Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 28 novembre 2011

Koltchack le héros blanc de Sibérie

Koltchack le héros blanc de Sibérie

par Jean Bourdier

Ex: http://anti-mythes.blogspot.com

 

kolchak.jpgCertaines familles semblent vouées dès l'abord - on pourrait presque dire « abonnées » - à des destins exceptionnels. Tel fut le cas de la famille Koltchak.

Les ancêtres de l'amiral Alexandre Vassilievitch Koltchak, commandant en chef des Armées blanches de Sibérie durant la guerre civile qui suivit la révolution rouge de 1917, étaient, en fait, bosniaques. L'un d'eux, pacha de l'Empire turc, fut fait prisonnier par les Russes en 1739, alors qu'il combattait en Moldavie, et décida de devenir Cosaque et de se fixer en Russie. Toute une lignée de militaires valeureux était ainsi inaugurée.

C'est au cours de la guerre de Crimée que Vassili Koltchak, père de l'amiral et lui-même brillant officier du génie, connut une aventure hors du commun. Comme, après la prise du fort de Malakoff, des soldats français s'employaient à dégager un monceau de cadavres russes, ils s'aperçurent que l'un des « morts » respirait encore.

Vassili Koltchak se rétablit et termina sa carrière comme général, après avoir écrit un livre à succès « en captivité », sur son expérience de prisonnier de guerre.

Son fils Alexandre, né en 1872, a choisi, quant à lui, la marine et, d'emblée, sa carrière s'annonce fort brillante à plus d'un égard. Il s'est spécialisé dans les rercherches hydrographiques et océanographiques, sujets sur lesquels il publia des articles qui commencent à faire autorité.

En 1899, à l'âge de vingt-sept ans, il accompagne dans l'Arctique un célèbre explorateur polaire, le baron Toll. Il revient au bout de deux ans, Mais, en 1903, repart à la recherche du baron dont on est sans nouvelles.

Un mariage mouvementé

Cette fois, deux événements vont marquer son retour, en 1904 : le déclenchement de la guerre russo-japonaise et un mariage qui va se dérouler dans d'assez étranges conditions. S'étant rendu compte qu'il n'aurait pas le temps matériel de se rendre à Saint-Pétersbourg, où habite sa fiancée, avant de rejoindre son poste à Port-Arthur, le lieutenant de vaisseau Koltchak télégraphie à son père de lui amener la jeune fille à Irkoutsk, en Sibérie orientale. Là, la cérémonie a lieu, et, le jour même, les jeunes époux regagnent l'un Saint-Pétersbourg et l'autre Port-Arthur.

Après une congestion pulmonaire qui l'immobilise quelque temps, Koltchak prend le commandement d'un mouilleur de mines et se distingue rapidement par sa compétence et sa bravoure. Blessé, il est fait prisonnier et détenu au Japon, avant de pouvoir regagner la Russie par le Canada.
En 1906, à trente-quatre ans, il se voit confier la responsabilité de l'organisation tactique au sein de la nouvelle Amirauté impériale. En 1910, il prendra le commandement du « Vladivostok », un brise-glace dont il a lui-même imposé la construction.

Le sabre à la mer

En 1911, il revient à l'état-major comme responsable du secteur-clé de la Baltique, poste où le trouvera la Première Guerre mondiale.

Il se distingue - en particulier par son utilisation des mines, - au point qu'il sera nommé contre-amiral dès 1915, à l'âge de quarante-trois ans, vice-amiral et commandant en chef de la flotte de la mer Noire en 1916.


Il occupe encore ce poste lorsque éclatent les troubles de 1917. Les marins mutinés envahissent la passerelle du navire amiral, cernent Koltchak et le somment de rendre le sabre d'honneur gagné durant la guerre russo-japonaise, qu'il porte à la ceinture. Calme, méprisant, le regard lointain, l'amiral détache le sabre de son ceinturon et le jette par-dessus bord.

- Ce qui est venu de la mer retourne à la mer, dit-il seulement.

Les mutins reculent, impressionnés. Néanmoins, l'amiral doit se mettre à la disposition du gouvernement provisoire de Kerenski, qui, se méfiant de cet officier par trop intransigeant, le charge, pour l'éloigner, d'une mission technique auprès du Secrétariat à la Marine des Etats-Unis.

Il reste plusieurs mois aux Etats-Unis, puis, au mois de novembre, le gouvernement Kerenski étant tombé, il décide de regagner la Russie en passant par le Japon. A Tokyo, il apprend l'ouverture par les Bolcheviks des pourparlers de Brest-Litovsk en fin d'un armistice avec les Allemands. Il n'est pas question pour lui de servir un gouvernement qui déserte ses alliés en pleine guerre.

Il va donc trouver l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Tokyo, sir Conyngham Greene, et lui propose, conformément à son devoir d'officier russe, d'aller combattre « si possible sur le front occidental, dans les troupes terrestres et, si nécessaire, comme simple soldat. »

De Kharbine à Orusk

L'ambassadeur britannique considère, à juste titre, que l'emploi d'un personnage de cette qualité à un rang obscur serait un incroyable gaspillage. Il télégraphie en ce sens à Londres, et, en janvier 1918, Koltchak est invité à rejoindre en Mésopotamie la mission militaire spéciale commandée par l'étonnant général Dunsterville - celui-là même qui servit de modèle à Kipling dans « Stalky and Co ».

Mais, faisant escale à Singapour, l'amiral y reçoit un message des Britanniques lui demandant de se mettre en rapport de toute urgence avec le prince Koudatchev, ambassadeur de Russie à Pékin, afin de se joindre aux dirigeants du Chemin de Fer de l'Est chinois, en Mandchourie. Il accepte avec beaucoup de réticence, pensant qu'on veut le mettre ainsi sur la touche en tant que combattant, mais se rend à Pékin pour être finalement expédié à Kharbine, au mois de mai, avec mission de réorganiser les troupes russes quelque 3.000 hommes - du Chemin de Fer.

Le climat d'intrigue, de chaos et de corruption qu'il trouve à Kharbine ne fait rien pour dissiper la méfiance initiale de l'amiral. Les Japonais, dirigés par le général Nakajima, le chef de leur mission militaire, contrôlent le territoire et tirent les ficelles. Koltchak ne l'admet pas, pas plus qu'il n'admet les prétentions du chef cosaque Semenov à se tailler un royaume personnel en Mandchourie.

Finalement, au mois de juillet, l'amiral se rend personnellement à Tokyo pour tirer la situation au clair avec le haut commandement japonais. Il n'obtient que des réponses dilatoires qui achèvent de l'exaspérer. Ce seront les Britanniques, une fois de plus, qui feront appel à lui. Afin qu'il se rende en Sibérie, où s'est installé un directoire politique pour le moins mélangé, et où une remise en ordre serait, de toute évidence, nécessaire. C'est le 13 octobre que l'amiral arrive par le Transsibérien à Omsk, où siège le gouvernement provisoire en question. On le nomme aussitôt ministre de la Guerre et de la Marine, mais il ne tarde pas à se rendre compte qu'un gigantesque coup de balai est nécessaire dans cet endroit où règnent en maîtres le marché noir et la gabegie, et où les troupes, mal encadrées et encore plus mal commandées, ont tendance à plier devant les offensives des Rouges.

Le dit coup de balai aura lieu dans la nuit du 17 au 18 novembre 1918.
En cette nuit, un détachement militaire, comprenant notamment de jeunes officiers, vient arrêter trois membres socialistes du directoire, dont le président Avksentiev, pour les conduire à la frontière. Le reste du directoire se réunit à l'aube et prononce sa propre dissolution, en demandant à Koltchak d'assumer le pouvoir suprême.

L'amiral met plusieurs heures à se laisser convaincre, mais accepte finalement en protestant de son absence totale d'esprit partisan dans le domaine politique.

« Je me fixe comme objectifs essentiels, proclame-t-il, la création d'une armée efficace, la victoire sur le bolchevisme et le rétablissement de l'ordre et de la légalité afin que le peuple puisse choisir librement et sans aucune entrave la forme de gouvernement répondant à ses vœux. »

Par moins 45 degrés

Le coup d'Etat est, dans l'ensemble, fort bien accueilli par la population, lasse de la corruption et de l'incapacité du défunt directoire. Il est également vu d'un œil très favorable par les Britanniques de la mission militaire du général Knox. Mais, du coup, il se heurte immédiatement à la méfiance et à l'hostilité du calamiteux général Janin, chef de la mission militaire française. Atteint du délire de la conspiration, cet officier général, dont la seule blessure de guerre répertoriée est une luxation de l'épaule gauche sur un quai de gare, veut à toutes forces voir « la main de la perfide Albion » derrière l'intervention de Koltchak, qu'il prend aussitôt en grippe. Il ne veut pas en démordre et son obstination maladive aboutira à livrer la Sibérie aux Rouges.

En revanche, l'accession au pouvoir de l'amiral rallie tous les suffrages du général Dénikine et de l'Armée blanche du sud de la Russie.

Dès le mois de décembre 1918, Koltchak fait reprendre l'offensive contre les Bolcheviques, avec d'appréciables succès. La jeune armée sibérienne, malgré les carences de son équipement, se bat avec brio, réussissant sur certains points du front de huit cents kilomètres sur lequel elle est engagée, à avancer de trente-cinq kilomètres par jour, par un froid de -45°. Des chefs militaires de haute valeur s'y révèlent, comme le jeune colonel Kappel, bientôt nommé général.

Mais l'amiral doit faire face à bien des problèmes. Le premier est celui de sa santé ; atteint d'une affection pulmonaire presque chronique, il est miné par la fièvre, sans, pour autant, ralentir son activité. De plus, à Omak, le désordre et le marché noir ont recommencé à sévir. Le 21 décembre, une tentative de soulèvement socialiste a été aisément jugulée par l'armée, mais les intrigues se poursuivent.

Le plus inquiétant de tout est l'attitude de la Légion tchèque, qui avait assuré, au début, une partie de l'effort militaire contre les Rouges. Cette légion avait toute une histoire. Elle avait été constituée à l'origine par Kerensky avec des Tchèques ayant servi, contraints et forcés, dans l'armée austro-hongroise et, faits prisonniers par les Russes, ayant accepté de reprendre les armes dans l'autre camp.

En mars 1918, les Bolcheviques avaient signé un accord les remettant à la disposition des Alliés. Ils devaient être acheminés avec leurs armes vers Vladivostok pour y être embarqués à destination du front occidental. Mais, en mai, alors que les trains les transportant se dirigeaient vers l'Oural, les Rouges avaient tenté de les désarmer, et de violents incidents avaient éclaté dans plusieurs gares, et notamment dans celle de Tcheliabinsk. Sur quoi, ayant mis les gardes rouges en déroute, les Tchèques avaient rejoint les forces antibolcheviques de Sibérie.

Mais ces soldats tchèques sont - à de remarquables exceptions près, comme le capitaine Rudolf Gaïda, devenu général russe à moins de trente ans - des « corps étrangers » dans les armées blanches. Beaucoup se réclament du gouvernement en exil social-démocrate fondé sous la protection des Alliés par Masaryk, qui considère Koltchak et les siens comme « réactionnaires ». Et, surtout, ils sont placés sous le commandement théorique du général Janin.

Lénine découragé

Dès le mois de décembre, ils doivent être relevés sur le front occidental et sont affectés à la garde du chemin de fer transsibérien entre Tcheliabinsk et le lac Baïkal.


Pourtant, au mois de mars 1919, l'offensive de l'armée sibérienne se poursuit avec un plein succès. Elle menace Kazan, et son objectif principal est bel et bien devenu Moscou. En avril, les troupes de Koltchak, qui progressent sur un front de trois cents kilomètres, sont à moins de six cents kilomètres de la capitale.

Le 14 mai, les Alliés adressent à l'amiral un télégramme où ils se déclarent prêts, contre certaines garanties politiques, à tenir le gouvernement d'Omsk comme représentant l'ensemble de la Russie, une assemblée constituante devant être convoquée« dès l'arrivée à Moscou ».

Koltchak répond favorablement, en faisant tenir un double de sa correspondance à Dénikine, qui, le 30 mai, dans un ordre du jour daté d'Eksterinoder, reconnaît spontanément l'autorité de l'amiral « comme le chef suprême du gouvernement russe et le commandant en chef de toutes les armées russes ».

Malgré les tergiversations des Alliés - et, en particulier, il faut bien le dire, des Français la partie semble presque gagnée pour les Blancs. D'autant qu'au Sud, les troupes de Dénikine ; passées, le 2 mars, à une offensive ayant connu, deux mois durant, un sort incertain, ont fini par s'imposer - à quarante-cinq mille contre cent cinquante mille Rouges - et avancent de telle manière qu'une jonction avec Koltchak est envisagée.

C'est au point qu'à Moscou, Lénine se laisse aller à une déclaration pieusement tue, maintenant, par les historiographes marxistes :
« C'est entendu, nous avons raté notre coup. Mais notre grande réussite peut se résumer par une comparaison capitale : à Paris, la Commune avait tenu quelques jours. En Russie, elle aura tenu quelques mois... »

Il est vrai qu'à la différence de son compère Trotski, toujours tenace, combatif et courageux, Lénine était facilement lâche devant l'événement comme il le montra aussi bien à Pétrograd en 1917 que lors de l'offensive du général Ioudénitch, commandant l'Armée blanche du nord-ouest, en octobre 1919. Mais sa réaction n'en demeure pas moins significative.

Malheureusement, la situation ne tarde pas à se dégrader sur le front tenu par les troupes sibériennes. A la fin du mois de mai 1919, alors que la victoire semblait en vue, la progression est stoppée. Puis on commence à reculer devant des forces bolcheviques considérablement renforcées et, surtout, mieux équipées et mieux ravitaillées.

L'Armée blanche de Sibérie a, en effet, des lignes de communication dangereusement étirées. Et si, depuis quelque temps, des navires alliés ont commencé à débarquer du matériel à Vladivostok, son acheminement jusqu'à la zone du front est extrêmement difficile, long et hasardeux.

En juin, l'armée sibérienne du centre doit se replier, et l'armée du nord, commandée par Gaïda, est contrainte de suivre le mouvement pour n'être pas prise à revers sur son flanc gauche. Durant tout l'été, la retraite se poursuit.

Face aux intrigues

A Omsk aussi, le temps se gâte. Les revers militaires n'ont fait qu'attiser les intrigues diverses, menées aussi bien par les politiciens locaux que par certains représentants des Alliés. Koltchak, de plus en plus miné par la maladie, continue néanmoins à se battre sur tous les fronts.

La corruption qui continue à régner parmi les fonctionnaires et même certains officiers indigne l'amiral.

Il mène une existence austère, sort peu, ne reçoit pas, n'assiste qu'aux dîners officiels et ne participe en rien à cette « dolce vita » fin de siècle qui fait tant de ravages parmi les cadres anciens et nouveaux du Gouvernement local.

Certes, il a une maîtresse, mais, bien qu'étant de notoriété publique, cette liaison unique, visiblement fondée sur des sentiments profonds, décourage les amateurs de scandales.

De plus, Anna Timireva, femme séparée d'un amiral, ancien subordonné de Koltchak, n'est pas de celles qui suscitent l'esclandre.

Le dernier convoi

Au mois d'octobre, l'offensive rouge est devenue carrément impossible à enrayer. Du côté sibérien, on ne compte plus guère que sur l'hiver pour ralentir la progression des Bolcheviques, mais l'hiver, précisément, tarde à venir cette année-là.

Le 10 novembre, les avantgardes rouges ne se trouvent plus qu'à une soixantaine de kilomètres d'Omsk, déjà abandonnée par les missions militaires alliées. Et le 14, la 27e Division rouge s'emparera de la capitale après quelques brèves escarmouches.

Le Gouvernement s'est embarqué quatre jours plus tôt en direction d'Irkoutsk. Koltchak, lui, attend le dernier moment et ne part que quelques heures avant l'entrée des troupes rouges dans les faubourgs d'Omsk.

Il a pris place avec Anna Timireva, son état-major, sa garde personnelle et quelques civils, à bord d'un extraordinaire convoi de sept trains, dont l'un, comportant, vingt-neuf fourgons clos, transporte la réserve d'or du Gouvernement russe, stockée en Sibérie. Il sera rejoint le 7 décembre, à la gare de Taïga, par le président du conseil, Victor Pepelaïev.

Ce dernier voyage de l'amiral va prendre rapidement les allures d'un véritable chemin de croix. Autour de lui, tout s'effrite et tout s'effondre. Les Tchèques, soutenus par l'éternel général Janin, sont passés de la neutralité hargneuse à un véritable sabotage.

Et, le 13 décembre, à la gare de Marinsk, ils n'hésitent pas à faire passer le convoi de Koltchak sur la voie annexe - où l'on n'avance qu'à vitesse réduite en raison de l'encombrement. Toutes les protestations envoyées par l'amiral, tant au général Janin qu'au général Syrovy, commandant les troupes tchèques, restent vaines. La trahison est en train de se consommer.

La situation est telle que, le 16 décembre, le jeune général Kappel, devenu commandant en chef des troupes sibériennes, envoie à Syrovy un télégramme furibond où il exige du général tchèque réparation immédiate. C'est en vain.

Cependant, à Irkoutsk, une organisation regroupant les socialistes révolutionnaires et les mencheviks tente un putsch. Bientôt, la ville se trouve partagée entre elle et les troupes fidèles à Koltchak...

L'amiral trahi

Le 5 janvier 1920, Janin fait transmettre à l'amiral, toujours bloqué par les Tchèques, la proposition suivante : il sera escorté jusqu'à Irkoutsk par les Alliés, mais à la condition qu'il abandonne son convoi et voyage dans un seul wagon. Après quelques hésitations, Koltchak accepte, et, le 8 janvier au soir, l'unique wagon, accroché à une locomotive, s'ébranle, avec, à son bord, l'amiral, Anna Timireva et Victor Pepelaïev. des sentinelles tchèques armées stationnent dans les couloirs. Et lorsque, le 15, le train arrive à lrkoutsk, ce sont des miliciens socialistes à brassards rouges qui occupent les quais de la gare : l'amiral Koltchak vient d'être livré à ses ennemis...

D'ailleurs, deux officiers tchèques montent à bord du train et précisent : sur ordre du général Janin, l'amiral et ses compagnons vont être remis aux « autorités politiques locales ».

Koltchak conserve son calme glacial.

- Ainsi, c'est vrai, dit-il simplement, les Alliés m'ont trahi...

Le 20 janvier, les dirigeants socialistes cèdent officiellement la place à un « Comité révolutionnaire » bolchevique, et le lendemain, 21, Koltchak est appelé à comparaître devant une « Commission d'enquête extraordinaire » de cinq membres, présidée par les commissaires politiques rouges Tchoudnovsky et Popov. Coïncidence : l'aimable général Janin est parti pour un long et mystérieux voyage...

Une double exêcution

Mais un homme n'abandonne pas la partie : Kappel.

Avec son adjoint Voitzek-Hovsky et les maigres troupes qui lui restent, il est décidé à sauver l'amiral à tout prix. Il fonce vers Irkoutsk, et, le 20 janvier, s'empare de Nijneoudinsk. Mais le jeune général a les deux jambes gelées et les poumons atteints. Il refuse de se faire évacuer et continue sa route sur un simple traîneau, sur la neige. Le 27 janvier, il expire, en passant son commandement à Voitzekhovsky.

Celui-ci est son digne successeur. Enlevant à un train d'enfer ses troupes, pourtant épuisées, il arrive le 5 février aux portes d'Irkoutsk en ayant tout balayé sur son passage.

Le jour même, la « Commission d'enquête extraordinaire », muée en tribunal avec l'approbation du soviet de Tomsk, a décidé de faire fusiller Koltchak et Victor Pepelaïev. Les deux condamnés sont amenés au bord de la rivière Outchakovka, entièrement gelée. On a creusé un trou dans la glace. Ayant récité leurs prières, les deux hommes viennent se mettre devant, le dos à la rivière. Koltchak a refusé qu'on lui bande les yeux.

Une salve, puis une seconde.

Frappés à mort, les deux corps ont basculé dans l'eau immobile. Au-dessus d'eux, la glace commence à se reformer.


Jean Bourdier, National Hebdo février 1988.
_________________

mercredi, 12 octobre 2011

J'avais un camarade par Angerfist62


J'avais un camarade par Angerfist62

00:05 Publié dans Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, légion étrangère, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 10 octobre 2011

La Legion marche par Angerfist62


La Legion marche par Angerfist62

00:05 Publié dans Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : militaria, musique, légion étrangère | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 05 octobre 2011

Une armée très secrète aux ordres d'Obama

Ferdinando CALDA:

Une armée très secrète aux ordres d’Obama

8834623580387898.jpgLe “Washington Post” révèle quelles ont été les opérations menées par le “Joint Special Operation Command”, une unité de combat qui a reçu l’autorisation de tuer et qui n’est aux ordres que du seul Président

Mardi 6 septembre 2011, le général américain David Petraeus a pris officiellement la direction de la CIA, en succédant à Leon Panetta, devenu, lui, secrétaire à la défense. La nomination de l’ancien commandant des forces américaines en Irak puis de la coalition internationale en Afghanistan est considérée par bon nombre d’observateurs comme un pas de plus vers la “militarisation” de l’agence de renseignement américaine.

Ce dangereux glissement vient d’être confirmé par un article récent du “Washington Post”, dans lequel l’auteur démontre que, depuis l’attaque du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles, la CIA est devenue de plus en plus “un groupe paramilitaire, sans pour autant avoir le devoir de responsabilité et de transparence que l’armée est tenue de garantir”. C’est là, pour d’aucuns, un véritable “retournement mortel”, qui a transformé les renseignements américains en une agence d’espionnage et en une “incroyable machine à produire la mort”, pour paraphraser un ancien agent secret. Il suffit de penser que de 2001 à aujourd’hui les bombardements par drones ont tué un peu moins de trois mille personnes.

Mais le “Washington Post” rappelle quelques aspects plus particuliers encore de cette évolution: la guerre secrète détient actuellement une portée bien plus vaste et la lutte contre le terrorisme, telle qu’elle est envisagée par la Maison Blanche, est désormais soustraite à tout contrôle de l’opinion publique et, surtout, du Congrès. En citant un extrait du livre, récemment publié, de deux journalistes, Dana Priest et William M. Arkin, intitulé “Top Secret America: The Rise of the New American Security State”, le quotidien explique comment s’organise depuis quelques années le “Joint Special Operation Command” (JSOC), une unité militaire d’élite, ultra-secrète, qui opère au-delà de toutes les obligations qui incombent normalement à la CIA elle-même. Il s’agit d’une véritable armée parallèle aux effectifs de 25.000 hommes, dotés de leurs propres drones, de leurs propres avions de reconnaissance et même de leurs propres satellites. Et surtout, il ne faut pas oublier ceci: ils ont le droit de tuer. Le Président —l’unique personne, mis à part le chef du Pentagone, à laquelle ils doivent rendre des comptes— a autorisé les hommes du JSOC de sélectionner des particuliers dans la liste noire qu’ils ont reçue et de les tuer (inutile de préciser: sans aucune autre forme de procès et sans justification de la moindre preuve).

C’est donc ce qui s’est passé en mai dernier, lorsque ces hommes ont pénétré sur le territoire pakistanais pour éliminer Ousama Ben Laden. Ou encore en avril 2006, quand ils ont tué le chef d’al-Qaeda en Irak, Abou Moussab al-Zarqawi. De plus, grâce au caractère secret de leurs missions, ils ont pu mener des actions dans des pays qui ne sont pas en guerre avec les Etats-Unis, comme le Yémen, la Somalie, les Philippines, le Nigéria et, finalement, la Syrie.

“Nous sommes la matière obscure. Nous sommes la force qui meut l’univers, mais que l’on ne peut pas voir”, a dit, en se vantant, un membre du Corps d’élite des Navy Seals. Et cet homme ajoute: “La CIA n’a ni les dimensions ni l’autorité requise pour faire les choses que nous, nous faisons”.

En effet, les deux journalistes du “Washington Post” notent dans leur livre que si la CIA, avec ses propres drones et forces paramilitaires, a tué des milliers de persones, chefs d’Al-Qaeda et moudjahiddins de cette mouvance, la JSOC en a tué beaucoup plus. Ainsi, si la CIA a capturé et interrogé avec des “méthodes peu orthodoxes” une centaine de “suspects de terrorisme”, la JSOC en a capturé et interrogé “dix fois plus”.

Ferdinando CALDA.

( f.calda@rinascita.eu ).

(article tiré de “Rinascita”, Rome, 9 septembre 2011, http://www.rinascita.eu ).

mardi, 30 août 2011

Prof. Buela: Sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

naval-bateau-flott.jpg

Entretien avec le Professeur Alberto Buela sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

Ex: http://fr.novopress.info/

Buenos Aires (NOVOpress) – L’accord de coopération franco-brésilien pour la construction de sous-marins d’attaque est passé largement inaperçu et peu de commentateurs en ont pris la juste mesure. Nous avons interrogé le professeur Alberto Buela, un des rares spécialistes argentins de géopolitique, pour qu’il mette en perspective les ambitions navales du Brésil.

Novopress : vous êtes un spécialiste reconnu de la géopolitique et de la géostratégie du continent américain. Comment analysez-vous les ambitions maritimes du Brésil, mises en lumière par le récent accord franco-brésilien sur la construction de sous-marins d’attaque ?
 
Alberto Buela : Depuis toujours le Brésil ambitionne de se bâtir une sphère d’influence dans l’Atlantique sud, notamment en se constituant un corridor maritime entre ses côtes et l’Afrique occidentale, plus particulièrement (mais pas uniquement) en direction des pays de langue portugaise et française. Cet intérêt explique la forte présence diplomatique brésilienne dans ces pays qui contraste avec le peu d’intérêt manifesté par l’Argentine pour ce continent.

 

L’inspirateur de cette politique n’est pas un penseur d’aujourd’hui. De même que les Nord-Américains sont encore influencés par les théories d’Alfred Thayer Mahan (1840-1914), les Brésiliens n’ont pas oublié les écrits du penseur « intégrationniste » portugais Antonio Sardinha (1888-1925) dont l’ouvrage majeur A Aliança Peninsular défend la thèse de la transformation de l’Atlantique sud en « mare nostrum » d’une alliance ibero-américaine.

Quand le Brésil décide de se doter d’une flotte de sous-marins d’attaque, un des outils de la puissance souveraine les plus efficaces mais aussi les plus coûteux, le fait-il dans une perspective purement nationale ou cherche-t-il à devenir le champion des nations du cône sud du continent ?
 
Alberto Buela : ne vous laissez pas leurrer par le nom que les marchands d’armes lui donnent. Grâce à sa grande autonomie et à sa faible signature, le sous-marin d’attaque est avant tout une arme de dissuasion. Cette future flotte sous-marine brésilienne sera un argument solide pour asseoir la suprématie militaire de Brasilia en Amérique du sud et pour conserver la tête de file d’une communauté régionale de défense intégrant les nations du cône sud de l’Amérique.

 

En Argentine nous vivons depuis 2003 dans le cadre d’un régime social-démocrate qui a écarté avec horreur le conflit armé du champ des options permises au politique. Depuis cette date, les gouvernements successifs poursuivent une politique obstinée de démantèlement des Forces armées dans leurs trois composantes, Terre, Air et Mer.

Comment interprétez la collaboration entre le Brésil et l’Argentine dans le domaine de l’énergie nucléaire, plus particulièrement dans le domaine si avancé de la construction de chaudières nucléaires embarquées ?
 
Alberto Buela : au cours des années 1990, le Brésil était très en retard par rapport à l’Argentine dans les domaines de la recherche et de l’industrie nucléaires. Mon pays était aussi plus en avance dans la technique de construction de sous-marins grâce aux accords de coopération germano-argentins. Malheureusement, le gouvernement du président Menem a condamné les chantiers navals spécialisés Domecq García et il remis à plus tard le financement de la recherche nucléaire. Aujourd’hui, c’est le Brésil qui prend le relais en acceptant une coopération qui rend service aux deux pays, en valorisant la recherche argentine dans les réacteurs nucléaires de petites dimensions et en renforçant la capacité industrielle brésilienne.
 
Le tir de la fusée argentine Gradicom II est-il le signal d’une renaissance des Forces armées de votre pays ?
Alberto Buela : le tir du vecteur Gradicom II est un vieux projet ressorti des cartons. Cet essai réussi ne veut pas dire que la mise en quarantaine de l’armée touche à sa fin dans mon pays.
 
Quelle peut-être la réaction du Chili face à un éventuel rapprochement entre l’Argentine et le Brésil ?
 
Alberto Buela : le Chili s’est toujours méfié d’une possible alliance entre le Brésil et l’Argentine. Mais les circonstances ont changé depuis les affrontements entre nos trois pays au cours du XIXe siècle. Aujourd’hui le Chili a absolument besoin du corridor terrestre qui relie Santiago avec la région métropolitaine de Sao Paulo. Le « grand espace » que forment désormais les grandes nations du cône sud de l’Amérique impose sa dynamique aux nationalismes rances hérités du passé.
 
Comment voyez-vous les dix années à venir pour l’Atlantique sud ? Les Anglais ont-ils raison d’avoir peur ?

Alberto Buela : les Anglais possèdent une base puissante aux îles Malouines, dotée des équipements de détection les plus sophistiqués et d’avions de combat les plus modernes. Cette situation ne changera pas dans un avenir proche.

Entretien avec le Pr Alberto Buela sur l'accord franco-brésilien pour les sous-marins d'attaque

Le professeur Buela photographié pendant un entretien à Madrid en novembre 2008

En revanche, une communauté de destin des nations du sud du continent, renforcée par une force aéronavale conjointe argentine, brésilienne et chilienne, chargée d’assurer la défense régionale, change la donne. Elle encourage les autres nations à nous traiter avec davantage de respect, notamment les puissances qui pillent nos ressources maritimes.

Mais nous devons être réalistes. Tant que le Brésil et l’Argentine ne seront pas capables de montrer le chemin en constituant une force navale conjointe, les Anglais n’ont rien à craindre. En outre, tant que les Argentins resteront obnubilés par leurs problèmes internes et qu’ils n’accorderont pas à leur inimitié avec le Royaume Uni l’importance qu’elle mérite, Londres peut dormir sur ses deux oreilles.

Enfin, de la même manière que le Brésil et l’Argentine se rapprochent, dans l’hémisphère nord les Anglais cherchent à se rapprocher des Français pour compenser leur inéluctable affaiblissement. Nous devons donc prendre en compte non plus un affrontement qui opposerait les nations américaines à l’Angleterre, mais à une alliance franco-britannique. Alors, les données du jeu ne seront que plus complexes.

dimanche, 07 août 2011

La liberté, la démocratie, l'autonomie, mais non sans une défense forte

drapeau-suisse.jpg

La liberté, la démocratie, l’autonomie, mais non sans une défense forte

Envisager l’avenir avec une conscience historique fondée sur des faits –  correctif nécessaire à la falsification de l’histoire par le Rapport Bergier

par Tobias Salander

Ex:http://www.horizons-et-debats.ch/

A quelles conditions les citoyens suisses de 2011 peuvent-ils envoyer au monde le message selon lequel ils veulent conserver leur liberté, leur démocratie et leur autonomie et en même temps rester le peuple le plus pacifique mais le plus apte à se défendre? C’est à cette question, posée à temps dans une période de grave crise économique et financière aux répercussions encore imprévisibles en Occident, en particulier dans les zones dollar et euro, que répond une nouvelle étude sur l’histoire de la Suisse entre 1933 et 1945 due à la plume d’un économiste et ex-commandant de bataillon d’infanterie qui a travaillé pour la Banque mondiale, l’ONU, l’OCDE, divers gouvernements et commanditaires privés dans plus de 100 pays.
S’appuyant sur une quantité de publications scientifiques concernant la Seconde Guerre mondiale, Gotthard Frick, dans son livre intitulé «Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945» propose une vision nouvelle et complète de la manière dont la Suisse a affirmé son autonomie et ses valeurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il indique les leçons à en tirer pour l’avenir et apporte un correctif aux travaux de la Commission Bergier. Cet ouvrage peut être chaudement recommandé à tous les citoyens et en particulier aux professeurs d’histoire et à leurs élèves. Il nous offre une vision de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale qui, loin de tout dénigrement idéologique, rétablit les faits, vision que tous ceux qui les ont vécus ne pourront que confirmer.
Après les attaques des années 1990 contre la Suisse commandées par certains milieux financiers de la côte Est des Etats-Unis et livrées par une cinquième colonne de pseudo-artistes, de personnes «fatiguées de défendre la patrie» (Heimatmüde), de girouettes et de carriéristes vendus et vulnérables au chantage qui auraient voulu, au moyen d’une vaste manipulation psychologique, pousser le pays à intégrer le nouvel ordre mondial, Frick réussit, en évaluant clairement les événements historiques connus, à ressusciter la volonté du pays à affirmer son autonomie et ses valeurs et à aiguiser sa perception de l’avenir. Il ne s’agit pas pour lui uniquement d’apporter une contribution au débat sur l’avenir de l’Armée suisse. Si, à l’époque, il valait la peine de consentir d’importants sacrifices pour éviter la guerre au pays, il faudrait aujourd’hui également «engager des réflexions exhaustives et à long terme si nous voulons préparer notre pays à un avenir qui sera sans doute beaucoup plus difficile et exigeant et peut-être aussi beaucoup plus menaçant que ne le pensent aujourd’hui de nombreuses personnes». (p. 2 sqq.) Ce sont là des réflexions qui ne devraient pas être abordées sérieusement qu’à l’occasion des cérémonies du 1er-Août.

Ceux qui empêchent leurs concitoyens d’envisager le passé les privent d’une vision personnelle de l’avenir. Les interprétations tordues dont les idéologues de la Commission Bergier ont inondé le peuple – ils n’ont pas apporté de faits nouveaux mais uniquement des interprétations erronées de l’histoire – doivent maintenant être démontées patiemment pièce après pièce. Gotthard Frick a le grand mérite d’avoir accompli ce précieux travail d’assainissement. Son évocation de la volonté des Confédérés d’affirmer leur autonomie dans une situation difficile, c’est-à-dire entre 1933 et 1945, est si claire, si respectueuse des faits et toujours envisagée dans la perspective de l’époque actuelle qu’elle peut constituer pour la jeunesse un repère, un point d’ancrage à partir duquel elle pourra s’attaquer aux problèmes de l’heure en étant pleinement conscients de ce qu’ont réalisé nos ancêtres et de la spécificité de notre histoire, celle d’un peuple qui ne voulait pas se laisser asservir, qui aimait la liberté par-dessus tout et voulait prendre en main ses affaires, mais toujours en tenant compte de la situation, sensibles au sort du prochain au-delà des frontières, solidaires et apportant son aide en cas de nécessité. Frick nous offre un contrepoint bienvenu aux machinations déjà mentionnées et aux nouvelles machinations dont l’objectif facile à déceler est de faire entrer la Suisse dans l’UE et l’OTAN, à en faire par conséquent une vassale et un soutien occulte des intérêts des grandes puissances.

Chaque pays a une armée: la sienne ou une armée étrangère

Mettons l’accent sur certains aspects de la présentation de Frick qui sont importants pour notre époque: l’évocation concise des conquêtes d’Hitler et des plans des Alliés – que l’auteur ne présente pas dans l’ordre chronologique mais selon les motifs qui les sous-tendent et cela d’une manière éclairante – montre une chose qui doit paraître évidente aux personnes à l’esprit social et pacifiste: Dans un monde où il n’y a finalement, entre les Etats, jamais d’amitiés mais seulement des intérêts, il n’y a pas de place pour la liberté et la dignité quand les pays démocratiques n’envisagent ni ne préparent les situations de crise. Frick explique qu’on peut développer l’Etat providence, se déclarer neutre avec fierté et ne pas investir dans l’armement. Mais alors on ne doit pas s’étonner si la situation politique se modifie du jour au lendemain et si un pays autrefois ami vient remplir le vide ainsi créé. C’est ce qui s’est passé en 1940 avec le Danemark et la Norvège et ce serait de nouveau possible aujourd’hui. On pourrait dire que nous ne nous défendrons pas en cas d’attaque parce qu’il serait absurde de le faire contre une puissance plus forte. Quelles seraient les conséquences? L’occupant déporterait les hommes et les forcerait à travailler dans l’industrie d’armement pour remplacer les travailleurs et les paysans qui combattent dans l’armée de l’agresseur. Peut-être qu’on les contraindrait à se battre au sein de la machine de conquête, à tuer, ne serait-ce que pour ne pas être tués. Ces conséquences effroyables qu’ont subies les pacifistes belges, danois, norvégiens, français, etc. mais aussi ceux qui se sont bien défendus mais ont été vaincus, comme les Serbes, Frick les décrit fort bien et il détruit de manière salutaire l’illusion consistant à croire qu’on pourrait rester passif aujourd’hui, et que ce ne serait pas si terrible d’être asservi. Pour Frick, l’histoire dément cette attitude de manière douloureuse.

Des voix étrangères louaient la Suisse

S’appuyant sur une quantité de documents de généraux, d’hommes d’Etat et de journalistes, l’auteur montre que les efforts de défense de la Suisse, en particulier la création du Réduit national, étaient pris très au sérieux, et pas seulement en Allemagne. Grâce à ces déclarations d’éminents étrangers, il donne une image authentique de la Suisse de l’époque (cf. les encadrés). La Suisse n’y apparaît pas comme antisémite. Au contraire, dans l’opuscule «Welt-Dienst» de l’Erfurter Verlag – qui était financé par l’Etat – elle est décrite rageusement comme «le seul paradis d’Europe pour les juifs» (p. 15). Il n’y est pas question d’un prétendu défaitisme des Suisses mais de leur esprit combatif et de leur capacité à se défendre qui pourrait donner du fil à retordre à la Wehrmacht. C’est ce qu’écrivait le général des troupes de montagnes de la Wehrmacht Franz Böhme, qui se suicida pendant sa détention par les Alliés à Nuremberg, dans son étude relative à une éventuelle attaque contre la Suisse. Le Times de Londres soulignait qu’aucune armée au monde ne pouvait mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’armée suisse et l’étude Tannenbaum de la Wehrmacht de 1940 confirme cette appréciation, bien qu’avec d’autres arrière-pensées.
Le «Kleines Orientierungsheft Schweiz» de l’état-major de l’armée de terre destiné aux troupes allemandes et datant du 1er septembre 1942 écrit à propos du système de milice suisse – que les idéologues de la Commission Bergier ont toujours dénigré: «Le système suisse de milice permet d’engager l’ensemble des soldats à un coût relativement modique. Il entretient l’esprit combatif très marqué depuis toujours dans le peuple suisse et permet la mise sur pied d’une armée qui, vu la petite taille du pays, est très forte, organisée de manière efficace et rapidement opérationnelle. Le soldat suisse se distingue par son amour de la patrie, sa résistance et son endurance.» (p. 55)

Le général Böhme est plein d’admiration pour le Réduit

Le général Böhme écrit à propos du Réduit – que les falsificateurs de l’histoire de la Commission Bergier considèrent comme un mythe: «La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.» (p. 57)
Cela semble étrange de voir vanter la valeur de nos ancêtres par un militaire de la Wehrmacht alors que grâce à des mensonges ordonnées par l’Etat, on voulait nous faire croire le contraire.
Frick montre parfaitement combien la préparation du retrait par le général Guisan du gros de l’Armée dans le Réduit était réfléchie et prévoyante. La faute capitale des généraux polonais, consistant à vouloir maintenir un front de 1500 kilomètres au lieu de s’appuyer sur les alliés naturels que sont les cours d’eau et de concentrer les forces armées, fut étudiée avec beaucoup d’attention par le général Guisan et son état-major. Ainsi, il fallut abandonner la ligne de défense de la Limmat établie à grands frais après la défaite française parce qu’elle était devenue inutile. Même si le flanc ouvert du Jura représenta pendant quelques semaines un danger considérable, il fut possible, grâce à un peu de chance, de mettre en place le Réduit sans que la Wehrmacht ne profite de la situation. La Suisse suivait aussi attentivement la lutte pour défendre les Alpes du Sud de la France où les troupes françaises résistèrent victorieusement aux forces de Mussolini et d’Hitler et elle pensait être sur la bonne voie avec son idée de forteresse alpine. Cela met dans un grand embarras les chefs de la guerre psychologique de la Commission Bergier avec leur dénigrement subjectif et fielleux de la conception du Réduit.

Les Alliés auraient pu raccourcir la guerre de plusieurs années

Frick réfute un autre argument incroyable, car sans aucun fondement, de notre cinquième colonne qui veut que la Suisse ait prolongé la guerre. Il constate en effet que les Alliés auraient pu réduire la durée de la guerre de plusieurs années en bombardant les installations allemandes de production de carburant. Les nazis savaient parfaitement que c’était leur talon d’Achille. Mais que s’est-il passé? Frick montre sans équivoque que les Alliés ont bombardé la population civile sans défense des villes protégée pourtant par le droit international. Ce fut un crime de guerre sans précédent au regard dudit droit et la plus grave erreur au point de vue stratégique. Ou ce «moral bombing», comme le qualifièrent Harris-la-Bombe et Churchill, n’était-il pas une erreur mais visait un autre objectif? Malheureusement, nous n’en saurons rien tant que les Alliés n’auront pas déclassifié les documents secrets de la Seconde Guerre mondiale. Il paraît qu’ils représentent plus de la moitié de la totalité des documents. Le fait que cela n’ait pas été fait après le délai habituel de quelques décennies est de mauvais augure.

La défense du pays aujourd’hui en 10 points

D’une part les mises au point de Frick nous permettent d’éclaircir nos idées et constituent un antidote à l’entreprise de démoralisation effectuée par la Commission Bergier et d’autre part son résumé en 10 points nous fournit des indications précieuses sur la manière dont nous pouvons tirer profit des leçons de l’histoire aujourd’hui dans une situation non moins explosive, si nous voulons garder la tête droite.

1.    Fidélité aux valeurs spirituelles

La condition la plus importante qui permet à un peuple d’affirmer son autonomie est la fidélité à ses valeurs spirituelles. Elles donnent au peuple la force morale de subsister dans les situations extrêmes. Ce sont en Suisse les valeurs suivantes, telles qu’elles sont confirmées par les sources étrangères de l’époque de la guerre et que seuls les idéologues de la Commission Bergier tournent en dérision: l’amour de la patrie, l’indépendance, la démocratie directe, le fédéralisme, le pacifisme associé aux capacités de défense, «c’est-à-dire la volonté, en cas d’agression, de défendre ces valeurs et l’intégrité territoriale du pays jusqu’à épuisement de toutes les ressources humaines et matérielles, sans se poser de questions sur les chances de succès.» (p. 116)
Le respect d’autrui et des convenances ainsi que le maintien de relations normales avec tous les Etats ont toujours fait partie de ces valeurs.

2. Cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur

Une autre condition importante de l’affirmation de soi réside pour Frick dans la cohésion politique vis-à-vis de l’extérieur. L’auteur insiste sur le fait que contrairement à d’autres pays, les puissances étrangères n’ont pas réussi à instrumentaliser les partis gouvernementaux suisses pour qu’ils défendent leurs intérêts. Même pour le Parti socialiste, la défense du pays était devenue, certes tard, «l’alpha et l’oméga de la politique suisse» (Oprecht, président du Parti).

3.    Solidarité sociale

Il fallait également à l’intérieur une solidarité sociale. «Elle suppose une certaine mesure de la part de ceux qui détiennent le pouvoir économique et la conscience du fait que la force économique implique une responsabilité à l’égard de la société.» (p. 117) alors que les plus faibles renoncent aux luttes sociales. L’accord de paix entre employés et employeurs de l’industrie mécanique, de même que les allocations pour perte de gain et le rationnement alimentaire garantissaient que personne ne tomberait dans la misère en raison de son engagement pour la défense du pays.

4.    Une armée crédible capable de se défendre

Le 4e point de Frick est la capacité de défense et la mise sur pied d’une armée crédible. L’attaque de la Suisse doit apparaître trop chère à tout agresseur potentiel et s’il se risque quand même à attaquer, il doit s’attendre à des combats long et acharnés. Cependant cela présuppose de bons équipements, une instruction rigoureuse préparant à la guerre, de la discipline et une grande indépendance des chefs et des soldats. Si l’on néglige la capacité de se défendre, il devient difficile de la rétablir en peu de temps. (Précision importante face au concept de «montée en puissance» d’Armée XXI!)
L’histoire apporte un démenti à ceux qui croient que l’on est épargné si l’on renonce à se défendre. Les conséquences en sont les prises d’otages, le recrutement de travailleurs forcés ou l’incorporation des hommes dans l’armée de l’occupant pour servir de chair à canon. «Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs parfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (p. 119)

5.    Les Etats n’ont que des intérêts

Pour Frick, citant un Premier ministre anglais de jadis, les Etats n’ont ni amis ni ennemis, mais uniquement des intérêts: «Les petits pays surtout devraient se souvenir de cette maxime. Toutes les parties aux conflits n’agissent finalement qu’en fonction de leurs intérêts. Les sentiments d’amitié, l’identité des valeurs, la démocratie, les droits de l’homme n’ont joué aucun rôle quand il s’agissait de prendre des décisions.» (p. 119) A titre d’exemple, l’auteur mentionne notamment le fait que la Grande-Bretagne, entre 1939 et 1940, a étranglé économiquement la Suisse de manière impitoyable. Le ministre britannique des Affaires étrangères assura à l’envoyé de la Suisse que «la Grande-Bretagne éprouvait certes une grande sympathie pour la Suisse démocratique mais qu’elle menait un combat vital et qu’elle devait sauvegarder ses intérêts. Après la capitulation de la France, ce même gouvernement déclara qu’il était dans l’intérêt des Alliés que la Suisse maintienne sa capacité de défense et son indépendance le plus longtemps possible et qu’elle demeure un centre d’informations au cœur de l’Europe dominée par l’Allemagne. C’est pourquoi on ne devait pas exercer sur elle de trop grandes pressions économiques.» (p. 120)

6.    La neutralité implique nécessairement la capacité de se défendre

La neutralité ne protège ni des amis ni des ennemis et le pays a donc absolument besoin d’une armée crédible pour se protéger. «L’Allemagne a attaqué de nombreux pays neutres, même ceux qui, à son initiative, avaient conclu peu avant des pactes de non-agression. Mais les Alliés ont agi de même lorsque cela correspondait à leurs intérêts». (p. 121)
Pour que la neutralité soit crédible, il faut la défendre contre toutes les parties, sans égard pour les sympathies ou les antipathies. C’est dans ce contexte que Frick place la rencontre entre le général Guisan et le général SS Schellenberg. Le général a assuré le haut commandant allemand que la Suisse était déterminée à combattre tous ceux qui violeraient l’intégrité territoriale de la Suisse, également les Alliés: «Il s’agissait d’empêcher l’Allemagne d’attaquer la Suisse par précaution parce qu’elle pouvait douter de la volonté de la Suisse de résister de toutes ses forces à un passage des Alliés à travers son territoire.» (p. 122)

7.    Pas d’adhésion à des alliances

Pour Frick, il n’est jamais dans l’intérêt d’un petit pays d’adhérer à une alliance car les pays plus puissants ne font que défendre leurs intérêts même dans les alliances et utilisent les alliés plus faibles comme de la chair à canon.»

8.    Capacité de défense et de souffrance d’un peuple

Ce point concerne la capacité de défense et de souffrance des peuples qui veulent garder leur indépendance. Frick rend hommage aux Britanniques après la capitulation de la France, aux juifs affamés du ghetto de Varsovie luttant contre les SS, à l’armée de la Résistance polonaise et également à l’Union soviétique qui a compté le plus grand nombre de victimes des Allemands. En ce qui concerne la Suisse, Frick soulève la question suivante: «Nous autres Suisses jouissons aujourd’hui d’une prospérité sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Peut-on attendre d’une telle société qu’elle comprenne quelle volonté de se battre et quels préparatifs matériels sont nécessaires pour persuader un agresseur potentiel que le rapport bénéfice-coût d’une attaque est négatif et qu’elle ne vaut pas la peine d’être tentée? Et pouvons-nous nous représenter la capacité de défense et de souffrance qu’il faudrait manifester si l’agresseur ne se laissait pas dissuader et que le peuple devait résister avec son armée dans une guerre?» (p. 124 sqq.)
Et il enfonce le clou: «Quelle proximité avec la terrible réalité d’une guerre, quels risques notre peuple protégé, gâté, démocratique et attaché aux droits de l’homme permet-il à son armée au cours de la formation des soldats? Quels moyens est-il disposé à lui accorder qui la rendent suffisamment forte pour tenir une guerre future, avec ses souffrances inimaginables, le plus éloignée possible du peuple ou, dans le pire des cas, pour combattre longtemps? Car notre victoire serait de résister longtemps et non pas d’aller défiler dans la capitale du pays agresseur.» (Frick, p. 125)

9.    Réflexion à long terme

Frick invite à engager une réflexion à long terme malgré la tendance de la politique quotidienne à se limiter au court terme. On ne peut pas mettre sur pied une armée en peu de temps: «En tout cas, il faut beaucoup de temps pour créer une tradition de capacité à se défendre. Or toutes les puissances ont reconnu cette capacité à la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour Machiavel déjà, au XVe siècle, elle expliquait que les Suisses étaient le peuple le plus libre d’Europe.» (p. 125 sqq.)

10.    Les décisions de politique intérieure sont toujours des signaux envoyés à l’extérieur

Pour Frick, nous devrions être conscients «que toutes les décisions que nous prenons ne sont pas uniquement de nature intérieure. Nous envoyons par là des signaux au monde qui les reçoit et les interprète.» (p. 126) Jusqu’en 1939, la plupart des démocraties européennes ont envoyé à Hitler le signal qu’elles étaient démoralisées et qu’elles n’étaient pas prêtes à se battre pour défendre leurs valeurs. La Grande-Bretagne et la France ont leur part de responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale parce qu’à Munich, elles ne se sont pas opposées de manière catégorique à Hitler: «En capitulant, ces deux puissances ont également désavoué la population de Berlin qui, 3 jours avant Munich, avait manifesté avec détermination contre la guerre.» (p. 126) En revanche, la Suisse fit savoir sans ambiguïté qu’elle était décidée à se battre. Le chef d’état-major allemand Halder notait au printemps 1940 dans son journal de guerre qu’une attaque de la France à travers une Suisse sans défense aurait été une éventualité séduisante. Mais il dut exclure cette option car la Suisse n’était pas sans défense.

Se préparer au pire

Dans sa conclusion, Frick écrit qu’une attaque contre la Suisse ou une guerre en Europe semble aujourd’hui inimaginable à beaucoup de personnes, de même qu’après la Première Guerre mondiale, personne ne s’attendait à une nouvelle guerre mondiale. Il est dans la nature de l’homme «de considérer une longue période de paix et, de manière générale, une situation en général bonne et agréable quasiment comme un don de Dieu qui va durer indéfiniment et de refouler les éventualités effrayantes.» (p. 127) Malheureusement, bien que l’on aimerait donner raison aux optimistes, l’histoire montre que «les comportements et les décisions irrationnels, souvent associés aux instincts humains les plus vils, déterminent toujours et partout la politique et l’action militaire.» (p. 127) Comme l’homo sapiens sapiens n’a pas changé récemment, on ne peut exclure ni une guerre en Europe ni une attaque contre la Suisse, même pas au cours des prochaines années. Que ceux qui trouvent cette idée trop bizarre méditent les dernières phrases de Frick: «Qu’arriverait-il si, par exemple, le monde ou seulement l’Europe sombrait, à cause des dettes accumulées, dans une grave crise monétaire et économique, et même s’effondrait, et si les nombreuses et anciennes tensions ethniques et territoriales se déchaînaient?» (p. 128) Sommes-nous aujourd’hui, à l’été 2011, éloignés de ce scénario? La «malice des temps» invoquée par nos pères fondateurs n’est-elle pas éternelle, à notre grand regret?
Combien d’années se sont écoulées entre la prise du pouvoir par Hitler et la remilitarisation de la Rhénanie, l’écrasement de la Tchécoslovaquie et l’invasion de l’Autriche et le début de la Seconde Guerre mondiale? Trois, cinq et six ans ! C’est pourquoi Frick conclut qu’il est indispensable «que la Suisse se prépare au pire tout en espérant qu’il n’arrivera pas». (p. 128) Il y a là un espoir mais aussi un appel auquel tout contemporain vigilant et amoureux de la liberté ne peut qu’acquiescer.    •

Bibliographie
Gotthard Frick. Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945. Eine neue, umfassende Sicht auf die Selbstbehauptung der Schweiz im Zweiten Weltkrieg und die daraus für die Zukunft zu ziehenden Lehren. Eigenverlag Gotthard Frick, CH-4103 Bottmingen, Februar 2011,
ISBN 978-3-033-02948-4.

S’emparer du Réduit: une tâche difficile

 

«La défense suisse du territoire dispose d’une armée de terre qui, notamment en raison de ses effectifs élevés, représente un facteur extrêmement important. La prise du Réduit défendu par des troupes qui vont se battre avec acharnement représentera une tâche difficile.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

La Suisse représente un problème ardu

«Un dixième de la population suisse est sous les drapeaux, c’est plus que dans tous les autres pays du monde. Elle est prête à se battre pour défendre son style de vie. […] Les Hollandais seront une proie facile pour les Allemands car leur armée est misérable. La Suisse représentera un problème ardu et je doute que les Allemands vont se risquer à le résoudre.»

(William L. Shirer, journaliste américain, peu après le début de la guerre
(in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz
1933–1945, p. 54)

 

L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond

«Le désir de se battre des soldats suisses est élevé et doit être placé sur le même plan que celui des Finlandais. Un peuple qui a de bons gymnastes a toujours en de bons soldats. L’amour de la patrie des Suisses est extrêmement profond.»

Franz Böhme, général des troupes allemandes de montagne, dans un plan d’attaque de la Suisse élaboré à l’intention de la SS à l’été 1943 (in: Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 57)

 

Ce qui serait arrivé à une Suisse occupée

L’exemple de la Grèce

«La Grèce resta occupée pendant trois ans par les troupes de l’Axe. Elle fut systématiquement pillée et dut livrer au vainqueur non seulement une grande partie de son équipement industriel et de ses véhicules et machines agricoles mais également, pendant tout le temps de l’occupation, une grande partie de ses vivres. Dès le premier hiver, cela provoqua une famine catastrophique à laquelle succombèrent quelque 100 000 Grecs et 80% des nouveau-nés. […] Les Grecs menant bientôt une guerre de partisans féroce, les troupes allemandes se vengèrent souvent, comme ailleurs, en fusillant la totalité de la population – hommes, femmes, enfants – de villages situés à proximité des attaques de la guérilla ou en exécutant des otages civils.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 92 sqq.)

L’exemple de la Yougoslavie

«Ici aussi, les Allemands prirent la population civile en otage. Pour chaque Allemand tué par les partisans, on fusillait 100 otages, pour chaque blessé, 50 otages. L’auteur de l’étude de 1943 sur l’attaque éventuelle de la Suisse, le général des troupes de montagne Franz Böhme, fut, en 1941, pendant deux mois et demi, général en chef doté des pleins pouvoirs en Serbie. Pendant cette seule période, 30 000 otages furent exécutés. Jugé au Tribunal militaire international de Nuremberg, il échappa à la condamnation, le 27 mai 1947, en se suicidant.»

(Gotthard Frick, Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933–1945, p. 91)

Problèmes d’un petit Etat neutre hier et aujourd’hui

Il n’y a pas de paix sans capacité de défense

«Notre capacité de défense vieille de plusieurs siècles a toujours été la sœur jumelle de notre amour de la paix et devrait le rester à l’avenir, quoi qu’il nous réserve.» (Frick, p. 3)

Quand on ne s’attend pas à une grande guerre, on néglige l’Armée

La Suisse est un des rares pays à s’être rendu compte assez tôt du danger représenté par l’Allemagne. Elle commença à se préparer au pire. En 1934, elle commença par la protection aérienne (aujourd’hui protection civile). Le 24 février 1935, le peuple approuva le projet de défense qui ouvrait la voie à un programme d’armement extraordinaire […] Le 21 septembre 1936, la Confédération émit un emprunt de défense nationale qui rencontra un vif succès. La durée de l’école de recrues fut allongée et l’instruction améliorée. On acheta du matériel de guerre, dont des avions de combat, et l’on développa les fortifications. Mais les lacunes importantes ne purent pas être comblées jusqu’au début de la guerre. On avait pendant trop longtemps négligé l’Armée en raison de l’idée, répandue dans le peuple, qu’une autre grande guerre était impossible.» (Frick, p. 12)

Cohésion entre la gauche et la droite

Ce n’est qu’en 1938, peu avant le début de la guerre, que le président du Parti socialiste Oprecht déclara: «La défense du pays est l’alpha et l’oméga de la politique suisse. Ce changement d’attitude se produisit certes beaucoup trop tard pour préparer l’Armée à la future guerre, mais il créa, à propos de cette question décisive de politique intérieure, une cohésion entre la gauche et la droite.» (Frick, p. 13)

Renforcer les valeurs suisses

«Le Schaffhousois Oscar Frey, le conseiller national Gottlieb Duttweiler (fondateur de Migros) et le professeur Karl Meyer, firent, depuis l’été 1940, des conférences dans tout le pays au cours desquelles ils insistaient sur la nécessité et la possibilité de la résistance. Inspiré par cela, le général Guisan institua, en mai 1941, la section Armée et Foyer dont l’objectif était de renforcer les valeurs suisses dans l’Armée et la population civile et de lutter contre le défaitisme et le découragement. C’était nécessaire car au vu de l’occupation rapide de la Yougoslavie puis de la Grèce par l’Allemagne, la Suisse doutait de nouveau de ses capacités de résistance. Ces deux opérations de la Suisse, qu’Hitler n’avait pas prévues d’emblée, apportèrent un répit supplémentaire.» (Frick, p. 14)

Crise de la lutte pour la survie économique

«Avec le début de la guerre commença pour la Suisse la crise de la lutte pour la survie. Il s’agissait d’assurer l’approvisionnement en denrées alimentaires, en carburants, en combustibles, en matières premières et en produits semi-finis, de poursuivre le réarmement, de continuer à faire du commerce avec le monde et de sauvegarder les emplois. Un chômage important aurait fait le jeu de l’extrême-droite. La Suisse introduisit le rationnement et l’économie de guerre, mit en place un programme d’extension des cultures et s’assura, en créant la «protection des militaires» (aujourd’hui «régime des allocations pour perte de gain»), pour que les familles des soldats mobilisés ne tombent pas dans la misère.» (Frick, p. 19)

Brutalité extrême des Alliés

«Bien que le droit international de la neutralité autorise expressément aux pays neutres le commerce avec les parties au conflit, chacun voulait que la Suisse mette fin à son commerce avec l’ennemi et ne livre à ce dernier ni biens stratégiques ni armes. L’extrême brutalité et le manque de compréhension des Alliés, en particulier des Etats-Unis, pour la situation exceptionnelle et difficile de la Suisse ne se différenciait en rien de celle des Allemands. Le conseiller fédéral Stampfli déclarait en 1944: Nous n’avons jamais été plus mal traités par les Allemands que nous le sommes maintenant par les Alliés. Ils étaient insensibles à la sympathie, à la démocratie, à l’Etat de droit et à des valeurs similaires.» (Frick, p. 19 sqq.)

C’est l’Armée suisse qui a mobilisé le plus rapidement

«Aucune armée au monde ne peut mobiliser ses troupes aussi rapidement que l’Armée suisse. C’est ce qu’écrivait le 11 novembre 1938 le Lord-maire de Londres dans le Times après une visite en Suisse. Il recommandait au Royaume-Uni d’adopter le système suisse. L’étude stratégique Tannenbaum de l’état-major allemand datant de 1940 estimait qu’une partie des troupes de frontières serait prêtes au combat au bout de 5 heures, les brigades de frontières et de montagne et les brigades légères dans les 24 heures, les divisions et les grands états-majors, c’est-à-dire la totalité de l’Armée en 48 heures. (A titre de comparaison, le chef d’état-major allemand Halder estimait, le 27 mars 1940, que la mobilisation de 20 divisions italiennes en vue d’opérations aux côtés de l’Allemagne prendrait deux semaines. A cela il fallait ajouter le temps de déplacement vers les lieux de combat.» (Frick, p. 53 sqq.)

Le mythe tenace d’une supériorité de la Wehrmacht

«Le mythe d’une supériorité militaire prétendument écrasante en 1939/1940 de l’Allemagne nazie est tenace. Il sert aujourd’hui encore de justification aux pays d’Europe de l’Ouest – y compris à la France – qui, démoralisés, ont pour la plupart capitulé sans véritable résistance.» (Frick, p. 74)

On n’épargne pas ceux qui se soumettent

«Il existe aussi des gens prêts à se soumettre dans le but d’avoir au moins la vie sauve. Comme le montrent la Seconde Guerre mondiale et tous les conflits ultérieurs, ces individus succombent eux-mêmes à la folie guerrière, non seule­ment en tant que victimes civiles de bombardements ou d’attaques de missiles ou d’artillerie, mais parce que des forces d’occupation sans scrupules les anéantissent pour des raisons politiques, racistes ou autres. Ou encore on les exécute en tant qu’otages pour venger des soldats ou des citoyens tués par des résistants. En effet, il y a dans chaque peuple des hommes qui préfèrent combattre plutôt que d’être asservis. En d’autres termes, renoncer à se défendre ne permet pas d’épargner la population d’un pays. Il n’y a qu’une solution, qui est d’ailleurs par­sfaitement morale: défendre la paix mais posséder une armée forte prête à se battre uniquement en cas d’attaque, mais alors avec une détermination inflexible.» (Frick, p. 119)

jeudi, 21 juillet 2011

Chilenas Bellas en Uniforme Militar

Chilenas Bellas en Uniforme Militar

mardi, 19 juillet 2011

Himno de Artilleria Española

Himno de Artilleria Española

lundi, 18 juillet 2011

Himno deinfanteria espanola

 

Himno de infanteria española

mercredi, 13 juillet 2011

Heidi Brühl (1966): Hundert Mann und ein Befehl

 

Heidi Brühl - 1966

Hundert Mann und ein Befehl

00:05 Publié dans Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, musique, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 06 juillet 2011

Un message du polémarque

 

Landsknechte1.jpg

Un message du polémarque...

Cette semaine, Le Polémarque rend un hommage mérité au colonel Olrik (qui rime avec héroïque) via la plume enjouée de Jean-Jacques Langendorf et en profite pour saluer les années Cancer ! comme il se doit. A lire sur :

lepolemarque.blogspot.com

"On s'engage puis on voit"

Général von Verdy du Vernois

dimanche, 22 mai 2011

Präventivschlag Barbarossa

Präventivkrieg Barbarossa Stefan Scheil
Präventivkrieg Barbarossa
Fragen, Fakten, Antworten
                
Band 26 der Reihe
Kaplaken.
96 Seiten, kartoniert, fadengeheftet, 8.50 €

ISBN: 978-3-935063-96-8
8,50 EUR
incl. 7 % UST exkl. Versandkosten

Der Historiker Stefan Scheil ist einer der besten Kenner der Diplomatiegeschichte zwischen 1918 und 1945. In mehreren Büchern hat er Entfesselung und Eskalation des II. Weltkriegs analysiert und der platten These widersprochen, Deutschland sei alleinverantwortlich für dessen Ausbruch und Ausweitung. Im vorliegenden kaplaken faßt Scheil seine Studien zum deutschen Angriff auf die Sowjetunion im Jahr 1941 zusammen. Er stellt und beantwortet die Frage, ob es sich um einen Überfall oder einen Präventivkrieg gehandelt habe. Scheil geht in seiner Argumentation von vier Bedingungen aus, die jeden Präventivkrieg grundsätzlich kennzeichnen, und legt sie als Maßstab an das „Unternehmen Barbarossa“ an.

 

 

Scheils Untersuchung mündet in über 50 Fragen, die jeder aufmerksame Leser selbst beantworten kann, bevor Scheil die Antwort gibt. Wer die Argumentation nachvollzieht, wer die Äußerungen und Planungen von sowjetischer Seite liest und den geheimen Aufmarsch der Roten Armee an der Westgrenze Rußlands zur Kenntnis nimmt, kann zuletzt Scheils Fazit nur zustimmen: „Wenn das Unternehmen Barbarossa nicht als Präventivkrieg eingestuft werden kann, hat der Begriff Präventivkrieg seinen Sinn überhaupt verloren.“

 

 

dimanche, 01 mai 2011

Bataille de Rocroi - Film "Alatriste"

Bataille de Rocroi (1643) - Film "Alatriste"

mardi, 26 avril 2011

Le Chant des Chasseurs Ardennais

Le Chant des Chasseurs Ardennais

Oxygeno

mercredi, 20 avril 2011

Bataglione S. Marco - X-Mas

Battaglione S. Marco & X-MAS

00:05 Publié dans Histoire, Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, histoire, italie, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 18 avril 2011

Serbian Volunteers Song

Serbian Volunteers Song

00:05 Publié dans Histoire, Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serbie, militaria, musique, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 16 avril 2011

Russian Imperial March

Russian Imperial March

00:05 Publié dans Militaria, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, marche, musique, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 12 avril 2011

Legion cantando "Novio de la Muerte"

Semana Santa - Malaga 2008

Legion cantando "Novio de la Muerte"

 

00:05 Publié dans Militaria | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, musique militaire, espagne, légion espagnole | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 01 avril 2011

"Preussens Gloria" auf dem Roten Platz in Moskau

 

"Preussens Gloria" auf dem Roten Platz in Moskau

jeudi, 31 mars 2011

Marcha de los Jinetes de Fehrbelliner - Ejercito de Chile

Marcha de los Jinetes de Fehrbelliner

Ejercito de Chile

00:05 Publié dans Militaria, Musique, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, armées, musique militaire, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 30 mars 2011

Anne-Marie du 3°REI - Légion Etrangère

Anne-Marie du 3°REI

Légion Etrangère

 

00:05 Publié dans Militaria, Musique, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : légion etrangère, france, musique, armées, militaria | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 29 mars 2011

Quarante ans de guerres secrètes contre la Libye

kadhafi-jeune.jpg

Quarante ans de guerres secrètes contre la Libye

par Wissem Chekkat

Ex: http://www.lequotidien-oran.com/?news=5150877


Avec l'adoption de La Résolution 1973 au Conseil de Sécurité des Nations Unies à dix contre zéro et cinq abstentions, autorisant une zone d'exclusion aérienne et probablement une carte blanche à une intervention militaire occidentale financée par des pays du golfe Persique contre la Libye, ce riche pays d'Afrique du Nord fait face à l'un des derniers développements dans une longue série de plus de quarante ans de guerres secrètes menées contre son régime atypique.


Même s'il ne fait aucun doute que les revirements constants du guide de la révolution libyenne comme il se plaît à s'appeler lui-même autant que ses nombreuses erreurs en matière de politique étrangère ont donné une image assez déconcertante pour nombre de pays occidentaux, son imprévisibilité le laissait souvent isolé sur la scène régionale et internationale. Très peu de temps après son coup d'Etat militaire de 1969 contre le Roi Idris Ier, un potentat corrompu et à la solde des britanniques, Kaddafi dont le caractère imprévisible agace, devient rapidement la cible d'intenses opérations secrètes menées par les français, les britanniques, les israéliens et les américains visant à l'éliminer et à changer le pouvoir en Libye.


En 1971, un plan britannique d'invasion de la Libye en s'appuyant sur des troubles internes en Cyrénaïque visant à la libération de détenus politiques pro-monarchistes et la restauration de la monarchie échoue après quelques jours de combats durant lesquels le pays s'embrase dans un début de guerre civile. En 1977, une révolte populaire à laquelle participent des travailleurs expatriés égyptiens met à feu et à sang les villes de Tobrouk, Derna et Benghazi. Kaddafi prends la décision radicale d'expulser l'ensemble des ressortissants égyptiens établis ou de passage sur son territoire, déclenchant ainsi une crise avec l'Egypte de Sadate. La tension aux frontières entre les deux pays se transforme en duel d'artillerie. Les Américains et les Britanniques pressent le président Sadate d'envahir la Libye et d'en finir avec le Colonel «fou». Les bons offices Arabes et notamment la médiation du président Algérien Boumediène mettent fin au conflit.


En 1980, le colonel Alain de Gaigneron de de Marolles démissionne après le fiasco d'un plan français soutenant une rébellion armée à Tobrouk. Les forces gouvernementales parviennent après d'intenses combats et non sans d'énormes difficultés, à encercler les rebelles dans la région de Benghazi. En 1982, plusieurs opérations de la CIA à partir du Tchad visent l'élimination physique de Kaddafi ; ce dernier devient, à partir de 1984, une priorité aussi élevée dans l'agenda des services secrets américains que la menace soviétique.


Le financement de la guerre menée par le Tchad et la France contre la Libye a été assuré par le royaume d'Arabie saoudite, l'Egypte, le Maroc, Israël et l'Irak. Les saoudiens ont garanti 7 millions de dollars US à un groupe d'opposition, le Front national pour le salut de la Libye, activement soutenu par les services de renseignements français et la CIA. Le 8 mai 1984, un plan concerté visant l'assassinat de Kaddafi et la prise du pouvoir par l'opposition basée à l'étranger est mis en échec. L'année suivante, les Etats-Unis d'Amérique demandent à l'Egypte d'envahir la Libye et d'y renverser son gouvernement. Le président égyptien Moubarek se montre réticent et invoque un manque de ressources. Cette affaire est éventée vers la fin de l'année 1985 par la publication d'une lettre de protestation au président Reagan émanant de membres du Congrès opposés à cette démarche dans le Washington Post. En 1985, un début de guerre civile éclate en Libye. Des rebelles armés s'emparent des villes de Derna et de Baida près de Benghazi et une rébellion éclate au sein des forces armées. Les forces loyalistes arrivent à écraser la rébellion, ce qui pousse les occidentaux à envisager l'entrée en scène de l'armée égyptienne afin de soutenir la rébellion.


Ce sera un scénario presque similaire qui sera adopté vingt-six ans plus tard en 2011. Frustré par leurs multiples tentatives de reversement du régime de Kaddafi, les américains procèdent à un changement soudain de stratégie. Le 14 avril 1986, 30 chasseurs-bombardiers américains (dont des FB-111) décollant de porte-avions et à partir de bases US en Grande Bretagne et en Espagne, mènent des raids aériens sur Tripoli et Benghazi. L'opération baptisée El-Dorado Canyon visait directement l'élimination physique du Colonel Kaddafi et de sa famille. Huit des dix-huit FB-111 ayant décollé de Grande Bretagne étaient spécifiquement mobilisés pour le bombardement de la résidence du Colonel Africain incontrôlable. En représailles à cet assaut aérien, Kaddafi ordonne à ses forces de procéder à des tirs de missiles balistiques de type « Scud » sur des bases militaires US en Italie. Deux missiles sont tirés mais tombent en méditerranée. Quelque temps plus tard, un combat aérien entre des Mig-23 libyens et des F-14 Tomcat US au-dessus du littoral libyen se termine par la destruction des appareils libyens. Les médias occidentaux n'évoqueront plus avant longtemps une action militaire directe contre la Libye. Cependant, la CIA enclenche une vaste série de complots et soutient une série ininterrompue de tentatives de putschs anti-Kaddafi.


Une armée secrète est recrutée à cette fin, notamment des débris des unités libyennes capturées lors de la guerre avec le Tchad durant les années 80 et les britanniques créent, financent et soutiennent une constellation de groupes d'opposition en Libye et à l'étranger dont le Mouvement national libyen basé à Londres. Lors de la guerre Irak-Iran, la Libye s'engage aux côtés du Yémen, de la Syrie, du Soudan et de l'Algérie aux côtés de l'Iran contre l'Irak, soutenu par l'Arabie Saoudite, l'Egypte, le Koweit, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. Tripoli soutiendra également divers groupes qualifiés de terroristes et flirtera dangereusement avec des mouvances islamistes au Soudan.


A partir de 1990, les français et les britanniques sont derrière d'autres tentatives de déstabilisation et d'assassinat visant Kaddafi en utilisant le pouvoir fantoche de N'djaména. En 1994, une attaque à la grenade contre Kaddafi déclenche une terrible répression contre l'opposition islamiste. En 1996, une rébellion islamiste menace la Libye et on enregistre des milliers de morts dans les combats. D'autres troubles secouent le pays en 1998, 2002 et 2004, notamment lors de la chasse aux africains, récurrentes au lendemain de chaque tentative de déstabilisation du régime.


Le groupe islamique combattant libyen ou GICL, en partie soutenu par Londres, mène une guérilla larvée contre le régime et s'allie plus tard avec ce que l'on appelle la Qaida au Maghreb Islamique. En 2005, une mutinerie éclate à la prison de Abou Sélim près de Benghazi. On parle de 800 à 1600 morts selon les sources. Benghazi la frondeuse n'acceptera jamais le Colonel Kaddafi. Celui-ci le lui rendra bien. Le 17 février 2011, un appel sur Facebook lancé à partir de Londres pour commémorer le massacre de la prison de Abou Sélim dégénère en un nouvel coup d'Etat, le trente-neuvième dans les quarante ans de règne du colonel Kaddafi. Les évènements se transforment vite en guerre civile entre les deux provinces historique de Tripolitaine et de Cyrénaïque autour du contrôle des hydrocarbures. Vue comme une révolte dans le sillage des révoltes relativement Soft de Tunisie et d'Egypte, l'expérience échoue en Libye où les occidentaux sont obligés d'intervenir directement en assurant un soutien aérien aux opposants de Cyrénaïque en guerre avec le régime de Tripoli.


L'intervention est couverte par une Résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU qui fera date. Cette fois ci, pour des raisons de politique interne, les USA sont obligés de sous-traiter la tâche à leurs alliés européens, français et britanniques en tête avec un financement de certains pays du Golfe persique, devenus partie prenante dans le conflit libyen.

Battle of Waterloo - Charge of the British Heavy Cavalry

Battle of Waterloo - Charge of the British Heavy Cavalry

00:05 Publié dans Cinéma, Histoire, Militaria | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : waterloo, armées, batailles, histoire, cinéma, film | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 22 mars 2011

Jean Mabire, de schrijver-soldaat...

Jean Mabire, de schrijver-soldaat…

 

mabire.gifVoor zijn succes als militair schrijver, was er eerst Mabire de Alpenverkenner (De chasseurs alpins waren een verkennerseenheid van de toenmalige franse infanterie) , die al op dertigjarige leeftijd als reserve-luitenant werd opgeroepen om onder de nationale vlag zijn diensttijd uit te dienen in het Algerijnse bergland (Djebel). Een wapenonderdeel als geen ander, dat Mabire zijn hele leven trouw zou blijven. Echter niets bestemde de Normandische schrijver voor, zich te tooien met de bekende koningsblauwe ‘taart’ het hoofddeksel der verkenners.

 

De aantrekkingskracht, die hij uitoefent op de elitetroepen en andere ‘wapenbroeders’ (twee titels van tijdschriften die hij uitgaf in de jaren 80) laat zich dan ook niet verklaren zonder deze kennis van zaken , die hij heeft opgedaan door nageldicht op de oorlog te zitten en de oorlogsvoerders van zo nabij te hebben meegemaakt in Algerije. Phililipe Héduy en Dominque Venner hebben ieder op hun eigen wijze het inwijdende karakter van deze oorlog bezongen, die niet zo mocht heten. Na twee nummers « Omzwervingen» en « Vaderlanden van vlees en bloed » , heeft het ‘Tijdschrift van de Vrienden van Jean Mabire’ in zijn laatste aflevering er dus voor gekozen hulde te brengen aan de schrijver en de soldaat.

De altijd levendige Bernard Leveaux bijt de spits af met het terugkeren naar de serie boeken die J. Mabire wijdde aan de parachute-eenheden, zijn andere heldenverhaal (niet minder dan elf boekdelen) met de geschiedenis van de Waffen-SS, van het Waalse Legioen, van de Pantsers van de zwarte Garde, Sterven in Berlin… Éric Lefèvre, zijn archivaris, thans zeker een van de beste kenners van het onderwerp in Frankrijk, komt in « De Internationale SS » terug op dit deel van het werk van Mabire, waar je niet omheen kan en waaraan je toch geen recht doet door het kort samen te vatten. De biografie van de meester – zijn overgang naar het 12e BCA (Batallion Alpenverkenners) – wordt niet vergeten en men begrijpt, als je zijn artikel « Een dag verkenner zijn», leest, waarom kapitein Louis Christan Gautier zichzelf geweld aan moest doen om de bergtroepen niet belasteren.

Het dossier wordt vervolmaakt door het herlezen, toevertrouwd aan uw dienaar, van het boek De Samoerai « De pen en de Sabel » et de levendige herinneringen aan de dienstjaren in Rhodesië van Yves Debay, hoofdredacteur van het tijdschrift Aanval (onder de goedgetroffen titel « Huurling ! »). Een publicatie, die bij elke verschijning verbetert zowel qua diepgang als qua vorm.

L. Schang
De vrienden van Jean Mabire

Overgenomen van Synthese Nationale.
Ontdek ook haar webstek op http://amis.mabire.free.fr (enkel franstalig)

vendredi, 11 mars 2011

Il soldato di Jünger è l'uomo-massa in rivolta contro la massificazione, cioè contro se stesso

Il soldato di Jünger è l’uomo-massa in rivolta contro la massificazione, cioè contro se stesso

di Francesco Lamendola

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]



È altamente significativo il fatto che un evento epocale e lacerante come la prima guerra mondiale abbia trovato, nell’ambito della letteratura, solo pochi scrittori capaci di penetrare l’essenza di ciò che essa aveva in se stessa di nuovo, di tragicamente nuovo, rispetto a tutte le guerre precedenti: vale a dire la massificazione e l’industrializzazione del massacro.
Fra i non molti che se ne resero conto, spicca il nome di Ernst Jünger, uno dei maggiori nella pleiade della cosiddetta “rivoluzione conservatrice” fiorita nei primi decenni del Novecento, che ha rappresentato tale carattere di novità in alcuni libri divenuti giustamente famosi, da «In Stahlgewittern», del 1920 («Nelle tempeste d’acciaio», Parma, Guanda, 1995), a  «Der Kampf als inneres», del 1922 (La lotta come esperienza interiore»); da «Sturm», del 1923 («Il tenente Sturm», Parma, Guanda, 2000), a «Das Waldchen 125», del 1925 («Boschetto 125. Una cronaca delle battaglie in trincea nel 1918», Parma, Guanda, 1999).
Da questi romanzi e saggi emerge con lucidità e prepotenza una nuova figura antropologica, quella del “soldato”, peraltro con caratteristiche radicalmente diverse da quelle “classiche”: più un pirata e un avventuriero, che un disciplinato esecutore di ordini superiori; più un anarca che un borghese, anzi, decisamente un anti-borghese, forgiato dal ferro e dal fuoco e darwinianamente sopravvissuto alle “tempeste d’acciaio” proprio per accendere la fiaccola della rivoluzione nella stagnante società del cosiddetto ordine costituito.
Jünger delinea questa nuova figura con l’entusiasmo e con la compartecipazione di chi ne ha fatto l‘esperienza diretta (fu ufficiale di complemento nelle trincee a partire dal 1915, dopo essersi arruolato romanticamente nella Legione Straniera francese) e, al tempo stesso, con il tono profetico che lo contraddistinguerà, poco dopo - negli anni del primo dopoguerra - quando sposterà le sue simpatie su di una nuova figura antropologica, quella dell’”operaio”; per poi approdare, definitivamente, a quella del “ribelle”, di colui che “passa al bosco” e rifiuta radicalmente le tranquille certezze del mondo borghese, per “vivere pericolosamente” in una sorta di guerra privata contro ogni tentativo di ingabbiarlo, di ammaestrarlo, di ammansirlo e, in ultima analisi, di manipolarlo.
Nemmeno Jünger, però, riesce a sottrarsi alle premesse irrazionalistiche, vitalistiche, confusamente nietzschiane, che fanno velo alla rigorosa imparzialità della sua analisi e finisce per caricare la figura del “soldato” di valenze romantiche, nel senso più ampio del termine, che poco o niente hanno a che fare con la realtà storica della prima guerra mondiale; e, soprattutto, per cercare una scorciatoia ideologica che gli consenta di sottrarre quella figura, a lui così cara, al destino della massificazione e della nullificazione della sua volontà individuale, per restituirle - ma, ahimé, solo in maniera astratta e velleitaria - quella capacità decisionale che contrassegna, per definizione, qualsiasi “eroe” letterario: categoria - quest’ultima - alla quale anche il “soldato” appartiene.
In altre parole, Jünger tenta di delineare la figura di un combattente che, slanciandosi contro le linee nemiche per “sfondarle” o “penetrarle” (psicanalisti freudiani, sbizzarritevi!), con una sorta di furore eroico che è anche, al tempo stesso, decisamente erotico, si fa protagonista di un vero e proprio surrogato dell’atto sessuale.
Sarebbe troppo semplice insistere sul velleitarismo, nonché sulla natura eminentemente letteraria, nel senso di “straniante”, di un simile atteggiamento, che, come nel caso dei Futuristi, celebra la “bellezza” della lotta per se stessa e finisce per cadere in un eccesso di estetismo, vagamente spruzzato di superomismo e, naturalmente, del più crudo darwinismo.
Più interessante, invece, della chiave di lettura psicologica e più fruttuosa come ipotesi di lavoro, ci sembra essere quella specificamente ideologica: non potendo sottrarsi ad una spietata quanto cieca gerarchia,  che lo afferra e lo scaraventa in un sanguinoso, delirante bagno di anonimità, il “soldato” jüngheriano si prende la sua rivincita individualistica, facendo proprio quel modello gerarchico e quella impersonalità tecnologica, ma vivendoli, con orgoglio, dall’interno, illudendosi così di mutare i termini della propria condizione di totale impotenza decisionale e di radicale e assoluta sottomissione ad un tale apparato anonimo e distruttivo.
Eric J. Leed, nel suo pregevole studio «Terra di nessuno. Esperienza bellica e identità personale nella prima guerra mondiale» (titolo originale: «No Man’s Land. Combat and Identity in World War I», Cambridge University Press, 1979; traduzione italiana di Rinaldo Falcioni, Bologna, Il Mulino, 1985, 2004 pp. 200-212 passim), ha colto nel segno, a nostro avviso, allorché ha evidenziato il carattere illusorio e, al tempo stesso, auto-consolatorio, della identificazione jüngheriana fra il “soldato” e la guerra:

«Man mano che gli uomini esperivano la guerra come estraniazione dal proprio “agire”, come perdita di controllo, come svilimento delle loro potenzialità, la loro autonomia smarrita e le loro energie represse furono investite in un’astrazione: “la Guerra”, il meccanismo autonomo di macello. Ma alcuni combattenti, e in prima file Ernst Jünger, non poterono rassegnarsi allo statuto di individui qualsiasi, sofferenti passivi dello strapotere del materiale. Essi tentarono dunque di recuperare la loro potenza perduta tramite un’identificazione proprio con quel meccanismo autonomo della “Guerra” che tiranneggiava le “masse”. Nel caso di Jünger» l’identificazione personale con la tecnologia autonoma divenne fonte di potere e autorità personali; tramite questa identificazione egli fu in grado di acquisire lo statuto di esecutore di un potere sovrapersonale, un potere che concedeva a coloro che si identificavano in esso una rinnovata, anche se “amorale”, capacità d’azione. È in quest’ottica che bisogna leggere l’affermazione di Jünger secondo cui la prima guerra mondiale produsse una nuova “Gestalt”, un “uomo tecnologico” che era tanto “duro”, “insensibile”, e “imperturbabile” quanto la stessa macchina da guerra.
In base a queste identificazioni la guerra in generale, e in particolare l’immagine della guerra come realtà industriale, “tecnologica”, acquista sovente un profondo significato soggettivo. Nei libri di guerra di Jünger è evidente che la “macchina” assomma tutte le altre caratteristiche della figura d’”autorità” in grado d’impartire sofferenze e punizioni, rimanendo ad esse impermeabile – la figura del padre, lo stato, la divinità. La posizione politica post-bellica di Jünger, il suo “conservatorismo radicale”, trae le mosse da un’esperienza di guerra in cui egli apprese, una volta di più, che l’individuo non acquisisce la sua capacità di azione e la sua autonomia tramite la ribellione contro quelle figure, bensì tramite l’identificazione con esse. […]
Per Jünger la guerra fu un’esperienza che liberò i figli della borghesia dalle loro origini sociali, rivoltandoli contro i loro genitori borghesi. […]
Al pari di tutti gli altri, Jünger esperì la guerra autentica come umiliazione, come tremenda rassegnazione; il nemico era scomparso dietro una maschera macchinica che impediva ogni confronto od osservazione. I successivi anni di guerra avrebbero solo intensificato le contraddizioni implicite in questa esperienza iniziale: la guerra non era la prova delle capacità e delle volontà individuali, bensì la soppressione di ogni valore connesso all’individuo. […]
Qui l’offensiva è l’atto che risolve tutte le inibizioni: essa permette a coloro che marciscono nelle trincee e nelle buche di granata di comportarsi finalmente come pirati e tagliaborse svincolati da ogni morale o coscienza.  L’immagine di violenza sistematica nei confronti di un paese pingue e pacifico in compagnia di altri “armati di tutto punto” è necessariamente legata allo strapotere inibitore del fuoco d’artiglieria, al sistema di trincea, alle condizioni di immobilismo della guerra: sono proprio queste realtà, queste condizioni che creano le condizioni immaginarie dello straripamento di una feroce soldatesca in territori vergini. […]
Nei primi lavori di Jünger si può chiaramente cogliere - nell’idea dell’assalto di tipo militare e sociale - la sovrapposizione fra mondo sociale e mondo militare. È evidente che l’esperienza di guerra non è, almeno non a livello mentale, un’esperienza discreta, creatrice di nuove strategie psichiche; piuttosto, con i materiali dell’esperienza di guerra, Jünger semplifica e intensifica un tipo di conflitto  psichico prettamente tradizionale. Da un lato stanno tutte le realtà restrittive e inibitorie - la tecnologia, la borghesia, la figura del padre - che servono a proteggere e a difendere un territorio amico e pacifico; dall’altro stanno le creazioni della realtà e della fantasia - il pirata predone, le truppe d’assalto, gli assassini segreti della coscienza borghese, giovani che erano a un tempo “costretti a sacrificare se stessi” e armati “dei massimi strumenti di potenza”. […]
In tutti questi frangenti, il personaggio del soldato è contrassegnato da un’elevata tensione ormai abituale: in termini patologici, questo carattere è basato su di una stasi, un equilibrio teso, che fomenta in continuazione fantasie di scarica, di liberazione. Qualora si voglia ricostruire il percorso che nell’opera di Jünger lega l’esperienza di guerra ad un’ideologia del tutto ambivalente, che combina totalitarismo e rivoluzione, si deve partire dalla situazione di fatto esistente della guerra di trincea. Proprio da questa situazione in cui le scariche pulsionali e la mobilità dei singoli combattenti erano inibite dalla tecnologia, risultò una mostruosa stasi fisica; ma nel particolare caso di Jünger, questa stasi assunse il carattere di una fissazione sulla tecnologia, approdando quest’ultima allo statuto di genitrice di una generazione intera.»

Se, dunque, la guerra moderna rappresenta l’estremo punto d’arrivo, da un lato, della industrializzazione, della gerarchizzazione e dell’anonimato dei modelli sociali e, dall’altro, della loro mistificazione ideologica (perché solo così si potrebbe ottenere il consenso nei confronti di una macchina di distruzione di tale apocalittico orrore), Jünger ha visto giusto nell’individuarne i legami di contiguità, logica e produttiva, con i meccanismi economici, sociali e politici che caratterizzano la modernità in quanto tale, anche in tempo di “pace”: che altro non è se non la tregua in attesa del riaccendersi d’un conflitto permanente.
Lo provano, fra l’altro, le evidenti analogie, riscontrate già nelle retrovie dei campi di battaglia, fra le nevrosi caratteristiche della società in tempo di pace e quelle che insorgevano nei soldati alle prese con l’esperienza diretta della guerra: nevrosi da gas, nevrosi da trincea, nevrosi da bombardamento e via di seguito.
Perfino la loro ripartizione per classi sociali riproduceva fedelmente la “distribuzione” del disagio mentale in tempo di pace: gli attacchi di ansia generalizzata, infatti, erano più diffusi tra gli ufficiali, provenienti dalle classi superiori; mentre le nevrosi “specifiche”, ad esempio quelle da gas (dopo che ebbe inizio la guerra chimica con l’attacco tedesco ad Ypres, in Belgio, nel 1915, mediante un aggressivo chimico passato alla storia, appunto, con il nome di “iprite”) erano più diffuse fra i soldati di truppa, provenienti dal proletariato.
Non aveva visto giusto, invece, Jünger - a nostro avviso - allorché confondeva lo slancio aggressivo del “soldato” con una forma di affermazione dell’individuo, addirittura dell’individuo eccezionale (al punto da teorizzare che la tattica della cosiddetta “difesa elastica”, adottata dallo Stato Maggiore dell’esercito per limitare il numero delle perdite e per facilitare l’azione manovrata di contrattacco sui fianchi, era contraria allo spirito del soldato, secondo lui naturalmente offensivo), perché non sapeva o non voleva riconoscere il carattere coercitivo della macchina militare da cui il singolo soldato totalmente dipendeva, ridotto in condizioni d’irrimediabile eteronomia.
Perciò la rivolta del “soldato” contro la massificazione era, in fondo, l’inconscia rivolta dell’uomo massificato contro se stesso: contro quella proiezione illusoria di se stesso che vestiva l’uniforme di un altro colore ed era perciò identificata con il “nemico”.
Non seppe o non volle vedere che il soldato, in una guerra moderna, cioè totale, è null’altro che un ingranaggio, anonimo e perciò sostituibile a volontà, della macchina-esercito; così come non saprà o non vorrà vedere che l’operaio, nella società moderna, altro non è che un ingranaggio, altrettanto anonimo e intercambiabile, della macchina-industria.
Molto più lucido e molto più coerente con le sue premesse individualistiche, conservatrici e tuttavia, o proprio per questo, irriducibilmente antiborghesi, è stato, secondo noi, l’ultimo Jünger, quello del Waldgänger, ossia dell’anarca che “passa al bosco” (una rivisitazione, in fondo, del “masnadiere” di schilleriana memoria) e riesce così, pur dovendo vivere nell’era dei Titani, a difendere almeno l’essenziale della propria individualità, del proprio spirito critico, della propria volontà di non sottomettersi ad un sistema omologante, che tutto abbraccia e che tutto livella con l’inesorabile efficienza produttiva della Tecnica.


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it