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vendredi, 01 mai 2015

Putin, der Westen und die Ostukraine

Veranstaltung:

thfasbender_2.jpgSämtliche Veranstaltungen finden in der Bibliothek des Konservatismus, Fasanenstraße 4, 10623 Berlin (Charlottenburg) statt. Anmeldung erforderlich.

Anmeldungen, wenn nicht anders angegeben, bitte per E-Mail an veranstaltungen@fkbf.de oder per Fax an 030-315 17 37 21.

Es werden keine individuellen Anmeldebestätigungen versandt. Sofern Sie keine gegenteilige Nachricht von uns erhalten, gilt Ihre Anmeldung als bestätigt.

 

 

 

Montag, 11. Mai, 19 Uhr: Vortrag mit Diskussion

Thomas Fasbender, Moskau

Freiheit statt Demokratie – Putin, der Westen und die Ostukraine

Eindrucksvoll schildert Thomas Fasbender in seinem Buch „Freiheit statt Demokratie“, wie anders Rußland ist. Anders als die westeuropäischen Vorurteile glauben machen und anders als das westeuropäische Ideal einer zeitgemäßen Demokratie.

Sein Fazit: Rußland will den Weg des Westens nicht gehen, und Rußland wird ihn nicht gehen. Und das beileibe nicht wegen seines Präsidenten. Der russische Mensch hat sein eigenes Verständnis von Freiheit, und das verträgt sich nicht mit der europäischen Verliebtheit in Vernunft- und Gesetzestreue.

thfass.jpgIm Ukraine-Konflikt haben sich zwei geschlossene Logikkreise herausgeschält. Der Westen sieht in der Ukraine den endgültigen Aufbruch zu Freiheit und Demokratie; Rußland sieht eine Putschregierung unter Beteiligung von Faschisten. Der Westen bezeichnet den Anschluß der Krim als völkerrechtswidrige Annexion; Rußland bezeichnet die Unabhängigkeit des Kosovo als völkerrechtswidrige Sezession. Beide Seiten bezeichnen die Argumente der jeweils anderen als haltlos. Das Ganze spielt zudem vor dem Hintergrund des ersten weltanschaulichen Konflikts  in Europa seit dem Ende des Kommunismus. Spätestens 2013 haben sich die russischen Eliten offen von dem säkularen, individualistischen Weltbild der westlichen Demokratien distanziert. Darin werden sie von der überwiegenden Mehrheit der russischen Gesellschaft unterstützt.

Dr. Thomas Fasbender, Publizist und Kaufmann, in Hamburg aufgewachsen, lebt seit 1992 in Moskau. Der promovierte Philosoph ist Journalist, Unternehmer und Blogger. 2014 ist im Manuscriptum Verlag sein Buch „Freiheit statt Demokratie. Rußlands Weg und die Illusionen des Westens“ erschienen.

jeudi, 30 avril 2015

La cécité de l’Union européenne face à la stratégie militaire des États-Unis

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La cécité de l’Union européenne face à la stratégie militaire des États-Unis

Auteur : Thierry Meyssan
Ex: http://zejournal.mobi

Les responsables de l’Union européenne se trompent complètement sur les attentats islamistes en Europe et les migrations vers l’Union de gens fuyant les guerres. Thierry Meyssan montre ici que tout ceci n’est pas la conséquence accidentelle des conflits au Moyen-Orient élargi et en Afrique, mais un objectif stratégique des États-Unis.

Les dirigents de l’Union européenne se trouvent soudainement confrontés à des situations inattendues. D’une part des attentats ou tentatives d’attentats perpétrées ou préparées par des individus n’appartenant pas à des groupes politiques identifiés ; d’autre part un afflux de migrants via la Méditerranée, dont plusieurs milliers meurent à leurs portes.

En l’absence d’analyse stratégique, ces deux événements sont considérés a priori comme sans relation et sont traités par des administrations différentes. Les premiers ressortent du Renseignement et de la police, les seconds des douanes et de la Défense. Ils ont pourtant une origine commune : l’instabilité politique au Levant et en Afrique.

L'Union européenne s’est privée des moyens de comprendre

Si les académies militaires de l’Union européenne avaient fait leur travail, elles auraient étudié depuis une quinzaine d’années la doctrine du « grand frère » états-unien. En effet, depuis de très longues années, le Pentagone publie toutes sortes de documents sur la « théorie du chaos » empruntée au philosophe Leo Strauss. Il y a quelques mois encore, un fonctionnaire qui aurait dû être à la retraite depuis plus de 25 ans, Andrew Marshall, disposait d’un budget de 10 millions de dollars annuels pour mener des recherches à ce sujet. Mais aucune académie militaire de l’Union n’a sérieusement étudié cette doctrine et ses conséquences. À la fois parce que c’est une forme de guerre barbare et parce qu’elle a été conçue par un maître à penser des élites juives états-uniennes. Or, c’est bien connu, les États-Unis-qui-nous-ont-sauvés-du-nazisme ne peuvent préconiser de telles atrocités.

Si les hommes politiques de l’Union européenne avaient voyagé un tant soit peu, non seulement en Irak, en Syrie, en Libye, dans la corne de l’Afrique, au Nigeria et au Mali, mais aussi en Ukraine, ils auraient vu de leurs propres yeux l’application de cette doctrine stratégique. Mais, ils se sont contentés de venir parler dans un bâtiment de la zone verte à Bagdad, sur une estrade à Tripoli ou sur la place Maïdan de Kiev. Ils ignorent ce que vivent les populations et, sur requête de leur « grand frère », ont souvent fermé leurs ambassades de sorte qu’ils se sont privés d’yeux et d’oreilles sur place. Mieux, ils ont souscrit, toujours à la requête de leur « grand frère », à des embargos, de sorte qu’aucun homme d’affaire n’ira non plus sur place voir ce qui s’y passe.

Le chaos n’est pas un accident, c’est le but

Contrairement à ce qu’a dit le président François Hollande, la migration des Libyens n’est pas la conséquence d’un « manque de suivi » de l’opération « Protecteur unifié », mais le résultat recherché par cette opération dans laquelle son pays jouait un rôle leader. Le chaos ne s’est pas installé parce que les « révolutionnaires libyens » n’ont pas su se mettre d’accord entre eux après la « chute » de Mouammar el-Kadhafi, il était le but stratégique des États-Unis. Et ceux-ci y sont parvenus. Il n’y a jamais eu de « révolution démocratique » en Libye, mais une sécession de la Cyrénaïque. Il n’y a jamais eu d’application du mandat de l’Onu visant à « protéger la population », mais le massacre de 160 000 Libyens, dont trois quart de civils, sous les bombardements de l’Alliance (chiffres de la Croix-Rouge internationale).

Je me souviens, avant que je n’intègre le gouvernement de la Jamahiriya arabe libyenne, avoir été sollicité pour servir de témoin lors d’une rencontre à Tripoli entre une délégation états-unienne et des représentants libyens. Lors de cette longue conversation, le chef de la délégation US a expliqué à ses interlocuteurs que le Pentagone était prêt à les sauver d’une mort certaine, mais exigeait que le Guide leur soit livré. Il a ajouté que lorsque el-Kadhafi serait mort, la société tribale ne parviendrait pas à valider un nouveau leader avant au moins une génération, le pays serait alors plongé dans un chaos qu’il n’a jamais connu. J’ai relaté cet entretien dans de nombreuses circonstances et n’ai cessé, dès le lynchage du Guide, en octobre 2011, de prédire ce qui advient aujourd’hui.

La « théorie du chaos »

Lorsqu’en 2003, la presse états-unienne a commencé à évoquer la « théorie du chaos », la Maison-Blanche a riposté en évoquant un « chaos constructeur », laissant entendre que l’on détruirait des structures d’oppression pour que la vie puisse jaillir sans contrainte. Mais jamais Leo Strauss, ni le Pentagone jusque-là, n’avaient employé cette expression. Au contraire, selon eux, le chaos devait être tel que rien ne puisse s’y structurer, hormis la volonté du Créateur de l’Ordre nouveau, les États-Unis.

Le principe de cette doctrine stratégique peut être résumé ainsi : le plus simple pour piller les ressources naturelles d’un pays sur une longue période, ce n’est pas de l’occuper, mais de détruire l’État. Sans État, pas d’armée. Sans armée ennemie, aucun risque de défaite. Dès lors, le but stratégique de l’armée US et de l’alliance qu’elle dirige, l’Otan, c’est exclusivement de détruire des États. Ce que deviennent les populations concernées n’est pas le problème de Washington.

Ce projet est inconcevable pour des Européens qui, depuis la guerre civile anglaise, ont été convaincus par le Léviathan de Thomas Hobbes qu’il est nécessaire de renoncer à certaines libertés, voire même d’accepter un État tyrannique, plutôt que d’être plongé dans le chaos.

L’Union européenne dénie sa complicité dans les crimes US

Les guerres d’Afghanistan et d’Irak ont déjà coûté la vie à 4 millions de personnes. Elles ont été présentées au Conseil de sécurité comme des ripostes nécessaires « en légitime défense », mais il est admit aujourd’hui qu’elles avaient été planifiées bien avant le 11-Septembre dans un contexte beaucoup plus large de « remodelage du Moyen-Orient élargi » et que les raisons évoquées pour les déclencher n’étaient que des fabrications de propagande.

Il est d’usage de reconnaître les génocides commis par le colonialisme européen, mais rares sont ceux qui aujourd’hui admettent ces 4 millions de morts malgré les études scientifiques qui l’attestent. C’est que nos parents étaient « mauvais », mais nous sommes « bons » et ne pouvons pas être complices de ces horreurs.

Il est commun de se moquer de ce pauvre peuple allemand qui conserva jusque à la fin sa confiance dans ses dirigeants nazis et ne prit conscience qu’après sa défaite des crimes commis en son nom. Mais nous agissons exactement pareil. Nous conservons notre confiance dans notre « grand frère » et ne voulons pas voir les crimes dans lesquels il nous implique. Surement, nos enfants se moqueront de nous…

Les erreurs d’interprétation de l’Union européenne

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que les réfugiés d’Irak, de Syrie, de Libye, de la corne de l’Afrique, du Nigeria et du Mali ne fuient pas des dictatures, mais le chaos dans lequel nous avons volontairement, mais inconsciemment, plongé leurs pays.

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que les attentats « islamistes » qui touchent l’Europe ne sont pas l’extension des guerres du « Moyen-Orient élargi », mais sont commandités par ceux qui ont également commandités le chaos dans cette région. Nous préférons continuer à penser que les « islamistes » en veulent aux juifs et aux chrétiens, alors que l’immense majorité de leurs victimes ne sont ni juives, ni chrétiennes, mais musulmanes. Avec aplomb, nous les accusons de promouvoir la « guerre des civilisations », alors que ce concept a été forgé au sein du Conseil de sécurité nationale des États-Unis et reste étranger à leur culture.

- Aucun dirigeant ouest-européen, absolument aucun, n’a osé envisager publiquement que la prochaine étape sera l’ « islamisation » des réseaux de diffusion de drogues sur le modèle des Contras du Nicaragua vendant des drogues dans la communauté noire de Californie avec l’aide et sous les ordres de la CIA. Nous avons décidé d’ignorer que la famille Karzaï a retiré la distribution de l’héroïne afghane à la mafia kosovare et l’a transmise à Daesh.

Les États-Unis n’ont jamais voulu que l’Ukraine rejoigne l’Union

Les académies militaires de l’Union européennes n’ont pas étudié la « théorie du chaos » parce qu’elle se le sont vu interdire. Les quelques enseignants et chercheurs qui se sont aventurés sur ce terrain ont été lourdement sanctionnés, tandis que la presse a qualifié de « conspirationnistes » les auteurs civils qui s’y intéressaient.

Les politiciens de l’Union européenne pensaient que les événements de la place Maïdan étaient spontanés et que les manifestants souhaitaient quitter l’orbite autoritaire russe et entrer dans le paradis de l’Union. Ils ont été stupéfaits lors de la publication de la conversation de la sous-secrétaire d’État, Victoria Nuland, évoquant son contrôle secret des événements et affirmant que son but était de « baiser l’Union » (sic). À partir de ce moment-là, ils n’ont plus rien compris à ce qui se passait.

S’ils avaient laissé la recherche libre dans leurs pays, ils auraient compris qu’en intervenant en Ukraine et en y organisant le « changement du régime », les États-Unis s’assuraient que l’Union européenne resterait à leur service. La grande angoisse de Washington, depuis le discours de Vladimir Poutine à la Conférence sur la sécurité de Munich de 2007, c’est que l’Allemagne réalise où se trouve son intérêt : pas avec Washington, mais avec Moscou. En détruisant progressivement l’État ukrainien, les États-Unis coupent la principale voie de communication entre l’Union européenne et la Russie. Vous pourrez tourner et retourner dans tous les sens la succession d’événements, vous ne pourrez pas leur trouver d’autre sens. Washington ne souhaite pas que l’Ukraine rejoigne l’Union, comme l’attestent les propos de Madame Nuland. Son unique but est de transformer ce territoire en une zone dangereuse à traverser.

La planification militaire US

Nous voici donc face à deux problèmes qui se développent très rapidement : les attentats « islamistes » ne font que commencer. Les migrations ont triplé en Méditerranée en une seule année.

Si mon analyse est exacte, nous verrons au cours de la prochaine décennie les attentats « islamistes » liés au Moyen-Orient élargi et à l’Afrique se doubler d’attentats « nazis » liés à l’Ukraine. On découvrira alors qu’al-Qaïda et les nazis ukrainiens sont connectés depuis leur congrès commun, en 2007 à Ternopol (Ukraine). En réalité, les grands-parents des uns et des autres se connaissaient depuis la Seconde Guerre mondiale. Les nazis avaient alors recruté des musulmans soviétiques pour lutter contre Moscou (c’était le programme de Gerhard von Mende à l’Ostministerium). À la fin de la guerre, les uns et les autres avaient été récupérés par la CIA (le programme de Frank Wisner avec l’AmComLib) pour conduire des opérations de sabotage en URSS.

Les migrations en Méditerranée, qui pour le moment ne sont qu’un problème humanitaire (200 000 personnes en 2014), continueront à croître jusqu’à devenir un grave problème économique. Les récentes décisions de l’Union d’aller couler les navires des trafiquants en Libye ne serviront pas à enrayer les migrations, mais à justifier de nouvelles opérations militaires pour maintenir le chaos en Libye (et non pour le résoudre).

Tout cela provoquera des troubles importants dans l’Union européenne qui paraît aujourd’hui un havre de paix. Il n’est pas question pour Washington de détruire ce marché qui lui reste indispensable, mais de s’assurer qu’il ne se placera jamais en compétition face à lui, et de limiter son développement.

En 1991, le président Bush père chargea un disciple de Leo Strauss, Paul Wolfowitz (alors inconnu du grand public), d’élaborer une stratégie pour l’ère post-soviétique. La « Doctrine Wolfowitz » expliquait que la suprématie des États-Unis sur le reste du monde exige, pour être garantie, de brider l’Union européenne. En 2008, lors de la crise financière aux États-Unis, la présidente du Conseil économique de la Maison-Blanche, l’historienne Christina Rohmer, expliqua que le seul moyen de renflouer les banques était de fermer les paradis fiscaux des pays tiers, puis de provoquer des troubles en Europe de sorte que les capitaux refluent vers les États-Unis. En définitive, Washington se propose aujourd’hui de faire fusionner l’Alena et l’Union européenne, le dollar et l’euro, et de rabaisser les États membres de l’Union au niveau du Mexique.

Malheureusement pour eux, ni les Peuples de l’Union européenne, ni leurs dirigeants n’ont conscience de ce que le président Barack Obama leur prépare.

- Source : Thierry Meyssan

« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

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« LE PRINTEMPS ARABE EST UN CONCEPT OCCIDENTAL »

Entretien avec Michel Raimbaud*

Ex: http://metamag.fr
Mondafrique
Ancien ambassadeur français en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe, l’écrivain Michel Raimbaud, qui vient de publier "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", revient dans un entretien passionnant sur le projet élaboré par les néoconservateurs américains et qui a déstabilisé le monde arabo-musulman... et l'Europe.

41LJf7j6I-L._SY344_BO1,204,203,200_.jpgAfrique Asie. Vous avez placé en épigraphe de votre livre cette citation de Voltaire : « Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » De qui parlez-vous ?
Michel Raimbaud: Il suffit de voir autour de soi. La maxime s’applique à ce qu’on appelle le « pouvoir profond »… On ne peut pas critiquer certaines catégories de personnes et les sujets qui vont avec, dont ceux que je traite dans ce livre. Ce sont ces sujets sensibles.

Vous dites que l’expression « printemps arabe » n’est pas un concept arabe, mais occidental. Le nouveau président tunisien l’a confirmé. Est-ce cela qui explique ce qui s’est passé dans le monde arabe ?
La naissance de ce concept est le fait d’intellectuels et de journalistes français. Il se réfère aux printemps démocratiques, celui de 1848 qui a tenté de bousculer les vieilles monarchies européennes vermoulues, le printemps de Prague en 1968, Mai-68 en France… Cette assimilation historique est un peu hâtive. Sans compter qu’en Tunisie, le printemps du jasmin, c’était en hiver !

Vous n’avez pas de mots assez durs pour évoquer le printemps arabe : « Une appellation plutôt usurpée pour une saison sinistre n’ayant guère d’arabe, à part le nom, qu’une vague façade en carton-pâte derrière laquelle se tapissent un fanatisme islamiste de la pire espèce, des pompes à finances wahhabites inépuisables », etc.
Je le pense depuis le début. Tous les pays arabes ont été touchés sauf les monarchies. Le Bahreïn est une exception à cause de sa « minorité » chiite qui constitue plus de 70 % de la population. Au Yémen, on a découvert à l’occasion de la guerre civile qu’il existe une minorité chiite, les zaydites, représentant 40 % de la population. Il y a des chiites cachés en Turquie, il en existe aussi au Pakistan, entre 20 % et 25 % de la population.

Qu’entendez-vous par un Grand Moyen-Orient situé entre l’empire atlantique et l’Eurasie ? Peut-on encore parler, à propos de l’Otan, d’un empire ? Quant à l’Eurasie, elle est encore embryonnaire. N’est-ce pas une anticipation ?
Oui c’est une anticipation. L’expression du Grand Moyen-Orient elle-même est de George Bush. Ce n’est plus un Moyen-Orient dans la mesure où il va de la Méditerranée à la Chine centrale. L’Eurasie est en gestation, certes, mais le changement se produit sous nos yeux. Les Brics sont en formation, surtout son noyau euro-asiatique. Cet ensemble a de l’avenir.

Mais le Grand Moyen-Orient n’est-il pas une vue de l’esprit ? On a l’impression, plutôt, d’un monde éclaté…
C’est le monde arabo-musulman d’aujourd’hui qui est éclaté. L’expression Grand Moyen-Orient est concise et couvre une vaste région. L’empire Atlantique se place face au bloc euro-asiatique. Ces blocs existent déjà et le deuxième est en voie d’organisation. "Pour la Chine et la Russie, il n'y aura plus jamais de résolution de l'ONU du type de celle de la Libye en 2011"

Comment expliquer que le mal nommé « printemps » ait pu réveiller la guerre froide ? Et que la Russie et la Chine se soient liguées pour contrer ce projet ?
Cette opposition russo-chinoise est une grande première. Jusqu’en 1991, le monde est bipolaire avec, entre les deux blocs, une Chine qui trouble un peu le jeu. Au milieu se trouvent les pays non-alignés, terre de mission pour les deux camps. En 1991, à la chute de l’URSS, on a cru en l’avènement du monde multipolaire. Ce n’était pas vrai : ce que l’on a vu, c’est l’avènement du monde unipolaire, le monde américain. L’Occident va alors pouvoir gouverner au nom de la « communauté internationale », sans opposition, pendant vingt ans, jusqu’en 2011. Puis il va s’évanouir avec les crises de la Libye et de la Syrie. Tout capote avec ces pays, et nulle part ailleurs. Avant, les Russes et les Chinois étaient tétanisés, ils étaient dans une période d’attente, hésitaient entre coopération et confrontation. Les deux pays s’abstenaient sur le Darfour, ou sur d’autres résolutions de ce type. La Chine était surtout occupée à assurer son développement et à devenir la deuxième puissance mondiale. Puis, peu à peu, Poutine réalise qu’il n’y a pas de coopération possible. Le coup d’arrêt à ses hésitations, c’est la guerre de Géorgie. L’Occident va trop loin, surtout avec le bouclier antimissiles. La Chine va se joindre à la Russie lors de la guerre de Libye, le vrai point de rupture. Auparavant, les deux pays avaient été mis en condition pour accepter la résolution 1973, avec l’idée qu’il fallait protéger la population civile. C’est la mise en œuvre de cette résolution qui a fait déborder le vase. Ils se sont rendu compte qu’ils avaient été bernés, et qu’ils avaient fait une erreur en s’abstenant. Les bombardements commencent le lendemain de l’adoption de la résolution des Nations unies. L’Otan, qui n’y était mentionnée nulle part, entre en guerre, bombarde tout, démolit tout. En toute illégalité. Si on regarde le chapitre 7 de la charte des Nations unies, on constate que toutes les dispositions qui encadrent les interventions ont été violées. Y compris celles au prétexte humanitaire. Pour la Chine et la Russie, il n’y aura plus jamais de résolutions à la libyenne. Elles s’opposent six mois plus tard à la résolution sur la Syrie, apposant quatre fois leur veto. Je ne comprends pas que les Occidentaux n’aient pas compris que la Russie et la Chine ne rejoindraient plus jamais la fameuse communauté internationale pour ce genre d’aventures.

La Syrie est donc fondatrice de la nouvelle donne internationale…
C’est l’épicentre d’un conflit global qui dure depuis quatre ans. Si le gouvernement légal de la Syrie était tombé comme les autres auparavant, ou si le régime avait été renversé comme celui de Kadhafi, il y aurait eu d’autres printemps arabes. Mais la Syrie en a été le coup d’arrêt. Les Russes ne voulaient pas tant soutenir la Syrie, mais ils y ont trouvé un partenaire, un point d’ancrage solide. Avant l’Ukraine… Ils ont cultivé l’alliance et rameuté les Brics autour d’eux, à commencer par la Chine. Quatre vétos sur la Syrie : la Chine garde un profil discret, mais ferme. Impressionnant. Au summum de la crise sur les armes chimiques en Syrie, en 2013, il y avait certes les gesticulations russes et américaines, mais il y avait aussi des navires de guerre chinois au large des côtes syriennes. C’est une première et cela devrait faire réfléchir les Occidentaux. "Quand les Américains n'utilisent plus les mouvements terroristes, ils les bombardent".

Afrique, Asie, pourquoi l’Occident séculier soutient-il des mouvements islamistes qu’il combat chez lui ?
Par absence de logique. À ce propos, il faut distinguer les États-Unis et ses alliés au Conseil de sécurité, qui ont des traditions de grandes puissances, et les alliés privilégiés des États-Unis, mais qui n’ont pas les mêmes motivations. Globalement, les Américains sont ceux qui commandent et ont mis en œuvre une stratégie du chaos. Ils ont continué à soutenir les gens d’Al-Qaïda, dont ils sont les créateurs avec l’Arabie Saoudite et le Pakistan. Puis, quand ils n’en ont plus eu besoin, ils les ont laissé tomber en leur disant « débrouillez-vous ». Mais toute cette affaire s’est retournée contre eux avec les attentats du 11-Septembre. Les mouvements terroristes internationaux, comme ceux qui sévissent en Syrie et ailleurs dans le Moyen-Orient ou le monde musulman, sont des héritiers d’Al-Qaïda. Les États-Unis n’ont pas de raison de ne pas s’en servir, tout en sachant que ce n’est pas leur modèle social. Ils les utilisent puis, quand ils ne s’en servent plus, ils les bombardent. Je ne crois pas que les États-Unis aient une sympathie particulière pour les mouvements islamistes, ni pour les Arabes d’ailleurs – cela se saurait. Mais ils peuvent s’accommoder de tout. Leurs meilleurs alliés sont des gouvernements islamistes. Ils ont du mal à trouver des alliés progressistes : ils n’en ont jamais eu dans l’Histoire.
 
"Ce qui fait courir les occidentaux en Arabie: c'est le pétrole et ... les intérêts d'Israël".

Vous étiez en poste en Arabie Saoudite, où l’on vient d’assister à une scène de succession moyenâgeuse. Tous les chefs d’État occidentaux s’y sont rués pour prêter allégeance au nouveau roi d’Arabie. Qu’est-ce qui les fait vraiment courir, à part le brut ?
Le pétrole et les intérêts d’Israël. Dans tout le monde arabe, il existe un terreau favorable à la contestation, mais on n’a pas le droit d’y intervenir et de bombarder sous prétexte que les peuples sont menacés par des tyrans. D’autant qu’on se rend compte que ce type d’opération est menée pour changer le régime ou détruire le pays. Il est plus facile d’exploiter le pétrole avec des pays fragilisés. Le pétrole détourné d’Irak et de Syrie va notamment vers Israël, sans besoin d’oléoducs. Vendu en contrebande à 15 dollars le baril lorsque celui-ci était à 120 dollars, ce pétrole a rapporté des revenus conséquents : 5 milliards de dollars. Des sommes qu’on ne transporte pas dans des matelas ! Il faut des banques, des complices pour les mettre sur le marché. Les circuits parallèles fonctionnent.

Des documents secrets du Pentagone à propos de la Libye viennent de donner une autre explication à cette guerre. Hillary Clinton, conseillée par les Frères musulmans, aurait caché à Obama que Kadhafi était en négociation avec le Pentagone pour passer la main, et que l’histoire du génocide menaçant les habitants de Benghazi était inventée de toutes pièces. L’Occident joue-t-il contre son propre camp ? Il existe tellement de machinations qu’on finit par se prendre les pieds dans le tapis. Il y a toujours des histoires des services spéciaux, etc. Les renseignements sont pipés. Les services jouent un grand rôle là-dedans. Cela dit, Hillary Clinton n’est pas la finesse même sur la Libye, la façon dont elle rit à l’annonce de la mort de Kadhafi le prouve. Un ambassadeur américain a été tué de la même façon que lui pourtant.

Pourquoi la Syrie a-t-elle été jusqu’ici l’exception, et comment analyser l’émergence de l’État islamique ?
J’espère que la Syrie restera l’exception, du moins dans ce contexte-là. L’affaire est loin d’être terminée, mais il y a plusieurs raisons. Bachar al-Assad, quoi qu’on en dise, a une légitimité, il est populaire chez la majorité de ceux qui vivent en Syrie. Quels que soient les défauts de son régime, il est perçu dans le contexte actuel comme un rempart contre le démantèlement du pays. Il a des alliés chiites comme le Hezbollah, l’Iran, certainement une vieille alliance qui date du temps du shah. Il a un véritable partenariat avec la Russie : la Russie défend la Syrie, mais la Syrie défend aussi la Russie. Si la Syrie devait subir le sort des autres pays, la Russie le sentirait passer. Et son prestige international s’en ressentirait.

Quel est le jeu d’Israël?
Israël est derrière toutes les crises du monde arabe, toujours à l’affût. La sécession du Sud-Soudan est un triomphe de la diplomatie américaine et de la diplomatie israélienne. Il fallait transformer le Sud-Soudan en base israélienne, pour le complot contre ce qui reste du Soudan. Ils veulent affaiblissement de ce pays non pas parce qu’ils sont islamistes, mais parce qu’ils ont soutenu Saddam. Ils ne veulent pas la peau de Tourabi ou Al-Bachir, ils veulent couper le Soudan en morceaux. Ils ont réussi, et cela continue avec le Darfour. "Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi, puis Sissi, ce n'est pas logique, c'est la logique du chaos".

Mais le nouvel État, le Soudan du Sud, n’est pas brillant…
Mais lequel des régimes nés des « printemps arabe » est-il brillant ? L’industrie de production de la démocratie américaine au nouveau Grand Moyen-Orient est un trompe-l’œil qui vient des années 1980-1990. Cela n’a rien à voir avec la démocratie et les droits de l’homme : cette stratégie sert à casser le monde arabo-musulman, comme cela est attesté dans de nombreux documents. Car les Américains font ce qu’ils disent, et disent ce qu’ils font.

Il y a un plan, ce n’est pas de la conspiration. Quels que soient les avatars pour soutenir tel ou tel camp, les options restent ouvertes. Au Bahreïn par exemple, ils soutiennent à la fois la rébellion, ce qui leur permet de dire qu’ils défendent les droits de l’homme et la démocratie, et la monarchie pro-saoudite sunnite. Et ils sont gagnants de toute façon. Ils ont fait la même chose au Yémen, et en Égypte, même chose : d’abord Moubarak, puis les islamistes, puis Morsi et maintenant Sissi. Ce n’est pas logique, c’est la logique du chaos. Et elle est bel et bien là.

Comment expliquer que le savoir-faire français sur le Moyen-Orient s’avère inopérant ? 
De Gaulle était un grand homme je pense. Il avait bien une politique arabe exemplaire, il a renversé le cours des relations franco-arabes après l’indépendance de l’Algérie et réussi à changer d’alliance après la guerre des Six-Jours. Après les néfastes conséquences de l’expédition de Suez, c’était un exploit. Une politique arabe a persisté dans une espèce de consensus politique en France. Puis, après le coup d’honneur sur l’Irak, en 2003, la France a commencé à rentrer dans le bercail occidental. Fini la récréation. Le bilan est désastreux. Elle a pourtant un savoir-faire et avait une grande tradition diplomatique. C’est un grand pays, pas dans le sens d’un pays braillard qui manigance à tout prix… Un grand pays au sens positif du terme. Son retrait peut peut-être changer, mais je ne vois pas venir le changement maintenant.

"La France soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques"
François Hollande continue de dire que l’État islamique et le régime de Bachar, c’est blanc bonnet et bonnet blanc, deux ennemis à combattre…Depuis quatre ans, on continue de dire le pire sur Bachar, qu’il va tomber d’une minute à l’autre… En réalité, ce sont les Américains qui peuvent changer d’avis et sont en train de le faire. Les alliés privilégiés de la France sont le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite. On a vu défiler les six monarques du Golfe à Paris, nos alliés. On soutient à la fois les terroristes modérés et les djihadistes démocratiques. C’est une position difficilement tenable, de la haute acrobatie. Les Américains, eux ne l’ont pas fait en même temps : d’abord alliés d’Al-Qaïda, puis leurs ennemis. Ils changent d’avis sans se gêner(...)

L’État islamique est-il une création indirecte de l’Occident ?
Il est le résultat de l’invasion américaine de l’Irak. On peut dire cela à tous les coups. Les Américains ont cassé toutes les institutions irakiennes (armée, police, gouvernement, parti baath, etc.) et facilité la prise de pouvoir par les chiites et des Kurdes au détriment des sunnites. Quand les officiers baathistes ont été mis en prison où séjournaient déjà les islamistes, les deux groupes ont fait connaissance. La prison a été le centre d’étude et de fusion entre des gens qui ne se seraient pas rencontrés autrement – comme cela arrive ailleurs (...)

L’Occident semble préférer le chaos aux États souverainistes…
C’est ce qui apparaît. Le chaos, c’est le but des néoconservateurs qui ont une vieille théorie : il fallait maîtriser toute la zone qui ceinturait le monde communiste soviétique et chinois, et d’autre part sécuriser les intérêts occidentaux. Les Américains se sont aperçus que cette zone était entièrement constituée de pays musulmans. C’est la ceinture verte musulmane, ce qui est devenu le Grand Moyen-Orient de Bush, gonflé au fil des pulsions américaines. Il y avait deux catégories de pays dans cette zone : les États forts, comme l’Iran du shah, ou la Turquie entrée dans l’Otan, peut être aussi l’Irak, des régimes amis de l’Occident. Et les autres qu’il fallait affaiblir, où il fallait provoquer des changements de régime, renverser les pouvoirs en place. Puis des États ont viré de bord, comme l’Iran avec la révolution islamique. Quand la configuration est défavorable, on essaie de changer le régime, et si on n’y arrive pas, on casse l’État – en particulier les armées du monde arabe –, on ruine le pays. Cette stratégie figure dans beaucoup de documents américains ou israéliens. Ça s’est produit avec les armées égyptienne, irakienne, syrienne et sans doute algérienne.

Mais le chaos est contagieux et peut toucher les monarchies du Golfe. Celles-ci seraient-elles les grandes perdantes face à l’axe chiite ?
Dans l’esprit de certains dirigeants américains, c’est ce qui va arriver. Un ancien directeur de la CIA a dit qu’il fallait s’occuper des pays comme la Syrie et l’Égypte, déstabiliser huit pays… L’idée, c’est de leur « préparer » un islam qui leur convienne et d’aider les musulmans à accéder au pouvoir. Quand ces pays auront bien été déstabilisés, alors on pourra s’occuper de l’Arabie Saoudite. Le pacte de Quincy signé en 1945 a été renouvelé en 2005 pour soixante ans, mais il ne durera pas. Les États-Unis n’ont pas aidé le shah à se maintenir au pouvoir. Il n’était plus fréquentable, il a été renversé. Résultat, l’ayatollah Khomeiny a aussitôt pris le pouvoir, et l’Iran est devenu un des ennemis publics numéro un de l’Amérique. Jusqu’en 1979, ce pays était pourtant l’allié stratégique, y compris l’allié nucléaire. Il existait une vraie coopération entre l’Iran et les États-Unis dans ce domaine, avec un traité, des laboratoires, etc.

La question nucléaire a été mise à l’ordre du jour en 2002. Après que l’Iran eut le temps de s’occuper de l’Irak… Avant on n’en parlait pas. Puis les Européens, avec des Américains qui en arrière-plan soutenaient la démarche, se sont benoîtement rappelé du traité de non-prolifération… "En France, on a tendance à saucissonner. Or le rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne est évident".

On est au cœur d’une nouvelle guerre froide avec l’Ukraine. Jusqu’où ce conflit va-t-il reconfigurer le nouvel ordre mondial en gestation ? Quels sont les effets sur le Grand Moyen-Orient ?
En France, on fait rarement un lien entre les différents problèmes, on a tendance à les saucissonner. Cela empêche une compréhension de la situation. J’ai peu entendu les gens établir un rapport entre la crise syrienne et la crise ukrainienne. Pourtant, il est évident. Il n’y aurait pas eu de relance de la crise ukrainienne s’il n’y avait pas eu la crise syrienne. Autrement dit, si la Russie avait laissé tomber Bachar, il n’y aurait pas eu une crise ukrainienne à ce niveau de gravité. On s’en serait accommodés. On a fait la surenchère surtout pour enquiquiner la Russie.

Sans la crise ukrainienne, les Brics auraient-ils pris la même importance sur la scène internationale ?
Sans la crise syrienne il faut dire. Car la crise ukrainienne est un développement de la guerre en Syrie. La guerre d’Ukraine s’inscrit dans le grand mouvement qui a déclenché les printemps arabes. En même temps qu’on essaie de contrôler des pays arabes musulmans et d’étendre petit à petit la zone de crise, on tente de casser ce qu’était l’URSS, réduite à la Russie. On veut contrôler la zone d’influence russe et la réduire au strict minimum. La Yougoslavie, en tant que pays communiste indépendant, était la partie la plus exposée; elle sera dépecée. Pour permettre l’intégration de toute l’Allemagne réunifiée dans l’Otan, le chancelier Kohl et Bush avaient promis à Gorbatchev que l’élargissement de l’Otan s’arrêtait là. Gorbatchev a reconnu avoir été berné. Cela a sonné la fin de la stabilité internationale. Le pacte de Varsovie a vécu, d’anciens États adhèrent à l’Union européenne et passent à l’Otan. Avec l’entrée des pays baltes dans cette organisation, la Russie est encerclée. Mais c’est la Géorgie qui a été la ligne rouge, puis l’Ukraine. La Géorgie a été le symbole du tournant de Poutine, qui avait au début décidé de collaborer avec les Occidentaux.

Quel est l’avenir du projet du Grand Moyen-Orient ?
Le projet démocratique certainement, même si, à mon avis, il n’y aura pas de démocratie, ni de printemps arabes. Le projet de domination reste, même s’il ne va pas forcément se réaliser. L’enjeu est toujours là pour les Américains. La ceinture verte est toujours utile pour encercler le postcommunisme. Même si la Chine est un régime aménagé, il est prudent de le « contenir » en quelque sorte. Les Occidentaux parlent toujours d’une opposition modérée en Syrie, je ne sais pas où ils la voient, mais c’est leur discours. Ils arment une opposition qui est en fait celle des djihadistes… L’alliance qui s’est forgée progressivement entre la Turquie, l’Arabie Saoudite et les Occidentaux, notamment États-Unis, France, Angleterre, alliance de circonstance s’il en est, résiste encore.

La Syrie peut-elle reprendre son autorité sur l’ensemble du territoire ?
Si on la laisse faire, je pense que oui. Le discours sur la démocratie est de moins en moins crédible. On n’a pas à intervenir dans les pays, même pas en Arabie Saoudite qui doit évoluer toute seule.

Pourquoi l’Arabie Saoudite exporte-t-elle son idéologie?
Elle exporte son idéologie pour éviter d’être attaquée à son tour. Mais celui qui a une vision universaliste, c’est le leader turc Erdogan. Les projets qu’il concoctait avant le printemps arabe étaient différents. Il était proche de la Syrie et de la Libye. Maintenant, il est le soutien des Frères musulmans. Il reçoit les visiteurs étrangers dans le palais du Sultan avec une garde d’honneur de de vingt-huit soldats qui représentent vingt-huit provinces ottomanes. Ce gouvernement islamiste turc est nostalgique de l'Empire perdu.

* Michel Raimbaud est l'auteur de "Tempête sur le Grand Moyen-Orient", Éditions Ellipses, 576 p., 24 euros.
 

TVL : Michel Raimbaud démonte le mythe des printemps arabes

 

mercredi, 29 avril 2015

Plans for the Ukrainization of Moldova

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Plans for the Ukrainization of Moldova

Ex: http://www.valdaiclub.com

The possible “unfreezing” of the Transnistrian conflict would mainly benefit the US and could create new problems for Russia, Rostislav Ishchenko says.


After talks with his Romanian counterpart, Ukrainian President Petro Poroshenko said they had agreed to “unfreeze” the conflict in Transnistria. But the statement was false. The Romanians did not confirm it. Needless to say, it was intended primarily for domestic Ukrainian consumption: Poroshenko wanted to show to his supporters that he not only wiped out the “Altai armored militia” but can also thumb his nose at Russia on the diplomatic front. Nevertheless, the incident was revealing.


First, the Ukrainian president’s understanding of Moldovan sovereignty is amusing. Note that according to Poroshenko, Ukraine and Romania can decide on their own to unfreeze an internal Moldovan conflict, frozen by Chisinau, which, incidentally, has pledged to solve the problem solely through negotiations. In other words, Ukraine seeks both to annul international agreements signed by Moldova and to resolve Chisinau’s internal political problems. And enlisting Romania’s support doesn’t change anything in this respect.


This is a disturbing sign. Of course, it could be ignored, chalked up to the stupidity and ineptitude of the Ukrainian leadership, but we have already seen the losses that this stupidity and ineptitude have led to in Ukraine.


Second, the Moldovan leadership, which sees the Kiev regime as being of the same “pro-Western blood,” too often tries to curry favor with Kiev with reckless moves – for example, by denying Russian journalists and politicians entry to Moldova based on blacklists drawn up by the Ukrainian Security Service or by trying to obstruct economic ties and transport links between Russia and Transnistria. In short, by provoking a conflict to please Kiev.
Moldova.pngThird, the attempt to resurrect the conflict in Transnistria fully fits into the US policy of creating problems for Russia wherever possible, forcing Moscow to spread its forces, attention and resources thin on the ground so that it ultimately becomes overstretched and is unable to pursue an independent foreign policy.


In other words, even though Romania is obviously unprepared to get involved in this conflict at this time, while Moldova has not even been consulted, a provocation against Transnistria, both in the form of a complete economic and transport blockade and in the form of direct military aggression, is quite possible. Furthermore, the Chisinau leadership has in recent weeks intensified its media and political attacks against Russia and Transnistria.


By the way, Kiev was the first to mass troops on the border with Transnistria back in April-June 2014. Were it not for the heroic resistance of Donbass, it’s plausible that Transnistria would have already come under attack.


Implications for Moldova


We won’t waste any time on analyzing the possible consequences of a new conflict zone for Russia. Certainly, a conflict is not good for Russia. And not only because it has no direct overland or sea links with Transnistria, but also because Moscow will once again be accused of aggression and an attempt to restore the Soviet Union by force. Instead, let’s consider the threats of an unfrozen conflict for Moldova.


First, over the years, Transnistria has created a stable administrative system and powerful armed forces that, in a confrontation with the Moldovan army, can not only defend themselves but also attack. Of course, their strategic situation is tough. Their rear is blocked by Ukrainian troops. Nevertheless, it borders the Odessa region, where opposition to the Kiev regime is strong. If a front were to emerge 20 or 30 km from Odessa, these resistance forces could disrupt the rear of the Kiev troops.


This is especially relevant now that Igor Kolomoisky has come into conflict with Poroshenko and withdrawn his punitive battalions from Odessa, which controlled the city in Kiev’s interests. For all intents and purposes, he is provoking an anti-Kiev uprising in Odessa so as to tie Poroshenko’s hands with the “Odessa people’s republic” and force him to abandon his attacks on the Dnepropetrovsk governor.


Second, the situation in Transnistria is a replay of the situation in Abkhazia and South Ossetia in August 2008. Russian peacekeepers are deployed there under international agreements, whose mandate is to prevent military contact between the sides. So an attack on Transnistria would be an attack on Russian peacekeepers. That is to say, it would be an act of aggression not only against Transnistria but also against Russia, with all the ensuing consequences.


The consequences are well known from the Georgian precedent. Not only did the Georgian army cease to exist as an organized force within days, Russia also recognized Abkhazia and South Ossetia as independent states, and Russian military bases were opened on their soil.


Third, Moldova is encumbered with the Gagauz problem, which intensified recently over Chisinau’s attempt to effectively rescind Gagauz autonomy. This attempt met with strong resistance, which all but led to a clash between law enforcement controlled by Chisinau and Komrat. It can be assumed that if the Transnistrian conflict is “unfrozen” the Gagauz people will be galvanized into action, as was the case in the early 1990s, during the first armed confrontation over Transnistria.


Fourth, the legitimacy of the Chisinau government is justifiably questioned, not least due to the unfairness and lack of transparency in the recent elections, in which the incumbent authorities were able to retain control of parliament only through the crude and no-holds-barred use of its administrative clout.


The opposition in Moldova is strong and pro-Russian, and commands the support of significant segments of the population. In other words, this conflict will automatically lead to serious internal destabilization in Moldova, putting it on the verge of civil war.


Finally, fifth, there is also the Romanian problem. Bucharest has never abandoned the idea of integrating Moldova into the Romanian state. Ever since the early 1990s, the Romanians have repeatedly indicated that they are prepared to give up Transnistria.


A conflict with Transnistria, provoking Russia’s participation in this conflict and internal destabilization in Moldova, would give the pro-Romanian forces in Chisinau cause to ask Bucharest for political, diplomatic and military assistance without which the Chisinau government simply could not survive. Nor would Kiev be able to provide meaningful assistance.

A Kiev-Washington project


So, the “unfreezing” of the Transnistrian conflict would imminently lead to the Ukrainization of Moldova. The story would follow the same script as in Ukraine after the February 2014 coup.


First, there would be civil war, which presents greater danger for Moldova as it is much smaller than Ukraine, meaning that Chisinau would be unable to stay above the fray for an entire year. This would be followed by the loss of sovereignty and the country’s division into a Romanian part and the Transnistrian republic, which, in the course of a brief conflict, could even expand its borders.


This outcome is good for the US, as it would create a new problem for Russia. In part, in the short term, it is also good for Kiev, as it would temporarily divert some of Russia’s resources to resolve this conflict. However, in the medium term, Kiev risks seeing not only the Transnistrian Moldovan republic in the south but also an allied Odessa people’s republic.


Such an outcome could suit Moldova’s pro-Romanian parties and politicians, since they will be able to leave for Romania with a chunk of territory and become Romanian politicians.


However, this outcome is beneficial neither for the Moldovan state nor for the overwhelming majority of the Moldovan people because it does them no good except to destroy the remains of the economy and quite possibly also hundreds or even thousands of lives in the course of a civil conflict, which will be almost immediately compounded by multilateral interference from the outside.


So there is hope that the Kiev-Washington project for the Ukrainization of Moldova by “unfreezing” the Transnistrian conflict will remain on the drawing boards.


Yet, there is the danger that the situation will spiral out of control, which should not be underestimated. Moldova’s reasonable forces should take preventive measures to ensure that Chisinau returns to a sensible policy.


Rostislav Ishchenko, President of the Center for System Analysis and Forecasting.
This article was originally published in Russian on www.ria.ru

Chine, Pakistan ...et Inde

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Chine, Pakistan ...et Inde

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il n'est pas impossible que la Chine et l'Inde qui jusqu'ici semblaient s'accorder pour coopérer à l'intérieur du groupe Brics, commencent à devoir élargir leurs perspectives.

Certes, Chine et Inde partagent de nombreux domaines où la coopération n'ira pas de soi vu la concurrence inévitable entre ces deux grands pays. Mais on peut penser qu'un autre sujet pourrait rapidement susciter des méfiances, tout au moins en Inde. Il s'agirait des projets de coopération qu'entretiennent la Chine et le Pakistan. Le Pakistan est un pays musulman, de plus en plus d'ailleurs pénétré de mouvements islamistes, voire éventuellement djihadistes. L'Inde est hindouiste. Dès leur indépendance, les deux pays se sont affrontés sur de nombreux points, y compris en termes de puissance militaire.

On se souvient qu'il y a quelques mois, une visite en Inde de Barack Obama, qui devait inaugurer une grandiose coopération américano-indienne, n'a pas eu tous les résultats espérés par les Américains, notamment en termes industriels. Narendra Modi, déjà au pouvoir à l'époque, avait (à juste titre) suspecté Barack Obama de vouloir mettre les technologies américaines au service, non seulement de l'Inde, mais du Pakistan.

Aujourd'hui un grand programme chinois vise à développer un "corridor" sur le territoire pakistanais, dans une des versions de la grandiose route de la soie permettant à la Chine de s'étendre vers l'ouest. Il s'agit d'un programme discuté parmi plus d'une cinquantaine d'autres d'un montant total de 28 milliards de dollars, les 20 et 21 avril, au cours de la visite officielle du président chinois Xi Jinping au Pakistan. Cette visite a été reçue par les autorités pakistanaises comme un événement majeur

Dans ce programme de corridor, le Pakistan deviendra un maillon essentiel de la relation que la Chine veut établir vers la mer d'Oman et le Moyen-Orient. Le port de Gwadar, à l'extrémité sud-ouest du Pakistan, à 100 km de l'Iran, devrait être relié avec Kashgar, ville importante de l'ouest du Xinjiang chinois, non loin de la frontière pakistanaise. La liaison devrait comporter des routes, des lignes de chemins de fer et des pipelines.Deux routes seront possibles, l'une au sud, plus longue mais plus sûre, l'autre au nord (voir la carte ci dessus, proposée sur le site du journal Le Monde).

La visite s'est conclue sur une déclaration du premier ministre pakistanais Nawaz Sharif : « Ce corridor permettra de transformer le Pakistan en carrefour régional, notre amitié avec la Chine est la pierre angulaire de notre politique étrangère » a-t-il affirmé. On peut penser que cet enthousiasme ne sera pas entièrement partagé par les autorités indiennes.

Addendum

Pour l'ancien diplomate indien et grand chroniqueur MK Bhadrakumar, que nous citons souvent, la visite de Xi au Pakistan et l'accueil qu'il a reçu pourraient significativement changer l'ensemble des perspectives diplomatiques en Asie. Il a noté sur son blog 10 points dont chacun, à l'en croire, pourrait être à lui seul une petite révolution : http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumaranrediffmailcom/

  1. Les relations entre la Chine et le Pakistan se transforment. Les investissements chinois massifs profiteront, non seulement à la Chine, mais au Pakistan. Il s'agira d'une relation gagnant-gagnant. Le « corridor » prévu permettra à la Chine, non seulement d'accéder aux marchés mondiaux mais d'investir massivement au Pakistan. Elle devient ainsi garante de la stabilité et la sécurité du Pakistan, qui voit son statut international conforté.

  2. La Chine fait confiance au Pakistan, dans le présent comme dans le futur. Celui-ci pourra donc se débarrasser de son image d'Etat failli servant de repaire à des groupes terroristes. Xi a d'ailleurs félicité le Pakistan pour ses actions anti-terroristes.

  1. La Chine remplace les Etats-Unis dans le rôle de premier allié du Pakistan. Il va s'établir une alliance de peuple à peuple entre la Chine et le Pakistan, au contraire des relations avec l'Amérique qui est à la fois crainte et détestée par la population.

  2. Grâce à l'alliance chinoise, les différences de puissance entre l'Inde et le Pakistan diminueront, que ce soit au plan économique ou militaire. Le Pakistan pourra ainsi devenir attractif pour les investisseurs étrangers. Le label « made in Pakistan » concurrencera le « made in India ». Ceci d'autant plus que les indicateurs économiques et budgétaires pakistanais sont meilleurs que ceux de l'Inde. La Chine pourra ainsi favoriser l'entrée du Pakistan dans le groupe des Brics.

  1. Il en résultera d'importantes réorientations stratégiques au Pakistan. Les élites jusqu'ici traditionnellement portées vers l'Occident, malgré l'hostilité de la population, se tourneront vers d'autres horizons, notamment vers les membres du Brics, en premier lieu, sans compter la Chine, vers la Russie, puis à terme l'Iran, les Etats d'Asie centrale et même l'Inde.

  2. Le renforcement de l'influence chinoise au Pakistan contribuera à la stabilisation de la situation politique en Afghanistan, ce que les Etats-Unis n'ont jamais réussi à faire. La Chine permettra également aux membres du Brics de stabiliser leurs relations avec l'Afghanistan.

  3. La marine chinoise (navires de surface et sous-marins) pourra utiliser le port pakistanais de Gwadar, ce qui renforcera la présence chinoise dans le golfe d'Oman et l'océan indien.

  4. Les capitales du sud-est asiatique observeront attentivement comment évoluera la relation sino-pakistanaise, afin de ne pas en être exclues, tant au plan économique que politique. .

  5. La stratégie américaine, anti-russe et anti-chinoise, visant notamment à isoler la Chine, considérée comme un ennemi potentiel, devra être revue. La Russie, de son côté, jusqu'ici préoccupée par les mouvements islamistes radicaux au Pakistan, pourra devenir moins méfiante. La Chine et la Russie renforceront leurs liens avec l'Iran simultanément de ceux avec le Pakistan. Il en résultera que l'Iran et le Pakistan seront encouragés à devenir membres de l'organisation de Coopération de Shanghai.

  6. L'Inde devra elle aussi modifier profondément sa stratégie internationale. Elle est confrontée à un dilemme « existentiel ». Elle ne pourra pas poursuive une politique de méfiance à l'égard de la Chine. Au contraire, elle devra se joindre aux projets de coopération et d'investissements proposés par cette dernière. La visite de Xi au Pakistan obligera Narandra Modi, jusqu'ici très méfiant à l'égard de la Chine, à se faire plus coopératif. Ceci devrait changer le sens du déplacement de Modi à Pékin prévue dans trois semaines. D'une façon générale, l'Inde devra modifier en profondeur ses relations avec la Chine, afin de profiter de ses capacités d'investissement. En contrepartie, elle devra perdre de son intérêt pour ses relations avec l'occident, qui ne lui ont jamais rien rapporté. Modi pour ce qui le concerne doit faire confiance à la Chine de la même façon que celle-ci fait confiance au Pakistan, malgré le poids qu'y ont encore les éléments islamistes radicaux.


Notre commentaire

Manifestement, MK Bhadrakumar n'aime guère Narendra Modi. Ceci le conduit à voir avec sans doute un peu trop d'optimiste les relations de l'Inde avec la Chine et et celles de la Chine avec le Pakistan. Il n'est pas certain que l'Inde dans ses profondeurs puisse rapidement abandonner son hostilité profonde vis-à-vis du Pakistan. MK Bhadrakumar est peut-être aussi un peu trop optimiste concernant les changements radicaux de paradigmes politiques qu'apporteraient en Asie et même dans le reste du monde le rapprochement Chine-Pakistan. Néanmoins, pour l'essentiel, ses analyses paraissent pertinentes.

Comme lui, par ailleurs, on peut penser que le rapprochement Chine-Pakistan marque un nouveau revers pour la politique militariste d'Obama contre la Chine, résultant du « pivot vers l'Asie » que celui-ci avait entrepris. Nous ne nous en plaindrons pas.

 

Jean Paul Baquiast

mardi, 28 avril 2015

PROCHE ET MOYEN-ORIENT. Incohérences occidentales…

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PROCHE ET MOYEN-ORIENT: Incohérences occidentales…

Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

Barack Obama vient de renouer avec deux des ennemis historiques de l’Amérique : Cuba et l’Iran. Pour le premier, son inscription sur la liste des Etats soutenant le terrorisme prêtait plutôt à sourire. Assurément, Cuba ne représentait plus une menace stratégique pour les Etats-Unis depuis la fin des années 80. Néanmoins, les administrations américaines successives entretenaient pieusement ce vestige de la Guerre froide en raison du poids électoral - non négligeable - des Cubains de Miami. Et si un accord intermédiaire vient d’être signé avec l’Iran, nous sommes loin d’une normalisation stabilisée. Annoncée pour la fin juin - et même si elle se concrétise -, celle-ci ne traitera pas pour autant l’épicentre de l’arc de crises proche et moyen-oriental, à savoir le conflit israélo-palestinien. Par conséquent, les postures de la Maison blanche suffisent-elles à produire une politique étrangère ?

A tout le moins, peut-on parler d’une doctrine Obama ? « Nous faisons des ouvertures, mais nous préservons toutes nos capacités », répondait dernièrement le président des Etats-Unis. Merci Monsieur de la Palice… on ne saurait mieux dire. Pour l’éditorialiste du Wall Street Journal Daniel Henninger, la doctrine Obama, « c’est parler doucement et porter un grand bâton sans la moindre intention de l’utiliser ». Mais encore ?

Depuis son fameux discours du Caire sur l’Islam[1] - destiné à tourner la page des attentats du 11 septembre 2001 et à améliorer les relations américaines avec les musulmans -, on ne peut pas dire que les résultats soient vraiment au rendez-vous. Benyamin Netanyahou est toujours au pouvoir. Il continue résolument à violer l’ensemble des résolutions des Nations unies sans être sanctionné en raison, notamment de la protection inconditionnelle de Washington. Il persiste à occuper militairement les territoires palestiniens, à construire des colonies illégales, à refuser l’idée même d’un Etat palestinien… en faisant un bras d’honneur à l’ensemble de la « communauté internationale »… Brillant !

Mais c’est au sujet de la crise yéménite que Barack Obama est le plus surprenant. Après avoir renoncé à une nouvelle guerre contre la Syrie, en signifiant, plus ou moins clairement, que les Etats-Unis ne devaient plus engager d’opérations militaires lourdes aux Proche et Moyen-Orient, le voilà cautionnant une armada saoudienne qui bombarde le pays de l’Arabie heureuse au petit bonheur la chance… Cette opération est d’autant plus absurde que ses conséquences - désastreuses pour la population civile -, favorisent in fine Al-Qaïda dans la péninsule arabique et d’autres factions salafo-jihadistes fortement implantées dans le sud du pays…

Dans ce contexte d’initiatives contradictoires et d’absence certaine de leadership au Moyen-Orient, la dernière avancée américaine la plus intéressante concerne, certainement la guerre civile syrienne : après la déclaration salutaire de l’envoyé spécial des Nations unies Staffa de Mistura - estimant que Bachar al-Assad fait partie de la solution ! -, la Maison Blanche s’est ralliée à ce constat réaliste pour enfin reconnaître qu’il faudrait reparler - tôt ou tard -, avec les autorités syriennes légales. Si, en juillet 2011, Barack Obama faisait chorus avec Messieurs Sarkozy et Cameron pour dire « Bachar dégage ! », il admet aujourd’hui que les choses ne sont pas si simples. La contagion régionale de la crise syro-irakienne nécessite une réelle prise en compte de la légitimité du gouvernement de Damas, tant pour la sauvegarde de l’intégrité territoriale du pays, que pour la protection des minorités alaouites, chrétiennes, kurdes et druzes… parties intégrantes d’un Etat-nation qui, justement, n’a pas envie de connaître le sort désastreux de l’Irak post-intervention anglo-américaine.

Malheureusement, son homologue français - obsédé à l’idée de remplacer l’Oncle Sam en Arabie saoudite -, n’est pas sur la même longueur d’onde. Dans le même temps, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius reconnaît armer la rébellion syrienne qui égorge les Chrétiens alors que son ambassadeur auprès des Nations unies à New York pousse un projet de résolution afin de protéger ces mêmes Chrétiens ! Comprenne qui pourra…

L’écrivain diplomate Jean-Christophe Rufin disait dernièrement : « à partir du moment où l’on a mis des humanitaires au ministère des Affaires étrangères et où l’on a fixé la morale comme critère unique de la diplomatie, on est entré dans une série d’actions profondément déstabilisatrices. C’est une pensée très américaine de chercher ainsi à catégoriser les gens entre gentils et méchants, c’est une vision morale du monde. Nous, dans notre tradition européenne, on analyse les forces, on prend en compte l’histoire, la géographie et les peuples. Kadhafi est un méchant, donc on l’enlève. Mais après, il se passe quoi ? Il est temps que les politiques et les diplomates respectent de nouveaux critères, plus réalistes, et non plus la seule morale humanitaire ». Bravo l’artiste !    

Richard Labévière, 24 avril 2015

[1] Prononcé le 4 juin 2009 à l’université du Caire.

lundi, 27 avril 2015

TTIP. Le corporate power transnational à l'assaut de ce qui reste du pouvoir des Etats

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TTIP. Le corporate power transnational à l'assaut de ce qui reste du pouvoir des Etats

par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Nous avions signalé il y a quelques jours, sous le titre de présentation « Les véritables maîtres du monde » une étude de chercheurs suisses publiée en 2011 et dont nous avons seulement pris connaissance récemment. Il s'agit de « The Network of global corporate control ». Or on retrouve aujourd'hui ce corporate power directement à l'oeuvre pour faire aboutir les projets de TTIP
 
Nous avions signalé il y a quelques jours, sous le titre de « Les véritables maîtres du monde » une étude de chercheurs suisses publiée en 2011 et dont nous avons seulement pris connaissance récemment. Il s'agit de « The Network of global corporate control » http://arxiv.org/PS_cache/arxiv/pdf/1107/1107.5728v2.pdf. L'étude analyse dans le détail ce que les auteurs présentent comme un superorganisme organisé en filet qui étrangle le monde afin de se l'approprier. Ce superorganisme est constitué du réseau des grandes entrepris transnationales. Bien que nulle autorité n'en assure en apparence la direction, il prend toujours en temps opportun les bonnes décisions permettant d'augmenter en permanence son influence.

Evoquer un superorganisme peut surprendre. Mais ceci n'étonnera pas ceux qui étudient le fonctionnement des superorganismes, qu'ils soient constitués d'humains ou d'autres espèces vivantes. Constamment un tel organisme s'adapte aux modifications de l'environnement et tente de prendre les bonnes décisions lui permettant d'y survivre. Certains n'y réussissent pas et disparaissent. D'autres y réussissent et s'étendent tout en se renforçant.

Dans le cas des entreprises transnationales, on ne prétendra pas qu'elles n'aient pas à leur tête des chefs capables de prendre les décisions nécessaires, non seulement à la survie de l'entreprise individuelle, mais aussi au développement du système global. Néanmoins, l'expérience montre que ces chefs, quelles que soient leurs compétences, n'ont pas suffisamment de clairvoyance et de pouvoir pour analyser et maîtriser l'ensemble des facteurs nécessaires au développement de ce système. Un mécanisme encore mal analysé, dit parfois pensée de groupe ou comportement de groupe, s'établit entre eux du fait de leurs interactions. En conséquence de ce mécanisme, l'organisme tout entier, qu'il convient alors de qualifier de superorganisme, prend collectivement les décisions les plus aptes à son développement. Mais ce mécanisme est aveugle à tout ce qui n'est pas l'intérêt immédiat du superorganisme.

Stop_TTIP.jpgLe « corporate power » des entreprises transnationales, par la voix de ses représentations, affirmera à l'unisson qu'il prend les bonnes décisions, tant pour ces entreprises que pour l'humanité toute entière. Mais il suffit d'un minimum de regard critique pour constater que si, dans le court terme, certaines de ces décisions sont favorables au développement, non seulement de ces entreprises, mais de l'humanité, ce n'est pas le cas globalement. Un accord général s'est désormais établi, tout au moins entre les scientifiques, pour montrer que ces décisions conduisent à des catastrophes, en matière de réchauffement climatique, de disparition des écosystèmes et même de l'humanité en général, désormais menacée de surpeuplement, d'inégalités dans le développement et autres maux qui pourraient se révéler mortels. Même en ce qui concerne les réseaux numériques, si souvent vantés, on peut constater qu'ils encouragent autant le développement de nouvelles criminalités que celui de la culture.

Le seul remède à ces maux, aussi insuffisant et politisé qu'il soit, tient à la mise en place de réglementations et de services publics sous le contrôle des Etats nationaux, organisés pour faire entendre les exigences de l'intérêt général à long terme, plutôt que le seul profit financier et économique à court terme, moteur principal du corporate power. Or ce sont les survivances de telles réglementations et services publics que désormais ce pouvoir veut faire disparaître. Il s'agit, concernant l'Europe, des négociations sur le Transatlantic Trade and Investment Partnership (TTIP) que Washington, relayé par la Commission européenne, veut désormais faire aboutir au plus vite.

Le TTIP


Ces négociations, pour le peu que l'on en connait, visent explicitement à faire disparaitre le peu de barrières que les Etats nationaux et leurs administrations mettaient aux abus du corporate power transnational. Inévitablement, cette disparition conduira à terme aux grandes catastrophes évoquées ci-dessus, face auxquelles le corporate power, uniquement préoccupé de son profit à court terme sera incapable de faire face.

Or beaucoup de personnes s'étonnent de voir, malgré les résistances croissantes, que la marche vers le TTIP et vers son homologue pour l'Asie, l'accord de Partenariat transpacifique, continue à se dérouler inexorablement. Bientôt ces Traités seront signés et leurs effets commenceront à se faire sentir. Le corporate power en sortira renforcé, les intérêts du reste de l'humanité et du monde en général seront de plus en plus mis en danger.

Mais cet étonnement des observateurs naïfs vis-à-vis de cette marche inexorable tient au fait qu'ils n'ont pas encore pris conscience du poids aujourd'hui dominant de ce corporate power, bien décrit par l'étude précitée des chercheurs suisses. Ceux-ci ne connaissaient pas encore sans doute les projets concernant de tels traités, mais ils les auraient sûrement pris en exemple de ce qu'ils ont nommé un réseau d'appropriation du monde par les entreprises multinationales. Certaines de ces entreprises feront valoir qu'à travers ces traités, elles visent le plus grand bien de l'humanité. Mais les chercheurs suisses, ou ceux qui s'inspirent de leurs travaux, pourraient aisément montrer que le superorganisme du corporate power transnational marche aveuglément, au delà de la domination du monde, à la destruction de celui-ci. Mais alors il ne restera plus d'Etats nationaux, de services publics et de réglementations susceptibles de s'y opposer.

Annexe

Pour faire le point sur les perspectives à ce jour des négociations sur le TTIP, nous reprenons ici les principaux éléments d'un article de Paul De Clerck, Friends of the Earth Europe, Lora Verheecke, Corporate Europe Observatory et Max Bank, LobbyControl, « How TTIP could create a red tape labyrinth » https://euobserver.com/opinion/128350

Cet article est traduit, adapté et commenté sur le site DeDefensa, auquel le lecteur pourra se référer http://www.dedefensa.org/article-le_ttip_ou_le_suicide-_-la-kafka_20_04_2015.html

 

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How TTIP could create a red tape labyrinth

Après deux ans de négociations entre l'UE et les USA sur le TTIP,  vous vous attendriez à être bien avertis de toutes les dispositions controversées que contient le projet. Il n'en est rien, car le pire est encore à venir.

Alors que les négociateurs se retrouvent à New York ce lundi 20 avril pour de nouvelles conversations, une nouvelle version “fuitée” d'une proposition de la Commission Européenne pour un chapitre connu sous le nom de “Coopération de Régulation” (disons CR, pour la facilité du propos de cette adaptation, – NDLR) montre que l'accord devrait mettre en place des barrières quasiment infranchissables sur la voie de toutes les législations des pays et institutions concernés. Les corps législatifs de la Commission européenne et du gouvernement US, aussi bien que des 28 États-membres et des 50 États de l'Union, pourraient tous devenir l'objet d'entraves et d'obstacles bureaucratiques sans limites.

Stop_TTIPnnnn.jpgL'objectif de la CR est d'aligner les lois présentes et à venir de l'UE et des USA pour “réduire les charges inutiles, les duplications et les divergences des régulations et règles affectant le commerce et les investissements”. Si des efforts pour une telle CR paraissent logiques et justifiées à première vue, une lecture plus attentive des propositions conduisent à s'alarmer considérablement des procédures et de leurs conséquences.

Pour parvenir à l'harmonisation désirée, la Commission propose de créer un organisme de CR, composé de fonctionnaires civils des deux côtés, qui auraient pour tâche d'apprécier dans quelle mesure les actes législatifs aussi bien de l'UE que des USA sont compatibles entre eux et avec les impératifs du commerce et des investissements. S'ils ne le sont pas, cet organisme aurait le pouvoir d'établir des barrières supplémentaires sur la voie des lois incriminées en proposant des mesures pour renforcer l'harmonisation ou réduire l'impact et les coûts sur les entreprises, – que les gouvernements seraient obligés de prendre en considération. Il pourrait, par exemple, proposer que des législations jointes USA-UE ou même internationales aient la prééminence.

Toutes ces mesures doivent avoir comme résultat inévitable d'affaiblir, de ralentir, voire de complétement stopper les processus de législation et les lois que produit ce processus. Pire encore, ces recommandations pourraient être faites à n'importe quel moment du processus législatif, donnant par conséquent l'opportunité constante d'affaiblir et de repousser le processus conduisant à l'adoption des lois, y compris à un moment où ces lois sont en train d'être examinées par les élus du peuple dans tel ou tel pays.

La CR demande aux législateurs de suivre des procédures qui conduiraient fort probablement à plusieurs années de retard pour les lois envisagées, et obligeraient les législateurs à accorder la plus sérieuse attention à toutes les contestations soulevées, jusqu'aux plus dérisoires et aux plus intrusives. Cela obligerait à créer une énorme bureaucratie de fonctionnaires civils, qui aurait pour tâche d'évaluer chaque loi nationale et chaque loi de l'UE pour voir dans quelle mesure elle s'accorderait aux lois similaires aux USA, et vice-versa. Ce processus conduirait à la production de nouvelles vagues de paperasseries bureaucratiques pour les gouvernements, et à de nouvelles dépenses pour les contribuables.

Tout cela aurait également un fort effet dissuasif auprès des législateurs de l'UE et des États-membres, de seulement tenter d'introduire de nouvelles lois pour protéger les intérêts du public. La conséquence la plus importante de la CR conduirait à un effet préventif négatif considérable. Si les législateurs savent qu'à chaque étape du processus menant à une loi leur travail peut être mis en question et examiné, ils seront beaucoup moins enclins à suivre dès le départ des références de nouveauté et des standards de grande qualité.

Les propositions actuelles de l'UE offrent au corporate power des opportunités particulièrement prometteuses d'affaiblir et de retarder les législations qu'il considère comme “anti-commerciales”, c'est-à-dire tout ce qui peut conduire à des coûts supplémentaires pour leurs compagnies. La proposition prescrit que l'UE doit inclure dans chacun des processus de régulation une consultation des actionnaires et qu'elle doit tenir compte des avis qui seront donnés. Cela donne aux groupes ainsi concernés des moyens très puissants de faire barrage à tout nouveau standard qui pourrait conduire à des coûts plus élevés.

Enfin, last but not least, la CR telle qu'elle est proposée pour le TTIP conduira à une érosion significative du processus démocratique de l'UE et des États-membres en permettant à un pays étranger d'examiner attentivement les propositions législatives et faire pression pour leur adoption avant même que les institutions démocratiques représentatives, tels que le Parlement Européen, les parlement nationaux et les États-membres, aient la possibilité de seulement les apprécier.

Tout cela donne d'énormes pouvoirs à des petits groupes d'individus qui ne sont comptables en aucune façon devant l'intérêt public européen, d'accorder la priorité aux préoccupations du commerce et de l'investissement par rapport à tout autre intérêt. La Coopération de Régulation est un système qui introduit volontairement des obstacles et des barrières pour la mise en place d'une véritable régulation. Cela devrait conduire sans aucun doute à des négociations sans fin, sans résultats, entre législateurs pour l'harmonisation de leurs lois. Ce labyrinthe de paperasserie pourrait créer effectivement un blocage complet de tout nouveau standard européen pour les domaines environnemental, social et de la santé au sein de l'Union Européenne.

Paul De Clerck, Lora Verheecke, Max Bank

Jean Paul Baquiast

Extremism of the Wolfowitz Doctrine Governs U.S. Foreign Policy

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Extremism of the Wolfowitz Doctrine Governs U.S. Foreign Policy

Of the various possible explanations of U.S. foreign policy, the most powerful hypothesis is that the Wolfowitz Doctrine in its original undiluted form is the guiding light of U.S. policy. No other competing explanations can rationalize as well as it can the wide range and locations of U.S. government actions, their shifts, their indifference to human life, and their apparent contradictions.

The single most important feature of this doctrine is that it casts the U.S. in a worldwide activist role whose aim is “to deter or defeat attack from whatever source”. And it proposes to accomplish this by precluding “any hostile power from dominating a region critical to our interests…”

This doctrine is conditioned by two world wars and a cold war. It says “never again”. It looks for a worldwide peace and order made in Washington and backed up by American power. It says that no powerful aggressor or potential aggressor like Germany, Japan or the Soviet Union shall be allowed by the U.S. again to rise and threaten world war or even the world order.

It is one thing to propose utopian goals. It is quite another thing to devise a means for accomplishing them. Attempting a pax Americana in practice is turning into endless warfare without reducing threats. The U.S. government itself has become the largest threat to world peace and regional stability. The U.S. government is producing countervailing forces and weakening America. If no Germany or Japan has arisen again, at least yet, it is not because the U.S. government’s policies have prevented such an occurrence. It is simply because the world’s consciousness has moved on from the ashes of two world wars and the dark tensions of a cold war.

The Wolfowitz Doctrine is extreme. It assumes that the U.S. government has the will, the insight, the wisdom, the moral fiber and the capabilities of recognizing and dealing with threats. It assumes that those on the receiving end of American restrictions, bombs, sanctions, deals, payoffs, loans, wars, institutions and ideas will either accept them or be made to accept them. It assumes away the interests of other nations that diverge from those of the U.S. It assumes that the U.S. government is right for these tasks and can do them right, this despite the fact that the U.S. military has shown itself unable to deal with insurgencies, to mention just one irksome limitation of American power. It’s extreme in its worldwide scope. It turns out that there is no region that cannot be defined as critical to U.S. interests. It also turns out that there is no threat that is to small to be defined as a threat that could grow into a larger threat. Under the Wolfowitz Doctrine, the U.S. looks for enemies, even when they are not either visible or being gestated.

The Wolfowitz Doctrine is activist. It gives the foreign policy establishment in and out of government an open-ended assignment. State and Defense revel in it. It gives the think tanks, the defense establishment, the defense companies, the mercenaries and the intelligence bureaus open-ended possibilities for mischief.

The worst thing about the Wolfowitz Doctrine is that it sounds good. It sounds like a good thing. It sounds like a good thing to do. Presidents and cabinet officers can sign on to it and feel as if they are doing good and right things. How can it not be good to remove “bad guys” who are threats? How can it not be good to defend some foreign nation’s borders from rebels or insurgents? The Vietnam War shows that it can be very bad to attempt to hold a border. Iraq shows that it can be very bad to remove a bad guy and destroy a government. Many, many bad things can happen as a result of attempting to do what seem to be good things to those attempting to implement the Wolfowitz Doctrine.

wolfowitz_card.jpgIn practice, as operations in the Middle East show, nothing is as simple as the Wolfowitz Doctrine makes it sound. What’s on paper or in some dreamer’s or planner’s head is not what happens in reality.

The Wolfowitz Doctrine is what has guided U.S. action everywhere, even in the War on Terror. All it took was for Washington to think of terrorism as a massive threat, and 9/11 saw to that. Then it became a simple if crude and unthinking application of the Doctrine to attack Afghanistan and then Iraq. Sanctions on Iran and undermining Iraq easily fell within its scope. So did Libya. Bombing Yugoslavia clearly could be rationalized by this Doctrine. Europe, in this thinking, must somehow be kept pure and free from battles and internal dissensions and struggles, even if it takes a war or two to stop such battles. On paper, there can be no struggles any longer because they are threats to “stability”. The planners become blind to the fact that attempts to enforce stability strictly produce pressures that build up, long-lived insurgencies and new instabilities and grievances.

The motive behind the Wolfowitz Doctrine is pure and noble: peace. The problem is that peace isn’t produced by a superpower enforcing it. The Doctrine lacks a foundation in reality. What happens is that impure motives invariably mix with the pure motive. Americans in government like to win. They like to be number 1. They look upon those nations who are less materially wealthy as inferior. Americans in government are impatient, arrogant and crude in their dealings with others. They are prone to make threats and employ sanctions. They think in military terms. Many impurities come to be mixed with the idea of a noble selfless superpower enforcing peace that the Wolfowitz Doctrine presumes.

The U.S. claims defense of the world order is its motive, but how can that be separated from what has to appear as an attempt to dominate? The Wolfowitz Doctrine requires dominance for its implementation. This is an internal contradiction that cannot be erased. A world policemen cannot operate without being a dominant force.

Other explanations of U.S. behavior don’t measure up as well, and I am not alone in having tried them on for size at one time or another. The other explanations include pathological leaders, evil leaders, ignorant leaders, an ignorant public, imperialism, defending the dollar, pro-Zionism and pro-Israel, and controlling oil supply. Each of these may play some role from time to time. Some of them are mixed in with applying the Wolfowitz Doctrine. Some of them are implausible, not being able to explain the full range of events.

The Wolfowitz Doctrine seems like common sense, which is why it finds support among Americans and American leaders. Yet hidden within its counsels are grave defects, and these are being exposed as the Doctrine is implemented. Activism or interventionism, if you will, is a keystone to the Wolfowitz Doctrine. Look what it has gotten us. This is because the Doctrine makes idealistic and heroic assumptions that fly in the face of realities of how the world works. This Doctrine makes mountains out of molehills. It has done this with terrorism, blowing it way, way out of proportion. This produced more terrorists or Muslim jihadists. It has done this with foreign strongmen and dictators, making them out to be huge and enormous threats that we and their peoples could not handle without war. Nonsense! Removing them has resulted in massive instability. The Wolfowitz Doctrine has made a big deal out of protecting oil supplies and allying with Saudi Arabia. This completely blew up the problem of oil security way out of proportion. The U.S. produced 6 billion barrels of oil in World War 2 without a hitch. It currently sits on 30 billion barrels of reserves, excluding the government’s cache. There is no conceivable major threat to U.S. security on the scope of a world war coming from anywhere on the entire planet. There is no reason on earth why the U.S. has to be frightened of oil supplies having to travel in narrow waters near Iran and Saudi Arabia. These government-held ideas are wild exaggerations, approaching paranoia. They show only that the government is incapable of implementing the Wolfowitz Doctrine without severe prejudice or going off the deep end.

Many aspects of U.S. foreign policy look mad and irrational. This is because they are attempting to take the Wolfowitz Doctrine to extremes under which it falls apart. It is one thing to face up to a clear and present danger or an enemy whose intentions endanger our security. It is very different to attempt to create a world in which no such dangers ever can arise because the U.S. is going to stamp them out when they are no more than glints in a potential enemy’s eyes or when they involve arbitrary assessments of some revolution somewhere, some hostilities somewhere, some terrorist act somewhere, some dictator somewhere, some massacre somewhere, some infringement of gay or women’s rights somewhere, some religious fanaticism somewhere, some emission of carbon somewhere, some nasty language somewhere or some border infringement somewhere. And all of this falls or can fall under the blanket of the Wolfowitz Doctrine.

Good riddance to the Wolfowitz Doctrine.

Email Michael S. Rozeff

Les USA jonglent entre chaos et coordination pour contenir la Chine

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Les USA jonglent entre chaos et coordination pour contenir la Chine

Par Andrew Korybko

Ex: http://www.cercledesvolontaires.fr

Ce n’est aujourd’hui plus un secret que les USA sont résolus à contenir la Chine, tout en évitant soigneusement de s’engager dans une confrontation directe avec elle. En lieu et place, les USA entretiennent une double politique de création de chaos aux franges de l’ouest et du sud-ouest de la Chine tout en coordonnant une alliance d’endiguement le long du sud-est et du nord-est de sa périphérie. L’Asie Centrale, le nord-est de l’Inde et le Myanmar en représentent les composantes chaotiques, tandis que les « porte-avions insubmersibles » du Japon et des Philippines en sont les composantes coordonnées.

De cette façon les USA encerclent littéralement le pays avec des situations et des états hostiles (avec l’exception évidente étant la frontière russe), espérant que ceci puisse désorienter les décideurs politiques chinois et par voie de conséquence paver la route de l’infiltration interne à travers la déstabilisation externe. Au milieu de tous ces complots la Chine ne reste pas inactive ou passive, puisqu’elle a trois stratégies spécifiques à l’esprit pour briser la Coalition d’Endiguement Chinois (CEC) et contrer le pivot des USA vers l’Asie.

Cultiver le chaos

La stratégie de la CEC à l’ouest et au sud-ouest est de créer une ‘frange régionale’ déstabilisée à même d’infecter les provinces périphériques vulnérables de la Chine par son chaos contagieux. Cette section examine comment la grande stratégie US en Asie Centrale et dans l’ouest de l’Asie du Sud-Est est conçue précisément à cette fin, alors qu’une publication précédente de l’auteur avait déjà exploré les perspectives d’une réaction en chaîne de Révolutions Colorées émanant depuis Hong-Kong.

Turkménistan : l’état ‘ermite’ d’Asie Centrale est identifié comme le pays étant le plus vulnérable à une offensive transnationale des Talibans, dans un avenir indéfini. Si ceci devait se produire et que le pays n’était pas suffisamment prêt à se défendre, alors les conséquences désastreuses s’étendraient immédiatement à la Russie, à l’Iran et à la Chine, tel qu’il a été expliqué dans un article antérieur de l’auteur. En ce qui concerne cette dernière, ceci implique une déstabilisation massive des importations régionales chinoises de gaz naturel de la part de son plus grand fournisseur actuel, ce qui aurait évidemment des répercussions négatives au Xinjiang, ultime cible des politiques de chaos US en Asie Centrale en rapport avec la République Populaire. Plus les importations énergétiques chinoises continentales sont menacées et périlleuses, plus le pays doit s’appuyer sur leur réception par voie maritime ce qui, au regard de la supériorité navale US les place directement sous le contrôle de Washington dans l’éventualité d’une crise.

Kirghizistan : la menace stratégique émanant du Kirghizistan est plus tangible que celle trouvant son origine au Turkménistan, en ce que la république montagneuse borde directement le Xinjiang. À l’examen de la stratégie destructrice des USA en Asie Centrale, il devient évident qu’ils ont un intérêt à provoquer la chute du gouvernement kirghize par le biais d’une autre Révolution Colorée afin, entre autres choses, de créer un havre terroriste ouïghour pouvant enflammer l’insurrection ethnico-religieuse dirigée depuis l’extérieur contre Beijing. Du point de vue de la politique étrangère US, donc, une crise au Kirghizistan est un levier géopolitique qui peut être actionné pour activer davantage d’instabilité au Xinjiang, avec l’objectif d’attirer potentiellement l’Armée de Libération du Peuple dans un bourbier. Dans le schéma général des choses, les deux républiques d’Asie Centrale, le Turkménistan et le Kirghizistan, sont essentiellement des armes anti-Chinois attendant d’être (dé)construites par les USA pour être utilisées contre la province stratégique du Xinjiang, avec l’Ouzbékistan jouant aussi un rôle similaire s’il devait imploser (ou y être incité par les USA).

Inde du nord-est : dans ce recoin de l’Inde, qui peut être culturellement considéré comme la frange du nord-est de l’Asie du Sud-Est, la foule de tensions ethniques et d’insurrections émergentes qui ont lieu pourraient faire le bond d’une crise domestique, à une crise d’ampleur internationale. L’auteur avait précédemment évalué que l’une des répercussions de la violence de l’année dernière inspirée par Bodo avait été de déstabiliser la proposition de couloir commercial Bangladesh-Chine-Inde-Myanmar (BCIM), affectant négativement les projets de Beijing pour une ‘Route de la Soie du Golfe du Bengale’. Toutefois, l’internationalisation de la situation pourrait voir les guerres ethniques encourager des acteurs militants non-étatiques au Myanmar, avec comme objectif final qu’ils en viennent à déstabiliser la province du Yunnan, la région chinoise ayant la plus grande diversité culturelle et ayant été comparée à ‘un microcosme parfait‘ du pays entier. Bien que pour le moment aucune preuve n’a été avancée pouvant suggérer que les USA aient joué le moindre rôle dans l’instigation des dernières violences dans la province de l’Assam, cela n’implique pas qu’ils ne puissent pas le faire à l’avenir, surtout maintenant que les dés de la tension ethnique ont été jetés. Cette Épée de Damoclès est perpétuellement suspendue au-dessus de la tête des décideurs politiques indiens, car ils comprennent qu’elle peut être utilisée contre eux au cas où ils résistaient à la pression de Washington de se soumettre davantage à la Coalition d’Endiguement Chinois (CEC).

Myanmar : la plus grande menace conventionnelle envers la Chine le long de sa bordure méridionale (hors une Inde hostile) repose dans le débordement des guerres ethniques depuis le Myanmar vers l’intérieur du Yunnan. Actuellement, ceci se produit déjà puisque les récentes violences à Kokang (État de Shan) ont forcé des milliers de personnes hors de leurs foyers vers la Chine en tant que réfugiés, où il est rapporté qu’ils sont vus comme étant un ‘poids’ pour les autorités. Assez clairement, la Chine comprend les vulnérabilités du Yunnan face à une déstabilisation externe du même type qu’au Xinjiang, quoique manifestée autrement, d’où sa sensibilité à ce qui pourrait être un nouvel embrasement de la guerre civile au Myanmar. Après tout, l’explosion de violence inattendue a une fois de plus retardé la conclusion des pourparlers de paix longtemps attendus du pays, dont la finalisation avait été antérieurement prévue.

thediplomat_2014-04-30_14-13-00-386x288.jpgCependant, désormais d’autres groupes ethniques ont été encouragés par les affrontements, ils envoient leurs propres combattants et mercenaires à Kokang, qui est en outre d’ores et déjà sous régime de loi martiale. Il semble dorénavant que le fragile processus de paix national soit au bord de l’effondrement total, et que les combats puissent se répandre à d’autres régions si leurs milices respectives choisissent de profiter de toute déconvenue perçue du gouvernement à Kokang pour lancer leurs propres offensives. Tout ceci mènerait à la détérioration de la sécurité du Yunnan et à l’influx de milliers de réfugiés supplémentaires, certains pouvant même être affiliés à des militants voulant provoquer leurs propres soulèvements à l’intérieur de la Chine. C’est ce facteur qui effraie le plus Beijing, nommément, que les jungles du Yunnan puissent un jour devenir le foyer de combattants similaires à ceux du Xinjiang, désireux de livrer une autre portion du pays au chaos.

Schémas chaotiques: ce qui est cohérent dans tout ce chaos, c’est qu’il suit une espèce d’ordre en termes de stratégie US. Les pays étudiés longent les franges de l’ouest et du sud-ouest de la Chine, qui sont déjà mûres pour des provocations ethniques. De plus, deux des états bordant les provinces ciblées, le Kirghizistan pour le Xinjiang et le Myanmar pour le Yunnan, sont intrinsèquement instables pour des raisons qui leur sont propres, faisant d’eux des ‘bombes à retardement actives’ pouvant être incitées à exploser sur le seuil de la Chine par les USA. En ce qui concerne le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le nord-est de l’Inde, leurs déstabilisations sont des détonateurs pour les deux ‘bombes’ principales, le Kirghizistan et le Myanmar, bien que le dysfonctionnement de n’importe laquelle des régions susmentionnées affaiblisse la Chine en lui-même. En bref, ce vecteur de la grande stratégie US est orienté vers la destruction d’états-clés de la périphérie de la Chine afin d’éroder la force du gouvernement central le long de ses propres régions périphériques, dont deux (le Xinjiang et le Yunnan) sont vulnérables face à une déstabilisation dirigée de l’extérieur et visant l’agitation ethnique.

Coordonner l’endiguement

De l’autre côté de la Chine, les USA façonnent une Coalition d’Endiguement Chinois (CEC) pour confronter Beijing et la provoquer à une intervention de type ‘Brzezinski à l’envers‘ dans la Mer de Chine du Sud (si elle n’est pas déjà entraînée au Myanmar). Le Japon et les Philippines sont les pièces centrales de cette stratégie, et il est envisagé que la Corée du Sud et le Vietnam y jouent également des rôles essentiels. Examinons les plans de Washington pour chaque pays présenté, tout en étudiant comment ils s’imbriquent tous ensemble dans le schéma plus vaste :

Les ‘porte-avions insubmersibles’

Japon : la remilitarisation du Japon sous le Premier Ministre Shinzo Abe a irrité à la fois la Chine et la Corée du Sud, qui se souviennent encore vivement des cicatrices de la Seconde Guerre Mondiale. Beijing est particulièrement troublée par la ‘réinterprétation‘ de la constitution pacifiste du Japon, où il a été décidé que ses ‘forces d’auto-défense’ pouvaient assister des alliés en guerre à l’étranger, des analystes ayant notoirement souligné que cela faisait certainement allusion à son allié de défense mutuelle, les USA. Quoiqu’il en soit, cela ne se limite pas qu’à une simple coopération avec les USA et peut également venir en appui à des armées régionales; c’est ici que les Philippines entrent en scène.

Les Philippines : comme avec le Japon, les USA conservent un engagement de défense mutuelle avec les Philippines qui a encore été renforcé par la signature d’un accord supplémentaire de 10 ans l’été dernier. Les Philippines ont élevé leurs relations avec le Japon en partenariat stratégique en 2011, ce qui fait de Tokyo le seul hormis Washington à bénéficier de ce privilège auprès de Manille, qui vient aussi d’en conclure un avec le Vietnam. Ceci est extrêmement important car il en découle que les Philippines se transforment en nœud central reliant les trois principaux partenaires de la CEC, et que tout déclenchement d’hostilités entre elles et la Chine y attirerait probablement ses trois autres partenaires, jusqu’à un certain point (ce qui est étudié plus loin).

Soutien secondaire

Vietnam : cet état d’Asie du Sud-Est est historiquement engagé dans une rivalité avec la Chine, rivalité la plus récemment exprimée au travers des émeutes anti-chinoises de 2014 et de l’antérieure Guerre Sino-Vietnamienne de 1979. Bien qu’il ne soit pas annoncé que Hanoï entre dans une relation formelle de défense avec Washington semblable à celles de Tokyo et de Manille, les liens entre les deux se sont progressivement réchauffés au fil des années, les USA allégeant un embargo de ventes d’armes au Vietnam en fin d’année dernière pour annoncer il y a une semaine qu’ils allaient leur fournir 6 patrouilleurs. La coopération militaire et la coordination stratégique sont appelées à s’intensifier dans les années à venir, tandis que les USA embarquent le Vietnam à bord de la CEC comme membre de soutien, bien qu’il ne soit pas clair si cela s’amplifie davantage en plein jour ou s’active plutôt dans l’ombre, ou encore en reste à son niveau actuel.

Considérant que le pays partage une réelle frontière terrestre avec la Chine et que la puissance militaire chinoise est plus forte sur terre que sur mer, il est présentement improbable qu’Hanoï entre en confrontation directe avec elle (à moins qu’elle ne soit garantie de réitérer ses fortunes de la guerre de 1979). Ce qui est cependant plus probable est qu’elle assume le rôle d’un double ‘meneur depuis l’arrière‘, partenaire avec les Philippines dans l’endiguement de l’activité navale de la Chine dans la Mer de Chine du Sud, pouvant éventuellement venir à leur secours dans l’éventualité d’un conflit formel. Travaillant indirectement à travers les Philippines via son nouveau partenariat stratégique avec le Vietnam, Washington et Hanoï pourraient occulter leurs liens militaires de plus en plus importants et ainsi éviter une indignation domestique concernant leur alliance militaire de facto. Non seulement cela, mais le Vietnam peut également conserver une mesure de possibilité de dénégation dans sa relation avec la CEC, bien que cela ne puisse peut-être pas rester crédible longtemps s’il va plus avant dans une coopération plus profonde avec l’US Navy, principalement en autorisant davantage d’escales portuaires à ses navires et de possibles manœuvres navales conjointes.

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Corée du Sud : Séoul est le maillon faible de la CEC, mais il est malgré tout nécessaire d’examiner le rôle prévu par les USA pour elle, quelle que soit leur réussite dans sa mise en œuvre. L’idée est que la Corée du Sud et le Japon forment la base de la section du Nord-Est de la CEC, mais étant donné les importants problèmes existant entre eux (prioritairement leur opinion de la Seconde Guerre Mondiale et la dispute territoriale des Rochers Liancourt), il sera difficile pour leurs gouvernements de s’accorder avec leurs citoyens sur une telle éventualité. Portant l’affaire encore plus loin, la Corée du Sud est délibérément ambigüe sur sa volonté d’héberger une infrastructure de défense anti-missiles sur son territoire, démontrant qu’elle est suffisamment pragmatique dans sa politique pour prendre en considération les intérêts de la Chine. Ceci peut être influencé par le fait que les deux ont d’ores et déjà signé un Accord de Libre Échange qui représente l’un des hauts points de la diplomatie régionale chinoise de ces dernières années.

En dépit de cela, Séoul, Tokyo et Washington se sont reliés pour partager des renseignements sur la Corée du Nord, créant un réseau pouvant facilement être dirigé contre la Chine dans un avenir défini par le ‘besoin’ s’en faisant sentir. Ceci signifie que Séoul n’est pas prêt à abandonner complètement Washington pendant encore longtemps, ayant récemment prolongé le contrôle US sur ses forces armées en temps de guerre jusqu’au milieu des années 2020. Quand le renforcement de la puissance des USA et les avancées de l’influence chinoise sont mises dos-à-dos, la Corée du Sud peut le plus clairement être vue comme un objet de compétition stratégique pour les deux grandes puissances, bien que plus de 28.000 troupes US soient actuellement stationnées dans le pays. Par conséquent, que le pays puisse s’engager entièrement en faveur de l’un ou de l’autre n’est pas certain, impliquant que les perspectives de son intégration entière dans la CEC sont sévèrement limitées bien qu’elles soient en mesure d’avoir un impact extrêmement important, dussent-elles aboutir.

Rassembler les morceaux

Chaque pièce de la CEC fait partie d’un schéma plus vaste, et certaines lignes de pensée stratégiques relient tout ensemble dans une entité semi-intégrée. Un conflit déclaré entre la Chine d’une part et le Japon ou le Vietnam d’autre part engendrerait des coûts énormes pour chaque belligérant, dont des coûts économiques (qui peuvent être considérés comme les plus importants par le Japon/Vietnam), servant ainsi de contrepoids au bellicisme et aux provocations militaires irrésistibles. Les mêmes ‘ralentisseurs’ ne sont pas aussi visibles quand il s’agit des Philippines, cependant, impliquant que le deuxième ‘porte-avions insubmersible’ des USA puisse servir ‘d’appât’ pour leurrer la Chine dans une ‘Brzezinski à l’envers’ en Mer de Chine du Sud. Alors qu’une analyse sommaire peut amener à disqualifier les Philippines de la moindre chance de succès militaire face à la Chine, un examen plus minutieux (via les détails mentionnés plus haut) indique que l’archipel peut être un énorme piège au regard des relations stratégiques et militaires qu’il entretient avec des tierces parties.

Dans l’éventualité d’hostilités entre Beijing et Manille, Washington offrirait sûrement une quelconque forme d’aide et de soutien à son allié. Ses actions en Ukraine peuvent être vues comme un coup d’essai de ce dont elle parvient à se dédouaner (et dans quels cadres de temps) dans l’assistance à un intermédiaire faible face à une grande puissance, et il est anticipé que de telles leçons stratégiques et logistiques seront certainement appliquées aux Philippines lors de tout conflit qu’elles puissent avoir avec la Chine. Tout comme l’Ukraine a servi de cri de ralliement pour réinventer l’OTAN comme alliance contre la Russie, les Philippines peuvent probablement servir de cri de ralliement pour formaliser la CEC en une organisation analogue orientée contre la Chine. Les autres partenaires stratégiques des Philippines, le Japon et le Vietnam, se rallieraient sans doute à la défense de Manille de la même façon que le font la Pologne et la Lituanie pour l’Ukraine (quoiqu’à une échelle beaucoup plus large et significative). Pour Tokyo et Hanoï, ils peuvent voir l’opportunité de projeter davantage de forces en Mer de Chine du Sud et de tester divers équipements militaires qu’ils peuvent diriger en hâte vers les Philippines (des navires dans le cas du Vietnam et des drones dans celui du Japon). Compliquant encore plus les choses seraient l’Inde et l’Australie, deux états en dehors de la région comme les USA, jetant aussi leur dévolu du côté de Manille de la même façon que le Japon et le Vietnam, utilisant le conflit fabriqué comme excuse pour renforcer leur influence dans la région.

mer_chine_du_sud.jpgCe qui compte le plus ici n’est pas de savoir si les Philippines peuvent gagner (ce qui est hautement improbable), mais le fait qu’elles puissent devenir une ‘Ukraine d’Asie du Sud-Est’, faussement dépeintes par les médias mainstream comme victimes d’une grande puissance non-occidentale (alors qu’en réalité les rôles ont été inversés) et partiellement sacrifiées afin de servir de cri de ralliement pour la concrétisation de la CEC. Non seulement la CEC serait-elle formalisée par un tel scénario, mais tous les partenaires officiels et non-officiels des Philippines pourraient également inonder la Mer de Chine du Sud de leur soutien, y établissant peut-être même une présence permanente de facto (même si il y est plutôt fait référence comme étant une présence ‘tournante‘). De plus, en leurrant la Chine vers un conflit avec les Philippines (à travers des provocations inacceptables), la CEC peut également surveiller la manière dont opèrent l’Armée et la Marine de Libération du Peuple en temps de guerre, fournissant des méthodes et des tactiques observables pouvant être analysées dans le façonnage de contre-mesures appropriées pour le ‘vrai combat’ dans un avenir indéfini.

Briser le Mur de la CEC

Tout est loin d’être perdu, toutefois, puisque la Chine a trois options qu’elle peut employer simultanément pour briser le mur d’endiguement et s’extirper de l’asphyxie stratégique projetée par les USA. Voici ce que prévoit Beijing :

L’Échange Sud-Coréen

Ainsi que décrit précédemment, la Corée du Sud est loin d’être une ardente alliée des USA, au vu des énormes avancées que la Chine y a fait au cours de la dernière décennie au point que Séoul n’a le choix que de se comporter de manière pragmatique avec elle. Ceci entend qu’il devient de plus en plus improbable qu’elle se soumette totalement à la CEC, l’enlevant de la chaîne d’endiguement en construction autour de la Chine. L’objectif de la Chine, donc, est de maintenir la ‘neutralité’ sud-coréenne dans la ‘guerre froide’ que mijotent les USA contre la Chine, avec comme scénario idéal que Séoul expédie le dossier du retour du contrôle sur ses forces armées en temps de guerre et, peut-être, impose des limites (ou des retraits échelonnés) à la présence militaire US sur place. Bien qu’un tel développement puisse sembler être un fantasme politique à l’heure actuelle, cela n’entend pas qu’il ne s’agisse pas de l’objectif final que projette la Chine. En définitive, si la Corée du Sud échange les USA pour la Chine comme partenaire favorisé (ce qui peut progressivement se produire à travers la combinaison d’un sentiment anti-US croissant, la rancune anti-japonaise et des attitudes pro-nord-coréennes), il va sans dire qu’un monumental séisme géopolitique de cet acabit engendrerait des répliques de grande portée, ressenties le plus immédiatement dans les pourparlers entre les Corées du Nord et du Sud mais s’étendant possiblement à travers le reste de la zone Asie-Pacifique.

Naviguer sur la Route de la Soie Maritime

Le plus grand acte de la Chine, à travers peut-être toute son histoire est la connexion de l’Afrique et de l’Eurasie par des routes commerciales terrestres et maritimes à son initiative. Considérant celle-ci dans le contexte de ce document, elle détient la possibilité de transformer des états géopolitiquement malavisés et potentiellement hostiles d’Asie du Sud-Est en partenaires pragmatiques sur les mêmes lignes que le modèle sud-coréen. Outre ce bénéfice stratégique majeur, la Route de la Soie Maritime obstruerait aussi le groupement commercial du Partenariat Trans-Pacifique (TPP) qui est conçu comme un bloc économique anti-chinois. Cette entité contrôlée par Washington pourrait potentiellement relier encore plus ensemble les économies associées  pour créer la ‘fondation économique’ d’un ‘OTAN d’Asie de l’Est et du Sud-Est’, la CEC, et c’est pourquoi il est si important pour la Chine de préempter ces mesures par l’entremise de la Route de la Soie Maritime.

À une échelle plus vaste, les actes de la Chine pourraient représenter un pas de plus dans l’accomplissement de son projet de Zone de Libre Échange de l’Asie-Pacifique, qui est la réponse de Beijing au TPP. Elle en a déjà posé les fondations à travers ses Accords de Libre Échange avec la Corée du Sud et l’Australie, deux alliés archétypiques des USA, démontrant qu’avec le ‘dur labeur’ déjà accompli, il sera peut-être plus facile de rassembler davantage d’entités plus politiquement pragmatiques et moins influencées par les USA dans ce réseau et dans un avenir proche. En allant plus loin, bien que la Route de la Soie Maritime ne soit pas uniquement restreinte à l’Asie-Pacifique, elle peut utiliser la région pour expérimenter diverses approches diplomatiques et économiques qui peuvent être affinées et appliquées plus loin ‘en aval’ (peut-être entre la Chine et l’Afrique de l’Est) en transformant le projet en véritable entreprise transcontinentale, pouvant un jour relier toutes les régions de libre échange de la Chine entre elles en une macro-zone de libre échange.

Renforcer l’OCS

La troisième méthode que peut employer la Chine pour rompre l’encerclement de la CEC est de renforcer l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) afin de stabiliser l’Asie Centrale. Non seulement ceci peut prévenir ou rapidement éteindre les menaces chaotiques décrites dans la première section, mais si c’est une réussite, cela peut fournir un contournement terrestre commode de la CEC (si elle n’est pas neutralisée ou empêchée de naître d’ici là) qui pourrait renforcer le vecteur continental du projet de la Route de la Soie et relativement préserver la Chine du chantage maritime des USA et de leurs alliés. Bien que cela n’efface pas complètement de telles menaces (qui doivent toujours être prises en compte dans les calculs stratégiques de la Chine), cela pourrait fournir un débouché utile et approprié pour l’engagement avec le reste de l’Eurasie et la sécurisation de précieuses importations énergétiques du bassin de la Mer Caspienne. Agrandir l’OCS serait également une manière de la renforcer, puisque cela étendrait ses responsabilités à d’autres pays avec lesquels la Chine s’engage, tout en fournissant un forum non-occidental pour la résolution des disputes entre ses membres (par exemple entre la Chine et l’Inde, ou encore entre ces deux mêmes au sujet du Népal ou du Bhoutan).

Pensées de conclusion

Les USA sont engagés dans deux guerres froides au jour d’aujourd’hui, l’une contre la Russie s’attirant presque toute l’attention, tandis que l’autre contre la Chine couve encore. Tout comme ils le font contre Moscou, les USA engendrent un voisinage d’hostilité artificielle contre Beijing et reliant par la suite les états irrités et manipulés ensemble en une espèce de coalition d’endiguement. Alors que la politique des USA se dévoile encore contre la Chine, ils apprennent à coup sûr une chose ou deux de leur campagne contre la Russie, c’est-à-dire qu’une crise a besoin d’être concoctée afin que se déroule le vecteur asiatique de la Nouvelle Guerre Froide. Le chaos qu’engendre Washington en Asie Centrale et en Asie du Sud-Est continentale convient davantage à la militarisation plutôt qu’à la politisation, ce qui explique pourquoi les USA ont besoin de fabriquer une crise en Mer de Chine du Sud impliquant les membres projetés de la Coalition d’Endiguement Chinois. Beijing devra adroitement manœuvrer entre le chaos et la coordination afin de supporter la grande déstabilisation que complotent les USA tout autour de sa périphérie, mais si elle réussit dans ses contremesures stratégiques la multi-polarité fleurira dans toute la zone Asie-Pacifique et se fortifiera à travers l’Eurasie.

Andrew Korybko est un analyste politique et journaliste pour Sputnik qui vit et étudie actuellement à Moscou.

Source : http://orientalreview.org/2015/03/16/the-us-is-juggling-chaos-and-coordination-in-order-to-contain-china/

Traduction : Will Summer

¿EE.UU. INSTALÓ ARMAS ATÓMICAS EN COLOMBIA?

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¿EE.UU. INSTALÓ ARMAS ATÓMICAS EN COLOMBIA?

PELIGROSOS PLANES GRINGOS CONTRA VENEZUELA Y LA REGIÓN

Ex: http://laiguana.tv

Aunque el gobierno neoliberal de Juan Manuel Santos se ufana en el ámbito interno de impulsar un proceso de paz con la insurgencia de las Farc, su política internacional (dictada desde Washington), en contraposición, apunta a desestabilizar la armonía y la integración regional. Así lo dejó entrever durante su charla magistral el pasado 8 de abril en Bogotá, el sociólogo y politólogo argentino, Atilio Borón, en el marco de la Cumbre Mundial de Arte y Cultura para la Paz, organizada por la Alcaldía Mayor de la capital colombiana.

Por un lado, Borón dijo que es un contrasentido que mientras la irrupción de China en la geopolítica mundial está desplazando el protagonismo del Atlántico hacia el continente asiático, Colombia se empeña tozudamente en impulsar la Alianza del Pacífico, un invento de Washington para contrarrestar la presencia cada vez mayor de Beijing en América Latina y horadar el proceso integracionista de la Patria Grande. De otra parte, agregó, el hecho de que el gobierno de Santos en forma por demás disciplinada haya aceptado las directrices del Pentágono para que Colombia ingrese a la Organización del Tratado del Atlántico Norte (OTAN), y al mismo tiempo existan serios indicios de que el Comando Sur haya instalado armamento nuclear en este país andino, da una clara señal de amenaza para la paz de la región.

El analista argentino hizo énfasis en señalar que la OTAN no es más que “la fuerza imperial de choque”, desde la cual Washington lanza su estrategia de ofensiva militar hacia diversos países o regiones del mundo, a los que determina o considera que constituyen amenazas para sus intereses. En consecuencia, señaló, el ingreso de Colombia a esta alianza militar extracontinental no aporta en absoluto a la paz.

Conflicto colombiano es pretexto para militarización de Estados Unidos


colombia-usa-flags-expat-chronicles1.jpgDurante su conferencia en el Teatro Bogotá, Borón con su característica capacidad dialéctica y didáctica a la vez, mostró cómo en Colombia se lleva a cabo un proceso de paz con un actor armado como las Farc en medio de un mundo convulsionado por múltiples conflictos, originados en buena medida por el declive del imperialismo estadounidense.

“La paz en Colombia es la paz de toda América Latina”, fue el título de la charla del reputado analista político y catedrático universitario, actualmente director del Programa Latinoamericano de Educación a Distancia (PLED) del Centro Cultural de la Cooperación de Buenos Aires.

En desarrollo de su exposición, Borón demostró el rotundo fracaso de la intervención directa de Estados Unidos en materia de combate al narcotráfico y a la insurgencia en Colombia, desde hace ya varias décadas. Trajo a colación el ejemplo del denominado Plan Colombia suscrito por el entonces mandatario conservador Andrés Pastrana con la administración Clinton (toda una estrategia de entrega de soberanía a Washington).

Dicho Plan que a los colombianos se les vendió como una “ayuda” norteamericana, resultó un completo fiasco, pues como lo graficó Borón en cifras tomadas de informes de Naciones Unidas, el narcotráfico en vez de disminuir, aumentó. En efecto, hubo un incremento exponencial de cultivos ilícitos tanto en México, Colombia y Afganistán, países en donde coincidencialmente Estados Unidos interviene directamente.

Además, la intervención directa del Pentágono, la CIA, la DEA y el Departamento de Estado en los asuntos colombianos ha servido para el enriquecimiento de empresas de armamento norteamericano y al mismo tiempo para la financiación de campañas de congresistas estadounidenses (que hacen lobby en favor de los consorcios que se benefician), así como para la presencia de Israel.

Es que de la guerra interna en Colombia no solamente se favorece en grado superlativo Estados Unidos sino también Israel, como bien lo anotó Borón. Desde 1960, el Mossad (servicio de inteligencia) y organizaciones de espionaje israelitas que operan bajo la fachada de seguridad hacen presencia en territorio colombiano asesorando grupos paramilitares y redes mafiosas de narcotráfico.

Juan Manuel Santos tanto como ministro de Defensa como ahora en calidad de primer mandatario prohija y aplaude la presencia israelita en Colombia porque como lo ha señalado en reiteradas ocasiones, sería “muy positivo” que este país “sea el Israel de Suramérica”.

Por todo lo anterior, Borón dijo que ojalá las negociaciones de paz que se desarrollan en La Habana entre el gobierno de Santos y las Farc lleguen a buen puerto porque el conflicto colombiano es el mejor pretexto para la militarización de Estados Unidos en la región.

El contexto geopolítico

La coyuntura de la realidad sociopolítica colombiana en medio de posibilidades ciertas de poner fin a un conflicto interno de más de medio siglo pasa por el declive del imperio estadounidense, el colapso europeo, y la irrupción, en consecuencia, de nuevos actores en la escena de la geopolítica mundial.

Borón pone de manifiesto en el actual escenario mundial el protagonismo de China e India, el retorno de Rusia, la debacle de la Unión Europea, las alianzas regionales y la decadencia del imperialismo estadounidense, factores todos estos que van a tener una incidencia directa en el devenir político de América Latina.

Es enfático en llamar la atención sobre el peligro que se cierne sobre el mundo y específicamente sobre la región, el declive de Washington, pues sostiene que en la fase de descomposición los imperios se tornan más represivos y sanguinarios y trae a colación ejemplos históricos como la etapa final del imperio otomano con el genocidio armenio (en 1915), o el caso británico con la brutal represión en la India.

En el plano económico, el politólogo argentino, demuestra cómo Estados Unidos se encuentra en la sin salida: por un lado debe más de lo que produce; por otro, es cada vez más progresivo el reemplazo del dólar en el comercio internacional. Y para complementar, suministra un dato más: mientras en este año de 2015 China construirá 15 mil kilómetros de vías férreas, en contraste, la nación norteamericano no construirá mi uno solo, con lo cual su infraestructura vial comienza a quedar rezagada.

A ello hay que sumar, dice Borón, la creciente desigualdad que se viene presentando en Estados Unidos con su consecuente quiebre respecto de su integración social. No obstante, es desorbitado su gato militar, así como es evidente también su cada vez mayor aislamiento internacional, lo cual queda reflejado, por ejemplo, en las últimas derrotas que ha tenido que tragarse la Casa Blanca, precisamente, en su principal zona de influencia, América Latina. En efecto, primero tuvo que aguantarse que dos países latinoamericanos como Ecuador y Bolivia le pusieran freno a su actitud sempiterna de injerencia en asuntos internos. El presidente ecuatoriano Rafael Correa cerró la base militar de Manta; y el mandatario boliviano Evo Morales expulsó a la misión diplomática estadounidense. Más recientemente, en la OEA (el Ministerio de las Colonias como la denominó Fidel Castro), el gobierno de Obama perdió por goleada cuando planteó su intervención en Venezuela. Estos acontecimientos, agrega Boron, eran impensables apenas hace unos años.

E.U. lanza feroz reconquista de América Latina para asegurar recursos naturales

En medio del imparable desmoronamiento del imperio estadounidense, Washington no se resiste en su propósito injerencista en América Latina porque es la manera de asegurar mediante artimañas y engaños (tratados de libre comercio, golpes blandos, Alianza para el Pacífico, terrorismo económico, alianzas militares) el acceso (vía el saqueo y el pillaje) a la rica biodiversidad que produce esta región para poder seguir manteniendo su descomunal patrón capitalista de consumo.

Por esta razón, Washington despliega su artillería militar en todo el continente, como bien lo esboza Borón en su magistral libro, América Latina en la geopolítica del imperialismo, que obtuvo el Premio Libertador al Pensamiento Crítico en 2013.

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Estados Unidos, explica este reputado analista internacional, ancla su estructura militar en América Latina tanto en Colombia como en Honduras para lanzar sus aventuras. El mar Caribe está totalmente controlado militarmente por el Pentágono, que además cuenta con alrededor de 80 bases a lo largo y ancho del hemisferio. No es gratuito tampoco que en 2008 el Comando Sur haya activado la IV Flota, coincidencialmente poco después de que el entonces gobierno brasileño de Lula da Silva anunciara el descubrimiento de un gran yacimiento petrolífero submarino en el litoral paulista.

Obviamente que los pretextos para esta descomunal militarización de Estados Unidos a lo largo y ancho del continente son el narcotráfico, los populismos (como estigmatizan a los gobiernos progresistas de la región), las calamidades naturales y la seguridad continental. Falacias que ayudan a propalar los grandes oligopolios mediáticos de propiedad de los sectores decadentes de la ultraderecha latinoamericana. Por ello Borón exhorta a no confundirse: “el nombre de todo esto es petróleo”, y de esta manera explica porque toda la estrategia de desestabilización y satanización al gobierno de Venezuela del presidente Nicolás Maduro.

¿Si Venezuela, fuera productor de tomates o de papas, Estados Unidos buscaría derribar al gobierno bolivariano de Venezuela con la activa colaboración de sus lacayos de la derecha latinoamericana?, se interroga el politólogo argentino. No es gratuito por lo tanto el feroz ataque emprendido por la Casa Blanca contra el proceso político inaugurado por el comandante Hugo Chávez. 

¿E.U. tiene armamento nuclear en Colombia?

Borón cerró su conferencia en Bogotá, dejando un inquietante interrogante: “Colombia bien podría ser hoy un país en el que Estados Unidos instaló armamento nuclear en abierta violación al acuerdo internacional regional, mediante el cual nuestros países se comprometieron a mantener América Latina como una nuclearizada zona de paz”.

Si bien, agrega, el tratado suscrito entre Uribe Vélez y Obama que autorizaba la utilización de siete bases militares fue declarado inexequible por la Corte Constitucional de Colombia, “lo cierto que este tropiezo legal no ha impedido que Estados Unidos haya proseguido operando militarmente en ese país”.

(Politiqueroscaicedonia)

dimanche, 26 avril 2015

Rusia y Argentina cierran acuerdos estratégicos


Ex: http://www.elespiadigital.com

Rusia y Argentina celebrarán consultas sobre el uso de las monedas nacionales en pagos recíprocos, según anunció el presidente ruso, Vladímir Putin. "Hemos acordado celebrar amplias consultas sobre el uso de las monedas nacionales en los pagos comerciales entre los dos países y entre socios comerciales", afirmó Putin.

Vladímir Putin lo anunció este 23 de abril tras reunirse con su homóloga argentina, Cristina Fernández de Kirchner. Las partes han firmado una serie de documentos de cooperación bilateral en los ámbitos comercial, energético, de inversiones y técnico-militar, entre otros.

Kirchner: "Agradecemos a Rusia el apoyo histórico en el tema de las Islas Malvinas"

Durante la reunión con el presidente ruso Vladímir Putin, la presidenta argentina Cristina Fernández de Kirchner ha expresado su agradecimiento a Rusia por su apoyo histórico en el tema de las Islas Malvinas.

Cristina Fernández ha agradecido el apoyo que Rusia ha brindado históricamente en la cuestión de las Islas Malvinas para que "se cumpla la resolución de la ONU en cuanto a que el Reino Unido se avenga a sentarse en una mesa a dialogar sobre la cuestión de soberanía" del archipiélago.

Versión completa de la histórica entrevista que Cristina Fernández de Kirchner concedió a RT

"Condenamos la injerencia en los asuntos de otros países"

La mandataria ha recordado que Argentina, por su parte,  ha apoyado la resolución de la ONU del 17 de febrero de este año para abordar la cuestión de Ucrania. "Creemos que la ONU, la diplomacia y la política son los únicos caminos para resolver cuestiones entre los países", ha afirmado la presidenta del país suramericano.

Y señaló que en la declaración ha sido expresada la más firme condena a todo tipo de injerencia de los países en asuntos internos de otros estados.

"Agradecemos el apoyo ruso en la lucha contra el capital especulativo"

Kirchner también ha agradecido el apoyo que Rusia brindará y ofrece continuamente a Argentina en la lucha de Argentina contra los fondos buitres, a su juicio "capitales especulativos". La mandataria argentina ha expresado su apoyo al presidente ruso y al trabajo que están desarrollando conjuntamente con el grupo G77 más China y otros países de la ONU en la redacción de una convención internacional en materia de reestructuración de la deuda soberana. Este problema es hoy, como ha destacado la mandataria, uno de los más graves que afrontan numerosos países.

Putin: "Rusia está dispuesta a proporcionar a Argentina acceso a sus últimas tecnologías nucleares"


El presidente ruso, Vladímir Putin, afirmó que Rusia está dispuesta a proporcionarle a Argentina acceso a sus últimas tecnologías en el ámbito nuclear. El mandatario ruso lo anunció tras reunirse con su homóloga argentina, Cristina Fernández de Kirchner. Las partes han firmado una serie de documentos de cooperación bilateral en los ámbitos comercial, energético, de inversiones y técnico-militar, entre otros.

La participación de la empresa rusa Rosatom en la construcción de la central nuclear en Argentina permitirá a este país sudamericano tener acceso a las últimas tecnologías rusas en la esfera de la energía nuclear, de acuerdo con el mandatario ruso.

En presencia de los dos líderes, la empresa Rosatom y el Ministerio de Planificación de Argentina han firmado un memorándum de entendimiento sobre la cooperación en la construcción de una planta de energía nuclear en el territorio argentino.

Rosatom se ha unido al proyecto de la construcción del sexto reactor en la planta de energía nuclear Atucha. "La implementación de los acuerdos alcanzados hoy en este ámbito proporcionará el acceso de Argentina a las últimas tecnologías rusas, que cumplen con los requisitos más estrictos de seguridad nuclear", señaló Putin.

Apoyo en la cuestión de las islas Malvinas

Rusia aboga por la pronta solución pacífica de la disputa entre Argentina y el Reino Unido sobre la Cuestión de las islas Malvinas, reiteró Vladímir Putin.

"Rusia apoya los esfuerzos de Argentina por llevar a cabo negociaciones bilaterales directas con el Reino Unido con el fin de lograr una rápida y pacífica solución de la controversia sobre las islas Malvinas", dijo.

Cristina Fernández, a su vez, ha agradecido el apoyo que Rusia ha brindado históricamente en la cuestión de las Malvinas para que "se cumpla la resolución de la ONU en cuanto a que el Reino Unido se avenga a sentarse en una mesa a dialogar sobre la cuestión de soberanía" del archipiélago.

El acercamiento entre la Unión Económica Euroasiática y el Mercosur

La Unión Económica Euroasiática y el Mercosur firmarán un memorando de cooperación, y su estrecha coordinación ha entrado en fase de culminación.

"Prestamos gran importancia a la creación de la interacción entre las asociaciones de la integración regional, la Unión Económica Euroasiática y el Mercado Común del Sur (Mercosur). Su coordinación está en la etapa final", subrayó Putin.

El politólogo y analista Juan Manuel Karg apunta que los acuerdos importantes logrados por Rusia y Argentina, especialmente en el ámbito energético, llevarán las relaciones bilaterales a un estatus superior.

Ámbitos de colaboración

Cooperación militar

El alto nivel de cooperación entre Rusia y Argentina permite a ambos países coordinar acciones en el ámbito internacional y abre perspectivas para una mayor cooperación en el ámbito militar y técnico-militar, según afirmó el ministro ruso de Defensa, Serguéi Shoigú, tras reunirse con su homólogo argentino, Agustín Rossi.

Suministro de combustible nuclear ruso para reactores argentinos

En el marco de la visita oficial se han firmado documentos sobre el suministro, por parte de la corporación nuclear estatal rusa Rosatom, de combustible nuclear poco enriquecido y sus componentes para reactores de investigación y de energía en Argentina.

Construcción de una central nuclear en Argentina

El asesor del presidente Vladímir Putin ha anunciado que Rusia tiene planes para construir una central nuclear en Argentina y ha detallado que "el memorándum sobre la comprensión mutua relacionado con este proyecto está preparado para la firma después de la reunión de Putin y Kirchner el jueves en el Kremlin".

Colaboración en el ámbito del gas y el petróleo

El asesor del presidente ruso, Yuri Ushakov, ha anunciado que Gazprom y la compañía nacional petrolera de Argentina, YPF, firmarán un memorándum tras la reunión entre la presidenta argentina y su homólogo ruso Vladímir Putin el jueves, informa Ria Novosti.

"Con nuevos jugadores como Rusia, América Latina se torna un espacio más seguro"

A raíz de la visita de la presidenta de Argentina a Rusia, el politólogo Atilio Borón ha expresado que la influencia de Rusia en la región latinoamericana es claramente positiva y hará más segura a la región. "La estrategia política seguida por Argentina y Rusia de forjar acuerdos y alianzas de cooperación debe ser saludada como un elemento de estabilización en un tablero geopolítico mundial muy complicado", opina Borón.

Intercambio comercial entre Rusia y Argentina

Ambos países ya gozan de estrechas relaciones en muchos ámbitos, incluido el sector económico. En concreto, en 2014 el intercambio comercial entre Moscú y Buenos Aires alcanzó 1.300 millones de dólares, una cifra que sitúa a Argentina en el tercer lugar de los socios comerciales más grandes de Rusia en América Latina, después de Brasil y México.

En cuanto a las exportaciones rusas a Argentina, el suministro de fertilizantes minerales alcanza un 39% del total, seguido por el combustible diésel y metales ferrosos. A su vez, los tres elementos principales de las exportaciones argentinas a Rusia son la carne, las frutas y nueces, y la producción lechera.

Cristina Fernández de Kirchner sobre RT

Durante su visita, la presidenta argentina ha agradecido a la cadena RT "porque muchas veces falta una visión más completa en las sociedades acerca de lo que pasa en todo el mundo". Asimismo, ha recordado que esta "excelente" señal de noticas en español ha sido recientemente incorporada a la Televisión Digital Abierta argentina, que es gratuita, lo cual "apunta esencialmente a reconocer la diversidad y la pluralidad".

samedi, 25 avril 2015

Will Greece Join the Eurasian Union?

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F. William Engdahl

Ex: http://journal-neo.org

Will Greece Join the Eurasian Union?

At the very least the new Greek government realizes it must play in a deadly power game over the future of the nation in an asymmetrical manner. The so-called Troika—EU Commission, European Central Bank and IMF—is demanding blood from a turnip when it comes to Greece. So after hitting a granite wall in appealing for easing of the austerity to permit Greek economic growth to begin climbing back to solvency, the government of Greek Prime Minister Alexis Tsipras is looking at every option. The latest move is their looking east to Moscow and then Beijing. The Greek crisis, which began in October 2009 is at a critical crossroads.

In 2007-2008 as the US-centered sub-prime real estate debt crisis first erupted, Greek state debt was around 100% of GDP, higher than EU average but not unprecedented and manageable. By 2014 the debt had soared to 175% of GDP, higher than even Italy. The country had to take €240 billion from the Troika to avoid debt default, a step that would have brought German and French banks holding Greek bonds to likely default. At the start of the Greek crisis Greek bonds were held by mainly EU banks who found the higher interest rates attractive. When a bank crisis in Germany and France threatened as a Greek default threatened, the EU governments, the IMF and the European Central Bank took over 80% of Greek sovereign debt, letting the private banks once more off the hook at the expense of Greek and European taxpayers.

Either the Euro or Dollar goes

Greece was literally the Achilles Heel of the Euro and Washington and Wall Street hit it with a savagery not seen since they ran the Asia Crisis and Russian sovereign default crises in 1997-1998. When Greece imploded in late 2009 the dollar was the main currency under threat of abandonment. The Chinese were openly rebuking the US Government for letting its own deficits and debt explode at a rate well over $1 trillion a year. The response of the US Treasury Financial Warfare Division, the Federal Reserve and of Wall Street and the rating agencies was to launch a counter attack on the euro to “save” the dollar. It worked and few of the naïve Berlin politicians, certainly not Schäuble, nor Merkel, had a clue how sophisticated the Washington currency war machinery had become. They began to find out.

The USA credit rating agencies, led by Standard & Poors and Moody’s, took the unprecedented step of downgrading Greek government debt three notches in one day in April 2010 just as EU Governments had agreed a Greek rescue plan. That downgrade to so-called junk status meant that pension funds and insurance companies around the world were immediately forced to dump their Greek bonds by law, forcing interest rates Greece must pay to borrow, were it even able, to unpayable levels. A cabal of New York hedge fund managers led by George Soros met to coordinate Geek speculative attacks, worsening the crisis and the costs to Greek taxpayers.

What did Greece get for that new debt? A bloody austerity dictate from the EU, led by German Finance Minister Wolfgang Schäuble whose austerity demands made Heinrich Brüning in 1931 look like an angel of mercy. Unemployment soared to depression levels of 27% for the general population, falling to 25.7% in January 2015—hailed by Brussels and Berlin as a “sign” their austerity is working!—youth unemployment reaching well over 60%. The IMF as always, dictated massive cuts in public employees and health and education services to “save” money, only making tax revenues decline more. It all demonstrated what Germans knew painfully well from the 1930’s, namely that austerity never solves a debt crisis, only real economic growth.

The left party of Tsipras, Syriza, which evolved out of the Greek Communist Party after the collapse of the Soviet Union was elected in January by a desperate electorate fed up with depression and Weimar-style austerity without end. Tsipras’ mandate is to get a better economic future for Greeks. His only option at this point is to opt out of the Euro and perhaps also out of the EU and NATO.

The British Telegraph reported on April 2, a week before likely IMF loan payment default by Greece that Greece was drawing up drastic plans to nationalize the country’s banking system and introduce a parallel currency to pay bills unless the eurozone takes steps to defuse the simmering crisis and soften its demands. Sources close to the ruling Syriza party said the government is determined to keep public services running and pay pensions as funds run critically low. The Telegraph cites a senior Greek official: “We are a Left-wing government. If we have to choose between a default to the IMF or a default to our own people, it is a no-brainer. We may have to go into a silent arrears process with the IMF. This will cause a furore in the markets and means that the clock will start to tick much faster,” the source told The Telegraph.

Failing to get one Euro of genuine relief from Schäuble or the EU, and with the prospect of default on a €458 million repayment to the IMF or default on state pensions, Tsipras flew to Moscow to meet with Putin. Despite that Greece paid the €458 million to the International Monetary Fund on April 9, the real question is the next payments Greece must make every week in April and a further $7.75 billion it will have to pay in May and June, while struggling to pay its own government staff and state pensions.

Greece as Russian Energy Hub?

The Putin Tsipras meeting prepared for possible future steps that could alter the future of not only Greece but of the entire EU. President Putin announced after his talks with Tsipras on April 8 that Tsipras did not ask Russia for financial aid.

What they did discuss was potentially far more significant for Greece. They talked about energy projects including Putin’s proposed Turkish Stream to deliver Russian gas to Turkey instead of directly to the EU after Brussels, pushed by Washington, sabotaged the Russian South Stream gas project.

Turkish Stream proposes to deliver gas to the Greek border adjacent to Turkey. Greek Energy Minister Panagiotis Lafazanis said that Athens supports Russia’s planned Turkish Stream pipeline project, as well as extending the gas route to Greece. Russia and Turkey signed a memorandum of understanding on the construction of the gas pipeline between the two countries under the Black Sea in December 2014. Greece would then become a distribution hub to further passage of gas to consumers in southern Europe including Italy, an alternative to the defunct South Stream.

Putin remarked after his talks with Tsipras at their joint press conference in Moscow on 8 April, “Of course, we have discussed the prospects of realization of the large infrastructure project which we call Turkish Stream — a key project for transporting Russian gas to the Balkans, maybe to Italy, the countries of Central Europe. The new route will provide for the Europeans’ needs in fuel, and would allow Greece to become one of the main power distribution centers on the continent, could help attract significant investments into the Greek economy.” Greece would also earn gas transit fees of hundreds of millions of euros annually if it joins the Turkish stream pipeline project.

In turn, Tsipras said that Athens is interested in attracting investment in construction of the pipeline on its territory to handle gas coming through the Turkish Stream.

According to media reports, Putin and Tsipras will also focus on possible discounts on Russian natural gas for Greece. In addition Russia discussed investing in joint venture companies with the Greek government. Initial projects to be explored include a public Greek-Russian company and Russian investment in the harbor at Thessaloniki that the IMF demands be privatized as well as railway participation. Following last week’s talks with Russian Energy Minister Alexander Novak and Russian energy company Gazprom CEO Alexei Miller, Lafazanis said that Athens had asked for a cut in its price for Russian natural gas.

Russia and Eurasia?

Putin called for trade relations to be restored between Russia and the EU, including Greece. He said the two had discussed “various ways of co-operating, including major projects in energy. Under these plans, we could provide loans for certain projects,” Putin said, adding that it was not a question of aid. One of those plans is for the pipeline called “Turkish Stream”, to channel natural gas from the Turkish-Greek border into Greece.

For his side Tsipras made clear his government opposed any new sanctions on Russia, something that Washington was not at all pleased about, with US media editorials attacking Greece for being the mythical Trojan Horse for Russia to get back into the EU orbit. Responding in his typically droll humor, the Russian president told BBC, “About mythology and Trojan horses and so forth: the question would be valid if I was the one going to Athens,” he said. “We are not forcing anyone to do anything.”

Recent polls show that well over 63% of Greeks are warm to Russia as an ally, while only 23% feel warm towards the EU. The two countries, Russia and Greece, share a common Orthodox religion and historically were close. Costas Karamanlis, Greek conservative Prime Minister from 2004-09 pursued a “diplomacy of the pipelines,” where he saw Greece as a gateway for Russian oil and gas to Europe. Washington and Brussels were furious. Karamanlis was voted out in suspicious circumstances a year after signing a gas deal with President Putin, just before the revelation of the financial crisis. After he lost elections in 2009, it emerged that Russia’s FSB security agency had warned its Greek counterpart, EYP, of a 2008 plot to assassinate Karamanlis to halt his pro-Moscow energy alliance.

Trojan Horses, Achilles Heels and the rich heritage of Greek mythology do nothing to solve the crisis of Greece, which, in reality, is the general crisis of European civilization.

What no one in Berlin, Paris or Rome dare to address is the reality that the European Union countries are dying. Demographically, economically and morally they are in a death agony downward spiral. Either they make a definitive break with the bankrupt Washington and NATO Atlantic dollar world and throw their lot fully behind making the Eurasian Economic Union led by Russia into a viable new region of economic prosperity, along with China and the New Silk Road high-speed rail projects criss-crossing Eurasia, or in four or five years at best the EU will be choking in its own debt and economic depression as is Greece today.

The only other option open at this time, the option of the status quo financial powers that be, was tried in Nazi Germany, Vichy France and Mussolini Italy in the 1930’s. We don’t need to try that again.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/04/16/will-greece-join-the-eurasian-union/

Eurasia XXXVII (1/2015)

L’EURASIA AGGREDITA SU PIÙ FRONTI

Eurasia XXXVII (1/2015)

Ex: http://www.eurasia-rivista.org

L’EURASIA AGGREDITA SU PIÙ FRONTI

L’EURASIA AGGREDITA SU PIÙ FRONTI
Ecco di seguito l’elenco degli articoli presenti in questo numero, con un breve riassunto di ciascuno di essi.

Editoriale
Claudio Mutti, L’Eurasia aggredita su più fronti

Dossario: L’Eurasia aggredita su più fronti

LA GUERRA SU PIÙ FRONTI CONTRO IL CUORE DELL’EURASIA
di Mahdi Darius Nazemroaya

Gli USA hanno scatenato in Eurasia e in Africa una Guerra su più fronti che si estende all’America Latina. Lo scopo di Washington e Wall Street è di impedire l’integrazione eurasiatica e la nascita di un blocco economico rivale. È in questo contesto che Washington sta destabilizzando la Siria, l’Iraq e l’Ucraina. L’obiettivo strategico consiste nell’impedire che attorno al centro del Continente eurasiatico si uniscano le periferie dell’Europa occidentale e dell’Estremo Oriente. Ecco perché Washington sta facendo il possibile contro la Federazione Russa e contro l’Unione Economica Eurasiatica.

O l’OCCIDENTE O L’EURASIA
di Spartaco Alfredo Puttini

Lo svolgersi degli eventi che si susseguono sulla scena internazionale palesano ogni giorno di più uno stato di crescente tensione. Non si allude qui ai vari focolai che tormentano diverse regioni del pianeta, magari da decenni, ma alla crescente rivalità che divide e contrappone le grandi potenze. Per tutti coloro che hanno guardato con occhi disincantati la realtà internazionale di questi ultimi decenni il manifestarsi delle divergenze tra l’Occidente guidato dagli Stati Uniti da un lato e la Russia ed altre forze dall’altro non rappresenta una novità, ma una conferma. La conferma della inevitabile alterità fra il tentativo di egemonia statunitense e la volontà di una serie di Stati e di popoli di difendersi e di ripristinare un equilibrio di potenza, favorendo la nascita di un mondo multipolare.

LA QUESTIONE UCRAINA IN PROSPETTIVA GEOPOLITICA
di Fabio Falchi
Riguardo alla “questione ucraina”, i media occidentali non si limitano alla consueta criminalizzazione del “nemico”, bensì “ignorano” quasi del tutto le vicende belliche del conflitto russo-tedesco nel 1941-45 e non esitano a presentare una visione palesemente “distorta” della stessa storia della Russia. Nondimeno, è palese che gli “strateghi occidentali” siano perfettamente consapevoli che quanto accade in Ucraina è una minaccia gravissima alla sicurezza nazionale della Russia. Posto allora che non è verosimile che gli Stati Uniti vogliano combattere una guerra termonucleare contro la Russia, è lecito ritenere che si sia in presenza di una vera e propria strategia della tensione, che ha come obiettivo la destabilizzazione non solo della Russia ma anche della stessa Europa.

LA SINDROME DI GORBACIOV
di Vincenzo Mungo
La politica di Gorbaciov fallì nel suo obiettivo anche a causa delle incertezze della classe dirigente sovietica di quel periodo. Oggi, sotto l’incalzare della pressione occidentale, la classe dirigente russa rischia di diventare preda di un analogo complesso di paure, di indecisioni e di eccessiva tolleranza verso gli avversari. Qualora essa si lasciasse contagiare di nuovo dalla “sindrome di Gorbaciov”, non farebbe altro che consegnare il Paese all’imperialismo americano.

LA BIELORUSSIA AL BIVIO
di Giuseppe Cappelluti
Tradizionalmente la Bielorussia è il più filorusso tra gli Stati postsovietici: la sua popolazione si percepisce tanto come bielorussa quanto come russa, e il suo governo è uno dei maggiori fautori dell’integrazione eurasiatica. Tuttavia, negli ultimi mesi, le tensioni in Ucraina e le pressioni incrociate di Russia e Occidente hanno spinto il Paese in una posizione non facile, da cui esso sta cercando di uscire riscoprendo il nazionalismo e adottando una posizione ambigua sulla crisi in corso nel Paese esteuropeo. Alcuni, specie in Occidente, sostengono – non senza una certa Schadenfreude – che Russia e Bielorussia stiano vivendo una sorta di crisi di coppia. Una rottura vera e propria, però, è tutt’altro che probabile.

LA REPUBBLICA OLTRE IL DNESTR
di Ivelina Dimitrova
La Repubblica moldava di Pridnestrov’e, la Transnistria, è uno Stato che, benché non sia riconosciuto da nessuno, tuttavia esiste dal 2 settembre 1990, quando, all’epoca della sua dichiarazione di indipendenza, molti degli attuali membri dell’UE non esistevano ancora come Stati. La Transnistria è un paese che ha il suo esercito, la sua frontiera, la sua moneta, la sua polizia ed una sua spiccata identità “nazionale”. Oggi, con il conflitto in Ucraina, questa piccola striscia di terra ha assunto un’importanza ancora più grande dal punto di vista geopolitico.

LA CORSA ALL’ARTICO
di Emiliano Vitaliano
Negli ultimi anni lo scioglimento progressivo dei ghiacciai ha spinto varie potenze mondiali a manifestare interesse per le ingentissime risorse naturali dell’Artico. La Russia intravede in questa zona una possibilità di rafforzare la propria economia e di giocare un ruolo da protagonista nella politica mondiale. La Cina è interessata, oltre che ai vari giacimenti, anche ai nuovi corridoi di navigazione, così come l’UE. Le risorse naturali dell’Artico fanno gola anche agli USA, i quali temono la vicinanza della Russia alle coste americane. Insomma, l’Artico è lo scenario in cui si stabiliranno i nuovi equilibri geopolitici del pianeta.

UNA “PIETRA NERA” A STELLE E STRISCE STA COMPRANDO L’ITALIA?
di Stefano Vernole
Il fondo d’investimento statunitense Blackstone e il suo ex gestore Blackrock stanno acquisendo sempre più potere in Italia, quasi a compensare il recente attivismo economico della Repubblica Popolare Cinese nel nostro paese. L’indebitamento statale, le misure finanziarie richieste per adeguarsi ai parametri europei, le nuove privatizzazioni hanno aperto diverse prospettive agli investitori ma soprattutto agli speculatori, mentre lo sguardo “interessato” dei servizi di sicurezza italiani sembra posarsi più sui primi che sui secondi. Dietro un’apparente concorrenza di carattere commerciale si nasconde uno scontro geopolitico determinante per le sorti dell’Eurasia.

EUROPA: TERRA DI CONQUISTA O CAMPO DI BATTAGLIA?
di Alessandra Colla
I fatti di Parigi sono stati magistralmente usati per rafforzare una concezione negativa dell’Islam e per rilanciare l’immagine dell’Occidente come portatore di libertà e tolleranza. Facendosi carico di un’offensiva contro l’Islam, l’Europa non fa altro che svolgere il “lavoro sporco” richiesto dal progetto della globalizzazione americana.

Osservatorio

L’EUROPA DIVISA: BUDAPEST E ATENE
di Ivelina Dimitrova

Mai come oggi i rapporti tra il Cremlino e l’Occidente sono stati così tesi. Tuttavia, nell’attuale situazione di stagnazione economica e di instabilità politica, una parte significativa dell’opinione pubblica europea si sta chiedendo il perché di tanto accanimento nei confronti della Russia e molti uomini politici ritengono vitale per l’Europa il miglioramento delle relazioni con il Cremlino. Grecia ed Ungheria, in particolare, stanno conducendo una politica pragmatica nei confronti della Federazione Russa, essendo più preoccupate di tutelare l’interesse nazionale che di adeguarsi totalmente alle imposizioni occidentali.

I RAPPORTI FRA GRECIA E TURCHIA E IL RUOLO DI MOSCA
di Aldo Braccio
Chi soffia sul fuoco dello scontro di civiltà addita non di rado come modello dell’opposizione fra “Europa cristiana” e “Asia islamica” proprio il contrapporsi di Grecia e Turchia. Prescindendo da queste enfatizzazioni interessate, è certo che non mancano motivi di contrasto fra i due Paesi: la questione cipriota – ampliata oggi dalla scoperta dell’importanza dell’isola nel reperimento di risorse energetiche – quella inerente la ripartizione degli spazi marittimi e il problema scottante del transito di immigrati clandestini ne sono gli elementi salienti. L’entrata in scena del nuovo governo greco – significativamente sostenuto dalla minoranza turca presente in territorio ellenico – può favorire un percorso di reciproca collaborazione soltanto faticosamente intrapreso negli anni scorsi con la costituzione di un Consiglio di alta cooperazione strategica. Fondamentale nella ricerca di nuovi e più stabili equilibri sarà il ruolo che svolgerà la Russia, potenza eurasiatica di riferimento e di richiamo per Atene (come gli esponenti di Syriza hanno decisamente ribadito) ma anche interlocutore assolutamente imprescindibile per Ankara; fra Grecia e Turchia potrà essere Mosca – anziché l’Unione Europea, che non ha fin qui voluto o saputo svolgere tale ruolo – a favorire un’intesa in questo importante quadrante del Mediterraneo.

PREMESSE E CONSEGUENZE DEL VOTO GRECO
di Andrea Turi
Il leader di Syriza, Alexis Tsipras, trionfa nelle elezioni politiche anticipate di fine gennaio. Un successo annunciato che impaurisce i creditori internazionali e la troika. Cosa comporta la vittoria del partito antiausterità? Chi sono i suoi alleati di governo? La Grecia è pronta a guardare verso altre direzioni e a muoversi oltre il mero atlantismo della sua politica estera? Cronistoria e analisi di un voto figlio della crisi ellenica.

FRONT NATIONAL… FRONT FAMILIAL
di Yannick Sauveur
La presentazione del Front National che viene fatta al grande pubblico è ampiamente viziata. Una comprensione più esatta di quello che è il FN, da quando Marine Le Pen ne ha assunto la presidenza (gennaio 2011), non può prescindere dalla storia del partito, a partire dalla sua fondazione nel 1972. Considerato in una prospettiva diacronica, il FN rivela continuità e momenti di rottura; questi ultimi, più formali che sostanziali.

L’INCERTO FEDERALISMO IRACHENO
di Ali Reza Jalali
Il sistema di governo dell’Iraq si caratterizza per una marcata autonomia delle regioni rispetto al governo centrale, muovendosi dunque, dopo gli anni del dominio nazionalista di Saddam, da un modello tendenzialmente accentratore a un modello di tipo vagamente federale, con i vantaggi e gli svantaggi che derivano da questa impostazione. I vantaggi derivano dalla scelta di instaurare un modello che, almeno in linea teorica, si addice a un paese non omogeneo come l’Iraq; gli svantaggi invece derivano dall’eccessiva frammentazione che il federalismo comporta in un paese con forti pulsioni alla secessione, al terrorismo settario e alle ingerenze straniere dei vari attori regionali, senza dimenticare il ruolo fortemente deleterio dell’intervento occidentale del 2003.

L’IDROPOLITICA DELLA TURCHIA
di Francesco Ventura
Il controllo delle acque dei fiumi Tigri ed Eufrate da parte della Turchia può conferire ad Ankara il ruolo di serbatoio idrico del Vicino Oriente, riequilibrando il potere derivante dal possesso degli idrocarburi degli Stati arabi. La nuova geopolitica turca, così come interpretata dall’attuale Primo Ministro turco Ahmet Davutoglu nella sua opera Profondità strategica. Il ruolo internazionale della Turchia, trova nello sviluppo del Progetto dell’Anatolia Sudorientale (GAP) uno strumento per aumentare il proprio peso specifico in tutta la regione. Uno strumento di medio-lungo periodo che, vista la crescente scarsità idrica, sarà sicuramente cruciale nel futuro prossimo.

NUOVE FORME DI POLITICA MIGRATORIA
di Gabriele Abbondanza
L’attuale scenario internazionale presenta una lunga lista di aree critiche, alla base di un rinnovato insieme di flussi migratori irregolari. Italia e Australia sono due paesi che, nonostante le evidenti differenze culturali e la distanza geografica, risentono in maniera simile di tali fenomeni, in particolare dell’immigrazione illegale via mare. Il presente saggio si propone di approfondire le politiche migratorie dei due paesi, radicalmente diverse per mezzi e scopi, per poi auspicare la combinazione delle pratiche migliori di entrambi i sistemi, proponendo l’idea di una “Soluzione Mediterranea”.

Interviste

INTERVISTA A TOUAMI GARNAOUI
a cura di Anna Maria Turi

Promis, la Longue Guerre avec Moscou durera jusqu’en 2024

Promis, la Longue Guerre avec Moscou durera jusqu’en 2024

Ex: http://www.dedefensa.org

unnamed.pngSelon le quotidien italien La Stampa, Obama avertit ses “amis” du bloc BAO, principalement de l’UE, que ses experts les plus fins sur la Russie ont consulté leur boules de cristal et conclu, 1) que Poutine restera au pouvoir jusqu’en 2024 (réélection en 2018), et 2) que la “guerre” (par conséquent, imagine-t-on) avec la Russie durera jusque-là ... “Au moins” jusque-là avec possibilité de poursuivre avec le successeur de Poutine, ou bien cela tient-il simplement à Poutine ? On verra ... C’est le National Security Council (NSC), c’est-à-dire l’espèce de “gouvernement spécial” qui étudie et produit les grandes orientations de la sécurité nationale pour le seul président US, qui a développé ces prévisions sous forme d’une sorte d’abstract avant d’en faire un grand rapport sous la direction de Celeste Wallander, directrice des affaires russes et eurasiennes dans cette organisation.

La Stampa dit avoir eu consultation du document adressé au gouvernement italien, comme sans doute, on peut le supposer, à d’autres pays européens et divers autres “amis” du bloc BAO. C’est RT qui signale cette publication de La Stampa sans donner beaucoup de précisions, le 22 avril 2015.

«The US reportedly expects that the ongoing confrontation with Russia would continue until at least 2024 and involve many directions. Washington wants to rally support of its European allies to continue mounting pressure on Moscow. The expected diplomatic and economic war of attrition is being outlined in a Russia policy review currently prepared by Celeste Wallander, special assistant to President Barack Obama and senior director for Russia and Eurasia on the National Security Council, reports Italian newspaper La Stampa. The publication said it learned details of the upcoming policy change from a preview that Washington sent to the Italian government to coordinate the future effort.

»US diplomats say Russia changed the cooperative stance it assumed after the collapse of the Soviet Union and is now using force to defend its national interests, the paper said. The change is attributed to the personality of Russian President Vladimir Putin, who, Washington expects, will remain in power until at least 2024. The change became apparent with the conflict in Ukraine, but was emerging since at least the 2008 conflict in South Ossetia, when Russia used military force after Georgia sent its army to subdue the rebellious region, killing Russian peacekeepers in the process.

»Washington’s solution to the new Russia is keeping sanctions pressure on it while luring its neighbors away with economic aid and investment, La Stampa said. The current round of sanctions, it reports, was designed not to have too much impact on the Russian economy so that a threat of harsher sanctions could be applied. While the tug of war in Europe continues into the next decade, Washington wants to continue cooperation with Russia in other areas like nuclear non-proliferation and space exploration. However until Putin is out of the picture, the US does not expect for things to go back to where they were, the newspaper said.

»The strategy was hardly unnoticed in Moscow, as evidenced by the annual report of the Russian Foreign Ministry published on Wednesday. The document said the US is pursuing “a systematic obstruction to Russia, rallying its allies with the goal to damage domestic economy” through blocking credits, technology transferee and an overall destabilization of the business environment.»

A ce stade d’approximation (contenu du document, réelle valeur qui lui est accordée, diffusion, etc.), il est très difficile de spéculer sur les très rares détails qui sont donnés ; au reste, il se pourrait bien que cette démarche soit inutile, tant ce type de travail débouche en général sur des spéculations invérifiables, répondant en général à un état d’esprit-Système “du jour” (ou de la semaine) puisqu’il s’agit d’évaluer quelque chose qui durera jusqu’en 2024 à la lumière d’une situation politique présente, et pour complaire à cette situation présente. En effet, sauf cas exceptionnel qui peut tenir soit d’une pulsion suicidaire soit d’un hasard extraordinaire, soit d’une défaillance tout aussi extraordinaire du Système, il n’y a en effet aujourd’hui plus rien, dans les sphères officielles et chez les experts-Système, dans le bloc BAO, qui ne réponde strictement au conformisme général, c’est-à-dire aussi bien à ce qu’attendent les dirigeants politiques selon les normes du système de la communication tel que le manipulent leurs communicants, et d’une façon générale au déterminisme-narrativiste. Le document témoigne de cela, y compris dans l’historique qui reprend tous les thèmes de la narrative du bloc BAO, y compris en attribuant toute la responsabilité de la guerre en Géorgie de 2008 à la seule Russie (c'est logique puisque les enquêtes internationales avaient confirmé à l’époque que c’était le Géorgie de Saakachvili qui avait attaqué avec les encouragements de Washington). On s’en tiendra donc à une analyse spéculative du fait lui-même de cette analyse prospective nous fixant le délai d’une Longue Guerre d’attrition avec la Russie au moins jusqu’en 2024, cela en corrélation avec le maintien au pouvoir de Poutine jusqu’en 2024.

Dans ce cas, il s’agit d’un renversement complet des perspectives et des prospectives US à cet égard, de ces derniers mois. La tendance-Système, selon les consignes écoutées au garde-à-vous, était de pronostiquer une réussite exceptionnelle de l’offensive lancée contre les Russie avec les sanctions et l’attaque financière de la fin 2014, avec comme programme pour suivre très, très rapidement un mécontentement accéléré de la population vis-à-vis du pouvoir (Poutine), la mise en cause de ce pouvoir, voire un regime change, voire même et surtout l’éclatement de la Russie à partir de 2015, – et, bien entendu, l’insupportable et autocratique Poutine balancé dans quelque poubelle de l’histoire passant par là. C’est une “pointure” dans l’expertise de l’URSS/Russie comme Strobe Talbott qui annonçait précisément cela en décembre dernier (voir Reuters, le 16 décembre 2014), comme nous le commentions le 22 janvier 2015. Il s’agissait d’un texte consacré à George Friedman, lui-même archétype de l’expert-Système postmoderne.

... Cela permet de rappeler que Friedman lui-même, dans son interview à Kommersant de décembre 2014 (voir le 22 janvier 2015) annonçait exactement la même chose que Talbott, jugeant que la Russie «fait face désormais à tous les facteurs qui ont conduit à l’effondrement de l’Union Soviétique...». C’est une précision remarquable d'originalité alors que le président de la Russie réunit 85% de soutien puisque c’est sous-entendre par conséquent que la popularité extrême du régime est “une des conditions qui ont conduit à l’effondrement de l’Union Soviétique”, – voilà donc Friedman, ou l’art de la diversion par l’inversion... Depuis, Friedman est par conséquent devenu l’expert n°1 de la pensée américaniste, qu’on écoute avec dévotion. Il devra donc simplement changer de calendrier narrativiste, et annoncer l’effondrement ou l’éclatement de la Russie pour 2025 finalement et toutes réflexions faites, – allez, disons le 4 juillet 2025, pour faire court et enrichir la fête nationale des USA qui auront à ce moment étendu leur hégémonie actuelle sur la Terre, à Mars et à Vénus (pour faire plaisir à Robert Kagan et à sa femme Victoria Nuland). Bref, – ou plutôt long, – le 22 janvier 2015, nous écrivions donc, Friedman et Talbott en bandouillère :

«... A cette lumière, voici que l’interview [de Friedman] nous apporte surtout, d’une remarque ici à une analyse là, une appréciation inédite et d’un très grand intérêt des intentions des USA maintenant que la crise ukrainienne est engagée dans son volume maximal. Cela nous instruit de la perspective qu’il faut attendre ... Les deux extraits que nous jugeons révélateurs sont les suivants:

»• “Je ne pense pas que le but principal des USA soit le changement de régime en Russie. Le but principal, c’était de limiter le plus possible les capacités de manœuvre des autorités russes, ce qui est effectivement en train de survenir. Mais il y a bien sûr d’autres facteurs qui jouent un rôle, comme par exemple le ralentissement de l’économie russe et la chute du prix du pétrole...”

»• “Mais la question principale est bien de savoir si la Russie peut évoluer dans tout cela en n’éclatant pas. Elle fait face désormais à tous les facteurs qui ont conduit à l’effondrement de l’Union Soviétique...”

»Il s’agit d’une précision capitale, qui s’accorde avec l’évolution de la situation intérieure à Washington, de l’utilisation à visage découvert par Washington de mesures d’agression et de guerre économiques contre la Russie, et jusqu’aux remarques redondantes d’Obama sur la débâcle économique de la Russie. (Comme toujours, on ne s’attache pas ici à l’intérêt de ces jugements, mais bien au fait qu’ils soient exposés en pleine lumière, rejoignant la démarche analytique-Système de Friedman.) Ainsi est-on conduit à admettre que Friedman ne dissimule rien lorsqu’il précise que Washington ne cherche pas à provoquer une situation de “regime change” à Moscou, qu’il cherche selon une logique différente à limiter, voire à neutraliser les capacités de manœuvre et de riposte du gouvernement russe. La raison en est donnée par la deuxième citation: le but, aujourd’hui à Washington, n’est plus de modifier le régime, de remplacer Poutine par une sorte d’Eltsine revu à la sauce Porochenko, mais bien d’accompagner et d’accélérer ce qui apparaît inéluctable aux yeux des experts-Système: l’effondrement de la Russie et son éclatement, – un remake décisif et enfin définitif de 1989-1991.

»Cette conception est recoupée par d’autres sources et déclarations, comme celle de Strobe Talbott, grand spécialiste[ ...] de la Russie dans l’establishment washingtonien, qui se fait spécialiste des questions ethniques pour annoncer, de son côté, l’effondrement de la Russie en 2015 à cause des poussées ethniques, notamment de la part des communautés musulmanes de la Fédération de Russie. (Voir le 16 décembre 2014, sur Reuters: “The year ahead [2015] could see the outbreak of the third Chechen war, which, in turn, could be the death knell of the Russian Federation in its current borders. If, as is imaginable, Russia dismembers itself later this century — the way the Soviet Union did in 1991 — it will largely be a consequence of President Vladimir Putin’s policies.”) Cela rejoint aussi l’idée du “breaking point” [de la Russie] pour lequel Obama affirme montrer une “strategic patience” qui sera récompensée effectivement par l’éclatement de la Russie (voir le 2 janvier 2015).»

... Et voilà que tout change ! Il va falloir modifier les manuels hyper-classifiés, puisqu’on nous annonce que l’indestructible Poutine, nouvel “homme d’acier” (“sens littéral du pseudonyme ‘Staline’”, nous dit Wikipédia), sera encore là en 2024, et donc, on l’imagine, la Russie complète et en bon état avec lui. Quant aux sanctions, décrites jusqu’à fin 2014 comme terribles et absolument dévastatrices (elles devaient emporter, avec l’ouragan financier en plus, la Russie en quelques semaines), elles deviennent d’une douceur presque angéliques, et si subtilement tactiques. («The current round of sanctions, it reports, was designed not to have too much impact on the Russian economy so that a threat of harsher sanctions could be applied.»)

Tout cela permet d’annoncer aux Européens, 1) qu’ils ont plus que jamais intérêt à rester groupés et regroupés autour du pôle de vertu, de puissance et d’intelligence que sont les USA, au moins jusqu’en 2024 ; 2) qu’ils resteront ennemis jurés de la Russie absolument poutiniennes, sans rapprochement possible, jusque-là ; 3) qu’il y aura de nouvelles sanctions puisque celles qui ont été appliquées étaient volontairement soft et qu’elles seront beaucoup plus dures que celles qui ont été imposées ; 4) que l’économie européenne, déjà sérieusement amochée par le blowback des sanctions actuelles, devra faire avec ; 5) que etc. Voilà où nous en sommes, puisque nous avons pris ce document au sérieux, et que rien ne peut plus nous étonner et que tout est possible ... Y compris que ce soit un canard concocté par WikiLeaks ou Anonymous, par la CIA dans l’un de ses multiples coups fourrés labyrinthiques ou par Poutine lui-même, pour se donner l’illusion de la durée...

jeudi, 23 avril 2015

Dwingen de Grieken Europa te kiezen tussen Amerika of Rusland?

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Dwingen de Grieken Europa te kiezen tussen Amerika of Rusland?

Slechts 23% Grieken is positief over EU, 63% ziet Rusland als nieuwe bondgenoot - Deelname Europese machten aan Aziatische Infrastructuur Investerings Bank signaal van naderende geopolitieke machtsverschuiving

De toenadering die Griekenland zoekt tot Rusland baart de gevestigde orde in Brussel en Washington grote zorgen. De Russische president Putin wil na het mislukken van het South Stream oliepijpleiding project een alternatieve pijpleiding aanleggen via Turkije naar Griekenland, waardoor Griekenland een belangrijke energie’hub’ voor Zuid- en Centraal Europa zal worden. Er zijn zelfs geruchten dat als de EU en het IMF de druk op de Grieken niet wil verlichten, het land mogelijk tot de pas opgerichte Euraziatische Unie zal toetreden. Dat zal Europa voor het blok zetten: blijven we vasthouden aan het financieel, politiek en moreel op zijn allerlaatste benen waggelende Amerika, of kiezen we voor nieuwe ongekende economische mogelijkheden in heel Azië?

Niet Griekse volk, maar Europese banken gered

Toen in 2007-2008 de financiële crisis losbarstte lag de Griekse staatsschuld rond de 100% van het BNP – hoger dan het Europese gemiddelde, maar niet onhoudbaar. Tot 2014 explodeerde deze schuld echter naar 175% van het BNP en moest het land met drie bailout pakketten van € 240 miljard overeind worden gehouden.

Een staatsbankroet had hoogstwaarschijnlijk de Franse en Europese banken, die grote hoeveelheden Griekse schuldpapieren hadden opgekocht, doen omvallen. Daarom namen de EU, het IMF en de ECB ruim 80% van de Griekse staatsschuld over – niet om het volk te helpen, maar om de banken te redden. De rekening werd bij de Europese belastingbetaler neergelegd.

Amerikaanse financiële aanval op de EU

Omdat de financiële crisis de snel uit de hand lopende –jaarlijks met ruim $ 1 biljoen stijgende- staatsschuld van de VS blootlegde, openden de Amerikanen om hun dollar te redden de aanval op de EU. Pal nadat de EU-regeringen in april 2010 hadden ingestemd met het Griekse reddingsplan, werd het land door de Amerikaanse kredietbeoordelaar Standard & Poor’s in één klap met drie stappen afgewaardeerd naar de ‘junk’ status.

Het gevolg was dat verzekeraars en pensioenfondsen wereldwijd hun Griekse waardepapieren afstootten, wat de rente die het land voor kredieten moest betalen gigantisch deed stijgen. Griekenland kwam in een uitzichtloze crisis terecht. In ruil voor financiële hulp eisten het EU en het IMF snoeiharde bezuinigingen. Gevolg: de werkeloosheid steeg naar 27%, onder jongeren zelfs naar 60%. De belastinginkomsten daalden en de Griekse publieke voorzieningen stortten in.

Wanhopige Grieken zoeken hulp in Moskou

Het wanhopige Griekse volk stemde vervolgens op de extreemlinkse Syriza partij, die uit de communistische partij is voortgekomen. Partijleider Tsipras beloofde een einde te maken aan de harde bezuinigingen en zei dat hij daarvoor desnoods uit de EU en de NAVO zou treden. Tevens werd begonnen met serieuze voorbereidingen voor de herinvoering van de eigen munt, de drachme, en het nationaliseren van het bankensysteem.

Omdat Syriza vastbesloten was om de publieke voorzieningen, ambtenaren en pensioenen overeind te houden, zou er geen geld meer over zijn om het IMF terug te betalen. Daarom reisde Tsipras naar Moskou, naar eigen zeggen echter niet om te bedelen om geld, maar om te praten over intensievere economische samenwerking die het land weer uit het slop zou kunnen halen. In ruil daarvoor beloofde Tsipras geen nieuwe Europese sancties tegen Rusland goed te zullen keuren.

Russisch aardgas via Turkije en Griekenland naar Europa

Eén van de onderwerpen was de door Putin voorgestelde Turkish Stream pijpleiding, die Russisch aardgas via Turkije naar Griekenland moet gaan leveren. Deze leiding moet in de plaats komen van het mislukte Russische South Stream project, dat Brussel onder grote Amerikaanse druk had gesaboteerd, omdat Washington niet wil dat Rusland een nog belangrijkere rol in de energievoorziening aan Europa gaat spelen.

In december 2014 hadden Rusland en Turkije al een verklaring ondertekend om de bouw van Turkish Stream mogelijk te maken. Griekenland wordt in dit plan een belangrijke ‘hub’ voor het verdere transport van Russisch aardgas naar Italië, de Balkan en Centraal Europa. Dat levert de Grieken alleen al aan doorvoerrechten enige honderden miljoenen euro’s per jaar op. Ook zal het land weer aantrekkelijker worden voor investeringen.

Putin en Tsipras bespraken tevens een korting op de prijs van Russische olie en het opzetten van joint ventures met de Griekse regering. Pilotprojecten zouden de uitbouw van de haven van Thessaloníki zijn –die volgens het IMF moet worden geprivatiseerd- en investeringen in de Griekse spoorwegen.

‘Trojaans paard’?

De Griekse leider stelde duidelijk tegen nieuwe Europese sancties tegen Rusland te zijn. Daar was men in Washington bepaald niet blij mee. In Amerikaanse media werd Griekenland zelfs een ‘Trojaans paard’ genoemd, waarmee Rusland de EU zou binnendringen. Putin reageerde op zijn immer droge humoristische wijze: ‘Wat mythologie, Trojaanse paarden en zo betreft: die vraag zou terecht zijn als ik naar Athene zou gaan. Wij dwingen niemand iets te doen.’

63% Grieken wil Rusland, nog maar 23% de EU

Opiniepeilingen wijzen uit dat 63% van de Grieken Rusland als nieuwe bondgenoot begroet. Nog maar 23% is positief over de EU. Rusland en Griekenland delen daarnaast de orthodoxe christelijke religie en historisch goede betrekkingen.

Dat onderstreept dat niet alleen Griekenland, maar heel het Westen in een algemene crisis terecht is gekomen. Demografisch, financieel, economisch, politiek en moreel is de EU in een dodelijke neerwaartse spiraal terecht gekomen.

Europa moet kiezen tussen Amerika of Rusland

Feitelijk dwingen de Grieken met hun toenadering tot Rusland Europa tot de keus: of we breken met de failliete dollarwereld, met Washington en met de almaar agressiever wordende NAVO, en zetten vol in op samenwerking met de door Rusland geleide Euraziatische Unie en met China; of de schuldenlast in de EU is over 4 tot 5 jaar zo onhoudbaar geworden, dat we in een zelfde economische depressie belanden als Griekenland, waardoor onze welvaartsstaat definitief verdwijnt.

Er is nog een andere optie, namelijk die in de jaren ’30 door de heersende financiële machten door Nazi-Duitsland, Vichy-Frankrijk en Mussolini-Italië werd gekozen, met de bekende verschrikkelijke gevolgen. Daar zal werkelijk niemand in Europa op zitten te wachten. (1)

Aansluiting Europa, Japan, Australië bij Chinese Investeringsbank

Gelukkig gloort er hoop, want ondanks grote bezwaren en dreigementen van Amerika besloten Frankrijk, Duitsland en Groot Brittannië onlangs mee te doen met de oprichting van China’s Aziatische Infrastructuur Investerings Bank (AIIB). Die wordt door de VS als een grote bedreiging gezien voor het door Washington gedomineerde IMF en voor de positie van de dollar als enige wereld reservemunt.

Ook de traditionele Amerikaanse bondgenoten Australië en zelfs Japan sloten zich bij de AIIB aan, dat van plan is om tot in lengte van decennia biljoenen te gaan investeren in de opbouw van de infrastructuur in Azië.

Voor de VS is de aansluiting van zijn vazalstaten in Europa en Azië een enorme geopolitieke nederlaag, die mogelijk verstrekkende gevolgen zal hebben en een radicale machtsverschuiving op onze planeet teweeg zal brengen - een die ervoor zal zorgen dat niet langer één supermacht met behulp van financiële en militaire dreiging en chantage de rest van de wereld zijn wil kan opleggen. (2)

Xander

(1) KOPP
(2) KOPP

Zie ook o.a.:

17-03: Stratfor: VS wil ten koste van alles alliantie Duitsland-Rusland voorkomen (/ ‘Amerika zet volken tegen elkaar op om te voorkomen dat ze zich tegen VS keren – VS zet in op het ten val brengen van Rusland en de EU’)
10-03: China en Rusland lanceren in herfst anti-dollar alliantie
28-02: 10 redenen waarom de VS en de EU uit zijn op oorlog (/ Het Vrije Westen bestaat niet meer)
22-02: Stratfor over nieuwe oorlog in Europa: Niemand zal voor de EU willen sterven (/ Brussel maakte fatale fout door enkel banken te redden en gewone man in de steek te laten)
08-02: ‘Europa moet oorlogskoers VS en NAVO loslaten en samen met Rusland wereldvrede redden’
05-01: 12 experts verwachten wereldwijde economische chaos in 2015

Eurasia as We Knew it is Dead

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The U.S. Knew it Too

Eurasia as We Knew it is Dead

by PEPE ESCOBAR
Ex: http://www.counterpunch.org

Move over, Cold War 2.0. The real story, now and for the foreseeable future, in its myriad declinations, and of course, ruling out too many bumps in the road, is a new, integrated Eurasia forging ahead.

China’s immensely ambitious New Silk Road project will keep intersecting with the Russia-led Eurasia Economic Union (EEC). And that will be the day when the EU wakes up and finds a booming trade/commerce axis stretching from St. Petersburg to Shanghai. It’s always pertinent to remember that Vladimir Putin sold a similar, and even more encompassing, vision in Germany a few years ago – stretching from Lisbon to Vladivostok.

It will take time – and troubled times. But Eurasia’s radical face lift is inexorable. This implies an exceptionalist dream – the U.S. as Eurasia hegemon, something that still looked feasible at the turn of the millennium – fast dissolving right before anyone’s eyes.

Russia Pivots East, China Pivots West

A few sound minds in the U.S. remain essential as they fully deconstruct the negatives, pointing to the dangers of Cold War 2.0. The Carnegie Moscow Center’s Dmitri Trenin, meanwhile, is more concerned with the positives, proposing a road map for Eurasian convergence.

The Russia-China strategic partnership – from energy trade to defense and infrastructure development – will only solidify, as Russia pivots East and China pivots West. Geopolitically, this does not mean a Moscow subordinated to Beijing, but a rising symbiotic relationship, painstakingly developed in multiple stages.

The BRICs – that dirty word in Washington – already have way more global appeal, and as much influence as the outdated G-7. The BRIC New Development Bank, ready to start before the end of 2015, is a key alternative to G7-controlled mechanisms and the IMF.

The Shanghai Cooperation Organization (SCO) is bound to include India and Pakistan at their upcoming summer summit in Russia, and Iran’s inclusion, post-sanctions as an official member, would be virtually a done deal by 2016. The SCO is finally blossoming as the key development, political/economic cooperation and security forum across Asia.

Putin’s “greater Europe” from Lisbon to Vladivostok – which would mean the EU + EEC – may be on hold while China turbo-charges the its New Silk Road in both its overland and maritime routes. Meanwhile, the Kremlin will concentrate on a parallel strategy – to use East Asian capital and technology to develop Siberia and the Russian Far East. The yuan is bound to become a reserve currency across Eurasia in the very near future, as the ruble and the yuan are about to rule for good in bilateral trade.

The German Factor

“Greater Europe” from Lisbon to Vladivostok inevitably depends on a solution to the German puzzle. German industrialists clearly see the marvels of Russia providing Germany – much more than the EU as a whole – with a privileged geopolitical and strategic channel to Asia-Pacific. However, the same does not apply as yet to German politicos. Chancellor Angela Merkel, whatever her rhetoric, keeps toeing the Washington line.

The Russian Pipelineistan strategy was already in place – via Nord Stream and South Stream – when interminable EU U-turns led Moscow to cancel South Stream and launch Turk Stream (which will, in the end, increase energy costs for the EU). The EU, in exchange, would have virtually free access to Russia’s wealth of resources, and internal market. The Ukraine disaster means the end of all these elaborate plans.

Germany is already the defacto EU conductor for this economic express train. As an export powerhouse, its only way to go is not West or South, but East. Thus, the portentous spectacle of an orchestra of salivating industrialists when Xi Jinping went to Germany in the spring of 2104. Xi proposed no less than a high-speed rail line linking the New Silk Road from Shanghai to Duisburg and Berlin.

A key point which shouldn’t be lost on Germans: a vital branch of the New Silk Road is the Trans-Siberian high-speed rail remix. So one of the yellow BRIC roads to Beijing and Shanghai boasts Moscow as a strategic pit stop.

That Empire of Chaos …

Beijing’s Go West strategy overland is blissfully free of hyperpower meddling – from the Trans-Siberian remix to the rail/road routes across the Central Asian “stans” all the way to Iran and Turkey. Moreover, Russia sees it as a symbiosis, considering a win-win as Central Asian stans jump simultaneously aboard the EEU and what Beijing dubs the Silk Road Economic Belt.

On other fronts, meanwhile, Beijing is very careful to not antagonize the U.S., the reigning hyperpower. See for instance this quite frank but also quite diplomatic interview to the Financial Times by Chinese Prime Minister Li Keqiang.

One key aspect of the Russia-China strategic partnership is that both identify Washington’s massively incoherent foreign policy as a prime breeder of chaos – exactly as I argue in my book Empire of Chaos.

In what applies specifically to China and Russia, it’s essentially chaos as in divide and rule. Beijing sees Washington trying to destabilize China’s periphery (Hong Kong, Tibet, Xinjiang), and actively interfering in the South China Sea disputes. Moscow sees Washington obsessed with the infinite expansion of NATO and taking no prisoners in preventing Russia’s efforts at Eurasian integration.

Thus, the certified death of Russia’s previous geopolitical strategy. No more trying to feel included in an elite Western club such as the G-8. No more strategic partnership with NATO.

Always expert at planning well in advance, Beijing also sees how Washington’s relentless demonization of not only Putin, but Russia as a whole (as in submit or else), constitute a trial run on what might be applied against China in the near future.

Meet the Imponderables

All bets are off on how the fateful U.S.-China-Russia triangle will evolve. Arguably, it may take the following pattern: The Americans talk loud and carry an array of sticks; the Russians are not shy to talk back while silently preparing strategically for a long, difficult haul; the Chinese follow a modified “Little Helmsman” Deng Xiaoping doctrine – talk very diplomatically while no longer keeping a low profile.

Beijing’s already savvy to what Moscow has been whispering: Exceptionalist Washington – in decline or not – will never treat Beijing as an equal or respect Chinese national interests.

In the great Imponderables chapter, bets are still accepted on whether Moscow will use this serious, triple threat crisis – sanctions, oil price war, ruble devaluation – to radically apply structural game changers and launch a new strategy of economic development. Putin’s recent Q&A, although crammed with intriguing answers, still isn’t clear on this.

Other great imponderable is whether Xi, armed with soft power, charisma and lots of cash, will be able to steer, simultaneously, the tweaking of the economic model and a Go West avalanche that does not end up alienating China’s multiple potential partners in building the New Silk roads.

A final, super-imponderable is whether (or when, if ever) Brussels will decide to undertake a mutually agreed symbiosis with Russia. This, vs. its current posture of total antagonism that extends beyond geopolitical issues. Germany, under Merkel, seems to have made the choice to remain submitted to NATO, and thus, a strategic midget.

So what we have here is the makings of a Greater Asia from Shanghai to St. Petersburg – including, crucially, Tehran – instead of a Total Eurasia that extends from Lisbon to Vladivostok. Total Eurasia may be broken, at least for now. But Greater Asia is a go. There will be a tsunami of efforts by the usual suspects, to also break it up.

All this will be fascinating to watch. How will Moscow and Beijing stare down the West – politically, commercially and ideologically – without risking a war? How will they cope with so much pressure? How will they sell their strategy to great swathes of the Global South, across multiple Asian latitudes?

One battle, though, is already won. Bye, bye Zbigniew Brzezinski. Your grand chessboard hegemonic dream is over.

Pepe Escobar is the author of Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge and Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009).  His latest book is Empire of ChaosHe may be reached at pepeasia@yahoo.com.

This piece first appeared at Asia Times.

mercredi, 22 avril 2015

US and France Support Saudi Arabia against the Shia in Yemen: Al-Qaeda, ISIS and Syria

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US and France Support Saudi Arabia against the Shia in Yemen: Al-Qaeda, ISIS and Syria

Nawal Soueif, Noriko Watanabe and Lee Jay Walker

Ex: Modern Tokyo Times 

The governments of America and France have decided to support Saudi Arabia in its bombing of innocent civilians in Yemen. At the same time, regional Sunni Muslim dominated nations have also joined in the indiscriminate killing of Yemeni nationals based on the anti-Shia menace of Saudi Arabia. After all, events in Syria highlight the hatred of Saudi Arabia, Turkey and Qatar towards multi-religious Syria. Similarly, events in Bahrain, whereby the Shia suffer systematic persecution, was met by more support and interference by outside nations in maintaining this reality.

Before focusing on Yemen, it is clear that Saudi Arabia is the most draconian nation state in the world whereby women are whipped if not fully covered up from head to toe. At the same time, not one Buddhist temple or Christian church (or any non-Muslim place of worship) is tolerated. Likewise, the same feudal monarchs control society in Saudi Arabia and export Salafi and Takfiri militancy far and wide. Therefore, irrespective of what is unfolding in Yemen, it is clear that Saudi Arabia doesn’t have any moral authority therefore America and France should be ashamed of their behavior.

In America, thousands of people perished on September 11 because of mainly Saudi terrorists but of course political elites in Washington glossed over this reality. Similarly, thousands of American soldiers have been killed in Afghanistan and Iraq based on Gulf petrodollars and the covert sectarian and terrorist ratlines of certain Gulf powers. Indeed, France is also facing a growing Salafi and Takfiri threat whereby citizens are killed by radical Sunni Takfiri Islamists, that follow the hate spewed mindsets being exported within the Gulf. Given this reality, then what threats are Shia Houthi Muslims exporting in Yemen?

Alistair Baskey, White House spokesperson, stressed: “The United States is providing our partners with necessary and timely intelligence to defend Saudi Arabia and respond to other efforts to support the legitimate government of Yemen.”

In other words, America is protecting anti-Christian, anti-democratic and anti-female rights Saudi Arabia, whereby the government isn’t elected to any major degree. At the same time, it is abundantly clear that Takfiri and Salafi fanatics are beheading and slaughtering Muslims, Christians and other faiths alike in several nations. Yet how and where did these Takfiri and Salafi groups obtain their indoctrination, military hardware and geopolitical objectives?

Obviously, without the involvement of Gulf petrodollars and the intrigues of feudal Gulf monarchs, Turkey, and Pakistan (Afghanistan and Kashmir), then this one long and growing jihadist conveyor belt could not exist to any major degree. America and the United Kingdom clearly have been involved in the sinister intrigues of international jihadi networks for decades. This notably applies to intrigues against the government of Afghanistan in the 1980s and early 1990s; in Bosnia whereby thousands of international jihadists entered this nation based on the geopolitical whims of Washington, Ankara and London; and more recently NATO forces and Gulf feudal monarchs involved themselves in overthrowing Gaddafi in Libya based on utilizing various Takfiri and Salafi jihadist terrorist groups. Similarly, in Syria it is clear that al-Qaeda affiliates and ISIS (Islamic State – IS) have gained greatly by the intrigues of NATO Turkey and enormous funding obtained throughout the Gulf region.

The above reality sums up the real menace and hypocrisy behind the words of Antony Blinken, Deputy Secretary of State of America. He reported in Riyadh that: “Saudi Arabia is sending a strong message to the Houthis and their allies that they cannot overrun Yemen by force.”

He continued: “As part of that effort, we have expedited weapons deliveries, we have increased our intelligence sharing, and we have established a joint coordination planning cell in the Saudi operation center.”

France also made it abundantly clear that they support the most draconian nation state in the world by supporting undemocratic Saudi Arabia in its anti-Shia bombing of Yemen. Laurent Fabius, Foreign Minister of France, stated France was “naturally on the side of its regional partners for the restoration of stability in Yemen.”

He continued by stating: “Concerning Yemen, we are here to demonstrate our support, especially political, to the Saudi authorities.”

Of course, France, just like Saudi Arabia, was behind (both France and Saudi Arabia – and other nations – are still behind the destabilization of Syria) mass instability in Libya and Syria. This was based on supporting various sectarian forces (Syria) and numerous different militias. Once Gaddafi was overthrown in Libya, then the same Gulf and NATO powers abandoned this nation to various al-Qaeda affiliates, countless different militias and now ISIS is also entering the vacuum.

This makes a mockery of America, France and Saudi Arabia caring about “stability.” After all, the religious mosaic of Muslims, Christians and the Druze in Syria, is only surviving because of the Syrian government remaining steadfast against Takfiri terrorist barbarity being funded against this nation. Therefore, central forces in Syria are doing everything in order not to end-up like Afghanistan, Iraq and Libya.

France 24 reports: “The Saudi-led coalition said on Saturday that it had conducted 1,200 air strikes since March 26 and neutralized the air and missile capabilities of the rebels and their allies.”

Of major importance, France 24 says: “Meanwhile, al Qaeda-linked militants have taken advantage of the security vacuum to seize control of swathes of the country’s southeast.”

In other words, Gaza and the cleansing of Alawites (Syria) Christians (Iraq and Syria), Yazidis (Iraq) and the Shabaks (Iraq) – alongside horrific massacres of Shia Muslims by ISIS in Iraq, doesn’t concern Riyadh and other feudal Gulf powers to any degree. After all, it is Gulf petrodollars and the intrigues of NATO Turkey (Turkey is anti-Syria) that is responsible for the carnage in Iraq and Syria respectively. Therefore, the Saudi led bombing attacks against the Shia Houthis in Yemen – just like the weakening of the armed forces of Syria – is assisting al-Qaeda affiliates and ISIS.

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Despite this, America and France are selling their democratic and secular souls in order to appease anti-Christian and despotic Saudi Arabia. This reality means that the deaths of vast numbers of Shia Houthi Muslims and Yemeni nationals doesn’t concern the elites of America, France, Saudi Arabia and other Sunni Muslim dominated nations that are supporting Riyadh. Equally important, the above nations are all involved in weakening the two most powerful military forces that are fighting against al-Qaeda (Syria and Yemen) and ISIS (Syria). Given this reality, the same forces of instability are once more involving themselves against the people of Yemen but what did the Shia Houthis do to deserve this?

http://www.france24.com/en/20150412-france-fabius-support-saudi-campaign-yemen-houthis/

http://www.english.alahednews.com.lb/essaydetails.php?eid=29105&cid=524#.VSwaVWb6nLU

mtt

 

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Die Dreispaltung Osteuropas

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Die Dreispaltung Osteuropas

von Frank Marten

Ex: http://www.blauenarzisse.de

In der EU bröckelt es aufgrund der Sanktionen gegenüber Russland. Auch Mittel– und Osteuropas Staaten sind sich keineswegs einig. Die pro-​russische Speerspitze bildet Ungarn.

Die EU hält an den Sanktionen gegenüber der Russischen Föderation fest. Während Merkel die Verlängerung befürwortet, bezweifelte Mitte März beispielsweise die Tschechische Republik den Sinn und die Notwendigkeit der Bestrafung Russlands.

Der tschechische Präsident Milos Zeman hatte Anfang April erst dem US-​Botschafter in Prag, Andrew Schapiro, den Zugang zum Präsidentensitz verwehrt. Zuvor hatte Schapiro einen geplanten Besuch Zemans bei der alljährlichen Siegesfeier in Moskau als „ziemlich heikel“ bezeichnet. Aufgrund innenpolitischen Drucks musste der tschechische Präsident nun die Reise nach Moskau trotzdem absagen. Drei wichtige Staaten Osteuropas – Polen, Tschechien und Ungarn – gehen damit in ihrer Haltung gegenüber Putin sehr verschiedene Wege.

Der Russland-​Gegner Polen

Die politische Elite der Republik Polen teilt die deutsche Forderung nach der Aufrechterhaltung der Sanktionen. In Bezug auf die Ukraine nimmt die gesamte politische Führung und Opposition eine deutliche pro-​ukrainische Haltung ein. So werden neben der Fortführung der Sanktionen auch Waffenlieferungen an die ukrainische Armee gefordert. Der Widerstand gegen Putin nimmt teilweise abstruse Formen an und entfachte bereits einen Historikerstreit: Der polnische Außenminister Gregorz Schetyna (liberal-​konservative „Bürgerplattform“) war Anfang Januar der Meinung, dass Ukrainer und nicht Russen das ehemalige KZ Auschwitz befreit hätten. Dass die Rote Armee zum Großteil aus unterschiedlichen Nationalitäten bestand, wurde schlicht und einfach ignoriert.

Aus Angst, selbst Opfer der „russischen Aggressivität“ zu werden, entstehen in Polen derzeitig Freiwilligenverbände, die der Armee unterstellt sind. Deren Stärke soll bis zu 10.000 Mann umfassen. Des Weiteren ist die polnische Armee auf der Suche nach mehr Reservisten, die im Notfall zusammen mit der regulären Armee und den Freiwilligenverbänden das polnische Vaterland gegen den russischen Bären verteidigen sollen. Demzufolge wundert es niemanden, dass die politische Elite Polens den Nato-​Plan einer schnellen Eingreiftruppe in Osteuropa fördert.

Nato-​Manöver in Polen

Unterstützung erhält sie dabei von den drei baltischen Staaten, die die Ängste Polens vor der russischen Expansion teilen. Um ihre Zugehörigkeit zum westlichen Bündnis zu demonstrieren, fand im Oktober 2014 ein Nato-​Manöver auf polnischem Gebiet mit 400 Soldaten aus 23 Staaten statt.

Die Angst vor der drohenden russischen Invasion speist sich aus der polnischen Geschichte: Bereits mehrfach wurde Polen Opfer seiner Nachbarn. Zuletzt wurde Polen bekanntlich 1939 zwischen dem Deutschen Reich und der Sowjetunion aufgeteilt. Das angespannte politische Verhältnis zwischen Russland und Polen wird sich auch in den kommenden Monate oder Jahren nicht verbessern, sondern eher verschlechtern. Russland drohte bereits mit dem Rauswurf des polnischen Konsulats aus der Russischen Föderation.

Der Vermittler Tschechien

Die Tschechische Republik hingegen schlägt einen anderen Kurs gegenüber Russland ein. Zusammen mit der Slowakei kritisieren sie einen Teil der Sanktionen gegen die Russische Föderation. Sie bezeichnete der slowakische Ministerpräsident als „nutzlos und kontraproduktiv“ ‒ diese Haltung teilt er mit seinem tschechischen Amtskollegen. Anhaltende Sanktionen würden letztendlich die eigenen nationalen Interessen treffen und die Krise in der Ukraine verschärfen. Trotz des Widerstandes gegen den Großteil der Sanktionen hält Tschechien jedoch an der Solidarität zur Ukraine fest – beispielsweise mit Gaslieferungen oder finanziellen Hilfen. Der linksgerichtete Zeman geriet zudem aufgrund seiner pro-​russischen Haltung und seiner Kritik an der ukrainischen Führung mehrfach in die Kritik der tschechischen Öffentlichkeit. Viele Medien und oppositionelle Politiker werfen ihm eine idealisierte Sichtweise auf die Russische Föderation vor.

Die tschechische Bevölkerung hingegen scheint zwiegespalten. Manche befürworten den Kurs ihrer Regierung, andere hingegen demonstrieren gegen den russischen Kurs in der Ukraine. Vielen scheint die Niederschlagung des Prager Frühlings im Jahr 1968 noch präsent zu sein. Denn auch sie fürchten eines Tages Opfer der russischen Politik zu werden. Das Verhältnis der Russischen Föderation zu Tschechien bleibt angespannt. Es ist jedoch noch lange nicht so belastet wie das Verhältnis zwischen Polen und Russland. Die Tschechische Regierung scheint daher an ihrem Mittelweg zwischen offener Solidarität mit Russland und Unterstützung der Nato festzuhalten.

Ungarn: Russland und China als Vorbild

Der ungarische Staat unter dem nationalkonservativen Ministerpräsidenten Viktor Orbán (Fidesz) gilt aus der Perspektive der EU seit jeher als Sorgenkind. In der Debatte um den richtigen Kurs gegenüber Putin wird Ungarn seinem eigenständigen Kurs erneut gerecht. Ebenso wie die Tschechische Republik kritisiert Orbán die verhängten Sanktionen gegen Russland. Und er geht noch einen Schritt weiter: Der ungarische Ministerpräsident fordert sogar ein Ende der russenfeindlichen Politik der EU.

Letztendlich würden die Sanktionen der EU ihren Mitgliedsstaaten selbst schaden und den Konflikt in der Ostukraine weiterhin anheizen, betont er. Des Weiteren forderte Orbán die europäischen Staaten dazu auf, den „Trennungsprozess zu Russland“ zu beenden und gemeinsam nach einer Lösung des Konfliktes zu suchen. Orbán selbst nannte in einer Rede im Sommer 2014 sein politisches Modell eine „illiberale Demokratie“ ‒ ohne liberale Dogmen und mit Russland und China als großen politischen und ökonomischen Vorbildern.

Atommeiler mit russischer Unterstützung

Während andere osteuropäische Staaten den Handel mit der Russland im Rahmen der verhängten Sanktionen boykottierten, beschlossen Ungarn und Russland im Januar 2015 den Bau von zwei Atommeilern in Ungarn. Es handelt sich um das teuerste staatliche Projekt seit Ungarns EU-​Beitritt 2004. Die beiden Reaktorblöcke sollen zu 80 Prozent über einen russischen Kredit finanziert werden und knapp die Hälfte des ungarischen Strombedarfs decken. Im Februar 2015 einigten sich beide Staaten außerdem auf ein neues Gasabkommen, das den Preis in Ungarn senkt. Beiden Abkommen ging ein großer Protest der ungarischen Opposition voran. Sie befürchtete die Annäherung der beiden Staaten und solidarisierte sich demonstrativ mit der Ukraine.

Auch die ungarische Bevölkerung scheint bezüglich der russischen Politik gespalten zu sein. Ebenso wie die Tschechen fürchten auch einige von ihnen, dass sich die Geschichte wiederholen könnte. Es ist vor allem der von der Sowjetunion niedergeschlagene Ungarische Aufstand von 1956, der diese Ängste anheizt. Allerdings erhielt die Partei Orbáns bei der vergangenen Parlamentswahl rund 45 Prozent der Stimmen. Die meisten Ungarn können sich also offenbar mit der Innen– und Außenpolitik Orbáns und seiner postulierten „illiberalen Demokratie“ identifizieren. Das politische Verhältnis beider Staaten zueinander ist entspannt. Ungarn scheint der zur Zeit verlässlichste Partner der Russischen Föderation innerhalb Europas zu sein. Aufgrund der neuen Abkommen scheint dieser politische Kurs auch in naher Zukunft fortgeführt zu werden.

Russland lässt sich von Sanktionen nicht beeinflussen

Auch Zypern und Bulgarien schlagen einen oppositionellen Kurs zur offiziellen EU-​Politik ein. Allen voran schreitet das „orbánische“ Ungarn, das sich als Speerspitze gegen die Sanktionen gegen Russland profiliert. Inzwischen kritisieren auch Spanien, Griechenland und Zypern den russlandfeindlichen Kurs der EU. Die Einheitsfront gegen Putin scheint zu bröckeln.

Das ist der richtige Weg: Ohne die Einbeziehung Russlands in den ukrainischen und europäischen Entscheidungsprozess wird niemals Ruhe in die Häuser des ukrainischen Volkes einkehren. Russland wird auf Sanktionen nicht reagieren. Allein aus Stolz würde der russische Bär so oder so weiterhin so handeln, wie er es in den letzten zwölf Monaten bereits gezeigt hat. Polen wird mit seiner scharfen Kritik den russischen Kurs nicht ändern, sondern noch verstärken. Den größten Einfluss auf Russland hat demnach Ungarn: Es betreibt weiterhin – trotz der EU-​Sanktionen – intensiven Handel mit Russland und schätzt Putin als Partner, anstatt den mächtigsten Staat Osteuropas als Teil einer neuen „Achse des Bösen“ zu brandmarken. Aber auch Vermittler wie die Tschechische Republik und die Slowakei könnten die russische Politik beeinflussen. Eines bleibt dabei sicher: Europa braucht Russland und Russland braucht Europa!

Quatre livres concernant l’Ukraine, la Russie et l’Occident

Il est urgent d’éclairer les esprits!

Quatre livres concernant l’Ukraine, la Russie et l’Occident

par Karl Müller

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Ce ne sont pas seulement quelques sites Internet et des petits éditeurs alternatifs mais également un certain nombre de maisons d’éditions qui se sont décidées de fournir des informations critiques complémentaires aux contributions usuelles des médias sur l’Ukraine, la Russie et l’Occident. Nous présentons brièvement quatre d’entre eux, en en conseillant la lecture, car il ne suffit pas de les recommander. Malheureusement, il n’y a pour le moment pas de traductions françaises sur le marché.

Krone-Schmalz: comprendre la Russie

Ce livre, paru il y a quelques semaines, ayant rencontré un important écho, est le premier à recommander. «Comprendre la Russie. La lutte concernant l’Ukraine et l’arrogance de l’Ouest» est l’unique livre à avoir été publié par une maison d’édition allemande importante. L’auteure est Gabriele Krone-Schmalz, ancienne correspondante allemande bien connue, de la première chaîne de télévision allemande ARD. Actuellement, elle est professeure de TV et de journalisme et membre du comité directeur du Dialogue de Saint-Pétersbourg. Son nouveau livre occupe la deuxième place de la liste des meilleures ventes de la revue Der Spiegel.
Mme Krone-Schmalz, journaliste corps et âme, est sidérée par la façon dont les médias allemands informent sur la Russie. L’obligation de diligence et les principes de l’éthique journalistiques sont violés de manière fondamentale. Mme Krone-Schmalz le démontre par de nombreux exemples, pas seulement depuis la crise ukrainienne, et confirme ce que le Conseil consultatif de l’ARD lui-même, avait constaté en été 2014: «A la suite de ses observations, les reportages de la première chaîne de télévision concernant la crise en Ukraine donnaient l’impression, du moins partiellement, de parti pris s’orientant essentiellement contre la Russie et les prises de positions de ce pays. […] Des constats fondamentaux pour comprendre les tenants et les aboutissants du développement de cette crise n’apparaissaient pas dans les reportages ou n’étaient qu’à peine évoqués.»
Mais le livre «Comprendre la Russie» est beaucoup plus qu’un débat sur la façon des médias occidentaux de traiter le sujet. C’est même plus que les excellents conseils donnés à la fin du livre pour illustrer ce que pourrait être un véritable reportage. Le livre respecte son titre en tentant de faire comprendre la position russe au lecteur de langue allemande. Et réfléchir à une phrase comme celle tirée de l’avant-dernier chapitre, est vraiment judicieux: «Si l’on avait pris au sérieux à temps les intérêts russes et si l’on avait choisi une attitude coopérative plutôt qu’agressive, il n’y aurait pas eu de morts et de blessés, de personnes traumatisées, ruinées et en fuite.»
Dans les chapitres «L’Ukraine, la Russie et l’Occident» ainsi que «Le combat pour l’Ukraine», elle rappelle soigneusement les faits ayant mené le pays depuis 1991 à la situation actuelle.

Espoirs déçus – chances manquées

Les chapitres «Espoirs déçus – chances manquées» et «L’idée de la paix» sont particulièrement marquants. Mme Krone-Schmalz met en relief les réussites de la direction du pays au temps de l’Union soviétique dans la deuxième moitié des années 80 en précisant que «Ce fut une réussite particulière de mener l’Union soviétique à l’effondrement sans faire couler la moindre goutte de sang. Mais au lieu de soutenir ce processus, on renvoya cette partie du monde vers le néant.» La Russie n’obtint «aucune chance de repartir avec quelque succès et se trouva en butte aux feux croisés de la ‹communauté internationale› qui voulait à tout prix imposer ses règles à cette partie du monde.»
Mme Krone-Schmalz rappelle une fois de plus la confiance initiale de la Russie envers l’Occident, après 1991 et combien cette confiance fut bafouée, transformée en humiliation et pillage du pays, en lui refusant toute égalité politique et économique, réduisant ainsi la confiance à néant: «Les gens devaient affronter un capitalisme sauvage et non pas bénéficier de l’économie sociale de marché qui aurait permis un passage en douceur. […] La situation avait pris un caractère pervers du fait qu’on n’osait pas introduire des mesures de protection sociale en Russie, de crainte que l’Occident n’y voie une renaissance du socialisme ou du communisme et se retire entièrement.»

Poutine a cherché la collaboration avec l’Occident mais n’a pas été pris au sérieux

Lorsque Vladimir Poutine fut nommé président du pays, son objectif était de remettre le pays sur pied, et cela en collaboration avec l’Occident. Mais toutes ses propositions pour une collaboration plus intense et plus étroite furent ignorées: «Poutine fut un des premiers à parler d’un monde multipolaire et d’un ‹Espace commun de sécurité› de Vladivostok à Vancouver. Mais ni l’une ni l’autre de ces propositions ne fut retenue, ce qui lui aurait donné l’impression d’être entendu.» Finalement: «La longue série de refus occidentaux et d’ignorance parfaite des intérêts russes est comprise du côté russe de la manière suivante: l’OTAN bombarde la Yougoslavie, donc la Serbie, à la fin des années 90, bien que la Russie ait protesté là-contre au Conseil de sécurité; les Etats-Unis et la Grande-Bretagne lancent une offensive contre l’Irak en 2003 sur la base de preuves falsifiées; en 2011, l’Occident abuse d’une résolution de l’ONU destinée à la protection des populations, pour faire tomber Kadhafi. En Syrie, on soutient des bandes de rebelles peu crédibles en leur fournissant des armes pour se débarrasser du régime d’Assad. A chaque fois que le ‹coup d’Etat› sous l’intitulé ‹démocratisation› réussit, la Russie est éliminée de tous les anciens accords et le plus souvent les nations industrielles occidentales, notamment les Etats-Unis, s’approprient les affaires les plus lucratives.»

«C’est pourquoi il n’y a qu’une solution: la paix» – et qu’a fait l’OTAN?

Dans le chapitre «L’idée de la paix», l’auteure décrit de manière émouvante la mentalité de la population, telle qu’elle l’a connue à la fin des années 80 lors qu’elle travaillait en Russie. En premier lieu sa volonté de paix: «Sans la paix rien n’a de la valeur, exprima une étudiante en économie de 22 ans. […] Pour une retraitée de 64 ans seule comptait la volonté commune de paix de ‹notre Michail Sergejevitch [Gorbatchev] et le président des Etats-Unis›. Elle déclara: ‹La jeunesse ne peut pas s’imaginer ce que nous avons souffert pendant la guerre. J’ai été horriblement maltraitée, mais je m’en suis sortie. C’est pourquoi, il n’y a qu’une solution: la paix.›»
Peu après la fin de la guerre froide, il y a eu des tentatives d’aller à l’encontre des vœux de paix des populations, en concluant des accords. Mais ces derniers restèrent lettre morte du fait de la volonté d’étendre l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. «C’est ainsi que l’Occident se conduisit comme le vainqueur de la guerre froide, s’imaginant pouvoir ignorer les intérêts de la Russie.» Mme Krone-Schmalz cite d’un discours qu’elle a présenté en 1998: «Nous avons donc survécu avec peine à la guerre froide, sans toutefois nous en débarrasser, et voilà qu’on prépare déjà une nouvelle mouture, avec des frontières légèrement modifiées. Tout en comprenant parfaitement le désir de sécurité des Polonais, mais aussi des Lituaniens, et d’autres – c’est un très mauvais signal que de vouloir intégrer ces pays dans l’OTAN. Rien que d’en parler a déjà causé un tort incommensurable.»
Mme Krone-Schmalz rappelle aussi le «péché originel»: «La guerre du Kosovo a eu une importance énorme en ce qui concerne la relation de la Russie avec l’Occident. La Russie a dû vivre le fait que le Conseil de sécurité de l’ONU a été totalement ignoré et que personne ne s’en est ému dans la communauté des Etats occidentaux.» En ce qui concerne la guerre en Géorgie de 2008, l’auteure fait appel à une citation personnelle: «En tant qu’observateur politique, on ne peut s’étonner qu’il y ait eu une guerre en Géorgie, mais en raison du fait que la Russie ait toléré si longtemps les provocations et les humiliations occidentales sans réagir.»
«Comprendre la Russie» est destiné avant tout au public allemand. Dans le texte de la jaquette, on peut lire que «Les ressentiments antirusses ont une longue tradition en Allemagne et ont été renforcés par deux guerres mondiales. On le remarque aussi dans la crise ukrainienne. En fait, il ne s’agit pas seulement de la relation entre la Russie, l’Occident et l’Ukraine, comme le prétend la presse, mais de l’histoire depuis la fin de la guerre froide. Il est de toute première importance pour l’UE d’avoir la Russie comme partenaire. Dans la mesure où on s’en passerait, l’Europe risque d’être écrasée dans les conflits de pouvoir opposant les grandes puissances futures.»

Engdahl: Guerre en Ukraine

Le titre du deuxième livre est «Guerre en Ukraine. La chronique d’une catastrophe planifiée». Il est paru en novembre 2014, rédigé par F. William Engdahl, un Américain vivant en Allemagne ayant écrit de nombreux livres. Deux de ses livres ont paru en français: «Pétrole, une guerre d’un siècle: l’ordre mondial anglo-américain» (2007) et «OGM semences de destruction: l’arme de la faim» (2008). On trouve également une série de ses textes sur le site Internet www.williamengdahl.com. Son nouveau livre n’a pas été écrit d’un trait, mais comporte une collection d’articles de l’auteur, écrits entre le 1er octobre 2013 et le 11 septembre 2014. Les titres décrivant bien les contenus sont par exemple:
•    L’Ukraine se sabote elle-même par l’accord de libre-échange avec l’UE (1/10/13)
•    Les protestations en Ukraine sont-elles une répétition de la révolution colorée américaine? (10/12/13)
•    Ingérence effrontée du ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis dans les affrontements en Ukraine (20/1/14)
•    Les Etats-Unis renforcent leurs folles installations de missiles contre la Russie (19/2/14)
•    Violation de l’Ukraine: la phase 2 débute (2/3/14)
•    Il est prouvé que l’OTAN engage des tireurs d’élite du groupe Bandera (9/3/14)
•    L’Ukraine nomme comme gouverneurs et ministres des criminels et des oligarques (11/3/14)
A noter que ces analyses ont toutes été publiées avant le référendum lancé sur la presqu’île de la Crimée – il ne s’agit pas de justification après coup.
Les articles suivants approfondissent les informations:
•    L’engagement de francs-tireurs (snipers) est une stratégie courante dans les changements de régimes politiques fomentés par l’OTAN (24/3/14)
•    Le nouveau gouvernement ukrainien engage des mercenaires américains, pour permettre de contrôler l’Ukraine orientale (31/3/14)
ou encore
•    Le coup d’Etat en Ukraine rapproche la Russie de la Chine (5/6/14)
•    La Russie et la Chine en marche pour se débarrasser du système du dollar (10/6/14)
ou bien
•    Les néonazis du Secteur droit ukrainien répandent «officiellement» la terreur dans l’Est du pays (11/6/14)
•    La nouvelle stratégie de Washington: l’exportation des guerres (12/6/14)
ou encore
•    L’UE et le FMI pillent l’agriculture ukrainienne (9/8/14)

Aspects géostratégiques

Les textes de F. William Engdahl ne sont pas de purs commentaires politiques, mais sont toujours fondés sur des sources précises. Comme beaucoup d’autres, Engdahl rappelle aussi le point de départ géostratégique de ce qui s’est déroulé – à cause de la Russie – pratiquement depuis 1991 (et même avant la fin de l’Union soviétique) dans et avec l’Ukraine. Ce que l’ancien conseiller de sécurité du président américain Zbigniev Brzezinski avait décrit sans ambages dans son livre «Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde» (paru en anglais et en français en 1997) dans l’esprit de la suprématie incontestée des Etats-Unis, paradigme prédominant à l’époque: «L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat russe. Par ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie» (p. 74)

La théorie du Heartland de Mackinder

Pendant des siècles, l’Angleterre avait mené sur le continent européen une politique connue comme l’«équilibre des pouvoirs» («Balance of Power»). Elle avait pour objectif de limiter à chaque fois le pouvoir du plus fort du moment ou de l’alliance la plus forte par des alliances avec le second pouvoir de manière à ce qu’aucun Etat sur le continent ne puisse conquérir la prédominance. Par la création de l’Empire allemand et la montée rapide de l’Allemagne impériale alliée avec les Habsbourg pour devenir une grande puissance scientifique et économique, au milieu du XIXe siècle, la situation sur le continent avait changé qualitativement du point de vue des Anglais. La puissance mondiale jusque-là incontestée et maîtresse de toutes les mers du monde dut réaliser que sa domination pouvait être défiée. Halford Mackinder, géographe anglais, politicien, co-initiateur de la London School of Economics, plus tard fondateur du Royal Institute of International Affairs («Chatham House») et conseiller important de la délégation anglaise lors de la Conférence de paix de Paris (1919–1920), a répondu à cette situation par le texte stratégique intitulé «The Geographical Pivot of History» [Le pivot géographique de l’histoire], publié pour la première fois en 1904 dans le «Geographical Journal» à Londres. Dans son livre paru lors de la Conférence de Paris «Democratic Ideals and Reality», il approfondit les réflexions géopolitiques de cet essai qui furent nommée la «théorie du Heartland». […] Mackinder lui-même, a résumé sa théorie en trois courtes phrases:
•    «Qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle l’Heartland [Pivot Area];
•    Qui contrôle l’Heartland contrôle l’Ile Monde [Eurasie];
•    Qui contrôle l’Ile Monde contrôle le Monde.»
Dans sa théorie, il partit de l’idée que les terres eurasiennes et africaines avaient la plus grande partie des populations du monde et bénéficiaient des plus grandes réserves de matières premières.

Extrait de: Jochen Scholz: Worum es geht. Die Ukraine-Krise und die geopolitische Konstante auf dem eurasischen Kontinent; in: Ronald Thoden, Sabine Schiffer (Ed.): Ukraine im Visier. Russlands Nachbar als Zielscheibe geostrategischer Interessen,
 ?2014, pp. 89–107

Thoden et Schiffer: l’Ukraine dans le collimateur

Un troisième livre mérite d’être recommandé dans ces colonnes, édité par Ronald Thoden, propriétaire de la maison d’éditions «Selbrund-Verlag» et Sabine Schiffer, directrice de l’«Institut für Medienverantwortung» [Institut pour la responsabilité médiatique]. S’agissant d’un recueil de contributions de divers auteurs, le livre est intitulé «Ukraine im Visier. Russlands Nachbar als Zielscheibe geostrategischer Interessen» [L’Ukraine dans le collimateur. Le voisin de la Russie, cible d’intérêts géostratégiques]. Dans ce livre, paru fin 2014, on trouve plusieurs bonnes contributions pour mieux comprendre ce qui se passe en Ukraine et aux alentours et pour mieux analyser, d’un œil critique, les informations médiatiques qui nous sont régulièrement présentées. Notamment les quatre contributions à la fin du recueil, rédigées dans une attitude critique envers les médias, prouvent le manque de sérieux des informations venant de nos médias occidentaux et fournissent de précieuses indications pour pouvoir approfondir le sujet.
Dans la première partie du recueil, Reinhard Lauterbach rappelle l’histoire du nationalisme ukrainien qui n’a pas rechigné de s’allier au national-socialisme allemand et dont les forces directrices ont été, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des «alliés» bien accueillis des services secrets américains.
Hannes Hofbauer y figure avec deux contributions. La première, consacrée à la «Révolution orange» de 2004, décrit en détail les forces issues des Etats-Unis ayant dirigé ce premier coup d’Etat. Quant à la deuxième contribution, elle contient pour la plupart des lecteurs et lectrices de langue allemande de nouvelles informations sur la pauvreté et les disparités sociales prévalant en Ukraine. Hannes Hofbauer y démontre que l’Ukraine, après 1991, devint un des Etats économiquement les plus faibles de tous les Etats issus des anciennes républiques soviétiques européennes et que le programme du FMI ne fit qu’empirer la situation. Il illustre la folie qu’a représenté le fait d’exiger du pays à devoir se décider entre l’UE et la Russie et ce qui attend les Ukrainiens suite à l’acceptation par «leur» gouvernement des conditions du FMI en échange des crédits concédés. Selon l’auteur, le gouvernement intérimaire a déclaré au printemps 2014 dans une lettre au FMI, «vouloir laisser saigner la population en échange du crédit de 17 milliards de dollars», dont il avait un urgent besoin. Et l’auteur de continuer: «En même temps, on promet, au plus haut niveau, de tout faire pour que les salaires n’augmentent pas au cours des 12 mois à venir. Le salaire minimum, correspondant à 74 euros au printemps 2014, et les salaires fixés par les contrats tarifaires, gelés au niveau du 1er janvier 2014, garantissent un tiers de la totalité des économies budgétaires planifiées. La coalition gouvernementale veut se procurer 25% supplémentaires par la ‹rationalisation des dépenses sociales›. Au niveau des revenus, les nouveaux dirigeants à Kiev ont promis au FMI d’abandonner la subvention du prix du gaz pour les consommateurs et de l’augmenter de 56% à partir du 1er mai 2014, ce qui a été accompli à terme. A partir du 1er mai 2015, le prix du gaz augmentera encore une fois de 40%.»

La théorie du «Heartland» de Mackinder toujours en cours?

Kurt Gritsch rappelle les conséquences fatales de l’élargissement de l’OTAN vers l’Est et le lien entre la confrontation croissante de l’OTAN avec la Russie. Il illustre ses analyses par une carte montrant les nombreuses bases militaires américaines entourant la Russie, en la commentant ironiquement dans la légende: «Russia wants war. Look how close they put their country to our military bases» [«La Russie veut la guerre. Regardez à quel point ils ont rapproché leurs frontières de nos bases militaires!»]
La contribution de Jochen Scholz est excellente. Il explique les événements touchant l’Ukraine en relation avec un siècle de géostratégie anglo-américaine, tout en complétant ses explications par des réflexions historiques et politiques au niveau mondial. Il parle des aspirations hégémoniques des forces maritimes anglo-américaines, basées sur une théorie formulée par Halford John Mackinder au début du XXe siècle étant toujours actuelle. Celle-ci prône que pour accéder à l’hégémonie mondiale, il est nécessaire de dominer le continent eurasien en y empêchant par tous les moyens le développement de liens étroits, par exemple, entre l’Allemagne et la Russie (cf. encadré).
Le rapport que l’auteur établit avec le TTIP est également intéressant: «L’accord de libre-échange entre l’EU et les Etats-Unis (TTIP), négocié actuellement, sert en premier lieu à couper court aux tendances centrifuges dans l’alliance actuelle, à rattacher plus étroitement l’Allemagne et l’UE aux Etats-Unis, à empêcher la formation d’espace économique commun s’étendant de Lisbonne à Vladivostok et à instrumentaliser l’UE pour les intérêts nationaux des Etats-Unis.»
La déclaration commune des présidents de la France, de l’Ukraine, de la Russie ainsi que de la chancelière allemande du 12 février 2015 à l’occasion de Minsk II a précisément porté sur ce point en affirmant la «vision d’un espace humanitaire et économique commun allant de l’Atlantique au Pacifique». Jochen Scholz a rédigé sa contribution avant Minsk II. En la lisant, on comprend cependant mieux pourquoi certaines personnes aux Etats-Unis ne veulent pas que les décisions de Minsk II soient mises en vigueur en faisant tout leur possible pour que le conflit continue à dégénérer – par exemple suite à des livraisons d’armes à l’armée ukrainienne – et que l’entente entre la Russie et le reste de l’Europe soit rendue impossible.

Liens entre le TTIP et l’Ukraine

Les points auxquels Jochen Scholz a fait allusion dans sa contribution sont expliqués de manière exhaustive dans le quatrième livre recommandé. Il est intitulé «Wir sind die Guten. Ansichten eines Putinver­stehers oder wie uns die Medien manipulieren» [Nous sommes les bons. Points de vue d’une personne comprenant Poutine ou comment les médias nous manipulent] et a été rédigé par les deux journalistes Mathias Bröckers et Paul Schreyer. Ce livre, paru en première édition début septembre 2014, cite entre autres des extraits du discours de Victoria Nuland, secrétaire d’Etat assistant pour l’Europe et l’Eurasie, qu’elle a tenu en novembre 2013 devant une commission du sénat américain sur la politique ukrainienne du gouvernement. Dans ce discours, elle ne fait pas seulement état des 5 milliards de dollars dépensés depuis 1991 pour imposer «la transition de l’Ukraine vers la démocratie et l’économie de marché». A la même occasion, elle a présenté son jugement concernant «les partenariats orientaux» de l’UE. On n’a qu’à traduire de façon réaliste ses multiples euphémismes: «Quant aux partenariat oriental, il s’agit finalement de beaucoup plus qu’uniquement d’un rapport intensifié entre l’UE et les divers pays d’Europe de l’Est et du Caucase. C’est également un pas en direction d’une vision à long terme d’un espace économique interconnecté s’étendant de Lisbonne à Donetsk, animé par des réformes axées sur le marché, par une prospérité croissante et une démocratie consolidée. C’est dans ce but que l’UE et les Etats-Unis négocient le Traité de libre-échange transatlantique (TTIP/TAFTA) qui promet croissance, investissements et emplois des deux côtés de l’Atlantique ainsi qu’un système commercial global, fondé sur des règlementations et des normes élevées. Cette large vision de l’espace économique interconnecté en Europe devient de plus en plus réel et attractif, pouvant en fin de compte non seulement comprendre l’Europe mais la totalité de l’espace transatlantique. Nous croyons, de commun accord avec l’UE, que les investissements faits en faveur du partenariat oriental sont, à long terme, dans l’intérêt de tout un chacun.» Le commentaire offert dans le livre est le suivant: «C’était donc cela, tous les grands liens, le but glorifié, la vision globale – et en même temps la réfutation de toute forme de multilatéralisme. Dorénavant, il n’y aura donc plus qu’un seul système au monde, non pas plusieurs, pouvant même être équivalents. Dans la langue militaire, on appelle cela ‹Full Spectrum Dominance›, et en économie ‹Integrated Global Trading Regime›. En fin de compte, il s’agit de s’arroger un pouvoir totalitaire faisant mine de promouvoir la prospérité et la démocratie ‹dans l’intérêt à long terme de tout un chacun›».
D’ailleurs Zbigniev Brezinski a déjà revendiqué dans son livre «Le Grand Echiquier», un espace de libre-échange transatlantique, conçu par les Etats-Unis comme un élément de leur «géostratégie pour l’Eurasie»: «Un accord de libre-échange transatlantique, préconisé déjà par un certain nombre d’hommes d’Etat éminents de l’Alliance atlantique, pourrait […] réduire le risque de rivalités croissantes entre une UE plus unifiée et les Etats-Unis».
Avec l’analyse de Jochen Scholz et son allusion à la théorie du «Heartland» de Mackinder, on comprend mieux ce que George Friedman, directeur du service secret américain privé Stratfor, a dit début février 2015 à Chicago et ce qui a été rendu public en Allemagne début mars (www.nachdenkseiten.de/?p=25398 et www.nachdenkseiten.de/?p=25405): au cours du XXe siècle, les Etats-Unis voulaient empêcher sur le continent eurasien tout lien entre la Russie et l’Allemagne. Après la fin de la guerre froide, il s’agissait d’établir une «ligne» s’étendant de la mer Baltique à la mer Noire pour endiguer la Russie et déranger ses rapports avec l’Allemagne, une sorte de nouveau «Rideau de fer». Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au Ministère allemand de la Défense et vice-président de la Réunion parlementaire de l’OSCE, était des 2000 au courant de ces plans, suite à sa participation à une conférence du Secrétariat d’Etat américain à Bratislava (Slovénie). En 2001, il rendit public ces plans.

Bröckers et Schreyer: Liens entre la politique globale et le conflit ukrainien

Le livre de Mathias Bröckers et Paul Schreyer est une vraie trouvaille pour tous ceux qui veulent comprendre le conflit ukrainien et ses liens avec la politique globale. Le point de départ est un court aperçu de l’histoire de l’Ukraine. Il devient clair à quel point les services secrets américains sont déjà actifs spécialement en Ukraine depuis plusieurs décennies, à quel point cet Etat est fragile depuis sa fondation en 1991. En effet, jusqu’à présent, les Ukrainiens ne forment pas vraiment une nation en raison de la diversité de leurs groupes ethniques et de leur histoire, tout en souhaitant cependant former un Etat ayant son propre peuple.
Cette construction fragile se trouve au centre d’une confrontation de politique globale, et le livre de Bröckers et Schreyer se concentre dans ses analyses principalement sur le rôle de l’Occident dans cette confrontation, les forces en arrière-plan – notamment l’Atlantic Council – et le rôle des médias occidentaux.
Pour la fin de l’hégémonie américaine
Deux derniers chapitres excellents finalisent cet ouvrage. Dans l’avant-dernier chapitre, les deux auteurs traitent la question de savoir si les Etats-Unis, avec leur exigence de diriger un monde unipolaire, arrivent à s’imposer ou si l’idée d’un monde multipolaire peut se réaliser. Ils écrivent concernant l’Ukraine: «Une Ukraine non-alignée et neutre, réunissant ses diverses régions sous un toit fédéral d’Etats fédéraux et formant un pont entre l’Est et l’Ouest, l’UE et la Russie, l’Atlantique et l’Eurasie, serait non seulement pour le pays même, mais pour tous ses ‹voisins› de Lisbonne à Vladivostok le développement idéal.» Et dans le dernier chapitre, se terminant par un plaidoyer pour une nouvelle politique de détente, on lit: «Ne serait-il pas enfin grand temps, entre amis, de s’opposer à une politique [des Etats-Unis], voulant imposer par la force ce système [d’hégémonie] au monde entier et ne rechignant pas de déclencher à nouveau la guerre en Europe pour atteindre son objectif de ‹Full Spectrum Dominance›? Ne serait-il pas temps de mettre au banc d’essai la géopolitique anglo-américaine menée depuis un siècle et visant à empêcher par tous les moyens le développement d’un ‹Heartland› eurasiatique? ‹Old Europe› – telle que Donald Rumsfeld qualifiait, de manière méprisante, les Etats fondateurs de l’UE lors de leur refus de participer de plein cœur à la campagne impériale américaine contre l’Irak –, l’Allemagne et ses voisins directs ne devraient-ils pas constater lors d’un tel examen que cette politique anglo-américaine était contraire à leurs propres intérêts principaux en tant que nations européennes? Ne devraient-ils pas avoir un intérêt vital pour le commerce, le développement et la coexistence pacifique avec leurs voisins continentaux en Russie et en Chine? Des accords à long terme concernant des matières premières de Russie et des trains à grande vitesse de la Chine jusqu’à Duisburg ne seraient-ils pas beaucoup plus importants pour l’avenir que des négociations secrètes sur le TTIP concernant le commerce transatlantique de ‹Junk Food›?»
Le livre «Nous sommes les bons» se trouve depuis plusieurs semaines sur la liste de best-seller du Spiegel. Ce qui prouve le grand intérêt des citoyens pour d’autres informations que celles transmises par les grands médias. Dans sa conférence mentionnée, George Friedman s’est concentré sur l’Allemagne. Selon Friedman, ce pays est «peu sûr», du moins du point de vue des Etats-Unis, on ne peut pas lui faire confiance et sa décision et son chemin futur sont actuellement encore inconnus. C’est le point de vue américain. Le grand intérêt des lecteurs pour le livre «Nous sommes les bons» montre qu’il y a en Allemagne – mais pas seulement là – de nombreuses personnes ne voulant pas suivre plus longtemps la politique américaine et n’étant pas disposées à se laisser entraîner dans une aventure militaire contre la Russie. Car Friedman a également dit la chose suivante: le meilleur moyen pour la sauvegarde du pouvoir américain est de pousser les ennemis potentiels dans une guerre de l’un contre l’autre pour les affaiblir de manière qu’ils ne présentent plus de danger pour les exigences de domination des Etats-Unis.

Quand l’Occident commencera-t-il à estimer la Russie?

On a encore l’impression que trop de médias et de politiciens germanophones ignorent toutes ces réflexions. Des thèses, des arguments, des explications et des exemples comme dans les quatre livres présentés sont encore évincés avec beaucoup de polémique. Pourquoi?
Dans une contribution de début mars 2015 (http://journal-neo.org/2015/03/09/russia-s-remarkable-renaissance-2/), F. William Engdahl a parlé de ses voyages en Russie et de ce qu’il y a appris lors de conversations avec de jeunes Russes. Il se souvient du «traumatisme collectif» que beaucoup de Russes ont vécu après 1990, et compare l’atmosphère de cette époque-là à la situation actuelle. La situation initiale: «Aujourd’hui […], la Russie se voit à nouveau confronté à un Occident et une OTAN hostiles voulant non seulement humilier la Russie, mais la détruire en tant qu’Etat, parce qu’elle est capable de déranger les plans de l’Occident non seulement concernant les guerres en Ukraine, en Syrie, en Libye et en Irak, mais également en Afghanistan, en Afrique et en Amérique latine.» Mais aujourd’hui, il n’a rencontré en Russie «dans de nombreuses discussions avec de très diverses connaissances russes plus aucune atmosphère dépressive, mais des sentiments de fierté et de détermination et la renaissance d’une confiance en soi longuement ensevelie.» A l’aide de nombreux exemples, Engdahl démontre comment et en quoi cette nouvelle confiance en soi, la nouvelle qualité de la politique russe et la prise de distance envers l’Occident s’expriment. Puis, il conclut: «L’aspect le plus prometteur de la Renaissance russe est pour moi la génération actuelle des jeunes gens entre 37 et 49; ils sont hautement intelligents et ont fait leurs expériences non seulement avec la bureaucratie soviétique-communiste, mais également avec le monde creux du ‹capitalisme du marché libre› dirigé par les Etats-Unis.» Et Engdahl d’énumérer les valeurs importantes pour la Russie et ces jeunes personnes: un niveau de qualité élevé de la recherche et de l’enseignement dans les Hautes Ecoles du pays, une formation classique dans l’esprit de Wilhelm von Humboldt, une conscience historique et culturelle. Et finalement, il écrit: «Dans cette génération de jeunes Russes, je sens battre le cœur de la renaissance de la Russie, son esprit de pionnier me donne espoir pour l’avenir.»
On souhaite que les responsables chez nous et en Occident prennent en considération et estiment ces faits et ces développements. S’occuper sérieusement de ce que des personnalités comme F. William Engdahl, les auteurs des publications éditées par Sabine Schiffer et Ronald Thoden, Mathias Bröckers, Paul Schreyer et Gabrielle Krone-Schmalz et d’autres n’ayant pas pu être pris en considération ici ont écrit et nous ont mis à disposition. Tous les peuples de l’Europe ont un intérêt que le conflit avec la Russie soit désamorcé et que des signes de détente soient envoyés.
Le lynchage médiatique quotidien de la Russie et de la politique de son président élu est en contradiction avec l’esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies. Il viole les principes de la vie sociale et de la nature sociale humaine et est contraire à l’importance de ces principes pour le vivre-ensemble des peuples et des Etats. Il est l’expression du contentement de soi occidental, d’un orgueil dangereux et d’un refus de dialogue dans les faits. Il est indigne, et si on lui est livré sans protection, on peut réellement en tomber malade. L’objectif du lynchage médiatique est d’empêcher toutes réflexions sérieuses par la déformation des faits, un langage perfide et des mensonges éhontés, ce qui va à l’encontre de tout comportement sain et humain. Il surpasse de loin le langage de la guerre froide et il est dans sa méchanceté, son étroitesse d’esprit et dans son cynisme une attaque contre les acquis des êtres humains et de la culture. Ce lynchage médiatique doit prendre fin.    •

mardi, 21 avril 2015

Yemen. Imbroglio grandissant pour Washington

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Yemen. Imbroglio grandissant pour Washington

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La coalition mise en place au Yemen contre les Houthis soutenus par l'Iran (Operation Decisive Storm) multiplie les frappes aériennes et provoque un nombre croissant de pertes civiles et de destructions. C'est l'Arabie saoudite qui est à la tête de cette coalition avec un soutien de moins en moins discret du Pentagone. D'autres Etats arabes sont censés y participer, dont l'Irak. Mais l'Iran qui se positionne de plus en plus au Moyen-Orient en rival de l'Arabie saoudite, dénonce avec une vigueur croissante les frappes aériennes au Yemen - lesquelles d'aileurs ne font pas reculer les Houthis..

Récemment, le médiateur mis en place par l'ONU depuis 2011, le diplomate marocain Benomar, avait démissionné, faute de pouvoir obtenir le moindre. résultat dans une situation de guerre qui ne cesse de s'aggraver. Le Conseil de Sécurité de l'ONU vient de décider un embargo sur les armes destinées aux Houthis. Mais il s'agit d'une mesure purement symbolique. Celles-ci, apparemment, proviendraient de l'Iran.

Bien évidemment, des groupes armées se revendiquant soit d'Al Qaida (Al Qaeda in the Arabian Peninsula). soit de l'Isis, opèrent presque librement eu Yémen, profitant du conflit et plus directement du désordre résultant de l'intervention saoudienne, dont les conséquences humanitaires sont de plus en plus visibles.

Les alliés de l'Amérique s'opposent

Or en visite à Washington le 15 avril, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a dénoncé la campagne aérienne menée par l'Arabie saoudite, dont les effets selon lui sont contre-productifs, car plongeant le Yemen dans le chaos. L'ambassadeur saoudien Adel al-Jubeir a répondu que ces critiques étaient irresponsables. Pour sa part, l'Iran a soutenu jusqu'ici l'offensive irakienne contre Daesh mais s'oppose aux opérations menées par Ryad.

Obama est pris entre deux inconciliables, continuer à appuyer l'Irak et derrière elle l'Iran, dont à la suite du compromis nucléaire il ne veut pas se fâcher, et d'autre part continuer à alimenter en matériels et appuis diplomatiques l'offensive saoudienne au Yémen. Ceci d'autant plus qu'il apparaît de plus en plus que cette offensive ne vise pas principalement à combattre l'implantation de Daesh dans ce pays, mais à faire du Yémen une sorte de protectorat destiné à l'aider à combattre l'influence iranienne.

Il est clair que dans cette situation la puissance montante, alliée par ailleurs de la Russie, comme d'ailleurs de la Chine dans le cadre des preojets du Brics,, est l'Iran. L'Arabie Saoudite ne pourra que reculer, malgré sa richesse pétrolière et les grands égards déployés par la diplomatie occidentale. Elle exprime des « valeurs » si l'on peut parler de valeurs, définitivement indéfendables, y compris dans le monde arabe. S'il existait une diplomatie européenne, celle-ci aurait depuis longtemps choisi son camp.

Jean Paul Baquiast

Yémen: extension du massacre et échange de menaces entre pouvoirs régionaux

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Yémen: extension du massacre et échange de menaces entre pouvoirs régionaux 

Des représentants des Nations-Unies ont dit ce week-end que la coalition conduite par l’Arabie saoudite et soutenue par les Etats-Unis intensifiait le bombardement du Yémen commencé il y a près de trois semaines, ce qui aggravait une situation humanitaire déjà catastrophique sur le terrain.

Au moins huit civils ont été tués dimanche par des frappes menées par la coalition arabe sur la province de Taiz, au sud du Yémen. Selon des sources du gouvernement local, ces frappes ont détruit des zones d’habitation proches d’une base militaire.

Samedi, des avions de la Ligue arabe ont bombardé des cibles dans le port de Hodaida sur la mer rouge. Depuis le 26 mars, l’aviation saoudienne a lancé plus de 1.200 frappes contre le Yémen, qui ont coûté la vie à des centaines de civils et fait des dizaines de milliers de réfugiés.

« L’intensité des frappes aériennes a considérablement augmenté. Des reportages font encore état de combats féroces dans des zones habitées et les opérations militaires couvrent à présent des parties entièrement nouvelles du territoire, » a déclaré ce week-end le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Les forces navales conduites par l’Arabie saoudite soumettent l’espace aérien et les ports yéménites à un blocus pour préparer une invasion terrestre de grande ampleur.

« Au moment voulu, nous passerons à l’action sur le terrain, » a promis le général saoudien Ahmed al-Assiri samedi devant les journalistes.

Le Yémen qui était déjà le pays le plus pauvre du monde arabe fait face à une pénurie de médicaments, d’électricité, d’eau et de denrées alimentaires de base qui va s’aggravant. Selon des responsables locaux, des cadavres vieux de plusieurs jours jonchent à présent les rues d’Aden, ville portuaire du Sud du Yémen, tandis que s’amoncellent les détritus et que l’on assiste au délitement des services sociaux les plus élémentaires.

L’évacuation de masse de centaines de civils s’est poursuivie tout le week-end, alors que des ressortissants du Soudan, d’Ethiopie, de Corée du Sud, du Nigéria, de Syrie, d’Indonésie et d’un certain nombre de pays européens embarquaient sur des vols spéciaux pour quitter le pays. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, 900 réfugiés au moins se sont enfuis en traversant le Détroit de Somalie au cours de la semaine dernière.

La guerre civile à fronts multiples a été déclenchée par le renversement du gouvernement soutenu par les Etats-Unis par des groupes de combattants de diverses tribus suite à la prise de la capitale Sanaa par des milices houthis en septembre 2014.

Depuis le début de la guerre aérienne lancée par l’Arabie saoudite, de nouveaux affrontements entre milices ont éclaté dans 15 des 22 divisions provinciales du Yémen. Ces affrontements impliquent Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA), des groupes séparatistes du Sud, tel le Mouvement du Yémen du Sud, les Houthis et un certain nombre d’autres factions combattantes alignées sur l’ex-président Ali Abdullah Saleh.

Des combattants Houthis ont tué au moins trois soldats saoudiens le long de la frontière avec l’Arabie saoudite vendredi. Quelques 500 Houthis sont morts au cours des dernières semaines à la suite de combats le long de la frontière, selon des déclarations officielles saoudiennes.

Le gouvernement américain a accentué son soutien aux forces saoudiennes de façon constante depuis le début de la guerre. La chaîne de télévision CNN reconnaît ouvertement que la coalition arabe dirigée par les saoudiens, qui comprend les Émirats arabes unis (E.A.U), Bahreïn, le Koweït, le Qatar, la Jordanie, le Maroc, le Soudan et l’Egypte, est fournie régulièrement en « armes américaines de pointe ».

Le soutien américain comprend désormais le déploiement de plates-formes aériennes de ravitaillement, qui permettent aux chasseurs-bombardiers saoudiens d’effectuer des raids multiples avant de devoir atterrir.

Les États-Unis ont annoncé un échange élargi de renseignement avec la monarchie saoudienne dont des informations spécifiques pour soutenir les frappes aériennes de la coalition. « Nous avons élargi le champ de ce que nous partageons avec nos compagnons saoudiens », a déclaré ce week-end un responsable américain.

Les navires de guerre américains et européens veillent sur ce massacre depuis leurs positions dans l’océan Indien non loin du golfe d’Aden.

Dans une conférence de presse commune avec le prince saoudien Saud al-Faisal, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré le plein soutien de la France à cette guerre.

« La France se tient naturellement aux côtés de ses partenaires de la région pour restaurer la stabilité du Yémen», a dit Fabius. Paris cherche à renforcer sa coopération avec l’Arabie saoudite et a offert d’aider le gouvernement saoudien à développer son énergie nucléaire.

La rhétorique de plus en plus belliqueuse des dirigeants régionaux souligne aussi l’extrême sévérité de la crise politique et la possibilité croissante que le massacre au Yémen ne provoque une guerre bien plus étendue.

Dimanche, Riyad a exigé que l’Iran cesse de soutenir les Houthis, l’a accusé d’aider les « activités criminelles » des Houthis et insisté sur une cessation des activités « contre l’ordre légitime du Yémen ». Ni l’Arabie saoudite, ni les États-Unis n’ont fourni une preuve quelconque d’un engagement iranien dans le conflit yéménite.

« Nous sommes intervenus au Yémen pour aider l’autorité légitime », a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal.

En fin de semaine dernière, l’ayatollah Khamenei a accusé Riyad d’organiser un « génocide » au Yémen. Des hackers pro-saoudiens ont lancé des cyber-attaques contre la chaîne de télévision publique iranienne Al Alam dimanche, affichant les noms et des renseignements personnels de journalistes iraniens ayant écrit sur la guerre. « Réfléchissez bien avant de parler de l’Arabie saoudite, » ont écrit les pirates.

Le conflit a déjà eu des répercussions au-delà du Moyen-Orient, en Asie centrale et méridionale. Le Pakistan « aura un lourd prix à payer pour sa position neutre dans le conflit du Yémen », a prévenu dimanche un ministre haut placé des E.A.U, impliquant qu’Islamabad ferait l’objet de représailles de la part des pouvoirs arabes pour ne pas les avoir aidé dans la guerre.

Le Parlement pakistanais avait voté à l’unanimité de s’abstenir de participer à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Le vote est intervenu après que les représentants saoudiens ont cherché à obtenir un engagement du Pakistan de fournir des avions de guerre et des forces terrestres pour leurs opérations au Yémen.

« La nation pakistanaise a des sentiments fraternels pour l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis. Mais les menaces proférées par le ministre des E.A.U sont malheureuses et un sujet de préoccupation », a déclaré en réponse aux menaces des E.A.U un fonctionnaire pakistanais parlant au nom du gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif.

Un responsable saoudien, le Cheikh Saleh bin Abdulaziz, a visité Islamabad dimanche pour une réunion d’urgence pour discuter du Yémen et de la crise régionale.

Thomas Gaist – 13 avril 2015

Source: WSWS,

Keep That Iranian Genii Bottled Up!

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Keep That Iranian Genii Bottled Up!

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

The deal reached in Lausanne, Switzerland by Iran and five powers, led by the US, appears to be about nuclear capability.

In fact, the real issue was not nuclear weapons, which Iran does not now possess, but Iran’s potential geopolitical power.

Iran, a nation of 80.8 million, has been bottled up like the proverbial genii by US-led sanctions ever since the 1979 Islamic Revolution deposed Shah Pahlavi’s corrupt royalist regime. The Shah had been groomed to be the chief US enforcer in the Gulf.

More than a dozen American efforts to overthrow the Islamic government in Tehran have failed. Washington resorted to sabotage and economic warfare, sought to throttle Iran’s primary exports, oil and gas,  to derail its banking system, and prevent imports of everything from machinery to vitamins. 

The US and Israel have used the extremist group People’s Mujahidin to murder Iranian officials and scientists.

There is no doubt that this western economic siege drove Iran to make major concessions over its nuclear energy program, a source of great national pride and prestige that broke what Grand Ayatollah Ali Khamenei called the “backwardness” imposed by the western powers on the Muslim world to keep it weak and subservient.

Like Cuba, another state that long defied Washington, Iran eventually found the price of its independence and self-interest too high to bear. As with Saddam’s Iraq, US-led sanctions caused its military to rust away and its oil exports to fall painfully.

Israel’s anguished alarms over Iran’s supposed nuclear “threat” were not even believed by its own crack intelligence services or those of the United States, but the relentless drumbeat of hate Iran propaganda convinced many in North America and even better-informed Europe that Iran is a menace.

What Israel really feared was not Iran’s non-existent nuclear threat  but rather its ongoing support for the beleaguered Palestinians.

Iran became the last Mideast nation giving strong backing to creation of a Palestinian state. The Arab states opposing Israel have been silenced: Syria, Libya and Iraq crushed by war and torn asunder, Egypt and Jordan bought off with huge bribes. The Saudis have secretly allied themselves to Israel. So only Iran was left to champion Palestine.

That is why Israel made such a determined effort to push the US into war with Iran. With the feeble Arab states largely demolished or gelded, Israel’s hold on the Occupied West Bank and Golan would be unchallenged.

But for the United States, the geostrategic calculus is somewhat different. The Iranian revolution of 1979 profoundly challenged America’s Mideast imperium – what I call the American Raj after the manner in which  the British Empire ruled India.

Washington’s Mideast political-strategic architecture was built on feudal and brutal military regimes. Ever since 1945, the deal was that the feudal oil states supplied oil at bargain basement prices in exchange for US military and political protection. In addition, the Arab oil monarchies undertook to buy huge amounts of American arms from plants in key political states that none of them knew how to effectively use. The most recent deal amounts to $46 billion of US weapons for the Saudis.

Washington’s Mideast Raj  forms one of the enduring pillars of American global power. Though America consumes less and less Mideast oil each year, its control of  the flow of oil from Arabia to Europe, Japan, China and the other parts of the Asian economy gives it huge strategic leverage. Japan and Germany both vividly remember they lost WWII because of lack of oil.

The 1979 Iranian Revolution gravely threatened this sweetheart arrangement. Iran demanded that its Arab neighbors follow Islam’s calls to share wealth, avoid ostentation, live modestly, and care for the needy – in short, the very opposite of the flamboyant Saudis and Gulf Arabs.

Iran set the example by funding extensive social programs and education. Of course, Iran’s challenge to share the wealth was anathema to the oil monarchs and their American patrons. By 1980, an undeclared conflict was underway across the Muslim world between the Saudis and Iran – one that still rages today as we see most recently in the expanding Yemen war.

iran-fenced-in.gifUS policy has been to keep the infectious, troublesome Iranians isolated and contained, rather as Europe’s reactionary powers did with revolutionary France at the end of the 18th century. While the reason given by Washington was Iran’s alleged nuclear threat, the sanctions regime was really aimed at fatally weakening Iran’s economy and provoking the overthrow of the Islamic government and its replacement by tame Beverly Hills Iranian exiles.

Unfortunately for US imperial policymakers, the dangerous chaos they created  in Iraq and Syria, and the rise of ISIS, necessitated working with Iran to keep a lid on this boiling pot. That means easing sanctions on Tehran and allowing its economy to start coming back to life.

Hence the Lausanne deal. But Tehran does not trust Washington to adhere to the pact. Grand Ayatollah Khamenei asserted last week there would be no deal unless sanctions against Iran were lifted “immediately.” To many Iranians it seemed clear that Washington had no intention of lifting key sanctions, only slowly lessening relatively unimportant ones.

Washington faces a major dilemma over the isolation of Iran. If sanctions are substantially lifted, Iran will increase oil and gas exports and begin rebuilding its industrial base and obsolete military forces. Europe,  Russia, China and India are all eager to resume doing business with Iran.

But lifting sanctions will make Iran stronger and even more of a political threat to America’s Mideast satraps – who want the Persian genii bottled up. Claims that Mideast states like Egypt, Saudi Arabia and the UAE fear a nuclear arm race are spurious. Save Egypt and Jordan, all are next door to Iran.  Nuclear weapons have no use in such close quarters.  Egyptians lack food, never mind nuclear arms.

Israel and its partisans, who have successfully purchased much of the US Congress, remain determined to scupper the nuclear deal. There are so many potential slips between cup and lip that reaching an effective, lasting deal will be very difficult. Iran is not wrong to be skeptical.

lundi, 20 avril 2015

L'Iran, un clou dans la chaussure d'Obama?

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L'Iran, un clou dans la chaussure d'Obama?

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il avait été dit, mais nous n'avons pas les moyens de vérifier l'information, que signer un accord nucléaire avec l'Iran, au terme duquel ce pays renoncerait à développer une arme atomique et verrait lever les sanctions économiques contre lui, a été considéré par Barack Obama comme un grand succès personnel.
 
Ainsi pouvait-il justifier le prix Nobel de la Paix qui lui avait été décerné dans un passé déjà lointain. Plus généralement, il pouvait inscrire à son actif, au terme d'une présidence constellée de guerres perdues, d'imbroglios diplomatiques et d'échecs sur le plan intérieur, au moins une promesse tenue.

Malheureusement pour Obama, les choses ne se présentent pas aussi favorablement, concernant l'accord sur le nucléaire. D'abord ledit accord, ou plus exactement le pré-accord dit de Lausanne, est considéré par le fidèle allié Israël comme une défaite majeur infligée par l'ami américain. Benjamin Netanyahu, après l'avoir exposé devant un Congrès américain compréhensif, ne cesse de le répéter. Ce message est relayé aux Etats-Unis comme dans le reste du monde par les différents lobbys juifs, dont l'AIPAC en Amérique. Ils considèrent, à tort ou à raison que l'Iran n'a pas renoncé à la promesse faite il y a quelques années, de « rayer Israël de la carte ». On pourrait cependant penser que l'Etat juif dispose de suffisamment de moyens militaires et de renseignement pour tuer dans l'oeuf un tel projet, si Téhéran faisait la folie d'essayer de le réaliser.

Cependant, en dehors des Israéliens et de leurs amis à Washington, il apparaît qu'une très grande majorité de parlementaires américains, à la Chambre comme au Sénat, se propose de ne pas ratifier le traité avec l'Iran. Leur principal motif n'est pas la sécurité d'Israël, mais le désir de torpiller Obama, qu'ils présentent comme le plus mauvais des présidents américains. Iront-ils jusqu'à refuser le traité, ce qui serait immédiatement considéré comme une sorte de déclaration de guerre par l'Iran? La chose est fort possible. Iront-ils ensuite à pousser le Pentagone à des frappes directes contre les sites nucléaires iraniens, ou plus vraisemblablement inciter Israël à le faire? On en parle, et pas seulement à Téhéran ou Tel-Aviv.

Par précaution, le ministre iranien de la défense envisagerait en conséquence ces temps-ci un possible accord militaire entre l'Iran, la Chine et la Russie, destiné dans un premier temps à contrer le réseau antimissile de l'Otan, mis en place en Europe sous le nom de BMDE, que nous avions abondamment commenté sur ce site. L'Inde pourrait éventuellement s'y joindre ultérieurement Le BMDE est officiellement présenté comme destiné à décourager des frappes balistiques iraniennes, totalement imaginaires à ce jour. En fait, il est destiné à rendre inopérantes, comme nul ne l'ignore, des frappes russes en retour d'une attaque de l'Otan dirigée contre la Russie. Or, en cas de conflit américano-iranien, le BMDE pourrait servir à réaliser des frappes, éventuellement nucléaires, contre l'Iran. Il était donc naturel que l'Iran se tourne vers la Russie pour acquérir des batteries anti-missiles dites S.300. Au delà de cette première défense, il est également naturel que l'Iran cherche à promouvoir une alliance militaire avec la Russie et la Chine, en vue de se défendre contre toute attaque américaine, aujourd'hui ou plus tard.

Il n'est pas possible aujourd'hui de pronostiquer les chances de réalisation d'un tel accord. Mais d'ores et delà, la perspective de celui-ci renforce considérablement le poids de l'Iran, comme grande puissance régionale au Moyen-Orient. Elle pourra ainsi faire avorter les intentions des puissances sunnites alliées des Etats-Unis, dont l'Arabie Saoudite est la plus irresponsable, visant à mener des guerres au Yémen contre les Houthis, alliés de principe de l'Iran, ou contre la Syrie de Bashar al Assad, allié aussi bien de l'Iran que de la Russie.

Concernant la Chine, elle ne pourra que s'intéresser à une alliance stratégique avec l'Iran, incluant la Russie. Ainsi se constituerait un axe favorisant ses grands projets économiques et politiques, par l'intermédiaire d' un pays aux ressources considérables et qui, en tant qu'héritier du grand Empire Perse, ne s'estime pas nécessairement devoir représenter les intérêts des monarchies pétrolières. 

L'Iran, nous demandions-nous, est-elle donc en passe de devenir un clou dans la chaussure d'Obama? C'est à lui en premier lieu qu'il faudrait poser la question.

 

Jean Paul Baquiast

dimanche, 19 avril 2015

Quand la Nouvelle Route de la Soie rencontre l'Union eurasienne

Quand la Nouvelle Route de la Soie rencontre l'Union eurasienne

Auteur : Pepe Escobar
Ex: http://zejournal.mobi

Tous les rêves des exceptionnalistes qui prient pour que la Russie et la Chine abandonnent leur solide partenariat stratégique gagnant-gagnant, entièrement conçu pour leurs intérêts nationaux communs, ont été dissipés par la visite cruciale à Moscou du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi.

poutine_Wang_Yi_moscou.jpgA Moscou, Wang a souligné à la fois la politique Look East de la Russie et celle de la Chine Go West – qui englobent essentiellement l'immense projet de Nouvelles Routes de la Soie – disant que ce projet « a créé des opportunités historiques pour l'amarrage des stratégies de développement des deux pays. »

Ils sont entièrement en phase. Look East, la stratégie de la Russie, ne concerne pas seulement la Chine, mais au moins autant l'intégration eurasienne que les routes de la soie de la Chine Nouvelle, car Moscou en a besoin pour développer la Sibérie orientale et l'Extrême-Orient russe.

Le partenariat stratégique, en perpétuelle évolution n'englobe pas seulement l'énergie, y compris la possibilité d'investissements chinois dans des projets cruciaux de pétrole et de gaz russes, mais aussi l'industrie de la défense ; il est de plus en plus question d'investissement, de banque, de finance et de haute technologie.

La portée du partenariat est extrêmement large, de la coopération Russie-Chine au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) au rôle de la Russie et de la Chine dans la nouvelle banque de développement BRICS, et du soutien de la Russie à l'infrastructure chinoise dirigée par la Banque asiatique d'investissement (AIIB) et la Fondation de la Route de la Soie.

Pékin et Moscou, avec les autres nations du BRICS, se dirigent rapidement vers un commerce débarrassé du rôle du dollar US, en utilisant leurs propres monnaies. En parallèle, ils étudient la création d'un système SWIFT de remplacement – qui sera nécessairement rejoint par les pays de l'UE, comme ils se joignent à l'AIIB ; car si en théorie l'Allemagne pourrait se permettre de perdre son commerce avec la Russie en raison de la politique de sanctions de Berlin – au grand mécontentement des industriels allemands –, elle ne peut tout simplement pas se passer de l'énergie russe. Et pour l'Allemagne, perdre le commerce avec la Chine est totalement impensable.

Le Trans-Siberian boosté aux stéroïdes

Deux jours après sa visite à Moscou, Wang est allé jusqu'à rencontrer le ministre des Affaires étrangères de Mongolie Lundeg Purevsuren, soulignant que la Nouvelle Route de la Soie développera une nouvelle plate-forme, un corridor économique trilatéral reliant la Russie, la Chine et la Mongolie.

Ce à quoi Wang faisait allusion est le corridor de transport eurasien prévu – qui mettra en vedette, un chemin de fer flambant neuf haute vitesse Trans-Siberian de $278 milliards reliant Moscou à Pékin, en seulement 48 heures, avec toutes les escales intermédiaires.

Il était donc inexorable que Wang lui-même assemble les pièces du puzzle que Washington refuse de voir : « La construction du corridor économique Chine-Russie-Mongolie relierait la Ceinture économique de la Route de la Soie en Chine au plan ferroviaire transcontinental de la Russie et au programme de la Route de la Prairie en Mongolie. »

Ce que nous avons ici avant tout, c'est la Nouvelle Route de la Soie, qui établit une connexion directe entre la Chine et l'Union économique Russie-Eurasie-(EEU). La Chine et l'EEU sont tenues de mettre en place une zone de libre-échange. Rien de plus naturel en pratique, car il s'agit du sujet de l'intégration eurasienne. Les détails seront entièrement discutés lorsque le président chinois Xi Jinping ira en visite à Moscou le mois prochain, et au Forum économique de Saint-Pétersbourg en juin.

La connexion IP chinoise

La politique chinoise à couper le souffle du Go West débloque enfin aussi un défi clé du Pipelineistan dans la Nouvelle Route de la Soie ; le gazoduc Iran-Pakistan (IP), qui à l'origine incluait l'Inde, était sans relâche harcelé par les deux administrations Bush et Obama et bloqué par les sanctions américaines.

Le tronçon iranien de 900 km, jusqu'à la frontière pakistanaise, est déjà terminé. Ce qui reste – 780 km, coût $2 milliards – sera essentiellement financé par Pékin, le travail technique étant effectué par une filiale de la CNPC. Le Président Xi va annoncer l'accord à Islamabad ce mois-ci.

Donc, ce que nous avons ici, c'est une Chine qui intervient activement, dans le style gagnant-gagnant, afin de mettre en place un cordon ombilical d'acier entre l'Iran et le Pakistan, pour le transport de gaz, avant même que les sanctions sur l'Iran soient levées, progressivement ou non. Appelez cela l'esprit d'entreprise des Nouvelles Routes de la soie en action – chapitre Asie du Sud.

Bien sûr, il y a aussi des avantages innombrables pour Pékin. L'Iran est déjà une question de sécurité nationale pour la Chine – en tant que premier fournisseur de pétrole et de gaz. Le pipeline passera par Gwadar, le port stratégique de l'océan Indien, déjà sous gestion chinoise. Le gaz pourra alors être expédié en Chine par la mer ou – mieux encore – un nouveau pipeline de Gwadar au Xinjiang, parallèle à l'autoroute du Karakoram, pourrait être construit au cours des prochaines années, contournant ainsi le détroit de Malacca, qui est un objectif crucial de la stratégie de diversification énergétique complexe de la Chine.

Et puis il y a l'Afghanistan – qui, du point de vue de Pékin s'inscrit dans le projet de la Nouvelle Route de la Soie en tant que corridor de ressources entre le Sud et l'Asie centrale.

Pékin veut idéalement investir dans le développement des infrastructures de l'Afghanistan pour accéder à ses ressources et consolider encore une autre tête de pont du Xinjiang à l'Asie centrale et plus loin vers le Moyen-Orient. Les produits fabriqués en Chine doivent actuellement passer par le Pakistan pour être exportés vers l'Afghanistan .

CNPC et la China Metallurgical Group Corp. sont déjà en Afghanistan, par le biais d'investissements dans le bassin pétrolifère de l'Amou-Daria et dans l »énorme mine de cuivre d'Anyak. C'est pas simple, mais c'est un début. La Russie et la Chine membres de la SCO ont grand besoin d'un Afghanistan stable, mûr pour le business à la fois dans la Nouvelle Route de la Soie et dans l'EEU. La question clé est de savoir comment satisfaire les talibans. Certes, en n'appliquant pas les méthodes de Washington.

Pendant ce temps, la proposition du Pentagone, pour ce que son nouveau chef Ash Carter décrit dédaigneusement comme cette partie du monde, est de déployer – devinez quoi – de nouvelles armes qui vont du système de défense antimissile THAAD encore en production, jusqu'aux derniers bombardiers furtifs en passant par les les unités spécialisée dans la cyber-guerre. La coopération économique eurasienne ? On oublie. Pour le Pentagone et l'Otan – qui, soit dit en passant, ont récemment perdu une guerre de treize ans contre les talibans – la coopération économique est pour les poules mouillées.


- Source : Pepe Escobar

samedi, 04 avril 2015

Vladimir Poutine prépare-t-il un « gros coup » avec le Japon ?

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Vladimir Poutine prépare-t-il un « gros coup » avec le Japon ?

Arnaud Dubien*
Ex: http://metamag.fr
 
Pendant que la Russie et l’Occident restent enfermés dans la logique des sanctions, Vladimir Poutine se tourne vers l’Asie, et particulièrement vers le Japon. Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, analyse les futures relations entre la Russie et le Japon.

Rendons tout d’abord à César ce qui lui appartient. Le thème et la thèse du présent post de blog m’ont été inspirés par Jean Radvanyi, professeur à l’INALCO et membre du conseil scientifique de l’Observatoire, le 12 mars dernier lors du festival géopolitique de Grenoble. Le sujet est, à mon avis, d’importance majeure, et je crains qu’il soit hors des radars européens.

Depuis plusieurs semaines, l’attention de la presse et des milieux politiques occidentaux se focalise sur l’unité fissurée des États-membres de l’UE quant à la prorogation des sanctions économiques sectorielles adoptées l’été dernier et devant « tomber » le 31 juillet 2015. Sept pays au moins, du sud ( Chypre, Grèce, Espagne, Italie ) ou de l’ex-empire des Habsbourg ( Autriche, Hongrie, Slovaquie ), ne cachent plus leur hostilité à la logique des sanctions. Pour sa part, le Kremlin réédite sa politique du « salami » visant à accentuer ces divisions, ce qui est de bonne guerre.

Mais la Russie travaille au-delà de l’Europe. En direction des BRICS et de puissances régionales clés ( Iran, Égypte, Turquie ), bien sûr. Dans cette démarche visant à rééquilibrer sa politique étrangère, la Chine – premier partenaire commercial de Moscou – occupe une place centrale. Mais Moscou, de sources concordantes, veut également ouvrir une brèche dans l’unité occidentale… en Asie. La « cible » est le Japon.

Le contexte bilatéral russo-japonais est bien connu. Le contentieux sur les Kouriles a, jusqu’ici, empêché un rapprochement qui ferait pourtant sens au vu de la montée en puissance de la Chine et des complémentarités économiques entre les deux pays. L’alliance militaire entre Tokyo et Washington limite également les marges de manœuvre des Japonais. Paradoxalement, c’est Dmitri Medvedev – auquel les poutiniens purs et durs reprochent sa mollesse sur le dossier libyen – qui a exacerbé les tensions avec Tokyo en 2011 en se rendant sur les Kouriles et en annonçant une militarisation des îles.

Mais un « alignement des astres » favorable se met en place, qui laisse entrevoir une percée diplomatique et, potentiellement, un véritable mouvement tectonique en Asie du Nord-Est. Trois facteurs au moins poussent le Kremlin à s’engager sur cette voie : la volonté de « retourner » un pays occidental de premier plan, ce qui serait un camouflet pour les Etats-Unis ; la crainte ( implicite, mais réelle ) que les choses aillent trop vite et trop loin avec les Chinois ; enfin, la possibilité d’obtenir des investissements japonais massifs en Sibérie ( et ailleurs en Russie ).

L’affaire de Crimée change également la donne : Poutine peut d’autant plus facilement faire des concessions sur les Kouriles  comme il l’a d’ailleurs fait en 2004 avec la Chine et en 2010 avec la Norvège ) qu’il a « récupéré » la Crimée. L’obstacle de politique intérieure, qui avait fait capoter une initiative semblable envisagée par Boris Eltsine en 1992, n’existe plus. Côté japonais, on s’inquiète du rapprochement entre Moscou et Pékin et on est prêt, semble-t-il, à franchir le Rubicon. Hasard ou pas, la chancelière Merkel a eu un long échange avec son homologue japonais début mars afin de le convaincre de maintenir les sanctions en l’état.

Aux dernières nouvelles, la visite de Vladimir Poutine à Tokyo doit avoir lieu avant l’été. À suivre.

*directeur de l’Observatoire franco-russe