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vendredi, 17 juin 2022

Un passé ultérieur

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Un passé ultérieur

par Georges FELTIN-TRACOL

La conception monothéiste de l’histoire, d’où découlent les perceptions chrétiennes et marxistes, se résume par ce fameux « sens de l’Histoire » qui a commencé par une « anté-Histoire » et qui s’achèvera en « post-Histoire ». Inspiré pour sa part des anciens Grecs, Friedrich Nietzsche conçoit un jour de randonnée dans les alpages de l’Engadine suisse l’« Éternel Retour ». Il réintroduit dans la philosophie contemporaine européenne la cyclicité de l’histoire. D’autres visions historiques existent toutefois. Pensons par exemple à l’histoire sphérique de Giorgio Locchi.

En 1992, un historien français des techniques déclare que « l’histoire est cyclique. […] Peu d’historiens se sont penchés sur les mécanismes qui gouvernent l’évolution des cycles, et moins nombreux encore sont ceux qui se sont intéressés à l’évolution des techniques et des sciences dans les sociétés du passé ». Jean Gimpel (1918 – 1996) évalue « la notion de cycle historique » à une durée de « quelque deux cent cinquante ans en moyenne ». Son estimation se base sur les réflexions de l’historien arabe Ibn Khaldoun (1332 - 1406) et du chef de la Légion arabe en Jordanie, John Bagot alias Glubb Pacha (1897 - 1986), rédacteur en 1976 d’un article intitulé « The Fate of Empires ». Il reconnaît aussi toute sa dette à Oswald Spengler (1880 - 1936). « Ce qui m’a particulièrement sensibilisé à l’œuvre de Spengler, c’est sa profonde compréhension du génie technique et scientifique du Moyen Âge. Il est sans doute le premier historien à avoir compris que notre société s’est construite sur les travaux des ingénieurs et des savants de cette époque. »

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L’Occident comme décadence technique

Avec La fin de l’avenir. Le déclin technologique et la crise de l’Occident (1), Jean Gimpel commet une nouvelle polémique. Spécialisé dans les procédés industrieux et autres savoir-faire de l’âge médiéval et auteur des Bâtisseurs de cathédrales (1958), il fait sensation en 1975 en écrivant La révolution industrielle du Moyen Âge. Il y explique que l’Europe occidentale a connu entre la fin de l’Antiquité et les débuts de la Renaissance un essor proto-industriel malgré l’absence de la machine à vapeur et des manufactures. L’affirmation est osée d’autant que l’historiographie la plus récente remet en question le concept même de « révolution industrielle ». Apparue à la fin du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, la première « industrialisation » reposait sur la machine à vapeur et le charbon. La deuxième serait celle des hydrocarbures. La troisième en cours dépendrait de l’électricité et de l’informatique. Jean Gimpel se méfie de cette périodisation. Il pense plutôt dans La fin de l’avenir à la lumière du Déclin de l’Occident spenglérien que « l’Occident [est] parvenu, comme les sociétés qui l’ont précédé, à un plateau technologique ». L’auteur nuance immédiatement son propos en précisant que « le nucléaire rompt l’harmonie des cycles. Le cycle scientifique contemporain est [...] très différent des précédents parce que nous avons créé une technique capable de détruire le monde : la bombe atomique ».

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Guère perspicace, Jean Gimpel estime que « l’origine de la crise profonde que vit l’Occident aujourd’hui réside dans le très fort ralentissement de l’innovation technologique. Une innovation est une invention qui a été financée, testée, commercialisée et acceptée par le marché ». Quand il rédige ces lignes au début de la décennie 1990, l’informatique et le numérique ne sont qu’à leurs balbutiements. Les logiciels de traitement de texte qui remplacent avantageusement les machines à écrire mécaniques et électriques coûtent relativement chers. Un chapitre proclame : « L’informatique en panne ». On y lit que « le niveau d’investissement dans ce secteur ne serait plus jamais le même ». Il prévoit que « les années 90 ne devraient voir aucune relance dans le secteur informatique ». Le sursaut du monde des ordinateurs viendra de la démilitarisation décidée par le Pentagone du futur Internet. Ce n’est qu’à partir de 1995 que commence vraiment la « révolution néo-cybernétique ». Les téléphones portatifs existent déjà. Ils sont encore lourds, encombrants et peu maniables. En outre, les bornes de téléphonie sont rares. Et puis, rappelons-nous, parler à haute voix à un correspondant invisible en pleine rue vous fait passer pour un aliéné échappé du plus proche hôpital psychiatrique… Autre interprétation maladroite de Jean Gimpel qui annonce « le déclin des apprentis sorciers ». Il ignorait que viendraient sous peu le clonage de la brebis Dolly en 1996, les manipulations génétiques et le délire transhumaniste en attendant l’apparition fatidique des cyborgs et de l’intelligence artificielle quantique. L’auteur préfère se rassurer en expliquant benoîtement « ce qui permet à l’Occident de se maintenir provisoirement sur ce plateau technologique – avant le déclin inéluctable -, à savoir la résurgence de techniques traditionnelles modernisées et revitalisées par des techniques de pointe ».

L’avenir du passé

L’approche de Jean Gimpel n’est pas sans rappeler l’archéofuturisme de Guillaume Faye d’une part, et le « rétro-futurisme » d’autre part. Par « rétro-futurisme », il faut comprendre un courant littéraire de la science fiction dont l’intrigue se déroule dans un univers révolu avec des objets futuristes. Par exemple, un légionnaire romain d’Auguste affronte au sabre-laser un samouraï. Catégorie uchronique rétro-futuriste, le steampunk puise dans l’œuvre des écrivains français Jules Verne (1828 – 1905) et Albert Robida (1848 – 1926). Ce genre s’inscrit dans un XIXe siècle disposant d’ordinateurs fonctionnant à la vapeur et des dirigeables de transport. Paru en 1998, L’archéofuturisme marque le retour métapolitique flamboyant de Guillaume Faye au terme d’une décennie d’impostures téléphoniques jouées à la radio en tant que Skyman, et des collaborations à L’Écho des Savanes. Cet essai développe, prolonge et approfondit les thèmes soulevés dans son très méconnu Europe et modernité (2).

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L’archéofuturisme signifie « penser ensemble, pour les sociétés du futur, les avancées de la techno-science et le retour aux solutions traditionnelles de la nuit des temps. […] Rassembler, selon la logique du et, et non point du ou, la plus ancienne mémoire et l’âme faustienne car elles s’accordent. Le traditionalisme intelligent est le plus puissant des futurismes et inversement. Réconcilier Evola et Marinetti. […] Il ne faut pas associer les Anciens aux Modernes, mais les Anciens aux Futuristes (3) ».

Jean Gimpel anticipe volontiers cette démarche non-moderne. « Les fusées et les hélices connaissent une deuxième jeunesse ainsi que le dirigeable et les ballons-sondes, le train – le TGV -, les tramways, la céramique et la brique, la fonte et les structures métalliques, la craie et le tableau noir, le coton et la laine. Il est de la plus haute importance que les responsables économiques et les industriels soient pleinement conscients de cette orientation pour encourager la recherche et les investissements dans ce domaine lucratif et relativement peu exploité. Seule l’Italie montre la voie dans ce domaine. » L’auteur se réjouit du regain d’intérêt pour le bateau-bus, la voile et le vélo. Ce dernier a longtemps donné une image désuète et ancienne. Or, la « petite reine » entame au début de la décennie 1990 sa mue: « profilage des aciers, développement d’alliages acier – chrome molybdène dosés, études menées en soufflerie. Côté pneumatiques, Michelin a réalisé une génération de pneus pratiquement increvables ». Selon certaines sources bien informées, des unités de combat ukrainiennes utiliseraient des vélos électriques de fabrication locale (entreprises Delfast et Eleek) aptes à contrecarrer la progression des blindés russes. Par exemple, le modèle Defast Top 3.0 (foto) correspond à un vélo électrique aux allures de moto tout terrain qui aligne des performances impressionnantes (320 km d'autonomie, une vitesse de pointe de 80 km/h et une capacité à transporter de lourdes charges) (4). Jean Gimpel insiste enfin sur la nécessité de réaliser à l’échelle européenne un vaste réseau connecté de canaux, car « on a calculé qu’avec une puissance d’un cheval, on pouvait transporter 150 kg par la route, 500 kg par le train et 4000 kg par voie fluviale ».

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Demain, l’Italie

Jean Gimpel établit dans ce livre atypique et stimulant un parallèle troublant entre les temps médiévaux et les États-Unis d’Amérique. Il situe à 1971 le début de leur déclin quand le Congrès refuse d’accorder les crédits nécessaires au projet d’un « Concorde US ». Moins pessimiste pour l’avenir de la France, il craint néanmoins que l’Hexagone n’échappe pas à un naufrage « commun inévitable, dans la mesure où elle fait partie du monde occidental qui n’a plus […] de “ nation jeune en réserve “. D’ailleurs, elle est déjà atteinte par la “ sinistrose “ (5) qui touche le monde occidental dans son ensemble ». Sur lui plane dorénavant la menace d’« un krach de Wall Street ».

Pour lui, l’effondrement de notre système malade plongera l’Occident « dans un chaos politique et économique quelque peu semblable à celui que connaît aujourd’hui [en 1992] l’ancienne Union soviétique, nous assisterons à la désintégration de notre civilisation industrielle ». Serait-ce alors l’aurore d’un « nouveau Moyen Âge » ? Peut-être ? Jean Gimpel n’en considère pas moins que l’Italie « peut servir de modèle aux pays désireux d’améliorer leur performance économique globale », car elle « a su introduire les technologies de pointe dans des industries traditionnelles avec le plus de succès ». Il constate que « la réussite italienne est fondée sur les entreprises dites artigiano, qui trouvent leurs racines dans la famille, ancrées dans des communautés où valeurs, croyances, loyauté et intérêts sont partagés ». « Lorsque notre civilisation finira par s’effondrer […], lorsque les multinationales se désintégreront, les entreprises artigiano, qui sont beaucoup plus flexibles, s’adapteront aux nouvelles circonstances économiques. » N’y a-t-il pas ici un premier appel à un localisme alors inexistant ?

Par cet essai audacieux de Jean Gimpel, on comprend que l’avenir n’est pas fini à la condition que le futur sache se retourner et explore avec intelligence les voies du passé afin de mieux déterminer d’éventuels lendemains prometteurs.

Notes:

1 : Jean Gimpel, La fin de l’avenir. Le déclin technologique et la crise de l’Occident, Le Seuil, 202 p. Les citations en sont extraites.

2 : Guillaume Faye, Europe et modernité, Eurograf, 1986.

3 : Guillaume Faye, L’archéofuturisme, L’Æncre, 1998. On lira avec intérêt Robert Steuckers, « Guillaume Faye et la vision archéofuturiste », mis en ligne le 24 mai 2022 sur Euro-Synergies.

4 : Marc Zaffagni, « Les soldats ukrainiens utilisent de puissants vélos électriques pour neutraliser les chars russes » mis en ligne sur futura-sciences.com, le 23 mai 2022.

5 : Rappelons que l’expression « sinistrose » revient à Louis Pauwels dans sa période aristocratique païenne.

Elections législatives 2022: la revanche du Titanic et le triomphe de l’inertie

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Elections législatives 2022: la revanche du Titanic et le triomphe de l’inertie

par Pierre-Emile Blairon

« Surtout, pas de vagues ! »

En ce milieu d’année 2022, la France est à feu et à sang dans les banlieues, dans les centre-villes, et même désormais dans les petits bourgs de campagne ; chaque semaine, (ou presque), on immole – comme on immole un mouton – un Français par égorgement et chaque semaine (ou presque), la France est humiliée par ses dirigeants qui veulent la voir disparaître ; mais la consigne donnée aux médias et aux partis politiques consensuels ou complices (Ensemble, RN, Nupes, LR) est :« Surtout, ne pas faire de vagues ! »

Les partis politiques qui collaborent activement ou passivement à maintenir le système en place sont ceux qui ont dépassé 10 % des votants aux dernières élections législatives, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont légitimes étant donné que plus de la moitié des Français ne se sont pas déplacés pour voter.

Les Français avaient été déjà bien formatés, anesthésiés, pour les Présidentielles, qui avaient vu se rencontrer, lors d’un débat soporifique, Macron et Le Pen, cette dernière ayant soigneusement évité d’émettre la moindre critique envers son interlocuteur (on ne dira pas son « adversaire ») comme si un accord avait été passé préalablement entre eux. Marine Le Pen veut accéder à la cour des grands mais elle n’est pas assez perverse ni menteuse pour jouer convenablement son rôle, celui que les prédateurs sans scrupules comme Macron savent tenir parfaitement. Encore un effort, Marine !

« Pas de vagues ! » : voilà qui me permet d’introduire la brève évocation du naufrage du Titanic que vous découvrirez dans les lignes ci-après ; en effet, le Titanic a coulé dans une mer d’huile, quelques vagues, même quelques vaguelettes, auraient peut-être permis aux marins du bateau de repérer la masse proche de l’iceberg qui allait le couler. Comme quelques vagues auraient permis aux Français de secouer leur torpeur.

téléchargementmoutons.jpgLa force de l’inertie

« Renversez la vapeur ! Machine arrière toute ! » J’en reviens à cette image du Titanic qui reste pour moi le symbole parfait de notre fin de cycle1. Ces phrases ont été hurlées dans la nuit du 14 au 15 avril 1912 par le commandant en second du Titanic, William Murdoch, lorsqu’il s’est trouvé informé de la présence d’un iceberg droit devant la marche du bateau.

Ces ordres n’ont servi à rien, même s’ils ont été exécutés sur l’instant. Pourquoi ? Tout simplement parce que le Titanic était entraîné par son élan, non pas un élan dynamique, mais par la force de l’inertie, sa masse, son poids.

Le naufrage du Titanic est l’une des premières et des plus allégoriques manifestations des temps modernes de ce que l’on appelle l’hubris, c’est-à-dire la vanité, le matérialisme, la convoitise et l’arrogance considérées comme valeurs ultimes et suprêmes, le portrait même des titans psychopathes qui dirigent actuellement le monde.

Le titanisme (ou le prométhéisme) est l’un des attributs de l’hubris ; ou bien c’est l’hubris qui est l’une des caractéristiques du titanisme.

Les passagers du Titanic forment, pour la plupart, une clientèle de gens riches qui n’ont aucune compassion pour les petites gens des niveaux inférieurs, inférieurs, au propre (plus le pont est supérieur, plus les places sont chères) comme au figuré, la hiérarchie sur la terre ferme comme sur un bateau se rapportant uniquement à l’épaisseur du portefeuille sans autre considération. Ceux qui se souviennent du beau film éponyme de James Cameron ont noté la morgue de l’homme d’affaires qui considère sa fiancée, l’héroïne du film, comme l’une de ses bonnes opérations.

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Le Titanic avait été conçu pour être le plus grand, le plus beau, le plus cher, le plus rapide de tous les bateaux ayant jamais navigué ; on le disait au surplus insubmersible ; on se dit qu’il ne pouvait s’appeler autrement que le Titanic, évoquant la puissance, la force, le gigantisme ; comme l’ont évoqués les gratte-ciel de la même époque et les tours gigantesques de la nôtre ; c’est à celui qui construira la plus grande, sortie des sables ou pullulant, chancres titanesques, dans les mégapoles du monde entier.

Le Titanic emportait donc avec lui une population à son image, le navire lourd de son propre poids et les passagers lourds du poids de toutes les bassesses et ignominies que les hommes accumulaient depuis des générations jusqu’à en devenir obèses et qui étaient représentés sur les ponts du bateau jusqu’à la caricature. Et cette société de plaisirs et de futilité errait, hagarde, dans les coursives inférieures du navire qui commençaient à se remplir d’eau, ou se berçait, dans les ponts supérieurs, des romances à la mode, pendant que le paquebot qui les portait, qui n’était plus gouverné, se dirigeait droit vers l’iceberg, vers son destin final qui allait devenir emblématique du nôtre.

Deux ans plus tard éclatait la première guerre mondiale.

Je vais risquer une comparaison que certains vont peut-être juger disproportionnée, et pourtant !

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Le peuple français, au moment où j’écris ces lignes, complètement décérébré par les médias et entièrement soumis aux injonctions gouvernementales, n’a plus d’autre avenir que de se diluer dans un magma informe qui affectera son essence même et les conditions de sa survie.

La population qu’on a poussée vers les urnes, il y a quelques jours, comme si leur déplacement allait changer grand-chose, était-elle différente de celle du Titanic ?

Non ; c’était la même mais augmentée encore de la charge des renoncements (des lâchetés), des égoïsmes, du confort et de l’abêtissement, de l’avachissement final programmé pour elle, guerre après guerre, par les maîtres du monde pendant le siècle qui s’est écoulé entre les deux événements ; comme elle, elle n’avançait plus que par la force de l’inertie, se laissant traîner misérablement vers un tragique dénouement. Comme elle, elle était, et donc est encore, complètement inconsciente des enjeux et de sa fin prochaine.

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Le conformisme du troupeau

A l’image du naufrage du Titanic vient se superposer une autre image, un dessin qu’on dira simpliste et humoristique, mais qui est, ô combien, parlant : celui du troupeau de moutons en route vers l’abîme, et, pendant que ses congénères plongent dans le vide, un mouton noir fait volte-face et prévient le reste du troupeau : « Quelque chose ne va pas, faites demi-tour ! » (ce qui correspond au « Renversez la vapeur, machine arrière toute ! » du paragraphe précédent); mais, évidemment, les moutons ne seraient pas des moutons s’ils avaient une lueur d’intelligence ou une velléité d’indépendance : « Encore un complotiste ! Fais ce qu’on te dit de faire ! », lui répondent-ils.

Les éveillés

Bien sûr, un mouton noir n’est pas forcément noir ! Il peut être même plus blanc que les autres, ou plus propre. Ces moutons noirs ne sont pas bien nombreux ; ils viennent de tous les milieux ; ils ont souvent participé aux deux grands mouvements révolutionnaires de ces dernières années (Gilets jaunes et mouvement de contestation de la dictature sanitaire2), ils ont complètement renoncé à se désinformer sur tout média officiel (télévisions, radios, journaux), privilégiant les informations données par de rares médias indépendants (comme le site sur lequel vous lisez cet article) et certains réseaux sociaux ; ils se sont, quand ils ont pu le faire, éloignés des villes et des foules, ils ont souvent changé de monde avant que le monde ait pu avoir quelque prise sur eux, ils se sont parfois convertis au localisme et ils se sont donné les moyens de vivre en autarcie quand c’était possible.

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Ces êtres éveillés, que Julius Evola appelait les « êtres différenciés », se reconnaissent dans les profils établis par Ariane Bilheran (photo), jeune psychologue franco-colombienne, spécialiste des manipulations mentales, qui, dans l’une de ses vidéos3, dresse le portrait en trois profils de ces êtres réalisés dans lesquels certains de nos lecteurs ne manqueront de se retrouver :

premier profil : les personnes ayant une capacité d’isolement, d’autonomie, qui n’ont pas peur de la solitude et qui sont plus avancés que la moyenne sur leur rapport à la mort « le fait d’avoir intériorisé notre rapport à la mort nous amène à valoriser la vie plutôt que la survie » dit-elle.

Deuxième profil : « les personnes ayant une grande capacité à distinguer la vérité du mensonge, à aller chercher la vérité », en fait, ceux qu’on appelle « les lanceurs d’alerte », les personnes un peu plus lucides que d’autres et qui savent démonter les mécanismes de manipulation.

Troisième profil : les personnes ayant déjà vécu beaucoup d’épreuves, beaucoup de traumatismes.

Ces personnes résistent donc davantage aux discours manipulateurs.

« A l’inverse », dit-elle « les personnes ayant un haut niveau d’études, les intellectuels, sont des types de personnes paradoxalement très sujettes à la manipulation parce qu’elles sont facilement séduites par le langage ».

Les êtres éveillés, de par la conformation même de leur profil psychologique : indépendance, amour de la solitude, détachement du monde, ont beaucoup de mal à se reconnaître et à se rassembler afin que leur action soit plus efficace, une action dont ils n’attendent rien en retour mais qu’ils savent devoir accomplir ; les temps viendront bientôt où, la nécessité faisant loi, ce type d’embûches sera écarté et où ces êtres éveillés pourront pleinement accomplir leur mission.

Pierre-Emile Blairon

1. J’en ai largement parlé dans mon ouvrage L’Iceberg, la Tradition primordiale contre le Titanisme, paru en juillet 2021 aux éditions du Lore.

2. Voir mon article du 23 avril : Signe des temps, l’hystérie électoraliste.

3. https://www.youtube.com/watch?v=qMMVIppx-Qw

 

De la génération Mitterrand au peuple nouveau de Macron

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De la génération Mitterrand au peuple nouveau de Macron

Nicolas Bonnal

Le peuple nouveau n’a pas fini de nous étonner avec son crétinisme électoral : il est de gauche ou d’extrême-gauche bien tempérée, écolo, russophobe, américanisé jusqu’à l’os, pleurnichard humanitaire. Il est super ce peuple. Et il est prêt à vivre sans rire de l’éolienne et de la bicyclette (pour repousser Poutine et la Chine avec Biden ?) avant de se coller antenne et puce dans son cerveau branché.

La droite BCBG et attardée est bien attrapée et découvre que le peuple nouveau dont a parlé Macron donc ne veut plus d’elle : ce peuple nouveau veut du Reset de la pénurie écologiquement programmée ; ce peuple nouveau, abstentionniste ou pas, veut terminer le grand remplacement ; le peuple nouveau adore la dictature sanitaire (vite le vaccin obligatoire) et il veut de la tyrannie bureaucratique de Bruxelles et de la guerre éternelle US contre la Russie, condition du maintien de la caste au pouvoir (comme le rappelle Orwell) ; le peuple nouveau woke, féministe (Chesterton annonçait que sous le règne de l’ogresse américaine nous ne serions plus des citoyens mais des enfants) et humanitaire a même remplacé le vieux peuple de droite sur la côte d’azur, comme vient de s’en rendre compte l’infortuné Zemmour qui aurait dû se contenter de rédiger des brochures touristiques, seule destination légitime des amateurs d’histoire aujourd’hui ; car le reste est bon pour la culture de l’annulation. Je dis cela sans animosité car j’ai plus retenu enfant de mes lectures du guide vert Michelin que de mes manuels Malet-Isaac.

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Mais j’ai parlé de Mitterrand et de sa génération. C’est bien lui l’oncle de Mélenchon et le grand-père de Macron.  Il me semble que son ombre s’est étalée partout, que son bras s’est allongé, comme dit Gandalf. Et j’ai expliqué pourquoi jadis : Mitterrand avait fondé une religion New Age et rétrofuturiste bien plus efficace que toutes les autres réunies. Mélenchon incarne la génération Mitterrand, la génération des potes et du trotskisme, de SOS Racisme et du mondialisme ; mais Macron aussi, qui incarne le mariage de la gauche caviar et du mondialisme américano-bruxellois. Sous Mitterrand, après le départ des communistes qui avaient énervé plus qu’effrayé les bourgeois, ce petit monde s’est entendu. Et le peuple petit-bourgeois bohême a pris de la graine.

Mitterrand est le père du PS, le parti attrape-tout, qui s’est toujours très bien entendu avec les milliardaires (la fortune de Bernard Arnault a été multipliée par cent en quarante ans) qui ont frayé depuis cette époque bénie avec les hauts fonctionnaires mondialisés et désireux de ne plus se contenter de miettes : ils bradent le patrimoine national et empochent la commission. Cela n’a pas empêché le bon peuple de voter et de rester socialo et mitterrandien : il est bien passé des ténèbres à la lumière.

Sources :

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jeudi, 16 juin 2022

Comment est née la scission entre Beijing et Taipei

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Comment est née la scission entre Beijing et Taipei

Emanuele Pietrobon

SOURCE : https://it.insideover.com/storia/cina-taiwan-storia.html

Le passé ne passe jamais, il est donc essentiel de lire le présent avec les yeux de l'historien. Les événements d'aujourd'hui sont le résultat des événements d'hier, tout comme le futur est la conséquence du présent. Une répétition continue d'erreurs. Un éternel retour des antagonismes et des inimitiés. Une saṃsāra où les empires, les peuples et les civilisations vivent, meurent et renaissent encore et encore.

On ne peut pas comprendre la "troisième guerre mondiale en morceaux", pourquoi elle est apparue et comment elle pourrait évoluer, sans connaître l'histoire des derniers siècles. Histoire utile pour comprendre comment certaines des compétitions d'aujourd'hui, du Grand Jeu 2.0 à la nouvelle course à l'Afrique, ne sont que des remakes des grandes confrontations d'hier. Histoire fondamentale pour comprendre comment dans certains des théâtres les plus chauds du monde contemporain, par exemple Taïwan, nous nous approchons de l'inéluctable redde rationem des jeux qui ont commencé il y a longtemps.

Il n'y a pas de Chine sans Taïwan

Il y a deux catégories de pouvoirs, le post-historique et l'historique, mais il ne peut y avoir qu'un seul type d'empire, à savoir celui qui préserve jalousement le mythe fondateur et qui est voué à un horizon spatio-temporel extra-mondain et messianique, car l'histoire enseigne que la perte de mémoire et la temporalité sont les antichambres du déclin et de la mort.

Si la République populaire de Chine réécrit peu à peu la face du monde, avec l'ambition de toucher et d'altérer ses cordes sensibles, c'est parce que, prenant acte des erreurs commises par la dynastie Qing, elle s'est réapproprié cette propension à la transcendance qui remontant à l'époque perdue des Trois Augures et des Cinq Empereurs, avait placé la Cité interdite au centre du monde jusqu'au milieu du XIXe siècle - jusqu'à l'atterrissage malencontreux de l'Empire britannique dans la Sinosphère et le début consécutif de l'Âge de l'Humiliation (百年國恥).

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Remettre les lunettes de l'occidentalo-centrisme dans le tiroir, en utilisant à leur place les lentilles sobres de l'objectivité historique, c'est se rendre compte que dans le cas en question, celui de la Chine, il ne peut y avoir de transcendance, et donc aucune forma mentis apte à réintégrer l'histoire après le Siècle de l'Humiliation et la lente renaissance pendant la Guerre Froide, qui va au-delà de la sécurisation des cinq ventres mous traditionnellement infiltrés et incendiés par les puissances rivales - Hong Kong, Mongolie intérieure, Taïwan, Tibet, Xinjiang - et qui ne vise pas à surmonter la condition tellurocratique dans laquelle l'Empire céleste a été enfermé au moyen de la stratégie de la chaîne d'îles.

Après avoir déforesté Hong Kong, muselé les mouvements séparatistes au Tibet et au Xinjiang, et sécurisé la Mongolie intérieure, la direction prévoyante et patiente du Parti communiste chinois, qui se croit prête à accomplir le destin de l'Empire du Milieu renaissant, n'a plus qu'un dernier objectif : Capturer Taïwan parce que c'est ce que souhaitent les maîtres de la Cité interdite, pour qui le monde est trop petit pour deux Chine, et parce que c'est ce que réclament les stratèges, sachant que la survie de la mondialisation et du système asphyxiant de la chaîne insulaire dépend de l'État insulaire.

Tous fous pour Taïwan

Taïwan, également connue sous le nom de Formose ou de Taipei chinois, est et sera longtemps au centre du chapitre indo-pacifique de la compétition entre grandes puissances. Pour certains, à la lumière des intérêts en jeu - elle détient 92% de la capacité de production de semi-conducteurs avancés, ergo, elle est le cœur battant du Nord mondial, et est l'épine dorsale de la chaîne d'îles -, elle pourrait être l'Armageddon dans lequel, si Pékin tente une annexion manu militari, la troisième guerre mondiale éclatera.

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Beaucoup a été écrit et dit sur les raisons pour lesquelles Taïwan est cruciale pour les États-Unis, et l'histoire qui a conduit au désaveu d'une Chine en faveur de la reconnaissance de l'autre est également bien connue, mais il est nécessaire, pour des raisons d'objectivité et d'impartialité, d'examiner également celles de la République populaire de Chine.

Taïwan est ce que l'on appelle en géostratégie un "pivot" et en géophilosophie un "lieu de destin". Contrôler cet archipel revient à détenir les clés des mers entourant la Chine continentale, qui, de Taïwan, peuvent constituer une tête de pont pour l'obtention d'une profondeur stratégique dans le Pacifique, ou qui, de Taïwan, peuvent être maintenues dans une condition tellurocratique pour l'utilisation et la consommation de rivaux historiques - comme le Japon - ou récemment acquis - les États-Unis et leurs sœurs de l'anglosphère.

Le divorce jamais digéré

La nature géostratégique de Taïwan est la raison pour laquelle les dynasties successives sur le trône de la Cité interdite ont dû se battre continuellement et avec ténacité pour imposer leur autorité à l'ennemi du jour. Au début, ce sont les hordes de pirates qui ont fait de Taïwan une forteresse dans laquelle se réfugier pour échapper aux armées de l'Empire céleste. Plus tard sont venus les Espagnols, puis les Portugais et enfin les Hollandais. Les soldats de la dynastie Ming ont réussi à expulser les colons européens dans la seconde moitié du XVIIe siècle, établissant le royaume de Tungning sur l'île.

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En vert, au nord, les parties de Formose contrôlées par l'Espagne; en mauve, au sud, les parties contrôlées par la compagnie hollandaise des Indes orientales.

La dynastie Qing, s'appuyant sur l'héritage des Ming, tente de stabiliser l'autorité de la Chine continentale sur l'archipel jamais apprivoisé en en faisant une préfecture, puis une province distincte, mais des facteurs endogènes - le début du déclin - et exogènes - l'arrivée des grandes puissances dans la Sinosphère - vont contrarier le plan. En 1895, à la suite de leur défaite dans la première guerre sino-japonaise, les Qing ont été contraints de céder le contrôle de Taïwan au Japon. Un traumatisme national qui allait façonner des générations entières de nationalistes chinois.

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Soldats japonais à Formose.

Le divorce entre Pékin et Taipei, contrairement à la croyance populaire, a commencé avec la cession de l'État archipélagique à Tokyo. C'est dans le contexte de la domination japonaise que les Taïwanais ont commencé à développer une identité propre, antithétique à celle de la Chine continentale, car ils ont été endoctrinés avec de nouveaux livres d'histoire, initiés aux coutumes japonaises et même élevés dès leur plus jeune âge à l'étude du japonais. Et tandis que Taïwan subit un processus de japonification, qui portera ses fruits dans les décennies à venir, l'Empire céleste sombre dans le chaos de la guerre civile.

Pékin allait oublier Taipei pendant longtemps, pendant toute la durée de la période républicaine, car elle était la proie d'assassinats politiques, de faux messies, d'émeutes et d'un crescendo de violence perpétré par deux extrêmes opposés: les nationalistes de Chiang Kai-shek et les communistes de Mao Tse Tung. Les premiers, malgré le soutien transversal des puissances capitalistes, communistes et fascistes, seront écrasés par le poids d'une insupportable guerre sur deux fronts: contre le Japon et contre les révolutionnaires.

Les ouvriers-guerriers de Mao, après avoir survécu à une série de manœuvres d'encerclement en se réfugiant à l'intérieur des terres - la fameuse Longue Marche (长征) -, allaient au début de la Seconde Guerre mondiale profiter des événements pour lancer une puissante attaque contre les centrales républicaines. La guerre civile ne s'achèvera qu'en 1949, avec la prise de la dernière ville aux mains des républicains et la fuite de Chiang Kai-Shek et de ses loyalistes vers Taïwan, qui entre-temps était redevenue indépendante. Et là, croyant qu'un renversement de l'ordre maoïste naissant avec l'aide des États-Unis était possible, Chiang Kai-Shek a mis en place une nouvelle république, croyant être le seul représentant légitime du peuple chinois, ce qui a donné naissance au conflit des deux Chines.

Les États-Unis, qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont hérité de l'Empire britannique un monde de routes et de goulets d'étranglement à contrôler et une riche expérience en matière de division et de conquête, n'auraient jamais eu de doute sur la marche à suivre. Ils avaient appris la valeur de Taïwan entre l'entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale, en observant son utilisation multidimensionnelle par le Japon: comme grenier, comme usine et comme base d'opérations à partir de laquelle lancer des attaques aériennes et maritimes massives contre la Chine continentale. Des épisodes que les stratèges du futur gendarme mondial auraient étudiés avec zèle et qui les auraient incités à faire pression sur l'administration Truman pour qu'elle oublie la déclaration du Caire de 1943, cosignée par Franklin Delano Roosevelt, concernant la restitution de l'archipel à la Chine continentale à la fin de la guerre. Le reste appartient à l'histoire.

Emanuele Pietrobon

Le Bitcoin: une utopie libertaire ou un outil aux mains de la finance mondiale?

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Le Bitcoin: une utopie libertaire ou un outil aux mains de la finance mondiale?

Pietro Bottazzi

SOURCE : https://www.theunconditionalblog.com/bitcoin-unutopia-libertaria-o-uno-strumento-nelle-mani-della-finanza-globale/

Selon une information récente, l'État du Salvador a légitimé l'utilisation du bitcoin dans le pays comme moyen de paiement - à côté de la monnaie officielle qui est le dollar américain -, ce qui en fait le premier État au monde à avoir rendu les crypto-monnaies légales dans son système économique et financier [1]. Depuis un certain temps déjà, dans les pays qui se caractérisent par une infrastructure bancaire médiocre ou qui n'ont que peu ou pas d'accès au crédit, les gens utilisent des monnaies numériques en remplacement des monnaies officielles pour leurs besoins quotidiens [2].

Qu'est-ce qui est nouveau dans la sphère monétaire au niveau mondial, au point que les régulateurs institutionnels sont obligés de bouger, alertés par les taux de développement très élevés de cette technologie ?

Le monde des bitcoins est complexe et pour le comprendre, il faut avoir une vue d'ensemble distincte, qu'il n'est pas facile d'embrasser d'un seul coup.

Il faut d'abord se demander: le bitcoin est-il une monnaie ? Si pour ses admirateurs la question n'a même pas besoin d'être posée car le bitcoin est non seulement une monnaie mais sera la monnaie du futur, en réalité il ne remplit aucun des attributs qui identifient la monnaie, c'est-à-dire en résumé: être une unité de compte qui fixe les prix des biens, émise par une autorité centrale qui agit comme garant, et qui se réfère à un actif sous-jacent qui assure sa valeur, qui peut être une denrée rare (comme l'était l'or jusqu'à la fin des accords de Bretton Woods) ou la puissance économique et militaire d'une nation. Le bitcoin n'a pas ces exigences et ne devrait pas les avoir car il a été inventé pour se conformer à une dynamique stricte de pair à pair (face à face) qui priverait les banques et les institutions de leur centralité dans le mouvement de l'argent. La structure qui permet cela est une blockchain, la véritable âme révolutionnaire de ce produit. La blockchain est le registre public de toutes les transactions qui ont lieu en bitcoin, sur lequel la transaction financière est identifiée et son historique enregistré de manière inaltérable.

Mais si le bitcoin n'a pas d'organe financier pour protéger son existence et n'a pas de réserve de valeur comme garantie, et ne peut même pas entrer dans la définition plus traditionnelle de la monnaie, d'où tire-t-il sa valeur ? Dit autrement : qui est chargé de noter l'origine d'un bitcoin ?

Un bitcoin est un actif numérique fini (rare) qui est produit par minage (extraction), lequel consiste à résoudre une chaîne alphanumérique imposée par un algorithme. Cela peut sembler complexe mais c'est très simple. Au départ, une communauté s'est formée autour d'une idée conçue par un personnage fictif japonais dont le rêve, après la crise mondiale de 2008 déclenchée par l'éclatement de la bulle des prêts hypothécaires à risque, était de se libérer du pouvoir des banques et des financiers. Il a conçu un protocole, soutenu par une petite fraternité d'adeptes, qui se déroulait comme suit: un algorithme produit des quiz numériques (chaînes alphanumériques à décrypter), ceux qui partagent cette idée s'organisent pour avoir la capacité de décrypter, de résoudre ces quiz. En contrepartie, ils recevront un enregistrement sur un registre public (la blockchain), une authentification ou un "tampon".  La valeur de ce cachet (c'est-à-dire ce déverrouillage ou cette authentification numérique de la solution) est donnée par la reconnaissance de cette capacité de calcul par la communauté. Au départ, il fallait peu d'énergie et de temps pour résoudre chaque défi généré par l'algorithme, peu de personnes participaient et la valeur du "timbre" était faible. Aujourd'hui, elle est beaucoup plus compliquée, compte tenu de l'intérêt suscité et du plus grand nombre de personnes impliquées, et nécessite des équipements beaucoup plus puissants.  En fait, sa valeur a connu une croissance exponentielle suivant la règle selon laquelle plus la demande d'une denrée rare est forte, plus son prix est élevé.

L'or pourrait bien servir de contre-valeur équivalente à la monnaie en raison de sa rareté et de la dépense d'énergie humaine à mettre dans son extraction, et ces propriétés sont également présentes dans la structure du bitcoin.  Le protocole élaboré par son créateur fait en sorte que leur production soit limitée, c'est-à-dire que l'algorithme fournit 25 bitcoins par bloc et pas plus, pour un total de 21 millions de bitcoins au-delà duquel il n'est plus possible de les extraire.

Les bitcoins ainsi frappés sont placés au-dessus des États et des banques - et c'est là leur motif idéologique le plus fort, à savoir utiliser un système qui supprime l'arbitraire des gouvernements et le considérer comme un moyen de se libérer d'un système économique qui a fait de la dette un outil d'esclavage. Néanmoins, elles en viennent à jouer un rôle commercial et financier, car leurs détenteurs, par le biais de plateformes d'échange, peuvent les utiliser, lorsqu'elles sont acceptées, pour acheter des biens et des services, ou les convertir en d'autres devises. C'est donc ce double aspect d'être une monnaie désintermédiée mais utilisable comme contre-valeur pour le commerce qui en fait un instrument sur lequel l'attention de beaucoup se porte, augmentant sa diffusion à l'échelle mondiale.

D'autre part, dans le monde globalisé d'aujourd'hui, où émergent une nouvelle guerre froide technologique et de nouvelles stratégies géopolitiques pour la sécurité des États basées sur le contrôle et la possession de l'information, il ne faut pas s'étonner que la valeur d'une monnaie soit centrée sur une chaîne informatique contenant des informations (bit = information).

Si cette technologie peut susciter la perplexité, force est de constater que toute la finance devient de plus en plus une affaire de lignes de code et d'algorithmes. La plupart des fonds d'investissement sont devenus des fonds "passifs", c'est-à-dire des fonds qui investissent et désinvestissent, laissant la fonction de suivi des indices boursiers à des algorithmes complexes.

Le système bitcoin est donc un Janus à deux visages: il peut être à la fois une opportunité et un autre outil du système financier mondial, la chasse gardée d'une petite élite, qui reproduit l'argent par l'argent et contourne les systèmes fiscaux des différents pays.  D'une part, dans les pays où les structures bancaires/financières ne sont pas développées, comme mentionné au début, ou qui sont souvent soumis à des politiques monétaires externes agressives, la possibilité d'utiliser un moyen de paiement libre et neutre affecte le mode de vie des gens. En outre, l'utilisation de la monnaie numérique protège l'épargne des taux de dévaluation des monnaies nationales - souvent l'objet de spéculations de la part des grands fonds mondiaux - et annule les frais bancaires liés au transfert d'argent d'un pays à l'autre, qui peuvent affecter la valeur de la transaction jusqu'à un tiers.  Pour le deuxième aspect, il est également évident que les banques privées, après les premiers moments de perplexité, et même si cela échappe à leur contrôle, ont flairé que le bitcoin pouvait être un instrument de spéculation.

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L'anthropologue français Etienne Perrot (photo) affirme qu'avec l'adoption des crypto-monnaies à grande échelle, une mutation anthropologique est en train de se produire, qui, avec la suppression des intermédiaires classiques grâce à l'utilisation de la blockchain, pousse à l'extrême la tendance culturelle qui s'articule autour de l'individualisme, caractéristique du système néo-libéral, en dévaluant l'instance politique fondée sur la communauté [3]. Mais l'idée originale de son inventeur - connu sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto - était consécutive à une vision économico-politique d'une société alternative, à savoir celle d'une démocratie directe exprimée dans une société basée sur une approche coopérative entre les personnes, dans laquelle certains biens sont considérés comme n'étant pas susceptibles d'être possédés par quiconque. Il s'agit d'une alternative à la vision plus traditionnelle d'une société fondée sur des autorités centrales exerçant de vastes pouvoirs et sur l'interrelation entre public et privé (avec toutes les distorsions auxquelles le bien public est soumis dans cet échange).

En l'état actuel des choses, pouvons-nous attribuer cette fonction aux crypto-monnaies, ou ne s'agit-il pas fondamentalement d'une autre tournure vers la spéculation ?

L'esprit anarchique de l'origine s'est largement perdu. Les "mineurs" solitaires sont désormais rejoints par des "pools miniers", de puissantes sociétés de haute technologie qui ont tendance à acquérir de gros pourcentages de la capacité minière et donc de la propriété du bitcoin.

Cependant, sa révolution n'est pas terminée. Pensons simplement à la possibilité pour ceux qui n'ont pas accès au crédit d'établir un régime commercial fonctionnel et autonome, libre de la finance traditionnelle. Ou ceux qui ont subi des interdictions comme Wikileaks, dont le site a été fermé en 2010 et qui a été empêché d'effectuer des transactions financières par les principaux circuits de crédit, et qui ne survit que parce que son fondateur Julian Assange reçoit la moitié de ses dons en bitcoins et autres monnaies virtuelles.

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L'originalité réside également dans le fait d'avoir une valeur symbolique qui diffuse un autre récit sur la monnaie, qui peut revenir à rassembler une communauté au lieu d'en créer un semblant autour de la consommation sans fin de biens. Pour ce message utopique, nous le considérons comme apparenté à ceux qui professent la souveraineté monétaire, bien que de nombreux facteurs les différencient.

Un inconvénient de toutes les technologies informatiques/numériques dont font partie les bitcoins - que les politiciens n'ont pas le moins du monde compris, entichés et possédés par le nouvel esprit de la numérisation du globe -, est qu'elles sont extrêmement énergivores et ne sont pas du tout au service de l'inversion du changement climatique. Les installations s'entassent dans des cloud cities [4], véritables villes spécialisées dans le stockage de données.

Si l'on ne peut construire une idée de la société exclusivement autour de l'argent, il ne fait aucun doute, en revanche, du pouvoir coercitif qu'il exerce sur les États et les populations par le biais des organismes internationaux, qui exercent un néocolonialisme candide et feutré sur les pays qui tentent de se sortir de la pauvreté et reçoivent en retour un assujettissement économique et politique par la force.

Pietro Bottazzi

17:11 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, monnaies numériques, bitcoin | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Lagarde saborde l'Europe

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Lagarde saborde l'Europe

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/lagarde-affossa-l...

La tempête du tout récent vendredi noir sur les bourses européennes s'est fait attendre. Les décisions de Lagarde de relever les taux de 25 points et la fin du programme d'achat de titres de la BCE ont conduit à cet effondrement: en Europe, on a enregistré des pertes de 265 milliards de capitalisation, dont 39 milliards à la bourse de Milan, qui a été la pire de l'UE avec une chute de 5,17 %.

Les effets de la hausse des taux de la BCE étaient entièrement prévisibles. L'inflation aux États-Unis a atteint 8,6 %, le pic le plus élevé depuis 40 ans. Dans le cadre des récentes hausses de 75 points des taux américains et des nouvelles hausses attendues dans les mois à venir dans le cadre du programme de la Fed, l'Europe aussi aurait dû s'adapter tôt ou tard, étant donné l'interconnexion économico-financière entre les États-Unis et l'UE. Également afin d'éviter la fuite massive des capitaux en euros attirés par des taux plus rémunérateurs dans la zone dollar.

Il s'agissait de mesures monétaires destinées à contenir l'inflation qui s'était manifestée dans la phase de reprise post-pandémique avec la hausse des prix de l'énergie et la pénurie de semi-conducteurs pour l'industrie. Les banques centrales ont prédit que ce phénomène inflationniste était temporaire, car il était dû à la demande excédentaire apparue à la fin de la pandémie et à l'énorme quantité de liquidités émises par les banques pour faire face à la crise du COVID 19. La hausse de l'inflation persiste et semble inarrêtable.

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La guerre en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie ont accentué les effets d'une crise déjà en cours. Toutefois, il faut considérer que les causes de l'inflation américaine par rapport à l'inflation européenne diffèrent considérablement. Aux États-Unis, l'inflation a été causée par une demande excessive et doit donc être considérée comme un phénomène congénital d'une phase de croissance accentuée. Ce n'est pas un hasard si la thérapie anti-inflationniste américaine est beaucoup plus agressive qu'en Europe. Cependant, le gouverneur de la FED, Jerome Powell, contrairement à Lagarde, a également annoncé des mesures pour permettre un "atterrissage en douceur", c'est-à-dire pour compenser les effets de la hausse du coût de l'argent, afin de ne pas compromettre la croissance économique. Les résultats de ces choix restent toutefois à voir. En Europe, en revanche, le phénomène inflationniste est dû à la hausse du coût des matières premières, avec un impact important sur les coûts de production et la perte de compétitivité des exportations. L'inflation érode également le pouvoir d'achat des citoyens, ce qui entraîne une dépression de la consommation. Ainsi, une phase économique de stagflation apparaît en Europe, avec une croissance et une inflation faibles.

Le relèvement des taux de la BCE s'avère donc être une mesure qui affectera négativement les perspectives de reprise de l'économie européenne. En fait, Mme Lagarde n'a annoncé qu'un relèvement des taux, qui sera suivi d'une nouvelle hausse de 50 points en septembre, sans aucun garde-fou pour la croissance. Les perspectives incertaines de l'économie européenne s'intensifient et la réaction négative des marchés ne s'est pas fait attendre. Le défaut fondamental de la politique de la BCE se trouve dans l'approche exclusivement monétaire qu'elle a adoptée pour traiter les problèmes d'inflation, ignorant les effets secondaires qui ne tarderont pas à se manifester dans l'économie réelle. Giulio Sapelli note à cet égard dans une interview récente : "Ceux qui croient que ce sont des problèmes qui peuvent être résolus avec les outils dont dispose une banque centrale, les fameux whatever it takes, se ridiculisent tout simplement. Encore plus pour le fait que la BCE est tout sauf une banque centrale. Nous pouvons la définir comme une institution financière qui, jusqu'à présent, achète des obligations d'État en imprimant de la monnaie commune au profit des nations signataires d'un traité, qui ne modifie toutefois ni les politiques fiscales ni le bien-être. La hausse des prix est uniquement déterminée par les attentes des marchés boursiers, qui tirent vers le haut".

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En effet, Lagarde n'a pas annoncé, en même temps que la hausse des taux, la création simultanée d'un bouclier anti-spread, c'est-à-dire d'un programme visant à sauvegarder la soutenabilité des dettes publiques des Etats membres de l'UE qui, à ce stade, pourraient faire l'objet de vagues spéculatives agressives, avec pour conséquence des crises financières qui pourraient se propager dans toute la zone euro. En fait, il faut garder à l'esprit que les effets de cette augmentation s'ajoutent à ceux liés à la décision de mettre fin au programme QE, avec lequel, par l'achat indirect de titres par la BCE et donc par des émissions périodiques de liquidités, la banque centrale avait soutenu la dette des États membres dans les phases déflationnistes qui ont suivi la crise de 2008 et la crise pandémique. Ces mesures peuvent peut-être freiner l'inflation, mais au détriment de la reprise économique et pourraient produire des augmentations incontrôlables des spreads. Les prévisions de croissance pour l'Italie ont été revues à la baisse : 2,6% pour 2022, 1,6% pour 2023 et 1,8% pour 2024.

Mais la création d'un bouclier anti-spreads, déjà invoqué dans divers forums afin d'empêcher la spéculation financière sur les dettes souveraines, semble irréalisable. La BCE devrait en fait acheter des titres de créance italiens à haut risque et vendre en même temps des titres de créance allemands hautement sécurisés afin de garantir la dette publique des États membres de la zone euro. La proposition de créer un bouclier anti-propagation se heurterait à l'hostilité catégorique des pays frugaux. Cependant, certaines remarques spécifiques doivent être faites à propos du moralisme financier rigide prêché par les pays frugaux (Allemagne & C.). La crise de la dette italienne n'a-t-elle pas été déclenchée par la vente de 7 milliards de titres détenus par la Deutsche Bank, qui ont ensuite atterri dans les valeurs refuges de la dette allemande ? Face à de telles manœuvres spéculatives, ouvertement déstabilisantes pour un Etat membre, il n'y a eu aucune critique moralisatrice ni aucune alarme face à la perspective d'un défaut de paiement de l'Italie. Au contraire, ces perspectives ont déclenché de nouvelles spirales spéculatives sur les produits dérivés. Cependant, c'est l'Italie qui a subi les effets de la politique d'austérité imposée par l'UE à travers le gouvernement technique de Mario Monti.

Devant l'impossibilité de mettre en place un bouclier anti-spread européen, l'hypothèse de déléguer la gestion des dettes publiques des Etats au MES a refait surface dans les milieux financiers européens. En réalité, la BCE n'est pas une véritable banque centrale, elle n'a pour mission que d'assurer la stabilité financière de la zone euro, elle ne remplit pas de fonctions de politique économique et n'a pas le rôle de prêteur en dernier ressort. Par conséquent, toute intervention sur les écarts de taux étant en dehors de ses attributions statutaires, cette fonction devrait être déléguée au MES, un organisme extérieur à l'UE qui peut intervenir dans les crises de la dette en imposant des conditionnalités capricieuses dans le versement des prêts, puisqu'elles peuvent être modifiées en fonction de situations qui varient dans le temps : le MES peut également imposer des mesures de restructuration de la dette qui pourraient conduire au défaut des États. L'expérience de la boucherie sociale de l'austérité à laquelle la Grèce a été condamnée est éclairante en ce qui concerne les conditionnalités imposées par le MES.

Dans les phases de crise, les limites, les contradictions et les conflits irréconciliables au sein de l'UE refont surface, une structure financière rigide imposée à l'Europe et, surtout, qui s'est avérée inadaptée pour fonctionner dans des contextes géopolitiques mondiaux en constante évolution.

Avec la hausse des taux d'intérêt et la fin du QE, le cauchemar du spread est réapparu en Italie. L'écart entre les obligations italiennes et le Bund allemand a augmenté de 233 points, le plus haut depuis février 2014. Les prédictions de Giulio Sapelli, exprimées dans l'interview susmentionnée, sont très pessimistes: "L'Italie se dirige vers une situation qui ne ressemble pas tant au défaut de l'Argentine qu'à celui du Liban. Et donc nous nous retrouverons avec les mêmes partis à la tête du pays, même au niveau économique, le gouvernement Draghi sera reconduit et il y aura une division du territoire économique entre les banques françaises et les industries allemandes. Le traité du Quirinal signé entre Rome et Paris sera suivi d'un traité italo-allemand, ce qui conviendra particulièrement à Berlin et, je vous en dirai plus, même d'un traité italo-espagnol".

Lors du Black Friday, les plus fortes baisses ont été enregistrées dans le secteur bancaire, avec des pertes de 8,6 %. Ce secteur a enregistré des baisses globales d'environ 22% depuis le début de l'année. Cette tendance négative est en lien direct avec la performance des titres de la dette publique. Les banques détiennent 400 milliards de BTP dans leur portefeuille. L'augmentation de l'écart a entraîné une dévaluation importante des obligations d'État dans les actifs des banques. Ces diminutions pourraient entraîner une détérioration progressive des ratios de fonds propres du système bancaire italien, ce qui pourrait gravement affecter leur capacité à fournir des crédits aux entreprises et aux citoyens. Les effets dévastateurs sur l'économie réelle sont évidents. L'augmentation du coût de l'argent pèse sur les entreprises à un stade déjà extrêmement critique pour l'économie italienne. De plus, la hausse des taux d'intérêt se répercute sur l'augmentation des intérêts des prêts hypothécaires, ce qui pèse lourdement sur le budget des familles, décimé par l'inflation qui, de plus, affecte les salaires dont le pouvoir d'achat était déjà bien inférieur à la moyenne européenne dans la phase d'avant-crise. Nous assisterons à la multiplication des insolvabilités qui, en plus de détruire économiquement des milliers de familles, contribueront à créer davantage d'instabilité dans le système bancaire.

Le problème de la dette des Etats est insoluble, car ces derniers restent à la merci des vagues spéculatives de la finance mondiale. Seule une croissance structurelle planifiée de l'économie réelle pourrait assurer la viabilité de la dette publique.

Il est vrai que le versement des fonds NG-EU sous forme de subventions et de prêts à des taux très bas aura pour effet de réduire les besoins de l'État d'environ 50 % et donc de réduire l'émission d'obligations d'État. Mais l'impact dans la reprise économique des fonds européens sera toujours diminué par l'inflation et un ralentissement de la croissance dû aux événements géopolitiques qui changeront les perspectives économiques dans un avenir proche. Une révision de la NG-EU serait nécessaire pour l'adapter aux nouvelles situations. Il serait également nécessaire de créer de nouveaux fonds européens pour faire face à une crise énergétique qui entraînera des changements structurels dans l'économie européenne. Ces propositions ne semblent pas trouver un soutien adéquat dans les organes institutionnels de l'UE, étant donné l'hostilité des pays frugaux.

Même les perspectives de développement de l'euro semblent incertaines. La hausse des taux aurait dû entraîner des entrées de devises et donc une appréciation de l'euro par rapport au dollar. Au lieu de cela, l'euro s'est déprécié de 2,2 % en 48 heures. En cas de crise, le capital cherche des havres de sécurité. Par conséquent, comme l'euro n'offre pas de garanties suffisantes de stabilité dans ce contexte, les capitaux affluent vers la zone dollar, qui en sort renforcée.

L'ère de l'argent à coût zéro est-elle donc révolue ? Giulio Tremonti déclare dans une interview au Giornale du 11/06/2022 : "Ce qui aurait pu être une technique d'urgence, est devenu une technique de longue date. Cela a duré 10 ans, avec une satisfaction illusoire et universelle. Et c'est ainsi que le tout-venant est devenu un tout-venant. Il y a deux ans, à l'Eurotower, pour la passation de pouvoirs entre les présidents, dans le public qui applaudissait se trouvaient les chefs d'État et de gouvernement de toute l'Europe. Il aurait été difficile de voir De Gasperi ou Adenauer, Mitterand ou Cossiga courir pour applaudir les "banquiers". ... 'L'image que cette iconographie nous transmet est la suivante : l'axe du pouvoir s'est déplacé des peuples et des gouvernements vers la finance. Aujourd'hui, le pouvoir des banquiers est remis en question par le marché et la réalité. C'est la fin d'une décennie. Dix années qui ont commencé par l'austérité et sont passées par la magie, qui à un moment donné a également évolué vers l'idée d'une bonne dette. Et maintenant, le processus s'est arrêté".

En réalité, l'offre illimitée de liquidités et les taux d'intérêt nuls, voire négatifs, ont été les instruments financiers grâce auxquels on a pu échapper à la crise de 2008. Ils ont constitué les conditions de la survie du capitalisme financier mondialiste pendant plus d'une décennie. Cependant, en Europe, ces instruments financiers extraordinaires, qui ont été adoptés tardivement par rapport aux États-Unis, ont eu des effets limités, au-delà de la rhétorique pro-Draghi. En fait, la croissance européenne a été bien plus faible qu'en Chine et aux États-Unis (la croissance de l'Italie a été presque inexistante), l'économie européenne n'a jamais retrouvé ses niveaux d'avant 2008 et, dans la phase déflationniste, l'inflation européenne n'a pas réussi à atteindre les 2 % prévus. Giulio Tremonti remarque avec sarcasme : "L'objectif était même trop ambitieux : il était de 2 pour cent, nous avons déjà atteint 8 pour cent".

Des financements extraordinaires ont été nécessaires pour préserver un système néo-libéral toujours identique, au-delà des échecs répétés. Après la crise de 2008, le système économique mondial aurait dû être réformé et réglementé en profondeur. Mais au lieu de cela, la déréglementation financière mondiale s'est intensifiée, les liquidités émises pendant la phase de pandémie ayant largement afflué vers les marchés financiers, au détriment du soutien à l'économie productive. Nous avons assisté à des performances record répétées des marchés financiers, mais celles-ci ont été assorties d'une récession mondiale de l'économie réelle.

Verrons-nous, avec la hausse des prix de l'énergie, l'inflation galopante et la montée en flèche des spreads, cette tempête parfaite par laquelle le capitalisme génère sa restructuration créative ? La tempête parfaite est un dogme idéologique néolibéral répétitif et dépassé. Les transformations géopolitiques en cours conduiront à un monde multipolaire avec des scénarios sans précédent et imprévisibles. Il pourrait y avoir une réduction de la zone dollar et une réduction de la zone d'influence politique et économique de l'Occident dans le monde. La mondialisation mondialiste pourrait se décomposer en de nombreuses mondialisations régionales ou tout au plus continentales.

Cette fois, des horizons inconnus et sombres se préparent également pour l'avenir du capitalisme.

Le Sommet des Amériques montre l'échec des États-Unis

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Le Sommet des Amériques montre l'échec des États-Unis

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/sammit-amerik-pokazal-nesostoyatelnost-ssha

La veille du sommet de l'Organisation des États américains (OEA), qui, selon le plan de l'administration Biden, devait consolider les liens entre pays de la région conformément à la politique de la Maison Blanche, s'est effondrée. La participation officielle d'un certain nombre de dirigeants et de politiciens s'est muée en pathos, rien de plus.

L'idée même de l'Organisation des États américains remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque l'Union internationale des républiques américaines a été fondée en avril 1890. Elle est ensuite devenue l'Union panaméricaine en 1910. Et en 1948, une Charte a été signée en Colombie, établissant une organisation régionale [i]. Un an plus tard, l'Accord de Rio a été signé, qui a effectivement établi une alliance de défense dans la région [ii].

Nous pouvons constater que la réorganisation intervient au début de la guerre froide, lorsque les États-Unis tentaient activement de redessiner la carte du monde en fonction de leurs propres intérêts. Pour eux, l'Amérique latine était considérée comme une arrière-cour à pacifier selon les plans et les aspirations de Washington, pour ensuite utiliser les pays de la région comme satellites.

L'OEA elle-même se compose de trois principaux organes de décision - un conseil permanent, un secrétariat général et une assemblée générale. Le budget est constitué par les contributions des États, et en 2022, il s'élève à 81 millions de dollars.  L'organisation compte 35 États membres, mais Cuba ne participe pas à l'OEA depuis 1962 et a été expulsé en 2009. L'OEA compte des observateurs (70 pays) et jusqu'à récemment, la Russie en faisait partie.

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Le dernier sommet de l'OEA s'est tenu au Pérou en 2018, et c'est la première fois qu'un président américain était absent - Donald Trump a refusé de se rendre à l'événement.

Le Council on Foreign Relations a relevé cinq points principaux à l'ordre du jour à la veille du sommet :

1. COVID-19. Près de 1,7 million de personnes dans la région sont mortes de cette maladie, qui a endommagé les systèmes de santé et provoqué des troubles sociaux. Mais dans certains pays, comme Haïti, les campagnes de vaccination sont au point mort.

2 . Changement climatique. Selon un récent rapport d'experts de l'ONU, les pays d'Amérique latine sont parmi les plus vulnérables au changement climatique. La région connaît des températures plus élevées, une sécheresse généralisée, une perte record de forêts et des inondations, des tempêtes tropicales et des cyclones plus intenses et plus fréquents, ce qui a exacerbé les problèmes agricoles et l'insécurité alimentaire.

3. La reprise économique. Bien que l'Amérique latine ait connu une croissance économique modérée en 2021, elle est confrontée à une inflation croissante, un chômage élevé, des inégalités de revenus, une dépréciation de la monnaie et une dette croissante. D'autres défis sont liés aux relations croissantes de la région avec la Chine et la Russie, qui sont des partenaires commerciaux majeurs.

4. Migration et sécurité. L'instabilité économique, les troubles politiques, le changement climatique et le banditisme poussent un nombre record de migrants à fuir leur pays d'origine. Plus de six millions de réfugiés ont fui la crise humanitaire au Venezuela, tandis que des dizaines de milliers d'autres, venus de Cuba, d'Haïti et même de certains pays africains, ont traversé le périlleux détroit de Darien pour atteindre la frontière sud des États-Unis.

5. Polarisation politique. Les divisions idéologiques et les craintes d'une désinformation généralisée se sont intensifiées ces dernières années. Malgré les efforts des États-Unis et de l'OEA pour promouvoir la démocratie, les régimes autoritaires continuent de consolider leur pouvoir. Dans des pays comme le Chili et le Pérou, les électeurs ont soutenu les candidats outsiders"[iii].

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Il s'agit donc du programme démocrate mondialiste typique, qui comprend le mélange habituel de droits de l'homme et d'égalité, d'écologie, de narratifs sur la démocratie et la prospérité économique dans un avenir incertain. Mais il y a aussi des références à la Russie et à la Chine ainsi qu'aux "régimes autoritaires", à la désinformation et à d'autres idéologies. Une indication claire qu'il ne devrait y avoir qu'une seule idéologie - une idéologie libérale-démocratique calquée sur celle des États-Unis.

C'est pourquoi Politico a noté que Biden était très préoccupé par le succès des populistes dans la région. Cela était également lié à sa réticence à inviter Cuba, le Nicaragua et le Venezuela au sommet [iv]. Après tout, si les représentants d'une idéologie et d'un parcours politique différents sont plus efficaces, alors pourquoi écouter les États-Unis ?

Des impératifs aussi durs de la part de Washington ont eu un effet indésirable pour eux lorsque les chefs d'autres pays ont exigé de manière ultimatum des invitations obligatoires de la part des trois pays en question. En conséquence, les dirigeants du Mexique, du Honduras, de la Bolivie et du Guatemala ont refusé de se rendre au sommet après des critiques fortes et justifiées.

Et les chefs d'État de l'Argentine et du Belize ont fait des déclarations sévères contre les États-Unis lors du sommet. À propos, un contre-sommet de ceux qui soutiennent Cuba et le Venezuela, et s'opposent également à la politique étrangère agressive des États-Unis, s'est tenu à Los-Angeles, dans la vieille tradition de l'antimondialisme. Le cortège de Biden a été accueilli avec des drapeaux cubains et pendant qu'il parlait, un groupe de personnes dans la salle a commencé à crier des slogans politiques hostiles.

Selon les experts américains, le sommet a été l'occasion pour l'administration Biden de promouvoir sa vision régionale. Pour cette raison, Biden a tenté de freiner la migration vers les États-Unis, a annoncé une initiative "Build Back Better World" pour stimuler le développement des infrastructures, et a également légèrement assoupli les sanctions contre Cuba et le Venezuela. Mais cela n'a pas beaucoup aidé.

En fait, les mêmes experts du Council on Foreign Relations ont déclaré après la fin du sommet qu'avant même qu'il ne commence, il y avait de nombreuses contradictions qui ne pouvaient être résolues [v]. Maintenant, la Maison Blanche essaie fébrilement et a proposé de tenir le Sommet des Amériques de 2023 à Denver, Colorado, pour encourager d'une manière ou d'une autre les pays d'Amérique latine à coopérer.

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Biden a également proposé le lancement du Partenariat des Amériques pour la prospérité économique, mais à en juger par le manque de réaction, il est peu probable qu'il obtienne une quelconque adhésion. Les pays d'Amérique latine pourraient développer leurs propres mécanismes à leurs propres frais ; il existe, après tout, un certain nombre d'associations régionales à cet effet. Et les États-Unis ne sont manifestement pas disposés à dépenser de l'argent uniquement pour acheter une loyauté politique. En outre, l'époque des années 90, où Washington mettait en scène ses marionnettes et les soutenait avec des subventions, est révolue.

À l'issue du sommet, une seule déclaration sur la migration a été signée, dans laquelle les parties ont convenu de résoudre d'une manière ou d'une autre la question. Au même moment de l'événement, on a appris qu'une énorme colonne de réfugiés d'Amérique centrale avait traversé la frontière vers le Mexique. On ne les a pas empêchés et il est peu probable qu'on les empêche de passer aux États-Unis.

Il est clair que même au niveau de l'image, Washington ne peut plus rien offrir à la région. Le Département d'État n'est plus en mesure de donner une image attrayante pour, d'une part, alimenter sa propre démographie avec des cadres issus des pays latino-américains, facilitant ainsi la fuite des cerveaux d'Amérique latine, et d'autre part, pour parachever un mur de fer, comme Donald Trump a tenté de le faire.

Les États-Unis, en particulier les États du sud, sont déjà suffisamment latino-américanisés pour créer leurs propres réseaux de diasporas et leurs économies parallèles. De manière générale, la politique américaine en tant que telle suscite une frustration croissante en Amérique du Sud et centrale, ainsi qu'au Mexique, sans parler du fait que Washington n'a pas d'ordre du jour bien clair.

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Quant au populisme, une sorte de test décisif sera le second tour des élections présidentielles en Colombie le 19 juin. Si le candidat de gauche Gustavo Pedro (photo) l'emporte, cela signifiera l'effondrement du projet pro-Washington dans ce pays, l'amélioration des relations entre les Etats contestataires et la Colombie et un exemple à suivre dans d'autres pays où des forces politiques de droite orientées vers les États-Unis détiennent encore le pouvoir.

D'ailleurs, l'uribiste Rodolfo Hernandez, qui le talonne, a annoncé qu'il pourrait même retirer sa candidature à l'élection. Il est probable que les autorités puissent jouer la carte de l'instabilité avant les jours cruciaux du vote pour perturber la victoire de Pedro. Et il y aura des élections au Brésil à l'automne, où l'ancien président Lula da Silva a de bonnes chances.

En conclusion, l'OEA n'est pas la seule entité de la région à servir d'organisation parapluie. L'association la plus prometteuse est la CELAC (Communauté des pays d'Amérique latine et des Caraïbes), qui s'intéresse à l'intégration et à la coopération régionales.

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En outre, la CELAC interagit avec la Russie et la Chine, ce qui suggère un programme  plus large pour l'organisation. Le Brésil s'est retiré de la CELAC en 2020, arguant que Cuba, le Nicaragua et le Venezuela contrôlaient l'union, ce qui n'est pas vrai. Il est plus probable que cela ait été fait à l'instigation des États-Unis afin de briser la structure.

Cuba, le Venezuela et le Nicaragua (ainsi que la Bolivie) ont leur propre alliance, l'ALBA, établie en 2004 par les dirigeants vénézuéliens et cubains Hugo Chavez et Fidel Castro.

Il y a aussi l'UNASUR (Union des nations sud-américaines), créée en 2008, mais en 2018, à cause du Venezuela, de nombreux membres ont quitté l'union. Par ailleurs, Prosur (Forum pour le progrès de l'Amérique du Sud) a été créé en 2019 avec l'Argentine, le Brésil, le Chili, l'Équateur, le Pérou, la Colombie, le Paraguay et la Guyane.

Dans tous les cas, il est dans l'intérêt des pays d'Amérique latine de promouvoir activement leur propre vision au sein de leurs alliances, plutôt que de gaspiller des ressources et de l'énergie sur les projets américains au sein de l'OEA.

Notes:

[i] http://www.oas.org/en/sla/dil/inter_american_treaties_A-4...

[ii] http://www.oas.org/juridico/english/treaties/b-29.html

[iii] https://www.cfr.org/in-brief/whats-stake-biden-2022-summi...

[iv] https://www.politico.com/news/2022/06/06/six-things-to-wa...

[v] https://www.cfr.org/councilofcouncils/global-memos/region...

mercredi, 15 juin 2022

Le sommet de l'OEA ou quand l'hégémonisme échoue

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Le sommet de l'OEA ou quand l'hégémonisme échoue

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/quando-legemonia-fa-fiasco

Du 6 au 10 juin, le sommet de l'OEA a eu lieu aux États-Unis. L'objectif initial du sommet était de restaurer l'image des États-Unis en Amérique latine et de tenter de consolider l'hémisphère occidental contre la Russie et la Chine. Mais tout ne s'est pas déroulé comme prévu.

Du 7 au 10 juin, le Sommet des Amériques s'est tenu à Los Angeles sous les auspices de l'OEA (l'Organisation des Etats Américains), censé symboliser le retour des États-Unis en Amérique latine et dans les Caraïbes. L'objectif principal de l'événement était de renforcer la position des États-Unis en Amérique latine.

Plongeons un peu dans l'histoire du sommet. L'Organisation des États américains (OEA) est une organisation internationale qui a été fondée le 30 avril 1948. L'objectif de l'organisation est la coopération entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. L'OEA comprend les États d'Amérique latine, des Caraïbes et les États-Unis eux-mêmes. Le sommet s'est tenu pour la première fois en 1994. En juin 2022, ce fut le 9e Sommet des Amériques. Le slogan de cet événement, publié sur le site officiel du gouvernement américain, était "construire un avenir durable et équitable". Cependant, dans le contexte actuel, ce mot d'ordre semble très douteux.

Cette fois, il y a eu plusieurs incidents en même temps. Les États-Unis n'ont pas invité le Venezuela, Cuba et le Nicaragua. Six États ont refusé de participer au sommet: le Mexique, le Guatemala, le Honduras, la Bolivie, Antigua et la Barbade. Ces pays étaient indignés que le président américain Biden n'ait pas invité les principaux États des Caraïbes. À cet égard, l'ordre du jour du dernier sommet perd radicalement de sa valeur. Tout ce que les États-Unis peuvent offrir à l'Amérique latine est un engagement de 300 millions de dollars en faveur de la sécurité alimentaire. En comparaison, le commerce de la région avec la Chine dépasse 450 milliards de dollars. La Chine est déjà le premier partenaire commercial des pays situés au sud des Caraïbes.

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Dans le contexte de la situation actuelle, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a proposé de recréer l'OEA. Il a noté que l'OEA a joué un rôle négatif dans le coup d'État en Bolivie en 2019. Il a également condamné l'organisation pour avoir imposé des sanctions contre des pays d'Amérique latine. Le Premier ministre du Belize, John Briceño, a critiqué les actions de la Maison Blanche et a qualifié l'absence de certains Etats d'"inexcusable". "Il est inconcevable que nous ayons isolé des pays d'Amérique, qui ont contribué à résoudre les problèmes les plus importants de l'hémisphère", a souligné le chef du gouvernement.

"De toute évidence, l'Organisation des États américains et son modus operandi ont fait leur temps", a déclaré le ministre, ajoutant que la proposition mexicaine consiste à former un groupe de travail qui présentera un projet visant à recréer l'organisation pour la coopération interétatique américaine.

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Mais les problèmes dans la conduite du sommet ne se sont pas arrêtés là. Biden a de nouveau "trébuché sur l'échelle, incapable de garder son équilibre". Le président américain s'est efforcé de justifier toutes les actions des Etats-Unis, qui sont critiquées. Il est arrivé avec sa femme et a accueilli tous les invités. Alors que Biden parlait depuis la scène de paix et de prospérité, le service de sécurité présidentiel a brutalement réprimé toutes les tentatives des manifestants de s'exprimer contre lui. Un seul piquet de protestation, organisé par une femme, s'est soldé par une arrestation. En outre, le discours de Joe Biden au sommet a été interrompu par des manifestants qui hurlaient de slogans hostiles. Le président américain s'est arrêté de parler, a gloussé et a poursuivi son discours. Comme l'ont précisé des témoins oculaires, Biden a été interrompu au même moment par deux personnes venues de l'assistance, qui ont été rapidement emmenées hors de la salle par les services de sécurité.

Ainsi, le sommet, conçu comme une démonstration de force américaine, s'est soldé par un échec. Cela s'est produit pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les États-Unis ont commencé à perdre leur pouvoir économique. Puis, l'influence politique a commencé à s'estomper. De nouveaux acteurs forts, tels que la Russie et la Chine, sont apparus sur l'échiquier.

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Deuxièmement, l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale avaient des contradictions avec l'Amérique du Nord. Aujourd'hui, la Russie fait la promotion du système GLONASS dans les pays d'Amérique latine et du Sud. Des conseillers militaires russes travaillent au Venezuela et à Cuba. Le gouvernement nicaraguayen achète 90 % de toutes ses armes à la Russie et, tout récemment, il a accordé la permission aux troupes, aux navires et aux avions russes d'utiliser le territoire du pays pour participer à des formations, des exercices et fournir une aide humanitaire.

La Chine sape visiblement l'hégémonie américaine sur le continent en utilisant ses connexions au Nicaragua. La Russie soutient également le Nicaragua au même titre que la Chine. Le statut de la Maison Blanche en Amérique latine perd considérablement de son pouvoir.

L'expert de l'Institut d'études américaines et canadiennes de l'Académie russe des sciences, le docteur en économie Vladimir Vasiliev, déclare: "Personne ne peut vraiment dire aujourd'hui quelle est la chose la plus importante de ce sommet. Biden a déformé sa rhétorique sur la démocratie. Par exemple, il est nécessaire de développer la démocratie dans les pays d'Amérique latine, alors que Cuba, le Nicaragua et le Venezuela sont des "États non démocratiques". Mais il s'avère une chose intéressante : seuls les migrants de ces pays aux États-Unis ont des opinions opposées, sont venus pour une vie meilleure et jusqu'à présent ne sont pas très heureux de leur séjour en Amérique. Il s'avère que l'Amérique est arrivée à ce sommet avec un problème central: le problème de la migration. Les pays d'Amérique latine, les pays d'Amérique centrale, disent-ils, développent notre économie. Mais Biden a proposé un plan décoratif, rien de concret. Les États-Unis eux-mêmes ne les aideront pas beaucoup".

Il faut en conclure que le sommet n'a apporté aucun résultat positif concret. Ce n'est qu'une fois de plus qu'il est devenu une pomme de discorde entre les pays d'Amérique latine et les États-Unis. Le Sommet des Amériques a montré que les États-Unis n'ont pas beaucoup de partenaires régionaux, et l'absence d'un certain nombre de pays dans le forum constitue un défi patent à l'"hégémonie". Les compétences oratoires du président Joe Biden ne sont pas non plus à la hauteur. Il fait souvent des erreurs et des réserves, qui se retrouvent ensuite sur Internet et ne provoquent que des "rires nerveux". Le sommet montre une fois de plus que les Américains perdent leur puissance. La tentative des États de consolider l'hémisphère occidental contre la Russie et la Chine a échoué. Ce sommet peut se résumer en trois mots : fiasco, échec et déception.

Multipolarité et mondialisation

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Multipolarité et mondialisation

Alexander Bovdunov

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/multipolarity-and-globalization

Les événements déclenchés par l'opération militaire spéciale russe ont commencé à affecter la mondialisation :

- Tout d'abord, la diaspora kurde en Suède a toujours soutenu et financé tous les mouvements séparatistes kurdes, nous ne devrions donc pas être surpris par la position prise par la Turquie contre l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'OTAN. Il est intéressant de noter que les réalités du Moyen-Orient affectent désormais directement l'équilibre des forces en Europe du Nord.

- La crise alimentaire (que l'on attribue exclusivement à la guerre en Ukraine, mais qui est en fait le résultat de plusieurs causes), a provoqué des protestations en Afrique, notamment en Ouganda, en raison de la hausse des prix due aux sanctions contre la Russie.

- Pour que les sanctions contre la Russie soient efficaces, les États-Unis doivent négocier avec les monarchies du golfe Persique ou l'Iran. Les politiciens américains ne sont pas préparés à cela et c'est pour cette raison que les négociations sont au point mort.

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Tout ceci démontre la fragilité même de l'économie mondiale actuelle telle que décrite par Braudel et Wallerstein. Les liens intrarégionaux et interrégionaux sont devenus des obstacles au développement ou à la réalisation de nombreux projets, d'autant plus que les grands acteurs dépendent désormais de petites diasporas - autrefois insignifiantes - exilées dans leur pays pour obtenir ce qu'ils veulent, tandis que pour obtenir certains avantages sur d'autres concurrents, il est nécessaire de trouver des compromis avec des acteurs secondaires. En outre, le fait de dépendre de l'achat d'un bien produit à l'étranger, au lieu de le produire sur place, peut entraîner un effondrement industriel, alimentaire et énergétique au cas où ce bien ne serait plus disponible en raison de circonstances imprévues.

L'économie mondiale capitaliste a été créée grâce à l'hégémonie occidentale, qui a eu recours à toutes sortes de moyens non économiques (p. ex. la force) pour atteindre cet objectif. Tous les pays qui ont été incorporés dans l'économie mondiale ont fini par être exploités comme s'ils étaient des colonies, directement ou indirectement. Cependant, il existe des pays non occidentaux comme la Chine, l'Iran, l'Inde et la Turquie qui ont réussi à atteindre un développement politique et économique qui les rend indépendants de l'Occident et maintenant l'Occident est obligé de négocier avec eux. L'imposition de sanctions, de blocus ou d'invasions militaires signifierait la destruction des fondations de l'économie occidentale elle-même et finirait par faire éclater toutes les fondations sur lesquelles elle est construite.

Par conséquent, nous pouvons nous demander : quel est l'intérêt de créer un système qui ne donne pas à l'Occident un avantage sur le reste du monde ?

Tout cela nous amène à penser que le monde se dirige vers l'émergence de multiples économies mondiales - des empires (donc la multipolarité) - ou vers la création d'une économie commerciale mondiale post-capitaliste contrôlée politiquement et idéologiquement par l'Occident (certains pays comme la Chine ont réussi à se tailler une place dans le monde grâce à cela). 

En fait, le discours consistant à "mettre de côté les avantages économiques pour sauver l'Ukraine" est une tentative de mettre en œuvre ce dernier scénario, car grâce aux avantages accumulés par l'Occident (malgré le déclin de sa puissance économique, militaire et idéologique), il possède encore les mécanismes nécessaires pour créer un nouveau système sans craindre de détruire l'ancien, y compris par l'utilisation de la puissance militaire, afin d'anéantir tous ses concurrents.

 

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Dwingeland: Orwell dans les polders - Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

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Dwingeland: Orwell dans les polders Un voyage dans les Pays-Bas politiquement corrects par le politologue Coen de Jong

par Sjors Remmerswaal

Source: https://reactnieuws.net/2022/06/12/boek-dwingeland-orwell-in-de-polder-coen-de-jong/

Dans ce livre, le politologue Coen de Jong se sert des idées de l'écrivain anglais George Orwell pour analyser la situation politico-sociale des Pays-Bas d'aujourd'hui, par exemple pour dénoncer la camisole de force qu'est la "nouvelle normalité" résultant des mesures sanitaires et du phénomène de mode émergeant qu'est l'idéologie woke. Orwell a partagé ses observations politiques et sociales du début et du milieu du siècle dernier, qu'il a relatées dans des essais et des livres tels que La Ferme des animaux et 1984.  De Jong donne des exemples de la société néerlandaise de ces dernières années qui se rattachent parfaitement aux idées d'Orwell, qui défendait la démocratie contre les formes autoritaires de gouvernement.

Nous nous souvenons de George Orwell comme d'un penseur important, précisément parce qu'il a osé aller à l'encontre des dogmes dominants de son époque et a sévèrement critiqué le pouvoir. Orwell reconnaîtrait immédiatement presque tout de notre Nouvelle Normalité.

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La force du livre réside dans le fait que, avec Orwell en main, il critique vivement l'effondrement de la démocratie et la façon dont celui-ci s'accompagne de vagues de propagande en provenance des centres du pouvoir néerlandais. Les exemples abondent, tels que l'érosion des droits fondamentaux, une censure de grande envergure, une surveillance politique, une campagne contre les dissidents, la glorification du leadership et la mise en place de lignes d'assistance. On constate cependant que l'idéologie woke et autoritaire, utilisée par le pouvoir, bien que venant à l'origine de l'extrême gauche, a maintenant été reprise par les entreprises et les gouvernements partout dans le monde. Une fausse révolution pour renforcer l'ordre établi. En remplaçant des personnes à des postes visibles, en changeant les logos et en accrochant des drapeaux, cela suffit à dissiper toute une série d'autres critiques.

Plus grave encore est la vague croissante de censure, avec le marquage de faits et d'opinions indésirables qui équivaut à de la désinformation, puis la désignation et la honte publiques infligées à ces critiques. En partie à cause de cela, les débats publics se déplacent vers l'internet, via des groupes de discussion fermés, où le gouvernement tente frénétiquement d'entrer et, pour y parvenir, va jusqu'à enfreindre les lois néerlandaises. Il est bien connu que le gouvernement désapprouve et aimerait intervenir lorsque les gens mettent n'importe quoi sur Internet, surtout lorsqu'il s'agit de sujets critiques envers la politique gouvernementale. D'où l'appel de plus en plus fort pour dire que le temps de l'internet gratuit doit être terminé. Et puis, bien sûr, il y a la fameuse législation sur la censure, qui rend difficile pour les gens de se former une opinion bien charpentée et de s'exprimer sur certains sujets en bonne connaissance de cause.

Dans son livre 1984, Orwell parle de l'Océanie où il n'y a pas de loi. "Il n'est écrit nulle part ce que les citoyens peuvent ou ne peuvent pas dire et penser. Après tout, un membre du parti ne doit pas seulement avoir les bonnes opinions, mais aussi les bons instincts". Et revenons aux Pays-Bas d'aujourd'hui, où la vérité est ce que Big Tech, les gouvernements, les politiciens et les médias de masse vous disent à tout moment, mais cette vérité peut être différente demain, mutation que vous devriez sentir à l'avance. Ce n'est pas vraiment un réconfort ! Il s'agit d'un livre écrit avec calme et clarté, destiné à un large public intéressé par la politique. Pas d'analyse approfondie de l'œuvre de George Orwell, mais beaucoup de comparaisons frappantes avec l'évolution rapide de la situation politico-sociale aux Pays-Bas. En outre, cela peut encourager les gens à lire d'autres ouvrages d'Orwell que son œuvre principale, 1984.

Pour illustrer la gravité du déclin de l'ancienne démocratie des Pays-Bas, De Jong cite l'ancien médiateur national Alex Brenninkmeijer, qui se préoccupe de la protection des droits fondamentaux des citoyens, ce qui doit leur donner la certitude d'être bien traité par l'État. C'est insuffisant selon Brenninkmeijer : "Et en cela, nous sommes uniques en Europe. Nos lois ne sont même pas testées par rapport à la constitution. Même dans un pays comme la Pologne, ils n'y comprennent plus rien".

Coen de Jong, Dwingeland, Orwell in de Polder, 2021, Éditeur Blauwburgwal, 260 pages en néerlandais, € 20,00

mardi, 14 juin 2022

Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain

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Un parlementaire européen: l'Union européenne est devenue le 51e État américain

Source: https://contra24.online/2022/06/eu-parlamentarier-europaeische-union-ist-zum-51-us-bundesstaat-geworden/

La politique étrangère et de défense de l'Union européenne a fait d'elle un vassal des Etats-Unis, selon un député croate.

L'eurodéputé croate Mislav Kolakusic a vivement critiqué la politique étrangère et de défense de l'UE, affirmant qu'elle était devenue un vassal de Washington. Kolakusic est un critique virulent des sanctions occidentales anti-russes et des restrictions Covid-19.

Devant le Parlement européen la semaine dernière, Kolakusic a déclaré à ses collègues parlementaires que "la politique étrangère, de défense et de sécurité de l'UE peut aujourd'hui être décrite en une seule phrase".

    "L'Union européenne est devenue le 51e État fédéral des États-Unis, mais sans droit de vote".

Kolakusic a critiqué à plusieurs reprises la politique de l'UE vis-à-vis de la Russie depuis le début de l'opération militaire de Moscou en Ukraine en février. Cette politique a conduit les membres à réduire les importations vitales de combustibles fossiles russes, tout en augmentant les dépenses de défense et en imposant plusieurs séries de sanctions à la Russie, qui font essentiellement que l'Europe paie les frais de l'opposition de Washington au Kremlin.

    "C'est un mensonge et une hypocrisie incroyables que de dire que les sanctions contre la Russie et l'interdiction d'importer du pétrole et du gaz russes sont des sanctions contre la Russie. Les sanctions visent 500 millions de citoyens de l'Union européenne et des millions de citoyens du reste de l'Europe".

Nous devrions interdire l'importation de pétrole et de gaz en provenance des États-Unis, qui ont été impliqués dans plus de conflits militaires au cours des dernières décennies que tout autre pays en Europe et peut-être dans le monde.

Kolakusic a qualifié les dirigeants politiques en Europe et au-delà "de sociopathes et de psychopathes" en raison de leurs restrictions Covid-19 et a qualifié le Canada de "dictature quasi-libérale ... de la pire espèce" en évoquant la politique du Premier ministre Justin Trudeau.

Kolakusic a également dénoncé la politique énergétique des Verts: "Déclarer le dioxyde de carbone et les combustibles fossiles ennemis des citoyens de l'Union européenne est une folie totale" et réduirait les Européens à se déplacer à vélo, comme les Chinois le faisaient "il y a trente ans".

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L'UE et son secteur énergétique après l'Ukraine

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L'UE et son secteur énergétique après l'Ukraine

Par Ivelina Dimitrova

Source: https://www.eurasia-rivista.com/leu-ed-il-suo-settore-energetico-dopo-lucraina/

Le conflit militaire en Ukraine a considérablement affecté non seulement les parties directement impliquées, mais aussi l'ensemble de l'Europe et, dans un sens, le monde entier, car il entraîne des changements généraux dans la structure économique, financière et géopolitique en place à l'échelle mondiale.

On s'attend généralement à ce que le conflit militaire et les sanctions que l'Occident et la Fédération de Russie s'imposent continuellement l'un à l'autre approfondissent la division et conduisent à la création d'un monde multipolaire, où quelques superpuissances diviseront le monde en régions, chacune d'entre elles dominant ses propres territoires géographiques d'influence. Cette théorie est particulièrement populaire parmi les groupes de réflexion analytiques russes, où elle a commencé à être discutée il y a plus de deux décennies (après le 11 septembre 2001, qui a été un tournant symbolique précédant la fin du monde contrôlé uniquement par les États-Unis).

Les analystes européens ont commencé à discuter de ce scénario plus tard et il n'a été présenté officiellement aux médias et au grand public qu'après le début du conflit en Ukraine. Le ministre russe des affaires étrangères lui-même, Sergueï Lavrov, lors de son premier voyage à l'étranger après le début du conflit, qui s'est déroulé, non par hasard, à Pékin, a annoncé que "la Russie et la Chine veulent un ordre mondial multipolaire, équitable et démocratique".

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On ne sait pas encore si ce scénario pour le développement du monde se réalisera ou non, mais certains points importants sont devenus clairs depuis lors et méritent d'être mentionnés. Tout d'abord, le conflit militaire entre la Russie et l'Ukraine, qui est par essence un conflit à un niveau bien plus profond que l'aspect militaire et qui oppose en fait la Russie et l'Occident, a conduit à un point de non-retour entre les parties impliquées. La situation actuelle est différente de celle qui prévalait lors de l'annexion de la Crimée quand, bien que tendues, les relations entre Moscou et l'Occident collectif ont réussi à se normaliser, notamment sous la présidence de Donald Trump. Aujourd'hui, la Russie a joué "va banque", c'est-à-dire a parié sur le "tout ou rien", et il est clair qu'il lui est impossible de revenir à la situation antérieure, notamment parce que Moscou ne le souhaite pas, comme le montrent ses actions. Une autre chose, qui est déjà claire, c'est que l'Occident collectif (le monde anglo-saxon et l'Union européenne) ne peut plus unir le reste du monde autour de ses positions. Ce qui est bon pour le monde occidental n'est pas nécessairement bon pour le reste du monde. Des régions telles que l'Amérique latine, l'Asie et l'Afrique n'étaient pas intéressées par l'imposition de sanctions à l'encontre de la Russie (car cela va à l'encontre de leurs intérêts économiques), pas plus qu'elles n'étaient intéressées ou impliquées dans le conflit militaire en Ukraine en général. Ce fait montre que le monde n'est déjà plus monopolistique et que le reste des régions du globe ose désormais exprimer des positions politiques différentes de celles de l'Occident. À l'avenir, cette tendance sera de plus en plus patente. Le troisième fait que ce conflit a montré est que le système financier tel qu'il existe actuellement va changer radicalement. La demande de Moscou de payer le gaz en roubles, la monnaie russe, montre que de nouvelles monnaies (y compris électroniques) vont gagner en popularité et que l'hégémonie absolue du pétrodollar touche à sa fin. Avec elle aussi la domination économique et politique de Washington.

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Et si le scénario d'un monde multipolaire divisé en régions se réalise, la seule question ouverte est la suivante : qui seront les nouvelles superpuissances et quelles seront leurs régions d'influence ? Pour l'instant, trois des superpuissances apparaissent assez clairement sur l'échiquier - les États-Unis, la Fédération de Russie et la Chine. Il est également très probable que l'Inde devienne une nouvelle superpuissance avec sa propre sphère d'influence.

La situation de la Grande-Bretagne est tout à fait incertaine. Le Brexit a montré que Londres avait de grandes aspirations à maintenir ses positions et sa ligne politique indépendante de Bruxelles pour lui permettre de faire partie des nouvelles grandes puissances. Cependant, la question est de savoir si elle y parviendra ou non: c'est encore bien incertain. Londres continue à avoir et à jouer un rôle important dans la région de l'Asie centrale, au Pakistan et en Turquie (le Grand Turan), mais il se trouve qu'elle n'a plus les mêmes positions en Inde.

Le sort de l'UE et la manière dont son projet se développera à l'avenir ne sont pas clairs non plus. D'une certaine manière, le premier signe que le monde change, et qui a dû être analysé en profondeur à Bruxelles, a été le Brexit.  La sortie de Londres a remis en question l'existence même de l'UE, l'essence de son avenir, le concept même du projet européen et a créé un précédent très dangereux. La fin de l'ère Merkel, qui était considérée comme une figure centrale de la politique européenne, a montré que, pour l'instant, l'UE n'a pas de leadership fort capable de donner des orientations politiques à tous les États membres.  Par conséquent, l'avenir de l'Europe après le conflit en Ukraine est plus incertain et plus vulnérable car on ne sait toujours pas si l'UE maintiendra sa relation étroite (et dans une certaine mesure sa dépendance) avec Washington, si elle deviendra plus indépendante et si elle conservera sa forme politique actuelle.

Cependant, quel que soit le monde après l'Ukraine, une chose est sûre pour l'instant : une fois de plus, après le printemps arabe au Moyen-Orient, le Vieux Continent est la région qui sera la plus touchée en raison de sa proximité avec la zone de conflit et de ses liens économiques étroits avec l'Ukraine et la Russie. Surtout, l'UE sera affectée économiquement en raison des sanctions imposées à et par la Russie. Il n'est pas exclu que, dans le pire des scénarios possibles de famine et de pénurie alimentaire (l'Ukraine et la Russie sont les principaux fournisseurs de céréales pour la région du Moyen-Orient et l'Afrique), l'Europe soit à nouveau frappée par des vagues de migration en provenance de ces régions. Mais même sans que ce sombre scénario ne se réalise, il existe un risque réel que dans le nouvel ordre mondial et le nouvel équilibre des pouvoirs, l'Europe soit potentiellement la grande perdante - tant sur le plan géopolitique qu'économique. Elle a également le plus à perdre étant donné que, jusqu'à présent, la qualité de vie sur le Vieux Continent est la plus élevée au monde.

Il ne fait aucun doute que l'un des plus grands défis et l'une des plus grandes préoccupations de l'UE après le conflit en Ukraine seront les approvisionnements en énergie eux-mêmes et la hausse des prix des ressources énergétiques entraînant une très forte inflation au niveau mondial et, de là, une crise économique structurelle. Certains des défis pour le secteur de l'énergie sont directement liés à la crise en Ukraine, alors que d'autres ne le sont pas. Et même si Bruxelles essaie de parler d'une seule voix en termes de politique énergétique contre la Russie, les intérêts des membres de l'UE dans le secteur de l'énergie sont très différents. Cela est dû au fait que l'impact économique des sanctions diffère d'un pays à l'autre. Par exemple, un pays comme l'Espagne sera beaucoup moins touché que la Bulgarie, car le premier est moins dépendant des approvisionnements énergétiques russes, alors que le second en est encore presque totalement dépendant. Pour cette raison, un regard plus détaillé sur la carte énergétique de l'Europe sera proposé afin d'esquisser des scénarios possibles de ce à quoi nous pouvons nous attendre.

Le tableau 1 montre la production d'électricité par habitant en Europe par type de combustible. Les données datent de 2013 et bien qu'il y ait quelques variations et changements une décennie plus tard, il est important de prendre ce tableau en considération alors que le resserrement des conditions économiques et les sanctions contre la Russie, principal fournisseur de ressources énergétiques de l'Europe, mettent en danger le Green Deal et la transition de l'Europe vers une économie à zéro émission. Au cours de la dernière décennie, l'UE a fait d'énormes progrès vers une économie verte et a considérablement augmenté la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique. Mais en période d'aggravation de la crise économique dans le monde, de montée en flèche des prix des ressources énergétiques et, de surcroît, de restrictions sévères imposées à son principal fournisseur d'énergie - l'Europe risque de revenir aux sources de production d'énergie d'avant la transition verte. En fait, les premiers signes sont déjà là : après avoir limité autant que possible les importations d'énergie en provenance de Russie et afin de compenser l'écart créé, certains pays ont annoncé leur intention de rouvrir la production d'énergie non verte. Par exemple, la plus grande économie d'Europe, l'Allemagne, après avoir fermé ses derniers réacteurs nucléaires et après le début du conflit en Ukraine, a annoncé qu'elle pourrait ne pas éliminer progressivement ses centrales électriques au charbon comme prévu initialement. Le pays fortement dépendant des importations de gaz en provenance de Russie a annoncé en mars 2022 qu'il créait des réserves stratégiques de charbon qui permettraient aux centrales électriques de fonctionner sans importations pendant 30 jours d'hiver [1].

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Tableau 1; Source : https://ec.europa.eu/energy

Le Green Deal qui envisage une économie écologiquement neutre en Europe d'ici 2050 nécessite d'importants investissements dans les nouvelles technologies et la restructuration énergétique, qui, en période de conflits militaires, d'inflation élevée et de crise économique à venir, pourraient ne plus être disponibles. De nombreux pays de l'UE soutiennent l'Ukraine en lui fournissant une aide militaire et humanitaire. Les pays frontaliers tels que la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie acceptent également un grand nombre de migrants ukrainiens, et les fonds destinés à la transition énergétique et aux innovations dans le secteur de l'énergie pourraient ne plus être disponibles, du moins dans un avenir proche. Plus encore en période de hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et des matières premières, une transition stricte vers l'émission zéro en Europe rendra les économies de l'UE non compétitives à l'échelle mondiale, car le coût de l'énergie pour la production en Europe deviendra encore plus élevé que dans le reste du monde. Enfin, quel serait l'impact écologique mondial si l'Europe devenait zéro émission mais que les régions environnantes comme le Moyen-Orient, la Russie, la Turquie et l'Afrique du Nord ne le faisaient pas ?

Le principal problème est que l'Europe, bien qu'augmentant sa part d'énergie renouvelable, reste très dépendante des importations d'énergie, notamment de la Russie. Les données de la Commission européenne [2] montrent que 40% des importations de gaz naturel de l'UE proviennent de Russie, 18% de Norvège, 11% d'Algérie et seulement 4,6% du Qatar. Mais l'Europe est également très dépendante de la Russie pour l'importation de combustibles fossiles et de pétrole (environ 30 % des importations totales proviennent de là). C'est une dépendance qui pourrait être surmontée et remplacée à long terme, mais pas à court terme, sinon l'UE elle-même risque une catastrophe économique. En bref, l'Europe pourrait remplacer les approvisionnements énergétiques en provenance de la Russie, mais pas immédiatement et on ne sait pas encore quel prix social les Européens devront payer pour cela.

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Tableau 2 ; Source : Eurostat, mai 2020

En réalité, malgré toutes les intentions et stratégies de transition énergétique pour la période de 1990 à 2020, l'UE en général a maintenu les mêmes niveaux d'importations d'énergie malgré la forte augmentation de la part des énergies renouvelables. Cela est dû au fait que, dans l'intention de devenir plus verts, de nombreux pays ont fermé leurs secteurs énergétiques à forte intensité de carbone, mais comme ils ne pouvaient pas compenser immédiatement cette fermeture par des énergies renouvelables, ils l'ont compensée par des importations, paradoxalement principalement en provenance de Russie. Le tableau 2 du "Statistical pocketbook for 2020" de la Commission européenne montre les importations des principaux carburants en Europe pour la longue période de 1990 à 2018.

En outre, la dépendance de l'UE à l'égard des importations de gaz naturel a considérablement augmenté entre 1990 et 2018, tandis que les importations de combustibles fossiles et de pétrole sont restées pratiquement inchangées. Et même si la part des importations de ressources énergétiques a diminué pour certains pays en raison de l'augmentation de la production d'énergies renouvelables, la dépendance moyenne pour l'ensemble de l'UE reste considérable. Certains pays comme l'Italie ont diminué leur dépendance aux importations d'énergie, d'autres comme l'Allemagne sont devenus plus dépendants de ces importations.

Les données du tableau 3 [3], établies à partir des statistiques d'Eurostat, confirment unanimement ce qui a été dit précédemment, à savoir que l'Europe a largement remplacé sa production d'énergie par des importations au cours des deux dernières décennies. La transition vers les énergies renouvelables est importante mais encore loin d'être suffisante pour assurer le fonctionnement de l'économie européenne et, en période de crise économique, la mise en œuvre des innovations et des nouvelles technologies peut finir par être ralentie en raison d'un manque de ressources financières.

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Tableau 3; Source : Eurostat

Selon les données d'Eurostat [4], en 2020, l'Union européenne a produit 42 % de son énergie (contre 40 % en 2019) et le reste a été importé. La baisse des importations est due à la crise de Covid et au ralentissement des économies européennes. Le bouquet énergétique de l'ensemble de l'UE est composé de cinq grands types de combustibles : les produits pétroliers, dont le pétrole brut qui représente 35 % du total (près de 30 % est importé de Russie), le gaz naturel représente 24 % du bouquet énergétique total (près de 40 % est importé de Russie), les énergies renouvelables 17 % du bouquet énergétique européen total, l'énergie nucléaire environ 13 % et les combustibles fossiles solides 12 %.

Comme mentionné plus haut, un point important qui empêche Bruxelles de parler d'une seule voix est que les sources d'énergie dans les mix énergétiques varient largement entre les pays, de sorte que chaque pays sera affecté différemment par la situation actuelle et les sanctions contre Moscou. Par exemple, l'Allemagne, malgré l'augmentation des énergies renouvelables, reste fortement dépendante des combustibles fossiles et du gaz naturel (importé à 97%) ; des pays comme Chypre et Malte sont dépendants du pétrole brut, l'Italie et les Pays-Bas sont fortement dépendants du gaz naturel (40% et 38% respectivement) ; le mix énergétique de la France est composé à 41% d'énergie nucléaire ; la Suède et la Lettonie ont la plus grande part d'énergies renouvelables 49% et 40% et la Pologne et l'Estonie sont toujours dépendantes des combustibles fossiles. Il est évident que les pays qui ont une part considérable de gaz naturel, de pétrole et de combustibles fossiles dans leur mix énergétique seront les plus touchés. Même s'ils n'importent pas de Russie, les restrictions russes à l'importation et la demande accrue de ces produits sur le marché international entraîneront une augmentation significative des prix qui aura des conséquences économiques et sociales.

Prenons à nouveau l'exemple de l'Allemagne, qui a été l'un des moteurs du "green deal" européen et dans ce rôle, elle a prévu d'éliminer les combustibles fossiles de son mix énergétique d'ici 2045 ; le gaz naturel était donc considéré comme un pont dans cette transition. Maintenant, avec l'incertitude sur le sort des approvisionnements en provenance de la Russie, Berlin discute des options pour construire des terminaux GNL afin de livrer du gaz provenant de différents fournisseurs, car d'autres pays voisins comme la France, les Pays-Bas et la Belgique possèdent déjà de tels terminaux. Selon les informations de la Commission européenne, les importations de GNL représentaient 20 % des importations totales de gaz de l'UE en 2021, dont la demande est d'environ 400 milliards de m3 par an, ce qui fait de l'Europe le plus grand importateur de gaz au monde. La capacité totale d'importation de GNL de l'UE est d'environ 157 bcm par an et les plus grands importateurs de GNL en Europe sont l'Espagne (21,3 bcm), la France (18,3 bcm), l'Italie (9,3 bcm), les Pays-Bas (8,7 bcm) et la Belgique (6,5 bcm).

Toutefois, le GNL a une empreinte écologique plus importante que le gazoduc ; les processus de refroidissement, de transport et de liquéfaction nécessitent également beaucoup d'énergie. Une autre préoccupation qui déplaît aux organisations environnementales est le fait que le GNL en provenance des États-Unis est basé sur la technologie de fracturation, considérée comme écologiquement hostile et donc interdite dans de nombreux pays européens. Un point positif de l'infrastructure GNL est qu'elle pourrait être utilisée pour la production d'hydrogène lorsque cette technologie sera développée et mise en œuvre pour une utilisation de masse. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le coût de la mise en œuvre des futures technologies de l'hydrogène et le coût de la construction des terminaux GNL à l'heure actuelle. En outre, certaines régions du continent européen telles que le Sud-Est, l'Europe centrale et orientale et la Baltique ne disposent pas encore d'une infrastructure développée pour le GNL, ce qui nécessitera des investissements supplémentaires. La principale préoccupation des utilisateurs finaux de gaz et des gouvernements est que le GNL peut être sensiblement plus cher pour le consommateur final. C'est notamment un problème pour les pays d'Europe de l'Est où la pauvreté énergétique (les consommateurs qui, pour des raisons financières, ne peuvent pas se permettre de payer leurs factures ou ne peuvent pas chauffer leur maison à une température adéquate) est assez répandue. Cependant, malgré ses inconvénients et ses coûts, compte tenu de la situation énergétique actuelle en Europe, la construction de terminaux GNL est une option à planifier et à développer, bien qu'à un prix plus élevé.

Le secteur des énergies renouvelables présente lui-même certaines spécificités qui doivent être analysées plus en profondeur afin que ce secteur ne reste pas bloqué dans cette période difficile. Quand on parle d'énergie renouvelable produite à partir du soleil, du vent ou de l'eau, il faut considérer que chaque pays a des spécificités géographiques qui le rendent moins ou plus apte à développer tel ou tel type d'énergie renouvelable. Par exemple, certains pays ont plus de soleil, d'autres plus de vent ou de ressources en eau et d'autres encore n'en ont pas. Les technologies telles que l'hydrogène pour la production d'énergie doivent encore être développées pour se généraliser en Europe à un prix acceptable. Un autre défi considérable pour le secteur des énergies renouvelables dans l'UE, s'il doit compenser partiellement l'approvisionnement en énergie russe, est le fait que les technologies de stockage de l'énergie doivent être développées et mises en œuvre rapidement, sinon les énergies renouvelables ne sont pas compétitives. Le plus grand inconvénient est que sa production n'est pas stable au cours de la journée et au fil des saisons et qu'il faut donc développer des installations de stockage pour équilibrer, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Le manque d'infrastructures pour le transport et la disponibilité de l'énergie provenant de sources renouvelables est également un problème considérable pour la plupart des pays.

Un autre défi considérable est que la plupart des matériaux utilisés pour la production des technologies d'énergie renouvelable, comme les panneaux solaires, les batteries de stockage, les voitures électriques, sont fabriqués à partir de métaux rares et coûteux que l'Europe importe. Cela signifie, encore une fois d'une manière ou d'une autre, en fonction de facteurs externes. Parmi les métaux clés pour les économies à faible émission de carbone figurent le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le cuivre. Ainsi, au lieu d'être à forte intensité de carbone, l'économie européenne peut devenir à forte intensité de métaux, ce qui permet de contenir le risque que le monde connaisse des pénuries de certains d'entre eux dans un avenir proche.

Les graphiques de certains des métaux les plus demandés pour les technologies des énergies renouvelables (ces graphiques ne représentent pas tous les métaux utilisés et nécessaires dans les nouvelles technologies) montrent que les tendances ne sont pas en faveur de l'Europe car elle ne possède pas de réserves substantielles de ces ressources.

Les tableaux suivants montrent où se trouvent les plus grandes réserves de matières premières nécessaires à la production de technologies d'énergie renouvelable[5].

Les pays possédant les plus grandes réserves de cobalt, de lithium et de métaux de terres rares sont indiqués sur les cartes.

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Tableau 4; Source : www.carbonbrief.org

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Tableau 5; Source : www.carbonbrief.org

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Tableau 6; Source : www.carbonbrief.org

Les graphiques sont loin d'être détaillés et n'incluent pas tous les métaux utilisés dans les technologies renouvelables, mais ils montrent clairement le risque potentiel que l'UE échange une dépendance contre une autre. Par exemple, elle pourrait réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et augmenter sa dépendance vis-à-vis des importations de métaux en provenance de pays tels que la République démocratique du Congo ou la Chine. Cela reviendrait à répéter la situation qui s'est produite au cours des deux dernières décennies : de nombreux pays européens ont fermé leurs secteurs énergétiques à forte intensité de carbone mais ont augmenté leur dépendance à l'égard des importations d'énergie en provenance de Russie. Si elle n'est pas étudiée en détail, l'histoire risque de se répéter également avec les énergies renouvelables. Il faut également tenir compte du fait que la Russie détient une part très importante des métaux rares utilisés dans les technologies des énergies renouvelables.

Le dernier, mais non le moindre, des défis auxquels sont confrontées les énergies renouvelables est que le recyclage des métaux usagés n'est pas encore bien étudié et développé. Certains métaux peuvent être recyclés alors que d'autres, comme les métaux rares, ne le sont pas encore. Par conséquent, le recyclage ou le stockage des batteries au lithium, des panneaux solaires et d'autres technologies doit encore être amélioré, ce qui signifie davantage de coûts et d'investissements dans cette direction.

La transition d'une économie à forte intensité de carbone vers une économie à forte intensité de métaux recèle sans aucun doute de nombreux risques, vulnérabilités et empreintes écologiques à côté des avantages que nous connaissons déjà. Et l'Europe doit évaluer à l'avance les vulnérabilités et les dépendances auxquelles elle serait exposée sur la voie du Green Deal.

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Tableau 7; Source : www.world-nuclear.org

L'énergie nucléaire, et en particulier le développement de réacteurs nucléaires de petite et moyenne taille, pourrait être une option acceptable pour de nombreux pays de l'UE, notamment ceux qui possèdent déjà des centrales nucléaires, car ils disposent du savoir-faire et de la capacité technologique pour la mettre en œuvre plus rapidement. L'énergie nucléaire, contrairement aux énergies renouvelables, est très stable à tout moment de l'année et de la journée et, en ce sens, pourrait équilibrer l'énergie provenant de sources renouvelables qui dépend de nombreux facteurs externes tels que le climat. De nombreux pays du Moyen-Orient, dont les plus grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, ont commencé à construire des centrales nucléaires pour équilibrer leur mix énergétique. Dans l'UE, selon les statistiques d'Eurostat, les centrales nucléaires ont généré environ 24 % de l'électricité totale en 2020, bien que, en raison des problèmes de sécurité et dans le contexte de la transition vers le Green Deal, la tendance soit à la diminution de ce type d'énergie. Actuellement, 13 pays de l'UE ont des centrales nucléaires en activité et pour ceux qui en ont, et pour l'Europe dans son ensemble, les centrales nucléaires pourraient être une solution permettant d'atténuer partiellement la crise de l'approvisionnement énergétique. Les normes de sécurité en Europe sont parmi les plus élevées au monde, et en s'y conformant, l'énergie nucléaire pourrait aider l'Europe dans la situation extrême dans laquelle elle se trouve actuellement.

Le secteur européen de l'énergie avait de nombreux défis à relever dans le cadre de la transition vers le Green Deal et en a deux fois plus aujourd'hui avec le conflit en cours avec la Russie et la montée en flèche des prix des ressources énergétiques dans le monde. On ne sait toujours pas comment se dérouleront les livraisons d'énergie en provenance de Russie, notamment pendant la prochaine saison hivernale. La stabilité sociale et économique du vieux continent est mise en danger en cas de pénurie d'énergie.

Dans cette situation extrême, l'Europe doit rechercher toutes les solutions alternatives pour devenir plus indépendante des importations d'énergie et maintenir la compétitivité de son économie. La transition vers le Green Deal ne doit pas se faire maintenant à n'importe quel prix, mais seulement après une évaluation claire du prix économique et social que les Européens doivent payer pour cela. Dans le contexte des nouveaux équilibres géopolitiques, il est plus important que jamais que l'Europe reste unie, ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourra maintenir son importance géopolitique sur la scène mondiale. Mais pour préserver l'Union, Bruxelles doit tenir compte des nouvelles réalités. Les États membres de l'UE sont différents, leur potentiel économique est différent, leurs secteurs énergétiques sont différents, et les intérêts de tous les pays doivent être pris en compte. L'imposition unilatérale du pouvoir par Bruxelles ou la centralisation imposant la volonté des eurobureaucrates de Bruxelles ne fera qu'accroître le scepticisme européen parmi les gouvernements et les citoyens européens.

Plus que jamais, il est important que l'UE élabore son concept d'existence dans le nouveau monde sur la base des intérêts des citoyens européens. Plus que jamais, Bruxelles doit donner la priorité au bien-être économique et social de ses citoyens.  Pour la définition du nouveau rôle et des piliers conceptuels de l'Union, l'Europe a besoin d'une nouvelle philosophie existentielle.  Aujourd'hui plus que jamais, la voix des groupes de réflexion analytiques nationaux, des enseignants universitaires et des scientifiques doit être entendue par les politiciens, tant au niveau national qu'à Bruxelles. En ces temps de turbulences, il convient d'écouter et d'analyser attentivement les différentes opinions en Europe et à Bruxelles, sans oublier que l'anglais n'est plus qu'une langue de convenance dans l'Union.

NOTES:

[1] Euractiv.com, Germany reactivates coal power plants amid Russian gas supply threats, Nikolaus J. Kurmayer, 9 mars 2022, https://www.euractiv.com.

[2] Commission européenne, Direction générale de l'énergie, L'énergie dans l'UE en chiffres : le pocketbook statistique 2020, Office des publications, 2020, https://data.europa.eu/doi/10.2833/29877.

[3] Commission européenne, Direction générale de l'énergie, L'énergie dans l'UE en chiffres : le pocketbook statistique 2020, Office des publications, 2020, https://data.europa.eu/doi/10.2833/29877.

[4] Commission européenne, https://ec.europa.eu/eurostat/cache/infographs/energy/bloc-2a.html?msclkid=da2575f2cf6111ec9aa87e67219bcc8d

[5] https://www.carbonbrief.org/explainer-these-six-metals-ar...

La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique

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La guerre économique de l'Occident entre le défaut de paiement de la dette russe et la lutte contre le yuan numérique

par Domenico Moro

Source : resistenze & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-economica-dell-occidente-tra-default-del-debito-russo-e-contrasto-allo-yuan-digitale

Ce n'est pas seulement une guerre par des moyens militaires qui se poursuit, par le truchement de l'Ukraine, entre l'Occident et la Russie. La guerre économique, non moins importante, se poursuit elle aussi. Ces derniers jours, des événements importants impliquant non seulement la Russie mais aussi la Chine ont eu lieu. Après tout, la confrontation, sur le plan économique, oppose principalement les États-Unis et la Chine, qui, en plus d'être l'allié stratégique de la Russie, est le plus grand concurrent des États-Unis pour l'hégémonie économique mondiale.

Le premier de ces nouveaux événements est le lancement du sixième train de sanctions de l'UE contre la Russie, qui comprend, entre autres, deux mesures fondamentales : l'exclusion de la plus importante institution bancaire russe, la Sberbank, du circuit Swift, ce qui rendra problématique le paiement à l'étranger des produits russes, et, surtout, l'embargo sur le pétrole russe. Apparemment, après un mois d'impasse, c'est un succès pour le front occidental contre la Russie, qui a réussi à se recomposer malgré l'opposition de la Hongrie à l'embargo. Les sanctions pétrolières sont toutefois soumises à des limites : l'arrêt des importations dans l'UE n'aura lieu qu'à partir du début de l'année prochaine et ne concernera que le pétrole brut importé par voie maritime, tandis que le pétrole brut importé via l'oléoduc Druzhba sera exclu de l'embargo. Cela permettra à la Hongrie, à la Slovaquie et à la République tchèque, pays enclavés, de continuer à s'approvisionner en pétrole brut jusqu'à une date qui reste à déterminer.

Mais les sanctions, qui font grimper les coûts de production dans les pays européens, auront un effet limité sur la Russie. En fait, les sanctions augmentent le prix international du baril de pétrole, ce qui permet à la Russie de réaliser des revenus plus élevés même en cas de réduction des volumes d'exportation. Lorsque la Commission européenne a promulgué le sixième train de sanctions, l'augmentation du prix du baril de pétrole s'est accélérée pour atteindre plus de 125 US$ par baril de Brent. Après tout, le pétrole a augmenté de 75 % en six mois.

Selon Bloomberg, l'embargo pétrolier ne coûterait que 10 milliards d'US$ sur un total de 270 milliards d'US$ que le gouvernement russe attend de l'exportation de produits énergétiques. Mais il n'y a aucune garantie qu'une telle perte de revenus sera effective : la Russie peut compenser les exportations perdues vers l'UE en les réorientant vers d'autres pays. En effet, le délai de mise en œuvre de l'embargo facilite non seulement la recherche de nouveaux fournisseurs par les importateurs européens. La Russie peut donc chercher d'autres débouchés pour ses exportations. En particulier, les exportations russes de pétrole brut se dirigent vers la Chine, l'Inde et d'autres pays, qui ont acheté plus de pétrole brut que d'habitude ces derniers mois. Ce n'est pas un hasard si en mai, les exportations russes de pétrole et de produits pétroliers ont atteint leur plus haut niveau depuis octobre 2019, soit 5,09 millions de barils par jour.

Le deuxième de ces nouveaux événements concerne l'éventuel défaut technique de la dette russe, en raison de l'incapacité de la Russie à payer les intérêts en dollars. L'Europe a également ajouté à la liste des personnes et organisations sanctionnées le National Settlement Depository, qui est une institution financière non bancaire russe et un dépositaire central de titres, par l'intermédiaire duquel Moscou avait décidé de payer les intérêts de la dette publique en dollars. En outre, le 25 mai, les États-Unis ont laissé expirer sans la renouveler la licence qui autorisait jusqu'à présent les investisseurs américains - malgré les sanctions interdisant les transactions financières - à recevoir de Moscou des paiements d'intérêts, de dividendes ou de coupons sur des obligations détenues par la banque centrale russe, le Fonds d'investissement souverain ou le ministère des Finances.

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Il s'agit d'une perte d'image majeure pour la Russie qui, en ne payant pas les intérêts de sa dette publique, se mettrait en défaut de paiement pour la première fois depuis 1917, lorsque les révolutionnaires bolcheviques ont décidé de ne pas payer les dettes contractées par l'État tsariste. En réalité, cette fois-ci, l'État russe a l'argent et la volonté de rembourser la dette, mais en fait, l'UE et les États-Unis l'en empêchent en essayant de forcer l'État russe à la faillite. En pratique, il s'agit d'un "défaut artificiel", comme l'ont souligné les autorités russes.

Le troisième événement à prendre en compte est la proposition récemment soumise au Congrès américain par trois sénateurs républicains, Tom Cotton, Marco Rubio et Mike Braun, visant à interdire aux grands magasins d'applications - à commencer par Google et Apple - d'héberger des applications permettant d'effectuer des paiements par le biais du yuan numérique chinois. La motivation apparente est liée à la sécurité nationale, puisque les rédacteurs du projet de loi craignent que le système de paiement numérique permette à Pékin d'espionner les citoyens américains. La véritable raison, cependant, est autre : on craint que la monnaie numérique chinoise ne réduise le rôle mondial du dollar américain.

Il s'agit d'un grave danger pour l'économie américaine, car ce n'est que grâce à la disponibilité de la monnaie commerciale et de réserve mondiale que les États-Unis peuvent soutenir leur économie, en finançant leur double dette, commerciale et publique. En outre, le système de yuan numérique peut constituer une alternative au système Swift par lequel transitent les transactions internationales en dollars. Cela éliminerait également la possibilité d'imposer des sanctions aux opposants politiques, étant donné qu'un grand nombre de ces sanctions reposent sur l'exclusion des organisations financières russes et autres du système de messagerie Swift. Quoi qu'il en soit, le yuan numérique est dangereux pour le dollar, car il peut devenir une monnaie de référence en dehors de la Chine, en commençant par les pays qui rejoignent le projet de la Route de la soie, puis en s'insérant dans les systèmes de paiement occidentaux comme alternative à Swift.

La Chine est à l'avant-garde de l'utilisation de la monnaie numérique et accumule une avance considérable sur les États-Unis et l'UE, puisque le dollar et l'euro numériques sont encore au stade de projet. Pour avoir l'euro numérique, en supposant qu'il soit adopté, il faudra encore 4 à 5 ans. Le même temps sera également nécessaire pour disposer du dollar numérique, dont l'adoption est encore remise en question par la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, qui est toujours divisée entre partisans et opposants à cette initiative.

La guerre en Ukraine pourrait toutefois accélérer le lancement du dollar numérique, car elle accentue la nécessité de poursuivre la guerre des devises, élément central du conflit économique contre la Russie et, à terme, la Chine. Récemment, la vice-présidente de la Réserve fédérale Lael Brainard a déclaré lors d'une audition au Congrès que le lancement d'une "CBDC [monnaie numérique de la banque centrale, ndlr] peut contribuer à assurer le rôle dominant du dollar" afin que "les personnes du monde entier qui utilisent le dollar puissent continuer à le faire pour les transactions dans le système financier numérique".

Ces faits montrent clairement que la guerre économique entre l'Occident, d'une part, et la Russie et la Chine, d'autre part, s'intensifie et se joue en grande partie autour du rôle mondial du dollar. Le maintien du dollar comme monnaie mondiale est à la fois un moyen et une fin de la guerre militaire et économique en tant qu'élément essentiel de l'hégémonie mondiale des États-Unis. La poursuite de la guerre, visant à affaiblir la Russie et, par conséquent, la Chine, autorise le maintien de la primauté politique et militaire qui permet aux États-Unis de maintenir le dollar comme monnaie mondiale.

Note :

[i] Alessandro Graziani, "Yuan numérique, les États-Unis opposent leur veto à l'utilisation de Google et Apple Pay", Il sole24ore, 3 juin 2022.

lundi, 13 juin 2022

Les guerres énergétique et alimentaire se retournent l'une contre l'autre et mettent Biden au pied du mur

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Les guerres énergétique et alimentaire se retournent l'une contre l'autre et mettent Biden au pied du mur

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: KontraInfo / https://noticiasholisticas.com.ar/las-guerras-energetica-y-alimentaria-se-retroalimentan-y-ponen-a-biden-contra-la-pared-por-alfredo-jalife-rahme/

La Russie gagne la "guerre économique" (https://bit.ly/3xohBsg) que lui imposent les États-Unis et l'OTAN - qui contrôlent une Union européenne (UE) méconnaissable - alors que les prix du pétrole et du gaz ont grimpé en flèche jusqu'en des hauteurs stratosphèriques, tandis que le rouble, désormais la monnaie la plus puissante du monde, s'échange à moins de 61 pour un dollar.

Le Wall Street Journal fait une excellente remarque : "Ne riez pas (sic) : La Maison Blanche veut fabriquer des panneaux solaires et des bombes thermiques pour arrêter Vladimir Poutine" (https://on.wsj.com/3GTQxo5).

Biden rend la guerre de Poutine en Ukraine responsable de son "urgence énergétique" - qui met en péril l'approvisionnement en électricité cinq mois avant les élections de mi-mandat - par le biais de l'amendement de la production de défense, exhumé depuis la guerre contre la Corée, pour stimuler les panneaux solaires et autres "énergies propres" (https://bit.ly/3tjoaKg). Le problème des "énergies renouvelables" - solaire (note : les trois quarts de leurs modules proviennent d'Asie du Sud-Est) et éolienne - est leur caractéristique "intermittente" qui dépend des caprices de la météo.

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M. Biden rend également Poutine responsable de la hausse imparable des prix de l'essence, de l'inflation la plus élevée depuis 40 ans et de la crise alimentaire mondiale en cours. Jusqu'à présent, il ne l'a pas rendu responsable de la crise surréaliste des "aliments pour bébés" aux États-Unis.

Puisque nous utilisons ici la méthode dialectique, il vaut la peine d'écouter le point de vue du président Poutine qui, dans une interview à Rossiya 1 TV, a mis à nu la manipulation financière de Wall Street derrière la crise alimentaire, bien avant son "opération militaire" en Ukraine : "la masse monétaire aux États-Unis a augmenté de 59.000 milliards de dollars en moins de deux ans, de février 2020 à fin 2021, avec une productivité (sic) sans précédent des machines à imprimer l'argent" alors que le "taux de liquidité total a augmenté de 38,6 %".

M. Poutine estime qu'il s'agit d'une "erreur des autorités économiques et financières américaines, qui n'a rien à voir avec les actions de la Russie en Ukraine, il n'y a pas la moindre corrélation".

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Poutine est manifestement bien conseillé par Sergey Glazyev (photo), un économiste russe réputé, dont les théories sur "l'économie physique" qui l'emporte sur "l'économie financière spéculative" du duo anglo-saxon de Wall Street et de la City (Londres), et dont les travaux récents méritent d'être consultés.

Selon Poutine, l'impression dérégulée de la masse monétaire par Wall Street "a été la première étape - immense - vers la situation alimentaire défavorable actuelle" qui a "explosé immédiatement". Et Poutine n'aborde pas la manipulation du cartel alimentaire anglo-saxon, le fameux ABCD : ADM-Bunge-Cargill-Dreyfus (https://bit.ly/3Q5ohmv).

Il a également critiqué les politiques européennes en matière d'"énergie verte", qui ont exagéré les capacités des "énergies alternatives", lesquelles ne peuvent être produites "dans les quantités requises, avec la qualité requise et à des prix acceptables", alors que "dans le même temps, elles ont commencé à éclipser l'importance des types d'énergie conventionnels, y compris, surtout, les hydrocarbures".

Poutine en déduit que le résultat de tout cela est que "les banques ont cessé d'émettre des prêts (...) Les compagnies d'assurance ont cessé de garantir les règlements. Les autorités locales ont cessé de garantir les contrats, d'attribuer des parcelles de terrain pour étendre la production, et ont réduit la construction de transports spéciaux, y compris les pipelines. Tout cela a conduit à une pénurie d'investissements énergétiques et à une flambée des prix : "Les vents n'ont pas été aussi forts que prévu l'année dernière, l'hiver a été retardé et les prix ont augmenté instantanément, et avec la hausse des prix du gaz est venue une hausse des prix des engrais", que les "Anglo-Saxons" ont aggravée en "imposant des sanctions sur les engrais russes".

La morosité qui plane sur la Maison Blanche est désormais compréhensible, selon le site Internet Politico (https://politi.co/3xz7UaR).

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De la "webocratie"

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De la "webocratie"

Au milieu des difficultés, des embarras et des hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée, coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion du savoir, incapable de réguler les géants du numérique, nous nous retrouvons dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.

Luca Giannelli

Source: https://www.dissipatio.it/macron-webcrazia-digitale-occidente/

Il y a quelques années, lors d'une de ses proverbiales conférences de presse, Jean-Luc Godard racontait comment, dès son plus jeune âge, ses parents lui reprochaient de toujours raconter des histoires, tout le contraire de ce que les critiques les plus obtus lui reprochaient : ne pas raconter d'histoires du tout, faire des films sans structure narrative conventionnelle. Raconter des histoires, disait l'écrivain Bernard Malamud, est un moyen de trouver un sens à la vie. Pour le président français Macron, cela semble être le moyen de trouver un sens à la politique :

    "Nos sociétés post-modernes ne sont pas sécularisées mais ont émergé d'un grand récit qui était religieux. Le 20e siècle a connu d'autres récits, après le grand récit de l'émancipation, le grand récit des totalitarismes, et collectivement nous avons pensé que la fin des totalitarismes passait par la fin des grands récits".

    Le Monde diplomatique, mars 2022

Le président français est très occupé dans sa tentative de marcher sur la ligne fantômatique entre modernité et postmodernité. Lui qui, en 2017 déjà, allait au cœur du problème : "Nous avons (de toute urgence) besoin d'un grand récit" (Der Spiegel, 14 octobre 2017).

Issu d'une certaine culture constructiviste d'outre-mer, encline à revisiter le passé avec un goût ironique et populaire en réaction aux dogmes rationalistes, le terme "postmodernisme" a fait son entrée dans le monde intellectuel dans les années 1970, jusqu'à être systématisé comme une véritable "condition", en tant que catégorie "post-narrative" à part entière, à la fin de la même décennie, par le philosophe français Jean-François Lyotard, qui a su capitaliser sur un essai de 1967 de Rorty dans l'introduction de The Linguistic Turn, dans lequel il prédisait la fin de la philosophie dans un monde où la communication avait pris la place de l'expression.

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Plaçant les "récits" des Modernes à l'origine des dogmatismes et de toutes les dérives politiques du XXe siècle (totalitarismes, guerres et autres méfaits divers), Lyotard propose une attitude de détachement vis-à-vis de termes philosophiques galvaudés comme "vérité", "réalité" ou "objectivité", régulièrement "cités". Cela a donné lieu à un débat très local entre la pensée "faible" et la pensée "forte" (en un mot, entre le relativisme et le fondamentalisme, ou, si vous préférez, entre Nietzsche et Parménide, avec Heidegger agissant comme un roc ambigu et encombrant), qui avait pour porte-parole Gianni Vattimo et Emanuele Severino. C'était le débat classique en noir et blanc, capable de produire surtout des fleuves et des fleuves d'encre (ceux des pages d'Alfabeta constitueraient à eux seuls une jungle) dont on s'est vite rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose à chérir, mais qui, dans l'ensemble - le pouvoir de la communication - a fini par fonctionner comme un alibi culturel pour un certain yuppisme rampant, une sorte d'incubateur de la pop italienne si en vogue aujourd'hui, un épigone à faible intensité du camp américain des années 1960.

Une sorte de nivellement, mais pas dans le sens où Totò l'entendait. Tout a la même valeur, tout peut être interprété et doit être traité exactement de la même manière. Ayant dépassé la verticalité de l'art et de l'histoire au nom d'une nouvelle horizontalité citationniste, toute hiérarchie culturelle sautée, les critiques élevés au rang d'artistes, selon l'hétérogénéité des fins la plus canonique, la "condition postmoderne" a ainsi transcendé la dimension critique de Lyotard, pour en arriver à la joyeuse justification du désengagement: comme le dit Jameson, la philosophie de la globalisation, capable de servir de toile de fond à l'ère de la production flexible. En fin de partie, de l'univers postmoderniste sont nées des montagnes de malentendus sur les cendres d'une modernité qui se voulait dépassée mais qui, idéologies mises à part, restait elle-même indéfinie, prisonnière des milliers de distinctions et d'interprétations auxquelles elle continue d'être soumise. Un peu comme le quintet, le jeu mystérieux du film le plus "nocturne" de Robert Altman, celui auquel tout le monde joue mais dont personne ne connaît les règles.

A-2669169-1332067619.jpgQuelque quarante ans après l'essai de Lyotard, on peut se demander s'il est encore possible de qualifier notre condition de "postmoderne". Plus que jamais, marqués que nous sommes par des urgences économiques, pandémiques, guerrières et diplomatiques dont le résultat, pour une fois, ne peut être que d'exaspérer des processus déjà en cours, dans les difficultés, les embarras et les hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée... coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion de la connaissance, aux prises ces dernières années avec une "société civile" qui s'est souvent révélée peu civilisée, incapable de réguler les géants du numérique au point de se retrouver dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.

Une fois que l'on a réalisé à quel point la fracture numérique a contribué à accroître le fossé entre les riches et les pauvres, entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, à augmenter les processus d'atomisation et les effrayantes multiplications du moi, l'objectif des dirigeants ne semble pas être de capturer et de répandre la connaissance mais de la contenir et de gérer le consensus. Car c'est paradoxalement la "sphère publique" elle-même qui est entrée en crise, avec la dictature des algorithmes et la logique rudimentaire du "j'aime - je n'aime pas", réduite désormais à des micro-récits consommés par des selfies et des posts dans un présent qui ne pense même pas à faire l'histoire. Contrairement à ce qu'espéraient non seulement certains pionniers américains des années 1970 comme Stewart Brand, mais aussi de nombreux technocrates purs et durs comme le magazine Wired qui, en mai 2009 encore, consacrait sa couverture au "Nouveau Socialisme", Internet n'a conduit ni à une plus grande diffusion de la culture, ni à la croissance d'une opinion publique comprise comme le reflet d'une communauté politique supérieure à elle-même, qui, comme l'a observé Martin Gurri dans La Révolte du Public n'existe plus, remplacée par une série de publics tribalisés et mutuellement armés.

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Et si le pacte tacite entre les entreprises bigtech et les utilisateurs est celui des applications gratuites en échange d'informations privées, bien plus inquiétant pour l'avenir de nos démocraties, risque d'être celui qui se met en place entre les grandes plateformes et les gouvernements, célébré avec la concentration entre les mains de Zuckerberg d'Instagram, Facebook et WhatsApp : je te laisse prospérer et toi en échange tu contrôles ce qu'on appelait autrefois la "majorité silencieuse" et qui aujourd'hui est de plus en plus une majorité mais beaucoup moins silencieuse. Une sorte de pacte confirmé par les documents divulgués par Snowden en 2013, qui ont révélé la participation des grandes plateformes aux programmes de surveillance et de renseignement américains, et qui, je pense, permet également de comprendre pourquoi une grande partie de l'hostilité des médias envers le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, le grand amateur de Tolkien qui a immédiatement dénoncé la prédilection des médias sociaux les plus politiques parmi ceux en circulation à montrer les posts les plus populaires au détriment des plus récents en faveur d'un récit dominant, dénotant ainsi une "irrégularité" jugée par beaucoup comme politiquement peu fiable.

D'où l'appel insistant à de nouveaux "grands récits" exprimé à plusieurs reprises par Macron ; lequel Macron, avec Ricoeur ou sans lui, est diplômé en philosophie et après avoir battu Le Pen, malgré ses trois millions de voix de plus qu'en 2017, s'est imposé comme l'homme de paille le plus autorisé de la pensée libérale dans le monde occidental et s'est automatiquement élevé - un peu comme la victoire illo tempore de Prodi sur Berlusconi - pour devenir un modèle trop facile pour nombre de nos politiciens "progressistes", dans une gamme variée qui va de l'auto-proclamé roi du storytelling Renzi aux anciens gilets jaunes Di Maio, fidèles désormais du Premier ministre Draghi. C'est un Macron qui, avant et plus que d'autres, a compris que le problème des démocraties occidentales est de trouver des critères de jugement et de légitimation qui aient une valeur à la fois locale et universelle ; un Macron lucidement "post-moderne", conscient de l'irréversibilité du processus culturel, de l'affirmation d'une multiplicité de langages incommensurables, de combien l'éclatement des métarécits a multiplié la pluralité et les formes d'un savoir qui ne peut plus se présenter comme une vision universelle du monde.

Mais il est en même temps un Macron "moderne" qui, contrairement à Rorty et Lyotard, regrette l'unité et la totalité perdues, un Macron nostalgique de ce grand récit du vingtième siècle qui avait façonné le monument inattaquable du progrès, réticent comme beaucoup de gouvernements européens à se mesurer à tout ce qui est multiple, fragmentées et instables, fortement motivées pour offrir une interprétation du passé qui puisse donner un sens à l'avenir, puisque seules sont "modernes" les sociétés qui ancrent les discours de vérité et de justice sur des méta-récits (culturels, historiques, scientifiques) englobant toute l'histoire humaine dans un cadre de référence unique ; un Macron qui, face à la croissance généralisée des processus d'atomisation, une effrayante multiplication du moi, est prêt à disqualifier comme "réactionnaire", "populiste", "souverainiste" ou "eurosceptique" quiconque tente de remettre en question le récit libéral-progressiste capable d'annuler les différences entre la vérité historique et la séduction rhétorique. C'est un terrain sur lequel le secrétaire du PD socialiste italien, Letta, semble s'être accordé avec son programme pour "un nouvel ordre européen", qui penche désormais vers une confédération qui fonctionnerait comme une sorte d'anneau encore plus large qui réunirait les 27 États membres de l'UE avec les pays candidats. Partant d'hypothèses post-modernes critiques, les démocraties européennes semblent donc viser à établir une normalisation "moderne".

Que cette modernité, une énigme pour tout penseur digne de ce nom, dont même le Cardinal Ruini a identifié l'ineffabilité il y a quelques années ("il y a beaucoup de modernités", selon ses mots), ne puisse être séparée du web, est en tout cas hors de question. De là, l'avenir de nos démocraties, inévitablement, ne peut que passer, de là, à la perspective macronienne, illustrée en novembre 2018 lors d'un forum de l'ONU à Paris sur la gouvernance de l'internet. Une perspective "centriste" qui entend se démarquer à la fois de la vision libertaire californienne, dont les protagonistes sont des acteurs forts qui rejettent tout contrôle étatique, et de la vision "chinoise", entièrement supervisée par un État autoritaire. La solution esquissée par le président français est la troisième voie canonique, qui implique dans ce cas les acteurs privés, les journalistes, les gouvernements et l'habituelle et indéfectible société civile.

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Le jeune Emmanuel Macron avec le philosophe Paul Ricoeur.

Une intention louable, mue par une juste préoccupation pour la perte de centralisation dans l'organisation de l'État, mais toujours enveloppée dans une perspective prisonnière de cet absolutisme miraculeux de la terre promise (le numérique comme outil de civilisation du monde) typique de la Silicon Valley, exhibé à l'époque par l'Obamiste italien Renzi. Une pensée - un récit, pour être précis - qui semble prendre substantiellement en otage une politique qui n'a jamais semblé aussi proche d'étouffer dans la logique des milliards d'algorithmes ; une idée que même Sabino Cassese semble regarder sans crainte, persuadé que des greffes comme celle de nature "technocratique" sont bonnes pour la démocratie (Sullo stato della democrazia, Il foglio, 24 mai 2022).

Ce qui est surprenant, dans l'ensemble, chez tant de porte-drapeaux convaincus de la démocratie avec un "D" majuscule, c'est la suppression "démocratique" du concept même sur lequel le libéralisme a prospéré, à savoir le pluralisme. Les raisons du consensus, combinées à la surpuissance économique et à un déficit culturel inquiétant et irréversible, empêchent nos classes dirigeantes de comprendre que les problèmes sociaux ne sont pas nés avec le web et qu'aucun web ne pourra jamais les guérir. Pour le dire autrement, que les problèmes du web, que tant de scandales et de clameurs peuvent créer (Trump et la prise d'assaut du Capitole en sont un exemple), sont en dehors du web. N'oublions jamais que la fake news la plus lourde de conséquences et à l'origine d'une guerre qui n'a exporté aucune démocratie et a accru le terrorisme est née non pas sur les médias sociaux mais dans un journal comme le New York Times (qui s'est ensuite au moins excusé, contrairement à tous les autres qui l'avaient suivi comme des moutons). Le web obscurcit, amplifie, cache ou exagère, peut-être, mais il ne guérit pas, et encore moins ne rachète. Seul un politicien inculte et ignorant peut croire ou faire semblant de croire que des concepts tels que la légitimité, la stabilité, peuvent être gouvernés par des plateformes numériques.

Ce ne sont pas de nouvelles mythologies, de méta-narratifications idéalistes, dont nous avons besoin, mais d'une véritable démocratisation de la culture, d'une politique qui sait faire de la politique, qui pense la démocratie non comme quelque chose de donné pour toujours, comme le fameux diamant, mais comme un bien à chérir et à cultiver, inséparable d'une connaissance qui ne peut être déléguée au circuit social.

41xHJPHCJmL._SX309_BO1,204,203,200_.jpgUne politique qui tente de répondre à la question suivante : quelles sont les perspectives de la démocratie dans une société qui, sous les coups d'une concentration progressive des richesses, a perdu l'idée originelle de communauté ? Une politique qui sait aller au-delà de la très générique "confiance dans les institutions démocratiques" encore prônée dans son dernier livre (Liberalism and its Discontents) par un Fukuyama qui a toujours démontré que sa conception du libéralisme est non seulement idéaliste, mais aussi profondément déformée, s'il est vrai qu'il a attribué le succès du Japon à son libéralisme économique sans comprendre que le modèle japonais était en fait le modèle étatiste de Hamilton, fondateur, au début du 19ème siècle, du système bancaire américain. La politique ne peut être réduite à devenir un spectacle digne d'Oprah Winfrey, pour qui "tout est question d'imagination". Sans une véritable culture de la politique, la démocratie sera toujours une créature à la vie trouble. Pour la récupérer, il ne suffit certainement pas, comme le font Fukuyama, Cassese et consorts, de diaboliser tous les Orbans, Le Pen et Bolsonaros du monde...

A propos de l'auteur

Luca Giannelli est journaliste et rédacteur en chef du Télé-Journal à La7, où il couvre les domaines de la culture et de la politique. Chez GOG Edizioni, il a publié 'America vs. America".

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Quand tout affecte tout - La Russie, l'Occident et l'ère de l'instabilité

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Quand tout affecte tout - La Russie, l'Occident et l'ère de l'instabilité

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/06/09/kun-kaikki-vaikuttaa-kaikkeen-venaja-lansi-ja-epavakauden-aika/

"C'est une chose d'affirmer de manière clichée que tout dans le monde est interconnecté. Mais c'est tout autre chose de voir ce qui se passe réellement lorsque ces connexions se rompent", écrit Wolfgang Münchau, directeur du groupe de réflexion Eurointelligence.

Münchau, qui vit à Oxford, au Royaume-Uni, admet que les sanctions occidentales étaient fondées sur le "postulat trompeur selon lequel la Russie est plus dépendante de nous que nous le sommes de la Russie".

Mais la Russie a "plus de blé qu'elle ne peut en manger et plus de pétrole qu'elle ne peut en brûler". La Russie est "un fournisseur de produits primaires et secondaires dont le monde est devenu dépendant". Comme on le sait, le pétrole et le gaz sont les principales sources de revenus des exportations russes.

9783446423459-fr-300.jpgMais c'est dans d'autres secteurs que notre dépendance est la plus forte, souligne M. Münchau : certains produits alimentaires et les métaux des terres rares. La Russie n'en a pas le monopole, "mais lorsque le plus grand exportateur de ces produits disparaît, le reste du monde en souffre immédiatement".

La Russie est le plus grand producteur de gaz naturel au monde, représentant un peu moins de 20 % des exportations mondiales. Pour le pétrole, la Russie vient après l'Arabie Saoudite avec 11% des exportations mondiales. La Russie est également le plus grand fournisseur d'engrais et de blé, la Russie et l'Ukraine représentant près d'un tiers des exportations mondiales de blé.

En termes de métaux de terres rares, la Russie est la plus grande source de palladium au monde. Le palladium est un métal précieux important pour les industries de l'automobile et de l'électronique et est actuellement plus cher que l'or. La Russie est également le premier fournisseur mondial de nickel, nécessaire pour les batteries et les voitures hybrides.

L'industrie allemande a déjà prévenu qu'elle était dépendante du gaz russe, mais aussi d'autres fournitures importantes en provenance de Russie. Ce fait ne sera pas modifié par les fluctuations politiques, mais le gouvernement finlandais, par exemple, ne semble pas s'intéresser à la realpolitik.

Münchau se demande maintenant si cette politique de sanctions a été pensée jusqu'au bout. Les ministres ont-ils imaginé que les crises mondiales en matière d'énergie et de nourriture pouvaient être résolues simplement en pointant du doigt Poutine ? Même pendant la guerre froide entre l'Union soviétique et l'Occident, le commerce se poursuivait et les robinets de gaz restaient ouverts.

Les confinements de l'ère du coronavirus nous ont appris à quel point les différents pays sont vulnérables aux perturbations des chaînes d'approvisionnement. Les Européens n'ont que deux voies pour transporter des marchandises en masse vers et depuis l'Asie : soit par conteneur et par mer, soit par rail via la Russie.

9783446418479-fr-300.jpgMünchau estime qu'il n'existait aucun plan spécifique pour faire face à une pandémie, et encore moins à une guerre. Les conteneurs sont maintenant bloqués à Shanghai et les chemins de fer ont été fermés à cause de la guerre en Ukraine. En tant qu'analyste appartenant au courant dominant, Münchau n'avance cependant pas les raisons les plus radicales de l'état actuel des choses.

Il rappelle que les sanctions économiques occidentales fonctionnaient lorsque le pays cible était suffisamment petit. Il cite en exemple l'Afrique du Sud, l'Iran et la Corée du Nord dans les années 1980. Mais la Russie est une cible beaucoup plus grande et plus difficile à influencer.

Même le PIB n'est pas une mesure suffisamment significative. En termes de PIB, la Russie peut n'avoir que la taille des pays du Benelux ou de l'Espagne, mais cette mesure ne tient pas compte des effets de réseau.

"Ces effets de réseau sont suffisamment importants pour rendre les sanctions économiques insoutenables", déclare Münchau. Il existe des sources d'approvisionnement alternatives pour les biens russes, mais si l'approvisionnement est coupé de façon permanente, les mêmes biens ne peuvent pas être produits dans les mêmes quantités qu'auparavant. L'économie réagira en augmentant les prix et en réduisant l'offre et la demande.

Comme de nombreux commentateurs de la politique mondiale, Münchau est arrivé à la conclusion que tous les pays sont tellement interdépendants que des sanctions ne peuvent être imposées à l'un d'entre eux sans causer d'énormes dommages aux autres, et dans ce cas à l'Occident lui-même.

Et que dire des fanatiques anti-russes qui prétendent que le mal des sanctions en vaut la peine, tant que les conséquences sont subies entre les murs du Kremlin ? Pour le chef d'Eurointelligence, cela semble aussi fou que si "un professeur d'économie soutenait que la hausse du chômage en vaut la peine".

Münchau répète le mantra de l'infoguerre occidentale selon lequel "l'impact direct des sanctions sur la Russie est plus important que sur l'Occident", mais "la différence entre l'impact et notre seuil de douleur est cruciale" ; le seuil de Poutine est, selon le chercheur, beaucoup plus élevé.

L'analyste allemand ne voit pas de solution facile pour sortir de la situation actuelle. Bien que l'objectif ultime de l'administration américaine soit de se débarrasser de Poutine et de le remplacer par un "dirigeant démocratique pro-occidental", cette issue semble peu probable.

9780071634786-fr-300.jpgMême une défaite militaire russe - qui n'est pas à l'horizon, malgré les vœux pieux des militants pro-Ukraine - ne déclencherait pas nécessairement une nouvelle révolution russe dans le sens de la soumission à l'Occident, et les problèmes d'approvisionnement resteraient inchangés.

Münchau pense qu'une sorte d'accord devrait être conclu avec Poutine, y compris la levée des sanctions. Sinon, le monde risque d'être divisé en deux blocs commerciaux, "l'Occident et les autres". Dans son état actuel de dégradation, l'"Occident" n'est plus un dictateur triomphant, mais risque de s'isoler du reste.

Il faut donc un regain de diplomatie et de pragmatisme en politique étrangère. Si les chaînes d'approvisionnement sont réorganisées, l'énergie et les terres rares russes continueront d'être consommées ailleurs, mais "il nous restera les hamburgers Big Mac", s'emporte Münchau.

Pour Münchau, les sanctions économiques ressemblent au "dernier hourra d'un Occident dysfonctionnel". La guerre en Ukraine lui semble être un "catalyseur de la démondialisation massive".

L'analyste doute que l'Occident soit réellement prêt à faire face aux conséquences des politiques étrangères et économiques actuelles, à savoir "une inflation continue, une baisse de la production industrielle, un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage".

Personnellement, j'estime que l'actuel "état de désordre" est fondamentalement un problème créé par le système capitaliste et la mondialisation néolibérale. L'effondrement est ralenti par les crises afin de mettre à jour un système obsolète. Les puissances supranationales actuelles ne sont pas prêtes à abandonner les acquis qu'elles ont obtenus.

Les effets de ces politiques destructrices restent à voir. Un challenger au pouvoir occidental de l'argent émergera-t-il ? On pense que la Chine est une puissance qui va reprendre sa place au centre du monde, mais j'ai aussi quelques doutes sur ce scénario.

Même s'il y a un passage à une configuration compétitive basée sur les blocs au niveau des États dans un avenir proche, les agendas transnationaux semblent continuer à progresser. C'est au niveau international qu'un changement radical des objectifs et des actions des différentes institutions serait nécessaire, mais ce n'est certainement pas encore en vue.

dimanche, 12 juin 2022

Mensonge flagrant du gouvernement allemand: la destruction de la richesse nationale et l'inflation sont la responsabilité de la BCE et non de Poutine

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Mensonge flagrant du gouvernement allemand: la destruction de la richesse nationale et l'inflation sont la responsabilité de la BCE et non de Poutine

Source: https://zuerst.de/2022/06/11/lebensluege-der-ampel-regierung-an-wohlstandsvernichtung-und-inflation-ist-die-ezb-nicht-putin-schuld/

Berlin. L'UE va connaître des temps difficiles. L'Allemagne, qui était jusqu'à présent le principal payeur, est confrontée à une inflation et à une destruction de sa richesse d'une ampleur sans précédent. Le gouvernement et les anciens partis accusent la Russie et son président Poutine d'être responsables de cette situation. Mais c'est un mensonge éhonté. Ce qui est vrai, c'est que l'inondation des marchés par les quelque six mille milliards d'euros que la Banque centrale européenne (BCE) a injectés depuis la crise financière de 2008 se retourne contre elle. Ce n'est pas Poutine qui est responsable de la hausse des prix et de la destruction de la valeur de la monnaie européenne, mais un excédent d'argent qui se traduit aujourd'hui par de l'inflation.

Concrètement, le mécanisme peut être illustré de la manière suivante: les six mille milliards d'euros que la BCE a injectés depuis 2008 dans la politique de la dette européenne - et ses responsables ! - la somme d'argent de la banque centrale dans la zone euro a été multipliée par plus de six depuis 2008. Cette expansion monétaire n'est compensée par aucune valeur réelle pour l'économie, c'est-à-dire ni chiffre d'affaires supplémentaire, ni bénéfice supplémentaire, ce qui constitue le "surplus de monnaie". L'inflation est inévitable.

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Le professeur Hans-Werner Sinn, de l'institut Ifo de Munich, chiffre cet excédent à cinq mille milliards d'euros. Il met en garde : "Les cinq billions d'euros sont des barils de poudre dans les sous-sols de la BCE. Sous l'effet de la demande croissante des États qui se sont endettés, une partie des barils a pris feu. L'étincelle a été la raréfaction de l'offre par la pandémie".

Ce qui est fatal, c'est que toutes les promesses gouvernementales ne peuvent pas arrêter le processus, car la cosmétique n'est plus d'aucune utilité face à un déséquilibre très avancé. A cela s'ajoutent des facteurs de crise supplémentaires qui vont aggraver la catastrophe.

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L'un d'entre eux est la crise énergétique, dont les contours commencent à se dessiner. Le journaliste économique Gabor Steingart (ci-dessus) prévoit que "la guerre en Europe, la structure monopolistique des compagnies pétrolières et la dépendance allemande à l'égard de l'énergie importée, aggravée par la concomitance de l'abandon du charbon et du nucléaire, signifient la tempête parfaite pour l'évolution des prix".

A cela s'ajoutent la situation tendue sur les marchés des matières premières, la spirale salariale qui s'enclenchera inévitablement et qui alimentera également la hausse des prix, le manque de discernement des responsables politiques qui continuent à privilégier l'endettement plutôt que les économies, ainsi que la politique de taux zéro de la BCE.

Dans l'ensemble, les perspectives d'avenir sont décevantes. L'expert Gabor Steingart dresse un bilan pessimiste : "La multiplication miraculeuse de l'argent se heurte à ses limites naturelles. La prospérité allemande des 15 dernières années était la meilleure prospérité que l'argent pouvait acheter". Mais c'est désormais terminé. La crise prend de l'ampleur. (se)

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La revue de presse de CD - 11 juin 2022

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La revue de presse de CD

11 juin 2022

EN VEDETTE

« Seuls 3 types de profils résistent au déferlement totalitaire » – Ariane Bilheran

Ariane Bilheran est diplômée de l’École normale supérieure (Ulm), psychologue clinicienne, Docteur en psychopathologie et philosophe. Spécialiste de la psychologie du pouvoir, elle a prononcé des conférences en France et à l’étranger sur les thèmes de la paranoïa, de l’emprise, du harcèlement, de la manipulation et de l’autorité. A l’occasion de la parution de son dernier ouvrage, Chroniques du totalitarisme 2021, un livre qui rassemble ses chroniques publiées l’année dernière ainsi que plusieurs textes qui traitent du phénomène totalitaire, notamment sous le prisme de la crise sanitaire, elle nous éclaire en répondant à différentes questions qui mettent en danger la santé et l’équilibre des peuples. En quoi notre société faisait-elle déjà l’expérience d’une forme de « dégénérescence » avant l’irruption de la crise sanitaire ? L'émergence du phénomène totalitaire est-elle le produit d’une société malade, qui a perdu ses repères ? Comment les peuples ont-ils été dépossédés de leur capacité à exercer leur esprit critique ? Une vidéo passionnante.

youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=qMMVIppx-Qw

AFRIQUE

Nos grands médias très discrets sur le terrible massacre de chrétiens au Nigéria le jour de la Pentecôte

Les images de sang et de chaos dans l’église Saint Francis d’Owo, au Nigéria, sortent sur les réseaux sociaux. Elles sont insoutenables. A l’heure où nous écrivons, le nombre exact des victimes de ce massacre perpétré le jour de la Pentecôte reste inconnu. Plusieurs dizaines de Nigérians chrétiens, dont de nombreux enfants, auraient péri, selon plusieurs sources.

Bvoltaire.fr

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES

Les derniers petits poussins d’Edwy Plenel

Le Fonds pour une presse libre (FPL), détenant le capital de la société éditrice de Médiapart via une structure intermédiaire, vient d’annoncer les résultats de son troisième appel à projets destiné à soutenir financièrement des « titres indépendants »…

Ojim.fr

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Les cyberattaques américaines contre la Russie pourraient dégénérer en conflit réel

Le général Paul Nakasone, chef du US Cyber Command, a déclaré que les États-Unis menaient des opérations offensives pour « soutenir l’Ukraine » . Il a confirmé pour la première fois que les États-Unis mènent des cyber-opérations offensives contre la Russie. « Nous avons mené une série d’opérations sur l’ensemble du spectre : opérations offensives, défensives, [et] d’information » , a-t-il déclaré. Le général n’a pas donné de détails, mais il a affirmé que les activités des hackers de l’armée américaine étaient prétendument « légales, menées avec une supervision civile complète de l’armée et par le biais d’une politique décidée au DoD. » Son travail consiste à « fournir une série d’options au secrétaire à la Défense et au président, et c’est donc ce que je fais » , a-t-il déclaré, refusant de donner d’autres détails.

breizh-info.com

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L’Arcom se félicite de son action, et pourtant…

Arcom, comme Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. La nouvelle autorité née début 2022 — de la fusion du CSA et d’Hadopi — régule entre autres les temps de parole avant et pendant les élections et se félicite de son action dans un entretien au Figaro.

ojim.fr

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ÉCOLOGIE

Les 12 mensonges du GIEC sur le climat

Ingénieur polytechnicien, Christian Gerondeau travaille sur les questions environnementales depuis plus de dix ans et a publié de nombreux ouvrages concernant l’écologie. Son dernier livre, Les douze mensonges du GIEC, décrit le déroulement de la COP 26 qui s’est déroulée à Glasgow en novembre 2021 puis entreprend de réfuter, en dénonçant les agissements du GIEC (un organisme politique qui affirme parler « au nom de la science »), les « douze contrevérités majeures qui constituent le socle de la religion écologiste qui règne aujourd’hui en Occident ».

Polemia.com

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Ce qui lave plus vert risque de salir

Après qu’une urgence a été créée afin de sauver la planète, le monde de la finance ne s’engage même plus dans l’illusion d’en être le secouriste, mais plutôt dans le marasme. La nouvelle vient de tomber que les locaux de la Deutsche Bank à Francfort ont été perquisitionnés dans la cadre d’une enquête menée pour une fraude que commettrait sa filiale de gestion de fonds DWS en vendant des produits présentés comme plus verts qu’ils ne le seraient vraiment.

Le blog de Michel de Rougemont

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ÉCONOMIE

La France, 2e pays d'investissement en Europe pour le Qatar

La France est le deuxième pays européen dans lequel le Qatar investit le plus, à égalité avec l'Allemagne et derrière le Royaume-Uni, avec des participations de 25,3 milliards d'euros en 2019, selon une étude publiée mercredi par le cercle économique franco-qatari Qadran avec HEC.

bfmtv.com

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ÉNERGIES

Pourquoi l’Europe a-t-elle tant négligé le nucléaire?

L’Union européenne a négligé le nucléaire depuis plus de 20 ans par pure bêtise entretenue par les anathèmes récurrents contre l’énergie nucléaire pour satisfaire de puissants intérêts financiers subventionnés.

Contrepoints.org

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FRANCE

Conseil national de la refondation, le nouveau « machin » de Macron

Le « nouveau conseil » du gouvernement Macron II ressemble furieusement à certains autres « coups de comm’ » du gouvernement Macron I.

Contrepoints.org

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État d’urgence : la France plus liberticide que ses voisins

Si l’on compare la France avec d’autres États, on remarquera que les états d’exception instaurés dans les autres d’États peuvent donner des leçons sur les risques de leur banalisation.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/06/08/432131-etat-d-urg...

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L’hôpital public en état d’urgence absolue

Des personnels hospitaliers ont manifesté le 7 juin dans une cinquantaine de villes de France. C’était leur énième protestation contre des conditions de travail sans cesse plus dégradées, des charges de travail accablantes, le manque de personnel, le manque de considération, des rémunérations notoirement insuffisantes… Faute de soignants, des services d’urgence ferment, des interventions chirurgicales sont déprogrammées. Selon l’association Samu-Urgences de France, au moins 120 services ont été forcés de réduire leur activité ces derniers mois.

Laselectiondujour.com

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GAFAM

Elon Musk va pouvoir mener sa propre analyse sur les faux comptes Twitter

Le psychodrame entre Twitter et Elon Musk se poursuit inlassablement. Après que l'inénarrable patron de Tesla a proposé son offre de rachat à 44 milliards de dollars en avril, et menacé de rompre l'accord dès la mi-mai à cause de la proportion de faux comptes, le petit oiseau bleu a finalement décidé de faire un pas vers son acquéreur en lui ouvrant les portes vers ses données. Vraisemblablement, il s'agit de lui forcer la main.

Francesoir.fr

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GÉOPOLITIQUE

Ukraine : « l’étrange défaite », le retour

À l’été 40, après l’effondrement français de mai-juin, l’historien Marc Bloch rédigea un ouvrage saisissant intitulé : « l’étrange défaite ». Dans ce qui se voulait la déposition d’un vaincu devant le tribunal de l’Histoire, il analysait les ressorts de la défaite militaire et de l’effondrement brutal de l’État et des institutions de la IIIe République à la suite de l’offensive allemande. Si la société française tout entière en prenait pour son grade, les cibles principales étaient l’État et l’armée. Il pointait en particulier « l’absurdité de notre propagande officielle, son irritant et grossier optimisme, sa timidité et l’impuissance du gouvernement à définir honnêtement ses buts de guerre ». Et l’art inimitable de la défausse qui caractérisait la caste :« Nous venons de subir une incroyable défaite. À qui la faute ? Au régime parlementaire, à la troupe, aux Anglais, à la cinquième colonne, répondent nos généraux. À tout le monde, en somme, sauf à eux. »  La guerre en Ukraine agit comme une démonstration de la permanence de ces tares au sein des élites de notre pays.

Vududroit.com

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IMMIGRATION

Salah Abdeslam : pour son avocate, « quelqu’un de très humain, avec qui on peut discuter »…

Olivia Ronen est cette jeune avocate de 31 ans qui a accepté de défendre le terroriste Salah Abdeslam, seul survivant du commando islamiste qui fit 130 morts, le 13 novembre 2015 à Saint-Denis et à Paris. Jusqu’à maintenant, elle était relativement inconnue du grand public. Les médias la qualifiaient de « discrète ». Depuis son passage sur le plateau de Quotidien, lundi 6 juin, elle est désormais assurée d’une certaine célébrité.

Bvoltaire.fr

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LECTURE

Un numéro hors-série du Monde diplomatique sur l’OTAN

Le mensuel Le Monde diplomatique dont nous vous avons présenté le numéro d’avril 2022 sur le conflit russo-ukrainien, publie des suppléments intitulés Manière de voir, dont la dernière livraison est consacrée entièrement à l’OTAN. Historique, cartes, infographies à l’appui. Nous résumons quelques articles, mais le supplément mérite plus qu’un simple résumé.

Ojim.fr

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MONDIALISME/BIOTERRORISME/DICTATURE

La grande Réinitialisation passe par la grande Dépossession commencée il y a des décennies !

Planète finance prépare les esprits au scénario apocalyptique qui est intimement lié au great reset de Klaus Schwab. Pour mettre en place le nouveau paradigme cryptomonétaire, il faut faire table rase de l’ancien. Cela semble évident n’est-ce pas ? Voici donc le patron de JP Morgan en envoyé spécial auprès du grand public, à l’image de Bill Gates, le grand spécialiste des virus ou de Klaus Schwab porteur de la bonne parole transhumaniste.

Le blog de Liliane Held Khawan

https://lilianeheldkhawam.com/2022/06/06/la-grande-reinit...

OTAN

OTAN, reprends ton vol !

Foin de cette « mort cérébrale » que le président Macron promettait en 2019 à l’Alliance transatlantique. Envolés les désobligeants « Otan en emporte le vent », « Otan, suspends ton vol »… Voici l’OTAN revigorée, ressuscitée, et en partie réunifiée, retrouvant un ennemi à l’ancienne, nucléaire inclus, en la personne du tsar de toutes les Russies, auréolé de son génial concept « d’opération spéciale » en Ukraine, en passe de bousculer la géopolitique mondiale. Bon petit soldat, la France semble y trouver son compte, délaissant les sables brûlants du Sahel pour regarder vers les montagnes et plaines froides de l’Est.

Blog.mondediplo.net

https://blog.mondediplo.net/otan-reprends-ton-vol

La Turquie ébranle l'OTAN

La relation de la Turquie avec l'OTAN met en évidence l'incompatibilité entre la préservation de sa souveraineté et le fait d'être un allié des États-Unis.

euro-synergies.hautetfort.com

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RÉFLEXIONS

Oui, ma petite-fille est trans — et autres slogans officiels

Chacun fait ce qu’il veut derrière la porte de son domicile. Homosexuels des deux rives et autres LGBT++ ont les mêmes droits que tous les citoyens français. De là à en faire une campagne officielle patronnée par le ministère de la Santé…

Causeur.fr

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Les services secrets russes

Encore un livre sur l’espionnage par les sbires du Kremlin ? Oui, mais un très bon livre. Cet ouvrage doit être recommandé aux néophytes qui souhaitent acquérir d’emblée une vue synthétique des activités et des méthodes des services russes et soviétiques d’hier et d’aujourd’hui. Andreï Kozovoï nous offre en effet un panorama des principales actions et affaires connues, replacées avec soin dans leur contexte géopolitique, ainsi qu’une analyse fine des mécanismes de l’espionnage « russoviétique » dirigé contre l’Occident, centre de gravité des préoccupations de Moscou.

revueconflits.com

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SANTÉ/INTERDICTIONS/LIBERTÉS

Pourquoi l’Office parlementaire chargé d’enquêter sur les effets secondaires des vaccins Covid ne rend t-il pas publics tous ses débats ?

Le 24 mai dernier, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques tenait une audition publique de clôture de ses travaux « sur les effets secondaires des vaccins contre la Covid-19 et le fonctionnement du système français de pharmacovigilance ». Derrière l’apparente publicité des débats, l’Office a en réalité rendu invisibles certaines interventions portant sur les effets secondaires des vaccins contre le covid-19.

Tribune envoyée par Laurent Mucchielli

"Il y a des pics de mortalité énormes dans les trois premières semaines après la vaccination" Dr Martin Zizi (Partie 2)

Dans cette seconde partie d’émission — la première ayant porté sur la variole su singe — le professeur Martin Zizi, ancien directeur épidémiologique au sein du département de la Défense belge, fait le bilan de la première année de campagne de vaccination contre le Covid-19 en population générale. Une vaccination dont il rappelle qu’elle ne prévient ni de la contamination ni de la transmission.

Francesoir.fr

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Omicron et vaccins : l’échec.

Je ne sais pas si ceux qui défendent la vaccination le reconnaîtront un jour, mais avec omicron, c’est l’échec total. Ces 6 derniers mois ont vu plus de la moitié du globe vaccinée, et le monde a connu la plus forte vague de covid depuis 2 ans. De plus ce ne sont pas les pays les plus vaccinés qui sont les mieux protégés, mais l’inverse. Il faut ouvrir les yeux.

Covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2022/06/09/omicron-et-vaccin...

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La Commission européenne prolonge le passe sanitaire sans débat parlementaire

Le Courrier des Stratèges s'est rendu à Strasbourg, au Parlement européen, à l'invitation de la députée Virginie Joron, qui s'est illustrée par sa résistance à la dictature sanitaire. La biostaticienne Christine Cotton, auteure d'études de référence sur le vaccin Pfizer était également présente pour nous éclairer sur les dessous de l'actualité. Nous vous proposons une série de quatre tables rondes sur ces sujets de COVID et de vaccination pour mieux comprendre les événements des prochaines semaines. Le premier épisode est consacré à la prorogation du passe sanitaire dans débat parlementaire par la Commission européenne.

Lecourrierdesstrateges.fr

https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/06/07/la-commissio...

La lutte contre le Covid-19 a révélé la face autoritaire du libéralisme

Le recours à des mesures exceptionnelles, la prise de contrôle temporaire par l’exécutif de tous les leviers du pouvoir pour affronter une crise, tout cela n’a rien de nouveau. Le problème est que « l’état d’urgence » est en passe de devenir une norme dans les démocraties occidentales. Un langage guerrier est couramment utilisé pour des sujets qui relèvent de la politique courante. Ces soixante dernières années, rappelle Andrew Crawford pour UnHerd (voir son essai en lien), les gouvernements américains ont déclaré une succession de « guerres » : contre la drogue, le terrorisme, le Covid, la désinformation et « l’extrémisme ». Emmanuel Macron lui-même a fait appel au même vocabulaire martial : « Nous sommes en guerre ».

laselectiondujour.com

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Le traité de l’OMS sur les pandémies, un projet “liberticide et anti-démocratique“ décortiqué par l'Alliance internationale pour la justice et la démocratie

Le 28 mai, jour de clôture de la 75e Assemblée mondiale de la santé, grand-messe annuelle qui a rassemblé à partir du 22 mai les 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève en vue de décider de sa politique, l'Alliance internationale pour la justice et la démocratie a organisé au Club de la presse de Genève une conférence de presse intitulée "La centralisation du pouvoir dans les mains de l'OMS menace la démocratie". Retransmise sur le site Internet de l’association Children’s Health Defense, fondée par l’avocat Robert Kennedy Jr., l’objectif de l’évènement visait à sonner l’alerte sur les amendements au règlement sanitaire international (RSI) de l’OMS proposés par Washington, pour l’instant rejetés, et sur le "traité sur les pandémies" en cours d’élaboration par l’institution.

francesoir.fr

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UKRAINE

Donbass : une défaite ukrainienne prévisible

« […] Du côté ukrainien, et pour le malheur des soldats, ce sont des communicants qui prennent les décisions avec pour seul objectif de vendre un récit aux opinions occidentales. Le problème c’est que quoiqu’en dise BHL vantant sur BFM « le moral d’acier » des troupes de Kiev, l’artillerie ça tue les soldats et ça fait gagner la guerre. Nous avons donc été confrontés depuis le 24 février à des rodomontades ineptes. Malheureusement relayées par des journalistes incompétents et dévoyés, des experts militaires stipendiés, et des dirigeants politiques abrutis. Nous avons essayé de notre côté de garder notre sang-froid et de fournir quelques explications à partir de l’analyse du réel. Nous avons bien fait car aujourd’hui, le ton change peu à peu, puisque l’analyse de la situation sur le terrain fait apparaître que la bataille décisive pour le Donbass va probablement sceller le sort de la guerre en faveur de la Russie et des Républiques populaires du Donbass. »  Régis de Castelnau.

Vududroit.com

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UNION EUROPÉENNE

Embargo pétrolier de l'UE : se tirer une balle dans le genou (ou un peu plus haut)

Après un mois d'âpres négociations, l'UE s'est mise d'accord sur un mini-embargo pétrolier contre la Russie. Toutefois, l'embargo risque de toucher les citoyens de l'UE bien plus durement que la Russie.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/06/e...

 

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Pour illustrer “l’art de vivre à l’européenne” dans une brochure pédagogique à destination des ados, la Commission européenne inclut une jeune femme voilée

Brochure officielle publiée le 31 mai 2022.

Fdesouche.com

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La malédiction de l'hypocrisie de gauche ou comment les pacifistes sont devenus des bellicistes

C'est ainsi que les va-t-en-guerre de gauche, tout comme les anglo-américains qui haïssent les Russes, s'avèrent être la véritable grande menace pour la paix mondiale. Bien entendu, cela ne change rien au fait que Vladimir Poutine et la Russie ont déclenché une guerre d'agression que rien ne justifie au regard du droit international. Néanmoins, les négociations restent le seul moyen d'y mettre fin. Et pour cela, il faudra offrir à Poutine un scénario de sortie. La soif de guerre, hypocritement déguisée en défense des "valeurs occidentales", comme le fait actuellement la gauche, rendra impossible la fin de la guerre et une solution pacifique.

euro-synergies.hautetfort.com

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La Commission européenne propose d'”attirer les compétences et les talents vers l’UE”, en particulier “les talents d’Afrique du Nord”

Des documents officiels !

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/06/09/la-commission-europe...

samedi, 11 juin 2022

Un capitalisme de l'urgence dans un monde en désintégration

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Markku Siira:

Un capitalisme de l'urgence dans un monde en désintégration

Source: https://markkusiira.com/2022/06/02/hatakapitalismia-hajoavassa-maailmassa/

"L'accélération du paradigme de l'urgence à partir de 2020 a un but simple mais largement contesté : dissimuler l'effondrement socio-économique", affirme Fabio Vighi, professeur à l'université de Cardiff, en exposant sa thèse sur la façon dont diverses crises bio- et géopolitiques sont utilisées pour ralentir l'effondrement du système capitaliste.

Les grandes entreprises, bien sûr, soutiennent le contraire. Kristalina Georgieva, directrice du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré lors de la réunion du Forum économique mondial que "la pandémie, la guerre en Ukraine, l'instabilité croissante des marchés et la menace persistante du changement climatique" constituaient une "interconnexion de catastrophes" qui devaient être abordées simultanément.

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Vighi (photo) affirme que le Forum de Davos n'est pas en soi un centre de conspirations, mais "un porte-parole des réactions de plus en plus alarmistes des élites face à des conflits systémiques incontrôlables". Alors qu'ils insistent sur le fait que la récession à venir est "le résultat d'adversités mondiales qui ont pris le monde par surprise" (de la crise des taux d'intérêt à l'action militaire de la Russie en Ukraine), c'est le contraire qui est vrai : le ralentissement économique est la cause de ces "calamités".

Les "menaces" qui nous sont vendues ne sont rien d'autre qu'une "projection idéologique de la limite interne et de la désintégration constante du modernisme capitaliste". Dans un sens systémique, "la dépendance à l'urgence maintient artificiellement en vie le corps comateux du capitalisme". Ainsi, les images de l'ennemi ne sont plus construites pour justifier l'expansion de l'empire, mais "pour dissimuler la faillite d'une économie mondiale endettée".

La mondialisation a progressivement érodé les conditions d'opportunité propres au capital, affirme Vighi. Finalement, le seul remède trouvé à cette tendance maladive a été le "déclenchement d'urgences mondiales", à compléter par "des injections toujours plus grandes de peur, de chaos et de propagande".

Tout a commencé au tournant du millénaire avec "Al-Qaeda, la guerre mondiale contre le terrorisme et le petit flacon de poudre blanche de Colin Powell". Cela a suscité les peurs des Talibans, du terrorisme d'Isis, a provoqué les ravages qui ont frappé la Syrie, la crise des missiles nord-coréens, la guerre commerciale avec propagandes antichinoises, le Russiagate et enfin la crise pandémique.

Il semble maintenant qu'une nouvelle guerre froide, encore plus amère, ait commencé. Vighi est bien conscient des causes et des conséquences du cours des événements : "plus on se rapproche de l'effondrement du système, plus il faut des crises externes pour distraire et manipuler la population, tout en repoussant l'effondrement et en jetant les bases d'un renouvellement autoritaire du système".

L'histoire montre que lorsque les empires sont au bord de l'effondrement, ils se solidifient en systèmes oppressifs de gestion de crise. Ce n'est pas une coïncidence si notre ère d'urgences en série a commencé avec l'éclatement de la bulle informatique - le premier effondrement du marché mondial.

Fin 2001, la plupart des entreprises axées sur la technologie avaient fait faillite et en octobre 2002, l'indice Nasdaq avait chuté de 77 %, révélant les faiblesses structurelles de la "nouvelle économie" axée sur la dette, la finance créative et l'économie réelle.

La crise financière de 2008 a suivi la bulle "It" et a été traitée par des programmes de stimulation quantitative. En 2009-12, la contradiction capitaliste a resurgi sous la forme de la crise de la dette souveraine européenne et, à l'automne 2019, sous la forme d'un piège à liquidités potentiellement dévastateur, la crise du marché des pensions aux États-Unis, qui a officiellement inauguré l'ère du "capitalisme d'urgence".

"Depuis lors, la simulation de la croissance par l'inflation des actifs financiers a été protégée par la fabrication de menaces mondiales, dûment emballées et vendues aux consommateurs par les médias corporatifs", résume M. Vighi dans son étonnante conclusion.

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Le coronavirus a placé la barre de l'urgence encore plus haut, mais cette "crise sanitaire" a été suspendue à nouveau, au moins pour l'été, et les feux du coronavirus se sont éteints. "Au lieu de cela, les personnes (c'est-à-dire les cobayes des grandes entreprises pharmaceutiques) qui attendent de 'nouveaux vaccins plus efficaces' ont été plongées dans la phobie de la guerre par le conflit en Ukraine. La nouvelle maladie qui afflige l'Occident collectif est le vieil ennemi traditionnel, la Russie.

"Comme un virus, la guerre en Ukraine nous protège de la véritable horreur, qui est l'effondrement social total causé par la dette et les krachs boursiers", réitère Vighi, ajoutant que "la bonne conclusion dialectique à cette situation tordue serait de mettre fin à la logique capitaliste autodestructrice qui alimente des urgences désastreuses". Le théoricien ne suggère pas comment cela pourrait se faire.

Vighi rappelle que la "croissance économique" des années 1990 était alimentée par un "mécanisme de recyclage" dans lequel "la demande, le pouvoir d'achat et la production de biens et de services" étaient soutenus par l'argent spéculatif. L'économie réelle ne reposait plus sur les revenus du travail, mais était plutôt alimentée par la spéculation sur les prix des actifs financiers - des "piles fictives d'argent sans valeur".

Cette "spirale de pseudo-accumulation", fondée sur le retour des liquidités financières dans la production et la consommation, est la marque de fabrique du "capitalisme d'urgence" inflationniste et axé sur la dette. Des quantités croissantes de capital fictif finissent inévitablement par soutenir la production, de sorte qu'une proportion croissante de l'accumulation réelle est impliquée dans le processus spéculatif.

"La surévaluation grotesque actuelle de tous les actifs à risque (actions, obligations et immobilier) suggère que l'élite continuera à utiliser le livre de jeu politique pour gagner du temps et retarder l'éclatement de la bulle de la dette, qu'elle a commencé à gonfler des années avant que la pandémie et Poutine ne deviennent des boucs émissaires populaires."

Vighi craint que "les gardiens du saint Graal capitaliste aient planifié pour nous un état de peur éternel, dans une tentative désespérée de retarder le choc de la dévaluation monétaire qui couve depuis des décennies". Même s'ils le font avec des méthodes de plus en plus cyniques, ils semblent au moins comprendre qu'un tel choc mettrait tout le système à genoux.

L'aristocratie financière est prête à faire presque tout pour que notre modèle économique moribond reste en vie. Ce faisant, ils font preuve d'une meilleure compréhension du sombre état des choses que "l'intelligentsia post-marxiste et la gauche post-moderne dans toutes ses variations insignifiantes".

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Vighi, qui a une connaissance approfondie de la pensée de gauche, fustige les idiots utiles de la gauche contemporaine qui "ont depuis longtemps échoué dans leur tâche fondamentale de critique de l'économie politique et sont donc directement complices de la catastrophe qui se déroule". Les fanfaronnades de Vighi font également penser à l'Alliance de la gauche finlandaise, désormais compatible avec l'OTAN, dont les adhérents les plus attachés aux principes ont déjà démissionné.

De manière cruciale, le vieux pouvoir d'argent comprend également que l'effondrement doit avoir lieu sous la forme d'un "effondrement contrôlé" du modèle actuel, qui lui permettra de maintenir sa position dominante dans la "normale capitaliste néo-féodale imminente". Pour certains, c'est le "capitalisme de contrôle", pour d'autres, c'est le "communisme mondial".

"Les "jeunes leaders mondiaux" mis au pouvoir pour des "circonstances exceptionnelles" prennent les décisions difficiles sous la direction de leurs mentors transnationaux. Il serait intéressant de savoir si l'on a dit à la première ministre finlandaise Sanna Marin, qui participe à la réunion de Bilderberg, que l'effondrement du mode de production obsolète ne peut être repoussé que par "un flux constant d'urgences mondiales, une inflation contrôlée dans une économie réelle de plus en plus improductive et une transformation autoritaire de la démocratie libérale" ?

Le rationnement de la nourriture et de l'énergie, la destruction massive, l'évaluation du crédit social et la gestion de l'argent en monnaie numérique sont depuis longtemps les éléments constitutifs du futur proche. Vighi estime que ce scénario fait "probablement déjà partie de notre imagination collective, car on nous assure que de tels développements sont inévitables en raison d'obstacles écrasants".

Pendant l'ère Corona, la menace sanitaire invisible était omniprésente et la sensibilisation à la crise était renforcée par les masques faciaux et autres précautions. La menace d'une escalade de la crise ukrainienne en une guerre majeure est également un élément dissuasif nécessaire pour inspirer l'obéissance du public. Même au milieu d'une économie en chute libre, des cours de renforcement de l'esprit sur la défense nationale sont organisés.

Pour Vighi, il est clair que la guerre sert "le but opposé à celui qu'on nous annonce". L'envoi de sanctions anti-russes et d'une aide militaire n'a pas pour but de défendre l'Ukraine, mais "de prolonger le conflit et d'alimenter l'inflation afin d'écarter le risque d'une catastrophe sur le marché de la dette qui se répandrait autrement comme une traînée de poudre dans le secteur financier".

"La "guerre" de Poutine (comme la "guerre contre le terrorisme" et les mesures de taux d'intérêt avec le blocage des fonds) retarde l'éclatement de "la bulle de tout", raison pour laquelle l'Ukraine est "sacrifiée sur l'autel du massacre au prétexte de la liberté et de la démocratie". Ceci afin d'éviter un nouveau "choc Lehman" qui plongerait le monde dans un chaos encore plus profond.

C'est la surface économique de la gestion de crise extrême selon la théorie de Vighi. Si nous grattons cette surface, nous serons confrontés à "la cause profonde de tous les jeux géopolitiques et de propagande qui se jouent : l'effondrement irréparable de la valeur du capital". Soit tout le monde respecte le scénario, soit l'émission est annulée et tout le système avec.

Dans le récit actuel, Poutine est rendu responsable de l'inflation et de son impact "apocalyptique" sur les pauvres du monde. Si les chocs d'offre négatifs provoqués par les crises exacerbent la dévaluation causée par une politique monétaire laxiste, le problème initial provient de la "monnaie sans valeur" non garantie créée par les banquiers centraux.

Il est courant que les empires subissent une mort lente et douloureuse lorsqu'on nie la cause de leur effondrement. La chute du monde capitaliste dirigé par les États-Unis a commencé il y a plus d'un demi-siècle et n'a été retardée que par des vagues de fausse richesse alimentées par la création d'argent (dette) qui a profité à une petite élite tout en accablant les masses de dettes et de misère.

Le capitalisme financier d'aujourd'hui est basé sur l'impression et la diffusion insensées d'argent pour compenser la disparition rapide de la plus-value. Si les États-Unis ont connu une période de croissance relative dans les années 1990, malgré les bas salaires et la hausse de la productivité, c'est parce que la consommation était de plus en plus soutenue par le crédit.

La mondialisation a permis d'échapper au "mode de production fordiste épuisé", mais elle s'est en même temps liée à des pyramides de dettes toujours plus grandes et à des excès spéculatifs, rendant le système de plus en plus instable.

"La "pandémie" a été utilisée comme un bouclier mondial pour une impression monétaire et des emprunts sans précédent : pendant la crise sanitaire, la Réserve fédérale a imprimé plus de monnaie fiduciaire en un an que dans tous ses programmes de stimulation quantitative depuis 2008.

Toutefois, Vighi estime qu'il est probable que la crise de la dette et des marchés boursiers soit encore retardée. Le grand final - "un effondrement biblique dépassant nos imaginations les plus folles, déclenché par l'explosion d'une hyperbulle sur le marché de la dette" - est actuellement reporté par "le matraquage inflationniste dans l'économie réelle".

Cela signifie que l'"indice de misère" (la combinaison de l'inflation et du chômage) continuera à augmenter. En un sens, nous retournons donc à la "préhistoire du capitalisme", une société de classe composée d'élites riches et de masses de pauvres. La "violence bio- et géopolitique" actuelle (virus, guerre et autres urgences mondiales à venir) fait partie intégrante de ce processus ; une tentative délibérée de contrôler l'effondrement par des moyens autoritaires.

Selon Vighi, qui a lu Marx, nous n'avons qu'un seul véritable choix : soit nous nous libérons de "la marchandise, de la valeur et des formes monétaires, et donc de la forme capital en tant que telle", soit nous sommes entraînés dans "un nouvel âge sombre de violence et de réaction". Compte tenu de la cupidité et de la soif de pouvoir des milieux financiers, la dernière option est malheureusement plus probable.

Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon

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Le Moloch éternel - La nouvelle normalité entre Le Bon et Platon

par Giuseppe Scalici - Chargé de cours en histoire et philosophie

Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2020/12/04/il-moloch-eterno-la-nuova-normalita-tra-le-bon-e-platone/

    La domination sur les corps et les âmes dépend de, et est continuellement corroborée par, l'insipidité volontaire, prise pour une connaissance véritable, et l'acquiescement non critique.

    C'est une représentation, construite sur un bureau par d'habiles ingénieurs sociaux, qui remplace le monde réel.

    Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves de Platon, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.

Moloch est ce démon malveillant qui exige sans cesse des sacrifices extrêmes pour sa survie. Comme un souverain impitoyable.

Il est particulièrement compliqué, voire impossible, de distinguer aujourd'hui les contours d'une réalité objective, bien délimitée, valable pour tout sujet connaissant, qui ne soit pas le résultat de représentations mystificatrices qui se substituent habilement à la réalité.

La société post-moderne, liquide comme on a coutume de le dire avec une expression désormais galvaudée, est complètement détachée, essentiellement de son propre aveu, des Visions cohérentes et originales du Monde, des références aux Idées ou aux Idéaux d'un ordre éternel, non restreint dans les contraintes d'une basse matérialité hédoniste. Admettant, d'ailleurs frauduleusement comme nous le verrons, la licéité d'opinions, de choix moraux, de styles de vie et de modes de pensée même dissemblables les uns des autres, il offre la prosopopée d'une liberté individuelle réalisée de manière pleine et entière dans un cadre démocratique et libéral.

Il a été dit à juste titre à plusieurs reprises que notre époque connaît la dimension d'une anthropologie totalement différente de celle qui a déterminé le tissu conjonctif des moments historiques que nous voulons dépasser à jamais. Nous le constatons à différents niveaux. Nous ne nous attarderons ici que sur l'un des nombreux aspects qui pourraient être pris en considération : le monde de l'information, de la communication et ses reflets dans l'intériorité de l'individu.

Isolé mais dispersé dans la foule

Partons d'un postulat qui semble inaliénable si l'on pense à notre propre horizon géopolitique : les concepts et la Weltanschauung ancestraux sont perçus comme des déchets dont il faut se débarrasser au nom de la centralité déclarée d'un type humain, l'individu, compris comme un réceptacle d'instinctualités aspirant à la perpétuation de droits et de libertés de bas niveau, de substantialité bancale.

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Dans un texte désormais classique datant de 1895, La psychologie des foules, Gustave Le Bon argumente la différence qualitative entre les actions de l'homme individuel et celles des masses, dictées par des stimuli élémentaires, des passions aussi fugaces qu'instables, le goût de l'excès, la suggestibilité adolescente. L'homme dans la foule, selon le sociologue français, qui a également eu tant de lecteurs de haut niveau en Italie entre les deux guerres mondiales, a tendance à accomplir des actions et des comportements, qu'ils soient criminels ou héroïques, qu'il n'aurait absolument jamais fait s'il agissait seul. Et cela va au-delà de toute considération logique et rationnelle. Il nous semble qu'à notre époque, l'individu a tendance à agir, même s'il est isolé et mène une vie déconnectée de la société dont il fait partie, comme s'il était dans la foule : il vise l'immédiat, réagit à des stimuli induits de manière primitive, suit des mots d'ordre simples et déglingués savamment orchestrés par d'autres, sans jamais s'ériger en élément critique capable de distinguer ce qui est pertinent et fondamental de ce qui est imposé avec art comme essentiel par ce que l'on peut appeler des "persuadeurs cachés". On fait tout d'abord allusion à l'information, qui n'est pas libre et indépendante, si elle l'a jamais été, et qui, par le biais de ce qu'on appelle l'agenda setting, établit a priori quels sujets devraient être d'une importance essentielle et quelle devrait être leur hiérarchie.

Il est fréquent de constater que tous les journaux télévisés relatent les mêmes faits, avec des analyses souvent identiques, en utilisant même les mêmes images. Cela tend à déterminer un horizon à l'intérieur duquel il faut prendre parti, comme les supporters du stade, entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre la même question. De cette façon, l'individu accepte la logique sous-jacente souhaitée, devenant, consciemment ou inconsciemment, peu importe, une partie organique du cercle médiatique lui-même. Mais qui contrôle et organise l'information pro domo sua ?

État profond et rééquilibrage nécessaire ennemi

Pour nous exprimer en termes simples, nous parlions du "système", puis des "pouvoirs forts". Aujourd'hui, on préfère l'expression "État profond", c'est-à-dire non visible, non à la vue du commun des mortels. Ici, le discours deviendrait trop long et dépasserait les limites de la présente intervention: il suffit de mentionner que cette dimension occulte, dans laquelle coexistent la finance spéculative apatride, le crime organisé, les forces du "progressisme mondialiste, humanitaire et solidaire", divers lobbies, les Églises, etc., est en mesure de conditionner fortement, à travers les gouvernements et, précisément, les médias (pour mieux dire les médias de la mystification scientifique et continue de la réalité), tout type de décision politique qui, pour utiliser des terminologies désormais obsolètes, devrait au contraire découler, du moins en Occident, de la souveraineté populaire. Après tout, tout cela fait partie de la post-démocratie, un endroit où l'opinion publique, si elle existe encore, n'a droit à la citoyenneté que si elle se conforme servilement à la pensée dominante imposée par l'État profond lui-même, et donc, par définition, juste, équitable et, surtout, conforme à une pensée qui se veut dominante et que l'on fait passer pour un fait de la nature.

Ceux qui ne se conforment pas sont de toute façon nécessaires pour assurer l'équilibre souhaité: ils sont un ennemi de l'humanité, un haineux insatiable, une cible à maintenir en vie et à frapper quand c'est nécessaire. Tout cela détourne l'attention de ce qui se passe réellement dans le monde: la volonté de pouvoir et de contrôle total de la part des forces apatrides mentionnées et tout ce monde complexe d'idiots utiles volontaires qui se mettent à leur service.

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Il semble que l'homme contemporain vive volontairement le mode d'être décrit par Platon dans le livre VII de la République. Des esclaves enchaînés dans l'obscurité profonde d'une grotte passent leur vie devant des images illusoires qui se font passer pour la réalité. Pour eux, la vérité est simplement ce qui est présenté. Personne ne remet en question la valeur objective de la mise en scène dont ils sont les victimes et, en même temps, les complices. Mais l'un des esclaves parvient à se libérer et à réaliser que le monde réel se trouve à l'extérieur de la grotte. Il retourne donc auprès de ses compagnons esclaves et tente de leur expliquer que la vie dans les ténèbres de l'ignorance et de l'illusion n'est pas la vraie vie, mais une apparition continue d'entités fictives : il n'est pas cru, mais ostracisé comme s'il était un fou visionnaire.

Comme les esclaves de Platon, les individus d'aujourd'hui ne doutent pas que la "réalité" dans laquelle ils se trouvent est la seule possible et acceptable, et non celle désirée et imposée par d'autres, dont la domination sur les corps et les âmes dépend précisément de, et est continuellement corroborée par, l'ignorance délibérée, prise pour la vraie connaissance, et l'acquiescement non critique des premiers.

C'est la représentation, construite, dirions-nous pour ne pas troubler le concept kantien de "synthèse a priori", sur un bureau par des ingénieurs sociaux qualifiés, qui remplace le monde réel. Et cette représentation, toujours changeante, à l'instar des pâles images observées par les esclaves, en vient à faire l'objet d'analyses, de théories, de débats, de discussions sans fin et sans signification authentique.

Intellectuels et politiciens : un corps intermédiaire

Pour en revenir à l'information, mais il vaudrait mieux dire à la désinformation ou à la manipulation des consciences, il est facile, en regardant le phénomène avec détachement, de constater les tactiques constantes employées pour assurer la primauté des conventicules dominants, qu'ils soient apparents ou réels. Ces tactiques tendent vers un effet de distraction, par la diffusion de nouvelles non pertinentes ou idiotes (événements de la famille royale britannique, ragots, etc.) ou annonciatrices de peur et de malaise (racisme généralisé, résurgences imaginaires du fascisme, homophobies diverses, persécution des migrants, etc.). Tout ceci est en phase avec la dissimulation scientifique et lâche d'autres situations qui sont au contraire réelles et qui, de toute évidence, sont mieux censurées ou considérées comme des "fake news".

Si l'on se réfère à nouveau à Le Bon, les masses ont besoin d'être guidées, il est donc préférable d'utiliser, comme nous l'avons déjà noté, un langage pauvre, simpliste, réducteur, qui voit la prévalence du signifiant (le mot lui-même) sur le signifié (l'objet qu'il désigne), qui se fonde non pas sur le raisonnement et la logique, mais sur l'émotionnel et le sentiment.

L'hypothèse est que dominer le langage équivaut à dominer la pensée elle-même et, par conséquent, toute forme d'attitude critique et le comportement qui en découle. L'idéal est la création d'une opinion publique anesthésiée, prévisible et prête à être guidée par ceux qui sont capables d'influencer et de suggérer au niveau des modes et des habitudes, ainsi qu'au niveau des opinions générales. Ceci est bien compris par ceux qui contrôlent l'information hégémonique dans le monde occidental et au-delà. Nous faisons allusion, à titre d'exemple, à la Fondation Bill Gates, humanitaire et progressiste (évidemment), capable de lancer des mots à la mode, en faveur, entre autres, de la dénatalité et des vaccinations sans discernement, dont la remise en cause constituerait une hérésie aux yeux de la nouvelle Inquisition des "Justes".

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Cela confirme que, dans notre monde, les intellectuels, les politiciens éclairés, les journalistes à la page, les prêtres clairvoyants, les philanthropes divers, constituent, en utilisant les méthodologies de la guerre psychologique, une sorte de "corps intermédiaire", une courroie de transmission entre ceux qui détiennent le pouvoir réel et les masses à endoctriner, à contraindre, à hypnotiser, à droguer dans leur corps, leur âme et leur esprit.

Certains pourraient prétendre que le "net", avec ses "médias sociaux", offre la possibilité d'échapper à la cage existentielle dans laquelle les élites autoproclamées auxquelles nous nous sommes référés nous ont enfermés. Mais elle est entièrement illusoire. Au contraire, elle s'avère être fonctionnelle pour le système dominant. Tout ce qui se trouve sur le net est contrôlable et contrôlé : être dissident par le biais de claviers revient, après tout, à accepter la "logique imposée" et à en payer les conséquences : ce sont les gestionnaires des différentes plateformes politiquement correctes qui déterminent le "bien" et le "mal". À tout le moins, la présence de soi-disant haters renforce le statu quo même que l'on voudrait détruire verbalement via Facebook, Instagram, etc.

La mission première de ce que Julius Evola a appelé un jour "l'homme différencié" devrait être de s'échapper consciemment, en opérant principalement dans sa propre intériorité, de cette prison qui nous est imposée et qui nous est présentée comme la nature éternelle et immuable.

Pour diverses raisons, notre époque de dissolution, niant catégoriquement tout ce qui nous a précédés, se pose comme un nouveau départ, mais, comme nous avons essayé de le voir, dans des coordonnées prédéfinies. Il s'ensuit que, pour le moins, s'ouvre un champ d'action illimité et potentiellement fécond qui doit concerner, en premier lieu, la redécouverte de notre nature profonde, celle-là même que Moloch voudrait offrir en sacrifice.

Tiré de "Polaris - le magazine n.24 - NewAnormality" - achetez votre copie ici: https://www.centrostudipolaris.eu/shop/

 

Les 10 choses les plus inquiétantes et dystopiques proposées par le Forum économique mondial

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Les 10 choses les plus inquiétantes et dystopiques proposées par le Forum économique mondial

par Valerio Savioli

Source: https://www.ideeazione.com/le-10-cose-piu-inquietanti-e-distopiche-proposte-dal-world-economic-forum/

Quand on parle du Forum économique mondial (WEF), les antennes des conspirationnistes sont immédiatement mises en alerte, les articulations des déboulonneurs se raidissent, et ainsi, tandis que le terrain se divise en camps, tendant très souvent à la simplification et à l'étiquetage du camp adverse, l'histoire suit son cours, gouvernée, qu'on le veuille ou non, par les centres de pouvoir.

Ceux-ci, depuis quelque temps, n'ont plus besoin de se cacher, c'est plutôt le contraire: ils se réunissent publiquement dans la charmante ville suisse de Davos, d'où ils peuvent expliciter en toute bonne conscience leur vision du monde.

Leur existence et leur persistance ne peuvent que bénéficier des soi-disant "théories du complot", qui sont souvent otages de la dialectique et de la paranoïa du syndrome d'encerclement. Mais nous le savons bien: un vrai théoricien de la conspiration pense que la conspiration elle-même est une conspiration contre lui.

Les conspirationnistes sont peut-être, pour ne citer qu'eux, des auteurs aussi différents que C. Lasch, N. Chomsky mais aussi les anciens tels M. Weber, V. Pareto, G. Mosca et R. Michels sans oublier M. Foucault mais aussi les théoriciens de la propagande et de son utilisation. Tous les théoriciens de la conspiration ouverts et/ou alternatifs.

Et si c'était la réalité des choses - bien que le concept de réalité soit en cours de redéfinition - qui nous jetait son caractère inéluctable à la figure ? Facile, nous n'avons qu'à attendre la prochaine conspiration.

Lorsque nous parlons d'élites mondiales - et nous le faisons souvent - nous entendons ce cercle de pouvoir capable d'assumer une quantité et une qualité de pouvoir telles qu'elles peuvent affecter l'évolution historique au moins du présent. À première vue, cela peut sembler excessif, mais la concentration économique-financière, culturelle-idéologique et politique résumée dans ces personnalités et leurs entreprises et associations, peut facilement résumer une "puissance de feu" définissable comme étant "de quantification complexe" mais selon toute vraisemblance supérieure, en termes de résultats pratiques, même au travail potentiel de certaines nations individuelles. Si l'on ajoute à cela le besoin, non seulement de contrôle (voir le système de crédit social) et de supervision, mais aussi de prévision du comportement des individus, il est bien évident que le monde de demain est déjà parmi nous.

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A la page 34 (sur 58) de la liste des participants à la réunion Davos 2022: de grands noms, de grandes entreprises, une grande influence.

Et ce sont les élites elles-mêmes qui ne font pas mystère de leurs objectifs. Voici les dix prises de position publiques les plus controversées, recueillies par vigilantcitizen :

10) Les gouvernements de plus en plus intrusifs

Nous pourrions dire beaucoup de choses de Klaus Schwab, le fondateur et actuel président exécutif du FEM (Forum Economique Mondial), c'est qu'il n'est pas spécialement un amoureux de la démocratie et, nous aimerions ajouter, bienheureux celui qui croit au système démocratique en soi, à qui, avant de recommander les essais de célèbres critiques de la démocratie, nous recommandons de lire les écrits du président du FEM lui-même. Cela dit, Schwab lui-même considère la démocratie comme un obstacle à surmonter pour arriver à un monde entièrement globalisé soumis à un ordre supranational: selon Vigilantcitizen, dans le rapport même intitulé Global Redesign de 2010, on trouve le postulat suivant énoncé par le fondateur du FEM: "un monde globalisé est mieux géré par une coalition auto-sélectionnée de sociétés multinationales, de gouvernements (y compris à travers le système des Nations Unies) et d'organisations sélectionnées de la société civile. [...] Les gouvernements ne sont plus les acteurs dominants de la scène mondiale, le temps est venu d'un nouveau paradigme de la gouvernance internationale par les parties prenantes".

En reprenant les mots prononcés par Schwab en 2017 à la John F. Kennedy School of Government de Harvard, concernant les relations directes avec les dirigeants des pays les plus influents du monde :

"Je dois dire, lorsque je cite des noms, comme Mme (Angela) Merkel et même Vladimir Poutine, etc., qu'ils étaient tous des Young Global Leaders au Forum économique mondial. Mais ce dont nous sommes très fiers aujourd'hui, ce sont les jeunes générations, comme le premier ministre [Justin] Trudeau, le président de l'Argentine, etc. Entrons dans les arcanes [dans les endroits qui comptent n.d.a.]. Donc, hier, j'étais à une réception pour le premier ministre Trudeau et je sais que la moitié de son cabinet, ou même plus de la moitié de son cabinet, est constituée en fait de Young Global Leaders du Forum économique mondial. (...) C'est vrai en Argentine et c'est vrai en France, avec le Président - un Young Global Leader [1]".

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9) Contrôler les esprits grâce aux ondes sonores

Dans l'article cité par vigilantcitizen, la technologie serait présentée comme un traitement possible des maladies de Parkinson et d'Alzheimer. Toutefois, l'article précise également qu'il "peut guérir, peut créer une dépendance et peut tuer". Il peut également être utilisé pour contrôler complètement l'esprit d'une personne, à distance. L'article citant une interview d'Antoine Jerusalem, professeur de sciences de l'ingénieur à l'Université d'Oxford déclare ce qui suit :

"Je vois venir le jour où un scientifique sera capable de contrôler ce qu'une personne voit dans son esprit en envoyant les bonnes ondes au bon endroit dans son cerveau. Je pense que la plupart des objections seront semblables à celles que nous entendons aujourd'hui à propos des messages subliminaux dans les publicités, mais beaucoup plus véhémentes. Cette technologie n'est pas sans risque de mauvaise utilisation. Il peut s'agir d'une technologie de santé révolutionnaire pour les malades ou d'un outil de contrôle parfait avec lequel les impitoyables contrôleront les faibles. Cette fois, cependant, le contrôle serait "littéral [2]".

En ce qui concerne l'utilisation, également militaire, des ondes sonores, la discussion approfondie proposée par Gianluca Nicoletti dans son émission Melog en novembre 2021, avec les invités Bruno Ballardini et Enrico Verga [3], est intéressante.

8) Pilules et micro-puces

Comme si les ondes sonores capables de contrôler à distance son voisin n'étaient pas déjà suffisantes, nous voilà repartis avec l'un des chevaux de bataille les plus utilisés, des deux côtés du débat, ces dernières années: la puce électronique. Bien que ces derniers mois, elle ait été discutée avec plus d'insistance - vous pardonnerez le réflexe pavlovien qui nous ramène à Overton et à ses fameuses théories - elle a également été discutée au FEM et l'auteur du discours (dont la vidéo est jointe) n'est pas un nom nouveau: Albert Bourla, actuel PDG de Pfizer (pour être sûr que les déboulonneurs diligents ne manquent rien) :

"La FDA a approuvé la première 'pilule électronique', si je peux l'appeler ainsi. Il s'agit essentiellement d'une puce biologique qui se trouve dans le comprimé, et une fois que vous prenez le comprimé, qui se dissout dans votre estomac, elle envoie un signal indiquant que vous avez pris le comprimé. Imaginez donc les applications possibles. Les compagnies d'assurance sauraient que les médicaments que les patients sont censés prendre, ils les prennent réellement. C'est fascinant ce qui se passe dans ce domaine [4]".

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7) Soutien aux mesures de confinement

Déjà la pensée que des termes sémantiquement aussi violents que "lockdown" ou "confinement" aient été intériorisés par chacun d'entre nous devrait au moins nous interpeler, avant d'aller plus loin, quant à l'ampleur réelle de la communication anxiogène à laquelle nous avons été soumis ces deux dernières années. "Lockdown" est un terme qui signifie "le confinement des prisonniers dans leurs cellules, généralement pour reprendre le contrôle pendant une émeute".

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Les confinements de 2020 et 2021 ont été soumis à de nombreuses études qui soutiennent leur futilité absolue sur le plan social et sanitaire. Il s'avère que la seule utilité réelle, même avec du recul, a été de frapper socialement et économiquement les pays et les populations qui les utilisaient le plus, y compris les nôtres, en Europe. Malgré tout cela, le FEM n'a pas pu cacher son appréciation de ces mesures dévastatrices. Une vidéo a été publiée et titrée de façon surréaliste: "Les confinements améliorent tranquillement les villes du monde entier [5]".

Nous vous laissons le soin de faire quelques remarques sur les théories malthusiennes et le radicalisme écologique, clairement évidentes dans ces quelques secondes de l'enregistrement, secondes qui ont ensuite été supprimées du site web du FEM, suite à une vague de controverse.

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En parlant de radicalisme écologique, c'est l'actuel président du groupe Alibaba J. Michael Evans (photo, ci-dessus) qui, lors de la réunion Davos 2022, a parlé d'un traceur (tracker) individuel qui surveillerait ce que l'on achète, ce que l'on mange et où et comment l'on se déplace [6].

6) Un aperçu de l'avenir

Fin août 2021, le FEM a publié sur son site web une autre vidéo intitulée "a glimpse of the future" ("un bref regard sur le futur"), dans laquelle il présente le monde de demain que même les pires dystopies n'auraient pu imaginer: du travail à domicile, à la redéfinition urbaine de quartiers capables de nous offrir tout ce dont nous avons besoin - étant donné que le bureau pourrait définitivement perdre la valeur qu'il avait jusqu'à présent - la "cuisine fantôme", ou plus simplement l'explosion des livraisons à domicile, l'identification numérique du rythme cardiaque - "La NASA a inventé un système capable de vous identifier par votre rythme cardiaque à l'aide d'un laser" - , la reconnaissance faciale - qui serait toutefois un peu délicate, car il y a plus de masques que de personnes dans la vidéo -, la relation entre la technologie numérique et l'apprentissage pour les plus jeunes, car il n'y a rien de mieux que de développer l'apprentissage et la sociabilité en restant assis pendant des heures devant un écran, le FEM espère une future hybridation entre l'enseignement à domicile et l'école traditionnelle, ou ce qu'il en reste.

La vidéo se termine par une question qui ressemble davantage à une menace : "ce que la pandémie a changé (sic !), aimeriez-vous le rendre permanent ?"

Votre réponse.

5) La poussée pour une Grande Réinitialisation

Le fait que la pandémie ait été une occasion de changement est clair d'après ce qui précède, mais il ne s'agirait pas seulement d'une simple occasion de remodeler notre vie quotidienne mais aussi, littéralement, de restructurer l'ensemble de la structure mondiale et ses principes post-capitalistes. Une fois de plus, nous fournissons un compte-rendu vidéo officiel [7] destiné à démystifier, de manière parfois surréaliste et controversée, les théories conspirationnistes existantes sur le Great Reset (dans ce cas, le copyright sur le terme leur revient ! ), mais dire la vérité produit l'effet inverse, à savoir : "nous le faisons, que cela nous plaise ou non".

Vers la fin, le narrateur prononce cette phrase énigmatique: "et il s'agit de mettre les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment".

Est-ce là le véritable visage de la post-démocratie ? La domination des élites technocratiques dont la genèse est récemment relatée par le professeur Lorenzo Castellani dans deux tomes clairement rédigés et didactiquement efficaces.

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Ils sont si avancés dans leur processus qu'ils n'ont même pas besoin de demander la permission, mais au moins ils se sont montrés.

4) Recalibrer la liberté d'expression

Il s'agit d'un autre sujet longuement débattu dans l'Occident dit libéral, qui non seulement perd la face avec l'affaire Assange, mais ne manque pas non plus l'occasion de faire la leçon aux pays qui ne sont pas suffisamment libres et démocratiques, tout en s'empressant de mettre en place des commissions et des organismes de contrôle destinés à restreindre le débat sur Internet, un lieu identifié à l'origine comme un espace véritablement libre et potentiellement révolutionnaire.

Au cours du forum de Davos de 2022, Julie Inman Grant (ci-dessous), commissaire australienne à la cybersécurité, a plaidé pour un "recalibrage de la liberté d'expression [8]", les prétextes invoqués étant, bien entendu, la violence (verbale) en ligne. À cet égard, nous vous proposons de revenir, l'espace d'un instant, à la génération des flocons de neige américains, à leur besoin d'espace sécurisé et, enfin, à l'ouvrage "The Cult of Whining". Le pas vers la censure, la suppression des statues et la modification ou la suppression même de certains termes à considérer comme interdits est court et a pour but précis d'altérer la réalité.

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Voici les mots prononcés par Grant :

"Nous sommes dans un endroit où nous avons une polarisation croissante partout et tout semble binaire alors que cela ne doit pas l'être. Je pense donc que nous allons devoir penser à recalibrer toute une série de droits de l'homme qui arrivent en ligne. Vous savez, de la liberté d'expression à la liberté d'être libre de la violence en ligne."

3) Le suivi des vêtements

Comme l'affirme encore vigilantcitizen, qui y voit un suivi supplémentaire des individus, en utilisant l'environnement comme excuse, le FEM a annoncé l'arrivée de vêtements dotés de "passeports numériques" qui peuvent être suivis à tout moment. Soutenus par Microsoft, ces vêtements vont apparemment inonder le marché d'ici 2025.

Selon le FEM, ces puces permettront aux marques de mode de revendre leurs vêtements. Je n'ai aucune idée de la façon dont cela pourrait fonctionner. Le même clip [9] accuse l'industrie de l'habillement d'être responsable d'une quantité importante de la pollution environnementale, jusqu'à 10 % des émissions de Co2, soit plus que ce qui est produit par les transports aériens et maritimes réunis. Comme environ 60 % des vêtements finissent dans les décharges en raison de l'achat compulsif de nouveaux vêtements, la solution serait de les remettre en circulation, dans une perspective d'économie circulaire, certifiée par un code Qwerty ou une puce capable d'offrir des détails sur le vêtement lui-même.

2) Les smartphones feront partie de votre corps

Si vous décidez de ne pas faire partie de l'économie circulaire vertueuse de l'industrie de la mode du futur, sachez qu'il vous sera tout de même difficile de ne pas faire partie de ce que Shoshanna Zuboff dans son excellent " Capitalisme de surveillance " a déjà illustré : l'extension capillaire du contrôle de chaque individu sur terre par le nouveau et ultime capitalisme, capable de se marier très bien aussi avec le courant transhumaniste.

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Nous sommes encore au Forum de Davos en 2022, où Pekka Lundmark, l'actuel PDG de Nokia, affirme que d'ici 2030, les smartphones seront implantés directement dans notre corps [10].

1) "Vous n'aurez rien et serez heureux".

9788884746283.jpgUn des mantras les plus répétés de ces dernières années, l'étape finale ( ?) du capitalisme tel que nous l'avons connu jusqu'à présent et dont la genèse et la dérive terminale sont magistralement décrites par Paolo Borgognone dans son dernier texte "Goodbye Globalism [11]". À l'époque, une vidéo a également été publiée (la énième) avec de nombreux jeunes gens enthousiastes pour un avenir libéré des responsabilités de toute propriété privée, un avenir artefactuel, constellé de sourires troublants, où nous n'aurons rien et serons heureux.

En utilisant les mots du site web du FEM d'Ida Auken, une parlementaire danoise :

"Je ne possède rien. Je ne possède pas de voiture. Je ne possède pas de maison. Je ne possède pas d'appareils ménagers ni de vêtements. Le shopping est un lointain souvenir dans la ville de 2030, dont les habitants exploiteront l'énergie propre et emprunteront ce dont ils ont besoin à la demande. Cela ressemble à une utopie, jusqu'à ce que cet habitant dise que chacun de ses mouvements est tracé et que des pans entiers de mécontentement vivent en dehors de la ville, la vision ultime d'une société divisée en deux".

La dystopie est servie.

Par nos maîtres.

Notes:

[1] https://twitter.com/megami_shiawase/status/14857474415886...

[2] https://web.archive.org/web/20181107172700/https://www.we...

[3] https://www.radio24.ilsole24ore.com/programmi/melog/punta...

[4] https://www.youtube.com/watch?v=1NR1b2NmD4A&ab_channe...

[5] https://www.youtube.com/watch?v=fb6U8xkn8jM&ab_channe...

[6] https://twitter.com/AndrewLawton/status/15290451887649218...

[7] https://www.youtube.com/watch?v=uPYx12xJFUQ&ab_channe...

[8] https://twitter.com/AndrewLawton/status/15287799666447319...

[9] https://www.youtube.com/watch?v=h8SWY6_b67A&ab_channe...

[10] https://www.youtube.com/watch?v=LJpBJAHqY0M&ab_channe...

[11] https://ilcerchio.it/goodbye-globalism-le-origini-sociopo...

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Ces dépenses inutiles

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Ces dépenses inutiles

par Georges FELTIN-TRACOL

Ce dimanche 12 juin, plus de 48 millions et demi de Français s’apprêtent à élire une nouvelle Assemblée nationale. La campagne a été d’un grand ennui. L’abstention risque d’être élevée. Le système médiatique hexagonal préfère disserter sur les maux de la société étatsunienne ou sur le jubilé de la reine d’Angleterre plutôt que de débattre des problèmes français parmi lesquels la question lancinante de la dette publique. Il y a quinze ans, le Premier ministre de Nicolas Sarközy, François Fillon, déclarait gouverner « un État en faillite ».

Cette faillite n’est pas que financière; elle est systémique. Les exemples abondent. C’est le cas du maintien de l’ordre et de la sécurité publique le 28 mai dernier au Stade de France à l’occasion de la finale de la Ligue des champions, ou intellectuelle avec l’effondrement du niveau scolaire, de la crèche jusqu’à l’université. Malgré les dénégations répétées du gouvernement, taxes et impôts vont s’accroître sur les catégories moyennes laborieuses, accélérant ainsi leur déclassement social. Désormais averti, le Régime macronien fera tout pour écraser dans l’œuf une nouvelle fronde ou jacquerie populaire semblable aux « Gilets jaunes ». Les citoyens français vont devenir plus que jamais les vaches à lait du Système parce qu’il faut rembourser les dettes de la ploutocratie internationale.

Avant d’augmenter la pression fiscale, il est encore possible de réaliser des économies en supprimant des dépenses inutiles. Outre le gisement de l’immigration, d’autres secteurs mériteraient une diète sévère. Chaque année, la Cour des comptes publie un rapport qui mentionne les délires des collectivités territoriales (des ronds-points dispendieux ici, un pont inachevé là) et de l’État, piètre administrateur de ses biens immobiliers. Ce texte annuel ravit des journalistes dont les plus serviles pourfendent sans répit toute intervention publique. Le document ne s’attarde pourtant pas sur trois grandes gabegies permanentes.

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On a tendance à considérer la médiacratie comme un quatrième pouvoir qui influence l’autorité judiciaire, menace le législatif et s’offre à l’exécutif. C’est une liberté fictive, car, en France, la presse procède du pouvoir politique. Huguenot converti au catholicisme, le médecin du roi Louis XIII, Théophraste Renaudot (1586 – 1653), édite un hebdomadaire de quatre pages tous les samedis, La Gazette. Avant même son lancement en 1631, le journal bénéficie du soutien déterminant du Principal ministre du roi, le cardinal de Richelieu. Cette dépendance congénitale perdure encore. Les rares enquêtes sur les aides étatiques à la presse les chiffrent à un montant d’environ un milliard huit cents millions d’euros. En 2010, la loi de finance attribue une manne de 437 millions d’euros. À cette somme rondelette s’ajoutent des aides indirectes (environ vingt millions), des dispositifs personnels aux journalistes (encore vingt millions) et d’autres appréciables financements. Le lamentable quotidien communiste L’Humanité survit grâce à ces scandaleuses perfusions financières… La presse officielle n’informe pas ses lecteurs; elle n’en a pas ! Elle travaille l’opinion pour le régime en place ! D’où un conformisme moutonnier outrancier qu’on retrouve en Belgique et en Allemagne.

Le deuxième domaine reste un univers obscur difficilement observable : le financement public des formations syndicales s’élèverait à une centaine de millions par an de la part de l’État, sans compter les subventions données par les communes, les départements, les régions et les entreprises publiques, privées et parapubliques. Des lois prises en 2008 et modifiées en 2014 maintiennent une opacité certaine. Il est surprenant que la CGT ou Solidaires – SUD, ces contestataires de pacotille de l’« ordre établi » libéral – bourgeois, vivent des subsides que leur versent diverses institutions soi-disant rétives au syndicalisme supposé révolutionnaire. Il y a bien longtemps que les responsables syndicalistes côtoient les hiérarques d’entreprises transnationales aux dîners mensuels du Siècle au mépris de la Charte d’Amiens d’inspiration anarcho-syndicaliste de 1906. Un vrai syndicat ne doit-il pas compter que sur  ses seuls adhérents et cotisants ? Ces millions d’euros seraient bien mieux employés dans l’investissement des hôpitaux ou la rénovation des infrastructures de circulation.

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Un troisième gisement d’économie concerne le financement public des partis politiques régi par les lois de 1988, de 1990, de 1995, de 2000 et de 2017. Un Français ne peut donner aux partis de son choix qu’un maximum de 7500 euros par an. Le fonctionnement de la partitocratie en place dans l’Hexagone depuis les années mitterrandiennes bénéficie surtout d’un versement annuel. Cette somme se fonde sur les seuls résultats aux élections législatives. Toute formation politique qui sollicite un financement public doit présenter un minimum de cinquante candidats qui recueillent au moins 1 % des suffrages. Chaque vote représente un euro soixante-quatre. Si le parti a des députés et des sénateurs, il reçoit encore plus d’argent. Un député élu lui apporte 37.400 euros. N’y a-t-il pas là un véritable traitement discriminatoire? En 2022, ce financement s’élevait à 68 millions d’euros dont plus de 20 millions pour La République en marche ! Cela n’empêche pas que de nombreux partis tels le Rétrécissement népotique (RN) soient fortement endettés tout en s’indignant de la dette française.

Le financement public des syndicats et des partis politiques constitue une honte nationale. S’il est inadmissible qu’un parti puisse bénéficier d’aide financière d’une personne morale, l’État n’a pas à payer indirectement les permanents. Syndicats et partis devraient subvenir à leurs besoins par leurs seuls moyens, c’est-à-dire les cotisations, les ventes de produits dérivés et les dons défiscalisés à 66 %. Plutôt que de gaspiller un « pognon de dingue », l’État devrait cesser au plus tôt tout financement public. En revanche, il prendrait sur lui l’impression des bulletins de tous les candidats inscrits, de leurs affiches électorales et de leurs professions de foi. Est-il en effet acceptable de devoir imprimer un bulletin de vote sur un papier qui ne correspond pas à celui prévu par le code électoral de 70 grammes au mètre carré  impossible à trouver sur le marché ? Il importe de respecter d’autres contraintes comme utiliser un papier blanc de format A4 ou une police de caractère identique avec le risque que le président du bureau de vote l’invalide finalement.

La partitocratie hexagonale agit en parasite aux dépens des véritables forces vives productrices de la France. Bien gérer l’argent des contribuables n’est pas une vertu libérale. C’est une action de bon sens, ce bon sens que les Français semblent avoir perdu...     

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 36, mise en ligne le 7 juin 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 10 juin 2022

Conflit ukrainien: un champ d'expérimentation pour de nouvelles armes américaines?

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Conflit ukrainien: un champ d'expérimentation pour de nouvelles armes américaines?

Erich Körner-Lakatos

Source: https://zurzeit.at/index.php/ukraine-konflikt-experimentierfeld-fuer-neue-us-waffen/

Washington aide Kiev, mais au compte-gouttes

Les observateurs intéressés ont de plus en plus l'impression que les Etats-Unis - ou plus précisément leur complexe militaro-industriel (© Dwight Eisenhower) - considèrent le conflit en Ukraine comme un laboratoire pour tester l'efficacité de leurs différentes armes dans des conditions aussi proches que possible de la guerre.

L'exemple historique est la guerre civile espagnole (1936-1939), où la Russie soviétique et le Reich allemand ont tous deux utilisé leurs armes ultramodernes pour l'époque afin de tester leur efficacité au combat, en quelque sorte dans des conditions de temps réel. Citons par exemple le char russe T-26 et le bombardier en piqué allemand Ju-87 (Stuka), ainsi que le canon de DCA de 88 mm. Ce dernier est ensuite utilisé - une autre innovation ! - par l'Afrikakorps allemand dans le combat terrestre contre les chars.

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Le 1er juin, Washington a annoncé qu'il fournissait désormais aux Ukrainiens des lance-roquettes multiples M142 Himars (automoteurs mais non blindés). Il s'agit du plus efficace des trois types d'artillerie fournis à Kiev par les Américains.

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Jusqu'à présent, quatre-vingt-dix M777 (ci-dessus) ont été mis à la disposition des troupes de Zelenski. Il s'agit d'obusiers non blindés tirés par des tracteurs, dont les munitions standard peuvent neutraliser des cibles jusqu'à 25 km de distance, voire 40 km avec des munitions spéciales. Les obusiers, comme les canons, peuvent également neutraliser des cibles ennemies en tir direct (tir à plat), mais seulement à une distance plus courte. Il est également prévu d'envoyer des obusiers blindés M109, dont la portée est comparable à celle de l'obusier M777.

Toutefois, les lance-roquettes M142 Himars sont beaucoup plus efficaces et permettent d'attaquer des objets ennemis à une distance comprise entre 40 et 75 km. "Himars" signifie "High Mobility Artillery Rocket System" (système de roquettes d'artillerie à haute mobilité). Six missiles d'artillerie guidés avec précision par satellite peuvent être tirés par l'engin. Les forces de Zelenski disposeront ainsi à l'avenir d'une arme équivalente au lance-roquettes multiple russe BM-30 Smertch (Tornado) (ci-dessous), capable de couvrir des distances allant jusqu'à 70 km.

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Le lance-roquettes M142 Himars est moins destiné à fournir un appui-feu immédiat aux unités de combat sur le terrain qu'à neutraliser les pièces d'artillerie ennemies positionnées plus en arrière (tir de contre-batterie). Mais surtout, un lanceur M142 peut agir dans la profondeur de l'espace ennemi, détruisant ainsi des cibles logistiques (bases de ravitaillement en nourriture, armes et munitions) ou des bases d'engins de combat et d'hélicoptères.

Pour l'instant, les experts militaires américains semblent vouloir observer les effets du lanceur en utilisant des munitions standard. L'étape suivante pourrait être l'utilisation de munitions dites "Atacms"." Atacms" est l'abréviation de "Army Tactical Missile System". Ces munitions spéciales sont actuellement refusées aux Ukrainiens, et Kiev n'est pas autorisé à tirer sur des cibles en Russie, c'est-à-dire de l'autre côté de la frontière, avec des armes américaines.

Pourtant, cela aurait des conséquences durables. Les missiles Atacms à courte portée, tirés par le lanceur M142 Himars, peuvent être utilisés contre des cibles situées à une distance de trois cents kilomètres (soit la distance entre Vienne et Salzbourg). De nombreuses unités de ravitaillement russes se trouvent entre cent et deux cents kilomètres en arrière de la ligne de front respective.

Depuis l'est de l'Ukraine, la région de Belgorod, où des unités de combat russes sont formées en masse et prêtes à être déployées sur le front, et les aérodromes militaires tels que la base aérienne de Voronej, d'où décollent les bombardiers Su-34 pour les missions au-dessus de l'Ukraine, se trouvent dans le rayon d'action potentiel des armes Atacms. Il y a aussi l'aéroport de Szhcha, près de la frontière orientale de la Biélorussie.

Vladimir Poutine ne reste pas inactif pour autant. L'armée russe a déjà commencé à cibler les voies de transport par lesquelles les nouvelles armes sont livrées depuis l'Ouest, c'est-à-dire principalement les lignes de chemin de fer à partir de la frontière occidentale de l'Ukraine. Une grande partie des lance-roquettes M142 pourrait également être victime de ces contre-attaques. M. Zelenski ne devrait donc pas se réjouir trop vite.

La famille: crise ou transformation? Des idées pour vaincre par la verticalité

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La famille: crise ou transformation? Des idées pour vaincre par la verticalité

par Giovanni Terlizi

Source: https://www.centrostudipolaris.eu/2022/06/02/famiglia-crisi-o-trasformazione-idee-per-un-superamento-con-verticalita/

    La crise actuelle de la famille et de son institution peut devenir l'occasion de revenir à une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes.

    Mais quel type d'éducation doit-on donner aux enfants ?

    Aucune éducation ne sera efficace si elle reste clouée au dualisme idéologique et aux schémas qui prévalent encore.

"L'eugénisme répugne à ceux qui craignent son verdict" - Nicolàs Gòmez Dàvila

La crise actuelle dans la définition de la famille et de l'institution qu'elle représente peut devenir une opportunité pour une transformation et une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes. Mais quel type d'éducation doit-on donner aux enfants ? Aucune éducation ne sera efficace si elle reste rivée au dualisme idéologique et aux schémas qui prévalent encore aujourd'hui.

Prisonniers des vieux schémas socio-éducatifs

Le modèle actuel selon lequel les jeunes sont éduqués est issu de logiques schématiques anciennes. Essayons de comprendre sa genèse.

La "Droite" - si elle connaît sa matrice - est pour la "Transcendance Immanente" (Transcendance Absolue) et cherche à établir un Centrage de type "Transcendant" qui régit le Devenir qui, lui, est dans l'immanence, contrairement à la "Gauche" qui - si elle connaît sa matrice - est plutôt pour l'"Immanence Transcendantale" (c'est-à-dire l'Immanence Absolue). Cependant, cette "Immanence absolue" de la "Gauche" n'implique pas nécessairement la société nivelée et horizontale, mais est plutôt une Verticalité qui, au lieu de partir de la "Centralité du Sujet" avec lui-même et avec les autres, est produite dans l'immanence de la Multiplicité et de la "Multiplicité du Devenir", comme un "Processus de Verticalité sans Sujet". Un exemple de cette "verticalité sans sujet" de la "gauche" peut être trouvé chez les Situationnistes, ou même chez Carmelo Bene et sa "verticalité du verso".

La "gauche" du "syndicalisme révolutionnaire" venait du socialisme, mais a pourtant créé une doctrine hiérarchique - c'est parce que la "gauche" du "syndicalisme révolutionnaire" a compris que le socialisme et la gauche n'impliquent pas du tout la "société horizontale" dans laquelle nous vivons aujourd'hui. En fait, la "société horizontale", plutôt que d'être le fruit du socialisme, est le fruit de l'actionnisme et du "Parti d'action", c'est-à-dire de cette collaboration entre libéraux et socialistes que l'on retrouve ensuite aussi dans la "société ouverte" de Karl Popper et dans l'"Open Society" de George Soros (Soros lui-même, d'ailleurs, était un étudiant de Karl Popper).

En outre, nous avons l'une des premières formes de "société ouverte" dans la logique de la technocratie du Vatican: nous pouvons dire que le Vatican est l'une des premières formes de "société ouverte", mais nous devons souligner que le vaticanisme commence bien avant le catholicisme et qu'il s'agit de "l'idée technocratique" de "négocier avec la divinité", la même idée qui s'était répandue dans le sénat corrompu de l'empire tardif et qui a ensuite généré l'immigrationnisme du "Ius Soli romain", qui a ensuite jeté les bases du "baptême universel" et du monothéisme du catholicisme romain et du christianisme, ce même marchandage avec la divinité que nous retrouvons plus tard dans la "vente des indulgences".

Cela ne veut pas dire que tout le patrimoine culturel, spirituel et artistique du catholicisme doit être rejeté - en fait, cet article commence par la phrase même de Nicolás Gómez Dàvila, qui était un philosophe catholique, connu pour ses aphorismes. Comme nous le voyons clairement, ce qui est important se situe toujours dans la dimension de l'Esprit, et non dans l'étiquette à laquelle appartient une personne ou une pensée.

indjesex.jpgLa version la plus forte et la plus emblématique du vaticanisme est le jésuitisme. Les Jésuites sont nés en tant que bras armé de la papauté à une époque de crise pour le Saint-Siège. Le jésuitisme est cette pratique dans laquelle l'habileté diplomatique du Vatican oriente les "tendances" de la société par des choix politiques et sociaux qui solidifient la relation structurelle entre l'Église et l'État. Voyez en ce sens comment un pape jésuite comme Bergoglio est étroitement lié à la vague de néo-humanitarisme progressiste et actionniste de notre époque.

La "société nivelée" - et donc la "société horizontale" - est ce que l'anarchiste Max Stirner a défini comme la "société en haillons", où le terme "en haillons" désigne une société dans laquelle la verticalité a été supprimée, et ce qui est réalisé à la place est l'incapacité du "Vivant" à étendre son pouvoir d'une manière plus affirmative, verticale et élevée. Rappelons que Max Stirner est issu de la "gauche hégélienne" de Marx, Feuerbach, Bakounine, Bruno Bauer, etc.

La société qui a conçu l'actionnisme et le parti de l'action était une société très semblable à celle d'aujourd'hui, dans laquelle les vivants sont comme des voitures coincées dans un embouteillage, et où les "choix personnels" sont produits par des tendances et des courants - c'est-à-dire par la "file d'attente" qui se forme - et par conséquent, ces choix ne peuvent être faits par la Tradition (comme le voudrait la droite), et encore moins par les instances socialistes de la Révolution (comme le voudrait la gauche).

Le modèle critique actuel avec lequel on procède à l'éducation des jeunes découle précisément de la perspective "actionnariale" qui prévaut actuellement. Voilà donc le besoin d'éducateurs et de tuteurs, capables de libérer les âmes du tourbillon produit par la "société ouverte", qui confond l'hospitalité avec le trafic d'êtres humains, habillé d'une sorte de movida touristique et post-sexuelle - l'Erasmus des esclaves - ce "trafic d'êtres humains" qui est pratiqué non seulement sur les immigrants, mais aussi sur ceux qui vivent dans leur propre nation. Reste le trafic de ce nouveau "capital humain" et ce nouveau tourbillon que l'on retrouve dans le "fondamentalisme immigré" de notre époque, habillé d'une sorte de messianisme progressiste post-identitaire qui remplace l'éducation (de e-ducere) par le formatage.

La famille et la nouvelle éducation des jeunes : le "Projet Solaris"

La crise actuelle dans la définition de la famille et l'institution qu'elle représente, avons-nous dit, peut et doit donc devenir une opportunité pour une approche plus "platonique" de l'éducation des jeunes, où l'enfant n'est pas élevé par les parents biologiques - qui sont très souvent plus intéressés par le fait "d'avoir un enfant" que par l'éducation elle-même. Cela fait partie de l'"ego robotique" qui, ayant peur de mourir, veut se répliquer comme un virus biologique ou un virus informatique. Un "ego robotique" qui veut prendre la place du "Moi divin" plus profond, spirituel et radical.

41Bc1uWRUcL._SX354_BO1,204,203,200_.jpgSous prétexte d'amour parental, la phrase "Roba mia, vienitene con me" du personnage de Mazzarò tiré de la plume de Giovanni Verga dans la nouvelle "La Roba" est fréquemment dissimulée. Mazzarò est un propriétaire terrien, maintenant un vieil homme, qui est sur le point de mourir et qui, n'acceptant pas de perdre tout ce qu'il a eu de sa vie, commence à tuer les canards et les poulets qu'il possède avec son bâton, en disant "Roba mia vienitene con me" . Un exemple typique d'un ego réactif et robotique.

Si l'objectif est l'éducation des jeunes pour qu'ils puissent découvrir l'eugénisme de l'Esprit, c'est-à-dire l'eugénisme qui n'exclut pas l'importance de la biologie, mais la traverse pleinement pour mieux la vivifier à travers leur propre "daimon intérieur" qui est dans l'Âme, alors il faut revenir aux tuteurs et aux gouvernantes, et surtout, les jeunes doivent vivre davantage avec leurs gouvernantes qu'avec leurs parents biologiques, car la généalogie la plus importante est la généalogie spirituelle, qui passe par l'aspect biologique - sans toutefois le supprimer - pour ensuite "renaître dans l'Esprit". En fait, l'Esprit n'est pas l'âme, mais l'"âme éveillée". Ce qu'il faut donc, c'est une discipline capable de réveiller les âmes de manière radicale, et cela peut se faire par le biais de mentors et de tuteurs.

Dans une proposition éducative nouvelle et "Verticale" - que nous appellerons "Projet Solaris" - nous pouvons envisager des camps de scouts visant à atteindre un style de vie philosophique, spirituel et communautaire. Une fois la figure du précepteur institutionnalisée, la figure d'un "intermédiaire" entre le précepteur et le parent biologique pourrait également être appropriée, puisque l'aspect du parent biologique ne doit pas être supprimé, mais est complété dans ceux du tuteur et du curateur.

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Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber

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Anarchie au Royaume-Uni: Boris Johnson sur le point de tomber

Par Wolfgang Eggert

Source: https://www.compact-online.de/anarchy-in-the-uk-boris-johnson-vor-dem-fall/?mc_cid=4c30a4c7c2&mc_eid=128c71e308

Cover_COMPACT_2022_06_shop.jpgLe Premier ministre britannique a été victime d'un vote de défiance. Qu'est-ce qui se cache réellement derrière tout cela - et qu'arrivera-t-il ou qui viendra après Boris-Brexit ? La ministre des Affaires étrangères Liz Truss est pressentie pour lui succéder. Nous dressons le portrait de cette figure de la ligne dure russe dans le numéro de juin de COMPACT, que vous pouvez commander ici: https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/.

Le disque punk par excellence - Never Mind the Bollocks ("Oublie les C*** à l'air") - est sorti en 1977 pour le 25e anniversaire de l'accession au trône de la reine d'Angleterre. Avec des chansons comme l'ironique "God save the Queen" ou "Anarchy in the UK". Tout le monde pensait que les interprètes - les Sex Pistols - étaient des gauchistes. Et c'était sans doute le cas. À l'époque en tout cas.

Aujourd'hui, alors que la Queen fête une fois de plus son anniversaire, le chanteur John Lydon, alias Jonny Rotten, a fait savoir que la révolte contre "le haut" ou "le système" n'existait plus que du côté de la droite. L'homme ne se soucie toutefois pas de ce décalage. Il reste fidèle à lui-même. Et à sa coiffure, qui donne l'impression qu'il vient de se faire sécher les cheveux fraîchement lavés sur un bateau de pêche au milieu de la mer du Nord.

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Ce n'est pas la seule raison pour laquelle Lydon ressemble au Premier ministre anarchique de son pays. Le 6 juin, Boris Johnson a dû faire face à un vote de défiance interne à son parti. Le "partygate" aurait été l'élément déclencheur: Plus d'une douzaine de festivités, longtemps vendues par Johnson comme des "réunions de travail", ont eu lieu au 10 Downing Street - alors que l'élite politique avait envoyé le reste du pays dans son bureau à domicile dans un isolement confinatoire et monacal pour cause de Corona.

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Des photos prises à la sauvette ont fait le tour du monde. On y voyait des tables de bureau décorées de confettis et de serpentins, sur lesquelles étaient posées des boissons alcoolisées, avec en arrière-plan le Premier ministre éméché essayant de nouer sa cravate.

Ne vous y trompez pas. Ce procédé, ou plus exactement ces procédés, ne sont pas de nature à créer un fossé entre le peuple et les dirigeants de l'île. Bien au contraire. Tout Anglais s'y reconnaît: les hommes, comme - particularité européenne - les femmes d'ailleurs, se lâchent quand on le leur permet.

Si c'est interdit, c'est encore mieux: c'est pourquoi les images du ministre britannique de la Santé Matt Hancock, qui, marié et annonçant chaque jour de nouvelles règles de distance, embrassait sa secrétaire avec la langue dans le couloir du bureau, capturées en secret puis publiées, n'ont pu susciter qu'admiration et jalousie au pays de la bière chaude.

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Malgré cela, le Premier ministre, qui planait au-dessus de tout, a été conduit par des rabat-joie devant l'échafaud moral de son parti, pour y être renvoyé et envoyé dans le désert "par manque de moralité et de crédibilité" (comme si les politiciens dits démocratiques n'avaient jamais possédé aucune de ces deux qualités).

Une vengeance tardive

Il n'est pas nécessaire d'être très malin pour découvrir qui étaient les instigateurs de ce théâtre et de quoi il s'agissait réellement : La véritable toile de fond est - toujours - le Brexit, qui a considérablement entamé l'existence du royaume. L'Irlande du Nord et l'Écosse sont sur le point de quitter le Royaume-Uni, avec l'aide de l'UE, qui devrait également avoir de nombreux acteurs de la presse britannique sur ses listes de paie.

Ce qui explique que les journalistes mentent sur ce même vote de défiance, comme ils l'ont toujours fait. De même que les arguments sur la nécessité du vote étaient mensongers, l'analyse du résultat des élections peut également être considérée comme tirée par les cheveux.

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Oui, il est vrai que si l'on demande à un groupe politique s'il apprécie le président, 40% de "non" sont un désaveu. Mais il serait faux de conclure, comme l'ont fait les médias, que Johnson a perdu la confiance de son propre camp.

En réalité, c'est plutôt le contraire qui s'est produit: lorsque Boris Brexit a été soumis au vote des Tories, ce sont même des députés moins "conservateurs" qui ont voté pour lui - non pas parce qu'il était trop conservateur pour eux, mais tout simplement parce qu'il voulait répondre au souhait de son peuple de quitter l'UE.

De ce point de vue, Johnson a même réussi à gagner quelques voix dans les rangs de son parti, soudoyé par les lobbyistes (on pense involontairement à Trump et aux républicains américains). Le fait qu'il ait réussi, en passant outre la couche sociale éloignée de Whitehall, à servir aux Tories dans les urnes le meilleur résultat électoral de mémoire d'homme - c'est cadeau !

Conséquences géopolitiques

Reste la question de savoir ce que l'on souhaite à cet homme, à ce pays... et, d'un point de vue allemand, à soi-même.

Il y a plusieurs réponses à cette question, qui sont tout à fait contradictoires :

    1) Pour sa position d'incitation à la guerre dans le conflit ukrainien, cet homme devrait partir ; et le plus vite possible, car il risque la guerre nucléaire, après laquelle notre continent aurait (encore !) l'air pire que la coiffure du Premier ministre anglais aujourd'hui déjà. Tant les Britanniques que les Européens continentaux peuvent - et même doivent ! - penser ainsi s'ils ont encore un peu de bon sens.

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Mais les deux parties devraient maintenant

  1. 2) en ce qui concerne l'UE, croiser les doigts pour que Boris puisse continuer à se débattre aussi longtemps que possible. Les Britanniques peuvent le faire dans l'espoir que l'île, libérée de l'étau bruxellois, ne sera pas entraînée dans la chute du continent ou qu'elle pourra - déjà avant - reconquérir davantage de libertés nationales ; les Européens de l'UE, en particulier ceux de Paris et de Berlin, devraient également se réjouir d'une nouvelle dérive de l'ancienne Grande-Bretagne, car un retour de Londres compliquerait à nouveau le transfert de pouvoir vers l'Allemagne et la France - et donc la ligne géopolitique.

Le vote de défiance semble maintenant tout droit imposé par le continent, de sorte que l'on peut se demander s'il y a encore ici (chez "nous") des romantiques désespérés qui veulent ramener les Britanniques dans le bateau ? Ou s'agit-il seulement d'une punition au vu et au su de tous, afin que les éventuels sortants puissent voir ce qui les attend si, un jour, ils abandonnent Bruxelles - et deviennent "bornés" ?

C'est dans ce dernier groupe que l'on peut trouver un certain nombre de représentants du Grand Jeu qui peuvent encore considérer comme "historique" la lutte pour le globe (qui ne peut être menée que dans le cadre de grandes alliances). Ils savent à quel point Britannia a joué un rôle hostile à l'Europe pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

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Et qui, dans un certain esprit de revanche territoriale, souhaitent aux Lords et aux Dames, en plus d'une nourriture médiocre et de coups de soleil sévères, que Boris Johnson continue à les harceler. Car lui, et lui seul, peut poursuivre le Brexit avec suffisamment de courage pour que la fédéralisation naissante du Royaume-Uni (c'est-à-dire la souverainisation de l'Écosse et de l'Irlande du Nord sous le drapeau européen) soit menée à bien.

Qui succèdera à Boris-Brexit ?

Pendant ce temps, dans les médias britanniques, les journalistes et les soi-disant experts férus de l'UE et/ou du Nouvel Ordre Mondial discutent de l'impact du vote précédent. Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que Boris "est fini". Presque personne ne lui accorde plus d'une année de survie politique. Presque tout le monde, y compris Nigel Farage, s'attend à une débâcle électorale conservatrice dans le cas contraire. La question est de savoir qui les Tories veulent mettre en avant comme candidat de remplacement pour éviter un tel désastre.

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Les patriotes allemands, du moins ceux qui sont prêts et capables de penser leurs rêves politiques "à l'anglaise" - un défi de taille, il est vrai -, peuvent souhaiter Jacob Rees-Mogg (foto), ministre du Brexit enrichi par la Bourse dans le cabinet Johnson, une caricature de l'Angleterre d'avant-hier dans sa présentation et son apparence. L'effet serait une dérive immédiate de l'île vers l'Atlantique, ce qui, du point de vue local, n'est pas la pire des solutions.

Mais il est plus probable que l'intronisation d'un "candidat du centre", que l'establishment du vieux parti croit capable de réconcilier les camps, un candidat qui laisse les Saxons pêcheurs poser à nouveau leurs filets dans le reste de l'Europe. Que Dieu lui-même nous en préserve !

Dans le numéro de juin de COMPACT, dont le thème principal est "Les Verts en guerre", nous montrons comment l'ancien parti pour la paix se plaît à être le moteur d'un échange de coups nucléaires. Baerbock, Habeck, Hofreiter & Co. mènent leur combat sur deux fronts : à l'extérieur contre la Russie, à l'intérieur contre leur propre peuple. Commandez ici - ou abonnez-vous dès maintenant avec ce numéro (https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-6-2022-gruene-im-krieg/ ).

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