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vendredi, 06 octobre 2023

Russophobie et hispanophobie: des histoires presque parallèles

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Russophobie et hispanophobie: des histoires presque parallèles

Luis Fraga

Source: https://geoestrategia.es/noticia/41544/opinion/rusofobia-e-hispanofobia:-historias-casi-paralelas.html

Les visiteurs de la bibliothèque du monastère de l'Escorial peuvent voir, près du portrait de la belle Isabelle du Portugal, plusieurs cartes de l'Eurasie datant du 16ème siècle voire d'avant. L'Espagne dominait le monde à cette époque et il est compréhensible que la plus riche bibliothèque de l'Empire contienne les meilleures cartes de ce qui était alors le monde cartographié. Quiconque veut chercher la Russie sur ces cartes de l'Escorial ne la trouvera pas. De fait, vous ne la trouverez pas. À la place, vous verrez "Tartarie". Les Russes qui visitent la bibliothèque s'en amusent beaucoup.

Russophobie ? Non. Il n'y avait pas de russophobie au 16ème siècle parce que ce que nous appelons aujourd'hui la Russie n'existait pas. En revanche, il y avait une très forte hispanophobie encouragée par les Hollandais, les Anglais et les Français, alors ennemis de l'Espagne. L'hispanophobie avait le vent en poupe. Une Légende Noire créée pour une seule raison : l'Espagne était la puissance dominante du monde et, de plus, elle défendait la foi de Rome contre les hérésies dogmatiques anglo-teutoniques contre Rome qui avaient surgi en particulier dans le Nord de l'Europe (un Nord plus tard dominateur).

Il est bien connu que la Légende Noire de l'Espagne est sans aucun doute la première et la plus intense et longue opération de propagande orchestrée au niveau international contre une grande nation. C'est une campagne qui a duré plusieurs siècles et qui se poursuit encore aujourd'hui, poussée par Hollywood et les médias anglo-saxons, contre tout ce qui est hispanique en Amérique espagnole, héritière de l'Espagne. Mais cette hispanophobie, cette guerre culturelle séculaire contre tout ce qui est hispanique, a été couronnée de succès. Et, pire que tout, même certains Espagnols sans cervelle (et même certains Russes ou Ukrainiens sans cervelle, ou divers imbéciles dans d'autres pays) ont fini par croire tous les mensonges contre l'Espagne et tout ce qui est hispanique.

Des mensonges en effet. "L'Espagne était brutale, sanguinaire et génocidaire", disent les propagandistes. Faux à l'extrême. L'Espagne a construit son empire sur l'idée du respect des habitants des terres conquises. Un génocide ? Nous, Espagnols, avons su nous mélanger, dans un métissage exemplaire et sur un pied d'égalité, avec les habitants locaux. En revanche, le génocide américain des Indiens d'Amérique a été réel. Ou le génocide anglais en Inde et en Asie. Ou encore le génocide le plus cruel de tous : celui de la Belgique au Congo.

Pendant ce temps, l'Espagne créait des universités, des hôpitaux et des institutions de justice dans les Amériques, qui n'étaient jamais des colonies (comme celles des Belges, des Néerlandais, des Britanniques ou des Français), mais de véritables vice-royautés, dans le style noble et solide de la Rome exemplaire, avec des droits de citoyenneté égaux partagés avec les nouveaux Espagnols. Pendant ce temps, dans la métropole de la péninsule, de grandes controverses intellectuelles (l'embryon de ce que l'on appellera plus tard les "droits de l'homme") se développent sur le traitement des nouveaux Espagnols de l'autre côté de l'océan. Et chaque vice-roi, gouverneur ou maire revenant d'Amérique était soumis à un rigoureux "juicio de residencia" à son arrivée dans la péninsule, afin de vérifier sa droiture à l'égard des habitants de sa vice-royauté respective. Foutaises et mensonges : voilà en quoi consiste l'intense campagne d'hispanophobie menée depuis des siècles par les ennemis de l'Espagne, en particulier les Anglo-Saxons.

Aujourd'hui, c'est au tour de la Russie. Depuis la légende noire contre l'Espagne, jamais dans l'histoire autant de mensonges, de diffamations et de faussetés n'ont été déversés contre une grande nation que de nos jours contre la Russie. Avec au moins une différence: tout est accéléré par l'importance décisive des nouvelles technologies de l'information, le cinéma, la télévision et la presse écrite étant contrôlés par les grands groupes anglo-saxons d'aujourd'hui. À Hollywood, la manipulation est constante: ce sont toujours les Russes (ou les Hispaniques) qui sont les méchants. Dans les réseaux sociaux, c'est un peu la même chose, même si la Russie (et aussi l'Espagne) s'y défend un peu mieux. Et mieux vaut ne pas parler des grands médias: il est gênant d'avoir honte de l'immense manipulation des imbéciles qu'ils exercent sans vergogne, avec leurs messages et leur propagande constamment vomis.

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Les origines de la russophobie

Mais d'où vient tant de russophobie ? Revenons un instant à la bibliothèque de l'Escorial. On y lit "Tartarie" pour désigner la situation géographique occupée aujourd'hui par la Russie. Mais pendant que Philippe II construisait son monumental monastère et son palais, la Russie (elle ne s'appelait pas ainsi à l'époque, mais la Principauté de Moscou) envahissait la véritable Tartarie musulmane des Tartares. Elle le fait sous Ivan IV, le Terrible. Terrible, cruel et brutal, certes, mais l'un des plus grands tsars que la Russie ait jamais eus. Un tsar qui, comme nous, Espagnols, lors de la reconquête contre l'Islam, a vaincu les Tartares musulmans (ceux de Kazan, mais aussi ceux de Crimée), a commencé à s'étendre en Sibérie et a construit la magnifique cathédrale Saint-Basile, symbole de Moscou que l'on voit sur les cartes postales de la Place Rouge.

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Est-ce le début de la russophobie? Peut-être oui, mais seulement à l'état embryonnaire, et non pas parce qu'Ivan était terrible, mais parce que la Russie commençait à devenir grande. Ivan le Terrible était cruel, excessif, déséquilibré et brutal; il a assassiné ou emprisonné la plupart de ses nombreuses épouses, battu à mort son propre fils et héritier, et il avait pour habitude de décapiter, empaler ou torturer à mort ses ennemis intérieurs et ses prisonniers de guerre. Mais à l'exception de quelques chroniques antirusses sur les pays ou les groupes ethniques que la Russie avait vaincus au combat, il n'y a guère eu d'opération de propagande majeure contre la Russie à l'époque. Pourquoi ? Parce que la Russie compte peu en Europe. Elle s'étendait en Asie. Cela n'avait pas d'importance en Europe.

Pendant ce temps, l'Espagne se développe et consolide sa position en Amérique et dans le Pacifique (en concurrence avec les Anglais, les Français, les Néerlandais et les Portugais), défend ses territoires européens et se bat dans les Flandres. Cela inquiète beaucoup les Anglais, les Néerlandais et les Français, qui concoctent l'immense propagande anti-espagnole à travers la Légende noire. L'Espagne, contrairement à la Russie, a compté. Et elle dominait le monde. Il fallait s'en débarrasser.

Si la véritable russophobie trouve son embryon avec les triomphes militaires du terrible Ivan, la véritable campagne de propagande commence à être orchestrée un siècle et demi plus tard. Il s'agit donc d'un processus beaucoup plus récent. Et voici que ses principaux instigateurs sont les mêmes que ceux qui ont perpétré les calomnies à l'encontre de l'Espagne. D'abord, l'Angleterre et la France. Au 20ème siècle, ils ont été rejoints par les continuateurs et alliés des Britanniques : les États-Unis.

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Quand commence la véritable russophobie ? Lorsque la Russie a commencé à se tourner vers l'Europe. C'est-à-dire au 18ème siècle, un siècle et demi après le terrible Ivan. Pierre Ier le Grand, le grand réformateur et le véritable père de la Russie d'aujourd'hui, régnait alors. C'est d'ailleurs ce tsar qui rebaptise la Principauté de Moscou et ressuscite la "Russie" de la Kievan Rus du 9ème siècle, qui modernise la Russie, l'européanise, fonde et construit Pétersbourg et déplace la capitale de Moscou vers sa nouvelle ville. Plus proche de l'Europe occidentale.

Le tsar Pierre n'est pas moins terrible que son maître Ivan: il exécute tous ceux qui s'opposent à ses réformes et met à mort son propre fils, non plus à coups de bâton mais à coups de fouet. Mais là encore, la campagne de russophobie que les Britanniques et les Français entamaient à l'époque n'était pas due à la force de caractère du tsar, mais à ses exploits militaires, notamment lorsqu'il a vaincu la Suède, alors puissante, à Poltava.

Soulignons à nouveau le parallèle avec l'Espagne. Nos ennemis séculaires étaient la France et la perfide Albion. Ce sont elles qui avaient lancé, deux siècles plus tôt, la campagne d'hispanophobie. Et c'est notre défensive néfaste, ainsi que les trahisons (de l'Angleterre, d'une part, et de la France et des abjects Bourbons Charles IV et Ferdinand VII, d'autre part) qui ont détruit l'Espagne et son Empire suite aux guerres napoléoniennes au début du 19ème siècle. Mais la campagne anti-espagnole se poursuit, implacable, dans un monde déjà dominé par les Français et les Britanniques. Il leur restait à s'emparer de Cuba, de Porto Rico, des Philippines et de nos îles du Pacifique. C'est ce que feront, près d'un siècle plus tard, les successeurs transatlantiques des Britanniques.

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L'Espagne étant presque épuisée, les Français et les Britanniques unissent leurs forces contre le nouvel ennemi: la Russie. Sous Napoléon, ce dernier publie en France l'une des premières "fake news" de l'histoire moderne: un testament de Pierre le Grand dans lequel il fait référence de manière propagandiste à un prétendu plan russe d'invasion de l'Europe. Le document était un faux. Russophobie. Sans parler des efforts puérils des très intelligents propagandistes des Lumières à la Diderot, qui qualifiaient les Espagnols et les Russes de peuples "barbares et vulgaires" alors qu'eux, pompeux détenteurs de la vérité, étaient les Lumières qui avaient apparemment éclairé le monde.

La russophobie s'intensifie

À partir du 19ème siècle, tout s'est intensifié contre la Russie. La raison: la Russie comptait déjà beaucoup en Europe. Ne nous attardons pas (ce serait trop long) sur la guerre de Crimée. Le 19ème siècle. Grande trahison de l'Europe par les Français et les Britanniques. Ils s'allient aux Ottomans musulmans pour vaincre la Russie. Ils y parviennent, tant sur le plan militaire que sur celui de la propagande.

Le 20ème siècle, le plus atroce de tous les temps en termes de millions de morts, est essentiel pour comprendre la russophobie d'aujourd'hui. Outre les Français (déjà sur le déclin), les Britanniques et les Américains (en pleine ascension après avoir vaincu l'Espagne en 1898 et nous avoir volé le reste de l'Empire), il y a un nouvel ennemi de la Russie: l'Allemagne. L'Allemagne facilite en effet le retour du malheureux Lénine en Russie. Le communisme est né. L'URSS émerge. Guerre mondiale. L'Allemagne envahit la Russie. Des millions et des millions de morts. C'est la guerre froide. Plus de russophobie. Romans et films américains ou anglais propagandistes sur les espions et conspirateurs russes (les "méchants", toujours) qui voulaient apparemment mettre fin au monde. Peur de la catastrophe nucléaire. Prolifération des abris antiatomiques. Peurs. Russophobie multipliée par mille.

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Implosion de l'URSS à partir de 1989, tout simplement parce que le communisme ne fonctionnait pas. Convulsions dans la Russie d'Eltsine qui ont fait chanter victoire aux ennemis de la Russie.

Mais non. Arrive Poutine, aujourd'hui diabolisé. Il prend les rênes. Et c'est là que le bât blesse: le monde a changé. Après l'effondrement de l'URSS, il est dominé par une seule puissance: les États-Unis. Mais la Russie a également changé. Et le type de russophobie aussi. Car si, auparavant, la russophobie, en particulier à l'égard de l'URSS, était due à la crainte, fondée ou non, que la Russie nous envahisse tous, les raisons sont désormais différentes, et peut-être beaucoup plus fortes et très différentes, et sans aucun doute aussi beaucoup plus profondes.

Que s'est-il passé ? Voyons ce qu'il en est. L'hégémonie des États-Unis après l'effondrement de l'URSS nous a conduits à un monde unipolaire et homogène, qui fonctionne avec soumission selon les valeurs et les principes des États-Unis. Des valeurs et des principes hypocritement utilisés comme une arme pour assurer non pas la domination militaire, mais la plus importante : la domination mentale. Et c'est cela qui est nouveau.

La Russie refuse donc de sauter dans les cerceaux. Ni l'idéologie trans, ni la doctrine LGTBIQ+, ni le mariage homosexuel, ni les portes ouvertes aux immigrants (ils en ont déjà assez avec les citoyens des autres nations de l'ex-URSS), ni le wokisme, ni les autres inventions et puritanismes des idéologies prédominantes aux États-Unis, qui soutiennent avec tant de moyens des individus super-riches comme Soros, Gates, l'inquiétant Forum de Davos ou ses cousins Bilderberg et un groupe similaire de marchands opulents qui ne cherchent qu'à accroître leur fortune dans un monde nouveau, celui de la "Big Reset", à laquelle ces magnats aspirent afin d'augmenter leur pouvoir tandis que les inégalités sociales se creusent. Mais la Russie tient bon. Elle renonce à ces nouvelles idéologies. Elle ne les avale pas.

Et la Russie abhorre toutes ces histoires dont on ne sait pas où elles mènent. Et elle suit une autre voie : la tradition. Révolution conservatrice. Reconstruction des églises, qui sont pleines le dimanche. Familles traditionnelles. Valeurs traditionnelles. Une autre voie. Inacceptable pour le "nouvel ordre mondial" que les États-Unis et leurs magnats tentaient d'imposer. Inacceptable pour les groupes médiatiques anglo-saxons de ce qu'on appelle l'"Occident". C'est pourquoi la russophobie est plus forte que jamais. Sans parler de l'invasion de l'Ukraine. La Russie est désormais l'ennemi à abattre.

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Une situation complexe, qui s'accompagne d'une terrible guerre qui fait rage en Ukraine. Une guerre très dangereuse - à cause des armes nucléaires - qui sera très longue. Une guerre qui, par l'usure à long terme et pour aucune autre raison, aboutira à la défaite de l'ennemi de la Russie (l'OTAN, pas l'Ukraine) et à la possible partition du pays.

Et la russophobie, insistons-y, à des niveaux jamais connus auparavant, pas même pendant l'URSS et la guerre froide.

Tout ce qui est russe est annulé. Sa musique. Sa littérature. Statues démolies. Sanctions le matin et le soir. Listes noires. Censure en Europe des médias russes, désormais fermés par décret. Vols annulés. Interdiction de faire du commerce et d'exporter. Des médias grand public en Europe et aux États-Unis qui, jour après jour, débitent des mensonges que personne de sensé ne peut croire. La discrimination à l'encontre des Russes est à l'ordre du jour. Des centaines de citoyens russes voient leurs comptes bancaires en Europe annulés ou bloqués pour la seule raison qu'ils sont russes. Un désastre.

Les responsabilités de la Russie

Or, la Russie a aussi sa part de responsabilité dans ce désastre. Pourquoi ? Parce qu'elle manque de ce que les Espagnols appellent "mano izquierda" (main gauche) et les Italiens "finezza" (finesse). La Russie n'a pas su ni voulu montrer son bon côté. Sa population, un excellent peuple qui n'a rien d'anti-européen, a du mal à comprendre que le Kremlin se soit refermé sur lui-même. Un héritage de l'époque soviétique.

Revenons à la comparaison avec l'Espagne. Après les bouleversements du 20ème siècle, l'Espagne, avec la démocratie, a su développer une ingénieuse politique de soft power (facteur que la Russie est incapable de comprendre) dans un monde qui oublie peu à peu la Légende Noire. Notre politique au sein de l'UE, notre coopération au développement et notre renforcement institutionnel, les sommets ibéro-américains et le "Secrétariat général ibéro-américain" (SEGIB), qu'Aznar a proposé et mis en œuvre, se distinguent à cet égard. Jusqu'à Aznar, l'Espagne maîtrisait la bonne carte de visite et une image raisonnable dans le monde. Et aussi vis-à-vis de la Russie, d'ailleurs: aucun pays de l'UE n'a été plus favorable à l'assouplissement et même à la suppression des exigences en matière de visa pour les citoyens russes, pour donner un exemple de geste amical à l'égard de la Russie. Un geste que Moscou n'a pas rendu aux Espagnols, soit dit en passant. Montrer un visage amical. C'est la clé. C'est aussi simple que cela. La Russie, elle, n'a pas envie de le faire. C'est son talon d'Achille. Sa principale erreur.

Malgré d'excellents diplomates, elle fait semblant d'être inamicale. Comme s'ils étaient fiers de jouer les mauvais garçons dans la cour d'école.

"Si vous ne pouvez pas vous faire aimer, faites-vous au moins craindre", semble être leur maxime. Un énorme non-sens. Les exemples ne manquent pas. Souvenez-vous d'Ivan le Terrible et du cruel Pierre le Grand. La Russie n'arrive pas à se débarrasser de l'air de brutalité qui l'accompagne depuis ses débuts. Regardez ses déclarations publiques aujourd'hui: intelligentes, mais inutilement agressives. Voyez sa politique de visas pour les Européens: hostile, paranoïaque et sans queue ni tête. Regardez sa réaction institutionnelle aux médias d'État russes cinglants contre l'Espagne à propos du coup d'État indépendantiste en Catalogne: des platitudes mielleuses, prétendument neutres, émises froidement depuis le Kremlin. De faibles déclarations qui ne leur ont pas valu la sympathie de l'Espagne. Berlin, Paris et même Washington se sont montrés plus fermes à l'égard du séparatisme catalan.

Moscou ne comprend pas le soft power. La projection de ses vertus dans le monde semble se limiter à de coûteux spectacles cosaques, à des balalaïkas, à des chœurs de moines, à des ballets et à tout cet attirail. Un bel attirail, sans aucun doute, mais qui n'a que peu de valeur publicitaire. Ils ont fait plus pour leur image dans le monde avec la Coupe du monde ou les Jeux olympiques de Sotchi. Mais le soft power, c'est autre chose. Finezza, répétons-le, est le mot italien qui le définit. Savoir qui vous soutient et qui ne vous soutient pas, et prendre davantage soin de ceux qui sont avec vous. Mieux expliquer les choses. Et de bonnes campagnes dans les médias et dans les pays étrangers.

Bref, la Russie a sa part de responsabilité dans la russophobie qui sévit aujourd'hui partout. La Russie apprendra-t-elle de ses erreurs? Leur espoir est de gagner cette guerre. Et celui qui gagne, semble-t-il, convainc. Mais la question de savoir s'ils apprendront ou non reste ouverte.

Luis Fraga a été sénateur du PP pendant 21 ans, entre 1989 et 2011. Il a publié plusieurs articles en Russie, où il a également été conférencier en langue russe.

Source : El Manifiesto

dimanche, 12 février 2023

Amalgames, complotisme et discriminations

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Amalgames, complotisme et discriminations

par Georges FELTIN-TRACOL

On ne se souvient plus que l’invité d’honneur du Salon du Livre de Paris en 2018 était la Russie. Pour la circonstance, Le Monde du 16 mars 2018 dressait le portrait de l’écrivain Zakhar Prilepine, ancien militant national-bolchevik qui venait de côtoyer les combattants indépendantistes du Donbass. Un tel article serait-il encore possible aujourd’hui ? Cette question fondamentale empêche la planète de tourner. Ce n’est pas la seule. L’orchestre de Moscou peut-il jouer à l’Opéra de Lyon ? Le champion serbe de tennis, Novak Djokovic, doit-il renier son père filmé dans les allées du tournoi de l’Open d’Australie avec des supporteurs brandissant un drapeau russe à l’effigie de Vladimir Poutine ? Le Comité international olympique doit-il exclure les sportifs bélarussiens et russes des prochaines compétitions ? S’il s’agissait d’une autre nationalité, un tollé intergalactique envahirait les rédactions de désinformation et secouerait les belles âmes occidentales. Elles ne font que reprendre et développer des propos officiels qui établissent une incontestable ségrégation. Après l’apartheid vaccinal, voici la russophobie élevée au rang de politique d’État !

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Dans un entretien au Washington Post du 8 août 2022, le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelenski affirme que les Russes doivent « vivre dans leur propre monde jusqu’à ce qu’ils changent de philosophie ». Il estime que « les sanctions les plus importantes consistent à fermer les frontières ». Dès le lendemain, la Première ministresse estonienne, Kaja Kallas (photo), poste sur Twitter qu’« il est temps d’en finir avec le tourisme russe. […] Visiter l’Europe est un privilège, et pas un droit ». Son compte n’a jamais été suspendu, ni supprimé. Quelle chanceuse ! Certes, elle cible les Russes et non pas les futurs Mozart et Molière originaires d’Afrique et d’Orient.

Entre deux fiestas dansantes et bien alcoolisées, son homologue finlandaise, Sanna Marin qui devrait s’inspirer de sa consœur néo-zélandaise, réclame pour sa part que l’Union dite européenne arrête d’accorder des visas touristiques aux Russes. Elle déclare au Figaro du 31 août 2022 qu’« il n’est pas juste que les citoyens russes puissent entrer en Europe, dans l’espace Schengen faire du tourisme […] pendant que la Russie tue des gens en Ukraine ». Le 1er septembre dernier, le gouvernement d’Helsinki réduit par conséquent de 90 % le nombre de visas octroyés aux Russes. La Finlande rejoint ainsi les trois États baltes, la Pologne et la République tchèque dans la non-délivrance systématique de visas aux citoyens de ce pays.

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Le 19 septembre 2022, Helsinki souhaite aller plus loin et plaide pour le bannissement complet des touristes russes de l’Espace Schengen dans le cadre de nouvelles sanctions. Dans Le Monde du 1er octobre 2022, le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto (photo), ose affirmer que « l’entrée des citoyens russes en Finlande, pour y faire du tourisme, mettrait en danger les relations internationales ». Bigre ! Rien que ça !

Cette demande nécessite cependant l’accord unanime du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement des États-membres. Or, outre Budapest, Paris et Berlin la récusent. Toujours en cours, les discussions s’orienteraient plutôt vers la suspension des conditions privilégiées d’obtention qui se manifesteraient par une durée d’attente plus longue et des coûts plus élevés (de 35 à plus de 80 euros).

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Parallèlement, depuis 2019, le gouvernement national-conservateur ultra-atlantiste polonais délivre une karta polaka aux descendants de citoyens de Pologne vivant dans des territoires naguère polonais entre 1919 et 1939 afin de faciliter leur immigration en Occident. Les députés de la Confédération Liberté et Indépendance, l’alliance des forces de la droite nationale, exigent que les très nombreux réfugiés ukrainiens présents sur le sol polonais reconnaissent de façon solennelle les exactions commises contre les polonophones en Volhynie par les militants de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) entre 1942 et 1945. Si le gouvernement extrémiste de Vilnius considère le Bélarus comme le prolongement historique de la Lituanie, la Pologne espère encore placer l’Ukraine dans son orbite. Les patriotes ukrainiens les plus sincères, en particulier les nationalistes-révolutionnaires, risquent de tomber de Charybde en Scylla…

L’Europe occidentale doit-elle accueillir les Russes ? Courrier International (du 25 au 31 août 2022) traduit et publie un article édifiant d’Edward Lucas paru à l’origine dans The Times du 15 août. « Tous les Russes ne sont pas coupables, écrit-il, mais que leur collusion soit active ou passive, tous ont une responsabilité dans le pouvoir écrasant acquis par Poutine ». Il ajoute que « l’histoire a montré que la générosité ne donnait pas de brillants résultats, c’est un euphémisme ». Le même, ou l’un de ses semblables, croit au contraire génial, extraordinaire et merveilleux de se montrer généreux envers les femmes des tafkiristes partis en Syrie et en Irak et de leurs gamins, ou d’accueillir les sans-papiers.

cexpover-big.jpgEn pointe dans le bellicisme, l’hebdomadaire L’Express de ce 26 janvier met en couverture une supposée « faillite morale » de la Russie à propos de la religion, de la propagande et des valeurs. Point de vue partial et subjectif ! Le système médiatique d’occupation mentale reprend à son compte le vieux fond anti-orthodoxe du catholicisme romain. Il dénigre tout ce qui est russe. Après avoir interdit la chaîne d’information RT France, la radio Sputnik, des chats russes dans une exposition féline et peut-être retiré des bibliothèques publiques les livres de Léon Tolstoï, de Fiodor Dostoïevski et d’Alexandre Soljénitsyne, vouloir apprendre la langue d’Alexandre Zinoviev deviendra bientôt une preuve manifeste d’intelligence avec une puissance étrangère presque ennemie !

Ce délire devient inquiétant chez certains responsables. Interrogé par Pierre Polard pour Le Figaro du 12 octobre 2022, le conseiller de Zelenski, Mykhaïlo Podolyak, explique que « les criminels de guerre russes doivent être jugés, pas seulement pour l’Ukraine, mais pour toutes les guerres passées, en Géorgie, en Syrie et pour le Donbass dès 2014 ». En intervenant en Syrie, la Russie a sauvé l’Europe du danger immédiat islamiste. Podolyak serait-il donc du côté des terroristes du 13 novembre 2015 ?

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On sait que le complotisme est très mal vu, sauf quand il sert l’hégémonie occidentale. Traductrice des FemHaine et liée à l’appareil pseudo-intello botulien, Galia Ackerman (photo) déclare à L’Express (du 3 au 9 novembre 2022) que « rétrospectivement, je pense même qu’il y avait, dès ses débuts, un plan secret devant conduire la Russie vers le résultat que nous voyons aujourd’hui ». Incroyable et magnifique assertion conspirationniste ! Mais nostalgique de la rééducation mentale de l’Allemagne par ses vainqueurs, elle ajoute qu’« il faut  humilier la Russie très sérieusement, parce qu’elle a apporté la destruction, la mort, le malheur et le traumatisme, dont on ne mesure pas encore la profondeur, à des millions de personnes. Il ne peut y avoir de rédemption si les responsables de cette tuerie – Poutine, mais aussi ses généraux, les exécutants et les propagandistes – ne sont pas punis, et la machine démantelée. Le peuple doit comprendre une fois pour toutes que la politique impérialiste, la tentative de conquérir et de briser un autre peuple, un autre pays, est condamnable. Si, après 1945, il n’y avait pas eu de contrôle de l’Allemagne occidentale par les forces alliées, pas eu de procès de Nuremberg, de lustration et de programmes d’éducation, nous n’aurions pas, aujourd’hui, cette Allemagne réunifiée, démocratique et paisible ». Les prodigieuses intuitions de Maurice Bardèche exprimées dans ses premiers essais politiques sont plus que jamais actuelles. Cette excellente propagandiste ne se doute pas qu’il est fort dangereux d’humilier les États. Les diplomates du Congrès de Vienne de 1814 – 1815, tout anti-napoléoniens qu’ils fussent, le savaient. Les abrutis de la Conférence de Versailles de 1919 l’ignoraient en revanche. L’humiliation de l’Allemagne, de la Hongrie, de l’Autriche, de la Bulgarie et même de l’Italie a été l’un des facteurs déclencheurs de la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de commenter l’actualité de manière hystérique, les bouffons de la chaîne d’information en continu LCI (La Connerie intégrée) feraient bien de se replonger dans l’histoire pour ensuite se taire pleinement.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 60, mis en ligne le 7 février 2023 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 18 mai 2022

La russophilie et la russophobie comme facteurs géopolitiques en Europe de l'Est

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La russophilie et la russophobie comme facteurs géopolitiques en Europe de l'Est

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/russofilia-e-russofobia-come-fattori-geopolitici-nelleuropa-orientale/

Le rôle clé dans la position des pays est joué par la présence ou l'absence d'élites souveraines au pouvoir.

L'opération militaire spéciale (SVO, abréviation russe) menée par la Russie en Ukraine dure depuis trois mois et est loin d'être terminée. Cette longue campagne n'aurait pas été possible sans l'assistance militaire sans précédent de l'OTAN au régime ukrainien. Les pays d'Europe de l'Est limitrophes de l'Ukraine jouent un rôle clé à cet égard. D'une part, c'est par le territoire de ces États que passent les livraisons d'équipements militaires. Ils fournissent également de vieilles armes soviétiques, avec lesquelles l'armée ukrainienne a l'habitude de travailler. D'autre part, ce sont ces pays qui accueillent la plus grande part des réfugiés ukrainiens. Ils supportent les principaux coûts et risques d'une confrontation avec la Russie.

Dans cette optique, le facteur idéologique acquiert une importance particulière. La russophobie ancrée dans la psychologie nationale ou, au contraire, une attitude traditionnellement amicale ou neutre envers la Russie peuvent être des facteurs influençant la stabilité dans un pays donné. À cet égard, les pays d'Europe de l'Est ne sont pas homogènes.

Slovaquie

En avril, les autorités slovaques ont livré à l'Ukraine leur système unique de défense aérienne S-300. La livraison du complexe a eu lieu en secret. L'opposition s'est fortement opposée à ce geste. Elle a accusé les autorités slovaques d'entraîner le pays dans le conflit et de réduire ainsi la capacité de défense du pays. Les États-Unis ont promis d'envoyer des systèmes de défense aérienne Patriot à la Slovaquie. Toutefois, ils seront contrôlés par du personnel militaire non slovaque, ce qui prive la Slovaquie du contrôle de son espace aérien, dé-souverainisant de la sorte ce petit pays.

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L'ancien premier ministre slovaque et leader du parti Smer-SD, Robert Fico (photo), affirme que "le transfert des S-300 pour la défense aérienne à l'Ukraine est un acte de guerre aux conséquences imprévisibles pour la Slovaquie".

Malgré les protestations, le Premier ministre slovaque Eduard Heger est allé plus loin et, le 12 avril, a proposé de fournir des avions MiG-29 slovaques à l'Ukraine. L'armée de l'air slovaque possède une douzaine de ces appareils. Auparavant, même la Pologne n'osait pas prendre une telle mesure, craignant les attaques russes sur son territoire. Dans le même temps, malgré la propagande anti-russe, un tiers des Slovaques soutiennent l'opération militaire spéciale russe en Ukraine.

Le 4 mai, la Slovaquie a également annoncé qu'elle était prête à réparer les équipements militaires ukrainiens endommagés. Ainsi, la république, où les sentiments pro-russes, a-t-on noté, étaient les plus prononcés parmi tous les pays d'Europe centrale avant l'opération militaire spéciale, est la plus intensément impliquée dans les hostilités parmi tous les pays du flanc oriental de l'OTAN. La raison en est que ce pays est le moins "sujet" de sa propre histoire. En 2018, la Slovaquie a connu sa "révolution colorée", les manifestations "anti-corruption" fomentées par l'Occident ont conduit à la démission de Robert Fico, puis à la perte de la majorité parlementaire par le parti Smer-SD. Le gouvernement slovaque peut être contraint de faire ce que même la Pologne n'ose ouvertement pas faire. Cette politique s'accompagne de répressions : ils tentent de priver Robert Fico de son mandat de député et l'arrêtent pour avoir divulgué des informations sur les violations fiscales de ses adversaires (les informations auraient été obtenues illégalement). Auparavant, un autre leader de l'opposition, le chef du parti populiste de droite Notre Slovaquie, Marian Kotleba, a été privé de son mandat parlementaire sur la base d'accusations forgées de toutes pièces.

Pologne

Le 30 mars, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que la Pologne "établissait des normes d'un certain type" sur ce que l'on appelait auparavant la russophobie. Varsovie se sent comme un nouveau centre de l'Europe qui, sur la vague du sentiment anti-russe, tente de démontrer son leadership. D'une part, cela s'applique à la France et à l'Allemagne. D'autre part, la Hongrie. Le vice-premier ministre du gouvernement polonais et véritable leader du parti au pouvoir Droit et Justice, Jaroslaw Kaczynski, a déclaré que la Pologne "ne peut plus coopérer" avec la Hongrie tant que celle-ci ne change pas de cap.

Nous parlons de la coopération entre la Hongrie et la Russie. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban tente de bloquer toute tentative d'imposer des sanctions européennes sur le gaz et le pétrole russes, car elles "tueraient la Hongrie". La Hongrie est également le seul pays européen à réclamer une enquête objective et indépendante sur la tragédie de Bucha. D'autres ont déjà accusé la Russie de tout.

"Lorsque le Premier ministre Orban dit qu'il ne peut pas voir ce qui s'est exactement passé à Bucha, on devrait lui conseiller de consulter un ophtalmologue", a poursuivi le chef du parti Droit et Justice au pouvoir.

Malgré la tentative de la Pologne de jouer les premiers violons dans le concert russophobe des puissances occidentales, cela n'a pas amélioré ses relations avec Bruxelles. Les dirigeants conservateurs de la Pologne sont depuis longtemps en conflit prolongé avec les dirigeants de l'UE. Pour cette raison, l'UE a suspendu l'allocation de fonds à la Pologne.

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Le 4 mai, le président polonais Andrzej Duda (photo) a déclaré dans une interview au Wall Street Journal que pour lui "la présence de troupes américaines dans notre région" est une garantie contre "l'expansion de la politique impériale russe". Il a souligné qu'il serait "très heureux si ces troupes restaient ici de façon permanente".

Hongrie

La décision de Viktor Orban de payer le gaz russe en roubles pourrait entraîner l'isolement de la Hongrie, a menacé le ministre allemand de l'économie Robert Habeck.

Selon lui, les actions du Premier ministre hongrois contredisent la décision du G7 de payer l'énergie russe dans les devises stipulées dans les contrats: dollars et euros. Ainsi, l'UE commence déjà à mettre en œuvre sa politique d'isolement, qui a été clairement évoquée en prévision de la victoire électorale d'Orban.

La position de la Hongrie a été critiquée par d'autres pays de l'OTAN et de l'UE pendant les mois de l'opération militaire spéciale. Les dirigeants ukrainiens ont accusé Budapest de planifier la saisie de territoires ukrainiens (sans noter l'existence de tels plans en Pologne). En conséquence, le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est retrouvé sur le site Myrotvoretz dans la liste des ennemis de l'Ukraine.

Dans l'UE, la Hongrie s'oppose fermement aux plans visant à imposer un embargo pétrolier à la Russie, même avec une prolongation pour la Hongrie et la Slovaquie jusqu'à la fin de 2023. Parmi les pays d'Europe centrale et orientale, la Hongrie adhère à la position la plus indépendante, ce qui complique la construction d'un front commun anti-russe.

Roumanie

En Roumanie, le pompage de la société par la propagande anti-russe a conduit à une attaque terroriste contre l'ambassade de Russie le 6 avril, lorsqu'un citoyen local faisant l'objet d'une enquête pour pédophilie s'est déclaré ukrainien et a foncé sur les grilles de l'ambassade de Russie à Bucarest, après quoi il s'est immolé avec sa voiture.

La Roumanie, en cas d'escalade du conflit en Transnistrie, pourrait prendre le contrôle de la République de Moldavie, selon des sources médiatiques russes. Le sud de la Bessarabie - une partie de la région ukrainienne d'Odessa, séparée du principal territoire ukrainien par une barrière naturelle - l'estuaire du Dnestr - revêt également une importance stratégique pour la Roumanie.

La Roumanie, comme la Pologne, joue un rôle clé dans l'approvisionnement de l'Ukraine en carburant et en armes occidentales. La présence des troupes américaines dans le pays augmente. Dans le même temps, la Roumanie intensifie sa coopération avec l'Ukraine pour envoyer des marchandises via la Moldavie. Par conséquent, la Roumanie devient d'une importance capitale dans la fourniture d'armes au sud de l'Ukraine et à la région d'Odessa et dans l'exportation de produits ukrainiens.

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Bulgarie

En Bulgarie, des manifestations ont eu lieu tout au long du mois d'avril contre les livraisons d'armes à l'Ukraine. Les manifestations étaient organisées par le parti parlementaire "Vazrazhdane" ("Renaissance"). Le président Rumen Radev (photo) s'est opposé à la fourniture d'une assistance militaire à l'Ukraine. La décision de Gazprom de suspendre les ventes de gaz à la Bulgarie a heurté les positions des russophiles bulgares. Cependant, cette situation a été causée par le refus du gouvernement du pays lui-même d'acheter du gaz en roubles.

Le 4 mai, le parlement bulgare (à l'exception des députés de Renaissance) a voté en faveur de la fourniture d'une assistance humanitaire et militaro-technique à l'Ukraine. Kiev souhaiterait réparer ses équipements militaires en Bulgarie et exporter des céréales via le port de Varna (les ports roumains sont déjà pleinement utilisés par l'Ukraine). Le président Radev a critiqué la décision du parlement, déclarant qu'"il y a un danger d'entraîner la Bulgarie dans ce conflit". Selon le chef de l'État, "le conflit ne sera pas court, il s'intensifiera et nécessitera des solutions raisonnables, et le terme même d'"assistance militaro-technique" est plutôt vague et risqué".

Il convient de noter qu'en Bulgarie, le niveau de soutien à la Russie au cours des derniers mois (février à mai) a chuté de 32% à 25%. En même temps, il faut tenir compte du fait que dans le contexte de la propagande hystérique anti-russe et de la réticence de nombreux Bulgares à parler aux sociologues de leur véritable état d'esprit, par peur de la répression et de l'ostracisme, dans le contexte du discours anti-russe dominant dans les médias, 25% est un chiffre substantiel. Dans cette situation, au moins un quart de la population déclare ouvertement son désaccord avec le récit anti-russe.

Grèce

En Grèce, tout comme en Bulgarie, des manifestations contre la fourniture d'armes à l'Ukraine ont eu lieu début avril. Cependant, aujourd'hui, les principaux arguments des manifestants sont la critique de l'augmentation des prix de l'énergie associée à l'adhésion de la Grèce aux sanctions anti-russes.

En général, les facteurs de russophilie ou de russophobie ne jouent pas un rôle particulier en Grèce. Les principales forces anti-guerre du pays sont la gauche. La détérioration de la vie des gens ordinaires est un facteur clé pour contrer l'implication dans le conflit. En général, dans les pays de l'OTAN d'Europe de l'Est, le facteur russophilie et russophobie joue un rôle en Slovaquie et en Bulgarie, où les forces pro-russes étaient auparavant au moins un peu évidentes. C'est dans ces pays que se pose aujourd'hui la question de la stabilité politique et d'éventuelles élections anticipées en raison de problèmes politiques internes, mais un facteur externe agit comme un catalyseur : le conflit en Ukraine et la perspective d'être entraîné dans une guerre avec la Russie.

Dans les États baltes, en Pologne et en Roumanie, la situation est plus stable. Toutefois, d'une manière générale, la pression de Washington, Londres et Bruxelles est si forte que l'opposition des forces pro-russes en Bulgarie et en Slovaquie risque d'être brisée. Le rôle clé dans la position des pays, comme le montre l'exemple de la Hongrie, est joué par la présence ou l'absence d'élites souveraines au pouvoir. Dans le premier cas, même l'expérience historique relativement négative des relations avec la Russie ne fait pas obstacle à une évaluation sobre de la situation. Au contraire, dans les pays totalement dépendants de l'Occident et dotés d'élites faibles, aucune expérience historique positive ne joue un rôle particulier ; de plus, il est possible en peu de temps de "raviver" la conscience de la majorité de la société par une exposition médiatique intense.

16 mai 2022

mercredi, 09 mars 2022

Astolphe de Custine et les racines du conflit entre Russes et Occidentaux

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Astolphe de Custine et les racines du conflit entre Russes et Occidentaux

Nicolas Bonnal

Les lettres de Custine sont une démonstration géopolitique du présent permanent : dans les années 1830-40,  le « monde moderne » se forme – et comme dit Guénon, au moment où on abuse du mot, la « civilisation » au sens réel et traditionnel disparaît.

A ce moment se crée le combat et le thème de la russophobie. Custine incarne cet ordre libéral à qui la Russie répugne. Et cela donne ces lignes sur le Russe :

«Le despotisme complet, tel qu'il règne chez nous, s'est fondé au moment où le servage s'abolissait dans le reste de l'Europe. Depuis l'invasion des Mongols, les Slaves, jusqu'alors l'un des peuples les plus libres du monde, sont devenus esclaves des vainqueurs d'abord, et ensuite de leurs propres princes. Le servage s'établit alors chez eux non-seulement comme un fait, mais comme une loi constitutive de la société. Il a dégradé la parole humaine en Russie, au point qu'elle n'y est plus considérée que comme un piège: notre gouvernement vit de mensonge, car la vérité fait peur au tyran comme à l'esclave. Aussi quelque peu qu'on parle en Russie, y parle-t-on encore trop, puisque dans ce pays tout discours est l'expression d'une hypocrisie religieuse ou politique".

«L'autocratie, qui n'est qu'une démocratie idolâtre, produit le nivellement tout comme la démocratie absolue le produit dans les républiques simples. »

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Custine voit déjà le futur « homo sovieticus » de Zinoviev et il décrit le russe comme un automate :

« Ce membre, fonctionnant d'après une volonté qui n'est pas en lui, vit autant qu'un rouage d'horloge; on appelle cela l'homme, en Russie… La vue de ces automates volontaires me fait peur; il y a quelque chose de surnaturel dans un individu réduit à l'état de pure machine. Si, dans les pays où les mécaniques abondent, le bois et le métal nous semblent avoir une âme, sous le despotisme les hommes nous semblent de bois; on se demande ce qu'ils peuvent faire de leur superflu de pensée, et l'on se sent mal à l'aise à l'idée de la force qu'il a fallu exercer contre des créatures intelligentes pour parvenir à en faire des choses; en Russie j'ai pitié des personnes, comme en Angleterre j'avais peur des machines. Là il ne manque aux créations de l'homme que la parole; ici la parole est de trop aux créatures de l'État. »

Petite pointe involontairement humoristique :

« Ces machines, incommodées d'une âme, sont, au reste, d'une politesse épouvantable; on voit qu'elles ont été ployées dès le berceau à la civilité comme au maniement des armes… »

On fait souvent de Poutine un grand joueur d’échecs. Custine écrit déjà :

« Cette population d'automates ressemble à la moitié d'une partie d'échecs, car un seul homme fait jouer toutes les pièces, et l'adversaire invisible, c'est l'humanité. On ne se meut, on ne respire ici que par une permission ou par un ordre impérial; aussi tout est-il sombre et contraint; le silence préside à la vie et la paralyse. Officiers, cochers, cosaques, serfs, courtisans, tous serviteurs du même maître avec des grades divers, obéissent aveuglément à une pensée qu'ils ignorent; c'est un chef-d'œuvre de discipline; mais la vue de ce bel ordre ne me satisfait pas du tout, parce que tant de régularité ne s'obtient que par l'absence complète d'indépendance. »

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Un seul cerveau contrôle tout le monde :

« Parmi ce peuple privé de loisir et de volonté, on ne voit que des corps sans âmes, et l'on frémit en songeant que, pour une si grande multitude de bras et de jambes, il n'y a qu'une tête. »

Et Custine prévoit aussi la Révolution russe :

« Le pouvoir exorbitant et toujours croissant du maître est la trop juste punition de la faiblesse des grands. Dans l'histoire de Russie personne, hors l'Empereur, n'a fait son métier; la noblesse, le clergé, toutes les classes de la société se sont manqué à elles-mêmes. Un peuple opprimé a toujours mérité sa peine; la tyrannie est l'œuvre des nations. Ou le monde civilisé passera de nouveau avant cinquante ans sous le joug des barbares, ou la Russie subira une révolution plus terrible que ne le fut la révolution dont l'Occident de l'Europe ressent encore les effets. »

Ceci dit il prévoit une guerre avec supériorité russe à la clé :

 « Lorsque notre démocratie cosmopolite, portant ses derniers fruits, aura fait de la guerre une chose odieuse à des populations entières, lorsque les nations, soi-disant les plus civilisées de la terre, auront achevé de s'énerver dans leurs débauches politiques, et que de chute en chute elles seront tombées dans le sommeil au dedans et dans le mépris au dehors, toute alliance étant reconnue impossible avec ces sociétés évanouies dans l'égoïsme, les écluses du Nord se lèveront de nouveau sur nous, alors nous subirons une dernière invasion non plus de barbares ignorants, mais de maîtres rusés, éclairés, plus éclairés que nous, car ils auront appris de nos propres excès comment on peut et l'on doit nous gouverner. »

Une génération plus tard Ernest Renan écrira à ce propos :

« Le Slave, dans cinquante ans, saura que c’est vous qui avez fait son nom synonyme d’esclave : il verra cette longue exploitation historique de sa race par la vôtre, et le nombre du Slave est le double du vôtre, et le Slave, comme le dragon de l’Apocalypse dont la queue balaye la troisième partie des étoiles, traînera un jour après lui le troupeau de l’Asie centrale, l’ancienne clientèle des Gengis Khan et Tamerlan. »

https://www.gutenberg.org/ebooks/25755

https://www.les4verites.com/culture-4v/1870-la-prophetie-...

 
 
 
 

lundi, 14 février 2022

Duplicité britannique: Boris Johnson salue les vertus de la diplomatie tout en accentuant les tensions militaires avec la Russie

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Duplicité britannique: Boris Johnson salue les vertus de la diplomatie tout en accentuant les tensions militaires avec la Russie

SOURCE : https://www.controinformazione.info/la-doppiezza-britannica-non-e-molto-piu-intensa-del-fatto-che-il-primo-ministro-boris-johnson-acclama-le-virtu-della-diplomazia-mentre-accumula-tensioni-militari-con-la-russia/

Cette semaine, M. Johnson a écrit un article d'opinion pour le journal Times dans lequel il se dit convaincu que "la diplomatie peut l'emporter" pour éviter que l'escalade des tensions autour de l'Ukraine ne dégénère en une guerre totale entre le bloc militaire USA-OTAN et la Russie.

M. Johnson a toutefois annoncé, quasi simultanément, que la Grande-Bretagne prévoyait de déployer davantage de marines, d'avions de chasse et de navires de guerre en Europe de l'Est. La Grande-Bretagne a déjà pris la tête des pays européens membres de l'OTAN en envoyant des armes et des forces spéciales en Ukraine, dans le cadre d'une défense contre l'"agression russe".

Ce que Johnson propose cette semaine, c'est le déploiement d'un plus grand nombre de forces britanniques en Pologne et dans les États baltes, dans ce qu'il appelle une démonstration du soutien "inébranlable" de la Grande-Bretagne à l'Europe. Il s'agit d'un prétexte cynique pour embellir l'image de la Grande-Bretagne comme une sorte de puissance animée de nobles sentiments.

Le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Moscou cette semaine pour des discussions de fond avec le dirigeant russe Vladimir Poutine sur les efforts visant à apaiser les tensions concernant l'Ukraine. La semaine prochaine, le chancelier allemand Olaf Scholz se rendra également à Moscou pour des entretiens avec Poutine.

Ensuite, nous voyons Londres faire apparemment tout son possible pour que la diplomatie échoue en augmentant arbitrairement les tensions militaires avec la Russie.

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M. Johnson et sa ministre des affaires étrangères, Liz Truss, se sont employés à mettre en garde la Russie contre un carnage sanglant si elle osait envahir l'Ukraine. Moscou a nié à plusieurs reprises avoir l'intention d'envahir le pays. Cependant, Mme Truss a été photographiée par les médias britanniques portant un gilet pare-balles de l'armée alors qu'elle était montée sur un char d'assaut. Elle doit se rendre à Moscou ces jours-ci pour des entretiens avec son homologue russe Sergei Lavrov. Cette rencontre promet d'être glaciale. On se demande pourquoi le Kremlin s'intéresse à un envoyé britannique aussi incompétent et malhonnête.

Londres, comme d'habitude, se plie aux exigences de Washington. Depuis que les États-Unis ont lancé, il y a près de trois mois, leur campagne de propagande accusant la Russie d'agression contre l'Ukraine, la Grande-Bretagne a explicitement amplifié le message de Washington sur la prétendue agression russe.

La propagande et les opérations médiatiques psychologiques sont un domaine dans lequel l'empire britannique décrépit conserve des compétences incontestables. On peut supposer que la prédominance des médias anglophones donne aux Britanniques un avantage inné.

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Ce dont Londres semble profiter, c'est d'animer la russophobie inhérente à la Pologne et aux États baltes. Les récents déploiements militaires britanniques se sont concentrés dans ces États d'Europe de l'Est, ainsi qu'en Ukraine. Cette démarche a servi à gonfler l'hystérie quant à l'agression russe.

Fait significatif, Johnson était à Kiev la semaine dernière pour rencontrer le président ukrainien Vladimir Zelensky, le même jour que le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Morawiecki a été l'une des voix russophobes les plus véhémentes d'Europe de l'Est, appelant à des sanctions plus drastiques encore contre Moscou.

Johnson renforce ces appels à une position unifiée de l'OTAN et de l'Europe sur des sanctions préventives contre la Russie "si elle envahit l'Ukraine". M. Johnson a déclaré que les sanctions devraient être "prêtes à l'emploi" et devraient inclure l'arrêt du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Union européenne.

Notamment, l'Allemagne et la France, les deux plus grandes économies de l'UE, sont réticentes à l'idée de parler de la fin de Nord Stream 2 si les tensions s'aggravent. Berlin et Paris sont manifestement plus disposés à trouver une issue diplomatique à l'impasse dans laquelle se trouve le bloc de l'OTAN dirigé par les États-Unis et la Russie.

Voici une ironie amère : la Grande-Bretagne a quitté l'Union européenne après le référendum sur le Brexit en 2016. Boris Johnson était une personnalité publique de premier plan qui a poussé au Brexit avec le mantra de la "reprise en main" de l'Union européenne.

Toutefois, si la Grande-Bretagne est désormais officiellement sortie du bloc européen, elle est toujours en mesure d'exercer une énorme influence sur l'UE dans ses relations avec la Russie. Londres mobilise un axe d'hostilité à l'égard de Moscou en militarisant les États russophobes d'Europe de l'Est, ainsi que l'Ukraine, et en imposant des sanctions visant à détruire le commerce énergétique stratégique avec la Russie.

En effet, la Grande-Bretagne gonfle probablement délibérément son importance internationale en alimentant de dangereuses tensions avec la Russie.

La crise de l'Ukraine a été artificiellement gonflée par Washington, avec l'aide et la complicité de Londres. Dicter l'énergie et les affaires étrangères de l'Europe à la Russie, voire à la Chine, est l'objectif non avoué de Washington et de son fidèle serviteur britannique. Et en accomplissant cet objectif, la Grande-Bretagne a cyniquement exploité la russophobie de l'Europe de l'Est pour obtenir un rôle surdimensionné dans l'ingérence dans les affaires de l'Union européenne, un bloc qu'elle a officiellement quitté après le Brexit.

Les préoccupations de la Russie en matière de sécurité doivent être négociées rationnellement et calmement par des moyens diplomatiques. Les objections de Moscou à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN sont tout à fait raisonnables.

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Mais il y a peu de chances que la diplomatie l'emporte lorsque des gens comme Boris Johnson et d'autres guerriers froids de Londres attisent les tensions guerrières par des livraisons d'armes provocantes à l'Europe de l'Est, dans un contexte de distorsions fantastiques sur l'"agression russe".

Une autre ironie amère est le rôle historique néfaste de la Grande-Bretagne dans l'incitation aux guerres en Europe. Contrairement à la version conventionnelle de la propagande de la Seconde Guerre mondiale, c'est Londres qui a secrètement mobilisé l'Allemagne nazie pour attaquer l'Union soviétique, sacrifiant ainsi son "allié" nominal, la Pologne et d'autres pays. Aujourd'hui, Londres proclame qu'elle défend l'Europe contre "l'agression russe" tout en préparant le terrain pour une guerre contre la Russie.

Source : Culture stratégique

Traduction : Luciano Lago

jeudi, 04 avril 2019

How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia

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How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
 
 

“Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as European. That’s why Russia proposes moving towards the creation of a common economic space from the Atlantic to the Pacific Ocean, a community referred to by Russian experts as ‘the Union of Europe’ which will strengthen Russia’s potential in its economic pivot toward the ‘New Asia.’” Vladimir Putin, President of the Russian Federation, February 2012

The allegations of ‘Russian meddling’ only make sense if they’re put into a broader geopolitical context. Once we realize that Washington is implementing an aggressive “containment” strategy to militarily encircle Russia and China in order to spread its tentacles across Central Asian, then we begin to understand that Russia is not the perpetrator of the hostilities and propaganda, but the victim. The Russia hacking allegations are part of a larger asymmetrical-information war that has been joined by the entire Washington political establishment. The objective is to methodically weaken an emerging rival while reinforcing US global hegemony.

Try to imagine for a minute, that the hacking claims were not part of a sinister plan by Vladimir Putin “to sow discord and division” in the United States, but were conjured up to create an external threat that would justify an aggressive response from Washington. That’s what Russiagate is really all about.

US policymakers and their allies in the military and Intelligence agencies, know that relations with Russia are bound to get increasingly confrontational, mainly because Washington is determined to pursue its ambitious “pivot” to Asia plan. This new regional strategy focuses on “strengthening bilateral security alliances, expanding trade and investment, and forging a broad-based military presence.” In short, the US is determined to maintain its global supremacy by establishing military outposts across Eurasia, continuing to tighten the noose around Russia and China, and reinforcing its position as the dominant player in the most populous and prosperous region in the world. The plan was first presented in its skeletal form by the architect of Washington’s plan to rule the world, Zbigniew Brzezinski. Here’s how Jimmy Carter’s former national security advisor summed it up in his 1997 magnum opus, The Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives:

“For America, the chief geopolitical prize is Eurasia… (p.30)….. Eurasia is the globe’s largest continent and is geopolitically axial. A power that dominates Eurasia would control two of the world’s three most advanced and economically productive regions. …. About 75 per cent of the world’s people live in Eurasia, and most of the world’s physical wealth is there as well, both in its enterprises and underneath its soil. Eurasia accounts for 60 per cent of the world’s GNP and about three-fourths of the world’s known energy resources.” (“The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic Imperatives”, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)

14 years after those words were written, former Secretary of State Hillary Clinton took up the banner of imperial expansion and demanded a dramatic shift in US foreign policy that would focus primarily on increasing America’s military footprint in Asia. It was Clinton who first coined the term “pivot” in a speech she delivered in 2010 titled “America’s Pacific Century”. Here’s an excerpt from the speech:

“As the war in Iraq winds down and America begins to withdraw its forces from Afghanistan, the United States stands at a pivot point. Over the last 10 years, we have allocated immense resources to those two theaters. In the next 10 years, we need to be smart and systematic about where we invest time and energy, so that we put ourselves in the best position to sustain our leadership, secure our interests, and advance our values. One of the most important tasks of American statecraft over the next decade will therefore be to lock in a substantially increased investment — diplomatic, economic, strategic, and otherwise — in the Asia-Pacific region…

Open markets in Asia provide the United States with unprecedented opportunities for investment, trade, and access to cutting-edge technology…..American firms (need) to tap into the vast and growing consumer base of Asia…The region already generates more than half of global output and nearly half of global trade. As we strive to meet President Obama’s goal of doubling exports by 2015, we are looking for opportunities to do even more business in Asia…and our investment opportunities in Asia’s dynamic markets.”

(“America’s Pacific Century”, Secretary of State Hillary Clinton”, Foreign Policy Magazine, 2011)

The pivot strategy is not some trifling rehash of the 19th century “Great Game” promoted by think-tank fantasists and conspiracy theorists. It is Washington’s premier foreign policy doctrine, a ‘rebalancing’ theory that focuses on increasing US military and diplomatic presence across the Asian landmass. Naturally, NATO’s ominous troop movements on Russia’s western flank and Washington’s provocative naval operations in the South China Sea have sent up red flags in Moscow and Beijing. Former Chinese President Hu Jintao summed it up like this:

“The United States has strengthened its military deployments in the Asia-Pacific region, strengthened the US-Japan military alliance, strengthened strategic cooperation with India, improved relations with Vietnam, inveigled Pakistan, established a pro-American government in Afghanistan, increased arms sales to Taiwan, and so on. They have extended outposts and placed pressure points on us from the east, south, and west.”

Russian President Vladimir Putin has been equally critical of Washington’s erratic behavior. NATO’s eastward expansion has convinced Putin that the US will continue to be a disruptive force on the continent for the foreseeable future. Both leaders worry that Washington’s relentless provocations will lead to an unexpected clash that will end in war.

Even so, the political class has fully embraced the pivot strategy as a last-gasp attempt to roll back the clock to the post war era when the world’s industrial centers were in ruins and America was the only game in town. Now the center of gravity has shifted from west to east, leaving Washington with just two options: Allow the emerging giants in Asia to connect their high-speed rail and gas pipelines to Europe creating the world’s biggest free trade zone, or try to overturn the applecart by bullying allies and threatening rivals, by implementing sanctions that slow growth and send currencies plunging, and by arming jihadist proxies to fuel ethnic hatred and foment political unrest. Clearly, the choice has already been made. Uncle Sam has decided to fight til the bitter end.

Washington has many ways of dealing with its enemies, but none of these strategies have dampened the growth of its competitors in the east. China is poised to overtake the US as the world’s biggest economy sometime in the next 2 decades while Russia’s intervention in Syria has rolled back Washington’s plan to topple Bashar al Assad and consolidate its grip on the resource-rich Middle East. That plan has now collapsed forcing US policymakers to scrap the War on Terror altogether and switch to a “great power competition” which acknowledges that the US can no longer unilaterally impose its will wherever it goes. Challenges to America’s dominance are emerging everywhere particularly in the region where the US hopes to reign supreme, Asia.

This is why the entire national security state now stands foursquare behind the improbable pivot plan. It’s a desperate “Hail Mary” attempt to preserve the decaying unipolar world order.

What does that mean in practical terms?

It means that the White House (the National Security Strategy) the Pentagon (National Defense Strategy) and the Intelligence Community (The Worldwide Threat Assessment) have all drawn up their own respective analyses of the biggest threats the US currently faces. Naturally, Russia is at the very top of those lists. Russia has derailed Washington’s proxy war in Syria, frustrated US attempts to establish itself across Central Asia, and strengthened ties with the EU hoping to “create a harmonious community of economies from Lisbon to Vladivostok.” (Putin)

Keep in mind, the US does not feel threatened by the possibility of a Russian attack, but by Russia’s ability to thwart Washington’s grandiose imperial ambitions in Asia.

As we noted, the National Security Strategy (NSS) is a statutorily mandated document produced by the White House that explains how the President intends to implement his national security vision. Not surprisingly, the document’s main focus is Russia and China. Here’s an excerpt:

“China and Russia challenge American power, influence, and interests, attempting to erode American security and prosperity. They are determined to make economies less free and less fair, to grow their militaries, and to control information and data to repress their societies and expand their influence.” (Neither Russia nor China are attempting to erode American security and prosperity.” They are merely growing their economies and expanding their markets. If US corporations reinvested their capital into factories, employee training and R and D instead of stock buybacks and executive compensation, then they would be better able to complete globally.)

Here’s more: “Through modernized forms of subversive tactics, Russia interferes in the domestic political affairs of countries around the world.” (This is a case of the ‘pot calling the kettle black.’)

“Today, actors such as Russia are using information tools in an attempt to undermine the legitimacy of democracies. Adversaries target media, political processes, financial networks, and personal data.” (The western media behemoth is the biggest disinformation bullhorn the world has ever seen. RT and Sputnik don’t hold a candle to the ginormous MSM ‘Wurlitzer’ that controls the cable news stations, the newspapers and most of the print media. The Mueller Report proves beyond a doubt that the politically-motivated nonsense one reads in the media is neither reliably sourced nor trustworthy.)

The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community is even more explicit in its attacks on Russia. Check it out:

“Threats to US national security will expand and diversify in the coming year, driven in part by China and Russia as they respectively compete more intensely with the United States and its traditional allies and partners…. We assess that Moscow will continue pursuing a range of objectives to expand its reach, including undermining the US-led liberal international order, dividing Western political and security institutions, demonstrating Russia’s ability to shape global issues, and bolstering Putin’s domestic legitimacy.

We assess that Moscow has heightened confidence, based on its success in helping restore the Asad regime’s territorial control in Syria,… Russia seeks to boost its military presence and political influence in the Mediterranean and Red Seas… mediate conflicts, including engaging in the Middle East Peace Process and Afghanistan reconciliation….

Russia will continue pressing Central Asia’s leaders to support Russian-led economic and security initiatives and reduce engagement with Washington. …Russia and China are likely to intensify efforts to build influence in Europe at the expense of US interests…” (“The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community”, USG)

Notice how the Intelligence Community summary does not suggest that Russia poses an imminent military threat to the US, only that Russia has restored order in Syria, strengthened ties with China, emerged as an “honest broker” among countries in the Middle East, and used the free market system to improve relations with its trading partners and grow its economy. The IC appears to find fault with Russia because it is using the system the US created to better advantage than the US. This is entirely understandable given Putin’s determination to draw Europe and Asia closer together through a region-wide economic integration plan. Here’s Putin:

“We must consider more extensive cooperation in the energy sphere, up to and including the formation of a common European energy complex. The Nord Stream gas pipeline under the Baltic Sea and the South Stream pipeline under the Black Sea are important steps in that direction. These projects have the support of many governments and involve major European energy companies. Once the pipelines start operating at full capacity, Europe will have a reliable and flexible gas-supply system that does not depend on the political whims of any nation. This will strengthen the continent’s energy security not only in form but in substance. This is particularly relevant in the light of the decision of some European states to reduce or renounce nuclear energy.”

The gas pipelines and high-speed rail are the arteries that will bind the continents together and strengthen the new EU-Asia superstate. This is Washington’s greatest nightmare, a massive, thriving free trade zone beyond its reach and not subject to its rules. In 2012, Hillary Clinton acknowledged this new threat and promised to do everything in her power to destroy it. Check out this excerpt:

“U.S. Secretary of State Hillary Clinton described efforts to promote greater economic integration in Eurasia as “a move to re-Sovietize the region.”…. “We know what the goal is and we are trying to figure out effective ways to slow down or prevent it,” she said at an international conference in Dublin on December 6, 2012, Radio Free Europe.”

“Slow down or prevent it”?

Why? Because EU-Asia growth and prosperity will put pressure on US debt markets, US corporate interests, US (ballooning) national debt, and the US Dollar? Is that why Hillary is so committed to sabotaging Putin’s economic integration plan?

Indeed, it is. Washington wants to block progress and prosperity in the east in order to extend the lifespan of a doddering and thoroughly-bankrupt state that is presently $22 trillion in the red but continues to write checks on an overdrawn account.

But Russia shouldn’t be blamed for Washington’s profligate behavior, that’s not Putin’s fault. Moscow is merely using the free market system more effectively that the US.

Now consider the Pentagon’s 2018 National Defense Strategy (NDS) which reiterates many of the same themes as the other two documents.

“Today, we are emerging from a period of strategic atrophy, aware that our competitive military advantage has been eroding. We are facing increased global disorder, characterized by decline in the long-standing rules-based international order—creating a security environment more complex and volatile than any we have experienced in recent memory. Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security.”

(Naturally, the “security environment” is going to be more challenging when ‘regime change’ is the cornerstone of one’s foreign policy. Of course, the NDS glosses over that sad fact. Here’s more:)

“Russia has violated the borders of nearby nations and pursues veto power over the economic, diplomatic, and security decisions of its neighbors…..(Baloney. Russia has been a force for stability in Syria and Ukraine. If Obama had his way, Syria would have wound up like Iraq, a hellish wastelands occupied by foreign mercenaries. Is that how the Pentagon measures success?) Here’s more:

“China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model…

“China and Russia are now undermining the international order from within the system…….

“China and Russia are the principal priorities for the Department… because of the magnitude of the threats they pose to U.S. security.” (National Defense Strategy of the United States of America)

Get the picture? China and Russia, China and Russia, China and Russia. Bad, bad, bad.

Why? Because they are successfully implementing their own development model which is NOT programed to favor US financial institutions and corporations. That’s the whole thing in a nutshell. The only reason Russia and China are a threat to the “rules-based system”, is because Washington insists on being the only one who makes the rules. That’s why foreign leaders are no longer falling in line, because it’s not a fair system.

These assessments represent the prevailing opinion of senior-level policymakers across the spectrum. (The White House, the Pentagon and the Intelligence Community) The USG is unanimous in its judgement that a harsher more combative approach is needed to deal with Russia and China. Foreign policy elites want to put the nation on the path to more confrontation, more conflict and more war. At the same time, none of these three documents suggest that Russia has any intention of launching an attack on the United States. The greatest concern is the effect that emerging competitors will have on Washington’s provocative plan for military and economic expansion, the threat that Russia and China pose to America’s tenuous grip on global power. It is that fear that drives US foreign policy.

And this is broader context into which we must fit the Russia investigation. The reason the Russia hacking furor has been allowed to flourish and spread despite the obvious lack of any supporting evidence, is because the vilifying of Russia segues perfectly with the geopolitical interests of elites in the government. The USG now works collaboratively with the media to influence public attitudes on issues that are important to the powerful foreign policy establishment. The ostensible goal of these psychological operations (PSYOP) is to selectively use information on “audiences to influence their emotions, motives, objective reasoning, and ultimately the behavior of… organizations, groups, and individuals.”

The USG now sees the minds of ordinary Americans as a legitimate target for their influence campaigns. They regard attitudes and perceptions as “the cognitive domain of the battlespace” which they must exploit in order to build public support for their vastly unpopular wars and interventions. The relentless Russiagate narrative (which was first referred to the FBI by the chief architect of the Syrian War, former-CIA Director John Brennan) represents the disinformation component of the broader campaign against Russia. Foreign policy elites are determined to persuade the American people that Russia constitutes a material threat to their security that must be countered by tighter sanctions, more sabre-rattling, and eventually war.

lundi, 15 octobre 2018

Roland Barthes et la profonde altérité russe (en 1956)

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Roland Barthes et la profonde altérité russe (en 1956)

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Les délires occidentaux en matière russe n’ont hélas rien de neuf. Relisons le début du journal de Dostoïevski :

« Quand il s’agit de la Russie, une imbécillité enfantine s’empare de ces mêmes hommes qui ont inventé la poudre et su compter tant d’étoiles dans le ciel qu’ils croient vraiment pouvoir les toucher. »

Dostoïevski ajoute que ces russes extra-terrestres « tiennent à la fois de l’Européen et du Barbare. On sait que notre peuple est assez ingénieux, mais qu’il manque de génie propre ; qu’il est très beau ; qu’il vit dans des cabanes de bois nommées isbas, mais que son développement intellectuel est retardé par les paralysantes gelées hivernales. »

Le russe est resté l’être inférieur et l’automate qu’il était chez Custine (lisez mon texte sur lesakerfrancophone.fr) :

«  On n’ignore pas que la Russie encaserne une armée très nombreuse, mais on se figure que le soldat russe, simple mécanisme perfectionné, bois et ressort, ne pense pas, ne sent pas, ce qui explique son involontaire bravoure dans le combat ; que cet automate sans indépendance est à tous les points de vues à cent piques au-dessous du troupier français… »

C’est que le russe est pire que la lune ; il est inconnaissable :

« La Russie est ouverte à tous les Européens ; les Russes sont là, à la portée des investigations occidentales, et pourtant le caractère d’un Russe est peut-être plus mal compris en Europe que le caractère d’un Chinois ou d’un Japonais. La Russie est, pour le Vieux Monde, l’une des énigmes du Sphinx. On trouvera le mouvement perpétuel avant d’avoir saisi, en Occident, l’esprit russe, sa nature et son orientation. À ce point de vue là je crois que la Lune est explorée presque aussi complètement que la Russie. On sait qu’il y a des habitants en Russie, et voilà toute la différence. Mais quels hommes sont ces Russes ? C’est un problème, c’en est encore un, bien que les Européens croient l’avoir depuis longtemps résolu. »

Si l’auteur de l’Idiot évoque la lune, c’est pour souligner cette altérité extra-terrestre ; mais un siècle plus tard, Barthes évoquera en riant Mars. C’est dans ses Mythologies où Barthes démonte les mécanismes de la pensée médiocre, social-radicale et petite-bourgeoise française qui reprit son envol avec Hollande :

« Le mystère des Soucoupes Volantes a d'abord été tout terrestre : on supposait que la soucoupe venait de l'inconnu soviétique, de ce monde aussi privé d'intentions claires qu'une autre planète. Et déjà cette forme du mythe contenait en germe son développement planétaire ; si la soucoupe d'engin soviétique est devenue si facilement engin martien, c'est qu'en fait la mythologie occidentale attribue au monde communiste l'altérité même d'une planète : l'URSS est un monde intermédiaire entre la Terre et Mars. »

A l’époque de Barthes (1954-56 donc) le conflit est-ouest et le délire martien doit aboutir à la mondialisation (voyez le classique de Robert Wise The day the earth stood still). Et cela donne sous notre plume acerbe :

« La grande contestation URSS-USA est donc désormais sentie comme un état coupable, parce qu'ici le danger est sans mesure avec le bon droit ; d'où le recours mythique à un regard céleste, assez puissant pour intimider les deux parties. »

La soucoupe volante c’est aussi une arme secrète, notion que les russes ont remise à la mode récemment (les articles pullulent, y compris les sceptiques). Barthes écrit :

« Les analystes de l'avenir pourront expliquer les éléments figuratifs de cette puissance, les thèmes oniriques qui la composent : la rondeur de l'engin, le lisse de son métal, cet état superlatif du monde que serait une matière sans couture : a contrario, nous comprenons mieux tout ce qui dans notre champ perceptif participe au thème du Mal : les angles, les plans irréguliers, le bruit, le discontinu des surfaces. Tout cela a déjà été minutieusement posé dans les romans d'anticipation, dont la psychose martienne ne fait que reprendre à la lettre les descriptions. »

mythologies-76913.jpgA l’époque la SF nous rassure. Les martiens ne peuvent être que comme nous. Le caustique auteur de S/Z Seraphita ajoute :

« Ce qu'il y a de plus significatif, c'est que Mars est implicitement douée d'un déterminisme historique calqué sur celui de la Terre. Si les soucoupes sont les véhicules de géographes martiens venus observer la configuration de la Terre, comme l'a dit tout haut je ne sais quel savant américain, et comme sans doute beaucoup le pensent tout bas, c'est que l'histoire de Mars a mûri au même rythme que celle de notre monde, et produit des géographes dans le même siècle où nous avons découvert la géographie et la photographie aérienne. La seule avance est celle du véhicule lui-même, Mars n'étant ainsi qu'une Terre rêvée, douée d'ailes parfaites comme dans tout rêve d'idéalisation. »

Barthes conclut logiquement :

« Probablement que si nous débarquions à notre tour en Mars telle que nous l'avons construite, nous n'y trouverions que la Terre elle-même, et entre ces deux produits d'une même Histoire, nous ne saurions démêler lequel est le nôtre. Car pour que Mars en soit rendue au savoir géographique, il faut bien qu'elle ait eu, elle aussi, son Strabon, son Michelet, son Vidal de La Blache et, de proche en proche, les mêmes nations, les mêmes guerres, les mêmes savants et les mêmes hommes que nous. »

Barthes décrit ensuite nos réactions dans La croisière du « Batory » :

« Puisqu'il y a désormais des voyages bourgeois en Russie soviétique, la grande presse française a commencé d'élaborer quelques mythes d'assimilation de la réalité communiste. MM. Sennep et Macaigne, du Figaro, embarqués sur le Batory, ont fait dans leur journal l'essai d'un alibi nouveau, l'impossibilité de juger un pays comme la Russie en quelques jours. Foin des conclusions hâtives, déclare gravement M. Macaigne, qui se moque beaucoup de ses compagnons de voyage et de leur manie généralisatrice. »

Notre critique ajoute :

« Il est assez savoureux de voir un journal qui fait de l'antisoviétisme à longueur d'année sur des ragots mille fois plus improbables qu'un séjour réel en URSS, si court soit-il, traverser une crise d'agnosticisme et se draper noblement dans les exigences de l'objectivité scientifique, au moment même où ses envoyés peuvent enfin approcher ce dont ils parlaient si volontiers de loin et d'une manière si tranchante. »

A l’époque le journaliste du Figaro décrit la rue (voyez le délirium durant la coupe du monde de foot) :

« La rue est devenue tout d'un coup un terrain neutre, où l'on peut noter, sans prétendre conclure. Mais on devine de quelles notations il s'agit. Car cette honnête réserve n’empêche nullement le touriste Macaigne de signaler dans la vie immédiate quelques accidents disgracieux, propres à rappeler la vocation barbare de la Russie soviétique : les locomotives russes font entendre un long meuglement sans rapport avec le sifflet des nôtres ; le quai des gares est en bois ; les hôtels sont mal tenus; il y a des inscriptions chinoises sur les wagons (thème du péril jaune) ; enfin, fait qui révèle une civilisation véritablement arriérée, on ne trouve pas de bistrots en Russie, rien que du jus de poire ! »

L’important pour le bourgeois français est de rester supérieur :

« D'une manière générale, le voyage en URSS sert surtout à établir le palmarès bourgeois de la civilisation occidentale : la robe parisienne, les locomotives qui sifflent et ne meuglent pas, les bistrots, le jus de poire dépassé, et surtout, le privilège français par excellence ; Paris, c'est-à-dire un mixte de grands couturiers et de Folies-Bergères ; c'est ce trésor inaccessible qui, paraît-il, fait rêver les Russes à travers les touristes du Batory… »

C’était avant les oligarques consommateurs… Et Barthes de conclure :

« C'est donc une fois seulement qu'il a été illuminé par le soleil de la civilisation capitaliste, que le peuple russe peut être reconnu spontané, affable, généreux. Il n'y a plus alors que des avantages à dévoiler sa gentillesse débordante : elle signifie toujours une déficience du régime soviétique, une plénitude du bonheur occidental : la reconnaissance « indescriptible » de la jeune guide de l'intourist pour le médecin (de Passy) qui lui offre des bas nylon, signale en fait l'arriération économique du régime communiste et la prospérité enviable de la démocratie occidentale. »

Dans la conclusion Barthes tord le cou à la gauche bourgeoise qui bientôt prendrait le tournant sociétal (lui écrivant pour l’Observateur devait s’en rendre compte) :

« On m'a demandé s'il y avait des mythes «à gauche». Bien sûr, dans la mesure même où la gauche n'est pas la révolution. Le mythe de gauche surgit précisément au moment où la révolutionse transforme en « gauche », c'est-à-dire accepte de semasquer, de voiler son nom, de produire un méta-langage innocentet de se déformer en « Nature ».

Sous le jargon hélas vétuste le même propos : on laisse tomber le peuple et on répand des propos russophobes. La russophobie féroce remplacera férocement la révolte des masses enfouie.

 

Sources

Roland Barthes – Mythologies

Dostoïevski - Journal

Nicolas Bonnal – Dostoïevski et la modernité occidentale

10:09 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, philosophie, roland barthes, russophobie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 10 mai 2018

Ukrainian Nationalist Perspective of the Events in Ukraine and the Third Geopolitical Way

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Olena Semenyaka:

Ukrainian Nationalist Perspective of the Events in Ukraine and the Third Geopolitical Way

NOTE DE LA REDACTION: Ce texte émane d'Olena Semenkaya, théoricienne de la révolution conservatrice allemande en Ukraine, dont elle cherche à appliquer les principes dans la réalité ukrainienne d'aujourd'hui. Elle travaille sur une thèse de doctorat qui sera consacrée à Ernst Jünger. Elle est membre du Haut-conseil du Corps National, branche politique du Mouvement néo-nationaliste ukrainien Azov, chargée des relations internationales, coordinatrice du réseau paneuropéen Reconquista et du projet géopolitique Intermarium.

Inutile de préciser que ses thèses sur la révolution conservatrice rencontrent notre plus vif intérêt, d'autant plus qu'elles s'expriment, non pas dans le "Grand Hospice" occidental fustigé par Edouard Limonov, mais dans une zone de grande effervescence politique, comme le furent sans aucun doute les premières années de la République de Weimar.

En revanche, les positions antirusses irrationnelles des mouvements qu'elle anime et patronne, nous les percevons comme dangereux pour l'ensemble de l'écoumène européen qui devrait, comme nous l'avons maintes fois répétés, retrouvé l'harmonie de l'alliance franco-austro-russe du 18ième siècle et de la Sainte Alliance pentarchique née à Vienne en 1814. Géopolitiquement parlant, il nous est impossible de théoriser un abandon du bassin de la Volga et des richesses sibériennes ou de renoncer à tout accès direct à l'espace de la Caspienne. Ensuite, les forces dites "illiberal" doivent unir leurs efforts et non pas se disperser en des combats fratricides.

Mais ce qui est le plus intéressant, et en même temps, le plus amusant dans cette étude qu'elle livre ici pour une revue allemande, en l'occurrence Gegenlicht, c'est sa critique féroce de la russophilie de ce qu'il est convenu d'appeler la "Nouvelle Droite": sa cible favorite, qui l'eût cru, est évidemment Alexandre Douguine mais elle n'épargne pas davantage les frères ennemis de la ND française, l'inénarrable de Benoist et l'homme que ce dernier n'a cessé d'injurier et de calomnier, Guillaume Faye. A ce duo s'ajoutent Robert Steuckers et Pavel Toulaev (Tulaev) même si on sent bien qu'Olena Semenkaya s'est bien amusée à lire leur entretien, consacré à divers sujets dont la ND (voir bibliographie en fin d'article). Douguine, Benoist, Faye, Steuckers et Toulaev prennent quelques volées de bois vert. Steuckers estime que cette fureur féminine est amusante et ne voit aucun inconvénient à ce qu'elle figure sur la grande toile, y compris sur des sites fréquentés par ses lecteurs; il a toujours brocardé les "gourouïsmes" inféconds du milieu néo-droitiste, l'article d'Olena Semenkaya pouvant dès lors servir d'antidote à ceux qui y succombent et qui veulent faire de lui, à son corps défendant, un gourou aussi ridicule que les autres.

De plus que ce texte permet de mieux comprendre l'imbroglio ukrainien, pour autant que cela soit possible, ici, en Europe de l'Ouest. Olena Semenkaya doit comprendre que l'extrême complexité des clivages à l'oeuvre en Ukraine laisse bon nombre d'observateurs perplexes.

Sur le sujet on lire un article didactique en langue espagnole:

https://slavyangrad.es/2017/01/13/el-contexto-ideologico-...

* * *

Olena Semenkaya:

During the past year after Maidan Ukrainian intellectuals have been mostly preoccupied with refuting anti-Ukrainian fake news and answering the interviews rather than developing a coherent analysis of the events at Maidan or at least criticizing its accounts by the most authoritative figures in the New Right community – Alain de Benoist and Guillaume Faye. The information warfare on occasion of the Ukrainian conflict may be fairly regarded as a climax of postmodern, for in this case the infamous simulacra not only function as real, but overpower every ideology due to the total domination of mass media over people’s minds, unprecedented historical ignorance of recipients and such a strong anti-“fascist” neo-Soviet propaganda in Russia that the practice of denazification in the post-war Germany looks like a delicate therapeutic procedure.

The anti-Russian highlights of the Western media might be double-standard and hypocritical, but the Russian drivers of an anti-Ukrainian hate machine, which is worse, do believe in their own lies, and people stick to it (for instance, a story of the crucified by the Ukrainian National Guard little boy in the recaptured city of Slovyansk) even when it is denied by their own idols like Igor Strelkov (Girkin), which is a way of recruiting the new fighters for the “Novorussian” militia. Thus the developments in Ukraine and Russia give more data to psychiatrists and sociologists than historians and philosophers.

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Début avril 1992: conférence de presse à Moscou: de gauche à droite, Alexandre Prokhanov, ancien rédacteur-en-chef de "Lettres soviétiques" et directeur du journal Dyeïnn, Alain de Benoist, Alexandre Douguine et Robert Steuckers.

Even though both of the aforementioned thinkers tried to offer a balanced overview of the Ukrainian situation, and de Benoist admitted the split among the revolutionaries, the most passionary part of which transcends the false geopolitical dilemma between the EU / NATO and the Russian Federation [1], their main premises are in full accord with the interpretative axioms of the leader of neo-Eurasianism Alexander Dugin whose strategy may be summarized in terms of four basic aspirations: 1) to reduce the complexity of the cultural-historical relations between the Russian Empire and its heir, the Russian Federation, and Ukraine to geopolitics and the geopolitical rivalry of the US and Russia over Ukraine and Europe; 2) to deconstruct the historical and geopolitical ambitions of the Ukrainian Right and their claims to represent the Third Position and thus to show that they are at best the useful idiots of Euro-Atlanticism and Ukraine is a playground of another colour revolution in service of the American hegemony; 3) to make everyone associate resistance against the new world order and, arguably synonymously, the ideal of “the multi-polar world” under Russian protection namely with the project of “Novorussia” and Putin; 4) to emphasize disappearance of the communistic camp (two-polar world), silence the fact that the Soviet Union was a co-founder of the NWO that criminalized German and, consequently, European national self-awareness and to denigrate “ethnonationalism” as favorable for the America-dominated one-polar world “fascism.”

These cornerstones of Dugin’s fourth (after liberalism, communism and fascism / Conservative Revolution) political theory were accepted by de Benoist a long time ago: his thematic work was published in Russian under the title “Against Liberalism: to the Fourth Political Theory” in 2009 before a visit to St. Petersburg and after his participation in the Moscow conference in 2008 which were organized by Dugin. During these visits de Benoist defined liberalism as the main enemy and confirmed his cooperation with the Eurasianist movement as the only real alternative of mondialism and American hegemony. In other words, Alain de Benoist, as a co-founder of the 4PT, in his analysis of the Ukrainian conflict simply restated similar to Dugin’s ideas in a more moderate manner.

4pt-2.jpgMoreover, Dugin himself drew inspiration from de Benoist’s version of the New Right when he wrote his introduction to Conservative Revolution in a monograph of the same title back in 1994. As a result, the residents of the post-Soviet countries who had no access to the original sources since the very beginning perceived “failed” Conservative Revolution (the 3PT) as a prelude to the pro-Soviet “Young Europe” of Jean Thiriart, the French New Right of Alain de Benoist and Eurasianism as such that don’t repeat the “anti-Soviet” mistake of their predecessors. Thus Dugin singles out one of the conservative-revolutionary trends, the National Bolshevik, which favors the Soviet Union, more precisely, the National Bolshevik group led by Ernst Niekisch within the classic national-revolutionary direction and portrays it as the only relevant one.

According to Dugin’s “Conservative Revolution,” the progress of de Benoists’ New Right consists in refusal from white supremacism and Euro-centrism along with westernalism and capitalism: the new rightists fight not against immigrants, but against immigration and not for the people (their own nation), but for the peoples [2]. As a result, the reader gets a distorted idea of the “Old Right”: firstly, it is almost reduced to the media representation of Nazism, secondly, the Conservative Revolution is described as a theory devoid of the methodological and theoretical (above all, geopolitical) foundations for the effective resistance against the left-liberal world order at the global level and securing diversity of traditions and nations. In addition, the idea of old Europe as a cultural and mythological, even a sacred center vanishes; this role is also hijacked by the “real” Third Rome Moscow, which is unequivocally associated by the Russian Right with the multicultural Carthage, “Moscwabad.”

Jean Thiriart et Alexandre Douguine à Moscou, en 1992.

jthad.jpgBelgian right-wing writer and politician Robert Steuckers who advocates his own version of Eurasianism and welcomed the National Bolshevik shift in the French New Right as a way to overcome “petty conservatism” and “alternative liberalism” at the same time severely criticized de Benoist’s opportunism and fear of being labeled a far right extremist, according to his subjective experience of collaboration with the French “Guru” and his followers. Probable ideological rivalry and Steuckers’ own pro-Russian position aside, he shares an opinion that the attempts to bury the conservative-revolutionary authorities by some new rightists are a bit hasty, which proves his story about de Benoist’s admirer Toto-Lapin (“…he shouted in the middle of the pub, next to the astonished other guests, “Alain de Benoist is the greatest philosopher of the 20th Century!”. “Maybe” answered Bresnu ironically, “but what about Heidegger then…?”. Toto-Lapin: “He has only paved the way for Alain de Benoist…”. We both burst out laughing…”) [3]. It’s doubtful that de Benoist himself, who was very fond of Heidegger, would make similar arrogant statements, the same as Dugin, but looks like both of them cast out colleagues whose views are somehow different, which also follows from my experience of communication with Eurasianists.

Likewise, sarcastic reconstruction of de Benoist’s ideological maneuvers by Steuckers is worth quoting as valid with regard to Dugin’s 4PT: “…Alain de Benoist tried to demonstrate that the “New Right” was in fact the real “New Left” and the true inheritor of Marx’ ideas as well as the devoted intellectual protector of the masses of African and Muslim immigrants against the centralization and assimilation efforts of the alleged “xenophobic” French State’s system, while the “New Left” was genuinely a neo-conservative islamophobe movement… [de Benoist] wrote all that very seriously, in the credulous hope he would have been finally taken as a genuine leftist by the Left and would have transformed his alleged false rightist young fellows in true new leftists more leftist than the usual leftists…” [4].  In spite of his Euro-Siberian solidarity, Steuckers underlines that Leontiev’s and Gumilev’s equation between Europe and the West, which was adopted by Dugin’s neo-Eurasianism, is not acceptable: firstly, the subversive Western spirit entered Russia in form of Bolshevism; secondly, it excludes Western Europeans from the area of the future political reconquest and threatens with reactivation of “the worst aspects of Nazi or NATO propaganda,” which already happens today.

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Oleg Bakhtiyarov.

In this context I would like to mention an opinion of the Russian-Ukrainian scientist Oleg Bakhtiyarov who, overall, justifies Putin’s struggle for the world domination or at least one of the leading roles in the global politics, albeit at the expense of Ukraine, but believes that Putin made a big mistake when he did not support “Right Sector” and the Ukrainian rightists in general, back then united under this title, who were against joining the EU [5]. As a matter of fact, the latter were the only possible allies of Putin if he wanted to prove that Russia does not threaten Ukrainian sovereignty and national identity. He chose the opposite forceful way and understood that his main enemy was a pro-Western “junta” only after the presidential and parliamentary elections which showed that Ukrainian nationalists either did not have such a big support of population, or lacked resources and influence to gain a decisive political victory. Moreover, the Kremlin’s propaganda made a scarecrow of “Right Sector” as an embodiment of the Ukrainian Right not only in the Russian but also the Ukrainian society that voted for the liberal forces in order “not to provoke” Putin, but it was too late to regret weakening the national-revolutionary factor in Ukraine when the Kremlin realized that the new government was far more pro-EU than the Maidan “radicals.” After Putin changed its strategy and turned “the junta” into the main target of the anti-Ukrainian information warfare, further denigration of the Ukrainian rightists as “the pseudo-revolutionary puppets of the pro-Western oligarchs” was, actually, odd, the same as sporadic hopes of the “rebels” from “DNR” and “LNR” to form an alliance with “Right Sector” as the only political force that dares to challenge the Ukrainian authorities: Ukrainians were ready to unite with them only before they started capturing the administrative buildings under the Russian flags, and now thousands of the fallen Ukrainian soldiers make reconciliation impossible.

Besides, Oleg Bakhtiyarov fairly draws attention to the fact that after Maidan the Russian language in Ukraine reinforced its positions, because what really counts for Ukrainians today is only a pro-Ukrainian standpoint, heroic values and readiness for self-sacrifice in war for homeland, although speaking Ukrainian and wearing the traditional clothes have become “fashionable,” too. A lot of fighters of “Right Sector’s” DUK (Volunteer Ukrainian Corpse) are Russian speaking, not mentioning other military forces, especially the “Azov” regiment. Thus those who claim that Ukrainians violated the rights of Russian speaking population in East Ukraine and Crimea by depriving Russian of the status of the second state language, Guillaume Faye in particular, are ignorant: Russian has never been the second state language in Ukraine, including Crimea where it only had a special status. Reaffirming Ukrainian as the only official state language (which means a language of communication in state institutions) after Maidan was not provocative, only untimely, for raising this topic before the new government gained a popular support was a true “gift” for Putin. Today the key “junta” officials like Interior Minister Arsen Avakov also freely speak publicly Russian. Moreover, a big part of the political Ukrainian nation that is being created now, apart from the titular nation, by various national minorities, is represented namely by the ethnic Russians. Yet the Russian nationalists who fight on the Ukrainian side confess that Ukraine is a white paradise unknown to the multicultural Russia.

As a vanguard of the struggle for the multi-polar world in theory, in practice Russia and its new rightist glorifiers do not hesitate to sacrifice the national peculiarities of Ukraine or Baltic countries in the name of the new “traditional order”: after all, for them the “anti-Russian” Slavic and Western European nationalists are ungrateful and narrow-minded servants of the US and fascists who discriminate the rights of Russians or Russophobes. One does not have to be a liberal to see hypocrisy of these considerations; the New Right is fairly recognized as a mask for the same Old Left face, which was openly stated by de Benoist: “We’ll finally prefer to put on our heads Red Army caps than to finish as fat old guys eating disgusting hamburgers somewhere in a nasty Brooklyn lane” [6]. Thus the 4PT is not natural surpassing of the previous political theory under the changed historical conditions, but giving up the very idea of the Third Way, the geopolitical projection of which has always been the sovereign Mitteleuropa and which can never be reduced to mere geopolitics.

ej-ng.jpgSuch godfathers of Conservative Revolution as Ernst Jünger and Julius Evola did not abandon the Third Way in their post-war writings, which, in all fairness, may be estimated as the documents of a firm refusal from geopolitical reductionism that is a diagnosis and a sacred mantra of the vast majority of “experts” on the Ukrainian crisis; above all, it concerns their polemic on the East-West problem and its treatment in Jünger’s essay “The Gordian Knot.” It’s enough to read a concluding chapter of Evola’s classic “Revolt Against the Modern World,” in which he discusses the cultural and civilizational foundations of America and Russia as the two sides of the same coin, or his article “Presuppositions of the European Union,” in which Evola clearly explains not only his “third” geopolitical ideal, but the very condition on which building a genuine European union is possible: equal remoteness from Russia and the USA, “both “East” and “West,” that is to say from the two blocs which, like the arms of a single pair of pincers, are closing themselves around us” [7], to guess what would be his reaction to the 4PT. Ernst Jünger, who viewed experience of the USSR and the socialist camp in general as the brightest confirmation of his metaphysical theory of the Worker that mobilizes the world by means of technology, at the same time was far from embracing its cultural, social and political practice, thus disagreeing and polemicizing with pro-Soviet Ernst Niekisch. The same as in Evola’s case, namely metaphysics and culture were a reason for Jünger’s choice in favor of the third geopolitical way as stated in his treatise “Peace”: “With the destruction of our towns, Goethe's saying has ceased to apply to this extent, that America now possesses the tradition of construction which we require. Napoleon prophesied that in our day the world would become republican or Cossack. If he had foreseen our situation in detail he would have said “American or Russian,” as Tocqueville, too, long ago foretold. Although America, like Russia, will exert a powerful influence on Europe, neither of these two possibilities will be realized. Against them is the immense gravitational force of history, the treasure of old heritage, which has not only been formed by the spirit or art but still lives in men” [8]. Therefore, the geopolitical fetishism, according to which “there is only the geopolitical truth” and the proponents of which dismiss the struggle of Ukrainian patriots as unimportant due to the partial coincidence of their and Western interests, should be considered as alien to the traditionalist worldview. Armin Mohler, a legendary author of the classic research “Conservative Revolution in Germany, 1918-1932” and an original founder of the New Right, considered Americans more German friendly than Frenchmen and Englishmen and admitted that he was not that anti-American in this respect as de Benoist [9].

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Un débat entre Pavel Tulaev et Guillaume Faye, à Termonde en Flandre.

The aforementioned quotations by Steuckers are taken from his interview (2014) with Pavel Tulaev, a Russian right-wing intellectual and a contact person for both Robert Steuckers and Guillaume Faye, who has also been on various occasions in Russia since 2005 to participate in the events organized by Tulaev. Theoretically a far more right-wing opponent of de Benoist who had to start his own school of the French New Right thought, which in this context means restoration of the normal conservative-revolutionary course, in reality Faye falls in exactly the same trap of celebrating the worst ideological biases of neo-Sovietism under the guise of “disappearance” of the communistic camp and the need to support “the only real alternative” of the NWO. Tulaev, who sent to de Benoist an issue of his Russian New Right journal “Athenaeus” and heard in response that this “far right,” almost “Neo-Nazi” edition had nothing in common with the theoretic platform of the real New Right under de Benoist’s supervision, in turn, accused the latter of the left-wing phraseology and attitudes and described their exchange as a remarkable historical event which proved that the Russian intellectuals finally abandoned the revolutionary populism and demagogy of the French Commune [10]. However, when it comes to the Ukrainian conflict, Tulaev repeats far worse demagogical Bolshevik clichés about the “Banderist fascists” who kill the Slavic people for American dollars, in comparison with which the accounts by Faye and de Benoist, taken together, look rather moderate [11].

L'ouvrage de Pavel Tulaev sur la Crimée: de Catherine II à Vladimir Poutine.

Tulaev-on-Crimea_cover.jpgAs an ideologist of Euro-Siberia, later the Euro-Siberian Empire, Faye owes his fame to different aspects of his theory, for in his highly acclaimed book “Archeofuturism” he displayed quite approximate, if not fantastic, knowledge of Russia. A logical summary of Faye’s visits to Russia has become his pamphlet “Frenchman’s View on Russia” (2012), which was not the climax of his fascination with the Russian genius, though: the titles of his recent thematic texts like “Viva Putin!” say it all. Given that, it’s no wonder that Faye calls hypocritical only American condemnation of violating the international law by Russia, but does not find outrageous the fact that the country that annexed Crimea not only was obliged to protect the territorial integrity of Ukraine in exchange for its renouncing the nuclear weapons according to the Budapest memorandum, but even dared to threaten Ukraine with a nuclear strike. Moreover, he believes that Russia’s response to the Western “aggression” was moderate and that Putin follows the rules, as opposed to the USA.  Though little is expected from the right-wing idol who traces back the statist history of Ukraine from its membership in the USSR, considers Ukrainian independence from the Soviet Union purely nominal and believes that this “half-Russian” country would sooner or later “break up” itself [12], which is quite laughable, taking into account a current size of “Novorussia” thanks to the efforts of the Ukrainian military and active help of the “Russian” cities’ residents like Kharkiv, Odessa and Mariupol.

As usual, nobody mentions that namely Ukraine was an original Kievan Rus and only after accepting the Russian protectorate by the Ukrainian Hetman Bogdan Khmelnytskyi at the Council of Pereyaslav (1654) started entering the cultural and geopolitical orbit of the tsarist Russian Empire, which was renamed from Muscovy to Russia by Peter the Great in 1721 and was an heir of the Golden Horde in terms of the governing traditions. The last Hetman of Ukraine Pavlo Skoropadsky, who was quite pro-Russian culturally, conducted a multivector foreign policy and could easily defeat the Bolshevik invaders unless the social-revolutionary government of UPR (Ukrainian People’s Republic) Directoria revolted against his conservative government in November of 1918 and dispersed its well-trained and disciplined military units under the pretext of Hetman’s signing a federative treaty with the already non-existent non-Bolshevik Russia. Skoropadsky, who was a German ally and met Paul von Hindenburg in person, was forced to do it under conditions of the predictable defeat of Germany in the First World War, tried to establish a military alliance with the Russian White movement, the officers in particular, against Bolsheviks and, overall, considered this move a tactical step that did not undermine the national self-determination of Ukraine but, quite the opposite, could save and reinforce it.

The anti-Hetman uprising, among others, supported two prominent figures: Yevhen Konovalets, the head of the Sich Riflemen and the future legendary Organization of Ukrainian Nationalists (OUN), and a brilliant colonel Petro Bolbochan, most famous as the commander of the Zaporozhian Corps, who was probably the first to start creating the professional Ukrainian military from the former Russian units and was against both the Red and White Army. Namely the ideal of the independent Ukrainian state made him support the UPR instead of Hetmanate, for he had tensions with the pro-Russian associates of Skoropadsky. Later Konovalets had an opportunity to talk to Skoropadsky in Berlin and regretted his decision: according to his memoirs, if he had known that Bolsheviks would take advantage of the overthrow and capture Kiev, he would have never joined the UPR. Bolbochan’s “disillusionment” with the republican authorities was much more tragic, since this talented colonel, who liberated from the Bolshevik invaders even Crimea, became a victim of the internal intrigues, was accused of a state treason, preparing regime overthrow and eventually executed by order of the Directoria’s leader Symon Petliura in 1919. It was a price for his sharp criticism of the Directoria’s defeatism, indecisiveness and incompetence that was rooted in the hopes to stop the Bolsheviks by peace talks.

I retell the short history of the Ukrainian liberation struggle of 1917-1921 precisely in order to draw parallels with the modern Ukrainian war for sovereignty between “the civilized West” and the neo-imperialist Russia. There is no need to apply the inadequate terms like “junta” to a post-Maidan Ukrainian government, for two reasons. Firstly, it’s quite “collaborationist” and obviously resembles Directoria in its 1) attempts to come to an agreement with a Bolshevik aggressor, which claims to be absent in Ukraine, while surrendering to him new territories; 2) to look “democratic” in the eyes of the West (back then the Entente alliance) and meet its most “colonizing” demands in order to get help instead of conducting total mobilization within the country; 3) to restrict or repress its most effective militaries and elevate the corrupt or doubtful bureaucrats instead. In this respect Ukrainian volunteer forces and army units do compromise like Bolbochan to preserve the state and remain loyal to the top commandment in spite of severe criticism of certain its steps, officials or the whole defense system and foreign policy. The two-dimensional black-and-white picture of the useful tools in service of globalism describes the pro-Russian forces, not Ukrainians who simply continue reviving their statehood between the Scylla of neo-Soviet imperialism / Russian chauvinism and the Western Cultural Marxism and “ethnomasochism” in the XXIst century.

SBandera.jpgUkrainian Insurgent Army (UPA) that eventually waged a guerilla war on two fronts, that is both against the Soviet Union and the Third Reich that didn’t hurry to grant independence to the Ukrainian state and imprisoned Stepan Bandera, also confirms this geopolitical rule. The OUN (Organization of Ukrainian Nationalists) and the UPA occupy the central place in the Kremlin’s propagandistic machine that for some unknown reason associates invasion of the Third Reich with the current Euro-Atlanticist “expansion” within the living space of Russia, that is Ukrainian eurointegration negotiations. Further, Western Ukrainian non-Orthodox Greek-Catholics and “Nazis” who once sided with Adolf Hitler and now made a choice in favor of the EU, according to the Kremlin, somehow have managed to overthrow the pro-Russian regime of Victor Yanukovych in Kiev (with the help of the American money) during the Maidan revolution and imposed their “anti-Russian” ideology on the rest of “confused compatriots” who owe everything to Russia.

Moreover, the Ukrainian nation is often portrayed by the neo-Eurasianists and theorists of Euro-Siberia as a “project” of the Austro-Hungarian, Polish, American and so on secret services that is aimed to undermine Russia’s geopolitical power. In other words, the Ukrainian nation is reduced to the status of the technical anti-Russian project, and nobody considers this vision chauvinistic. Besides, the Kremlin’s historiography has always represented the UPA as the “punitive” army of “cops” in service of the Third Reich that eagerly murdered the civil population; the fact that the identical propaganda is applied today by the Kremlin with regard to the whole Ukrainian nation while the Russian-backed militants kill the very people they claim to defend or shoot down the foreign aircraft only confirms the inconvenient truth about the NKVD officers disguised as the partisans of the UPA who committed the horrific crimes against the civil population in order to denigrate Ukrainian “fascism.”

alainbadiou.jpgEchoes of the anti-UPA Soviet propaganda may be also found in the account of the Ukrainian events by French leftist philosopher Alain Badiou [13] who considers Ukrainian Orthodox church the most reactionary in the world (“a megalomaniac center of Imperial Orthodoxy”), calls the army of General Vlasov, who turned against the Bolsheviks and founded Russian Liberation Army, a “Ukrainian army” and accuses Ukrainian “Nazi collaborators” of “turning entire villages to blood and fire, including French ones”; not a single word is said about the NKVD crimes, which shows quite well the propagandistic continuity of the new and classic Left and raises a question of whether the authors of New Right, who condemn Ukrainian “ultra-nationalistic” threat and silence the neo-Bolshevik imperialism, are really right-wing. At the same time Badiou draws partially correct parallels between the events in Egypt, Turkey and Ukraine (“Tahrir Square, Taksim Square, the Maidan Square…”) and articulates much clearer than Faye or de Benoist the split between the pro-liberal and identitarian forces (“old-school Ukrainian nationalists who do not at all see their future in terms of ‘European freedoms’”), which was especially bright during Egyptian and Ukrainian revolutions. On condition of disregarding Badiou’s attacks on what is simply called “a titular nation” in Eastern Europe and negative scenario of the possible outcome of Maidan, his warnings against the “finitude,” that is historical reductionism that leads to simplified and distorted representation of the events in Ukraine as “the desire for the West,” are worthy of attention.

The aforementioned aspect of the Kremlin’s information warfare against Ukrainian “junta” concerns its presumable anti-Russian character and became especially strong after the successful beginning of the anti-terrorist operation (ATO) in Donbas in spring of 2014. Another reason why the Kremlin ascribed this inadequate term to the Ukrainian authorities is the forceful overthrow of Yanukovych’s regime at Maidan which supposedly makes the newly elected government “illegitimate” and distracts from the fact of the Russian invasion of Ukraine. It was a big surprise for all pro-Russian forces when the leader of “Novorussian” militia Igor Strelkov (Girkin), probably due to the deceived hopes for the historical changes and disappointment with Putin, admitted that Crimean referendum (recognized by “Front National”) was a farce and explained in detail the process of its occupation by Russian “green men” who forced the MPs to vote in favor of Russia [14].

OS-intermarium.jpgStereotypical assertions about Crimea that “has always been Russian” or “a Russian territory for at least four centuries populated mainly by Russian populations,” as de Benoist contends, also stand no chance. Crimea was united with the rest of modern Ukrainian territories back in IV century within the Gothic Empire, has always been inhabited by various nationalities and remained under the rule of the Ottoman Empire much longer than the Russian. Besides, namely Ukrainian Zaporozhian Cossacks, who for centuries protected the rest of Europe from the Tatar and Turkish invasion, helped Russian empress Catherine II to conquer Crimea, which ended with destruction of Zaporozhian Sich in 1775 by her order. Only after several waves of resettlement, during which Russians immigrated to Crimea, and deportation of Crimean Tatars, who were a dominant ethnic group in Crimea, by Stalin in 1944, Russians have become the majority of Crimean population. To sum up, Crimea was under the reign of the Russian Empire (134 years) and Russian Soviet Republic (34 years), taken together, maximum for two centuries. Moreover, precisely the lands of Ukrainian Cossacks, which were mentioned in all international treaties as a territory of “Zaporozhian Lower Cossack Host,” have become the core of the “New Russia” after the Küçük Kaynarca peace treaty of 1774 and the destruction of the Sich in 1775 during the Russo-Turkish wars.

In other words, fairytales about Ukrainian state “as a gift of Lenin” and the South-East (“Novorussia”) that “has never belonged to Ukraine” are just another part of the anti-Ukrainian propaganda. As a matter of fact, such a gift could not happen, because the Bolsheviks haven’t seized power yet and were not recognized by the Ukrainian government – the Central Rada (Council). The borders of Ukraine in 1917-1918 were shaped solely by the Central Council of the Ukrainian People’s Republic that chose the ethnographic factor (ethnic composition of population and language) as a criterion of demarcation and made a basic administrative unit a province. Besides, further inclusion of other provinces of the former Russian Empire that were inhabited by Ukrainians was also an option (among them were mentioned Kholm, Grodno, Minsk, Kursk, Voronezh, and the Kuban regions).

Likewise, the Ukrainian Soviet Republic was not “nominal” as Faye tries to portray it; anti-Ukrainian chauvinism of the modern Russian government would be impossible in the USSR at the official state level, the same as Putin’s outrageous attempts to prescribe all victories and losses in WW2 solely to Russia and Russians. Further, Crimea was not transferred to Ukraine by the will of Nikita Khrushchev, as it widely believed today, but by Stalinist Georgiy Malenkov and other old members of the Communist party. Besides, they tried to win the loyalty of Ukrainians who had to restore devastated by the war peninsula and made this gift on occasion of the 300th anniversary of the Council of Pereyaslav as a result of which Ukrainian Hetman Bogdan Khmelnytskyi accepted Russian protectorate that was originally meant to be simply a military alliance.

Finally, the historical truth is important, but only the will to defend one’s own lands really counts. In this respect it’s necessary to mention an unexpected position of Byelorussian President Alexandr Lukashenko, who has always been considered a Russian puppet. He not only criticized Ukrainian authorities for giving up Crimea and offered Russia to return its lands to Kazakhstan and Mongolia, but also underlined that Belarus has never been a part of the “Russian world” and swore to protect integrity of Belarus in case of facing the threat of “the green man”: “Somebody thinks that there was no such country… It was not, but now it exists, and this must be considered. And we will not give our land to anyone” [15].

Pro-Russian sentiments of rightists are largely based on ignorance and wishful thinking. They have no idea about Russian “anti-extremist” laws and Putin’s war on historical revisionism, revisionism of the outcomes of WW2, Neo-Nazism, rehabilitation of fascism and glorification of Nazi collaborators on occasion of which he invited rabbis from Israel and Europe to take part in the conference in occupied Sebastopol (July of 2014). Not only Russian nationalists but also liberals who disagree with the authorities are effectively suppressed under 282 article of the Russian Penal code. These are the fruits of the well-known to Germans Historikerstreit (“Historians’ Dispute”) of 1986-87 which demonstrated solidarity of German and Soviet leftists regarding the German and, wider, European guilt and criminalized even the scientific study of these topics. Actually, namely Fyodor Dostoyevsky, who started his path as a leftist and is one of the biggest Russian conservative authorities, openly stated that a natural ally of Russian conservative is not a European rightist, but a European leftist as the one who desires complete destruction of the European order [16], which proves collaboration of Alexandr Dugin with Greek leftists “Syriza.”

Furthermore, according to the recent confession of the leader of the largest Russian right-wing organization (ethnopolitical association “Russians”) Dmitry Demushkin, who had to undergo a humiliating search by the FSB for the eighth time, “the Kremlin simply persecutes nationalists, and the force structures threaten them independent of the position of the nationalist on any particular question [such as Ukraine]. You can even glorify Putin, but this is no guarantee that you won’t be arrested or treated illegally. One must love Putin only with permission” [17]. Not surprisingly, this organization wrote an appeal to all European right-wing and conservative movements and organizations in which its Council highlighted concrete political steps of the Russian regime which ruin Russia ethnically and economically and urged them to respect the struggle of Russian comrades and not to support Putin. They added that annexation of Crimea and war in Donbas much worsened the situation of Russians and that defense of the rights of Russians is just a pretext for economic exploitation and further destruction of the Slavic world and unity [18].

LypaЛипа_Юрій.jpgThus Ukrainian nationalists, traditionalists and patriots realize that we deal with competition of the two poles of globalism that spring from the same root and justify themselves through reference to different mythologies. Authentic Ukrainian analogue of the European conception of Mitteleuropa is the project of Baltic-Black Sea Alliance (Union, Unia) that was developed, above all, by Ukrainian geopolitician Yury Lypa, the author of “The Black Sea Doctrine” and other works. One of the main Lypa’s ideas was rejection of the alien and destructive for Ukraine “East-West” dilemma (between Catholicism and Orthodoxy, West and Russia, liberalism and despotism, etc. that make Ukrainians look as a product of mix, say, between Poles and Russians) in favor of the traditional and natural for Ukraine orientation “North-East.” Lypa highly estimates both Germanic and Southern factors in Ukrainian history: for example, from the north came Goths and Normans (Vikings) who played an important political and state-building role, the south has always been the direction of Ukrainian cultural, military and trade expansion. The Baltic-Black Sea alliance as the third geopolitical way is partially connected with the Euro-Atlanticist integration, since some Eastern European and Baltic countries are members of the EU and NATO, but it aims at building of a sovereign geopolitical bloc which, apart from Eastern European and Baltic, could also include Scandinavian countries, as well as European part of Russia. It may become a starting point for the great European Reconquista which is heralded at present by the “Azov” regiment. The authoritative figures of the Right who produce the pro-Kremlin overviews of the events in Ukraine won’t change history and the logic of the struggle for the Ukrainian statehood and will only understand less and less in the Ukrainian developments along with their misguided readers.

Notes:

  1. 1) Alain de Benoist on Ukraine (Part 1) <http://openrevolt.info/2014/04/06/alain_de_benoist_ukraine/>; (Part 2) <http://openrevolt.info/2014/04/20/alain_de_benoist_ukraine_2/>
  2. 2) Александр Дугин, Консервативная Революция (Москва: Арктогея, 1994, с. 32).
  3. 3) Robert Steuckers, Interview with Pavel Tulaev <http://robertsteuckers.blogspot.com/2014/02/answers-to-questions-of-pavel-tulaev.html>
  4. 4) Ibid.
  5. 5) Олег Бахтияров, Майдан и Юго-Восток Украины: три ошибки Кремля <http://artpolitinfo.ru/oleg-bahtiyarov-maydan-i-yugo-vostok-ukrainyi-ili-tri-oshibki-kremlya/>
  6. 6) Robert Steuckers, Interview with Pavel Tulaev <http://robertsteuckers.blogspot.com/2014/02/answers-to-questions-of-pavel-tulaev.html>
  7. 7) Julius Evola, Presuppositions of the European Union (North American New Right, San Francisco: Counter-Currents Publishing Ltd., 2012, Volume 1, p. 19).
  8. 8) Ernst Jünger, The Peace (Hinsdale, Illinois: Henry Regnery Company, 1948, p. 65-66).
  9. 9) Ian B. Warren, The Heritage of Europe’s “Revolutionary Conservative Movement.” A Conversation with Swiss Historian Armin Mohler <http://www.ihr.org/jhr/v14n5p3_warren.html>
  10. 10) Кто из нас правый? Письмо французского лидера «НОВЫХ ПРАВЫХ» Алена де Бенуа редакции журнала АТЕНЕЙ <http://velesova-sloboda.vho.org/actual/newrightwing.html>
  11. 11) Павел Тулаев, Современные вызовы славянскому миру <http://suzhdenia.ruspole.info/node/5401>; Павел Тулаев об успехах и противоречиях новых правых < http://modus-agendi.org/articles/3374>
  12. 12) Guillaume Faye, Ukraine: Understanding the Russian Position <http://www.counter-currents.com/2014/03/ukraine-understanding-the-russian-position/>; Guillaume Faye, On the Russian Annexation of Crimea <http://www.counter-currents.com/2014/03/on-the-russian-annexation-of-crimea/>; Guillaume Faye, Vive Poutine, la bête noire des bien pensants <http://www.gfaye.com/vive-poutine-la-bete-noire-des-bien-pensants/>
  13. 13) Alain Badiou, A present defaults – unless the crowd declares itself: Alain Badiou on Ukraine, Egypt and finitude <http://www.versobooks.com/blogs/1569-a-present-defaults-unless-the-crowd-declares-itself-alain-badiou-on-ukraine-egypt-and-finitude>
  14. 14) Moscow Agent Strelkov Admits Russian Army Behind Crimea Referendum <http://uatoday.tv/news/moscow-agent-strelkov-admits-russian-army-behind-crimean-referendum-404995.html>
  15. 15) Lukashenko: Belarus is not Part of the Russia World <http://www.unian.info/politics/1038195-lukashenko-belarus-is-not-part-of-russian-world.html>
  16. 16) Федор Достоевский, Дневник писателя, Книга 1 (Москва: Астрель: Аст, 2007, с. 354-355).
  17. 17) Putin Targets All Russian Nationalists <http://windowoneurasia2.blogspot.com/2015/03/putin-targets-all-russian-nationalists.html>
  18. 18) Appeal of Russian Nationalists to European (White) Nationalist (Right) and Conservative Organizations <http://vnnforum.com/showthread.php?t=253240>; Original <http://rusnat.com/2015/03/11929/>

 

lundi, 05 mars 2018

Russie: en finir avec la guerre froide

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Russie: en finir avec la guerre froide

Ex: https://lignedroite.club
Texte de la rubrique Politique extérieure

Pour les États-Unis et l’Otan, tout se passe comme si le bloc soviétique ne s’était pas effondré et qu’il faille maintenir une stratégie agressive à l’égard de la Russie. Ligne droite n’accepte pas cette prolongation artificielle de la guerre froide qui s’oppose aux intérêts stratégiques et civilisationnels des Européens et menace la paix sur le vieux continent.

Comme si la guerre froide sévissait toujours

Nous vivons aujourd’hui en effet un curieux paradoxe : l’URSS a volé en éclats, le « rideau de fer » a été démantelé et le pacte de Varsovie a disparu. Pourtant l’Otan, qui fut créé pour contrer la menace soviétique, est toujours actif et la russophobie est devenue l’une des composantes de l’idéologie du Système. En outre, les États-Unis ont poursuivi leur stratégie d’isolement stratégique de la Russie, comme au temps de la guerre froide. Et, contrairement à ce qui avait été promis lors de la dislocation du bloc soviétique, les États-Unis n’ont eu de cesse d’étendre l’Otan aux pays de l’Europe de l’Est et, dernièrement, d’empêcher tout rapprochement entre l’Ukraine et la Russie.

La menace vient du Sud et non plus de l’Est

Il fut un temps où la menace soviétique en Europe était réelle. Mais ce temps est révolu. Aujourd’hui, la menace principale qui pèse sur l’Europe ne vient plus de l’Est mais du Sud. Elle ne se manifeste plus par un danger militaire mais par des migrations incontrôlées, le chaos africain et la poussée de l’islam. Même les pays de l’Est de l’Europe qui ont gardé un mauvais souvenir de leur intégration forcée dans le bloc soviétique sont aujourd’hui plus menacés par l’immigration illégale et le terrorisme islamiste que par les chars russes.

Une politique américaine à contre-temps

L’attitude de l’Otan vis-à-vis de la Russie ne s’explique en réalité que par la volonté des États-Unis de maintenir leur leadership sur le « heartland » européen et, pour ce faire, d’empêcher par tous les moyens la constitution d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural, selon la célèbre formule du général De Gaulle. Mais il s’agit d’une double erreur. D’abord parce qu’à l’âge du monde multipolaire et du retour sur la scène mondiale des grandes civilisations non occidentales, l’Europe n’occupe plus une place centrale. Avec le réveil de l’Asie, l’axe du monde est en train de se déplacer de l’Atlantique vers le Pacifique. Ensuite parce que l’Amérique perd progressivement sa position dominante dans le monde. Elle ne sera bientôt plus le gendarme de la planète. Comme le démontre aujourd’hui la crise nord-coréenne, les États-Unis sont non seulement impuissants à empêcher la prolifération nucléaire mais également de moins en moins en mesure de garantir la sécurité de leurs alliés comme le Japon.

Les intérêts communs russo-européens

Ligne droite est convaincue que, face au choc des civilisations qui s’annonce, l’Europe n’a au contraire aucun intérêt à s’éloigner de la Russie. Rien ne permet en effet d’affirmer que les États-Unis vont continuer d’être un allié sûr, garant de la sécurité européenne. Depuis quelque temps, ils ne cessent de demander aux Européens de mieux prendre en charge leur défense et tournent leur regard vers le Pacifique et l’Asie.

Par ailleurs, l’Europe a désormais de plus en plus d’intérêts communs avec la Russie. Sur le plan de la sécurité, l’une comme l’autre doivent faire face à la menace islamiste. Dans le domaine économique, les deux ensembles sont complémentaires, car la Russie est un très grand marché, un pays immense, peu peuplé mais doté de ressources énergétiques abondantes, quand l’Europe est au contraire très densément habitée, manque de matières premières et recherche des débouchés commerciaux. L’Allemagne l’a d’ailleurs bien compris, qui exporte massivement vers la Russie. L’Europe a également des intérêts stratégiques communs avec la Russie : il suffit pour s’en persuader de regarder un planisphère. La Russie retrouve son rang de puissance mondiale au sein des BRICS, lesquels sont en train de remettre en cause progressivement la suprématie du dollar et des marchés financiers américains, une initiative dont l’Europe ne peut que profiter. Enfin, l’Europe et la Russie appartiennent à la même civilisation européenne et chrétienne, alors que l’Amérique du Nord s’apparente de plus en plus à un chaos multiculturel où les Européens seront bientôt minoritaires.

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Ne pas rester un petit cap de l’Eurasie

À l’échelle du monde multipolaire, l’Europe occidentale n’est plus qu’un petit cap de l’Eurasie. Si elle veut encore compter dans ce « nouveau monde » qui vient, elle ne peut se couper durablement de son grand voisin russe qui, au demeurant, peut faire un heureux contrepoids à l’unilatéralisme américain. L’Europe, qui manque aujourd’hui d’alliés, n’a donc aucun intérêt à entrer dans le jeu américain d’un encerclement et d’un isolement de la Russie. Car isoler la Russie n’est pas renforcer l’Europe, mais au contraire l’affaiblir. C’est aussi courir le risque d’une nouvelle guerre sur le continent qui ne pourrait qu’être catastrophique pour notre civilisation. C’est pourquoi Ligne droite dénonce les provocations croissantes de l’Otan vis-à-vis de la Russie.

Refuser la russophobie

La russophobie maladive des médias du Système ne conduit à rien de bon pour l’Europe. Elle fait avant tout le jeu de la stratégie américaine qui veut empêcher la constitution d’un pôle de puissance autonome sur le continent.
Quant à la Russie, elle n’est pas moins « démocratique » que l’Europe de l’Ouest qui, de son côté, l’est de moins en moins. On peut d’ailleurs s’étonner que ceux qui diabolisent la Russie restent silencieux face à la Turquie d’Erdogan pourtant de plus en plus totalitaire ou face aux pétromonarchies obscurantistes du Golfe qui soutiennent l’islamisme.

Ligne droite dénonce ces manipulations russophobes et se prononce pour une politique réaliste et ouverte vis-à-vis de notre grand voisin russe.

lundi, 15 janvier 2018

Tocqueville et la rage antirusse en 1849

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Tocqueville et la rage antirusse en 1849

Par Nicolas Bonnal 

Source nicolasbonnal.wordpress.com

Sans l’Angleterre, notre diplomatie est frappée de la « peur du vide » écrit le général de Gaulle dans ses Mémoires. À partir de 1815, on aime jouer au caniche, jusqu’au suicide de 1940. Voyons une guerre évitée contre la Russie, racontée par Tocqueville dans ses souvenirs.

On est en 1849. Les peuples se révoltent et se font écraser les uns après les autres, en France y compris. La belle révolution finit par le pitoyable coup d’État de Louis-Napoléon, qui laisse le peuple à peu près sans réaction. Sur cette triste époque Flaubert a tout dit en 1853 dans sa correspondance :

« 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple. Il n’y a plus rien, qu’une tourbe canaille et imbécile. Nous sommes tous enfoncés au même niveau dans une médiocrité commune. »


Un temps ministre, Tocqueville est confronté à une grande crise antirusse. Le tzar Nicolas (ce n’est pas qu’on le défende…) a contribué à écraser les rebelles de l’empire autrichien, ils se sont réfugiés en Turquie et il menace l’empire ottoman qui héberge ces rebelles, dont le fameux hongrois Kossuth. L’empire ottoman devient un havre de paix et de démocratie, lui qui massacrera les bulgares puis les Arméniens, simples orthodoxes il est vrai. Tout d’un coup, la presse britannique qui laisse « le marché » exterminer et exiler trois millions d’Irlandais au cours d’une famine qui dure cinq ans, décide de faire la guerre à la Russie pour sauver les droits de l’homme ! Cette guerre continentale pouvait détruire l’Europe (la guerre de Crimée – toujours d’actualité – aussi barbare et occidentale qu’elle soit, aura le mérite de rester limitée, en ne privant de vie qu’un million de soldats…).

On écoute Tocqueville qui narre la préparation britannique d’une guerre occidentale (déjà…) contre l’Autriche et la Russie :

« Malgré la gravité des circonstances, les ministres anglais, alors dispersés à cause des vacances du parlement, furent assez longs à se réunir, car, en ce pays, le seul dans le monde où l’aristocratie gouverne encore, la plupart des ministres sont en même temps de grands propriétaires et, d’ordinaire, de grands seigneurs. Ils se délassaient, en ce moment, dans leurs terres des fatigues et des ennuis des affaires ; ils ne se pressèrent pas de les quitter.

Pendant cet intervalle, toute la presse anglaise, sans distinction de parti, prit feu. Elle s’emporta contre les deux empereurs et enflamma l’opinion publique en faveur de la Turquie. »

Qui tenait, qui finançait cette fameuse presse anglaise, la plus libre du monde qui n’est bonne depuis toujours qu’à abrutir sa masse de lecteurs par le culte du fric et du people et à déclencher des guerres plus ou moins mondiales ?

soldatsrusse19.jpgTocqueville décrit cette préparation à la grande guerre européenne (et je crois que mon ami Preparata a raison, les élites anglaises sont aussi responsables de la première guerre mondiale que de la deuxième, comme elles seront responsables de la troisième à venir) :

« Le gouvernement anglais, ainsi chauffé, prit aussitôt son parti. Cette fois il n’hésitait point, car il s’agissait, comme il le disait lui-même, non seulement du sultan, mais de l’influence de l’Angleterre dans le monde. Il décida donc : 1° qu’on ferait des représentations à la Russie et à l’Autriche ; 2° que l’escadre anglaise de la Méditerranée se rendrait devant les Dardanelles, pour donner confiance au sultan et défendre, au besoin, Constantinople. On nous invita à faire de même et à agir en commun. Le soir même, l’ordre de faire marcher la flotte anglaise fut expédié. »

Le ministre Tocqueville, qui passe pour un anglophile (ici encore on ne l’a pas lu) essaie de calmer les ardeurs guerrières abruties et eschatologiques :

« La nouvelle de ces résolutions décisives me jeta dans une grande perplexité ; je n’hésitais pas à penser qu’il fallait approuver la conduite généreuse qu’avait tenue notre ambassadeur et venir en aide au sultan, mais quant à l’attitude belliqueuse, je ne pensais pas qu’il fût encore sage de la prendre. Les Anglais nous conviaient à agir comme eux ; mais notre position ne ressemblait guère à la leur. En défendant les armes à la main la Turquie, l’Angleterre risquait sa flotte et nous notre existence. Les ministres anglais pouvaient compter qu’en cette extrémité le parlement et la nation les soutiendraient, nous étions à peu près sûrs d’être abandonnés par l’Assemblée et même par le pays, si les choses en venaient jusqu’à la guerre. Car les misères et les périls du dedans rendaient en ce moment les esprits insensibles à tout le reste. J’étais convaincu, de plus, qu’ici, la menace, au lieu de servir à l’accomplissement de nos desseins, était de nature à lui nuire. »

Tocqueville évoqua la Russie sans sympathie et surtout sans hostilité préconçue :

« Si la Russie, car c’était d’elle seule au fond qu’il s’agissait, voulait par hasard ouvrir la question du partage de l’Orient par l’envahissement de la Turquie, ce que j’avais peine à croire, l’envoi de nos flottes n’empêcherait pas cette crise : et s’il ne s’agissait réellement, comme cela était vraisemblable, que de se venger des Polonais, il l’aggravait, en rendant la retraite du tsar difficile et en mettant sa vanité au secours de son ressentiment. J’allai dans ces dispositions au Conseil. »

Il comprend alors que Louis-Napoléon (il n’est alors que président, et comploteur encore) est un bon agent anglais qui pousse ses pions :

« Je m’aperçus sur-le-champ que le président était déjà décidé et même engagé, comme il nous le déclara lui-même. Cette résolution lui avait été inspirée par l’ambassadeur anglais, lord Normanby, diplomate à la manière du XVIIIe siècle, lequel s’était fort établi dans les bonnes grâces de Louis-Napoléon… La plupart de mes collègues pensèrent comme lui, qu’il fallait entrer sans hésitations dans l’action commune à laquelle nous conviaient les Anglais, et envoyer comme eux notre flotte aux Dardanelles. 

Je ne me troublais guère de ce qui allait se passer à Vienne, car je n’assignais dans cette affaire à l’Autriche d’autre position que celle de satellite. Mais qu’allait faire le tsar, qui s’était engagé si inconsidérément et en apparence si irrévocablement vis-à-vis du sultan, et dont l’orgueil était mis à une si rude épreuve par nos menaces ? »

Tocqueville tente de sauver la paix malgré le bellicisme humanitaire (et à géométrie variable) du gouvernement républicain :

« Heureusement, j’avais alors à Saint-Pétersbourg et à Vienne deux agents habiles, avec lesquels je pouvais m’expliquer à cœur ouvert. ‘Engagez l’affaire très doucement’, leur mandai-je, ‘gardez de mettre contre nous l’amour-propre de nos adversaires, évitez une trop grande et trop ostensible intimité avec les ambassadeurs anglais, dont le gouvernement est abhorré dans les cours où vous êtes, tout en conservant pourtant avec ces ambassadeurs de bons rapports. Pour arriver au succès, prenez le ton de l’amitié, et ne cherchez pas à faire peur. Montrez notre situation au vrai ; nous ne voulons pas la guerre ; nous la détestons ; nous la craignons ; mais nous ne pouvons-nous déshonorer. Nous ne pouvons conseiller à la Porte, qui nous demande avis, de faire une lâcheté ; et, lorsque le courage qu’elle a montré et que nous avons approuvé lui attirera des périls, nous ne pouvons, non plus, lui refuser une aide qu’elle réclame. Il faut donc qu’on nous prépare un moyen de sortir d’affaire.’ »

Lajos_Kossuth.jpgPuis Tocqueville met les pieds dans le plat sans mâcher ses mots cette fois :

« La peau de Kossuth vaut-elle la guerre générale ? Est-ce l’intérêt des puissances que la question d’Orient s’ouvre en ce moment et de cette façon ?

Ne peut-on trouver un biais qui ménage l’honneur de tout le monde ? Que veut-on enfin ? Ne veut-on que se faire livrer quelques pauvres diables ? Cela ne mérite pas assurément de si grandes querelles ; mais si c’était un prétexte, si au fond de cette affaire se trouvait l’envie de porter, en effet, la main sur l’empire ottoman, ce serait alors décidément la guerre générale qu’on voudrait ; car, tout ultra-pacifiques que nous sommes, nous ne laisserions jamais tomber Constantinople sans tirer l’épée. »

Le grand homme est aidé par la « diplomatie de style arabe » de Lamoricière pour éviter la guerre en soutenant la Turquie :

« L’affaire était heureusement terminée quand ces instructions arrivèrent à Saint-Pétersbourg. Lamoricière s’y était conformé sans les connaître. Il avait agi, dans cette circonstance, avec une prudence et une mesure qui surprirent ceux qui ne le connaissaient pas, mais qui ne m’étonnèrent point. Je savais que son tempérament était impétueux, mais que son esprit formé à l’école de la diplomatie arabe, la plus savante de toutes les diplomaties, était circonspect et fin jusqu’à l’artifice.

Lamoricière, dès que le bruit de la querelle lui fut arrivé par la voie directe de la Russie, se hâta d’exprimer très vivement, quoique sur un ton amical, qu’il blâmait ce qui venait de se passer à Constantinople ; mais il se garda de faire des représentations officielles et surtout menaçantes. Tout en se concertant avec l’ambassadeur d’Angleterre, il évita soigneusement de se compromettre avec lui dans des démarches communes ; et quand Fuad-Effendi, chargé de la lettre d’Abdul-Medjid, arriva, il lui fit dire secrètement qu’il n’irait pas le voir, afin de ne pas compromettre le succès de la négociation, mais que la Turquie pouvait compter sur la France. »

Le génie turc se rapproche alors prudemment de la Russie en déboutant les boutefeux occidentaux dirigés par le monstrueux Palmerston (lisez le très bon texte de Marx sur ce sinistre personnage) :

« Il fut merveilleusement aidé par cet envoyé du Grand Seigneur, qui, sous sa peau de Turc, cachait une intelligence très prompte et très déliée. Quoique le sultan eût réclamé l’appui de la France et de l’Angleterre, Fuad en arrivant à Saint-Pétersbourg, ne voulut pas même rendre visite aux représentants de ces deux puissances. Il refusa de voir personne avant d’avoir parlé au tsar de la volonté libre duquel il attendait seulement, disait-il, le succès de sa mission. »

Nicolas_1er_-_01.jpgComme notre Poutine, le tzar Nicolas garde son sang-froid :

« Celui-ci dut éprouver un amer déplaisir en voyant le peu de succès qu’avaient eu ses menaces et le tour imprévu que prenaient les choses, mais il eut la force de se contenir. Au fond, il ne voulait pas ouvrir la question d’Orient, bien que, peu de temps auparavant, il se fût laissé aller à dire : ‘L’empire ottoman est mort ; il ne reste plus qu’à régler l’ordre de ses funérailles.’ »

Puis le tzar recule :

« Faire la guerre pour forcer le sultan à violer le droit des gens était bien difficile. Il eût été aidé en cela par les passions sauvages de son peuple, mais repoussé par l’opinion de tout le monde civilisé. Il savait déjà ce qui se passait en Angleterre et en France. Il résolut de céder avant qu’on le menaçât. Le grand empereur recula donc, à la profonde surprise de ses sujets et même des étrangers. Il reçut Fuad et se désista de la demande qu’il avait faite au sultan.

L’Autriche se hâta de suivre son exemple. Quand la note de lord Palmerston arriva à Saint-Pétersbourg, tout était fini. »

Les Anglais en rajoutent comme toujours (le flegme ?) :

« Le mieux eût été de ne plus rien dire, mais tandis que dans cette affaire nous n’avions visé qu’au succès, le cabinet anglais avait, de plus, cherché le bruit. Il en avait besoin pour répondre à l’irritation du pays. L’ambassadeur anglais lord Bloomfield, le lendemain même que la résolution de l’empereur eût été connue, se présenta donc chez le comte de Nesselrode, qui le reçut fort sèchement, et il lui lut la note, par laquelle lord Palmerston demandait d’une façon polie, mais péremptoire, qu’on ne forçât pas le sultan à rendre les réfugiés. — Le Russe répliqua qu’il ne concevait ni le but ni l’objet de cette demande ; que l’affaire dont, sans doute, on voulait parler était arrangée, et que, d’ailleurs, l’Angleterre n’avait rien à y voir. »

Les Russes remettent le British à sa place :

« Lord Bloomfield demanda où en étaient les choses. Le comte de Nesselrode refusa avec hauteur de lui donner aucune explication ; parce que ce serait, dit-il, reconnaître le droit de l’Angleterre de s’immiscer dans une affaire qui ne la regarde point. Et comme l’ambassadeur anglais insistait pour laisser du moins copie de la note dans les mains du comte de Nesselrode, celui-ci après s’y être d’abord refusé, reçut enfin la pièce de mauvaise grâce et le congédia en disant nonchalamment, qu’il allait répondre à cette note, qu’elle était terriblement longue et que ce serait fort ennuyeux. »

Et la classe russe pour conclure – et remettre les Occidentaux à leur place :

« La France, ajouta le chancelier, m’a déjà fait dire les mêmes choses ; mais elle les a fait dire plus tôt et mieux. »

Cent-cinquante ans plus tard on en est toujours au même stade belliqueux, imbécile et humanitaire. C’est Borges qui évoquant Bouvard et Pécuchet, contemporains de Louis-Napoléon et de Palmerston, définit notre temps : « ce sont deux êtres qui copient et ne meurent pas. » Idem de Theresa May et de nos présidents…

Nicolas Bonnal

Sources bibliographiques

Alexis de Tocqueville – Souvenirs (dernières pages)

Nicolas Bonnal sur Amazon.fr

 

vendredi, 07 juillet 2017

Was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

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Was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

von Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Der deutsche Bundespräsident Frank-Walter Steinmeier hat sich in einem Interview mit der «Frankfurter Allgemeinen Zeitung» (16. Juni 2017) zum deutsch-russischen Verhältnis ge­äussert. Alle, die sich vom Bundespräsidenten ein Signal der Entspannung in den bilateralen Beziehungen erhofft hatten, wurden enttäuscht. Auch der Bundespräsident hat ins gleiche Horn geblasen wie der überwiegende Teil der deutschen Politik und Medien. Steinmeier rückte Russland mit Unterstellungen in ein schiefes Licht und sprach von einer zu erwartenden weiteren Abkühlung in den Beziehungen beider Länder. Wörtlich sagte er: «Käme es zu einer Einfluss­nahme Moskaus auf die Bundestagswahl, dann wird sich der Vorrat an Gemeinsamkeiten notwendigerweise weiter verringern. Das wäre für beide Seiten schlecht.» Und: «Wir haben nun anderthalb Jahrzehnte wachsender Entfremdung zwischen Europa und Russland hinter uns.» Heute suche Russland seine Identität eher in Abgrenzung zu Europa und zum Westen als in Gemeinsamkeiten. Und dann spricht er noch von der «Annexion» der Krim und von den militärischen Aktivitäten Russ­lands in der Ost-Ukraine, die alles zugespitzt hätten.

Viele Fragen bleiben unbeantwortet

Diese Äusserungen des deutschen Bundespräsidenten zeugen erneut von einer Denkungsart, die partout nicht zur Kenntnis nehmen will, dass die Tatsachen ein anderes Licht auf die Vorgänge werfen. Es ist wohl kein Zufall, dass Frank-Walter Steinmeier nichts Substantielles sagt, keine Fakten nennt und statt dessen auf Stimmungsmache setzt. Zu fragen ist zum Beispiel:

  • Wie soll «Moskau» Einfluss auf die Bundestagswahlen nehmen? Dass die russische Regierung eine eigene Meinung zu den verschiedenen Parteien und deren Kandidaten hat, ist ihr nicht vorzuwerfen. Dass sie insbesondere die politischen Kräfte in Deutschland, die den Konflikt mit Russland schüren, kritisch betrachtet, ebenso nicht. Dass deutschsprachige russische Medien wie Sputnik und rt deutsch ihr Recht auf Meinungsäusserungsfreiheit nutzen, ist selbstverständlich. Dass Wähler von «Moskau» aus «manipuliert» werden, entspringt wohl eher dem Menschenbild der Kräfte in Deutschland (und anderswo), die ihrerseits alles versuchen, um die deutschen Wähler zu beeinflussen. Die Idee, russische Hacker könnten in die geheimsten Daten der Parteien und Kandidaten eindringen und durch deren Veröffentlichung die Wahlen beeinflussen, ist bemerkenswert. Gibt es vielleicht wichtige politische Informationen über Parteien und Kandidaten, die nicht ans Tageslicht kommen sollen? Das macht einen als Wähler doch eher neugierig …

Soll Russlands Regierung noch danke sagen zum Feindbild Russland?

  • Mit Blick auf die tatsächlich wachsende Entfremdung: Wäre es nicht vernünftig, auch einmal auf den eigenen Anteil an dieser Entfremdung zu schauen? Seit Beginn des Jahrhunderts haben der jeweilige russische Präsident und die russische Regierung immer wieder Signale an die anderen Staaten Europas und auch ganz speziell an Deutschland gesendet, die in Richtung mehr Beziehung und mehr Kooperation gingen. Die Reaktionen darauf waren zwiespältig. Einerseits hat der Rest Europas, insbesondere Deutschland, versucht, gute Geschäfte mit Russland zu machen. Auch sind Foren des Gedankenaustausches wie der «Petersburger Dialog» oder das «Deutsch-Russische Forum» entstanden. Zugleich aber hat sich die Nato in Richtung russischer Grenze vorgeschoben, die EU hat die Nachbarn Russlands enger an sich binden wollen und – die Ukraine ist nur ein Beispiel dafür – dabei zugleich versucht, die besonderen Beziehungen der westlichen Nachbarn zu Russland auszuhöhlen. Und was die Foren betrifft: Aus westlicher Sicht gab es keinen gleichwertigen Austausch auf Augenhöhe; statt dessen sollte Russland «verwestlicht» werden. Was das bedeutet, hatten die Menschen in Russland während der Jelzin-Ära erlebt und erlitten. Ist es da so verwunderlich, dass die russische Politik immer mehr einen eigenständigen Weg sucht und nicht noch danke sagt zum Feindbild Russland?

Was passierte tatsächlich auf der Krim und in der Ukraine?

  • Warum werden beim Blick auf die Krim und die Ukraine die Tatsachen ausgeblendet? An der Zuspitzung seit dem Herbst 2013 hatten die EU-Staaten und auch hier insbesondere Deutschland einen massgeb­lichen Anteil. Als deutscher Aussenminister war Frank-Walter Steinmeier zwar im Februar 2014 aktiv an einem Versuch beteiligt, einen verfassungsmässigen Übergang der Regierungsgewalt in der Ukraine zu bewerkstelligen, aber die getroffene Vereinbarung war einen Tag später nur noch Makulatur, und es kam zu einem verfassungswidrigen Sturz der Regierung. Dagegen hat der deutsche Aussenminister, der ja Mitunterzeichner der Vereinbarung war, nichts unternommen, obwohl ihn der russische Aussenminister eindringlich dazu aufgefordert hatte. Im Gefolge des ukrainischen Staatsstreiches und der offenen Feindseligkeit der neuen Regierung nicht nur gegen Russland, sondern auch gegen die mit Russland sympathisierenden Bevölkerungsteile in der Ukraine hatten diese den Wunsch nach mehr Eigenständigkeit von Kiew – und auf der Krim mit grosser Mehrheit nach einer Mitgliedschaft in der Russischen Föderation. Die grosse Mehrzahl der Krim-Bewohner hatte und hat nicht den Eindruck, von Russland annektiert worden zu sein … und die völkerrechtliche Beurteilung der Vorgänge im Frühjahr 2014 fällt unterschiedlich aus.

Recht hat der deutsche Bundespräsident mit der Feststellung, dass eine weitere Verschlechterung der deutsch-russischen Beziehungen für «beide Seiten schlecht» wäre. Um so mehr stellt sich die Frage, warum die deutsche Politik und warum so viele deutsche Medien alles tun, damit sich diese Beziehungen weiter verschlechtern. Den Wünschen und Interessen der meisten Deutschen entspricht dies nicht. Aber was treibt die deutsche Politik ins Feindbild Russland?

Was «stört» wirklich an Russland?

Betrachtet man die Tatsachen, so kann es nicht der Inhalt der Unterstellungen gegenüber Russland sein. Die Tatsachen werden auch der deutschen Politik bekannt sein. Auch der deutsche Bundespräsident wird wissen, dass das Argumentarium beim Feindbild Russland nicht stimmt.
Ist es die deutsche Abhängigkeit von den Kreisen in den USA, die an einer Konferenz in Bratislava – der ehemalige Staatssekretär im deutschen Verteidigungsministerium Willy Wimmer erwähnt diese zurecht immer wieder – im April 2000 bekundet haben, sie wollten den europäischen Kontinent teilen und einen neuen «Eisernen Vorhang» hochziehen? Alles westlich dieser Grenzziehung sollte unter US-amerikanischem Einfluss stehen.
Mit 97 zu 2 Stimmen hat der US-Senat erneut verschärfte Sanktionen gegen Russland beschlossen und zugleich dem US-Präsidenten Trump untersagen wollen, von sich aus Sanktionen gegen Russland aufzuheben. In den USA hat das Feindbild Russland wahnhafte Züge angenommen – und dafür gibt es viele Gründe: Sie reichen vom inneramerikanischen Krieg des «tiefen Staates» gegen den amtierenden US-Präsidenten und seine politischen Ideen bis hin zu handfesten wirtschaftlichen Interessen, nicht zuletzt an den riesigen Rohstoffvorkommen Russlands.
Vor allem aber: Russland ist ein Vorreiter der Idee geworden, dass jedes Land über sein Schicksal selbst bestimmen soll und dass es der Menschheit nicht guttut, wenn ein Staat alleine oder gar eine Art von «Weltregierung» die Weltgeschicke bestimmen will.

Soll Deutschland wieder gegen Russland in Stellung gebracht werden?

Schon zweimal im 20. Jahrhundert hat sich Deutschland für verheerende Kriege gegen Russland beziehungsweise die Sowjetunion instrumentalisieren lassen. Soll Deutschland wieder – erneut gegen den Willen der Bevölkerung – gegen Russland in Stellung gebracht werden?
Gibt es Kräfte in Deutschland selbst, die davon profitieren wollen, dass sich das deutsch-russische Verhältnis immer weiter verschlechtert? Zugespitzt formuliert: Überall auf der Welt, auch in Deutschland, gibt es Kräfte, die von Konflikten (und Kriegen) profitieren – obwohl man auch mit Russland gute Geschäfte machen könnte. In den USA spricht man vom militärisch-industriellen Komplex, wenn von der ersten Gruppe die Rede ist.
Deutschland ist das Land Europas, in dem die Kräfte der kulturellen Zersetzung den grössten Einfluss haben: von der Gender­ideologie bis hin zur gezielten Verdummung und Atomisierung unserer Kinder und Jugendlichen. Diese Kräfte treibt eine erbitterte Feindschaft gegen alle Staaten und Völker, die kulturelle Substanz erhalten, pflegen und weiterentwickeln wollen. Die schärfsten ­Polemiken gegen Russland finden sich im deutschen Feuilleton.
Und so weiter, und so fort. Eine definitive Antwort muss noch offenbleiben.

Eigenständiges Denken wird überlebenswichtig

Um das zum Schluss zu klären: Der Verfasser dieser Zeilen ist deutscher Staatsbürger, das Schicksal seines Landes ist ihm ein grosses Anliegen. Er ist kein Sprachrohr der russischen Regierung, bekommt kein Geld aus Russland, wird von niemandem aus Russland gesteuert, sondern hat sich lediglich vorgenommen, eigenständig zu denken. Er weiss, dass der Konflikt mit Russland eine Sackgasse ist, die schon jetzt viele Opfer fordert. Er ist überzeugt davon, dass Deutschland mit Russland gut auskommen könnte, wenn die deutsche Politik den Willen dazu hätte. Er plädiert für Dialog statt Konfrontation. Er hält es mit dem ehemaligen Bundeskanzler Willy Brandt: «Der Frieden ist nicht alles, aber alles ist ohne den Frieden nichts.»    •

mercredi, 05 juillet 2017

Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

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Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

par Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le président de l’Allemagne fédérale Frank-Walter Steinmeier s’est exprimé sur la relation germano-russe dans une interview accordée à la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 16 juin 2017. Ce fut une déception pour tous ceux ayant espéré entendre un signal de détente dans ces relations bilatérales. Le président fédéral s’est exprimé très exactement comme la grande majorité du monde politique allemand et des médias du pays. Steinmeier a placé la Russie, par insinuations, dans une vision négative et a exprimé ses attentes de voir les relations se détériorer. Mot pour mot, il a dit: «Si la Russie devait prendre une influence sur les élections au Bundestag, on assisterait forcément à un recul de ce qui reste de commun. Ce serait négatif pour les deux côtés.» Puis, il a ajouté: «Depuis une quinzaine d’années, nous sommes confrontés à une aliénation croissante entre l’Europe et la Russie.» Aujourd’hui, la Russie semble chercher son identité plus en se séparant de l’Europe et de l’Occident qu’en recherchant des points communs. Il s’est également exprimé sur l’«annexion» de la Crimée et sur les activités militaires russes en Ukraine orientale qui auraient tout aggravé.

Il reste nombre de questions sans réponses

Ces affirmations du président fédéral démontrent à nouveau une manière de penser voulant à tout prix ignorer les faits offrant un autre regard sur les évènements concrets. Ce n’est certes pas par hasard que Frank-Walter Steinmeier ne présente rien de substantiel, ne cite aucun fait et se contente de propagande. On peut donc se poser les questions suivantes:

  • Comment «Moscou» peut-elle prendre quelque influence sur les élections parlementaires? On ne peut guère reprocher au gouvernement russe d’avoir son opinion quant aux différents partis et à leurs candidats. Pas plus qu’on ne peut lui en vouloir d’avoir un regard critique sur les forces politiques qui incitent au conflit. Il va de soi que des médias russes de langue allemande, tels Sputnik et rt deutsch, ont le droit d’utiliser la liberté d’expression. L’idée que des électeurs seraient «manipulés par Moscou» relève davantage d’une certaine image de l’homme prévalant dans certains cercles en Allemagne (et dans d’autres pays), qui eux-mêmes ne se gênent pas de tenter d’influencer les électeurs allemands. L’idée que des pirates informatiques russes pourraient s’infiltrer dans les données les plus secrètes des partis et des candidats afin d’influencer les élections en les rendant publiques est remarquable. Est-ce possible qu’il existe des données et des informations politiques importantes sur les partis et les candidats ne devant pas être dévoilées? Voilà de quoi éveiller la curiosité des électeurs …

Le gouvernement russe doit-il, en plus, dire merci pour le cliché négatif qu’on présente de lui?

  • Vu la réelle aliénation actuelle, ne serait-il pas plus judicieux d’analyser quelle est notre propre part dans cette situation? Depuis le début du siècle, les présidents russes et leurs gouvernements ont régulièrement lancé des signaux aux autres Etats européens, et spécialement à l’Allemagne, proposant de renforcer des relations et d’opter pour davantage de coopération. Les réactions furent contradictoires. D’une part, le reste de l’Europe, notamment l’Allemagne, tentent de faire de bonnes affaires avec la Russie et on a créé des forums en vue d’échanges d’idées, tels que le «dialogue de Saint-Pétersbourg» ou le «Forum germano-russe». D’autre part, l’OTAN s’est rapprochée de la frontière russe et l’UE a tenté de lier à elle plus étroitement les voisins de la Russie – l’Ukraine n’en est qu’un exemple – et a en même temps tenté de saboter les bonnes relations des voisins occidentaux de la Russie. En ce qui concerne les forums, il faut préciser que du point de vue occidental, il n’y a jamais eu d’échanges sur un pied d’égalité; le but était d’«occidentaliser» la Russie. Le peuple russe a vécu ce scénario sous l’ère Eltsine et savait à quoi s’en tenir. Est-ce vraiment si surprenant que la politique russe ait cherché de plus en plus sa propre voie, sans dire merci pour l’entreprise de diabolisation effectuée à son égard?

Que s’est-il réellement passé en Crimée et en Ukraine?

  • Pourquoi occulte-t-on les faits lorsqu’on lance son regard sur la Crimée et l’Ukraine? Les pays de l’UE, et particulièrement l’Allemagne, ont une large responsabilité dans l’accentuation de la situation depuis l’automne 2013. Certes, le ministre des Affaires étrangères allemand de l’époque Frank-Walter Steinmeier fut très actif en février 2014 lors de la tentative de procéder à un transfert de façon constitutionnelle du pouvoir du pays en Ukraine, mais les accords obtenus furent rejetés le lendemain et remplacés par la chute anticonstitutionnelle du gouvernement. Le ministre allemand des Affaires étrangères, cosignataire de l’accord, n’entreprit rien dans ce domaine, alors même que le ministre russe des Affaires étrangères l’en pria instamment. À la suite de ce coup d’Etat en Ukraine et de l’attitude ouvertement hostile du nouveau gouvernement non seulement contre la Russie, mais aussi contre la partie de la population ukrainienne favorable à la Russie et souhaitant davantage d’indépendance de Kiev – et en Crimée, où la population largement russophone souhaitait un rattachement à la Fédération de Russie. La grande majorité des habitants de la Crimée n’ont nullement l’impression d’avoir été annexés par la Russie …, et les analyses au niveau du droit international des événements du printemps 2014 sont diverses.

Le président allemand a raison de constater qu’une nouvelle détérioration des relations germano-russes serait dommageable «pour les deux parties». On peut donc se demander pourquoi le monde politique allemand et tant de médias allemands s’efforcent d’envenimer ces relations. Cela ne correspond certainement pas aux vœux ou aux intérêts de la grande majorité de la population allemande. Alors pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

En quoi la Russie dérange-t-elle?

Lorsqu’on s’en tient aux faits, il est évident que ceux-ci ne peuvent être considérés comme la véritable raison du dénigrement constant de la Russie. La politique allemande connaît aussi les faits. Le président allemand sait parfaitement que les affirmations avancées contre la Russie ne tiennent pas la route.
Serait-ce la dépendance allemande à certains cercles américains ayant déclaré – lors d’une importante conférence tenue à Bratislava en avril 2000 – vouloir scinder le continent européen et installer un nouveau «rideau de fer»? Puis, tout ce qui se trouverait à l’ouest de cette frontière serait sous la coupe des Etats-Unis.
Le sénat américain a promu à 97 voix contre 2 de nouvelles sanctions renforcées contre la Russie et a tenté d’interdire au nouveau président Donald Trump, la possibilité de les abroger. Aux Etats-Unis, la haine contre la Russie a pris des proportions démentielles – et il y a plusieurs raisons à cela: elles vont de la guerre interaméricaine, menée par l’«Etat profond» contre l’actuel président américain et ses idées politiques, jusqu’aux sérieux intérêts économiques, notamment pour les immenses ressources naturelles de la Russie.
Une autre raison repose sur le fait que la Russie est devenue pionnière dans la conception du droit de chaque pays de décider lui-même de son destin. En effet, il n’est pas de bon augure pour l’humanité qu’un seul pays tels les Etats-Unis, ou bien une sorte de «gouvernement mondial», puisse décider du destin du monde.

Veut-on préparer un affron­tement de l’Allemagne contre la Russie?

Par deux fois au cours du XXe siècle, l’Allemagne s’est laissée embarquer dans des guerres dévastatrices contre la Russie ou plutôt l’Union soviétique. Veut-on à nouveau préparer un affrontement de l’Allemagne contre la Russie – à nouveau contre la volonté des populations allemandes?
Y a-t-il en Allemagne même des forces voulant profiter de la dégradation des relations entre les deux pays? Partout dans le monde, y compris en Allemagne, il y a des forces profitant des conflits (et des guerres) – alors même qu’on pourrait aussi faire de bonnes affaires avec la Russie. Lorsqu’on parle du premier groupe aux Etats-Unis, on évoque le complexe militaro-industriel.
L’Allemagne est le pays en Europe, où les forces destructives de la culture profitent de la plus grande influence: allant de l’idéologie du genre jusqu’à l’abêtissement voulue et l’atomisation individuelle de nos enfants et adolescents. Ces forces sont les ennemis jurés de tous les Etats et les peuples voulant préserver, soigner et développer leur substance culturelle. On trouve la plus forte hargne envers la Russie dans les pages culturelles (Feuilleton) des grands journaux allemands.
Et ainsi de suite – il faudra patienter pour obtenir une réponse définitive.

La pensée individuelle est de première importance

En guise de conclusion: l’auteur de ces lignes est citoyen allemand et il est très préoccupé du sort de son pays. Il n’est pas porte-parole du gouvernement russe, ne reçoit aucun subside de Russie et n’est dirigé par personne. Il a simplement décidé de se fier entièrement à sa pensée individuelle. Il sait que le conflit avec la Russie ne peut que mener dans l’impasse et qu’il a déjà causé de nombreuses victimes. Il est convaincu que l’Allemagne peut s’entendre avec la Russie, si la politique allemande le veut bien. Il plaide pour le dialogue à la place de l’affrontement. Il honore les mots de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt: «La paix, ce n’est pas tout, mais sans la paix, tout n’est rien.»    •

vendredi, 10 février 2017

La russophobie en Occident

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La russophobie en Occident

Visitez le site du Cercle de l’Aréopage :
http://cercleareopage.org

Conférence au Cercle de l'Aréopage:
La russophobie en Occident
Par Dimitri de Kochko

Retrouvez les évènements du Cercle :
http://cercleareopage.org/conf%C3%A9r...

Lisez La Relance de la Tradition: Notes sur la situation de l'Église
Broché:
http://tinyurl.com/h6c52ho
Pour liseuse:
http://tinyurl.com/ztehnyd

mercredi, 18 janvier 2017

«La Russie, un cliché hostile. Histoire d’une diabolisation»

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«La Russie, un cliché hostile. Histoire d’une diabolisation»

Un livre de Hannes Hofbauer

par Jochen Scholz*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr 

Hofbauer-Feindbild-Russland-500.jpgLe livre de Hannes Hofbauer est sorti juste à temps, comme s’il avait encore fallu d’une preuve criante supplémentaire. Le Parlement européen a voté une résolution non contraignante, par 304 voix contre 179, avec 208 abstentions: «Résolution du Parlement européen sur la communication stratégique de l’Union visant à contrer la propagande dirigée contre elle par des tiers.»1 A première vue, cela semble défensif. En réalité, il s’agit du soutien de la «Task-Force pour la communication stratégique de l’UE» et de son «Disinformation Digest»2 c’est-à-dire du monopole d’interprétation de l’actualité politique internationale.
La résolution «demande à chaque Etat membre de mettre à la disposition de ses citoyens les deux bulletins d’information hebdomadaires de la Task Force de l’Union sur la communication stratégique, ‹The Disinformation Digest› et ‹The Disinformation Review›, afin de sensibiliser le grand public aux méthodes de propagande utilisées par des tiers».

La Russie est visée

C’est avant tout la Russie qui est visée, comme on peut le lire dans le «Disinformation Digest» du service diplomatique européen. Ce n’est pas sans raison. Depuis onze ans, la chaîne de télévision internationale Russia Today (RT) prend de plus en plus d’ampleur et d’acceptation dans les pays «occidentaux». La politique et les médias nationaux se voient de plus en plus dans une situation où leur monopole d’interprétation de l’actualité politique internationale sur les questions litigieuses entre la Russie et les Etats de l’UE/OTAN est remis en question. La qualité très professionnelle du travail des journalistes du groupe RT et la présentation vivante des émissions, mais aussi la transmission d’informations exclues dans les médias occidentaux contribuent à cela. Le fait que cette résolution de l’UE met dans le même sac les médias russes, la propagande des terroristes islamistes du soi-disant «Etat islamique» et leurs vidéos montrant des décapitations est plus que bizarre: elle met ainsi les médias russes sur le même niveau que les tueurs de masse. L’endoctrinement des citoyens de l’UE n’est heureusement pas tel qu’ils ne le réalisent pas, d’autant plus que le cliché hostile de la Russie attisé dans les grands médias n’a, selon tous les sondages, jusqu’à présent pas montré les effets désirés.

«L’inimitié crée des clichés hostiles»

Hannes Hofbauer a trouvé une formule d’une grande clarté pour expliquer au lecteur le lien entre la situation politique et la russophobie: «L’inimitié crée des clichés hostiles.» (p. 13) L’auteur ne se réfère pas seulement à la situation actuelle, mais retourne à la source de l’«image diffamant la Russie et les Russes» apparue au XVe siècle: c’est l’image de la Russie «asiatique et barbare» réutilisée à maintes reprises et dans de nombreuses variations comme un stéréotype par des créateurs de clichés hostiles. A l’aide du schisme de 1054, l’auteur montre que l’église catholique y a sa part de culpabilité. Depuis, l’église romaine d’Orient et avec elle l’église russe orthodoxe ne comptaient depuis plus comme communautés chrétiennes mais comme «refuges des apostats». Au XVIe siècle, l’Université de Cracovie jouait un rôle important parmi les institutions de formation. En l’an 1500, son influent recteur Johannes Sacranus désigna les Russes comme «peuple hérétique entretenant des rapports avec les Turcs.»

Le rôle de la Pologne

L’identité nationale du royaume de Pologne de l’époque, comme défenseur de l’«avant-mur de la chrétienté», semble avoir ses répercussions encore bien au-delà. Aujourd’hui encore et de manière renforcée depuis plusieurs années déjà, on critique le modèle de société et de politique russe, sous sa forme séculaire, dans les médias occidentaux. Dans la Pologne moderne, ces racines historiques sont particulièrement visibles dans les relations entre les gouvernements polonais et la Fédération de Russie depuis l’époque de Lech Walesa. Hofbauer explique de façon plausible que la grande influence de l’Université de Cracovie sur les «intellectuels» européens – selon la dénomination actuelle – de l’époque forma le mycélium dont se nourrit en Europe occidentale encore aujourd’hui l’image de la Russie comme «asiatique» dans le sens de «barbare».
Cependant, l’image négative de la Russie n’est pas née dans les discussions intellectuelles de l’époque indépendamment des intérêts de politique de puissance de l’Union polono-lituanienne face au duché moscovite. Au contraire, les professeurs savants fournirent l’amplificateur idéologique pour la propagande. Le regard quotidien sur les médias phares actuels montre une image assez semblable à l’observateur actuel des relations de l’UE et de l’OTAN avec le président Poutine. Le modèle n’a guère changé au cours des siècles. Le livre analyse les conflits et les guerres notamment du XIXe et du XXe siècles de manière à ce que le lecteur obtienne, dans une sorte de mouvement rapide, un résumé historique des évènements principaux des deux périodes avec les intentions stratégiques et les motivations des acteurs.
Cette analyse est également utile pour diriger le regard du lecteur sur les conflits actuels en Syrie, en Ukraine, en Libye, au Caucase et dans la mer de Chine ainsi qu’au-delà de la perspective ponctuelle et quotidienne, sur la perspective géopolitique globale caractérisée par le déclin relatif des Etats-Unis et parallèlement l’émergence d’Etats telle la Chine.

La cupidité envers les matières premières russes

 En tant qu’historien économique, Hannes Hofbauer est très attentif au rapport entre l’image purement négative et russophobe du pays avec ses gigantesques gisements de matières premières et les intérêts économiques et géopolitiques de l’Occident, notamment des Etats-Unis. On reconnaît ainsi, dans notre siècle actuel et le précédent, le recours à un modèle historique. Car dans les époques où les intérêts russes et occidentaux étaient en harmonie – comme ce fut le cas par moments au XIXe siècle entre la Prusse/le Reich allemand/Habsbourg et l’empire des Tsars – l’image de la Russie en tant qu’«incarnation du mal» n’existait que chez les «héros de l’histoire spirituelle allemande». Les dynasties, au contraire, voyaient le Tsar comme allié face aux agissements démocratiques.

Le rôle des intellectuels occidentaux

La russophobie indirectement transportée de génération en génération par les intellectuels occidentaux libéraux est prête à être réactivée à tout moment par les élites politiques, comme cela s’est fait au préalable de la Première Guerre mondiale. L’auteur nous montre que cela n’a guère changé: l’histoire des rapports entre l’Occident et la Russie après la fin de la guerre froide et la dissolution de l’Union soviétique en sont la preuve.

La stratégie de choc des années 90

Sous le président Eltsine, le régime présidentiel de la Russie exécuta sagement la transition de l’ancienne économie planifiée soviétique vers l’économie de marché capitaliste, selon les recettes recommandées par le FMI et les économistes américains Jeffrey Sachs et David Lipton selon le «consensus washingtonien».3 Ce fut une véritable stratégie de choc. Une grande partie de la population russe se retrouva dans une extrême pauvreté, l’espérance de vie diminua rapidement, d’anciens komsomols malins prirent le contrôle d’anciens combinats d’Etat et aidèrent les entreprises occidentales pétrolières et gazières à accaparer des parts majoritaires des grands groupes énergétiques anciennement étatiques. En même temps, l’Etat russe affaibli ne fut pas capable de faire face à l’élargissement de l’OTAN vers l’Est bien que cela fût une violation claire des promesses données à Gorbatchev en 1990 par le secrétaire d’Etat américain, James Baker.4
A l’époque, la couverture médiatique et les commentaires sur la Fédération de Russie étaient légèrement condescendants mais rarement aussi blessants et visant le bas de la ceinture que c’est le cas aujourd’hui. Car ni la Russie d’Eltsine ne s’opposa à l’élargissement de l’OTAN vers l’Est, ni ce pays affaibli n’était en état d’empêcher la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie en 1999. Il semblait que ce n’était plus qu’une question de temps jusqu’à ce que les néolibéraux installés par Jeffrey Sachs et Co. à la pointe de l’économie et de la politique réussiraient à intégrer la Russie dans l’orbite occidentale. Donc, il n’y avait pas de raisons de soutenir, face au public occidental, une attitude méprisante envers un futur membre du club.

La résurrection de «la théorie du Heartland»

Cela changea rapidement avec l’entrée en fonction du président Vladimir Poutine, largement inconnu jusqu’alors. Dans l’un de ses importants discours de politique étrangère, le 25 septembre 2001 au Bundestag allemand,5 il proposa à l’UE d’unifier ses moyens «avec les hommes, le territoire et les ressources naturelles russes ainsi qu’avec le potentiel économique, culturel et défensif de la Russie.» Avec la formule «d’un espace économique commun de Lisbonne à Vladivostok»,6 Poutine réitéra cette offre et contrecarra ainsi les visions stratégiques des Etats-Unis pour l’Europe, basées sur la théorie du Heartland7établie par Halford Mackinder, et qui étaient le thème d’une conférence organisée par le Secrétariat d’Etat américain à Bratislava en 2000.8 Ce qu’on présenta aux hommes politiques d’Europe orientale fin avril 2000, était le concentré des analyses d’un groupe de travail de l’«Americain Enterprise Institute» proche des Républicains. Ce groupe de travail, dénommé «Project for the New American Century», publia en septembre de la même année son analyse principale «Rebuilding America’s Defenses»9 élaborée par les principaux néoconservateurs depuis plusieurs années.

Le président Poutine s’oppose

La consolidation politique, économique et sociale de la Fédération de Russie entreprise par le président Poutine dès son premier mandat10 ainsi que la récupération du contrôle des entreprises stratégiques importantes en rapport avec sa conception d’une coopération dans le cadre d’une union économique eurasiatique avec l’UE mena à la première vague de propagande antirusse dans la politique et les médias occidentaux. La puissance dominante occidentale s’est, à cette fin, servie d’atlantistes déclarés de l’UE, tels des 115 politiciens et intellectuels «inquiets» ayant adressé une lettre ouverte totalement hypocrite, aux chefs d’Etats et de gouvernements occidentaux.11

Entretemps: propagande hystérique contre la Russie

Dans le dernier chapitre de son livre, Hofbauer fait de façon très concentrée le lien – à l’aide d’évènements concrets des dix dernières années (Géorgie, Ukraine) – entre les espérances constamment déçues des Etats-Unis et de ses «vassaux tributaires» européens (Brzezinski, «The Grand Chessboard») d’intégrer la Russie dans la sphère transatlantique et la campagne de dénigrement toujours croissante, se rapprochant de l’hystérie, contre la Russie et notamment ad personam contre Poutine.
Le même modèle se retrouve dans la couverture médiatique et les commentaires ainsi que les accusations des hommes politiques quand il s’agit de la Syrie, dont l’acuité croissante va de pair avec la baisse des espérances de l’Occident d’aboutir à un changement de régime en Syrie. Voici que le cercle se referme au début duquel se trouve le XVe siècle: lorsque les élites occidentales ne se voient pas en état de contrôler la Russie, elles mettent en marche la machinerie de diffamation.

Glissements tectoniques dans les rapports de forces globaux

La raison pour l’importance de ce livre est que l’Europe en entier – et pas seulement l’UE – doit trouver une voie dans le contexte des glissements tectoniques des rapports de forces globaux,12 afin de pouvoir contribuer par ses forces culturelles et économiques au développement d’un ordre mondial basé sur des fondements coopératifs et pacifiques. Le fait que la Fédération de Russie y jouera un rôle prépondérant est évident de par sa géographie et ses ressources. Ce qui est en jeu en Eurasie pour les générations futures s’ensuit du plaidoyer de l’ancien directeur politique du ministère des Affaires étrangères allemandes, qui fût par la suite ambassadeur de l’Allemagne à Pékin pendant six ans et qui, actuellement, est président directeur de la fondation Quandt: «La diplomatie par de nouveaux moyens. La ‹nouvelle route de la soie› chinoise devrait avoir une priorité stratégique pour l’UE.»13 Une ambiance empoisonnée par les médias serait contre-productive pour ce gigantesque projet. Je souhaite donc de nombreux lecteurs pour ce livre de Hannes Hofbauer.    •

*    Jochen Scholz est ancien lieutenant-colonel de la Bundeswehr et fut pendant quelques années au service de l’OTAN à Bruxelles. Plus tard, pendant la guerre contre la Yougoslavie, il servit au ministère allemand de la Défense. C’est là qu’il réalisa que les discours officiels des responsables politiques, décrivant de graves violations des droits de l’homme par la Serbie, ne correspondaient pas aux rapports des spécialistes sur place. C’est à cause de ces mensonges des hommes politiques qu’il quitta le SPD en 1999.

1    www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//NONS...
2    https://eeas.europa.eu/topics/eu-information-russian/9506...
3    https://de.wikipedia.org/wiki/Washington_Consensus
4    Zelikow, Phillip/ Rice, Condoleezza. Sternstunden der Diplomatie, Berlin 1997, p. 257
5    www.bundestag.de/parlament/geschichte/gastredner/putin/pu...
6    www.sueddeutsche.de/wirtschaft/2.220/putin-plaedoyer-fuer...
7    https://de.wikipedia.org/wiki/Heartland-Theorie
8    Lettre de Willy Wimmer adressée au Chancelier fédéral Schröder, sur: www.nachdenkseiten.de/?p=22855
9    www.informationclearinghouse.info/pdf/RebuildingAmericasD...
10    www.bpb.de/internationales/europa/russland/135734/grafike...
11    http://web.archive.org/web/20070811110517/http://www.newa...
12    Cf. «ReOrient. Globalwirtschaft im Asiatischen Zeitalter» par André Gunder Frank: http://mediashop.at/buecher/reorient
13    https://zeitschrift-ip.dgap.org/de/article/getFullPDF/27469 und http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2016/10/03/par...

mercredi, 11 janvier 2017

Paranoïa anti-russe et théories du complot

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Paranoïa anti-russe et théories du complot

David l’Epée
Philosophe, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

Nous assistons depuis quelques mois – mais cela va en s’intensifiant depuis quelques semaines – à une vaste offensive médiatique contre la Russie, suspectée d’ingérence dans les affaires intérieures de certains pays occidentaux. Entre accusations de piratage informatique (comme dans l’affaire de la révélation des courriels privés d’Hillary Clinton) et de tentatives d’influer dans diverses campagnes électorales (présidentielles américaines, primaires de la droite française, etc.), les charges contre la Russie s’accumulent et font monter les tensions. Or, il s’avère que ces soupçons reposent souvent sur des éléments très minces, voire inexistants, et que dans le cas d’influences qui pourraient s’avérer vraies (dans le sens où, théoriquement, elles pourraient avoir lieu), comme celles que seraient effectivement susceptibles d’exercer sur une frange des opinions publiques occidentales certaines agences de presse russes et autres médias en ligne ayant pris le parti de Moscou, il n’y a pas matière à scandale : en effet, elles n’outrepassent pas le domaine de la légalité, ne ressortissent en aucun cas d’actes de guerre et s’inscrivent tout simplement dans le cadre ordinaire de la liberté d’expression et de communication des informations et des idées.

Or malgré cette observation qui paraît assez évidente – les faits litigieux reprochés à la Russie ne sont pas avérés tandis les faits avérés, eux, ne sont pas litigieux – un grand nombre de médias se sont lancés sans la moindre hésitation dans cette nouvelle croisade, qui pose le double problème de faire abstraction de la situation réelle et d’être potentiellement dangereuse pour tout le monde. C’est notamment, en Suisse romande, le cas du Temps qui, comme j’ai eu l’occasion d’en parler dans un article précédent [ http://lesobservateurs.ch/2016/12/01/medias-trump-retour-... ], avait publié le 26 novembre dernier un éditorial (rédigé par Sylvain Besson) qui, par ses outrances, ressemblait à une déclaration de guerre, dénonçant « une offensive subtile [de la Russie] sur le front immatériel de la propagande et de la désinformation » et saluant la décision du Parlement européen qui, quelques jours auparavant, avait voté une résolution condamnant la propagande russe, qui se trouvait mise sur le même plan que la propagande de l’Etat islamique. Le quotidien parvenait, en quelques paragraphes, à dénoncer des théories du complot que véhiculeraient certains médias russes à destination du public occidental et à produire lui-même une théorie qu’il faut bien appeler conspirationniste puisque le complot dénoncé ne reposait sur aucune preuve concrète…

Cet éditorial, et d’autres articles du même tonneau l’accompagnant, appelait nécessairement une réaction. Elle s’est exprimée le 6 décembre, Le Temps publiant ce jour-là une lettre d’Irina Dedkova, attachée de presse du consulat général de Russie à Genève. Celle-ci, offensée par les allégations paranoïaques et passablement complotistes dont nous venons de parler, a répondu ceci : « Au lieu de propager la russophobie dans les médias, il faudrait peut-être chercher les causes de l’insécurité actuelle en Europe dans les conditions de vie extrêmement précaires et difficiles auxquelles sont confrontées les populations d’Afghanistan, de Libye, d’Irak. […] L’Europe a déjà subi des attaques terroristes sur son territoire, la Suisse en a heureusement été épargnée. Il faut enfin comprendre que les terroristes n’arrêteront pas leurs actes abominables tant qu’ils ne seront pas combattus sur le terrain et tant que cette ambiguïté de la part des Occidentaux continuera. […] L’éditorial du 26 novembre prétend que “le mensonge et la désinformation viennent de Russie” et que c’est l’Occident qui détient le monopole de la “vérité”. Est-ce vraiment le choix engagé et assumé de la rédaction ? L’objectivité et l’analyse sans parti pris sont alors à chercher ailleurs que dans les pages du Temps. » On pourrait ajouter qu’il y a quelque chose d’extrêmement indélicat de la part du Parlement européen à renvoyer dos à dos Daech et la Russie, lorsque l’on sait le rôle que cette dernière a joué ces derniers temps dans la lutte contre le terrorisme islamiste sur le front syrien. Les amis bruxellois de l’Alliance atlantique ont-ils vraiment, dans cette guerre-là et après le désolant constat d’échec de leurs alliés, des leçons à donner à Poutine ?

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Cette petite mise au point ne sera toutefois pas d’une grande utilité pour la suite car Le Temps va continuer à déployer, semaine après semaine, les éléments de langage de ce nouveau feuilleton (qu’on pourrait intituler Russia-bashing) qui constitue désormais un rendez-vous incontournable dans les pages de ce quotidien – et de bien d’autres. C’est le cas par exemple de l’édition du 28 décembre, dans laquelle on peut lire un article explicitement intitulé Désinformation : l’offensive russe. On nous y entretient de la doctrine Gerasimov, une stratégie russe qui recourrait à des vecteurs de contre-information pour mener contre l’Occident un assaut sournois relevant de la guerre asymétrique. On peut y lire ceci : « Selon Keir Giles, auteur d’une étude sur le sujet, l’objectif n’est plus, comme du temps de l’Union soviétique, de vendre un modèle, mais de “saper la notion de vérité objective et la possibilité même de faire du journalisme”. Il s’agit “d’affaiblir l’immunité morale face à la propagande” ainsi que de “réduire la confiance dans les sources du savoir” des sociétés occidentales. »

Il est tout à fait possible que cette stratégie russe existe et qu’elle procède de cette manière dans le cadre de la nouvelle guerre froide à laquelle nous assistons, mais nous devrions, avant de monter sur nos grands chevaux, nous poser quelques questions toutes simples : qui, aujourd’hui, et bien mieux que tous les cyber-moujiks réunis, est parvenu à remplir les mêmes objectifs ? Qui s’acharne chaque jour à « saper la notion de vérité objective », à « réduire la confiance dans les sources du savoir » de nos sociétés et à détruire « la possibilité même de faire du journalisme » ? Qui sinon les journalistes eux-mêmes, les représentants de ces mêmes médias qui se plaignent maintenant d’être discrédités et de perdre des lecteurs ? Mais de ce côté-là, on n’assistera jamais à aucune remise en question, la responsabilité de la crise des médias traditionnels sera toujours attribuée à un élément extérieur : la Russie, internet, la presse dissidente, les réseaux sociaux ou que sais-je encore. L’auteur de l’article ne doute pas une seconde de la supériorité morale qu’il pense avoir sur ses confrères russes puisqu’il écrit, avec un aplomb qui laisse songeur : « Le risque est de tomber dans le piège d’une contre-propagande, ce qui reviendrait pour les Européens à renier leurs propres valeurs. » Nos propres valeurs ? Mais où sont-elles nos valeurs, dans le travail de réécriture permanent effectué par nos médias, dans l’opération quotidienne de manipulation, de déformation, de censure et – lâchons le mot – de propagande ? Pensez-vous vraiment, chers journalistes suisses, avoir les mains plus blanches que les petits télégraphes du Kremlin ?...

Interrogé sur ce sujet en conclusion de cet article, Jakub Janda, chercheur à l’Institut Valeurs européennes de Prague, « centre de recherche indépendant pro-européen et atlantiste » (sic !), croit voir l’empreinte russe dans plusieurs élections passées ou à venir sur le continent européen. Au journaliste qui lui demande si Poutine risque de mettre son grain de sel dans les élections présidentielles françaises, il répond : « Il n’y aura pas d’interférence directe dans le processus électoral. C’est inutile. Que ce soit Marine Le Pen ou François Fillon qui l’emporte, Moscou est de toutes façons gagnant. » Traduction : quoiqu’il arrive désormais, on fera toujours porter le chapeau à Poutine.

Il est également dommage qu’un hebdomadaire comme Causeur, connu pour penser en dehors des clous, sacrifie dans son numéro de décembre à cette même paranoïa avec un article de Philippe Raynaud intitulé Les équivoques de la primaire dans lequel on peut lire : « Les Français de droite ont cru voter pour un gaulliste, ils se sont engagés dans la voie de la collaboration avec une puissance impériale qui s’appuie sur des relais internationaux très actifs et dont rien ne permet de croire que ses ambitions soient compatibles avec les intérêts français. » A qui cet épouvantail est-il censé faire peur ? Il y a de très bonnes raisons de s’en prendre à François Fillon, candidat de la rigueur néolibérale et de la destruction programmée des conquêtes sociales françaises, mais il y en a aussi de très mauvaises, et lui reprocher de n’être pas aussi atlantiste et américano-compatible qu’un Nicolas Sarkozy ressemble finalement moins à un grief qu’à un compliment. Le plus ironique dans l’affaire, c’est qu’on aurait tout à fait pu prononcer la même phrase en 2007 mais pour parler cette fois de Sarkozy et en faisant référence à une autre puissance impériale. Vous souvenez-vous d’avoir entendu beaucoup de journalistes lui faire ce procès-là ?...

Heureusement, tous les médias ne sont pas dupes, certains chroniqueurs savent raison garder et, devant les humeurs va-t-en-guerre de leurs confrères, tentent de ramener les choses à leur juste mesure et de dégonfler quelques baudruches. C’est le cas par exemple de Jack Dion qui, dans le numéro de Marianne du 2 décembre, signe un article assez bien senti titré Pourquoi Poutine les rend tous fous. Il se moque de Libération qui, « voici peu, expliquait que le travail d’influence idéologique de la Russie avait débouché sur le Brexit, le vote des Néerlandais contre un accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, la victoire de Donald Trump et, bien sûr, la percée de François Fillon, déjà transformé en marionnette de Vladimir Poutine (ça promet !). » Le quotidien bobo n’a toutefois pas été le seul à tomber dans ce panneau car le même jour, « Le Monde publiait une tribune de l’historienne Françoise Thom digne du maccarthysme naguère en vogue aux Etats-Unis. Cette prose vaut le détour car elle dit tout haut ce que suggère mezza voce Le Monde au fil de ses articles. Au terme d’une longue enquête, la dame dénonce “la patiente stratégie de prise de contrôle des élites et des opinions étrangères par le Kremlin”. Si tel était le cas, vu la folie russophobe en vogue jusqu’ici dans les médias, on pourrait en déduire que les fins limiers venus des steppes pour embrigader les esprits sont des nuls. Selon Françoise Thom, qui a dû trop consommer de vodka, la Russie “ne dissimule même plus sa prétention à dicter l’issue des scrutins tenus sur le continent européen”. Bref, si les participants à la primaire de la droite ont voté majoritairement Fillon, c’est sur ordre de Moscou. »

Face à ces supputations délirantes, on trouve une mise au point bienvenue dans la chronique de Jacques Pilet parue dans L’Hebdo du 22 décembre. « Depuis que la Russie se remet lentement de la terrible débâcle qui a suivi son effondrement, écrit-il, depuis qu’elle se reconstruit et veut faire entendre sa voix, la tension Est-Ouest ne cesse de monter. Poutine est devenu le diable. Aucun expert sérieux ne pense pourtant qu’il souhaite déborder de ses frontières. Il n’en a pas les moyens. L’Ukraine était un cas très particulier. » Seulement, aujourd’hui, les élites européennes craignent moins de voir déferler les chars russes sur les grands boulevards des capitales que de subir l’intrusion d’espions ou d’une cinquième colonne mue par une nouvelle propagande… « Que la frousse gagne les autres pays de l’Union européenne, cela paraît irrationnel, explique Jacques Pilet. Le dernier discours de Poutine sur l’état de la Russie était pourtant des plus rassurants à cet égard. Il a eu peu d’écho. Il est piquant de voir le Parlement européen demander des mesures pour contrer la propagande russe vers l’Ouest. Les moyens de Moscou sont plus que limités. Un ou deux sites, une chaine TV. Rien à voir avec la puissante Radio Free Europe, créée en 1951 par la CIA, qui arrose dans toutes les langues l’espace de l’ex-URSS. Si l’on songe au déferlement de la propagande américaine sur toute l’Europe, dans une multitude de formes, ces accusations antirusses apparaissent paranoïaques. » Il fallait en effet que ce soit dit.

Ces théories du complot seraient risibles si elles ne risquaient pas d’aboutir à des impairs diplomatiques graves et à des orientations géopolitiques contre-productives. Je continue de penser, même si rien n’est encore fait, que l’élection de Donald Trump est susceptible d’entrainer, comme effet bénéfique, une réduction des tensions entre les Etats-Unis et la Russie. Il apparaît en effet très probable que l’élection de sa rivale, si elle avait eu lieu, aurait presque immanquablement favorisé la cristallisation d’un climat politique extrêmement hostile et belliqueux à l’issue duquel aurait pu éclater une guerre, et peut-être même une guerre nucléaire, avec toutes les conséquences catastrophiques que l’on peut imaginer. Le pire, sur ce plan-là, a été évité, mais les grands médias occidentaux, dont on connait le sympathie pour le clan Clinton et ce qu’il représentait, semblent tout faire désormais pour saborder Trump dans ses velléités de pacification, comme s’ils voulaient, avant son entrée en fonction, précipiter les choses et rendre la guerre inévitable. Par quels moyens ? En multipliant les provocations et les scandales et en préparant l’opinion publique à l’affrontement qu’ils appellent de leurs vœux. L’anti-poutinisme de nos médias n’est certes pas un phénomène nouveau mais il connaît actuellement une phase d’accélération car il s’agit maintenant, j’insiste sur ce point, d’un véritable feuilleton, d’un sujet d’actualité qui s’est installé durablement et avec une régularité entêtante, dans la plupart des grands titres de presse sous nos latitudes.

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Nous sommes en train d’assister à ce que l’écrivain italien Giulietto Chiesa, ancien député au Parlement européen et ancien correspondant de L’Unita à Moscou, avait anticipé et analysé dans un livre paru il y a quelques mois (avant les élections américaines, avant les derniers événements en Syrie, avant l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara), Russphobie 2.0. Dans ce livre, il prévoyait que la propagande mise en place par l’Occident contre un certain nombre de pays musulmans depuis le 11 septembre 2001 au nom de la guerre contre le terrorisme préfigurait, dans les méthodes comme dans la stratégie, celle qui allait maintenant prendre pour cible la Russie. « L’Occident cherche à couper les ponts pour supprimer toute possibilité de dialogue ! » mettait-il en garde, craignant l’éclatement d’un conflit dont les effets seraient dévastateurs. « L’expansion de l’OTAN le long des frontières de la Russie, observait-il, au nord avec la participation volontaire des pays baltes et de la Pologne, au sud avec l’entrée (de fait) dans l’OTAN de la Géorgie et de l’Ukraine, paraît inexplicable, non seulement à la lumière de la dissolution de Pacte de Varsovie, mais aussi en l’absence totale d’agressivité de la Russie à l’égard de ses voisins. »

Il est impossible de prévoir ce qui arrivera ces prochains mois sur ce front-là mais il ne paraît pas exagéré de penser que les grands médias occidentaux, dans leurs attaques incessantes contre la Russie, répondent à un agenda bien précis dont la guerre pourrait bien être l’objectif et le point d’orgue. Il revient dès lors à la société civile, aux populations, aux opinions publiques, aux citoyens européens que nous sommes de ne pas tomber dans ce piège et de prêter une oreille plus attentive aux discours de paix qu’aux bouteurs de feu.

David L’Epée

samedi, 12 novembre 2016

The Ancient Spiritual Roots Of Russophobia

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The Ancient Spiritual Roots Of Russophobia

Ex: http://thesaker.is

This article was written for the Unz Review: http://www.unz.com/tsaker/the-ancient-spiritual-roots-of-...

Introduction

The term “russophobia” (the hatred and/or fear of things Russian) has become rather popular in the recent years, courtesy of the anti-Russian hysteria of the AngloZionist Empire, but this is hardly a new concept. In his seminal book “Russie-Occident – une guerre de mille ans: La russophobie de Charlemagne à la Crise Ukrainienne” (“The West vs Russia – a thousand year long war: russophobia from Charlemange to the Ukrainian Crisis”) which I recently reviewed here, Guy Mettan places the roots of russophobia as early as the times of Charlemagne. How could that be? That would mean that russophobia predates the birth of Russia by a full two centuries? And yet, Mettan is correct, although even he does not paint the full picture.

What I propose to do today is not to discuss modern russophobia which has numerous causes and forms, but to look far back into history for the ancient spiritual roots of this relatively modern phenomenon.

My thesis will probably trigger even more condescending smirks, expression of outrage and accusations of bigotry and racism than usual. That is fine. In fact, I will welcome them as a visceral reaction to what I propose to uncover below. One glaring weakness of my argument will be that I won’t bother presenting numerous sources as evidence for my assertions. Not only am I not writing an academic paper here, I simply don’t have the time and space needed to substantiate all my claims. Still, all the facts and claims I make below are easily verifiable for anybody with an Internet connection. My goal today is not to convince the naysayers, but to offer a few hopefully useful pointers to those seeking to connect the dots and see the full picture. This being, said, let’s now go far back in time.

A 2000 year old dispute

Those who believe that the Romans crucified Christ better stop reading here and go back to the comfort of ignorance. Those who have actually read the New Testament or, for that matter, the basic Judaic texts on this topic, know that Christ was accused and executed for the crime of blasphemy: He claimed to be the Son of God, the Son of Man (a messianic title), the messiah announced by the prophets and that He was God: “Verily, verily, I say unto you, Before Abraham was, I AM” (John 8:58) (this “I AM” is a direct reference to Exodus 3:14). This claim is what split the Jewish people into those who accepted Christ’s claims and believed Him and those who did not. What is interesting here, is the view which the Jews who did accept Christ had of those Jews who did not. As we all know, Saint John the Theologian wrote the famous words “I know the blasphemy of them which say they are Jews, and are not, but are the synagogue of Satan” (Rev 2:9). And Christ Himself said “If ye were Abraham’s children, ye would do the works of Abraham” (John 8:39). What we see here is the basis for a claim which was first made in the Apostolic times and which was later fully endorsed and further developed by the Church Fathers: those Jews who rejected Christ thereby lost their “Jewishness” and the “new Jews” are the Christians, regardless of ethnicity, which now have become the new “chosen people”. In our modern times of hyper-political correctness and generalized “ecumenical dialogs of love”, Christians are mostly ignorant of theses facts and, when they are, they dare not mention them in public. At a time when Popes declare that Jews are their “older brothers”, that they need not accept Christ and that Christians and Jews are awaiting the same 2nd coming of Christ, saying that Christianity denies Jews their very Jewish identity is definitely “mauvais ton”. But before the 20th century, this Christian claim that modern “Jews” were not really Jews anymore was common knowledge, both amongst Christians and amongst Jews.

[Sidebar: as I explained it in some details here, modern “Judaism” is not the religion of “Abraham, Isaac and Jacob” but the religion of Maimonides, Karo and Luria and has its roots in the teachings of the sect of the Pharisees, the Talmud and the Kabbalah. The closest modern heir to Christ-rejecting Jews of the times of Christ would be the Karaite sect. Modern “Judaism” really ought to be called “Phariseic Talmudism”. For a traditional Patristic look at Phariseic Talmudism, please see here and here]

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Conversely, Judaic teaching about Christ are not sympathetic either. A quick read of the Toldot Yeshu or, for that matter, the passages about Christ in the Talmud, will convince anyone in need of convincing that the Pharisees’ hatred for Christ was not satiated with His crucifixion. And lest anybody think that this is all racist drivel by blue-eyed Nazis, here is a good article on this topic from Ha’artez corroborating it all.

Nowadays an uninformed observer might erroneously conclude that there is a big love-fest between Judaics and Christians, but to the extend that this is true, this is solely due to the fact that most modern Christians and Judaics have long ceased to believe, think and act in accordance to their own traditions. The reality is that for traditional Christians, modern Judaics are fallen, lapsed, people who have failed to live up to their election by God and who now are determined to take by force what had been promised to them by God. For traditional Judaics, Christians are idolaters of the worst kind, as they worship a blaspheming magician, born of a promiscuous hairdresser and a Roman legionnaire, who was justly executed for his crimes and who now forever is confined to hell where he boils in excrements. And lest anybody believe that this hostility is only a matter of a long gone past, I would add that while the Judaics are still waiting for as their messiah, the Christian consensus patrum indicates that this Judaic messiah will be the very same person whom Christ and the Apostles called the Antichrist.

Why does all this matter? It matters because at the very core of it all is the claim that Gentiles have replaced Jews as the chosen people of God, that Christians are the “new Jews” and that modern day Jews are simply not Jews at all, not only because most of them are more Khazarian than Jewish, but because their faith, traditions and beliefs are not the ones of the ancient Jewish people as described in the Old Testament. In other words, Christianity says that Jews are not Jews.

A 1000 year old dispute

Western history books usually say that Rome was sacked in 410 and fell in 476. The former is true, but the latter is completely false as it conflates the city of Rome and the Roman Empire. Only the city of Rome and the western Roman Empire came to an end in the 5th century, but that very same Roman Empire continued to exist in the East for a full 1000 years (!), until the 1453 when the Ottomans finally captured the city of Constantinople. In fact, the imperial capital of the Roman Empire had been moved from Rome to the city of Constantinople, the “New Rome”, by the Emperor Constantine in 320. Thus, the Rome which, at various times, Visigoths, Vandals and Ostrogoths sacked was no longer the capital of the Roman Empire.

These two crucial dates, 476 and 1453, are often used to mark the beginning and the end of the Middle-Ages (along with other dates between the 5th and the 15th century). And since I am setting up the crucial dates for my argument, I will add another one here: 1054, the “official” date for the so-called “Great Schism” between, on one hand, Rome (the city) and, on the other, the other four Patriarchates founded by the Apostles: the Patriarchates of Alexandria, Antioch, Jerusalem, and Constantinople.

At this point, things get complicated and a halfway decent explanation of what really took place would require no less than 100 pages, including a discussion of dogmatic theology, culture, sociology and, of course, politics. The best I can provide at this point are a few bullet-point style sentences summarizing what happened:

The Franks, especially Charlemagne, decided that they would re-create the Roman Empire. To be truly Romans, the Franks also wanted to make their own, original, contribution to Christian theology. They did so by making an addition to the so-called “Symbol of Faith”, or “Credo” in Latin, a text which summarizes the key Christian beliefs. Furthermore, since they were now occupying Rome, the former imperial capital of the Empire, the Franks felt that they were in control of the spiritual capital of the Christian world and that, therefore, the rest of the Christian world ought to accept the primacy of the bishop of Rome – called the “Pope” – and his right to impose a new dogma on the entire Christian world. Following roughly 200 years of tensions between the (Frankish-occupied) Rome and the (still free) eastern Roman Empire the final separation took place in 1054 when the Pope excommunicated the Patriarch of Constantinople who then returned him the favor. What is important for our purposes is this: not only did the Frankish invasion of Rome mark the end of the Roman civilization in the West, it also cut-off the western world from the Roman Empire which continued to exist for another ten centuries. The process of severance between the two parts of the Empire began in the 5th century following the fall of the city of Rome and continued throughout the following centuries. During the 10th century, Rome suffered during the so-called dark ages (saeculum obscurum) and the so-called the “Rule of the Harlots” (pornokratia). At a time when the Roman Empire in the east was almost at the apex of its glory, the Franks were indulging in an orgy of destruction and corruption which completely changed the face of the western part of the European continent and completely severed the vital cultural and spiritual ties which had kept the Roman Empire together in the past centuries.

During the following 1000 years while the Roman Empire continued its existence in the East, the European Middle-Ages slowly and painfully gave birth to a new civilization, the West European civilization, which really took its first mature shape during the Renaissance with it’s re-discovery of the ancient Greek and Roman world. Whatever form this so-called “re-discovery” took, it is a fact that the 1000 years of the Middle-Ages separate modern western civilization from the Roman civilization and that modern Europe was born not of the Romans, but of the Franks. The (Orthodox) East, however, has never known any “Middle-Ages” and has maintained a cultural and religious continuity to the ancient Christian world and the Roman Empire.

rusofob_pic32.jpgIn the West, the so-called “Roman Catholic Church” (another misnomer – there is nothing Roman or “catholic” – meaning “universal” – about the Papacy as it is Frankish and local) likes to present itself as the original Church whose roots and traditions go back to the Apostolic times. This is simply false. The reality is that the religion which calls itself “Roman Catholic” is a relatively new religion, younger than Islam by several centuries, which was born in the 11th century of a rejection of the key tenets of the 1000 year long Christian faith. Furthermore, from the moment of its birth, this religion has embarked on an endless cycle of innovations including the 19th century (!) dogmas of the Papal infallibility and the Immaculate Conception. Far from being conservative or traditionalists, the Latins have always been rabid innovators and modernists.

Nowadays there are many Christian denominations out there, but only the Orthodox Churches can testify to the fact that the Frankish local Church is neither Roman, nor Catholic, that it’s roots are not in the Apostolic times, but in the (dark) Middle-Ages and that far from being a heir to the 2000 year old faith “which the Lord gave, was preached by the Apostles, and was preserved by the Fathers” to use the words of Saint Athanasios, the Latin faith is nothing but a collection of deviations from the original Christian faith.

The feared and hated witness

Now we see a pattern here. Both for the Judaics and for the Latins, the Orthodox Christians are the only witnesses out there who can (and do!) openly challenge not only their legitimacy, but their very identity. From an Orthodox perspective (and here I am referring to the traditional, Patristic, point of view) modern Jews are not Jews and the Catholics are not catholic. In both cases, we are dealing with very successful frauds, but frauds nonetheless. Orthodox Christians believe that they, and they alone, are both the real Jews and the real Catholics. Modern Jews are nothing but Pharisees while Latins are simply heretics. Jews were called to be the Chosen People while Rome used to be recognized as the “first amongst equals” by the other Patriarchates. Alas, in both cases a tragic fall from grace occurred in a manner reminiscent of Lucifer’s fall from Heaven (“How art thou fallen from heaven, O Lucifer, son of the morning!” Isa 14:12). And to those who would say that such a claim is preposterous, Orthodox Christians would simply point at the immense corpus of Patristic writings which has always supported that claim. The only option for somebody rejecting this claim is to reject Christianity itself.

My argument here is not a historical or theological one. Regardless of whether one accepts or not the Orthodox view of modern “Judaism” and “Roman Catholicism” – it is certain that both Judaics and Latin were quite aware of this view (there were plenty of polemical texts written over the centuries by all sides to this dispute) and that this challenge to their very legitimacy and identity was perceived as a monumental affront and, when supported by an immense and powerful empire like the Russian one, a mortal enemy which had to be either conquered or eliminated.

[Sidebar: Islam. It is interesting to note here that Orthodox Christianity, which Muslims called “Rum” as in Rome, in no way challenges the legitimacy or identity of Islam. While Islam and Christianity have plenty of irreconcilable theological differences, Muslims do not claim to be Jews or Christians. As for Orthodox Christians, they obviously do not claim to be the true or original, Muslims. Thus the co-existence of these two religions is not logically mutually exclusive even if their theologies are fundamentally incompatible].

The modern dispute

It would be ridiculous to claim that the cause(s) modern fear and/or hate of things Russian can all be explained by ancient theological arguments. In reality, neither Russia nor the West are all that religious nowadays. And while there is definitely a religious rebirth taking place in Russia, it remains also true that only a minority of Russians are truly religious or well-versed in Orthodox theology. Furthermore, there are plenty of reasons why some hate/fear Russia which have absolutely nothing to do with religion, including the fact that Russia is, and has always been, an unconquered military superpower, that the Soviet regime has oppressed millions of people in Eastern Europe and in the Soviet Union and that any more or less sovereign and independent regime in Russia stands as the main obstacle for the West to take control of Russia’s immense resources and many other reasons. As for (truly religious) Judaics and Latins, they are a small minority compared to the vast majority of largely agnostic people around them. In reality, modern russophobia has numerous independent “vectors” all contributing to a grand “sum vector” expressed in the West’s current policies towards Russia. And yet.

rusofob_pic27.jpgRegardless of the actual level of religiosity in Russia, Russia remains the objective historical and cultural heir to the Roman Empire: the First Rome fell in 476, the Second Rome fell in 1453 while the Third Rome fell in 1917.

[Sidebar: A Fourth Rome cannot happen simply because, unlike what happened with the First and Second Rome, the Third one could not “pass on” its role to a hypothetical Fourth one. Seventy years of Communist rule will forever remain and unsurmountable barrier between Russia the Third Rome and modern Russia and no true succession is now possible]

To ignore the historical importance of a Christian Roman civilization which lasted from the 4th to the 20th century would be a major oversight. Those 16 centuries have had a huge impact on the Russian culture, even upon those Russians who are only superficially religious or outright agnostic, and they still can be felt today. The same is true for what is called the “West” nowadays: what is the AngloZionist Empire if not the cultural continuation of the British Empire with the Zionist (and, thus, Judaic) element recently added to it? And don’t let the fact that Protestants and Anglicans are not “Roman Catholics” distract you from the reality that Protestantism itself is just the offspring from the spiritual intercourse between its Latin and Judaic parents, just as Freemasonry – the dominant ideology and worldview today – is the offspring resulting from the spiritual intercourse between of Protestantism and Phariseic Judaism. Whether we are aware of it or not, we live in “civilizational realms” which have ancient roots and our worldview and outlook on life are often shaped by a past which we often know very little about.

Conclusion

There is a clash of civilizations taking place. It does not primarily oppose a putative “Christian West” to Islam. For one thing, the modern “West” has long ceased to be Christian and should now be categorized as post-Christian. Furthermore, the Muslim world is not united and does not have the resources to meaningfully oppose the AngloZionist Empire. Until China, Latin America or some other civilization truly rises up to be able to challenge the current world order, Russia is the only country which will dare to openly challenge the very legitimacy of the western political system and the ideology it has been built upon. Modern Russia is both capable and willing to challenge the dominant western ideology (from Capitalism to the belief that homosexuality is a normal and healthy variation of human sexuality) precisely because of her position as the heir to, and continuator of, the Christian Roman Empire. True, for the past 300 years or so, Russia has been ruled by a generally westernized ruling elite, but that elite itself has always remained a foreign superstructure imposed upon the Russian nation which never truly identified with it. With Putin Russia has finally found a leader who does not represent the interests of the elites, but rather the interests of the vast majority of the population – hence Putin’s stratospheric popularity ratings. And that too frightens the West, especially the western elites who now feel that their rule is threatened by a nuclear superpower which is determined not to let them take over our entire planet. It is impossible to predict what will happen next. But it does appear likely to me that this ancient conflict between two fundamentally opposed spiritualities and civilizations will come to some kind of a resolution, for better or for worse, in the near future.

The Saker

09:12 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, russophobie, russie, europe, affaires européennes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 12 juin 2016

Extension du domaine de la russophobie

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Extension du domaine de la russophobie

Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

La propagande anti-russe s’intensifie dans les médias. Le russian bashing se répand et suggère que la Russie dirigée par Vladimir Poutine vit sous un régime tyrannique. Présenter à l’opinion occidentale le régime de Moscou comme violant l’État de droit et la démocratie, persécutant ses opposants et s’orientant vers une dictature est devenue une habitude. D’où vient cette propagande russophobe qu’on ne réserve pas à d’autres nombreux pays, pourtant, eux, réellement dictatoriaux ?

La Russie accusée d’être un État policier

Dans Le Figaro, un article de propagande anti-russe très peu professionnel, signé d’Emmanuel Grynszpan (« L’opposition russe désormais réprimée par des nervis » 02/06/2016) essaie de démontrer que des ”défenseurs des droits de l’homme” et des ”opposants” sont attaqués par « des groupuscules pro-Poutine sous le regard complice de la police ». Il cite plusieurs exemples de bagarres et d’agressions où, paraît–il, les agresseurs sont des milices secrètes du Kremlin. Pas la moindre preuve n’est avancée, c’est du roman policier journalistique.

Le journaliste du Figaro et ses confrères des autres médias occidentaux n’apportent aucune vérification de ce qu’ils relatent, mais se contentent de citer des opposants à Vladimir Poutine qui décrivent une situation dramatique pour les contestataires. Le problème, c’est que ces derniers, vivant en Russie, s’expriment librement dans les colonnes du Figaro et des autres médias. S’ils étaient persécutés en Russie, comme ils le prétendent, ils ne pourraient pas se répandre dans les médias occidentaux !

Contradiction complète : Le Figaro publie régulièrement un supplément consacré à la Russie (intitulé en anglais pour faire snob Russia beyond the headlines) avec la traduction d’articles de la presse russe qui reflètent toutes les opinions, y compris celles contraires à M. Poutine. Comment Le Figaro peut-ils écrire que le Kremlin interdit l’opposition à M. Poutine alors qu’il publie lui-même des articles de la presse russe qui critiquent le gouvernement ? C’est complètement absurde.

Cela dit, il est parfaitement possible, comme dans n’importe quel pays du monde, que des individus ou des groupes privés s’en prennent avec violence pour des raisons politiques à des contestataires de la politique gouvernementale. Mais comment peut-on en déduire qu’ils sont télécommandés par le gouvernement russe et protégés par la police ? Aucune preuve n’est apportée. En novembre dernier, j’ai participé à une conférence au Press Club de Washington sur les questions de l’immigration contre la politique laxiste d’Obama. Nous avons été attaqués physiquement par des groupes gauchistes ultra-violents. Il ne serait venu à personne l’idée de dire que c’était la Maison Blanche et l’administration Obama qui étaient derrière ces agressions.

L’imposteur Alexeï Navalny

Cet agitateur, médiatisé par la presse occidentale et très probablement financé par les services de renseignements américains et – hélas– européens, est qualifié par les médias français et occidentaux de « principal opposant au Kremlin ». Mensonge total. L’immense majorité des électeurs de la Fédération de Russie n’a jamais eu l’intention de voter pour ce provocateur. Navalny a participé avec ses partisans à une bagarre à l’aéroport d’Anapa et s’est présenté en victime du Kremlin.

Il prétend que le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, est un bandit lié au monde des affaires illégales et du crime, qui voudrait se venger de lui, l’opposant à Poutine. Les médias occidentaux relaient, sans vérifications, ces affirmations diffamatoires. Navalny et son entourage comparent Poutine à Hitler et les médias français reproduisent ces imbécillités. Leonid Volkov, un de ses proches collaborateurs, a répété dans les médias occidentaux que la situation actuelle de la Russie , « c’est ce qu’on observe dans toutes les dictatures. C’était pareil en Allemagne dans les années 30 et en Espagne dans les années 60 ». Il est dommage que des intellectuels, par ailleurs intelligents, comme par exemple Nicolas Baverez, portent crédit à ces contre–vérités issues de désinformations. Les vraies dictatures, elles, comme la Chine, les monarchies du Golfe devant lesquelles s’incline la France, ne sont jamais accusées.

Les deux raisons de la propagande antirusse

Les médias et les dirigeants occidentaux répètent que la Russie a ”annexé ” la Crimée ukrainienne, ce qui justifie les sanctions – par ailleurs illégales. Si c’était vrai, la Crimée qui est russe et non pas ukrainienne et qui a rejoint la Russie par référendum, sans aucune violence russe, se révolterait, il y aurait des troubles. Or la Crimée redevenue russe, est parfaitement tranquille. Bizarre…D’autre part, la propagande nous expliquait que Poutine cherchait à envahir l’Est de l’Ukraine et qu’il ne respecterait pas les accords de cessez–le–feu signés à Minsk. Il les a parfaitement respectés. Les affrontements en Ukraine ont cessé, non ? Alors d’où vient cette désinformation hostile contre la présidence de Poutine ? Explications :

1) Ce qui dérange les dirigeants européens (politiques et médias confondus), c’est d’abord l’orientation idéologique du pouvoir russe, centrée sur les valeurs d’identité, d’enracinement et de patriotisme, l’inverse même des choix idéologiques occidentaux profonds. La nouvelle Russie représente donc un danger, en terme d’attraction mentale sur les peuples européens de souche, d’exemple à suivre ; elle est un repoussoir pour les oligarchies occidentales déracinées, un objet de haine pathologique. L’hostilité du pouvoir russe aux manifestations de la gay pride ou au mariage homosexuel, par exemple, le fait détester par toute l’intelligentsia proche du pouvoir et par la classe journalistique en France. Bref, le gouvernement russe est ”politiquement incorrect ”.

2) La deuxième raison de la campagne de propagande et de désinformation antirusse est le retour de la Russie comme grande puissance sur la scène internationale, notamment en Syrie, et par la restauration de son outil militaire. Cela gêne certains projets stratégiques de Washington et il est normal que le relai soit suivi par les médias occidentaux et les gouvernements européens vassaux des USA. Bref, la nouvelle Russie post-communiste fait paradoxalement plus peur aux dirigeants occidentaux et leur semble plus redoutable et haïssable que l’ancienne URSS.

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Construire l’image d’une dictature belliciste

La thèse officielle sur la Russie de Poutine, rabâchée par 90% des journalistes occidentaux qui suivent les désinformations des services spécialisés –par exemple celles de la Transatlantic Academy, (1) – est la suivante : le Kremlin manœuvrerait pour annexer le Donbass, en y ”gelant” un conflit, puis à faire de l’Ukraine un protectorat russe, et la même chose avec les trois pays baltes. Y compris par la force militaire. On cherche à présenter la Russie comme une dictature isolée ayant très peur de l’exemple d’une Ukraine démocratique, rejoignant l’UE et l’Otan. La Russie est décrite comme une menace pour l’Europe orientale et la paix du monde, afin de justifier la création d’incidents militaires (Est de l’Ukraine, Baltique…). Et de provoquer une confrontation armée, ” gérée”, si possible (mais pas sûr) en dessous du seuil nucléaire ; ce qui est l’objectif – non pas d’Obama, dépassé par les événements – mais de fauteurs de guerre très actifs au Pentagone, à la CIA, dans l’industrie d’armement et dans les médias US.

Le renforcement militaire de l’Otan en Europe orientale, sur ordre de Washington, atteste de cette stratégie mal pensée et à haut risque (voir récent article de ce blog sur Kaliningrad). Elle ne peut pas être freinée par une France qui n’a plus de politique étrangère indépendante sérieuse. Néanmoins, cette option belliciste antirusse peut être entravée par deux facteurs : une lassitude européenne envers une russophobie qui nuit à l’économie du fait des représailles russes aux sanctions, (cas de l’Italie, de la Hongrie, proposition de résolution parlementaire en France pour la levée des sanctions…) et la prochaine élection présidentielle américaine.

Si Hillary Clinton est élue, il n’y a rien à attendre de bon. En revanche, si Donald Trump parvient à la Maison Blanche, il pourrait renverser la table s’il joue la carte de l’isolationnisme et si, comme il l’a dit, il apprécie la Russie. À condition qu’on le laisse faire, car un Président américain doit avoir la force d’affronter les Trois Sœurs – CIA, Pentagone, et Complexe militaro-industriel. Un coup de feu est vite parti. La Russie, qui ne menace en rien la paix et la sécurité mondiale (contrairement à d’autres jamais incriminés) est donc présentée par les appareils de désinformation comme une dictature dangereuse, donc comme l’ennemie principale. Cette russophobie est totalement contraire aux intérêts des Français et des Européens.

(1) La ”Transatlantic Academy”, est un des exemples des centres de propagande métapolitique américains et européens atlantistes (financés par des fonds publics discrets et des fonds privés) qui ”informent” et en réalité influencent les journalistes du monde entier. Cette remarque n’implique aucun anti-américanisme, puisqu’aux USA d’autres think tanks et associations combattent ces lobbies, comme par exemple American Renaissance et le NPI.

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vendredi, 10 juin 2016

Interview: A history of russophobia – as seen by Hannes Hofbauer

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Interview: A history of russophobia – as seen by Hannes Hofbauer

Ex: https://gianalytics.org

Aleksandar Mitić

Austrian author Hannes Hofbauer specializes in deconstruction of Western „demonization“ narratives. Following his books on the Yugoslav wars, his focus has turned to the economic and geopolitical roots of today’s „Russia-bashing“ in the West.

The Western media and politicians, Hofbauer says, are addressing the Russians as an „anonymous mass, using insulting attributes that express distance distance, detestation, and hate.“ He questions the reasons behind decisions by Washington and Brussels to “deny entry permits for Russian diplomats, inflict sanctions, close accounts of Russian citizens, exclude Moscow from international organizations, boycott sports events and disrespect people who plead for understanding Russian positions and politics.”

Hofbauer-Feindbild-Russland-500.jpgHofbauer argues that the “enemy image paradigm dominates the reception of Russia, Russians, and Russian politics throughout the centuries, although short periods of a positive image existed in between”, but also that the current “demonisation of Russia by the West is a reaction to the Kremlin’s policy to consolidate the state and pursue a sovereign foreign policy”.

According to him, the “new enemy image developed along different occasions: the NATO-war on Yugoslavia (1999), the case of Mikhail Khodorkovsky as well as the US war on Iraq (2003), the Eastern enlargement of NATO and European Union (since 1999 - 2004), the wars in South Ossetia and Abkhasia (2008) and – most important and long-lasting – the struggle over Ukraine’s international orientation, beginning with the EU Association Agreement in November 2013”.

In an interview for GIA, Hofbauer outlines the current state and perspectives of Russophobia.

Why is Russia considered as a sort of “superpower pariah state” by the West?

This is a question of historical and political context. Let’s have a look at the recent history since the breakdown of the Soviet Union. Gorbachev and - even more so - Yeltsin were darlings of Western media and Western politicians. And so Russia’s image was drawn as a friendly state on its way to democracy. Nobody in the West cared about the fact that Yeltsin attacked the White House in Moscow with artillery in October 1993 to get rid of a Duma that rejected his policies. And when he introduced a strong presidential system, the West applauded. Now Putin is using this system and Western commentators speak of autocracy. There is a crucial difference in the Western reception of Russia during the 1990s and after the year 2000. During the 1990s the Kremlin under Yeltsin helped to unmake the state-structures, while after 2000 Putin rebuilt and strengthened these structures in administrative, territorial, and socio-economic respects. This is why the Kremlin and Russia are perceived as an enemy in the West.

What are the roots of Russophobia in the West?

In my book “Enemy Image Russia”, which came out some weeks ago in the German language, I trace the Western Russophobia back to the late 15th century. At this turning point of history, Ivan III consolidated the state against Tatar invasions and geopolitically tried to do what every Russian leader has been doing ever since: to obtain or defend access to the sea for a land-locked country. On his way to the Baltic Sea, he clashed with the Teutonic Order and the Lithuanian-Polish Union. It was not by accident that the German-Polish philosopher Johannes von Glogau from the University of Krakow was the first to taint Russians as “Asiatic, barbaric, non-believers, and dirty”. This image since then became a stereotype over the centuries.

If you like, Russophobia is rooted in the geopolitical fact that Russia wants to have access to the sea and the West always tries to counter this move. Already before the First World War the well-known geographer and founder of the London School of Economics, Halford Mackinder, based his Heartland-theory on this geopolitical conflict. His theory explains why it is necessary and how it is possible for Western powers to rule over or at least control the “heartland” (Russia). It led to justifying  aggressive German Nazi geopolitical visions which came later, such as the one of Alfons Paquet (in the 1940s), as well as to the politics of containment, invented by Nicholas Spykman and realized by Henry Truman (in the 1950s), which found a successor in the adviser of several US presidents, Zbigniew Brezinski (in the 1980s).

Was this Russophobia always a constant throughout history? Were there periods of relaxation?

No, it was not, although we have to say that most of the time, Russia-bashing was usual. In the mercantilist era, when Peter I followed Western concepts of economic and cultural modernization, we see a friendly climate towards Russia throughout the West. In the 19th century the image of Russia was split. While the nobility and the ruling class liked the Tsar, the revolutionaries of 1848 hated him, and this reflected how Russia was seen in different parts of – for instance – German society. Throughout the 20th century, Russia was perceived as an enemy, from the First World War to the end of the Soviet Union. Anti-Russian feelings turned anti-communist and vice-versa. Only with the breakdown of the Soviet Union, the Kremlin and Russia were seen positively in the West.

Is Russophobia exclusively Western, or is it present in other regions and civilizations? What is the difference?

The Pew Research Centre published an opinion poll in 2015, which was carried out worldwide. There it turned out that the image of Russia was very negative in Ukraine and Poland with 75-80% negative against 25-20% positive voices. In Germany, France, Italy and the USA, it was around 70% negative to 30% positive, whereas in China the image of Russia was only 37% negative and 51% positive and in India 17% negative to 43% positive. Beside the geopolitical reasons I already mentioned, the main difference in the perception of Russia is rooted in the economic field. Western powers represent the interests of their global economic players; and they want a weak Russia to trade or invest in with more profit. China and India are (for the moment) not in possession of such an aggressive capital.

How do you explain Russophobia in parts of the population in the European Union? Some European nations, like the Serbs, seem even to be largely pro-Russian.

Cultural ties between Russia and (German) Europe have always been close. Educated people know this - and experience it. Some people of the older generations also remember war times, when Germany invaded Russia in 1941 and know quite well that aggression throughout the 20th century always started in the West. Pro-Russian feelings of Serbs are rooted in a common culture that may be explained in religious or ethnical terms. Historically, in geopolitical conflicts Russia most of the time stood on Serbia’s side: from the hostility to the common enemy, the Ottoman Empire, to a favorable attitude towards Serbian statehood. We could see this even in 1999 when the weak Kremlin under Yeltsin did not favor NATO aggression against Serbia. We remember Prime Minister Primakov, who interrupted a planned visit to Washington on the 24th of March 1999 to protest against the NATO-aggression. People keep events like that in mind.

The EU has launched in 2015 a strategic communication program aimed at fighting "Russian disinformation" ("Stratcom East" working group). Does this mean that Russophobia is now institutionalized in the European Union?

More than that. With sanctions against Russian figures and the embargo against Russian industrial companies and banks implemented in March and April 2014, an economic war has started destroying the ties especially between the European Union and Russia. US-firms are not suffering much from this kind of trouble because their import/export-figures with Russia or Ukraine are negligible. In that sense, the embargo and counter-embargo also reflect a struggle, which is taking place between the USA and the European Union.

How dangerous is Russophobia for European and world security?

At the moment, there are two wars going on, where Russia and USA/NATO are in more or less direct confrontation: the one in the Ukraine and the Middle East/Syria. So we already have a very dangerous situation, which is not only about territory and influence, but also about how to solve the deep socio-economic crisis in the background. Ukrainian and Arabic youth have no future but to emigrate. This is a bomb far more dangerous than F16 bombers. Generations without future … what should they do? Where could they go? What will happen with destroyed regions? To what extent will this war touch the centers or come back into the core-countries, where most of the today’s wars have their starting point or – at least – from were they were unleashed and in whose interest they are being instrumentalized? With these very pessimistic prospects, every enemy image dynamizes the tragedy. The West at the moment operates with two enemy images: the Islamic and the Russian. In a way, this shows the weakness of Western hegemony, but in its weak position it has become increasingly aggressive. So we are undergoing a dangerous period of time.

Is there anything that Russia and Russians can do about Russophobia today and in the future?

Economically and socially speaking, the key word to overcome some of the mayor problems should be “import substitution”. To rely more on its own resources and industrial and innovative capacities could be a positive answer within Russia to Russophobia by the West. If Russia and the Russians in their daily life are dependent on Western investment, commodities, technology, culture etc., Western Russophobia has a crucial impact on this daily life. The Kremlin knows this and tries to act accordingly. But it is not an easy task. At the moment, Western politicians and media realize that Russia and the Russians do not depend so much on what is done, said, and invested in the West, the menace against Russia becomes more and more an empty threat. To keep looking in the direction of EU or the USA will not help.

mardi, 18 août 2015

Guy Mettan: Russie-Occident, une guerre de mille ans

Interview à Guy Mettan

Russie-Occident, une guerre de mille ans

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Interview du Cercle de l'Aréopage:
Interview à Guy Mettan, Russie-Occident, une guerre de mille ans

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mardi, 02 juin 2015

La Russie face à la russophobie occidentale

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La Russie face à la russophobie occidentale
 
Ceux qui haïssaient de Gaulle avec sa volonté de voir la France rayonner détestent aujourd’hui Poutine pour les mêmes raisons, avec la même arrogance de parvenus.
 
Consultant en organisation d’entreprise
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr 

Depuis le XVe siècle, l’insoumission à une religion, puis à un modèle culturel mondial est une des principales causes de la russophobie. Tout comme Constantinople a été le prolongement de Rome, Moscou a prolongé l’héritage byzantin. Il n’y a pas de troisième Rome mais une continuité de civilisation avec un déplacement de son centre.

L’héritage byzantin a été reçu par Ivan III le Grand en 1472. Lorsqu’il accueillit sa future épouse Sophie Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin, il refusa l’entrée de Moscou au cardinal Bonumbre qui escortait l’héritière. Le Vatican cherchait alors une alliance contre les Turcs. Contre un changement de religion, le pape offrait à Ivan III la couronne impériale avec comme conséquence la suzeraineté de Rome via le Saint-Empire romain germanique.

En confirmant l’orthodoxie comme religion d’État, la Moscovie actait son insoumission au catholicisme, à l’Occident, se condamnant à l’isolement et à l’ostracisme. Par le mariage, la Russie intégrait Byzance avec sa religion, sa culture, son histoire. À Byzance sont associés des mots tels que faste, rêve et aussi intrigue, mystère, clan, massacre ou torture. Ce sont ces mêmes mots dont on affuble aujourd’hui la Russie.

La Russie a hérité de la notion d’oikouménè byzantine, de monde byzantin. Une de ses caractéristiques était de rassembler dans un même système politique et idéologique des peuples de langues et de cultures différentes. Des peuples qui prient dans des langues allant du slavon à l’arménien en passant par le grec, avec des codes sociétaux différents mais qui tous ont le même rapport à Dieu et le même respect du chef de l’État.

De Byzance, la Russie a conservé la tradition politique romaine, l’héritage littéraire grec, la foi chrétienne orthodoxe et la capacité de gérer de multiples langues et ethnies dans un même espace. Ce multiculturalisme impose un État fort pour éviter le communautarisme, désintégrateur de nations. Renouant avec ses racines, la Russie refuse toute vassalité à l’Occident ou à l’Orient. Elle est fidèle à ses valeurs, à son héritage, à son histoire.

Les plus farouches adversaires de la Russie sont ceux qui cherchent à imposer leur pauvreté culturelle par la force ou l’étranglement économique. Toutes leurs manœuvres ne visent qu’à faire renier par les peuples les valeurs constitutives de leurs nations. La vacuité culturelle et spirituelle facilite l’asservissement des peuples.

Ceux qui haïssaient de Gaulle avec sa volonté de voir la France rayonner détestent aujourd’hui Poutine pour les mêmes raisons, avec la même arrogance de parvenus.

Désormais, c’est la peur d’un rayonnement civilisationnel fédérateur qui alimente la russophobie. Héritière de l’Empire romain d’Orient, de Byzance, la Fédération de Russie est intimement multiculturelle. Un atout décisif pour le futur, pour le monde multipolaire.

Tout comme la Russie l’a été en 2000, la France est devant le même choix : dilution mondialiste ou rayonnement international.

jeudi, 11 septembre 2014

La russophobie: stratégie US contre la France et l’Europe

La russophobie: stratégie US contre la France et l’Europe

Dans un précédent article, j’ai défendu l’idée que l’administration américaine (”les Trois Sœurs”) poussait à une confrontation de l’OTAN avec les Russes, à l’occasion de la crise ukrainienne qu’elle a elle-même provoquée, avec deux buts en tête : empêcher la Russie de redevenir une grande puissance et briser tous les liens UE–Russie. Logique géopolitique évidente.  Approfondissons l’analyse pour mieux saisir ce qui se passe.

Sanctions anti-russes : affaiblir l’économie européenne

Ce qu’il faut comprendre maintenant, c’est que cette hostilité fabriquée envers la Russie est beaucoup plus dangereuse et dommageable pour la France et l’Union européenne que pour la Russie elle-même. En effet, la Fédération de Russie est un trop gros morceau pour Washington. Le maillon faible, c’est l’Europe occidentale et centrale. Dans toute cette machination qu’est la crise ukrainienne, ce n’est pas seulement la Russie que vise l’administration américaine mais surtout l’Union européenne. En effet, en cassant les relations économiques entre l’UE et la Russie, par des sanctions qui ne nuisent absolument pas aux USA mais au contraire les favorisent, Washington n’espère pas d’abord déstabiliser l’économie russe mais briser tous les liens de coopération techno-économique entre la Russie et la France, l’Allemagne, l’Italie, le Bénelux, les pays nordiques et danubiens. Même cette pauvre Grande Bretagne qui y perd des plumes (ses relations financières avec Moscou) suit aveuglement son maître américain.

Le but est l’affaiblissement du commerce extérieur européen, selon la stratégie mercantiliste américaine, reprise de celles de la Grande Bretagne et des Provinces Unies néerlandaises des XVIe au XVIIIe siècles : la guerre au service du commerce. Rompre les liens d’échange euro-russes a pour corollaire le traité de libre échange EU-USA en préparation. Comme sur le plan stratégique, la naissance d’un espace économique euro-russe privilégié est inacceptable pour les USA, qui n’utilisent le libre-échange qu’à leur profit.

Ce qui est dramatique, c’est la soumission des Européens. Violant sa parole et sa signature, le gouvernement socialiste français, aux ordres de Washington, renonce à honorer le contrat de livraison des BPC Mistral à la marine russe aux dates prévues. Ignominieux et déshonorant. Catastrophique pour les exportations de l’industrie de défense française et pour l’image d’indépendance de la France. Ajoutons que Washington a toujours essayé de torpiller les exportations militaires françaises depuis…les années 60 ! 

La construction d’une ”nouvelle guerre froide”

Washington et ses alliés dans l’UE (notamment la Pologne de Donald Tusk, agent américain, et les pays baltes) accentuent maintenant la provocation envers la Russie en essayant d’inciter l’Ukraine à adhérer à l’OTAN. C’est volontairement franchir la ligne rouge pour pousser la Russie de Poutine à la faute. L’objectif américain est de créer une nouvelle guerre froide contre la Russie pour briser définitivement la perspective d’un dynamisme économique euro-russe. 

La construction idéologique de la russophobie, pensée par les milieux atlantistes, vise à découpler l’Europe de la Russie, en présentant cette dernière comme infréquentable et antidémocratique. Le calcul des stratèges de Washington est plus encore l’affaiblissement de l’Europe que celui de la Fédération de Russie. C’est le point central qu’il faut comprendre.

Du temps du communisme, il y avait un condominium américano-soviétique sur l’Europe, coupée par le rideau de fer. Après la chute du communisme,  de 1991 à l’an 2000, les USA ont cru à leur superpuissance unilatérale et qu’ils allaient dominer à la fois l’UE et la Russie. Lorsque Poutine est arrivé au pouvoir, avec l’idée de renaissance russe traditionnelle (hors communisme) et d’alliance avec l’Europe, selon la vision de la ”Maison commune” dont avait d’ailleurs parlé M. Gorbatchev, Washington a fait une crise de nerfs.

Le but global de Washington est donc aujourd’hui parfaitement logique : créer un conflit gravissime entre l’UE et la Russie (à partir du prétexte ukrainien) afin de rendre impossible cette idée de ”Maison commune” à la fois stratégique et économique. Il était impératif de briser la volonté du président Poutine de construire une alliance stratégique, politique et économique, avec l’Europe, notamment avec l’Allemagne et la France. Déligitimer Poutine, le présenter comme un dictateur et un fauteur de guerre a été la base de la désinformation. Quand on pense au fauteur de guerre irresponsable GW.Bush, on rêve…

Véritable agresseur et crimes de guerre

En effet, ce qui est incroyable, c’est que l’idéologie russophobe présente aujourd’hui la Russie de Poutine, qui n’a absolument rien d’un pays totalitaire, comme pire que l’Union soviétique ! La désinformation fonctionne à plein régime. Du temps de Staline, Krouchtchev , Andropov, Brejnev, l’idéologie dominante des ”droits de l’homme” était beaucoup plus sympathique et accommodante avec le régime communiste ! Cherchez l’erreur.

De plus, le gouvernement de Porochenko, issu d’un coup d’État, présenté comme humaniste et démocratique, choyé par les Occidentaux, a commis des actes de guerre unilatéraux contre les provinces sécessionnistes. L’armée ukrainienne, en effet, aux ordres de ce gouvernement, s’est livrée dans la région de Donetsk à des bombardements d’artillerie meurtriers contre les populations civiles russophones et de nationalité ukrainienne, provoquant des centaines de morts et des milliers de réfugiés (près de 500.000). En droit international, on appelle cela un crime de guerre, car il n’y avait aucun objectif tactique et il ne s’agissait pas de ”dégâts collatéraux”, comme dans la bande de Gaza, mais de frappes destinées à terroriser les populations. Est-ce que le gouvernement britannique de Westminster commet des actions militaires contre les populations civiles écossaises dont une partie veut l’indépendance ? Et l’armée espagnole contre les indépendantistes catalans ? L’armée ukrainienne, soutenue par l’Occident, se comporte  exactement comme les armées de pays dictatoriaux en Asie et en Afrique qui massacrent les dissidences.

Même s’il s’avère que des mercenaires russes, des convois humanitaires et militaires en provenance de Russie ont tenté de venir en aide aux populations russophones indépendantistes, jamais l’armée russe n’a commis la moindre exaction, le moindre meurtre de civils, le moindre acte de guerre offensif en Ukraine. La violence est uniquement le fait des forces du régime  de Porochenko, soutenues par Washington, l’OTAN et, malheureusement,  par des gouvernements européens peu sérieux. On présente M. Poutine comme un cynique machiavélien, un agresseur masqué. De qui se moque-t-on ? Les troupes ukrainiennes, aidées par des conseillers de la CIA, qui bombardent les populations civiles ne seraient donc pas des agresseurs ? Qui sont donc les criminels ?  Et qui les poursuivra ? (1)

L’impératif de l’alliance russe

 Il ne s’agit pas de diaboliser les USA et de faire de l’anti-américanisme primaire. Comme je l’ai toujours dit, Washington joue son deal au poker mondial, à la fois géopolitique, économique, idéologique et polémologique. Mais ce jeu, brutal et maladroit, a toujours eu des résultats catastrophiques depuis la guerre du Vietnam. Provoquer la Russie en dressant l’Ukraine contre elle après avoir fomenté un coup d’État afin d’asservir l’ensemble de l’Europe, telle est la carte abattue sur le tapis par les brillants stratèges de Washington Au nom de la liberté et de la démocratie. Ce calcul échouera, comme tous les autres auparavant.

Le gouvernement actuel de Kiev est entièrement soumis aux ordres de Washington et de l’OTAN et des dirigeants de l’UE inconscients des enjeux. L’intérêt des populations de l’Ukraine ne peut résider que dans une relation pacifique avec la Russie et non pas dans une confrontation fabriquée de toutes pièces depuis les rives du Potomac.

 Si la France se pensait encore comme une puissance indépendante, elle n’aurait jamais dû réintégrer le commandement intégré de l’OTAN, qui n’est pas une alliance égalitaire mais de soumission. Elle ressemble à la Ligue de Délos dominée par Athènes dans l’Antiquité qui visait à soumettre les autres Cités grecques. Les Russes ont été bien sympathiques  après la chute du communisme soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie. On leur avait promis, après la réunification allemande, que jamais l’OTAN ne s’étendrait jusqu’à leurs frontières. On leur a menti. Je serais russe, je penserais qu’on assiste objectivement à une agression soft contre la Russie. Je serais à la place de M. Poutine, je serais beaucoup plus coléreux que lui.

Notre alliance avec la Russie est dictée par la géographie, l’histoire et la culture. La menace russe, l’impérialisme russe sur l’Europe sont des légendes, des fabrications de propagande idéologique. Du temps de l’URSS, la menace de l’Armée rouge et du Pacte de Varsovie n’était déjà pas crédible, aux yeux même de la CIA et du Pentagone. Encore moins aujourd’hui, avec la Russie de Poutine. D’ailleurs, les autorités de Washington  trompent le peuple américain lui même en réactivant la russophobie. Car la véritable menace vient d’ailleurs…

L’objectif central serait évidemment non seulement une nouvelle sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN, mais à terme la disparition de l’OTAN et une union, à la fois économique et militaire entre l’Europe et la Russie. Pour l’instant, c’est une perspective très éloignée. Mais l’histoire peut s’accélérer. L’essentiel, aujourd’hui, est de substituer à une russophobie dictée de l’extérieur contre nos intérêts, une russophilie conforme à nos intérêts. 

 (1) À  ce propos, il serait parfaitement licite et recevable d’engager des plaintes contre les membres et dirigeants du gouvernement actuel ukrainien et de son armée auprès du Tribunal pénal international pour bombardements de populations civiles et crimes de guerre.

 
 

jeudi, 28 août 2014

Cinco mitos sobre Rusia

 

por Alberto López Espinosa

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Algunos de nuestros contemporáneos creen que viven en un siglo de luces cuando en realidad el oscurantismo continúa a hacer estragos. Este oscurantismo concierne muy particularmente a nuestras relaciones con Rusia.​

Nuestras “llaves” para entender a Rusia están oxidadas. Nos esforzamos en descifrar a Rusia con la ayuda de códigos caducado de barbarie (asiática) y de democracia(occidental) frabicando tópicos estériles. Rusia sigue cumpliendo para Europa una función arcaica de catarsis para sus sufrimientos internos.​

​Las cinco llaves herrumbradas que utilizamos son las ideas de economia de renta, de continuidad del totalitarismo, de derrrumbe demográfico, de persistencia del Gulag y de la inmoralidad.​

-El primer mito es el de la economía de renta: ​Según la absurda fórmula de Kissinger, Rusia sería Camerún equipado con armamento atómico. Hoy se diría que Rusia es una economía de renta cuya base es la producción de gas y de petróleo. En realidad, el gas y el petróleo representan el 10% del PNB ruso​. Comparemos esto con el 42% del PIB de Arabia Saudita: ésta sí es una economía de renta.

​La agricultura rusa representa el 5% del PIB (3º exportador mundial de trigo), la industria representa el 28% del PIB; la producción de materias primas, entre ellas el petróleo y el gas​, representa el 10%, pero el 70% de las exportaciones. El sector terciario (finanzas, comunicaciones, distribución…) representa el 66% de la economía. Según los estándares occidentales, Rusia es sin duda un país desarrollado.

​Un buen indicador de la actividad económica es la producción eléctrica​. Rusia llega en este sector en tercer lugar junto con Japón y detrás de China y EEUU. Rusia controla un tercio del comercio mundial de la construcción de centrales nucleares. Tiene el monopolio del envío de seres humanos en la estación espacial orbital gracias a sus cohetes Soyuz. Rusia posee más cabezas nucleares que los EEUU y tiene la segunda marina de guerra del mundo. Rusia es una gran potencia tecnológica, incluso en informática: el motor de búsqueda Yandex está por delante de Google y Kaspersky es el número 1 del antivirus infomático. Pero se quiere ignorar todo esto. Se quiere hacer de Rusia a toda costa un país subdesarrollado y menos avanzado que Occidente. Se inventa entonces un mito: Rusia es una economía de renta… ¡como Arabia Saudita y Qatar!

-El segundo mito es el de la continuidad del totalitarismo desde hace 1000 años: ​El régimen zarista no era realmente un régimen totaliario. La historia nos cuenta que respetó a los indígenas de Siberia mucho más que los EEUU hicieron con los indios encerrados en reservas.​ Ha practicado la servidumbre pero no la esclavitud basada en la raza, contrariamente a los EEUU. La Iglesia ortodoxa era un contrapoder importante. Equiparar el poder zarista al de los nómadas mongoles no es serio. Rusia llegó incluso a conocer experiencias de democracia directa como en Suiza: las repúblicas de Novgorodo y de Pskov en la Edad Media, democracia “cosaca” en al sudeste del país. Ciertamente el zarismo era formalmente una autocracia. Pero en realidad la sociedad rusa vivía también de los contrapoderes que formaban sus tradiciones, y el zar no podía ignorarlos ni arrancarlos. ¿Acaso hubiera podido destruir la ortodoxia, la familia, la autoridad de las abuelas sobre la juventud? ¡No! Tampoco era ese su proyecto. Y los bolcheviques también fracasaron en ahogar las tradiciones, tal como lo predijo De Gaulle: “¡Rusia absorberá el comunismo como el papel secante absorbe la tinta!”

​El totalitarismo llegó de Occidente: la matriz inicial ha sido el poder del Terror jacobino bajo Robespierre, admirado por Marx y Lenin. El marxismo es un invento occidental, como Lénin lo subrayó en su libro “El Estado y la Revoución”: una sintesis de economía inglesa (Ricardo), de ideología francesa socialista y de filosofía alemana (Hegel y Feuerbach). La URSS fue una ruptura con la Rusia tradicional, tanto como el Tercer Reich lo fue respecto del Imperio Alemán.

​La nueva Rusia ya no es más totalitaria que lo es la Alemania actual después de la derrota de Hitler. Eso tamposo se quiere reconocer, ¡porque se necesita un enemigo para refugiarse bajo el paraguas estadounidense!​ ¡La Europa oficial no quiere convertirse en adulta! Por lo tanto hay que construir el mito de un enemigo eterno: ¡Rusia!

El tercer mito es el del derrumbe demográfico: Ciertamente, este derrumbe tuvo lugar después de la caída de la URSS y la desmoralización importada de Occidente durante los años de Yeltsin. Pero las cifras muestran una recuperación muy clara: la población aumenta desde el año 2009. Desde 2012, la tasa de natalidad ha alcanzado la tasa de mortandad (13,3 por mil habitantes) y la tasa de fecundidad, que estuvo en su nivel más bajo en 1997 (1,17) no ha dejado de remontar para alcanzar el 1,69 en 2012. El número de abortos por mujer ha caído de 3,4 en 1990 a 1,2 en 2006. La esperanza de vida masculina ha crecido en 4 años entre 2005 y 2010 (69 años actualmente).​

​Rusia practica una política familiar ejemplar al tiempo que contempla el suicidio demográfico de Occidente​. Cada familia rusa recibe al nacimiento de un hijo una gratificación de 7.000 euros. Las ayudas financieras son completadas por una revalorización del matrimonio. La fidelidad y la natalidad son objeto de una fiesta anual en la que se premia a las parejas meritorias. No se subvenciona ni se alienta el homosexualismo como en Europa. Tampoco las malas costumbres. Mientras tanto, Occidente predica la ideología del “childfree” (“libre de niños”). ¡En Occidente la libertad es la ausencia de niños! Estamos muy lejos de los valores de la caridad cristiana.

​A esto hay que añadir la afirmación de la igualdad de valor entre la pareja voluntariamente esteril y de la pareja ​heterosexual fecunda y la voluntad de favorecer la eutanasia de los enfermos incurables. ¡Cuánta razón tenía el Papa Juan Pablo II cuando denunciaba el auge de una cultura de la muerte en Occidente! Rusia, tal y como lo ha dicho el presidente Putin y el patriarca Cirilo, ve esta evolución con preocupación y toma el partido de la vida.

El cuarto mito es el del gulag permanente​: El gulag soviético ya no existe. Contrariamente a los tópicos, sólo hay unos 800.000 presos en Rusia, frente a los 2,5 millones en los EEUU. La tasa de encarcelamiento norteamericana es de 514 presos por 100.000 personas, frente a los 552 de Rusia. Los EEUU no respetan la supresión de la pena de muerte votada por el Consejo de Europa (39 ejecuciones en el año 2013). ¿Qué diríamos si esto pasara en Rusia? ¡Tendríamos un escándalo mediático asegurado! Porque la verdad es que Rusia, aunque no ha abolido la pena de muerte, mantiene desde hace años una moratoria en materia de ejecuciones. Los EEUU, grandes sermoneadores y donantes de lecciones de moral y de derecho, no respetan los derechos de la defensa en el caso de Guantánamo. ¿Que diríamos si esta cárcel estuviera en suelo ruso?

​El gulag en realidad fue también una importación de Occidente: los ingleses inventaron los campos de concentración en África del Sur, cuando las guerras contra los boers, y Lenin copió el Terror de Robespierre. Ese infierno represivo fue exportado por Occidente hacia Rusia, y tal vez para hacernos perdonar, acusamos a Rusia de haber generalizado ese sistema cuya víctima número 1 ha sido el propio pueblo ruso.​

​El quinto mito es el de la inmoralidad innata de Rusia​: Es un conflicto histórico antiguo que se remonta al saqueo de Constantinopla por los Cruzados durante la 4ª Cruzada en 1204 (contra la voluntad del Papa de entonces, hay que precisar). La hostilidad hacia los bizantinos se ha convertido en la hostilidad hacia Rusia. Según el antieslavismo occidental, los rusos serían “genéticamente” crueles, ladrones, deshonestos e ineptos para la libertad. Occidente guarda silencio sobre sus propias infamias, guerras de religión (Guerra de Treinta Años en la cual la tercera parte de la población de Alemania pereció), Terror de la Revolución Francesa, genocidio de la Vendée decidido oficialmente por la Convención (Primera República Francesa), las dos guerras mundiales: ¿todo eso por culpa de los rusos?

Las estadísticas de la criminalidad no son demasiado favorables a Occidente. Por ejemplo, en el terreno de las drogas, cannabis, extasis y cocaína, los EEUU están mucho más tocados que Rusia. Más allá de este tipo de estadística, podemos hacernos la pregunta de saber si el estado moral de los rusos es mejor o no que el de los occidentales. En todo caso, desde los años 60, la situación de los valores se ha degradado dramáticamente en Occidente. Resultado: en Europa Occidental, por término medio, la criminalidad se ha multiplicado por 4 en las últimas cuatro décadas. No tenemos lecciones que darle a nadie en este tema.

Dosto​i​evski nos ofrece las palabras finales​ (“Los hermanos Karamazov”)​: el​ starets Zossime (hombre santo surgido del pueblo​) ​declara que la libertad sin disciplina interior en Occidente consiste en multiplicar sus necesidades sin límite. Los hombres se vuelven dependientes de los objetos y materialistas. La igualdad sin amor conduce a la envidia, a los celos y al asesinato. La fraternidad sin raíces es simple​ palabrería: ​se constata en realidad el aislamiento creciente de los hombres. Frente a ese desierto espiritual, Rusia ofrece el ejemplo de un cristianismo vivo que puede unirse al cristianismo occidental para defender los valores de nuestra común civilización.

A los europeos nos interesa asociarnos con Rusia: el interés económico es evidente, el interés político también, para no convertirnos en una simple colonia de la superpotencia del momento. Nuestro interés humano es salvar los valores familiales frente a la cultura de la muerte y nuestro interés espiritual es reanudar con los valores bimilenarios del cristianismo y de la antiguedad clásica. El desprecio de Rusia impide la unidad de Europa con su aliado natural, que no es otro que Rusia.

Fuente: Hispanidad

samedi, 21 juin 2014

La tragique méprise de la russophobie

La Russie : un ennemi?

La tragique méprise de la russophobie

economist-russophobia.jpgDans son interview à TF1 et à Europe 1, (4 juin) interrogé par deux  journalistes agressifs, Vladimir Poutine, président élu de la Fédération de Russie, a calmement rappelé trois évidences : 1) le budget militaire des USA (Pentagone) est supérieur à la somme de tous les budgets militaires du monde ; 2) les USA, depuis la fin de la  Seconde guerre mondiale,  sont le pays qui a mené le plus de guerres  extérieures, en général dans l’illégalité internationale et sans mandat de l’ONU ; 3) la France a abandonné sa politique gaulliste d’indépendance et de souveraineté  vis-à-vis des USA.

Rappelons maintenant quelques faits : 1) La Russie a retiré ses troupes positionnées à la frontière ukrainienne, démentant les accusations ridicules selon lesquelles une invasion de l’est de l’Ukraine était projetée. 2) La Crimée a-t-elle « annexée » par la Russie, selon le vocabulaire officiel ? La Russie a récupéré la Crimée mais ne l’a pas annexée, à la suite d’un référendum démocratique.  3) À Odessa, 40 pro-russes sont morts dans l’incendie de la Maison des Syndicats provoqué par des nationalistes ukrainiens Imaginons que les pro-russes aient fait pareil dans l’est de l’Ukraine… 4) M. Poutine a admis l’élection du président ukrainien et a accepté de le rencontrer. 5) Cela fait maintenant  plus de dix ans que la CIA travaille en Ukraine (et dans d’autres pays de l’est de l’Europe) pour fomenter une  révolte anti-russe. Est-ce que le FSB, héritier du KGB selon les journalistes, mène des opérations de déstabilisation contre les USA au Canada, au Mexique ou en Amérique latine ?

L’accusation – formulée par exemple par David Cameron – selon laquelle la Russie enverrait des combattants camouflés et des armes aux sécessionnistes russophones de l’est de l’Ukraine ne repose sur aucun fait tangible. Les brillants services de renseignement britanniques, le M6, auraient-ils des preuves ?  Et la CIA ? Des preuves aussi sérieuses que celles concernant les ”armes de destruction massive” de Saddam Hussein ? 

Le provocateur, habile et dissimulé, dans toute cette affaire ukrainienne, n’est pas du tout M. Obama mais l’administration néo-conservatrice en place depuis Bush junior, celle qui a déjà déstabilisé tout le Proche Orient et qui entend maintenant semer le trouble en Europe orientale. Il s’agit, par un réflexe géopolitique classique, d’empêcher la Russie de redevenir une puissance globale et surtout de construire un partenariat avec l’Europe, cette dernière hypothèse étant un cauchemar pour Washington. L’arme économique – exclure la Russie du G8 et établir des sanctions – est aussi un moyen d’affaiblir l’Europe, de même que les pressions exercées sur la France pour faire annuler le contrat  de vente des BPC de la classe Mistral à la marine russe. Le Canada, poussé par Washington, est même allé jusqu’à proposer au gouvernement français de racheter les navires, dont il n’a pourtant nul besoin ! 

 Des arguments fallacieux sont utilisés pour faire peur aux Européens, Polonais et Baltes en tête, par exemple un ”chantage” russe sur les livraisons de gaz. C’est oublier que si la Russie risque de ne plus livrer l’Ukraine, c’est parce que cette dernière, dont l’économie est très mal gérée, n’a pas honoré son contrat et doit de gros arriérés à son fournisseur. En visite à Varsovie, Obama a comparé la résistance de Solidarnosc au communisme à la « résistance ukrainienne à l’agression russe ».  Il a déclaré : « la Pologne ne sera jamais seule ». Le but est de faire croire aux Polonais qu’il existerait un danger d’une agression russe. Pourquoi pas une agression des extra-terrestres ? La Pologne bénéficie  d’une ligne de crédits militaires alloués par Washington d’un milliard de dollars, et l’Otan se renforce dans les pays baltes. N’oublions pas que, contrairement à ce qui avait été promis et juré à Gorbatchev en échange de la réunification de l’Allemagne, l’Otan a été étendu à tous les pays d’Europe orientale.

L’Américain Nicholas Burn, grand diplomate et professeur à Harvard, ancien ambassadeur auprès de l’Otan, a déclaré, à l’occasion de l’anniversaire du débarquement  allié en Normandie, le 6 juin, qu’il fallait revitaliser le lien transatlantique contre la Russie (Forum sur les valeurs transatlantiques, organisé par la Chambre de Commerce américaine en France).  Il expliquait : « Notre liberté est indivisible. Aujourd’hui, tandis que l’on voit se recréer des lignes de fracture sur le continent à cause de Vladimir Poutine, nous devons resserrer les rangs autour de nos valeurs, pas pour nous battre mais pour montrer notre force. C’est ce que nous avons fait le jour J » Autrement dit, la Russie de Poutine est une menace, mise subrepticement en parallèle avec l’Allemagne nazie. Bien sur, au nom des « valeurs démocratiques ». Il s’agit d’un appel à un retour à la guerre froide. La crise ukrainienne n’est qu’un prétexte pour certains milieux de Washington : empêcher à tout prix un lien stratégique euro-russe, isoler la Russie, empêcher son retour possible comme grande puissance.       

Une entreprise de propagande globale nous fait croire que nous avons de nouveau  à craindre une ”menace russe”.  C’est un excellent détournement d’attention. Qui espionne, même les dirigeants européens, jusqu’à Angela Merkel ? La NSA ou le FSB ? Le drame, dans cette crise ukrainienne, c’est que l’Europe se trompe complètement d’ennemis. Comme si les divisions blindées russes (ex-soviétiques) allaient déferler sur l’Ukraine, la Pologne, les pays baltes, et pourquoi pas ? l’Allemagne et la France ?  La peur de la Russie est  fabriquée par la propagande pour occulter la véritable invasion, visible chaque jour dans nos rues.  Le peuple le sait, les élites le taisent.

Le danger le plus fondamental pour l’Europe – soyons sérieux– , qui est aveuglant et que les élites font semblant de ne pas voir, ce n’est pas la ”menace russe” . Le danger mortel, à l’œuvre chaque jour, c’est le déversement de la colonisation de peuplement en provenance du Sud, complètement incontrôlée et massive, et l’islamisation.

 La russophobie est devenue un argument central de l’idéologie dominante. Pourtant, c’est un suicide pour l’Europe que de considérer son principal allié comme un ennemi. L’idée que la Russie nous menace est très divulguée dans la propagande. Mais il est peu probable que le peuple français croie à cette fable. L’intérêt d’une Europe libre et indépendante est la coopération globale, stratégique, économique, scientifique, énergétique etc. avec la Russie, qui n’est pas une menace mais notre principal partenaire naturel, avant les USA ou n’importe qui d’autre. Les dirigeants américains savent parfaitement – et c’est ce qui les inquiète –  que la ligne stratégique russe est celle de la Grande Europe « de Lisbonne à Vladivostok » selon l’expression de Poutine. Une telle alliance serait beaucoup plus souhaitable et naturelle pour la Russie qu’un partenariat avec la Chine, auquel elle est contrainte par la soumission des Européens à Washington. Alliée avec la Russie, l’Europe ne serait pas soumise, mais partenaire égal. Alliée principalement avec les Etats-Unis, l’Europe est soumise, par sa faute, liée à un partenaire transatlantique qui ne la respecte pas, qui joue un double jeu (voir l’incroyable amende de 12 milliards de dollars contre BNP Paribas ; voir le renoncement de l’Europe à sa souveraineté numérique face aux opérateurs géants américains ; voir le projet de libre-échange transatlantique, véritable traité inégal ; voir la préférence nationale américaine pour toutes les commandes publiques ; voir la compétence mondiale auto-attribuée des tribunaux américains ).

La priorité de l’administration américaine est de rallier une Europe sans volonté à une opposition à la Russie. Les USA jouent leur jeu dans  la partie d’échec mondiale. On ne peut pas leur reproche leur militarisme camouflé par le pacifisme, ni leur impérialisme visant à soumettre l’Europe comme protectorat et à neutraliser la Russie. Cela fait partie de leur position géostratégique depuis la Seconde guerre mondiale et, de leur point de vue, ils ont raison, ils ne peuvent pas jouer une autre carte. D’autant plus que la Chine est entrée dans la partie, comme challenger…  

Pour résumer, la russophobie, organisée par l’oligarchie, sert à masquer les deux véritables dangers qui menacent l’Europe : 1) l’invasion migratoire massive, accompagnée de l’islamisation ; 2) la soumission à la puissance américaine.