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dimanche, 02 décembre 2018

Nous sommes en pleine régression intellectuelle

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Nous sommes en pleine régression intellectuelle

Cet article apporte des hypothèses intéressantes à la réflexion sur la baisse de QI en Occident, mais même si la lecture sur écran s’avère inférieure sur les plans de la concentration, de la mémorisation et de la compréhension à sa contrepartie sur papier et que clairement, Internet peut surinformer, nous pensons que le relativisme culturel évoqué par Dimitri Casali est davantage en cause que la révolution numérique en elle-même, malgré tous les bémols qui peuvent en nuancer le bilan.

Parce que, si l’on se penche par exemple sur la Chine, une nation aujourd’hui aussi connectée (ordinateurs, tablettes, smartphones) que la France en 2007, elle affiche au contraire une hausse générale du QI de sa population, même dans la région autonome de Hong Kong, qui s’est massivement connectée à Internet au même moment que l’Occident. Si cette tendance chinoise se maintient, il faudra bien se résigner à envisager prioritairement des facteurs comme l’encouragement au nivellement par le bas de la culture en Occident pour comprendre notre tendance à la baisse. A suivre, donc.


Par Charles Sannat
Paru sur Insolentiae.fr


L‘historien Dimitri Casali prône la transmission des connaissances dans cet article du Midi Libre.

Selon Dimitri Casali, “la société bascule dans l’ignorance. Chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Mais d’après l’historien, jamais l’ignorance n’a gagné autant de terrain”.

Il en veut pour preuve les 3 millions de personnes illettrées dans notre pays qui ne savent ni lire ni écrire. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population et 6,5 millions de personnes !

Pour faire rentrer la France dans le siècle de la connaissance, c’est plutôt mal parti ! Il évoque aussi les enquêtes PISA, la baisse généralisée de QI.

C’est la fin de l’article qui est le plus intéressant.

À partir de quand peut-on dater, selon vous, cette montée de l’ignorance ?

“Je vois un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000 où on a assisté à une surinformation qui a conduit à l’ignorance. Les 15-29 ans ne lisent plus de livres. En revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs… D’après une étude de l’Université de Yale, la lecture sur Internet n’est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d’un livre permet de pénétrer les pensées de l’auteur et de structurer les informations.

Cela organise le cerveau. D’autres études sont à rapprocher de cela : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia est le plus bel exemple des effets pervers d’Internet. On a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c’est un agrégat d’informations nivelées par le plus grand nombre. Il n’y a plus de hiérarchisation du savoir. On est à l’époque du relativisme culturel. Tout se vaut. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d’articles que Homer Simpson.

Y a-t-il un moyen d’éradiquer la montée du phénomène ?

Bien sûr, il faut replacer la culture générale et l’histoire au centre de nos préoccupations. Et d’abord à l’école. Or, depuis une trentaine d’années, la culture générale a été abandonnée. Les fameux pédagogistes de la rue de Grenelle ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques. L’idée est de faire un homme nouveau, sans racines ni héritages, un bon consommateur. Rappelez-vous que Philippe Mérieu et Bourdieu préconisaient quand même d’apprendre à lire dans les notices d’appareils électroménagers et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière… Il faut sortir de ce rejet de la culture classique française qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire que nous devons tous être égaux dans la médiocrité.”

Charles Sannat
Photo Pixabay

Source Midi Libre

samedi, 01 décembre 2018

Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

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Le communautarisme fait perdre son identité collective à la gauche

Ex: http://entelekheia.fr

L’une des plaies de la société occidentale moderne est le vague des définitions, l’aspect d’auberge espagnole des concepts politiques, qui brouille tellement le débat public que parfois, il est impossible de savoir de quoi on parle au juste. On peut prendre comme exemples des mots comme « valeurs », « démocratie », « république » dont aujourd’hui, nous serions bien en peine de dégager une définition commune. Mais l’une des principales victimes de ce flou est le concept de « gauche ». D’où la reprise de cet article, dont l’auteur s’est attelé à l’œuvre salutaire d’en délimiter les différentes tendances et conflits internes.

Une nécessité pour enfin savoir de quoi on parle… et si quelqu’un parmi vous a une définition aussi claire de la droite, envoyez-la parce que, pour le moment, elle est tout aussi confuse.


Par Tomasz Pierscionek
Paru sur RT sous le titre How identity politics makes the Left lose its collective identity 


Le phénomène des communautarismes qui envahit le monde occidental est une stratégie de division et de conquête qui entrave l’émergence d’une véritable résistance aux élites.

L’un des principes fondamentaux du socialisme est l’idée d’une solidarité supranationale qui unit la classe ouvrière internationale et l’emporte sur tout facteur qui pourrait la diviser, comme la nation, la race ou le sexe. Les travailleurs de toutes les nations sont des partenaires, avec la même valeur et la même responsabilité dans la lutte contre les exploiteurs de leur cerveau et de leurs muscles.

Le capitalisme, surtout dans sa forme la plus aboutie, exploiteuse et dénuée d’états d’âme — l’impérialisme — a fait plus de tort à certains groupes de personnes qu’à d’autres. Les empires coloniaux réservaient leur pires brutalités aux peuples subjugués, alors que pour sa part, la classe ouvrière de ces nations impérialistes s’en sortait mieux, parce qu’elle se tenait plus près des miettes qui tombaient de la table de l’empire. La lutte internationale des classes vise à libérer tous les peuples du joug capitaliste, quel que soit leur degré d’oppression passé ou présent. L’expression an injury to one is an injury to all’ [‘Une attaque contre un est une attaque contre tous’, slogan du syndicat américain fondé en 1905 Industrial Workers of the World, Travailleurs industriels du monde, NdT] résume cet état d’esprit et exclut de donner la priorité aux intérêts d’une faction de la classe ouvrière sur la collectivité.

Depuis la fin du XXe siècle, une tendance d’inspiration libérale infiltrée dans la gauche (du moins en Occident) encourage l’abandon d’une identité collectivité unique fondée sur la classe sociale en faveur de communautés multiples fondées sur le genre, la sexualité, la race ou tout autre vecteur de divisions. Chaque sous-groupe, de plus en plus distant de tous les autres, se concentre sur une identité partagée et les seules expériences de ses membres, et donne la priorité à sa propre émancipation. Toute personne extérieure à ce sous-groupe est admise, au mieux, au rang d’allié.

Au moment où j’écris ceci, il existe apparemment plus de 70 genres différents en Occident, sans parler des nombreuses orientations sexuelles — l’acronyme LGBT s’est à présent démultiplié en LGBTQIP2SAA. En y ajoutant les races et ethnies, on obtient un nombre encore plus grand de permutations ou d’identités possibles. Chaque sous-groupe a sa propre idéologie. Certains de ces groupes gaspillent un temps fou à se battre contre ceux qu’ils jugent moins opprimés et à les sommer d’admettre leur statut de « privilégiés » à mesure des changements dans la hiérarchie de la victimisation de ces « Olympiades de l’oppression » – car les règles de ce sport sont aussi fluides que les identités de ses participants. Par exemple, l’un des derniers dilemmes du communautarisme LGBT est la question de savoir si les transgenres masculin → féminin méritent d’être reconnus et acceptés en tant que femmes ou s’ils ne ‘sont pas des femmes et s’avéreraient en réalité des hommes « violeurs » de lesbiennes’.

L’idéologie communautariste affirme que l’homme blanc hétérosexuel est au sommet de la pyramide des privilèges, et responsable de l’oppression de tous les autres groupes. Son péché originel le condamne à l’opprobre éternelle. S’il est vrai que les hommes blancs hétéros (en tant que groupe) ont rencontré moins d’obstacles que les femmes, les hommes non hétéros ou les minorités ethniques, la majorité des hommes blancs hétéros, passés et présents, tirent aussi le diable par la queue et ne sont pas personnellement impliqués dans l’oppression d’autres groupes. Bien que la plupart des individus les plus riches du monde soient des hommes de race blanche, il existe des millions d’hommes blancs pauvres et dénués de tout pouvoir. L’idée de « race blanche » est en soi un concept ambigu qui implique un profilage racial. Par exemple, les Irlandais, les Slaves et les Juifs ashkénazes peuvent bien être blancs, mais ils ont enduré plus que leur part de famines, d’occupations et de génocides au cours des siècles. Établir un lien entre le privilège d’un individu et son apparence est en soi une forme de racisme imaginée par des « intellectuels » libéraux fumeux (certains pourraient dire des privilégiés) qui seraient superflus dans toute société socialiste.

Les lesbiennes issues de groupe ethniques minoritaires de la classe moyenne d’Europe occidentale sont-elles plus opprimées que les Syriennes blanches qui tentent de survivre à l’occupation de l’Etat islamique ? Un ouvrier blanc britannique jouit-il vraiment de plus de privilèges qu’une femme de la classe moyenne de la même société ? Les stéréotypes fondés sur la race, le sexe ou tout autre facteur ne conduisent qu’à diviser et aliéner. Comment pourrait-il y avoir une unité de la gauche tant nous ne sommes loyaux qu’à nous-mêmes et à ceux qui nous ressemblent le plus ? Certains hommes ‘blancs’ pour qui la gauche n’a plus rien à offrir ont décidé de jouer le jeu du communautarisme dans leur quête d’une planche de salut, et ont dérivé vers Trump (un milliardaire avec qui ils n’ont rien de commun) ou l’extrême droite, ce qui a débouché sur une aliénation, des animosités et un sentiment d’impuissance supplémentaires qui renforcent les 1% de l’élite économique. Or, les gens du monde entier sont plus divisés en classes sociales qu’en tout autre critère.

Mais il est beaucoup plus facile de « lutter » contre un groupe aussi opprimé, ou légèrement moins opprimé que le vôtre que de s’unir et de s’organiser contre l’ennemi commun – le capitalisme. La lutte contre l’oppression par le biais du communautarisme est au mieux une forme paresseuse, perverse et fétichiste de la lutte des classes. Elle est pilotée par des militants issus de la classe moyenne et de l’enseignement supérieur pour la plupart libéraux, et qui ne comprennent pas grand-chose à la théorie politique de gauche. Au pire, il s’agit d’un autre outil utilisé par les 1 % de l’élite économique pour diviser les 99 % restants en 99, ou en 999 groupes concurrents trop occupés à se battre entre eux pour remettre en question le statu quo. Sans surprise, l’un des principaux donateurs de cette fausse gauche communautariste est le milliardaire cisgenre blanc George Soros, dont les ONG ont aidé à orchestrer les manifestations de l’Euromaïdan en Ukraine, avec leur émergence de mouvements d’extrême droite et néo-nazis : le genre d’individus qui croient dur comme fer à une supériorité raciale et ne voient pas la diversité d’un bon œil.

Il existe une fausse idée largement diffusée, selon laquelle le communautarisme dériverait de la pensée marxiste. L’expression sans signification « marxisme culturel », qui a plus de rapport avec la culture libérale qu’avec le marxisme, est utilisée pour vendre cette ligne de pensée. [Aux USA, le « marxisme culturel » est une idéologie très à la mode émanée de l’École de Francfort, dont les travaux démarrés en 1923 avaient fini par déboucher sur une fusion entre le marxisme et l’idéologie bourgeoise. En France, nous en avons eu l’équivalent (sans l’étiquette marxiste) avec des intellectuels comme Derrida, Foucault, Deleuze, Guattari, etc. On notera que par exemple, le Français Raymond Aron faisait à la fois partie de l’École de Francfort et du Congress for Cultural Freedom, une officine implantée par la CIA en France (lien en français) dans les années 50, expressément pour faire la promotion d’une gauche anticommuniste, libérale-libertaire, capable d’éliminer l’influence du Parti communiste en Europe. Mission accomplie, NdT].

Non seulement le communautarisme n’a rien de commun avec le marxisme, le socialisme ou tout autre courant de pensée traditionnelle de gauche, mais il en représente l’antithèse exacte.

Une attaque contre un est une attaque contre tous’ a été remplacé par quelque chose comme ‘Une attaque contre moi est tout ce qui m’importe’. Aucun pays socialiste n’a jamais fait la promotion du communautarisme. Ni les nations africaines et asiatiques qui se sont libérées de l’oppression colonialiste, ni les États de l’URSS et du bloc de l’Est, ni les mouvements de gauche qui ont vu le jour en Amérique latine au début du XXIe siècle n’ont eu le temps de faire joujou avec des politiques communautaristes.

L’idée selon laquelle le communautarisme fait partie de la pensée traditionnelle de gauche est diffusée par la droite, qui cherche à discréditer les mouvements de gauche, par les libéraux qui cherchent à les infiltrer, à les poignarder dans le dos et à les détruire, et par des jeunes radicaux malavisés qui ne connaissent rien à la théorie politique, et qui n’ont ni la patience ni la discipline nécessaires pour l’apprendre. Ces derniers cherchent à se donner à bon compte l’illusion d’ébranler les fondements du capitalisme alors qu’en réalité, ils les renforcent.

Le communautarisme est typiquement un phénomène moderne piloté par la classe moyenne [à la remorque des médias grand public, NdT] pour aider les dirigeants libéraux à diviser et distraire les masses. En Occident, vous êtes libre de choisir votre sexe ou votre sexualité, d’en changer à votre guise ou même de créer les vôtres, mais vous n’avez pas le droit de remettre en question les fondements du capitalisme ou du libéralisme. Le communautarisme est le nouvel opium du peuple et handicape sérieusement toute résistance organisée contre le système. Certains segments de la gauche occidentale pensent même que ces « libertés » susmentionnées sont un indicateur de progrès et de supériorité culturelle qui justifie leur exportation à l’étranger, que ce soit en douceur par l’intermédiaire d’ONG ou plus brutalement, par des révolutions de couleur et des changements de régime.

Tomasz Pierscionek est médecin spécialisé en psychiatrie. Il était auparavant membre du conseil d’administration de l’association caritative Medact, est rédacteur en chef du London Progressive Journal et a été l’invité de Sputnik, de RT et de l’émission Kalima Horra (présentée par George Galloway) sur la chaine de télévision pan-arabe Al-Mayadeen.

Traduction Entelekheia
Photo Pixabay

German Youth Movement and its conservative-revolutionary foundations

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German Youth Movement and its conservative-revolutionary foundations

Ex: https://phosphorussite.wordpress.com 

“The basic experience of the Youth Movement was the conflict between the bourgeois world and individual life. It was also a conflict between generations, in which, strangely enough, the fathers were the liberals and the sons the conservatives. This was a marked reversal since the days of the earlier youth movement the Burschenschaften of 1815. Then the new generation, which had fought in the Wars of Liberation, was in the fore in the struggle for a unified German state and for constitutionalism. Now liberalism, so it seemed to the sons, had lost its vitality and had come to stand for a world of confinement and convention. The young generation was tired of the state and tired of constitutions just as the early conservatives had been distrustful of them. In the Youth Movement there was a touch of the anarchic. It was antiauthoritarian, but it was also in search of authority and allegiances. This was its conservatism.

The Youth Movement derived its conservatism from Nietzsche and the traditions of nineteenth century irrationalism. Nietzsche, Lagarde, Stefan George became its heroes and were read, quoted, imitated, and freely plagiarized. They had given sanction to the struggle between the generations. Nietzsche had called upon the “first generation of fighters and dragon-slayers” to establish the “Reich of Youth.” Lagarde had defended German youth against the complaint that it lacked idealism: “I do not complain that our youth lacks ideals: I accuse those men, the statesmen above all, who do not offer ideals to the young generation.” To a searching youth, the irrationalists, all experimenters in conservatism, pointed a way to a conservatism through rebellion and radicalism, thus setting the tone for a revolutionary conservatism. Hegel and Bismarck were squarely repudiated. And Nietzsche, in lieu of traditions long lost, postulated the “will of tradition” a variation only of the ominous “will of power” as the foundation of a new conservatism. All the more did Stefan George’s symbolism appeal to the young. They learned to see themselves as the “new nobility” of a “new Reich”:

New nobility you wanted 
Does not hail from crown or scutcheon! 
Men of whatsoever level 
Show their lust in venial glances, 
Show their greeds in ribald glances…
Scions rare of rank intrinsic 
Grow from matter, not from peerage, 
And you will detect your kindred 
By the light within their eyes.

Twentieth century knights were they, united by secret codes. They claimed to be dedicated to a “mission”; more correctly they were in search of one. Heinrich Heine, had he lived to see those Wandervogel, would have called them “armed Nietzscheans.”

The revolutionary temper of the Youth Movement is evident from its famous declaration, formulated at a meeting near Kassel on the Hohen Meissner hill in October 1913. It stated that “Free German Youth, on their own initiative, under their own responsibility, and with deep sincerity, are determined independently to shape their own lives. For the sake of this inner freedom they will under any and all circumstances take united action…”.“

– Klemens Von Klemperer, “Germany’s New Conservatism: Its History and Dilemma in the Twentieth Century” (1968)

vendredi, 30 novembre 2018

Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

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Le sociétalisme est-il le poison électoral de la gauche ?

Ex: http://entelekheia.fr 

Après l’article de la semaine dernière sur le communautarisme dans la gauche occidentale actuelle, une autre analyse du même phénomène, cette fois non plus relative à la structure elle-même de la gauche libérale-libertaire/sociétale, mais à ses chances de victoires électorales. Écrit par un homme de droite républicaine américaine, cet article décrypte ce qui pourrait bien constituer l’un des principaux rouages de la « machine à perdre » de la gauche libérale à travers une courte, mais édifiante leçon d’histoire récente des USA.


Par James P. Pinkerton
Paru sur The American Conservative sous le titre Social Justice Warriors Are the Democrats’ Electoral Poison


Une jeune femme bien connue de la classe des bavards de New York s’est finalement lâchée sur ce qu’elle pense vraiment. « La race blanche est le cancer de l’histoire de l’humanité », dit-elle, « c’est la race blanche et elle seule — ses idéologies et ses inventions — qui éradique des civilisations partout où elle se répand, ce qui a bouleversé l’équilibre écologique de la planète, ce qui menace aujourd’hui la vie même. »

Votre serviteur vient-il de citer le tweet d’un de nos nouveaux justiciers anti-blancs ? Non. La citation ci-dessus remonte à 1967. Elle est de Susan Sontag, une critique littéraire sur papier glacé. Ses paroles étaient d’abord écrites en réaction à la guerre du Vietnam, mais comme nous pouvons le voir, sa critique s’est étendue bien au delà de la seule guerre. Nous pourrions également ajouter que Sontag a dit plus tard qu’elle regrettait ses mots — parce qu’ils manquaient de considération pour les victimes de cancer.

En d’autres termes, rien de nouveau sous le soleil. Les blancs sont mauvais, la culture occidentale est mauvaise, l’Amérique est mauvaise, etc. Récemment, la journaliste Sarah Jeong a publié une tribune sur le Washington Post, en date du 8 juin, intitulée « Pourquoi ne devrions-nous pas haïr les hommes ? » Et le 19 juin, The Root – une publication fondée par le propriétaire du Washington Post aujourd’hui propriété d’Univision — a mis à la Une un article intitulé « Les blancs sont des couards ». Et le 23 juillet dernier, le New Yorker a offert ceci : « Un sociologue analyse la ‘fragilité psychologique des blancs’ qui empêche les Américains blancs de se confronter au racisme. »

Comme nous pouvons le voir quotidiennement, beaucoup de journalistes et auteurs tentent aujourd’hui d’être de nouvelles Susan Sontag.

Le problème : le succès médiatique n’est pas la même chose que le succès politique. C’est-à-dire que ce qui est aimé de la classe bavarde n’est souvent, disons, pas aimé des électeurs.

Pour illustrer ce point, revenons à l’époque de Sontag, à la fin des années 1960. En 1968, l’année suivant sa déclaration sur le « cancer », les Démocrates, après deux mandats à la Maison Blanche [de 1961 à 1969 avec Kennedy et Johnson, NdT], ont perdu contre Richard Nixon. La fin des années 60 avait apporté un net changement à l’esprit du temps. Oui, la révolution culturelle s’était épanouie dans certaines universités et autres domaines de l’élite, mais en majorité, le pays s’était déporté vers la droite.

Par exemple, l’une des chansons les plus célèbres de 1968 était « Revolution » des Beatles, dont les parolesétaient, en fait, nettement contre-révolutionnaires. Et l’un des plus gros tubes de 1969, « Okie From Muskogee »de Merle Haggard, était carrément réactionnaire.

Certes, la gauche était encore très forte. Le 15 novembre 1969, une manifestation contre la guerre du Vietnam à Washington, D.C., avait attiré 500 000 personnes. Et en parlant de protestations, quoique d’un type particulier, en 1969 et 1970, il y avait eu 370 attentats à la bombe dans la seule ville de New York. Au cours des deux années suivantes, au moins 2 500 bombes avaient explosé dans le pays, y compris au Capitole.

Parallèlement, Hollywood était passé en mode turbo avec des paraboles anti-guerre du Vietnam comme M*A*S*HCatch 22 et Little Big Man. Sur la défensive face à la pop culture, les Républicains soulignaient qu’ils avaient hérité de la guerre du Vietnam des Démocrates, mais à l’époque, la gauche de l’Amérique avait déjà pris des dimensions sontagiennes. Par exemple, un film de 1970, Joe, sur un père ouvrier réactionnaire — Susan Sarandon à ses débuts y figurait — le dépeignait comme haineux au point de tuer.

Pourtant, comme toujours, la politique électorale, par opposition aux postures culturelles, se préoccupait de chiffres — qui avait la majorité ? Et c’est là que les gauchistes avaient un problème : ils avaient du venin à revendre, mais pas assez d’électeurs.

Les élections de mi-mandat de 1970 avaient été portées par des questions sociétales, notamment diffusées par la Nouvelle Gauche contre ce que Nixon avait surnommé la « majorité silencieuse », les partisans de la « loi et l’ordre ». Pendant ce temps, les critiques se déchaînaient, traitant Nixon de presque tous les noms, y compris « fasciste » et « nazi ».

Pourtant, les observateurs ont été surpris lorsque Nixon a choisi de riposter. En mai 1970, le 37e président a tourné en dérision les radicaux des campus en les qualifiant de « minables, vous savez, ceux qui font sauter les campus ». Selon les normes d’aujourd’hui, ce type de rhétorique peut sembler anodine, mais à l’époque, elle avait fait sensation.

Parallèlement, le vice-président de Nixon, Spiro Agnew, était allé plus loin en dénigrant les opposants, en particulier dans les médias, en les traitant de « snobs décadents » et « nababs de la négativité ».

Peut-être en conséquence, les résultats des élections de mi-mandat de 1970 avaient offert un succès mitigé au duo Nixon-Agnew : les Républicains avaient remporté deux sièges de plus au Sénat. Oui, ils avaient aussi perdu une douzaine de sièges à la Chambre et un certain nombre de gouvernorats, mais cette mauvaise nouvelle avait été quelque peu adoucie par la réélection confortable d’une étoile montante en Californie, Ronald Reagan. [Ajoutons qu’à cette époque, la popularité de Nixon était sévèrement écornée par son soutien à la Guerre du Vietnam, à l’encontre d’une opinion publique de plus en plus hostile à ladite guerre – qu’il avait d’ailleurs promis d’arrêter pendant sa campagne électorale de 1968 pour ensuite se dédire. La défaite calamiteuse de McGovern en 1972, soit deux ans plus tard, alors que McGovern avait déclaré vouloir mettre une fin immédiate à cette guerre des plus impopulaires, n’en est qu’encore plus surprenante, NdT].

Puisque la gauche n’avait pas pu vaincre Nixon par les urnes, elle a cherché à le battre à la télévision. En 1971, CBS a créé All in the Family, une sitcom qui mettait en vedette Archie Bunker, un homme réactionnaire de Queens, à New York. Le programme suivait la même ligne directrice que le film Joe, même si l’acteur Carroll O’Connor jouait Archie avec plus de clins d’yeux humoristiques (et depuis, de nombreux observateurs — y compris Rob Reiner, un membre du casting de l’émission — ont comparé Archie Bunker à un autre fils de Queens, Donald Trump.

Mais contrairement aux prévisions, Archie est devenu un héros. Les téléspectateurs de l’Amérique profonde avaient sûrement compris que censément, c’était un beauf, mais les gens de Muskogee et de Peoria avaient décidé de bien l’aimer quand même. Pour utiliser le langage d’aujourd’hui, les Américains de base avaient choisi de « s’approprier » Archie, avec tous ses défauts. L’émission a fait des records d’audience pendant cinq saisons, à une époque où, nous pouvons le noter, cela signifiait qu’un tiers de toutes les télévisions en Amérique étaient allumées sur cette chaîne (en revanche, aujourd’hui, une émission peut prendre la tête des audiences avec seulement un cinquième des téléspectateurs de All in the Family).

Donc, comme on peut le constater, la stratégie de la gauche contre la droite avait ses faiblesses, et même ses retours de boomerang. Mais, bien sûr, même avant l’arrivée de Fox News [la principale chaîne de télévision conservatrice des USA, NdT], il y avait au moins une certaine opposition à la contre-culture. Le début des années 70 avaient notamment vu la défense vigoureuse du pays, de ses institutions et de son peuple d’Arnold Beichman, Nine Lies About America (Neuf mensonges sur l’Amérique), et l’attaque cinglante d’Edith Efron contre les médias, The News Twisters (Les tordeurs d’informations). Mais surtout, les gens ordinaires, parfois peu éduqués, avaient écouté leurs tripes : si les élites culturelles impopulaires résidentes des deux côtes détestaient tant Nixon, alors il devait être dans le vrai. [Aux USA, les classes aisées, qui sont majoritairement de gauche libérale, se concentrent sur les deux côtes atlantique et pacifique. Le reste, l’Amérique profonde beaucoup plus conservatrice, est souvent dédaigneusement nommée « Flyover America », « l’Amérique qu’on survole en avion » pour se rendre d’une côte à l’autre, NdT].

Venons-en à l’élection présidentielle de 1972. Nixon n’était pas particulièrement populaire, mais il avait eu de la chance : les démocrates, enivrés par leur propre culture — et peut-être diverses substances – avaient choisi, à la place de leurs candidats modérés, un gauchiste libéral-libertaire, George McGovern. Et McGovern portait un handicap supplémentaire, à savoir ceux qui, dans ses rangs, donnaient dans un sociétalisme extrémiste, notamment ceux qui se glorifiaient d’une approche à la Sontag.

George McGovern a été battu avec pertes et fracas. La débâcle électorale l’a vu perdre dans 49 États.

Arrêtons ce petit tour historique ici. Qu’il suffise de dire que jamais depuis ce jour, les Démocrates n’ont plus présenté de candidat aussi gauchiste que McGovern. [Ce qui veut dire qu’ils se sont trompés sur les raisons de sa défaite et que, dans les discours et les programmes de leurs candidats, ils ont supprimé le volet social de la gauche pour n’en garder que l’aspect sociétal/communautariste. Autrement dit, la sociétaliste Hillary Clinton oui, le populiste Bernie Sanders non. Et ils l’ont payé par une défaite, comme du temps de McGovern. Et Barack Obama, direz-vous ? Obama était une exception – charismatique, jouant volontiers sur la fibre exceptionnaliste et nationaliste des Américains, il avait su séduire à droite comme à gauche, NdT].

En fait, on devrait peut-être dire qu’ils ne l’ont pas encore fait. Comme nous l’avons vu, la gauche libérale américaine a dérivé encore plus vers le sociétalisme et le communautarisme – au point d’un antagonisme pur et simple envers l’Amérique – ce qui est susceptible de décourager de nombreux électeurs, même ceux qui ne sont peut-être pas des fans de Trump. En d’autres termes, les justiciers du politiquement correct peuvent dominer sur le campus de Berkeley ou à Burlington, sur la côte Est, mais ils ne passent pas dans les villes de Pontiac, dans le Michigan, ou Provo dans l’Utah.

Qu’adviendra-t-il des démocrates en 2020 ? Vont-ils succomber, une fois de plus, au chant des sirènes du macgovernisme, avec ses notes d’extrémisme à la Sontag ?

Aucun candidat démocrate plausible n’est ouvertement hostile à la majorité de la population du pays. Pourtant, il reste à voir si l’un ou l’autre des candidats dénoncera activement les paroles des jusqu’au-boutistes sociétaux, et se vaccinera ainsi contre le poison électoral du politiquement correct.

On se souviendra que ce type de dénonciation avait été la stratégie gagnante du Démocrate Bill Clinton en 1992. En mai de la même année, Clinton avait condamné les propos incendiaires d’une rappeuse, Sister Souljah, qui avait dit : « Pourquoi ne pas prendre une semaine pour tuer des blancs ? », ce qui était exactement ce que les Américains attendaient de sa part. Bien sûr, Clinton l’a très intelligemment attaquée : il l’a comparée à David Duke, le chef du Ku Klux Klan, se mettant ainsi à égale distance de ces deux figures toxiques opposées.

Malgré l’évident calcul de sa démarche, Clinton a manifestement fait ce qu’il fallait. A ce moment-là — dont on se souvient comme de son moment Sister Souljah — il s’est posé en centriste courageux, sans peur de s’attaquer à l’extrémisme de droite comme de gauche. La gauche libérale de l’époque l’avait violemment critiqué, mais les électeurs l’ont récompensé en le portant à la Maison Blanche dans une victoire éclatante.

Les démocrates peuvent-ils reproduire l’exploit de Clinton aujourd’hui ? Peuvent-ils se dégager des éléments les plus politiquement handicapants de leur coalition ?

Il est tout à fait possible que l’élection présidentielle de 2020 dépende de la réponse à ces questions.

James P. Pinkerton écrit pour TAC, dont il est également rédacteur en chef adjoint. Il a travaillé au bureau du Haut conseiller à la Maison-Blanche pour les présidents Ronald Reagan and George H.W. Bush (Bush père).

 

Traduction et notes Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia

Krampus Night

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Krampus Night

Ex: https://phosphorussite.wordpress.com 

The Feast of Saint Nicholas, the Saint of Children, is celebrated in many European countries on the 6th December. The day before is known in Austria as Krampusnacht or Krampus Night, a time when Krampus walks the streets and visits people’s homes to punish naughty children. Krampus is described as half demon, half goat, and has black or brown fur and the cloven hooves and horns of a goat, similar to the Christian Devil. He also has a long pointed tongue which lolls out. He is often depicted carrying chains which he thrashes for dramatic effect. The chains are sometimes accompanied with bells. He also carries bundles of birch branches called ruten, which is significant in many Pagan cultures. In contrast to Saint Nicholas rewarding good children with nice presents, Krampus visits the homes of naughty children and beats them with birch bundles, before leaving them the gift of coal.

‘There seems to be little doubt as to his true identity for, in no other form is the full regalia of the Horned God of the Witches so well preserved. The birch – apart from its phallic significance – may have a connection with the initiation rites of certain witch-covens; rites which entailed binding and scourging as a form of mock-death. The chains could have been introduced in a Christian attempt to ”bind the Devil”, but again they could be a remnant of Pagan initiation rites.’ – The Krampus in Styria, Maurice Bruce, 1958

In traditional parades, known as the Krampuslauf, meaning Krampus run, young men dress as Krampus and parade through the streets. Writing in 1975 about his time in Irdning, a small town in Styria, Austria, anthropologist John J. Honigmann wrote:

‘The Saint Nicholas festival we are describing incorporates cultural elements widely distributed in Europe; in some cases going back to pre-Christian times. Nicholas himself became popular in Germany around the eleventh century. The feast dedicated to this patron of children is only one winter occasion in which children are the objects of special attention; others being Martinmas, the Feast of the Holy Innocents, and New Year’s Day. Masked devils acting boisterously and making nuisances of themselves are known in Germany since at least the sixteenth century while animal masked devils combining dreadful-comic antics appeared in Medieval church plays. A large literature, much of it by European folklorists, bears on these subjects. Austrians in the community we studied are quite aware of “heathen” elements being blended with Christian elements in the Saint Nicholas customs and in other traditional winter ceremonies. They believe Krampus derives from a Pagan supernatural who was assimilated to the Christian devil. The Krampus figures persisted, and by the 17th Century, Krampus had been incorporated into Christian winter celebrations by pairing Krampus with St Nicholas.’

Extract from The Supernatural World of the Anglo-Saxons:
Gods, Folklore and the Pagan Roots of Christmas and Halloween

jeudi, 29 novembre 2018

Que promet au monde le démembrement de la Russie ?

 

Le projet d'une véritable autonomie européenne et d'une renaissance de sa Puissance, qui est le projet d'un Imperium européen, se doit d'inclure une coopération approfondie avec l'Imperium eurasien centré sur la Russie (afin de tendre peut-être par la suite vers une fusion telle que l'aurait voulu Jean Thiriart ou Jordis von Lohaussen). Cette coopération devra se faire dans le cadre de protocoles partagés régissant des relations bilatérales saines et respectueuses entre les pôles spirituels et politiques que seront ces Imperium du Grand Continent Eurasien. Ces protocoles, dont il sera nécessaire de déterminer les prémisses en amont d'une véritable révolution conservatrice, chassant de nos terres l'occidentalisme dégénéré et intéressant donc nos deux civilisations régénérées, devront par conséquent résulter de nos réflexions et de nos expériences relationnelles et historiques. Ils devront surtout correspondre à de nouvelles théories en phase avec l'accélération historique du paradigme de la polycentricité (multipolarité) mais réorientée de façon à être en opposition frontale avec le globalisme. Ces protocoles devront également être en phase avec les préceptes de la Quatrième Théorie Politique initiée par Alexandre Douguine et précisée, adaptée et prolongée à leurs façons par certains autres en Europe, dont nous-mêmes. Une coopération avec l'Imperium eurasien sera, en outre, d'une nécessité vitale pour notre Imperium européen car elle nous permettra de nous ouvrir aux Grands espaces eurasiatiques qui représentent incontestablement pour nous une véritable ouverture sur un vaste monde qui nous est lié aussi bien économiquement qu'énergétiquement mais aussi historiquement, ethniquement, comme spirituellement. Une ouverture, une voie directe et sûre vers les espaces perses, indiens et extrême-orientaux, jusque l'Empire japonais, pourra, et devra même, nous apporter comme autant d'opportunités de pouvoir développer une Puissance qui aujourd'hui nous manque cruellement, ce qui nous empêche de développer notre autonomie (vis-à-vis d'un pseudo-empire comme celui des États-Unis) susceptible de nous faire rejouer un rôle important dans le Monde. Nous devrons par conséquent faire sauter le verrou psychologique, amplifié à dessein par les forces occidentalo-sionistes, que constitue la russophobie des pays de l'Europe de l'Est (et résoudre le problème ukrainien en faveur du peuple ukrainien et de sa diversité historique et ethnique – une coopération sincère et égale entre les deux Imperiums devrait grandement faciliter les choses en faisant de l'Ukraine une nation autonome à la croisée de ces deux entités impériales, mais surtout à l'intersection intéressée de leur échanges et de leurs intérêts stratégiques. La Moldavie pourra aussi jouer un tel rôle). L'Eurasie devra devenir pour nous autres européens dé-occidentalisés un espace immense où l'on pourra de nouveau se ressourcer au Graal de nos origines et de nos conquêtes antérieures.

Ivan Iline, considérant le contexte historique dans lequel il s'exprimait, peut, à notre sens, vivifier par ses écrits ces réflexions futuristes – et en même temps actuelles – et permettre à ce qu'elles puissent franchir le rubicon de l'actualité imposé par l'agenda occidental de façon à pouvoir se projeter vers un devenir enthousiasmant pour nos deux civilisations.

3143518962_1_2_QlT5nhtD.jpgNous voudrions seulement préciser une chose en ce qui concerne le centralisme revendiqué de cet auteur russe : si, pour notre part, nous nous faisons le défenseur d'un certain fédéralisme, nous nous devons néanmoins d'ajouter que celui-ci ne pourrait être, selon nous, désaccouplé d'une vision centraliste du pouvoir suprême par le fait de la considération spirituelle et traditionnelle qui motive et soutient celle-ci. L'indépendance ne saurait qu'être illusoire au regard de la dynamique de l'autonomie régionale et nationale (tout comme civilisationnelle) et, dans les faits, elle n'est qu'un voile destiné à camoufler une influence néfaste (réelle celle-là et destructrice de la diversité culturelle) sur la culture des peuples et sur leur singularité (l'américanisation sous-jacente au soutien déclaré à la « réappropriation » par les peuples minoritaires de leur culture et de leurs « droits », par exemple). Le centralisme est une nécessité au regard d'une dynamique culturelle qui n'est telle que parce qu'elle peut trouver à s'élever par rapport à un lieux spirituel et politique central, et ultime du point de vue de l'affirmation de sa propre singularité. Il ne peut y avoir de véritable progrès humain sans qu'il ne soit donné à un peuple, comme à une personne, la possibilité perpétuelle de pouvoir s'élever et s'affirmer par rapport aux Autres en regard d'un Ordre qui en donne la réelle possibilité sans encourir le chaos et, au final, l'extinction. La croissance d'une culture comme d'une personnalité est autant à considérer d'un point de vue horizontal que d'un point de vue vertical. Or, il n'est qu'une juste hiérarchie pour octroyer le réel pouvoir de s'élever parmi, et non à l'encontre, des Autres.

Yohann Sparfell

QUE PROMET AU MONDE LE DÉMEMBREMENT DE LA RUSSIE ?

Source : https://legrandcontinent.eu/2018/04/12/que-promet-au-mond...

Le GEG Russie est très fier de présenter à ses lecteurs la traduction inédite d’un texte, qui bien que méconnu, reste un fondamental de la pensée politique russe – composition de l’un des penseurs les plus originaux de l’histoire des idées russes, Ivan Iline (1883-1954). Ce texte, intitulé « Que promet au monde le démembrement de la Russie ? » (« Что сулит миру расчленение России ? ») figure, parmi près de 200 articles, dans le recueil « Nos missions » (« Наши задачи », paru à titre posthume à Paris en 1956 et réédité en 1993, non traduit). Iline le rédige en Suisse en 1950, 28 ans après son exil forcé vers l’Europe dans le fameux « bateau des philosophes » qui déporta, sur ordre du Guépéou, la fine fleur de la pensée conservatrice, nationaliste et religieuse russe (qui n’avait pas été exécutée ou emprisonnée), comme Nicolas Berdiaev, Sergueï Boulgakov ou Siméon Frank. Sauvé de l’exécution, il ne reverra jamais son pays, mais put profiter de son exil pour composer une œuvre féconde.

Ivan Iline est un penseur monarchiste et conservateur, farouche opposant à la révolution d’octobre 1917 et idéologue principal de l’Union générale des combattants russes (ROVS), fondée à Paris par le baron Wrangel, un ancien général blanc. Il est aussi un spécialiste de Hegel, auquel il a consacré une thèse intitulée « la philosophie de Hegel, doctrine de la nature concrète de Dieu et de l’homme ». Ses idées mêlent, entre autres, une réfutation de la non-violence tolstoïenne au nom de la guerre contre le mal, et l’apologie d’une “dictature démocratique”, fondée sur “la responsabilité et le service”. Il fut en cela très probablement influencé par Konstantin Leontiev (auteur d’une théorie toute nietzschéenne de la « morale aristocratique »), mais aussi par Vladimir Soloviev.

Tardivement redécouvert en Russie, il rencontre, selon Michel Eltchaninoff, un très vif succès au sein de l’administration poutinienne, dont il serait l’un des principaux idéologues. C’est le réalisateur Nikita Mikhalkov, un proche du pouvoir, qui aurait selon toute vraisemblance introduit ce penseur au Président russe. Ce dernier lui prêterait depuis lors un intérêt certain. Le lecteur le constatera lui-même en lisant ce texte : les thèmes ici abordés déteignent sur la rhétorique de Vladimir Poutine. Il pourra aussi bien s’agir de la méfiance « génétique » de l’Occident vis-à-vis de la Russie, de l’hypocrisie de ses valeurs démocratiques, de l’impossible fédéralisation de la Russie, de la fourberie des dirigeants occidentaux, de la violence au nom du bien, du caractère intrinsèquement majestueux de ce pays, et surtout, de cette obsession pour l’unité de la Grande Russie contre les prédations de ses voisins. D’ailleurs, le Président russe ne s’en cache pas : le philosophe est cité dans plusieurs de ses discours.

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Ce texte est très finalement contemporain, pour son virilisme, son antioccidentalisme viscéral, ses accents obsidionaux et son révisionnisme. Il semble, à bien des égards, orienter la politique de Vladimir Poutine. Thèse particulièrement originale à l’ère du « droit à disposer de soi-même » (la Charte des Nations-Unies avait été signée cinq ans auparavant), Iline y dénie par exemple aux « tribus » peuplant la Russie, ainsi qu’aux « petits frères » voisins (ukrainiens, géorgiens ou centrasiatiques) le droit à s’organiser en unités politiques indépendantes. Il ne leur reconnaît en effet aucun génie national, technique, politique ou social, et estime en conséquence qu’ils doivent être incorporés au vaste Empire russe, seul garant de leur conservation. Selon l’auteur, il relèverait de l’intérêt illusoire des occidentaux de « démembrer » la Russie, en incorporant ces « tribus » à leur giron, au nom des principes « dévastateurs » de « démocratie », de « liberté » et de « fédéralisme », transformant ainsi la Russie en de vastes « Balkans », livrée à des guerres incessantes.

Ce texte a pour qualité première sa limpidité. Ce que glissent aujourd’hui les responsables russes derrière le concept flou de « zone d’intérêts privilégiés » ou de « verticale du pouvoir » n’en ressort ainsi qu’avec plus d’éclat. Essentiel à la compréhension des fondements intellectuels de la politique intérieure et étrangère russe, cet article trouve, à l’aune du conflit en Ukraine et de l’hypercentralisation de la Russie, une formidable actualité. Il nous permet aussi, à nous européens, d’inverser notre regard sur notre Grand continent, et finalement, peut-être, de nous saisir de l’un des fragments de l’inconscient collectif de nos voisins russes, ô combien difficiles à comprendre.


Traduit du russe par Nelson Desbenoit, Pierre Bonnet et Théo Lefloch

I

1. Devisant au sujet de la Russie avec un étranger, chaque fidèle patriote russe se doit de lui expliquer que son pays ne correspond pas à une accumulation fortuite de territoires et de peuplades, encore moins à un « mécanisme » de « régions » artificiellement agencées, mais bien à un organisme vivant, historiquement formé et culturellement justifié, ne pouvant faire l’objet d’un démembrement arbitraire. Cet organisme correspond à une unité géographique, dont les différentes parties sont liées par une interdépendance économique ; il constitue une unité spirituelle, linguistique et culturelle, liant historiquement le peuple russe à ses jeunes frères ethniques par une osmose spirituelle ; il forme une unité étatique et stratégique ayant prouvé au monde sa volonté et sa faculté à se défendre ; il incarne enfin l’authentique bastion de la paix universelle et de l’équilibre en Eurasie, et par conséquent de l’ensemble de l’Univers. Son démembrement constituerait une entreprise politique aventureuse, sans précédent historique, et dont l’humanité supporterait durablement les conséquences.

Le démembrement d’un organisme en une multitude de composantes n’a jamais apporté nulle part et n’apportera jamais ni la guérison, ni l’harmonie créative, ni la paix. A contrario, il fut toujours et restera toujours la source d’un douloureux délitement, d’une décomposition progressive, d’un mécontentement, de querelles et d’une contamination généralisée. A notre époque, l’ensemble de l’Univers sera atteint par ce processus. Le territoire russe souffrira d’interminables dissensions et de guerres civiles, dégénérant à l’infini en confrontations à l’échelle mondiale. Cette dégénérescence deviendra absolument irréversible dans la mesure où les puissances du monde entier (européennes comme asiatiques et américaines) placeront leurs richesses, leurs intérêts commerciaux et leurs visées stratégiques au service de l’apparition de nouveaux petits États ; non seulement les voisins impérialistes développeront des rivalités mutuelles, afin d’asseoir leur domination et de s’emparer de « pôles de défense », mais ils s’emploieront également à « annexer » de manière implicite ou explicite ces nouveaux États, instables et vulnérables (l’Allemagne s’étendra vers l’Ukraine et les pays baltes, l’Angleterre s’attaquera au Caucase et à l’Asie centrale, le Japon convoitera les côtes extrême-orientales, etc.). La Russie se transformera en d’immenses « Balkans », source de guerres éternelles, immense terreau de désordres. Elle deviendra un lieu d’errance planétaire, où convergeront les rebuts sociaux et moraux du monde entier (« infiltrés », « occupants », « agitateurs », « espions », spéculateurs révolutionnaires et « missionnaires »). Tous les criminels, intrigants politiques et religieux de l’univers y convergeront en masse. La Russie démembrée deviendra alors l’ulcère incurable de ce monde.

2. Démontrons dès à présent que le démembrement de la Russie, fomenté en secret par les puissants de ce monde, ne possède pas le moindre fondement, ni aucune finalité au plan spirituel ou de la realpolitik, sinon une démagogie révolutionnaire, la crainte absurde d’une Russie unie, et une profonde inimitié vis-à-vis de la monarchie russe et de l’Orthodoxie orientale. Nous savons que les peuples occidentaux ne comprennent ni ne tolèrent la singularité russe. Ils perçoivent l’État russe unifié comme entrave à leur expansion commerciale, linguistique et militaire. Ils s’apprêtent à scier la « branche de bouleau » russe en rameaux, puis à briser ces rameaux séparément pour les brûler dans le brasier déclinant de leur civilisation. Il leur est nécessaire de démembrer la Russie afin de la soumettre au nivellement et à la décomposition occidentaux, la menant ainsi à sa perdition : voici en quoi consiste leur plan haineux et avide de pouvoir.  

3. Les peuples occidentaux se réfèreront vainement aux grands principes de « liberté », de « liberté nationale », à l’exigence d’« autonomie politique »… Pourtant, jamais et nulle part les délimitations tribales des peuples n’ont coïncidé avec celles des Etats. L’Histoire dans sa globalité en a apporté les preuves vivantes et convaincantes. Il a toujours existé des tribus et peuples peu nombreux, inaptes à acquérir leur autonomie politique : retracez l’Histoire millénaire des Arméniens, peuple autonome par son caractère et sa culture, cependant dépourvu d’État ; puis demandez-vous où se trouve l’État indépendant des Flamands (4,2 millions d’entre eux vivant en Belgique, un million en Hollande) ? Pourquoi ne sont pas souverains les Gallois et les Ecossais (comptant pour 600 000 habitants) ? Où se trouve l’État des Croates (correspondant à trois millions de personnes), des Slovènes (incluant 1,26 million d’habitants), des Slovaques (près de 2,4 millions), des Vénètes (65 000 personnes) ? Qu’en est-il des Basques français (170 000 habitants), des Basques espagnols (450 000 personnes), des Tsiganes (moins de cinq millions), des Suisses romanches (45 000 personnes), des Catalans d’Espagne (six millions), des Galiciens (2,2 millions de personnes), des Kurdes (plus de deux millions) et de la multitude d’autres tribus asiatiques, africaines, australiennes et américaines ?

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Ainsi, les « liens tribaux » en Europe comme sur les autres continents ne correspondent nullement aux frontières étatiques. De nombreuses petites ethnies n’ont trouvé leur salut qu’en s’agrégeant à des peuples de plus grande envergure, constitués en Etats et tolérants : accorder l’indépendance à ces petites peuplades reviendrait soit à les faire passer sous la coupe de nouveaux conquérants, portant ainsi un coup fatal à leur vie culturelle propre, soit à les détruire à jamais, ce qui serait spirituellement dévastateur, économiquement coûteux et politiquement absurde. Souvenons-nous de l’Histoire de l’Empire romain – il s’agissait d’une multitude de peuples « intégrés », bénéficiant des droits liés à la citoyenneté romaine, indépendants et protégés des Barbares. Quid encore de l’Empire britannique contemporain ? Et voici précisément en quoi consiste aussi la mission civilisatrice de la Russie unie.

Ni l’Histoire, ni la culture moderne de la légalité ne connaissent cette loi selon laquelle « à chaque peuplade son État ». Il s’agit là d’une doctrine récente, absurde et mortifère, désormais portée au pinacle dans le but unique de démembrer la Russie unie et de briser sa culture spirituelle propre.  

II

4. Que l’on nous ne dise pas, par ailleurs, que les « minorités nationales » de la Russie vivaient sous le joug oppressif d’une majorité russe et de son souverain. C’est une fabulation idiote et fallacieuse. La Russie impériale n’a jamais dénationalisé ses petits peuples, comme l’ont fait, par exemple, les Allemands en Europe occidentale.

Donnez-vous la peine de jeter un coup d’œil à une carte historique de l’Europe à l’époque de Charlemagne et des premiers carolingiens (768-843). Vous y verrez que, presque du Danemark même, le long et au-delà de l’Elbe (du slave « Laba »), à travers Erfurt, jusqu’à Ratisbonne et sur le Danube étaient installées de nombreux peuples slaves : Abodrites, Loutitches, Linones, Heveli, Redari, Oukri, Pomériens, Sorabes et beaucoup d’autres. Où sont-ils tous ? Que reste-t-il d’eux ? Ils ont été conquis, éradiqués et dénationalisés par les Germains. La tactique des conquérants était la suivante : après une victoire militaire, les Germains convoquaient la classe supérieure du peuple conquis. Cette aristocratie était alors massacrée sur place. Puis ce peuple « étêté » était soumis au baptême et converti de force au catholicisme. Les dissidents étaient tués par milliers, les autres étaient germanisés sans vergogne.

A-t-on déjà vu quelque chose de semblable dans l’histoire de la Russie ? Jamais nulle part ! De tous les petits peuples de Russie assimilés par l’Empire au cours de l’histoire, tous ont conservé leur identité propre. Il faut distinguer, c’est vrai, les classes supérieures de ces peuples, mais uniquement parce qu’elles ont été intégrées aux classes supérieures de l’empire. Ni le baptême forcé, ni l’éradication, ni l’uniformisation n’ont été des pratiques russes. La dénationalisation forcée et le nivellement communiste n’ont été introduits que par les bolchéviques.

En voici la preuve : la population allemande, qui avait absorbé tant de peuples, fut soumise à une dénationalisation impitoyable en faveur d’une homogénéité allemande, tandis qu’en Russie, les recensements établirent d’abord plus d’une centaine, puis près de cent soixante tribus linguistiques et jusqu’à trente confessions religieuses différentes. Et messieurs les « démembreurs » voudraient nous faire oublier que la Russie impériale a toujours respecté l’intégrité des compositions tribales lorsqu’il s’agissait de procéder à des démarcations territoriales.

Rappelons l’histoire des colons allemands en Russie. Ont-ils été soumis à quelconque dénationalisation pendant 150 ans ? Entre 40 000 et 50 000 colons se déplacèrent vers la Volga et le sud de la Russie durant la deuxième moitié du XVIIIème siècle (1765-1809). Au début du XXèmesiècle, ils constituaient la couche la plus riche de la paysannerie russe et représentaient 1,2 million d’individus. Leur langue, leurs confessions et leurs coutumes étaient tolérées par tous. Et quand, poussés par les expropriations bolchéviques, ils retournèrent en Allemagne, les Allemands furent étonnés de découvrir qu’ils employaient des dialectes issus du Holstein, du Wurtemberg et d’autres régions. Tout ce qui avait été écrit sur la russification forcée s’écroulait ainsi et fut discrédité.

Mais la propagande politique ne s’arrête pas devant un mensonge aussi évident.

5. Il faut ensuite reconnaître que le démembrement de la Russie constitue un problème territorial insoluble. La Russie impériale n’a jamais considéré ces petits peuples comme du simple « bois de chauffage », susceptibles d’être transférés d’un lieu à vers un autre. Elle ne les a donc jamais arbitrairement déportés d’un bout à l’autre du pays. Leur installation en Russie relevait plutôt d’un processus historique et d’une libre sédimentation. Il s’agissait là d’un processus irrationnel, que l’on ne saurait réduire à des démarcations géographiques précises. Il s’agissait d’un processus de colonisation, de départ, de réinstallation, de dispersion, de confusion, d’assimilation, de reproduction et d’extinction. Ouvrez une carte ethnographique de la Russie prérévolutionnaire (1900-1910) et vous constaterez une extraordinaire diversité : notre pays était parsemé de petits « îlots » nationaux, de « ramifications », « d’environnements », de « baies » tribales, de « détroits », de « canaux » et de « lacs ». Regardez de plus près ce mélange tribal et considérez les avertissements suivants :

     a. Toute cette légende sur la carte n’est que symbolique car personne n’a empêché les Géorgiens de vivre à Kiev ou à Saint-Pétersbourg, les Arméniens en Bessarabie ou à Vladivostok, les Lettons à Arkhangelsk ou dans le Caucase, les Circassiens en Estonie, les Grands Russes partout, etc ;

      b. C’est pourquoi toutes ces couleurs sur la carte n’indiquent pas l’établissement « exclusif » d’une population tribale, mais une implantation seulement « majoritaire » ;

      c. Tous ces peuples, depuis cent ou deux-cents ans, se sont mélangés, et les enfants issus de ces mariages mixtes se sont à leur tour mélangés, encore et toujours.

      d. Tenez également compte de la capacité de l’esprit et de la nature russe à intégrer les hommes d’un sang étranger, chose qui se manifeste dans ce proverbe du sud de la Russie : « Papa est turc, maman est grecque, et moi je suis russe » ;

      e. Étendez ce processus à l’ensemble du territoire russe – d’Araks au fjord de Varanger et de Saint-Pétersbourg à Iakoutsk – et vous comprendrez pourquoi la tentative bolchévique de diviser la Russie en « républiques » nationales a échoué.

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Les bolchéviques n’ont pas réussi à arracher chaque peuple de son territoire propre, parce que tous les peuples de Russie avaient déjà été éparpillés et dispersés, que leur sang avait été mélangé et qu’ils s’étaient géographiquement entremêlés les uns avec les autres.

S’isolant politiquement, chaque peuple prétendait, bien sûr, avoir droit d’usage sur ses propresrivières et ses canaux, sur son sol fertile, ses richesses souterraines, ses pâturages, ses routes commerciales et ses frontières défensives, sans parler de la « matrice » principale de ce peuple, aussi petite fût-elle.

Ainsi, si nous détournons notre attention de ces petits peuples dispersés comme les Votiaks, les Permiaki, les Ziriani, les Vogoules, les Ostiaks, les Tchérémisses, les Mordves, les Tchouvaches (…), et que nous nous concentrons sur les substrats nationaux du Caucase et de l’Asie centrale, nous remarquons une chose. C’est que l’installation des tribus les plus grandes et les plus significatives en Russie est telle que chaque « État » individuel a dû abandonner ses « minorités » à ses voisins, tout en intégrant dans sa propre population des « minorités » étrangères. C’est ce qu’il se passa au début de la Révolution en Asie centrale avec les Ouzbeks, les Tadjiks, les Kirghizes et les Turkmènes. Les tentatives de démarcations nationales n’y ont cependant causé que des rivalités féroces, des haines et des méfiances mutuelles. Ce fut exactement la même chose dans le Caucase. La vieille querelle nationale entre les Azerbaïdjanais tatars et les Arméniens exigeait une division territoriale stricte, mais cette partition s’est révélée complètement inapplicable : des unités territoriales avec une population mixte ont été créées, où seule la présence des troupes soviétiques a empêché des massacres. Des problématiques similaires se sont nouées autour de la démarcation de la Géorgie et de l’Arménie, notamment en raison du fait que les Arméniens de Tiflis, principale ville de Géorgie, représentaient près de la moitié de la population et, qui plus est, la majorité prospère.

Il est entendu que les bolchéviques qui, sous prétexte de favoriser l’« indépendance nationale » voulaient isoler, dénationaliser et internationaliser les peuples russes résolurent tous ces problèmes avec un arbitraire dictatorial, derrière lequel se cachaient des considérations marxistes et la force des armes de l’Armée rouge.

La démarcation nationale-territoriale des peuples était un objectif profondément vain.

III

6. Ajoutons que de nombreuses tribus de Russie ont vécu, jusqu’à nos jours, dans une inculture (малокультурность) spirituelle et politico-étatique complète. Parmi ces tribus, certaines sont demeurées au stade le plus primitif du chamanisme ; toute la « culture » n’y est réduite qu’à un banal artisanat ; le nomadisme y perdure encore ; aucune ne dispose de frontières naturelles pour délimiter son territoire, ni de grande ville, ni de ses propres graphèmes, ni d’écoles primaires et secondaires, ni d’une intelligentsia, ni d’une conscience nationale, ni d’une culture de la légalité. Ils sont encore incapables d’une moindre vie politique, sans même citer l’impossibilité, pour eux, de mener des procédures juridiques complexes, à construire des représentations nationales, à développer des technologies, une diplomatie et des stratégies – cela était su des autorités impériales et fut vérifié par les bolchéviques. Aux mains des bolchéviques, ils obéissent désormais aux moindres gestes de la dictature, à la manière d’une marionnette. A peine les autorités agitent-elles les doigts que l’ensemble de la marionnette s’anime, se courbe, lève docilement les mains et ressasse les vulgarités partisanes et marxistes que lui ont inculqué ses maîtres. La démagogie et la duperie, les expropriations et la terreur, l’anéantissement de la religion et de la vie furent présentés comme l’« épanouissement national » des minorités russes. Et il y eut en Occident des fous et des observateurs véreux qui se félicitèrent de cette « libération des peuples » …

ffd902a65380d78cc34b4bb7bad28933.jpgQuestion inévitable : après la séparation de ces tribus de la Russie, qui les prendra sous sa responsabilité ? Quelle puissance étrangère se jouera d’elles et en retirera la sève vitale ?

7. Des décennies d’arbitraire, de famine et de terreur bolchévique se sont écoulées depuis. Même après l’ouragan de la Seconde Guerre mondiale, un « nettoyage national » post-guerre fut entrepris. Depuis maintenant 33 ans, les bolchéviques ont systématiquement éliminé ou affamé les pans les plus récalcitrants de la population et ont déporté les membres de toutes les tribus de Russie dans des camps de concentration, des villes nouvelles et des usines. La Seconde Guerre mondiale a conduit à la déportation de citoyens issus de la moitié européenne de la Russie, menant des « Ukrainiens », des colons Allemands, des Juifs vers l’est, vers l’Oural et au-delà, tandis que d’autres étaient déplacés vers l’ouest, comme les « Ostarbeiter », ou les réfugiés – notamment ceux qui se sont volontairement rendus en Allemagne, à l’instar des Kalmouks. Les Allemands ont occupé des territoires russes comptant près de 85 millions de personnes, massacré des otages et exterminé un demi-million de Juifs. Le rythme des exécutions n’a pas décéléré lorsque les bolchéviques sont parvenus à reprendre les territoires perdus. Pis, les massacres des minorités ont alors commencé : certaines durent être considérées comme presque éteintes –  comme les colons Allemands, les Tatars de Crimée, les Karatchaïs, les Tchétchènes ou les Ingouches. Le massacre se poursuit désormais en Estonie, en Lettonie et en Lettonie. Les représentants de l’UNRA estiment aujourd’hui les morts biélorusses à 2,2 millions de personnes, et de sept à neuf millions en Ukraine. De plus, nous savons de source sûre que les populations déclinantes d’Ukraine, de Biélorussie et de la Baltique sont remplacées par des populations issues des provinces centrales, avec d’autres traditions nationales.

Tout cela pour dire que le processus d’extinction et de remplacement national, ainsi que de déplacement de population atteint des proportions sans précédent en Russie depuis la Révolution. Des tribus entières disparurent complètement ou devinrent insignifiantes ; l’ensemble des provinces et des oblasts ont vu, à l’issue de la Révolution, leur population totalement recomposée ; des districts entiers tombèrent en déliquescence. Tous les plans et les estimations des « démembreurs » s’en trouvèrent infondés et caduques. Si la révolution soviétique s’achève en effet par une troisième guerre mondiale, les compositions tribales de la population russe changeront, ce après quoi l’idée même de démembrement politico-national de la Russie deviendra une chimère : un plan non seulement traître, mais aussi grossier et irréalisable.

8. Mais nous devons malgré tout nous préparer aux actions hostiles et saugrenues des « démembreurs » de la Russie, qui tenteront, dans ce chaos post-bolchévique, de la trahir au nom des principes sacro-saints de « liberté », de « démocratie » et de « fédéralisme ». Ils souhaitent mener les peuples et les tribus russes à leur perte. Au nom de la « prospérité », ils veulent livrer la Russie à ses ennemis : opportunistes et politiciens assoiffés de pouvoir. Nous devons nous y préparer, d’abord parce que la propagande allemande a investi beaucoup d’argent et d’efforts dans le séparatisme ukrainien (et peut-être pas uniquement ukrainien) ; ensuite, parce que la psychose de la « démocratie » et du « fédéralisme » influencent largement les penseurs postrévolutionnaires et des carriéristes politiques ; enfin, parce que les partisans du complot contre l’unité de la Russie ne renonceront à leurs ambitions qu’une fois qu’ils auront totalement échoué.

IV

9. Lorsque les bolchéviques s’effondreront , la machine propagandiste internationale s’efforcera de distiller dans le chaos russe ce slogan : « peuples de l’ancienne Russie, désolidarisez-vous ! ». Deux voies pour l’avenir de la Russie émergeront rapidement. Soit d’une part elle verra l’instauration d’une dictature nationale, qui s’arrogera les « rênes du pouvoir » et balaiera ces slogans pernicieux. La dictature mènera la Russie vers son unification, en mettant un terme à tous les mouvements séparatistes du pays. Soit d’autre part, s’il advenait qu’une telle dictature fût caduque, le pays plongera dans un interminable chaos : émigrations, immigrations, revanchisme, pogroms, paralysie des transports, chômage, faim, froid et anarchie (…).

La Russie, sombrant dans l’anarchie, s’abandonnera alors à ses ennemis nationaux, militaires, politiques et religieux. Débutera un cycle interminable de pogroms et de troubles, ce « Maelstrom du mal » que nous avons évoqué en première partie. Certaines tribus partiront ainsi en quête d’un salut illusoire, qu’elles ne trouveront que dans « l’être-en-soi », c’est-à-dire dans leur division.

Il va sans dire que tous nos « bons voisins » voudront profiter de cet état d’anarchie pour justifier leurs interventions au prétexte de leur « défense », d’une « pacification » ou d’un « rétablissement de l’ordre » (…). Ces « bons voisins » useront de leurs modes d’intervention habituels : menace diplomatique, occupation militaire, détournements de matières premières, appropriation de « concessions », pillage de stocks militaires, mise en place d’un parti unique et corruption de masse, constitution de groupes séparatistes (appelées « armées nationales-fédérales »), mise en place de gouvernements fantoches, incitation et aggravation de conflits civils sur le modèle chinois. La nouvelle Ligue des nations tentera quant à elle d’instaurer un « nouvel ordre », en correspondance constante avec Paris, Berlin ou Bruxelles, via des résolutions visant à la suppression et au démembrement de la Russie Nationale.

Admettons que tous ces efforts pour « la démocratie et la liberté » aboutissent et que la Russie soit démembrée. Qu’est-ce que cela apportera aux peuples de Russie et aux puissances voisines ?

10. D’après les estimations les plus modestes, il y existe près de vingt « États » qui ne possèdent ni territoire propre, ni gouvernement efficient, ni lois, ni cours de justice, ni armée, ni population proprement nationale. Près de vingt noms qui ne recouvrent que du vide. Mais la nature a horreur du vide. Et dans ce trou noir, dans ce tourbillon anarchique, sont aspirés des hommes et toute leurs vices. D’abord, tous les nouveaux aventuriers, en mal de nouvelles révolutions ; ensuite, les mercenaires des Etats voisins ; enfin, les opportunistes étrangers, les condottières [1], les spéculateurs et autres « missionnaires » (lisez, pour vous en convaincre, Boris Godounov, d’Alexandre Pouchkine, ou les textes historiques de Shakespeare). Tout ce chaos, toute cette propagande et cette agitation antirusse, toute cette corruption politique et religieuse seront bien entendu entretenus à dessein.

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Lentement, de nouveaux Etats seront créés ex nihilo ou selon un processus de fédéralisation. Chacun mènera avec son voisin une lutte à mort pour son intégrité territoriale et pour sa population, ce qui implique, pour la Russie, d’incessantes guerres civiles (…).

Ces nouveaux Etats deviendront, quelques années plus tard, ou bien les satellites de puissances voisines, ou bien des colonies étrangères, ou bien encore des « protectorats ». L’incapacité avérée de la population Russe, à se constituer en une fédération politique, ainsi que leur désir historique « d’indépendance », sont insurmontables. Et lorsque les plan de fédération auront été abandonnés, les peuples russes, dans leur désespoir, préféreront se soumettre aux étrangers plutôt que de se battre pour l’unité panrusse.

11. Afin de prendre la mesure de cette longue démence dont souffrirait la Russie, il suffit d’imaginer le destin d’une « Ukraine autonome ». Cet « État » devrait tout d’abord créer une ligne de défense d’Ovroutch à Koursk, puis à Kharkov, Bakhmout et Marioupol. Un front apparaîtrait ainsi entre l’Ukraine et la Russie. L’Ukraine serait soutenue par l’Allemagne et ses alliés ; et dans l’éventualité d’une nouvelle guerre entre l’Allemagne et la Russie, le front allemand s’étendrait d’emblée de Koursk à Moscou, de Kharkov à la Volga, de Bakhmout et Marioupol au Caucase. Cela représenterait une configuration stratégique inédite, où les Allemands disposeraient d’une avance tactique encore jamais vue.

Il est par ailleurs très aisé de deviner comment la Pologne, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis réagiraient à cette nouvelle donne stratégique : il s’empresseraient de reconnaître l’« Ukraine autonome » – ce qui reviendrait, ironiquement, à l’offrir aux Allemands (…).

Peut-être l’Europe occidentale prendrait alors conscience du danger que représente pour elle leur obsession pour le « fédéralisme » et le démembrement de la Russie.

V

12. Compte tenu de ce qui a été dit jusqu’ici, il nous paraît désormais évident que l’intérêt profond des plans de démembrement de la Russie est limité, aussi bien pour la Russie que pour l’ensemble de l’humanité. Certes, tant que l’on se satisfera de verbiages, tant que les théories politiques ne s’appuieront que sur des slogans trompeurs et que l’on ne misera que sur des traîtres à la Russie, tant que les visées impérialistes des voisins se feront discrètes, tant que l’on considérera la Russie comme morte et enterrée, et donc sans défense, son démembrement paraîtra simple et aller de soi. Mais un jour les grandes puissances prendront conscience des répercussions catastrophiques que ce démembrement aura sur eux, car un jour la Russie s’éveillera et leur parlera ; alors toutes les solutions ne deviendront plus que des problèmes, et ce qui paraissait simple jadis deviendra extrêmement complexe.

Bien qu’elle fût l’objet de querelles incessantes, cette Russie en proie aux pillages, personne ne pourra la contrôler. Elle représentera alors un danger aussi immense qu’inacceptable pour l’ensemble de l’humanité. L’économie mondiale, déjà déséquilibrée par la dégradation de la production russe, se verra ainsi frappée de stagnation pour des dizaines d’années.

Le monde, déjà instable, devra relever épreuves sans précédent. Le démembrement de la Russie n’offrira rien aux puissances lointaines, mais renforcera inexorablement les puissances voisines – les impérialistes. Il est difficile d’imaginer une chose plus bénéfique pour l’Allemagne que la proclamation d’une « pseudo-fédération » en Russie : cela reviendrait à « effacer » tous les acquis des deux guerres mondiales, ainsi que de l’entre-deux guerres (1918-1939), et d’offrir à l’Allemagne l’hégémonie mondiale sur un plateau d’argent. L’indépendance de l’Ukraine ne peut être qu’une passerelle vers cette hégémonie allemande (…).

Les ennemis de la Russie démontrent leur frivolité et leur bêtise en voulant introduire les tribus russes au principe – déconcertant – du démembrement. Cette idée fut déjà proposée par les puissances européennes au Congrès de Versailles (1918). Elle fut acceptée et appliquée.

Et puis qu’advint-il ?

En Europe, un certain nombre de petits Etats apparurent, devant assurer, bien que faibles, leur propre défense : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie ; la Pologne, vaste mais inconséquente ; la Tchécoslovaquie, stratégiquement insignifiante, friable et divisée dans ses propres frontières ; l’Autriche, petite et désarmée ; la Hongrie, réduite, affaiblie et dépouillée ; jusqu’à la Roumanie, ridiculement boursouflée [2],  mais dénuée de toute valeur stratégique réelle – et tout cela aux portes de l’Allemagne qui, désavouée, rêvait de revanche. Trente ans se sont écoulés depuis, et lorsque nous regardons le cours des évènements, nous sommes forcés de nous demander si les politiciens de Versailles ne cherchaient pas à transformer ces Etats en une proie facile pour l’Allemagne belliqueuse – de Narva à Varna, et de Bregenz à Baranavitchy. Car ce sont bien eux qui, après tout, ont fait de ces régions européennes une sorte de « jardin d’enfants », tout en laissant à ces petits « chaperons rouges » le soin de se défendre eux-mêmes, face au loup affamé et en colère… Étaient-ils naïfs au point de croire qu’une « gouvernante » française pourrait châtrer le loup ? Ou alors ils ont sous-estimé l’énergie vitale et les fières intentions allemandes ? Peut-être encore pensaient-ils que la Russie aurait encore l’intention de rétablir l’équilibre dans la balance européenne, certains que l’Etat soviétique représentait encore la Russie ? Qu’importe la question, elle est absurde…

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Il est désormais difficile de savoir ce à quoi pouvaient bien penser ces messieurs, ou plutôt ce à quoi ils n’ont pas pensé. La seule évidence, c’est que le démembrement de l’Europe, désormais partagée par les impérialistes allemands et soviétiques, est le fruit de leur bêtise, probablement la plus grande du vingtième siècle. Malheureusement, cette leçon ne leur a rien appris vis-à-vis du principe de démembrement, projet qui fut exhumé aussitôt achevée la guerre.

Pour nous, le fait que les politiciens européens aient commencé à parler au même moment d’union pan-européenne et de démembrement de la Grande Russie, est très symptomatique ! Nous subissons cette cacophonie depuis déjà longtemps. Dans les années 1920, les éminents socialistes révolutionnaires se gargarisaient en public de leur prouesse : éviter d’employer le nom « Russie » et lui préférer cette locution, pour le moins évocatrice : « les pays situés à l’Est de la ligne Curzon ». Cette terminologie d’apparence prometteuse, en réalité scélérate, nous ne l’avons jamais oubliée, et en en avons tiré les conclusions appropriées : le monde des intrigues souhaite, en coulisses, enterrer la Russie nationale et unie.

Mais cela n’est ni avisé, ni clairvoyant. Tout ceci ne procède que d’une haine et d’une hystérie séculaires. La Russie, ce n’est pas de la poussière humaine, ni un chaos. C’est avant tout une grande nation, qui n’a pas abdiqué sa force, ni renoncé à sa vocation. Ce peuple russe avait faim « d’ordre libre » (« свободный порядок »), de labeur tranquille, de prospérité et de culture nationale. Ne l’enterrez pas prématurément !

Car un jour viendra, où ce peuple s’extirpera de la fosse spirituelle où on l’a jeté, et réclamera ses droits !


[1] Désigne un chef de mercenaires italien qui, au Moyen-Âge, louait ses services de guerre à un prince, à une république, et parfois se saisissait du pouvoir dans une cité conquise ; mais aussi, un homme qui conduit ses entreprises d’une manière conquérante.

[2] La région de Transylvanie, jadis intégrée à l’Empire austro-hongrois, a été rattachée à la Roumanie à l’issue du traité de Trianon de 1920.

Julius Evola dans la guerre et au-delà...

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Julius Evola dans la guerre et au-delà...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Les éditions Akribéia viennent de publier un essai de Gianfranco de Turris intitulé Julius Evola dans la guerre et au-delà 1943-1951. Journaliste et intellectuel italien, Gianfranco de Turris est un spécialiste de l’œuvre d'Evola, et également de celle de Tolkien.

742058157.jpg" Malgré les nombreuses études qui lui ont été consacrées, une période cruciale de la vie de Julius Evola restait encore dans l’ombre, d’autant plus que l’intéressé, discret jusqu’à la réticence au sujet de lui-même, en avait très peu parlé : les années 1943-1951, qui furent celles de l’attitude à adopter face à la grande crise du régime fasciste et à la fondation de la République sociale italienne (rsi), puis de l’accident survenu à Vienne début 1945 qui le laissa paralysé des membres inférieurs, du véritable « chemin de croix » médical qui suivit entre l’Autriche, la Hongrie et l’Italie, enfin du retour définitif à Rome au printemps de 1951.

Avec une passion de la vérité et de la précision qui force l’admiration, l’auteur fait défiler, sur un rythme qui évoque souvent celui du roman policier, rencontres, personnages et initiatives. Qu’il s’agisse de la présence d’Evola au quartier général de Hitler aussitôt après la libération de Mussolini, de sa collaboration avec le sd, de sa fuite rocambolesque de Rome le 4 juin 1944 pour échapper aux services secrets américains, de ses liens étroits, à Vienne, avec le philosophe Othmar Spann et son cercle, du projet d’écrire un grand ouvrage antimaçonnique, des conditions exactes du bombardement dont il sortit victime –, les pages remplies d’informations souvent inédites se succèdent pour réduire à néant toutes les « légendes urbaines » accumulées au fil des ans autour d’un personnage très controversé.

Peu à peu émergent la figure d’un homme étonnamment actif, d’abord désireux de rassembler les forces éparses du conservatisme aristocratique en un réseau secret paneuropéen, puis, après son accident, celle d’un « guerrier immobile » dont l’enseignement va influencer durablement plusieurs générations de néofascistes habités par l’idée d’une Droite traditionnelle d’orientation « gibeline ».

Un livre strictement indispensable à quiconque entend accéder à une connaissance authentique de l’homme Evola et de son œuvre. "

Wilhelm Heinrich Riehl: A Völkish Visionary

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Wilhelm Heinrich Riehl:

A Völkish Visionary

Ex: https://phosphorussite.wordpress.com 

Wilhelm Heinrich Riehl (6 May 1823 – 16 November 1897) was a German journalist, novelist and folklorist.

Riehl was born in Biebrich in the Duchy of Nassau and died in Munich.
Riehl’s writings became normative for a large body of Volkish thought. He constructed a more completely integrated Volkish view of man and society as they related to nature, history, and landscape. He was the writer of the famous ‘Land und Leute’ (Places and People), written in 1857-63, which discussed the organic nature of a Volk which he claimed could only be attained if it fused with the native landscape.

“Personally Riehl applied the bulk of his labors to the two contiguous fields of Folklore and Art History. Folklore (Volkskunde) is here taken in his own definition, namely, as the science which uncovers the recondite causal relations between all perceptible manifestations of a nation’s life and its physical and historical environment. Riehl never lost sight, in any of his distinctions, of that inalienable affinity between land and people; the solidarity of a nation, its very right of existing as a political entity, he derived from homogeneity as to origin, language, custom, habitat.”

Otto Heller – The German Classics of the Nineteenth and Twentieth Centuries

“Riehl’s writings became normative for a large body of Volkish thought…he constructed a more completely integrated Volkish view of man and society as they related to nature, history, and landscape….in his famous Land und Leute (Land and People), written in 1857-63,” which “discussed the organic nature of a Volk which he claimed could only be attained if it fused with the native landscape….Riehl rejected all artificiality and defined modernity as a nature contrived by man and thus devoid of that genuineness to which living nature alone gives meaning…Riehl pointed to the newly developing urban centers as the cause of social unrest and the democratic upsurge of 1848 in Hessia”….for many “subsequent Volkish thinkers, only nature was genuine.”

“Riehl desired a hierarchical society that patterned after the medieval estates. In Die bürgerliche Gesellschaft(Bourgeois Society) he accused those of Capitalist interest of “disturbing ancient customs and thus destroying the historicity of the Volk.”

George Mosse

“We must save the sacred forest, not only so that our ovens do not become cold in winter, but also so that the pulse of life of the people continues to beat warm and joyfully, so that Germany remains German.”

“In the contrast between the forest and the field is manifest the most simple and natural preparatory stage of the multiformity and variety of German social life, that richness of peculiar national characteristics in which lies concealed the tenacious rejuvenating power of our nation.”

“In our woodland villages—and whoever has wandered through the German mountains knows that there are still many genuine woodland villages in the German Fatherland—the remains of primitive civilization are still preserved to our national life, not only in their shadiness but also in their fresh and natural splendor. Not only the woodland, but likewise the sand dunes, the moors, the heath, the tracts of rock and glacier, all wildernesses and desert wastes, are a necessary supplement to the cultivated field lands. Let us rejoice that there is still so much wilderness left in Germany. In order for a nation to develop its power it must embrace at the same time the most varied phases of evolution. A nation over-refined by culture and satiated with prosperity is a dead nation, for whom nothing remains but, like Sardanapalus, to burn itself up together with all its magnificence. The blasé city man, the fat farmer of the rich corn-land, may be the men of the present; but the poverty-stricken peasant of the moors, the rough, hardy peasant of the forests, the lonely, self-reliant Alpine shepherd, full of legends and songs—these are the men of the future. Civil society is founded on the doctrine of the natural inequality of mankind. Indeed, in this inequality of talents and of callings is rooted the highest glory of society, for it is the source of its inexhaustible vital energy.”

Wilhelm Heinrich Riehl – Field and Forest

mercredi, 28 novembre 2018

Louis-Ferdinand CÉLINE et le Danemark (2008)

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Louis-Ferdinand CÉLINE et le Danemark (2008)

 
 
Émission "Libre Journal de la résistance française" diffusée sur Radio Courtoisie le 22 octobre 2008.
Emmanuel RATIER recevait David ALLIOT, François MARCHETTI, co-auteurs de "Céline au Danemark, 1945-1951" (https://amzn.to/2P2gfKw) et Marc LAUDELOUT. SUR LE SUJET : -
 
 

Bullshit jobs (David Graeber)

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Bullshit jobs (David Graeber)

 
Une note de lecture sur l'ouvrage consacré par un anthropologue américain à la question des boulots inutiles qui prolifèrent dans notre économie tertiarisée https://www.amazon.fr/Bullshit-Jobs-D...
 
L'ouvrage : 00:15
L'auteur : 00:30
La démarche: 02:00
Constat : 05:15
Typologie et mise en perspective : 13:15
Vision du monde et interprétation : 28:45
Aperçu historique : 43:45
Quelle solution ? : 54:0
Annonce prochaine vidéo: 59:00
 

mardi, 27 novembre 2018

Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

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Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

par Tom Luongo

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Tom Luongo développe un plan qui, selon lui, devrait être celui de Salvini en Italie, s’il ne l’est déjà. L’enchaînement essentiel des causes est 1) que Salvini a une pensée-longue qui va dans le sens de ce plan ; 2) que son parti ne cesse de monter dans les sondages, où il se trouve désormais n°1 incontestable avec une perspective proche des 40% des intentions de vote ; et 3) que par conséquent Salvini, de concert avec les électeurs italiens mobilisés dans ce sens, doit mener ce plan à son terme. Ce “plan”, qui pourrait être un “plan-B” si la Commission refusait le budget italien, mais qui tendrait de plus en plus à devenir un “plan-A“, sinon “le plan” tout court, avait déjà été évoqué dans son principe par Jacques Sapir.

Luongo estime que Salvini doit saborder le gouvernement italien, obtenir de nouvelles élections où la Liga arriverait aisément en tête, quasiment proche de la majorité absolue, et engagerait la bataille finale contre Bruxelles pour la sortie de l’Italie de l’euro, et plus si nécessaire, – tout en s’inspirant de la “Dame de Plâtre” (Theresa May) pour faire exactement le contraire de son Brexit et obtenir un Italexit convenable.

Cette formidable montée de Salvini et de sa Liga, avec en plus les élections européennes dans le viseur et un PE qui pourrait devenir un terrible “ennemi intérieur” au sein de l’UE, se fait au moment où toutes les tensions se manifestent en Europe. La pensée courte nomme cela “populisme”, ce qui permet de nombreux “éléments de langage” aux esprits paresseux pour vomir quelques insultes politiquement correctes, alors qu’il s’agit d’une émeute collective de type antiSystème, animée par une dynamique collective particulièrement impressionnante qui laisse à penser sur le sens et le processus même de création de cet étrange-événement (un de plus et toujours le même).

La chance de Salvini, c’est que les trois “grands” européens sont à la dérive, et pour un certain temps, et dans un climat des plus grandes incertitudes...

• Au Royaume-Uni, l’étonnante “Dame de Plâtre” réussit à mettre le Royaume-Uni dans une situation pire que celle qu’il avait lorsqu’il était membre de l’UE. Sans doute s’agit-il de prouver aux citoyens britanniques qu’ils ont eu tort de voter en faveur du retrait de l’Europe, laquelle Europe semble pousser les élites et directions des pays européennes, toutes sous la bienheureuse influence du Système, à mettre toutes leurs intelligences considérables au service des politiques les plus stupides qui soient pour tous les acteurs-Système si l’on considère le résultat final probable.

• En Allemagne, c’est Merkel qui lutte pour retenir sa place dans l’Histoire, unanimement détestée, y compris dans son parti auquel elle a dû concéder la promesse de son départ avec les prochaines élections à l’issue desquelles elle aura peut-être réussi à suffisamment affaiblir ce parti pour permettre aux autres de trouver une combinaison de gouvernement sans lui. Merkel peut d’ores et déjà être désignée comme la plus fidèle exécutrice de la transformation de l’UE en une machine autodestructrice, insupportable aux peuples qu’elle prétend réunir ; elle a établi une fausse puissance de l’Allemagne, économiquement plus forte que jamais, politiquement plus éclatée qu’elle ne fut jamais et quasi-ingouvernable, stratégiquement gisant comme un pays véritablement “occupé” et privé de toute souveraineté, bien plus encore qu’au temps de la Guerre froide, par des États-Unis eux-mêmes en crise profonde.

• La France, on en a beaucoup parlé, parce que ce président, qui met toute sa prodigieuse intelligence au service des ambitions les plus stupides, a réussi à déclencher dans ce pays anesthésié par 20-30 ans de transformation de sa posture politico-culturelle en une parodie culturelle-sociétale, une émeute générale du type-jacquerie, incontrôlable, idéale pour susciter de puissants courants populistes, etc. Macron semble presque douée d’instinct divin subverti en diabolique pour, même dans les plus courtes déclarations possibles, jeter sur l’incendie qu’il veut éteindre à tout prix quelques gallons d’essence à très haut octane et au prix augmenté de taxes diverses... Comme ce matin à Bruxelles où il parvient à glisser, pour apaiser les choses, qu’il y a en France ceux qui s’adaptent à la mondialisation (dites plutôt globalization/globalisation, monsieur le président-si-parfaitement-anglophone) et ceux qui sont quelque chose comme “inaptes au progrès”, – donc, comprend-on, bons à jeter avec leurs gilets-jaunes dégueulasses. Le chemin dialectique de Macron est extraordinaire et tient du Disneyland pour attardés mentaux : accroché à la planche-pourrie Merkel, il exhorte et ordonne aux Français de s’adapter à une globalisation qui s’effondre partout, et notamment dans de nombreux pays d’Europe et surtout aux États-Unis.

On comprend alors que cette UE qui est en train de perdre tous ses dirigeants-Système et qui est conduite par une bureaucratie bruxelloise absolument aveugle tend à devenir à une très grande vitesse du pain béni pour un politicien aussi enragé et habile sinon machiavélique à la fois qu’est Salvini. Entre les naufrages des trois grands dont l’un offre les germes d’une jacquerie européenne, l’aveuglement bruxellois, les prochaines élections européennes, les coups de boutoir des américanistes-trumpistes qui se font dans ce cas les alliés objectifs des populistes, se forme ce que l’on nomme dans la langue anglo-américaine “a perfect storm” anti-UE dont Salvini devrait pouvoir profiter.

Salvini, mais aussi le gouvernement italien dans son entier avec les M5S, ont réussi l’opération majeure pour les populistes venant au pouvoir qui est de poursuivre une politique et une stratégie antiSystème après être entrés au cœur et à la direction de l’institution-Système qu’est le gouvernement. Ils l’ont fait en modifiant leur position naturelle, ce qui les exonère de toute responsabilité fondamentale pour leur parcours national (raison pour laquelle Salvini ne cesse de gagner en popularité depuis qu’il est au gouvernement) : au lieu de s’installer comme seulement victorieux au plan national et de se trouver devant le principal obstacle de mettre leur politique à l’épreuve des faits et du pouvoir, ils se sont placés au niveau européen de façon à affronter un nouvel adversaire (Bruxelles-UE), représentant bien mieux le Système que le gouvernement de l’Italie, et donc ainsi de conserver une posture antiSystème en passant de la référence nationale à la référence européenne.

Voici donc ci-dessous l’article de Tom Luongo, – en fait la première partie, qui concerne essentiellement Salvini, la deuxième partie étant consacrée aux risques que fait courir à la puissance de Wall Street qu’est Goldman-Sachs (dont le directeur de la BCE Mario Draghi fut l’honnête représentant en Europe, et en reste évidemment l’obligé) les possibles/probables déboires de l’euro. Le texte a paru sur le site de Luongo, Goats, Gold’n Guns, le 24 novembre 2018.
dedefensa.org

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Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

Le Vice-Premier Ministre italien Matteo Salvini vient de se déclarer leader de l’avenir de l’Europe. Il refuse de bouger d’un pouce dans les négociations avec l’Union européenne sur le budget de l’Italie et il menace maintenant de renverser le gouvernement. En disant implicitement cela, il ne parle pas seulement pour les Italiens, il parle pour cette partie croissante de la population européenne qui voit en quoi l’UE est en train de se transformer et recule devant l’horreur de la chose.

Capture d%u2019écran 2018-09-26 à 11.34.15.pngLes protestations contre la nouvelle taxe sur le diesel dans la France d’Emmanuel Macron sont devenues violentes. Les dirigeants britanniques ont complètement trahi leur peuple dans leurs négociations sur le Brexit. Ils gagneront peut-être cette bataille mais l’animosité du peuple à leur encontre ne fera que se renforcer avec le temps.

Alors que les dirigeants en France et en Allemagne perdent en popularité et ne restent en place que grâce aux querelles politiques internes, Merkel et Macron ne cessent de durcir leur rhétorique contre le nationalisme en plein essor que représente Salvini. Les deux s'emploient à promouvoir leur fédération européenne avant de quitter la scène du pouvoir, dans les prochaines années au mieux. S'ils perdent leur combat contre Salvini et le Hongrois Viktor Orban, ils risquent de devoir quitter leurs fonctions à la force des piques et des torches des violences de la rue.

Bernard Connelly, auteur du livre brillant The Rotten Heart of Europe (à lire absolument) pose la question essentielle du Brexit à laquelle aucune personne associée au Projet Fear ne tient à être confrontée. Si la séparation de l'UE est si compliquée, pourquoi personne ne parlait-il de blocus et de catastrophe économique avant le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en 2014 ? La réponse est simple : personne au pouvoir ne s’attendait à ce que le référendum donne une réponse positive et la question n’a donc pas été considérée.

Maintenant, revenons à l’Italie. Salvini peut agiter sa menace audacieuse de faire tomber le gouvernement parce que son parti de la Legacontinue de monter dans les sondages chaque fois qu’il le fait.

Extrait de Zerohedge.com :

« ...Depuis lors, Salvini a continué de distancer Luigi Di Maio, l’autre vice-Premier ministre du pays, en tant que symbole politique et public de l’opposition farouche à l’UE. La Ligade Salvini a atteint 36,2% des intentions de vote en novembre, ce qui fait le quatrième sondage consécutif montrant une augmentation, selon une enquête Ipsos du journal Corriere della Sera. Le Movimento 5-Stelle (M5S), qui s’était imposé comme le premier parti lors des élections générales de mars, a chuté à 27,7% ce mois-ci, contre 28,7% en octobre. »

Cette situation place Salvini exactement où il veut être, aux commandes, orchestrant le spectacle de l’attaque contre Bruxelles dans le cadre de l’avenir de l’Italie. Mais il ne joue plus seulement pour l’avenir de l’Italie. Il sait que l’Italie est désormais le porte-drapeau de la résistance face à la tension particulièrement odieuse de la technocratie européenne.

Salvini a discrètement mis de côté la question de Italeave(Italexit) lors de la campagne des élections de mars parce que c'était de bonne politique. Une fois enfonction, lui et Luigi Di Maio, son partenaire du M5S, se sont engagés à fond dans un paquet de mesures économiques qui à la fois rencontrent une promesse de campagne et constituent un doigt d’honneur à l’intention de Merkel. De plus, Salvini a annoncé avec Orban le développement d’une “Ligue des Ligues” pour prendre d'assaut la Bastille du Parlement européen aux élections de mai 2019.

Plus il agit dans ce sens, plus il devient populaire.

Plus important encore, plus Di Maio et lui renforcent à leurs engagements, plus les Italiens voient Bruxelles comme l’ennemi de leur avenir. Et ne vous y trompez pas, ils suivent de près la façon dont Theresa May la “Dame de Plâtre” accouche d’un Brexit de cauchemar pour les Britanniques et par conséquent comment il faut procéder, – au contraire de May, – pour faire face avec efficacité à la terrible “incertitude” de la rupture avec l’UE.

La menace de Salvini de renverser le gouvernement dont il est actuellement le chef de file, c’est une déclaration de guerre contre Bruxelles et le reste de la classe politique italienne qui tenterait de s’opposer à lui dans les négociations sur le budget et la dette. La Legaest actuellement le partenaire junior dans le gouvernement italien. Des élections anticipées pourraient facilement la voir dépasser les 40% et obtenir un mandat populaire quasiment imbattable pour soutenir son approche conflictuelle de Bruxelles, tout en forçant ses partenaires 5-Etoiles de la coalition à le suivre.

Il s’agit là d’une tentative d’un coup politique majeur pour Salvini. En cas de succès, il deviendra le pôle d’attraction des eurosceptiques dans tous les pays européens qui leur permettra de rompre avec le “merkelisme” et la consolidation du pouvoir autour de l’Allemagne au sein de l’UE.

Les problèmes d’endettement de l’Italie ne peuvent être résolus dans l’euro. Salvini comprend cela. Le plus gros obstacle à ses projets est le peuple italien lui-même. Salvini doit faire comprendre aux Italiens que les charges et les difficultés à court terme d’une sortie de l’euro sont facilement justifiées par les avantages à long terme.

J’ignore si Salvini a expliqué, et suffisamment expliqué, cette manœuvre mais c’est absolument ce qu’il devra faire. C’est, dans l’esprit et selon n’importe quel composant (euro ou pas euro) la sorte de manœuvre que Theresa May a refusée, et c’est pourquoi elle a engagé des négociations sur le Brexit qui ont produit un accord bien pire que la situation dont la Grande-Bretagne disposait en tant que membre à part entière de l’UE.

Tom Luongo
Source

 

History through the Traditionalist Lens: Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

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History through the Traditionalist Lens:
Alexander Wolfheze’s The Sunset of Tradition & the Origin of The Great War

Alexander Wolfheze
The Sunset of Tradition and The Great War [2]
Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars, 2018
£67.99 (sale price £33.99 until December 1 [3])

Of the major (and even several of the minor) European languages, the Traditionalist school of philosophy – that articulated by René Guénon and Julius Evola and their offshoots – was a latecomer in the Anglophone world. After the better part of a century of near-total obscurity, it was only thanks to the hard work of publishers such as Sophia Perennis, Inner Traditions, and World Wisdom (not to mention Counter-Currents!) that most of the writings of the Traditionalist school finally appeared in English and became known – in certain circles, at least – in recent decades.

While this has been a major step forward, there is still a dearth of original, secondary works pertaining to the Traditionalist perspective in English. And most of what has been produced in English has focused exclusively on esotericism (particularly of the Islamic variety). What has been conspicuously absent have been works dealing with history, social issues, and politics from a Traditionalist point of view.

AW-title.jpgIt’s not difficult to understand why, however, given that for a long time, Traditionalists have been operating under the guise of being purely concerned with religion and mysticism, remaining silent about the fact that Traditionalism in its complete form is one of the most – if not the most – reactionary current of thought that exists in the postmodern world. This is of course a consequence of the fact that most Traditionalist thinkers today have opted for the safety of academic careers (something which Evola noted already in the 1950s and for which he expressed his contempt), and thus want to avoid being called fascists. Their cover has been somewhat blown, however, as a result of Steve Bannon’s claim that Guénon was a crucial influence on him, which has in turn led to some superficial and ill-informed propaganda from journalists using Traditionalism as a branding iron with which to mark both Bannon and Trump (by association) as fascists, by bringing attention to the connection between Evola and Guénon. (And Evola had the audacity to call himself a “superfascist,” so by the logic of the average half-witted journalist of today, that makes Bannon and Trump really fascist!) It remains to be seen what the long-term consequences of this will be in terms of Traditionalism’s reception in the mainstream, although I’ve noticed that it’s become harder to find Evola and Guénon’s books on bookstore shelves these days. It may have the beneficial effect of forcing Traditionalists out of the realm of pure scholasticism and into putting their beliefs into practice, if academia ultimately becomes a hostile environment for them – which it inevitably will, if present trends continue. Time will tell.

Alexander Wolfheze is thus to be commended for defying this trend and producing a work which openly declares the anti-modern and anti-liberal spirit of Traditionalism and applies it to the temporal world, rather than focusing on esotericism alone. The Sunset of Tradition and the Origin of The Great War, fortunately, takes a large step towards rectifying the lack of original Traditionalist literature in English, being essentially a Traditionalist historiography – or, according to the author, only the start of a multi-volume Traditionalist historiography – of the birth of the postmodern world. According to the biography included in the book, Dr. Wolfheze is a Dutch scholar who specializes in Assyriology, cultural anthropology, pre-modern epistemology, and (naturally) Traditionalism, and he has previously published studies on Near Eastern cultural history. He is also active with the Dutch Right-wing metapolitical organization, Erkenbrand [4], so clearly, unlike most Traditionalist scholars, Dr. Wolfheze is not content to merely sit on the sidelines while his civilization is destroyed, justifying it by whining about “muh Kali Yuga.” While many Rightists pay lip service to Traditionalism without actually knowing much about it, Dr. Wolfheze seems to be one who is bridging that divide.

The book’s Preface is titled “Childhood’s End,” and in it Dr. Wolfheze briefly discusses the Arthur C. Clarke science fiction novel of the same name as being symptomatic of the post-war (in this case meaning the Second World War) mentality: namely, that the rapid and dramatic progression of science and technology are leading us towards an apocalypse that we cannot yet identify, but which still fills us with a sense of dread. (Spoilers ahead; if you haven’t yet read the book but think that you might, skip to the next paragraph.) In that book, a near-future humanity is visited by an extraterrestrial civilization which helps to solve all of humanity’s problems, bringing about Utopia. The problem, as humanity soon learns, is that it turns out that it was the struggle to deal with those problems that gave their lives meaning, and having everything handed to them eventually leads to stagnation. It turns out that all of human history was merely a process leading us towards humanity’s real end, for which the aliens have come to act as midwives: evolving into a species of plain, anonymous children, all identical and part of a collective with no more distinguishing features than ants, but endowed with what we would consider to be superpowers. Ultimately, these children combine their forces and transform themselves into a non-corporeal being, destroying the Earth in the process and incidentally all of those unevolved humans such as ourselves – those who haven’t already committed suicide, that is.

As an allegory of the modern world, the parallels to the Right-wing and Traditionalist view of the modern world is clear, even if Traditionalists would deny that “progress” is leading us towards anything higher, collectively or otherwise. We, too, are fighting against the transformation of the world into a giant supermarket, where everyone is identical and meaning is to be found solely through the acquisition of material possessions.

Dr. Wolfheze does not seem to be an “orthodox” Traditionalist, in the sense that he is not nearly as pessimistic as many other Traditionalists have been about the predicament of the modern world, seeing potential amidst the devastation that is currently being wrought upon the traditional foundations of civilization:

In the second decade of the 21st Century it is clear, even to the most simple-minded and retired-living individuals, that mankind’s global natural and social habitat is changing beyond recognition – and that this change is taking place at breath-taking speed. Accordingly, culture and knowledge are being transformed at the same speed – and with it mankind’s experience of its history. Thus, a new form of audience for a new form of history is being created by sheer force of circumstances. It is this new audience, as yet un-defined and un-determined, that is addressed by this present work.

But one thing about this new audience is certain: it will not include the old audience. The old audience will cling to its complementary comforts of infotainment consumption and academic snobbery, but it will also be left behind because it is existentially unable to match the impudent curiosity and steel nerves required of the new audience. The old audience can only reject, up front and out of hand, the new realities and new concepts that will inevitably invalidate its own decades-long experience of educational indoctrination, media propaganda and political correctness – an experience that is approaching the ne plus ultra of Modernity. About the old audience little remains to be said.

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This is a welcome development in Traditionalism, since it is surely the dark and pessimistic view of our era common to the scholastic Traditionalists, which in turn lends itself to apathy, that has led to Traditionalism being so marginalized among those who prefer to do more than just detach from the world around them. Dr. Wolfheze – much like the present reviewer – prefers to see what can be made of the postmodern world, even given the chance that it might all end up being futile, to just throwing up one’s hands and saying, “It’s hopeless.” For Dr. Wolfheze, the end of the Traditional world should not be seen as a cause for mourning, but rather the mark of a need for a new maturity, a desire to be a “man among the ruins,” to use Evola’s phrase, not by denying the world as it is, but by attempting to understand how it got there, and in so doing learning to stand for values that transcend it. Childhood’s end in this book thus means not “going gentle into that good night” by accepting our fate, but rather of discovering a form of maturity that gives us the power to be in this world, but not of it.

Nevertheless, I did find myself somewhat balking at the author’s own statement of purpose, which he gives as follows: “This present work, Sunset, will provide the young people of the world a tool to work towards childhood’s end.” A dense book on philosophy and metaphysics – 450 pages in length including the endnotes, with small type – might seem an odd way to attempt to appeal to young people in an age which, by the author’s own admission, the printed book has less appeal to the young than ever before; nonetheless, it is clear that Dr. Wolfheze wishes to address himself to the more capable elite among the youth, those who can straddle both the worlds of the past and the one just coming in to being, rather than attempting to reach a mass audience. And indeed, this book, while extremely interesting, is certainly not for everyone – but then Traditionalism has always been an elitist doctrine. And I myself have always been firmly convinced that there will always be things that only books can accomplish, even in the age of social media.

Dr. Wolfheze divides his critique of modernity in terms of Ten Key Concepts, which he identifies as Modernity (which he associates with “meta-history” in terms of cultural-historical perspective), the Dark Age (metaphysics), Apocalypse (religion), Materialism (philosophy), Ecocide (economics), Regression (sociology), Narcissism (psychology), Decadence (art), Anomy (domestic politics), and Imperialism (international politics). Each of these gets a chapter describing the way in which each thread developed towards and produced the Great War, and the world that came after it, in detail. The scope of the book actually goes far beyond the Great War, which the author sees as a pivotal event which witnessed the final end of the long-decaying world of Tradition that had been sustained by the ancient monarchies and empires that were swept away in the deluge, setting the stage for the coming of our own, rootless world. But the author also explores the trends which culminated and burst forth in the Great War, as well as their implications for the world since, and thus his analysis runs far afield from merely the War itself.

Engagement with history has always been a weak point in Traditionalism; the Traditionalist authors will make occasional reference to certain historical events as being indicative of the metaphysical trends they see at work in the world, but to my knowledge there has never before been a sustained analysis of modern history from a sacred, Traditional perspective, which has always seemed to me to be a major flaw in their work since it neglects to show how the forces which have produced the modern world have been at work in material and tangible ways. Dr. Wolfheze’s book thus takes Traditionalist thought in a new and welcome direction in this regard, citing very specific events that can be identified and examined, which led to the transition from the sacred world of Tradition and into the secular world of modernity. In his Postscript, Dr. Wolfheze tells us that The Sunset of Tradition – all 450 pages of it – is but a prologue to a series of books he is writing to offer “a Traditionalist history of the entire Great War,” although he also makes it clear that he regards it as a work that can be viewed as a standalone work. Given the value of this first book, it is to be hoped that he perseveres in this effort.

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I intend to write a more in-depth review of The Sunset of Tradition at a later time – my primary purpose in writing this brief announcement is to make readers aware of the book, and of the special price for which it is temporarily being offered, given its hefty cover price ordinarily. The book’s publisher, Cambridge Scholars, is offering the book at a half-price discount until December 1 as part of a commemoration of the Armistice, and information on how to get it can be found on their Website [3]. For those who have found the Traditionalist perspective appealing, but who have longed for a more robust form of it which engages with real-world problems in a clear manner, this book is an important first step in this direction – and is thus for you.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/11/history-through-the-traditionalist-lens/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/11/11-25-18-1.jpeg

[2] The Sunset of Tradition and The Great War: https://www.cambridgescholars.com/the-sunset-of-tradition-and-the-origin-of-the-great-war

[3] sale price £33.99 until December 1: https://www.cambridgescholars.com/the-centenary-of-armistice-cambridge-scholars-publishing

[4] Erkenbrand: https://www.erkenbrand.eu/nl/

Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

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Désordre et Géopolitique : "Lorraine engagée" reçoit Jean-Michel Vernochet

La Caballería Espiritual de Carlos X. Blanco

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La Caballería Espiritual de Carlos X. Blanco

Extraídas del prefacio del nuevo libro de Carlos X. Blanco, La Caballería Espiritual, [Editorial EAS, 2018], ofrecemos en exclusiva al lector de La Tribuna del País Vasco unas líneas de dicho ensayo de Psicología Profunda. En un lenguaje claro y asequible Carlos X. Blanco ofrece pautas de crecimiento personal, auto-superación y análisis de la vida humana sin caer en los habituales tópicos de los manuales de auto-ayuda hoy tan en boca. Inspirado en la psicología de Carl Gustav Jung y en la filosofía tradicional, éste texto invitará a reflexionar sobre los misterios de la psique humana y las incertidumbres del decadente mundo moderno.

A ti te están reservadas estas páginas de La Caballería espiritual. Se han escrito con amor y delicadeza. Para posarte sobre ellas debes guardar una actitud calmada y paciente. De momento no es mucho lo que te pido. Te supongo un lector moderno y con problemas. Casi todos somos así, personas “de nuestro mundo” y nunca libres del todo de esos “problemas”. Grandes o pequeños, los problemas están ahí. A veces crees que te va a aniquilar ese cúmulo de dificultades y, sin embargo, si pudieses leer la mente de tus semejantes muy pronto llegarías a la firme conclusión de que tus tropiezos son también normales, y que forman parte de la lógica del universo. No vas a encontrar aquí un manual de “auto-ayuda”. Se debe ayudar al desvalido, pero tú no tienes por qué serlo. La verdadera medicina para la lógica defectuosa que estropea tu vida parte de una idea muy simple. Eres un ser sano. No hacen faltan medicinas para la lógica de tu vida, ni para la del universo. Lo único que debes hacer es crecer.

Por supuesto, cuando el cuerpo está dolido es preciso tomarse una pastilla, acudir al doctor. Si el dolor afecta al alma, la cosa se complica. Tu alma puede verse alterada por disfunciones del sistema nervioso, por el estrés social del medio que te rodea. Hay factores congénitos y experiencias negativas que se pueden tener en cuenta para el alivio de una dolencia, para la sanación de aquello que funciona mal, en suma, para cuanto forma parte de lo que en medicina y psicología llamamos enfermedad. Acude al especialista, cuando en esa categoría te sientas incluido, la categoría del enfermo.

Pero tanto si estás enfermo (¿y quién no lo está, en algún grado?) como si no, es de todo punto esencial que te hagas una pregunta. ¿Has pensado alguna vez en el crecimiento? ¿Has enumerado en algún momento los factores que recortan tu vida, que te menguan como ser íntegro y pleno? Si lo has intentado alguna vez, ya te hallas a un paso del comienzo. La carrera del crecimiento.

carlos.pngPero, ¿en qué consiste semejante cosa? ¿Crecer? Tú ves que tus hijos crecen, física y mentalmente. Eso es lo normal, la lógica de la vida siempre incluye una dinámica del crecimiento. No confundas crecimiento con aumento del tamaño. Este aspecto físico y espacial tan solo es una manifestación externa de las cosas, que con toda lógica y bajo fines que se nos escaparán siempre, constituyen la vida y el universo. Pero en tus hijos, o si no los tienes, en los niños en general, se observa que desde su etapa de simples células, desde su estado embrionario, como bebés o como mozalbetes, en ellos acontece un sinfín de variaciones en su cuerpo y en su alma. Se transforman drásticamente antes de que tú, como observador externo, te llegues a dar cuenta de tales cambios continuos. La cantidad se transforma en cualidad. Crecer es cambiar en cualidad, regenerarse bajo la forma de un ser nuevo. Crecer es tomar el camino de la mutación, ser más amplio, mutación de uno mismo en nuevas especies y nuevos géneros. Mutación desde uno mismo, para uno mismo.

Si quieres crecer, leerás con paciencia estas páginas. No necesito de ti una adscripción religiosa ni política. Puedes tener un Dios, muchos, ninguno. Puedes ser conservador, liberal, marxista, ácrata. Solo preciso de mis lectores una especie de anhelo, un afán por crecer en todas las direcciones, en un sentido ampliativo.

No hace falta que te explique en qué clase de mundo vivimos. Tú, mi lector, creo que eres ese ser humano normal y corriente, que vive envuelto en un sinfín de prisas, agobios, compromisos. ¡Qué mundo! Apenas ese mundo nos deja unos minutos para el encuentro del yo consigo mismo. No hay ratos para ti, instantes en los que hacer las paces con el pasado, ordenar tu caos cotidiano, proyectar un futuro feliz y razonable. El reloj parece tu tirano, pero el reloj carece de culpa. La sociedad entera ha empleado ese instrumento del diablo para tenernos apresados. Si creaste una familia, o bien dependes de ella, sientes que tu individualidad se diluye en cargas, tareas, ocupaciones. El trabajo llena el calendario, domina por completo la agenda, y el hogar solo se te representa, las más de las veces, como un lecho y una oscuridad en la que poder desaparecer unas horas. Vendrá luego el grito horrible del despertador, y vuelta a empezar. No hay tiempo en tu vida para lo más sagrado, tu yo y ese mundo que un día comenzó a orbitar en torno a ti. Pero en las más variadas religiones lo que se dio en llamar mundo resultó ser un trasunto del diablo. El mundo más o menos infernal que creemos que se nos vino como algo dado, es el infierno que nosotros mismos nos hemos hecho. El mundo lo has hecho tú, querido amigo. Eres un demiurgo (un “artífice”, en griego). Por supuesto hay unos materiales previos, un barro que accidentalmente te viene ofrecido por las circunstancias. No elegimos nacer en un país o en otro. Nadie te ofreció vivir en tal siglo o en tal periodo determinados. No hemos escogido a nuestros padres ni el color natural de nuestra piel o de los cabellos. Pero con los barros y materiales externos nosotros somos los verdaderos creadores de un mundo interior, el mundo de la vida que gira a nuestro alrededor y que, una vez puesto a andar, necesitará atenerse a la lógica universal.

Una persona bonachona y simple, tendrá quizá por diablo, es decir, por mundo, un simple y travieso espíritu burlón. Un ser humano retorcido y que no se ama a sí mismo, vivirá en el más dantesco de los infiernos, y no tendrá por enfermedad más que su propia esencia, su propio ser. La peor enfermedad es no saber –no querer– crecer. La mejor sanación, por el contrario, consiste en crecer sin parar, disparado hacia el infinito, superando cualquier tropiezo con el mal, la enfermedad o la adversidad. El crecimiento consiste en una especie de super-sanación. De ella quiero hablarte.

¿Cuántos mundos hay? La pregunta no debe desconcertarte, amigo lector. Ya sabes que por mundos no quiero decir planetas, ni galaxias. Por mundo hemos de entender en este libro nada más –y nada menos– que demonios, males y sufrimientos. Por lo menos hay uno por persona. Y personas, ahora mismo vivas sobre la tierra, hay miles de millones. Un enjambre de seres humanos que crece geométricamente. Cada una lleva consigo su demonio particular. Unos llevan a cuestas el hambre. Otros llevan consigo el SIDA o cualesquiera de las pestes, viejas o nuevas, que asolan a la especie. Un demonio muy destacado, tenaz y devastador, es la pobreza. La locura, el fanatismo, los complejos, el vicio, todos son nombres que damos a nuestros males. Todos ellos son demonios. Forman parte del mundo y constituyen el mundo mismo. ¿Cómo se puede huir de ellos? ¿Existe alguna especie de prevención? Aquí no te ofrecemos ninguna varita mágica. Solo una especie de pequeña orientación. El camino has de hallarlo por ti mismo. Solo en cada uno existen las pistas por donde encontrar la salida. Comencemos por ahí, por las pequeñas pistas e indicios.

 

lundi, 26 novembre 2018

Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

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Un livre fait le point sur la vision du monde de George Soros

par Patrice-Hans Perrier
Ex: http://www.zejournal.mobi
Le journaliste Pierre-Antoine Plaquevent signe un ouvrage qui nous aide à comprendre les motivations du célèbre financier.

Le multimilliardaire George Soros et son Open Society attirent l’attention d’un nombre grandissant d’observateurs provenant de toutes les tendances politiques. On reproche à ce spéculateur d’utiliser sa fortune considérable, que certains évaluent à plus de 30 milliards de dollars US, afin de financer une pléthore d’organisations non gouvernementales (ONG) qui font la promotion de l’immigration de masse ou de l’abolition des frontières.

Une société-écran tentaculaire

Gérant le Soros Fund Management, basé à New York, ce financier d’origine hongroise a fondé l’Open Society Institute qui a été transformé, en 2010, en ces fameuses Open Society Foundations (OSF) dont il préside aux destinées. Wikipedia souligne que « l’OSF inscrit à l’origine son activité dans la lutte contre les discriminations, les droits des minorités et le droit à l’éducation ».

Un monde sans frontières

George Soros est un disciple de Karl Popper, un philosophe américain qui a lancé le concept d’« Open society », en prônant l’établissement d’un monde sans frontières où l’humanité pourrait s’épanouir, enfin délivrée du poids des conventions, de la morale ou de la permanence des cultures. Les idées de Karl Popper et ce qu’il est convenu d’appeler le « marxisme culturel » ont permis à George Soros de broder un véritable plan de subversion à l’échelle planétaire afin de pouvoir dissoudre tout ce qui pouvait constituer les contours d’une nation : frontières, culture et langue dominantes, mœurs, traditions, etc.

Financer la subversion

George Soros et son réseau des Open Society Foundations (OSF) ont déjà été pris la main dans le sac à financer plus de 50 organisations qui avaient appelé à manifester contre Donald Trump lors de la Women’s March du 21 janvier 2017. D’ailleurs, l’organisme Wikileaks a révélé, à la même époque, que l’organisation MoveOn.org, un des principaux moteurs de contestation contre l’administration Trump, avait aussi bénéficié d’importantes contributions provenant de l’OSF.

Un milliardaire indésirable

Outre l’Amérique du Nord, George Soros et ses fondations ont investi des sommes colossales afin de fomenter des révolutions de couleur aux quatre coins du monde. Cette façon de procéder, par l’entremise de sociétés-écrans, a fait en sorte qu’il finisse par être banni de son propre pays, la Hongrie.

De fil en aiguille, une masse de citoyens, prenant conscience du rôle joué par ce spéculateur mondialiste, a mis en branle une pétition afin qu’il soit banni des États-Unis. Les pétitionnaires, selon ce que rapportait RT France, dans son édition du 16 février 2017, dénonçaient, entre autres, le fait qu’il possède des machines à voter dans seize États américains.

La fortune ne sourit plus à M. Soros

Il semblerait que la « Roue de la Fortune » se mette à tourner en sens contraire pour M. Soros, selon ce que rapportait notre confrère Éric Pilon dans un article antérieur. En effet, George Soros croit qu’il est en train de perdre son pari, celui de créer un monde libéral, dépourvu de frontières. De fait, les peuples et certains de leurs leaders politiques se réveillent en n’acceptant plus les dictats du mondialisme et du multiculturalisme.

Un livre qui met en perspective le phénomène Soros

« SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme » est un ouvrage essentiel qui passe en revue les principaux éléments qui ont été exposés ci-haut et qui propose une analyse nous aidant à comprendre les principales motivations de ce curieux « philanthrope ». Des motivations qui vont bien au-delà de l’appât du gain.

En effet, comme nous l’explique son auteur, Pierre-Antoine Plaquevent, dans le cadre d’un entretien mené par Culture Populaire (www.cultpop.fr), les financiers de la trempe de George Soros agissent comme une sorte d’organisation transnationale. Cette institution hybride pourrait, à coup de milliards, finir par privatiser le monde de la politique tel que nous le connaissons. Pierre-Antoine Plaquevent estime que « ces gens-là ont les moyens de mener une « métapolitique du globalisme » qui chevauche les prérogatives des États, pour réaliser, par étapes, l’avènement d’un monde sans frontières ».

Voici la ou les sources de cet article : Entrevue avec l''auteur, WikipediaAmazonRTRT FRANCE, Influence WatchARTELe Temps et Le Québécois

Photo d'illustration: Niccolò Caranti, WikimediaCC BY-SA 3.0

SOROS et la société ouverte : Métapolitique du globalisme
Auteur : Pierre-Antoine Plaquevent

Éditeur: Éditions Le Retour au

- Source : Le Peuple (Canada)

Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

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Gilets jaunes : la bataille de la dignité...

par François-Bernard Huyghe

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur Huyghe.fr et consacré aux manifestations des "Gilets jaunes" du 24 novembre. Spécialiste de la guerre de l'information, François Bernard Huyghe, auteur de nombreux livres, a récemment publié La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015) et Fake news - La grande peur (VA Press, 2018).

La bataille de la dignité

La journée du 24 novembre, acte II de l’histoire des gilets jaunes, a été largement polluée par l’effet de loupe sur les violences (d’une gravité tout à fait relatives, que l’on parle dégâts ou nombre d’interpellations) sur les Champs-Elysées. Casseurs d’ultra-droite dans la journée, d’extrême-gauche le soir ? C’est possible, encore que le fait d’avoir laissé la situation pourrir dès 10 H du matin avec toutes sortes d’accès non filtrés aux Champs, avec du mobilier urbain disponible, ait pu donner des tentations à quelques uns. Et de belles images pour les télés du monde entier.

La théorie de Castaner - complot, radicalisation, ultra-droite séditieuse, factieuse, rappelant le 6 février 34, s’en prenant aux institutions, commanditée par Marine le Pen, peut-être aidée de Jean-Luc Mélenchon, ajoutent quelques seconds couteaux - est pour le moins réductrice. Et ressemble furieusement à une stratégie du leurre. Elle pourrait d’ailleurs tourner à la prophétie auto-réalisatrice : à criminaliser moralement le gilets jaunes, et à jouer l’affrontement des réformateurs avec les forces obscures, on finit par donner des tentations électorales à des gens apolitiques qui se diront que stigmatisés pour stigmatisés.... C’est si bon quand c’est un péché. Et il est bien connu que le choix de notre ennemi révèle quelle est notre propre question.

Mais la question n’est pas là. Le gouvernement et une bonne partie des commentateurs se plaignent du caractère horizontal, déstructuré, presque liquide du mouvement : comment négocier avec des gens qui n’ont pas de chefs, pas de revendications précises et qui prétendent s’auto-représenter ? Quelle confusion !

Il nous semble au contraire que la parole des manifestants, dès qu’on leur passe un micro, soit d’une clarté remarquable.

- Nous sommes le peuple, disent-ils. Il y a un sentiment de légitimité de gens qui expérimentent souvent pour la première fois l’expression directe dans la rue et qui, notamment, ne comprennent pas qu’on leur dise où ils ont le droit ou pas de manifester.

- Nous sommes la classe moyenne qui n’en peut plus, les perdants, les déplorables, les culturellement dévalorisés, nous sommes exactement tels que nous décrivent des Guilluy, des Michéa, des Piketty, des gens que nous n’avons pas forcément lus, mais dont les élites auraient du écouter les avertissements. Nous voulons que vous réalisiez notre sentiment de chute et d’angoisse.

- Nous voulons de la considération: être reçus, avoir des réponses, ne pas être traités par le mépris. Notez avec quelle fréquence revient ce mot de « mépris ». A cet égard, le tweet de Macron : «  Honte à ceux qui ont violenté d'autres citoyens et des journalistes. Honte à ceux qui ont tenté d'intimider des élus. Pas de place pour ces violences dans la République », mélange d’emphase et de cours de morale aux vilains gamins habillés en jaune est un chef d’œuvre d’incompréhension de ce que ressentent les gens. Quand ils disent rendre l’argent (notamment celui de l’ISF), les manifestants ajoutent souvent aussi qu’ils veulent qu’on leur rende leur honneur de travailleurs. Soit dit en passant, il circule en ce moment des vidéos anonymes de policiers et gendarmes qui disent leur honte d’être obligés de taper sur le peuple. Cela ressemble à un gros signal faible.

- Cessez d’évacuer la question sociale d’égalité au profit des promesses d’efficacité économique et de modernité sociétale. C’est bête mais nous pensons fins de mois, riches et pauvres et moyens de vivre demain. C’est bête, mais les conditions matérielles de vie restent le premier facteur de mobilisation. Vous l’aviez oublié là-haut ?

Colère (le sentiment), plus auto-organisation (les médiations), plus refus des représentations dominantes (allant jusqu’à l’agressivité contre les médias « complices »), inquiétudes sur le contrat social (consentement à l’impôt remis en cause) et même une certaine fraternité qui naît. Depuis quand n’avions nous pas vu une pareille conjonction ?

Et, puisque nous avons cité Guilluy, dont les analyses trouvent ici une incroyable illustration, nous ne résistons pas à une tentation sur ce qu’il appelle le soft-power de la France périphérique.

L’expression soft-power n’est pas la plus parlante pour désigner une capacité de résistance et de refus de la culpabilisation, et nous aurions, pour notre part, plutôt parlé de résistance idéologique et culturelle. Mais Guilluy a raison quand il décrit « cette autonomie contrainte d’un monde d’en bas désormais hermétique aux discours et injonctions d’en haut permet aux classes populaires de réaffirmer ce qu’elles sont collectivement. Contre toute attente, elles exercent aujourd'hui un soft-power invisible qui contribue à l’effondrement de l’hégémonie culturelle des classes dominantes et supérieures »
Or, pour suivre cette hypothèse, ceux d’en bas, semblent, en effet de plus en plus imperméables au discours venu d’en haut. Qu’il s’agisse du discours « de vérité » (vous n’allez pas croire ces fake news, si on regarde bien les chiffres, on voit au contraire que tout va de mieux en mieux. Ou du discours de la peur morale (attention au fascisme, pensez à la planète, ne soyez pas factieux.

Résister à l’impératif hégémonique, c’est une chose. Énoncer des objectifs politiques, c’est mieux.
 
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 25 novembre 2018)

Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

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Bienvenue en Lacrymalocratie, le régime où les victimes sont reines

Par

FIGAROVOX/TRIBUNE - Fatiha Boudjahlat déplore le règne de la victimisation, à une époque où les identités sont toujours plus fictives et déclaratives. N'importe qui, selon l'enseignante, peut être n'importe quoi, surtout si cela le range parmi les catégories opprimées.


Fatiha Boudjahlat est cofondatrice avec Céline Pina du mouvement Viv(r)e la République. Elle est aussi l'auteur de l'essai Féminisme, tolérance, culture: Le grand détournement (éd. du Cerf, novembre 2017).


Les commémorations du centenaire de 1918 ont célébré beaucoup de choses, mais pas le fait qu'il s'agissait d'une victoire militaire de la France. Les programmes scolaires n'abordent pas non plus cette vérité, insistant sur le ressenti du Poilu, son «expérience combattante», ses sentiments. Victorieux, il n'est pourtant considéré et célébré que comme victime, un «malgré-lui» avant l'heure. De la guerre, de l'état-major, etc... C'est qu'il ne fait pas bon être vainqueur. Désormais, le seul statut reconnu et valorisé est celui de victime.

Les services de ressources humaines des médias et des universités ne sont plus intéressés par les Curriculum Vitae, recensant un parcours, une trajectoire, une formation, des actions, mais par les Curriculum Traumae, ou Victimae, corrélant la légitimité et la visibilité d'un militant à la somme de ses traumatismes ou des oppressions qu'il a subies.. L'expert n'est plus expert que de lui-même, de ses souffrances et de celles de ceux qui lui ressemblent. L'expert est témoignage. Ce qui compte est l'endroit d'où l'on parle. Ou plutôt d'où l'on prétend parler, tant les nouveaux militants gauchistes réactionnaires, indigénistes, néoféministes racialistes, sont eux-mêmes dans une construction identitaire individuelle et collective que nous serions bien avisés de déconstruire, suivant en cela leur exemple.

Les idées et les engagements sont désormais présentés comme le prolongement naturel de son identité. L'utérus et la teinte de l'épiderme déterminent les convictions et légitiment la prise de parole, dans cette «chromatocratie», pour reprendre le terme de François-Xavier Fauvelle. Puisque les idées sont l'extension de l'identité, en débattre et les contester revient à opprimer celui qui les formule. Le débat n'est plus possible, en tout cas il ne porte plus sur les idées, mais sur la personne qui les exprime.

C'est le règne de l'anti-politique: la ressemblance détermine et préempte le rassemblement, l'intérêt général n'existe plus ou est réduit à la somme d'intérêts communautaires. On renonce à une lecture de classe sociale. Ainsi Pierre Rosanvallon explique que «les individus sont dorénavant plus déterminés par leur histoire que par leur condition», condition socio-économique s'entend. Il ne faut donc plus s'attacher à la transformer, ce qui était l'honneur de la gauche... autrefois. Les modalités et les conditions de la mobilisation politique en sortent bouleversées. Vous êtes un trauma, ou vous n'êtes rien.

Chaque individu est ainsi invité à construire une identité à la carte. La carte victimaire.

Prenons simplement ce Hollandais qui intente une action en justice pour que l'état-civil modifie sa date de naissance et le rajeunisse de 20 ans... parce qu'il pense et ressent qu'il a 20 ans de moins et que son âge vécu, déconnecté de son âge administratif et biologique, le pénalise socialement et professionnellement, jusque sur Tinder. Façon d'accuser les femmes qui ne le choisissent pas de faire de la discrimination par l'âge. Il plaira à son patron et au régime de retraite puisqu'après tout, il faudra effacer 20 ans de cotisations sociales, non? Justifiant la démarche, il explique être victime, rajoutant «nous sommes tous victimes de quelque chose.» Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime. Invisibilisant et reléguant à l'arrière-plan les vraies victimes.

Je suis ce que je décide d'être, et la position la plus prestigieuse et pourvoyeuse de droits est celle de victime.

Prenons encore cet homme français marié, qui se perçoit et vit désormais comme femme. Sans changer biologiquement de sexe. Qui a un enfant avec son épouse et demande à être reconnu comme sa mère... Il faut reconnaître que la problématique du genre et du transgenre relance une ingénierie sociologique, sémantique et même juridique puisque la Cour d'appel de Montpellier a innové en créant le statut de parent biologique.

Remarquons que les exigences de certains transgenres reviennent à prolonger la subordination et l'effacement des femmes. Refusant l'opération de changement de sexe, dans un attachement assez contradictoire au pénis qui n'est plus un pénis masculin mais un pénis féminin en fait, des demandes sont relayées sur les réseaux sociaux et dans les universités pour ne plus parler de vagin mais de «trou de devant»: faute de quoi les transgenres qui se sentent femmes, tout en faisant le choix de conserver un pénis, se jugent discriminés ou exclus. Jusqu'à l'annulation récente, dans une université du Michigan, de la représentation des Monologues du vagin, pièce féministe s'il en est, pourtant pas assez inclusive envers les transgenres. Les serviettes hygiéniques deviennent discriminatoires, puisque ces femmes ne sont pas menstruées. Qu'est ce qui fait d'eux des femmes, alors? Leur ressenti. Et étrangement, l'adoption de comportements dits féminins, somme de stéréotypes transmis par la société patriarcale. Nous arrivons en bout de course de l'incohérence, une course folle.

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Mais finalement ce sont toujours les femmes qui trinquent, elles qui se sont battues pour leur visibilité, y compris celle de leurs corps. La moitié du genre humain doit encore s'effacer pour ménager le ressenti d'une minorité à l'intérieur d'une minorité. Alors que les néo-féministes inconséquentes soutiennent le droit des femmes à allaiter en public, combien de temps encore avant que des transgenres non opérés combattent cette pratique oppressive leur rappelant qu'ils ne peuvent pas, «elleux», donner le sein? Ces nouvelles guerres identitaires et victimaires se feront, comme les anciennes, sur le corps des femmes.

Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

La construction de soi serait donc entièrement subjective, mais jusqu'où? Difficile de l'analyser sans la mettre en rapport avec des motivations qui ne sont plus issues de la «lutte pour la reconnaissance» mutuelle, introduite par Hegel, et renouvelée par Axel Honneth, mais un benchmarking des avantages potentiellement accessibles, dont une reconnaissance sociale, associative et médiatique, et qui passe par l'exigence de réparations et d'adaptations. Un eugénisme à l'envers. Comme cette militante des droits civiques, blanche, ayant fait croire qu'elle était noire, jusqu'à ce que ses parents, excédés, la dénoncent... Mais si elle se sentait noire, après tout? Un article ésotérique paru sur Slate évoquait cette «transracialité». On peut se sentir femme en étant un homme. On peut se sentir noire en étant blanche. Mais ce ressenti et cette volonté de reconnaissance ne sont-ils pas liés à la mode actuelle qui incrimine les blancs dominateurs? Qui pourra juger de la réalité de ce ressenti? Il n'y a qu'à considérer ce prisonnier anglais, incarcéré dans une prison pour femmes, puisqu'il se sentait femme, sans vouloir être opéré, et de nouveau déplacé après plusieurs agressions sexuelles sur les détenues... Puisque l'objectivité et la réalité sont des constructions sociales, c'est le seul régime déclaratif qui prévaut.

Le dommage subi est devenu une identité, qui ouvre droit à une visibilité et une réparation. Dommage dont on refuse qu'il se résorbe, parce que l'on perdrait ces dédommagements, et qui conduit désormais à une concurrence entre victimes. Et alors que l'on nage en pleine ingénierie sociologique, il faut sans cesse réintroduire de l'anthropologique, comme gage de vérité biologique. Alors est convoquée l'épigénétique pour prouver la transmission sur plusieurs générations des traumas des ancêtres. Comme pour la traite atlantique. Pas arabo-musulmane, étrangement. Elle n'a pas créé de trauma génétiques, elle. L'agenda politique n'est jamais loin. Comme le déplorait la féministe algérienne Wassyla Tamzali, «l'identité de victime est devenue une identité de combat». C'est la défaite absolue du politique. Cela nuira aux femmes. Mais ce business fait vivre tant de ces drôles de militants se délectant de faire de l'humanitaire...

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Georges Feltin-Tracol et la question sociale : la troisième voie solidariste

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Georges Feltin-Tracol et la question sociale : la troisième voie solidariste

par Pierre LE VIGAN

« Notre particularité, c’est la logique de la troisième voie, celle qui réussit la synthèse entre le national et le social », expliquait début 2011 Emmanuel Leroy, alors un des principaux conseillers de Marine Le Pen. La troisième voie, c’est le tercérisme, et c’est ce que l’on a appelé le solidarisme. Il y a là un continent des idées à redécouvrir. C’est ce à quoi contribue un ouvrage récent. Sous un titre militant, Georges Feltin–Tracol ne se contente pas de rendre compte d‘expériences politiques comme celles du Bastion social. Il explore les idées et propositions d’une troisième voie telles qu’elles ont pu être avancées à droite, mais aussi dans des milieux intellectuels inclassables, c’est-à-dire transversaux.

Saluons son travail d’excavation de thèmes et de propositions oubliées bien à tort, comme si les réelles questions de l’identité et de l’écologie avaient fait disparaître la question sociale, et comme si les trois n’étaient pas liées.

D’où parle Georges Feltin–Tracol ? D’une « droite » révolutionnaire, aussi bien éloignée du libéralisme-libertaire (dénoncé très tôt par Michel Clouscard) que du libéralisme-conservateur, qui paraît à Georges Feltin–Tracol une imposture car on ne peut accepter l’accumulation sans limite, ni territoriale ni anthropologique, du capital sans rendre liquide les peuples eux-mêmes par les migrations. Ce que voit très bien Georges Feltin–Tracol, c’est aussi que la logique du système économique est de pousser à la consommation et de rendre impossible toute patrimonialisation. C’est pour cela que le système liquide les classes moyennes. Contre ce processus, il espère en une troisième voie. Et nous donne un aperçu de son contenu.

pierre-leroux.jpgGeorges Feltin–Tracol rappelle d’abord les origines du socialisme avec Pierre Leroux, qui critiquait à la fois les restaurationnistes de la monarchie (une illusion), et le libéralisme exploiteur (une réalité). Un socialisme non marxiste qui préfigure une troisième voie. Puis, Georges Feltin–Tracol souligne ce qu’a pu être le socialisme pour Jean Mabire : une éthique de l’austérité et de la camaraderie, « au fond des mines et en haut des djebels ». Ce fut le contraire de l’esprit bourgeois. Ce fut un idéal de justice et de fraternité afin de dépasser les nationalismes pour entrer dans un socialisme européen. Avec un objectif : « conjoindre tradition et révolution ». Critiquant ce que le communisme peut voir de bourgeois, Jean Mabire lui préférait le « communisme des conseils », libertaire (mais certes pas libéral-libertaire). Pour les mêmes raisons que le tenait éloigné du communisme productiviste et embourgeoisé, Mabire ne s’assimilait aucunement au fascisme, non seulement parce qu’il était mort en 1945, mais parce qu’il n’avait été ni socialiste, ni européen. Il se tenait par contre proche de la nébuleuse qualifiée de « gauche réactionnaire » par Marc Crapez. Une gauche antilibérale et holiste. Georges Feltin–Tracol évoque aussi le curieux « socialisme » modernisateur, technocratique, anti-bourgeois et anti-rentier de Patrie et progrès (1958-60). Dans son chapitre « Positions tercéristes », Georges Feltin–Tracol évoque les mouvements de type troisième voie de l’Amérique latine, du monde arabe, du Moyen-Orient, d’Afrique.

La troisième voie dans le monde a toujours été à la fois une voie économique et sociale nouvelle, mais aussi un projet de non alignement par rapport aux grandes puissances. Dominique de Roux et Jean Parvulesco l’ont bien vu. « On ne peut pas dissocier la troisième voie sociale et économique du tercérisme géopolitique », note GFT.

Une autre voie économique tercériste est celle de Jacques Duboin et de son journal La grande relève. C’est l’abondancisme et le distributisme, avec une monnaie fondante. Il s’agit de transférer la propriété des moyens de production à des structures locales collectives (familles, corporations, etc.). G-K. Chesterton et Hilaire Belloc défendent, comme J. Duboin, un distributisme lié au projet de Crédit social de C.-H. Douglas. Avec le créditisme, la monnaie est créée en fonction de la richesse réelle produite. Hyacinthe Dubreuil, de son côté, défend des idées proches des distributistes et insiste sur l’auto-organisation nécessaire des travailleurs dans de petites unités.

GFT s’attache aussi à la généalogie des solidarismes. Il étudie le cas de la France avec Léon Bourgeois, puis s’intéresse à la Russie avec le NTS, dont l’emblème fut le trident ukrainien (à noter que l’usage du trident « ukrainien » par des Russes signifie pour eux la force des liens entre la Russie et l’Ukraine. C’est aussi, en forme de fourche, un symbole de la colère et de la force du peuple). Le solidarisme russe du NTS de Sergei Levitsky et d’autres intellectuels militants se réclame d’une doctrine à la fois personnaliste et communautaire. Le solidarisme est aussi présent en Allemagne avec un groupe de solidaristes anti-hitlériens, en Belgique flamande avec les nationaux-solidaristes du Verdinaso et Joris van Severen.

En France, cinquante ans après Léon Bourgeois, se revendiquent solidaristes des déçus du nationalisme traditionnel souhaitant repenser la question sociale. C’est le Mouvement Jeune Révolution dans les années 60, puis le Groupe Action Jeunesse, teinté de nationalisme révolutionnaire, puis le Mouvement nationaliste-révolutionnaire de Jean-Gilles Malliarakis, avant le mouvement Troisième Voie, et d’autres petits groupes. Ce sont les nouveaux tercéristes. Qu’il s’agisse du solidarisme de « Troisième Voie » des années 80 ou de « 3e Voie » des années 2010, il s’agit d’un solidarisme nationaliste-révolutionnaire. Le projet est de bâtir une République du peuple tout entier. Le solidarisme de « 3e Voie », vers 2010, « défendait l’idée d’une démocratie directe vivante axée sur le référendum d’initiative populaire. On notera que ce sont des propositions profondément démocratiques – mais il est vrai que les solidaristes se veulent « au-delà de la droite et de la gauche », et libres par rapport aux divisions droite/gauche de plus en plus artificielles et trompeuses. Loin de toute doctrine xénophobe ou suprématiste, le « solidarisme est défini comme l’universalisme des nations en lutte pour leur survie (Serge Ayoub, Doctrine du solidarisme) ». On est loin de la caricature du « nationalisme fauteur de guerre », caricature maniée par Macron à la suite de Mitterrand et de bien d’autres. « Nous sommes des révolutionnaires, mais des révolutionnaires conservateurs », précise encore Serge Ayoub.

loimut.jpgLe gaullisme n’est pas si éloigné de cette conception de l’économie et du social. Pour les gaullistes de conviction, la solution à la question sociale est la participation des ouvriers à la propriété de l’entreprise. C’est le pancapitalisme (ou capitalisme populaire, au sens de « répandu dans le peuple ») de Marcel Loichot. Pour de Gaulle, la participation doit corriger l’arbitraire du capitalisme en associant les salariés à la gestion des entreprises, tandis que le Plan doit corriger les insuffisances et les erreurs du marché du point de vue de l’intérêt de la nation. Participation et planification – ou planisme comme on disait dans les années trente – caractérisent ainsi la pensée du gaulliste Louis Vallon. D’autres personnalités importantes du gaullisme de gauche sont René Capitant, Jacques Debû-Bridel, Léo Hamon, Michel Cazenave (1), Philippe Dechartre, Dominique Gallet… L’objectif du gaullisme, et pas seulement du gaullisme de gauche, mais du gaullisme de projet par opposition au simple gaullisme de gestion, est, non pas de supprimer les conflits d’intérêts mais de supprimer les conflits de classes sociales. La participation n’est pas seulement une participation aux bénéfices, elle est une participation au capital de façon à ce que les ouvriers, employés, techniciens, cadres deviennent copropriétaires de l’entreprise. Le capitalisme populaire, diffusé dans le peuple, ou pancapitalisme, succèderait alors au capitalisme oligarchique. Il pourrait aussi être un remède efficace à la financiarisation de l’économie.

Jacob Sher, juif lituanien issu d’une famille communiste, développe une doctrine dite l’ergonisme (ergon : travail, œuvre, tâche). Il ne s’agit pas d’être entre capitalisme et socialisme mais hors d’eux et contre eux, comme le troisième angle d’un triangle. Jacob Sher propose la propriété des moyens de production par les travailleurs, mais non pas au niveau de la nation, ce qui passe concrètement par l’État et renvoie au modèle soviétique – qu’il a vu de près et rejette – mais au niveau de la collectivité des travailleurs dans les entreprises. L’autogestion se fonde, dans ce projet, sur l’autopropriété de l’entreprise par les travailleurs – c’est le point commun avec Marcel Loichot – et est donc une autogestion très différente de celle de la Yougoslavie de Tito, qui implique une propriété collective, nationale, des grands moyens de production (même si, à partir de 1965, la Yougoslavie de Tito a donné de plus en plus de place au marché et à l’autonomie des entreprises). L’idée de Jacob Sher se rapproche plutôt des coopératives de production. Ce projet de Jacob Sher apparaît aussi proche de celui du Manifeste de Vérone de la République tardivement édifiée par Mussolini, la RSI (République sociale italienne) (2). Jacob Sher propose ainsi une socialisation plus qu’une nationalisation des moyens de production.

Reste que tous ces projets se trouvent confrontés à une difficulté nouvelle. Dans les années 60, l’obstacle au dépassement non communiste du capitalisme était d’abord politique. Comment briser la domination de l’argent-roi qui pèse sur le politique. Comment libérer le politique des grands trusts ? (Ni trusts ni soviets était encore le titre d’un livre brillant de Jean-Gilles Malliarakis en 1985). La situation est très différente. Tous les projets « tercéristes », ou « solidaristes », ou gaullistes de gauche reposent sur la pérennité des collectifs de travail. Or, cette pérennité est mise en péril par la précarisation, l’uberisation (ou « amazonification »), l’éclatement des collectifs de travail (les contrats de projet à la place des contrats de travail). Il faut donc repenser les projets tercéristes. Face à l’isolement des travailleurs, salariés ou auto-entrepreneurs, il faut remettre des projets en commun, des enjeux en commun, des capitaux en commun, des arbitrages en commun, il faut réinventer des corps de métier et des solidarités trans-entreprises, « corporatives » et locales. Il faut changer à la fois les mentalités et les structures. La troisième voie est aussi une démondialisation et un recours aux liens qui libèrent. Vaste programme.

Pierre Le Vigan

Notes

1 : Philosophe, spécialiste de C.-G. Jung, il organisa le fameux Colloque de Cordoue en 1979.

2 : Voir le point 11 du Manifeste de Vérone – « Dans chaque entreprise – privée ou d’État – les représentants des techniciens et des ouvriers coopéreront intimement, à travers une connaissance directe de la gestion, à la répartition égale des intérêts entre le fond de réserve, les dividendes des actions et la participation aux bénéfices par les travailleurs. Dans certaines entreprises, on pourra étendre les prérogatives des commissions de fabrique. Dans d’autres, les Conseils d’administration seront remplacés par des Conseils de gestion composés de techniciens et d’ouvriers et d’un représentant de l’État. Dans d’autres encore une forme de coopérative syndicale s’imposera. »

• Georges Feltin-Tracol, Pour la troisième voie solidariste. Un autre regard sur la question sociale, Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, coll. « Idées », 172 p., 20 €.

• D’abord mis en ligne sur Polémia, le 22 octobre 2018.