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mercredi, 26 octobre 2022

La spécialisation "anti-récession" donne des leçons à l'UE. Quels sont les choix de la BCE?

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La spécialisation "anti-récession" donne des leçons à l'UE. Quels sont les choix de la BCE?

Par Francesco Marotta

Source: https://www.grece-it.com/2022/10/24/lo-specialismo-anti-recessione-da-lezioni-alla-ue-quali-le-scelte-della-bce/?fbclid=IwAR34YrqacHiTIdaMloLW31fAAPUTDfxY5DyyX-peijZwsu5wm62WEQEzrKA     

Selon l'économiste Phil Smith de S&P Global, qui compile les indices, les données de l'économie européenne sont en forte contraction. En ce qui concerne l'Allemagne, on constate "une intensification du ralentissement de l'économie allemande au début du quatrième trimestre", ce qui, dans les perspectives à court terme, "renforce les signes d'une récession imminente dans la plus grande économie de la zone euro". Selon le Fonds monétaire international, les indices PMI sont à la baisse, ce qui est le prélude à une récession. Le journal Repubblica rapporte que l'indicateur PMI, celui qui "surveille l'activité économique dans la zone euro par le biais d'entretiens avec les directeurs d'achat des entreprises" (services et fabrication), est tombé en dessous de 47,1 points depuis septembre, le plus bas enregistré en 23 mois.

S'ajoute à ce tableau sombre le déclin du secteur manufacturier, qui a atteint son plus bas niveau en 29 mois, passant de 48,4 points en octobre à 46,6 points en septembre, ainsi que le déclin du secteur tertiaire, qui a atteint 48,2 points en 20 mois. Alfred Kammer, le chef du département européen du FMI, est également du même avis : "Cet hiver, plus de la moitié des pays de la zone euro connaîtront une récession technique, avec au moins deux trimestres consécutifs". La référence, va notamment à l'Allemagne et à l'Italie, à trois trimestres consécutifs de contraction à partir du troisième trimestre de 2022. En résumé, S&P Global et le FMI s'accordent sur l'avènement d'une catastrophe économique, notamment en Europe.

Il ne reste plus qu'à comprendre les indices en question, à savoir si ce que prétendent les deux organismes est un tant soit peu proche de la vérité ou non, s'il n'y a pas une interprétation sous-jacente des facteurs économiques telle qu'elle conduit à des prévisions, pire encore à des conclusions, qui sont déplacées. Il n'est plus temps d'écouter ceux qui espèrent ou "prédisent" une catastrophe économique en Europe, alors qu'elle sort des bas-fonds précisément à cause de cela. Commençons par dire qu'une récession peut se transformer en déflation, cela peut arriver mais ce n'est pas forcément toujours le cas. Nous savons que depuis le premier jour du gouvernement Meloni, l'indice FTSE MIB, l'indice boursier le plus important de la bourse italienne, se situe juste au-dessus de la parité, "maintenant les gains d'environ 3% réalisés la semaine dernière" (Financiallunge.com).

Les secteurs de la fabrication et des services subissent une certaine contraction pour le quatrième mois consécutif.

Selon une certaine vulgate économique, la quasi-parité de l'indice FTSE MIB est due à l'"adoucissement" de la FED, qui a compensé les indications de contraction de l'économie européenne. C'est très étrange, juste au moment où les indicateurs économiques et même les propres services de la FED commencent à voir une réduction de l'inflation aux États-Unis. Le Livre beige de la Réserve fédérale, un résumé des commentaires sur les conditions économiques actuelles et le rapport publié huit fois par an par le Conseil de la Réserve fédérale américaine, prévoit une hausse modérée des prix aux États-Unis.

Ceci intervient deux semaines seulement avant la réunion de politique monétaire et, surtout, l'augmentation des taux d'intérêt de 75 points de base supplémentaires. Selon les projections des membres du FOMC, le Federal Open Market Committee, les taux d'intérêt devraient être portés à 4,5 % d'ici la fin 2022, à environ 4,75 % l'année suivante, puis se stabiliser à 2,5 % à long terme. Que fait l'UE, et surtout la BCE ?

Tout d'abord, ils tentent de contrôler l'évolution des prix sans y parvenir complètement. Ce que l'on surveille, c'est l'indice des prix à la consommation, qui augmente considérablement, c'est-à-dire le taux d'inflation (en Italie, en septembre, il a atteint +8,9% par rapport à septembre 2021), en essayant de le stabiliser à 2% à moyen terme. La difficulté d'essayer de stabiliser le taux d'inflation est due aux instruments de politique monétaire conventionnels (décisions sur les taux d'intérêt officiels) et non conventionnels (assouplissement quantitatif).

La BCE suit la manœuvre de la Fed en matière de taux d'intérêt dans sa quasi-totalité : les rumeurs qui circulent sur les sujets qui seront abordés lors de la réunion du 27 octobre 2022 ne laissent guère de doute à ce sujet. L'intention semble être de préparer une manœuvre de 75 points de base sur les taux d'intérêt, tout comme la FED, en espérant toutefois que le taux de dépôt ne dépassera pas 1,5 %, alors qu'au contraire les dernières estimations économiques " prévoient " 3 % pour l'été 2023.

Plus en détail, car cela implique de poser des questions et d'essayer de trouver des solutions qui ne se limitent pas à "comment la BCE veut gérer son bilan de neuf milliards d'euros", peut-on lire dans l'avis d'Ulrike Kastens, économiste européenne chez DWS. Il serait plutôt préférable de réfléchir à la manière de freiner la volatilité du marché obligataire sans se plier à ses fluctuations, en s'efforçant de relever le niveau des taux réels et en anticipant toute forme de blocage ou de contre-opération spéculative, plutôt que de suivre les directives de la Fed.

En effet, pour les spéculateurs, la hausse des taux des banques centrales n'est pas un problème, elle ne l'est pas lorsque les décideurs des banques centrales occultent et excluent des "jeux" le coût que les Etats devraient payer, afin de convaincre les investisseurs d'acheter les titres mis sur le marché. Il est bon de rappeler qu'il s'agit de la plus importante place de marché libre, sous l'égide des lois du marché et non des Etats ou des structures supranationales où ceux qui ont beaucoup de dette publique, voir l'Italie, ne peuvent qu'espérer la refinancer. Et cela en dit long...

Quelles sont les attentes des investisseurs et celles des spéculateurs, en supposant que tous les investisseurs ne sont pas des spéculateurs ? Les investisseurs s'attendent à de nouvelles hausses de taux par les banques centrales, ce qui suggère un taux implicite supérieur à 2,75 pour cent. Ce que les spéculateurs espèrent, avec la perte de rendement qui s'ensuit, c'est une baisse de 1,5 % ou moins. Ceci étant précisé, comme nous l'avons dit, le débat porte sur le marché obligataire, en particulier sur le niveau des taux réels. La trajectoire haussière agressive de la BCE pourrait momentanément éclipser la spirale inflationniste si elle est alimentée par les rendements réels à 10 ans, incitant les investisseurs à adopter une perspective à revenu fixe. Quelque chose est en train de changer, même si les investisseurs viennent d'une longue période dans le système d'actions.

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"TINA", l'acronyme de There IS No Alternative, était le slogan de la ministre britannique Margaret Thatcher, qu'elle avait repris d'Herbert Spencer. Aujourd'hui encore, elle est censée être la seule façon valable de penser en économie, en politique et en économie politique : soit le néolibéralisme. Mais ce qui, à l'époque, ne pouvait de toute façon pas être justifié en raison du manque d'alternatives au système du néolibéralisme, connaît une phase de déclin qui devient de plus en plus évidente. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le marché boursier est remis en question, preuve en est que les investisseurs orientent leurs efforts vers des classes d'actifs qui offrent des rendements réels et non virtuels, par opposition aux rendements volatils, l'une des pires composantes d'un environnement fortement inflationniste.

Dans le contexte d'une économie en semi-récession et du danger d'une récession de plus en plus réelle, tous les actifs obligataires de qualité deviennent très attractifs. Avec la pandémie d'abord et la guerre en Ukraine ensuite, la protection des "portefeuilles" avec des actifs de haute qualité devient à nouveau primordiale. Si les choses s'effondrent et que les risques de récession deviennent de plus en plus réels, il est facile de s'attendre à une compression des rendements en raison des mesures prises par les investisseurs pour protéger leurs "portefeuilles". La même chose arriverait aux actifs refuges, qui font déjà l'objet d'opérations de couverture. Il est clair qu'une escalade soudaine avec tout le poids des craintes dues à l'aggravation de la récession déclencherait une nouvelle accélération dans cette direction.

Il est très probable que le bond des taux cette année stimulera la demande des assurances et des fonds de pension, notamment aux Etats-Unis ('Les mécanismes de la financiarisation de l'économie', 25/03/2021). La combinaison des choses est devenue favorable en termes d'investissement et les investisseurs institutionnels feront tout pour monétiser l'envolée de la dernière période pour compenser le passif dû à deux crises si rapprochées, en essayant de prolonger ce type d'investissement sur le long terme. En outre, Nadia Netti n'a pas du tout tort lorsqu'elle affirme que "malheureusement, la crise des chambres de compensation de produits dérivés échappe à la comptabilité des nations exposées. Les produits dérivés ne sont pas comptabilisés dans le bilan en tant que "pratique comptable".

Et il l'est encore plus lorsqu'il se moque de ces "tons ridicules et alarmistes de la presse concernant les manœuvres d'une Banque centrale qui ne se contente pas d'agir comme un croupier dans un casino" dirigé par des groupes comme Amazon, "désigné par la Banque centrale européenne pour jouer un rôle de premier plan et contribuer à la création de l'euro numérique (la monnaie numérique officielle de l'union)". En fait, il est très curieux qu'une entreprise privée américaine participe à la conception de la monnaie de l'avenir de l'Europe, alors que ce dont on a besoin, c'est d'une monnaie qui s'éloigne au plus vite des aléas de la virtualisation et du profit de quelques-uns du "système monétaire". Et ce, avant que les "marchés" ne se régalent des dépenses publiques et du désinvestissement des actifs publics, lorsque plus aucun dépassement des règles fiscales et économiques ne sera possible.

Ingérence américaine dans le Haut-Karabagh?

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Ingérence américaine dans le Haut-Karabagh?

Alexander Markovics

Plus de 100 morts, des vidéos de femmes arméniennes mutilées et des prisonniers de guerre arméniens liquidés: depuis septembre de cette année, le conflit du Haut-Karabagh a repris. Le conflit, qui couve depuis 1991, porte sur l'enclave arménienne au milieu de l'Azerbaïdjan. En 1993, l'Arménie est parvenu à s'approprier le territoire, mais Erevan n'a pas réussi à sécuriser ses conquêtes par des accords diplomatiques, comme le lui avait conseillé la Russie. C'est ainsi que la situation de l'État chrétien du Caucase a radicalement changé depuis 2020: avec des armes turques et israéliennes, notamment des drones, Bakou a réussi à reconquérir de grandes parties de la région enclavée.

Seule une force de maintien de la paix russe a pu éviter le pire. En Arménie même, Nikol Pashinyan, arrivé au pouvoir en 2018 à la suite de la révolution de la soie parrainée par l'Occident, a été accusé d'incompétence dans la conduite de la guerre et de trahison. Mais Pashinyan a réussi à étouffer les protestations et s'est fait réélire Premier ministre en 2021 lors d'élections qu'il a truquées. La situation géopolitique de l'État du Caucase a également changé : auparavant proche allié de la Russie et de l'Iran, Pashinyan a commencé à nommer des membres d'ONG occidentales à des postes gouvernementaux et à signer un accord avec l'UE. Sous son égide, l'Arménie a envoyé des troupes au Kosovo et en Afghanistan pour soutenir le "Partenariat pour la paix" de l'OTAN.

En 2022, l'avancée de l'Azerbaïdjan au Karabagh a de nouveau donné lieu à des manifestations, mais Pachinyan continue de s'accrocher au pouvoir. Tout cela n'est pas le fruit du hasard : comme l'indique le document stratégique "Extending Russia" (Etendre la Russie) du groupe de réflexion mondialiste RAND Corporation, il s'agit de surexploiter les forces de Moscou en l'engageant sur le plus de fronts possible.

Pour ce faire, il est nécessaire de lier les forces russes par des conflits dans le sud de la Russie, en Ossétie du Sud et en Abkhazie, ainsi que dans le Caucase, afin de l'amener à une défaite sur d'autres fronts. Dans ce contexte, la base militaire russe près d'Erevan est une épine dans le pied de Washington, car elle cimente le pouvoir de Moscou dans le Caucase. Le conflit a plusieurs objectifs : Il s'agit de pousser l'Arménie à se retirer de l'OTSC, l'alliance russo-centrée, et de l'éloigner de l'Organisation de Shanghai, qui devient une alternative aux institutions occidentales. Pendant ce temps, une mission de l'OTSC est partie au Karabagh pour analyser la situation.

C'est pourquoi, pour la première fois depuis 1991, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre américaine des représentants, s'est rendue en Arménie pour condamner l'agression de l'Azerbaïdjan. Dans le même temps, Soros fait campagne, via des sites qu'il finance comme "eurasia.net", pour que l'Arménie se détache de la Russie et rejoigne l'OTAN, et l'UE s'est soudainement impliquée en tant que "médiateur". Dans cette agitation, Yerevan peut être sûr d'une chose : L'Occident ne se préoccupe pas du bien-être des Arméniens, mais de porter le drapeau arc-en-ciel plus loin encore à l'Est.

Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire

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Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Dans sa chronique hebdomadaire Paleis der Natie (De Tijd, 22/10/2022), Rik Van Cauwelaert a une fois de plus consigné des observations intéressantes - cette fois sur la migration et l'absence (depuis des décennies) de politique en la matière. Il y discute longuement des résultats d'une enquête du journaliste francophone Alain Narinx. Je cite ci-après certaines des conclusions les plus remarquables de ce journaliste - mais son article devrait vraiment être lu par tout le monde dans son intégralité, ensuite et surtout par nos élites gaucho-libérales (genre Groen et Open VLd).

"L'opinion sur la migration est négative, tant dans le sud que dans le nord du pays. À l'exception d'Ecolo, dans tous les partis, une majorité claire juge que les migrants coûtent plus qu'ils ne rapportent. Mais tant l'idée de frontières fermées que celle de frontières ouvertes sont alors rejetées. Parmi les affidés du Vlaams Belang, les partisans et les opposants à la fermeture des frontières, avec chacun près de 30 pour cent, s'équilibrent. La proposition selon laquelle la qualité de l'éducation se détériore en raison de la migration est soutenue par pas moins de 82 % des électeurs de Défi (ex-FDF), suivi par le Vlaams Belang avec 80 % et la N-VA avec 79 %. A l'exception des Verts, tous les partis estiment que la qualité de l'enseignement s'est détériorée. La N-VA et le MR y sont à peu près aux mêmes pourcentages" (...).

"Plus frappant encore : l'affirmation selon laquelle notre pays ne peut se poser comme responsable de la protection de personnes venant d'autres pays compte plus de partisans que d'opposants, même s'ils fuient la persécution ou la violence de la guerre, et ce non seulement au sein du Vlaams Belang, mais aussi du PTB et du PS (...)"

"Au sein de six partis, une majorité absolue se dessine en faveur de la criminalisation du séjour illégal : le PTB, le CD&V, l'Open VLD, le MR, la N-VA et le Vlaams Belang. Mais à part Ecolo, les autres partis comptent également plus de partisans que d'opposants. Une majorité est également contre le droit au logement et aux moyens de subsistance des migrants illégaux (...)".

"Pour plus d'un tiers des personnes interrogées, travailler est apparemment la bonne voie pour obtenir un permis de séjour permanent. C'est précisément le point faible de la politique d'asile: actuellement, seule la moitié des migrants trouvent un emploi après plusieurs années. Un cadre juridique doit donc être créé pour faciliter l'intégration accélérée des migrants sur le marché du travail."

Rarement, en si peu de paragraphes, nous aurons connu l'échec dans un pays occidental développé (qui se dit tel) en matière de migration. Quand la politique tirera-t-elle enfin ses conclusions ? Quand les partis politiques traditionnels (libéraux, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates) tireront-ils leurs conclusions ? Parce que leurs électeurs ont tiré leurs propres conclusions depuis un certain temps déjà, c'est mon impression silencieuse.

mardi, 25 octobre 2022

Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?

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Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?

Alexander Markovics

Henry Kissinger a lancé un avertissement : les Etats-Unis sont sur le point de déclencher une guerre mondiale avec la Russie et la Chine, qui pourrait prendre des proportions nucléaires. Ceux qui connaissent le CV de ce belliciste américain sont surpris que cette annonce vienne de lui. Ces jours-ci, Kissinger critique régulièrement et publiquement les élites américaines. Cette circonstance résulte du fait que les États-Unis ont fait un mauvais calcul en faisant la guerre à la Russie. La lutte pour "l'échiquier eurasien" (Brzezinski) est sur le fil du rasoir pour Washington. C'est précisément pour cette raison que les propos de cet homme de 99 ans, qui se situe bien au-dessus de l'élite américaine en termes de compétences politiques et qui la critique régulièrement, donnent à réfléchir. Mais face au risque d'embrasement du monde, comment désespérer de ce conflit ? Une désescalade n'est possible que si l'on analyse et situe concrètement les différentes parties et leur implication dans ce conflit qui fait rage depuis 2014. Les États-Unis, qui jouent probablement le rôle le moins glorieux dans ce conflit, ouvrent la voie.

Les États-Unis : le plus grand belligérant en Ukraine, mais le vent va-t-il tourner avec les midterms ?

Pour l'instant, les États-Unis sont le principal soutien de l'Ukraine. Avec un total de 25 milliards d'euros d'aide militaire (Allemagne : 1,2 milliard) et plus de 10 milliards d'euros de soutien financier (Allemagne : environ 1 milliard) à l'Ukraine, les États-Unis sont de loin le plus grand soutien du régime de Zelenski. Les États-Unis ne se contentent pas de fournir à l'Ukraine des systèmes de défense antiaérienne Stinger, des pièces d'artillerie, des grenades et des complexes antichars Javelin - comme l'a rapporté le journal Deutsche Stimme -, mais ils aident aussi massivement l'armée ukrainienne en formant des soldats et en divulguant les données de leurs propres satellites de reconnaissance. En outre, d'"anciens" soldats américains sont apparus en Ukraine sous la forme de la société de mercenaires Academi, ainsi que d'équipes d'opérateurs et d'unités spéciales. De plus, des employés de la CIA sur place à Kiev coordonnent les attaques terroristes du SBU, les services secrets ukrainiens, contre des cibles civiles en Russie, telles que des journalistes - par exemple Daria Douguina, comme l'a rapporté Deutsche Stimme - et des infrastructures civiles, voir l'attaque du pont de Kertch.

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Volodimir Zelenski est désormais considéré comme l'"Osama Ben Laden européen" - le fou de Kiev réclame même une attaque nucléaire préventive contre Moscou. Mais aucune opération ne se fait sans la bénédiction de Washington. Voilà pour les développements menaçants du soutien américain à l'Ukraine. Mais le front de la guerre froide commence à s'effriter: Elon Musk, qui soutenait jusqu'à présent l'Ukraine avec ses sellettes Starlink, s'est fait le défenseur d'un plan de paix associé à des référendums dans les régions retournées à la Russie. De même, à l'approche des élections de mi-mandat, certains républicains de premier plan se sont engagés à remettre en question le soutien à l'Ukraine. Cette position est notamment motivée par les nombreuses crises que traversent les Etats-Unis, de l'effondrement des infrastructures aux graves problèmes socio-économiques, en passant par l'inflation et la crise énergétique. La fin du soutien américain à Kiev signifierait la fin de la "guerre jusqu'au dernier Ukrainien" et un nouveau départ pour une solution diplomatique.

L'UE : vassale des États-Unis

Si l'on considère l'UE, son soutien institutionnel est le deuxième plus important pour l'Ukraine après les États-Unis. Mais alors que l'UE investit relativement peu d'argent (2,5 milliards d'euros) dans l'armée ukrainienne, un dixième des prestations américaines, son soutien financier à la poursuite des activités de l'État ukrainien (12,3 milliards d'euros) est même plus important que celui de Washington. Le potentiel d'escalade de l'UE se situe principalement dans certains États membres: le gouvernement allemand, par exemple, envisage d'envoyer en Ukraine non seulement des chars Guépard et des obusiers blindés, mais aussi le "Tierpanzer" (Baerbock) allemand Leopard II. Le problème est que l'Allemagne devrait envoyer des officiers avec les chars, ce qui signifierait qu'elle enverrait officiellement des soldats à la guerre, ce qui ferait d'elle une partie prenante au conflit et impliquerait donc l'OTAN. La France fournit également des canons Caesar à l'Ukraine et veut lui accorder des crédits pour l'achat d'armes françaises, mais le président Macron ne veut pas prendre le risque d'une implication directe de cet État traditionnellement plutôt prorusse. Enfin, c'est surtout la Pologne qui a le potentiel de faire dégénérer le conflit: en février déjà, la Pologne a fait pression pour que ses propres "forces de maintien de la paix" soient envoyées en Ukraine, et il a également été question d'un échange circulaire de jets occidentaux pour la Pologne contre des jets polonais pour l'Ukraine. Mais Varsovie s'est montrée réticente à l'idée d'une plus grande implication militaire. Voilà pour l'Occident, mais quel est le potentiel d'escalade de la Russie et de ses alliés ?

Russie: de l'opération antiterroriste à la frappe nucléaire tactique

Aux yeux des médias occidentaux, la Russie est au bord de l'effondrement depuis le premier jour de l'opération militaire. Pourtant, jusqu'à présent, Moscou donne l'impression que malgré les revers subis à Kharkov, elle n'envisage pas de baisser les bras, bien au contraire. Avec la mobilisation partielle des forces armées russes, 300.000 hommes supplémentaires devraient participer au combat en Ukraine, ce qui relativisera l'infériorité numérique parfois importante des forces russes. De plus, le nouveau commandant en chef russe, le général Surovikin, laisse entendre que la nature de l'opération est en train de changer. La transformation de celle-ci en une opération antiterroriste est dans l'air, ce qui implique des frappes directes contre le gouvernement ukrainien et les infrastructures civiles comme cela s'est fait le 10 octobre dernier. Une nouvelle escalade de l'opération jusqu'à la définir comme une guerre à part entière et l'utilisation d'armes nucléaires tactiques est envisageable compte tenu des provocations occidentales. Sur le champ de bataille, c'est surtout l'allié biélorusse qui pourrait être à l'origine d'une extension des hostilités.

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Biélorussie : jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine

Le dirigeant Loukachenko a l'intention d'envoyer jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine en cas d'agression occidentale. Depuis l'escalade du conflit, une poignée d'opposants biélorusses se battent en Ukraine du côté de Kiev et Minsk craint un débordement du conflit. Elle a donc formé un groupe de combat commun avec la Russie. Celui-ci n'engage pas seulement des forces ukrainiennes, mais peut également avancer vers Kiev depuis le nord.

Corée du Nord : 100.000 soldats pour Poutine ?

Selon les propagandistes occidentaux, ce pays isolé d'Asie est également considéré comme un soutien à l'opération de la Russie en Ukraine. Les Etats-Unis ont affirmé en août que la Corée du Nord avait envoyé des munitions d'artillerie et des fusils d'assaut de fabrication soviétique pour soutenir l'effort de guerre russe en Ukraine. Il a également été question de 100.000 soldats que Pyongyang mettrait à la disposition de Moscou. Pyongyang lui-même a rejeté les accusations américaines. Il n'existe à ce jour aucune preuve de la présence de Nord-Coréens en Ukraine. Un soutien nord-coréen à la Russie n'aurait en outre aucun sens, car la production d'armements de Moscou ne montre aucune faiblesse. Le plus probable serait que des travailleurs nord-coréens aident à la reconstruction du Donbass.

L'Iran : des drones Kamikaze pour Moscou ?

L'Iran est un autre allié de Moscou, considéré comme un Etat voyou aux yeux de l'Occident. En Syrie déjà, des soldats iraniens appartenant aux "Gardiens de la révolution" ont combattu aux côtés de pilotes russes. Grâce à leur coopération en Syrie, ils ont pu débarrasser 95% du pays des terroristes. Alors que la Russie était peu présente au début de l'opération militaire, il ne se passe plus un jour sans que des drones russes Kamikaze n'explosent sur des positions ukrainiennes.

Alors que Kiev parle de drones iraniens, Téhéran nie les avoir livrés à la Russie. Les drones Geran-2 utilisés par Moscou sont probablement une réplique du Shahed-13 iranien, qui est désormais produit en Russie. Outre la possibilité d'éliminer des cibles situées profondément derrière le front avec ces drones, l'artillerie de l'Iran peut être rendue encore plus précise grâce à la reconnaissance. L'Iran refusant de livrer des armes à l'une des deux parties au conflit, seul l'échange de technologies avec la Russie augmentera à long terme. Enfin, un accord sur le programme nucléaire se profile à l'horizon, sous l'impulsion massive de Moscou.

La Chine : un courtier honnête pour l'Ukraine ?

Compte tenu de l'implication directe de nombreuses puissances, peu d'Etats se proposent comme médiateurs. Pékin, qui soutient également le plan de paix d'Elon Musk, peut jouer un rôle crédible. Le dragon pourrait ainsi réunir l'aigle et l'ours autour d'une table. Certes, tout semble actuellement se jouer sur le terrain, mais l'espoir d'une paix rapide est le dernier à mourir.

La guerre en Ukraine et l'alliance entre les néocons et les libéraux américains

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La guerre en Ukraine et l'alliance entre les néocons et les libéraux américains

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/la-guerra-ucraina-e-lalleanza-tra-neocon-e-liberal-usa

Les nouveaux raids sur Kiev semblent être une réponse à l'attaque de la base d'entraînement des volontaires russes à Belgorod par deux miliciens d'un pays de la CEI (qui regroupe les anciens États soviétiques d'Asie), au cours de laquelle 11 soldats ont été tués.

L'attaque, en plein territoire russe, a eu lieu le jour même où Poutine avait déclaré close la phase des bombardements massifs sur les villes ukrainiennes, d'où la reprise de ceux-ci, visant les infrastructures, notamment les centrales électriques et les nœuds ferroviaires. La guerre ne doit pas cesser, rien de nouveau dans cette dynamique.

Le revers de la contre-offensive ukrainienne

Sur le théâtre de la guerre, on constate un recul de la contre-offensive otano-ukrainienne, comme le rapportent les renseignements britanniques, alors que les médias parlent déjà d'un effondrement imminent des Russes.

Cette nouvelle révèle l'impossibilité pour l'Ukraine d'atteindre l'objectif de la libération de tous les territoires. Cet objectif ne sera jamais atteint, car il s'agit également d'une lutte existentielle pour la Russie et elle ne peut se permettre une défaite totale.

La guerre montre ainsi son vrai visage, celui d'un conflit qui pourrait ne jamais se terminer ou qui, du moins, semble destiné à s'éterniser pendant des années. C'est ce que veut l'Occident, qui a refusé à maintes reprises les initiatives diplomatiques qui se sont profilées à l'horizon ces derniers mois.

C'est ce qu'écrit Ted Snider qui, dans Antiwar, dresse une analyse détaillée de la manière dont les États-Unis ont étouffé dans l'œuf de telles possibilités, la dernière en date étant l'ouverture de Poutine à une rencontre avec Biden lors du sommet du G-20, avec une fermeture rapide de l'intéressé (même si la réponse du président américain a été ambiguë et annonciatrice de surprises, comme il l'a écrit dans une note précédente peut-être trop possibiliste, mais toujours valable en perspective ; après tout, jusqu'aux élections de mi-mandat, rien ne doit venir troubler l'affrontement féroce qui se déroule actuellement).

Comme l'écrit David Sacks dans Newsweek, le pouvoir en Occident est désormais l'apanage d'un format dans lequel s'allient néo-conservateurs et démocrates Woke (les "éveillés", un terme utilisé dans les polémiques politiques américaines), bloquant toute tentative d'apaisement du conflit.

Un parti démocrate qui a trahi Obama, qui, comme le rappelle Sacks, avait refusé de réagir à la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, après avoir déclaré qu'une escalade en Ukraine n'était pas dans l'intérêt des États-Unis.

Nouveau pouvoir et censure

L'alliance néocon-libérale multipartite qui a émergé pendant la présidence Trump et en opposition à celle-ci, écrit Sacks, a "décidé que tout soutien à un règlement négocié, même s'il s'agissait des propositions que Zelensky lui-même semblait soutenir au début de la guerre, équivaut à se ranger du côté de la Russie, accusant ceux qui défendent le compromis et la modération [du conflit] d'être des apologistes de Poutine". Cela les exclut du débat officiel et limite la "fenêtre d'Overton" [les options possibles dans le débat] à ceux qui prônent la défaite totale de la Russie et la fin du régime de Poutine, même si nous risquons une troisième guerre mondiale".

Il ajoute que "quiconque suggère que l'expansion de l'OTAN pourrait avoir contribué à la crise ukrainienne, ou que les sanctions imposées à la Russie ne fonctionnent pas et se sont retournées contre l'Europe, qui se retrouvera bientôt à trembler [de froid], ou que les États-Unis doivent avoir pour priorité d'éviter une guerre mondiale avec une Russie dotée de l'arme nucléaire, est accusé d'être un larbin de Poutine".

Il nous semble donc que la description de Sacks capture bien ce qui se passe dans le débat actuel. C'est la dure réalité qui se cache derrière la propagande qui décrit le monde comme étant en proie à un affrontement entre pays libres, d'une part, et autocraties, d'autre part.

À cette description, le courant dominant a coutume de répondre que, contrairement à ce qui se passe dans les autocraties, les voix libres, bien que violemment exclues, du moins bridées pour l'instant, du débat officiel, ont toujours un moyen de s'exprimer dans des espaces résiduels, ce qui n'est pas le cas dans les autocraties, où la censure est plus sévère.

Mais en réalité, ce n'est pas un résultat de la liberté qu'ils prétendent défendre, mais plutôt un acquis de la civilisation occidentale que ces voix résiduelles, par leur existence même, défendent contre l'agression qu'ils subissent.

S'il ne tenait qu'aux champions autoproclamés de la liberté d'aujourd'hui, qui ne cessent d'appeler aux armes pour l'Ukraine, même ces espaces de liberté réduits seraient fermés, comme le démontrent d'ailleurs les nombreuses initiatives coûteuses de chasse aux "fake news", une technique moderne de censure (les nouvelles non officielles sont attaquées à fond, la manipulation officielle jamais).

Le fait est que pour que la pièce de théâtre qui nous campe une lutte entre la liberté et les autocraties apparaisse, sinon véridique, du moins plausible, la censure doit être déployée de manière plus secrète et dissimulée. Si elle apparaît pour ce qu'elle est, à savoir la marque du nouveau pouvoir, tout s'effondre.

L'Ukraine, la crise iranienne et Taïwan

Terminons par deux nouvelles liées à l'Ukraine, mais concernant l'Iran et Taiwan. Depuis quelque temps, et avec une insistance croissante, les médias grand public affirment que les Russes utilisent des drones de fabrication iranienne. Que cela soit vrai ou non, cela ne fait guère de différence pour le sort du conflit. Elle sert cependant à coincer Téhéran dans la zone grise dans laquelle Moscou a été confiné.

En Iran, sous le prétexte de la mort de Misha Amini, une autre révolution colorée est en cours, qui, si elle n'est pas arrêtée, coûtera des dizaines de milliers de vies, voire plus. L'alliance avec la Russie dans la guerre d'Ukraine, qu'elle soit réelle ou supposée, renforce la pression en faveur d'un changement de régime à Téhéran.

L'Occident ne se préoccupe pas des femmes iraniennes, ni du voile, qui est porté dans presque tous les États arabes, mais l'occasion est là de griller une fois pour toutes Téhéran, auquel des sanctions sévères sont imposées depuis longtemps, affamant non seulement les hommes, mais aussi les femmes, pour lesquelles l'Occident s'est engagé, et leur progéniture.

Nous concluons avec la nouvelle que plusieurs membres du parlement ukrainien se rendront à Taiwan en octobre. Un voyage qui ne suscitera pas la même clameur que les visites des parlementaires américains, mais qui est hautement symbolique, puisque certains milieux occidentaux - les mêmes qui alimentent la guerre ukrainienne - espèrent faire de l'île le champ de bataille d'une guerre par procuration contre la Chine. Certains schémas sont banals et ont tendance à se répéter encore et toujours.

Ukraine : les pays du Golfe se détournent de l'Amérique

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Ukraine: les pays du Golfe se détournent de l'Amérique

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/ucraina-i-paesi-del-golfo-si-allontanano-dallamerica#

Les bourses des pays qui ne se sont pas joints sans réserve à l'affrontement contre la Russie suite à l'intervention en Ukraine connaissent des hausses inconnues de celles de l'Occident, qui vivent au contraire une crise dont aucune sortie n'est en vue. C'est ce qu'indique un article du Il Sole 24Ore, qui enregistre un pic en Turquie, avec + 34%, et des hausses plus modérées mais significatives en Amérique du Sud et surtout dans la péninsule arabique.

Un chiffre qui semble révélateur de la façon dont le conflit pourrait remodeler l'économie mondiale. Dans ce contexte, les pays du Golfe se détachent de leur alliance traditionnelle avec les États-Unis, qui s'est transformée en véritable rupture après le refus de l'Opep d'augmenter la production de pétrole, qui a d'ailleurs été réduite, un rupture qui apparaît plus que significative.

Biden a juré que la volte-face des pays arabes aura des "conséquences", mais la décision risque d'avoir surtout des conséquences plus immédiates pour son parti, puisque les démocrates espéraient que l'augmentation de la production de l'Opep conduirait au moment des midterms à maintenir le pays de Biden sans une récession galopante, ce qui pourrait aliéner l'électorat des démocrates.

Pour remédier à ce malheureux outrage, le président Biden a décidé d'ouvrir les robinets des réserves de pétrole dans l'espoir que cela suffise à lubrifier la machine électorale de son parti (Politico).

Les Saoudiens dans les Brics et les relations entre les Émirats et la Russie

Quant aux conséquences sur les pays arabes, nous devons attendre, car pour l'instant l'establishment américain est concentré sur les midterms, mais des articles contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont commencé à paraître dans les médias américains. Peut-être verrons-nous également surgir bientôt des émeutes contre le foulard des femmes ou des choses similaires.

Entre-temps, il y a un autre signe de ce détachement : l'Arabie saoudite a exprimé son désir de rejoindre les BRICS, un organisme économique international qui a la Russie et la Chine comme points de référence. C'est ce qu'a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d'une visite à Riyad (InfoBrics).

Mais si les bonnes relations entre l'Arabie saoudite et la Russie étaient connues depuis longtemps, plus récentes et surprenantes semblent être celles entre Moscou et les Émirats arabes, autre pays phare du golfe Persique, qui se sont manifestées avec la visite de Mohammed bin Zayed en Russie le 11 octobre.

Voici comment M. K. Bhadrakumar sur Indianpunchline décrit la rencontre entre le président émirati et Poutine : "Il y avait quelque chose de profondément significatif dans le fait que le président des EAU, le Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, ait entrepris une visite en Russie au milieu de la tempête ukrainienne.

"Conscient du symbolisme, le président russe Vladimir Poutine a reçu mardi le cheikh Mohammed dans un cadre grandiose digne d'un monarque, dans le splendide palais Konstantinovksy de Saint-Pétersbourg, dont l'héritage remonte à Pierre le Grand, symbole de la renaissance de la Russie, de sa culture et de son patrimoine."

Enfin, il faut noter que contrairement à l'Europe, qui est subordonnée aux diktats des faucons américains, les pays du Golfe ont décidé de soutenir l'effort de la Turquie pour initier une médiation entre Russes et Ukrainiens. Un petit pas, mais dans la bonne direction (d'autres, dans la direction opposée, conduiraient le monde au bord de l'abîme).

Le niet du Qatar et les milices libyennes

En ce qui concerne les relations entre l'Occident et le monde arabe, le niet du Qatar à l'égard de l'Europe mérite également d'être souligné : Doha a en effet déclaré qu'il ne détournera pas de gaz vers l'Asie dans le cadre de contrats préexistants afin de le détourner vers le Vieux Continent avide d'énergie.

De toute évidence, cette proposition indécente venait d'Europe, ce qui montre comment la dite "défense des Règles", invoquées par cette partie du monde a modulé leurs applications.

À cet égard, il est intéressant de voir ce que rapporte Rafaa Tabib, professeur à l'École supérieure de guerre de Tunis et expert de la Libye, dans un article publié dans al Manar. Le professeur explique que l'une des plaques tournantes énergétiques sur lesquelles le Vieux Continent mise pour surmonter l'hiver froid qui s'annonce est la Libye.

Mais malheureusement, l'or noir libyen partage la situation chaotique produite dans le pays par l'intervention de l'OTAN contre Kadhafi. Un non-État où, à côté des institutions internationalement reconnues, prospèrent des milices de toutes sortes, contrôlant de vastes zones du territoire et souvent du pétrole.

En achetant sur ce marché-là, explique le professeur, l'Europe fait prospérer ces milices, parmi lesquelles on trouve également des factions et des miliciens liés au terrorisme. Après le bain de sang qui a inondé l'Europe ces dernières années et les promesses solennelles de poursuivre les organisations responsables des attentats, un tel retournement de l'histoire semble une tragique ironie. Nous allons payer cher, nous allons payer pour tout.

 

lundi, 24 octobre 2022

Jacques Baud, spécialiste suisse du renseignement: voici comment l'Occident ment dans la guerre en Ukraine

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Jacques Baud, spécialiste suisse du renseignement: voici comment l'Occident ment dans la guerre en Ukraine

Source: https://zuerst.de/2022/10/22/zuerst-hintergrund-schweizer-geheimdienstler-jacques-baud-so-luegt-der-westen-im-ukrainekrieg/

New York. L'officier du renseignement suisse, conseiller de l'OTAN et auteur de plusieurs livres, Jacques Baud, s'est penché sur la guerre en Ukraine dans une interview publiée par le portail média indépendant américain grayzone.com et a notamment critiqué sévèrement la couverture médiatique occidentale. Baud, dont le dernier livre publié (Opération Z) est consacré au conflit ukrainien, souligne que les médias occidentaux ne donnent systématiquement que la version ukrainienne des événements, mais que celle-ci est souvent édulcorée ou tout simplement fausse.

Baud déclare littéralement : "Toutes les informations que nous avons sur l'Ukraine, je peux dire que toutes, 100 pour cent des informations qui apparaissent dans les médias grand public, proviennent de la propagande ukrainienne. Je veux dire par là les chiffres, le nombre de blessés, de morts, d'incidents, tout simplement".

Baud identifie essentiellement trois domaines thématiques dans lesquels les reportages occidentaux sont à côté de la plaque parce qu'ils se positionnent unilatéralement en faveur de l'Ukraine :

Premièrement, l'Occident parle (et écrit) formellement de l'utilisation d'armes nucléaires russes - alors que Poutine n'a jamais menacé d'utiliser des armes nucléaires. Le chef du Kremlin a simplement menacé d'utiliser "tous les systèmes d'armes à notre disposition" si "l'intégrité territoriale de notre pays était menacée". Selon Baud, il s'agit principalement de missiles hypersoniques et de missiles à têtes multiples, mais pas d'ogives nucléaires.

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Par ailleurs, la Russie applique une politique de "non-utilisation en premier" en ce qui concerne l'utilisation d'armes nucléaires, contrairement aux Etats-Unis : le président américain Biden s'est éloigné cette année d'une telle politique de "non-utilisation en premier". Washington garde donc la porte ouverte à une frappe nucléaire. Même le plus proche allié des Etats-Unis, la Grande-Bretagne, n'a cessé de réaffirmer l'éventualité d'une première frappe nucléaire - la nouvelle Première ministre Liz Truss l'a expressément souligné à la veille de sa prise de fonction : "Je suis prête à le faire".

Deuxièmement, contrairement à ce qui se passe en réalité, ce n'est pas la Russie qui sabote les éventuelles négociations de paix et une solution négociée. Le fait est que, depuis le début de la guerre, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont réussi à plusieurs reprises à faire échouer un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie. Dès le mois de mars, c'est-à-dire peu après le début de la guerre, les médias occidentaux mainstream ont fait la sourde oreille aux propos de Poutine, selon lesquels l'Ukraine et la Russie étaient "très, très proches d'un accord de paix". L'Ukraine aurait alors été pressée par les Etats-Unis et l'Occident de refuser un compromis avec la Russie. Baud rappelle à cet égard qu'il y a eu jusqu'à présent trois tentatives de paix entre la Russie et l'Ukraine, toutes étouffées dans l'œuf par l'Occident.

La première tentative a eu lieu le 25 février, un jour après le début de la guerre. Selon Baud, le président ukrainien Zelensky a été rappelé à l'ordre par l'UE, car un "paquet d'aide" de 450 millions d'euros pour les armes avait déjà été mis en place. Selon Baud, la situation était similaire lors d'une deuxième tentative en mars. Dans ce cas également, des livraisons d'armes occidentales - cette fois-ci d'un montant de 500 millions - étaient en route. Le Premier ministre britannique de l'époque, Boris Johnson, s'est même rendu spécialement à Kiev pour faire pression sur le président ukrainien Zelensky et empêcher un accord de paix.

Lors d'une troisième tentative, le président turc Erdogan a voulu négocier un accord de paix. Après s'être rendu à Kiev de manière "inattendue", Johnson a déclaré clairement lors d'une conférence de presse à Kiev : "Pas de négociations avec les Russes. Nous devons nous battre. Il n'y a pas de place pour des négociations avec les Russes".

Troisièmement, selon Baud, l'Ukraine est utilisée de manière cynique par l'Occident. Du point de vue de l'Occident, la guerre en Ukraine n'a pour but que de mettre la Russie à genoux et de la saigner économiquement. "En réalité, personne ne se soucie de l'[Ukraine]", a déclaré Baud. Elle est avant tout instrumentalisée pour les intérêts stratégiques des États-Unis. Ce faisant, les Etats-Unis et l'Occident ont fait un mauvais calcul. Car "l'objectif initial était bien de provoquer la Russie afin de pouvoir détruire son économie par des sanctions".

Mais les sanctions ont entre-temps été réduites à néant. Au départ, on pensait que la Russie s'effondrerait rapidement sous l'effet de ces sanctions, explique Baud. Mais contre toute attente, la Russie ne s'est pas effondrée et continue à se battre. L'ex-agent de renseignement suisse résume la politique de sanctions de l'Occident : "Nous avons imposé sanction sur sanction sur sanction, sans que cela ne serve à rien".

Conclusion : l'Occident a été "victime de sa propre erreur". Plus encore : les perdants sont l'Europe, qui s'enfonce actuellement dans une crise énergétique et économique. Mais le plus grand perdant est l'Ukraine, qui n'est qu'un pion sur la planche de jeu de l'Occident. (mü)

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samedi, 22 octobre 2022

Les sanctions obligent la Russie assoupie à investir dans ses propres technologies

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Les sanctions obligent la Russie assoupie à investir dans ses propres technologies

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/le-sanzioni-obbligano-la-sonnolenta-russia-ad-investire-sulle-proprie-tecnologie/

La guerre en Ukraine prendra fin tôt ou tard. Malgré les tentatives de Biden de la prolonger indéfiniment afin de détruire l'UE avant la Russie. Mais lorsqu'elle prendra fin, rien ne sera plus comme avant. Quelle que soit la situation politique. Car, même en cas de sortie de Poutine, les relations avec Moscou seront très différentes et beaucoup moins intenses, tant sur le plan économique que culturel.

La stupidité de ceux qui ont accepté d'imposer des sanctions contre le Kremlin afin de plaire au pétomane de Washington a, sans aucun doute, créé des difficultés pour l'économie russe. Elle en a créé davantage, en perspective, pour les économies européennes et les familles du Vieux Continent. Car le blocage des exportations de technologies de pointe vers Moscou a certes pénalisé certains secteurs, même stratégiques, mais il a finalement obligé l'industrie russe endormie à courir se consolider et à investir dans autre chose que la simple gestion du gaz et du pétrole.

Ainsi, lorsque tout sera terminé, les exportations européennes de technologies ne redémarreront que dans une très faible mesure, car les industries russes auront appris à se débrouiller seules. Entre-temps, le commerce se sera également développé avec les nombreux pays qui n'ont pas appliqué de sanctions. Pas seulement l'Iran, qui fournit des armes au Kremlin, pas seulement la Chine et l'Inde, qui achètent du gaz et du pétrole. Mais aussi la Turquie, qui joue un jeu intelligent et sans scrupules en Asie, en Afrique, en Méditerranée et dans ses relations avec l'Europe.

Une Turquie en grande difficulté économique et qui, précisément grâce à ce rôle diplomatique ambigu, peut également obtenir des résultats positifs en termes de commerce.

En revanche, l'industrie manufacturière européenne, et italienne en particulier, connaîtra une période de grandes difficultés. De grands stratèges à l'immense crédibilité internationale ont obligé les Italiens à dépenser des sommes folles pour acheter le gaz liquéfié que les maîtres américains nous vendent pour spéculer et certainement pas au nom de la solidarité. Des sommes folles pour le gaz fourni par la Chine, qui l'achète à la Russie pour le revendre en Europe. Et cela rend les produits italiens de moins en moins compétitifs, également parce que l'Italie paie un prix plus élevé pour l'énergie que les autres pays européens.

De plus, la piqûre énergétique pour les ménages les obligera à réduire d'autres modes de consommation. En commençant par ceux qui sont considérés comme superflus, tels que le tourisme et la culture. Elle provoquera la crise de dizaines de milliers de petites entreprises, avec un recours aux licenciements et aux suppressions d'emplois qui produiront une augmentation des dépenses publiques pour ceux qui ont perdu leur emploi. Parce que les marchands d'armes ne résorberont pas tout le chômage qu'ils provoquent.

La France en Libye: non seulement du pétrole mais aussi de l'uranium. Les raisons d'une guerre

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La France en Libye: non seulement du pétrole mais aussi de l'uranium. Les raisons d'une guerre

Marco Valle

Source: https://it.insideover.com/economia/la-francia-in-libia-non-solo-petrolio-ma-anche-uranio-le-ragioni-di-una-guerra.html

En mars 2011, la France, avec le soutien des États-Unis et de la Grande-Bretagne, a commencé sa campagne militaire contre la Libye de Kadhafi. Une guerre à grande échelle à laquelle l'Italie de Silvio Berlusconi, jusqu'alors partenaire du rais libyen, a été contrainte (sous la pression du président Napolitano) de participer. Les résultats sont bien connus. Comme le rappelle Giampiero Cannella dans son excellent livre L'Italia non gioca a Risiko : "Enivrés par la propagande de la "révolte démocratique" contre le tyran, nous avons largué des tonnes de bombes sur un pays qui était un allié jusqu'à quelques mois auparavant, qui avait accordé à l'Italie une grande marge de manœuvre dans la recherche et l'exploitation des ressources énergétiques, et qui collaborait avec l'Italie dans la gestion des flux migratoires".

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Le grand réalisateur de ce terrible gâchis toujours non résolu était le président français de l'époque, Nicolas Sarkozy.  C'est lui, plus que quiconque, qui a voulu démolir le régime de Tripoli et c'est lui qui a donné le feu vert - par l'intermédiaire de ses agents sur le terrain - à l'assassinat de Kadhafi le 20 octobre 2011 à Syrte. Au fil du temps, les raisons de cet acharnement féroce sont, du moins en partie, devenues plus claires. Malgré la rhétorique humanitaire qui a ébloui les médias européens, les transalpins redoutaient l'hypothèse d'une monnaie panafricaine financée par les réserves d'or libyennes qui supplanterait le franc CFA dans leur zone d'influence, la fameuse "France-Afrique", et toléraient encore moins la présence massive et fructueuse d'ENI et du système italien dans le pays. En outre, comme l'ont montré les enquêtes de la justice parisienne, le peu scrupuleux Sarkozy avait collecté des sommes considérables auprès de Tripoli (jusqu'à 50 millions d'euros selon les hypothèses) pour la campagne présidentielle de 2007. Un financement embarrassant que le mari de Carla Bruni a toujours nié sans convaincre les juges qui enquêtent depuis des années sur le "pacte de corruption" entre le clan Sarkozy et le clan Kadhafi.

Mais il y a plus. Derrière cette guerre folle et le chaos interminable qui règne en Libye (11 ans de violence et d'affrontements...), d'autres chapitres restent à ouvrir et à comprendre. La France est privée d'uranium, le minerai stratégique qui garantit depuis 1974 le fonctionnement des 56 réacteurs alimentant 19 centrales nucléaires qui fournissent environ soixante-dix pour cent de l'électricité du pays, et la Libye, en plus du pétrole, cache dans son désert du sud d'importants gisements d'uranium encore vierges.

À y regarder de plus près, il n'y a rien de nouveau. Déjà en 1973, Kadhafi, revendiquant les anciennes frontières coloniales, est entré au Tchad et a occupé la bande d'Aozou, un terrain aride et dépeuplé mais riche en uranium. Un succès éphémère. En 1987, les forces tchadiennes, avec la contribution de la Légion étrangère française, ont mis en déroute les troupes libyennes et repris le contrôle du territoire qu'en 1994 la Cour internationale de justice a définitivement attribué au pays d'Afrique centrale.

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Mais, et c'est là le point central, juste au nord de la bande contestée, donc sous pleine souveraineté libyenne, les scientifiques ont découvert d'autres riches gisements du précieux métal radioactif. Un trésor inattendu, mais le rais n'a pas eu le temps de l'exploiter. Comme le confirme le funeste site web "NTI" de 2011 de l'organisation internationale "Nuclear Threat Initiative", qui fait autorité dans le domaine des études géopolitiques et de la sécurité mondiale et dont le conseil d'administration est composé d'experts internationaux. "À l'heure actuelle, il n'existe aucune preuve de l'existence d'installations d'extraction, de traitement et de conversion de l'uranium, d'usines de traitement du combustible ou de sites de retraitement en Libye. Si la Libye devait entreprendre l'extraction d'uranium à l'avenir, cela concernerait probablement les bassins de Mourzouk, Sarir Tibisti et Koufra".

C'est une trop belle opportunité pour la vorace industrie nucléaire française, qui est depuis longtemps en difficulté avec les fournisseurs africains traditionnels (le Niger in primis) qui en ont maintenant assez des conditions exorbitantes et inégales fixées il y a des décennies par Paris. D'où les doubles ou triples jeux français entre les différentes factions libyennes, les lourds investissements économiques, la reprise - comme l'indique le rapport du Centre supérieur de défense et d'études stratégiques "Influence géopolitique de la Libye dans le bassin méditerranéen" - d'une exploration minière très cossue mais efficace dans le sud du pays. Entre Mourzouk et Koufra. L'héritage radioactif de Sarkozy que Macron a récupéré et qu'il veut maintenant, à la lumière de la crise énergétique, optimiser au plus vite.

Brève histoire électorale de l’Allier

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Brève histoire électorale de l’Allier

par Georges FELTIN-TRACOL

Situé au Nord-Ouest de la région Auvergne – Rhône-Alpes, le département de l’Allier est un bon indicateur du bouleversement politique survenu aux législatives des 12 et 19 juin derniers. Ce département d’environ 336.000 habitants correspond à peu près à la province d’Ancien Régime du Bourbonnais, avec quelques paroisses auvergnates et foréziennes en plus. Sur cette terre naquit la Maison capétienne de Bourbon qui régna sur la France, Naples – la Sicile, Parme et le Brésil et qui continue de régner en Espagne et au Luxembourg.

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D’une superficie de 7.340 km², le territoire comprend en son centre le Val d’Allier et la Limagne bourbonnaise. À l’Ouest, le Bocage s’élève lentement vers les plateaux de la Combraille. Au-delà commencent les dénivelés légers de La Marche et les étendues de la Sologne bourbonnaise où l’on trouve la merveilleuse forêt de Tronçais. À l’Est se dresse la Montagne bourbonnaise. Les trois principales aires urbaines sont la préfecture, Moulins (19.000 hab.), Vichy (25.000 hab.) et Montluçon (34.360 hab.). La population élevée de cette dernière par rapport aux deux précédentes se comprend par la présence d’une industrie rurale prédominante. Moulins concentre des activités tertiaires et agricoles. Vichy vit du thermalisme, activité motrice pour le tourisme local.

Historiquement plutôt de gauche et rétif au gaullisme, le département de l’Allier est une terre socialo-communiste. Entre 1958 et 2010, quatre circonscriptions législatives le couvraient. Le déclin démographique lui en a fait perdre une. Aujourd’hui, les trois circonscriptions s’organisent autour de Moulins (la 1re), de Montluçon (la 2e) et de Vichy (la 3e). En 2012, dans la foulée de l’élection de « Flamby » Hollande à l’Élysée, contre les trois candidats UMP qualifiés, le PS gagne les 1re et 2e circonscriptions tandis que son allié du PRG (Parti radical de gauche) s’empare de la 3e. En 2017, le désaveu est cinglant pour le PS et son comparse. Le PCF remporte la 1re circonscription. Les candidates LREM macroniennes triomphent en revanche dans les 2e et 3e circonscriptions.

En 2022, le PCF conserve la 1re circonscription contre le candidat présidentiel à 55,51 %. La 3e circonscription voit l’élection à 60,98 % du candidat Les Républicains aux dépens de la députée macronienne sortante. Rappelons que le tiers des députés du groupe Les Républicains est originaire d’Auvergne – Rhône-Alpes dont le conseil régional est présidé par Laurent Wauquiez qui ne brigue pas la direction de sa formation. La surprise provient de la 2e circonscription. Jorys Bovet du RN est élu contre la candidate La France insoumise à 50,22 %. L’Allier perd par conséquent deux élus de la majorité présidentielle et devient un foyer d’opposition plus ou moins franche au mal-élu de l’Élysée (pensons aux atermoiements du RN et des Républicains au Palais-Bourbon).

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Département à la fois rural et industriel, l’Allier est un condensé de cette « France périphérique » si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy. Ce territoire pâtit de l’enclavement routier, de la fermeture des services publics, de la rareté des transports en commun. Ce tout alimente le mécontentement, voire la colère des électeurs vis-à-vis des candidats de Paris. L’électorat de la 1re circonscription préfère par habitude politique voter pour le PCF dont l’ancrage territorial demeure relativement solide même si le conseil départemental est maintenant de centre-droit (alliance UDI – Les Républicains oblige). Entre 1978 et 1993, le député de l’ancienne 3e circonscription fut le candidat communiste à la présidentielle de 1988 André Lajoinie.

41mCM01+eUL.jpgPlutôt tourné vers la gauche, le département de l’Allier a néanmoins été marqué par l’action du maire de Moulins de 1971 à 1989, Hector Rolland, député gaulliste de la 1re circonscription de 1968 à 1981 et de 1986 à 1988. Né en 1911 à Neuilly-sur-Seine, c’est un enfant abandonné. Surnommé « Spartacus » et ayant l’habitude de déclamer ses poèmes dans les hémicycles du Palais-Bourbon et de Strasbourg de 1983 à 1984 avec son accent chantant de paysan, il se rapproche au début des années 1970 d’un jeune loup appelé Jacques Chirac. En 1974, il contribue à l’« Appel des 43 » parlementaires gaullistes qui soutiennent Valéry Giscard d’Estaing contre le candidat gaulliste Jacques Chaban-Delmas. Son enthousiasme envers le député de Corrèze – maire de Paris s’émousse très vite. Paru en 1990, ses Souvenirs dérangeants d'un godillot indiscipliné (Albin Michel, 215 p.) se montrent accablants pour le catastrophique Chirac.

Hector Rolland adhère en 1984 au Cercle Renaissance de Michel de Rostolan, futur député FN de l’Essonne en 1986. Favorable à l’Europe des États nationaux et à un rapprochement entre le RPR – UDF et le FN, Hector Rolland condamne l’IVG. En 1986, avec la députée UDF – barriste Christine Boutin et Michel de Rostolan, il veut créer à l’Assemblée nationale un groupe destiné à l’accueil de la vie que Chirac désapprouve et torpille aussitôt. Dans la perspective de la présidentielle de 1995, l’ancien député – maire de Moulins se rallie à Édouard Balladur. Mais il décède en mars, quelques semaines avant le premier tour.

Parmi les deux sénateurs de l’Allier, mentionnons l’ancien maire de Vichy, Claude Malhuret. Naguère militant soixante-huitard au PSU (Parti socialiste unifié) et président pendant huit ans de Médecins sans frontières, il devient secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des Droits de l'homme de 1986 à 1988 dans le gouvernement de cohabitation de Chirac, et se remarque par sa vindicte contre Jean-Marie Le Pen et le FN. Il milite aujourd’hui au parti d’Édouard Philippe, Horizons, d’où son zèle covidien remarqué…

Département méconnu, l’Allier, on le voit, recèle cependant une histoire politique contemporaine trépignante dont il faudra suivre avec attention les prochaines péripéties.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 47, mise en ligne le 18 octobre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

jeudi, 20 octobre 2022

Lola, islam, motion de censure, Ukraine: mais à quoi joue le RN?

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Lola, islam, motion de censure, Ukraine: mais à quoi joue le RN?

par Pierre-Emile Blairon

La stratégie du RN peut se résumer dans le mot d’ordre qu’a appliqué toujours et partout toute la classe politique qui n’a jamais eu qu’un seul objectif : se maintenir au pouvoir et conserver ses prébendes sans se soucier le moins du monde des intérêts de ceux qui l’ont élue.

Evidemment, les politicards de tous bords essaient de donner le change (c’est tout ce qu’ils peuvent donner, d’ailleurs, en sus de l’heure, et encore quand vous la leur demandez poliment) ; chaque parti envoie de temps en temps un jeune ténor se battre sur les bancs de l’Assemblée pour la retraite à 60 ans ou pour tenter de faire baisser le prix des bananes qui est de toutes façons imposé par l’Union européenne en même temps que leur rayon de courbure strictement réglementé, pendant que les caciques du parti somnolent ou sont carrément absents.

Evidemment, le RN veut nous faire accroire que sa passivité, ses non-prises de position relèvent d’une stratégie qui lui permet de s’insérer en douceur dans le fonctionnement des institutions politiques à leur plus haut niveau. Nous pourrions lui rétorquer qu’il n’y a pas d’exemple où ceux qui ont baissé leur garde, donné des gages à l’ennemi, renié leurs idéaux fondamentaux, s’en sont trouvés récompensés ; bien au contraire, ils ont, soit été intégrés de force, soumis, par l’adversaire et se sont fondus dans ses structures, perdant ainsi toute identité, soit été rejetés par lui purement et simplement, perdant du coup l’estime d’eux-mêmes et celle des électeurs qui leur avaient accordé leur confiance. On connaît la formule attribuée à Churchill : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. » ; formule qui, étant donné les actuelles circonstances, s’inverse totalement, si l’on admet que la propagande du Système est une fabrique de véritables va-t-en-guerre.

Les partis politiques qui collaborent activement ou passivement à maintenir le Système en place sont ceux qui ont dépassé 10 % des votants aux dernières élections législatives, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont légitimes étant donné que plus de la moitié des Français ne se sont pas déplacés pour voter [1].

Les Français avaient été déjà bien formatés, anesthésiés, pour les Présidentielles, qui avaient vu se rencontrer, lors d’un débat soporifique, Macron et Le Pen, cette dernière ayant soigneusement évité d’émettre la moindre critique envers son interlocuteur (on ne dira pas son « adversaire ») sur les sujets qui auraient pu le mettre en difficulté.

C’est ainsi que, dans la suite logique de ses choix stratégiques antérieurs, le RN vient de décider, à quelques heures d’intervalle, de ne rien faire sur les deux sujets qui intéressent au plus haut point les Français et qui exigent un engagement total, désintéressé et immédiat de tous les Français qui ont encore un sens aigu du devoir national, de la sauvegarde de la patrie, la terre de nos pères, et de la protection que nous devons à nos enfants, victimes tous les jours de la barbarie allogène et du laxisme des représentants de celles qu’on appelle encore les « autorités ».

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Le premier sujet concerne l’horrible meurtre de la petite Lola qui, comme l’a souligné le LR Retailleau s’adressant à Elisabeth Borne : "Madame la Première ministre, vous vous trompez en réduisant la mort de Lola à un simple fait divers".

Le deuxième sujet concerne la possibilité offerte aux députés de l’opposition de faire tomber le gouvernement grâce à l’adoption d’une quelconque motion de censure présenté par un quelconque parti de l’opposition, quitte à réorganiser des élections qui risqueraient de ne pas envoyer à l’Assemblée le même nombre de députés de l’un ou l’autre parti (y compris et surtout le RN), mais dont l’intérêt réside dans le fait que les Français seraient débarrassés enfin de ce gouvernement qui conduit la France à sa disparition.

Manifestations pour Lola

Marine Le Pen et Jordan Bardella ont annoncé ce mercredi 19 octobre que le RN ne sera pas présent aux manifestations de samedi prochain organisées dans toute la France par l’Institut pour la Justice pour honorer la mémoire de la petite Lola sauvagement assassinée par une Algérienne il y a quelques jours ; cette défection intervient au motif, selon les dires de Bardella, qu’il y aurait une « captation partisane de la mobilisation qui ne correspond pas à l'état d'esprit initial d'une marche citoyenne apolitique »  (Le Figaro numérique).

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Si on comprend bien son président, le RN, parti politique, ne peut participer qu’à des manifestations « apolitiques ».

Bien évidemment, que cette mobilisation ne peut pas être « apolitique » au moment où toute incursion dans la sphère publique ne peut qu’être politique! (par exemple, les « artistes » atteints de pétitionnite antiraciste ou LGBT, ou qui se coupent une mèche de cheveu, ou bien les footballeurs qui mettent un genou à terre avant un match). Et surtout dans une circonstance et sur un sujet qui le sont éminemment! Sans doute Bardella aimerait-il que ces manifestations pour Lola prennent l’aspect de ces « marches blanches » bisounours, plus ou moins instrumentalisées par les gouvernements successifs de la Ve République pour désamorcer la colère du peuple !

Selon Bardella, les membres  du parti Reconquête ! d’Eric Zemmour seront fortement présents (comme d’autres membres d’autres partis politiques d’ailleurs, comme celui de Florian Philippot, Les Patriotes) à ces manifestations, et il y aurait donc récupération politique (c’est d’ailleurs exactement la défense – odieuse - des membres du gouvernement macroniste impliqués dans cette impéritie ou plutôt cette lâcheté). Toujours selon Le Figaro, « Le président du Rassemblement national pointe notamment du doigt l'achat massif des noms de domaine « manifpourlola.fr » et « justicepourlola.fr » par Reconquête ! (le parti d'Eric Zemmour) ». "Je trouve ça extrêmement indécent" a déclaré Bardella pour justifier l’absence du principal parti d’opposition, le sien, de ce qui va vraisemblablement rester comme l’un des grands mouvements populaires spontanés de ces dernières années.

Mais cet ostracisme assumé est-il la seule raison de la défection du parti mariniste ? N’y aurait-il pas aussi quelques autres raisons inavouées, telle celle de déplaire à l’électorat musulman ?

Il se fait que l’allogène qui a torturé et bu le sang de la petite Lola est algérienne, et donc, de facto, « musulmane ».

Islam et islamisme : blanc bonnet et bonnet blanc

hamid-zanaz-872645-250-400.jpgMarine Le Pen prend soin de distinguer l’islam de l’islamisme, les islamistes étant, selon elle, des extrémistes musulmans fanatiques, « radicaux » ; cette vision n’est pas partagée par la plupart des intellectuels d’origine musulmane qui ont abjuré leur foi en mettant en avant le fait que, bien au contraire, les prétendus islamistes ne font que respecter à la lettre les préceptes du Coran ; il nous suffit de citer le nom de l’universitaire et  philosophe algérien Hamid Zanaz (photo) et le titre très explicite de son livre : L’islamisme, vrai visage de l’islam ou le titre de l’ouvrage de l’islamologue Marie-Thérèse Urvoy, tout aussi explicite : Islam et Islamisme. Frères ennemis ou frères siamois ?

Les musulmans « modérés », toujours selon MLP, n’approuveraient pas les exactions des « islamistes ». Nous n’avons jamais constaté, tout au long de ces dernières années pendant lesquelles ont été perpétrés par les représentants de la religion dite « de paix et d’amour » quantité d’attentats et de crimes plus horribles les uns que les autres, que ces musulmans dits « modérés » désapprouvaient leurs coreligionnaires « extrémistes », par exemple en participant en masse aux manifestations destinées à condamner ces crimes. Il est possible, comme cela s’est déjà produit, que deux ou trois femmes voilées se joignent à ces manifestations, vraisemblablement envoyées en mission par l’imam local pour désamorcer les critiques. Bien sûr, il existe des personnes originaires du Maghreb, essentiellement des femmes, qui se sont définitivement libérées de l’emprise islamique, qui participent à ce type de manifestation mais qui ne se font pas remarquer, et surtout pas en arborant ostensiblement les signes mêmes de leur soumission (signification du mot islam) aux préceptes islamiques ou coraniques.

Ces maghrébins libérés de l’islam sont l’exception qui confirme la règle. Et le point de vue d’Eric Zemmour sur le sujet reste très pertinent : « L'islam, c'est l'islamisme au repos, l'islamisme, c'est l'islam en action. Il n'y a pas de différence. »

Motion de censure

Donc, d’un côté, celui de la rue et du peuple, le RN ne manifestera pas pour la petite Lola parce qu’y seront présents tous ces fâcheux fachos d’extrême-droite que sont les soutiens et militants de Zemmour ou de Philippot, et, dans un autre cadre, celui plus respectable et prestigieux des institutions « républicaines », sous les lambris dorés auxquels on s’habitue si facilement, le RN ne votera pas avec la Nupes la motion de censure pour virer enfin ce gouvernement de désaxés.

« RN, NUPES : chacun dépose sa petite motion de censure pour faire croire qu’ils est un opposant tout en précisant soigneusement qu’il ne votera pas la motion de l’autre ! Ce qui signifie laisser le pouvoir à Macron et ils le savent ! C’est affligeant, c’est trahir la France ! » (Florian Philippot).

Le député RN du Loiret Thomas Ménagé est interrogé par un journaliste de Boulevard Voltaire le 19 octobre :

« Le but d’une motion de censure, c’est de dire que nous ne faisons pas confiance au gouvernement, de dénoncer les agissements du pouvoir, n’est-il pas de dépasser les clivages partisans contre le gouvernement ? »

Réponse bien évasive et prudente du député :  « Là, en l’occurrence, il y a un exposé des motifs, des raisons de cette motion de censure. Les électeurs qui nous font confiance ne nous ont pas élus pour aller dans la même direction, au niveau budgétaire, que La France Insoumise ».

Non, ils vous ont élus d’abord pour vous opposer à ce gouvernement et le virer, coûte que coûte.

Ukraine : le choix de l’ennemi

Enfin, dernier grief et non des moindres à l’égard d’un parti qui avait été élu pour s’opposer à ce gouvernement dont l’unique but est de détruire le pays qu’il dirige.

Il s’agit de la position pro-ukrainienne adoptée par le RN ; ne nous trompons pas ; ce conflit n’est pas une guerre qui ne nous concerne pas ; au contraire, l’Europe et surtout la France sont intéressées au premier chef pour plusieurs raisons que nous allons évoquer.

D’abord, sur le plan strictement matériel dont se soucie tant MLP (quand elle n’intervient pas à l’Assemblée pour réclamer la stérilisation des chats que, paradoxalement, elle aime tant). En effet, les sanctions anti-russes dont Bruno Le Maire prédisait qu’elles allaient mettre la Russie à genoux n’ont finalement été néfastes qu’aux pays européens. Et ce n’est qu’un début.

Ensuite, sur le plan géopolitique, nous savons désormais que cette affaire ukrainienne a été préfabriquée de longue date par les USA, l’UE, l’Otan, la CIA ou l’Ordre mondial, comme vous préférez (mais considérez tous ces organismes ou Etats comme une seule entité).

Le Système mondial représenté par les USA n’a qu’un objectif : faire perdurer sa suprématie en supprimant tous ceux qui pourraient y porter atteinte ; un axe Europe-Russie qui pourrait se mettre en place serait létal pour l’Empire mondial qui doit à tout prix le bloquer ; l’affaire des Balkans, les bombardements meurtriers sur la population serbe, la création de l’État islamique du Kosovo n’avaient pas d’autre but que d’empêcher ce rapprochement. L’affaire ukrainienne est une autre tentative du Système pour réaliser son projet impérialiste. L’ennemi de l’Europe n’est pas la Russie, ce sont les USA qui ne cachent pas leur hostilité à l’égard des Européens et de toute nation qui viendrait contrarier leur projet de main-mise sur le monde. Voir à ce sujet l’excellent ouvrage de Lucien Cerise: Ukraine, la guerre hybride de l’OTAN.

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Les positions sont claires désormais : le vrai combat réside, partout dans le monde, entre les mondialistes/uniformisateurs et les traditionalistes/identitaires attachés à leur sol, à leur culture, à leurs traditions, entre les fausses élites mafieuses, perverses et psychopathes, soumises à l’Ordre mondial, qui sont au pouvoir dans une grande partie de la planète (et spécialement en Europe, et plus spécialement en France) et les peuples qu'elle veulent conditionner en permanence et réduire en esclavage in fine, car c'est bien le but recherché.

Pour ne pas se tromper de camp, il suffit de prendre les positions exactement inverses de celles assénées quotidiennement ad nauseam par les médias aux ordres, et par tous les relais de la secte mondialiste: les groupes de pression, associations antinationales grassement subventionnées, promigrants, faux experts télévisuels en conflit d'intérêt permanent, groupes transgenres LGBT, islamoféministes, syndicats corrompus, ploutocrates, partis politiques collabos, artistes dégénérés et nombrilistes, organismes internationaux et "Européens" soumis aux USA, les ONG, les relais gouvernementaux, etc..

Il n'y a pas de "communauté internationale", le monde n'est pas unipolaire comme ces déments le souhaiteraient.

Les Français qui ont encore un peu de dignité n'ont pas à hurler avec les loups qui sont plutôt des hyènes : Biden, Schwab, Soros, BHL, Macron et sa clique, Lagarde, Trudeau, von der La Hyène (en chef), Zizilensky, Fauci, Gates, etc., mais nous devons les chasser coûte que coûte et au plus vite pour retrouver la vraie vie, notre vie !

Le RN a choisi son camp : le camp de l’anti-France, le camp du mondialisme, des ordures qui veulent nous voir disparaître, qui veulent voir disparaître nos terroirs, nos patries charnelles européennes, le RN a choisi le camp de toute cette racaille en col blanc précitée. C’est ignoble.

Pierre-Emile Blairon

[1] Voir mon article du 17 juin 2022 sur ce même site : Élections législatives 2022 : la revanche du Titanic et le triomphe de l’inertie

mercredi, 12 octobre 2022

Douglas Macgregor pense que les États-Unis et le Royaume-Uni pourraient être derrière le sabotage de Nord Stream

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Douglas Macgregor pense que les États-Unis et le Royaume-Uni pourraient être derrière le sabotage de Nord Stream

Lucas Leiroz

Source: https://novaresistencia.org/2022/10/09/douglas-macgregor-acredita-que-eua-e-reino-unido-podem-estar-por-tras-da-sabotagem-do-nord-stream/

Les médias occidentaux ont tenté de suggérer que l'incident du gazoduc Nord Stream était le résultat d'une opération de sabotage russe, mais ce récit ne semble pas convaincre même les experts occidentaux. Récemment, un ancien conseiller du Pentagone a déclaré que les États-Unis et le Royaume-Uni semblent être responsables de l'opération qui a conduit aux explosions de Nord Stream 1 et 2. L'implication évidente de l'Occident dans ce crime devrait susciter la condamnation de la société internationale.

Participant à une émission du podcast Judging Freedom avec l'animateur Andre Napolitano, l'ancien conseiller du secrétaire américain à la Défense, Douglas Macgregor, a déclaré que les États-Unis et le Royaume-Uni pourraient être les pays à l'origine de la récente explosion du gazoduc gemano-russe. Macgregor affirme catégoriquement que les Russes n'ont pas pris part à une telle opération et qu'un éventuel plan d'auto-sabotage allemand semble également très improbable. Pour lui, les États-Unis et le Royaume-Uni sont les pays qui non seulement semblent les plus intéressés par ce genre d'attitude, mais qui disposent également de la plus grande capacité technique et opérationnelle pour mener à bien ce type de travail.

Comme on s'y attendait, M. Macgregor n'a pas parlé sur un ton accusateur et a précisé qu'il ne disposait d'aucune donnée concrète permettant de dire qui est à l'origine de ce crime, mais il a déclaré avec insistance que seuls les Américains et les Britanniques semblent disposer des conditions techniques et matérielles nécessaires pour répondre aux exigences de ce type d'opération.

"Les Russes n'ont pas fait cela (...) Vous devez regarder qui sont les acteurs étatiques qui ont la capacité de parfaire une telle action. Et cela signifie la Royal [UK] Navy et la United States Navy (...) Je pense que c'est assez clair", a-t-il déclaré lors de l'entretien avec Napolitano.

Il a également commenté la façon dont les circonstances ont conduit à croire que les États-Unis ont réellement participé à l'acte, rappelant, par exemple, le tweet de Radoslaw Sikorski, ancien ministre polonais des Affaires étrangères, député européen, remerciant littéralement les États-Unis pour l'attaque contre Nord Stream. Compte tenu de la position de Sikorski en tant que haut fonctionnaire européen, il est probable qu'il dispose d'informations concrètes qui légitiment cette conclusion. Bien que M. Mcgregor n'ait pas commenté l'affaire en détail, il est même possible de penser à un certain degré de participation polonaise dans ce type d'attaque, car la Pologne est l'une des parties les plus intéressées - tant sur le plan politique qu'économique - par la fin du projet Nord Stream.

En fait, l'opinion d'un ancien conseiller du Pentagone est absolument dépourvue de toute position idéologique pro-russe. M. Mcgregor analyse l'affaire de manière technique et impartiale, en s'attachant véritablement à la vérité. De nombreux médias occidentaux affirment que croire que les États-Unis ont mené l'attaque du Nord Stream serait une sorte de "théorie du complot pro-russe", mais ce n'est pas vrai. Les circonstances suggèrent une participation américaine, comme l'affirment les experts militaires occidentaux eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'une guerre de récits sur qui aurait ou n'aurait pas fait le sabotage, mais d'une simple conclusion analytique : les États-Unis et le Royaume-Uni ont des intérêts politiques et économiques à détruire les gazoducs germano-russes, ainsi qu'à posséder les conditions matérielles et l'appareil technique nécessaires pour parfaire l'opération.

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À cet égard, la Russie a encouragé la progression des enquêtes, y compris dans le cadre de l'ONU. Le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vasily Nebenzya (photo), a déclaré au CSNU que son pays préconise une enquête complète sur le sabotage des gazoducs et a clairement indiqué que Moscou ne croit pas à l'hypothèse selon laquelle l'attaque a été organisée par des terroristes conventionnels, suggérant qu'elle a été planifiée par des agences de renseignement professionnelles.

"La Russie appelle à une enquête complète pour découvrir la cause réelle de ce qui s'est passé (...) Il est absolument clair pour nous que des terroristes ordinaires ne sont pas capables de mener des activités de sabotage de cette complexité et de cette ampleur. Nous considérons les actions visant à endommager les gazoducs comme un acte délibéré de sabotage contre les installations énergétiques cruciales de la Russie (...) Nous établirons certainement tous ceux qui sont impliqués dans cet acte de sabotage", a déclaré M. Nebenzya lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Il est nécessaire que l'ensemble de la société internationale se mobilise pour exiger, comme la Russie, que la vérité sur cette affaire soit révélée grâce à l'avancement des enquêtes. Il est inacceptable que les organisations internationales, en particulier celles directement concernées, comme l'UE, restent silencieuses face à ce crime. Si les soupçons des experts concernant l'implication des États-Unis et du Royaume-Uni (et éventuellement de la Pologne) sont avérés, ces pays doivent être tenus pour responsables.

Source : Infobrics - https://infobrics.org/post/36747/

mardi, 11 octobre 2022

De Willy Brandt à Scholz en passant par Merkel. C'est reparti pour les espions et les attaques : l'Allemagne et la Russie doivent rester séparées

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De Willy Brandt à Scholz en passant par Merkel. C'est reparti pour les espions et les attaques : l'Allemagne et la Russie doivent rester séparées

par Nicola Guerra 

Source : Nicola Guerra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/da-willy-brandt-a-scholz-passando-per-la-merckel-ci-risiamo-con-le-spie-e-gli-attentati-germania-e-russia-devono-restare-separate

Les États-Unis ont toujours tout fait pour séparer l'Allemagne de la Russie. Technologie et ressources. Tout pour empêcher l'intégration de l'Eurasie.

Dans le passé, c'est Willy Brandt qui a été politiquement abattu par la découverte d'un réseau d'espionnage savamment monté, on le saura des années plus tard, par les États-Unis eux-mêmes. Ce qu'ils n'ont pas apprécié, c'est son dégel avec l'Est et une éventuelle collaboration germano-russe. Imaginez quand, après lui, le tandem Moro-Berlinguer a essayé. Échec total. Et pas avec des méthodes subtiles. Parce qu'il existait une organisation Stay-Behind (Gladio) opérant en Europe et en Italie, qui n'était pas composée d'enfants de chœur et qui recourait à l'infiltration et au terrorisme, non pas occasionnellement, comme le reconstituent de nombreuses publications.

C'est reparti. Voici un autre scandale d'espionnage en Allemagne. Ponctuel comme une horloge après des semaines à discréditer Merkel comme agent du KGB, amie de la Stasi de Poutine. Après que Nord Stream ait été bombardé et que le réseau ferroviaire allemand ait explosé, voici les omniprésents espions russes en Allemagne, ou plutôt les contacts entre espions. Pour ajouter un peu de sel, les médias s'empressent également de dire que les Russes ont bombardé le consulat allemand à Kiev. Un consulat qui était vide depuis des mois. L'un des nombreux reporters occidentaux peut-il se rendre sur place et voir ce qui se trouvait dans l'ancien consulat ? Ce serait utile.

En bref, les vieux schémas de la première guerre froide sont de retour et avec eux les espions imaginaires de Brandt qui sont désormais actifs et en dialogue avec les services allemands. Sont également de retour les attentats à la bombe et peut-être, avant peu de temps, le terrorisme. Tout pour maintenir l'Allemagne et la Russie séparées, tout pour maintenir l'Europe isolée dans sa servilité atlantiste.

Pourquoi la Suède ne partage-t-elle pas les résultats de l'enquête sur le Nord Stream avec la Russie ?

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Pourquoi la Suède ne partage-t-elle pas les résultats de l'enquête sur le Nord Stream avec la Russie?

par les rédacteurs de l'AntiDiplomatico

Source : https://www.lantidiplomatico.it/dettnews-perch_la_svezia_non_vuole_condividere_con_la_russia_i_risultati_dellindagine_sul_nord_stream/45289_47539/

La première ministre suédoise Magdalena Andersson a déclaré que le pays nordique ne partagera pas les résultats de l'enquête sur l'accident du gazoduc Nord Stream avec les autorités russes ou la société d'État Gazprom, a-t-elle déclaré aux journalistes, comme le rapporte Reuters.

"En Suède, nos enquêtes préliminaires sont confidentielles et c'est, bien sûr, également vrai pour cette affaire", a déclaré Mme Andersson. Toutefois, elle a déclaré que Stockholm n'a pas le pouvoir d'empêcher les navires russes de se rendre sur le site de l'accident, maintenant que l'enquête sur le site est terminée.

Le premier ministre a souligné que la zone économique suédoise n'est pas un territoire où la Suède a des droits de passage exclusifs. "Il est possible que d'autres navires restent dans la zone, c'est ainsi que les règles fonctionnent", a-t-elle ajouté.

Les enquêtes suédoises sur les lieux ont trouvé des preuves de détonations et les procureurs soupçonnent un sabotage. Moscou a demandé au gouvernement suédois de participer à l'enquête, mais Stockholm a rejeté la proposition.

Entre-temps, il apparaît que des dispositifs de l'OTAN ont déjà été trouvés près du gazoduc Nord Stream 1 au cours des années précédentes. 

Le porte-parole de Gazprom, Sergey Kupriyanov, a révélé qu'un détonateur sous-marin de l'OTAN avait été découvert près du pipeline en 2015. 

Un dispositif de déminage intégré au véhicule submersible télécommandé Seafox de l'OTAN a été découvert le 6 novembre 2015 lors d'une maintenance de routine. Le dispositif était situé entre deux pipelines à une profondeur de 40 mètres, a précisé le porte-parole. À ce moment-là, les forces armées suédoises ont désamorcé et le transport de gaz, qui avait été suspendu pendant un certain temps en raison de l'urgence, a repris.

Après l'incident, l'Alliance atlantique a déclaré que le détonateur avait été perdu lors d'exercices.

Pour en revenir aux attaques de cette année sur les gazoducs, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que les sabotages ont eu lieu dans une zone contrôlée par les services de renseignement américains. 

Les renseignements russes ont déclaré être déjà en possession de matériel indiquant une empreinte occidentale dans l'organisation et l'exécution des explosions.

Les enquêteurs du Service fédéral de sécurité russe (FSB) ont également ouvert une procédure pénale pour terrorisme international en rapport avec les déflagrations du pipeline.


L'AntiDiplomatico est une publication enregistrée le 08/09/2015 auprès du Tribunal civil de Rome sous le n° 162/2015 du registre de la presse. Pour toute information, demande, conseil et critique : info@lantidiplomatico.it

 

L'objectif de Biden : l'Ukraine comme tombeau de l'axe franco-allemand

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L'objectif de Biden : l'Ukraine comme tombeau de l'axe franco-allemand

Andrea Muratore & Emanuel Pietrobon

(23 avril 2022)

Les sages disent que le plus grand canular que le Diable ait jamais réalisé a été de convaincre le monde qu'il n'existe pas. C'est ainsi que le Malin peut faire porter aux autres la responsabilité de tous ses méfaits. C'est ainsi qu'il peut agir sans être dérangé, entraîner le mortel de service dans la tentation, et disparaître soudainement comme la brume lorsque le péché a été commis.

Un bon stratège, semblable au rusé Satan dépeint par John Milton dans le poème épique Paradise Lost, est appelé à faire de la nécessité une vertu, à saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente et même à la créer à partir de rien lorsqu'on lui en donne l'occasion. Un bon stratège, semblable au vieux démon dépeint par C. S. Lewis dans son oeuvre satirique The Screwtape Letters, sait comment exploiter les faiblesses des autres et sur quelles tromperies antédiluviennes s'appuyer pour condamner l'adversaire au cinquième cercle de l'enfer.

Gagner sans se battre. Observer deux ou plusieurs querelles avec la complaisance de ceux qui n'entreront à la fin du spectacle que pour récolter les fruits semés par d'autres. Se dire connaisseur de l'art de la guerre, en effet, ne revient qu'à une seule chose : posséder les connaissances nécessaires pour obtenir un résultat maximal avec un effort minimal. Une connaissance que le duo Biden-Blinken a (dé)montré avoir quand, en faisant capoter les négociations sur les soi-disant garanties de sécurité, il a convaincu un Vladimir Poutine exaspéré par l'échec de la diplomatie de la canonnière de concrétiser l'impensable : l'invasion de l'Ukraine.

En piégeant la Russie dans les sables mouvants ukrainiens, réinterprétation contemporaine du bourbier afghan, la présidence Biden a atteint certains objectifs dans l'immédiat et nourrit l'espoir d'en atteindre d'autres à moyen et long terme, de la fracture du cercle autour de Poutine à la déstabilisation de l'espace post-soviétique, en passant par la consolidation de l'encerclement atlantique de Moscou et, surtout, l'objectif le moins visibilisé à ce jour : l'effritement de l'Entente franco-allemande. Une garantie pour le maintien de l'Europe comme province géostratégique de l'empire américain.

Poutine, le meilleur ennemi de Biden

Si Poutine n'existait pas, Biden aurait dû l'inventer. Approché pour gagner, impulsif quand il est acculé et paranoïaque - toujours. Ne pas vouloir accepter le rejet comme une réponse. Et prévisible, donc, dans ses réactions. Le meilleur ennemi que les États-Unis auraient pu souhaiter à ce moment précis de l'histoire - une période de transition délicate vers un nouvel ordre mondial.

La loi non écrite de tout stratège est de "créer quand c'est nécessaire, d'exploiter quand c'est possible" et le duo Biden-Blinken, en retournant magistralement contre le leader du Kremlin cette diplomatie de la canonnière qu'ils ont utilisée pour appeler à la renégociation de l'architecture de sécurité euro-atlantique et au retour à l'ère des sphères d'influence, a montré qu'il savait l'appliquer. William Burns, ambassadeur du dialogue, bâtisseur de ponts entre Washington et la Russie et gardien de l'appareil du directeur de la CIA, a tenté de prendre la mesure de Moscou en institutionnalisant cette prévisibilité dans un dialogue franc et étroit. Une offre non retenue par Moscou, qui a choisi de se raidir, ouvrant la voie à la contre-attaque américaine.

Faire de la menace une opportunité. L'occasion, dans ce cas, de faire d'une pierre deux coups : affaiblir et la Russie et l'Union européenne. Car cette dernière, en effet, dans la vision américaine n'a de sens que si elle existe dans une position de subalternité au sein du pôle de puissance occidental, en tant que province périphérique de l'Empire ni plus ni moins inhibée dans ses mouvements que l'Amérique latine.

La soi-disant "rupture atlantique" n'allait pas être réparée par la présidence Biden. Elle avait et a des causes (beaucoup) plus profondes. Nous l'avions expliqué dans nos colonnes le 7 janvier 2021, au terme de la courte mais intense ère Trump, que le président du Parti démocrate poursuivrait la politique d'usure de l'ordre hégémonique franco-allemand de ses prédécesseurs. Tout au plus, en raison de la différence de fond idéologique, changerait-il la forme de l'attrition tout en laissant le fond intact.

Biden, nous l'avions prévenu avant qu'il ne prenne ses fonctions à la Maison Blanche, dissimulerait derrière des appels à l'unité apparemment innocents une "cohésion coercitive". L'objectif était évident : "empêcher, ralentir et retarder la réalisation de la soi-disant autonomie stratégique prônée par Macron". Et dans les mois qui suivent, comme prévu, le déclenchement de la bataille des espions, de nouvelles escarmouches diplomatiques et l'adoption de nouvelles sanctions (clairement) coordonnées.

La guerre de Poutine qui ne dérange pas Biden

Le sabotage de l'autonomie stratégique européenne, c'est-à-dire le processus d'émancipation géopolitique de l'UE vis-à-vis des États-Unis, passe inévitablement par trois directions : la Russie, le Royaume-Uni et l'axe Paris-Berlin.

La Russie comme un épouvantail à agiter, et à inciter à la violence si et quand cela est nécessaire - comme en Ukraine -, pour éviter la matérialisation du cauchemar mackinderien d'un axe eurasien avec Berlin comme capitale. Un épouvantail à repousser et avec lequel il faut cesser toute forme de couplage, comme, par exemple sur le plan de l'énergie.

Le Royaume-Uni comme bélier pour exercer une pression tactique sur le ventre mou de l'Empire franco-allemand, en particulier l'espace polono-balte. Le Royaume-Uni, qui, sans surprise, a d'abord participé au boycott des négociations sur les garanties de sécurité, puis a poussé à l'entrée de l'OTAN dans la guerre d'Ukraine et à l'introduction de sanctions sans précédent contre la Russie, de l'exclusion de SWIFT à l'embargo énergétique, en connaissance de l'asymétrie de leurs dégâts. Coup de grâce au parti de la détente dirigé par Emmanuel Macron et soutenu par (quelques) autres.

L'axe Paris-Berlin perpétuellement privée de débouché grâce aux nids de poule et aux impasses, comme le veto américain à la construction d'une armée européenne commune et comme la stratégie, toujours américaine, basée sur le butinage des partis politiques et des forces sociales prônant un atlantisme radical et porteurs d'instances contraires à l'intérêt européen, notamment sur le plan énergétique - de l'importation accrue de GNL nord-américain à une transition verte soudaine et traumatisante. Emblématiques, à ce dernier égard, sont les Verts allemands : nœud coulant autour du cou d'Olaf Scholz, partisans d'une rupture totale avec la Russie et la République populaire de Chine, détracteurs du gazoduc Nord Stream 2 depuis le premier jour et possibles exhumateurs du défunt TTIP et autres propositions pour une plus grande intégration euro-atlantique.

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Que la perspective d'une Ukraine envahie par la Russie ne dérange pas Biden, car elle est utile dans le contexte du boycott de l'autonomie stratégique de l'Europe et de l'usure concomitante de l'Entente franco-allemande, Macron l'avait pressenti dès le départ. C'est la raison de son dynamisme diplomatique en décembre, janvier et février. Et c'est pourquoi, malgré la guerre, il a maintenu actif le canal du dialogue avec Poutine et a continué à fournir une respiration artificielle au parti de la détente européen qui était en état comateux.

L'histoire donnera tort ou raison aux efforts de Macron, mais cette première moitié, quelle que soit la façon dont la guerre en Ukraine se termine, Biden l'a incontestablement gagnée. Il l'a gagnée lorsque Poutine a choisi la voie des armes, forçant l'UE à se plier à la ligne dictée par les États-Unis et assassinant le parti européen de la détente et de l'autonomie stratégique. Et il l'a gagné, non moins important, en plantant les graines de la discorde dans les champs fertiles qui nourrissent l'hégémonie franco-allemande, aujourd'hui affaiblie par des divergences sur les sanctions à appliquer à la Russie et la forme de la sécurité européenne d'après-guerre - davantage d'OTAN ou une armée commune ? - et demain contraint d'affronter l'épreuve du feu : le puissant réarmement de l'Allemagne.

L'Europe franco-allemande meurt-elle à Kiev ?

Vladimir Poutine a sans doute choisi de mettre fin à l'ère de la GeRussie d'Angela Merkel en ouvrant le jeu ukrainien. Mais d'une certaine manière, il a doublement joué le jeu de Washington en accaparant également les perspectives de l'axe franco-allemand. Pas tant par des ruptures entre Paris et Berlin, mais plutôt par la déstabilisation de toute perspective d'une Europe ayant la capacité d'agir autour du leadership de la France et de l'Allemagne. Berlin a choisi la voie atlantique sur le front de la défense, dans le gouvernement d'Olaf Scholz les Verts l'ont emporté, ennemis du gazoduc Nord Stream 2, du dégel avec la Russie, de la diplomatie des ponts, jusqu'à ce que ce soit l'industrie qui rappelle à l'ordre les risques d'un embargo énergétique total. Emmanuel Macron a dû rebondir après ses premières manœuvres de détente, qui ont vu le rival stratégique britannique dans l'arène de l'OTAN et l'adversaire politique polonais dans l'arène européenne l'emporter dans la bienvaillance américaine. Londres et Varsovie sont les capitales de l'Europe atlantique, autour desquelles l'Italie, la Roumanie, la République tchèque, le Danemark, la Norvège, la Suède, la Finlande et les républiques baltes se dressent désormais comme porte-drapeau du contraste total avec Moscou.

Paris et Berlin sont métaphoriquement en état de siège. Et Macron l'est aussi sur le front politique : ne nions pas que le rêve inavouable de Washington est une victoire présidentielle de Marine Le Pen qui, aussi lointaine soit-elle, serait pour les Etats-Unis une garantie de la fin définitive, également sur le front politique, de l'axe franco-allemand. Les "mains baladeuses" du scandale du tic-tac de McKinsey et les attaques du gouvernement atlantique contre les initiatives de paix de Macron semblent au moins suspectes dans la campagne électorale. Parce que l'avenir de l'axe franco-allemand, et donc de l'autonomie stratégique européenne, dépend de la réélection de Macron à l'Élysée.

Plus la guerre durera et plus le feu brûlera aux frontières de l'Europe, plus la perspective d'un axe franco-allemand moteur de l'autonomie stratégique européenne s'éloignera. Plus l'Europe sera perçue comme une périphérie de l'Occident sous la bannière étoilée, plus il sera difficile pour une capacité opérationnelle de présenter une sortie de crise menée par la France et l'Allemagne. Plus les États-Unis dictent la ligne de l'OTAN en empêchant l'Europe de choisir la paix ou la guerre, mais en la convainquant de danser à son propre rythme, moins la France et l'Allemagne seront en mesure de jouer un rôle décisif à l'avenir. La fin de l'axe franco-allemand comme moteur de l'Europe est un objectif clair de l'ère Biden, fondé sur la nécessité de reconstruire l'unité du camp occidental sans perspective de déviation de l'orthodoxie de Washington pour les alliés européens. Inexorablement appelé hors de l'histoire. Transformé en périphérie dans l'archipel de la mondialisation dans lequel se prépare la guerre froide 2.0. Dans le camp duquel Washington ne veut pas s'écarter. Et le contrôle de son territoire, grâce à Vladimir Poutine, est plus étroit. Voilà pour les perspectives d'autonomie stratégique européenne.

lundi, 10 octobre 2022

La crise ukrainienne ne concerne pas l'Ukraine mais l'Allemagne

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La crise ukrainienne ne concerne pas l'Ukraine mais l'Allemagne

par Michael Whitney

Source: http://www.cese-m.eu/cesem/2022/09/la-crisi-ucraina-non-riguarda-lucraina-ma-la-germania/?fbclid=IwAR2o2pWcMrLESb5XOqV795oxH7T6JsQE_51pig15Cy6FOYLiDstPOQdXErw

En ce qui concerne le sabotage du gazoduc Nordstream, nous vous proposons cet article prémonitoire qui date de février 2022. 

"La raison primordiale qui a conduit les États-Unis à mener des guerres pendant plus d'un siècle - la Première et la Seconde guerres mondiales et la Guerre froide - a été la relation qui existait entre l'Allemagne et la Russie, car unies, elles sont la seule force qui pourrait nous menacer . Npus avons agi pour faire en sorte que cela ne se produise pas". 
George Friedman, PDG de STRATFOR au Conseil des affaires étrangères de Chicago.

La crise ukrainienne n'a rien à voir avec l'Ukraine. Il s'agit plutôt de l'Allemagne et, en particulier, d'un gazoduc qui relie l'Allemagne à la Russie, appelé Nord Stream 2. 

Washington considère le gazoduc comme une menace pour sa primauté en Europe et a tenté de saboter le projet à chaque étape de sa mise en oeuvre.

Néanmoins, Nord Stream est allé de l'avant et est maintenant entièrement opérationnel et prêt à être utilisé. Une fois que les autorités régulatrices allemandes auront fourni la certification finale, les livraisons de gaz commenceront. Les foyers et les entreprises allemands disposeront d'une source fiable d'énergie propre et bon marché, tandis que la Russie verra ses revenus gaziers augmenter considérablement.

C'est une situation gagnant-gagnant pour les deux parties. L'establishment de la politique étrangère américaine n'est toutefois pas satisfait de ces développements. Ils ne veulent pas que l'Allemagne devienne de plus en plus dépendante du gaz russe, car le commerce crée la confiance et la confiance conduit à l'expansion du commerce. 

À mesure que les relations s'intensifient, davantage de barrières commerciales sont supprimées, les réglementations sont assouplies, les voyages et le tourisme augmentent et une nouvelle architecture de sécurité se met en place.

Dans un monde où l'Allemagne et la Russie sont amies et partenaires commerciaux, il n'y aurait pas besoin de bases militaires américaines, pas besoin d'armes et de systèmes de missiles coûteux de fabrication américaine, et pas besoin de l'OTAN.

En outre, il ne serait pas nécessaire de négocier des accords énergétiques en dollars américains ou de stocker des obligations du Trésor américain pour équilibrer les comptes.

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Les transactions entre partenaires commerciaux pourraient être effectuées dans leurs monnaies nationales, ce qui ne manquera pas de précipiter une forte baisse de la valeur du dollar et un déplacement spectaculaire du pouvoir économique.

C'est pourquoi l'administration Biden s'oppose à Nord Stream. Ce n'est pas seulement un pipeline, c'est une fenêtre sur l'avenir ; un avenir dans lequel l'Europe et l'Asie se rapprocheront dans une zone de libre-échange de grandes dimensions qui augmentera la puissance et la prospérité mutuelles, laissant les États-Unis à l'extérieur de cette dynamique.

Le rapprochement entre l'Allemagne et la Russie marque donc la fin de l'ordre mondial "unipolaire" que les États-Unis ont supervisé au cours des 75 dernières années.

Une alliance germano-russe constitue donc une menace qui accélérera le déclin de la superpuissance, laquelle s'approchera alors de l'abîme.

C'est pourquoi Washington est si déterminé à faire tout son possible pour saboter Nord Stream et maintenir l'Allemagne dans son orbite. 
C'est, pour les Etats-Unis, une question de survie.

C'est là que l'Ukraine intervient. L'Ukraine est "l'arme de choix" de Washington pour torpiller Nord Stream et creuser un fossé entre l'Allemagne et la Russie. La stratégie est tirée de la première page du manuel de politique étrangère des États-Unis, sous le titre : Diviser pour régner.

Washington doit créer la perception que la Russie représente une menace pour la sécurité de l'Europe.

Tel est l'objectif.

Ils doivent montrer que Poutine est un agresseur sanguinaire dont le tempérament n'est pas digne de confiance. À cette fin, les médias ont été chargés de répéter sans cesse : "La Russie prévoit d'envahir l'Ukraine". Ce qui n'a pas été mentionné, c'est que la Russie n'a envahi aucun pays depuis la dissolution de l'Union soviétique, et que les États-Unis ont envahi ou renversé des régimes dans plus de 50 pays au cours de la même période, et que les États-Unis maintiennent plus de 800 bases militaires dans des pays du monde entier.

Rien de tout cela n'est rapporté dans les médias, l'accent étant mis sur le "méchant Poutine" qui a massé quelque 100.000 soldats le long de la frontière ukrainienne, menaçant de plonger toute l'Europe dans une nouvelle guerre sanglante.

Les sanctions économiques rebutent les Allemands qui y voient un signe d'ingérence étrangère. "Pourquoi les États-Unis s'immiscent-ils dans nos décisions en matière d'énergie ?", demande l'Allemand moyen. "Washington devrait s'occuper de ses propres affaires et rester en dehors des nôtres". 
C'est exactement la réponse que l'on attend de toute personne raisonnable.

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Ensuite, il y a celle-ci, publiée par Al Jazeera :

"Les Allemands en majorité soutiennent le projet, seules certaines parties de l'élite et des médias sont contre le gazoduc....".

Plus les États-Unis parlent de sanctionner ou de critiquer le projet, plus il devient populaire dans la société allemande, a déclaré Stefan Meister, expert de la Russie et de l'Europe de l'Est au Conseil allemand des relations étrangères." ("Nord Stream 2 : Pourquoi le gazoduc russe vers l'Europe divise l'Occident", AlJazeera)

Ainsi, l'opinion publique est résolument du côté de Nord Stream, ce qui contribue à expliquer pourquoi Washington a décidé d'adopter une nouvelle approche.

Les sanctions ne fonctionnant pas, l'Oncle Sam est passé au plan B : créer une menace extérieure suffisamment importante pour que l'Allemagne soit obligée de bloquer l'ouverture du pipeline. Franchement, cette stratégie sent le désespoir, mais on ne peut s'empêcher d'être impressionné par la persévérance de Washington. Ils sont peut-être menés de cinq points dans le bas de la neuvième manche, mais ils n'ont pas encore jeté l'éponge. Ils lui donneront une dernière chance et verront s'ils peuvent faire des progrès.
La chancelière allemande a été stupéfaite par les commentaires de Biden qui ne faisaient manifestement pas partie du script original. Néanmoins, Scholz n'a jamais accepté d'annuler Nord Stream et a même refusé de mentionner le gazoduc par son nom. Si Biden pensait pouvoir se débarrasser du leader de la troisième plus grande économie du monde en le coinçant dans un forum public, il s'est trompé.

L'Allemagne reste déterminée à lancer Nord Stream, sans tenir compte des répercussions potentielles dans la lointaine Ukraine. Mais cela pourrait changer à tout moment.

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Après tout, qui sait quels incitants Washington pourrait prévoir dans un avenir proche ? Qui sait combien de vies ils sont prêts à sacrifier pour creuser un fossé entre l'Allemagne et la Russie ? Qui sait quels risques Biden est prêt à prendre pour ralentir le déclin de l'Amérique et empêcher l'émergence d'un nouvel ordre mondial "polycentrique" ? Tout peut arriver dans les semaines à venir. Tout ce que vous pouvez imaginer.

C'est à Scholz de décider comment résoudre cette question. Mettra-t-il en œuvre la politique qui sert le mieux les intérêts du peuple allemand ou succombera-t-il aux pressions incessantes de Biden ?

Tracera-t-il une nouvelle voie qui renforce les nouvelles alliances dans le trépidant corridor eurasien ou apportera-t-il son soutien aux folles ambitions géopolitiques de Washington ?

Acceptera-t-il le rôle fondamental que pourra jouer l'Allemagne dans un nouvel ordre mondial - dans lequel de nombreux centres de pouvoir émergents partageront équitablement la gouvernance mondiale et dans lequel les dirigeants resteront fermement attachés au multilatéralisme, au développement pacifique et à la sécurité pour tous - ou cherchera-t-il à soutenir le système d'après-guerre en lambeaux qui a clairement dépassé sa durée de vie ?

Une chose est sûre, ce que l'Allemagne décidera nous affectera tous.

Cet article a été initialement publié dans The Unz Review .

Michael Whitney est un célèbre analyste géopolitique et social basé dans l'État de Washington. Il a commencé sa carrière de journaliste indépendant en 2002 avec un engagement pour un journalisme honnête, pour la justice sociale et la paix mondiale. Il est associé-chercheur au Center for Research on Globalization (CRG).

dimanche, 09 octobre 2022

La revue de presse de CD 09 octobre 2022

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La revue de presse de CD

09 octobre 2022

(Avis de la rédaction: CD prendra quelques semaines de recul et vous donne d'ores et déjà rendez-vous pour la première semaine de novembre)

EN VEDETTE

Justice politique : Dupond Moretti et Kohler, les deux faces de la même pièce

L’existence d’organisations syndicales de magistrats devenues d’incontestables structures politiques posent un problème considérable et constitue un facteur aggravant. Le devoir de réserve que l’on réclame à grand bruit pour les militaires en retraite devrait pourtant être encore plus sévère pour des juges aux fonctions d’arbitre. Les militaires doivent se taire parce qu’ils sont subordonnés au pouvoir civil qui conduit la défense de la nation à qui ils doivent obéir, eux-mêmes étant chargé de mener les opérations. Si les juges du siège doivent se taire, c’est parce que n’appartenant pas à un pouvoir élu, leur seule légitimité repose sur leur impartialité. Et que tout soupçon sur celle-ci anéantit cette légitimité dont leurs décisions ont pourtant un essentiel besoin.

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/10/justice-politique-dupon...

ARMÉNIE

Arménie abandonnée par l’Occident pour le gaz d’Azerbaïdjan ? Entretien avec Tigrane Yégavian (VIDÉO)

VA + reçoit le chercheur et écrivain Tigrane Yégavian pour parler du conflit qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour notamment du territoire du Haut-Karabakh. L’auteur publie avec Eric Denécé pour le CF2R « Haut-Karabagh : le Livre Noir » aux éditions Ellipses, ouvrage qui condense des articles de chercheurs et de personnalités concernant l’histoire de la région et du conflit qui oppose deux nations, et même deux civilisations. Pourquoi cette guerre n’entraîne quasiment aucune réaction de l’Occident comparé à celle menée en Ukraine ? Pourquoi aucune sanction n’est-elle décrétée par la communauté internationale face à l’épuration ethnique dont sont victimes les chrétiens de la région ? Éléments de réponse dans ce Grand Entretien :

ndf.fr

https://www.ndf.fr/nos-breves/07-10-2022/larmenie-abandon...

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COMPLOTISME/C’est celui qu’y dit qu’y est !

Quand le complotisme devient réalité : Enedis pourra couper les ballons d’eau chaude via Linky cet hiver

Un compteur Linky pour les contrôler tous. C’est en tout cas ce à quoi ressemble cet arrêté publié le mardi 27 septembre 2022 au Journal officiel, qui autorise les « gestionnaires de réseaux publics de distribution d’électricité » à « désactiver la fermeture du contact pilotable » entre « 11 h et 15 h 30 ». Il est ensuite précisé que cette « désactivation quotidienne […] ne peut être supérieure à deux heures » et qu’elle « commence avant 14 h ».

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/10/04/208898/quand-le-co...

DÉCONSTRUCTION

Il est temps de changer le monde, pas le corps des filles

Plutôt qu’une organisation caritative qui pousse des adolescentes peu sûres d’elles identifiées comme transgenres à subir une ablation des seins, nous avons besoin d’un mouvement qui célèbre les jeunes femmes.

lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2022/10/02/il-est-temps-de-cha...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

La guerre par Twitter ? L'étrange destin d'un tweet et l'affaire du Nord Stream

Étant donné que les investigations matérielles ne peuvent commencer tant que de grandes quantités de méthane fuient encore des tuyaux, il est peu probable que l'identité des éventuels saboteurs soit établie dans l'immédiat. Les controverses autour du Nord Stream se caractérisent donc par des conjectures et des accusations mutuelles de la Russie (visant les « anglo-saxons ») et les pays occidentaux. Chose normale en temps de guerre, dirait-on. Par contre, les réactions contradictoires au sein de l’opinion publique occidentale ont révélé un haut degré de tension et de nervosité sociétale, la divergence des hypothèses étant le reflet de lectures incompatibles du conflit en Ukraine, principalement au sujet du rôle des États-Unis et leurs relations avec l'Europe.  Une bonne illustration de cette situation insolite est le destin spectaculaire et étrange d'un tweet de Radoslaw Sikorski, eurodéputé et ancien ministre polonais de la défense, qui a réussi à déclencher une tempête diplomatique internationale avec seulement trois mots sur Twitter : « Thank you, USA », au-dessus d'une image d'un tourbillon de gaz dans la Baltique.

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/la-guerre-par-twitter-l...

« Le suicide du journalisme », par Laurent Mucchielli

Face à la crise sanitaire, les médias ont abandonné leur rôle de contre-pouvoir pour devenir des communicants de la doxa officielle. Analyse de Laurent Mucchielli, sociologue, directeur de recherche au CNRS, à l’occasion des Rencontres de Cara.

youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=HeGwSpEUqc0

Revue de presse RT du 25 septembre au 1er octobre 2022

Exercice de ré/désinformation hebdomadaire. Référendums pour rattacher une grande partie de l’Ukraine à la Russie, sabotage du Nord Stream, guerre des sanctions et économies en berne, déstabilisations dans toute l’Eurasie, la guerre hybride opposant la Russie au monde occidental fait rage. Voici le point de vue russe sur cette guerre.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-25-septembre-au-1er-octobre-2022

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S’inventer des origines maghrébines pour plus de likes : l’« arab-fishing »

On est à Dubaï, Milla Jasmine, figure de proue d’émissions de télé-réalité, sort au restaurant avec ses amies. Jusque-là, rien de bien anormal. C’est le commentaire du journaliste, Paul Labrosse, dans l’émission de France 2 « Complément d’enquête » sur le business des influenceurs qui détonne. Il la présente comme « Marie Germain, alias Milla Jasmine »… La connerie vue par un site de la gauche bien-pensante.

slate.fr

https://www.slate.fr/story/234547/arab-fishing-milla-jasm...

ÉCOLOGIE (PUNITIVE)

5 démentis sur l’utilité des éoliennes en mer ou sur terre

Voici cinq arguments faux sur les éoliennes en mer ou sur terre.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/10/05/422640-5-dementis...

ÉNERGIES

« Je baisse, j’éteins, je décale ». Pour Agnès Pannier-Runacher, les Français sont des enfants débiles

Mais quel esprit libre peut encore ne pas avoir casser sa télévision, après avoir entendu parler Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, faire ses annonces sur la « sobriété énergétique ». « Je baisse, j’éteins, je décale ». Nouvelle invention d’une armada de chargées de communication aux doigts fins, qui oeuvrent à injecter quotidiennement aux Français, ces enfants-débiles, une dose de moraline, d’hystérie, et de mère la morale, histoire de leur faire oublier que le mot sobriété masque le mot tiers mondialisation d’un pays qui se prétend puissance mondiale mais qui doit faire se plier en deux de rire n’importe quel dirigeant chinois ou indien.

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/10/08/209019/je-baisse-j...

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ÉTATS-UNIS

Gazoducs : à quoi jouent les néocons Américains ?

La situation actuelle du pouvoir aux États-Unis est quand même très particulière avec un président manifestement atteint de démence sénile et dont on apprend qu’en 2021, 50 % de son temps a été consacré à ses vacances et son repos… Les différents groupes et institutions de la haute administration américaine, parfois très divisés essaient de profiter de cette situation pour avancer leurs pions. Il semblerait qu’avec l’opération de la mer Baltique les « néocons » aient marqué un point.

Ils sont connus pour avoir en permanence des plans pour recomposer le monde. On se rappelle leur rôle et leurs objectifs dans le déclenchement de la guerre d’agression contre l’Irak. Ou plus récemment leur plan de morcellement en plusieurs entités fantoches de la Russie. Il semble bien qu’ils en aient également un concernant l’Europe, concocté actuellement avec la Pologne sur laquelle ils s’appuient.

vududroit.com

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American Pravda : Gazoducs et Calamités

L’Europe est confrontée à sa pire crise énergétique depuis des générations, de nombreuses usines sont en train d’y fermer, et on s’attend à ce que l’hiver qui approche apporte son lot de graves privations. L’Allemagne très industrialisée est particulièrement durement frappée, avec plus de la moitié des petites et moyennes entreprises craignant d’être contraintes de mettre la clé sous la porte, une catastrophe économique qui présente des proportions dignes de la Grande Dépression. Le seul espoir de salut à court terme était la fin des sanctions auto-destructrices que ces pays avaient imposées à la Russie, ce qui aurait permis le retour du gaz naturel russe abondant et peu onéreux avec la réouverture du robinet des gazoducs russes Nord Stream.

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FRANCE

Comptes bancaires : quand Bercy se rêve en Big Brother

Il semble que les instances étatiques n’auront pas de repos tant qu’elles ne disposeront pas de toutes, absolument toutes les informations nous concernant.

contrepoints.org

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IMMIGRATION

Retour sur le viol à Nantes le 24 septembre : « sans commentaires »

Alors que Ouest-France avait décidé une sorte d’omerta sur ce drame, la victime a choisi de sortir de son silence. Nous revenons sur cette terrible agression et l’expression de la victime à ce sujet dans les médias.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/retour-sur-le-viol-a-nantes-le-24-sep...

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FEMYSO : Quand l’ONG proche des Frères musulmans était recommandée par la Commission européenne pour obtenir un financement islamique tout en réclamant des fonds à Qatar Charity…

Voilà un document d’une centaine de pages qui n’aurait jamais dû quitter les boîtes mails des banquiers auxquels il était destiné. Ce dossier de financement – conforme aux principes de la finance islamique – a été rédigé en 2016 en vue de l’achat d’un immeuble de 9 millions d’euros à Bruxelles par le Femyso, une organisation de jeunesse européenne regroupant de nombreuses associations et cadres proches des Frères musulmans.

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/10/05/femyso-quand-long-pr...

ITALIE

Italie : face à la coalition Meloni-Salvini-Berlusconi, une opposition en ordre dispersé

Les principaux acteurs politiques qui s’opposeront au futur gouvernement Meloni sont au nombre de trois : le Parti démocrate, le Mouvement 5 étoiles et l’Alliance centriste et libérale « Action » (Azione). La victoire de la coalition de droite est d’autant plus amère aux yeux des Italiens de gauche que si ces trois partis avaient créé une alliance pré-électorale, ils auraient très probablement remporté les élections, puisque la somme des voix qu’ils ont obtenues dépasse celle de la coalition gagnante (48 % contre 43 %). Cependant, cela n’a pas été possible en raison des divisions et des erreurs de stratégies de la direction des trois partis, qui se retrouvent désormais ensemble dans l’opposition, mais dans des positions très différentes.

theconversation.com

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MAGHREB

Conférence de Bernard Lugan au Maroc autour du thème « L’Algérie, le Sahel »

Une heure avec le meilleur connaisseur du Maghreb et de l’Afrique noire. Pour comprendre notamment le contentieux entre l’Algérie et le Maroc au sujet du Sahara oriental.

fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2022/10/05/conference-de-bernar...

RÉFLEXIONS

Dernier scoop : les sachants sont désormais financés pour nous guider sur le droit chemin

Un projet de 20 millions de francs pour trois ans vient d’être attribué par le Conseil des Écoles Polytechniques au Centre pour la modélisation du climat de l’EPFZ dirigé par le Prof R. Knutti afin « de développer des boîtes à outils, des plans d’action et des technologies pour permettre une transformation durable vers une Suisse à zéro gaz à effet de serre (GES) net et à biodiversité positive. »

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8608&utm_source=mailpoet&am...

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RUSSIE

Vidéo. L’armée russe au bord de l’effondrement ?

Troisième guerre mondiale, que se passe-t-il sur les différents fronts et en particulier en Ukraine ? L’armée russe est-elle au bord de l’effondrement comme en rêvent les experts de plateaux appointés ? Que peut-il se passer dans les semaines qui viennent ? Y a-t-il vraiment un risque de guerre nucléaire ?

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2022/10/video-ww-iii-larmee-rus...

UKRAINE

Les États-Unis ont formé des soldats ukrainiens peu avant qu’ils ne coulent deux navires russes

La révélation du Pentagone ajoute aux inquiétudes selon lesquelles Washington est engagé dans une guerre par procuration avec la Russie, risquant de dégénérer en un conflit à grande échelle.

les-crises.fr

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SANTÉ/LIBERTÉS 

Pourquoi la lutte contre le mésusage des médicaments doit être une priorité nationale du PLFSS 2023 ?

L’erreur médicamenteuse et le mésusage des médicaments n’ont pas de couleur politique. Ils peuvent toucher n’importe qui. Que ce soit en ville, dans les hôpitaux, les cliniques, les établissements sociaux et médico-sociaux, tels que les EHPADs. Un tout récent rapport de l’OCDE (ici), daté du 7 septembre 2022, avec un résumé en français à partir de la page 9 stipule que jusqu’à une hospitalisation sur dix pourrait être causée par un événement indésirable lié aux médicaments. Et que jusqu’à un patient hospitalisé sur 5 serait touché par un événement indésirable lié aux médicaments…

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/pourquoi-la-l...

Le monde de la santé est malade

Le monde de la santé en France est désormais mis à mal par de nombreux problèmes.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/10/06/440122-le-monde-d...

UNION EUROPÉENNE

Quand Bellamy veut faire interdire la publicité du hijab par l’Europe, la gauche et des Verts votent contre

L'eurodéputé a proposé, avec ses collègues du PPE, un amendement demandant aux institutions européennes de ne plus « financer aucune future campagne qui pourrait promouvoir le hijab ». Mais il a été massivement rejeté par les élus de gauche et des Verts. Le professeur agrégé de philosophie dénonce « la complicité avec l’islamisme, à visage découvert ».

bvoltaire.fr

https://www.bvoltaire.fr/quand-bellamy-veut-faire-interdi...

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Les pénuries alimentaires programmées : le cas des Pays-Bas

Avec une assiduité et une constance remarquables, faisant fi des avertissements climatiques, géopolitiques et sociétaux, l’Union européenne et certains de ses États membres planifient des pénuries alimentaires pour « sauver » la planète. Voici le cas des Pays-Bas.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/10/07/440087-les-penuri...

 

 

 

samedi, 08 octobre 2022

La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?

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La guerre de l'OTAN, la crise énergétique et la menace nucléaire creuseront-elles la tombe de l'Europe?

Par Luigi Tedeschi 

Source: https://www.centroitalicum.com/la-guerra-della-nato-la-crisi-energetica-e-la-minaccia-nucleare-saranno-la-tomba-delleuropa/

L'Europe sera déstabilisée par la crise économico-énergétique et subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. Les classes politiques européennes seront fustigées pour leurs responsabilités à s'être montrées incapables d'empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et pour les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.

Le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 dans la mer Baltique s'inscrit dans l'escalade du conflit en cours entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de la guerre d'Ukraine. Ces sabotages ont eu lieu après les référendums qui ont sanctionné l'annexion à la Russie des régions de Zaporizhzhia, Kherson, et des républiques autoproclamées de Luhansk et Donetsk. Le courant dominant occidental les a qualifiés de "référendums de sotie" et d'illégaux, car ils se sont tenus dans des territoires sous occupation russe et où des opérations de guerre sont toujours en cours. Ces référendums sont donc illégitimes car ils ont été menés en violation flagrante de la Charte des Nations Unies. Il convient toutefois de noter que la Charte des Nations unies prévoit également le principe de l'autodétermination des peuples, qui a été invoqué pour légitimer la sécession armée du Kosovo contre la Serbie et, avec elle, le bombardement de Belgrade par l'OTAN qui a fait environ 2500 morts. Cependant, le principe d'autodétermination n'est pas considéré comme légitime dans le cas du Donbass, une région peuplée majoritairement de Russes. Sans parler des droits toujours ignorés de peuples tels que les Palestiniens et les Kurdes, dont les terres ont été soumises à des siècles d'occupation et dont les populations subissent une répression violente cyclique. Quant aux "référendums de sotie", les précédents historiques d'annexions territoriales sont innombrables, y compris le référendum qui a sanctionné l'unification de l'Italie, qui s'est déroulé d'une manière assez semblable.

Suite aux succès de la contre-offensive ukrainienne, la Russie avait l'intention de répondre par l'annexion des régions occupées et donc toute attaque contre ces territoires serait désormais considérée comme une agression directe contre la Russie.

C'est dans ce contexte de guerre qu'a eu lieu le sabotage des gazoducs reliant la Russie à l'Europe. Les dommages économiques sont incalculables et peut-être irréversibles d'un point de vue environnemental. Il a fallu de nombreuses années pour construire ces gazoducs, qui ont coûté environ 20 milliards de dollars. Nous assistons toujours à un va-et-vient des accusations entre la Russie et l'Occident. Les tensions de ce conflit sont exacerbées par les menaces nucléaires, les sanctions, les troubles internes et les appels de plus en plus répandus des pays occidentaux pour que leurs citoyens quittent la Russie.

Si la Russie était responsable de ces sabotages, cela pourrait être interprété comme un casus belli susceptible de provoquer un conflit direct entre la Russie et les États-Unis, puisque les attaques ont été menées dans les eaux territoriales des États membres de l'OTAN. Toutefois, ces actes de sabotage ne semblent pas compatibles avec la stratégie de Poutine consistant à exercer une pression sur une Europe qui, menacée par une crise énergétique dévastatrice pour son économie, serait poussée à lever les sanctions contre la Russie. En effet, Poutine pouvait exercer un chantage énergétique sur l'Europe simplement en coupant les approvisionnements. Ajoutez à cela le fait que ces attaques ne profitent ni à la Russie ni à l'Europe, puisque Gazprom possède 51 % des pipelines Nord Stream et que des entreprises allemandes, néerlandaises et françaises possèdent les 49 % restants. Parler alors de représailles contre l'Occident est totalement infondé, puisque le gazoduc qui traverse l'Ukraine pour transporter du gaz vers l'Europe est toujours en service.

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Ce n'est pas vraiment une étrange coïncidence si, au même moment que les attentats, le nouveau gazoduc Baltic Pipe est entré en service en Pologne, par lequel le gaz norvégien sera importé en Pologne même, puis redistribué en Europe. La construction de ce gazoduc a pour objectif évident de couper l'approvisionnement en gaz russe de l'Europe. Mais surtout, le principal effet de cette diversification des approvisionnements énergétiques est de dévaloriser le rôle de l'Allemagne en Europe. Une fois que les relations économiques et énergétiques entre la Russie et l'Allemagne seront rompues, cette dernière perdra sa primauté européenne. En effet, l'Allemagne, par la construction des gazoducs Nord Stream, qui contournent la Pologne et l'Europe de l'Est, a été un importateur direct de gaz russe bon marché, qui a ensuite été redistribué en Europe. Cette crise entraînera donc une débâcle politique majeure pour l'Allemagne en Europe, étant donné sa nouvelle dépendance énergétique vis-à-vis de la Pologne, par les territoires de laquelle passe déjà l'oléoduc Druzhba qui fournit du pétrole aux Länder orientaux de l'Allemagne.

Les effets des attaques étaient prévisibles et immédiats. Le prix du gaz sur les marchés financiers a grimpé en flèche et les États-Unis ont saisi cette occasion propice pour augmenter leurs exportations de gaz liquéfié américain. Ce n'est pas une coïncidence si le secrétaire d'État américain Blinken a réaffirmé la nécessité de "mettre fin à la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe". Cette position américaine est d'ailleurs corroborée par le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, qui, en rejetant comme absurdes les accusations portées contre la Russie, a déclaré : "Nous constatons une augmentation significative des bénéfices des compagnies énergétiques américaines qui fournissent du gaz à l'Europe.

Le prodige de qui concernant un tel sabotage est évident: la stratégie américaine dans cette guerre est de perturber l'approvisionnement en gaz russe et de déstabiliser ainsi l'UE. Les déclarations de l'ancien ministre polonais des affaires étrangères, M. Sikorsky, qui, outre l'impromptu "Tank you, USA" apparu sur Twitter, s'inscrivent parfaitement dans cette stratégie: "Tous les États baltes et l'Ukraine s'opposent à la construction de Nord Stream depuis vingt ans. Désormais, 20 milliards de dollars de ferraille gisent au fond de la mer, un autre coût pour la Russie et sa décision criminelle d'envahir l'Ukraine".  

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L'hostilité des États-Unis à l'égard de la politique énergétique allemande trouve ses origines loin dans le temps. Tant Obama que Trump avaient déjà exprimé à plusieurs reprises l'aversion des États-Unis pour la construction de Nord Stream 2, menaçant de sanctions l'Allemagne. En effet, les États-Unis se sont toujours opposés à toute tentative d'émancipation de l'Europe vis-à-vis de l'Ouest américain. D'autre part, les accords économiques et énergétiques entre l'Allemagne et la Russie étaient un élément fondamental pour consolider l'autonomie allemande et européenne par rapport à la géopolitique de l'OTAN. Les États-Unis ont toujours craint que l'Allemagne ne passe du statut de géant économique à celui de puissance géopolitique autonome. Et la guerre en Ukraine s'est avérée être une occasion propice pour déstabiliser l'Europe et tuer dans l'œuf toute ambition autonomiste.

Ces sabotages étaient en tout cas prévus. Le 7 février 2022, Biden avait ouvertement déclaré lors d'une réunion avec Scholz : "Si la Russie envahit l'Ukraine, il n'y aura plus de Nord Stream"... "L'OTAN et nous sommes prêts à intervenir". En juin, des expériences de drones sous-marins ont eu lieu sur l'île de Bornholm (emplacement proche des sites de bombardement), du côté américain. La CIA elle-même avait récemment averti l'Allemagne d'éventuelles attaques contre les gazoducs de la Baltique. Le 13 septembre, des avions de guerre américains sont aperçus dans la zone baltique. De plus, il y a quelques jours, les navires américains se trouvaient à quelques kilomètres seulement de la zone de sabotage. Il semble donc y avoir suffisamment de faits et d'arguments pour comprendre comment la logique de ces attaques est parfaitement cohérente avec la stratégie de l'OTAN consistant à couper tous les liens entre l'Europe et la Russie.

L'Europe, déstabilisée par la crise économico-énergétique, l'escalade de la guerre et les menaces nucléaires, subira un déclassement majeur dans la géopolitique mondiale. L'Occident de l'OTAN sera la tombe de l'Europe. En outre, ce sont les prêts usuraires de la Norvège en matière d'énergie, la rapacité financière des Pays-Bas et surtout l'égoïsme nationaliste de l'Allemagne de Scholz, qui a opposé son veto à une politique énergétique commune en ce qui concerne la fixation du plafond des prix et la création d'une nouvelle relance énergétique, qui feront imploser la structure de l'UE de l'intérieur.

Ce qui est certain, c'est que les classes politiques européennes seront très prochainement tenues responsables de ce désastre vu leur incapacité à empêcher le déclenchement de cette guerre en Europe et vu les choix pro-atlantiques peu judicieux de leurs gouvernements.

Par l'économie de l'urgence (d'abord la pandémie puis la crise énergétique), et les virages politiques autoritaires qui se profilent avec la quatrième révolution industrielle, le modèle néolibéral occidental, associé à la primauté mondiale américaine, veut se perpétuer dans le temps et survivre à ses crises structurelles devenues cycliques et irréversibles. Cette crise va cependant entraîner de profondes transformations dans la géopolitique mondiale. Mais quel sera le coût en termes de vies humaines et de destruction irréversible des ressources naturelles et économiques du déclin progressif du néolibéralisme et donc de la primauté américaine et occidentale ?

Morgenthau et Nord Stream : Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche

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Plan Morgenthau et Nord Stream: Gloria von Thurn und Taxis en remet une couche

Par Daniell Pföhringer

Source: https://www.compact-online.de/morgenthau-und-nord-stream-gloria-legt-nach/?mc_cid=6946d92f02&mc_eid=128c71e308

C'est l'heure de vérité : Gloria von Thurn und Taxis qualifie les attaques contre les pipelines de la mer Baltique de "déclaration de guerre contre l'Allemagne" - et réaffirme ses déclarations explosives sur Morgenthau. Dans COMPACT-Spécial "Guerre. Mensonges. USA - La trace de sang d'une puissance mondiale", vous trouverez des informations de fond importantes et des extraits des plans Morgenthau et Kaufman. Ce numéro très demandé est toujours disponible en version numérique. Téléchargez-le ici : https://www.compact-shop.de/shop/compact-spezial/krieg-luegen-usa-die-blutspur-einer-weltmacht/ .

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Le dirigeante d'une entreprise de sylviculture et ex-femme du monde Gloria von Thurn und Taxis nous a servi dans le talkshow d'un quart d'heure avec Nena Schink sur Bild TV une portion de vérité que l'on trouve rarement dans les médias grand public. Pour cette princesse pugnace, il est clair que des milieux américains sont derrière l'attaque contre les gazoducs Nord Stream. La destruction des artères vitales de l'énergie est une action punitive contre l'Allemagne - et s'inscrit dans la fâcheuse tradition du plan Morgenthau.

Boum ! Oui, vous avez bien lu. C'est ainsi que l'on peut résumer les propos de la Princesse Gloria devant des millions de téléspectateurs. Littéralement, elle a déclaré à propos du gouvernement fédéral et de sa politique énergétique :

    "La grande question que l'on doit se poser en tant que citoyen est la suivante : sont-ils aussi stupides - ou y a-t-il un plan derrière tout cela ? Mon opinion est qu'il n'est pas possible d'être aussi stupide. Il doit y avoir un plan derrière".

Sa réponse est claire :

    "Pour moi, cela ressemble à l'accomplissement tardif du plan Morgenthau".

Elle a développé sa propre théorie :

    "On nous a toujours reproché d'avoir vendu plus de marchandises à l'exportation que nous n'en avons acheté à l'importation. Et cet excédent de bilan nous a valu une mauvaise réputation, surtout dans le monde anglo-saxon.

    Nous économisons trop et nous vendons trop à l'extérieur. C'est ce qu'ils nous ont répété : nous devons enfin laisser tomber. Mais l'Allemand ne peut pas s'en empêcher. Nos produits étaient si populaires, les gens aiment nos voitures, nos réfrigérateurs, etc. Et nous économisons : celui qui économise au fil du temps, a de quoi dans le besoin".

Gloria von Thurn und Taxis a ensuite enchaîné sur le terrorisme qui a frappé Nord Stream :

    "C'est pourquoi nous sommes maintenant punis - selon la devise : qui ne veut pas entendre doit ressentir. L'attaque terroriste contre les gazoducs est clairement une déclaration de guerre contre l'industrie allemande, contre le citoyen allemand, contre nous. Mais on ne veut pas l'admettre. Nous souffrons d'un syndrome de Stockholm collectif".

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Son appel :

    "Nous devons enfin penser aux intérêts allemands. Nous devons penser à nos citoyens. Nous devons nous émanciper. (...) Celui qui subit les dommages n'a pas à se soucier des moqueries. Le monde entier se moque de l'Allemagne".

Voici l'intégralité de l'émission:

En juin déjà, le sylvicultrice bavaroise avait lâché la bombe Morgenthau sur la chaîne autrichienne Servus TV. Voir https://www.compact-online.de/fuerstin-gloria-gruene-vollstrecken-morgenthau-plan/ :

    "La Russie ne coupe pas le gaz, mais il y a quelques semaines, on disait encore : nous devons souffrir un peu parce que c'est le prix de la solidarité avec l'Ukraine. Nous ne devons pas acheter de gaz aux Russes parce que nous ne pouvons pas soutenir le méchant Poutine. C'est ce qu'on nous a dit ces dernières semaines. Maintenant, tout est soudain à nouveau différent : maintenant, c'est soudain la méchante Russie qui ne veut plus nous vendre de gaz (...)".

    Pendant la période de la pandémie, nous avons vu et appris que l'on nous disait sans cesse autre chose, que l'on nous trompait sans cesse avec de nouvelles informations qui se contredisaient complètement. Et c'est exactement la même chose maintenant. Nous ne pouvons donc pas partir du principe que ce que nous lisons ou entendons est vrai, mais qu'il s'agit plutôt d'un arrosage de propagande ininterrompu. Et vous devez faire l'effort de regarder par vous-même : ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas.

    En raison des prix élevés de l'énergie, l'Allemagne ne pourra plus produire - et c'est la réalisation tardive du plan Morgenthau. Et c'est ce que veulent les Verts. (...) Le rêve des Verts est que l'Allemagne soit désindustrialisée".

L'aristocrate conservatrice a ainsi établi un parallèle intéressant, qui a été repris peu après par l'ex-rédacteur en chef de Bild, Julian Reichelt : Le nom de l'homme politique américain Henry Morgenthau (1891-1967) est associé au plan de destruction de l'Allemagne sans doute le plus tristement célèbre. Cet ami proche et conseiller du président Roosevelt avait été secrétaire au Trésor entre 1934 et 1945. Cf. https://www.compact-online.de/habeck-morgenthau-reichelt-macht-die-gloria/.

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Il voulait faire de l'Allemagne un désert agricole et, sous le titre "L'Allemagne est notre problème", il a conçu en 1944 "le plan de meurtre de masse le plus monstrueux jamais imaginé par la volonté de vengeance et la barbarie humaines", selon le professeur de littérature américain Austin J. App.

Même le secrétaire américain à la Guerre Henry L. Stimson a été effrayé par les propos de son collègue de cabinet. Stimson estimait à 30 millions le nombre de morts si ce plan de transformation de l'Allemagne en un État agricole était mis en œuvre. Le ministre des Affaires étrangères Cordell Hull a calculé qu'environ 40% de la population serait détruite.

Le cœur du plan Morgenthau était la destruction de l'industrie allemande, c'est-à-dire la base de la vie du peuple, le démembrement du Reich et la séparation de grandes parties du territoire. Roosevelt et Churchill ont donné leur accord de principe au projet lors de la conférence de Québec en 1944. La réalisation de l'intention n'a été stoppée que lorsque la guerre froide a éclaté et que l'Occident craignait, sans rempart allemand, de se faire écraser par Staline.

Dans le numéro spécial de COMPACT "Krieg. Lügen. USA - Les traces de sang d'une puissance mondiale", nous avons documenté les principaux extraits du plan Morgenthau et du plan dit Kaufman ("L'Allemagne doit être détruite"). Nous expliquons les messages clés de ces deux plans perfides et les replaçons dans leur contexte historique.

Les noms de Morgenthau et de Kaufman sont associés à deux plans de folie génocidaire contre l'Allemagne. Dans COMPACT-Spécial "Guerre. Mensonges. USA", vous trouverez des informations importantes sur le contexte et des extraits de ces plans génocidaires. Ce numéro spécial, très demandé, est toujours disponible en version électronique. Télécharger ici: voir lien ci-dessus.


   
    

vendredi, 07 octobre 2022

La Russie de Poutine et les Anglo-Saxons dans une guerre hybride

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La Russie de Poutine et les Anglo-Saxons dans une guerre hybride

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/10/03/putinin-venaja-ja-anglosaksit-hybridisodassa/

Le discours de Poutine, vendredi dernier, a une fois de plus provoqué la peur, le dégoût et l'indignation en Occident. En Finlande, et dans les autres colonies les plus ardentes de l'Occident libéral, l'éventail politique de droite à gauche est uni dans son antirussisme.

Dans la guerre hybride de l'Occident, tout le monde, des politiciens aux journalistes en passant par les experts, scande les mêmes phrases jour après jour, que de nombreux citoyens ordinaires répètent ensuite. On ne peut échapper à l'idée que ces interférences informationnelles sont coordonnées et que les traces mènent aux centres opérationnels de l'Occident.

En ce qui concerne le discours de Poutine, la droite libérale anglo-américaine et européenne n'a pas semblé apprécier les points se moquant du "satanisme" et des politiques identitaires perverses de l'Occident, et la gauche occidentale n'était même pas intéressée aux références au colonialisme et au racisme occidentaux.

Dans leur mode typique, les experts finlandais en politique étrangère ont également aboyé contre Poutine et affirmé que les nouvelles alliances territoriales de la Russie ne feraient que rendre l'Ouest et l'OTAN plus unis. On pense également que le rôle des États-Unis en tant que "garant de la sécurité" pour ses voisins de la zone euro ne fera que se renforcer.

Pour Poutine, le comportement de l'élite européenne n'est plus seulement de la flagornerie américaine, mais une "trahison pure et simple" des peuples d'Europe. Une fois encore, il nous a rappelé que la Russie n'est pas non plus prête à devenir une colonie de l'Occident, ni à céder sa souveraineté aux États-Unis. C'est pourquoi l'Occident perçoit la "pensée et la philosophie russes" comme une menace pour sa domination mondiale.

Outre les États-Unis, la Grande-Bretagne est depuis longtemps active dans la guerre contre la Russie. La guerre hybride de Londres contre Moscou dure depuis des siècles, si l'on en croit certains politologues russes. Il n'était donc pas surprenant que Poutine fasse référence aux "Anglo-Saxons" dans son discours et les accuse également de saboter les gazoducs Nord Stream.

La bulle occidentale s'imagine que le discours de Poutine était destiné à des fins de politique intérieure, alors qu'en réalité le message s'adressait au reste du monde, où les références historiques et religieuses, le patriotisme et la critique franche des politiques hypocrites de l'Occident du président russe sont compris. L'Occident lui-même est le monstre aux yeux du reste du monde, pas la Russie.

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Nous sommes passés des circonstances exceptionnelles de la période pandémique à un nouvel état étrange, une sorte de psychose de guerre, dans lequel beaucoup de gens se mentent à eux-mêmes et s'imaginent, noir sur blanc, que tout ira bien si seulement la Russie cessait d'exister. En réalité, l'"Occident collectif" ne représente pas les bonnes forces comme dans la fantaisie de J.R.R. Tolkien, et la Russie n'est pas le Mordor et ses armées d'orques.

Si quelque chose dans ce monde représente bel et bien les forces contre la civilisation, c'est précisément "l'empire global américain", qui détruit sans état d'âme des cultures, des traditions et des États entiers dans une tentative de façonner le monde entier à sa propre image tordue.

Il est également grotesque que les États-Unis, qui possèdent plus de six cents bases militaires dans divers pays, accusent la Russie d'"impérialisme". Mais même Washington, qui diffuse le faux message de la démocratie et de la liberté avec l'aide de l'industrie cinématographique hollywoodienne et de la culture populaire américaine, sait comment jouer à un jeu de faux semblants, même s'il ne s'agit que de poudre aux yeux.

Je ne sais pas si c'est la Russie qui fera tomber ce pouvoir, mais l'élite qui dirige l'Occident doit, à mon avis, être combattue, même si elle ne se soucie pas des idéologies de ses rivaux. Aucun système n'est parfait, mais je pense que la mondialisation multipolaire offre de meilleures alternatives pour différentes nations que le "modèle néocolonial" unipolaire de l'Occident. Toutefois, la transition vers un nouvel ordre ne sera pas facile.

Au conflit actuel s'ajoute la menace toujours plus grande d'une nouvelle crise économique. La guerre cessera-t-elle et le soutien à l'Ukraine sera-t-il suspendu lorsque l'Occident se trouvera à nouveau en difficulté économique? L'hégémonie du dollar américain sera-t-elle brisée en conséquence?

Comme point de référence historique, on pourrait mentionner comment, dans les dernières années de la Grande Guerre du Nord, la Grande-Bretagne a tenté d'inciter la Suède et la Pologne en particulier à attaquer la Russie avec elle. Cependant, la Grande-Bretagne a été contrainte de se retirer des plans de guerre car elle devait se concentrer sur ses affaires intérieures après le krach boursier de Londres en 1720. Sommes-nous sur le point de nous retrouver dans une situation similaire ?

jeudi, 06 octobre 2022

Les États-Unis vont-ils briser l'Union européenne?

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Les États-Unis vont-ils briser l'Union européenne?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/10/01/hajottaako-yhdysvallat-euroopan-unionin/

Après la Seconde Guerre mondiale, les capitalistes ont décidé de créer une Europe plus unie comme tremplin vers la "gouvernance mondiale" qu'ils souhaitaient. Ce projet, qui a débuté avec la Communauté européenne du charbon et de l'acier, a abouti à l'Union européenne, dont l'objectif politique était de former un super-État fédéraliste qui gouvernerait le continent au profit des intérêts capitalistes.

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), fondée en 1949, est l'instance de défense militaire de l'élite dirigeante occidentale en Europe, dont la tâche a été de contrer la Russie et de contrôler les pays de la zone euro d'après-guerre au nom d'une architecture de sécurité commune.

Jusqu'à présent, l'Union, que les Américains ont contribué à créer, a plutôt bien servi la cause des mondialistes occidentaux, mais afin de maintenir leur pouvoir économique et politique, les élites semblent maintenant vouloir peaufiner la machine occidentale.

Alors que nous avons atteint la fin de la raison d'être de l'OTAN avec la crise ukrainienne (où elle tente de détruire la Russie), des scénarios ont été avancés sur la façon dont les États-Unis se protégeront contre l'éventualité probable que la Russie gagne la guerre. Voici quelques spéculations sur le sujet.

L'Europe se désindustrialise, c'est-à-dire qu'elle décline sur le plan industriel parce qu'elle est idéologiquement liée aux intérêts américains et s'abstient de coopérer et de commercer avec la Russie. Ce n'est pas tant la Russie qui est touchée par la politique des sanctions, mais la production européenne et l'économie européenne.

Cela rendra bientôt plus attrayant pour les entreprises européennes de s'installer aux États-Unis. Ce faisant, ils soutiendront l'économie nationale américaine, contreront la baisse de la valeur du dollar et contribueront à maintenir la compétitivité de l'Amérique face à la Chine.

"Les États-Unis n'ont pas d'amis ou d'ennemis permanents, seulement des intérêts". Henry Kissinger a un jour mis en pratique la ligne brutale de l'"État profond" américain, l'appareil d'État permanent. Washington n'éprouve donc aucune difficulté à trahir ses soi-disant alliés lorsque le besoin s'en fait sentir.

Prenez l'Australie, par exemple, l'État vassal des États-Unis dans l'hémisphère sud. Dans sa guerre hybride contre la Chine, Washington a incité son vassal kangourou à intensifier les tensions avec Pékin, au nom de ses propres intérêts de politique étrangère.

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En conséquence, une Chine irritée a répondu à l'agression australienne par des mesures de rétorsion économique et a cessé d'acheter du charbon à l'Australie. À ce moment-là, les États-Unis ont immédiatement commencé à remplir les carnets de commande et à vendre leur propre charbon à la Chine, en cassant les prix de l'"allié".

Les États-Unis font maintenant la même chose à l'Europe et la première étape consiste à miner délibérément l'UE tout en maintenant l'alliance militaire de l'OTAN en place dans le but de détruire la Russie. Alors que Bruxelles et de nombreux États membres refusent fidèlement de commercer avec Moscou, les États-Unis continuent d'acheter les matières premières dont ils ont besoin à la Russie, même en pleine guerre hybride.

Jusqu'à présent, l'UE a rempli sa mission en mobilisant les pays de la zone euro contre la Fédération de Russie. Cependant, l'économie russe a résisté à la politique de sanctions donc, du point de vue des États-Unis, l'Union ne sert plus son objectif.

Ainsi, l'affaiblissement de l'UE - ou l'éclatement du bloc - ne dérangera pas les États-Unis, dont l'attitude est illustrée par la vieille phrase de Victoria Nuland, aujourd'hui sous-secrétaire d'État, "fuck the EU".

La situation actuelle est illustrée par le fait que même la Finlande, élève modèle de l'UE et contributeur net surendetté, a signé des "accords de coopération en matière de défense" bilatéraux avec les États-Unis et la Grande-Bretagne. Ceci, vraisemblablement, afin que, même si l'Union s'effondre, les Anglo-Américains aient toujours leurs partenaires stratégiques dans une Europe en déclin, juste à côté de la Russie.

Alors que l'empire américain lutte pour survivre dans un monde multipolaire naissant, il cannibalise de plus en plus ses États vassaux et ses colonies de facto, qui souffrent à cause de l'égoïsme de Washington. Malheureusement, de nombreux Finlandais sont encore tellement aveuglés par la culture populaire et la politique américaines qu'ils ne voient pas où cela mène.

mercredi, 05 octobre 2022

La controverse eurasienne dans l'opposition en Russie aujourd'hui [1ère partie]

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La controverse eurasienne dans l'opposition en Russie aujourd'hui [1ère partie]

par Aleksandr Douguine

Source: https://www.ideeazione.com/la-polemica-eurasiatica-nellopposizione-1/

L'opposition et le système

Ces derniers temps, l'équilibre délicat perceptible dans le domaine de l'opposition politique et idéologique en Russie a commencé à être perturbé par une polémique croissante entre les "ethnocentristes" et les "Eurasiens", les "rouges" et les "blancs", etc. D'une part, cette polémique a clarifié les principes doctrinaux de ces diverses tendances, mouvements et partis qui étaient auparavant trop souvent vagues et seulement inconsciemment formulés. C'est un aspect positif. D'autre part, ce processus est le signe de l'entrée de l'opposition dans un schéma préparé par le Système, c'est-à-dire sa "conventionnalisation", sa domestication et sa "castration" dans des "jeux" parlementaires et partisans stériles. Il convient de noter que ce processus d'élimination de l'opposition non pas par la répression, mais par la domestication, la corruption progressive et la "stérilisation" a été brillamment élaboré dans l'Occident mondialiste. Selon les mots de Jean Thiriart : "Il y a deux façons de détruire une idéologie révolutionnaire (en particulier le communisme) : la bureaucratie et le parlementarisme".

Il est assez significatif que dans les sociétés mondialistes développées, il n'existe pas d'opposition qui remette réellement en cause les principes mêmes du système. La droite et la gauche ne sont que des éléments d'un jeu délibérément fabriqué et fallacieux. En revanche, notre opposition, à nous en Russie, qui a pris forme après août 1991, est une véritable opposition qui incarne le profond rejet de certains segments de la société, non seulement des actions spécifiques du groupe au pouvoir, mais aussi des principes mêmes de la vision du monde qui a triomphé dans le pays après la défaite du coup d'État.

L'émergence de polémiques aussi amples au sein de l'opposition pourrait conduire à sa fragmentation et à son intégration ultérieure dans des niches politiques spécialement préparées par le régime lui-même. Pour cette raison, il est très important de clarifier ici et maintenant les différences de perspective qui émergent au sein de l'opposition et d'émettre des hypothèses sur la logique de leur développement potentiel.

Le début de la polémique : Eurasianistes et ethno-centristes

La ligne principale de la division qui se dessine dans l'opposition oppose les "eurasistes", les "étatistes" et les "nationaux-communistes" d'une part, et les "nationalistes", les "panslavistes" et les "monarchistes" d'autre part. Le critère principal et le motif central de ce débat est la question de notre approche de l'État et de l'ethnos. C'est précisément cette conception qui divise l'opposition aujourd'hui, et non la question de l'attitude envers le communisme, la religion, le marxisme, etc.

Des deux côtés, on trouve une extrême droite (composée d'antimarxistes, d'orthodoxes, de fascistes, etc.) et une extrême gauche (composée d'anciens membres de l'appareil du parti, de communistes, de socialistes, etc.). Les Eurasiens et les "étatistes" affirment la supériorité de l'État sur l'ethnie. Leur nationalisme est ouvertement impérial, supra-ethnique et géopolitique et est souvent couplé au messianisme traditionnellement russe, orthodoxe et étatique, propre du peuple porteur de Dieu (théophore). Pour cette aile, le démembrement de l'URSS est un Mal absolu, et les auteurs de cette aberration doivent être clairement identifiés comme des criminels nationaux avec lesquels aucun dialogue, conciliation ou compromis constructif n'est possible. Il s'agit là d'une "opposition radicale et irréconciliable", dotée d'une forte détermination politique à combattre le Système jusqu'au bout. Dans ce combat, les Eurasiens sont prêts à s'allier à toutes les forces religieuses, nationales et géopolitiques, tant à l'Est qu'à l'Ouest, qui peuvent aider à la lutte contre le mondialisme et contribuer à la reconstitution de l'Empire. En termes géopolitiques, les "étatistes" considèrent le mondialisme et les États-Unis thalassocratiques comme l'ennemi principal.

Les "nationalistes slavophiles", quant à eux, affirment la primauté du facteur ethnique. Ce nationalisme se limite à l'ethnos de la Grande Russie ou à la défense d'une union pan-slave. Ce camp abrite deux pôles : le pôle "ethnique minimaliste", incarné par les projets de l'organisation ROD basée à Pétersbourg, qui propose d'établir un État mono-ethnique de la Grande Russie, et le pôle "ethnique maximaliste", qui propose même parfois de restaurer l'URSS, mais uniquement dans le contexte et au cours de l'expansion militaire et économique nationale de la Russie dans les républiques sécessionnistes (par exemple sous le prétexte de défendre la population russe). Les nationalistes slavophiles n'excluent pas la possibilité d'un dialogue et d'une coopération avec le gouvernement à condition de limiter l'influence des russophobes ouverts et haineux et des peuples non-russes. En tout cas, pour eux, l'ennemi principal est les autres peuples, les Juifs, etc. Pour eux, les facteurs géopolitiques sont secondaires et ont une valeur purement pratique.

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Reproches mutuels

Les deux pôles de l'opposition ont un certain nombre de revendications fondamentales contre l'autre, qui sont facilement distinguables.

Les Eurasiens ont formulé un certain nombre de revendications à l'encontre des ethnocentristes. Ils accusent ces derniers:

    - d'avoir facilité l'effondrement de l'URSS en exigeant la souveraineté de la Russie et la création de bases étatiques au sein de la RSFSR (ce qui n'a fait que faire le jeu des démocrates et des mondialistes) ;

    - de provoquer des tensions au sein de la population russe dans les républiques (puisque limiter la nation russe à un cadre ethnique étroit ne peut que conduire à l'aliéner des autres peuples de l'empire) ;

    - de priver le mouvement patriotique de la conscience géopolitique de la stratégie américaine de conquête de l'Eurasie (dont les Américains profitent pour étendre leurs mains sur les régions que les Russes laissent sans surveillance en décidant de "se concentrer sur leurs propres problèmes") ;

    - d'avoir réduit le nationalisme "universel", "impérial" et "messianique" des Russes au niveau des frontières purement ethniques (rendant ainsi le nationalisme russe impuissant, passif et incapable de remplir sa mission d'État);

    - d'avoir favorisé l'engagement conformiste dans le dialogue avec le gouvernement russe anti-national, mondialiste et pro-américain chaque fois qu'il fait des gestes hypocrites envers les traditions russes (folklore national-religieux archaïque et inoffensif) ;

    - d'avoir idiotisé les traditions russes en prônant la restauration des aspects archaïques et lugubres de la Russie prérévolutionnaire et en renonçant aux réalisations technologiques, stratégiques et industrielles de la période soviétique ;

    - d'avoir trop souvent prôné la propriété privée (le capitalisme national), qui est en contradiction avec les traditions sociales de la Russie ;

    - enfin, en étant les principaux artisans de la scission dans l'opposition, d'avoir rejeté l'alliance qui leur était constamment proposée par les Eurasiens, conformément à l'ouverture et au pragmatisme de leur idéologie, qui se fixait comme objectifs principaux la reconquête de l'État et la restauration de l'Empire.

Dans ce cadre: Qui sont les bolcheviks ? Qui sont les Mensheviks ?

Ce sont là les raisons fondamentales de la controverse croissante au sein de l'opposition, qui peut difficilement être arrêtée au niveau des leaders autoritaires qui appellent à la concorde et à l'unité et offrent des admonitions et des sympathies personnelles. Sur cette question, cependant, ces contradictions sont de nature fondamentale et peuvent être comparées de manière circonstancielle à la dispute entre les bolcheviks et les mencheviks. Les Eurasiens sont les bolcheviks qui refusent tout compromis avec le gouvernement mondialiste corrompu, s'abaissent à la démagogie parlementaire, recherchent la conciliation avec le système et ne sont pas disposés à opter pour des compromis limités et ambigus. Les ethnocentristes sont les mencheviks qui se contentent de poursuivre des réformes graduelles au niveau national et d'abandonner la révolution nationale planétaire en échange de petites concessions de la part des mondialistes, qui sont prêts à présenter aux Russes un "être national" folklorique dans les réserves eurasiennes.

En outre, il est extrêmement important que le camp eurasien soit engagé dans un processus de créativité idéologique qui conduit à la formation de nouveaux concepts, tels que le "futurisme slavophile" et la grande idée de l'"Empire eurasien", qui, à l'avenir, sera en mesure non seulement de récupérer la puissance géopolitique perdue de la Russie, mais aussi de devenir un centre de doctrine anti-mondialiste capable de stimuler le processus planétaire de libération idéologique et géopolitique de la domination bancocratique américaine. Cette idéologie est offensive, virulente et universellement applicable, tant en Europe que dans le tiers monde.

Les "nationalistes" se concentrent uniquement sur la résistance passive et défensive. Ils regardent en arrière avec une nostalgie passionnée et une nostalgie sentimentale du passé. Ils sont fidèles non pas tant à l'esprit et à l'essence de la Tradition russe qu'à ses formes extérieures. Cependant, le modèle mono-ethnique de la Russie est sans aucun doute une idée entièrement "moderniste", car rien de semblable n'a jamais existé en Russie dans toute son histoire.

Toutefois, il serait erroné d'associer les "bolcheviks" de l'opposition (les Eurasiens) au "modernisme" et les "mencheviks" à l'"archaïsme". En réalité, les deux pôles contiennent des éléments modernes et traditionnels, bien que combinés de différentes manières. L'orientation impériale, l'ouverture aux groupes ethniques non russes, l'élitisme et les traditions économiques communautaires constituent les aspects profondément traditionnels du côté eurasien. Cependant, les Eurasiens sont des modernistes en termes de projets industriels, technologiques et militaro-industriels et en soutenant la création de systèmes informatiques mondiaux et de systèmes de communication modernes. Les "nationalistes" purs sont des modernistes dans leur "mono-ethnisme", dans leur aversion pour les élites (ce qui est une preuve d'individualisme et d'égalitarisme) et dans leur sympathie pour le capital national. D'autre part, leur rejet de l'industrialisation et du développement technologique est une caractéristique purement archaïque.

mardi, 04 octobre 2022

Une Europe totalement soumise aux États-Unis

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Une Europe totalement soumise aux États-Unis

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/29/yhdysvalloille-alistunut-eurooppa/

Les États-Unis, aux abois, sont prêts à détruire les derniers vestiges de souveraineté de leurs alliés - principalement européens. Même l'Union européenne, autrefois fondée avec le soutien des Américains, est désormais un rival de l'hégémon paranoïaque, un rival qui doit être affaibli.

Bien sûr, la soumission honteuse des gouvernements européens aux ordres de Washington tente toujours d'être camouflée derrière la proclamation d'un "partenariat transatlantique". Ce n'est pas seulement le cas des fervents gouvernements pro-occidentaux des petits États baltes, perpétuellement traumatisés, que sont l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne, elles aussi, ont eu tendance à entonner le mantra invraisemblable de "l'unité occidentale".

Même l'explosion des gazoducs Nord Stream n'a pas fait apparaître dans l'opinion publique des politiciens ou des experts qui oseraient remettre en question les actions américaines qui s'apparentent à du terrorisme d'État. La destruction des gazoducs donne aux entreprises américaines un avantage concurrentiel écrasant, mais malgré cela, des commentaires absurdes tels que "il est difficile d'imaginer autre chose que cela relève de la Russie" sont émis en Finlande aussi.

Cette triste tendance n'est pas passée inaperçue chez Vladimir Poutine, qui a déclaré en juin dernier que "si un pays ou un groupe de pays n'est pas capable de prendre des décisions indépendantes, cela signifie qu'il est déjà, dans une certaine mesure, une colonie, et les colonies n'ont historiquement aucun avenir et aucune chance de survivre à une lutte géopolitique féroce".

Comment comprendre que les gouvernements des pays de l'euro soient prêts à transformer leurs pays en champs de bataille et leurs citoyens en chair à canon dans une guerre qui n'est pas la leur mais celle des États-Unis contre la Russie ? La plupart des chefs d'État, des politiciens et des bureaucrates semblent s'être vendus à l'hegemon pour renforcer le pouvoir du dollar.

La belligérance américaine ne prendra pas fin avec la chute de la Russie, mais sera suivie par un état de guerre contre la Chine. Alors que l'hégémonisme est poursuivi jusqu'au bout, il est nécessaire de cesser de prétendre à la souveraineté nationale en Europe et de détruire par ailleurs toute prétention à l'indépendance en Amérique latine et en Asie.

La doctrine Wolfowitz est manifestement toujours en vigueur, et l'administration Biden la met en pratique. La ligne directrice de la politique étrangère américaine consiste toujours à repousser l'avancée des challengeurs et à tenter de maintenir sa position d'unique superpuissance mondiale. Le démantèlement des gazoducs Nord Stream semble également une manœuvre visant à démontrer la domination des États-Unis sur la Russie.

Bien sûr, le sinistre plan à long terme de Washington a déjà été révélé à quiconque a pris la peine d'examiner la situation de manière plus critique. L'objectif est de détruire la Russie et de créer une poignée d'États clients dans sa vaste zone géographique, qui serait également utilisée pour attaquer la Chine.

Pour paraphraser Sauli Niinistö, on pourrait dire que "le masque de la démocratie a été enlevé et que le visage du totalitarisme occidental est visible". Aujourd'hui, même en Finlande, l'unanimité et la victimisation sont de mise, et l'intrigue de l'opération psychologique est assez simple : la Russie est le méchant hors-la-loi, l'Ukraine la victime innocente et les États-Unis l'héroïne de l'histoire.

Les politiques autodestructrices des pays européens sont totalement contraires aux intérêts des citoyens, mais les pouvoirs en place ne semblent pas s'en soucier. Nous sommes passés des affres de l'ère de la pandémie à l'atmosphère de guerre, et avec la crise énergétique, nous avons peur d'un hiver glacial. Est-ce ainsi que nous vivons le rêve américain dans une Finlande de l'OTAN qui s'appauvrit ?

Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

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Liz Truss: cela pourrait être encore bien pire!

Enric Ravello Barbier

Source : https://www.enricravellobarber.eu/2022/10/liz-truss-todavia-podia-ser-peor.html#.YzwjQUzP2Ul

La mort d'Elizabeth II marque la fin d'un règne et de toute une époque de l'histoire britannique, une époque qui a vu le déclin du Royaume-Uni, qui avait commencé comme puissance impériale et a fini comme un pays de second rang progressivement isolé sur la scène internationale. S'il y a une valeur à reconnaître à son protagoniste, c'est sans doute celle d'avoir été une "professionnelle" de la Couronne. Elizabeth II Windsor (en réalité Saxe-Cobourg Gotha) s'est occupée de tous les détails de sa vie en gardant à l'esprit son rôle de reine, auquel le personnel était toujours subordonné, dans la vie comme dans la mort. Ce n'est pas une coïncidence si elle a choisi l'Écosse pour mourir, une note émotionnelle doublée de l'impact visuel de voir le cercueil de la Reine avec la version écossaise des armoiries royales britanniques (deux carrés du lion rouge écossais, un des trois lions anglais et un de la harpe irlandaise) alors qu'on le convoyait de Balmoral à Édimbourg. À son arrivée à Londres, le cercueil a été recouvert des armoiries royales dans la version utilisée en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (deux quadrants des trois lions anglais et un du lion rouge écossais, plus le quadrant de la harpe irlandaise).

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Parmi les détails, quelque chose d'illustratif, qui est passé inaperçu - ou du moins non commenté par les journalistes couvrant les funérailles. Tous les soldats portant le cercueil de la Reine, tant en Écosse qu'en Angleterre, étaient quasiment tous blancs (à de rares exceptions près, dont la photo ci-dessus), ce qui n'est évidemment pas un hasard. De nombreux chroniqueurs soulignent que seuls les Britanniques blancs l'ont pleurée. Le changement démographique - tant soutenu par la maison royale - sera l'un des éléments qui mettront fin à la monarchie britannique.

Les funérailles étaient une tentative de montrer au monde qu'ils étaient toujours la nation puissante qui a construit le plus grand empire de l'histoire mondiale. Un chant du cygne ; rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. C'est précisément sous le règne d'Elizabeth II que le Royaume-Uni a d'abord définitivement perdu son empire, puis a commencé à perdre le contrôle de son territoire européen, qui a été progressivement occupé par des masses d'immigrants provenant de ses anciennes colonies, une bataille démographique très difficile à inverser.

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Boris Johnson, l'anti-Européen

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré à propos de la démission de Johnson : "Sous Boris Johnson, le Royaume-Uni a mené une politique agressive à l'égard de la Russie après avoir retiré le Royaume-Uni de l'Europe et s'être retrouvé marginalisé par rapport à la politique européenne. Ces derniers temps, il a été très actif en essayant de créer une nouvelle alliance : Royaume-Uni, Pologne, pays baltes, Ukraine, pour obtenir le soutien britannique sur le continent. Sa démission est la bienvenue".

Tandis que le géopolitologue français Alexandre del Valle a déclaré sur son compte twitter : "La démission de Boris Johnson est une bonne nouvelle pour la paix en Europe. Il a été le principal moteur de la guerre pour couvrir ses scandales internes, poussant une dynamique belliciste avec le risque de provoquer une guerre majeure entre la Russie et l'OTAN".

Johnson représentait le Brexit "dur" - on pourrait dire absurde - d'une rupture totale avec l'Europe, et l'immigration d'Afro-Asiatiques du Commonwealth et le remplacement démographique des Britanniques blancs (1) (2).

Liz Truss est arrivée

Liz Truss a commencé sa carrière politique au sein des libéraux avant de passer aux Tories. Elle a été critique de la monarchie, anti-Thatcher et a fait campagne pour le Remain avant de devenir une fervente partisane du Brexit dur. Avec sa rhétorique ultra-libérale et europhobe, Truss a remporté l'élection interne du parti conservateur au cours de laquelle le remplaçant de Boris Johnson devait être choisi.

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L'ancienne ministresse des affaires étrangères a battu son rival, l'ancien ministre des finances Rishi Sunak. Tous deux représentent l'aile la plus conservatrice et la plus ultra-libérale du parti. Rishi Sunak a été le candidat le plus chanceux au premier tour, mais a perdu au second tour face à Truss. Sunak, d'origine indienne, montre que le Parti conservateur sera bientôt dirigé par des personnes d'origine étrangère. Sans surprise, le parti Tory a été le principal moteur du remplacement démographique des Britanniques autochtones. Rappelons que durant les 43 dernières années, lorsque ce processus s'est déroulé, 33 l'ont été sous un gouvernement conservateur et 10 sous un gouvernement travailliste. Un fait qui devrait donner à réfléchir à ceux qui pensent que les partis conservateurs sont un frein à l'immigration.

Deux jours avant sa mort, Elizabeth II a nommé Truss au poste de Premier ministre, évitant ainsi un long processus de passation des pouvoirs, ayant ainsi donné sa "dernière bénédiction".  Dans le gouvernement de Truss, il n'y aura pas d'hommes blancs aux postes clés (3). Ainsi - pour répéter ce que nous avons dit plus haut - le parti conservateur sera le premier parti européen à exclure les autochtones de la direction d'un pays européen.  Il n'y a pas de place pour les hommes blancs dans le conservatisme, le rôle principal passe aux minorités déjà installées en Grande-Bretagne.

L'échec de la Grande-Bretagne globale. Le Royaume-Uni isolé dans l'anglosphère.

En politique étrangère, Truss aggravera les relations déjà tendues avec l'UE, comme Bruxelles l'a déjà annoncé (4) (5). La nouvelle Première ministre menace de ne pas accepter les conditions de sortie et a déclaré qu'elle ne se conformera pas au "protocole irlandais", qu'elle modifiera unilatéralement.

Poursuivant la ligne anti-européenne et belliciste de Johnson, Truss a insisté sur le soutien à l'Ukraine - avec ses effets déstabilisants sur l'Europe. En déclarant en septembre dernier : "La Grande-Bretagne armera l'Ukraine jusqu'à ce qu'elle vainque la Russie". Dans son délire, elle a également déclaré que: "Si la situation exigeait que j'appuie sur le bouton nucléaire, je le ferais immédiatement. Et je me moque que des millions de personnes meurent, pour moi l'essentiel est la démocratie et nos idéaux". Fantasmer sur les souvenirs d'être un grand empire alors que le Toyaume-Uni n'est qu'une ancienne puissance en déclin imparable.

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Quelqu'un devrait rappeler à l'intrépide première ministresse britannique que le Royaume-Uni dispose de 215 ogives nucléaires, tandis que la Russie en possède plus de 7000, dont beaucoup sont dirigées vers Londres.

"Global Britain", la stratégie internationale post-Brexit du Westminster, n'a pas eu de résultats concrets

Le RU est désormais marginalisé au sein du pacte AUKUS, une alliance de puissances anglo-saxonnes dont le véritable objectif est de faire face à l'expansion chinoise dans le Pacifique. Les trois autres puissances anglo-saxonnes du pacte (les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande) ont toutes ou presque toutes leurs côtes dans le Pacifique ; le Royaume-Uni se trouve aux antipodes planétaires et son rôle dans l'Alliance n'est guère plus que décoratif.

Londres a essayé de se rendre fort dans les pays de Visegrad, dans le cadre de sa géopolitique permanente visant à séparer l'Allemagne de l'Europe centrale et orientale, mais la réalité est que les deux principales capitales du groupe de Visegrad ont ignoré Londres : Varsovie donne la priorité à son alliance avec Washington et Budapest regarde - timidement - vers Moscou.

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L'un des arguments présentés par Boris Johnson aux Britanniques était la signature prochaine d'un pacte commercial qui ferait du Royaume-Uni un partenaire commercial préférentiel des États-Unis, permettant au marché américain de remplacer le marché européen. Non seulement un tel pacte n'est ni annoncé ni en vue, mais l'arrivée de Biden - un démocrate - à la Maison Blanche a refroidi les relations entre Washington et Londres, qui sont aujourd'hui au plus mal (6). Il convient de rappeler que Biden est d'origine irlandaise et qu'il a, à plusieurs reprises, averti les locataires de Westminster de faire preuve de prudence à l'égard de la situation en Irlande.

Vers un effondrement économico-financier

La situation économique du Royaume-Uni est désastreuse (7). La livre est à son niveau le plus bas et l'inflation à son niveau le plus haut. L'horizon à court et moyen terme est chaotique. La monnaie britannique est presque à parité avec le dollar, la Banque d'Angleterre a dû venir à son secours (8) et l'inflation est imparable.

Les décisions malavisées de Westminster en matière de taux d'intérêt et les politiques de relance post-Covid malavisées menacent de pousser le Royaume-Uni dans une situation économiquement et socialement insoutenable. Le 1er octobre dernier, des milliers de Britanniques sont descendus dans la rue pour brûler symboliquement leurs factures d'électricité en raison de leurs prix élevés, un avant-goût de ce qui va se passer cet hiver.

Non contente de se trouver confrontée à tous ces problèmes, Mme Truss menace de ne pas se conformer aux conditions de sortie de l'UE, ce qui déclencherait des contre-mesures commerciales de Bruxelles pour les importations et les exportations britanniques qui pourraient plonger le Royaume-Uni dans un très grave problème d'approvisionnement.

Ces perspectives économiques renforcent - encore plus - la volonté de l'Écosse et de l'Irlande du Nord de quitter un Royaume-Uni qui, alors, se rétrécira.

Comme première mesure économique, Truss a annoncé une importante réduction des impôts, qu'elle a dû modifier immédiatement car elle mettait en danger la continuité de son faible gouvernement (9). Une deuxième mesure consiste à assouplir les lois britanniques sur l'immigration. Des lois qui, comme nous l'avons déjà dit, marginalisent les Européens et favorisent les masses afro-caribéennes et asiatiques des pays membres du Commonwealth (10). Rien ne semble pouvoir empêcher l'économie britannique de sombrer dans le chaos au cours des prochains mois (11).

Dans son discours inaugural en tant que premier ministre, Liz Truss a déclaré : "Ensemble, nous pouvons surmonter la tempête". La réponse du peuple britannique va dans une autre direction, le parti conservateur est au plus bas niveau de son soutien populaire et une débâcle électorale en faveur des travaillistes s'annonce. Le Daily Mirror de Londres a publié en première page le 3 octobre "Truss est terminée". La question est : une autre personnalité ne sera-t-elle pas encore pire que Truss ?  Le rythme du déclin du Royaume-Uni nous amène à penser que ce serait très probablement le cas.

NOTES :

1) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/precisiones-sobre-la-aplicacion-y-el.html#.YzsJKctBzIU

2) https://www.enricravellobarber.eu/2020/02/sobre-las-medidas-antiimmigracion-de.html#.YzsI68tBzIU

3) https://panampost.com/mamela-fiallo/2022/09/06/hombres-blancos-nuevo-conservadurismo-ingles/

4) https://www.elespanol.com/mundo/europa/20220906/ue-empeoramiento-relaciones-reino-unido-victoria-truss/700930232_0.html

5) https://elordenmundial.com/liz-truss-mas-peligrosa-que-johnson-para-la-ue-y-para-el-reino-unido/

6) https://www.elmundo.es/internacional/2022/09/21/6329d54621efa051368b45af.html

7) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/27/6331e9b721efa0da3c8b4599.html

8) https://elpais.com/economia/2022-09-26/el-banco-de-inglaterra-y-el-gobierno-de-truss-intervienen-para-frenar-el-desplome-de-la-libra.html

9) https://elpais.com/economia/2022-10-03/la-primera-ministra-britanica-da-marcha-atras-en-la-rebaja-de-impuestos-para-salvar-su-gobierno.html

10) https://www.theguardian.com/uk-news/2022/sep/24/liz-truss-plans-to-loosen-immigration-rules-to-boost-uk-economy

11) https://www.elmundo.es/economia/2022/09/10/631b8816e4d4d8277e8b45c7.html


 

lundi, 03 octobre 2022

Entretien avec Claudio Mutti, rédacteur en chef de la revue d'études géopolitiques Eurasia

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Entretien avec Claudio Mutti, rédacteur en chef de la revue d'études géopolitiques Eurasia

Source: https://www.gazzettadellemilia.it/politica/item/38584-intervista-a-claudio-mutti,-direttore-della-rivista-di-studi-geopolitici-%E2%80%9Ceurasia%E2%80%9D?fbclid=IwAR0w9sbHYpqFPxMGzsc9nPZQxr9veJcrJuyGJq8C5au-1S_urTDkcpc7kAQ

La semaine qui s'achève laisse penser que le conflit ukrainien est sur le point de prendre une nouvelle direction et que les scénarios pourraient changer. Pour tenter d'apporter un éclairage, nous avons interrogé un expert en géopolitique, Claudio Mutti, rédacteur en chef du magazine EURASIA.

Par Matteo Pio Impagnatiello Felino (PR)

Au moment où nous nous parlons, la guerre entre l'Ukraine et la Fédération de Russie se poursuit. Pouvez-vous nous dire ce qui se passe réellement dans le scénario de guerre en Europe de l'Est ?

Les États-Unis utilisent l'Ukraine pour creuser un fossé entre la Russie et le reste de l'Europe. Cela ne vient pas de moi, mais d'une source très autorisée, nullement soupçonnée d'anti-américanisme : George Friedman, président de Strategic Forecasting, Inc. connu sous le nom de Stratfor. S'exprimant devant le Chicago Council of Global Affairs, Friedman a déclaré: "L'intérêt premier des États-Unis, pour lequel nous avons mené des guerres pendant un siècle (la Première guerre mondiale, la Seconde et la Guerre froide), est d'empêcher l'Allemagne et la Russie de s'unir, car ensemble, elles représentent la seule force capable de nous menacer. Pour les États-Unis, la crainte fondamentale est que le capital financier et la technologie allemands se soudent aux ressources naturelles et à la main-d'œuvre russes. C'est la seule alliance qui fait peur aux États-Unis, nous essayons de l'empêcher depuis un siècle".

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A la lumière du vote du dimanche 25 septembre en Italie, y aura-t-il des échos sur les relations diplomatiques bilatérales entre l'Italie et la Fédération de Russie ?

Quelques jours avant les élections italiennes, la Pravda écrivait : "La potentielle nouvelle première ministre italienne, Giorgia Meloni, a choisi la voie du chaos (...) elle sera une atlantiste convaincue et une partisane de l'Ukraine". Le diagnostic sévère et réaliste de ce quotidien historique russe a été confirmé le 26 septembre par Meloni elle-même. Au message diplomatique de Dmitry Peskov, porte-parole du président Poutine, qui, parlant de l'Italie, a déclaré : "Nous sommes prêts à accueillir toute force politique capable d'être plus constructive dans les relations avec Moscou", Meloni a répondu indirectement en déclarant son "soutien loyal à la cause de la liberté du peuple ukrainien". Faisant écho à Draghi en niant la validité du référendum visant à annexer les quatre régions ukrainiennes à la Russie, elle a ajouté : "Poutine démontre une fois de plus sa vision néo-impérialiste de style soviétique qui menace la sécurité de l'ensemble du continent européen".

En septembre, d'importantes fuites sous-marines se sont produites dans les pipelines Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Comment peut-on les expliquer?

Elles sont expliquées à la lumière des menaces explicites proférées au début de l'année par le président Biden et le secrétaire d'État adjoint américain. En fait, le 7 février 2022, M. Biden a promis que si la Russie attaquait l'Ukraine, le Nord Stream 2 n'existerait plus car les États-Unis s'en débarrasseraient définitivement. Le 27 janvier 2022, Victoria Nuland avait anticipé la menace de Biden en garantissant qu'en cas d'attaque russe contre l'Ukraine, Nord Stream 2 ne se ferait pas. Les menaces ont été suivies de manœuvres militaires. Le 2 septembre, l'hélicoptère américain FFAB123, probablement un élément du support aérien installé sur le navire d'assaut USS Kearsarge, a volé le long du tracé de l'oléoduc aux endroits où l'"incident" allait se produire. Le 13 septembre, d'autres avions de chasse américains ont retracé la route dudit hélicoptère. Le jour où "l'incident" s'est produit, un détachement expéditionnaire de navires de la marine américaine dirigé par l'USS Kearsarge se trouvait à une trentaine de kilomètres.

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Volodymyr Oleksandrovyč Zelens'kyj est le président de l'Ukraine, une république semi-présidentielle qui peut difficilement être considérée comme une superpuissance (avec une population d'un peu plus de 40 millions d'habitants et un niveau de vie encore loin des standards de l'Europe occidentale). Néanmoins, il semble que l'influence du président Zelens'kyj (pour être clair, les demandes qu'il renouvelle périodiquement aux pays du bloc atlantique) soit forte, ce qui entraîne des implications importantes pour l'équilibre géopolitique au détriment de la paix. Est-ce le cas ?

Volodymyr Zelens'kyj est devenu président de l'Ukraine grâce à l'oligarque milliardaire Ihor Kolomojs'kyj, ancien gouverneur de l'oblast de Dnipropetrovs'k, fondateur de la PrivatBank, président de la Communauté juive unie d'Ukraine et citoyen israélien, financier du bataillon Aidar et propriétaire de la chaîne de télévision qui a assuré le succès de Zelens'kyj en tant qu'acteur. Immédiatement après son élection, Zelens'kyj a reçu son programme par le biais d'un communiqué de la Fondation Renaissance, qui, avec l'ambassade des États-Unis à Kiev et le tristement célèbre National Endowment for Democracy, est l'un des principaux financiers de l'Ukraine Crisis Media Center, l'organisation qui fournit des informations sur l'Ukraine aux médias occidentaux. Président d'un pays qui, suite au coup d'État de l'Euromajdan, s'est transformé en principal avant-poste occidental contre la Fédération de Russie, Zelens'kyj exerce de manière flagrante la fonction de mégaphone de l'OTAN que lui a assignée Washington.

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Jusqu'à présent, nous avons mentionné les pays belligérants et l'Italie. Voulez-vous développer la stratégie américaine ? Quel rôle les Américains ont-ils joué et jouent-ils en Europe ?

La guerre contre la Russie menée par les États-Unis à travers l'Ukraine trouve son origine dans la même stratégie antisoviétique élaborée à l'époque par le secrétaire d'État américain Zbigniew Brzezinski ; qui, pour illustrer le rôle décisif qu'une Ukraine séparée de la Russie est appelée à jouer dans la stratégie américaine de contrôle total de l'Eurasie, a cité la célèbre formule du géopoliticien britannique Mackinder : "Celui qui a le pouvoir sur l'Europe de l'Est domine le Territoire du Cœur (= Heartland; en gros, la Russie et les régions voisines) ; celui qui a le pouvoir sur le "Territoire du Cœur" domine l'Île-Monde (c'est-à-dire le Vieux Continent) ; celui qui a le pouvoir sur l'Île-Monde domine le Monde". En bref, la "géostratégie pour l'Eurasie" épousée par l'impérialisme américain consiste à empêcher Moscou d'exercer à tout prix son hégémonie sur sa sphère d'influence historique. Et l'Ukraine, véritable "pivot" géopolitique, en existant en tant que pays "indépendant", empêche la Russie de devenir un empire eurasien. En particulier, l'Ukraine "indépendante" garantit au bloc occidental un accès à la région transcaucasienne, où il peut menacer l'Iran à bout portant et assurer la domination régionale d'Israël.