jeudi, 27 août 2015
La marque américaine derrière les afflux de réfugiés
La marque américaine derrière les afflux de réfugiés
Dans l’émission d’hier soir - « Les afflux de réfugiés dans l’UE sont une stratégie US-américaine » – nous avons expliqué la stratégie de globalisation des quatre soit-disant « flows ininterrompus » (en français flux). Celle-ci provient du géostratégie militaire US-américain Thomas P.M. Barnett. Je cite Barnett: « Comme condition préalable pour le fonctionnement sans heurts (de la globalisation), nous devons permettre quatre ‘Flows’ durables et sans entraves. » Les afflux actuels, presque surdimensionnés, de réfugiés vers l’Europe, font partie de la stratégie du « Flux sans entraves », qui en l’occurrence vise l’Europe et n’a le droit d’être empêché par aucun gouvernement ou institution selon Barnett.
Sources / Liens :
http://metatv.org/guerre-moderne-cont...
http://www.kla.tv/5788
Lire aussi :
Les USA accusés de financer l’envoi de réfugiés en Europe http://metatv.org/les-usa-accuses-de-...
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La cinquième colonne de Washington
Il est temps que l’Amérique soit reprise en main par Donald « Tsunami » Trump » (TT) ! Je ne dis pas que « TT » est un enfant de chœur, mais au moins nous saurons ou nous irons. Je peux toujours rêver.
Il n’y a pas qu’une cinquième colonne islamique en Occident, mais aussi celle de Washington à l’intérieur de la Russie et de la Chine. Il a fallu vingt ans à la Russie et à la Chine pour comprendre que des ONG dites « démocratiques » et « droitdelhommistes » au sein de leur pays, sont des organisations subversives subventionnées par le département d’Etat et une ribambelle de fondations privées sous l’égide de Washington. L’objectif de ces ONG est de déstabiliser ces deux pays résistants, afin qu’ils se soumettent à l’hégémonie américaine. La cinquième colonne de Washington a provoqué la « révolution de couleur » en Géorgie et en Ukraine, qui est une province russe depuis des siècles. Lorsque Poutine fut élu, Washington utilisa sa cinquième colonne pour jeter quelques milliers de manifestants dans la rue, dénonçant que Poutine « avait volé son élection. » La propagande américaine n’a aucun effet sur la Russie, dont les citoyens soutiennent à 89% leur Président. Les 11 % restants sont composés exclusivement de russes qui croient que Poutine est trop conciliant avec les agressions occidentales. Cette minorité soutien également Poutine. Ils veulent simplement qu’il soit plus ferme. Le pourcentage actuel de la population que Washington fut capable de transformer en traitres, ne représente que 2 à 3% . Ces traitres sont des « pro-occidentaux », des « intégrationnistes atlantistes », prêts à se soumettre à l’Amérique en échange de monnaie sonnante et trébuchante. La cinquième colonne de Washington à jeter sur les pavés de Moscou quelques milliers de personnes, n’a que d’effet sur des occidentaux insouciants. En effet, un nombre d’Occidentaux pensent que Poutine a volé son élection et aurait l’intention de profiter de sa position pour reconstruire un empire Soviétique pour écraser l’Occident. Écraser l’Occident ne serait pas très difficile, vu qu’il y œuvre de lui-même.
La Chine, obsédée de devenir riche, est un pion facile pour Washington. La Fondation Rockefeller soutient dans les universités des professeurs chinois pro américains. Les entreprises américaines créent des « conseils d’administrations » superflus, dans lesquels siègent des fonctionnaires du parti au pouvoir, moyennant des rémunérations élevées de « directeurs ». Ce qui compromet la classe dirigeante chinoise. Espérant avoir ainsi compromis la classe dirigeante par la corruption, Washington a inauguré les manifestations des ONG, espérant que les manifestations se propageraient à travers le pays et que la classe dirigeante corrompue par l’argent américain, serait lente à percevoir le danger. La Russie et la Chine ont finalement compris l’entourloupe. C’est à peine croyable que ces deux pays que Washington désigne comme des « menaces » purent être tolérants si longtemps concernant le financement de ces ONG. Cette tolérance sino-russe sur la cinquième colonne de Washington a dû encourager les néocons à pousser le monde au conflit. Mais, comme on dit, toute bonne chose a une fin. Le rapport Saker explique que la Chine, a enfin réagit pour se protéger de la subversion de Washington. Comme la Russie qui s’autodéfend désormais. Les américains devraient redevenir humbles et mettre au vestiaire leur arrogance. « Tsunami Trump » sera-t’il l’homme qui maitrisera les folies de la doctrine Wolfowitz qui exige que Washington doit être maitre du monde, ce qui présuppose la soumission de la Chine et de la Russie ?
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Saudi Arabia’s Frightening New Movement in the Middle East
00:05 Publié dans Actualité, Géopolitique, Islam | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, géopolitique, wahhbisme, islam, fondamentalisme islamiste, monde arabe, monde arabo-musulman, arabie saoudite, péninsule arabique, moyen orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 26 août 2015
Erdogan’s Dirty Dangerous ISIS Games
Erdogan’s Dirty Dangerous ISIS Games
by F. William Engdahl
Ex: http://journal-neo.org
Turkey is a beautiful land, rich in resources, with many highly intelligent and warm people. It also happens to have a President who seems intent on destroying his once-proud nation. More and more details are coming to light revealing that the Islamic State in Iraq and Syria, variously known as ISIS, IS or Daesh, is being fed and kept alive by Recep Tayyip Erdoğan, the Turkish President and by his Turkish intelligence service, including MIT, the Turkish CIA. Turkey, as a result of Erdoğan’s pursuit of what some call a Neo-Ottoman Empire fantasies that stretch all the way to China, Syria and Iraq, threatens not only to destroy Turkey but much of the Middle East if he continues on his present path.
In October 2014 US Vice President Joe Biden told a Harvard gathering that Erdoğan’s regime was backing ISIS with “hundreds of millions of dollars and thousands of tons of weapons…” Biden later apologized clearly for tactical reasons to get Erdoğan’s permission to use Turkey’s Incirlik Air Base for airstrikes against ISIS in Syria, but the dimensions of Erdoğan’s backing for ISIS since revealed is far, far more than Biden hinted.
ISIS militants were trained by US, Israeli and now it emerges, by Turkish special forces at secret bases in Konya Province inside the Turkish border to Syria, over the past three years. Erdoğan’s involvement in ISIS goes much deeper. At a time when Washington, Saudi Arabia and even Qatar appear to have cut off their support for ISIS, they remaining amazingly durable. The reason appears to be the scale of the backing from Erdoğan and his fellow neo-Ottoman Sunni Islam Prime Minister, Ahmet Davutoğlu.
Nice Family Business
The prime source of money feeding ISIS these days is sale of Iraqi oil from the Mosul region oilfields where they maintain a stronghold. The son of Erdoğan it seems is the man who makes the export sales of ISIS-controlled oil possible.
Bilal Erdoğan owns several maritime companies. He has allegedly signed contracts with European operating companies to carry Iraqi stolen oil to different Asian countries. The Turkish government buys Iraqi plundered oil which is being produced from the Iraqi seized oil wells. Bilal Erdoğan’s maritime companies own special wharfs in Beirut and Ceyhan ports that are transporting ISIS’ smuggled crude oil in Japan-bound oil tankers.
Gürsel Tekin vice-president of the Turkish Republican Peoples’ Party, CHP, declared in a recent Turkish media interview, “President Erdoğan claims that according to international transportation conventions there is no legal infraction concerning Bilal’s illicit activities and his son is doing an ordinary business with the registered Japanese companies, but in fact Bilal Erdoğan is up to his neck in complicity with terrorism, but as long as his father holds office he will be immune from any judicial prosecution.” Tekin adds that Bilal’s maritime company doing the oil trades for ISIS, BMZ Ltd, is “a family business and president Erdoğan’s close relatives hold shares in BMZ and they misused public funds and took illicit loans from Turkish banks.”
In addition to son Bilal’s illegal and lucrative oil trading for ISIS, Sümeyye Erdoğan, the daughter of the Turkish President apparently runs a secret hospital camp inside Turkey just over the Syrian border where Turkish army trucks daily being in scores of wounded ISIS Jihadists to be patched up and sent back to wage the bloody Jihad in Syria, according to the testimony of a nurse who was recruited to work there until it was discovered she was a member of the Alawite branch of Islam, the same as Syrian President Bashar al-Assad who Erdoğan seems hell-bent on toppling.
Turkish citizen Ramazan Başol, captured this month by Kurdish People’s Defence Units,YPG, as he attempted to join ISIS from Konya province, told his captors that said he was sent to ISIS by the ‘İsmail Ağa Sect,’ a strict Turkish Islam sect reported to be tied to Recep Erdoğan. Başol said the sect recruits members and provides logistic support to the radical Islamist organization. He added that the Sect gives jihad training in neighborhoods of Konya and sends those trained here to join ISIS gangs in Syria.
According to French geopolitical analyst, Thierry Meyssan, Recep Erdoğan “organised the pillage of Syria, dismantled all the factories in Aleppo, the economic capital, and stole the machine-tools. Similarly, he organised the theft of archeological treasures and set up an international market in Antioch…with the help of General Benoît Puga, Chief of Staff for the Elysée, he organised a false-flag operation intended to provoke the launching of a war by the Atlantic Alliance – the chemical bombing of la Ghoutta in Damascus, in August 2013. “
Meyssan claims that the Syria strategy of Erdoğan was initially secretly developed in coordination with former French Foreign Minister Alain Juppé and Erdoğan’s then Foreign Minister Ahmet Davutoğlu, in 2011, after Juppe won a hesitant Erdoğan to the idea of supporting the attack on traditional Turkish ally Syria in return for a promise of French support for Turkish membership in the EU. France later backed out, leaving Erdoğan to continue the Syrian bloodbath largely on his own using ISIS.
Gen. John R. Allen, an opponent of Obama’s Iran peace strategy, now US diplomatic envoy coordinating the coalition against the Islamic State, exceeded his authorized role after meeting with Erdoğan and “promised to create a « no-fly zone » ninety miles wide, over Syrian territory, along the whole border with Turkey, supposedly intended to help Syrian refugees fleeing from their government, but in reality to apply the « Juppé-Wright plan ». The Turkish Prime Minister, Ahmet Davutoğlu, revealed US support for the project on the TV channel A Haber by launching a bombing raid against the PKK.” Meyssan adds.
There are never winners in war and Erdoğan’s war against Syria’s Assad demonstrates that in bold. Turkey and the world deserve better. Ahmet Davutoğlu’s famous “Zero Problems With Neighbors” foreign policy has been turned into massive problems with all neighbors due to the foolish ambitions of Erdoğan and his gang.
F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
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Les jeux géopolitiques secrets concernant la Syrie
Les jeux géopolitiques secrets concernant la Syrie
Dans un article précédent nous avons analysé l’information publiée le 16 août 2015 par l’Agence de presse turque BGN selon laquelle la Russie aurait fourni à la Syrie 6 avions MiG-31. Nous avions expliqué le rôle que pourraient avoir ces avions pour contrecarrer le projet d’imposition d’une zone d’exclusion aérienne dans le nord de la Syrie, comme le voulait la Turquie.
Peu de temps après la parution de cet article, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé qu’ils retiraient les batteries AA Patriot de la frontière de la Turquie avec la Syrie. Ces batteries avaient été déployées en 2013 en Turquie suite à une demande adressée à l’OTAN. La Turquie est armée de vieux missiles AA, mais ne dispose d’aucun système AA de longue portée. Sans la protection des systèmes Patriot, les chances de survie d’un avion AWACS impliqué dans une mission d’imposition d’une zone d’exclusion aérienne sont minimes.
http://sputniknews.com/Politics/20150822/1026052059/US-Patriot-missiles-Russia-Turkey.html
Ce n’est qu’après l’annonce de la décision prise par les Etats-Unis et l’Allemagne, que les responsables russes ont démenti l’information au sujet des MiG-31, lancée par l’agence de presse turque BGN une semaine plus tôt.
http://sputniknews.com/Military/20150822/1026049778/no-MiG-31-for-Syria.html
Au niveau géopolitique, il s’est joué entre la Russie et les Etats-Unis un jeu qui me parait extrêmement intéressant, car c’est la réédition, à une échelle moindre, du troc réalisé entre les États-Unis et l’Union Soviétique en 1962, pour désamorcer la crise des missiles nucléaires à Cuba. Grâce à l’opération Anadyr, les Soviétiques avaient secrètement installé à Cuba trois régiments de missiles balistiques nucléaires R-12 (rayon d’action de 2 000 km) et deux régiments de missiles balistiques R-14 (rayon d’action de 3 700 km), qui pouvaient frapper des cibles situées dans 20 % du territoire des Etats-Unis.
Pour assurer le soutien, les Soviétiques avaient positionné à Cuba un régiment d’aviation de chasse doté de MiG-21, deux régiments de missiles AA de moyenne portée, une escadrille de bombardiers Il-28 (à moyen rayon d’action) équipés de bombes nucléaires, et une division mécanisée.
Des négociations secrètes entre les Etats-Unis et l’URSS avaient conduit à désamorcer la situation par le retrait des armes nucléaires soviétiques de Cuba. En contrepartie, les Soviétiques avaient obtenu le démantèlement des bases de missiles balistiques nucléaires américains PGM-19 Jupiter (rayon d’action de 2 400 km), de Turquie et d’Italie.
Traduction Avic – Réseau International
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mardi, 25 août 2015
El eurasismo, ¿alternativa a Occidente?
ADRIANO ERRIGUEL:
Historia cíclica, historia esteparia
Un pueblo imperial
Reivindicación de Gengis Khan
Una cultura de la otra Europa
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La crise syrienne entre l’Ukraine et l’Arctique…
La crise syrienne entre l’Ukraine et l’Arctique…
Durant ces dernières semaines, la crise syrienne a fait l’objet de plusieurs évolutions diplomatiques et militaires de différentes natures et origines, susceptibles de faire bouger quelques lignes, sans pour autant remettre en cause les tendances lourdes. En définitive, la Maison Blanche, les pays européens satellites dont la France, l’Arabie saoudite, la Turquie et Israël veulent toujours faire la peau de Bachar al-Assad. Moscou, Téhéran, le Hezbollah libanais, voire la Chine ne laisseront pas faire, tenant fermement les positions d’un jeu à somme nulle qui finira par déboucher sur l’adoption d’une espèce de « Yalta régional », parce qu’aucun des deux pôles ne peut l’emporter durablement sur l’autre… Ce grand jeu s’étire entre l’Ukraine et le Grand nord arctique !
Symptôme analytique, sinon psychanalytique : la démultiplication de « reportages » et d’éditoriaux, dans la presse occidentale et notamment parisienne, pour nous annoncer l’affaiblissement, sinon la chute prochaine de Bachar al-Assad, que les mêmes rédactions prédisent depuis l’été 2011… Cette résurgence de propagande repose sur une très mauvaise interprétation du dernier discours du président syrien qui a dit essentiellement deux choses : la guerre est plus longue et meurtrière que prévue et « nous avons besoin de tous nos soldats pour défendre l’intégrité territoriale et politique de la Syrie » ; l’accord sur le nucléaire iranien ne modifie en rien l’alliance militaire de la Syrie avec l’Iran et le Hezbollah libanais, appuyée par la Russie qui réaffirme sa présence en mer Noire, Méditerranée, en Asie et dans le Grand nord arctique.
Certes, l’armée syrienne a connu quelque revers avant de regagner d’autres positions, mais son option stratégique principale reste inchangée depuis l’été 2011 : « la défense du pays utile », à savoir l’axe Damas/Homs/Hama/Alep avec ses débouchés portuaires, le long de la côte Lattaquié/Tartous. L’armée gouvernementale, qui dispose toujours d’un format opérationnel de quelques 50 000 hommes, ne peut couvrir l’ensemble du territoire de Deraa, Deir ez-Zor à Palmyre… Il est aussi avéré que la coordination de ses forces avec les unités iraniennes et celles du Hezbollah pose, évidemment quelques problèmes : différences de chaînes de commandement, de matériels et de cultures militaires. Mais, au final, les positions stratégiques sont tenues et bien tenues face à Dae’ch, Nosra et autres mercenaires de Tchétchénie, du Daghestan, du Maghreb et des pays européens.
Comme ils l’avaient fait pour les milices du Kosovo et de Bosnie, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux continuent à fabriquer des combattants susceptibles de s’engager contre les forces gouvernementales syriennes. Mais aujourd’hui, cet effort vise moins le renversement du régime qu’à rassurer l’allié saoudien et à persuader Moscou d’intensifier ses efforts afin d’engager son partenaire syrien à envisager l’ouverture d’une nouvelle médiation diplomatique et politique. Le voyage, fin juin dernier, du patron des services syriens – le général Ali Mamlouk – à Riyad constitue l’un des événements les plus spectaculaires de ce processus qui n’a pas encore dit toutes ses ruses…
De son côté, Washington appuie officiellement les efforts russes tout en laissant Ankara massacrer les Kurdes qui sont pourtant les principaux combattants à contenir - au sol - l’expansion de Dae’ch. Ainsi, quelques 600 soldats turcs et une soixantaine de blindés sont désormais engagés sur le territoire syrien, dans la région d’Alep. Les deux brigades turkmènes qui ont fait leur entrée en Syrie par le poste frontière de Bab-el-Salame/Öncüpinar, face à la ville turque de Kilis, sont baptisées « Sultan Murat » et « Fatih Sultan Mehmet », du nom de deux empereurs ottomans. Elles constituent l’avant-garde d’une unité turkmène de quelque 5 000 hommes nommée « Armée de la Révolution » — Devrim Ordusu —, portée sur les fonds baptismaux fin juillet par Ankara qui lui fournit équipement, logistique et renseignement.
Fort de cette nouvelle dimension turco-kurde, Washington resserre les liens de l’OTAN - même si Erdogan poursuit ses propres objectifs -, cherchant à modifier un rapport de force en sa faveur au détriment du poids de la Russie et d’un Iran qui, malgré l’accord sur le dossier nucléaire, continue à soutenir Damas, le Hezbollah libanais et plusieurs factions palestiniennes. L’accord « technique » sur le dossier nucléaire ne concerne pas la gestion des crises régionales, réaffirment régulièrement les différents cercles de pouvoirs iraniens.
Fidèle à la doctrine de « l’instabilité constructive », chère aux idéologues néoconservateurs américains et français, l’administration Obama cherche ainsi à établir une espèce de « paix froide » à somme nulle, un « Yalta oriental » entre les pôles sunnite et chi’ite pour la reconduction des intérêts américains aux proche et moyen-orient. A plus moyen et long termes, les priorités stratégiques de Washington concernent trois autres théâtres : l’Asie-Pacifique, l’Ukraine et le Grand nord arctique. En effet, ces trois zones hautement stratégiques sont essentielles aux yeux des décideurs civils et militaires du Pentagone pour contenir la Chine et la modernisation des capacités opérationnelles de la Russie.
Dans ces circonstances, l’arrimage de la Turquie à l’OTAN vaut bien le sacrifice des Kurdes, même si ces derniers restent en première ligne contre les barbares de l’ « Etat islamique ». On voit bien que depuis sa création et son expansion territoriale, Dae’ch n’a jamais, ô grand jamais constitué, pas plus hier qu’aujourd’hui, une priorité américaine, turque, ni israélienne. Entre le foyer ukrainien, les enjeux centre-asiatiques, ceux de l’Asie-Pacifique et les perspectives arctiques, la crise syrienne et ses débordements régionaux demeurent périphériques, sinon secondaires dans le nouveau grand jeu qui concerne la maîtrise des nouvelles routes et des richesses naturelles de l’Eurasie et du Grand nord. Par conséquent, la crise syrienne n’est pas gérée - par et pour elle-même - par les grandes puissances mais en fonction des contraintes d’un autre espace-temps.
Celui-ci nous projette à l’horizon 2030/2050, dans les postures d’une nouvelle Guerre froide qui oppose déjà les Etats-Unis, la Chine et la Russie…
Richard Labévière, 23 août 2015
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lundi, 24 août 2015
La situation en Ukraine à la fin août 2015
La situation en Ukraine à la fin août 2015
Xavier Moreau est un analyste installé en Russie depuis 14 ans. Il est l’auteur de la « Nouvelle Grande Russie » et l’un des intervenants principaux du site d’analyses politico-stratégiques stratpol.com.
- Source : Bertrand Riviere
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samedi, 22 août 2015
The Eurasian Idea from a Swedish Perspective
The Eurasian Idea from a Swedish Perspective
Sweden is at the outskirts of the Eurasian geographical area, as it has been presented to us. For historical and practical reasons, Russia is in any case what comes to our minds when we talk about Eurasia from a Swedish viewpoint, since we are almost next door neighbours. It has been said that ”In the broader sense, Eurasianism can be considered as a form of continentalism for the project of the creation of a European-Russian common space — the Greater Europe stretching from Lisbon to Vladivostok”. Sweden could play an important part in this, if she chooses to.
Known historically for its neutrality, or at least some form of independence from other nations war agendas, and with an enthusiasm for international diplomacy, Sweden was initially oriented towards German culture during the first half of the 20th century. With the outcome of the second World War this changed to USA and the United Kingdom. The German language was replaced by the English language as the primary second language in the school system, and with that followed that people tends to orientate more towards that culture than anything else, especially in popular culture. Yet, Sweden is in no way a carbon copy of the Anglo-Saxon mindset.There is nevertheless a cultural and political obstacle in our way. Advancing the idea of an expanded friendship with the Russian federation and Eurasia must, in order to fully develop and survive in the long run, be done through presenting the idea relentlessly, by trade and cultural exchange: step by step.
For this long-term change to take place we must first and foremost plant the idea that it even could take place, among key decision makers, and above all in the minds of the younger generation who share an interest in business and politics and will be our future leaders and decision makers. We need think-tanks, we need young bold politicians who dare to question the status quo, various educational associations, the use of social media and anything else that will put this idea into the mainstream in a responsible manner. There is no need for any great popular movement, only that influential individuals and groups connect and gets the word out. Quality is more important than numbers in getting the work done.
The Swedish tradition, even if not without faults and lately quite sabotaged, of diplomacy and until recently also in its avoidance of any open military alliances, could play an important role in the coming new world, as a liaison between Eurasia and the ”lands of the sea”.
There are some problems that must be dealt with in connections with this, one is about the NATO-partnership and another one is the incorrect image of Russia.
Sweden has unfortunately since the end of the Cold War in the 90ś, increasingly abandoned its honorable tradition of neutrality and true diplomacy, and the governments of late have oriented even further towards the North Atlantic Treaty Organization (NATO). Even European Union mutual agreements is seen by Sweden to include possible military assistance, if a member state who perhaps because of membership in NATO is subjected to an act of war.. The Swedish Minister of Defense concluded in a speech five years ago that Sweden no longer, practically speaking, could be regarded as military nonaligned.
During the end of 2014 there was a sudden comeback in Sweden of the submarine hysteria from the 1980ś, when the defense department once again, this time in coalition with NATO-friendly politicians, made claims about hostile submarines in the coastal area. They failed in actually finding a submarine of any kind, and did not produce any other proof that would stand up in court.
Yet, a survey in 2014 showed that 75% of the Swedes questioned believed the submarine stories as told by the media, certain politicians and the defense ministry. Only 11% percent said flatly no to the presentation . Consequently, the public support for NATO membership increased from 28% to 37% in 2014. Although never proven, the underlying message was that these submarines were Russian. Fredrik Bynander, Associate Professor of Political Science at the National Defence University, commented it somewhat critical by saying “media coverage has been very positive for how the defense presented it. It was a lineup of politicians who supported the Armed Forces version of what had happened.”
For myself, who served as a conscript in the Swedish Army at Revingehed in the 1980ś this sounds all so familiar. I remember how our commanding officer, a former Swedish volunteer in the American Rangers during the Vietnam war, spoke to us about sightings of “divers running across a small island” and “jumping into the sea at the other end”(!), indications of “submarines” or “suspicious sounds” in the coastal area, and we watched informational films where “enemy soldiers” we all understood were the Russians although this was not said openly, in a fictional scenario cut the throats of Swedish key people, like fighter jet pilots at their doorstep. In preparation for an invasion of Sweden. But back then we thought we had valid reasons to oppose the Communist ideology as a real threat, and this made it difficult not to believe any and all bad news coming from that part of the world.
The cost for the hysteria in 2014, with hundreds of Swedish navy personnel and several battleships involved in a futile search, was at least 20 million SEK and no submarine whatsoever was found. But facts have become irrelevant, the stories told now have their own lives, like folk tales, and with bits and pieces not related to the actual submarine search, are added as “proof” of the evil intentions of the Russian Federation and especially its supposed mastermind Vladimir Putin.
The most recent agreement between Sweden and NATO, which was forced upon the population without any public debate (many are even unaware about its existence), will allow NATO to deploy troops on the ground in case of an ”emergency”, although we are promised this is to be finally determined by the Swedish government in a case-to-case scenario. This whole deal would have to be rejected since this kind of agreement do not serve any Swedish national interests but only the geopolitical agenda of Washington and makes us a pawn in their man-made conflicts with others. In fact, it makes the peaceful country of Sweden a possible target for a military attack if there is an international conflict. The opponent would have to target their missiles on the non-Swedish NATO forces on Swedish soil in order to prevent these from taking off for their final destination.
Prior to this dilemma Sweden moved from regarding itself ”neutral” to officially labeling itself ”military nonaligned”, so this shift has been gradual, but by purpose. Nonaligned meant that we were supposed to not enter into any mutual defense guarantees and that Sweden was responsible for its own defense.
The European Union leadership, not to mention Washington, will most likely resist our plan for a greater openness towards Russia. The very idea of the European Union since start was to simplify trade within the European Union, to form a bloc. But over time it has also unofficially come to serve as a proxy for the interests of Washington in this geographical area, due to some major member states close relationship with that country. There were also early warnings about EU changing from a free market economy into the creation of a super state that could end up serving other masters. Yet, ”Binding together the EU as a whole is not only the self-interest of its national components but also the reality that no feasible alternative exists in the absence of a willingness to relinquish European identity as a distinct civilization.”
Nevertheless the marketing of business ventures in Eastern Europe, Russia and after that its neighboring countries will attract a growing interest among the many entrepreneurs who always want to explore new areas and escape the status quo of their own world. Not to mention tourism. We must not let the current political landscape lure us into believing this current situation will be for forever. There are signs that EU could implode in due time if changes are not made. ”It’s nothing at all to do with Europe, it’s to do with the political construct that is the Union. An unnecessary, inefficient and disposable layer of government. So, let us dispose of it. There’s absolutely nothing at all wrong with Europe or any aspect of it. It’s the political system of the European Union that is the problem” as one European writer formulates it. In any case Sweden needs to see to its own best interests.
We have to expect many citizens in Sweden to react with distrust at first to this idea. Even for some considerable time. This is because of how they have been conditioned by the media and ruling political class. In Sweden there is an old distrust of the ”Russian bear” which is of a much older date than the Cold War era, although the stated reasons for this stance has varied over time.
The Russophobia in Sweden, which clearly exist, is not easily explained. It is used from time to time by politicians who wants Sweden to move closer to NATO, or used by other interest groups who for an example dislike the Russian rejection of postmodernism and wants the latter to adopt so-called modern European values. Old tales and even prejudice have been inherited and passed on to new generations. Presumed conflicts of interest are over time then added to the mixture as to prove that the original distrust of Russians is indeed called for. Very often one really don’t know why we have to distrust Russians, only that we should.
Replace Russian with ”Jews” or for that matter ”witches” and there would be a public outcry or laughter. But to demonize Russians, who for some reason are expected to be millions of exact replicas of the current political leadership in the Russian Federation and with no individual ability to think and arrive at their own conclusions, is regarded as more or less accepted behavior. Among minor curiosities this has also generated appeals in numerous charismatic Christian groups, who for years have traveled to the border areas but even into Russia, with copies of the Bible, in order to make those of Russian ancestry, and others, into “Christians”. Which proves their lack of historical and cultural knowledge as far as the old church and Eastern Orthodoxy is concerned.
To begin with, this approach towards Russia began even before the Russian defeat of the Swedish forces at Poltava 1709 although Sweden was humiliated for a considerable time with the defeat at Poltava. The German aristocrat Sigmund von Herberstein published a book named ”Rerum moscoviticarum commentarii” already in 1549, after visiting Russia twice, This book was translated into several languages and was read by the political elite in Sweden. In the book ”Mosvovites” were described as more or less puppets in the hands of their ruler, with no mental ability to question anything. Human robots who could be a threat to all of Europe, or just anyone, in case they were ordered by their ruler to act. This image of the Russian man and woman is broadcasted very much the same today.
To Swedish minds an expansive Russia was viewed as possible geopolitical threat or at least a problem when the following tzars made Russia a greater and more unified country. Although there were from time to time intermarriages and good relations. But too be a friend of the Russian Federation or a friend of a country like Serbia, who acts as a bridge already between these two worlds, is in this authors opinion not to be anti-European, or subversive to our cultural heritage, but to reconnect with the God of the old church, core values and even various cultural expressions Europe lost due to its divisive Protestantism and today’s post-modernism. Gems that were preserved in Eastern Europe and Russia in spite of atheist rule.
Oddly enough, Sweden has been trading with Russia since the time of the Vikings and was by year 2013 one of ten largest direct investors in Russia. Participating in the Eurasian vision would be to take part in a project with a future, with all its resources and vast areas, where growth is to take place. Instead of merely as a pawn or outside player used by the western powers in their own scheme of divide and conquer.
An official partnership, similar to the one existing right now between Sweden and NATO, with the Russian Federation is too big a leap for the average man, and would not be workable at this time and age, perhaps not even beneficial to us or the Eurasian project at all if it was a mirror image of the kind of agreements we have made with USA and need to get out of. Sweden’s traditional role of neutrality and diplomacy should be emphasized in my opinion. We can however take small but important baby steps in a direction that will build trust and friendship and make Sweden a neutral ground were the business world and politicians can meet up.
Do we, the Swedes and peoples of Eastern Europe and Russia, share any common cultural values of today or have we lost it all to post-modernism? Are we too different?
I dare say we do have a lot in common, and it was recently manifested in the political life of this nation. In the election of 2014 the self-described socially conservative political party, the Sweden Democrats (SD), became the country’s third largest party with 13% of the vote. In a strength of power they voted down the new Socialist government's budget, forcing the prime minister to declare a snap election. Surveys showed SD could gain 16-20% in the upcoming snap election. However, this made the center parties, who lost the general election to the minority coalition of Social Democrats and the Environmental Party, cut an eight year deal with the government, promising to support the ruling Social Democrat/partner government in order to sidestep the elections results and prevent the possibility of SD getting even more support in a new election.
Swedes, at heart and generally speaking, don’t like to be bullied or manipulated by outside powers, we prefer to chose our own path. So do the Russians.
The party SD is described by the establishment media and various opponents as harboring people with negative feelings about immigrants, due to their opposition to liberal immigration policies, while the SD party leadership itself has promised to take action against anyone who promote a racist agenda. They view themselves as nationalists or lately preferably as socially conservative, and have gained considerable support among disappointed Conservative Party members and voters, since the latter party has moved to the center and can hardly be viewed as even traditionally conservative anymore. In this authors opinion it would benefit us all if they moved even more from a tendency of ethnic nationalism to a focus on values and aspirations shared not only by Swedes.
Despite decades of Swedish presumably Social Democratic or liberal governments trying to impose ”equality” and dictating how parents should live their family lives, with women forced to work outside of the home as much as possible, they have not succeeded and have nowadays resorted to making threats to enact laws that will force women to leave home early and dad to stay home in the name of total gender equality. No matter if this is the best solution or not for the specific family. These ideas are shared by the leaderships of the center parties, with the exception of the Christian Democrats who still try to attract the more culturally conservative voters. Once again, these centrist politics can be seen as an expression for the Swedish habit of trying to achieve consensus, which now has ended up with the almost all the parties looking very much the same.
A survey in 2013 showed that 4 in 5 Swedes reject this forced gender equality idea when it comes to the family structure and thinks it should be up to the family not the government to decide. This despite the fact that the equality agenda is promoted all the time in media and politics.
Unfortunately the leadership of that party is also somewhat caught up in the ”distrust Russia” hysteria, but there are other more understanding voices in the youth league. Overall it's in any case a positive indicator that something is happening in an otherwise sleepy Sweden. It would be healthy for the sake of cultural preservation, aside of pure economical reasons, to move closer to Russia and Eurasia.
Nevertheless, the electoral success since 2010 for this party is an indicator that a growing percentage of the Swedish population, in spite of a massive almost day and night assault by the media and the older political establishment telling them to vote against SD, likes the idea of preserving the traditional family and promoting other socially conservative ideals in a country where dissident conservative voices are suppressed, ridiculed or labeled in a negative manner. This indicator is important, although a political party should not be seen as a replacement for any long-term work at depth. In order for real changes to take place in a population, and not just end up as a temporary vote, one need to work from the bottom and up, not from the top and down to not dissolve with any temporary political winds in the future. We can do this by involving key people, quality people, who get the message out to their respective groups, churches, associations, newspaper people or other places where they have some influence on their peers. Numbers are less important. Connecting with the right people who can influence others, and get the message out there through them, is far more important than hoping for the masses to wake up by themselves.
If we can convince a large enough percentage of the population, through the work of influential individuals and groups, that the countries who supports cultural preservation and core family values the most, not only in words but in action, are to be found in the East and not in the West, then it will help our cause.
This could be done with or without involvement of the European Union. It should be noted that many Swedes express doubts about the nations membership in EU. ”Swedes in favors of being part of the union came in at 45 percent” in 2013, since the membership has given Sweden no visible benefits aside of making it easier to travel between the member states.
However, in order to make improvements between Sweden and Russia and avoid unnecessary conflicts we need to get rid of a bunker mentality which only our common cultural enemies can benefit from. A recent Russian poll showed that 36% of the Russians wish for Russian to distance itself further from the West. It is understandable and would perhaps even be applauded by those who think there can be nothing good in the West whatsoever. But the problem is this; in for an example Sweden people are made to believe the worst about Russians, and in Russia – due to the ongoing onslaught on that country from Western geopolitical interests – people tend to think the worst about the West, sometimes on valid grounds but also because of cultural and linguistic differences. A more hostile population on any side of this fence will in the long run only benefit those who wish to dismantle Europe as well as Eurasia.
Viewed from the outside, Sweden is an open democracy where everyone can express their opinion. But those who have lived here even a short time has quickly become aware that even if that is the case then there is an expectation that everyone should be in agreement. Anyone who deviates in any matter which the media and establishment determined the limits of, as for an example the message that the Russians want to harm us, will promptly be regarded as strange and deviant. It is not unlikely that in time they will consider those individuals and organizations who question the rapprochement with NATO and oppose the idea that the West is the savior of the East as subversive elements and a threat to national security.
When writing this in the month of February, Swedish TV viewers are bombarded every day with slanted news reports where the Russian Federation is presented in a negative light and repeatedly said to have caused all the problems in Ukraine, adding that the rest of us can ”become the next target” for ”Russian expansion”. They have completely forgotten the West's major responsibility in how this conflict occurred. In the same breath we are told that the United States and Sweden will conduct joint air exercises because of the "growing threat" (from Russia). It is like preparation for a war, where the propaganda has taken over completely and people have lost their ability to think critically. They try to apply simple explanations to complex problems. ”We” and ”them”.
But we cannot let these sometimes dark clouds fence us in.
The core idea with the European Union was to encourage and simplify trade and travel between European countries. This was a noble idea. It's an ever more grandiose idea, and truly more international, to open up for trade and cultural exchange with the Eurasia. Now it's up to Sweden to decide which role to play in this new world, either as a bystander or important participator.
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vendredi, 21 août 2015
«Le grand problème de l’Europe, c’est l’occupation américaine»
«Le grand problème de l’Europe, c’est l’occupation américaine»
En Europe, c’est l’été
L’été règne sur toute l’Europe, de la Grèce jusqu’à la Suède. Les vacances ont vidé les bureaux, et rempli les plages. Des fleurs partout, des fleuves de parfums. Des festivals sans fin, des performances et autres installations artistiques agrémentent les anciennes cités désuètes. Mais ça ne se passe pas comme d’habitude. Le vieux continent est malade. La vie est belle, mais pas pour vous. Les bonnes choses vous passent sous le nez, et le chômage est au plus haut.
L’austérité pour tous sauf les banquiers et les politiques corrompus, c’est le mot d’ordre. La protection sociale rétrécit, mais les budgets militaires grossissent, et l’Otan n’en finit pas de s’étendre. En dehors de l’Allemagne, les pays européens membres sont désindustrialisés, leurs travailleurs perdent leur savoir-faire et finissent dans les services. Un caddie de golf risque moins de créer des problèmes qu’un ouvrier de l’industrie, certes. La démocratie n’est jamais tombée aussi bas.
Après la débâcle Syriza, en Grèce, on ne fait plus guère confiance à la rhétorique gauchiste. De toute l’histoire moderne européenne, on n’avait jamais vu une reddition aussi honteuse, une telle trahison. « Alexis Tsipras » est une traduction grecque de « Vijkum Quisling », ou « Maréchal Pétain ». Il a reçu le plein soutien de son peuple, et il s’est dégonflé ! La première décision de Syriza après son fiasco a été d’entamer une coopération militaire avec Israël. Aube Dorée, le mouvement d’extrême-droite, n’est plus seul à clamer contre cet abaissement devant les banquiers, mais c’est un parti dans l’opposition, et il ne risque rien à pousser des coups de gueule.
Les partis de gauche et de droite sont maintenant bien semblables. L’Europe n’a plus ni vraie droite ni vraie gauche. La pseudo gauche soutient les guerres impérialistes et émascule l’homme. La pseudo droite soutient les guerres impérialistes et supprime les impôts pour les riches. C’était plus drôle avec les partis traditionnels, avec la droite qui haïssait les financiers et maintenait la tradition, l’Eglise et la famille, tandis que la gauche attaquait la bourgeoisie, se souciait des travailleurs, et se battait pour la justice sociale. Dans les termes de Douglas Adams, « les hommes étaient de vrais hommes et les femmes de vraies femmes, et les petites bestioles fourrées d’Alpha du Centaure de vraies petites bestioles fourrées d’Alpha du Centaure. » Maintenant tous poussent les femmes dans les conseils d’administration des multinationales, se disputent les donations juives et rivalisent de risettes pour se faire bien voir des gays.
Sur des questions importantes, c’est du pareil au même, comme disait, perspicace, ma logeuse chinoise. La gauche veut plus d’immigration, pour des raisons humanitaires et par antiracisme, tandis que la droite est d’accord, pour avoir une main d’œuvre moins chère et pour forcer les natifs à plus de docilité. Le résultat est le même.
Les gens qui se voient menacés par l’immigration votent souvent pour la droite, parce qu’ils pensent qu’une petite dose de racisme débouchera sur de réelles actions. Mais c’est en vain. Prenez Nicolas Sarkozy, ex-président français. Il flatte son électorat avec une ligne raciste, mais c’est lui qui a bombardé la Libye et envoyé plus d’immigrants en France qu’aucun gauchiste ne l’a jamais fait. A moins, bien sûr, que le président actuel François Hollande ne parvienne à le surpasser, puisque son soutien aux rebelles syriens a déjà envoyé un million de réfugiés en Europe.
Au Royaume Uni, Tony Blair a détruit le parti travailliste. Il a fait du vieux parti des ouvriers et des mineurs des éclaireurs des tories. Il a soutenu absolument toutes les campagnes militaires US et y a gagné le titre honorable de caniche britannique. Favori d’Israël et du lobby israélien, c’est un autre de ses titres de gloire. Il n’est plus au pouvoir, mais ceux qui le soutenaient dans son parti sont toujours là. Et ils continuent à perdre…
Les travaillistes voudraient que ce soit Jeremy Corbyn qui soit leur chef. Blair le déteste, ce qui est sûrement une excellente recommandation. On s’attend à ce qu’il soit un nouveau Michael Foot, qui était un grand homme à l’ère pré-thatcherienne. Il veut le désarmement nucléaire, il a parlé en termes positifs du Hamas et du Hezbollah, il a voté contre la Marche vers l’Est des guerres américaines. Littlewood l’a appelé « l’antidote à l’emprise sioniste ». Il pourrait changer la donne, s’il parvenait au pouvoir. Mais les autres vont le maintenir à l’écart, parce que les gens qui sont derrière les partis préfèrent des politiciens faibles et perméables.
Le parti d’extrême-droite BNP se veut l’héritier des vrais travaillistes. Ils disent que les ouvriers anglais votent pour le BNP. Ce qui ne manque pas d’un certain fondement. Car la vraie gauche, qu’il s’agisse de la variété chinoise, soviétique ou cubaine, était strictement anti-immigration. Mais l’immigration n’est qu’une question parmi d’autres, alors que le BNP a rétréci son horizon pour ne développer qu’une politique antimusulmane. Ils n’essayent même pas d’affronter le vrai problème, qui est la richesse démesurée de quelques uns, édifiée sur l’appauvrissement de vastes majorités.
Le Front national en France a des côtés plus reluisants, et plus de soutiens. En fait, le FN est probablement le seul parti bien vivant en France, les autres sont morts. Il veut sortir la France de l’Otan et de l’Union européenne, pour retrouver l’amitié avec la Russie et la souveraineté nationale. Leur arrivée à l’Elysée changerait bien des choses en Europe, mais cela arrivera-t-il un jour ? [L'auteur doit ignorer que la ligne politique de Marine le Pen n'est pas si différente, au sujet d'Israël notamment, des autres grands partis - Ndlr]
Le grand problème de l’Europe, c’est l’occupation américaine. Elle est là, la source des problèmes. En 1945, le continent a été partagé entre US et URSS. En 1991, les Russes se sont retirés, mais aucune liberté ne s’en est suivie : ce sont les US qui ont pris la place, occupant toute l’Europe, depuis Narva en Estonie jusqu’à Oeiras au Portugal, depuis la Baie de Souda en Crète jusqu’à Orland en Norvège. Sur ces fondements militaires, ils ont renforcé la pression politique. Et leur joug pèse sur les pierres grises de la vieille Europe. Les mesures qu’ils forcent les dirigeants européens à prendre nuisent au continent. Les dirigeants prennent les mauvaises décisions, et c’est le peuple qui trinque.
L’Europe avait un excellent client pour sa production. La Russie lui achetait machines-outils, fromages, vins et voitures, et fournissait du gaz et de pétrole à bon marché. Les US ont mis fin à ces échanges profitables. Et maintenant les Européens bradent leurs pommes et leurs fromages, dépensent plus en achats militaires, et importent du gaz américain cher.
L’Europe avait un ami quelque peu excentrique, Kadhafi le colonel à la retraite. Il vendait du pétrole bon marché, importait des marchandises européennes pour sa petite population prospère, et donnait du travail à des millions d’Africains. Sous la houlette US, l’Otan a bombardé la Libye, sodomisé le colonel avec un flingue, l’ont lynché, et ont anéanti son pays. Les Africains déferlent, depuis, en Europe, sur tout ce qui peut flotter sur mer.
L’Europe pouvait compter sur l’amitié de l’ex-ophtalmologiste de Londres, qui était à Damas. Il y ramenait des marchandises européennes, gardait son pays à flot, fréquentait Paris. Sous la direction US, cet homme aimable s’est vu traité de « génocideur », et ils ont armé ses ennemis, les takfiristes fanatiques. Son pays a été dévasté et des millions de réfugiés syriens ont fui en Europe.
Ils y ont retrouvé les irakiens, dont le pays a été ruiné par l’invasion US de 2003. Le pays le plus avancé du Proche Orient, avec un système d’éducation et de santé gratuites, avec les meilleurs ingénieurs et une armée solide, est devenu un nid de bagarres sectaires, tandis que des millions d’Irakiens rejoignaient l’Europe. Les Afghans, Palestiniens, Arabes, Africains se retrouvent en Europe, s’ils parviennent à échapper au poing d’acier qui écrase leurs pays.
Mon ami Roger van Zwanenberg, éditeur de la maison Pluto, estime que l’effroyable dévastation du Proche Orient du fait des guerres commandées par les US s’explique par l’influence sioniste et correspond au souhait israélien de voir la région fragmentée et soumise dans le cadre du paradigme d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate.
C’est tout à fait plausible, si on garde à l’esprit la scène récente de Netanyahu devenu objet de vénération au Congrès US. Les promoteurs des guerres étaient principalement les néocons archisionistes, Wolfowitz, Perle et consorts. Ils ont poussé à l’invasion de l’Irak et voulaient en faire autant en Iran. Mais pourquoi ces mégalomaniaques borneraient-ils leurs rêves de suprématie au Proche Orient ? Pourquoi ne pas viser la domination mondiale ? S’ils veulent mettre en pièces les vieilles sociétés orientales, ils peuvent le faire aussi en Europe, et y mettre le paquet. L’Europe est bel et bien une victime du conflit. Sans ces guerres, les vagues d’immigrants ne recouvriraient pas l’Europe comme le Proche Orient. Par conséquent, quels que soient les commanditaires de ces guerres, ils ont probablement essayé de démolir l’Europe comme le Proche orient, et l’Europe était la plus importante des victimes visées, parce qu’il fallait lui briser la nuque, la faire rentrer dans le droit chemin de la domination mondiale. Et le Proche Orient n’est pas la seule source de réfugiés et d’immigrants.
Jadis, l’Union européenne était une union des Etats issus de l’empire de Charlemagne, et peut-être une idée qui se tenait. Mais les US ont pris le contrôle de Bruxelles et les ont forcés à accepter les Etats de l’Est européen, sous la coupe de dévots de l’Amérique furieusement anticommunistes. A l’intérieur de l’UE, les pays développés de l’ancienne union ont dévoré les pays périphériques moins développés. Les Etats baltes ont perdu environ un tiers de leur population ; la Lettonie est passée de 2,7 millions d’habitants à la fin de l’époque soviétique à 1,9 millions aujourd’hui, la Lithuanie est passée de 3,7 millions à 2,9 millions. La Roumanie, alors que la poigne d’acier de Nicolas Ceausescu l’avait libérée de ses dettes, se retrouve maintenant à nouveau endettée jusqu’au cou. Et les citoyens appauvris de tous ces pays se précipitent en masse dans les villes de l’Ouest.
Prenez le cas de la Suède. C’est l’été le plus froid depuis plusieurs années, en Suède. Le mois de juillet a été aussi frais qu’un mois d’avril, mais cela n’a nullement arrêté l’afflux des réfugiés. Devant chaque supermarché, chaque station de train ou de métro en Suède, depuis Kiruna jusqu’à Luind, vous tombez sur un mendiant rom avec une soucoupe en plastique à la main. Ils sont venus de Roumanie et de Hongrie, les Etats qui font partie de l’UE, qui ont certes un niveau de vie assez bas, mais qui appartiennent à l’espace Schengen, ce qui les dispense de visa. Ils ne sont pas venus de leur plein gré, mais ont été expédiés par leurs barons qui se sont construit de grands châteaux dans le plus pur style tzigane tape-à-l’oeil, sur la redevance que les mendiants leur versent. Après trois mois à battre le pavé suédois, ils rentrent chez eux, remplacés par d’autres arrivages de mendiants.
La police suédoise n’interfère pas avec ces mendiants. Ils disent qu’il n’y a pas de loi pour chasser les gitans. Ils ont peur de se voir condamnés pour racisme s’ils le faisaient. Les romanichels sont hauts en couleur, hommes et femmes, âgés ou plus jeunes, et ne sont jamais plus que deux à chaque emplacement. La logistique ne peut pas être facile, avec tant de gens à répartir si uniformément, mais les barons roms savent s’y prendre : je n’ai jamais observé de bagarre, ou même d’altercation, entre les mendiants. Ils ont même été entraînés à sourire ; quelque chose que vous ne verrez jamais en Europe de l’Est, où les mendiants sont aussi sinistres que les immeubles des années 1950.
Les réfugiés de Somalie et du Soudan, victimes des interventions US précédentes, ne mendient pas. Ils se regroupent dans des villes suédoises plus petites ; l’Etat suédois paye pour leur hébergement et leur donne quelques subventions pour vivre. Ils ne sont pas autorisés à travailler, et de toute façon personne n’a besoin d’eux comme ouvriers. Ils restent là, simplement, en attendant que leurs demandes d’asile aboutissent, généralement sur un refus. Après quoi ils disparaissent des radars.
Mais ne versez pas trop de larmes sur les Suédois. Les tauliers se font beaucoup d’argent dans ce système de même que les fonctionnaires. L’Etat suédois paye 500 couronnes (50 euros) par nuit et par chambre. C’est une excellente affaire dans les petites villes reculées. Habituellement, l’Etat préfère des hôtels avec beaucoup de chambres à offrir, et ils renvoient l’ascenseur au fonctionnaire chargé de l’hébergement. Curieusement, un individu considéré comme le plus ouvertement raciste de toute la Suède, qui se bat contre l’immigration, a fait des profits rondelets avec l’hébergement des Somaliens ; il s’appelle Bert Karlsson.
Outre les réfugiés et immigrants fournis par les guerres US et l’élargissement de l’UE dicté par les US, la Suède et les autres pays de l’Ouest se trouvent minés par la campagne, en provenance aussi des US pour réorganiser la vie en termes de gender. Il y a peu d’enfants ; des écoles ont été fermées, les gays ont absolument tous les droits ; les femmes sont prioritaires pour les emplois. Les garçons ont moins d’opportunités : depuis les chaînes publiques de télé jusqu’aux coiffeurs, les emplois sont pris par les femmes. Les prêtres de l’église suédoise sont principalement femmes ; l’Etat choisit et rémunère les évêques connus pour leur soutien au sacerdoce féminin.
« La Suède est l’Arabie saoudite du féminisme », a conclu Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, bouclé pour la troisième année consécutive à l’ambassade d’Equateur à Londres ; C’est un expert en la matière : deux petites Suédoises avaient porté plainte pour viol, simplement parce que dans le cadre d’une relation pleinement consentie, elles avaient eu un rapport sexuel non protégé. La procureuse Marianne Ny a dit qu’en de tels cas, l’homme doit faire de la prison, même s’il s’avère qu’il était innocent. La Suède a le taux de plaintes pour viol le plus élevé au monde, et le taux le plus élevé de plaintes fallacieuses pour viol rejetées. Ce qui ne fait pas la promotion de l’amour entre personnes de sexe opposé.
L’éducation fait tout ce qu’elle peut pour émasculer les hommes, et les splendides Suédoises préfèrent souvent des mâles étrangers plus masculins (je le sais, étant précisément un mâle étranger basané et moustachu qui plus est, j’avais épousé une ravissante Suédoise il y a bien longtemps). Les Suédois se marient de moins en moins, et ont de moins en moins d’enfants, malgré les aides gouvernementales très généreuses.
Bien des observateurs conservateurs accusent les féministes. Même si les hommes ont certainement perdu la guerre, la victoire des femmes ne résiste pas à l’examen. Jadis les femmes avaient le choix : rejoindre le monde des gens très occupés ou rester à la maison avec les enfants. Jadis, les femmes pouvaient élever une famille sans se sentir coupables. Jadis les femmes pouvaient aimer être courtisées. Tout ça c’est fini, la dévirilisation des hommes a rapidement entraîné la déféminisation des femmes.
Il y a un sous-entendu commun aux tenants du pouvoir : c’est que les hommes féminisés sont plus faciles à contrôler, et c’est pour cela qu’ils encouragent l’homosexualité. Déviriliser l’homme est un pivot dans la reprogrammation de l’humanité pour qu’elle devienne horde obéissante, parce que les hommes entiers sont imprévisibles. Ils sont prompts à la rébellion, prêts au sacrifice et à l’action. Ce n’est pas une coïncidence si les ennemis de l’empire sont tous des mâles très virils, qu’il s’agisse de Kadhafi, de Castro, de Chavez, de Loukachenko, de Poutine, ou de Julian Assange. Tout devient clair : les hommes sont ciblés pour l’élimination, et les fourmis au travail n’ont pas besoin de sexe.
Les Suédois ont le culte des « blacks », qui vient aussi des Usa, à en croire Rachel Dolezal, la militante blanche pour les droits des noirs qui se faisait passer pour noire. Les noirs sont censés être meilleurs et plus beaux que les blancs. Dans le film Terminator, c’est un savant noir qui invente le truc merveilleux ; il se bat aux côtés de la guerrière blanche contre les méchants hommes blancs. Morpheus, noir, dans Matrix, est un opérateur de Zion, et il sauve la race humaine. Il y avait un président noir dans Le Cinquième Elément, avant Obama. Bien des Suédois en manque d’enfants ont importé des enfants noirs et asiatiques, autre ligne culturelle instaurée par Angelina Jolie. Ce racisme à l’envers n’est pas différent de la variété ordinaire. Les noirs sont des gens très bien, mais nullement meilleurs que les Suédois roses.
Les Suédois ordinaires sont malheureux. Dans une petite ville avec un haut pourcentage de réfugiés et d’immigrants, ils sont 40% à voter pour le parti d’extrême droite, les Démocrates suédois. Ils sont 12% à l’échelle du pays malgré une campagne féroce contre eux dans les médias.
La gauche a obtenu une majorité relative des sièges au Parlement, après des années de droite au pouvoir. Après l’élection, les gauche et droite officielles ont uni leurs forces sur un programme commun dans le seul but de maintenir les Démocrates suédois en marge, ostensiblement. Les électeurs de gauche se sont sentis bernés. Pourquoi s’en faire et pourquoi voter, si le résultat, c’est un arrangement entre les partis ?
Ne versez pas une larme sur le sort des Démocrates suédois non plus. Il y a un timide parti pro-sioniste dont l’action la mieux connue en matière politique a été d’installer une parade gay dans un quartier musulman. Ils s’extasient devant l’Etat juif, comme leurs frères dans les autres pays d’Europe. Ils acceptent l’emprise de l’idéologie gender, qui est le programme du nouvel ordre mondial. Ils sont contre les immigrants et les réfugiés, mais jamais contre ceux qui envoient les vagues déferler sur la Suède. Au contraire, ils soutiennent le régime de Kiev, bande de bâtards à la botte des néocons, et détestent la Russie comme se doit de le faire tout défenseur du Nouvel Ordre Mondial.
Voilà pourquoi il est bien difficile de voir d’où pourra venir la libération du continent, et si même il en est encore question.
Israël Adam Shamir
Article initialement publié dans Unz Review.
Traduit par Maria Poumier le 17/08/2015
Lire également: http://arretsurinfo.ch/chaos-au-moyen-orient-objectif-voulu-ou-erreur-politique/
Arrêt sur info n’est pas tenu pour responsable des déclarations inexactes ou incorrectes contenues dans les articles publiés
Source: http://plumenclume.org/blog/30-en-europe-c-est-l-ete-par-israel-adam-shamir
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mardi, 18 août 2015
Guy Mettan: Russie-Occident, une guerre de mille ans
Interview à Guy Mettan
Russie-Occident, une guerre de mille ans
Visitez le site du Cercle de l’Aréopage :
http://cercleareopage.org
Interview du Cercle de l'Aréopage:
Interview à Guy Mettan, Russie-Occident, une guerre de mille ans
Retrouvez les évènements du Cercle :
http://cercleareopage.org/conf%C3%A9r...
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Geopolitik ist überlebenswichtig
Geopolitik ist überlebenswichtig
von Gereon Breuer
Ex: http://www.blauenarzisse.de
Eng verknüpft mit Geopolitik ist auch immer der Aspekt der Sicherheit. Die eigene Sicherheit ist ein wichtiges Ziel erfolgreicher Geopolitik.
Der Ursprung des Wortes „Sicherheit“ liegt im lateinischen „securitas“. Es handelt sich dabei um die Zusammensetzung der beiden Worte „sine“ und „cura“ (ohne Sorge). Securitas ist also ein Kunstwort. Es geht zurück auf Cicero, der es in die lateinische Sprache einführte. Cicero war auf der Suche nach einem Wort für die aus Griechenland übernommene Technik der inneren, der Seelenbefriedung.
Tolerant sein kann nur derjenige, der sich sicher fühlt
Diese innere Befriedung war für Cicero auch eine Befriedung im Sinne der Sicherung des inneren Friedens im Römischen Reich. Augustus schuf dann die Verknüpfung von „pax et securitas“ und erhob Securitas zur Gottheit. Der innere Friede ist seitdem untrennbar mit der äußeren Sicherheit verknüpft. Ihn zu erhalten ruht auf dem erfolgreichen Einsatz der Techniken zur inneren Befriedung, also zur Lösung innergesellschaftlicher Konflikte, die sich nicht nur zu Zeiten des Römischen Reiches aus äußeren Bedrohungslagen ergeben können. Carl Carstens prägte die Formel, dass nur derjenige tolerant sein könne, der sich sicher fühle. Sie ist heute aktueller denn je.
Mit erfolgreicher Geopolitik lässt sich also nicht nur eine Sicherheit gegenüber äußeren Bedrohungen schaffen. Sie dient auch, um innere Konflikte zu vermeiden, die sich aus einer geopolitischen Bedrohungslage ergeben könnten. Viel bemüht ist in diesem Zusammenhang das Beispiel, dass die USA beziehungsweise ihr Präsident immer dann besonders starke außenpolitische Aktivitäten entfalten, wenn es innenpolitisch nicht besonders gut läuft.
Das aber ist hier nicht gemeint. Gemeint ist, dass Geopolitik auch der inneren Sicherheit dient. Sie kann genutzt werden, um Bedrohungen von außen abzuwehren. Das kann der Terrorismus mohammedanischer oder anderer Couleur sein. Das können Angriffe anderer Staaten mit konventionellen Waffen sein. Das können Flüchtlinge sein. Das Spektrum äußerer Bedrohungen, das für den Geopolitiker eine Rolle spielt, ist relativ breit.
Die Erhaltung der Freiheit des Staates
Geopolitik dient damit der Erhaltung der Freiheit eines Staates. Denn Wachsamkeit ist der Preis, der für Freiheit zu zahlen ist. Das ist in geopolitischem Sinne besonders bedeutsam. Weil es in der Geopolitik keine Freunde gibt, müssen die Feinde klar erkannt werden. Der Schmittsche Freund-Feind-Gegensatz macht hier den überlebenswichtigen Unterschied. Clausewitz Diktum „Die Gefahr ist überall“ bedeutet eben auch, dass der Feind überall sein kann. Dieses „Überall“ muss die Geopolitik präzisieren, Feinde und Gefahren erkennen und benennen und Bekämpfungsstrategien entwickeln.
Modernen Debatten ist dieses Vokabular fremd. Da wird von „Partnerschaft“ geredet. Sie kann im günstigsten Fall sogar „vertieft“ sein. Die Europäische Union ist Weltmeister der „Partnerschaft“, die durch das Attribut „strategisch“ einen wie auch immer zu verstehenden Adel erfahren soll. Die Pinguine der Antarktis sind wahrscheinlich die einzigen, mit denen die EU noch keine strategische Partnerschaft unterhält.
Der Partnerschaftssprech
Diese begriffliche Aufweichung ist gefährlich. Das haben die wichtigen geopolitischen Akteure – China, USA, Russland – verstanden. Ihre Repräsentanten sind kaum glaubwürdig im Partnerschaftssprech. Wer Freund ist und wer Feind, benennen sie teilweise unter Missachtung diplomatischer Höflichkeitsfloskeln sehr deutlich. Wenn US-Präsident Obama von amerikanisch-deutscher Freundschaft spricht, weiß jeder, wer in diesem Tandem der Stärkere ist.
Wenn die deutsche Bundeskanzlerin die deutsch-amerikanische Freundschaft beschwört, dann klingt das immer bemüht um Augenhöhe. Die chinesische Administration verzichtet in der Regel gleich ganz auf Partnerschaftssprech. Sie konzentriert sich lieber auf das Aushandeln und den Abschluss von Handelsabkommen oder ähnlichem, woran dann ziemlich deutlich abzulesen ist, wer aus chinesischer Sicht gerade das Siegel strategischer Wichtigkeit trägt.
Multipolare Weltordnung
Aufschlussreich ist an der Verwendung des Partnerschaftssprechs auch, wann es zur Anwendung kommt. Wenn von „Partnerschaft“ die Rede ist, dann ist die „multipolare Weltordnung“ in der Regel auch nicht weit. Multipolarität ist für die einen Staaten im internationalen System ein Instrument zur Verdeckung der eigenen Stärke und für die anderen ein Instrument zur Verdeckung der eigenen Stärke. Wenn die EU-Außenbeauftragte von einer multipolaren Weltordnung schwärmt, dann lässt sich ahnen, dass die EU und mit ihr die Staaten Europas kaum in der Lage wären, sich in einer uni– oder einer bipolaren Weltordnung zu behaupten.
Wenn der chinesische Staatspräsident von einer multipolaren Weltordnung spricht, dann lässt sich ahnen, dass China diese aus einer Position der Stärke heraus anstrebt. Ob uni-, bi– oder multipolar, China wird auf jeden Fall ein wichtiger Pol sein. Es ist neben Russland aktuell der erfolgreichste geopolitische Spieler. Das Überleben in dieser Position wird wie bei Russland davon abhängen, inwiefern es auch zukünftig in der Lage sein wird, die eigene Sicherheit zu behaupten.
Dies ist der abschließende Teil der Artikelreihe Vier Thesen zur Geopolitik. Hier geht es zu Teil 1, Teil 2 und Teil 3. Gereon Breuer hat für unsere Reihe BN-Anstoß in diesem Jahr ein Buch über Geopolitik geschrieben.
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lundi, 17 août 2015
La géopolitique et l’or
Le Bulletin Popescu
La géopolitique et l’or
Le rôle de l'or dans la géopolitique et l'influence sur le marché de l'or de la géopolitique à travers les banques centrales.
(9 Août 2015)
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jeudi, 13 août 2015
L'Etat Islamique: outil de déstabilisation géopolitique ?...
L'Etat Islamique: outil de déstabilisation géopolitique ?...
par Alexandre Latsa
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous une analyse d'Alexandre Latsa, cueillie sur le site d'information Sputnik et consacré au rôle déstabilisateur que l'Etat islamique peut jouer au profit de certaines puissances. La récente évolution de la Turquie, dont rien ne dit qu'elle sera durable, ne remet pas en cause l'intérêt de cette réflexion...
Beaucoup de théories ont circulé sur la toile concernant tant les origines de l'Etat islamique (EI) que ses liens supposés, directs ou indirects, avec des puissances de l’OTAN, Etats-Unis et Turquie en tête.
Née en 2003 en Irak et affiliée à Al-Qaïda, la nébuleuse prend le nom d'État islamique d'Irak (EII) en 2006 puis devient l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en 2013, s'affranchissant la même année d'Al-Qaïda.Au cours de l'année 2013, cette nébuleuse a commencé sa forte expansion militaire en Syrie et en Irak.
Sa prise de contrôle du territoire syrien s'est accélérée au cours des 18 mois derniers mois (elle contrôle maintenant près de 50% du territoire) et ce malgré le lancement d'une campagne internationale de bombardement durant l'automne 2014, qui aurait couté la vie à près de 10.000 ses membres, tandis que le groupe aurait perdu selon certaines estimations autant d'hommes face à l'armée syrienne depuis le début de sa campagne.A la prise de contrôle de larges pans du territoire syrien, notamment à l'est du pays, l'EI s'est au cours du mois de mai emparé de zones énergétiques au centre du désert syrien, notamment dans la région de Palmyre et dans le même temps de la ville de Ramadi, en Irak. La prise de ces villes a suscité beaucoup de questions quant à la motivation réelle de la coalition à freiner l'expansion de l'EI puisque des milliers de combattants de cette organisation ont pu traverser les déserts syriens et irakiens avec des colonnes de véhicules blindés à découvert, pour attaquer les forces loyalistes sans que la coalition ne les bombarde.
Semant encore plus le doute, un document confidentiel de l'US Defense Intelligence Agency (DIA) rédigé en août 2012 vient d'être déclassifié, document qui a fait le tour de tous les organes gouvernementaux dont le CENTCOM, la CIA et le FBI. On peut y lire dans les dernières pages que la situation militaire devrait permettre l'établissement d'un sanctuaire ("un Etat islamique") dans la zone allant de Ramadi en Irak jusqu'à l'est de la Syrie et les zones allant d'Assaka à Deir-Ez-Zor.Ce plan, nous dit le document, aurait le soutien des puissances étrangères hostiles au pouvoir syrien car il permettrait d'isoler le régime syrien vers la cote et ainsi, de couper toute liaison terrestre entre l'Iran et le Hezbollah. En clair: les puissances radicales qui pourraient émerger du chaos créé par les Américains en Irak devraient naturellement se déverser en Syrie pour affaiblir l'état syrien.
Le laisser faire américain, des monarchies du golfe et de la Turquie, face à la montée en puissance de l'EI, est aussi une traduction de leur incapacité à contrecarrer militairement l'armée syrienne et ses soutiens au sol, tout autant que ne l'est le soutien logistique direct de la CIA à armer des factions rebelles, dont un grand nombre ont depuis 2012 rejoint l'EI ou au mieux la branche locale d'Al-Qaïda.
Cela explique peut-être pourquoi certains analystes n'hésitent pas à accuser la coalition et notamment les Etats-Unis d'Amérique d'avoir (volontairement?) en permanence un coup de retard sur l'EI.Par contre en appuyant lourdement les forces kurdes dans le nord du pays, la coalition a atteint plusieurs objectifs qui, bon gré mal gré, satisfont ses principaux alliés actuels dans la région:
- L'établissement de l'EI permet l'avènement d'un Kurdistan au nord du pays tout autant que l'apparition d'un Sunnistan très intégriste, regroupant une nébuleuse allant de l'EI à Al-Qaïda, contraignant le régime à se replier vers les côtes et accentuant ainsi la dynamique de désintégration territoriale en Syrie.
- Cette désintégration territoriale et l'affaiblissement de l'autorité de l'Etat satisfont les monarchies du Golfe, Arabie Saoudite et Qatar en tête, qui sont dans une lutte totale contre l'Iran dans la région, Téhéran étant le grand soutien et allié du régime syrien et sur une logique dynamique très forte suite à l'accord sur le nucléaire que le pays vient d'arracher aux Etats occidentaux.- Pour Israël, l'effondrement du régime syrien signifie l'affaissement du Hezbollah (jugé menace prioritaire) qui se concentre désormais sur le front syrien et devrait sortir très affaibli des années de guerre en Syrie. Pour cette raison sans doute, l'Etat hébreu apporte même un soutien médical direct aux djihadistes et parmi eux les plus radicaux (proches du front al Nosra et donc d'Al-Qaïda), soutien qui a donné lieu récemment a des émeutes de protestation de la part de minorités syriennes (Druzes…) directement menacées par l'organisation terroriste.
- L'évolution de la situation via la création au nord du pays de ce grand Kurdistan longeant la frontière avec la Turquie va par contre à l'encontre direct des intérêts d'Ankara. Au cours de la guerre syrienne, la Turquie a largement soutenu et continue de soutenir tous les groupes radicaux qui réduisent l'autorité d'Assad dans l'ancienne zone d'influence de l'empire Ottoman allant de Kassab à Alep en passant par Idlib. Ce soutien s'est traduit par un appui militaire direct, l'envoi de troupes d'élites turques sur place ou encore le rapatriement des blessés pour traitement dans des hôpitaux turcs (ici et là). Ankara a même coopéré avec l'EI (via notamment des fournitures d'électricité) lorsque ce dernier affrontait et affaiblissait les mouvances kurdes à sa frontière mais considère l'établissement de ce Kurdistan syrien comme le plus grand danger pour la Turquie actuellement, car réduisant son pouvoir de projection potentiel sur le territoire syrien et pouvant surtout menacer à terme sa stabilité intérieure.Que devrait-il se passer?
Cette opposition inattendue intra-OTAN entre Ankara et Washington devrait sans doute s'accentuer avec les récentes décisions d'Erdogan de se rapprocher de l'OCS et de la Russie avec laquelle elle partage des ambitions régionales.
L'EI devrait lui continuer son expansion en Syrie avec le soutien implicite des grandes puissances régionales mais aussi avec le soutien plus ou moins direct de la Turquie et des Etats-Unis, chacun y trouvant pour l'instant des intérêts indirects prioritaires même s‘ils sont contradictoires. On peut imaginer que ce soutien cessera lorsque l'EI deviendra un allié trop encombrant qui menacera les intérêts de certaines puissances voisines telles que la Jordanie, Israël ou certains Etats du golfe.Cette yougoslavisation de la Syrie et de l'Irak aura aussi des conséquences directes sur la Russie et la Chine qui ont chacun des intérêts historiques, politiques et économiques dans ces deux pays. Elle porterait atteinte au projet de route de la soie que Pékin compte redévelopper, car historiquement, les tracés des routes de la soie qui reliaient la Chine à l'ouest de l'Europe passaient par l'Iran et la Syrie et il n'existe "que deux options possibles, soit par Deir ez-Zor et Alep, soit par Palmyre et Damas. Le premier chemin est coupé depuis début 2013, le second vient de l'être après la chute de Palmyre".
Le grand nombre de candidats russophones et sinophones (il y a même un quartier chinois à Raqqa, la capitale de l'Etat islamique en Syrie) qui se sont enrôlés au sein de l'EI, peuvent laisser imaginer que le prochain front de l'EI se situera entre le Caucase et le Xinjiang, visant Pékin et Moscou.
L'EI, après avoir déstabilisé le monde chiite, pourrait donc en quelque sorte devenir un outil de déstabilisation de l'Eurasie.
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mercredi, 12 août 2015
Route des épices et conquête du Pacifique
Route des épices et conquête du Pacifique
Robert Steuckers
Recension : Carlos Canales y Miguel del Rey, Naves negras – La Ruta de las especias, EDAF (http://www.edaf.net – edaf@edaf.net ), Madrid, 2015.
La collection historique EDAF, publiée en Espagne, est remarquable à plus d’un titre. Elle se focalise essentiellement sur l’histoire militaire espagnole depuis les Celtibères. Le dernier volume paru est consacré tout à la fois à la recherche tâtonnante et épique des meilleures routes pour obtenir les épices si convoitées, quand l’Europe était bloquée en Méditerranée par le verrou ottoman, installé surtout depuis la conquête de Constantinople en 1453. L’Europe, acculée par la pression turque, risquait d’étouffer, dos à l’Atlantique alors res nullius, et se trouvait donc devant une nécessité impérieuse : renouer commercialement avec les Indes et la Chine, alors principales créatrices de richesses, soit en faisant sauter le verrou ottoman (opération impossible à l’époque), soit en contournant l’Afrique (le projet portugais), soit en dégageant la Volga de l’étau des Tatars islamisés (l’option russe), soit en voguant vers la Chine par l’Ouest (le projet de Colomb). Ce sont les deux projets ibériques qui obtiendront le plus retentissant succès, bien que les efforts russes en direction de la Caspienne n’aient pas été vains. Les Portugais et les Espagnols contourneront l’Afrique en direction de l’Océan Indien prenant ainsi les Ottomans à revers qui riposteront en conquérant le Levant, la Mésopotamie et l’Egypte.
Colomb, en voulant aller au Cathay (Chine) et aux Indes des épices par les voies maritimes de l’Ouest atlantique, croyait à la véracité des calculs faux d’un géographe et cartographe italien, Toscanelli, qui, en 1474, avait dessiné une carte où l’île de « Cippangu », soit le Japon, se trouvait à hauteur du Mexique et le Cathay au large de la Californie. Toscanelli, inspiré par Eratosthène, imaginait que la Terre avait une circonférence de 29.000 km, alors que le chiffre exact est de 40.000 km. Entre les côtes portugaises et l’hypothétique emplacement de Cippangu, il n’y avait donc pas une distance maritime facilement franchissable mais d’abord la colossale barrière d’un Nouveau monde américain, s’étendant de l’Arctique à l’Antarctique, et, derrière elle, une immense « Mer du Sud », l’Océan Pacifique. L’ouvrage très documenté et richement illustré de nos deux auteurs raconte l’histoire héroïque de la conquête du Pacifique par les forces ibériques, à commencer par la recherche d’un passage à travers l’immense barrière américaine lors de l’expédition de Magellan.
Cette expédition inaugure la conquête du Pacifique, gigantesque espace maritime, que n’avaient même pas deviné les plus méticuleux des cartographes prédécesseurs de Mercator, dont la maîtrise, on le verra, assure la domination mondiale. En s’installant aux Philippines, les Espagnols tiennent en échec les marins chinois et japonais et deviennent les premiers Européens à dominer cet immense espace maritime qui leur sera successivement contesté par les puissances protestantes (Hollande et Angleterre) puis par les Etats-Unis qui les évinceront suite à la guerre de 1898, où l’Espagne perd les derniers de ses atouts impériaux. Cet effondrement provoque la fameuse crise politique et culturelle de 1898 qui force l’Espagne à se penser autrement qu’en l’instrument d’une impérialité voulue par la divine providence. L’Allemagne prend brièvement son relais dans le Pacifique, au nom de l’ancienne fraternité impériale du temps de Charles-Quint, et s’installe aux Mariannes, dominant provisoirement le Pacifique sans pour autant y déployer une volonté géopolitique suffisante. Quand le géopolitologue Karl Haushofer rencontre Lord Kitchener aux Indes, alors qu’il faisait route vers le Japon pour y assumer les fonctions d’attaché militaire allemand, leur conversation, amicale, tourne autour de la maîtrise du Pacifique : Kitchener semblait privilégier une entente anglo-allemande dans cette région maritime. Il ne souhaitait ni une présence américaine accentuée (au-delà des Philippines) ni une conquête japonaise, en dépit de l’alliance anglo-japonaise contre la Russie en 1904-1905. Pour Kitchener, l’éviction des puissances européennes hors de cet espace maritime sonnerait le glas de la prééminence européenne dans le monde. Le vieux général britannique a été prophète, tout en se mettant en porte-à-faux par rapport aux options impérialistes anglaises habituelles. Le Japon déclarera la guerre à l’Allemagne en 1914 pour pouvoir s’emparer, à peu de frais, des Mariannes et des bases chinoises de la marine du Kaiser. Cet élargissement de son assiette géopolitique dans le Pacifique lui vaudra l’inimitié implacable des Etats-Unis qui, à l’occasion de la seconde guerre mondiale, s’empareront à leur tour des Mariannes, ex-espagnoles, ex-allemandes, ex-japonaises, scellant de la sorte leur pouvoir dans la « Grande Mer du Sud », fortement consolidé par leur présence au beau milieu de l’Océan Indien, à Diego Garcia, île minuscule transformée en une formidable base aéronavale à partir de laquelle les Américains sont capables de frapper tous les littoraux et arrière-pays de l’Océan Indien ou de la « Zone des moussons », de l’Afrique du Sud à la péninsule arabique, de l’Inde à Singapour et de Singapour à l’Ouest de l’Australie. C’est à partir de Diego Garcia que les bombardiers américains ont frappé l’Afghanistan dès l’automne 2001. Demain, ce sera au départ de cette même base qu’ils pourront, le cas échéant, frapper les îles ou atolls conquis ou fabriqués par la Chine dans la Mer de Chine du Sud. Avec leurs maîtrise du Pacifique et leur domination de l’Océan Indien au départ de la petite île de Diego Garcia, les Etats-Unis peuvent prétendre être une puissance globale, la première puissance globale de la planète, dont la prééminence est toutefois contestée aujourd’hui par des forces politiques sud-américaines, russes, indiennes, persanes et chinoises.
Lord Kitchener et Karl Haushofer, qui deviendra bien vite un grand spécialiste du Pacifique, avaient raison : la maîtrise de la « Grande Mer du Sud » est la clef de la puissance globale qu’exercent aujourd’hui les Etats-Unis. Cette puissance, initialement, a été espagnole et habsbourgeoise, seule synthèse légitime à nos yeux (l’Angleterre et la France n’ont aucune légitimité traditionnelle en Europe : elles représentent toutes deux des forces obscures et malsaines, issues de la forfaiture anti-templière de Philippe le Bel, des platitudes morales de Louis XI ou de la piraterie utilisée par Elisabeth I). Il faut sans cesse rappeler que cette synthèse du 16ème siècle de Charles Quint est celle qui unit les légitimités bourguignonne (Marie, fille de Charles), habsbourgeoise (Maximilien, fils de Frédéric III), castillane et aragonaise (Ferdinand et Isabelle), celle que l’historien catholique belge Luc Hommel nommait la « Grande Alliance », celle en laquelle voulait nous ancrer un autre historien oublié, Drion du Chapois. C’était le seul projet européen valable, qui aurait pu sauver l’unité de notre civilisation, empêcher préventivement que nous ne tombions dans les abjections actuelles : il a été contrecarré par toutes les voyoucraties incapables d’avoir une vision synthétique et longue-termiste de l’histoire et du destin européen.
L’ouvrage de Canales et del Rey a été rédigé sur le ton épique, mettant l’accent sur le caractère résolument aventureux des expéditions espagnoles et portugaises en Extrême-Orient, où deux éthiques guerrières se sont affrontées : celle du chevalier (le caballero) et celle du samourai. Les conflits entre Espagnols, d’une part, et seigneurs de la guerre chinois (comme le célèbre Li Ma Hong) ou Indonésiens musulmans se succédaient pour la maîtrise des ports littoraux, de Taiwan, des Philippines, des Moluques (où le Sultan de Ternate a essayé d’expulser les Ibériques des « épiceries ») ou de Malacca (où le Sultan d’Aceh harcelait les Portugais). Le gouvernement portugais de Goa, face à ces assauts continus, voulait capituler, se replier sur les seules Indes et abandonner les comptoirs indonésiens et pacifiques. Le Roi Sébastien, qui mourra les armes à la main au Maroc en 1578, envoie un capitaine exceptionnel, pétri des idéaux de la vieille chevalerie, Luis de Ataide, Comte d’Atouguia et Marquis de Santarem. Celui-ci déclare : « Je veux tout conserver et, moi vivant, nos ennemis ne gagneront pas un pouce de terrain ». La mort héroïque de Sébastien et de la fine fleur de la chevalerie portugaise sur le champ de bataille marocain d’Alcazarquivir en 1578 plongera l’empire lusitanien dans le chaos, avant que l’on ne se décide à donner la couronne du Portugal à Philippe II d’Espagne en 1580. Le contrôle effectif des possessions portugaises se fera à partir de Manille, pourtant assiégée par la piraterie chinoise et japonaise, par les éléments musulmans de l’archipel philippin et par les Moluquois.
L’ouvrage de nos deux auteurs nous révèle également une quantité d’informations aujourd’hui oubliées en Europe sur le Japon et la Chine des 16ème et 17ème siècles. Les activités d’un commerçant armé japonais Luzon Sukezaemon, hostile à toute présence ibérique dans le Pacifique, montrent déjà les lignes de force de la future expansion japonaise après l’ère Meiji : Sukezaemon, en effet, a cherché, y compris avec l’aide du chef chinois Li Ma Hong, à maîtriser les Philippines pour assurer son commerce florissant avec les ports chinois et avec le Cambodge, activités marchandes qu’il poursuivra après être tombé en disgrâce au Japon. On peut dire que Sukezaemon est un précurseur inconscient mais pragmatique de l’idée d’une « sphère de co-prospérité est-asiatique », contrariée dans son développement endogène par une présence étrangère à l’espace asiatique et pacifique, qui bouleverse, par sa simple présence, des flux locaux que les autochtones auraient voulu voir se développer sans cette immixtion. Déjà, à cette époque, le Japon faisait pression, depuis le Nord de l’espace pacifique, sur les Philippines devenues espagnoles et dont les gouverneurs tentaient plutôt de se projeter vers le Sud indonésien, comme il fera pression sur les Philippines américaines après 1898, tout en visant le pétrole indonésien pour parfaire l’industrialisation envisagée par l’ère Meiji. Cette menace japonaise du 16ème siècle avait été bien perçue par le vice-roi du Mexique Martin Enriquez qui a ordonné à l’explorateur Juan de la Isla de cartographier l’océan jusqu’au 60° degré de latitude nord, soit jusqu’au Kamtchatka russe d’aujourd’hui, et de dresser un inventaire aussi complet que possible des populations indigènes et de leurs mœurs. L’objectif est de tenir en échec un Japon qui a certes pour atout une chevalerie belliqueuse et héroïque, admirée par les hidalgos castillans et aragonais, mais pour désavantages une marine peu expérimentée et des navires mal équipés en artillerie.
D’autres capitaines, particulièrement audacieux, interviendront au Siam et en Indochine. Quelques explorateurs découvrirent même l’Australie mais sans pouvoir exploiter cette découverte : leur expédition a donc été oubliée et redécouverte par un chercheur australien Lawrence Hargrave en 1909. Ces aventures extraordinaires seront freinées par deux facteurs : les querelles entre jésuites portugais et franciscains espagnols dans le camp catholique, dont les arguments pseudo-théologiques rencontrent l’incompréhension des Asiatiques ; la concurrence entre Anglais et Hollandais dans le camp protestant, pour des motifs essentiellement commerciaux. Les rapports privilégiés entre Japonais et Espagnols, pourtant promis à un avenir fécond, prendront fin avec l’irruption des Hollandais dans la région, dès les expéditions de Joris van Spielbergen. Les Hollandais seront plus tard évincés par les Anglais, sauf, bien sûr, en Indonésie, dont la conquête totale s’achèvera une grosse vingtaine d’années après Waterloo, les Pays-Bas unis étant alors libérés de la menace française. Le 17ème siècle, déplorent nos deux auteurs, sera une guerre entre Européens en Extrême-Orient, dont tâcheront de tirer avantage Chinois, Japonais, Javanais, ressortissants de Bornéo, etc. Les premiers perdants de cette lutte quadrangulaire furent les Portugais, qui ne bénéficient plus de l’appui espagnol à partir de 1640, où les deux couronnes se séparent après avoir été unies pendant soixante ans. Les Anglais maîtriseront les Indes, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et quelques comptoirs épars mais sans jamais se tailler une présence dans la partie la plus œcuménique de l’espace pacifique, entre le Japon, les Philippines, l’Indochine, Formose et le littoral chinois : il faudra attendre le 19ème siècle et les sales guerres de l’opium pour que la pression anglaise se fasse sentir lourdement sur les côtes chinoises. L’Espagne gardera les Philippines envers et contre tout jusqu’en 1898. L’aventure commencée avec les navires que les Japonais nommaient les kurofune, les « navires noirs » prenait alors fin, réduisant à néant les efforts héroïques de soldats, de marchands, de vice-rois, de gouverneurs, de religieux et de marins qui s’étaient déployés dans les pires difficultés depuis le début du 16ème siècle, depuis la mort au combat de Magellan aux Philippines.
Enfin, dernière remarque, l’épopée que retracent Canales et del Rey, est tellement époustouflante qu’on a peine à croire qu’elle ait été effacée des mémoires et qu’aucune agence cinématographique européenne ne se soit emparée de ces souvenirs magnifiques pour produire quantité de films passionnants afin d’éclipser définitivement ces navrantes historiettes de cow-boys, de gangs new-yorkais ou de gangsters de Chicago et les navets américains. Il faut aussi se rappeler, dans ce contexte, que l’Espagne est la première victime du système propagandiste occidental (franco-anglais) visant à répandre des « légendes noires ». Ses œuvres, pourtant cardinales pour l’histoire de l’humanité, doivent dès lors impérativement être « oubliées » comme on tente aussi d’effacer la geste russe dans le Pacifique (nous y reviendrons) ou toutes les gestes allemandes ou autrichiennes de l’histoire européenne.
Robert Steuckers,
Madrid, juillet 2015.
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TPP, TTIP et TiSA – «des accords politiques visant de supprimer le modèle démocratique»
TPP, TTIP et TiSA – «des accords politiques visant de supprimer le modèle démocratique»
Interview du professeur Alfred de Zayas, spécialiste de droit international, Genève
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
Le 26 juin dernier, par un vote, le Sénat a investi le président américain Barack Obama d’un mandat lui permettant de conclure des accords commerciaux internationaux sans consultation ni débat préalables des parlements. Par cet acte, le Sénat et le Congrès se sont privés eux-mêmes, de leurs pouvoirs. Dans le contexte des accords internationaux, il s’agit surtout de ces soi-disant accords de libre échange TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) et TPP (Trans-Pacific Partnership) ayant des conséquences graves pour la souveraineté des Etats adhérents à ces accords. Dans l’interview qui suit, Alfred de Zayas, spécialiste renommé de droit international, en présente toute la complexité du point de vue du droit international.
Horizons et débats: Les accords de libre-échange tels que le TTP, le TTIP ou le TiSA (Trade in Services Agreement), quel impact ont-ils sur la coexistence des peuples, notamment sous les aspects du droit international?
Alfred de Zayas: Il y a une «certaine mythologie du marché». Le prix Nobel d’économie, Joseph Stieglitz, l’appelle «fondamentalisme du marché», un culte autour du marché. C’est presque une affaire de religion où les hommes jurent que le libre échange engendre le bien et le progrès et le développement de l’humanité entière. Jusqu’à présent, personne n’a livré des preuves empiriques et définitives de cela, car il y a bien sûr des exemples de progrès, mais aussi de revers, de crises financières et de chômage. A part cela, on ne peut pas mesurer «le progrès» uniquement par l’argent, mais aussi par le bonheur, la paix et la justice sociale. L’idée de ces accords de commerce et d’investissement est née à l’époque de l’après-guerre froide. La plupart de ces accords bilatéraux d’investissement (BIT), environ 3200, ont été accueillis avec beaucoup d’enthousiasme car les Etats les trouvaient prometteurs. Pourtant, ils n’ont pas remarqué que, dans ces accords, plusieurs chevaux de Troie fussent cachés.
Comment peut-on comprendre cela?
Entre temps, on s’est rendu compte que la plupart de ces accords contiennent des conventions d’arbitrage très particulières, créant un nouvel ordre mondial qui ne sera ni démocratique ni transparant et sans recours. Certaines mesures, telles que la réduction des droits de douane sont utiles et pertinentes, mais les droits de douane sont déjà à un niveau très bas.
Il s’agit donc de quelque chose de beaucoup plus important que de «quelques accords de libre-échange»?
Il s’agit de la géopolitique et du pouvoir. C’est un coup des entreprises transnationales, qui ont souvent plus d’argent et plus de pouvoir que quelques Etats. Quant aux TPP, TTIP ou TiSA, il ne s’agit pas seulement de refuser ces accords. Il faut réformer entièrement le système qui a été établi ces derniers trente ans, et ceci de fond en comble. Les accords, c’est une chose, l’autre, c’est la perte de l’Etat de droit démocratique qui va de pair.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement?
Etat de droit veut dire transparence et responsabilité qui présupposent un débat ouvert. Là, on a négocié des accords à huis clos en excluant les syndicats, les spécialistes en matière de droit de l’homme, d’écologie, et de santé: ils n’étaient pas admis aux négociations de l’accord. Et pour éviter tout débat au parlement, le TPP devait passer le parlement par «fasttracking» [procédure accélérée] comme un fait accompli. Il n’y a pas de procédé plus antidémocratique. Cette semaine justement, le Sénat des Etats-Unis a adopté le «fasttracking». La loi n’a que passé le Congrès et entrera en vigueur au moment où le Président Obama l’aura signée. Ce n’est qu’un acte formel, car il voudrait conclure ces accords de libre-échange le plus vite possible. La loi porte nom de «Trade Promotion Authority».
Quelles sont les conséquences de cette loi?
Au Parlement, elle interdit toute discussion et tout vote sur la détermination du contenu de ces accords. Les motions individuelles sont interdites, il n’y aura qu’un vote «pour» ou «contre». Ainsi, toute la procédure démocratique sera éliminée. Lorsqu’un parlement «s’émascule» lui-même, c’est un acte totalitaire et une violation de l’article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Le processus démocratique est mis hors jeu pour donner la priorité à l’économie?
Pas à l’économie, mais aux entreprises transnationales, à l’industrie pharmaceutique, aux géants du pétrole ou de l’énergie nucléaire. Au fond, ce ne sont pas des accords de libre-échange mais des accords politiques dans l’intention de supprimer la souveraineté des Etats en la remplaçant par les dictats des corporations.
Comment faut-il comprendre cela?
Les grands groupes internationaux ont entamé une certaine révolution contre la conception de l’Etat de la Paix de Westphalie. L’idée comprend le détournement de l’Etat de droit, laissant de côté la juridiction nationale pour laquelle le monde travaille depuis 200 ans, pour établir la sécurité juridique et pour développer des institutions capables de combattre les violations du droit. L’établissement prévu des tribunaux d’arbitrage dans ces accords, empêchera tout cela et contournera finalement notre système démocratique.
Comment faut-il imaginer ces tribunaux d’arbitrage?
En premier, ils sont secrets. Dans ce système, il n’y a ni transparence ni la possibilité de demander des comptes aux «juges». Les multinationales ont établi une juridiction à part, sans aucune légitimation démocratique et qui exclut le principe de l’Etat westphalien.
C’est à dire qu’avec ces accords, on abolit l’Etat national souverain avec son ordre juridique.
Oui, il y a deux ontologies qu’il faut prendre en considération. L’ontologie de l’Etat définit la raison d’existence de l’Etat. L’Etat, c’est une société organisée, se légitimant elle-même par le fait que c’est l’Etat qui, pour protéger les intérêts du peuple, défend la législation. La deuxième ontologie est celle du marché, du business, des affaires. Quand je fais des investissements, quand je suis homme d’affaires, quand je travaille pour une société transatlantique, j’attends des profits. Pour cela, je suis prêt à courir des risques. L’ontologie du capitalisme est de courir des risques. Par ce «investor state dispute settlement» mécanisme [règlement des différends entre les investisseurs et l’Etat], ces nouveaux tribunaux d’arbitrage, qui, au fond, ne sont pas de vrais tribunaux, mais des tribunaux d’arbitrage privés, les investisseurs veulent supprimer leur risque, ils veulent une garantie de profit. Donc on veut créer un système anti-ontologique et complètement corrompu.
Comment ces tribunaux fonctionnent-ils?
Les juges sont en général avocats des grandes multinationales. Comme je connais le métier, je sais très bien de quoi je parle. Ces avocats de Wall-Street et ailleurs, encaissant 1000 dollars l’heure, conseillent les multinationales et les Etats. C’est une excellente affaire. Aujourd’hui, ils sont arbitres, demain conseillers et après-demain PDG d’une multinationale. Il faut l’imaginer, c’est un système corrompu de fond en comble. Mais ils l’ont établi comme cheval de Troie. Dans les années 90, on n’arrivait pas à imaginer qu’une telle chose soit possible.
Par où faut-il commencer?
Le système d’arbitrage secret va entièrement à l’encontre des bonnes mœurs. Le terme de «contra bonos mores» est le terme du droit international désignant des traités ou des contrats qui vont à l’encontre du bonum commune, donc à l’encontre du bien commun, de l’intérêt de la société. De tels traités allant «contra bonos mores» sont nuls, selon l’article 53 de la Convention de Vienne sur le droit des traités.
Qu’est-ce que cela implique pour les multiples traités?
Dans mon rapport pour le Conseil des droits de l’homme, je propose d’examiner à la loupe tous les traités, y inclus les bilatéraux. Là, où ils vont à l’encontre du bien commun, il faut les modifier selon l’article 53 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. C’est un procédé, qui fait partie du droit international qu’on appelle «severability», dérogation des éléments concernés. Il ne faut donc pas supprimer le traité entier. Il suffit de supprimer les articles ou les passages allant à l’encontre du bien commun sans les remplacer. C’est ancré dans le droit international.
On pourrait donc procéder contre tout traité allant à l’encontre du bien commun? Pourquoi personne ne l’a-t-il fait jusqu’ici?
Parce que les victimes ne s’organisent pas alors que les multinationales sont très bien organisées.
Les victimes, ce sont l’Etat concerné et sa population?
Oui, bien sûr. Quand un Etat, tels l’Equateur, la Bolivie ou le Venezuela, doit payer trois milliards ou 5 milliards de compensation à une multinationale, cela veut dire que ces 5 milliards manquent à d’autres domaines afin que l’Etat puisse remplir ses obligations sociales. Cela veut dire que, dans tous les domaines, par exemple, celui des infrastructures, du droit de travail, de la santé et bien sûr aussi dans celui de l’enseignement et de la formation les moyens nécessaires vont manquer. C’est une situation anormale qu’on n’avait pas du tout en vue au moment de la signature de ces traités. On ne doit pas dire que les Etats ont accepté ou ratifié ces traités en connaissance de cause, car ils ne savaient pas qu’il y ait une juridiction contra bonum mores.
Comment comprendre cela?
Les arbitres ont effectué et réalisé une interprétation des accords de libre commerce qui va à l’encontre de l’ordre public national et international. Cette interprétation viole les articles 31 et 32 de la Convention de Vienne sur le droit des traités. Aucun homme de bon sens ne pourrait accepter telle chose. Ils ont interprété les termes de confiscation ou d’expropriation de la façon suivante: si le profit que j’attendais est diminué par le fait que l’Etat augmente le salaire minimum ou renforce les mesures de protection écologique, ce qui oblige la multinationale à éviter la pollution de l’eau, les coûts de la multinationale s’élèveront et le profit diminuera. Donc une mesure étatique tout à fait normale et prévisible, ne confisquant aucunement une entreprise étrangère est donc interprétée comme confiscation car «le profit» est diminué.
Les Etats n’auraient-ils pas pu prévoir cela?
Jusqu’au moment de la ratification du traité, il n’y avait pas une jurisprudence arbitrale dans ce sens. Personne ne savait qu’on allait interpréter comme expropriation l’augmentation du salaire minimum ou le renforcement de la législation de la protection de l’environnement par l’Etat. Quand un Etat, comme le montre l’exemple de l’Allemagne, veut sortir de l’énergie nucléaire, ce sont des décisions devant être prises démocratiquement au sein d’un Etat. Mais cela diminue le profit des entreprises. Cette diminution du profit est déclarée comme expropriation et comme telle une violation de l’obligation de cet Etat envers la multinationale. C’est l’Etat qui doit payer donc la réduction du profit attendue à la multinationale.
Connaissez-vous des exemples concrets?
En ce moment, c’est Vattenfall, ce grand groupe énergétique suédois, qui tente de se faire indemniser par l’Allemagne de 4 milliards à cause de sa sortie de l’énergie nucléaire. Veolia, une entreprise française de service public, spécialisée en alimentation en eau des communes, est en train de procéder contre l’Egypte pour avoir augmenté le salaire minimum.
C’est absurde. Qu’est-ce qu’on peut faire?
J’ai deux préoccupations principales. Il faut reconnaître que c’est la Charte de l’ONU qui sert de référence acceptée internationale. La Charte de l’ONU garantie la souveraineté de l’Etat. Au fait, l’ONU a été construite sur le principe de la souveraineté des Etats. La possibilité de l’Etat de décider du taux et de l’emploi des impôts est un devoir ontologique et essentiel de l’Etat. Tout cela est stipulé dans les articles 1 et 2 de la Charte de l’ONU. Les articles 55 et 56 stipulent les droits de l’homme. Lorsqu’un traité viole ces articles ou lorsqu’il est incompatible avec ceux-ci, c’est la Charte qui est prioritaire. En anglais, on dit «it trumps» [cela emporte sur] tous les autres traités. Dans l’article 103 de la Charte de l’ONU est écrit qu’en cas de conflit entre la Charte de l’ONU et un autre traité, c’est la Charte de l’ONU qui doit être appliquée et non pas le traité. Cela doit être consigné par voie de justice nationale et internationale, voir par la Cour internationale de justice, par la Cour européenne des droits de l’homme, par la Cour interaméricaine des droits de l’homme etc.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour ces traités illicites allant à l’encontre des bonnes mœurs et de la bonne foi, du principe démocratique et avec cela du bien commun ainsi que des droits de l’homme?
C’est au sein de la Cour internationale de justice qu’il faut trouver la solution. Les Etats membres de l’Assemblée générale doivent exiger, auprès de la Cour internationale de justice de La Haye, une expertise reconnaissant cela et disant aux Etats qu’ils n’ont pas le droit de ratifier des traités allant à l’encontre de la Charte de l’ONU. Tous ces accords commerciaux bilatéraux, tels le TTP, TTIP, TISA etc. ainsi que les 3200 accords bilatéraux déjà existants doivent être modifiées, c’est-à-dire supprimés ou bien ces parties allant à l’encontre de la Charte doivent être supprimées (principe de la «severability»). Mais tout cela, il faut l’initier. La Cour internationale de justice n’est active que motu proprio, elle n’intente pas de procès de sa propre initiative. Quelqu’un d’autre doit prendre l’initiative et intenter un procès auprès de la Cour internationale de justice.
Qui est-ce qui pourrait le faire?
L’assemblée générale de l’ONU selon l’article 96 de la Charte, mais pas seulement elle. Il y a d’autres organisations ayant exactement le même droit telle l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et d’autres. Tous ceux qui sont déjà capables d’en reconnaître les conséquences néfastes.
Les conséquences de ces accords violent le droit du travail, le droit à la santé, le droit à la protection de l’environnement, le droit à la vie, car très souvent, ces grands projets qui ont pour conséquence que les gens perdent tout, sont poussés au suicide ou meurent de faim, sont effectués par des sociétés internationales. Dans mon rapport au Conseil des droits de l’homme, j’ai présenté tout cela et exigé qu’un débat soit lancé sur ce sujet.
Monsieur le professeur, nous vous remercions de cet entretien. •
(Interview réalisée par Thomas Kaiser)
La conversation correspond à l’opinion personnelle du professeur de Zayas et n’a pas été officiellement tenue en sa qualité de Rapporteur spécial.
Cf. www.alfreddezayas.com et http://dezayasalfred.wordpress.com
Charte des Nations Unies
Art. 55
En vue de créer les conditions de stabilité et de bien-être nécessaires pour assurer entre les nations des relations pacifiques et amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, les Nations Unies favoriseront :
a. le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et des conditions de progrès et de développement dans l’ordre économique et social;
b. la solution des problèmes internationaux dans les domaines économique, social, de la santé publique et autres problèmes connexes, et la coopération internationale dans les domaines de la culture intellectuelle et de l’éducation;
c. le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion.
Art. 56
Les Membres s’engagent, en vue d’atteindre les buts énoncés à l’Article 55, à agir, tant conjointement que séparément, en coopération avec l’Organisation.
[…]
Art. 103
En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations Unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront.
Convention de Vienne sur le droit des traités
Art. 53
Traités en conflit avec une norme impérative du droit international général (jus cogens)
Est nul tout traité qui, au moment de sa conclusion, est en conflit avec une norme impérative du droit international général. Aux fins de la présente Convention, une norme impérative du droit international général est une norme acceptée et reconnue par la communauté internationale des Etats dans son ensemble en tant que norme à laquelle aucune dérogation n’est permise et qui ne peut être modifiée que par une nouvelle norme du droit international général ayant le même caractère.
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mardi, 11 août 2015
Les Chinois plus européistes que les Européens
Plateforme de connectivité. Les Chinois plus européistes que les Européens
Nous avions déjà observé, en commentant le programme chinois de Nouvelle Route de la Soie, que les autorités chinoises le présentent, non comme un instrument de conquête, jouant des oppositions entre Etats traversés, que comme un lien permettant de rapprocher ceux-ci entre eux tout autant qu'avec la Chine, y compris dans le cas de frères ennemis comme le Pakistan et l'Inde. Ce rapprochement est d'ailleurs nécessaire à la bonne mise en place de cette Route de la Soie. Peut-on construire des liaisons maritimes et terrestres entre pays qui se font la guerre. De plus, si l'on en croit les Chinois, cette Route jouera dans les deux sens. Autrement dit, elle facilitera certes les exportations et influences chinoises, mais elle devrait réciproquement faciliter l'introduction en Chine de produits et techniques provenant des pays traversés. L'industrie allemande semble d'ailleurs l'avoir parfaitement compris.
Plus récemment, la Chine avait créé la surprise en ouvrant la récente Banque asiatique pour le financement des infrastructures (AIIB) aux capitaux de tous les centres financiers mondiaux qui souhaitaient y participer. Les banques européennes avaient d'ailleurs compris que leur intérêt était là. Au grand déplaisir de Washington, elles se sont empressées de postuler à la codirection de l'AIIB. Les sommes disponibles actuellement restent modestes au regard des trillions de dollars nécessaires à la mise en oeuvre de tous les projets envisagés pour cette Route de la Soie, mais elles grandiront nécessairement au fur et à mesure que ces projets se révéleront profitables à l'ensemble des partenaires.
Une « Plateforme de connectivité »
Sans attendre, la Chine a décidé d'élargir encore sa démarche, en proposant aux autorités européennes de participer à la mise en place d'une « Plateforme de connectivité » qui rassemblera tous les partenaires autour de programmes partagés, non seulement dans le seul domaine des transports, mais dans la réalisation de vaste ambitions communes. Mais pour cela, conformément à sa démarche « européiste », elle a dès le départ choisi de s'adresser aux autorités européennes, Commission européenne, conseil des ministres européens et Banque centrale européenne. On ne voit pas d'ailleurs comment elle aurait pu procéder autrement.
Curieusement, pour ceux qui ne voyaient dans ces institutions qu'une « troïka » juste bonne à sanctionner les écarts des Etats à une rigueur budgétaire stérilisante, la réponse des Européens a été très positive. Des négociations s'étaient tenu dans une relative confidentialité, mais leur résultat vient d'être annoncé, tant à Bruxelles qu'à Pékin. Nous renvoyons les lecteurs à ce que seront les fondements et les objectifs de cette Plateforme de connectivité, telle que présentés par le Conseil européen lui même, fin juin, à la suite d'un sommet Union européenne-Chine qui vient de se terminer. La Commission comme le Conseil européen considèrent manifestement que le cadre de cette Plateforme de connectivité permettra au mieux de préciser les projets d'investissement encore vagues qu'ils avaient envisagés, notamment ceux concernant les 300 milliards d'euros évoqués par le plan dit Juncker. La déclaration finale convient de réunir le plus vite possible un Sommet pour cette Plateforme. Nous en reparlerons nécessairement ici.
Dans l'immédiat, nous pouvons faire deux observations. La première est que la Plateforme sera nécessairement considérée aux Etats-Unis comme une gifle infligée à Obama. Celui-ci, comme le département d'Etat et le lobby militaro-industriel, ont entrepris de traiter la Chine comme, après la Russie, le second ennemi héréditaire de l'Amérique. C'est dans la zone pacifique que les efforts pour contenir la Chine sont les plus évidents, mais, avec la Plateforme, un nouveau front anti-chinois s'imposera nécessairement aux stratèges américains à leur Est, dans cette Europe qu'ils avaient de bonnes raisons de considérer comme un ensemble de colonies dominées par eux. On peut d'ailleurs se demander ce qu'il adviendra des négociations pour le Traité transatlantique dit TTIP. Si celles-ci doivent faire une place à la Chine, elles n'aboutiront jamais. Les adversaires du TTIP en Europe s'en réjouiront.
La deuxième remarque concerne la place future de la Russie dans ces projets de Plateforme. Géographiquement et économiquement, la Russie devrait en être un partenaire significatif. La Chine est, comme la Russie, membre du Brics. Les nécessaires coopération entre l'Europe et le Brics (euroBrics) que nous considérons ici comme indispensables à l'avenir de l'Europe, avaient jusqu'ici piétiné du fait de la soumission scandaleuse des Européens aux « sanctions » imposées par les Etats-Unis à la Russie. On peut penser que les intérêts économiques et politiques européens, souffrant gravement de ces sanctions décidées à Washington, saisiront l'occasion de la Plateforme pour participer à des projets communs intéressant, non seulement la Chine, mais inévitablement la Russie, alliée de la Chine. Ce sera une excellent chose.
Sources
EU-China Summit - Council of the European Union Joint statement
* Voir aussi deux article de Friends of Europe et de EUobserver
http://www.friendsofeurope.org/global-europe/eu-china-connectivity-thinking-big-acting-small/
https://euobserver.com/opinion/129415
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L’Europe a besoin de paix – et non pas de nouvelles troupes américaines
L’Europe a besoin de paix – et non pas de nouvelles troupes américaines
Point de vue allemand
par Willy Wimmer
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
On n’en croit pas ses oreilles en entendant ce qui se dit à Washington. D’abord on laisse brailler un dirigeant civil des Forces de l’air américaines parfaitement inconnu. Puis, un peu plus tard, on peut entendre la déclaration du commandant en chef de l’armée américaine désigné devant le Congrès américain. Selon lui, la Fédération de Russie est le pire des ennemis des Etats-Unis. On se tient la tête – car nous allons au-devant de catastrophes, mais il se peut aussi que nous soyons plus profondément dans le marasme de l’Alliance que nous ne le pensions.
Washington veut la bagarre, et même plus que cela. Nous avons, en Europe, quelque expérience avec la puissance dirigeante de l’Alliance, à laquelle nous appartenons. Nous, qui nous étions engagés pour une défense commune, ne menons plus que des guerres, déversant le malheur sur une large partie de la terre et nous sommes tout surpris de voir que les populations désespérées des régions que nous avons recouvert de guerre fuient vers nous dans leur détresse. Ils viennent chez nous pour constater que là où on a conçu cette politique désastreuse, les portes sont fermées hermétiquement: aux Etats-Unis.
La Russie est capable de répondre elle-même aux tirades venant du Congrès américain. Mais depuis plus de vingt ans, nous ne manquons pas d’expérience avec notre grand voisin oriental. Et cette expérience va à l’encontre de ce que se dit à présent publiquement à Washington. De hauts fonctionnaires américains exigent, lors d’entretiens dans notre pays, une «fidélité sans faille» dans le domaine de nos relations avec la Fédération de Russie. On y met le paquet. Lors de son voyage dans les Balkans, le pape a mis en garde contre une nouvelle guerre mondiale. Dans le même temps, Monsieur le Président de notre pays a été fêté lors d’une grande manifestation, alors même qu’il s’emploie à soutenir des engagements militaires comme aucun de ses prédécesseurs auparavant ne l’avait fait. Et sa méthode n’est pas sans conséquences.
Ces déclarations états-uniennes risquent de nous emporter avec le courant, car ceux qui dans notre pays devraient contribuer à la libre formation d’une opinion indépendante dans le sens des intérêts nationaux se montrent depuis belle lurette incapables d’assurer cette tâche étatique primordiale. Tant le gouvernement que le Parlement sont, en la matière, impuissants, et laissent en réalité les organes secrets diriger les affaires, alors qu’ils n’ont aucune légitimation pour se mêler de la politique du pays. La politique allemande éveille l’impression que l’épicentre de la politique a été transféré sous les yeux de tous de Berlin vers une grande ville de Westphalie orientale. Les médias, qui du temps de Bonn se battaient pour présenter les meilleures voies en politique, semblent ne vouloir plus rien d’autre que la meilleure position à la pointe du courant dominant. Ce qui se dit à Washington dans les hautes sphères développe suite aux mécanismes de l’Alliance et des traités une énorme force contraignante, telle une forte aspiration. C’est très exactement ce qui se passe suite aux déclarations de ce général utilisé comme porte-voix par son président.
Qui oserait, à Berlin, s’aventurer à émettre sa propre conception de la situation? A la fin de la première guerre froide, on a pu observer à quel point l’évaluation de la menace soviétique d’alors par Washington était soumise à l’opportunité. Alors que toute la partie occidentale de l’Europe craignait une attaque venant de l’Est, on présentait à Washington aux visiteurs allemands une nouvelle vue du monde. A l’encontre de tout ce qui avait été prêché pendant des décennies, on prétendit que l’armée rouge, avec ses forces d’attaques en Europe centrale, n’était soudainement plus que défensive, destinée à tirer les leçons militaires des guerres de Napoléon et Hitler: la défense de la mère patrie russe contre les menaces venant de l’Occident accompagnées de dévastations sans fin.
S’il ne s’agissait à Washington que de tactique, en considération de la situation économique réelle de cet immense empire, alors nous devrions réfléchir, en cette année du 25e anniversaire de la réunification allemande, au fait que les Etats-Unis se soient focalisés sur la Russie avec leurs alliés les plus sûrs, cela depuis la Première Guerre mondiale, afin de la détruire. Alors même que Moscou avait lâché du lest en acceptant la réunification, Washington, mais aussi Londres et Paris, sans parler de Tel-Aviv, ayant de la peine à y croire. Frank Elbe, l’un des plus importants collaborateurs du dernier grand ministre des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher a, il y a quelques semaines, lors d’une interview accordée au média russe sputnik, attirait l’attention sur le fait que ceux qui, à Washington, incitent de façon virulente, à se positionner contre la Russie, ont des origines familiales russes remontant à la période de la guerre. Dans quelle mesure a-t-on affaire à des règlements de comptes et qu’est-ce qui se joue à nos dépends?
Lors du coup d’Etat au printemps 2014 à Kiev, nous avons pu observer à quel point l’ensemble de l’Occident s’est laissé influencer. Rarement l’Occident, auquel pourtant nous tenons, a pareillement renié ses valeurs comme lors du massacre du Maïdan ou lors de l’incendie d’Odessa avec une quarantaine de victimes, de même que la triste instrumentalisation des victimes du crash d’un avion de ligne en Ukraine. Une fois de plus la fin justifie les moyens et c’est d’autant plus consternant que nous avons déjà vécu de tels moments de malheur dans le passé.
Nous nous mettons en péril mortel du fait des manœuvres non seulement des forces navales de l’OTAN sous le nez de la flotte russe dans la mer Noire, mais aussi de l’apparition de bombardiers atomiques américains dans l’espace aérien ukrainien ou des opérations «coups de poings» à la frontière russe avec la participation de troupes allemandes. La modification de la politique générale européenne, ayant donné à Moscou – en acceptant l’unification allemande – l’espoir de ne plus devoir craindre de guerre dans ses régions occidentales, a sciemment été inversée par l’ensemble des pays occidentaux.
Ne risque-t-on pas que les forces ayant une mentalité similaire que le chef d’état major américain désigné réapparaissent également à Moscou? Si l’un des pilotes des avions bombardiers occidentaux et russes qui survolent la région commet une erreur dans cette atmosphère de guerre, nous aurons rapidement fini d’exister. Nous n’aurions plus même l’occasion de déterminer qui a commis l’erreur fatale. Voulons-nous vraiment admettre en Europe que Washington crée, avec les forces bellicistes européennes des conditions semblables à celles des manœuvres américano-sud-coréens dans la péninsule coréenne risquant à tout instant le déclenchement d’une guerre non maîtrisable? Le comportement des Etats-Unis sur notre territoire et celui d’autres Etats européens, a détruit depuis de longues années les fondements du traité de l’OTAN et ne justifie donc plus le stationnement de troupes américaines dans les pays européens. La raison profonde de ces stationnements réside dans une défense commune, ce à quoi les peuples avaient donné leur accord. Mais en aucun cas, les Parlements l’avaient pour une alliance agressive – et surtout pas pour se lancer dans une destruction collective, une destruction soutenue par certains cercles à Washington, au Congrès américain et par un général de l’infanterie de marine. •
(Traduction Horizons et débats)
km. L’étude la plus élaborée concernant l’influence de la Fondation Bertelsmann, basée à Gütersloh en Westphalie orientale, est probablement celle de Thomas Schuler, publiée en 2010.
Dans son ouvrage paru en 2014 intitulé: «Die Macher hinter den Kulissen. Wie transatlantische Netzwerke heimlich die Demokratie unterwandern» (ISBN 978-3-93816-22-5), Hermann Ploppa a situé les activités de cette fondation dans le cadre transatlantique. Il écrit: «Au cours des années 1990, une fondation s’est imposée au premier plan, surpassant en taille et en importance toutes les fondations existantes: la Fondation Bertelsmann sise dans la petite ville de Gütersloh en Westphalie orientale. Cette fondation est plus américaine que les Américains. […] Déjà en 1992, Reinhard Mohn s’efforça d’intégrer sa fondation dans les réseaux transatlantiques. […] Depuis lors, cette fondation fait de la politique et dans certains domaines, elle a transformé les politiciens élus en figurants.»
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lundi, 10 août 2015
Pacte USA-Turquie contre l’EIIL
Pacte USA-Turquie contre l’EIIL, les deux compères feignent de combattre les coupeurs de têtes
Nous assistons actuellement à un scandale des plus ignobles, à mi-chemin entre la pure violence impériale – qui a désormais outrepassé toutes les limites de le décence -, et la désinformation la plus totale utilisée pour couvrir le tout et justifier la violence comme seule solution possible.
Mais de quoi s’agit-il donc ? Je veux parler de l’ »alliance », rétablie récemment, entre les États-Unis et la Turquie en vue de combattre « le plus efficacement possible » (attention au vocabulaire utilisé) le croque-mitaine, c’est-à-dire ce qu’on appelle l’État islamique ou EIIL.
Mais est-ce le véritable objectif ? Bien sûr que non. L’ »alliance » nouée ces derniers jours ne concerne pas deux, mais trois parties. Le 3e allié est ce qu’on appelle les « insurgés syriens« . C’est comme cela que les désigne pudiquement l’International New York Times du 28 juillet, dans un article coécrit par pas moins de 3 correspondants, Anne Barnard, Michael R.Gordon et Éric Schmitt, qui partagent ainsi joyeusement le mensonge et l’hypocrisie.
Derrière ce noble objectif – celui de combattre l’EIIL -, l’Empire et la Turquie s’apprêtent à mettre en place une bande longue de 100 km aux frontières de la Turquie, où pourront s’installer en toute quiétude les « insurgés syriens » qui ne sont rien d’autre que les restes de l’ASL (Armée syrienne libre), mélangés à des éléments d’al-Qaïda.
La bande de terre fait en réalité partie du territoire d’un État souverain, qui s’appelle la Syrie, et qui va donc être occupé simultanément par trois de ses ennemis, lesquels font semblant d’en combattre un quatrième. […]
Les trois journalistes auteurs de cet article ont sans doute jeté un oeil sur une carte de la région et se sont aperçus que cette « bande », une fois occupée, permettra aux avions américains de survoler la zone où le gouvernement syrien combat les « insurgés ». Est-ce que cela est légal ? Quelqu’un leur a donné l’autorisation ? Absolument pas. C’est l’arbitraire le plus total. Tout ça au nom de la guerre contre l’EIIL.
Les trois journalistes auteurs de cette brillante analyse se fient aveuglément à des déclarations anonymes provenant de l’administration US qui affirment que les coupeurs de tête de l’ex-ASL sont « relativement modérés ». Mais voyez-vous cela, nous apprenons dans le même temps qu’ « un grand nombre de ces ‘’rebelles’’ a été entrainé dans le cadre d’un programme secret de la CIA, » ce qui montre combien ces combattants sont vraiment ‘’libres’’. Il est indéniable – apprend-on également – que sur le champ de bataille ces jeunes sont « souvent mélangés, et travaillent de concert avec des insurgés islamiques bien plus extrémistes. » Tiens tiens. Est-ce que par hasard il ne s’agirait pas précisément des combattants de l’EIIL ? Contentons-nous de survoler tout cela. C’est d’ailleurs ce que fait la gigantesque machine médiatique américaine et mondiale, elle « survole » la situation.
Bon évidemment, les avions américains vont être amenés à abattre les avions syriens. Que voulez-vous, il faut aussi les comprendre ces avions américains. Du reste, l’expérience de la No-Fly Zone en Libye s’est révélée extrêmement positive, comme nous le savons. Les avions de Kadhafi ont été détruits au sol, et c’est ce qui attend les avions de Bashar el-Assad.
Ne faudrait-il pas attendre l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU ? Cela présenterait le risque de voir la Russie et la Chine opposer leur véto. Non non, allons-y. L’Empire s’autorise lui-même. Et les effets – si cela réussit – seront identiques. La Syrie sera liquidée, son territoire deviendra la proie des bandes sanguinaires, exactement comme ce qui s’est passé en ex-Libye.
Aussi parce que, comme l’écrivent nos trois fameux journalistes, les « insurgés« ont comme principal objectif, non pas de combattre l’État islamique, avec lequel ils ont d’excellents rapports, militaires et financiers, mais celui d’abattre Bashar el-Assad. Ce qui est également l’intérêt non affiché des Américains, en plus du fait que cela constituerait une belle faveur faite à Israël et à l’Arabie Saoudite. Après, on verra bien.
L’intérêt des Turcs dans tout cela ? Utiliser la situation pour frapper les milices kurdes, en faisant d’une pierre deux coups. Pour moi qui assiste à cette pantomime sanglante, tout cela me fait immédiatement penser à la question des immigrés, dont on n’arrête pas de parler en long en large et en travers en Italie. Peu nombreux sont ceux qui semblent se rendre compte que des centaines de milliers de malheureux vont à nouveau être obligés – grâce à l’Empire et à nos gouvernants – de tenter de rejoindre nos côtes, pour fuir, pour survivre. Nous préparons, avec la plus grande stupidité, méconnaissance et lâcheté, notre propre tragédie.
Ainsi va le monde. Les journaux occidentaux ont hurlé à gorge déployée pendant un an et demi, et continuent de le faire, à propos de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais ce qui se passe depuis trois ans en Syrie, ils ne le voient pas. Ou plutôt, il ne nous le montrent pas. De toute façon, ils ne nous ont pas non plus montré la guerre en Ukraine ni la soi-disant « invasion » russe. Et donc, nous sommes quittes.
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jeudi, 02 juillet 2015
Geopolítica en el entorno del Mar Negro
Geopolítica en el entorno del Mar Negro
A simple vista, la región del Mar Negro parece ocupar un área relativamente pequeña y cerrada. Este mar interior que separa Europa oriental de Asia occidental, conecta con el Mar Egeo y el Mediterráneo a través del Mar de Mármara mediante los estrechos turcos, el Bósforo y posteriormente el de los Dardanelos, además de estar conectado también al pequeño Mar de Azov en forma de apéndice por el estrecho de Kerch. En el medio terrestre se encuentra limitado por los Montes Pónticos en el sur y el Cáucaso por el este, mientras que cuenta con una amplia plataforma hacia el noroeste.
Actualmente seis países con reconocimiento internacional bordean este mar con sus costas: Turquía, Bulgaria, Rumanía, Ucrania, Rusia y Georgia. La cercana Moldavia y las repúblicas caucásicas de Armenia y Arzebaiyán están ampliamente reconocidas como actores participantes, además de Grecia, e incluso en múltiples ocasiones se tiene en cuenta a Albania por su conexión con la región. El citado estrecho del Bósforo es la única salida de tráfico marítimo al exterior de cuatro países: Bulgaria, Rumania, Ucrania y Georgia, mientras que Rusia y Turquía tienen puertos comerciales y salida al exterior por otros mares.
Punto de encuentro entre pueblos y civilizaciones
Es la desembocadura de grandes ríos europeos como el Danubio, y sus aguas más profundas tienen bajos niveles de oxígeno y en consecuencia, no existe apenas vida de especies marinas a partir de los 200 metros de profundidad. Si a esta cuestión se le suma además el hecho de que la industria pesquera ha sido prácticamente devastada por la contaminación llegada por vía fluvial, aumenta la importancia de otros valores que tendrán su impacto en el juego geopolítico de la región. El primero se relaciona con la energía, ya que posee una importante fuente de recursos energéticos como petróleo y gas natural, pero más importante es el hecho de ser cauce y vía de salida de los recursos energéticos del Mar Caspio como corredor de tránsito hacia Europa y otros destinos del continente. El segundo será la existencia de diversos conflictos regionales, algunos congelados desde hace décadas y otros latentes en la actualidad, con disputas territoriales y con estados no reconocidos.
Tradicionalmente, el Mar Negro ha sido un nexo de unión que ha servido de puente en las rutas de comercio y un lugar de tránsito de recursos energéticos, pero a su vez es una zona tapón y una frontera entre Europa y Asia donde convergen cristianismo e islam, o el pueblo eslavo y el pueblo turco. Históricamente también, la región ha servido de punto de confrontación de grandes civilizaciones como Grecia, Roma o Bizancio, y un objeto de deseo de los grandes imperios que han pugnado a lo largo de la historia por convertirlo en un mar interior de sus territorios: los persas, el imperio otomano o el zarista. Estos dos últimos se enfrentaron en mitad del siglo XIX en la guerra de Crimea, con la participación de otros imperios europeos como el inglés y el francés a favor de los turcos. En la historia reciente, salvo en el sur y los estrechos dominados por Turquía, la URSS ejercía una posición dominante sobre el Mar Negro, pese a existir cierta tensión entre bloques en una confrontación entre los países del Pacto de Varsovia y OTAN.
Rusia como jugador estratégico en la región
Sin embargo, el escenario geopolítico del Mar Negro y su equilibrio de fuerzas ha cambiado drásticamente después del colapso soviético en 1991, momento en el que Rusia perdió la influencia directa sobre los países del Pacto de Varsovia que se situaban en la región, Rumania y Bulgaria, que se integraron en la OTAN en 2004. Los estados que resultaron de la desmembración de la URSS y se encuadraban dentro de la Comunidad de Estados Independientes (CEI), Ucrania, Georgia y Moldavia, en mayor o menor medida han ido cambiando sus miras de longitud este a oeste, produciendo un distanciamiento paulatino de Rusia y estrechando lazos con la Europa occidental. Otra consecuencia de esta aparición de nuevos estados en el área del Mar Negro y el Cáucaso como resultado de la desintegración de la Unión Soviética, ha sido la aparición de disputas territoriales y étnicas que se manifiestan en conflictos congelados sin resolver en las regiones de Transnistria, Osetia del Sur y Abjasia, sin olvidar lo acontecido en las últimas décadas en Nagorno Karabaj y Chechenia. A esto hay que añadirle el conflicto actual entre Rusia y Ucrania, plenamente latente en Crimea y en las regiones de Donetsk y Lugansk como se verá posteriormente. Decía el periodista escocés Neal Ascherson en su magnífico itinerario literario por el Mar Negro que los pueblos que viven mezclados con otros durante cientos o miles de años no siempre se quieren y que tal vez se hayan odiado siempre, y su impresión de la vida en el Mar Negro es triste, afirmando que la desconfianza latente entre las culturas no muere nunca.
De esta forma, la anteriormente mencionada pérdida de influencia rusa, será un condicionante en la actualidad que se antoja clave para la situación de la región y del espacio postsoviético en general. Para Rusia, que ya desde la época del almirante Serguéi Gorkhkov agregó una marcada visión marítima a la política estatal, siempre ha sido una obsesión histórica el salvaguardar la libre salida al Mar Mediterráneo desde sus instalaciones portuarias de aguas calientes del Mar Negro, hecho que le había sido impedido siempre por la posición de bloqueo de Turquía al dominar los estrechos. Pese a ser su prioridad, la Federación Rusa no fue capaz por entonces debido a su debilidad económica y política de adoptar un rol dominante en la región del Mar Negro, como tampoco lo ha sido Turquía, que junto a Ucrania serían jugadores importantes y podrían considerarse potencias regionales.
Sin embargo, esto no ha impedido que Rusia haya logrado mantener una fuerte influencia en la región, debido en gran parte al dominio ruso en el control y transporte de la producción de petróleo y gas, de la que dependen en mayor o menor medida bastantes países de la zona, además del mantenimiento de las fuerzas armadas rusas dentro de sus territorios. Las regiones suelen tener un núcleo de poder, generalmente de naturaleza estatal que juega un papel importante en los conflictos de la zona y que le permita asegurar su influencia y liderazgo en la región. Si en este punto y dentro de las consideraciones estratégicas de la geopolítica nos atenemos a ese par de figuras definidas por Zbigniew Brzezinski denominadas como jugadores estratégicos y pivotes geopolíticos, respondiendo así a una clasificación de los estados en categorías en función de su poder e influencia o de su situación geográfica en el juego geopolítico mundial, tendríamos como buenos ejemplos de ellas en la región a Rusia y Ucrania, ahora de actualidad en los asuntos internacionales. Por una parte, los jugadores estratégicos activos son estados con el poder necesario para pugnar por una posición de dominio y liderazgo regional o global, mientras que los pivotes geopolíticos serían importantes debido a su geografía o sus recursos. La actuación de un jugador estratégico incide en la vulnerabilidad del pivote geopolítico, que a su vez puede actuar como escudo defensivo para un estado vital o una región.
Extrapolando esta base teórica a la región del Mar Negro, nos encontramos con que Rusia sería de esta forma uno de los principales jugadores estratégicos del tablero mundial, que pese a haber sufrido la escisión de otros estados y disminuido en territorio, sigue ejerciendo gran influencia en el espacio euroasiático y mantiene unos objetivos geopolíticos ambiciosos que cada vez exhibe con mayor determinación. Esto permite mostrar firmeza al ejercer un papel preponderante en toda la serie de conflictos causados en la región por motivos étnicos y territoriales, y sin obviar los intereses e influencia de otras potencias u organizaciones que pese a no pertenecer a esta región geopolítica, tienen poder para influir en estos conflictos de acuerdo con sus intereses. Por el contrario, el ejemplo de un pivote geopolítico lo tendríamos en Ucrania, cuya situación de estado independiente contribuye a la transformación rusa. En la medida en que Rusia perdiera influencia en Ucrania se convertiría proporcionalmente en un estado más “asiático”, pero en el caso de volver a estar bajo su influencia se convertiría en un estado más poderoso, con más recursos y un optimo acceso al Mar Negro, lo que le haría obtener una posición dominante en Asia y Europa, momento en el que Polonia pasaría a ser el pivote geopolítico en el extremo oriental de su territorio.
El juego energético, dominio ruso e interdependencia mutua
Como ya se ha mencionado anteriormente, el control ruso sobre la mayoría de los recursos energéticos de la región crea una dependencia generalizada del petróleo y el gas de Rusia en los estados vecinos de la región, aunque la distribución geográfica en la región los convierte en piezas importantes para su transporte a los mercados exteriores y en el que dependen los unos de los otros al compartir el antiguo sistema heredado de la desaparecida Unión Soviética.
En este juego energético de la región podrían señalarse dos características principales, como ya indicara Silvia Marcu, que ayudarán a entender en adelante la conducta de los países de la región en su proceder internacional. El primero pasa por la búsqueda de cada estado de asegurarse una mayor independencia energética dentro de esta interdependencia regional, que se traduce en la búsqueda de rutas alternativas de transporte de petróleo que minimicen la subordinación hacia otros estados, y en la mayoría de los casos hacia Rusia, y donde entran en juego intereses externos de terceros, como Estados Unidos y la Unión Europea, que buscan minimizar con nuevos oleoductos esta dependencia que el estado ruso intenta mantener con sus propios proyectos, sin obviar los intereses económicos de compañías internacionales privadas que también juegan un importante papel. La segunda es consecuencia del absoluto dominio de Rusia en el mercado de gas natural, en el que la compañía Gazprom ejerce un evidente monopolio, lo que le permite la adopción de estrategias de interrupción de suministro de gas o el incremento de su precio como arma política ante sus estados vecinos, véase el caso de conflictos surgidos al respecto en la última década con Georgia, Ucrania e incluso Bielorrusia. Rusia por tanto intenta no perder el status privilegiado dentro de la región, pero sobre todo, lo intenta dentro de cada país que estuviera bajo su dominio en los últimos tiempos, especialmente en Ucrania, e intentando ser reconocida como potencia preponderante e influyente en Europa Oriental, pese a que sus intereses lleven a los países adyacentes a alejarse progresivamente de su zona de influencia.
Sin embargo, esto no va a impedir que los estados de la cuenca del Mar Negro, a través de asociaciones estratégicas negociadas bilateralmente, hayan contribuido de manera eficaz a un acercamiento y cooperación entre ellos con el fin de proteger y promover sus intereses en el contexto regional y mundial. Podríamos considerar en este sentido desde la fallida Comunidad de Estados Independientes (CEI) donde se integraron en 1992 la mayoría de los estados del espacio postsoviético y no sólo de la región del Mar Negro, hasta la Organización para la Democracia y Desarrollo Económico (GUAM), creada en 1994 como alternativa a Rusia y a la CEI, pasando por la Organización de la Comunidad Económica en el Mar Negro (OCEMN) creada en 1994, y el Foro del Mar Negro para el Dialogo y la Cooperación en 2005.
Una torre de control occidental en materia de seguridad del espacio euroasiático
Por otra parte y como se vislumbró anteriormente en este artículo, la influencia americana ha ganado bastante peso en la región, entre otros asuntos debido a que Washington también viene intentando incrementar su presencia y controlar los recursos energéticos del globo terrestre, y esto pasa entre otros asuntos por evitar el dominio de Rusia sobre los hidrocarburos del Caspio. Por otro lado la alianza euroatlántica cuenta ya con Turquía, Grecia, Bulgaria y Rumanía como miembros plenos de la OTAN, además de con Georgia, Moldavia y recientemente los escarceos de Ucrania en el proceso de negociación para su futura adhesión. No se puede pasar por alto la importancia que le otorga el hegemón norteamericano a toda la región de la cuenca del Mar Negro y el Cáucaso sur, área que va a desempeñar un papel clave en sus intereses estratégicos en Oriente Próximo y Oriente Medio, y concretamente en las operaciones militares que ha liderado Estados Unidos en Afganistán e Irak, sumándole además la oposición al régimen de Irán. En términos parecidos se ha pronunciado muy recientemente George Friedman indicando que el Mar Negro ha de ser un centro de gravedad para las operaciones estadounidenses en los dos teatros activos de la acción militar en estos momentos, Ucrania y el Estado Islámico en Siria e Irak, por ser el principio de organización geográfica de ambas zonas y actuando como pivote de una región amplia que ayude a enfocar el pensamiento estratégico.
En los últimos años, la seguridad en la zona del Mar Negro y en el Cáucaso se ha vuelto extremadamente compleja, caracterizada en parte por un proceso de reafirmación de la arquitectura de seguridad regional, intentándose integrar en la estructura Euro-Atlántica, pero sin obviar la existencia de un permanente tensión de potencial importancia, causado por el mantenimiento de los conflictos congelados de caracter intraestatal o interestatal en el seno de la CEI como estamos viviendo actualmente en el este de Ucrania, así como por el incremento de amenazas asimétricas, como el tráfico ilegal de personas y drogas, el fenómeno de la inmigración y el terrorismo. La proximidad de la zona del Mar Negro a Oriente Medio, los Balcanes, Asia, e incluso el Magreb y África representa un riesgo de conexión de las amenazas presentes en estas regiones, en el momento que puedan situar sus objetivos en Europa.
La importancia que puede suponer la lucha contra el terrorismo y el crimen organizado, sumado a la competencia por controlar los recursos energéticos y sus medios de transporte, ha provocado que el Mar Negro se sitúe en el foco de atención para las principales organizaciones europeas y euro-atlánticas que ya están intentando lograr la consecución de un concepto de seguridad más amplio, y que pueda incorporar la integración, la democratización, el crecimiento económico regional y las políticas de redefinición y estrategias en relación con el Mar Negro. El valor estratégico del Mar Negro ha suscitado que la OTAN haya ido desarrollando asociaciones individuales con los Estados de la región, y se han establecido bases estadounidenses en Rumanía y Bulgaria para optimizar la gestión de situaciones de crisis más allá de su área de responsabilidad y contribuir a la proyección, la estabilidad y la seguridad en toda la región.
En definitiva, y atendiendo a la importancia referida en este apartado en lo político, estratégico, económico, militar y demográfico, la región del Mar Negro representa la prolongación de la cuenca mediterránea hacia Asia Central y el Medio Oriente para los intereses euro-atlánticos, donde la región, en esta nueva configuración geopolítica que ha traído a colación una nueva competencia entre las potencias regionales y mundiales, puede llegar a ser una verdadera torre de control del espacio euroasiático logrando un papel de arbitraje efectivo en Oriente Medio que contribuya a mejorar la estabilidad y la seguridad en la región y que la reafirme como uno de los emplazamientos con mayor valor geoestratégico del planeta.
José Manuel Segura
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lundi, 29 juin 2015
L’Etat islamique prend pied en Russie
L’Etat islamique prend pied en Russie, nouvel épisode d’une marche vers la guerre USA contre Russie.
De l’agitation des islamistes du Caucase russe…
Les islamistes terroristes du Caucase, alliés de l’Occident depuis la guerre de Tchétchénie, viennent de faire officiellement allégeance à l’Etat Islamique:
« Nous annonçons notre allégeance et notre obéissance au calife Ibrahim ben Awwad Ibn Ibrahim al-Qoureishi al-Husseini », connu sous le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi, annonce cette vidéo mise en ligne dimanche par le principal groupe de rebelles islamistes en Russie, « l’Émirat du Caucase ».
« Nous témoignons de ce que tous les combattants du Caucase, de la wilaya (division administrative) de Tchétchénie, de Daguestan, d’Ingouchie et de Kabardino-Balkarie sont unis dans cette décision et que nous n’avons pas de désaccords », continue-t-il en russe, avec des sous-titres en arabe. (Source)
Voilà de quoi inquiéter au-delà de la Russie, la Chine qui est, elle aussi, agitée par ses musulmans Ouïgours. Cet acte de soumission des musulmans du Caucase, au Califat formé sous l’égide américaine, est éminemment politique et stratégique. C’est un nouvel acte de la guerre froide qui ne cesse de se réchauffer. Dans le rapport de forces qui s’instaure, les USA ne peuvent que se réjouir de l’avancée de l’Etat islamique, puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’un de leurs faux nez qui leur permettra éventuellement d’avancer masqué sur le territoire russe.
Même si dans les faits immédiats, faire allégeance à l’Etat islamique, pour ces islamistes du Caucase, ne change rien du tout à la situation interne de la Russie.
On notera que comme au Moyen-Orient l’EI, « l’Emirat du Caucase » est trans-frontalier.
Hier Souhayr Belhassen, journaliste et présidente tunisienne des Droits de l’Homme, déclarait à propos de l’attentat de Sousse en Tunisie, sur ITélé, que les autorités françaises devraient balayer devant leur porte. En effet, a-t-elle dit, il faudrait cesser de fermer les yeux sur les pays qui soutiennent l’Etat Islamique. Audrey Pulvar lui a alors demandé à quels pays elle pensait. Souhayr Belhassen lui a répondu qu’elle pensait à l’Arabie saoudite et au Qatar, comme une évidence, sans évoquer toutefois la Turquie, on ne sait pourquoi. Elle a rappelé que certains pays entretenaient des relations privilégiées avec ces pays qui alimentent le terrorisme, et demandé que la France en particulier, veuille bien balayer devant sa porte.
Cette déclaration confirme ce que tout observateur attentif sait, mais son intérêt réside dans le fait qu’elle vient d’une figure du mondialisme.
Voilà pourquoi on ne peut que voir l’Empire derrière cette nouvelle tentative de déstabilisation du Caucase russe. La precédente tentative était la guerre de Tchétchénie à laquelle Vladimir Poutine avait mis fin, au cours de laquelle l’Occident s’était solidarisée avec les terroristes.
A l’agitation des états européens encore trop indépendants…
Cette tentative de déstabilisation de la Russie se fait également à travers deux nouveaux foyers de révolutions, (en plus de l’Ukraine), selon le schéma américain bien rôdé des révolutions de couleurs.
L’un des foyers se trouve en Mécédoine, nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer à plusieurs reprises. L’Empire reproche au gouvernement de laisser passer sur son territoire le gazoduc russe. (Voir ici)
Le second foyer est nouveau et se trouve en Arménie, alliée de la Russie. L’Arménie est l’une des rares anciennes républiques soviétiques à avoir choisi d’ intégrer la zone de libre-échange qui rassemble la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, laquelle est devenue le 1er janvier l’ Union économique eurasiatique à laquelle participe également le Kirghizstan. En optant pour une union avec la Russie, l’Arménie avait rejeté l’appel des sirènes occidentales. Un affront qui ne pouvait pas être toléré bien longtemps:
Après une semaine de manifestations contre l’augmentation des tarifs de l’électricité de 16% à la date du 1er août, ponctuée par des affrontements violents avec les forces de l’ordre et plus de 237 interpellations, les protestataires appellent au calme. Des milliers d’Arméniens déterminés continuent de camper devant le palais présidentiel d’Erevan dans la nuit du jeudi au vendredi 26 juin. (Source)
On se rappelle que le jour de la commémoration du centenaire du génocide des Arméniens par les Turcs avait été boudé par les USA et nombre de leurs vassaux. Les Turcs avaient choisi de célébrer le même jour la bataille des Dardanelles, pour mieux afficher leur mépris des chrétiens d’Orient actuellement encore persécutés par les mêmes ou leurs sous-fifres.
L’Arménie, ancienne république soviétique, est un petit pays du Caucase du Nord, qui ne compte moins de 4 millions d’habitants, ce qui le rend très vulnérable, comme la Macédoine.
Selon le procédé coutumier à ce genre de révolution, environ 4.000 personnes s’étaient réunies devant le palais présidentiel, dans la capitale Erevan, pour protester contre l’augmentation du prix de l’électricité. Parmi elles quelques centaines avaient dressé leur campement pour la nuit, mais 237 d’entre elles ont été interpellées par la police anti-émeutes qui a retrouvé sur elles des couteaux, des massues, des casse-têtes et des barres de métal.
Ce procédé rappelle celui du Maïdan: des mécontents appuyés par des agitateurs étrangers exacerbent les mécontentements populaires jusqu’à faire craquer le pouvoir légitime. D’ailleurs la presse ukrainienne ne s’y est pas trompée qui retient difficilement sa joie de détecter un nouveau Maïdan.
De l’agitation des islamistes du Caucase russe, à l’agitation des états européens encore trop indépendants, la même signature, celle de l’Empire guerrier qui ne vit qu’en semant le chaos.
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dimanche, 28 juin 2015
The US’ “Asia Pivot” is in Doldrums
The US’ “Asia Pivot” is in Doldrums
If the US’ “Asia Pivot” was to be described in one sentence, it would be “encirclement” of its two most important strategic peers in the world: Russia and China. The idea of “encirclement” was further based upon building a chain of allies across Asia, which is somehow now suffering from standstill. As it stands, not only is the US not succeeding in securing that chain of allies, but the ‘counter-economic-offensive’ of Russia and China has struck a heavy blow to the US ambitions as well.
As far as the question of the effectiveness and the success of “Asia Pivot” is concerned, one can evaluate it by emphasizing the fact that in its bid to strengthen its weak position, the US did not hesitate to virtually accept Iran’s erstwhile position on its nuclear programme. The fast changing situation inside Afghanistan and in Central Asian region must have compelled the US to make a serious attempt to wean Iran to its side so that the Iranian route to the Caspian Sea could be opened to use for the former. In other words, in the US’ new strategic calculations with regard to its position in this part of the word, Iran has come to occupy a significant position, and as such, Iran is most likely to take strategic advantage of it in order to strengthen its position against Saudi led “Sunni” block in the Middle East.
However, the success of the “Asia Pivot” is not dependent upon Iran alone; it is rather more deeply dependent upon that chain of allies the US originally conceived of as vital in this strategy. Iran, as is obvious, is only one link in that chain. Therefore, its position and its role in in facilitating the “Asia Pivot” must not be over-emphasized.
Although it is believed that the on-going crisis in the Middle East have impacted the progress of the “Asia Pivot”, the fact is that the US has not been able to succeed in securing the kind of agreements with its East Asian allies it wanted to secure. East Asia, as it turns out, is not waiting for the US, nor is it willing to engage with the US on such terms as would jeopardize their relations with Russia and China. Major countries in the region, including America’s key allies and its top emerging rival, are actively jockeying for influence, assertively reassessing their bi-lateral relations with their neighbors and generally stirring for what could become a significant realignment of power in the world’s fastest-growing region specifically, and in the world generally. It is increasingly become clear with each day passing that the post-cold war balance of power has now changed a lot, and that global politics is no longer solely dominated by the US.
The recalcitrant behaviour of the US’ erstwhile allies, in this behalf, is only a reaction to this changing global political realities. Not only this, China is also actively involved in jeopardizing the “Asia Pivot” by exploiting rivalry between two of the US’ main allies in the region: South Korea and Japan. Tensions between the two American allies, which stem from a troubled history, particularly events that transpired during World War II, continue to flare from time to time and are always a source of trouble for the US to get over it. South Korea wants to see genuine repentance from Tokyo, in addition to compensation, for Japanese actions during the war, notably on the so-called comfort women, as the Korean women forced into sexual slavery for the benefit of Japanese soldiers were called.
China, meanwhile, is deliberately working to profit from the dispute between Japan and South Korea with a strong, top-level diplomatic offensive to complement the South Korea’s considerable economic muscle. Chinese policy, and priorities, were markedly evident during Chinese President’s last year visit to South Korea. Making an unprecedented move, and breaking with the tradition, Xi Jingping travelled to South Korea before travelling to North Korea. Not only was it an indication of Chinese policy to sabotage the “pivot” by embarking on offensive diplomacy but also a clear message to the young North Korean leader who has presided over a deteriorating relationship with Beijing. But more than a mere warning to North Korea, the Chinese gesture was meant to warmly embrace South Korea. That the tour was meant to hit at the heart of South Korea-Japan rivalry became self-evident in one of the speeches Xi delivered during the visit. In the speech delivered to Korean students, Xi not only spoke of Japanese military aggression during World War II, but also of the time 400 years ago when China’s Ming rulers sent soldiers to help Korea fend off Japanese invaders.
Apart from winning the US allies to its side, China, in partnership with Russia mainly, has also launched an “economic offensive” in the shape of Asian Infrastructure and Development Bank. Under Chinese stewardship, a new and potentially disruptive player in the development banking landscape, the AIIB, which was initially proposed in 2013 by President Xi Jingping, has gathered a lot of steam in the past few months, and has become the primary source of attraction for the erstwhile US allies in the region. In other words, this initiative has alone done so much damage to the US position in the region that no limited military conflict could do. As it stands, the Bank’s stated mission is to “focus on the development of infrastructure and other productive sectors in Asia.” It has attracted 57 founding member countries. This group includes some of America’s closest allies — first the UK, followed by Germany, France, South Korea, and Israel, among others. The U.S. and Japan are, as should have been expected, two of the most prominent players to decline membership. Although this Bank is by far much smaller, in terms of the capital it has, than World Bank and Asian Development Bank, however, with so many major countries on board, the AIIB poses a credible alternative to incumbent development banking systems like the World Bank, International Monetary Fund, and others that have been in place, largely unchallenged, for 70 years. It’s a big shake-up for the development world, and a very suitable alternative to many a state in the region which do wish to get out of the dollar-oriented, US dominated, economic system.
The Chinese-Russian endeavor is, perhaps, the strongest response to the “Asia Pivot”, which not only meant to encircle and contain China but, at the same time, also aimed at integrating itself into the US led global economic system dominated by dollar. The initiative to establish a different currency system and the related development of the AIIB have thus clearly established the failure of the US ‘dream’ of having China into the trap.
However, apart from attempting to structure an altogether ‘new economic system’, China, by default, is not that much integrated in the current global economic system being virtually run by the World Bank and the IMF. This can be illustrated in this way: China is now the world’s second largest economy—the largest if measured in terms of purchasing-power parity; however, its contribution and its voting power in the IMF is roughly equivalent to that of the Netherlands and Belgium combined. It is certainly much less than China’s economic worth. And, it is certainly a bad omen for the US policy to have China integrated into global economic system.
On politico-military front, China is equally aggressively asserting its space. Not only is she reclaiming land and building an airstrip on the disputed Spratly Islands, creating what the Pentagon has called “facts on the water,” but also actively engaged in rash island-building program in the South China Sea. Although the US has signaled to send its Navy in the region to ensure “freedom of navigation”, it is quite obvious that the US cannot afford to confront China militarily; after all, China is one of the most important investors in the USA itself. Chinese presence in the US can be assessed from the fact that between 2011 and 2013, the value of China’s mergers and acquisitions (M&A) in the United States exceeded the value of US merger and acquisitions deals in China. Similarly, between 2011 and 2012, Chinese FDI flows into the US exceeded US FDI flows into China. While it is too early to call this a permanent turning point, Chinese companies are also certainly poised to deepen their presence in the US with the passage of time. Given these trends, it can hardly be expected that the USA can or should even think of engaging in a military conflict with China.
In this context, it is quite an evident fact that China is playing a long game, and it is scoring points slowly but steadily while the US struggles to carry out its much-advertised “pivot.” With US attention currently occupied by Iraq, Syria and now Yemen, developments in Asia that clamor for closer attention from the US once again seem to be getting drowned out by the din from the Middle East. However, it is also a fact that the US-Iran rapprochement is kind of a US response to Chinese assertiveness in East Asia. The US policy, in this regard, can be summarized in this way: if China gets hold over East Asia, the US can manipulate energy rich regions of West and Central Asia through Iran. And, if the US can bring this region under its control, it can not only manipulate the flow of energy to China and other East Asian states and thereby impact their economic growth, but also cause trouble for another major power: Russia. The US strategy is, therefore, two edged: one of the one hand, it aims to strengthen its position in the Middle East, and on the other, it aims to maintain political influence in the Eastern and Central Asian regions, enough to prevent China-Russia alliance from establishing total hegemony. Notwithstanding the strategic aim of the US, it seems quite improbable that the US would, at least in the near future, be able to secure any major victory. Whether or not its position is weak can be a moot question; however, it is quite certain that its competitors—Russia and China—are much stronger than ever, and are therefore in a much better position to put the “pivot” in the ‘dustbin’ of geo-politics.
Salman Rafi Sheikh, research-analyst of International Relations and Pakistan’s foreign and domestic affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”
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Daech, armée terroriste de l’Occident
La Syrie de 2011 était un pays financièrement indépendant (pas de dette) – un scandale en soi pour notre oligarchie -, officiellement en état de guerre avec Israël et hostile aux projets gaziers du Qatar sur son territoire.
Conformément au droit d’ingérence planétaire des armées du bien, le petit État rebelle est donc passé dans le viseur du Pentagone car il est notoire que le complexe militaro-industriel, clef de voûte de l’économie américaine, ne vit que de guerres sans fin et de carnages récurrents.
Terrorisme et chaos sont des alternatives low cost au contrôle direct et ils fleurissent là où les interventions occidentales ont détruit les structures étatiques : Afghanistan, Somalie et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, Libye, Irak et la majeure partie de la Syrie.
La providence veut en outre que le terrorisme produise de toute pièce un remodelage du Proche-Orient conforme aux vœux de Washington de créer un abcès salafiste entre l’Iran et ses alliés arabes.
Les hordes mises en scène de façon hollywoodienne dans le désert syrien ne sortent pas du néant et leurs conquêtes militaires coïncident avec les intérêts de l’État profond américain.
Daech est la franchise irakienne d’Al-Qaïda, qui fut l’armée arabe de la CIA des années de guerre froide. Al-Nosra qui, Fabius dixit, « fait du bon boulot en Syrie », en est la franchise syrienne.
Daech fut dépêché en Syrie quand il est devenu patent qu’Al-Nosra était impuissant à renverser seul le régime de Bachar el-Assad.
La nouvelle Internationale de la terreur recrute tous azimuts : racailles de nos banlieues, ex-officiers baasistes irakiens, ex-séparatistes tchétchènes qui combattent Moscou jusqu’à Palmyre. Ces derniers combattent également dans les bataillons néonazis ukrainiens, et les décapitations sont devenues tendance en Ukraine.
Les États-Unis prétendent avoir lancé une campagne militaire contre Daech, mais les faits racontent une autre histoire : dans un rapport récemment déclassifié, le Pentagone – doué d’une incroyable préscience – prévoyait dès 2012 la création d’un État islamique qu’il jugeait d’ailleurs conforme aux intérêts américains dans la région.
75 % des avions américains qui « bombardent » les positions de Daech en Syrie rentrent à leur base sans avoir tiré le moindre missile.
Armes et munitions sont régulièrement larguées « par erreur » derrière les lignes salafistes.
Il est prouvé que les services secrets de la Turquie, pilier oriental de l’OTAN, ont acheminé des armes aux combattants de l’État islamique début 2014.
Le pétrole de Daech, négocié en dollars, est acheminé vers l’Occident via le port de Ceyhan en Turquie ; c’est en toute connaissance de cause qu’Européens, Américains et Israéliens s’y approvisionnent.
Les transactions financières de l’État islamique suivent leur cours en dépit du Terrorist Finance Tracking Program.
Les comptes Facebook et Twitter de l’État islamique sont actifs.
Les armées du chaos se défoncent au captagon, drogue de synthèse élaborée dans les laboratoires de l’OTAN et naguère distribuée aux foules exaltées des printemps arabes.
La congruence Daech-OTAN passe aisément le test du canard : « Si ça a l’air d’un canard, que ça se dandine comme un canard, que ça fait coin-coin, alors ça a toutes les chances d’être un canard. »
Depuis 2008, l’Occident solde sa crise financière en se décomposant de l’intérieur et en semant la désolation à l’extérieur.
Jusqu’où Poutine tolérera de voir ses intérêts bafoués au Levant et sur la marche ukrainienne par les hordes déchaînées de mercenaires ?
Au seuil de l’apocalypse, les peuples américains et européens jugeront peut-être bon d’arracher leur destin des mains criminelles qui les oppriment et les conduisent à l’abîme.
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Saudi Cables de Wikileaks: le régime saoudien soutient le terrorisme en Syrie depuis 2012
Saudi Cables de Wikileaks: le régime saoudien soutient le terrorisme en Syrie depuis 2012
Dès 2012 l’Arabie Saoudite s’est sérieusement impliquée dans l’agression quasi-universelle contre la Syrie, considérant que 30 000 combattants bien armés pouvaient mettre fin à la guerre qui n’a toujours pas dit son nom, sans attendre de savoir quel serait le positionnement de la Russie. Elle a soutenu les prétendus révolutionnaires syriens en pilotant, avec la Turquie et le Qatar, la formation d’un comité de hauts gradés militaires faisant office de trait d’union avec ladite Armée Syrienne Libre [ASL] et ledit Conseil National Syrien [CNS], considéré comme l’unique représentant du peuple syrien par le gouvernement français. Et, pour parfaire son soutien militaire, elle a travaillé à leur créer un environnement favorable dans les régions frontalières avec le Liban, l’Irak et la Jordanie [NdT].
En Juillet 2012, la Syrie a vécu les pires violences :
- le 16 Juillet, la prétendue Armée Syrienne Libre déclarait le début de son opération baptisée « Volcan de Damas », transformant certains quartiers de la capitale syrienne en véritables zones de guerre.
- le 18 Juillet, un attentat à la bombe contre le siège de la Sureté nationale, toujours à Damas, faisait plusieurs victimes, dont le ministre de la Défense Daoud Radjha, son vice-ministre Assef Chawkat, le Général Hassan Tourkmani, chargé de la direction de la « Cellule de crise », et le Général Hisham Ikhtiyar, chef de la Sécurité nationale.
- le 24 Juillet, ladite « opposition syrienne » envahissait Alep, et réussissait à contrôler la moitié de la ville et une grande partie de sa campagne.
Évènements concomitants avec la nomination de Bandar bin Sultan à la tête des services du renseignement saoudien et sa mainmise sur le « dossier syrien », alors que Riyad affichait une ligne diplomatique consistant à « arrêter le bain de sang » et s’en tenait à son récit médiatique d’une révolution pacifique en butte à un régime lourdement armé ; le cabinet royal présidé par le roi Abdullah bin Abdul Aziz, en ce même mois de juillet 2012, allant jusqu’à déclarer « ses regrets face à la grave escalade des actes de violence du régime syrien»…
Mais voilà que les dépêches confidentielles de la diplomatie saoudienne, révélées dernièrement par le site Wikileaks, démontrent que l’Arabie Saoudite s’est sérieusement impliquée dans le soutien et le financement de ladite « opposition syrienne armée » dès les premiers mois de la crise syrienne et que la coopération turco-saoudienne a commencé dès 2012, bien avant la visite du prince héritier Mohammed bin Nayef à Ankara en avril 2015, comme les médias le prétendent.
SOUTENIR NÉCESSAIREMENT BURHAN GHALIOUN À LA TÊTE DU CNS
Ainsi, dans une dépêche datée du 29 avril 2012, signée par le directeur de l’agence des renseignements saoudiens de l’époque, Moukrine ben Abdelaziz, et par le ministre des Affaires étrangères Saud al-Fayçal, figurent les recommandations suivantes :
« Concernant l’importance d’agir pour aider l’opposition syrienne et l’ASL, se référer à ce qui a été convenu entre le Royaume [l’Arabie Saoudite], la Turquie et le Qatar, pour la mise en place d’un comité ou d’un groupe restreint à de hauts responsables militaires qui serviraient, en quelque sorte, de trait d’union avec le CNS et l’ASL, en insistant sur la nécessaire obligation pour l’opposition de parler d’une même voix et de s’unir sous la direction du CNS, lequel a accepté d’unir ses membres sous la direction de Burhan Ghalioun ; car, actuellement, tout changement dans sa direction entraînerait des divisions dans les rangs de l’opposition ».
COLLABORER AVEC LA TURQUIE ET PROFITER DU PLAN ANNAN
Ceci alors qu’une vingtaine de jours plus tôt, le 8 Avril, Saud al-Fayçal signait un document adressé au « bienveillant regard » de son roi, dans l’espoir de le convaincre de l’opportunité d’une action coordonnée avec la Turquie et d’une intensification des contacts avec l’opposition syrienne :
« Une action coordonnée avec la Turquie est de la plus haute importance. Malgré son propre agenda concernant la Syrie et la région, il serait opportun de profiter de son positionnement pour augmenter la pression sur la Syrie. Tout comme il est très important d’intensifier nos contacts avec l’opposition syrienne et de l’exhorter à unir ses rangs et à harmoniser ses positions parce que cela contribuerait à accélérer la décomposition du régime et son effondrement, et aussi de l’exhorter à ne pas apparaître comme une entrave à la mise en application du plan de l’émissaire international Kofi Annan. Car celui qui commencera par exécuter ce plan c’est le régime syrien, par le retrait de ses forces des villes le 10 courant et l’arrêt des meurtres le 12 suivant. Par conséquent, l’opposition ne devrait pas être tenue pour responsable de l’échec du plan [de la solution], pour ne pas attirer le blâme sur elle-même ».
ARMER DAVANTAGE LES PRÉTENDUS RÉVOLUTIONNAIRES
En mai 2012, les membres de la « Cellule de crise » ayant échappé à une première tentative d’assassinat par empoisonnement, l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite à Beyrouth donne son sentiment sur les implications de l’évènement au ministère saoudien des Affaires étrangères :
« Les rumeurs ne confirment pas le décès des membres de la Cellule de crise syrienne, notamment le décès de Assef Chawkat, beau-frère du Président Al-Assad.
En revanche, elles confirment que d’autres objectifs ont été atteints en empêchant ses membres de se réunir au complet, ce qui gêne les plans de la Direction syrienne sur le terrain.
Il se dit aussi que quantité d’armes sont arrivées à l’ASL par la Turquie, dont environ 300 RPG avec 12.000 coups et 400 mitrailleuses Kalachnikov. Les observateurs estiment que la quantité limitée d’armes dont dispose l’ASL l’empêche de recruter de nouveaux membres et partisans, et que si elle disposait d’une quantité suffisante, elle pourrait mobiliser 30 000 combattants capables de mettre fin à la situation en Syrie, sans attendre les décisions de la Russie dont nul ne sait ce qu’elle veut et quels sont ses intérêts immédiats.
Les observateurs ne manifestent pas de regrets quant à la fin du rôle du CNS qui n’a aucune efficacité sur le terrain. Sa fin amènera à cesser de parler d’une opposition syrienne invitée à dialoguer avec le Président Al-Assad, pour ne plus parler que de révolution contre son régime ».
FINANCER DAVANTAGE L’ASL POUR RECRUTER PLUS DE COMBATTANTS
Quant à la défaite de l’ASL dans la « capitale de la révolution syrienne », l’ambassadeur saoudien à Beyrouth se désole, auprès de son ministère des Affaires étrangères, en ces termes :
« Gonfler la résistance des révolutionnaires à Baba Amr, dans la ville de Homs, a amplifié la victoire remportée par les forces du Président Al-Assad et pourrait mener à renforcer la confiance en soi du régime [syrien], ou donner le sentiment du peu d’intérêt des appels à armer l’opposition.
Ce qui est arrivé a semé des craintes quant à l’existence d’accords internationaux aux dépens des orientations et des priorités des pays arabes qui soutiennent les révolutionnaires, même si cela a ravivé les espoirs de pouvoir inciter toutes les parties à rechercher sérieusement une solution politique.
Les observateurs estiment qu’il est nécessaire de continuer à soutenir la résistance armée syrienne : en assurant des salaires élevés à chaque recrue qui déserterait l’Armée régulière ; en fournissant des armes équivalentes à celles possédées par le régime [syrien]; en soutenant les pays voisins de la Syrie , en particulier la Jordanie ; et aussi, en accordant un soutien financier aux populations habitant près des frontières syriennes avec le Liban et l’Irak, afin qu’elles contribuent à la formation d’un environnement favorable à la révolution syrienne.
À cet égard, il a été remarqué que dans le nord de la ville d’Akkar [Liban], limitrophe de la Syrie, des représentants du Courant du Futur [14 Mars] commencent à le critiquer, parce qu’ils se sentent incapables d’aider les rebelles syriens de quelque façon que ce soit, étant donné la pauvreté qu’ils endurent eux-mêmes dans cette région
Il serait probablement utile que les États favorables à la révolution syrienne, accordent d’urgence leur soutien financier à cette région et aux régions similaires dans d’autres pays, pour améliorer leurs conditions de vie ; ce qui contribuerait à faciliter leur liaison avec l’intérieur syrien, surtout qu’elles supportent déjà le fardeau de l’accueil d’un grand nombre de réfugiés syriens ».
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samedi, 27 juin 2015
Jean-Pierre Arrignon sur le thème Russie-Europe.
Jean-Pierre Arrignon sur le thème Russie-Europe.
Quel avenir ?
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Russie/Europe quel avenir ?
Parvenu au poste de Secrétaire Général du PCUS, en mars 1985. Mikhaïl Sergeevič Gorbačev, confronté à des difficultés économiques majeures, opte pour une approche critique courageuse : à l'intérieur c'est la Glasnost et la Perestroïka et à l'extérieur : la Nouvelle Pensée.
Adoptée en février 1986 lors du XXVIIe Congrès du PCUS, la Nouvelle Pensée définit une approche nouvelle des relations internationales qui met en avant l'interdépendance des problèmes qui touchent la planète et la nécessité de désidéologiser les relations internationales. C'est dans ce contexte nouveau que va se définir le concept de « Maison commune européenne ».
Cette image appelle l'idée d'une communauté naturelle de destin entre l'URSS et l'Europe occidentale. Il s'agit tout d'abord de découpler l'Europe des Etats-Unis, mais plus encore d'inciter les Européens au dialogue et d'y trouver des alliés car l'IDS (système de détection d'intrusion) suscite des réticences fortes parmi les Européens.
En 1886/87 François Mitterrand, Margareth Thatcher et Helmut Kohl sont très prudents face à cette Maison commune européenne (MCE) ; seul Hans Dietrich Gensher y voit un « facteur décisif pour la réunification allemande », mais il est isolé.
1988 Naissance du concept de la Maison Commune européenne
Suite aux déclarations de M.S. Gorbačev à Prague en 1987, à Belgrade en 1988, puis à Strasbourg en 1989, le concept se précise sur la forme d'une maison à 4 étages où les voisins cohabiteraient en toute harmonie. La fondation de cette maison serait constituée par les mesures géopolitiques et territoriales entérinées lors de la conférence d'Helsinki de 1975. Le premier étage serait consacré aux mesures de sécurité collective et de désarmement nucléaire, chimique et conventionnel. Le second étage serait occupé par la résolution pacifique des conflits. Les troisième et quatrième étages seraient vouées à la coopération économique et commerciale paneuropéenne qui s'efforcerait à terme, de promouvoir une véritable communauté culturelle entre les nations européennes et de dépasser les ruptures nées de la Guerre froide.
De ce concept, M.S. Gorbačev attend l'émergence de relations nouvelles et apaisées avec les démocraties populaires, relations fondées sur la confiance et non plus sur la force. Dans cette Maison commune, les démocraties populaires aux côté de l'URSS pourraient incarner le socialisme à visage humain, respectueux du renoncement à la force et reconnaissant la liberté de choix (Déclaration de M.S. Gorbačev à l'ONU le 7 décembre 1988).
Vis-à-vis de l'Europe, M.S. Gorbačev espère le rapprochement entre les pays du COMECON et ceux de l'Europe communautaire. En mars 1988, il appelle à ce rapprochement en soulignant l'appartenance de la Russie à l'Europe. Au printemps de 1988, la Maison Commune Européenne ne vise plus à déstabiliser les relations entre les Etats-Unis et l'Europe, mais à établir un véritable partenariat entre l'Europe et l'URSS sur la base d'un compromis respectueux des Etats. C'est dans le cadre de ce partenariat que la réunification de l'Allemagne, perçue comme légitime par M.S. Gorbačev, pourra se faire dans un mouvement fondamental de « retour vers l'Europe ». Ce concept évolue encore dans son discours à l'ONU du 7 décembre 1988 : le rapprochement des deux Europes se ferait non plus dans le respect des valeurs des uns et des autres, mais dans l'adhésion commune au respect des libertés, des droits de l'homme et du pluralisme politique.
La Maison Commune européenne est comme la maison d'une civilisation vers laquelle il faut revenir, ce que confirme le programme du PCUS de juillet 1991 lequel abandonne la lutte des classes et le monopole de la classe ouvrière, reconnaissant la nécessité d'installer une forme d'économie de marché et se réclamant des valeurs humanistes !
Dans ce contexte, la Maison commune européenne prend une valeur idéologique nouvelle : l'URSS se place vers le socialisme humaniste social démocrate !
Echec du Projet de Maison Commune européenne
A partir de 1988, les leaders occidentaux s'intéressent au projet. François Mitterand signe tout une série d'accord avec l'URSS en 1989. Pour lui, c'est participer à la construction d'une unité paneuropéenne qu'il juge naturelle et légitime. Il va même jusqu'à proposer une Confédération européenne dont il présente les grandes lignes le 31 décembre 1989 : « La confédération devra réunir tous les Etats appartenant à notre continent dans une organisation commune et permanente d'échanges, de paix et de sécurité ». Dans cette confédération, l'URSS rénovée à toute sa place comme le montre la signature des traités sur la réduction des armes conventionnelles en Europe et la signature de la Charte pour une nouvelle Europe.
Ces idées vont échouer car les démocraties populaires ; elle rompent avec l'URSS et le socialisme, entrent dans l'OTAN ; l'Allemagne sera réunifiée le 17 juillet 1790 sans que les projets de Maison commune européenne et de Confédération n'aient avancé. L'implosion brutale de l'URSS, le 8 décembre 1991 et les virulentes critiques de la diplomatie américaine font échouer et la Maison Commune européenne et la Confédération européenne.
Pourtant encore en 1990, Boris Eltsine veut couper le lien avec le socialisme et faire de la Russie un pays européen et démocratique à travers l'ouverture des relations vers l'Occident et l'accession à une économie de marché. Mais le pays depuis 1988 est touché par une crise économique catastrophique et un trouble identitaire profond. De plus, Boris Eltsine pense que les Américains cherchent à « maîtriser » leurs anciens territoires (intégration dans l'OTAN) et condamne leur intervention en Tchétchénie en 1994. Boris Eltsine abandonne alors la stratégie pro-occidentale, se ferme aux discours avec l'Europe et les Etats-Unis et se tourne vers la Chine (1996 création de l'Organisation de Coopération de Shangaï (OCS).
Avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine (1999), la Russie essaie de s'entendre avec les Etats-Unis et s'affirme européenne : le 10 février 2003, la France, l'Allemagne et la Russie déclaraient que « l'axe Paris-Berlin-Moscou incarnait l'axe de la paix ». La mise en place d'un partenariat stratégique entre l'Union européenne et la Russie autour d'un axe Paris-Berlin-Moscou semble permettre à l'Europe de résoudre les grands défis du XXIe s. Cette nouvelle donne portée en France par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, en Allemagne par H-D Genscher et à Moscou par V.V. Poutine a immédiatement suscité une violente attaque des Etats-Unis.
Dans le New York Times, Thomas L. Friedman écrit : « Il est temps pour les Américains de s'en rendre compte : la France n'est pas seulement notre alliée agaçante, la France devient notre ennemie ». Cette incroyable agressivité annonce l'échec de l'axe Paris-Berlin-Moscou. Cette incroyable agressivité s'explique par la deuxième guerre du Golfe qui commence le 20 mars 2003. Les Etats-Unis vont peser de tout leur poids pour faire échouer cette tentative de créer une Europe libre, souveraine et unie. Une ultime chance de renouer le dialogue entre la Russie et les Etats-Unis a été offerte par les événements du 11 septembre 2011. La Russie est le premier pays à soutenir les Etats-Unis et à ouvrir les aéroports de la route de la soie, bien que la Russie fut indignée par l'attaque de l'Irak sans l'accord de l'ONU et par le projet de pipe-line Bakou-Tbilissi-Ceyhan pour se passer des oléoducs russes. Avec l'Europe les relations se tendent avec l'élargissement progressif de l'Union européenne : les révolutions de couleur pro-occidentale en Géorgie (révolution des roses 2003) et Ukraine (révolution orange 2004) exaspèrent la Russie ; c'est l'époque de la paix froide qui conduit à la guerre de Géorgie (2008) et la reconnaissance par la Russie de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud.
Quel avenir actuellement pour la Russie et l'Europe
Pour être précis et clair, il faut se rapporter à l'opinion de V.V. Poutine, exprimée dans son discours de ValdaÏ (24 octobre 2014. V.V. Poutine fait un constat : » la politique mondiale aujourd'hui est avant tout une question de leadership économique, de guerre et de paix avec une dimension humanitaire incluant les droits de l'homme. Aujourd'hui, le monde est plein de contradictions que les organisations internationales et régionales de coopération politique, économique et culturelle ont de plus en plus de mal à gérer.
La guerre froide a bien pris fin en 1991, mais sans traité de paix. Les Etats-Unis se sont proclamés victorieux et la notion de « souveraineté nationale est devenue une valeur relative » dans un monde unipolaire .
« Certains disent que la Russie tournerait le dos à l'Europe et rechercherait de nouveaux partenaires commerciaux, surtout en Asie... Permettez-moi de dire que ce n'est absolument pas le cas. Notre politique active dans la région Asie/pacifique n'a pas commencé hier et elle continuera...
Avec l'Europe , V. V. Poutine explique « Nous avons eu des discussions sur tous les sujets liés l'association de l'Ukraine avec l'Union européenne, des discussions persistantes, mais je tiens à souligner que notre action a été menée d'une manière tout à fait civilisée, en indiquant des problèmes possibles et en soulignant les raisonnements et les arguments évidents. Mais personne ne voulait nous écouter et personne ne voulait discuter ; ils nous ont simplement dit « ce ne sont pas vos affaires, point. Fin de la discussion ».
« Au lieu du dialogue global civilisé que nous proposions, ils en sont venus à un renversement de gouvernement ; ils ont plongé le pays dans le chaos, dans l'effondrement économique et social, dans une guerre civile avec des pertes considérables ».
V.V. Poutine poursuit : « Nous aurions également accueilli favorablement l'initiation d'un dialogue concret entre l'Eurasie et l'Union européenne. Ils nous ont presque catégoriquement refusé cela et il est difficile d'en comprendre les raisons. J'ai maintes fois proposé d'engager un dialogue sur la nécessité de créer un espace commun pour la coopération économique et humanitaire s'étendant de l'Atlantique jusqu'à l'Océan pacifique. La Russie a fait son choix. Nous avons un agenda pacifique et positif tourné vers l'intégration. Nous travaillons activement avec nos collègues de l'Union économique eurasienne de l'Organisation de Shangaï (OCS), des BRICS et avec d'autres partenaires ». L'Union européenne n'est pas évoquée ! Le dialogue est bien rompue.
Pour renouer le dialogue avec la Russie, l'Europe doit prendre des initiatives et faire les premiers pas pour effacer l'humiliation produite par le « ce ne sont pas vos affaires ».Toutefois, auparavant, il est indispensable de reconstruire une Union européenne rassemblée, homogène et unie. Aujourd'hui, l'Union européenne est perçue comme un assemblage de deux blocs : l'un, otanien et atlantiste, composé par les ex-république soviétiques, notamment les Pays baltes et la Pologne qui tiennent des propos non seulement violemment anti-russes, comme ceux de Madame Dolia Grybauskaite et tolèrent des manifestations à caractère nazi (cf. Riga et Ukraine). Certes l'Union européenne s'est abstenue lors du vote à l'ONU sur la résolution sur « la lutte contre la glorification du nazisme », mais cette attitude européenne de complaisance vis-à-vis de cette idéologie a suscité en Russie une véritable indignation et constitue un vrai blocage pour le renouveau au dialogue.
L'autre groupe est formé du bloc français, italien, espagnol, grec dont la plupart des chefs d'état se déclarent en faveur de la reprise du dialogue avec Moscou. Quant à l'Allemagne dont le rôle pourrait être essentiel, elle a perdu en Russie une grande part de son crédit. Angela Merkel est considérée comme trop liée aux Pays baltes et aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la porte d'entrée de la Russie vers l'Europe est la France. C'est François Hollande qui a renoué seul le contact avec V.V. Poutine lors de son escale à Šeremiétevo à son retour du Kazakhstan (5-6 décembre 2014). Cette initiative a été appréciée à Moscou ce qui justifie la grande compréhension de la Russie devant la non-livraison des Mistral.
Tant que l'Union européenne ne sera pas reconstituée et cohérente, il y a peu de chance pour qu'un dialogue constructif avec la Russie se développe. Les initiatives de la nouvelle équipe européenne semble s'orienter vers des initiatives, notamment celle de M. Junker appelant la formation d'une force armée européenne mais aussi celles de Donald Tusk et de Federica Mogherini, aux propos mesurés. L'Europe doit comprendre que son adhésion unilatérale à l'OTAN est incompatible avec la construction d'une Europe libre et indépendante dont le rayonnement économique, politique et culturel passe par le retour à des discussions et des liens avec la Russie.
Jean-Pierre Arrignon
Note de la rédaction: Nous publierons prochainement à cette même adresse les commentaires suscités par cet exposé parmi les auditeurs représentant la Convention pour l'Indépendance de l'Europe.
Voir aussi, à l'occasion du 70ème anniversaire de la Seconde Guerre Mondiale: http://blogjparrignon.net/asc2i/le-role-de-lurss-dans-la-seconde-guerre-mondiale/
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