent tirer profit. L'Afghanistan, leur vieille proie jamais apprivoisée, l'enseigne (le jeune officier Winston Churchill raconte dans ses mémoires qu'il a brûlé des villages et tué des rebelles "hostiles" et qu'il a écrit à sa mère, qu'il n'a rien fait de honteux). Le reste est bien connu.

Je suis retournée attanger le jardin de l'Irakienne Alham et j'ai "osé" lui demander si elle retournerait un jour à Bagdad. "Non. Nous n'avons plus de maison, ils l'ont détruite". J'ai évité de lui demander qui l'avait fait.

 

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jeudi, 13 juillet 2023

"Partenariat stratégique 2030": les Polonais se font à nouveau l'épée continentale de Londres

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"Partenariat stratégique 2030": les Polonais se font à nouveau l'épée continentale de Londres

Source: https://zuerst.de/2023/07/13/strategische-partnerschaft-2030-polen-machen-sich-wieder-zum-festlandsdegen-londons/

Londres/Varsovie . Rien n'a été appris de l'histoire à Varsovie : le ministre polonais de la Défense Błaszczak a signé mercredi avec son homologue britannique Cleverly un accord sur un "partenariat stratégique 2030" entre les deux pays. Il s'agira de renforcer la coopération en matière de politique étrangère, de sécurité et de défense.

Le partenariat stratégique définit des priorités communes à Londres et à Varsovie. Celles-ci incluent non seulement la coopération militaire entre les deux pays, mais aussi une action coordonnée sur certains théâtres d'opérations comme la Biélorussie et la Chine. Le nouveau traité s'appuie à cet égard sur un précédent accord de coopération entre les deux pays dans le domaine de la défense et de la sécurité conclu en 2017.

"Notre partenariat 2030 engage le Royaume-Uni et la Pologne à une coopération encore plus forte en matière de défense, de sécurité et de politique étrangère à l'avenir", a déclaré le ministre britannique de la Défense, M. Cleverly.

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Le partenariat vise également à renforcer la coopération entre les forces armées des deux pays en "augmentant l'intensité et la fréquence des exercices conjoints, en renforçant la position de dissuasion et de défense de l'OTAN et en restant unis dans nos approches de la région indo-pacifique", selon un communiqué de presse de Londres, qui ajoute : "En tant que partenaire historique de la défense et allié de l'OTAN, le Royaume-Uni est aux côtés de la Pologne pour défendre le flanc est de l'OTAN et soutenir l'Ukraine contre l'agression russe".

Varsovie a déjà bénéficié d'un soutien particulier de Londres en 1939, après que Londres eut accordé au gouvernement polonais ce que l'on appelle un "chèque en blanc" en cas de guerre avec l'Allemagne. Lorsque cela s'est produit, la Pologne a été envahie par la Wehrmacht en 17 jours, et il n'a plus été question du soutien britannique (mü).

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jeudi, 18 mai 2023

L'Europe en feu

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L'Europe en feu

Ivan Plotnikov

Source: https://www.geopolitika.ru/article/evropa-v-ogne

Les Européens qui protestent en ont assez d'être les satellites de l'OTAN et les victimes de lois anti-populaires.

Ce n'est un secret pour personne que la soi-disant Union européenne, une structure que l'on peut difficilement qualifier d'union, traverse aujourd'hui une période difficile. Les Européens ressentent les effets des crises financière, économique et énergétique, des restrictions imposées par la pandémie covidique, du parrainage du conflit en Ukraine, etc. Les protestations sociales populaires détruisent littéralement de l'intérieur les régimes "démocratiques" européens actuels.

Sur la nouvelle révolution française

La France s'est faite connaître pour ses manifestations de masse très récemment et partout dans le monde. L'élément déclencheur du mécontentement des citoyens a été la réforme des retraites. Il était proposé de relever progressivement l'âge de la retraite de 62 à 64 ans. Par la suite, les revendications économiques se sont transformées en revendications politiques. Les Français veulent la démission du président et du gouvernement actuel. Sinon, disent-ils, une nouvelle révolution s'abattra sur le pays.

Il est intéressant de noter que le président français a dû faire passer un projet de réforme en contournant le Parlement. Il a utilisé l'article 49.3 de la Constitution, qui fait depuis longtemps l'objet de nombreux débats. Beaucoup l'ont qualifié d'outil antidémocratique permettant au gouvernement d'exercer une pression sur le corps législatif. Cependant, cette même loi permet à l'opposition de soumettre une motion de censure au gouvernement dans les 24 heures. Elle y est presque parvenue, mais il lui manquait 9 à 10 voix. Tout le monde était mécontent : la droite, la gauche et même certains partisans de Macron.

Dans les rues, de nombreuses manifestations se sont d'abord raréfiées, puis ont repris de plus belle. Les gens se sont surtout mobilisés au détriment des grands syndicats, qui s'opposaient également aux réformes. Les organisations les plus importantes étaient la Confédération générale du travail et la Confédération française démocratique du travail.

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Selon les médias, le nombre de manifestants a atteint 3 millions. Si, dans la Fédération de Russie, la contrepartie de cette réforme s'est déroulée dans le calme et a donné lieu à des manifestations pacifiques dans les rues des villes, il en a été autrement pour les Français.

D'une manière générale, la France est un pays qui a littéralement battu le record du nombre de révolutions. Ces traditions se traduisent aujourd'hui par des incendies, des saisies de biens, des agressions de policiers et des menaces à l'encontre du gouvernement en place. Il n'est pas nécessaire d'aller bien loin pour trouver des exemples. Gérald Darmanin, directeur du ministère français de l'Intérieur, a déclaré que 406 policiers et 200 manifestants ont été blessés au cours des seules émeutes du 1er mai ; 540 émeutiers ont été arrêtés.

Les gendarmes, quant à eux, n'ont rien à voir avec l'image qu'en donnent les comédies françaises. Les manifestations ont été réprimées assez durement. Des gaz lacrymogènes et des canons à eau ont été utilisés pour disperser les foules.

Notez qu'il s'agit de la deuxième tentative de réforme de l'âge de la retraite. La première a eu lieu en 2019, mais a échoué en raison des protestations sociales des "gilets jaunes". Les revendications initiales portaient uniquement sur la baisse des prix des carburants, mais plus tard, à mesure que le mouvement prenait de l'ampleur, des appels à mettre fin à la réforme des retraites ont commencé à être lancés également. Le mécontentement de masse a arrêté le gouvernement français, mais seulement temporairement.

"Les gens ont toujours été et seront toujours les victimes idiotes de la tromperie et de l'auto-illusion en politique jusqu'à ce qu'ils apprennent que derrière toutes les phrases, déclarations et promesses morales, religieuses, politiques et sociales, il faut rechercher les intérêts de telle ou telle classe", a déclaré Lénine.

Et en effet, il est très clair dans l'intérêt de qui la réforme actuelle des retraites est menée. Par exemple, Macron lui-même est un protégé du clan Rothschild. Une fois que le futur président est entré au service de Rothschild & Cie, il a rapidement commencé à faire une carrière politique et s'est constitué une énorme fortune.

On peut supposer qu'aujourd'hui, Macron attise délibérément le mécontentement populaire à la demande de ses commanditaires américains. Il s'agit bien sûr du capital américain, qui a depuis longtemps l'intention de détruire l'économie européenne. Il n'est pas non plus dans l'intérêt du gouvernement américain de renforcer les centres européens et de favoriser l'émergence d'un monde multipolaire.

D'ailleurs, dans un récent discours aux Français, le président français a déclaré que la mesure était due au manque d'argent dans le budget pour financer les retraités. Il manque environ 13 milliards d'euros. Il convient de noter que tout cela se produit dans un contexte où des centaines de millions de dollars sont injectés dans le budget de l'Ukraine, ainsi qu'une aide militaire à l'Armée nationale de l'Ukraine. Bien que les Français eux-mêmes n'aient pas encore fait le lien avec ces événements, les choses pourraient changer d'ici peu.

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Grande-Bretagne

Bien que le Royaume-Uni ne fasse pas partie de l'UE aujourd'hui, il exerce toujours une influence géopolitique considérable sur le bloc des pays européens. Il serait donc injuste de passer sous silence les manifestations dans ce pays, qui ont été de la même ampleur et de la même intensité qu'en France.

Début février, le Royaume-Uni a connu la plus grande grève depuis Margaret Thatcher. Contrairement à la France, les manifestations n'ont porté que sur des revendications économiques. La principale revendication concernait l'augmentation des salaires au niveau de l'inflation. Au début de l'année 2023, celle-ci avait dépassé la barre des 10 %.

Plus d'un demi-million de manifestants du secteur public ont participé aux manifestations : enseignants, fonctionnaires, travailleurs des transports et professeurs d'université. La majorité des manifestants étaient des employés du secteur de l'éducation ainsi que des étudiants qui soutenaient leurs professeurs.

Comme en France, les syndicats se sont impliqués. Par exemple, le plus grand syndicat du pays, le Syndicat national de l'éducation, a pris une part active aux manifestations.

Dans ce contexte, le Premier ministre britannique s'est vivement opposé aux manifestants et a promis d'introduire des "lois sévères". Celles-ci prévoyaient notamment de donner plus de pouvoirs à la police, d'autoriser les employeurs à licencier les grévistes, d'obliger les manifestants à assurer un fonctionnement minimum des entreprises, de les contraindre à accepter des rassemblements, etc. En bref, le gouvernement n'a pas accepté de faire des concessions.

En revanche, le gouvernement, qui a tiré les leçons de l'expérience française, semble déterminé à reporter sa propre réforme des retraites.

Mais les similitudes avec la France ne s'arrêtent pas là. Par exemple, Rishi Sunak lui-même a également été lié à des magnats américains de la finance. Il a commencé sa carrière vertigineuse chez Goldman Sachs, qui appartient au groupe Rothschild (quelle coïncidence). Il a épousé une riche Anglaise dont la fortune pourrait rivaliser avec celle de la royauté. Il a été nommé ministre des finances de Boris Johnson en 2019.

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Italie

L'une des caractéristiques des manifestations italiennes est leur caractère pro-russe. En mars 2022, plusieurs centaines de manifestants sont descendus dans les rues de Rome, Pise, Gênes, Milan et Florence.

Les citoyens mécontents ont protesté contre la russophobie, les sanctions antirusses imposées par le monde anglo-saxon et la fourniture d'armes à l'Ukraine; des slogans demandant le retrait du pays du bloc de l'OTAN ont même été entendus.

En outre, la population est depuis longtemps mécontente du cabinet dirigé par la Première ministre, Giorgia Meloni, récemment élue et connue pour ses opinions d'extrême droite. Il est possible que les Italiens craignent que Meloni, comme son idole Benito Mussolini, n'entraîne le pays dans une nouvelle guerre.

Entre-temps, l'Italie n'est impliquée dans la confrontation entre la Russie et l'Ukraine que financièrement. Le montant total de l'aide apportée jusqu'à présent s'élève à environ 1 milliard d'euros.

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Allemagne

Des manifestations allemandes ont éclaté en avril à Berlin, Leipzig, Munich et dans d'autres grandes villes. Les manifestations ont été accompagnées de demandes d'arrêt des livraisons d'armes à Kiev et de résolution pacifique du conflit en Ukraine.

Comme en Italie, les slogans comprenaient des appels à l'amitié avec la Russie, à la levée des sanctions anti-russes et au retrait des soutiens de l'OTAN en Ukraine.

Certains manifestants se sont également élevés contre les réfugiés ukrainiens. Aujourd'hui, les Allemands s'inquiètent de la hausse du taux de criminalité parmi les émigrés, ainsi que de la pénurie de logements dans le pays, qui a chuté de manière drastique depuis février 2022.

Il est intéressant de noter que certains pays européens (le Royaume-Uni, la Pologne, la Hongrie, l'Autriche et la République tchèque) ont déjà refusé d'effectuer des paiements aux réfugiés ukrainiens et mettent progressivement fin à leurs programmes d'aide.

Au total, 8 milliards d'euros d'armes ont été fournis à l'Ukraine. Et récemment, le gouvernement allemand, sous la pression de ses alliés de l'OTAN, a accepté de transférer des chars Leopard 2 aux forces armées ukrainiennes. Naturellement, toutes ces dépenses ont entraîné une baisse du niveau de vie des citoyens et les ont conduits à participer à des rassemblements de protestation.

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Sur la Pologne et les "protestations céréalières"

L'accord sur les céréales a été un autre catalyseur des protestations. Selon leurs propres termes, les fonctionnaires de l'UE étaient bien sûr favorables à l'idée de fournir aux Africains affamés des céréales et d'autres denrées alimentaires. Mais quelque chose a manifestement mal tourné et les céréales se sont retrouvées non pas au Zimbabwe ou au Mozambique, mais sur les marchés de l'UE elle-même. Pour être plus précis, les agriculteurs européens ne peuvent pas concurrencer les céréales ukrainiennes bon marché sur les marchés locaux.

Même la Pologne, pays connu pour ses sentiments russophobes et pro-ukrainiens, s'est indignée. Soit dit en passant, le principal flux de produits agricoles en provenance d'Ukraine est arrivé ici. L'année dernière, plus de 2 millions de tonnes de céréales ont été exportées vers la Pologne.

Bien entendu, les agriculteurs ont reçu l'assurance qu'ils ne seraient pas affectés. Mais, comme d'habitude, toutes les promesses se sont révélées n'être que des promesses vides. Des centaines de milliers d'agriculteurs ukrainiens ont été ruinés, car ils n'ont nulle part où vendre leurs récoltes.

En conséquence, au début de l'année 2023, les manifestants ont bloqué les lignes de chemin de fer et les routes à la frontière avec l'Ukraine avec des camions.

La région la plus touchée par les protestations était la région de Lublin. Elle se distingue par les faits suivants. Premièrement, une cellule des Banderistes, qui ont ensuite perpétré le massacre de Volyn, y était installée pendant la Seconde Guerre mondiale. Deuxièmement, l'année dernière, un missile ukrainien est tombé dans la région, près du village de Przewodów, tuant deux personnes.

Sous la pression des manifestations, la Pologne, ainsi que certains autres pays de l'UE (Slovaquie, Roumanie, Hongrie et Bulgarie) ont été contraints d'interdire les importations de produits agricoles ukrainiens. Mais cette décision n'était qu'une mesure temporaire, et on ne sait toujours pas si la décision de l'establishment polonais sera prolongée ou s'il ne s'agit que d'un revers à court terme face au mécontentement populaire.

Les difficultés rencontrées sur les marchés européens profitent avant tout aux États-Unis. Le rejet par l'UE des engrais russes et l'importation d'énormes quantités de céréales bon marché entraîneront la destruction d'un solide segment du marché agricole. Par conséquent, les Américains seront les seuls fournisseurs de ces produits.

Cela profite également à la Russie. Mais ici, il s'agit plutôt d'une réorientation vers d'autres clients (Chine, Turquie, pays africains) qui n'exerceront pas de pression politique sur leurs partenaires.

Sur les manifestations du COVID : vaxxers et anti-vaxxers

Les rigoureux confinements imposés lors de la pandémie du Covid-19 ont donné lieu à de nombreuses manifestations à travers l'Europe. Il est intéressant de noter que tant les partisans que les opposants aux restrictions ont manifesté.

Quelle était la principale raison de ces protestations ?

Tout d'abord, en Europe, en raison de l'orientation variable des médias, il n'a pas été possible de créer une ligne unifiée de plaidoyer et de propagande susceptible de convaincre le public que la vaccination et les mesures restrictives sont sans danger.

Deuxièmement, les services de santé européens se sont trouvés dans l'incapacité quasi-totale de contrôler la situation face à la nouvelle maladie. En conséquence, le nombre de cas augmentait.

Troisièmement, de nombreuses entreprises de services (centres commerciaux, restaurants, agences de voyage, cinémas, etc. En conséquence, des milliers de personnes se sont retrouvées sans travail, ce qui a également eu une forte influence sur le climat de protestation.

En outre, les citoyens européens se sont lassés des restrictions constantes telles que le port de masques, les codes QR dans les lieux publics, l'impossibilité de voir ses proches et les nombreuses amendes pour violation du régime "confinatoire" imposé.

Il est intéressant de noter que de nombreux partis d'opposition ont trouvé de nouveaux partisans suite aux manifestations. En France, par exemple, les manifestations ont été soutenues à la fois par des partis de gauche (l'union des gauches de Mélenchon) et de droite (le Rassemblement national de Marine Le Pen). En Allemagne, le parti de droite Alternative pour l'Allemagne a été le principal moteur des manifestations. Parmi les partis italiens, des membres de la Lega et de la Fratelli d'Italia étaient actifs.

Sur les manifestations vertes et écologistes

La fin de la pandémie a été marquée par une nouvelle vague de protestations en Occident. Cette fois, ce sont les éco-activistes qui sont concernés. Ce n'est un secret pour personne que l'Union européenne promeut des programmes de protection de l'environnement, d'énergie propre, etc.

Dans ce contexte, des demandes absurdes sont parfois formulées, par exemple l'abattage du bétail qui, selon les "écologistes", émet d'énormes quantités de méthane dans l'atmosphère.

Souvent, les manifestations se transforment en actes de vandalisme, des tableaux de Monet et de Van Gogh étant dégradés. On ne sait pas pourquoi les œuvres d'art ont été les cibles des écologistes.

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Les principales questions concernent le financement des soi-disant "verts". La plupart de ces organisations reçoivent des fonds du Climate Emergence Fund, basé aux États-Unis. Parmi ses fondateurs figurent des noms tels que Kennedy et Rockefeller. Le montant des subventions varie entre 35 et 80.000 dollars.

Outre l'écologie proprement dite, l'objectif de ces actions est très probablement de détruire l'économie européenne et le flux l'énergie vers l'Europe. Les gouvernements, vu les coalitions en place, doivent tenir compte de l'opinion des éco-activistes, qui ne sont pas nombreux. Des prix élevés de l'énergie sont imposés pour maintenir une énergie propre. En Allemagne, tout cela a provoqué la fuite de l'industrie vers les États-Unis, qui ont soudainement offert des incitants, des subventions et d'autres conditions plus avantageuses.

On peut dire que nous assistons aujourd'hui à une véritable désindustrialisation de l'Europe.

En outre, les prix du gaz et de l'électricité ont considérablement augmenté en Europe, alors qu'ils sont restés stables aux États-Unis. La population ressent ces changements et se voit contrainte de défendre ses droits par des manifestations et des grèves.

Résumé

Ainsi, aujourd'hui, la plupart des protestations sont précisément motivées par des raisons économiques. La population européenne est habituée à un niveau de vie relativement élevé. Mais l'implication de l'UE, sous la houlette des États-Unis, dans le conflit ukrainien a entraîné d'importantes dépenses et des trous budgétaires. En outre, les pays européens se sont retrouvés sans munitions ni armes pour leur propre défense.

Il convient également de noter que l'économie a été affectée par la pandémie de coronavirus, qui a durement touché les secteurs des services et de la santé.

Mais la crise politique n'est pas non plus à exclure. Nous assistons actuellement à la destruction du système démocratique européen et de ses institutions. Les manifestations sont de plus en plus souvent limitées d'autorité (Royaume-Uni) ou carrément supprimées (France). Des dirigeants qui n'ont que peu ou pas de soutien populaire arrivent au pouvoir et défendent le plus souvent les intérêts américains.

Dans le même temps, nous constatons une dépendance croissante de l'UE à l'égard des États-Unis, ce qui suscite de plus en plus de haine populaire qui se manifeste dans les slogans de protestation.

dimanche, 26 février 2023

Sabotage du Brexit

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Sabotage du Brexit

par Georges FELTIN-TRACOL

La « Chronique de La Longue Vue » n° 7 mise en ligne le 28 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro aborde le Brexit, ses conséquences et son interprétation par l’hyper-classe cosmopolite. Maurice Gendre et Beluga s’intéressent au coup de tonnerre référendaire du 23 juin 2016 quand les Britanniques ont décidé à 51,89 % de sortir de l’Union soi-disant européenne. Quelle surprise pour le médiacosme ! On se souvient qu’au soir du scrutin, Nigel Farage, l’une des figures du « Leave », se couchait en perdant. À son réveil, le lendemain, il découvrait sa victoire.

Plus de six ans après ce vote crucial et deux ans depuis le départ effectif du Royaume-Uni de l’entité dite européenne le 1er janvier 2021, l’opinion publique britannique serait en train de se raviser. La synthèse des différents sondages donnerait une majorité en moyenne de 57 % d’électeurs interrogés favorables à un retour dans le giron bruxello-strasbourgeois. Or ni les conservateurs actuellement au pouvoir, ni les travaillistes largement en tête toujours selon les sondages n’envisagent de déposer une nouvelle candidature à l’UE sans bénéficier des exemptions. Cela n’empêche pas l’éditorial du Monde du 7 février 2023 d’en baver de plaisir. Le texte évoque l’apparition sémantique des « Rejoiners » (partisans de la ré-adhésion) et du « Bregret » (le regret d’avoir approuvé le Brexit).

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La Grande-Bretagne traverse une série cumulée de crises profondes. Une très forte inflation alimente l’actuelle crise économique. Malgré des restrictions législatives socialement liberticides, de nombreuses grèves touchent des secteurs entiers et plongent le pays dans une terrible crise sociale. La crise politique se voit à travers cinq Premiers ministres (David Cameron, Theresa May, Boris Johnson, Liz Truss et Rishi Sunak) et deux dissolutions (2017 et 2019) en six ans. Les questions de l’avenir de l’Écosse et de l’Irlande du Nord fragilisent enfin un ensemble institutionnel décati.

Les études statistiques montrent une paupérisation accélérée des catégories moyennes et populaires. On recense par ailleurs des pénuries de produits divers. Le nouveau contrôle douanier avec le Marché unique européen amputerait 15 % du commerce total britannique sans omettre la hausse des taxes sur l’importation de denrées alimentaires. La main-d’œuvre manque aussi. Le Figaro (du 10 février 2023) explique qu’en juin 2022, le solde migratoire des Européens était dorénavant négatif. Faire venir à Londres, à Douvres ou à Édimbourg un Parisien, un Berlinois ou un Milanais pour occuper un emploi précis nécessite une paperasserie bureaucratique inouïe. En revanche, le solde migratoire d’entrée en Grande-Bretagne des non-Européens restait largement positif (plus d’un demi-million d’autorisations en une seule année). Albion se tourne vers le Commonwealth à ses risques et périls...

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Le système médiatique d’occupation mentale accuse le Brexit, les deux années de cirque covidien et la guerre en Ukraine d’être à l’origine de ce contexte éprouvant. Ces trois facteurs ne sont en fait que de magnifiques prétextes qui évitent de s’attarder sur la responsabilité majeure du parlementarisme britannique et de quatre décennies d’application comptable néo-libérale. En effet, plus qu’un Brexit mal négocié, les Britanniques paient les années de libéralisme effréné de Margaret Thatcher à Rishi Sunak en passant par les travaillistes Tony Blair et Gordon Brown. Les sommes astronomiques réclamées aux ménages pour régler leur consommation d’énergie ne sont-elles pas un effet immédiat d’un marché ouvert, privatisé, supposé libre et concurrentiel ? Sous ses airs de bouffon mondialiste, Boris Johnson avait compris ce dysfonctionnement. Sa tentative de rectification se heurta néanmoins au scandale médiatique du « Partygate ». « BoJo » avait osé contester la doxa thatchérienne. Il devait le payer chèrement. De multiples et intenses clivages internes traversent les tories entre carriéristes opportunistes, néo-thatchériens incurables, libéraux sociétalistes wokistes, réactionnaires patentés et europhobes carabinés. Les haines sont si grandes qu’elles empêchent tout chef du gouvernement sensé de diriger convenablement son pays parce qu’il dépend des humeurs de sa majorité turbulente à la Chambre des Communes.

Les négociations avec Bruxelles ont réaffirmé le rôle déterminant et souverain du Parlement britannique. L’intervention de la Cour suprême, création réalisée en 2009, accentue l’insécurité juridique et affaibli les prérogatives de l’exécutif, liant les différents locataires du 10, Downing Street aux procédures parlementaires conventionnelles. Aucun Premier ministre n’est maintenant le maître à bord ! Tous ces éléments ont contribué au sabotage du Brexit. L’incompétence britannique rejoint ici la volonté des instances pseudo-européennes soucieuses d’éviter que d’autres États se libèrent de leur emprise eurocratique démente.

la_demondialisation-761735-264-432.jpgÉcrivant au moment de la crise financière des « subprimes », l’économiste eurosceptique Jacques Sapir soutient dans La démondialisation (Le Seuil, 2011) l’évolution de la Zone euro, le passage à une monnaie commune et une rupture radicale capable « de remettre la construction européenne sur ses rails et de lui faire emprunter la voie dont elle n’aurait jamais dû s’éloigner, celle du plein emploi et du progrès social ». Avant même le Brexit et les déboires nombreux qui en résultent, il prône l’unité du commandement politique. Il rappelle qu’« on oublie trop souvent la présence dans la Constitution française d’un instrument adapté aux situations d’urgence [...]. C’est l’article 16 ». Utilisé une seule fois en 1961 au moment du putsch des généraux d’Alger, cet article, par essence schmittien, accorde au président de la République des pouvoirs exceptionnels pour une durée indéterminée. Dans ce contexte particulier, Jacques Sapir propose que « dans le cadre de l’article 16, le gouvernement peut requérir de la Banque de France qu’elle opère des avances de trésorerie libellées en euros pour couvrir une partie de la dette publique qui serait ainsi rachetée par échange de bons du Trésor ». Il faudrait cependant que le chef de l’État qui l’appliquerait, possède un solide caractère. Or le caractère est une denrée rare dans les classes politiciennes britannique et française.

Incapable de s’affranchir des schémas institutionnels inadaptés aux circonstances dues au Brexit, le Royaume-Uni s’érige en parfait contre-exemple en matière de départ de l’engrenage eurocratique. Pour paraphraser un célèbre bolchevik, s’extraire de cette fausse Union n’est pas un dîner de gala, mais plutôt une opération chirurgicale de guerre, d’où le recours salutaire à l’article 16.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 62, mise en ligne le 22 février 2023 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 17 février 2023

Bennett: Quand les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont fait sauter l'accord Moscou-Kiev

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Bennett: Quand les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont fait sauter l'accord Moscou-Kiev

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/bennet-quando-usa...

Aux premiers jours de la guerre, les États-Unis et leurs alliés ont "bloqué" la médiation entre la Russie et l'Ukraine que menait Naftali Bennett et qui portait ses fruits. Cela a été révélé par l'ancien premier ministre israélien lui-même dans une interview sur YouTube.

Peu de gens se souviendront, mais il faut le rappeler pour l'histoire, que le 4 mars 2022, au début de la guerre, Bennett s'était rendu en Russie pour rencontrer Vladimir Poutine, une visite destinée à trouver une solution au conflit. Un voyage encouragé par Poutine lui-même, comme il le révèle dans l'interview.

La médiation de Bennett

La médiation avait trouvé un terrain favorable, se souvient Bennett, car les parties avaient accepté de larges compromis. Poutine avait accepté d'abandonner l'idée de "dénazifier" l'Ukraine, c'est-à-dire d'éliminer les dirigeants au pouvoir et Zelensky lui-même, et de désarmer l'armée de Kiev. Et il a promis que l'invasion s'arrêterait si l'autre partie abandonnait sa demande d'adhésion à l'OTAN, une demande qui, comme le rappelle Bennett, a déclenché l'invasion.

Bennett se rappelle comment Zelensky avait accepté la main tendue de Poutine en acceptant de retirer cette demande. Ce n'est pas tout, l'ancien premier ministre israélien explique qu'il avait également trouvé un moyen de résoudre le problème des garanties qui inquiétait tant Kiev: les Ukrainiens avaient peur d'un accord qui ne leur garantirait pas d'éviter une future invasion.

Zelensky, en particulier, voulait des garanties américaines, mais Bennett lui avait répondu: "Vous cherchez des garanties de l'Amérique après son retrait d'Afghanistan?". Il lui avait alors proposé ce qu'il appelait le modèle israélien: Israël, avait-il expliqué, sait qu'il ne recevra aucune aide en cas d'invasion, il a donc créé une armée capable de dissuader ses ennemis. Une hypothèse que l'Ukraine avait reprise à son compte.

Bien sûr, dans le réarmement, il y a le nœud des missiles à longue portée, a poursuivi Bennett, que la Russie redoute évidemment. Mais sur ce point, l'ancien Premier ministre israélien fait une remarque importante, expliquant qu'il a dit aux Ukrainiens "vous n'avez pas besoin de missiles d'assaut"... bref, il suffisait que le réarmement de Kiev ne comprenne pas de missiles à longue portée (d'ailleurs, ce sont ceux que l'OTAN veut envoyer maintenant).

Au passage, Bennett explique que Zelensky et Poutine avaient tous deux été "pragmatiques", ajoutant que le tsar russe n'avait rien de "messianique" (ce messianisme a été répété de diverses manières par le récit officiel; ce récit a rendu encore plus difficile la poursuite des voies diplomatiques, car il n'est pas possible de négocier avec un exalté).

La médiation israélienne devait évidemment être soutenue par l'Occident, aussi Bennett rappelle-t-il qu'il a amené les dirigeants occidentaux dans les pourparlers en cours, certains en les rencontrant, d'autres en les contactant. Et il se souvient que la France et l'Allemagne se sont montrées "pragmatiques", tandis que la ligne de Boris Johnson était plus "agressive". Les États-Unis, pour leur part, étaient à cheval sur les deux positions.

Mais en fin de compte, rappelle Bennett, la ligne dure a prévalu à l'Ouest. En d'autres termes, il a été décidé de "continuer à frapper Poutine et de ne pas [négocier]". Une telle décision, selon Bennett, était "légitime", mais il est évident qu'il ne pouvait pas dire le contraire, car il s'agit déjà de révélations bien trop lourdes, qui font peser sur les Etats-Unis et la Grande-Bretagne des responsabilités énormes. Inutile d'ajouter du ballast supplémentaire à la charge, déjà très lourde.

Les propos de Bennett, une source autorisée et non partisane, indiquent clairement que la guerre aurait pu se terminer immédiatement, avec un bilan d'un millier de morts, peut-être moins, et avec l'Ukraine en possession d'une partie des territoires aujourd'hui occupés par les Russes, dont une partie, sinon la totalité (et d'autres encore) restera probablement sous le contrôle absolu de Moscou. Des millions de personnes déplacées, des centaines de milliers de morts, un pays totalement dévasté... tout cela pour "punir" Poutine... pour "affaiblir" la Russie.

Rappelons comment, malgré l'échec de la médiation de Bennett, les négociations entre la Russie et Kiev se sont poursuivies, malgré mille difficultés, piétinant après le voyage fatidique de Boris Johnson à Kiev, lorsque le premier ministre britannique a déclaré à Zelensky que l'Occident ne tolèrerait pas un accord avec Moscou. Ce sont des choses que nous avons abondamment écrites sur notre site, inutile de le répéter.

La mention par Bennett des événements de Bucha est également intéressante, lorsqu'il explique qu'avec l'émergence de cet événement dans le fil des actualités, il a réalisé qu'il n'y avait plus aucune chance de paix. Nous avons également écrit à ce sujet, expliquant comment les prétendues horreurs de Bucha étaient une imposture habilement créée pour rendre les négociations impossibles.

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Changement de régime dans la défense ukrainienne

Pendant ce temps, de Kiev vient l'annonce du limogeage du puissant ministre de la défense. Sa place sera reprise par Kyrylo Budanov, que nous avons mentionné sur Piccolenote parce qu'il avait récemment donné une interview au Wall Street Journal dans laquelle il racontait le meurtre de sang-froid de Denis Keerev par le SBU.

Keerev participait à des négociations avec la Russie au moment de son meurtre, qui a été officiellement présenté comme non intentionnel (il aurait été tué parce qu'il résistait à son arrestation) et a été présenté comme un espion russe. Dans l'interview accordée au WSJ, Budanov affirme au contraire que Keerev a été tué délibérément, ajoutant qu'il n'était pas du tout un espion, mais en fait un patriote. Et, pour confirmer son affirmation, Budanov rappelle qu'il a eu des funérailles d'État.

Le fait qu'avant d'être nommé à un poste aussi sensible, Budanov ait donné une interview au WSJ dans laquelle il critiquait ouvertement la sécurité ukrainienne est très intéressant.

Il est certainement nécessaire de s'attaquer aux mécanismes de l'armée ukrainienne, que Zelensky envoie à l'abattoir, comme le démontre de manière plastique l'ordre de garder Bakhmut à tout prix alors que ce périmètre est désormais indéfendable (à tel point que même les Américains lui avaient demandé de retirer ses troupes).

Il convient de noter que cette nouvelle intervient après la tempête soulevée par le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung, qui a fait état d'une proposition de paix reçue à Moscou de la part des États-Unis et qui avait pour point central la visite à Kiev du chef de la CIA William Burns. Les États-Unis auraient offert 20 % de l'Ukraine en échange d'un accord. La nouvelle a été démentie par toutes les parties concernées, mais elle comporte un noyau évident de vérité, comme le montre la visite de Burns. Washington et Moscou ont commencé à discuter (1).

Mais il est prématuré de faire des prédictions. En attendant de mieux comprendre si et comment quelque chose va changer sur le plan militaire, nous nous contentons de rapporter un tweet de M. K. Bhadrakumar (analyste pointu chez Indian Punchline), qui a éveillé notre curiosité.

"Nouvelles explosives de Kiev ! Le ministre de la défense Reznikov (ancien officier de l'armée de l'air soviétique) a été remplacé par l'étoile montante Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire (et chouchou des Américains) ; cela permet au Pentagone de jouer un rôle direct dans la gestion de la guerre. Où finira Zelensky?"

Voulez-vous voir qu'ils ont invité Zelensky à Sanremo en pensant accueillir une star sans se rendre compte qu'il s'agissait d'une étoile filante ? Dans l'incertitude, il valait peut-être mieux passer outre (principalement pour d'autres raisons plus importantes).

D'autre part, la sphère de la politique étrangère italienne (qui a certainement été sondée sur l'invitation), ainsi que la sphère intérieure, manquent de lucidité depuis un certain temps. Peut-être viennent-ils seulement de s'en rendre compte, ou peut-être le type a-t-il des ennuis, car le lendemain de l'annonce de la nouvelle ci-dessus, on a appris qu'au lieu d'apparaître, comme il a l'habitude de le faire en tant que Madonna, Zelensky enverra un message, à la manière de Medjugorje.

* * *

(1) Sur ce point, voir aussi l'interview de l'analyste Ted Snider sur YouTube : "Biden sait tout, Austin sait tout, même Sullivan sait. Ils savent tous que c'est fini, alors ils cherchent un moyen de regarder le peuple américain dans les yeux et de dire "nous avons fait de notre mieux" pour aider l'Ukraine, mais ça ne s'est pas bien passé. Peut-être trop optimiste, Snider, mais ses déclarations méritent d'être rapportées.

Ukraine : la guerre britannique. Sunak sur les traces de Blair

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Ukraine : la guerre britannique. Sunak sur les traces de Blair

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/ucraina-la-guerra-inglese-sunak-sulle-orme-di-blair

Les tambours de guerre résonnent bruyamment. Peu importe que ce soit la troisième guerre mondiale. Londres donne le feu vert à la nouvelle poussée vers l'Armageddon, lors d'une visite improvisée à la hâte pour relancer Zelensky après que son commissariat lui ait été octroyé par la faction royaliste de l'administration américaine (la référence est à la défenestration du ministre ukrainien de la défense, sur ce point voir Piccolenote).

Immédiatement après le triomphe à Londres, l'hommage exceptionnel du Parlement européen, au cours duquel Zelensky a répété son mantra belliciste selon lequel les armes servent à faire la paix, un mantra partagé par ses sponsors.

Zelensky à Bruxelles

Suite aux deux visites à Londres et à Bruxelles, la percée a eu lieu: on s'est mis d'accord sur l'envoi d'avions de chasse, jusqu'ici refusé. Une folie annoncée par la Grande-Bretagne et relancée avec enthousiasme par la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, qui ne comprend peut-être pas tout à fait que les complexités de sa Malte sont microscopiques par rapport aux complexités du vaste monde.

D'un autre côté, la relance par la dame maltaise était d'emblée évidente, vu les relations historiques entre l'ancien Empire britannique et la petite île méditerranéenne. Reste à savoir si, lors du face-à-face confidentiel entre Macron, Scholz et Zelensky, les dirigeants de la France et de l'Allemagne parviendront à calmer le président ukrainien déchaîné, qui, à Bruxelles, a été on ne peut plus clair en déclarant "Luttons ensemble contre Moscou"... Il annonçait la troisième guerre mondiale, en fait.

La tâche s'annonce difficile pour les deux dirigeants européens, tant en raison de leur stature peu reluisante qu'en raison de l'ovation émotionnelle que les députés européens ont réservée à l'ancien comédien ukrainien. C'est dire si les deux veulent vraiment éviter une escalade avec Moscou, comme ils l'ont dit jusqu'à présent, avec des conséquences également sur la fourniture d'armes à Kiev, envoyée avec une certaine réticence et une mesure relative.

Toutefois, il faut le dire pour l'histoire, c'est la Grande-Bretagne qui a mis le feu aux poudres, répétant ainsi la dynamique tragique de l'intervention en Irak, avec Blair qui, en accord avec les néocons américains, a poussé l'imbécile George W. Bush à déclencher la guerre contre Bagdad. Une copie qui va se répéter avec la présidence de Biden, faible et réticente.

Une réticence manifestée à plusieurs reprises, mais qui pourrait ne pas suffire à éviter le désastre, qui plus est mené non pas contre la faible tyrannie irakienne, mais contre la nation russe, bien plus puissante, dont l'arsenal comprend des milliers d'ogives atomiques.

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Musk désarme Space X

Pour montrer qu'au cœur de l'Empire quelqu'un réfléchit encore, le tweet d'Elon Musk qui, le jour même où le Secrétaire général de l'ONU s'alarmait des risques d'une troisième guerre mondiale, répondait à un utilisateur s'interrogeant sur la possibilité d'une guerre mondiale : "La plupart des gens ne sont pas conscients du danger".

Cela avait une implication concrète. L'annonce faite hier par Gwynne Shotwell, présidente de Space X, la création de Musk, sur le désarmement de leurs satellites en orbite au-dessus de l'Ukraine. En effet, après avoir dénoncé le fait que l'Ukraine avait "armé" l'infrastructure spatiale pour mieux guider ses drones, elle a déclaré que cela ne se produira plus, l'entreprise ayant pris les contre-mesures appropriées.

Nous verrons s'il parviendra à tenir la ligne, mais l'importance de l'annonce demeure, qui ne peut certainement pas être l'œuvre du seul milliardaire, qui, bien qu'excentrique, n'irait pas à l'encontre du monde à la manière de Don Quichotte. En effet, il aura probablement le soutien de forces présentes dans l'appareil politique américain, qui ne sont pas toutes enthousiastes à l'idée de déclencher l'Armageddon.

Sunak comme Blair

Dans une autre note, nous avions fait état du briefing confidentiel de la commission du renseignement militaire de la Chambre des représentants américaine, au cours duquel de hauts responsables du Pentagone avaient exprimé leur scepticisme quant au potentiel réel de l'Ukraine.

De toute évidence, ils ont dit beaucoup plus que cela si, à la fin du briefing, le sénateur républicain Mike Rogers a déclaré dans une interview que la guerre "doit se terminer cet été", ajoutant que l'OTAN doit exercer "une certaine pression" sur Zelensky pour lui faire comprendre les conditions d'une déclaration de victoire. Une telle pression contribuera à amener Zelensky et Poutine à la table des négociations, a-t-il conclu.

Ainsi, l'affrontement ouvert en Ukraine est parallèle à celui, plus secret, qui lacère tous les pays de l'Ouest, au-delà de l'unité de façade. Le seul pays qui semble immunisé contre cette contradiction interne et uni pour nourrir les visions folles de Zelensky est la Grande-Bretagne. Si bien que la guerre d'Ukraine est avant tout britannique, avec l'évanescent premier ministre Rishi Sunak qui suit ainsi les traces infâmes du sulfureux Tony Blair.

En parlant de cette ignoble aventure de guerre, il faut rappeler que le 5 février est l'anniversaire de la présentation à l'ONU de la fameuse fiole d'anthrax par Colin Powell. Personne n'a payé pour ce mensonge qui a entraîné l'Occident dans la guerre. Les mêmes protagonistes de l'époque entraînent le monde dans la folie d'un conflit mondial.

* * *

Ps. Sur le net encore une autre vidéo de prisonniers russes assassinés de sang froid. L'Occident n'a jamais demandé à Kiev la raison de ces horreurs, il jouit donc d'une impunité absolue et l'utilise avec facilité. Bien sûr, une telle férocité n'est que la pointe de l'iceberg de ce qui se passe, puisque seuls quelques incidents isolés ayant échappé à la dissimulation et à la censure peuvent être documentés. Cela horrifie et alarme.

 

mercredi, 11 janvier 2023

John Charmley et l’effarant bilan de Winston Churchill

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John Charmley et l’effarant bilan de Winston Churchill

Nicolas Bonnal

Brute impériale, raciste humaniste, boutefeu impertinent, affameur et bombardier de civils, phraseur creux et politicien incapable en temps de paix, américanophile pathétique, Winston Churchill est naturellement le modèle de cette époque eschatologique et de ses néocons russophobes (Churchill recommanda l’usage de la bombe atomique contre les Russes à Truman). On laisse de côté cette fois Ralph Raico et on évoque cette fois le brillant historien John Charmley qui l’analysa d’un point de vue British traditionnel: Churchill anéantit l’empire, choisit le pire et la guerre, varia d’Hitler (le moustachu puis Staline) et humilia l’Angleterre transformée en brillant troisième des USA. Autant dire que Charmley n’est pas bien vu en bas lieu. Il écrit en effet que l’Angleterre ruina deux fois l’Europe pour abattre une Allemagne qui finit par la dominer économiquement ! Niall Ferguson a reconnu aussi les responsabilités britanniques dans la Première Guerre mondiale.

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Coup de chance pour nous, un autre livre de Charmley a été traduit par Philippe Grasset pour les éditions Mols il y a quelques années. Dans Grande alliance, Charmley notre historien montre le progressif abaissement matériel et moral de l’Angleterre – menée au suicide de civilisation par le boutefeu préféré de notre presse au rabais. Et cela donne:

« Les Britanniques voulaient-ils un geste montrant qu’on se préoccupait d’eux? Roosevelt leur livrait cinquante vieux destroyers, pour lesquels les Britanniques payeraient avec la cession de leurs bases des Caraïbes. Churchill pouvait voir ce qui lui plaisait dans ce geste mais l’échange fut décrit de façon plus précise par le secrétaire au Foreign Office, Anthony Eden, comme « un sérieux coup porté à notre autorité et, finalement... à notre souveraineté ». Le fait qu’en janvier 1941, l’Angleterre n’avait reçu que deux des fameux cinquante destroyers faisait, pensait-il, qu’« on pouvait raisonnablement regarder ce marché comme un marché de dupes ».

Très vite, pendant la Guerre, on sent que l’empire britannique va, grâce à Churchill, changer de mains :

« Un commentateur dit justement qu’ « aucun officiel américain n’aurait jamais proclamé grossièrement que l’un des buts essentiels de notre politique extérieure serait l’acquisition de l’empire britannique »; mais Cordell Hull déclara tout de même qu’il utiliserait « l’aide américaine comme un canif pour ouvrir cette huître obstinément fermé, l’Empire ». 

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Parfois le gros homme devenait lucide :

« La version finale de la requête britannique, transmise le 7 décembre 1940, mettait en évidence le sérieux de la situation économique du pays. Le ton de la lettre de Churchill était grave et d’une prescience inattendue. Il dit à Roosevelt qu’il croyait que son interlocuteur « accepterait l’idée qu’il serait faux dans les principes et mutuellement désavantageux dans les effets si, au plus haut de cette bataille, la Grande Bretagne devait être privée de toutes ses possessions dans une mesure où, après avoir vaincu grâce à notre sang... nous nous retrouverions dépouillés jusqu’aux os ». C’était une affirmation superbe et émouvante mais elle ne détourna en rien les Américains dans leur détermination d’utiliser la situation dramatique de l’Angleterre pour obtenir des concessions qui garantiraient qu’elle ne se trouverait pas sur la voie de la paix qu’ils voulaient. »

Les Britanniques devaient livrer leur or eux-mêmes :

« Le 23 décembre, FDR dit à l’amiral Stark, le chef de la Navy, qu’il voulait un navire de guerre « pour récupérer les [réserves] d’or [britanniques] en Afrique »; non seulement Roosevelt entendait se payer sur les vastes avoirs britanniques d’outre-mer mais il entendait également que les Britanniques assurent le paiement du transport… La première réaction de Churchill fut de dire à FDR que ce marché lui rappelait « un sheriff qui saisit les derniers biens du débiteur sans protection »

En vain Lord Beaverbrook se réveille et houspille :

« Dans une lettre furieuse à Churchill, à la fin décembre, il accusa les Américains de « n’avoir rien concédé » et d’avoir « obtenu un gain maximum de tout ce qu’ils ont fait pour nous. Ils ont pris nos bases sans autres considérations. Ils prennent notre or ». Les livraisons américaines étaient rares, contrairement aux promesses faites.

Charmley en conclut logiquement une chose :

« Rien ne dit que FDR ait jamais considéré l’Angleterre comme son principal allié…façon dont Churchill traça le portrait de FDR : si la réalité de l’accord sur les destroyers et sur le lend-lease avait été révélée et la réalité des ambitions de FDR pour l’Amérique mise en lumière, Churchill aurait passé pour une dupe de plus du Président. »

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Pour une fois Lord Cherwell (photo), réfugié juif allemand (Lindemann) chargé des bombardements de la population civile allemande (un million de morts sous les bombes contre 17.000 à l’Angleterre), a raison :

« Comme son conseiller scientifique nouvellement ennobli Lord Cherwell le dit à Churchill, « les fruits de la victoire que Roosevelt nous prépare semble se résumer à la sauvegarde de l’Amérique et la famine virtuelle pour nous ». Ce n’était pas « une nouvelle très enthousiasmante à annoncer au peuple anglais ». Bien que le Chancelier jugeât les prévisions de Cherwell pessimistes, le fait est que, dans l’après-guerre, l’Angleterre allait être confrontée à un choix que ses hommes politiques jugeraient insupportable. »

On fait le maigre bilan de cette guerre que ne voulait pas Hitler (lisez Liddell Hart ou Preparata pour savoir pourquoi) :

« Alors, qu’avait donc obtenu l’Angleterre ? Elle avait acquis l’admiration de larges tranches du public américain et avait gagné leur respect. Elle s’était battue pour son indépendance mais elle avait été capable de le faire seulement avec l’aide américaine et, en fait, comme un satellite de l’Amérique. Son avenir était endetté, son économie pressée jusqu’à un point de rupture, ses villes bombardées et sa population soumise à un rationnement radical. Ce superbe et héroïque effort ne fut nullement récompensé pendant dix-huit mois. »

Le bellicisme churchillien s’accompagne d’une grosse paresse des soldats (lisez mon maître Masson, qui en parlait très bien) :

« Le féroce assaut japonais et la résistance indolente des Britanniques à Singapour montrèrent que la puissance impériale était au-delà de ses capacités ; le spectacle des 100.000 soldats se rendant à une puissance asiatique à la chute de Singapour était une de ces images à laquelle le prestige impérial ne pourrait pas survivre. »

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Churchill a multiplié les mauvais conseils et les mauvaises décisions, rappelle Charmley :

« C’est Churchill qui mit son veto à l’idée de garantir à Staline ses frontières de 1941; c’est Churchill qui refusa de reconnaître l’organisation gaulliste comme gouvernement provisoire de la France; c’est Churchill qui, par-dessus tout, montra un jugement si mauvais qu’il rejeta à la fin de 1944 l’idée d’une alliance européenne occidentale avec le commentaire méprisant qu’on n’y trouverait rien « sinon de la faiblesse ». Dans l’attitude de Churchill, on trouve le thème obsédant de l’Amérique. »

Nous évoquions Preparata qui s’inspira pour sa vision de Veblen. Litvinov (découvrez aussi Nicolas Starikov) confirme alors que le but de guerre était d’abord la destruction mutuelle de l’Allemagne et de la Russie :

« Maxim Litvinov, qui était marié à une Britannique et qui n’était en aucune façon anglophobe, avait dit à Davies que les Britanniques « repoussaient l’idée d’un second front de façon à ce que la Russie “soit vidée de son sang en affrontant seule les Allemands”. Après la guerre, le Royaume-Uni pourrait ainsi “contrôler et dominer l’Europe” ».

On y arriva mais bien après, avec les Américains…la destruction de l’Europe est encore au programme sous domination anglo-saxonne (on ignorera la France renégate).

A l’époque, rappelle Charmley, l’opinion publique n’est pas trop hostile à l’U.R.S.S. Elle voit d’un mauvais œil le maintien des empires coloniaux (nous aussi, il fallait les liquider en 45):

« L’opinion publique américaine n’était pas prête à lier son avenir à une alliance exclusivement anglo-américaine. Elle tendait plutôt à partager l’opinion de Josephus Daniels, du Raleigh News & Observer, selon lequel il importait d’inclure dans l’alliance générale « la Russie et la Chine » parce que « les espoirs d’une paix permanente basés sur une alliances serrée entre grandes puissances suscite la frustration en inspirant la peur et la jalousie dans les zones hors de celle que couvre l’alliance » ; la sécurité doit être « collective » pour être effective. »

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Après, cerise sur le bonbon. John Charmley se défoule :

« Derrière la politique américaine de Churchill, on trouve la proposition que le crédit moral de l’action du Royaume-Uni en 1940-41 pouvait être converti en influence sur la politique américaine. Comme nombre d’américanophiles, Churchill imaginait que l’Amérique survenant sur la scène mondiale aurait besoin d’un guide sage et avisé, et il se voyait fort bien lui-même, avec le Royaume-Uni, dans ce rôle. Cela paraît aujourd’hui une curieuse fantaisie mais c’est bien le principe qui guida la diplomatie britannique à l’égard de l’Amérique pendant la période que nous étudions dans ces pages. »

La naïveté britannique a une pointe d’arrogance :

« En tentant d’exposer « l’essence d’une politique américaine » en 1944, un diplomate définit parfaitement cette attitude. La politique traditionnelle du Royaume-Uni de chercher à empêcher qu’une puissance exerça une position dominante était écartée : « Notre but ne doit pas être de chercher à équilibrer notre puissance contre celle des États- Unis, mais d’utiliser la puissance américaine pour des objectifs que nous considérons comme bénéfiques ». La politique britannique devrait être désormais considérée comme un moyen d’ « orienter cette énorme péniche maladroite [les USA] vers le port qui convient ». 

Charmley ironise alors (que peut-on faire d’autre ?) :

« L’idée d’utiliser « la puissance américaine pour protéger le Commonwealth et l’Empire » avait beaucoup de charme en soi, en fonction de ce que l’on sait des attitudes de Roosevelt concernant l’Europe. Elle était également un parfait exemple de la façon dont les Britanniques parvenaient à se tromper eux-mêmes à propos de l’Amérique. On la retrouve avec la fameuse remarque de MacMillan, en 1943, selon laquelle les Britanniques devraient se considérer eux-mêmes comme « les Grecs de ce nouvel Empire romain ». »

Un peu d’antiquité alors ? Charmley :

« L’image de la subtile intelligence des Britanniques guidant l’Amérique avec sa formidable musculature et son cerveau de gringalet était flatteuse pour l’élite dirigeante britannique ; après l’horrible gâchis qu’elle avait réalisé à tenter de préserver son propre imperium, elle avait l’arrogance de croire qu’elle pourrait s’occuper de celui de l’Amérique. Même un Béotien aurait pu se rappeler que, dans l’empire romain, les Grecs étaient des esclaves. »

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La banqueroute britannique se rapproche (l’Angleterre est broke) :

« Les besoins britanniques pour l’après-guerre étaient aussi simples à définir qu’ils étaient difficiles à obtenir: une balance commerciale favorable et une balance des paiements excédentaire.

L’absence de ces deux facteurs signifiait la banqueroute et la fin du Royaume-Uni comme grande puissance.

Keynes en est conscient :

« Comme observait Keynes dans une lettre à Stettinius en 1944, ce dernier « avait non seulement omis de noter que l’administration US prenait toutes les mesures pour que le Royaume-Uni soit le plus près possible de la banqueroute avant qu’une aide lui soit apportée »…

C’était le prix de l’alliance américaine… »

J.J. Annaud me disait un jour que même affaiblie la critique de cinéma gardait son pouvoir de nuisance. De même pour l’Angleterre, qui toute à son obsession de diriger le monde avec son compère américain casse l’union sacrée antifasciste de l’après-guerre. On va citer le vice-président Wallace, humaniste progressiste et homme éminent, cité du reste par Bernanos dans sa France contre les robots :

« Pour autant, on ne dira pas que les Américains « tombaient » d’une certaine façon dans ce que Wallace dénonçait comme « les intrigues » britanniques ; ce serait plutôt à ce point que la nature pyrrhique des relations spéciales anglo-américaines deviendrait évidente. Pragmatique jusqu’au tréfonds de l’âme, la diplomatie britannique avait comme objectif de convaincre les Américains que ses batailles dans la Méditerranée orientale et la zone autour des Détroits s’appuyait sur la cause de la démocratie. »

Puis l’Amérique prend la rage antirusse (lisez Raico pour comprendre comment il fallut se faire réélire !) :

« En cherchant à susciter le soutien américain, les Britanniques fabriquaient leur propre Frankenstein. Une fois que les Américains furent convaincus que les Soviétiques ne coopéreraient pas dans leur proposition de nouvel ordre mondial, la voie était ouverte pour un conflit idéologique qui écarterait les objectifs des Britanniques et les enchaînerait dans un conflit manichéen… »

Chose intéressante, Charmley confirme que l’UE est une création 100% américaine destinée à servir les intérêts de l’amère patrie !

« L’aide américaine avait été sollicitée pour préserver la place du Royaume-Uni parmi les grandes puissances mais elle ne fit rien pour préserver l’Empire et, rapidement, les Américains exigèrent impatiemment que les Britanniques prennent la tête d’une fédération européenne. »

Pré carré américain, l’Europe devait être colonisée froidement (il était recommandé au soldat de ne pas sympathiser avec la population – cela n’excluait pas les viols qui inspirèrent le classique Orange mécanique). D’ailleurs la France :

« Les ministres n’étaient guère séduits par les conceptions de FDR selon lesquelles la France devrait être dirigée pendant un an après sa libération par un général allié. »

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Le Plan Marshall ? Parlons du plan Marshall :

« Le Plan Marshall allait se révéler également un puissant instrument pour ce dessein. George Kennan écrit dans ses mémoires : « Nous espérions forcer les Européens à penser en Européens et non en nationalistes » ; évidemment, le « nationalisme » n’était acceptable que lorsqu’il était américain. Le Plan Marshall projeta le système d’organisation industrielle et fédéraliste américain en Europe, son objectif ultime était de créer une Europe convenant aux Américains. »

Un crochet par Eisenhower, personnage plus falot que prévu ici, mais qui va dénoncer comme on sait le lobby militaro-industriel :

« Malgré son engagement dans l’Alliance atlantique, Eisenhower ne pouvait pas ne pas s’inquiéter de l’augmentation des dépenses de défense, de leur poids sur l’économie et sur l’American way of life en cas d’aggravation de la Guerre froide. Comme il le dit en mars 1953 à un vieil ami de Churchill, Bernie Baruch, « accoutumer notre population à vivre indéfiniment sous un tel contrôle [gouvernemental] conduira graduellement à de nouvelles relations entre l’individu et l’Etat – une conception qui changerait d’une façon révolutionnaire le type de gouvernement sous lequel nous vivons ». Le Président était un vrai républicain dans le sens où il pensait que, « en permettant la croissance incontrôlée du gouvernement fédéral, nous nous sommes d’ores et déjà largement éloigné de la philosophie de Jefferson… »

Encore un clou à enfoncer pour la construction européenne :

« Dulles voulait cet élément  supranational qui aurait donné un nouvel élan à l’union européenne, dont les Américains trouvaient les progrès désespérément lents. »

On en restera là. Vous pouvez lire la suite ailleurs… On aura appris grâce à John Charmley que l’histoire moderne en Occident, si elle pleine de bruit et de fureur, est racontée non par un, mais beaucoup d’idiots dont le Nobel modèle reste Churchill. Car les idiots sont aussi dans le public.

Source:

Churchill’s Grand Alliance ou La Passion de Churchill, troisième volet d’une trilogie de l’historien britannique John Charmley, publié en 1995, décrit la fondation (1941) des “relations spéciales” (special relationships) entre les USA et le Royaume-Uni et leur développement jusqu’au tournant décisif de 1956 (crise de Suez).

http://www.editions-mols.eu/publication.php?id_pub=41

Auteur: John Charmley

Format: 155 x 230, 522 pages, ISBN: 2-87402-071-0

Prix: 15 Euros

 

lundi, 09 janvier 2023

Projets et institutions britanniques intervenant dans les affaires d'autres États

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Projets et institutions britanniques intervenant dans les affaires d'autres États

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/proyectos-e-instituciones-britanicas-que-intervienen-en-los-asuntos-de-otros-estados

Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord mérite une attention particulière et des recherches approfondies sur l'organisation et l'exécution d'opérations psychologiques et l'utilisation de technologies de manipulation, car il possède une longue et considérable expérience dans la réalisation de telles actions dans les régions les plus dissemblables du monde.

Cela remonte à l'époque où Londres possédait de nombreuses colonies dans le monde entier et un groupe considérable d'experts en sabotage politique, en diversion, en création de réseaux d'agents de renseignement et de spécialistes de la guerre de l'information. Sur la base d'études de cas, ils ont créé une vaste archive de scénarios qui ont finalement été adaptés et élargis pour répondre aux besoins actuels en fonction des nouvelles technologies d'espionnage, de localisation et de communication.

Il convient de mentionner ici que le terme spin, qui signifie dans ce cas "déformation" et se traduit par la déformation des faits, a été utilisé pour expliquer l'activité des politiciens britanniques lorsqu'ils se sont attelés à la tâche de construire de fausses informations pour justifier l'implication de Londres dans l'occupation de l'Irak en 2003.

Dans ce document, nous nous limiterons à quelques organisations et donnerons des exemples de leur fonctionnement au cours des dernières années, ce qui n'est pas compliqué, car les données des sources ouvertes sont si abondantes qu'elles peuvent être compilées dans de volumineuses archives.

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L'un des projets britanniques de manipulation de la conscience humaine, qui compte parmi les plus sinistres, est le "Tavistock Institute". Au départ, il s'agissait d'une clinique où l'on étudiait le syndrome de stress post-traumatique pendant la Première Guerre mondiale, mais à partir de 1922, ils ont commencé à mener des recherches sur la guerre psychologique et au lieu d'aider les soldats blessés, ils ont étudié leurs réactions et enregistré les moments critiques de leur comportement.

Pour cette organisation, un groupe de psychologues prestigieux a travaillé comme ingénieurs sociaux, notamment Freud, Jung, Adler, Melanie Klein, Wilfred Bion, Edward Bernays, Eric Trist, A.C. Rice, Eric Miller, Aldous Huxley et R. D. Laing, parmi beaucoup d'autres.

Les développements de Jung, par exemple, ont été utilisés pour "remythologiser" et "spiritualiser" la société, en utilisant les mêmes d'"espoir" et de "changement" comme une sorte de drogue new age.

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Il convient également de noter qu'en 1945, Kurt Levine (photo) a quitté Tavistock pour rejoindre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) afin de créer un centre de recherche sur la dynamique de groupe. Aux États-Unis aujourd'hui, Levine est considéré comme le fondateur de la "psychologie sociale".

En 1948, ce centre a quitté le MIT pour s'installer à l'Université du Michigan, où il est devenu un Institut de recherche sociale, et a continué à mener des expériences psychosociales et à utiliser la psychologie de masse. À cette époque, la clinique Tavistock d'origine était devenue partie intégrante du Service national de santé britannique.

En 1947, le Tavistock Institute a été enregistré à Londres en tant qu'organisme de bienfaisance et a commencé à développer et à diffuser des modèles interdisciplinaires de relations de groupe et des formations en gestion, administration et politique sociale.

Promouvant la créativité et la politique organisationnelle, Tavistock est resté une organisation de renseignement influente associée au MI6, à la CIA, aux scientifiques allemands du Paperclip, à la Fondation Rockefeller et à d'autres structures similaires.

john-rawlings-rees-4485a7f5-61dd-4fdc-bc2c-5be969891bf-resize-750.jpegLa relation avec les communications interpersonnelles et de groupe est restée son objet d'étude fondamental, comme le fondateur de la clinique Tavistock lui-même, John Rawlings Rees (photo), l'a exprimé en déclarant : "...la vie publique, la politique et l'industrie doivent être au centre de notre sphère d'influence (...) si nous devons infiltrer les activités professionnelles et sociales des autres, je pense que nous devons imiter les totalitaires et organiser une activité de cinquième colonne ! Nous devons faire en sorte que cette idée guide toutes les activités avec l'enseignement dans tous les domaines de la nation (...), pour cela nous avons lancé une attaque pour contrôler un certain nombre de professions. Les deux plus faciles sont, naturellement, la profession d'enseignant et l'Église ; les deux plus difficiles sont la jurisprudence et la médecine...".

Il faut noter que Rees, ainsi qu'un autre employé de la clinique elle-même, Henry Dix, ont rendu visite à Rudolph Hess à plusieurs reprises dans une prison secrète après son débarquement et sa capture en Ecosse.

Un exemple actuel de manipulation et d'utilisation des méthodes d'influence de Tavistock est l'annonce de la cinquième conférence caribéenne sur les relations de groupe, "Organisations, cultures, frontières : explorer un nouveau leadership dans un monde en réseau", prévue pour novembre 2022, qui est annoncée comme "...un espace pour explorer comment nos cultures, nos organisations et les frontières que nous avons créées peuvent être adaptées pour promouvoir le leadership visionnaire essentiel à ces relations en réseau...".

Bien que le site du Tavistock Institute semble un peu différent des autres centres éducatifs occidentaux, il faut garder à l'esprit sa riche expérience passée. Toutes les informations ne sont pas accessibles au public. Il est connu que les méthodes de propagande du féminisme, de l'homosexualité, de la consommation de drogues, etc., ont également été scrupuleusement élaborées par l'institut lui-même et que les organisations de ce type occupent leurs propres niches dans le domaine de la politique, de l'économie et des relations internationales.

La promotion du libéralisme économique, par exemple, a été réalisée par le Centre for Policy Studies, qui est souvent considéré comme un lobby (politique).

Robin_Cook-close_crop.jpgLe Centre de politique étrangère, fondé en 1998 par Robin Cook (photo), alors ministre des Affaires étrangères, se concentre sur les questions de stratification sociale, de sectarisme politique et de contradictions dans diverses sociétés.

À première vue, elle peut sembler s'intéresser à l'identification des problèmes et à leur résolution. Mais en analysant attentivement ses publications, il apparaît que ses analystes recherchent délibérément les vulnérabilités des autres pays afin de les manipuler d'une manière ou d'une autre à leur avantage. Une série importante de rapports et de publications sur le site web du centre sont en langues russe et kirghize.

La Fabian Society est la plus ancienne organisation maçonnique encore active qui se reconnaît comme un groupe de réflexion. Politiquement, les Fabiens appartiennent au spectre de la "gauche". La London School of Economics et le magazine New Statesman sont leurs créations.

Ce magazine est connu pour sa russophobie, comme en témoigne un article paru le 25 juillet 2022, qui affirme que "...la Russie utilise des images émouvantes d'enfants pour légitimer sa guerre contre l'Ukraine et oriente la désinformation vers les enfants eux-mêmes...". Les auteurs collectent soigneusement toutes les données sur les événements qui se déroulent en Russie en rapport avec l'éducation patriotique et construisent des infographies pour justifier en quelque sorte leurs fantasmes.

On sait beaucoup de choses sur l'école d'économie de Londres (notamment le fait qu'elle est la fondatrice de l'université nationale "High School of Economics"), mais il convient d'ajouter qu'elle est également engagée dans la promotion de la sodomie.

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La Henry Jackson Society est une autre entité qui promeut les idées de la démocratie libérale et soutient des institutions telles que l'OTAN. Elle dispose de son propre centre de médias et de son propre département de recherche, qui se consacre à la diffusion de la propagande et à la promotion de textes pseudo-scientifiques fantaisistes.

Dans l'une de ses récentes publications, elle donne toute une explication sur: "...comment la Russie mène une guerre hybride contre la Grande-Bretagne..." et dans une autre de ses sections, on peut trouver une sélection de fake news typiques, la plupart consacrées à la Russie.

Il existe également des projets internationaux mis en place par la Grande-Bretagne, par exemple la Pilgrims Society, organisée en 1902 pour renforcer les liens britannico-américains. Plus récemment, elle comptait parmi ses affidés Margaret Thatcher, Henry Kissinger, Caspar Weinberger, Paul Volcker, George Schultz et d'autres politiciens célèbres des deux pays. Les conspirateurs estiment que c'est ce partenariat qui a jeté les bases de l'État profond aux États-Unis et qui, en outre, a pu transformer l'impérialisme britannique classique en une hégémonie mondiale des entreprises.

Cependant, il n'est pas nécessaire de se livrer à des théories du complot, car ces structures et lobbies sont constamment entendus et exposés par des médias indépendants ou concurrents. Dans les recherches sur le lobbying des entreprises et son implication dans la déformation des faits, on peut trouver de nombreux dossiers sur la façon dont les magnats éliminent toutes sortes d'obstacles sur leur chemin, généralement par des méthodes et des procédures non démocratiques.

On peut également voir comment certains "intouchables" au sein du gouvernement peuvent facilement mettre un terme aux enquêtes policières sur le crime organisé, les liens corrompus avec les francs-maçons, les assassinats politiques et les transactions frauduleuses, ainsi que camoufler les contacts des fonctionnaires avec les entrepreneurs et les groupes criminels.

De même, si nous prenons des individus isolés, nous pouvons constater l'importance, parmi les Britanniques, de l'activité déstabilisatrice de Sir Anthony Moncton, qui a travaillé pour les services de renseignement et le département diplomatique de la Grande-Bretagne, et qui a créé en 2015 le groupe de consultants "ViennEast". 

Il existe peu d'informations à son sujet, comparé à ce que l'on sait de certains politiciens célèbres ou d'autres personnages peu recommandables qui vont d'un scandale à l'autre. Mais c'est lui qui développe la stratégie de décomposition sociale à travers les festivals de musique et la création de repaires sous forme de boîtes de nuit.

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En Serbie, en particulier, pendant son service diplomatique, il a promu le lancement d'un festival annuel de trance et de musique électronique "Exit" à Novi Sad (Voïvodine), qui, plus que la musique, a promu dès le début les idées de "démocratie et de liberté". Maintenant, "Exit" est connu comme un lieu de propagande et de distribution de drogue. La publicité du festival a été activement reprise par les médias britanniques, et après un certain temps, "Exit" a commencé à en organiser dans d'autres pays des Balkans et dans d'autres villes de Serbie. En d'autres termes, le modèle d'exécution a commencé à être reproduit ailleurs, sapant délibérément les valeurs traditionnelles et un mode de vie sain.

Maintenant, Moncton pousse l'agenda géopolitique des atlantistes en Europe continentale. En même temps, il est membre du noyau européen traitant de la communication stratégique, des relations gouvernementales et de la géopolitique.

Si l'on se penche directement sur les projets du gouvernement de Londres liés à la manipulation de l'information, il convient de noter que le gouvernement britannique a récemment investi plus de 82 millions de livres sterling dans des projets médiatiques dans une vingtaine de pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale. Ce financement a été géré par le Fonds intergouvernemental pour les conflits, la stabilité et la sécurité (CSSF), dont l'objectif déclaré est de "...prévenir l'instabilité et les conflits qui menacent les intérêts du Royaume-Uni...".

Parmi ses objectifs figurait la réalisation d'un projet ouvertement anti-russe, le soi-disant "Programme de lutte contre la désinformation et de développement des médias de masse". Ce programme est disposé sur toute la longueur de la frontière occidentale de la Russie, des pays baltes à l'Europe centrale et orientale, bien qu'il ne soit pas mentionné dans ses documents politiques qu'il est dirigé contre un pays spécifique.

Le projet a débuté en 2016 et s'appelait à l'origine "Langue russe". Mais il ressort clairement de ses propres documents que le Royaume-Uni "travaille avec un certain nombre de partenaires pour améliorer la qualité des médias d'État et indépendants en langue russe". Plus tard, d'autres médias dans différentes langues ont été inclus.

Le soutien aux bénéficiaires comprenait un "mentorat avec les médias britanniques", des "conseils en programmation" et une "coproduction financée". Le programme était géré par le ministère britannique des Affaires étrangères, mais ce dernier a refusé de fournir toute information suite aux demandes officielles.

Toutefois, des documents publiés appartenant au ministère britannique des Affaires étrangères signalent l'existence de relations entre plusieurs organisations non gouvernementales et des citoyens russes avec de telles fondations britanniques et indiquent les montants alloués aux différents projets.

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Pour un certain nombre d'entre eux, les exécutants comprennent à la fois des structures britanniques telles que le Royal Institute of United Services et Chattam House, ainsi que d'autres organisations étrangères, comme le European Leadership Network, qui a dirigé le projet sur les relations Russie-OTAN.

Il s'agit d'un projet qui ressemble à un tonneau à double fond, c'est-à-dire qu'il sert d'une part au recrutement d'agents pour mener certaines actions à l'intérieur de la Russie, et d'autre part au recrutement en Russie de professionnels compétents pour le marché du travail britannique, c'est-à-dire à la fuite des cerveaux.

En 2021, une série de documents a été divulguée, montrant l'implication de Reuters et de la BBC dans des programmes secrets du ministère britannique des Affaires étrangères visant à "changer les attitudes" et à "affaiblir l'influence de l'État russe".

Au départ, le Foreign Office et le Foreign & Commonwealth Office (FCO) du Royaume-Uni ont parrainé Reuters et la BBC pour réaliser une série de programmes secrets visant à promouvoir un changement de régime en Russie et à saper le gouvernement constitutionnel.

Les documents divulgués montrent que la Fondation Thomson, Reuters et BBC Media Action se sont engagés dans une guerre de l'information secrète visant à contrer la Russie. Travaillant par le biais d'un département fantôme au sein du FCO britannique, connu sous le nom de Counter Disinformation & Media Development (CDMD). Tous ces médias ont agi en collaboration avec un groupe d'agents de renseignement au sein d'une organisation secrète connue sous le nom de "Consortium".

Par le biais de programmes de formation pour les journalistes russes supervisés par Reuters, le ministère britannique des Affaires étrangères a cherché à provoquer un "changement d'attitude des participants", cherchant à construire une "opinion positive" dans leur "perception du Royaume-Uni".

Les entrepreneurs des services secrets britanniques qui supervisaient l'opération, sous le nom commun de Zinc Network, se sont vantés d'avoir établi un "réseau de youtubers en Russie et en Asie centrale", tout en "s'arrangeant pour que les participants reçoivent des paiements internationaux sans avoir l'air de les recevoir de sources de financement étrangères". Il était également envisagé de créer une capacité à "activer une gamme de matériels" pour soutenir les manifestations antigouvernementales à l'intérieur de la Russie. En d'autres termes, l'objectif était de créer des cellules dormantes à activer en cas de besoin.

Un autre projet-cadre est l'"Initiative pour l'intégrité", qui présente un réseau international de politiciens, de journalistes, de scientifiques, de chercheurs et d'officiers des forces armées qui ont été impliqués dans des campagnes de propagande très suspectes et souvent secrètes financées par le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCO), l'OTAN, Facebook et les structures de sécurité nationale.

L'un des documents le qualifie de "réseau de réseaux" et il est supervisé par un groupe d'experts britanniques associés à une entité initialement largement inconnue, l'Institute for Statecraft, qui est enregistrée en Écosse. Toutefois, le bureau de représentation de l'Institut est situé sur le front de mer dans le quartier de Two Temple Place à Londres.

Il est intéressant de noter que cet endroit, connu sous le nom de "Temple", est rempli de bureaux d'avocats et servait autrefois de refuge aux Templiers. Par ailleurs, juste à côté se trouve le célèbre Institut international d'études stratégiques, et ce n'est pas une simple coïncidence.

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Enfin, une organisation interdite en Russie, "Bellingcat", compte plusieurs spécialistes britanniques dans sa structure. Par exemple, le chercheur principal Nick Waters a travaillé pendant trois ans en tant qu'officier de l'armée britannique, dont un détachement en Afghanistan, où il a contribué à la réalisation des objectifs de l'État britannique dans la région. Peu après avoir quitté le service actif, il a été recruté par Bellingcat pour mener des "enquêtes impartiales au Moyen-Orient".

Les antécédents de l'ancien employé Cameron Colcuhoun, qui a travaillé pendant 10 ans à un poste de direction au GCHQ (la version britannique de l'Agence nationale de sécurité américaine), où il a dirigé des opérations cybernétiques et antiterroristes au Moyen-Orient, sont encore plus suspects. L'Écossais est spécialisé dans la sécurité dans cette région et est également qualifié par le Département d'État américain.

Cependant, rien de tout cela n'a été révélé par Bellingcat, qui s'est contenté de le qualifier de directeur général d'une société de renseignement privée qui "mène des recherches éthiques" pour des clients du monde entier. Il est clair que ce genre d'incohérence prive les lecteurs des informations clés qu'ils doivent connaître, alors qu'ils construisent leurs propres jugements sur les histoires qu'ils ont lues.

Tous ces faits démontrent une fois de plus l'importance d'un contrôle continu et d'une analyse détaillée des structures gouvernementales britanniques, des fondations et des personnes qui y sont associées.

C'est important non seulement pour la Russie, mais aussi pour la région d'Amérique latine, où la Grande-Bretagne a depuis longtemps ses propres intérêts, y compris la subversion, comme le projet de nation Mapuche, qui menace l'intégrité territoriale et la souveraineté du Chili et de l'Argentine.

jeudi, 22 décembre 2022

Sur les traces de Johnson: Sunak met en garde Kiev contre un cessez-le-feu

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Sur les traces de Johnson: Sunak met en garde Kiev contre un cessez-le-feu

Source: https://zuerst.de/2022/12/22/in-johnsons-fussstapfen-sunak-warnt-kiew-vor-waffenstillstand/

Londres/Kiev. La Grande-Bretagne se révèle une fois de plus comme une puissance belliciste inébranlable dans le conflit ukrainien, qui ne veut rien savoir d'une solution négociée. Ce sont surtout les Ukrainiens qui en paient le prix.

Le nouveau Premier ministre britannique Sunak a désormais mis en garde contre des négociations trop rapides en vue d'un cessez-le-feu. Le chef du gouvernement a déclaré que "toute demande unilatérale de cessez-le-feu de la part de la Russie est totalement insignifiante dans le contexte actuel". La Russie se servirait d'une telle situation pour se reformer, a déclaré Sunak lundi lors d'une réunion avec les chefs d'Etat et de gouvernement de la Force expéditionnaire conjointe (JEF) à Riga. Tant que la Russie ne s'est pas retirée, il ne peut et ne doit pas y avoir de véritables négociations. Lors du sommet, Sunak a également appelé à de nouvelles livraisons d'armes à Kiev.

Ces derniers mois, le gouvernement britannique en particulier s'était déjà positionné comme un obstacle solide à toute solution de paix ou de négociation. L'officier de renseignement suisse, conseiller de l'OTAN et auteur de plusieurs livres, Jacques Baud, a rappelé en octobre dans une interview détaillée du portail de médias américain indépendant grayzone.com que l'Ukraine avait été activement empêchée par l'Occident de trouver une solution négociée au moins trois fois depuis le début de la guerre en février, dans deux cas par le gouvernement britannique. En mars, le Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson, s'était rendu spécialement à Kiev pour faire pression sur le président ukrainien Zelensky et empêcher un accord de paix.

Lors d'une autre tentative, le président turc Erdogan a voulu jouer les médiateurs. Après s'être rendu à Kiev de manière "inattendue", Johnson a déclaré clairement lors d'une conférence de presse à Kiev: "Pas de négociations avec les Russes. Nous devons nous battre. Il n'y a pas de place pour des négociations avec les Russes". (mü)

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vendredi, 02 décembre 2022

Londres s'engage dans une confrontation avec la Chine : "Un défi systémique"

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Londres s'engage dans une confrontation avec la Chine : "Un défi systémique"

Source: https://zuerst.de/2022/12/01/london-geht-auf-konfrontationskurs-zu-china-eine-systemische-herausforderung/

Londres. Le nouveau Premier ministre britannique Sunak a dressé un premier bilan de sa politique étrangère et s'en est pris à la Chine. Dans un discours prononcé lundi lors d'un banquet organisé par le maire de Londres, M. Sunak a annoncé la fin de "l'âge d'or" des relations avec la Chine. Il a déclaré que la "notion naïve" selon laquelle plus de commerce avec l'Occident conduirait à des réformes sociales et politiques en Chine avait été abandonnée.

Sunak a été encore plus fondamental : "Nous sommes conscients que la Chine représente un défi systémique pour nos valeurs et nos intérêts, un défi qui devient de plus en plus aigu à mesure qu'elle s'oriente vers un autoritarisme encore plus fort", a déclaré Sunak.

Les relations du Royaume-Uni avec la Chine s'étaient nettement améliorées sous le mandat de David Cameron. Cameron a inventé le terme "âge d'or" et a encouragé le commerce et les investissements bilatéraux.

Toutefois, Londres s'est engagée depuis longtemps dans la voie de la confrontation avec l'Empire du Milieu, dans le sillage des États-Unis. Ce n'est qu'en septembre 2021 que le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Australie ont formé l'alliance militaire AUKUS, dont l'objectif est de contenir la Chine dans la région Pacifique. Le refroidissement des relations avec la Chine qui vient d'être annoncé aurait donc eu lieu - selon des sources britanniques officielles - même si Liz Truss était restée Premier ministre. Sunak, quant à lui, avait déjà défendu la position selon laquelle la Chine était "la plus grande menace à long terme pour la Grande-Bretagne et la sécurité économique et nationale du monde" lors de la course interne contre Truss, qu'il avait d'abord perdue. (mü)

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lundi, 14 novembre 2022

Grande-Bretagne : le déclin d'un ancien empire

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Grande-Bretagne: le déclin d'un ancien empire

par Fabrizio Pezzani

Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/gran-bretagna-il-declino-di-un-ex-impero

L'histoire de l'ascension et du déclin de la Grande-Bretagne est un véritable manuel pour examiner le parcours des civilisations et des sociétés qui s'élèvent, atteignent leur apogée, puis commencent lentement à s'effondrer. L'essor et la chute des sociétés dépendent de la composante "valeur" des classes dirigeantes et de leur capacité créative.

Au début du XVIe siècle, l'Angleterre était considérée comme un État arriéré et sous-développé, peu peuplé, mais la révolution des moyens de navigation et l'ouverture des routes commerciales maritimes ont offert un tremplin à son affirmation mondiale croissante ; progressivement, les navires de l'Atlantique, les galions, ont supplanté les galères qui ont eu leur dernière occasion de remporter une victoire en 1571 à Lépante. Remplacer l'énergie humaine des galères par l'énergie éolienne et chimico-physique des galions à voile a été une révolution dans le monde maritime. Sur les galions, il était alors possible de placer des canons sur le pont et sous le pont, rendant les armées maritimes presque invincibles.

La conquête de la mer et des océans a permis de passer du commerce méditerranéen au commerce atlantique avec un développement sans précédent des échanges de biens et de matières premières. Jusqu'au début du XVIIIe siècle, l'occupation par les Britanniques et les Européens en général se limitait aux bandes côtières et aux bases navales, mais l'occupation de l'arrière-pays a été l'un des sous-produits de la révolution industrielle qui a contribué à ouvrir la voie à la révolution industrielle elle-même. Dans l'histoire de l'humanité, les interdépendances entre les différents facteurs d'évolution n'opèrent pas toujours aussi clairement.

Ce n'est pas un hasard si la révolution industrielle s'est développée en Angleterre, qui, grâce à sa puissance maritime, avait créé un lien avec les colonies qui fournissaient les matières premières, consommaient les nouveaux produits et offraient des opportunités de richesse et de nouveaux marchés en permanence. La puissance économique et militaire a permis à l'Angleterre de créer un empire colonial inégalé pendant sa période de domination. La révolution industrielle a démoli l'ancien monde sous tous ses aspects, productif, social - le capitalisme se heurte au marxisme -, démographique, politique et financier, et a changé le mode de vie dans les villes au détriment des zones rurales.

Parallèlement à ce développement global, nous avons une évolution de la culture, de la technologie, de la scientificité qui trouve dans les universités un centre de croissance inégalé dans toutes les matières. Les universités deviennent des centres d'excellence et préparent la classe dirigeante de l'empire, la rendant capable d'affronter les défis posés par le nouveau contexte mondial avec créativité et savoir.

Londres devint ainsi un centre nodal financier et d'assurance pour le monde entier, les nouveaux banquiers et assureurs sont formés pour la croissance de l'empire ; la classe dirigeante est de haut niveau et supérieure à celle des autres États concurrents et contribue à renforcer l'empire qui, jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale, fait de l'Angleterre l'empire dominant dans le monde qui, ensuite, entame lentement son déclin.

Dans la période de sa plus grande splendeur, les conditions du déclin commencent, en effet l'autoréférence augmente et le manque d'autocritique commence à réduire l'esprit créatif capable de réponse au monde changeant.  À partir des années 1930, le déclin devient de plus en plus évident en raison d'une diminution de la capacité de l'élite dirigeante à faire face aux nouveaux défis avec créativité, restant plus encline à ossifier les gloires du passé récent. Illusionnée par le pouvoir acquis dans les années 1920, elle décide, comme un acte de force, d'imposer la convertibilité de la livre en or ; ce choix, critiqué par Keynes, est un désastre lié à l'incapacité de la classe dirigeante à comprendre les changements qui s'opèrent dans le monde et à adopter un comportement novateur. L'effondrement de l'initiative a affecté les colonies, créant de leur part les premiers signes d'une dissidence indépendantiste qui allait s'amplifier au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Résultat de la même autoréférentialité: le bras de fer perdu sur la conservation du canal de Suez en 1956, finalement gagné par l'Égypte de Nasser.

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La révolution financière avec la fin de l'étalon de change or a frappé la finance britannique en la contraignant à accepter l'aide du FMI, c'était le signe d'une rupture avec le passé et le véritable début du déclin ; l'ascension de Margaret Thatcher et l'erreur qui fut de suivre le néo-libéralisme financier dicté par les Etats-Unis ont conduit à l'effondrement culturel avant même l'effondrement économique. Le fait d'avoir épousé sans critique le néolibéralisme financier a détruit la production industrielle qui était excellente dans tant de secteurs et a préparé un déclin et une position politique de soumission aux États-Unis.

Enfin, le Brexit, une fois de plus fruit de l'aveuglement politique et enfant de l'autoréférence suicidaire, a fait le reste : la classe politique s'est montrée de plus en plus inadaptée à la tâche de gouvernement et au changement qu'exige l'histoire, se refermant sur elle-même comme la porte d'un saloon ; elle n'a pas manqué la farce ridicule de la comparaison avec notre pays, qui, malgré son audimat nettement opportuniste, fait preuve d'une vitalité manufacturière qu'ils n'ont plus.

Les États-Unis ont depuis longtemps emprunté cette même voie, faute de dirigeants et incapables de trouver une solution aux problèmes qu'ils pensent résoudre de la même manière qu'ils les ont créés. La tendance fluctuante du dollar a déjà commencé, et ses quantités sans fin et sans véritable base de référence ressemblent à une immense pyramide inversée avec une quantité minimale d'or à sa base.

Lorsque les qualités de la classe dirigeante font défaut, comme l'histoire de l'Angleterre le démontre et celle des États-Unis semble l'imiter, les civilisations et les sociétés commencent à se désintégrer et à s'effondrer ; "commence alors la profonde décadence qui n'est pas une paralysie des facultés naturelles de la classe dirigeante mais un effondrement de son héritage social qui bloque et inhibe toute action de renouvellement et l'effondrement d'une société se produit lorsque la décadence a commencé depuis longtemps : les civilisations, en d'autres termes, ne disparaissent pas par mort violente mais par "suicide". "(A. Toynbee , Civilisations in History, p. 356 ).

dimanche, 06 novembre 2022

Nord Stream: Qui a divulgué l' "aveu" britannique ?

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Nord Stream: Qui a divulgué l' "aveu" britannique ?

Par Karel Meissner

L'ex-Premier ministre britannique Liz Truss aurait envoyé la phrase "It's done" peu après l'attentat contre le gazoduc Nord Stream. Un aveu ? Si oui, qui l'a divulgué ? Et pour quelle raison ? Quoi qu'il en soit, l'attentat s'inscrit dans le cadre de la guerre américaine contre l'Allemagne. Lisez tout sur les dessous de l'affaire dans le dernier numéro de COMPACT Guerre contre l'Allemagne : de l'attentat contre Nord Stream au chantage nucléaire. En savoir plus ICI: https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-11-2022-krieg-gegen-deutschland/.

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L'ex-première ministre britannique Liz Truss a-t-elle envoyé un message au secrétaire d'État américain Antony Blinken peu après les explosions sur le tracé du gazoduc Nord Stream en disant "It's done", en français "C'est fait !"? C'est la question que la Russie a maintenant adressée au gouvernement de Londres.

Le porte-parole de Poutine, Dmitry Peskov, a déclaré à Moscou : "Nous disposons d'informations selon lesquelles des représentants d'une unité de la marine britannique ont participé à la préparation et à l'exécution de l'attentat en mer Baltique".

D'où proviennent ces informations ? Selon la BBC, les services secrets russes auraient piraté le téléphone portable de Truss. Une deuxième piste mène toutefois à Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, un pirate informatique de pointe vivant en Nouvelle-Zélande. Ce dernier a déjà été impliqué dans plusieurs cyber-guerres et est traqué par le FBI.

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Kim Dotcom (photo) a cité la phrase en question sur Twitter et a affirmé l'avoir envoyée. Si cela s'avère exact, l'attaque est un complot anglo-américain contre l'Allemagne, bénéficiaire potentiel des gazoducs.

Le rédacteur en chef de la revue et du site Compact, Jürgen Elsässer, a exprimé hier sur COMPACT-TV une autre théorie sur l'interception du message de Truss. Il faut d'abord savoir que l'ex-première ministre britannique est une belliciste avérée. En avril déjà, elle annonçait :

"Nous devons considérablement renforcer notre soutien à l'Ukraine. La guerre en Ukraine est notre guerre - c'est notre guerre à tous, car la victoire de l'Ukraine est une nécessité stratégique pour nous tous. Armes lourdes, chars, avions - nous puisons profondément dans nos arsenaux, nous augmentons la production. Tout cela est nécessaire. Nous allons faire encore plus vite et encore plus pour chasser la Russie de toute l'Ukraine".

Elle a ajouté plus tard :

"Nous ne nous reposerons pas tant que l'Ukraine ne sera pas victorieuse".

Et que se passera-t-il si le conflit se transforme en guerre nucléaire mondiale? Aucun problème pour Mme Truss. Lors d'un talk-show, celle qui était alors Premier ministre a avoué qu'elle était prête à une destruction totale - avec une froideur émotionnelle que l'on attribue habituellement aux tueurs en série :

Le journaliste John Pienaar a demandé à Truss dans le talk-show Times Radio host (fin août) : Supposons que l'on vous conduise dans une pièce où se trouvent les fameuses Letters of Last Resort. Avec celles-ci, vous pourriez "donner l'ordre d'utiliser nos armes nucléaires. Cela signifierait l'anéantissement mondial. (...) Comment vous sentez-vous à cette idée ?

Liz Truss : Je pense que c'est une tâche importante pour le Premier ministre. Je suis prête à le faire.

John Pienaar : Je vous ai demandé comment vous vous sentiriez à ce sujet.

Liz Truss : Je suis prête à le faire".

Qu'auraient écrit les médias si un homme politique russe s'était déclaré prêt à prendre en otage l'humanité entière pour ses délires ?

Le rédacteur en chef de COMPACT, Jürgen Elsässer, pense qu'un bellicisme aussi radical va trop loin, même pour les amis de Mme Truss au sein de son propre parti et pour ses alliés américains. Les Etats-Unis s'efforcent justement de limiter la guerre et d'empêcher son extension au territoire russe. Les fantasmes de destruction mondiale de leur collègue britannique étaient tout simplement trop dangereux.

En d'autres termes, le téléphone portable sécurisé ultramoderne utilisé par la Première ministre Liz Truss pour envoyer son triomphal "It's done" n'a pas été piraté par les services secrets russes ou Kim Dotcom, mais a peut-être été publié par les Etats-Unis eux-mêmes.

D'autant plus que l'ex-première ministre britannique a également fait des erreurs en matière de politique financière. En tant que néolibérale de la vieille école, Truss avait prévu un allègement fiscal pour les super-riches. Le président américain Joe Biden a ouvertement critiqué ce projet, le qualifiant d'"erreur". La raison de ce refus se trouve dans l'idéologie occidentale du "Great Reset" : celle-ci veut, à l'exception d'une petite élite, non seulement tuer financièrement les classes inférieures et moyennes, mais aussi les classes supérieures.

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Ainsi, les États-Unis auraient deux motivations pour la fuite de la petite phrase "It's done" et la destitution rapide de Liz Truss : sa volonté d'escalade et son boycott néolibéral du Great Reset.

La destruction du gazoduc Nord Stream fait partie de la guerre américaine contre l'Allemagne. Lisez tout sur les dessous de l'affaire dans le dernier numéro de COMPACT Guerre contre l'Allemagne : de l'attentat contre Nord Stream au chantage nucléaire. Vous pouvez commander le magazine ICI: https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-11-2022-krieg-gegen-deutschland/ .

samedi, 29 octobre 2022

L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni

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L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni

Andrea Muratore & Emanuel Pietrobon

Source: https://insideover.ilgiornale.it/politica/lindia-conquista-downing-street-con-sunak-lalba-di-un-nuovo-regno-unito.html

24.10.2022: c'est la date que la postérité retiendra pour dire que l'ère post-anglo-saxonne de l'Empire britannique a officiellement commencé. Date coïncidant avec la victoire de Rishi Sunak dans la course éliminatoire pour la direction du Parti conservateur britannique, qui fait de lui, en remplacement de Liz Truss, le premier chef de gouvernement d'origine indienne de l'histoire du pays.

Plus britannique que jamais, ancien banquier de Goldman Sachs, une carrière à la City suivie d'une ascension fulgurante dans les rangs des Tories, passé le poste de Chancelier de l'Échiquier à l'ère du Covid et de l'édification de la Grande-Bretagne globale, Sunak impose un changement structurel. Car Sunak, en effet, n'est rien de moins que la personnification du Royaume-Uni en mutation, ou plutôt déjà muté car devenu post-anglo-saxon et multiracial, mais non pas post-impérial.

Indien, oui, mais britannique

Le néo-premier ministre né à Southampton le 12 mai 1980 est le fils de parents d'origine indienne, nés au Kenya et en Tanzanie, qui se sont installés au Royaume-Uni dans les années 1960. Sur tous les fronts, c'est un fils, sinon un petit-fils de l'empire d'autrefois, qui est devenu le porte-drapeau de la Grande-Bretagne globale qu'il envisageait comme centrée sur Londres, le nouveau "Singapour sur la Tamise", en tant que premier centre financier du monde.

Sunak est le premier premier ministre nommé par le roi Charles III, un souverain plus complexe que la vulgate ne le dépeint : cultivé, instruit plus qu'aucun de ses prédécesseurs, le premier roi à recevoir une éducation non pas militaire mais politique, littéraire et sociale. Dirigeant post-impérial et post-colonial par définition, Charles est né en 1948, un an après la fin de la domination coloniale de Londres sur le sous-continent indien, et est aujourd'hui le monarque sous le trône duquel le premier ministre en charge est une figure si symbolique.

Le pragmatique Sunak incarnera-t-il la Grande-Bretagne post-britannique ? La nation qui a vu la Grande-Bretagne affirmer le Brexit comme l'ultime épopée impériale aux peuples de son pays connaîtra-t-elle ses propres troubles dans sa proche banlieue ? Et comment le premier fils de l'empire parviendra-t-il à gouverner ? Sunak sera-t-il plus global que britannique dans ses choix en matière de politique économique - il n'est pas hyper-libéral, il est cependant un libre-échangiste convaincu -, d'identité - il est bien moins extrémiste que nombre de ses collègues de parti - et de politique étrangère ? Que deviendra la relation spéciale avec Washington maintenant que Londres s'est montré vulnérable sur le front intérieur en premier lieu ? Et qu'adviendra-t-il des relations avec l'Inde, maintenant qu'un descendant de l'ancienne colonie dirige le pays ? Toutes ces questions sont légitimes.

La revanche de la périphérie sur le centre

L'histoire, comme on le sait, adore se moquer de l'homme. Le 24 octobre, alors que les hindous et les jaïnistes du monde entier étaient occupés à célébrer Diwali - l'une des fêtes les plus importantes de l'Indosphère, un moment de liesse où les fidèles se souviennent que le Bien triomphe toujours du Mal - un événement capital s'est produit à Londres : un Indien naturalisé britannique, Rishi Sunak, est devenu Premier ministre. Coïncidence, ou destin, selon votre point de vue.

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Il était question d'un gouvernement Sunak depuis des mois, depuis la crise de BoJo, nous ne sommes donc pas confrontés à ce que l'on appellerait habituellement un coup de tonnerre. Mais cela n'enlève rien au caractère mémorable de l'événement. Premier ministre d'origine indienne. Emblème de l'entrée du Royaume-Uni dans une nouvelle ère, d'ailleurs irréversible - car la démographie est le destin -, aux caractéristiques post-anglo-saxonnes et multiraciales. L'accomplissement de la prophétie de Macaulay.

Sunak n'est pas moins britannique que de naissance, et son CV est explicite à cet égard, mais ce qui est indéniable, c'est qu'il représente, à la fois, la revanche des périphéries sur le centre et le symbole d'une nouvelle nation multinationale, dynamisée par l'affirmation et l'activisme des fils des anciennes colonies et, bien qu'imperceptiblement, par le lobbying omniprésent et influent des membres du Commonwealth.

L'ascension de Sunak a eu lieu en plein jour, est-il écrit, et cela se rapporte directement au discours sur le pouvoir croissant des banlieues (et de leur progéniture) à influencer la dynamique interne de la métropole déconfite. Une ascension largement prédite car accompagnée de complots et de sabotages dans le dos de BoJo, dont Sunak a été l'architecte de la chute - déclenchant la crise gouvernementale en juillet - et qui n'aurait jamais été possible si le "parti minoritaire" de Downing Street, dirigé par les Pakistanais Sajid Javid et Saqib Bhatti, l'Irakien Nadhim Zahawi et les Indiennes Priti Patel et Suella Braverman (photo, ci-dessous), ne l'avait pas soutenue et popularisée. Complots et sabotages se sont ensuite redirigés au détriment de Liz Truss, qui a également été boycottée sur le plan intérieur par les primevères rouges du parti indien - en particulier le ministre Braverman - et, sur le plan extérieur, mise en difficulté par un curieux bras de fer avec New Delhi.

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Homme de Londres ou homme de New Delhi ?

Trois raisons peuvent expliquer l'ascension impétueuse de Sunak, le premier ministre britannique du Joyau de la Couronne, à la lumière de ce qui s'est passé dans les coulisses de Downing Street.

La première est la moins diégétique : Sunak a senti le potentiel du parti minoritaire, de plus en plus nombreux et influent, et l'a utilisé à son avantage pour donner le coup de grâce à ses rivaux impopulaires. La revanche (authentique et sans malice) du Commonwealth sur Londres.

La deuxième et la troisième sont similaires mais différentes : la montée en puissance de Sunak comme faisant partie d'un plan astucieux scénarisé par des esprits raffinés basés soit en Angleterre, et donc stabilisateurs, soit en Inde, et donc puissamment inquiétants.

Le premier cas. Il pourrait s'agir d'une tentative, née dans les coulisses, de restaurer le calme en Grande-Bretagne afin qu'elle puisse poursuivre le rêve post-Brexit d'une Grande-Bretagne globale, dont le couronnement serait inévitablement le scellement d'une relation spéciale avec l'Inde - une mission échouée par BoJo, perdue dès le départ par Truss et que seul un homme comme Sunak, un véritable enfant du Gange, aurait une réelle chance de mener à bien. L'entrée de Londres dans l'ère post-anglo-saxonne comme fonction préparatoire à un retour impérial.

Le deuxième cas. On serait alors confronté à un phénomène exceptionnel : la transformation de New Delhi en un acteur décisif dans les équilibres internes de la Grande-Bretagne. Un acteur capable de les consolider ou de les briser, selon l'intérêt et la contingence, avec l'aide de sa progéniture insérée aux postes économiques et politiques clés. La métropole otage de l'(ancienne) périphérie.

Quelle que soit la durée réelle du mandat de Sunak, l'intrigue qui a permis son succès ne restera pas dans l'histoire comme un épisode impromptu, mais comme un événement décisif - un tournant entre deux époques. Il y aura un avant et un après Sunak. L'après-Sunak coïncidant avec un Royaume-Uni pleinement conscient de sa multiracialité et de l'érosion progressive de l'idée même de britannicité. La question est de savoir si et dans quelle mesure cette transformation aura des répercussions internationales importantes et, surtout, au profit de qui.

mardi, 04 octobre 2022

Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

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Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

Enric Ravello Barbier

Source : https://www.enricravellobarber.eu/2022/10/liz-truss-todavia-podia-ser-peor.html#.YzwjQUzP2Ul

La mort d'Elizabeth II marque la fin d'un règne et de toute une époque de l'histoire britannique, une époque qui a vu le déclin du Royaume-Uni, qui avait commencé comme puissance impériale et a fini comme un pays de second rang progressivement isolé sur la scène internationale. S'il y a une valeur à reconnaître à son protagoniste, c'est sans doute celle d'avoir été une "professionnelle" de la Couronne. Elizabeth II Windsor (en réalité Saxe-Cobourg Gotha) s'est occupée de tous les détails de sa vie en gardant à l'esprit son rôle de reine, auquel le personnel était toujours subordonné, dans la vie comme dans la mort. Ce n'est pas une coïncidence si elle a choisi l'Écosse pour mourir, une note émotionnelle doublée de l'impact visuel de voir le cercueil de la Reine avec la version écossaise des armoiries royales britanniques (deux carrés du lion rouge écossais, un des trois lions anglais et un de la harpe irlandaise) alors qu'on le convoyait de Balmoral à Édimbourg. À son arrivée à Londres, le cercueil a été recouvert des armoiries royales dans la version utilisée en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (deux quadrants des trois lions anglais et un du lion rouge écossais, plus le quadrant de la harpe irlandaise).

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Parmi les détails, quelque chose d'illustratif, qui est passé inaperçu - ou du moins non commenté par les journalistes couvrant les funérailles. Tous les soldats portant le cercueil de la Reine, tant en Écosse qu'en Angleterre, étaient quasiment tous blancs (à de rares exceptions près, dont la photo ci-dessus), ce qui n'est évidemment pas un hasard. De nombreux chroniqueurs soulignent que seuls les Britanniques blancs l'ont pleurée. Le changement démographique - tant soutenu par la maison royale - sera l'un des éléments qui mettront fin à la monarchie britannique.

Les funérailles étaient une tentative de montrer au monde qu'ils étaient toujours la nation puissante qui a construit le plus grand empire de l'histoire mondiale. Un chant du cygne ; rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. C'est précisément sous le règne d'Elizabeth II que le Royaume-Uni a d'abord définitivement perdu son empire, puis a commencé à perdre le contrôle de son territoire européen, qui a été progressivement occupé par des masses d'immigrants provenant de ses anciennes colonies, une bataille démographique très difficile à inverser.

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Boris Johnson, l'anti-Européen

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à propos de la démission de Johnson : "Sous Boris Johnson, le Royaume-Uni a mené une politique agressive à l'égard de la Russie après avoir retiré le Royaume-Uni de l'Europe et s'être retrouvé marginalisé par rapport à la politique européenne. Ces derniers temps, il a été très actif en essayant de créer une nouvelle alliance : Royaume-Uni, Pologne, pays baltes, Ukraine, pour obtenir le soutien britannique sur le continent. Sa démission est la bienvenue".

Tandis que le géopolitologue français Alexandre del Valle a déclaré sur son compte twitter : "La démission de Boris Johnson est une bonne nouvelle pour la paix en Europe. Il a été le principal moteur de la guerre pour couvrir ses scandales internes, poussant une dynamique belliciste avec le risque de provoquer une guerre majeure entre la Russie et l'OTAN".

Johnson représentait le Brexit "dur" - on pourrait dire absurde - d'une rupture totale avec l'Europe, et l'immigration d'Afro-Asiatiques du Commonwealth et le remplacement démographique des Britanniques blancs (1) (2).

Liz Truss est arrivée

Liz Truss a commencé sa carrière politique au sein des libéraux avant de passer aux Tories. Elle a été critique de la monarchie, anti-Thatcher et a fait campagne pour le Remain avant de devenir une fervente partisane du Brexit dur. Avec sa rhétorique ultra-libérale et europhobe, Truss a remporté l'élection interne du parti conservateur au cours de laquelle le remplaçant de Boris Johnson devait être choisi.

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L'ancienne ministresse des affaires étrangères a battu son rival, l'ancien ministre des finances Rishi Sunak. Tous deux représentent l'aile la plus conservatrice et la plus ultra-libérale du parti. Rishi Sunak a été le candidat le plus chanceux au premier tour, mais a perdu au second tour face à Truss. Sunak, d'origine indienne, montre que le Parti conservateur sera bientôt dirigé par des personnes d'origine étrangère. Sans surprise, le parti Tory a été le principal moteur du remplacement démographique des Britanniques autochtones. Rappelons que durant les 43 dernières années, lorsque ce processus s'est déroulé, 33 l'ont été sous un gouvernement conservateur et 10 sous un gouvernement travailliste. Un fait qui devrait donner à réfléchir à ceux qui pensent que les partis conservateurs sont un frein à l'immigration.

Deux jours avant sa mort, Elizabeth II a nommé Truss au poste de Premier ministre, évitant ainsi un long processus de passation des pouvoirs, ayant ainsi donné sa "dernière bénédiction".  Dans le gouvernement de Truss, il n'y aura pas d'hommes blancs aux postes clés (3). Ainsi - pour répéter ce que nous avons dit plus haut - le parti conservateur sera le premier parti européen à exclure les autochtones de la direction d'un pays européen.  Il n'y a pas de place pour les hommes blancs dans le conservatisme, le rôle principal passe aux minorités déjà installées en Grande-Bretagne.

L'échec de la Grande-Bretagne globale. Le Royaume-Uni isolé dans l'anglosphère.

En politique étrangère, Truss aggravera les relations déjà tendues avec l'UE, comme Bruxelles l'a déjà annoncé (4) (5). La nouvelle Première ministre menace de ne pas accepter les conditions de sortie et a déclaré qu'elle ne se conformera pas au "protocole irlandais", qu'elle modifiera unilatéralement.

Poursuivant la ligne anti-européenne et belliciste de Johnson, Truss a insisté sur le soutien à l'Ukraine - avec ses effets déstabilisants sur l'Europe. En déclarant en septembre dernier : "La Grande-Bretagne armera l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle vainque la Russie". Dans son délire, elle a également déclaré que: "Si la situation exigeait que j'appuie sur le bouton nucléaire, je le ferais immédiatement. Et je me moque que des millions de personnes meurent, pour moi l'essentiel est la démocratie et nos idéaux". Fantasmer sur les souvenirs d'être un grand empire alors que le Toyaume-Uni n'est qu'une ancienne puissance en déclin imparable.

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Quelqu'un devrait rappeler à l'intrépide première ministresse britannique que le Royaume-Uni dispose de 215 ogives nucléaires, tandis que la Russie en possède plus de 7000, dont beaucoup sont dirigées vers Londres.

"Global Britain", la stratégie internationale post-Brexit du Westminster, n'a pas eu de résultats concrets

Le RU est désormais marginalisé au sein du pacte AUKUS, une alliance de puissances anglo-saxonnes dont le véritable objectif est de faire face à l'expansion chinoise dans le Pacifique. Les trois autres puissances anglo-saxonnes du pacte (les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) ont toutes ou presque toutes leurs côtes dans le Pacifique ; le Royaume-Uni se trouve aux antipodes planétaires et son rôle dans l'Alliance n'est guère plus que décoratif.

Londres a essayé de se rendre fort dans les pays de Visegrad, dans le cadre de sa géopolitique permanente visant à séparer l'Allemagne de l'Europe centrale et orientale, mais la réalité est que les deux principales capitales du groupe de Visegrad ont ignoré Londres : Varsovie donne la priorité à son alliance avec Washington et Budapest regarde - timidement - vers Moscou.

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L'un des arguments présentés par Boris Johnson aux Britanniques était la signature prochaine d'un pacte commercial qui ferait du Royaume-Uni un partenaire commercial préférentiel des États-Unis, permettant au marché américain de remplacer le marché européen. Non seulement un tel pacte n'est ni annoncé ni en vue, mais l'arrivée de Biden - un démocrate - à la Maison Blanche a refroidi les relations entre Washington et Londres, qui sont aujourd'hui au plus mal (6). Il convient de rappeler que Biden est d'origine irlandaise et qu'il a, à plusieurs reprises, averti les locataires de Westminster de faire preuve de prudence à l'égard de la situation en Irlande.

Vers un effondrement économico-financier

La situation économique du Royaume-Uni est désastreuse (7). La livre est à son niveau le plus bas et l'inflation à son niveau le plus haut. L'horizon à court et moyen terme est chaotique. La monnaie britannique est presque à parité avec le dollar, la Banque d'Angleterre a dû venir à son secours (8) et l'inflation est imparable.

Les décisions malavisées de Westminster en matière de taux d'intérêt et les politiques de relance post-Covid malavisées menacent de pousser le Royaume-Uni dans une situation économiquement et socialement insoutenable. Le 1er octobre dernier, des milliers de Britanniques sont descendus dans la rue pour brûler symboliquement leurs factures d'électricité en raison de leurs prix élevés, un avant-goût de ce qui va se passer cet hiver.

Non contente de se trouver confrontée à tous ces problèmes, Mme Truss menace de ne pas se conformer aux conditions de sortie de l'UE, ce qui déclencherait des contre-mesures commerciales de Bruxelles pour les importations et les exportations britanniques qui pourraient plonger le Royaume-Uni dans un très grave problème d'approvisionnement.

Ces perspectives économiques renforcent - encore plus - la volonté de l'Écosse et de l'Irlande du Nord de quitter un Royaume-Uni qui, alors, se rétrécira.

Comme première mesure économique, Truss a annoncé une importante réduction des impôts, qu'elle a dû modifier immédiatement car elle mettait en danger la continuité de son faible gouvernement (9). Une deuxième mesure consiste à assouplir les lois britanniques sur l'immigration. Des lois qui, comme nous l'avons déjà dit, marginalisent les Européens et favorisent les masses afro-caribéennes et asiatiques des pays membres du Commonwealth (10). Rien ne semble pouvoir empêcher l'économie britannique de sombrer dans le chaos au cours des prochains mois (11).

Dans son discours inaugural en tant que premier ministre, Liz Truss a déclaré : "Ensemble, nous pouvons surmonter la tempête". La réponse du peuple britannique va dans une autre direction, le parti conservateur est au plus bas niveau de son soutien populaire et une débâcle électorale en faveur des travaillistes s'annonce. Le Daily Mirror de Londres a publié en première page le 3 octobre "Truss est terminée". La question est : une autre personnalité ne sera-t-elle pas encore pire que Truss ?  Le rythme du déclin du Royaume-Uni nous amène à penser que ce serait très probablement le cas.

NOTES :

1) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/precisiones-sobre-la-aplicacion-y-el.html#.YzsJKctBzIU

2) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/sobre-las-medidas-antiimmigracion-de.html#.YzsI68tBzIU

3) https://panampost.com/mamela-fiallo/2022/09/06/hombres-blancos-nuevo-conservadurismo-ingles/

4) https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220906/ue-empeoramiento-relaciones-reino-unido-victoria-truss/700930232_0.html

5) https://elordenmundial.com/liz-truss-mas-peligrosa-que-johnson-para-la-ue-y-para-el-reino-unido/

6) https://www.elmundo.es/internacional/2022/09/21/6329d54621efa051368b45af.html

7) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/27/6331e9b721efa0da3c8b4599.html

8) https://elpais.com/economia/2022-09-26/el-banco-de-inglaterra-y-el-gobierno-de-truss-intervienen-para-frenar-el-desplome-de-la-libra.html

9) https://elpais.com/economia/2022-10-03/la-primera-ministra-britanica-da-marcha-atras-en-la-rebaja-de-impuestos-para-salvar-su-gobierno.html

10) https://www.theguardian.com/uk-news/2022/sep/24/liz-truss-plans-to-loosen-immigration-rules-to-boost-uk-economy

11) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/10/631b8816e4d4d8277e8b45c7.html


 

dimanche, 02 octobre 2022

Remarques sur des funérailles planétaires

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Remarques sur des funérailles planétaires

par Georges FELTIN-TRACOL

Pendant une journée, Londres a retrouvé son rang de capitale du monde qui fut le sien sous la reine Victoria (1819 - 1837 – 1901). Plus d’une centaine de chefs d’État parmi lesquels de très nombreuses têtes couronnées dont l’empereur du Japon lui-même, et des chefs de gouvernement, venus du Commonwealth ou pas, ont assisté aux obsèques de la reine Elizabeth II le lundi 19 septembre dernier.

La médiasphère occidentale s’est complue pendant cette séquence dans l’émotion, la superficialité et l’hagiographie. Une grandiose entreprise de sidération de masse s’est déroulée sous nos yeux crédules. Oubliées par conséquent les questions gênantes autour de cet événement.

Par exemple, comment peut-on justifier une file longue, selon les journalistes sur place, de plusieurs kilomètres et une attente variable entre douze et vingt-quatre heures au moment où le Royaume Uni vient à peine de sortir de la crise covidienne ? L’organisation de soirées privées dans les ministères au temps du confinement – le célèbre Partygate – a provoqué la démission du Premier ministre Boris Johnson. Dans un royaume chagriné, des millions de Britanniques se réunissent et se côtoient pendant de longues heures sans craindre la moindre contamination. Certes, ils patientent dans les rues et bravent la nuit, le froid et le vent… Ces attroupements gigantesques ne favorisent-ils pas néanmoins l’apparition de foyers de contagion géants ? Sinon ces scènes n’invalident-elles pas le port de la muselière hors de son domicile ? À moins que le covid contribue à sa manière à respecter le deuil national d’Albion.

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Tous les commentateurs s’esbaudissent des hommages rendus à la reine défunte. Maints reportages montrent un peuple éploré. Nul n’aurait l’idée de se gausser de ces manifestations de respect. En décembre 2011, quand décéda subitement le président de la Commission nationale de défense de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jung Il, les Occidentaux se moquèrent des foules massées dans les artères principales de Pyongyang qui pleuraient la disparition de leur dirigeant bien-aimé. Avec leurs clichés modernes, ils y voyaient au mieux une manipulation, au pis un fanatisme orchestré. Or, « les lamentations collectives, écrit Philippe Pons dans Le Monde du 22 décembre 2011, font partie des expressions de la douleur du deuil dans la culture coréenne. […] Les Coréens sont extravertis dans la joie comme dans la douleur. Lors des funérailles d’un parent, ces derniers “ crient “ leur chagrin. Exprimer ses condoléances par des larmes relève de l’étiquette sociale ».   C’est en effet à travers les rites funèbres que se découvre l’âme profonde des peuples. Encore faudrait-il que les journalistes de l’Occident global soient compétents en ethno-psychologie...

À l’heure où l’empreinte carbone devient un critère prioritaire de « gouvernance », quel est donc l’impact environnemental d’une telle concentration humaine ? Ne faut-il pas prendre en compte le ballet des avions des responsables politiques arrivant à Londres ? N’aurait-il pas été souhaitable qu’ils viennent tous en char à voile et en trottinette électrique ? Ils appellent leurs populations à la sobriété énergétique, mais ils se moquent volontiers de leurs injonctions qui ne les concernent pas. Insupportable « deux poids deux mesures » !

Derrière l’apparat traditionnel – la proclamation de Charles III par le roi d’arme de l’Ordre de la Jarretière au palais Saint-James – se tapit un ultra-progressisme inquiétant d’inspiration spéculative franc-maçonne. Les  Windsor-Mountbatten représentent une famille cosmopolite. David Icke y voit des « reptiliens ». La réalité est plus prosaïque. Cette dynastie d’origine germanique et danoise sert depuis la chute des Stuart en 1688 la véritable souveraine d’Angleterre: la finance de la City de Londres !

La reine a nommé sous son règne quinze premiers ministres. Le dernier, deux jours avant sa mort, est la conservatrice Liz Truss qui s’appelle en réalité Mary Elizabeth Truss. La reine se prénommait Elizabeth Alexandra Mary. L’inversion des prénoms n’est-elle pas, sinon une singulière coïncidence, un signe digne des augures ? Par ailleurs, à propos du nouveau roi, son prénom reste problématique dans l’histoire anglaise. Charles Ier Stuart meurt décapité en 1649 sur l’ordre d’Oliver Cromwell. Le général Monck restaure en 1660 la royauté en faveur de Charles II, le fils du monarque assassiné, qui règne jusqu’en 1685. La « Grande Peste » de 1665 (environ 80.000 morts), le « Grand Incendie » de Londres en 1666 (près de 14.000 maisons et églises détruites) et la promulgation de l’Habeas Corpus de 1679 qui limite son absolutisme imité de Louis XIV marquent ce quart de siècle « carolien ». Toujours sous Charles II émergent au Parlement les factions whigs (référence aux paysans calvinistes écossais révoltés) et tories (allusion aux brigands, catholiques ou non, irlandais).

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Les funérailles solennelles d’Elizabeth II préfigurent-elles l’enterrement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ? Promoteur du multiculturalisme et habitué aux réunions annuelles de Davos, Charles III pourrait voir l’éclatement de son royaume avec l’indépendance de l’Écosse, la réunification de l’Irlande - bien que dans ces deux cas, les indépendantistes soient eux aussi des globalistes gendéristes -, et la fragmentation socio-culturelle de l’Angleterre. On sait maintenant qu’Elizabeth II n’appréciait guère le premier ministre travailliste Anthony Blair. Outre son rôle intrusif dans la gestion médiatique de la mort soudaine de la princesse Diana et l’attitude plus que hautaine de la républicaine catholique Cherie Blair, la reine regrettait la Dévolution envers l’Écosse, le Pays de Galles et l’instauration de la puissante mairie du Grand Londres.

Les obsèques d’audience planétaire d’Elizabeth II détournent pour l’instant l’immense colère sociale. Une inflation élevée déclenche de nombreuses grèves, pour l’heure suspendues. Le gouvernement pseudo-conservateur et véritablement financiariste profite des circonstances pour tenter d’étouffer les tensions socio-économiques. Attention ! Cela ne veut pas dire que la reine coule maintenant des jours heureux sur une quelconque île des Bahamas en compagnie d’Elvis Presley !

Certes, Elizabeth II a montré tout au long de sa vie un grand sens du devoir. Mais, en son nom, elle a entériné le conflit honteux en 1983 contre l’Argentine dans l’Atlantique Sud, accepté la répression inacceptable pendant trois décennies en Irlande du Nord et cautionné en tant que reine du Canada l’occupation pluriséculaire du Québec et l’asservissement des autres communautés canadiennes-françaises. On attend toujours des excuses officielles et sincères de Londres pour le « Grand Dérangement » des Acadiens au milieu du XVIIIe siècle.

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À l’instar des autres monarchies modernes, la royauté britannique n’est qu’une parodie de traditions dévaluées. Les membres des familles régnantes (ou non) actuelles se vautrent dans le politiquement correct. Le prince de Galles William réclame la censure sur Internet des supposés discours de   « haiiiiinnnnne ». Les couronnes se parent dorénavant de wokisme. Croire en un sursaut national, populaire et européen en rétablissant une auctoritas royale devient un grave contre-sens. Les monarchies occidentales valident toutes les involutions sociétales. Finalement, les seules à garantir leurs intérêts nationaux sont les républiques dynastiques coréenne du Nord et syrienne !

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 44, mise en ligne le 27 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 01 octobre 2022

Que se passe-t-il chez les Britanniques?

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Que se passe-t-il chez les Britanniques?

La livre britannique à un niveau historiquement bas, les taux d'intérêt souverains s'envolent

https://zurzeit.at/index.php/was-ist-denn-bei-den-briten-los/

L'ancienne et prestigieuse livre sterling, monnaie du Royaume-Uni et, jusqu'à récemment, l'une des grandes monnaies de réserve du monde, a connu une chute sans précédent ces derniers jours. Rien qu'au cours des deux semaines qui viennent de s'écouler, la livre s'est dépréciée de plus de 10% par rapport au dollar américain, atteignant lundi son niveau le plus bas jamais enregistré, à 1,038 GBP/USD. Depuis l'été dernier, la livre a même perdu plus d'un quart de sa valeur. Ce sont des proportions qu'en temps normal l'on ne connaît que pour les monnaies du tiers-monde.

Dans le même temps, les taux d'intérêt que le nouveau ministre des Finances britannique, Kwasi Kwarteng, doit payer pour sa dette publique sur les marchés obligataires sont en forte hausse. Depuis le début du mois, le taux de rendement des "gilts", le nom donné aux obligations d'État dans le jargon boursier, est passé de 2,6 à 4,1 %. Il y a un an, ces obligations d'État coûtaient encore moins de 0,2 % d'intérêt. Le nom "gilts" vient d'ailleurs de "gilt-edged" (en français : "avec un bord doré"), parce qu'autrefois, le gouvernement de Sa Majesté ajoutait justement un bord doré aux pièces physiques pour suggérer une solvabilité et une valeur particulières. Eh bien, ce vernis est maintenant enlevé ...

La chute de la devise et des obligations a été déclenchée par la présentation du budget et des réductions d'impôts prévues par la nouvelle Première ministre Liz Truss vendredi dernier. Pour atténuer le coût de l'explosion des prix de l'énergie, la Grande-Bretagne devra trouver au moins 60 milliards de livres (près de 70 milliards d'euros actuellement) de nouvelles dettes sur les marchés des capitaux au cours des six prochains mois. Parallèlement, les baisses d'impôts censées, selon Truss, relancer l'économie britannique, sont critiquées comme étant inadaptées à cet objectif, car elles allègent surtout les hauts revenus et n'ont donc pas d'effet économique à grande échelle.

Mais les véritables causes sont plus profondes. Depuis plus d'un an, les consommateurs et l'industrie souffrent des prix exorbitants du gaz. En 2021 déjà, plusieurs fournisseurs de gaz des îles britanniques ont connu des difficultés financières et de nombreux consommateurs ne peuvent plus payer leurs factures de gaz. Et ce, malgré l'existence depuis longtemps d'un plafond légal ("price cap") pour les dépenses énergétiques privées. En effet, le gaz naturel n'est pas seulement une énergie de chauffage importante dans les foyers anglais, mais il est également largement utilisé pour la cuisine et la pâtisserie. Le fait que la Grande-Bretagne possède elle-même d'importants gisements de gaz et de pétrole en mer du Nord n'aide pas la population britannique. En effet, le rendement de ces gisements est en baisse depuis 20 ans et aucun investissement n'a été réalisé dans de nouvelles sources d'énergie, l'avenir des énergies fossiles étant considéré comme politiquement incertain. Il n'est donc pas étonnant que le taux d'inflation officiel soit désormais de 10,1 % en juillet.

Les sanctions économiques contre la Russie, dans lesquelles le gouvernement britannique s'est jusqu'à présent particulièrement distingué, au même titre que les États-Unis, ont ensuite mis le comble à cette situation. Un bel exemple de ce qui pourrait malheureusement nous arriver en hiver.

jeudi, 22 septembre 2022

Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"

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Charles III, roi de la "Grande Réinitialisation"

Le nouveau monarque britannique est un partisan du "Nouvel ordre mondial

Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/charles-iii-koenig-des-great-reset/

Après la mort de la reine Elizabeth II, son fils aîné Charles est devenu le nouveau chef d'État. Contrairement à sa mère, qui ne s'est jamais exprimée politiquement au cours de sa longue vie, le nouveau roi, qui portera le nom de Charles III, a pris clairement position à plusieurs reprises. Il est surtout l'une des figures de proue du "Great Reset", c'est-à-dire de la transformation fondamentale de l'économie et de la société ordonnée d'en haut.

Lors d'une conférence virtuelle du "Forum économique mondial", le 3 juin 2020, l'héritier du trône à l'époque a déclaré que "nous avons une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise - rendre ses ondes de choc sans précédent plus réceptives aux grandes visions du changement". Par crise, il faut entendre la crise provoquée par le coronavirus. Et de poursuivre : "En passant du sauvetage à la reprise, nous avons donc une occasion unique, mais qui disparaît rapidement, de tirer des leçons et de nous engager sur une voie plus durable. Nous n'avons jamais eu cette opportunité et ne l'aurons peut-être plus jamais. Nous devons utiliser tous les leviers à notre disposition, car nous savons que chacun d'entre nous a un rôle important à jouer".

De plus, l'ex-Prince de Galles a fait savoir sur son site internet : "Le Great Reset, lancé aujourd'hui dans le cadre d'une table ronde virtuelle, vise à reconstruire, redessiner, revitaliser et rééquilibrer notre monde. Il a été conçu pour garantir que les entreprises et les communautés 'reconstruisent mieux' en plaçant les pratiques commerciales durables au cœur de leurs activités".

Le terme clé est "durable" et semble à première vue raisonnable et discret. Mais en réalité, le terme "durable" est le prétexte pour augmenter ou créer de nouvelles taxes, changer les habitudes de vie des gens, manipuler les masses ou restreindre les droits fondamentaux au nom de la religion civile du changement climatique prétendument causé par l'homme uniquement. Et tout cela, bien sûr, sans que les citoyens aient leur mot à dire démocratiquement.

samedi, 17 septembre 2022

Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire

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Elizabeth Windsor et Elizabeth Truss: un bilan intermédiaire

par Maxim Medovarov

Souce: https://www.ideeazione.com/elizabeth-windsor-ed-elizabeth-truss-risultati-intermedi/

Une évaluation sobre des capacités du système politique britannique dans une nouvelle phase de crise exceptionnellement aiguë du développement mondial s'impose.

Deux jours après avoir rencontré son homonyme et l'avoir confirmée comme Premier ministre, la reine Elizabeth II, minée par un stress excessif, a quitté ce monde. Il est difficile d'imaginer un moment plus symbolique et providentiel.

La Reine a commencé à régner sur le pays avec Churchill et l'a laissé avec Truss: la dégradation est évidente, mais le vecteur politique du premier et de la seconde est le même. Elizabeth II, en tant que monarque, n'a jamais été une figure décorative et a toujours été impliquée dans les affaires publiques bien plus que ce que l'on pouvait attendre d'elle. Même la première fois qu'il lui a parlé de politique, Churchill a été interpelé par la profondeur de ses connaissances.

Il ne fait aucun doute qu'Elizabeth II partage non seulement formellement (en tant que monarque qui ordonne l'usage de la force), mais en fait avec ses premiers ministres, la responsabilité de toutes les interventions, guerres, répressions et coups d'État dans le monde déclenchés par la Grande-Bretagne au cours des 70 dernières années. Le symbole de la complicité personnelle de la Reine dans les crimes de guerre a été sa prestation devant un piano volé au palais de Saddam Hussein. Et puis il y a eu et il y a Suez, les Malouines, l'Irak, la Yougoslavie, la Libye, la Syrie, l'Ukraine: partout l'élite britannique a laissé des marques sanglantes dans le monde au cours des 70 ans de règne d'Elizabeth II. Les réseaux sociaux en Argentine, en Iran, en Égypte se réjouissent aujourd'hui de la nouvelle de la mort de la reine.

Pour la société britannique elle-même, ce furent 70 ans de dégradation de la culture, de l'éducation, des infrastructures, de la protection sociale, des soins de santé et de l'économie. Aujourd'hui, les gens ordinaires et les villes du Royaume-Uni sont plus pauvres et plus ruinés qu'il y a seulement un demi-siècle. Un tiers de la population britannique est constituée d'immigrants ou de descendants d'immigrants, un fait qui se reflète désormais de manière éclatante au niveau du gouvernement et du parlement.

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Le Commonwealth britannique s'est effondré sous nos yeux au cours des deux dernières décennies. L'Inde a même rompu ses liens symboliques avec Londres et mène une politique totalement indépendante. Les Fidji ont fait sécession du Commonwealth, la Barbade de la Couronne britannique. L'Australie et la Jamaïque abordent pour la première fois une discussion politique sérieuse sur la sécession, sur le rejet de la souveraineté britannique suite au prochain couronnement de Charles. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une sécession immédiate, mais le processus est en cours. En quelques années, Londres pourrait - si les circonstances extérieures le permettent - perdre non seulement ces territoires d'outre-mer, mais aussi l'Écosse et l'Irlande du Nord, devenant ainsi un royaume divisé.

Le décès d'Elizabeth II ne peut pas être simplement évoqué comme s'il s'agissait d'une simple question d'âge. Sa mère et son mari ont vécu plus longtemps qu'elle. Elle s'inscrit dans la tendance de l'année 2022, avec la grande guerre de libération en Ukraine et le glissement tectonique de l'économie mondiale vers la multipolarité, avec les décès symboliques de ceux qui incarnaient cette époque proche et révolue, de Jirinovski aux responsables de l'effondrement de l'Union soviétique. En l'espace de quatre mois, Chouchkevitch, Kravchuk, Burbulis, Bakatin et Gorbatchev sont morts les uns après les autres, ce qui ne peut être une simple coïncidence. Elizabeth II trouve logiquement sa place dans cette énumération nécrologique, tandis que les noms de Biden, Kissinger et Soros manquent encore à l'appel.

Elizabeth II était un symbole de l'atlantisme "doux". Il semble qu'elle n'ait fait des commentaires ouvertement anti-russes qu'une seule fois, il y a quelques années, dans un discours du trône devant le Parlement. Son rôle dans le système atlantiste était de représenter le "bon flic" face à ses premiers ministres. Aujourd'hui, les masques sont tombés et la catastrophe anthropologique vivante qu'est aujourd'hui la Grande-Bretagne, en la personne de Liz Truss, est harmonieusement complétée par le roi Charles III de Grande-Bretagne, caricatural et très mal aimé, qui a battu tous les records d'âge pour accéder au trône.

Le choix du nom de Charles pour le trône, d'une part, ramène pour la première fois la couronne britannique au souvenir des Stuarts et à ses racines écossaises. Bien qu'il n'y ait pas une goutte de sang anglais ou écossais chez Elizabeth et Charles, seulement du sang allemand et un peu de sang danois, tous deux ont pris soin de donner la priorité à l'Écosse dans leurs visites et leurs titres. Ce n'est pas une coïncidence si la reine a passé les derniers mois de sa vie au château de Balmoral, en Écosse.

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D'autre part, Charles II (1766-1788) était le nom du prétendant au trône britannique, le légendaire favori Charles Edward Stuart, "Bonnie Prince Charlie", dont le monument se dresse même à Derby, en Angleterre. Dans cette optique, le choix par le nouveau roi du nom de Charles III révèle un accent délibérément provocateur de sa succession aux monarques libéraux et oligarchiques qui gouvernent les îles depuis 1689 et qui sont étroitement alliés à l'élite financière et politique de la City. Le Prince Charles a longtemps cherché à se créer une drôle de réputation de champion du traditionalisme, mais ces dernières années ont montré à quel point il l'était.

L'engagement du nouveau roi envers l'atlantisme et le mondialisme sera tout aussi ferme que celui du nouveau premier ministre. Mais une nouvelle ère se profile à l'horizon, une ère sans Gorbatchev, si vous voulez ; et les différences se manifesteront par une profonde crise politique intérieure, un effondrement énergétique et une rupture complète des procédures démocratiques, même apparentes (c'est déjà le troisième premier ministre à arriver au pouvoir sans élections générales et malgré la haine de la majorité de la population du pays).

Du point de vue de la Russie, il n'y a pas lieu de se réjouir ou de se désoler. Il est nécessaire de procéder à une évaluation sobre des capacités réelles du système politique britannique dans la nouvelle phase, extraordinairement aiguë, du développement mondial. Mais l'écrasante majorité de la population britannique, selon tous les sondages et enquêtes, n'est manifestement pas heureuse de voir Charles III devenir ou de voir Liz Truss ou Boris Johnson à la tête du gouvernement, ou de subir l'imposition autoritaire du programme LGBT ou de se voir administrer des factures astronomiques d'électricité et de chauffage. On ne peut que lui présenter nos condoléances.

mercredi, 14 septembre 2022

La cour royale de Grande-Bretagne et les mots d'ordre mondialistes

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La cour royale de Grande-Bretagne et les mots d'ordre mondialistes

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/09/britannian-kuningashovi-ja-globalistien-agendat/

Le décès de la reine d'Angleterre a été rapporté dans les médias du monde entier. Monarque qui régna plus de 70 ans, Elizabeth II, décède tout récemment au château de Balmoral en Écosse, unjeudi soir de septembre, à l'âge de 96 ans. Elle a bénéficié d'un grand succès populaire pendant la majeure partie de son règne - du moins c'est ce qu'on nous assure.

Certains disent que c'est l'Empire britannique qui a lancé le projet de mondialisation qui révolutionne le monde. Il est ironique que le décès du leader symbolique du Commonwealth soit pleuré par des personnes qui, dans le même temps, s'indignent du fait que leur île natale soit envahie par des immigrants venus des anciennes colonies, tandis que les Britanniques de souche seront bientôt une minorité dans leur propre pays.

Selon l'ordre de succession britannique, le fils aîné de la reine deviendra désormais roi. Né à Buckingham Palace en 1948, Charles est peut-être plus connu pour son mariage raté avec Lady Diana Spencer, qui est décédée dans un accident de la circulation à Paris en 1997, un an seulement après son divorce.

En tant que duc et prince de Windsor, Charles est dépeint en public comme un personnage maladroit mais aimable qui parle à ses plantes, aime l'architecture traditionnelle et protège la nature. Charles a même été considéré comme un "prince philosophe" antimoderne qui apprécie les religions du monde et est un partisan de l'école traditionaliste de la philosophie pérenne.

Mais dans une réalité plus dure, il est une noble figure de proue de l'empire mondialiste, où les manœuvres économiques et géopolitiques douteuses d'un petit groupe supranational sont hypocritement dissimulées derrière une façade philanthropique.

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Combien se souviennent encore que c'est Charles, le futur roi du "développement durable", qui s'est prononcé en 2020 en faveur du "Great Reset" du Forum économique mondial ? Charles partageait l'idée de Klaus Schwab et de ses partenaires que la "pandémie" offrait une opportunité de changer fondamentalement le monde.

Dans la pratique, cela signifie que l'héritier du trône britannique - ainsi que les familles fortunées et la nouvelle figure de proue politique du Royaume-Uni, le Premier ministre nouvellement élu Liz Truss - continuera à combiner techno-féodalisme, faux écologisme et capitalisme d'entreprise.

Lorsque le père de Charles, le prince Philip, est décédé lors de la crise sanitaire en avril 2021, de nombreux journalistes sinistres se sont souvenus que le prince, qui cultivait les remarques désobligeantes et l'humour noir, avait un jour déclaré qu'il espérait être réincarné en un "virus mortel qui contribuerait à résoudre la surpopulation".

Comme de nombreux eugénistes de l'élite dirigeante, Charles a appelé à freiner la croissance démographique dans les pays en développement, et son fils, le prince William, a provoqué l'indignation avec ses commentaires sur la croissance démographique en Afrique. Étrangement, même à notre époque politiquement trop correcte, de telles déclarations racistes et éco-fascistes sont pardonnées assez facilement lorsqu'elles sont éructées par les membres des familles royales.

La cour royale britannique, avec son étiquette et son esthétique, peut apparaître aux monarchistes les plus ardents comme une "gardienne de la tradition", mais Elizabeth II et ses descendants promeuvent des agendas mondialistes depuis des décennies, des politiques d'immigration libérales aux programmes de l'ONU et aux politiques d'identité pour les minorités sexuelles.

Le futur roi Charles III continuera à jouer son rôle dans le maintien d'un empire mondial d'exploitation. La gestion de cet empire comprend des familles puissantes, des familles de banquiers, des membres de la royauté et des propriétaires de sociétés internationales et de conglomérats médiatiques, qui ne renonceront pas volontairement à leur pouvoir et à leurs plans, qui ont été affinés dans les sociétés secrètes des élites pendant des décennies.

dimanche, 14 août 2022

Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

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Gordon Brown et notre totale détresse énergétique à venir

par Nicolas Bonnal

Les milliardaires de Davos qui ont voulu le vaccin, la guerre antirusse et le reset pour mener à bien notre anéantissement démographique, culturel et économique, peuvent se frotter les mains: la détresse énergétique est pour cet hiver et elle va frapper tout le monde sauf cette minorité bourgeoise et bobo qui les soutient rageusement. Les gouvernements de l’Europe, à la solde de l’OTAN, de Biden et de Leyen, ne reculeront pas. Comme toujours c’est un ancien politicien, Gordon Brown cette fois, qui reconnaît notre catastrophe à venir ; elle concernera la moitié des Britanniques; on lisait dans la revue RT.com traduite par mes amis de lesakerfrancophone.fr;

« Si les politiciens eux-mêmes sont obligés de l’admettre :

« Selon le politicien travailliste Gordon Brown, l’augmentation continue des prix du carburant place « 35 millions de personnes dans 13 millions de ménages – un pourcentage sans précédent de 49,6 % de la population du Royaume-Uni«, en situation de risque de pauvreté énergétique en octobre. Qualifiant la situation de « bombe à retardement financière« , il a ajouté qu'il n’y a rien de moral à ce que des dirigeants indifférents condamnent des millions d’enfants et de retraités vulnérables et irréprochables à un hiver de grande pauvreté. »

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Si, c’est très normal, Gordon, car il faut sauver le climat et faire reculer la barbarie, c’est-à-dire la Russie, en attendant la vieille Chine.

Brown espère que les élites futures, issues des minorités ethniques commerçantes ou du féminisme russophobe et branché, sauront réagir :

« C’est pourquoi, a déclaré M. Brown, le Premier ministre sortant Boris Johnson, ainsi que les candidats à la direction du parti Tory, l’ancien chancelier Rishi Sunak et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, « doivent convenir cette semaine d’un budget d’urgence. »

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Mais il a des doutes sur la bonne volonté du futur cabinet britannique, Gordon Brown : a-t-il lu mon texte sur Churchill (inspiré par l’historien John Charmley) qui, pour détruire son Poutine de service avec ses Polonais de service, anéantit l’Europe mais aussi la puissance impériale et l’économie de sa terre – avant de la soumettre, sa terre, au capital américain qui depuis nous a froidement anéantis ?

Et Gordon Brown use alors de tout son poids :

« S’ils ne le font pas, le parlement devrait être rappelé pour les forcer à le faire ». Il a ajouté que si rien n’est fait, une autre hausse du prix du carburant en janvier laissera 54 % de la population en situation de précarité énergétique. »

On se rapproche de la famine en Grande-Bretagne, ce pays si infatigable quand il s’agit de faire la guerre (pendant les guerres napoléoniennes on noyait aussi dans le sang les émeutes de la faim) :

« L’ancien Premier ministre a déclaré que les scènes dont il a été témoin dans son comté natal de Fife, en Écosse, lui rappellent ce qu’il a lu dans les années 1930 : des enfants sous-alimentés, « des retraités qui choisissent de nourrir leur compteur électrique ou de se nourrir eux-mêmes » et des infirmières qui doivent « faire la queue à leur banque alimentaire.»

Tout cela confirme mon analyse de la première heure ici-même : pousser la Russie à la guerre pour nous couper le gaz et instaurer le reset en appliquant les mesures techno-totalitaires utilisées pendant leur « épidémie ». L’utilisation dramatisée des incendies cet été renforce la panique censée justifier les mesures d’épouvante qui nous attendent cet automne et cet hiver. Les médias renforcent le contrôle d’hébétude collective dont parlait Baudrillard dans son noble opus sur la guerre d’Irak.

Brown frappe encore plus fort et il évoque Dickens :

 « La pauvreté « frappe si fort » que les organisations caritatives sont incapables d’alléger le fardeau des gens, a déclaré M. Brown, ajoutant que « la Grande-Bretagne crée une génération de jeunes garçons et filles laissés pour compte», dont l’enfance « commence à ressembler aux scènes honteuses d’un roman de Dickens ». L’ex-PM a promis de se battre « pour renouveler l’objectif de réduction de la pauvreté des enfants que ce gouvernement a honteusement aboli».

Le seul objet de ce gouvernement comme de celui de la France ou des blattes allemandes (Lauterbach est affolant : ancien de Harvard tout de même) et italiennes c’est la liquidation de nos économies pour sauver le climat, liquidation doublée d’un contrôle technologique concentrationnaire à prétexte sanitaire. On verra si l’Occidental moyen sera capable de le comprendre et de réagir. Mon cher ami Serge de Beketch disait avant de mourir que les gens réagiraient quand ils auraient plus peur que mal, on verra. Nietzsche disait que chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant – et que donc en le lui coupant, cet appétit… La pénurie est la voie royale qui mène à la tyrannie, et c’est ce que veulent les élites occidentales depuis les années 70 (voyez mon texte sur ce grand reset qui se termine).

Ne comptez pas sur des cerbères comme Borne, Scholz ou Lauterbach pour réagir dans le bon sens.

Pour comprendre l’attitude de Gordon Brown (et de ces anciens politiciens soudainement honnêtes ou humanistes) je rappellerai l’impeccable formule de La Rochefoucauld: « les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour n’être plus en état de donner le mauvais exemple » (maxime 93). En cette époque de gouvernements de fous furieux aux ordres de nonagénaires génocidaires (Soros, Rothschild, Schwab, la Reine, Fauci, Biden, etc.) c’est plutôt opportun à rappeler.

Il sera marrant de voir jusqu’où la presse (« cette corporation achetée ») justifiera toute cette gueuserie, c’est-à-dire, soignons nos mots, ce génocide.

Sources :

https://www.rt.com/news/560403-poverty-fuel-uk-brown

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-7-au-...

https://reseauinternational.net/pourquoi-le-grand-reset-s...

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/30/le-syndrome-...

https://livrefrance.com/Rochrtf.pdf

 

 

vendredi, 05 août 2022

Anarchie britannique

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Anarchie britannique

SOURCE : https://it.insideover.com/politica/lanarchia-britannica.html

Membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, puissance de l'OTAN, membre des grandes alliances internationales et héritier d'un empire qui contrôlait une grande partie du monde, le Royaume-Uni affronte l'épreuve de l'histoire avec une seule certitude (pour l'instant) : celle de ne plus vouloir faire partie de l'Union européenne. Le Brexit, issu de ce retentissant référendum populaire de 2016, a sanctionné une rupture nette entre Londres et le Vieux Continent.

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Un divorce qui intervient après un mariage peu heureux, dans lequel l'île, plutôt que d'être un membre actif de la communauté européenne, est toujours apparue comme une épine dans le pied des tentatives d'intégration. Et au fil du temps, ces différences se sont révélées insurmontables, combinant un profond mécontentement à l'égard de l'UE dirigée par les Franco-Allemands et les aspirations britanniques à ne pas être engagées dans une politique considérée comme continentale et sans rapport avec ses ambitions et caractéristiques naturelles. La recherche d'un commerce mondial non lié aux schémas de l'UE, l'élan vers le monde, le sentiment de défaite d'une Europe désormais déséquilibrée par rapport à Berlin et Paris mais perçue comme un mécanisme destiné à prendre fin et, enfin, la relation spéciale avec les États-Unis (désormais le véritable dominus atlantique) ont fait qu'une partie profonde de l'État britannique n'a jamais nié la possibilité d'une sortie de l'UE. Le vote populaire, peut-être inattendu par les Brexiteers les plus purs eux-mêmes, n'est cependant pas apparu comme un coup de tonnerre, mais comme une parfaite adhésion de la Grande-Bretagne profonde à ce que représentent les orientations stratégiques traditionnelles de Londres.

A partir de là, on a commencé à parler non plus du Royaume-Uni, mais de Global Britain: une puissance mondiale britannique (les mots sont importants) s'ouvrant au monde presque dans une sorte de libération de certains fils et liens représentés par un prétendu lest européen. Une ambition post-impériale qui, cependant, outre les ambitions propagandistes évidentes mais aussi les ambitions naturelles du peuple britannique, cache des angoisses que le Brexit n'a certainement pas effacées. Nous utilisons le terme "anglais" non par erreur : parce que ce qui est immédiatement apparu clairement aux observateurs, c'est que le Brexit était en fait un choix profondément anglais. Ce n'est pas le Londres cosmopolite qui a voté en faveur du divorce avec Bruxelles, ni les parties périphériques du Royaume, notamment l'Écosse. Ceux qui appelaient au Brexit étaient les parties profondes de l'Angleterre, certaines parties du Pays de Galles, les Unionistes d'Irlande du Nord. En bref, tous ces groupes qui s'accrochent encore fermement à une appartenance qui ne semble plus aussi profondément enracinée dans d'autres contextes.

Ce n'est pas une coïncidence si, juste après l'approbation de la sortie de l'UE, les premiers remous d'un nouveau référendum pour l'indépendance sont venus d'Écosse. Ce n'est pas non plus une coïncidence si, précisément, la frontière entre l'Ulster et l'Éire a ramené à la surface les divisions internes de l'Irlande que l'on croyait terminées avec les accords conclus après des décennies épuisantes de lutte. Le Brexit était considéré comme un cauchemar pour les Écossais, terrifiés à l'idée de devoir compter uniquement sur Londres, et pour les nationalistes irlandais qui pensaient que faire partie de l'UE donnerait au moins l'apparence d'une unité entre Belfast et Dublin.

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Le divorce, cependant, n'était pas seulement une gifle à ces aspirations internes au Royaume, mais aussi un moyen, après tout, d'éviter d'avoir à affronter le risque d'une division qui, aujourd'hui encore, n'est pas totalement éteinte. La Grande-Bretagne globale, donc l'appel à une Grande-Bretagne globale, prend également le rôle d'une forme d'incantation avec laquelle on persuade les provinces réticentes de se rappeler qu'elles font partie d'un destin commun. Si vous ne regardez plus l'Europe, vous regardez le monde. Externaliser les problèmes signifie également désactiver certains discours sécessionnistes (et en même temps pro-européens) afin de faire à nouveau appel au sentiment d'"empire" d'une puissance qui n'a jamais vraiment été européenne.

Réussir est une tâche difficile. Boris Johnson, le premier ministre qui a voulu faire avancer à tout prix les négociations sur la sortie de l'UE au point de menacer, à nouveau, d'un divorce "dur", apparaît comme un leader faible. Les conservateurs ont semblé étourdis par le Brexit tandis que les travaillistes, autrefois timides partisans de l'européisme, doivent maintenant faire face à une réalité qui semble inéluctable. Autour d'eux, un monde changeant qui n'accepte aucune perte de temps. La guerre en Ukraine est la preuve que la Grande-Bretagne veut être un protagoniste de la politique européenne et un membre plus actif de l'Alliance atlantique. Son défi à la Russie est total, mais elle ne dédaigne pas non plus les aventures dans l'Indo-Pacifique, d'Ormuz à la mer de Chine méridionale. Son "empire" existe, dans l'esprit de Londres. Et tout le monde se rend compte qu'à présent, le Royaume-Uni est à nouveau une puissance océanique plutôt que continentale. Il est difficile de savoir si le défi sera relevé, mais il est désormais certain que personne ne peut s'y résoudre : le Brexit est une réalité, la Grande-Bretagne globale une ambition peut-être souhaitée mais nécessaire. Le peuple britannique a choisi.

Le Royaume-Uni, peut-être plus désuni qu'uni, doit faire face à l'histoire et trouver comment en sortir indemne. Et pourquoi pas, essayer encore de rêver en grand pour éviter de devoir réfléchir à ses propres fragilités.