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samedi, 30 octobre 2021

Rétablir deux vérités politiques

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Rétablir deux vérités politiques

par Georges FELTIN-TRACOL

Avec l’écoulement des années, la mémoire collective flanche souvent, surtout quand le complexe médiatique d’occupation mentale la travaille en profondeur avec insistance. Il n’hésite pas en effet à tordre les faits, à travestir la réalité et à détourner le sens des évènements afin de se conformer à sa narration idéologique. Ses manipulations ne datent pas des fameuses fake news ou infox.

La politique d’intoxication volontaire de l’information se révèle désastreuse auprès des jeunes générations qui, dépourvues de sens critique et sans connaissances particulières de sujets plus ou moins historiques, contribuent à leur insu à entériner les déformations officielles. Prenons deux cas politiques français que les moins de vingt ans ne connaissent plus.

Le premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, marque la qualification de Jean-Marie Le Pen au duel final face au président sortant Jacques Chirac. Avec une avance de 194.505 voix, le président du Front national (FN) élimine le premier ministre socialiste sortant Lionel Jospin. D’abord choqués par cet incroyable coup de tonnerre, les hiérarques socialistes désignent très vite les responsables de cette élimination prématurée : le nombre élevé de candidats et la présence de Jean-Pierre Chevènement qui recueille 1.518.568 suffrages.

Deux explications fallacieuses ! Seize candidats - trois trotskistes (Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Daniel Gluckstein), deux écologistes (Corinne Lepage, Noël Mamère), un chasseur (Jean Saint-Josse), deux ex-barristes (Christine Boutin, François Bayrou), deux libéraux (Jacques Chirac, Alain Madelin) et deux nationaux (Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret) – reflètent le large spectre politique du pays réel. La candidature de Jean-Pierre Chevènement sur une ligne nationale-républicaine favorable au rassemblement des souverainistes des deux rives (droite et gauche) n’attire que quelques électeurs socialistes. En fait, l’éviction de Lionel Jospin résulte d’une mauvaise campagne au cours de laquelle il déclare que, face aux licenciements industriels, « l’État ne peut pas tout » et que son « programme n’est pas socialiste ». Son échec reste l’exemple flagrant d’une campagne de premier tour conduite comme une campagne de second tour. Par ailleurs, bien que chef de file de la « Gauche plurielle », le Premier ministre battu avait accepté une multiplication des candidatures au sein de sa propre majorité parlementaire. Contre lui se présentaient Chevènement, les Verts, le communiste Robert Hue et l’exquise Christiane Taubira au nom du Parti radical de gauche (PRG). Or, les divergences entre le PS et le PRG sont d’ordre microscopique. Les 660 515 voix de Christiane Taubira se seraient naturellement portées aux deux tiers sur Jospin et, pour le dernier tiers, sur un autre candidat de gauche. L’élue guyanaise porte ainsi la lourde responsabilité de la défaite historique du candidat socialiste. Il va de soi que cette vérité ne se proclame pas, car ce serait presque outragé l’icône médiatique de la pseudo-diversité…

La seconde vérité politique à rétablir concerne les mairies FN dont la gestion dans les années 1990 aurait été ca-ta-stro-phique ! Au soir du second tour des élections municipales, le 18 juin 1995, le FN remporte trois municipalités grâce à Jean-Marie Le Chevalier à Toulon dans le Var, à Daniel Simonpieri à Marignane dans les Bouches-du-Rhône et à Jacques Bompard à Orange dans le Vaucluse. Deux ans plus tard, la liste de Catherine Mégret, l’épouse de Bruno Mégret déclaré inéligible par le Régime pour un prétexte futile, s’empare d’une autre commune des Bouches-du-Rhône, Vitrolles.

Le FN avait déjà dirigé des municipalités. Dès 1983, le maire de Thio en Nouvelle-Calédonie, Roger Galliot, se ralliait au FN, séduit par un ferme discours anti-indépendantiste. Thio devint cependant en 1985 un solide bastion indépendantiste. En 1989, un ancien député tour à tour démocrate-chrétien et gaulliste, naguère secrétaire d’État d’un gouvernement Pompidou, Charles de Pineton de Chambrun, devient le maire frontiste de Saint-Gilles dans le Gard. Toutefois, il démissionne en 1992. L’élection partielle fait retomber Saint-Gilles-du-Gard dans le giron de la droite molle. Charles de Chambrun (1930 – 2010) représentait la tendance modérée et atlantiste du FN. Il négocia au début des années 1980 l’implantation en France de l’ignoble Disneyland – Paris et les dérogations léonines au code du travail. Son action municipale timorée explique ce retrait prématuré.

Entre 1995 et 2001, les équipes municipales frontistes subissent le feu nourri des journalistes, des associations subventionnées et des services préfectoraux qui font leur maximum pour entraver les décisions communales. En 2001 se tiennent de nouvelles élections municipales. Les « bobardements » et autres harcèlements incessants du Système sont-ils des succès ? Non, puisqu’il perd par 3 à 1. Les maires de Vitrolles, d’Orange et de Marignane sont réélus. Le FN gagne même avec Marie-Christine Bignon, la mère de Stéphanie Bignon, présidente de Terre et Famille, la commune de Chauffailles en Saône-et-Loire et plus précisément en Charolais, cette vieille terre d’Empire. Certes, les maires de Vitrolles et de Marignane portent à ce moment-là l’étiquette du MNR (Mouvement national-républicain). La seule défaite concerne Toulon pris par le futur macronien Hubert Falco.

Cette perte n’est pas une surprise. Pourtant, en 1997, Jean-Marie Le Chevalier (1936 - 2020) avait été élu député avant que son élection fût invalidée pour un motif bancal et que son épouse Cendrine, candidate à sa place, fût battue de peu par un abject « front ripoublicain ». Le journaliste Serge de Beketch et l’écrivain Yves-Marie Adeline ont rapporté dans leurs souvenirs respectifs l’amateurisme de l’équipe toulonaise, les dissensions internes et les menaces fréquentes de la pègre locale très puissante, d’où le décès plus que suspect de l’adjoint au maire Jean-Claude Poulet-Dachary. Appartenant à l’aile modérée, venu du giscardisme et ami personnel de Jean-Marie Le Pen, Jean-Marie Le Chevalier manqua surtout d’audace et de ténacité, au contraire de ses homologues d’Orange, de Vitrolles et de Marignane.

En 2003, Catherine Mégret perd Vitrolles, victime des magouilles juridiques du Conseil d’État. Malgré son ralliement à l’UMP de Nicolas Sarközy, Daniel Simonpieri est vaincu en 2008 au profit d’un sarközyste dissident. Si Orange et Chauffailles conservent leurs édiles, ceux-ci ont abandonné l’étiquette frontiste. En 2020, Marie-Christine Bignon a transmis la mairie à Stéphanie Dumoulin et occupe une vice-présidence Les Républicains au conseil départemental de Saône-et-Loire. Seul Jacques Bompard demeure après vingt-six ans de mandat l’homme fort d’Orange. Lors des élections municipales et départementales, il est courant que dans ce coin de France, les seconds tours opposent sa Ligue du Sud au FN – RN. Un vrai rêve éveillé...

On aura compris qu’il faut sans cesse rapporter la réalité et contrer les mensonges éhontés du Système. C’est ça aussi, la réinformation !   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 7, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro du 27 octobre 2021.

mercredi, 27 octobre 2021

Elections présidentielles 2022: faut-il voter?

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Elections présidentielles 2022: faut-il voter?

par Pierre-Emile Blairon

Etat des lieux

Alors que les signes d’une prise de pouvoir sur l’ensemble de la planète par les élites ploutocratiques se faisaient sentir depuis des décennies (au moins), seules, quelques personnes plus lucides que d’autres tentaient d’alerter les populations.

De fait, une césure est lentement apparue qui s’est transformée en une crevasse infranchissable qui séparait le monde des sociétés traditionnelles de celui des affairistes, le monde des terroirs, des régions avec leurs coutumes millénaires, leur savoir-faire artisanal, leur art de vivre, le monde des peuples enracinés, des hommes et des femmes de bon sens insérés dans leurs milieux naturels contre celui des mondialistes, matérialistes progressistes, monde artificiel sans règles et sans valeurs, désormais dirigé par les transhumanistes qui ne rêvent que de transformer les populations en esclaves ou en robots.

Une sorte de statu quo paraissait s’être instauré mais ces forces négatives ont décidé, comme dans l’urgence, fin 2019 et début 2020, de sauter sur l’occasion que leur donnait la « découverte » de ce coronavirus en Chine pour imposer leur loi sous couvert sanitaire à toute la planète. Je me suis longuement demandé comment un très petit groupe d’être humains avait pu imposer avec une telle rapidité et une telle efficacité cette totale soumission de la population terrienne (plus de 7 milliards d’individus quand même) à ce qui s’apparente à sa propre disparition. C’est grâce à certaines techniques de conditionnement des foules, comme l’ingénierie sociale, que les mondialistes ont pu arriver à ce résultat.

C’est ainsi que nous vivons depuis bientôt deux ans les effets de la plus grande manipulation de tous les temps.

Notre génération a l’insigne privilège de contempler, stupéfaite et désespérée, un monde qui se défait littéralement dans le déchaînement des entités diaboliques qui ont pris le pouvoir sur une population tétanisée.

Il se fait que ces incroyables bouleversements se font dans l’apathie générale d’individus lobotomisés qui refusent de croire aux événements qui se déroulent sous leurs yeux et qui ne se soucient que de leurs petits intérêts matériels ; on assiste à une interruption, voire à une régression brutale de l’intelligence chez la plupart de ces individus, dégradation qui peut clairement être constatée par ceux qui ont réussi à conserver, en dépit du matraquage médiatique, leur esprit critique ; c’est à l’aune de cette constatation que ces quelques esprits éclairés ont pris la mesure de l’ampleur du désastre en cours et se préparent au pire.

Une contestation a fini par éclore, en France et dans d’autres pays du monde, résistance bien timide d’abord ; en France, elle est née sous l’égide de Florian Philippot ; les militants de son parti, Les Patriotes, rassemblaient fin 2020 quelques dizaines de militants réunis sur les lieux emblématiques de quelques villes en France ; et la mayonnaise a pris de telle sorte que c’est maintenant des dizaines de milliers de Français qui défilent chaque samedi dans au moins deux cents villes en France contre le pass sanitaire. De même, les populations de nombreux pays du monde protestent contre la dictature mondiale qui se met en place sous prétexte de mesures sanitaires.

Les médias français subventionnés ne disent pas un mot de ces manifestations, qu’elles se déroulent en France, ou ailleurs dans le monde ; la contestation n’existe pas pour ces pseudo-journalistes.

Les Français opposés à la mise en place de cette tyrannie planétaire savent parfaitement que les instances européennes n’en sont qu’un relais efficace et que le gouvernement français entièrement soumis aux élites ploutocratiques ne fait qu’appliquer leurs directives.

Moins nombreux sont ceux qui savent que le pouvoir mondial utilise les masses immigrées et les terroristes islamiques pour mieux déstabiliser les sociétés traditionnelles, notamment européennes et occidentales.

Une autre dichotomie est apparue, plus ancrée dans le réel quotidien, plus susceptible de nourrir les passions et de préparer un monde de cauchemar où les citoyens de chaque pays pourraient s’affronter dans une guerre civile qui ne serait même pas raciale.

On constate effectivement la présence face à face de deux populations.

Il y a, d’une part, ceux qu’on peut appeler les résistants. Ils ont compris que le « pass sanitaire » et le vaccin n’étaient que des outils (ou plutôt des armes de destruction massive) pour soumettre les populations ou, plus inquiétant encore, pour réduire leur nombre que les mondialistes jugent pléthorique.

Et il y a, d’autre part, ceux qui, par bêtise, par confort ou par lâcheté (à vrai dire, les trois à la fois) ne veulent pas entendre parler d’un quelconque conditionnement et traitent de complotistes ceux qui ont su garder un esprit critique et éveillé.

Il est très difficile d’établir un pourcentage de chacune de ces deux populations, d’une part à cause du silence des autorités qui ne permettent donc pas aux organismes d’évaluation de révéler des chiffres fiables, d’autre part, du fait d’un nombre grandissant de personnes qui comprennent enfin la supercherie des gouvernants. Evaluons à 30 % les populations réveillées et donc à 70 % [1] celle des morts-vivants lobotomisés, des zombies.

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Voilà donc un état de la situation tel qu’il peut apparaître en cette fin d’octobre alors que l’esprit des Français est occupé par ce qui plaît infiniment aux médias de pouvoir : les élections présidentielles.

Les candidats à la présidentielle

Nous allons nous intéresser uniquement aux candidats susceptibles de jouer un rôle de premier plan dans ces élections.

Macron

Rien à dire sur le président en exercice qui a bien l’intention de renouveler son mandat, sinon confirmer qu’il n’est qu’une marionnette entre les mains de l’oligarchie mondiale, pour le malheur du peuple français.

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Marine Le Pen était désignée d’office comme son principal adversaire avant que ne survienne Eric Zemmour. Le RN, au fil du temps, est devenu une coquille de noix vide qui vogue au gré des courants sondagiers ; Marine Le Pen n’a cessé de raboter toutes les aspérités qui pouvaient l’empêcher de glisser vers la victoire comme une trottinette sur les trottoirs parisiens. Exit les militants trop passionnés, les propos trop affirmés, et les sujets qui fâchent les minorités devenues majorité. Les Français veulent moins d’immigration et plus de sécurité [2] ? Donnons-leur ce qu’ils veulent ou, tout au moins disons ce qu’ils veulent entendre. L’oeil de Marine Le Pen n’est pas fixé sur la ligne bleue des Vosges mais sur le baromètre Ipsos.

Et puis, Z comme Zemmour est arrivé, sans se presser [3] ; patatras pour Marine Le Pen qui caracolait à 21 % derrière Macron ; adieu, veau, vache, cochon (qui s’en dédit)…

Sa candidature éventuelle a été accueillie par un flot de railleries antisémites (ce qui, pour la presse aux ordres, apparaissait jusqu’alors comme le pire des crimes) ; les invectives sont venues à la fois de vieilles badernes nostalgiques d’un certain passé, et des « jeunes » banlieusards d’origine maghrébine qui ont fait de Zemmour et de ses militants leur cible favorite. Les uns et les autres auront finalement trouvé un terrain d’entente sur le dos de Zemmour. On n’a pas entendu les ligues de vertu antiracistes s’élever contre ce qu’elles appellent, en d’autres circonstances, une  « abomination » ; et pour cause ; Zemmour constitue aussi pour ces gens l’ennemi à abattre. « Pas un vote juif ne doit aller à Zemmour » a déclaré Kalifat, le patron du Crif. Le crime de Zemmour est de revendiquer son statut de Français avant celui de juif.

Zemmour est incontestablement plus cultivé et plus intelligent que ses deux adversaires.

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Nous aurions donc espéré qu’il prenne une position tranchée sur la mise en place de cette dictature mondiale qui ne cache même plus ses objectifs.

Tout homme – ou toute femme – qui se targue d’avoir une vision politique des événements (qui n’adviennent pas par le fait du hasard) ne peut ignorer cette nouvelle donne.

Nous aurions aimé au moins entendre quelques mots de solidarité envers ces soignants qui se font  littéralement jeter de leur travail sans aucune compensation parce qu’ils refusent de se faire injecter ce qu’ils savent être un poison. Ces soignants que les Français ont adulés l’année dernière et pour lesquels ils n’ont désormais aucune compassion alors qu’ils ont, comme tout un chacun, un loyer à payer , des enfants à élever, des traites à honorer ; les « anti vax », comme les appellent leurs adversaires sont devenus des parias.

Mais non, ni Marine Le Pen ni Eric Zemmour ne s’en soucient. Zemmour déclarait au micro d’André Bercoff sur Sud-Radio le 11 octobre : « Je suis moi-même vacciné, le pass sanitaire ne me dérange pas ; le sujet essentiel n’est pas là. »

Et qu’en est-il des instances européennes qui prétendent s’immiscer dans toutes les décisions nationales des pays adhérents ?

Il y a longtemps que Marine Le Pen ne s’en préoccupe plus après ses échecs récurrents sur ce thème ; quant à Zemmour, dans cette même émission de Sud-Radio, il a déclaré : « Je ne veux pas de Frexit pour ne pas désorganiser la France ».

Finalement, Marine Le Pen et Eric Zemmour s’entendent bien pour admettre que le sujet essentiel n’est ni la dictature pseudo-sanitaire, ni l’intrusion des instances européennes dans la politique intérieure des états-nations ; le sujet essentiel, c’est l’immigration et aussi l’insécurité, sondage oblige.

C’est ici qu’intervient très pertinemment Florian Philippot qui déclarait le 20 janvier 2021 : « Stopper l’immigration massive et expulser tous ceux qui doivent l’être ne peut se faire qu’à la condition expresse d’en avoir le pouvoir. C’est à dire à la condition expresse de quitter sur le champ UE et CEDH qui décident de tout. Le reste : du verbiage. »

Il faut tenir compte en outre d’un autre paramètre : l’Ordre mondial utilise les migrations et les terroristes pour déstabiliser à la fois les sociétés traditionnelles accueillantes (de gré ou de force) et les sociétés traditionnelles partantes [4].

On se rend compte finalement que Marine Le Pen et Eric Zemmour espèrent puiser dans le même vivier, celui des zombies lobotomisés qui représentent donc 64 % de la population française en âge de voter. Ont-ils compris que ces gens ne voteront que pour leur Maître, Macron, celui qui déclarait en toute ambiguïté : « Je crois que notre génération doit savoir que la Bête de l’évènement est là, elle arrive, qu’il s’agisse du terrorisme, de cette grande pandémie ou d’autres chocs. Il faut la combattre quand elle arrive avec ce qu’elle a de profondément inattendu, implacable. »

Florian Philippot s’est révélé l’homme politique le plus combatif, le plus pugnace, le plus efficace et le plus sincère tout au long de ces deux années de folie au cours desquelles le Système a essayé, et continue d’essayer, d’imposer son totalitarisme planétaire, ce qui constitue la question prioritaire à l’heure actuelle ; les autres questions : Europe, immigration, pouvoir d’achat, insécurité, rétablissement des frontières nationales, relocalisations, localisme, etc. en dépendent.

Pour conclure, je ne voterai évidemment pas pour Macron, et non plus pour Le Pen, ni pour Zemmour, puisque ces deux derniers ne s’intéressent qu’accessoirement au sort du peuple français, quoiqu’ils en disent.

Je ne voterai pas non plus pour Philippot,  pour une raison unique, liée à mon ADN ; je suis Français né en Algérie. Philippot est gaulliste. Imaginez qu’on demande à un Arménien de voter pour un admirateur d’Erdogan qui est prêt à déclencher un nouveau génocide à chaque instant ?

Faut-il le rappeler ? De Gaulle  est celui qui a sciemment provoqué le massacre, dans des conditions épouvantables, de dizaine de milliers de Pieds-Noirs et de musulmans fidèles à la France qu’on a appelés harkis.

Comme tous les candidats, y compris Marine Le Pen et Eric Zemmour, se réclament de De Gaulle, je ne voterai donc pas aux élections présidentielles de 2022.

Pierre-Emile Blairon.

Notes:

[1] Sondage Elabe pour BFMTV du 23 août 2021 : 64 % des français sont favorables au pass sanitaire.

[2] Pour 82% des Français, la lutte contre l'insécurité sera importante dans leur vote en 2022 (sondage Fiducial-Odoxa  pour Le Figaro du 25 octobre 2021.

[3] Il n’est toujours pas candidat à ce jour, 26 octobre 2021.

[4] Voir mon article sur le sujet paru il y a tout juste un an : Terrorisme islamique et terreur sanitaire : le monde pris dans l’étau de Big Brother,

mardi, 26 octobre 2021

D’un délire idéologique à l’autre

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D’un délire idéologique à l’autre

Ex: https://voxnr.com/52934/dun-delire-ideologique-a-lautre/

De tous les bords en Europe, le déni du réel et le délire idéologique qui va avec l’emportent. Il est vrai que moins les hommes n’ont de prise sur la réalité et plus ils s’en remettent à des représentations mythifiées. C’est un constat vérifié depuis longtemps par les sociologues pragmatistes. D’un côté, il y a tous ceux qui s’accrochent à leur vision universaliste et naïvement humanitaire, alors que la réalité du choc des civilisations et des empires s’impose à leurs yeux, et d’un autre côté, ceux qui entretiennent la nostalgie d’une souveraineté nationale perdue, et qui ne peut plus être parce qu’elle est déconnectée de la puissance.

Le pic du délire du multiculturalisme, version postmoderne de l’universalisme, a semble-t-il été atteint en Allemagne. Après quelques autres villes allemandes, la bourgmestre de Cologne vient d’annoncer qu’à l’avenir, chaque vendredi, l’appel du muezzin à la prière lancé à tous les Musulmans, sera autorisé. Sous certaines conditions, et en fonction des quartiers, est-il dit. L’argument avancé est que la décision est commandée par la tolérance et l’équité et par la volonté d’aller vers une société plus homogène et plus fraternelle. Alors que ces autorisations sont clairement des capitulations sociétales, significatives, tout simplement, d’un basculement dans le rapport de force démographique en faveur de la composante musulmane (principalement turque) de la population allemande. Comme sa voisine la France et peut-être plus vite qu’elle, et de façon plus nette en raison du vieillissement plus accentué de sa population, l’Allemagne se transforme en une polyarchie ethnique. Soit une société où les communautés ethnoreligieuses font les votes et influencent la politique nationale (cf. l’attitude toujours passive ou consentante de l’Allemagne envers Erdogan, le dictateur turc). Il y a donc de quoi s’inquiéter pour la nation germanique quand on sait devant quelle crise démographique elle se trouve, et que les Musulmans ne représentent « encore » que 12% de la population d’une ville comme Cologne. Qu’en sera-t-il quand ce pourcentage aura augmenté, sinon explosé ?

D’après Le Figaro, qui cite l’Institut de sciences sociales Insa-Consulere, 61% des Allemands se prononcent contre cette autorisation, qui fait tache d’huile, de l’appel musulman à la prière. Mais cette majorité reste bien silencieuse dans un pays où l’opinion est fortement conditionnée et où la repentance bat son plein. N’y voit-on pas la municipalité de la pourtant traditionnelle Munich envisager de débaptiser les rues portant les noms de Richard Wagner et de Richard Strauss soupçonnés du pire, c’est-à-dire d’avoir à leur manière, avec leur musique et les présupposés qu’elle colportait, fait le lit du nazisme… Rien de moins.

Quant à la France qui s’enfonce dans le désordre communautaire induit par les politiques de laxisme migratoire conduites depuis cinquante ans , le débat public sur cette question vitale y devient plus vif, et plus ouvert, que chez sa voisine d’outre Rhin depuis quelques mois. Une première raison réside dans le triste et brutal spectacle permanent de ce désordre, dont la dénonciation fait le miel d’une chaîne de télévision privée (celles du service publique pratiquant au contraire l’omerta) dont le nouveau propriétaire a compris tout le profit qu’il pouvait en tirer en termes d’audience. Une seconde raison est la percée médiatique qu’effectue Éric Zemmour dans sa démarche présidentialiste en centrant son discours sur l’immigration et sur le déclin de la France. La justesse de son diagnostic, ses paroles sans circonvolutions et fondées sur une véritable culture à l’opposé de sa concurrente la plus à droite, en font dans le contexte actuel et face à un panel de protagonistes insipides, un excellent candidat de premier tour.

Néanmoins, dans la perspective d’une victoire finale, le discours du polémiste, s’il entre dans l’arène électorale, est trop chargé de nostalgie. Car l’on ne construit pas l’avenir sur celle-ci (la France ne sera jamais plus celle de Louis XIV ou de Bonaparte). Mais au contraire sur des adaptations et des stratégies audacieuses. Il lui faudra donc se garder du délire souverainiste et ne pas prôner, comme nombre de ses partisans le souhaitent, le repli national. Il serait bien plus honorable et ambitieux pour la France, mais aussi bien plus adapté à un monde rempli de risques et d’hostilités, que de s’ériger en chef de file, car d’autres Etats suivraient, pour transformer l’Union européenne en une véritable puissance au service des peuples européens.

On ne peut, bien entendu, préjuger du résultat du combat électoral à venir. Le passé incite à la prudence quant à tout pronostic et on se gardera bien d’en faire ici. Ce dont on peut, cependant, se réjouir à la lumière de ce que l’on observe, et à condition que cela dure, c’est au retour à la « guerre des dieux » de Max Weber, autrement dit à la guerre des représentations du monde qui marquerait le début de la fin de l’idéologie dominante.

lundi, 25 octobre 2021

L'Europe s'éloigne de l'OTAN

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L'Europe s'éloigne de l'OTAN

Pascual Serrano

Ex: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/defensa/35663-europa-se-aleja-de-la-otan

L'humiliation subie suite au retrait américain d'Afghanistan, sans compter sur les partenaires européens de l'OTAN, et suite à l'accord militaire AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, accord qui tourne le dos à l'Europe et suspend même les contrats d'armement avec la France, a ouvert un débat dans l'UE sur la nécessité d'une armée européenne propre, organisée en dehors de l'OTAN.

Le 22 août, le haut représentant de l'UE, Josep Borrell, a exprimé la nécessité pour l'Union européenne de disposer de sa propre force militaire indépendante. Le président français Emmanuel Macron est allé jusqu'à dire que l'OTAN était "en état de mort cérébrale" et Mme Merkel a parlé d'une perte de confiance avec les alliés, faisant clairement référence à Washington.

Toutes ces affirmations ont fait suite à la décision américaine de retirer ses troupes d'Afghanistan le 31 août et à la prise de Kaboul qui s'en est suivie, ainsi qu'au contrôle total du pays par les talibans, laissant les partenaires européens comme simples témoins de la fin d'une intervention dans laquelle ils ont été entraînés par les États-Unis et que ceux-ci laissent désormais sans aucun pouvoir de décision.

Annulation d'un contrat de 56 milliards de dollars

Puis vint l'AUKUS, un acronyme pour Australie, Royaume-Uni, États-Unis. Un accord militaire entre ces trois pays pour assurer la sécurité dans la zone indo-pacifique. Un accord porté secrètement devant les partenaires européens des États-Unis et qui, parmi de nombreuses autres conséquences, a conduit à l'annulation d'un contrat signé entre la France et l'Australie en 2016, d'un montant de 56 milliards d'euros, pour la construction française de huit sous-marins à propulsion nucléaire de dernière génération. Cela a provoqué l'ire du gouvernement français et le rappel de ses ambassadeurs à Washington et à Canberra pour des consultations.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré qu'il s'agissait d'un "coup de poignard dans le dos" et que Canberra avait trahi la confiance de Paris. Le Drian a ensuite comparé l'administration Biden à celle de Donald Trump, qui a tissé une relation exécrable avec les alliés européens de l'Amérique.

"Ce qui m'inquiète dans tout ça, c'est aussi le comportement des Américains. Cette décision unilatérale, brutale et imprévisible est très similaire à ce que faisait M. Trump. Ce n'est pas comme ça, entre alliés, qu'il faut faire", a déploré M. Le Drian.

Le diplomate en chef de l'UE, Josep Borrell, a tenu les mêmes propos. "Je regrette de ne pas avoir été informé, de ne pas avoir participé à ces discussions", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

"Des missions où l'OTAN n'est pas présente mais où l'UE l'est"

L'onde de choc de l'humiliation des Européens en Afghanistan, où ils sont allés lorsque les États-Unis leur ont dit d'y aller et où ils sont également partis lorsqu'ils en ont reçu l'ordre, a atteint tous les pays et institutions européens. Dans un discours au Parlement européen, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré :

"Ce dont nous avons besoin, c'est de l'Union européenne de défense. L'Europe peut - et doit clairement - être capable et désireuse d'en faire plus pour elle-même". Mme von der Leyen, qui a été ministre de la défense dans son propre pays et qui a une connaissance approfondie des questions militaires et de leurs lacunes au niveau de l'UE, a annoncé qu'elle convoquerait un sommet sur la défense l'année prochaine.

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C'est précisément l'année où la France assurera la présidence de l'UE. "Il y aura des missions où l'OTAN ou l'ONU ne seront pas présentes", a déclaré M. von der Leyen, "mais où l'UE devrait être présente".

L'une des premières questions concrètes de défense européenne à être discutée au lendemain du désastre afghan est l'idée, déjà ancienne, d'un bataillon européen de réaction rapide de 5000 hommes. M. Borrell a soulevé la question lors d'une réunion informelle des ministres de la défense de l'UE à Kranj (Slovénie), début septembre.

Selon le quotidien El País, "cette initiative, à laquelle pensaient les dirigeants de Bruxelles avant même que l'OTAN ne débarque en Afghanistan, a déjà été reprise ce printemps par 14 États membres, dont la France, l'Allemagne et l'Espagne".

"Même les atlantistes changent de position"

Selon le journal, la proposition a reçu un accueil inhabituellement réceptif de la part d'une majorité de pays lors du Conseil informel où M. Borrell l'a évoquée. "C'est incroyable. Personnellement, je ne l'ai jamais vu auparavant. Même les atlantistes sont en train de changer de position", a déclaré une source présente à la réunion au quotidien espagnol.

Même la ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a proposé d'explorer la possibilité qu'un éventuel déploiement soit décidé par l'UE, tandis que les troupes ne seraient fournies que par une coalition de volontaires. La possibilité de pouvoir activer la force rapide par une majorité qualifiée du Conseil, sans avoir besoin de l'unanimité, a même été discutée.

Groupements tactiques de l'UE

L'idée d'une sorte de petite armée propre a commencé à prendre forme en 1999 - lorsque la création d'une force de réaction rapide de 60.000 hommes a été discutée et soutenue par le ministre espagnol de la défense en 2000. L'UE dispose d'une force de réaction rapide depuis 2007, mais peu de gens la connaissent car elle n'a jamais été utilisée. Il s'agit des "groupements tactiques de l'UE", deux bataillons d'urgence d'environ 1500 soldats chacun, dont l'un est toujours actif pour répondre à toute crise ou menace.

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Les bataillons sont multinationaux et effectuent une rotation tous les six mois. L'Espagne sera à la tête du contingent au second semestre 2022. Avec ces bataillons, l'UE peut effectuer deux déploiements de réaction rapide d'une durée minimale de 30 jours, pouvant être prolongée jusqu'à 120 jours grâce aux réserves et au réapprovisionnement.

La nouvelle force de réaction rapide serait en fait une nouvelle variante, "plus opérationnelle et prête à être activée", de ce qui existe déjà, selon les termes de M. Borrell. Depuis 2017, l'UE dispose d'un projet de coopération militaire accrue entre les États membres, la "coopération structurée permanente" (PESCO), qui n'a pas été suffisamment développé.

Treize pays européens ont déjà signé un accord militaire

Il ne s'agit pas de la seule initiative européenne de développement militaire en dehors de l'OTAN. Le 25 juin 2018, les ministres de la défense de neuf pays de la région ont signé à Luxembourg une lettre d'intention sur le développement de la nouvelle initiative européenne d'intervention (EII ou E2I). La ministre française des Armées, Florence Parly, a clairement indiqué que l'IIE serait un "processus rapide et opérationnel" permettant de réunir des forces de différents pays européens chaque fois que nécessaire.

Ces neuf pays sont désormais au nombre de treize, qui se sont engagés à accroître leur coopération militaire et leur indépendance vis-à-vis des États-Unis, comme l'a rapporté Euronews en septembre.

La ministre française de la Défense, Florence Parly, a expliqué à l'issue de la réunion : "La chute de Kaboul et le retrait mal préparé des troupes d'Afghanistan ont été un moment très difficile. Nous avons constaté un manque de coordination entre nous, entre les alliés de l'OTAN et les membres de l'UE également. Et je voudrais mentionner le partenariat AUKUS annoncé sans aucune consultation préalable le même jour que le lancement de la stratégie indo-pacifique de l'UE. Ces développements nous montrent quelque chose que nous savons déjà. L'Europe doit parler pour elle-même, l'Europe doit être capable d'agir pour elle-même - pour la sécurité de nos citoyens.

La "boussole stratégique" de l'UE est née

Les confrontations successives en matière de défense entre l'UE et Donald Trump ont déjà incité l'Allemagne à présenter à ses partenaires européens, en 2019, une proposition de réflexion stratégique en matière de défense, appelée la boussole stratégique. Ce que Reuters a décrit comme "le plus proche que le bloc européen puisse se rapprocher d'une doctrine militaire commune similaire au concept stratégique de l'OTAN, qui définit les objectifs de l'alliance, est la dernière étape en date dans l'accélération des efforts visant à approfondir leur coopération en matière de défense".

Il s'agit d'une proposition qui a été soumise aux conclusions du Conseil de sécurité et de défense du 17 juin 2020 et qui a été diffusée et analysée dans la publication espagnole Política Exterior, qui compte neuf anciens ministres des affaires étrangères dans son conseil consultatif. L'objectif est de présenter le document final de la "boussole stratégique" pour examen par le Conseil européen en 2022.

Plus d'autonomie militaire européenne d'ici 2024

Entre-temps, lors du sommet européen de février, ainsi qu'à Bruxelles en mai, l'UE a convenu de renforcer son autonomie en matière de défense. Dans les documents approuvés à l'unanimité par les 27, l'UE s'est engagée à mettre en œuvre son programme de défense jusqu'en 2024, à mener "une action plus stratégique" et à "accroître la capacité de l'UE à agir de manière autonome".

De même, comme le rapporte Europa Press, "l'importance de renforcer les initiatives militaires conjointes au sein de l'UE, telles que PESCO ou le Plan industriel européen de défense, qui génère des synergies entre les industries civiles, militaires et spatiales de l'Union, tout en assurant la cohérence dans l'utilisation des différents équipements de défense" a également été soulignée.

Un élément à garder à l'esprit est que l'UE n'a plus le poids du Royaume-Uni, le pays le plus réticent à évoluer vers un système de défense européen plus indépendant de l'OTAN et des États-Unis.

Le commerce des armes

Ce qui est indiscutable, c'est que derrière le discours sur la souveraineté en matière de défense se cache plus qu'autre chose un commerce d'armes et de guerre. Comme nous l'avons vu, le dernier accès de souverainisme de Macron est dû au fait qu'il a été évincé de la vente d'armes qu'il comptait faire à l'Australie ; et derrière un éloignement militaire entre l'UE et les États-Unis, les intérêts des entreprises militaires des deux côtés de l'Atlantique pèseront davantage. Selon qu'ils concluent qu'ils préfèrent s'entendre sur le partage du marché ou se battre séparément pour s'accaparer le marché.

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Dans l'Union européenne, l'organe politique le plus étroitement lié à la défense est l'Agence européenne de défense (AED), créée en 2004, qui "aide ses 26 États membres (tous les pays de l'UE sauf le Danemark) à développer leurs ressources militaires". Pour les organisations de paix, cette agence est utilisée comme un lobby par l'industrie de l'armement, comme dans de nombreux autres domaines, les dépenses impopulaires des pays sont présentées comme un impératif de l'Union et les gouvernements évitent le coût politique pour le public.

D'autre part, il y a quelques mois, le Parlement européen a approuvé 7953 millions d'euros pour le Fonds européen de défense pour la période 2021-2027.

En d'autres termes, en plus d'être un important vendeur d'armes, l'UE est également un important client. Ainsi, la véritable guerre ne consiste pas à tirer des armes, mais à les vendre et à les acheter.

Enquêtes européennes sur une armée nationale

Un autre élément à prendre en compte est l'opinion des Européens sur le fait d'avoir leur propre armée en dehors de l'OTAN. L'enquête européenne Eurobaromètre de 2017 a montré qu'une majorité d'Européens (55 %) étaient d'accord avec la création d'une armée européenne.

En France, un sondage réalisé par le magazine Le Point en 2019 a révélé un soutien de 81 %. En Espagne, un sondage réalisé par la société Sociométrica pour le journal El Español a montré que jusqu'à 71,3 % des Espagnols seraient favorables à la création d'une armée européenne dans laquelle les militaires seraient intégrés à leurs forces armées. De même, un sondage en ligne réalisé par le journal 20minutos indique que 88,35 % de ses lecteurs sont favorables à une telle armée européenne.

L'OTAN n'est certainement pas la plus populaire, non seulement elle n'a pas résolu la paix dans les endroits où elle est intervenue, comme l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et la Libye, mais elle crée également des conflits dans les zones de paix. L'expulsion, le 6 octobre, de huit diplomates de la représentation russe auprès de l'OTAN a incité le ministère russe des Affaires étrangères à annoncer la fermeture de sa représentation auprès de l'Alliance atlantique à Bruxelles et le retrait des visas pour le personnel de la mission de l'OTAN à Moscou.

Ce que dit le traité de l'UE

Mais une armée est-elle viable en vertu du droit européen ? L'article 42 du traité sur l'Union européenne fait référence à la défense dans les termes suivants : " La politique de sécurité et de défense commune fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité commune. Il fournit à l'Union une capacité opérationnelle faisant appel à des moyens civils et militaires.

L'Union peut avoir recours à ces ressources lors de missions en dehors de l'Union pour le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale, conformément aux principes de la Charte des Nations unies. La mise en œuvre de ces tâches est soutenue par les capacités fournies par les États membres".

Toutefois, les décisions en matière de défense doivent être prises "à l'unanimité" au sein du Conseil européen, et les obligations découlant de l'appartenance de certains États à l'OTAN doivent être respectées.

28 sur 30 sont européens

La réalité est que sur les 30 pays qui composent une OTAN avec un leadership et une domination clairs des États-Unis, 28 se trouvent en Europe. Un départ de plus en plus prévisible des Européens serait un coup mortel pour une organisation qui ne compte que les États-Unis et le Canada en dehors du continent européen.

Il serait curieux que, comme le Pacte de Varsovie, qui a disparu parce que ses membres sont partis et non parce qu'il a été militairement vaincu par un ennemi extérieur, l'OTAN soit également dissoute parce que ses membres sont partis.

dimanche, 24 octobre 2021

La revue de presse de CD - 24 octobre 2021

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La revue de presse de CD

24 octobre 2021

ARMÉNIE/AZERBAÏDJAN

Karabagh, un an après la guerre quelle situation ? Entretien avec Rahman Mustafayef, ambassadeur d’Azerbaïdjan en France. Entretien avec Hasmik Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France.

Un an après la fin de la guerre au Karabagh, Conflits revient vers cette région pour analyser la situation présente. Guerre militaire de haute intensité, qui a mobilisé les pays de la région, c’est aussi un conflit symbolique à forte charge émotionnelle pour les deux parties, Arménie et Azerbaïdjan. Conflits a donc interrogé les deux parties prenantes, afin de présenter à ses lecteurs les deux visions politiques portées par les belligérants

Conflits

https://www.revueconflits.com/hasmik-tolmajian-ambassade-...

https://www.revueconflits.com/haut-karabagh-un-an-apres-l...

GAFAM

Linkedin, un réseau professionnel nocif

On évoque souvent les GAFAM (google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leurs capacités de nuisance tant au niveau psychologique que sociétale… Pourtant parmi ces « réseaux » il en est un qui est beaucoup moins cité, et pourtant il a une capacité d’influence notoire. Il s’agit du réseau LinkedIn (rappelons ici que le groupe a été racheté par Microsoft en 2016), réseau réservé « aux professionnels », un réseau de travail qui compte près de 775 millions de membres à travers le monde est plus de 10 millions d’inscrits en France.

Breizh-info

https://www.breizh-info.com/2021/10/22/172929/gafa-linked...

Facebook et l’Alliance de la presse d’information générale trouvent un accord sur le droit voisin

C’est signé ! Un accord a été conclu le 21 octobre entre Facebook et l’Alliance de la presse d’information générale, représentant 284 éditeurs français, pour l’application du droit voisin. Cette loi permet aux éditeurs et agences d’être rémunérés lorsque leurs contenus sont diffusés sur les plateformes numériques.

Siècle digital

https://siecledigital.fr/2021/10/21/facebook-et-lalliance...

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Internet ne tient qu'à 420 câbles : l'Europe est-elle prête à les protéger ?

Oubliez les constellations de satellites, les centaines de lancements de SpaceX et les notions de «cloud» ou de sans-fil: tout cela tend à nous faire croire que nos smartphones, ordinateurs et autres machines sont liés les uns aux autres via l'espace. Or il n'en est rien. Les satellites représentent à peine 1% des échanges de données.

Slate

http://www.slate.fr/story/217824/cables-sous-marins-inter...

LECTURE

Nouvelles complètes, I – 1947-1953 et II – 1954-1981, de Philip K. Dick. Coffret de de tomes de 1275 et 1176 pages. Quarto Gallimard.55 €.

Présentation : « Rédigées à partir de 1947, parfois à un rythme frénétique, les nouvelles jouent un rôle essentiel dans la construction dickienne : Véritable laboratoire d’idées, de formats, réservoir de personnages et de néologismes, elles constituent à la fois les soubassements et la pierre angulaire d’une œuvre foisonnante (120 nouvelles et 45 romans) ». (Extrait de la 4e de couverture). On y trouve d’innombrables prémonitions foudroyantes sur notre monde d’aujourd’hui ; beaucoup d’humour, du pessimisme, des « territoires occupés », des dupliquants, des dictatures sanitaires, de la pensée unique, des désinformations médiatiques, des monde « woke »… Bref, une quintessence de science-fiction qui n’est qu’une réalité actuelle. Beaucoup d’annexes, une biographie détaillée et un remarquable travail éditorial.

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Auteur : L’auteur américain de chefs-d’œuvre tels que Ubik, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (mis en scène par Ridley Scott sous le titre Blade Runner) (et de Le Maître du Haut Château notamment est l’un des plus grands écrivains de science-fiction (1928-1982). Sa fragilité psychologique, le souvenir traumatique de la mort de sa sœur jumelle, Jane, après cinq semaines de vie (voir la photo bouleversante de leur tombe commune page 124 du tome I) lui ont permis de voir la face sombre de notre civilisation et de composer une œuvre toujours plus actuelle. A noter que ces nouvelles ont paru au fur et à mesure dans des magazines populaires tirés à plus d’un million d’exemplaire alors qu’aujourd’hui Philip K. Dick est considéré comme un auteur pour public averti !

Extraits (tous sont le début d’une nouvelle) :

« L’homme sortit sur le perron et examina le temps qu’il faisait. Clair et froid – de la rosée sur le gazon. Il boutonna son manteau et enfonça ses mains dans ses poches. Tandis qu’il commençait à descendre les marches du perron, les deux chenilles qui attendaient auprès de la boîte aux lettres frémirent de curiosité.

« Le voilà qui part, dit la première. Va faire ton rapport. »

Comme l’autre commençait à agiter ses pattes, l’homme s’arrêta et se retourna rapidement. « Je vous ai entendues », dit-il.

Il fit tomber les chenilles du mur en grattant celui-ci du pied, les poussa sur le ciment et les écrasa. »

« Malgré l’heure tardive, les lumières continuaient à briller dans le grand immeuble communautaire Abraham Lincoln, car c’était le soir de la Toussaint : conformément aux statuts, les six cents résidents devaient être présents dans la salle commune souterraine. Ils y entraient un par un, sans perdre de temps, hommes, femmes et enfants ; à la porte, manipulant le nouveau lecteur d’identité – un appareil plutôt onéreux -, Bruce Corley s’assurait qu’aucun individu en provenance d’un autre immeuble communautaire n’essayait de se faufiler. Ls résidents se soumettaient sans rechigner et tout allait très vite. »

« Le capitaine Edgar Lightfoot, agent de la CIA, s’exclama : « Bon sang ! Voilà que les Fnouls sont de retour, mon commandant. Ils se sont emparés de Provo, en Utah. » Le commandant Hank grogna et fit signe à sa secrétaire de lui apporter le dossier Fnoul, qui était tenu sous clé. « Quelle forme ont-ils adoptée, cette fois ? demanda-t-il vivement.

  • Celles de tous petits agents immobiliers », répondit Lightfoot.

La dernière fois, songea Hank, c’étaient des pompistes »…

« Walter, qui jouait au roi de la montagne, reconnut tout de suite le camion blanc visible derrière le bouquet de cyprès. Le camion abortif, pensa-t-il. Venu chercher un enfant pour une intervention postnatale à la clinique d’avortement. Et ce sont peut-être mes parents qui l’ont appelé, se dit-il encore. Pour moi. »

            « Bob Blbleman avait l’impression que les robots ne regardaient jamais les gens en fac. En outre, quand il y en avait un dans les parages, un certain nombre de petits objets de valeur disparaissaient. Leur conception de l’ordre, c’était de tout ranger en une seule pile. Mais il était bien obligé de s’adresser à eux pour commander un déjeuner puisque ce genre de travail était situé trop bas dans l’échelle des salaires pour intéresser des humains. »

MÉDIAS

Il faut se débarrasser des médias traditionnels

Les médias traditionnels ne sont plus que des filtres et des biais entre les citoyens qui s’en débarrassent progressivement.

Contrepoints

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REFLEXION

La puce dans le vaccin

Le QR code des vaccinés n’est pas encore sous-cutané. Mais bien des gérants de bars et leurs clients trouveraient plus pratique d’éviter de sortir le smartphone pour boire un coup. Une puce bien placée ne ferait pas une grande différence, maintenant qu’on est habitués à être scannés comme des colis. Comme dit ce client en terrasse interrogé par la radio : « Au début c’est un peu gênant, mais on finit par s’habituer à tout ».

Pièces et Main-d’Oeuvre

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/la_puce_dans_...

SANTÉ

Le pass-sanitaire temporaire, faites-moi rire !

Certains sont surpris de la prolongation du pass sanitaire. En fait, le projet industriel derrière est trop coûteux pour être arrêté si tôt !

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/20/408986-le-pass-sa...

Ivermectine en traitement précoce en Australie

Le médecin et chercheur Thomas Borody, relate une expérience de traitement par une trithérapie par Ivermectine-Doxycycline-Zinc, en ambulatoire et portant sur 600 patients, avec groupe témoin non traité, volontaires et non tirés au sort (randomisés).

Covid-factuel

https://www.covid-factuel.fr/2021/10/21/ivermectine-en-tr...

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TURQUIE

La Turquie en Syrie : le jeu d’échec d’Erdogan

La Turquie unifie régulièrement ses groupes armés contrôlés de l’Armée nationale syrienne dans le but de les exempter de la responsabilité de multiples crimes commis contre l’humanité.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/22/409097-la-turquie...

UNION EUROPÉENNE

Crise de l’énergie au sein de l’UE : ces 4 points qui divisent les Etats membres

L’augmentation des prix du gaz et de l’électricité affecte les États membres différemment. Et comme souvent, les 27 peinent à parler d’une seule voix et s’opposent même sur les solutions concernant la Russie, les objectifs climatiques, et la classification de certaines énergies comme vertes. Une fracture qui s’est observée lors du Sommet européen de jeudi 21 octobre.

Businessam.be

https://fr.businessam.be/crise-de-lenergie-au-sein-de-lue...

samedi, 23 octobre 2021

Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

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Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

Ex: https://www.dedefensa.org/article/poutine-croque-le-bloc-bao-a-la-moulinette

22 octobre 2021 – Poutine a fait une longue apparition de trois heures devant le public de la session plénière de l’édition 2021 du “Davos russe”, ou de “l’anti-Davos” si l’on veut, – le “Valdaï Discussion Club”. Son intervention s’est faite dans le style de ses fameuses et très longues conférences de presse, avec questions du modérateur et du public, qu’il s’agisse de celui qui était présent physiquement ou par liaison vidéo.

On comprend ainsi qu’il y a eu de très nombreux sujets abordés, notamment les habituels sujets de politique extérieure avec les critiques russes concernant l’OTAN, l’Ukraine ou la façon dont les Occidentaux, américanistes en particulier, ont terminé leur piteuse aventure afghane. Poutine juge que « les problèmes mondiaux s’accumulent et deviennent de plus en plus explosifs ». Il fait le bilan de la période qui vit la domination absolue de l’Occident, puis l’effritement sinon l’effondrement de cette  domination, avec cette remarque renvoyant évidemment à l’Irak et à l’Afghanistan :

« Auparavant, une guerre perdue par un pays signifiait une victoire de l’un sur l'autre, – et c’était le premier qui assumait la responsabilité pour ce qui survenait. […] Aujourd'hui, tout est différent. Peu importe qui gagne, la guerre ne finit pas, elle ne fait que changer de forme. Un vainqueur hypothétique ne veut pas s’occuper d’assurer l’ordre pacifique et il ne fait qu’aggraver le chaos et amplifier le vide dangereux pour le monde… »

Ce qui nous intéresse surtout, c’est la façon appuyée avec laquelle Poutine s’est attaché à l’observation et à l’interprétation des crises culturelles qui touchent l’Occident, sous le nom générique de wokenisme, comprenant aussi bien le phénomène de l’“antiracisme” que celui des LGTBQ. Bien entendu, le président russe est extrêmement critique d’une part, d’autre part absolument épouvanté et effaré par ces phénomènes.

Il est tout à fait remarquable et sans doute significatif pour nos mémoires encalminées, qu’il compare certains aspects de nos folies wokenistes avec la période culturelle très particulière en URSS, après la guerre civile de 1918-1921 (au moment de la NEP dans l’économie) jusqu’au tout-début du stalinisme (1928-29 et la “dékoulakisation”). La culture développa des avant-gardisme aussi bien culturels (disons “les futuristes” avec le flamboyant Maïakovski) que sociétaux dans les mœurs sociaux, tentant des approches ultra-modernistes plus tard symbolisées par des références à l’homo sovieticus, – tout cela débouchant d’une façon bien décourageante et pleine d’enseignement sur le stalinisme pur-jus, avec développement d’un goulag déjà bien affirmé et les purges permanentes sur le modèle 1936-1939 de la ‘Grande Purge’ du NKVD de Iéjov (la ‘Iéjovtchina’).

Regards étonnés de l’ancien colonel du KGB purgé, lui, de toutes les pratiques du NKVD, sur l’étrange évolution de l’Occident, du style “tout ça pour ça”...

•  Monstrueux ‘NewSpeak’ en Occident... « “La discussion sur les droits des hommes et des femmes [en Occident] s’est transformée en une fantasmagorie totale dans un certain nombre de pays occidentaux. Ceux qui se risquent à dire que les hommes et les femmes existent encore, et que c'est un fait biologique, sont pratiquement ostracisés” en Occident, a déclaré Poutine, qualifiant cette situation de “fantasmagorie totale”.

» “Sans parler de choses tout simplement monstrueuses”, a-t-il ajouté, “comme lorsqu'on enseigne aux enfants, dès leur plus jeune âge, qu'un garçon peut facilement devenir une fille et vice versa. En fait, on les endoctrine dans les prétendus choix qui sont soi-disant disponibles pour tout le monde, – en supprimant les parents de l'équation et en forçant l'enfant à prendre des décisions qui peuvent ruiner sa vie.”

» C’est à la limite du crime contre l'humanité, – le tout sous couvert de ‘progrès’”.

» Il ajoute que la situation lui rappelle le “NewSpeak” inventé par les “guerriers de la culture soviétiques” dans les années 1920, dans l'espoir de redéfinir les valeurs des gens et de créer un nouveau sens de la conscience. »

• ‘Cancel Culture’ et racisme inversé... « Une autre pratique occidentale qui rappelle à Poutine les débuts de l'ère soviétique est la poussée vers la “justice sociale” par le biais de la discrimination positive et de la culture de l'annulation.

» “La lutte contre le racisme est une cause nécessaire et noble, mais dans la ‘culture de l'annulation’ moderne, elle se transforme en discrimination inverse, en racisme inversé”, a déclaré Poutine. “C'est avec une grande perplexité que nous voyons aujourd'hui à l'Ouest, dans des pays qui ont pris l'habitude de se considérer comme des fleurons du progrès, des pratiques que la Russie a laissées dans un passé lointain”. »

Poutine conservateur ? Poutine prudent, certes, qui observe tous ces troubles et ce chaos avec circonspection sinon horreur et qui ne peut faire que procéder avec la plus extrême prudence... D’où la définition de son conservatisme hérité de Berdiaev et son observation de l’inéluctable crise du capitalisme entré dans une voie sans issue conduisant dans une impasse posée contre un mur comme en rêve Donald Trump.

• Le conservatisme de Berdiaev... « A la question de savoir si ces vues [sur les pratiques sociétales dans le bloc-BAO/le bloc occidental] font de lui un conservateur, Poutine a cité le philosophe russe Nikolaï Berdiaev [expulsé d’URSS en 1922] qui disait que “le conservatisme n’est pas quelque chose qui vous empêche de monter et d’avancer, mais quelque chose qui vous empêche de reculer et de tomber dans le chaos.”

• Crise du capitalisme... « Selon Poutine, il y a une “inégalité croissante des avantages matériels et des opportunités au sein de la société” dans certains des pays les plus riches du monde.

» “Tout le monde voit bien que le modèle de capitalisme existant, qui constitue aujourd’hui la base de l’ordre social dans la grande majorité des pays, est à bout de souffle”, a déclaré Poutine. “Il n'y a plus d'issue à l’enchevêtrement de contradictions de plus en plus déroutantes”. »

En un sens, on comprendra qu’il n’y a rien pour nous surprendre dans les réactions et les jugements de Poutine. Son attention pour les questions sociétales et culturelles, voire spirituelles, est largement connue depuis de nombreuses années, une fois l’homme débarrassé des tombereaux d’insanités imbéciles dont le bloc-BAO (= le bloc occidental) ne cesse de l’accabler, comme on encense un fantasme de bouc-émissaire.

On doit donc se rendre à l’évidence : à rendre compte de sa lucidité et de la façon dont il saisit bien les fils et les effets de la crise, de la façon dont il situe les responsabilités et identifie les folies, on comprend après tout cet acharnement américaniste et occidentaliste contre lui.

“Cet homme est dangereux”, se dit le Système... Et de faire les yeux doux au premier Navalny venu : c’est dire où il en est, le Système !

Quels que soient ses travers et ses vilenies, Poutine est insupportable à cette époque à cause de sa lucidité et de la façon dont il l’exprime, et de son refus opiniâtre de notre habituel simulacre civilisationnel, cette irrésistible tendance à laquelle nous force notre déterminisme-narrativiste, de prendre des vessies pleines de vides en simulacre pour des lanternes pleines de vertus rassurantes dans leur bouffitude de moraline. S’il est corrompu, Poutine, comme disent nos docteurs en cette même moraline de Soros aux parlementaires européens, alors il l’est à l’image de Talleyrand, c’est-à-dire qu’il est également aussi brillant et clairvoyant que lui.

(Talleyrand superbement grimé en évêque, – qu’il était d’ailleurs, – et élégamment poudré en révolutionnaire pour figurer dans la célébration de la Fête de la Fédération en 1790, sur la scène, devant la foule pieusement rassemblée sur le Champ de Mars avec les parlementaires de la Convention Nationale aussi sérieux qu’autant de papes, acceptant le serment à la Patrie de La Fayette et lui chuchotant: « Ne me faites pas rire ».)

Une Libye disparue et divisée

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Une Libye disparue et divisée

par Alberto Negri

Source : Il quotidiano del sud & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/una-libia-sparita-e-spartita

La Libye a disparu et elle a été divisée. En ce dixième anniversaire de l'assassinat de Kadhafi à Syrte, la Libye n'a plus guère d'importance. Si ce n'est pour lancer des appels plus ou moins crédibles à la "stabilité", dont il a également été question hier lors de la conférence internationale de Tripoli.

Dans le vide politique qui a résulté de l'attaque occidentale en 2011, la Libye a disparu et elle a été divisée. En ce dixième anniversaire de l'assassinat de Kadhafi à Syrte, la Libye importe peu désormais. Si ce n'est pour lancer des appels plus ou moins crédibles à la "stabilité", dont il a également été question hier lors de la conférence internationale de Tripoli, la première du genre organisée en Libye, seule note positive de l'événement. La stabilité et la sécurité en Libye ne signifient en fait pas grand-chose pour nous: d'abord l'arrêt des vagues migratoires, le reste vient plus tard, des élections au retrait des troupes mercenaires dont la présence a été qualifiée hier d'"inquiétante" par le Premier ministre Dabaiba. Mais aucune conclusion n'a été tirée à Tripoli, ni sur les soldats et mercenaires turcs et russes, ni sur les élections présidentielles et législatives.
Pas un mot n'a été gaspillé sur les milliers d'êtres humains réduits en esclavage dans les camps libyens. Pourtant, les juges d'Agrigente qui ont porté plainte contre le navire de l'ONG Mediterranea - qui a refusé de remettre les migrants aux Libyens - ont été explicites: non seulement il est juste de ne pas communiquer avec les "garde-côtes libyens", mais une contradiction flagrante se dégage des conclusions de la justice. Quiconque finance et forme les "garde-côtes libyens", c'est-à-dire l'Italie, viole le droit international et se rend complice d'un comportement criminel.

La stabilité de la Libye n'a jamais vraiment été souhaitée par quiconque au cours de cette décennie, depuis le lynchage et l'assassinat de Mouhammar Kadhafi le 20 octobre à Syrte. Avec l'intervention aérienne de mars 2011, après la chute des raïs Ben Ali et Moubarak, la France et la Grande-Bretagne, avec le soutien des États-Unis, n'avaient pas l'intention d'exporter la démocratie mais de remplacer le régime de Tripoli par un gouvernement plus malléable et proche des intérêts de Paris et de Londres. M. Sarkozy, qui avait reçu de l'argent libyen pour sa campagne électorale de 2007, en voulait amèrement à M. Kadhafi, qui avait refusé d'acheter ses centrales nucléaires, tandis que le raïs libyen poursuivait ses accords énergétiques avec l'Italie et ENI.

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La Grande-Bretagne et la France n'ont pas toléré le retour de la Libye, quoique d'une manière totalement différente de son passé colonial, dans la Quatrième Banque italienne, un événement sanctionné par le défilé pompeux du rais libyen à Rome le 30 août 2010. Des accords avaient été mis sur la table pour 55 milliards d'euros: plus du double de la loi budgétaire actuelle de Draghi.

gencajucci.jpgCes éléments apparaissent également dans l'intéressant documentaire de la RAI intitulé "Il était une fois Kadhafi" (qui sera diffusé dans quelques semaines) où le général des services Roberto Jucci (tableau, ci-contre) témoigne abondamment de la manière dont il a bloqué les ordres d'Aldo Moro de renverser Kadhafi par un coup d'État en 1971. Le documentaire raconte également comment Jucci, inspiré par Andreotti, a répondu aux demandes de fournitures militaires de Kadhafi. Comme on le sait, ce sont Craxi et Andreotti qui ont sauvé le colonel libyen des sanctions américaines, y compris les raids aériens de 1986 ordonnés par Reagan.

C'est pourquoi la décision de l'Italie de se joindre aux raids de l'OTAN contre Kadhafi n'a pas été prise pour des raisons humanitaires mais simplement parce que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France nous faisaient du chantage et menaçaient même de bombarder les usines ENI. L'Italie subit alors sa plus grande défaite depuis la Seconde Guerre mondiale et perd toute crédibilité résiduelle sur la rive sud. La décennie qui vient de s'écouler depuis l'explosion du printemps arabe n'a pas été suffisante pour retrouver un rôle en Méditerranée, un rôle qu'Aldo Moro avait déjà fortement défendu dans les années 1960 et 1970. L'Italie ne peut qu'espérer que les puissances se battent entre elles et se heurtent dans les espaces restants. C'est ce qui se passe, par exemple, dans le cas de la Turquie: après l'accord militaire du 30 septembre entre la France et la Grèce, Rome cherche le soutien d'Ankara dans l'exploration offshore des zones économiques spéciales qui coupent désormais la Méditerranée en tranches.

Nous gardons un profil bas dans le jeu libyen, sous la pression de Paris et face à la tentative française de convoquer une autre conférence libyenne le 12 novembre. Et espérer un candidat présidentiel proche des intérêts italiens. Aux noms controversés de Seif Islam Gaddafi et Khalifa Haftar, on peut préférer l'actuel premier ministre Dabaiba, qui a rencontré Di Maio hier.

Mais le plus déconcertant en ce dixième anniversaire de la mort de Kadhafi, c'est la réévaluation historique larvée de ce dernier par les mêmes médias et journaux qui ont applaudi les raids occidentaux qui ont plongé le pays dans le chaos. En Libye, les Américains ont vu l'assassinat d'un ambassadeur envoyé pour traiter avec la guérilla islamique à Benghazi par Hillary Clinton et sa "stratégie du chaos" démentielle (11 septembre 2012). La France a imprudemment manœuvré avec Haftar contre le gouvernement Sarraj, soutenue par l'Italie et l'ONU, la Grande-Bretagne a systématiquement saboté les tentatives de stabilisation, avec pour résultat qu'aujourd'hui nous avons la Turquie en Tripolitaine et des mercenaires et pilotes russes en Cyrénaïque. Et la liste des erreurs tragiques commises en Libye, que nous dressons ici, est suffisante pour aujourd'hui.

jeudi, 21 octobre 2021

Trois commentaires (amers) sur les dernières élections italiennes

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Trois commentaires (amers) sur les dernières élections italiennes

La défaite du centre-droit en Italie: personne ne démissionne et personn ne change les équipes d'incompétents

Augusto Grandi

SOURCE : https://electomagazine.it/la-disfatta-del-centrodestra-ma-nessuno-si-dimette-e-nessuno-cambia-squadre-di-incapaci/

Pendant la campagne électorale, lorsque Electomagazine a prédit une défaite générale du centre-droit dans les cinq premières villes (Rome, Milan, Naples, Turin et Bologne), un lecteur a protesté, affirmant que les comptes ne sont faits qu'à la fin. Nous sommes arrivés à la fin et le centre-droit a perdu dans les cinq villes. Il est difficile de faire pire, notamment parce qu'il a très mal perdu. Avec de nets écarts à Rome et Turin après avoir perdu au premier tour dans les autres villes.

Et il est très difficile de renverser la réalité en prétendant que perdre Rome mais tenir bon à Trieste signifie 1:1, que perdre Turin mais gagner à Beinasco et Carmagnola signifie un triomphe. Même à Latina, le centre-droit a réussi à perdre au scrutin après avoir eu l'illusion d'avoir gagné au premier tour.

S'il y avait des hommes politiques cohérents à la tête des partis de centre-droit, l'ensemble de la classe dirigeante aurait démissionné immédiatement. Car il ne suffit pas d'aller à la télévision et d'admettre que, oui, peut-être, les candidats choisis n'étaient pas les meilleurs. Trop commode, et même pas vrai dans certains cas. Paolo Damilano, à Turin, n'était pas un mauvais candidat. La coalition qui a échoué à présenter un projet pour la ville s'est complètement trompée.

Ce qui n'allait pas partout, c'était la stratégie consistant à viser le centre, ces modérés que Berlusconi aime mais qui n'aiment pas Berlusconi. D'autre part, cette course au centre a fait perdre les voix des banlieues. Ils ne se sentent pas représentés par les majordomes de la Confindustria, qui ne se reconnaissent pas dans une politique en faveur de ceux qui font monter les prix pour profiter de la reprise fantôme.

Trois partis, plus divers autres pièges, qui ont abandonné leurs âmes pour partir à la recherche d'un électeur qui n'existe que dans les rêves nocturnes de ceux qui en ont mangé beaucoup. Même l'âme plastifiée de Forza Italia a été mise de côté pour poursuivre le politiquement correct, la sexualité fluide, la culture du cachet, toutes les bêtises imposées par les opposants et véhiculées par les " copines " du sultan. La Ligue a renoncé au fédéralisme, Meloni a coupé les racines mais sans réfléchir à la manière de nourrir l'arbre.

Tous trois - Salvini, Meloni et Berlusconi - sont convaincus que les solistes suffisent à faire gagner leurs partis respectifs et à gouverner l'Italie. Une énorme erreur. Nous avons besoin de grands chefs d'orchestre qui savent réunir d'excellents musiciens, éventuellement les meilleurs pour chaque instrument. Mais pour y parvenir, il faut renverser tout ce qui a été fait ces dernières années. Sans culture, sans préparation, sans étude, vous n'avez pas d'excellents musiciens. Et un chef d'orchestre, aussi bon soit-il, ne transformera pas un groupe d'amis d'amis qui ne savent pas jouer et ne veulent pas apprendre en un grand orchestre.

Augusto Grandi

Sans vision, sans idéologie, sans classe dirigeante, le centre-droit se réunit pour ne rien changer

par Augusto Grandi

SOURCE : https://electomagazine.it/senza-visione-senza-ideologia-senza-classe-dirigente-il-centrodestra-si-incontra-per-non-cambiare/

Le centre-droit italien se réunit pour faire le point sur la situation. En réalité, s'il y avait une once d'honnêteté intellectuelle, cela ne prendrait que le temps d'un café. Parce que l'analyse de la défaite est extrêmement simple. Avant le vote, amis et adversaires, anciens compagnons de voyage et ceux qui aimeraient encore voyager ensemble, l'avaient déjà fait. Tous sont d'accord sur un point : la classe dirigeante des trois partis concernés est désastreuse, irrémédiablement désastreuse. Chacun des analystes pouvait avoir des visions différentes sur la direction à prendre, mais il y avait unanimité sur le bas niveau des classes dirigeantes, quelle que soit leur position politique.

Mais comme c'est cette même classe dirigeante qui fera le point sur la situation, il semble peu probable que cela conduise à un suicide collectif. Dans le meilleur des cas, mais ce sera de toute façon difficile, il sera peut-être possible d'arriver à une toute petite autocritique. Déplacer la responsabilité des défaites sur les candidats et non sur ceux qui les avaient promus. Il sera beaucoup plus difficile d'avoir le courage de remettre en question la bonté des stratégies. Et il est impossible de critiquer les idéologies, pour la simple raison qu'elles n'existent dans aucun des trois partis.

Mais ils sont tous confiants de remporter les élections en 2023. Les sondages sont rassurants, comme ils l'ont été pour ce cycle électoral. Mais les électeurs en ont eu assez d'être menés en bateau et n'ont pas voté. Récompensant, de cette manière, une gauche obtuse mais constamment obtuse. A droite, en revanche, la cohérence est inconnue.

Mais 2023, c'est loin, et il devient compliqué de continuer à esquiver pour éviter de clarifier ses positions. Il n'est pas possible de concilier les slogans de la droite sociale avec les apparitions du majordome de la Confindustria qui demande moins de financement pour les personnes en difficulté et le donne aux grandes entreprises. Il est ridicule d'insister sur la souveraineté et de refuser ensuite d'accepter le fait qu'il existe des mesures pour frapper les entreprises qui délocalisent (ce qui est très différent d'une internationalisation qui ne supprime pas d'emplois en Italie). Il est stupide de demander l'annulation du revenu de citoyenneté en l'absence d'une réelle proposition de création de nouveaux emplois décemment rémunérés.

La gauche, par une opération culturelle et idéologique, a offert à sa base une vision du monde. Discutable, dangereuse, mais appréciée par la base et qui a suscité le vote. À droite, les selfies de Salvini, les bêtises du tribunal d'Arcore sur le sexe et les restrictions à la liberté de pensée, la servilité de Lollobrigida envers les patrons, ont convaincu les anciens électeurs de rester à la maison.

Mais alors, à quoi bon faire le point sur la situation ? Berlusconi s'obstine à ne pas vouloir d'un dauphin décent, le cercle de Garbatella reste retranché dans le grand périphérique de Rome, Salvini est un leader diminué de moitié qui attend de comprendre ce que Giorgetti et Zaia veulent faire quand ils seront grands. Il n'est pas question de "vision du monde". Tout ce que nous pouvons espérer, c'est un nouveau slogan banal et perdant.

Augusto Grandi

Une droite atteinte du Syndrome de Stockholm subira sans cesse des attaques dans les prochains mois

Enrico Toselli

SOURCE : https://electomagazine.it/una-destra-con-la-sindrome-di-stoccolma-sara-sotto-attacco-anche-nei-prossimi-mesi/

La droite italienne est liée aux SS. Le dogue antifasciste peut donc être déchaînée. Avant de comprendre que SS signifie Syndrome de Stockholm. Un article paraît dans Repubblica dans lequel, tout en réaffirmant la fascisterie de Fdi, il n'incite même pas à pendre tous les électeurs de droite. Non représentable, avec un parti à dissoudre mais en évitant de les exterminer. "Comme tu es bon", aurait commenté Fantozzi. Exactement comme ils l'ont commenté à droite.

Mais c'est le même syndrome de Stockholm qui émerge lorsque, dans une élection quelconque, la droite gagne. Et ils se sentent coupables envers leurs adversaires qui, jusqu'à la veille, étaient occupés à cracher sur les nouveaux vainqueurs. Ainsi, pour éviter tout sentiment de culpabilité, les rôles fondamentaux en politique sont confiés à la gauche. Dans l'espoir de s'attirer ses faveurs, d'éviter les protestations et les controverses. Qui, au contraire, sont immédiatement déclenchées.

Quand, au contraire, c'est la gauche qui gagne, elle place tous ses loyalistes à des postes clés. Comme il se doit. Mais le syndrome de Stockholm n'est pas perdu pour la droite vaincue. Il évite ainsi toute opposition sérieuse et crédible. En réalité, il s'agit d'un alibi banal. On ne s'oppose pas, non pas par respect ou par peur de ses adversaires, mais parce que ce serait fatigant. Étudier les dossiers, parcourir les villes pour vérifier les vrais problèmes, mettre en place un dispositif de contre-information. Non, trop compliqué.

Il vaudrait mieux se contenter d'attendre une protestation citoyenne spontanée et tenter ensuite de s'en sortir. Sans même vérifier si la protestation est motivée, si elle est basée sur des faits réels.

Aujourd'hui, nous votons alors que la gauche a déjà remporté trois grandes villes au premier tour. Personne n'a remarqué une intervention pour construire une véritable opposition à Milan, Naples, Bologne. Il est vrai que la campagne électorale de la gauche a été aussi sordide et partisane qu'on puisse l'imaginer, mais l'incapacité de la droite à réagir a été embarrassante.

Et si le modèle d'agression s'avère avoir fonctionné à Rome et à Turin, il est logique qu'il soit répété dans les mois à venir. Sans que la droite ait la moindre idée de comment réagir.

Enrico Toselli

lundi, 18 octobre 2021

L'éducation comme outil politique essentiel

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L'éducation comme outil politique essentiel

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/obrazovanie-kak-glavnyy-instrument-politiki

De nombreux aspects de notre société peuvent être critiqués. Et c'est tout à fait justifié. Mais d'un point de vue historique, le pire est dans l'éducation. Et ce n'est pas seulement une question de problèmes techniques, de financement, ou même d'absence de stratégie de développement cohérente. Il s'agit encore moins de personnes spécifiques. Le problème est beaucoup, beaucoup plus profond.

Dans toute société - même la plus archaïque - l'éducation est cruciale. C'est l'image qui est transmise dans le processus d'éducation qui détermine ce qu'est la société dans son ensemble, ce qu'est l'identité de chacun de ses membres. L'être humain est un être social et politique dans une mesure importante et décisive (selon Aristote, l'être humain est un "animal politique"). C'est la société - ses attitudes, ses règles, ses traditions, ses valeurs, ses institutions et ses pratiques - qui donne un contenu à une personne. En dehors de la société, il n'y a pas d'homme. Aristote disait que seul Dieu ou un idiot peut exister en dehors de la société.

    L'éducation est un outil à l'aide duquel la société se crée elle-même. En matière d'éducation, elle comprend, réalise, change, préserve et se projette dans l'avenir.

Dans la société médiévale, l'éducation était indissociablement liée à l'Église. Et en Russie, cela a été partiellement conservé jusqu'en 1917. C'est logique car l'Église était responsable de l'image de la société, des dogmes, des règles, de la vérité et de la foi, de ce qui est bon et mauvais, de la structure des connaissances et des normes, de la présentation de l'histoire et de l'évaluation des événements mondiaux - anciens et modernes. Dans la société laïque du Nouvel Âge, l'Église a été écartée de cette tâche, et la responsabilité de l'éducation a été reprise par l'État laïque. L'État agissait déjà comme la vérité ultime en matière de traduction d'images. Et l'État s'est fermement emparé de l'éducation. Si quelque chose échappe à son contrôle, la société peut changer de manière irréversible, se déformer, et la position du pouvoir s'affaiblit alors inévitablement. Une nouvelle image va émerger et une nouvelle élite alternative va commencer à écraser le pouvoir existant.

Mais l'État n'est pas une chose en soi. Tout État a forcément une idéologie explicite ou implicite, c'est-à-dire un système d'attitudes, de dispositions et de "vérités" sur lequel il se fonde. Cela était évident sous les bolcheviks en URSS. Mais c'était et c'est toujours le cas en Occident - lui aussi a une idéologie dominante. Il est seulement différent du modèle soviétique - libéral. Il est donc logique que l'éducation dans les sociétés occidentales traduise les principes et les "vérités" libérales. C'est ainsi que - principalement par l'éducation - le libéralisme se reproduit.

Dans la Russie contemporaine, la situation est désastreuse précisément parce que la société russe moderne n'a tout simplement pas d'image intelligible. Il n'y a pas d'Idée, pas d'idéologie et pas de système clairement articulé de positions, de valeurs et de "vérités". Et, à proprement parler, il n'y a tout simplement rien à renforcer, à affirmer ou à transmettre aux générations futures.

C'est la première fois dans notre histoire. Avant la révolution, l'Empire russe était dominé par l'image orthodoxe-monarchique, la norme. Oui, sous l'influence des idées libérales et socialistes occidentales, cette image s'est érodée et décomposée. Cela inclut les institutions éducatives, où opéraient des réseaux éducatifs subversifs - cercles, mouvements, organisations secrètes. Mais les autorités les ont combattus du mieux qu'elles ont pu. C'est pourquoi il y a eu une censure.

Pendant la période soviétique, l'éducation était construite strictement selon les principes marxistes. La censure et le contrôle de l'éducation par les autorités étaient beaucoup plus stricts. Dieu interdit que l'un des enseignants ou même des étudiants dise quoi que ce soit qui s'écarte du marxisme-léninisme. La répression (d'ampleur variable) a suivi immédiatement. Le gouvernement soviétique a compris l'importance de l'éducation. Il a compris que c'était sur la base de ce pouvoir lui-même. On a essayé de renforcer et de transmettre l'image soviétique. Cela a fonctionné pendant un certain temps (tant qu'ils croyaient ce qu'ils disaient), puis cela s'est arrêté.

Dans la Fédération de Russie des années 1990, le pouvoir a fini par passer aux mains des libéraux occidentaux. Parallèlement au contrôle de l'économie et des processus politiques, ils se sont empressés de contrôler l'éducation. Au départ, ils ont même commencé à introduire dans les écoles des manuels extrêmement libéraux - presque extrémistes et ouvertement russophobes - imprimés par la Fondation Soros. Une grande purge a commencé dans l'éducation - le marxisme a été remplacé à la hâte par le libéralisme, l'identité collective par l'identité individuelle, le socialisme par le capitalisme, etc.

Cependant, au cours des dix années de bacchanales libérales des années 1990, la classe dirigeante des réformateurs n'a pas réussi à achever la libéralisation de l'éducation russe. Les dogmes et les pratiques marxistes étaient très stables, tandis que les attitudes libérales étaient parfois en contradiction flagrante avec l'identité russe elle-même. Une masse énorme d'éducateurs - consciemment ou non - a saboté les réformes libérales - je veux dire spécifiquement dans le contenu de l'éducation. Dans la forme, cependant, les méthodes occidentales ont continué à être introduites de manière assez intensive. L'image libérale s'est noyée, fanée et flétrie. Les années 90 ont été synonymes non pas de "propriété privée sacrée" mais de redistribution par des bandits, de désintégration, de violence et de dégénérescence.

Sous Poutine, le libéralisme occidental cohérent en tant qu'idéologie dominante en Russie a au moins été remis en question. Mais il n'y a eu aucun retour à l'idéologie communiste, aucune création d'une nouvelle idéologie et aucun retour de la primauté de l'Église. Par conséquent, l'éducation en Russie a perdu ses fondements. Les autorités ont un contrôle total sur l'éducation, mais elles ne savent pas l'essentiel : quelle image les autorités elles-mêmes veulent créer, consolider et transmettre aux générations futures. À cet égard, les perceptions sont vagues et parfois contradictoires. A un endroit, le pouvoir affirme une chose et à un autre une autre. Un tel pragmatisme et une telle flexibilité idéologique sont tout à fait destructeurs pour l'éducation. Et la seule chose qui reste dans une telle situation est de s'appuyer sur les époques précédentes où l'État avait une idéologie.

C'est exactement ce que nous voyons dans l'éducation russe contemporaine : un affreux mélange d'un communisme oublié et fragmenté (principalement dans sa composante matérialiste) et aujourd'hui, seuls les libéraux les plus extrêmes et les plus fanatiques (comme à la Higher School of Economics) sont capables de fonder ouvertement leurs cours sur les principes de Popper et de Soros, mais cela est déjà perçu comme un front de protestation.

Cet état de fait rend la position des autorités russes de plus en plus précaire d'année en année. Ce pouvoir contrôle presque entièrement la situation actuelle, mais perd rapidement son influence sur l'avenir. Si la société n'a pas d'image normative, et que l'on ne peut la prendre que dans l'idéologie ou la religion, cette société ne peut que se désintégrer. Et il ne peut être retenu que par la force. Mais aucun des régimes les plus cruels et les plus totalitaires n'a été fondé uniquement sur la force. Tout pouvoir a besoin de légitimation, et donc d'une Idée, d'un système de valeurs, et au final, d'une image. Sans cette image, l'État devient laid. C'est ce que nous voyons aujourd'hui. Oui, il est clair que l'idéologie occidentale ne nous convient pas, mais ce déni n'est pas suffisant. En niant quelque chose, nous devons simultanément affirmer quelque chose en retour. Mais c'est exactement ce qui ne se passe pas.

La catastrophe de l'éducation russe se fait déjà sentir. Mais ce n'est que le début. En n'accordant pas à cette question - ou à la question de l'idéologie dans son ensemble - une attention prioritaire, les autorités se liquident elles-mêmes. Lentement, mais sûrement. Nous sommes arrivés à une ligne rouge. Il est historiquement irresponsable de ne compter que sur l'inertie.

Il est urgent et radical de faire quelque chose dans ce domaine. Nous avons besoin de toute urgence d'une philosophie de l'éducation, d'une idéologie de l'éducation, d'une stratégie fondamentale basée sur des idées et des valeurs clairement articulées.

dimanche, 17 octobre 2021

La revue de presse de CD - 17 octobre 2021

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La revue de presse de CD

17 octobre 2021

CHINE

Xi Jinping et Ezra Pound

Pound nous a appris, il y a un siècle, tout ce que nous devons savoir sur la Chine. Nous ne l'avons pas pris au sérieux et ses livres sur Confucius, l'idéogramme et la culture chinoise sont introuvables.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/12/x...

DÉSINFORMATION

Allemagne : “Je ne peux plus”, lettre ouverte d’Ole Skambraks

L’ARD regroupe neuf diffuseurs de radio et de télévision en Allemagne (Hesse, Saxe, Thuringe, Schleswig-Holstein, Hambourg, Berlin, Brême, Brandebourg, Sarre, Bade Wurtemberg, Rhénanie Palatinat, Rhénanie du Nord-Westhalie et Bavière). C’est le groupe public de médias le plus puissant en Allemagne. Une étude publiée à Harvard et couvrant les cent premiers jours de la présidence Trump avait révélé une tonalité négative à 98% des articles de l’ARD consacrés à Trump sur cette période. Dans une lettre ouverte « Je ne peux plus », un de ses journalistes dénonce les conditions dans lesquelles les informations concernant le coronavirus y sont élaborées ou filtrées. Nous en publions les contenus les plus significatifs.

OJIM

https://www.ojim.fr/ole-skambraks-ard-lettre-ouverte/?utm...

Journalisme d’influence : l’exemple d’Écran de veille

Les divers États ou coalitions ou alliances ont toujours cherché à influencer l’opinion publique via les médias. La publicité récente autour d’un nouveau/ancien média « Écran de veille » en constitue une illustration contemporaine et digne d’intérêt

OJIM

https://www.ojim.fr/journalisme-dinfluence-lexemple-decra...

CIA vs Wikileaks (4/4) : Le silence de plusieurs grands médias français

Il n’est vraiment pas commun de disposer de témoignages indiquant que le gouvernement américain a envisagé d’assassiner un journaliste occidental qui avait révélé les crimes dudit gouvernement américain. On pourrait même considérer qu’il est très important pour la Démocratie que le citoyen soit informé de ceci – au moins autant que de savoir qu’une 78e fuite savamment orchestrée de documents off-shore montrent que l’ancien Premier Ministre de Syldavie dispose d’une compte aux Bahamas….Hélas, la couverture médiatique a été quasi-inexistante…

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/cia-vs-wikileaks-4-4-la-non-rep...

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ÉCONOMIE

Lutte contre l’évasion fiscale : les Pandora Papers révèlent le chemin qu’il reste à parcourir

Les Caraïbes, le Luxembourg, les îles Vierges, l’État américain du Delaware, où le président Joe Biden a fait sa carrière, restent les territoires sur lesquels la fraude peut s’épanouir. Le secret bancaire conjugué au secret des affaires, les sociétés-écrans et les sociétés d’investissement, comme BlackRock, ont pris des positions stratégiques attirant le produit de la fraude et de tous les trafics. La financiarisation des économies facilite les opérations.

The Conversation

https://theconversation.com/lutte-contre-levasion-fiscale-les-pandora-papers-revelent-le-chemin-quil-reste-a-parcourir-169652?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2012%20octobre%202021%20-%202084420578&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2012%20octobre%202021%20-%202084420578+CID_88688c976a0bf3dabc565f869ccd6a15&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Lutte%20contre%20lvasion%20fiscale%20%20les%20Pandora%20Papers%20rvlent%20le%20chemin%20quil%20reste%20%20parcourir

ÉTATS-UNIS

CIA vs Wikileaks (4/4) : Le silence de plusieurs grands médias français

Il n’est vraiment pas commun de disposer de témoignages indiquant que le gouvernement américain a envisagé d’assassiner un journaliste occidental qui avait révélé les crimes dudit gouvernement américain. On pourrait même considérer qu’il est très important pour la Démocratie que le citoyen soit informé de ceci – au moins autant que de savoir qu’une 78e fuite savamment orchestrée de documents off-shore montrent que l’ancien Premier Ministre de Syldavie dispose d’un compte aux Bahamas…. Héla, la couverture médiatique a été quasi-inexistante…

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Le 11 Septembre et la naissance de l’État de surveillance américain

Il a fallu Edward Snowden et d’autres lanceurs d’alerte pour révéler l’étendue stupéfiante de l’espionnage du gouvernement sur sa propre population, les contrôles institutionnels ayant fait défaut.

less-crises.fr

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Le 11/09 a militarisé les forces de l’ordre et fait de chaque citoyen un suspect

Alors que le pays était en deuil, un État de surveillance s’est développé et a commencé à ronger les libertés constitutionnelles fondamentales.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/le-11-09-a-militarise-les-force...

FRANCE

Comprendre la carte de la France agricole

Puissance agricole de premier plan, la France a connu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale une série de changements qui ont transformé son agriculture. Sous l’impulsion d’une volonté politique de reconstruction, du progrès technique (machinisme) et des innovations scientifiques (surtout dans le domaine de la génétique), le secteur agricole s’est « converti » au productivisme pour répondre aux besoins alimentaires d’une population grandissante.

The Conversation

https://theconversation.com/comprendre-la-carte-de-la-france-agricole-168029?utm_medium=email&utm_campaign=Campagnes%20en%20tension%20%20Newsletter%20spciale%20prsidentielle&utm_content=Campagnes%20en%20tension%20%20Newsletter%20spciale%20prsidentielle+CID_00bea7bfc62cc2035aa0655fd077d5d0&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Lire%20larticle

Union européenne : taper du poing sur la table, avant de la renverser !

Les critiques de l’Union européenne sont omniprésentes à droite, mais les mesures de sortie des traités sont peu populaires. Éric Zemmour, en conférence à Toulon vendredi 17 septembre, estimait qu’il n’est pas question de sortir des traités, mais de cesser d’être « les bons élèves de l’Europe ». À Lille le 2 octobre, il appelait à lancer un ultimatum à Bruxelles, « tenir tête1 ». Détaillons cette position : existerait-il une alternative au Frexit pour la France afin de défier la bureaucratie bruxelloise ? Est-ce possible de désobéir à Bruxelles sans sortir de l’Union européenne ?

Polémia

https://www.polemia.com/union-europeenne-taper-du-poing-s...

GÉOPOLITIQUE

AUKUS: pas de place pour les Européens dans le Pacifique !

"La France a été poignardée dans le dos". C'est du moins ce qu'affirme Jean-Yves Le Drian, le ministre français des affaires étrangères. L'Australie, en effet, a annulé (sans préavis) le contrat avec Paris pour la fourniture de sous-marins conventionnels d'une valeur de 90 millions de dollars. Les Britanniques ont remporté le contrat pour la production de sous-marins à propulsion nucléaire. L'affaire a eu et aura des conséquences géopolitiques importantes. Avant de comprendre pourquoi, nous devons analyser le contexte dans lequel ce choix a été fait.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/07/a...  

Implacable géopolitique

S'il existe une réalité catégorique dans les relations internationales actuelles, c'est bien la relation intrinsèque qui existe entre, d'une part, l'intérêt politique pour la possession et la rentabilisation de territoires et, d'autre part, des finalités (généralement) associées à une accumulation de profits pour le pouvoir national. Dans cette phrase, nous pouvons apprécier plusieurs concepts qui, dans les approches considérant que le monde à venir sera marqué par la mondialisation, la "e-mondialisation", la "globotique", la connectivité et l'"intelligence non humaine", semblent appartenir à un univers qui est désormais dépassé. 

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/08/i...

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La rêverie impériale de Bernard-Henri Lévy : une reconnaissance implicite de la multipolarité ?

Le philosophe mondialiste Bernard-Henri Lévy rapporte que le président de la République française et son homologue italien annonceront dans les prochaines semaines un "pacte du Quirinal", qui serait calqué sur le traité de l'Élysée, lequel fixe le cadre des relations franco-allemandes. Le pacte entre l'Italie et la France est évoqué depuis des années. Cependant, selon le philosophe libéral, c'est maintenant le bon moment pour conclure un tel traité. Bernard Henri Lévy cite le texte "L'Empire latin" de 1945, écrit par Alexandre Kojève, un philosophe français néo-hégélien d'origine russe. Kojève l'a écrit pour le général de Gaulle. Lévy considère le concept d'"Empire latin" comme une chance pour la France de Macron.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/10/l...

HISTOIRE

L’origine du signe @ (appelé à tort arobase)

De l’Europe aux États-Unis, du Moyen-Âge à notre époque moderne, de la calligraphie aux e-mails, l’épopée de l’arobase.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/10/152531-dou-vient-...

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LECTURE

La constance du jardinier, de John le Carré. Éditions du Seuil, collection Points, 2001. 8,70 €.

Présentation : « Tessa Quayle, jeune et belle avocate anglaise, a été sauvagement assassinée dans le nord du Kenya. Un électrochoc pour Justin, son époux, qui sort alors de sa vie confortable de diplomatie et jardinier amateur pour sillonner le monde à la recherche de la vérité. Il découvre que Tessa était sur le point de révéler les pratiques criminelles d’un puissant groupe pharmaceutique… » (4e de couverture).

Auteur : John le Carré est né en 1931. Après avoir brièvement travaillé pour les services de renseignement britannique, il est devenu un écrivain très célèbre en 1964 avec L’espion qui venait du froid. Il a écrit depuis plus d’une vingtaine d’ouvrages devenus autant de best sellers.

Extraits : « A l’époque des test non scientifiques, on en [les effets secondaires] remarque peu. […] Ce qui s’explique par le souci des cliniques et centres médicaux du tiers-monde que tout ait l’air impeccable. Sans compter que les grandes revues médicales publiaient des comptes rendus d’essais favorables écrits par d’éminents faiseurs d’opinion qui passaient sous silence leurs relations lucratives avec [le laboratoire créateur]. On a constaté que le médicament ne convenait pas à une infime proportion de femmes en âge d’avoir des enfants. Certaines ont eu des troubles de la vue. Certaines sont mortes, mais en manipulant les dates au mépris des critères scientifiques, on a pu les exclure de la période concernée. »

« Vous n’êtes plus dans le coup, Donohue ! Vous croyez que ce sont les pays qui gouvernent ce putain de monde ? Retournez au catéchisme. Ces tem-sci, le nouvel hymne, c’est ‘’Dieu sauve notre multinationale’.’ »

« Pourquoi ce labo a-t-il fait don de ce médicament ? Je vais vous le dire. Parce qu’ils en ont fabriqué un meilleur et que l’ancien encombrait le stock. Alors ils en font don à l’Afrique malgré la date de péremption à six mois et ils obtiennent un avantage fiscal de quelques millions de dollars pour leur acte de générosité. Sans compter qu’ils s’épargnent au passage quelques millions en stockage et en frais de destruction de médicaments invendables. Et en prime, tout le monde dit : ‘’Oh, regardez ce qu’ils sont gentils’’, y compris les actionnaires. »

« Ces mecs prétendent faire de l’humanitaire ! […] Avec leur boulot pépère, leur salaire net d’impôts, leur retraite, leur belle voiture, les écoles internationales gratuites pour leurs gosses ! […] Pourquoi ils se mouilleraient au nom de l’humanité ? Genève a quelques milliards de dollars à claquer ? Génial ! Donnons-les aux grands labos et faisons le bonheur des Américains ! »

Commentaire : Un roman policier haletant qui est aussi une très belle histoire d’amour. Et surtout un pur roman d’horreur où les monstres sont des humains… très actuels ! Lire aussi la courte postface de l’auteur, monument de subtile perfidie digne d’un Anglais pur jus ; et aussi d’une vérité glaçante.

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RÉPUBLIQUE TCHEQUE

République tchèque : entretien avec la coalition gagnante

Entretien avec Nikolas Dohnal, membre et candidat de SPOLU, la coalition qui a gagné les élections en République tchèque.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/14/408620-republique...

SANTÉ

Collectif citoyen sur la vaccination : ne cherchez pas, il n’existe plus

Vous vous souvenez de ce conseil de 35 personnes tirées au sort qui devait veiller à la transparence de la politique vaccinale et faire remonter les questionnements des Français jusqu’au M. Vaccin du gouvernement le professeur Alain Fischer, sous la houlette du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? Peut-être pas, mais ne vous affligez pas plus que ça car de toute façon, il n’existe plus.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/13/408572-collectif-...

Le troublant Accord signé par la France en décembre 2019 confirme le pouvoir mondial de l’OMS. Fin probable de l’hôpital public…

En faisant mes recherches sur la montée en puissance de l’OMS (vs l’autorité locale), je suis tombée hier sur des informations très intéressantes qui concernent la France, et curieusement 3 ministères sont signataires dont celui de la Santé de Agnès Buzyn, actuellement sur la sellette.

Blog de Lilianeheldkhawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2021/10/12/le-troublant-acc...

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Prolongation du pass sanitaire : le basculement autoritaire de la macronie

Dispositif inutile, liberticide mais aussi extrêmement coûteux, le pass sanitaire rassure une partie de la population face au virus, un peu comme la ligne Maginot rassurait les Français devant l’invasion allemande.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/10/13/408673-prolongati...

ADE en Israël, mythe ou réalité ?

L’OMS a toujours été prudente à propos de la troisième dose de vaccin, la déconseillant à plusieurs reprises ces derniers mois. Cela n’a pas empêché Israël de se lancer dans cette aventure fin juillet, avec d’autres pays qui suivent comme la France. Notre Président avait pourtant dit qu’il fallait suivre ce qui se passait en Israël, pionnier de la vaccination de masse, malheureusement suivre ne veut pas forcément dire en tirer des conclusions, quand on suit les yeux fermés au lieu de les ouvrir.

Covid-factuel

https://www.covid-factuel.fr/2021/10/15/ade-en-israel-myt...

samedi, 16 octobre 2021

Un "crochet" atlantiste vers l'OCS?

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Un "crochet" atlantiste vers l'OCS?

Victor Dubovitsky

Source: https://www.geopolitica.ru/article/atlantistskiy-huk-shosu

Qui se souviendra des anciens ... et qui les oubliera ?
 
L'époque de Pierre le Grand n'est pas seulement le moment où la Russie "perce la fenêtre sur l'Europe", mais aussi celui où se forme une nouvelle politique du pays à l'Est de l'Europe occidentale et centrale. La formation du modèle géopolitique de la Russie en tant que puissance continentale européenne par rapport au Caucase est inextricablement liée au premier empereur de Russie, Pierre le Grand.
 
L'objectif principal de la politique étrangère de Pierre le Grand était de lutter pour l'accès aux mers, à de larges routes commerciales et maritimes. La lutte pour l'accès aux côtes de la Baltique et de la mer Noire perdues pendant la Rus de Kiev, qui a commencé sous Ivan IV lors de la guerre de Livonie en 1558-1583, était une tentative de rétablir la voie navigable méridionale "des Varègues aux Grecs", qui était un élément important de l'entrée de la Russie dans l'histoire mondiale. Avec les campagnes des troupes russes en 1558, l'État moscovite obtient un accès à la mer Baltique en prenant Narva et, en 1577, Kalivan (Revel ou Tallinn). Toutefois, ces succès stratégiques ne sont pas assurés et la Russie perd bientôt ces ports maritimes. La campagne de 1559 en direction du khanat de Crimée, qui promettait au pays un accès à la mer Noire en cas de succès, est également un échec.

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La principale raison des efforts militaires et diplomatiques de Pierre Ier en direction du sud-est (mer Caspienne et Asie centrale), entrepris au milieu de la guerre du Nord contre la Suède, était motivée par la situation militaire et politique difficile qui régnait alors dans le Caucase du Nord et la région caspienne.
 
La situation est encore aggravée par les tentatives de la Turquie de s'emparer de Kabarda, ainsi que des zones précaspiennes occidentale et méridionale qui appartenaient à la Perse en 1714-1717. En cas de succès de l'expansion turque, la Russie gagnerait un autre front face à l'Empire ottoman, tandis que ce dernier aurait un lien direct avec les groupes ethniques turcs d'Asie centrale et les influencerait. Les Turcs et leurs alliés, la France et la Grande-Bretagne, auraient alors représenté une menace géopolitique sans précédent pour la Russie, du sud-est au sud, s'étendant sur quelque 8000 km de la côte de la mer Noire aux montagnes de l'Altaï. Cela aurait sans aucun doute été un désastre pour le pays, le faisant passer des rangs des puissances européennes à la position d'une entité géopolitique de troisième ordre et pouvant même conduire à la disparition de la Russie en tant qu'État unique.
 
Pierre Ier a pris un certain nombre de mesures pour garantir les intérêts militaires et politiques de la Russie ainsi que ses objectifs commerciaux et économiques dans la Caspienne et en Asie centrale. Tout en poursuivant avec constance la ligne géopolitique de restauration de la route méridionale "des Varègues aux Grecs" initiée par Ivan IV, Pierre Ier se rend compte que son extrémité sud est toujours contrôlée par un puissant ennemi de la Russie - l'Empire ottoman: la possession d'Azov (1699) n'est d'aucune utilité pour la Russie. 
 
Dans ces circonstances, Peter I a décidé de déplacer l'extrémité sud de la route méridionale plus à l'est vers le bassin de la mer Caspienne. C'est sa campagne de Perse de 1721-1722 qui aboutit à l'annexion de la zone côtière, y compris la péninsule d'Apchéron, à la Russie.
 
Cependant, Pierre Ier n'a pas réussi à mettre pleinement en œuvre la route méridionale à travers la mer Caspienne, ce qui a rapidement entraîné un revers stratégique. Tout d'abord, la Russie a perdu ses forts et ses bases navales sur la péninsule de Mangyshlak et dans la baie de Balkhanski ("eaux rouges"), établis pour sécuriser cette direction en 1714-1715, puis les territoires transcaucasiens...
 
Le retour de la Russie dans la région n'a lieu qu'un siècle plus tard : le pays s'assure une grande partie de l'actuel Azerbaïdjan et signe un traité avec la Perse en 1828 sur la répartition des sphères d'influence et le statut de la mer Caspienne.
 

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Depuis lors, la Perse (nommée "Iran" depuis 1935) est un élément important de la géopolitique russe au Moyen-Orient. Elle s'est pleinement manifestée pendant la guerre civile de 1918-1920 lorsqu'en mai 1920, le commandement de l'Armée rouge a décidé de restituer à l'Iran les navires pris par les gardes blancs. L'opération Enzelin est menée les 17 et 18 mai 1920 par 14 navires de guerre et une force de débarquement de 2000 hommes. Les gardes blancs et la garnison anglaise d'Enzeli ne font que de faibles tentatives pour résister à cette invasion soudaine et audacieuse - tous les navires capturés sont ramenés à Bakou. Après ces événements, un destroyer soviétique a été ancré à Enzeli pendant une année supplémentaire, contrôlant la ville et le port. Cependant, même ces événements n'étaient qu'un fragment oublié sur la route de la Russie vers les "mers chaudes".
 
Une percée sur ce front a failli se produire en août 1941, lorsque l'URSS, conjointement avec la Grande-Bretagne, a occupé l'Iran. C'est alors que, pour la première fois dans l'histoire, la Russie historique a disposé d'un "couloir terrestre" vers l'océan Indien. Il s'agissait de la ligne de chemin de fer Bandar Abbas-Julfa, connue sous le nom de "Derviche du Sud" dans les contrats de prêt-bail anglo-américains. Elle a également été facilitée par la formation de la République de Mehabad et de la République démocratique d'Azerbaïdjan sur le territoire de l'Iran du Nord, prêt à faire partie de l'URSS. Cependant, après avoir gagné la guerre, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont regardé la carte et, accusant l'Union soviétique d'"expansionnisme", ont exigé un retrait urgent des troupes soviétiques hors de cette région de culture et de langue azerbaïdjanaises. Les troupes ont donc dû être retirées (des dizaines de milliers d'Azéris et de Kurdes iraniens qui s'étaient installés à Bakou, Ganja, Douchanbé ont fui avec elles la répression à l'époque), ne laissant qu'un groupe de conseillers militaires en Iran. Le grand projet de l'axe méridional est une fois de plus mis en attente.                   

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Cousins et petits-neveux
 
Si l'on laisse de côté la période soviétique, l'intensification des événements dans le Caucase du Sud est redevenue visible avec la révolution islamique de février 1979. Pour l'Occident collectif, et surtout pour les États-Unis, l'Iran est devenu un épouvantail représentant le retour au Moyen Âge, digne seulement de la suspicion et de toutes sortes de sanctions. Il est vrai que pendant la guerre d'Afghanistan, avec la participation de l'URSS, elle est devenue un allié éventuel de l'Occident contre l'ours soviétique dans l'Hindu Kush ; cependant, cela n'a pas changé le sens des relations géopolitiques.
 
Enfin, l'Iran, conscient de ses intérêts géopolitiques, a commencé à développer ses propres armes nucléaires. Pour une puissance régionale, située en plein milieu du monde arabe et du monde turc (qui se méfient tous deux de ses ambitions géopolitiques), c'était une décision logique. Cependant, elle a fini par énerver les États-Unis et leur principale créature au Proche et au Moyen-Orient, Israël. Cette dernière, en réponse à une menace nucléaire perçue, a lancé une frappe aérienne sur des installations "dangereuses" en Iran, et peu de temps après, des drones non identifiés ont tiré des missiles sur deux scientifiques nucléaires iraniens.
 
Dans une telle situation, l'Iran n'avait d'autre choix que de réviser ses liens historiques et culturels dans la région. L'histoire veut que l'Iran et l'Azerbaïdjan soient tous deux des  nations musulmanes chiites, un courant particulier de l'islam qui s'étend du Liban au Chhatral et au Cachemire. Cependant, les Azerbaïdjanais eux-mêmes parlent une langue turque et ont traditionnellement été fortement influencés culturellement et politiquement par la Turquie. Ils représentent un bon tiers de la population de l'Iran même. Leurs souvenirs de la république indépendante, liquidée par les Perses en 1946, sont encore vivants parmi eux.

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La formation de l'État indépendant d'Azerbaïdjan en 1991 a provoqué une certaine renaissance des sentiments séparatistes en Azerbaïdjan iranien. Bakou a soutenu tacitement les nationalistes sur place. Elle a été particulièrement vive pendant le règne du président Abulfaz Elchibey (1992-1993), qui a fait de facto du turquisme une idéologie d'État. Avec l'accession au pouvoir d'Aliev senior, on aurait pu croire que la situation avait changé. Cependant, Bakou a continué à soutenir les séparatistes azéris d'Iran. Seulement cette fois, il l'a fait sous une forme plus déguisée. Nombre de leurs militants ont obtenu l'asile politique en République d'Azerbaïdjan. La station de radio Voice of South Azerbaijan a commencé à fonctionner depuis son territoire au début de 2003.
 

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Cependant, l'Azerbaïdjan compte également sur son territoire une population persanophone de Talysh et de Kurdes. Selon les estimations des démographes, le chiffre réel de la population Talysh est d'environ 250.000 personnes. Cependant, selon les dirigeants du mouvement national Talysh, leurs compatriotes dans la république sont beaucoup plus nombreux - environ 1 à 1,5 million. La plupart d'entre eux, en raison de la politique discriminatoire de Bakou, ont perdu leur conscience nationale ou ont peur de se reconnaître ouvertement comme Talysh. Au cours de l'été 1993, dans le contexte de la déstabilisation de la situation politique en Azerbaïdjan, les dirigeants du mouvement national ont annoncé la création de la République Talysh. Il n'a duré que deux mois et a été aboli sur ordre du président Heydar Aliev (l'ancien président de la République de Talysh, Alikram Humbatov, purge toujours une peine de prison).
 

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Néanmoins, des relations amicales, constructives et mutuellement bénéfiques se sont développées entre Bakou et Téhéran jusqu'en 1994, ce qui a permis aux dirigeants des deux États de qualifier leurs voisins de "frères". Cependant, Téhéran craignant la montée du séparatisme azerbaïdjanais, les dirigeants iraniens ont refusé d'accueillir les réfugiés azerbaïdjanais du Haut-Karabakh et des régions avoisinantes, mais n'ont pas empêché leur transit par leur propre territoire. Par la suite, les tensions se sont progressivement accrues entre la République d'Azerbaïdjan et son voisin du sud, notamment en raison du rapprochement de Bakou avec Washington et Israël, qui fournit abondamment à Bakou des armes, des équipements de communication et de surveillance de haute technologie.
 
La principale cause de l'aggravation actuelle a été les accusations de Bakou contre Téhéran concernant le passage de cargaisons iraniennes par le territoire du Nagorny-Karabakh. Les Azerbaïdjanais ont affirmé que du carburant, un produit interdit en raison des sanctions américaines, était introduit dans la région et ont accusé les conducteurs étrangers de franchir illégalement la frontière.
 
Pendant de nombreuses années du conflit du Nagorno-Karabakh entre Bakou et Erevan, Téhéran a maintenu sa neutralité. Cela a permis à la République islamique de maintenir des liens bienveillants avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan voisins, en jouant le rôle de médiateur. Les particularités de cette politique ont pu être retracées même après la fin de la guerre de l'année dernière dans la région contestée. Après le conflit, la position de la République islamique a été ébranlée par le transfert d'une grande partie du Haut-Karabakh à l'Azerbaïdjan et le renforcement d'une autre grande puissance de la région, la Turquie. Ankara a été le principal allié de Bakou dans cette guerre, fournissant à son partenaire des équipements, des conseils et, selon les médias, des mercenaires sous la forme de combattants loyaux venus d'autres pays. Les drones turcs Bayraktar TB2 ont donné aux Azerbaïdjanais la supériorité aérienne, entraînant la perte d'une région qui était contrôlée par les Arméniens depuis de nombreuses années. En outre, la "Déclaration de Shusha sur les relations entre alliés" a été conclue en juin, donnant à Ankara la possibilité d'étendre son réseau de bases militaires dans la région. La Turquie, qui a obtenu un traitement préférentiel, a continué à être active dans l'État allié, empiétant sur la zone d'intérêt de l'Iran.
 
Une autre question controversée qui a contribué aux tensions dans les zones frontalières sont les récents exercices Bakou-Ankara au Nakhitchevan, "Fraternité incassable-2021" ainsi que les manœuvres dans la mer Caspienne, "Trois frères 2021" (où les forces pakistanaises étaient également impliquées).

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L'utilisation de ces eaux pour des activités militaires, notait alors Téhéran, violait la convention sur son statut juridique. Sa revendication se fondait sur le fait que les pays non riverains de la mer Caspienne, selon le traité existant, ne peuvent y avoir de présence militaire. La question se pose ici : si les Turcs peuvent être qualifiés de cousins par les Azerbaïdjanais, quel type de "parenté" ces derniers ont-ils avec les Sikhs et les Rajasthans du Pakistan ?
 
En outre, l'Iran vient de rejoindre l'OCS, le principal bloc politique et économique des États d'Eurasie. Par conséquent, l'ouverture du corridor de transport Golfe Persique-Mer Noire, auquel l'Inde est également intéressée, est devenue très peu sûre aux yeux de l'Occident. La Russie est également intéressée par ce projet, et elle a donc clairement déclaré qu'elle ne tolérera certainement pas de glissements géopolitiques ou de modifications de la carte politique dans le Caucase du Sud, et qu'elle est très préoccupée par la présence de terroristes et de sionistes dans la région. Comment l'Occident peut-il se passer d'un uppercut à l'État islamique dans ces circonstances ?
 
Quelle que soit l'évolution de la situation dans la région du Caucase du Sud, elle comporte non seulement un risque de conflit, mais aussi de nouvelles opportunités tant pour les participants immédiats que pour les grandes puissances géopolitiques mondiales. La perspective russe sur ces événements doit tenir compte de la rétrospective historique.

L'Union européenne, entre l'Europe franque et l'Europe eurasienne

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L'Union européenne, entre l'Europe franque et l'Europe eurasienne

Cristi Pantelimon

Ex: https://www.estica.ro/article/uniunea-europeana-intre-frankisch-europa-si-europa-eurasianista/

L'Union européenne n'est pas l'Europe. Il n'y a rien de spectaculaire dans cette affirmation, c'est une réalité factuelle. Non seulement l'UE n'englobe pas tous les États européens, mais au sein de l'union actuelle, de nombreuses forces veulent réformer le modèle de construction de l'union. Ces forces se manifestent, comme nous l'avons vu après les élections du Parlement européen du 26 mai 2019, tant dans les pays "périphériques" de l'UE (Hongrie, Pologne, qui sont les chefs de file du groupe dit de Visegrad) que dans les pays puissants de l'UE comme l'Italie, la France et - dans une moindre mesure mais non négligeable - l'Allemagne. L'Europe et l'UE ne traversent manifestement pas une bonne période. C'est pourquoi il n'est pas sans intérêt de passer brièvement en revue certains éléments géopolitiques, afin de voir quel pourrait être le développement futur du continent, ses forces et ses faiblesses.

Unité géopolitique ou dissension économique interne ?

L'Europe unie est un rêve romantique du 19e siècle et même d'avant, mais il faut attendre l'entre-deux-guerres pour que le processus d'unification ait un plan et un acteur qui le prenne en charge. L'acteur s'appelle l'Allemagne, et la définition de l'Europe allemande de l'époque limite son champ d'action à l'Europe occidentale et centrale, jusqu'aux frontières de l'orthodoxie russe [1]. C'était, selon les termes d'un géopoliticien comme Jordis von Lohausen, l'Europe dite franque, l'Europe carolingienne, que l'on retrouve encore aujourd'hui dans le fameux " couple franco-allemand ", à laquelle s'ajoutait, pour des raisons évidentes, une périphérie orientale pourvoyeuse de matières premières. Cette " petite " Europe, dépourvue de substance géopolitique et de vitalité stratégique, s'oppose à la soi-disant Europe eurasiatique, une Très Grande Europe de Lisbonne à Vladivostok, souhaitée par des géopoliticiens visionnaires comme Lohausen, Jean Thiriart, ou encore la figure totalement atypique du national-bolchévique allemand Ernst Niekisch [2]. L'Europe de Lisbonne à Vladivostok contient le développement d'un noyau géopolitique que les stratèges français ont développé depuis le début du 20ème siècle en réponse à la montée en puissance alarmante des USA: le fameux (mais toujours passé sous silence aujourd'hui) "axe Paris-Berlin-Moscou", que les Français, sensibles à l'avancée géopolitique du monde anglo-saxon, ont conçu précisément comme un contrepoids aux USA et à son pandit européen, l'Angleterre [3].

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Ainsi, une "Europe unie" pourrait naître soit dans la petite taille de l'UE actuelle, soit dans la perspective d'une ouverture vers le Heartland eurasiatique, que les théoriciens anglais et américains considéraient comme la quintessence géopolitique du monde [4], pour une éventuelle interpénétration avec la grande accumulation de force économique et civilisationnelle de la Chine, qui pourrait augmenter la synergie eurasiatique.

Pour l'instant, l'UE semble n'être qu'une somme de promesses en termes économiques, sous le sceptre d'une bureaucratie qui ne semble pas prête à affronter les grands défis géopolitiques à venir.

Mais nous devons être justes et dire que l'UE a, ou semble avoir, des "éclairs géopolitiques" occasionnels de génie, mais ceux-ci sont rapidement gaspillés dans la lutte pour la suprématie au niveau de la bureaucratie du super-État de Bruxelles. Parmi ces éclairs, on peut citer l'idée d'une armée européenne commune - idée que les Etats-Unis rejettent par tous les moyens à leur disposition, car il est évident qu'une telle armée conduira à une séparation des destins géopolitiques des Européens et des Américains - ou l'idée d'une ouverture dans les relations avec la Russie, que la France et l'Allemagne pratiquent d'ailleurs. L'exemple récent du gazoduc North Stream 2 est plus que révélateur. Au-delà de ces éléments, cependant, le continent européen reste pour l'instant divisé - non seulement par les hégémons qui devraient œuvrer à son unité, mais aussi pour des raisons liées à l'anatomie interne de l'Europe, y compris le monde russe ou la zone de l'ex-URSS, en raison de l'histoire récente de l'après-guerre.

L'Union européenne d'aujourd'hui est essentiellement le produit de la défaite de cette Europe française/carolingienne (Fränkisches Europa) à la suite de la cohabitation "contre-nature" américano-russe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cohabitation qui a conduit à l'émergence du rideau de fer, à la division de l'Europe et, plus grave encore, à l'éloignement des peuples de l'Europe du Sud-Est de Moscou.

Après que l'aventure d'Hitler d'une Europe purement allemande et anti-russe ait pris fin avec la défaite du Troisième Reich, deux courants d'opinion et de volonté complètement différents ont balayé l'Europe. Alors que les Occidentaux, dominés par l'influence américaine, voyaient en Moscou un allié possible pour un avenir européen unique - à la manière de de Gaulle, qui remplacerait volontiers la tutelle américaine par une amitié moscovite sur l'axe Paris-Berlin-Moscou - les Orientaux, étouffés par la pression implacable de l'URSS, voulaient simplement se jeter dans les bras d'un mirage américano-occidental européen, peint aux couleurs trop vives de la prospérité et de la démocratie parfaites. Aujourd'hui encore, trois décennies après la chute du mur de Berlin, ce mirage n'a pas épuisé ses ressources.

Sentant avant les changements de 1989 cette impasse en Europe, en fait ce destin apparemment implacable de désunion, le géopoliticien Jean Thiriart disait qu'un Quatrième Reich n'était plus possible, à sa place il annonçait finalement l'émergence d'une Europe unie, une combinaison de l'Europe occidentale et de l'URSS... Thiriart, dont la pensée totalement non orthodoxe, dans le sens où elle n'est pas du tout soumise à des étiquettes, peut choquer, était également un critique de l'idée d'une Europe confédérale, dans laquelle chaque État conserve sa souveraineté, à la manière souhaitée par Charles de Gaulle. Mais de Gaulle, malgré tous ses mérites, est aussi un ancêtre de l'actuel couple unitaire franco-allemand, plutôt hostile à la périphérie orientale (de Gaulle disait que l'Europe, c'était la France et l'Allemagne et que les autres États étaient des " légumes" - cette façon de penser a conduit à la chute de l'aventure européenne d'Hitler, cette façon de penser a conduit Haushofer, par ailleurs grand géopoliticien, à croire que l'Italie était un pays de second ordre qui ne pouvait pas se comparer aux États nordiques - voilà une source de la révolte salvatrice au niveau de l'UE ! etc.).

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Si les pays puissants de l'Ouest portent parfois un regard critique sur l'Europe de l'Est ou du Sud et avec beaucoup d'indulgence sur la Russie, qu'ils invitent naturellement à être un partenaire dans le processus d'émancipation de la tutelle américaine, les pays qui ont été sous la tutelle de Moscou sont beaucoup plus réticents à ce projet, se sentant menacés (il est vrai que ce sentiment est stimulé depuis le camp américain !) par le retour de la Russie dans le jeu géopolitique européen ou mondial.

Ainsi, l'Europe unie, ou ce que nous pourrions appeler "l'axe Paris-Berlin-Moscou", doit lutter contre les sentiments anti-russes de l'Europe de l'Est et la manière d'équilibrer et de redistribuer les ressources économiques communes de l'UE. Dans une Europe catégoriquement dominée économiquement par l'Allemagne et les États de sa zone d'influence, ou par la France et l'Allemagne ensemble [5], il est difficile de revendiquer le plein consensus de ceux qui ne bénéficient pas également du projet européen commun. Le problème est historique. Dans l'entre-deux-guerres, si l'on ne prend que le cas de la Roumanie, le processus d'"acceptation" de la domination allemande en Europe a connu des phases dramatiques. La Roumanie a souffert de l'"exploitation" économique du centre allemand par rapport à la périphérie orientale, qui fournissait des matières premières.

Mihail_Manoilescu.jpgLe grand économiste roumain Mihail Manoilescu (photo, ci-contre) a construit toute sa théorie économique sur la nécessité d'éliminer relativement les différences de potentiel économique entre le centre et la périphérie par une volonté politique, afin que la périphérie puisse résister au centre. Bien qu'étant un fervent partisan de l'Europe unie (Manoilescu était un ami du comte Coudenhove-Kalergi, aux idées duquel il croyait), l'économiste roumain se heurte à l'époque aux promesses allemandes selon lesquelles la périphérie ne serait pas négligée par le centre industriel de l'Europe :

"Nous ne pouvons pas non plus contester qu'un tel plan est possible et réalisable. Mais suffit-il d'élaborer des plans pour changer le monde ? Nous, les paysans du Danube, sommes incrédules. Au fil des siècles, nous avons appris que nous ne devions pas nous fier même à ce que nous voyons de nos propres yeux, et encore moins à de simples promesses" [6].

Ce problème se posera bientôt avec la Russie, un pays aux ressources énormes et au potentiel économique important, mais qui souffre en termes d'efficacité économique. Récemment, un accord économique entre l'Allemagne et la Russie, d'une portée apparemment unique jusqu'alors, appelé "accord sur une coopération économique approfondie", signé le 7 juin au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, annonce une nouvelle période d'ouverture dans les relations germano-russes. Mais la Russie ne se sentira-t-elle pas "colonisée" par la puissance de pénétration du capital allemand, de sorte que cet accord, annoncé comme une grande victoire et un signe de coopération entre les deux pays, ne sera pas à un moment donné une pomme de discorde entre la technologie occidentale et les ressources orientales ? Une Europe unie devra passer ce test - et bien d'autres, sur lesquels nous n'aurons pas le temps de nous étendre.

La "colonisation" européenne et américaine

Le projet d'une Europe unie souffre d'une raison qui semble être une idée fixe, que l'Occident européen brandit sans cesse: l'Europe est colonisée par les USA, l'Europe est vassalisée par les USA, etc. Le registre critique contre l'Amérique cache, bien sûr, des intérêts européens certains, également dans le domaine de ce que nous avons appelé "l'axe Paris-Berlin-Moscou" (auquel on peut ajouter, selon le contexte, Rome, également intéressée par de bonnes relations avec Moscou), mais il s'agit aussi, bien sûr, d'un véritable état d'esprit, qui trouve son origine dans l'époque de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'intervention américaine en Europe à la fin de la dernière guerre mondiale n'a pas été perçue en Europe occidentale de la même manière qu'en Europe orientale. À l'occasion du 75e anniversaire du débarquement anglo-américain en Normandie, le 6 juin 1944, un site français spécialisé dans l'analyse géopolitique écrit noir sur blanc: "Jour J, 6 juin 1944: l'Empire américain envahit la France" [7]. L'article, avec de nombreuses références historiques significatives, montre comment l'armée américaine a bombardé les villes de Normandie sans raison, en faisant une vingtaine de milliers de victimes civiles, comment les soldats américains ont violé des jeunes filles françaises, comment, finalement, les Américains auraient aimé cohabiter avec le régime de Vichy, suffisamment soumis (comme il l'avait été vis-à-vis d'Hitler), au lieu de traiter avec le beaucoup plus patriotique de Gaulle, etc. En d'autres termes, un tableau complètement inversé plutôt qu'une "libération" de la France, comme nous l'avons naïvement appris du matériel historiographique courant. L'article en question n'est rien d'autre que la continuation d'un état d'esprit, d'un anti-américanisme qui a commencé avec le Jour J et se poursuit aujourd'hui, dans des positions plus savantes ou journalistiques.

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De ce point de vue, un auteur français comme Hervé Juvin représente la réaction française typique à ce que nous avons appelé la "colonisation" de l'Europe par les États-Unis. Dans une série d'ouvrages consacrés aux relations économiques et géopolitiques entre l'Europe (et plus particulièrement la France) et les États-Unis, Juvin, économiste de profession, estime que, malgré les prédictions selon lesquelles le déclin de l'Amérique s'accélérerait à l'avenir, les États-Unis sont en réalité toujours très forts pour défendre leurs intérêts mondiaux et garder l'Europe sous leur coupe. Il est clair qu'une telle tutelle doit disparaître aux yeux de H. Juvin, qui sur ce point est un adepte de Charles de Gaulle. Son ton est plus que catégorique: soit l'UE devient un facteur à part entière en termes géopolitiques, en abandonnant la tutelle américaine et en assurant ainsi un équilibre géopolitique entre les grands centres de pouvoir du monde (les États-Unis, la Chine, la Russie, en tant qu'acteur militaire), soit elle doit être abandonnée, car elle ne remplit pas sa mission:

mur-de-louest-juvin-187x300.jpg"L'hyperpuissance américaine n'a toujours pas de fin. Il reste notre adversaire essentiel, au sens que Mao Zedong donnait à ces mots : celui qui menace les fondements de notre être. Si l'Europe n'est pas le moyen de réaliser un équilibre des puissances, si elle n'est pas le moyen de nous libérer d'un occidentalisme qui conduit à une troisième guerre mondiale, selon le détestable schéma des néoconservateurs, <nous contre tous>, la France doit sortir d'une Union qui la détruit et suivre, avec d'autres, le chemin de la résistance" [8].

S'il atténue parfois ses critiques à l'égard de la superpuissance américaine, l'auteur français n'hésite pas à pointer du doigt les lacunes de l'actuelle Union européenne : l'impuissance géopolitique, l'accent mis sur la rhétorique des droits de l'homme et l'individualisme désagrégeant, la copie mimétique de la mystique anglo-américaine du marché libre, l'incapacité à lutter efficacement contre ce qu'il appelle "l'extraterritorialité de la loi américaine", c'est-à-dire la tendance américaine à étendre la juridiction des États-Unis à tous les processus économiques (et géopolitiques) se déroulant à portée du dollar, qui dessert gravement les autres acteurs géopolitiques (le cas récent de l'accord nucléaire avec l'Iran, où l'UE a dû inventer un mécanisme sophistiqué pour éviter les sanctions américaines sur l'Iran, est pertinent - les informations sur le retrait des grandes entreprises européennes du marché iranien, sous la menace américaine d'être sanctionnées sur le marché américain, montrent le niveau atteint dans la guerre économique entre les "partenaires" occidentaux.... . ).

56788_medium.jpgHervé Juvin est un auteur lucide. Il propose une construction européenne définie en Europe, dans un partenariat d'égal à égal avec les autres forces géopolitiques (et sans négliger la Russie), et non de manière obéissante, soumise, lâche. Il plaide, un peu à la manière des tiers-mondistes, pour la libération de la tutelle de l'empire mondial américain, pour la résistance, pour l'"armement" intellectuel et la lutte. Mais, fait intéressant, et qui devrait attirer notre attention: élu député européen aux dernières élections européennes pour le compte du parti de Marine Le Pen, lorsqu'il parle de l'Europe, l'auteur français met la France en premier ! Dans chacune de ses prises de position européennes, on peut voir ce que l'on appelle la "préférence nationale" française, naturelle et patriotique...

Dans un peu le même esprit et à partir des mêmes positions, un autre auteur français s'exprime, Ivan Blot. Le titre de son livre n'augure rien de bon: L'Europe colonisée. Cette fois, la préférence de l'écrivain pour une relation stratégique avec la Russie est plus claire, conformément à l'axe Paris-Berlin-Moscou, qu'il affirme également de manière catégorique :

"Le couple Europe-Russie, avec un axe Paris-Berlin-Moscou, est en fait très complémentaire sur le plan énergétique et économique (...) Les intérêts de ce couple s'éloignent de plus en plus des intérêts américains, et ces derniers en subissent les conséquences (...) Sur le plan économique, l'Europe et la Russie sont très complémentaires, alors que les États-Unis et l'Europe sont concurrents. (...). Sur le plan économique, il existe deux grands groupes, l'Union européenne et l'Union eurasienne, plus récente. Sur le plan politique, il n'y a plus d'opposition totale entre l'Est et l'Ouest, même si la diplomatie américaine tente parfois de faire revivre artificiellement la guerre froide" [9].

Dans le même article, Blot, ancien député européen, décrit la comédie du parlementarisme européen, la façon dont "on vote" au PE, la façon dont la Commission européenne "fait et défait" tous les jeux au niveau de l'UE, etc. C'est une critique de l'intérieur de ce bureaucratisme lugubre qui étouffe le corps européen. La solution ? Géopolitique également, mais cette fois à bout de souffle, qui aurait été applaudi par un Jean Thiriart:

" (...) l'axe eurasiste est celui de la croissance future: nos partenaires les plus prometteurs restent la Chine et la Russie, voire l'Inde. C'est pourquoi nous devons penser à une <Grande Europe> de croissance économique de Brest à Vladivostok, et non à l'Europe limitée et essoufflée d'aujourd'hui. Cette Grande Europe respectera les souverainetés nationales. La présence de la Russie sera une garantie contre toute tentative de fédéralisme bureaucratique et rééquilibrera l'hégémonie anglo-saxonne" [10].

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Trop d'UE ou trop d'État souverain ? Les clés du pouvoir de l'UE

Il faut dire qu'il existe une critique parfaitement symétrique de l'UE, émanant cette fois des "fédéralistes" européistes, qui estiment que l'UE n'est pas trop puissante par rapport aux États-nations, mais qu'elle n'est au contraire que leur marionnette. Ce point de vue est soutenu par un célèbre commentateur du journal libéral français Libération, Jean Quatremer. Le problème de l'Union européenne, estime-t-il (correspondant de longue date du journal pour les institutions européennes), est qu'elle n'est... rien d'autre que l'émanation d'États-nations. Il souligne, par exemple, que la contribution législative de l'UE n'est pas de 80 %, mais seulement de 20 % en moyenne, et que cette part a tendance à diminuer. En conclusion, estime Quatremer (auteur d'un ouvrage consacré à cette question, au titre provocateur: Les salauds de l'Europe. Guide à l'usage des eurosceptiques, - Calmann-Lévy, 2017), les États ont tendance à "rejeter" leurs échecs sur l'UE et à porter leurs succès en compte grâce à leurs propres efforts.

La même volonté d'accroître le poids de l'UE par rapport aux États-nations, cette fois avec un arsenal idéologique particulier lié aux racines pré-chrétiennes de l'Europe, nous la retrouvons dans le "parti des Européens" qui ne rêve de rien d'autre que d'une citoyenneté européenne unique, d'un État européen unitaire avec une réorientation stratégique vers la Russie, de l'abolition de l'OTAN, de la création d'une armée européenne [11] qui intégrera enfin l'armée russe (sic ! ), l'abolition de toutes les institutions européennes non élues, le respect de la diversité européenne (au passage, les États d'Europe de l'Est qui craignent la Russie et font preuve d'une russophobie fondée - on pense notamment aux États baltes). Dans la vision de Thomas Ferrier, moteur d'un tel projet, ce sera la "Nouvelle Athènes" [12].

Des projets extrêmement généreux ! Après tout, l'Europe n'a jamais manqué de visionnaires...

Et pourtant ! L'Europe est un "club" tellement fermé qu'il donne parfois des frissons et un sentiment d'impuissance à ceux qui cherchent à découvrir les arcanes du pouvoir. L'un des chercheurs des véritables clés du pouvoir européen actuel, l'ancien ministre grec des finances Yannis Varoufakis, se confesse dans un livre intitulé Conversation entre adultes. Les coulisses de l'expérience secrète de l'Europe avec l'Eurogroupe, le célèbre cerveau financier de l'UE. M. Varoufakis décrit comment les fonctionnaires européens mentent tout simplement, on ne peut pas se fier à eux, et les décisions qui sont prises en coulisses ne se reflètent pas du tout dans les communiqués officiels à la fin des réunions. Tout cela a l'apparence d'un conclave parfaitement opaque, avec des fonctionnaires obéissant sans condition à une hiérarchie parallèle, implacable et silencieuse. L'aspect abscons des grandes décisions financières au niveau de l'UE est difficile à supporter. À propos de l'Eurogroupe, qui décide également des questions financières au niveau européen, le ministre grec écrit : "Les traités européens ne lui confèrent aucun statut juridique, mais c'est ce corps constitué qui prend les décisions les plus importantes pour l'Europe. La plupart des Européens, y compris les politiciens, ne savent pas exactement ce qu'est l'Eurogroupe, ni comment il fonctionne".

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Les luttes d'influence économique et financière dans les véritables centres de décision de l'UE sont donc bien plus importantes que la "construction européenne" déclarée par le public. Dans ces conditions, que peut-on attendre d'un organisme qui parasite ses propres égoïsmes financiers et économiques ?

La place de la Roumanie dans l'UE

En conclusion, nous devrions également mentionner quelle est ou sera la place de la Roumanie dans cette Union européenne extrêmement turbulente.

Dernièrement, la Roumanie a tenté de jouer un double jeu, en fonction de ses capacités de négociation limitées, entre l'Union européenne, de plus en plus détachée des États-Unis, et son "partenaire stratégique" américain. Ce jeu a été motivé par le comportement douteux des grands groupes d'intérêts européens (banques, sociétés transnationales) envers notre pays. Le discours sur la souveraineté, sur le double standard économique ou sur la lutte contre les excès économiques des sociétés occidentales opérant en Roumanie a été prédominant dans le gouvernement actuel. Un peu à la manière de l'Italie de Matteo Salvini, la Roumanie s'est placée sur un axe ad hoc Washington-Tel Aviv (ou du moins a essayé de faire signe dans cette direction) afin d'obtenir plus de pouvoir de négociation vis-à-vis de Bruxelles. Mais les dernières élections européennes ont montré que les Roumains ne sont pas encore prêts pour un discours souverainiste. Soit qu'elle ne soit pas confrontée aux vrais problèmes de l'Italie, asphyxiée par une immigration principalement déclenchée par la permissivité de Berlin et de Paris à l'égard de ceux qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l'Europe, soit qu'elle craigne le spectre de plus en plus agité du retour de la Russie dans la région, la Roumanie a préféré - et par le biais de son élite - rester plus tranquillement dans le bateau de Bruxelles. D'ailleurs, pour poursuivre la comparaison avec l'Italie, Salvini est lui-même critiqué dans son propre pays, considérant que son "souverainisme" par rapport à Bruxelles n'est rien d'autre qu'une défection dans le camp américain: "Souverainisme sans souveraineté", titre une célèbre revue géopolitique italienne, qui défend le bastion de l'eurasianisme (et donc aussi de l'europénisme) face au pouvoir thalassocratique américain [14].

Jusqu'à présent, personne en Roumanie ne reproche au souverainisme du PSD-ALDE de flirter avec les intérêts américains et non européens. Mais il faut s'attendre à ce qu'au fur et à mesure que l'Europe s'imposera à la périphérie de l'Europe de l'Est, y compris en attirant la Russie dans ce condominium sans précédent, de plus en plus de voix critiques à l'égard des recettes américaines apparaîtront dans notre pays (le secteur de la défense est de loin le plus sensible ici) et les conditions seront créées pour une "loyauté" de la Roumanie à la nouvelle orientation stratégique [15]. Les derniers développements à Chișinău, où l'UE et la Russie ont joué ensemble un rôle géopolitique évident (et où les États-Unis ont battu en retraite, étant probablement plus préoccupés par des dossiers clés tels que l'Iran, la Syrie, la Turquie ou la Chine, pour n'en citer que quelques-uns, essentiels) peuvent être une préfiguration des développements futurs dans notre région.

Pour l'instant, trop peu présente, ou plutôt discrète, la Chine a aussi le potentiel de se développer dans notre espace géopolitique. Une mention: l'autoroute Ploiesti-Brașov semble avoir été attribuée à une entreprise chinoise (associée à une entreprise turque) [16]. Les signes d'un eurasisme naissant, probablement dans le cadre du gigantesque projet chinois One Belt One Road, commencent à se faire sentir même dans la Roumanie "souveraine" et pro-américaine...

Notes:

[1] Le lecteur pourra se référer au célèbre discours du ministre de l'économie du Reich, Walther Funk, sur le modèle de réorganisation de l'économie européenne que visait l'élite nazie de l'époque. Le discours est daté du 25 juillet 1940. Malheureusement, la traduction souffre d'un manque de clarté des idées :

http://www.eu-facts.org/ro/roots/06_economic_reorganization_europe.html?fbclid=IwAR3ovNS-w6lc2EfaDcyFDNU3xe0w12_Ww8bm-fmTLaFH8-WcvCXc7TMxrKw

[2] https://www.counter-currents.com/2010/09/interview-with-jean-thiriart-1/

[3] "En 1903, deux colonels des services de renseignements français font état de la montée en puissance des Etats-Unis. Ils concluent qu'ils ont une grande puissance industrielle, agricole et commerciale et qu'ils domineront le monde dans les années à venir. La seule façon de s'opposer à une hégémonie américaine (selon les auteurs de ce rapport) est de former une alliance intégrée comprenant la France, l'Allemagne et la Russie (donc l'Europe de Brest à Vladivostok...)". Voir : http://www.estica.eu/article/inapoi-la-visul-spulberat-al-lui-nicolae-al-ii-lea/.

[4) Le géopoliticien le plus connu du Heartland reste l'Anglais Halford John Mackinder, avec son ouvrage de 1904 The Geographical Pivot of History,  et Democratic Ideals and Reality (1919), et plus récemment l'influent stratège américain d'origine polonaise Z. Brzezinski, dans The Great Chessboard, publié à l'origine en 1997.

[5] Notons au passage que tous les commentateurs ne s'accordent pas sur la solidité de ce que l'on appelle le " couple franco-allemand ". Récemment, le philosophe français Alain de Benoist a remis en question cet engagement géopolitique, accusant avec véhémence l'Allemagne de flirter avec les États-Unis. Alain de Benoist est partisan d'une relation spéciale entre l'Europe et la France, d'une part, et la Russie, d'autre part, et critique l'"impérialisme" américain et le poids géopolitique excessif des États-Unis en Europe : https://www.bvoltaire.fr/alain-de-benoist-le-couple-franco-allemand-est-un-mythe/.

[6] Mihail Manoilescu, Sur la question de l'industrialisation des pays agricoles, "Lumea Noua" n° 11-12/1938, p. 241.

[7] https://www.egaliteetreconciliation.fr/D-Day-6-juin-1944-l-Empire-americain-envahit-la-France-55014.html

[8] Hervé Juvin, Le Mur occidental n'est pas tombé, Chisinau, Ed. Université populaire, 2017, p. 52.

[9] Ivan Blot, L'Europe colonisée, Chisinau, Ed. Université populaire, 2018, p. 189-190.

[10] Ibid, p. 48.

[11] Les projets de création d'une armée européenne pour assurer l'indépendance stratégique de l'Europe sont principalement proposés par Paris. Récemment, une nouvelle initiative dans la série de création d'une unité de défense européenne a eu lieu : la signature d'un accord-cadre entre la France, l'Allemagne et l'Espagne pour construire un avion furtif européen d'ici 2040 : https://www.caleaeuropeana.ro/o-zi-mare-pentru-uniunea-de-aparare-europeana-franta-germania-si-spania-au-semnat-un-acord-cadru-pentru-construirea-unui-avion-invizibil-european-pana-i/.

[12] Les idées de Thomas Ferrier, qui connaît également très bien la vie politique dans tous les pays de l'UE, peuvent être consultées ici : http://thomasferrier.hautetfort.com/archive/2019/03/06/manifeste-pour-une-vraie-renaissance-europeenne-6133866.html.

[13] Yanis Varoufakis, Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l'Europe, Éditions Les liens qui libèrent, 2017, p. 237. Je cite l'article de Georges Feltrin-Tracol intitulé "À quoi sert l'Union européenne", paru sur le site suivant : http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2019/05/28/georges-feltin-tracol-a-quoi-bon-l-union-europeenne.html.

[14] https://www.eurasia-rivista.com/sovranismo-senza-sovranita-il-caso-salvini/

[15] Certains signaux, jusqu'à présent uniquement dans la presse, indiquent que la Roumanie ne devrait pas négliger les éléments stratégiques européens, tels que le futur avion invisible : https://adevarul.ro/international/europa/primul-mare-proiect-cadrulautonomiei-strategice-europene-romania-macar-parerep-1_5d088736892c0bb0c680cc5c/index.html.

[16] https://www.g4media.ro/chinezii-si-turcii-in-linie-dreapta-pentru-constructia-autostrazii-ploiesti-brasov-in-controversatul-regim-de-parteneriat-public-privat.html

 

Note : Cet article a été initialement publié dans le magazine Critical Point : L'Union européenne, entre l'Europe franque et l'Europe eurasienne

La Lituanie, sentinelle de l’Europe ou larbin de l’Occident ?

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La Lituanie, sentinelle de l’Europe ou larbin de l’Occident?

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans un silence médiatique assourdissant qui contraste fortement avec l’avalanche de condamnations de la Hongrie en 2015, la Lituanie érige le long de sa frontière avec le Bélarus des barrières métalliques barbelées supposées infranchissables. Sa voisine lettonne fait de même tandis que le gouvernement polonais vient de proclamer l’état d’urgence dans les régions frontalières du Bélarus.

Depuis cet été, des centaines de migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient traversent la nuit la frontière et demandent ensuite l’asile en Lituanie, terre de l’Union dite européenne. Bien connu pour sa servilité à l’égard des États-Unis et de l’OTAN, le gouvernement lituanien hurle à une « guerre hybride » orchestrée par Minsk. Cette accusation excessive et malintentionnée témoigne d’un réel dépit devant l’hypothétique riposte des autorités bélarussiennes. La Lituanie n’a-t-elle pas commencé cette nébuleuse « guerre hybride » en soutenant les manifestations contre le président Loukachenko et en recevant la dénommée Svetlana Tikhanovskaïa présentée à l’instar du Vénézuélien Juan Guaidó comme la présidente intérimaire du Bélarus en exil ? On attend avec impatience que Minsk, Damas et Caracas reconnaissent la légitimité de Monsieur Michu au lendemain du second tour de la présidentielle française de l’année prochaine.

Au début des années 2010, la Libye du Guide Kadhafi arrêtait aux portes du Vieux Monde les immigrés clandestins. Kadhafi prévenait les Occidentaux que sa chute conduirait à la submersion partielle du Sud de l’Europe. Il ne mentait pas ! Attaqué par des roquets étatiques de l’occidentalisme tels que la Suède, la Lettonie, la Pologne et la Lituanie, le Bélarus subit des sanctions scandaleuses. Victime d’un quasi-embargo qui profite surtout à une Russie prête à « intégrer » le Bélarus selon un processus d’« union » encore indéfinissable, le gouvernement bélarussien aurait décidé d’après les affabulateurs lituaniens et otanesques de lâcher aux marges orientales de l’Occident américanomorphe des migrants venus à Minsk à bord d’avions spécialement affrétés. Le Bélarus répondrait ainsi avec une rare audace aux manœuvres de déstabilisation de la Lituanie et de sa complice polonaise.

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Non contente de persécuter les mouvements païens renaissants, la majorité conservatrice cléricale lituanienne rêve de satelliser le Bélarus comme la Pologne lorgne avec grand intérêt sur l’Ukraine. Aux XVIe et XVIIe siècles, la Lithuanie (avec un h !) et la Pologne formaient à partir de l’union de Lublin en 1569 la « République des Deux-Nations (ou des Deux-Couronnes) » dont la superficie couvrît à peu près les actuels Lituanie, Pologne, Bélarus et Ukraine. Sous prétexte de propager les « droits humains » et une démocratie occidentale intimement viciée, la Lituanie comme d’ailleurs les oligarques russes cherche en réalité à s’emparer des ressources agricoles, industrielles et technologiques du Bélarus.

Afin d’empêcher l’entrée massive des migrants, la Lituanie a pris très tôt des mesures exceptionnelles qui restreignent leurs droits: interdiction de les libérer six mois après leur arrestation, limitation du droit d’appel des demandeurs d’asile déboutés, expulsion possible des demandeurs même si une procédure d’appel est en cours, refus légal de leur fournir un traducteur et de les informer sur les modalités de la procédure d’accueil. La Hongrie de l’« horrible » Viktor Orban n’est jamais allée aussi loin. Pourquoi les ONG droits-de-l’hommiste si promptes d’habitude à hurler à l’hydre néo-nazie toujours renaissante se taisent-elles pour la circonstance ? Les instances pseudo-européennes justifient ces procédés au motif que l’Union dite européenne autorise ses États membres à déroger du cadre commun. Belle hypocrisie ! On s’en souviendra !

Les ONG et le gouvernement lituanien poursuivent l’objectif commun d’un Occident-monde en déclin. Pilier indéfectible de l’atlantisme en Europe, la Lituanie conteste toute idée d’armée européenne et refuse la moindre coopération aux projets industriels européens de défense. Elle lie son avenir à celui des États-Unis d’Amérique. Ce fidèle laquais de l’américanisme se doit donc de connaître les joies multiculturalistes de la « société ouverte ». L’arrivée d’Afghans, d’Irakiens, de Somaliens à Vilnius, à Kaunas et à Klaipéda risque de bouleverser la société lituanienne. Tant mieux d’autant que maints Lituaniens disposent déjà de la citoyenneté étatsunienne, eux qui sont finalement dans leurs têtes malades et dans leurs mœurs des « Américains de la Baltique ».

Grand admirateur des « Frères de la Forêt » (la résistance balte anti-soviétique dans la décennie 1940), l’auteur de la présente chronique saluait la chaîne humaine de 690 km du Nord au Sud constituée ce 23 août 1989 par la population des trois nations baltes encore républiques soviétiques en souvenir des cinquante ans du Pacte Ribbentrop – Molotov scellant leur destin tragique pour quatre décennies. Trente ans plus tard, il constate que les Pays baltes contribuent à la diffusion du mondialisme occidental contraire aux intérêts fondamentaux de la civilisation albo-européenne.

Par-delà les sempiternelles jérémiades d’un pays qui veut, comme dans la fable de La Fontaine, se faire plus gros que le bœuf, la Lituanie mise sur le mauvais cheval. À la tête du tout premier État non-libéral d’Europe, le président Alexandre Loukachenko n’acceptera jamais de se soumettre aux mafias occidentales. Il serait temps que les Lituaniens prennent leur avenir en main et cessent d’être des marionnettes de Washington, de Londres et de Bruxelles. Gageons qu’ils préféreront toutefois se fourvoyer dans un nouveau guêpier ! 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 5, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 12 octobre 2021.

Aux éditions du Lore, le nouvel ouvrage de Georges Feltin-Tracol !

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468 pages. La nouvelle charge éditoriale de l'auteur !

28,00 € TTC

Pourquoi le sénateur yankee John McCain était-il un pourri ? Quelle est cette autre droite polonaise ? Quelles sont les frontières de cœur du président turc Erdogan ? Donald Trump est-il vraiment le 45e président des États-Unis ? Qui est le Wauquiez allemand ? Que sait-on du « populisme de gauche » ? Peut-on avoir une autre vision de la Corée du Nord ? Quel est le phare spirituel de l’Europe ? Quel est le pire parti de France ? Les Bo-Bo peuvent-ils se révolter ?

Georges Feltin-Tracol répond à toutes ces interrogations. Il a donné en cinq ans des chroniques hebdomadaires taillées à la hache du (géo)politiquement incorrect. Les Éditions du Lore les ont enfin réunies dans un volume passionnant et… explosif !

Il offre au lecteur sensible aux interprétations non conventionnelles des analyses acérées et impertinentes jamais consensuelles. C’est un réel plaisir d’assister à la remise à l’endroit de l’actualité par le premier « bûcheron métapolitique » d’Europe d’expression française.

Pour toutes commandes: http://www.ladiffusiondulore.fr/index.php?id_product=917&controller=product

vendredi, 15 octobre 2021

La pseudo-religion du pétrole et du gaz

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La pseudo-religion du pétrole et du gaz

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-pseudo-religion-del-petroleo-y-el-gas

Les prix du gaz ont explosé en Europe et battent tous les records. Et ce, malgré les attaques incessantes contre Nord Stream 2 et la publicité qui cherche à imposer l'agenda vert. Le coût de mille mètres cubes de gaz naturel est actuellement d'environ 1500 dollars, ce qui signifie que le prix a quintuplé au cours des deux dernières années. Toutefois, les experts affirment que les prix continueront à augmenter, pour atteindre 2000 dollars en hiver. D'autre part, l'Europe est contrainte d'importer du charbon de Russie.

Bien sûr, on est tenté de dire avec sarcasme que nous assistons aujourd'hui aux exploits de Greta Thunberg, mais cela n'a pas d'importance et nous ferions mieux de nous concentrer sur des questions beaucoup plus profondes, comme celle de savoir pourquoi nous avons créé une civilisation industrielle basée sur le pétrole et le gaz, ou quel bien l'industrialisation et le triomphe des machines et de la technologie nous ont fait. À quoi bon vivre dans une civilisation technique qui ne peut subsister sans l'extraction constante d'un liquide noir et épais né des millions de cadavres de petites créatures disparues il y a plusieurs milliers d'années, ou qui a besoin d'un air souterrain lourd et nauséabond, nuisible à l'atmosphère ?

L'humanité est entrée dans l'ère des machines à l'aube des temps nouveaux et, à l'heure actuelle, l'être humain a été assujetti à la puissance du pétrole et du gaz, car sinon nous ne pourrions rien produire. Tant Gazprom que Rosneft  - et des entreprises similaires à l'étranger -  sont devenus les représentants d'une nouvelle religion où le gaz et le pétrole sont la vérité ultime, la mesure de toutes choses et la définition même du pouvoir. Notre histoire a été complètement réduite à l'extraction de ressources et nous sommes prêts à nous soumettre à cette réalité. Toutes les guerres d'aujourd'hui sont des guerres pour les ressources naturelles et, avant tout, pour le pétrole. Gas über alles.

Ne sommes-nous pas dégoûtés par tout cela ? La civilisation industrielle mécanique ne connaît que des valeurs aussi noires que le pétrole et aussi malodorantes que le gaz. Tous deux représentent les couleurs et les odeurs des enfers: les rivières de l'enfer et l'odeur du soufre. Igor Letov, dans son album The Russian Experimental Field, dit ouvertement que désormais "l'éternité sent le pétrole". C'est l'éternité dont parle Svidrigailov (1): les champs infinis, sans fin, dans lesquels l'éternelle recherche de ressources nous a conduits et où le temps s'étire comme un fleuve sombre sans finalité, sans but ni grâce.

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Alors, pourquoi nous réjouissons-nous de la hausse du prix de l'essence ? Le patriote se réjouit toujours des triomphes de son pays, mais cela ne se produit que lorsque le pays - principalement ses autorités et son élite - a un objectif, une idée, une éthique et une esthétique liés à la vérité. Avoir comme modèle un pays basé sur l'extraction de ressources naturelles, particulièrement inondé de pétrodollars et de roubles provenant de l'extraction de gaz, sans parler des vieux fonctionnaires ridés de Gazprom comme modèles de "la vie est parfaite", est répugnant et même avilissant. En revanche, le patriotisme se réjouit du triomphe de la Croix, de la victoire militaire, des œuvres d'un génie, des familles heureuses et des bébés en bonne santé qui grandissent et boivent du lait. Le sifflement de l'air sulfureux provenant d'un gazoduc qui brûle du gaz et le rejette dans l'atmosphère parce qu'il est consommé par des philistins et des immigrants européens ne fait pas partie de notre fierté nationale, ou du moins ne devrait pas en faire partie.

C'est pourquoi nous avons besoin d'une autre civilisation qui ne soit pas fondée sur la technique, mais sur l'existentiel, l'ontologique, l'esthétique et sur un principe humain et supra-humain. Nous n'en appelons pas à l'écologie, puisque ceux qui la promeuvent aujourd'hui sont ceux-là mêmes qui ont conçu et créé ce monde technique qu'ils ont maintenant décidé d'adapter à leurs nouveaux besoins. Nous ne devons pas nous fier à l'écologie propagée par les disciples de Soros et autres mondialistes. L'économie verte n'est rien d'autre qu'une forme de subversion et son but n'est rien d'autre que de pourrir davantage l'humanité. Avant tout, cette économie verte cherche à affaiblir les principaux rivaux de l'Occident et à les désavantager. C'est son jeu. Cependant, nous ne devons pas nous laisser influencer par le choix qui nous est proposé aujourd'hui : soit la fraternité universelle et la Grande Croissance Verte du monde, soit applaudir la hausse du prix du gaz en Europe.

Nous comprenons que les prix vont augmenter, mais allons-nous faire quelque chose de beau et de sublime avec cet argent ? Allons-nous créer quelque chose de beau ou faire des œuvres de charité avec l'argent que nous recevons ? Allons-nous financer la recherche sur le Logos russe ou soutenir les communautés rurales et les petites paroisses qui sont dispersées sur notre territoire ?

Rien de tout cela ne sera fait et les bureaucrates de Gazprom, ainsi que le reste de l'élite dégénérée russe, utiliseront les bénéfices qu'ils réalisent pour construire de nouvelles villes et des maisons de campagne laides, voyantes et hors de prix. C'est la réalité.

Boulgakov-Serguei.jpgLa dilapidation des ressources naturelles n'est pas une véritable alternative aux projets subversifs et totalement faux proposés par l'économie verte. L'économie ne doit pas être verte, mais humaine et avoir une véritable perspective spirituelle et culturelle, c'est-à-dire être soumise aux valeurs supérieures qu'elle est censée servir. L'économiste russe Sergueï Boulgakov a déclaré que l'économie doit être créative, car le travail élève l'homme au-dessus de lui-même et crée un monde bon et beau qui suit les préceptes de Dieu. Boulgakov a appelé cela Sophia ou la Sagesse de Dieu. L'économie doit avoir ce but et donc être belle et sublime. Tout cela n'a rien à voir avec le dilemme posé par la Grande Reconstruction ou la hausse du prix du gaz.

Le but de l'homme est d'élever ce monde et de laisser le Ciel répandre librement ses rayons sur ce monde sombre. L'économie moderne est une économie infernale, mais l'écologie n'est pas la véritable alternative, c'est Sofia.

Traduction par Juan Gabriel Caro Rivera

Notes :

Arkady Ivanovich Svidrigailov est l'un des personnages centraux du roman de Fyodor Mikhailovich Dostoyevsky, Crime et Châtiment.

mercredi, 13 octobre 2021

L'objectif de l'Allemagne post-Merkel: défendre la centralité en Europe

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L'objectif de l'Allemagne post-Merkel: défendre la centralité en Europe

Andrea Muratore

Ex: https://it.insideover.com/politica/lobiettivo-della-germania-post-merkel-difendere-la-centralita-in-europa.html

Après les élections du 26 septembre, l'Allemagne va vivre les dernières semaines du long règne d'Angela Merkel, assister à la définition des orientations politiques du nouveau gouvernement et à la discussion sur la nature avec laquelle il prendra les rênes d'une nation au centre du Vieux Continent.

Bien que les hésitations, les erreurs de jugement et quelques objectifs propres (par exemple sur les vaccins) n'aient pas manqué au cours de cette longue année et demie de pandémie, le Covid-19 a incontestablement renforcé la centralité de l'Allemagne en Europe, en tant que sujet capable d'orienter les dynamiques politiques et économiques du Vieux Continent et d'acquérir un pouvoir fondamental de médiation.

Chaque décision prise par la Commission et les États membres a été marquée d'une empreinte allemande à partir de mars 2020. Dans un premier temps, l'Union européenne a promu le triptyque du Mécanisme européen de stabilité, de la Banque européenne d'investissement et du paquet "chômage sûr" de la Commission contre la crise économique. Elle a ainsi ouvert la voie à l'intervention de trois institutions dirigées par l'Allemagne. Puis Merkel, selon un axe la liant au ministre social-démocrate des finances Olaf Scholz, a arbitré entre les instances plus extrémistes des faucons de la rigueur, les Pays-Bas de Mark Rutte en tête, et les craintes des pays méditerranéens pour mettre sur le terrain le fonds européen Next Generation, en attendant toutefois qu'il entre en vigueur après que les effets des "bazookas" économiques internes aient pu se faire sentir, bien lancés par un gouvernement décidé à dire adieu au mantra de l'austérité.

En contrepartie, Merkel, par l'intermédiaire d'Ursula von der Leyen, a géré l'européanisation des achats du vaccin Pfizer-Biontech promu avec des capitaux allemands, commettant une erreur à laquelle, après le chaos de février et mars, elle a répondu par un acte unilatéral de commande massive et par une "guerre" voilée contre le vaccin AstraZeneca de technologie britannique.

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Olaf Scholz semble destiné à succéder à une Chancelière dont il a affirmé être l'héritier le plus apte, bien qu'extérieur à l'Union Cdu/Csu. Mais s'il succède à Merkel, il va de soi que Scholz et un éventuel gouvernement (libéral) Spd-Verts-Fdp devront s'appuyer sur la voie tracée par la chancelière, notamment en ce qui concerne le maintien de la centralité de la médiation allemande en Europe.

Comme nous nous en souvenions en discutant avec l'analyste géopolitique Gianni Bessi, Merkel était l'incarnation du syncrétisme allemand, une unité dans la diversité qui permettait à la dirigeante chrétienne-démocrate d'être le point de synthèse de la Grande Coalition avec les socialistes, de la confrontation entre l'aile austéritaire et l'aile plus keynésienne de l'économie allemande, du dialogue entre l'Allemagne catholique et l'Allemagne protestante, du dualisme entre la capitale politique Berlin et la capitale économique Munich. Comme il est typique de chaque élection proportionnelle, le vote a certes montré l'émergence de différentes identités politiques mais, comme l'a déclaré l'ambassadeur allemand à Rome, Viktor Elbing, à Il Giornale, le centre influencé par la pensée Merkel sur le front politique, économique et des valeurs (à des degrés divers parmi les différents partis) a montré un consensus de 85%. Le professeur Salvatore Santangelo, auteur de GeRussia, y voit un symbole de l'équilibre du pays après la réunification. Contacté par InsideOver, il rappelle que "l'Allemagne a une histoire d'unité beaucoup plus courte que celle de la France, du Royaume-Uni et de l'Espagne, mais ces pays ont été attaqués par des tensions ou des poussées identitaires beaucoup plus difficiles à supporter que n'importe quelle ligne de faille qui a jamais traversé l'Allemagne, qui a la volonté perpétuelle de faire évoluer un compromis entre les composantes catholique et protestante. Bien sûr, il reste la profonde divergence économique et politique entre l'Est et l'Ouest, que le vote a une fois de plus clairement mise en évidence".

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Scholz pourrait donc se voir confier la lourde et considérable tâche de porter le projet du nouveau Chancelier à l'intérieur et surtout à l'extérieur, à la tête d'un parti de gauche aux divisions internes importantes qui s'est uni autour de lui. Façonner les nouvelles versions de ce compromis et de cette polyphonie qui régissent l'Europe allemande. Dans les années à venir, l'Allemagne devra recalibrer sa relation avec les Faust de l'austérité, dont elle a été le Méphistophélès, à moins qu'elle ne revienne à la raison pour des raisons pragmatiques et pour éviter un nouveau crash; elle devra établir un modus vivendi avec la France, dont elle craint une crise politique profonde après le vote présidentiel; elle tentera de renforcer sa sphère géo-économique et se tournera vers le groupe de Visegrad et l'Italie, cruciaux pour la base industrielle germanique. En même temps, il s'agira d'orienter l'évolution des traités européens en visant à sauver la chèvre et le chou, c'est-à-dire le récit d'une Europe ouverte au marché et à l'économie libérale ainsi que la gestion des conséquences d'un échec patent des lignes plus rigoureuses des traités.

De tels scénarios nécessiteront un capital politique considérable pour négocier, gérer et gouverner les crises du futur tout en réaffirmant la puissance civile de l'Allemagne et sa centralité sur le Vieux Continent. Orphelin d'une Merkel qui voit en Mario Draghi son héritier dans le domaine communautaire et qui attend son successeur à la Chancellerie pour le voir mis à l'épreuve. Cela ne s'arrêtera pas à Merkel, l'Europe allemande. Mais dans une phase où des défis nouveaux et complexes apparaissent, Berlin devra se montrer de plus en plus hégémonique et médiateur. Un double rôle difficile à gérer sans la longue et perspicace expérience du Chancelier.

Sur la signification politique du "passeport vert" en Italie

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Sur la signification politique du "passeport vert" en Italie

par Andrea Zhok

Source : Sfero & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/sul-significato-politico-del-lasciapassare-verde

Pour comprendre le sens de la protestation contre l'imposition du "Green Pass" (GP), il faut comprendre sa nature hybride.

Deux motivations différentes, mais compatibles, convergent dans cette protestation.

1) La "dissidence cognitive"

La première ligne de protestation est liée à ce que nous pouvons appeler un "scandale épistémique", c'est-à-dire la perception par un nombre limité de citoyens de l'insuffisance flagrante des motivations qui devraient justifier l'introduction de la "certification verte". Cette inadéquation a interpellé certaines personnes pour des raisons tant juridiques que sanitaires. Ce groupe comprend principalement des personnes qui avaient des raisons professionnelles ou personnelles d'enquêter elles-mêmes sur la question, par exemple parce qu'elles sont des universitaires ou parce qu'elles devaient décider de la vaccination de leurs enfants, etc.

Ici, pour tout résumer, il y avait et il y a la perception claire que la législation fusionnée dans l'institution du Passeport Vert était incompatible avec les effets qu'elle prétendait vouloir atteindre, était disproportionnée et discriminatoire, alimentait un type d'intervention sanitaire ("le vaccin est le seul salut") qui était manifestement erroné et contre-productif.

Le camp opposé à ce groupe est représenté par tous ceux qui ont fait et font encore confiance aux enseignements des médias grand public et aux rapports des autorités scientifiques nationales, malgré les contradictions massives qu'elles ont rencontrées.

Pour des raisons évidentes, le nombre de "dissidents cognitifs" est une infime minorité: comme toute étude approfondie demande du temps et des compétences, ceux qui se fient aux voix officielles sont structurellement majoritaires, et cela, depuis toujours.

Cette lecture "cognitive", bien que cruciale d'un point de vue argumentatif, ne rend que partiellement compte de la nature de l'affrontement actuel.

La deuxième ligne de fracture devient explicite de nos jours.

2) Les antécédents

Sur la protestation "cognitive" contre les raisons de l'institution du "Pass Vert", s'est greffée une protestation sociale, liée à une dynamique claire, bien que non exprimée jusqu'à présent. Pour le comprendre, il est nécessaire de revenir sur l'évolution de la situation depuis le début de la pandémie. L'Italie, comme d'autres pays européens, mais dans un état plus critique que les autres, n'était jamais vraiment sortie des conséquences de la crise financière déclenchée par les prêts hypothécaires à risque. Le pays, déjà épuisé, avec des taux élevés de chômage et de sous-emploi, et des services publics en constante rétraction, à commencer par le système de santé, s'est retrouvé bloqué de force par un autre "coup du sort".

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L'incapacité des autorités à contrôler la propagation d'un nouveau virus et à en retracer les foyers, l'absence d'un plan d'urgence pandémique actualisé, la pathétique sous-estimation initiale de la situation (qui ne se souvient pas des campagnes de Zingaretti et Sala: "Milan ne s'arrêtera pas !"), avaient ouvert la boîte de Pandore d'une épidémie hors de contrôle, qui a eu un impact sérieux sur la fonctionnalité du système hospitalier, déjà en difficulté. La réponse a été un très long verrouillage/confinement national, qui a affecté de façon dramatique une économie réelle déjà en difficulté. Les "reliefs" ne couvraient que très partiellement les dégâts.

Après l'accalmie de l'été, au cours duquel le gouvernement s'est distingué par l'inanité de ses interventions (on se souvient tous de l'embarrassante rengaine des "bureaux roulants"), l'automne a ramené la crise sanitaire, plus forte qu'avant, avec cette fois-ci un confinement moins général, vu l'insoutenabilité évidente d'un confinement comme le premier. Pendant toute cette période, le secteur de la santé, qui avait le plus besoin d'un renforcement et d'une restructuration radicaux, est resté essentiellement paralysé. Il s'occupait exclusivement de la phase terminale de la maladie, cherchant à étendre les soins intensifs, et ignorant toute tentative sérieuse d'intervention précoce pour éviter d'entrer en soins intensifs. Pratiquement toutes les étapes fondamentales de la reconnaissance et du traitement de la maladie, de l'examen moléculaire du patient 1 aux autopsies qui ont révélé la dynamique thrombotique de l'affection, ont été franchies par des initiatives personnelles qui allaient à l'encontre des indications des protocoles officiels.

En termes économiques, cette situation a donné lieu à deux grands blocs de "perdants". Ceux qui ont continué à travailler, peut-être dans des secteurs considérés comme stratégiques, et qui l'ont fait dans des conditions de plus en plus difficiles, souvent sans protection sanitaire digne de ce nom, et puis ceux qui n'ont même pas pu travailler, perdant ainsi leurs principales sources de revenus.

Cette compression des conditions de travail et de rémunération avait pris le relais d'une situation déjà compromise par les années précédentes et aspirait à rétablir des conditions acceptables. L'urgence pandémique a non seulement réduit au silence toute aspiration à relever la tête, mais a poussé dans la boue nombre de ceux qui étaient restés à flot pendant les années de la crise financière. En Italie, cela s'est traduit par un résultat électoral déstabilisant jugé "anti-système", tandis que dans les pays voisins comme la France, le mouvement de protestation des "gilets jaunes" avait mis le gouvernement Macron au pied du mur. L'urgence pandémique a mis fin à tout cela, à toutes les rébellions et revendications sociales.

Pendant dix-huit mois, malgré la détérioration dramatique des conditions de vie d'une grande partie de la population, toute contestation sociale a été stérilisée à la racine par le caractère extraordinaire et d'urgence de la pandémie. Il y avait "bien d'autres choses" dont il fallait s'occuper.

Bien entendu, il n'est pas nécessaire de croire que la pandémie a été "créée avec art" pour obtenir des résultats si agréables aux grandes entreprises. En fait, la capacité à reconnaître le profil de ces états d'urgence et à les utiliser à son avantage est depuis longtemps une composante distinctive de la "gouvernance capitaliste". Le fond reste cependant le suivant: la condition d'urgence a permis aux secteurs les plus dématérialisés de l'économie, à commencer par la finance, de se maintenir en selle en améliorant leur position comparative, tandis que ceux qui vivaient de leur travail se sont retrouvés de plus en plus dépossédés, impuissants, limités dans leurs options et leurs conditions, alors qu'au nom de l'urgence aucune contestation n'était possible.

3) La Parousie du "pass vert"

Dans ce contexte, dans ce qui semblait être une phase de déclin de la pression pandémique, la proposition du "Pass Vert" est venue de nulle part. Rappelons que le GP italien a été proposé à une époque où les hôpitaux étaient vides et où 57% de la population s'était déjà spontanément vaccinée. Le geste implicite dans la mise en place du GP est donc celui d'anticiper une éventuelle nouvelle crise.

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Le problème, cependant, est qu'une telle stratégie crée en même temps les conditions d'une crise, en faisant passer le faux message que la vaccination préserve soi-même et les autres, et que la vaccination seule est la seule solution (tout en maintenant de force le système de santé publique sans protection). Au lieu de chercher la voie du bon sens d'une approche plurielle, axée sur différentes stratégies d'endiguement, le GP a servi à envoyer un message sans ambiguïté: le vaccin est la seule voie de salut national, et ceux qui s'y soustraient sont des déserteurs.

Le GP devient ainsi un moyen de prolonger et d'entretenir l'esprit d'urgence, le sentiment de menace naissante, et en même temps un moyen de soumettre volontairement la population à un moyen de contrôle et d'évaluation de sa propre conduite (une sorte de citoyenneté conditionnelle de bonne conduite).

En substance, le GP fonctionne comme un pont vers une extension du contrôle social, comme une garantie que toute protestation sociale éventuelle pourra être maintenue enchaînée à l'avenir. Après tout, seuls ceux qui se conforment peuvent aller travailler. En ne tenant pas compte de cette exigence, les esprits les plus critiques, les plus méfiants, les plus indépendants et les plus combatifs ont tendance à se dénoncer eux-mêmes. Le monde social se déploie sous nos yeux en créant les clivages orthodoxe/hétérodoxe, insider/outsider.

Beaucoup ont fait valoir que le GP est une mesure temporaire, visant à atteindre un objectif spécifique. Cet argument aurait été plus convaincant si quelqu'un avait mis noir sur blanc les conditions exactes dans lesquelles nous pouvons retirer cet instrument. Face à l'idée d'un instrument pour un objectif spécifique, la question qui doit être posée est la suivante: quel objectif ? Peut-être la "défaite du virus" ? Mais si c'est le cas, tout ce que nous savons nous indique que le virus restera endémique, et qu'il n'y aura donc jamais de jour où nous célébrerons l'extinction du virus. Et l'on peut toujours faire jouer un virus en circulation, avec un système de santé fugitif, comme une menace latente, contre laquelle la population est appelée à prouver sa fiabilité, peut-être en se soumettant à des conditionnalités supplémentaires. Sera-ce la troisième dose du "vaccin"? Ou peut-être la quatrième dose d'un vaccin "actualisé"? Et pourquoi faudrait-il arrêter les inoculations?

La vérité est que la seule véritable raison pour laquelle le GP pourrait rester une mesure temporaire est que (et tant que) il y a un défi important à relever, un défi qui crée un coût économique et politique pour le maintenir. Le jour où tout le monde décidera, pour le bien de la paix et de la tranquillité, de l'accepter ("Après tout, où est le mal ? Allez, c'est un outil utile !"), une autoroute sera ouverte à la possibilité d'étendre ses fonctions (pour le bien de tous, bien sûr).

4) Perceptions émancipatrices et perceptions réactionnaires

Eh bien, je crois qu'une partie importante de la population, bien plus importante que les "dissidents cognitifs", perçoit ce dessein; elle ne le voit pas clairement, mais le perçoit sous une forme indistincte, mais cela suffit à l'inquiéter. Beaucoup de citoyens qui ont été pressés par les crises, et dont les plaintes ont été réduites au silence par le caractère continuellement "d'urgence" des situations, comprennent que se soumettre à un instrument qui sépare ceux qui sont "dedans" et ceux qui sont "dehors" avec des raisons essentiellement arbitraires est l'arme ultime pour briser le dos de toute résistance. Après tout, pour faire grève, il faut être en service, il faut travailler, mais celui qui n'adhère pas aux directives centrales, aussi arbitraires soient-elles, ne peut être en service, ne peut travailler. Le problème des dissidents, des "cocardiers", peut ainsi être tenu à distance en amont.

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Une partie essentielle de la population est en train de se rendre compte que l'enjeu est bien plus important, qu'après des mois d'indifférence à son égard, cette envie soudaine d'atteindre une "sécurité sanitaire absolue" est un acte instrumental. C'est surtout se rendre compte que près de deux ans après son apparition, avec plusieurs armes désormais disponibles contre ce virus, continuer à agir comme si le Covid-19 était le seul problème au monde, auquel tous les autres doivent être subordonnés et réduits au silence, est tout simplement une manipulation flagrante.

Mais attention, même ici, il est important de regarder l'autre côté en face. Ici, elle se compose de deux groupes distincts.

Le premier groupe est représenté par la partie de la population qui, soit par peur physique, soit par intérêt économique, est fixée sur un seul désir: que tout redevienne comme avant, coûte que coûte. La peur, qu'elle soit physique ou économique, qui s'est installée ces derniers mois a généré une impulsion qui aveugle et fait taire toute autre demande. L'attitude de base de cette (très grande) partie de la population peut se résumer à quelque chose comme : "Arrêtez de me casser les couilles, faites ce qui doit être fait, inclinez-vous si vous devez vous incliner, inoculez-vous si vous devez vous inoculer, parce que je ne veux pas revivre cette frayeur !".

Cette attitude, bien que psychologiquement compréhensible, est extrêmement dangereuse, comme l'ont toujours été les "grandes peurs" dans l'histoire, car une fois que quelque chose est érigé en une sorte d'"absolu négatif", on est prêt à piétiner n'importe qui, à écraser tout ce qui nous est présenté comme "favorisant" cet absolu négatif. Ici aussi, la peur crée des conditions particulières d'abaissement des défenses critiques et donc d'obturation pure et simple.

À côté de ce groupe, il en existe un second, petit mais très influent, représenté par ceux qui sont toujours sortis en selle, voire en position d'avantage, des crises passées et qui nourrissent sciemment tout type d'initiative pouvant garantir le maintien du statu quo, toute législation garantissant la disparition du conflit, la "paix sociale". Même dans un cimetière.

mardi, 12 octobre 2021

Le transatlantisme numérique

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Le transatlantisme numérique

Ex: https://katehon.com/ru/article/cifrovoy-transatlantizm

L'UE et les États-Unis élaborent actuellement des approches communes en matière de commerce électronique et de technologies similaires. Pour l'instant, il y a un conflit d'intérêts, mais Washington veut promouvoir ses entreprises sur le marché européen.

Le 15 décembre 2020, la Commission européenne a présenté la loi sur les marchés numériques ("Digital Market Act", DMA). Proposé parallèlement à la loi sur les services numériques ("Digital Services Act", DSA), ce train de mesures visait à modifier les modèles commerciaux de manière à ce qu'ils soient susceptibles d'empêcher les géants américains de la technologie d'accéder au marché européen, à savoir Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft (GAFAM).

La DMA est une continuation historique de la politique de concurrence ex ante qui complétera le cadre juridique existant de l'Union européenne pour la réglementation de la concurrence basée sur des preuves au cas par cas. La DMA part de deux hypothèses : la politique de concurrence actuelle n'a pas permis d'obtenir le résultat souhaité, à savoir une position dominante de la taille, de la portée et du rôle nécessaires, dans le comportement perçu comme dominant des grandes entreprises américaines en ligne ; et la discipline des pratiques commerciales des grandes plateformes technologiques américaines est nécessaire pour que l'Europe améliore ses performances dans l'espace numérique. De nombreux politiciens et le monde des affaires aux États-Unis considèrent cette proposition comme une attaque directe contre les entreprises américaines qui seraient trop grandes - et trop prospères en Europe. D'un autre côté, la Commission européenne semble convaincue qu'une nouvelle structure réglementaire provisoire dans le cadre de la DMA créerait des possibilités pour les entreprises technologiques européennes de se développer et de devenir plus compétitives au niveau mondial - un point de vue que la Commission énonce sur un ton catégorique, mais qui semble peu probable.

La déconnexion réglementaire des géants technologiques américains via la DMA pourrait avoir des conséquences inattendues pour les entreprises et les consommateurs européens, ainsi que pour la position stratégique de l'Europe vis-à-vis de la concurrence chinoise à l'avenir. C'est du moins ce que pensent les experts américains. Et ils utiliseront la "menace chinoise" (russe, iranienne, etc.) comme un épouvantail pour prendre pied sur le marché européen.

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Telle qu'elle est proposée, la DMA modifierait le système de droit européen de la concurrence au profit des fonctionnaires européens et des concurrents chinois subventionnés. Les responsables européens ont défendu la DMA comme un outil permettant d'atteindre la souveraineté technologique dans l'Union européenne, et ils ont ouvertement identifié les plates-formes technologiques américaines à succès comme les cibles visées par la DMA. Au contraire, ces règles devraient être examinées et révisées si nécessaire pour s'assurer qu'elles ne constituent pas des mesures discriminatoires et injustes de protectionnisme industriel qui, si elles étaient adoptées, pourraient violer les obligations commerciales de l'Europe au sein de l'Organisation mondiale du commerce.

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En tant que rapporteur désigné par le Parlement européen pour la DMA et coordinateur du Parti populaire européen à Bruxelles, le député européen (MPE) Andreas Schwab (photo) dirige l'élaboration de la position du Parlement européen sur la législation proposée. Schwab a appelé à plusieurs reprises à la nécessité de limiter le champ d'application de la DMA aux entreprises non européennes. En mai 2021, Schwab a déclaré: "Concentrons-nous d'abord sur les plus gros problèmes, les plus gros goulets d'étranglement. Faisons un, deux, trois, quatre, cinq - et peut-être six avec Alibaba. Mais ne commençons pas par le numéro sept pour inclure un gardien européen juste pour faire plaisir [au président américain Joe] Biden". Le rapport Schwab, publié en juin, a réduit le champ d'application initial de la DMA et augmenté les seuils, ce qui signifie que la DMA ne s'appliquerait pas aux entreprises non américaines, telles que celles dont le siège est en Europe Booking.com. Les États-Unis ont déclaré que ce "ciblage discriminatoire des entreprises américaines, en violation des engagements pris par l'Europe dans le cadre de l'OMC, remet en question l'engagement global de l'Europe en faveur des règles du système commercial multilatéral telles qu'elles s'appliquent aux plateformes technologiques, aux services numériques et à l'économie numérique".

Une méthode plus équilibrée a été adoptée par Dita Charanza, vice-présidente du Parlement européen, qui a appelé à une approche transatlantique commune de la réglementation numérique pour contrer la Chine, en déclarant : "Nous devons dire la vérité : ces propositions [DMA et DSA] visent les entreprises américaines. Ces entreprises sont à la fois aimées et détestées, mais personne ne peut nier qu'elles sont vitales pour l'économie européenne."

La création du Conseil du commerce et de la technologie UE-États-Unis (TTC), annoncée lors du sommet États-Unis-UE du 15 juin 2021 dans le but de mener "une transformation numérique [de l'Europe] fondée sur la valeur", selon un communiqué de presse de la Commission européenne, devrait être un lieu central pour travailler sur de nombreuses questions soulevées dans le document. Selon la déclaration du sommet bilatéral, les principaux objectifs de la CTT sont notamment de "trouver un terrain d'entente et de renforcer la coopération mondiale en matière de technologie, de technologies numériques et de chaînes d'approvisionnement" et de "promouvoir la coopération et, si possible, la convergence des politiques de réglementation et d'application". La TTC est coprésidée par la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, la secrétaire américaine au commerce, Gina Raimondo, et la représentante américaine au commerce, Catherine Tigh. L'un des principaux objectifs du CTT est de "promouvoir la coopération en matière de politique réglementaire et de mise en œuvre et d'encourager l'innovation et le leadership des entreprises européennes et américaines".

Il y aura 10 groupes de travail dirigés par les départements, services et agences concernés, notamment : la coopération sur les normes technologiques (intelligence artificielle et Internet des objets, entre autres technologies émergentes) ; le climat et les technologies vertes ; la gestion des données et les plateformes technologiques ; l'abus des technologies qui menacent la sécurité et les droits de l'homme ; la vérification des investissements ; la promotion de l'accès et de l'utilisation des technologies numériques. En parallèle, il y aura un dialogue conjoint sur la politique de concurrence en matière de technologie, qui "se concentrera sur les approches de la politique de concurrence et de son application ainsi que sur le renforcement de la coopération dans le secteur de la technologie".

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Bien que l'organisation et les sujets qui seront abordés par les groupes de travail de la CTT et le dialogue sur la concurrence soient encore préliminaires, la question des plateformes en ligne est susceptible d'être incluse dans les discussions de tous les différents groupes de travail. Il sera important que les fonctionnaires discutent des implications politiques des règles des plateformes telles que la DMA dans tous les groupes de travail concernés. Par exemple, le groupe de travail sur la facilitation de l'accès et de l'utilisation du numérique est susceptible de tenir des discussions sur le rôle des grandes plateformes dans le soutien et la restriction de l'accès aux outils numériques pour les PME.

Lors du sommet États-Unis/Union européenne, l'administration Biden a soutenu l'objectif de l'Union européenne de mettre en place une TTC bilatérale, dont les objectifs sont ambitieux. La complexité de l'économie numérique transatlantique, en constante évolution, et les résultats relativement faibles de l'Europe en matière de formation des leaders technologiques mondiaux à ce jour rendent pertinents des progrès concrets en matière de coopération et de partenariat transatlantiques sur l'économie numérique. En lançant le TTC, les États-Unis et l'Union européenne se sont engagés à coordonner leurs efforts pour relever les défis économiques communs, notamment les "pratiques économiques coercitives" de la Chine. La secrétaire américaine au commerce, Mme Raimondo, a souligné l'importance d'une plus grande coordination dans la zone DMA. Les réunions du secteur privé organisées en marge du sommet ont souligné l'importance de la coopération commerciale, notamment en matière de flux de données et de politique de concurrence.

La proposition de la DMA fait partie d'une série d'initiatives que l'Union européenne poursuit pour renforcer sa position de pionnier en matière de normes et de définition de l'agenda de la réglementation technologique mondiale. Nous ne pouvons ignorer le fait que de nombreux Européens considèrent le paquet DMA comme faisant partie intégrante des ambitions de l'Union européenne en matière de "souveraineté technologique" européenne, l'objectif global étant d'établir des systèmes indépendants et autonomes dans un large éventail de domaines, mais surtout dans le secteur numérique.

Comme le président français Macron a décrit ses intentions, "si nous voulons atteindre la souveraineté technologique, nous devrons adapter notre droit de la concurrence, qui a peut-être été trop exclusivement axé sur le consommateur et pas assez sur la protection des champions européens". Et ces sentiments peuvent être en contradiction avec les objectifs de coopération plus ambitieux de la TTC. Le fait que l'Europe ait réussi à assumer le rôle de législateur mondial des normes de protection de la vie privée dans le cadre du GDPR a donné de la force à Bruxelles qui cherche à contrôler davantage les pratiques commerciales des entreprises américaines prospères.

La politique de concurrence - en ce qui concerne les plates-formes numériques - faisant l'objet d'un examen des deux côtés de l'Atlantique, les États-Unis estiment qu'il existe une opportunité unique de coopération réelle. Elle estime qu'un élément clé du TTC devrait être des améliorations concertées dans la proposition de DMA pour garantir que les engagements multilatéraux clés sur la transparence, la procédure régulière, le traitement national et la non-discrimination inscrits dans l'OMC continuent d'être respectés par les régulateurs européens dans l'espace numérique.

Étant donné que les États-Unis ont l'habitude de mener des guerres par d'autres moyens, il est probable qu'ils seront en mesure d'aplanir les conflits d'intérêts existants autour des géants américains de l'informatique.

lundi, 11 octobre 2021

L'Alliance turco-libyenne, un défi pour la sécurité de l'Italie et de l'Europe

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L'Alliance turco-libyenne, un défi pour la sécurité de l'Italie et de l'Europe

par Alessandro Sansoni

SOURCE : https://www.lavocedelpatriota.it/lalleanza-turco-libica-una-sfida-alla-sicurezza-dellitalia-e-delleuropa/

L'évolution du cadre politique libyen risque de faire de l'Italie (et de l'Union européenne) l'otage des jeux de pouvoir à Tripoli. Le pays d'Afrique du Nord est en proie à une nouvelle crise politique, dont l'issue pourrait encore renforcer l'influence turque, et Ankara a déjà démontré sa capacité à tenir l'Europe en échec avec la menace de lâcher des migrants. Cette situation pourrait bientôt être aggravée par une crise énergétique.

La Libye à nouveau en proie au chaos (politique) : le gouvernement d'unité nationale contesté

À l'heure actuelle, en Libye, malgré les récentes négociations épuisantes, aucun accord réel n'a encore été conclu entre les factions belligérantes et les institutions qui les représentent. Début 2021, les autorités de Tripoli (le gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez al-Sarraj) et le Parlement de Tobrouk (présidé par Abdullah al-Thani et soutenu par le général Khalifa Haftar) avaient officiellement remis le pouvoir à une institution intérimaire, le gouvernement d'unité nationale (GUN), créée dans le but d'organiser enfin les élections tant attendues. Abdul Hamid Dbeibeh est élu Premier ministre du GUN, tandis que Mohammed al-Manfi se voit confier la direction du Conseil présidentiel.

Malheureusement, malgré ce qui a été convenu à Genève, le Forum pour le dialogue politique libyen, promu par les Nations unies, n'a pas réussi à obtenir des résultats significatifs et à stabiliser le pays. Le choix d'une ville suisse, et non libyenne, pour mener les négociations et la forte intervention de puissances étrangères dans les négociations avaient dès le départ mis à rude épreuve la légitimité du nouveau gouvernement.

En théorie, les élections parlementaires et présidentielles devaient se tenir en décembre, mais la confrontation politique entre les différentes factions s'est intensifiée au fil des mois, tandis qu'un climat général de méfiance entoure le gouvernement intérimaire. En conséquence, les élections, prévues pour le 24 décembre, ont déjà été reportées à janvier.

Le 21 septembre, la Chambre des représentants, la plus haute instance législative de Libye, présidée par Aguila Saleh, a contesté le gouvernement de Dbeibeh. Abdullah Bliheg, porte-parole de la Chambre des représentants, a déclaré que 89 des 113 députés présents ont voté en faveur de la motion de censure contre le gouvernement d'unité nationale lors d'une session à huis clos, en présence de Saleh et de ses deux députés.

Le Parlement a notamment justifié le vote de défiance en accusant le GNU d'effectuer des opérations financières douteuses et de conclure des contrats qui entraînent une augmentation considérable de la dette publique au point de mettre en danger la souveraineté même du pays. Les députés ont accusé les membres du gouvernement de détournement de fonds et de préjudice fiscal et d'avoir dépassé les limites de leur mandat.

Le président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, a souligné que l'exécutif dépensait des sommes importantes, alors que le budget n'a pas encore été approuvé. Selon ses calculs, le Premier ministre Dbeibeh a déjà dépensé entre 40 et 50 milliards de dinars.

En outre, la loi électorale présidentielle approuvée par le Parlement de Tobrouk a été rejetée par le Haut Conseil d'État, qui siège à Tripoli. En fait, le pays continue d'être divisé entre l'est et l'ouest, de sorte que si la Cyrénaïque, toujours sous le contrôle de l'Armée nationale libyenne de Khalifa Haftar, se prépare à organiser des élections selon ses propres règles, la Tripolitaine, toujours aux mains de divers groupes militaires, dont certains sont clairement islamistes, se prépare à faire de même. Même les candidatures officielles proposées à l'organisme électoral sont différentes et, en fait, la partie occidentale a déclaré Haftar inéligible.

Le contraste entre les différentes institutions libyennes et les dépenses financières douteuses du GUN alimentent la confusion, entravent la préparation des élections et compliquent les relations économiques et politiques avec l'Italie. La tension est désormais si forte que la possibilité d'un retour à la confrontation militaire et d'une nouvelle vague de migrants vers l'Europe qui en résulterait se concrétise de plus en plus.

Une Libye pro-turque

Un autre facteur de déstabilisation de la Libye est l'influence croissante de la Turquie dans les sphères politiques et militaires.

L'un des objectifs déclarés du Forum inter-libyen était le retrait des troupes étrangères du pays avant les élections. Ces derniers jours (6-8 octobre), le "Comité militaire conjoint 5+5", qui comprend des délégués des deux parties belligérantes, s'est réuni à Genève pour discuter de cette question : une clause de l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020 prévoyait le retrait des combattants étrangers dans un délai de 90 jours, mais il en reste environ 20.000 dans le pays.

D'autre part, malgré les engagements officiels pris par tous les principaux acteurs étrangers présents en Libye, le ministère turc de la défense a officiellement annoncé qu'il continuerait à coopérer militairement avec le gouvernement. De cette manière, Ankara sape le processus de paix et met concrètement en danger la consultation électorale.

En novembre 2019, le gouvernement d'entente nationale (GNA) d'al-Sarraj, alors en place, avait signé deux protocoles d'accord sur la coopération sécuritaire et militaire avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, en vertu desquels Ankara a pu justifier le renforcement de sa présence dans l'État nord-africain.

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Il est intéressant de noter que la coopération avec la Turquie a été favorisée par le passé, et est actuellement poursuivie, par les institutions les plus fortement influencées par les Frères musulmans de par leur composition : à l'époque le GNA, aujourd'hui le GUN et le Haut Conseil d'État de Libye, clairement en faveur de l'osmanisation du pays.

Ce n'est pas un hasard si le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a récemment affirmé que l'accord avec la Libye avait été conclu à la demande explicite du précédent gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez al-Sarraj, raison pour laquelle la Turquie a l'intention de rester dans le pays.

Deux jours avant de faire cette déclaration, Çavuşoğlu avait accueilli à Ankara Khalid Almishri, président du Haut Conseil d'État libyen, un organe qui joue un rôle consultatif.

Almishri, de son propre aveu, représente les Frères musulmans au sein du Haut Conseil. En mai 2018, lors d'une interview avec la chaîne française arabophone France-24, il a explicitement déclaré qu'il était membre des Frères musulmans, qui sont classés comme organisation terroriste par plusieurs pays.

Le point est délicat. En pratique, l'une des plus hautes autorités libyennes serait officiellement un djihadiste à part entière. En tout cas, Almishri est parmi ceux qui ont le plus encouragé l'intervention turque en Libye.

En l'état actuel des choses, la présence des forces turques viole les dispositions des Nations unies et la feuille de route pour une solution pacifique au conflit libyen et est, en principe, incompatible avec les dispositions générales en matière de sécurité.

Cependant, la question est encore plus grave. La présence turque représente un grave danger. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, plusieurs milliers de mercenaires syriens sont encore stationnés dans les bases turques en Libye. Il y a quelques jours à peine, un groupe de 90 combattants appartenant à des groupes liés à la Turquie et opérant à Afrin, dans la zone contrôlée par Ankara, a été envoyé en Tripolitaine, pour être rejoint par un groupe de même taille retournant en Syrie.

Si, par une quelconque hypothèse, qui semble aujourd'hui franchement improbable, les factions et institutions opposées à l'est et à l'ouest du pays parvenaient à une sorte d'accord, formalisant une liste unique de candidats à la présidence et organisant des élections ensemble, avec un résultat accepté par tous, le vainqueur aurait les mains et les pieds liés à la Turquie, dont les troupes resteraient dans le pays. Même Haftar devrait s'entendre avec les Turcs pour gouverner l'ensemble du territoire et pas seulement la partie orientale.

Dans un tel cadre, le prochain gouvernement libyen sera nécessairement pro-turc. Il sera également pro-turc même si les élections n'ont pas lieu et que l'expérience du GUN reconnu internationalement se poursuit.

La crise migratoire

La Turquie a longtemps persisté dans ses attitudes provocatrices, faisant du chantage à l'Union européenne par le biais de la gestion des flux migratoires. Un comportement évident sur la route des Balkans, qu'Ankara répète également en Méditerranée centrale depuis qu'elle a intensifié sa présence en Libye.

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Selon le Viminale, au cours des quatre premiers jours d'octobre seulement, 1430 migrants sont arrivés en Italie. En 2021, il y a eu 47.750 arrivées, soit environ le double des 24.333 arrivées de 2020. Par rapport à 2019, les débarquements ont été multipliés par six.

Ces chiffres sont appelés à augmenter en raison de la crise politique, économique et sociale qui touche non seulement la Libye, mais aussi la Tunisie, et qui pousse les gens à émigrer, encourageant ainsi la traite des êtres humains.

De même, le nombre de naufrages et de victimes est appelé à augmenter.

Il y a quelques jours, à Lampedusa, on comptait plus d'un millier de migrants illégaux dans un hotspot qui ne peut en accueillir que 250, après le débarquement record de 686 personnes en provenance de Libye sur un bateau de pêche de 15 mètres.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 25.200 personnes ont été interceptées en Méditerranée centrale cette année, soit deux fois plus que l'année dernière.

Dans un contexte qui risque de devenir complètement incontrôlable, l'insuffisance de l'action de la ministre de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, qui a vu une augmentation anormale des débarquements depuis sa prise de fonction, est encore plus grave.

La question de l'énergie

Comme on le sait, la Libye est le principal fournisseur d'énergie de l'Italie (gaz et pétrole). ENI opère dans tout le pays d'Afrique du Nord et est l'acteur le plus important de l'industrie énergétique libyenne. Si Tripoli devait accroître sa dépendance politique vis-à-vis d'Ankara, le flux d'hydrocarbures entre les deux rives de la Méditerranée pourrait devenir une arme supplémentaire de chantage entre les mains de la Turquie.

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La même alternative représentée par le gazoduc transadriatique (TAP), dont le terminal des Pouilles est en service depuis un an et qui a déjà fourni à l'Italie et à l'Europe du Sud les 5 premiers milliards de mètres cubes de gaz naturel en provenance d'Azerbaïdjan, traverse toute l'Anatolie. Étant donné que Bakou est un proche allié d'Ankara, nous pouvons affirmer sans risque qu'une partie substantielle des sources d'énergie de l'Italie passe sous contrôle turc.

L'augmentation vertigineuse des prix des produits énergétiques au cours des dernières semaines rend le scénario encore plus inquiétant. Que se passerait-il si, de façon absurde, cet hiver, Erdogan menaçait l'Italie et l'UE, pour quelque raison que ce soit, de couper les approvisionnements en gaz ?

Et l'Italie ?

La résolution de la crise libyenne est d'un intérêt stratégique vital pour l'Italie.

Premièrement, les hostilités représentent un facteur de grave incertitude pour les intérêts économiques et énergétiques italiens en Libye.

Deuxièmement, la pacification de la Libye et un gouvernement solide et légitime sont indispensables à la gestion des flux migratoires.

Troisièmement, et enfin, la perte d'influence en Libye compromet le rôle géopolitique de l'Italie en Méditerranée, que l'orientation néo-ottomane de l'expansionnisme turc tend à supplanter, subvertissant le poids stratégique des deux pays.

Le temps est venu pour l'Italie de reconnaître la Turquie comme son concurrent le plus dangereux et non comme un allié potentiel à ménager.

En attendant, les relations entre Rome et Tripoli se poursuivent par des canaux parallèles plus ou moins productifs. Dans certains cas, elles laissent franchement perplexe.

Compte tenu du passé récent et des rebuffades que Paris subit depuis quelques mois en Afrique, les initiatives en tandem avec la France ne sont pas très efficaces. Ces derniers jours, le Premier ministre Mario Draghi et le président français Emmanuel Macron se sont rencontrés en marge du sommet européen de Brno, en Slovénie, et ont discuté de la situation en Libye.

A l'issue de la réunion, le gouvernement italien a publié une déclaration réitérant la "coordination étroite" entre l'Italie, la France et l'Allemagne pour la tenue d'une conférence sur la crise libyenne le 12 novembre à Paris. Le sommet a été décidé par Macron qui, cette fois-ci, contrairement au passé, a au moins pensé à consulter Rome avant de procéder à la convocation.

Quelques semaines auparavant, le ministre Lamorgese avait rencontré le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdullah al-Lafi, pour discuter de la manière de développer la coopération et la coordination entre l'Italie et la Libye sur le dossier des migrants, mais sans grand résultat.

La rencontre à Tripoli entre Almishri, l'ambassadeur italien Giuseppe Buccino et l'envoyé spécial de la Farnesina pour la Libye, Nicola Orlando, qui a confirmé la volonté de maintenir un interlocuteur avec les Frères musulmans, a laissé perplexe.

Enfin, une rencontre bilatérale a eu lieu en septembre entre le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti et le vice-président du Conseil présidentiel libyen Al-Lafi, en visite à Rome, au cours de laquelle les deux hommes ont abordé les questions liées à la coopération économique et industrielle, à commencer par les infrastructures et l'énergie. M. Giorgetti a souligné que l'Italie s'est engagée à promouvoir le processus de stabilisation et de réconciliation nationale en Libye et le redressement économique du pays, dans lequel les entreprises italiennes ont toujours joué un rôle de premier plan. Dans ce cas, la confrontation sur des questions concrètes et pragmatiques pourrait avoir des effets positifs.

Conclusions

Ces derniers jours, de nombreux commentateurs autorisés ont insisté sur la thèse selon laquelle l'Italie, grâce à la stature internationale de Mario Draghi et compte tenu des difficultés françaises et de la vacance du pouvoir dans l'Allemagne post-Merkel, pourrait être le grand protagoniste de la relance de l'Alliance transatlantique, qui est en crise évidente après le retrait d'Afghanistan et le lourd manque de respect diplomatique américain à l'égard de Paris à l'occasion de la fourniture de sous-marins à l'Australie. Le provincialisme de certains experts est déconcertant, d'autant plus qu'il ne semble pas être lié uniquement à des attitudes propagandistes en faveur de l'exécutif actuel, mais le résultat d'une véritable conviction. C'est un symptôme du manque de culture stratégique qui traverse les classes dirigeantes et l'opinion publique italiennes, qui oscillent craintivement entre la sous-estimation et la surestimation du potentiel de l'Italie. Il est vrai que l'Italie est un grand pays, mais elle devrait apprendre à concentrer ses efforts - et l'autorité (éventuelle) de l'actuel Premier ministre - pour qu'ils soient rentables, dans le scénario dans lequel elle joue effectivement un rôle et sur les pays étrangers voisins : la Méditerranée et l'Afrique du Nord. Ici, la Turquie est désormais un problème évident, et une confrontation étroite avec elle est nécessaire sur tous les fronts. C'est une folie que l'UE continue à financer Ankara, cédant à son chantage, pour pouvoir ensuite armer illégalement la situation déjà difficile en Libye.

Concentrons-nous sur ce point, l'Atlantique est loin.....

Alessandro Sansoni.

dimanche, 10 octobre 2021

Varsovie défie Bruxelles : Le droit européen ne prime pas sur le droit national

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Varsovie défie Bruxelles : Le droit européen ne prime pas sur le droit national

Varsovie/Bruxelles. Le différend entre la Pologne et l'UE passe à la vitesse supérieure. Cette fois, c'est particulièrement grave, car la Cour suprême du pays s'est prononcée et a annoncé une décision capitale qui avait été longtemps reportée : elle a déclaré jeudi que les traités de l'UE étaient en partie inconstitutionnels. La présidente du tribunal, Julia Przylebska (photo), a accusé les institutions européennes de s'ingérer illégalement dans les affaires intérieures de la Pologne.

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La juge a énuméré toute une série d'articles des traités de l'UE qui n'étaient pas compatibles avec la constitution polonaise. Avec leur action contre Varsovie, les institutions européennes ont outrepassé leurs compétences.

Le tribunal a ainsi suivi l'avis du chef du gouvernement Mateusz Morawiecki, qui avait engagé la procédure et demandé aux juges de se prononcer sur la question de savoir si la constitution polonaise primait sur le droit européen. L'affaire a été déclenchée par des décisions de l'instance judiciaire de l'UE à Luxembourg contre les réformes judiciaires polonaises.

Bruxelles accuse le gouvernement de Varsovie de porter atteinte à l'indépendance des tribunaux et à la séparation des pouvoirs, et a donc intenté une série d'actions au Luxembourg. Le gouvernement polonais ne s'est pas non plus conformé aux ordres répétés de la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) de suspendre la réforme judiciaire. La Cour constitutionnelle a maintenant soutenu le gouvernement. Le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a salué la décision de la juge.

Selon les observateurs, la décision de Varsovie ne fera qu'accentuer les clivages déjà profonds entre Varsovie et Bruxelles et aggravera encore la situation. Car la Commission européenne a déjà condamné Varsovie, il y a quelques semaines, à des amendes quotidiennes ( !) - jusqu'à ce que le gouvernement de Varsovie se conforme aux ordres de Bruxelles. En outre, la Commission européenne refuse depuis des mois de donner son accord au versement à la Pologne de milliards de dollars provenant du fonds de reconstruction Corona de l'UE. À Varsovie, on considère cela comme du "chantage".

La consternation règne maintenant à Bruxelles. Le commissaire européen à la justice, Didier Reynders, s'est dit "préoccupé" par la décision de la Cour constitutionnelle polonaise. Bruxelles épuisera "tous les moyens" pour faire en sorte que le droit européen soit respecté en Pologne. Le principe de la primauté du droit de l'UE sur le droit national, ainsi que le caractère contraignant des décisions du système judiciaire de l'UE, sont des éléments centraux de la confédération.

Le ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn, a également trouvé des termes dramatiques : "L'arrêt détruit l'idée fondamentale de l'intégration européenne", a déclaré M. Asselborn, qui est également l'un des agitateurs les plus en vue dans le conflit permanent qui oppose l'UE à la Hongrie. La Pologne ne doit plus recevoir d'argent de l'UE. Cela ne contribuera certainement pas à détendre la situation. (mü).

Source: https://zuerst.de/2021/10/09/warschau-nimmt-den-fehdehandschuh-aus-bruessel-auf-eu-recht-steht-nicht-ueber-nationalem-recht/

Sommet UE-Balkans occidentaux

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Sommet UE-Balkans occidentaux

Bruxelles espère absorber les fragments de l'ex-Yougoslavie et l'Albanie

Le sommet UE-Balkans occidentaux, qui s'est tenu en Slovénie les 5 et 6 octobre, a réuni des responsables politiques de pays européens : membres de l'UE et ceux qui ont déclaré leur intention de rejoindre l'union. L'initiative elle-même a été lancée avec le soutien de l'Allemagne il y a plusieurs années et a fait l'objet d'un lobbying actif de la part de l'UE.

La critique du sommet doit commencer par le terme lui-même. Pourquoi parle-t-on des Balkans occidentaux? Officiellement, la Roumanie, la Grèce et la Bulgarie sont déjà membres de l'UE et de l'OTAN, il est donc prétendument nécessaire de délimiter ces pays du territoire de l'ex-Yougoslavie. D'autre part, les Balkans occidentaux comprennent la Croatie, qui a rejoint l'UE en 2013. Mais elle n'inclut pas la Slovénie, qui est une ancienne partie de la Yougoslavie. Pourquoi cette bizarrerie ? Probablement parce que des pays comme la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, l'Albanie et le Kosovo (non reconnu en Serbie et en Russie mais reconnu par de nombreux membres de l'UE), également appelés WB6, sont des constructions fragiles. Et leur fragilité est précisément fonction de l'intervention européenne, qui fait monter les tensions. Mais il est avantageux pour Bruxelles de créer un champ politique homogène à partir des pays indépendants, c'est pourquoi le processus d'européanisation a été lancé sous l'appellation de "Balkans occidentaux".

Cependant, il existe manifestement de nombreux problèmes de blocage. Euronews cite un éminent mondialiste qui exagère la situation. "Le plus grand risque est que la région s'éloigne progressivement de l'État de droit et de la liberté des médias", a déclaré Majda Ruge, du Conseil européen des relations étrangères. "Il existe un problème d'ingérence politique de certains États clés dans les affaires de leurs voisins, notamment en Serbie et en Croatie". Et le rapport se termine par le passage suivant : "Voyant que les négociations d'adhésion à l'UE pour les Balkans occidentaux sont dans l'impasse, des puissances telles que la Chine et la Russie se précipitent pour consolider leur influence dans la région et investir de l'argent pour atteindre leurs objectifs".

Si la Russie et la Chine sont des acteurs hypothétiques dans la région, la mafia albanaise, elle, pourtant, n'est pas inconnue. Il sera intéressant de voir comment le trafic de drogue et la traite des êtres humains (et des organes humains) pratiqués par les bandes criminelles albanaises se conjugueront avec l'État de droit. Cependant, les mondialistes préfèrent mettre l'accent sur d'autres problèmes: par exemple, lorsqu'ils parlent de l'État de droit, ils mentionnent l'ancien premier ministre macédonien Nikola Gruevski, qui a obtenu l'asile politique en Hongrie. Et Goran Zaev, qui a été la marionnette de George Soros pour renverser Gruevski, poursuit le démantèlement de la Macédoine, qui, sous lui, a été rebaptisée "Macédoine du Nord". Le rôle de la Hongrie, en revanche, montre qu'il peut y avoir des points de vue radicalement différents sur une même question. Alors que Zajev promeut l'agenda de Soros, Viktor Orban se bat contre tout projet de Soros en Hongrie. Et cela soulève la question suivante : l'UE peut-elle faire face à la cooptation des Balkans si l'UE elle-même se balkanise ? Le Brexit est également un bon exemple.

Au final, une déclaration a été publiée, exposant les résultats des négociations et les intentions futures. Il contient 29 points.

La première partie met l'accent sur les attitudes et les accords géopolitiques.

"L'UE réaffirme son soutien inconditionnel à la perspective européenne des Balkans occidentaux et se félicite de l'engagement des partenaires des Balkans occidentaux en faveur de la perspective européenne, qui est dans notre intérêt stratégique commun et reste notre choix stratégique commun. L'UE réaffirme son attachement au processus d'élargissement et aux décisions prises à ce sujet, sur la base de réformes crédibles des partenaires, de conditions équitables et strictes et du principe du mérite propre. Nous continuerons à intensifier notre engagement commun en faveur de la promotion du changement politique, économique et social dans la région, tout en reconnaissant les progrès réalisés dans les Balkans occidentaux. Nous rappelons également l'importance pour l'UE d'être capable de soutenir et d'approfondir son propre développement, en garantissant sa capacité à intégrer de nouveaux membres".

"Les partenaires des Balkans occidentaux réaffirment leur attachement aux valeurs et principes européens ainsi qu'aux réformes nécessaires pour leur population. L'UE se félicite de l'engagement renouvelé des partenaires des Balkans occidentaux en faveur de la primauté de la démocratie, des droits et valeurs fondamentaux et de l'État de droit, ainsi que des efforts constants déployés pour lutter contre la corruption et la criminalité organisée, soutenir la bonne gouvernance, les droits de l'homme, l'égalité entre les sexes et les droits des personnes appartenant à des minorités. La crédibilité de ces engagements dépend de la mise en œuvre effective des réformes nécessaires et de l'établissement d'un bilan solide, étayé par une communication claire et cohérente avec le public. Une société civile habilitée et des médias indépendants et pluralistes sont des composantes essentielles de tout système démocratique, et nous saluons et soutenons le rôle qu'ils jouent dans les Balkans occidentaux".

Nous constatons ici une ingérence politique manifeste de l'UE, qui impose aux pays des Balkans des techniques déjà éprouvées de multiculturalisme, de mariage homosexuel et d'autres pratiques anti-traditionnelles, acceptées en Europe occidentale.

En Europe occidentale, l'idée même des Balkans occidentaux est présentée comme une promotion de l'inclusion et de la solidarité européennes (avec toutes ses conséquences).

Mais il est douteux que les populations des Balkans occidentaux soient attachées à ces "valeurs". C'est plutôt l'inverse. Par conséquent, un argument fort de Bruxelles en faveur de l'intégration européenne était la promesse d'investissements et de subventions.

Les résultats concrets du sommet sont les suivants :

    Un plan économique et d'investissement (PEI) de 30 milliards d'euros ;
    Un engagement pour augmenter la vaccination contre le COVID-19 ;
    Une voie pour réduire les coûts d'itinérance ;
    Programme innovant pour les Balkans occidentaux ;
    "Green Lanes" et le plan d'action communautaire pour les transports.

L'UE s'efforcera de tirer parti de ce succès et de poursuivre les initiatives pro-européennes, tant au niveau bilatéral qu'à travers la plate-forme du sommet. Bien que de nombreuses initiatives européennes aient échoué dans les Balkans, on ne peut diminuer le sérieux des intentions et des capacités de Bruxelles à ce stade. Étant donné que le Monténégro et la Macédoine du Nord sont déjà dans l'OTAN.

La rêverie impériale de Bernard-Henri Lévy : une reconnaissance implicite de la multipolarité ?

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La rêverie impériale de Bernard-Henri Lévy: une reconnaissance implicite de la multipolarité?

Alexander Bovdunov

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/imperskie-gryozy-bernara-anri-levi-priznanie-fakta-mnogopolyarnosti

Le philosophe mondialiste Bernard-Henri Lévy rapporte que le président de la République française et son homologue italien annonceront dans les prochaines semaines un "pacte du Quirinal", qui serait calqué sur le traité de l'Élysée, lequel fixe le cadre des relations franco-allemandes. Le pacte entre l'Italie et la France est évoqué depuis des années. Cependant, selon le philosophe libéral, c'est maintenant le bon moment pour conclure un tel traité. Bernard Henri Lévy cite le texte "L'Empire latin" de 1945, écrit par Alexandre Kojève, un philosophe français néo-hégélien d'origine russe. Kojève l'a écrit pour le général de Gaulle. Lévy considère le concept d'"Empire latin" comme une chance pour la France de Macron.

Les empires comme report/préparation de la fin de l'histoire

La signification de l'"Empire latin" est la suivante: après 1945, l'ère des États-nations a pris fin et le monde est façonné en empires post-nationaux. Kojève pensait que l'un de ces empires mondiaux était l'Union soviétique, l'autre le bloc anglo-saxon des États-Unis et de la Grande-Bretagne. L'Allemagne est déchirée entre ces empires. Cependant, selon le philosophe, un autre pôle pourrait s'affirmer: la France, ainsi que l'Italie, l'Espagne et le Portugal, les pays du "monde latin" unis non pas par le protestantisme et l'éthique du travail (comme l'empire anglo-saxon), mais par les racines catholiques, la capacité à vivre de manière esthétique (style commun) et l'héritage romain.

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Sur le plan géopolitique, Kojève propose une union supranationale d'un "empire latin" basé sur le contrôle exclusif de la Méditerranée et des possessions coloniales en Afrique. Dans le domaine religieux, cet empire devait s'appuyer sur l'Église catholique (Kojève a même suggéré qu'un tel empire pourrait réaliser l'unification avec l'Église orthodoxe dans les relations avec l'URSS). En outre, en raison de son caractère universel, le catholicisme était considéré par Kojève comme un moyen important pour l'empire de ne pas se fermer, un rappel que l'empire n'était qu'une "étape" sur la voie de l'unification finale de l'humanité.

Pour Kojève, la fin hégélienne de l'histoire s'incarnerait alors dans le triomphe du "catholicisme chrétien" plutôt que de l'humanisme irréligieux.

La France: secousse impériale ou oubli ?

A première vue, l'invocation de l'idée impériale sous une forme catholique semble étrange pour le Lévy ultra-libéral et mondialiste. Pourtant, c'est Lévy qui a publié ce texte de Kojève, jusque-là oublié, en 1991. Aujourd'hui, de l'avis du philosophe, elle est encore plus pertinente.

"Je demande si Emmanuel Macron a lu Kojève, parce qu'il arrive la même chose aux grands textes qu'aux événements historiques ; parce qu'il faut du temps, souvent toute une vie, pour qu'ils trouvent leur sens plein et entier ; et parce que 75 ans après la première publication de ces pages légendaires, le monde semble être exactement dans la situation que Kojève avait prédite", écrit Lévy.

"Voilà donc l'Empire russe qui, avec d'autres dont personne n'attendait une telle embellie, se réaffirme sur la scène internationale. Voici les États-Unis.... L'Allemagne d'Angela Merkel, et celle qui lui succédera, confirme sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et, en même temps, son statut stratégique de satellite des États-Unis."

"L'idée est qu'il existe une communauté de valeurs, de civilisation et de métaphysique entre les peuples de l'Europe du Sud qui, si elle est soulignée et réalisée, permettra de lutter contre l'appauvrissement croissant des capacités humaines".

Ainsi, les discussions, les frottements égoïstes entre les cultures et les petits comptes laisseront place à une véritable vision ; cette richesse commune aura l'occasion de s'affirmer ; et certainement sans remettre en cause les acquis historiques de l'axe franco-allemand, l'occasion se transformera en succès, et l'événement prendra une signification métapolitique maximale.

Ce sera la dernière occasion pour la France de ne pas courir vers l'abîme : vers la rétrogradation, vers le statut de puissance naine, vers la disparition de la grande politique sous une clameur souveraine et populiste".

La dernière affirmation est extrêmement importante. Le fait est que Lévy n'est pas le seul à s'inquiéter du déclin de l'influence de la France. La conclusion de l'alliance anglo-saxonne AUKUS, le coup porté à la réputation sous la forme du rejet par l'Australie du contrat de construction de sous-marins de plusieurs milliards de dollars de la France en faveur des États-Unis, la controverse frontalière post-Brexit en cours avec le Royaume-Uni montrent que, quelle que soit la proximité idéologique entre Macron et Biden, les libéraux et les mondialistes, la logique géopolitique des événements pousse leurs pays dans des coins différents. Le mondialiste Macron est de plus en plus contraint de jouer le rôle de souverain européen, prônant une armée européenne unique et une plus grande autonomie de l'Europe au sein de l'OTAN.

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D'autre part, la France de Macron est confrontée à de nouveaux défis dans sa sphère d'influence traditionnelle, l'Afrique, dont les Français sont évincés par la Russie, la Chine et la Turquie. L'arrivée d'experts militaires russes au Mali et les déclarations anti-françaises des autorités maliennes qui ont récemment accusé Paris de soutenir le terrorisme montrent que l'influence de la France au Sahel est remise en question. La France n'a pas pu ou voulu faire face à la menace terroriste dans la région et le retrait de la France du Mali a été comparé au désastre américain en Afghanistan. La Russie se renforce aussi activement en RCA. La Turquie, est devenue le deuxième partenaire économique de l'Algérie et a pris pied en Libye. La Chine devient un acteur majeur dans toute l'Afrique ex-française et la population locale déteste les Français et attend de dire adieu à Paris et à ses mandataires.

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Paris est confronté au problème de la réévaluation de sa stratégie géopolitique et de son adaptation au monde multipolaire émergent. Que devrait être la France ? Un pôle indépendant, un allié des États-Unis, une partie du noyau franco-allemand d'une Europe unie et indépendante ? Différentes réponses sont proposées. Par exemple, le général Henri Roure (photo, ci-dessus) suggère que la France soit considérée comme une puissance mondiale (une sorte de pendant à la "Global Britain" post-Brexit) et se développe en s'appuyant sur des possessions d'outre-mer :

"La France n'est pas un pays européen, c'est un pays de tous les continents. Son vaste territoire n'est pas le seul atout de la France en tant que grande puissance. Une armée puissante, une dissuasion nucléaire, le deuxième plus grand réseau diplomatique du monde, un siège permanent au Conseil de sécurité et un monde francophone contribuent à sa puissance potentielle. Ces vecteurs doivent être développés et améliorés. Bien sûr, la France est forte d'une économie prospère, mais le PIB n'a jamais été un facteur mondial exceptionnel. Les Français sont aveuglés par le système capitaliste ultra-libéral imposé par les États-Unis, qui classe les pays en fonction de leur production, en dollars bien sûr".

La Nouvelle Droite (Alain de Benoist et autres), n'est pas moins patriotique, mais positionne la France comme faisant partie d'un futur pôle européen souverain, dans un monde multipolaire, orienté vers l'amitié avec la Russie sur le plan géopolitique et vers le maintien de la tradition et de l'identité dans le gris de la politique intérieure. Il y a de tels souverainistes européens en Italie aussi. Il est intéressant de noter que non seulement les philosophes de droite mais aussi ceux de gauche plaident pour une plus grande souveraineté européenne ou une réévaluation de la structure de l'UE. Ainsi, le philosophe italien de gauche Giorgio Agamben a également fait référence à l'idée de Kojève d'un "Empire latin" :

"Aujourd'hui, alors que l'Union européenne s'est constituée en ignorant les liens culturels concrets qui existent entre les nations, il serait utile - et pertinent - de faire revivre la proposition de Kojève. Ce qu'il avait prédit s'est avéré vrai. Cette Europe, qui cherche à exister sur une base strictement économique, en abandonnant toutes les affinités authentiques entre mode de vie, culture et religion, a démontré à plusieurs reprises ses faiblesses, notamment sur le plan économique."

La géopolitique de "l'empire latin"

Dans le domaine de la géopolitique pratique, une évolution vers un "empire latin" signifierait une alliance entre Rome et Paris pour résoudre les problèmes en Méditerranée. L'enjeu est la richesse pétrolière et gazière de Chypre, sur laquelle l'italien ENI et le français Total ont des vues. Le problème pour les deux pays est la Turquie, qui revendique des parties importantes du plateau, à la fois en son nom et au nom de la République turque de Chypre du Nord non reconnue.

Ces dernières années, l'Italie a été en désaccord avec la Turquie sur la question de la coopération avec les gouvernements de Tripoli, qui ciblent les mêmes forces qui ont le dessus dans l'ouest du pays. Toutefois, si le rapprochement franco-italien se poursuit, Paris et Rome pourraient tenter de mettre la pression sur chacun de leurs "alliés" en Libye - l'Italie à la Turquie et la France à la Russie (car Paris et Moscou sont plus favorables au maréchal Khalifa Haftar dans le conflit libyen).

Enfin, l'Italie et la France peuvent essayer d'équilibrer leur influence en Afrique en attirant également l'Espagne et le Portugal. Au sein de l'UE, un bloc transalpin pourrait faire contrepoids à l'Allemagne en confiant à Paris le rôle de tenir la balance.

Rêves impériaux

L'orientation de Lévy, mondialiste, en direction de l'hégélianisme, également mondialiste dans la version de Kojève, qui vise à unir l'humanité par le passage et le dépassement ultérieur de la dimension impériale, est très intéressant. Plus récemment, il s'est exprimé au nom d'un seul empire libéral qui est contesté par cinq rois : cinq pôles de pouvoir indépendants. Il affirme aujourd'hui que cet empire n'existe pas et que la France pourrait devenir le centre d'un des nombreux empires qui se partageront le monde, empires fondés sur une "communauté de valeurs, de civilisation et de métaphysique". Oui, la référence de Kojève aux "empires post-nationaux" signifie que l'objectif de créer à terme une humanité unique persiste. Cependant, comme Kojève, Lévy est obligé de reconnaître que la fin de l'histoire sous la forme d'une humanité libérale commune est reportée. Le temps des empires arrive. Et le fait qu'il (et même lui) ne soit pas le seul à envisager l'empire en France est très révélateur pour la compréhension de la situation dans laquelle nous nous trouvons. C'est un peu comme le passage de Francis Fukuyama de l'optimisme libéral de la "fin de l'histoire" à l'affirmation de la nécessité de renforcer l'État-nation moderne.

Plus intéressant encore, les mondialistes reconnaissent que le projet d'une humanité unifiée s'est effondré, le monde devient multipolaire (sans toutefois perdre l'espoir que cette multipolarité puisse être dialectiquement dépassée).

La revue de presse de CD - 10 octobre 2021

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La revue de presse de CD

10 octobre 2021

AFRIQUE

Mali : gardez-moi de mes amis…

Le maintien de nos troupes au Mali depuis huit ans maintenant n’était sans doute pas au programme des réjouissances. Encore moins nos 56 soldats morts pour la France. Si Paris n’était pas intervenu, il est fort probable que le Mali tout entier serait tombé sous la coupe djihadiste des groupes AQMI, Ansar-ed-dine et al-Mourabitoun. Le pays aurait connu une partition avec un Nord « Azawad » prenant le large de Bamako grâce à l’alliance des Touaregs avec ces groupes islamo-terroristes, et un Sud en proie au chaos.

Geopragma

https://geopragma.fr/mali-gardez-moi-de-mes-amis/

ALLEMAGNE

L'Allemagne post-Merkel sous le signe de la continuité : puissance économique et insignifiance géopolitique

L'héritage de Mme Merkel est identifié à la primauté de l'Allemagne en Europe, et ses politiques étaient axées sur la stabilité politique et la croissance économique allemande. Mme Merkel n'est pas à l'origine d'une nouvelle doctrine politique ni d'un modèle économique et social novateur : le "merkelisme" peut être défini comme un pragmatisme qui implique l'adaptation économique et géopolitique de l'Allemagne à un monde globalisé en constante mutation. Mme Merkel a surtout mis en œuvre un processus de réformes néolibérales, générant une crise d'identité peut-être irréversible au sein de la social-démocratie allemande.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/03/l...

DÉSINFORMATION

Présidentielle : la machine médiatique en marche

Des médias gouvernés par l’argent plus encore que par l’idéologie (ce qui explique le phénomène Zemmour : il fait de l’audience !). Un président Macron dont la politique sanitaire est moins dictée par les exigences du « grand reset » que par le calendrier de sa réélection ! Reste le fait que le mot COVID n’a pas été prononcé lors du débat Zemmour/Mélenchon qui a explosé toutes les audiences (4 millions de spectateurs) : sans doute un indice du retour au premier plan des préoccupations politiques des questions identitaires et régaliennes ainsi que sociales.

Polémia

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La commission Bronner : ministère de la vérité va lutter contre le complotisme

Avec la mise en place de la Commission Bronner, c’est un véritable ministère de la Vérité qui s’érige en France.

Contrrepoints.org

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ÉTATS-UNIS

Enlèvement, assassinat et fusillade à Londres : les plans de guerre secrets de la CIA contre WikiLeaks (1/4)

Nous sommes heureux de vous proposer aujourd’hui la traduction d’un article d’investigation très important rédigé par… Yahoo. Nous en sommes en effet là : la presse d’investigation est dans un tel état que c’est désormais Yahoo qui est obligé de sortir un tel scoop, à savoir que la CIA et le gouvernement américain ont discuté de plans pour assassiner un journaliste qui avait révélé des crimes de ce même gouvernement américain.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/enlevement-assassinat-et-fusill...

CIA vs Wikileaks (2/4) : Pompeo confirme que « certains passages de l’enquête Yahoo sont vrais »

L’ancien directeur de la CIA et ancien secrétaire d’État Mike Pompeo a appelé mercredi à ce que soient poursuivies pour crime les sources qui ont parlé à Yahoo News dans un article détaillant les propositions de l’agence de renseignement en 2017 pour enlever le fondateur de WikiLeaks Julian Assange et les discussions au sein de l’administration Trump et de la CIA pour éventuellement l’assassiner.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/cia-vs-wikileaks-2-4-pompeo-con...

CIA vs Wikileaks (3/4) : Les erreurs de l’article de Yahoo sur Assange

L’article de Yahoo !-fournit de nouveaux détails importants sur des faits signalés il y a un an, mais contient plusieurs erreurs, notamment une histoire inventée de toutes pièces selon laquelle des agents russes voulaient exfiltrer Assange de l’ambassade d’Équateur.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/cia-vs-wikileaks-3-4-les-erreur...  

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Le LSD, la nouvelle drogue de la productivité?

Cadres, directeurs artistiques, chefs d'entreprise... ils sont aujourd'hui nombreux à vanter les bienfaits de cette drogue hallucinogène, pourtant interdite.

Slate

http://www.slate.fr/story/217023/cadres-lsd-drogue-travai...

FRANCE

Suez pris au piège par l’impérialisme économique américain

Malgré l’humiliation subie de la part de ses « alliés » dans la vente des sous-marins à l’Australie, malgré les assauts menés par les Américains dans le cadre de leur guerre économique et commerciale, malgré les sanctions financières colossales imposées par les Américains à des institutions financières pour avoir utilisé le dollar, le gouvernement demeure incapable de préserver la souveraineté économique de la France. Le dernier exemple en date, celui de la possible prise de participation à 40 % du fonds d’investissement américain GIP au sein du nouveau Suez, illustre la cécité d’Emmanuel Macron et de Bercy, alors même que l’eau est plus que jamais une ressource stratégique.

Le Vent Se Lève

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GAFAM

Chine, un an de reprise en main du numérique

Amendes pour pratiques anticoncurrentielles, enquêtes pour mauvaises gestions des données, nouvelles lois en cascade, depuis près d’un an la fureur de Pékin s’abat sur ses puissantes entreprises technologiques.

Siècle digital

https://siecledigital.fr/2021/10/05/le-recap-chine-un-an-...

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GÉOPOLITIQUE

Géopolitique de Chypre. 2e partie. Illusions et réalités de la valeur stratégique de Chypre

Suivant la place occupée par la Méditerranée dans les relations internationales, des sites de grande importance ont connu des moments de gloire avant de sombrer dans l’oubli, éventuellement d’être à nouveau convoités quand les conditions changent. Parmi ces « points chauds », il était logique que les îles comptent davantage, bien que leur valeur stratégique ait aussi varié, ce qui fut notamment le cas de Chypre.

Diploweb

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MAGHREB

Les raisons de la crise franco-algérienne, par Bernard Lugan

L’Algérie vient de rappeler en consultation son ambassadeur à Paris, puis elle a décidé de fermer son espace aérien aux avions français  ravitaillant Barkhane. La raison ? Simple calcul électoral ou véritable et louable prise conscience, le président Macron qui, jusque-là, parlait de la colonisation comme d’un « crime contre l’humanité », vient étonnamment de faire preuve de « virilité » en dénonçant le cœur du « Système » qui pompe la substance de l’Algérie depuis 1962.

Breizh-info

https://www.breizh-info.com/2021/10/05/171826/les-raisons...

RÉFLEXION

Special Intelligence : L’émergence d’un nouveau type de renseignement

Le nouveau livre d’Éric Denécé et Alain-Pierre Laclotte, La nouvelle guerre secrète – Unités clandestines et opérations spéciales (Mareuil Éditions) traite d’un sujet peu traité, parce que récent et difficilement circonscrit. Depuis la fin de la Guerre froide, la guerre a changé de nature et les affrontements armés de physionomie. Le terrorisme et les guerres civiles — ethniques ou religieuses — ont remplacé les conflits interétatiques. Les guérillas et les groupes terroristes étant dans l’impossibilité d’affronter les États occidentaux dans une bataille classique, ils contournent leurs défenses en transformant les affrontements en une série d’actions imprévisibles, fugaces, brutales et médiatiques.

Thetrum-belli.com

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Julien-Freund-2-1503x1200.jpg

Retour à Julien Freund

Julien Freund fait le point de sa doctrine et la confronte à la religion de ses lecteurs dans ce livre posthume, « Lettres de la vallée. Méditations philosophiques et politiques » (éditions La Nouvelle Librairie). Il se place délibérément dans la contradiction et offre sa théorie politique d’un nouveau contrat social. Le catalogue des thèmes et sujets abordés est emblématique de la hauteur de vue. L’ouvrage se présente en trois parties. D’abord le corps principal de 24 lettres écrites entre 1974 et 1976. Ensuite un « avertissement » daté de 1991. Enfin, des « annexes » constituées de duplication d’articles parus séparément. Le titre est fort. La base contre le sommet ; le peuple contre l’élite ; les douves de la philosophie contre les fortins de l’idéologie dominante. Somewhere versus anywhere ? Julien Freund met la montagne et la vallée sur l’orbite de l’opposition. Il sonne le tocsin du maquis contre l’hégémonie, de l’essentiel contre l’insignifiance, du heartland contre le rimland. L’ouvrage livre un intense et grouillant moment de sa culture en éventail.

Euro-synergies

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Recension de Dépossession et Coup d’Etat planétaire

En 2018, Liliane Held-Khawam nous a expliqué dans Dépossession comment l’hyper puissance d’une élite financière mettait les États et les citoyens à genoux. Avec ce nouvel ouvrage très analytique et formidablement documenté (Comment une élite financière s’arroge le pouvoir absolu par la captation universelle des ressources. Éditions Réorganisation du monde), elle va plus loin en décrivant l’instauration d’une tyrannie globale qui ne fait même plus semblant de se cacher derrière les faux-nez d’une “ démocratie ” qui n’existe plus.

liliane Heldd Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2019/11/29/coup-detat-plane...

Climatisme: idéologie de l'assujettissement et de la pauvreté

Par rapport au passé, il y a un changement majeur : avant, on parlait de réchauffement climatique, aujourd'hui les maîtres des mots se sont rabattus sur le changement climatique, plus générique. En tout cas, on ne peut échapper à une idéologie dont le principal court-circuit concerne le rôle de l'espèce humaine. Le dogme incontesté, en effet, est l'origine anthropique du changement climatique de la planète. C'est l'homme, avec sa volonté de puissance, qui est le prédateur responsable du déséquilibre naturel. Jusqu'à présent, rien à redire : des thèses proclamées par beaucoup sans succès.

Euro-synergies

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RUSSIE

Une réponse aux laboratoires biologiques et aux programmes militaires secrets américains

L’expansion incontrôlée du réseau de laboratoires biologiques militaires secrets américains le long des frontières russes est un sujet de préoccupation non seulement pour Moscou mais aussi pour de nombreuses républiques post-soviétiques et la communauté internationale.  À ce jour, les États-Unis ont créé une véritable toile d’araignée de laboratoires biologiques secrets dans le monde entier. Depuis 1997, le Pentagone a entraîné dans ce programme plus de 30 pays comme partenaires de cette « initiative » américaine. Sans compter les 400 installations situées sur le territoire continental des États-Unis qui sont également impliquées dans un travail sur des agents pathogènes.

Le Saker francophone

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SANTÉ

Inde : quand l’OMS joue à cache-cache avec l’ivermectine

Quand l’OMS et le CDC (Center for Disease Control and Prevention, agence du médicament aux USA) distribuent de l’ivermectine pour traiter l’épidémie de Covid en Inde, se félicitent du résultat, mais refusent de dire ce qu’ils ont distribué.

Covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2021/10/04/inde-quand-loms-j...

Les vaccins génétiques anti-covid sont une forme d’expérimentation médicale

Au regard du droit européen et du droit international, les vaccins génétiques anti-covid constituent une expérimentation médicale sur les êtres humains. Or, d’un point de vue tant éthique que juridique, nul ne peut être obligé de se soumettre à une forme d’expérimentation médicale en l’absence d’un consentement libre et éclairé.

blogs.mediapart.fr

https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/081021...

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UNION EUROPÉENNE

Politique énergétique européenne : un désastre antinucléaire

Depuis près de 20 ans, la politique énergétique de l’Europe influencée par l’Allemagne est un désastre qui se traduit aujourd’hui par une augmentation rapide des prix du gaz et de l’électricité.

Contrepoints

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samedi, 09 octobre 2021

France: le nouveau Messie

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France: le nouveau Messie
 
Auteur : Philippe Huysmans
 
Ex: http://www.zejournal.mobi/index.php/news/show_detail/24289

Pour être un observateur attentif de la politique française depuis des décennies, j’ai de plus en plus l’impression que si l’histoire ne se répète pas, elle a une fâcheuse tendance à repasser les plats. C’est normal, me direz-vous, puisqu’après tout, c’est dans les plus vieilles casseroles qu’on fait les meilleurs bouillons.

Ainsi, la stratégie du pouvoir pour écarter systématiquement toute opposition réelle a été soit de la diaboliser, soit de façonner des opposants en carton dont on sait que le moment venu, il sera facile de les battre.

Un des cas les plus emblématiques reste certainement l’élection de 2002, chef-d’oeuvre du genre, qui avait opposé au second tour Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen au grand dam de Lionel Jospin qui s’était fait débarquer au premier tour. Exit donc le candidat gênant, et une victoire écrasante pour Chirac, trop heureux de se voir reconduire sur un score digne du parti communiste soviétique à l’époque de Brejnev (82,21%).

L’élection de 2012 marque l’entrée dans la danse de Marine Le Pen, suite au retrait de papounet le menhir qui commençait à se faire vieux et avait compris assez tôt que jamais il n’accéderait à la fonction suprême. Pareil pour sa fille, en fait, si elle était restée sur la ligne du Front National. Mais on lui a fait miroiter que si elle adoptait une trajectoire rentrante, notamment concernant la communauté juive, la shoah, et finalement le sionisme, elle pourrait prétendre à la respectabilité et rejoindre les candidats présidentiables. Fatale erreur, elle n’avait pas réalisé que le projet était en réalité de détruire une fois pour toutes la droite patriotique, en la forçant à tous les renoncements, en détruisant méticuleusement son assise idéologique.

L’élection de 2017 reste la parfaite illustration de ceci. On commence par liquider le candidat vraiment dangereux (François Fillon) sur base d’un dossier bidon, puis on oppose les ânes habituels au « miracle » Macron, ce nouveau génie des Carpates tellement jeune et si mignon. Restent Marine Le Pen, Mélenchon (looser officiel depuis 40 ans), et Benoît Hamon qui a le charisme d’une tartiflette crue. Tout se passe comme prévu, Marine Le Pen se retrouve au second tour et se fait laminer en beauté notamment à l’occasion d’un débat qui restera dans les annales comme une démonstration éclatante de l’impéritie crasse de la tête de gondole du Front National. Incompétence ou soumission, à ce niveau-là de similitude, ça devient difficile à distinguer.   Cette fois, les patriotes n’ont pas perdu, ils ont été faits cocus.

Est-ce que les candidats opposés à Macron avaient la moindre chance, sachant que l’ensemble des médias avait pris fait et cause pour lui? Non, aucune, c’était le candidat du sérail, propulsé par l’oligarchie qui se trouve posséder l’ensemble de la presse écrite et des instituts de sondage.

Aujourd’hui, sur fond de grogne sociale, mais aussi dans le contexte d’un véritable coup d’État opéré par les gouvernements occidentaux au titre d’une prétendue crise sanitaire, les choses auraient pu se dérouler bien autrement, tant le président Macron est détesté par une majorité de la population.

Est-ce que Macron sera candidat en 2022?

À vrai dire cela paraît peu probable, tant le rejet de sa personne est fort. Disons qu’il est légèrement carbonisé et qu’il sent le soufre, ses bons maîtres n’hésiteront pas à le sacrifier comme un vieux Kleenex. Il n’a jamais été autre chose qu’un président jetable, à qui l’on donne l’ordre de mener des réformes plus impopulaires les unes que les autres, avant de retourner à l’écurie peindre une autre haridelle en cheval de course. Gageons qu’il trouvera bien à se recaser dans le privé, pourquoi pas dans la banque ou au conseil d’administration d’une société pharmaceutique, par exemple.

Identifier les priorités

S’il y a quelque chose qui m’effraie dans cette campagne présidentielle, c’est à quel point il reste facile de distraire l’opposition véritable en agitant, une fois de plus, le hochet du grand remplacement. Est-ce que le grand remplacement est un fantasme? Sûrement pas, c’est une réalité de plus en plus tangible, et de plus en plus mal acceptée par une majorité de Français confrontés à la précarité et à l’insécurité. Mais est-ce que c’est la priorité? Ne pas oublier que l’immigration massive n’est pas une fatalité, elle a été voulue par les gouvernements successifs, un peu partout en Occident. C’est une création du pouvoir, un outil au service d’un but : détruire les nations au profit de populations déracinées ne pouvant se réclamer de nulle part, un immense troupeau d’esclaves-consommateurs sous la férule de la bourgeoisie des milliardaires. Le modèle c’est le communisme pour les masses et l’ultralibéralisme pour l’oligarchie, le pire des deux mondes.

Pendant ce temps, depuis 19 mois nous assistons à l’instauration d’une véritable tyrannie, d’un pouvoir en roue libre s’affranchissant de toutes les barrières démocratiques avec le soutien des médias à la botte.

Si l’on ne comprend pas que l’instauration de la dictature n’est que le moyen d’imposer l’instauration du modèle de société que j’évoquais plus haut, on est perdus. Si vous n’êtes pas capables en l’état de vous opposer au grand remplacement, vous pensez sérieusement que vous serez à même de vous opposer à quoi que ce soit une fois en dictature?

Zemmour comme sauveur de la France

Si voter changeait quelque chose il y a longtemps que ça serait interdit, disait Coluche. C’est également mon opinion. Néanmoins, si vous persistez à penser que cette mascarade pourrait déboucher sur une issue positive, il y a quand même lieu de vous poser deux ou trois questions.

Une phrase, frappée au coin du bon sens, circule ces temps-ci sur internet et dit en substance que si celui qui incarne la résistance est adoubé par la presse, alors il ne peut pas être la résistance. Et de fait, si l’on en juge par la couverture médiatique du personnage, on a un peu de mal à croire qu’il serait autre chose qu’un rouage du système.

Ensuite sur le côté sauveur du personnage, avez-vous pris la peine d’écouter ses positions à part son dada de l’immigration zéro? Il est plus à droite que Macron, et pour l’augmentation de l’âge de la pension. Sur la pseudo crise sanitaire, c’est pire encore, l’intéressé soutenait le pass sanitaire, et s’il jugeait que l’obligation vaccinale à peine déguisée est inélégante, il n’était pas contre une bonne grosse obligation vaccinale pour tous dans la loi. Ca ne vous paraît pas un peu rédhibitoire?

Sa propension à n’attaquer frontalement que Marine Le Pen sans jamais égratigner le pouvoir en place incarné par Macron ne vous pose pas de problème? Ses diatribes sur l’immigration zéro alors que c’est un européiste convaincu vous paraissent crédibles, sachant qu’en droit français, les accords internationaux, dont la constitution européenne, viennent au-dessus même de la constitution, dans la hiérarchie des normes?

Parlera-t-on de ses soutiens, qui ressemblent à s’y méprendre à ceux qui avaient propulsé Macron sur le devant de la scène? Parlera-t-on des dizaines de milliers de comptes qui ont surgi sur les réseaux sociaux comme des champignons après l’averse, tous tenus par la « jeunesse enthousiaste » qui supporte le candidat miraculeux? Qui peut se payer ce genre de campagne de communication alors qu’il n’est même pas officiellement candidat?

Croire qu’il serait autre chose que l’arme ultime d’un système aux abois est, selon moi, la meilleure recette pour une méga gueule de bois au lendemain des présidentielles.

Conclusion

Ma conclusion n’est pas pour plaire, parce que je crois qu’il n’y en a aucune s’agissant d’un jeu truqué qui tient lieu de divertissement populaire afin de maintenir l’illusion démocratique. On ne joue pas avec les tricheurs, on renverse la table.

Et sachez que les libertés qu’on vous prend aujourd’hui, personne ne vous les rendra. Il faudra les reconquérir de haute lutte ou se résigner à l’oppression. La seule chose dont le pouvoir a une sainte trouille, c’est la solidarité. Quand les citoyens se souviennent qu’unis, ils peuvent aisément balayer la tyrannie. Les manifs c’est bien, la grève générale c’est mieux! À quand la désobéissance civile généralisée? Que pourrait faire le pouvoir contre ça?

Moi je me rappelle qu’un petit homme haut comme trois pommes et épais comme un Tuc a su obliger le plus puissant empire colonial de l’époque à accorder son indépendance à l’Inde, avec juste ça !

Le cordon sanitaire atlantique

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Le cordon sanitaire atlantique

Par Claudio Mutti

(Archives, novembre 2017)

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/cordone-sanitario-atlantico/?fbclid=IwAR3A5K4hxh5MG1_mniGFXeYCui6Mp1xpxkHVJUONkyWbzgX4H1X4YT58MTA

Au tournant des 13e et 14e siècles, la géographie de l'Europe de l'Est était complètement différente de ce qu'elle est aujourd'hui et offrait un tableau politique extrêmement fragmenté, dans lequel les forces qui allaient avoir une influence décisive sur l'histoire ultérieure prenaient lentement forme. La Russie est un ensemble de principautés, parmi lesquelles le petit duché de Moscovie ne s'est pas encore imposé comme le noyau du nouvel État russe. Le royaume de Pologne, qui, au siècle précédent, avait été réduit à une multitude d'îlots, ne comprenait ni la Silésie ni les territoires baltes de la Poméranie et, à l'est, touchait à peine la Galicie. Sur la côte de la Baltique, entre les embouchures de la Vistule et de la Neva, se trouvait le territoire de l'Ordre Teutonique. L'État lituanien est coincé entre les principautés russes et la Pologne. La partie sud de l'Ukraine actuelle, avec la péninsule de Crimée, était sous la domination des Khans tatars.

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À partir des dernières décennies du XIIIe siècle, et pendant environ un siècle et demi, la Lituanie a repoussé ses frontières vers l'est sans rencontrer d'obstacles majeurs. Ayant vaincu les armées de l'Ordre Teutonique et étendu ses territoires vers le nord également, la Lituanie était devenue, au milieu du XIVe siècle, "un État puissant" [1] s'étendant de la mer Baltique presque jusqu'à la mer Noire.

En 1386, le grand-duc lituanien Jogaila (dont le nom sera connu en Europe sous la forme polono-latine de Jagiello, c'est-à-dire Jagellon) décide de se faire baptiser, afin d'être marié à la reine polonaise Jadwiga, âgée de onze ans (qui deviendra sainte Hedwige, patronne des reines, de la Pologne et de l'Union européenne elle-même) et de pouvoir être couronné roi de Pologne sous le nom de Ladislas (1386-1434). La Lituanie reste donc un grand-duché sous souveraineté polonaise. Selon les accords préliminaires conclus avec l'aristocratie polonaise, le fondateur de la dynastie des Jagellons s'engage à unir ses possessions lituaniennes et russes à la couronne polonaise, à faire la guerre aux chevaliers teutoniques, à soutenir l'Église catholique et à appuyer les efforts des missionnaires allemands et polonais pour convertir les Lituaniens païens.

Le 15 juillet 1410, les armées du nouveau souverain polonais et de son cousin lituanien Vytautas (1350-1430) ont vaincu les chevaliers teutoniques à Grunwald, mettant ainsi fin au pouvoir de l'Ordre dans la région de la Baltique. Sous Vytautas, qui poursuit la politique d'expansion lituanienne vers le sud et l'est, conquérant de larges portions du territoire russe et attirant les Tatars de Crimée dans sa sphère d'influence, le Grand-Duché de Lituanie "atteint son extension territoriale maximale, allant jusqu'à la mer Noire, avec une superficie d'environ 1 000 000 de kilomètres carrés, plus de trois fois la taille de l'Italie actuelle"[2].

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Au siècle suivant, le 10 janvier 1569, une diète commune lituano-polonaise a ratifié l'union des deux États à Lublin. C'est ainsi que naquit la République des deux nations (pol. Rczeczpospolita Obojga Narodów), qui devait rester le plus grand État d'Europe jusqu'au XVIIe siècle, lorsque la volonté de puissance de l'aristocratie polonaise fut ravivée par le mythe de son origine sarmate, inspirant une sorte de messianisme politique exprimé par ce mot d'ordre : "Poland caput ac regina totius Sarmatiae !". En d'autres termes, "il aurait appartenu à la Pologne de prendre la tête d'une formation slave qui aurait unifié presque tous les peuples d'Europe centrale et orientale" [3], la soi-disant "Sarmatie de l'Europe".

Mais au lieu de cela, secoué par les luttes internes causées par le système de patronage et pris dans les tenailles des puissances périphériques émergentes telles que la Russie (la "Sarmazia asiatique") et la Prusse, le système géopolitique unitaire créé par les Jagellons disparaît progressivement à la suite des partages de la Pologne en 1772, 1793 et 1795.

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L'idée de faire revivre la République des Deux Nations est relancée pendant son exil parisien par le prince Adam Jerzy Czartoryski (1770-1861) (tableau, ci-dessus), "cet aristocrate qui, pour ses partisans, était le "roi non couronné" de Pologne" [4], qui pensait qu'avec le soutien de la Grande-Bretagne, de la France et de la Turquie, il serait possible de ressusciter la Pologne, d'incorporer les régions orientales de la Prusse et de reconstituer un État polono-lituanien fédéré avec les Estoniens, les Lettons, les Ukrainiens, les Tchèques, les Slovaques, les Hongrois, les Roumains et les Slaves du Sud. De cette manière, la puissance prussienne aurait été fortement réduite et la Russie aurait été contrainte d'abdiquer son rôle en Europe orientale. Mais le projet de Czartoryski, qui, pour ses partisans, devait sembler réalisable à l'époque des soulèvements anti-impériaux de 1848-49, a échoué en raison du désintérêt de l'Occident et de l'intransigeance de la Hongrie à l'égard des Tchèques, des Slovaques et des Roumains, ainsi que de l'hostilité de la Russie et de la Prusse.

La réapparition du projet a été favorisée par la défaite de la Russie, de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie lors de la Première Guerre mondiale et par les bouleversements provoqués en Russie par la révolution d'octobre. Après la guerre opposant la Russie et la Pologne, qui s'est terminée le 18 mars 1921 par le traité de paix de Riga, le maréchal Józef Piłsudski (1867-1935), chef provisoire de l'État polonais renaissant, a lancé l'idée d'une fédération d'États, s'étendant "entre la mer Baltique et la mer Noire", serait appelée Międzymorze en polonais, Tarpjūris en lituanien et Intermarium en latin, selon un néologisme qui n'est pas à la hauteur de la tradition humaniste polonaise. La fédération, héritière historique de l'ancienne entité politique polono-lituanienne, selon le projet initial de Piłsudski (1919-1921) devait comprendre, outre la Pologne, force hégémonique, la Lituanie, la Biélorussie et l'Ukraine. Il est clair que le projet Intermarium visait à la fois l'Allemagne, qu'il fallait empêcher de redevenir une puissance impériale, et la Russie, qui, selon le projet complémentaire "Prométhée" du maréchal, devait être démembrée en ses composantes ethniques.

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Pour la France, ce projet présentait un certain intérêt, car il aurait permis de bloquer simultanément l'Allemagne et la Russie par le biais d'un bloc centre-oriental dirigé par la Pologne. Mais le soutien français ne suffit pas à concrétiser le projet, qui est remplacé par le fragile système d'alliances balayé par la Seconde Guerre mondiale.

Une variante plus audacieuse du projet Intermarium, élaborée par le Maréchal entre 1921 et 1935, renonçait à l'Ukraine et à la Biélorussie, mais s'étendait en contrepartie à la Norvège, la Suède, le Danemark, l'Estonie, la Lettonie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, la Yougoslavie et l'Italie. Les deux mers sont devenues quatre, la mer Baltique et la mer Noire étant rejointes par l'Arctique et la Méditerranée. Mais même cette tentative a échoué et le seul résultat a été l'alliance de la Pologne avec la Roumanie.

L'idée d'une entité géopolitique d'Europe centrale entre la mer Baltique et la mer Noire est reproposée en termes de "troisième Europe" par le collaborateur de Piłsudski, Józef Beck (1894-1944), qui prend en 1932 la direction de la politique étrangère polonaise et conclut un pacte d'alliance avec la Roumanie et la Hongrie.

Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement polonais de Władisław Sikorski (1881-1943) - en exil d'abord à Paris puis à Londres - a présenté aux gouvernements de la Tchécoslovaquie, de la Grèce et de la Yougoslavie la perspective d'une union d'Europe centrale entre la mer Baltique, la mer Noire, la mer Égée et l'Adriatique ; mais en raison de l'opposition soviétique et de la réticence de la Tchécoslovaquie à se fédérer avec la Pologne, le projet a dû être abandonné.

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Avec la chute de l'URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie, l'idée de l'Intermarium a été relancée, prenant différentes formes telles que le Conseil de coopération de la mer Noire, le Partenariat oriental et le Groupe de Visegrád, moins ambitieux et plus petits que les variantes du projet "classique".

Mais le système d'alliances qui se rapproche le plus du schéma de l'Intermarium est celui théorisé par Stratfor, le centre d'études américain fondé par George Friedman, à l'occasion de la crise ukrainienne. Pour sa part, le général Frederick Benjamin "Ben" Hodges, commandant de l'armée américaine en Europe (décoré de l'Ordre du mérite de la République de Pologne et de l'Ordre de l'étoile roumaine), a annoncé un "prépositionnement" des troupes de l'OTAN dans toute la zone qui, proche des frontières occidentales de la Russie, comprend les territoires des États baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Roumanie et de la Bulgarie. De la Baltique à la mer Noire, comme dans le plan initial de Piłsudski.

Le 6 août 2015, le président polonais Andrzej Duda a préfiguré la naissance d'une alliance régionale explicitement inspirée du modèle Intermarium. Un an plus tard, du 2 au 3 juillet 2016, la conférence inaugurale du groupe d'assistance Intermarium s'est tenue à l'hôtel Radisson Blue de Kiev en présence du président de la Rada ukrainienne Andriy Paruby et du président de l'Institut national de recherche stratégique Vladimir Gorbulin, ainsi que de personnalités politiques et militaires de diverses régions d'Europe, au cours de laquelle a été présenté le projet d'unification des États situés entre la mer Baltique et la mer Noire.

Le mois suivant, les deux mers étaient déjà devenues trois : les 25 et 26 août 2016, le Forum de Dubrovnik sur le thème "Renforcer l'Europe - Connecter le Nord et le Sud" a publié une déclaration commune dans laquelle était présentée l'initiative des trois mers, un plan ayant pour objectif de "connecter les économies et les infrastructures de l'Europe centrale et orientale du nord au sud, en élargissant la coopération dans les domaines de l'énergie, des transports, des communications numériques et de l'économie en général". L'initiative des trois mers, conçue par l'administration Obama, a été baptisée par Donald Trump le 6 juillet 2017 lors de sa visite à Varsovie. L'initiative, qui, selon le président Duda, découle d'un "nouveau concept visant à promouvoir l'unité européenne", réunit douze pays situés entre la mer Baltique, la mer Noire et la mer Adriatique et presque tous les membres de l'Alliance atlantique : l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, l'Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

D'un point de vue économique, l'objectif de l'initiative des trois mers est de frapper les exportations de gaz russe vers l'Europe en favorisant les expéditions de gaz naturel liquéfié en provenance d'Amérique : "Un terminal dans le port balte de Świnoujście, d'un coût d'environ un milliard de dollars, permettra à la Pologne d'importer du GNL américain à hauteur de 5 milliards de mètres cubes par an, extensible à 7,5. Grâce à ce terminal et à d'autres, dont un prévu en Croatie, le gaz provenant des États-Unis, ou d'autres pays par l'intermédiaire de sociétés américaines, sera distribué par gazoducs dans toute la "région des trois mers""[5].

Ainsi, la macro-région des Trois Mers, liée par des liens énergétiques et militaires plus à Washington qu'à Bruxelles et Berlin, brisera effectivement l'Union européenne et, englobant tôt ou tard l'Ukraine, resserrera davantage le cordon sanitaire le long de la frontière occidentale de la Russie.

NOTES:

[1] Josef Macek, L'Europa orientale nei secoli XIV e XV, Sansoni, Florence 1974, p. 16.

[2] Beruta Žindžiūtė Michelini, Lituanie, NED, Milan 1990, p. 50.

[3] Francis Conte, Gli Slavi. Le civiltà dell'Europa centrale e orientale, Einaudi, Turin 1990, p. 293.

[4] Oscar Halecki, I Polacchi, in Il mondo degli Slavi, édité par Hans Kohn, Cappelli editore, Bologna 1970, p. 115.

[5] Manlio Dinucci, Sui Tre mari dell'Europa bandiera USA, Réseau Voltaire, Rome, 10 juillet 2017 http://www.voltairenet.org/article197081.htm

Crise énergétique européenne due à l'interruption de l'approvisionnement en GNL en provenance des États-Unis

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Crise énergétique européenne due à l'interruption de l'approvisionnement en GNL en provenance des États-Unis

Gazprom exporte du gaz vers l'Europe en respectant pleinement ses engagements contractuels

Aleksandr Pasechnik, chef du département analytique du Fonds national de sécurité énergétique, InfoRos 01.10.2021

La frénésie sur le marché européen du gaz n'a pas cessé depuis le début de l'automne. Le 20 septembre, le prix du gaz en Europe a de nouveau atteint 900 dollars par millier de mètres cubes (la dernière fois qu'une telle situation s'est produite, c'était le 15 septembre, où le prix avait même dépassé 950 dollars). Gazprom a été immédiatement accusé par les politiciens européens et nord-américains. Par conséquent, le conseiller en sécurité énergétique du département d'État américain a déclaré que la Russie devrait augmenter dès que possible ses livraisons de gaz à l'Europe via l'Ukraine, en raison du manque de ses propres réserves avant l'hiver. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a également exhorté la Russie à augmenter ses livraisons de gaz à l'UE. "L'AIE estime que la Russie peut faire davantage pour accroître la disponibilité du gaz en Europe et faire en sorte que les stocks soient remplis à des niveaux adéquats avant la prochaine saison de chauffage hivernale", a déclaré l'agence. La candidate des Verts à la chancellerie allemande, Annalena Baerbock, a également souligné les réticences de la Russie en matière d'approvisionnement en gaz de l'Europe afin d'accroître la pression politique et d'accélérer l'approbation de Nord Stream 2.

Comme vous le savez, les Verts allemands n'acceptent pas ce gaz. (Le 26 septembre, des élections ont eu lieu en Allemagne ; on saura bientôt qui prendra la tête du pays et quelle sera sa position sur le Nord Stream 2. Jusqu'à présent, les "coalitions" entre les partis sont en train de former une majorité gouvernementale, à la suite de laquelle un nouveau chancelier sera élu).

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La direction du géant russe a jugé ces accusations incongrues, corroborant avec des statistiques progressives sur l'approvisionnement en gaz, les exportations ayant augmenté à partir du premier semestre 2021 afin de maintenir le plafond contractuel. En outre, Gazprom continue de fournir des volumes adéquats dans le cadre de contrats à long terme. Sinon, l'entreprise serait embourbée dans des réclamations de contreparties. En effet, la reprise du marché spot européen se poursuit en raison des pénuries de GNL en provenance des États-Unis. Les méthaniers nord-américains se dirigent désormais vers les pays de la région Asie-Pacifique (APR) ou l'Amérique du Sud, où la marge de livraison est encore plus élevée (que vers l'Europe).

L'Europe ne reçoit pas les "convois" de méthaniers promis par les États-Unis. Dans le même temps, les prix record des carburants en Europe ont déjà contraint les autorités de certains pays de l'UE à prendre des mesures d'urgence pour limiter les tarifs du gaz et de l'électricité. Les entreprises énergétiques commençaient à glisser vers la faillite. Et parfois, la production était suspendue. Par exemple, au Royaume-Uni, deux usines d'engrais contrôlées par des Nord-Américains ont été fermées. Des nouvelles similaires sont venues des États baltes. Dans le passé, ces hausses du prix du gaz étaient atténuées par le passage au combustible rival, le charbon. Aujourd'hui, cela est plus difficile en raison du rythme accéléré de la transition énergétique. De nombreuses centrales électriques au charbon sont fermées et le charbon est de plus en plus cher. De manière générale, l'Europe semble être au bord d'une crise énergétique. L'hiver n'est pas encore arrivé et il pourrait faire très froid, comme l'année dernière. Il y en a plus là d'où ça vient.

Toutefois, le lancement de Nord Stream 2 pourrait calmer la frénésie du marché européen du gaz et le cours des actions pourrait baisser si Gazprom commence à pomper du gaz avec le nouveau système. Après tout, Gazprom a raisonnablement abandonné la pratique consistant à réserver des capacités supplémentaires dans le système de transport de gaz naturel de l'Ukraine, ce qui alarme les acheteurs européens. Mais Nord Stream 2 a besoin d'une certification du système pour commencer à exporter du gaz. Ce n'est que le 13 septembre que l'Agence fédérale allemande des réseaux (Bundesnetzagentur, BNetzA) a commencé à traiter la demande de certification de Nord Stream 2 AG en tant qu'opérateur indépendant. Et il y a quatre mois pour examiner la demande. Après cela, le projet de décision doit encore être évalué par la Commission européenne. Cela peut prendre deux mois.

La société polonaise PGNiG est également engagée, même si elle gagne, elle ne pourra pas arrêter le processus en utilisant son droit de veto. Mais le début imminent de la saison de chauffage en Europe et la hausse des prix du gaz exigent une certification accélérée de Nord Stream 2. Gazprom est prêt à charger dynamiquement le nouveau gazoduc, qui est nécessaire pour les entreprises européennes et l'économie en général. Mais pas pour l'Eurocratie qui s'oppose à Gazprom.

Les États-Unis maintiennent également la pression. Le 29 septembre, la commission internationale du Sénat entendra l'affaire à huis clos pour discuter des mesures prises par l'administration américaine concernant le gazoduc Nord Stream 2. Et ce, indépendamment de l'achèvement de la ligne principale. Pendant ce temps, Gazprom enregistre des succès en Europe, dont l'un est le contrat gazier à long terme signé avec la Hongrie le 27 septembre.