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lundi, 16 mars 2009

Mai 1995: Intervention de R. Steuckers à Milan sur la personnalité de J. Thiriart

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

 

Intervention de Robert Steuckers à Milan sur la personnalité de Jean Thiriart (mai 1995)

 

L'éclatement de la seconde guerre mondiale survient quand Jean Thiriart à 18 ans et qu'il a derrière lui une adolescence militante à l'extrême-gauche. Il vivra la toute première phase de sa vie d'adulte pendant la grande guerre civile européenne. Comme tous les hommes de sa génération, de sa tranche d'âge, il sera, par la force des choses, marqué en profondeur par la propagande européiste de l'Axe, et, plus précisé­ment, par celle que distillait dans l'Europe occupée, la revue berlinoise Signal, éditée par le catholique eu­ropéiste Giselher Wirsing, qui fera une très grande carrière dans la presse démocrate-chrétienne con­ser­vatrice après 1945. Comment cette propagande a-t-elle pu avoir de l'effet sur un garçon venu de l'“autre bord”, du camp anti-fasciste, du camp qui avait défendu les Républicains espagnols pendant la guerre ci­vile de 36-39? Tout simplement parce que le mythe européen des nationaux-socialistes avait remplacé le mythe de l'Internationale prolétarienne, la solidarité entre Européens, prônée par Signal, ne différait pas fondamentalement, à première vue, de la solidarité entre prolétaires marxistes, car le monde extra-eu­ro­péen, à cet époque, ne comptait pas beaucoup dans l'imaginaire politique. Il faudra attendre la guerre du Vietnam, la décolonisation, la fin tragique de Che Guevara et l'idéologie de 68 pour hisser le tiers-mon­disme au rang de mythe de la jeunesse. A cette époque, l'appel à une solidarité internationale en vaut un autre, qu'il soit national-socialiste européen ou marxiste internationaliste.

 

A la différence de l'internationalisme prolétarien de l'extrême-gauche belge d'avant 1940, l'“interna­tio­na­lisme” européiste de Signal replace la solidarité entre les nations dans un cadre plus réduit, un cadre con­tinental, qui, du coup, apparaît plus rapidement réalisable, plus réaliste, plus compatible avec les im­pératifs de la Realpolitik. Plus tard, en lisant les textes de Pierre Drieu La Rochelle, ou en en­tendant force com­mentaires sur son option européiste, le jeune Thiriart acquiert la conviction que, désor­mais, plus au­cu­ne nation européenne ne peut prétendre s'isoler du continent et du monde sans sombrer dans un déclin mi­sérable. Face aux puissances détentrices de grands espaces, telles les Etats-Unis ou l'URSS de Sta­li­ne, les vieilles nations européennes, pauvres en terres, risquent très vite de devenir de véritables “na­tions prolétaires” face aux “nations riches”, clivage bien mis en exergue, dès les années 20, par Moeller van den Bruck, Karl Haushofer, et le fasciste italien Bartollotto.

 

En 1945, cette vision s'effondre avec le IIIième Reich et le partage de Yalta, qui se concrétise rapidement et culmine avec le blocus de Berlin et le coup de Prague en 1948. Thiriart connaît la prison pour collabora­tion. En 1947, il en sort et travaille dans l'entreprise d'optique de son père.

 

En 1952, la lecture d'un ouvrage du journaliste économique Anton Zischka frappe son imagination. Il s'intitule Afrique, complément de l'Europe  et propose une fusion des potentiels européens et africains pour faire pièce aux deux grands, alors que les empires coloniaux sont encore intacts. Au même moment, Adenauer, Schumann et De Gasperi jettent les pre­miers fondements de l'Europe économique en forgeant un instrument, la CECA, la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier. A la suite des accords “Be­ne­lux”, les premières frontières sont sup­primées entre les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Pour les anciens fidèles de l'Axe, du moins ceux dont l'engagement était essentiellement dicté par un euro­péisme inconditionnel, ces ouvertures constituent une vengeance discrète mais réelle de leur idéologie. Mais Dien-Bien-Phu tombe en 1954, au moment où se déclenche la Guerre d'Algérie qui durera jusqu'en 1962, et avant que les premiers troubles du processus d'Indépendance du Congo n'éclatent en 1959. Cette effervescences et cette succession de tragédies jettent les européistes, toutes tendances con­fondues, dans le désarroi et surtout dans un contexte politique nouveau.

 

Thiriart croit pouvoir exploiter le mécontentement des rapatriés et des déçus de l'aventure coloniale, en se servant d'eux comme d'un levier pour mettre à bas le régime en place, accusé d'avoir été réimporté en Europe par les armées américaines et de ne pas se conformer aux intérêts réels de notre continent. Deux struc­tures seront mises sur pied pour encadrer ce mécontentement: le MAC (Mouvement d'Action Ci­vi­que) et le CADBA (Comité d'Action et de Défense des Belges d'Afrique). Après le reclassement des an­ciens colons belges dans de petits boulots en métropole, Thiriart perd une base mais conserve suffi­sam­ment d'éléments dynamiques pour lancer son mouvement «Jeune Europe», qui ne dissimule plus ses ob­jec­tifs: œuvrer sans relâche à l'avènement d'un bloc européen, débarrassé des tutelles américaine et so­vié­tique. Pour atteindre cet objectif, Jeune Europe suggère essentiellement une géopolitique et un “phy­si­que poli­tique”. Avec ces deux batteries d'instruments, l'organisation compte former une élite politique in­sen­sible aux engouements idéologiques circonstantiels, affirmatrice du politique pur.

 

Sur le plan géopolitique, Jeune Europe, surtout Thiriart lui-même, élaborera des scénarii alternatifs, visant à long terme à dégager l'Europe de ses assujettissements. C'est ainsi que l'on a vu Thiriart proposer une alliance entre l'Europe et le monde arabe, afin de chasser la 6ième Flotte américaine de la Méditerranée, à donner aux industries européennes de nouveaux débouchés et à la forteresse Europe une profondeur stratégique afro-méditerranéenne. Ensuite, Thiriart envisage une alliance entre l'Europe et la Chine, afin d'obliger l'URSS à ouvrir un second front et à lâcher du lest en Europe de l'Est. Mais cette idée d'alliance euro-chinoise sera reprise rapidement par les Etats-Unis: en 1971, Kissinger s'en va négocier à Pékin; en 1972, Richard Nixon est dans la capitale chinoise pour normaliser les rapports sino-américains et faire pression sur l'URSS. Surtout parce que les Etats-Unis cherchaient à mieux contrôler à leur profit les mines du Katanga (le Shaba actuel), même contre leurs alliés belges, Thiriart avait sans cesse dénoncé Washington comme l'ennemi principal dans le duopole de Yalta; il ne pouvait admettre le nouveau tandem sino-américain. Dès 1972, Thiriart préconise une alliance URSS/Europe, qui, malgré le duopole de Yalta, était perceptible en filigrane dans ces textes des années 60. Thiriart avait notamment critiqué la formule de Charles De Gaulle («L'Europe jusqu'à l'Oural»), estimant que l'ensemble russo-soviétique ne pouvait pas être morcelé, devait être pensé dans sa totalité, et que, finalement, dans l'histoire, le tracé des Monts Ourals n'avait jamais constitué un obstacle aux invasions hunniques, mongoles, tatars, etc. L'idée d'une «Europe jusqu'à l'Oural» était un bricolage irréaliste. Si l'Europe devait se réconcilier avec l'URSS, elle devait porter ses frontières sur le fleuve Amour, le Détroit de Béring et les rives du Pacifique.

 

Mais durant toute la décennie 70, Thiriart s'est consacré à l'optique, s'est retiré complètement de l'arène politique. Il n'a pu peaufiner sa pensée géopolitique que très lentement. En 1987, cependant, une équipe de journalistes américains de la revue et de la télévision “Plain Truth” (Californie), débarque à Bruxelles et interroge Thiriart sur sa vision de l'Europe. Il développe, au cours de cet interview, une vision très mûre et très claire de l'état géopolitique de notre planète, à la veille de la disparition du Rideau de Fer, du Mur de Berlin et de l'effondrement soviétique. Les Etats-Unis restent l'ennemi principal, mais Thiriart leur suggère un projet viable: abandon de la manie de diaboliser puérilement leurs adversaires, deal en Amérique latine, abandon de la démesure, efforts pour avoir des balances commerciales équilibrées, etc. Thiriart parle un langage très lucide, jette les bases d'une pratique diplomatique raisonnable et éclairée, mais ferme et ré­solue.

dimanche, 15 mars 2009

La Turquie exerce son chantage contre le projet européen Nabucco

La Turquie exerce son chantage contre le projet européen Nabucco

Ex: http://www.insolent.fr/

090309 Plus rapide que Phileas Fogg, Mme Clinton, en 8 jours, a survolé trois continents. Elle est allée faire des déclarations d'amour au monde entier, aux alliés comme aux adversaires, et par conséquent à la Turquie. À ce dernier pays, elle annonce une visite, et même, à l'avance, un grand discours du président américain en direction du monde musulman. On se demande d'ailleurs pourquoi, puisqu'il s'agit, nous assure-t-on, d'un pays laïc. Choisirait-on le Paris d'aujourd'hui pour s'adresser, urbi et orbi, à la chrétienté ?

Lors des émeutes, qualifiées d'ethniques, de Seine-Saint-Denis en 2005, certains journaux de Moscou avaient cru bon de conseiller aux Français, de cesser de regarder le monde "avec des lunettes roses". N'ayant pas été dite avec assez de force, cette utile recommandation est passée inaperçue. Elle ne nous a donc laissé comprendre, ni son urgence ni sa pertinence. De la sorte, en 2008, la crise géorgienne, puis l'affaire du passage par l'Ukraine des livraisons de Gazprom ont permis aux autorités publiques russes d'en administrer une leçon de choses, en direction, cette fois, de toute l'Europe occidentale. Il faut leur reconnaître dans cet exercice une forme de louable désintéressement, à moins qu'il s'agisse, de leur part, d'une contre-productivité involontaire. Visant à fragiliser l'image de leurs voisines en tant pays de transit, elles sont parvenues à ternir celle de leur propre compagnie nationale comme fournisseur stable et de confiance.

Une lueur d'intelligence, à ce moment-là, semble avoir traversé l'esprit des dirigeants de notre gros espace de consommation : il fallait, de toute évidence, diversifier les sources d'approvisionnement, ne plus dépendre des irrigations cérébrales d'un quelconque pétro-dictateur à la Chavez. Aux débuts de la Ve république, en France, il avait été fixé ainsi pour les importations de pétrole un taux maximum de 10 % par fournisseur. Aujourd'hui 41 % du gaz importé en Europe vient d'une seul provenance, vendu par une seule compagnie. L'ancien quota a explosé par l'insouciance des technocrates.

On ne s'étonnera donc pas que les 27 pays de l'Union européenne s'intéressent plus activement désormais à un nouvel accès aux ressources énergétiques de l'Asie centrale, via un tracé de "gazoduc" désigné sous le nom de projet Nabucco. Il acheminerait les fournitures de l'Azerbaïdjan, du Turkménistan et probablement aussi de l'Iran. Son tracé de 3 400 km aboutirait au nœud "Baumgarten" en Autriche, après avoir traversé la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Sa capacité de transport atteindrait 35 à 41 milliards de m3 par an. En octobre 2002 était signé à Vienne, un accord de coopération mettant en place un consortium en vue d’effectuer une étude de faisabilité. Celle-ci a été financée à 50 % par la Commission européenne en tant que projet prioritaire du programme TEN, Trans European Networks. Depuis septembre 2007 Johannes van Aartsen, ancien ministre néerlandais des Affaires étrangères, a été désigné coordinateur du dossier. Celui-ci correspond à un investissement évalué entre 4 et 6 milliards d'euros. La décision devrait être finalisée ce printemps et l'on prévoit la réalisation pour l'horizon 2012-2013.

Celui-ci, contournant l'imprévisible Russie, passerait nécessairement par la Turquie. Et comme celle-ci, membre de l'Otan, candidate à l'union européenne, réputée laïque et plus ou moins démocratique appartient, par là même à la sphère des pays amis beaucoup de monde se bouscule au portillon. Cinq compagnies participent à l'opération : la société roumaine Transgaz, l'autrichienne OMV, la hongroise Mol, Bulgargaz et l'associée turque Botas. S'y joindra en principe la compagnie allemande RWE.

Hélas, un pays se trouve écarté : le gouvernement d'Ankara a décidé de mettre un veto politique contre la France. Et GDF a officiellement confirmé (communiqué de février 2008) son renoncement et son intérêt pour le projet concurrent South Stream préféré par l'Italie et la Grèce. La raison de ce boycott tient à la loi mémorielle adoptée sous Jospin, afin de "reconnaître" le caractère génocidaire des massacres d'Arméniens commis en 1915 par le régime jeune-turc.

Mais le gouvernement, réputé "islamiste-modéré", de M. Erdoghan ne s'arrête pas en si bon chemin : il a décidé aussi d'exiger 15 % du gaz azéri et le droit de le revendre, en attendant peut-être de satelliser à 100 % les "frères touraniens d'Asie centrale" de Bakou, comme il semble bel et bien l'ambitionner par ailleurs pour les puits de pétrole du nord de l'Irak en zone kurde. De difficiles négociations se sont déroulées avec l'Iran des mollahs et avec le président de la république turkmène M. Gourbangouly Berdymoukhammedov. Rappelons que ce personnage joue un rôle clef car en 2013 à lui seul l'Azerbaïdjan ne pourrait fournir que 13 milliards de m3 soit 30 % de la capacité prévue par le projet.

Fort de sa situation géopolitique, l'excellent partenaire d'Ankara fait pression par ailleurs sur Bruxelles.

Aux autorités de l'Union européenne les demandes adressées par l'État turc portent, avec insistance, sur des conditions d'ordre politique : afin d'accélérer sa candidature, certes officiellement admise par la plupart des gouvernements sur le principe, mais qui piétine depuis 20 ans et même depuis l'accord d'association de 1963 avec ce qui ne se concevait encore que comme l'espace d'un marché commun.

D'autres concessions sont demandées, non seulement sur la question historique et symbolique du génocide arménien, mais également sur la solidarité actuelle et concrète des Européens avec Chypre, État membre de l'Union.

Puisqu'elle dispose d'un pareil allié, décidément l'Europe ne semble guère éprouver le besoin de se connaître d'autres ennemis.

JG Malliarakis

samedi, 14 mars 2009

Réflexions de Tomislav Sunic sur l'effondrement du bloc soviétique

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

 

Réflexions de Tomislav Sunic sur l'effondrement du bloc soviétique

L'effondrement du bloc soviétique a bouleversé les habitudes. l'Europe occidentale est désormais con­frontée à des concepts qu'elle avait prudemment refoulés pendant les quarante ans de guerre froide. Dans un ouvrage collectif récemment paru en A, 14 intellectuels de huit pays dialoguent et exposent ces fondements et ces nouveautés qui s'agencent, s'entremêlent, s'entrecroisent dans une quantité de syn­thèses nouvelles, déjà à l'œuvre ou encore en jachère. Dans cet ouvrage, nous avons remarqué les ré­ponses du politologue croate Tomislav Sunic, marquées de scepticisme et de déception, non pas par nos­talgie du monde communiste, mais par le fait qu'aucune innovation pertinente ne s'installe impérialement sur les débris du rêve marxiste (source: Gyula KURUCZ, Hrsg., Nationalismus - Identität - Europäertum, edition q, Berlin, 223 S., 1994, ISBN 3-86124-207-9). L'ouvrage se compose de sept textes de base: Tomislav SUNIC («Verfall und Glanz des Nationalismus»), Csaba G. KISS («Nationalismus und Kommunismus in Mitteleuropa»), Gyula KURUCZ («Ertragen oder mitragen? Die Chancen der ost-mitteleuropäischen Intellektuelle»), Sona SOMOLANYI («Nationale Eigenstaatlichkeit — eine historische Notwendigkeit? Der Fall Slowakei»), Rolf SCHNEIDER («Zur Lage der Ostdeutschen»), Richard WAGNER («Rumänische Geschichte») & Dimiter PAUNOW («Zünden wir eine Kerze an»). A la suite de chacun de ces exposés, cinq débats animés et courtois ont opposé les participants (1. Sur le nationalisme et la vision de l'histoire; 2. Sur le nationalisme et le post-communisme comme facteurs de déstabilisation; 3. Nationalisme d'en haut ou nationalisme d'en bas?; 4. Sur la distinction nationa­lisme/patriotisme; 5. Sur l'identité nationale, les troubles qui affectent les identités et l'Européité). C'est dans ses interventions au cours de ces débats que Sunic a été particulièrement succinct et pertinent. Ainsi:

 

p. 117: «Dans une perspective croate, le grand danger réside dans la paralysie de la communauté inter­nationale face à la guerre dans les Balkans. La Communauté Européenne, l'ONU, etc. sont sans doute de bons modèles  —je dis cela sur le ton de l'ironie—  de bons paradigmes pour mes étudiants. mais à quoi servent-ils ces modèles, ces paradigmes? Pendant trois ans, ces modèles n'ont eu aucun effet, c'est là une vérité officielle. Mais au-delà de cette vérité officielle, sur base de ma propre expérience personnelle, je crois que le danger ne réside pas dans le nationalisme ou dans une éventuelle balkanisation de l'Europe. Je crois que le plus grand danger réside  —comment pourrais-je m'exprimer clairement?—  dans le mimétisme qui affecte l'Europe de l'Est, c'est-à-dire dans une imitation servile de la démocratie occi­dentale. Et à cette imitation servile, s'ajoutent l'hédonisme, le matérialisme et le consumérisme. Personnellement, je trouve que l'oubli de l'histoire chez les Européens du Centre et de l'Est est très dan­gereux. Cet oubli de l'histoire va de paire avec l'américanisation, du moins métaphoriquement. Peut-être, paradoxalement, le communisme avait-il un avantage. Nous pouvions, quand j'étais jeune, véritablement déchiffrer les communistes, nous pouvions déchiffrer les bonzes, les cas pathologiques du communisme, morphologiquement, quasi anthropologiquement. Mais comment déchiffre-t-on aujourd'hui l'ennemi, l'hédonisme et le consumérisme? Pour moi, c'est vraiment très, très difficile. En France, on parle beau­coup d'hyperréalisme et il y a là-bas quelques sociologues et historiens qui nous parlent du syndrome “Alice au Pays des Merveilles” en Europe de l'Est, du “totalitarisme Mickey-Mouse”, etc. Je crois qu'il faut s'attaquer aussi à ce totalitarisme doux, à ce totalitarisme doux et métapolitique, qui est très vivace en Europe orientale aujourd'hui. Presque tous les Européens, de manière grotesque, disent: “Nous sommes des démocrates, nous sommes des pluralistes”. Mais la façon de le dire, le style de cette rhétorique est finalement grotesque. Je crois que nous devrions aussi abattre et briser ces mythologies modernes, et non pas seulement le communisme ou le fascisme. Nous devrions en un certain sens briser et fracasser les mythologies de la modernisation. Du moins, devrions-nous essayer. Je crois qu'elles nous apportent encore davantage de malheurs que le totalitarisme brutal et frontal, que nous avons tous vécu en Europe communiste. Le nouveau totalitarisme doux imite les démocraties de l'Ouest. Il sonne un peu faux, il est un peu grotesque, de qualité inférieure. Mais tous, en Europe de l'Est, du moins en Croatie, croient: “Oh, quel bonheur, je peux maintenant émigrer à Santa Barbara en Californie!”. Tous veulent l'Amérique, ce que je trouve pire que le communisme, dans une certaine mesure, parce que cette volonté indique un manque de véritable identité. Imiter purement et simplement, je le répète, peut avoir des conséquences terribles pour les Européens du centre et de l'est du continent».

 

p. 146: «Le terme “nationalisme” a encore beoins de recevoir une bonne définition. Il a de toutes autres connotations en Allemagne, en France, etc. Le nationalisme des “grands peuples” recèle toujours quelque danger. Le nationalisme des “petits peuples”, comme celui des Palestiniens, des Croates, des Slovaques ou des Catalans, n'apporte aucun danger dans une constellation de type libéral. Nous devrions aussi opé­rer une distinction entre le nationalisme lié à une structure étatiqueet le nationalisme lié à une donnée ob­jective telle que le peuple. Les Allemands, les Polonais, les Croates sont plus ou moins des “nouveaux venus”. Leurs Etats ont tout au plus entre 100 et 200 ans. Chez les Français et les Anglais, les choses sont fort différentes. C'est d'abord l'Etat qui est né, ensuite l'identité nationale s'est forgée petit à petit. En Allemagne, par exemple, en Croatie ou en Pologne, les choses se sont passées en ordre inversé. Il y avait une forte conscience historique, une “populité” puissante, mais, pendant longtemps, il n'y a pas eu d'Etat».

 

p. 156: «A mon avis, la conscience historique est le meilleur rempart contre le nationalisme radical. La conscience historique a été complètement détruite par le communisme. Et aujourd'hui, tous les Européens de l'Est se cherchent une toute nouvelle identité. Malheureusement, il s'agit d'une identité consumériste, ce qui n'est pas bon. Ce dont les populations, les peuples, d'Europe centrale et orientale ont besoin, c'est d'identité historique. Deuxième point, que j'aimerais soulevé, c'est celui de l'identité arti­ficielle qui repose sur l'Etat. La Yougoslavie et l'Union Soviétique était des Etats artificiels et coercitifs: pour nous, il est important désormais de nous défendre contre ces structures étatiques artificielles, que nous les combattions».

 

p. 178: «La culture de masse, je la trouve bien pire que le nationalisme et le régionalisme. Un peuple sans histoire, sans identité, n'est plus un peuple. Je crois, sur le plan métaphorique, que l'américanisation de la vie est bien pire que le nationalisme classique. En Europe orientale, aujourd'hui, on imite l'américanité, même chez ceux qui ne parlent pas un seul mot d'américain. C'est là un syndrome d'unidimensionalité, le syndrome du show de Santa-Barbara. C'est le danger que je redoute le plus pour l'avenir».

 

p. 190: «Par identité, j'entends tout d'abord mon histoire nationale. Elle est presque comme une carte d'identité métaphorique. Sans ce document, on cherche des produits de remplacement faux, comme par exemple la dictature de la “belle vie”, l'hédonisme, etc. Je me définis toujours, et je définis donc mon iden­tité, comme étant celle d'un homme concret et non pas d'un homme abstrait. Moi aussi, j'ai mon héritage. Et je dois le respecter. Et en même temps je suis un cosmopolite et j'essaie d'apprendre et de connaître d'autres mythes et d'autres langages. Nous sommes donc en présence de problèmes fort complexes».

 

p. 200: «A notre époque d'atomisation, le terme “identité” signifie tout et rien. Aux Etats-Unis et aussi en Europe occidentale, nous observons aujourd'hui l'émergence d'un nouveau type d'identité, par exemple, au sein des “nouvelles tribus”, chez les “chaotiques”. En Amérique, par exemple, il y a aujourd'hui des “pédérastes conservateurs” et des “pédérastes de gauche”. Ces deux groupes possèdent leur identité propre. Mais il s'agit d'une identité fonctionnelle et non pas d'une identité organique: raison pour laquelle nous devons toujours préciser, bien signifier de quoi nous voulons parler. Que signifie l'identité en France aujourd'hui, et que signifie-t-elle dans un pays encore plus ou moins traditionnel comme la Croatie, où on s'identifie encore à une identité populaire?».

 

p. 203: «Notre identité positive, je la comprend en premier lieu comme un retour à nos racines historiques. Pendant longtemps, j'ai dû m'identifier comme “yougoslave”, ce qui était dépourvu totalement de sens. Aujourd'hui, je peux enfin m'identifier comme Croate. Mais je dois d'abord m'identifier comme Européen. Car l'Europe est toujours un continent fait de pluralité, de différences. En comparaison avec l'unification mortelle de la vie que l'on observe aux Etats-Unis, l'Europe, la “Nation Europe” possède encore ce foison­nement de différences. Et ces différences entre les peuples et les régions signifie énergie, permet con­versations et communications».

jeudi, 12 mars 2009

La fin de la singularité française dans l'OTAN

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La fin de la singularité française dans l'Otan

La France doit-elle reprendre « toute sa place » dans l'Otan en retournant dans son commandement intégré, qu'elle avait quitté en 1966 ? Ou doit-elle conserver sa position actuelle, présente dans l'organisation, militairement engagée dans des opérations au Kosovo et en Afghanistan sous drapeau otanien mais sans participer à ses organes de commandement pour maintenir son autonomie de décision ? Le débat fait - du moins en apparence - rage dans la classe politique française. Dans quelques semaines, le sommet de Strasbourg et Kehl des 3 et 4 avril prochain, doit en principe célébrer le soixantième anniversaire de l'organisation qui, paradoxalement, a survécu au décès du Pacte de Varsovie et l'annonce du retour complet de l'enfant terrible français au sein de sa « famille » euro-atlantique.

Ce dernier geste, très attendu aussi bien à Washington qu'à Berlin, est pourtant, en grande partie, symbolique. Certes, la France pourrait obtenir deux commandements : l'un basé à Norfolk en Virginie (Etats-Unis) chargé de la conduite des transformations de l'alliance, et un autre à Lisbonne, qui accueille le QG de la force de réaction rapide (Nato Response Force, ou NRF). Le dossier n'est cependant pas totalement bouclé, car ce retour signifie une très forte augmentation du nombre d'officiers français à l'Otan et, donc, d'une réduction concomitante des contingents britannique et allemand. Et l'assentiment des 25 autres alliés. Si tous les feux verts sont obtenus, cette montée en puissance pourrait s'étaler sur trois à quatre ans.

Mais au-delà de caractéristiques techniques, ce retour scelle avant tout, symboliquement, le dernier maillon d'un rapprochement avec l'Amérique et la communauté atlantique, amorcé par Jacques Chirac. Car depuis 1995 la France, et cela en dépit de la violente controverse sur l'Irak avec George W. Bush, a déjà fait une grande partie du chemin en acceptant de participer à des missions militaires et en devenant l'un des principaux contributeurs de forces, notamment au sein de la NRF. Au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre 2001, la France n'avait d'ailleurs pas hésité à se ranger du côté de tous les alliés pour évoquer la clause de solidarité collective avec les Etats-Unis, selon laquelle une attaque contre l'un des membres est une attaque contre tous.

Mais ce sont souvent les symboles qui sont le plus sujets à polémique, surtout lorsqu'ils touchent à des concepts comme l'indépendance de la politique étrangère de la France et sa souveraineté. Des concepts qui étaient d'ailleurs au coeur de la décision du général de Gaulle dans sa lettre du 7 mars 1966 au président américain Lyndon Johnson. Pour la France, il s'agissait alors « de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamée par la présence permanente d'éléments militaires alliés ». Ce qui avait conduit notamment à l'évacuation des états-majors de l'Otan de Versailles et Fontainebleau un an après. Mais Paris avait d'autres soucis : conserver toute son autonomie de décision sur la force de frappe nucléaire six ans après la première explosion d'une bombe atomique française et refuser de suivre les Etats-Unis dans toutes leurs aventures militaires à l'étranger. Cela au moment même où ils s'engageaient lourdement dans la guerre du Vietnam.

Aujourd'hui, le contexte a profondément changé. D'une part, le monde n'est plus divisé en deux blocs. C'est d'ailleurs aussi pour se placer en dehors de cette politique de blocs et à un moment où s'amorçait une certaine détente que le général de Gaulle avait choisi de se retirer du commandement intégré, lui ouvrant ainsi la voie à un dialogue avec l'URSS et la Chine. La fin de la Guerre froide - et en dépit des nouvelles tensions avec la Russie - a une autre conséquence : celle d'avoir mis un terme à l'équilibre de la terreur entre les deux blocs par le feu nucléaire. Ce qui réduit évidemment la portée de la question de l'autonomie de la force de frappe nucléaire française vis-à-vis de l'Amérique.

Pourtant, il ne faut pas se faire d'illusions. Le retour total dans l'Otan de la France soulève au moins deux autres interrogations : quid de l'Europe de la défense ? Certes, tout est fait pour expliquer que les Américains reconnaissent enfin cette dimension européenne, mais elle restera un élément complémentaire de l'organisation atlantique, et non « autonome ». L'autre question est très simple. Le président Barack Obama ne peut que se féliciter du choix de Nicolas Sarkozy, car ce qu'il souhaite aujourd'hui le plus de la France comme de tous ses alliés, c'est l'envoi de troupes supplémentaires de leur part en Afghanistan. Il s'agit de savoir si alors Paris pourra lui dire « non ». Le mur de Berlin est tombé. La singularité française est en train de suivre. Mais jusqu'à quel point ?

Jacques HUBERT-RODIER

Source : LES ECHOS

Golfe: la Pax Americana contre l'Europe et le Japon

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ARCHIVES DE SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

 

Golfe: la pax americana contre l'Europe et le Japon

Entretien avec Stefano Chiarini

 

Stefano Chiarini, envoyé spécial au Moyen-Orient du journal Il Manifesto, est aussi le directeur des Editions Gamberetti qui, depuis trois ans, se sont spécialisées dans les thématiques de politique interna­tionale, en s'intéressant plus particulièrement à la problématique Nord/Sud, à la question palestinienne et aux minorités ethniques en Europe. Parmi les titres les plus significatifs parus dans leurs collections “Orienti” et “Equatori”, signalons "Amicizie pericolose" d'Andrew et Leslie Cockburn, sur les rapports entre la CIA et le Mossad, "Anno 501, la conquista continua" de Noam Chomsky et l'anthologie de récits "Strade di Belfast", dû à la plume du leader du Sinn Fein, Gerry Adams.

 

Q.: Quand sont nées les Editions Gamberetti?

 

SC: En gros, après la Guerre du Golfe. J'y avais été envoyé spécial. Revenu en Italie, j'ai participé à de nombreux débats sur la question et je me suis aperçu combien la réalité des faits avait été manipulée. Les mass media, le télévision en tête, mais aussi les quotidiens et les revues, nous ont donné une image complètement distordue de ce conflit. Nous avons donc voulu répondre à une exigence intellectuelle: ap­profondir le sujet et fournir une documentation adéquate sur ces événements en particulier et, de façon plus générale, sur tout ce qui se passe sur la scène moyen-orientale.

 

Q.: Que s'est-il passé réellement à Bagdad en 1991?

 

SC: On a surtout pu constater les premiers effets de la disparition de l'URSS. Quand l'Union Soviétique était là, et qu'elle était forte, les Américains n'auraient jamais osé entreprendre ce qu'ils ont entrepris. Autre aspect à prendre en considération: la guerre du Golfe a davantage été une guerre contre l'Europe et le Japon que contre l'Irak; cette guerre a été menée par l'Amérique pour qu'elle puisse contrôler directe­ment les sources d'approvisionnement énergétique. Les Etats-Unis n'ont plus agi par l'intermédiaire d'Israël. Leur rôle dans la région où se trouvent les principales sources de pétrole de la planète est apparu en pleine lumière. Depuis lors leur mainmise sur la région est allée en s'accélérant. Enfin, pour imposer la pax americana entre Israël et les Palestiniens, les Etats-Unis devaient nécessairement “redimensionner” l'unique pays encore en mesure de leur provoquer des problèmes dans la région, c'est-à-dire l'Irak, riche en pétrole, disposant d'une armée capable d'intimider ses adversaires potentiels, présentant une cohé­rence interne assez satsifaisante. Le pétrole doit donc rester aux mains des émirats et des cheiks, de tous les pays possédant des régimes de ce type, forts sur le plan économique mais faibles sur le plan mili­taire. L'Irak était l'unique pays arabe qui avait et de l'eau et du pétrole, une population assez nombreuse, un bon niveau technologique et une armée relativement solide. En puissance, c'était le pays le plus indé­pendant et le moins facile à faire chanter de toute la zone.

 

Q.: Et l'Iran?

 

SC: Je ne me réfère qu'aux seuls pays arabes. L'Iran avait été détruit préalablement par l'Irak, manifes­tement sur ordre des Américains eux-mêmes. Dont la duplicité comportementale est désormais évidente. La diplomatie américaine est prête dorénavant à détruire ou à aider les intégrismes au gré de ses conve­nances. N'oublions pas que l'Arabie Saoudite est nettement plus intégriste que l'Iran, tout en entretenant des rapports optimaux avec les Etats-Unis, au point d'être son meilleur allié dans la région.

 

Q.: Il me semble que les éditions Gamberetti ont évité jusqu'ici d'aborder le problème “islamique”, et se sont concentrées exclusivement sur les pays et les mouvements “laïques”...

 

SC: Nous nous sommes préoccupés par exemple de la question palestinienne qui est en quelque sorte la clef de voûte de la région. D'après moi, le problème n'est pas tant celui de l'intégrisme, car, comme on le voit, les Etats-Unis tentent de se rapprocher de l'Arabie Saoudite, mais bien plutôt celui de la distribution des ressources. Le thème des mouvements islamiques est certes un thème fort important, mais ne cons­titue nullement le nœud gordien du Moyen-Orient. Le nœud du problème est celui de l'accès aux plus im­portantes sources énergétiques de la planète et de la distribution des ressources. Les Etats-Unis sont tout prêts à s'allier avec ceux, intégristes ou laïcs, qui leur consentiront l'accès et le contrôle du pétrole; et sont prêts à annihiler militairement et politiquement ceux qui tenteraient de leur barrer la route.

 

(propos recueillis par Pietro Negri, pour le magazine romain Pagine Libere, n°2/1995).

mercredi, 11 mars 2009

Soutien tunisien à Ayméric Chauprade

Le soutien des Tunisiens : "Choc de civilisations" et liberté de penser

Si toute histoire n'est que narration, l'Histoire, la grande, elle aussi est une narration. Elle est faite d'agencement causal d'évènements avec la prétention de dire le réel (les évènements) et le vrai (l'agencement causal).

chau1.jpgL'Histoire ainsi faite influe sur le futur et détermine les rapports de forces actuels.

Les attentats du 11 septembre 2001 n'échappent pas à cette logique. La restitution qu'en ont faite les autorités américaines dès les premiers jours a constitué non seulement une version officielle, mais aussi une légitimation pour des actions futures (les guerres d'Afghanistan et d'Irak) et une nouvelle politique mondiale : la lutte contre le terrorisme avec le camp du Bien et l'axe du Mal...

Et si la version officielle du 11 Septembre n'était qu'une vulgaire manipulation destinée à légitimer une nouvelle politique définie bien avant ces évènements ? C'est ce qu'on appelle habituellement "la thèse du complot", largement répercutée par la fiction américaine. Nombreux sont les films et les romans où l'on voit de sombres personnages, de préférence de la CIA ou du FBI, ourdir les machinations les plus rocambolesques pour atteindre des objectifs tortueux, un peu comme un coup d'échec, en apparence sans aucune utilité, mais qui prépare une attaque fatale une dizaine de coups plus tard.

Il y a beaucoup de points d'ombre dans la version officielle du 11 Septembre. Il y a ceux qui relèvent de la science (l'effondrement total des deux tours jumelles et d'une autre tour, la tour 47, pour des raisons assez inexplicables) et ceux relatifs à l'enquête elle-même. Il y a aussi l'imbrication prouvée

des services de renseignements israéliens dans l'environnement humain des jihadistes d'Al Qaïda chargés d'accomplir les attentats. L'important, aujourd'hui, n'est pas de statuer définitivement

sur la véracité de la version officielle et des versions "alternatives", mais de ne pas verrouiller ce champ d'investigation...

Et c'est justement de cela dont il s'agit, et en France, pays de Descartes et de Voltaire ! Aymeric Chauprade est un expert en géopolitique connu et reconnu. Il a enseigné les dix dernières années dans la prestigieuse Ecole de Guerre, dépendant du Ministère de la Défense français. Il a publié en janvier 2009 un livre "Chronique du choc des civilisations" qui lui a valu, presqu'immédiatement d'être congédié par le ministre de la Défense lui-même. Son "crime" ? C'est celui d'avoir consacré son premier chapitre à l'exposition des principales réserves sur la version officielle du 11 Septembre (Voir les bonnes feuilles du livre en page 14).

Le Professeur Chauprade n'est pas un auteur farfelu qui cherche la notoriété à n'importe quel prix. C'est un expert en géopolitique et un homme de science. Il se définit lui-même comme un conservateur classique (voir l'entretien qu'il nous a accordé en page 13). Chauprade n'adhère pas à la thèse du complot, mais il trouve que les arguments présentés contre la version officielle ne manquent pas de pertinence.

Il est évident que ce qui a aggravé le "cas Chauprade" auprès de certains grands médias français est l'implication, qui reste à déterminer, des services de renseignements israéliens dans l'entourage humain des kamikazes du 11 Septembre.

La célérité de la réaction du ministre de la Défense français est vraiment curieuse. Est-il interdit de douter dans le pays de Descartes ? Les idées émises dans le livre de Chauprade sont-elle délictueuses ? A le lire, on n'y voit ni racisme, ni diffamation, ni antisémitisme. Comment comprendre la réaction massive des grands médias pour défendre le magazine français qui a repris les caricatures danoises considérées blasphématoires par de nombreux Musulmans et le lynchage à échelle réduite d'Aymeric Chauprade ?

Y a-t-il des vérités sacrées et d'autres pas ? Le livre de Chauprade est prémonitoire, non pas à cause de ses doutes sur la version officielle du 11 Septembre, mais du titre même "Chronique du choc des civilisations" qui rappelle le célèbre livre de Samuel Huntington "Le choc des civilisations". Les intellectuels libres peuvent de moins en moins penser contre leur communauté ou leur civilisation. Un intellectuel occidental qui attaque l'Islam, même s'il frise le racisme et même si son argumentation est basée sur de fausses informations, trouve immédiatement des réseaux de solidarité et tous les grands médias revendiqueront sa liberté de penser.

Mais s'il s'attaque à certaines "vérités officielles" qui fondent la conscience occidentale, la machine médiatico-politique le broiera. Encore faut-il rappeler que la situation de l'intellectuel libre en terre d'Islam est loin d'être reluisante. Lui ne risquera pas l'omerta des médias et l'infamie publique seulement, mais aussi son intégrité physique et parfois sa vie.

Qu'on le souhaite ou qu'on le déplore, le "Choc des civilisations" est en ordre de bataille. Ses premières victimes sont la liberté de penser et les intellectuels indépendants.

Zyed KRICHEN

Turkey is not Europe

 

TURKEY IS NOT EUROPE
by Robert Edwards

Many mainstream politicians throughout Europe hold very serious reservations concerning the Turkish application to become a member state of the European Union and so it is vital that a serious debate is stimulated now without any fear or favour to partisan thinking.
Has the EU lost all sense of the true historical meaning of being European or has it become a willing tool of a bankers’ racket tied to the globalist monoculture? We believe that in order to be a true European, it is necessary to feel as such. That is to say, our identity must be one based on an ancestral kinship, with each of us aware of being an unbroken link in the eternal chain of European history. This aspect of Europeanism is not being promoted by the bureaucrats and time-servers of the EU ... and this is where we differ profoundly and fundamentally. So all the old claptrap concerning “racism” and all sorts of imagined phobias are trotted out to prevent opposition to this proposed anomaly within the EU, that Turkey should somehow become part of Europe.
Before anyone thinks I am going to go on about a “clash of civilisations” or the “evils of Islam”, this question of the meaning of being European is not so much about what we are against or what threatens us, as is the way of some nationalistic people, but it is more a question of what we embrace, love and hold dear. Let us make that clear from the very beginning. Our political creed is a purely positive Europeanism that regards all other cultures and religious systems as equally valid in their own right. There is no place for supremacism in our political outlook.
We regard the Islamic world as the natural ally to our Europe a Nation ... more so than the United States could ever be, which has been rampaging around the world trying to recruit all and sundry into its apocalyptic mission to “democratise” the world in the interests of the prices at the petrol pumps at home.
If anything, it is the resistance to the global American culture that will assist to define a European of the future and if there is a clash of cultures it is between our Europe and the distinctly alien values of American super-capitalism with its total disregard for human values where money is concerned. As result, we are in danger of going down that same road as Europe adopts the principle that everything has its price and where nothing has any real value. As true National Europeans we stand opposed to these alien values.
To the East, stands a world of very many other values and we do not oppose them simply because they are of another world other than that of Europe. They have existed throughout the entire history of Europe, from those earliest stirrings of classic Greece to the present day.
When Islam emerged, it spread across the north of Africa and into Spain ... at the same time reaching India and China. Its impact on Spain was far from malevolent and the rest of Europe would have been the poorer if it had not benefited from the mass of science, mathematics, medicine, philosophy and much more that the Arab Empire bestowed on Europe in the Dark Ages and long after. That has to be said in order to maintain a sense of proportion. Much of classic Greek learning would have been lost without the intervention of Islam.
The world of Islam has been in a state of flux and turmoil for many centuries, always very close and near to Europe, so that each eruption and upheaval has never failed to leave its impact upon us. This relationship with Europe goes back to the time of the creation of Andalusia in Spain lasting centuries with the eternal vigilance of a Europe fearful of the further encroachment of Islam upon our continent. The Christian church had its interests to preserve, of course, and its contribution to science was occasionally one of obstruction and proscription ... Galileo springing to mind.
Turkey is one of the nearest nations to Europe with an overwhelmingly Muslim population and was one of the largest expressions of modern Islamic imperialism in the form of the Ottoman Empire. The Ottoman Empire was never regarded as European even though Hungary and Serbia were once vassal states ... European states that were eventually liberated.
In the 1930s, Kemal Ataturk attempted a Westernisation of Turkey, dragging her into the Twentieth Century, adopting the Roman script, banning the fez, adopting Western standards of dress for both men and women and constructing the secular state.
Yet, with all that, it remains Asiatic and essentially so. It never pretended to be European ... until the European Union of the bankers and the globalists suggested that Europe was nothing more than a money market and an economic orbital planet around the sphere of global capitalism.
To these capitalists, there is no Europe as an identifiable cultural entity with a people inextricably linked to history through ancestry and blood. To them, it is a trade name for a bankers’ racket that neither desires nor will permit such a thing as a national consciousness and therefore an awareness of what these parasites are doing.
Turkey is slowly being invited into our continent at the expense of our very identity and by that very act it is denying that Europe, as we know and love it, ever existed.
On the more mundane level, it leaves open the question of why Israel or even Canada should be participants in the Eurovision Song Contest ... and why no one has the guts to challenge these plainly absurd anomalies.
At least there are some voices of protest within mainstream European politics but, I fear, not enough. That is the reason the process of Turkish entry has been slowed down rather than being terminated altogether, as it should have been.
Just as Europe a Nation should be created as a federation of existing nation-states within Europe, with Britain playing a leading role, then so should Turkey be a leading player in a Central Asian federation of existing nation-states within that region. That would very easily solve the problem of the proposed current anomaly. Such federations would be allied to Europe but not submerged into it.
We in European Action have always maintained the principle that national consciousness is the first consideration in politics and that this national consciousness entails placing the greatest value on our own people regardless of class, party allegiance or religious faith.
All we ask is that the people of Europe recognise this sense of communion and embrace it in the fullest meaning of European brotherhood. Because it is only solidarity in action that can guarantee our survival, acting together in common interest.
This does not mean antagonism towards people outside Europe, as with a siege mentality ever suspicious of the movements of others. Once America is forced back within its own borders then the rest of the world can be organised on the similar lines to Europe a Nation ... large, self-sufficient economies composed of similar peoples, totally free of the caprice of free-for-all international trading and able to organise the creation and growth of wealth within its own economic sphere without outside interference. These large federations would replace the United Nations and make the World Bank and the International Monetary Fund totally redundant. The “global economy” would be a thing of the past.
Therefore, our opposition to Turkish entry into Europe is not one based on aggressive antagonism towards a different culture or even a religion. It is simply a matter of defining Europe and placing all these questions into their proper context.
Turkey does not belong here ... it belongs elsewhere. That is the essence of what it means to be European and what it means to be Turkish. Our place in the world must be determined by that very sense of kinship that connects us to history, culture and the sacred soil of our ancestors, made red with the blood of its defenders and made fertile by the creative energy of the European.
Europe is not at war with Islam. It is America that embarked on this insane “crusade” for its own selfish interests and by so doing embroiled Britain and other countries in a “war against terrorism” that positively reeks of Zionist manipulation.
It follows that Europe should be a power unto itself with all the conditions that go with a major force in the world, Such a power bloc shall determine its own foreign policy and world agenda, totally independent of the Neo-cons in Washington and the predatory manoeuvring of the World Bank, whose president was once a principal player in White House war games.
When Europe stretches out the hand of friendship to the Islamic world, it will be a gesture of mutual respect and understanding ... knowing that we have different roots to preserve and nurture but, also, to accept a responsibility to world peace.

mardi, 10 mars 2009

P. Quilès: le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN est inutile et dangereux

Paul Quilès : Le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l'OTAN est inutile et dangereux

quilès2.jpgLe 7 mars 1966, le général de Gaulle retirait la France du commandement militaire intégré de l'OTAN, c'est-à-dire des comités et des groupes où prenait corps l'intégration des forces armées des pays de l'Alliance atlantique. Les forces françaises étaient déliées des contraintes de la planification militaire commune et n'avaient plus à occuper des positions prédéterminées dans le dispositif de défense allié. Notre pays restait cependant tenu par les obligations de l'article 5 prévoyant une clause d'assistance mutuelle en cas d'agression.

Durant les années 90, si la France a réintégré le comité militaire, où se réunissent les ministres de la défense des pays membres de l'Alliance, elle est restée à l'écart de trois structures :

- le comité des plans de défense, où s'élabore la planification de défense, c'est à dire les objectifs de forces à atteindre en fonction des missions et des scénarios ;

- le commandement militaire permanent intégré, qui comprend la chaîne de commandement permanente et où s'élabore la planification opérationnelle ;

- le groupe des plans nucléaires, où les pays non‑nucléaires sont informés de la politique nucléaire suivie par les Etats‑Unis et la Grande Bretagne dans le cadre de l'OTAN.

Ce qui est annoncé aujourd'hui, c'est le retour dans ces organisations, à l'exception du groupe des plans nucléaires. Déjà en 1997, J. Chirac avait tenté sans succès cette opération, les Américains refusant de céder à un général français le commandement opérationnel de Naples.

Pour justifier son choix du retour dans le commandement militaire intégré, N. Sarkozy invoque trois arguments :

1- L'influence de la France ne serait pas à la hauteur de son engagement militaire et financier et ce retour lui permettrait de gagner de l'influence, notamment pour transformer et « européaniser » l'Alliance.

Il se trouve que l'influence dans l'Alliance est liée aux capacités militaires et non au statut par rapport au commandement militaire intégré. On l'a vu en 1999, lorsque, au moment du conflit du Kosovo, la France avait plus de poids que l'Allemagne dans les décisions prises par l'Alliance.

Quant au poste de « commandant suprême allié transformation », envisagé pour la France, il peut sembler prestigieux, mais il est dans les faits secondaire. Localisé à Norfolk, en Virginie, actuellement occupé par un général américain, il a pour mission de faire évoluer le dispositif militaire de l'Alliance, pour le rendre apte à des opérations lointaines, mais ce n'est pas un commandement opérationnel. En réalité, ce sont les Etats-Unis qui détiennent l'essentiel de l'expertise et du pouvoir de décision en matière de réorganisation des forces et d'actualisation des doctrines militaires dans l'OTAN, ce qui explique la localisation de ce commandement.

Le commandement opérationnel suprême est détenu par le Saceur, dont personne n'envisage qu'il soit détenu par un autre militaire que le commandant des forces américaines en Europe. Son adjoint, le deputy Saceur, a une mission importante, puisqu'il commande les opérations de l'Europe de la défense, quand l'UE fait appel aux moyens de l'OTAN en activant les accords dits « Berlin plus », mais il est traditionnellement britannique ou allemand, par rotation. En dessous de ces commandements, on trouve celui de Brunssum, également britannique ou allemand, et surtout celui de Naples, traditionnellement dévolu aux Américains, qui conduit les opérations en Méditerranée orientale, c'est à dire en direction du Proche-Orient. C'est celui de Lisbonne, d'importance nettement moindre, qui reviendrait à un Français.

La véritable question n'est pas celle de l'influence dans l'OTAN, mais celle de la capacité d'influencer les Américains pour faire évoluer l'OTAN, ce qu'ils n'ont pas fait depuis 1989, en maintenant une structure très lourde de 15 000 militaires. Quant à espérer influencer le processus de planification de défense, c'est tout simplement illusoire, parce que cette planification est en fait dictée par la doctrine d'emploi de l'armée américaine. L'européanisation de l'Alliance est donc un leurre, à l'image de la politique pratiquée par Tony Blair, qui a échoué, alors que celui-ci pensait influer sur la politique des Américains en étant leur allié le plus fidèle.

2 - le retour dans le commandement intégré serait une condition posée par nos partenaires européens pour faire progresser l'Europe de la défense.

N. Sarkozy a annoncé ce retour de manière implicite lors du « discours aux ambassadeurs » en août 2007. Depuis lors, tous nos partenaires considèrent que la décision est prise et qu'il n'est donc pas nécessaire de faire des concessions à la France pour ce qui concerne la défense européenne.

C'est pour cela que la France n'a pas pu obtenir la création d'un état-major de commandement permanent pour la PESD (politique européenne de sécurité et de défense), à laquelle se sont opposés les Britanniques. Sans cet état-major, la défense européenne n'a pas d'autonomie et dépend de la planification et des moyens collectifs de l'OTAN pour les opérations lourdes. Depuis lors, les Britanniques essaient de pousser l'idée d'une harmonisation des planifications de défense de l'OTAN et de la PESD, ce qui enlèverait toute autonomie et donc tout intérêt au processus de construction de l'Europe de la défense.

Au total, on voit que la perspective de retour de la France dans l'OTAN, loin de renforcer la PESD, l'a affaiblie et peut être même compromise définitivement.

3 - Le retour dans le commandement intégré serait un gage de la réconciliation transatlantique et permettrait à la France d'établir avec les Etats-Unis des relations de meilleure compréhension, dans le respect des intérêts de chacun.

Militairement parlant, ce retour n'a pas d'importance. Quand la France participe à une opération, des officiers français sont intégrés dans les chaînes de commandement opérationnel.

Politiquement parlant, il n'en va pas de même. L'appartenance au commandement intégré introduit une présomption de disponibilité des forces françaises « assignées » à l'OTAN. Pour une mission militaire donnée, la participation française sera supposée acquise et le rôle du contingent français largement prédéterminé. La capacité de la France à infléchir la conduite de la mission -dans une interposition au Proche-Orient, par exemple- serait réduite d'autant. On ne voit pas en quoi cette situation réduirait les « malentendus transatlantiques ».

Symboliquement surtout, l'effet serait considérable. Jusqu'ici, le statut spécifique de la France dans l'OTAN était vu, notamment dans les pays arabes, comme le symbole d'une certaine indépendance de la France par rapport aux Etats-Unis et comme la preuve d'une volonté d'autonomie de la PESD. Cette perte d'image risque donc d'affaiblir la France et l'Europe et de déséquilibrer davantage encore la relation transatlantique.

Faire le pari d'une rupture majeure de la politique étrangère des Etats-Unis, qui laisserait plus d'autonomie à l'Europe et s'engagerait vers un multilatéralisme de compromis, est hasardeux. Rien n'indique que la nouvelle administration américaine ait décidé de renoncer aux privilèges de son « leadership ». Tout en promettant les plus larges consultations au sein de l'Alliance, le Vice-président Biden ne vient‑il pas de déclarer à Munich que « les Etats-Unis agiraient en partenariat chaque fois qu'ils le pourraient, mais seuls quand ils le devraient » ? Quant à la mission de l'OTAN en Afghanistan, s'il paraît aujourd'hui acquis que les Etats-Unis demanderont aux Européens d'y contribuer plus largement, il ne semble pas qu'ils envisagent de les associer davantage aux décisions essentielles. En revenant dans les structures intégrées de l'OTAN, la France ne serait pas dans la meilleure position pour faire prévaloir, conjointement avec ses partenaires européens, les voies d'une solution politique au conflit afghan, si jamais les Etats-Unis espéraient venir à bout de la rébellion en ayant principalement recours à l'action militaire.

La décision de N. Sarkozy est donc dangereuse, parce que porteuse de risques pour la qualité des relations transatlantiques. Elle est de plus inutile, alors même que le statut de la France dans l'OTAN était accepté par les Etats-Unis et ne nuisait en rien à la relation franco‑ américaine.

Paul Quilès

Ministre socialiste de la Défense (1985-1986)

Président de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale (1997-2002)

vendredi, 06 mars 2009

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

Verkiezingen: De Periodieke Supersoap

 

DemocratieHet begin van weer eens een verkiezingsronde in dit land is volop begonnen. Dat is niet te merken aan de lawine ideeën en ideologische inzichten door het politieke profitariaat naar onze hoofden geslingerd. Neen, het is alleen te merken aan hoe de kopstukken van de respectieve partijen zichzelf aan het verkiezen zijn om zo zichzelf en hun naaste vrienden (of familieleden) op topplaatsen te wringen. Dat noemen die politieke creaturen dan de eerste stap in een democratisch proces: "Hoe wring ik mezelf op een verkiesbare plaats?" Het is meteen een van de belangrijkste fasen van de partijwerking geworden als men de kranten erop naleest.

Alle nieuwkomers hebben daarbij zo te zien een snelcursus genomen in hoe de oude militanten beter een valse stoot te verkopen. En "Hoe schop ik tijdens lijstvorming een medestander in de vernieling?" is haast uitgeroepen tot een olympische discipline, in zoverre dat die nog niet verheven is tot de enige politieke activiteit die partijkopstukken in het parlementaire circus beoefenen. Die kunst bestaat er ook in (met name voor de slapjanussen die in de partijen tweede viool spelen) zich zo geruisloos mogelijk te verstoppen achter de tapkast van de parlementaire bar en dat liefst gedurende de volledige legislatuur. Het enige wat de ja-knikkers binnen de partijen moeten doen is kijken hoe de kop beweegt van hun voorman. Ze moeten dan vooral hun kop in dezelfde richting bewegen als die verlichte leiders. Dat is alleszins een succesformule die de meeste parlementairen behoorlijk onder de knie hebben. In platbroekerij zijn die parlementairen behoorlijk geschoold. En na een tijdje is niks doen en je vol vreten op kosten van de gemeenschap een tweede natuur geworden voor dat politiek personeel van de tweede garnituur. De bazen, die de grote partijen exploiteren als een soort veredelde bordelen, waar verkozenen zich openlijk prostitueren, zijn dan ook maar wat gewillig om die ongevaarlijke nullen rond zich te tolereren en hun zelfs een mooie carrière in ruil voor bewezen diensten aan te bieden. Inderdaad, politieke hoeren, je moet ze huren en betalen, en ze woekeren meestal in achterkamertjes en louche cafés.

Voor de kopstukken is het van het grootste belang om zichzelf aan te top van de lijsten te plaatsen, want dat is de enige manier om aan de geldpomp van het systeem te kunnen blijven hangen. Al hun mooie manieren en praatjes moeten verbergen dat ze er gewoon op uit zijn weer een periode van vaste vergoedingen en staatsgegarandeerd inkomen te verwerven. En maak je geen illusies: de Dewevers en de Dewinters zijn ook niet te beroerd zichzelf te verkopen om die smerige Belgische euro's van de Belgische staat in hun vette pootjes te nemen. Geld heeft geen naam, en in Europa heeft het zelfs geen volk dat dat  beheert of controleert, maar wie maalt daar nu om? Toch zeker niet de bijna slimste mens en de - op Dedecker na - luidruchtigste? De partijbonzen kijken met bewondering naar iemand als Rudy Aernoudt, hoe deze man zich een weg knort en wroet om ook in de troch te geraken is gewoonweg bewonderenswaardig. Bij zo iemand herkennen ze de fijne kneepjes van het vak!

Terwijl het volk in een steeds vlugger tempo aan het verarmen is en ons economisch en sociaal stelsel zowat implodeert, hebben die partijfeestneuzen zichzelf weer goed in de kijker gezet. Voor het N-SA is deze hele verkiezingbedoening echter een non-event en men zou het beter de 'pak-de-poen show voor onbenullen en maatschappelijk gestoorden' noemen, uitgezonden in een format met Walter Grootaers. Daar hebben die politieke clowns toch al een pak ervaring mee. Zolang er geen hervormingen van het politiek bestel op de agenda staan, is elke verkiezing nutteloos en waardeloos. Het is een bestendiging van het profitariaat, met als enige bedoeling weer enkele jaren een vaste wedde zonder werken binnen te halen. Het zijn parasieten in een parasitair systeem.

U zult deze smeerlapperij toch niet verder ondersteunen met uw goedkeuring in de vorm van een stem? Ik in elk geval niet.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

jeudi, 05 mars 2009

Intervention de F. Ranson au Colloque identitaire (28-02-09)

Frédéric RANSON:

Intervention au colloque identitaire du 28 février 2009

Sint-Pieters-Leeuw (Brabant)

Il m’incombe aujourd’hui de vous présenter le manifeste du néo-solidarisme. En fonction du sujet d’aujourd’hui, j’en voudrais retenir deux idées en particulier, à méditer par le public. D’abord, je voudrais féliciter les organisateurs et les autres participants pour leur contribution à un genre de débat qu’on ne connaît plus ailleurs en Flandre, malgré des conditions plus favorables qu’en Belgique francophone. Des identitaires s’occupent aujourd’hui des questions sociales et c’est déjà une bonne description pour les néo-solidaristes.

 

En bref, la crise que nous vivons est celle de plus de trente ans de néolibéralisme anglo-saxon. L’architecture financière mondiale de l’après-guerre a toujours été conçue, par les Etats-Unis et leur haute finance, de telle manière que les profits soient pour eux-mêmes et les charges pour le reste du monde. Depuis les années septante, le néolibéralisme sert de nouvel instrument pour assurer leurs intérêts financiers. L’ouverture des marchés financiers a permis  de prolonger l’hégémonie du dollar. Ensuite, suivaient le Royaume-Uni et plus tard l’Union européenne. La première conséquence était que les « capitaux sociaux » des Etats européens, accumulés depuis des décennies, étaient alors transférés à un marché financier mondialisé. La deuxième conséquence était l’invention des produits dérivés, contrepartie pour les risques sur un marché dérégulé. L’ampleur de la crise actuelle est un indice du degré d’américanisation et de mondialisation.

 

Il faut se rendre compte de quelle manière, non pas seulement les conditions économiques ou financières, mais par là aussi les conditions politiques ont changé. Oui, ils sont encore là, les parlementaires, mais ils sont presque dégradés jusqu’au niveau de conseiller communal dans le « village global ». Le cadre national, base de notre modèle social et du consensus entre travail et capital, est en voie de disparition, sapé par le néolibéralisme et le libre-échangisme. L’embourgeoisement des droites et des gauches les a rendu totalement incapables à proposer des alternatives. Face à leur incapacité et face aux nouvelles conditions, de nouvelles réponses s’imposent. La crise actuelle est une rupture. Ou bien on voit dans cette crise une nouvelle phase de concentration et de mondialisation. Ou bien on y voit une occasion d’organiser une colère légitime et de proposer des alternatives.

 

La première idée que je veux retenir de notre manifeste est donc celle de la renationalisation de l’Etat et de l’économie, tant l’économie monétaire que l’économie réelle, de Fortis à Opel. Dans les conditions actuelles, où vous étés trompés par des propositions européanistes et altermondialistes qui se relaient, où la pensée unique prône un « socialisme des banquiers » et ainsi de suite, cette revendication est déjà un acte révolutionnaire. La deuxième idée à retenir est celle de la souveraineté monétaire, qui implique une redéfinition des notions habituelles sur l’argent. J’y reviens en brève réponse à monsieur Robert. La synthèse idéale de ces deux idées serait la correspondance entre l’économie réelle et l’économie monétaire. Donc : plus de bulles, plus d’inflation, plus de déflation, mais « euflation » (notion d’Antonio Miclavez). Hélas, nos banques centrales semi-publiques n’ont pas ce but. Elles agissent dans l’intérêt des banquiers et pas dans l’intérêt des peuples. Les mêmes critiques, dans la tradition populiste, à la Réserve fédérale américaine peuvent s’appliquer à la Banque centrale européenne. Les premières banques à nationaliser seront donc les banques centrales elles-mêmes !

 

Monsieur Robert vient d’attribuer le « miracle économique » de l’Allemagne nationale-socialiste à son ministre de l’économie Schacht et sa « politique très éloignée du programme en 25 points ». D’autres l’attribueront à Keynes. Eh bien, quel était le secret de ce miracle ? Les travaux publics et le réarmement allemands étaient payés par des « bons Öffa » et des « bons MeFo », donc de l’argent alternatif ou supplémentaire, sans accroître la dette publique, c’est à dire basé sur la notion de souveraineté monétaire. Ces bons étaient au moins une idée hybride, parce que ils étaient effectivement déjà proposée dans le Programme en 25 Points sous le nom de « Staatskassengutscheine » (bons du Trésor publique). Evidemment, les idées de son auteur, Gottfried Feder, allaient encore plus loin. Ses idées étaient très proches des principes antiques et scholastiques, aujourd’hui encore présents dans le financement islamique. Schacht, profondément banquier, a enfin même refusé l’émission ultérieure de cet argent sans dette, ainsi qu’un autre célèbre banquier, Necker, plus d’un siècle avant lui, avait refusé l’émission des assignats. L’argent alternatif est-il une utopie aujourd’hui ? Non ! Qui ne connaît pas les chèques de repas ou les chèques de service, qui sont simplement des formes de salaire alternatif ?

 

Peut-être ces quelques propositions semblent encore précoces ou futuristes, mais nous sommes surs que la situation aggravante les rendra de plus en plus acceptées. L’importance est de ne surtout pas rater ce rendez-vous avec le 21ième siècle, ou de subir le renforcement du système par une « gouvernance mondiale » accrue et répandue par la pensée unique. Je vous remercie pour votre attention.

mercredi, 04 mars 2009

E. Todd: "Le protectionnisme est l'antidote à la guerre"

EMMANUEL TODD : « LE PROTECTIONNISME EST L’ANTIDOTE A LA GUERRE »


C'est l'Europe qui doit être le moteur de ce nouveau projet économique. Le continent européen a une économie relativement saine. Il produit ce qu'il faut d'exportations pour financer ses importations de matières premières. Le protectionnisme est la meilleure manière de se protéger – ce n'est pas un gros mot – de la pression exercée par les salaires des pays émergents. Et ce, pour permettre en Europe une relance des salaires et de la demande. (...)


Le centre de gravité économique dans le monde a repassé l'Atlantique. Il est en Europe, et plus particulièrement en Allemagne. Or les Européens ne font pas preuve de responsabilité face à cette mission qui est la leur. Ils ont le prétexte de la division, mais en vérité ils sont aussi dans un état de manque de réflexion économique, qui est probablement encore pire que celui des Américains. Ils se comportent comme des enfants qui ne veulent pas devenir adultes. Ils ne peuvent pas se contenter de mettre en place un protectionnisme européen à moyen et long terme, ils doivent s'accepter en tant que régulateurs hégémoniques dans le monde sur le plan économique. (...)


La crise de 1929 a produit le Front populaire en France, le New Deal aux Etats-Unis, le nazisme en Allemagne, un conservatisme un peu mou en Angleterre. On devrait assister, compte tenu d'une certaine dérive oligarchique, avec beaucoup d'inégalités des revenus, à l'émergence d'un mélange de lutte des classes et des générations. On a vu la crise des banlieues en France, et aujourd'hui les événements de Grèce. »



Emmanuel Todd, interviewé par Le Matin, 14 décembre 2008


LE LIBRE-ECHANGE OU LA DÉMOCRATIE : IL FAUT CHOISIRLA FIN D’UN CYCLELE RÉVEIL EN FORCE DU PROTECTIONNISME CHINOIS

L'Alsace en Europe

L’Alsace en Europe: Rives du Rhin ou plateau lorrain, il faut choisir!

Le Comité sur la réforme des collectivités locales, présidé par l’ancien Premier Ministre Edouard Balladur, doit rendre ses préconisations sur la future architecture institutionnelle de la France au Président de la République dans les jours qui viennent.

 

Parmi les mesures qui devraient être rendues publiques figurerait le regroupement - sur des bases à priori volontaires - de quelques-unes des 22 régions actuelles qui ne devraient plus à l’avenir en former que 15 dans le but de leur donner “une dimension européenne”.

C’est ainsi que serait envisagé le regroupement des actuelles régions Alsace et Lorraine au sein d’une super région du Grand Est.

Une telle proposition reflète le tropisme franco-parisien de ses auteurs tout comme la méconnaissance des réalités régionales et européennes.

L’observation de ce qui se passe chez nos proches voisins européens nous montre au contraire que la viabilité d’une région, d’un Land allemand ou d’un canton suisse, n’est pas fonction de l’importance de sa superficie ni de sa population, mais de son homogénéité et des atouts liés à sa situation géographique comme à la présence sur son territoire d’activités économiques à forte valeur ajoutée, et à son rayonnement culturel.

C’est le cas de la Freie und hansestadt Hamburg, la ville libre et hanséatique de Hambourg, qui avec ses 1,8 M d’habitants et ses 755 km² est le premier des 16 Länder allemands pour le PIB par habitant.

Plus grand port d’Allemagne et deuxième port européen, la Ville-Etat d’Hambourg a su depuis la fin de la guerre se spécialiser dans les domaines de la chimie, de la construction aéronautique et navale, et est devenu un leader en matière de technique médicale et de biotechnologie, tout en développant un fort secteur des services.

Plus proche de nous la prospérité du canton de Bâle-Ville, le plus petit des cantons suisses avec ses 190 000 habitants et ses 37 km², vient encore contredire le raisonnement du Comité Balladur.

Vouloir noyer l’Alsace dans un hypothétique Grand Est reviendrait en fait à nous couper de l’espace du Rhin Supérieur qui est notre espace de vie et de développement naturel et historique, et à nous éloigner du centre économique européen qui court de l’Italie du Nord jusqu’à Londres en passant par la vallée du Rhin et la Ruhr sous la dénomination de Banane Bleue.

Il est urgent que ces réalités reviennent à l’esprit des grands élus alsaciens et que la dimension régionale et européenne de l’Alsace l’emporte sur la logique nationale.

La clé de la prospérité de l’Alsace et son avenir se trouvent sur les deux rives du Rhin, pas sur le plateau lorrain.

Le blog de Christian Chaton

 


 

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lundi, 02 mars 2009

La lettre de Steinmeier

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La lettre de Steinmeier

MOSCOU, 12 janvier - RIA Novosti. La lettre ouverte du vice-chancelier et ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, au président américain élu, Barack Obama, publiée lundi dans l'hebdomadaire Der Spiegel, est un document opportun à tous les égards, a déclaré à RIA Novosti le sénateur russe Mikhaïl Marguelov.

"Ce texte renferme des idées réalistes et rationnelles de M.Steinmeier sur la future politique mondiale, tout en traduisant le caractère amical des relations entre l'Allemagne et la Russie", a indiqué M.Marguelov, président du Comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (Chambre haute du parlement russe).

Dans cette lettre, le chef de la diplomatie allemande appelle le président élu des Etats-Unis à accepter l'initiative du président russe Dmitri Medvedev visant à rénover l'architecture de la sécurité européenne et insiste sur la nécessité d'une nouvelle orientation pour l'Alliance de l'Atlantique Nord, rappelle le sénateur russe.

M.Steinmeier se montre très critique vis-à-vis de la situation qui règne actuellement au sein de l'OTAN, exigeant une réforme profonde de l'Alliance. Les pays membres "ont trop longtemps esquivé une franche discussion sur les tâches (de l'OTAN)", a-t-il estimé.

M.Steinmeier promet au futur locataire de la Maison Blanche le soutien des Allemands et de l'ensemble de la communauté internationale en cas de changements positifs dans la politique extérieure des Etats-Unis, qu'il s'agisse de l'amélioration de la situation en Irak (les Allemands sont prêts à accorder une assistance réelle dans l'édification d'une nouvelle société) ou de la fermeture envisagée du camp de détention de Guantanamo (les Européens pourraient accueillir les anciens détenus).

"Si l'Amérique tend la main aux autres, je promets que la communauté internationale et l'Europe n'abandonneront pas la nouvelle administration dans l'accomplissement de cette tâche", souligne le ministre.

Selon M.Marguelov, la lettre du chef de la diplomatie allemande montre que le monde, et notamment la Vielle Europe, en ont assez des démarches unilatéralistes des Etats-Unis et veulent des décisions collectives. Néanmoins, a fait remarquer le sénateur, l'Allemagne figure parmi les principaux alliés américains en Europe.

 

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dimanche, 01 mars 2009

Monnaie et Europe

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1989

 

Monnaie et Europe

par Pierre Le Vigan

"Un krach financier est-il possible?". C'est sur cette in-terrogation que s'ouvrait Dynasteurs,  sept mois a-vant le krach (mars 1987). La réponse positive don-née à cette question mettait l'accent sur la décon-nexion entre économie "réelle" (assise sur la pro-duc-tion) et économie financière. Cette déconnexion, no-tée par la plupart des observateurs, se mesurait par l'écart croissant entre une production en crois-san-ce faible, surtout s'agissant de la production in-dus-trielle (hors services), et des transactions finan-cières en plein essor.

"Le marché monétaire international, note C. Alphan-dery, fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-qua-tre (…) et enregistre des transactions quotidiennes pour des montants avoisinant 10.000 milliards de dollars" (Le Monde,  17 avril 1987).

Le cancer financier

La désintermédiation financière, c'est-à-dire l'accès di-rect des firmes au marché financier contribue à trans-former "le marché de l'argent (…) en un mar-ché parfait, exemple pur de la cause libérale", expli-que M. Bertoniche qui note encore: "les mouve-ments financiers sont devenus sans commune me-sure avec ceux des marchandises: le rapport est de 50 à 1, puisque pour 5 milliards de dollars (en mo-yen-ne) d'échanges commerciaux quotidiens, les flux monétaires à travers les frontières sont supérieurs à 200 milliards de dollars" (Le Monde,  24 février 1987).

Un véritable "cancer financier" se serait ainsi déve-loppé, l'hypertrophie de la sphère financière créant des "bulles spéculatives" et menaçant en retour l'é-co-nomie réelle, déjà atone, de déstabilisation. Ainsi, la baisse des cours consécutive au krach de 1987 a ac-centué la fièvre d'offres publiques d'achats.

Cette analyse, juste à certains égards, aboutit néan-moins à rendre extérieur (exogène) le krach financier par rapport à l'ensemble des logiques économiques en œuvre aujourd'hui. Or, la financiarisation qui a abou-ti à un premier krach n'est pas étrangère —bien au contraire— aux stratégies de financement des entre-prises et aux conditions qui leur sont faites par l'E-tat (voir notamment Pierre Vosges, "Croissance fi-nancière dans la crise et mesure des profits totaux", in Issues  n°17, 1983).

Une diminution de la valeur ajoutée produite par les entreprises

S'agissant du premier aspect, il n'est pas inutile de rappeler le sens de cette banalité qui est que les en-tre-prises recherchent le plus haut taux de profit.

Cela veut dire que les choix d'investissement sont ef-fec-tués en fonction du rapport entre le profit et le capital total avancé.

La valeur ajoutée n'est donc pas maximisée par rap-port au capital matériel et financier mais avant tout par rapport aux salaires (productivité du travail, dite apparente). On observe en l'occurence une diminu-tion de la valeur ajoutée produite par les entreprises.

Précisément, Jacky Fayolle a démontré qu'un inves-tissement brut industriel d'un montant identique a généré depuis 10 ans une valeur ajoutée supplé-mentaire décroissante, des importations de plus en plus con-sidérables, et un effet sur l'emploi qui, de positif en 1970, est devenu négatif 10 ans plus tard.

La recherche du taux de profit le plus élevé possible aboutit ainsi à une inefficacité économique en terme de valeur ajoutée créée, donc d'emploi. Mais les ef-fets de cette dictature du taux de profit sont considé-rablement aggravés quand l'Etat pratique, ou du moins accepte, des taux d'intérêt réels élevés. Ceux-ci sont toujours présentés comme un moyen de pro-motion d'un franc fort.

Le franc fort

Or, l'idée de la nécessité d'un franc "fort" relève de plu-sieurs postulats sur lesquels il faut s'interroger. Ainsi est-il admis que seul un franc fort protègerait l'é-pargne populaire.

En fait, la protection de celle-ci nécessite seulement que le taux de rémunération des dépôts soit supé-rieur au taux d'inflation.

Plus généralement, un franc fort serait le signe d'une économie forte, et comme tel devrait être défendu. Mais quand ne se manifeste aucunement la caracté-ris-ti-que principale d'une économie forte, la capacité de dégager un excédent commercial, —cas de la Fran-ce depuis 1986— le choix d'un franc fort artifi-ciellement, par des taux d'intérêt réels élevés, expri-me une orientation fondamentale de politique écono-mique qui est le développement massif des exporta-tions de capitaux.

La part grandissante des investissements à l'étranger des grandes entreprises françaises est une consé-quen-ce de cette politique si tant est que la vraie poli-tique industrielle des libéraux est leur politique monétaire.

La contradiction majeure

La recherche d'un franc fort, dans une situation où l'économie ne donne pas aux libéraux d'autres ar-mes que les taux d'intérêt, enferme dans une contradiction. D'une part, les taux d'intérêt élevés sont né-cessaires, tant à la venue de capitaux étrangers qu'à l'exportation de capitaux français (achats d'usi-nes, création de réseaux commerciaux…) condi-tion-nés par la défense du taux de change; d'autre part, ils maintiennent l'asthénie de l'investissement et donc contribuent à la non compétitivité alimentant un déficit commercial qui affaiblit le franc.

La solution de fond ne peut être extérieure: deman-der à la République Fédérale d'Allemagne de soute-nir le franc par des achats.

La situation de la RFA —et du Japon— montre de plus qu'une économie à fort excédent commercial, si elle dispose de marges supérieures pour maintenir l'ac-tivité et l'emploi à un niveau plus satisfaisant se heurte à l'étau américain.

En effet, la menace d'un déficit budgétaire accru des Etats-Unis fonctionne comme un formidable moyen de pression puisqu'elle équivaut à une nouvelle bais-se du dollar qui renforce la compétitivité des expor-ta-tions américaines, menace les marché européens et donc les balances commerciales de nos pays.

La stratégie américaine: faire financer le déficit des USA

Or, les Etats-Unis financent leur déficit budgétaire par des taux d'intérêt qui, pour inciter à l'achat de bons du trésor, doivent être supérieurs à ceux cons-ta-tés en Europe.

L'appel aux capitaux étrangers pour financer le dé-fi-cit budgétaire américain nécessite donc une baisse re-lative des taux des pays abritant des masses consi-dérables de capitaux disponibles, essentiellement la RFA et le Japon.

Mais cette pression à la baisse ne doit pas, pour les Amé-ricains, aboutir, par la relance des investisse-ments, à un renforcement réel des économies euro-péennes, pays "forts" (RFA) et "faibles" (France) confondus.

Il y a donc chantage américain à un dollar (encore plus) faible, auquel pousse la reprise de l'inflation aux Etats-Unis, dont l'écart avec le Japon et la RFA est d'environ 4% début 1988.

Européens et Japonais acceptent le chantage américain

En acceptant ce chantage, Européens et Japonais sou-tien-draient donc le dollar avec leurs capitaux tout en acceptant une relance intérieure à fort contenu d'im-portations américaines, afin de limiter le déficit commercial d'outre-atlantique. Or, en acceptant de ser-vir de béquilles à l'économie américaine, le Ja-pon, la RFA et leurs zones d'influences économi-ques respectives compromettent leurs propres inté-rêts.

Ainsi pour la RFA, les orientations retenues pour 1988 consistent-elles, sous prétexte de "conver-gen-ce des politiques économiques", dans une réduction de l'excédent commercial, une hausse de la demande intérieure supérieure à celle du PNB, en bref tous les éléments d'une pénétration accrue du marché intérieur par les produits américains.

Il s'agit, note l'économiste communiste Yves Dimi-co-li, de "faire la place à la surproduction améri-caine" —et ce non sans risques de relance inflationniste et donc de nouvelles montées des taux d'intérêt, alle-mands d'abord, européens ensuite par voie de con-sé-quence.

Au Japon, M. Nakasone a demandé aux Japonais de dé-penser 100 dollars supplémentaires en produits amé-ricains (contre 583 dollars par an actuellement)!

L'Europe —qui n'a pas les marges de concession du Japon, —et qui devrait se poser la question du pour-quoi de ces concessions— est donc prise dans une con-tradiction insoluble si elle accepte de servir de bé--quille à l'économie américaine et en d'autres ter-mes, si elle pense la crise comme déséquilibre du sys-tè-me mondial.

Il y a toujours eu déséquilibre...

Celui-ci a en effet toujours été en déséquilibre et la vraie question est de savoir qui profite de ces désé-qui-libres. En ne remettant pas en cause leur inté-gra-tion dans ce système mondial, les pays européens sont donc condamnés à tisser indéfiniment la toile de leur dépendance en soutenant une économie améri-caine à la fois défaillante (son avance technologique a disparu) et toujours dominante pour des raisons monétaires et du fait de la place géopolitique des Etats-Unis dans le monde. L'issue réside donc, com-me le montre bien le numéro sur  l'Amérique de la revue J'ai tout compris  (n°5, janvier 1988), dans l'autonomie croissante de la sphère économique européenne.

En effet, les mouvements qui affectent les Etats pris isolément sont devenus d'une force difficilement sur-montable. Le rapport entre les réserves de change des Etats et les capitaux détenus par les agents éco-nomiques privés était, il y a 20 ans, de 5 à 1 en fa-veur des Etats. Il y a 10 ans, il était de 1 à 3 (donc en faveur des marchés privés).

Maintenant, il est de 1 à 10. "Les Etats luttent actuel-le-ment pour la survie de leur identité" (François Rachline, "La crise financière et les Etats débordés", Le Monde,  6 juin 1988).

Retour à l'étalon-or?

Dans cette situation, l'idée du retour à un système de change étalonné sur l'or consiste à prendre l'effet pour la cause, la suppression des taux de change fixes pour la cause des mouvements massifs de capi-taux alors que c'est l'inverse (1). Cette proposition po-se de toute façon des problèmes insolubles (voir encadré).

La proposition de création d'un étalon-matières pre-mières auquel seraient liées les devises-clés n'est pas plus satisfaisante en raison du caractère tendancielle-ment décroissant des prix des matières premières, du risque de fortes fluctuations dues à la substituabilité, aux spéculations sur le niveau des stocks, aux inter-ven-tions étatiques. Tous ces élements feraient d'un indice de prix de matières premières "certainement l'un des plus mauvais indicateurs imaginables de l'in-flation mondiale" (Pierre Noël Giraux, "Un rideau de fumée", Le Monde,  17 mai 1988).

Il ne jouerait ni comme réducteur d'incertitudes, ni comme réducteur de l'hégémonie américaine.

La souveraineté monétaire

Il faut donc, pour organiser une maîtrise européenne de la croissance et une reconquête du plein emploi, commencer par le commencement: la souveraineté monétaire. Dans le cas d'une économie ne bénéfi-ciant pas du privilège du dollar-monnaie nationale et internationale —celle-ci nécessite le contrôle des ca-pi-taux et de la création monétaire (à 90% par les ban-ques). Diverses mesures s'ensuivent:

On peut rompre avec la facturation en dollar des ven-tes françaises aux Etats-Unis. On peut empêcher la spéculation par divers systèmes de pénalités frappant les comptes des non résidents des banques euro-péen-nes. On peut, en opérant une nécessaire unifica-tion monétaire européenne, accroître fortement la co-opé-ration dans un premier temps entre les banques cen-trales notamment par la mutualisation d'une par-tie des réserves de change.

Il est clair qu'une telle politique nécessite un rôle nou-veau de la RFA qui, comme le note justement Jean-Jacques Rosa, "nous dicte à travers le S.M.E. une restriction monétaire obsolète" (Le Figaro,  6 et 7 février 1988).

Une baisse des taux d'intérêt

Or, la politique monétaire doit se donner en Europe l'objectif premier d'une baisse des taux d'intérêt. Il est en effet simple à comprendre que si les taux d'in-térêt réels (c'est-à-dire déduction faite de l'inflation) sont —comme c'est le cas actuellement— supérieurs aux taux de profits des entreprises, celles-ci préfère-ront les investissements de portefeuille aux investis-sements productifs, physiques ou immatériels.

Il faut donc que les taux d'intérêt réels soient "posi-tifs pour permettre le financement du futur, le finan-ce-ment sain —par l'épargne— de l'investissement, mais inférieurs au taux de croissance en volume du Produit Intérieur Brut pour ne pas déprimer l'activité économique" (Pierre Pascallon, "Le fardeau des taux d'intérêt réels élevés: insurmontable?", Les Pe-ti-tes Affiches,  24 septembre 1986).

Un tel objectif nécessite une déconnexion entre les taux en Europe et les taux américains.

La France y est particulièrement intéressée puis-qu'en-tre ses taux à long terme et ceux des Etats-Unis existe la plus forte corrélation des grands pays in-dus-triels.

Les deux scénarios de Michel Aglietta

L'enjeu capital des taux d'intérêt réels —ou taux d'ac-tualisation— relevé par Jean-Gilles Malliarakis (voir Troisième Voie,  n°2, 1987) est l'objet des analyses de nombreux économistes. Michel Aglietta dé-fi-nit ainsi la principale conséquence de la hausse des taux d'intérêt réels: "La concomitance d'une crois-sance déprimée, d'un investissement insuffisant, d'une dégradation de l'emploi et d'un déplacement du partage des revenus au détriment des salariés" ("Le défi communautaire", République,  n°1, 1988).

Afin de se remettre sur ce que les économistes appellent un sentier de croissance, Michel Aglietta envisage deux scénarios.

Le premier consisterait à revenir à un système de chan-ges intra-européens flottants au service de la ré-duction des déficits extérieurs pour un taux de crois-sance préalablement choisi en fonction d'un objectif de réduction du chômage.

Un tel scénario, "souplesse des taux de change dans un espace financier caractérisé par une grande mobilité des capitaux, soumettrait le SME aux mêmes ava-tars que le SMI (système monétaire internatio-nal)", d'où, à notre sens, l'extrême importance de l'établissement d'un contrôle des capitaux rigou-reux.

Le deuxième scénario envisagé par M. Aglietta con-sis-te dans l'instauration d'une solidarité budgétaire entre pays et régions d'Europe au service de la crois-sance. Ceci implique un système de changes fixes.

Changes fixes et dimension continentale

Or, que l'Europe s'unisse économiquement en évo-luant vers l'économie dirigée —ce qui suppose l'é-mergence d'un pouvoir politique européen assurant cette direction— ou qu'elle reste un champ de ma-nœuvres des multinationales, il n'en reste pas moins que les conséquences logiques de l'acte unique euro-péen sont claires: "le marché intérieur européen dans le domaine des biens et services implique les chan-ges fixes; ces derniers et l'intégration financière con-duisent à une abolition des souverainetés monétaires nationales" (art. cit.).

La conséquence inévitable, plus que le maintien —tou-jours réversible— de monnaies nationales à taux de change fixe avec définition en commun des objectifs de croissance monétaire, c'est la création d'une monnaie unique européenne.

La première étape en serait bien sûr la substitution d'in-tervention en Ecus aux interventions bilatérales en monnaies nationales.

Mais le point important est qu'une telle monnaie peut être mise au service de politiques parfaitement divergentes.

Le contrôle européen —et non plus national— des mouvements de capitaux sera encore —si la volonté politique qui prévaut est celle d'un développement fondé sur le plein emploi des hommes— un des élé-ments indispensables de la politique monétaire de l'Eu-rope vis-à-vis du Yen et du Dollar, politique qui déterminera le niveau des taux d'intérêt dans nos pays, et donc largement le volume de l'activité et de l'emploi.

Techniquement, la déconnexion est donc parfaite-ment possible. Il reste aux Européens à apprendre à vouloir.

Pierre LE VIGAN.

Note:

(1) Sur la crise du système monétaire international, voir notamment Paul Fabra, "Le Saint Graal des chan-ges fixes"; Patrick Verley, "Le mythe de l'étalon-or", (Le Monde,  9 Mars 1988), et la remar-quable analyse de Jean-Marc Siroën, "Quoi de nou-veau?… l'hégémonie américaine", qui met en garde contre les illusions que l'internationalisation d'autres monnaies que le dollar (Ecu, Yen) rétablirait à elle seu-le l'"équilibre" du système et soustrairait Europe et Japon aux pressions américaines (Le Monde,  22 mars 1988).

 

 

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samedi, 28 février 2009

Mondialisme et Nouvel Ordre Mondial

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Mondialisme et Nouvel Ordre Mondial

 

Voici un siècle, l’empire Victorien, le plus vaste empire de l’Histoire, dominait déjà le monde. Par leurs alliances avec les familles de l’élite wasp (White, Anglo-saxon, Pro­tes­tant), les élites dirigeantes britanniques de cet em­pi­re favorisèrent l’émergence des Etats-Unis sur la scène mon­diale, entrés délibérément en guerre en 1898 contre l’Es­pagne après l’explosion (très suspecte) du cuirassé amé­ricain Maine dans le port de La Havane. Alors déjà, les di­ri­geants des Etats-Unis camouflaient leur cynique soif d’hé­gé­monie et leurs brutales ambitions impériales derrière un discours qui instrumentalisait en les magnifiant, la Démo­cratie, la Liberté et le Droit, comme les principes humani­taires, ainsi que le rappelle Henry Kissinger dans son der­nier ouvrage intitulé Diplomatie.

 

Début du nouvel empire mondial: la création de la banque centrale en 1913

 

Ce sont ces mêmes élites anglo-saxonnes qui, après avoir or­ganisé la panique monétaire de 1907 aux Etats-Unis (com­me le révèle le pris Nobel Milton Friedman), jetèrent les ba­­ses de leur nouvel empire mondial en imposant à l’o­pi­nion publique en 1913 la création de la banque cen­trale des Etats-Unis, le Federal Reserve System, dont elles con­servent toujours depuis lors le contrôle étroit.

 

Elles créèrent en outre à cette même époque, sur les mo­dèles de la Round Table et de la Fabian Society de l’empire Victorien, de nombreuses organisations, réunissant discrè­te­ment les personnes des milieux financiers, politiques, médiatiques, industriels, syndicaux, intellectuels et univer­sitaires, les plus puissantes de la planète : elles fondèrent ainsi entr’autres, sous la houlette du ²colonel² Edward Mandel House, mentor du Président Woodrow Wilson, le Council of Foreign Relations (CFR) à New-York, et le Royal Institut of International Affairs (Chattam House) à Lon­dres, qui essaimèrent par la suite en d’autres organisations similaires dans bien d’autres pays.

 

A l’issue du premier conflit mondial, c’est encore la ²di­plo­matie² des Etats-Unis qui imposa largement aux Etats euro­péens les nouveaux découpages des empires centraux vain­cus, abrités derrière les fameux ²quatorze points², attri­bués, pour les innombrables naïfs, au Président W. Wilson. Un quart de siècle plus tard, le CFR et le RIIAA ont pu à nou­veau exercer leurs influences lors du partage de l’Eu­ro­pe et du monde qui a prévalu lors des conférences de Yalta et de Postdam, après l’écrasement des puissances de l’Axe. Les ouvrages du professeur américain Caroll Quigley (cf. par exemple Tragedy and Hope ou The Anglo-American Establishment) auquel le Président Bill Clinton a rendu pu­bli­quement hommage lors de son allocution d’investiture, font désormais autorité sur le sujet.

 

Bien que toujours inconnu du grand public, le CFR de New-York, associé à son homologue britannique, le RIIA de Lon­dres, continue de gérer depuis les premières décennies du siècle le destin et la vie politique des Etats-Unis, et pré­tend à présent régenter le monde entier en imposant son Nouvel Ordre Mondial, conforme aux conceptions, et sur­tout aux intérêts et à la soif de puissance de leurs chefs. Ces organisations ont du reste, depuis une trentaine d’an­nées, essaimé en de multiples cercles ²externes² transna­tionaux, dont certains, tels le Groupe Bilderberg (en 1954), la Commission Trilatérale (en 1973) ou le Forum de Davos (en 1978), commencent désormais à être connues du grand public, les médias n’acceptant que maintenant seulement, d’en parler peu à peu à l’occasion.

 

Dans son allocution inaugurale à la session de juin 1991 du Bilderberg Group, en effet,  M. David Rockefeller, prési­dent de la Chase Manhattan Bank, fils du grand John Da­vison Rockefeller, l’un des fondateurs du CFR, que lui, son fils, préside aujourd’hui, lui-même fondateur et actuel pré­sident de la Commission Trilatérale,  n’accueillait-il pas ain­si à Baden-Baden les personnalités venues du monde en­tier participer aux travaux : “Nous remercions le Washing­ton Post, le New-York Times, Time Magazine et les autres gran­des publications dont les directeurs ont assisté à nos réu­nions et respecté leurs promesses de discrétion pen­dant au moins quarante ans… Il eut été impossible pour nous de développer notre place mondiale si nous avions été l’objet d’une publicité quelconque pendant ces an­nées-là. Mais le monde est aujourd’hui vraiment plus so­phi­stiqué et préparé à marcher vers un gouvernement mon­dial. La souveraineté supranationale d’une élite intel­lec­tuelle et des banquiers mondiaux est certainement pré­fé­rable aux décisions nationales qui se pratiquent depuis des siècles… ”

 

Des champions du malthusianisme

 

Soulignons en passant que les Rockefeller, père et fils, se sont par ailleurs, depuis au moins les années 1930, consti­tués les champions du malthusianisme mondial, et de la lut­te contre la fécondité humaine. A la suite des recher­ches qu’ils ont financées avec persévérance, ce sont leurs firmes qui possèdent aujourd’hui les premiers brevets des pi­lules contraceptives à œstrogènes, ainsi que ceux des pre­­miers stérilets abortifs. Leurs immenses richesses et les multiples fondations privées exemptées d’impôts, dont le Po­pulation Council, qu’ils ont créées aux Etats Unis, leur ont en outre permis d’exercer depuis les années 1950 dans ce domaine, un véritable magistère sur les organisations in­ternationales, en particulier sur le système des Nations U­nies. Cette influence prend aujourd’hui tout son sens en Europe, dont les peuples sous-féconds sont désormais lar­gement engagés depuis 25 ans dans un processus cu­mu­latif mortel d’implosion démographique qui renverse leurs pyramides des âges.

 

Tous ces groupes, dont les dirigeants aujourd’hui détermi­nent déjà largement de facto les affaires mondiales, ten­tent d’unir leurs efforts pour imposer maintenant à tous les peuples du monde l’émergence et la construction de jure d’un gouvernement mondial qui se substitue aux nations, et spécialement aux états nations historiques, appelés à être dissous, qui subsistent encore. Et les textes des traités eu­ropéens récents imposés aux opinions publiques euro­péen­nes, tels l’Acte Unique (1986), le traité de Maastricht (1992) et celui d’Amsterdam (1998), prennent alors tout leur sens sous cet éclairage, en constituant l’étape décisive de la quête de cet objectif : Un gouvernement mondial de­vant très vite disposer d’une monnaie mondiale (l’euro, dé­jà presque à parité avec le dollar, étant appelé à fusion­ner avant dix ans dans une monnaie unique transatlan­ti­que), et d’une police mondiale dévolue à l’OTAN, bras ar­mé des maîtres mondialistes, qui s’essaie aujourd’hui à son nouveau rôle en détruisant la Serbie, alliée traditionnelle de la France, pour imposer par la force et la terreur le Nou­vel Ordre Mondial des Rockefeller and Co. aux peuples ré­calcitrants.

 

Même si les opinions publiques en sont toujours tenues dans l’ignorance, cet état de chose des affaires du monde n’est plus, bien sûr, au-delà des cercles des initiés, totalement inconnu d’un public averti. Ainsi Le Figaro a-t-il fait écho ré­cemment dans sa page Opinions à des positions qui fai­saient des allusions précises sur ce sujet : le 30 mars 1999, l’historien Dominique Venner y publiait un court article sur la guerre à la Serbie sous le titre éloquent : “ Qui com­man­de le monde ? ” ; mais surtout le 18 janvier 1999, dans un ar­ticle intitulé “°Vers une Europe américaine, Amsterdam est l’aboutissement d’une politique hégémonique destinée à faire disparaître les nations européennes°”, l’ancien Am­bassadeur de France Albert Chambon, révélait le dessous des cartes du traité d’Amsterdam en impliquant directe­ment l’action du CFR et de la Trilatérale.

 

Il est particulièrement révélateur d’observer que, en ré­pon­se à l’article de M. l’Ambassadeur Albert Chambon qui brisait ainsi l’Omerta en révélant dans la grande presse à l’opinion française le rôle moteur du CFR et de la Trila­té­rale dans l’élaboration du traité d’Amsterdam, ce fut le po­lono-américain, Zbigniew Brzezinski, conseiller de M. Da­vid Rockefeller et de plusieurs Présidents des Etats-Unis, qui s’est senti tenu de publier dans les mêmes colonnes du Figaro, le 26 janvier 1999, un article intitulé : “ Défense de la Trilatérale. Il n’y a aucun ²complot² ”. Or c’est ce mê­me personnage qui, quelques mois plus tard, à la une du jour­nal Le Monde du samedi 17 avril 1999, sous le titre “ Guer­re totale contre Milosevic ! ” (expression employée pour la première fois par Joseph Goebbels), rapportait avec arrogance les dernières consignes des vrais dirigeants, en rap­pelant le Président de la République française, Jacques Chirac, et son Premier Ministre, Lionel Jospin, ainsi que les di­rigeants français, à la fidélité à leurs obligations, après près d’un mois de bombardements aériens de l’OTAN sur la Serbie.

 

Les drames, les atrocités et les crimes de guerre en tous genres qui ont accompagné la dislocation de l’ex-Yougo­slavie depuis 1991, en Bosnie serbo-musulmane, en Kraïna et Slavonie serbo-croates d’abord, et qui sévissent aujour­d’hui au Kosovo albano-serbe, masquent utilement aux o­pinions publiques des “ grandes démocraties ” occiden­ta­les les véritables enjeux géopolitiques de ces événe­ments, enjeux qui visent en réalité l’avenir de l’indé­pen­dance et de la liberté en Europe face aux diktats des di­rigeants mondialistes américains et à leurs appétits de puis­sance.

 

L'avertissement d'Attali à la France

 

Depuis deux ans déjà pourtant, nous en étions, nous Fran­çais, solennellement avertis : alors que M. Felix Ro­ha­tyn, l’un des dirigeants du Groupe Lazard Brothers de New-York, et l’un des gestionnaires de fonds les plus puis­sants sur le Stock Exchange de New-York, acceptait de s’é­loigner de ses bureaux de Manhattan pour remplacer l’Am­bassadeur des Etats-Unis à Paris, Mme Pamela Harriman, qui venait tout juste de décéder subitement, M. Jacques At­tali, lui-même très proche du groupe Lazard et de M. Fe­lix Rohatyn, ancien conseiller (et sherpa) du Président fran­çais, François Mitterrand, aujourd’hui dirigeant d’un ca­binet de conseil international financé par le groupe La­zard, venait de signer un article fracassant dans le journal Le Monde du 4 mars 1997 sous le titre “ Géopolitique de l’immigration ”. Lui aussi, avec arrogance, fidèle écho des volontés des ²cénacles² supérieurs, mettait ainsi sévère­ment en garde les responsables français : “ Si la France et l’Europe décidaient de s’affirmer comme un club chré­tien, elles devraient se préparer à l’affrontement avec un milliard d’hommes, à une véritable ²guerre de civili­sations². Avec, en prime, en France, une guerre civile. Car la France, en raison de ses choix géopolitiques anté­rieurs, est une nation musulmane : l’Islam est la religion de plus de deux millions de citoyens français et du tiers des immigrés sur son sol. ”. M. Attali tenait soigneusement ce­pendant le lecteur de son article du Monde dans l’igno­rance de la contribution essentielle qu’il venait d’apporter, sous le titre “ For a New Political Order ”, au numéro spé­cial winter 1996 que la revue américaine Time Magazine ve­nait de consacrer quelques mois auparavant à l’Europe et à son avenir. Il y exposait, avec condescendance, les vues mondiales et mégalomanes pour les 50 prochaines années des vrais dirigeants des affaires du monde, son article, paru ensuite dans Le Monde à l’usage des seuls lecteurs français, apparaissant dès lors n’être plus qu’une simple application localisée et provinciale de l’exposé général du grand des­sein et du grand œuvre des nouveaux maîtres du monde. Parmi ces aperçus admirables et impératifs, on relèvera sous la plume de M. Attali la stricte obligation américaine faite aux Etats membres de l’Union Européenne d’inté­grer dans un avenir très proche la Turquie, alliée stra­tégique des Etats-Unis, comme membre à part entière de l’Union, obligation dont, du reste, le Président de la Ré­publique, M. Jacques Chirac, qui s’en était, depuis quel­ques années déjà, constitué le champion, apparaît au­jourd’hui le premier et le plus zélé porte-parole en Europe.

Comme l’expose du reste sans détour, avec un cynisme in­génu, M. Zbigniew Brzezinski, en page 68 de son livre, pu­blié en France en 1997 sous le titre : “ Le grand échiquier : l’Amérique et le reste du monde ”, livre que tous les cito­yens des pays européens se devraient d’avoir lu méticu­leu­sement et de méditer, quand il identifie les conditions du maintien pour le prochain demi-siècle de l’hégémonie mon­diale à laquelle les Etats-Unis sont aujourd’hui parvenus : “ Cette approche géopolitique n’a de sens qu’autant qu’e­lle sert les intérêts de l’Amérique, c’est-à-dire, à court terme, le maintien de son statut de superpuis­san­ce planétaire et, à long terme, l’évolution vers une co­opéra­tion mondiale institutionnalisée[1]…(..)…Les trois grands impératifs géostratégiques se résumeraient ainsi : éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives. ”. On peut mesurer à quel point les sacro-saints principes de Démocratie, des Droits de l’Homme et autres Droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, ainsi que les fondements solennels de la Charte des Nations Unies sont ici oubliés, voire niés, car devenus alors par trop inopportuns.

 

Couper l'Europe des richesses de la Russie-Sibérie et chasser les Européens de leurs positions africaines

 

En réalité l’hégémonie américaine n’a pu s’établir au XXème siècle, et ne peut se perpétuer à l’avenir, qu’en coupant délibérément l’Europe, principal réservoir mondial des res­sources humaines culturelles, scientifiques et techniques, des gigantesques réservoirs mondiaux de matières pre­miè­res que constituent la Russie-Sibérie d’une part, et l’Afri­que d’autre part, toutes deux géographiquement limitro­phes ou proches de l’Europe. Historiquement, ce sont les deux premiers conflits mondiaux, qui, en plongeant la Rus­sie dans la paralysie du communisme, puis en séparant l’Eu­rope par le rideau de fer, la coupant ainsi des richesses de l’Est, ont assis la domination des Etats-Unis sur notre continent au cours de ce siècle. On mesure ici ce que l’hé­gémonie américaine actuelle doit à l’instauration du com­mu­nisme et aux deux guerres mondiales.

 

Le soutien des Etats-Unis à la décolonisation d’après guer­re, qui plonge aujourd’hui le continent africain dans le ma­rasme et les guerres ethniques, le financement qu’ils ont assuré au FLN algérien dans leur lutte contre la France dans les années 50, leurs menées actuelles en Afrique Centrale et Australe, illustre bien leur souci constant de chasser l’Eu­rope de ses positions africaines, pour la couper de ces réservoirs de matières premières.

 

Cependant l’effondrement interne du communisme à l’Est, et la désagrégation récente de l’empire soviétique, en dé­pit des efforts désespérés de la diplomatie du Président a­mé­ricain Georges Bush et de son allié le Président Mikhaïl Gorbatchev, constitue désormais une menace, de nature à re­mettre en cause à terme la suprématie actuelle des diri­geants des Etats-Unis sur le monde, et susceptible de rui­ner, lors même qu’ils semblent enfin accessibles, leurs rê­ves mondialistes.

 

Le livre, paru il y a deux ans sous la signature d’Alexandre del Valle, “ Islamisme et Etats-Unis, une alliance contre l’Europe[2] ”, jette une lumière crue sur la stratégie de re­change, engagée déjà depuis une vingtaine d’années par les dirigeants mondialistes américains pour faire face à ce nouvel état de choses. Il constate que, de l’Irak à l’Afgha­nistan, en passant par l’Iran et le Pakistan, ainsi que dans d’au­tres pays musulmans, en particulier en Afrique du Nord, la politique et la diplomatie américaines, sous cou­vert des menées de l’Arabie Saoudite, leur protégée, s’in­génient à susciter et à promouvoir délibérément les régimes islamiques les plus rétrogrades, faciles à contrô­ler par la corruption de leurs dirigeants impliqués dans les tra­fics internationaux de drogues, et à détruire les régi­mes laïques de ces pays fondés sur l’idée nationale, exci­tant ainsi potentiellement les islams les plus extrémistes contre les chrétientés européennes et slaves, dont ils sont géographiquement proches. Appelée, bien sûr, à ga­gner les pays musulmans d’Afrique, cette hostilité poten­tielle est de nature à couper un peu plus l’Europe des ri­chesses naturelles de l’Afrique.

 

Mitterrand avait vu juste: l'Amérique nous mène une guerre à mort

 

Dans un livre paru la même année, “ Le Syndrome de l’or­to­lan ”, où il explicitait la stratégie médiatique d’aveugle­ment des opinions publiques européennes, Arnaud-Aaron Upinsky rappelait opportunément cette citation impres­sionnante, tirée d’un entretien du Président François Mit­ter­rand accordé au journaliste Georges Marc Benamou[3], : “ La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guer­re vitale, une guerre économique, une guerre sans morts. Apparemment…(..)…Oui, ils sont très durs les A­mé­ricains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans par­tage sur le monde. Une guerre inconnue, une guerre permanente, sans morts apparemment, et pourtant, une guerre à mort…(..)…Les Américains voulaient envoyer les Turcs bombarder les Serbes. ”

 

Dans la traduction française de son livre “ Le choc des civi­lisations ”, paru également la même année, le professeur américain Samuel P. Huntington insistait, quant à lui, lon­guement sur les opportunités géopolitiques qu’offre le cli­va­ge historique et culturel qui sépare la chrétienté eu­ro­péenne entre les peuples slaves et orthodoxes d’une part, et les pays catholiques et protestants d’autre part.

 

La destruction de la Serbie était programmée depuis longtemps

 

Dès lors s’éclaire la stratégie des cénacles mondialistes amé­ricains et leurs intentions dans les Balkans. Mme Ma­deleine Albright, leur porte-parole dans le gouvernement Clinton, tchèque d’origine et très liée à M. Brzezinski, exi­ge impérieusement aujourd’hui de la part de leurs affidés européens, la destruction de la Serbie, planifiée déjà de­puis plusieurs années à Washington, qui fait obstacle à la réa­lisation de leurs plans, destruction de la Serbie par l’U­nion Européenne et l’OTAN qui leur permettrait d’un seul coup d’atteindre plusieurs objectifs :

 

En effet, la destruction délibérée de la Serbie sous les bom­bes de l’OTAN, suivie de l’engagement des contingents euro­péens sur le sol serbe, programmé sans doute pour l’été prochain, au moment où les populations des “ grandes dé­mo­craties ” gagnent les plages de leurs vacances annuel­les, anesthésiant ainsi les opinions publiques occidentales, permettrait d’abord de creuser un fossé irrémédiable en­tre les peuples slaves et orthodoxes d’une part et ceux de l’Europe occidentale d’autre part, coupant en parti­cu­lier la France des alliés traditionnels de sa diplomatie à l’Est. En outre, ce fossé rétablirait la coupure que le com­munisme avait autrefois établie en Europe, qui inter­disait à celle-ci l’accès aux richesses de l’empire Russe.

 

La destruction impitoyable de la Serbie devrait en outre ser­­vir d’exemple pour dissuader les peuples européens de toutes velléités de retour à leur ancienne indépen­dan­ce nationale, au moment où se parachève l’Union Euro­péen­ne fédérale, sous protectorat des Etats-Unis, base dé­cisive de la construction du rêve mondialiste de leurs diri­geants.

 

Les dirigeants américains

veulent ré-islamiser les Balkans

 

L’écrasement de la Serbie aurait en outre pour effet d’a­bais­ser la Grèce dans la région, et de lever l’obstacle grec à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne.

 

Comme le dénonce, avec autant d’obstination que de per­tinence, le Général Pierre-Marie Gallois, auquel le Géné­ral De Gaulle avait naguère confié le soin d’élaborer la doc­trine d’emploi de la force de dissuasion française, auteur des deux livres “ Le sang du pétrole : tome I, l’Irak, tome II, la Bosnie ” et qui a préfacé “ Islamisme et Etats-Unis ”, les dirigeants américains veulent ré-islamiser les Bal­kans. Les accords de Dayton leur ont déjà permis d’établir en Bosnie, après en avoir largement chassé les Serbes, la première République Islamique en Europe, dirigée par le fon­damentaliste musulman Izetbegovic. La destruction de la Serbie leur permettra de réaliser prochainement une grande Albanie islamique, placée sous leur protectorat, et sur le territoire de laquelle, comme chez leur protégée mu­sulmane du Golfe, l’Arabie Saoudite, ils pourront dispo­ser de larges bases militaires navales et terrestres perma­nentes, y installant, comme en Arabie Saoudite, du ma­té­riel lourd, et des troupes à demeure.

 

Ces républiques islamiques, ainsi installées dans les Bal­kans, deviendraient les “ clientes ” naturelles de la Tur­quie, prochain membre, de par la volonté américaine, de l’U­nion Européenne, le reste des Balkans restant sous in­fluence allemande, l’ensemble de la zone, ainsi que les al­liés privilégiés turcs et allemands des Etats-Unis, de­meurant sous le contrôle de ces derniers au sein de l’Union Européenne.

 

Neutraliser définitivement la Russie

 

Cette présence Turco-islamique au cœur de l’Europe, é­troitement sous contrôle des dirigeants mondialistes des Etats-Unis, garantirait à ces derniers la pérennité de leur suprématie mondiale pour le prochain demi-siècle : De nature, en effet, à maîtriser l’incertitude russe, que, dans son livre, M. Brzezinski appelle “ le trou noir ”, en neu­tra­lisant définitivement la Russie, cette installation de son en­nemi historique et culturel turc sur ses frontières du Sud-Ouest, complèterait son encerclement au sud par les répu­bliques musulmanes turcophones, où les diplomaties amé­ricaine et israélienne, attirées par la richesse de leur sous-sol et de leur position stratégique, sont déjà très actives.

 

De plus, la Turquie, devenue Etat membre de l’Union, pourrait très vite peser d’un poids décisif sur la politique migratoire et sur l’ouverture des frontières européennes aux mondes musulmans des Proche et Moyen Orient et d’Afrique, alors même que les effectifs des populations de la chrétienté européenne et du monde orthodoxe ont dé­jà amorcé leur déclin. Après plus de 25 ans d’une fécon­dité toujours plus éloignée du seuil de remplacement des générations, ces populations européennes autochtones, à présent en cours de vieillissement rapide, se sont ainsi en­ga­gées en effet dans un processus d’implosion démogra­phi­que bientôt irréversible. Elles ont déjà largement entamé le renversement de leurs pyramides des âges appelé à s’accélérer au cours des trois prochaines décennies. Au cours de la même période, de Dakar à Alma-Ata, les jeu­nes populations musulmanes, proches de l’Europe et de la Russie, vont au contraire connaître l’apogée de leur croissance démographique en doublant leurs effectifs.

 

Persévérance

de la croisade malthusienne

 

Les dirigeants mondialistes des Etats-Unis, qui, par la per­sé­vérance de leur croisade malthusienne depuis une cinquantaine d’années, ont poussé les peuples euro­péens dans ce processus d’implosion démographique en passe de devenir maintenant incontrôlable, tirent à pré­sent un parti cynique de cette nouvelle donne géostra­tégique, parfaitement prévisible, qui bouleverse le face à fa­ce entre les chrétientés européennes et slaves et les mon­des musulmans d’Afrique et du Moyen Orient, en ac­com­pagnant aujourd’hui délibérément l’islamisation ra­pi­de de l’Europe et de la Russie au cours du premier tiers du siècle qui s’ouvre, pour tenter de la canaliser au mieux de leurs intérêts et de leurs projets.

Ce nouvel état de chose garantissant à ces dirigeants, pour plus d’une génération encore, la maîtrise sans partage des affaires du monde, est de nature à leur ouvrir la perspec­tive prochaine de réaliser enfin leur rêve d’imposer à tous les peuples du monde un gouvernement mondial dont ils pourraient espérer conserver le contrôle au cours du siècle qui s’ouvre, sous réserve de parvenir à convaincre ra­pidement les dirigeants de la Chine et de l’Inde de s’y as­socier. Du moins est-ce là la vision générale de ces diri­geants mondialistes, telle qu’elle ressort de la lecture des li­vres et articles récents de leurs principaux porte-parole.

 

Philippe BOURCIER de CARBON,

Démographe, Ancien Auditeur de l’IHEDN, Président du Comité d’honneur de La Voix des Français (Renaissance 95)

 



[1] Bien évidemment dominée par les actuels dirigeants mondialistes anglo-américains du CFR et du RIIA (commentaire de l’auteur de cet article).

[2] Et, devrait-on ajouter, contre la Russie.

[3] “ Le dernier Mitterrand ”, Georges-Marc Benamou, 1995.

vendredi, 27 février 2009

Le rejet de l'ordre européen avant 1914

Le rejet de l'ordre européen avant 1914 par Dominique Venner

Dans toutes les capitales, lors des conseils décisifs, les hommes politiques généralement médiocres cèdent devant les techniciens que sont les militaires. Ce ne sont pas sur des critères politiques que ces derniers s'appuient, mais exclusivement sur des impératifs techniques. On peut dire ainsi que le déclenchement de la guerre de 1914 fut l'effet de la domination exercée par les nouvelles technostructures sur la pensée ou les desseins des politiques. Un tel « progrès » s'apprécie à ses résultats.

L'invocation de ces circonstances ne peut empêcher que se pose une question traumatisante. Les Européens ont été les seuls responsables de la guerre et donc de la catastrophe qui a suivi. S'ils ont produit les hécatombes insensées de cette guerre et les atrocités de la suivante, leur civilisation ne s'en trouve-t-elle pas moralement et politiquement condamnée ?

En réalité, la question est mal posée, car ce n'est pas la civilisation européenne qui a provoqué la guerre en 1914, mais au contraire son rejet. Après les désastres des guerres de Religion et de la guerre de Trente Ans (1618-1648), les négociateurs des traités de Westphalie (1648) avaient jeté les bases d'un nouvel « ordre européen » sur les décombres de la Chrétienté, nous y avons déjà fait allusion. Cet ordre ou ce concert s'est maintenu jusqu'en 1914. Pour l'essentiel, il était fondé sur la conscience forte de l'appartenance à une même famille de dynasties et de peuples entre lesquels les guerres devaient rester limitées et soumises au « droit des gens européens » (jus publicum europeaeum) défini en 16481. Ce droit européen impliquait une parfaite symétrie entre lés États. Chacun reconnaissait que la cause des autres était juste. Cette conception permettait de négocier des traités avec l'ennemi de la veille sans en faire un criminel. Il était seulement un adversaire ayant lutté pour une cause juste. Et il pouvait devenir l'allié du lendemain.

Ce droit européen souffrit une première atteinte durant les guerres de la Révolution. Les révolutionnaires français donnèrent d'emblée à leur guerre un caractère idéologique, prétendant au monopole de la juste cause et justifiant la haine illimitée de l'ennemi (les « tyrans »). Néanmoins, en 1815, au Congrès de Vienne, l'Europe renoua avec le principe de son droit des gens. La pratique des conférences permit de traverser tout le XIX siècle sans guerre généralisée. Mais alors pourquoi cet équilibre a-t-il basculé en 1914 ?

En plus de toutes les raisons humaines et techniques que nous avons déjà invoquées, il faut aussi tenir compte de l'abandon de l'ancienne culture politique qui avait jusque-là prévalu. Le concert européen reposait sur des valeurs de civilisation communes à toutes les élites dirigeantes. « Or, depuis la fin du XIXè, la démocratisation de la vie publique, l'arrivée au pouvoir de couches nouvelles, remettent en cause ce véritable club international qui avait jusque-là géré les affaires européennes.» (1) En d'autres termes, les valeurs fondatrices de la
civilisation européenne avaient été abandonnées. Ce ne sont donc pas elles qui ont conduit à la catastrophe, mais leur oubli.

L'éveil des passions nationalistes et des haines entre Européens à la veille de 1914 et au-delà est une manifestation de cet oubli.

Dominique Venner, Le Siècle de 1914, Pygmalion, 2006.

Notes
1- Georges-Henri Soutou, conclusion à l'ouvrage collectif, L'Ordre européen du XVIè au XXè siècle
, 1998.

mercredi, 18 février 2009

Europe eurasiste contre Europe atlantiste: à nous de choisir!

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EUROPE EURASISTE CONTRE EUROPE ATLANTISTE : A NOUS DE CHOISIR !


Moins de 20 ans après l'effondrement de l'URSS, force est pourtant de constater que le titre du Financial Times est plus que d'actualité alors que le pays se prépare a choisir ses nouveaux dirigeants. Une guerre défensive de cinq jours, habilement gagnée par la Russie dans le sud Caucase suffit a totalement enrayer le processus d'extension de l'OTAN. Pour la première fois, une puissance contrecarrait militairement les Etats-Unis d’Amérique. En ce mois d'août 2008, les tanks russes qui défendirent Tsinvali venaient de faire chanceler le vieux monde, unilatéral et néo-libéral. (...)


Depuis la chute de l'URSS et du mur de Berlin, l'OTAN n'a plus lieu d'être. Incapable de venir a bout des "terroristes" et du trafic d'opium afghan, l'OTAN est devenue une organisation désuète, frappée du sceau de l'échec et qui ne reflète plus les intérêts européens. En effet la menace soviétique et le pacte de Varsovie ayant disparus et la nouvelle menace terroriste (due a un Ben Laden formé par la CIA) considérablement moins élevée (voir inexistante) sans une participation récurrentes aux actions de l'OTAN a travers le monde. Les Européens doivent aujourd'hui se rendre compte que leurs soldats font office de supplétifs de l'armée américaine, se faisant tuer pour des guerres qui ne sont pas les leurs ! Pire, en collaborant avec l'OTAN, l'Europe se met en position conflictuelle avec des acteurs essentiels a la stabilité et la paix que cela soit dans le monde musulman (où l'OTAN est perçue comme une alliance de croisés modernes) mais également dans le monde eurasiatique, ou l'OTAN est vue comme un outil Américain, facteur de trouble, par les grandes puissances de demain comme la Russie, la Chine, l'Inde ou l'Iran, toutes ces puissance étant liées entre elles au sein de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS).


Ce nouvel ordre multipolaire semble se configurer via l'émergence de grands ensembles civilisationnels et identitaires (UE, Chine, Russie, Inde). Ce phénomene de regroupement sur-régional est a l'opposé du mouvement de morcellement auquel œuvre l'Amérique en Europe, morcellement destiné a la constitution de petits ensembles facilement contrôlables économiquement et dépendants militairement (Yougoslavie, Tchécoslovaquie, projet de morcellement en trois de la Russie..). Morcellements au passage fomentés par l'OTAN et dogmatiquement attribués à l'effondrement post-soviétique. Ces nouveaux regroupements auto-centrés n'ont pas lieu qu'en Eurasie mais bel et bien sur tous les continents, que ce soit en Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Venezuela et Bolivie), sur le continent africain, ou dans le monde musulman, arabe ou pan-turc. Ces regroupements s'opèrent via des cœurs historiques, civilisationnels et économiques. Ces cœurs impériaux sont de facon très génerale les grandes capitales ethno-culturelles des zones concernées, à savoir Pékin pour la Chine, Tokyo pour les Japonais, Caracas ou Rio pour l'Amérique du sud, les musulmans hésitants depuis longtemps entre La Mecque, Téhéran et Istanbul, avec une montée en puissance des musulmans d'Asie. Il est à noter la place absolument unique de la Russie, au carrefour de tous les mondes, islamique via sa position a l'OCI, occidental via le COR, européen par essence ou encore asiatique de par sa géographie et sa participation a l'OCS.


De ces ensembles qui représentent de potentiels concurrents économiques voir militaires, l'Amérique en craint un bien plus que les autres : la grande Europe, ce front continental, colosse économique et militaire, gigantesque empire de Reykavik a Vladivostok, étalé sur onze fuseaux horaires et potentiel leader économique et militaire planétaire. La division voulue et souhaitée par les stratèges américains date et va dans ce sens : tout faire pour empêcher tout unité pan-européene ! De John O'Sullivan qui en 1845, dans "Our Manifest Destiny" écrivait : "Avec l'anéantissement de l'Europe, l'Amérique deviendra la maîtresse du monde" ou l'ouvrage de 1890, "Our Country" qui précise que "l'Europe vieillissante n'a plus les moyens de sauvegarder les valeurs civilisatrices de l'Occident, reprises par une Amérique dynamique émergente" et conclut par la fameuse formule "Europe must perish ! " soit l'Europe doit périr. (...)


La Russie endormie sous Eltsine s'est réveillée, devenant aujourd'hui l'hyper-centre de résistance à l'américanisation forcée et à l'extension agressive et criminelle de l'OTAN. La Russie nous a prouvé récemment qu'elle était prête à défendre ses intérêts mais également à collaborer avec l'Europe et à participer activement à un projet de société pacifique, multilatéral et fondé sur la concertation. Comme les Russes de 1999, les Européens de 2008 doivent sortir de leur sommeil et se libérer, tout d'abord des chaines de l'OTAN, qui s'étendent jusqu'aux frontières ukrainiennes et biélorusses et pourrait les mener a un conflit avec leurs frères Russes.


L'Europe se situe sur le continent eurasien, dont elle occupe la façade atlantique, tandis que la Russie elle occupe la majorité des terres, et la façade pacifique. L'Europe et la Russie sont intrinsèquement liés et appartiennent au même continent, l'Eurasie ! L'Eurasie est la maison commune des Européens et des Russes, de Reykavik à Vladivostok. Grâce à la Russie, une autre Europe, eurasiatique se dresse face à la Petite-Europe atlantiste de Bruxelles. Apres Athènes, Byzance, Aix la Chapelle et Constantinople, Moscou est la nouvelle capitale de l'Europe. »



Alexandre Latsa, Dissonance, 29 novembre 2008


QU’EST-CE QUE L’EURASISME ?

mardi, 17 février 2009

Racak, massacre trop parfait?

La CIA toujours à la besogne : Racak, le massacre n’était-il pas trop parfait ?

Après Timisoara, après les bébés koweîtiens, après les armes de destruction massive d’Irak, le “massacre” serbe de Racak n’a jamais eu lieu.
Il fut pourtant le prétexte qui a justifié le bombardement de la Yougoslavie.

La Dr Helena Ranta, responsable de l’équipe d’enquêteurs sur le terrain, révèle comment elle a été obligée de confirmer la version officielle d’une sinistre mise en scène.

Helena Ranta, une spécialiste finlandaise de médecine légale de renommée mondiale, âgée de 62 ans, vient de publier sa biographie à Helsinki, écrite avec l’aide de Kaius Niemi, un des directeurs du journal Helsingin Sanomat. Elle était la responsable de l’équipe d’enquêteurs internationaux chargée sur place du rapport sur les événements qui s’étaient déroulés dans le village de Racak, au Kosovo, où 45 cadavres avaient été découverts en 1999. La sinistre trouvaille avait été immédiatement transformée par les médias occidentaux en un massacre de civils albanais attribué aux Serbes, suscitant l’indignation mondiale, et servant de prétexte justificatif du bombardement de la Yougoslavie. Dans son livre, Helena Ranta fait des révélations spectaculaires sur les pressions qu’elle a subies pour accréditer la fausse version de la culpabilité serbe, faisant ainsi voler en éclats un des plus grands mensonges de la guerre dans les Balkans.

Elle y raconte que William Walker, le chef américain de la mission de l’OSCE (1) au Kosovo pendant l’hiver 1998-1999, a brisé son crayon en bois et lancé les morceaux à sa figure, furieux des conclusions de son rapport, qui n’avaient pas utilisé « un langage suffisamment convaincant » à propos des atrocités serbes. Elle y décrit les pressions de trois fonctionnaires du ministère finlandais des Affaires étrangères qui exigeaient d’elle « des conclusions plus approfondies ». « J’ai conservé leurs e-mails », a-t-elle dit à son éditeur à Helsinki.

Une déclaration imposée

En 1999, elle avait été obligée de déclarer à la presse « oui, il s’agit d’un crime contre l’humanité ». Mais le journaliste finlandais Ari Rusila, expert pour les Balkans, écrit dans un article sur le livre d’Helena Ranta que, pendant son enquête, elle avait voulu que ses résultats ne soient en faveur ni des uns ni des autres et avait essayé de se soustraire aux infleunces politiques, mais que, dès le début, elle travaillait sous une intense pression de sa hiérarchie et des médias. Les autorités voulaient qu’elle prouve que les coups de feu ayant tué les victimes étaient les coups de grâce d’une exécution. L’objectif de Walker était d’aider l’UCK (2) et de mettre en scène un massacre attribué aux Serbes permettant l’intervention militaire des Occidentaux, qui s’est produite au printemps 1999.

Ranta précise que le chef à l’époque de la section politique du ministère, Pertti Torstila, aujourd’hui secrétaire d’Etat [du gouvernement finlandais], lui a demandé de retirer de son rapport un commentaire « modérément critique » de la politique du gouvernement. Torstila a démenti cette affirmation en se prétendant « stupéfait ».

L’intérêt de ces révélations est qu’elles confirment de façon définitive des doutes qui se manifestaient déjà à l’époque. Un article du 1er février 2001 de « FAIR » (Fairness & Accuracy in Reporting – Equité et exactitude dans le reportage) fait état du black-out des médias à leur propos. Il revient sur le déroulement des faits.

Un “horrible massacre”

En janvier 1999, William Walker annonce que les soldats serbes ont massacré 45 Albanais du village de Racak. Il qualifie la tuerie d’« horrible massacre », précisant que les victimes étaient toutes des civils, brutalement exécutés, certains d’entre eux même mutilés après leur mort.

Une fois l’histoire du massacre évoquée dans ses plus bouleversants détails par les grands médias du monde entier (3), la poussée vers la guerre s’est intensifiée et les alliés européens hésitants ont fait un pas décisif en ce qui concernait l’autorisation de frappes aériennes. Selon un article du Washington Post du 18 avril 1999, « Racak a transformé la politique balkanique de l’Occident comme peu d’événements isolés ont pu le faire. »

Des doutes font surface

Des questions troublantes ont pourtant vite vu le jour, mettant le massacre en doute et évoquant la possibilité que l’incident ait été manipulé pour pousser l’OTAN à la guerre, mais elles ont été complètement ignorées par les médias américains de l’époque.

Des articles importants de correspondants chevronnés en Yougoslavie s’interrogeant sur la version de William Walker ont pourtant été publiés par des journaux français comme « Le Figaro » (« Nuages noirs sur un massacre », 20/1/99), et « Le Monde » (« Les morts de Racak ont-ils réellement été massacrés de sang-froid », 21/1/99). Le quotidien allemand « Berliner Zeitung » a rapporté, le 13/3/99, que plusieurs gouvernements, dont l’Allemagne et l’Italie, demandaient à l’OSCE de renvoyer William Walker, à la lumière d’informations reçues de contrôleurs de l’OSCE au Kosovo selon lesquelles les corps de Racak « n’étaient pas – comme le prétend Walker – des victimes d’un massacre serbe de civils » mais ceux de combattants de l’UCK tués au combat.

Un rapport occulté pendant deux ans

Le « Sunday Times » de Londres (12/3/99) a écrit que l’équipe d’observateurs américains de Walker travaillait secrètement avec la CIA pour pousser l’OTAN à la guerre. Selon le journal, « Les diplomates européens collaborant à l’époque avec l’OSCE affirment avoir été trahis par une politique américaine rendant les frappes aériennes inévitables. »

Après le massacre, l’Union européenne a embauché l’équipe de scientifiques finlandais dirigée par Ranta pour enquêter sur les morts. Son rapport a été gardé secret pendant deux ans. Les médias US l’ont ignoré, malgré le fait que le rapport ait conclu qu’il y avait eu en effet des morts à Racak, mais qu’il n’y avait aucune preuve de massacre.

Selon le « Berliner Zeitung » du 16/1/01, les enquêteurs finlandais n’ont pas pu établir que les victimes étaient des civils, s’ils étaient de Racak, ni où ils avaient été tués. De plus, ils n’ont trouvé qu’un seul cadavre montrant des traces d’exécution, et aucune preuve que des corps aient été mutilés. Le journal précise que ces conclusions avaient été finalisées en juin 2000, mais qu’elles ont été occultées par l’ONU et l’UE. Aucun journal américain n’en a parlé.

Un second article de « FAIR », daté du 18 juillet 2001, soulève à nouveau des questions.

De nouvelles informations sur l’incident de Racak ont vu le jour.

Des douilles introuvables

Selon le documentaire de la Canadian Broadcasting Company, « La route de Racak » (The World at Six, 29/5/2000), quand l’envoyé spécial du « Figaro » Renaud Girard est arrivé au village, il a été surpris de voir que William Walker n’avait pas isolé la scène du crime pour permettre l’enquête. Il s’est également étonné de ne trouver pratiquement aucune douille sur le sol. « C’était étrange, a-t-il dit à la CBC. Peut-être quelqu’un les avait ramassées. » De retour à Pristina le même jour, il a parlé à son confrère Christophe Chatelot du « Monde » de l’apparente absence de douilles. Chatelot a demandé à l’un des observateurs de Walker, un capitaine de l’armée américaine, pourquoi on n’en avait pas trouvé. « C’est parce que je les ai prises, a répondu le capitaine, j’en fais collection. » Le capitaine « a déclaré à Chatelot qu’il avait ramassé toutes les douilles en arrivant sur la scène. »

Intrigué, Chatelot est retourné à Racak le lendemain. Quand il a essayé de trouver le capitaine américain, celui-ci était « tout à coup introuvable ». Chatelot affirme que la mission de l’OSCE lui a dit : « Nous ne le connaissons pas. Il n’a jamais été ici. » Quand il a demandé à parler aux quatre contrôleurs qui étaient présents à Racak et dans ses environs le jour de la tuerie, on lui a dit que leurs noms étaient subitement devenus un secret « classé confidentiel » « C’est très curieux », a-t-il dit à la CBC.

Des agents de la CIA

Plus tard, il est apparu que l’équipe d’observateurs américains de Walker était en grande partie composée d’agents secrets appartenant à la CIA.

Dans son discours à la nation du 19 mars 1999, annonçant la décision de l’OTAN de lancer les frappes aériennes sur la Yougoslavie, le président Bill Clinton a dit : « Au moment où nous nous préparons à agir, nous devons nous rappeler des leçons apprises dans les Balkans. Nous devons nous souvenir de ce qui est arrivé dans le village de Racak en janvier – des hommes innocents, des femmes et des enfants ont été arrachés à leurs foyers, amenés dans un ravin, forcés à s’agenouiller dans la boue et mitraillés – pas pour quelque chose qu’ils auraient fait, mais simplement pour ce qu’ils étaient. »

Tout récemment, le « Byzantine Blog » (4) a marqué le neuvième anniversaire de l’affaire de Racak en rappelant que le jour de Noël 1993, 49 civils serbes avaient été massacrés dans le village bosniaque de Kravice par des troupes musulmanes basées à Srebrenica, un épisode qui n’a entraîné qu’une prudente condamnation des responsables internationaux, bien loin de l’impitoyable bombardement de 78 jours qui a suivi la mort à Racak de 45 Albanais armés.

Le site en profite pour rappeler quelques détails supplémentaires que nos grands médias ont passé sous silence.

Une brigade sur place de l’UCK

Dès son arrivée sur place, Walker a accusé la police serbe du massacre, alors que c’était une police yougoslave multiethnique qui menait les actions antiterroristes au Kosovo. Ses opérations ont été suivies par les contrôleurs de l’OSCE, deux équipes de télévision étrangères et un grand nombre d’envoyés spéciaux de différents pays : aucun d’entre n’a assisté à un massacre avant que Walker n’en ait vu un. Au début de janvier 1999, le poste de commandement d’une brigade de l’UCK de 126 hommes avait été installé à Racak. Parmi eux se trouvait la famille Mujota, connue pour avoir assassiné six policiers serbes. Les villages environnants de Petrovo, Luzak et Rance étaient sous le contrôle de l’UCK.

Une opération contrôlée par l’OSCE

La police yougoslave a informé la mission de l’OSCE de son intention de lancer un raid anti-terroriste sur le village de Racak. L’action a débuté à 8 heures. Selon Renaud Girard, la police n’avait rien à cacher, puisqu’à 8h30 elle a invité une équipe de TV (deux reporters d’Associated Press) à filmer l’opération. Des membres de l’OSCE étaient présents et des contrôleurs ont observé le village pendant toute la journée à partir d’une vallée voisine.

A 15h, un rapport de la police a été rendu public par le « International Press Center » de Pristina, qui précisait qu’au cours des combats à Racak, 15 terroristes de l’UCK avaient été tués, et qu’une quantité significative d’armes avait été confisquée. A 15h30, les forces de police, accompagnée par l’équipe de TV d’« Associated Press », ont quitté le village, emportant une pièce lourde d’artillerie de calibre 12,7 mm, deux engins d’artillerie portables, deux fusils de snipers et 30 kalashnikovs fabriqués en Chine. A 16h30, un reporter français a traversé le village en voiture, et y a vu trois véhicules oranges de l’OSCE. Les contrôleurs internationaux parlaient tranquillement avec trois adultes albanais en civil. Ils cherchaient des civils éventuellement blessés. En retournant au village à 18h, le reporter les a vus emmener deux femmes et deux vieillards légèrement atteints.

126 terroristes et 4 instructeurs

Au centre du village, dans une maison où avait été installée la base de l’UCK, la police a trouvé un ordinateur contenant des informations sur la brigade de l’UCK et la liste de ses 126 membres, dont faisaient partie quatre personnes avec des noms anglo-saxons, qui ont été considérées comme des instructeurs étrangers.

Quand les policiers yougoslaves ont investi le village, et commencé à sécuriser les routes et les tranchées, ils ont été attaqués par les Albanais à partir du Lake Mountain (Jezerska planina) et des villages avoisinants. Pris sous le feu d’une forte offensive et placés en contre-bas, ils ont dû se replier. C’est alors qu’a eu lieu la grande mise en scène destinée à impressionner le monde entier.

Des cadavres déplacés et rhabillés

Les membres de l’UCK revenus dans Racak ont récupéré dans les ravins et vallons les corps des Albanais tués pendant le combat et les ont rassemblés dans un champ où auparavant il n’y en avait aucun. L’équipe de TV d’AP qui était entrée plus tôt dans le village avec la police a certifié que le champ où on avait empilé les cadavres des victimes soi-disant exécutées était à ce moment vide. Les Albanais ont rhabillé en civils une quarantaine de morts, et ont emmené les autres cadavres en uniforme à Budakovo, où ils les ont probablement enterrés.

Le lendemain matin tôt, Walker est arrivé au champ pour indiquer comment les corps devaient être disposés pour faire croire à un massacre. La mise en place achevée, il a fait venir les équipes de TV et les journalistes. La description détaillée de l’épisode figure dans le livre du reporter Milorad Drecun intitulé « La seconde bataille du Kosovo », au chapitre « Le mensonge de Racak ».

Les frappes “humanitaires”

L’agence « Tanjug » rappelle, à l’occasion de cet anniversaire, que la secrétaire d’Etat US de l’époque, Madeleine Albright, avait dit à CBS que « des dizaines de personnes avaient été égorgées à Racak » et que la seule solution était « des frappes aériennes humanitaires sur la Yougoslavie ».

Dossier préparé par Louis MAGNIN.
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2009...
B. I. n° 138, décembre 2008.
www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=12232

Correspondance Polémia
12/02/09

Notes de la rédaction

(1) L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est un organisme paneuropéen de sécurité dont les 56 Etats participants couvrent une région géographique qui s’étend de Vancouver à Vladivostok.

Reconnue en tant qu’accord régional au sens du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, l’OSCE est un instrument de premier recours pour l’alerte précoce, la prévention des conflits, la gestion des crises et le relèvement post-conflit dans son espace. Son approche unique en matière de sécurité est à la fois globale et coopérative. Elle est globale dans le sens où elle traite des trois dimensions de la sécurité: politico-militaire, économico-environnementale et humaine. (NDLR)

(2) Armée de libération du Kosovo,

(3) Echapper aux emballements médiatiques
http://www.polemia.com/article.php?id=1766

(4) http://infobalkans.blogspot.com/2009/01/les-10-ans-de-laf...

Louis MAGNIN

Source : Polémia

 


 

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samedi, 14 février 2009

D. Venner : L'Europe et l'européanité

L'Europe et l'Européanité par Dominique Venner

Qu'est-ce que l'Europe ? Qu'est-ce qu'un Européen ?
D'un point de vue géopolitique et historique, l'Europe se définit d'abord par ses limites. Au centre, l'Europe noyau, formée par les nations qui ont vécu depuis le Haut Moyen Age une histoire solidaire bien que souvent conflictuelle. Pour l'essentiel, il s'agit des nations issues de l'Empire carolingien et de ses marges, celles qui constituèrent au traité de Rome (1957) l'Europe dite des Six. Au-delà, on voit se dessiner un deuxième cercle incluant les nations atlantiques et septentrionales, ainsi que celles de l'Europe orientale et balkanique. Enfin, un troisième cercle d'alliances privilégiées s'élargit jusqu'à la Russie. On ne plaide ici nullement pour un projet politique. C'est seulement l'historien qui parle et rappelle une série de réalités. On pourrait en invoquer d'autres. L'empire danubien des Habsbourg fut une réalité. L'Europe de la Baltique en fut une également, ce qui n'est plus vrai de la Méditerranée qui a cessé d'être un facteur d'unité à partir de la conquête arabo-musulmane du vue siècle. Mais l'Europe est bien autre chose que le cadre géographique de son existence.

La conscience d'une appartenance européenne, donc d'une européanité, est très antérieure au concept moderne d'Europe. Elle s'est manifestée sous les noms successifs de l'hellénisme, de la celtitude, de la romanité, de l'empire franc ou de la chrétienté. Conçue comme une tradition immémoriale, l'Europe est issue d'une communauté de culture multimillénaire tirant sa spécificité et son unicité de ses peuples constitutifs, d'un héritage spirituel qui trouve son expression primordiale dans les poèmes homériques.

Comme les autres grandes civilisations, Chine, Japon, Inde ou Orient sémitique, la nôtre plongeait loin dans la Préhistoire. Elle reposait sur une tradition spécifique qui traverse le temps sous des apparences changeantes. Elle était faite de valeurs spirituelles qui structurent nos comportements et nourrissent nos représentations même quand nous les avons oubliées. Si, par exemple, la simple sexualité est universelle au même titre que l'action de se nourrir, l'amour, lui, est différent dans chaque civilisation, comme est différente la représentation de la féminité, l'art pictural, la gastronomie ou la musique. Ce sont les reflets d'une certaine morphologie spirituelle, mystérieusement transmise par atavisme, structure du langage et mémoire diffuse de la communauté. Ces spécificités nous font ce que nous sommes, à nul autre pareils, même quand la conscience en a été perdue. Comprise dans ce sens, la tradition est ce qui façonne et prolonge l'individualité, fondant l'identité, donnant sa signification à la vie. Ce n'est pas une transcendance extérieure à soi. La tradition est un « moi » qui traverse le temps, une expression vivante du particulier au sein de l'universel.

Le nom d'Europe apparut voici 2 500 ans chez Hérodote et dans la Description de la terre d'Hécatée de Milet. Et ce n'est pas un hasard si ce géographe grec classait les Celtes et les Scythes parmi les peuples de l'Europe et non parmi les Barbares. Cette époque était celle d'une première conscience de soi, surgie de la menace des guerres médiques. C'est une constante historique : l'identité naît des menaces de l'altérité.

Une vingtaine de siècles après Salamine, la chute de Constantinople, le 29 mai 1453, fut ressentie comme un séisme pire encore. Tout le front oriental de l'Europe se trouvait offert à la conquête ottomane. L'Autriche des Habsbourg devenait l'ultime rempart. Cet instant critique favorisa l'éclosion d'une conscience européenne, au sens moderne du mot. En 1452, le philosophe Georges de Trébizonde avait déjà publié Pro defenda Europa, manifeste où le nom d'Europe remplaçait celui de Chrétienté. Après la chute de la capitale byzantine, la cardinal Piccolomini, futur pape Pie II, écrivit : "On arrache à l'Europe sa part orientale." Et pour faire sentir toute la portée de l'événement, il invoquait, non les pères de l'Église, mais, plus haut dans la mémoire européenne, les poètes et les tragiques de la Grèce antique. Cette catastrophe, disait-il, signifie « la seconde mort d'Homère, de Sophocle et d'Euripide ». Ce pape lucide mourut en 1464 dans le désespoir de n'avoir pu réunir une armée et une flotte pour délivrer Constantinople.

Que l'Europe fût une très ancienne communauté de civilisation, toute l'histoire en témoigne. Sans remonter aux peintures rupestres et à la culture mégalithique, il n'y a pas un seul grand phénomène historique vécu par l'un des pays de l'espace franc qui n'ait été commun à tous les autres. La chevalerie médiévale, la poésie épique, l'amour courtois, le monachisme, les libertés féodales, les croisades, l'émergence des villes, la révolution du gothique, la Renaissance, la Réforme et son contraire, l'expansion au-delà des mers, la naissance des Etats-nations, le baroque profane et religieux, la polyphonie musicale, les Lumières, le romantisme, l'univers prométhéen de la technique ou l'éveil des nationalités... Oui, tout cela est commun à l'Europe et à elle seule. Au cours de l'histoire, tout grand mouvement lié dans un pays d'Europe a trouvé immédiatement son équivalent chez les peuples frères et nulle part ailleurs. Quant à nos conflits qui ont longtemps contribué à notre dynamisme, ils furent dictés par la compétition des princes ou des États, nullement par des oppositions de culture et de civilisation.

Contrairement à d'autres peuples moins favorisés, les Européens avaient rarement eu à se poser la question de leur identité. Il leur suffisait d'exister, nombreux, forts et souvent conquérants. Voilà qui est fini. Le terrible « siècle de 1914 » a mis fin au règne des Européens que taraudent désormais tous les démons des interrogations sur eux-mêmes et de la culpabilité, tempérés il est vrai par une abondance matérielle provisoire. Les artisans de l'unification évacuent même avec effroi la question de l'identité. Celle-ci commande pourtant la nécessaire perception d'une communauté autant que la question vitale des frontières ethniques et territoriales.

Dominique Venner, Le Siècle de 1914, 2006.

A lire:
>>> Dominique Venner,
Histoire et Tradition des Européens : 30000 ans d'identité, Ed. du Rocher, 2004.

mercredi, 11 février 2009

Entretien avec Dragos Kalajic (1997)

 

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997

 

Entretien avec Dragos Kalajic

 

Tandis que l'on vote en Serbie, le vent de la guerre souffle à nouveau sur les Balkans et les accords de Dayton risquent d'être balayés par les tensions provoquées par l'intransigence des Etats-Unis qui viennent de se ranger du côté de la “Dame de fer” de la République Serbe, la Présidente Plavsic.


Les principaux observateurs internationaux sont d'accord pour dire qu'une simple étincelle suffirait à embraser une situation déjà bien critique. Ils nous rappellent également que l'avenir de l'aire balkanique préoccupe non seulement les Serbes, les Bosniaques et les Croates mais aussi les Européens, les Russes et les Américains. C'est dans ce contexte que le nouveau quotidien milanais La Padania a recueilli les propos du Sénateur serbe Dragos Kalajic, co-directeur de l'Institut des Etudes géopolitiques de Belgrade. Kalajic nous a expliqué l'actuelle crise balkanique avec le regard d'un (géo)politologue serbe qui connaît bien la situation italienne.

 

DK: Les sanctions et l'embargo subis par la Serbie depuis plusieurs années ont appauvri l'économie du pays et provoqué un fort taux de chômage. Aujourd'hui encore la Serbie est isolée de la communauté internationale et le FMI déconseille d'investir chez nous, tandis qu'une caste de nouveaux riches, authentiques requins de la finance, spécule sur cette situation tragique. Ceux qui hier faisaient chez nous l'apologie du communisme se sont transformés aujourd'hui en thuriféraires de la “démocratie” capitaliste libérale. C'est un peu ce qui s'est passé en Italie après la chute du fascisme, le 25 juillet 1943...


GS: Monsieur le Sénateur, regrettez-vous le régime communiste?


DK: Absolument pas! Il me déplait que l'Europe ait utilisé deux poids deux mesures, en reconnaissant arbitrairement le droit à la sécession de la Croatie et de la Slovénie, et, en même temps, ait avalisé les frontières entre les diverses républiques yougoslaves que le régime communiste avait tracées.


GS: Mais le référendum sur la sécession en Yougoslavie a été proposé démocratiquement par Zagreb, tandis que la Serbie ne l'a pas acceptée et a envoyé des troupes...


DK: Ce référendum a été imposé par la coalition croato-musulmane à la suite d'une suggestion américaine; les Serbes, eux, voulaient suivre à la lettre la Constitution de la République de Yougoslavie. C'est la raison pour laquelle ils n'ont pas accepté la sécession: elle était contre la loi constitutionnelle. Mais parlons d'autre chose que de la guerre entre Serbes et Croates, évoquons plutôt du gros problème que pose l'émergence d'un Etat musulman en plein cœur de l'Europe.


GS: Vous voulez que nous parlions de la Bosnie?


DK: Exactement. Durant la guerre entre nous, les Serbes, et les Croates, j'ai rencontré un soldat ennemi que nous avions fait prisonnier et qui m'a dit: “Dans le futur, la Croix ne combattra plus, parce que le danger, c'est le Croissant”. L'Europe de Bruxelles et les Américains font semblant de ne pas comprendre que l'Islam vise l'“arabisation” du monde. Nous nous trouvons en tant qu'Européens en face d'une religion qui propage un totalitarisme implaccable, mais, à cause de sordides intérêts d'argent, personne n'ose le dire. Je voudrais vous rappeler qu'en mars 1992, un projet intéressant a été proposé aux parties belligérantes: la création d'une fédération de cantons ethniques en Bosnie-Herzégovine. Si ce projet avait été accepté, des flots de sang auraient été épargnés au pays. Mais c'est le leader bosniaque Izetbegovic qui a fait pression sur l'ambassadeur américain Zimmermann pour que celui-ci fasse marche arrière et retire sa signature. Ce petit jeu cynique de la superpuissance américaine, en paroles adversaire tenace de l'Islam, mais en fait grande financière et protectrice des Musulmans quand ceux-ci représentent un danger pour l'Europe.


GS: N'êtes-vous pas en train d'exagérer?


DK: En disant cela, je me base sur des données et des rapports internationaux qui n'ont jamais été démentis. Saviez-vous que les politologues turcs les plus influents annoncent l'islamisation de l'Europe dans les prochaines décennies? En 1991, la revue de géopolitique des musulmans bosniaques, Preporod (Sarajevo), donnait la parole au professeur turc Nazmi Arifi qui y préconisait l'islamisation de l'Europe par l'explosion démographique des résidents musulmans dans notre continent.


GS: En Italie, le gouvernement de l'Olivier (gauche) veut donner le droit de vote à tous les “extra-communautaires”, alors que l'immigration clandestine demeure un problème irrésolu. Que pourrait-on bien faire, selon vous, pour éviter toutes tensions futures?


DK: C'est Umberto Bossi qui a raison quand il prévoit une véritable invasion d'immigrants dans les prochaines décennies. Or vos jeunes, en Italie, ne bénéficient plus d'aucune protection sociale. Pire, les groupes de la criminalité organisée pourront recruter partout, chez vos jeunes comme chez les immigrants, des hommes désespérés et déracinés prêts à tout. Ce problème de l'exclusion et de l'immigration n'est pas l'affaire de chaque Etat en particulier, c'est un problème qui est désormais international. Hélas, les déséquilibres géopolitiques d'aujourd'hui ne laissent rien présager de bon, vu la prépondérance de l'idéologie mondialiste dans tous les gouvernements d'Europe.


GS: Depuis longtemps, vous suivez les événements d'Italie. Que pensez-vous de l'émergence d'une Padanie indépendante?


DK: Ce phénomène interpelle, à mon avis, deux dimensions politiques différentes: premièrement, la volonté réelle du peuple de se débarrasser de la fiscalité étouffante imposée par Rome et, deuxièmement, les retombées possibles de cet état d'esprit révolutionnaire. L'histoire nous enseigne que la route de l'enfer est pavée de bonnes intentions. En tant qu'observateur étranger, je ne peux qu'enregistrer les énormes différences qui existent en tous domaines entre Lombards et Siciliens, entre Vénétiens et Campagnols, etc. Ensuite, force est de constater que la carte de l'Europe se modifie sur base des ethnies et se recompose de façon telle que nous retrouverons bientôt une situation comme avant la révolution française, c'est-à-dire, pour l'Italie, à une situation d'avant le Risorgimento. A mon avis, c'est une évolution positive, qui démontrer que l'unité politique de votre péninsule est artificielle, qu'elle a été voulue par les intérêts idéologiques de la franc-maçonnerie et les intérêts matériels de la finance, mais qu'elle n'a jamais reflété la volonté populaire. Mais cette évolution, bien que positive dans bon nombre de ses aspects, recèle également un grave danger: la désagrégation des Etats nationaux pourrait aussi apporter de l'eau au moulin du mondialisme des financiers et de leurs hommes de main dans la sphère politique. Il faut donc que les peuples qui sont réellement animés du désir de liberté et de paix trouvent une voie conjugant le réveil des nations authentiques et l'émergence d'une Europe forte, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur les plans militaire et politique. Mais si vous voulez entendre l'avis d'un homme qui vient de faire la guerre, je vous dirai que je ne crois pas que la sécession éventuelle de la Padanie provoquera un affrontement armé. En Yougoslavie, la situation était beaucoup plus compliquée, mais, vous Italiens, possédez une conscience historique qui s'étend sur trois millénaires.


(propos recueillis par Gianluca Savoini lors de l'Université d'été de “Synergies Européennes” et parus dans le quotidien La Padania, édition du 21/22 septembre 1997).

 

vendredi, 06 février 2009

La Russie et la Chine font entendre leur voix à Davos

LA RUSSIE ET LA CHINE FONT ENTENDRE LEUR VOIX A DAVOS


Chine-Russie


« Réformes structurelles, plan de relance, programmes sociaux, la Chine s’est attaquée aux symptômes de la crise comme à ses racines profondes, assure-t-il. Mais ce long catalogue administré par Wen Jiabao devant les 2500 participants du WEF est aussi une leçon au monde en crise, et au monde qui a généré la crise. Pour lui, celle-ci doit son origine à des "politiques macroéconomiques non appropriées" suivies par des pays consommant trop et n’épargnant pas assez, par des pays n’ayant pas assuré une bonne surveillance de leurs marchés financiers, par des pays dont les agences de notation n’ont pas fait leur travail. Suivez le doigt levé de Wen Jiabao: c’est évidemment aux Etats-Unis que revient la responsabilité du chaos. Alors que la Chine, par sa politique "active et responsable", contribuera à la "croissance et à la stabilité du monde".


Quelques heures plus tard, en ouverture cette fois officielle du Forum, le premier ministre russe Vladimir Poutine a, sur les origines de la crise, fait une analyse quelque peu différente. "On a tendance à concentrer les critiques sur les Etats-Unis, je ne le ferai pas" a-t-il dit. Et pour cause, puisque la Chine et les Etats-Unis forment, selon lui, le couple responsable du déséquilibre, avec d’un côté celui "qui imprime l’argent nécessaire à financer sa consommation excessive" et de l’autre celui qui "fabrique des produits bon marché et encaisse les devises".


Tout oppose l’impassibilité de Wen Jiabao à la tension de Vladimir Poutine, le discours structuré du premier et celui plus décousu du second. Ils en appellent à "la modération", signe éloquent du risque de la voir s’effacer devant l’ampleur des pressions. L’un et l’autre proposent leur catalogue de solutions, qui passent sans surprise par un renforcement de la régulation et de la surveillance du système financier mondial, de nouvelles plateformes de coopération internationale et une redistribution des pouvoirs au profit des économies émergentes. (...)


Wen Jiabao et Vladimir Poutine se répondent encore avec deux proverbes. "C’est en tombant de l’arbre qu’on apprend à marcher" a dit le Chinois. "On se renforce en marchant" a dit le Russe. La crise est donc facteur d’opportunités, aussi. Mais si chacun s’accorde à demander un monde d’après-crise plus respectueux de l’écologie et des nouveaux pouvoirs, nul n’en dessine précisément les contours. Vladimir Poutine propose au surplus un système de sécurité énergétique mondial "entre tous les acteurs de la chaîne" afin d’établir une base normative et juridique qui permettrait d’éviter les crises récemment traversées, et de stabiliser les prix. "Ce serait une création aussi importante que la Communauté du charbon et de l’acier", précurseur de la Communauté européenne. Il exige enfin une moindre dépendance vis-à-vis du dollar et un meilleur contrôle des critères d’émission de la principale monnaie de réserve. »



Le Temps, 29 janvier 2009

mercredi, 04 février 2009

Negras perspectivas para el hombre europeo

Negras perspectivas para el hombre europeo

 

http://elfrentenegro.blogspot.com/

 


Por Juan Pablo Vitali

Oswald Spengler, ya sabía lo que iba a pasar. Lo decía con un tono, que a pesar suyo, era profético. Y digo a pesar suyo porque "Años decisivos”es un libro que ha sido escrito con descarnada objetividad. No nos impone nada, no nos quiere convencer de lo que dice, lo sabe cierto, no necesita un esfuerzo retórico para convencernos de lo que el autor sabe que será real, sino sólo decirlo bellamente. Los que lo pueden entender lo entenderán, los otros, no lo entenderán nunca. Todo está escrito allí, en 1933. Así son los sabios, los magos, los profetas.

Me resistí a la tentación de citar algunos pasajes del libro. Hubiera sido una falta de respeto, porque todo el libro es una sola cita. Confieso que me corrió un frío por la espalda al releer algunos párrafos. Una cosa es aventurar que algo va a ocurrir, y otra cosa es verlo frente a nuestras narices, exactamente como alguien lo anticipó, hace ya setenta y cinco años.

Todo lo que se gesta en la historia es algo que los adelantados a su época dicen que va a pasar, y casi nadie los escucha. Luego, los hechos aparecen en la realidad, y todos se miran entre sí sin saber qué hacer.

Vemos que la mayoría de la descendencia europea son personas por lo general más preocupadas por el modelo de sus automóviles que por sus propios hijos, si es que los tienen, ya que tener hijos afecta su nivel de vida y a su hedonismoSon unos soberbios desagradables, convencidos que su tarjeta de crédito es el pasaporte al paraíso.

Las clases medias son todavía, en Europa o en América del Sur, en su mayoría de origen europeo, y ésa es la trampa, el vaciamiento y la traición, porque se han convertido en gente sin voluntad de nada que no sea consumir y girar en la rueda de la economía capitalista, porque piensan que ellos van a girar siempre con ella.

Abandonaron toda la historia de sus antepasados, por la tarjeta de crédito y un automóvil, y por otras cosas peores; pero hay algo que ellos no saben, y es que aún para conservar ciertos beneficios materiales, se necesita la capacidad de defenderlos, y esa capacidad, ya casi ningún descendiente de europeo la conserva. Tienen el dinero vacío que el sistema les da, pero lo perderán como perdieron todo lo demás. Sólo les funciona la cabeza para hacer unos numerillos que en el fondo los angustian, porque están llenos de incertidumbre, y para alejarla, se despiertan un día, enamorados de Obama, repitiendo que un mundo mejor ha llegado, y que a ellos nunca les va a pasar nada.

Ellos están siempre prontos a convertirse en cualquier cosa, para mantenerse a flote, pero para eso, uno tiene que ser admitido, por esa otra cosa en que se ha convertido.

Sudamericanos más blancos que muchos europeos actuales se convierten en indios, se arrastran, se disfrazan, pero quizá los indios no los quieran como amigos, sino como esclavos.

Los españoles pueden disfrazarse de “subsaharianos”, como se les dice ahora culposamente a los negros, pero puede ser que los negros no quieran, sino vengarse de los blancos, aunque los esclavistas fueran empresas mixtas de cazadores negros y corsarios blancos, que operaban en común, con la misma mafia comercial que luego explotaría a los obreros blancos.

Los franceses pueden ser todos progresistas, pero los descendientes de argelinos musulmanes no quieren progresistas, sino mandar ellos según sus propios principios.

Todos los europeos y su descendencia tendrán que pagar caro ser lo que sonNo importa que un grupo de financieros y capitalistas de diversas razas —y no ellos— hayan sido siempre el real motivo de la explotación del hombre por el hombre.

Cuando los mercaderes vivían en Europa, eran llamados opresores, cuando trasladaron sus bases a otros continentes, y no tienen nada que ver con la verdadera Europa, todo parece estar bien. La injusticia de otros, puede considerarse parte de la revancha de las razas oprimidas, porque el racismo ha establecido que la raza blanca es deleznable en su conjunto.

No es el caso analizar ahora si los mercaderes y banqueros de la historia fueron negros, semitas o asiáticos, además de blancos, el caso es que el nuevo racismo está instalado, y es el más viejo del mundo,es el racismo de los revanchistas y de los resentidos, al servicio del poder global.

Pero recuerden los descendientes de los antiguos europeos que si bien pueden usufructuar todavía las bondades del capitalismo, no es eso lo que los diferencia de otros hombres; claro que viviendo bajo el igualitarismo de la ideología dominante lo habrán olvidado.

En el futuro, seguramente otros disfrutarán en su lugar del capitalismo, por ser más ordenados y eficientes, más astutos, o mejores esclavos, o simplemente por mantener una voluntad de lucha, incluso mediante la violencia desnuda, como la vemos hoy en las calles de cualquier ciudad del mundo.

En el futuro, los vacíos, los blandos, los consumistas progresistas, los blancos defensores de la ideología del automóvil último modelo, de la tarjeta de crédito, de los racismos ajenos, y de la revancha de los pueblos oprimidos, tendrán por fin su merecido por haber abandonado su destino trascendente, pero ya será tarde para reaccionar:perecerán del mismo modo materialista, vacío y miserable en que han elegido vivir.

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mardi, 03 février 2009

Jean Thiriart: prophète et militant

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES  - 1993

Jean THIRIART: Prophète et militant

 


Dott. Carlo TARRACCIANO


«J'écris pour une espèce d'hommes qui n'existe pas encore, pour les Seigneurs de la Terre...»

(F. Nietzsche, La Volonté de puissance).


La disparition soudaine de Jean Thiriart a été pour nous comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, pour nous, militants européens qui, au cours de plusieurs décennies successives, ont appris à apprécier ce penseur de l'action, surtout depuis son retour à la politique active, après bon nombre d'années d'«exil intérieur» où il a médité et reformulé ses positions antérieures.


A plus forte raison, sa mort nous a surpris, nous, ses amis italiens qui l'avions connu personnellement lors de son voyage à Moscou en août 1992, où nous formions de concert une délégation ouest-européenne auprès des personnalités les plus représentatives du Front du Salut National. Ce front, grâce aux travaux de l'infatigable Alexandre DOUGUINE, animateur mystique et géopolitique de la revue Dyenn (Le Jour), a appris à connaître et à estimer bon nombre d'aspects de la pensée de Thiriart et les a diffusés dans les pays de l'ex-URSS et en Europe orientale.


Personnellement, j'ai l'intention, dans les lignes qui suivent, d'honorer la mémoire de Jean Thiriart en soulignant l'importance que sa pensée a eue et a toujours dans notre pays, l'Italie, dès les années 60 et 70 et dans le domaine de la géopolitique. En Italie, sa réputation repose essentiellement sur son livre, le seul qui ait véritablement donné une cohérence organique à sa pensée dans le domaine de la politique internationale: Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, édité par Giovanni Volpe en 1965, il y a près de trente ans.


Trois années seulement venaient de se passer depuis la fin de l'expérience française en Algérie. Cet événement dramatique fut la dernière grande mobilisation politique de la droite nationaliste, non seulement en terre de France, mais dans d'autres pays d'Europe, y compris en Italie. Les raisons profondes de la tragédie algérienne n'ont pas été comprises par les militants anti-gaullistes qui luttaient pour l'Algérie française. Ils n'ont pas compris quels étaient les enjeux géopolitiques de l'affaire et que les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale entendaient redistribuer les cartes à leur avantage, surtout les Etats-Unis.


Combien de ces militants de l'Algérie française ont-ils compris, à cette époque-là, quel était l'ENNEMI PRINCIPAL de la France et de l'Europe? Combien de ces hommes ont-ils compris intuitivement que, sur le plan historique, la perte de l'Algérie, précédée de la perte de l'Indochine, tout comme l'effondrement de tout le système vétéro-colonial européen, étaient des conséquences directes de la défaite militaire européenne de 1945? Ce fut en effet non seulement une défaite de l'Allemagne et de l'Italie, mais aussi de l'EUROPE ENTIERE, Grande-Bretagne et France comprises. Pas une seule colonie de l'ancien système colonial qui ne soit devenue à son tour sujette d'une forme nouvelle, plus moderne et plus subtile, d'impérialisme néo-colonialiste.


En méditant les événements de Suez (1956) et d'Algérie, les «nationaux-révolutionnaires», comme ils s'appelaient eux-mêmes, finirent par formuler diverses considérations et analyses sur les conséquences de ces deux affaires tragiques, considérations et analyses qui les différenciaient toujours davantage des «droites classiques» de notre après-guerre, animées par un anti-communisme viscéral et par le slogan de la défense de l'Occident, blanc et chrétien, contre l'assaut conjugué du communisme soviétique et des mouvements de libération nationaux des peuples de couleur du tiers monde. En un certain sens, le choc culturel et politique de l'Algérie peut être comparée à ce que fut, pour la gauche, l'ensemble des événements d'Indochine, avant et après 1975.


La vieille vision de la politique internationale était parfaitement intégrée à la stratégie mondiale, économique et géopolitique de la thalassocratie américaine qui, avec la guerre froide, avait réussi à recycler les diverses droites européennes, les fascistes comme les post-fascistes (ou du moins prétendues telles), en fonction de son projet géostratégique de domination mondiale. Le tout pour en arriver aujourd'hui au «Nouvel Ordre mondial», déjà partiellement avorté et qui semble être la caricature inversée et satanique de l'«Ordre Nouveau» eurocentré de mouture hitlérienne.


La Nouvelle Droite française, pour ne donner qu'un exemple, a commencé son cheminement au moment des événements d'Algérie pour entamer une longue marche de révision politique et idéologique, qui a abouti au voyage récent d'Alain de Benoist à Moscou, étape obligatoire pour tous les opposants révolutionnaires d'Europe au système mondialiste. La démarche a donc été faite par de Benoist, en dépit de ses rechutes et de ses reniements ultérieurs, appuyés par quelques-uns de ses plus minables affidés, lesquels n'ont évidemment pas encore compris pleinement la portée réelle de ces rencontres entre Européens de l'Ouest et Russes au niveau planétaire et préfèrent se perdre dans de stériles querelles de basse-cour, qui n'ont d'autres motivations que personnelles, relèvent de petites haines et de petits hargnes idiosyncratiques. Dans ce domaine comme tant d'autres, Thiriart avait déjà donné l'exemple, en opposant aux différences naturelles existant entre les hommes et les écoles de pensée l'intérêt suprême de la lutte contre l'impérialisme américain et le sionisme.


Pour revenir à l'Italie, nous devons nous rappeler la situation qui régnait en cette lointaine année 1965, quand a paru l'œuvre de Thiriart: les forces national-révolutionnaires, encore intégrées au Mouvement Social Italien (MSI), étaient alors victimes d'un PROVINCIALISME vétéro-fasciste, provincialisme cyniquement utilisé par les hiérarques politiques du MSI, complètement asservis à la stratégie des Etats-Unis et de l'OTAN (une ligne politique qui sera par la suite suivie avec fidélité, même au cours de la brève parenthèse de la gestion «rautiste», soi-disant inspirée des thèses national-révolutionnaires de Pino Rauti, gestion qui a appuyé l'intervention des troupes italiennes en Irak, aux côtés de l'US Army).


Les chefs de cette droite collaborationniste utilisaient les groupes révolutionnaires de la base, composés essentiellement de très jeunes gens, pour créer des assises militantes destinées, en ultime instance, à ramasser les voix nécessaires à envoyer au parlement des députés «entristes», devant servir d'appui aux gouvernements réactionnaires de centre-droit. Et tout cela, bien sûr, non dans l'intérêt de l'Italie ou de l'Europe, mais seulement dans celui de la puissance occupante, les Etats-Unis. Et une fois de plus, nous avons affaire à un petit nationalisme centralisateur et chauvin, utilisé au profit d'intérêts étrangers et cosmopolites!


C'était aussi le temps où l'extrême-droite était encore capable de mobiliser sur les places d'Italie des milliers de jeunes qui réclamaient que Trente et Trieste soient et restent italiennes, ou pour commémorer chaque année les événements de Hongrie de 1956! Mai 68 était encore loin, semblait s'annoncer à des années-lumière de distance! La droite italienne, dans ses prospections, ne voyait pas que cette «révolution» s'annonçait. Dans un tel contexte humain et politique, vétéro-nationaliste, provincial et, en pratique, philo-américain (qui débouchera ensuite dans la farce pseudo-golpiste de 1970, qui aura pour conséquence, au cours de toute la décennie, les tristement célèbres «années de plomb», avec leur cortège de crimes d'Etat), l'œuvre de Jean Thiriart fit pour un grand nombre de nationalistes l'effet d'une bombe; un choc électrique salutaire qui mit l'extrémisme nationaliste botté face à des problématiques qui, certes, n'étaient pas neuves, mais avaient été oubliées ou étaient tombées en désuétude. Aujourd'hui, nous ne pouvons donc pas ne pas tenir compte des effets politiques pratiques qui découlèrent de la pensée de Thiriart, même si ces effets, dans un premier temps, ont été fort modestes. Disons qu'à partir de la publication du livre de Thiriart, la thématique européenne est devenue petit à petit le patrimoine idéal de toute une sphère qui, dans les années suivantes, développera les thématiques anti-mondialistes actuelles.


Sans exégération, nous pouvons affirmer que c'est vers cette époque que se sont développés les thèmes de l'Europe-Nation, d'une lutte anti-impérialiste qui ne soit pas de «gauche», de l'alliance géostratégique avec les révolutionnaires du tiers monde. L'adoption de ce thème est d'autant plus étonnante et significative quand on sait que l'aventure de Jeune Europe a commencé par une lutte contre le FLN algérien. Thiriart avait, sur ce plan, changé complètement de camp, sans pour autant changer substantiellement de vision du monde, lui qui, quelques décennies auparavant, avait quitté les rangs de l'extrême-gauche belge pour adhérer à la collaboration avec le III° Reich germanique, sans pour autant perdre de vue le facteur URSS. Ces acrobaties politico-idéologiques lui ont valu les accusations d'«agent double», toujours aux ordres de Moscou!


En Italie, la section italienne de Jeune Europe (Giovane Europa) est rapidement mise sur pied. Malgré l'origine politique de la plupart des militants, Giovane Europa n'avait aucune filiation directe avec Giovane Italia, l'organisation étudiante du MSI (copiée à son tour de la Giovine Italia de Mazzini au 19° siècle); au contraire, Giovane Europa en était pratiquement l'antithèse, l'alternative contraire. Si bien qu'une fois l'expérience militante de «Giovane Europa» terminée, la plupart de ses militants se sont retrouvés dans le Movimento Politico Ordine Nuovo (MPON), opposé à la ligne politique prônant l'insertion parlementaire, comme le voulaient les partisans de Pino Rauti, retournés dans les rangs du MSI d'Almirante.


Si l'on tient compte du rôle UNIQUE qu'a joué la pensée de Julius Evola sur les plans culturel et idéologique en Italie, on ne doit pas oublier non plus que Jean Thiriart a impulsé, pour sa part, une tentative unique de rénovation des forces nationales dans ces années-là et dans les années qui allaient venir. Même un Giorgio Freda a reconnu lui-même ses dettes, sur le plan des idées, envers le penseur et le militant belge.


Autre aspect particulier et très important du livre Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, c'est d'avoir anticipé, de plusieurs décennies, une thématique fondamentale, revenue récemment dans le débat, notamment en Russie, grâce aux initiatives d'Alexandre Douguine et de la revue Dyenn, et en Italie, grâce aux revues ORION et AURORA: la GEOPOLITIQUE.


La première phrase du livre de Thiriart, dans la version italienne, est dédiée justement à cette science essentielle qui a pour objets les peuples et leurs gouvernements, science qui avait dû subir, dans notre après-guerre, un très long ostracisme, sous prétexte d'avoir été l'instrument de l'expansion nazie! Accusation pour le moins incongrue quand on sait qu'à Yalta les vainqueurs se sont partagés les dépouilles de l'Europe et du reste du monde sur base de considérations proprement géopolitiques et géostratégiques. Thiriart en était parfaitement conscient, en écrivant son premier chapitre, significativement intitulé «De Brest à Bucarest. Effaçons Yalta»: «Dans le contexte de la géo-politique et d'une civilisation commune, ainsi qu'il sera démontré plus loin, l'Europe unitaire et communautaire s'étend de Brest à Bucarest». En écrivant cette phrase, Thiriart posait des limites géographiques et idéales à son Europe, mais bientôt, ils dépassera ces limites, pour arriver à une conception unitaire du grand espace géopolitique qu'est l'EURASIE.


Une fois de plus, Thiriart a démontré qu'il était un anticipateur lucide de thèmes politiques qui ne mûrissent que très lentement chez ses lecteurs, du moins certains d'entre eux...


Mais il n'y a pas que cela!


Conjointement au grand idéal de l'Europe-Nation et à la redécouverte de la géopolitique, le lecteur est obligé de jeter un regard neuf sur les grands espaces de la planète. Ce fut un autre mérite de Thiriart d'avoir dépasser le traumatisme européen de l'ère de la décolonisation et d'avoir recherché, pour le nationalisme européen, une alliance stratégique mondiale avec les gouvernements du tiers monde, non asservis aux impérialismes, en particulier dans la zone arabe et islamique, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il est vrai que ceux qui découvrent la géopolitique, ne peuvent plus faire autrement que de voir les événements du monde sous une lumière nouvelle, prospective.


Et c'est dans un tel contexte, par exemple, qu'il faut comprendre les nombreux voyages de Thiriart en Egypte, en Roumanie, etc., de même que ses rencontres avec Chou en Lai et Ceaucescu ou avec les leaders palestiniens. Partout où il était possible de le faire, Thiriart cherchait à tisser un réseau d'informations et d'alliances planétaires dans une perspective anti-impérialiste. Par ailleurs, notons tout de même que la révolution cubaine, avec son originalité, exerçait de son côté sa propre influence.


Avec son style synthétique, presque télégraphique, Thiriart lui-même avait tracé dans ses textes les lignes essentielles de la politique extérieure de la future Europe unie:

«Les lignes directives de l'Europe unitaire:

avec l'Afrique: symbiose

avec l'Amérique latine: alliance

avec le monde arabe: amitié

avec les Etats-Unis: rapports basés sur l'égalité».


Mise à part l'utopie qu'était son espoir en des rapports égaux avec les Etats-Unis, on notera que sa vision géopolitique était parfaitement claire: il voulait de grands blocs continentaux et était très éloigné de toute vision étriquée d'une petite Europe «occidentale et atlantique» qui, comme celle d'aujourd'hui, n'est plus que l'appendice oriental de la thalassocratie yankee, ayant pour barycentre l'Océan Atlantique, réduit à la fonction de «lac intérieur» des Etats-Unis.


Bien sûr, aujourd'hui, après l'aventure politique de Thiriart, certaines de ces options géopolitiques, dans le milieu «national», pourraient sembler évidentes, voire banales, pour les uns, simplistes et intégrables pour d'autres. Mais mis à part le fait que tout cela n'est guère clair pour l'ensemble des «nationaux» (il suffit de penser à certaines résurgences racistes/biologistes et anti-islamiques d'un pseudo-néo-nazisme, utilisées et instrumentalisées par la propagande américaine et sioniste dans un but anti-européen), nous ne nous lasserons pas de répéter qu'il y a trente ans, cette option purement géopolitique de Thiriart, vierge de toutes connotations racistes, était très originale et courageuse, dans un monde bipolaire, opposant en apparence deux blocs idéologiques et militaires antagonistes, dans une perspective de conflictualité «horizontale» entre Est et Ouest et sous la menace de l'anéantissement nucléaire réciproque, surtout pour les «alliés» des deux puissances majeures en Europe.


Nous pouvons affirmer aujourd'hui que si bon nombre d'entre nous, en Italie, en sont arrivés progressivement à dépasser cette fausse vision dichotomique de la conflictualité planétaire, et cela bien avant l'effondrement de l'URSS et du bloc soviétique, c'est dû en bonne partie à la fascination qu'ont exercée les thèses que propageait Thiriart à l'époque, à ses intuitions géniales.


Effectivement, on peut parler de «génialité», en politique comme dans tous les autres domaines du savoir humain, quand on PRE-VOIT et que l'on EX-POSE (du latin exponere, poser en dehors, mettre en exergue ou en évidence) des faits ou des événements qui sont encore occultés, méconnus, peu clairs pour les autres et qui ne se dégagent de leur phase occulte que graduellement pour n'advenir au monde en pleine lumière que dans un futur plus ou moins lointain.


Sur ce chapitre, nous voulons simplement rappeler les assertions de Thiriart relatives à la dimension géopolitique du futur Etat européen, consignées dans le chapitre (10, §1) intitulé «Les dimensions de l'Etat européen. L'Europe de Brest à Vladivostock» (pp. 28 à 31 de l'éd. franç.): «L'Europe jouit d'une grande maturité historique, elle connaît désormais la vanité des croisades et des guerres de conquêtes vers l'Est. Après Charles XII, Bonaparte et Hitler, nous avons pu mesurer les risques de pareilles entreprises et leur prix. Si l'URSS veut conserver la Sibérie, elle doit faire la paix avec l'Europe — avec l'Europe de Brest à Bucarest, je le répète. L'URSS n'a pas et aura de moins en moins la force de conserver à la fois Varsovie et Budapest d'une part, Tchita et Khabarovsk d'autre part. Elle devra choisir ou risquer de tout perdre» (les caractères italiques sont dans le texte).


Plus loin: «Notre politique diffère de celle du général De Gaulle parce qu'il a commis ou commet trois erreurs:

- faire passer la frontière de l'Europe à Marseille et non à Alger;

- faire passer la frontière du bloc URSS/Europe sur l'Oural et non en Sibérie;

- enfin, vouloir traiter avec Moscou avant la libération de Bucarest» (p. 31).


A la lecture de ces deux brefs extraits, on ne peut plus dire que Jean Thiriart manquait de perspicacité et de prévoyance! Or ces phrases ont été écrites, répétons-le, à une époque où les militants sincèrement européistes, même les plus audacieux, parvenaient tout juste à concevoir une unité européenne de Brest à Bucarest, c'est-à-dire une Europe limitée à la plate-forme péninsulaire occidentale de l'Eurasie; pour Thiriart, elle ne représentait déjà plus qu'une étape, un tremplin de lancement, pour un projet plus vaste, celui de l'unité impériale continentale. Qu'on ne nous parle plus, dès lors, des droites nationalistes, y compris celles d'aujourd'hui, qui ne font que répéter à l'infini leur provincialisme, sous l'oeil bienveillant de leur patron américain.


Il y a trente ans déjà, Thiriart allait plus loin: il dénonçait toute l'absurdité géopolitique du projet gaulliste (De Gaulle étant un autre responsable direct de la défaite de l'Europe, au nom du chauvinisme vétéro-nationaliste de l'Hexagone) d'une Europe s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, faisant sienne, du même coup, cette vision continentale absurde, propre aux petits professeurs de géographie, qui trace sur le papier des cartes une frontière imaginaire à hauteur des Monts Ourals, qui n'ont jamais arrêté personne, ni les Huns ni les Mongols ni les Russes.


L'Europe se défend sur les fleuves Amour et Oussouri; l'Eurasie, c'est-à-dire l'Europe plus la Russie, a un destin clairement dessiné par l'histoire et la géopolitique en Orient, en Sibérie, dans le Far East de la culture européenne, et ce destin l'oppose au West de la civilisation américaine du Bible and Business. Quant à l'histoire des rencontres et des confrontations entre les peuples, ce n'est rien d'autre que de la GEOPOLITIQUE EN ACTE, tout comme la géopolitique n'est rien d'autre que le destin historique des peuples, des nations, des ethnies et des empires, voire des religions, en PUISSANCE. En passant, nous devons ajouter que la conception de Jean Thiriart, pour autant qu'elle ait été encore liée aux modèles «nationalistes» influencés par la France révolutionnaire, était finalement plus «impériale» qu'impérialiste. Il a toujours refusé, jusqu'à la fin, l'hégémonie définitive d'un peuple sur tous les autres.


L'Eurasie de demain ne sera pas plus russe qu'elle ne sera mongole, turque, française ou germanique: car quand tous ces peuples ont voulu exercer seuls leur hégémonie, ils ont échoué. Echecs qui devraient nous avoir servi d'enseignement.


Qui pouvait, il y a trente ans, prévoir avec autant de précision la faiblesse intrinsèque de ce colosse militaro-industriel qu'était l'URSS, qui semblait à l'époque lancée à la conquête de toujours plus de nouveaux espaces, sur tous les continents, en âpre compétition avec les Etats-Unis qu'elle allait bientôt dépasser?


Avec le temps, finalement, tout cela s'est révélé un gigantesque bluff, un mirage historique probablement fabriqué de toutes pièces par les forces mondialistes de l'Occident pour maintenir les peuples dans la servitude, avec, à la clef, un chantage constant à la terreur. Tout cela pour manipuler les peuples et les nations de la Terre au bénéfice de l'intérêt stratégique suprême, unique, posé comme seul «vrai»: celui de la superpuissance planétaire que sont les Etats-Unis, base territoriale armée du projet mondialiste. En fin de compte, pour parler le langage de la géopolitique, c'est la «politique de l'anaconda» qui a prévalu, comme la définissait hier, avec les mêmes mots, le géopoliticien allemand Haushofer, et la définissent aujourd'hui les géopoliticiens russes, à la tête desquels officie le Colonel Morozov; les Américains et les mondialistes cherchent toujours à éloigner le pivot territorial de l'Eurasie de ses débouchés potentiels sur les mers chaudes, avant de grignoter petit à petit le territoire de la «tellurocratie» soviétique. Le point de départ de cette stratégie de grignotement: l'Afghanistan.


Jean Thiriart avait déjà mis en lumière, dans son livre de 1965, les raisons brutes et crues qui animaient la politique internationale. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, que l'un de ses modèles était Machiavel, auteur du Prince.


Certes, nous diront les pessimistes, si le Thiriart analyste de la politique a su anticiper et prévoir, le Thiriart militant, organisateur et chef politique du premier modèle d'organisation transnationale européiste, a failli. Soit parce que la situation internationale d'alors n'était pas encore suffisamment mûre (ou pourrie), comme nous le constatons aujourd'hui, soit parce qu'il n'y a pas eu de «sanctuaire» de départ, comme Thiriart l'avait jugé indispensable. En effet, il a manqué à Jeune Europe un territoire libre, un Etat complètement étranger aux conditionnements imposés par les superpuissances, qui aurait pu servir de base, de refuge, de source d'approvisionnement pour les militants européens du futur. Un peu comme le fut le Piémont pour l'Italie.


Toutes les rencontres de Thiriart au niveau international visaient cet objectif. Toutes ont échoué. Réaliste, Thiriart a renoncé à l'engagement politique, au lieu de reprendre son discours et d'attendre que l'occasion se représente, et même une meilleure occasion, celle d'avoir un grand pays auquel il aurait pu proposer sa stratégie: la Russie. Le destin de ce citoyen belge de naissance mais Européen de vocation a été étrange: il a toujours été «hors du temps», surpris par les événements. Il les a toujours prévus mais a toujours été dépassé par eux.


Sa conception de la géopolitique eurasienne, sa vision qui désigne GLOBALEMENT les Etats-Unis comme l'ennemi OBJECTIF absolu, pourraient être perçues comme les indices d'un «visionarisme» illuminé, freiné seulement par un esprit rationnel cartésien, et rationalisé en ultime instance.


Son matérialisme historique et biologique, son nationalisme européen centralisateur et totalisant, sa fermeture à l'endroit de thématiques écologiques et animalistes, ses positions personnelles face aux spécificités ethno-culturelles, son hostilité de principe à tout pathos religieux, son ignorance de toute dimension métapolitique, son admiration pour le jacobinisme de la Révolution française, pierre d'achoppement pour bon nombre d'anti-mondialistes francophones: tout cela constituait des limites à sa pensée et des résidus de conceptions vétéro-matérialistes, progressistes et darwiniennes, de plus en plus éloignées des choix culturels, religieux et politiques contemporains, chez les hommes et les peuples engagés, dans toute l'Eurasie et dans le monde entier, dans la lutte contre le mondialisme. Les idées «rationalistes», que Thiriart faisait siennes, au contraire, ont été l'humus culturel et politique sur lequel le mondialisme a germé au cours des siècles passés. Ces aspects de la pensée de Thiriart ont révélé leurs limites, pendant les derniers mois de son existence, notamment lors des colloques et conversations de Moscou en août 1992. Son développement intellectuel semblait s'être définitivement arrêté à l'époque de l'historicisme linéaire et progressiste, avec sa mythologie d'un «avenir radieux pour l'humanité».


Une telle vision rationaliste ne lui permettait pas de comprendre des phénomènes aussi importants que le réveil islamique ou le nouveau «mysticisme» eurasiste russe, ainsi que leur projections politiques d'une teneur hautement révolutionnaire et anti-mondialiste. Et ne parlons même pas de l'impact des visions traditionalistes d'un Evola ou d'un Guénon. Thiriart véhiculait donc cet handicap «culturel», ce qui ne nous a pas empêché de nous retrouver à Moscou en août 1992, où nous avons cueilli au vol ses innombrables intuitions politiques.


Quelques-unes de ces intuitions ont fait qu'il s'est retrouvé aux côtés de jeunes militants européens pour aller rencontrer les protagonistes de l'avant-garde «eurasiste» du Front du Salut National russe, rassemblés autour de la revue Dyenn et du mouvement du même nom. Nous avons découvert, ainsi, dans la capitale de l'ex-empire soviétique qu'il avait été parfaitement reconnu comme un penseur d'avant-garde par les Russes. Les enseignements géopolitiques de Thiriart ont germé en Russie, c'est indubitable, alors qu'en Occident ils ont toujours été méconnus voire méprisés. Thiriart a eu un impact lointain, dans les immensités glacées de la Russie-Sibérie, dans le cœur du Vieux Monde, près du pivot central de la tellurocratie eurasiatique.


Est-ce une ironie de l'histoire des doctrines politiques, qui surgit au moment de leur actualisation pratique ou est-ce la ennième confirmation de cet adage antique, «nul n'est prophète en son pays»? Le long «exil intérieur» de Thiriart semblait donc terminé, il s'était retiré de la politique active pour toujours et avait surmonté ce retrait qui, au départ, avait été une grosse déception. Il nous inondait de documents écrits, de comptes rendus d'interventions orales. Le flot ne semblait jamais devoir s'arrêter! Comme s'il cherchait à rattraper le temps qu'il avait perdu dans un silence dédaigneux.


Mu par un enthousiasme juvénile, parfois excessif et agaçant, Thiriart se remettait à donner des leçons d'histoire et de géopolitique, de sciences exactes et de politologie, de droit et toutes autres disciplines imaginables, aux généraux et aux journalistes, aux parlementaires et aux écrivains, aux politiciens de l'ex-URSS et aux militants islamiques de la CEI, et aussi, bien sûr, à nous, les Italiens présents qui avions, en même temps que lui, connu des changements d'opinion, en apparence inattendus. Et tout cela s'est passé dans la Russie d'aujourd'hui, où tout est désormais possible et rien n'est certain (et qui pourra être, qui sait, la Russie d'hier, quand cet article paraîtra); nous avons en effet affaire à une Russie suspendue entre un passé glorieux et un futur ténébreux, mais grosse de potentialités inimaginables. C'est là-bas que Jean Thiriart a retrouvé une nouvelle jeunesse.


Dans une ville de Moscou qui survit au jour le jour entre l'apathie et la fébrilité, semblant attendre «quelque chose» dont on ne connaît encore ni le nom ni le visage; une ville où tout se passe, où tout peut se passer comme dans une dimension spéciale, entre ciel et terre. De la terre russe tout et le contraire de tout peut jaillir: le salut et l'extrême perdition, la renaissance ou la fin, une nouvelle puissance ou la désintégration totale d'un peuple qui fut impérial et est devenue, aujourd'hui, une plèbe misérable. Enfin, c'est là, et là seulement, que se joue le destin de tous les peuples européens et, en définitive, de la planète Terre. L'alternative est bien claire: ou nous aurons un nouvel empire eurasiatique qui nous guidera dans la lutte de libération de TOUS les peuples du globe ou nous assisterons au triomphe du mondialisme et de l'hégémonisme américain pour tout le prochain millénaire. C'est là-bas que l'écrivain et homme politique Jean Thiriart avait retrouvé l'ESPOIR de pouvoir mettre en pratique ses intuitions du passé, cette fois à une échelle bien plus vaste.


Dans cette terre de Russie, d'où peut surgir le messie armé des peuples d'Eurasie, nouvel avatar d'un cycle de civilisation ou Antéchrist des prophéties johanniques, nous aurons un espace pour toutes les alchimies et les expériences politiques, inconcevables si on les regarde avec des yeux d'Occidental. La Russie actuelle est un immense laboratoire, une terre politiquement vierge que l'on pourra féconder de greffons venus de loin, une terre vierge où la LIBERTE et la PUISSANCE vont se chercher pour s'accoupler et tenter de nouvelles synthèses: «Le chemin de la liberté passe par celui de la puissance», soulignait Thiriart dans son livre fondamental, «Il ne faudrait donc pas l'oublier, ou il faudrait l'apprendre à ceux qui l'ignorent. La liberté des faibles est un mythe vertuiste, une ingénuité à utilisation démagogique ou électorale. Les faibles n'ont jamais été libres et ne le seront jamais. Seule existe la liberté des forts. Celui qui veut être libre, doit se vouloir puissant. Celui qui veut être libre doit être capable d'arrêter d'autres libertés, car la liberté est envahissante et a tendance à empiéter sur celle des voisins faibles». Ou encore: «Il est criminel du point de vue de l'éducation politique de tolérer que les masses puissent être intoxiquées par des mensonges affaiblissants comme ceux qui consistent à “déclarer la paix” à ses voisins en s'imaginant ainsi pouvoir conserver sa liberté. Chacune de nos libertés a été acquise à la suite de combats répétés et sanglants et chacune d'entre elles ne sera maintenue que si nous pouvons faire étalage d'une force susceptible de décourager ceux qui voudraient nous en priver. Plus que d'autres, nous aimons certaines libertés et rejetons de nombreuses contraintes. Mais nous savons combien sont perpétuellement menacées ces libertés. Que ce soit en tant qu'individu, que ce soit en tant que nation, nous connaissons la source de la liberté et c'est la puissance. Si nous voulons conserver la première, nous devons cultiver la seconde. Elles sont inséparables» (p. 301-302).


Voilà une page qui, à elle seule, pourrait assurer à son auteur un poste dans une faculté d'histoire des sciences politiques. Quand tout semblait à nouveau possible et quand le jeu des grandes stratégies politiques revenait à l'avant-plan, sur un échiquier grand comme le monde, quand Thiriart venait à peine d'entrevoir la possibilité de donner vie à sa grande idée d'Unité, voilà qu'a surgi le dernier coup du destin: la mort.


En dépit de son inéluctabilité, elle est un événement qui nous surprend toujours, qui nous laisse avec un sentiment de regret et d'incomplétude. Dans le cas de Thiriart, le fait de la mort fait vagabonder l'esprit et nous imaginons tout ce que cet homme d'élite aurait encore pu nous apporter dans nos combats, tout ce qu'il aurait encore pu apprendre à ceux qui partagent notre cause, ne fût-ce que dans de simples échanges d'opinions, ne fût-ce qu'en formulant des propositions en matières culturelle et politique.


Enfin, il nous appartient de souligner la complétude de l'œuvre de Thiriart. Plus que tout autre, il avait complètement systématisé sa pensée politique, tout en restant toujours pleinement cohérent avec ses propres prémisses et en demeurant fidèle au style qu'il avait donné à sa vie.


Lui, moins que tout autre, on ne pourra pas lui faire dire post mortem autre chose qu'il n'ait réellement dite, ni adapter ses textes et ses thèses aux exigences politiques du moment. Il reste le fait, indubitable, que sans Jean Thiriart, nous n'aurions pas été ce que nous sommes devenus. En effet, nous sommes tous ses héritiers sur le plan des idées, que nous l'ayions connu personnellement ou que nous ne l'ayions connu qu'au travers de ses écrits. Nous avons tous été, à un moment ou à un autre de notre vie politique ou de notre quête idéologique, les débiteurs de ses analyses et de ses intuitions fulgurantes. Aujourd'hui, nous nous sentons tous un peu orphelins.


En cet instant, nous voulons nous rappeler d'un écrivain politique, d'un homme qui était tout simplement passionné, impétueux, d'une vitalité débordante, le visage toujours illuminé d'un sourire jeune et l'âme agitée par une passion dévorante, la même que celle qui brûle en nous, sans vaciller, sans la moindre incertitude ou le moindre fléchissement.


Le cas Jean Thiriart? C'est l'incarnation vivante, vitale, d'un homme d'élite qui porte son regard vers le lointain, qui voit de haut, au-delà des contingences du présent, où les masses restent prisonnières. J'ai voulu tracer le portrait d'un PROPHETE MILITANT.


Carlo TERRACCIANO.


 

 

lundi, 02 février 2009

Buy American-clausule Obama verontrust Europa

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Buy American'-clausule Obama verontrust Europa

De Europese Commissie maakt zich zorgen over een clausule in het economische herstelplan van de Amerikaanse president Barack Obama die stelt dat enkel Amerikaans staal en ijzer aangewend mag worden bij de op til staande infrastructuurwerken.

'Indien er een wet wordt goedgekeurd die de verkoop van Europese producten in de Verenigde Staten verbiedt, zullen we niet zomaar toekijken', zei de woordvoerder van eurocommissaris voor Handel Catherine Ashton donderdag.

Het Huis van Afgevaardigden in Washington schaarde zich woensdag achter Obama's plan, dat onder meer grootschalige investeringen in wegen, bruggen, scholen, overheidsgebouwen en andere infrastructuur behelst.

Het plan van de president bevat een aanzienlijke uitbreiding van de 'Buy American'-clausule, die het gebruik van ingevoerd ijzer en staal voor de meeste overheidsopdrachten zou verbieden. De projecten zijn samen tientallen miljarden dollars waard.

Andere producten

De Europese Commissie wacht met haar definitieve oordeel tot de goedkeuring van het plan in de Senaat. Daar zou men zich volgende week over de tekst buigen. Volgens Amerikaanse media gaan er zelfs stemmen op om het 'Buy American'-principe nog uit te breiden naar andere producten.

Grote Amerikaanse bedrijven als Boeing, General Electric en Caterpillar hebben zich tegen de clausule gekant. Ze vrezen Europese vergeldingsmaatregelen. Eurofer, de koepel van Europese ijzer- en staalproducenten, trok reeds aan de alarmbel.

Protectionisme

Ook secretaris-generaal John Monks van de Europese vakbondskoepel ETUC verwees donderdag naar het Amerikaanse plan. In een interventie voor het World Economic Forum in Davos waarschuwde de syndicale topman voor een nieuwe golf van protectionisme in Europa en in de wereld. Hij drong bij de Europese Commissie aan om stappen te ondernemen.


Amerikanen dringen eerst aan op het vrijmaken van de wereldmarkt, ze koloniseren de wereld, veroorzaken vervolgens een economische crisis en wanneer zij nadelen beginnen te ondervinden van de vrije markt sluiten ze hun markt af.

samedi, 31 janvier 2009

Geopolitische Dynamik Gesamteuropas

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

Die neue geopolitische Dynamik Gesamteuropas

 

Im Jahre 1995 werden Main und Donau endlich durch einen Wasserweg verbunden. Damit entsteht ein Flußweg von Rotterdam bis zum Schwarzen Meer und zum Kaukasus. Dieser Flußweg ist der eigentlichen Rückgrat Europas als Kontinent. Da der Eiserne Vorhang verschwunden und Deutschland wiedervereinigt ist, erlaubt diese neue Verkehrsmöglichkeit eine gewaltige Dynamik ökonomischer und kultureller Art. Konkret bedeutet das, daß der ukrainische Weizen und das Öl des Kaukasus unmittelbar im Herzen Europas, d.h. in Deutschland, transportiert werden können. Das von der amerikanischen Flotte kontrollierte Mittelmeer verliert an geostrategischem Gewicht. Gorbatschow als Hauptling der maroden kommunistischen Sekte, konnte aus ideologischen Gründen den Boden den Bauern nicht rückgeben. Aber diesen Schritt werden wohl die neuen Parteien, die heute in der Ukraine an die Macht kommen, tun. Damit wird innerhalb etwa zehn Jahre die Ukraine wieder die Kornkammer Europas. Die Preis der Zerealen werden sinken, da die Transportkosten durch die kürzeren Entfernungen nicht mehr so teuer sein werden.

Fazit: wir befinden uns wieder in der Lage von 1914.

Das wollen der Westen und Amerika so lange wie möglich verzögern, genau wie Carl Schmitt es beobachtet hatte. Für den Großraumdenker aus Plettenberg, waren eben die angelsachsischen Mächte die «Verzögerer der Geschichte». Seit dem Fall der Berliner Mauer, spürt Amerika, daß seine Stunde in Europa geschlagen hat. Europa läßt sich nicht mehr so einfach kontrollieren. Die innereuropäische Rhein/Main/Donau-Dynamik wollte zwischen 1890 und 1916 das kaiserliche Deutschland mit einer Nahosten-Dynamik ergänzen, d.h. durch den Bau einer Eisenbahnlinie zwischen Konstantinopel und dem Perzischen Golf finanzieren. Sobald Gorbatschow vom «Gemeinsamen Haus» gesprochen hatte und anfing, seine mittelosteuropäischen Genoßen fallen zu lassen, wußten sofort bei Instinkt die Amerikaner, daß die potentielle Macht des Europas von 1914 wieder im Keim war. Deshalb konnte Washington nur am schwächsten Punkt schlagen: am Golf. Warum? Weil der Golf als Wasserfläche am tiefsten im eurasiatischen Kontinent hineindringt und weil von dort aus hoch wichtige strategische Punkte in Schach gehalten werden können, z. B. der Kaukasus und Iran, ein Land, das bekanntlich eine Drehscheibe zwischen Ost und West ist. Eine Kontrolle über das Golfgebiet stört jede harmonische Entwicklung im Becken des Schwarzen Meeres.

Weiter hat der Amerika-hörige Westen Interesse daran, daß der Kampf zwischen Serben und Kroaten sich verewigt. Dieser Kampf bedeutet:

1. Komplette Störung des Flußverkehrs auf der Donau zwischen der ungarischen Grenze und der rumänischen Grenze. Dadurch wird jede positive Entwicklung im Donaubecken verhindert. Das Mittelmeer bleibt den einzigen Wasserweg für den Transport von Weizen und Öl und bleibt unter Kontrolle der amerikanischen und israëlischen Flotten und Luftstreitkräfte. Der Flußweg des Kontinents wäre selbstverständlich unter Kontrolle anderer ortsgebundener Mächte innerhalb des Gemeinsamen Hauses geblieben.

2. Störung des Verkehrs im Adriatischen Meer. Würde Ruhe im Adriatischen Meer herrschen, dann kann ein Hafen wie Triest seine ehemalige Bedeutung zurückfinden. Der Raum Venedig-Triest ist auch, geopolitisch betrachtet, das tiefste Eindringen des Mittelmeeres in Richtung Mitteleuropa. Der Achse Stettin-Triest entlang, entstand im Mittelalter die Macht des böhmischen Hauses Przemysl (Ottokar II.).

Es ist kein Zufall, daß Golfkrieg und Balkankrieg unmittelbar nacheinander enstanden sind. So bricht der Westen die gesamteuropäische Dynamik, dessen Zentrum Deutschland und dem stark ungarisch geprägten Donaubecken (Kárpát-Duna Nagy Haza, d.h. «Großraum der Karpaten und der Donau» in der Sprache der ungarischen Nationalisten) sind.

Die EG hat eine miese Rolle in dieser Tragödie gespielt. Statt seine Kräfte zu bündeln, um ein wirkliches gemeinsames Haus aufzubauen, hat sie die Verzögerungsstrategie, die nur Amerika nutzt, praktiziert. Vergessen wir auch nicht, daß Amerika den Aufstieg Hitlers gleichgültig aus der Ferne beobachtet hatte und daß es nur gegen Deutschland aufzuhetzen anfing, wenn landwirtschaftliche Verträge 1934 zwischen dem Reich und Yugoslawien unterzeichnet wurden (s. William S. Grenzbach, Germany's Informal Empire in East-Central Europe. German Economic Policy Toward Yugoslavia and Rumania, 1933-1939,  Franz Steiner Verlag, 1988; s. auch Hans-Jürgen Schröder, «Widerstände der USA gegen europäische Integrationsbestrebungen in der Weltwirtschaftskrise 1929-1939», in Helmut Berding (Hg.), Wirtschaftliche und politische Integration in Europa im 19. und 20. Jahrhundert, Vandenhoeck & Ruprecht, 1984).   

Die Skeptiker brauchen nur gewisse Bücher aus der Zeit des ersten Weltkrieges zu lesen, um zu begreifen, daß der Westen, um im Ostsüdeuropa, die germanischen Macht zu bremsen, die Strategie der verbrannten Erde im balkanischen Raum und in Mesopotamien üben muß. Der niederländische Ministrer Hans Van den Broek hat in der süd-slawischen Raum eben die Politik Amerikas durchgeführt, indem er den Prozeß der Auflösung des jugoslawischen Staates tatsächlich mit seinem Moratorium verzögert hat. Und diese Politik dient bestimmt nicht sein eigenes Land, das daran Interesse hat, sich der mitteleuropäischen Dynamik anzuschließen. Das gleiche gilt für alle Beneluxländer sowie für Elsaß und Lothringen. Durch französischen Druck, konnte vor 1914 und nach 1918 keine Eisenbahnlinie zwischen Antwerpen und Düsseldorf gebaut werden. Heute spricht man noch nicht davon aber will mit TGV (Train à Grande Vitesse; Superscheller Zug) Amsterdam mit Paris verbinden, obwohl zwischen Brüssel und Amsterdam das Gewinn an Zeit genau nur 8 Minuten gleicht! Aber damit die Eurokraten diese 8 Minuten sparen können, muß man fast ganz Antwerpen kaputtzerbauen! Zwischen Mosel und Rhein im Elsaß-Lothringen hat man noch kein Kanal gebaut, um das Gebiet mit Mitteleuropa zu verbinden.

Diese Politik des Abschneidens der West- und Ostmarke vom Reich war die Politik Frankreichs vor, während und nach dem ersten Weltkriege. Ganz deutlich wird dieser Wille (d.h. der Wille zur Zerstörung der Mitte unseres Kontinents) im Buch der französische Geopolitiker André Chéradame ausgedrückt (Le Plan pangermaniste démasqué,  Paris, Plon, 1917). Die Donaumonarchie sollte entweder zerstückelt oder gegen das Hohenzollern-Reich unterstützt bzw. aufgehetzt werden, Bulgarien sollte eingedämmt werden, Rumänien und Serbien vergrössert, die Türkei aus dem Nahen Osten verjagt, damit das industrielle Deutschland keine unmittelbare angrenzenden Absatzmärkte mehr in diesen Gebieten findet. Diese Politik führt heute Amerika, damit es noch einige Jahre atmen kann, bevor es unter dem Last seiner Schulden erstickt.

Die Deutschland-zentrierte EG sollte heute gebremst werden, sich ostwärts auszudehnen, sich aus dem Sowjetunion eine Art Ergänzungsraum zu schaffen. Amerika versucht, Mexiko als Ergängzungsraum zu erwerben, aber trotz bedeutender Bodenreichtümer, ist noch Mexiko nicht so groß wie Sibirien. Die ellendigen Politiker der EG, weil ideologisch ungeschult und geopolitisch ignorant, führen eine Politik, die das Ende Europas als Kulturzentrum bedeutet. Wenn man das feststellt, weiß man, daß man gebildetere Leute an den Entscheidungsstellen braucht.

 

Robert Steuckers.