dimanche, 05 octobre 2025
Andrej Babiš triomphe en République tchèque – Bruxelles en mode panique

Andrej Babiš triomphe en République tchèque – Bruxelles en mode panique
Source: https://report24.news/andrej-babis-triumphiert-in-tschech...
Les Tchèques en ont manifestement assez de la politique autodestructrice du cartel des partis inféodés à Bruxelles. Le parti ANO d'Andrej Babiš est arrivé largement en tête des élections législatives. Un nouveau succès des "patriotes pour l'Europe" et un nouveau coup dur pour les eurocrates.
Les eurocrates bruxellois ont dû hyperventiler collectivement samedi soir. Andrej Babiš, tour à tour qualifié par la presse de «Trump tchèque» ou de «milliardaire qui a trop d'opinions», a encore frappé: il a rallié les électeurs à sa cause, humilié l'establishment et semé à nouveau la panique parmi les partisans du politiquement correct sur le continent. Son parti ANO a remporté haut la main les élections législatives tchèques.
Babiš a déclaré laconiquement: «Nous voulons sauver l'Europe». Une phrase qui est à peu près aussi bien accueillie à Bruxelles que la proposition de mettre fin à la propagande sur le genre. Car pour Babiš, sauver ne signifie pas «plus de centralisme», «plus d'union de la dette» ou «plus de wokeness», mais au contraire moins de Bruxelles, plus de Prague et moins d'idéologie, mais plus de sens des réalités.
Babiš a promis des salaires plus élevés, des impôts moins élevés et la fin de l'austérité, qui ne sert en réalité qu'à redistribuer les richesses du bas vers le haut. Les Tchèques, qui ont docilement soutenu le programme de l'UE ces dernières années et ont en contrepartie subi une hausse des prix, une désindustrialisation et une pénurie d'énergie, ont désormais voté pour un revirement.
Le rêve bruxellois d'une Europe « progressiste » implose face à la résistance de ceux qui n'ont plus envie de se sacrifier pour des guerres étrangères, l'hystérie climatique et le chaos migratoire.

La réaction hystérique de Bruxelles est presque touchante. Les mêmes fonctionnaires qui se présentent comme les défenseurs de la démocratie et de l'État de droit lèvent les yeux au ciel chaque fois que le peuple ne vote pas comme ils l'avaient prévu. «Populisme», «extrémisme de droite», «ami de Poutine»: telles sont les accusations typiques lorsque les décisions démocratiques ne correspondent pas à leur programme. Pourtant, Babiš n'est pas anti-européen, comme on le prétend. Il ne veut pas isoler la République tchèque, mais souhaite une Europe qui ne s'étrangle plus elle-même. Pas étonnant qu'il s'allie avec Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, et qu'il bouscule l'UE avec d'autres «patriotes pour l'Europe». Bruxelles a besoin d'urgence d'une nouvelle dose de réalisme – et elle va l'obtenir, qu'elle le veuille ou non.
Le retour de Babiš est une nouvelle fissure dans la façade de «l'ordre fondé sur des règles» derrière laquelle se cache l'arrogance morale de l'Occident et ses valeurs. La façade s'effrite, et chaque nouvelle victoire électorale d'un réaliste dérangeant fait tomber un peu plus de crépi. Les gens ne veulent pas d'utopies climatiques, pas de paquets de milliards sans fin pour des fronts lointains, pas de leçons de morale administrées par des politiciens qui n'ont plus eux-mêmes à faire la queue à la caisse du supermarché. Andrej Babiš l'a compris. Et c'est pourquoi de nombreux Tchèques l'ont soutenu, lui et son parti ANO.
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République tchèque - Un signal clair : les premiers dépouillements montrent une victoire électorale écrasante des patriotes

République tchèque - Un signal clair: les premiers dépouillements montrent une victoire électorale écrasante des patriotes
Source: https://unzensuriert.at/312060-klares-signal-erste-stimma...
La République tchèque connaît un tournant politique: l'ancien Premier ministre Andrej Babiš devrait remporter une victoire électorale écrasante avec son mouvement ANO (« Oui ») et s'apprête à revenir à la tête du gouvernement.
Le parti frère du FPÖ nettement en tête
Après dépouillement d'environ la moitié des voix, ANO est clairement en tête avec 38,3% des suffrages, devant la coalition libérale-conservatrice au pouvoir Spolu du Premier ministre Petr Fiala, qui n'obtient qu'environ 20 % des voix.
Les deux autres partis patriotiques obtiennent également de bons résultats. Le parti "Motorists", associé à l'ANO et au FPÖ au sein du groupe européen « Patriots for Europe », recueille actuellement 7,1% des voix, tandis que le SPD (« Liberté et démocratie directe »), qui fait partie du même groupe européen que l'AfD allemande, en recueille 8,3%.
Changement d'orientation politique à Prague
Les Tchèques montrent ainsi clairement qu'ils en ont assez de l'explosion des prix, de la bureaucratie européenne et d'un gouvernement qui se soucie davantage de l'Ukraine, de la politique sociale de gauche et de Bruxelles que de sa propre population.
Cette élection est considérée comme le signe d'un changement d'orientation politique en Europe centrale. Outre les gouvernements hongrois et slovaque, la République tchèque va désormais exiger davantage d'autonomie et moins d'idéologie de gauche à Bruxelles.
Babiš, la voix du peuple
Pendant la campagne électorale, Babiš s'est présenté comme l'antithèse d'un establishment déconnecté de la réalité, responsable de la forte inflation et de la baisse du pouvoir d'achat. Selon lui, le chef du gouvernement, Fiala, « a laissé tomber la population et gaspillé des milliards, alors que les familles ont du mal à payer leurs factures de chauffage ».
Dans ce contexte, la guerre en Ukraine a été un thème central de la campagne électorale. Babiš a annoncé la fin de la controversée « initiative tchèque sur les munitions », qui finançait les livraisons d'armes à Kiev.
Une politique pour son propre pays
« Nous devons nous occuper de nos propres citoyens et attendre que la guerre soit terminée », a-t-il déclaré. Dans le même temps, il a annoncé son intention de relancer le groupe de Visegrád, c'est-à-dire la coopération étroite entre la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne, afin de renforcer un bloc souverain d'Europe centrale au sein de l'UE qui s'oppose aux directives paternalistes de Bruxelles.
Malgré sa proximité avec Viktor Orbán et Robert Fico, Babiš rejette les accusations selon lesquelles il souhaiterait mener une politique «pro-russe». Il souligne lui-même ne pas être un ami de Poutine, mais plutôt un admirateur de Donald Trump. Sa position: Prague doit définir ses propres intérêts, et non Washington, Bruxelles ou un autre pays.
Une coalition gouvernementale de droite probable
Si le dépouillement des votes confirme les résultats actuels, les partis patriotiques formeront ensemble la majorité au Parlement à Prague.
Babiš, Tomio Okamura du SPD et Petr Macinka du nouveau mouvement des « motoristes », qui s'opposent fermement à la politique climatique de l'UE et militent pour un renforcement des compétences nationales, pourraient former un gouvernement patriotique de droite.
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Sacrifice et souveraineté: la géopolitique comme épopée théodramatique ou tragédie païenne

Sacrifice et souveraineté: la géopolitique comme épopée théodramatique ou tragédie païenne
Santiago Mondéjar
Source: https://geoestrategia.eu/noticia/45216/geoestrategia/sacr...
Le discours officiel émanant des institutions européennes présente la guerre en Ukraine comme une lutte moralisatrice, presque téléologique : une confrontation lucide et manichéenne entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, l’innocence et l’agression. Les politiciens, analystes et médias consacrent l’Ukraine comme protagoniste héroïque, tandis qu’ils relèguent la Russie au rôle d’antagoniste maléfique, reproduisant ainsi une structure narrative similaire aux drames moraux théo-dramatiques expliqués par Hans Urs von Balthasar (1988).
Le drame chrétien — exemplifié dans la Divine Comédie de Dante ou dans Le Grand Théâtre du Monde de Calderón — imprègne le mal et la souffrance d’une signification au sein d’une économie de la rédemption, dans laquelle l’action humaine est soumise au jugement moral et à la possibilité de la grâce. Dans ce cadre conceptuel, le conflit se configure comme un jugement éthique, une narration de rédemption et un impératif moral : l’Europe se sent poussée à agir avec droiture, s’efforçant de protéger les opprimés et de réparer un ordre brisé. Cette rhétorique évoque les exhortations collectives des grandes puissances européennes pendant la Première Guerre mondiale, marquées par une narration linéaire et téléologique, investie d’une providence morale projetée sur les réalités géopolitiques (Mosse, 1990). Cependant, sous cette idéalisation morale se cache une réalité brute.
La guerre en Ukraine, comme tous les conflits, est alimentée par la realpolitik: un choc d’intérêts stratégiques, d’insécurités historiques et de calculs pragmatiques (Mearsheimer, 2014), marqué par l’hamartia et la péripétie, c’est-à-dire les erreurs de jugement et les retournements soudains du destin. Ainsi, le conflit s’éloigne du drame chrétien, avec sa promesse d’une issue morale, et se rapproche d’une tragédie païenne, soumise à l’implacable dynamique du pouvoir effectif.
Lorsque les dirigeants européens et leurs hérauts projettent une cohérence narrative imaginaire sur le conflit, ils ignorent les limites du volontarisme, la contingence des résultats et la chimère d’une résolution téléologique. À la place, émerge une logique brutale, amorale et contingente, plus proche des tragédies d’Euripide que de la dramaturgie salvatrice articulée par von Balthasar (1988). À l’instar de la tragédie grecque, le conflit se déroule dans un cadre indifférent à la clarté morale, où les acteurs poursuivent leurs fins, conditionnés par les circonstances plus que par des impératifs éthiques (Lebow, 2003).
En moralisant le conflit, l’Europe commet une grave erreur en imposant une dramaturgie politique conçue comme un drame moral à une réalité profondément tragique, brutale et moralement ambiguë : un drame de nécessité, non de grâce divine.
Cependant, cette tendance à la moralisation est révélatrice d’un point de vue anthropologique. L’Europe, culturellement imprégnée d’un imaginaire chrétien qui entre en collision avec sa dépendance séculaire à la guerre (Traverso, 2007), s’efforce de doter le conflit d’une clarté morale qui légitime le soutien public et justifie, a posteriori, l’exceptionnalisme de sa politique du fait accompli (Anderson, 2006).
Comme le raconte Euripide, le poids du passé fait pencher la balance vers la force brute, comme le montrent les vies d’Agamemnon, Clytemnestre et leur descendance, ce qui reflète la conception grecque de la parenté comme lien inséparable de responsabilité morale partagée: la loyauté familiale unit et divise, et la vengeance, même justifiée, perpétue la misère (Goldhill, 1986). Ce schéma de violence cyclique liée à la lignée trouve un parallèle en Ukraine: les intérêts géostratégiques, les alliances de circonstance et les héritages historiques partagés fonctionnent comme des parentés géopolitiques.
Cependant, en cadrant la guerre comme un acte de justice providentielle, on fait taire le khoros — le chœur tragique grec, la voix collective de la raison —, voix qui pourrait indiquer que la racine du conflit n’est pas à chercher dans un dessein divin, mais dans l’ambition politique et la contingence historique. Par ce glissement narratif vers le moralisme, on obscurcit l’essence tragique du conflit, ce qui encourage des réactions politiques motivées davantage par l’impossibilité d’échapper au cercle vicieux du maintien à tout prix d’une cohérence morale qui n'est imposée que par l’intérêt à éliminer les réalités brutales de la politique internationale.
La morphologie de la tragédie grecque, avec son indifférence remarquable au sentimentalisme, offre un cadre plus solide pour explorer la dynamique du pouvoir, de la justice et des conflits contemporains. Elle permet d’apprécier comment la politique et les relations internationales reflètent une philosophie enracinée dans le tragique : un cynisme sous-jacent qui défie le moralisme simpliste en reconnaissant l’inévitabilité du conflit, la nature illusoire de la justice et les cicatrices indélébiles des offenses (Lebow, 2003).

Un exemple paradigmatique est la saga de la Maison d’Atrée, marquée par la mort, la trahison et la violence, nées de dettes héritées qui entraînent les acteurs dans des conflits dépassant leurs choix individuels, transformant la volonté en une force tragique. Agamemnon, roi de Mycènes, incarne l’hybris : l’orgueil démesuré qui défie les limites humaines et divines. Sa décision de sacrifier sa fille Iphigénie pour obtenir des vents favorables pour Troie, inspirée par l’oracle et manipulée par Ulysse, révèle comment l’ambition et la quête de l’honneur s’entrelacent avec la contrainte et la stratégie politique.
L’arrogance d’Agamemnon l’aveugle aux conséquences de ses actes: des décisions qui paraissent rationnelles ou nécessaires déclenchent des représailles, des échecs et des passions déchaînées. Dans cette tragédie, chaque personnage parcourt un chemin de perdition, convaincu de la justice de sa cause, mais prisonnier d’une obsession implacable.

De façon analogue, l’Occident collectif, gonflé de confiance après sa victoire dans la Guerre froide, a commis une erreur de jugement similaire : il a sous-estimé la complexité du conflit et, dans sa présomption de suprématie morale et matérielle, a précipité une collision avec la réalité. À l’instar de Clytemnestre qui transforme le ressentiment familial en autorité politique par la vengeance, la perception par la Russie de la déloyauté ukrainienne et de la malhonnêteté systématique de l’Occident depuis l’ère Gorbatchev reflète la tension entre le devoir et le ressentiment, la solidarité et le conflit (Sakwa, 2017).
Les liens, qu’ils soient familiaux ou géopolitiques, peuvent conduire à l’unité comme à la destruction mutuelle. Sur ce plan tragique, l’Ukraine émerge comme une Iphigénie, symboliquement immolée sur l’autel des ambitions d’autrui, prise au piège de forces qui dépassent sa volonté de puissance. L’Union européenne, quant à elle, assume le rôle d’Ulysse, tissant de subtiles tromperies — comme les accords de Minsk, que Merkel et Hollande se sont plus tard vantés d’avoir manipulés — pour orienter les attentes et subordonner le destin de l’Ukraine aux intérêts d’un ordre géopolitique (Sakwa, 2017). La tragédie réside dans le fait que, malgré la volonté souveraine de l’Ukraine, ses souffrances sont instrumentalisées par des tiers, ce qui en fait un axe narratif du pouvoir et de la légitimité.
Ce schéma reprend la structure d’Euripide: la victime, loin d’être passive, met à nu l’hybris de ceux qui l’entourent et révèle la fragilité de toute prétention à la moralité ou à la rationalité absolue dans les conflits (Euripide, 2001). Le sacrifice d’Iphigénie trouve un écho dans le présent, démontrant combien la tension entre l’ambition, l’honneur et la contrainte demeure catastrophique, même si les acteurs modernes se drapent dans la rhétorique de la justice morale et du droit international.
D’un point de vue philosophique, la tragédie offre un cadre indispensable pour comprendre les conflits humains. La synthèse du mythe et de la géopolitique révèle que les guerres sont façonnées par des passions profondément humaines : l’hybris, la loyauté et la vengeance motivent des décisions qui transcendent les dichotomies morales simplistes. Comme l’illustre la Maison d’Atrée, la parenté et l’ambition servent de sources doubles d’identité et de calamité (Goldhill, 1986).

De même, la guerre en Ukraine montre que les États, tout comme les individus, sont pris dans des réseaux d’obligations, de survie et d’orgueil, ce qui reflète les impulsions humaines éternelles. Même lorsque la noblesse ou la sincérité animent les efforts pour restaurer l’ordre et la justice, ces actions portent en elles les germes de leur propre ruine. La tragédie, par sa lucidité inébranlable, enseigne les limites de l’action humaine et la persistance du conflit comme horizon inexorable de la condition mortelle.
L’offensive russe en Ukraine peut être interprétée, métaphoriquement, comme la matérialisation d’un destin tragique plus que comme le produit d’un choix moral. La politique, dans ce scénario, se présente comme un théâtre où le pouvoir s’affirme à travers la confrontation (Lebow, 2003). Dans la tragédie grecque, le héros n’agit pas par volonté propre ou par calcul moral, mais parce qu’il le doit: il est pris dans une logique d’inévitabilité dictée par les dieux, le destin ou sa propre hybris.
Oreste ne tue pas Clytemnestre seulement pour venger son père, mais parce que l’ordre du monde l’y oblige (Eschyle, 2009). De même, la mentalité occidentale peut être comprise comme la sécularisation d’un fatalisme historiciste qui, chez Fukuyama (1992), hérite de la téléologie dialectique de Hegel, lui-même inspiré de la philosophie de l’histoire d’Augustin. Dans La Cité de Dieu, Augustin a posé pour la première fois dans la tradition occidentale une conception téléologique et linéaire de l’histoire: un drame à dessein divin, orienté vers une culmination religieuse. Hegel sécularise cette vision dans le Weltgeist, l’Esprit absolu qui, à travers un processus dialectique, atteint la conscience de soi et la liberté dans le monde.
L’histoire acquiert ainsi une direction, un but et une fin dans les deux sens: comme objectif et comme terme. Fukuyama, adoptant ce schéma hégélien, remplace l’État idéal de Hegel par la démocratie libérale occidentale, la proclamant « forme définitive du gouvernement humain ». Dans son récit, les guerres, les révolutions et les conflits ne sont pas de simples accidents historiques, mais des étapes nécessaires dans la dialectique vers une synthèse finale. Cependant, en déclarant que cette synthèse est déjà atteinte, Fukuyama transforme la démocratie libérale d’un système politique contingent en un destin manifeste de l’humanité, une prétention qui révèle une théologie politique sécularisée, au sens développé par Carl Schmitt : le souverain, incarné dans l’ordre libéral, décide de l’état d’exception, suspendant le conflit idéologique fondamental.
La démocratie libérale cesse d’être un projet politique faillible et devient un dogme incontestable, une question de foi qui relègue la dissidence au statut d’hérésie, destinée à être éradiquée par le cours inexorable de l’histoire.
Cependant, cela commet le péché capital que la tragédie grecque dénonce sévèrement : l’hybris de s’arroger des attributs divins. Alors que la vision augustino-hégélienne est linéaire et optimiste, projetant le salut séculier, la perspective tragique est cyclique et pessimiste, avertissant du châtiment inévitable pour ceux qui prétendent transcender les limites de la condition mortelle. Dans la vision du monde grecque, l’univers est régi par un ordre cosmique (thémis) que les humains ne doivent pas troubler. Le destin (moira) des mortels est la finitude, l’imperfection et le changement ; toute tentative d’atteindre la stabilité éternelle ou la connaissance absolue — attributs exclusifs des dieux — constitue une transgression punissable.
En proclamant la fin de l’histoire, Fukuyama commet précisément cette hybris, s’arrogeant le déterminisme divin sur le parcours de l’humanité. En ce sens, la guerre en Ukraine n’est pas une simple erreur de calcul ou un excès conjoncturel, mais une tragique anagnôrisis : le moment où les acteurs, aveuglés par leur propre ambition, reconnaissent que le pouvoir ne peut s’affirmer que par la violence. La catharsis qui en résulte n’est pas rédemptrice, mais dévastatrice, et évoque la terreur et la pitié tandis que le monde est témoin de la façon dont la logique du pouvoir plonge des millions de personnes dans la souffrance (Aristote, 1997).
Le sacrifice d’Iphigénie trouve un écho tragique dans le conflit ukrainien. Agamemnon ne sacrifie pas sa fille par désir ou justice, mais parce que la logique du destin et de la guerre l’y contraint (Eschyle, 2009). De même, les acteurs en Ukraine sont otages de la nécessité historique, un sacrifice exigé par l’hybris du pouvoir absolu. À la différence du drame chrétien, où la souffrance vise la rédemption (von Balthasar, 1988), dans la logique de la tragédie il n’y a pas de salut : l’action politique répond au destin, non à la moralité, et vise l’affirmation de la souveraineté à tout prix.
Tout en sachant que leurs actions déclencheront un cycle implacable de violence qui pourrait bien finir par les dévorer, les acteurs géopolitiques poursuivent, car s’arrêter signifierait renoncer à leur propre existence politique.
Bibliographie:
Aeschylus. (2009). The Oresteia (R. Fagles, Trans.). Penguin Classics.
Anderson, B. (2006). Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (Rev. ed.). Verso.
Aristotle. (1997). Poetics (M. Heath, Trans.). Penguin Classics.
Euripides. (2001). Iphigenia at Aulis (P. Vellacott, Trans.). Penguin Classics.
Fukuyama, F. (1992). The End of History and the Last Man. Penguin Books.
Goldhill, S. (1986). Reading Greek Tragedy. Cambridge University Press.
Lebow, R. N. (2003). The Tragic Vision of Politics: Ethics, Interests and Orders. Cambridge University Press.
Mearsheimer, J. J. (2014). ‘Why the Ukraine Crisis Is the West’s Fault: The Liberal Delusions That Provoked Putin’. Foreign Affairs, 93(5), 77–89.
Mosse, G. L. (1990). Fallen Soldiers: Reshaping the Memory of the World Wars. Oxford University Press.
Sakwa, R. (2017). Russia Against the Rest: The Post-Cold War Crisis of World Order. Cambridge University Press.
Traverso, E. (2007). Fire and Blood: The European Civil War, 1914–1945 (A. Brown, Trans.). Verso.
von Balthasar, H. U . (1988). Theo-Drama: Theological Dramatic Theory (Vol. 1, G. Harrison, Trans.). Ignatius Press.
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Tiraillements moldaves

Tiraillements moldaves
par Georges Feltin-Tracol
Le dimanche 28 septembre 2025 s'est déroulée l’élection des 101 députés du parlement monocaméral de la Moldavie. Coincé entre la Roumanie et l’Ukraine, ce pays de 33 700 km² et d’environ trois millions d’habitants sans oublier un million vivant à l’étranger, suscite l’intérêt, l’attention et la convoitise de voisins plus ou moins proches. Son existence même procède des fracas de la géographie, de l’histoire et de la démographie.
Ancien membre de l’URSS, la Moldavie concentre tous les affres issues de l’effondrement de l’ancienne puissance soviétique. Malgré un drapeau assez similaire, les armoiries étatiques en plus, et l’usage du roumain, la Moldavie – capitale : Chisinau - ne se confond pas avec la région éponyme, cœur historique de la nation roumaine. Le moldave est d’ailleurs un parler roumain qui, à l’époque soviétique, s’écrivait en alphabet cyrillique. Des Moldaves plutôt russophones préfèrent se référer à la Moldova. Problème sémantique permanent pour une terre toujours revendiquée !


Moldavie désigne en effet deux territoires contigus. Le premier s’étend entre l’Ouest des Carpates et le fleuve Prout, constitue une région roumaine avec pour ville principale Jassy. Le second situé entre le Prout et la rive occidentale du fleuve Dniestr s’appelle aussi la Bessarabie du nom d’une dynastie moldave. Quant à la rive orientale, elle a été nommée la Transdniestrie. Cette seconde Moldavie voit à la fin du Moyen Âge les Ottomans amputer à leur profit sa partie méridionale autour du bourg de Boudjak, ce qui la coupe de tout accès à la Mer noire.


Les groupes ethniques présents en Moldavie imaginent un destin politique différent. Au moment de la dislocation de l’Union Soviétique, les Moldaves roumanophones et les Roumains unionistes ont espéré dans le rattachement de la Moldavie à la Roumanie. Les puissances occidentales rejetèrent cette aspiration louable. Superviseur de la soi-disant « transition démocratique » à l’Est entre 1991 et 1993, le président du Conseil constitutionnel français, Robert Badinter, sacralisa l’intangibilité des frontières, quitte à favoriser les conflits armés.
Des violences affectèrent rapidement le nouvel État. Craignant une éventuelle intégration dans l’ensemble roumain, la minorité gagaouze – des turcophones convertis au christianisme orthodoxe au XVe siècle – proclame son indépendance en août 1990 avant de bénéficier d’un statut de république autonome au sein de l’État moldave. Élisant au suffrage universel direct un bashkan (le gouverneur), la Gagaouzie se compose de quatre territoires non continus.
![moldova_map_transnistria[1]-2936322850.jpg](http://euro-synergies.hautetfort.com/media/01/02/2826679679.jpg)
Cette solution constitutionnelle ne concerne pas la Transnistrie ou « République moldave du Dniestr ». S’étirant sur une bande de 500 km² entre le Dniestr et la frontière ukrainienne, la Transnistrie défend l’autodétermination des populations slavophones (environ 28 % d’Ukrainiens et 25 % de Russes), d’où sa sécession en 1991. C’est toujours à l’heure actuelle un « État-fantôme » non reconnu sur le plan diplomatique qui maintient néanmoins une garnison militaire russe de 1500 hommes (la 15e armée). Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement du maréchal roumain Ion Antonescu avait créé une région spéciale – la grande Transnistrie – s’étendant de la Podolie aux berges du Dniestr et du Boug. Il faut noter qu’en 2005 est fondée à la demande de l’Union dite européenne l’Eurorégion Siret – Prout – Dniestr qui couvre à la fois la Roumanie et la Moldavie.
Quand éclate la guerre entre la Russie et l’Ukraine en février 2022, les commentateurs se surprennent qu’à part quelques missiles tombés sur le sol transnistrien et de brefs incidents, ni les Russes, ni les Ukrainiens n’utilisent ce foyer séparatiste pour lancer des offensives. Des liens économiques étroits, parfois mafieux, existent en fait entre Tiraspol et Kyiv si bien qu’aucun protagoniste n’a vraiment intérêt à ouvrir un nouveau front. Les Ukrainiens considèrent la Transnistrie qui a maintenu le décorum soviétique et les statues du camarade Vladimir Illich comme un espace neutre où se nouent de fructueuses affaires. Kyiv se méfie de tout projet grand-roumain et n’oublie pas qu’Odessa fut un port roumain entre 1941 et 1944…

L’actuel gouvernement moldave, fort d’une majorité absolue au Parlement sortant grâce aux députés du PAS (Parti Action et Solidarité), ne cache pas son orientation euro-atlantiste. Ainsi a-t-il interdit le port du ruban noir et orange de Saint-Georges et le symbole Z. En revanche, la Gagaouzie ignore tout simplement ces interdictions, car les Gagaouzes conservent un tropisme moscovite. Depuis la fin de l’année 2023, le parlement autonome gagaouze a rompu toute relation officielle avec le gouvernement et les autres institutions moldaves. Les autorités gagaouzes dénoncent, sous couvert de lutter contre la corruption, le PAS de volonté centralisatrice.


La réalité est toutefois plus complexe et moins binaire. Certes, certains Moldaves souhaitent rejoindre le monde russe tandis que d’autres rêvent d’unir la Moldavie à la Roumanie. Mais des Moldaves aspirent à rester indépendants, voire à former une « grande Moldavie » aux dépens des Roumains (le moldovenisme) alors qu’une infime minorité a envisagé avant la guerre de 2022 une éventuelle intégration à l’Ukraine.
Le gouvernement moldave et les Occidentaux s’élèvent contre les ingérences russes dans les affaires intérieures moldaves tout en pratiquant une influence atlantiste poussée. Ces mêmes Occidentaux se taisent, approuvent ou se félicitent de l’expulsion du champ électoral de certaines formations politiques suspectées de collusions avec Moscou. Le 26 septembre dernier, à la demande du ministère de la Justice et au lendemain d’un jugement rendu par la cour d’appel de Chisinau, la commission électorale moldave interdit d’activités pour un an le mouvement Cœur de la Moldavie, membre du Bloc électoral patriotique avec les communistes et les socialistes, alliance soutenue par l’ancien chef d’État Igor Dodon (2016 – 2020).

Le parti d’Irina Vlah (photo), ancien bashkan, se voit accusé d’achats de suffrages, de financement illégal et de blanchiment d’argent (on se croirait chez les macroniens et les socialistes hexagonaux !). Supposé lié à Moscou, le Bloc Alternatif entend dépasser le clivage gauche – droite. Jugé « populiste », Notre Parti de Renato Usatii se méfie à la fois des factions pro-occidentales et pro-russes et tendrait vers un moldovenisme modéré. Quant au bloc Victoire du banquier millionnaire moldavo-russo-israélien Ilan Shor, il n’a pas eu le droit de présenter des candidats, car son fondateur vit à Moscou. L’oligarque verserait des sommes d’argent à des milliers de Moldaves nécessiteux. Le gouvernement ne goûte guère cette charité intéressée. La police moldave a pris l’habitude de donner des amendes aux bénéficiaires d’Igor Shor d’un montant de 1 275 à 1 780 €. Une fortune pour les Moldaves !
La désinformation n’est pas seulement russe; elle provient aussi du gouvernement. Le lundi 22 septembre, les policiers arrêtent une centaine de personnes suspectées de préparer des opérations de déstabilisation. Les services russes les auraient formées lors d’un récent séjour en Serbie elle-même en plein tumulte politico-social. Serait-ce l’embryon d’une contre-révolution de couleur ? Les personnes arrêtées ont moins de chance que les Géorgiens parce qu’on attend toujours la réaction scandalisée de l’Union pseudo-européenne !
Ces initiatives liberticides se réfèrent aux restrictions politiques roumaines au moment de l’élection présidentielle controversée en 2024 – 2025 en attendant l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France. On constate qu’une indéniable frénésie complotiste frappe maintenant les officines atlantistes.

Gangréné par une corruption endémique, l’État moldave, le plus pauvre du continent européen, demeure par son histoire, sa population et sa géographie, tiraillé entre Bucarest, Moscou et Kyiv sans omettre l’ombre d’Ankara. Les cénacles islamo-nationalistes néo-ottomans turcs se souviennent que la Bessarabie relevait de l’Empire ottoman. Malgré leur confession chrétienne, leur fidélité au patriarcat de Moscou et leur russophilie, les Gagaouzes sont des turcophones, ce qui peut favoriser les volontés pantouraniennes.
Le destin imbriqué de la Moldavie, de la Gagaouzie et de la Transnistrie demeure énigmatique. Leurs velléités nationales se contrarient bien évidemment. Il faut donc craindre que la situation moldave soit plus que jamais insoluble à moyenne échéance.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 168, mise en ligne le 3 octobre 2025 sur Radio Méridien Zéro.
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L’Occident étouffe la dissidence pour préparer les citoyens à la guerre

L’Occident étouffe la dissidence pour préparer les citoyens à la guerre
Davide Rossi
Source: https://telegra.ph/LOccidente-soffoca-il-dissenso-per-pre...
La situation actuelle a généré les prémisses dramatiques visant à diffuser une culture de guerre, alimentée par des peurs savamment et artificiellement construites, en inventant des ennemis là où il n’y en a pas.
À notre époque, marquée par des oppositions souvent plus verbales et verbeuses que substantielles, mais toujours dichotomiques, ne laissant aucune place au dialogue, à la confrontation, à l’approfondissement, où l’on véhicule des modèles absolus et absolutistes selon lesquels il n’est pas permis de s’aventurer dans la réflexion mais où il s'agit simplement de prendre parti, presque obligatoirement du côté de la pensée dominante, prélude à toute guerre, la dissidence étant devenue inadmissible, répréhensible, erronée et fausse simplement parce qu’elle a été pensée.
Lire la complexité des faits et de la réalité devient ainsi toujours et en tout cas condamnable, car cela impliquerait de démanteler l’architecture de guerre qui s’est construite autour du récit dominant, lequel doit être soutenu à chaque souffle médiatique, imposé avec une violence à la fois subtile et robuste à des citoyennes et citoyens de plus en plus détachés et désorientés face à un monde qu’on leur fait percevoir comme lointain et incompréhensible.

L’acquiescement passif généralisé des anciennes générations, majoritaires en Occident, trouve un triste et tragique équivalent symétrique parmi les jeunes générations, bien que, fort heureusement, de notables et brillantes exceptions existent. Les jeunes, en effet, ont généralement intériorisé la substance de cette induction martelée, pour aboutir à une passivité complaisante tout en se consacrant à des questions éphémères, où le jeu de la dissidence n’est qu’un jeu, où mettre ou non un « like » sur les réseaux sociaux est essentiellement pareil et totalement insignifiant, car toutes ensemble, les nouvelles générations occidentales, et celles qui ont été occidentalisées à travers le monde, ont été convaincues de s’intéresser à des sujets peu significatifs et essentiellement évanescents, pour lesquels le fait de prendre parti devient un masque social pour une représentation sans avenir.
Après avoir été privés de la parole, le système tente de priver également les jeunes générations de toute pensée et, comme le rappelait à juste titre l’écrivain Erri De Luca il y a quelque temps, il ne leur reste plus qu’à écrire sur leur propre corps, en essayant d’y graver ce que l’on suppose indélébile, alors que cela s’effacera avec le temps et le cours de la vie, transformant les tatouages en une éloquence muette d’un corps plus ou moins maladroitement encadré par les époques précédentes, mais incapable, comme celui qui l’habite, de parole.
Écouter sans parler ni répondre et, au final, ne plus parler, enfermés dans une réalité irréellement réelle, virtuellement compensatrice des besoins émotionnels et communautaires qui, en Occident, ont été violemment étouffés pour transformer les femmes et les hommes, et surtout les jeunes, en atomes sociaux inoffensifs et insignifiants, des monades séparées de toutes les autres et toutes ensemble coupées du monde qui les entoure.
Le tout est aggravé par la réduction de l’information et de la connaissance à ce qui peut être simplement et uniquement véhiculé par le smartphone, érigé en source principale, pour beaucoup exclusive, d’interaction avec le monde extérieur, dans un cadre qui confond le haut et le bas, le bon et le mauvais, le vrai et le faux, le tout dans un kaléidoscope où distinguer devient une fatigue supplémentaire et difficile à pratiquer, et où les mille pages des « Frères Karamazov » de Dostoïevski deviennent un sommet inatteignable, même dans le simple résumé wikipédesque. Privés ainsi de savoirs et de beauté, les langages et les pensées s’appauvrissent, brûlent leurs racines, abandonnées, perdues et oubliées, tout comme sont oubliés en même temps les multiples et complexes branches qui tiraient origine, sève et vie de ces racines, donnant feuilles, fruits, fleurs, c’est-à-dire toute la richesse bigarrée des cultures.

Une communication qui, par ailleurs, se trouve écrasée par des dynamiques de marchandisation et de commercialisation où les valeurs et qualités artistiques et culturelles sont submergées et dévastées par les exigences d’un marché qui engloutit toute dimension et surtout l’imaginaire personnel et collectif, violemment colonisé et poussé vers une homogénéisation dévastatrice, réductrice, avilissante.
Le tragique résultat final est une société appauvrie et appauvrissante, où le réel est transcendé au profit du superficiel, où la complexité est réduite à des jugements banalisés, positifs ou négatifs, dictés par des attitudes superficiellement préconçues, au sein de dichotomies culturelles et politiques où progressisme et conservatisme sont réduits à des postures générales, impalpables et factices, manifestant davantage une gigantesque pauvreté spirituelle qu’une profonde plénitude de contenu.
L’Occident, ainsi privé de son univers culturel et de ses valeurs séculaires, a perdu de vue l’essentiel, pour se réduire à la simple vénération de l’argent, devenu malheureusement et tragiquement l’étalon de toutes les relations, une approche monétariste de la culture et des relations humaines qui a produit une coexistence de plus en plus injuste dans ses dynamiques matérielles et de plus en plus dégradée dans ses dynamiques spirituelles.
Le tout dans une auto-référentialité qui amène les citoyennes et citoyens occidentaux à perdre totalement de vue et à ne pas comprendre les expressions culturelles et les sociétés extra-occidentales, dans lesquelles les relations humaines et la vie quotidienne sont encore rythmées par des temps, des pensées et des modalités étrangères à la marchandisation.
Cette situation a généré les prémisses dramatiques visant à véhiculer une culture de guerre, alimentée par des peurs soigneusement et artificiellement construites, inventant des ennemis là où il n’y en a pas, comme dans le cas de la Russie, construisant des murs qui rendent incompréhensible ce qui est étranger à la petitesse des horizons dans lesquels on nous a enfermés, une cour étouffée par des murs encore plus étouffants et lourds, vendue comme un « jardin fleuri », selon les paroles tragiques de Josep Borrell, ancien Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, épigone de toutes celles et ceux qui ont pris et continuent à prendre l’Union européenne et l’Occident pour un paradis démocratique, alors qu’il s’agit, à l’évidence, d’un enfer libéral-libéraliste, néolibéral, tandis que ceux qu’ils désignent comme autocraties et dictatures sont des nations où la politique décide de l’économie au bénéfice des citoyens et aussi, justement, des États dans lesquels les femmes et les hommes sont encore loin de la dégradation et de la décadence que nous vivons et traversons dans le Vieux Continent et le reste de l’Occident, des États-Unis à l’Australie. Cet Occident collectif de plus en plus vidé de sens et de signification et, pour cette raison même, privé d’espérance.

Le déclin de l’Occident n’est pas simplement un déclin matériel et irréversible dû à la fin de la période du pillage des matières premières énergétiques et alimentaires au détriment du Sud global, mais c’est aussi et surtout le crépuscule d’une civilisation qui a renoncé à la confrontation, à la recherche et à l’innovation, et s’est tristement et tragiquement repliée dans une fermeture hautaine face à toute forme d’altérité, par peur de toute confrontation et contamination, montrant ainsi toute la faiblesse d’un temps, le présent, qui a détruit ses propres racines historiques, spirituelles, matérielles pour se réduire à un miroir complaisant de soi-même dans la pauvreté actuelle, image compensatoire, autosuffisante et auto-gratifiante, un selfie dont on ajuste les couleurs et le contraste sans se rendre compte qu’il reste essentiellement une image pauvre, floue et délavée.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, je continue à croire que celles et ceux qui trouveront en eux-mêmes la force de ne pas renoncer, d’étudier, de résister, de lutter — forts de leur histoire, de leur culture, de leur identité, y compris religieuse et politique — non seulement pourront s’améliorer eux-mêmes et améliorer leur entourage, mais surtout indiqueront une voie vers la paix, la coopération et l’amitié entre les peuples à toutes celles et ceux qui, violés et humiliés par la violence du système libéral, ont perdu tout espoir et toute parole et s’abandonnent de plus en plus à la rhétorique belliqueuse de la guerre.
14:53 Publié dans Actualité, Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : occident, décadence, sociologie, philosophie |
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samedi, 04 octobre 2025
Les Cent jours de Merz: bilan d'un échec

Les Cent jours de Merz: bilan d'un échec
Berlin. Cent jours se sont écoulés depuis l'entrée en fonction officielle de la coalition noire-rouge de Merz (= chrétiens-démocrates et socialistes). De nombreux électeurs sont désormais complètement désabusés et doivent se rendre à l'évidence que le changement politique promis ne se concrétise pas. Le gouvernement Merz poursuit sans discontinuer la politique ratée de ses prédécesseurs de la coalition « feu tricolore ». Merz, qui s'était présenté pour « réduire de moitié » l'AfD, s'est révélé être un exécutant sans volonté du programme gauche-vert – et a contribué à l'envolée inattendue de l'AfD.
Tous les problèmes fondamentaux du pays continuent de s'aggraver sous la coalition noire-rouge. L'immigration massive n'est pas stoppée, la désindustrialisation progresse et le pillage des contribuables pour des projets idéologiques se poursuit sans relâche. De nombreux secteurs de l'économie ont désormais perdu tout espoir et délocalisent de plus en plus leurs activités à l'étranger.
Le pouvoir réel reste entre les mains des forces qui mènent l'Allemagne dans la mauvaise direction depuis des décennies. S'appuyant sur le dogme du « mur coupe-feu » (= du "cordon sanitaire") et sur des structures parallèles centrées autour d'ONG généreusement subventionnées, les idéologues de gauche tiennent fermement les rênes. L'État de droit et la démocratie sont systématiquement sapés, tandis que le seul parti d'opposition sérieux est menacé d'interdiction. Cela ne reflète pas l'État de droit allemand, qui a déjà beaucoup souffert sous la ministre de l'Intérieur de gauche Nancy Faeser.
Mais la voix du peuple souverain se fait de plus en plus forte. Malgré toutes les campagnes de dénigrement et d'exclusion, l'AfD est désormais devenue la première force politique du pays dans les sondages. Rien ne pourra l'empêcher d'accéder aux responsabilités gouvernementales.
Le bilan historique du chancelier Merz est bien sûr désastreux. Après seulement cent jours au pouvoir, il entrera dans les annales de la République fédérale comme le président de parti qui aura achevé l'œuvre destructrice de Merkel, comme le fraudeur électoral qui aura facilement éclipsé tous les opportunistes et les girouettes qui l'ont précédé, notamment dans les rangs de l'Union (chrétienne-démocrate), comme l'homme de main d'un front uni de gauche woke inébranlable – et comme un échec sans précédent, laissant aux générations futures une dette colossale et une société en pleine désintégration (rk).
Source: Zu erst, Oct. 2025.
18:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique, allemagne, europe, affaires européennes, friedrich merz |
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La rivalité entre Moscou et Washington dans le monde turcophone

La rivalité entre Moscou et Washington dans le monde turcophone
Stefano Vernole
Source: https://telegra.ph/La-rivalit%C3%A0-tra-Mosca-e-Washingto...
Le grand partenariat eurasiatique représente en effet la seule carte dont disposent Moscou et Pékin pour concilier leurs projets d’infrastructures dans la région.
Tandis que l’administration Trump joue la carte de la séduction face aux «swing states» en les attirant avec de nouveaux accords énergétiques — comme celui proposé à la Turquie pour l’achat de son GNL, devenu manifestement moins attrayant après le doublement de la connexion énergétique russo-chinoise — et dans les secteurs de la technologie nucléaire civile et de l’aviation, ou proposé au Kazakhstan et à l’Ouzbékistan, avec 12 milliards de dollars dans les secteurs aérien, ferroviaire et dans celui des matières premières, la Russie mise sur une stratégie globale et promeut le concept « Altaï, patrie des Turcs » ainsi que le projet « Grand Altaï » comme contrepoids à l’Organisation des États turciques (OTS). Par le biais de conférences, d’expéditions et d’initiatives soutenues par l’État, Moscou cherche à se positionner non comme un acteur marginal dans le monde turc, mais comme son centre historique et culturel, notamment après la médiation nécessaire atteinte avec Istanbul en Syrie après la chute d’Assad.

Selon divers documents publiés, la Russie commence à percevoir l’OTS comme un défi à sa présence en Asie centrale, et la narration de l’Altaï présente la région Sayan-Altaï comme le berceau des langues, des États et de la culture turcs aux 6ème-7ème siècles. Les historiens et fonctionnaires russes soulignent combien l’Altaï est le lieu d’origine sacré des peuples turcs et représente un espace de coexistence entre communautés slaves et turques au nom d’une origine eurasiatique commune.
Cette vision de la translatio imperii permet à Moscou de se présenter en «gardienne» du patrimoine turc, tout comme la Turquie l’a fait, à l’inverse, avec la gestion de Sainte-Sophie à Istanbul.
Des conférences comme le Forum international de l’Altaï à Barnaoul, la publication de la Chronique de la civilisation turque et des programmes pour la jeunesse en turcologie donnent à ce récit un certain poids académique. Cette approche met en lumière le rôle de la Russie comme centre de civilisation et non comme périphérie.

Moscou promeut le projet « Grand Altaï » comme une initiative transfrontalière reliant la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie et la Chine. Les objectifs proclamés du projet en matière d’écologie, d’échanges scientifiques et de renaissance culturelle s’alignent sur des objectifs politiques plus larges: renforcer le patrimoine turc dans une identité eurasiatique; étendre le soft power russe à travers des projets transfrontaliers; démontrer la capacité à établir des plateformes d’interconnexion alternatives.


En juillet 2025, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine a accueilli à Manzherok, en République de l’Altaï, des dirigeants venus du Kazakhstan, d’Arménie, de Biélorussie et d’autres pays. Bien que présenté officiellement comme un forum environnemental, l’événement a aussi servi de plateforme pour discuter d’intégration et de commerce, révélant ainsi sa nature géopolitique sous couvert culturel.
Les États d’Asie centrale cherchent à équilibrer prudemment les deux cadres.
Le Kazakhstan a reconnu l’Altaï comme une « patrie sacrée de la civilisation turque », tout en s’engageant activement dans des projets lancés par l’Organisation des États turciques (OTS), tels que le livre d’histoire turc commun et l’alphabet unifié. L’Ouzbékistan et le Kirghizistan participent à des festivals et expéditions sur l’Altaï, obtenant une légitimité culturelle sans engagements politiques plus profonds.
Pendant ce temps, les initiatives de l’OTS continuent de progresser. Le livre d’histoire, coordonné par l’Académie turque, est en cours de rédaction et l’alphabet unifié, approuvé en 2024, est introduit progressivement. La Russie observe les deux initiatives avec suspicion, craignant que le nationalisme turcophone ne soit utilisé contre l’intégration eurasiatique.
Plutôt que d’affronter directement l’OTS, la Russie insère l’Altaï dans des stratégies eurasiatiques plus larges, y compris les programmes culturels de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et le dialogue avec l’Union économique eurasiatique (UEE). La compétition concerne cependant moins l’interprétation historique que la définition de futures constellations d’influence.
La stabilité de l’Asie centrale est devenue une composante essentielle de la stabilité même de la République populaire de Chine. Le Traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération éternelle, signé à Astana le 17 juin 2025, engage six parties à ne pas s’aligner l’une contre l’autre, à la modération réciproque, aux consultations et à l’élargissement de la coopération en matière de sécurité et d’économie, tout en intégrant les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, et en permettant des liens opérationnels plus profonds.
Les récents sommets de Xi’an et d’Astana ont créé 13 plateformes de coopération et mis en place un Secrétariat pour en coordonner la mise en œuvre. En juillet 2025, la Chine et ses partenaires d’Asie centrale ont inauguré des centres de coopération au Xinjiang pour la réduction de la pauvreté, l’échange éducatif et la prévention de la désertification. Leur mission est pratique: emplois ruraux, formation professionnelle, transfert de technologies et gestion environnementale afin de réduire les racines de l’insécurité.

Les corridors économiques terrestres à travers le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan revêtent aujourd’hui une importance stratégique. L’Asie centrale offre à Pékin une diversification des routes, des tampons physiques contre les chocs maritimes et un accès aux marchés adjacents. La Chine a approuvé la troisième connexion ferroviaire Chine-Kazakhstan, a avancé la ligne Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan après des décennies de négociations et a amélioré les routes avec le Tadjikistan. Les services de conteneurs se sont étendus et le corridor transcaspien a vu sa capacité et sa coordination améliorées. Pékin combine la logistique au pilotage sécuritaire: gestion des frontières, partage de données et formations conjointes, souvent sous l’égide de l’OCS.
Le grand partenariat eurasiatique représente en effet la seule carte dont disposent Moscou et Pékin pour concilier leurs projets d’infrastructures dans la région, fournir à l’Asie centrale la connectivité nécessaire à son essor économique et empêcher les États-Unis d’y créer un foyer de déstabilisation de toute l’Eurasie.
La stratégie du président Vladimir Poutine de centraliser le pouvoir dans la Fédération de Russie a des implications particulières pour les régions frontalières russes, qui ont poursuivi un dialogue avec les États voisins. Le territoire de l’Altaï et la République de l’Altaï — deux régions frontalières russes du sud-ouest de la Sibérie — participent ainsi à une initiative régionaliste avec les régions voisines de la Chine, du Kazakhstan et de la Mongolie. Cette alliance régionale multilatérale entre administrations infranationales vise à coordonner les politiques de développement économique dans la sous-région des monts Altaï. Ses perspectives dépendent en grande partie du soutien politique et économique des autorités fédérales russes, mais aussi du consensus chinois et de l’élaboration d’un soft power eurasiatique plus que jamais nécessaire au vu des défis géostratégiques actuels.
18:05 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : asie centrale, actualité, pays turcophones, turcophonie, asie, chine, russie, altaï, affaires asiatiques, connectivité, géopolitique |
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La Belgique verse des pensions à des «co-veuves» de polygames au Maroc et en Algérie!

La Belgique verse des pensions à des «co-veuves» de polygames au Maroc et en Algérie!
Les chiffres ne mentent pas: au début de cette année, 424 pensions de survie belges ont été réparties entre deux veuves d'un même homme polygame. Cela signifie que l'État belge reconnaît de facto les mariages polygames par le biais de la sécurité sociale, bien que la polygamie soit interdite par la loi en Belgique.
Plus frappant encore, dans le cas des allocations de transition – qui sont versées pendant 48 mois maximum en cas d'enfants à charge –, le montant intégral est versé deux fois. Dans ce cas, les deux veuves reçoivent donc chacune le montant total.

La députée flamande Ellen Samyn, du VB (photo), qui a demandé à recevoir ces chiffres, qualifie cette pratique de « totalement inacceptable ». « La reconnaissance de facto de la polygamie par le gouvernement fédéral, y compris le double versement des allocations de transition, est totalement inacceptable », dénonce-t-elle.
Dans sa réponse à la question de Mme Samyn, le ministre des Pensions, Jan Jambon (N-VA), a indiqué que la Belgique respecterait tous les accords bilatéraux en la matière. Dans la pratique, cela signifie que les mariages polygames, qui sont légaux dans d'autres pays, ont également des conséquences fiscales et sociales en Belgique.
17:44 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : actualité, belgique, europe, affaires européennes |
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Adieu à la «Nouvelle Droite!» - Pour une critique interne de la ND allemande

Adieu à la «Nouvelle Droite!»
Pour une critique interne de la ND allemande
Werner Olles
Pas d’inquiétude ! Ou, inversement: ne vous réjouissez pas trop vite ! La teneur du titre ci-dessus ne signifie nullement un adieu à la vraie et honnête droite. Notre décision – hélas bien trop tardive – ne signifie que ceci: nous renonçons définitivement à tenter 1) de faire entendre raison à ces intellectuels arrogants et pédants qui se désignent encore, bien à tort, comme représentant la « Nouvelle Droite », alors qu’ils sont depuis belle lurette totalement dépassés et obsolètes, à ces politiciens de pacotille, ces discoureurs philosophants et ces lâches politiques hissés sur une chaise percée académique, dont le plus grand bonheur a été de réussir en tant que porteurs d’eau ou de valises de quelque député AfD, et 2) de leur demander de mettre fin à leur existence parasitaire de figurines de la « Nouvelle Droite intellectuelle » et réformiste.
Notre critique n’a en rien un caractère généralisateur, car tout notre respect va toujours à des « Nouveaux Dextristes » tels que l’éditeur Götz Kubitschek, qui a brillamment dévoilé le système qui « joue à l’État » et a démasqué un certain M. Krah – à qui, soit dit en passant, nous n’accorderions pas la moindre confiance – comme étant un joueur politique dangereux; mon respect va aussi au fondateur du Mouvement identitaire et activiste politique Martin Sellner, qui continue son oeuvre malgré toutes les tracasseries et répressions de la classe dirigeante corrompue ; il va aussi au publiciste Wolfgang Hübner, qui, jour après jour, trouble par ses commentaires en ligne le consensus mensonger et rend transparent pour tous les règles du langage pseudo-démocratique, y compris le jargon du régime de la RFA et de ses médias menteurs, déformé en outil de propagande et de publicité démocratique économiciste et belliciste ; il va aussi à Jürgen Elsässer, qu’on partage ou non toutes ses idées et thèses. Naturellement, ces auteurs et activistes, cités ici, représentent toute une cohorte d’autres camarades, qu’il serait trop long d’énumérer ici.

Notre respect n’est pas acquis en revanche à ces érudits de cabinet, ces bavards et ignorants qui aiment trop se pavaner dans la lumière d’un certain gourou, qui s’en prennent volontiers à des camarades plus âgés en leur adressant des commentaires venimeux – ou, pire encore, veulent leur faire la leçon – mais qui, à part quelques traités théoriques et alambiqués et l'organisation de lamentables événements sans grand intérêt, n’ont rien accompli de significatif.
Cette soi-disant « Nouvelle Droite » n’a produit ni un militant courageux comme Tommy Robinson, prêt à se jeter dans la mêlée contre les bandes terroristes antifas ou islamistes si nécessaire, ni un excellent penseur comme Guillaume Faye, dont les idées et théories fascinantes et originales enthousiasment tout véritable homme de droite ayant su se débarrasser de toutes les œillères conformistes. Elle n’a pas non plus réussi à faire émerger un philosophe et analyste géopolitique comme Alexandre Douguine, dont les analyses et impulsions intelligentes sont décisives pour toute vraie droite, et elle n’a pas su non plus attirer à elle d’importants analystes politiques, intellectuels organiques et théoriciens comme Günter Maschke et Robert Steuckers, qui, au contraire, s’en sont très justement éloignés.

Elle n’a pas non plus découvert de remarquables talents littéraires comme Jean Mabire, Dominique Venner, Jean Raspail ou Richard Millet. En vérité, elle est spirituellement et intellectuellement à bout de souffle et assiste, ébahie sinon incrédule, au suicide civilisationnel, culturel et ethnique de son propre peuple, suicide qui est notre réalité d’aujourd’hui.
Cette « Nouvelle Droite » n’a jamais compris, et ne comprendra jamais, que la construction théorique et la force révolutionnaire vont de pair, et que les élections et le droit de vote, à l’époque de « notre démocratie libérale », sont totalement inutiles tant qu’ils ne se réfèrent pas à une totalité qui serait la négation affirmative de la réalité sociale actuelle et tant qu'ils n’aspirent pas au statut de critique universelle à la manière hégélienne.
Ce que la « Nouvelle Droite » a par contre réussi depuis les années 1980, c’est la formation récurrente de personnages et types sociaux esthétisants et auto-esthétisants, ce qui n’est en fin de compte rien d’autre qu’une caricature pop-culturelle de la concrétude chosifiée et usurpée de l’ontologie, telle que la met en lumière Heidegger dans « L'Être et le Temps ». Nous la félicitons de tout cœur pour ce résultat fantastique. Bravissimo ! Laissons-la donc mijoter tranquillement dans son propre jus. Son temps est révolu ! Qu’elle repose en paix !
17:29 Publié dans Actualité, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : actualité, allemagne, nouvelle droite |
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vendredi, 03 octobre 2025
Emergence et développement des BRICS: un point de vue européen

Emergence et développement des BRICS: un point de vue européen
Robert Steuckers
(Texte rédigé en septembre 2024)
Par le poids déterminant mais non oblitérant de la Russie et de la Chine dans le phénomène des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ce dernier apparaît bien évidemment comme un fait géopolitique et géoéconomique propre à la masse continentale eurasienne, située à l’Est du Niémen, du Dniepr, du Bosphore et du Caucase. Notre espace, situé à l’Ouest de cette ligne floue n’aurait rien à voir avec ce monde de steppes infinies, au-delà duquel la race jaune domine. C’est oublier un peu vite que l’Europe a été matériellement une pauvre civilisation repliée sur elle-même (ce qui ne minimise aucunement la richesse spirituelle du moyen âge), une civilisation « enclavée », et qui cherchait désespérément à se désenclaver (1), position fragile que l’esprit de croisade tentera en vain d’annuler. Seules les villes marchandes italiennes, Venise et Gênes, resteront vaille que vaille branchées sur les routes de la Soie. La pression ottomane, surtout après la chute de Byzance (1453), semblait inamovible. Les initiatives maritimes portugaises suite aux travaux scientifiques et géographiques du Prince Henri le Navigateur, la découverte de l’Amérique par Colomb et la conquête russe du bassin de la Volga et des premières terres sibériennes effaceront cet enclavement européen. On connaît la suite. Toutefois, à la fin du 18ème siècle, avant la totale mainmise britannique sur le sous-continent indien, la Chine et l’Inde demeuraient les principales puissances industrielles, les civilisations les plus riches. La parenthèse miséreuse de l’Inde et de la Chine n’aura finalement duré que moins de deux siècles. Nous assistons aujourd’hui, voire depuis trois décennies, au retour à la situation d’avant 1820 (2).

Le désir de désenclavement était bien présent dans l’esprit de nos ancêtres aux 15ème et 16ème siècles. Pour ce qui concerne la Moscovie (on ne parlait pas encore de « Russie »), le personnage le plus emblématique fut Sigismund von Herberstein (3) (illustration). Diplomate au service des empereurs germaniques Maximilien I, Charles-Quint et Ferdinand I, il exécuta deux missions en Russie en 1517-1518 et 1526-1527, à l’époque où régnait Vassili III, père d’Ivan IV le Terrible. Sigismund von Herberstein ramène de ces deux voyages une description détaillée et inédite du territoire de la Russie-Moscovie, plus particulièrement de son hydrographie, les fleuves étant les principales voies de communication depuis les Varègues (et probablement de peuples divers avant eux) (4). La mission de von Herberstein était de plaider la paix entre la Pologne-Lituanie et la Moscovie afin d’organiser une vaste alliance entre ces puissances slaves ou balto-slaves et le Saint-Empire contre les Ottomans, puissance montante à l’époque. Dès les premières décennies du 16ème siècle, la raison civilisationnelle postulait une alliance entre l’Europe centrale (et bourguignonne car Philippe le Bon et Charles le Hardi entendaient tous deux reprendre pied sur le littoral de la mer Noire) et les Etats polono-lituanien et moscovite, tout en annulant, par l’art de la diplomatie, les belligérances entre ces derniers. Une sagesse qui n’a pas été réitérée dans l’actuel conflit russo-ukrainien.

Plus tard, après que le Saint-Empire a été ravagé par les armées de Louis XIV (allié aux Ottomans pour prendre l’Autriche à revers), les universités, dont Heidelberg, avaient été réduites en cendres, laissant une quantité d’étudiants et de professeurs sans emploi. Le Tsar Pierre le Grand entreprend, au même moment, une modernisation-germanisation de la Russie et fait appel à ces cadres déshérités, tout en recevant les conseils de Gottfried Wilhelm Leibniz (portrait), le célèbre philosophe et mathématicien allemand. Pour Leibniz, intéressé par la pensée chinoise, la Moscovie du Tsar Pierre, en commençant à gommer le chaos de toutes les terres sises entre l’Europe et la Chine, fera de cet espace un « pont » entre l’écoumène européen, centré sur le Saint-Empire (à reconstituer), et la Chine. L’harmonie devra alors, à terme, régner sur cet ensemble à trois piliers. L’eurasisme, avant la lettre, est donc né dans la tête de ce philosophe et mathématicien hors pair (pour son époque), qui oeuvrait sans relâche dans la bonne ville de Hanovre, à la charnière des 17ème et 18ème siècles.

Plus tard, sous la République de Weimar, les cercles nationaux-révolutionnaires, qu’Armin Mohler comptait parmi les avatars de la « révolution conservatrice », évoquaient une « Triade » germano-soviéto-chinoise, reposant sur le Kuo Min Tang de Tchang Kai Tchek, le PCUS sous la houlette de Staline et un pôle révolutionnaire allemand anti-occidental qui devait encore prendre le pouvoir : cet aspect de la diplomatie et de la géopolitique nationales-révolutionnaires de l’ère de Weimar n’a guère été exploré jusqu’ici. En effet, mis à part une thèse de doctorat de Louis Dupeux (5), ni la littérature scientifique ni la très nécessaire littérature militante et vulgarisatrice n’ont abordé en profondeur cette notion de « Triade » qu’analyse pourtant un témoin direct des activités de ces cercles nationaux-révolutionnaires sous la république de Weimar, Otto-Ernst Schüddekopf (6). Ce dernier fréquenta les cercles autour d’Ernst Niekisch, Ernst Jünger et Friedrich Hielscher à partir de 1931. Il se spécialisa dans l’histoire de la marine et des forces aériennes britanniques et dans la politique des points d’appui du Reich de Guillaume II au cours de ses études de 1934 à 1938. Plus tard, il fut affecté à l’Abwehr (pour des opérations antibritanniques, notamment en Irlande) puis à l’Ahnenerbe (dont le directeur Wolfram Sievers était un ami de Hielscher) et, finalement, au RSHA. En dépit de cette inféodation aux sphères prétoriennes du Troisième Reich, Schüddekopf et Sievers aideront des dissidents proches des cercles NR et seront au courant de la tentative d’attentat contre Hitler, qui fut ultérieurement perpétrée par Stauffenberg, sans pour autant subir les foudres de la police politique. En 1945, Schüddekopf sera incarcéré pendant trois ans dans une prison de haute sécurité à Londres puis entamera une carrière universitaire en République Fédérale (7).


Un autre personnage précurseur de l’eurasisme, style BRICS, sera l’officier Richard Scheringer (1904-1986) (photo), natif d’Aix-la-Chapelle. Sa qualité d’officier ne l’empêcha pas d’avoir eu plutôt une carrière rouge de rouge. L’analyse des textes parus dans sa revue Aufbruch (8) révèle un tropisme chinois, inséré dans l’espoir de voir triompher une « Triade » anti-occidentale, tropisme chinois qui agitait certains esprits dans les coulisses de la diplomatie belge (et dont la trace la plus visible reste la présence de Tchang, l’ami d’Hergé, à Bruxelles dans les années 30 et la parution de l’album de Tintin, Le Lotus bleu, clairement sinophile). En dépit de son militantisme communiste, Scheringer servira dans la Wehrmacht en territoire soviétique sans être inquiété par les services allemands et reprendra son militantisme rouge, avec ses fils et sa petite-fille (qui seront tous députés PDS, ancêtre de Die Linke). Au soir de sa vie, il appellera à manifester contre la « double décision de l’OTAN » et contre l’implantation de missiles américains sur le territoire de la RFA. Il tentera de mobiliser son vieux camarade Ernst Jünger pour qu’il en fasse autant. Jünger envoya une couronne de fleurs à son enterrement à Hambourg avec la mention « Au vieil ami ». Il resterait à analyser les rapports entre les universités allemandes de l’entre-deux-guerres et des dizaines d’étudiants indiens, désireux de secouer le joug britannique. Ces étudiants appartenaient à toutes les tendances révolutionnaires et indépendantistes possibles et imaginables et cherchaient des appuis allemands tant sous la république de Weimar que sous le régime national-socialiste. La question des rapports germano-indiens est extrêmement complexe et excède le cadre de ce modeste article (9). Aujourd’hui, les étudiants indiens sont, dans Allemagne en déclin du Post-Merkelisme et de Scholz, les plus nombreux parmi les étudiants étrangers inscrits dans les universités.


La « Triade » semble être aujourd’hui une chimère imaginée par des personnages en marge des politiques dominantes et triomphantes de l’entre-deux-guerres allemand. Mais son émergence, même marginale et diffuse, est la hantise des services anglo-saxons. Or, force est de constater qu’en dépit des élucubrations impolitiques répandues par les médias, en coulisses, la « Triade » était devenue, tacitement, un fait accompli. La Russie fournissait le gaz de l’Arctique à un prix défiant toute concurrence, lequel gaz passait dans les eaux de la Baltique, bordée jusqu’il y a quelques mois par des Etats neutres non inféodés à l’OTAN (Finlande, Suède). La Chine était le premier partenaire commercial de l’Allemagne. L’Ostpolitik des socialistes (Brandt, Schmidt, Schröder), préconisant des relations normalisées avec l’Union Soviétique d’abord avec la Russie ensuite, et la Fernostpolitik des démocrates-chrétiens (Strauss), favorisant tous les liens possibles avec la Chine, avaient, avec un réel succès, pris le relais des spéculations sans lendemain des intellectuels non conformistes du temps de la république de Weimar.
La Terre du Milieu russe (ou le « Pont » de Leibniz) avait apaisé le Rimland centre-européen, apaisé l’Iran des mollahs et forgé une alliance pragmatique avec une Chine qui se débarrassait des colifichets idéologiques du maoïsme de la « révolution culturelle », tout en gardant les bons rapports avec l’Inde forgés depuis l’indépendance du sous-continent en 1947. Deux cauchemars de la géopolitique anglo-saxonne de MacKinder et de Spykman s’étaient installés dans le réel : 1) la Terre du Milieu avait avancé pacifiquement ses glacis, rendant plus difficile toute stratégie d’endiguement ; 2) Un morceau considérable du rimland sud-asiatique, l’Iran, était désormais relié aux réseaux ferroviaires financés par la Chine et branchés sur le Transsibérien russe, qui, en fait, est le véritable « pont », bien concret, rêvé par Leibniz du temps de Pierre le Grand. Les deux gazoducs de la Baltique soudaient, dans une concrétude énergétique tout aussi tangible, l’alliance germano-russe préconisée par quantité d’hommes d’Etats depuis Gneisenau, Clausewitz, Bismarck, Rathenau, etc.

Pour briser cette dynamique, il fallait agir en actualisant de vieilles stratégies d’endiguement, de propagande et de zizanie belliciste. Rendre purulent l’abcès ukrainien, en réactivant de vieilles querelles entre Slaves (le contraire de la politique préconisée par Sigmund von Herberstein), en hissant partout au pouvoir en Europe des politiciens de bas étage, des idéologues fumeux et incultes, des juristes ou des banquiers dépourvus de culture historique, des écologistes véhiculant les délires woke, etc. Ce personnel, en rupture de ban avec toutes les écoles diplomatiques, fera une politique dictée par Washington : reniement des politiques socialistes en Allemagne (avec ostracisme à l’encontre de Schröder, qui présidait la gestion des gazoducs de la Baltique), réalignement de la France sur les délires atlantistes depuis Sarközy, abandon des politiques de neutralité en Suède, Finlande et même Suisse (seule l’Autriche résiste mieux grâce à la solide présence de la FPÖ dans les assemblées fédérale et régionales et à la proximité de la Hongrie), création du chaos wokiste et multiculturel dans toutes les sociétés ouest-européennes et même en Pologne depuis le retour de Tusk au pouvoir.
L’émergence, le développement et la consolidation du Groupe BRICS vient donc d’une volonté d’organiser l’ensemble du territoire eurasien des rives orientales du Don et de la Volga jusqu’aux littoraux du Pacifique, d’échapper à un Occident devenu fou, plus rébarbatif encore que l’Occident fustigé par les intellectuels non conformistes des années 1920 et 1930, d’une volonté d’appliquer les recettes d’un économiste pragmatique du 19ème siècle, Friedrich List. Pour cet économiste libéral, ou considéré tel, le rôle premier de l’Etat est d’organiser les communications à l’intérieur de ses frontières, de rendre ces communications rapides et aisées, de créer des flux permanents de marchandises et de personnes, notamment afin de fixer les populations sur leur propre sol et d’empêcher toute hémorragie démographique, telle celle que les Etats allemands (avant l’unification) avaient connu au bénéfice des Etats-Unis.

List (illustration) a exercé une influence prépondérante dans l’Allemagne de son temps mais a également œuvré aux Etats-Unis, préconisant de grands travaux (chemins de fer, canaux, etc.) qui, après leur réalisation, ont donné aux Etats-Unis les assises de leur puissance et permis l’éclosion de leur atout majeur : la bi-océanité. L’idée d’organiser les communications terrestres sera reprise par les dirigeants russes qui créeront le Transsibérien et par des penseurs pragmatiques du Kuo Min Tang chinois, oubliés suite aux vicissitudes tragiques de l’histoire chinoise des 19ème et 20ème siècles. C’est cette volonté véritablement politique de créer des infrastructures, présente en Chine, qui incitera Xi Jinping à lancer son fameux projet des « routes de la Soie » ou BRI (« Belt and Road Initiative »).
La Chine est passée ainsi du maoïsme et de son interprétation naïve et schématique de Marx à un listisme concret et créatif et, ensuite et surtout, à un intérêt pour Carl Schmitt, théoricien qui refusait explicitement toute immixtion étrangère dans les affaires intérieures d’un autre « grand espace ». Dès la fin des années 1980, la Chine avait émis « les cinq principes de la coexistence pacifique », l’adoption planétaire desquels garantissant à tous d’emprunter les « bons taos » (les « bonnes voies », les « bon chemins ») (10). Parmi ces cinq principes figure, bien évidemment, celui qui vise à préserver chaque entité étatique de toute immixtion indue et corruptrice en provenance de puissances lointaines, développant un programme hégémonique ou cherchant à monter des alliances interventionnistes à prétention planétaire, comme l’est, par exemple, l’OTAN. Les BRICS, le noyau initial comme les nouveaux pays adhérents, entendent justement emprunter de « bon taos », qui postulent le contraire diamétral de ce que préconise le « nouvel ordre mondial » de Bush et de ses successeurs à la Maison Blanche ou des dispositifs que veut mettre en place la nouvelle direction de l’OTAN (Stoltenberg, Rutte).
Les deux postulats principaux qui animent les pays du groupe BRICS sont : 1) le développement sans entraves de voies de communications terrestres et maritimes sur la masse continentale ou autour d’elle (le long des littoraux des pays du rimland selon MacKinder et Spykman) et le refus de toute immixtion visant l’hégémonie unipolaire (américaine) ou le blocage des communications entre les rimlands et l’intérieur des continents ou l’endiguement de toute exploitation des nouvelles routes maritimes (Arctique, Mer de Chine du Sud, côtes africaines de l’océan Indien). Voyons comment cela s’articule pour chaque pays participant à la dynamique des BRICS :
La Russie a toujours cherché un débouché sur les mers chaudes ; elle est actuellement attaquée sur deux fronts : celui de l’Arctique-Baltique et celui de la mer Noire. Elle n’a les mains libres qu’en Extrême-Orient, justement là où l’appui britannique au Japon en 1904 avait manœuvré pour lui interdire un accès facile au Pacifique, quatre ans après les 55 jours de Pékin ; les sanctions, forme d’immixtion et de guerre hybride, permettent paradoxalement de développer un commerce des matières premières avec l’Inde et la Chine, totalisant près de trois milliards d’habitants. Le chaos créé en mer Noire bloque (partiellement) l’exportation des céréales russes et ukrainiennes vers la Méditerranée et l’Afrique : le développement de l’agriculture russe sous Poutine est un atout de puissance, que la Russie des Tsars était sur le point de se doter avant que certains services n’utilisent des révolutionnaires utopistes pour éliminer Stolypine et ne favorisent l’émergence d’un bolchevisme anti-agraire. Cette défaillance sur le plan agricole a rendu le communisme soviétique faible et caduc au bout de sept décennies. Il est dans l’intérêt de tous de voir les agricultures russe et ukrainienne se développer et trouver des débouchés, notamment en Afrique. La création d’un foyer durable de turbulences aux embouchures du Don, du Dniepr et du Dniestr contrecarre les intérêts de bon nombre de pays, d’où l’intérêt pour le groupe BRICS de l’Ethiopie, de l’Egypte et de l’Algérie, voire d’autres pays d’Afrique subsaharienne.
La Chine a développé, dans la phase post-maoïste de son histoire récente, une modernité technologique étonnante pour tous ceux qui la croyaient condamnée à une stagnation archaïsante. Dès la moitié du 19ème siècle, les visées américaines sur l’Océan Pacifique, entendaient conquérir le marché chinois pour une industrie américaine à développer qui ne comptait pas encore sur les marchés européens. Ce marché chinois, espéré mais jamais conquis, relevait d’une puissance sans forces navales, non thalassocratique, qui pouvait s’étendre vers l’Ouest, le « Turkestan chinois » (ou Sinkiang) et le Tibet. Washington acceptait une Chine continentale et refusait implicitement une Chine dotée d’un atout naval. L’industrialisation de pointe de la Chine au cours de ces trois dernières décennies a obligé Pékin à protéger les lignes de communications maritimes en mer de Chine du Sud, autour du « point d’étranglement » (choke point) qu’est Singapour pour accéder aux sources d’hydrocarbures que sont les rivaux iranien et saoudien. Par ailleurs, Chinois et Russes tentent de rentabiliser la route arctique qui mène plus rapidement à l’Europe, aux ports de Hambourg, Rotterdam et Anvers-Zeebrugge (ces deux derniers alimentant la Lorraine, l’Alsace, la Bourgogne, la Champagne et partiellement la Franche-Comté, via l’axe du Rhin) (11).

La fonction de « pont » passant ainsi à l’Arctique et doublant le Transsibérien et les nouvelles voies ferroviaires prévues par les Chinois. La construction du Transsibérien et son parachèvement en 1904 avait suscité les réflexions de MacKinder sur la nécessité d’endiguer le « Heartland » russe. Le projet à tracés multiples de Xi Jinping suscite le bellicisme actuel des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’OTAN. A cela s’ajoute que la Chine dispose de réserves considérables de terres rares, indispensables à la fabrication de matériels informatiques, fait qui ne devraient pas laisser nos dirigeants indifférents et les inciter à poursuivre une politique européenne rationnelle, visant à ne pas être dépendants et à ne pas être entraînés dans les stratégies vengeresses et destructrices des Etats-Unis.
L’Inde britannique était une masse territoriale capable d’offrir une vaste base territoriale pour contrôler le rimland de la Méditerranée à l’Indochine, sans oublier la façade africaine de l’Océan Indien jusqu’au Grands Lacs et jusqu’au-delà du Nil ; au Soudan et en Egypte. Le combat pour l’indépendance fut long pour tous les Indiens, qu’ils soient musulmans, sikhs ou hindous. L’émancipation de l’Inde impliquait une nouvelle orientation géopolitique : le sous-continent ne devait plus être la base principale, la plus vaste et la plus peuplée, destinée à parfaire la stratégie de l’endiguement de la Russie/de l’Union Soviétique mais devenir à terme une éventuelle fenêtre du Heartland sur l’Océan du Milieu. Les rapports indo-soviétiques furent toujours optimaux, puisque l’URSS restait seule en piste après l’élimination de l’Allemagne en 1945, mais l’Inde a toutefois servi de barrage contre la Chine, abondant ainsi directement dans le sens de la géopolitique thalassocratique anglo-américaine : dans l’Himalaya (Ladakh) et dans toutes ses entreprises visant à soutenir le Tibet. Le conflit indo-pakistanais a induit une géopolitique particulière : les Etats-Unis incluaient le Pakistan dans l’alliance endiguante que fut le Pacte de Bagdad (Turquie, Irak avant 1958, Iran, Pakistan), ce qui obligeait l’Inde à maintenir ses bons rapports avec l’URSS, tout en demeurant l’un des pays-phares du non-alignement de Bandoeng. Le Pakistan demeurait l’ennemi et cet ennemi était ancré dans des structures militaires « défensives » pilotées par les Etats-Unis. Et pour être plus précis, quand la Chine et les Etats-Unis deviennent de facto alliés à partir de 1972, suite à l’œuvre diplomatique de Kissinger, le Pakistan offre à la Chine un débouché sur l’Océan Indien.

L’art de la diplomatie des Indiens est subtil : il navigue entre l’amitié traditionnelle avec la Russie, le non-alignement et ses avatars actuels et une ouverture méfiante mais réelle à l’anglosphère, héritage de son imbrication dans l’ancien Commonwealth britannique et résultat du statut de langue véhiculaire qu’y revêt l’anglais. On s’aperçoit ainsi que l’Inde bascule vers la multipolarité, surtout à cause de ses relations économiques avec la Russie et de sa volonté de « dé-dollariser », mais participe aux manœuvres militaires de l’AUKUS dans la zone indo-pacifique, lesquelles manœuvres visent la Chine. L’Inde entend réactiver les initiatives des « non-alignés » qui avaient joint leurs efforts dès le grand congrès de Bandoeng (Indonésie) en 1955. Le non-alignement avait perdu de son aura : avec la multipolarité qui se dessine à l’horizon, il semble revenir à l’avant-plan avec Narendra Modi.
L’Iran, dont on ne saurait juger la politique extérieure en ne tenant compte que des aspects du régime des mollahs à l’intérieur, a été une grande puissance jusqu’à l’aube du 19ème siècle. Comme l’Inde et la Chine, l’irruption de l’impérialisme anglais dans l’espace des océans Indien et Pacifique a induit un ressac dramatique de la puissance persane, laquelle avait déjà subi les coups de butoir russes dans l’espace sud-caucasien. L’Iran s’est alors retrouvé coincé entre deux empires : celui des Russes puis des Soviétiques, menace terrestre, au nord et surtout dans les zones de peuplement azerbaïdjanais ; celui des Britanniques à l’Est d’abord, dans les régions du Beloutchistan, à l’Ouest ensuite, dès sa présence en Irak suite à l’effondrement de l’Empire ottoman en 1918 et dès sa mainmise sur les pétroles de Mésopotamie (Koweit, Kirkouk, Mossoul).

Comme Atatürk en Turquie post-ottomane, le premier Shah de la dynastie de Pahlavi opte pour une modernisation qu’il ne peut réellement mener à bien malgré des aides européennes (allemandes, italiennes, suisses, suédoises). La neutralité iranienne est violée par les Britanniques et les Soviétiques en 1941, immédiatement après le déclenchement de l’Opération Barbarossa : l’Iran est partagé en zones d’influences et, en 1945, après l’élimination de l’Axe, Staline entend rester dans les régions azerbaïdjanaises, quitte à y faire proclamer une république provisoire qui demanderait bien vite son inclusion dans l’URSS. Le nouveau Shah, dont le père venait de mourir en exil dans les Seychelles britanniques, perçoit le danger soviétique comme la menace principale et s’aligne sur les Américains qui n’ont pas de frontière commune avec l’Iran. Son ministre Mossadegh, qui voulait nationaliser les pétroles de l’Anglo-Iranian Oil Company, est évincé en 1953, suite à des opérations que le peuple iranien n’oublia pas. L’Iran adhère au Pacte de Bagdad ou au CENTO, prolongement de l’OTAN et de l’OTASE, organisant au profit des Etats-Unis et selon les doctrines géopolitiques de Nicholas Spykman l’ensemble du rimland euro-asiatique pour endiguer et l’URSS et la Chine. Le CENTO ne durera que jusqu’en 1958, année où la révolution baathiste irakienne arrive au pouvoir à Bagdad.
La révolution chiite fondamentaliste de 1978-79, dont les avatars actuels sont anti-américains, a d’abord été favorisée par les Etats-Unis, Israël, le Royaume-Uni et la France de Giscard d’Estaing. Le Shah évoquait un « espace de la civilisation iranienne », qu’il entendait faire rayonner sans tenir compte des projets stratégiques américains, avait signé avec la France et l’Allemagne les accords de l’EURATOM (déjà la question du nucléaire !), avait développé une marine en toute autonomie, avait eu des velléités « gaulliennes », avait conclu des accords gaziers avec Brejnev et réussi quelques coups diplomatiques de belle envergure (liens renforcés avec l’Egypte, paix avec les Saoudiens et accords pétroliers avec Riyad, accords d’Alger avec l’Irak pour régler la navigation dans les eaux du Shat-el-Arab). Ces éléments ne sont plus mis en exergue par les médias aujourd’hui et le rôle joué par les Occidentaux dans l’élimination du Shah est délibérément occultée, notamment par une gauche qui fut, à la fin des années 1970, le principal agent de propagande pour justifier, dans l’opinion publique, ces manœuvres américaines contre leur principal allié théorique dans la région.

Plusieurs historiens et l’ancien ministre du Shah, Houchang Nahavandi, ont cependant analysé les événements d’Iran en ce sens, ce que j’ai bien mis en évidence dans un texte antérieur (12). Il semble que les services américains aient voulu agir sur deux plans : premièrement, éliminer le Shah qui avait créé une synergie nucléaire et industrielle avec l’Europe et gazière avec l’URSS (l’objectif premier a été de nuire à l’Europe et de ruiner toute coopération énergétique avec l’URSS) ; deuxièmement, installer un régime très différent des régimes occidentaux, ce qui permettait d’orchestrer sans cesse une propagande dénigrante contre lui, de créer une sorte de « légende noire » anti-iranienne, comme il en existe contre l’Espagne, l’Allemagne, la Russie, la Chine ou le Japon qui peuvent être réactivées à tout moment. L’Iran est donc un exemple d’école pour démontrer a) la théorie de l’occupation d’une part du rimland asiatique à des fins d’endiguement ; b) la relativité de la notion d’« allié », dans la pratique américaine, dans la mesure où un « allié », sur le rimland, ne peut chercher à se réinscrire dans sa propre histoire, à développer une diplomatie originale neutralisant des inimitiés que l’hegemon entend laisser subsister pour créer des conflits régionaux affaiblissants, à renforcer son potentiel militaire, à sceller des accords énergétiques avec des pays tiers même alliés (en l’occurrence l’Europe, l’URSS et l’Arabie Saoudite) ; c) la pratique de créer des mouvements extrémistes déstabilisateurs, de les appuyer dans un premier temps puis de les dénigrer une fois leur pouvoir établi et d’organiser boycotts et sanctions contre eux sur le long terme afin de prévenir la réactivation de toutes les synergies autonomes qu’avaient amorcé à feu doux le régime initial.
Ce sont précisément ces exemples d’école, perceptibles dans le cas iranien, qui ont donné aux puissances émergentes (ou réémergentes comme la Russie de l’après-Eltsine) l’impulsion première qui les amènent, aujourd’hui, à joindre leurs efforts économiques. Il convenait d’échapper à ce quadruple danger qu’avait révélé l’histoire iranienne de ces cinquante dernières années. Les stratégies économiques des BRICS, suivies de l’organisation de la nécessaire protection militaire des nouvelles voies ou systèmes de communication, visait à annuler la stratégie d’endiguement en organisant des routes nouvelles reliant le Heartland russo-sibérien aux périphéries (rimlands), les régions orientales de la Chine à l’intérieur des terres (Sinkiang) et au reste de l’Asie centrale (Kazakhstan), les réseaux intérieurs chinois aux ports du Pakistan (et, de là, aux sources arabiques d’hydrocarbures). Ces axes de communications se portent vers l’Europe, réalisant le vieux vœu de Leibniz. Les diabolisations russophobes, sinophobes (etc.) ne permettent pas de créer une diplomatie globale efficace et fructueuse. L’entretien médiatique de « légendes noires » n’est donc pas de mise, comme le soulignaient déjà les « amendements » chinois au programme du « nouvel ordre mondial » dans les années 1990.

La notion d’« allié », battue en brèche par la doctrine Clinton depuis ces mêmes années 1990, n’existe plus en réalité car elle a été bel et bien remplacée par la notion d’« alien countries », ce qui explique l’adhésion aux BRICS d’anciens alliés des Etats-Unis comme l’Arabie Saoudite ou l’Egypte et les velléités turques. Enfin, la pratique de soutenir des mouvements extrémistes déstabilisateurs ou de monter des « révolutions de couleur » ou des « printemps arabes » oblige les puissances du monde entier à une vigilance commune contre l’hyperpuissance unipolaire, allant bien au-delà d’inimitiés ancestrales ou de la fadeur de l’internationalisme simpliste des communismes de diverses moutures. La leçon iranienne a été retenue partout, sauf en Europe.
Il est évident que les BRICS ont leur noyau solide en Asie, plus exactement en Eurasie, l’Afrique du Sud, bien que potentiellement riche, est une projection afro-australe de cette nouvelle grande synergie eurasiatique qui ne pourra être pleinement intégrée à la dynamique si les Etats de la Corne de l’Afrique, dont l’Ethiopie, nouvelle adhérente aux BRICS, retrouvent stabilité et organisent leurs réseaux de communication intérieurs. Le Brésil, où les Etats-Unis ont encore de solides alliés, est certes un géant mais il est fragilisé par la défection de l’Argentine de Miléi. Seules les communications transcontinentales en Amérique du Sud, reliant les littoraux du Pacifique à ceux de l’Atlantique, donneront corps à un véritable pôle ibéro-américain dans la multipolarité de demain. De même, la coopération sino-brésilienne sur le plan de l’agro-alimentaire, sur base d’échanges dé-dollarisés, laisse envisager un avenir prometteur.
La multipolarité en marche dispose d’atouts de séduction réels :
Le gaz russe et les autres hydrocarbures sont incontournables pour l’Europe, l’Inde, la Chine et le Japon. L’effondrement économique de l’Allemagne (but visé par Washington) et de son industrie automobile est dû aux sanctions et au sabotage des gazoducs de la Baltique, renforcé par la politique énergétique inepte dictée par les Verts, téléguidés en ultime instance par le soft power américain et les services de Washington : le refus du nucléaire (et la politique de s’attaquer au nucléaire français) s’inscrit bel et bien dans le cadre d’une vieille politique américaine d’affaiblir l’Europe, le pari sur les énergies solaire et éolienne correspond aux objectifs du fameux « Plan Morgenthau », visant, en 1945, avant la généralisation du Plan Marshall, à transformer le centre du sous-continent européen en une aimable société pastorale, comme l’a souligné avec brio la Princesse Gloria von Thurn und Tassis (13). Ces énergies, dites « renouvelables » ne suffisent pas pour alimenter une société hautement industrialisée.

Autre atout : le blé (14). La fin du communisme et aussi du néolibéralisme en Russie, en 1991 et en 1999, a permis, sous Poutine, de relancer l’agriculture et d’en faire un atout majeur de la politique russe. De même, avant les événements, l’Ukraine, elle aussi, était devenue une puissance agricole qui comptait. Ce blé est indispensable à de nombreux pays d’Afrique, qui, sans lui, risqueraient en permanence la famine et l’exode vers l’Europe d’une bonne fraction de leur jeunesse. La confrontation russo-ukrainienne, outre qu’elle ramène la guerre en Europe, ruine les bénéfices qu’avait apportés la résurrection de l’agriculture dans les anciennes républiques slaves de l’URSS. La coordination des productions agricoles est en voie de réalisation rationnelle dans les pays BRICS, y compris en Inde qui, de vaste pays souvent victime de famines jusque dans les années 1960, est devenu un exportateur de céréales et de riz (15).
La consolidation lente de pays BRICS, malgré les embûches systématiques perpétrés par les services américains, progresse, accompagnée du phénomène de la « dé-dollarisation », qui inquiète les décideurs étatsuniens. Ainsi, le sénateur américain Marco Rubio, de Floride, vient de présenter au Congrès un projet de loi visant à punir les pays qui se désolidariseraient du dollar. Le projet de loi vise à exclure du système mondial du dollar les institutions financières qui encouragent précisément la dédollarisation et utilisent les systèmes de paiement russe (SPFS) ou chinois (CIPS) (16).

Cette pression constante et ces interminables sanctions, procédés éminemment vexatoires, n’empêchent nullement l’ANASE (ASEAN), le marché commun de l’Asie du Sud-Est, de se rapprocher de la Chine et donc du groupe BRICS, détachant ainsi partiellement un marché de 600 millions de clients potentiels des réseaux dominés par les Etats-Unis (17). Des basculements de telle ampleur risquent à terme de réduire considérablement, voire d’annuler, la suprématie occidentale et de la ramener à ce qu’elle était à la fin du 18ème siècle. L’Europe, par son inféodation inconditionnelle et irrationnelle à Washington, risque tout bonnement une implosion de longue durée si elle persiste dans cette alliance atlantique contre-nature. Il est donc temps d’unir les esprits véritablement politiques de notre sous-continent et de combattre les tenants délirants de toutes les nuisances idéologiques, insinués dans les mentalités européennes par le soft power américain. Car l’Europe est perdante sur tous les tableaux.
A l’Est de l’Europe, une guerre lente persiste, handicapant les communications entre des parties du monde qui ont toujours été des débouchés pour nous, depuis la plus haute antiquité : origines steppiques des cultures kourganes, présence grecque en Crimée et à l’embouchure du Don, domination des fleuves russes par les Varègues et présence scandinave dans la place de Bolgar en marge de l’Oural, nécessité des croisades pour reprendre pied dans toutes les régions-portails du Pont, du Levant et du delta du Nil, présence des Génois et des Vénitiens aux terminaux pontiques de la route de la Soie, etc. Une Ukraine qui serait demeurée neutre, selon les critères mis au point lors des pourparlers soviéto-finlandais à partir de 1945, aurait été bénéfique à tous, y compris aux Ukrainiens qui seraient demeurés maîtres de leurs richesses minérales et agricoles (au lieu de les vendre à Monsanto, Cargill et Dupont).
La pire défaite de l’Europe (et de la Russie !) dans le contexte hyper-conflictuel que nous connaissons aujourd’hui se situe dans la Baltique. La Baltique était un espace neutre, où régnait une réelle sérénité : l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN fait de cette mer intérieure du Nord de l’Europe un espace de guerre chaude potentielle. Le territoire finlandais, désormais otanisé, permet de faire pression sur la mer Blanche et sur l’espace arctique, à l’heure où la « route de la Soie maritime » du Grand Nord permettrait de raccourcir considérablement la distance entre l’Europe et l’Extrême-Orient chinois, japonais et coréen, sans compter l’ensemble des pays de l’ANASE.

L’Europe est donc face à un triple verrou : a) le verrou baltique-arctique (avec suppression des gazoducs Nord Stream, et blocage potentiel de la route arctique) ; b) le verrou pontique en mer Noire qui entrave la ligne Danube-Pont-Don-Volga-Caspienne-Iran et que les Russes cherchent à contourner en organisant avec les Iraniens et les Indiens le « Corridor économique Nord-Sud », partant de Mumbai, traversant l’Iran et la Caspienne ou longeant celle-ci à travers l’Azerbaïdjan (18) ; c) le verrou est-méditerranéen ou israélien, qu’il serait judicieux de nommer le « mur hérodien », érigé par les Britanniques et ensuite entretenu par les Américains, afin de créer un chaos permanent au Levant et en Mésopotamie. Les lecteurs de Toynbee et de Luttwak sauront que les rois Hérode de l’antiquité étaient en place grâce à l’appui romain pour contrer toute avancée perse en direction de la Méditerranée : le sionisme israélien est un avatar moderne de ce mur romain, incarné par les rois Hérode. L’énergie russe ne passe plus par les gazoducs de la Baltique ; dans quelques semaines, le gouvernement Zelenski fermera les gazoducs ukrainiens qui amènent le gaz aux Slovaques, aux Hongrois et aux Autrichiens, trois pays récalcitrants dans l’OTAN et l’UE. Il restera le gazoduc turc mais quid si Erdogan pique une crise d’anti-européisme ou si l’Occident américanisé impose des sanctions à Ankara, si la Turquie s’aligne sur les BRICS ou continue à avoir des relations normales avec Moscou ?
Le monde bouge, les cartes sont redistribuées chaque jour qui passe. Cette mobilité et cette redistribution postule une adaptation souple, allant dans nos intérêts. L’Europe n’était pas une aire enclavée mais était ouverte sur le monde. Elle risque désormais l’enclavement. Elle se ferme au risque de l’implosion définitive, parce qu’elle s’est alignée sur les Etats-Unis et a adopté, contre ses intérêts, des idéologies nées aux Etats-Unis : hippisme, néolibéralisme, irréalisme diplomatique (alors que Kissinger préconisait un réalisme hérité de Metternich), wokisme. Il est temps que cela change. La montée des BRICS est un défi, à relever avec des dispositions mentales très différentes, que nous enseignent les grandes traditions pluriséculaires, surtout celles nées aux périodes axiales de l’histoire.
Notes :
- (1) Lire le livre de Jean-Michel Sallmann, Le grand désenclavement du monde 1200-1600, Payot, 2011.
- (2)Ian Morris, Why the West Rules – For Now, Profile Books, London, 2011.
- (3) Gerd-Klaus Kaltenbrunner, « Sigmund von Herberstein – Ein österreichischer Diplomat als ‘Kolumbus Russlands’ », in : Vom Geist Europas – Landschaften – Gestalten – Ideen, Mut-Verlag, Asendorf, 1987.
- (4) Lecture indispensable : Cat Jarman, River Kings. The Vikings from Scandinavia to the Silk Roads, Collins, London, 2021.
- (5) Louis Dupeux, Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l'expression « National-bolchevisme » en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933), (Lille, Service de reproduction des thèses de l'Université) Paris, Librairie H. Champion, 1976.
- (6) Otto-Ernst Schüddekopf, National-Bolschewismus in Deutschland 1918-1933, Ullstein, Frankfurt/M-Berlin-Wien, 1972. J’inclus bon nombre de faits, mentionnés par Schüddekopf dans le chapitre intitulé « Conférence de Robert Steuckers à la tribune du ‘Cercle non-conforme’ » (Lille, 27 juin 2014), in : R. S., La révolution conservatrice allemande, tome deuxième, Editions du Lore, s. l., 2018.
- (7) Fiche Wikipedia d’Otto-Ernst Schüddekopf : https://de.wikipedia.org/wiki/Otto-Ernst_Sch%C3%BCddekopf
- (8) Reprint partiel de cette revue « nationale-communiste » : « Aufbruch » - Dokumentation einer Zeitschrift zwischen den Fronten, Verlag Dietmar Fölbach, Koblenz, 2001.
- (9) On lira toutefois la passionnante étude de Kris Manjapra, Age of Entanglement. German and Indian Intellectuals Across Empire, Harvard University Press, Cambridge/London, 2014.
- (10) Robert Steuckers, « Les amendements chinois au ‘Nouvel Ordre Mondial’ », in ; Europa – vol. 2 – De l’Eurasie aux périphéries ; une géopolitique continentale, Bios, Lille, 2017.
- (11) Voir : https://market-insights.upply.com/fr/la-carte-verite-des-...
- (12) Robert Steuckers, « L’encerclement de l’Iran à la lumière de l’histoire du Grand Moyen-Orient » & « Réflexions sur deux points chauds : l’Iran et la Syrie », in Europa, vol. III – L’Europe, un balcon sur le monde, Bios, Lille, 2017. Voir aussi, R. S., « Le fondamentalisme islamiste en Iran, négation de l’identité iranienne et création anglo-américaine », in Europa, vol. II – De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale, Ed. Bios, Lille, 2017.
- (13) Daniell Pföhringer, « Plan Morgenthau et Nord Stream: Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/10/08/m...
- (14) Stefan Schmitt, « Les céréales et la guerre », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/31/l...; Enrico Toselli, « Le blé ukrainien contre les agriculteurs polonais. Et le blé russe nourrit l'Afrique », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/04/14/l...; un point de vue russe sur le problème : Groupe de réflexion Katehon, « La crise du blé et la sécurité alimentaire », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/07/19/l... ; pour réinsérer la question dans une vaste perspective historique : Andrea Marcigliano, « Sur le blé: de l'antiquité à la guerre russo-ukrainienne », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/22/s...
- (15) Pour bien comprendre la problématique, ainsi que celle du stockage stratégique du grain (dont la Chine est l’incontestable championne), lire le chapitre IV de : Federico Rampini, Il lungo inverno – False apocalissi, vere crisi, ma nonci salverà lo Stato, Mondadori, Milan, 2022.
- (16) Le dossier présenté par Thomas Röper, sur base d’une analyse d’Asia Times : «La dédollarisation, voie vers la liberté financière mondiale », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/09/09/l...; voir aussi : Bernhard Tomaschitz, « Les États-Unis veulent désormais sanctionner les pays qui abandonnent le dollar - Un sénateur veut stopper la dédollarisation progressive par des sanctions », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/08/18/l...
- (17) Enrico Toselli, « Pour la première fois, les pays de l'ANASE préfèrent la Chine aux États-Unis en matière d'investissement dans la défense militaire », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/04/05/p...
- (18) Arthur Kowarski, « L'Inde intensifie sa coopération avec l'Iran dans le domaine des infrastructures de transport », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/05/15/l... ; Pepe Escobar, « L'interconnexion de la BRI et de l'INSTC complètera le puzzle eurasien », http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/08/22/l...
18:21 Publié dans Actualité, Géopolitique, Synergies européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert steuckers, brics, géopolitique, politique internationale, histoire |
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La Dictature de la Société Ouverte - De la démocratie suspendue à la guerre culturelle

La Dictature de la Société Ouverte
De la démocratie suspendue à la guerre culturelle
Alexander Douguine
Alexander Douguine déclare que les élections en Moldavie dévoilent la main de fer de la dictature libérale-globaliste, un régime qui intensifie la répression alors que la Russie fait face à une épreuve décisive de volonté.
Animateur : Aujourd’hui, nous allons évidemment commencer par les élections en Moldavie: comment elles se sont déroulées, ce qu’elles ont produit, quels sont les résultats et ce que cela signifie pour la Moldavie elle-même et, naturellement, pour la Russie. Selon la CEC du pays, après le dépouillement de 99% des bulletins, le parti « Action et Solidarité » a perdu 10 sièges au parlement. Les résultats préliminaires montrent la répartition suivante des forces: le PAS a reçu 49% des voix, ce qui lui a donné 53 mandats ; le Bloc Patriotique — 24%, soit 27 mandats ; le Bloc Alternatif — 8%, soit 9 sièges ; « Notre Parti » — 6% et 6 sièges ; le parti « Démocratie à la Maison » — 5% et également 6 sièges. Quel tableau se dessine ? Les partis d’opposition ont néanmoins réussi à surpasser le parti au pouvoir, lui refusant une majorité absolue. Cependant, le PAS a conservé un soutien important, obtenant un nombre impressionnant de voix. Pouvez-vous nous dire ce que signifient ces résultats pour la Moldavie et pour la Russie, surtout compte tenu du fait que la rhétorique à notre égard pourrait changer?
Alexander Douguine : Nous assistons à la façon dont le globalisme libéral, vaincu dans la plupart des pays du monde — y compris les États-Unis — tente désespérément de s’accrocher à l’Europe. Là où les régimes libéraux et globalistes subsistent — comme ceux qui prédominaient en Amérique avant Trump — ils ont choisi une nouvelle voie: la dictature libérale directe.
Les procédures démocratiques sont suspendues ou complètement abolies, du moins temporairement. C’est la fameuse « démocratie suspendue » — une suspension partielle et sectorielle qui crée des conditions exceptionnelles pour l’ascension de dirigeants et de partis servant la stratégie globaliste. À cette fin, ils commettent des violations : ils emprisonnent des candidats gênants, comme Evghenia Guțul (photo, ci-dessous), chef de l’autonomie gagaouze, qui est en détention ; ils interdisent des partis, comme « Grande Moldavie ». Les procédures de vote portent atteinte aux droits: sur une diaspora moldave forte de 400.000 personnes en Russie, seules 10.000 ont été autorisées à voter. Il s’agit d’une suppression délibérée visant à préserver l’apparence d’élections tout en garantissant le pouvoir total aux libéraux.

Nous avons vu cela en Roumanie, où un candidat populiste a remporté le premier tour mais a été écarté et les résultats annulés. Une tactique similaire a été utilisée en France contre Marine Le Pen, qui est poursuivie sur des prétextes fabriqués et privée du droit de se présenter. Qu’est-ce que cela signifie? Là où les libéraux conservent le pouvoir, comme en Moldavie, ils ne l’abandonneront pas même si leur mandat prend fin. Maia Sandu fait partie du système Soros. Soros s’oppose aux États-Unis; Trump s’oppose à Soros; mais en Europe, Soros contrôle de nombreux actifs politiques et géopolitiques. À l’exception de la Slovaquie et de la Hongrie, l’Europe est sous son influence. Aux États-Unis, des poursuites pénales en vertu de la loi RICO ont commencé contre lui, mais son empire globaliste continue de dominer.
En Moldavie, en Roumanie, en Allemagne, en France — partout où ils peuvent agir — ils avancent vers une dictature libérale explicite. Nous l’avons compris trop tard. Maintenant, il y a un réel risque de guerre civile généralisée. Donald Trump, ayant compris à quoi il était confronté, a radicalement changé les règles de vote en Amérique: désormais, on ne peut voter qu’en personne, avec une pièce d’identité, pas par courrier et pas tout le monde, y compris les migrants illégaux, comme le voulaient les démocrates. Les républicains, ayant pris le pouvoir, le conserveront à tout prix ou ils seront finis — il n’y aura pas de prochaine élection. C’est une confrontation entre deux forces: les élites globalistes de Soros et les mouvements populaires disparates. Les mouvements populaires n’ont pas de plateforme ni d’idéologie unifiée.
En Moldavie, les gens votent contre l’usurpation du pouvoir, guidés par le bon sens, mais ils ne sont pas unis. Il y a de nombreux partis dont les dirigeants ne trouvent pas de dénominateur commun. Les régimes de Voronine et Dodon ont laissé passer leur chance, n’ayant pas reconnu la menace des structures de Soros, fondamentalement totalitaires, extrémistes et, dans la pratique, terroristes.
Animateur : Dites-vous que le pouvoir en Moldavie est déjà perdu pour l’opposition?
Alexandre Douguine : Oui, je pense qu’il est perdu, car il ne s’agit plus de démocratie. Celui qui détient le pouvoir décide de ce qui se passera ensuite. Si le pouvoir n’est pas pris et établi comme force dominante, comme les populistes européens veulent le faire — ce qui n’est pas acquis, cela peut mener à la guerre civile — rien ne changera. Les populistes américains, malgré leurs hésitations, ont gagné avec Trump. Celui qui prendra le pouvoir — élites globalistes ou forces populaires disparates — ne devra pas le rendre. Dans notre situation — jamais. Il existe de nombreuses façons de réprimer une opposition fragmentée. Le PAS a perdu 10% [note: plus haut il est dit « 10 sièges » ; ici Douguine semble parler de pourcentage ou de sièges — je reste fidèle au texte qui m'a été soumis pour traduction], mais ils ont le président et la majorité. Ils imposeront leur programme: ils entraîneront la Moldavie dans une guerre contre nous, l’annexeront à la Roumanie ou lanceront une opération en Transnistrie.
Animateur : Et concernant la persécution de l’opposition en cas d’une telle victoire — sera-ce possible?
Alexandre Douguine : Absolument. Ils ne libéreront pas Evghenia Guțul. Il s’agit d’un système totalitaire pour lequel il n’existe pas de lois. Ils savent parfaitement que deux forces opposées existent, et l’antagonisme entre elles grandit chaque jour. Celui qui détient le pouvoir devra s’y accrocher à tout prix. Nous avons sous-estimé l’ampleur de la menace.

Lorsque la Moldavie avait un président amical et rationnel, Igor Dodon (photo), que je connais personnellement, nous avions l’opportunité de changer la situation. Mais nos illusions sur la démocratie occidentale se sont avérées plus fortes que celles de ses propres adeptes. Aujourd’hui, les derniers à croire encore à la démocratie occidentale, c’est nous, ici à Moscou. En Occident, plus personne n'y croit depuis longtemps. Seules subsistent les forces de la tradition — conservateurs, populistes. Nous sommes fragmentés, sans idéologie unifiée, mais il y a en nous une force, celle du peuple qui s’oppose aux élites.

Souvenez-vous du parti de Huey Long (photo, ci-dessus), en Amérique au 19ème siècle, qui a essayé de donner une forme politique aux idées du peuple contre les élites. L’actuelle vague de populisme pourrait se cristalliser en une vision du monde conservatrice et multipolaire. Nous y travaillons, mais nous avons un retard catastrophique. Nous faisons face à des régimes libéraux-nazis qu’il faut renverser et déclarer illégaux. Nous avons réussi à le faire en Russie, grâce à Vladimir Poutine — ils ont été déclarés illégaux. Mais les réseaux d’influence subsistent, surtout dans l’éducation.
Partout, je rencontre le réseau ramifié des structures Soros qui imprègnent notre enseignement supérieur: bourses, critères de scientificité — tout suit leurs modèles. Nous essayons de créer une liste blanche de revues académiques exemptes d’influence globaliste, mais les structures toxiques sont partout.
En Moldavie, ils sont impuissants face à eux. Là-bas, le peuple est admirable: culture orthodoxe, gens sensés, mais ils sont divisés. Le parti Shor, le parti de Dodon, les communistes — ils sont tous différents, sans plateforme commune. Le bon sens est là, mais il est insuffisant dans la lutte contre l’idéologie de l'ennemi. Obsédés par le mythe de la démocratie libérale, nous avons raté le moment où nos forces étaient au pouvoir en Moldavie — elles n'étaient pas pro-russes, mais pro-moldaves, non sorosisées, elles étaient souverainistes. Voronine en était. Si nous avions gardé nos positions alors, en comprenant que le prochain gouvernement serait antidémocratique, truqué, avec une persécution totalitaire de la dissidence, il fallait agir de manière décisive, exclure du pouvoir les forces toxiques et extrémistes. Sinon, la guerre civile ou non-civile nous attend. Si, comme en Ukraine, ils prennent le contrôle de toute la société, cela deviendra une guerre contre le pôle qui incarne l’alternative au libéralisme.
Animateur : Vous avez dit « si ». Réussiront-ils ?
Alexandre Douguine : Ils ont déjà réussi. La Moldavie est sous leur contrôle. L’opposition existe, mais elle sera réprimée, achetée, détruite ou emprisonnée sous n’importe quel prétexte. Ils possèdent la Moldavie, et leurs actions futures, hélas, ne dépendent pas de nous. Nous avons perdu toute possibilité de contre-action, pour l'essentiel. L’espace post-soviétique nous échappe, sous nos yeux. Je ne sais pas qui en est responsable — tout cela demeure opaque ici, à Moscou.
Le président agit de manière irréprochable, mais ceux chargés de l’espace post-soviétique ont échoué. Ce n’est pas seulement mon avis. Je ne connais pas leurs noms, je n’ai pas enquêté, et il ne serait pas approprié de les nommer. Mais toute l’arc du monde post-soviétique s’est effondré. Dès qu'une fenêtre d’opportunité s’ouvre — nous la manquons. Des forces souveraines, et non globalistes, arrivent au pouvoir — nous les soutenons, certes, mais très faiblement. Quand l’Occident les harcèle, nous n’apportons pas d’aide dans les moments décisifs. Pas à pas, nous ne comprenons pas la gravité de ce qui se passe. Dans l’espace post-soviétique — en Moldavie, en Ukraine, en Biélorussie — la polarisation règne. Les globalistes soutiennent leurs gens, leur donnant carte blanche pour commettre de la violence, des agressions, pour promouvoir des idéologies nationalistes et néonazies. Ils interdisent ces idéologies chez eux, mais ici, le long de cette ceinture territoriale ex-soviétique, ils les cultivent, leur apportant un soutien politique, médiatique, militaire et économique, les utilisant pour rompre nos liens à des fins subversives.

La Moldavie risque de devenir un nouveau front de guerre. Tout a changé de niveau. Il y a trente ans, nous avons laissé partir l’Ukraine — c’était un crime. Nous ne la récupérerons pas sans guerre, même pour un statut de neutralité. Il en va de même pour tous les pays de l’espace post-soviétique. Si nous n’avons pas assuré le contrôle de leur neutralité, ils deviennent un nouveau front de guerre. Nous savons que les Ukrainiens, de connivence avec Maia Sandu (photo, ci-dessus), prévoient une intervention militaire en Transnistrie pour couper cette enclave prorusse, la priver de tout rôle stratégique et préserver Odessa pour notre offensive du Sud. Du point de vue de la guerre, ils agissent rationnellement — ils prennent ce qu’ils peuvent. Ils font la guerre contre nous, installent des régimes dictatoriaux, falsifient les élections, piétinent les procédures démocratiques. Et nous, nous clamons que cela est antidémocratique, nous envoyons des notes à l’ONU, aux tribunaux des droits de l’homme. Cela ne sert à rien. Quel était l’intérêt de dire qu’Hitler violait les droits de l’homme? Cela lui était égal. Il était assez fort pour imposer sa politique en Allemagne et dans l’Europe occupée. Il en est de même avec le libéralisme.
Les libéraux ont pris le pouvoir dans l'Occident collectif. Avant Trump, ils contrôlaient totalement l’Amérique. Mais il y a eu une percée des forces populistes — sous les balles, comme pour Charlie Kirk, sous les tentatives d’assassinat comme contre Trump. C’est une guerre entre deux blocs: les élites libérales de Soros et leurs agents, y compris ceux qui agissent en Russie. Chez nous, ils ont été écartés de la politique — grâce à Vladimir Poutine — mais dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la société civile, ils sont bien enracinés. Ce n’est que maintenant que la libération commence.
Je les rencontre partout — non seulement achetés par Soros, mais idéologiquement transformés en porteurs de la vision du monde libérale-globaliste, profondément enrôlés. Des peuples entiers, comme l’Ukraine sous un régime nazi, leur sont soumis. Une partie des Moldaves vote pour Sandu — oui, les élections sont truquées, les conditions inégales, mais il y a des gens qui votent quand même. Ils ont capturé une partie de notre peuple frère, orthodoxe et admirable, pénétrant les consciences, manipulant les âmes. C’est une véritable zombification, une propagande du globalisme et du libéralisme. Notre riposte, elle, n'est que sporadique.
Les Moldaves votent pour les partis d’opposition, veulent la paix, l’équilibre avec l’Europe et la Russie, rejettent l’usurpation, les gay prides, la perte de souveraineté. Mais ils sont impuissants tant qu’ils ne s’unissent pas. Il faut une idéologie, une politique décisive et proactive dans l’espace post-soviétique. La prochaine étape, c’est la guerre. Vous ne voulez pas de guerre? — alors il faut des transformations politiques radicales en Moldavie, en Arménie, en Azerbaïdjan, au Kazakhstan. Sinon, la guerre est inévitable — sous une autre forme.

Animateur : Donc il y a encore des options en Moldavie ? Ou bien ne nous reste-t-il qu’à regarder et attendre que la Moldavie devienne l’Ukraine d’aujourd’hui ?
Alexandre Douguine : Si nous ne voulons pas la guerre ou une participation active à la vie politique de l’espace post-soviétique, nous n’avons pas le choix — d’autres prendront les décisions. Si Soros décide que la guerre est nécessaire, ils la déclencheront. Nous pouvons nous y opposer, mais ils provoqueront le conflit. Si nous n’intervenons pas de façon décisive dans les processus politiques de ces pays, ils le feront pour nous, supprimant les dirigeants souverainistes, en les tuant, en les emprisonnant, en les expulsant et en leur retirant leurs droits — cela se produit partout dans l’espace post-soviétique.
Soit nous nous engageons activement dans la politique de ces pays pour éviter la guerre, soit nous laissons tout à leur discrétion — alors il faudra se battre, et se battre jusqu’à la victoire, en s’emparant de territoires. Nous sommes dans une situation difficile, comme endormis, plongés dans les douleurs fantômes d’un monde qui n’existe plus.
Maia Sandu incarne un régime dictatorial totalitaire. Elle impose ses candidats tout en se cachant derrière l’image d’une petite demoiselle innocente. Soros dispose d’une nouvelle génération — les générations Erasmus, des figures stéréotypées, identiques, sans volonté, qui paraissent impuissantes et superficielles. Mais ce ne sont pas eux qui gouvernent; c’est un système dur de contrôle global, terroriste et radical-libéral qui règne.
Animateur : Il y a des informations complémentaires à vos propos : Moscou affirme que des centaines de milliers de Moldaves ont été privés de la possibilité de voter sur le territoire de la Russie, comme l’a déclaré Peskov au sujet des élections parlementaires dans la république.
Nous avons pour l’instant couvert la question moldave. Je propose de discuter des événements aux États-Unis. J’aimerais entendre vos commentaires sur les déclarations de Donald Trump et la situation qui s’est produite là-bas. Que s’est-il exactement passé ? Je vais le raconter à nos auditeurs. Dimanche dernier, dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours au Michigan, pendant l’office, une fusillade a eu lieu. Un homme de 40 ans, armé, a ouvert le feu sur les fidèles puis a mis le feu à l’église. Plus tard, l’assaillant a été neutralisé et l’incendie maîtrisé. Initialement, un mort et neuf blessés avaient été signalés, mais par la suite, on a appris qu’il y avait quatre victimes. Donald Trump a commenté cette tragédie en déclarant : « Cette épidémie de violence dans notre pays doit cesser immédiatement. » Il a écrit cela dimanche sur le réseau social Truth Social. Et voici ce qui m’intéresse: comment Donald Trump compte-t-il lutter contre cette épidémie de violence ?
Alexandre Douguine : Lorsque nous avons discuté de la Moldavie et de l’espace post-soviétique dans la première partie de l’émission, nous avons en réalité touché à la question essentielle. Le monde dans lequel nous vivons est un monde où la violence devient la force déterminante. Si vous ne l’exercez pas contre vos adversaires, eux l’exerceront contre vous. On aimerait trouver un moyen d’éviter ce dilemme, mais c’est impossible.

Les principes libéraux, exposés dans la « Bible des libéraux » — La Société ouverte et ses ennemis de Karl Popper —, précisent clairement: il existe des ennemis de la société ouverte à gauche et à droite — des conservateurs à droite, des socialistes et des communistes à gauche. Pour que la société ouverte survive, elle doit frapper la première contre ces ennemis. Que signifie « frapper » ? Détruire, supprimer, neutraliser, décapiter, réprimer, appliquer la violence. Les libéraux considèrent cette violence comme nécessaire afin que les ennemis de la société ouverte ne frappent pas les premiers. Point. Nos aspirations bien intentionnées au dialogue, à la négociation, à la persuasion n’ont pas leur place dans ce modèle. Si nous n’attaquons pas, ils frapperont les premiers et nous détruiront pour construire leur "société".
La Russie est devenue un obstacle à leur État global et à leurs plans libéraux, alors ils ont provoqué cette guerre. Nous pouvons crier paix, amitié, démocratie et négociations jusqu’à l’épuisement — la guerre est inévitable. C’est la loi d’aujourd’hui. Cela s’applique aussi à nous. Si nous ne faisons pas preuve de fermeté, si nous n’utilisons pas la violence contre les partisans de la société ouverte, eux — théoriquement, pratiquement, infrastructurellement, idéologiquement — sont prêts à nous frapper. La question est de savoir qui détient le pouvoir d’exercer cette violence.
Je parle de la violence au sens large — pas seulement des meurtres, mais aussi des restrictions. Comment restreindre les terroristes? Comment restreindre les agents étrangers? C’est la pression de l’État. Celui qui est au pouvoir peut prendre l’initiative. Il se passe la même chose en Amérique.
L’arrivée au pouvoir de MAGA et de Trump est une révolution conservatrice affirmant des principes diamétralement opposés à ceux de Soros et de sa "société ouverte". La société ouverte prône la multiplicité des genres, l’importation de migrants illégaux, la dilution de l’identité nationale, la répression des religions traditionnelles, surtout le christianisme, et la négation du patriotisme de la majorité américaine qui a créé l’État, au profit des récits libéraux. Avant Trump, sous Obama et Biden, des forces étaient au pouvoir qui détruisaient l’identité américaine, promouvaient la multiplicité des genres, détruisaient tout. Les chrétiens — évangéliques, mormons, catholiques — sont devenus des cibles de violence et de persécution.

Charlie Kirk, membre actif du mouvement MAGA et chrétien, a récemment été tué pour sa foi, son conservatisme et son attachement aux valeurs traditionnelles — à leurs yeux, il était un ennemi de la société ouverte.
Pour revenir à Popper: les libéraux disent — tuez l’ennemi de la société ouverte avant qu’il ne vous tue. Ils qualifient tout le monde de fasciste, de communiste, d'agent de Poutine, de nouveau raciste — n’importe quelle étiquette. C’est ainsi qu’ils procèdent. L’assassinat de Charlie Kirk a consolidé les forces populistes MAGA, mais en face il a aussi consolidé les libéraux. Leur réaction a été monstrueuse: ils ont jubilé. C’est comme les Ukrainiens qui célèbrent tout attentat contre le pont de Crimée ou leurs succès terroristes. Une personne innocente est tuée — et toute l’Ukraine exulte. Telle est leur essence. Ils ont le pouvoir, les médias, l’influence sur l’éducation. En Amérique, les blogueurs libéraux n’ont pas pu cacher leur joie: ils ont poussé des cris, ri, sauté, crié « Hourra ! Hourra ! » — un chrétien a été tué. Une telle attitude, présente dans une partie significative de la société américaine, est une incitation au terrorisme. Toutes les cibles deviennent des ennemis de la société ouverte, y compris les chrétiens.

Animateur : Dois-je comprendre que, pour les démocrates, l’assassinat de Charlie Kirk est devenu la manifestation d’utiliser potentiellement la violence?
Alexandre Douguine : Exactement. Ils ont compris que c’est tout à fait possible, désormais, de faire usage de la violence. La presse démocrate, en particulier Jimmy Kimmel (photo), le célèbre animateur télé, l’a ouvertement soutenu. Trump a renvoyé Kimmel, mais il a été immédiatement réintégré sur ABC — et tout continue. Donc, de fait, c’est possible. Donc — il faut détruire l’ennemi. Trump fait un geste habile: réalisant que le pays s’enfonce dans une spirale de violences croissantes, il rétablit les cliniques psychiatriques. Les démocrates les avaient fermées, déclarant que les troubles mentaux étaient un choix libre, juste une « différence ». Du point de vue des principes DEI — diversité, équité, inclusion — les malades mentaux étaient assimilés aux bien-portants, et les institutions psychiatriques supprimées. Imaginez des millions de malades mentaux errant aux États-Unis? Ils ne sont pas enregistrés, on leur vend des armes, on leur donne des calmants et des drogues qui circulent presque sans contrôle. Les démocrates pratiquent des expériences monstrueuses sur les enfants, leur permettant de changer de sexe ou d'espèce dès le plus jeune âge: un enfant dit « je suis un chat » — et, poussé par des parents démocrates détraqués, on lui coud une queue, sans aucun contrôle médical.
Je suppose que Trump prend une mesure stratégique, en restaurant les cliniques psychiatriques pour assainir une société qui, sous les démocrates, a perdu la notion de normalité. C’est pour cela qu’ils tuent les chrétiens, les conservateurs, en criant « frappez le fasciste ! », ils attaquent quiconque ose ne serait-ce que critiquer modérément l’ordre existant. C’est une guerre civile psychiatrique, où des libéraux et démocrates devenus fous, élevés à la cancel culture, à la persécution et à la diabolisation des adversaires, agissent avec une extrême imprudence.
Des données récemment publiées montrent que 73% des sénateurs et représentants démocrates considèrent Trump comme un fasciste. S’il est fasciste, il est illégitime. Leur culture dit: tout fasciste, réel ou imaginaire, doit être détruit, ses partisans détruits à leur tour, les chrétiens détruits, les ennemis de la société ouverte détruits. Après 2020, dans les États contrôlés par les démocrates, il arrivait que des partisans républicains soient refusés à l’embarquement dans les avions.
Dans une telle réalité — avec les cliniques psychiatriques supprimées, l’accès libre aux armes, une campagne de haine contre des « fascistes » qui n’ont rien à voir avec le fascisme — on vous traitera de fasciste, pour un oui ou un non. Vous dites : « Je ne suis pas fasciste », mais leur logique est: vous êtes un crypto-fasciste et pouvez, en cette qualité, être tué. C’est ainsi qu’ils agissent, en qualifiant tous les ennemis de la société ouverte de fascistes. Les Ukrainiens, qui sont ouvertement nazis, font le sale boulot pour eux, tuant des Russes, et sont dès lors épargnés de l’étiquette de nazisme — ce sont des « enfants ». Leurs opposants, non liés au nazisme, sont déclarés fascistes — sur Wikipédia, ce qui ne peut pas être corrigé.

Même Elon Musk a constaté que les mensonges, les calomnies et les insultes contre les adversaires idéologiques pullulent sur Wikipédia. Il a proposé des sommes énormes pour la renommer « crappypedia », car tout y est faux, mais les gens y croient. Essayez de la corriger — des censeurs libéraux remplacent l’information neutre par l’inverse si cela jette une ombre sur leur idéologie ou réhabilite des ennemis de la société ouverte. C’est cela, la dictature.
Comment arrêter cette violence? Trump a menacé d’engager une contre-violence dès le premier jour, mais il ne l'a pas lancée. Prenez James Comey, ancien directeur du FBI, qui a été convoqué sous mandat d’arrêt, mais qui peut, en utilisant la loi, ne pas se présenter pendant neuf jours — et il ne se présente pas, puis devient introuvable. Les partisans de MAGA disent: «Trump, tu as le pouvoir plein et entier». Aux États-Unis, le pouvoir présidentiel est légalement immense, malgré certaines limites. Il existe des moyens d’exercer ce pouvoir, d’arracher les racines du réseau libéral terroriste. Emprisonner George Soros, son fils Alexander Soros, qui a amené Maia Sandu au pouvoir — avec la secte anti-moldave, fondamentalement totalitaire, en Moldavie — le mettre en prison, et les résultats seraient différents. Mais Trump hésite. C’est une force puissante, et il comprend qu’il ne pourra peut-être pas y faire face. L’escalade de la violence aux États-Unis, qui augmente chaque jour, pourrait pousser les autorités à agir de façon décisive.
Nous, dans notre foi sacrée en la démocratie, nous nous trompons profondément. C’est le témoignage de notre naïveté, l’illusion que nous vivons dans un monde soviétique bienveillant où tout se décide par des accords et des procédures. Cela nous rend vulnérables, nous transforme en victimes. Ils nous tuent puis nous accusent de notre propre disparition, disant que nous l’avons mérité, et — la roue tourne.

Trump sous-estime probablement la menace de la démocratie libérale. En Amérique, tout le monde croit à la démocratie, mais elle a cessé de fonctionner depuis longtemps. L’État profond, les élites libérales, en ont usurpé les instruments, les ont accaparés et ont privé le peuple de la capacité de s’en servir. C’est là la dictature idéologique des libéraux. Soit on applique des mesures sévères comme Trump le menace avec la loi RICO contre Soros. RICO est une loi contre la corruption profonde, introduite il y a des décennies, qui permet des mesures extraordinaires: arrestations, perquisitions, interrogatoires sans formalités, car la mafia et le racket avaient tellement pénétré le système que les méthodes ordinaires ne fonctionnaient plus. Trump menace d’utiliser RICO contre Soros et les globalistes, mais pour l’instant il ne fait que brandir le poing. Les documents, j’imagine, sont déjà en train de disparaître. Ils les changent d’endroit, effacent les données des ordinateurs, des disques, des téléphones — ils ne sont pas stupides.
La révolution conservatrice de MAGA est la seule façon de sauver l’Amérique de la guerre civile. La victoire de Trump n’est pas garantie. S’il perd, la violence s’intensifiera et le pays sera déchiré — non pas en deux Amériques, mais en dix ou vingt, comme pendant la guerre de Sécession. Les États-Unis cesseront d’exister. Si Trump gagne, il devra agir avec dureté, sans compromis, en tant que chef de la droite. Dans cette nouvelle guerre civile, la question sera de savoir si Trump et MAGA peuvent rassembler la majorité, ou si la minorité libérale, s’appuyant sur la terreur, pourra écraser la majorité conservatrice.
Nous assistons à une guerre civile mondiale. En Moldavie, l’illusion de la démocratie est utilisée pour détruire la démocratie. Nous devons comprendre que l’ordre mondial s’effondre et que la violence devient la norme, comme au 20ème siècle. Soit vous détruisez l’ennemi, soit il vous détruit. Tous les moyens sont bons. Les libéraux — au nom de la société ouverte — sont prêts à tuer, emprisonner, réprimer et détruire leurs adversaires. Ce n’est pas une métaphore, mais la réalité.
Animateur : Alexandre Guelievitch, merci pour vos réponses détaillées.
Alexandre Douguine : Merci à vous, meilleurs voeux de prospérité.
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Conflit et transformation systémique avec risques de guerre mondiale

Conflit et transformation systémique avec risques de guerre mondiale
Wellington Calasans
Source: https://jornalpurosangue.net/2025/09/24/conflito-e-transf...
Des analystes indépendants avertissent que le monde s’achemine vers une période d’instabilité sans précédent, stimulée par la fragmentation de l’ordre unipolaire et l’émergence d’une compétition stratégique multipolaire.
Le Rapport sur les Risques Globaux 2025 souligne que les conflits armés, les guerres commerciales et la polarisation technologique constituent les principaux risques à court et moyen terme, avec le Moyen-Orient comme épicentre de tensions potentiellement explosives.
Des régions comme le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord affichent le plus faible indice de paix mondiale depuis 16 ans, abritant quatre des dix pays les plus conflictuels du monde.
Cette réalité exige non seulement de se livrer à une analyse précise, mais aussi de lancer une alerte urgente: la transition vers un monde multipolaire, sans mécanismes efficaces de gestion des crises, peut déboucher sur une guerre mondiale aux proportions catastrophiques.

- La Restructuration du Système Financier Mondial: une Chaîne d’Acier pour le Nouvel Ordre
La dédollarisation n’est plus une théorie: c’est une stratégie concrète, portée par des partenariats stratégiques qui menacent l’hégémonie du dollar.
– Yuan adossé à l’or et le Petroyuan:
L’Arabie Saoudite et la Chine progressent dans la création d’un système où le pétrole est négocié en yuans, convertis directement en or physique à la Bourse Internationale de l’Or de Shanghai (SGEI), avec la confirmation que la SGEI établira un coffre-fort en territoire saoudien.
En 2023, le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 87 milliards de dollars, renforçant la viabilité du yuan comme monnaie de règlement énergétique. De plus, un accord de swap de devises de 7 milliards de dollars entre la Chine et l’Arabie Saoudite signale l’accélération de la dédollarisation.

– Infrastructure financière alternative:
Les BRICS développent un système de règlement transfrontalier appelé “BRICS Clear”, conçu pour fonctionner sans le dollar, consolidant une architecture financière parallèle. À ce jour, la Nouvelle Banque de Développement des BRICS a déjà approuvé plus de 32,8 milliards de dollars de financement pour des projets dans les pays membres, créant ainsi un réseau financier autonome.
– Accumulation mondiale d’or:
Les banques centrales ont acheté 1037 tonnes d’or en 2023, un record historique, portant les réserves mondiales à 36.700 tonnes en fin d’année. Cette ruée vers l’or n’est pas qu’une diversification: c’est un signe clair de la perte de confiance dans la stabilité du dollar et la gouvernance financière occidentale.
- Géopolitique et réalignements stratégiques: le fil qui lie l’économie à la guerre
Les changements financiers sont indissociables des alliances militaires et énergétiques qui redéfinissent les cartes du pouvoir.

– Le partenariat sino-russe - l’énergie comme arme stratégique:
Le gazoduc Power of Siberia 2 n’est pas qu’un projet énergétique: c’est un acte géopolitique qui réduira le rôle du GNL américain sur le marché mondial et consolidera la dépendance russe à la Chine. Ce projet met à l’épreuve la résilience des relations sino-russes, la Russie jouant un rôle clairement subordonné dans le partenariat.
– Le Moyen-Orient - Du pacte États-Unis–Arabie Saoudite à l’axe Pékin-Moscou-Téhéran :
Alors que les États-Unis cherchent un pacte de défense avec l’Arabie Saoudite, Riyad a déjà approuvé son entrée dans un bloc de sécurité dirigé par la Chine, s’éloignant ainsi de Washington. La médiation chinoise dans l’accord de normalisation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran en 2023, ainsi que les exercices navals conjoints entre la Chine, la Russie et l’Iran dans le golfe d’Oman, montrent comment Pékin occupe le vide laissé par le retrait stratégique des États-Unis.
- Conséquences systémiques: l’abîme de la guerre sans règles
La transition vers la multipolarité n’est pas neutre: elle crée un vide de gouvernance où des erreurs de calcul peuvent déclencher des conflits mondiaux.
– Dédollarisation et fragmentation économique:
La ruée vers l’or et la création de systèmes financiers parallèles ne sont pas de simples ajustements techniques. Elles traduisent une perte irréversible de confiance dans la capacité des États-Unis à garantir la stabilité globale, augmentant le risque de sanctions économiques susceptibles de déclencher des réponses militaires.
– Instabilité structurelle en Occident:
Avec les États-Unis réorientant leur attention vers la compétition avec la Chine et la Russie, leur influence au Moyen-Orient décline, créant un scénario de “course aux armements” régionale incontrôlée. La fragmentation de l’ordre libéral, conjuguée à l’essor de blocs régionaux armés, élimine les mécanismes de médiation qui ont empêché de grandes guerres depuis 1945.

Alerte rouge pour une guerre sans précédent
Comme on l’a vu, la transition vers un ordre multipolaire n’est pas un processus fluide : c’est une zone de turbulences où l’absence de règles claires et la compétition pour les sphères d’influence créent des risques existentiels.
Le Moyen-Orient, déjà épicentre de l’insécurité mondiale, est devenu un champ de bataille indirect entre puissances, où même les accords énergétiques sont des armes stratégiques.
Le Power of Siberia 2, les coffres saoudiens d’or et les systèmes de règlement des BRICS ne sont pas de simples projets économiques — ce sont des infrastructures de guerre financière qui, mal gérées, pourraient conduire à des affrontements militaires directs.
L’histoire montre que les transitions de pouvoir mondial s’accompagnent rarement de paix. Avec la dissolution de l’ordre post-Guerre froide, l’absence de canaux de dialogue entre les blocs émergents et la course aux armements en Asie et au Moyen-Orient créent un scénario où un seul incident — une cyberattaque, une catastrophe diplomatique ou une erreur de calcul — peut déclencher une guerre mondiale sans précédent.
L’humanité ne peut se permettre l’arrogance de croire que les “guerres mondiales” appartiennent au passé. Le temps de construire des sauvegardes, c’est maintenant — avant que la logique occidentale voulant que la multipolarité soit une ère sans règles ne nous entraîne vers l’abîme.
13:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, transformation systémique, conflictualité |
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Le nouvel ordre financier mondial: défis à l’hégémonie du dollar

Le nouvel ordre financier mondial: défis à l’hégémonie du dollar
Wellington Calasans
Source: https://jornalpurosangue.net/2025/09/19/a-nova-ordem-fina...
Le paysage financier international subit de profondes transformations qui menacent l’hégémonie historique du dollar américain.
Alors que les États-Unis maintiennent le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale depuis des décennies, l’influence économique croissante de la Chine et ses initiatives stratégiques sont en train de remodeler les relations monétaires internationales.
Cette transition ne se produit pas dans un vide, mais dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, où la dépendance excessive au système financier occidental s’est révélée vulnérable, comme l’a montré l’exclusion des banques russes du système SWIFT pendant la guerre en Ukraine.
La Chine, profitant de ces faiblesses, a développé des alternatives susceptibles de réduire progressivement la dépendance mondiale au dollar, créant ainsi un système financier plus multipolaire.

Hong Kong se trouve au cœur de cette transformation et prévoit d’établir le premier centre numérique mondial de règlement en or, une initiative visant à contourner le système de paiements dominé par l’Occident.


Selon le South China Morning Post, le directeur général John Lee Ka-Chiu devrait détailler cette stratégie dans son prochain discours politique, des conseillers proposant une structure pour le commerce de l’or tokenisé qui renforcerait la position de Hong Kong en tant que centre financier international.
Cette mesure ne stimulerait pas seulement le commerce de l’or en Asie, mais constituerait également une protection stratégique contre les sanctions occidentales, en permettant des transactions sans dépendre du système SWIFT. L’or tokenisé apparaît comme un actif neutre qui pourrait faciliter le commerce international sans conversion en dollars.
Les implications géopolitiques de ces changements sont profondes, car elles réduisent l’efficacité des sanctions économiques comme outil de politique étrangère des États-Unis.

Alors que le récent effondrement de Tricolor Holdings expose les faiblesses du système financier occidental fondé sur le crédit subprime, la Chine avance avec des solutions plus concrètes pour la stabilité monétaire.
Le cas Tricolor montre que l’excès de confiance dans le « consommateur fort » américain masque une économie en forme de K, où les plus pauvres font face à des difficultés croissantes.
Pendant ce temps, l’initiative chinoise de l’or tokenisé propose une alternative basée sur des actifs tangibles, capitalisant sur la perception selon laquelle l’or, tout comme le pétrole, reste indispensable dans tout scénario géopolitique.
La transition énergétique joue également un rôle crucial dans cette reconfiguration, contredisant les récits simplistes sur la fin imminente des combustibles fossiles.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, le monde devra dépenser 540 milliards de dollars par an rien que pour maintenir la production pétrolière actuelle jusqu’en 2050, en raison de l’accélération du déclin des champs existants.
Comme l’a souligné Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, l’industrie pétrolière et gazière « doit aller beaucoup plus vite simplement pour rester au même niveau ».
Cette réalité renforce l’importance stratégique des ressources naturelles et montre que leur contrôle restera fondamental pour la sécurité économique, offrant à des pays comme la Chine l’opportunité d’établir de nouvelles routes commerciales énergétiques contournant le dollar.
La combinaison de ces tendances indique une reconfiguration structurelle du système financier mondial, où l’hégémonie incontestée du dollar cède la place à un système plus fragmenté et multipolaire.
Alors que les États-Unis continuent de faire face à des défis internes, tels que la hausse des défauts de paiement dans le secteur du crédit subprime et la nécessité de réformer leur propre système financier, la Chine progresse avec des projets concrets offrant des alternatives viables.
L’or tokenisé de Hong Kong, associé à l’émergence de réseaux de commerce énergétique, représente non seulement une menace pour la suprématie du dollar, mais aussi une redéfinition fondamentale de la manière dont le commerce international peut s’effectuer sans dépendre des institutions financières occidentales traditionnelles.
Le résultat final pourrait être une nouvelle architecture financière mondiale, où le pouvoir monétaire est plus réparti, reflétant davantage la réalité économique du 21ème siècle.
11:46 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dollar, or tokenisé, dédollarisation, ordre financier mondial, finances |
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Deux lectures douguiniennes de la Révolution conservatrice

Deux lectures douguiniennes de la Révolution conservatrice
Raphael Machado
Source: https://novaresistencia.org/2025/09/27/duas-leituras-dugi...
Parmi les phénomènes politico-philosophiques les plus intéressants du 20ème siècle, notamment pour les critiques non marxistes du libéralisme, la Révolution conservatrice allemande occupe certainement une place de choix.
Sans avoir réellement été un « mouvement » organisé, la Révolution conservatrice – telle qu’elle a été aboprdée dans l’étude thématique d’Armin Mohler, ancien secrétaire d’Ernst Jünger – représente une constellation d’auteurs, de revues et de cercles qui ont fleuri en Allemagne entre 1917 et 1933.

Des figures aussi diverses qu'Ernst Jünger, déjà cité, que Carl Schmitt, Martin Heidegger, Arthur Moeller van den Bruck, Ernst Niekisch, Othmar Spann, Oswald Spengler et des dizaines d’autres cherchaient – avec, naturellement, une immense variété de projets et de perceptions – dans un certain décisionnisme révolutionnaire, enraciné dans des principes antérieurs aux Lumières, une voie de sortie face à la décadence de la République de Weimar.
Ce qui les distinguait des conservateurs réactionnaires, c’est qu’ils ne souhaitaient pas revenir au passé et restaurer d’anciennes institutions, mais renouveler la nation. Les références au passé sont d’un ordre plus mythique et poétique qu’effectivement pratique. De plus, si les conservateurs réactionnaires acceptaient le capitalisme et étaient liés à la bourgeoisie, les conservateurs révolutionnaires étaient antibourgeois et anticapitalistes.
Mais ils n’étaient pas non plus marxistes, et se méfiaient autant de l’internationalisme cosmopolite que du prétendu rôle moteur d’un prolétariat déraciné, sans parler de la place centrale du matérialisme comme vision du monde et outil analytique.
Comme on le sait également, le sort des figures liées à la Révolution conservatrice sous la dictature nationale-socialiste de Hitler fut varié: certains embrassèrent le régime avec enthousiasme et furent absorbés par le système, d’autres tentèrent de collaborer mais finirent marginalisés, d’autres encore partirent en exil, et certains rejoignirent la résistance et furent persécutés ou même tués.
Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart de ces auteurs tombèrent dans l’oubli, à l’exception évidente de Heidegger, et c’est seulement avec l’activisme intellectuel inlassable de la Nouvelle Droite en France et en Allemagne à partir des années 1970 que nombre de ces figures ont pu retrouver, chez les chercheurs et dans le public, une attention intellectuelle.

L’un des penseurs qui s’est penché sur la Révolution conservatrice en tant que phénomène historico-politique est le philosophe russe Alexandre Douguine, qui n’est pas seulement le principal interprète russe de Heidegger, mais véritablement l’auteur russe le plus influencé de façon générale par la Révolution conservatrice dans ses écrits.
Auteur prolifique écrivant depuis le début des années 1990, Douguine a donc abordé à de nombreuses reprises la Révolution conservatrice au fil des ans, mais il est intéressant de remarquer quelques différences importantes entre ses approches successives du sujet.
J’indiquerai ici principalement comme références l’ouvrage « Révolution conservatrice », publié en 1994 (mais comportant des textes rédigés depuis 1991), et « La Quatrième Théorie Politique », publié en 2009.
Dans l’ouvrage éponyme, Douguine aborde la Révolution conservatrice non seulement comme synonyme de "Troisième Position", mais comme l’essence même de la "Troisième Position". La Révolution conservatrice y prend un caractère universel, constituant le fondement intellectuel (Urgrund) à partir duquel émergent les divers mouvements politiques fascistes en Europe et dans le Tiers Monde, des années 1920 aux années 1970.
On peut donc, dans ce sens, parler d’une « Révolution conservatrice » espagnole, qui trouve dans le phalangisme son expression politique; d’une « Révolution conservatrice » roumaine, qui trouve dans le légionnarisme son expression politique. Julius Evola apparaît ici comme un penseur de la Révolution conservatrice italienne.
Techniquement, le terme devient synonyme de "Troisième Position", un descriptif de l’essence de la "Troisième Position" comme synthèse transcendante des positions typiques de la droite et de la gauche.

Quinze ans plus tard, Douguine aborde la Révolution conservatrice d’une manière sensiblement différente, fruit de sa propre évolution intellectuelle.
La principale différence est que la Révolution conservatrice cesse d’être l’essence, ou même le synonyme, de la "Troisième Position" (désormais "Quatrième Théorie Politique") et appartient désormais au domaine de l’hétérodoxie tercériste.
Dans la mesure où Douguine conclut au caractère fondamentalement moderne du fascisme, la formule particulière de la Révolution conservatrice, plus radicale que le fascisme, cesse d’être facilement compatible avec les courants dominants de la Quatrième Théorie Politique.
De même que, dans la pratique, les principaux auteurs de la Révolution conservatrice furent marginalisés, sur le plan théorique, les idées-forces de la Révolution conservatrice apparaissent comme essentiellement marginales, voire impuissantes face à la marche en avant du fascisme.

La Révolution conservatrice, dans cette nouvelle perspective, en raison même de son hétérodoxie, devient une préfiguration de la Quatrième Théorie Politique. Elle émerge du même creuset culturel et philosophique que le fascisme et, dans une certaine mesure, fait partie de la construction de l’atmosphère politico-culturelle qui a permis la manifestation historique du fascisme, mais demeure à l’écart, un courant étranger au flux historique dominant.
Et c’est précisément là que la Révolution conservatrice devient plus intéressante. Dans la mesure où les théories politiques passées sont modernes et convergent dans la Modernité, ce qui importe en elles, ce sont précisément les hérésies et les hétérodoxies, car c’est précisément dans les « écarts » et « aberrations » que l’on peut dévoiler la réminiscence d’éléments prémodernes ou antimodernes.
En conclusion, il est évident que le changement dans la lecture de la Révolution conservatrice découle du changement de position de l’auteur, passé d’une position tercériste au début des années 1990 à une position quarto-théoricienne à la fin de la première décennie du nouveau millénaire.

De plus, il est indéniable qu’il est possible d’extrapoler la Révolution conservatrice du contexte allemand à un contexte international, la position de ce phénomène variant selon les pays. En Russie même, la Révolution conservatrice fut totalement étrangère tant au fascisme russe qu’à l’État, mais à partir de Staline, certains aspects de l’eurasisme furent absorbés par le système. En Roumanie, en revanche, Nae Ionesco, Mircea Eliade, Emil Cioran et Constantin Noica (photo) – figures citées par Claudio Mutti comme représentants d’un conservatisme révolutionnaire autochtone – furent intimement liés au fascisme roumain.

Au Brésil, je crois que l’on peut aussi parler d’une Révolution conservatrice, dont les contours restent encore diffus. Ont certainement fait partie de ce phénomène des figures comme Oliveira Vianna, Francisco Campos, Azevedo Amaral (photo), Otávio de Faria, et d’autres encore, certains plus proches de l’État nouveau, d’autres moins, certains nouant un dialogue avec l’intégralisme, d’autres non.
11:28 Publié dans Nouvelle Droite, Révolution conservatrice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle droite, révolution conservatrice, alexandre douguine, quatrième théorie politique |
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jeudi, 02 octobre 2025
«De la Méditerranée au Nord Olympien»: entre articles et conférences, l’héritage hyperbolique de Julius Evola

«De la Méditerranée au Nord Olympien»: entre articles et conférences, l’héritage hyperbolique de Julius Evola
Une nouvelle anthologie de textes de l’écrivain traditionaliste qui situe sa production de 1920 à 1945
par Giovanni Sessa
Source: https://www.barbadillo.it/124930-dal-mediterraneo-al-nord...
Dal Mediterraneo al Nord olimpico, de Julius Evola
Julius Evola fut un penseur à la production extrêmement vaste. Au cours de son existence, notamment à partir des années vingt du siècle dernier, il entretint de nombreuses relations avec des personnalités éminentes du monde politique et, surtout, culturel, qu'il ait été italien ou européen. Il voyagea beaucoup en Europe centrale, se rendant à plusieurs reprises en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Roumanie. Vient de paraître en librairie une anthologie précieuse d’articles et de conférences du penseur traditionaliste, qui permet de faire la lumière sur ses vastes relations internationales autant que sur ses intentions politiques et métapolitiques, lors des années décisives de 1920 à 1945. Il s’agit de Julius Evola, Del Mediterraneo al Nord olimpico; Articoli e conferenze nella Mitteleuropa (1920-1945), paru dans le catalogue des Éditions Mediterranee (pour commander: ordinipv@edizinimediterranee.net, ++39-6/3235433).
Les nouveautés dans ce livre
Les traductions des textes et la direction de l’ouvrage sont dues à Emanuele La Rosa, collaborateur de la Fondation Evola, qui a retrouvé dans les archives et bibliothèques allemandes des articles jusqu’ici inconnus ou jamais traduits en italien.
La Rosa et Nuccio D’Anna, spécialiste de l’histoire des religions et du symbolisme, signent deux essais introductifs, propédeutiques à la compréhension de l’action dite d’« interventionnisme traditionnel » menée par Evola en Europe centre-orientale. Le livre se distingue également par sa troisième partie, qui rassemble des articles consacrés à Evola par la presse germanophone de l’époque, dont beaucoup restent inédits en italien, et par son appendice composée d’une revue de presse dédiée à Evola peintre.

Les voyages, les écrits et les conférences du traditionaliste visaient à la constitution d’un front commun paneuropéen, révolutionnaire et conservateur, destiné, d’une part, à « rectifier » les limites théoriques et pratiques du fascisme et du national-socialisme, et d’autre part, à donner une réponse forte et convaincante à la prégnance du moderne dans tous les domaines de la vie. D’Anna note : « Dans ses interventions, il n’omettait pas d’indiquer des comportements “exemplaires”, des formes de coutume et des modèles existentiels considérés comme importants dans une société qui, à la suite du lourd krach économique de 1929, avait sombré dans une profonde crise d’identité » (p. 9).

À l’avis de l’auteur, la revue la plus prestigieuse dans laquelle écrivit Evola fut la Europäische Revue du prince Rohan (photo). Parmi ses collaborateurs figuraient, entre autres, W. F. Otto, Heidegger, Schmitt, Sombart, C. G. Jung et notre compatriote Ernesto Grassi.
Dans tous les cas, même dans d’autres périodiques: « Evola continuera à avancer […] dans une seule direction dont les caractéristiques fondamentales apparaissent ordonnées autour de traditions sacrées […] symboles et formes du prépolitique qui trouvent sur le plan métahistorique leur véritable raison d’être » (p. 11).

Pour Evola, en effet, l’organisation de l’État de la Tradition était caractérisée par la synthèse de deux puissances, la temporelle et la spirituelle (Melchisédek), que le Moyen Âge gibelin tenta de réintroduire dans l’histoire (cycle du Graal). À la lumière de telles positions, le traditionaliste œuvra à renforcer, dans des termes non seulement politiques, l’alliance italo-allemande. Dans cette anthologie figurent également des écrits dans lesquels Evola critique la version purement biologique du racisme alors prédominante en Allemagne, au nom d’une race de l’esprit, traditionnelle, consciente de la tripartition humaine en esprit, âme et corps.
Impérialisme païen en Italie et en Allemagne
De certains des textes d’Evola, comme l’observe La Rosa, on relève d’importantes différences entre la version italienne de Impérialisme païen et sa traduction allemande de 1933: dans la première, le penseur « oppose au “danger euro-chrétien” la fonction positive d’une reprise de la tradition méditerranéenne, tandis que dans la version allemande il se fait porte-parole de la tradition nordique-germanique » (p. 31).
Ce changement de perspective s’explique par des raisons biographiques (la rupture avec Reghini, néo-pythagoricien et partisan de la très ancienne sapientia italique de Vico, ayant fini devant les tribunaux) et par des motivations idéales. Certes, comme il ressort de l’essai du directeur de la publication, il y eut chez Evola un choix stratégique, de type « machiavélique », visant à déplacer son influence théorique vers les pays d’Europe centrale, ce qui permet d’interpréter les deux versions d'Impérialisme païen « comme deux programmes politiques différents par leur forme et leur contenu […] comme une proposition (méta)politique offerte tantôt au gouvernement fasciste, tantôt au gouvernement national-socialiste naissant » (p. 32).

Le changement théorique s’explique aussi par des raisons idéales: après la rencontre avec Guénon, Evola changea de perspective sur la civilisation méditerranéenne et porta un autre regard sur la Renaissance italienne. Alors que dans Impérialisme païen, Giordano Bruno et la philosophie de la Renaissance (comme dans ses œuvres philosophiques) jouent un certain rôle, dès le début des années trente, le philosophe de la vicissitude universelle et les néoplatoniciens du Quattrocento ne sont plus cités, sauf négativement. Dans Révolte, le traditionaliste en viendra à affirmer : « La véritable Renaissance (de la Tradition), c’est le Moyen Âge ».
Evola « transpose dans l’idée impériale celle de la réalisation de l’individu […] dont la règle fondamentale est le principe de solidarité entre les éléments d’un organisme » (p. 33). L’Empire devient le modèle métapolitique du philosophe, réponse autant à l’internationalisme marxiste qu’à la ploutocratie américaine. La même inflexion “nordique” se manifeste également au niveau des symboles: du faisceau liturgique on passe à l’aigle impérial. « Evola doit agir “machiavéliquement” en activant des forces motrices, des symboles et des mythes […] capables de fasciner […] le public auquel il s’adresse » (p. 35).

La dimension cruciale de la pensée d’Evola
Cet interventionnisme traditionnel ne produisit ni en Italie, ni en Allemagne, les résultats espérés. Il ressort pourtant, même de ce recueil, le legs hyperbolique du penseur. Sur le plan individuel, il est symbolisé par l’individu absolu, « délié » au sens latin, libéré, même de lui-même, tendu dans la tension existentielle induite par l’incipit vita nova. Son existence est déjà, en soi, exemplaire, elle renvoie, métapolitiquement, au dépassement sublime des organisations politiques contemporaines. Son arbitraire ne saurait être compris par l’œil moderne, éduqué aux distinctions exclusives induites par le logocentrisme.
Del Meditarraneo al Nord olimpico est une œuvre qui apporte une lumière supplémentaire sur la pensée abyssale de Julius Evola, à lire et méditer avec un regard non représentatif, absolu, au-delà de la dichotomie sujet-objet, car pour Evola, phénomène et noumène disent la même chose…
Julius Evola, Del Mediterraneo al Nord olimpico. Articoli e conferenze nella Mitteleuropa (1920-1945), sous la direction d’Emanuele La Rosa, Éditions Mediterranee, 331 pages, 31,50 euros.
16:10 Publié dans Livre, Livre, Révolution conservatrice, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julius evola, révolution conservatrice, tradition, traditionalisme, livre |
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La lutte pour l’âme et l’espace

La lutte pour l’âme et l’espace
Sid Lukkassen
Source: https://denieuwezuil.nl/de-strijd-om-de-ziel-en-de-ruimte/
L’un des concepts clés pour comprendre le monde politique d’aujourd’hui est celui du « conatus ». Ce terme a été utilisé par le célèbre philosophe Spinoza, et je l'ai récemment mis au centre d’un article sur les menaces que fait peser l’immigration de masse. Ce concept apparaît désormais aussi dans un ouvrage controversé sur lequel des penseurs conservateurs de droite se sont déjà exprimés de manière tranchée : le livre Bronze Age Mindset, de l’auteur polémique « Bronze Age Pervert », qui agit sur « X » (anciennement Twitter) comme une sorte de roi-prêtre.
D’abord : soutenez Sid via BackMe (https://sidlukkassen.backme.org/), car Sid est seul. C’est grâce à votre soutien qu’il est possible de poursuivre ce genre de recherches fondamentales. Personne ne prend de risques pour Sid. Il dépend de lecteurs comme vous. C’est un monde triste et dur, où votre soutien représente la dernière lueur de chaleur et de lumière.
Avant d’entrer plus avant dans Bronze Age Mindset, commençons par une explication pour mieux comprendre la notion de « conatus ». Prenons ce débat à la télévision néerlandaise. Face à un public, le philosophe Cornelius Rietdijk tente, d’un point de vue philosophique, de briser un tabou: celui d’avorter des enfants handicapés. Il construit ses arguments calmement, rationnellement et de manière équilibrée, puis se heurte à un mur d’indignation morale. On voit clairement que trois éthiques différentes sont à l’œuvre.
Trois types d’éthique
Le public semble adopter une éthique du devoir. Leur raisonnement est le suivant: l’on reçoit un enfant handicapé par le hasard du destin. Il faut l’assumer. Il s’agit alors, en toute conscience, intégrité et honnêteté, de faire au mieux – c’est là votre devoir d’être humain.
Le médecin qui s’oppose à Rietdijk raisonne différemment. Il met l’accent sur le poids de la souffrance. Si la souffrance des parents est trop grande, ou si l’enfant handicapé souffre de façon insupportable, l’avortement ou l’euthanasie peuvent être envisagés. Il s’agit ici d’une éthique utilitariste: le plaisir est le bien suprême, la souffrance le mal suprême. Une action est moralement défendable si elle permet effectivement de minimiser la souffrance et de maximiser le plaisir.
Rietdijk lui-même défend une forme d’éthique de la vertu (à ne pas confondre avec la « vertu » au sens politiquement correct du terme). La vie humaine ne peut être considérée comme telle que si elle peut s’épanouir, et pour cela « un cadre de vie adéquat » est nécessaire. Beaucoup de gens partagent cette intuition: ils disent par exemple « Si un jour je dois finir comme une plante verte, alors ce n’est plus la peine, qu’on me débranche. » La qualité avant la quantité.
Le choix d’une éthique
Le caractère abyssal de la question réside dans le fait qu’on ne peut, sur la base d’arguments empiriques ou pragmatiques, privilégier l’une de ces trois éthiques par rapport aux deux autres. Car la façon dont on évalue les faits pragmatiques et empiriques dépend précisément de l’éthique avec laquelle on aborde la vie.
C’est comme si l’on était debout sur une plaque tectonique, au-dessus d’une faille abyssale. La raison et l’expérience n’offrent aucune donnée qui rendrait le passage vers une autre plaque moralement obligatoire. Ce saut doit donc venir du plus profond de soi: choisir entre des éthiques qui s’excluent mutuellement est, par définition, un saut dans l’abîme.

Conatus
Vous me suivez jusqu’ici? Très bien, car mon travail est alors presque accompli. Tout dépend donc de l’éthique qui vous interpelle. Et cela dépend des valeurs qui animent votre noyau intérieur: votre âme, votre personnalité, votre caractère. Ce principe fondamental, c’est ce que Spinoza appelle le «conatus». Ce conatus cherche à se perfectionner lui-même, et filtre tous les faits du monde en fonction de ce qui renforce ce noyau primitif. Le processus du conatus, c’est le durcissement du « soi » au sein d’un monde extérieur.
Le noyau, le principe organisateur qui réside dans l’âme même, est donc existentiel et jamais empirique – la logique et l’expérience sont toujours secondaires. Voilà ce qu’est le conatus.
Bronze Age Mindset : la maîtrise de l’espace
Maintenant que ceci est clarifié, nous sommes prêts à aborder le livre de Bronze Age Pervert (BAP). Selon lui, tout ce qui vit cherche à occuper de l’espace. Il s’agit généralement de posséder, de contrôler ou de conquérir l’espace. Songez à un lion juché au sommet d’une montagne, surveillant la vallée à la recherche de proies. Ou à un aigle planant encore plus haut dans le ciel.
Selon BAP, le fait de s’approprier l’espace avec succès conduit au développement des qualités innées de l’organisme. Ce développement permet à son tour de conquérir encore plus de matière, de dévorer les organismes inférieurs qui sont alors absorbés par l’organisme supérieur. Il le décrit ainsi : « It is mobilization of matter to develop the inborn character or idea or fate. » ("C'est la mobilisation de la matière dans le but de développer le caractère, l'idée ou le destin innés"). Il s’agit donc de quelque chose de plus abstrait que la simple assimilation de biomasse : il s’agit aussi d’un principe. Il s’agit ici, en fait, du conatus.
Application à la politique
« Organism seeks mastery of space, environment, to master matter in ways particular to its own abilities. […] The higher and more organized the form of life, the more complex its need for development are » ("L'organisme cherche la maîtrise de l'espace, de l'environnement, à maîtriser la matière en des façons particulières selon ses propre capacités").

Dans l’exemple des lions et des aigles, nous comprenons instinctivement ce que cela signifie, mais si on applique cela à la société humaine, il en va de même en politique. Pourquoi, par exemple, quelqu’un se sent-il attiré par le plan de Frans Timmermans d’augmenter les allocations et les primes sociales?
Parce que cette personne sent qu’elle veut être couverte contre les risques, et que cela lui convient. La protection du groupe. Un autre, au contraire, préfère payer moins de cotisations et prendre plus de risques lui-même. Parce que cela fait partie de sa personnalité: individualisme, volonté de fonctionner par ses propres moyens et d’être indépendant du groupe. Vouloir façonner son propre destin et en assumer soi-même les conséquences. Votre conatus détermine donc les arguments politiques auxquels vous êtes réceptif.
Une question existentielle
« Gauche » et « droite » ne sont donc pas des « inventions » – pas des « constructions » qui ne prennent sens que dans un système particulier, une configuration économique et sociale donnée. « Gauche » et « droite » sont des grandeurs existentielles, propres à l’âme de chaque individu – à son conatus. Elles précèdent toute factualité empirique.
Revenons un instant à Bronze Age Mindset. Le livre affirme : « As a result of this mastery of matter there is development of its body, its senses, and all of its faculties, and the unfolding of its inborn destined form or nature » ("Résultat de cette maîtrise de la matière: le développement de son corps, de ses sens et de toutes ses facultés, et le déploiement de sa forme ou nature innée et destinale"). On comprend alors que, même si BAP n’utilise pas le terme « conatus », il s’agit bien de cela. Le conatus est le principe fondamental dans lequel tout ce que l’organisme, la chose, le concept deviendront un jour, est déjà en germe – dès lors qu’ils s’expriment, se déploient dans la réalité.
Bien et mal = force et faiblesse
« It seeks to become strong, skillful, to master problems and feel the expansion of its power » ("Cela cherche à devenir fort, talentueux, à maîtriser des problèmes et à ressentir l'expansion de sa puissance"). Nous touchons ici au vrai sens de l’éthique, tel que Nietzsche l’écrit – et tel qu’il l’a directement emprunté à Spinoza: est bon tout ce qui renforce notre force vitale; est mauvais tout ce qui la diminue.
Dans cette optique, on constate qu’il existe différentes formes d’éthique, mais ce qui finit par l’emporter, c’est qu’une personne devient le chef d’un groupe, et son éthique devient alors dominante – parce que l’espace est limité, parce que les ressources sont limitées.

En somme : il s’agit d’une lutte à mort entre des éthiques qui s’excluent mutuellement. Ce ne sont pas les arguments moraux qui déterminent l’issue, mais la force des parties en présence qui décide quelle morale deviendra la morale valide, normalisée, légitime.
Réflexions complémentaires
Il faut souligner qu’il existe ici une sorte de « processus de puissance ». Un jeune homme doit gravir une montagne, capturer un aigle. Et quand il revient au village avec cet aigle, il est désormais membre à part entière du groupe et peut participer au conseil de la tribu. Au fond, il s’agit de « parvenir à maturité », de s’épanouir. Ressentir comment, par sa propre force, on acquiert une forme de maîtrise.
Dans la société actuelle, ce processus naturel est entièrement affaibli, atténué, canalisé par toutes sortes d’institutions. Avec la ritaline et d’autres médicaments, il est même médicalisé, supprimé. Au final, on ne peut plus ressentir de telles émotions qu’en réalité virtuelle, comme dans le Metaverse de Mark Zuckerberg.
La postmodernité est condamnée
Dans la société ouest-européenne actuelle, numérisée et évitant tout conflit, les hommes ne peuvent plus développer naturellement leur confiance en eux. Les actes qui, en situation naturelle, les rendraient attirants aux yeux des femmes – chasser, se battre, construire – sont désormais impossibles dans ce contexte surréglementé. Les jeux vidéo, où l’on construit des villes et mène des batailles, peuvent encore donner une vague impression de ces sensations.

En résumé : la société postmoderne est totalement coupée de la croissance et du développement naturels. D’où la multiplication des «stages de virilité». Tout est déjà limité, et au final, il faut se libérer comme un loup solitaire de la société sursocialisée si l’on veut encore réaliser quelque chose de créatif.
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Déplier le mystère du beau, avec Christine Sourgins

Déplier le mystère du beau, avec Christine Sourgins
Propos recueillis par Frédéric Andreu
Historienne d’art et blogueuse, https://www.sourgins.fr, Christine Sourgins publie aux éditions Boleine Anatomie de la Beauté. Si son blog affirme que « Sans l’art, la vie serait une erreur », son livre semble inverser la proposition: « Sans la beauté, l’art serait une erreur »… Pour mieux comprendre son approche du beau, nous l’avons interrogée à travers cinq questions essentielles.


- Une couverture qui interroge. Dès la couverture, une image intrigue : une muse antique, hiératique, tenant dans ses mains un objet énigmatique. Quelle est la signification de cette figure, et quel rôle joue-t-elle dans l’économie symbolique du livre ?
La couverture reprend une fresque de Pompéi: la figure ailée porte un trépied utilisé dans le culte antique, ce qui fait de cette “Victoire” une figure moins guerrière qu’une servante du divin, rôle que la beauté a longtemps endossé ! Oui, la beauté est mystérieuse mais il ne faut pas en user pour se défausser: ce n’est pas un mystère dont on ne peut rien dire mais un mystère (comme ceux de la théologie) que l’on n’a jamais fini d’approfondir…
- Anatomie de la Beauté : un titre doublement parlant. En effet, le titre met déjà en tension deux registres, le scientifique et le poétique. Comment ces mots s’articulent-ils pour former la clef de lecture de l’ouvrage?
« “Anatomie” est aujourd’hui utilisé pour signifier une analyse, ce qui est le cas. Ce terme est en usage à la fois dans le monde médical et artistique, en particulier dans la représentation des nus. Dans les deux cas, il y a allusion à la présence d’un corps, et c’est bien ce que j’entends restituer, l’aspect organique d’une notion constamment attaquée et déconstruite depuis 50 ans. Certains en ont fait un empilement de concepts desséchés ou d’oukases mortifères d’un autre âge (les fameux “canons artistiques”) mais le livre décrit au contraire une physiologie du beau, son métabolisme, sa vitalité. »

- Qu’est-ce que le beau ? Une question philosophique. Le sous-titre de l’ouvrage pose la question de façon frontale. L’auteure se rattache-t-elle à un courant précis ou navigue-t-elle entre traditions philosophiques ?
« La philosophie s’est intéressée au beau dès Platon et régulièrement nombre de philosophes l’ont embarqué dans leur système, mais la beauté est toujours singulière et les concepts philosophiques, eux, visent des généralités d’où beaucoup de quiproquos. Je fais donc à la philosophie, comme à la sociologie, une place, certes, mais prudente.
Je distingue d’emblée l’Idée de Beauté (avec majuscule), abstraction intellectuelle, de la beauté artistique, celle que l’on peut appréhender avec ses sens, et qui est une expérience sensible et existentielle.

Le sous-titre est plus pratique que vous ne le pensez car beaucoup de nos contemporains ont perdu le beau comme d’autres le Nord: le beau est refusé car restreint à une dogmatique ou alors toléré mais réduit cette fois au grand n’importe quoi “des goûts et des couleurs dont on ne discute pas”. Mensonge, on en a toujours discuté car s’il y a une part de subjectivité dans la beauté, et c’est heureux, si elle est un mystère, elle n’est pas non plus un délire ! »
- La beauté et la dimension sacrée. La beauté n’est-elle pas aussi porteuse d’une dimension sacrée ? Peut-on parler d’une expérience « eucharistique » comme le suggère Aude de Kerros ?
« Il y a effectivement des voies spirituelles du beau, j’aborderai cet aspect dans un troisième livre sur Les bienfaits du beau. Anatomie de la beauté, le premier livre, c’est en quelque sorte la reconstruction des “murs porteurs”, sera suivi, au mois d’octobre, par une Géographie du beau qui détaille les climats et terroirs où la beauté peut s’épanouir ou pas: l’harmonieux, le sublime, le joli, l’étrange, etc. Puis viendra, en 2026, Les bienfaits du beau, “les beautés singulières” (celles qui posent problème, comme la beauté des nus ou la beauté du mal, etc.) et enfin Guerre à la beauté! expliquera pourquoi et comment on a mené bataille contre le beau. »

- Une rencontre marquante avec la beauté. Parmi toutes les œuvres que vous avez contemplées, si vous deviez en retenir une seule, laquelle vous a bouleversée ?
« Beaucoup d’exemples sont donnés dans ce livre, j’aborde principalement la beauté artistique car c’est la plus attaquée (sans se priver d’allusions à la beauté de la nature, les deux étant souvent liées). Les exemples tirés de la Peinture, ceux que j’utilise le plus souvent, ont l’avantage, grâce à Internet, d’être faciles à retrouver et le lecteur peut alors vérifier par lui-même. Cela permet d’avoir un livre à petit prix, ce qui ne serait pas le cas s’il fallait financer les droits à l’image. »
Anatomie de la beauté aux Éditions Boleine : https://editions-boleine.fr/catalogue/105-anatomie-de-la-beaute.html
Conférence-dédicace de l'auteur:
L’auteur donnera une conférence-dédicace, illustrée de projections, le mercredi 8 octobre à 17h30. Gratuite mais sur réservation. Réserver votre place par mail à cap-aristee@orange.fr
12:40 Publié dans art, Entretiens, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christine sourgins, art, beauté, livre, esthétique |
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Affaire Sarkozy: la France n’a que les représentants qu’elle mérite

Affaire Sarkozy: la France n’a que les représentants qu’elle mérite
Par Pierre-Emile Blairon
Donc, Nicolas Sarkozy a été condamné ce 25 septembre 2025 à cinq ans de prison dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007 pour « association de malfaiteurs ». Il est convoqué le 13 octobre par le Parquet national financier pour connaître la date de son incarcération. Il sera le premier ex-président de la République (il a été président de la République française de 2007 à 2012) à effectuer un séjour en prison.
Ce jugement est le dénouement (provisoire) de l’une des nombreuses affaires dans lesquelles Sarkozy est incriminé.
Je répugne à parler à nouveau de cette crapule (dictionnaire de l’Académie française: Individu vil et malhonnête, capable des pires actions. Larousse : Individu sans moralité, capable des pires bassesses; canaille) mais je dois le faire pour compenser l’arrogance avec laquelle ce grossier personnage ose se poser en victime d’une machination de la justice et des médias alors que toute son action a visé, depuis son accession au pouvoir en 2007, à ruiner sciemment la France et les Français au profit d’intérêts étrangers (en l’occurrence, américains, Sarkozy ne s’en cachait même pas) comme le feront à sa suite Hollande et Macron élargissant le cercle des profiteurs et vendant la France à la découpe à qui veut bien l’acheter.
J’ai signé ici un article le 18 janvier 2025, titré: "Haute trahison : Sarkozy l’Américain" qui récapitule tous ses méfaits (tout au moins connus) dont la liste est longue (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2025/01/18/sarkozy-l-americain-6531523.html ).
Je disais dans cet article que « l’affaire Woerth-Bettencourt, l’affaire Bismuth, l’affaire des sondages de l’Élysée, l’affaire Bygmalion, ne constituent que des magouilles politicardes sans grand intérêt, car elles ne concernent que son intérêt personnel, et sa petite personne n’a que peu d’intérêt ».


L’affaire du financement libyen
Sarkozy est finalement tombé à cause de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Pour préserver ses intérêts personnels dans cette rocambolesque histoire, Sarkozy n’a pas hésité à abattre les digues qui contenaient l’invasion africaine de la France et de l’Europe à partir de la Libye, faisant éliminer Kadhafi qui représentait le dernier rempart contre ce déferlement. Cette seule vilénie mériterait la peine de mort dans une société traditionnelle normale car cet homme est en cela responsable de la disparition quotidienne de Français tués par ces barbares entrés illégalement en France.
Mais il n’en est pas resté là dans le domaine de l’immigration sauvage, parce qu’il s’est débrouillé pour faire en sorte que ceux qu’il a fait ainsi rentrer en France par millions ne repartent plus car, comme le faisait remarquer un internaute: « Si vous avez des potes de droite qui soutiennent Sarko, rappelez-leur que c'est bien Sarko qui a fait supprimer la double peine qui permettait de renvoyer chez eux les délinquants étrangers. Et que donc chaque fois qu'un migrant clando qui cumule une ou plusieurs OQTF non exécutées, viole ou tue un Français, il y a littéralement l'ombre de Nicolas Sarkozy derrière ce drame » (Samir Mouhssine).
Et, bien sûr, les juges politisés qui refusent d’appliquer les lois françaises - parce que les lois existent, il n’est pas besoin d’en ajouter d’autres - sont également responsables de ces intrusions illégales sur le sol français.

« Ziad Takieddine (photo), personnage clé des affaires libyennes, est mort », titre Le Point du 23 septembre 2023, « des suites d’une longue maladie » comme on dit, longue maladie opportunément interrompue par sa mort deux jours avant le procès dit «du financement libyen de la campagne de Sarkozy».
Je n’ai pour l’instant pas entendu un seul journaliste poser une question sur les causes exactes de ce décès, si ce n’est, dans l’article du Point qui suit, cette petite phrase sibylline: «dans des circonstances qui restent à préciser».
« L’intermédiaire libanais s’est éteint mardi matin à Beyrouth, emportant définitivement avec lui des informations clés sur les relations réelles de Nicolas Sarkozy avec le clan Kadhafi.
L'information a été confirmée au Point par plusieurs sources, dont son ex-avocate Me Élise Arfi: Ziad Takieddine, 75 ans, est décédé mardi 23 septembre 2025 au matin à Beyrouth, où il résidait depuis plusieurs années, dans des circonstances qui restent à préciser. Cet intermédiaire franco-libanais était au cœur du procès des affaires libyennes de Nicolas Sarkozy. Poursuivi en France, condamné dans le volet financier de l'affaire dite de Karachi à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt, il s'était enfui au Liban en juin 2020, pays qui n'extrade pas ses ressortissants» (Le Point, Erwan Seznec).

La liste des méfaits du délinquant Sarkozy
Pour le reste, je vais laisser la parole à l’amiral Claude Gaucherand (photo) qui a énuméré les mauvaises actions du personnage, en tout cas, les plus choquantes, dans un texte récent du 25 septembre .
Politique intérieure
- Le Traité de Lisbonne: Refusé par référendum en 2005, le traité constitutionnel européen a été ressuscité sous forme de traité de Lisbonne, ratifié par voie parlementaire en 2008 sans consultation populaire. Sarkozy, alors président, a justifié cette manœuvre comme une “simplification institutionnelle”.
- Ruine d’EDF avec la loi NOME: Adoptée en 2010 sous l’impulsion de François Fillon et Nicolas Sarkozy, la loi sur la Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité (NOME) a imposé à EDF de vendre son électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents via l’Arenh (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique). Ce mécanisme, censé ouvrir le marché à la concurrence européenne, a été critiqué comme une “vente à perte” qui a endetté EDF de milliards d’euros et fragilisé la filière nucléaire française.
- Immigration choisie : Sous Sarkozy, l’immigration légale a atteint un pic de 250.000 titres de séjour annuels, malgré sa rhétorique de fermeté. Sa loi de 2006 sur “l’immigration choisie” a été un échec, avec seulement 14% d’immigration professionnelle contre un objectif de 50%.
- Discrimination positive : Plus provocateur, son discours de 2008 sur le “défi du métissage” – “Ce n’est pas un choix, c’est une obligation” – a annoncé la politique de quotas d’immigrés non-européens dans toutes les sphères de l’État et de la société, expression du multiculturalisme anglo-américain qu’il a voulu imposer en France.

- Mayotte départementalisée : En 2009, Sarkozy a impulsé la départementalisation de Mayotte, effective en 2011, malgré les avertissements sur l’immigration clandestine massive. Résultat: une explosion démographique et des tensions sociales, des critiques qualifiant cela d'”erreur historique”.
- Théorie du genre à l’Éducation Nationale: En 2011, sous son mandat, des manuels scolaires de SVT ont intégré des chapitres sur le genre, expliquant que l’identité sexuelle est socio-culturelle autant que biologique.
- Fin de la double peine et politique du chiffre à la police: La réforme de 2003, impulsée par Sarkozy comme ministre de l’Intérieur, a limité les expulsions automatiques d’étrangers délinquants, vue comme un laxisme pénal. Parallèlement, sa “politique du chiffre” a poussé les forces de l’ordre à privilégier les statistiques (PV, interpellations) au détriment de la prévention, générant des dysfonctionnements persistants.
- Saccage de l’Hôpital public : Les réformes hospitalières de 2009 (loi HPST) ont renforcé les pouvoirs des directeurs et favorisé les partenariats public-privé, au détriment des soignants. Budgets rognés et fermetures de lits ont été dénoncés comme un “démantèlement” du service public, aggravé par la crise Covid.

- Vente de 20% des réserves d’or de la France: Une perte de 40 milliards: En 2004, comme ministre, Sarkozy a vendu 589 tonnes d’or de la Banque de France pour 4,67 milliards d’euros. Avec la flambée du cours de l’or, cette opération a coûté à l’État environ 40 milliards d’euros en valeur actuelle.
- Ouverture à gauche : Sitôt élu sur une ligne de droite dure, Sarközy a ouvert son gouvernement à des figures historiques de gauche (le néo-conservateur Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, le socialiste libanais Éric Besson à la Prospective) et à des personnalités non blanches ou d’origine immigrée, comme Rachida Dati (Justice), Fadela Amara (politique de subventions des quartiers ethniques), ou Ramatoulaye Wade. Il s’agit d’accélérer le multiculturalisme et la discrimination positive.
- Suppression du crime de haute trahison: La révision constitutionnelle de 2007, sous son impulsion, a remplacé la “haute trahison” par un vague “manquement aux devoirs”, supprimant une protection contre les abus présidentiels et protégeant potentiellement Sarkozy lui-même.
- Déclarations de Carla Bruni sur le “sang pourri” des Français: En 2010, Carla Bruni, épouse de Sarkozy, évoque “le vieux sang pourri” qui coule dans les veines des Français, en référence à leur supposée frilosité face à l’immigration et à la diversité raciale.
- Maintien des Accords d’Évian: Sarkozy a préservé les facilités d’immigration issues des accords de 1962, malgré les appels à leur renégociation, favorisant selon les détracteurs un flux migratoire incontrôlé.
- Enterrement du rapport sur le financement des syndicats de gauche: En novembre 2011, sous son mandat, un rapport parlementaire explosif sur les financements opaques des syndicats (plus de 5 milliards d’euros annuels, avec des abus via les comités d’entreprise et des publicités suspectes) a été rejeté et “enterré” par l’Assemblée, malgré six mois de travail et 45 auditions. Cette décision, prise à la veille des élections présidentielles de 2012, visait à se concilier la gauche syndicale en vue de la réélection de Sarközy.
- Constructions de mosquées: En 2006, le rapport Machelon, commandé par Sarkozy, ministre de l’Intérieur, a autorisé les subventions communales aux lieux de culte, contournant la loi de 1905. Cela a accéléré la construction de mosquées (près de 2500 en 2012), souvent financées par des fonds qataris, via des baux emphytéotiques à 1 euro/an.
Politique étrangère
Néoconservatisme et soumission à l’OTAN: Sarkozy s’est distingué par un atlantisme fanatique, rompant avec la tradition d’indépendance française.

Destruction de la Libye: Après avoir permis à Mouammar Kadhafi de poser sa tente à l’Élysée, Sarkozy, en 2011, a initié l’intervention de l’OTAN en Libye pour abattre un État jugé hostile à “Israël”. Soutenu par BHL, il a contribué à la chute de Kadhafi grâce à des milices djihadistes, laissant un chaos de grande ampleur s’installer, ouvrant un corridor migratoire béant qui n’a toujours pas été refermé. Cette guerre a entraîné la percée djihadiste dans le Sahel, notamment au Mali, qui a culminé avec le retrait en catastrophe des troupes françaises de toute l’Afrique de l’Ouest.
Revirements en Syrie: Après avoir réhabilité Bachar al-Assad en 2008 (invité au 14 juillet), Sarkozy a pivoté en 2011, appelant à une intervention militaire en 2012, sans aval de l’ONU.
Alignement sur “Israël” : Son discours à la Knesset en 2008 et ses condamnations de l’Iran ont marqué un soutien inconditionnel à l’entité sioniste, rompant avec l’équilibre traditionnel français au Proche-Orient.
Réintégration dans l’OTAN : En 2009, Sarkozy a ramené la France dans le commandement intégré de l’OTAN, abandonnant 43 ans d’exception gaulliste, le mouvement politique dont il provient. Pro-guerre et pro-OTAN, il a aligné Paris sur Washington, au détriment d’une défense française et européenne autonome.

Corruption qatarie : Sarkozy a favorisé l’influence islamo-qatarie en France via des investissements (PSG, Rafale) et une convention fiscale de 2008 exonérant les capitaux qataris. En contrepartie, le Qatar a financé son divorce d’avec Cécilia Cziganer Albeniz, mère de Louis Cziganer Albeniz Sarközy (3 millions d’euros via une rançon augmentée d’autant pour les infirmières bulgares en 2007).
Les enquêtes sur le Mondial 2022, attribué au Qatar, pointent un “pacte de corruption” lors d’un déjeuner élyséen en 2010, impliquant Sarkozy, Platini et l’émir du Qatar. Cette collusion culmine avec la guerre en Syrie, le Qatar voulant renverser Bachar Al Assad pour installer un pouvoir islamiste à Damas et faire transiter son gaz par le territoire syrien conquis avec l’aide de l’OTAN et de la France.
Ces éléments, d’une gravité rare, doivent être rappelés à tous ceux qui seraient prompts à se laisser influencer par la propagande de CNews (Bolloré) ou de TF1 (Bouygues), outils de désinformation aux ordres de la bourgeoisie dont Sarközy est l’ignoble masque.
Dans un État normal, Sarközy aurait été jugé par un tribunal populaire pour haute trahison, condamné à mort et fusillé. Et pas à cinq ans de prison dont tout le monde sait qu’il ne purgera que le dixième ».
Existe-t-il encore un peuple français ?
La question se pose pleinement quand on constate le déferlement de soutiens à Sarkozy qu’a suscitée sa condamnation.
- Soutien, bien sûr, de la classe politique (celle qui siège au Parlement et au Sénat) pour la simple raison que chacun de ces élus se sent concerné par la condamnation de Sarkozy puisqu’ils sont tous corrompus à des degrés divers et qu’ils risquent tous de subir le même sort un jour ou l’autre étant donné qu’ils n’ont pas plus de morale politique ou de morale tout court que Sarkozy: solidarité de caste, mais nous souhaiterions voir advenir une solidarité de destin.
En tête du peloton, l’inénarrable Marine Le Pen dont l’obstination à défendre les turpitudes du Système contre l’avis de 80% de ses propres électeurs devient un gag.
La lettre L’éclaireur écrit avec pertinence: « Nous n’allons pas pleurer sur le sort de Nicolas Sarkozy, homme vénal, grossier, corrompu, héritier sans intelligence de certains réseaux des Hauts-de-Seine montés par un ancien vendeur de pastis qui, lui, même s’il était un personnage inquiétant, n’avait que la France en tête. Sarkozy, comme tous ceux de sa génération et des suivantes, n’a jamais pensé qu’à lui-même. Sarkozy, c’est tout de même le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN et la forfaiture du traité de Lisbonne – ce pour quoi ceux qui l’ont fait élire l’avaient fait élire» et pointe du doigt quelques affirmations péremptoires et commentaires hasardeux de ces politicards sans conviction, mais aussi sans compétence, hormis celles de défendre à tout prix l’accès à leurs prébendes et à leurs fauteuils, tels l’eurodéputé F.-X. Bellamy, Jean-Philippe Tanguy du RN ou François Ruffin que cette bonne feuille donne en exemple; Marine Le Pen, dont c’est la profession initiale de connaître quelques rudiments de droit (elle n’a peut-être pas été assez attentive à ses cours?), aurait mieux fait de se taire: « Mme Le Pen s’inquiète pour son propre sort, pour son appel à venir début 2026. Elle commet un gros péché d’orgueil. Elle est bien la victime d’une exécution provisoire de la peine complémentaire d’inéligibilité, exécution provisoire sans fondement et contraire à une décision du Conseil constitutionnel ».


- Solidarité sans faille aussi de la presse de grand chemin (comme les bandits) et de la dizaine de milliardaires qui emploient et payent grassement ces « pressetitués ».
J’avais relevé ce commentaire hallucinant sur Internet d’un quidam qui se dit journaliste à France Inter, hallucinant parce que chaque mot, ou presque, est une contre-vérité:
«La lourdeur de la condamnation par le tribunal correctionnel, alors qu’on a jugé une intention qui ne s’est pas concrétisée est insupportable. Les Français lui reconnaissent une volonté, un dynamisme dans l’action, je pense à la médiation en Géorgie face à Poutine, au sauvetage et rapatriement de nombreux otages, à la crise financière… Il n’a jamais démérité, à aucun moment quand on sait à quel point son mandat n’a pas été de tout repos. Il n’a pas mis non plus la démocratie entre parenthèses et en lambeaux, avec des états d’urgence à répétition, comme ses deux successeurs. Soyez rassurés, il n'y aura pas de piètre chantage, voire un aveu de faiblesse politique de la part de Nicolas Sarkozy...».
- Enfin, et c’était plus inattendu, soutien d’un certain nombre de Français qui sont allés jusqu’à créer des cagnottes pour « aider » financièrement leur idole comme si Sarkozy était dans le dénuement le plus complet (en comparaison, souvenez-vous que les autorités interdisaient aux Gilets jaunes d’aider par ce moyen les familles de ceux qui avaient été emprisonnés ou blessés par la police).
Paul-Eric Blanrue a eu ce bon mot : « La France est le seul pays au monde où les gueux soutiennent ceux qui les ont ruinés ».
Reconnaissons que le peuple français a disparu, corps et biens, dès les premiers mois de cette funeste décennie 2020, noyé dans les miasmes délétères d’une fausse pandémie « soignée » par de faux vaccins. Disparus l’esprit critique, le bon sens, le ton posé, sage et réfléchi, le goût des nuances et des subtilités, l’empathie, la bienveillance, la courtoisie. Les cerveaux furent vidés, siphonnés, retournés, les visages masqués, les accolades interdites (les gens se présentaient le poing en avant comme s’ils voulaient tuer leur interlocuteur), ce fut le déchaînement des comportements absurdes, agressifs, vulgaires, des jugements à l’emporte-pièce, sommaires, le triomphe de l’emprise du Système… et de la loi de la jungle.

Comment cela a-t-il été possible ? Par un conditionnement vieux de plusieurs décennies par l’entremise de la petite lucarne.
Les plus touchés par la propagande, ce qu’on appelle de nos jours l’ingénierie sociale, ont été les vieux et les classes aisées, en bref, les bourgeois, ceux qui pour rien au monde ne renonceraient à leur zone de confort.
Exactement les crétins incultes qui, de soixante-huitards qu’ils étaient, toujours émus par leur révolution de pacotille, ont changé de camp (enfin, croient-ils) et sont devenus des droitards, voire des droitardés (contraction de droitards et d’attardés). Des gens qui ne réagissent que par instinct, qui ont partagé le monde en deux parties, celle que guident leurs pulsions primaires, leur manichéisme et leur dogmatisme, d’un côté, et de l’autre, tous ceux dont ils ne savent rien et n'en veulent rien savoir.
C’est ainsi que si vous condamnez le génocide en cours à Gaza, ces imbéciles vous mettront dans la catégorie des gueulards LFI qui détestent la France, si vous pensez que la peine qui a été infligée à Sarkozy est loin d’être suffisante, ils vous diront que vous approuvez le « mur des cons » érigé par le Syndicat de la Magistrature et si vous critiquez les retournements de veste destinés à préserver les médiocres intérêts d’une Marine Le Pen, ils vous diront que vous ne comprenez rien à sa subtile stratégie.

Moi, je constate que les Français ne constituent plus un peuple, d’abord parce que la mémoire des individus appelés Français a été complètement vidée, méthodiquement, jusqu’à ce que ces individus n’aient plus conscience d’appartenir à un même groupe issu d’un lointain passé, ayant une histoire commune, un ensemble d'êtres humains qui ont pu, tout au long des siècles, créer, sur un même territoire, une identité résultant de la formation d’une culture commune, de principes communs, de mœurs similaires, de valeurs identiques que tous reconnaissent comme faisant partie intégrante de leur propre vie, permettant de la structurer et de la guider. Voilà ce qui forme une communauté de vie et de destin à nulle autre pareille et qui permet d’enrichir le monde de sa spécificité.
Je terminerai en citant les propos d’un écrivain, Jonathan Sturel, qui rapporte lui-même le témoignage de Patrick Buisson, qui avait bien connu Nicolas Sarkozy puisqu’il en était l’un des principaux conseillers.


« Dans son livre ʺLa cause du peupleʺ publié en 2016, Patrick Buisson rapporte un certain nombre de propos surréalistes et littéralement anti-blancs tenus par Carla Bruni, en présence notamment de Bernard Kouchner, de Christine Ockrent, de l'acteur Jean Reno et bien sûr du président Sarkozy lui-même.
Carla Bruni, se moquant apparemment des gueux tels qu'ils étaient caricaturalement montrés dans le film ʺBienvenue chez les chtisʺ, se lance ensuite dans une fine analyse raciale et eugéniste qui ne souffre, d'après Buisson, aucune contestation de la part des témoins. Elle accuse les Français d'être frileux et de se satisfaire de l'entre-soi, et leur reproche de ne pas assez ʺrenouveler leur vieux sang pourriʺ, c'est-à-dire de ne pas se mélanger avec le magnifique sang neuf des populations immigrées.
Puis elle vante le Brésil, à ses yeux un modèle de réussite métissée qui devrait inspirer la France.
Puis loin dans la même discussion, elle explique que les Noirs sont plus musclés que les Blancs et moins gras, ce qui explique leurs exceptionnelles performances sportives dans tant de sports, ʺsauf la natationʺ qui est une discipline où, d'après elle, une masse musculaire trop importante serait un handicap, ce qui expliquerait que les Blancs, pour une fois, s'en sortent mieux que les Noirs. Kouchner riposte et déclare que si les Noirs ne remportent pas les médailles d'or en natation, c'est tout simplement parce qu'il n'y a pas beaucoup de piscines en Afrique, sans quoi, évidemment, ils écraseraient les Blancs dans cette discipline-là aussi.
Ces échanges ont eu lieu en présence de Nicolas Sarkozy le 26 avril 2008. Quelques mois plus tard, il fera le discours de Palaiseau sur le ʺdéfi du métissageʺ.
Voilà le niveau des discussions et des préoccupations au plus haut sommet de l'État lorsque Nicolas Sarkozy en était le chef. Voilà ce qui se disait sur nous, devant lui, avec lui, voilà comment nous autres, les Français, étions considérés par ce clan malfaisant et malsain.
Ces gens nous haïssent à des niveaux que l'on peine à pouvoir seulement s'imaginer. Jamais nous ne devrons verser une larme pour ces ordures. »
Notes:
(1) https://x.com/sergiodde/status/1971802452593635728
(2) https://www.eclaireur.eu/p/edito-sarkozy-le-vrai-scandale
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mercredi, 01 octobre 2025
Von der Leyen: téléphone portable ou démission

Von der Leyen: téléphone portable ou démission
Harald Vilimsky
Source: https://www.fpoe.eu/von-der-leyen-handy-oder-ruecktritt/
La manière dont Ursula von der Leyen gère ses communications par téléphone portable n'est pas le fruit du hasard, mais bien une habitude – qui remet en question la crédibilité des dirigeants de l'UE.
Ursula von der Leyen affiche un comportement qui se répète systématiquement: lorsque la situation devient délicate, les messages disparaissent.
Alors qu'elle était ministre allemande de la Défense, ses téléphones portables professionnels se sont soudainement retrouvés vides lors de l'affaire des consultants, juste au moment où une commission d'enquête demandait à les consulter.
Dans le cadre de l'accord sur les vaccins avec Pfizer, elle s'est elle-même vantée d'avoir négocié par SMS avec le PDG de l'entreprise. Mais lorsque les journalistes et les tribunaux ont voulu consulter ces communications, les messages étaient « introuvables ».
Et maintenant, l'accord avec le Mercosur: Emmanuel Macron lui a écrit personnellement via Signal pour lui faire part des préoccupations des agriculteurs français. Ce message s'est lui aussi évaporé dans les airs, grâce à la fonction d'autodestruction activée (l'ombudsman de l'UE mène actuellement une enquête).
Ce n'est pas un hasard, mais une méthode. Von der Leyen définit sans autre forme de procès ce qui est un document et ce qui ne l'est pas. Elle décide seule de ce qui est archivé et de ce qui disparaît dans les limbes numériques. Ce faisant, elle bafoue des principes fondamentaux: transparence, responsabilité, contrôle démocratique. Quiconque met sans cesse le Parlement, les tribunaux et les médiateurs devant le fait accompli n'a pas sa place à la tête de la Commission européenne.
Le problème ne réside pas dans un seul message supprimé. Il s'agit d'une tendance systématique à dissimuler des informations qui devraient être rendues publiques. Ursula von der Leyen doit donc soit rendre enfin ses communications publiques, soit démissionner de ses fonctions.
18:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commission européenne, ursula von der leyen, actualité, europe, affaires européennes |
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Les sanctions et les droits de douane sont utiles. À ceux qui les ignorent

Les sanctions et les droits de douane sont utiles. À ceux qui les ignorent
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/le-sanzioni-e-i-dazi-servono-a-...
Les sanctions sont sans aucun doute utiles. Elles renforcent ceux qui ne les imposent pas. Tout comme les droits de douane. Les exportations de viande bovine américaine vers la Chine ont atteint une valeur de 8,1 millions de dollars en juillet et de 9,5 millions en août. L'année dernière, leur valeur était respectivement de 118 et 125 millions de dollars.
Les Chinois sont-ils devenus végétariens ? Non, les exportations de viande bovine australienne ont atteint 221 millions de dollars en juillet et 226 millions en août. Soit une augmentation d'environ 80 millions par mois par rapport à l'année dernière. Les exportations de viande brésilienne vers la Chine ont également augmenté.

Le problème pour les États-Unis est que la viande australienne coûte moins cher que la viande américaine et que les consommateurs chinois risquent de continuer à préférer la viande australienne même après un éventuel accord sur les droits de douane entre Washington et Pékin.
Cela vaut pour la viande bovine en Chine, mais aussi pour tout autre produit partout ailleurs dans le monde. Si les consommateurs russes s'habituent à des fromages « faux italiens » qui coûtent moins cher que les originaux, ils pourraient continuer à les acheter même après la fin des sanctions.
C'est pourquoi les sanctions sont contre-productives pour ceux qui les appliquent. Et seuls des idiots finis, ou de mauvaise foi, peuvent ne pas comprendre l'absurdité du chantage de Trump à l'Europe: les États-Unis imposeront des sanctions très sévères à Moscou si l'Europe cesse d'acheter du gaz et du pétrole à la Russie.
Et où l'Europe devra-t-elle s'approvisionner? Chez son allié américain, bien sûr. Au même prix? Bien sûr que non. Un peu plus cher. Seulement quatre ou cinq fois plus cher.
Ainsi, après avoir perdu le marché russe, l'Europe devra perdre encore plus de compétitivité sur la scène mondiale. Et les europhiles, bien sûr, ont dit OUI.
18:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, sanctions, états-unis, chine, brésil, australie, viande bovine, europe, affaires européennes, droits de douane |
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Gianfranco La Grassa, père de la théorie du "Conflit Stratégique" est décédé: un génie de la philosophie politique nous a quittés

Gianfranco La Grassa, père de la théorie du "Conflit Stratégique" est décédé: un génie de la philosophie politique nous a quittés
Entrevue avec Gianni Petrosillo
propos recueillis par Carlos X. Blanco
Le 25 septembre 2025 dernier, l’éminent économiste et penseur italien Gianfranco La Grassa est décédé. Né en 1935, La Grassa laisse derrière lui, par sa longue vie et son intense labeur, une œuvre immense, insuffisamment connue, surtout dans mon pays, l'Espagne, où tout semble désormais inconnu de tous. Lié au marxisme dès sa jeunesse, il a fini par développer sa propre pensée, la "théorie du Conflit Stratégique" que, hélas, je dois avouer n’avoir découverte que relativement récemment. Dès le début, j’ai compris son importance et me suis immédiatement mis au travail. Il me paraissait urgent de traduire ses articles et livres (certains déjà disponibles en espagnol, d’autres en cours de traduction), et de collaborer – dans la mesure de mes modestes moyens et malgré ma “cancellation” académique – avec son disciple, mon ami Gianni Petrosillo. À l’occasion de son décès tout récent, il était de mon devoir de rendre hommage au Maître disparu. J’ai décidé, en accord avec Gianni, à qui je suis très reconnaissant, de commencer cet hommage à La Grassa par un entretien avec son disciple, quelques questions posées à celui qui connaît si bien le penseur et son œuvre. Un penseur ne meurt jamais totalement si son œuvre est étudiée et prise en compte.

– Qui était Gianfranco La Grassa ? Que représente sa perte ?
Avant tout, permets-moi de te remercier, Carlos, pour le travail que tu accomplis. Gianfranco La Grassa a été très heureux d’apprendre que tu avais traduit un de ses derniers textes en espagnol, une langue qu’il chérissait beaucoup car certaines de ses œuvres ont été publiées dans le passé dans des pays d’Amérique latine hispanophones.
Gianfranco La Grassa fut l’un des plus grands interprètes de la pensée de Marx en Italie et hors d’Italie. Il était un marxiste rigoureux qui ne s’est jamais éloigné de la lettre de Marx, c’est-à-dire qu’il ne lui a jamais attribué de théorisations ni de développements de pensée qui ne se trouvaient pas dans ses écrits “terminés”, contrairement à beaucoup d’autres qui ont utilisé Marx pour lui faire dire des choses qu’il n’a jamais pensées, en les tirant d’œuvres inachevées ou même de notes (ce qu’il appelait les grundrissistes).

Pour La Grassa, Marx était un scientifique et non un philosophe, et il l’a traité comme tel lorsqu’il s’est rendu compte que sa théorie ne menait pas aux résultats objectifs dont Marx lui-même parlait. Évidemment, l’interprétation de Marx par La Grassa a également varié selon les différentes époques, mettant en avant certains aspects plutôt que d’autres, mais il s’agissait toujours de Marx et non de fantaisies que certains intellectuels lui ont prêtées, réduisant Marx à un philosophe ou à un économiste embrouillé (comme dans la question de la baisse tendancielle du taux de profit ou de la transformation et, par conséquent, de la stricte correspondance entre valeur et prix de production).

Marx n’était ni un philosophe ni un économiste. Il a fondé une nouvelle science, la critique des modes de production (l’enveloppe qui contient les forces productives et les rapports de production entre ces forces), et donc les rapports sociaux étaient son objet d’étude (Le Capital est une relation sociale, affirme Marx). Althusser appelait cela l’ouverture à la science du “continent histoire” et, comme disait Engels, la présentation d’une nouvelle science impliquait une révolution dans la terminologie spécifique de cette même science.
Or, La Grassa, à partir de Marx, découvre ou redécouvre le “continent politique” que Marx avait laissé au second plan (du fait qu’à son époque, la science économique, tout juste formalisée, était devenue la discipline à laquelle il fallait se confronter). Et le concept de lutte des classes (entre propriétaires des moyens de production et détenteurs de la force de travail), principal moteur de l’histoire, il le remplace par celui de "conflit stratégique" entre agents dominants qui n’agissent pas seulement dans la sphère économique mais dans toutes les sphères sociales, avec, en dernière analyse, une prévalence de la sphère politique.
Parce que la Politique n’est pas seulement un domaine humain, mais un flux d’action (en tant que série de coups stratégiques pour s’imposer), c’est-à-dire l’élément que l’on retrouve dans toutes les sphères. L’entrepreneur qui veut s’imposer sur le marché, l’idéologue qui cherche à se distinguer dans la sphère culturelle, le politique qui veut prendre le pouvoir, tous font de la politique en ce sens.

En utilisant un langage classique, avec La Grassa, l’économie cesse d’être la détermination en dernière instance de nos systèmes et c’est la politique qui le devient, non pas comprise comme sphère sociale, mais comme une série de coups stratégiques pour s’imposer dans chaque domaine.
Ainsi, La Grassa s’est éloigné de Marx, mais à partir de Marx, et a assumé la responsabilité de cette étape sans l’attribuer au penseur allemand.
Si l’on veut situer Gianfranco, il faut le placer parmi les continuateurs de la soi-disant école réaliste italienne, celle qui met la politique au premier plan dans son sens le plus cru et réaliste, de Machiavel à Michels, Mosca et Pareto, mais toujours avec une originalité propre. C’est avec Machiavel que la politique devient science, et Gianfranco ajoute quelque chose de nouveau et de différent à toute cette grande école italienne.
– Pour toi, personnellement, en tant que disciple et collaborateur durant de nombreuses années, que représentait cet homme?
Ce n'est pas facile pour moi, en ce moment, de parler de ma relation avec Gianfranco, si peu de jours après sa mort. J'étais beaucoup plus jeune lorsque nous nous sommes connus, et nous avons collaboré jusqu'à tout récemment. Pendant vingt ans, nous nous sommes vus (au moins une fois par an, car il vivait dans le nord de l’Italie et moi dans le sud) et nous nous parlions tous les jours. Pour moi, il a été un maître en tout. Un de ces maîtres tellement supérieurs que la règle du disciple qui dépasse le maître ne s'applique pas. Comme le disait Engels de Marx, c’était un génie. Eh bien, La Grassa fut, mutatis mutandis, un penseur de ceux qui ne naissent que très rarement. Évidemment, il n’a pas reçu de son vivant tous les mérites qu’il aurait dû, car il était peu enclin à se mettre en avant, comme seuls les plus grands savent l’être. Sa pensée passait avant son individualisme et, de ce fait, la société ne se rend souvent pas compte de ce qu’elle a perdu. En effet, il a écrit énormément d’essais, mais je ne me souviens d’aucune présentation publique; il préférait s’adresser à peu de gens, mais à ceux qui étaient vraiment intéressés à construire quelque chose de sérieux.
– En quoi consiste sa théorie du Conflit Stratégique ?
Marx, en décrivant la dynamique de la société capitaliste, place au centre la sphère productive, bien qu’elle ne soit pas strictement économique (la réflexion sur les rapports sociaux et sur le Capital comme relation sociale que nous avons esquissée dans la première réponse), la considérant, sinon comme la sphère dominante par rapport à la politique et à l’idéologie-culture, du moins comme la déterminante “en dernière instance”.

Selon lui, la concurrence entre capitalistes guide l’expansion de la production et l’augmentation du taux d’exploitation de la force de travail, menant, en raison de contradictions internes, à la formation du travailleur collectif coopératif (union de cadres et de journaliers), la nouvelle classe sociale qui, formée dans ce processus, aurait renversé le capitalisme, puisque les capitalistes eux-mêmes, déjà désintéressés par la production et réduits à un noyau restreint, se seraient transformés en simples actionnaires et spéculateurs financiers. Cependant, Marx concentre principalement son analyse sur l’innovation des processus et sur la plus-value relative, négligeant totalement l’innovation des produits et les dynamiques stratégiques entre capitalistes, ainsi que la nécessité d’interagir avec des acteurs sociaux non strictement économiques. Ainsi, sa prévision du développement capitaliste reste liée à une vision téléologique, presque inévitable, de l’histoire: les contradictions internes auraient automatiquement créé les conditions de la révolution.
La Grassa, à partir d’une critique de ces limites, propose une approche alternative fondée sur le concept de “conflit stratégique”. Ce conflit n’est pas simplement un antagonisme entre capitalistes ou entre classes, mais un processus continu de désagrégation et de ré-assemblage des forces sociales, entraînées par le flux constant du réel et s’affrontant en raison d’une force objective qui traverse la société humaine elle-même. Les acteurs sociaux (politiques, économiques, culturels) créent des alliances temporaires pour prévaloir, innovent dans les produits et les processus, se restructurent et s’adaptent en réponse aux pressions concurrentielles, générant des dynamiques imprévisibles qui façonnent la société de manière non linéaire ni déterministe. Le conflit stratégique devient ainsi le moteur principal des transformations sociales, remplaçant l’idée marxiste d’un chemin historique prédéterminé.

Cette approche permet de comprendre comment la société capitaliste contemporaine évolue à travers la négociation continue du pouvoir, des ressources et des capacités entre différents acteurs. Il n’existe plus de sujet révolutionnaire unique, comme le travailleur collectif décrit par Marx; au contraire, les possibilités de transformation émergent des interactions stratégiques entre groupes et individus, des innovations et de la compétition constante qui caractérisent non seulement l’économie moderne, mais toute l’agrégation humaine. La Grassa met ainsi en évidence que la clé pour comprendre le capitalisme contemporain ne réside pas tant dans l’analyse de la seule exploitation de la force de travail, mais dans la lecture du conflit stratégique comme dynamique fondamentale et moteur du changement social.
En synthèse, alors que Marx voyait le capitalisme comme un système dont les contradictions internes mèneraient inévitablement à une transformation révolutionnaire, La Grassa interprète la réalité moderne comme un ensemble complexe de conflits stratégiques, où la nécessité de prévaloir, qui peut se manifester de diverses manières — concurrence, affrontement direct ou dissimulé —, façonne continuellement les possibilités de développement, de restructuration et de changement de la société. Ce sont surtout les groupes dominants et ceux qui les défient qui déterminent ces conflits, au niveau étatique et international, mais aussi dans d’autres sphères. Cela réduit donc le conflit de classe à un aspect secondaire, qui peut cependant émerger avec plus de force dans certaines circonstances historiques, lorsque, par exemple, les classes exploitées sont de nouveau entraînées dans l’histoire par certains groupes qui ont besoin de leur apport pour modifier les rapports de force. Mais les revendications de la classe ouvrière, comme le disait Lénine, sont toujours syndicalistes, jamais révolutionnaires; les bolcheviques, par exemple, en tant que groupe d’avant-garde l’étaient, mais leur arrivée au pouvoir n’a pas signifié que la classe ouvrière ait réellement pris le contrôle de la société. Évidemment, la question est plus longue et complexe, et pour la définir, il faudrait lire les livres de Gianfranco, auxquels je dois évidemment renvoyer pour plus de précision.
– Maintenant que nous sommes peut-être aux portes d’un conflit mondial, peut-être la Troisième Guerre mondiale, la géopolitique suscite un intérêt croissant. La théorie du Conflit Stratégique ne s’insère-t-elle pas parfaitement dans cette discipline? La géopolitique est-elle la grande absente chez les auteurs marxistes?
Tout d’abord, je voudrais préciser ce que je considère comme étant la géopolitique dans l’enseignement de La Grassa. Je la comprends comme l’ensemble des flux politiques, économiques et militaires qui traversent les espaces et les aires géographiques. Ces mêmes flux, en se pénétrant et en s’entrecroisant, influencent les structures des différentes formations sociales, comprises comme des pays individuels (dans leur totalité) ou comme des aires homogènes regroupant plusieurs pays. Ces faisceaux de flux ne peuvent être interprétés de façon aseptique, car ils sont le résultat d’une direction spécifique qui porte en elle la propension hégémonique des différents acteurs en jeu.

La géopolitique s’apparente donc beaucoup à une partie d’échecs, où l’enjeu est le contrôle des structures politiques, économiques, énergétiques et militaires de régions géographiques entières. Comme tout bon joueur le sait, il ne faut pas toujours affronter l’adversaire de front, mais le pousser à se découvrir afin de pouvoir le mettre en échec. Les manœuvres d’irritation de l’ennemi deviennent alors fondamentales: il doit être continuellement provoqué d’un côté pour être capturé de l’autre. Dans ce développement de multiples tactiques liées à un dessein stratégique plus ou moins défini (car dans la poursuite graduelle des objectifs intermédiaires, la stratégie générale se modifie aussi, sans pour autant perdre son essence), l’utilisation d’instruments de soft power et de hard power est implicite.
Nous n’avons jamais négligé la géopolitique; beaucoup d’autres marxistes, en revanche, l’ont fait, aveuglés par un internationalisme ouvrier inexistant. Nous l’avons cependant intégrée dans une analyse théorique plus large qui part justement du conflit stratégique, dont l’expression maximale est l’affrontement entre groupes dominants de différents États pour la suprématie mondiale. Nous nous approchons d’une période de guerres — même s’il est difficile de dire dans quelle mesure elles ressembleront aux guerres mondiales du passé —, car le pays unipolaire, les États-Unis, est en relatif déclin et se trouve défié par de nouvelles puissances. Quant aux résultats de ce conflit, qui naturellement deviendra de plus en plus direct, il est encore difficile de faire des prévisions sûres.
Face à la Russie de Poutine, aujourd’hui premier adversaire, avec la Chine, des États-Unis, les Américains ont alterné le hard power (intervention militaire en Serbie, considérée comme une zone de fraternité pro-russe; puis, après la Serbie et d’autres manœuvres déstabilisatrices, la guerre par puissance interposée en Ukraine) et le soft power (la promotion des “révolutions de couleur” dans les anciennes républiques soviétiques d’Europe centrale et de l’Est), cherchant à enclencher une manœuvre d’encerclement du géant russe et en se concentrant, de plus, sur la possibilité de déstabiliser les pays traditionnellement sous l’hégémonie de Moscou. Certes, les Américains ne sont pas encore prêts à affronter directement une puissance nucléaire comme la Russie (frapper les premiers et annihiler sa possible riposte nucléaire), mais ils conspirent pour limiter ses zones d’influence et l’isoler de ses alliés potentiels.
Cependant, je ne pense pas qu’il y ait déjà une Troisième Guerre mondiale ; il faudra encore des années et il n’est pas certain qu’elle puisse être comparée aux précédentes, qui elles-mêmes n’étaient pas comparables entre elles ni à celles qui les ont précédées.

– Le concept de « démocratie libérale » nous est présenté comme une grande tromperie, une farce. Chez La Grassa, retrouve-t-on davantage Lénine ou Schmitt ? Qu’en penses-tu ?
Sous des formes différentes, Lénine et Schmitt sont deux grands penseurs, et Schmitt s’est sans aucun doute confronté à la figure de Lénine, qui réunit en lui la capacité de théorisation et la force révolutionnaire sur le terrain, comme cela s’est rarement produit dans l’histoire. Aujourd’hui, ayant définitivement dépassé les stigmates idéologiques, du moins en ce qui nous concerne, nous pouvons puiser librement chez tous, dans tout ce qui peut nous aider à comprendre le monde et, si possible, à le transformer.
Nous n’avons pas de « recettes pour les auberges du futur » ni même de système social à construire, mais nous savons que la démocratie libérale et le pays qui l’a utilisée en adaptant son concept à son image et à sa ressemblance est notre ennemi; qu’on soit clair, je ne parle pas d’un ennemi culturel, je ne suis pas anti-américain par préjugé, mais par choix politique. Trop de pouvoir concentré dans un seul pays aggrave les problèmes et tout devient démesuré: trop de massacres, trop d’injustices, trop de guerres. Nous n’éliminerons jamais ces choses du monde et il n’y aura jamais d’équilibre parfait des forces, mais il faut veiller à ce qu’un seul gendarme ne décide pas de ce qui est juste ou non.

La démocratie a toujours été l’emballage d’une certaine dictature, celle du modèle américain qui s’est imposé au monde, avec ses récits individualistes et libertaires, mais même la liberté, de cette façon, n’est qu’une cage dorée. Comme se demandait Lénine: liberté pour qui et pour faire quoi? Aujourd’hui, je suis libre d’exprimer ma pensée — à vrai dire, de moins en moins — et avec le risque d’être traduit devant les tribunaux, ou devant le tribunal de la pensée politiquement correcte qui juge sans même qu’il y ait procès.

Mais la démocratie a toujours recouru à de nombreux systèmes pour réprimer ou rendre insignifiants ses adversaires, de façon légère ou sévère selon les situations. Même le droit de vote, aujourd’hui, est complètement inutile, et l’a peut-être toujours été. Je ne peux voter que pour ceux qui se présentent, aujourd’hui ils sont de plus en plus inacceptables, et d’ailleurs, les gens ont cessé de voter, mais eux n’ont pas cessé de décider du destin des pays; je dis «eux» parce qu’ils sont tous pareils.
Je pense maintenant à l’Italie, où il y a un gouvernement de centre-droit, dirigé par Meloni. Quand Meloni n’était pas au pouvoir et était dans l’opposition, elle parlait de souveraineté nationale, de ne pas s’opposer à la Russie, de reconnaître la Palestine. Devenue Première ministre, elle a renié toutes ces positions, adoptant l’inverse, car en Italie, peu importe qui gagne, ce sont les Américains qui décident de ce qui peut ou non être fait. Nous sommes un pays où il y a des centaines d’installations militaires américaines, nos services secrets sont infiltrés par les États-Unis, nous sommes occupés depuis la Seconde Guerre mondiale, de quelle liberté nous parle-t-on?

Comme le disait Albert Caraco, « Pour un pays qui fait l’Histoire, il y en a plus de vingt qui la subissent, et dans ces vingt, chaque parti, quel qu’il soit, est le parti de l’étranger, même s’il se proclame nationaliste. » Je suis un peu l’actualité en Espagne et, même s’il y a quelques différences, il me semble qu’il n’en va pas très différemment là-bas, car toute l’Europe est une extension des États-Unis, mais le monde change, et cette subordination qui nous avait garanti une longue période de tranquillité est en train de devenir, dans le nouveau contexte historique, ce qui nous ruinera.

– Comment comptes-tu travailler désormais sur le plan intellectuel ? Que feras-tu de l’immense héritage de ce Maître? Le site Conflitti e Strategie (http://www.conflittiestrategie.it/) est-il un instrument pour cela?
Je maintiendrai assurément la pensée de La Grassa vivante et, comme il l’aurait souhaité, nous veillerons à ce qu’elle soit actualisée et, si nécessaire, dépassée, car son approche était scientifique. Gianfranco répétait toujours une phrase de Max Weber: « Chacun de nous sait que, dans la science, son propre travail, après dix, vingt, cinquante ans, aura vieilli. Tel est le destin, ou mieux dit, telle est la signification du travail scientifique, lequel, par rapport à tous les autres éléments de la culture pour lesquels on peut en dire autant, y est subordonné et s’y confie dans un sens absolument spécifique: tout travail scientifique “achevé” entraîne de nouveaux “problèmes” et désire vieillir et être “dépassé”. Celui qui veut servir la science doit s’y résigner. »
Le site continuera d’être un outil pour réaliser ce travail, mais nous espérons que d’autres naîtront, de partout. Ensuite, il y a toutes ses lettres et documents à organiser, un penseur laisse toujours beaucoup.
– Quels auteurs, vivants ou disparus, sont les plus proches de l’héritage de La Grassa ?
Je ne saurais te dire quel penseur est le plus proche de La Grassa, sa pensée est très originale, mais on peut retrouver des idées chez de nombreux grands du passé. Aujourd’hui, je vois peu de disposition à innover et à penser vraiment. L’époque n’aide pas, et c’est l’histoire qui fait les grands hommes, dans tous les domaines, jamais l’inverse. Ici aussi, Gianfranco disait : « Essayez d’imaginer Marx sans la Révolution industrielle (première et seconde phase) et sans 1848, il n’aurait probablement pas pu théoriser ce qu’il a ensuite fait. »
– Penses-tu que le “gauchisme” est une maladie infantile (Lénine) et même un soutien stratégique du Capital?
Cette question est importante pour clarifier ce qu’a toujours été la gauche dans l’histoire, pas seulement aujourd’hui. Comme le disait Lénine, c’était le lieu de la trahison des dominés. La gauche a toujours trahi les exploités. Aujourd’hui, elle le fait même ouvertement. Depuis que la gauche s’est détachée du marxisme et des idées communistes, elle a montré son vrai visage. C’est l’idéologie des classes aisées qui ont honte de l’être, mais pas de profiter de leurs privilèges, qu’elles exhibent sous des formes raffinées. La gauche, disait Gianfranco, est le cancer de la société et la droite un faux remède homéopathique. Tout cela reste à réinterpréter et à construire.
– Merci beaucoup Gianni. Étudions l’œuvre de La Grassa, c’est notre meilleur hommage, comme tu le sais bien.
15:47 Publié dans Entretiens, Hommages, Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gianfranco la grassa, hommage, entretien, philosophie, philosophie politique, théorie politique, sciences politiques, politologie, conflit stratégique |
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Politique française: état du vide

Politique française: état du vide
Claude Bourrinet
Moins de deux ans avant les élections présidentielles, l'affaire semble être pliée. Le bloc néolibéral atlantiste et sioniste l'emportera, quel que soit le lauréat. Ce sera sans doute Bardella. Il n'imitera même pas Meloni qui, bien qu'inféodée aux Américains et à Israël, est quand même italienne, donc intelligente, et sait louvoyer entre les écueils, en chopant au passage son bout de gras.
Bardella, comme tout bon petit soldat, saura exécuter, droit dans ses bottes, les injonctions de Bruxelles, de Washington, et de Tel Aviv. Pas d'espérance de ce côté-là ! Le problème, avec le bonapartisme, ou le gaullisme, c'est que le peuple n'est, avec lui, respecté et défendu, que quand il y a un Napoléon (authentique), ou un De Gaulle. La plupart des fois, les veaux qui sortent de cette étable sont dociles comme des chiens dressés, et on ne les emploie que pour taper à crocs rallongés sur les protestataires, les mauvais couchants. Le RN, comme LR-UMP-RPR, ne sera qu'une gendarmerie sans trop de vergogne, un peu plus brutale que Retailleau.
La gauche n'est plus dans la gauche, depuis Mitterrand, qui n'a jamais été de gauche, et qui n'était qu'un pétainiste vêtu d'une peau de mouton rose (et cette or***ure d'Yves Montand !). Il a eu l'adresse de faire abandonner, de concert d'ailleurs avec le PC et les gauchistes, l'idée traditionnelle de lutte des classes, pour le substituer par le combat « antiraciste » (il suffit de voir où se situent maintenant les Julien Dray, les Cohn-Bendit etc.!), ainsi que par le féminisme délirant et l'idéologie LBGT made in USA.
On peut dire que ce fut dans les années 80 que l'ensemble de la classe médiatico-politique fut complètement américanisée, soit dans la vie même, charnelle, existentielle, intime, de ces gens-là, soit idéologiquement. On a eu d'un côté des néolibéraux qui furent un temps reaganiens, ou proches des Démocrates yankees, de l'autre ce qu'on allait appeler des wokistes. Mais l'identité française (je parle sur ce point de celle de gauche: la Commune, les luttes ouvrières, le syndicalisme révolutionnaire, les grandes grèves insurrectionnelles, le drapeau rouge, etc.) fut bafouée (par un Coluche, par exemple), ridiculisée, dans le même temps où la classe ouvrière se dissolvait dans la masse atomisée de la nouvelle société libérale.

On sait que l'industrie française, contrairement à celle d'une Allemagne surpuissante, et d'une Italie moins bête que nous, a disparu, parce qu'on a pensé, en haut lieu, qu'il valait mieux être trader, informaticien, ou torcher le cul des vieux, que d'être ouvrier dans une usine sidérurgique. Le « peuple » « français » ne réagit presque pas (sauf électoralement, en étant battu de très peu lors du référendum de 1992 – et après une filouterie de Mitterrand - et lors du référendum de 2005, qui fut bafoué par Sarkozy et la caste médiatico-politique). Ces réactions de rejet furent, du reste, le sursaut d'un agonisant.
Le plus étrange est l'assentiment du « peuple » à sa propre servitude. Je ne veux pas parler que de la ruée vers les gadgets électroniques, l'adulation de la voiture bourrée d'options, la téléphonie, les écrans, la bouffe de merde, Netflix, Walt Disney, les modes grotesques, la « music » de boîte, la country etc., mais de la volonté à peine imaginable de rester dans l'Europe, dans l'UE, quand il est prouvé que la bureaucratie bruxelloise et la monnaie forte (le Mark, en vérité) nous ont étranglés, nous ont tués. Évidemment, nous n'avons pas la puissance économique pour rééquilibrer cette ânerie (le peuple est bête par essence), et les journalistes, les politicards, toutes "sensibilités" confondues, tiennent le même discours, défendent la même pensée unique depuis plus de trente ans, avec moins d'enthousiasme, il est vrai.
Un semblable constat s'impose à l'égard de la politique étrangère. Dans les années 60, la France a pu occuper, dans le concert mondial, une situation de relative indépendance, ce qui a suscité l'admiration et la gratitude de nombreux pays du bloc communiste et du Tiers-Monde. Mais il y avait un de Gaulle, une fraction de la classe politique issue de la Résistance, et un Parti communiste fort. Rien de tout cela n'existe plus, maintenant, et il est inutile de passer en revue le champ de ruines actuel, sans compter le piteux étiage moral et humain qui caractérise une élite corrompue, inculte, vulgaire, traître, et sans aucune conviction autre que des plaisirs de caniveau ou la volonté d'enfumer.
Progressivement, ceux qui ont un certain âge ont vu, en concomitance de l'effondrement scolaire et de l'abrutissement des élèves, une chute spectaculaire de l'intelligence, de la mémoire, de la réflexion politique complexe dans toutes les couches de la population. On a par exemple remplacer l'analyse réaliste, dialectique, sociale, propre au marxisme, par une logorrhée (la diarrhée du verbe) binaire, moralisatrice, manichéenne, chouineuse, qui a fait le lit de la propagande, laquelle se nourrit d'émotion et de gros slogans aussi évidents qu'une vache dans un couloir.
Le « peuple » français (pourquoi des guillemets ? Nous parlons d'un agglomérat d'individus perdus et sans aucun lien d'intérêt avec les semblables) est devenu, donc, en trente ou quarante ans, poreux extrêmement à l'endoctrinement, aux stimuli médiatiques qui produisent de l'adrénaline (surtout quand on cherche à effrayer) et oriente les comportements. C'est ainsi que l'Ukraine est devenue le parangon du Bien, que l'ogre russe est le diable, que Poutine est un tyran, et qu'on laisse ceux qui protestent contre un évident génocide se faire réprimer sauvagement.
Certes, on a parfois de brusques flambées de révolte, mais qui ne débouchent sur rien. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a plus de gauche. Ne parlons pas du PS , des Verts, de Glucksmann (photo), de Hollande etc. Il n'y a entre eux et le RN que la minceur de quelques coups de menton rhétoriques (mais le problème est que, in fine, LFI appellera à voter Glucksmann).
Les macronistes ont l'air de passer en grande partie du côté de l'atlantiste sioniste Glucksmann. Quant à LFI, il mobilise sans doute quelques restes des classes populaires (dont l'ensemble est passé du côté du RN, et il faudrait se demander pourquoi), beaucoup de populations issues de l'immigration (mais en regard de la totalité, bien peu, sauf pour défendre -avec raison et honneur – le peuple palestinien), et, pour la plupart, des classes moyennes « diplômées », souvent plus sensibles aux revendications sociétales (y compris le droit de fumer de l'herbe) que des luttes sociales. Mais même parmi ces couches « diplômées » (qui constituent près de 50% du corps social, son ventre mou), se trouvent une majorité d'indifférents, qui ne voient que leur nombril et leurs plaisirs de consommateurs, et une partie non négligeable qui vote RN, par racisme.
Mais que Mélenchon se console. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Les élections nationales, sauf peut-être dans un pays aussi dominant que l'Allemagne, ou l'AfD est un vrai parti d'opposition, qui peut faire basculer l'Europe, ne sont que le choix du président du club de belote dans l'Ehpad d'une petite ville d'Auvergne. Plus de 60% des lois nationales sont des directives de la Commission européenne, seuls 18% des décisions sont prises par le parlement français, le reste étant des décrets. Nous n'avons plus aucun pouvoir, et les élections sont une farce. Lorsque, par aventure, elles tournent mal pour l'oligarchie occidentale, on s'empresse vite de les casser, de les bafouer, quand elles ne sont pas, de toute façon, manipulées. On l'a vu dans des élections récentes en Europe centrale. Et s'il s'agit de choisir entre des camps qui partagent les mêmes trahisons, est-ce la peine de se déranger ?
Car, dans le fond, hormis, je le répète, dans le cas palestinien, qui n'imposait qu'un seul choix, pour un Français digne de ce nom, celui de l'honneur de défendre la dignité humaine, la classe politique est sur la même ligne de politique étrangère, soit par bêtise, inculture, absence de réalisme, soit par veulerie, de peur de se faire ostraciser. Il est évident, par exemple, que la guerre d'Ukraine est, depuis le début, qui a commencé il y a plus de vingt ans, quand l'Otan a avancé méthodiquement vers l'Est, afin d'atteindre les frontières russes, que le conflit opposant la Russie à l'Occident, à l'Otan, à l'empire anglo-américain (et je me demande ce que la France gagne à être dans cette galère).
L'objectif de l'oligarchie occidentale sous obédience américaine a toujours été, depuis deux ans ans, de briser l'empire russe, de le démanteler, de le piller, et d'atteindre l'Asie centrale, bastion d'où l'on domine le monde, et qui permettrait, maintenant, de prendre la Chine et l'Iran à revers. Il est évident que c'est l'intérêt aussi d'Israël. Cependant, comme chacun sait, les BRICS sont là, et la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran, le Brésil etc. affrontent un empire américain sur le déclin.

Quand Mélenchon a soutenu, en 2010, Sarkozy, BHL, Kouchner, Hillary Clinton etc., dans leur entreprise de destruction de la Libye, avec tous les effets indésirables qu'on connaît, dont le terrorisme, c'était un mauvais signe. La « gauche morale » ne sait pas penser, parce que la morale n'est pas une pensée. L'avenir s'annonce sombre. Tant que la gauche s'en tiendra à des positions aussi stupides, qu'elle soutiendra une immigration de masse sans limites, des projets sociétaux ineptes, et qu'elle s'en tiendra à des slogans creux, elle échouera toujours.
Cela étant dit, il n'y a peut-être plus d'espoir, car il n'existe plus de peuple français, dont les éléments émiettés tournent leurs pauvres cerveaux et leurs cœurs pervertis vers l'Oncle Sam et Miami. Je ne voudrais pas être prophète de malheur, mais peut-être un gros malheur remettrait ces organes vitaux en place, en les recentrant sur la Terre de France. En tout cas, l’avenir, c'est la Chine, la Russie, l'Inde, le Brésil, et s'attacher à l'Amérique, c'est se ligoter à un noyé.
13:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : france, actualité, europe, affaires européennes |
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Haaretz et le projet de Tony Blair pour Gaza

Haaretz et le projet de Tony Blair pour Gaza
Haaretz a révélé les grandes lignes du projet avancé par Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, visant à gérer la bande de Gaza après un éventuel cessez-le-feu.
"Le quotidien israélien Haaretz a révélé les grandes lignes du projet porté par Tony Blair, ancien Premier ministre britannique, visant à gérer la bande de Gaza après un éventuel cessez-le-feu. Cette initiative, soutenue par Washington, prévoit la mise en place d’une structure transitoire baptisée "Autorité internationale intérimaire pour Gaza" (GITA), dotée d’un budget initial de 387,5 millions de dollars sur trois ans.


Le projet de Blair repose sur une architecture institutionnelle hiérarchisée. À son sommet, un conseil international composé de diplomates, d’investisseurs et de figures influentes issues du monde arabe et occidental. Ce conseil serait dirigé par Tony Blair en tant que plus haute autorité politique de l'entité. L'administration opérationnelle sur le terrain serait quant à elle assurée par des technocrates palestiniens, indépendants de toute affiliation partisane (ni Hamas, ni Fatah).
La mission de cette instance comprendrait la coordination sécuritaire, la rédaction de lois, la reconstruction et la gestion des affaires courantes. Trois structures sécuritaires distinctes seraient créées : une unité de protection rapprochée, une police civile neutre, et surtout une force internationale de stabilisation, chargée de la sécurité aux frontières, de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des flux d’armes.
Les membres potentiels du conseil incluraient la diplomate onusienne Sigrid Kaag, l’homme d’affaires américain Marc Rowan, le milliardaire égyptien Naguib Sawiris, et AriyehLightstone, lié aux Accords d’Abraham. L’objectif affiché est de garantir ensuite une légitimité régionale par une représentation musulmane crédible, politiquement soutenue et économiquement influente.
La mise en œuvre de cette initiative se ferait en plusieurs étapes : d’abord depuis l’étranger (Al-Arich, Le Caire, Amman), puis avec une présence progressive à Gaza, à partir de la deuxième année. L'administration serait distincte de l’Autorité palestinienne (AP) mais travaillerait partiellement en concert avec elle. La transmission complète à l’AP est envisagée, mais aucun calendrier précis n’est avancé.
Toutefois, cette initiative se heurte à une forte opposition. Hamas a fermement rejeté toute implication de Tony Blair, qualifié de "personnalité indésirable", dénonçant son rôle historique dans la guerre en Irak et son absence totale de légitimité dans le contexte palestinien. Aucun canal officiel n’a, à ce jour, confirmé une proposition de cessez-le-feu impliquant ce plan.
La faisabilité d’un tel projet reste donc incertaine, tant en raison des tensions politiques que de la complexité sécuritaire sur le terrain. Si l’idée d’un mécanisme international de gestion peut répondre à des urgences humanitaires, sa légitimité et sa viabilité dépendent de son acceptation par les acteurs palestiniens eux-mêmes."
Analyses d' O. El Kachtoul, diplomate.
Lien https://www.linkedin.com/posts/othman-el-kachtoul-24b4743...
En savoir plus
Lien https://www.theguardian.com/world/2025/sep/25/washington-... " Washington soutient le projet de Tony Blair de diriger l'autorité de transition de Gaza"
Lien : https://img.haarets.co.il/bs/00000199-91d1-dc12-a5df-99db... - Haaretz publie un organigramme et décrit les fonctions projetées : conseil international, secrétariat exécutif, commissaires de supervision, etc. Ce schéma mentionne aussi des entités comme une autorité d’investissement (GIPEDA), une unité judiciaire, une police civile, etc..
11:52 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tony blair, gaza, palestine, actualité, levant, proche-orient, méditerranée |
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