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mercredi, 16 décembre 2015

Yann Le Bohec, historien de «La guerre romaine»

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Yann Le Bohec, historien de «La guerre romaine» (58 avant J.-C. – 235 après J.-C.)

Tallandier (collection L’art de la guerre, 2014)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Le constat de l’auteur est sans appel : l’armée romaine a été l’armée la plus efficace de l’Antiquité. Voire peut-être même de l’histoire. Avec cette synthèse claire et détaillée venant couronner quarante années de recherches, Yann Le Bohec, l’un des plus grands spécialistes de la Rome antique et de son armée, nous livre un travail précieux dont l’intérêt est loin de n’être que strictement historique. L’histoire est enseignements et lorsque l’on voit le piteux état de nos forces armées aujourd’hui, on se dit que l’Etat-major serait fort avisé d’aller prendre quelques leçons chez les anciens… En cinq chapitres couvrant tous les aspects de la guerre romaine, Yann Le Bohec explore l’armée comme institution, sa stratégie, sa tactique, son environnement et surtout la manière dont les Romains vivaient et percevaient la guerre. Leur psychologie, basée tant sur la religion que sur le droit, est en effet un élément fondamental pour comprendre comment ils sont arrivés à une telle excellence dans l’art de guerroyer.

L’armée romaine de l’empire a bien sûr trouvé ses bases dans l’armée républicaine mais a été changée en profondeur par Auguste. En plus de faire de l’empereur le chef suprême de l’armée, celui-ci en fit une armée permanente, professionnelle et sédentaire. Impressionnante par ses effectifs (plus de 300.000 hommes en 23), l’armée ne l’était pas moins par son recrutement de qualité. N’étaient sélectionnés comme légionnaires que des hommes libres choisis après un examen approfondi de leurs aptitudes, de leurs compétences et de leur morale : le dilectus. Ces citoyens étaient la colonne vertébrale d’une armée qui comptait en plus de ses légionnaires bien d’autres unités auxiliaires employant des alliés de Rome ou des étrangers. Les affranchis et les esclaves ne furent employés que dans des cas extrêmes car, dans les mentalités de l’époque, ils étaient considérés comme indignes de porter les armes... Cet aspect qualitatif du recrutement n’était pas la seule force de l’armée. L’encadrement des soldats en était le second pilier. Il était dû à une hiérarchie efficace, formée et toute dévouée au service de l’Etat. D’origine sénatoriale ou équestre, les officiers étaient tenus de montrer leur virtus en offrant le meilleur d’eux-mêmes. C’est une réelle culture de l’exemple. Il est donc essentiel de le souligner : les valeurs romaines sont indissociables de la manière dont la guerre est pensée et vécue. La fides et l’honneur en sont les clés de voute. La valeur individuelle du combattant et son comportement au combat s’allient à la discipline collective. Cette dernière était si importante dans l’armée qu’elle avait même été divinisée à partir d’Hadrien! La discipline se retrouvait dans l’exercice que les Romains considéraient presque comme une science. Mêlant sport, exercices individuels ou collectifs (dont les manœuvres et mouvements étaient le but ultime), l’exercice était vu comme le moyen de garantir le bon comportement du soldat à la guerre ainsi que son obéissance totale. La conclusion est simple : le légionnaire romain est un guerrier de qualité extrêmement bien préparé à la guerre, tant physiquement que moralement.

bohecUU1qhtuL.jpgLa qualité de l’armée romaine venait aussi de sa polyvalence et de sa capacité d’adaptation à toutes les situations. A l’aise dans toutes les formes de combat, elle n’a jamais hésité à emprunter aux autres peuples ce qui pouvait parfaire son efficacité. L’héritage grec fut ici aussi fondamental, notamment en ce qui concerne la poliorcétique (l’art du siège). Par ailleurs, l’armée romaine se caractérisait par une tactique de combat où rien n’était laissé au hasard. La logistique, les services, le génie, le renseignement, la santé et les transmissions avaient été développés comme dans aucune autre armée de l’antiquité. La stratégie, à savoir la mise en œuvre des divers moyens de gagner, était très étudiée et les conflits étaient préparés par des actions politiques ou diplomatiques et s’appuyaient sur une économie prospère.

Bien loin d’être le peuple belliqueux que certains ont pu décrire, les Romains considéraient la guerre comme un mal nécessaire et non une fin en soi. L’auteur démontre d’ailleurs que, contrairement à une idée tenace, Rome n’a jamais eu de projet impérialiste à proprement parler. Elle a mené des guerres tant défensives qu’offensives au gré des circonstances et sans réelle préméditation ou plan d’ensemble. Pourquoi alors faisait-on la guerre ? Les raisons étaient multiples (politiques, sociales, économiques, militaires) mais souvent liées à la psychologie collective : la peur de l’ennemi ; la protection de Rome (patriotisme) ou d’alliés de Rome ; le goût de la domination ou du butin… Une certaine passion immodérée de la guerre a bien sûr toujours existé et des personnages comme César ou Trajan en sont les plus emblématiques. Les Romains ont certes pu déclencher des guerres d’agression sous des prétextes fallacieux mais de nombreux exemples démontrent leur volonté de limiter et de réguler les conflits. Ils considéraient d’ailleurs la guerre civile comme l’horreur absolue... Idéalement, la guerre devait être juste (Cicéron) et limitée (les Stoïciens) mais, une fois commencée, elle devait être victorieuse coûte que coûte, quel qu’en soit le prix. En effet, la victoire amenait la paix et donc la prospérité, la felicitas, sur le peuple romain. N’oublions pas que la victoire, dans les premiers temps de Rome, avait été divinisée… La religion était indissociable de la guerre. Les soldats étaient très pieux et participaient, au sein des garnisons, à de nombreuses cérémonies religieuses. La religion était omniprésente, qu’on pense aux présages des dieux avant le combat (les auspices) ou à toutes ces cérémonies qui bornaient le temps militaire et lui donnaient un réel « rythme sacral ». La fin des campagnes, en octobre, était ainsi l’occasion de trois cérémonies de première importance : l’equus october (course de char), l’armilustrium (purification des armes) et la fermeture des portes du temple de Janus afin de retenir la paix, vue par les Romains comme l’état le plus positif qui soit.

La grande qualité de l’ouvrage de Yann Le Bohec réside non seulement dans l’exhaustivité de son propos (vous apprendrez tout sur la vie quotidienne des soldats, leurs équipements, le détail des différentes unités ainsi que sur l’histoire de l’armée en tant que telle) mais aussi dans la réflexion qu’il mène sur la guerre à partir de multiples exemples historiques ou philosophiques. Objectif, il montre bien que cette armée puissante et organisée avait également ses faiblesses. A partir du 3ème siècle, la conjoncture défavorable pour l’empire accompagnée de l’oubli progressif des préceptes qui avaient fait son efficacité dans le passé sonneront peu à peu le glas de la grande armée romaine.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction de cet article doit mentionner la source.

jeudi, 26 novembre 2015

Vaincre le terrorisme

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Vaincre le terrorisme

par José Castano
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

« L’expérience des dernières générations me convainc pleinement que, seule l’inflexibilité de l’esprit humain, fermement dressé sur le front mouvant des violences qui le menacent, et prêt au sacrifice et à la mort en proclamant : « Pas un pas de plus ! » Seule, cette inflexibilité de l’esprit assure la véritable défense de la paix de l’individu, la paix de tous et de toute l’humanité. » (Alexandre Soljenitsyne)

Qu’ils soient intégristes, fanatiques religieux ou anarchistes, les terroristes prêchent le viol de la société, et, par conséquent, ils ne sauraient être traités comme des adversaires réguliers. Car « vouloir donner aux choses le sens de ses désirs est la pire forme de dérèglements de l’esprit ». Ainsi s’est exprimé Bossuet dans une de ses prédictions au souffle lyrique de ses visions grandioses.

Le caractère d’extrême gravité que revêt le terrorisme international a fait de la France l’une de ses plaques tournantes et nous met dans l’obligation de réagir avec fermeté contre tous ceux qui tentent de faire de notre pays un « champ de tir » du terrorisme, son refuge ou son « laboratoire d’expériences » révolutionnaires… d’autant plus que ces actions terroristes impliquent nécessairement une chaîne de connivence et d’appui logistique sur notre sol et une préparation minutieuse…

Cependant, notre juridiction actuelle est mal adaptée à l’action répressive que la société doit exercer contre les criminels qui mettent en cause sa légitimité. Devant pareil danger, la réaction doit non seulement s’adapter à l’adversaire en retournant contre les terroristes le conseil de Lénine : « Ne laissez jamais se constituer de Vendées », mais conduire aussi à une prise de conscience populaire. A la stratégie de déstabilisation des terroristes, la Nation doit répondre par une « stratégie de répulsion ». Cette stratégie implique en premier lieu le contrôle étroit des communautés étrangères dans le pays, afin de prévenir le prolongement sur notre territoire de luttes extérieures, partant : se protéger d’un terrorisme par « vases communicants » ou par osmose.

La mise en œuvre du plan « Sentinelle » qui mobilise actuellement 10 000 hommes sur le territoire national (et cela pour « aussi longtemps que la situation l’exigera (sic) » a précisé le ministre de la Défense -ce qui peut se traduire, comme ce fut déjà le cas pour le plan Vigipirate, par le maintien définitif du dispositif- ne saurait être la solution idéale car envisager la mobilisation de nos soldats (hébergés de surcroît dans des conditions précaires alors que les « sans papiers » bénéficient de chambres d’hôtels) dans la durée n’est pas la mission des armées. Un soldat est préparé à faire la guerre ; il n’a aucune formation de police et ce n’est pas sa vocation. On ne pourra donc, indéfiniment, le maintenir dans des missions statiques en limitant sa tâche à un rôle de vigile ou de « supplétif des forces de police » sous peine de l’« user », de le démotiver et d’éroder son potentiel de combat.

A la guerre révolutionnaire ou « guerre sainte » prônée par les islamistes, nous devons opposer la guerre populaire totale ou guerre de libération nationale. Face à une menace terroriste, il faut faire le choix majeur qui s’impose et en tirer toutes les conséquences ; agir sans oublier la foi formulée par Engels : « Ne jamais jouer avec l’insurrection armée et, quand on la commence, la mener jusqu’au bout ». La France est aux yeux de l’islam une aire de guerre, « dâr al-harb », et elle se doit de traiter ce dernier de la même manière qu’il la traite.

Nous n’arriverons probablement jamais -en dépit de toute fermeté- à réduire totalement les actions criminelles mais il serait possible d’en limiter le nombre par l’instauration d’une juridiction et de tribunaux d’exception identiques à ceux créés par le régime gaulliste durant la guerre d’Algérie afin d’éradiquer l’OAS… et qui menèrent sans le moindre état d’âme au poteau d’exécution quatre soldats français dont deux officiers.

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Puisque cela fut accompli contre des patriotes dont le seul crime fut de vouloir conserver l’Algérie française, pourquoi cette juridiction ne serait-elle pas reconduite contre les ennemis de la France reconnus coupables d’avoir sacrifié des victimes innocentes ? Dès lors, le rétablissement et la mise en application immédiate de la peine de mort seraient prononcés à leur endroit. Qui a tué doit être tué ! L’horreur du mal est le principe même de la justice. Elle doit s’imposer comme une règle impérative, car elle est notre propre raison. « La loi, en général, est la raison humaine –disait Montesquieu- en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre »…

Les demi-mesures, comme c’est le cas actuellement, ne mènent à rien car les vices impunis s’accroissent à l’infini. Mais châtier les coupables, les condamner à mort ou leur infliger une sanction à la hauteur de leurs crimes, ne ferait -dans notre société émolliente, indifférente, conservatrice- que révolter les consciences de la « bien-pensance », des associations « humanistes » et provoquer la colère des islamo-compatibles issus de la gauche bobo-caviar et de la droite capitularde et louvoyante toujours prompts à brandir le carton rouge au nom de leur angélisme républicain.

Dostoïevski écrivait déjà, dans la « légende du Grand Inquisiteur » : « Qui aime trop l’humanité en général est en grande partie incapable d’aimer l’homme en particulier. Qui plaint trop le malfaiteur est fort souvent incapable de plaindre la victime ». Et le drame actuel c’est que nos sociétés vieillottes s’interdisent tout moyen coercitif. Elles ont lentement accumulé pendant une longue procession de siècles, les règles, les précautions et les interdits destinés à protéger l’idée qu’elles se faisaient de la civilisation. Elles ont imaginé couler la sagesse dans des lois… codifier l’indulgence et la mesure, pour défendre l’homme contre lui-même. Préoccupées d’exorciser la violence qui bouillonne toujours confusément dans des instincts mal maîtrisés, elles ont naturellement été conduites à interdire la seule forme de violence sur laquelle elles pouvaient peser : la cruelle mais indispensable gamme des châtiments qui prétendent moins punir le crime, que décourager le criminel.

Négligeant cette suprême mise en garde d’Aristote « Tolérance et apathie sont les dernières vertus d'une société mourante », elles ont inventé un arsenal de répression humain conçu à l’exacte mesure de coupables considérés comme des « égarés » ou des « déséquilibrés ». Or, on ne combat pas des terroristes avec de simples lois. On doit adopter une riposte appropriée afin de les arrêter dans leur élan velléitaire et agressif. « Plus l’État est corrompu, plus les lois se multiplient » clamait Tacite, cet historien et sénateur de l’antique Rome.

La France vit sous des menaces de plus en plus récurrentes que l’on ne peut contenir par la seule force de la loi. « Les français vont devoir s’habituer non à la menace des attentats, mais à la réalité des attentats qui vont, à mes yeux, immanquablement survenir. Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone, le pire et devant nous » a déclaré dans « Ouest France », le 14 novembre 2015, le juge Marc Trévidic.

En effet, la France est confrontée à l’un des plus graves périls de son histoire et ne doit pas s’embarrasser de préjugés pour prendre les mesures appropriées afin d’assurer sa propre survie. « Celui qui s’incline devant des règles établies par l’ennemi ne vaincra jamais » soutenait Léon Trotski.

Quand la liberté est frêle, en péril, alors on ne transige pas et Saint-Just d’annoncer en ces termes la répression sanglante des mouvements contre-révolutionnaires et royalistes pendant la Révolution : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». C’était, certes, La Terreur mais cette célèbre citation revient en pleine actualité.

Aujourd’hui, empêtrée dans ses règles, ses décrets et ses scrupules, voilà la civilisation paralysée par les dogmes qui la fondent et les lois qui la défendent, qui ne peut transgresser sans se renier. Et voici les barbares –forts de cette assurance- qui répandent leur terreur en voulant tout détruire, tout raser pour tout recommencer sur les décombres d’un passé qu’ils haïssent parce qu’ils ne le comprennent pas. Et ils tentent d’imposer leur loi par l’assassinat et la terreur à des sociétés qui ont su dissiper ces cauchemars depuis si longtemps qu’elles n’en imaginent plus l’éventuel retour. Voici qu’enchaînées par les règles qu’elles ont accumulées pour se prémunir contres les excès de leur propre colère, les sociétés stupéfaites s’abandonnent aux coups que leur portent des colères inconnues… Et voici que s’écroule la civilisation parce que les barbares puisent dans son raffinement, ses complications et son indulgence, la seule force qui rend leurs débordements irrésistibles. Ils retrouvent naturellement le plaisir d’égorger sachant combien timide sera la répression. Jamais les passions déchaînées n’ont fait autant de ravages… semé autant de morts… Jamais on n’a assassiné autant d’hommes au nom du bonheur de l’humanité… Jamais le mot de Malaparte n’a été plus juste : « Jamais on n’a couché autant de Christs dans les charniers du monde ».

Et nous, pauvres occidentaux, sommes en passe de perdre cette ultime guerre qui nous est imposée parce qu’irrémédiablement condamnés à capituler… au nom de la défense de la civilisation qui n’est autre qu’un suicide devant un assaut qui en nie l’essentiel.

Soljenitsyne a écrit : « Toute notre vie là-bas nous a appris qu’il existe un seul moyen de résister à la violence : c’est la fermeté ! »

Dans la lutte contre la subversion et le terrorisme, rien n’est plus important que l’application d’une politique de défense préventive ferme et impitoyable à l’égard des adversaires de la Nation. Celui qui sème le vent doit récolter la tempête.

José Castano, 24 novembre 2015

samedi, 31 octobre 2015

Laurent Henninger: Puissance et stratégie pour penser les forces armées du XXIème siècle

Laurent Henninger: Puissance et stratégie pour penser les forces armées du XXIème siècle

Laurent Henninger était l'invité du Cercle Aristote. Dans sa conférence, intitulée "Penser les forces armées au 21ème siècle", cet historien militaire évoque l'avènement prochain d'un système totalitaire plus violent que ceux du 20ème siècle et dénonce la politique de l'émotion.

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dimanche, 18 octobre 2015

Guerras híbridas, nuevo instrumento de EE.UU.

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Guerras híbridas, nuevo instrumento de EE.UU.

Andrew Korybko

 
Ex: http://blogdelviejotopo.blogspot.com

Referencia documental 

Presentamos una reseña del libro Guerras Híbridas: una aproximación adaptativa indirecta al cambio de régimen (Hybrid Wars: The Indirect Adaptive Approach to Regime Change), de Andrew Korybko, co-editado en Moscú (24 de agosto de 2015) por la Universidad de la Amistad de los Pueblos de Rusia y por el Instituto de Investigación y Predicciones Estratégicas. La reseña está publicada en inglés en orientalreview.org. En portugués la tenéis traducida en resistir.info Para descargar el libro completo en pdf pincha en este enlace (en inglés).
 
Original en inglés: "Publication. Hybrid Wars: The Indirect Adaptive Approach to Regime Change", Oriental Review, orientalreview.org/press-release/
Traducción al castellano: Vigne. La traducción se ha realizado desde la versión en portugués publicada por resistir.info en agosto de 2015, cotejándola parcialmente con el texto en inglés.
Fuente de esta traducción: blogdelviejotopo.blogspot.com.es, 15-10-2015.
Uso de esta traducción: licencia CC BY-SA. Reproducir ficha documental del principio, conservando los enlaces (hipervínculos) que figuran (tanto a este blog como a la fuente en inglés).
Negrita, cursivas y apéndice final: son añadidos nuestros.



Guerras híbridas, nuevo instrumento de EE.UU.

Andrew Korybko, analista de política internacional y periodista del Sputnik, acaba de publicar su primer libro: Guerras Híbridas: una aproximación adaptativa indirecta al cambio de régimen (Hybrid Wars: The Indirect Adaptive Approach to Regime Change). El trabajo fue revisado por la Academia Diplomática de Rusia y publicada con el apoyo de la Universidad de la Amistad de los Pueblos de Rusia, donde el autor es miembro del consejo de expertos del Instituto de Investigación y Predicciones Estratégicas. Su trabajo detallado prueba que las revoluciones de colores son una nueva forma de guerra engendrada por EE.UU., siendo todo orientado - desde su constitución organizativa a la aplicación geopolítica - por estrategias estadounidenses. Pero a diferencia de otros investigadores anteriores que abordaron el tema, Andrew lleva su trabajo más allá y utiliza los últimos ejemplos recientes de la guerra en Siria y del EuroMaidan para argumentar que EE.UU. está desplegando un segundo paso, más peligroso, en su caja de herramientas para cambios de régimen.

Las guerras híbridas, como el autor las clasifica, se producen cuando EE.UU. combina sus estrategias de la revolución de color y la guerra no convencional con el fin de crear un conjunto unificado de herramientas para llevar a cabo un cambio de régimen en determinados estados. Cuando un intento de revolución de color fracasa, como desgraciadamente para EE.UU. ocurrió en Siria en 2011, el plan de sustitución es implementar una guerra no convencional aplicada directamente sobre la infraestructura social y los métodos organizativos anteriores. En el caso de EuroMaidan, Andrew cita nuevas fuentes occidentales como Newsweek, The Guardian y Reuters que nos recuerdan a todos que en los días inmediatamente anteriores al final exitoso del golpe de Estado, Ucrania Occidental se encontraba en rebelión a gran escala contra el gobierno central y el escenario estaba preparado para una guerra no convencional del tipo sirio en el corazón de Europa del Este. Si no hubiera sido por el derrocamiento repentino del presidente Yanukovich, EE.UU. estaba dispuesto a llevar al país por el camino del escenario sirio, lo que habría sido su segunda aplicación plena de la guerra híbrida.
 
La investigación revolucionaria de Andrew muestra esencialmente que fue EE.UU., no Rusia, quien inició el recurso de guerras híbridas y que, teniendo en cuenta sus resultados probados, es irresponsable llamar "guerra híbrida" a la presunta participación de Rusia en la crisis de Ucrania. De hecho, EE.UU. está muy por delante de cualquier otro país en la práctica de este nuevo método de guerra, ya que ningún otro estado intentó una revolución de color hasta el presente, y mucho menos llevar a cabo una guerra no convencional cuando sus planes iniciales para el cambio de régimen fracasan. Aunque muchos piensan que estos hechos son espontáneos y casuales, Andrew documenta cómo las guerras híbridas no sólo son creadas desde el comienzo por EE.UU., sino que además son activadas específicamente en áreas geoestratégicamente ventajosas para la promoción de sus políticas unilaterales.
 
Así, Andrew no sólo describe la esencia misma de las guerras híbridas, sino que en la parte final de su libro ofrece previsiones de lo que cree que puede suceder a continuación. Se introduce el concepto pionero del Arco de color, una línea contigua de estados que se extienden desde Hungría a Kirguistán y donde el desarrollo de guerras híbridas dañaría más gravemente los intereses nacionales de Rusia. Esta es la primera vez que las revoluciones de colores se analizaron a través de un prisma de geopolítica y deja al descubierto una manera completamente diferente de ver el uso de esta arma. Este nuevo paradigma es absolutamente esencial para entender el nuevo enfoque estadounidense para un cambio de régimen y la forma, tanto física como la geopolítica, que se espera que tome en los próximos años.

El libro Guerras Híbridas: una aproximación adaptativa indirecta al cambio de régimen,  está disponible en edición de bolsillo de la Universidad de la Amistad de los Pueblos en Moscú. Dado que Andrew ofrece su trabajo de forma gratuita, pide gentilmente a los lectores que estén satisfechos con el libro que consideren la posibilidad de dar un donativo destinado a apoyar las iniciativas de ayuda y socorro a las víctimas directas de las guerras híbridas estadounidenses en Siria y Ucrania. El autor espera que esta generosidad en forma de donativos pueda servir de ayuda a quienes padecen el sufrimiento infligido en sus países por las guerras híbridas estadounidenses. Se puede contactar con el autor a través de su correo electrónico: korybko.e@my.mgimo.ru
 
 
Reseña de Oriental Review

NOTA DEL BLOG. Puedes descargar en pdf el libro Hybrid Wars: The Indirect AdaptiveApproach to Regime Change, pulsando en el hipervínculo del título (almacenado en el archivo del blog en Dropbox).

Se recomiendan dos lecturas suplementarias para entender mejor el tema de esta entrada (además del apéndice que sigue):

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Acerca del concepto de guerra híbrida


Se nos dice que la guerra híbrida toma elementos de la guerra convencional (entre Estados) y la guerra asimétrica (entre un ejército regular y una guerrilla), con utilización de paramilitares, terrorismo, insurgencia urbana, guerra cibernética, la piratería, la inmigración ilegal, la corrupción, los conflictos étnicos y religiosos, las mafias criminales a gran escala, etc. Las definiciones que podéis encontrar son bastante confusas todas. Valga como ejemplo una muy conocida en círculos militares del espacio OTAN, expresada por Fleming en 2011 en The Hybrid Threat Concept (citado por García Guindo y otros, 2015: 9):

“Un actor de guerra híbrida se caracteriza por poseer un mando y control descentralizado, por ejecutar actividades militares y no militares distribuidas, por combinar acciones tradicionales, irregulares, terroristas y métodos criminales disruptivos, por explotar las condiciones ambientales operativas complejas, y por operar con la intención de sacrificar el tiempo y el espacio con el fin de lograr una decisión por desgaste”.
Como podéis ver, es bastante ambiguo y difuso. De hecho, es preciso tener muy en cuenta que aquello a lo que se refiere el concepto de guerra híbrida no es ni mucho menos una realidad nueva. Incluso, Frank Hoffman, considerado como uno de los "padrinos" del término, al hablar del concepto se remonta a las guerras del Peloponeso en el mundo griego antiguo (Sánchez García, 2012: 14 y ss.). La mayor parte de las guerras de guerrillas del s. XX entrarían perfectamente en este concepto. De ahí que incluso muchos expertos militares del establishment consideran que la terminología es inncesaria y otros dudan seriamente de que nos encontremos ante un fenómeno nuevo (Sánchez García, 2012: 14). En un informe de 2010 de la GAO (United States Goverment Accountability Office), se expresaba que el término híbrido y otros conceptos relacionados apenas eran una forma "de describir la creciente complejidad del conflicto asimétrico" (Sánchez García, 2012: 17), pero no un término que aludiese a una nueva forma de guerra.

El término y su definición aparece explícitamente por primera vez en un artículo de Mattis y Hoffman, titulado "Future Warfare: The Rise of Hybrid Wars", publicado en 2005 en la revista Proceedings (García Guindo y otros, 2015: 4). Su uso mayoritariamente está localizado en las instituciones y espacios de propaganda que forman el entramado militar de EE.UU. y países de la OTAN, junto con Israel. Esto nos da una pista del sesgo claramente ideológico que conlleva el término, al formar parte de la retórica propagandística de legitimación y justificación del imperialismo occidental; en otras palabras, estamos ante una categoría conceptual básicamente ideológica, una forma de hablar que sirve para expresar la visión de los problemas internacionales según el discurso oficial del Pentágono y sus aliados. 

En tanto que recurso retórico con el que la ideología dominante se refiere a los enemigos del imperialismo estadounidense y aliados europeos (a los que hay que sumar a Israel), su utilización aporta poco o nada a una perspectiva crítica. ¿Quiénes serían los agentes de estas "nuevas" guerras híbridas, según sus teóricos? Pues resulta significativo que el ejemplo más recurrente sea el de Hezbollah, organización política libanesa apoyada por Irán que surge en 1982 como respuesta de autodefensa a la invasión que Israel llevó a cabo en Líbano; recordemos que los medios sistémicos establecen una sinonimia entre Hezbollah e Irán, de manera que cuando se acusa de guerra híbrida a la organización libanesa, en realidad se está culpando por extensión a Irán.


El siguiente "enemigo" que practica una supuesta guerra híbrida es, ¡como no!, Rusia. Cuando en un artículo de El País (la gran hoja parroquial de la política exterior estaodunidense en España) se explicaba el concepto en un artículo ("La guerra híbrida del siglo XXI"), tajantemente el diario de PRISA afirmaba: la guerra híbrida "es la guerra de Putin", sosteniendo que la OTAN debe responder "a la guerra híbrida de Rusia" (¡toda una llamada a la guerra!). No es preciso recordar que el ejemplo utilizado por los medios occidentales para acusar a Rusia de hace guerra híbrida, es el caso de Ucrania.


En otras palabras, el término de guerra híbrida más que constituir un concepto operativo desde el punto de vista de la teoría militar, es un item ideológico utilizado para referirse a los enemigos del Imperio y aliados de éste, para hacer alusión al carácter maligno del nuevo "eje del mal". Esto se refleja con nitidez en trabajos como los de Pindják (2014), Bowers (2014) y otros documentos mencionados en fuentes y referencias al final de esta entrada (el artículo citado de Revista de la OTAN, resulta especialmente significativo).


La respuesta rusa a este uso conceptual supone un cambian de actores, como revela esta entrada del blog. Lo que viene a decirnos Andrew Korybko con su libro y el autor de la reseña, es que de existir la guerra híbrida tal como la definen los medios de propaganda occidentales, desde luego sería la que llevan a cabo EE.UU. y sus aliados de la OTAN e Israel, no Rusia. El caso de Ucrania resulta paradigmático, ya que la guerra híbrida es precisamente lo que la UE y EE.UU. han llevado a cabo en Ucrania, antes y después del golpe de estado neofascista preparado por las fontanerías de los principales gallos del corral de la OTAN.

Por este motivo empieza a ser frecuente que los medios rusos hablen también de guerra híbrida

En mi opinión personal, sin gustarme el concepto, tal como se viene definiendo el término, los mejores ejemplos serían las primaveras árabes, la desestabilización de Ucrania que condujo al golpe de estado liderado por los neonazis y la creación de una guerra en Siria con fuerzas yihadistas mercenarias. En esto coincido con Andrew Korybko, el autor del libro. Podríamos añadir también el caso de Venezuela y toda la estrategia de desestabilización encaminada a forzar un cambio político en el país y a poner fin al proceso bolivariano.


La paradoja del concepto, es que siendo los medios de propaganda occidentales quienes más lo manejan, viene a significar una realidad que caracteriza lo que es el actual imperialismo del bloque atlantista. El artículo de Luque Guerrero (2015) en Mundo Obrero, centrado en el caso de Ucrania, es un buen ejemplo de cómo se está contestando desde la izquierda el uso del concepto que hace la propaganda sistémica, dándole la vuelta y mostrando cómo precisamente quien practica la guerra híbrida es el eje atlantista. 


El último artículo de Mikel Itulain (2015), "Gladio Hoy", de forma muy didáctica hace referencia a prácticas terroristas de desestabilización patrocinadas por la OTAN y que entrarían de lleno en este concepto de guerra híbrida contemplado de forma real y no imaginaria. Es un artículo interesante porque viene a subrayar lo que estamos diciendo: a pesar de la propaganda de los medios sistémicos, la guerra híbrida viene a caracterizar lo que es el intervencionismo militar y paramilitar y/o terrorista por parte de EE.UU. y sus socios.



Fuentes y referencias

samedi, 19 septembre 2015

Ernst Jünger: La guerre, fabrique de la bravoure

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Ernst Jünger: La guerre, fabrique de la bravoure

par Hélie Destouches

Ex: http://www.lerougeetlenoir.org

« Élevés dans une ère de sécurité, nous avions tous la nostalgie de l’inhabituel, des grandspérils. La guerre nous avait saisis comme une ivresse. » [1]

Dès les premières lignes d’Orage d’acier, Ernst Jünger dépeint la léthargie dans laquelle sont nés, pour la jeunesse allemande de 1914, l’attrait irrésistible du front, la soif d’aventure, besoin physique de danger et de violence. Ils allaient connaître une violence inédite, celle de la guerre moderne, loin des rêveries d’épopées héroïques. Une violence déshumanisée. La guerre de position, le pilonnage continu de l’artillerie industrielle, la mort anonyme. Dans les récits de guerre qui fleurirent dès le lendemain des démobilisations, de 1918 jusqu’en 1920, il ressort une image uniforme du profond choc causé par le dépassement de tous les seuils de tolérance devant la brutalité ordinaire de la guerre de tranchées. Les bombardements, les assauts – brèves et mortelles montées à la surface – et l’entassement de cadavres sans sépulture, autant d’expériences qui égrainent un quotidien déjà saturé de violence.

Les traces physiques et morales portées par les hommes ont marqué leurs témoignages. Elles forment la trame qui sous-tend toute la littérature de guerre, de Roland Dorgelès à Erich Maria Remarque. Du grand dolorisme qui imprègne cette production, il est néanmoins une œuvre qui se détache radicalement.

Ernst Jünger, le guerrier et l’écrivain

Né en 1895 à Heidelberg, en plein apogée wilhelminien, Ernst Jünger manifeste dès sa jeunesse la fibre littéraire qui fera de lui l’écrivain de guerre de langue allemande le plus essentiel du XXe siècle. Son cheminement semblait, dès le début, tendre au mystique, exalté dans l’admiration pour les penseurs formalistes, empreint de l’héritage nietzschéen et du lyrisme de Hölderlin, naturellement enclins à l’apologie du guerrier. Il gravite notamment dans la proximité du George-Kreis, noyau informel de ce qui deviendra la frange aristocratique de la révolution conservatrice, et s’engage auprès des Wandervögel. En 1912, âgé de 17 ans, il revêt une première fois l’uniforme au sein de la légion d’Afrique. Engagement armé et inspiration littéraire s’entrecroisaient déjà, dans la quête d’une violence encore pure et brutale qu’il espérait trouver sur le continent noir.

Ernst Jünger décoré de la croix Pour le mérite

 

Lors de l’appel aux armes, en août 1914, Jünger fait partie des troupes volontaires. Il rejoint le 72e régiment de fusilier en Champagne. Dès lors, il ne quitta plus le front, et obtint plusieurs promotions dans les rangs de la l’armée impériale. Après s’être formé en tant que sous-officier, il obtiendra dans les dernières années du conflit le grade d’Oberleutnant à la tête de la 7e compagnie. La position d’officier subordonné, c’est-à-dire d’officier de tranchée, marque profondément l’expérience combattante de Jünger. C’est la position clef du combat rapproché, de la guerre vécue. En tant qu’Oberleutnant, il est la tête d’un corps combattant abandonné dans le no-man’s-land, coupé de l’arrière. Le modèle de courage, le chef qui doit entraîner ses hommes au combat ; « L’officier occupe sa place : dans toutes les circonstances, la plus proche de l’ennemi. » [2]. Son engagement de soldat puis d’officier lui vaudra quatorze blessures et la suprême décoration impériale de la croix Pour le mérite.

En 1920, alors qu’il sert encore dans l’armée de la République de Weimar, il publie l’opus majeur de son œuvre de guerre, Orages d’acier (In Stahlgewittern). Il est puisé par ses carnets de guerre, scrupuleusement rédigés au fil des affrontements et des périodes d’accalmie. Dans ce premier ouvrage, Jünger développe de manière inédite l’expérience du combat, exposant la relation brute et cinglante de l’individu avec la violence de guerre, à la fois comme figure littéraire fondamentale et comme objet central pour une conception de l’existence dans la modernité du monde. Orages d’acier forme le tronc d’une ramification composée d’un essai, La guerre comme expérience intérieure (Der Kampf als inneres Erlebnis – 1922) et d’ouvrages de moindre ampleur, qui s’ajoutent peu à peu dans les années suivantes à partir des carnets inexploités. Lieutenant Sturm (Sturm – 1923), Le boqueteau 125 (Das Wäldchen 125 – 1924) et Feu et sang (Feuer und Blut – 1925) donnent des points de focalisation détaillés sur des aspects particuliers du combat, variant l’approche et le traitement. Chez Jünger, la narration est souveraine, brutale, précise – une écriture qui ne tremble pas, même devant l’horreur – et c’est dans La guerre comme expérience intérieure que se déploie le véritable sens donné au combat, la mystique guerrière. Ses écrits se répondent et ne peuvent véritablement être dissociés les uns des autres.

La guerre au cœur de l’homme

La guerre que décrit Jünger n’est pas un phénomène volontaire, une contingence diplomatique, ou, suivant la formule de Clausewitz, de la politique poursuivie avec d’autres moyens. La guerre trouve sa cause première dans l’homme, dans sa nature archaïque. Elle ne commence pas avec une déclaration de guerre, elle ne se termine pas avec un traité de paix. La guerre est un état perpétuel qui, bien qu’il puisse être contenu sous le vernis de la culture policée, ressurgit immanquablement. « La guerre n’est pas instituée par l’homme, pas plus que l’instinct sexuel ; elle est loi de nature, c’est pourquoi nous ne pourrons jamais nous soustraire à son empire. Nous ne saurions la nier, sous peine d’être engloutis par elle. » [3]. Le profond besoin de violence guerrière, gravé dans la chair des hommes, s’étend comme un lien indéfectible entre le montagnard armé d’une massue et de pierres, et le soldat des tranchées sous la pluie de feu et d’acier. Lorsque la guerre éclate, qu’elle embrase tout, il ne reste qu’une alternative : se battre ou disparaître. Cela vaut pour les civilisations, cela vaut pour chaque individu ; « Le fort seul a son monde bien en poigne, au faible il glisse entre les doigts dans le chaos » [4].

Mais la violence combattante - la pulsion qui pousse irrésistiblement au combat - n’est pas une résurgence d’un bas instinct qui abîme les hommes dans la brutalité gratuite. Jünger la conçoit au contraire comme la marque d’une antique noblesse, qui relève l’humanité de son affaissement. « Nous avons vieilli, et comme les petits vieux nous aimons nos aises. C’est devenu un crime d’être davantage ou d’avoir plus que les autres. Dûment sevrés des fortes ivresses, nous avons pris en horreur toute puissance et virilité ; la masse et l’égalitaire, tels sont nos nouveaux dieux. » [5] Pour Jünger, la force combattante, la nature guerrière de l’homme, est ce qui permet à l’homme de s’élever au dessus de ses semblables et aux civilisations d’inverser le cours de leur décadence pour renouer avec la grandeur. Une forme particulière de volonté de puissance qui réveille le besoin du sacrifice, pour un idéal, pour Dieu, pour la gloire. Ainsi parle-t-il des combattants de choc dans les tranchées : « Cette seule idée qui convienne à des hommes : que la matière n’est rien et que l’esprit est tout, cette idée sur laquelle repose tout entière la grandeur humaine, ils l’exaspéraient jusqu’au paradoxe » [6]. Oublier le moi pour le je. Devenir acteur de sa pensée. Telle est en somme, dans la pensée de Jünger, la plus haute des vertus combattantes.

Il met en valeur un type d’homme particulier, qui s’est approprié une virilité guerrière parfaite, chez lequel l’idée du combat a définitivement triomphé sur le matériel : « La perfection dans ce sens – au point de vue du front –, un seul en présentait l’apparence : le lansquenet. En lui, les vagues de l’époque s’entrechoquaient sans dissonance aucune, la guerre était son élément, en lui de toute éternité » [7]. Le lansquenet, mercenaire combattant, soldat de métier et d’engagement, concrétise donc dans sa manière d’exister la coupure totale avec le monde civil installé. Comme le légionnaire des armées de la Rome antique, il vit de la guerre, dans la guerre, pour la guerre. Le sens guerrier coule dans son sang, il en a adopté tous les codes, et il s’est entièrement arraché à l’esprit bourgeois. Le lansquenet est en quelque sorte la quintessence de l’existence. En lui, le détachement est total ; il ne vit plus que par le danger. « Pour chacun, vivre veut dire autre chose, pour l’un le chant du coq au matin clair, pour l’autre l’étendue qui dort au midi, pour le troisième les lueurs qui passent dans les brumes du soir. Pour le lansquenet, c’est le nuage orageux qui couvre au loin la nuit, la tension qui règne au-dessus des abîmes. » [8]

 

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La renaissance par le combat

Quel sens a cette représentation d’une violence de guerre stylisée, si on la rapporte au charnier de la Première Guerre Mondiale ? C’est ce qui se découvre dans les textes tirés des carnets de guerre. Le boqueteau 125, sous-titré Une chronique des combats de tranchée, contient le déroulement d’une séquence de combat qui tient lieu dans la dernière phase de la guerre, au début de l’été 1918, devant les ruines de Puisieux-au-Mont, près d’Arras. Jünger relate le stationnement de sa compagnie dans les tranchées bordant le boqueteau 125, une place intégrée aux lignes allemandes sur le front du nord, quotidiennement pilonnée par les forces anglaises. Le point central de l’ouvrage est l’offensive anglaise lancée contre cette position dont Jünger en commande la compagnie d’intervention. Celle-ci subit d’abord le tir d’anéantissement de l’artillerie britannique, puis l’offensive de l’infanterie.

Chargés de fatigue, dans un espace-temps désarticulé, sous la pluie des bombes, les éclats d’obus qui arrachent les membres, les soldats de la troupe de choc sont confrontés à toutes les conditions de la violence extrême qui caractérise la guerre de tranchées. L’assaut représente alors un moment clef. C’est le moment où on s’apprête à entrer en contact direct avec l’ennemi devenu invisible derrière les murs de glaise. Le moment où l’exposition aux tirs de shrapnel, des mitrailleuses, des grenades menacent le plus de sectionner le maigre fil de la vie. Au cœur de la nuit, la peur de la mort, l’horreur du spectacle macabre se propagent comme un virus. C’est dans ce contexte que Jünger voit surgir dans le visage de ces hommes cette marque des héros modernes : « Nous sommes cinquante hommes, guère plus, debout dans ce boyau, mais sélectionnés par des douzaines de combats et familiarisés par une longue expérience avec le maniement de toutes les armes. Si quelqu’un est capable d’y tenir sa place, c’est nous et nous pouvons dire que nous sommes prêts. Être prêt, où que ce soit, pour quelque tâche que ce soit, voilà ce qui fait l’homme » [9]. Réminiscence de l’idéal du lansquenet, celui qui a fait toutes les guerres, qui en est imprégné de part en part, Jünger affirme que ce n’est pas l’uniforme, l’alignement sur le champ d’honneur dans la brume de l’aube qui fait la beauté du guerrier. C’est au contraire la résistance aux conditions les plus déshumanisantes qui distingue l’esprit combattant. Ils ont des visages taillés comme des spectres, qui ne respirent plus que la bravoure.

C’est dans cette bravoure que Jünger identifie le grand renouveau de l’humanité : « Bravoure est le vent qui pousse aux côtes lointaines, la clef de tous les trésors, le marteau qui forge les grands empires, l’écu sans quoi nulle civilisation ne tient. Bravoure est la mise en jeu de sa propre personne jusqu’aux conséquences d’acier, l’élan de l’idée contre la matière, sans égard à ce qui peut s’en suivre. Bravoure est pour l’homme seul de se faire mettre en croix pour sa cause, bravoure est de professer encore et toujours, au dernier soubresaut nerveux, au dernier souffle qui s’éteint, l’idée qu’on a soutenue jusqu’à la mort. Le diable emporte les temps qui veulent nous ravir la bravoure et les hommes ! » [10]. C’est par elle que le soldat de tranchée est le frère du lansquenet. La profonde modernité que Jünger a vue dans ses égaux au combat, c’est cette audace ultime que confère la bravoure. La soif de gloire et de danger. L’audace des conquistadores et des ascètes du désert, qui ont forgé leur âme au feu de l’idéal. « Voilà l’humanité nouvelle, le soldat du génie d’assaut, l’élite de l’Europe centrale. Une race toute neuve, intelligente, forte, bourrée de volonté. Ce qui se découvre au combat, y paraît à la lumière, sera demain l’axe d’une vie au tournoiement sonore et toujours plus rapide. » [11]

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Maintenir vive la bravoure

La guerre contemporaine n’est pas une guerre de samouraïs ou une guerre de chevaliers. Ni même une guerre de petits soldats. La bataille, ses unités de temps, de lieu et d’action ont été battues en brèche par la technologie de l’armement de pointe. On ne se bat plus sur le champ, ni même dans les tranchées pour mener le siège en rase campagne. La guerre moderne se mène de loin, derrière des écrans, ou bien au ras du sol, suivant les codes de la guérilla. Le vernis de civilisation imposé pendant des siècles à la violence par l’Occident s’écaille et tombe en poussière. Plus de consensus implicite qui porte les forces à l’affrontement décisif. On se bat dans les ruines, on tire dans le dos, on ne distingue plus guère civils et combattants. Ainsi se bat-on en Ukraine, au Proche-Orient. Ainsi se battait-on en Irlande du Nord, il y a quelques décennies encore. Ainsi se battra-t-on peut-être demain, au cœur des nations qui se sont inventé une paix éternelle. Car si l’on en croit Jünger, les fruits du pacifisme sont amers. « Une civilisation peut être aussi supérieure qu’elle veut – si le nerf viril se détend, ce n’est plus qu’un colosse aux pieds d’argile. Plus imposant l’édifice, plus effroyable sera la chute. » [12]

Ernst Jünger ne laisse pas, dans sa première œuvre, d’espoir à une paix durable qui soit de ce monde. Il l’exclut par nécessité, car le renouvellement passe par le perpétuel lien entre les hommes et la guerre. C’est au combat que se forge l’élite de l’humanité, celle des vrais hommes. « Polemos est le père de toutes choses », selon la formule d’Héraclite. Mais quelle inspiration un jeune homme du XXIe siècle peut-il bien tirer de ce qui peut apparaître comme un véritable culte du carnage ?

Le lyrisme d’Ernst Jünger au sujet de la guerre lui a valu d’être qualifié par certains critiques de poète de la cruauté. Pourtant, jamais un mot de haine pour l’ennemi. Au contraire. L’estime va au soldat d’en face, français ou anglais, bien plus qu’aux hommes de l’arrière qui entretiennent la propagande. Il ne s’agit pas de perpétrer des exactions, mais de monter à l’assaut. Cette quête de bravoure, d’où qu’elle vienne, est le trait prédominant de l’œuvre jungerienne. Il s’est affirmé au cours de la Grande Guerre, il s’accentuera encore dans les années trente, lorsque l’auteur prendra peu à peu conscience de l’écart croissant entre le national-socialisme et les espérances des penseurs de la révolution conservatrice. Le régime d’un idéologue populacier, déserté par la noblesse, avide de briser les individus au profit de la masse, lui inspirera le dégoût. La force de l’homme seul avec lui-même, l’exaltation de son existence au combat, quel que soit ce combat, c’est en cela que consiste l’essence de la pensée de Jünger, de son éthique. Elle ne repose dans rien d’autre que dans le dépassement de ses propres faiblesses, dans l’unité de l’esprit et du sang au profit du sacrifice. « Rien n’est mieux fait pour enflammer l’homme d’action que le pas de charge à travers les champs où voltige le manteau de la mort, l’adversaire en pointe de mire. » [13]


[1JÜNGER E., Orages d’acier, traduction par H. Plard, Paris, Le livre de Poche, 2002, p.6

[2JÜNGER E., Le boqueteau 125, traduction par Th. Lacaze, Paris, Payot, 1995, p.178

[3JÜNGER E., La guerre comme expérience intérieure, traduction par Fr. Poncet, Paris, Christian Bourgeois, 1997, p.75

[4Ibid., p.76

[5Ibid., P.95

[6Ibid., p.104

[7Ibid., p.97

[8Ibid., p.106

[9JÜNGER E., Le boqueteau 125, op. cit, p. 179

[10JÜNGER E., La guerre comme expérience intérieure, op. cit., p.87

[11Ibid., p.121

[12Ibid., p.76

[13Ibid., p.91

jeudi, 25 juin 2015

Opérations de basse intensité: les théories de Frank Kitson

Low intensity operations. Subversion, insurgency & peacekeeping (Frank Kitson)

lowa1zskI1jL.jpg« Ce livre aux tirages confidentiels n'a jamais été traduit dans notre langue et nous n'en connaissons que cinq exemplaires dans les bibliothèques universitaires françaises(voir le catalogue SUDOC). De fait, la diffusion à un large public de ce texte pourrait à elle seule faire basculer des équilibres géopolitiques entiers. » (Gouverner par le chaos)

11 septembre 2001, attentat de la rue des Rosiers, profanations de Carpentras, affaire Mohamed Merah, affaire Breivik, tuerie d’Aurora, massacre de Raçak (voir B. I. n°138), génocide de Srebrenica (et d’autres), Kosovo, Libye, Syrie, Iran, et probablement tuerie de Newton, comme l’a sous-entendu l’ami Gendre… Toutes histoires qui ont en commun de puer l’intox au vu des rapports officiels comparés aux incohérences qu’elles manifestent. Des histoires banales de la guerre de quatrième génération, dite G4G, celle de l’information. Mais comme l’écrit l’auteur du présent livre, de bonnes communications permettent d’exercer une influence sur les événements. En d’autres termes, selon l’École de Guerre Économique, la guerre est désormais cognitive, elle vise à contrôler la réalité construite par l’individu pour garantir la suprématie de l’intrigant.

Le général Frank Kitson reste à ce titre l’une des figures de proue de la guerre cognitive, bien qu’aucun de ses ouvrages n’ait été traduit en français à ce jour. Sa doctrine découle de son expérience d'écrasement des révoltes anti-coloniales autochtones dans les pays occupés, qu'il consacra dans son manuel Low intensity operations. Subversion, insurgency & peace-keeping (1971), que l'on pourrait rebaptiser « Petit manuel pratique de la révolution colorée ». Le contexte géopolitique dans lequel écrit Kitson s’illustre par trois facteurs qu’il énonce : 1) l’Angleterre défendra ses intérêts nationaux, 2) elle ne pourra pas se contenter de l’isolationnisme. Depuis des siècles elle a dû agir pour survivre, ce qui reste valide aujourd’hui, 3) les pays doivent se battre pour défendre leurs intérêts, dans des limites qui excèdent leurs frontières géographiques. Si l’Angleterre s’allie aux États-Unis, leur alliance devra combattre où leurs intérêts seront menacés. Comment faire pour empêcher le pays-cible de se révolter (subversion & insurrection) ? Kitson propose le peace-keeping (maintien de la paix), appellation euphémisée de la contre-subversion. (1) Et à la lecture de son exposé, il est plus qu’aisé de comprendre que ce livre soit quasi introuvable.

Précisons que la subversion, telle que définie par Roger Mucchielli, est une pré-progagande ou sub-propagande, « action préparatoire ou concomitante destinée uniquement à déconsidérer le pouvoir et à détacher de lui ceux qui auraient eu l'intention de le défendre en cas de péril. » (2) Intrinsèquement désymbolisante, elle cherche à détruire la Loi sous de faux prétextes, pour ensuite faire appel à d'autres valeurs au moyen de la propagande. La nouvelle configuration – asymétrique – du conflit détonned'avec la guerre traditionnelle. Elle constitue désormais (« modern warfare ») un enclenchement (interlocking) d'actions dans les domaines politique, économique, psychologique et militaire. Déstabilisatrice, il s'agit d'une guerre de contournement destinée à atteindre l'objectif principal. Pour cela, les scénarios possibles doivent être anticipés, et il faut avant tout connaître les facteurs propices au déclenchement de la subversion et de l'insurrection, au nombre de trois : 1) changement de l'attitude des peuples envers l'autorité, 2) développement des techniques d'influence sur la pensée et les actions des hommes (littérature, télévision, avec diffusion de photos pour influencer l'opinion etc.), 3) limitation imposée dans les formes de conflit par la dissuasion nucléaire. Ce dernier principe est déterminant. La guerre a changé de nature. Roger Mucchielli précisait qu'auparavant, la guerre psychologique était l'auxiliaire de la guerre armée. Désormais, les rapports se sont inversés. La paix, note-t-il, n'est d'ailleurs qu'une appellation de la guerre psychologique, omniprésente même dans les pays alliés, et dont le but est la menée d'une guerre économique. De manière plus actuelle, Kitson nous permet de comprendre comment le mondialisme organise la contre-insurrection quand des patriotes s’insurgent contre l’ingérence de pays étrangers dans leurs affaires. Au cas où des naïfs penseraient encore que le false flag relève du délire…

Plusieurs traits saillants émergent de la doctrine Kitson. Les agents de subversion doivent endoctriner et organiser le peuple (après une désorganisation préalable de sa structure sociale – tribaliser pour détruire). Si une cause n'existe pas, il faudra l'inventer (faux-débats style théorie du genre, faux-problèmes, etc.). Si elle existe mais n'attire pas assez, il faudra la modifier en conséquence. Et si une « bonne » cause existe mais a perdu de son attrait, il faudra la revivifier. Territoire et population doivent être maillés et infiltrés pour être subvertis. Kitson propose de créer un pseudo-gang (counter-gang) et de l'entretenir par des soutiens locaux, afin de lui faire infiltrer un véritable groupe ennemi – avec une histoire suffisamment crédible (selon l’illustration proposée par Kitson – voir diagramme de Kitson en annexe au bas de cette chronique –, dans des organisations subversives secrètes, nous trouvons des membres des corps politique, financier, propagandiste et enfin militaire). Pour précision, ce groupe ennemi peut être par exemple un gouvernement non-aligné, ou une association, disons Soros-sceptique. Mais la manière d'organiser la contre-subversion est aussi importante que l'opération elle-même. Il faut par exemple introduire un élément allié, tel un ambassadeur – voir le projet Rivkin (3) – pour s'assurer de la direction d'une politique conforme aux intérêts alliés. Les hommes-liges doivent être introduits dans les postes-clés pour agir sur la direction du pays en amont. En conséquence, l'usage de la force doit être restreint, qui plus est pour limiter la mauvaise image répercutée dans l’opinion mondiale, et les agents parvenus se doivent de réaliser les concessions promises pour ne pas être accusés de mauvaise foi.

FrankKitson.jpgLe gouvernement colonial (allez disons sous contrôle Bilderbergo/Round Tablo/Commission Trilatéralo/Sièclo/Sionisto/Maçonnique) doit organiser sa propre propagande pour saper les fondements de la subversion qui s'oppose à lui. Ce procédé doit s’effectuer en trois temps : 1) Evaluations et appréciations doivent être faits par des hommes entraînés qui rapporteront leurs informations au gouvernement à divers niveaux pour la mise en place d’une politique adaptée, 2) cette politique prendra une forme spécifique via des media de propagande tels les films, émissions, articles de journaux, prospectus, etc., 3) cette propagande devra être diffusée grâce à tous les moyens techniques disponibles. Les agents d'influence créeront une réalité à laquelle ils feront adhérer le peuple, au moyen d’opérations psychologiques (ou psy-ops). En effet, Kitson note que les guerres subversives et insurrectionnelles se jouent en dernier ressort dans l’esprit des gens. On comprend mieux le rôle primordial joué par les media en tant que caisse de résonnance de la subversion pratiquée par l’Etranger. Par la désinformation (notamment l’image) et une habile ingénierie des perceptions, ces media de masse peuvent conditionner le peuple pour lui inculquer des idées subversives et s’en servir à point nommé (cf. le « choc des civilisations » ou la peur de l’extrême-droâââte). Sur le plan cognitif, il suffit de penser à l’hypothèse Sapir-Whorf sur l’interconnexion entre langage et pensée, l’un et l’autre se conditionnant mutuellement dans une cybernétique (la causalité circulaire stimulus-réponse). On obtient des glissements sémantiques novlangue où contre-insurrection et contre-subversion sont rebaptisées « défense intérieure et développement », tandis que le rétablissement de l’ordre est appelé opération de stabilisation. En outre, Kitson regrette que les gens écrivent rarement à propos de leurs mécontentements car il serait alors possible d’anticiper sur les menaces subversives. On comprend dès lors depuis plusieurs années l’explosion de la propagande en faveur des réseaux sociaux et des diverses formes de storytelling (4), afin de tenter de réduire progressivement l’incertitude à zéro dans les procédés d’essais-et-erreurs de l’ingénierie sociale.

Des éléments autochtones (collabos) doivent par ailleurs être incorporés, recrutés car ils limitent la marge d'erreurs, étant natifs du pays et intégrés dans la culture locale. Kitson rappelle que l’utilisation d’étrangers durant l’épreuve de force en Malaisie fut en effet peu concluante. De préférence, ces autochtones doivent être jeunes (car plus malléables). Ils aideront à proposer une forme de propagande efficace pour agir contre l'ennemi. Ils aideront également à identifier les agents réellement subversifs (le rôle délateur des sacs à merde gauchistes), ce qui facilitera leur élimination, tandis que les subversifs  (prioritairement) non agressifs seront cooptés  / corrompus par le gouvernement et se feront ainsi les hérauts de la cause du colon, à l’instar du virus nécessaire au vaccin. En complément, Kitson promeut un dernier élément contributif de l’armée : la contre-organisation, où le gouvernement contrôle le peuple pour empêcher la subversion (la dissidence donc) de le faire, une démarche qui doit passer plus par l’action que par la propagande. Là où Kitson rappelle que le contrôle de la population algérienne s’est fait par l’armée française par l’introduction de cartes d’identité ou le marquage du bétail, nous avons droit aujourd’hui aux passeports biométriques et aux puces RFID, ou dans un autre style à l’instauration de luttes horizontales et au soutien du pouvoir aux erreurs génétiques que sont les racailles.

En dernier lieu, la pacification peut se pratiquer par divers moyens d'influence et de pression. Le contrôle de l'information en fait partie, en s'assurant des amitiés et sujétions au sein des divers organes de presse. La pression économique est elle aussi un moyen de subversion (une certaine loi de 1973 ?). Dans les divers domaines, des organisations séparées sont utilisées pour opérer à différents niveaux de ce type G4G de la campagne militaire. Le tout sans oublier, bien entendu, de former l'ensemble du corps militaire aux opérations psychologiques pour les appliquer au moment opportun… (5)

Au-delà de Low intensity operations, Michel Collon offre des éléments complémentaires qui parsèment les autres écrits de Kitson, non traduits en français eux non plus. Kitson est considéré comme le théoricien des attentats sous fausse bannière ou faux drapeau, dits false flags. Il s'agit de commettre un attentat terroriste, ou un massacre, ou toute autre action, qui sera attribué à l'ennemi afin non seulement de le discréditer aux yeux de l'opinion internationale mais également de légitimer une intervention et ainsi l'invasion d'un pays stratégiquement précieux. Ces false flags serviront de justificatif à une stratégie de la tension qui donnera au pouvoir les arguments légitimes pour se montrer répressif. Ceci entre dans une stratégie de la diversion comme la fabrication, poursuit Collon, d'une guerre de religions, et que le général Francart qualifie de « création d'incidents » : « créer une diversion, diviser une coalition, entraîner la confusion entre les unités d'un même camp, etc. » (6)  De faux documents, de type propagande noire, pourront être fabriqués pour servir les vues du gouvernement. La démocratie, explique Francart, doit entretenir le consensus sur le « sens significatif » (les faits) pour légitimer l'action entreprise et assurer la conviction du sujet collectif. La musique devra servir à attirer les jeunes avec un message faussement dépolitisé. Enfin, point qui apparaît le plus important à Michel Collon, Kitson promeut la mise en place et la popularisation de faux mouvements « spontanés », « présentés comme neutres et indépendants, en réalité financés et téléguidés afin de diviser et affaiblir le soutien au camp adverse. » (7) Cette méthode reste la plus actuelle dans les stratégies de déstabilisation d'un pays adverse. La pragmatique anglo-saxonne applique la propagande aussi bien aux pays amis qu'ennemis et cela même en temps de paix, précise Francart. Quant aux États-Unis seuls, révèle Didier Lucas dans La guerre cognitive, le Pentagone créa en novembre 2001 le Bureau d'influence stratégique, qui autorise la manipulation, la propagande et les opérations sous couverture dans les pays amis comme ennemis. La désinformation à l'égard des agences de presse y est encouragée (Reuters, AFP). Et si le bureau a été fermé parce que l'opération a été révélée au public, rien n'est cependant remis en cause dans ses fondements par l'administration américaine. (8)

Concluons en notant qu'au vu des allégeances des membres de notre gouvernement (9), le changement, ce n'est pas maintenant.

Notes :

(1) Le peace-keeping selon Kitson : « preventing by non-warlike methods, one group of people from fighting another group of people. », p.4.

(2) La subversion et l’insurrection selon Kitson : « Subversion, then, will be held to mean an illegal measures short of the use of armed force taken by one section of the people of a country to overthrow those governing the country at the time, or to force them to do things which they do not want to do. It can involve the use of political and economic pressure, strikes, protest marches, and propaganda, and can also include the use of small-scale violence for the purpose of coercing recalcitrant members of the population into giving support. Insurgency will be held to cover the use of armed force by a section of the people against the government for the purposes mentioned above. », p.3.

Le général précise que les deux peuvent se dérouler en même temps et être soutenus par des pays étrangers (cf. les psy-op contre la Serbie, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran, l’Ossétie du Nord, etc.). Selon Kitson, l’échec de la subversion entraîne un glissement vers l’insurrection.

(3) Pour rappel : www.defrancisation.com/le-projet-rivkin-comment-la-mondialisation-utilise-le-multiculturalisme-pour-assujettir-des-nations-souveraines/

(4) Le lecteur peut se reporter à Storytelling, de Christian Salmon. Egalement, le reportage tiré de son livre : Orliange (Anthony) & Salmon (Christian), Storytelling. La machine à raconter les histoires, 2009. Documentaire visible (trois vidéos) sur www.notre-ecole.net/le-storytelling-ou-lart-de-raconter-les-histoires/

(5) Certes, concède Kitson, les opérations psychologiques représentent un danger pour la liberté, mais moindre comparé à la subversion et à l’insurrection d’une population. Ou comment justifier hypocritement l’état d’exception, Batman-CIA et Jack Bauer contre chaque Bane qui sommeille en nous.

(6) Francart (Loup), La guerre du sens. Pourquoi et comment agir dans les champs psychologiques, p.286.

(7) Collon (Michel), « Comment la CIA mène la « guerre psychologique » », www.michelcollon.info/Comment-la-CIA-mene-la-034-guerre.html, 6 mars 2008. Le lecteur peut également se reporter aux articles « Actualité des stratégies de manipulation de Gregory Bateson, ancien agent de l'OSS », Horizons et débats n°35, www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2317, 13 septembre 2010 et Price (David H.), « Gregory Bateson et l'OSS : la Seconde Guerre mondiale et le jugement que portait Bateson sur l'anthropologie appliquée », Horizons et Débats n°35, www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=2316, 13 septembre 2010.

(8) La guerre cognitive, pp.236-237.

(9) Saluons le courageux Emmanuel Ratier : www.egaliteetreconciliation.fr/Gouvernement-Ayrault-au-16-mai-2012-12223.html

***

Annexe : Diagramme de Kitson

subversion;

 

Source : Scriptoblog

lundi, 22 juin 2015

Numéro hors-série de la NRH: éternel retour de la guerre

L'éternel retour de la guerre...

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Le dixième numéro hors-série de La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque. Il est consacré à la guerre et à ses métamorphoses.

Au sommaire de ce numéro :

Éditorial : Vers l'explosion de la poudrière mondiale ?
Par Philippe Conrad

L'histoire des guerres, l'histoire du monde
Entretien avec le général Vincent Desportes, propos recueillis par Grégoire Gambier

La préhistoire de la guerre
Par Philippe Conrad

La guerre dans les anciennes sociétés indo-européennes
Par Henri Levavasseur

La chevalerie ou le modèle médiéval de la guerre
Par Bernard Fontaine

Les ordres militaires médiévaux
Par Bernard Fontaine

La Révolution militaire à l'époque moderne
Par Jean-Pierre Bois

La petite guerre, auxiliaire de la "grande"
Par Sandrine Picaud-Monnerat
La "guerre de course" des Bretons
Par Yves de Tréséguidy

De la guerre des rois à la guerre des peuples
Par le général Maurice Faivre

Guerre industrielle, guerre totale
Par Philippe Conrad

La Grande Guerre des écrivains
Par Philippe Colombani

La permanence de la guerre économique
Par Pascal Gauchon

La guerre révolutionnaire,"le pouvoir au bout des fusils"
Par Yves Nantillé

L'école française de la contre-insurrection
Par Mériadec Raffray

La guerre n'est plus un tabou
Entretien avec le colonel Michel Goya, propos recueillis par Philippe Conrad

Comment le cinéma voit la guerre
Par Philippe d'Hugues

mercredi, 27 mai 2015

Centralization and War

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Centralization and War

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

A History of Medieval Europe, RHC Davis

One stereotype of the Middle Ages is that of continuous war.  Conflicts during the time tended to be small and local – more like feuds between families involving the lords and nobles, rarely the serfs or other freemen.  Decentralized government resulted in decentralized warfare, drawing in only those who were obligated due to voluntary commitment.

I have previously examined the centralizing desires of Charlemagne, and the warfare that this required.  He not only consolidated many disparate kingdoms, he brought together Church and State – being the first emperor crowned by the Pope in some three hundred years – and at least minimizing the beneficial conflict between competing institutions of authority.

Centralization

After the demise of Charlemagne’s Carolingian Empire, decentralization returned to much of Europe.  Thereafter, political development took different turns in different regions.

…the civilization of Latin Christendom was by no means uniform.  On the contrary, there were at least two distinct cultural traditions, one in the north and west, the other in central Europe.  The first was primarily French….

In Germany and Italy there was a different culture and different political background.  The Germans, indeed, might have been described (from a French point of view) as ‘backward.’  They were slow in developing feudalism beyond its Carolingian stage, being in this respect a century behind France and England.

There you have it: modern France and England, backward Germany and Italy.

The distinction between Italy and Germany on the one hand, and France and England on the other, was fundamental for the whole period from 900 to 1250.

I suggest it was fundamental for at least another two-hundred years beyond this, but I am getting ahead of the story.

What was this distinction?

It was not merely cultural in the narrow sense of the word, but it was political also.  Italy and Germany were the home of the Papacy and Empire, France and England of feudal monarchies and (ultimately) of nation-states.

During this period – beginning in the tenth century – what is today known as France began to take political form; the Capetian dynasty.  Around the same time, the monarchy in England took form – of course to include a defining event of conquest by the Norman William the Conqueror in 1066, who thereafter took all of the land in the king’s name.

It was not until the latter part of the nineteenth century that Germany took its centralized political form (of “nation-state”); the timeframe was similar for Italy.

War

The Hundred Years’ War was a series of conflicts waged from 1337 to 1453 between the House of Plantagenet, rulers of the Kingdom of England, against the House of Valois, rulers of the Kingdom of France, for control of the latter kingdom.

Hence, I suggest that the distinction was fundamental for at least another 200 years. Since the fall of Rome, Europe had seen nothing like this.  Sure, there were wars – but never before was it possible to command enough wealth and servitude to fight almost continuously for 100 years on behalf of another.

It was the most notable conflict of the Middle Ages, wherein five generations of kings from two rival dynasties fought for the throne of the largest kingdom in Western Europe.

It took centralized nation-states to make this happen – a one-hundred year war between England and France.  While Germans and Italians were involved in their feuds (think Hatfields and McCoys), life was a multi-generational hell for those living to the north and west:

Bubonic plague and warfare reduced population numbers throughout Europe during this period. France lost half its population during the Hundred Years’ War. Normandy lost three-quarters of its population, and Paris two-thirds.

War and the centralized state went hand-in-hand…:

The Hundred Years’ War was a time of rapid military evolution. Weapons, tactics, army structure and the social meaning of war all changed, partly in response to the war’s costs, partly through advancement in technology and partly through lessons that warfare taught.  The feudal system was slowly disintegrating throughout the hundred years war.

…and re-invigorated nationalism…

The war stimulated nationalistic sentiment. It devastated France as a land, but it also awakened French nationalism. The Hundred Years’ War accelerated the process of transforming France from a feudal monarchy to a centralised state.

…and made possible the re-introduction of the common man as an asset to the war-fighting state:

By the end of the Hundred Years’ War, these various factors caused the decline of the expensively outfitted, highly trained heavy cavalry and the eventual end of the armoured knight as a military force and of the nobility as a political one.

No longer was significant wealth necessary to be a fighting man.  Equal opportunity employment was offered, making possible standing armies:

In 1445 the first regular standing army since Roman times was organised in France partly as a solution to marauding free companies.

And, unlike the small and localized feuds between members of the noble class, this war ushered in the emotion of national pride in the people:

The conflict developed such that it was not just between the Kings of England and France but also between their respective peoples. There were constant rumours in England that the French meant to invade and destroy the English language. National feeling that emerged from such rumours unified both France and England further.

And this all occurred not in “backward” Germany and Italy, but between the progressive, modern, and centralized nation-states of England and France.

Reprinted from Bionic Mosquito.

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mardi, 19 mai 2015

J. F. Gautier: la guerre

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La guerre

Avec Jean-François Gautier aux Chroniques de la Vieille Europe sur Radio Courtoisie.

Description :
En partant du célèbre fragment d'Héraclite "Polemos pantin pater est", Jean-François Gautier développe une réflexion sur la guerre en particulier, et le conflit en général.
Pour saisir la portée de la pensée héraclitéenne de la guerre, il nous explique la nécessité d'inclure dans l'intellection de polemos son exact opposé, eïréné, la paix.
Une pensée vivante et pertinente qui tente de saisir le monde dans la pluralité des valeurs qui y sont contenues et qui s'expriment souvent au travers de conflits.

Pour écouter:

http://www.ekouter.net/la-guerre-avec-jean-francois-gautier-aux-chroniques-de-la-vieille-europe-sur-radio-courtoisie-1691

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dimanche, 10 mai 2015

Lieutenant-colonel David Galula: peut-on être prophète en son pays?

Lieutenant-colonel David Galula: peut-on être prophète en son pays?

Par le Capitaine (R) MATTHIEU MEISSONNIER

Ex: http://www.penseemiliterre.fr

L’enseignement de l’éthique est une composante essentielle de la formation du militaire. Le présent article présente une nouvelle approche pédagogique de cet enseignement : l’intégration de dilemmes éthiques dans les exercices tactiques.

gaula.jpgPlus significatif est l'estime tout à fait exceptionnelle dans laquelle il tient l'auteur. Paraphrasant Bernard Brodie à propos de «De la guerre» de Clausewitz, il écrit : «De la même façon, on peut dire de l'ouvrage de Galula qu'il est à la fois le plus grand et le seul grand livre jamais écrit sur la guerre non conventionnelle» et quelques lignes plus loin : «Il sera considéré un jour comme le plus important des écrits militaires français du siècle dernier. C'est déjà le cas aux États-Unis».

Face à tant d'éloges et de mystère, on peut se demander qui est ce génie méconnu et ce qu'on peut apprendre de sa théorie et de sa praxis alors même que l'armée française est à nouveau placée face au défi de l'asymétrie et de la contre-insurrection ?

De sa biographie, qu'a tentée de reconstituer Philippe de Montenon dans la présentation de l'édition française, on sait peu de choses.

On a toutefois l'impression d'un officier hors norme et au parcours original marqué par des expériences nombreuses de la guerre insurrectionnelle.

Né à Sfax en Tunisie en 1919, il entre à Saint-Cyr en 1939 et est mobilisé en 1940 avec sa promotion. Après l'armistice, il reprend la scolarité à Aix-en-Provence jusqu'à sa radiation des cadres en 1941 pour « judaïté ». Il retourne alors en Afrique du Nord, où, en juillet 1943, il est réintégré dans l'armée par le général Giraud et participe à la fin de la Seconde guerre mondiale. C'est ensuite que son parcours se distingue, car plusieurs affectations l'amènent à être en contact avec les guérillas ou les actions de contre-insurrection, plusieurs fois en Chine et en Asie où il s'instruira des expériences malaisienne, indonésienne et philippine, mais aussi en Grèce au moment du conflit contre les communistes. De l'observation, il passera à la pratique en Algérie où il commandera une compagnie à partir de l'été 1956.

Ce parcours et sa manière de servir l'on fait remarquer, ses chefs louant sa vivacité et son esprit d'initiative «gagnant à ne pas être bridé» mais qui ne plaît pas à tous.

Son service en Algérie incite l'armée française à l'envoyer aux États-Unis en 59-60 et c'est à cette occasion qu'il noue les contacts, notamment avec la Rand Corporation, qui l'amèneront à prendre la plume. C'est justement parce que l'armée lui refuse le détachement qu'il sollicite en 1962 pour occuper un poste de visiting fellow à Harvard, qu'il demande sa mise en disponibilité.

C'est au cours de ce séjour aux États-Unis qu'il publie en anglais ses deux seuls livres. Le premier est un récit de son expérience algérienne. Publié en 1962, il est intitulé «Pacification in Algeria, 1956-1958». Il n'a pas encore fait l'objet d'une traduction en français. Le second, publié en 1963, est un ouvrage théorique, c'est le fameux «Counterinsurgency Warfare, Theory and Practice».

Il meurt en France en 1968.

galula2.jpgLes motivations pour écrire de David Galula sont en partie personnelles et politiques. Il fait clairement partie des officiers qui désapprouvent le tournant pris par la politique algérienne de la France, persuadés que la victoire - y compris politique - était à portée. Il y a donc une part de justification. L'aspect politique est également important, il est réellement anticommuniste et veut contribuer à lutter contre l'extension du communisme.

Il est donc vraisemblable que la proposition de la Rand corporation, think tank marqué à droite, de venir exposer et publier ses théories en Amérique l'ai séduit au moment où ses aspirations de carrière auraient sans doute été contrariées. Pour la Rand, il s'agissait sans doute d'être précurseur car si les États-Unis avaient pu prêter un certain appui à Mao ou aux indépendantistes contre leurs tutelles coloniales, ils se trouvaient à l'époque de plus en plus confrontés au développement de maquis communistes contre des régimes alliés aussi bien en Amérique du Sud (Cuba en 1962) qu'en Asie (Vietnam).

Ces considérations circonstancielles - mais on pourrait en écrire autant d'un Clausewitz - n'ont pas arrêté le lecteur américain et ne doivent pas plus arrêter le lecteur français dans sa volonté de découvrir une pensée militaire profondément novatrice, moderne et plus complexe qu'il n'y paraît. Surtout, elles ne doivent pas estomper l'ambition théorique de Galula et sa volonté de se situer au niveau des principes.

David Galula se place volontairement dans la lignée des penseurs, qui depuis les origines ont voulu définir les lois de la guerre. S'il ne croit pas possible de disposer d'une martingale, «Nul joueur d'échec n'a jamais trouvé d'ouverture garantissant la victoire, et nul n'en trouvera jamais», il croit possible et nécessaire de dégager des leçons de l'expérience qui peuvent être érigées en lois et en principes. Il écrit à ce propos : «De telles analyses ont débouché, à l'extrême, sur l'idée que nulle leçon ne pouvait être tirée des guerres passées, étant entendu que la conduite de la guerre n'est jamais qu'affaire d'intuition et de circonstances. À l'opposé, elles ont conduit à l'élaboration de doctrines soi-disant incontournables érigées en article de foi».  

Dégager l'originalité de la guerre contre-insurrectionnelle et en établir les lois est donc l'objectif de sa démarche théorique. Là réside son apport et la raison de le lire aujourd'hui.

Il démontre ainsi 7 éléments cruciaux qui changent les cadres de pensée :

·       L'originalité de la guerre contre-insurrectionnelle par rapport à la guerre classique ;

·       La différence de la manœuvre contre insurrectionnelle par rapport à la manœuvre insurrectionnelle ;

·       La place centrale de la population et ce que cela implique ;

·       Le rôle du pouvoir civil et politique, plaçant l'autorité militaire dans une position seconde ;

·       Les conditions militaires de la victoire ;

·       La grille de lecture de l'insurrection ;

·       Le mode opératoire idéal.

Le premier apport, c'est-à-dire la différence avec la guerre classique, peut paraître évident, mais il demande à être compris en profondeur.

En effet, dès ce premier élément, il s'inscrit en fait en opposition avec «La guerre moderne» du colonel Trinquier sur la question de l'alignement sur la violence de l'ennemi. Compte tenu des dérives qu'une telle conception a pu entraîner, la démarche de Galula est dès l'abord plus moderne et plus éthique, ce n'est pas le moindre de son intérêt. Plus encore, il s'oppose à Clausewitz - on retrouve ce parallèle - en montrant que la guerre contre-insurrectionnelle est tout sauf une montée aux extrêmes. Ainsi à 45 ans d'intervalle, il s'oppose de la façon la plus ferme à la lecture que fait René Girard de Clausewitz[1] et d'Huntington, qui croit voir dans les événements de ces dernières années l'irrésistible montée en puissance de la violence mimétique.

Dans la guerre classique, les mêmes quatre lois s'appliquent aux deux adversaires : la victoire appartient au plus fort, au plus déterminé, à celui qui conquiert et conserve l'initiative et peut bénéficier de l'effet de surprise. En découlent- les mêmes trois principes : la concentration des efforts, l'économie des forces et la liberté d'action, complétés par  la sûreté de la force.

Au contraire, dans la guerre contre-insurrectionnelle, un des protagonistes, «l'insurgé», y échappe et dénie à celui qui le combat, que Galula dénomme «loyaliste», la possibilité de se placer sur ce terrain. Cette guerre obéit donc à ses propres lois, ses propres principes.

Certains ont cru pouvoir les trouver en lisant les manuels de guérilla.

Mais selon Galula, la solution ne s'y trouve pas et c'est là son second apport. C'est ne pas comprendre le conflit que de vouloir nier l'incontournable asymétrie. Il écrit : «Comment et contre qui, par exemple, pourrait-il [le loyaliste] utiliser les tactiques de son ennemi ? Il est le seul à offrir des cibles à des opérations de guérilla. Il ne peut pas se muer en guérillero sans disposer du soutien effectif de la population, que seul peut garantir une organisation politique ancrée dans les masses. Si tel était le cas, l'insurgé n'en disposerait pas et donc ne pourrait pas exister. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas de place dans le combat de contre-insurrection pour de petites opérations de type commando, mais plutôt que ces dernières ne peuvent pas constituer la forme principale du combat de contre-insurrection». De même, il est pour le loyaliste contre-productif d'employer des forces clandestines.

Cela s'explique par le fait que la dynamique même de l'insurrection est la transformation d'une ressource immatérielle - la cause - en ressources matérielles - les forces armées, le territoire. De ce fait, au moins avant que l'insurgé n'ait atteint un certain niveau de puissance, le loyaliste ne peut se défaire de ce qui le caractérise - la supériorité classique - et de ses corollaires - la rigidité et la disparité des coûts et des efforts. Il ne peut non plus utiliser de manière systématique cet avantage conventionnel contre l'insurgé qui préfèrera abandonner tout point de fixation.

Si l'insurrection ne peut être contrée par une tactique classique...

...c'est qu'un tel mode opératoire ne permet pas d'atteindre l'objectif véritable qui est l'ascendant sur la population. C'est l'effet majeur de l'insurgé comme du loyaliste, Galula le formule ainsi : «Si l'insurgé [ou le loyaliste] parvient à dissocier la population du loyaliste [ou de l'insurgé], à la contrôler physiquement et à obtenir son soutien actif, il gagnera la guerre».

galula1.JPGCette constatation a des conséquences très importantes qu'il faut comprendre et savoir décrypter. Ainsi, la réussite d'une embuscade et, plus généralement, «l'attrition de l'ennemi est un effet secondaire du combat de guérilla mais ne représente pas son but essentiel» si elle ne conduit à modifier le rapport de force au regard du contrôle sur la population.

Le soutien de la population étant aussi vital pour l'une que pour l'autre partie, c'est le seul moyen pour les loyalistes de contraindre l'insurgé à ne pas refuser le combat. En effet, face à la volonté du loyaliste de reprendre le contrôle d'une zone donnée, le principe même de l'action de l'insurgé est de s'appuyer sur sa faiblesse et sa souplesse pour esquiver à chaque fois qu'il n'est pas en position de force tout en gardant son implantation clandestine. Galula a cette formule : «Les opérations conventionnelles n'ont généralement pas plus d'effet qu'une tapette à mouches». Le loyaliste qui ne peut pas adopter une tactique similaire risque en outre de s'épuiser dans des opérations de diversion qui, efficaces dans une guerre classique (bataille de la Somme durant celle de Verdun), sont inutiles voire contre-productives dans une guerre contre-insurrectionnelle comme l'offensive Atlante durant la bataille de Dien Bien Phu.

Cependant, «Si l'insurgé est fluide, la population, elle, ne l'est pas». «En concentrant ses efforts dans la population, le loyaliste compense sa propre rigidité et assure le plein emploi de ses moyens». Ainsi, «lorsque le loyaliste met la pression non pas sur directement l'insurgé mais sur la population, qui est la vraie source de puissance de son adversaire, celui-ci ne peut pas réellement refuser le combat car il courrait alors à sa perte».

Ces trois premiers éléments expliquent la quatrième grande conclusion de Galula relative aux rapports entre le pouvoir civil et l'autorité militaire.

Pour lui, la guerre contre-insurrectionnelle est marquée par la prépondérance permanente du politique au cours de la guerre, alors que dans un conflit traditionnel, une fois la guerre déclarée les opérations prennent souvent l'ascendant.

Cette prépondérance a une double dimension opérationnelle et institutionnelle.

En termes opérationnels, la politique prend une place essentielle car le militaire ne représente guère que 20% environ de l'ensemble des missions à accomplir du déclenchement des hostilités à la victoire finale. En effet, la population étant le centre de l'attention, cela nécessite de maintenir un seuil de violence le plus bas possible afin de gêner le moins possible la vie normale et la reconstruction d'un état de paix. Il écrit même : «La politique devient par elle-même une fonction opérationnelle. Les interactions entre le politique et le militaire deviennent si fortes qu'on ne peut plus nettement les séparer».

De là réside la tentation, qui est pour Galula une erreur, de vouloir faire faire aux militaires l'ensemble des tâches parce qu'ils ont la maîtrise du terrain, et de leur donner de surcroît l'autorité sur l'ensemble du processus. Au contraire, le pouvoir civil doit conserver la primauté sur le militaire à tous les échelons, même le plus bas, et assurer la coordination avec l'administration civile. Il s'agit notamment de la police et de la justice mais pas seulement, ce sont toutes les dimensions de l'appareil administratif qui sont concernées et qui permettront le rétablissement d'un processus politique normal.

Le cinquième apport de sa théorie est d'énumérer, sans doute pour la première fois, les conditions d'une victoire dans la partie militaire du conflit.

Elles sont aujourd'hui relativement bien connues mais elles prennent plus de force dans la cohérence d'ensemble de sa pensée. Quatre sont particulièrement notables dans le contexte actuel.

·   La première est l'importance des effectifs et leur ratio par rapport à la population et aux insurgés. Face à ces derniers, il l'estime entre 1 contre 10 et 1 contre 20. Leur insuffisance est d'ailleurs, selon lui, la cause fondamentale de l'échec français en Indochine. La recherche de ce ratio amène souvent à recourir à la conscription.

·   La seconde est le fait que «Une guerre révolutionnaire est avant tout une guerre d'infanterie». Les armées modernes doivent abandonner la plus grande part de leur organisation et de leurs matériels organiques pour gagner en souplesse et en proximité. Seuls doivent être conservés les matériels utiles, par exemple, à la concentration rapide des forces contre la guérilla comme les hélicoptères de transport.

·   La troisième est la minimisation de l'usage de la force et la maîtrise de la violence, ce qui implique une troupe formée à cela. Elle implique également la limitation au maximum des bavures et, si c'est utile, leur sanction publique et immédiate. En outre, la force doit prévoir la réparation immédiate de tout dommage.

·   Enfin, dans ce type d'opérations, le militaire ne peut être politiquement neutre. Il doit s'impliquer personnellement pour le succès et contre la cause utilisée par l'insurrection. Il doit donc adhérer non pas aux aspects politiciens circonstanciels du pouvoir, mais aux principes qui sous-tendent les institutions loyalistes.

Décryptant les différents types d'insurrection et leur fonctionnement...

...Galula fournit une grille de lecture et d'identification de son stade d'avancement. Ce point n'est pas seulement théorique, il est directement opérationnel, car il convient pour le loyaliste d'agir le plus vite possible avec succès. En outre, si l'insurrection en arrive au stade de la violence déclarée, il lui faudra engager à bon escient et avec l'ampleur nécessaire la force armée.

Galula relève que, trop souvent, les gouvernements ne prennent pas la juste mesure des événements auxquels ils sont confrontés et ne parviennent pas à mobiliser les moyens légaux, financiers et militaires pour contrer l'insurrection au moment où elle est la plus faible.

Il distingue deux modèles d'insurrection : «L'orthodoxe communiste» qui vise non seulement à la prise du pouvoir mais aussi à la transformation de la société, et un second, «bourgeois nationaliste» qui n'a que le renversement du gouvernement loyaliste pour but. Pour ne donner qu'un exemple, il est frappant de noter dans un livre de 1963 cette analyse de ce qui serait la première étape de son second modèle, dite du «terrorisme aveugle» : «Le but de cette étape est d'obtenir de la publicité pour le mouvement et pour sa cause et, en focalisant l'attention du public, d'attirer des supporters potentiels». Ces attentats qui demandent peu d'effectifs doivent être «aussi spectaculaires que possibles, en vagues concentrées, coordonnées et synchronisées». Comme précédemment, l'attrition de l'ennemi n'est qu'un objectif secondaire.

Enfin, Galula propose un mode opératoire idéal...

...en 8 étapes, pour réduire une guérilla. Il est très fortement inspiré de la pratique française en Algérie mais prend une dimension supplémentaire du fait de sa cohérence avec les apports théoriques évoqués ci-dessus.

Ainsi dans la première étape du processus visant à reprendre pied dans un secteur donné et à détruire la guérilla armée, on comprend pourquoi le résultat de sa simple expulsion est satisfaisant puisque le vrai objectif à ce stade est de retrouver la possibilité d'exercer son ascendant sur la population, la destruction de la guérilla en résultant nécessairement in fine. Cela implique donc un mode opératoire spécifique, notamment un ratissage en double sens, extérieur-intérieur puis intérieur-extérieur visant certes à détruire mais également à expulser les guérilleros qui soit refuseront le combat s'ils pensent pouvoir revenir par la suite, soit l'accepteront conscient de la volonté du loyaliste sur la population.

La chronologie qu'il préconise prend également plus de force. À cet égard, il est intéressant de noter que les élections locales n'arrivent qu'en 5ème étape et l'organisation d'un parti national en 7ème étape, ce qui implique que la contre-insurrection soit à un état avancé dans de nombreuses autres régions. Cela inciterait certainement à la prudence au regard de la pratique occidentale plutôt inverse dans les opérations récentes comme en Irak et en Afghanistan où les élections ont été organisées rapidement et présentées comme le couronnement d'un processus alors même que le travail de pacification n'était pas réellement en voie d'achèvement.

Au final, se pose la question de la pertinence de la théorie de Galula dans les engagements d'aujourd'hui et la portée de son travail.

galula3.JPGSi l'on veut bien ne s'attacher qu'aux éléments circonstanciels, Galula apparaît bien comme un précurseur et, par la profondeur de sa réflexion, comme un théoricien incontournable. Il fait percevoir la «révolution copernicienne» nécessaire à la victoire contre une guérilla, c'est-à-dire le changement de centre de gravité des opérations militaires par rapport au conflit classique.

Lui reprocher de ne pas prendre en compte le terrorisme islamiste post-11septembre est un anachronisme et vraisemblablement une injustice. En effet, les deux modèles de guérillas qu'il distingue ne sont pas sans points communs avec ce terrorisme et peut-être aurait-il introduit un troisième modèle intermédiaire s'il avait été à même de le faire.

Une lacune plus importante est peut-être la faible prise en compte des spécificités de la guerre contre-insurrectionnelle en milieu urbain, mais là aussi il ne faut pas en exagérer la portée car il s'agit plus d'une dimension plus opérative que théorique.

Découvrir et déjà relire et travailler la pensée du Lieutenant-colonel Galula apparaît donc opportun. Il faut souhaiter que sa célébrité récemment acquise permette de rendre disponibles ses archives, travaux préparatoires, articles ou cours qu'il n'a pas manqué de rédiger aux États-Unis ou en France. Pourra ainsi être complétée et précisée une pensée dont l'apport est considérable, ne serait-ce que par l'influence qu'elle exerce auprès des Américains et par sa diffusion croissante à tous leurs alliés.

S'il n'a pas été prophète en son pays, David Galula mérite assurément d'intégrer le cercle des «pères fondateurs» de la «pacification à la française» aux côtés de noms plus illustres comme les maréchaux Gallieni ou Lyautey.



[1] Achever Clausewitz, Carnets Nord, Paris, 2007, 363 p.

samedi, 09 mai 2015

Les kamikazés à l’UNESCO

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Les kamikazés à l’UNESCO : les armes, les lettres et le patrimoine de l’humanité 

par Christian Kessler & Gérard Siary

Ex: http://www.larevuedesressources.org

Au début de 2014, à l’initiative de la ville de Minamikyûshû (préf. de Kagoshima), qui abrite le musée de Chiran dédié aux kamikazés, l’État du Japon soumettait à l’Organisation des Nations-Unies un dossier proposant l’inscription de 333 lettres de kamikazés au patrimoine mondial de l’humanité. Les réactions tombent vite. La Chine, la Corée s’émeuvent de cette proposition qui, par les missives envoyées par les pilotes à la veille leur première et ultime mission, esthétise, voire justifie la guerre [1]. Le Japon n’a donc pu faire entrer jusqu’à nouvel ordre lesdites lettres à l’UNESCO.

Au-delà de l’incident, l’affaire prolonge le contentieux historique entre le Japon et les nations d’Asie Orientale qu’il a soumises à de rudes traitements sans jamais faire amende honorable. Elle pose la question du lien entre les lettres des kamikazés à leurs chères familles, fort émouvantes et non sans style, et l’implication du Japon, massive et ravageuse, durant la guerre d’Asie-Pacifique. Si le contexte martial sous-tend certes le propos épistolaire, cela n’entraîne pas que l’émotion du sujet écrivant justifie peu ou prou la guerre, voire la glorifie. Et il convient d’examiner de près le contenu de ces lettres, au demeurant peu connues.

En 1944, à la veille de la bataille de Leyte, alors que sa logistique militaire se dégrade, l’état-major japonais laisse la voie libre à la formation des tokubetsu.kōgeki.tai / unités spéciales d’assaut, tokkō en abrégé. Ce groupe nominal est parfois précédé de tai.atari / percussion au corps, ou bien de shinpū, vent divin. Tai.atari dénote l’opération où le pilote, pour être sûr de toucher sa cible, va la percuter de son corps, qui ne forme plus qu’un avec l’avion. Shinpū, expression symbolique, est la désignation générique de toute unité, indépendamment de son nom de baptême imagé, martial ou poétique, tels Jinrai / Tonnerre violent ou Kikusui / Chrysanthème flottant sur l’eau. Les deux sinogrammes de shinpū, terme le plus usité durant la guerre, se lisent aussi kami.kazé en lecture japonaise et sont passés en français dans le mot kamikaze. L’appellation courante de « mission-suicide » est déviationniste, qui déforme en suicide, i. e. en acte pathologique pour nous autres Occidentaux, une tactique strictement militaire.

Après une sélection nécessaire – selon le nombre d’avions –, et rigoureuse – les malades, tel Yukio Mishima, futur grand écrivain, sont réformés –, les heureux élus reçoivent une formation sommaire, puis sont affectés à la base où, très encadrés, parfois choyés, ils attendent l’heure de leur mission. Leurs missives écrites avant la sortie censément fatale, plus ou moins soumises à la censure militaire, parfois aussi clandestines, figurent dans les anthologies de soldats morts à la guerre [2], dans certains recueils spécifiques [3] ou dans les vitrines des musées [4]. Classées le plus souvent en lettres, tegami, ou messages ultimes, isho, mais sans distinction générique, elles n’ont jamais fait l’objet d’inventaire, d’édition critique ou de présentation muséale un tant soit peu satisfaisants. Leur traçabilité laisse à désirer. Seules sont publiées les lettres des trépassés, jamais celles de ceux dont la fin de la guerre a annulé la mission sacrée. Force est donc de s’en tenir aux lettres éditées, lestées d’un discours d’escorte idéologique, qui rend hommage aux victimes ou aux héros.

Il convient d’abord de les différencier des lettres écrites par d’autres combattants voués à mourir. Voici trois extraits significatifs de missives d’un résistant français de la Deuxième Guerre mondiale d’un kamikazé nippon, et d’un shahid ou martyr iranien de la guerre Iran-Irak :

(France, 9 mars 1942) Maman, Papa chéris, / Vous saurez la terrible nouvelle déjà, quand vous recevrez ma lettre. / Je meurs avec courage, je ne tremble pas devant la mort. Ce que j’ai fait, je ne le regrette pas si cela peut servir mon pays et la liberté. / Je regrette profondément de quitter la vie parce que je me sentais capable d’être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. J’ai compris combien la structure sociale actuelle était monstrueusement injuste. J’ai compris que la liberté de dire ce que l’on pense n’était qu’un mot et j’ai voulu que cela change. C’est pourquoi je meurs pour la cause du socialisme. (...) / Je suis sûr que vous me comprendrez, papa et maman chérie, que vous ne me blâmerez pas. Soyez forts et courageux : vous me sentirez revivre dans l’œuvre dont j’ai été un des pionniers. (...) / Je pense à vous tous de toute ma puissance, jusqu’au bout, je vous regarderai. / Je pleure ma jeunesse, je ne pleure pas mes actes. Je regrette aussi mes chères études ; j’aurais voulu consacrer ma vie à la Science. [5]

(Japon, 6 avril 1945) Père, Mère, de tous les bons soins que vous lui avez si longtemps prodigués, Seishi vous sait gré. Venu en ce monde il y a plus de vingt ans, il dit son regret de s’en aller sans avoir rien accompli. Depuis les temps jadis, de même qu’on dit : « laisser trace de son ongle sur terre », l’être humain se doit de laisser sa trace. Il regrette vraiment d’avoir péché par impiété filiale. Est-ce à dire que sa vie doive inspirer pitié ? Mais Seishi va laver d’un seul coup tout ce déshonneur. / Père, Seishi est bienheureux. Il a découvert le lieu où mourir. Il est sûr de mourir en cet endroit. Il ne songe qu’à éradiquer l’ennemi, aux dépens de sa propre vie, et il ira jusqu’au bout. Il accomplira ce devoir sans faute. Comme soldat de l’Empire, il tombera superbement en assumant sa charge. / Après ma mort, je vous prie de bien vouloir vous occuper de tout. [6]

(8 février 1983) Au nom d’Allah miséricordieux ! / Mon but en venant au front, c’est de défendre l’Islam, le Coran, la religion sacrée de l’Islam […]. / Si je meurs en martyr, je serai parvenu à réaliser mes vœux. Si je mérite de devenir martyr, vous m’enterrerez au cimetière des martyrs de mon village. Ainsi, je serai auprès de mes parents, de ma femme et de mes enfants, de ma sœur et de mon frère, ainsi que de ma maison, et je serai content. Versez pendant une semaine de l’eau sur ma tombe, car on enterre les martyrs sans les laver. / Mes parents, ma sœur et mon frère, vous ne devez pas pleurer et faire la joie de nos ennemis. Partagez également mes biens entre mon fils, ma fille et mon épouse. Si ma femme ne se remarie pas, donnez-lui mes biens et ceux de mes enfants. Elle a toujours été gentille avec moi […]. / À mon sens, si on meurt sans avoir appliqué les paroles de l’Imam Khomeiny, on mourra comme une bête, faute d’avoir compris l’humanisme et connu l’Islam. Je n’ai qu’un corps, mais si j’avais cents corps, je les sacrifierais pour l’Islam, amen. / À bas l’Amérique, l’Union soviétique, Israël et l’Angleterre ! À l’espoir de la victoire contre l’injustice ! [7]

Ces différents discours présentent, mutatis mutandis, une forte uniformité. Le plus souvent, la valeur à laquelle adhère le signataire (libéralisme, christianisme, etc.) ne supplante pas la valeur nationale, censée mobiliser le combattant. Il arrive que les deux valeurs se recouvrent, et que le combat pour la foi soit aussi le combat pour la patrie. Cependant, si mourir pour l’empereur équivaut à mourir pour le Japon, mourir pour l’Islam ne se confond pas forcément avec mourir pour la nation, comme dans le cas de la guerre Iran-Irak, car la foi religieuse l’emporte sur tout le reste. Sinon, avec l’imminence du trépas, le sujet va à l’essentiel : consoler sa famille, dont l’avenir le préoccupe ; énoncer la cause pour laquelle il tombe ; marquer son regret de quitter si tôt la vie. Pas de différence notable d’une pièce à l’autre [8].

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En quoi dès lors le propos des kamikazés se singularise-t-il ? La seule étude de contenu à ce jour, fondée sur un corpus de 661 lettres, comparé à un autre corpus de 402 lettres d’hommes du rang, et échantillonné sur trois périodes (25.10.44-5.4.45, 6.4-22.6.45, 23.6-8.8.45) selon la courbe d’efficacité décroissante des opérations, a produit les résultats suivants : 71.9% (contre 52.9% pour les hommes du rang) postulent une mort honorable, 28.4% (contre 9.7%) une belle mort ; 26.9% (contre 0.5%) aspirent à fournir un apport crucial à l’effort de guerre, 6.7% (contre 2.7%) à être une source inspirer les autres ; 18.9% (contre 18.4%) expriment leur piété filiale ; 10.0% (contre 11.9%) se donnent rendez-vous au sanctuaire Yasukuni dédié au repos des soldats morts à la guerre, mais aucun ne dit mourir pour ses croyances ; 36.0% (contre 23.4%) disent faire cela pour le Japon (la patrie), 32.5% (contre 25.6%) pour l’Empereur, 0.8% (contre 1.7%) pour le terroir ; 16.8% (contre 8.0%) disent le faire pour la famille confondue avec la patrie ; 0.1% (contre 0%) le font pour l’unité et les camarades ; nul ne fait état de contrainte. Il apparaît, par comparaison avec le propos des hommes du rang, que les kamikazés ne s’en distinguent ni par la piété filiale ni par la motivation religieuse, mais plutôt par le choix d’une mort glorieuse. À mesure que la situation militaire se dégrade, le propos sur l’honneur décline, tandis que croît l’insistance sur le « mourir utile » [9].

Le commentaire qualitatif consonne le plus souvent avec l’analyse quantitative. La lettre-type serait à peu près comme suit. Le pilote écrit donc à sa famille, à sa très chère maman, l’instance matricielle, l’être à sauver du cruel ennemi. Il est d’autant plus reconnaissant de l’éducation reçue que sa mort volontaire est une impiété filiale : au lieu de vivre pour honorer ses parents, lui décide de mourir. L’identité invoquée entre piété filiale et loyauté envers l’empereur n’excuse pas son acte. Mais ses proches sont assurés de sa présence tutélaire après sa fin. La splendeur escomptée de la mort justifie le sacrifice. Mourir bravement, honorablement, pour le grand Japon impérial, en entraînant avec soi un maximum de Yankees, voilà l’idéal : « Le guerrier du Japon mâlement part à la guerre » [10]. Mourir en beauté aussi, telle la fleur de cerisier qui tombe, selon l’image classique. La crainte de mourir en vain, sans avoir touché sa cible ni sauvé le pays, n’en est que plus forte. Notre homme aime la vie, il exprime des désirs qu’il ne réalisera pas. Mais il proclame, impavide, sa sérénité face à la mort. La poupée mascotte, sa fiancée morganatique, ersatz de la vie de couple impossible, l’accompagne en vol et l’aide à passer le cap. Fort est l’espoir de revoir les chers camarades disparus à Yasukuni. Et un poème d’adieu peut ponctuer la lettre, avec en particulier la figure du sakimori, le garde-côte du Japon ancien, le loyal bouclier impérial, réincarné en kamikazé, selon une autre image classique. Voilà, sous une forme recomposée, la vulgate des lettres. Certaines, plus rares, offrent des dissonances apparentes, qui affichent le scepticisme, voire la défiance. On épanche son dépit de partir, on critique l’armée ou la politique, on raille la sérénité affectée de certains, on parodie le stéréotype de la fleur de cerisier, on scrute avec lucidité ce moment juste avant la mort qui annule la comédie de la vie telle qu’on a pu la jouer jusqu’ici [11]. Ces textes-là, autant que les autres, attestent que le sujet ne se cache point la tension entre l’instinct de vie et le devoir de mourir pour la patrie, le regret de quitter ce monde et la satisfaction de connaître le moment, voire le point de sa chute – amor fati.

La tension qui se manifeste ainsi entre sérénité et scepticisme pose la question de la sincérité du sujet. On a objecté que face à la mort insensée ou intempestive à ses yeux, le pilote se rabattait sur des valeurs banales ou des généralités attrape-tout, comme l’amour de la nation [12]. Il est vrai que certains comportements démentent la façade patriotique. Tel rescapé s’étonne parfois de ses écrits de temps de guerre, de leur ferveur nationaliste quand, amené à les réécrire après-guerre, placé dans un contexte autre, il obéit à de nouvelles règles d’écriture et en adoucit le contenu [13]. Il arrive aussi que le pilote, si sa sortie est annulée, retrouve l’amor vitae et peine alors d’autant plus à se reprendre afin de réitérer son acte fatal [14]. L’adhésion affirmée à une autre idéologie qu’à celle de l’empereur, le libéralisme ou le christianisme, manifeste enfin une contradiction ou du moins un paradoxe. Toutes ces réactions relativisent apparemment la foi du guerrier en sa cause.

Cela ne signifie pourtant pas que le membre des tokkōtai se mente à lui-même. Les lettres invitent à dépasser ce débat sur la sincérité. En fait, quitte à recourir à la doxa et aux topoi, l’intéressé ne cesse de se mobiliser pour concilier le deuil de soi avec le devoir de guerrier, de s’encourager à agir avec et sous le regard de toute la communauté. L’écriture l’aide à déterminer sa substance éthique [15]. D’une part, il se construit comme sujet moral de sa propre conduite, c’est-à-dire en guerrier résolu à faire son devoir (sacrifice à l’empereur, défense de la patrie, salut de la famille, etc.). D’autre part, il fait son deuil de soi pour arriver à la phase ultime d’acceptation de la mort [16]. Dans ce bricolage de l’ethos guerrier, il est sincère en situation. [17] De ce qu’il puisse craquer ou ne pas se reconnaître, il ne s’ensuit pas qu’il se mente à lui-même dans le moment où il profère son credo. Mais il suffit que le contexte change pour que le sujet évolue de même. Rien que de très banal, à vrai dire, mais c’est ce travail sur soi qui fait la force émouvante de ces lettres et qui rend compte – bien au-delà de l’effet de propagande – de l’investissement individuel et collectif du soldat.

Quoi qu’il en soit, indépendamment des raisons qui sous-tendent la réaction chinoise à l’inscription des lettres des kamikazés au patrimoine de l’humanité et qui peuvent mériter considération dans un autre débat, le contenu des pièces en question ne tranche ni par la ferveur belliciste – pas plus en tout cas que dans les missives émanant d’autres morituri – ni par leur émulation esthétique, de sorte que l’argument de l’esthétisation de la guerre à des fins idéologiques en devient douteux. En revanche, la détermination de sa substance éthique de guerrier par un sujet qui ne l’est pas, et qui est d’autant plus déchiré entre ses attaches sentimentales et son engagement absolu de soldat, l’émotion qui se dégage de ce heurt entre le devoir de mourir et la passion de vivre, cela mérite bien, oui, d’entrer un jour dans quelque patrimoine de l’humanité [18].

Gérard Siary, professeur à l’université de Montpellier III, traducteur, spécialiste du Japon. Dernier livre paru : Ferando Morais, Olga, Allemande, Juive, Révolutionnaire, Revue, Préfacée et Annotée par Gérard Siary, Chandeigne, janvier 2015

Christian Kessler, historien, professeur détaché à l’Athénée Français de Tokyo, enseignant aux universités. Dernier livre paru en collaboration : Le Japon, Des samourais à Fukushima, Fayard/Pluriel, octobre 2011.

 
 
 

Notes

[1] Voir Kill Yoon-hyung, « Nihon jisatsu tokkōtaiin isho Yunesko isan suishin » [La promotion des messages ultimes des membres des unités spéciales d’assaut au patrimoine de l’UNESCO], The Hankyoreh Japan, 5 février 2014, japan.hani.co.kr/arti/international/16225/html

[2] Exemple : Nihon.senbotsu.gakusei.kinen.kai / Société japonaise commémorative des étudiants morts à la guerre (éd.), Kike Wadatsumi no koe / Écoute la voix de Wadatsumi [dieu marin], Tokyo, Iwanami, 157-1, 1995 (1950), 157-2, 2010 (2003).

[3] Exemple : Shōko Nagasaki (éd.), Gunjō – Chirantokkôkichi yori – Chirankōjonadeshikokaihen [Bleu outremer à partir de la base d’attaques spéciales de Chiran], Kagoshima, 1996 ; Tokkōtai.senbotsusha.irei.heiwa.kinen.kyōkai / Association commémorative pour la paix et la consolation des esprits des membres des unités spéciales d’assaut morts à la guerre, Tokkōtai.ieishū [Poèmes d’adieu des unités spéciales d’assaut], Tokyo, PHP, 1999.

[4] Sur les musées du Japon (et d’ailleurs), consulter le site « Kamikaze Images », rubrique « Museums », kamikazeimages.net, qui cite parmi les lieux d’exposition le Yasukuni Jinja Yūshūkan, ainsi que les musées de Chiran, de la base aéronavale de Kanoya, du Kaiten [torpille sous-marine] et de la base aérienne de Tokushima, mais omet le chaleureux petit musée Wadatsumi no koe de Tokyo.

[5] Lettre de Tony Bloncourt, citée dans Guy Krivopissko (éd.), A vous et à la vie. Lettres de fusillés du Mont-Valérien (1940-1944), Tallandier, 2010, p. 121.

[6] Lettre d’Ōhira Seishi, citée dans S. Nagasaki (éd.), Gunjō – Chirantokkōkichi yori – Chirankôjonadeshikokaihen, 1996, p. 28-30.

[7] Lettre de Mohammad Hossein, citée dans Fahmi Sayed Mahdi, Mehrabadi Mohssen (éd.), Les testaments, culture du front, Ministère de la Culture et de la Conduite Islamique, Téhéran, Farhang Gostar, 2002 (1381), p. 153.

[8] Gérard Siary, Christian Kessler,« Kamikaze’s Letters », The Oriental Economist, vol. 82, 3:2014, p. 15.

[9] John Orbell, Tomonori Morikawa, « An Evolutionary Account of Suicide Attacks. The Kamikaze Case », Political Psychology, 32, 2:2011, p. 297-322.

[10] Lettre de Minoshima Takeichi, citée dans S. Nagasaki (éd.), Gunjō – Chirantokkōkichi yori – Chirankôjonadeshikokaihen, 1996, p. 56-57. Dans la phrase Ooshiku iku Nihonbushi, ooshiku dit la bravoure virile, iku l’acte d’aller se battre, et Nihonbushi, le samouraï national.

[11] Pour une déconstruction de l’approche du trépas par les kamikazes, voir Kaiko Miyazaki, « Début de la mort. Derniers écrits et travail d’acceptation de « la mort volontaire » au sein du Kamikaze Tokkôtai », Textuel, 48:2005, p. 139-156, et « Derniers écrits des membres du kamikaze tokkôtai : au-delà de l’écriture stéréotypée » in Yves Cadot (éd.), Japon Pluriel 10, Picquier, 2015, p. 327-335.

[12] Amélie Blom, « Les “martyrs” jihadistes veulent-ils forcément mourir ? », Revue française de science politique, 61, 5/2011, p. 890.

[13] Aaron William Moore, « The Chimera of Privacy : Reading Self-Discipline in Japanese Diaries from the Second World War (1937-1945) », The Journal of Asian Studies, v. 68, 1:2009, p. 165-98.

[14] Ellen Schattschneider, « Violence and the Gift in Wartime Japan », Journal of Japanese Studies, v. 31, 2:2005, pp. 329-356 ; « The Work of Sacrifice in the Age of Mechanical Reproduction : Bride Dolls and Ritual Appropriation at Yasukuni Shrine”, in Allan Tansman (éd.), The Culture of Japanese Fascism, Duke U. P., 2009, p. 296-317.

[15] Michel Foucault, Histoire de la sexualité 2 L’usage des plaisirs, Gallimard, 1984, p. 36-40.

[16] Elisabeth Kübler-Ross, On Death and Dying, Londres, Routledge, 2009 (1969), “VII. Fifth Stage : Acceptance”.

[17] Voir Pierre Bourdieu, Ce que parler veut dire. Economie des échanges linguistiques, Fayard, 1982, ou, mieux encore, Platon, Hippias mineur, 371d-e, avec l’exemple d’Achille, qui dit toujours vrai en situation même s’il change d’avis par la suite.

[18] Voir Gérard Siary, Christian Kessler, Les Kamikazés, entre Armes et Lettres, Tallandier, à paraître.

mercredi, 06 mai 2015

Kriege der Gegenwart: Merkmale, Ursachen und Auswirkungen

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Kriege der Gegenwart: Merkmale, Ursachen und Auswirkungen
 
 
Ex: http://www.strategische-studien.com

Zum gegenwärtigen Zeitpunkt wird eine ganze Reihe von Kriegen geführt. In Libyen tobt ein Bürger- und Stammeskrieg. Gleichzeitig bekriegen sich im Namen des Islam Anhänger des Islamischen Staates und Islamisten und diese wiederum kämpfen gegen eine säkulare Regierung, die die Vertretung von Libyen in der Welt beansprucht. Libyen ist nach der Beseitigung des Gaddafi-Regimes entlang den ethnischen und Stammesgrenzen zerfallen und gilt heute als ein nichtexistenter Staat.

Ähnliche Verhältnisse herrschen in Syrien. Dort führen die letzten Reste des Assad-Regimes mit iranischer Unterstützung und den Söldnern der libanesischen Hisbollah einen beinahe aussichtslosen Abwehrkampf gegen verschiedene aufständische Gruppierungen, so auch hier gegen die Kampfgruppen des Islamischen Staates, die bereits heute rund ein Drittel Syriens kontrollieren, und gegen Al-Kaida-hörige Kämpfer der Al-Nusrah-Front. Vermutlich sind die Tage des Assad-Regimes gezählt, das sich am Ende auf die Alawiten-Gebiete wird zurückziehen müssen. Die eigentlichen Verlierer werden die syrischen Christen sein, die bereits heute das Land fluchtartig verlassen. Der Schrecken ohne Ende wird in einem pulverisierten Staat bestehen.

Der Irak gilt bereits heute als in drei Teilen zerfallen. Der Süden wird durch die schiitische Regierung in Bagdad dank der Unterstützung durch den Iran und die schiitischen Milizen kontrolliert. Der Nordosten steht unter der Herrschaft der kurdischen Peschmerga und der Westen ist durch den Islamischen Staat besetzt. Die USA versuchen mit einer sehr heterogenen Allianz durch Bombardierungen aus der Luft das Einflussgebiet des Islamischen Staates zurückzudämmen. Trotz des Erfolges der irakischen Bodentruppen und der amerikanischen Luftoperationen bei der Rückeroberung der sunnitischen Stadt Tikrit ist der Islamische Staat noch lange nicht besiegt.

Das Chaos in Jemen weist eine noch grössere Dimension des Zerfalls auf. Während im Süden Separatisten sich von der Regierung Mansur Hadi loslösen möchten, kämpfen Al-Kaida-Kampfgruppen im Hadramaut gegen Regierungssoldaten, im Norden hat sich der ehemalige Machthaber Jemens, Ali Saleh, mit den schiitischen Huthi-Milizen verbündet und will mit iranischer Hilfe die Macht zurückerobern. Die Herrscher Saudi-Arabiens, die als sunnitische Schutzherren der heiligen Städte die ketzerischen Schiiten verabscheuen, intervenieren in diesem Krieg, in dem sie die Stellungen der Huthi bombardieren. Jemen besteht als Staat nicht mehr.

Nach dem fast vollständigen Abzug der Truppenkontingente der USA und der NATO kämpfen die Taliban gegen die Armee der Kabuler Regierung um die Kontrolle des Südens und des Ostens des Landes und damit um die Herrschaft über die Hauptstadt Kabul. Neuerdings sind auch Elemente des Islamischen Staates im Land aktiv. Nach wie vor werden die Taliban durch den pakistanischen Geheimdienst Inter-Service Intelligence gefördert. Weitere Gruppen, die aktiv sind, sind Kampfgruppen aus Usbekistan. Insbesondere in Kabul gehören Selbstmordanschläge zur Normalität. Der Krieg wird von der Herrschaft der Organisierten Kriminalität Afghanistans überlagert, die den Drogenanbau und -handel im Land kontrolliert und ihre Milliardeneinnahmen in Dubai waschen lässt.

Im benachbarten Pakistan führen die pakistanischen Taliban TTP (Tehrik-i-Taliban Pakistan) einen mörderischen Krieg gegen die Regierung in Islamabad und die pakistanische Armee. Diese wiederum wütet mit Strafexpeditionen in den paschtunischen Stammesgebieten.

In Nigeria haben die Islamisten der Boko Haram einen blutigen Krieg im Norden des Landes gegen die Zentralregierung und gegen die Zivilgesellschaft entfesselt. Morde, Entführungen und Vergewaltigungen junger Frauen und ihre Zwangsverheiratung sind an der Tagesordnung. Eine Koalition der Nachbarstaaten unterstützt Nigeria im Kampf gegen Boko Haram mit Streitkräften.

In Somalia versucht nach wie vor die mit dem Islamischen Staat liierte Shabab-Miliz die Macht an sich zu reissen. Da die Regierung in Mogadishu insbesondere durch Kenia unterstützt wird, ermorden die Shabab-Milizen im nördlichen Kenia vor allem Christen.

In der Ostukraine versuchen sogenannte Separatisten mit russischer Unterstützung zusätzliche Gebiete in den Provinzen Luhansk und Donezk zu erobern. Ausgerüstet mit modernsten russischen Waffen und beraten durch russische Offiziere sind sie der jahrelang durch Kiew vernachlässigten Armee überlegen. Eine Eroberung der strategisch wichtigen Hafenstadt Mariupol könnte sehr bald Realität werden.

Und schliesslich zeichnet sich ein Showdown im südchinesischen Meer zwischen China und den Anrainerstaaten Vietnam, den Philippinen, Indonesien und Malaysia ab. Dank der jahrelang erfolgten Aufrüstung ihrer Seestreitkräfte mit Unterseebooten und Überwasserkriegsschiffen versucht China nicht nur diese Anrainerstaaten in die Knie zu zwingen, sondern auch die Seemacht USA aus dem westlichen Pazifik zu verdrängen und damit in diesem Raum eine Hegemonialstellung zu erlangen.

Diese verschiedenen Kriege bieten ein heterogenes Bild. Während in der Ukraine Wladimir Putin durch eine Kombination von Guerillaaktionen, terroristischen Anschlägen, Propaganda über Twitter und konventioneller Kriegführung einen hybriden Krieg einsetzt, kämpft der Islamische Staat mit den Mitteln des Terrorismus und konventionell ausgerüsteten Kampfverbänden. Zur gleichen Zeit versuchen die USA und ihre Alliierten durch einen immer intensiveren Luftkrieg den Islamischen Staat zu bezwingen. Saudi-Arabien führt einen erbarmungslosen Luftkrieg gegen die Huthi-Streitkräfte im Jemen, der sehr bald zum Genozid an der jemenitischen Bevölkerung eskalieren könnte. China schüchtert seine Nachbarn durch die Demonstration seiner Seestreitkräfte und den Bau von Festungen im Südchinesischen Meer ein. Diese Vielfalt an Kriegsarten und Formen der Kriegführung entspricht der Komplexität der strategischen Lage der Gegenwart.

Wo liegen die Ursachen für diese durch Kriege bestimmte Weltlage? Die Antwort ist einfach zu finden. Seit dem überdehnten Einsatz ihrer Streitkräfte in den Kriegen im Irak und in Afghanistan und der Finanzkrise von 2008 nimmt der machtpolitische Einfluss des Hegemons USA in der Welt schrittweise ab. Dazu kommen noch Sparmassnahmen bei den US-Streitkräften, die diese laufend schwächen, und die verfehlte Geostrategie der Obama-Administration. Nicht nur hat sich Präsident Obama als unfähig erwiesen, die Machtpolitik der USA für die Bewältigung von Krisen und Konflikten gezielt einzusetzen, durch seine schwache Verhandlungsführung mit der Islamischen Republik Iran hat er erreicht, dass sich bewährte Alliierte der USA im Mittleren Osten, wie Saudi-Arabien und Israel, immer mehr von Washington abwenden. Gleichzeitig hat er die Bewältigung von ernsten Krisen wie jene in der Ostukraine an machtlose Alliierte wie Deutschland delegiert. Anstatt mit dem Despoten Putin auf Augenhöhe und mit Drohungen zu verhandeln, hat er dem abgerüsteten Deutschland das Verhandlungsfeld überlassen. Aber auch in Südostasien handelt Obama kraftlos und ohne Wirkung. Anstatt China mit einer machtvollen Kanonenbootpolitik die Stirn zu bieten, versucht er mit Worten die chinesische Aggression schön zu reden.

In Europa wird das zögerliche Vorgehen der USA noch durch die während Jahrzehnten betriebene Abrüstung wichtiger NATO-Staaten wie Deutschland verschlimmert. Die NATO ist zu einem zahnlosen Papiertiger verkommen, der vermutlich in einer ernsthaften Auseinandersetzung Putin nicht mehr die Stirn bieten könnte, ausser die USA würden in einer solchen Lage ihre in Deutschland noch stationierten Nuklearwaffen gegenüber der russischen Aggression in die Waagschale werfen. In Anbetracht der inexistenten Machtpolitik Obamas muss ein solcher Schritt allerdings bereits heute hinterfragt werden.

Während die Machtlosigkeit der USA immer mehr zunimmt, wird die Achse China-Russland immer stärker. Sehr bald könnte diese Achse zum entscheidenden Akteur in Eurasien werden.

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lundi, 04 mai 2015

Sept films à voir ou à revoir sur la Guerre comme expérience intérieure

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Sept films à voir ou à revoir sur la Guerre comme expérience intérieure

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

A propos de la guerre, Ernst Jünger écrivait : "Oui, le soldat, dans son rapport à la mort, dans le sacrifice de sa propre personne pour une idée, ignore à peu près tout des philosophes et de leurs valeurs. Mais en lui, en ses actes, la vie trouve une expression plus poignante et plus profonde qu'il n'est possible en aucun livre. Et toujours, de tout le non-sens d'un processus extérieur parfaitement insensé, ressort une vérité rayonnante : la mort pour une conviction est l'achèvement suprême. Elle est proclamation, acte, accomplissement, foi, amour, espérance et but ; elle est, en ce monde imparfait, quelque chose de parfait, la perfection sans ambages. " Il y a un siècle, la Première Guerre mondiale inaugurait le combat moderne en même temps qu'elle propulsait sur des centaines de théâtres d'opération des millions de jeunes âmes volontaires ou contraintes de vivre leur guerre "comme expérience intérieure". Des hommes, tel Ernst Jünger, héraut de l'aristocratie guerrière allemande, René Quinton ou Joseph Darnand, frères d'armes français, naquirent pour la seconde fois sous la tempête des Orages d'acier. Mais combien d'hommes marqués à jamais par l'indicible effroi de l'expérience du combat ? Eux qui clamèrent plus volontiers, non la Guerre notre mère mais la Guerre notre mort. Le thème de la guerre figure parmi les plus explorés du cinéma. Excellente occasion de découvrir ou redécouvrir, sous de nombreux aspects, de brillantes réalisations abordant plus généralement la perception psychologique des conflits.

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LES CHEMINS DANS LA NUIT

Titre original : Wege in der Nacht

Film allemand de Krzysztof Zanussi (1979)

1943, des soldats du Reich prennent possession d'une grande ferme polonaise. La chasse aux alentours est l'occupation favorite des officiers de la Wehrmacht, parmi lesquels deux universitaires, Friedrich et son cousin Hans-Albert. Friedrich se distingue de son cousin par sa passion pour l'art et la littérature. Il tombe bientôt amoureux d'Elzbieta, fille du baron propriétaire, qui est animée des mêmes goûts artistiques. Un amour nullement réciproque. Elzbieta juge Friedrich trop peu critique à l'égard de la barbarie de la guerre. Et patriote polonaise ardente, Elzbieta est bien décidée à utiliser l'amour de Friedrich pour aider l'action militaire des partisans polonais...

Pas tout à fait un film de guerre, la réalisation de Zanussi explore de manière admirable la collaboration par l'inaction. Si Friedrich n'est pas un national-socialiste convaincu, son inaction pour combattre le régime et son acceptation de la barbarie le transforment en complice actif. Et c'est toute la faiblesse morale du héros, présenté comme un personnage affable et sympathique mais obéissant aveugle à un régime qu'il ne cautionne pas, que souhaite mettre en exergue le réalisateur. Tourné en 1979, Zanussi, de nationalité polonaise, ne manque pas d'établir un parallèle fort avec l'intelligentsia polonaise, de même, complice du régime communiste par sa lâcheté. Le film, en outre servi par de brillants interprètes, est un petit bijou.

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EMPIRE DU SOLEIL

Titre original : Empire of the Sun

Film américain de Steven Spielberg (1987)

Shanghai en 1941, la zone anglaise de la ville connaît un destin singulier quand le reste de la Chine est occupée par l'armée japonaise. James Graham est le jeune fils d'un riche industriel britannique et mène une adolescence insouciante. Mais James est bientôt rattrapé par la guerre. L'aviation japonaise vient d'attaquer Pearl Harbour scellant la déclaration de guerre nippone aux forces alliées. L'armée impériale envahit la Concession internationale de Shanghai. Séparé de sa famille, le jeune garçon erre et découvre la peur et la mort avant de se retrouver prisonnier dans un camp dans lequel il doit apprendre à survivre. Ses rêves de révolte et de guerre perdent leur sens. Aidé par le prisonnier Basile, James n'a d'autre possibilité pour évader son esprit que de transformer sa détention en aventure extraordinaire...

Si le talent de Spielberg est largement surestimé, le présent film constitue l'une de ses meilleures réalisations avec Rencontres du troisième type.  Bien que non soldat, James est contraint de mener et vivre sa guerre sans fusil comme un parcours initiatique qui le révèlera et le conduira à l'âge adulte. L'image émouvante d'un antihéros qui se représente la guerre et la barbarie comme son nouveau terrain de jeu. Le film est une adaptation du récit semi-autobiographique de l'écrivain de science fiction James Graham Ballard. Une œuvre lyrique et envoutante.

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LE FAUBOURG OKRAINA

Titre original : Okraina

Film russe de Boris Barnet (1933)

1er août 1914, l'Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie tsariste. Un vent patriotique souffle dans tout le pays, aussi sur le faubourg d'une petite ville menacée par l'avancée des troupes du Kaiser. Gresin, le fabricant attitré de bottes pour l'armée est le plus fervent patriote et enjoint tous les hommes en âge de combattre du quartier à monter au front. L'ouvrier Nikolaj Kadin est mobilisé et rejoint par son frère Son'ka qui se porte volontaire. Ces modestes ouvriers et paysans vont bientôt découvrir les horreurs des tranchées et la gestion irresponsable d'officiers généreux en chair à canon. A l'arrière du front, l'effervescence patriotique cède la place à la contestation d'un conflit engraissant les marchands de canons. Les thèses bolchéviques trouvent un terreau favorable à leur éclosion...

Certes, il s'agit d'un film de propagande stalinienne qui ne fait guère l'économie d'un certain nombre de poncifs. C'est le lot des films de propagande après tout... Barnet livre néanmoins ici une vision douce-amère de la guerre, éloignée de la grandiloquence d'autres productions bolcheviques. L'autre particularité du film réside également en une présentation de la perception du conflit par l'ensemble des classes sociales, limitant un point de vue uniquement prolétaire. Bref, une réalisation assez iconoclaste au sein du monolithisme du cinéma soviétique. A voir !

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FLANDRES

Film français  de Bruno Dumont (2005)

De nos jours en Flandre, Demester doit quitter son exploitation agricole, accompagné d'autres jeunes Flamands, pour être propulsé sur un théâtre d'opération lointain. Demester menait jusqu'alors une vie pauvre et simple. Il aime secrètement Barbe, son amie d'enfance avec laquelle il partage de longues ballades. Il aime Barbe malgré ses mœurs libres et ses amants, parmi lesquels Blondel qui la séduit. Attendant le retour de Demester, Blondel et leurs compagnons, Barbe s'ennuie au village. Quant à Demester, de nature aussi taciturne et morose que l'était son ciel de Flandre, il fait face à la guerre avec une parfaite tenue au feu et se mue en véritable guerrier. Une guerre dont il ne sortira pas indemne psychologiquement...

Afrique du Nord ? Moyen Orient ? Rocailleux et écrasé par un lourd et brûlant soleil, le théâtre d'opération défini par Dumont est imaginaire et filmé avec un ton glacé. Le film n'épargne rien au spectateur plongé au cœur d'un voyage au bout de l'enfer. Une descente aux enfers qui se poursuit après le retour du champ de bataille et maintient le spectateur dans une position inconfortable sublimée par d'interminables moments de silence. Bruno Dumont ne cesse d'étonner et de confirmer l'étendue de son incroyable talent. A voir absolument !

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LA HONTE

Titre original : Skammen

Film suédois d'Ingmar Bergman (1968)

Jan et Eva Rosenberg vivent reclus sur une île et vouent une passion inconditionnelle pour la musique dans un monde en proie à une guerre lointaine. Une panne de radio suivie d'autres incidents mineurs précipitent progressivement l'île dans le conflit. Les comportements de chacun se modifient radicalement. Jan se montre ainsi de plus en plus agressif envers Eva. Arrêtés tour à tour par les conquérants et les libérateurs, les amoureux sont relâchés sur ordre de leur ami, le colonel Jacobi. Eva s'offre au colonel bientôt fusillé sous leurs yeux. Les musiciens prennent la fuite en compagnie d'autres fugitifs en barque sur une mer jonchée de cadavres. Ils savent que, désormais, plus rien ne sera comme avant...

L'histoire de deux civils ordinaires plongés dans un conflit imaginaire aussi banal qu'insoutenable. Avec brio, le réalisateur démontre l'intrusion de la violence et les irréversibles bouleversements qu'elle engendre. Les deux individus sont littéralement pris au piège et otages d'un monde qui ne les concerne pas. Une anomalie dans la filmographie de Bergman qui parvient à montrer la guerre avec un indéniable talent conjugué à une parfaite psychologisation des protagonistes. Un chef d'œuvre !

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LA LIGNE ROUGE

Titre original : The Thin Red Line

Film américain de Terence Malick (1998)

1942, la bataille de Guadalcanal fait rage dans le Pacifique. Le cadre paradisiaque est trompeur. Au milieu de tribus amérindiennes otages d'un conflit étranger, soldats américains et nippons se livrent une lutte sans merci, dont aucun combattant ne sortira indemne. Au sein de la Charlie Company, le fantassin Witt, accusé d'avoir déserté, bénéficie de la clémence du sergent Welsh. Le chemin menant à l'objectif, la colline 210 défendue par un solide bunker, semble interminable et la préparation d'artillerie semble bien mince. De nombreux soldats gisent déjà au sol. Les survivants sont assoiffés. Il n'y a plus d'intendance... Le capitaine Staros refuse de poursuivre l'assaut commandé par sa hiérarchie, estimant qu'il s'agit d'une mission-suicide. Après de longues heures d'attente, une patrouille de sept hommes est chargée d'effectuer la reconnaissance des abords de la colline 210. Le G.I. Witt en fait partie...

Witt et ses compagnons d'armes étaient de simples civils peu auparavant. Qu'a-t-il bien pu s'opérer pour qu'ils se muent en bêtes de guerre ? Malick livre ici une formidable réalisation sur le vécu d'une troupe et mêle très habilement l'alternance de scènes d'effroyables combats avec de longs plans sur la faune et la flore insulaires et le quotidien d'indifférentes tribus autochtones plongées, malgré elles, dans l'une des plus sordides boucheries. Autre habileté : l'utilisation de la voix off pour accentuer le caractère tragique de la guerre. A voir absolument!

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SIGNES DE VIE

Titre original : Lebenszeichen

Film allemand de Werner Herzog (1967)

Pendant la Seconde Guerre mondiale, un jeune soldat du Reich, Stroszek, est blessé et envoyé en convalescence dans un dépôt de munitions dont il assure la garde sur l'île de Crète. Loin du tumulte de la bataille et réduit à l'inaction, le soldat occupe le temps en s'astreignant à d'inutiles tâches qu'il juge nécessaires à son équilibre psychique. Le conscrit pourrait mener une vie paisible dans cette forteresse que nul ne menace, en compagnie d'une jeune femme grecque dont il fait son épouse et deux autres camarades. Mais face à l'interminable attente, Stroszek sombre progressivement dans la folie et devient dangereux pour son entourage...

Premier long-métrage du génial Werner Herzog. Et c'est une réussite ! Stroszek, symbole du combattant déchu de sa guerre, orphelin de sa mort, que ses gestes dérisoires pour se maintenir parmi les guerriers attirent vers la déraison. Quel contraste entre la violence d'une guerre et le pacifique calme solaire de cette île du Dodécanèse où le temps semble s'être arrêté ! Herzog filme magnifiquement la lente dégradation des rapports entre ces êtes que la guerre a oubliée. Une œuvre oppressante !

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source

vendredi, 06 février 2015

La recherche-développement militaire américaine

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La recherche-développement militaire américaine: vecteur de domination mondiale...

par Sylvain Gimberlé

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Sylvain Gimberlé, cueilli sur Infoguerre et consacré à l'effort considérable fourni par les Etats-Unis en matière de recherche et développement dans le domaine militaire et à ses retombées...

Les USA à l’orée de la 2ème Guerre Mondiale ne disposent pas réellement d’industries de l’armement à l’instar de nombreux autres pays. Tout au long de la guerre les USA vont véritablement devenir l’arsenal des Alliés et pour pourvoir à cet effort gigantesque l’État américain va investir énormément aussi bien dans l’outil de production que dans tous les domaines de la recherche scientifique. Ceci s’appelle de nos jours R&D. À la fin du conflit il leur a fallu continuer cet effort pour tenter d’être toujours devant l’URSS. Pendant quarante-cinq ans cela leur a ainsi permis d’être le leader incontesté du bloc occidental en tirant vers le haut non seulement leur économie mais également celles de leur bloc. Avec l’effondrement de l’URSS, les USA sont devenus la superpuissance mondiale aussi bien militairement qu’économiquement. Voulant garder leur leadership mondial ils se doivent de maintenir leur effort de R&D militaire car qui dispose de la plus forte armée peut contraindre à sa guise aussi bien physiquement que par pression diplomatique. Néanmoins cet effort économique en terme de R&D militaire, même s’il draine des fonds et des moyens humains et industriels spectaculaires, peut aussi bien être vu comme un manque d’investissements dans des domaines de R&D civile tout en sachant que nombre de technologies militaires se retrouvent dans le civil mais que la réciproque est vraie également de plus en plus.

La R&D se décompose en trois domaines essentiellement, à savoir la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental (définition établie par l’OCDE). Cependant les moyens humains, industriels et surtout financiers qu’ils octroient à leur R&D ne sont pas répartis de façon homogène sur tous les Departments. De plus le budget fédéral et les entreprises civiles ne contribuent pas financièrement de la même manière selon les secteurs d’activités comme la santé, l’énergie, l’espace, les télécommunications etc… Pour cela ils ont dû et doivent encore consacrer une part importante de leurs dépenses fédérales (environ 4% en moyenne sur les 20 dernières années) à la R&D. Le résultat est qu’ils dépensent dans le domaine militaire plus que tous les autre pays au monde réunis et la tendance s’est encore accentuée depuis les attentats du 11 septembre 2001 et avec l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak qui ont nécessités des investissements massifs. Le budget du DoD a ainsi presque doublé en dix ans. La R&D militaire américaine a donc fortement augmenté car l’investissement en R&D est resté quasiment stable en pourcentage du budget fédéral. Le budget fédéral alloué au DoD représente ainsi 20% du budget total de l’État américain. La R&D militaire américaine est essentiellement tournée vers le développement, le test et l’évaluation de systèmes d’armes avec 80% des dépenses en R&D du DoD qui représentent 60% de la R&D fédérale des USA. Cependant 66% de la R&D totale des USA (État + entreprises privées) proviennent du secteur privé et le budget fédéral en R&D ne représente que 27% des dépenses totale en R&D. Ces 27% sont drainés à 97% par huit ministères et agences. Il reste ainsi près de 40% du budget fédéral américain alloué aux dépenses civiles même si certaines des découvertes de part et d’autres peuvent trouver des applications dans le civil et le militaire.

L’émergence d’une R&D civile de plus en plus indépendante de la R&D militaire a commencé avec la course à l’espace, dans les années 60, que se livraient les USA et l’URSS. Même si cette R&D pouvait avoir des répercussions dans le domaine militaire, ce dernier n’en était plus l’unique bénéficiaire. Les recherches dans les secteurs de la santé, des télécommunications, de la biologie, de l’énergie etc… ont nécessité des dépenses que n’était pas capable d’assumer seul l’État fédéral et donc des entreprises privées ont été mises a contribution pour faire avancer les recherches. Mais l’État fédéral et les entreprises du secteur privé ne pouvaient plus à ce moment là investir dans la R&D sans un retour sur investissement à court ou moyen terme. Ils ont donc commencé à faire de la R&D à fin duale (à des fins civiles et militaires) afin de pouvoir adapter rapidement d’un domaine à l’autre les recherches qui aboutissaient. Pour le long terme elles privilégiaient la R&D militaire qui nécessite des investissements plus lourds et est donc plus longue à amortir et pour le court terme de la R&D civile.

Ainsi même si le DoD reste aujourd’hui le ministère bénéficiant des plus gros investissements en R&D de l’État américain, il n’est plus celui qui donne les avancées les plus significatives dans la recherche. Pour qu’il y ait des transferts de technologies du domaine militaire au domaine industriel civil, il faut que non seulement le DoD finance des programmes et projets d’armement mais aussi que les entreprises privées qui travaillent en collaboration avec lui aient suffisamment de ressources humaines, matérielles et financières pour pouvoir honorer ces programmes. Les firmes privées aux USA disposent de près de 80% des chercheurs ce qui leur confère une grande capacité à innover et à proposer des solutions rapidement aux exigences du DoD. Cette capacité en R&D des entreprises américaines se retrouve pour plus de 70% dans le secteur de l’industrie contre 13% dans les universités. Cela montre la forte compétitivité des entreprises américaines par rapport aux entreprises d’autres pays. En effet elles peuvent à la fois innover tester et mettre en production beaucoup de programmes en même temps. Elles ont donc tout intérêt à investir dans la R&D puisque plus elles auront d’avance technologique, plus elles auront la possibilité de décrocher des contrats du DoD.

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En outre le DoD a d’autres instruments pour favoriser les investissements des firmes dans la R&D militaire. L’un de ceux-ci est la R&D dite indépendante, ou IR&D. L’IR&D est une R&D conduite à l’initiative des firmes d’armement, en dehors de leurs contrats courants, sans contrôle et sans financement direct du DoD. Le contractant finance au départ lui-même l’entièreté des dépenses, mais il sait qu’une partie de celles-ci pourront ultérieurement être imputées comme coûts indirects dans les contrats conclus avec le DoD. Ainsi grâce à l’IR&D les entreprises sont encore plus fortement incitées à investir en R&D et c’est pour cela que c’est dans l’industrie que les investissements en R&D sont les plus massifs. C’est pour maintenir ce haut niveau d’IR&D et ainsi défendre leur position a commencé une vague de fusions-acquisitions dans les années 80-90 et qui se poursuit de nos jours.

 

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Beaucoup de firmes concurrentes travaillent sur les mêmes projets (ce qui stimule les entreprises) et pour maintenir les investissements en R&D il faut réaliser des économies de fonctionnement et d’échelle. Les retombées de la R&D miliaire américaine sont profitables au domaine civil en cela qu’il stimule les entreprises et permet des investissements privés massifs dans l’industrie. En contrepartie ce sont des investissements qui ne sont pas mis dans d’autres secteurs de recherche et c’est alors au budget fédéral d’investir dans la R&D civile. Les investissements en R&D liés à la conquête spatiale ont fait progresser les STIC de façon significative avec toutes les découvertes qui en découlent telles la mise en orbite des satellites, le radioguidage ou encore la navigation GPS. Même si les crédits alloués à la R&D STIC civile sont plus importants en Europe qu’aux USA, quand on regarde les crédits alloués à la R&D STIC militaire, les USA sont largement en tête car la majorité des crédits publics en R&D STIC bénéficiant aux entreprises relève des crédits de défense. En effet l’investissement de crédits publics en R&D STIC aux USA représente 60% des investissements de la R&D fédérale et est réalisé majoritairement par le DoD. Ceci a pour conséquence que le ratio R&D STIC entreprises / R&D STIC fonds publics n’est que de 4,2 aux USA alors qu’il est plus important en Europe ou encore au Canada.

Un projet néanmoins a eu un développement particulier à partir des années 60, à savoir l’ARPANET l’ancêtre d’Internet. En effet même s’il a été développé par le DARPA, ce réseau informatique a relié en premier des universités pour faciliter l’échange de données. Le réseau évoluant suite au succès rencontré, il fut décidé en 1980 de le scinder en deux réseaux : l’un militaire, l’autre universitaire. Ce dernier a continué à grandir, s’est connecté à d’autres réseaux et ainsi petit à petit a donné l’Internet que tout le monde connaît et qui est de nos jours indispensable dans notre quotidien et dont la majorité des serveurs mondiaux sont situés sur le sol américain. Les USA ont donc compris très tôt que le monde, se rétrécissant grâce aux télécommunications, il allait être nécessaire de faire de gros investissements militaires dans les STIC pour à la fois conserver leur force militaire en C3I et leur contrôle civil de l’Internet ; les deux assurant leur maîtrise de l’information et ainsi leur hégémonie. Au sein même des STIC la part réservée à la cybersécurité va croissante depuis le 11 septembre 2001. En effet l’acquisition d’informations ainsi que la maîtrise de sa propre information fournissent le moyen d’avoir en permanence un coup d’avance et ainsi de posséder un atout maître dans sa prise de décision que cela soit au niveau stratégique, opératif ou encore tactique.

C’est par des investissements massifs en R&D que les USA peuvent encore conserver l’avance technologique militaire dont ils ont besoin pour influer sur la géopolitique mondiale. Ces efforts n’ont pas été, au fil du temps, axés sur les mêmes priorités avec notamment depuis la chute de l’URSS des dotations en R&D à la fois dans l’armement mais aussi dans le domaine de la santé. Celui-ci est d’ailleurs le premier poste de dépense fédéral de nos jours (environ 22%), bien que le budget du DoD soit juste derrière avec 20%. L’industrie civile est grandement stimulée car près de 80% des chercheurs sont dans les entreprises ce qui leur donne une immense capacité d’innovation qui se retrouve pour 70% dans l’industrie et ainsi a permis jusqu’à présent au DoD de maintenir l’avance technologique militaire des USA. Cependant les dépenses en R&D de l’État dans les universités pour la recherche fondamentale et les investissements dans le domaine de la santé ne compensent que faiblement les fonds pour les STIC.

Les investissements en R&D militaire des USA sont donc un immense atout pour leur économie et un vecteur de domination mondiale car massifs et réalisés aussi bien par les entreprises que par l’État. De nos jours, ces investissements sont essentiellement concentrés dans les STIC afin que les USA puissent garder l’avance qu’ils ont dans la maîtrise de l’information. En effet ces derniers savent que la Chine et l’Inde rattrapent à grande vitesse leur retard dans ce domaine et que ces pays essaieront à court terme de leur ravir cette maîtrise de l’information qui est l’arme du XXIème siècle.

Sylvain Gemberlé (Infoguerre, 25 janvier 2015)

jeudi, 05 février 2015

Aux côtés des derniers samouraïs

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AUX CÔTÉS DES DERNIERS SAMOURAÏS
 
Jules Brunet et les officiers français défenseurs de la République de Hakodate

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

La France n'a pas les honneurs du cinéma à grands spectacles (et à grands effets visuels) hollywoodiens. L'Histoire non plus d'ailleurs, la réalité des faits n'est que secondaire. Il suffit de prendre pour exemple le film Master and Commander : The Far Side of the World, réalisé par Peter Weir en 2003, mettant en scène les aventures du capitaine Jack Aubrey de la Royal Navy, héros d'une série de romans de l'écrivain britannique Patrick O'Brian. Cette histoire s'inspire des aventures de Thomas Cochrane, un célèbre officier de la marine britannique, et le roman original se déroule pendant la guerre anglo-américaine de 1812. Or au cinéma, Russel Crowe (qui campe le rôle de Jack Aubrey) fait face avec ses hommes et son navire aux méchants marins français de la frégate Acheron, tandis que dans l'œuvre originale, les « méchants » sont embarqués sur la frégate américaine Norfolk. Certes, un roman n'est pas la vérité historique pourrait-on nous rétorquer. La même année, était diffusé sur le grand écran le Dernier Samouraï (The Last Samurai), réalisé par Edward Zwick. Un film de qualité, à l'esthétique remarquable appuyé par la musique de Hans Zimmer, mais prenant d'étranges libertés avec l'histoire. Certes le cinéma est un divertissement, mais cet argument ne justifie pas tout. Il y a surtout, dans l’hégémonique politique culturelle nord-américaine (Hollywwood et Disney en tête), une volonté de s’accaparer du patrimoine d’autrui.

L'histoire du Dernier Samouraï, calquée sur celle du Dernier des Mohicans de Fenimore Cooper, met en scène les aventures d'un officier, américain forcément, Nathan Algren, (incarné par l'acteur et scientologue Tom Cruise) qui apporte son soutien, après sa capture, aux samouraïs de Takamori Saigo entrés en conflits contre l'empereur Meiji. Cet officier, survivant de la bataille de Little Big Horn, est devenu alcoolique pour avoir été le témoin des atrocités des guerres indiennes. Il gagne sa vie comme acteur au service d’un marchand d’armes faisant la promotion des carabines Winchester, réputées pour leur efficacité contre les Amérindiens (bien que le 7ème de cavalerie était équipé de carabines Springfield, modèle 1873, et selon les témoignages de survivants de la bataille, les canons de celles-ci, surchauffés par les tirs incessants, n’auraient plu permis l’extraction des balles par la culasse...). Nathan Algren, donc, arrive en vue du Japon, le 12 juillet 1876 !? Beau tour de force pour un militaire survivant d’une bataille qui s’est déroulée les 25 et 26 juin 1876 dans le Montana, rejoint la côte Est, trouve un travail chez Winchester et s’embarque illico pour le Japon, tout cela en 16 jours ! Et en 1876 ! Passons aussi sur les équipements des samouraïs, affublés d'armures du XVIe siècle et abandonnées depuis des lustres. On est loin de la rigueur et du désir d'authenticité des films de Kurozawa Akira. 

Last-samurai.jpgD'un point de vue historique, Saigō Takamori (1827-1877), incarné par Watanabe Ken, a bien pris les armes contre l'empereur Meiji en 1876. Saigô s'est longtemps opposé au shogunat et a apporté son soutien à l'empereur pendant la guerre du Boshin (1868-69), mais n’acceptera pas les profondes réformes structurelles de l'État et de la société nippone entreprises après la restauration impériale. La rupture sera consommée lorsque le projet d'invasion de la Corée qu'il propose sera rejeté (1873). Replié sur ses terres, il prendra la tête d'une insurrection qui sera réprimée par l'armée impériale. Vaincu militairement, Saigô se suicide selon les règles du code de l'honneur des samouraïs. Toutefois, ce « dernier samouraï » n'avait pas, quel dommage, de conseiller militaire américain.

En revanche, l'armée shogunale, vaincue par les troupes impériales après la guerre du Boshin, avait à sa disposition des officiers.... français : les cadres d'une mission dirigée par le capitaine Jules Chanoine à laquelle était associée un officier de talent, un certain Jules Brunet. Relatons brièvement leur histoire, la vraie.


La première mission militaire française au Japon


En réponse à l'intrusion occidentale, le dernier shôgun, le jeune Tokugawa Yoshinobu, fît appel à des spécialistes de différents pays d'Europe et des États-Unis, les industriels et ingénieurs français était forts prisés, surtout dans les domaines du génie civil, des chantiers navals, de la métallurgie et des textiles. La France soutint cette politique de développement économique et industriel depuis la signature du traité de paix, d’amitié et de commerce de 1858 ; un partenariat revitalisé par le succès de l’Exposition universelle de 1867. Paris espérait également contre-carrer les projets britanniques dans l’île, Londres soutenant l’empereur Meiji. Du point de vue militaire, la France contribua surtout au développement de la marine de guerre, notamment par  la construction du chantier naval de  Yokosuka  (lire sur cette question la thèse de Elisabeth de Touchet, Quand les Français armaient le Japon. La création de l’arsenal de Yokosuka (1865-1882), PUR, 2003) et prit part un temps à la réorganisation de l'armée de terre. Après avoir fait appel au ministère de la Guerre britannique, qui laissa tarder sa réponse, les autorités shôgunales réclamèrent le conseil de cadres militaires français pour former un embryon d'armée moderne, caserné à Yokohama et comportant 1 000 fantassins, 650 artilleurs et 350 cavaliers. 


La mission, moins d'une vingtaine d'officiers, arriva au Japon au début de l'année 1867. Elle est surprise par la guerre civile et la crise de régime, le ministère de la Guerre réclamant prudence et circonspection à ces hommes dont la sympathie penche pour le Shôgun. Les sudistes, partisans de l’empereur, remontent vers le nord et s’emparent de Kyôtô, puis d’Edô, la capitale siège du shôgunat. Tokugawa Yoshinobu capitule (27 avril 1868), mais des jusqu’au-boutistes, dont l’amiral Enomono Takeaki, refusent la défaite et se replient pour poursuivre la lutte dans la partie septentrionale de l’île de Honshû.  Le capitaine Jules Brunet, qui a succédé au capitaine Chanoine envoyé en mission en Sibérie en juillet 1868, prend fait et cause pour les derniers samouraïs, au moment où le prince Higashikuze réclame le départ des instructeurs français encore présents au Japon. Avant de déserter en compagnie de trois autres officiers de la mission (Bouffier, Fortant, son ami du régiment des artilleurs à cheval de la garde, Marlin et Bouffier), il écrit quelques mots à son supérieur, le capitaine Chanoine : «Je vous ai présenté ma démission, mais vous ne l’avez pas acceptée. J’ai attendu le jour du départ pour la France. Réfléchissant dans mon for intérieur, j’ai décidé que devant l’hospitalité chaleureuse du gouvernement chôgounal, il fallait répondre dans le même esprit. Impatient d’agir, j’ai décidé de rejoindre les serviteurs de l’ancien régime et mes élèves qui aiment leur patrie. »  

Ces officiers français embarquent avec l’amiral Enomono Takeaki, à bord du navire amiral cuirassé, Kaiyô-Maru, fraîchement sorti des chantiers navals hollandais, tandis que le reste de la mission retourne en métropole. Enomono, conseillé par Jules Brunet va tenter d’organiser la résistance dans la province du Sendai, mais les forces impériales équipées d’artillerie lourde de fabrication américaine, s’emparent rapidement du principal bastion de la résistance shôgunale : la forteresse de Tsugaru. La flotte rebelle se replie et jette l’ancre dans la baie de Hakodate, actuelle préfecture de Hôkkaidô (20 octobre), et s’empare, après de vaines négociations, de la forteresse défendant la rade (28 octobre). Le 25 décembre, un scrutin est organisé et Enomono Takeaki est élu président de la République d’Ezo (ancien nom de Hôkkaidô). La supériorité numérique et matérielle de l’armée régulière est écrasante, mais qu’importe, les combattants français, qui ont reçu le renfort de trois autres officiers venus de Shanghaï (Nicole, Crateau et Eugène Collache) tentent le tout pour le tout en tentant l’abordage du navire amiral adverse, le Koketsu-Kan dans la baie de Miyako : les assaillants seront repoussés par les mitrailleuses Gatling déployées sur le pont du bâtiment (6 mai 1869). Le 20 mai, l’armée impériale débarque en différents points de l’île et les positions rebelles s’effondrent une à une, les derniers combattants et Enomono Takeaki, refugiés dans la forteresse de Goryokaku, se rendent. Remis aux autorités françaises, les officiers seront jugés et condamnés, mais la guerre de 1870 leur ouvrira la porte de leurs cachots. 


Qui était Jules Brunet, cet officier aventureux qui a inspiré le personnage de Nathan Algren du film Le dernier samouraï


Jules Brunet (Belfort, 2 janvier 1838-Fontenay-sous-Bois, 12 août 1911) est le fils d’un vétérinaire aux armées (Jean Brunet du 3e régiment de dragons). À 19 ans, il intègre l’École Polytechnique (1er novembre 1857), puis l’école d’application de l’artillerie et du génie avec le grade de sous-lieutenant (1er octobre 1859). Le 1er octobre 1861, il est affecté au 3e régiment d'artillerie, avec le grade de lieutenant en second, et participe à la campagne du Mexique. Officier intelligent, doué en écriture et en dessins, il croque sur le vif sur des carnets à dessin des moments de la vie militaire ou les mets en scène sous forme de sketches qui seront publiés dans des revues françaises.  Nathan Algren, le « Jules Brunet » de la fiction hollywoodienne possède des carnets de dessins, comportant des croquis et des études sur les tribus indiennes, mais ce point du scénario paraît être un clin d’œil au film Danse avec les Loups (le lieutenant John Dunbar, interprété par Kevin Costner, tient lui aussi un journal illustré).  Jules Brunet sera ensuite affecté au régiment d’artillerie à cheval de la garde impériale (3 février 1864). C’est le 3 août 1867 qu’il est officiellement attaché à la 1ère mission française au Japon. Après l’aventure nippone, Jules Brunet gravira tous les échelons : capitaine en 1er (5e régiment d’artillerie à cheval, 24 novembre 1870), chef d’escadrons (en qualité de conseiller auprès de l’attaché militaire de l’ambassade de France en Autriche, 8 octobre 1875), lieutenant-colonel (attaché militaire à l’ambassade de France en Italie), général de brigade (état-major général de l’Armée, 29 décembre 1891), général de division (en qualité de membre du comité technique de l’artillerie, 8 novembre 1898). Jules Brunet a épousé Anne Viguié le 7 février 1870 (mairie du 10e arrondissement).

La geste de Jules Brunet n’est pas sans rappeler les aventures d’un autre artilleur, Charles-Nicolas Fabvier (1782-1855), héros de l’expédition de Morée et du siège d’Athènes . Il reste de belles réalisations cinématographiques à faire, mais pour cela, il faut plus que de l’argent, il faut de l’attachement à l’histoire de son pays. C’est la chose que l’on peut réellement envier au cinéma hollywoodien.

lundi, 02 février 2015

Ivan Blot: « L’État doit se recentrer sur ce qui est son essence même: la fonction militaire »

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Ivan Blot: « L’État doit se recentrer sur ce qui est son essence même: la fonction militaire »

Ivan Blot, haut fonctionnaire, auteur et homme politique, grand promoteur de la démocratie directe, a répondu aux questions du Bréviaire des patriotes.

La Russie parviendra-t-elle selon vous à remettre en cause la vision unipolaire du monde selon les États-Unis par l’union qu’elle tente de dessiner entre pays émergents ? À votre avis, quelle est son regard sur l’UE et la France actuelle ?

Dans mon livre « l’Europe colonisée » (Apopsix, 2014), je cite De Gaulle qui dans ses mémoires d’espoirs, écrit : « si les Occidentaux de l’ancien monde demeurent subordonnés au nouveau monde, jamais l’Europe ne sera européenne et jamais non plus elle ne pourra rassembler ses deux moitiés ».

La Russie conteste, comme De Gaulle, la prétention de l’Amérique à se considérer comme au-dessus du droit international. A la session fin octobre à Sotchi du club international de Valdai, dont je suis membre, le président Poutine a demandé à ce que tout le monde respecte l’ordre international et ne prenne pas d’initiative guerrière en dehors du cadre de l’ONU. Mais il a aussi précisé que pour lui, la Russie fait partie de l’Europe et partage sa civilisation. Si elle coopère avec d’autres continents et notamment l’Asie, qui l’intéresse pour des raisons géographiques évidentes, elle ne veut aucunement renoncer à sa vocation européenne.

J’ai récemment discuté avec Philippe de Villiers qui doit créer deux parcs du type du « Puy du Fou » en Russie, l’un près de Moscou et l’autre en Crimée. Villiers a rencontré longuement Poutine. Il m’a dit que celui-ci était bien sûr tout d’abord le président de la Russie mais qu’il avait le sentiment que Poutine se voyait aussi en gardien de la Chrétienté, en gardien des valeurs traditionnelles de la civilisation européenne.

Lors d’une rencontre avec François Hollande à Paris, peu après l’élection de ce dernier comme président de la République, un journaliste avait demandé au président russe s’ils avaient discuté du bouclier antimissile que les Etats-Unis voulaient implanter en Europe de l’Est. Poutine a répondu : un tel dialogue n’est pas possible car la France a renoncé à son indépendance militaire. Elle est membre de l’OTAN, une organisation dominée par les Etats-Unis. Lorsqu’il s’agit de débat sur des questions de haute stratégie militaire, la Russie n’a qu’un seul interlocuteur possible, les Etats-Unis : la Russie et les Etats-Unis sont des pays indépendants militairement, ce qui n’est pas le cas de la France.

La Russie regrette cette situation de l’Europe colonisée, tant par le haut (les Etats-Unis) que par le bas (l’immigration non qualifiée du tiers-monde). Il a dit un jour que la France risquait d’être colonisée par ses propres colonies.

On voit bien que les sanctions économiques antirusses adoptées avec le prétexte ukrainien, conduisent sans doute la Russie à passer des accords commerciaux considérables avec la Chine et avec l’Inde. N’oublions pas que ces trois pays fort différents ont un grand point commun : le patriotisme est une valeur essentielle qui anime leur politique, bien plus que les abstractions droit de l’hommistes de l’Occident. Sur les droits de l’homme, Poutine admet leur valeur mais constate qu’ils servent de prétexte à détruire les anciennes traditions nationales et religieuses.

 

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L’Occident américanisé n’a aucune légitimité pour se considérer comme une Cour suprême mondiale qui jugerait comment les autres peuples doivent penser et se comporter. Cette façon de voir, qui fut celle du colonialisme autrefois, est d’ailleurs dépassée. Le monde est devenu multipolaire et cela va s’accélérant. Regardez les pays qui ont le PNB le plus important du monde : l’Europe occidentale perd pieds et la Chine rattrape les Etats-Unis. En 2013, d’après le Fonds monétaire international (FMI), les Etats-Unis ont produit 16 768 milliards de dollars et la Chine 16 149 milliards. Ce qui est aussi nouveau est la troisième place de l’Inde avec 6 776 devant le Japon qui est quatrième ( 4 667 milliards). En position cinq arrive l’Allemagne, premier pays d’Europe occidentale avec 3 512 et la Russie est sixième avec 3 491 milliards de dollars. Soit dit en passant, ce très bon score russe est incompatible avec les discours superficiels selon lesquels la Russie ne vendrait et ne produirait que des matières premières. Seule la Russie produit les fusées Soyouz, seules capables d’emmener des hommes dans la station spatiale orbitale et elle exporte des centrales nucléaires notamment en Inde.

La France n’a fait que reculer ces dernières années et est désormais 8ème derrière le Brésil qui vient de la doubler, et suivie de près par l’Indonésie et le Royaume Uni.

La Chine, l’Inde et la Russie totalisent 25 500 milliards de PNB contre 16 700 pour les USA. Cela fait peur aux Américains qui craignent la concurrence d’une puissante Eurasie et cela montre aussi le ridicule de Washington qui menace « d’isoler la Russie » : il suffit de voir une carte pour comprendre que c’est impossible !

La Russie a toujours et veut toujours faire une grande Europe d’échanges libres du Portugal à Vladivostok mais, puisque l’Union européenne, sur l’ordre des USA refuse de dialoguer vraiment avec elle, elle met en place en attendant une Union eurasiatique avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Arménie. Elle aurait bien voulu inclure l’Ukraine mais le coup d’Etat de Kiev a retardé la réalisation de cet espoir. Quoi qu’il en soit, la Russie ne veut aucunement rompre les ponts avec l’Europe. Je constate d’ailleurs qu’elle a de puissants alliés sur ce terrain avec les milieux économiques des pays européens qui s’inquiètent de la stagnation et du chômage.

Même avec les Etats-Unis, la Russie les considère comme un allié contre le terrorisme islamique et non comme un ennemi. L’agressivité du gouvernement américain est unilatérale. Elle est inspirée par la vieille géo stratégie de Zbigniew Brzezinsky qui commence à dater. Dans son livre, « le grand échiquier », il disait que les USA ne peuvent pas tolérer une puissance concurrente en Eurasie et qu’il fallait pour cela détacher l’Ukraine de la Russie puis découper la Russie en plusieurs Etats. C’est difficile d’être plus agressif que cet ancien conseiller du président Carter, resté officieusement conseiller à la Maison Blanche. Une bonne moitié du peuple américain en a assez des aventures internationales et il se peut qu’un jour les Américains reviennent à de meilleurs sentiments, mais ils ne comprennent que les rapports de force.

Les récents contrats entre l’Inde et la Russie, la Chine et la Russie, qui portent sur du pétrole, le gaz ou des centrales nucléaires, peuvent les faire évoluer.

Que penser de l’UE et de la France ? Ces pays sont colonisés. Economiquement, ils dépendent du dollar pour le commerce international ; Politiquement et militairement ils sont satellisés à la commission de Bruxelles d’une part, à l’OTAN d’autre part. Culturellement, ils sont influencés par l’Amérique qui impose ses programmes et ses médias. Seul De Gaulle a voulu vraiment sortir de cette situation mais c’était alors difficile en raison de la menace soviétique. Aujourd’hui, la nouvelle Russie pourrait s’allier à l’Europe de l’ouest mais celle-ci reste au niveau de ses élites, trop dépendante des Etats-Unis.

 

Certains disent que le modèle de démocratie directe à la Suisse serait impossible ou dangereux s’il était appliqué à la France. Que leur répondez-vous ?

C’est comme si l’on disait que l’économie de marché serait impossible en France. La démocratie directe en politique est analogue à ce qu’est l’économie de marché. On fait confiance à l’expérience des personnes qui sont sur le terrain plutôt qu’aux bureaucraties. En fait, on vit en oligarchie et non en démocratie, comme je l’ai expliqué dans mon livre « l’oligarchie au pouvoir » (Economica, 2011). Les députés de la majorité sont aux ordres du gouvernement et les décisions de ce dernier sont préparées dans les ministères par les hauts fonctionnaires qui sont les vrais gouvernants de fait. Ils gouvernent avec les dirigeants des médias et des syndicats. Tout cela est oligarchique et non démocratique.

Seule la démocratie directe, les référendums d’initiative populaire, permettent au peuple de s’exprimer vraiment sur les lois. Le système n’existe pas qu’en Suisse, pays où c’est un vrai succès. Le système existe aussi en Italie depuis 1964 où un référendum initié par une pétition de 500 000 signatures peut annuler une loi votée par le parlement. C’est cela qui a fait échouer la loi Berlusconi qui mettait le premier ministre au-dessus de toute les lois en lui accordant l’impunité totale.

Le système existe aussi en Allemagne au niveau des communes et des Länder. Il existe aussi dans 25 des 50 états fédérés américains, surtout sur la côte ouest. C’est pour cela que les impôts sont 30% plus bas sur la côte ouest américaine que sur la côte est : résultat, le taux de croissance de l’économie est plus fort à l’ouest dans les Etats de Washington ou de Californie.

Plusieurs ex pays de l’est autorisent les référendums d’initiative populaire, ainsi que l’Uruguay en Amérique latine. Je ne vois pas pourquoi ce qui réussit dans tous ces pays (voir mon livre : la démocratie directe ; économica, 2012) échouerait en France alors que le régime actuel ne fonctionne pas. C’est le régime actuel qui est dangereux !

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Quelle vision de l’Etat avez-vous ? Celle d’un Etat obèse et omnipotent comme le pointent les libéraux ? Ou celle d’un Etat timoré et amaigri face au marché et à l’UE comme le pointent d’autres ?

Aujourd’hui, la réflexion en termes de philosophie politique est indigente. Il faut relire les travaux de l’académicien Georges Dumézil sur les trois fonctions sociales. Il existe trois fonctions sociales hiérarchisées dans toutes les anciennes sociétés européennes : la fonction de souveraineté, la fonction guerrière et la troisième fonction vouée à la production et la reproduction. L’Etat est lié aux deux premières fonctions qui aujourd’hui sont marginalisées. Or, c’est grave pour la moralité, c’est-à-dire le vivre ensemble de toute la société. Les fonctions de souveraineté et guerrières correspondaient à la noblesse et au clergé autrefois, c’est-à-dire à des corps voués au service d’autrui. Dans un monde dominé par la troisième fonction, à dominante économique, l’égoïsme n’est plus compensé par rien.

Le philosophe existentiel Heidegger appelle une telle société le « Gestell », un système d’arraisonnement utilitaire où l’homme devient un rouage de la machinerie techno-économique. L’homme n’est plus considéré que comme matière première et c’est une affreuse régression que le système tente de masquer avec sa rhétorique des droits de l’homme. Le patriarche Cyrille Premier de toutes les Russies dans son remarquable ouvrage, trop peu lu, « l’Evangile et a liberté : les valeurs de la tradition dans la société laïque » (éditions du Cerf), montre qu’en Occident, on parle sans arrêt des droits de l’homme mais on piétine la dignité humaine, et on oublie les devoirs de l’homme qui définissent sa noblesse. Un homme capable de sacrifier sa vie pour sa patrie, c’est-à-dire sa mère, a une valeur morale nécessairement supérieure à celui qui n’en est pas capable.

L’Etat n’a pas à gérer l’économie car il en est incapable. Par contre l’Etat doit protéger les valeurs qui permettent aux hommes de se transcender et de ne pas être de simples animaux : l’armée et l’église jouent ici un rôle essentiel, comme en Russie. En Occident, les valeurs dominantes sont celles du Gestell : l’égo dans sa vanité remplace Dieu, l’argent remplace l’honneur, les masses sont glorifiées à la place de la personnalité et des grands hommes, la technique est idolâtrée et se substitue aux racines que sont la famille et la patrie. Cela entraine, comme l’a souligné le président Poutine au club de Valdai il y a un an, une incapacité à défendre la vie : la natalité s’effondre, le crime progresse et l’Occident va à sa perte sous le poids d’une immigration de masse qui ne s’intègre pas.

Il n’y a pas de contradiction à demander que les libertés et la propriété soient respectées par l’Etat et à vouloir que l’Etat joue son vrai rôle, son rôle éthique : cela suppose que l’Etat se recentre sur ce qui est son essence même : la fonction militaire. De Gaulle a écrit : «  la colonne vertébrale, c’est l’armée, c’est le pôle principal. S’il cède, les pôles secondaires cèderont aussi : la justice, la police, l’administration ».

Vous voyez qu’on est très au-dessus des débats médiocres sur l’Etat gras ou l’Etat maigre : je ne dis pas qu’il n’y a pas là un sujet mais c’est restreindre le débat au corps de l’Etat et ignorer l’essentiel, à savoir son âme : on fait pareil pour l’homme ; on ignore son âme et l’homme régresse vers la bête. Etonnez- vous qu’après cela, on soit incapable de s’opposer spirituellement à l’Islamisme radical !

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Quels sont vos projets à court et moyen terme à travers votre association ?

Je n’ai pas une association mais deux, avec deux sites : l’institut néo socratique (www.insoc.fr ) et l’association « agir pour la démocratie directe » (www.democratiedirecte.fr ).

La première est philosophique et veut contribuer à nous sortir de la décadence du Gestell matérialiste dans la ligne des philosophes existentiels, ligne qui va de Pascal à Nietzsche, Kierkegaard et Heidegger. Il n’y aura pas de renaissance politique sans renouveau philosophique mais la classe politique actuelle est, à part quelques rares exceptions, trop inculte et trop égocentrée, pour comprendre cette vérité et agir en conséquence. Il nous faut comme en Russie, une classe gouvernante issue des milieux vraiment patriotiques, donc l’armée, et non des milieux étroitement carriéristes, ceux de l’administration civile, à part, encore une fois, quelques exceptions.

La deuxième association cherche un recours contre la décadence dans le peuple français lui-même en lui redonnant la possibilité de décider de son destin à travers la démocratie directe. Autrement dit, il nous faut un président qui ait l’esprit militaire, avec le courage qui va avec, et un recours au peuple chaque fois que c’est nécessaire pour contourner les féodalités égoïstes, administratives, médiatiques, syndicales, associatives, qui veulent s’imposer au détriment de l’intérêt général.

Les moyens sont d’influencer une partie, la moins décadente, de la classe dirigeante pour qu’elle donne la parole au peuple : pour cela, il faut réformer l’article 11 de la constitution, pour permettre le référendum d’initiative populaire. Le président Sarkozy en 2008 a fait un premier pas dans ce sens en permettant au référendum déclenché par une pétition populaire d’exister. Mais les conditions mises, qui ont été rédigées par des juristes à courte vue, sont trop restrictives : il faut demander comme en Italie 500 000 signatures pour déclencher un référendum, enlever la nécessité d’avoir des signatures de parlementaires (ce sont des citoyens comme les autres : à bas les privilèges !) et rendre la tenue du référendum automatique plutôt que de donner le choix au président de la république de le faire ou non : contrairement à ce que croient certains, c’est affaiblir le président de lui donner cette compétence, car s’il choisit de refuser de faire un référendum, il aura l’air de quoi ?

Sa légitimité démocratique s’en ressentira, et ce sera mauvais pour l’Etat. Il faut un chef à l’Etat et qui soit soutenu par le peuple parce qu’il fait la politique que le peuple souhaite : en ce sens, pour moi, Poutine est plus démocrate qu’Hollande que 80% des Français rejettent.

Propos recueillis par Guillaume N.

jeudi, 29 janvier 2015

The Golden Age of Black Ops

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The Golden Age of Black Ops

Special Ops Missions Already in 105 Countries in 2015

By

TomDispatch.com

Ex: http://www.lewrockwell.com

In the dead of night, they swept in aboard V-22 Osprey tilt-rotor aircraft.  Landing in a remote region of one of the most volatile countries on the planet, they raided a village and soon found themselves in a life-or-death firefight.  It was the second time in two weeks that elite U.S. Navy SEALs had attempted to rescue American photojournalist Luke Somers.  And it was the second time they failed.

On December 6, 2014, approximately 36 of America’s top commandos, heavily armed, operating with intelligence from satellites, drones, and high-tech eavesdropping, outfitted with night vision goggles, and backed up by elite Yemeni troops, went toe-to-toe with about six militants from al-Qaeda in the Arabian Peninsula.  When it was over, Somers was dead, along with Pierre Korkie, a South African teacher due to be set free the next day.  Eight civilians were also killed by the commandos, according to local reports.  Most of the militants escaped.

sops20100.jpgThat blood-soaked episode was, depending on your vantage point, an ignominious end to a year that saw U.S. Special Operations forces deployed at near record levels, or an inauspicious beginning to a new year already on track to reach similar heights, if not exceed them.

During the fiscal year that ended on September 30, 2014, U.S. Special Operations forces (SOF) deployed to 133 countries — roughly 70% of the nations on the planet — according to Lieutenant Colonel Robert Bockholt, a public affairs officer with U.S. Special Operations Command (SOCOM).  This capped a three-year span in which the country’s most elite forces were active in more than 150 different countries around the world, conducting missions ranging from kill/capture night raids to training exercises.  And this year could be a record-breaker.  Only a day before the failed raid that ended Luke Somers life — just 66 days into fiscal 2015 — America’s most elite troops had already set foot in 105 nations, approximately 80% of 2014’s total.

Despite its massive scale and scope, this secret global war across much of the planet is unknown to most Americans.  Unlike the December debacle in Yemen, the vast majority of special ops missions remain completely in the shadows, hidden from external oversight or press scrutiny.  In fact, aside from modest amounts of information disclosed through highly-selective coverage by military media, official White House leaks, SEALs with something to sell, and a few cherry-picked journalists reporting on cherry-picked opportunities, much of what America’s special operators do is never subjected to meaningful examination, which only increases the chances of unforeseen blowback and catastrophic consequences.

The Golden Age

“The command is at its absolute zenith.  And it is indeed a golden age for special operations.”  Those were the words of Army General Joseph Votel III, a West Point graduate and Army Ranger, as he assumed command of SOCOM last August.

His rhetoric may have been high-flown, but it wasn’t hyperbole.  Since September 11, 2001, U.S. Special Operations forces have grown in every conceivable way, including their numbers, their budget, their clout in Washington, and their place in the country’s popular imagination.  The command has, for example, more than doubled its personnel from about 33,000 in 2001 to nearly 70,000 today, including a jump of roughly 8,000 during the three-year tenure of recently retired SOCOM chief Admiral William McRaven.

Those numbers, impressive as they are, don’t give a full sense of the nature of the expansion and growing global reach of America’s most elite forces in these years.  For that, a rundown of the acronym-ridden structure of the ever-expanding Special Operations Command is in order.  The list may be mind-numbing, but there is no other way to fully grasp its scope.

The lion’s share of SOCOM’s troops are Rangers, Green Berets, and other soldiers from the Army, followed by Air Force air commandos, SEALs, Special Warfare Combatant-Craft Crewmen and support personnel from the Navy, as well as a smaller contingent of Marines.  But you only get a sense of the expansiveness of the command when you consider the full range of “sub-unified commands” that these special ops troops are divided among: the self-explanatory SOCAFRICA; SOCEUR, the European contingent; SOCKOR, which is devoted strictly to Korea; SOCPAC, which covers the rest of the Asia-Pacific region; SOCSOUTH, which conducts missions in Central America, South America, and the Caribbean; SOCCENT, the sub-unified command of U.S. Central Command (CENTCOM) in the Middle East; SOCNORTH, which is devoted to “homeland defense”; and the globe-trotting Joint Special Operations Command or JSOC — a clandestine sub-command (formerly headed by McRaven and then Votel) made up of personnel from each service branch, including SEALs, Air Force special tactics airmen, and the Army’s Delta Force, that specializes in tracking and killing suspected terrorists.

And don’t think that’s the end of it, either.  As a result of McRaven’s push tocreate “a Global SOF network of like-minded interagency allies and partners,” Special Operations liaison officers, or SOLOs, are now embedded in 14 key U.S. embassies to assist in advising the special forces of various allied nations.  Already operating in Australia, Brazil, Canada, Colombia, El Salvador, France, Israel, Italy, Jordan, Kenya, Poland, Peru, Turkey, and the United Kingdom, the SOLO program is poised, according to Votel, to expand to 40 countries by 2019.  The command, and especially JSOC, has also forged close ties with the Central Intelligence Agency, the Federal Bureau of Investigation, and the National Security Agency, among others.

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Shadow Ops

Special Operations Command’s global reach extends further still, with smaller, more agile elements operating in the shadows from bases in the United States to remote parts of Southeast Asia, from Middle Eastern outposts to austere African camps. Since 2002, SOCOM has also been authorized to create its own Joint Task Forces, a prerogative normally limited to larger combatant commands like CENTCOM.  Take, for instance, Joint Special Operations Task Force-Philippines (JSOTF-P) which, at its peak, had roughly 600 U.S. personnel supporting counterterrorist operations by Filipino allies against insurgent groups like Abu Sayyaf.  After more than a decade spent battling that group, its numbers have been diminished, but it continues to be active, while violence in the region remains virtually unaltered.

A phase-out of the task force was actually announced in June 2014.  “JSOTF-P will deactivate and the named operation OEF-P [Operation Enduring Freedom-Philippines] will conclude in Fiscal Year 2015,” Votel told the Senate Armed Services Committee the next month.  “A smaller number of U.S. military personnel operating as part of a PACOM [U.S. Pacific Command] Augmentation Team will continue to improve the abilities of the PSF [Philippine Special Forces] to conduct their CT [counterterrorism] missions…”  Months later, however, Joint Special Operations Task Force-Philippines remained up and running. “JSOTF-P is still active although the number of personnel assigned has been reduced,” Army spokesperson Kari McEwen told reporter Joseph Trevithick of War Is Boring.

Another unit, Special Operations Joint Task Force-Bragg, remained in the shadows for years before its first official mention by the Pentagon in early 2014.  Its role, according to SOCOM’s Bockholt, is to “train and equip U.S. service members preparing for deployment to Afghanistan to support Special Operations Joint Task Force-Afghanistan.”  That latter force, in turn, spent more than a decade conducting covert or “black” ops “to prevent insurgent activities from threatening the authority and sovereignty of” the Afghan government.  This meant night raids and kill/capture missions — often in concert with elite Afghan forces — that led to the deaths of unknown numbers of combatants and civilians.  In response to popular outrage against the raids, Afghan President Hamid Karzai largely banned them in 2013.

sopsusa-arm.jpgU.S. Special Operations forces were to move into a support role in 2014, letting elite Afghan troops take charge.  “We’re trying to let them run the show,” Colonel Patrick Roberson of the Afghanistan task force told USA Today.  But according to LaDonna Davis, a spokesperson with the task force, America’s special operators were still leading missions last year.  The force refuses to say how many missions were led by Americans or even how many operations its commandos were involved in, though Afghan special operations forces reportedly carried out as many as 150 missions each month in 2014.  “I will not be able to discuss the specific number of operations that have taken place,” Major Loren Bymer of Special Operations Joint Task Force-Afghanistan told TomDispatch. “However, Afghans currently lead 96% of special operations and we continue to train, advise, and assist our partners to ensure their success.”

And lest you think that that’s where the special forces organizational chart ends, Special Operations Joint Task Force-Afghanistan has five Special Operations Advisory Groups “focused on mentoring and advising our ASSF [Afghan Special Security Force] partners,” according to Votel.  “In order to ensure our ASSF partners continue to take the fight to our enemies, U.S. SOF must be able to continue to do some advising at the tactical level post-2014 with select units in select locations,” he told the Senate Armed Services Committee.  Indeed, last November, Karzai’s successor Ashraf Ghani quietly lifted the night raid ban, opening the door once again to missions with U.S. advisors in 2015.

There will, however, be fewer U.S. special ops troops available for tactical missions.  According to then Rear-, now Vice-Admiral Sean Pybus, SOCOM’s Deputy Commander, about half the SEAL platoons deployed in Afghanistan were, by the end of last month, to be withdrawn and redeployed to support “the pivot in Asia, or work the Mediterranean, or the Gulf of Guinea, or into the Persian Gulf.”  Still, Colonel Christopher Riga, commander of the 7th Special Forces Group, whose troops served with the Combined Joint Special Operations Task Force-Afghanistan near Kandahar last year, vowed to soldier on.  “There’s a lot of fighting that is still going on in Afghanistan that is going to continue,” he said at an awards ceremony late last year.  “We’re still going to continue to kill the enemy, until we are told to leave.”

Add to those task forces the Special Operations Command Forward (SOC FWD) elements, small teams which, according to the military, “shape and coordinate special operations forces security cooperation and engagement in support of theater special operations command, geographic combatant command, and country team goals and objectives.”  SOCOM declined to confirm the existence of SOC FWDs, even though there has been ampleofficialevidence on the subject and so it would not provide a count of how many teams are currently deployed across the world.  But those that are known are clustered in favored black ops stomping grounds, including SOC FWD Pakistan, SOC FWD Yemen, and SOC FWD Lebanon, as well as SOC FWD East Africa, SOC FWD Central Africa, and SOC FWD West Africa.

Africa has, in fact, become a prime locale for shadowy covert missions by America’s special operators.  “This particular unit has done impressive things. Whether it’s across Europe or Africa taking on a variety of contingencies, you are all contributing in a very significant way,” SOCOM’s commander, General Votel, told members of the 352nd Special Operations Group at their base in England last fall.

The Air Commandos are hardly alone in their exploits on that continent.  Over the last years, for example, SEALs carried out a successful hostage rescue mission in Somalia and a kidnap raid there that went awry.  In Libya, Delta Force commandos successfully captured an al-Qaeda militant in an early morning raid, while SEALs commandeered an oil tanker with cargo from Libya that the weak U.S.-backed government there considered stolen.  Additionally, SEALs conducted a failed evacuation mission in South Sudan in which its members were wounded when the aircraft in which they were flying was hit by small arms fire.  Meanwhile, an elite quick-response force known as Naval Special Warfare Unit 10 (NSWU-10) has been engaged with “strategic countries” such as Uganda, Somalia, and Nigeria.

A clandestine Special Ops training effort in Libya imploded when militia or “terrorist” forces twice raided its camp, guarded by the Libyan military, and looted large quantities of high-tech American equipment, hundreds of weapons — including Glock pistols, and M4 rifles — as well as night vision devices and specialized lasers that can only be seen with such equipment.  As a result, the mission was scuttled and the camp was abandoned.  It was then reportedly taken over by a militia.

In February of last year, elite troops traveled to Niger for three weeks of military drills as part of Flintlock 2014, an annual Special Ops counterterrorism exercise that brought together the forces of the host nation, Canada, Chad, France, Mauritania, the Netherlands, Nigeria, Senegal, the United Kingdom, and Burkina Faso.  Several months later, an officer from Burkina Faso, who receivedcounterterrorism training in the U.S. under the auspices of SOCOM’s Joint Special Operations University in 2012, seized power in a coup.  Special Ops forces, however, remained undaunted.  Late last year, for example, under the auspices of SOC FWD West Africa, members of 5th Battalion, 19th Special Forces Group, partnered with elite Moroccan troops for training at a base outside of Marrakech.

A World of Opportunities

Deployments to African nations have, however, been just a part of the rapid growth of the Special Operations Command’s overseas reach.  In the waning days of the Bush presidency, under then-SOCOM chief Admiral Eric Olson, Special Operations forces were reportedly deployed in about 60 countries around the world.  By 2010, that number had swelled to 75, according to Karen DeYoung and Greg Jaffe of the Washington Post.  In 2011, SOCOM spokesman Colonel Tim Nye told TomDispatch that the total would reach 120 by the end of the year.  With Admiral William McRaven in charge in 2013, then-Major Robert Bockholt told TomDispatch that the number had jumped to 134.  Under the command of McRaven and Votel in 2014, according to Bockholt, the total slipped ever-so-slightly to 133.  Outgoing Defense Secretary Chuck Hagel noted, however, that under McRaven’s command — which lasted from August 2011 to August 2014 — special ops forces deployed to more than 150 different countries.  “In fact, SOCOM and the entire U.S. military are more engaged internationally than ever before — in more places and with a wider variety of missions,” he said in an August 2014 speech.

He wasn’t kidding.  Just over two months into fiscal 2015, the number of countries with Special Ops deployments has already clocked in at 105, according to Bockholt.

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SOCOM refused to comment on the nature of its missions or the benefits of operating in so many nations.  The command would not even name a single country where U.S. special operations forces deployed in the last three years.  A glance at just some of the operations, exercises, and activities that have come to light, however, paints a picture of a globetrotting command in constant churn with alliances in every corner of the planet.

In January and February, for example, members of the 7th Special Forces Group and the 160th Special Operations Aviation Regiment conducted a month-long Joint Combined Exchange Training (JCET) with forces from Trinidad and Tobago, while troops from the 353rd Special Operations Group joined members of the Royal Thai Air Force for Exercise Teak Torch in Udon Thani, Thailand.  In February and March, Green Berets from the 20th Special Forces Group trained with elite troops in the Dominican Republic as part of a JCET.

In March, members of Marine Special Operations Command and Naval Special Warfare Unit 1 took part in maneuvers aboard the guided-missile cruiser USSCowpens as part of Multi-Sail 2014, an annual exercise designed to support “security and stability in the Indo-Asia-Pacific region.”  That same month, elite soldiers, sailors, airmen, and marines took part in a training exercise code-named Fused Response with members of the Belizean military.  “Exercises like this build rapport and bonds between U.S. forces and Belize,” said Air Force Lieutenant Colonel Heber Toro of Special Operations Command South afterward.

In April, soldiers from the 7th Special Forces Group joined with Honduran airborne troops for jump training — parachuting over that country’s Soto Cano Air Base.  Soldiers from that same unit, serving with the Afghanistan task force, also carried out shadowy ops in the southern part of that country in the spring of 2014.  In June, members of the 19th Special Forces Group carried out a JCET in Albania, while operators from Delta Force took part in the mission that secured the release of Army Sergeant Bowe Bergdahl in Afghanistan.  That same month, Delta Force commandos helped kidnap Ahmed Abu Khattala, a suspected “ringleader” in the 2012 terrorist attacks in Benghazi, Libya, that killed four Americans, while Green Berets deployed to Iraq as advisors in the fight against the Islamic State.

In June and July, 26 members of the 522nd Special Operations Squadron carried out a 28,000-mile, four-week, five-continent mission which took them to Sri Lanka, Tanzania, and Japan, among other nations, to escort three “single-engine [Air Force Special Operations Command] aircraft to a destination in the Pacific Area of Responsibility.”  In July, U.S. Special Operations forces traveled to Tolemaida, Colombia, to compete against elite troops from 16 other nations — in events like sniper stalking, shooting, and an obstacle course race — at the annual Fuerzas Comando competition.

In August, soldiers from the 20th Special Forces Group conducted a JCET with elite units from Suriname.  “We’ve made a lot of progress together in a month. If we ever have to operate together in the future, we know we’ve made partners and friends we can depend upon,” said a senior noncommissioned officer from that unit.  In Iraq that month, Green Berets conducted a reconnaissance mission on Mount Sinjar as part an effort to protect ethnic Yazidis from Islamic State militants, while Delta Force commandos raided an oil refinery in northern Syria in a bid to save American journalist James Foley and other hostages held by the same group.  That mission was a bust and Foley was brutally executed shortly thereafter.

In September, about 1,200 U.S. special operators and support personnel joined with elite troops from the Netherlands, the Czech Republic, Finland, Great Britain, Lithuania, Norway, Poland, Sweden, and Slovenia for Jackal Stone, a training exercise that focused on everything from close quarters combat and sniper tactics to small boat operations and hostage rescue missions.  In September and October, Rangers from the 3rd Battalion, 75th Ranger Regiment deployed to South Korea to practice small unit tactics like clearing trenches and knocking out bunkers.  During October, Air Force air commandos also conducted simulated hostage rescue missions at the Stanford Training Area near Thetford, England.  Meanwhile, in international waters south of Cyprus, Navy SEALs commandeered that tanker full of oil loaded at a rebel-held port in Libya.  In November, U.S. commandos conducted a raid in Yemen that freed eight foreign hostages.  The next month, SEALs carried out the blood-soaked mission that left two hostages, including Luke Somers, and eight civilians dead.  And these, of course, are only some of the missions that managed to make it into the news or in some other way onto the record.

Everywhere They Want to Be

To America’s black ops chiefs, the globe is as unstable as it is interconnected.  “I guarantee you what happens in Latin America affects what happens in West Africa, which affects what happens in Southern Europe, which affects what happens in Southwest Asia,” McRaven told last year’s Geolnt, an annual gathering of surveillance-industry executives and military personnel.  Their solution to interlocked instability?  More missions in more nations — in more than three-quarters of the world’s countries, in fact — during McRaven’s tenure.  And the stage appears set for yet more of the same in the years ahead.  “We want to be everywhere,” said Votel at Geolnt.  His forces are already well on their way in 2015.

“Our nation has very high expectations of SOF,” he told special operators in England last fall. “They look to us to do the very hard missions in very difficult conditions.”  The nature and whereabouts of most of those “hard missions,” however, remain unknown to Americans.  And Votel apparently isn’t interested in shedding light on them.  “Sorry, but no,” was SOCOM’s response toTomDispatch’s request for an interview with the special ops chief about current and future operations.  In fact, the command refused to make any personnel available for a discussion of what it’s doing in America’s name and with taxpayer dollars.  It’s not hard to guess why.

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Votel now sits atop one of the major success stories of a post-9/11 military that has been mired in winless wars, intervention blowback, rampant criminal activity, repeated leaks of embarrassing secrets, and all manner of shocking scandals.  Through a deft combination of bravado and secrecy, well-placed leaks, adroit marketing and public relations efforts, the skillful cultivation of a superman mystique (with a dollop of tortured fragility on the side), and one extremely popular, high-profile, targeted killing, Special Operations forces have become the darlings of American popular culture, while the command has been a consistent winner in Washington’s bare-knuckled budget battles.

This is particularly striking given what’s actually occurred in the field: in Africa, the arming and outfitting of militants and the training of a coup leader; in Iraq, America’s most elite forces were implicated in torture, the destruction of homes, and the killing and wounding of innocents;  in Afghanistan, it was a similar story, with repeated reports of civilian deaths; while in Yemen, Pakistan, and Somalia it’s been more of the same.  And this only scratches the surface of special ops miscues.

In 2001, before U.S. black ops forces began their massive, multi-front clandestine war against terrorism, there were 33,000 members of Special Operations Command and about 1,800 members of the elite of the elite, the Joint Special Operations Command.  There were then also 23 terrorist groups — from Hamas to the Real Irish Republican Army — as recognized by the State Department, including al-Qaeda, whose membership was estimated at anywhere from 200 to 1,000.  That group was primarily based in Afghanistan and Pakistan, although small cells had operated in numerous countries including Germany and the United States.

After more than a decade of secret wars, massive surveillance, untold numbers of night raids, detentions, and assassinations, not to mention billions upon billions of dollars spent, the results speak for themselves.  SOCOM has more than doubled in size and the secretive JSOC may be almost as large as SOCOM was in 2001.  Since September of that year, 36 new terror groups have sprung up, including multiple al-Qaeda franchises, offshoots, and allies.  Today, these groups still operate in Afghanistan and Pakistan — there are now 11 recognized al-Qaeda affiliates in the latter nation, five in the former — as well as in Mali and Tunisia, Libya and Morocco, Nigeria and Somalia, Lebanon and Yemen, among other countries.  One offshoot was born of the American invasion of Iraq, was nurtured in a U.S. prison camp, and, now known as the Islamic State, controls a wide swath of that country and neighboring Syria, a proto-caliphate in the heart of the Middle East that was only the stuff of jihadi dreams back in 2001.  That group, alone, has an estimated strength of around 30,000 and managed to take over a huge swath of territory, including Iraq’s second largest city, despite being relentlessly targeted in its infancy by JSOC.

“We need to continue to synchronize the deployment of SOF throughout the globe,” says Votel.  “We all need to be synched up, coordinated, and prepared throughout the command.”  Left out of sync are the American people who have consistently been kept in the dark about what America’s special operators are doing and where they’re doing it, not to mention the checkered results of, and blowback from, what they’ve done.  But if history is any guide, the black ops blackout will help ensure that this continues to be a “golden age” for U.S. Special Operations Command.

Reprinted with permission from TomDispatch.com.

jeudi, 15 janvier 2015

Comprendre la guerre

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Radio Courtoisie:

«Comprendre la guerre» (Audio)

 

 

Pour écouter:

http://fortune.fdesouche.com/371289-radio-courtoisie-comprendre-la-guerre-audio

Entré en service en 1987, le lieutenant-colonel Entraygues a successivement servi au 35e RI, au 8e Groupe de chasseurs, au 152e RI, à l’EMF 4 de Limoges puis au centre d’entraînement des postes de commandement de Mailly le camp.
Stagiaire de la 15e promotion du Collège Interarmées de Défense, École de Guerre, il est titulaire d’un double doctorat en histoire contemporaine – Paris IV La Sorbonne et King’s College London, Department of War Studies – dont le sujet est « JFC Fuller : comprendre la guerre ».

 

L’auteur a tenu la fonction d’officier de liaison interarmées au Joint Services Command and Staff College et du Centre de la doctrine des armées du Royaume-Uni. Il est depuis le mois de septembre 2013 chargé d’études à l’IRSEM.

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dimanche, 14 décembre 2014

Ernesto Psichari. Biografía de un centurión.

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Ernesto Psichari.

Biografía de un centurión. 

Sebastián Sánchez.

Profesor y Doctor en Historia. Universidad Católica de Salta. IES Santa María (Argentina).

Ex: http://www.revistalarazonhistorica.com

A dos centuriones de mi Patria:

En el Cuartel Celeste, al Teniente Roberto Estévez

Y aquí, mientras resiste la iniquidad, al Coronel Horacio Losito

Amanece en Saint Vincent Rossignol, allí donde el Sambre fluye en dos cristalinas vertientes que, internadas en el valle boscoso, parecen transitar hacia la eternidad. En el centro de ambos declives –afeando el paisaje- se alzan las minas de carbón y las industrias del acero que le dan al paraje el nombre de Pays Noir.

Pero esta otrora briosa angostura, cuyas sombras disipa el naciente sol estival, es ahora un gris lodazal cubierto de cadáveres –hombres y bestias-, cráteres, restos de hierro y arboles retorcidos y chamuscados por las explosiones.

Es que franceses y alemanes llevan dos días masacrándose aquí, prolongando la contienda a lo largo del río, en una extensa línea que enfrenta al Ejército francés del general Lanrezac contra dos divisiones del ejército alemán, comandadas por el rudo general von Bülow.

El ataque, que ha principiado cuando el ejército teutón cruza el río y embiste frontalmente a los franceses, pronto se inclina a favor de los primeros. Lanrezac, en una acción que le costará ser degradado, no tiene más alternativa que ordenar la retirada.

Muchas horas lleva la lucha y, tras mil disparos, la artillería francesa que protege el  repliegue está al borde del desmayo. Sólo unas pocas baterías de los viejos Soixante quinze del 75 retrasan el ataque intentando evitar la masacre de sus camaradas. Al fin, sólo truenan unos pocos cañones, disparando sin pausa, mientras se reemplaza a los servidores de cada pieza conforme caen por el fuego enemigo.           

Allí, junto a su batería, protegiendo el flanco derecho de su regimiento, el teniente Ernest Psichari observa el campo de batalla con gesto grave y silencioso. Es enjuto y la gruesa casaca del uniforme parece irle un poco grande. Lleva fino el bigote, con las puntas terminadas en breve rizo. Las pobladas cejas enmarcan los ojos achinados por el cansancio. Tiene la mandíbula apretada en rictus intenso.

Ernest piensa en sus escasos artilleros y en el enemigo que ya se atisba a simple vista. A eso -¡nada menos!- se reduce ahora su mundo: sus hombres y los alemanes, a los que no odia en absoluto, más allá del esfuerzo que ahora hacen por acabar con su vida.

Ernest nada quiere saber acerca de los sutiles estrategas –o quizás no tanto- que lo han llevado hasta allí. No conoce de estados mayores ni mesas de arena. Es un oficial subalterno, veterano de cien entreveros contra los saharauis en las dunas del Tagant y entre los peñascos del Adrar.

Esta madrugada de verano Ernest es el hombre que ha llegado a ser luego de infinitos combates interiores. Es el hombre de los tres amores: Dios, la Patria y su familia, incluyendo en ella a sus hombres. A ellos dirige ahora una mirada, a sus animosos artilleros que –entre disparos- buscan sus ojos esperando una orden, una mirada de aprobación, una breve arenga. Le miran anhelantes de certezas, mientras musitan entre dientes su admiración al verlo erguido, sin miedo aparente a los proyectiles que estallan cada vez más cerca. Le admiran de tal modo que no prestan atención a sus manos y brazos quemados por el cañón, ni a la sed que los abrasa, ni al enemigo implacable que no ceja en su avance. Un temor supera a todos los demás: faltar al jefe. 

De improviso, el silencio se apodera del campo de batalla. Ernest entorna los ojos. Con el instinto del soldado veterano sabe que aquél silencio significa la inminencia del asalto final. Serenamente, ante la expectación de los hombres, desenvaina su sable. Es un centurión y sabe que en ocasiones la verdad sólo esplende en el filo de una espada. Luego se persigna lentamente, mira con gesto marcial a los servidores y ordena ¡fuego!

Entonces todo estalla en infernal vorágine: los alemanes cada vez más cerca, explosiones de derredor, gritos de heridos y moribundos, imprecaciones, gemidos de angustia y él, Ernest, conmovido ante aquél espectáculo humano supremo, con la verdad manifiesta en todas sus dimensiones, ordena el fuego, vocifera vivas a Francia, asiste a los heridos, musita un Avemaría, exhorta a sus agobiados milites. Y así durante dos horas, hasta que la bala, que impacta en su sien, le asesta el golpe glorioso del final. Trastabilla y cae lentamente sobre la cureña del cañón, firme el puño en la empuñadura del sable, envuelta la muñeca en el Rosario de Nuestra Señora. Al llegar al suelo ya ha muerto. Es el 22 de agosto de 1914. Ernest Psichari ha finalizado su duro peregrinaje. Ha partido a la Casa del Padre.

I

De la cuna a las armas

El padre. La familia y la crianza. 

Al llegar a Francia junto a su familia, Yanin Psijari tiene catorce años. Ha nacido el año 1854 en Odessa, que por entonces pertenecía a Rusia, pero los suyos son originarios de la isla griega de Quíos, encavada en el Egeo. Su padre, Nicolás, próspero comerciante, ha decidido migrar  entusiasmado por la cultura francesa. Su madre, de la familia Biazi Mavro y devota cristiana, le ha criado en la fe de la Iglesia Ortodoxa.

Pero el joven Yanin, que cursa sus estudios en el Liceo Thiers de Marsella, no tarda en desembarazarse de la fe materna y homologarse con el ambiente del siglo francés. Ha comenzado por afrancesar su nombre: ahora se llama Jean Psichari. En 1880 obtiene su licence és lettre con mención en latín, griego y francés. Disciplinado y voluntarioso, ávido de logros académicos, prosigue sus estudios en la École Pratique des Hautes Etudes, donde es discípulo de Louis Havet, Weill y Tournier, entre otros maestros del momento.     

En la École sobresale por su condición de políglota (conoce con profundidad latín, alemán, italiano, turco y hebreo, además del francés y el griego natal) y pronto se distingue en filología. Con rapidez llega a ocupar la cátedra de filología bizantina y neogriega. Más tarde será rector de la École y profesor de la Escuela de Estudios Orientales[1]. Merced a su ubicuidad en el siglo, no tarda en llegarle el reconocimiento de los cenáculos intelectuales. 

Pero el gran espaldarazo para su ascenso académico y social le llega por una vía distinta. En 1882 conoce a Naomi, la hija de Ernest Renan. Enseguida el famoso apóstata -que ya ha publicado su Vie de Jésus, (financiada por el Barón de Rotschild) y es vanagloriado por toda la progresía intelectual francesa- le acoge como un hijo y le abre las puertas a los clubes y logias, asegurándole un futuro académico promisorio[2]

De ese matrimonio nacen cuatro hijos: Ernest, que nace en 1883; Henriette (1884), más tarde biógrafa de la familia; Michel (1887) que muy joven se casó con una hija de Anatole France y murió en el Frente Occidental en enero de 1917 y la más pequeña, dilecta de nuestro Ernest, Corrie (1894).

Los Psichari deciden para sus hijos una educación sin Dios, de modo que Ernest conoce el interior de una iglesia siendo adulto. Sin embargo, para consolar a la abuela paterna, Jean aprueba que Ernest sea bautizado. Se realiza el sacramento según el rito ortodoxo -por lo cual es válido para la Iglesia- y tal como señala la tradición la abuela regala al bebe una pequeña cruz de metal que, treinta años después, recibirá de manos de su madre, poco antes de partir al frente belga.     

En El Viaje del Centurión, su obra cumbre concluida poco antes de morir, habla Ernest  de su padre. Le hace allí militar, cosa que nunca fue, pero por lo demás la descripción se ajusta a la visión que de él tenía. Así, Maxencio, el protagonista y su alter ego, “era hijo de un coronel, hombre culto, de ideas más que volterianas, traductor de Horacio, anciano excelente y honrado, hombre, en fin, de buenas maneras” [3].   

Con rigidez, Jean dicta a su primogénito, de sólo seis años, lecciones diarias de retórica y gramática[4], pero escatima los gestos afectuosos. Pues, si es cierto que los esposos Psichari comparten la idea de educar a sus hijos en un ambiente profano, no lo es menos que Naomi es una madre atenta y tierna que siente un amor incondicional por sus hijos. Hasta dos días antes de morir, Ernest le dirigirá bellísimas cartas pletóricas de ternura. Por su lado, Jean, radical en esto como en todo lo demás, educa a sus hijos en un ambiente riguroso y voluntarista en el que “las flaquezas infantiles eran vivamente reprendidas, en el que el estímulo se medía por el valor del esfuerzo”[5].

Puedo jactarme de tener un temperamento de hierro -escribe a su padre un jovencísimo Ernest- ¡Seamos fuertes y seamos  grandes! No se trata de lloriquear, sino combatir; eso es lo que tú haces y eso lo que yo haré [6].

La severidad carente de afecto fortaleció su voluntad pero no su espíritu pues “su padre había alimentado su inteligencia, pero no su alma. Las primeras inquietudes de su juventud le hallaron desarmado, sin defensa contra el mal, sin protección contra los sofismas y los engaños del mundo”[7].

De este modo -en esa orfandad de creencias, acerrojado en la oscuridad de la ideología- Ernest transita accidentadamente sus años adolescentes.               

Educación modernista

En semejante contexto, es lógico que Ernest siga el derrotero intelectual señalado por su padre y su abuelo. Hace sus primeras letras en el Liceo Montaigne y más tarde en el Liceo Henri IV donde aprende los rudimentos del latín. Luego comienza el estudio sistemático del griego, la lengua que también se habla en su hogar[8].

Es el auge del cientificismo, de los Taine y Michelet, Larouse, Zola y Renan. Es el esplendor del racionalismo, la secularización y el naturalismo, del liberalismo ataviado de ciencia positiva[9]. De modo que las instituciones educativas de la elite francesa confluyen en el positivismo “científico” emergente del caletre de Augusto Comte.

Por supuesto, el Liceo en el que estudia nuestro joven Ernest confluye en ese ambiente de positivista y se define por un fin concreto: el socavamiento de la tradición en el espíritu de sus alumnos. Las glorias del pasado, las ideas y creencias que sustancian a Francia, en suma todo el orden tradicional, ha de quedar desfigurado en el fárrago de la deformación ilustrada que etiqueta toda la tradición con la categoría de Ancien Regime [10].

psichari--le-voyage-du-centurion.jpgLos efectos de dicha educación se ven claramente en nuestro joven: “¿Hay algo más hermoso para un país -pregunta retóricamente en carta a su padre- que producir hombres tales como los Picquart, los Havet, los Scheurer –Kestner, los Zola? ¡Qué enseñanza la de este asunto Dreyfuss!”[11].    

Pues, ¿cómo no ha de dejar huella en el juicio de nuestro joven esa saturación ideológica que además, en el caso de Ernest, se complementa con una crianza de igual jaez? Una carta a su padre nos da muestra de ese sesgo: “¡Ah -exclama- si el pueblo no estuviera cruelmente envenenado como está, cuál no sería su nobleza! Pero ¡ay! El catolicismo y el clericalismo, el antisemitismo, la estrechez de ideas invaden a Francia” [12].         

Y con el desorden de la inteligencia, llega el abandono de la voluntad, la entrega al frenesí de las pasiones. Con cierta ingenuidad -y un matiz de escondida tristeza- el joven Ernest justifica sus excesos:         

 

Por cálculo, y por hedonismo, me entregaré a todos los torbellinos y borrascas de mi alma (…) dejo que la ola me invada, sin oponer resistencia. Qué me importan las tristezas, las desilusiones, los derrumbes del corazón si llego a conocer por un segundo tan sólo la dicha perfecta[13].      

Tal el estado espiritual de nuestro héroe, apenas cumplidos los 19 años. 

Amigos. Maritain 

No obstante, más allá del agobio ideológico, la circunstancia escolar prodiga un motivo de gozo al joven Ernest pues traba amistad con uno de sus compañeros, un joven de familia protestante que blasona su agnosticismo con irreverencia. Se llama Jacques Maritain y mucho después será instrumento de la Providencia en la conversión de Ernest. 

Los dos jóvenes entablan firme amistad. Es lógico pues ambos provienen de familias burguesas donde la increencia y el materialismo son el pan de cada día. Comulgan en intereses y preocupaciones, pero además poseen un temperamento parecido, con cierta oscilación entre la melancolía y el frenesí activista. Ernest, que huye de su padre cuanto puede, pasa largas temporadas en la rue de Rennes, donde está la casa de los Maritain. No tarda en establecer un fuerte lazo de amistad con la señora de la casa, Geneviéve Favre, mujer profundamente imbuida en el espíritu de la época, y que le prodiga especial afecto.   

Son los años del affaire Dreyfuss y su mejunje ideológico de laicismo socialista, masónico y antimilitarista, en cuyo remolino se ve peligrosamente envuelto el jovencísimo Ernest. Con cierta audacia asiste a las reuniones que, convocadas por su padre, incluyen a dreifusards y miembros del grupo de Clemenceau y del periódico L’aurore. A pesar de sus pocos años Ernest no duda -haciendo gala de un fuerte temperamento- en expresarse en tales tertulias pero “sus opiniones se corresponden absolutamente con la época y los ánimos del salón[14]”.

Lee y estudia sin pausa. A instancias de uno de sus profesores, el reputado filósofo judío León Brunschvicg, frecuenta la lectura de Condocet, Spinoza, Fichte y Kant. Lee también a Descartes y a Pascal y pasa, sin solución de continuidad, del Dickens de “Tiempos difíciles” a “Mi juventud” de Michelet. Lee también a su abuelo, con emoción pero sin pasión pues no se impresiona con el “aparato crítico y científico” del autor de L’ Avenir de la Science. Ya maduro, llega a decirle a su amigo Maritain que “no había aprendido absolutamente nada con los libros de su abuelo”[15].      

A sus veinte años y oscila entre la deriva y el afán del orden, los excesos y la búsqueda del sosiego, las amistades pérfidas y los amigos de ánimo noble. La crianza, la formación intelectual y el ambiente cultural en el que ha crecido han forjado en él un alma pagana. Formado entre clásicos y modernos, con prescindencia de lo cristiano, sufre lo que Molnar describe como la tentación pagana, es decir el “desafío periódico lanzado a la visión del mundo cristiano por los cultos y los mitos populares y por la teorías elaboradas en el seno de las elites”[16].

Pero esa mentalidad moderna, que le ha sido inoculada como un veneno, tiene según Belloc una característica esencial: la estupidez; pues “ese espíritu no piensa, y ¡esa es la verdaderamente extraña debilidad de algo que se llama a sí mismo una mentalidad!”[17]

Quizás por esa debilidad intrínseca Ernest recorre el obligado itinerario modernista con cierta inquietud y progresiva desconfianza. Es mucho lo que no le convence y su alma se encuentra próxima al hastío. Es el suyo un espíritu en búsqueda, en movimiento en pos de lo verdadero, que no permanece cómodo en la insolencia del error y la mentira.    

Por esos primeros años del siglo -tal vez como prematuro testimonio de la náusea que le provoca la sofística racionalista- escribe sus primeros poemas, que permanecerán inéditos hasta muchos años después, cuando vean la luz editados por su hermana Henriette.

Colapso e inicio del peregrinaje 

A poco de iniciar estudios universitarios sufre un colapso nervioso que lo aleja de todo y le postra durante un año. Le han abandonado las fuerzas, ya no posee el entusiasmo por la diatriba en los clubs, el frívolo regodeo del debate intelectual, la pasión por las lidias de los dreifusards.

Está agobiado por la pena, que es “el mayor de los desenfrenos”, según Péguy. Años después, ya católico, recordará esa época aludiendo al “lodo pestilente” en el que se ahogaba.

No menos que asombro producen los intentos de diversos autores por explicar este penoso pero fundacional episodio. A los que hablan de una decepción amorosa, se suman los que señalan stress estudiantil e incluso quienes, sin razón alguna y quizás con aviesa intención, aventuran el argumento de las tendencias homosexuales[18].

Sí existió una gran desilusión sentimental pues Ernest se enamoró de Jeanne Maritain, la hermana mayor de su amigo, sin ser correspondido[19]. Pero no es suficiente explicación -ni ésta ni mucho menos las anteriores- para comprender el abatimiento que le abrumó durante ese tiempo. Bien miradas las cosas, no es tan difícil comprender este derrumbe de nuestro héroe. Baste comprender la metanoia que empieza a operarse en él. Sufre en carne viva la contradicción moral y espiritual que lo atormenta, la tensión entre el alma naturalmente cristiana -orientada ya en la búsqueda de la Verdad- y el pensamiento enjaulado neopagano, en el que ha sido formado. Se reconoce enfermo. Sabe que algo está mal, pero no puede adquirir la certeza de qué es: “Maxencio había sido educado lejos de la Iglesia. Era, pues, un enfermo que de ningún modo podía conocer el remedio”[20].  

Aún no ha leído a Bloy pero más tarde sabrá con él que “Dios nos hace la gracia de no dejarnos impregnar por la tristeza, ella vagabundea solamente a nuestro en rededor”. Mientras combate la tristeza sin conocer aún la Alegría, lee ávidamente todo lo que llega a sus manos y sueña con otros horizontes, otros deberes, otras verdades.

La recuperación de la crisis espiritual le lleva largo tiempo pero, para cuando retoma sus estudios de filosofía, un cambio ineluctable se ha iniciado en él. Casi sin darse cuenta, ha iniciado su peregrinaje. 

En 1900, luego de terminar sus estudios en el Condorcet, en las antiguas instalaciones del convento de los capuchinos de Saint-Louis-d'Antin, ingresa a la Sorbonne para estudiar filosofía. Junto a Maritain asiste en el College de France a los cursos de Bergson y queda impresionado por la reacción espiritualista ante el positivismo reinante.

El maestro. Péguy

No obstante, el gran acontecimiento de esos tiempos universitarios es la aparición de Charles Péguy, a quien siempre llamará “mi buen maestro”. Péguy, que es diez años mayor que él, ha fundado los Cahiers de la Quinzane en 1900 y es por esos días un reconocido publicista del socialismo[21].    

Péguy, Maritain y Psichari, como tantos otros jóvenes de la época, son también exaltados dreifusards. Mas es necesario matizar aquí con las palabras de Eugenio D’Ors este dreyfusismo de Péguy y los suyos, incluyendo a Psichari: “fueron dreyfusistas porque en el dreyfusismo veían el instrumento para la realización de una sublime revolución moral. Fueron dreyfusistas por encontrar en el dreyfusismo un tema de religiosidad apto para dar contenido a las inspiraciones de orden ético que, recibidas de Proudhon sobre todo –y también del monarquismo y también del catolicismo- habían nutrido a aquellas juventud”. Diez años después, ya en manos de la izquierda y la masonería “que ocupaba el poder con todos los halagos, todos los compromisos, todas las tentaciones, todas las corrupciones, todos los abusos de poder  “la revolución estaba ganada pero su religiosa espiritualidad, su exigencia moral, habían quedado en la puerta. Y, a esto, Charles Péguy llamaba traición”[22].

Esa traición, que trajo aparejado el profundo desengaño con los hombres e ideas que tan apasionadamente habían defendido, sumado a la soledad en que quedaron, fue una de las causas por las cuales Péguy y Psichari se acercan a la Iglesia -acercamiento casi total en el caso del primero, absoluto en el otro- y a un patriotismo por el que terminan ofrendando la vida en la Gran Guerra.

En esos años de enconadas luchas sociales y políticas, de largas noches de tertulias en la sede de los Cahiers, en la Rue de la Sorbonne, Péguy comienza a representar para Ernest una columna vertebradora, la oportunidad de volver la mirada hacia las cosas trascendentes, una sujeción cada vez más firme a lo real. Es que tiene “una sed terrible de lo concreto”, como dice en carta a la madre de Maritain [23].    

La llegada de las armas     

Pero la vida de Ernest continúa plagada de excesos, de búsqueda epicúrea, de frívolos, tormentosos y fútiles regodeos. Es cierto que ha pasado sin dificultad los estadios académicos pues bachillerato y licenciaturas, con la formación recibida en el hogar, le resultan sencillos. Pero, al mismo tiempo, vive en el desorden y la confusión, aturdiéndose con poesía rebelde, relativismo filosófico y moral y un ateísmo rayano con el nihilismo. Él mismo describe este estado con palabras claras que denotan no poca angustia:

Vorágine: vuelvo siempre a esta triste palabra vertiginosa! Torbellinos internos del alma e la inmovilidad, o torbellinos de la agitación exterior: en eso consiste mi vida (…) El ser se derrama hacia afuera, parecería que uno está vacío [24].     

Tiene 21 años, ha terminado sus estudios de filosofía y tiene ante sí, asegurado, un promisorio futuro académico y social. Todo indica -su origen, su propia historia- que será un hombre de las logias puesto al servicio del Progreso para erradicar los resabios del “prefacio de la Humanidad”, como gustaba decir su abuelo.     

Sin embargo, para sorpresa de todos, Ernest decide abandonarlo todo. Quiere dejar atrás a los falsos amigos, le urge desaparecer del ambiente de los poetastros de la rebeldía, las tertulias de la intelligentsia petulante, las noches del frenesí, los matinales remordimientos. Anhela una nueva vida, aventurera, emocionante…real. Quiere “alejarse de las fuerzas del desorden”[25] pero no ve, no puede ver aún, si existe un Orden al cual encaminarse.

En carta a su padre explica los motivos aparentes que lo mueven a la vida militar, su “deseo de acción, lo que me gustaría salir de campaña, la satisfacción de tener hombres bajo mi mando, ejercer sobre ellos una autoridad firme y al mismo tiempo hacerme querer”. Pero también, casi como al pasar, habla de la milicia “como si fuera un poco una liberación para mí de la vida civil”[26].           

Durante algún tiempo piensa en incorporarse a la escuela de oficiales de Saint Maixent o quizás a Saint Cyr. Por su condición social puede optar sin problemas. Sin embargo, a mediados de 1903 se une al Regimiento 51 de Infantería, en Beauvais, como simple soldado de segunda clase.

Pasa su primer año en Beauvais, iniciándose en la milicia y adaptándose al proverbial tedio -y a la rudeza- de la vida cuartelera. Durante ese tiempo escribe algo, pero lee mucho más, con un sosiego que le resulta inédito. Le roba horas al sueño -al ansiado descanso de todo soldado- para acudir a Bossuet y al releído Pascal. 

Pero Ernest no quiere un destino en Francia. Le urge viajar, consolidarse como soldado en la marcha. Anhela un destino colonial donde vivir aventuras “concretas”. Por eso al cabo del año de instrucción solicita el reenganche por cinco años y es transferido al 1° Regimiento Colonial, con base en Lorient. Hasta ese momento, sus padres y hermanos han visto su incursión en la milicia como una suerte de capricho temporal, un desliz juvenil. Sin embargo, con su decisión de convertirse en soldado profesional, se produce un escándalo familiar y se profundiza la distancia con su padre.          

En Lorient conoce a un oficial, “el ilustre jefe de escuadrón Lenfant”, que tanta influencia tendrá en su formación como soldado primero y como oficial más tarde. Pronto se cumple su deseo: Lenfant le requiere para una misión en el Congo. Ernest está feliz.       

Ese destino colonial le permite escapar de Francia, alejarse “para siempre de las blasfemias y las imprecaciones proferidas con la cabeza echada hacia atrás y tambaleando la frente en un movimiento convulsivo”[27].

Ha cumplido veintidós años hastiado de vivir recorriendo “los jardines envenenados del vicio (…), perseguido por oscuros remordimientos, turbado ante la ponzoña de la mentira, abrumado bajo la horrible inanidad de una vida entregada al desorden de las ideas y los sentimientos”[28].

El Ernest que huye es un joven aventurero que prefiere errar por el mundo a quedarse atado a las miserias que impone el círculo que le rodea. Por eso, al advertir “lo que de Francia conocía, la mentira y la fealdad, huía de continente en continente, de océano en océano, sin que ninguna estrella le guiase a través de las variedades de la tierra” [29].    

No es por tanto un peregrino, no todavía, sino un soldado errante que camina sin asiento fijo, sin camino trazado, sin destino al cual enderezar la marcha. 

II

Nace un centurión 

En ocasiones, la verdad sólo esplende en el filo de una espada

El Congo 

En septiembre de 1906 llega Ernest al Congo, a las órdenes del Comandante Lenfant, “el mejor jefe que se pueda tener en la marcha”[30].

Ebrio de espacio, anhela recorrer el país en búsqueda de bélicas aventuras. No tiene descanso en sus viajes junto a Lenfant, que es tan aventurero como él. Explora, se adentra, registra, inspecciona todo con curiosidad y deleite. África le prodiga algo nuevo, un espacio que se abre ante él -paradojalmente inhóspito y acogedor, mortal y redentor- e incrementa las posibilidades de sondear las profundidades interiores. Ejercicio doloroso sí, pero al que le ve prontos frutos.       

La tierra -dice bellamente- por su parte no sirve, visiblemente, sino de soporte a este cielo, y por ese mismo papel de esclava que asume, ensancha el corazón del viajero y lleva su ánimo a la contemplación silenciosa[31].   

Ernest busca el vasto silencio del África. Su espíritu convulsionado anhela el reposo, salirse de la náusea de la blasfemia y la mentira, someter el alma inquieta a la serenidad de la obediencia. Pero la obediencia, ¿a quién? Todavía no lo sabe. Por ahora, sólo aspira a la vida nueva que sigue al asentimiento del llamado de las armas.

¡Vita nouva! ¡Vita nouva! Vida aérea y saltarina, como salta el saltamontes sobre la corteza del globo -combates, mandobles, una acción violenta rompiendo la rigidez de la envoltura corporal, un espíritu flexible en un cuerpo ágil-, tardes de batalla, los musulmanes perseguidos hasta sus guaridas, el odio; y después (…) largas meditaciones, con la frente entre las manos, sobre las causas y el efecto[32].                   

En esos primeros tiempos en campaña un feliz y libre Ernest, novato soldado raso, disfruta las misiones por el interior del país y el contacto con los nativos (“¿No son acaso los días más hermosos de mi vida los que estoy viviendo…?” [33]).   

Surge en él una particular estima por su jefe, que se mantendrá hasta el fin de sus días y ciertamente llama a atención, por lo sugerente, cómo le caracteriza al escribirle a su madre:

Es un hombre que mantiene durante el camino una jovialidad constante, un humor parejo y un carácter afable: un verdadero padre de familia, pero con un vuelo, con una pizca de poesía latente que le da un encanto inapreciable” [34].                

Meditaciones sobre la vida militar

Ernest anhela el combate. “Estoy hecho para la guerra y la deseo como un pintor desea pintar”, dice con cierta afectación. Le fascina la prueba viril, la superación del miedo,  la posibilidad del testimonio heroico. Desea formar parte de la “misteriosa comunión de la sangre vertida”[35].    

Quiere forjarse en el servicio a los otros, a la patria, en el cultivo de las virtudes que son exigibles para todo hombre de guerra: “el valor, la alegría, el espíritu de iniciativa y el honor”[36].

Su anhelo de peripecias bélicas tiene además otro componente: es un modo más de alejarse definitivamente del Ernest de otros tiempos en los que aspiraba a una vida intelectual desprovista -hoy lo sabe- de un vínculo auténtico con lo real. Si aquél hubiese sido su derrotero, hoy estaría en París, o en Ginebra, como tantos de sus contemporáneos, ajenos a la vida auténtica, la vida en todo el esplendor de su dramática y maravillosa realidad. 

Ernest no es un necio. Sabe que hay algo más en ese oficio suyo de mandar y obedecer. Sabe que es preciso elegir y que no alcanza con abandonarse al cómodo expediente de la verticalidad del mando. En lo que a su metier respecta, reconoce sólo dos opciones: o rechazar la autoridad y el ejército -que es su fundamento- o aceptar toda la autoridad: la humana o la divina.

En el sistema del orden hay el sacerdote y el soldado. En el sistema del desorden ni hay sacerdote ni hay soldado (…) Es preciso estar con los que se rebelan o contra ellos. Pero, ¿qué hacer si el objeto de la fidelidad resulta inaprehensible y el espíritu permanece impotente?[37] .              

De a poco Ernest comprende la trascendencia de la institución de la que forma parte. Comienza por reconocer a la milicia como el ámbito del orden, pero también como esfera de certezas. Al observar una sencilla fortaleza enclavada en el desierto, Ernest concluye la sustantiva relación entre el orden y la verdad.

La planta cuadrangular, la unidad en la materia -muros y techos iguales-, el sistema métrico, todo indica el orden, la medida en la fuerza. La regla armoniosa. Todos los que en su construcción intervinieron, todos eran soldados. Pero estos constructores improvisados han realizado una obra henchida de una singular significación. La morada que se han dado a sí  mismos es en cierto modo la morada de lo absoluto[38].        

Él sabe que el espíritu militar no está sujeto a lo geométrico y cuantofrénico -que todo lo mide, pesa y calcula- sino al afán de concreción del camino trazado, al orden que el soldado se impone en el cumplimiento del deber. Es aquello que Chesterton dice a través de Syme, el poeta de Saffron Park: “lo raro, lo extraño, es llegar a la meta; lo vulgar, lo obvio, es no llegar [39]. El militar cumple con su misión menos por ánimo de obediencia que por fidelidad al orden, por amor a lo ordenado.     

Ernest -que viene del caos y la rebeldía- necesita este orden como el alimento de cada día. Está por ello orgulloso de su condición de soldado. En ese sentido, como en otros, se verifica el contraste con el pensamiento de Alfred de Vigny, cuyo Servidumbre y grandeza militar ha sido tan sobreestimado a la hora de estudiar la vida militar.

La mochila del teniente Psichari, que trae siempre tres libros (los Sermones de Bossuet, los Pensamientos de Pascal y el Reglamento para la artillería de Campaña) no incluye a Servidumbre, al que objeta con cierto desdén. Porque es mucho lo que le distancia de su predecesor. En éste la vida militar es limitación sin sentido, en aquél se torna vocación al modo del sacerdote. La propia esencia de lo militar los separa irremediablemente. Mientras de Vigny dice que “es triste que todo se modifique entre nosotros y que el ejército sea lo único inmóvil”[40], Psichari reconoce al ejercito como “la antigua institución que nos ata al pasado, siempre parecida e idéntica a sí misma y cuya belleza reside en su inmutabilidad” [41].

Es cierto que, en esta época, en los albores de su vocación militar, Ernest le adjudica al ejército un rol supletorio al de la Iglesia. No ve, no puede ver todavía, que una y otra institución, tan lejos pero tan cerca, se complementan. Para él, el ejército allí “plantado, nada moderno, con el papel, la misión superior de vanguardia que tenía antes la Iglesia y que ésta ya no puede tener…”[42].

Por esa época, antes de comprender la íntima relación entre la espada y la Cruz, Ernest comparte con Péguy la idea de que “el ejército es la única realidad que el mundo moderno no había podido envilecer, porque ella no pertenece al mundo”[43].   

Ernest no es un mero “soldado profesional”. Aspira a mucho más, y de ahí su búsqueda constante, en la que permanece y no ceja. No le es suficiente conocer los rudimentos de su oficio, ni le desvelan los ascensos ni los premios. Ni siquiera le conmueven en demasía las medallas que obtiene en el cumplimiento estricto de su deber, en el campo de batalla, con la vida puesta en riesgo. No. Busca nuestro héroe algo más. Se cuestiona a sí mismo. Procura salirse de los lindes de la mera observancia militar y se proyecta hacia otras preocupaciones, hacia nuevos interrogantes:                   

¿Por qué, si es un fiel soldado, -se pregunta Maxencio- ha consentido tantos abandonos y se ha hecho culpable de tantas negaciones? ¿Por qué, si detesta el progreso, rechaza a Roma, que es la piedra de toda fidelidad? Y si contempla con amor la espada inmutable, ¿por qué aparta sus ojos de la inmutable Cruz?[44]        

En la soledad de los campamentos, luego del agobio del día militar, “con la cabeza entre las manos”, Ernest medita sobre las virtudes ínsitas en su vocación y su vinculación con la pietas patriótica y religiosa. No teme al prurito del mero activismo ni a la supuesta contradicción entre el soldado y el contemplativo.

Se asemeja en tal sentido a la reflexión de Junger, el literato héroe que combatió toda la Gran Guerra, respecto del recogimiento en el campo de batalla: “En estos páramos -dice el teniente Sturm, su alter ego- los de la vida contemplativa están más a gusto. (…) Pues también puede considerar uno los acontecimientos con los ojos de la Edad Media, y entonces tendrá el fragor de las armas en los castillos y la soledad del monasterio, será al mismo tiempo monje y guerrero”[45].

Es por eso que Ernest no vacila en compartir el rebalse de sus contemplaciones escribiendo sus primeras novelas. En efecto, en esos días congoleños nacen sus Carnets de route y Terres de soleil et de sommeil, que constituyen una serie de impresiones sobre su viaje[46]. Se atisban allí, en esos cuadernos de soldado nuevo y poeta antiguo, las preocupaciones metafísicas que van a caracterizar al resto de sus obras. Es ésta una contradicción sólo aparente entre la vida militar, pletórica de urgencias concretas y resoluciones inmediatas, y la contemplación de quien filosofa sobre sí mismo y el Cosmos. “Nada más acorde en este mundo que el espíritu religioso y el espíritu militar”, dice José de Maistre, a quien Psichari leyó asiduamente en sus Veladas de San Petersburgo.

Ernest comienza a serenarse, a dejar reposar su espíritu. En esas jornadas  -en las que recorre el Congo en marcha a pie, navega el Alto Longone en piraguas o cabalga la sabana, sus pensamientos se dirigen, con renovado entusiasmo, hacia su Patria.      

Francia. La política y la República 

La Francia que “había muerto para él”[47], va develándose en su auténtico contorno, en la intimidad de su forma. Poco a poco, en el contraste con los moros y su religión herética, advierte la inmensidad del legado del cual es ahora representante. 

El develamiento de Francia trae a los ojos de Ernest nuevas perspectivas y descubrimientos. Es cierto que por su condición militar - “la materia política está legítimamente vedada a los oficiales”[48]- y sus empeños espirituales presta poca atención a los diarios aconteceres políticos.

No obstante, le llegan noticias y pensamientos a través de las grandes inteligencias del momento. Por supuesto, Péguy le mantiene al tanto a través de los Cahiers y su constante flujo de cartas. Pero también mantiene correspondencia con Maurice Barrés, que le contagia su ánimo nacionalista y que siente por Ernest una gran estima: en 1912 le dedica su libro de sobre El Greco y Toledo con una frase que emociona al joven oficial: “a Ernest Psichari, teniente de artillería colonial y coronel de las letras francesas”[49].     

Pero la comprensión cabal de la política francesa la obtiene Ernest con su aproximación, acotada pero entusiasta, a Action Française.

Es usted el único hombre de nuestros días, -le escribe a Maurras en 1913- el único que haya construido una doctrina política realmente coherente, realmente grande; el único que haya aprendido la política, no el cotorreos y asambleas, sino en Aristóteles y Santo Tomás…[50].  

Como señala Molnar, “en una Francia todavía monárquica de corazón, Maurras no tenía gran dificultad en encontrar apoyos para la restauración. Desde el caso Dreyffus hasta la derrota de 1940, medio siglo, Maurras fue el indiscutible modelo de los oficiales del Ejército, del clero, de las señoras elegantes, de las clases burguesas e incluso de algunos patriotas izquierdistas que encontraban su ‘república’ no suficientemente militante”[51]. Y, justamente el problema para Maurras y sus contemporáneos es encontrarse con una República a la que han crecido admirando y ahora les resulta extraña, intrusa, hostil. 

El crimen de la República -escribe Ernest en carta a otro ex republicano, Henri Massis- es haber desorganizado la enseñanza y el ejército, las dos fuerzas de una nación; o más bien, haber querido rebajar el espíritu militar y el espíritu universitario, considerados ambos como antidemocráticos. No hay régimen más intolerante que la República, tal vez porque no hay nada más inestable. Todo lo que es de orden espiritual ha sido perseguido: el sacerdote, el soldado, el sabio. Y ese crimen ha sido querido, premeditado[52].    

Ernest, con la objetividad que otorga la lejanía, advierte ahora las facultades disolventes de la República y su manía destructiva de todo orden natural. Aquél jovencito que otrora blasonaba de revolucionario se ha convertido en un hombre que detesta la irreverencia, la insurrección, la perturbación revolucionaria. Coincide en tal sentido con Chesterton en aquella pregunta esencial: “¿Qué hay de poético en una revuelta? Del mismo modo podría decirse que es poético estar mareado. Estar enfermo es una revuelta. En términos abstractos, rebelarse es como tener el estómago revuelto. No es más que un vomito” [53].

No se trata de plantear un imposible retorno al Ancien Regime, no. Pero, ¿no estaban acaso en esa época garantizadas, aunque atontadas, las virtudes que Ernest anhela?

Ahora todos ellos, los que alejados de los bienpensantes finalmente piensan bien, comprenden que los tiempos modernos son “el reino inexpiable del dinero” [54], como ha dicho Péguy. Y Maurras en su lucha contra la III República y sus adláteres - el Estado, el Dinero y la Opinión[55]- es el hombre en quien confiar la empresa urgente de la restauración. 

Ahora, esa pléyade de la que forma parte Ernest, que contiene lo mejor de su patria, comprende que la salvación de Francia depende de la restauración de la Francia antigua y sus pilares esenciales: la Iglesia, la monarquía, el ejército.

A propósito, es claro lo que dice nuestro Anzoátegui: “la Francia de hoy debe ser rescatada de la Francia de ayer. Lo proclamó ya Psichari convocando a somatén: ‘Luchemos contra nuestros padres al lado de nuestros antepasados’”[56].

Desde el silencio africano, entre bélicas jornadas y expediciones hacia la desértica lontananza, con el sólo contacto de los musulmanes, Ernest comprende por primera vez a su patria. Al fin se siente orgulloso de Francia y de ser francés. Está feliz en ese reencuentro. Pero entiende que tiene que luchar contra su padre, contra esa generación que ha corrompido a su patria pues “una, dos generaciones pueden olvidar la ley, y hacerse culpables de todos los abandonos, de todas las ingratitudes. Pero es preciso que, en la hora señalada, la cadena sea rehecha, y que la lamparilla vacilante brille de nuevo en la casa”[57].      

Ha llegado la “hora señalada”, en la que es preciso emanciparse del pretérito infausto y contribuir en la restauración del hogar

La “emancipación del pretérito”. El tránsito del centurión pagano al cristiano

Ernest siente cómo se ensanchan su espíritu y su inteligencia. África le prodiga el acceso a la belleza y al silencio. Accede aquí a la visión de su auténtica patria y también a una oración que sus labios aún no pronuncian pero que está en ciernes, ascendiendo desde los intersticios de su corazón.  Su mirada se ha vuelto más clara. Ha transitado de la miopía causada por la ideología al esfuerzo por leer dentro de las cosas. Los hombres, la familia, la patria, la fe, la Iglesia, todo se le muestra ahora con mayor refulgencia. Ha llegado para nuestro héroe la hora de liberarse, de desatarse, de quitarse las viejas y carcomidas ataduras que lo sujetan al hombre según la carne: “Maxencio, silencioso, no sentía en su interior sino una inmensa emancipación de lo pretérito”[58].

Pero esta emancipación, menester es aclararlo, no es el grito descastado del revolucionario que deprecia toda creencia antigua. Por el contrario, Ernest se emancipa con el anhelo restaurador de quien se sabe objeto y sujeto de la transmisión de una tradición pretérita y permanente.       

Los soldados no son hombres de progreso, -dice Ernest- su corazón no lo cambian ni los príncipes ni las ideas. No es el progreso lo difícil. Lo difícil, por el contrario, es seguir siendo uno mismo, como la roca que ningún huracán sacude[59].  

En Ernest esta “emancipación de lo pretérito” conlleva la liberación, gradual y constante, de los despojos de su alma pagana: “¡Bendita esta definitiva emancipación mía de los hombres entregados a la mentira y a la iniquidad!”. Porque el alma, luego de conocido Cristo, no puede ser pagana: es cristiana y, si no, anticristiana.

El último día de 1906, mientras continúa de comisión en el Alto Logone, afluente del Congo, el Comandante Lenfant le nombra sargento. El tiempo en el Congo ha servido para forjar al soldado que Ernest ha querido ser. Ha respondido a la voz de las armas, la voz poderosa de la disciplina, la obediencia, la abnegación.

Pero otra Voz se hace presente en su espíritu. Ernest cree que se trata de un monólogo suyo, un mero ensimismamiento. Pero pronto caerá en la cuenta de que esa Voz en su interior es la de la Verdad que habita en él.      

A mediados de 1907, Lenfant lo propone como aspirante a la Escuela de Artillería de Versalles. Regresa entonces a Francia, que ya es otra Francia para él, y durante dos años cursa sus estudios militares. En 1909 egresa como subteniente en 1909. Es ya un oficial del Ejército francés. Y también es, aunque todavía no lo comprende cabalmente, un centurión cristiano.

III

Domine non sum dignus

El centurión cristiano 

África, otra vez 

En diciembre de 1909 el subteniente Psichari regresa a África, esta vez a Mauritania, “la tierra de los soldados, donde las armas siguen siendo veneradas” [60]. Forma parte de un regimiento de artillería destinado a la región del Adrar, en pleno Sahara.

En esta ocasión su mochila trae un libro nuevo, regalo de Maritain: La dolorosa Pasión de nuestro Señor Jesucristo de Anna Catherina Emmerich[61].

África le brinda a Ernest la posibilidad del silencio. Porque él ha venido escapando del  ruido moderno, ese “ruido que nos llama sin cesar a la superficie de nosotros mismos”, como dice Thibon[62]. El hombre moderno le teme al silencio, que implica el retorno del alma a sí misma y es el inicio, casi diríamos la causa eficiente, del itinerario a Dios.

Por eso, Ernest busca el silencio, “ese poco de cielo que desciende hacia el hombre”[63]. Y ese es, sin que él aún termine de comprenderlo, su primer paso hacia la conversión.

En África -dice Maxencio- la regla es el silencio. Como el monje en su claustro, guardas silencio el desierto envuelto en su blanca cogulla. Maxencio se pliega sin esfuerzo a la estricta observancia; oye piadosamente caer las horas en la eternidad que las encuadra y muere para el mundo que le ha defraudado[64].       

En esos días las tribus beduinas amenazan las rutas entre Marruecos y el África Occidental Francesa y se ha designado al Coronel Henri Gouraud como Comisario del Gobierno General de Mauritania para combatirlas. Gouraud es una leyenda del Ejército francés. 

Pero Ernest no está muy convencido con su nuevo jefe, el Coronel Patey, quien comanda el regimiento de meharistas: “un hombre frío, siempre muy atento, pero muy duro (…) es el tipo de oficial que se ha paseado por todos los Estados Mayores, del género Escuela de Guerra, o si se puede decir, del género cordones” [65].

Poco después conoce al Comandante Frérejean[66], quien le causa gran admiración por sus condiciones militares y la leyenda que le rodea: “verdadero jefe de banda, especie de condotiero africano, es ilustre en Mauritania, donde, a lo que creo, no hay moro que no lo conozca. Él fue quien, en 1905, mató a Bakar, rey de Dovich, nuestro antiguo enemigo (…) No es, por cierto, un intelectual, pero sí un valiente y buen soldado”[67].          

A fines de 1909, a instancias de Frérejean, a quien le ha caído en gracia, se convierte en oficial meharista. Pronto se ve al mando de uno de los goums de camelleros del Adrar y se dispone “a nomadizar durante algunos meses al azar de los pastos”[68]. Es el súmmum de la vida errante. Tiene unos 50 hombres bajo su mando, incluyendo algunos “guerrilleros moros”: “Con este pequeño goum soy el más feliz y el más libre de los hombres…[69]

Es ahora un jefe, un conductor de hombres. Conoce a sus hombres y ellos a él pues “la vida los ha enlazado entre sí y juntos forman un pequeño sistema completo, un sistema de gravitación moral, que se mueve a través de la inmensidad sin límites, combatido en todos los frentes por el huracán de las arenas”[70].

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Pero Ernest no es sólo el jefe de una sección camellera perdida en el Sahara. Es el centurión de todas las épocas, el comandante intemporal “semejante a aquellos oficiales humildes de las cohortes romanas que de tarde en tarde aparecen en el Evangelio para que la preferencia de Dios quede manifiesta”[71].     

Es cierto que las circunstancias le han llevado a optar por el arma de artillería aunque él se siente realmente a gusto entre los infantes y caballeros, a los que considera arquetipos del soldado. Son los hombres como Lenfant, Gouraud, Frérejean o Dubois -o un joven infante de marina que le asiste en sus aventuras y los alegres combates contra los saharauis- quienes le resultan  genuinos guerreros y no esos “politécnicos de la artillería, sabihondos de lentes y cráneo pelado”[72]. Quiere seguir siendo meharista, oficial camellero, que es el símbolo señero del oficial colonial africano, para seguir rindiendo sus servicios a esa Francia que cada vez se le aparece más clara y a la que comienza a amar con fervor para él desconocido.    

El auténtico servicio a Francia: el soldado de la Cristiandad

Ernest, que vive por esos días “henchido de serenas armonías”, cumple sus deberes militares con entusiasmo.

Le interesan especialmente los moros, “esta noble y vetusta raza que se remonta al Oriente místico”, compuesta por hombres que son al mismo tiempo, “unos pillastres, viven de las guerras y de las rapiñas, son orgullosos como mendigos, ardientes en la acción, bravos y astutos”[73]. Si alguna vez, al inicio de su periplo africano, vio con cierta admiración al musulmán, ahora comprende la herejía en la que está inmerso y la hondura de su enemistad con los cristianos, a los que despectivamente llama “nazarenos”.

No sin cierta paradoja, Ernest se acerca a la Francia auténtica, es decir la Francia cristiana, a través del contacto con estas tribus. Adquiere la certeza de su pertenencia a la tradición de la Cristiandad a través de la oposición entre el la Media Luna y la Cruz. Son los moros lo que “le han hecho entrever la Francia oculta que él desconocía y en sus labios han sustituido la filial acción de gracias a la infame negación”[74]. Comprende que “es el enviado de un pueblo que sabe muy bien lo que vale la sangre de sus mártires”. Ahora, ante el moro, vuelve a ser “un franco con la certidumbre de su raza”. Y el orgullo que ahora siente ante el musulmán “¿qué podría ser sino un orgullo católico?” [75]

Porque, “¡dónde está Francia sino en Reims (…) en la pascual alegría de Chartres y en la nave protectora en la cual dicen que se complace la Reina de los Cielos, y también en aquellos campanarios campesinos, únicos testigos de la inmensa sucesión de generaciones!”[76].      

Por esos días nace su tercer libro, L´Appel des Armes, en el que cifra renovadas esperanzas ya no sólo literarias sino espirituales. Se trata de una meditación sobre la vida de la milicia pero también una meditación cristiana, o tal vez protocristiana. Lo dedica a su “buen maestro”, a “aquél cuyo espíritu me acompañaba en las soledades de África, a ese otro solitario, alma de Francia hoy, y cuya obra ha vencido por el amor a nuestra juventud, a nuestro maestro, Charles Péguy” [77].

En L’Appel, Ernest señala ya la esencial ligazón entre la patria francesa y la Cristiandad de la que ha sido primogénita. Vinculación esta que se simboliza en la unión entre la espada y la Cruz  que son “las figuras de los dos dogmas y las imágenes de los dos sistemas. Metafísicas diferentes, jamás aliadas, jamás coaligadas contra un enemigo común (…) y sin embargo qué maridaje el de los dos signos en el cielo iluminado y cómo los percibe tan juntos el uno del otro, apareciendo separados, y aureolados con luces sobrenaturales! (…) es que todos los místicos tienen el mismo sello, y esta señal es la persecución de una alta pasión que nos lanza fuera de nosotros mismos, y nos obliga a llorar de amor[78].             

Iglesia y Cristiandad, dice Psichari a través del centurión Maxencio, han de ser verdades absolutas que no pueden ser una leyenda, una mentira, una legitimación como dicen los adláteres de la revolución.

Que esta misma nave de Nuestra Señora sea para siempre arrasada si María no es verdaderamente Nuestra Señora y Nuestra verdadera Emperatriz. Perezca Francia y sean borrados para siempre de la Historia estos veinte siglos de cristiandad si esta Cristiandad es mentira[79]

El 21 de enero de 1912, al mando de su sección meharista Ernest entabla un duro combate con los saharauis y los persigue durante varios kilómetros a través de los pedruscos de las laderas del Adrar. El asalto, que resulta favorable a la tropa francesa, tiene un aditamento para Ernest pues ese día mata por primera vez a un hombre. Lo relata impersonalmente, como si hubiese sido realmente otro, en este caso su Maxencio, quien “ebrio de cólera se precipita, sable en mano, hacia adelante. Extiende el brazo y experimenta la sensación de que su arma se hunde en la grasa humana”[80].  

Como todo soldado de ley no necesita alardear con sus proezas. Por ello, no ha quedado registro detallado de esa breve pero fiera batalla, salvo su descripción literaria, que nos aproxima a esa realidad:           

Maxencio sabe lo que son estos combates africanos en los cuales las dos líneas enemigas se contemplan, frente a frente, y se lanzan formidables insultos en el medio de formidables ráfagas de fuego, con la alegría y el odio visibles en todos los rostros (…) y el jefe, con el uniforme desgarrado sobre el pecho desnudo, intenta dominar con su voz el fragoroso tumulto: en una palabra, el intenso color militar, todo el poder de la belleza épica[81].

Luego de este combate, por el que recibe la Croix de Guerre, reflexiona acerca de la muerte: “cuando llegué a rozar la muerte en África, me creía valiente, pero esa hermosa seguridad ha sucumbido, y hoy advierto que la vida me da mucho más miedo que la muerte[82]”.

Pero no son los entreveros terrestres los que le quitan el sueño. Sabe que existe otro combate que él hace tiempo viene librando. Es ese “cuerpo a cuerpo del hombre consigo mismo en el azul del espacio interior”[83]. Y Ernest empieza a comprender que no bastan sus solas fuerzas para obtener esa victoria.

El soldado combate y esta es la aplicación exterior -dice Paul Bourget, gran escritor católico que gozó de la amistad de nuestro héroe-. Pero lo que importa al auténtico paladín cristiano, más allá del perfeccionamiento en el arte militar, es el desarrolló en sí, “secretamente, hasta su máxima tensión, de determinadas virtudes; a través de su oficio, alimenta y enriquece su alma. Y esta es la labor interior[84].   

Ernest es ya un hombre de 27 años acostumbrado a los combates interiores y exteriores. La Verdad comienza a hacérsele patente, bien que con algunas sombras aún. Sabe que la muerte que le espera no puede ser la muerte del incrédulo, del que ha perdido toda esperanza, la del mero desaparecer. De algún modo anhela ya la muerte martirial pues reconoce que no hay verdadera Cruzada sin la opción del Martirio. Y es que sin vocación, sin alma de mártir, no hay centurión auténtico. Es lo que enseña el P. Castellani: “San Pedro tenía espada y le cortó la oreja a Malco; pero después fue y negó a Cristo, a pesar de sus buenas intenciones, solamente porque, teniendo en efecto alma de Cruzado, no había en su alma preparación de mártir. Se había dormido durante la Oración” [85].

Pero el centurión Psichari ya no duerme pues va despertando de su larga pesadilla y está atento como un centinela, procurando escuchar por sobre las voces del mundo, la Voz en su interior.     

La Búsqueda de la Verdad

En su segundo año en el Sahara, Ernest va sintiendo “crecer su capacidad interior y ensancharse el círculo de sus posibilidades espirituales”[86].

Lee mucho, como siempre, Pero ahora se sumerge en la lectura de los Evangelios, que ocupan muchas de sus meditaciones. Ya no los lee como antes, emulando el afán historicista de su abuelo, sino con nueva reverencia y un temor creciente que no acierta a comprender. 

Harto de los libros que le envían viejos amigos, colmados de los sofismas acostumbrados,  espera ansioso los Cahiers que puntualmente le envía su madre. Péguy le dedica uno con  palabras que merecen ser transcriptas:  

Tú que en una casa gloriosa por los trabajos de la paz has introducido la guerra y la antigua gloria guerrera. Latino, romano, francés, con todas esas sangres nos das una sangre francesa y un heroísmo a la francesa (…) tú que impones la hoz por la guerra, tú que haces la paz con las armas, tú que impones el orden por la fuerza de las armas[87].        

Es justamente Péguy el íntimo vínculo personal que lo une a Francia. Su figura le fascina cada vez más y, por contraste, desprecia profundamente todo el pensamiento y la literatura del  progresismo modernista. Comparte aquellos que ha dicho el mismo Péguy, “nada es tan peligroso como la falsa cultura. Y desgraciadamente es verdadero que casi toda la cultura universitaria es falsa cultura". En el mismo sentido, Psichari en carta a su “buen maestro” señala su “disgusto  profundo hacia la fofa literatura actual”.

Admira a Péguy por sus escritos que posibilitan el “por el  gozo indecible de encontrar por fin el sentido justo y afinado de nuestros clásicos (…) todo ello con una fuerza, una destreza incomparables: es de un clasicismo refinado, de la más rara y pura elegancia francesa. (Esta elegancia, término adulterado que puede parecer horrible si se aplica a la elegancia adulterada de un Lemaitre, término detestable cuando se aplica a France o a Renán…)”[88].

Es esta la primera vez que se permite expresar una crítica sobre el pensamiento de su abuelo, aunque más tarde lo hará con cierta insistencia. Alejarse de su abuelo, de sus ideas y su apostasía es parte de la tarea espiritual que tanto se exige. Alejarse de su figura implica salirse del “fango del mundo moderno” en el que ha vivido tanto tiempo atrapado. 

Ernest quiere ser uno de quienes derriben ese entramado revolucionario, predispuestos a la destrucción de Francia, quiere derribar toda “esa escoria intelectual, esa cáfila de bárbaros, novelistas de adulterios, mundanos podridos, francmasones, radical-socialistas, que dan a nuestra época ese aspecto de confusión anárquica”[89].         

Lo que su inteligencia requiere ahora son afirmaciones, luego de la duda metódica y el ánimo relativista en los que se ha alimentado tanto tiempo, pues anhela tan sólo “la alegría exultante de la certidumbre”.

Tentación y caída. Presencia de Nuestra Señora   

Pero si su inteligencia ya ha aprehendido la distinción clara entre el error de la verdad, si su razón se va haciendo recta, es su voluntad la que aún se resiste. Se ha convertido sí, pero sigue siendo, como él mismo dice, un “católico sin fe”. Y si ese absurdo es posible es por su la precariedad de su conversión reciente. En realidad, se trata de la precariedad ínsita a todo hombre que, tentado, está siempre está al borde del pecado; la labilidad que nos lleva a hacer el mal que no queremos y eludir el bien que anhelamos.      

Ernest es tentado. Y peca una y otra vez. Advierte como se inicia “la pendiente que conduce a la inevitable catástrofe, a aquella dimisión de sí mismo que ya le es conocida y cuyo resultado es que ninguna repugnancia ni rencor alguno vendrán a llenar el inmenso y negro abismo de la caída[90].

En El viaje nuestro héroe da cuenta de un hecho infausto que le hace retroceder en ese camino de conversión. Narra el abuso de una jovencita por parte de Maxencio quien “ante aquella forma inmóvil, ante aquella cosa que le pertenecía, sintió una inmensa compasión. Por un momento pensó en despedirla, avergonzado ante aquél pobre botín. Pero su alma no le obedecía ya… [91].

Confesión triste y valiente la suya, pero también pedagógica, catequética. “Vigilad y orad”, dice Ernest pues, ¿qué es entrar en tentación, sino salirse de la fe?              

Ernest sabe con Pascal, a quien lee desde adolescente, que “si uno no se conoce a sí mismo como un ser lleno de soberbia, de ambición, de concupiscencia, de debilidad, de miseria y de injusticia, se es bien ciego”[92]. Pero, reconoce al mismo tiempo que esa visión de sí tiene remedio, tiene liberación a través de la fe. Su camino de conversión no tiene ya vuelta atrás.

Uno de los más significativos episodios de su acercamiento a la fe en aquellos días en el desierto es la recepción de una postal enviada por Maritain.

Es una sencilla tarjeta con la imagen de la Dolorosa de La Salette, con un breve mensaje de su amigo: “hemos rezado por ti en la cima de la santa montaña. Siento como si esta Virgen tan bella llorase por ti y por tu apartamiento. ¿No la escucharás?[93]              

Pero, según parece, ha sido “vana aquella salutación de la rosa al cardo” pues Maxencio deja sobre la arena la estampa de la Dolorosa, que vuela al viento…” [94]. No obstante, más tarde Ernest reconocerá al amigo la importancia de aquél envío y su propio papel como intermediario para la recepción de la Gracia.

Al fin, Jesucristo

La conversión implica un retorno, recorrer en sentido inverso el camino realizado. Ernest ya casi ha finalizado ese “camino de vuelta, pero le queda aún un breve trecho. ¿Qué le falta para trasponer el umbral de lo Absoluto? ¿Por qué subsiste en él esa angustia misteriosa mezclada con la alegría de “haber conquistado el mundo”?

Es que persiste en él cierta inclinación a percibir la fe como una mera filiación, como un simple pertenecer, pero no como un estar definitivo. Le sucede todavía lo que señala el P. Clerissac -quien será su director espiritual- en su obra cumbre: “Ser Iglesia (¿cuántos saborean esta fórmula vibrante?), pertenecer a la Iglesia, para muchos no es más que estar inscritos, haber sido inscritos antes del uso de razón en una sociedad encargada de velar por las buenas costumbres”[95]. Por momentos Ernest sigue pensando en la Iglesia de este modo. Lo que escribe en carta a Maritain es significativo: “De la religión espero todo, menos mi salvación”[96].

En sus últimos meses en Mauritania ha iniciado un libro que narra la historia de una conversión en el silencio de los desiertos de África. Se trata de El viaje del Centurión que terminará en Francia y que nunca verá publicado. Es un libro autobiográfico, como todos los suyos, aún cuando niegue que se trate del relato de su conversión pues le teme al hacer en “los detestables excesos de la psicología, en ese abuso de la observación interna, en esa verdadera complacencia de sí mismo que caracteriza a los escritores modernos” [97].

El viaje es sin dudas su obra maestra, aunque de género difícil de definir pues es tanto una novela como un diario espiritual, un relato de aventuras como la narración en tercera persona de los vaivenes psicológicos y morales del propio Psichari.

No obstante, a diferencia de sus libros anteriores, ésta es la obra de un converso. Es el libro de un hombre que no escribe lo que le viene al caletre por el afán de gloria literaria sino el de un cristiano que escribe para la mayor gloria de Dios.

Esa aprehensión del sentido cristiano de la literatura es lo que Ernest define en carta a Paul Bourget: “¡Ah, el de la pluma es un sacerdocio real, regale sacerdotium, pero también terrible y sería imposible ejercerlo dignamente si no se recurriera en todo momento a la Santísima Trinidad, nuestro único refugio!”[98].

Se trata, en definitiva, de transformar  el propio trabajo “en una larga y silenciosa oración”[99].  

Al momento de terminar El viaje, en agosto de 1913, Ernest ha traspuesto el umbral e ingresado en la Iglesia. Atrás quedaron las dilaciones y las dudas. Ahora le parece “imposible seguir mirando como extraño mucho tiempo más a este adorable pensamiento cristiano”[100]

Ha llegado el Gozo. Jesucristo se ha develado. La alegría del Señor lo invade. Ernest vive ahora lo que enseña el P. Clerissac: “En la noche de nuestras búsquedas filosóficas se nos enciende la Revelación de Cristo (…). La grandeza del Misterio nos aturde; y está tan lejos que su belleza se nos convierte un poco en aridez matemática. Pero de ahí viene toda vida[101].

Luego de tantas lides libradas en el desierto exterior y en la aridez de su propia alma nuestro centurión ha llegado a Jesucristo. Todo le parece ahora claro, diáfano y sencillo en su raigal hermosura. Tan elemental le resulta ahora la Verdad que le parece inconcebible la pertinacia con la que durante años la ha negado.

¡Pues qué, Señor! -exclama al fin Maxencio- ¿Es, en verdad, tan sencillo amaros?[102]

IV

“La Mansión de todos mis anhelos”

Dichosas las espigas y los trigos segados

Charles Péguy 

El ingreso a la Mansión. Bautismo solemne y confirmación.

Como quien cambia de piel, Ernest ha perdido los vestigios de su espíritu pagano. No ha sido una conversión paulina la suya. No hay rayo, ni caída del caballo, ni visión celeste. Es un tránsito arduo, una suerte de monólogo consigo mismo que, gradualmente, ha dado paso a un diálogo con Dios. Y es que, aquí sí se impone cierto relativismo, hay tantos caminos de conversión como hombres.  

A Ernest ya no le atosiga la inquietud enfermiza de la incertidumbre. Su espíritu ya no sufre el desorden de no estar allí donde debe. Siente al fin que ha llegado a ser un hombre entero “y cuando, con su espada desnuda clavada en el suelo, jura sobre las cenizas de sus compañeros ser un buen servidor, es ya cristiano y participa ya en la gracia de la santa Iglesia”[103].  

Ernest sabe que ha de alimentar esa certeza beatífica con la ayuda de la gracia y de los instrumentos que ésta pone a su alcance. Por eso es también significativa la presencia de algunas personas que le enseñan a andar el nuevo camino. Además de Maritain, es el P. Humbert Clerissac[104] quien le acompaña en el traspaso del Umbral y el definitivo retorno al Redil. Maritain se lo presenta a fines de 1912 y Ernest vive el encuentro como obra de la Providencia, “para aproximarse más a Dios y para enseñarme todo lo que ignoraba hasta entonces”.

Vendrán entonces largas jornadas catequéticas, conversaciones y retiros espirituales. Poco a poco, el catecúmeno Ernest se prepara para el momento más importante de su vida.  

Finalmente, el 1 de enero de 1913, el bautismo que propiciara la religiosa abuela, valido de toda validez, se realiza ahora con toda solemnidad. Poco después, tras una peregrinación a Chartres, la Primera Comunión y finalmente, el 9 de febrero de 1913, el Sacramento de la Confirmación de manos de Monseñor Gibier, Obispo de Orleáns. Narra Mons. Olgiati que, al finalizar la ceremonia Ernest exclamó: “¡Monseñor, me parece tener otra alma!” [105].

El inicio de la vida sacramental, la asiduidad de las lecturas espirituales, la dirección espiritual del P. Clerissac, todo converge en el alma de Ernest en beatífico torbellino: “Hay que ser santos -le escribe al dominico- no puedo menos que temblar cuando pienso en la enorme desproporción entre lo que merezco y lo que deseo”[106].      

Va acercándose a la paz de espíritu que Santo Tomás llamó quies animi, es decir “esa calma que invade lo más íntimo y profundo del ser humano, una paz que es ‘sello’ y fruto de orden”[107]. Es la tranquilidad en el orden que se desenvuelve naturalmente en la Iglesia, del mismo modo que en el hogar cuando éste es sano y fecundo.  

Ernest ha vivido errabundo la mayor parte de su vida, sin poder asirse al orden que tanto ha ansiado. Por eso al entrar al Redil siente que vuelto al hogar. Lo explica bellamente: “Nosotros los desterrados sabemos mejor que nadie lo que es la Casa. A ella se dirigen todos nuestros pensamientos cuando vagamos por el desierto; es ella la que, bajo la carpa, desean nuestras tiernas añoranzas. En ella depositamos nuestra fe… [108].

Comienza a comprender la Iglesia y la esencia de su misión salvadora en el mundo. Y adquiere conciencia cabal de que el mundo mundano, del que ha logrado desasirse, será de ahora en más su enemigo, del mismo modo que lo es de Cristo. Con el P. Clerissac cree que “si toda alma cristiana es un cántico, la Iglesia es el Cántico de los Cánticos, la patria del lirismo sagrado, el preludio de las sinfonías eternas”[109]. Y razona también que la Iglesia es el freno de la injusticia, que en medio de los avances del demonio, del crimen y la iniquidad “se alza el Obispo, en pie sobre la piedra inconmovible, y con el sólo gesto de sus dedos levantados detiene el avance de la multitud aulladora y la invasión de la barbarie [110].  

Ernest vive  desbordado por la alegría de la fe, por el gozo que hace nuevas la hace nuevas todas las cosas en su vida, el júbilo de encontrarse al fin en Casa. Sólo una desazón le desgarra: la incomprensión de su familia respecto de su conversión.

Resulta tristemente paradojal que mientras él descubre al Padre Celestial, se distancie cada vez más de su padre terreno, de quien se aleja cada vez más.  

Jean Psichari tiene un temperamento violento y cada vez más despótico lo que genera frecuentes encontronazos con Ernest que no le admite ya los egoísmos malsanos a los que los ha acostumbrado.

Pero todo se desbarranca cuando Jean, a principios de 1912, atenazado por la lujuria, se atreve a llevar al hogar familiar a una joven amante. Como es lógico Noemí, a pesar de que sigue amando a su esposo, no tolera la cohabitación escandalosa y los Psichari se divorcian. Mientras abandona a su esposa, y ante el escándalo social generado, Jean Psichari escribe una suerte de descargo en un mamotreto titulado Le crime du poete [111].

Ernest siente desgarrársele el corazón ante esta situación. No se acongoja como un burgués farisaico preocupado por el escándalete sino por la mella espiritual en su familia, por la dureza de corazón de su padre -cada vez más ofuscado en su ideología- por su madre abandonada y por sus hermanos, que no quieren vivir la fe.      

A Ernest le pesa enormemente la incredulidad de los suyos. Como en el caso de Péguy, su familia no puede aceptar su conversión[112]. Su madre, que no abandona su agnosticismo raigal y no comprende la conversión de su hijo. Y sufre también por sus hermanos: por Michel y Henriette, pero sobre todo por Corrie, su predilecta.

En marzo de 1913 viaja a Bélgica junto a su apenada madre. En el periplo, que incluye varias ciudades, conversa con ella como nunca antes. Quiere mostrarle la luz que acaba de descubrir. Y las conversaciones parecen dar frutos: “Creo que no hay que desesperar de ver volver un día al redil a esta alma de elección”.  

En esos meses, los últimos de su vida, retoma el contacto con Jeanne Maritain, que también ha abrazado la fe. Ella, que en la primera juventud le ha negado su amor, expresa un ahora afecto que él encauza en el amor a Dios.

Terciario dominico. Discernimiento sacerdotal

Ernest intenta recuperar el tiempo que considera perdido. En los momentos que le dejan sus deberes militares hace todo lo posible por insertarse en la vida de la Iglesia: ingresa en la Sociedad de San Vicente de Paul, concurre a retiros ignacianos, envía óbolos para la construcción de la Catedral de Dakar.

Pero el contacto primero con los dominicos -especialmente con el P. Clerissac pero también con los PP. Hebert y Augier- le predispone de manera especial hacia la Orden de Santo Domingo. No tarda en llegar la invitación para su ingreso en la Tercera Orden, lo que se formaliza el día 19 de octubre de 1913, en ceremonia presidida por el P. Clerissac.

Ahora Ernest está pensando en el siguiente paso: el discernimiento sacerdotal. Así se lo dice  a su director espiritual, manifestando su especial interés en ingresar a la Orden de los Predicadores a quienes admira por los pilares en los que se sostienen: la oración, la comunidad, el estudio y la predicación compendiados en el lema: contemplata aliis tradere; contemplar y dar a los demás lo contemplado.

En bellos versos, Claudel afirma esa vocación:  

Dentro del uniforme aún me encuentro a mí

mismo y estos galones ¿qué hacen en mi manga?

Necesito el capuchón sobre la nuca para

perderme en él, y el hábito profundo de lana blanca [113].

Sin embargo, Ernest piensa que esa vocación que ha de discernir está sujeta a no pocas dificultades interiores y exteriores. Entre esos escollos “una de las más grandes es la pena inmensa que mi decisión le ocasionaría a mi madre, y la obligación que tendría de vivir lejos de ella”[114]

Pero el principal obstáculo es el gran interrogante que aún no puede responder: ¿quiere Dios que sea sacerdote? La respuesta definitiva la dará la Providencia con el curso de los acontecimientos. Lo cierto es que su vocación cumplida, llevada a la cima de la entrega, fue la del centurión cristiano.

El soldado de Cristo: la guerra y el fin del peregrinaje      

El 28 de julio de 1914, el Imperio austro húngaro apoyado por Alemania declara la guerra a Serbia y el sistema de alianzas se pone en marcha: Rusia, aliada de Serbia, declara la guerra a Austria-Hungría; y el 1 de agosto Alemania declara la guerra a Rusia y dos días más tarde a Francia. Al día siguiente, el ejército alemán abre el frente occidental invadiendo Bélgica y Luxemburgo, con un ataque a la ciudad de Lieja y obteniendo el control militar de regiones industriales importantes del este de Francia.

Ernest ha permanecido en el cuartel de Cherburgo a la espera de órdenes. Tiene ansiedad por presentar combate junto sus entusiastas muchachos, de los que está orgulloso: “Tengo a mi alrededor -le escribe a su madre- una pandilla de mocetones muy orgullosos de marchar contra el enemigo y muy decididos a portarse como bravos[115].

Ernest siente la felicidad de aquél que, limpia la conciencia, se dispone a entregarse en el cumplimiento de su deber. Es feliz de estar aquí con los suyos, con algunos de los cuales comparte la esencia de su misión: para él, combatir por Francia es combatir por la Fe: “¡Ay, qué hermosa sería Francia si fuera cristiana!”[116]

Siente la tranquilidad de estar donde el deber lo llama y no lejos, a salvo de la guerra, exiliado entre placeres mundanos y escribiendo libros malos, como tantos otros de su generación. Es lo que señala Ernest Junger al referirse a los literatos que miraron la guerra desde la comodidad de un club, en medio de las diatribas pseudoliterarias, ajenos al drama magnifico de la contienda.

Ellos han quedado desconectados, mientras en nosotros vibra el gran sentido de la vida (…) el último soldado alemán de uniforme gris o el último soldado francés de poblada barba que disparaba y recargaba en la batalla del Marne es más relevante para el mundo que todos los libros que puedan apilar esos literatos[117]

El 19 de julio, ante la inminencia de la guerra, parte con su regimiento, en el que comanda la 3° batería[118]. En la marcha, “confiados y gozosos” los soldados entonan alegres marchas y canciones, mientras piensan en las madres, esposas y novias que dejan atrás.

Ernest marcha confiado en la victoria. No triunfará el mal, se dice. Su patria lo llama y él ha respondido con solicitud. Cree firmemente que seguir sirviendo a Francia es el deseo de Dios y sólo ambiciona “ser un soldado de Cristo, miles Christi[119].         

No le teme a la muerte, tampoco la anhela: "la muerte gloriosa del cristiano, pues ese día el cielo también se alegra. ¡Qué hermoso ha de ser eso, y qué dicha, la de pensar en ello desde ahora, maguer el peso terrible de nuestra miseria humana!”[120].    

Las órdenes a su regimiento son lacónicas: contribuir a detener el avance de los alemanes,   que han invadido Bélgica y prosiguen su marcha hacia Francia. La unidad se despliega entonces en las inmediaciones de un desfiladero que a Ernest le resulta familiar, pues lo ha visitado el anterior invierno, de viaje con su madre. El paraje se llama Saint Vicent de Rossignol y es allí donde el Sambre fluye en dos cristalinas vertientes que, internadas en el valle boscoso, parecen transitar hacia la eternidad.  

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[1]. - Cf. Diane ORGEOLET: “Évocation de Jean Psichari vivant”, en: Bulletin de l’Association Guillaume

Budé, n° 2. Juin, 1978, pp. 180-181.    

[2].- Sobre Renan véase de Rubén CALDERÓN BOUCHET el estudio “Renan o la religiosidad” en su libro El espíritu del capitalismo, Buenos Aires, Nueva Hispanidad, 2008, pp. 317-343. Y un buen estudio introductorio en: Estanislao CANTERO: “Literatura, religión y política en la Francia del siglo XIX: Ernest Renan”, en: Verbo, n° 447-448, 2006, pp. 557-592.    

[3].- Ernest PSICHARI: El viaje del Centurión, Buenos Aires, Difusión, 1941, pp.24-25. Resulta curioso que uno de los libros principales de Jean Psichari se haya titulado Mi viaje. Allí describe un periplo por tierra griega, con el que proclama el uso de la lengua griega moderna en detrimento de la tradicional. Como veremos, la opaca presencia del padre tiene peso propio en la vida, y la obra, de Ernest.        

[4].- Rita TELLIER (SEJ): Les voix qui crient dans le desert. L’ evolution spirituelle d’ Ernest Psichari, University of British Columbia, Vancouver, 1962, p. 21. Este libro, nacido de una tesis de la Hna. Tellier y lamentablemente no traducido al castellano, constituye una excelente introducción a la vida espiritual de Ernesto Psichari. 

[5].- Henriette PSICHARI: “Introducción” a: Ernesto PSICHARI: Cartas del Centurión, Buenos Aires, Sapientia, 1946, p. 7.   

[6].- Ernest PSICHARI: “Carta a su padre”, 13 de junio de 1898, en: Cartas, pp. 23-24..   

[7].- PSICHARI: El viaje, p. 25 

[8].- Cf. TELLIER: Op. cit., p. 32.    

[9].- Dice el P. Castellani respecto de estos hombres que han odiado a Dios: “Es, pues, cierto que hay hoy día un número creciente de hombres decididos a enseñar a sus hermanos que no hay Dios, que no hay otra vida, y que lo único por lo que se debe bregar, es para conseguir una sociedad próspera y feliz en este mundo. ‘El cielo se lo dejamos a los ángeles y a los gorriones’-blasfemaba Heine. Todo lo que impida fabricar un Edén en la tierra y un Rascacielos que efectivamente llegue hasta el cielo, debe ser combatido con la máxima fuerza y por todos los medios según estos hombres. Los que desde cualquier modo atajen o estorben la creación de esa Sociedad Terrena Perfecta y Feliz deben ser eliminados a cualquier costo. Todas las inmensas fuerzas del Dinero, la Política y la Técnica Moderna deben ser puestas al servicio de esta gran empresa de la Humanidad, que un gran político francés, Viviani, definió con el tropo bien apropiado de ‘apagar las estrellas’. Estos hombres no son solamente los herejes; ni tampoco son ellos todos los judíos y todos los herejes; aunque es cierto que a esa trenza de tres se pueden reducir aducir como a su origen todos los que hoy día están ocupados—ocupados ¡y con qué febril eficiencia a veces!— en ese trabajito de pura cepa demoníaca. Cf. Leonardo CASTELLANI: Seis ensayos y tres cartas, Buenos Aires, Dictio, 1968, p150.   

[10].- Charles Péguy, describe esta educación ideologizada en párrafo esclarecedor: "todos mis compañeros se han quitado de encima, como yo, su catolicismo […]. Los trece o catorce siglos de cristianismo implantado entre mis antepasados, los once o doce años de enseñanza y a veces de educación católica sincera y fielmente recibida han pasado por mí sin dejar huella". Cit. por Gianni VALENTE: “Péguy en el umbral”, en: 30 Giorni, Roma, n° 1997, p. 19.

[11].- El General Marie - Georges Picquart, jefe de la Segunda Cartera (inteligencia militar) tuvo un rol preponderante en el Caso Dreyffus, en el bando progresista. Esa actuación le garantizó gloria administrativa y llegó a ser jefe del Estado Mayor. Fue muy amigo de Jean Psichari, quien le dedicó uno de sus libros. Auguste Scheurer-Kestner fue un industrial y político que, siendo senador, cumplió un papel importante a favor de Dreyfuss. La participación de Émile Zola en el Affaire con su famoso líbelo, J’accuse, es harto conocida.               

[12].- PSICHARI: “Carta a su padre”, 13 de junio de 1898, en: Cartas, p. 25.

[13].- PSICHARI: “Carta a la señora Favre”, Septiembre de 1902, en: Cartas, p. 35.   

[14].- TELLIER: Op. cit., p. 29.  

[15].- Jacques MARITAIN: “La Revue universelle”, cit. por TELLIER: Op. Cit., p. 28.   

[16].- Thomas MOLNAR: “La tentación pagana”, en: Verbo, n° 193-194, 19…, p.285.  

[17].- Hilaire BELLOC: Sobrevivientes y recién llegados, Buenos Aires, Pórtico, 2004, p. 233. Vale ampliar  aquí, aunque en apretada síntesis, la perspectiva de Belloc sobre la mentalidad moderna que “da por supuestos sin examen una cantidad de primeros principios como, por ejemplo, que hay un progreso regular de lo pero a lo mejor en los siglos de la experiencia humana, o que las oligarquías parlamentarias son democráticas, o que la democracia es obviamente la mejor forma de gobierno humano, o que el objetivo del esfuerzo humano es el dinero y que la palabra ‘éxito’ significa acumulación de la riqueza”, cf. BELLOC: Op, cit., p. 234.     

[18].- Cf. Stephen SCHOLOESSER: Jazz age Catholicism. Mystic Modernism in Postwar Paris, 1919- 1933, University of Toronto press, Toronto, 2005, p.74.      

[19].- Hacia el final de sus días Ernest, ya converso, mantendrá contacto con Jeanne, también abrazada a la Fe. Vid. Infra cap. IV.

[20].- PSICHARI: El viaje, p.25   

[21].- El 5 de enero de 1900 sale el primer número de sus “Cuadernos de la Quincena” (“Cahiers de la Quinzaine”). Péguy lo editará por trece años, cada dos semanas (¡228 textos en los primeros diez años!). La sede es un taller en Rue de la Sorbonne, en dos piezas chicas. Daniel Rops dirá de los Cuadernos: “Los Cahiers fueron una empresa heroica”. Péguy escribe, barre, empaqueta, recibe, escucha, discute y corrige los textos. La revista tiene más de 80 colaboradores de los cuales entre los más famosos se encuentra a Jaures, Bergson, Anatole France, Zola, Rolland, Jacques Maritain. No pocos de ellos negarán más tarde al Péguy cristiano de los últimos años. 

[22].- Eugenio D’ORS: Diccionario filosófico portátil, Madrid, Criterio Libros, 1999, pp.136-137. 

[23].- PSICHARI: “Carta a la señora de Favre”, agosto de 1902, en: Cartas, p. 31.  

[24].- PSICHARI: “Carta a la señora de Favre”, 26 de enero de 1903, en: Cartas, pp. 35-36.    

[25].- PSICHARI: El viaje, p. 46. 

[26].- PSICHARI: “Carta a su padre”, 2 de febrero de 1904, en: Cartas, pp.40-41.  

[27].- PSICHARI: El viaje, p. 31.

[28].- Ídem, p. 25. En 1906 Jacques Maritain, ya casado con Raissa Oumansoff, ingresa en la Iglesia de Cristo con el padrinazgo de León Bloy. Su conversión causa estupor en su familia -sobre todo en Genevieve Favre- y cierta desorientación en Ernest que, sin embargo, ya intuía la decisión de su amigo. Todavía en 1911, cuando él mismo marchaba a paso firme hacia la Nave, piensa la conversión de Maritain como una suerte de distorsión intelectualista.           

[29].- Ídem, p. 26. 

[30].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 10 de septiembre de 1906, en: Cartas, p.63.      

[31].- PSICHARI: El viaje, p. 90.

[32].- PSICHARI: El viaje, p. 31.

[33].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 10 de junio de 1907, en: Cartas, p. 81.

[34].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 20 de noviembre de 1906, en: Cartas, pp. 64-65. La cursiva es nuestra.  

[35].- PSICHARI: El viaje, p. 68.

[36].- Ídem, p. 30. 

[37].- Ídem, pp. 63-64.

[38].- Ídem, p. 85.  

[39].- CHESTERTON: Op. cit., p. 11. 

[40].- Alfred de VIGNY: Servidumbre y grandeza militar, Buenos Aires, Espasa Calpe, 1942 (1835), p. 9. De lo mucho escrito sobre de Vigny recomendamos: Estanislao CANTERO: “Literatura, religión y política en Francia en el siglo XIX: Alfred de Vigny”, en: Verbo, n° 455-456, 2007, pp.485-514.    

[41].- PSICHARI: “Carta a la señora de Favre”, 15 de setiembre de 1909, en: Cartas, p. 53. 

[42].- Ibid.

[43].- Henri MASSIS: Notre ami Psichari, cit. por H.A. HATZFELD: Superrealismo. Observaciones sobre pensamiento y lenguaje del superrealismo en Francia, Buenos Aires, Argos, 1951, p. 38.    

[44].- PSICHARI: El viaje, p. 63.

[45].- Ernest JUNGER: El teniente Sturm, Buenos Aires, Tusquets, 2014, p. 44.

[46].- Cf. TELLIER: Op. cit., p.46.  

[47].- PSICHARI: El viaje, p. 39. 

[48].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 10 de abril de 1911, en Cartas, p. 128,

[49].- Cf. Maurice BARRÉS: El Greco o el secreto de Toledo, Buenos Aire, Hachette, 1964.

[50].- PSICHARI: “Carta a Charles Maurras”, agosto de 1913, en: Cartas, p. 244.   

[51].- Thomas MOLNAR: “Charles Maurras, modelador de una época”, en: Verbo, n°385-386, 2000, p. 317. Sobre Maurras véase: Enrique ZULETA ALVAREZ: Introducción a Maurras, Buenos Aires, Nuevo Orden, 1965; Alberto CATURELLI: La política de Maurras y la filosofía cristiana, Buenos Aires, Nuevo Orden, 1975 y Rubén CALDERÓN BOUCHET: Maurras y la Acción Francesa frente a la III República, Buenos Aires, Nueva Hispanidad, 2000.      

[52].- PSICHARI: “Carta a Henri Massis”, 9 de julio de 1911, en: Cartas, p. 142.    

[53].- Gilbert K. CHESTERTON: El hombre que fue jueves, Buenos Aires, Colihue, 2012, p. 12.

[54].- Charles PÉGUY: Clío. Diálogo entre la historia y el alma pagana, Buenos Aires, Cactus, 2009, p. 121.

[55].- Cf. Enrique ZULETA ALVAREZ: Op. cit., p. 44.     

[56].- Ignacio Braulio ANZOÁTEGUI: “Panfleto por Charles Maurras”, en: Extremos del mundo, Buenos Aires, Contracultura, 2012, p. 136.

[57].- PSICHARI: “Carta a Henri Bordeaux “, abril de 1913, en: Cartas, p. 233.    

[58].- PSICHARI: El viaje, p. 96. La cursiva es nuestra.    

[59].- Ernest PSICHARI: L’ appel des armes, cit. por: TELLIER: Op. Cit. p.7.      

[60].- PSICHARI: L’Appel, cit. por Tellier: Op. cit., p. 54.   

[61].- SCHOLOESSER: Op. cit., p. 75. 

[62].- Gustave THIBON: El equilibrio y la armonía, Madrid, 1981, p.168.   

[63].- PSICHARI: El viaje, p. 103.

[64].- Ídem, p. 36.

[65].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 27 de diciembre de 1909, en: Cartas, p.88.

[66].- El Comandante Louis Frérejean fue una leyenda del Ejército francés de las primeras décadas del siglo XX. Desempeñó un papel importante cuando, en mayo de 1905, los saharauis atacaron el fuerte francés de Tidyikya, capital del Tagant. Allí murió asesinado Xavier Coppolani, el gobernador de Mauritania, y fue el entonces capitán Frerejean quien se hizo del mando y consiguió sostener la plaza con altísimo costo en vidas para ambos bandos. En ese combate mató al moro Bakar que menciona Psichari.  

[67].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 2 de abril de 1910, en: Cartas, p. 93. 

[68].- PSICHARI: “Carta a Charles Péguy”, 11 de abril de 1911, en: Cartas, pp. 132-133.   

[69].- PSICHARI: “Carta a la Señora de Favre”, 2 de julio de 1911, en: Cartas, p. 139.     

[70].- PSICHARI: El viaje, p. 108.  

[71].- Ibid

[72].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 23 de abril de 1910, en: Cartas, p. 100.    

[73].- PSICHARI: “Carta a Charles Péguy”, 28 de agosto de 1910, en: Cartas, p. 114. 

[74].- PSICHARI: El viaje Ídem, p. 58.

[75].- Ídem, p. 77. 

[76].- Ídem, p. 78. 

[77].- Cit. por Johannes  JORGENSEN: “La Cruz y la espada”, en: Voces (1917- 1920), edición homenaje, Universidad del Norte, Bogotá, 2003, p. 106.        

[78].- Ernest PSICHARI: Appel des armes, cit. por JORGHENSEN: Op. cit., p. 107.   

[79].- PSICHARI: El viaje, pp. 79-80.  

[80].-Ídem, p. 118. 

[81].- Ídem, pp. 67-68.  

[82].- PSICHARI: “Carta al P. Clerissac”, 18 de mayo de 1913, en: Cartas, p. 216.   

[83].- PSICHARI: El viaje, p. 93.  

[84].- Paul BOURGET: Prólogo a El viaje del Centurión, p. 12. 

[85].- CASTELLANI: Op. cit., p….    

[86].- PSICHARI: El viaje, p. 110.  

[87].- Charles PÉGUY: Cahiers, citado por HATZFELD: Op. cit., p. 38.  

[88].- PSICHARI: “Carta a Charles Péguy”, 11 de abril de 1911, en: Cartas, p. 131. La cursiva es nuestra.   

[89].- PSICHARI: “Carta a Jacques Maritain”, en Cartas, p. 163. 

[90].- PSICHARI: El viaje, p. 74.

[91].- Ídem, p. 82.

[92].- PASCAL: Pensamientos, Buenos Aires, Losada, 1964, p. 26.

[93].- PSICHARI: El viaje, p. 40. 

[94].- Ídem, pp. 42-43. 

[95].- Humbert CLERISSAC: El misterio de la Iglesia, Madrid, Epesa, 1946, p. 58.      

[96].- PSICHARI: “Carta a Jacques Maritain”, 15 de junio de 1912, en: Cartas, p. 165.  

[97].- PSICHARI: “Carta al R.P. Bernabé Augier”, 25 de enero de 1914, en: Cartas, p. 266.   

[98].- PSICHARI: “Carta a Paul Bourget, mayo de 1913, en: Cartas, p. 218.   

[99].- PSICHARI: “Carta a Robert Vallery-Radot, 31 de enero de 1914, en: Cartas, p. 271. 

[100].- PSICHARI:”Carta a Jacques Maritain”, diciembre de 1912, en: Cartas, p. 181.

[101].- CLERISSAC: Op. cit., p. 121. 

[102].- PSICHARI: El viaje, p. 155.

[103].- PSICHARI: El viaje, p. 71.  

[104].- El P. Humbert Clerissac (1864-1914) autor de obras maestras como El misterio de la Iglesia y La misión de Santa Juana de Arco, se formó en el colegio jesuita de d’Avignon y en el seminario suizo de Sierre. A instancias de Maritain, de quien fue director espiritual, formó parte de Action Française. Luego de la “dispersión” de la Orden por las leyes anticlericales de Émile Combes intentó sin éxito establecer una nueva rama dominicana en Londres. Predicaba normalmente en la Abadía de Saint Pierre de Solesmes. Tuvo el consuelo de atraer muchas almas a la Iglesia. Le preocupaban especialmente los intelectuales y escritores. Dice Mons. Guerra Campos en su prólogo a la edición española de El misterio… (1946): “Mucho rogaba porque la inteligencia y la belleza se convirtiesen a su Señor. Hoy, cuando recuerdo aquellas oraciones y veo tantos indicios de que han sido escuchadas, el hecho de que el P. Clérissac haya sido testigo de la muerte católica de un poeta tan trágicamente representativo como el pobre Oscar Wilde, adquiere para mí un gran valor”.      

[105].- Francesco OLGIATI: El silabario del Cristianismo, Buenos Aires, Difusión, 1944.   

[106].- PSICHARI: “Carta al P. Clerissac”, 14 de febrero de 1913, en: Cartas, p. 183. 

[107].- Josef PIEPER: Antología, Barcelona, Herder, 1984, p. 84.    

[108].- PSICHARI: “Carta a Henri Bordeaux”, en: Cartas, p. 233.    

[109] .- CLERISSAC: Op. cit., p. 92.

[110].- PSICHARI: El viaje, p. 77. 

[111]. - Cf. ORGEOLET: Op. cit., p. 196. Jean Psichari murió en 1927. Nunca volvió a la fe de sus mayores.    

[112].- Péguy pasó por el drama de la incomprensión de los propios. Su mujer y la familia de ella no aceptan su conversión y reducen el caso a una mera cuestión de "crisis" religiosa. Péguy sabe, sin preguntarlo, que su mujer rechazaría la propuesta de casarse por la Iglesia y bautizar a los tres hijos nacidos del matrimonio. Esta condición suya funda estructuralmente su estatuto de cristiano perennemente "en el umbral": aunque católico, no puede "entrar en la Iglesia", es decir, no puede acercarse a los sacramentos.

[113].- Paul CLAUDEL: “Ernesto Psichari”, en: PSICHARI: Cartas, p. 15.  

[114].- PSICHARI: “Carta al P. Clerissac”, 16 de marzo de 1914, en: Cartas, pp. 280-281.   

[115].- PSICHARI: “Carta a su madre”, 20 de agosto de 1914, en: Cartas, p. 289. 

[116].- PSICHARI: “Carta al P. Clerissac”, 9 de marzo de 1913, en: Cartas, p. 203.    

[117].- JUNGER: Op. Cit., p. 57.    

[118].- Pocos días más tarde, el 1 de agosto de 1914 se alista y parte al frente el Regimiento 276 de Infantería con el subteniente Charles Péguy a cargo de una compañía de fusileros. Antes ha dicho: “es ser cobardes pretender amar la patria en espíritu, sin quererla defender con la propia carne”. Veinte días después halla la muerte en medio de sus soldados, cerca de Villeroy, a 22 Km de París, en el primer día de la Batalla del Marne.

[119].- PSICHARI: “Carta al P. Clerissac”, 29 de febrero de 1913, en: Cartas: pp. 191-192.

[120].- PSICHARI: “Carta a Jacques Maritain”, 17 de agosto de 1913, en: Cartas, p. 243. 

dimanche, 09 novembre 2014

La révolution militaire et la naissance de la modernité

Laurent Henninger :

La révolution militaire et la naissance de la modernité

par webtele-libre

samedi, 24 mai 2014

Exposition: Mousquetaires

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mardi, 22 avril 2014

Cybergeopolitica

Cybergeopolitica

Desde nuestra red de alianzas con think-tanks acercamos el análisis del intelectual ruso Leonid Savin. Siguiendo el objetivo de acercar diferentes perspectivas desde diversas capitales del mundo, compartimos conceptos sobre la evolución de la geopolítica en la interpretación de Leonid Savin sobre “cybergeopolítica” y otro espacio para la disputa de intereses.

Este año se podría llamar un punto de inflexión para el surgimiento de una nueva tendencia que yo llamo cybergeopolítica. El impacto de las redes sociales es cada vez más palpable. La divulgación de Edward Snowden destacó la importancia y la instrumentalidad del cyberespacio para la seguridad nacional y los procesos de la política internacional.

Si la geopolítica ya tiene definiciones y aparatos científicos muy desarrollados, operados por los políticos, expertos y académicos, el cyberespacio ha sido la «terra incognita». Y para la posesión de este espacio, se despliega la lucha muy activa.

Es muy significativo la confrontación entre diferentes Estados en la regulación del espacio de Internet. Esta dicotomía literalmente reproduce el deslinde megacivilizacional que se ha operado entre los países y pueblos  pertenecientes al Poder Marítimo (Sea Power) y al Poder Terrestre (Land Power), según la geopolítica clásica. EE.UU., los países de la UE y sus satélites  velan por el “Internet libre”, lo que es una hipocresía evidente, mientras que Rusia, Irán, China, India, Brasil y algunos otros Estados requieren que Internet fuera soberano y estuviera bajo la jurisdicción del derecho internacional, o bien de la Unión Internacional de Telecomunicaciones en el sistema de las Naciones Unidas. En este caso, la distinción claramente encaja en el esquema de Carl Schmitt, indicador fiable de lo Político, -  las categorías duales “amigo” y “enemigo”. Estas categorías no son las morales, sino las características técnicas que se manifestaron en las posiciones acerca del funcionamiento del espacio de Internet.

El cyberespacio tiene una diferencia significativa respecto con la tierra, mar, aire y espacio cósmico, o sea, no es creado por la naturaleza sino es una construcción artificial que tiene componentes que pueden cambiarse con el tiempo.

Sin embargo, todas las vías de comunicación, servidores y sitios industriales que están relacionados con Internet tienen una ubicación geográfica. En segundo lugar, ciberáreas tienen cierta identidad nacional en el sentido de las zonas de dominio, del control estatal y del lenguaje utilizado. En tercer lugar, el cyberespacio hace hincapié en la geografía física de una manera especial – con sensores de diferentes servicios, dispositivos de navegación, dispositivos técnicos y dispositivos móviles que incorporan un mapa interactivo con los flujos cruzados de la información, la tecnología y las personas.

El cyberespacio arregla y homogeniza el espacio físico de modo especial -  con el uso de la tecnología GPS y otras herramientas, la globalización se mete en los rincones más recónditos del planeta.

¿Qué es la cybergeopolitica? Creo que tenemos que entender este neologismo en doble sentido:1) como la nueva disciplina científica que estudia lo que pasa con una interfaz hombre-máquina en el contexto de la política y la geografía, incluyendo, pero no limitándose, con la interacción interactiva de las redes sociales, el espacio virtual, la diplomacia web.2.0 y 2) como la actividad corriente que afecta e incluye los principios de relación retroactiva en los sectores sociales, políticos y militares, y donde el establecimiento y la propagación del poder, aunque sea en la forma más sofisticada, es el imperativo.

Es importante entender que el prefijo “cyber” significa algo más amplio que lo que algunos creen, o sea, la comunicación via Internet y el espacio virtual. Por supuesto, esta palabra se deriva de la cybernética. Como en el caso de la geopolítica, el surgimiento del término “cybernética” viene de la Grecia antigua. La palabra Κυβερνητική era mencionada por primera vez por Platón en su obra “Las Leyes”. Se traduce como “el arte del timonel”. En el tercer libro de aquel filósofo griego del período tarde, quizás el más sólido en la redacción y la estructura de la obra, el Estado se compara con el barco, y su timoneles son el Dios, el destino y el buen tiempo. La imagen del Estado-barco y el soberano-timonel se encuentra también en otras obras de Platón. Además, hay una expresión similar en la poesía griega de Alceo, utilizada más adelante por el poeta romano Horacio. El físico y matemático francés Andre-Marie Ampere en su estudio “Ensayo sobre la Filosofía de la Ciencia” llamó de cybernética a la ciencia sobre el gobierno, que debería proporcionar una variedad de beneficios a los ciudadanos. Ampere escribió: “(el gobierno) tiene que elegir constantemente entre las diversas medidas más adecuadas para lograr el objetivo, y sólo con el profundo estudio y comparación de los diferentes elementos aportados por los conocimientos de todo lo que tiene que ver con la nación, es capaz de gobernar de acuerdo con su propio carácter, costumbres, medios de vida y la prosperidad, las leyes de la organización, que pueden servir como las normas generales de conducta y que estaba actuando en cada caso particular. Así, sólo después de todas las ciencias que se ocupan de estos diferentes objetos, es necesario poner esta ciencia que ahora está en cuestión y que yo lo llamo de cybernética; la palabra tomada al principio en el sentido restringido del arte de navegación, en los mismos griegos ya cobró el contenido mucho más amplio del arte de gestión en el sentido general.
 

Stuart Umpleby destacó que la cibernética ha desarrollado los estudios relacionados con una amplia gama de procesos, incluyendo a las personas como organizadores activos, comunicadores, los que intercambian información y son personas responsables.
Como la geopolítica, la cybernética también se aplica a muchas áreas de la vida pública. Por lo menos, a ella se dedicaron y desarrollaron sus definiciones no sólo los físicos y matemáticos, sino también los políticos, sociólogos, teóricos de la gestión y la educación, antropólogos, lingüistas, filósofos y estrategas militares.

Alguien puede preguntar – ¿qué pasa con la política, también considerada por los filósofos griegos antiguos como el arte de la administración del Estado? Hay que señalar la diferencia fundamental. La cybernética trata más bién con la gestión eficaz (el timonel del barco, y en un sentido más amplio el gobernador  es el cibernético), pero no con todos los casos que involucran la participación de la gama mucho más amplia de los ciudadanos (residentes de la ciudad o los súbditos del imperio). El principio fundamental de la política es tener un oponente, y en el caso límite, el enemigo. No por casualidad, las palabras griegas antiguas «guerra» πόλεμος y “política” πολιτική tienen la misma raíz.

En 1987 el profesor Larry Richards, eminente estudioso norteamericano cibernético, dijo que la cybernética deben aprender algo “nuevo” de la interacción dinámica del sujeto y la práctica de la comunicación, independientemente de sus intereses en el campo de la electrónica, la vida, la sociedad, o lo que toman de la ciencia, el arte o la política.

Jeff Dooley sugirió el nombre “cybernética” para la ciencia sobre el comportamiento intencional. Nos ayuda a explicar el comportamiento como una acción continua de alguien (o algo) en el proceso, tal como lo vemos, manteniendo ciertas condiciones cercanas a la situación de la meta.

La cybernética se dedicó activamente a la ciencias políticas en los años 90 del siglo pasado. Se vio afectado por una serie de nuevos conceptos, como los de la evolución política, del ecosistema político, synergetics, biopolítica, etc. Peter Corning del Instituto del Estudio de Sistemas Complejos menciona que la característica más importante de un sistema cybernético es que está controlada por la relación entre tareas endógenas y medio ambiente externo… Cybernética habla de la viabilidad, los objetivos, los flujos de información, la toma de decisiones en la gestión y la retroalimentación (bien definido) en todos los niveles de los sistemas vivos. Hay muchas otras definiciones de la cybernética, que se interpreta incluso como “el estudio de la intervención bien fundada”.

Ya en estos ejemplos se puede encontrar mucho en común con la geopolítica: la forma de vida, el proceso de control, la propagación del poder, la dinámica del cambio político, el diseño de los objetivos y de su posterior aplicación, e incluso las circunstancias de fuerza mayor.

Sin embargo, en los últimos treinta años se ha vuelto más común la primera parte de la palabra – “cyber”, que se hizo la narrativa en la política, la cultura, los medios de comunicación y las distintas ciencias.

Daniel Coelho, profesor de la Universidad Nacional EE.UU. de Defensa, sugirió dividir esta palabra en tres elementos distintos. Primero, comunicación-red, segundo, el contenido -mensaje, y tercero, el concepto del efecto obtenido a partir del mensaje. Esta deconstrucción muestra cómo se diferencian las habilidades de individuos y organizaciones, que van desde las operaciones en una red informática hasta los asuntos públicos, que también están involucrados en la gestión de la información, ya que éste pasa entre la máquina y el hombre.
En consecuencia, no se trata tanto de las redes de información computarizada como de los procesos sociales más amplios. Y puesto que con el advenimiento de Internet, y más recientemente, debido a la disponibilidad de los aparatos técnicos para el público en general y la institucionalización de la cybergeopolitica, estos procesos se hicieron internacionales, podemos hablar con certeza de su escala geopolítica y global.
Así, la geopolítica cobró otra área, la cybernética, a la cual sus axiomas básicos se han extendido; al mismo tiempo, es la realidad de otro nivel, donde operan nuevas reglas, y existen otros niveles, zonas, límites y posibilidades.
 
*Jefe editor de revista Geopolítica, Moscu, Rusia.
 
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mardi, 18 mars 2014

Mutations et transformations dans l’armée américaine

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Bernhard TOMASCHITZ:

Mutations et transformations dans l’armée américaine

D’importantes transformations s’annoncent au sein de l’armée américaine. C’est le “New York Times” qui nous en informe, en faisant référence à des officiels du Pentagone, dont le journal ne révèle évidemment pas les noms. D’après ces informations le ministre de la défense Chuck Hagel est en train de planifier une réduction importante du personnel de l’US Army. Les effectifs seraient ainsi réduits à 490.000 militaires, au lieu du maximum de 570.000 hommes que l’armée avait comptés immédiatement après les attentats du 11 septembre 2001. En 2011, la moyenne avait été de 560.000. Pour l’avenir, Hagel souhaiterait encore une réduction, pour tomber à 450.000 ou 440.000 soldats: ces chiffres seraient les plus bas depuis 1940. Le ministère de la défense viserait essentiellement, par son plan d’épargne, les forces aériennes. Le budget général des forces armées américaines est de 600 milliards de dollars. Dans ce cadre, la mise en oeuvre d’une flotte d’avions de combat A-10 serait définitivement arrêtée.

Mais malgré cette réduction très importante du personnel militaire, les forces armées américaines resteraient parfaitement opérationnelles. Cependant, en cas de maintien de longue durée sur de multiples terrains d’opération, comme l’Afghanistan ou l’Irak, l’armée buterait rapidement sur des limites. “Il faut toujours être bien équipé mais cela n’a aucun sens de conserver d’importantes forces au sol si l’on ne mène pas une guerre sur le terrain”, écrit le “New York Times”, en citant un représentant du Pentagone. Il n’y aura cependant aucune modification dans la flotte des porte-avions (onze bâtiments), qui sera toujours prête à assumer des missions à l’étranger.

Le projet de Hagel reflète la ré-orientation de la politique de défense américaine après les guerres d’Afghanistan et d’Irak qui n’ont pas été de francs succès. C’est la raison pour laquelle, écrit le “New York Times”, il faut dorénavant “amorcer une nouvelle voie américaine”, qui pariera de plus en plus sur les forces spéciales et sur la guerre électronique. Barack Obama, a parié déjà depuis longtemps, depuis son accession à la présidence, sur l’utilisation de drones, surtout en Afghanistan, au Pakistan et au Yémen. Cette évolution spécifique dans l’art de la guerre se poursuivra dans les années à venir. De même, on assistera, de plus en plus souvent, à des opérations subversives menées par les forces spéciales de l’US Army dans des pays comme la Syrie ou l’Iran.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°9/2014, http://www.zurzeit.at ).

jeudi, 06 février 2014

2013 : fin des rêves militaires

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2013 : fin des rêves militaires

par le Général Vincent Desportes

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Vincent Desportes sur les faiblesses de la politique militaire de notre pays... Le général Desportes est l'auteur de nombreux essais consacrés à la stratégie comme Comprendre la guerre (Economica, 2000) ou La guerre probable (Economica, 2008).

2013 aura été « très militaire ». Deux interventions majeures, Serval au Mali pour lancer l’année, Sangaris en République Centrafricaine pour l’achever, avec, à mi-parcours, une opération en Syrie restée sans nom pour avoir été bloquée au dernier instant. En miroir, deux textes fondateurs : le 29 avril, officialisation du Livre Blanc dont la traduction budgétaire - la Loi de Programmation Militaire -, est approuvée par les deux chambres au cours du dernier trimestre.

La puissante contradiction entre les faits – les interventions – et le discours – les deux textes – qui organisent parallèlement la dégradation progressive mais certaine de nos capacités militaires, ne peut que frapper les esprits. Interventionnisme, parfaitement légitime dans les trois cas, et incohérence… jusqu’à l’absurde. De cette « année stratégique » forgée de contradictions, plusieurs leçons peuvent être tirées.

Leçon n°1 : l’évidence des inadéquations. Inadéquation d’abord entre notre politique extérieure, qui s’appuie à juste titre sur nos capacités militaires, et notre politique militaire qui tend à réduire ces mêmes capacités selon des logiques parfaitement déconnectées de leurs raisons d’être. Inadéquation ensuite entre les modèles de forces vers lesquelles nous nous dirigeons inexorablement - des forces réduites de haute sophistication, de plus en plus aptes à remporter les batailles et de moins en moins capables de gagner les guerres, adaptées surtout aux conflits que nous ne voulons pas mener – et les guerres combattues qui exigent des formats et des moyens dont nous nous dépouillons allégrement.

Leçon n°2 : nous ne pouvons fuir nos responsabilités et nos intérêts, ils nous rattrapent. En particulier, nous ne pouvons pas échapper à l’Afrique. Cette politique, initiée dès les années 1990, n’a pas su se donner les moyens du succès. Le pire pour le monde, pour la France, serait une Afrique profondément déstabilisée, faible économiquement, qui aurait le plus grand mal à faire face à l’inexorable mais prochain  - 20 ans - doublement de sa population. Des Etats baroques que nous lui avons laissés, nous n’avons pas su l’aider à faire des Nations. Dès lors, pour un moment, nous devons nous réengager fermement, militairement en particulier, pour construire des structures fiables de sécurité panafricaines et rebâtir des armées qui constituent souvent l’indispensable ossature de ces Etats fragiles.

Leçon n°3 : la fin du rêve européen. Plus que beaucoup d’autres, les Français ont été européens, en matière militaire en particulier. 2013 nous contraint au réalisme. Allons vers l’Europe, mais arrêtons de nous départir des moyens nécessaires à l’exercice de nos responsabilités et à la protection de nos intérêts ; l’Europe elle-même en a besoin pour que soient remplies les missions dont seules les armées françaises sont capables. Tant qu’il n’y aura pas de vision stratégique commune il n’y aura pas de défense commune, car le sentiment de solidarité n’est pas assez fort pour imposer le risque politique. Alors, pour longtemps encore, ne pourront être partagées que les capacités, aériennes et navales, dont l’engagement ne constitue justement pas un risque politique. L’intervention de troupes au sol est trop dangereuse pour dépasser les égoïsmes nationaux : préservons les nôtres si nous voulons maîtriser notre action extérieure.

Leçons n°4 : nous ne pouvons pas commander à la guerre. Le rêve du politique, c’est l’intervention puissante, rapide, ponctuelle, qui sidère. C’est le mythe cent fois invalidé du « hit and transfer », du choc militaire qui conduirait directement au résultat stratégique et, dans un monde parfait, au passage de relais à quelques armées vassales immédiatement aptes et désireuses d’assumer elles-mêmes les responsabilités. Las ! Les calendriers idéaux sont toujours infirmés par la « vie propre » de la guerre. De la première bataille à « la paix meilleure » qu’elle vise, il y a toujours un long chemin chaotique qui ne produit le succès que dans la durée, l’effort et la persévérance.

Leçon n°5 : le volontarisme ne remplace pas les moyens. Dès lors que, pour de multiples raisons, le « paradigme de destruction » ne peut plus être le paradigme central de la guerre, dès lors qu’il faut agir dans des contextes où le facteur multiplicateur de la technologie est très réduit, dès lors que la légitimité de la bataille ne peut se mesurer, ex-post, qu’à l’aulne du résultat politique, l’instantanéité et la « foudroyance » ne fonctionnent plus. La capacité à durer, les volumes déployables, les contrôles des espaces, redeviennent des données essentielles, ce qui remet d’autant en cause les évolutions de nos armées et ce terrible « manque d’épaisseur stratégique » qui les caractérise aujourd’hui.

La France est, et se veut, à juste titre, une grande nation, ce qui suppose des capacités d’action, militaires en particulier. En nous montrant clairement à la fois ce que sait faire notre appareil militaire et ses évidentes limites, 2013 nous réveille et nous rappelle que le premier devoir du stratège est de proportionner l’enjeu et les moyens.

Vincent Desportes (Revue Défense Nationale, 28 janvier 2014)

jeudi, 23 janvier 2014

Muere el soldado japonés que siguió luchando 30 años después del fin de la II Guerra Mundial

Muere el soldado japonés que siguió luchando 30 años después del fin de la II Guerra Mundial

alt«Victoria o derrota, yo he hecho todo lo que he podido» respondió el subteniente japonés Hiroo Onoda en 1974 al enterarse de la derrota de Japón casi 30 años después de que hubiera finalizado la II Guerra Mundial. El soldado del Ejército Imperial nipón vivió durante tres décadas escondido en la selva de Filipinas convencido de que se seguía luchando.

Onoda solo entregó sus armas cuando su comandante le ordenó abandonar su escondite en una montaña de la isla de Lubang, a 112 kilómetros al sur de Manila. Cuando fue hallado en una montaña de la isla de Lubang, a 112 kilómetros al sur de Manila, el soldado japonés conservaba en su poder una copia de la orden dada en 1945 por el emperador Hirohito para que los soldados japoneses se entregasen a los aliados, pero él insistía: «Sólo me rendiré ante mi superior».

Onada había llegado a la isla de Lubang en 1944 a los 22 años con la misión de introducirse en las líneas enemigas, llevar a cabo operaciones de vigilancia y sobrevivir de manera independiente. Tenía una orden: no rendirse jamás y aguantar hasta la llegada de refuerzos. Con otros tres soldados obedeció estas instrucciones incluso después de la capitulación de Japón.

Vivió de plátanos, mangos y el ganado que mataba en la selva, escondiéndose de la Policía filipina y de las expediciones de japoneses que fueron en su busca desde que en 1950 se supo de su existencia por uno de los soldados que le acompañaban, que decidió abandonar la selva y volver a Japón. Onoda los confundía con espías enemigos.

Expediciones fallidas

Tokio y Manila intentaron contactar con los otros dos soldados japoneses durante años hasta que en 1959 finalizaron su búsqueda, convencidos de que habían muerto. En 1972, Onoda perdió a su último hombre al hacer frente a las tropas filipinas y Tokio decidió entonces enviar a miembros de su propia familia para intentar convencerle de que depusiera las armas. Todos los esfuerzos fueron en vano y su pista se perdió de nuevo hasta que fue avistado por el estudiante japonés Norio Suzuki en marzo de 1974 cuando hacía camping en la selva de Lubang.

Tuvo que desplazarse hasta la isla el entonces ya excomandante Yoshimi Taniguchi para entregarle las instrucciones de que quedaba liberado de todas sus responsabilidades. Solo así, Onada se rindió. Su madre, Tame Onoda, lloró de alegría.Los japoneses recibieron a Onada como a un héroe nacional a su regreso a Tokio por la abnegación con la que había servido al emperador. Tenía entonces 52 años. El exteniente contaría entonces que durante sus treinta años en la jungla filipina solo tuvo una cosa en la cabeza: «ejecutar las órdenes».

Un año después se mudó a Brasil, donde se casó con Machle Onuki y gestionó con éxito una finca agrícola en Sao Paulo. En 1989 volvió a Japón y puso en marcha un campamento itinerante para jóvenes en el que impartía cursos de supervivencia en la naturaleza y escribió su increíble aventura en el libro «No rendición: mi guerra de 30 años».

Onoda, el último de las decenas de soldados japoneses que continuaron su lucha sin creer en la derrota nipona, falleció este jueves en un hospital de Tokio a los 91 años por un problema de corazón, tras llevar enfermo desde finales del año pasado.

Fuente: ABC