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lundi, 04 février 2019

De la violence en politique

Emmanuel Macron, bien qu’ayant été l’élève du philosophe Paul Ricœur, semble contrevenir aux principes élémentaires de la social-démocratie, voire ceux du libéralisme social.

La question de la violence dans les conflits politiques n’a jamais été aussi d’actualité depuis le début de la contestation sociale dite « des Gilets jaunes », et ce comme le décrit Baptiste Legrand de L’Obs dans son article du 13 janvier (cliquez ici).

Les provocations, les intimidations, les menaces de mort et les agressions gratuites fusent : entre des manifestants et des élus, des déguisés en Gilets jaunes et des journalistes, des Gilets jaunes et des Gilets jaunes et entre des politiques eux-mêmes. Violence verbale contre violence verbale, ou bien violence physique contre violence verbale… Personne n’est épargné. Le problème est que seule la violence visible serait insupportable pour l’ordre libéral-libertaire. Voilà une autre forme de puritanisme : « Couvrez ce poing que je ne saurais voir ».

Résultat : le Président Macron fait profil bas et essaie tant bien que mal de ne pas céder à son instinct primaire, le mépris de classe. La crise actuelle est, sur le plan philosophique, autant celle de l’humanisme que celle de l’individualisme. Parce que l’individu est à la politique ce que l’atome est à la physique : celui-ci est une bombe à retardement. Dans ce contexte électrique, tout le monde perd son sang-froid, y compris les intellectuels : certains justifient l’usage de la violence du côté des Gilets jaunes alors que d’autres réclament celui des armes létales par les forces de l’ordre. Tels sont les signes d’une société en perdition où la haine attire exponentiellement la haine.

Il faut donc savoir si la grave crise sociale que traverse actuellement le pays relève de la révolte ou de la révolution. Car, entre demander la démission du gouvernement et exiger celle du Président, il n’y a qu’un pas. Et quand les cyniques pensent qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs, les esprits belliqueux ajoutent que « la guerre est la simple continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz). C’est un fait : que ce soit en interne comme en externe, les civilisations n’échappent jamais à la sempiternelle dialectique de la guerre et de la paix (évoquée par Héraclite d’Éphèse). Devant un mouvement à la tonalité de plus en plus révolutionnaire, le jeune monarque présidentiel sera appelé à se muter en Léviathan.

Dans une société libérale où « l’homme est un loup pour l’homme » (Thomas Hobbes), Jupiter tient à rester insaisissable tel un serpent. D’ailleurs, beaucoup confondent en lui charme et charisme. À présent, la France ressemble à un foyer de cinq enfants turbulents tenus à bout de bras par une pauvre mère célibataire. Où est la figure emblématique du Père ? Voilà sans doute à quoi mène l’apologie pompeuse des familles non-traditionnelles. Pourtant féru de philosophie, Macron devrait méditer la formule de Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »

Le rôle de tout politique en social-démocratie est de veiller à ce que le recours à la violence soit toujours proportionné à l’agression. Tel un chef d’établissement public, il doit veiller à ce que la poussière reste sous le tapis. N’ayant jamais exercé de mandat local, Macron n’a pas le goût pour les territoires. Il n’a clairement pas le sens de l’Histoire et n’est pas en mesure de comprendre que la France est une nation avant d’être une administration.

L'intelligence française bradée aux Américains c'est ici, c'est maintenant, et c'est dans notre dos

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L'intelligence française bradée aux Américains c'est ici, c'est maintenant, et c'est dans notre dos

Quand on n'a pas d'argent pour payer ses dettes on paye en nature et c'est ce que fait le gouvernement en permettant à Microsoft de faire son marché au sens propre dans l'éducation nationale avec la complicité du ministre.
 

jeudi, 31 janvier 2019

2019, l'année du renouveau identitaire européen !

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2019, l'année du renouveau identitaire européen !

par Eugène Guyenne

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Bonne année 2019 ! Qu'elle soit placée en vous de celle du chemin de l'enracinement identitaire (local, régional, européen) si ce n'est déjà fait car plus les années passent et plus ce sentiment s'affirme et se confirme comme le seul rempart au monde actuel où l'on vit (par l'effet de la mondialisation donc du déracinement exprimé par les flux migratoires extra-continentaux des dernières décennies, par l'islamisation, par le terrorisme, par la destruction des frontières européennes, des mœurs fondant notre civilisation par le "mariage pour tous", la théorie du genre...).

Où il n'y a pas d'échappatoire autre que de retrouver nos racines communautaires (famille, amis), locale (échelle la plus concrète et enracinée plus le lien avec la commune dans laquelle on vit), régionale (aimer notre propre région chargée d'Histoire, d'anciennes langues, cultures, traditions, en patrimoine culturel, culinaire) et européenne (puisque nous appartenons tous à cette terre qu'est l'Europe, à ce groupe d'humain qu'est notre Civilisation, unie pour la plupart d'une culture partagée de langue, de tradition, de patrimoine et donc d'héritage indo-européen).

Retrouver le lien communautaire, le lien de la nature avec les forêts, les montagnes, les mers, le lien spirituel (païen ou chrétien en rupture avec le pape actuel préparant notre extinction). Au-delà de l'enracinement humain et culturel, 2019 doit être aussi l'année du réveil identitaire sur le plan politique: pour transformer l'essai et voir les combattants de cette Europe gagner et mettre à bas tous ceux qui veulent la détruire, il est impératif de cotiser à une ou plusieurs structures faisant la promotion de cette Europe-là, identitaire, enracinée donc européenne. Par exemple au Parti des Européens, convergeant avec les autres structures identitaires animées du même idéal mais seule véritable structure identitaire électorale car aucun parti de droite en France ne promeut cet enracinement à la fois local, régional et européen.

Les souverainistes défendent une communauté nationale "multiculturelle", concevant la France comme une Idée et non une Réalité charnelle, chez qui l'Allemagne et de l'Europe constituent à leurs yeux le mal absolu, alors qu'en vérité il se situe aussi bien dans chacun des états, coupable par ses actions politiques du déracinement, de la globalisation, d'une société multi-conflictuelle, du jacobinisme mortifère, du socialisme de l'assistanat, de l'ultra-libéralisme, du cosmopolitisme. Le Parti des Européens souhaite mettre à bas ces états devenus nocifs, renverser la table au sein de l'Union Européenne et changer radicalement son fonctionnement afin de bâtir enfin une Europe identitaire unie.

En cette année européenne et identitaire de 2019, faites gagner vos idées, qui sont aussi les nôtres, et rejoignez-nous ! Une seule place manque: la vôtre !

Eugène Guyenne (Le Parti des Européens)

10:28 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Comment la jeunesse devint le gibier de la caste mondiale

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Comment la jeunesse devint le gibier de la caste mondiale

par Nicolas Bonnal

Dans les années soixante, rappelle Thomas Frank, on a imposé le slogan Think Young, pour célébrer la marchandise nouvelle et la non-culture nouvelle à base de pub et de communication, une culture d’usurpateur (le Spectacle), disait Debord qui veut faire oublier comment elle est arrivée au pouvoir. On chassa les anciens et la tradition pour imposer le jeunisme consumériste.

Cinquante plus tard, on a une jeunesse de dystopie, à 90%  ruinée par l’immobilier, par les études, promue à des petits boulots disqualifiés, à des exils ingrats, à un nomadisme cheap et à un abrutissement technologique festif. Certes les jeunes valent mieux que leurs aînés et votent, rappellent Todd ou Guilluy, contre le système, aussi bien en France qu’en Angleterre.  Mais la jeunesse est remplacée et divisée. En outre elle n’a plus aucun outil culturel pour affronter le système. Depuis la fin des années 70, on ne lit plus – ou mal…

Celui qui a le mieux décrit cette involution est le mathématicien Gilles Chatelet, vers la fin des années 90 quand Paris achève sa grande transformation, pour parler comme Polanyi. Paris est promue capitale des fêtes,  de services et de la vie chère, bourrée de gadgets, de culture néo et de  « tantouzes de première »

Dans Vivre et penser comme des porcs, ouvrage polémique, décalé et philosophique, Chatelet commence par une description festive :

« Un dimanche soir de novembre 1979… Personne ne voulait manquer la « soirée rouge et or ». Tout ce qui avait compté, ou prétendait encore compter, avait promis de venir : brillants universitaires ralliés à la nuit, anciens et futurs ministres, mondains professionnels, jeunes condottieri de la mode, prédateurs et chasseurs de tête. »

Je le dis et je le répète, lisez le livre de ma condisciple Bacqué sur Richard Descoings. « Richie » dénonce  la collusion entre élites et fêtes, fric et multiculturalisme, appétits sans fin et humanitarisme creux. L’axe DSK-Macron-Benalla est déjà là, avec cette « nuit porte-jarretelles » qui n’en finit pas – et rappelle l’apocalypse joyeuse de Broch ou le festif de la Cacanie de Musil (j’en reparlerai). On vit, dit Chatelet, dans une société d’entendidos, de renards qui se comprennent à demi-mot en forniquant, pendant que les couillons continuent de voter pour la gauche ou la droite, ou pour les politiciens soi-disant responsables.

actualité,jeunesse,sociologie,problémes contemporainsChatelet comprend que les jeunes seront maltraités (en 1999, disait le Figaro il fallait gagner 90 000 franc mensuels pour mieux vivre à Londres qu’à Paris). Alors à quoi sert ce cirque romain et inhumain ?

« La commande sociale de l’ordre cyber-mercantile est simple : comme les grandes villes d’autrefois, qui montraient un solide appétit pour les pauvres, il se montre très friand de tout ce cyber-bétail de « jeunes à baladeur nomades et libres dans leur tête », un peu râleurs mais au fond malléables, facilement segmentables en tranches d’âge et en générations, et donc gibier sociologique idéal pour les modes. »

Les gadgets technologiques n’auront en rien aidé :

« La crétinisation postmoderne par la communication remplace avantageusement la caporalisation perpétrée par les conservatismes d’autrefois, décrits par Ernest Renan. »

Ceci dit si les jeunes ont voté contre le Brexit, contre Clinton pour Donald ou Bernie, pour Mélenchon ou pour Le Pen, c’est que ces outils ambivalents ont quelque part desservi le système… Raison pourquoi le système veut aussi imposer le programme – comme à la télévision…

Chatelet commente Attali (je sais, je sais, il est plus bête et ignare que méprisable encore) dans un de ses chapitres les plus percutants :

« Pour les Turbo-Bécassines et cyber-Gédéon de deuxième génération, l’ordre cyber-mercantile pourrait se montrer fort appétissant : en scrutant l’horizon des grandes tendances, Attali croit discerner une multitude de jeunes cavaliers chargés d’objets-nomades de plus en plus « intelligents ».

Tout le livre de Chatelet tourne autour de la dénonciation de la satanée pensée britannique (pour moi le pire reste le trop méconnu Bentham). Donc…

« Il n’est pas difficile de voir que ces jeunes à baladeur, prédictibles et stockables, ne sont que la forme festive et transurbaine des créatures de l’état de nature de Hobbes, réclamant donc un monde de souveraineté à la hauteur de leur mobilité et de leur convoitise exaspérée par les objets-nomades. »

cyberjeueneséé.jpgOui, la vie postmoderne est devenue « solitary, poor, nasty, brutish, and short », comme dit Hobbes. Car les attentats festifs aident à l’écourter cette vie.

Mais au-dessus de cette plèbe cheap et technophile règnent « les cavaliers-nomades de la surclasse »…Comme Christophe Guilluy, Chatelet souligne l’antiracisme tartuffe de cette surclasse à la romaine (revoyez les Fellini, Dolce Vita et le Satiricon). Et d’ajouter :

« On peut accorder une chose à cette surclasse : elle n’est pas « raciste » et même friande d’exotisme. Elle adore visiter ces précieux réservoirs de sauvagerie que sont les peuples-marchés pourvoyeurs de gladiateurs-boxeurs et de nubiens à plume. »

La bourgeoisie néo préfère les migrants aux compatriotes. Comme dit encore Guilluy, elle a besoin d’ouvriers du bâtiment et de serveurs de restau – sans oublier de footeux…

Le système n’aime pas les gilets jaunes mais il adore la racaille et les émeutiers. Chatelet écrit :

« On peut parier que les émeutes n’inquiéteront pas plus la surclasse qu’elles n’inquiètent M. le juge Richard Ponzer, pour qui la ville de New York illustre la possibilité pour des communautés situées aux deux extrêmes de l’éventail des revenus de cohabiter et de coopérer dans des conditions qui ne sont pas parfaitement harmonieuses et certainement pas placides. »

Car un pauvre de même origine peut devenir plus dangereux ; il l’a montré dans le passé. Il faut donc le remplacer.

Les émeutes font bouger, donc c’est du tout bon :

« Toute révolte ne sera qu’un « remous » inaudible par les marchés, aussi inoffensif et pathétique que les règlements de comptes entre jeunes mâles d’un troupeau de bovidés. »

Visionnaire, Chatelet annonce la réaction populaire de la France larguée :

« Car il reste encore aujourd’hui quelques braises de lucidité populaire ; le malaxage en peuple-marché et en cyber-bétail réversible n’a pas encore triomphé !…Demain, naturellement, les  « populistes ringards » risquent d’aboyer – sinon de mordre – encore plus fort. »

Quant à la jeunesse, à moins d’être milliardaire, on sait ce qui l’attend, entre le Bataclan, Orlando, le RER en panne,  la chambre de bonne à mille euros et les frais d’inscription à dix-vingt mille l’année :

« Comment battre de vitesse l’atomisation et sa prolifération d’unités de détresse réduite à leurs baskets, leur deux kilos de cervelle et leur baladeur ? »

Et Gilles Chatelet de conclure justement sur une référence mythologique :

« Prométhée n’est pas le dieu adoré par les saltimbanques de l’anarcho-mercantilisme. C’est devant Hermès – Hermès, Hermès l’esclave de Zeus -, et surtout devant Plutos l’argent-roi, qu’ils se vautrent, sans aucune pudeur. »

On espère que la jeunesse finira par comprendre. Elle a commencé, malgré son inculture politique et philosophique institutionnalisée par la dégénérescence de nos programmes éducatifs (tout pour le fric ou pour l’ouvert), et cela n’est pas bon sur le système qui repose comme on sait sur les retraités (80h de BFM par semaine), le bobo abruti qui accepte euphorique sa progressive prolétarisation, et les cathos zombie évoqués par Emmanuel Todd.

Sources principales

  • Gilles Chatelet – Vivre et penser comme des porcs (Gallimard)
  • Hobbes – Léviathan
  • Raphaelle Bacqué – Richie (Grasset)
  • Nicolas Bonnal – Lettre ouverte à la droite fille de joie (Michel de Maule) ; la décadence romaine (Amazon.fr)

NICOLAS BONNAL

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2019/01/25/comment-la...

dimanche, 27 janvier 2019

L’essai prémonitoire sur les « Gilets jaunes »

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L’essai prémonitoire sur les « Gilets jaunes »

par Georges FELTIN-TRACOL

Certains livres anticipent l’actualité dès leur parution. Publié en septembre 2018, le nouvel essai du géographe Christophe Guilluy a pris une résonance particulière avec l’action politico-sociale inédite des « Gilets jaunes ». Son titre en anglais se rapporte aux propos tenus dans le magazine Woman’s Own du 31 octobre 1987 par le Premier ministre britannique, la détestable conservatrice-libérale atlantiste et cosmopolite Margaret Thatcher pour qui « la société, ça n’existe pas ». S’ils ont été surpris par une forte et soudaine mobilisation facilitée par un usage accru des réseaux sociaux, les lecteurs attentifs de ses précédents ouvrages (1) savaient que les « populations périphériques » de la « tierce France », délaissée des aires métropolitaines mondialisées et des banlieues de l’immigration elles aussi globalisées, allaient tôt ou tard dénoncer cet abandon programmé, un ethnocide doux. Sans généraliser, on ne peut que relever le caractère européen et fortement féminin des classes moyennes inférieures et intermédiaires occupent les ronds-points, filtrent la circulation et rendent gratuit le péage d’autoroute.

Christophe Guilluy a ainsi le privilège rare de voir ses analyses souvent contestées par le microcosme universitaire hors sol et rance confirmées par la crise des « Gilets jaunes » (2). Il remarque que « pour la première fois dans l’histoire économique occidentale, les catégories modestes ne vivent plus là où se créent l’emploi et la richesse et, surtout, ne pourront plus y vivre. […] Désormais, les milieux modestes résideront majoritairement toujours plus à l’écart de métropoles qui, inversement, attireront toujours plus les nouvelles classes supérieures (pp. 28 – 29) ».

Terminée la démocratie !

La juste colère des « Gilets jaunes » n’est que la réplique hexagonale d’un mécontentement plus large déjà exprimé en Grande-Bretagne par le Brexit, aux États-Unis par l’élection surprise de Donald Trump, en Italie par l’arrivée d’un triumvirat gouvernemental « Jaune – Vert », en Allemagne par l’ascension rapide de l’AfD et même en Espagne par l’irruption dans le jeu politique de nouvelles forces politiques, Podemos, Ciudadanos et maintenant Vox. Tous ces bouleversements qui n’en sont qu’à leurs débuts annoncent « l’émergence de nouveaux continents, des continents populaires et périphériques, ceux de l’ancienne classe moyenne occidentale (p. 34) ». Cet avis perturbe les tenants d’un âge obsolète qui assiste à la « disparition progressive de la classe moyenne occidentale et des vieux partis de gauche et de droite qui la représentaient (p. 42) ».

Or cette réalité à la fois politique, sociologique et territoriale n’est toujours pas acceptée par les laquais de l’« hyper-élite (p. 40) ». Ils persévèrent à déverser via des médiats serviles une « pensée positive (p. 37) » experte, bureaucratique et indigeste. Ce mode de réflexion superficielle profite largement de « l’infantilisation des sociétés occidentales désormais incapables d’assumer et même de penser les nouvelles conflictualités sociales et culturelles (pp. 36 – 37) ». Plutôt de sensibilité républicaine à la Jean-Pierre Chevènement, Christophe Guilluy rejoint ici les derniers ouvrages de la philosophe belge Chantal Mouffe (3). Il va même plus loin qu’elle en voyant dans « le multiculturalisme […] une idéologie faible qui divise et fragilise (p. 91) ». L’échec multiculturel profite aux communautarismes que l’auteur condamne aussi. Dans une veine très IIIe République, il ne comprend pas que tous les communautarismes ne se valent pas. Christophe Guilluy reste un indécrottable nostalgique de l’assimilation. Légitime, le communautarisme albo-européen s’impose dorénavant comme une nécessité impérative. Les communautarismes musulman et/ou africain représentent pour leur part des vecteurs indispensables pour l’inévitable réémigration de leurs membres vers la terre de leurs ancêtres.

nosocietyCG.jpgIl montre toute sa sévérité envers « l’expertise d’un monde médiatico-universitaire (le plus souvent) issu du monde d’en haut et (toujours) porté par un profond mépris de classe (p. 149) ». Il critique volontiers un « antifascisme d’opérette [qui] ne suffit plus au monde d’en haut pour imposer ses représentations dans l’opinion (p. 114) ». Il se moque aussi de la doxa dominante qui met en exergue « l’existence de quartiers pauvres ou de ghettos à l’intérieur des métropoles et la crise de quelques grandes villes pour minimiser la dynamique globale d’embourgeoisement et de citadellisation des métropoles (p. 115) ». Il s’agit pour les médiats institutionnels de valoriser à la fois la « France d’en-haut » et la « France des “ zones populaires sensibles ” » dans un antagonisme factice qui présente le double avantage d’écarter des schémas de représentation convenue la « France périphérique » largement majoritaire et de polariser autour de quelques oppositions binaires formatées une population sciemment mise à cran : modèle occidental – cosmopolite de consommation de masse à crédit contre « péril » islamiste aujourd’hui, menace chinoise (ou russe ou bordure) demain.

Mondialisme régionalisé

La « citadellisation des métropoles » se manifeste de surcroît par le regain indépendantiste de certaines régions – patries charnelles d’Europe. Défenseur de l’État-nation, il perçoit les indépendantismes régionaux sous un angle original. « Plus qu’un renouveau du nationalisme, c’est d’abord la sécession des bourgeoisies qui porte en germe la balkanisation des pays développés (p. 132). » Ce phénomène ne se limite pas à la Flandre, à l’Écosse ou à la Catalogne. Les grandes métropoles telles Paris et Londres rêvent de s’émanciper de la tutelle étatique centrale. « La nouvelle bourgeoisie proposera demain la création de cités-États au nom du Bien et de l’ouverture, ce qui lui permettra de s’éloigner définitivement de la plèbe (p. 132). » Anne Hidalgo et Sadiq Khan oublient que toute cité-État n’est viable qu’à la condition de disposer d’un arrière-pays utile, sinon leur indépendance se révélera fictive…

Christophe Guilluy a bien cerné ce nouveau « nationalisme » propagé par certains régionalismes nantis et encouragé par le mondialisme. Ce néo-nationalisme ouvert, inclusif et progressiste provient de « l’alliage idéologique du libéralisme économique et du libéralisme sociétal. […] Les classes dominantes utilisent ici un sentiment nationaliste réel pour imposer un modèle néolibéral qui in fine desservira les classes populaires en Espagne mais aussi en Catalogne (p. 134) ». L’auteur oublie cependant que cette combinaison délétère n’accompagne pas que les aspirations stato-régionales; il infecte aussi bien la structure européenne que l’État-nation lui-même. Ce dernier agit de plus en plus en auxiliaire zélé et impitoyable du désordre ultra-libéral mondial. Loin d’exaucer les vœux pieux des libertariens et des autres néo-libéraux, l’État se désengage du jeu économique et social au profit du marché omnipotent pour mieux envahir le domaine privé, la vie intime, voire de la sexualité (pénalisation des clients de prostituées) de ses administrés. L’intrusion incessante dans la vie des familles (interdiction de la fessée aux enfants), des couples (pénalisation du soi-disant « viol conjugal ») et des particuliers (surveillance de leurs comptes en banque au nom de la lutte anti-terroriste) démontre que la structure étatique redéfinit ses missions et ses priorités. La crise des « Gilets jaunes » lui a montré de réelles faiblesses qu’il va combler au plus tôt. Fort de cette expérience inédite et de la résolution (provisoire ?) de la crise, il empêchera la prochaine fois toute nouvelle contestation en frappant bien plus en amont : blocage des comptes Facebook, limitation du droit de manifester au nom de la sécurité, arrestations préventives… Ces mesures répressives n’affecteront que les conséquences, nullement les causes.

Le renforcement sécuritaire des États occidentaux à l’essor foudroyant d’une « société relative (p. 160) ». L’éclatement de la société est maintenant pris en compte par « la classe politique [qui] ne s’adresse plus à un tout mais à des parts de marché (p. 160) », d’où le développement exponentiel des exigences minoritaires ethno-raciales, sexuelles, religieuses, et bientôt alimentaires (vegans, coprophilie, anthropophagie…), souvent acceptées par des gouvernements minables d’intérêts immédiats. En revanche, quand la majorité sociologique revendique plus de justice sociale et fiscale, elle n’a pour réponse que la répression policière, le dénigrement médiatique et le harcèlement judiciaire. Christophe Guilluy prévient que cette société relative vire en une « société paranoïaque (p. 168) » dans laquelle « arme de représentation et de revendication des minorités, la victimisation est en train de devenir la norme de sociétés relatives, y compris de la population majoritaire et blanche (pp. 169 – 170) ».

Demain tous sous surveillance ?

L’auteur s’aveugle toutefois sur cette mue liberticide. « Sauf à militariser la coercition, écrit-il optimiste, la classe politique ne pourra pas compter longtemps sur le monde médiatique ou académique pour canaliser le monde d’en bas (p. 172). » Cette coercition existe déjà de façon implicite; elle rend chaque jour plus tangible la « société sous surveillance globale » (4). Celle-ci s’épanouit en pleine jacquerie post-moderne jaune. Christophe Guilluy appréhende par ailleurs la principale motivation sous-jacente de la colère des « Gilets jaunes », à savoir « la combinaison d’une double insécurité : sociale (liée aux effets du modèle économique) et culturelles (liée à l’émergence de la société multiculturelle) (p. 26) ». Il en déduit une grille d’interprétation pertinente :

– la droite bourgeoise conservatrice qui vote François Fillon, et les indépendantistes catalans, flamands, basques, écossais subissent pour des raisons différents la seule insécurité culturelle;

– les électeurs de La France insoumise pâtissent de l’insécurité sociale, mais se félicitent pour la plus grande majorité de l’accueil continu des migrants,

– les fans d’Emmanuel Macron ignorent ces deux insécurités et préfèrent se complaire dans une « France d’après » selon le slogan grotesque du temps du calamiteux Sarközy,

– seuls les électeurs de Marie Le Pen, voire de Nicolas Dupont-Aignan (et pour des raisons là aussi très différentes, des nationalistes corses), cumulent les deux insécurités, ce qui en font des porteurs de revendications potentiellement explosives.

Cette dernière catégorie ne peut former à lui tout seul un nouveau « bloc hégémonique ». « Pas de mouvement de masse, pas de révolution sans alliance de classe (p. 165). » La petite bourgeoisie provinciale (et francilienne) n’a pas rallié le « peuple périphérique » et reste sur une réserve naturelle. Dans l’ensemble, hormis bien sûr de notables exceptions, ceux qui défilaient avec La Manif pour Tous n’ont pas de gilet jaune. Et ceux qui portent des gilets jaunes ne participaient pas à la contestation contre la loi Taubira. Seuls quelques « Gilets jaunes » bretons avaient eu quelques années auparavant un bonnet rouge sur la tête…

Bref, la révolution n’est pas pour ce soir, ni pour demain matin, surtout quand elle est par avance préemptée par Emmanuel Macron et ses clones politiques luxembourgeois et canadien. Dès 1974, le philosophe catholique belge Marcel De Corte s’inquiétait de l’avènement d’une dissociété (5). Avec No Society, Christophe Guilluy confirme que la « dissociété », cette termitière humaine, est bien là !

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Parmi les plus récents, mentionnons Fractures françaises, François Bourin, 2010; La France périphérique, Flammarion, 2015; Le Crépuscule de la France d’en haut, Flammarion, 2016.

2 : En parallèle aux travaux socio-géographiques de Christophes Guilluy, des journalistes sont partis à la découverte de cette « France périphérique ». Signalons Florence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, Éditions de l’Olivier, 2010; Aymeric Patricot, Les Petits Blancs. Un voyage dans la France d’en bas, Éditions Plein jour, 2013; Gérald Andrieu, Le peuple de la frontière. 2 000 km de marche à la rencontre des Français qui n’attendaient pas Macron, Éditions du Cerf, 2017; Anne Nivat, Dans quelle France on vit, Fayard, 2017.

3 : cf. Chantal Mouffe, L’illusion du consensus, Albin Michel, 2016; idem, Pour un populisme de gauche, Albin Michel, 2018. Voir aussi Chantal Mouffe et Íñigo Errejón, Construire un peuple. Pour une radicalisation de la démocratie, préface de Gaël Brustier, Éditions du Cerf, 2017.

4 : cf. Georges Feltin-Tracol, En liberté surveillée. Réquisitoire contre un système liberticide, Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, 2014.

5 : Marcel De Corte, De la dissociété, Éditions Remi Perrin, 2002.

• Christophe Guilluy, No Society. La fin de la classe moyenne occidentale, Flammarion, 2018, 242 p., 18 €.

samedi, 26 janvier 2019

Presseschau Januar 2019

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Presseschau

Januar 2019

AUßENPOLITISCHES

 

Gefahr einer Eskalation

OSZE warnt vor Nationalismus in Europa

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/osze-warnt-vor-nationalismus-in-europa/

 

Spaniens ultrarechte Partei Vox zieht ins Regionalparlament von Andalusien ein https://www.gmx.net/magazine/politik/spaniens-ultrarechte-partei-vox-regionalparlament-andalusien-33447198

 

Vox-Partei in Spanien

Der Aufstieg der Rechtsextremen

https://www.tagesschau.de/ausland/spanien-vox-101.html

 

Frankreich in Aufruhr

Europas Held ohne Volk

von Jürgen Liminski

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/europas-held-ohne-volk/

 

„Gelbwesten“

Über 700 Schüler bei Protesten in Frankreich festgenommen https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/ueber-700-schueler-bei-protesten-in-frankreich-festgenommen/

 

Gelbe Westen – Alain de Benoist im Gespräch

https://sezession.de/59957/gelbe-westen-alain-de-benoist-im-gespraech

 

Zusagen an Gelbwesten: Günther Oettinger fordert Defizitverfahren gegen Frankreich Weil Emmanuel Macron den Gelbwesten Zusagen in Milliardenhöhe gemacht hat, wird sich Frankreich höher verschulden. Der EU-Haushaltskommissar will das nicht hinnehmen.

https://www.zeit.de/politik/ausland/2018-12/zusagen-gelbwesten-frankreich-guenther-oettinger-defizitverfahren-neuverschuldung

 

(Einige Tage später...)

Oettinger: Höhere französische Schulden einmalig tolerieren Frankreichs Präsident Emmanuel Macron erhält für seine milliardenschweren Sozialmaßnahmen erneut Rückhalt aus der EU. «Wir haben den französischen Etat vor einigen Wochen geprüft und werden jetzt nicht erneut in Prüfung gehen», sagte EU-Haushaltskommissar Günther Oettinger den Zeitungen der Funke-Mediengruppe. Sollte Frankreich an seiner Reformpolitik festhalten, «werden wir eine Staatsverschuldung, die höher liegt als drei Prozent, als einmalige Ausnahme tolerieren». Macron hatte wegen der «Gelbwesten»-Krise den «sozialen und wirtschaftlichen Notstand ausgerufen».

https://www.stern.de/panorama/oettinger--hoehere-franzoesische-schulden-einmalig-tolerieren-8506872.html

 

(Zu Macron und dem Migrationspakt)

Sonntagsheld (88) – General-Streik

https://sezession.de/60006/sonntagsheld-88-general-streik

 

29-Jähriger auf der Flucht

Die Jagd nach dem Täter von Straßburg

https://www.welt.de/politik/ausland/article185382336/Zwei-Tote-in-Strassburg-auf-Weihnachtsmarkt-Die-Jagd-nach-dem-fluechtigen-Taeter.html

 

Straßburg-Attentäter von Polizei erschossen

https://www.br.de/nachrichten/deutschland-welt/strassburg-attentaeter-von-polizei-erschossen,RC91YGd

 

Anschlag von Straßburg

Der Terror ist eingeschleppt

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-terro...

 

Wegen Streits um UN-Migrationspakt

Belgische Regierung in Turbulenzen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/belgische-regierung-wackelt/

 

Brüssel: Ausschreitungen bei Demonstration gegen UN-Migrationspakt https://www.zeit.de/politik/ausland/2018-12/bruessel-demonstration-protest-un-migrationspakt

 

Vor Brexit-Abstimmung

Tausende Briten schließen sich Demo von Rechtsextremen an http://www.spiegel.de/politik/ausland/london-tausende-protestieren-mit-rechtsextremen-fuer-den-brexit-a-1242784.html

 

Briten im Endzeitmodus

Prepper rüsten sich für den Brexit

https://www.n-tv.de/panorama/Prepper-ruesten-sich-fuer-den-Brexit-article20737519.html

 

3500 Soldaten in Wartestellung

Britische Armee wappnet sich für Chaos-Brexit

https://www.n-tv.de/politik/Britische-Armee-wappnet-sich-fuer-Chaos-Brexit-article20779576.html

 

Bis 2030

EU verschärft CO2-Grenzwerte für Neuwagen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/eu-verschaerft-co2-grenzwerte-fuer-neuwagen/

 

Guerilla-Urbanisten aus der Zarenstadt

Junge Aktivisten wollen den Bürgern von St. Petersburg zeigen, wie sie urbanen Raum zurückerobern können. Dadurch möchten sie in der breiten Bevölkerung für politisches und demokratisches Bewusstsein sorgen

https://www.fluter.de/politischer-aktivismus-in-russland

 

Stellungname des Außenministeriums

Israel setzt Boykott von FPÖ-Ministern fort

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/israel-setzt-fpoe-boykott-fort/

 

China: Die Welt des Xi Jinping | Doku | ARTE

https://www.youtube.com/watch?v=o4BA_6RROJ8

 

Amerikanische Lektionen I – Wahlsiege und Machtstrukturen https://sezession.de/59981/amerikanische-lektionen-i-wahlsiege-und-machtstrukturen

 

Fiasko um Mauerfinanzierung

US-Shutdown tritt in Kraft

https://www.n-tv.de/politik/US-Shutdown-tritt-in-Kraft-article20785729.html

 

(Nächste Verunglimpfungsakion)

Neue Amphibienart nach Trump benannt – als Kritik an dessen Klimapolitik https://www.watson.ch/international/usa/581868632-neue-amphibienart-nach-trump-benannt-als-kritik-an-dessen-klimapolitik

 

(Billy Six)

Südamerika

Deutscher Reporter in Venezuela verhaftet

http://www.spiegel.de/politik/ausland/venezuela-deutscher-reporter-billy-six-in-venezuela-verhaftet-a-1244013.html

 

Freiheit für Billy Six!

Knastweihnacht in Caracas

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2018/knastweihnacht-in-caracas/

 

Exodus aus Venezuela – die nächste Völkerwanderung!

https://www.youtube.com/watch?v=TaeBIppXr2M

 

Die Krise in Venezuela zeigt, dass Lateinamerika sich nicht länger vor der Geschichte verstecken kann

https://www.nzz.ch/meinung/die-krise-in-venezuela-zeigt-dass-lateinamerika-sich-nicht-laenger-vor-der-geschichte-verstecken-kann-ld.1425093

 

Europas und Nordamerikas Linke schweigt

Venezuela – Ein reiches Land, vom Sozialismus ruiniert https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/aus-aller-welt/venezuela-ein-reiches-land-vom-sozialismus-ruiniert/

 

Mexikos linker Präsident wird Liebling der Märkte https://www.heise.de/tp/features/Mexikos-linker-Praesident-wird-Liebling-der-Maerkte-4255855.html

 

Kuba, real und nicht geschönt

Polizeistaat Kuba: Verhör in Havanna

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/aus-aller-welt/polizeistaat-kuba-verhoer-in-havanna/

 

Proteste in Haiti gegen Korruption

https://www.bote.ch/nachrichten/international/proteste-in-haiti-gegen-korruption;art46446,1132483

 

AfD-Politiker Petr Bystron

„Ich will auf die Situation der weißen Farmer in Südafrika aufmerksam machen“ https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2018/ich-will-auf-die-situation-der-weissen-farmer-in-suedafrika-aufmerksam-machen/

 

Afrika hat genug von seinen Helfern

https://www.achgut.com/artikel/afrika_hat_genug_von_seinen_helfern

 

Hat Madagaskar noch eine Chance?

Von Volker Seitz

https://www.achgut.com/artikel/hat_madagaskar_noch_eine_chance

 

Südsudan will neue Hauptstadt : Ein kapitaler Plan https://www.faz.net/aktuell/gesellschaft/menschen/suedsudan-will-neue-hauptstadt-ein-kapitaler-plan-15927995.html

 

Terror an den Pyramiden

Tote bei Anschlag auf Touristenbus in Ägypten

https://www.t-online.de/nachrichten/ausland/id_85008988/aegypten-zwei-tote-bei-anschlag-auf-touristenbus-nahe-pyramiden.html

 

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

(Psychologie der herrschenden Generation)

„Die Wiedergutmacher“

Psychosen im gefühlsgeleiteten Hippiestaat

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/kultur/literatur/2018/psychosen-im-gefuehlsgeleiteten-hippiestaat/

 

„Wir schaffen das“ oder deutlicher: „Deutschland schafft sich ab“

https://www.goldseiten.de/artikel/398592--Wir-schaffen-da...

 

Wirtschaftsentwicklung 2019 – Die deutsche Lust am Niedergang

https://www.cicero.de/wirtschaft/wirtschaftsentwicklung-2...

 

Auf dem Gipfel deutscher Schizophrenie

von Markus Vahlefeld

https://www.achgut.com/artikel/auf_dem_gipfel_deutscher_schizophrenie

 

Union ganz vorne

Das sind die größten Partei-Spenden 2018

https://www.abendzeitung-muenchen.de/inhalt.union-ganz-vorne-das-sind-die-groessten-partei-spenden-2018.d4c0239d-fad5-4813-a4cd-ccf240f8f8bd.html

 

Zur Wahl von Kramp-Karrenbauer zur CDU-Vorsitzenden Weitermerkeln

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/weitermerkeln/

 

Susi Neumann

„Von der SPD kann man nix mehr erwarten“- Ex-Putzfrau verkündet Austritt aus Partei https://www.focus.de/politik/deutschland/susi-neumann-von-der-spd-kann-man-nix-mehr-erwarten-ex-putzfrau-verkuendet-austritt-aus-partei_id_10022261.html

 

Abrechnung mit „Schlipsträgern“

Ex-Putzfrau Susanne Neumann tritt aus SPD aus

http://www.spiegel.de/politik/deutschland/spd-ex-putzfrau-susanne-neumann-tritt-aus-der-partei-aus-a-1242056.html

 

SPD startet neues Ausschlussverfahren gegen Thilo Sarrazin https://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/spd-vorstand-spd-startet-neues-ausschlussverfahren-gegen-thilo-sarrazin/23769112.html?ticket=ST-86803-mnjw5ygFrGsMxqFhyyTi-ap4

 

Internationaler Tag

Bundesregierung: Geistig Behinderte sollen wählen dürfen https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesregierung-geistig-behinderte-sollen-waehlen-duerfen/

 

Nach Terrroranschlag auf Berliner Weihnachtsmarkt: LKW-Besitzer zürnt über Berlin https://web.de/magazine/panorama/terrroranschlag-berliner-weihnachtsmarkt-lkw-besitzer-zuernt-berlin-33470462

 

Terroranschlag auf Berliner Weihnachtsmarkt

Zwei Jahre danach – und das Staatsversagen geht weiter von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/zwei-jahre-danach-und-das-staatsversagen-geht-weiter/

 

„Egal woran Sie glauben“

Integrationsbeauftragte verschickt weihnachtslose Weihnachtsgrüße https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/integrationsbeauftragte-verschickt-weihnachtslose-weihnachtsgruesse/

 

Flüchtlingskrise 2015

Bundesverfassungsgericht schmettert AfD-Klagen zur Asylpolitik ab

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesv...

 

Streit um das Amt der Bundestagsvizepräsidentin

Schäbiges Verhalten der Altparteien

von Jörg Kürschner

https://jungefreiheit.de/debatte/2018/schaebiges-verhalten-der-altparteien/

 

Schleswig-Holstein

Kieler AfD-Landtagsfraktion schließt Sayn-Wittgenstein aus https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kieler-afd-landtagsfraktion-schliesst-sayn-wittgenstein-aus/

 

Eklat in Stuttgarter Landtag

Polizei begleitetet AfD-Politiker aus Plenum

https://www.n-tv.de/politik/Polizei-begleitetet-AfD-Politiker-aus-Plenum-article20770134.html

 

Landtagspräsidentin Muhterem Aras

„Aggression der AfD-Fraktion nimmt zu“

https://www.stuttgarter-zeitung.de/inhalt.landtagspraesidentin-muhterem-aras-aggression-der-afd-fraktion-nimmt-zu.97d09ba9-04a3-46aa-b071-a4c64265d920.html

 

Stuttgart

Landtagspräsidentin sieht „höchste Eskalationsstufe“ mit der AfD https://www.welt.de/politik/deutschland/article185574044/Stuttgart-Landtagspraesidentin-sieht-hoechste-Eskalationsstufe-mit-der-AfD.html

 

70 Jahre FDP

Die „nationalen“ und „rechten“ Wurzeln vergessen von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-nationalen-und-rechten-wurzeln-vergessen/

 

Nicht der letzte Akt

Deutschlands halber Ausstieg aus der Kohle

Mit einem Staatsakt hat sich Deutschland am Freitag von der Steinkohle verabschiedet. Schauplatz war das Bergwerk Prosper-Haniel im Ruhrgebiet, das letzte noch aktive. Allerdings ist der Abschied von der Kohle nur ein halber: Künftig wird Steinkohle importiert und weiter in Kraftwerken verbrannt, Braunkohle wird weiter gefördert, und wie die Zeit danach aussehen soll, ist auch noch nicht klar.

https://orf.at/stories/3105159/

 

Neue Feiertage für die Hauptstadt

Berlin: Tag der deutschen Kapitulation wird Feiertag https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berlin-tag-der-deutschen-kapitulation-wird-feiertag/

 

17.000 ermordete Juden: Kein Prozess gegen KZ-Wachmann

https://www.faz.net/aktuell/rhein-main/prozess-gegen-kz-w...

 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

(Zur geistigen Lage der deutschen Gesellschaft)

Rechenschaftsbericht 2018 (II) – Januar bis April

von Götz Kubitschek

https://sezession.de/60034/rechenschaftsbericht-2018-ii-januar-bis-april

 

(Billige „Antifa“-Mobber und -Diskriminierer geben sich erneut als „Künstler“ aus) Kampagne gegen Rechts

„Zentrum für politische Schönheit“ ruft zur Denunziation auf https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/zentrum-fuer-politische-schoenheit-ruft-zur-denunziation-auf/

 

„Zentrum für politische Schönheit“

„Soko Chemnitz“ beschäftigt Justiz und Politik

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/soko-chemnitz-beschaeftigt-justiz-und-politik/

 

„Soko Chemnitz“

„Zentrum für politische Schönheit“ schaltet Online-Pranger ab https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/zentrum-fuer-politische-schoenheit-schaltet-online-pranger-ab/

 

„Zentrum für Politische Schönheit“

Jagd auf Andersdenkende

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/jagd-auf-andersdenkende/

 

Neuer Totalitarismus

Mein Künstler, dein Spitzel

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/mein-kuenstler-dein-spitzel/

 

(ähnliches Kaliber)

Coca-Cola-Werbung gegen die AfD? Das steckt hinter dem Plakat in Berlin https://www.gmx.net/magazine/panorama/coca-cola-werbung-a... https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linker-adventskalender-ruft-zu-anti-afd-aktionen-auf/

 

Anti-Rechts-Broschüre

Sachsens Kultusminister kritisiert Amadeu-Antonio-Stiftung https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sachsens-kultusminister-kritisiert-amadeu-antonio-stiftung/

 

Amadeu-Antonio-Stiftung

Zopf-Alarm und Nazi-Wahn

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/zopf-alarm-und-nazi-wahn/

 

(Das war zu erwarten gewesen...)

Neuer Verfassungsschutzpräsident

Haldenwang will AfD beobachten lassen

https://www.n-tv.de/politik/Haldenwang-will-AfD-beobachten-lassen-article20759584.html

 

Nach Wechsel an der Spitze

Medienbericht: Verfassungsschutz will AfD beobachten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/medienb...

 

Nach „Prüffall“

AfD Thüringen klagt gegen Landesverfassungsschutz https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-thueringen-klagt-gegen-landesverfassungsschutz/

 

(Der Verfassungsschutz hat ja nun mit der AfD zu tun...) Keine Überwachung

Bericht: Ditib nicht mehr im Visier des Verfassungsschutzes https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bericht-ditib-nicht-mehr-im-visier-des-verfassungsschutzes/

 

Bürgerliche Offensive

Kampfansage an die linke Einäugigkeit

https://www.welt.de/regionales/nrw/article184778062/Kampfansage-an-die-linke-Einaeugigkeit.html

 

Hamburger Menetekel

„Rechts ist die Hölle – links ist der Himmel – in der Mitte ist nichts“

https://www.tichyseinblick.de/kolumnen/spahns-spitzwege/r...

 

(Angesichts solcher Radikalisierung wird es Zeit für ein SPD-Verbot...) SPD-Politiker Kahrs fordert AfD-Verbot

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/spd-politiker-kahrs-fordert-afd-verbot/

 

Kind eines AfD-Politikers abgelehnt

Linksgrüne Sippenhaft an der Waldorfschule

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/linksgruene-sippenhaft-an-der-waldorfschule/

 

Streit um AfD-Politikerkind

Eine Waldorfschule braucht Nachhilfe in Demokratie Ob privat oder öffentlich – Schulen dürfen niemanden diskriminieren. Die Ausgrenzung der Rechten nimmt seltsame Züge an.

https://www.tagesspiegel.de/politik/streit-um-afd-politikerkind-eine-waldorfschule-braucht-nachhilfe-in-demokratie/23765516.html

 

Die Entscheidung der Berliner Waldorfschule & die Folgen Die neuen Nazis sind totalitäre „Gutmenschen“

http://www.pi-news.net/2018/12/die-neuen-nazis-sind-totalitaere-gutmenschen/

 

Baden-Wüttemberg

AfD-Abgeordneter darf keine Weihnachtsgeschichte vorlesen https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-abgeordneter-darf-keine-weihnachtsgeschichte-vorlesen/

 

Traditioneller Adventskalender

Die Post beschenkt alle Bundestagsabgeordneten – fast alle https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/die-post-beschenkt-alle-bundestagsabgeordneten-fast-alle/

 

Oberverwaltungsgericht Rheinland-Pfalz

Reichsbürgern dürfen Waffen entzogen werden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/reichsbuergern-duerfen-waffen-entzogen-werden/

 

Widerspruch zu Wagenknecht

Linkspartei-Chef Riexinger warnt vor deutschen „Gelbwesten“ https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linkspartei-chef-riexinger-warnt-vor-deutschen-gelbwesten/

 

(Inner-Linker Konflikt. Vom „Tagesspiegel“ deshalb thematisiert, weil die Gruppe antijüdisch agiert.)

Gewalttätige Politsekte „Jugendwiderstand“

Maos Schläger aus Berlin-Neukölln

https://www.tagesspiegel.de/berlin/gewalttaetige-politsekte-jugendwiderstand-maos-schlaeger-aus-berlin-neukoelln/23729980.html

 

Das erfolgreichste Programm „gegen Nazis“ in der Geschichte Deutschlands Die Identitären – ein notwendiger Perspektivwechsel

http://www.pi-news.net/2018/12/die-identitaeren-ein-notwe...

 

Rückblick & im Gespräch mit Weltenbrand

von Martin Sellner

https://www.youtube.com/watch?v=qI5mYpWu71E

 

(Berliner Urania untersagt Pressefreiheit)

Tagesdosis 4.12.2018 – Zensoren in die Produktion!

https://www.youtube.com/watch?v=xVZ0-z8fFLQ

 

Skandal um rechte Chatgruppe: Landeskriminalamt ermittelt gegen Polizisten

https://www.gmx.net/magazine/politik/skandal-rechte-chatg...

 

(Und sofort wird aus der Chatgruppe in den Medien ein „rechtes Netzwerk“...) Rechtes Netzwerk in Frankfurter Polizei – Landeskriminalamt ermittelt

https://www.gmx.net/magazine/politik/rechtes-netzwerk-fra...

 

Hamburg

G20-Krawalle: Polizei veröffentlicht weitere Fahndungsbilder https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/g20-krawalle-polizei-veroeffentlicht-weitere-fahndungsbilder/

 

Frauenchiemsee

Schändung von Jodl-Grab: Täter verurteilt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/schaendung-von-jodl-grab-taeter-verurteilt/

 

Linke Gewalt – Angriffe in Halle/Saale

https://sezession.de/59976/linke-gewalt-angriffe-in-halle-saale

 

Baden-Württemberg

Sitzbank-Wurf gegen Auto von AfD-Abgeordneten: Polizei ermittelt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sitzban...

 

Rosenheim: Antifa will AfD-Büro stürmen

http://www.pi-news.net/2018/12/rosenheim-antifa-will-afd-buero-stuermen/

 

Rosenheim

Antifa stürmt AfD-Büro – Polizei schreitet ein

https://www.youtube.com/watch?v=H3oBbHOM0wQ

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

 

Der Migrationspakt als Elitenprojekt

https://sezession.de/59954/der-migrationspakt-als-elitenprojekt

 

UN-Migrationspakt: Hetze statt Fakten

https://www.youtube.com/watch?v=T3fW9rARIwY

 

„Lügen- und Angstkampagne“

Auswärtiges Amt beklagt Propagandafeldzug gegen Migrationspakt https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/auswaertiges-amt-beklagt-propagandafeldzug-gegen-migrationspakt/

 

Wohlstand migrieren, nicht Menschen!

„Eine humanistische Kritik am Wesen der Migration ist längst überfällig“, erklärt Autor und Rubikon-Beiratsmitglied Hannes Hofbauer im Exklusiv-Interview.

https://www.rubikon.news/artikel/wohlstand-migrieren-nicht-menschen

 

Auftritt bei UN-Migrationsgipfel

Merkel beklagt gezielte Falschmeldungen

https://www.n-tv.de/politik/Merkel-beklagt-gezielte-Falschmeldungen-article20764431.html

 

Kritik am Migrationspakt ist eine Mischung aus Lügen und Hetze! Das behauptet jedenfalls Angela Merkel. Was erlauben diese Frau!!!?

http://antides.de/was-erlauben-diese-frau

 

Kampagne gegen UN-Migrationspakt

Was bleibt? Der Tag nach Marrakesch

von Matthias Moosdorf

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/was-bleibt-der-tag-nach-marrakesch/

 

UN-Migrationspakt

Menetekel von Marrakesch

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/menetekel-von-marrakesch/

 

UNHCR-Vertreter: Andere Staaten sollen sich an Deutschland orientieren https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/unhcr-vertreter-andere-staaten-sollen-sich-an-deutschland-orientieren/

 

Integrationsministerin Anne Spiegel

Grünen-Politikerin fordert Einwanderungskultur

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruenen-politikerin-fordert-einwanderungskultur/

 

Zurückweisungen an der Grenze

Seehofers Rückführungsabkommen erweisen sich als Luftnummer https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2019/seehofers-rueckfuehrungsabkommen-erweisen-sich-als-luftnummer/

 

„Politische Angriffe“: Flüchtlingsorganisation gibt „Aquarius“ auf https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/politische-angriffe-fluechtlingsorganisation-gibt-aquarius-auf/

 

Flüchtlingsbetreuer

Die politisch-korrekte Schweigespirale durchbrechen https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/die-politisch-korrekte-schweigespirale-durchbrechen/

 

Fahndungserfolg

Grenzkontrollen lohnen sich

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/grenzkontrollen-lohnen-sich/

 

Die Reisen der „Immigranten“ – unter der Lupe betrachtet Wem nützt es? So ein Migrationszug muss geplant und von langer Hand organisiert werden, das sagt einem schon der gesunde Menschenverstand. Diese Leute müssen wochenlang verpflegt werden, sie müssen Schlaf- und Waschgelegenheiten haben (Klos nicht zu vergessen), sie müssen Wäsche zum Wechseln haben ... Einige Überlegungen zur „Migration“.

https://www.epochtimes.de/meinung/gastkommentar/die-reisen-der-immigranten-unter-der-lupe-betrachtet-a2726033.html

 

(Die Wirtschaft will Einwanderung...)

Arbeitgeberpräsident hält Integration von Einwanderern für gelungen https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/arbeitgeberpraesident-haelt-integration-von-einwanderern-fuer-gelungen/

 

Ulrich Vosgerau zu Asylwahnsinn & Meinungsterror

https://www.youtube.com/watch?v=wklUR7i3beE

 

Moslems im Schwimmbad

Timke: Unsere Regeln dürfen nicht zur Disposition gestellt werden https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/timke-unsere-regeln-duerfen-nicht-zur-disposition-gestellt-werden/

 

Mangelnde Integration

Schröder wirft moslemischen Männern Gewaltproblem vor https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/schroeder-wirft-moslemischen-maennern-gewaltproblem-vor/

 

OECD-Bericht

Jeder siebte Zuwanderer in Deutschland hat nur Grundschulniveau https://www.welt.de/wirtschaft/article185252246/OECD-Jeder-siebte-Zuwanderer-hat-nur-Grundschulniveau.html

 

Grabschattacken

Sexuelle Belästigung: Flüchtlingsblogger Aras B. Zu Sozialstunden verurteilt https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sexuelle-belaestigung-fluechtlingsblogger-aras-b-zu-sozialstunden-verurteilt/

 

Nach Verurteilung

Der jähe Absturz des Vorzeige-Migranten

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-jaehe-absturz-des-vorzeige-migranten/

 

Nach Suchaktion

Vermisste 17-Jährige tot in Flüchtlingsheim in Sankt Augustin gefunden https://www.ksta.de/region/rhein-sieg-bonn/sankt-augustin/nach-suchaktion-vermisste-17-jaehrige-tot-in-fluechtlingsheim-in-sankt-augustin-gefunden-31681748

 

Vorfall in Sankt Augustin

Starb die 17-jährige Elma C., weil sie ihren neuen Freund beleidigte? https://www.focus.de/panorama/welt/vorfall-in-sankt-augustin-starb-die-17-jaehrige-elma-c-weil-sie-ihren-neuen-freund-beleidigte_id_10021376.html

 

Baden-Württemberg

Mißbrauch von zwei Mädchen: Polizei nimmt Nordafrikaner fest https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/missbrauch-von-zwei-maedchen-polizei-nimmt-nordafrikaner-fest/

 

Oberösterreich

Mord an 16jähriger: Tatverdächtiger Afghane auf der Flucht

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/mord-an-16j...

 

Nordrhein-Westfalen

Kurdisch-libanesische Hochzeit sorgt für Großeinsatz https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kurdisch-libanesische-hochzeit-sorgt-fuer-grosseinsatz/

 

Schwere Krawalle in Ankerzentrum in Bamberg: Elf Verletzte, neun Festnahmen https://www.gmx.net/magazine/panorama/schwere-krawalle-ankerzentrum-bamberg-verletzte-festnahmen-33460966

 

Festnahme in Deutschland

Serienvergewaltigung erschüttert Finnland

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/serienvergewaltigung-erschuettert-finnland/

 

Opfer von mildem Urteil enttäuscht

Mann ins Koma geprügelt: Schläger müssen nicht in den Knast https://www.op-online.de/region/langen/egelsbacher-koma-gepruegelt-keine-schlaeger-muss-knast-10848521.html

 

Neuer Asylantrag

Abgeschobener Rädelsführer von Ellwangen zurück in Deutschland https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/abgeschobener-raedelsfuehrer-von-ellwangen-zurueck-in-deutschland/

 

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KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Kunsthistoriker sieht Nervosität bei Entscheidungsträgern Kommt jetzt doch kein Kreuz auf das Berliner Stadtschloss? Das Berliner Stadtschloss wird originalgetreu nachgebaut – die Frage ist nur: Mit dem Kreuz, das früher auf der Kuppel war? Oder ohne? Die Frage schien geklärt – und bricht jetzt doch wieder auf.

https://www.katholisch.de/aktuelles/aktuelle-artikel/kommt-jetzt-doch-kein-kreuz-auf-das-berliner-stadtschloss?utm_source=aktuelle-artikel&utm_medium=Feed&utm_campaign=RSS

 

(...Oder die vom Nachkriegs-Wiederaufbau verschonte Stadt...) Die vom Krieg verschont gebliebene Stadt Köln

https://www.youtube.com/watch?time_continue=153&v=oXAoEnUotOc

 

(Ende des Moderne-Hypes auf dem Kunstmarkt?)

Villa Grisebach in Berlin : Freud und Leid des Auktionators am Pult http://www.faz.net/aktuell/villa-grisebach-in-berlin-freud-und-leid-des-auktionators-am-pult-12964876.html

 

(Hurra, es wurde wieder etwas gefunden...)

Kunsthalle Mannheim: NS-Raubkunst in grafischer Sammlung Die Detektivarbeit eines Provenienzforschers hat in der grafischen Sammlung der Mannheimer Kunsthalle einige Werke mit dubiosem Hintergrund zu Tage gefördert. Eine Radierung raubten die Nazis zweifelsfrei ihrem jüdischen Besitzer.

https://www.welt.de/regionales/baden-wuerttemberg/article185320820/Kunsthalle-Mannheim-NS-Raubkunst-in-grafischer-Sammlung.html

 

Braucht Dresden ein Bombenkriegs-Museum?

Ja!, sagt Dankwart Guratzsch, seiner Geburtsstadt, die er 1957 verließ, aufs Engste verbunden. Hier sollte am 13. Februar 2020, dem 75. Jahrestag der Zerstörung, der Startschuss für den Bau eines solchen Museums fallen. Einen Wunschstandort hat er auch schon.

http://www.dnn.de/Dresden/Lokales/Braucht-Dresden-ein-Bombenkriegs-Museum

 

Die USA-Lobby: Deutsche Staatsmedien im Fadenkreuz der Transatlantik-Gefolgsleute https://deutsch.rt.com/meinung/80182-usa-lobby-deutsche-staatsmedien-im-fadenkreuz-transatlantik/

 

Pressefreiheit adé – Frankreich führt Gesetz gegen „Fake News“ ein! https://www.youtube.com/watch?v=3cESV87dFWg&t=

 

Manipulation durch Reporter

SPIEGEL legt Betrugsfall im eigenen Haus offen

http://www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/fall-claas-relotius-spiegel-legt-betrug-im-eigenen-haus-offen-a-1244579.html

 

„Spiegel“-Skandal um Claas Relotius

Geliefert wie gewünscht

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/geliefert-wie-gewuenscht/

 

Die und wir – erbärmlich versus konstruktiv

https://sezession.de/60014/die-und-wir-erbaermlich-versus-konstruktiv

 

Der Fall Relotius: Es ist ein Stein ins Lügenmeer gefallen https://www.achgut.com/artikel/der_fall_relotius_es_ist_ein_stein_in_luegenmeer_gefallen

 

Medien: Haltung statt Wahrheitssuche

Die FakeNews beim SPIEGEL sind kein Einzelfall: Statt zu versuchen, der Wahrheit auf die Spur zu kommen, ersetzen Journalisten Recherche durch Haltung. Diese Einstellung droht den Journalismus in Verruf zu bringen – und FakeNews als Instrument der Denunziation fällt auf die Erfinder zurück.

https://www.youtube.com/watch?v=e2MEzbLSfMg

 

(Weitere Fälle von Lügen in den etablierten Medien) Gerechtigkeit für Claas Relotius!

Wer über sehr viele ähnliche Medienfälle nicht reden will, der sollte über den Ex-SPIEGEL-Mann schweigen

von Alexander Wendt

https://www.publicomag.com/2018/12/gerechtigkeit-fuer-claas-relotius/?fbclid=IwAR2Y2NxIhKBHoaUJVcBmOiq52rm6pD8swOKoi_t_uKSRfOewHqRnSP7nI4I

 

(Vergangene Fälle von Lügen in den etablierten Medien) Der inszenierte Rassissmus

https://www.zeitenschrift.com/artikel/der-inszenierte-rassissmus

 

Skandal: MDR-Moderatorin berichtet wie Druck auf sie ausgeübt wurde um sie politisch............…

https://www.youtube.com/watch?v=rtPTcgOfxQg

 

Patriotische Youtuber

Eine neue Form der Aufklärung

von Björn Harms

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/eine-neue-form-der-aufklaerung/

 

(Nach der Homo-Ehe der nächste Schritt zur „Ehe für alle“) Hochzeit kostete 15.000 Euro: Wie dieser Japaner eine Zeichentrickfigur geheiratet hat

https://rp-online.de/panorama/ausland/japaner-heiratet-ho...

 

Transfrau Angela Ponce bei Miss Universe: „Eine Lektion für die Welt“ https://web.de/magazine/unterhaltung/lifestyle/transfrau-angela-ponce-miss-universe-lektion-welt-33469342

 

Japaner heiratet Hologramm

https://www.youtube.com/watch?v=N2hsHndTkJA

 

Katja Kraus

Ex-Nationalspielerin will Frauenquote für Vorstände von Bundesliga-Klubs

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/ex-nationalspielerin...

 

Viele Kinder wünschen sich vom Nikolaus ein Handy https://www.mittelhessen.de/hessen-welt/boulevard/vermischtes_artikel,-Viele-Kinder-wuenschen-sich-vom-Nikolaus-ein-Handy-_arid,1461022.html

 

Das wahre Gesicht der Jusos ist unmenschlich und radikal SPD-Jugendorganisation fordert die legale Tötung von Ungeborenen bis zur Geburt

https://www.freiewelt.net/nachricht/spd-jugendorganisatio...

 

(Keine Luftballons mehr)

Umweltschutz

Morgen Kinder wird’s was geben – oder auch nicht

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/morgen-kinder-wirds-...

 

Nur noch St. Nikolaus ohne Rute

Grüne Landtagsabgeordnete will Knecht Ruprecht abschaffen http://www.pi-news.net/2018/12/gruene-landtagsabgeordnete... https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gruenen-politikerin-warnt-vor-knecht-ruprecht/

 

Gedanken über den Krampus

von Martin Lichtmesz

https://sezession.de/59985/gedanken-ueber-den-krampus

 

Zum revolutionären Ikonoklasmus

Sonntagsheld (86) – Konterfei-Revolution

https://sezession.de/59952/sonntagsheld-86-konterfei-revolution

 

„Wie in 1930er Jahren“

Künstler Ai Weiwei beklagt Stimmungswandel in Deutschland https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/kuenstler-ai-weiwei-beklagt-stimmungswandel-in-deutschland/

 

(Bezeichnendes Psychogramm)

Multi-Kulti-Bezirk im Umbruch Berlin-Moabit: Total zentral, aber überhaupt nicht wie Mitte https://www.rbb24.de/politik/wahl/bundestag/beitraege/moabit-berlin-wahljahr-2017-reportage.html

 

Straßenzeitungen

Obdachlose akzeptieren bargeldlose Bezahlung

https://www.sueddeutsche.de/medien/strassenzeitungen-obdachlose-akzeptieren-bargeldlose-bezahlung-1.4238692

 

„Wenn es hier so scheiße ist, warum sind Sie dann hier?“ Klartext-Buch bringt Richter Dienstaufsichtsbeschwerde ein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/klartex...

 

Die ethnische Wahl

Martin Sellner

https://sezession.de/60002/die-ethnische-wahl

 

JF-TV Jahresrückblick 2018

https://www.youtube.com/watch?v=wci57ltyG4E

 

Zum 100. Geburtstag von Helmut Schmidt

„Der große Mann mit kleiner Wirkung“

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/der-grosse-mann-mit-kleiner-wirkung/

 

Fleisch-Skandal in Deutschland : Die Verrohung des Schlachtens Metzger aus Osteuropa sind überfordert, Tiere bluten bei Bewusstsein aus – und das unter den Augen amtlicher Veterinäre. Was sind die Folgen des Schlachthof-Skandals?

https://www.faz.net/aktuell/politik/inland/fleisch-skanda...

 

Ausbreitung der Waschbären bedroht andere Arten 1,3 Millionen Waschbären gibt es mittlerweile in Deutschland, auch in Berlin vermehren sich die Tiere rasant. Artenschützer schlagen deshalb Alarm.

https://www.tagesspiegel.de/wissen/wildtiere-ausbreitung-der-waschbaeren-bedroht-andere-arten/23808538.html

 

(Andreas Gabalier)

„Volksrocker“ gegen linke Medien

A Meinung haben

von Boris T. Kaiser

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/a-meinung-haben/

 

 

Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel

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Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel

Mohamed Mokhtar Qandiel

Les mouvements islamiques modérés aussi bien qu’extrémistes pratiquent le djihad en accord avec leur vision et en accord avec les lois de la politique. En conséquence, chaque action doit provoquer une réaction. Les réactions viennent en résultat de ces pratiques. Nous pouvons dire qu’affronter le djihad violent est la partie la plus facile pour les polices des gouvernements et les autres parties concernées. Mais continuer de se concentrer sur le djihad violent impose un questionnement sur la relation entre le djihad civilisationnel et le djihad violent. Cela nous oblige à nous demander ce qu’il vaut mieux combattre en premier ? Ou faut-il combattre les deux à la fois en les plaçant sur le même plan ?

Le djihad civilisationnel comme infrastructure de l’Etat islamique

Mohammad Akram (un dirigeant palestinien, qui est probablement aussi « Mohammad Akram Adlouni », un membre du Conseil de la Choura des Frères Musulmans [Muslim Brotherhood] et l’un des plus importants dirigeants en Amérique) a publié un document intitulé  « Mémorandum explicatif sur le but stratégique général du Groupe Islamique en Amérique du Nord » le 22 mai 1991. Il était attaché à un plan de montée en puissance à long terme qui fut lancé par le Conseil de la Choura des Frères Musulmans en 1987.

Ce mémorandum commençait par poser la question suivante : « Comment aimeriez-vous voir le Mouvement Islamique en Amérique du Nord dans dix ans ? ». Les buts généraux sont :

  • Etablir un Mouvement Islamique effectif et stable dirigé par les Frères Musulmans.
  • Adopter les causes des musulmans sur le plan intérieur [= dans une nation particulière] et au niveau mondial.
  • Elargir la base musulmane pratiquante.
  • Unifier et diriger les efforts des musulmans.
  • Présenter l’Islam comme une civilisation alternative [à l’Occident].
  • Soutenir l’établissement de l’Etat Islamique mondial partout où il [l’islam] est présent.

Ce mémorandum est l’un des documents importants qui prouvent le concept de « djihad civilisationnel » ; il pourrait même être la source de ce concept. En fait, l’idée de Mohammed Akram n’est pas seulement de développer [l’islam] en Amérique ; c’est aussi l’idée de répandre ce genre de djihad dans diverses régions en établissant des branches des Frères Musulmans dans divers pays, en établissant des organisations islamiques sans avoir de contrôle effectif sur leurs activités, en établissant des mosquées dirigées par des wahhabites, en établissant et en développant des sites [= des centres] islamiques « défendant des mesures ou des vues extrêmes » qui travaillent à bâtir un caractère islamique visant à établir un Etat islamique en accord avec les idées du mouvement islamique, ou en développant des organisations caritatives qui appartiennent à des organisations islamiques extrémistes cachées.

D’une manière générale, le djihad pourrait être défini comme « chercher à établir un Etat islamique en travaillant à bâtir une communauté militante islamique, en intensifiant la défense, l’établissement et la montée en puissance du Mouvement Islamique dans les communautés où l’Etat islamique sera lancé ; il renoncera à la violence dans ses premières étapes ».

Le djihad violent comme résultat du djihad civilisationnel :

Le djihad violent est la phase finale du djihad, d’après la perspective islamique ; il est représenté comme un combat pour établir l’Etat islamique, proclamer la parole de Dieu et agir en accord avec Sa loi et ses clauses en accord avec le verset : « Et ceux qui ne jugent pas selon ce que Allah a révélé, ce sont eux qui sont les mécréants ».

La continuation du djihad violent en dépit des affrontements en cours par les organisations djihadistes dans le monde entier a plusieurs interprétations ; l’une des plus importantes interprétations est de viser à la création d’une zone où l’établissement et le développement du djihad civilisationnel peut être accompli. Ce second genre de djihad travaille à semer les germes de l’extrémisme chez ses adeptes ; l’irrigation de ces semences se fait par l’intervention de groupes djihadistes pour trouver des recrues afin que l’idéologie extrémiste se développe et que l’individu se tourne directement vers le djihad violent.

Traits généraux des deux genres de djihad :

Les deux genres ont des traits et des avantages particuliers ; d’une part, on pourrait dire du djihad violent qu’il est une confrontation directe avec les gouvernements et les communautés qui refusent le règne de la loi islamique et l’établissement d’un Etat islamique gouvernant selon la divine Charia, en décrivant l’islam comme le Sauveur de l’humanité, ainsi il sauve l’humanité de la Jahiliyyah, l’ignorance de la guidance divine, sans établir de base militante servant ces buts.

D’autre part, le djihad civilisationnel est plus rationnel, plus intelligent et plus précis pour développer des stratégies ; il sert d’infrastructure et de pierre angulaire pour la construction d’un Etat islamique basé sur l’application de la loi et recourant à l’islam tel qu’il est contre l’« ignorance » prévalant dans les communautés, en accord avec la perspective des penseurs de ces groupes et en bâtissant et en développant une base militante qui aura des valeurs et des idées pour établir un Etat islamique.

Si nous voulons apporter un éclairage sur les modèles de djihads violent et civilisationnel, nous pouvons voir un modèle vivant dans l’« Organisation de l’Etat Islamique en Irak et au Levant ». C’est un grand modèle pour le premier genre, le djihad violent. Quant au second genre, le djihad civilisationnel, le modèle le plus évident et le plus efficace est l’organisation internationale des Frères Musulmans et ses diverses branches et établissements dans le monde entier. Il y a aussi beaucoup d’autres organisations qui adoptent les deux modèles. Nous pouvons dire que l’« organisation al-Qaïda », durant les différentes étapes de son histoire, a combiné ces deux modèles, le djihad violent et le djihad civilisationnel.

Quel est le plus dangereux ?

La dangerosité du djihad violent ne peut pas être comparée à la dangerosité du djihad civilisationnel, en dépit des résultats spectaculaires et des victimes du djihad violent ; on pourrait dire que le djihad civilisationnel est le plus dangereux, mais aussi qu’il est le fondement du djihad violent puisqu’il est considéré comme une phase préparatoire d’un djihad violent victorieux.

Il est très dangereux parce que les adeptes du djihad civilisationnel œuvrent depuis le début à instiller l’idée de la nécessité d’appliquer la loi islamique et les clauses de l’islam ; ces clauses sont recouvertes d’un discours tolérant où les musulmans se présentent comme opprimés et persécutés, et devraient recevoir leurs droits dans le cadre du respect des droits humains et des conventions internationales ; ils utilisent d’autres mécanismes qui permettent de bâtir une communauté en se basant sur les attitudes du groupe islamique. Ils pourraient être transformés en une armée d’extrémistes ; nous ne voulons pas dire par là tous les autres groupes islamiques dans divers pays, mais nous voulons dire ces groupes qui adoptent des attitudes et des pensées extrémistes.

D’autre part, les chiffres montrent que les adeptes des groupes du djihad civilisationnel doublent le nombre de ceux qui appartiennent aux groupes djihadistes qui adoptent le djihad violent. Le nombre des adeptes des Frères Musulmans dans le monde entier est de cent millions d’individus d’après les statistiques de 2013, mais le nombre de ceux qui appartiennent à Daech est de 200.000 combattants, la plus grande organisation représentant le djihad violent.

Comment affronter les deux genres de djihad ?

Affronter le djihad violent est beaucoup plus facile qu’affronter le djihad civilisationnel, car ce dernier pousse les pays [non-musulmans] à tomber sous l’accusation de violation des droits humains et de persécution des musulmans, donc il fait apparaître l’Etat concerné comme violant les droits humains et comme étant hostile à l’islam et aux musulmans, ce qui accroît la probabilité d’exposition de cet Etat à des attaques venant des partisans et des sponsors du « djihad violent ».

Pour éviter la diffusion du djihad civilisationnel, les Etats concernés devraient travailler à combattre le djihad violent en participant aux opérations armées qui ciblent les bastions du djihad violent, à condition de ne pas toucher aux civils vivant dans ces lieux, tout en renforçant la surveillance pour restreindre les activités des partisans du djihad civilisationnel en amendant les lois qui gouvernent leur existence et leur travail comme les lois de naturalisation par la naissance et les matériels des sermons prononcés dans les mosquées et  servant à la formation des extrémistes, ou les lois des ONG affiliées à celles-ci [= les mosquées extrémistes] et contrôlées par celles-ci. Les pays qui courent le risque de subir le djihad violent devraient s’en remettre à des Centres de Loi Islamique [Da’wah] qui feraient connaître le [véritable] concept de loi islamique et la [bonne] manière de l’appliquer et la validité des conditions de l’époque actuelle imposées par la réalité.

Finalement, on pourrait dire que les deux sortes de djihad, le djihad violent et le djihad civilisationnel, sont basés sur l’idée d’imposer la loi islamique aux Etats [non-musulmans] et de débarrasser ces pays des vestiges de l’« ignorance » [Jahiliyyah], d’après cette vision. Ainsi, la différence est que le djihad violent cherche à subjuguer les nations par la force militaire, et que le djihad civilisationnel cherche à subjuguer les pays en développant des communautés militantes qui sont bâties sur une mauvaise compréhension de l’islam et qui souffrent d’un conflit interne, d’un état d’aliénation et d’une perte d’identité.

vendredi, 25 janvier 2019

Les antifas ne l'ont pas compris mais le nazisme et le fascisme sont morts

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Les antifas ne l'ont pas compris mais le nazisme et le fascisme sont morts

William S. Lind

Des deux cotés du spectre politique, les mots « nazi » et « fasciste » sont entrés dans l’usage commun. J’ai de mauvaises nouvelles pour les cinglés portant des drapeaux à croix gammée et pour les voyous connus sous le nom d’« Antifas » (les « antifascistes ») : le nazisme et le fascisme sont morts.

Le fascisme et son frère illégitime et plus jeune, le nazisme, furent les produits de circonstances historiques spécifiques qui ne présentent aucune ressemblance avec l’Amérique d’aujourd’hui. Tous deux naquirent de la formidable colère devant le résultat de la Première Guerre mondiale dans deux pays qui souffrirent fortement de ce conflit, l’Allemagne et l’Italie. Ayant accepté un armistice dont elle pensait qu’il conduirait à une paix basée sur les Quatorze Points de Wilson, l’Allemagne fut livrée au Diktat de Versailles, qui humilia et appauvrit le pays. Grâce à sa duplicité habituelle, l’Italie se retrouva dans le camp des vainqueurs (elle était alliée à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie en 1914), mais les autres puissances alliées la traitèrent avec mépris et elle gagna très peu à la Conférence de Versailles, après avoir perdu un million d’hommes. L’Italie eut la réaction d’un pays vaincu.

Le fascisme et le nazisme furent des réponses à la défaite. Ils vénéraient la force, méprisaient la faiblesse, et cherchaient à laisser de coté toute la composante chrétienne de la culture occidentale et à revenir au système de valeurs du monde antique où la puissance était le bien suprême. Fatalement, tous deux transformèrent une vertu instrumentale, la volonté, en une vertu substantielle ; l’acte de volonté était bon en lui-même, quel que fût l’objet de cette volonté. Cela conduisit à des désastres comme l’entrée de Mussolini dans la Seconde Guerre mondiale, la déclaration de guerre désinvolte de Hitler aux Etats-Unis, et l’Holocauste. Le fascisme italien n’était pas basé sur la race, mais le nazisme offrait une explication unique de l’histoire, habituelle dans une idéologie, sous la forme de la suprématie aryenne. Comme disait une plaisanterie allemande, l’Aryen idéal devait être blond comme Hitler et mince comme Goering.

On ne voit rien dans le paysage politique américain qui ait des chances de recréer le fascisme ou le nazisme. De plus, tout cela dépend d’un seul homme, et Mussolini et Hitler sont morts depuis plus de 70 ans. Mussolini avait un successeur potentiel qui aurait pu maintenir le mouvement fasciste en vie, le maréchal Italo Balbo, mais il fut tué au début de la guerre, peut-être pas accidentellement (il était opposé à l’entrée en guerre de l’Italie et demanda si Mussolini n’était pas devenu fou). Au-dessous d’Hitler, il n’y avait personne dans la hiérarchie nazie qui aurait pu prendre la succession. Le vide politique du nazisme sans Hitler fut illustré par le choix de son successeur après sa mort : l’amiral Dönitz.

Donc pourquoi avons-nous maintenant des « Antifas » violents qui prétendent combattre le fascisme tout en se comportant eux-mêmes comme les chemises brunes ? La réponse est qu’il s’agit d’un nouvel exemple des mots qui mentent du marxisme culturel. Les marxistes culturels ont donné au fascisme une nouvelle définition codée qui n’a rien à voir avec son sens réel. Dans leur vocabulaire, le « fascisme » est tout ce qui défend la société et la culture traditionnelles.

D’où vient tout cela ? Le vrai fascisme était fortement moderniste et tourné vers le futur, contrairement aux « réactionnaires », comme disent les communistes. Comme c’est souvent le cas, cela vient de l’Ecole de Francfort et de son esprit le plus créatif, Theodor Adorno. Dans une série d’« Etudes en préjugés » qui culmina avec son livre immensément influent, La personnalité autoritaire, Adorno affirma que toutes les institutions traditionnelles de la société, à commencer par la famille, produisaient des « préjugés » qui devenaient du « fascisme ». Son livre, qui prétendait être un ouvrage de sociologie (aujourd’hui complètement démoli en tant que tel), proposait une « échelle F » pour mesurer le degré de « fascisme » d’une personne en déterminant son attitude envers tous les aspects de la vie normale. Plus la personne était normale, plus son potentiel « fasciste » était élevé.

Quand la gauche utilise aujourd’hui le terme « fasciste » ou, moins fréquemment, « nazi », c’est la définition d’Adorno qu’elle utilise. Quiconque vit une vie normale, avec un père et une mère mariés, des enfants, le père comme pourvoyeur de ressources et la mère comme maîtresse de maison, allant à l’église, ne se préoccupant pas beaucoup de politique, est un « fasciste ». En tant que tels, ils sont tous menacés d’être agressés physiquement par les « Antifas ».

Si le fascisme et le nazisme sont des idéologies mortes, le marxisme culturel est une idéologie qui est vivante, dangereuse, et de plus en plus totalitaire. Comme nous le voyons trop souvent sur les campus universitaires, il fait de son mieux pour empêcher la liberté de pensée ou d’expression. Tout désaccord avec lui fait de vous « un autre Hitler ». Ironiquement, les néo-nazis ne peuvent pas créer un autre Hitler. Mais les marxistes culturels pourraient bien y parvenir.

 

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Les antifas: l'armée de la terreur des globalistes

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Les antifas: l'armée de la terreur des globalistes

Alexandr Bovdunov

L’antifascisme est un simulacre, une copie sans l’original, il s’oppose à un fascisme qu’il a lui-même inventé, et qui en réalité n’existe pas.

« En résultat de l’affrontement entre les supporters de Trump et les antifascistes à Berkeley, 6 personnes ont été blessées », « les protestations contre le meeting de Marine Le Pen à Paris se sont transformées en affrontements massifs », « les antifascistes ont utilisé des cocktails Molotov au meeting de Marine Le Pen », « les groupes antifascistes sont soupçonnés d’être impliqués dans l’attaque terroriste à Dortmund » – ce ne sont que quelques reportages de presse dans les dix derniers jours durant lesquels des groupes de jeunes gauchistes qui se qualifient d’« antifascistes » sont mentionnés d’une manière ou d’une autre. En Russie, ce mouvement est marginal. En Occident, tout est différent. Ici, il est devenu depuis longtemps une partie organique du Système.

L’antifascisme : l’ancien et le nouveau

L’antifascisme moderne est un phénomène tout à fait nouveau. En tant que sous-culture, il a pris forme dans les années 80, empruntant des symboles et des slogans à des mouvements historiques qui s’opposèrent à l’extrême-droite en Europe dans les années 1920-1940. En même temps, l’épine dorsale des nouveaux mouvements antifascistes était différente. Elle était formée d’anarchistes et de trotskistes qui furent marginalisés en résistant aux régimes  fascistes historiques dès la guerre civile espagnole, où le rôle de divers éléments radicaux parmi les Républicains fut très important. Les partis communistes staliniens jouèrent un rôle beaucoup plus grand dans l’affrontement avec les régimes fascistes, mais les antifascistes modernes préfèrent les blâmer en les qualifiant de « crypto-fascisme ». Que pouvons-nous dire des conservateurs et des nationalistes comme Ernst Niekisch et Otto Strasser en Allemagne ou des participants du mouvement de la Résistance en France, parmi lesquels il y avait des gens de gauche, de droite et même des nationalistes français ? En d’autres mots, il n’y a pas de continuité idéologique et historique entre les nouveaux groupes antifas et les groupes de la Résistance, qui combattirent les véritables fascistes.

Le financement de l’antifascisme

Mais il y a une autre connexion plus forte. Avec le capital financier. Par exemple, la Tides Foundation, qui est active aux Etats-Unis et qui reçoit des injections financières de George Soros, finance régulièrement des groupes antifascistes, incluant ceux qui organisent des émeutes de masse comme les affrontements de Berkeley en février de cette année, quand les antifascistes battent des gens, brûlent des voitures et cassent des vitrines.

Le mouvement « antiraciste » Black Lives Matter, qui s’occupe principalement d’organiser des émeutes de masse, a reçu 33 millions de dollars en 2016 de George Soros via l’Open Society Foundation et le Center for American Progress, dirigé par le tristement célèbre John Podesta. 100 autres millions de dollars ont été accordés par la Fondation Ford et l’organisation Borealis Philanthropy, qui a créé dans ce but le Movement Fund dirigé par des Noirs.

Le financement des initiatives antifascistes et antiracistes en Europe est aussi l’une des priorités de l’Open Society Foundation, ainsi que d’autres structures d’influence américaines. Par exemple, le même Fonds Ford contribuant activement à de nombreuses initiatives antiracistes à travers l’Europe. Le réseau d’organisations européennes SOS-Racisme, dont les débuts se firent en France, fut originellement créé par la gauche majoritaire à la requête du président Mitterrand et du Parti Socialiste. L’organisation est encore largement financée par l’Etat français.

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Tous les réseaux antifascistes en Europe sont liés à des Etats ou à des fonds caritatifs financés par des capitalistes. Il n’y a simplement pas d’autre argent disponible en Europe. Un paradoxe apparaît, c’est que les gauchistes et les anarchistes reçoivent des fonds venant de l’Etat et des capitalistes, c’est-à-dire de leurs principaux « ennemis de classe ». Mais pourquoi ?

Les sections d’assaut du libéralisme

La réponse est évidente : la gestion des flux d’argent est nécessaire pour réorienter les radicaux, les éloigner de la critique du système bourgeois et du combat contre lui, et les orienter vers l’action contre un « fascisme » mythique. Le capitalisme propose, au lieu de combattre contre lui, de s’attaquer à des fantômes idéologiques, ainsi qu’à des adversaires de ce même capitalisme dans le camp de la droite. C’est très opportun, sûr et profitable en termes d’argent.

Depuis quelque temps des idéologues disent aux débutants que les « fascistes » sont tous ceux pour qui l’esprit émancipatoire des Lumières est inacceptable, ceux qui ne veulent pas abandonner les identités collectives provenant de l’enracinement dans la tradition, l’ethnique, le national, le religieux et qui pensent que l’homme est un homme et qu’une femme est une femme et que le mariage est l’union d’un homme et d’une femme, ceux qui aiment leur peuple et leur histoire, qui ne voient pas seulement le nihilisme dans la culture mais aussi les valeurs de la continuité et du Logos.

En un mot, les « fascistes » sont ceux qui ne sont pas d’accord pour accorder à toutes les perversions possibles le statut de la norme sociale et de la loi légale. Pour un antifasciste professionnel, toute personne normale saine et équilibrée est un « fasciste ». Et avec un fasciste, comme disent les antifascistes, il ne faut pas discuter. Un bon fasciste est un fasciste mort. Cela nous rappelle quelque chose.

Le problème est que le phénomène du fascisme n’est pas du tout intégral idéologiquement. L’application du terme lui-même aux diverses doctrines des années 20 et 40 est une simplification excessive. Etendre à l’excès cette même interprétation du « fascisme » prive le concept de tout sens. Mais cela est accompagné de tant d’allusions traumatiques pour la conscience européenne d’après-guerre qu’il est impossible de s’empêcher de l’utiliser comme étiquette. Appelez votre ennemi idéologique « un fasciste », et les masses sont de votre coté. Et personne ne comprendra. L’important est simplement de crier le premier le qualificatif maudit. Et pour cela vous pouvez compter sur le grand capital et sur la machine étatique.

Les intellectuels occidentaux ont créé le concept de « fascisme éternel » dans l’esprit d’Umberto Eco, essayant d’étendre au maximum la définition de ce phénomène de manière à pouvoir l’appliquer au nombre maximum d’adversaires de l’ordre mondial libéral, pour les délégitimer et les faire attaquer par les « sections d’assaut » des antifascistes. Ainsi les représentants de toutes les forces populistes de droite n’appartenant pas au système en Europe, du Parti de la Liberté autrichien au Front National français et au Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni [UKIP], ont été qualifiés de fascistes.

Les antifascistes eux-mêmes vivent selon un principe complètement fasciste. « Abandonnons cette chimère de la conscience, le Führer pense à notre place ». Pour les antifascistes, en règle générale, ce sont les philosophes ultralibéraux venus de l’ancienne gauche qui pensent réellement. Comme le défunt André Glucksmann ou les bien vivants Daniel Cohn-Bendit et  Bernard-Henri Lévy. Ce dernier passe littéralement son temps dans toutes sortes de Maïdans, déclare régulièrement qu’il hait Poutine (un « fasciste »), et tourne des documentaires lorsqu’il faut justifier une invasion américaine d’un pays particulier. Saddam Hussein, Kadhafi, Assad, vous êtes des « fascistes » ! Donc nous venons vous rendre visite.

On ne voit pas en quoi ces intellectuels diffèrent des néoconservateurs américains, puisque leurs principes de base – la diffusion de la démocratie libérale dans le monde, le renversement des régimes « totalitaires », l’opposition à la Russie, l’appui à l’Etat d’Israël et aux Etats-Unis – sont les mêmes. Peut-être que la seule différence est que les néoconservateurs (également représentés, en règle générale et pour une raison quelconque, par d’anciens Juifs trotskistes) aiment Israël et les Etats-Unis un peu plus.

L’antifascisme au service de l’impérialisme

La définition communiste classique du fascisme comprenait celui-ci comme un phénomène sociopolitique complexe. Par conséquent, il mentionnait un capital financier comme principal sponsor et bénéficiaire et soulignait la nature agressive et impérialiste du fascisme. Les antifascistes ne se soucient pas de telles difficultés. Leur perception du monde est plate, ils se contentent de clichés et encore de clichés. Sinon ils comprendraient qu’il y a quelque chose en commun entre eux et les fascistes historiques.

L’antifascisme moderne est non seulement financé par le même capital financier, mais est aussi pleinement en solidarité avec les politiques agressives des pays occidentaux. Les antifascistes ont participé à toutes les révolutions de couleur que l’Occident a menées. Cependant, en Ukraine par exemple, en 2014, ils ne furent pas embarrassés par la présence de néonazis sur les barricades voisines.

Que nous prenions la guerre en Yougoslavie, le conflit du Kosovo, le bombardement de la Libye, les antifascistes prennent toujours parti pour l’hegemon et ses représentants. Ils sont toujours du coté des USA et des « rebelles » sponsorisés par eux : des Bosniaques et des Albanais aux extrémistes islamiques en Syrie. Si besoin est, ils soutiennent des nationalistes, des extrémistes religieux, n’importe qui. Ici, qui est « fasciste » et qui ne l’est pas est décidé par Bernard-Henri Lévy.

Un exemple typique est : les antifascistes et Trump. Immédiatement après l’élection du président américain Donald Trump, aux Etats-Unis et en Europe des milliers de manifestations contre le fascisme, la xénophobie et le sexisme eurent lieu. Trump fut dénoncé comme un envoyé de l’enfer lorsqu’il tenta de « vendre » à la société américaine une proposition de commencer à renégocier avec la Russie. Mais le même Trump lança une attaque de missiles contre la Syrie. Et où sont passés tous ces millions de gens avec des chapeaux roses ? Ils ont tabassé le leader de l’Alt Right, Richard Spencer, qui a organisé une manifestation contre la guerre. Eh bien, Bernard-Henri, qui avait précédemment attaqué Trump, s’est aligné sur les néocons, puisqu’il a fait bon accueil à l’attaque de missiles contre la Syrie aussi bien qu’aux actions pour intimider la Corée du Nord, disant que « c’est un geste courageux ».

L’antifascisme est du fascisme

L’antifascisme est un simulacre, une copie sans l’original, il s’oppose à un « fascisme » qu’il a lui-même inventé, et qui en réalité n’existe pas. Il prétend être le successeur de l’« antifascisme », qui n’en était pas un, car qu’est-ce que les communistes allemands des années 30 et Cohn-Bendit ont en commun ? Attaquer le vide, cela sert seulement à maintenir l’existence rabougrie d’un autre simulacre subculturel : le néonazisme, son frère jumeau. Enfin, il ne propose rien de positif. Seulement détruire, écraser, interdire. La psychologie typique du pogrom.

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Il n’est pas surprenant que les antifascistes manifestent en pratique un comportement fasciste. Un autre trait caractéristique des antifascistes est l’anti-intellectualisme. Si leurs adversaires de droite tentent d’organiser une discussion ou un discours, les antifascistes préfèrent interrompre l’événement, mais n’entrent pas dans un dialogue et ne justifient pas leur position. Un autre trait commun est l’intolérance envers les porteurs d’autres idées. Encore un autre : un penchant à la violence physique et à l’intimidation envers les adversaires. Enfin, l’absence de pensée critique, ce qui les empêche de voir une franche manipulation dans les actions de ceux qui les dirigent. Les antifascistes sont aveugles d’un œil : ils voient seulement un pseudo-fascisme et ne voient pas le vrai fascisme, celui qu’ils servent fidèlement.

Pour certains cela pourra paraître surprenant, mais l’antifascisme d’aujourd’hui est un phénomène réactionnaire qui protège l’hégémonie libérale, le statu quo libéral et les politiciens libéraux. Ceux qui ne veulent rien changer, qui veulent faire venir des millions de migrants et réduire la responsabilité sociale de l’Etat et du commerce, qui minent la souveraineté nationale de leurs pays en faveur du commerce transnational et qui sont étroitement impliqués dans les réseaux de la gouvernance mondiale.

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Le mouvement des Gilets jaunes comme conflit asymétrique

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Le mouvement des Gilets jaunes comme conflit asymétrique

par Michel Goya

Ex: https://lavoiedelepee.blogspot.com

Le mouvement des Gilets jaunes est une guérilla moderne, sous le seuil heureusement lointain de la guerre civile, mais guérilla quand même dans son sens premier de petite guerre. De la guerre, il en a le caractère politique et la volonté de faire plier une entité politique opposée : le président de la République, désormais en première ligne après avoir fait le vide entre le peuple et lui.

Techniquement, c’est une guérilla intelligente utilisant au mieux les capacités d’organisation, de mobilisation, mais aussi de résonance des technologies de l’information, des réseaux sociaux aux chaines d’infos. Certaines trouvailles tactiques sont remarquables, comme l’emploi du gilet jaune, une sorte de cape de visibilité pour ceux qui se sentaient dans l’ombre, le choix des rond-points comme points d’occupation, la combinaison de cette occupation et des « actes », comme au théâtre. D'autres initiatives, par les actes et la parole, sont également désastreuses (ou inadmissibles comme la dégradation de l'Arc de triomphe) mais construit par en bas avec de multiples initiatives, essais et erreurs, le mouvement a émergé comme système efficace de lutte. Tout cela n’est pas nouveau.

Les tentatives d’organisations de contestations sont en réalité fréquentes mais peu atteignent une masse critique. Pour atteindre un seuil de visibilité et de puissance (désormais presque des synonymes), il ne faut pas seulement de l’intelligence tactique. Il y a en France des professionnels de l’« agit-prop » qui s’« agitent » en vain depuis des années, car leur cause ne rencontre pas de masse. Pour réussir et susciter des centaines de milliers de volontaires de lutte, avec cela implique d’efforts, il faut toucher le cœur et l’esprit de millions de gens.

Pour toucher des millions de gens en ces temps de mondialisation, il faut évoquer sa face sombre : l’insécurité sous toutes ses formes. En ce sens, le mouvement des Gilets jaunes est aussi une guérilla moderne, car c’est une guérilla « en réaction ». Pour les thuriféraires de la mondialisation, la « grande ouverture » et la multiplication des flux en tous genres, financiers, matériels, informatifs, humains, devaient avoir pour effet d’apporter progressivement le meilleur à tous. Le monde devenait ainsi de plus en plus plat, selon l’expression de Friedman, c’est-à-dire de plus en plus lisse et uniforme, et même fixe (la fin de l’histoire) dans l’optimum des marchés en tous genres.

Ils n’avaient pas tort sur les bienfaits macroéconomiques de l’affaire puisque « globalement » jamais autant de monde n’est sorti de la pauvreté en aussi peu de temps. Ils avaient tort sur l’uniformisation. Au début du XIXe siècle, les costumes typiques des Alsaciennes et des Bretonnes étaient très proches. Puis, au fur et à mesure de la multiplication des échanges au sein de la France ouverte grâce au chemin de fer, aux technologies de l’information, et à la volonté de centralisation, les costumes ont divergé jusqu’à être très différents à la fin du siècle. L’ouverture a généré un sentiment d’insécurité et ce sentiment a poussé à une réaction identitaire. C’est un détail folklorique mais qui illustre combien les réactions, si elles n’ont pas été toujours violentes, ont été vives au cours de cette Première mondialisation, contestations sociales, crainte devant l’arrivée de nombreux étrangers (notamment les « dangereux » catholiques polonais et italiens) et même le long mouvement terroriste des anarchistes.

Lorsqu’il n’y a que le sentiment de subir advient rapidement celui de la colère. Lorsqu’on a le sentiment d’être piégé dans sa classe parce qu’une aristocratie bloque l’ascenseur social et squatte les hauts étages, lorsqu’on a le sentiment d’être coincé dans son travail parce qu’il est difficile d’en trouver un autre ou de monter en grade puisque les grades sont occupés par les machines pensantes, lorsqu’on a le sentiment de subir à plein la pression fiscale parce que justement on ne peut s’en échapper, lorsque ses revenus stagnent alors que l’on sait que la richesse globale augmente, lorsqu’on voit enfin ses façons de vivre ne plus forcément constituer la norme de ce que l’on accueille, cela finit par faire beaucoup.

Lorsque le beaucoup s’accumule et ne trouve pas d’exutoire, il devient forcément le trop. Il fut un temps en France où les poches de colère, pour reprendre l’expression d’Arjun Appadurai, trouvaient une écoute et une réponse dans certains partis politiques, à gauche notamment. Il fut un temps où des intellectuels se targuaient d’être l’avant-garde de la France d’en bas. Ils se plaisaient même à dire qu’ils en étaient, même si ce n’était pas le cas. Ce temps n’est plus depuis longtemps. Les partis de gauche ont été détruits par la mondialisation, par défaut de modèle alternatif efficace pour les uns, par séduction pour les autres. Quant aux intellectuels, ils ont rapidement abandonné le peuple (les beaufs) et l’universalisme après mai 1968 pour s’intéresser à des « communautés » ou « sections ». La démocratie ne fonctionne bien que si elle permet l’alternance de deux agrégats de valeurs également estimables mais plutôt opposés, comme la création destructrice et la protection, la liberté et l’égalité. Les effets négatifs de l’un finissent par être compensés par les effets positifs de l’autre selon un régime stable dans son instabilité et sa souplesse. Lorsque ne règne qu’un seul modèle, le système n’est stable que par sa rigidité et son destin est la cassure.

Comme dans le film Ridicule de Patrice Leconte, on reconnaît une aristocratie à l’âge des vanités (Chateaubriand) à son aveuglement ou au mieux pour certains à son inertie consciente. Tout ce qui a été dit plus haut n’est pas une nouveauté. Qui n’a pas entendu depuis des années que « ça allait péter » ? Qui a pu bien être surpris par le fait que le sentiment croissant d’injustice, de mépris et d’insécurité de toute une partie du peuple allait déboucher sur autre chose que le vote « hors système » ou l’abstention ? On savait aussi qu’il était possible de se mobiliser via les « nouvelles » technologies de l’information sans passer par les cadres partisans. Des tentatives de révolte horizontale, il y en a eu régulièrement dont certaines ont réussi à prendre forme, comme les émeutes de banlieue d’octobre-novembre 2005, quelques mois après un référendum sur la Constitution européenne dont le triomphe annoncé du oui avait été largement enrayé par une guérilla internautique. En octobre 2013, ce n’était pas les banlieues qui s’enflammaient mais les Bonnets rouges bretons.

Tout cela était bien connu, documenté, écrit. On disait que Christophe Guilluy avait été entendu par tous les candidats à la présidentielle, voire à plusieurs présidentielles successives, sans visiblement qu’il soit écouté. L’écouter supposait en effet des ruptures. Il fallait revenir à un peu plus de protection, la mission première de l’Etat, un peu plus de justice et à un peu moins de mépris. C’était impossible sans une « nuit du 4 août » et la fin des multiples privilèges réels ou fantasmés (mais comment savoir quand tout est caché) d’une élite, désormais largement endogamique, et apparemment seule à profiter des bienfaits de l’ouverture. Comme par ailleurs concevoir une colère ? Beaucoup de gens subissent la mondialisation à la française mais ils bénéficient aussi d’un magnifique système de redistribution. Pourquoi les gens se plaindraient-ils quand des centaines de millions d’autres rêveraient d’être à leur place. Oui mais voilà l’être humain ne se nourrit pas que d’allocations. Passé la satisfaction des besoins vitaux, il se nourrit de justice. Il est même possible que cela fasse partie des besoins vitaux. Frustration d’un côté, vieil aveuglement et nouvelles maladresses de l’autre, le choc était inévitable.

Comme toujours dans les conflits de ce type, beaucoup de choses se jouent au début lorsque les analyses et le choix qui sont faits rétrécissent très vite le champ des possibles. Le diagnostic qui est fait, par le pouvoir en particulier, est fondamental. Que celui-ci sous-estime le phénomène et la contestation aura le temps de s’incruster dans le paysage. Que la réponse soit inadéquate et l’adversaire s’en trouvera renforcé. C’est exactement ce qui est arrivé et c’est hélas très classique. Un diagnostic honnête impose toujours une remise en cause, exercice difficile mais pourtant moins douloureux que la gestion de la suite. La reconnaissance d’une confrontation politique suppose aussi la désignation de facto d’un interlocuteur, et donc de conférer à ceux à qui on s’oppose un statut d’égal. Cela va de soi lorsqu’on affronte un autre État, quoiqu’on ait souvent tendance à le dévaloriser (« État-voyou », « membre de l’axe du mal »), c’est très rare lorsqu’on affronte une autre organisation politique. On qualifiera plus volontiers le mouvement opposé de tout autre chose que politique. Il sera social ou sociétal au mieux, criminel au pire. Dans le premier cas, il suffit d’attendre que les manifestants arrêtent de faire des ronds pour rien, dans le second cela supposera une réponse policière qui exemptera de tout dialogue, négociation et surtout de remise en cause. Cette négation peut parfois fonctionner si le mouvement opposé n’a pas de masse de soutien, elle échoue dans les autres cas.

La réponse à un incendie doit être rapide et il ne pas faut lancer l’eau à côté. La première réponse aux Gilets jaunes a été lente, car centralisée, et ratée. Il ne s’agissait pas d’une révolte contre « une taxe qui allait sauver la planète » mais d’un mouvement politique. C’est dès le début qu’il fallait faire le discours qui n’est venu que le 10 décembre, presque un mois après le début des événements. Entre temps, la violence s’est installée, initiée par les profiteurs d’un côté, voleurs, casseurs, radicaux, parfois tout ensemble, mais aussi par les erreurs de la réponse policière, initialement hésitante au niveau opérationnel et parfois maladroite au niveau tactique. Dans le monde militaire, on parle depuis plus de vingt ans de « caporal stratégique », cette capacité pour un seul soldat de déclencher, généralement par une erreur, des effets considérables grâce notamment à l’amplification des médias. Il y de la même façon des « policiers stratégiques ». Quelques erreurs, minimes en nombre au regard du nombre total d’actions mais graves par leurs effets, vont contribuer à accroître la colère et la violence au lieu de la contrôler.

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À ce jour, avec 1700 blessés de part et d’autre, sans même parler des dix morts par accident, le mouvement des Gilets jaunes est sans doute le plus violent que la France ait connu depuis la fin de la guerre d’Algérie. Les effets politiques de la violence sont ambigus. Ils peuvent être utilisés pour discréditer les Gilets jaunes mais dans le même temps, outre que les torts sont devenus plus ou moins partagés en la matière, il est évident, hélas, que le pouvoir n’a cédé que sous cette pression.

La force du mouvement des Gilets jaunes a été sa structuration émergente et sa capacité à fédérer des sentiments de colère, sa faiblesse est d’être un mouvement en réaction. Il n’y a pas d’objectif positif, de projet de société seulement une « expression de besoins » parfois de fantasmes. La Révolution française avec ses pulsions parfois immenses de violence ou ses innombrables rumeurs stupides (les infox de l’époque), était encadrée et structurée par un corpus idéologique mouvant mais puissant. Chez les Gilets jaunes, il n’y pas de théorie, car il n’y a pas vraiment, pour l’instant, de théoriciens. Il n’y a pas de stratèges pour atteindre un « état final recherché » mais simplement des tacticiens. Or, un bon tacticien n’est pas forcément un grand stratège et encore moins un théoricien. Il peut même desservir complètement la cause lorsqu’il s’y essaye et c'est actuellement plutôt le cas.

Dans l’état actuel des choses, les réponses stratégiques (mesures sociales, Grand débat national) et tactiques (dispositifs de sécurité mieux adaptés) ont permis de regagner du terrain mais pas de gagner la guerre. D’un autre côté, les Gilets jaunes peuvent tenir les rond-points et multiplier les « actes » indéfiniment mais ils ne peuvent pas imposer leur volonté de cette façon purement défensive.

Le front devrait être désormais sur le champ des idées. Les Gilets jaunes ne pourront s’imposer autrement que comme nuisance que s’ils construisent une théorie. Négliger le Grand débat national au prétexte qu'il s'agirait d'un changement pour que rien ne change serait sans doute une erreur stratégique. Il faut l’investir bien sûr. Il faut infuser au moins l’idée de Français comme actionnaires des services publics, à qui on doit des dividendes (c’est déjà le cas), de la transparence sur les rémunérations et avantages de leurs employés (ce n’est pas absolument pas le cas, notamment les plus hauts fonctionnaires), des justificatifs de bonne gestion (la preuve que l’on traque vraiment les fraudeurs en tous genres par exemple et surtout le plus gros) et des services de base comme la sécurité et la justice. Beaucoup plus de transparence et de justice (sous toutes ses formes) ferait déjà beaucoup de bien à notre société, avant même d’aborder la reconquête des champs perdus de la République française.

Tout cela il faut l’incarner par une vraie structure politique. Soit les partis actuels se transforment pour revenir à une vraie alternative pour tous, gauche-droite pour simplifier, et non un immense marais cerné par à gauche et à droite par des mouvements qui accueillent désormais plus les divisionnistes que les défenseurs du peuple dans son ensemble. Soit ce mouvement devient à son tour  un parti. Dans tous les cas, ce sera difficile.

Le conflit ne fait que commencer. Une nouvelle phase, aux contours inconnues, débutera en mars.

jeudi, 24 janvier 2019

Violences policières: la revanche des faibles

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Violences policières: la revanche des faibles

Eric Werner

Ex: https://metainfos.fr

De plus en plus on se rend compte que les gouvernants européens ont tendance à traiter leurs propres populations comme autrefois les anciennes métropoles coloniales, à ce qui se dit aujourd’hui, traitaient les peuples colonisés. Ce retournement endocolonial vient de trouver son illustration dans les récents débordements policiers en France, qui ont surpris tout le monde par leur ampleur. Mais peut-être ne faut-il y voir qu’une élucubration complotiste.

On dit volontiers que l’État est le détenteur de la violence physique légitime. Mais on s’accorde en même temps à dire que lorsque l’État en vient à recourir à la violence, ce n’est jamais très bon signe : très bon signe pour lui. Car il montre ainsi qu’il n’arrive pas autrement à se faire obéir. En d’autres termes, qu’il est très faible.

Qui plus est, le recours à la violence contribue à l’affaiblir davantage encore. Hannah Arendt a écrit de très belles pages à ce sujet (1). Le recours à la violence est peut-être payant à court terme, mais si l’on prend en compte ses effets à moyen ou long terme, l’État a plutôt intérêt à s’en abstenir.

C’est à tout cela que l’on pense en voyant le déchaînement actuel de la violence policière en France. Il n’en est bien sûr que très peu question dans les chaînes d’information officielles. Pour s’en faire une idée un peu précise, il faut aller sur l’internet (2), et en particulier consulter certains sites spécialisés (ceux-là mêmes sur lesquels les chaînes en question ne cessent, en permanence, de déverser leur venin, au motif qu’ils diffuseraient de « fausses nouvelles » : belle actualisation, n’est-ce pas, de la parabole de la paille et de la poutre).

D’abord quelques chiffres. On apprend ainsi qu’entre le 17 novembre et le 6 janvier, près de 2000 personnes ont été blessées par les forces de l’ordre en France. Parmi elles, au moins 93 blessés graves. Certaines, 13 au total, ont été éborgnées, d’autres encore défigurées ou ont perdu un membre. Beaucoup de ces blessures sont dues à l’utilisation d’armes comme les lanceurs de balles de défense (LBD) : arme qui n’est utilisée par aucune autre police européenne.

Il semble également que des grenades offensives aient été utilisées pour l’occasion, alors même, on s’en souvient, que cette arme avait causé il y a cinq ans la mort d’un militant écologiste lors d’une manifestation à Sivens.

Toujours au cours de la même période, pas moins de 5339 personnes ont été placées en garde à vue, certaines, comme le montrent des vidéos, après avoir été plaquées au sol et menottées dans le dos. Plus de 400 l’avaient déjà été le 17 novembre, premier jour de mobilisation des gilets jaunes. Ces personnes étaient pour la plupart des manifestants pacifiques ou même de simples passants. Notons à ce propos que les forces de l’ordre recourent volontiers en France à la stratégie de l’encerclement, ce qui leur permet de maximiser le nombre des arrestations. En bon français, cela s’appelle une rafle.

On signale également le cas d’un gilet jaune arrêté chez lui en pleine nuit par des policiers du RAID, après que ces derniers eurent défoncé sa porte. Rappelons que le RAID est un service de police spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Jusqu’à preuve du contraire, les manifestations de gilets jaunes n’ont rien à voir avec le terrorisme.

Voilà donc ce qu’on apprend sur les sites susmentionnés. On comprend mieux à partir de là la hargne des chaînes officielles à leur endroit, en même temps que l’intention souvent prêtée aux dirigeants français actuels de les interdire purement et simplement, au risque de se voir accuser, à tort bien sûr, de vouloir instaurer en France un régime orwellien, avec contrôle total de l’information. Encore une élucubration complotiste.

La violence policière est en France une constante historique. On pense ici bien sûr à la Commune de 1871, et en remontant plus haut encore dans le temps aux journées de juin 1848. De la répression sanglante de juin 1848, un historien disait, il y a une vingtaine d’années, qu’elle avait « influé sur l’évolution de la société française jusque sous la Ve République, non pas en dépit mais à cause de son refoulement, qui a empêché qu’elle ait été repensée théoriquement » (3). On pourrait également évoquer dans ce contexte la période 40–45 (elle aussi refoulée), mais aussi les guerres coloniales du XXe siècle, guerres, selon certains auteurs, qui ont directement inspiré la doctrine française actuelle en matière de maintien de l’ordre (4). Les mêmes méthodes que celles autrefois utilisées contre les anciennes populations colonisées le seraient donc aujourd’hui contre les citoyens français eux-mêmes.

Ce qu’il y a de dangereux dans la situation présente, ce n’est pas seulement que beaucoup de choses, effectivement, dorment dans l’inconscient collectif : elles y dorment donc, et donc également sont prêtes, en toute occasion, à refaire surface.

Les LBD, ou le retour du refoulé

Parallèlement aussi, on pourrait évoquer certaines attitudes et comportements, attitudes et comportements qui ne sont pas sans lien avec le racisme social aisément repérable chez nombre de représentants de la classe possédante au XIXe siècle. Car, on le sait, la haine de classe fonctionne dans les deux sens. Les dérapages à répétition du président Macron dans ce domaine le montrent bien. On les interprète volontiers comme des provocations, mais peut-être faudrait-il y voir surtout des lapsus, lapsus lui échappant sans qu’il y fasse trop attention. En cela même, d’ailleurs, d’autant plus significatifs.

Ainsi, le 27 juin 2017, peu de temps donc après son intronisation, ne déclarait-il pas : « Une gare c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ». C’est moins, il est vrai, ici la haine que le mépris qui est ici en cause. Ce représentant choisi de la suprasociété dit ici ouvertement ce qu’il pense de certains de ses concitoyens : ils ne sont rien. Or il n’est de loin pas seul à le penser. Voyez par exemple comment les médias mainstream, sous couvert de défense de la société ouverte et de lutte contre ses ennemis, se permettent de parler des partis dits « populistes » et de leurs électeurs. On ne peut même plus ici parler de partialité. Les insultes coulent à jets continus. Les « populistes » écoutent, la plupart encaissent, mais certains non : ils n’encaissent pas. Il ne faut pas s’étonner ensuite s’ils entrent en insurrection.

La IIe République française, responsable des massacres de l’été 48, était un régime faible, passablement brinquebalant même. Quatre ans plus tard il cédera la place au Second Empire. Ceci explique sans doute cela. En 1871, rebelote. La France venait de perdre une guerre, celle qu’elle avait elle-même déclenchée contre la Prusse. Le régime issu de cette défaite, une autre république, avait donc une revanche à prendre : revanche qu’elle prit sur sa propre population. Ce fut la « semaine sanglante » : 20 000 prisonniers passés par les armes. A défaut d’être capables de défendre le pays contre l’ennemi extérieur, les pouvoirs en place, en France, sont volontiers tentés de se refaire une santé aux dépens de l’ennemi intérieur : les gens qui ne sont « rien ». Chacun mesure aujourd’hui le zèle que met le président Macron à défendre les frontières de la France et son autonomie dans tous les domaines.

NOTES :

  1. Cf. en particulier les textes réunis sous le titre : Du mensonge à la violence, Calmann-Lévy, coll. Pocket, Paris 2012.
  2. Cf. l’entretien d’Aude Lancelin avec David Dufresne, Le Média, 7 janvier 2019.
  3. Dolf Œhler, Le spleen contre l’oubli. Juin 1848, Payot, 1996, p. 28.
  4. Cf. Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle, La Fabrique, Paris 2016. En 1951 déjà, dans la première partie de The Origins of totalitarianism, Hannah Arendt avait relevé cet effet boomerang du colonialisme. Paul Virilio reprit plus tard cette thématique dans L’Insécurite du territoire (1993).
  5. Source : DRONE 054 (Antipresse 164) | 20.1.2019

mercredi, 23 janvier 2019

Le RIC. Il faudra bien y venir en France

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Le RIC. Il faudra bien y venir en France

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Un excellent article de Wikipédia présente le Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) parfois désigné du nom de Référendum d'Initiative Populaire (RIP) Nous y renvoyons le lecteur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_d%27in...

En France actuellement, comme le précise l'article de Wikipédia, les Gilets jaunes proposent que le RIC soit applicable à quatre types de procédures qui existent pour partie dans certains pays mais n'existent nulle part en totalité:

  • Le référendum législatif, qui consisterait à soumettre au peuple une proposition de loi dès lors que cette proposition serait du domaine de la loi. Les citoyens inscrits sur une liste électorale et demandant un tel référendum, se verraient donner satisfaction s'ils représentaient un certain pourcentage de cette liste, par exemple 10 à 25% des inscrits.

  • Le référendum abrogatif, qui consisterait en la possibilité pour la population d'abroger ou d'empêcher la mise en application d'une loi votée précédemment par le Parlement..

  • Le référendum révocatoire, qui consisterait à démettre un élu de son mandat, qu'il ait été élu au plan local ou au plan national.

  • Le référendum constitutionnel, qui consisterait à permettre au peuple de modifier la Constitution du pays.

On objecte que ceci introduirait dans le pays concerné une telle instabilité qu'aucun gouvernement ou qu'aucune politique suivie ne serait possible. Concernant la France, il en résulterait que celle-ci, affirme-t-on, devrait renoncer à participer aux dialogues ou aux affrontements entre grandes puissances.

Elargir la base démocratique des institutions et des politiques

Le sérieux et le sens de la responsabilité qui émanent de l'essentiel des revendications des Gilets Jaunes montrent que ceux-ci, de même que les électeurs qui s'en inspireraient, seraient très soucieux de maintenir la continuité de la Nation. Ils viseraient seulement à renforcer celle-ci en lui permettant d'être gouvernée autrement que, comme c'est le cas actuellement, par les quelques 5% de citoyens super-riches et super-puissants qui depuis des années se sont attribués du pouvoir. Ils demandent seulement à donner une base populaire plus large qu'actuellement aux politiques et aux décisions appliquées par le gouvernement ou les représentants élus, pourtant supposés parler au nom du peuple et de l'intérêt général.

Il s'ensuivrait que des objectifs présentés par la majorité actuelle comme irréalistes et dangereux pourraient être abordés. Ainsi en serait-il d'une plus grande égalité des revenus ou des profits, parfaitement réalisable en quelques années sans nécessiter une révolution sociale. Parallèlement, il n'y a aucune raison de penser que les politiques présentant un intérêts vital pour le pays puissent être remises en cause. Au contraire, elles bénéficieraient d'un meilleur soutien populaire. Il en serait ainsi d'une une forte augmentation des investissements productifs ou de la part donnée aux recherches scientifiques et techniques, quelles que soient les restrictions aux dépenses de consommation qui en découleraient.

Postuler a priori et sans les avoir essayés que des RIC mettraient la France en danger montre un grand mépris de la sagesse citoyenne, celle qui s'est notamment exprimée lors des manifestations des Gilets Jaunes. Il montre surtout que l'étroite oligarchie financière et intellectuelle qui gouverne la France n'a aucune intention de partager son pouvoir.

Il est certain que dans le Grand Débat proposé par Emmanuel Macron, le RIC sera proposé. Mais il sera également certain qu'il sera refusé, car n'entrant pas dans le cadre du Débat fixé par le même Macron au service de sa politique personnelle.

mardi, 22 janvier 2019

Sur le Traité franco-allemand dit d'Aix La Chapelle

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Sur le Traité franco-allemand dit d'Aix La Chapelle

Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le 22 janvier 2019, Emmanuel Macron et Angela Merkel signeront un nouveau traité de coopération et d'intégration franco-allemand

Il est présenté officiellement comme devant renforcer les liens entre l'Allemagne et la France, notamment dans les domaines de la politique économique, de la politique étrangère et de sécurité, de l'éducation et de la culture, de la recherche et de la technologie, du climat et de l'environnement, ainsi qu'en matière de coopération entre les régions frontalières. Notons que peu de gens en France n'en ont entendu parler, car les négociations préalables se sont faites plus que discrètement. Pourquoi? 

Mais lorsque l'on connaît l'étroite dépendance de l'Allemagne vis-à-vis des Etats-Unis, dans les domaines économiques, diplomatiques et militaires, ce traité risque d'être un nouveau pas vers la soumission de Paris non seulement à Berlin mais à Washington dans ces différents domaines. Emmanuel Macron ne peut pas l'ignorer. Il se révèle ainsi, ce dont certains doutaient encore, comme une sorte d'agent des Etats-Unis, non seulement en France mais dans toute l'Union européenne.

Ceci sera ainsi le cas dans les domaines diplomatique, militaire, scientifique, comme en ce qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique. Dans tous ces domaines, la France a pris une avance certaine sur l'Allemagne. Elle dispose de laboratoires et d'expériences industrielles que l'Allemagne n'a pas, sans mentionner son industrie nucléaire. Ainsi l'Allemagne est le plus grand pollueur au sein de l'Europe avec ses centrales à charbon.

Les industries charbonnières et pétrolières américaines souhaitent que ceci continue, car elles en espèrent la poursuite de leurs contrats actuels. Si l'Allemagne refuse le nucléaire français, c'est moins pour ses prétendus dangers que pour la concurrence qu'elle ferait à ses importations de pétrole et gaz américains et russes. Par ailleurs, l'Allemagne dont la population d'origine diminue rapidement, sera très ouverte à l'immigration étrangère. Or nul n'ignore que les Etats-Unis encouragent discrètement celle-ci, notamment par le biais d'interventions de la CIA, comme susceptible de ruiner à terme des pays européens où ils voient des rivaux.

Ajoutons qu'une clause de traité devrait soulever le plus d'opposition, notamment dans les provinces et au niveau des collectivités régionales. Il s'agira de la mise en place dans les régions franco-allemandes frontalières, d'euro-districts qui risquent d'être sur le modèle des länders allemands. Ainsi, en ce qui concerne l'Alsace, beaucoup d'Alsaciens craignent à tort ou à raison qu'elle ne repasse au moins en partie sous la loi allemande et que la langue administrative n'en redevienne l'allemand. Là encore, il y aurait que demi-mal si l'Allemagne s'était donnée une autonomie suffisante par rapport aux Etats-Unis. Or ce n'est pas le cas. L'Allemagne, notamment au sein de l'Otan, se montre le meilleur élève des Etats-Unis pour en faciliter la pénétration militaire et économique en Europe, par exemple en ce qui concerne l'acquisition de matériels militaires tous fabriqués outre atlantique.

Ainsi actuellement la France espère voir l'Allemagne acquérir les Rafales nouvelle génération. Ce ne sera pas le cas car l'Amérique fera pression pour que l'Allemagne continue à s'équiper en avions de combat américains déjà obsolètes avant même d'avoir volé, tel que le JSF Joint Strike Fighter.

Voir Traité d'Aix La Chapelle

Voir à la date du 21/01
un article de Henti Vernet dans Le Parisien
http://www.leparisien.fr/politique/france-allemagne-ce-tr...

lundi, 21 janvier 2019

Les États-Unis sont-ils toujours une superpuissance ?

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Les États-Unis sont-ils toujours une superpuissance ?

par Dmitry Orlov

 
Article original de Dmitry Orlov, publié le 11 janvier 2018 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Certains pensent que les États-Unis sont une superpuissance. Ils citent les chiffres du PIB, les dépenses militaires, la capacité de contraindre divers vassaux américains à accéder aux demandes américaines/israéliennes aux Nations Unies. Ils soulignent également sa capacité à forcer d’autres nations à respecter ses sanctions unilatérales, même si elles sont au mieux inefficaces, généralement contre-productives et tendent à nuire aux alliés des États-Unis. Ne s’agit-il pas là des signes distinctifs d’une véritable superpuissance ?

Voyons voir…. Si les États-Unis étaient un super-héros doté de plusieurs super-pouvoirs, quels seraient-ils ?

La superpuissance pour les nuls et en toute impunité serait certainement sur la liste. Si l’on soustrait l’augmentation de la dette de l’augmentation du PIB, jusqu’à présent, au cours de ce siècle, l’économie américaine s’est contractée, elle n’a pas crue. Une foule d’autres statistiques – chômage, inflation, réserves de pétrole de schiste – ont également été falsifiées. Cette superpuissance est super mal en point, mais elle a la super-capacité de cacher ce fait à la plupart de ses propres citoyens pour le moment en leur envoyant un puissant flux de désinformation dans les médias chaque jour de l’année afin que seuls les plus intelligents d’entre eux puissent le savoir.

Ce super-héros a aussi la superpuissance de gaspiller d’énormes sommes d’argent pour ses forces armées tout en restant incapable de l’emporter (en termes de paix à long terme selon ses propres termes et à son propre avantage) dans tout conflit depuis la Deuxième guerre mondiale – sauf lors de son invasion de la petite île de Grenade et quelques autres escarmouches toutes aussi mineures. La Corée, le Vietnam, l’Afghanistan et l’Irak sont tous des échecs d’une manière ou d’une autre. La capacité de voler des milliers de milliards de dollars sans aller en prison pour cela nécessite sans aucun doute une sorte de superpuissance.

Le dernier super-pouvoir de Captain America est sa gestion politique, étrangement efficace, de ces larbins. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il a réussi à dépouiller une longue liste de nations de leur souveraineté et il ne l’a pas encore restituée. L’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie figurent sur cette liste, ainsi que le Japon et la Corée du Sud. Captain America garde jalousement son pouvoir d’abuser et d’humilier ces vassaux. Les seules personnes autorisées à diriger ces nations sont celles sur lesquelles Captain America a recueilli suffisamment de preuves compromettantes pour les forcer à démissionner en raison d’un scandale sexuel ou d’un scandale financier au moment où elles tentent de s’opposer à sa volonté.

Maintenant, le truc, c’est que chacun  de ces super-pouvoirs porte en lui sa propre charge de kryptonite.
  • La capacité de s’endetter à l’infini en forçant les nations productives du monde entier à vous exporter des produits en échange de l’argent que vous imprimez, puis en leur empruntant cet argent à de faibles taux d’intérêt. C’est une astuce court-termiste, mais le destin final est toujours le même : la faillite nationale.
  • Gaspiller des milliers de milliards pour se « défendre » (de qui ?) et voler la plus grande partie de cet argent sans que personne n’aille en prison est un tour de passe-passe incroyable, mais en fin de compte, on se retrouve avec un tas de matériel militaire inutile pendant que des nouveaux venus comme la Russie et la Chine vous contournent et vous humilient à leur guise.
  • La capacité de mettre en scène la gestion de vos vassaux internationaux pour qu’ils fassent votre volonté contre la leur ou celle de leurs électeurs est très impressionnante, mais une fois que ces électeurs en auront assez (comme les Gilets Jaunes en France l’ont apparemment fait)… que se passera-t-il ?
Parfois, l’actualité offre un tableau vivant des plus instructifs. Témoin, John Bolton, le conseiller de Trump en matière de sécurité nationale, qui a récemment effectué un voyage à Ankara. Trump a récemment annoncé que les troupes américaines allaient se retirer de Syrie. Pour se donner une certaine contenance, Trump a dit que c’est parce que la « mission était accomplie » – la routine habituelle – parce qu’ISIS a été détruit. Oui, ISIS a été détruit mais par les forces syriennes et russes. Ils ont utilisé l’équivalent de plus de 50 porte-conteneurs chargés d’armes et de fournitures en trois ans d’efforts. Et qui, je vous prie, a armé, équipé et réapprovisionné ISIS à tel point qu’il a fallu tout ce travail pour le détruire ? Croyez-vous un seul instant qu’ISIS a acheté une cinquantaine de conteneurs de matériel militaire dans un bazar à Bagdad ou à Alep ? Au Vietnam, c’était « Il fallait détruire le village pour le sauver ». En Syrie, c’est « Nous devions créer une menace terroriste pour la détruire » – ou pas – et dire que nous l’avons fait.

Retour à Bolton : il s’est rendu en Turquie pour dire à Erdoğan qu’il devait garantir la sécurité des alliés américains en Syrie (certains étant des terroristes, d’autres non). C’était vraiment absurde de la part de Bolton de tenter une telle chose : une retraite militaire est par définition inconditionnelle. Bolton n’est pas Kissinger. Ce dernier était un sale type, mais il avait une connaissance quasi parfaite de la situation, alors que Bolton est le Mr Magoo de la géopolitique. Il aurait tout aussi bien pu dire des âneries du genre : « Je suis une petite théière courte et trapue… » ou « Lait-lait-limonade… ».
Erdoğan  n’a même pas voulu parler à Bolton ; au lieu de cela, il s’est présenté devant son propre parlement et a dit que Bolton essayait une sorte de coup d’État de palais contre Trump. Ensuite, le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que le retrait des troupes américaines de Syrie devra être coordonné avec la Russie et l’Iran. (La Turquie, la Russie et l’Iran doivent se réunir à Moscou pour décider de l’avenir de la Syrie). C’est à ça que ressemble la « victoire des États-Unis sur ISIS » ? Ne renifle pas trop fort, Bolton, ou tu vas brûler ta moustache !

Quoi qu’il en soit, décidez pour vous-même, mais à mon avis, les États-Unis ne sont pas seulement une superpuissance, ils l’ont toujours été et le seront toujours. En fait, il ne s’agit pas seulement d’une superpuissance, mais d’une super-extra-puissance ! C’est l’odeur du napalm, ou juste la moustache de John Bolton en feu ?

Dmitry Orlov

Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

dimanche, 20 janvier 2019

Naves en Llamas 5 Numéro spécial sur les “nouvelles droites européennes” Entretien avec Robert Steuckers

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Naves en Llamas 5

Numéro spécial sur les “nouvelles droites européennes”

Entretien avec Robert Steuckers

Monsieur Steuckers, nous vous remercions d’accorder un entretien à “Naves en Llamas”. Quelques questions pour aider le public espagnol à mieux connaître vos travaux et votre itinéraire: Comment vous définissez-vous vous-même? Comme un combattant? Un penseur? Un révolutionnaire? Un traditionaliste? Un fidèle continuateur de la “révolution conservatrice”?

Se definir soi-même? Grave question. Dilthey disait que l’on ne définissait que ce qui était mort. La postérité me définira quand j’aurais achevé mon cycle sur cette Terre ¡ Je suis de fait un combattant sur le plan métapolitique, en sachant que toute métapolitique est révolutionnaire mais, pour moi, c’est au sens étymologique du terme, “re-volvere” en latin, signifiant “revenir à des príncipes premiers”; toute vraie révolution opère un retour à la tradition, au mos majorum. Germaniste de formation, il est évident que j’ai puisé beaucoup de leçons dans le corpus de la “révolution conservatrice allemande” telle que l’a définie Armin Mohler.  

NLL-1.pngPourriez-vous expliquer brièvement à nos lecteurs le motif de vos divergences et de vos convergences avec d’autres penseurs de la “nouvelle droite”, comme par exemple Guillaume Faye ou Alain de Benoist?

Première précision: j’oeuvre sur le territoire belge qui fit partie de l’Empire de Charles-Quint, de “Keizer Karel” comme nous l’appellons. Faye et de Benoist ont oeuvré dans un cadre français. J’ai apprécié les positions de de Benoist dans les années 70, quand le mouvement de la nouvelle droite a pris son essor. La grande différence entre ma manière de voir les choses et celle de de Benoist est la suivante: j’ai davantage, comme le faisait aussi Venner d’ailleurs, d’ancrer mes positions dans l’histoire, plus particulièrement dans l’histoire impériale allemande et espagnole, dont l’histoire belge est tributaire. Alain de Benoist reste trop dans le débat pariso-parisien et tient à s’y tailler une place. Je trouve cette gesticulation inutile. Faye a toujours été, pour moi, un excellent camarade: son approche m’a toujours séduit dans la mesure où il était un virtuose des sciences politiques, un fin analyste des phénomènes de déclin, de “dé-politisation” qui affectaient les polities européennes depuis la fin du second conflit mundial. Aujourd’hui, Faye voit l’islam comme ennemi principal; je considère que l’ennemi principal reste Washington qui téléguide et manipule l’extrémisme salafiste pour saper les assises de l’Europe aujourd’hui.

Vous fûtes et vous êtes une figure clef de la ‘nouvelle droite”: que se cache derrière cette étiquette? Y a-t-il un mouvement métapolitique qui se réclame d’elle? Que devons-nous entendre par “métapolitique” dans ce spectre philosophique et idéologique?

Alain de Benoist a découvert la métapolitique dans les années 70 quand une enseignante universitaire italienne, active en France, Maria-Antonietta Macciocchi (1922-2007), avait vulgarisé, en un petit volume, les thèses “métapolitiques” d’Antonio Gramsci. La métapolitique a d’autres “ancêtres”: la métapolitique schopenhauerienne et nietzschéenne du socialiste autrichien Engelbert Pernerstorfer et la définition qu’en donnait le conservateur américain Peter Viereck (1916-2006), juste avant la seconde guerre mondiale. Pour moi, la métapolitique n’est plus exactement le travail préconisé par Gramsci: saper par une stratégie “culturelle” les fondements de l’Etat bourgeois. Mais, plus exactement, saper les bases de l’Etat festiviste et sociétal, que nous avons sur le râble aujourd’hui, et qui n’exerce plus ses fonctions régaliennes, plongeant nos sociétés dans le marasme économique et social. La métapolitique, aujourd’hui, doit servir, non seulement à saper cet Etat festiviste et sociétal, mais surtout à faire revenir toutes les valeurs traditionnelles qu’il a constamment refoulées en usant largement des médias, des officines cultureuses nées de l’effervescence de mai 68, etc. La métapolitique a donc une doublé tâche à accomplir aujourd’hui: combattre sans relâche les modes de fonctionnement de l’Etat festiviste et sociétal et oeuvrer au grand retour de la vraie culture européenne, afin qu’elle soit encore et toujours transmise. La métapolitique doit rendre à nouveau la transmission possible.

Nous savons que vous êtes un bon connaisseur de la culture et de l’histoire de l’Espagne ainsi que de son actualité politique et métapolitique. Quelles figures, personnalités, publications, groupes d’action ou groupes métapolitiques, parmi ceux que vous connaissez, considérez-vous comme pertinents en Espagne dans le milieu proche de la nouvelle droite espagnole?

J’ai une connaissance biaisée car, en Belgique, ce que nous connaissons de l’histoire d’Espagne est surtout ce que nous partagions avec cette histoire, surtout aux 16ème et 17ème siècles. Cela n’aide pas précisément à une connaissance de l’actualité, que nous ne vivons pas au quotidien. Les relations belgo-espagnoles ont été profondément meurtries au cours de ces deux dernières années à cause de la question catalane, fort mal comprise par mes compatriotes qui ont pris des positions idéologiques pures, éthérées et irréalistes, ne tenant pas compte des vraies leçons de l’histoire. La Belgique comme l’Espagne souffrent toutes deux d’un effondrement du pilier politique catholique que je ne considère pas sous l’angle religieux mais sous l’angle politique et impérial, dans le sens d’une tradition qui nous est commune: celle du tacitisme, forgé à Louvain, où j’ai étudié, par Juste-Lipse. Pour moi, le catholicisme n’est pas théologique ni même chrétien (ou évangélique), peut-être tout simplement parce que je ne suis pas prêtre, mais est ce que Carl Schmitt appelait la “forme romaine”, le rappel constant du “conteneur romain”. L’héritage de Rome a été dévolu au Saint-Empire Romain de la Nation Germanique mais aussi, par le truchement de la politique dynastique de Maximilien I, à la Grande Alliance des Habsbourgs et de la Maison de Bourgogne, d’une part, et des maisons de Castille et d’Aragon, d’autre part. Le catholicisme, dès le 19ème siècle, a progressivement oublié cette épine dorsale impériale sans laquelle il n’est rien, absolument rien d’autre que du vent. La tragédie du Parti catholique belge et du PP espagnol qui se sont alignés sur toutes les modes modernes, les plus impolitiques et les plus farfelues, a provoqué une crise morale sans précédent depuis les années 30. Adopter les modes du moment, c’est oublier volontairement les leçons de l’histoire: voilà pourquoi je considère que José Javier Esparza a le mérite de ramener, chaque année, par des livres à grand tirage, les Espagnols à leur histoire réelle, à faire revenir les épopées refoulées dans les cerveaux patriotes et à faire là une très belle oeuvre de métapolitique, sans comparaison dans le reste de l’Europe.

Les nouvelles droites européennes sont-elles l’armée d’une grande révolution conservatrice qui arrive sur le continent?

Attention: les nouvelles droites sont des entreprises métapolitiques et non des partis politiques. Cependant, nous assistons depuis quelques années à l’effondrement de l’édifice néolibéral mis sur pied depuis la victoire de Margaret Thatcher en 1979 en Grande-Bretagne. Les partis dominants, partout en Europe, ont voulu imiter ce néolibéralisme d’origine américaine. Y compris, justement, les partis démocrates-chrétiens, représentés par le PP en Espagne. En adoptant cette mode américaine, ils ont trahi les fondements mêmes de la doctrine sociale catholique et des visions économiques traditionnelles qu’ils auraient dû défendre contre le néolibéralisme. Ils auraient été plus efficaces encore que les socialistes dans ce combat, qu’ils ont negligé. Toute la partie du peuple, parfois majoritaire comme en Flandre et dans les Ardennes, s’est éparpillée partout dans le spectre politique et a erré pendant de nombreuses années. La crise de 2008 a été, dans un premier temps, freinée dans ses effets destructeurs par toutes sortes d’expédients fallacieux. Ce travail de retouches et de colmatages ne fonctionne plus et il commence à y avoir un basculement vers des formes politiques contestatrices, dont l’Italie fut pionnière. La Ligue lombarde, puis la Lega Nord, avait annoncé la couleur dès le debut de la décennie 1990, notamment sur base des idées bien ficelées du Professeur Gianfranco Miglio, dont on devrait se rappeler la pertinence. Ensuite, le Mouvement Cinq Etoiles de Grillo a utilisé des techniques anciennes, celles des théâtres de rue des années 1910 et 1920, que Gramsci avait, lui aussi, voulu promouvoir, pour miner les assises de la partitocratie corrompue qui pesaient de tout son poids mort sur le peuple italien. Une armée s’est effectivement dressée en Italie, comme une autre se dresse en France aujourd’hui avec les Gilets jaunes.   

NLL-2.pngA votre avis, sur quelles tradition philosophique, politique et idéologique reposent ce qu’il est convenu d’appeler le “nouvelles droites européennes”?

D’innombrables traditions politiques ou intellectuelles traversent les contestations qui sont à l’oeuvre ou qui germent aujourd’hui en Europe. Personnellement, je pense qu’Ortega y Gasset, avec l’idée de nations invertébrées (quand elles oublient leurs traditions et leur histoire), et Carl Schmitt constituent chacun un corpus où nous pouvons puiser des munitions idéologiques.

Une augmentation substantielle du poids des nouvelles droites européennes dans les différents parlements de l’UE pourra-t-elle impliquer des changements géopolitiques d’envergure en Occident?

Lors des prochaines élections européennes, le poids des populismes (plutôt que des nouvelles droites) augmentera indubitablement, comme il a augmenté en Italie, en Allemagne, en Andalousie, etc. Cependant, en matières de politique internationale donc de géopolitique, les idées des différents groupements populistes en Europe ne convergent pas nécessairement. Il y a toujours, en ordre dispersé, des atlantistes, des européistes et parfois des eurasistes (qui entendent garder intactes les bonnes relations commerciales avec la Russie, la Chine ou l’Inde: c’est le cas notamment en Allemagne où cette orientation géo-économique n’est pas seulement perceptible dans les discours de l’AfD mais se repère aussi chez les socialistes et les démocrates-chrétiens). Dans les années 1990, en matière de politique internationale, je ne faisais confiance qu’à la Lega et à la FPÖ autrichienne car leur presse était clairement européiste, ne voulait plus d’une inféodation inconditionnelle aux Etats-Unis. Depuis les choses ont changé dans un sens européiste mais trop légèrement à mon goût: je constate, avec amertume, que les pays du centre et de l’Est de l’Europe sont conservateurs quand ils rejettent tout le fatras “sociétal” et s’opposent à une immigration incontrôlée mais demeurent atlantistes en politique internationale, alors que l’invasion idéologique du sociétal est, en ultime instance, une fabrication des boites à penser (think tanks) américaines et des médias d’Outre-Atlantique. Il ne pourra y avoir de changements géopolitiques majeurs que s’il y a tout à la fois rejet du sociétal, volonté de contrôler l’immigration anarchique et européisme pragmatique en relations internationales.

En tant que bon connaisseur et qu’impulseur de la science géopolitique, quels apports pourra offrir cette discipline dans un monde chaque jour plus multipolaire, où le poids de la Russie et de la Chine, entre autres acteurs, se fera sentir toujours davantage en notre continent au détriment du poids des Etats-Unis?

En Espagne, vous avez aujourd’hui le Colonel Pedro Banos qui vulgarise intelligemment la géopolitique, avec deux ouvrages qui connaissent des succès de librairie inimaginable ailleurs en Europe pour ce type de livres! Au temps de la bipolarité née des pourparlers de Yalta, l’Europe était divisée et, par l’effet même de cette división, totalement impuissante. Quand le Rideau de fer est tombé, l’Europe a été théoriquement réunifiée, en même temps que l’Allemagne, mais elle n’a tiré aucun profit de la situation. Elle demeure un nain politique, en dépit d’un gigantisme économique qui, lui aussi, est en train de s’éroder dangereusement. On ne peut pas maintenir une puissance économique sans indépendance et puissance militaires. Face à l’ascension de la Chine, qui n’est pas encore garantie à 100% sur le long terme, face à la résilience de la Russie, face à la montée lente mais sûre de l’Inde, les Etats-Unis marquent le pas et ne peuvent plus prétendre à l’unipolarité qu’ils détenaient, sans challengeur, dans les années 1950. L’Europe est devant un choix: ou bien elle demeure fidèle à l’atlantisme en s’isolant à l’ouest de la masse continentale eurasienne ou bien elle se branche sur les réseaux de communications promus surtout par la Chine et sur les gazoducs russes qui lui fournissent son énergie à bon compte. L’Allemagne, qui est et demeure, qu’on le veuille ou non, le moteur et le coeur de l’Europe, est secouée de débats incessants en ce sens: doit-elle demeurer ancrée dans la “communauté atlantique des valeurs”, au détriment de ses liens traditionnels avec l’Est de l’Europe et avec la Russie (et aussi l’Ukraine), faut-il une politique énergétique branchée sur les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2, faut-il accentuer le tropisme chinois, alors que la Chine est désormais le premier partenaire commercial de l’Allemagne? Nous assistons à un retour des problématiques de l’ère de Weimar, où l’on évoquait une tríade entre l’Allemagne, la Russie et la Chine. L’école géopolitique de Haushofer et les théoriciens nationaux-révolutionnaires (dont Ernst Jünger) étaient parties prenantes dans le débat, en se rangeant aux côtés des Russes et des Chinois.

En quoi se différencient les nouvelles droites de la droite européenne traditionnelle?

La droite traditionnelle a disparu: le pilier partitocratique catholique n’est plus traditionnel au sens usuel du mot. Il est, comme le déplorait Carl Schmitt, qui, un moment, a cru à une résurrection du Zentrum démocrate-chrétien dans un sens impérial (reichisch), une instance de déliquescence comme les autres, toutes avatars du modernisme impolitique. Les droites résiduaires, d’une autre nature que le catholicisme mué en démocratisme chrétien, ne tiennent généralement pas compte du passage à la multipolarité et cultivent souvent des vues surannées ou anachroniques. Je me place ici sur le plan idéologique et non pas sur le plan de la politique politicienne. Les partis populistes, que vous semblez vouloir qualifier de “nouvelles droites”, sont encore divisés sur plusieurs plans: sont-ils tous immunisés contre le néolibéralisme? Sont-ils tous européistes sans plus aucune nostalgie de l’atlantisme? Non, bien sûr. Face aux droites résiduaires, les “nouvelles droites populistes” présentent encore un manteau d’Arlequin, si bien qu’il est difficile de les différencier de quoi que ce soit: Salvini et Wilders visent-ils les mêmes objectifs? Blocher et Gauland? Strache et Van Grieken? Le Pen et Farage?  

Quelle est votre position quant à l’eurasisme? Pourriez-vous nous expliquer de manière claire vos idées sur l’eurasisme par rapport aux positions d’Alexandre Douguine, Guillaume Faye ou Alain de Benoist?

Douguine est imbriqué dans le monde russe qui doit tout naturellement jouer une carte eurasienne. Je reste sceptique quand il mêle des résidus de messianisme religieux dans sa définition de l’eurasisme. Faye parlait d’Euro-Sibérie en mettant l’accent sur la nécessité de coupler les savoirs technologiques de l’Europe occidentale franco-allemande (selon lui) aux matières premières sibériennes. Après un débat fructueux avec l’idéologue russe Pavel Tulaev (par ailleurs hispaniste de formation), il a compris que la Sibérie n’a jamais été un sujet politique et que cette très vaste región du nord de la masse continentale eurasienne a eu la Russie, et exclusivement la Russie, comme sujet politique. Il parle désormais d’Euro-Russie, en espérant que plus aucun conflit n’opposera encore les Européens aux Russes. Alain de Benoist n’a jamais vraiment réfléchi sur cette question. Il suit Douguine aveuglément parce que Douguine le flatte. Personnellement, je conçois la visión eurasiste de l’histoire comme l’épopée d’une triple reconquista: l’Europe était enclavée au moyen-âge et devait faire sauter tous les verrous qui l’enfermait pour ne pas imploser. Les peuples ibériques ont reconquis leur péninsule et sont passés à l’offensive dans l’Atlantique, dans la Méditerranée et sur tous les océans; les Hongrois et les Autrichiens ont reconquis le cours du Danube contre les Ottomans; les Russes ont reconquis le cours de la Volga et sont passés à l’offensive en Sibérie et ont poursuivi jusqu’aux côtes du Pacifique. L’histoire de l’Europe est l’histoire de son désenclavement qui avait pour objectif de commercer avec l’Inde (les épices) et la Chine. Ces relations commerciales sans entraves sont désormais possibles si on limite l’ingérence américaine dans nos relations internationales. Cet eurasisme, qui est le mien, est compatible avec les vues de Faye, à coup sûr, avec la géopolitique de Leonid Savin, ami de Douguine aussi. L’eurasisme touranien qui se décalque parfois sur celui de Douguine n’est pas le mien, tout simplement parce je ne suis pas touranien, et que du temps des reconquistas, j’aurais été conseiller de Charles-Quint ou d’un empereur d’Autriche. Ceci dit, toutes nos visions concourent à asseoir une multipolarité ou une nouvelle tríade, comme le voulait Ernst Jünger dans sa jeunesse.

Donald Trump est-il un exemple de “nouvelle droite”?

Trump ou Obama ou Clinton, c’est du pareil au même car, finalement, c’est toujours l’Etat profond, le Deep State, qui commande. On l’a vu avec les tergiversations, les reculades et les retournements de Trump. Ce dernier est surtout l’indice que l’on ne peut plus arriver à la présidence des Etats-Unis en pariant sur les discours véhiculés par les médias, donc, jusqu’ici, par le Deep State. Le peuple américain, victime, comme nous Européens, de la crise de 2008 et de l’effondrement de la “classe moyenne”, ne croit plus au fatras du politiquement correct et des gauches établies ou marginales. Nous devrions d’ailleurs partiellement nous intéresser aux critiques que formulent les droites alternatives américaines (et pas seulement l’AltRight) et les gauches critiques, et populistes, notamment parce qu’elles énoncent des projets de politique internationale alternative et s’insurgent contre la russophobie imposée par les médias dominants. Nous avons là pas mal de leçons à glaner. Trump est un exemple de “néo-droitisme” à l’américaine mais uniquement sur les franges. Le trumpisme est un steak saignant: l’intérieur reste rouge comme le rouge voulu par le Deep State. Il n’est roussi que sur l’extérieur, sur quelques millimètres.

NLL-3.pngCroyez-vous que l’augmentation des appuis que reçoivent désormais les différents partis européens dans le milieu que l’on qualifie de “nouvelle droite” est un phénomène ponctuel ou est-ce une réation de fond qui pourrait nous faire aboutir à une nouvelle manière de concevoir l’Europe?

Evola disait: il ne faut pas croire mais savoir (ou voir). Je ne suis pas Madame Soleil pour affirmer, après lecture de mon marc de café, que les partis populistes vont vaincre aux prochaines élections législatives ou européennes et installer un monde nouveau dans notre Europe à la dérive. Il n’empêche que les récentes élections italiennes et le phénomène des Gilets jaunes en France montrent que le rejet des idéologies dominantes et de la partitocratie est désormais une lame de fond et non plus un épiphénomène éphémère. Cependant, ce n’est pas en France ou en Italie, franges occidentales ou méridionales/péninsulaires de l’Europe, que les choses se décideront en fin de compte mais seulement en son coeur géographique, en Allemagne: le Deep State américain et les réseaux de Soros le savent très bien. C’est pourquoi ils ont organisé la submersion du pays pour ruiner son système de sécurité sociale, qui était exemplaire, pour créer en permanence des désordres sociaux ingérables, pour opérer une mutation ethnique qui, à terme, donnera une Allemagne non pas pastoralisée comme on le voulait en 1945 avec le Plan Morgenthau, mais indifférente à la culture scientifique et industrielle qui avait fait sa force. Une Allemagne neutralisée signifie une Europe neutralisée, impuissante et vassalisée.

L’idée impériale est-elle presente au sein des nouvelles droites européennes? Comment la vieille et puissance tradition impériale hispanique pourra-t-elle s’incarner et éventuellement se projeter dans les Amériques, bien sûr, mais aussi en Extrême-Orient, dans le Nord de l’Afrique, en présetnant un projet impérial européen alternatif face à la faillite de l’Union Européenne?

L’idée impériale est là. Elle sera toujours là même si l’Europe est en dormition. L’idée impériale est éternelle. Mais elle n’est pas présente dans les mouvements populistes qui secouent l’établissement en ce moment: les populistes organisent des jacqueries, des bagaudes, ne préparent pas un véritable Empire. En France, l’idée impériale est battue en brèche par cette résurgence anti-impériale que l’on appelle pompeusement le “souverainisme”, qui se manifeste par un antigermanisme pathologique, que l’on croyait mort et enterré depuis les accords forgés entre De Gaulle et Adenauer en 1963. Germanophobie qui dresse une France affaiblie contre une Allemagne en déliquescence, mais qui reste le centre névralgique de l’Europe, au plus grand bonheur des stratégistes du Deep State américain. L’idée impériale, que vous évoquez, est celle de Charles-Quint: elle ne peut ressusciter qu’en Belgique, en Allemagne, en Autriche et en Espagne ou en Italie du Nord (Miglio était un “impérial”) et avoir un effet d’entraînement dans le reste de l’Europe. L’UE faillira non pas parce qu’elle est européenne mais parce que ses animateurs établis ont voulu la faire fonctionner avec le carburant frelaté qu’est le néolibéralisme. Si les effets pervers du néolibéralisme ne s’étaient pas fait sentir (délocalisations, désindustrialisation, émergence de régions en perpétuelle récession, domination hypertrophiée du secteur bancaire, etc.), si le projet régulationniste des pères fondateurs avait été maintenu, nous ne connaîtrions pas cette désaffection à l’égard de l’Europe que nous vivons actuellement. Or l’idée impériale est compatible avec une forme de solidarisme régulationniste. Il faut oeuvrer à coupler ces deux visions politiques pour faire revivre l’idée impériale dans le coeur des masses populaires et sauver l’Europe du naufrage.

Pour vous, la nouvelle droite, qu’est ce que c’est? Elle englobe tant de courants et de sensibilités, dans des contextes si différents les uns des autres?

Je définirais la “nouvelle droite” comme la synthèse entre la “nouvelle droite” française, née dans le sillage du GRECE, la “Neue Rechte” allemande, surtout celle qui s’est exprimée dans les groupes de Hambourg à partir des années 1960 et la “nouvelle droite” italienne, portée par Marco Tarchi et son équipe, qui avaient trouvé leurs inspirations premières dans les colonnes culturelles de l’hebdomadaire de Pino Rauti, Linea. Sans oublier les directives d’Armin Mohler, notamment en politique internationale, et les leçons de Giorgio Locchi. Aujourd’hui, d’autres personnalités se profilent à l’horizon: en France, nous avons Georges Feltin-Tracol, qui vient de publier un excellent manuel didactique pour construire un nouveau solidarisme, et l’européiste fondamental Thomas Ferrier, dont la culture est immense.

A votre avis, quels sont les partis européens de la “nouvelle droite” dont il faut le plus tenir compte?

Je viens de le dire: les corpus qu’il faut avoir en tête, pour diffuser une géopolitique pragmatique dans le crâne de nos contemporains, sont les articles de politique internationale du quotidien de la Lega, La Padania, surtout à l’époque de la guerre contre la Serbie (de 1998 à 2000), où le journaliste Archimede Bontempi, hélas décédé, a jeté les bases d’une véritable géopolitique européenne alternative, poursuivie aujourd’hui par celui qui est son successeur, Gianluca Savoini, actif, entre autres initiatives, dans le groupe de Chisinau (Moldavie), qui cherche à se positionner comme un “anti-Davos”. Ensuite, véritable corpus bien charpenté: l’ensemble des articles rédigés, semaine après semaine, par le Dr. Bernhard Tomaschitz à Vienne pour l’hebdomadaire Zur Zeit, proche de la FPÖ autrichienne. C’est grâce aux efforts constants d’Andreas Mölzer, qui a appuyé ce jeune politologue, véritable bourreau du travail, que ce solide corpus a pu voir le jour et s’étoffer. Andreas Mölzer était jusqu’il y a peu de temps, député européen à Bruxelles et Strasbourg.  

Comment voyez-vous la situation en Espagne? Vox, en tant que mouvement, est-il un digne représentant de la sensibilité “nouvelle droite” en Espagne?

L’Espagne, comme le reste de l’Europe, est en pleine mutation, ébranlée qu’elle est par la crise et ses effets tardifs, par l’immigration désordonnée qui débarque désormais sur ses plages, par la question catalane qui est un phénomène supplémentaire et actuel de la liquéfaction postimpériale dénoncée en son temps par José Ortega y Gasset dans Espana invertebrada. Vox semble un phénomène de sursaut, comme il en existe ailleurs, preuve que les Européens d’Espagne, eux aussi, sont las des vieilles recettes politiciennes et savent désormais instinctivement qu’elles ne résoudront aucun problème.

A votre avis, qu’est ce qui impulse ces formations en France, en Allemagne, en Italie, en Suède et au Danemark?

Le rejet des partis politiques habituels, le rejet de toutes les gesticulations sociétales (surtout en France), le rejet du “politiquement correct” et des discours médiatiques (les Gilets jaunes), le rejet de l’immigration et des problèmes qu’elle entraîne, le rejet de la pression fiscale excessive due à l’obligation de rembourser les prêts à intérêt des banques, de renflouer les faillites de celles-ci, due aussi aux problèmes sociaux causés par les populations non intégrées.

Selon vous, quelles valeurs idéologiques, éthiques et politiques partagent les principaux partis européens de la “nouvelle droite”?

Il y a encore un gros travail à parfaire pour assurer des convergences, surtout éthiques, car la modernité exerce ses ravages depuis plus de deux siècles: elle a créé de tels désordres dans l’intériorité de nos contemporains (et déjà de leurs ancêtres immédiats) que nous sommes en présence d’un matériel humain très abîmé. Malgré l’admiration que j’éprouve pour le courage des Gilets jaunes français, surtout des femmes et des aînés qui manifestent dans les rues en s’exposant aux coups de troupes mercenaires particulièrement brutales et bien décidées à conserver toutes les horreurs que l’idéologie républicaine française a pu générer au fil des décennies, force est de constater que les naïvetés demeurent présentes dans l’esprit des manifestants comme du reste dans l’esprit de toutes les masses populistes en Europe. Même scénario dans les foules allemandes qui, naguère, hurlaient leur colère à l’encontre de Merkel. Mais je vous rassure, vous détenez en Espagne la clef du renouveau éthique européen dans l’oeuvre d’un véritable saint et ermite contemporain: Antonio Medrano. Lisez son Lucha con el Dragon et vous serez définitivement immunisés contre les bacilles du modernisme délétère!

Le “Groupe de Visegrad”, aujourd’hui, est-il l’expression politique que pourrait servir de modèle aux institutions et aux gouvernements, s’ils tombent aux mains des nouvelles droites?

L’imprégnation idéologique dans les pays du Groupe de Visegrad est assez différente de ce que nous connaissons, nous, en Europe de l’Ouest. Nous n’avons pas assez étudié les ressorts des dissidences antisoviétiques qui s’activaient au-delà de l’ancien Rideau de fer. La religión catholique ou orthodoxe, le sens d’une liberté intérieure, les ruses pour contourner les contraintes idéologiques, les legs particuliers de l’univers littéraire et mental slave (Dostoïevski) ont donné à ces pays, aujourd’hui réunis de manière informelle dans le Groupe de Visegrad, un mental politique totalement différent du nôtre, qui est très malade, comme vous en conviendrez. Ces peuples sont naturellement hostiles au sociétal et à l’immigrationnisme mais leur anticommunisme, qui est anachronique parce qu’heureusement le communisme n’existe plus, s’est mué en russophobie parce que la Russie est perçue comme l’ancienne importatrice de ce communisme. Avec le risque de créer artificiellement et subrepticement un nouveau cordon sanitaire entre l’Allemagne et la Russie au bénéfice des seuls Etats-Unis.

Muchas gracias por sus respuestas

 

vendredi, 11 janvier 2019

Le mouvement des Gilets jaunes peut-il s’étendre aux USA ?

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Le mouvement des Gilets jaunes peut-il s’étendre aux USA ?

Ex: https://www.entelekheia.fr 

Un texte qui a le mérite d’exposer le principal danger posé par les Gilets jaunes : l’effet dit « domino », autrement dit la contagion internationale. De fait, l’histoire enseigne que les révoltes ont tendance à se propager de pays en pays, et si jadis, ce processus pouvait prendre des années, parfois des décennies, aujourd’hui, avec la mondialisation des communications, il pourrait être considérablement abrégé.

Une bonne raison pour lâcher du lest avant que les choses ne s’enveniment pour de bon – ou est-il déjà trop tard ?


Par Kevin Zeese et Margaret Flowers
Paru sur Popular Resistance et MintPress News sous le titre What Would a Yellow Vest Movement Look Like in the United States?


S’il y a une vérité sur les mouvements, c’est qu’ils sont multiformes. Ils se transforment, évoluent et se déplacent à l’intérieur d’un pays ou même dans le monde entier. Cela peut prendre des mois et souvent des années.

L’époque du mouvement américain Occupy a eu lieu dix mois après le printemps arabe et six mois après le mouvement des Indignados espagnols — les matrices d’Occupy. Il a commencé à New York, puis s’est répandu aux États-Unis et dans d’autres pays. C’était une révolte mondiale contre les 1% qui a changé la politique aux États-Unis et qui continue d’avoir des répercussions aujourd’hui.

Le mouvement des Gilets Jaunes en France, qui a un impact majeur et attire l’attention de la communauté internationale, s’étend déjà à d’autres pays, dont certains, comme l’Égypte, ont interdit la vente de gilets jaunes pour éviter que la protestation ne s’y propage. Le mouvement montre qu’en perturbant le statu quo, on obtient des résultats. Arrivera-t-il aux États-Unis ? Quelle forme cela prendrait-il ici ? Qu’est-ce qui pourrait déclencher l’équivalent des Gilets jaunes aux États-Unis ?

Les mouvements sociaux entraînent des vagues mondiales de protestation

Il est courant qu’une manifestation se développe dans une partie du monde, puis s’installe dans un autre pays. C’est encore plus courant à l’époque moderne, où l’économie s’est mondialisée et où la communication entre les différents pays est devenue plus facile.

La révolution américaine contre la Grande-Bretagne s’inscrivait dans le Siècle des Lumières, qui remettait en question l’autorité traditionnelle et mettait l’accent sur les droits naturels à la vie, à la liberté et à l’égalité, ainsi que sur l’émancipation et la liberté religieuse [aux USA, NdT]. La Révolution française a suivi 13 ans après les États-Unis, en 1789. Elle a entraîné des changements politiques au Royaume-Uni, en Allemagne et dans toute l’Europe. Le Grand Libérateur Simon Bolivar a enchaîné en libérant les colonies de l’empire espagnol, notamment le Venezuela, la Colombie, le Panama, l’Équateur et le Pérou. Ces pays sont devenus indépendants et se sont brièvement unis en une seule nation.

Les révolutions démocratiques de 1848 connues sous le nom de Printemps des Peuples faisaient partie d’une période révolutionnaire généralisée qui a touché 50 nations en Europe. Elles avaient débuté en France et s’étaient étendues sans aucune coordination apparente. Les questions concernaient les droits démocratiques et les droits des travailleurs, ainsi que les droits de l’homme et la liberté de la presse. Elles ont conduit à l’abolition du servage dans certaines nations et mis fin à la monarchie au Danemark. La monarchie française a été remplacée par une république, des constitutions ont été créées et des empires ont été menacés par des pays en quête de souveraineté.

A l’époque de la décolonisation de l’Afrique et de l’Asie, 1945 et 1960, trois douzaines de nouveaux États sont devenus autonomes ou totalement indépendants de leurs dirigeants coloniaux européens. En Afrique, un Congrès panafricain en 1945 a exigé la fin de la colonisation. Des troubles s’étaient généralisés et des révoltes s’étaient organisées dans les colonies de l’Afrique du Nord et subsaharienne. Protestations, révolutions et parfois transitions pacifiques ont mis fin à l’ère de la colonisation.

Les années 1960 ont été une époque de protestation qui a culminé en 1968 dans le monde entier. De multiples questions ont été portée sur la place publique, notamment les droits du travail et le socialisme, le mouvement féministe, les protestations contre la guerre et le militarisme, et contre le racisme et la dégradation de l’environnement. Des manifestations ont eu lieu aux États-Unis, en Europe, dans le bloc soviétique, en Asie et en Amérique latine.

Plus récemment, la mondialisation économique et Internet ont accéléré les protestations mondiales. Le mouvement antimondialisation en est un exemple. Au fur et à mesure que les entreprises ont pris le contrôle des accords commerciaux et ont commencé à biaiser les règles du commerce au profit des entreprises transnationales, des gens, à travers le monde, ont pu en constater l’impact sur leurs communautés et ont riposté.

Le soulèvement zapatiste du Chiapas, au Mexique, le 1er janvier 1994, a coïncidé avec le début de l’Accord de libre-échange nord-américain (NAFTA). L’Armée Zapatiste de Libération Nationale était un soulèvement de la population locale indigène contre leur exploitation par le commerce mondial. Leur action a été une source d’inspiration pour d’autres. Un mouvement anti-NAFTA s’est développé aux États-Unis, puis a muté en mouvement antimondialisation.

La crise financière de 1997 en Asie du Sud-Est, suivie de la restructuration de la dette par le Fonds monétaire international à travers des politiques austéritaires, a suscité des protestations en Corée, en Indonésie et en Thaïlande contre la mondialisation économique et l’influence excessive du capital transnational.

Tout cela a donné lieu à la Bataille de Seattle, en 1999, lors des réunions de l’Organisation mondiale du commerce où 50 000 personnes des États-Unis et du monde entier ont manifesté dans les rues de Seattle pendant quatre jours pour faire fermer les réunions. Il s’agissait d’un mouvement qui englobait de nombreux groupes particuliers en une force trop puissante pour que les élites puissent la censurer. Depuis lors, les réunions de l’OMC font l’objet de protestations massives, de même que les réunions du FMI et d’autres réunions économiques. Cette situation entraves aujourd’hui l’adoption d’accords commerciaux avec les entreprises aux États-Unis. Par exemple, les gens ont stoppé le TPP et Trump aura de la difficulté à faire approuver le NAFTA-2.

Le mouvement des Gilets jaunes

Le mouvement français des Gilets jaunes est composé de travailleurs qui protestent tous les samedis contre une économie injuste.  Le 8e « Acte », qui s’est tenu ce samedi, a été plus important que prévu, alors que le gouvernement et les médias affirmaient pendant les vacances que le mouvement s’essoufflait, contre le mouvement qui, pour sa part, disait que loin d’être terminé, il ne faisait que commencer.

Le mouvement a commencé par une protestation contre une taxe sur l’essence, mais il est rapidement devenu évident que ce n’était que la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase contre une série de politiques économiquement déstabilisatrices.  Le président Macron a appliqué un programme néolibéral au nom des plus riches, réduisant leurs impôts tout en multipliant les coupes sombres dans les services sociaux.

Macron a réagi au mouvement en éliminant la taxe sur les carburants, en augmentant le salaire minimum et en réduisant les impôts des retraités, mais ils continuent de demander au « président des riches » de démissionner. La popularité de Macron est tombée aux alentours de 20 % dans les sondages, tandis qu’une majorité de Français soutiennent les protestations des Gilets jaunes. Le mouvement révèle des fractures, en France, qui ne peuvent pas être résolues par les systèmes économiques et politiques actuels.

Tout en faisant des concessions, Macron a aussi traité les manifestants de voyous et d’agitateurs. Les tactiques policières ont été répressives et violentes face à des manifestations en grande majorité pacifiques. Ils ont arrêté Eric Drouet, un participant des Gilets jaunes qualifié de « leader » par les médias, sur la base d’accusations floues de manifestation non-autorisée, ce qui a suscité encore plus d’indignation. Les médias l’étiquettent leader, tout en disant que ce mouvement sans leader échouera parce qu’il n’a pas de leader. Cela nous rappelle un traitement similaire des médias américains pendant Occupy.

Le mouvement a transcendé les clivages politiques parce qu’il englobe des gens d’extrême gauche, d’extrême droite et de partout entre les deux. Il comprend des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes. Il montre des gens qui s’unissent dans une révolte contre un système économique injuste et ses répercussions sur les travailleurs. Ils appellent également à la démocratie participative en exigeant des initiatives citoyennes où les citoyens pourront voter sur les législations, licencier des personnes nommées par les partis politiques ou même modifier la constitution, s’ils recueillent suffisamment de signatures. Les Gilets jaunes dénoncent des problèmes systémiques, qui exigent un changement à la fois du système économique et du système politique.

Les manifestations des Gilets jaunes s’étendront-elles aux États-Unis ?

Une grande partie des problèmes que connaissent les Français sont les mêmes qu’aux États-Unis. L’économie américaine a été conçue pour les riches pendant des décennies et les politiques du président milliardaire Trump ont aggravé cette réalité. Le peuple ne s’est jamais complètement remis de l’effondrement économique de 2008, lorsque des millions de personnes ont perdu leur maison et leur emploi, ont vu leurs revenus baisser et leur dette augmenter.

L’économie mondialisée qui a été conçue pour les sociétés transnationales a mal servi la population des États-Unis.  Les États du Midwest sont exsangues. Les hôpitaux ruraux ferment un à un, à mesure que l’économie locale disparaît. Dans les zones urbaines du pays, des décennies de négligence et de manque d’investissement ont créé des conditions d’appauvrissement généralisé. Des services de police racistes et violents ont été utilisés pour prévenir toute rébellion et contenir d’éventuels troubles. Les gens luttent pour survivre. Les taux d’addictions et de suicide sont en hausse. Le désespoir s’est généralisé.

Un effondrement économique se profile à l’horizon. Comme l’écrit Alan Woods dans New Year, New Crisis, « La question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais seulement quand. » L’économie américaine est dominée par Wall Street, qui a terminé l’année en crise. Le cours de l’action Citigroup a baissé de 30 % par rapport au début de l’année, celle de Goldman Sachs de 35 %, pour Morgan Stanley de 24 %, pour la Bank of America de 18 %, et JPMorgan a enregistré une perte de 10%. Woods souligne que l’économie chinoise ralentit, tout comme l’économie allemande, et les problèmes des autres nations européennes signalent tous un ralentissement mondial auquel les dirigeants ne peuvent pas réagir faute de disposer des outils nécessaires, car les taux d’intérêt sont déjà bas et la dette publique est déjà élevée.

Lorsque la récession frappera, l’insécurité économique de la population s’aggravera. Comme en France, les riches s’enrichissent de plus en plus et échappent à l’impôt en cachant des milliards à l’étranger. Et le gouvernement fait le contraire de ce qui est nécessaire, par exemple en réduisant les impôts des plus riches alors qu’il devrait y avoir un impôt de 70% pour les millionnaires, et en bloquant le Green New Deal.

Et, quand la crise économique frappera, les gens en rejetteront la faute sur Trump. Beaucoup d’électeurs l’ont soutenu parce qu’il avait promis de rompre avec un système conçu pour favoriser les plus riches. Leur expérience leur démontre aujourd’hui qu’il a fait le contraire. « Stop au Trumpisme ! » deviendra un cri de ralliement pour tous, et ce président, dont la popularité a toujours oscillé autour de 40% se retrouvera dans les sondages à 30%, ou moins, au moment du lancement de la campagne électorale.

L’économie est souvent un élément déclencheur, comme ce fut le cas pour Occupy, et nous savons déjà qu’il y aura des grèves massives des enseignants en 2019 ; en effet, les plans de grève, à Los Angeles, devraient s’intensifier. Les 40 000 personnes en passe de perdre leur emploi à la suite de la fermeture de quatre usines américaines de General Motors pourraient perdre leur maison et subir d’autres pressions économiques qui les inciteraient à la révolte. Le refus du Congrès de prendre au sérieux les propositions d’assurance-maladie nationale pour tous, alors que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année simplement parce qu’elles ne sont pas assurées, pourrait allumer l’étincelle.

Les Américains ne portent peut-être pas de gilets jaunes, mais nous savons, grâce à d’autres mouvements de protestation récents, que des Américains sont prêts à fermer les rues et les autoroutes et à stopper leurs activités habituelles. D’autres pourraient les rejoindre, si un sursaut de radicalisation s’ensuit, maintenant qu’ils ont vu le modèle fonctionner en France.

De nombreux catalyseurs sont susceptibles de déclencher des manifestations de masse en 2019. Attachez vos ceintures.

 

Traduction et note d’introduction Entelekheia

Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

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Le RIC, l’extrême-gauche et le peuple

par Christophe Hamelin

Ex: https://lesmoutonsenrages.fr 

Je tiens à faire un avant-propos à cet article dans la mesure où ce que je vais essayer d’expliquer ne va pas de soi. C’est pourquoi je demande, aux jeunes en particulier, de faire preuve de discernement en le lisant. La jeunesse déborde de générosité et est sensible aux oripeaux que développe la gauche. Je fais appel ici à la lucidité en demandant de remettre en cause les évidences d’un discours en apparence généreux par lequel il me semble que l’extrême-gauche dissimule en réalité intolérance et détestation du peuple. En ce sens, l’extrême-gauche est un rouage du fascisme ambiant. Telle est la démonstration que je vais tenter dans cet article. Enfin, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas ici d’affirmer que la droite est meilleure que la gauche mais bien plutôt que les deux tendent vers le même point. Contrairement aux apparences…

Ce qu’il y a d’intéressant à notre époque, c’est que plus le capitalisme se contracte sous l’effet de ses contradictions, plus la situation devient radicale et plus les masques tombent. Ainsi le mouvement des Gilets Jaunes a-t-il révélé la haine du peuple qui régie la mentalité de plusieurs groupes sociaux. On pourrait citer des métiers comme les professeurs (il faudra quand même un jour s’intéresser sérieusement à ce que les professeurs ont dans la tête et questionner les motivations de cette « belle vocation »), grands absents du mouvement, mais aussi les gauchistes, eux aussi aux abonnés absents. Et c’est bien de ce dernier groupe dont il va ici être question.

Penchons-nous sur la littérature internet de groupuscules tels que Rebellyon, la Horde, la Rotative, Paris-Lutte.info, etc. Nous sommes-là dans la mouvance antifa, donc qui se veut « anti-fasciste ». Mais nous allons voir que, en matière de fascisme, rien n’est simple et qu’il ne suffit pas de proclamer être son contraire pour ne pas l’être… Huey Pierce Long, gouverneur autoritaire et corrompu de Louisiane avant-guerre, aurait déclaré : « Quand le fascisme arrivera aux États-Unis, on l’appellera antifascisme ! » (notez que la phrase n’est pas de cet escroc de Churchill). J’ai bien peur que les antifas soient la concrétisation de cette triste sentence. Ils se disent anti-capitalistes mais sont pour les migrations, pour la PMA et la GPA (voir ici par exemple)etcÀ quoi l’on peut répondre que soit ils n’ont pas compris que les migrations actuelles sont le résultat de la destruction de l’Afrique et du Proche-Orient par le capitalisme et que l’oligarchie les promeut parce qu’elles sont un moyen de destruction des identités au profit de la création d’une identité mondialisée de consommateur, soit ils l’ont compris et ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place1. Soit ils n’ont pas compris que la PMA et la GPA représentent la mise en place d’un marché mondialisé de la fabrication d’enfants par des multinationales, soit ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place. La liste de leurs prises de position qui font d’eux des fascistes est trop longue pour être ici égrainée. C’est pourquoi nous allons ici nous concentrer sur une seule d’entre elles : leur opposition au Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC) que l’on peut lire iciou encore là article repris  et  , etc.). Ces groupuscules qui volent l’appellation d’extrême-gauche au champ politique considèrent que le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir bourgeois. « Le RIC est alors apparu, comme un moyen de s’épargner la révolution » écrivent-ilsIl y a, dans ce propos, une telle inculture de ce qu’est l’histoire que les bras m’en tombent. Mais qu’est-ce qu’une révolution pour eux ? Croient-ils qu’elle se décrète ? Ils n’ont tout simplement pas compris que le RIC est profondément révolutionnaire en lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il représente une remise en cause de la représentation. Or la représentation politique est l’outil principal de la domination politique aujourd’hui. Il est d’ailleurs tout à fait frappant d’observer qu’un des articles les plus repris sur ces sites d’extrême-gauche méconnaît la différence entre le vote pour un représentant (caractéristique de l’oligarchie) et le vote pour une décision (caractéristique de la démocratie2) : « Le RIC, comme les élections de représentants, c’est avant tout un bulletin de vote dans une urne. C’est-à-dire l’abandon d’une puissance collective au profit d’une démarche individuelle» Justement non, c’est là que réside la différence : la souveraineté consiste dans la volonté générale, comme le disait Rousseau, et la volonté ne se représente point. Elle est ou elle n’est pas. La souveraineté est prise de décision et non abandon de ce pouvoir au profit de représentants. Les débats qui mènent à cette prise de décision sont la démocratie en exercice. En ce sens, le RIC doit être une tentative de formalisation de cette volonté générale. Je pèse mes mots : il faut vraiment ne rien avoir compris à ce qu’est la démocratie pour affirmer, comme le fait la Rotative, que le vote pour une décision équivaut au vote pour un représentant.

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Le RIC est le premier pas vers l’instauration d’une démocratie en France. Le peuple de France tente de prendre du pouvoir à l’oligarchie qui le domine outrageusement depuis l’instauration des dictatures bourgeoises en occident au XVIIIème siècle, ceci est une première pour le XXIème siècle ! Soyons clairs : le RIC est législatif, abrogatoire, constituant et révocatoire. Qui pense sérieusement qu’une telle mesure pourrait être entérinée par l’oligarchie fasciste qui règne actuellement en France ? C’est bien simple : jamais elle n’acceptera ce qui signerait la fin de son hégémonie. Bien sûr, pour que le RIC existe, il ne faut pas demander aux juristes bourgeois de le dessiner pour nous. Non, eux ça suffit aussi : ces incultes arrogants ont fait suffisamment de mal au peuple. Il faut que le peuple donne sa forme au RIC. Pour ça, il faut mettre en place un deuxième temps du mouvement Gilets Jaunes, c’est-à-dire installer partout des ateliers pour mutualiser les idées qui donneront naissance et légitimité au RIC, cela sans abandonner les manifestations. Car disons le franchement : si le mouvement a eu un tel impact, si le monde entier nous regarde aujourd’hui avec admiration3, c’est du fait de notre capacité à nous comporter comme un peuple face au pouvoir et à répondre de façon virile4 à sa violence5On voit ici le potentiel révolutionnaire !

CependantParis-Luttes.info écrit : « Pour autant, et en réalité nous le savons tous, rentrer chez nous avec le RIC, c’est retourner au chagrin, sans rien de plus dans le frigo ». Si on les écoute, cela signifie qu’il faut repartir avec des mots d’ordre de type syndical, ceux-là même qui ont si bien marché pour nous mener là où nous sommes aujourd’hui, au bord du gouffre… Avec des revendications de type syndical, on réclame des droits à nos maîtres. Par là, nous reconnaissons leur domination et ne nous attaquons pas aux racines du mal, aux causes qui font que la situation du peuple est intenable. Ce que ces militants de gauche doivent comprendre, c’est que si nous demandons du pain à l’oligarchie, nous n’aurons jamais que des miettes ; or, avec le RIC, ce que nous demandons, c’est la boulangerie6La position de ces pseudo-intello de gauche est absolument intenable : d’un côté, ils nous parlent sans cesse de révolution, mais quand le mouvement est là, ils s’en tiennent à des revendications de droits (tel est d’ailleurs le piège que le féminisme tend au peuple, piège que Hannah Arendt avait pourtant déjà décrit en son temps : quémander des droits est l’inverse de la démocratie). Nous n’avons plus envie de revendiquer des droits : nous voulons instaurer une démocratie – enfin – pour que cesse notre oppression.

Pour nous désespérer quant à l’avènement d’une telle démocratie, c’est-à-dire un régime dans lequel le peuple serait souverain, Paris-luttes.info donne l’exemple de pays comme la Grèce et l’Argentine où, comme en France, le résultat des référendums ont été annulés par la bourgeoisie. Mais il est fallacieux d’utiliser de telles comparaisons ! Dans ces pays, le RIC n’existe pas ! L’oligarchie dessine encore la vie institutionnelle de ces pays. Rien à voir avec ce que nous demandons. Le RIC étant révocatoire, les politiciens n’obéissent pas aux ordres du peuple ? Ils dégagent ! On est loin de « l’appel à la pitié » dont Paris-luttes.info affuble le RIC. Encore une fois, il faut vraiment ne rien avoir compris pour écrire une chose pareille !

Toujours dans la critique du RIC, on a aussi ce type d’arguments : « il faut aussi noter que les partis d’extrême-droite ont une forte tendance à utiliser les outils référendaires pour avancer un agenda politique raciste ». Bon alors il ne reste plus qu’à mettre l’extrême-gauche au pouvoir pour être sûr que seules les idées compatibles avec notre bonheur seront adoptées. Blague à part, on voit ici l’absence totale de confiance dans le peuple : comme l’extrême-gauche possède la vérité, il est normal qu’elle sache mieux que nous ce qui est bon pour nous. C’est déjà ce que disaient Karl Marx ou Pierre Bourdieu : le scandale des scandales pour la petite-bourgeoisie – et l’extrême-gauche est désormais un mouvement petit-bourgeois – est de ne pas être reconnue pour ce qu’elle s’imagine être, ne pas pouvoir concrétiser en terme de pouvoir, la domination éthique qu’elle fait peser sur les classes populaires. La petite-bourgeoisie gauchiste reste impuissante politiquement et n’est bonne qu’à râler parce que ses valeurs (qu’elle partage bien souvent avec la bourgeoisie fasciste à l’image de sa haine de l’identité ou encore son dégoût de la nature que, en accord avec les multinationales, elle veut modifier au nom, par exemple, d’un supposé droit à l’enfantetc.) ne sont pas reconnues par ce satané peuple quil faudra bien changer tôt ou tard en l’éduquant. La posture de l’extrême-gauche face au RIC est révélatrice de sa haine du peuple7.

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Des humains de qualité ne peuvent apparaître que dans un contexte où règne la confiance, où tout n’est pas formalisé, où l’on s’autorise à explorer. Faire confiance, c’est, par exemple, écouter l’autre sérieusement et avec bienveillance, pas comme un imbécile qu’on veut réformer. C’est dans la confiance que la beauté se révèle, pas dans la surveillance et le soupçon. Ceux qui prétendent sans cesse « qu’on n’y arrivera pas sans éduquer le peuple » se trompent complètement. On n’éduque pas un peuple, on le met en confiance en lui faisant confiance. À mort toutes les écoles et tous les éducateurs, vive la confiance et le partage, seul terreau de toutes les qualités humaines.

Bien sûr, avec le RIC, l’appareil médiatique actuel devra être démantelé : il n’est pas possible de mener un débat sérieux avec l’intervention de journalistes. Toute cette clique de fainéants aux ordres de l’oligarchie n’a d’autre fonction que de nous faire douter de nous, de nous rapetisser, de tirer tout débat vers le bas. Eux sont capables de tenir le RIC en échec, de le frelater et de faire en sorte que nous soyons déçus de nous-mêmes. C’est dans un tel contexte que les idées les plus nocives collectivement risquent de passer, du fait de ce complexe journalistique qui ne fait que jouer sur nos peurs. 

Il y a enfin le cas extrêmement grave d’Étienne Chouard, que la Rotative présente comme « Blogueur très apprécié de différentes tendances d’extrême-droite avec qui il partage régulièrement l’estrade. » Comme le RIC qu’il promeut d’ailleurs de toutes ses forces, Chouard est un révélateur. On se frotte les yeux quand on lit ce qui lui est reproché : avoir discuté sur Internet avec des gens d’extrême-droite, avoir osé dire qu’ils n’avaient pas tort sur tout. Voilà les réflexes idéologiques qui font office de réflexion à l’extrême-gauche : si on est pas d’accord avec toi et que quelqu’un te parle, il devient par là notre ennemi. Plus encore : comme vous êtes d’extrême-droite et que pour nous, l’extrême-droite c’est le fascisme, vous avez tort sur tout. Hitler a dit que l’Angleterre était une île ? Alors c’est faux, elle ne peut pas être une île ! Pourquoi ? Parce que Hitler est très très méchant ! Comme il est très très méchant et qu’on veut que tout le monde sache qu’on est contre lui, on contredit tout ce qu’il dit. Cela semble caricatural mais en observant précisément le contenu des critiques adressées à Chouard, on s’aperçoit qu’elles sont pourtant de ce tonneau.

Il y a chez les gauchistes aujourd’hui un fantasme de destruction de l’Autre, de ce qui est différent. Si on parle avec l’extrême-droite, c’est qu’on est d’accord avec elle, c’est qu’on est contaminé, c’est comme une maladie. Il est inadmissible qu’une sorte de police de la pensée naisse ainsi chez ceux qui prétendent être le parti de l’émancipation. Le refus du dialogue avec l’Autre, le fantasme de sa destruction me semble bien plus proche du fascisme que tout ce que je vois à l’extrême-droite. L’attitude qu’il faut avoir dans ces temps difficiles est au contraire une posture de dialogue avec tout le monde, dire nos peurs, écouter celles de l’Autre, essayer de les comprendre, c’est-à-dire considérer l’Autre comme aussi intelligent que soi et dialoguer pour fonder un monde commun comme dirait Arendt.

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Malheureusement, Chouard s’est excusé pour avoir dialogué avec l’extrême-droite. Il a reconnu que Soral, par exemple, avait eu des paroles inadmissibles. Ce qui est vrai mais ne veut pas dire qu’il ait tort tout le temps ! Et ça, ça n’est pas négociable quelque soit la violence de la police de la pensée gauchiste car c’est de la logique, et la logique n’a que faire de la police de la pensée, n’en déplaise à un Frédéric Lordon ou un François Ruffin8. Et voici donc ces quelques paroles échangées sur le net qui transforment Chouard en blogueur qui « partage régulièrement l’estrade » avec l’extrême-droite. Il n’y aura jamais de pardon mon pauvre Étienne, pas avec ces gens ; tu n’auras jamais de pardon pour une faute qui, de toute manière, n’existe que dans les esprits embrigadés de tes accusateurs. Du coup, on obtient le syllogisme suivant : Chouard = extrême-droite ; Chouard = RIC ; donc RIC = extrême-droite. Exemple tiré de La Horde : « C’est donc sans surprise qu’on voit ressurgir des personnalités comme Étienne Chouard, qui refuse de reconnaitre le danger que représente l’extrême droite parce que cela rentre en contradiction avec son projet de démocratie intégrale. De même, présenter le référendum d’initiative citoyenne (RIC) comme la solution miracle à tous les problèmes est en soi un problème. » CQFD. Au passage, j’aimerais bien que la Horde nous explique ce qu’est la « démocratie intégrale ». Elle s’opposerait, j’imagine, à une « démocratie partielle » ? De quoi s’agirait-il ?

En fait, ces individus endoctrinés veulent infiltrer le mouvement des Gilets Jaunes pour en exclure les franges du peuple qui ne leur conviennent pas et faire correspondre le mouvement à leurs obsessions. Ils veulent le rationaliser9. Ils n’ont aucune légitimité pour faire cela. Ce mouvement ne leur appartient pas : ils peuvent y venir mais pas y imposer leurs buts ou leur mono-obsession de l’extrême-droite. Plus encore, en empêchant le dialogue entre des strates du peuple que les stratégies de l’oligarchie sont parvenues à opposer, ils l’affaiblissent face à l’unité de la classe dominante et, par conséquent, sont des traîtres au peuple. Ils sont des mécanismes du maintien de l’ordre fasciste qui règne en occident. Ils ont beau s’appeler « antifa », ces petits-bourgeois sont les nouveaux fascistes : intolérants, persuadés de détenir la vérité, imperméables au doute. Ce n’est pas parce qu’ils se sont achetés des drapeaux rouges et noirs qu’ils sont à l’abri de l’accusation d’être des fascistes. Ils me rappellent ces paroles du chansonnier Pierre Selos dans sa chanson « Les cons sont là » :

« ceux qui n’ont pas compris l’histoire,

les fossoyeurs de la mémoire,

et qui refont tous les faux-pas :

les cons sont là. »

La question qui se pose alors me paraît être celle-ci : comment fait-on quand on est contre le progrès (défendu par la gauche) et contre l’autoritarisme et la hiérarchie (défendus par la droite) ? Il n’y a nulle part où aller sur l’échiquier politique. Hé bien tant mieux car heureusement, une alternative populaire vient de naître : le mouvement des Gilets Jaunes.

Christophe Hamelin

Notes:

Il est assez fascinant de constater leur entêtement à ne pas analyser les migrations modernes dans leur contexte capitaliste. Ainsi le site La Horde écrit-il : « De même, refuser de considérer comme un problème le nationalisme assumé des gilets jaunes à travers à la fois des symboles et une façon de se définir (« les Français ») est d’autant plus dangereux que, en particulier sur les réseaux sociaux, cette identité nationale est non seulement interclassiste, mais également construite contre un cosmopolitisme associé dans l’esprit des gens au capitalisme sans frontière. » L’incapacité, toute idéologique, de l’extrême-gauche à comprendre le phénomène profondément humain qu’est l’identité en fait un rouage de l’actuel ordre fasciste. Dans la mythologie totalitaire du progrès, les identités sont effacées. Mais au profit de quoi ? D’une identité politique ? Mais alors il s’agit d’un endoctrinement puisque la personnalité de l’individu est déterminée par des idées hétéronomes. Plus encore, dans l’ordre actuel, l’effacement des identités se produit au profit de la constitution d’une identité de consommateur mondialisé. Or cela est la marque du totalitarisme aujourd’hui. Un monde sans identité, d’individus déracinés, dans lequel il n’y a plus de résistances autonomes à l’ordre. Par conséquent, faire l’apologie des migrations revient à adouber l’ordre fasciste que cherche à instaurer l’oligarchie. Donc, les gauchistes sont des néo-fascistes. Cette inversion de termes (appeler « fascistes » les « antifa ») peut paraître choquante a priori mais mérite réflexion.

Je conseille aux gauchistes de se pencher sur Aristote, Les politiques, IV, 9, 1294b4.

Je ne lis malheureusement que l’anglais donc je ne peux pas dire pour les autres peuples mais allez voir sur les forums anglo-saxons, en particulier états-uniens : la teneur des propos sur le mouvement Gilets Jaunes change complètement du « french bashing » habituel. Ils sont estomaqués et nous admirent.

La virilité est bien sûr une caractéristique du genre masculin mais concerne les deux sexes.

5 Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Helder Camara, évêque brésilien

Allégorie entendue par un pote sur un rond-point.

Par contre, je n’ai aucun doute sur le fait que les gauchistes sont incapables de comprendre un mot de ce que je raconte. En effet, ils se gargarisent de slogans pro-peuples style : « Les muscles de cette société, ce sont les millions de prolos. La seule force capable de s’opposer à celle du capital, la voici. » (Paris-luttes.info) mais sont incapables de voir que leur posture dit exactement l’inverse de ce type de propos standardisés.

Les récentes hésitations de Ruffin sur Chouard ne changent rien au fait qu’il s’est rendu coupable d’avoir participé à son lynchage.

C’est-à-dire qu’ils veulent le faire correspondre à une idée.

 

Etiologie du terrorisme

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Etiologie du terrorisme

Eurasia

Traduction française par Chlodomir

J’aimerais commencer par le cœur de la question : il est clair que la majorité des attaques terroristes qui ont eu lieu depuis la fin du XXe siècle s’identifient à un mouvement principal et peut-être même unique : l’islam. En fait, je n’ai jamais entendu parler d’attentats orthodoxes ou catholiques. Ainsi, la pièce commence, le rideau se lèvre, mais les acteurs sont encore inconnus. Qui est l’auteur, qui est le directeur, le producteur, qui aide derrière la scène, qui s’occupe du son, de l’éclairage et des effets spéciaux – on ne le sait pas non plus.

Supposons que l’islam soit le principal coupable du terrorisme dans le monde. Mais de quel genre d’islam s’agit-il ? Et qui tire vraiment les ficelles des marionnettes qui se déplacent constamment devant nos yeux ? Je veux dire Ben Laden, Al-Qaïda, Al-Nosra, ISIS, Daesh, Boko Haram...

Pour vous faire comprendre qui soutient actuellement ces organisations terroristes, j’aimerais vous lire ce passage du New York Times du 23 janvier 2016 :

« Quand le président Obama autorisa secrètement la CIA à commencer à armer les rebelles armés en Syrie en 2013, l’agence de renseignement savait qu’elle aurait un partenaire bien disposé pour aider à financer l’opération secrète. C’était le même partenaire à qui la CIA avait fait confiance pendant des décennies pour l’argent et la discrétion dans les conflits lointains : le Royaume d’Arabie Saoudite. »

Depuis lors, la CIA et son homologue saoudite ont maintenu un arrangement inhabituel pour les missions de formation des rebelles, auxquelles les Américains ont donné le nom de code de Timber Sycamore. Selon l’accord, ont dit des officiels ou des ex-officiels de l’administration, les Saoudites contribuent avec des armes et de vastes sommes d’argent, et la CIA s’occupe de former les rebelles avec des fusils d’assaut AK-47 et des missiles antichars.

Le soutien aux rebelles syriens n’est que le dernier chapitre de la relation datant de plusieurs décennies entre les services de renseignement de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis, une alliance qui a résisté au scandale de l’Irangate et des Contras, au soutien aux moudjahidines contre les Soviets en Afghanistan, et aux guerres par procuration en Afrique. Parfois, comme en Syrie, les deux pays ont travaillé à l’unisson. Dans d’autres cas, l’Arabie Saoudite a simplement écrit des chèques pour couvrir les activités secrètes américaines.

Le programme conjoint d’armement et de formation, auquel d’autres nations du Moyen-Orient contribuent, continue alors que les relations de l’Amérique avec l’Arabie Saoudite – et la place du royaume dans la région – sont en train de changer. Les anciens liens du pétrole bon marché et de la géopolitique qui ont longtemps lié les deux pays se sont quelque peu relâchés alors que la dépendance de l’Amérique vis-à-vis du pétrole étranger se réduit et que l’administration Obama se dirige sur la pointe des pieds vers un rapprochement diplomatique avec l’Iran.

Et pourtant l’alliance persiste, restant à flot sur une mer d’argent saoudien et sur la reconnaissance d’intérêts mutuels. En plus des immenses réserves de pétrole de l’Arabie Saoudite et de son rôle d’ancre spirituelle du monde musulman sunnite, les longues relations dans le domaine du renseignement aident à expliquer pourquoi les Etats-Unis ont été réticents à critiquer ouvertement l’Arabie Saoudite pour ses atteintes aux droits de l’homme, son traitement des femmes, et son appui à la tendance extrême de l’islam, le wahhabisme, qui a inspiré beaucoup des mêmes groupes terroristes que combattent les Etats-Unis. L’administration Obama n’a pas publiquement condamné l’Arabie Saoudite pour avoir décapité un religieux chiite dissident, le Sheikh Nimr al-Nimr, qui avait défié la famille royale.

Bien que les Saoudiens aient reconnu publiquement leur aide à l’armement des groupes rebelles en Syrie, l’étendue de leur partenariat avec la campagne d’action secrète de la CIA et leur appui financier direct n’ont pas été révélés. Des détails ont été connus par des interviews avec une demi-douzaine d’officiels et ex-officiels américains et des sources venant de plusieurs pays du Golfe Persique. La plupart ont parlé sous anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à parler du programme.

Dès le moment où l’opération de la CIA a commencé, l’argent saoudien l’a soutenue.

« Ils comprennent qu’ils ont besoin de nous, et nous comprenons que nous avons besoin d’eux », a dit Mike Rogers, l’ancien parlementaire républicain du Michigan qui était président du House Intelligence Committee quand l’opération de la CIA a commencé. Mr. Rogers a refusé de discuter en détail du programme classifié.

Les officiels américains n’ont pas révélé l’ampleur de la contribution saoudienne, qui est de loin la plus grande devant toute autre nation pour le programme destiné à armer les rebelles contre l’armée du président Bachar el-Assad. Mais des estimations ont placé le coût total de l’effort d’armement et de formation à plusieurs milliards de dollars.

Puisque c’est de l’histoire moderne, revenons en arrière dans le temps.

Les historiens connaissent le rôle joué par les Britanniques depuis le XVIIIe siècle, et comment ils ont contribué à l’arrivée au pouvoir de la dynastie saoudite, soutenant une union entre celle-ci et la famille el-Wahhab afin de créer une voie vers l’Inde, ou plus proche de nous, mais le même but géostratégique fut choisi par Roosevelt en 1945, créant des liens avec l’Etat wahhabite.

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Nous devrions nous souvenir du rôle des Britanniques dans la création des Frères Musulmans en Egypte dans les années 1920. Et qu’est-ce que les Frères Musulmans, sinon une franc-maçonnerie islamique, destinée à servir ou du moins à soutenir les intérêts anglo-saxons dans tous les pays où elle existe. Pour les jeux spéciaux d’équilibre et de coups d’Etat, dont les Anglo-Saxons sont les grands maîtres, je vous propose de vous intéresser aux événements qui sont arrivés en Turquie dans les années récentes, et où nous pouvons voir l’Etat kémaliste maçonnique (se tenant même du coté de l’Occident, mais probablement pas assez anti-russe) se transformer en Etat islamique avec les Frères Musulmans à sa tête.

Il y a des documents sur ces liens entre la Grande-Bretagne, l’Amérique et les Frères Musulmans, et bien sûr durant le Printemps Arabe, ces réseaux de la Tunisie à la Syrie en passant par la Libye furent utilisés par les services de renseignement américains et britanniques.

En d’autres termes, en dépit du fait que l’islam est réellement au centre de l’« environnement terroriste », à mon avis ce n’est pas de sa faute, ni même son but, mais il est simplement un instrument obéissant et manipulé des parrains anglo-saxons, et cela implique des buts géopolitiques, économiques, militaires, religieux et culturels, qui ont pour but ultime la domination mondiale de ceux qui se considèrent comme les seuls qui peuvent le contrôler.

Mais toutes ces attaques, ces « révolutions colorées », les régimes renversés, ne sont que les symptômes aigus d’autres maladies, plus graves et plus installées dans le monde, que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne.

Si nous ne comprenons pas où se trouvent les racines des grandes confrontations apportées par la vision-du-monde occidentale, nous sommes comme des docteurs qui ne traiteraient que les symptômes sans diagnostiquer la maladie. Ce que le docteur Poutine est en train de faire en Syrie, et nous savons pourquoi il doit le faire, c’est de la chimiothérapie pour éviter la mort du patient.

Et nous savons que les métastases de cette maladie peuvent demain apparaître à un autre endroit, en Macédoine ou au Monténégro, dans le Caucase du Nord ou en Moldavie, et en Transnistrie ou en Ossétie.

Essayons de comprendre comment cette idéologie anglo-saxonne est apparue.

On sait que les nations font la guerre depuis longtemps, et que l’invasion et l’incursion ou le massacre font partie de la nature humaine, et qu’aucune nation dans le monde n’est exempte de cela. Que ce soit pour envahir de nouveaux territoires ou pour défendre le leur, les peuples ont mené des guerres depuis le début des temps, et cela ne peut être changé qu’en changeant la nature humaine.

Cette vérité générale ne nous empêche pas d’examiner les détails des faits historiques et géopolitiques du passé, et d’observer que la majorité des guerres, des coups d’Etat, des révolutions et des crises qui sont apparus dans le monde avaient une source anglo-saxonne. Les guerres en Corée et en Syrie, au Vietnam, en Iran, en Angola, au Panama, en Afghanistan, en Irak, en Géorgie, en Ukraine et beaucoup d’autres sont venues de cette source. L’idéologie anglo-saxonne existe dans la réalité, et nous devons ensuite nous demander : à quoi ressemble  l’idéologie anglo-saxonne, et d’où est-elle venue ?

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne et comment fut-elle créée ?

Je pense qu’il faut remonter à l’époque élisabéthaine de la monarchie anglaise, au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Cette époque est caractérisée par des guerres religieuses, causées par la fondation du protestantisme, et sur la scène européenne, par les affrontements entre la monarchie française et la dynastie des Habsbourg. La population de l’Angleterre dans les années 1600 était seulement de 4 millions d’habitants, alors que celle de la France était de 20 millions. Cette faiblesse démographique, comparée aux puissances continentales, incluant la France et l’empire des Habsbourg, et la menace extrême de tentative d’invasion par l’Invincible Armada du roi d’Espagne Philippe II sont probablement la source de la politique que l’élite britannique mène maintenant (c’est-à-dire la politique du faible au fort) ; cela signifie causer la division et le conflit entre tous les ennemis potentiels. Son seul avantage était la Navy, et elle devait l’utiliser par tous les moyens possibles, incluant la piraterie et le commerce (les Vikings prouvèrent que les deux sont souvent liés).

A mon avis, le grand rêve britannique de puissance et d’hégémonie mondiale apparut après le retour de Francis Drake le 26 septembre 1580, quand une partie du butin qui avait été volé à l’empire espagnol et remis à la reine Elizabeth atteignit 50% du budget annuel du royaume. Pour comprendre à quel point c’est énorme, imaginez un oligarque revenant en Russie, ayant visité toutes les bourses financières dans le monde, et remettant au président Poutine environ 3 trillons de dollars pour la Sainte Russie.

Quelque chose de similaire survint à la fin du XVIe siècle avec le dernier représentant de la dynastie Tudor. Imaginez ce que furent les sentiments des « gentlemen » anglais devant cette transformation de Francis Drake, qui commença comme un non-noble, comme un homme de mer, et qui devint l’un des hommes les plus riches d’Angleterre, et fut même anobli par la Reine après avoir volé les trésors du royaume d’Espagne. Après ses exploits il devait devenir un exemple à suivre, et en particulier l’un de ses nombreux continuateurs dont il faut se souvenir est Walter Raleigh, puisque je sais qu’il fut le premier à comprendre l’hégémonie anglo-saxonne dans le monde. En fait, ce gentleman (une sorte de pirate et d’aventurier, qui fut décapité à la Tour de Londres), jusqu’à sa mort, réussit à écrire un ouvrage simplement intitulé « Histoire du Monde », qui déclare : « Qui commande la mer commande le commerce ; qui commande le commerce du monde commande les richesses du monde, et par conséquent le monde lui-même ». 

Il me semble que cet extraordinaire exploit de pirate causa ce désir de parvenir à la domination mondiale grâce à la Navy et à la capture de la richesse des autres peuples.

Ce désir fut transmis de génération en génération pendant des siècles dans le monde anglo-saxon (à travers deux canaux, souvent reliés l’un à l’autre : le canal exotérique de l’Université et le canal ésotérique de la Maçonnerie), et en particulier, les paroles de Mackinder soulignent cela : « Qui domine l’Europe orientale commande le Heartland ; qui domine le Heartland commande l’Ile Mondiale ; qui domine l’Ile Mondiale commande le monde ».

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Le fait le plus intéressant est que ces trois hommes de trois époques différentes partagent tous trois un rêve commun de domination absolue sur le monde. C’est la nature profonde de l’idéologie anglo-saxonne : une complète hégémonie dans toutes les affaires mondiales, ce qui signifie qu’elles sont décrites, avec l’arrogance habituelle, comme la gouvernance globale et la continuation du Grand Jeu que Kipling, un franc-maçon, décrivit au XIXe siècle.

Et ce Grand Jeu doit être gagné par la majorité des grands acteurs sur la scène mondiale ; cette petite nation britannique, dont la population au XVIe siècle était seulement de 4 millions d’habitants, a répandu dans le monde les pseudopodes du Commonwealth et de la Grande Amérique : ce qu’ils appellent les « cinq yeux » (le Royaume-Uni, les USA, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande).

En d’autres mots, le terrorisme, couvé par les Anglo-Saxons (haute finance, mafias, services secrets, et cercles de réflexion), auquel le monde fait face, est une arme pour la déstabilisation partielle (le World Trade Center, Charlie Hebdo, les attaques terroristes de Paris le 13 novembre), créée pour choquer les gens et leur faire accepter de profondes transformations sociales qu’ils n’accepteraient pas dans un contexte normal, ou une arme de déstabilisation complète (Libye, Syrie), créée pour conduire des coups d’Etat politiques ou la dissolution d’un pays en structures différentes. Les mêmes méthodes de terrorisme « modéré » peuvent être utilisées, comme la manipulation des têtes faibles (Anders Breivik), pour punir tout pays dont l’orientation politique est « mauvaise ». Il est clair que les attaques terroristes des dernières années en Russie entrent dans cette catégorie.

Puisque la matrice de l’idéologie anglo-saxonne existe encore, le monde va faire face à des conflits incessants.

Les nations libres peuvent s’opposer à l’idéologie anglo-saxonne et à ses fantaisies dans le monde, mais le monde ne compte plus beaucoup de nations libres, et le cancer occidental a affecté de multiples régions du monde.

La Russie est l’une de ces nations libres qui sont capables de guider le monde et l’éloigner de l’hégémonie anglo-saxonne.

La principale condition préalable est qu’elle doit vouloir le faire !

Pour qu’elle ait la volonté de le faire, il faut qu’elle ait une vision-du-monde développée et qu’elle rejette l’« idéologie » mondiale, ce qui peut être une véritable alternative au système qui tue les nations. Cette alternative (conservatrice, bien sûr) doit s’exprimer, se développer, et offrir des perspectives au monde, ainsi que la séparation et l’opposition vis-à-vis du monde occidental, qui est enfermé dans ses propres contradictions et dans son idéologie pernicieuse.

La Russie doit trouver en elle-même ses propres ressources – elle les a – pour se restructurer en utilisant ses propres valeurs, tourner le dos à toutes les idées matérialistes, marxistes et libérales, et remettre l’omnipotence de l’argent à sa juste place. Peut-être est-il temps de refermer la fenêtre ouverte par Pierre le Grand ? La Russie n’est pas en retard.

La Russie existe, c’est un fait, et c’est très simple : c’est la Mère-Patrie, la matrice, et le pays de tous les commencements.

Mais pour que cette révolution arrive (cette fois-ci, une révolution bénéfique), il faut que la Russie se débarrasse du système occidental et de ses virus exportés, nommés la « cinquième colonne » par certains experts.

L’année dernière, passant à Moscou avec des amis, avant de me rendre dans le Donbass, je fus très surpris de voir qu’il y a un World Trade Center sur les rives de la Moskova ! Un World Trade Center ? Pour qui ? Pour les Russes ou pour les traders de Wall Street ?

Et le coté diabolique du système occidental est parfois caché dans les plus petits détails, incluant les détails juridiques, par exemple dans la Constitution.

Prenez par exemple l’article 13 de la Constitution Russe de 1993, dont le premier paragraphe déclare : « Dans la Fédération Russe, la diversité idéologique sera reconnue » (je ne suis pas sûr que l’idéologie de Navalny ou des Femen apporte quelque chose de positif à la Russie), et le second : « aucune idéologie ne peut être établie comme idéologie d’Etat ou obligatoire » (partie 1.2, article 13 de la Constitution).

En d’autres termes, la Russie ne s’autorise pas à avoir une vision-du-monde. Lorsqu’une nation ne s’autorise pas à avoir une vision-du-monde qui serait la sienne, cela signifie qu’elle suivra inévitablement l’idéologie dominante. Aujourd’hui l’idéologie dominante est l’omnipotence de l’argent.

Je crois fermement que la Russie veut jouer un rôle crucial dans les années à venir, afin de ramener l’équilibre dans le monde. Il est difficile de transmettre cette idée, parce que l’âme russe est à la fois introvertie et modeste, et elle n’a pas l’habitude de prétendre être universelle, du moins dans l’interprétation française ou anglo-saxonne de l’universel.

La Russie a proclamé sa vérité au monde deux fois dans son histoire. La première fois fut au nom de la Sainte Alliance, quand Alexandre 1er tenta de dévier les idées néfastes de la Révolution française. La seconde fois fut au contraire au nom de ces mêmes idées que les bolcheviks répandaient sur le territoire russe, en même temps que l’idéal prolétarien. Cela peut être compris comme la résistance à l’idéologie bourgeoise et à l’omnipotence de l’argent.  Tout n’est pas mauvais dans l’idéologie de Marx.

En dehors de ces courtes périodes de l’histoire russe, l’ours russe préfère rester dans sa tanière et surveiller son miel, donnant de temps en temps un coup de patte à ceux qui s’approchent trop près.

Mais cependant, imaginez avec le moine Philothée que Moscou soit la Troisième Rome depuis la chute de Constantinople, que sa mission est d’assurer l’Orthodoxie, c’est-à-dire au sens littéral la juste doctrine : alors Moscou ne peut pas se limiter à la protection de l’Orthodoxie sur son seul territoire. Ivan III, par son mariage avec Zoé Paléologue, qui fut la nièce du dernier empereur de l’Empire romain d’Orient, fit de la Russie l’héritière de l’aigle à deux têtes, un symbole d’harmonie, de paix et de lien spirituel. Ce puissant symbole, regardant à la fois vers l’Occident et vers l’Orient, et figurant aussi sur les armoiries russes, fait que les héritiers de Vladimir Monomaque étendent leurs vues au-delà des frontières.

La Russie du XXIe siècle, faisant face à l’idéologie occidentale qui a des racines anglo-saxonnes et qui est maintenant définie par le nihilisme et l’absence de toute guidance spirituelle, devrait proposer aux Nations Unies une nouvelle Sainte Alliance, pour rallumer l’espoir en un monde meilleur.

Alors que l’idéologie du système veut faire disparaître toutes les nations, transformer toute l’humanité en un affreux magma d’individus privés de leurs racines et de leurs cerveaux, la Russie doit proclamer sa parole au nom de toutes les nations, pas seulement au nom des  BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai.

Chaque Russe sait par cœur la dernière phrase du Manifeste communiste : « Travailleurs du monde entier, unissez-vous ! ». Le nouveau slogan de la Russie, pour débarrasser le monde de ses oppresseurs, devrait être : « Patriotes du monde entier, unissez-vous ! ». C’est cela qui devrait être une fière affirmation russe, débarrassez-vous de tous les complexes de l’Occident ! La Russie peut donner au monde bien plus que du pétrole ou du gaz. Par ses valeurs intérieures, par son amour de la liberté, par ses innombrables martyrs qui furent victimes du fascisme et du bolchevisme, elle a gagné le droit, et même le devoir, de se lever dans le but de débarrasser le monde du libéralisme anglo-saxon, qui est le dernier avatar de l’idéologie des siècles passés.

L’Idiot de Dostoïevski a cette belle phrase : « La beauté sauvera le monde ».

Dostoïevski avait raison : la beauté est un bienfaiteur qui peut sauver le monde, en s’opposant  à la laideur de la société sur laquelle règne l’argent. La Russie est-elle prête aujourd’hui à réaliser le rêve du Prince Michkine, et à forger un avenir de puissant pays, en s’opposant au Royaume de Mammon ?

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jeudi, 10 janvier 2019

L’incroyable faillite du maintien de l’ordre macronien…

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L’incroyable faillite du maintien de l’ordre macronien…

par Dominique G. Boullier

Professeur des universités en sociologie EPFL, Lausanne

Ex: https://lesmoutonsenrages.fr 

Divide et impera, ne va pas servir à grand chose, le peuple a compris qu’uni, il serait le plus fort. Une analyse sociologique de la situation depuis le début, qui éclaire sur la volonté de la macronie de diviser les gens pour tenter de garder le contrôle. 

Source: LE BLOG DE DOMINIQUE G. BOULLIER  via ArrêtsurInfo

L’incapacité à contrôler les actions violentes reste très étonnante compte tenu des effectifs mobilisés. On paye, sur le plan technique, un aveuglement par l’état d’urgence et, sur le plan politique, une approche méprisante de tout public qui manifeste. Sans réponse politique, l’apprentissage de l’émeute qui se produit actuellement peut conduire à un «mai rampant» de funeste mémoire en Italie.

Comment peut-on en arriver à un tel désordre après des années d’état d’urgence et une pratique constante de répression de toutes les manifestations, les plus diverses, alors même qu’on y met les moyens en effectifs ? La faillite touche tous les maillons : les capteurs (le renseignement), les articulations (les transmissions), la décision (le commandement et le politique), la mise en œuvre (le personnel sur place).

Après avoir travaillé pendant plusieurs années à observer in situ et à comprendre les méthodes de maintien de l’ordre jusqu’au début 2010, et avoir publié un livre sur le sujet (« Evénements et sécurité. Les professionnels des climats urbains », Presses des Mines, 2013, avec S. Chevrier et S. Juguet), je constate une évolution catastrophique des méthodes et des principes, tout en admettant les limites de mes informations actuelles, basées sur les médias, sur les récits et sur mes observations dans le secteur des Champs Elysées.

La perte de contact avec le pays réel, la faillite du renseignement

Le mouvement des gilets jaunes n’est pas structuré, il n’a pas de leader, de service d’ordre, il vient d’émerger, etc. Doit-on en conclure qu’on ne peut rien en connaitre ? Non, certainement pas, et le suivi des réseaux sociaux par les services de renseignement français s’est d’ailleurs déplacé depuis récemment sur les mouvements dits « extrémistes » puisque le terrorisme et la radicalisation islamique semblaient se mettre en veilleuse. On a donc des infos sur ce qui se dit, sur la conversation, sur sa tonalité (beaucoup d’agences font cela pour les marques), voire sur les comptes des personnes qui parlent, qui agissent pour la plupart sans masque. On peut donc savoir le degré d’énervement, les cibles potentielles, les déplacements prévus, tout au moins en partie. Evidemment, ça ne permet pas une analyse fine in situ, au moment des manifestations et sur les barrages, car dans ce cas, il faut du personnel, sur place, infiltré ou non, pour tenter de comprendre ce qui se passe et quels sont les leaders potentiels. Si cette infiltration archi connue de la part des RG à une époque ne se fait plus, serait-ce dû à la fusion des services qui a connu quelques ratés, c’est le moins qu’on puisse dire ? ou serait-ce parce qu’on ne comprend le renseignement direct que comme une arme de répression et non un outil de pilotage ? Car avec un mouvement aussi peu structuré, le travail de renseignement devrait paradoxalement servir à les aider à se structurer (et non à les casser ou à les embarquer indistinctement).

L’affrontement comme premier réflexe pour rendre impossible une vraie manifestation

Lorsque des manifestants sont arrivés sans consigne au bas des Champs Elysées lors de l’acte II, il était possible d’aller parlementer, de chercher des leaders, de les fabriquer même, de les encourager à faire un service d’ordre, si toutefois le maintien de l’ordre s’entend aussi comme protection du droit de manifester et des manifestants. Au lieu de cela, ils ont été bombardés de lacrymo immédiatement et sans distinction en absence de toute activité à risque, ce que tous les observateurs ont noté le premier samedi matin. Toutes ces personnes ont vécu un traumatisme qui s’est répercuté toute la journée et qui a détruit la confiance dans la police. Aucune discussion, aucun pilotage en commun de la manifestation n’étaient plus possibles. Mon hypothèse était qu’il fallait surtout faire peur, faire peur à de « pauvres gens » « désorganisés » qui seraient, de cette façon, rentrés chez eux à la première alerte. Et ainsi éviter de donner le spectacle d’une grande manifestation pacifique, nombreuse et réussie sur les Champs Elysées. La décision est, me semble-t-il, politique avant tout, une gestion de crise qui croit disqualifier une dynamique sociale en lui bloquant les accès et le droit de manifester.

Petit récit du 1er décembre : à la recherche de l’ombre jaune

Le comble, c’est que la même stratégie, même si appliquée de façon totalement différente, a été mise en œuvre le samedi suivant 1er décembre. La sanctuarisation des champs Elysées a abouti à empêcher un accès de masse, à grand renfort de filtrage établi sur un seul point d’entrée. J’ai pu constater que tout accès vers la partie Nord des Champs était impossible. Les groupes de gilets jaunes erraient à chercher une entrée et se retrouvaient soit repoussés vers la place de l’Etoile, soit occupaient certains carrefours, par exemple avenue de Friedland. Vraiment pas violents mais vexés d’être repoussés en marge une fois de plus alors que certains venaient de loin. Et sans qu’on sache bien d’où venait la décision, quelques-uns, peut-être plus radicaux mais pourtant pas du tout extérieurs, décidaient de créer un début de barricade et tout le monde les regardait voire même les aidait, face à une quinzaine de CRS, pas plus, auxquels se sont joints des membres de la BAC, revêtus pour certains de gilets jaunes et qui commençaient à canarder la barricade avec des lacrymo et se repliaient aussitôt. Mais rien de tout cela n’était construit ou pensé, ni d’un côté ni de l’autre d’ailleurs. A un moment, le feu a pris et la tension est montée, puisqu’un groupe a entrepris d’attaquer l’agence bancaire tout proche en y mettant le feu. Mais les CRS présents ne pouvaient strictement rien y faire, les gilets jaunes présents soutenaient plutôt, car après tout une agence bancaire semblait un objectif plus justifié qu’autre chose. Les pompiers sont arrivés, les gilets jaunes les ont laissé intervenir, car il y avait des risques pour le reste de l’immeuble. Des voitures électriques publiques avaient aussi été incendiées tout près un peu avant. Tout cela seulement au milieu de l’après-midi (16h30), bien avant l’intervention des commandos de casseurs dont on nous a parlés et qui ont occupé le terrain plus tard, à la nuit tombante. Des compagnies avec leurs camions sont arrivées sur toute la largeur de l’avenue de Friedland et ont fait fuir tout le monde qui s’est regroupé dans les rues adjacentes en errant pour trouver un but. C’est seulement plus tard, vers saint Augustin, qu’on a pu trouver un rassemblement significatif qui tenait la place, en effrayant d’ailleurs les chevaux de la police montée, dont on se demande ce qu’ils faisaient là dans un contexte aussi dangereux. Le cortège était beaucoup plus significatif avenue de l’Opéra et on peut dire que ce fut le seul moment où la foule a trouvé son compte, c’est-à-dire celui on l’on se compte, où l’on se regarde manifester et on se dit qu’on a réussi à faire masse.

Comment favoriser l’apprentissage des émeutiers

Que cherchaient les forces de l’ordre pendant tout ce temps ? Elles couraient à droite à gauche, intervenaient quand les risques d’incendie ou de pillage (qui n’interviennent vraiment que le soir, avec une autre population) devenaient trop importants mais tout l’environnement pouvait servir aux émeutiers improvisés, puisque les chantiers n’avaient pas été nettoyés de leur matériel et les voitures particulières étaient toujours en place…. et disponibles pour les incendies ! A aucun moment, si ce n’est pour certaines manœuvres place de l’Etoile, en début de soirée, ne furent organisées des opérations de conquête réelle et durable du terrain. Pour une bonne raison, c’est que les effectifs étaient insuffisants pour tenir ce terrain regagné, puisqu’une grande partie avait été consommée pour fermer les champs et pour faire en sorte que les lieux du pouvoir fussent protégés (Beauvau et l’Elysée). Le choix de protection des Champs pouvait se comprendre mais jamais cela ne s’est traduit par une stratégie de canalisation des manifestants pour leur proposer des débouchés. Résultat, leur état groupusculaire fut encore renforcé, ce qui constitua une aubaine de plus pour les groupes radicaux qui intervenaient au fur et à mesure de la journée.

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Or, il était certainement possible de laisser cette manifestation se dérouler sur les Champs, quitte à ce qu’elle montre sa puissance et fasse image spectaculaire (ce qui entraîne un prix politique certain) tout en étant largement sécurisée par les effectifs présents tout autour (à condition de laisser des portes de sortie comme toujours). Mais pour cela il eût fallu aider à sa structuration, de façon à la couper un peu plus des radicaux. Quel choix a été fait au contraire pour empêcher toute visibilité à cette manifestation ? Celui de laisser se propager le chaos comme on l’a vu, sans avoir les moyens de le résorber, si ce n’est par épuisement très tard dans la soirée. L’effet de jonction entre les radicaux et les gilets jaunes a été renforcé, l’expérience d’une forme de guérilla urbaine a été rendue facile et attractive pour des primo-manifestants, déjà très remontés, mais pas au point de passer à l’acte si on les avait encadrés. Mais n’oublions que cet apprentissage se fait aussi dans les régions. Là aussi, comme à Marseille, la réaction brutale des forces de l’ordre, incompréhensible et injuste, encourage la rage, la haine, orientée vers la police, ce qui politiquement ne donne rien mais du point de vue de l’énergie dégagée se propage très vite car le message est très simple. Préfecture brûlée ou péages détruits semblent désormais faire partie du prix à payer pour tous les manifestants et la condamnation des violences ne se traduit plus par une condamnation du mouvement, ce qui est un signe d’échec total d’emprise sur les esprits, qui redouble l’échec dans le contrôle des corps des manifestants.

Une coupure police/ peuple organisée politiquement

Depuis les capteurs jusqu’à la mise en œuvre, des maillons importants ont failli, comme par exemple, la coordination étroite avec la Mairie de Paris. La préfecture de Police a tout concentré alors qu’il eût fallu s’assurer de l’appui de toutes les parties prenantes. Mais le maillon le plus faible est à coup sûr celui de la décision, à la fois technique et politique. Les politiques ont renforcé encore le modèle sécuritaire sans se préoccuper de la liaison avec ce mouvement insaisissable. Or, des personnels de police dédiés (et des politiques) auraient pu aussi travailler à établir cette liaison non pas pour disqualifier le mouvement mais pour aider à le structurer. Paradoxalement, la meilleure chose qu’aurait pu faire le pouvoir pour sa propre survie aurait été d’aider à cette structuration, du point de vue politique comme du point de vue sécuritaire, car ce sont désormais les radicaux qui vont faire son éducation, sur la base d’une détestation radicale de la police.

Ces erreurs se sont déjà produites en banlieue, au point de créer zones de non-droit puisque la police ne peut plus y intervenir. Elles se sont produites aussi vis-à-vis de toutes les manifestations non encadrées officiellement par les partis ou les syndicats (manifs pour les migrants, pour la Palestine, pour les ZAD, etc.). Dans tous ces cas, la réaction policière a été disproportionnée, et cela dès le début de l’état d’urgence avec une manif climat Place de la République immédiatement gazée. Cette habitude de consommation élevée de lacrymo dans des contextes très pacifiques au seul motif que ces manifestations ne sont pas déclarées, crée en fait les conditions de préparation, d’entrainement même, d’éléments de plus en plus nombreux et de plus en plus radicaux qui ne reviendront plus dans le rang ou dans un processus de co-sécurisation des manifestations. Or, c’est la seule solution pour que le droit de manifester se traduise par la sécurité des manifestants eux-mêmes et du coup de tout l’environnement.

La coupure totale du gouvernement avec la population, sur le mode technocratique qui est le sien, semble se répéter du point de vue sécuritaire puisque rien n’est fait pour créer des liens, structurer les mouvements, tous immédiatement traités comme des ennemis de la république. Cette culture finit par s’étendre dans l’esprit des fonctionnaires de terrain eux-mêmes qui peuvent se sentir tout puissants et cela d’autant plus qu’ils sont en réalité impuissants à endiguer durablement ces mouvements politiquement motivés. Mais cette culture d’ennemis s’étend aussi chez les manifestants de toutes les causes, qui peuvent aisément adopter le discours anti-flic que certains développent.

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Le commando Macron face à la haine qu’il a engendrée

C’est là le grand danger. Car au bout du compte, tous ces manifestants, gilets jaunes aujourd’hui mais ZAD auparavant, ont des objectifs politiques, et n’obtiennent aucune réponse (sauf dans le cas de la ZAD, au forceps comme on le sait et avec des dérapages dans le maintien de l’ordre là aussi incroyables, visant à disqualifier et à humilier, pour être sûr qu’ils n’enregistrent pas une victoire). Or, ces sentiments d’amertume, puis de rage se transforment petit à petit en haine, ciblée clairement contre Macron lui-même (comme l’a relevé François Ruffin), avec une contagion même dans l’administration qui ne comprend ni l’arrogance ni la rigueur de ce mode de traitement non-politique des problèmes. Car on peut dire tout le mal que l’on veut du vieux monde politique, son obsession pour sa réélection et pour sa réputation était utile pour corriger le tir dès lors que le rapport de force politique était défavorable. Ce déni de politique déteint sur la politique sécuritaire qui ne sait plus créer de lien, ni de réseau, ni offrir d’alternative. C’est déjà la façon dont Valls a procédé avec une brutalité qui est encore renforcée par le modèle technocratique de gestion des confits du commando Macron (puisqu’ils admettent avoir pris le pouvoir en mode commando). Mais le commando risque de trouver à très court terme de vrais commandos en face de lui, dans la rue voire ailleurs, car leur haine pour l’instant désorganisée commence à se cristalliser grâce à l’apprentissage actuel à grande vitesse. Et la faillite du maintien de l’ordre face à des foules désorganisées ne pourra qu’être encore aggravée par les débuts de structuration violente qui pourrait en résulter.

Le spectre d’un mai rampant et de ses conséquences

Cette évolution sera présentée comme une radicalisation mais ce genre de grille d’analyse n’est d’aucune utilité pour comprendre cette diffusion d’une forme de « sécession institutionnelle » : aucun relais institutionnel ne peut plus avoir prise sur ces colères et les plus positifs du mouvement finissent par reconnaitre que seule la violence permet de capter l’attention du pouvoir. Cette situation n’est pas inédite, contrairement à ce qu’on dit. C’est celle du « mai rampant » italien en 68. Les partis institutionnels étaient aussi disqualifiés malgré la force du PCI à l’époque ou en tous cas ne savaient pas répondre à la crise profonde des couches ouvrières du Piémont ou de Lombardie en particulier. Contrairement à la France, aucune explosion violente ni de grève générale durable n’avaient permis de faire soupape, d’obliger le gouvernement à de grandes négociations. La frustration qui est en résulté s’est transformée progressivement en terreau idéal pour le terrorisme des Brigades Rouges en particulier (mais Lotta Continua y a aussi participé). Dix ans de troubles et de blocages politiques jusqu’à l’assassinat de Aldo Moro n’ont pas permis d’ailleurs de réinventer des projets politiques attractifs. La décomposition des partis institutionnels français et la difficulté des partis mouvements à encadrer des mouvements populaires ne peuvent que créer les conditions favorables à une telle dérive, alors qu’elle avait été évitée (de peu) en France après 68.  Sans doute que la demande de grève générale et le renfort du mouvement ouvrier organisé pourraient atténuer cet effet de dérive lente mais certaine de nombreux éléments des gilets jaunes.

Le libéralisme autoritaire ou l’isolement définitif d’une oligarchie

De ce point de vue, la remarque de E. Todd, sur France 2, sur l’attrait du coup d’Etat est très judicieuse et inquiétante. Car toutes ces logiques de révoltes dans un contexte de dépolitisation délibérée par les élites libérales sont privées de toute chance de se construire un avenir, puisque nous vivons dans le monde de TINA. On peut dès lors comprendre ce qui se met en place du point de vue sécuritaire comme une préparation des esprits à la mainmise totale d’une oligarchie, déjà réussie sur le plan économique, réussie aussi sur le plan institutionnel par le commando Macron, et complétée par l’Etat autoritaire que l’expérience sécuritaire actuelle, aussi désastreuse soit-elle, ou parce qu’elle est désastreuse, prépare. La composante sécuritaire du libéralisme extrême est déjà mise en place idéalement en Chine à partir d’un tout autre référentiel et ne cesse de faire des envieux, tous ceux qui veulent se débarrasser une fois pour toutes du politique, c’est-à-dire du débat,  et du débat contradictoire, ce contradictoire le droit permet dans nos démocraties et sur lequel elles reposent mais qui semble sans cesse réduit au profit du « solutionnisme technico-libéral » que représente si bien le slogan macronien de la start up nation.

Via ArrêtsurInfo

Voir aussi :

Méfiez-vous du peuple ! Vous l’avez mis dans la rue, mais vous aurez du mal à la faire rentrer

Todd: « Face aux Gilets jaunes, le gouvernement cherche le chaos pour provoquer une rupture »

L’Union européenne vote pour les missiles USA en Europe

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L’Union européenne vote pour les missiles USA en Europe

par Manlio Dinucci 

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Auprès du Palais de Verre des Nations Unies, à New York, se trouve une sculpture métallique intitulée “Le Mal terrassé par le Bien”, représentant Saint Georges qui transperce un dragon avec sa lance. Elle fut donnée par l’URSS en 1990 pour célébrer le Traité FNI (INF) stipulé avec les USA en 1987, qui éliminait les missiles nucléaires à courte et moyenne portée (entre 500 et 5000 km) avec base à terre. Le corps du dragon est en effet réalisé, symboliquement, avec des morceaux de missiles balistiques étasuniens Pershing-2 (auparavant basés en Allemagne de l’Ouest) et de SS-20 soviétiques (auparavant basés en URSS). 

Mais maintenant le dragon nucléaire, qui dans la sculpture est représenté à l’agonie, revient à la vie. Grâce aussi à l’Italie et aux autres pays de l’Union européenne qui, à l’Assemblée Générale des Nations Unies, ont voté contre la résolution présentée par la Russie sur la “Préservation et la mise en oeuvre du Traité FNI”, rejetée avec 46 votes contre 43 et 78 abstentions.

L’Union européenne -dont 21 des 27 membres font partie de l’Otan (comme en fait partie la Grande-Bretagne sortant de l’Ue)- s’est ainsi uniformisée à la position de l’Otan, qui à son tour s’est totalement uniformisée à celle des États-Unis. L’administration Obama d’abord, puis l’administration Trump ont accusé la Russie, sans aucune preuve, d’avoir expérimenté un missile de la catégorie interdite et ont annoncé leur intention de se retirer du Traité FNI. Ils ont en même temps lancé un programme visant l’installation à nouveau en Europe contre la Russie de missiles nucléaires, qui seraient basés aussi dans la région Asie-Pacifique contre la Chine.

Le représentant russe à l’ONU a prévenu que “cela constitue le début d’une course aux armements à part entière”. En d’autres termes il a prévenu que, si les États-Unis installaient à nouveau en Europe des missiles nucléaires pointés sur la Russie (comme l’étaient aussi les Cruise basés à Comiso dans les années 80), la Russie installerait à nouveau sur son propre territoire des missiles analogues pointés sur des objectifs en Europe (mais ne pouvant pas atteindre les États-Unis).

Faisant fi de tout cela, le représentant Ue à l’ONU a accusé la Russie de miner le Traité FNI et a annoncé le vote contraire de tous les pays de l’Union parce que “la résolution présentée par la Russie dévie de la question qui est en discussion”. En substance, donc, l’Union européenne a donné son feu vert à l’installation possible de nouveaux missiles nucléaires USA en Europe, Italie Comprise. 

Sur une question de cette importance, le gouvernement Conte, renonçant comme ses prédécesseurs à exercer la souveraineté nationale, s’est aligné sur l’Ue qui à son tour s’est alignée sur l’Otan sous commandement USA. Et de tout l’arc politique aucune voix ne s’est élevée pour demander que ce soit le Parlement qui décide comment voter à l’ONU. Et aucune voix non plus ne s’est élevée au Parlement pour demander que l’Italie observe le Traité de non-prolifération, imposant aux USA de retirer de notre territoire national les bombes nucléaires B61 et de ne pas y installer, à partir de la première moitié de 2020, les nouvelles et encore plus dangereuses B61-12.

Ainsi est à nouveau violé le principe constitutionnel fondamental que “la souveraineté appartient au peuple”. Et comme l’appareil politico-médiatique maintient les Italiens dans l’ignorance de ces questions d’importance vitale, est violé le droit à l’information, dans le sens non seulement de la liberté d’informer mais du droit d’être informés.

Ou bien on le fait maintenant ou demain il n’y aura pas de temps pour décider : un missile balistique à portée intermédiaire, pour atteindre et détruire son objectif avec sa tête nucléaire, met 6-11 minutes.

mardi, 08 janvier 2019

La guerre commerciale aura bien lieu

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La guerre commerciale aura bien lieu

Guillaume Berlat 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Hormis les bruits de bottes qui résonnent aux quatre coins de la planète, une guerre réelle et meurtrière à maints égards fait rage dans la plus grande indifférence. Cette guerre, c’est la guerre commerciale que mène, telle une croisade païenne, le 45ème président des États-Unis. Il fut élu, à la surprise générale des diplomates, experts, journalistes, prévisionnistes de tout poil, sur un slogan simple, pour ne pas dire simpliste, l’Amérique, d’abord et avant tout (« America First »). Les mêmes feignaient d’ignorer que Donald Trump n’était pas issu du sérail politique des bords du Potomac. Et qu’il avait un grave défaut pour un politicien traditionnel, il fait ce qu’il dit, y compris pour mener à bien ses idées les plus baroques. Le président américain n’a que faire du droit, des conventions internationales. Il veut imposer un sérieux aggiornamento des règles du commerce mondial et se lance dans un durable bras de fer avec la Chine. Pour ce qui est de la désunion européenne, il s’agit d’une simple promenade de santé tant le courage n’est pas la vertu cardinale de ce colosse aux pieds d’argile.

UN AGGIORNAMENTO DES RÈGLES DU COMMERCE MONDIAL

Donald Trump est avant tout un homme d’affaires qui sait ce que compter veut dire. Il ne s’embarrasse pas de théories fumeuses. Il est un praticien dur en négociation. Pour lui, tout échange doit être équilibré, gagnant/gagnant. Fini le temps des concessions octroyées par ses prédécesseurs aux Chinois qui inondent le marché américain de produits « made in China » tout en lui pillant ses technologies de pointe, aux Européens (plus spécialement les Allemands) qui exportent aciers, automobiles… Pour l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais, il était grand de temps de mettre un point final à cette symphonie d’une Amérique bienveillante, aux contrats qu’il juge léonins, à cette pétaudière multilatérale. Désormais, c’est la loi du talion qui doit gouverner les relations internationales. Au diable, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui fait le jeu des Chinois alors que ces derniers ne respectent pas les règles du jeu. Au feu, les G7 et autres G20 et leurs communiqués à l’eau de rose qui servent les délinquants du commerce international. Le mot d’ordre est clair, réciprocité. Le signal est rapide, le Tweet ravageur qui règle en 140 signes un problème complexe. Le procédé est simple, sanction et extraterritorialité du droit américain. Au passage, on se débarrasse des concurrents encombrants que sont les actionnaires d’Airbus que l’on met à genou pour favoriser Boeing, sous de fallacieux prétextes(1). La méthode est brutale. Téhéran ne veut pas répondre au Diktat américain, on lui inflige des trains de sanctions dont l’Iran aura le plus grand mal à se remettre. Il n’y a plus d’alliés dans cette guerre mondiale. Il n’y a que des concurrents ennemis potentiels de l’Amérique impériale. Gare à celui à qui il viendrait l’idée saugrenue de se mettre en travers du bulldozer américain. Il lui en coûtera. Le cadre général du débat est posé. Pour ceux qui n’auraient pas compris le message de l’homme à la mèche blonde tel qu’il ressort de ses déclarations et de ses saillies, on demande au secrétaire d’État américain (l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères), Mike Pompeo (ex-directeur de la CIA) de faire la leçon aux Européens dans leur capitale d’opérette en carton-pâte qui a pour nom Bruxelles(2). Une sorte de village Potemkine à la sauce libérale.

UN BRAS DE FER DURABLE AVEC LA CHINE

Donald Trump considère qu’il n’est plus possible de tolérer un tel déficit commercial avec une Chine impériale et « impérieuse »(3), pas qu’un pillage systématique des technologies américaines. Il faut y donner un sérieux coup d’arrêt. Le différend prend deux dimensions.

Une dimension commerciale, tout d’abord. Washington lance ses premières fatwas qui ne sont pas suivies d’effet du côté chinois. Et comme Pékin semble ne pas comprendre la méthode douce, on passe aussitôt (mars 2018) à la méthode force : coercition et sanction pour démontrer sa détermination à ne pas laisser les choses traîner. On allume alors le deuxième étage de la fusée en imposant des droits de douane dissuasifs sur une impressionnante de produits chinois. Et ce qui devait se produire se produit. Dès le mois d’avril, la Chine réplique par l’imposition de taxes sur 123 produits américains. Et le jeu des sanctions et des contre-sanctions se prolonge. Il faudra attendre le G20 de Buenos Aires (censé traité de la réforme des règles du commerce mondial et de l’OMC) pour qu’en marge de cette réunion Donald Trump et Xi Jinping décide d’une trêve. Mais pour combien de temps encore ? Une réunion entre experts des deux pays a lieu à Pékin le 7 janvier 2018. C’est le remake de la célèbre politique du bâton et de la carotte.

Mais, le problème prend une dimension diplomatique, ensuite. Quand les États-Unis mènent une guerre commerciale, ils ne lésinent pas sur les moyens. Ils exigent et obtiennent du Canada l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des telécoms Huawei, qui est à Pékin ce qu’Apple est à Washington. Que lui reproche-ton ? Rien d’autre que d’avoir violé l’embargo américain contre l’Iran, et de tomber sous le coup d’une législation que les Américains entendent imposer au monde entier. Les Chinois réagissent en arrêtant deux Canadiens sur leur territoire. La réponse du berger à la bergère. Les États-Unis et le Canada demandent, le 21 décembre 2018, la « libération immédiate » de deux Canadiens emprisonnés en Chine et au centre d’une crise diplomatique entre Ottawa et Pékin après l’arrestation au Canada d’une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei. Affaire à suivre… Derrière l’affaire qui touche les géants des télécoms se joue la rivalité stratégique entre la Chine et les États-Unis(4).

« Quelle que soit l’issue de ce bras de fer, les Européens seraient bien inspirés de ne pas rester l’arme commerciale au pied, en jouant les idiots du village global »(5). Or, nous n’en sommes pas encore là !

UNE PROMENADE DE SANTÉ AVEC L’UNION EUROPÉNNE

Les Diktats commerciaux américains (menaces d’imposition de droits de douanes exorbitants sur l’acier et l’aluminium, en mars 2018, en violation des règles de l’OMC accompagnées de l’application extraterritoriale du droit américain) s’accumulent régulièrement sur l’Union européenne (ainsi que sur ses États membres, en particulier l’Allemagne). Et sans que cela ne suscite, jusqu’à présent du moins, de réactions dignes de ce nom, hormis quelques borborygmes inaudibles (Tweets du genre : « Donald Trump est du mauvais côté de l’histoire ») de la commissaire européenne au commerce, Anna Cecilia Malmström (suédoise au nom prédestiné) ou de menaces de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce dont le fonctionnement est paralysé par l’Amérique du nord. L’Union européenne, qui exerce une compétence entière sur ces matières, a-t-elle définie une stratégie claire, un plan d’action, un dialogue stratégique ou tout autre gadget du genre dont elle a le secret ? Pas du tout. Elle préfère s’occuper à des questions techniques ou juridiques qui n’ont pas le moindre intérêt pour les citoyens européens. Laissant ainsi le soin à chacun des Vingt-Sept États membres de réagir à sa manière. Berlin va négocier directement à Washington pour faire exempter de droits de douanes ses exportations d’automobiles vers les États-Unis. Paris, par la voix de son inefficace ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les déclarations lyriques et viriles qui ne changent rien à l’affaire. Il est vrai que l’addition de vingt-sept lâchetés n’a jamais conduit à une politique commerciale européenne courageuse et crédible face à la détermination de Donald Trump et à ses Oukases. Le fameux diviser pour mieux régner fonctionne à la perfection. Lors du sommet UE/Chine du 16 juillet 2018 à Pékin, le tandem Juncker/Tusk ne saisit pas l’occasion du différend américano-chinois pour poser le problème du commerce entre la Chine et l’Europe en termes de réciprocité et mettre des propositions concrètes sur la table. On préfère s’en tenir aux toasts diplomatiques célébrant la vigueur de l’amitié entre l’Empire du milieu et l’empire du néant.

Au-delà de sa dimension purement commerciale qui n’est pas négligeable, cette crise est avant tout une crise de la mondialisation. Crise qui n’est traitée jusqu’à présent que par des gesticulations, des provocations verbales, de coups de communication. Ces faux remèdes ne font qu’aggraver le mal. Les institutions internationales compétentes sont neutralisées. Les chefs d’État s’exposent dans une surcommunication à outrance, pratiquant le narcissisme stérile et l’irresponsabilité totale. Résultat, les crises s’ajoutent aux crises : celles de la mondialisation, de la régulation internationale, du multilatéralisme, de l’Europe, de l’autorité…, en vérité une crise géopolitique (« l’ère des cauchemars », Nicolas Tenzer). Cependant, tout cela n’aura aucun sens si l’on croit s’en tirer grâce à un remède miracle. Il faudra bien répondre un jour à la question de l’avenir de la gouvernance mondiale au XXIe siècle. Le veut-on ? Le peut-on ? Si le diplomate-écrivain, Jean Giraudoux écrivait en 1935 « La guerre de Troie n’aura pas lieu », nous pouvons dire, sans grand risque d’erreur en cette fin d’année 2018 et en ce début d’année 2018, que la guerre commerciale avec les États-Unis aura bien lieu.

Notes:

(1) Chloé Aeberhadt/Marie-Béatrice Baudet/Vincent Nouvet/Stéphanie Pierre, La justice américaine enquête sur Airbus, Le Monde, Économie & Entreprise, 21décembre 2018, pp. 1-2-3.

(2) Guillaume Berlat, Mike Pompeo : Requiem pour le multilatéralisme, www.prochetmoyen-orient.ch , 17 décembre 2018.

(3) Éditorial, La Chine, puissance impérieuse, Le Monde, 22 décembre 2018, p. 19.

(4) Alain Frachon, Huawei dans la bataille, Le Monde, 21 décembre 2010, p. 22.

(5) Jack Dion, Le symbole Huawei, Marianne, 14-19 septembre 2018, p. 30.

L’Amérique latine en quête d’indépendance

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L’Amérique latine en quête d’indépendance

par Oscar Fortin

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L’histoire de l’Amérique latine nous apprend que cette dernière a été et continue d’être considérée comme « la cour arrière des États-Unis ». La doctrine Monroe en consacre la légitimité et donne à Washington tous les pouvoirs sur le Continent.

1) Les États-Unis ont reconnu, l’année précédente, l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ne sont  plus ouvertes à la colonisation européenne.

2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.

3) En contrepartie, les États-Unis n’interviendront jamais dans les affaires européennes.

La doctrine de Monroe se résume en définitive comme suit : « l’Amérique aux Américains ».

De fait, la reconnaissance de l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines de la part de Washington permettait à ce dernier de se défaire de la présence des pays colonisateurs européens tout en ouvrant toute grande la porte pour qu’il puisse y régner en maître. L’indépendance de ces pays serait respectée dans la mesure où ces derniers harmoniseraient leurs politiques avec ses propres intérêts. De là l’expression bien connue qui qualifie l’Amérique latine comme étant la « cour arrière des États-Unis ».

On ne saurait comprendre ce qui se passe, présentement, en Amérique latine sans faire référence à cette Doctrine Monroe qui ne répond qu’aux intérêts de Washington. L’histoire des conflits du siècle dernier et ceux d’aujourd’hui illustrent de manière claire et sans équivoque le veto unilatéral de Washington sur l’indépendance et la souveraineté des pays du Continent latino-américain.

La révolution du Peuple cubain (1958-1959), sous la direction de Fidel Castro, visant la destitution du dictateur Batista, en était une qui reposait sur l’indépendance et la souveraineté de ce peuple. De toute évidence, Batista était l’homme de main de Washington lui permettant d’agir à sa guise à Cuba. Nous connaissons de plus en plus l’histoire de cette révolution qui fut et est toujours victime de l’interventionnisme de Washington. Le seul « blocus économique » qui dure depuis plus de 59 ans et que condamnent, année après année, les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies représente un véritable crime contre l’humanité.

La révolution du Peuple chilien (1973) reproduit les mêmes comportements de Washington à l’endroit de l’indépendance et de la souveraineté de ce Peuple. À la différence de Cuba où régnait un dictateur, Salvador Allende prit le pouvoir en respectant le cadre démocratique prévu à la constitution chilienne.  Ses politiques se sont concentrées sur la récupération des richesses du pays, dont le cuivre occupe une place importante, pour en faire bénéficier le peuple. Il a agi avec les pouvoirs d’un État indépendant et souverain, dans le respect du droit international. C’était déjà trop. Washington avait déjà préparé tout son arsenal politique, économique et militaire, pour en finir avec le gouvernement de Salvador Allende. Nous connaissons l’histoire des bombardements de la Moneda (édifice du parlement chilien), de la trahison du général Augusto Pinochet ainsi que tous les crimes qui en ont suivi.

La révolution du peuple vénézuélien (1998), sous la direction d’Hugo Chavez s’impose par une élection libre et démocratique qu’il remporte avec grande majorité. Donnant suite à ses promesses électorales, il procède dès les premiers instants à la rédaction d’une nouvelle constitution, écrite et voulue par le peuple. Soumise à un référendum, l’année suivante, elle fut acceptée avec une très grande majorité. Il s’agit d’une révolution qui consacre la démocratie participative, donnant ainsi au peuple un droit de regard et d’intervention dans l’exercice des pouvoirs de l’État. Il s’agit également d’une révolution de format socialiste, humaniste, chrétien et anti-impérialiste. Encore là, Washington et les oligarchies locales ne l’entendirent pas de la même manière. Au diable, la démocratie, en avril 2002, le gouvernement est victime d’un Coup d’État et son président, Hugo Chavez, est enlevé de force et détenu en un endroit secret. En un rien de temps, le peuple et l’armée restée fidèle sont descendus dans les rues et ont repris le contrôle de la résidence du Président et arrêter les auteurs de ce coup d’État. Depuis lors, les tentatives d’intervention pour éliminer ce gouvernement n’ont cessé. Le 11 janvier prochain, on annonce une intervention musclée pour empêcher l’assermentation du  président Nicolas Maduro, élu avec grande majorité, en mai dernier, pour le mandat allant de 2019 à 2025.

Je pourrais ajouter à ces révolutions celles de la Bolivie, avec Evo Morales, du Brésil, avec Lula et Dilma Rousseff, de l’Équateur, avec Rafael Correa, du Nicaragua, avec Daniel Ortega, d’Argentine avec Hector y Cristina Kirchner. Le format d’intervention est toujours le même : guerre économique, désinformation sous toutes ses formes , mise à contribution des épiscopats catholiques qui s’apparentent bien souvent aux forces de l’opposition politique.

C’est dans ce contexte que se présente la grande alliance du Vatican et de Washington. Pendant que ce dernier veut récupérer ses pleins pouvoirs sur les gouvernements de l’Amérique latine, le Vatican veut se défaire de tout ce qui raisonne communisme, socialisme, anti-impérialisme, etc. À toute fin pratique, les deux s’entendent sur les mêmes ennemis sans pour autant partager les mêmes objectifs.

En 1982, à la bibliothèque du Vatican, un premier Pacte a été signé entre le pape Jean-Paul II et Ronald Reagan.  Ils en étaient à leur premier contact. Il s’agissait, à cette époque, de la Pologne et des mouvements socialistes en A.L, dont la théologie de libération qui en  faisait partie.

En 2014, un second Pacte est signé, cette fois entre le pape François et Obama. Ce dernier n’arrive toujours pas à se libérer de Maduro au Venezuela, de Lula et Dilma Rousseff au Brésil, de Daniel Ortega au Nicaragua, etc. L’aide du Vatican et des épiscopats nationaux de ces pays s’impose.

Dans certains de ces pays, les épiscopats utilisent à plein régime la « religion » avec tous ses symboles pour discréditer les gouvernements au pouvoir et soulever le peuple contre ces derniers. Ils assument, pratiquement en totalité, les fonctions d’une opposition qui a perdu toute crédibilité. Ils en arrivent eux-mêmes à perdre la leur. Ça sent beaucoup la « religion opium du peuple ».

Liens:

https://www.mondialisation.ca/nouveau-pacte-entre-le-vati...

http://www.elcorreo.eu.org/Nouveau-pacte-entre-le-Vatican...

https://www.courrierinternational.com/article/2005/04/07/...

http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/lamerique-latine...


- Source : Humanisme Blogspot

lundi, 07 janvier 2019

Le soulèvement en France, l’anatomie du populisme et la remise en cause de la matrice

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Le soulèvement en France, l’anatomie du populisme et la remise en cause de la matrice

par Alexandre Douguine

 
Article original de Alexandre Douguine, publié le 27 novembre 2018 sur le site Fort Russ
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Les manifestations en France, symbolisées par des gilets jaunes, couvrent une part de plus en plus importante de la société. Les experts politiques ont déjà qualifié ce mouvement de « nouvelle révolution ». L’ampleur du mouvement des « gilets jaunes » est déjà si sérieux qu’il est absolument nécessaire d’analyser ce phénomène de manière détaillée.

Il s’agit d’une manifestation vivante du populisme européen moderne. Le sens du populisme en tant que phénomène issu de la structure politique des sociétés issues de la Grande Révolution française et basé sur la confrontation entre la droite et la gauche, est en train de changer radicalement.

Les mouvements populistes rejettent ce schéma politique classique gauche/droite et ne suivent aucune attitude idéologique stricte, ni de droite ni de gauche. C’est la force et le succès du populisme : il ne joue pas selon les règles préétablies. Néanmoins, le populisme a sa propre logique : malgré toute sa spontanéité, il est tout à fait possible de retracer une certaine logique et même les débuts d’une idéologie populiste qui prend forme sous nos yeux.

Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’élite politique dans son ensemble, sans faire de distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le « soulèvement de la périphérie de la société contre son centre ». Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch (1932-1994) a désigné la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne comme la « révolte des élites ».
Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la « révolte des masses », dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le logos européen.

Mais Christopher Lasch a noté une nouvelle tendance politique : ce sont les élites qui détruisent la culture et le logos européen aujourd’hui. Ces nouvelles élites occidentales, qui n’ont atteint le sommet du pouvoir que par leur ingéniosité et leur immense volonté de pouvoir, sont bien pires et plus destructives que les masses.
Une personne ordinaire maintient encore quelques traditions culturelles ; il est presque impossible de trouver un « prolétaire pur ». Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas de sens aristocratique, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la « nouvelle élite », des personnes appartenant non pas à des groupes périphériques, mais à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – et sont devenus dominants parmi eux. C’est cette populace perverse, selon Christopher Lasch, qui forme la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.
En conséquence, le populisme – y compris le populisme des gilets jaunes – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel le deux poids, deux mesures, les normes du politiquement correct, la démagogie libérale règnent.

Selon ces « nouvelles élites », le peuple et la société, dans leur état actuel, n’ont pas leur place dans ce monde. C’est pourquoi la représentante typique de la « nouvelle élite », Hillary Clinton, dégoûtée par le succès du populiste de droite Trump, a ouvertement insulté les Américains ordinaires – comme étant déplorables, ce qui veut dire « honteux ». Les « déplorables » ont choisi Trump – non pas parce qu’ils l’aimaient, mais pour répondre à la « sorcière mondialiste » Clinton.

Macron est un représentant du même type de « nouvelle élite ». Il est curieux qu’à la veille des élections, le journal français Libération ait publié le titre « Faites ce que vous voulez, mais votez Macron ». C’est une paraphrase évidente d’Aleister Crowley, qui s’est proclamé au XXe siècle comme l’Antichrist et la Bête 666 : « Fais ce que tu veux, c’est la seule Loi. » En d’autres termes, les foules obéissantes devaient voter pour Macron non pas pour des raisons rationnelles, non pas à cause de ses idées et de ses vertus, mais simplement parce que c’est la loi impérative de l’élite au pouvoir. Et le mépris des élites à l’égard des masses obéissantes et assassinées est si visible qu’elles ne se donnent même pas la peine de les séduire par des promesses qui ne seront pas tenues : « Votez pour Macron, car c’est un ordre et on n’en parle plus. » Votez et vous serez libres. Sinon, vous êtes déplorables. Et c’est tout.

En Italie, la moitié de la population a voté pour les populistes de droite de la Lega, et l’autre moitié pour les populistes de gauche 5 étoiles, et ensemble ces partis ont réussi à créer le premier gouvernement populiste de l’histoire européenne.

Et maintenant en France. Et bien qu’en France, il n’y ait pratiquement aucun contact politique entre le populisme de droite du Front national et le populisme de gauche de Mélenchon, mais il est aujourd’hui uni dans la révolte héroïque des gilets jaunes. Les gilets jaunes sont déplorables, aussi bien à droite qu’à gauche (mais pas dans la gauche libérale, ni la droite libérale). Les populistes de droite sont terrifiés par les nouvelles politiques insensées de l’élite concernant l’immigration et la destruction des vestiges de l’identité française. Les populistes de gauche sont outrés par les politiques économiques désastreuses des libéraux, qui ne défendent que les intérêts des grandes entreprises : Macron est un protégé des Rothschild et cela montre de quel côté il est…
Les gilets jaunes se rebellent contre Macron comme contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de la droite ou de la gauche classique. Macron est de gauche en faveur de la migration, de la protection des minorités, de la légalisation de la dégénérescence et du soi-disant « marxisme culturel », mais de droite (droite libérale) sur le plan économique, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. C’est un pur mondialiste, qui ne dédaigne pas une déclaration directe de son appartenance à la Franc-maçonnerie (son fameux signe de la main, représentant un triangle), même avec des slogans directs sataniques : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.
Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent être unis politiquement, l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, alors les gilets jaunes le feront à la place des dirigeants politiques qui cherchent à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de tout le système, contre la mondialisation, contre le totalitarisme libéral, contre « l’état actuel des choses ». Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot « peuple » (populus, le peuple) dans le concept de « populisme » doit être compris littéralement.

Ce ne sont pas des masses abstraites ou un prolétariat impersonnel – ce sont les derniers êtres vivants en date qui se sont soulevés contre la puissance mondiale de la progéniture mondialiste, les rebelles (comme le croit Lasch) de la culture et de la civilisation, mais aussi envers l’homme comme tel, les gens, Dieu.

Aujourd’hui, il n’y a plus de droite ni de gauche : seul, le peuple est contre l’élite. Les gilets jaunes créent une nouvelle histoire politique, une nouvelle idéologie. Macron n’est pas un nom personnel, c’est une étiquette de la Matrice. Pour atteindre la liberté, il a besoin d’être annihilé. Ainsi parlent les gilets jaunes, et ils disent la vérité …

Aleksandre Gelyevich Douguine est un philosophe, un analyste politique et un géostratège russe, et un auteur – plus connu internationalement pour son livre ‘The Fourth Political Theory’. Il entretient des liens étroits avec le Kremlin et l’armée russe, ayant été conseiller du président de la Douma d’État Gennadiy Seleznyov, et membre clé du parti au pouvoir, Russie unie Sergei Naryshkin. Il réside à Moscou, supervise le travail de Géopolitika et inspire le travail du mouvement eurasien.

Traduit du Russe (RT) par Geopolitika – édité par J. Flores for FRN.

La guerre psychologique derrière l’effondrement économique

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La guerre psychologique derrière l’effondrement économique

par Brandon Smith

Article original de Brandon Smith, publié le 20 décembre 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


L’idée d’utiliser l’économie comme une arme n’est pas étrangère à la plupart des gens. En général, nous comprenons la nature du féodalisme et comment divers groupes peuvent être parqués en troupeaux dans des plantations centralisées où ils sont exploités pour leur travail. Certains y voient une conséquence du « capitalisme », d’autres une extension du « socialisme/communisme ».

Malheureusement, beaucoup de gens pensent à tort que l’un est une solution pour l’autre – ce qui signifie qu’ils pensent que le capitalisme des copains est une solution à la centralisation communiste ou que le communisme est une solution à la corruption du capitalisme des copains. La réalité, c’est que ce n’est qu’un autre faux paradigme.

Le plus troublant, c’est que la majorité de l’opinion publique n’a aucune idée de la véritable solution au problème des économies corrompues ou totalitaires : les marchés libres.

Les marchés libres n’ont pas existé au sein de l’économie mondiale à grande échelle depuis au moins cent ans. L’essor de la banque centrale a érodé tous les vestiges de la liberté de production et de commerce. Le capitalisme des copains, qui se concentre sur le pouvoir des entreprises et le monopole, n’a rien à voir avec le libre marché, malgré les arguments des socialistes plutôt naïfs qui blâment le « libre marché » pour les problèmes du monde. Si jamais vous entendez quelqu’un faire cette affirmation, je vous suggère de lui rappeler que les corporations et leurs avantages sont une création des gouvernements.

La protection du statut de personne morale, la responsabilité limitée, la taxation inéquitable de la concurrence des petites entreprises et la législation protégeant les sociétés contre les poursuites civiles sont toutes des mesures prises par le gouvernement. Par conséquent, les corporations et le capitalisme des copains sont beaucoup plus le produit de systèmes de type socialiste que des marchés libres. Dans un véritable marché libre, dépourvu d’ingérence et de favoritisme constants de la part du gouvernement, les entreprises ne pourraient exister et seraient anéanties au fil du temps par l’environnement concurrentiel. Et sans responsabilité limitée, les magnats du monde des affaires qui violent la primauté du droit et causent du tort à autrui seraient passibles de poursuites personnelles et d’emprisonnement au lieu de simplement payer une amende. Le rapport coût/bénéfice des entreprises corrompues disparaîtrait et les entreprises corrompues s’enliseraient.

Au cœur même de la combinaison du pouvoir des corporations et de la protection du gouvernement (ce que certains pourraient appeler la définition classique du fascisme), se trouvent les banques centrales, les institutions globalistes et les élites bancaires qui les soutiennent. Les banques centrales sont les gardiennes des différentes plantations (nations) et supervisent l’exploitation de ces sociétés et leur travail. Les grandes constructions globalistes comme le FMI ou la Banque des règlements internationaux sont les décideurs politiques des banques centrales nationales. Ils transmettent la stratégie et les banques centrales la mettent en œuvre de concert. Au sommet de la pyramide se trouvent les groupes des « tables rondes » et les banquiers internationaux eux-mêmes, qui récoltent les fruits du cycle de pillage.

Comme l’a écrit Carroll Quigley dans son livre Tragedy And Hope, spécialiste, initié globaliste et mentor de Bill Clinton :

« Les puissances du capitalisme financier avaient un autre objectif de grande portée, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier aux mains d’entités privées capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie du monde dans son ensemble. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales du monde entier agissant de concert, par des accords secrets conclus lors de fréquentes réunions et conférences privées. Le point culminant du système devait être la Banque des règlements internationaux à Bâle, en Suisse, une banque privée détenue et contrôlée par les banques centrales du monde entier qui étaient elles-mêmes des sociétés privées. Chaque banque centrale cherchait à dominer son gouvernement par sa capacité à contrôler les prêts du Trésor, à manipuler les devises étrangères, à influencer le niveau de l’activité économique dans le pays et à influencer les politiciens coopératifs par des récompenses économiques ultérieures dans le monde des affaires. »
C’est une notion facile à comprendre, je pense. C’est-à-dire que l’idée d’oligarques, le 1% si vous voulez, qui contrôlent les 99% restants par le biais d’un levier économique est quelque chose dont la plupart des gens peuvent convenir, qu’ils s’identifient à la droite politique ou à la gauche politique. Ils n’ont peut-être qu’une vague idée des faits derrière cette conspiration, mais ils l’ont vue en action dans leur vie quotidienne et ils savent qu’elle est réelle. C’est ici que la plupart d’entre eux commencent à perdre de vue l’ensemble de la situation….

Pour beaucoup, la conspiration est un sous produit de la recherche du profit. C’est-à-dire qu’ils ne voient pas cela comme un effort conscient et organisé, mais plutôt comme une avidité inconsciemment motivée. Cela me rappelle la réplique la plus célèbre du film « The Usual Suspects » :

« Le plus grand tour que le diable ait jamais joué était de convaincre le monde qu’il n’existait pas. »

Toutes les preuves nous assurent de façon écrasante que la conspiration est pleinement consciente, organisée et délibérée. Ce n’est pas un sous-produit affreux ou aléatoire de la recherche du « profit ». C’est absurde si l’on considère l’ampleur de la coordination nécessaire ou le nombre de groupes de réflexion et de conférences secrètes qui ont lieu chaque année, du Council on Foreign Relations au Tavistock institute, à la Commission trilatérale, au Brookings Institute, à Davos, au Bilderberg et à des milieux encore plus étranges comme le Bohemian Grove. Ce sont de véritables centres de pouvoir qui peuvent avoir une grande influence dans notre vie quotidienne.

Ignorer tout cela et le réduire à une extension « naturelle » de la cupidité, c’est poser stupidement sa tête molle et spongieuse dans les mâchoires du mal organisé tout en prétendant ne pas sentir l’odeur de sa gingivite.

Les mécanismes de contrôle des globalistes sont cependant beaucoup plus complexes que la simple exploitation des flux monétaires ou de l’accumulation de la dette. De nombreux militants de la liberté qui ont accepté la réalité du contrôle institutionnalisé de l’économie refusent encore de reconnaître un autre mécanisme de contrôle très réel – l’utilisation de l’effondrement économique. Je ne sais pas pourquoi cette idée est prise de façon aussi farfelue par des gens qui sont déjà versés dans les faits derrière le globalisme. Leurs préjugés ne leur permettent tout simplement pas de considérer l’environnement de façon objective et de voir l’utilité de l’effondrement comme une tactique pour obtenir plus de levier et d’influence.

Je crois que la clé pour comprendre l’économie et le monde en général est d’accepter la vérité que presque tout ce qui est fait dans le monde de la politique et des finances l’est pour manipuler la psychologie publique à certaines fins. C’est-à-dire que le véritable champ de bataille est l’esprit humain ; tout le reste est secondaire.

Mais à quelles fins fais-je allusion ? Pour être plus précis, les masses sont constamment poussées à plus de dépendance, plus de peur, moins d’autosuffisance et moins de conscience du grand projet. Nous sommes encouragés à boxer avec nos propres ombres, à produire pour le système mais pas pour nous-mêmes, à lutter pour des gains minimes dépensés au hasard pour des objectifs insignifiants, à nous battre les uns avec les autres pour des miettes tout en restant aveugles aux énormes parasites collés sur notre dos, à nous associer à des causes sans intérêt menées par des politiciens fantoches et une opposition contrôlée, à ne rien construire nous-mêmes, à attendre toujours un héros sur un cheval blanc qui viendra nous sauver.

Essentiellement, nous sommes constamment distraits ou mis en garde contre notre tendance naturelle à vouloir établir des marchés libres – des marchés libres en terme de pensée, dans le commerce, dans l’information, au gouvernement, etc. Les globalistes sont même prêts à faire effondrer des systèmes économiques entiers pour empêcher ce résultat et pour nous garder piégés dans la centralisation. Cette prison est une prison mentale, en grande partie. À tout moment, nous pourrions nous éloigner du modèle totalitaire et construire nos propres systèmes de marché libre. Mais arriver à ce point, psychologiquement, amener les gens à faire les premiers pas, c’est la partie la plus difficile.

L’économie, telle qu’elle est mise en œuvre par les globalistes, n’est pas une question de profit. Il s’agit parfois de pressurer la population pour en extraire du travail ou des biens matériels, mais c’est un avantage secondaire. En réalité, l’économie consiste à façonner les esprits ; elle vise à changer la psychologie de millions de personnes. Il s’agit d’effacer la conscience innée et la boussole morale. Il s’agit de détruire des principes sociétaux et un patrimoine enraciné. Et parfois, il s’agit d’effacer complètement l’histoire, de tuer la plus grande partie d’une génération, puis d’écrire une nouvelle histoire mieux adaptée à l’idéal globaliste, ce qui est beaucoup plus facile quand il y a si peu de gens qui se souviennent de la vérité pour en débattre.

Les globalistes présentent la plupart, sinon tous les traits des sociopathes narcissiques, qui s’organisent parfois en groupes coopératifs tant qu’il y a une promesse de gain mutuel et une structure de domination par le haut. Les sociopathes narcissiques sont connus pour utiliser la crise comme un moyen de garder les gens autour d’eux en déséquilibre et de servir leurs intérêts. Leur but ultime est rarement le profit. Au lieu de cela, ils cherchent le pouvoir, le pouvoir sur tous les aspects de la vie de chaque personne qui les entoure. Un minimum de pouvoir ne suffit pas. Ils veulent un contrôle total, et ils utiliseront tous les moyens pour l’obtenir, y compris les menaces d’ingénierie sociale et les catastrophes pour obtenir la conformité ou pour se présenter comme un héros ou un « protecteur » nécessaire.

Un sociopathe ne se contente pas de contrôler les gens par la peur ou la violence. Il veut que ses victimes l’aiment, qu’elles le considèrent comme un sauveur et non comme un tyran.

Pour être bien clair, le but de la subversion économique est de briser l’esprit humain et de le changer en quelque chose d’autre ; quelque chose de moins humain ou, à tout le moins, de moins rebelle. On ne peut contrôler les gens par l’endettement et les fausses récompenses pendant si longtemps avant qu’ils ne commencent à reculer et à se révolter. L’effondrement économique, par contre, peut changer fondamentalement les gens par une terreur persistante et par une tragédie. Par le traumatisme, les globalistes espèrent faire des hommes des monstres ou des robots.

Le système actuel n’a jamais été conçu pour durer. Notre économie est vouée à échouer, mais peu de gens semblent se demander pourquoi ? Ils se disent que c’est parce que la cupidité a conduit l’élite financière à l’auto-sabotage, mais c’est un fantasme. Ce n’est pas seulement que le système est conçu pour échouer, mais qu’il est conçu pour échouer selon un calendrier organisé.

Le magazine globaliste The Economist a annoncé en 1988 l’avènement d’un système monétaire mondial unique, qui serait lancé en 2018 et qui nécessiterait le déclin de l’économie américaine et du dollar pour ouvrir la porte à une remise à zéro. Ce n’est pas un hasard si nous assistons aujourd’hui au début d’un crash financier majeur au dernier trimestre de 2018. Ce crash a été provoqué à partir de 2008 par les banques centrales, d’abord par l’inflation d’une bulle historique englobant presque toutes les catégories d’actifs au moyen de mesures de relance et de taux d’intérêt proches de zéro, cette bulle est aujourd’hui crevée par ces mêmes banques centrales, qui utilisent des mesures de resserrement pour affaiblir leur économie.

Ce n’est pas non plus un hasard si les globalistes ont annoncé en 2018 leur intention de s’adapter à un système monétaire numérique utilisant la technologie de la chaîne de blocs et la crypto-monnaie. C’est-à-dire que le système monétaire mondial prévu dans The Economist est déjà en place. Ils n’attendent qu’une crise assez importante pour faire pression sur la société afin qu’elle accepte la centralisation totale à l’échelle mondiale comme solution.

Forcer le public à adopter la centralisation à l’échelle mondiale exigerait plusieurs mesures. Premièrement, le système actuel, qui, comme on l’a dit, est voué à l’échec, devrait être autorisé à s’effondrer. Deuxièmement, il faudrait blâmer quelqu’un d’autre que les globalistes et leur idéologie du globalisme.
Troisièmement, les opposants philosophiques au globalisme (conservateurs, nationalistes et activistes de la décentralisation) devraient être diabolisés ou éliminés pour que les globalistes puissent construire leur nouvel ordre mondial sans opposition. Quatrièmement, il faudrait que la population soit suffisamment traumatisée au point d’être psychologiquement soumise et désespérée pour que, lorsque le nouveau système sera mis en place, elle en soit reconnaissante, ce qui empêcherait toute rébellion future en faisant du public un coopérateur volontaire à son propre esclavage.

Le succès d’un tel plan n’est pas garanti. En fait, je crois que les globalistes échoueront en fin de compte dans leur entreprise, comme je l’ai souligné dans des articles précédents. Cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas essayer. Les militants de la liberté doivent accepter le fait que le plan des globalistes implique la destruction délibérée de notre économie actuelle. Ceux qui refusent se sentiront déconcertés par l’issue des développements financiers futurs, au lieu d’être préparés. Ils se trouveront facilement subjugués, au lieu d’être prêts à se rebeller. Et ils se demanderont pourquoi ils ne l’ont pas vu venir alors que la fin du match était si évidente.

Brandon Smith

dimanche, 06 janvier 2019

Bogdan Herzog : sortez le pétrole du pétrodollar, sortez le dollar du narcodollar

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Bogdan Herzog : sortez le pétrole du pétrodollar, sortez le dollar du narcodollar

Bogdan Herzog

Traduction française par Chlodomir

Conférence Internationale “Financial capitalism and its alternatives for the 21st century. Contributions to the 4th Economic Theory” (Le capitalisme financier et ses alternatives pour le XXIe siècle. Contributions à la 4e Théorie économique).

Chișinău, 15 décembre 2017

J’ai récemment lu l’interview du Pr. Douguine dans le magazine The Economist. C’est une interview très intéressante qui permet d’exprimer notre vision-du-monde à une audience non-eurasiste plus grande. J’ai moi-même distribué le matériel à un certain nombre de gens et il a été apprécié même par des personnes qui n’ont pas forcément la même perception de la réalité que nous. Le professeur s’avère être un intellectuel hautement distingué, un digne adversaire du libéralisme et cela peut être apprécié par des gens neutres et même par des ennemis.

Cependant, je prends l’exemple d’une question posée par l’interviewer et de la réponse du Pr. Douguine, où je proposerais une approche différente. La question posée était : « Pourquoi pensez-vous que l’autre civilisation, l’anglo-saxonne, réussit économiquement mieux que la civilisation eurasienne ? », et la réponse fut la suivante : « Précisément parce que l’économie est, pour vous, le destin. Pour nous, c’est l’esprit qui est le destin. Si vous placez une valeur matérielle comme la plus haute valeur, alors vous avez mieux réussi en cela ».

Bien que je comprenne le raisonnement philosophique et religieux qui se trouve derrière la réponse, incluant que l’on ne peut pas servir deux maîtres, Dieu et Mammon, je préférerais une approche plus directe et économiquement orientée à une telle question. Etonnamment ou pas, Marx, du moins dans ses premiers écrits, avait une approche similaire à celle du Pr.  Douguine sur cette question.

En ce qui me concerne, je voudrais d’abord noter la manière dont la question est structurée. C’est une affirmation : « L’Occident est meilleur pour développer des systèmes économiques », déguisée en une question. Répondre à la question en tentant de donner une explication revient à accepter la supposition de l’interviewer. C’était un piège. A mon avis, la réponse aurait dû être la suivante : « La civilisation anglo-saxonne n’est pas meilleure pour développer des systèmes économiques. Sa prospérité actuelle est due au fait qu’elle peut imprimer une quantité illimitée d’argent à partir de rien et qu’elle a la capacité militaire et politique à obliger les autres à l’accepter comme moyen de paiement ». C’est un vol déguisé. Obliger les autres à abandonner leurs valeurs pour rien est une forme de vol. C’est la source de leur prospérité, pas seulement leur obsession pour les biens matériels. En d’autres mots, l’Occident est meilleur pour imposer son point de vue dans le monde entier, pas pour développer des systèmes économiques supérieurs.

Et ils sont très bons pour quelque chose d’autre aussi, pour présenter leur propre intérêt comme étant, d’une manière ou d’une autre, dans l’intérêt général de l’humanité, de l’humanité en général. Ils sont les maîtres du culot ! C’est comme si un dealer de drogue, ou un voleur, demandait à un enseignant ou à un ouvrier : « Pourquoi pensez-vous que je suis plus riche que vous ? ». La réponse peut être philosophique : « Vous êtes préoccupé par l’argent », mais elle peut aussi être plus directe : « Parce que vous êtes un voleur ».

C’est un aspect important, ce n’est pas quelque chose à négliger. Puisque nous sommes en guerre, du moins dans le domaine des idées, ne laissons pas l’ennemi tenir le haut du pavé. Stratégiquement nous ne voulons pas mener une bataille pénible. Nous avons l’avantage moral même dans le monde de l’économie, et il faut rappeler cela à l’ennemi et au grand public. Nous avons affaire à un empire bâti par des voleurs, des pirates et des dealers audacieux, qui arrivent toujours au nom d’idées généreuses, comme la « liberté » et le « libre-échange », et qui repartent les poches pleines d’argent. Ce sont les gens qui nous font la leçon aujourd’hui !

Donc, mon premier message est : ne laissez pas l’ennemi prendre l’avantage moral. J’étayerai mes affirmations plus tard, avec quelques cours d’histoire, plus précisément sur les guerres de l’Opium.

Mais nous allons faire une très brève récapitulation de la nature de l’actuel système économique, et des manières possibles de le rendre plus juste.

Comme je l’ai dit avant, la prospérité de l’Occident est basée sur deux facteurs : l’impression de monnaie et la capacité d’obliger les autres à l’accepter. Puisque n’importe qui, n’importe quelle nation ou même des non-nations peut émettre de la monnaie (à Hong-Kong par exemple les billets de banque sont imprimés par des banques commerciales), il est évident que dans cette équation le facteur important est la capacité à imposer son usage. L’actuel système monétaire a un nom, le pétrodollar. Ce n’est pas par hasard. Cela vient du fait qu’en 1971, quand les Américains mirent fin à la convertibilité du dollar en or, ils la remplacèrent par la convertibilité en matières premières, et spécialement, mais pas exclusivement, en pétrole. La capacité militaire et politique des Américains à imposer leurs vues aux producteurs de pétrole, et à les obliger à vendre leurs produits en dollars, est la clé du système. La même logique peut être étendue à toutes les matières premières et au commerce international en général. La présence de troupes américaines au Moyen-Orient assure la domination du dollar sur le marché pétrolier, leur présence en Europe assure une certaine parité entre l’euro et le dollar, et ainsi de suite. Je n’entrerai pas dans les détails, mais je voulais souligner qu’en fin de compte tout se ramène au pouvoir. Ce pouvoir n’est pas limité à la capacité d’imposer un certain accord commercial à une troisième nation, mais aussi à sécuriser les voies d’approvisionnement ainsi que certaines régions.

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Pour créer un système économique meilleur et plus juste, il ne suffit pas de signer des accords de commerce bilatéraux exprimés dans d’autres monnaies. Des corridors de transit et de protection pour les pays désireux de commercer en utilisant d’autres monnaies devront être assurés. Bien sûr ce sont des réalités bien connues. L’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie et les événements du Moyen-Orient sont la preuve du fait que ces idées de base ont été comprises et que des pas sont faits dans la bonne direction. Nous devons sortir le pétrole du pétrodollar. C’est le second message du jour.

Enfin, je voudrais attirer votre attention sur une zone plus cachée, opaque, que je considère comme importante. Il y a un précédent historique au pétrodollar, en tant que monnaie fiduciaire basée sur la projection de pouvoir. Je parle de la narco-livre (britannique). Au début du XIXe siècle, les Britanniques enregistrèrent des déficits considérables dans leur commerce avec la Chine. A ce propos, c’est la Chine, et non l’Occident comme l’affirme erronément le reporter de The Economist, qui, sauf pendant 150 ans, fut le centre de l’activité économique de la planète.

Au début du XIXe siècle, exactement comme aujourd’hui, la Chine n’était pas intéressée par les produits que les Britanniques pouvaient lui offrir en échange et demandait que les dettes commerciales soient réglées par le paiement d’argent réel sous la forme de lingots d’argent. Quelle fut la solution découverte par les Britanniques pour stopper l’écoulement du « fleuve » d’argent ? Ils obligèrent les Chinois à s’adonner à la drogue, et quand ces derniers tentèrent de s’y opposer, ils déclarèrent la guerre à la Chine. Deux fois. Tout cela au nom du libre-échange et de la paix, bien sûr. Je voudrais ajouter que certaines des plus grandes banques et sociétés commerciales d’aujourd’hui ont leurs racines dans cette affaire infâme : HSBC, Jardine Matheson, Swire, etc. On peut dire la même chose de nombreuses familles « nobles », qui devinrent des lords, des pairs et des chevaliers de l’Empire britannique. Mais nous ne les nommerons pas aujourd’hui.

Pourquoi cela est-il important aujourd’hui ? Parce qu’aujourd’hui, tout comme 200 ans auparavant, le trafic de drogue est entre les mains des mêmes réseaux. L’opium est produit en Afghanistan à des niveaux record, même selon les statistiques officielles de l’ONU. Même chose pour la cocaïne de Colombie, un autre protectorat. Pourquoi cela a-t-il lieu ?

Certains disent que c’est parce que l’argent généré par les drogues est nécessaire pour financer les opérations clandestines, les dénommées « black-ops ». Peut-être, mais pour moi cette réponse est insuffisante. Ce genre d’argent est requis pour des pays de second ordre. Le système qu’utilisent la CIA et le Pentagone dispose déjà de la machine à imprimer l’argent ! Il peut envoyer tout l’argent qu’il veut, partout où il le désire. Il peut créer des sociétés fictives et leurs comptes peuvent être remplis à volonté. Donc pourquoi ont-ils besoin de contrôler le marché de la drogue et en quoi cela est-il relié au pétrodollar ?

Le système monétaire lui-même est dirigé exactement comme un cartel de la drogue. La FED américaine est l’équivalent du producteur, les banques nationales représentent les réseaux de distribution, et les banques commerciales représentent les dealers de rue. Un système de blanchiment assure la distribution des fonds et des profits. Le produit fini, l’argent, génère bien sûr sa propre addiction.

Crude-Oil-268x300.pngL’argent qui provient des drogues a deux caractéristiques : il est en grandes quantités et il est généré en cash. Le problème pour le syndicat de l’argent est de s’assurer que cet argent est réintégré dans le système bancaire, sinon il pourrait finir dans de mauvaises mains, qui pourraient demander des avoirs réels en retour. Cela pourrait bien sûr générer des déséquilibres majeurs et des fluctuations de la monnaie. Alors que dans le système bancaire, l’argent sera blanchi et distribué à travers le mécanisme du blanchiment.

Vous souvenez-vous de Pablo Escobar qui cachait des milliards de dollars en cash dans la jungle colombienne ? Je suis certain que c’est l’une des principales raisons de son élimination. Ce n’était sûrement pas pour éliminer le trafic de drogue, qui a explosé depuis. Nous devons sortir le dollar du narcodollar. C’est le troisième et dernier message pour aujourd’hui.  Pourquoi ?

Pour l’instant le système n’a pas besoin du trafic de drogue pour financer les opérations clandestines « black-ops », mais il a besoin de s’assurer que ce trafic, comme tout trafic, soit effectué dans sa monnaie et que l’argent cash revienne dans le système. De même que le pétrole, l’énergie, le cuivre ou le zinc, l’héroïne et la cocaïne doivent être payés en argent généré à partir de rien, en dollars.

Il est aussi important d’avoir la capacité de cibler avec des drogues la population des Etats rivaux. De ce point de vue, l’Afghanistan est idéalement situé à la frontière des deux principaux rivaux du système, la Chine et la Russie. En même temps, ce pays présente l’avantage que les réseaux de distribution qui en proviennent traverseront les pays musulmans d’Asie Centrale, et donc des réseaux de distribution de drogue à base ethnique peuvent être développés, créant des prémisses pour de futurs conflits interethniques.

L’annihilation des centres de production de drogue n’est pas seulement nécessaire pour le bien de la population. Leur sortie hors du système du dollar créera d’importants déséquilibres monétaires. La monnaie sortira du système et ne reviendra plus jamais, ajoutant une pression supplémentaire aux déficits commerciaux existants. Les bénéficiaires secondaires dans les pays secondaires devront être financés directement et cela requerra la redistribution des ressources.

C’est une ironie du destin, ou une justice karmique peut-être, qu’en sortant le dollar du narcodollar, l’Eurasie pourra rendre au monde anglo-saxon le cadeau empoisonné que ce dernier lui a donné il y a 200 ans. Nous ne parlons pas d’encourager la consommation de drogue de la manière dont l’ont fait les Anglo-Saxons, parce que ce serait une infamie, mais la neutralisation de cette arme, aujourd’hui encore entre les mains du système, tout en concurrençant le pétrodollar, fera renaître le « fleuve d’argent » qui sortait de l’Occident et entrait en Eurasie au XVIIIe siècle. Cela signifierait le retour à l’économie réelle.

Bogdan Herzog.