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jeudi, 15 janvier 2009

Kiezen tussen de Utopische Samenleving en de Naïeve Anarch

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Kiezen tussen de Utopische Samenleving en de Naïeve Anarch

dimanche, 11 janvier 2009

Adieu à Frank Goovaerts

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991

 

 

Adieu à Frank Goovaerts

 

C'est fin août 1990 que nous nous sommes vu pour la dernière fois, mon cher Frank. Nous avons ri, trinqué, plaisanté sous la chaleur accablante et orageuse de ce dernier week-end d'août. Le lendemain, je partais tôt pour la Provence, que tu aimais tant et dont tu parlais avec un enthousiasme si cha­leureux. Huit jours plus tard, tu mou­rais tué d'un coup de couteau à la gorge par un illuminé, probablement un drogué, et je ne l'ai su que trois semaines après ton en­terrement. Quand un ami commun me l'a annoncé, j'ai été sans voix. Et je le suis resté jusqu'aujourd'hui, où je griffonne ces quel­ques pauvres mots, maladroitement, avec émotion. Frank, tu m'avais expliqué ta jeu­nesse, dans les quartiers ouvriers du port d'Anvers, où tu as grandi et où tu t'es im­posé, disais-tu, à coups de poing, dans la jungle que créent tous les gamins, de quel­que classe sociale qu'ils proviennent. Chez toi, cependant, c'était plus âpre que dans les beaux quartiers de Bruxelles. Très tôt, tu es allé travailler dans les chantiers navals, lieu peu propice à l'éclosion de la culture, di­raient les bourgeois coincés, qui meurent bê­tes, archi-bêtes, entre leur pis­cine et leur tennis, leurs cocktails mondains et leurs spé­culations en bourse. Toi, après avoir re­peint et reboulonné les tôles des gros cargos, tu te plongeais dans des bouquins ardus et philosophiques, en quatre langues. Et c'est ainsi que tu es venu à nous, pour nous pro­poser tes recensions, tes commen­taires. Tes textes étaient vivants, Frank, plus vivants, plus charnels, plus essentiels que tout ce que nous aurions pu écrire dans nos bu­reaux et bibliothèques poussiéreuses. Tu al­lais à l'essentiel directement, Frank, parce que tu étais bien davantage que nous tous confronté à l'élémentaire, au froid, au vent, à la dureté des tôles, aux bruits dés­agréables des mécaniques, etc. On attendait tes artic­les avec impatience. Je dois te dire que, sou­vent, c'était les tiens que je lisais en premier lieu.

 

Quand tu me disais que tu partais avec tes copains anglais et allemands à moto pour la Provence, que tu suivais les cours d'un maî­tre de Haïkkido et que tu t'es embarqué au Japon, je me disais que tu ressemblais à Jack London ou à Knut Hamsun quand il était à Chicago. Je t'ai écouté quand tu m'as parlé de Mistral, de ta visite à sa maison na­tale. Et puis, tu as été un découvreur d'é­crivains et de personnalités, avant les histo­riens professionnels. On te doit un texte ma­gnifique sur l'anarcho-fasciste hollan­dais Erich Wichman. J'avais promis de la tra­duire et, aujourd'hui, je suis plein de re­mords de ne pas l'avoir fait. Mais je le fe­rais. Tu as étudié, avec un remarquable es­prit de synthèse, l'œuvre du prêtre-philo­sophe Odiel Spruytte, auquel Pieter Jan Ver­straete vient de consacrer la première étu­de scientifique complète (1). Grâce à toi, j'ai découvert aussi les travaux de l'an­thropologue Gustaaf Schamelhout. Tes ar­ticles sur Arnold Meijer, Sir Roger Case­ment, sur la révolution conservatrice alle­mande, sur Schopenhauer, Codreanu, Speng­­ler, George Kettman, sur le Kendo, le Sep­pukku et sur Mishima méritent tous le détour et j'espère qu'on en fera une petite anthologie pour les amis qui te lisaient. Tu étais devenu un spécialiste de la bataille de Woeringen et tu connaissais la vie de Jean Ier, Duc de Brabant, Chevalier et poète, mieux que nous tous. C'est aussi à ton ini­tia­tive, écrit Roeland Raes, dans l'hommage qu'il te rend, que la première étude collective en néerlandais sur Julius Evola a vu le jour (2).

 

Tu étais un rebelle, un rebelle qui riait, un rebelle qui vivait, tu étais de la veine de ces Uilenspiegel qui deviennent rares, en ces temps obscurs, où notre peuple se recroque­ville, atteint des sommets de médiocrité in­descriptibles. Ta truculence, ta joie de vivre, ton sens aigu des valeurs littéraires et idéo­logiques, ont fait de toi un jeune maître pour beaucoup d'entre nous. Tu étais un homme à facettes multiples: tu étais l'ouvrier des docks, le motard, le praticien des arts mar­tiaux japonais, le spécialiste d'Evola, un bon connaisseur de quelques facettes de l'his­toi­re nationale, un polyglotte qui a cul­tivé son don des langues dans la vie et non dans une officine scolaire, un solide disciple de Bac­chus et du Roi Gambrinus, un pour­fendeur des étroitesses bourgeoises, un maître du lan­gage patoisant avec toute sa richesse. Ta mort, c'est la perte de cette syn­thèse unique que tu incarnais. Le souvenir que tu laisses doit nous faire méditer inces­samment sur le caractère unique de chaque personne. Une unicité qui disparaît avec la mort, sauf si elle vit dans le cœur de ceux que tu as fas­cinés, étonnés, éduqués, amu­sés, engueu­lés. Excuse-moi encore t'avoir tant tardé à te rendre l'hommage que tu mé­rites mais, vois-tu, c'est la première fois que je fais cela dans ma vie, moi qui suis tout de même ton cadet. Et je n'ai pas honte de le dire, j'ai les larmes aux yeux, les mêmes larmes que j'entendais au téléphone, peu après ta mort, dans la voix de notre ami commun, ce vieux combattant, Bert van Bo­ghout, que tu laisses avec un profond cha­grin. Pendant de longs mois, j'ai eu peur de radoter, de gribouiller des bêtises. Et je l'ai sans doute fait dans les lignes que tu viens de lire. Mais tu me par­donneras. Vaarwel, Frank!

 

Ton ami sincère,

Robert Steuckers.     

 

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samedi, 10 janvier 2009

Affiche: Ja / Nee!

http://klauwaert.blogspot.com

 

vendredi, 02 janvier 2009

De elite kent geen scheiding der machten, zij is de macht!

De elite kent geen scheiding der machten, zij is de macht!


Scheiding der machten?De politieke en economische elite welke de staat België als omhulsel gebruikt voor haar smerige zaakjes heeft een jarenlang taboe, dat als een omerta stilletjes door alle betrokkenen werd verzwegen voor de buitenwereld. Met de laatste ontwikkelingen is deze echter doorbroken, met enkele treffende vaststellingen tot gevolg. Deze omerta betreft het gebruik en vooral het misbruik dat de machtselite al decennia lang in dit land maakt van de rechterlijke macht en haar dienaars. Het is echter niet toevallig dat de zwijgplicht nu op de helling wordt gezet door een deel van diezelfde machtskaste. Het verbreken van de omerta valt samen met de strijd die de verschillende fracties op dit ogenblik met elkaar uitvechten. De tegenstellingen binnen de economische elites, maar ook binnen de politieke knechtenbende, zijn zo groot geworden dat de verschillende clans en belangengroepen in dit land zich niet meer schromen om hun belangengeschillen nu op straat en in de media (en blijkbaar ook al op aandeelhoudersvergaderingen) openlijk uit te vechten. De strijd die nu binnen de machtskaste woedt, is er een om de resterende macht, de resterende postjes en vooral het resterende geld welk binnen het Europese kader (waarbinnen het land meer en meer ingesloten raakt) nog over zal blijven voor de nationale elite.

Dit land is met kanker aangetast. Een kanker veroorzaakt door de gilde van beroepsprofiteurs die elke ruimte in deze schijndemocratie hebben bezet en het danig hebben besmet met een verrottingsproces zonder precedent. De praktijken die de Cosa Nostra (letterlijk "Onze Zaak") in Italië toepast, zijn in dit land de gewoonte geworden bij de politieke klasse. Alle instellingen en alle beleidsniveaus zitten volgepropt met het soort politici dat alleen maar uit financieel eigenbelang en dat van hun eigen clan redeneert en opereert. Die clans (politieke partijen) worden dan nog wel door de staat (gemeenschap) rechtstreeks gefinancierd. Via de manipulatie van de staatsstructuren hebben die clans dat staatsapparaat volledig geïnfiltreerd, waardoor ze zich beter kunnen bedienen van het vele geld dat het volk moet ophoesten.

Voor de economische elite waren deze praktijken geen enkel bezwaar, zolang die politieke maffia de zaakjes van het grootkapitaal naar behoren behartigde tenminste. Zolang de ongebreidelde winsten maar in de privé-beurzen konden worden gestopt en de zaakvoerders van banken en grote bedrijven zichzelf een indigestie konden eten aan de bonussen en de extra's die ze lustig meegraaiden uit hun bedrijven. Zolang dit alles kon, was het dik in orde. Maar omdat het piramidespel van de wereldwijde beurzen weer eens in elkaar is gedonderd, en omdat de casino's welke renteverslaving en renteslavernij in stand moeten houden nu massaal over kop dreigen te gaan is de economische elite een beetje in shock, waardoor de politieke knechten snel met oplossingen moesten komen.

Maar in dit land waar de politieke elite bestaat uit parasitaire clans die gewoon zijn om te leven van het zweet en de arbeid van de bevolking en dus ver van de reële wereld staan, was de ontreddering compleet. Op een dergelijk cruciaal ogenblik hebben sommigen de claneenheid verbroken en gemeend dat ze solo slim konden gaan. Zo hebben ze dan de grootste bank van het land weggegeven voor een vriendenprijsje aan buitenlandse kapitaalgroepen. Zo werd aan de Franse en de Nederlandse kapitaalgroepen een mooi eindejaarsgeschenk gegeven en tegelijkertijd de onmogelijkheid ingebouwd voor Vlaanderen om zijn onafhankelijkheid te verwerven. Immers, zonder grote, soevereine banken is een nationale onafhankelijkheid zeer moeilijk te bereiken. Daarom dat Reynders (MR) zo gebeten was om de boel te verkopen aan de Fransen. En het is ook daarom dat de Franstalige partijen niks verwijten aan Leterme, deze Vlaming van dienst heeft weer mooi de agenda van de Brusselse en Franstalige haute finance ingevuld. Maar een fractie van de binnenlandse kapitaal-elite (vooral rijke Vlaamse families) waren helemaal niet tevreden met de miljarden die ze zo kwijt zijn geraakt aan het buitenland. Ze gedogen die politici omdat die hen rijker maken, dus ze stoppen dat gedogen dan ook zodra ze er geld dreigen aan te verliezen.

Vandaar dat vandaag alle pionnen in stelling zijn gebracht. Ook die binnen de magistratuur. Toen de aandeelhouders van de weggegeven bank in beroep gingen tegen deze verkoop zag de politieke machtselite niet aankomen dat de uitspraak voor hen negatief zou uitdraaien. Die uitspraak kwam vooral omdat de stemming binnen het magistratenkorps inmiddels was omgeslagen. Niet in het minst omdat veel van die magistratenfamilies (de familie De Gucht bijv.) behoren tot de financiële elite van dit land, en enorme verliezen hebben geleden aan het Fortis-debacle. Maar de politieke maffia had het veranderde klimaat bij justitie niet op tijd door en wilde alsnog - naar aloude Belgische gewoonte - de uitspraak van de rechtbank een beetje bijschaven tot ze paste in de politieke agenda van het ogenblik. Consternatie alom, nochtans is het zich bemoeien in rechtszaken door de politiek in dit land de gewoonste zaak van de wereld, zeker als die zaken politiek aangebrand zijn. Neem de veroordeling van de VMO als privé-militie of recenter die van de Vlaams-Blok-vzw's, er is geen mens die gelooft dat daar onafhankelijk werd gevonnist, los van de politieke agenda en de Wetstraatmaffia. Ook vindt de politieke elite altijd weer een ambitieuze rechter die maar wat graag mensen veroordeelt die te luid durven spreken over de migratie-chaos of multiculturele leugens in vraag durven stellen. We hebben in dit land zelf een parallel lopend openbaar ministerie dat luistert naar de naam CGKR. Als alle advocaten die daar werken om mensen op te sporen zich inschreven in pro deo praktijken, er zou op slag geen tekort meer aan dat soort mensen zijn.

Dus, scheiding der machten? Dat is hier ten lande een illusie.

Maar deze keer waren de belangen een maatje te groot voor de klungels van de politiek, enkele miljarden maten welbepaald. En waren de betrokkenen bij de rechtspraak nu net de broodheren van de politieke maffia. Plots wordt er openlijk geschermd met die al zo vertrappelde scheiding der machten, zelfs tot op het hoogste niveau is er nu al protest tegen. Partijen die anders geen last hebben van een gescheiden geweten als ze zelf aan de macht zijn (SP.A) schreeuwen nu als een gekeeld everzwijn wat een schande het wel niet is. En ook het volledige gerechtsapparaat is in alle staten van verontwaardiging, ze hebben nu plots ontdekt dat de politieke kaste in dit land het gerecht controleert en zelf manipuleert. "Hoe is dat toch mogelijk!?" horen we hen nu roepen. Zou het wat te maken kunnen hebben met het feit dat tot voor kort alle magistraten door de maffiapartijen werden voorgedragen voor hun benoemingen? Zelfs het VB kreeg van die aanvragen voor benoemingen en aanstellingen binnen! Foei, foei, heren rechters! En daarom is het dus dat ons rechtsapparaat krioelt van politieke klonen van de machtspartijen. "Maar nu kan dat niet meer", hoor ik de burgerlijke dwepers zeggen, "nu worden onze magistraten door de Hoge Raad voor de Justitie benoemd". Alleen... wie heeft die Hoge Raad benoemd? Juist ja, de bende politieke oplichters uit de democratische partijen...

Voor ons van het N-SA is het al lang duidelijk. De machtskaste heeft dit land helemaal in haar greep. Al de onderdelen van deze staat zijn door corruptie, benoemingen, favoritisme en (vooral) door een allesverslindend eigenbelang met elkaar verbonden en gebonden. Er bestaat dan ook hoegenaamd niet zoiets als de scheiding der machten. Alleen de scheiding tussen de machtselite, het volk en het volksbelang bestaat.

De rest is  burgerlijke illusie!


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

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dimanche, 28 décembre 2008

Les fortes paroles de la crise politique belge

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Les paroles fortes de la crise politique belge…

Dans son édition de Noël (24-25 décembre 2008), le quotidien flamand « Het Laatste Nieuws », journal populaire lu à près d’un million d’exemplaires dans le pays, s’étonne que l’on ait fait appel au vieux cheval de retour Wilfried Martens pour arranger les bidons d’une crise qui n’en finit pas, tout simplement, ajouterions-nous, parce qu’elle n’a pas de solution. Pour l’éditorialiste du quotidien, Luc Van Der Kelen, et pour son collaborateur Jan Segers, le choix de Martens indique qu’aucun politicien belge actuel, tous partis confondus, n’est jugé digne ou capable de tirer les marrons du feu. Il n’y aurait donc pas eu de relève et seuls les septuagénaires retirés des voitures après une « carrière » de partitocrate commencée fin des années 50 (quand l’Atomium n’existait pas encore…), pourrait rafistoler l’esquif qui fait eau de toutes parts. C’est un point de vue qui se défend mais qu’il est curieux de lire sous la plume d’intellectuels, braves mais établis, qui se prétendent « démocrates » et « libéraux ». En effet, la partitocratie, à la belge ou à l’italienne, est un système qui installe des bidouilleurs plus ou moins malins, comme on le sait depuis Machiavel, qui ne vont pas faire montre du sens de l’Etat mais tirer à toutes les ficelles pour obtenir prébendes, avantages personnels, avantages pour les copains ou les maîtresses, comme on le sait depuis le célèbre ouvrage de Max Weber, « La politique comme profession ».

L’attitude classique du bidouilleur est de coopter, dans sa suite, parmi ses complices, des autres bidouilleurs, mais moins malins, plus lourdauds et patauds. Et ainsi de suite. Jusqu’à la cooptation de crabes totalement clodos par des crabes à peine moins clodos. On l’a vu avec Jean Gol, qui coopta jadis l’inénarrable Louis Michel parmi ses leudes, et dont on a pu déceler naguère les grands talents de diplomate, un Louis Michel qui a coopté ensuite le fameux Daniel Ducarme, dont Gol disait : « Il est si léger, qu’il montera haut ! ». En attendant ce clodo de Ducarme-là est devenu rattachiste et veut accorder à la Wallonie le même statut que les Dom-Tom au sein de la république sarközisée.  Normal qu’un clodo admire les sans-culottes. Et rêve de joindre son destin au leur. 

Je ne jouerai pas le cuistre en citant les grands ouvrages de science politique qui annonçaient, dès la fin du dix-neuvième siècle, avec les Italiens Minghetti, Mosca et Pareto, avec Roberto Michels, que la partitocratie chavirerait tôt ou tard dans ce type de gluante raspoutitsa. Paul Hymans, que célèbrent les libéraux francophones belges en nommant leur institut d’étude ( ?) de son nom, avait prédit cette involution dès 1899. Dans le MR libéral, seul le Sénateur Alain Destexhe résiste encore à cette déliquescence inéluctable  en dénonçant ces petits jeux de plus en plus piteux, au nom des idéaux et de la clairvoyance de Paul Hymans, mais, en se posant ainsi comme Cassandre, il perd tout état de grâce et sa sagacité importune ses propres co-partisans et co-listiers  : il finira avec l’étiquette de facho accorchée au cou. Et dans la foulée, avec zèle et acribie, on débaptisera l’Institut Paul Hymans pour lui donner le nom de Jean Gol et, à Woluwé, la belle Avenue Paul Hymans finira par s’appeler « Avenue de la Démocratie » ou « Avenue de l’ONU » ou « Avenue des Droits de l’Homme », ou autre dénomination verbeuse.

En attendant, ça râle sec dans les rangs des politiciens non encore septuagénaires. Ainsi le Sénateur Pol Van Den Driessche (CD&V) conteste l’idée que les talents étaient davantage représentés jadis qu’aujourd’hui : « Il n’en a jamais été autrement au sommet de la vie politique belge, cela a toujours été comme aujourd’hui : vous avez une petite strate supérieure, une épaisse strate d’hommes et de femmes qui travaillent dur, qui ont du mérite et qui pensent bien, et une petite strate d’idiots absolus (« absolute onnozelaars ») ». L’épaisse strate médiane, à nos yeux, est composée d’une masse immense de ronds-de-cuir, de pense petit, de canules sans vision, de taupes bornées constituant un ballast inutile dont il conviendrait de se débarrasser le plus rapidement possible. Quant à la strate inférieure des « idiots absolus », est-elle si petite que cela ?  

Un ministre d’Etat, qui entend rester anonyme (on ne sait jamais…), ajoute à ces propos tout d’aigreur une belle louche de perfidie: « Qu’est-ce qui pousse Martens et Dehaene, croyez-vous ? Le sens du devoir ? Ne me faites pas rigoler… Le sens du devoir est une feuille de vigne pour dissimuler leurs ambitions et leur vanité. Il n’y a pas d’âge pour cela ».

Le leader socialiste flamand Johan Vande Lanotte vise plutôt le Grand Maréchal de la Cour, Jacques van Ypersele de Strihou, âgé de 72 ans et indéboulonnable, et lui reproche, comme le font aussi bien d’autres, de ne pas avoir tenu son agenda à jour et de ne conserver, en cas de crise et d’urgence, que les adresses de vieux cachalots cacochymes munis d’un tube de glu, pour réparer les bris de vaisselle. Il y a du vrai dans ce crime de lèse-Maréchal, un Maréchal qui a voulu inventer la « monarchie de proximité ». Et du non vrai : car, là, le Grand Maréchal a sans doute raison, il n’y a plus ni jeune étalon fougueux ni poulain prometteur dans l’écurie, plus que canassons usés avant l’âge, vieilles rossinantes ou bourriquets poussifs. Because there are les lois d’airain  —n’est-ce pas Roberto Michels ?—  des oligarchies : cooptation d’imbéciles par des vaniteux, puis de trisomiques par les imbéciles chéris des vaniteux.

Mais où Vande Lanotte étonne, c’est quand il tient un langage digne de Roberto Michels, un langage que nous avons tenu naguère, et qui nous a valu, à nous-mêmes et à Michels, l’étiquette de « facho ». Goutons les paroles du socialiste ostendais et ouest-flandrien : « Le Palais n’ouvre plus que les vieilles boîtes de conserve contenant les anciens CVP de jadis. A la différence près que les chrétiens-démocrates ne font plus 40% ou plus, comme auparavant, mais à peine encore la moitié de ces scores. Je ne comprends pas pourquoi cette vieille génération de CVP mais aussi de coryphées venus d’autres partis, se pavanent tout en haut de leur tour (« zo hoog van de toren blaast »). Où vont-ils chercher le culot pour dire que ma génération et la génération d’aujourd’hui ne peuvent y arriver ? Alors que, nom d’un chien (« verdorie »), c’est justement la génération des Léo Tindemans, Mark Eyskens et Wilfried Martens qui ont précipité le pays dans le gouffre d’une dette d’Etat de 10.000 milliards d’anciens francs belges ! Parce qu’ils dominent l’art du compromis ? On ne le dirait pas quand on énumère tous les gouvernements qui sont tombés, sous leur houlette, dès que survenait le moindre conflit. C’est précisément cette génération-là qui fait que le pays va à vau-l’eau, et non la nôtre, pour ne même pas évoquer les trentenaires et quadragénaires d’aujourd’hui. Ce sont les hommes politiques de ma génération qui doivent payer depuis déjà vingt ans les dettes que Wilfried Martens et les siens ont contractées. Un peu de modestie leur ferait honneur ».

Bigre ! Vande Lanotte va se retrouver avec Destexhe et nous-mêmes dans la géhenne du « fascisme » médiatique. Quand Jean van der Taelen tonnait contre ces déviances dans les colonnes du bulletin de la « Ligue des Contribuables », dans quelques éditoriaux de « Vouloir » ou dans ses articles pour le « Club du Beffroi », il a récolté, et récolte encore à titre posthume, les insultes des « chiens de garde » de la partitocratie en phase « Leterminale ». Ses cendres doivent jubiler sur la pelouse d’Uccle-Calevoet ! Les atomes de ses chairs et de ses os doivent entamer de joyeuses sarabandes et farandoles, dans une liesse toute breughélienne, en constatant que l’homme qu’ils ont constitué jadis, était un vrai prophète !

Et c’est vrai, en écrivant cela, en méditant les propos de Vande Lanotte, une petite larme se forme au coin de mon œil, parce que je pense à Jean, à la veille du treizième anniversaire de son trépas, qu’il savait imminent, comme il l’avait dit, sans peur aucune et avec la sérénité qu’a voulu nous enseigner Louis Pauwels dans la partie philosophique de son œuvre, fin décembre 1995, en allant présenter ses derniers vœux à cet autre Jean du bon vieux temps, à Jean V., fort ému rétrospectivement de ce dernier adieu.

Leur système crève sous nos yeux, quelques jours avant la Saint-Sylvestre 2008. Et nous rions, et nous rirons, car nous rirons les derniers !

Bonnes fêtes de fin d’année à tous ! Et bon courage pour les épreuves qui vous attendent en 2009 !

 

"Merde pour la république!": les soulèvements paysans de Wallonie (1795-1800)

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« Picard » / « ‘t Pallieterke » :

« Merde pour la République ! » : les soulèvements paysans de Wallonie (1795-1800)

 

I.

Nous sommes à Jodoigne, en Brabant wallon, fin novembre 2008. A l’Hôtel des Libertés s’ouvre une exposition qui s’intitule « La révolte des Chouans en Hesbaye Brabançonne ». Cette ouverture est assortie d’une conférence sur le sujet et d’une marche commémorative dans les villages avoisinants, avec figurants costumés selon les modes des années 1795 à 1800.

Toutes ces activités, qui ramenaient la petite ville du Brabant wallon dans l’atmosphère de la fin du 18ème siècle, avaient un seul objectif : maintenir vivant le souvenir de la « Guerre des Paysans », celle qui éclata dans le Brabant wallon. L’insurrection débuta dans les villages d’Opprebais, de Roux-Miroir et d’Incourt ; les insurgés anti-français réussirent par deux fois à prendre la ville de Jodoigne. En fin de compte, les « brigands », comme les appelaient les Français, eurent le dessous et furent impitoyablement massacrés à Beauvechain, Piétrain et Hasselt. La cause de ce soulèvement populaire dans cette partie de la Hesbaye, qui fait actuellement partie du Brabant wallon, fut la même que dans les deux Flandres, le Limbourg et l’actuel Brabant flamand ; une résistance contre la politique anticléricale des Français et un soulèvement contre la conscription par tirage au sort.

La commémoration en Wallonie de ces événements, qui datent de 210 ans, révèle deux choses. D’abord, qu’il y a eu en Wallonie un soulèvement paysan en bonne et due forme. Ensuite, que le souvenir de cette révolte n’a pas entièrement disparu. Dans la première partie de notre exposé, nous allons nous pencher essentiellement sur la dite « révolte des brigands » en Wallonie. Dans la seconde partie, nous consacrerons plutôt notre attention sur la place que prend ce soulèvement dans la mémoire collective des Wallons.

Immédiatement après la fameuse bataille de Jemappes en 1792 et l’occupation française des Pays-Bas autrichiens qui s’ensuivit, des révoltes anti-françaises eurent lieu en Wallonie. Des milices bourgeoises et des paysans armés dans les régions frontalières de Chimay, Bertrix et Florenville livrèrent bataille contre les troupes françaises avant le soulèvement général des paysans en 1796. Pour reprendre le contrôle de la région de Chimay, les Français durent envoyer une armée entière dans la « botte » du Hainaut.

La figure centrale du soulèvement paysan wallon est indubitablement Charles-François Jacqmin ou Charles de Loupoigne (1761-1799), connu aussi sous le sobriquet de « Charelpoeng » en Flandre. Ce Brabançon wallon était originaire de Braine-l’Alleud,  avait servi de sergent recruteur pour l’Armée Impériale & Royale autrichienne et avait commandé des milices populaires pro-autrichiennes après la seconde défaite des armées impériales et royales à Fleurus en 1794. Bien avant la « Guerre des Paysans » proprement dite, qui éclata en 1798, Charles Jacqmin de Loupoigne avait organisé une guérilla contre l’oppresseur français. Qui se déroulait souvent de manière ludique. On désarmait les soldats français, on pillait les caisses communales, on abattait les « arbres de la liberté », on libérait les conscrits et on intimidait les collaborateurs. Cette guérilla ne fit pratiquement pas couler de sang.

Charles de Loupoigne s’activait essentiellement dans la région de Genappe et Wavre. Il ne réussit pas à prendre Louvain et Jodoigne. Les Français le condamnèrent à mort par contumace, mais ne purent jamais le capturer. Les nombreuses forêts, chemins creux et cachettes du Brabant wallon étaient idéaux pour mener une guerre de guérilla. En 1799, les Français n’avaient pas encore réussi à capturer Charles de Loupoigne. En juin de cette année, leur chasse à l’homme finit par aboutir, plutôt par hasard : dans un combat livré aux gendarmes français, « Charelpoeng » tomba les armes à la main à Loonbeek près de Huldenberg en Brabant flamand. Ce fut la fin de sa légende.

Mais Charles de Loupoigne ne fut pas le seul « brigand »  wallon. Dans la région de Virton, en Gaume, la population rurale résistait, elle aussi, aux Français. On connaît mieux la « Klöppelkrieg » du Luxembourg germanophone, un soulèvement de septembre 1798 qui s’est étendu également à la Wallonie, dans les régions de Vielsalm et de Stavelot. A Neufchâteau, dans les Ardennes luxembourgeoises,  les annales signalent en novembre 1798 un soulèvement anti-français. Les insurgés démolissent de fond en comble la « mairie » en hurlant « Merde pour la République ! ».

Dans la région située entre Sambre et Meuse, on abattit les « arbres de la liberté » dans de nombreux villages. Cette région a donc connu une résistance mais sans soulèvement armé.

Dans la région de Jodoigne, le soulèvement fut bel et bien armé et ce sont ces événements-là que l’on vient de commémorer. Le chef de cette « Guerre des Paysans » en Brabant wallon n’était pas Charles Jacqmin de Loupoigne mais un certain Antoine Constant (1749-1799). Celui-ci parvient en novembre 1798 à prendre Jodoigne et à en chasser les Français. Dans les semaines qui suivirent, Antoine Constant mena ses actions dans le département de l’Ourthe (l’actuelle province de Liège) et marcha à la tête de ses compagnies sur Hasselt pour aller rejoindre les insurgés flamands. A Hasselt, l’armée rurale des Pays-Bas autrichiens fut définitivement écrasée.

Antoine Constant y fut fait prisonnier. Les Français le jugèrent et il fut exécuté le 9 février 1799. Le paysannat insurgé était exsangue. La révolte étouffée dans le sang.

II.

Dans la première partie de notre brève étude sur les soulèvements paysans contre le républicanisme français, nous avons parlé de quelques événements de cette lutte populaire d’il y a 210 ans, qui a connu des épisodes marquants en Wallonie, contrairement à ce que l’on croit habituellement, en prétendant que cette révolte n’a été qu’une affaire flamande ou luxembourgeoise. Cette ignorance vient du fait que les francophones belges ne se souviennent plus guère aujourd’hui de ce soulèvement paysan. Des commémorations comme celle qui a eu lieu à Jodoigne le mois dernier sont exceptionnelles. Comment cela se fait-il que cette période de l’histoire soit perçue différemment chez les Francophones et chez les Flamands ?

Est-ce un impact de la langue et de la culture françaises, qui fait que les liens avec l’occupant français étaient plus forts ? Les Wallons ont-ils été des « fans » de la révolution française ? Les historiens doutent que les idées révolutionnaires aient été populaires en Wallonie. L’historien Erik Martens, qui a principalement axé ses recherches sur cette période, explique la moindre virulence du soulèvement paysan en Wallonie par la situation géographique des provinces romanes des Pays-Bas autrichiens. Elles étaient plus éloignées de l’Angleterre, d’où aurait pu venir une aide, et plus proches de la frontière française où étaient casernées de solides garnisons comme à Maubeuge, Avesnes, Mariembourg, Givet et Sedan. Il est exact aussi qu’une partie du soulèvement wallon a été directement inspirée par la Flandre, le long de la frontière linguistique.  Sur l’axe Tournai-Enghien, ce furent surtout des milices flamandes venues de Renaix (Ronse) et du Pajottenland qui provoquèrent les escarmouches avec les troupes françaises. Malgré cela, il faut dire que les principaux soulèvements du Brabant wallon ont une origine purement locale, tout comme celui qui a animé les forêts des Ardennes luxembourgeoises et comme la guérilla anti-française qui a fait rage autour de Chimay.

Alors pourquoi la « Guerre des Paysans » n’est-elle pas inscrite dans la mémoire collective des Wallons d’aujourd’hui ? Nous pourrions poser la question autrement. Pourquoi cette guerre paysanne est-elle, ou a-t-elle été, pendant si longtemps commémorée en Flandre ? La réponse est simple :  elle y a toujours été considérée comme une révolte contre une de ces occupations étrangères, française de surcroît, que l’histoire des pays flamands a si souvent connues ; l’historiographie flamande n’a jamais cessé de braquer ses projecteurs contre ce genre de soulèvements. Cette disposition d’esprit explique aussi l’immense succès qu’a connu la commémoration du centenaire de la « Guerre des Paysans » en 1898. La « Guerre des Paysans » étant un soulèvement populaire contre la France, elle trouvait parfaitement sa place dans l’univers mental du mouvement flamand.

En Belgique francophone, rien de tout cela. Car, surtout après 1918, la Belgique francophone a pris, comme jamais auparavant, une attitude pro-française. La France était subitement devenue l’alliée et les épisodes désagréables de l’histoire wallonne, où les Français s’étaient méconduits dans les provinces romanes des Pays-Bas espagnols puis autrichiens, furent recouverts d’un silence de plomb. Après 1918, les castes dominantes francophones ont fait l’impasse sur l’histoire propre de la Wallonie, pour aller fabriquer une « nouvelle histoire ». Ce fut principalement le cas dans les cénacles maçonniques et wallingants (en fait rattachistes), où l’on se mit à exalter, de la manière la plus irrationnelle et la plus dévote, les acquis, faits et gestes de la période d’occupation française (1792-1814). Dans cette littérature pieuse, on raconte, sans rire, que cette occupation violente fut une « libération » de l’Ancien Régime et, surtout, qu’elle nous a ouvert, à nous pauvres sauvages mal dégrossis de Flandre, de Wallonie et de Rhénanie, les portes de la culture française, posée comme « universelle » et « supérieure ». Dans les cercles wallingants, on va jusqu’à considérer que la bataille de Waterloo a été une défaite !

En Wallonie, on ne trouve donc aucun monument commémoratif nous rappelant l’héroïsme du peuple en armes contre la barbarie moderne des sans-culottes. Tout au plus reste-t-il l’un ou l’autre indice dans les folklores locaux, exploitable par le tourisme. Dans tout le Brabant wallon, on ne trouve que deux rues qui portent le nom de Charles Jacqmin de Loupoigne. Il existe toutefois un circuit touristique pour randonneurs pédestres et cyclistes qui porte le nom de ce courageux capitaine. Il n’existe qu’un seul monument à l’honneur de « Charelpoeng » ; il se trouvait à Loonbeek en Brabant flamand, au lieu où il tomba les armes à la main en 1799. Ce monument avait été commandité par Paul Verhaegen, belgiciste et francophone de Flandre, qui fut pendant un certain laps de temps Président de la Cour de Cassation. Paul Verhaegen avait fait ériger ce monument car il estimait que Charles de Loupoigne avait été « un grand Belge ».

L’ironie de l’histoire veut que dans les années 30 du vingtième siècle, et jusqu’en 1944, les Flamands venaient fêter sous ce monument le souvenir de la défaite de la Chevalerie française devant Courtrai en 1302, lors de la fameuse « Bataille des Eperons d’Or ». Charles de Loupoigne est devenu ainsi un « héros flamand », alors qu’il était un pur Wallon. Dans les années 40, les cercles inféodés à la collaboration y ont également tenu des manifestations, si bien qu’en septembre 1944, le monument fut partiellement détruit par les résistancialistes. Après la guerre, il n’a plus été question de replacer le monument en son lieu d’origine et de le restaurer car, disaient les esprits bornés, il rappelait l’occupant allemand ! En 1949, des fidèles l’ont transporté dans une chapelle à Sint-Joris-Weert où il a finalement été placé contre le mur extérieur du petit édifice religieux. Il s’y trouve toujours.

Parce que le lien a été fait entre la « Guerre des Paysans » et le mouvement flamand, la Belgique francophone a fini par considérer que ce soulèvement populaire de la fin du 18ème siècle avait été « antipatriotique ». Cependant le débat autour de la « Guerre des Paysans » demeure sensible côté francophone parce que certains historiens soulignent qu’il y a un rapport entre la « Guerre des Paysans » et le soulèvement des « chouans » et des Vendéens dans l’Ouest de la France. En 1793, la population de cette région royaliste a été décimée et parfois exterminée par les sans-culottes. Dans bon nombre de cercles de la droite conservatrice française, on demande que ce crime politique soit reconnu comme un génocide. La France républicaine ne veut rien entendre, bien sûr, parce qu’elle estime que ce serait faire une concession à « l’extrême droite » et que cela ruinerait le mythe de la « révolution française ». C’est pourquoi la Belgique francophone, toujours servilement à la remorque des modes, des folies et des veuleries parisiennes, se montre très réticente et hésite à parler de manière positive de la « Guerre des Paysans ».

Ceux qui osent émettre un jugement positif sur cet épisode héroïque de l’histoire des Pays-Bas du Sud, risque immédiatement l’excommunication hors de l’église des gauches.

« Picard » / « ‘t Pallieterke ».

(article paru en deux parties dans « ‘t Pallieterke », numéros 51 & 52/2008 (jg. 63) ; traduction française : Robert Steuckers).

 

 

 

 

mercredi, 24 décembre 2008

Dehaene en Staatshervorming

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dimanche, 14 décembre 2008

De pers is de megafoon van het ultraliberalisme

De Pers is de Megafoon van het Ultraliberalisme

Faux NewsNaar aanleiding van de recente afdankingen en besparingen bij de verschillende mediagroepen in dit land, waarbij tientallen redactiemedewerkers werden ontslagen, duikt de vraag bij de burgerij en haar linkse papegaaien op of onze media nog wel democratisch en onafhankelijk genoeg zijn. Voor ons kan die vraag gerust negatief worden beantwoord, want in dit land en in de rest van de ultraliberale wereld is er al lang geen sprake meer van zoiets als vrije of onafhankelijke pers, dat zijn al lang lege begrippen geworden hier. De TV-nieuwsberichten bijvoorbeeld zijn een loutere voordracht van de dagelijkse persknipsels die worden overgenomen van persgroepen die geconcentreerd zijn in de handen van de Belgische kapitaalselite. Zelfs op de door de staat gecontroleerde media zoals de VRT zijn de toon en de inhoud van het nieuws gekopieerd van die burgelijke mediagroepen, want daar moet het duidelijk zijn dat de politieke elite een verlengde van de kapitaalselite is en bijgevolg de inhoud van de berichtgeving als dusdanig controleert. Ze vullen elkaar aan als propagandamachine van privé-belangen. Bij de staatsmedia speelt niet zozeer de agenda van de reclameterreur een rol als wel de enorme impact van het ideologische denken van die politieke klasse die de vrijheid van mening en het brengen van alternatieve meningen tegenhoudt.

De media in al hun commerciële en niet-commerciële vormen zijn gestroomlijnd om ofwel rechtstreeks via zakelijke doelstellingen (reclameadvertenties) het ultraliberalisme uit te dragen - en daar nog een pak geld mee te verdienen ook - dan wel om dat ultraliberalisme rechtstreeks door propaganda over te brengen naar het volk. Het nieuws van de dag is nu zo gekneed en verpakt dat het perfect past in de agenda van onze elite en hun doelstellingen. Op deze wijze organiseert deze elite de voor hen noodzakelijke indoctrinatie van brede lagen van de bevolking, hiervoor gebruik makend van beelden en teksten die passen bij hun belangen bij hun voorstelling van de wereld. Bij de huidige kredietcrisis is het dan ook zeer noemenswaardig dat de volledige pers niet het systeem op zich in vraag stelt, maar de schijn wekt dat deze crisis een soort cyclische natuurlijkheid in zich draagt en er dus niks abnormaals aan het systeem zelf op te merken valt. Het is alsof het om een zuivere wisseling van de seizoenen gaat, want de teneur is dat er na regen weer zonneschijn komt en daarna weer een periode van regen. Alleen moeten de sukkels die in de regen terecht komen er wel voor zorgen dat ze een parapluutje kopen zodat ze niet te nat worden natuurlijk.

Zodoende worden binnenlandse economische en sociale drama's verzwegen of geminimaliseerd. De focus wordt gelegd op secundaire gebeurtenissen en feiten die niet direct enige verantwoordelijkheid van onze politieke klasse aantonen of benadrukken. 'Het ligt allemaal buiten hun macht en invloed' is dan de boodschap.Terwijl er zich een economische en financiële ramp voordoet zijn die media bezig triviale gebeurtenissen op te blazen en uit te vergroten tot evenementen van staatsbelang. Zo is het mogelijk dat de huwelijksproblemen van verwende politieke en andere druiloren in de schijnwerpers worden geplaatst en breed worden becommentarieerd. Alsof afgedankt worden nog getuigt van veel geluk tegenover de rampspoed die deze publieke exhibitionisten treft. Zelfs weekbladen zoals Knack, die tot voor kort niet meededen aan de Dag-Allemaal-journalistiek, zijn nu ook op de kar gesprongen van het meer obscene segment dat de vrije pers aanbiedt. Dit is natuurlijk niet allemaal toevallig:  het product 'nieuws' moet verkopen en dan is een laag bij de grondse marketingstrategie nuttig. En om goed te verkopen aan de massa moeten rond die reclameboodschappen ook goedkope teksten staan die op zeer simpel wijze (en zeker niet te uitgebreid) verslag uitbrengen van moorden en branden, verkrachtingen en overspel. Om het even, zolang het maar smeuïg is. De media hebben de massa reeds zo geïndoctrineerd dat deze massa niet meer geïnteresseerd is in hoe onze maatschappij er voorstaat en wat er echt gebeurt. Alle tegenstellingen binnen onze maatschappij zijn vakkundig uitgevlakt en weggeretoucheerd, zodat er nu alleen maar een papperige eenheidsdrab overblijft.

De mensen die een afwijkende mening verkondigen werden en worden zodoende door de media doodgezwegen of verketterd als zijnde neonazi's of - in het beste geval - het adjectief verzuurde burgers hanterend. Burgers die met andere woorden niet beseffen hoe goed ze het hier hebben. Zo zijn reeds de revue gepasseerd: migratie, beurswoeker, vervlakking, criminaliteit, onleefbare steden, eenzaamheid, armoede van het eigen volk, afbraak van sociale cohesie... Allemaal dingen die door de pers onder de mat geveegd worden, tenzij ze er een leuke format mee kunnen maken om zo poen te scheppen op de rug van de kleinzieligheid van individuen en hun hebzucht. Deze doen gewillig mee om allerlei prijzen te winnen of zelf maar gewoon met hun bloot gat op TV te kunnen komen. Alle media en de politieke elite, die eigenlijk gewoon deel uitmaken van het establishment der vrije-markt-profitariaat, willen geen andere geluiden in de media laten horen dan het eigen grote gelijkheidsverhaal. De sprookjes van de vrije markt worden elke dag weer opgedist zodat de massa kalm en afgestompt blijft en zo blijft alle vuiligheid ook netjes toegedekt. De redactiemedewerkers van de media zijn dan ook geen vrije geesten, verdedigers van de democratie of wat dan ook, het zijn dekstopkoelies van de mediagiganten. De top van die redacties zijn daarbovenop plat gespoten met bonussen allerhande en hun grote ego's worden constant gestreeld door hen op te laten nemen in het steeds groter wordende leger van BV's en andere carnavalssociëteiten. Zo zijn ze allemaal gezellig lid van de orde van Belgische zotskappen en van de confrérie der mouwvagers van het hof. Leuke bende, zeker als ze zat zijn. Dan heb je nog een paar zogezegd verantwoordelijke en toch oh zo intellectuele superprogressieve zwijmelaars en snotteraars van het soort Paul Goosens et al, die met hun zure anti-volkse oprispingen de boel mogen opvrolijken. Kortom, die bende, dat is een pot nat, het volk heeft er niks aan.

Waarom zouden wij dan ook een traan laten als deze broodschrijvers in dienst van het systeem, die ons nationaal-revolutionairen al decennia lang door het slijk sleuren, nu van eigen deeg een papje krijgen opgelepeld en met hun klieken en klakken op hun werk worden buitengebonjourd? Het zijn tenslotte diezelfde mensen die in hun gazetten en op hun TV-kanalen constant zitten te verkondigen dat nationaal-revolutionairen niet in deze mooie maatschappij thuishoren. Het zijn ook diezelfde mensen die beweren dat alleen zij het recht hebben om vrij hun mening te verkondigen en dat anderen gerust en zonder kritiek mogen vervolgd worden als die ook hun eigen waarheid willen ventileren. In hun media zul je alvast die mening nooit kwijt kunnen. Neen, de heren zijn zeer selectief in het hanteren van de 'waarheid'. Dus die vrije pers, voor ons nationaal-revolutionairen, is die er nog nooit geweest in dit land. Voor ons is de inkrimping van het personeel bij de redacties in die media geen voorbode van minder democratie en persvrijheid. Het is voor ons gewoon de consolidatie van de non-democratie en het liberaal getoeter, maar dan met minder personeel. Voor ons kan er alleen een vrije pers ontstaan als we in een vrije staat leven en echte democratie kan alleen als er een nationale democratie is in plaats van een multi-etnische.

Wij laten dus geen traan voor de heren en dames van de pers en we willen ook niet dat hun bazen subsidies of staatsteun krijgen om hun monopolies te kunnen behouden, zoals dat vroeger het geval was. Wij willen niet dat het volk moet betalen voor de propagandamachine van de machtelite. Wij leven meestal zeer sterk mee met mensen die hun werk en inkomen verliezen. Maar voor die bende die nu al jaar en dag probeert nationalisten hun werk en soms zelfs hun toekomst af te nemen door ze in hun media als rotte vis af te schilderen, voor dergelijke individuen kunnen wij geen kruimel sympathie opbrengen.

De pers mag wat ons betreft gerust bankroet gaan, net als de rest van de machtselite.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

mardi, 09 décembre 2008

Linkse vernippering

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Linkse versnippering

Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.com

In Vlaanderen en Frankrijk is er een kleine crisis bij links, al is er wel een groot verschil in omvang. Waar hier een minipartijtje als Vl.Pro. uiteenvalt in de postjespakkers en de naiëve idealisten, is het in Frankrijk wel wat erger.

Frankrijk

Daar heeft nu Pierre Joxe de Parti de Gauche gesticht, naar het voorbeeld van Die Linke (waar nu ook Oskar Lafontaine bijzit) die zich links van de PS zal positioneren. Wel te begrijpen aangezien geen van beide kandidaten voor het PS-voorzitterschap echte kandidaten van “links” waren. Progressief genoeg, maar links…, daar heb ik mijn twijfels bij.

Aubry, de kandidaat van de partijtop vs Royal, de kandidaat die de PS nog meer het centrum wilt induwen. Geen van beide kandidaten was dus eigenlijk “links”, al was Aubry wel degene die destijds nog de 35uren-week invoerde, en wensten dat ook niet te zijn. En dat is ook het hele probleem van links in Europa. Oftewel zijn ze extreem-links met alle kenmerken ervan; sektarisme/dogmatisme/etc… Oftewel zijn ze centrum, eveneens met alle gevolgen daarvan; onduidelijkheid/wolligheid/geen duidelijk beleid/etc… Het zal dus nog interessant worden in Frankrijk, ik geef de Parti de Gauche een redelijk grote overlevingskans, wat op korte termijn alleen maar voordelen kan vormen voor Sarkozy.

Vlaanderen

In Vlaanderen is het allemaal wat minder idealistisch. Daar is het eerder van het soort de-ratten-verlaten-het-zinkende-schip. Adihar en T’sijen keren nu hun partij de rug toe, wat goed te begrijpen is. Als men iets wil verwezenlijken, zal dat nooit via Vl.Pro. gebeuren en als men een mandaat wilt behouden, zal ook dat niet via Vl.Pro. gebeuren.

Anciaux zelf zal uiteraard Vl.Pro niet snel verlaten, hij zal zo veel mogelijk mensen meenemen naar SP.a om bij die laatsten zijn waarde te tonen. Hoe meer Vl.Pro.-mensen hij kan meenemen, hoe harder hij op tafel kan slaan wanneer de mandaten en verkiezingsplaatsen verdeeld worden. En als ze hem uit de partij smijten, dan kan hij altijd nog de martelaar uithangen. Een win-winsituatie voor Anciaux zelf, uit idealisme zal hij het alvast niet doen…

lundi, 24 novembre 2008

M. Eemans: Soliloque d'un desperado non nervalien

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Archives de "Synergies Européennes" - 1998

Marc. Eemans :

Soliloque d’un desperado non nervalien

 

Au cours d'une retraite de quelque quinze jours en l'île d'Egine, dans le golfe saronique, où j'ai fêté mes quatre-vingt-dix ans loin de tout cérémonial, j'ai longuement pu me pencher sur bien des choses de ma vie, tout en faisant un petit bilan de ce que l'on appelle le "mouvement surréaliste", auquel j'ai participé durant un bon moment.

 

Quel gâchis !

 

Ce qui aurait pu être une chose fort belle, une vraie révolution dans le domaine de l’esprit, sur le plan de la poésie et des arts n’a été finalement que le prolongement, l’aboutissement, vers 1924, des divers ismes de la fin du siècle dernier et du premier quart du nôtre. Tout cela dans le vase clos des cafés littéraires de Paris. Que d’apéritifs, que de palabres, que d’ukases et que de proclamations de politiques de gauche…

 

Le surréalisme n’a finalement pu que décevoir tous ceux qui y avaient mis tous leurs espoirs. Il y eut bien des fidèles jusqu’au bout, mais aussi que de défections et d’exclusions. Il y eut également des grands talents tels que Breton, Aragon, Eluard, Ernst, Dali et bien d’autres encore.

 

Des chefs-d’œuvre ? Toutefois, chose paradoxale, les vrais grands poètes surréalistes ne furent pas surréalistes dans le sillage de Breton. Ce furent des outsiders. Et je pense alors à un Saint-John-Perse et un Patrice de la Tour du Pin, mais quelle horreur ! Patrice de la Tour du Pin, un poète “christique” ! Ah, son angélologie et sa mysticité, mais aussi ses mythes et légendes celtiques, cette Ecole de Tess… J’ai eu l’honneur de me compter parmi ses fidèles.

 

André Breton, bien que parti du symbolisme de Mallarmé, de Gustave Moreau, voire de Gide et de Pierre Louÿs, n’en avait pas moins passé par le dadaïsme, le communisme, le trotskisme. Il a même été “citoyen du monde”, disciple d’un farfelu américain.

 

Quant à moi ? Je n’ai guère l’esprit grégaire. Je ne suis point fait pour les ukases, pour proclamer avec Pirandello “à chacun sa vérité”. Par ailleurs “sans dieu ni maître” (Mesens), formé dès l’enfance au merveilleux, aussi bien gréco-romain, germanique que chrétien, de même féru de symbolisme aussi bien français que néerlandais ou allemand, avec une bonne dose d’intérêt pour la mystique et l’ésotérisme, sans oublier mon intérêt pour la tragédie des Cathares (Otto Rahn et René Nelli), ainsi que pour l’Ahnenerbe (“Héritage des ancêtres”).

 

Qu’allais-je faire dans le cénacle surréaliste bruxellois où j’allais me heurter à l’ostracisme anti-art de Paul Nougé qui “nous a fait tant de tort” (Mesens) ? J’y ai perdu mon amie Irène, mais aussi gagné la jalousie de René Magritte (mes peintures étaient alors plus chères que les siennes ! Plus tard, Paul Delvaux aura également à souffrir de la même jalousie) et l’amitié de deux fidèles compagnons de route, E. L. T. Mesens, mon premier marchand de tableaux (Galerie L’Époque) et mon deuxième marchand (hélas raté), Camille Goemans (faillite de la Galerie Goëmans de la Rue de Seine à Paris).

 

Au-delà du surréalisme…

 

Après le court épisode surréaliste (1926-1930), ce fut pour moi un “au-delà du surréalisme” avec une traversée du désert, qui dure toujours, et aussi une assez grande dispersion dans mon activité aussi bien artistique qu’intellectuelle avec par surcroît la difficile quête du gagne-pain quotidien.

 

Mon apport au surréalisme bruxellois ? Quelques dizaines de peintures, des dessins et deux ou trois gravures. Elles ou plutôt “ils” auraient contribué (selon José Vovelle) à la naissance du surréalisme néerlandais (Moesman). N’oublions pas l’édition en 1930, de l’album Vergeten te worden, à ce jour  —paraît-il—  le seul recueil surréaliste en langue néerlandaise…

 

Je reviens à ma difficile quête du pain quotidien et ma dispersion intellectuelle, surtout due à une insatiable curiosité de même qu’à un aussi insatiable besoin d’activité.

 

D’abord ma quête du nécessaire pain quotidien. Quelques tentatives dans le domaine publicitaire (comme Magritte), collaboration dans le domaine du design, comme on dit aujourd’hui, avec mon ami l’ensemblier hollandais Ewoud Van Tonderen, finalement le journalisme et l’édition avec un passage dans la propagande touristique avec l’ami Goemans.

 

Ensuite ma dispersion intellectuelle. Bien que ne connaissant point une note de musique, elle fut à la fois musicologique et chorégraphique, en collaboration avec les réputés musicologues Kurt Sachs (juif exilé allemand, directeur de la collection de disques L’anthologie sonore), Charles Van den Borren, bibliothécaire à la bibliothèque du Conservatoire de Bruxelles, et son beau-fils américain, le jeune chef d’orchestre Safford Cape.

 

Grâce à mon amie Elsa Darciel, future professeur au même Conservatoire, nous avons reconstitué les “Basses-Danses de la Cour de Bourgogne”, d’après un précieux manuscrit du XVe siècle, de la Bibliothèque Royale de Bruxelles.

 

L’aventure de la revue «Hermès»

 

Côté poétique, philosophique et mystique : fondation en 1933, avec René Baert et Camille Goemans, de la revue “métasurréaliste” Hermes, pour l’étude comparée de la poésie, de la philosophie et de la mystique, avec une brillante collaboration internationale, mais qualifiée par les surréalistes bruxellois de revue de “petits curés” ou de fascistes en dépit de collaborateur à peu près tous agnostiques, d’autres marxistes ou juifs. Un secrétaire de rédaction de marque : Henri Michaux.

 

Toutefois, quelques supporters de qualité : Edmond Jaloux, Jean Paulhan, Ungaretti, T. S. Eliot, etc.

 

Ma principale contribution : un numéro spécial consacré à la mystique des Pays-Bas, mais les mystiques musulmane, hindoue, chinoise et tibétaine ou grecque et scandinave ne furent point oubliées, et puis il y eut également les premières traductions de Martin Heidegger et de Karl Jaspers. N’oublions pas le symbolisme et les romantiques anglais et allemands.

 

Notre manque d’information dans le domaine italien, nous fit —hélas— ignorer un effort à peu près parallèle, mais tout aussi “confidentiel” que le nôtre, celui de Julius Evola et de ses amis du groupe “Ur”.

 

Autres exemples de ma dissipation intellectuelle d’alors sont mon intérêt pour les théories du R. P. Jousse S. J. sur l’origine purement rythmique du verbe et son application au langage radiophonique dont Paul Deharme, l’époux de la poétesse surréaliste Lise Deharme (la “Dame aux gants verts” de Breton) tâchait alors de faire l’application dans ses spots publicitaires à la radio.

 

Plus grave, du point de vue surréaliste tout au moins, fut ma présence à un colloque néo-thomiste à Meudon, chez Raïssa et Jacques Maritain, sur le thème de la distinction entre mystique naturelle et surnaturelle.

 

Moins compromettante, toujours du point de vue surréaliste, fut ma correspondance avec le poète grec Angelos Sikelianos concernant la restauration des Jeux Delphiques.

 

Les années sombres…

 

En septembre 1939, la guerre mit brusquement un terme à la revue Hermes et en mai 1940, avec l’invasion de la Belgique, au gagne-pain de ses deux directeurs.

 

L’effort fut repris après la guerre par André de Renéville avec ses Cahiers de l’Hermès (deux seuls numéros remarquables) et par une nouvelle revue Hermès qu’il faut, hélas, considérer comme pirate, celle de Jacques Masui… Il existe toujours, dans le prolongement de celle-ci avec le logo de 1933, une “Collection Hermès” aux éditions Fata Morgana. Pour moi, un vrai mirage.

 

Durant la guerre et l’occupation de la Belgique, les deux directeurs de la revue devinrent, quelle erreur et quelle horreur pour d’aucuns, des collaborateurs culturels, mais aussi des résistants culturels sur nombre de points, dans certains journaux et périodiques contrôlés par l’occupant. Cela leur coûta cher : pour René Baert, la vie (par assassinat) et pour moi quelque quatre ans de camp de concentration belge, à la suite d’un procès devant un tribunal illégal et selon une loi que les communistes considéraient (lorsqu’ils en étaient victimes) comme “scélérate”, c’est-à-dire “rétroactive”.

 

J’ai appartenu par ailleurs à, disons une loge intellectuelle secrète, fondée au XVIIe siècle, à laquelle avait également appartenu Pierre-Paul Rubens, appelée “Les Perséides”. Elle avait pour but la réunion, tout au moins sur le plan intellectuel, des anciennes “XVII Provinces” (ou états bourguignons), séparées à la suite de la guerre de religion du XVIe siècle.

 

Durant la dernière guerre, les “Perséides” furent particulièrement actifs. Ils entrèrent même dans la résistance thioise et la clandestinité.

 

Sur le plan légal, ils obtinrent des autorités occupantes non-nazies (car la Belgique a été surtout occupée et gouvernée par des non-nazis) qu’il n’y eut point d’art “dégénéré” en Belgique.

 

Dans la clandestinité, ils parvinrent à rétablir des liens intellectuels avec les Pays-Bas rompus durant l’occupation (je passai maintes fois outre frontière !). Il y eut également des réunions plus ou moins clandestines. L’une d’elles fut dénoncée à la Gestapo et plusieurs des “Perséides”, dont moi, faillirent subir un séjour forcé dans quelque camp de concentration nazi…

 

Après la tourmente

 

La traversée du désert n’en devint que plus pénible après ma libération. Heureusement des amis fidèles vinrent à mon secours dont Jean Paulhan et Patrice de la Tour du Pin, de même que le Prix Nobel T. S. Eliot, sans parler de l’éditeur flamand Lannoo et les éditions néerlandaises Elsevier en la personne de son représentant à Bruxelles Théo Meddens qui me prit à son service jusqu’à ma pension à l’âge de soixante-cinq ans. Ce fut un vrai sauvetage in extremis. Aux éditions Elsevier (plus tard Meddens), j’eus l’occasion de publier une trentaine de livres consacrés à l’histoire de l’art ou de collaborer étroitement avec nombre de personnalités éminentes, telles que le professeur Leo Van Puyvelde et le musicologue Paul Collard (me voilà redevenu musicologue !). Je pus également renouer avec la chorégraphie grâce à ma fidèle amie Darciel.

 

Je pus également compter sur la neutralité, voire l’amitié d’Irène Hamoir et surtout sur celle de E. L. T. Mesens. Quant aux surréalistes d’après-guerre, ce fut la guerre ouverte, la diffamation par pamphlets odieux, même à propos d’expositions à l’étranger (Lausanne, La Femme et le surréalisme, où un ancien prisonnier d’Auschwitz et de Dachau, le Hongrois Carl Laszlo, un marchand de tableaux de Bâle) (sic ; ndlr : nous avons reçu ce texte après le décès de Marc. Eemans ; nous ne l’avons pas modifié, y compris cette phrase apparemment inachevée).

 

Puisque nous parlons de peinture, je rappellerai la fondation du groupe “Fantasmagie” consacré à l’art fantastique et magique. Mais ce mouvement dont je fus un des fondateurs sombra vite dans l’occultisme de pacotille en récoltant des membres au hasard des rencontres de bistrots de son “pape” Aubin Pasque qui avait déjà été l’inventeur d’un “surréalisme du canard sauvage” qui n’a existé que dans son imagination, mais auquel ont cru certains historiens du surréalisme en Belgique, dont David Sylvestre qui m’a interrogé un jour à son sujet…

 

Mais côté poésie ? Je n’ai jamais cessé de pratiquer de la poésie, appelons la “métaphysique et la mythique”, avec des recueils aussi bien en langue néerlandaise que française.

 

Artiste maudit

 

Du côté peinture, mes adversaires en ont profité, hélas, pour me boycotter, de sorte qu’on peut me classer parmi les  “artistes maudits” et certainement proscrits. Point d’œuvres dans les musées, si ce n’est pas un don ou un legs. Point d’expositions officielles, pas de rétrospectives, pas de subsides, etc. etc.

 

A présent, vieux, malvoyant, quasi sourd et ne marchant plus que fort difficilement et avec une canne de berger grec (car je demeure fidèle au mythe grec), je ne suis qu’un “gibelin” comme disent mes amis italiens. Je me demande, en vrai desperado, si je ne suis pas un raté et certainement un marginal qui n’a plus qu’à disparaître…

 

Heureusement que dès 1972, feu mon ami Jean-Jacques Gaillard, peintre surimpressionniste et swedenborgien, lui aussi quelque peu maudit pour avoir eu l’audace de dénoncer la grande fumisterie de l’art de Picasso, cela en pleine Académie Thérésienne, heureusement, dis-je, que l’ami Jean-Jacques m’ait prédit (belle consolation !) “une gloire posthume tristement magnifique”, y ajoutant qu’“une gloire tardive est préférable à une gloire rapide qui vieillit vite”.

 

Feu mon ami allemand, l’histoire d’art Friedrich Markus Huebner, grand admirateur de l’art flamand, de son côté m’a proclamé “l’éloquent interprète des expériences intemporelles”… Serais-je donc, moi aussi “intemporel” ?

 

Marc. EEMANS.

(20 juin-10 septembre 1997).

(précision : les inter-titres sont de la rédaction).  

lundi, 17 novembre 2008

Carrefour en het nationalisme

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Carrefour en het nationalisme

Ex: http://yvespernet.wordpress.com

In het sociaal conflict bij Carrefour, waar ik de kant van de vakbonden kies, is men een nieuwe fase ingegaan. Bij de blokkade van meerdere Carrefourwinkels, die in mijn ogen gerust op een internationale schaal mag worden georganiseerd, hebben de bazen nu besloten om niet alleen deurwaarders in te zetten. Net zoals bij nationalistische manifestaties is er gekozen om de matrakken van de politie in te zetten om zo het sociale conflict de kop in te slaan. Beelden hiervan op http://www.deredactie.be/cm/de.redactie/economie/081110_Carrefour_actie .

Ik ben niet akkoord met de Belgische visie van de vakbonden en vinden dat zij vaak te weinig actie hebben gevoerd, of zelf geen, ter bevordering van de Vlaamse middenstand tegenover de grote buitenlandse multinationals. Werk in eigen streek, werk voor eigen en door het eigen volk, dat moet primeren in mijn ogen. En dat is niet het enige, ook over de verweving tussen de macht en de vakbonden valt nog serieus wat te zeggen. Of over de achterhoedegevechten die de vakbond meent te voeren tegen bepaalde “racisten” in hun rangen, terwijl het economisch systeem in een gigantische crisis zit.

Maar ondanks deze verschillen, steun ik de vakbond volledig in dit conflict bij Carrefour. De onwil van de top om te spreken met de arbeiders is vandaag geïllustreerd door het inzetten van de politie. En dan heb ik het nog niet over bepaalde dubieuze praktijken die de directie inzet door het dwingen van arbeiders om tegen de vakbonden te reageren. Dat ze voor mijn part Carrefour overal maar blokkeren, er zijn alternatieven genoeg om uw inkopen te gaan doen.

Dit toont ook aan dat het nationalisme wel degelijk een ideologische invulling moet krijgen. Want als men nu zou vragen naar een mening van de Vlaamse Beweging zouden de meesten daarin met een mond vol tanden staan. In tijden van crisis is het meer dan ooit vitaal dat het nationalisme kiest voor een ideologische en sociale invulling, de elite zal immers geen honger lijden en de elite zal ons snel wegwerpen wanneer ze ons beu zijn. Maar enkel een vaag idee bieden van een onafhankelijk Vlaanderen, van een Dietse hereniging, dat is volledig onvoldoende. Vlaggen vullen immers geen magen. Daarom geen liberale invulling van het nationalisme, geen sociaal-democratisch, geen marxistisch of socialistische, maar een solidaristische! Wij zijn dan wel tegen het marxisme, maar dat wilt niet zeggen dat wij knechten zijn van het liberalisme.

En dan te bedenken dat er mensen zijn die een liberaal Vlaanderen nastreven. Dat zal alvast mijn Vlaanderen niet zijn, in die staat weiger ik mij te integreren. Op naar de sociale Republiek Vlaanderen!

vendredi, 07 novembre 2008

Heeft Joris van Severen invloed van G. Sorel ondergaan?

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Heeft Joris van Severen invloed van Georges Sorel ondergaan?

 

Gevonden op: http://www.jorisvanseveren.org

Piet Tommissen, Ukkel

Dat ik de titel van deze bescheiden bijdrage als een vraag ingekleed heb heeft zo zijn reden. Inderdaad kan ik geen sluitende argumenten aanvoeren om te bevestigen of te ontkennen dat die invloed bestaan heeft. Onlangs omzeilde ik - om het met de woorden te zeggen van de Russische romancier Ivan Turgeniev (1818-1883), één van de aanspraakmakers op het vaderschap van het uit onze woordenschat niet weg te denken begrip ‘nihilisme’ – de kaap van de 80 lentes en op die leeftijd smeedt men liefst geen plannen meer hoe groot de bekoring ook weze. De bijdrage werd daarom geschreven in de hoop dat een jongere vorser zou nagaan of Van Severen al dan niet door Sorel beïnvloed is geworden. Ik ben van mening dat een grondig onderzoek de moeite waard is, temeer daar meteen naar mogelijke invloed zowel van Georges Valois (pseudoniem van Georges Gressent, 1878-1945) als van de ‘Clarté’-beweging kan gespeurd worden.

Wat mij betreft mag iedereen over Ward Hermans (1897-1992), ooit lid van het Verdinaso en vooral bekend geworden als de man van de destijds furore makende documenten van Utrecht (1929), denken wat hij wil. Maar niemand kan ontkennen dat hij zeer belezen en met het geestesleven van zijn tijd vrij goed vertrouwd was. Men denke slechts aan zijn opstellenbundel De Avondland-Idee & Vlaanderen, die zowel qua titel als qua inhoud invloed verraadt van Oswald Spengler (1880-1936).1 Dat opus en een paar andere geschriften van Hermans gelezen hebbende werd mijn nieuwsgierigheid gewekt toen ik in een vergeeld nummer van het maandblad De nieuwe Dag op een artikel van zijn hand stiet.2 Het handelt over de geëngageerde literatuur. Ofschoon het als zodanig een kritische analyse verdient, beperk ik me hier evenwel tot de vaststelling dat tot twee keer toe gewezen wordt op de invloed die Georges Sorel (1847-1922) op Van Severen zou uitgeoefend hebben.

Ik citeer: (a): “Wanneer men het proces maakt van de geëngageerde literatuur, moet men in Vlaanderen onvermijdelijk denken aan een biezonder typisch voorbeeld: dit van Joris van Severen, van de linksgerichte groep ‘Clarté’ via Ter Waarheid, langzaam evoluerend naar rechts onder invloed der filosofie van Sorel en de bellettrie van Maurras. Hier heeft men, in een notendop, heel de tragiek van een strijdend Vlaming, omzeggens van huis uit veroordeeld om op het verkeerde front te sterven. En, totale deernis van deze tragiek, te vallen onder de kogels van een volk, dat hem naar geest en gevoel meer verwant was dan dit van Goethe en Humboldt.”; (b): “Eens inspireerde Sorel het prefascisme. Mussolini komt van daar. En we zegden het reeds: ook van Severen.”3 Er dient bijgezegd dat Hermans een retour van de theorieën van Sorel ontwaarde: “Wie Sorels invloed heeft gekend op de generatie van tussen twee wereldoorlogen, weet maar al te goed wat dit betekent. Het is het geweld in dienst van de gedachte. De gedachte die niet tot werkelijkheid kan worden zonder de daad van het geweld.”4

Wat Hermans over de ontwikkelingsgang van Van Severen schrijft is overigens ook op zijn eigen evolutie en , zoals hij terecht schrijft, op die van heel wat van zijn tijdgenoten van toepassing. Na Wereldoorlog 1 voltrok zich namelijk in West-Europa een proces dat men ideologische inversie zou kunnen noemen: iemand die door de linkse parolen werd aangelokt kon in een latere levensfase naar rechts opschuiven, en omgekeerd.5 Zo is geweten dat Sorel en enkele prominente aanhangers van de Clarté-beweging6 in een volgende fase de zwenking naar rechts hebben voltrokken. 6

Vik Eggermont (°1929) schrijft dat Van Severen zich interesseerde voor leidinggevende figuren van linkse signatuur - hij vernoemt Karl Liebknecht (1871-1919), Rosa Luxemburg (1870-1919)  en Henriette Roland Holst (1869-1952), maar had tevens Gustav Landauer (1870-1919) kunnen vermelden7 - en dat in zijnen hoofde “een zekere wwelwillende en begrijpende belangstelling” t.a.v. het communisme niet kan ontkend worden.8 Mocht dit laatste kloppen, dan is die belangstelling m.i. een rechtstreeks gevolg van de impact van de Clarté-groep. 

Doch niet die ideologische inversie staat hier centraal, wèl de vraag of Sorel Joris van Severen beïnvloed heeft, zoals Hermans suggereert. Het is geen retorische vraag, want Sorels geschriften en ideeën hebben een grote resonantie gehad. Percy Wyndham Lewis (1882-1957), de Engelse avant-gardistische schilder, dichter, essayist en vader van het vorticisme9, getuigde anno 1926 in een toen veel gelezen werk: Sorel is the key to all contem-porary political thought.10 Bijna vijf decennia geleden bevestigde Armin Mohler (1920-2000) deze zienswijze: “Er (sc. Sorel) ist zweifellos derjenige Franzose, der in den verflossenen achzig Jahren den tiefsten geistigen Ein-fluss auf die Welt ausübte - auch wenn dieser Einfluss oft seltsame Umwege ging.”11

Wat Van Severen betreft vindt men de enige indicaties waarover we beschikken in de gedrukt voorliggende ingekorte versie van de licentiaatverhandeling die Luc Pauwels (°1940) anno 1998 aan de KUL verdedigde en die door de jury ad hoc hoog gequoteerd werd: citaten uit Combat en de aanwezigheid in Van Severens bibliotheek van enkele werken van en over Sorel.12 Volstaat zulks om van invloed te mogen gewagen? Ik betwijfel het. Volgens mij is een indicatie nog lang geen bewijs. Er zou moeten worden nagegaan of Sorels interpretatie van het begrip mythe, van de rol van het geweld e.a.m., in voordrachten en/of teksten van Van Severen aantoonbaar is.

Het spreekt vanzelf dat die redenering ook opgaat voor Valois en Clarté. Dankzij L. Pauwels weten we dat Valois tot zijn lievelingsauteurs behoord heeft13, maar is een echo van die belangstelling in Van Severens geschriften terug te vinden? Clarté vertoonde internationale allures en had niet enkel in Belgische Franstalige14 doch evenzeer in Antwerpse middens aanhangers.15 Dixit Hermans vond Van Severen het gelijknamig tijdschrift “sympathiek”.16 Maar andermaal rijst het probleem of het al dan niet bij vrijblijvende curiositeit gebleven is. Afgaande op de bevindingen van Kurt Ravyts (°1968) blijkt zulks niet het geval te zijn geweest.17

Summa summarum: moge een jonge vorser zich over deze boeiende problematiek ontfermen!17 Meer zelfs, moge hij het te bestuderen veld verruimen, door rekening te houden met strekkingen en namen die Rudy Pauwels (°1932) citeert!18

Noten

1 W. Hermans, De Avondland-Idee & Vlaanderen, Turnhout, Drukkerij Lityca, 1927, 117 p., n° 1 in de reeks ‘Vragen van dezen tijd’.

2 (a) W. Hermans, Bestiarium van de literatuur. Een halve eeuw literair-politiek engagement, in: De nieuwe Dag, 3ejg., nr. 11, april 1967, pp. 38-41. De titel is voorzeker ontleend aan deze van een boek uit 1920 vol parodieën (bijna uitsluitend) van de hand van Franz Blei (1871-1942): Das grosse Bestiarium der Literatur (heruit-gave bezorgd door Rolf-Peter Baacke), Hamburg: Europaische Verlagsanstalt, 1995, 418 p.

(b) Over het maandblad, vgl. Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, deel 2 = G-Q, p. 2204.

3 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 38 resp. p. 40.

4 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 39.

5 Voor nadere bijzonderheden, vgl. Jean Pierre Faye (°1925), Langages totalitaires. Critique de la raison! Critique de I’économie narrative, Paris, Hermann, 1972, VIII-771 p. Voor een grondige kritiek van dit opus, vgl. mijn studie J.P. Faye’s critiek van de narratieve economie, pp. 13-6 1 in: P. Tommissen, Anti-totalitair denken in Frankrijk, Brussel: EHSAL, 1984, 155 p., n° 55-56-57 in de reeks ‘Eclectica’.

6 Tijdens Wereldoorlog I werd door Henri Barbusse (1873-1935) en enkele vrienden een internationaal tijdschrift geconcipiëerd en op 22 juli 1916 in de (communistische) krant L’Humanité in het door talrijke literatoren ondertekend manifest ‘Contre la paix injuste’ aangekondigd. Inderdaad verscheen op 11 oktober 1919 het eerste nummer van Clarté. - Bulletin français de l’ Internationale de la pensée. Dit bulletin (of zo men wil: deze krant) moest de plaats ruimen voor een heus tijdschrift met dezelfde naam doch zonder de ondertitel; het werd uitgegeven door Barbusse en Paul Vaillant-Couturier (1892-1937) en verscheen voor het eerst op 19 november 1921 als een ‘revue de critique communiste’. Drie jaar lang ijverden de medewerkers voor een Westerse revolutie volgens het Russisch model en kantten zich tegen de cultuur en de waarden van de Westerse bourgeois. Van 1924 af maakten literaire en artistieke avant-gardegroepen de dienst uit. Clarté hield in december 1927 op te bestaan.

7 L. Pauwels, De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering, leper, Studie- en Coördinatiecentrum Joris van Severen, 1999, 272 p., Jaarboek’ 3 van dat centrum; cf. p. 164 en p.2l6.

8 V. Eggermont, Ter Waarheid, aanzet tot een inhoudsanalyse, pp. 23-40 in: Gedenkboek Joris van Severen 1894-1994, Aartselaar: Nationaal Studie- en Documentatie-centrum Joris van Severen, 1994, 352 p.; cf. p. 38.

9 VgI. o.m.: Wyndham Lewis et le vorticisme. Paris, Centre Georges Pompidou. 1982. 188 p., in de reeks ‘Cahiers pour un temps’

10 W. Lewis, The Art of Being Ruled. Santa Rosa, Black Sparrow Press, (1926) 1989 (een door Reed Way Dasenbrock bezorgde voorbeeldige heruitgave), 463 p., cf. p. 119.

11 A. Mohler, Die französische Rechte. Vom Kampf um Frankreichs Ideologienpanzer. München, Isar Verlag, 1958, 86 p., nr 3 in de reeks ‘Konservative Schriften-reihe’; cf. p. 44.

12 L. Pauwels, op. cit. (vt 7), p. 164 en 216.

13 L. Pauwels, op. cit. (vt 7), p. 199 en p 239. Op p. 217 vernemen we voorts dat zich in de bibliotheek 15 werken van Valois bevonden.

14 De spilfiguur was niemand minder dan Paul Colin (1890-1943)! Vgl. o.m. Ernst Leonardy, Die internationale Debatte um den Pazifismus im Rahmen der ‘Clarté’-Bewegung 1919-1921. Beiträge aus Frankreich, Deutschland und Belgien, pp. 155-189 in: E. Leonardy en Hubert Roland (eds.), Deutsch-belgische Beziehungen im kulturellen und literarischen Bereich 1890-1940, Frankfurt a.M., Lang, 1999, 289 p., nr. 36 in de reeks ‘Studien and Dokumente zur Geschichte der Romanischen Literaturen’; cf. pp. 175-179: Paul Colin als Vermittler deutscher Kultur an die Romania und als Propagandist der ‘Clarté’-Bewegung in Deutschland.

15 1k denk o.m. aan het door RogerAvermaete (l893-1988) e.a. in Antwerpen uitgegeven tijdschrift Lumière. Cf. R. Avermaete, L’aventure de ‘Lumière’, Brussel, Arcade, 1969, 187 p.

16 W. Hermans, art. cit. (vt 2 punt a), p. 39.

17 K. Ravyts, Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van ‘Ter Waarheid’ (1921-1924), pp. 45-63-74: 3. De invloed van Paul Colins l’Art Libre.

18 R. Pauwels, Organisch solidarisme. Corporatisme: toen, in deze Nieuwsbrief Joris van Severen, 6e jg., 3e trimester 2002, pp. 15-21 (cf. vooral pp. 18-19).

lundi, 03 novembre 2008

De literaire voorkeuren van J. van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog (1914-1918)

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De literaire voorkeuren van Joris van Severen

tijdens de Eerste Wereldoorlog (1914-1918)

Kurt Ravyts, Brugge

Zoals ik reeds in de inleiding van mijn artikel over Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid (1921-1924)1 schreef wordt Van Severen bij talrijke historici en het grote publiek ook anno 2004 nog altijd gereduceerd tot de militaristische en fascistische leider van het anti-democratische en virulent antisemitische Verdinaso.2 Het Jaarboek Joris van Severen en het Studiecentrum Joris van Severen bewijzen nu echter reeds bijna tien jaar en dit in opvolging van het Nationaal Studie- en Coördinatiecentrum in Aartselaar, dat dit beeld op zijn zachtst gezegd best wordt bijgesteld en geven historici die naar volledigheid en objectiviteit streven volop de gelegenheid om ook een  ‘andere’  Joris Van Severen te leren kennen.3 

Dat er ook een ‘andere’ Van Severen bestond werd echter zelfs voor specialisten pas volledig duidelijk doorheen het beschikbaar worden van het privé-archief van Joris van Severen dat  door zijn neef ere-notaris Rudy Pauwels, zoon van Jeanne van Severen, aan het universiteitsarchief van de Katholieke Universiteit Leuven werd geschonken. Sinds januari 2004 berust het volledige privé-archief van Joris van Severen in dit archief dat zich in de indrukwekkende Leuvense universiteitsbibliotheek bevindt.

Met dit onderzoek wilde ik opnieuw aanknopen bij mijn bijdrage uit 1997 over de invloed van Gabriele D’Annunzio en Leon Bloy op de jonge Joris van Severen tijdens de eerste wereldoorlog.4  Ik erkende toen voor mijn bronnen bijna volledig schatplichtig te zijn aan het Oorlogsdagboek van Van Severen, een mijns inziens bijzonder aangrijpend document waarin hij zijn diepste zieleroerselen maar ook meer intellectuele en literaire beschouwingen neerpende. Dit maal koos ik voor een bredere benadering waarbij ik zal proberen de lezer een beeld te geven van de literatuur die Joris van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog verzamelde en las. Zoals ik ook al in 1997 beklemtoonde is de receptie, verwerking en evaluatie van deze literatuur bij Van Severen altijd verweven met persoonlijke, subjectieve factoren. M.a.w. de omstandigheden, noodlottigheden, spanningsvelden, karakterschetsen, enz… die hij in verscheidene romans las koppelde hij vaak terug naar zijn eigen wedervaren en hiermee gepaard gaande gevoelens. In die zin voegt een belichten van de door Joris van Severen’ gelezen literatuur tijdens de Eerste Wereldoorlog ook opnieuw enkele tot nog toe vrijwel onbekend gebleven elementen toe aan zijn biografie. Kortom, literatuur speelde ook bij Joris van Severen een essentiële rol bij het tot stand komen van de grondlijnen van zijn persoonlijkheid.

Ook nu vormen de oorlogsdagboeken de belangrijkste bron voor deze bijdrage. De ‘oorlogslectuur’ van Van Severen werd naast mijn bijdrage over de invloed van Léon Bloy en Gabriele D’Annunzio enkel nog maar door Luc Pauwels van nabij onder de loupe genomen. Arthur de Bruyne beperkte zich in zijn bekende biografie Joris van Severen. Droom en daad tot de mededeling dat Van Severen tijdens de Eerste Wereldoorlog veel las en tot het opsommen van een aantal auteurs. Rachel Baes daarentegen, ging in Joris Van Severen. Une âme wel in op de literaire keuzes van Van Severen maar putte vrijwel uitsluitend uit Van Severens briefwisseling met Charles Gouzée de Harven met wie zij bevriend was.5

In zijn zeer gedegen licentiaatsthesis De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940).Een hermeneutische benadering behandelde Luc Pauwels echter op de eerste plaats de totale bibliotheek van Van Severen en splitste hij voor zijn onderzoek de lectuur uit de oorlogsdagboeken dus niet af.  Boven bestudeerde hij deze bibliotheek en de oorlogslectuur vooral als bronnen voor de studie van Van Severens ideologie. Volgens Luc Pauwels werd de ideologie van Joris van Severen via het antimilitarisme vanaf einde 1916 uitgesproken links-revolutionair. Hij noemt het zelfs een  “emotioneel bolsjewisme verbonden met Vlaams-nationale motieven”. Volgens Pauwels betreft het een “nationaal-revolutionaire” ideologie die vanaf 1922 om-zwaait naar ultramontaans katholicisme, enkele jaren later naar solidarisme en nationaalsolidarisme en in de jaren dertig zelfs naar politiek corporatisme.6

Ik ben het slechts ten dele eens met de bevindingen van Luc Pauwels. Diens benadering was geen onderzoek naar de literaire interesses van Joris van Severen an sich en zeker niet naar de appreciatie en persoonlijke verwerking van Van Severen van deze literaire keuzes. Mocht Luc Pauwels een meer gediversifieerde benadering hebben verkozen dan zou hij hebben gemerkt dat van zeer duidelijke, uitgekristalliseerde ideologische evoluties en breuklijnen bij Van Severen eigenlijk niet direct sprake is. Ik zou het eerder accentverschillen noemen en wisselende uitingen van een wezenlijk  “eclectische” en  “caleidoscopische” persoonlijkheid. Wat hij dus in het begin van de  “Grote Oorlog” over zichzelf schreef bleef eigenlijk relevant in en voor zijn verdere leven: “Echt en hevig rechtzinnig revolutionair. Overgevoelig. Schrijnend lijdend aan liefdeloosheid en nood aan een diepe vrouwenziel. Zo individualistisch en anarchist als het maar zijn kan. En toch in mijzelf een behoefte voelend en een begeerte naar orde, tucht, hiërarchie en sociale inrichting.

Geestelijke wildheid, primitiefheid, Dostojevski en vagebond. Maar diep in mij meer de Goethiaansche orde, natuur die alle dingen juist meet en op haar nodige plaats wil.

Socialistische armoedigheid, als een zwerver aangekleed en leven. En toch ook begeerte naar een gentleman, aristocratisch, mooie klederdracht en hoofse gemanierdheid.

Eenzame dromer en apostel, werkdadige Leider van een Beweging. Hooghartig misprijzen, pose en medelijden.”7. Deze zelfanalyse vormt als het ware een programma voor zijn verdere leven waarvan hij, mee evoluerend met de historische context,  bepaalde facetten van beklemtoonde en realiseerde maar ook weer afbouwde. Hetzelfde persoonlijkheids-programma zien we ook weerspiegeld in zijn literaire keuzes tijdens de Eerste Wereldoorlog zoals ik ze tijdens deze uiteenzetting aan u presenteer.

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1. Ravyts, K., Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid, in Jaarboek Joris van Severen 4, Ieper, 2000, pp.45-123.

2. Illustratief is het artikel  ‘Zwart gaat moeilijk af’ van ene Dimitri Verhulst in De Morgen van 9 juli 2003. Dit artikel werd opgenomen in het boek  Hij was een zwarte dat naast de in 1946 geschreven gelijknamige reportage van Louis Paul Boon ook teksten van literatuurwetenschapper en Boon-biograaf Kris Humbeeck en historicus Chris van der Heijden bevat.  Verhulst schrijft wanneer hem door zijn gesprekspartner gevraagd wordt of hij weet wie Van Severen is volgende onzin : “Tenzij er een andere Joris van Severen is dan die kleine, magere man uit Wakken die vaker van politieke overtuiging dan van onderbroek veranderde, die een tijdschrift oprichtte waarin aanvankelijk nog socialisten publiceerden, uiteindelijk het Verdinaso stichtte, ontroerd raakte bij de aanblik van jonge knaapjes die met wimpeltjes en pennoentjes en trommeltjes voor hem paradeerden, wiens geluk niet opkon als hij maar even Mussoliniaans kon salueren naar pakweg een door duiven bescheten standbeeld van Willem van Oranje, en die ontgoocheld was in vele fascistische partijen omdat ze niet ondemocratisch en antisemitisch genoeg waren naar zijn gedacht, en die ze aan het begin van de grote wereldbrand in Abbeville hebben omgebracht… tenzij er nog een andere Von, pardon, di Severini is, weet ik over wie J. het heeft.”.

3.Die ‘andere’ Van Severen treedt sterk naar voor in de fascinerende biografie van Rachel Baes, in 2002 gepubliceerd door de Brugse publicist Patrick Spriet, Een tragische minnares. Rachel Baes, Joris van Severen, Paul Léautaud en de surrealisten, Leuven, 2002.

4. Ravyts, K., De invloed van Gabriele D’Annunzio en Léon Bloy op de persoonlijkheid en de religiositeit van de jonge Joris van Severen, in Jaarboek Joris van Severen, Ieper, 1997, pp.67-119.

5. Ravyts, K., Joris van Severen en de avant-garde in de spiegel van Ter Waarheid, in Jaarboek Joris van Severen 4, Ieper, 2000,  pp.45-123.

6. Pauwels, L.. De ideologische evolutie van Joris van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering. Deel I, Leuven, 1998, pp.264-267.

7 Van Severen, A., Joris van Severen, het verhaal van een leven. Deel 1: Van 1894 tot 1929, Brugge, 1995,  p.79.

vendredi, 31 octobre 2008

Over Arthur Mahraun en zijn Jungdo

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Over Artur Mahraun en zijn Jungdo

Gevonden op: http://www.jorisvanseveren.org

Piet Tommissen, Ukkel

Wie zijn licentiaatsverhandeling aandachtig gelezen heeft, weet dat het Luc Pauwels (°1940) er om te doen is, een “quasi volledig braakliggend terrein”1 - in casu de ideologische evolutie van het denken van Joris van Severen - in kaart te brengen. Te dien einde bestudeert hij een aantal streng geselecteerde grondbegrippen, daarbij verwijzend naar eventuele bronnen. Wat dit laatste punt betreft deelt hij de mening van professor Eric Defoort (°1943) en beschouwt Charles Maurras (1868-1952) dus niet als een, laat staan als dé leermeester van de stichter en leider van het Verdinaso.2 Hij citeert wel andere auteurs die op Van Severen invloed uitgeoefend hebben, o.m. de markies René de la Tour du Pin de la Charce (1834-1924), Georges Sorel (1847-1922)3, Georges Valois (ps. van Alfred-Georges Gressent; (1878-1945), zelfs - voor mij een complete verrassing - de Duits-Joodse anarchist Carl Landauer (1870-1919), e.a.

Tot mijn verbazing maakt Pauwels geen gewag van Artur Mahraun (1890-1950), ofschoon Van Severen hem, of juister zijn Jungdeutsche Orden (afgekort: Jungdo), tweemaal in De West-Vlaming vernoemt. De eerste keer in 1929 bij wijze van voorbeeld, de tweede keer in 1930 i.v.m. het verschil tussen de begrippen volk en natie.4 Tenzij ik me vergis heeft Arthur de Bruyne (1912-1992) in de secundaire literatuur als allereerste Mahraun vernoemd, helaas zonder nadere toelichting.5 De verdienste de kijker op deze man, zijn ideeën en zijn organisatie te hebben gericht, komt toe aan de heren Jan Creve (°1962) en Maurits Cailliau (°1938).

Eerstgenoemde meent dat “een direct aanwijsbare band tussen Mahraun en Van Severen niet bestaat”, doch voegt er onmiddellijk bij: “bepaalde passages uit Hier Dinaso! lijken soms zelfs woordelijk overgenomen uit Der Jungdeutsche.”6 De heer Cailliau stipt in een voetnoot aan dat het opus 10 Jahre Jungdeutscher Orden in de bibliotheek van Van Severens aanwezig was, “wat er op wijst dat hij Mahrauns beweging volgde.”7

Terwijl Creve niet uitsluit dat Van Severen de Jungdo leerde kennen, hetzij via de dichter Wies Moens (1898-1987), hetzij via priester Maurits Geerardijn (1896-1979), hetzij via de contacten die sinds 1926 bestonden tussen Valois en Barrès (niet Maurice [1862-1923] doch diens zoon Philippe [1896-?]) en de Jungdo.8 Zijnerzijds wijst Cailliau er op dat de Jungdo model heeft gestaan bij de oprichting door priester Robrecht de Smet (1875-1937) van de Jong Vlaamsche Gemeenschap (1928-31). omgedoopt in Jong Nederlandsche Gemeenschap (1931-35), maar rept met geen woord over Van Severen.9

Zelf heb ik in het begin van de zestiger jaren der vorige eeuw een artikel over Mahraun en zijn Jungdo gepleegd, na bij Wolfgang Lohmüller. de toenmalige voorzitter van de in december 1953 in het leven geroepen .Artur-Mahraun-Gesellschaft, mijn licht te hebben opgestoken. Waarschijnlijk was het artikel bestemd voor het door Jan Olsen (°1924) opgericht en tot het laatste nummer toe geleid maandblad Het Pennoen (1950-77). Waarom ik het finaal niet verzonden heb, is me helaas ontgaan. Het ligt ten grondslag aan het thans volgende exposé, als aanloop tot een door jongeren te onderzoeken beïnvloeding van Van Severen door Mahraun.

Mijn proeve doet dus in genen dele afbreuk aan mijn respect voor het degelijk werk van de heren Creve en Cailliau. Integendeel zelfs: het wil me voorkomen dat hun en mijn teksten zich aanvullen i.p.v. zich te overlappen. Het is me overigens opgevallen dat we alle drie wel eens andere bronnen raadplegen!10 Alvorens mijn exposé voor te leggen wens ik de heren Cailliau en Dr. Wim van der Elst nog snel te bedanken voor de vlotte ‘levering’ van enkele fotokopies, resp. een stel levensdata.

De in 1890 in Kassel als zoon van een hogere ambtenaar geboren Artur Mahraun werd in zijn jeugdjaren sterk beïnvloed door de geest van de toenmalige Jugendbewegung. Men mag gerust stellen dat zijn latere opvattingen al grotendeels vervat liggen in datgene wat hij als lid van de jeugdbeweging leerde belijden: de afkeer van de grootstad, de natuurverbondenheid, het primaat van de vriendschap, de belangstelling voor groepsverband op vrijwillige grondslag, en dies meer.

In 1908 nam Mahraun dienst in een infanterieregiment, dat nog het Pruisisch princiep “meer zijn dan schijnen” huldigde. In dat midden kreeg hij tevens inzicht in het dieper wezen van hiërarchie en tucht: die ervaring ligt wellicht aan de basis van het achteraf door hem gehuldigd autoriteitsbeginsel. Tijdens Wereldoorlog I - terloops weze aangestipt dat hij o.m. bij de strijd om Luik in de voorste gelederen streed - kwam daar nog het Kriegserlebnis bij: het vormt de derde bron van zijn toekomstig politiek denken en handelen.

Als hoog gedecoreerde luitenant werd Mahraun in 1918 in Kiel door de matrozenopstand verrast en er tot in het diepst van zijn wezen door geschokt. Hij bleef enige tijd bij de Reichswehr en zwaaide in de rang van kapitein af. In januari 1919 was hij evenwel reeds begonnen met de opbouw van een vrijwilligerseenheid, de Offiziers-Kompanie Kassel, die in zijn geboortestad plunderingen voorkwam en daarna meehielp bij de onderdrukking van de spartakistenopstand in Türingen. Deze eenheid werd evenwel bij besluit van de Rijkskanselier in 1920 ontbonden, net zoals de andere vrijwilligerseenheden (Freikorpse). Voor Mahraun de ideale gelegenheid om op 17 maart 1920 de Jungdeutsche Orden te stichten

Deze piepjonge organisatie, in de wandeling Jungdo genoemd, onderstreepte uitdrukkelijk dat ze geen Verein wenste te zijn naast de talrijke bestaande Vereine en het beklemtonen van haar ‘orde’-karakter is haar succes voorzeker ten goede gekomen: begin 1922 telde men 200 afdelingen en ruim 75.000 leden! Onder hen persoonlijkheden die reeds naam gemaakt hadden, zoals de Germanenvorser Kurt Pastenaci (1894-1961) en een paar generaals, of die het tot een zekere beroemdheid zouden brengen, zoals de staatsrechtsleraar Reinhard Höhn (1904-2000)11 en waarschijnlijk ook Albert Leo Schlageter (1894-1923).

Qua organisatie vertoonde de Jungdo gelijkenis met de middeleeuwse Ritterorden. Immers, Mahraun was de Hochmeister die met zijn commandanten (Komturen) de gewesten (Balleien) en - het laagste echelon - de plaatselijke afdelingen (Bruderschafien) en de in universiteiten geboren groepen (Hochschulgesellschaften) bestuurde. Regelmatig kwamen de leden (Brüder) in algemene ledenvergaderingen (Bruderkonvente), de leidende leden (Meister) in kapittels (Kapitel) samen. In afwijking van wat in vrijwel alle gelijkaardige organisaties niet gebeurde, werden de leden van de Jungdo wèl regelmatig en intensief geschoold (lessen gegeven tijdens politieke avondbijeenkomsten) én getraind (weersportoefeningen). Bovendien kregen ze de afkeer voor uitheemse muziek ingeënt en werd de meisjes het bubikopf-kapsel, het dragen van pullovers en trenchcoats ten zeerste afgeraden. Niet te vergeten dat in een krant, een tijdschrift en brochures de leer tot in den treure uiteengezet en/of gepropageerd werd.

Schone liedjes duren zelden lang. Dat ondervond ook de Jungdo. Kort achter mekaar werd de orde verboden en gedeeltelijk ontbonden; de eerste keer i.v.m. de mislukte Kapp-putsch12, de tweede maal na de moord op minister Walther Rathenau (1867-1920) door rechtse extremisten waaronder de auteur Ernst von Salomon (1902-1972). Doch de leiding zette de werfactie gewoon voort en richtte geheime afdelingen op. In die moeilijke periode ging Mahrauns echtgenote zelfs met de eerste bundeling van jonge vrouwen, de Schwesternschaft, van start. Het duurde tot in 1923 alvorens het Geusenhilfswerk begon te functioneren: alleen al in de maand oktober werd in Kassel aan 7.000 behoeftigen een warme maaltijd aangeboden.13

Pijnlijker was het feit dat men zich ook van katholieke zijde voor het Jungdo-verschijnsel ging interesseren. Het begon in 1924 met een venijnig geschrift van de franciscaan Erhard Schlund (1888-1953)14, weldra gevolgd door banbliksems vanuit de bisschoppelijke zetels Paderborn en Breslau. Deze reacties waren het logisch uitvloeisel van het koketteren van de Jungdo met Duits-religieuze, lees: nieuw-heidense, stromingen én met het oogluikend dulden van de invloed van de anthroposofie van Rudolf Steiner (1861-1925). Wanneer men weet dat het in Westfalen vooral priesters en jonge kapelaans waren die de Jungdo-afdelingen leidden. begrijpt men de bezorgdheid vanwege Mahraun. Die decreteerde zonder dralen het nieuw parool: “Geef het volk wat het volk en God wat God toekomt.”

Bijna gelijktijdig ontstond in de schoot van de orde gemor over Mahrauns Franzosenpolitik. Deze politiek beoogde een Duits-Franse toenadering, ja zelfs samenwerking, en dat zag menig Jungdo-lid niet zitten. Zo min trouwens als het feit dat de potasmagnaat Arnold Rechberg (1879-1947), een rabiate antibolsjewist en om die reden het initiatief van Mahraun genegen, die politiek financieel steunde.15 Wat er ook van zij, Mahraun kondigde deze tegen de in Duitsland overheersende revanchementaliteit in Leipzig ten aanhore van 35.000 leden (overwegend Saksische) aan. De kern van zijn betoog vindt men terug in een interview dat de Franse krant Le Matin op 29 augustus 1925 afdrukte: Mahraun benadrukte dat in zijn optiek de op Duitsland terugslaande bepalingen van het verdrag van Versailles dienden geschrapt en de bezette gebieden ontruimd, en dat de Duits-Poolse grens moest worden herzien.

Volgens Klaus Hornung (°1927) stond noch Mahraun noch Rechberg een kruistocht tegen de Sovjet-Unie voor ogen. Deze kenner interpreteert die Frankrijk-politiek als een poging om “een Europese politiek in de zin van een ‘derde kracht’ tussen Oost en West voor te bereiden” en op die manier het bolsjewisme op vreedzame wijze te weren. Hij onderstreept tevens dat de promotoren van die politiek geen heil zagen in de Volkenbond en evenmin in de zelfs in Frankrijk door invloedrijke politici en intellectuelen gesteunde pan-Europese gedachte van graaf Richard Coudenhove-Kalergi (1894-1972).16

Het feit dat het autoriteitsbeginsel het lager kader de mogelijkheid ontnam dergelijke beslissingen van de centrale leiding van de Jungdo te amenderen, gaf aanleiding tot de desertie van waardevolle elementen en tot sektevorming. Tot die laatste protestuiting nam de latere nazi-minister voor sportaangelegenheden Hans von Tschammer und Osten (1887-1943) zijn toevlucht. Mahrauns Frankrijk-politiek viel overigens evenmin in goede aarde bij de pangermanisten van het genre Heinrich Class (1868-1953), noch bij diens discipel Alfred Hugenberg (1865-1950), eigenaar van een krantenconcern waarin door een sterk anti-Frans ressentiment gedreven oudstrijders het goede weer maakten, noch bij de nationaal-socialisten. Uiteraard evenmin in kringen van de Reichswehr die vlijtig meewerkte aan de door het verdrag van Rapallo (16 april 1922) mogelijk geworden geheime Duits-Sovjetische militaire collaboratie.

Had de Jungdo, in weerwil van de crisis waarin hij verkeerde, toch de wind in de zeilen? Men is geneigd het te geloven wanneer men leest dat de liberale politicus Gustav Stresemann (1878-1929) in 1928 van één miljoen leden gewaagde en het Franse Deuxième Bureau er drie jaar later 500.000 telde.17 In ieder geval achtte Mahraun het ogenblik gekomen om een sinds geruime tijd in het vooruitzicht gesteld Jongduits manifest te lanceren. Dat gebeurde op 18 december 1927 met 4.000 Meister als toehoorders. Het gaat hierbij om de uitgerijpte neerslag van een denken over staat, politiek, economie enz, dat jaar in jaar uit geëvolueerd was.18 In dit manifest wordt geopteerd voor de niet parlementaire sociale volksstaat. bestaande uit zogeheten Nachbarschaften, d.i. groepen van telkens zowat 500 in dezelfde regio wonende staatsburgers, alias kiesgerechtigde mannen en vrouwen. De stamgedachte lag aan de Nachbarschaft ten grondslag: als voorbeelden golden de oud-Griekse agora en de germaanse Thingplatz. De Jungdo verwierp de dictatuur en plaatste de volksstaat boven de economie. Onder volk verstond hij geen gemeenschap van door dezelfde bloedsafstamming verbonden mensen, maar een gemeenschap van door bloedsverwantschap verbonden geslachten: geen sprake dus van ras.19 Het volk moest de staat maken; vandaar een pleidooi voor het referendum en voor onbezoldigde topfuncties: de besten moesten de staat zonder eigen belang en in het belang van het volk besturen.

De publicatie van het manifest verwekte heel wat deining. Niemand betwistte dat het aan oprechte vaderlandsliefde en idealisme ontsproten was. Velen hadden het daarentegen moeilijk met het realiteitsgehalte van de stellingen. Dat de socialisten de ondergeschiktheid van de economie in verband brachten met sterke burgerlijke invloeden is geenszins verwonderlijk. Minder evident is de mening van Alfred Weber (1868-1958): volgens deze gekende socioloog ging de staatsopbouw op nachbarschaftliche grondslag de heerschappij van de middelmatigheid en een veralgemeende vervlakking in de hand werken.20 Edgar Jung (1894-1934), de in 1934 door de nazis vermoorde secretaris en ghostwriter van de politicus Franz von Papen (1879-1969), was het met Mahraun over veel eens, doch vond de idee van de Nachbarschaft ongeschikt als basis voor politiek zelfbestuur.21

Hoe dan ook, in 1928 en 1929 leidde de drang om tot praktische verwezenlijkingen te kunnen komen in april 1929 tot de oprichting van een partijenoverkoepelende Volksnationale Reichsvereinigung waaraan ruim 600 persoonlijkheden hun steun verleenden, o.m. de pedagoog Ernst Krieck (1882-1947). Bij gebrek aan belangstelling kwam het slechts tot een alliantie tussen de Jungdo en de Deutsche Demokratische Partei. Aldus ontstond de Deutsche Staatspartei, die geen lang leven beschoren was, want de verkiezingen van 14 september 1930 vielen falikant uit (20 zetels), die van 6 november 1932 waren gewoon desastreus (nog 2 zetels). Het parlementair experiment bracht heel wat Jungdo-leden in de war en veroorzaakte een nieuwe desertiegolf.22

Het waren hoofdzakelijk hogeschoolstudenten die het verval in een nieuwe opgang ombogen. Zij grepen terug op het in 1924 door Mahraun bepleitte autarkisch princiep van de volksdienstplicht. Weldra registreerde men 300 Arbeitseinsatze, stelde financieminister Klepper 200.000 ha bodem ter beschikking en stichtte Mahraun de Jungdeutsche Siedlungs-GmbH. Er werden indrukwekkende successen geboekt23, maar in 1933 was het amen en uit.

Hitler, in Jungdo-middens Pyrrhus II of ook wel Lodewijk XIV genoemd, duidde het bestaan van de organisatie nog enige tijd. De Jungdo kantte zich tegen de Nazi-partij en Mahraun belegde in Bielefeld een Kapitel, naar hij later gezegd heeft met de bedoeling tot een gewapende weerstand tegen het Nazi-regime te komen. Dat liedje ging niet door: de Jungdo werd in juni 1933 verboden en Mahraun twee weken later aangehouden en door de Gestapo gemarteld; bij gebrek aan harde bewijzen werd hij in september 1933 op vrije voeten gesteld. Belangrijk om weten: Jungdo-leden hebben zich in de Duitse weerstand verdienstelijk gemaakt.24

Mahraun bleef in leven door boeken te schrijven (dichtbundels, romans, toneelstukken) die onder eigen naam of onder zijn schuilnaam Dietrich Kärner verschenen zijn. Toch is hij wel eens schaapsherder geweest om de twee eindjes aan mekaar te kunnen knopen. Tijdens W.O. II werd hij niet gemobiliseerd maar de ironie van het lot heeft gewild dat de Engelsen hem in 1945 andermaal interneerden. Na zijn vrijlating richtte hij de Jungdo opnieuw op (1948) en schreef diverse brochures en een boek.25 De doorstane mishandelingen en ontberingen hadden zijn dood op 59-jarige leeftijd voor gevolg; hij werd in maart 1950 in Gütersloh ten grave gedragen. Medestanders onder de leiding van Wolfgang Lohmüller zetten zijn werk voort en tot op dag van heden bestaat een afleggertje van de gewezen Jungdo onder de naam Artur-Mahraun-Gesellschqft e. V.. Maar de naoorlogse situatie valt buiten het bestek van mijn exposé.

***

Er rest me de hamvraag aan te snijden: heeft Joris van Severen invloed van Mahraun, resp. van de Jungdo ondergaan? Bij gebrek aan documentatie en rekening houdende met de mogelijkheid dat in de niet-gepubliceerde dagboeken indicaties te vinden zijn, verklaar ik me onbevoegd om die vraag te beantwoorden. Toch vallen gelijkenissen niet te loochenen, maar of ze ons berechtigen van invloed te gewagen is minder evident. De kunst bestaat er nu in de gedrukte en de ongedrukte documenten te bestuderen. Wanhopen is alleszins uit den boze.

Noten

1 L. Pauwels, De ideologische evolutie van Joris Van Severen (1894-1940). Een hermeneutische benadering, leper: Studie- en Coördinatiecentrum Joris van Severen, 1999, 272 p., ‘Jaarboek 3’; cf. p. 7.

2 L. Pauwels, op. cit. (vt 1), p. 7.

3 Cf. mijn artikel “Heeft Joris van Severen invloed van Georges Sorel ondergaan?”, deze Nieuwsbrief 9e jg., derde trimester 2005, pp. 11-15.

4 J. van Severen, (a) “Om de zege zo stevig mogelijk te consolideren en uit te baten”, De West-Vlaming (Rumbeke), 22 juni 1929, p. 1; (b) “De vooruitgang van onze zienswijze in de provincie Antwerpen. Volk en natie”, De West-Vlaming (Rumbeke), 26 april 1930, p. 2.

5 A. de Bruyne, Joris van Severen. Droom en daad, Zulte: Oranje Uitgaven, 1961, 341 p.; cf. p. 137. De auteur schrijft ‘Arthur’ i.p.v. ‘Artur’.

6 Balder (= Jan Creve), “Arthur Mahraun”, De Vrjjbuiter (Gent), 7e jg nr. 5-6, juli-aug. 1970, pp. 10-14; cf p. 10. Het moet ‘Artur’ i.p.v. ‘Arthur’ zijn. De krant Der Jungdeutsche begon op 1 juni1924 te verschijnen. Dat De Smet in contact stond met Mahraun signaleert ook Luc Vandeweyer (°1956) in de lemmata ‘Jong Vlaamsche Gemeenschap’ en ‘Jong Nederlandsche Gemeenschap, Nieuwe Encyclopedie van de Vlaamse Beweging (Tielt: Lannoo, 1998), deel II = G-Q, pp. 1578 en 1579.

7 M. Cailliau, “Artur Mahraun en de ‘Jungdeutsche Orden’”, Delta (Ekeren), 26e jg = 1990, nr. 4 pp. 4-6, nr. 6 pp. 6-8, nr. 7 pp. 5-9, nr. 8 pp. 8-10; cf. nr. 8 p. 10 vt 2. Deze auteur presenteert een bruikbare synthese van Mahrauns staatsdenken; hij baseert zich op het mij niet ter beschikking staande boekje van Helmut Kalkbrenner: Die Staatslehre Artur Mahrauns, München: Lohmüller, 1986, 64 p.

8 Balder, art. cit. (vt 6), p. Wat Geerardyn betreft, weze opgemerkt dat hij sympathiseerde met De Smet, zodat hij Van Severen inderdaad over de Jungdo kan geïnformeerd hebben.

9 M. Cailliau, art. cit. (vt 7), nr. 4 p. 4. - Zie voorts het door Romain Vanlandschoot (°1933) geschreven lemma “Smet, Robrecht de”, op. cit. (vt 6). deel 3 = R-Z. pp. 2765 -2767: cf. p. 2766: “… [Josu&eaacute;] de Decker [1879-1953] was weinig opgetogen over deze Duitse contacten, maar De Smet zette door en ontmoette in 1926 te Rotterdam een delegatie van deze Orden [sc. de Jungdo].”

10 Het is vreemd dat noch Creve noch Cailliau de in boekvorm ter beschikking staande dissertatie van de (latere hoogleraar) Klaus Hornung gebezigd hebben: Der Jungdeutsche Orden, Düsseldorf: Droste Verlag, 1958, 160 p., nr. 14 in de reeks ‘Beiträge zur Geschichte des Parlamentarismus und der politischen Parteien’. In zijn brief van 27 juni 1960 werd dit opus door Wolfgang Lohmüller geloofd. Uiteraard dient thans rekening gehouden met recenter bronnenmateriaal; cf. b.v. Cl. Wolfschlag, op. cit. (vt 25).

11 Tot mijn spijt stond een naar ik vernam belangrijk opus van Höhn niet te mijner beschikking: Artur Mahraun, der Wegweiser zur Nation. Sein politischer Weg aus seinen Reden und Aufsatzen, Rendsburg: Schieswig-Holsteinische Verlags-Anstalt, 1929, 143 p.

12 In maart 1920 pleegde de bekende marinebrigade Ehrhardt in Berlijn een staatsgreep, waardoor de hogere ambtenaar Wolfgang Kapp (1858-1922) gedurende vijf dagen (!) als rijkskanselier ambteerde. De putsch mislukte wegens een door de syndicaten gedecreteerde algemene staking.

13 KI. Hornung, op. cit. (vt 10), p. 40.

14 E. Schlund, ofm, Der Jungdeutsche Orden, München: Pfeiffer & Co., 1924, 57 p. De brochure is gebaseerd op opstellen die in de Allgemeine Rundschau verschenen waren. - Deze pater bezorgde me destijds een exemplaar van zijn boek Modernes Gottglauben. Das Suchen der Gegenwart nach Gott und Religion, Regensburg: Habbel, z.j. (= 1939), 307 p; het heeft me toen zeer geholpen.

15 (a) Over deze politiek, cf. o.m. K. Hornung, op. cit. (vt 10), pp. 42-50: “Der nationale Friede am Rhein’: Versailles und die Aussenpolitik”. - (b) Over Rechberg, cf. Eberhard von Vietsch (01912), Arnold Rechberg und das Problem der politischen Westorientierung Deutschlands nach dem ersten Weltkrieg, Koblenz: Staatsarchiv, 1958, nr. 4 in de ‘Schriftenreihe des Bundesarchivs’.

16 KI. Homung, op. cit. (vt 10), pp. 43-45.

17 Georges Castellan (°1920), L’Allemagne de Weimar 1918-1933, Parijs: Colin, 1969, 443 p., in de reeks ‘U - série: Histoire contemporaine’; cf. p. 110.

18 A. Mahraun, Das Jungdeutsche Manifest. Volk gegen Kaste und Geld. Sicherung des Friedens durch Neubau des Staates, Berlin: Jungdeutscher Verlag, 1927, 204 p.

19 Ernst Maste, Die Republik der Nachbarn. Die Nachbarschaft und der Staatsgedanke Artur Mahrauns, Giessen: Walitor-Verlag, 1957, 219 p.

20 Kl. Hornung, op. cit. (vt 10), p. 86.

21 Bernhard Jenschke, Zur Kritik der konservativ-revolutionären Ideologie in der Weimarer Republik? Weltanschauung und Politik bei Edgar Julius Jung, München: Beck, 1971, VIII-200 p., nr. 16 in de reeks ‘Münchner Sudien zur Politik’; cf. pp. 136-137. - Er zijn nog andere interessante auteurs die in hun geschriften te rade gingen bij Mahraun, doch het is hier niet de plaats om op die ‘ontleningen’ nader in te gaan.

22 Alexander Kessler, Der Jungdeutsche Orden auf dem Wege zur Deutschen Staatspartei, München: Lohmüller, 1980, 27 p., nr. 7 in de reeks Beiträge zur Geschichte des Jungdeutschen Ordens. Ook A. Mahraun, Die Deutsche Staatspartei. Eine Selbsthilfeorganisation deutschen Staatsbürgertums. Der Grundungsaufruf und das Manifest der Deutschen Staatspartei. Beantwortung gegnerischer Fragen, Berlijn: Jungdeutscher Verlag, 1930, 48 p.

23 Johann Hille, Mahraun. Der Pionier des Arbeitsdienstes, Leipzig: Kittler, 1933, 90 p.

24 Twee voorbeelden die in 1949 in Gütersloh (Nachbarschaftsverlag) verschenen en te mijner beschikking staan: Der Protest des Individuums, 47 p.; Politische Reformation. Vom Werden einer neuen deutschen Ordnung, 216 p.

25 Voorbeelden geeft Claus Wolfschlag (°1966), Hitlers rechte Gegner. Gedanken zum nationalistischen Widerstand, Engerda: Arun-Verlag. 1995. 214 p.: cf. pp. 65-74 (tekst: “Arthur [sic] Mahraun und der ‘Jungdeutsche Orden’”) en pp. 193-195 (78 vt).

 

dimanche, 05 octobre 2008

De doodstrijd van de hidige machtskaste

De doodsstrijd van de huidige machtskaste

Weer groot nieuws op het politieke front: de politieke nepwereld heeft zichzelf weer in extase gebracht door het feit dat de N-VA haar steun aan de federale regering heeft opgezegd. Dat de N-VA niet in die regering zat, is blijkbaar een verwaarloosbaar detail. De N-VA verhuurde alleen maar haar 5 parlementairen aan een fractie van de Belgische kaste, met name de CD&V-fractie, zolang ze daar brood in zag. In de andere Belgische deelregering, die men ook wel eens Vlaamse regering durft te noemen, blijven de separatisten van de N-VA leuk zitten, broederlijk naast die andere “echte” separatisten van het VB, maar dan met een bonus in de vorm van een ministerpost. Ze hebben uit financiële en carrièreoverwegingen zichzelf wijsgemaakt dat de Vlaamse regering los zou staan van de Belgische machtkaste, nochtans zijn die Vlaamse regering en dat Vlaamse parlement gewoon een onderdeel van die Belgische machtstructuur.

Maar er zijn een paar ernstige problemen binnen de huidige Belgische machtkaste: de centen en procenten moeten herverdeeld worden en de verschillende clans en belangengroepen hebben eindelijk door (of zouden ze het nog niet echt begrijpen?) dat hun geliefde vaderland al is verkocht aan een derde partij: de Europese. De verkoop van dit land is al lang bij de notaris vastgelegd in contracten en wettelijke verplichtingen, en neergelegd bij de Europese commissie, die de begunstigden zijn van de staatsoverdracht. België bestaat in die zin niet echt meer. Wij van het N-SA noemen ons dan ook een post-Belgische beweging. Natuurlijk is er een Belgische regering en een Belgische volksvertegenwoordiging nodig om de uitverkoop van onze soevereiniteit zo ongemerkt mogelijk te laten verlopen en ook om dat volksverraad een legitieme waarde te geven. Europa dicteert hier in ons land de wet en de sociale consensus. Het bepaalt welke begrotingstekorten kunnen, maar ook in hoeverre er staatssteun in de economie of de sociale structuren al dan niet mogen worden gepompt. Het ultraliberale Europees zakenconcern dat men Europese commissie noemt en haar uitvoerders - “de commissarissen” - willen dat de sociale structuur van een overgenomen land, zoals België, wordt afgebroken.

De deelregeringen van de staat in vereffening - “de Belgische staat” - willen de Europese bonzen zeer ter wille zijn en vooral de Vlaamse wil graag tegemoet komen aan de eisen van de Eurostaat? Daarom wil men het tewerkstellingsbeleid en het loonbeleid - en dus de economische mechanismen - in handen nemen. Niet om Vlaanderen sterker te maken en al zeker niet om Vlaanderen onafhankelijker te maken, want Vlaanderen is al doorverkocht en zit in het globale Belgische pakket dat aan de Euromanagers en de Europese kapitaalgroepen is verkwanseld. De deelelite in de vijf parlementen en dito regeringen voelen nu al aan hun ellebogen dat ze overbodig zijn geworden in de Europese context en dat er een herverkaveling van de macht op til is. Er zal op bevel van de eurobazen gesnoeid moeten worden in die wildernis aan politieke mandaten en machtposities. Het besef dat ze machteloos zijn geworden en misschien binnenkort een job zullen moeten gaan zoeken waar ze moeten werken voor hun geld verlamt de heren en dames van die politieke klasse met angst. Daarom dat de politieke klasse zo euforisch doet als er weer iemand van hun bende een stout woordje durft te zeggen, zoals mijnheer Dewever. Dat is voor die heren en dames parlementairen zo revolutionair en zo zelfbevestigend dat ze daarna weer allen druk bezig kunnen zijn met hun onnuttige bestaan.

Op 11 oktober zullen we onze standpunten verder verduidelijken op ons eerste congres. Aan de links-liberale stoottroepen willen we duidelijk zeggen: jullie zijn niet welkom. In tegenstelling tot die grote burgerlijke rechtse partijen moeten wij geen rekening houden met kiezers. Mocht het Blokbuster-terreurcommando dat niet goed begrijpen, dan zouden ze het wel eens tot in Keulen kunnen horen donderen.

Eddy Hermy
Algemene Coördinator

mardi, 19 août 2008

V. Eggermont: De Delta Optie

Uit den Ouden Doosch: Gastschrijver Vik Eggermont

00:30 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, théorie politique, pays-bas, flandre, belgique, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 18 août 2008

Hommage à E. Delvo

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Hommage à Edgard Delvo pour son 90ième anniversaire

 

Edgard Delvo: une quête sans repos de la justice sociale

 

Peter LEMMENS

 

Dans le paysage intellectuel flamand, on rencontre peu de personnages de ce format, peu de personnalités qui, mues par une pulsion intérieure, partent en quête de la vérité sans jamais plus s'arrêter. Ce sont généralement des personnalités qui se mettent en travers de toutes les valeurs et de toutes les idoles conventionnelles, de tous les systèmes jugés éternels et de tous les concepts abstraits; elles suivent l'ordre de leur conscience en dépit de tout et de tous, elles s'avancent sur leur propre chemin. Au beau milieu d'une réalité qui ne cesse de changer, elles sont souvent obligées de redéterminer leurs positions, avec le risque de ne plus être comprises par leur entourage, doté de capacités intellectuelles moindres.

 

Parmi ces rares personnalités en Flandre: Edgard Delvo. L'idée directrice, pour laquelle il a voué sa vie entière, est l'idée de justice sociale. A partir de cette idée, Delvo a toujours cherché à donner des fondements idéologiques solides à sa pensée et à son action. Il était essentiel pour lui de faire concorder doctrine et action. Toujours, Delvo est parti du réel, hic et nunc, et su que ce réel formait toujours l'ultime pierre angulaire sur laquelle reposait l'expérience personnelle, aussi riche soit-elle.

 

Au beau milieu de ce XXième siècle effervescent, cette option pour un réel toujours mouvant l'a contraint à arpenter des che­mins très différents les uns des autres et à mener une existence des plus hasardeuses...

 

Edgard Delvo est né le 20 juin 1905 à Gand dans une famille d'ouvriers pauvres et socialistes. Son milieu familial le prédispo­sait donc à devenir, très jeune, un ouvrier, comme son père et son grand-père. Mais la nature l'a doté d'une intelligence assez vive. Avec l'aide d'une bourse pour élève doué, il peut aller au-delà de l'école primaire et, comme on le disait à l'époque, «faire ses moyennes». Plongé dès le foyer familial dans une ambiance socialiste, son enthousiasme pour cette idéologie ouvrière fut ravivé par l'homme de poigne, le génie du verbe, du socialisme gantois, Edouard Anseele. Plus tard, Delvo témoignera et dira que c'est surtout les dimensions humaines d'Anseele qui l'ont séduit et attiré. L'étape suivante dans l'évolution du jeune Delvo se déroule rapidement: au départ de ses prédispositions naturelles pour le travail intellectuel, Delvo, à partir de l'âge de 16 ans, approfondit ses connaissances du marxisme et devient un socialiste bien écolé et formé.

 

Après avoir obtenu son diplôme d'instituteur, il s'en va travailler dans l'“imprimerie populaire” (Volksdrukkerij), une entreprise appartenant au parti socialiste, qui fonctionnait pourtant pratiquement comme une pure entreprise capitaliste. Delvo s'est alors rapidement aperçu que bien que le socialisme se réclame de la doctrine marxiste (détruire le capitalisme par la lutte des classes et libérer le travailleur par le biais de la dictature du prolétariat), le socialisme belge, en pratique, visait la création, par la voie du réformisme, d'un capitalisme ouvrier, où les travailleurs seraient ipso facto transformés en de “petits bourgeois” de seconde zone. Il y avait donc une profonde césure entre la théorie socialiste et la pratique. Delvo en déduit immédiatement que les théories marxistes ne correspondent pas à la réalité sociale, comme il peut s'en apercevoir de visu dans sa propre entre­prise socialiste.

 

Mais il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de ce constat. Le jeune homme Delvo doit encore accumuler de l'expérience. Mais la direction de la Volksdrukkerij  lui donne rapidement l'occasion d'élargir ses horizons: il reçoit l'autorisation de suivre les cours de l'Université d'Etat de Gand à titre d'étudiant libre. Reconnaissant, Delvo, en autodidacte, acquiert un vaste savoir dans une quantité de sciences sociales et humaines, telles la psychologie, la pédagogie, la sociologie et aussi l'économie.

 

En même temps, Delvo s'engage à fond dans le mouvement de jeunesse socialiste. En toute connaissance de cause, il n'opte pas pour la Jonge Wacht  (la “Jeune Garde”), très inféodée au parti, mais pour la SAJ (Socialistische Arbeidersjeugd;  Jeunesse Ouvrière Socialiste), qui s'inspirait davantage des Wandervögel  allemands et prônait, dans ses programmes, une sphère indépendante de la jeunesse dans la société, l'épanouissement culturel de ses membres, un vécu communautaire so­cialiste et une sorte de retour à la nature.

 

Delvo accumule du savoir à l'Université, son intelligence vive est rapidement remarquée par les dirigeants du parti: dès 1928, il occupe le poste de secrétaire flamand de la Centrale d'Education Ouvrière. C'est la première fois qu'un homme aussi jeune  —23 ans—  est appelé à diriger l'écolage des cadres socialistes en Flandre. Une tâche dont Delvo s'acquittera parfaitement, au point d'être hissé au poste de Secrétaire général quatre ans plus tard.

 

Par son expérience quotidienne de la réalité sociale et en approfondissant sans cesse ses idées, Delvo finit par avoir des pro­blèmes de conscience; la doctrine marxiste lui apparaît de moins en moins idoine à servir de fondement idéologique à ses sentiments et ses aspirations socialistes. Heureusement, il trouve un livre qui lui permet de sortir de cette impasse: Psychologie van het socialisme (traduit en français sous le titre d'Au-delà du marxisme), ouvrage publié en 1926 par Henri De Man. Ce livre lui ouvre des perspectives entièrement nouvelles; remotive son engagement socialiste et étaye ses idées.

 

D'après De Man, le socialisme n'était rien d'autre que l'expression d'une idée éternelle de justice sociale, ancrée en l'homme, qui lui permettait d'agir selon sa propre conscience, en tant qu'être responsable, guidé par la raison, et de rechercher juste­ment cette justice sociale. De cette façon, le socialisme apparaissait comme lié indissolublement à une vision humaniste glo­bale. C'est la raison pour laquelle De Man a saisi la nécessité de dégager le socialisme de la doctrine marxiste et d'opposer au marxisme un socialisme à fondement éthique. Au lieu de considérer la question ouvrière et le socialisme comme des phé­nomènes déterminés par l'histoire et la matière, De Man et ses adeptes en viennent à la percevoir comme une problématique essentiellement d'ordre psychologique. Il ne s'agissait plus de réaliser l'émancipation ouvrière par le biais de la lutte des classes et de la dictature du prolétariat; ni de reprendre à son compte les valeurs et la culture du monde bourgeois et capita­liste, comme le socialisme politique l'avait fait en pratique. Non: l'émancipation ouvrière devait être réalisée en donnant au travailleur une valeur propre, en créant pour lui un système de valeurs qui lui soit spécifique. Il s'agissait donc de faire advenir un nouveau type humain, qui n'aurait plus rien à voir avec les vertus bourgeoises, mais développerait ses propres valeurs et ses propres normes, une culture nouvelle, comme bases d'une société socialiste. Le socialisme ne visait donc pas la pure et simple matérialité (rôle du “socialisme-beafsteak”), mais se posait essentiellement comme un souci éthique, culturel et spiri­tuel. Il ne s'agissait plus d'acquérir toujours davantage de biens matériels, mais de mettre au centre de l'éthique des travail­leurs la joie au travail.

 

A la suite de leur vision humaniste intégrale et de leur désir de généraliser la justice sociale, leur souci socialiste ne pouvait plus se limiter à une seule classe sociale, mais devait nécessairement s'élargir à toute la réalité ambiante, où vivaient les hommes de chair et de sang: c'est-à-dire embrasser l'ensemble de la “communauté populaire”. Dès qu'ils eurent opéré leur “renversement copernicien”, De Man et Delvo, sur base de leur postulat d'élargissement, commencèrent à s'intéresser au nationalisme. Cela amena De Man à publier en 1931 une brochure, Nationalisme en Socialisme,  où il accorde une valeur positive au “nationalisme de libération”, concept que nous considérerions comme synonyme de notre “nationalisme populaire” (volksnationalisme).  Mais contrairement à son maître-à-penser, Henri De Man, qui, ultérieurement, s'égarera dans les eaux du “nationalisme d'Etat” (staatsnationalisme), Delvo va approfondir ce concept au cours des années 30, ce qui le conduira à dire que tout sentiment socialiste véritable doit être indissolublement lié à une conscience nationale-populaire (et vice-versa). Sentiment socialiste et conscience nationale convergent tous deux vers un seul et unique but: la construction de la commu­nauté populaire (volksgemeenschap).

 

Delvo est également devenu un protagoniste enthousiaste et convaincu du planisme de De Man. La vision planiste impliquait que toute la vie économique devait contribuer à un équilibre entre les besoins de la consommation et les capacités de produc­tion, où il fallait tabler et utiliser toute la créativité qui résidait en l'homme. Pour les planistes, cet équilibre et ce pari pour la créativité humaine n'étaient possibles que si l'on avançait une vision beaucoup plus nuancée de la propriété que les marxistes. Au lieu de nationaliser purement et simplement les moyens de production et la propriété, il fallait, disaient-ils, partir des di­verses formes de propriété et voir si elles apportaient des avantages ou des incon­vénients au peuple en tant que communauté. Sur base de ce tri, les planistes finirent par juger que les monopoles et les puissances d'argent devaient être freinées dans leurs initiatives et leur expansion, tandis que les initiatives privées qui donnaient des avantages au peuple devaient être stimu­lées. L'idéal consistait donc à construire une économie mixte avec secteurs nationalisé et privé. Mais il était essentiel, dans la vision planiste, que l'autorité et non la propriété soit transférée à l'Etat. Le contrôle de la gestion de la propriété a donc été con­sidéré comme prioritaire par rapport à la possession de l'entreprise.

 

Pour réaliser un tel “Plan”, il fallait, pensaient les planistes, réformer de fond en comble la démocratie, afin de dégager l'Etat de l'emprise des puissances d'argent et des groupes de pression. Pour accéder au stade de cette planification rationnelle, le système démocratique manquait d'une réelle direction, d'auto-discipline et surtout de responsabilité personnelle. Les planistes formulent une série de propositions, afin d'incorporer ces “vertus” dans le système démocratique et de rendre ainsi la démo­cratie plus forte. Le résultat aurait du être, pour De Man, Delvo et les planistes belges, le “socialisme démocratique”. Bien en­tendu, les adversaires de ce planisme socialiste et démocratique n'ont pas hésité à accuser De Man et Delvo de plaider pour une “démocratie autoritaire”. Ce reproche était injuste: les deux hommes sont restés des démocrates convaincus; ils se re­connaissaient pleinement dans le principe des élections libres et du contrôle parlementaire, mais ils voulaient biffer les dys­fonctionnement et les débordements du système, afin de le sauver et non pas de le torpiller définitivement.

 

En 1934, De Man et ses collaborateurs réussissent à mettre le parti socialiste officiellement sur la ligne du planisme et du “socialisme démocratique”. Cela ne signifie pas, évidemment, que les instances du parti ont été convaincues de la justesse des thèses planistes au point de s'y convertir; plus exactement, elles ont dû avouer leurs impuissance à résoudre la crises économiques des années 30 à l'aide des recettes marxistes, devenues au fil du temps, étrangères au monde et inefficaces. Tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du parti, l'opposition au projet planiste s'est rapidement organisée pour barrer la route à toute amorce de réalisation des idées de De Man et de Delvo. Les adversaires du planisme ont, en fin de compte, réussi à empê­cher toute réforme graduelle et rationnelle de la démocratie belge.

 

Vers la fin des années 30, certains nationalistes flamands commencent à manifester un vif intérêt pour les aspirations socia­listes de De Man et de Delvo. Et ceux-ci commencent, pour leur part, à s'intéresser de plus près au nationalisme flamand. Une fraction des intellectuels nationalistes et une fraction des intellectuels socialistes se rapprochaient. A la tête des socia­listes rénovateurs et d'esprit ouvert, Edgard Delvo. En 1939, il entre en contact avec le nationaliste flamand Viktor Leemans et avec le “national-solidariste” Joris Van Severen. Ces rencontres permettent à ces hommes venus d'horizons fort différents de constater qu'au fond ils sont très proches les uns des autres. Ils envisagent de fonder une revue, à laquelle ils collaboreraient tous et où ils confronteraient leurs points de vue dans un but constructif, mais la guerre éclate et ce projet ne peut pas se con­crétiser.

 

Quand les Allemands entrent en Belgique le 10 mai 1940, le régime démocratique et la machine de propagande française suscite au sein de la population belge une psychose de terreur, en décrivant l'armée allemande comme une horde de barbares massacrant tout sur son passage, poussant des centaines de milliers de réfugiés sur les routes et les exposant aux risques de la guerre. Delvo prend cette propagande au mot et décide de combattre l'Allemagne et se présente comme volontaire, d'abord dans un bureau de recrutement de l'armée belge, puis de l'armée française. Mais Delvo ne rencontre que le chaos. Après l'effondrement des armées alliées, il s'aperçoit de la fausseté des propagandes belge et française, constate que les atrocités radiodiffusées ont été inventées de toutes pièces. Cette révélation le dégoûte des régimes démocratiques et il perd toute foi en eux.

 

Delvo décide de réaliser ses aspirations socialistes-démocratiques dans le cadre de l'“Ordre Nouveau”, plus précisément dans le giron du parti nationaliste flamand, le VNV. Deux éléments l'ont pousser à cette option. D'abord, ce fut Viktor Leemans qui le contacta en premier lieu à son retour de France. Plus fondamentalement, c'est un projet du VNV qui le séduit: celui de se transformer en un vaste mouvement d'unité flamande. Cette tentative de dépassement des étroits contingentements politiques de l'avant-guerre et de construction d'un vaste mouvement populaire surplombant les clivages politiciens en Flandre était, pour Delvo, l'occasion rêvée de concrétiser ses visions socialistes et nationales-populaires. Delvo est immédiatement intro­duit dans le “Conseil de Direction” du VNV, où il devient responsable de la formation des militants et membres, de l'école des cadres et de la propagande. Le fait que de telles responsabilités aient été déléguées à un dirigeant important du parti socialiste d'avant-guerre prouve que le VNV prenait effectivement cette opération au sérieux. Mais le projet de mouvement unitaire ne débouche pas sur les résultats escomptés. D'abord, la base, contrairement à la direction, ne souhaite pas dépasser aussi ra­pidement les clivages idéologiques d'avant-guerre et ne propose pas de nouvelle synthèse. Ensuite, les circonstances de la guerre n'autorisaient pas la réalisation d'un tel projet; les Allemands accordaient la priorité aux opérations de guerre, avant toutes autres considérations. En cas de nécessité, ils sacrifiaient d'abord les objectifs de nature idéologique.

 

Cette réticence allemande a conduit Delvo à plaider en faveur d'une collaboration inconditionnelle avec l'Allemagne. Car, à ses yeux, à ce moment-là de la guerre, seule une victoire définitive du Reich national-socialiste permettrait aux Flamands de réaliser chez eux les aspirations socialistes et nationales-populaires, théorisées par Delvo. C'est en voulant joindre les actes à la parole que Delvo s'est présenté un jour comme volontaire pour combattre sur le Front russe, après l'entrée des troupes de Hitler en URSS. Mais Staf De Clercq, chef du VNV, a estimé que la présence de Delvo était plus utile en Flandre que dans les plaines de Russie; il a donc refusé l'engagement de Delvo et l'a obligé à rester au pays.

 

En avril 1942, Delvo devient le chef de l'UTMI/UHGA (Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels), une organisation syndicale calquée sur le modèle du “Front du Travail” allemand et destinée à devenir un mouvement syndical unitaire en Belgique selon les modèles préconisés par l'“Ordre Nouveau”. Delvo reçoit donc entre les mains un instrument potentielle­ment puissant, lui permettant de réaliser à terme ses objectifs socialistes et nationaux-populaires. La guerre l'oblige à se limi­ter et à n'ébaucher qu'idéellement la société qu'il appelait de ses vœux.

 

Quand les dernières troupes allemandes évacuent la Belgique, Delvo se replie en Allemagne, bien décidé à s'engager jusqu'au bout pour ses idéaux. Il trouve tout de suite une place dans le gouvernement flamand en exil, le Vlaamse Landsleiding,  où l'on tente, selon Delvo, de faire l'unité de toutes les tendances de la collaboration flamande encore prêtes à combattre aux côtés de l'Allemagne, dans l'espoir de réaliser leurs idées nationalistes, nationales-socialistes ou autres. Delvo devient le “plénipotentiaire” des Affaires Sociales et élabore un programme social, bien dans la ligne de ce qu'il avait suggéré dès le dé­part au VNV.

 

Après l'effondrement définitif du IIIième Reich, Delvo connaîtra des années fort sombres. En 1945, un tribunal militaire belge le condamne à mort par contumace. Sans cesse repéré et poursuivi, il n'avait plus qu'une solution: errer à travers l'Allemagne sous plusieurs fausses identités, séparé de sa femme et de ses enfants. Il exerça toutes sortes de petits boulots pour gagner maigrement sa vie. En 1965, il est frappé d'un infarctus, est dans l'incapacité de travailler et obligé de se livrer aux autorités allemandes. Mais comme il est persécuté pour des raisons politiques, les autorités allemandes le relâchent immédiatement et refusent de le livrer à la Belgique. En 1972, sa condamnation est ramenée à 20 ans de prison, si bien qu'il pourra rentrer au pays après 30 ans d'exil. En 1974, il est de retour en Flandre, mais sous le statut d'apatride.

 

Delvo a survécu à toutes ses années de misère, de difficultés matérielles, physiques et émotionnelles, parce qu'il a approfondi ses idées et ses réflexions, a lu, a continué à se former politiquement et philosophiquement. Le feu sacré qui brûlait dans le cœur du jeune militant socialiste de 1920 ne s'est finalement jamais éteint. Dès son retour, avec l'appui de la grande presse flamande (notamment le quotidien De Standaard), de la très sérieuse maison d'édition De Nederlandse Boekhandel,  des mi­lieux nationalistes de droite et de gauche (Voorpost, VUJO, etc.) et de l'hebdomadaire anversois 't Pallieterke, il tente une dernière fois d'éveiller l'intérêt des intellectuels flamands pour son socialisme populaire et national. Il publie coup sur coup trois ouvrages théoriques et autobiographiques. Delvo était convaincu, à son retour d'exil, que ses conceptions avaient gardé un certain degré d'actualité, tout en comprenant parfaitement que les circonstances avaient changé de fond en comble. Il est dès lors curieux de constater qu'un homme comme Delvo, qui a toujours mis l'accent sur la nécessité de bien coupler pensée et action et de se référer à la réalité actuelle, a limité ses ouvrages d'après-guerre à un regard rétrospectif sur l'histoire et ne nous a pas livré une analyse de la réalité nouvelle.

 

Mais Delvo, dans la seconde moitié des années 70 a été un conférencier fort demandé, surtout dans les milieux nationalistes flamands. Mais lorsque l'on relit aujourd'hui les textes de ces interviews et de ces conférences, on a le sentiment, un peu amer, que ce retour de Delvo dans le milieu nationaliste ou, du moins, chez les nationalistes qui avaient la volonté de suggérer un projet de société nouvelle, a finalement été peu fécond et que les formations nationalistes flamandes qui l'ont invité et écouté, n'ont pas mis à profit ses enseignements.

 

Cette année, Edgard Delvo a fêté son 90ième anniversaire. Il est devenu aveugle, mais son esprit est resté intact, toujours animé par ce formidable feu sacré. Il reste à l'écoute des grands débats par la radio, la télévision, des cassettes audio, des conversations, mais sa cécité l'empêche quand même de juger notre réalité trop changeante, trop effervescente, dans toutes ses nuances. La troisième révolution industrielle a modifié en profondeur la société dans laquelle nous vivons. Par la diminu­tion du temps de travail, par l'attention croissante que portent nos contemporains à leurs loisirs, par le changement des men­talités, le concept de “travail” a perdu bon nombre de ses significations d'antan. La mécanisation et la robotisation croissantes ont produit une nouvelle armée de chômeurs et une nouvelle société duale. Tout cela, et beaucoup d'autres choses encore, font que toute la problématique sociale doit être totalement repensée. Indubitablement, bon nombre d'idées, de méthodes et de structures que Delvo a analysées ont succombé aujourd'hui. Mais l'essentiel de la pensée de Delvo, c'est-à-dire sa volonté de lutter pour une véritable justice sociale et pour un ancrage du sentiment socialiste dans l'humus national, doit demeurer pour nous un leitmotiv. Dans notre travail de re-penser la société, la question sociale et le statut de l'ouvrier, ce fil conducteur est indispensable pour aboutir à une NOUVELLE SYNTHESE.

 

Peter LEMMENS.

(adaptation française: Robert Steuckers)

 

Bibliographie:

- Edgard DELVO, In dienst der arbeidersopvoeding. Handboek voor medewerkers van de Opvoedingscentrale, Deurne, 1937, 244 p.

- E.D., De Belgische arbeidersbeweging. Geschiedkundige studie, Deurne, 1938, 47 p.

- E.D., Hedendaagsch humanistisch streven: democratisch socialisme en zijn beteekenis voor de BWP, Antwerpen, 1939, X-91 p.

- E.D., Arbeiders, mijn Kameraden! Ons geleidt de nieuwe tijd, Brussel, [1940], 31 p.

- E.D., Arbeid en arbeider in de volksche orde, Brugge, 1941, 42 p.

- E.D., Sociale collaboratie. Pleidooi voor een volksnationale sociale politiek, Antwerpen, 1975, 266 p.

- E.D., De mens wikt. Terugblik op een wisselvallig leven, Antwerpen, 1978, 189 p.

- E.D., Democratie in stormtij. Democratisch socialisme in de crisisjaren dertig,  Antwerpen, 1983, 205 p.

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dimanche, 17 août 2008

Entretien avec E. Delvo

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Entretien avec Edgar DELVO, ancien secrétaire de la Centrale d'Education Ouvrière du POB (Parti Ouvrier Belge)

 

Propos recueillis par Robert Steuckers

Monsieur Delvo, vous êtes consubstantiellement socialiste; vous êtes né dans une famille socialiste, vous avez été totalement imbriqué dans la vie du mouvement socialiste jusqu'en 1945. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre famille et votre jeunesse?

 

Je suis né à Gand le 20 juin1905, dans une famille et un quartier ouvriers. Pour les gens de très modeste condition, c'était des temps difficiles: nos contemporains, et a fortiori les jeunes gens, ne s'imaginent plus combien pénibles étaient les circons­tan­ces de la vie quotidienne, même pour les bourgeois. La notion de “temps libre” n'existait pas: tout était orienté vers le la­beur, vers les corvées de tous les jours. Impossible, dans un tel contexte, d'imaginer une forme ou une autre d'épanouisse­ment lu­di­que ou culturel. Mon père était un ouvrier métallurgiste, un ouvrier qualifié qui aimait son métier et y mettait tout son cœur. Il était certes mieux payé que les simples manœuvres, mais, comme tout le monde, il avait grand'peine à joindre les deux bouts. Mon grand-père, que j'ai bien connu, était une célébrité dans les cafés de Gand et des environs, non pas parce qu'il aimait trop la bière, mais parce qu'il ne gagnait pas assez d'argent pour nourrir décemment sa ribambelle d'enfants. Il tra­vaillait dix heures par jour et, le soir, il vendait encore de la sciure de bois et du sable pour répandre sur le sol des auberges et des bistrots. Mon père était l'aîné d'une famille de six enfants: sa qualité d'aîné lui donnait quelques privilèges; c'est sur lui que se fondaient les espoirs de la famille. Le principal de ces privilèges était de recevoir une tartine complémentaire après le coucher. Ensuite, il a reçu l'autorisation d'apprendre à lire, alors que l'obligation scolaire n'existait pas encore dans le Ro­yaume de Belgique, et que mon grand-père était analphabète.

 

Savoir lire donnait des avantages énormes: on pouvait apprendre rapidement, on pouvait lire les journaux, à cette époque où il n'y avait ni radio ni télévision. La seule distraction que s'accordait les gens était de jouer au lotto à la lumière d'une chandelle: mais de telles récréations étaient exceptionnelles, un luxe rare. Mon père a été un homme heureux, il était fier de ses talents. Il avait une conscience socialiste, tout comme mon grand-père. Ils avaient abandonné l'église. Mon grand-père avait été profon­dément choqué par l'anti-socialisme et l'anti-syndicalisme de son curé, qui refusait de prendre en compte la misère ouvrière. Cette arrogance avait fait naître un sentiment d'aigreur profonde dans les familles ouvrières: «nous ne valons rien aux yeux des curés». Pourtant, mon père était fier de son travail: il façonnait des moules en argile pour couler des pièces. Il m'amenait le dimanche pour voir son œuvre et il me communiquait sa fierté. Pour nous le travail bien fait était une valeur inestimable et nous ne comprenions pas pourquoi les gens d'église le méprisaient. Mon père pourtant ne cultivait pas de ressentiment et n'était certainement pas un fanatique de la lutte des classes: quand il y avait une grève, il se retirait à la maison et élaborait des plans pour de nouveaux moules.

 

A douze ans, j'ai pu fréquenter l'“école moyenne”, alors qu'il n'y avait toujours pas d'obligation scolaire. J'emmagasinait faci­lement les matières, je travaillais bien, mais je n'oubliais pas non plus que j'étais un enfant de la rue, un enfant qui avait grandi au sein d'une communauté de voisins, solidaires et chaleureux. Malgré la misère ambiante, j'ai vécu une enfance insouciante. Mes parents, qui étaient doux et bienveillants, m'avaient accordé ce qu'ils n'avaient pas eu, eux: du “temps libre”. Mais leur tolérance avait des limites fixées à l'avance: il fallait toujours que nous gardions une attitude digne. Paradoxalement, ces so­cialistes avaient quitté l'église mais vivaient toujours selon les canons de la charité chrétienne. Ils refusaient simplement, mais absolument, la hiérarchie catholique. Pour eux, l'église était l'ennemie du peuple; elle choisissait toujours le camps des nantis et des puissants. Mes parents n'étaient pas actifs dans le mouvement socialiste, mais lisaient le journal socialiste de Gand, Vooruit (= «En avant», équivalent flamand du journal social-démocrate allemand Vorwärts). C'est ainsi qu'ils se te­naient au courant des événements du monde. L'idéologie de Vooruit  était marxiste mais modérée, déjà réformiste. Mais les querelles idéologiques importaient peu: Vooruit  avait le mérite de donner toute sa place au socialisme spontané du peuple.

 

Quand les voisins me demandaient ce que je voulais devenir plus tard, quand j'aurai quitté l'école, je répondais que je voulais devenir instituteur, maître d'école. Je le disais parce que c'était la profession que les gens de mon quartier m'attribuaient d'office: «tu es malin, tu deviendras instituteur». Je fus un des rares fils d'ouvrier à pouvoir accéder en quatrième; le directeur, un francolâtre fanatique qui haïssait tout ce qui était populaire et flamand, m'y avait accepté à contre-cœur. Cet extrémiste in­ventait mille chicanes pour les élèves flamands de condition modeste. J'ai donc conservé un mauvais souvenir de cette école, que je fréquentais grâce à une bourse. Mais j'ai tenu bon et j'ai fait ma cinquième et ma sixième; c'était au début de la pre­mière guerre mondiale; les temps étaient très difficiles. Nous étions à l'arrière du front allemand, en zone militaire et nous ne pouvions pas nous rendre à Bruxelles. Mes parents ne pouvaient plus me payer des chaussures: il a bien fallu que j'aille à l'école en sabots de bois, de beaux petits sabots qu'on m'avait décorés avec amour. J'étais géné. Mon francolâtre de directeur a fait une vie: il ne voulait pas que les élèves viennent en sabots à l'école. Ce fut un prétexte pour démontrer bruyamment son arrogance de classe. Cet incident m'a appris une chose: pour l'ouvrier, ce n'est pas l'argent qu'il gagne qui est important, c'est que l'on respecte sa dignitié.

 

J'ai donc eu de bons parents, qui m'ont éduqué dans la douceur, avec souci de l'avenir, malgré les difficultés. Il m'ont laissé beaucoup de liberté, à condition que je ne suscite pas de plaintes, que j'aie un comportement exemplaire. Ils m'ont aussi transmis le sens de la communauté. A l'école moyenne, j'étais le condisciple d'un fils de fabricant de liqueur assez aisé, qui recevait des jouets merveilleux, notamment un coffret pour faire de la chimie amusante. Ce garçon ne pouvait pas nous fré­quenter, son père le lui interdisait: il restait seul dans un coin avec ses éprouvettes, alors qu'il aurait bien donné tous ses jouets pour partir en randonnée avec nous. L'esprit de communauté est donc supérieur à l'individualisme bourgeois et à l'arrogance de classe: un grande leçon de mon enfance.

 

Comment s'est passé pour vous la première guerre mondiale?

 

A Gand, nous étions à l'arrière immédiat du front, dans ce que les Allemands appelaient l'Etappengebiet.  Pour survivre, il ne nous restait plus que la débrouille, le marché noir, ramasser des escarbilles de charbons, retourner au troc. La Croix-Rouge américaine et le Plan Hoover permettaient aux enfants pauvres de recevoir le matin du cacao et un petit pain, et le midi, une soupe avec du lard, que l'on nous servait dans les bâtiments du théâtre.

 

Nous avons vu passé les uhlans dans notre quartier. Plus tard, des prisonniers russes étaient contraints à des travaux de ter­rassement pour le Canal Gand-Terneuzen. Nous échangions des denrées avec ces prisonniers et nous les réconfortions. Le plus mauvais souvenir de la guerre, a été les réquisitions. Les Allemands ne réquisitionnaient pas les hommes qui avaient du travail. Mais les gens ne le savaient pas. La police gantoise venait demander si on travaillait, les gens ne disaient rien, croyant qu'on allait imposer leurs maigres revenus. Bon nombre de réquisitions se sont effectuées sur de tels quiproquos. Nous avons été frappés par la terrible discipline qui régnait dans l'armée allemande: les officiers giflaient ou bastonnaient leurs soldats en public quand ils avaient commis des pécadilles.

 

Quand êtes-vous devenu un militant socialiste?

 

C'est venu tout seul. Quand j'étais à l'“école normale” pour devenir instituteur, un professeur de néerlandais lisait Multatuli (1), la littérature pacifiste. C'était un socialiste. Il est venu chez moi pour me proposer de devenir correcteur dans l'imprimerie socialiste qui s'était réorganisée et entendait devenir une entreprise commerciale comme les autres, en ne se limitant plus à imprimer des tracts ou des pamphlets socialistes. J'ai d'abord refusé car je voulais achever mes études. Plus tard, j'y suis allé et je suis devenu automatiquement membre du parti: cela allait de soi; on travaillait dans une entreprise socialiste, on était donc militant socialiste. La politique de commercialisation m'a d'abord séduit parce que l'atmosphère n'était pas politisée à outrance. Ce fut pour moi, à seize ans, l'occasion de lire des livres plus sérieux et de me pencher sur l'idéologie socialiste. J'ai lu Marx, non pas pour adhérer à un catéchisme, mais pour prendre le pouls du socialisme à un moment de son histoire. Je n'en suis pas resté à Marx. J'ai voulu connaître le socialisme dans toutes ses moutures, même avant qu'il ne porte le nom de “socialisme”: chez les premiers chrétiens, chez les socialistes utopiques, chez les Indiens d'Amérique. J'ai voulu tout con­naître de l'esprit de charité, de justice.

 

Les typographes étaient des ouvriers, mais ils étaient lettrés. Ils savaient communiquer le fruit de leurs lectures. Dans l'im­pri­me­rie socialiste, j'ai appris aussi à vivre dans un mouvement politique qui prévoyait toute une série de structures d'accueil pour ses membres et sympathisants. Les jeunes avaient le choix: ou bien militer à la Jonge Wacht  (JW; = Jeune Garde) ou bien adhérer à la Socialistische Arbeiderjeugd  (SAJ; = Jeunesse ouvrière socialiste). Ces deux structures étaient bien diffé­rentes l'une de l'autre. Dans la JW se regroupaient les activistes, toujours présents dans les meetings et dans les bistrots, où ils fumaient et buvaient comme les adultes. Les garçons de la SAJ voulaient quitter cette ambiance et retourner à la nature, camper, organiser des randonnées à pied ou à bicyclette. Les JW fréquentaient les dancings. Les SAJ remettaient les vieilles danses populaires à l'honneur. La jeunesse socialiste était donc séparée par deux esprits bien différents. Les SAJ, dont j'étais, avaient un esprit Wandervogel,  c'étaient des amis de la nature; ils voulaient réintégrer l'homme dans la nature. Nous avions l'impression d'aller plus loin, plus en profondeur. Bon nombre de garçons de la JW voulaient d'emblée faire une carrière politique. Les SAJ n'avaient pas cette préoccupation.

 

Petit à petit, l'imprimerie populaire (Volksdrukkerij)  est devenue une entreprise purement capitaliste. La solidarité entre les membres du personnel s'est d'abord estompée puis a disparu. Les linotypistes se sentaient supérieurs aux typographes, qui estimaient valoir plus que les relieurs, qui, eux, n'adressaient pas la parole aux femmes de ménage.

 

Je suis ensuite devenu le chef de la SAJ de Gand. C'est à ce titre que j'ai rencontré pour la première fois Edouard Anseele (père), dit “Eedje Anseele”, un tribun socialiste fort populaire, qui avait le sens de la communauté et qui cherchait de jeunes idéalistes, notamment dans les rangs des SAJ, pour remplir de nouvelles fonctions dans le parti. Il m'a demandé si je con­naissais la “coopérative”. J'avais lu beaucoup de livres et d'articles sur les coopératives, notamment un ouvrage important pour toute mon évolution future, La République coopérative  du Français Ernest Poisson. Edouard Anseele voulait que je dirige une revue d'esprit “coopérativiste”. Son objectif était de relancer le mouvement coopératif afin de concurrencer le secteur capi­taliste en offrant des marchandises à meilleur prix, en sautant au-dessus du maximum d'intermédiaires, notamment en affré­tant une flotte marchande “rouge”. Mais comme le parti, à cette époque, était encore belge-unitaire, le projet coopératif n'a pas trop bien marché, car, rapidement, un clivage a surgi entre Wallons et Flamands. Les Wallons ont refusé l'orientation “coopérativiste”, au profit d'un syndicalisme plus anarchisant, de l'action directe, de la syndicalisation extrême et des grèves dures. Les Flamands, notamment les Gantois, rêvaient de la “République coopérative” d'Ernest Poisson.

 

J'ai toujours admiré Edouard Anseele (le père) car c'était un homme qui avait le sens de la décision, c'était un chef populaire, charismatique, incontesté. Ce leader populaire bénéficiait de la ferveur de son peuple. Son enterrement atteste cette dévotion des petites gens de sa ville. A la suite des conseils d'Anseele, j'ai voulu créer une culture nouvelle, solidaire et socialiste, bien organisée et bien insinuée dans le tissu social. Gand était le modèle de ce socialisme où toutes les branches du mouvement socialiste coopéraient en synergie. A Anvers, la fédération ne travaillait pas de la même façon: au contraire, on contingentait, le plus hermétiquement possible, les différentes instances du mouvement socialiste. Beaucoup de Gantois ont animé le mouve­ment socialiste avec succès, même en dehors de leur ville et dans les hautes sphères du parti. Anvers n'a pas donné de lea­der charismatique au mouvement socialiste belge et flamand. Huysmans et De Man, tous deux Anversois, n'ont pas réussi a capté la ferveur des masses socialistes. De Man était animé de très bonnes intentions, comprenait quels étaient les ratés du parti, mais il est toujours demeuré un solitaire qui communiquait difficilement avec les petites gens. J'ai assisté à la réconci­liation entre De Man et Anseele, mes deux héros, l'un sur le terrain, l'autre dans le monde sublime des théories.

 

Comment avez-vous vécu l'immédiat après-guerre?

 

En dépit de mon évolution future vers le nationalisme, le croquemitaine, pour moi, c'était le malheureux Borms, incarcéré pour collaboration en 1919. Bien entendu, nous ne le connaissions pas. Nous croyions ce que disait de lui la propagande de l'Etat belge. Notre mouvement socialiste suivait à la lettre la “Trêve du Havre”, où le gouvernement belge réfugié en Normandie avait accepté pour la première fois en son sein des ministres socialistes, qui n'avaient peut-être pas reçu de portefeuille mais à qui on avait promis d'accorder le suffrage universel. Ce qui fut fait.

 

Quand avez-vous rencontré De Man pour la première fois?

 

De Man n'était pas né dans un milieu ouvrier comme moi. C'était un bourgeois d'Anvers. Dans notre mouvement, cette ori­gine lui a causé des problèmes, pour une raison fort simple, qu'on comprend assez difficilement aujourd'hui: les ouvriers vi­vaient dans la nécessité, dans une nécessité extrême, et étaient prêts à suivre tous ceux qui leur promettaient ce qu'ils atten­daient. Les bourgeois, eux, pouvaient se permettre d'avoir des principes, dégagés des affres de la nécessité. Les livres de De Man ont participé au renouveau du socialisme, mais, au départ, nous les lisions presque en cachette dans nos groupes de la SAJ. Sa réputation était mauvaise: il ne cessait de dire que le parti ne faisait rien d'essentiel pour le peuple, ce qui ne faisait évidemment pas plaisir aux gars qui trimaient sur le terrain. Pour De Man, la misère des ouvriers n'était pas seulement ma­térielle mais aussi culturelle; en affirmant cette vérité, il se distanciait automatiquement du marxisme, alors qu'il se désignait encore comme marxiste. Un jour, pourtant, la fédération gantoise avaient restauré des orgues pour offrir des soirées musi­cales aux ouvriers: De Man a critiqué cette initiative, au grand mécontentement des militants, qui avaient côtisé et collecté. Coupé du peuple, De Man n'évoquait qu'une culture purement intellectuelle, où les orgues ne trouvaient pas leur place. En dépit de ces travers bien humains, De Man m'a énormément appris. Ses ouvrages étaient fascinants, tant ils modernisaient notre vision socialiste de la politique et de l'économie.

 

Quand je l'ai vu pour la première fois, en 1930, j'étais déjà secrétaire de la Centrale d'Education Ouvrière. Je l'ai invité à Bruxelles pour prononcer une conférence, à la tribune où étaient également venus Norman Angel, Harold Laski, Pietro Nenni, le Suisse Lucien Dubreuil et les Français Gaston Bergery, Lucien Laurat et Francis Delaisi. De Man est venu nous parler du “socialisme et du nationalisme”. Son analyse était très pertinente: il distinguait le socialisme du marxisme et le nationalisme agressif du nationalisme défensif. Une idée a commencé à germer en moi: l'idéal à atteindre c'était l'unité du peuple tout en­tier, organisateur d'un appareil étatique.

 

Plus tard, De Man est venu à Gand. Je l'ai accompagné dans le train. Mais, sur place, nos militants l'ont boudé. Néanmoins, j'ai pu avoir une première longue conversation avec l'inventeur du planisme. De Man refusait la pensée en termes de sys­tèmes. Il évoquait l'homme réel, avec ses défauts et ses qualités. Il parlait de l'“être” et du “devenir” et optait bien entendu pour le deuxième de ces termes: nous, militants socialistes, activistes politiques, étions des hommes “en chemin”, vers un but. Cette idée de devenir lui permettait de dire que Marx avait été le théoricien du “socialisme qui avait été”: la loi du devenir pos­tulait que l'on évolue, que l'on adapte l'idée aux impératifs du temps. L'humanisme véritable ne consistait pas à répéter une doctrine figée mais à se mouler dans les méandres du devenir et des mutations sociales. A la suite de ces conversations et de mes lectures, j'ai expliqué le teneur de son Plan à nos militants. Même si cette matière est ardue, d'une haute densité philoso­phique, nos militants ont compris intuitivement que le Plan, théorisé par De Man, recelait des potentialités immenses pour la classe ouvrière et qu'il n'était pas de la démagogie.

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samedi, 16 août 2008

E. Delvo: Henri De Man, mon mâitre à penser

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Henri De Man, mon “maître-à-penser”

 

Edgard DELVO/E.d.V.

 

En mai 1940, l'homme politique socialiste flamand Edgard Delvo, 35 ans, se présente comme volontaire dans un bureau de recrutement de l'armée française, pour s'engager dans la lutte contre les “barbares allemands”. Mais un mois plus tard, il devient membre du Conseil de Direction (Raad van Leiding) du VNV (Vlaams Nationaal Verbond), le parti nationaliste flamand dirigé à l'époque par Staf De Clercq. Delvo est prêt en 1941 à s'engager pour le front russe, mais, en 1942, il est appelé à la tête de l'UTMI/UHGA (Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels; Unie van Hand- en Geestesarbeiders), le syndicat unifié, pendant belge du Front du Travail allemand. En septembre 1944, il fuit la Belgique, se réfugie en Allemagne et participe au Landsleiding (le gouvernement flamand en exil). Condamné à mort par contumace par un Tribunal militaire belge, Delvo vit trente ans en exil en Allemagne, dont vingt sous une fausse identité. A l'âge de 71 ans, revenu en Flandre, il publie un livre de mémoires Sociale Collaboratie (Collaboration sociale), où il retrace les grandes lignes de son socialisme national-populaire (volksnationaal socialisme) et confie aussi ses souvenirs à E.d.V., chroniqueur historique de l'hebdomadaire sati­rique flamand ‘t Pallieterke (Anvers). Nous en publions un court extrait, où Delvo évoque la figure de Henri De Man, théoricien rénovateur du socialisme européen, très contesté au sein de son propre parti.

 

La plupart des jeunes militants socialistes de la génération de Delvo ne connaissaient même pas le nom de Henri De Man. «Dans les conférences et les cours du mouvement ouvrier belge, on ne le mentionnait pas. Ce n'est que dans un petit cénacle de notre groupe des Jeunesses Ouvrières (AJ; Arbeidersjeugd) que son nom avait bonne réputation et, pour moi personnelle­ment, ses écrits constituaient un message de salut». Voilà ce que nous déclare Delvo qui ajoute que ses amis et lui compre­naient parfaitement qu'il valait mieux ne rien laisser transparaître de leur admiration pour De Man. Il était préférable, disaient-ils, de ne même pas prononcer son nom en dehors des cercles culturels de la jeunesse socialiste. La meilleure et la seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était d'étudier ses idées de la manière la plus approfondie et d'en parler le moins possible avec les vieux camarades du parti, et certainement pas «avec les dirigeants».

 

Première rencontre

 

Henri De Man vivait encore en Allemagne quand Delvo et ses amis le lisait en cachette. Quelques années avant la prise du pouvoir par Hitler en 1933, Delvo reçoit l'ordre d'accompagner son maître vénéré à Gand et de présenter De Man aux socia­listes de la ville. De Bruxelles à Gand, De Man et Delvo occupent à eux seuls un compartiment dans le train. Mais ils n'ont pas fait plus ample connaissance. Henri De Man avait vingt de plus que son admirateur; il n'a pas posé à son jeune camarade les questions conventionnelles que l'on pose pour montrer de un intérêt réel ou feint à son interlocuteur. De Man n'interroge donc pas Delvo sur sa jeunesse, son travail, sa façon de penser, ses dififcultés, ses espoirs... Nulle question de ce type. «Ce n'était apparemment pas son habitude de feindre de l'intérêt quand cet intérêt n'existait pas». Delvo était là comme un passant. «Mais n'allez pas croire que De Man était méprisant ou garder ostentativement ses distances. Au contraire. Il n'y avait rien d'affecté ou de blessant dans son attitude. Si je n'avais pas su que je me trouvais en présence de mon idole intellectuelle, je n'aurais rien remarqué de particulier à sa présence tranquille, à cet homme qui fumait confortablement sa pipe et laissait libre cours au vagabondage de ses idées».

 

Nationalisme et socialisme

 

En cours de route, les deux hommes ont échangé quelques mots sans signification, mais au moment où le train s'est approché de la gare de Gand-Saint-Pierre, De Man s'est brusquement animé: son intérêt s'éveillait pour la ville où il avait passé ses an­nées d'étudiant et vécu ses premières expériences dans le mouvement socialiste. Il s'est appuyé sur la fenêtre du comparti­ment et quand nous sommes entrés dans la gare, il a dit: «Il y a bien longtemps! On va voir si on ne m'a pas déjà oublié». Delvo relate cette soirée gantoise: «Non, on ne l'avait pas oublié et, apparemment, on ne lui avait rien pardonné non plus. Pour ce qui concerne le nombre de militants présents, nous n'avions pas à nous plaindre; on s'attendait à une conférence compli­quée qui n'attirait évidemment pas la masse. Un théoricien n'est pas une star du football ou un coureur cycliste victorieux. Nous pouvions aussi être satisfait du niveau intellectuel des assistants; le cercle d'étude socialiste qui avait organisé la confé­rence avait visé les intellectuels. Les dirigeants du parti, eux, ne s'étaient pas montrés. La vieille querelle durait-elle encore? Ou bien l'absence des dirigeants socialistes était-elle plutôt due à leur indifférence à l'égard de la thématique annoncée, “nationalisme et socialisme”, soit un problème auquel le POB n'a jamais voulu consacrer l'attention voulue?

 

«Je ne sais pas si Henri De Man a été déçu ou non de l'absence des dirigeants ouvriers de Gand lors de sa conférence; quoi qu'il en soit il ne l'a pas fait remarqué pendant le voyage de retour. A l'arrivée à Bruxelles-Nord, notre séparation a été brève et sans façons, comme notre tout première rencontre: une forte poignée de main».

 

Amis?

 

Selon Delvo, De Man était «tout naturel, sans contrainte dans son comportement, nullement vaniteux». Il le décrit comme «une personnalité tranquille, maîtresse d'elle-même, avec laquelle on se sentait à l'aise, bien qu'on aurait donné beaucoup pour sa­voir ce qui se passait derrière ce front haut et dans les sentiments de ce homme remarquable, qui ne laissait rien entrevoir de ses attirances et de ses répulsions».

 

Delvo, qui avait vingt-cinq ans quand il a rencontré De Man pour la première fois, n'a pas modifié fondamentalement ses premières impressions du théoricien. On a reproché à De Man «une indifférence blessante à l'endroit de ses semblables»; pour Delvo, ce n'était qu'«une inattention pour son environnement, une évasion totale ou un plongeon profond dans le monde de ses idées».

 

De Man, écrit Delvo, ne se donnait jamais la peine de susciter des effets dans son entourage. Il se comportait comme le dictait sa propre intériorité: «il restait toujours naturel et simple dans ses relations et dans son style de vie; il ne se pavanait pas, n'en mettait jamais plein la vue à ses proches, il ne faisait pas semblant, ne commettait jamais de fanfaronnades». De Man était un exemple pour l'attitude existentielle qu'il prônait lui-même: plus être que paraître, accorder moins d'importance à l'avoir qu'à l'être.

 

C'est précisément cet Henri De Man-là qui n'avait pas d'amis au sens profond de ce mot, écrit Delvo. Mais il semblait n'avoir nul besoin d'amis, «bien que beaucoup de personnes appartenant à son cercle de pensée souhaitaient que les sentiments de proximité qu'il suscitait en eux, reçoivent une réponse de sa part».

 

Assainir la démocratie

 

En 1933, De Man se fixe à Bruxelles. A partir de cette année-là, Delvo aura avec lui «des contacts extrêmement précieux et féconds». Delvo ajoute que De Man n'avait pas quitté l'Allemagne «sous pression», au moment où Hitler a accédé au pouvoir, «comme on l'a dit trop souvent par erreur». D'après Delvo, De Man aurait pu conserver sa chaire sans problème à Francfort, s'il l'avait voulu. «Combien de professeurs allemands compromis politiquement aux yeux des nouveaux détenteurs du pou­voir, pour leurs activités du temps de la République de Weimar, sont restés en Allemagne en dépit du changement de régime, en adaptant tout simplement leurs matières et leurs cours aux circonstances nouvelles, tout comme, ultérieurement, ils se sont réadaptés une seconde fois après 1944, en empruntant une direction nouvelle, dans le cadre du programme démocratique de “rééducation” du peuple allemand».

 

De Man, en revanche, a quitté le Troisième Reich volontairement et librement, parce qu'il «n'était pas prêt à s'adapter à un régime dont il rejetait les fondements». Il a préféré mettre son expérience au service «du mouvement socialiste et de la lutte contre la crise dans son propre pays». Mais Delvo nous rappelle n'est pas simplement rentré en Belgique pour défendre une démocratie menacée et exposée aux coups de la dégénérescence. Non: De Man envisageait une réforme en profondeur de la démocratie belge, son assainissement». De Man croyait à la possibilité de telles réformes. Il voulait protéger la Belgique de «toute expérimentation totalitaire et dictatoriale».

 

Hendrik De Man, dit Delvo, «n'a jamais cessé de nous dire que toute démocratie sans responsabilité et sans autorité person­nelles, sans auto-discipline et sans direction consciente, ne résisterait pas aux manipulations démagogiques et à l'auto-des­truction». Il a opté pour une «démocratie puissante, vitale et “autoritaire”» contre toutes les formes de dictature. Mais, en même temps, De Man concentrait toute son attention aux efforts entrepris par Hitler «pour susciter une solidarité nationale plus cohérente par plus de justice sociale». De Man considérait que «les réalisations sociales du Troisième Reich comme une contribution importante à l'unification spirituelle et psychique, condition préalable à ce sursaut soudain et étonnant du peuple allemand».

 

Peu après son retour en Belgique, Henri De Man devient vice-président du POB/BWP. Cette nomination avait été préparée lors de conversations avec le “patron’, Emile Vandervelde. Dans ces années de crise, tous les espoirs, dans le sérail du POB, reposaient sur Henri De Man. Les socialistes belges du POB ne désiraient plus s'adresser exclusivement et principalement aux ouvriers. En réalisant son fameux “Plan du Travail”, le POB entendait libérer toutes les catégories de la population «de l'emprise des forces économiques et financières monopolistiques».

 

Delvo, fidèle collaborateur à la revue de De Man, Leiding,  adepte convaincu de son socialisme éthique, défenseur passionné des point de vue de son maître-à-penser, contribua à diffuser largement, par la plume et la parole, les thèses de l'auteur d'Au-delà du marxisme. Pendant des années, Delvo est resté en rapports étroits avec De Man. Malgré cela, il n'ose toujours pas dire aujourd'hui, «qu'il a bien connu De Man».

 

«Réformateur du monde»

 

Pour comprendre la nature de leur relation et pour comprendre la personnalité de De Man, citons ces mots que Delvo con­signe dans ses mémoires: «Henri De Man a voulu faire beaucoup de choses pour les gens, mais il n'a pas pu le faire avec  les gens». De Man «était profondément convaincu que les gens avaient besoin de lui». Il s'est toujours senti dans la peau d'un «réformateur du monde». Il voulait littéralement compénétrer les gens de ses idées, qu'il avait bien entendu formulées pour leur bien. Il voulait aller de l'avant et diriger, mais, personnellement, il ne ressentait nullement le besoin d'appartenir à l'humanité! «Il n'a jamais été un homme de communauté», au contraire de son élève Delvo, qui ajoute: «il acceptait le soutien et la collaboration de ceux qui étaient prêts à l'aider, et voyait en eux des hommes partageant les mêmes idées et les mêmes sentiments, des compagnons de combat, et non des amis».

 

Et Spaak?

 

«Pas même Paul-Henri Spaak», nous dit Delvo, «qui a tout de même, avec De Man, été considéré comme le représentant le plus influent du “socialisme national” dans notre pays, et qui a été pour lui, un soutien indispensable quand il s'est heurté, inévi­tablement, au vieux président du parti, Emile Vandervelde, qui possédait encore à cette époque une grande autorité; je le ré­pète, même Paul-Henri Spaak, n'a jamais été son ami. Non, personne n'avait accès à l'intériorité de De Man, n'avait droit à une part de sa vie sentimentale. C'était un homme que l'on appréciait et que l'on respectait, pas un homme à qui on se liait d'amitié».

 

Spaak et De Man, selon Delvo, «étaient liés dans un combat commun, basé sur une vision commune». Mais De Man avait derrière lui un «long processus de maturation». Spaak, au contraire, était devenu un “socialiste national” en répudiant brus­quement son passé à “Action Socialiste”, où violence et extrémisme s'était souvent conjugués. C'est vrai: le retournement soudain dans la pen­sée politique de Spaak s'est opéré quand il est devenu ministre «de manière inespérée et inattendue»; tou­tefois, Delvo pense qu'il s'agit bien d'une conversion soudaine, mais sincère, et non d'un “simple calcul”. Delvo croit pouvoir comprendre cette conversion; il sait qu'il n'est pas le seul jeune “demaniste” qui «à ce moment, sa­vait que Spaak, depuis quelques temps, sous l'influence des concep­tions de De Man, avait soumis son internationalisme prolétarien à une sé­vè­re cri­tique» et était devenu un adepte du “socialisme na­tional”.

 

De Man et Spaak ont-ils été “amis”? «Ils ont été liés politiquement», sans aucun doute. «Mais amis?»: «Non» répond Delvo. Mais ce n'est certainement pas Spaak qui a été le responsable de cette “incom­municabilité”. Tout simplement, De Man n'accordait aucune valeur à l'amitié. Dans ses rapports humains, il ne visait qu'une chose: faire partager à ses interlocuteurs et à ses camarades les mêmes visions de la société et de la politique. Tous les efforts intellectuels de De Man tendaient à améliorer le sort de l'humanité, mais il perdait presque toujours de vue les «hommes vivants», y compris ceux qui évoluaient dans son environnement immédiat. Delvo a très bien perçu cet aspect de la personnalité de De Man: «Celui qui espérait des avantages personnels, entendait assurer son avenir, faisait bien de se ranger derrière la bannière de Spaak, qui ne décevait jamais ses amis et répondait toujours à leurs attentes». Mais ceux qui suivaient De Man pour ses idées ne récoltait qu'un “bénéfice intellectuel”. Aujourd'hui encore, Delvo pense que c'était là le “meilleur choix”. Et si Delvo a opté pour une autre voie que celle de De Man pendant la seconde guerre mondiale, il reste reconnaissant au théoricien du planisme.

 

Magnanimité?

 

Pendant l'été 1940, après la publication de son manifeste  —qui fit tant de vagues, parce qu'il réclamait la dissolution du parti socialiste et appelait à coopérer avec l'occupant allemand—  De Man reçut la visite de nombreux dirigeants socialistes et surtout syndicalistes, à qui il a promis son soutien, bien qu'il était parfaitement convaincu «qu'ils le renieraient plus de trois fois avant que le coq ne chante une seule fois, si la fortune des armes venait à changer de camp».

 

En recevant ces socialistes et ces syndicalistes, De Man a-t-il agit par magnanimité? Ou parce qu'il se souvenait de leur lutte commune au sein du mouvement socialiste belge? Pas du tout, nous répond Delvo. Si De Man a reçu pendant l'été 1940 ses anciens camarades du parti qui venaient lui demander conseil, «sans dire un seul mot à propos de l'attitude hostile qu'ils lui avaient manifestée quelques temps auparavant, sans prononcer le moindre blâme pour le fait qu'ils avaient déserté et aban­donné leurs camarades», cela n'a rien à voir avec la sentimentalité ou la vertu du pardon: De Man a reçu ses anciens cama­rades parce qu'ils avaient besoin de lui, de ses conseils, et qu'il était de son devoir de les aider, au-delà de tout sentiment de sympathie ou d'antipathie, de vénération ou de mépris. Parce que De Man avait décidé de remplir la mission qu'il s'était assi­gnée à ce moment-là de notre histoire: rassembler la population belge derrière son Roi.

 

Leo Magits

 

Delvo n'aime pas qu'on lui pose trop de questions sur l'«homme» Henri De Man, pour la simple et bonne raison, dit-il, qu'il ne peut le faire, qu'il n'en a pas le droit. Mais il souhaite expressément nous dire ceci: lorsque De Man «avait pris une décision, lorsque quelque chose était bon et nécessaire selon son propre jugement, aucune considération ne pouvait plus l'empêcher d'agir selon son idée. Devant ce qu'il considérait être son devoir, tout devait fléchir et il oubliait tout, y compris ses propres enfants».

 

Lorsque Delvo devint en 1932 secrétaire général de la Centrale d'Education Ouvrière, en prenant la succession de Max Buset, il a fallu nommer un nouveau secrétaire flamand. Parmi les candidats: Leo Magits, émigré en 1918 aux Pays-Bas, où il fut actif dans le Syndicat International. Delvo ne connaissait pas Magits personnellement, mais avait lu sa brochure Vlaams socia­lisme [= Socialisme flamand]. Lorsque les deux hommes font connaissance à Bruxelles, deux choses sautent aux yeux de Delvo: «l'attachement absolu de Magits à la démocratie» et «sa vision du nationalisme qui se profilait avantageusement, par rapport à la vision de De Man sur cette question», dans le sens où Magits opérait une distinction beaucoup plus nette entre les concepts de “nation” et d'“Etat”, ne réduisait pas le nationalisme à une simple question de langue; de plus, son analyse des valeurs qu'apporte le fait national dans le mouvement ouvrier, permet des déductions bien plus positives et fécondes que l'œuvre de De Man. Magits avait le mérite de ne pas sous-estimer la valeur de la prise de conscience nationale chez les ou­vriers, dans la mission culturelle que doit s'assigner tout véritable mouvement socialiste.

 

Sous la double impulsion de De Man et de Magits, Delvo va évoluer intellectuellement, et finir par théoriser ce qu'il a appelé le “volksnationaal socialisme”, le socialisme national-populaire.

 

E. de V.

(extrait de la très longue étude de l'auteur, parue dans 't Pallieterke en 1976; cet épisode a été publié le 21 octobre 1976; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

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vendredi, 01 août 2008

Une biographie magistrale d'Auger Ghiselin de Busbecq

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Un Européen chez les Turcs. Auger Ghiselin de Busbecq

  • Ignace Dalle
  • Date de Parution : 28/05/2008
  • Collection : Documents
  • Prix public TTC : 23,00 €
  • Code ISBN / EAN : 9782213626796 / hachette : 3528791
  • Format (153 x 235)
  • Nombre de pages : 438


Dans la première moitié du XVIe siècle, les Turcs, qui ont déjà conquis Budapest et un tiers de l’Europe, sont sur le point de s’emparer de Vienne. Leur puissance militaire, leur mode de vie et leur religion inspirent la crainte, parfois la terreur chez de nombreux Européens. Un demi-millénaire plus tard, en ce début du XXIe siècle, la Turquie, candidate à l’Union européenne, suscite à nouveau la peur et souvent un rejet violent en Europe occidentale.
Beaucoup d’Européens ignorent l’histoire étonnante de ce grand pays qui a abrité jusqu’en 1453 l’empire byzantin, premier empire chrétien, avant que les Ottomans ne prennent Constantinople et commencent à narguer le Saint empire romain germanique en occupant une bonne partie de l’Europe.

Enfant illégitime né en 1521 au cœur de la Flandre, alors la région la plus riche du monde, Auger Ghiselin de Busbecq parvient, grâce à ses dons multiples et après avoir été légitimé par Charles Quint, à représenter l’Empire des Habsbourg auprès de Soliman le Magnifique. Si ses talents de diplomate lui permettent de calmer le jeu en Europe centrale, où Turcs et Autrichiens se font face, Busbecq reste surtout connu pour sa description amusante et originale de la société turque au moment où l’Empire ottoman est à son apogée. La discipline, la propreté et, surtout, la priorité donnée au mérite sont quelques-unes des qualités turques auxquelles Busbecq rend d’autant plus volontiers hommage qu’elles sont presque inconnues en Europe occidentale au XVIe siècle. Au-delà de la Turquie, l’œuvre de Busbecq est un témoignage incomparable sur une période charnière de l’histoire de l’Europe marquée par la Renaissance, la découverte du Nouveau Monde, la Réforme et les ambitions ottomanes.

Auteur :
Journaliste à l'Agence France Presse, Ignace Dalle a passé de nombreuses années en poste dans le monde arabe, notamment au Liban, en Egypte et au Maroc. De 1992 à 1996, il est directeur du bureau de l'AFP à Rabat. Diplômé de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille et d'Etudes arabes de l'Université Saint Joseph de Beyrouth, il a publié plusieurs livres sur cette partie du monde.

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dimanche, 27 juillet 2008

Citaat van J. P. Van Rossem

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Citaat

“Wat mij in Liberalen aanstaat - tenminste toch als ze van het recht-voor-de-raapse soort van Guy Verhofstadt zijn, niet van het slijmballensoort van Patrick Dewael - is dat je met hen tenminste weet waar je staat omdat je weet voor wie ze staan en voor wie ze door het vuur gaan. Bovendien zijn ze zo helemaal weg van de vrijheid voor de ene mens om de andere straffeloos te mogen uitbuiten, dat ze wel verplicht zijn ook hier en daar nog een ander vrijheidje te verdedigen, en in een schijndemocratie als de onze is dat dan altijd weer mooi meegenomen.

Liberalen zijn anderzijds dan weer bijzonder goed geoefend in alle vormen van draaikonterij. Meestal maakt het hen geen donder uit met wie ze regeren - al is hun liefde voor de rode rakkers sterk ondermaats - en zijn ze al dik tevreden als ze een paar portefeuilles naar zich toe kunnen trekken. Op die manier kunnen ze hun geliefkoosde sport, die van de blauwe politieke benoemingen, in alle stilte en naar hartelust botvieren. Alhoewel nergens bewezen is dat de liberale politiek macro-economisch ooit een morzel heeft uitgehaald, hoeven liberalen niet gebukt te gaan onder prestatiedwang. Belangrijker is dat ze er steeds weer in slagen te laten geloven dat zij het patent hebben op alle economische wonderzalfjes.”

J. P. Van Rossem

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lundi, 21 juillet 2008

Een opstand van Duizend Vaandels

Een Opstand van Duizend Vaandels

Image Hosted by ImageShack.usNood aan een mentaliteitswijziging

Sommige nationalisten onder ons tonen zeer weinig of zelf geen interesse in de volksnationalistische strijd buiten onze grenzen. Zij menen dat de Vlaams-nationalistische strijd zich moet beperken tot de eigen grenzen en zijn blijkbaar niet in staat om verder te denken dan het eigen volk. Het is dan ook maar de vraag of wij hen als nationalisten kunnen klasseren, de term “separatisten” is misschien veel beter van toepassing. Mensen die de afscheuring van Kosovo zien als een kans voor Vlaanderen, zijn niets beter dan het regime dat zij menen te bestrijden.

“Nationalisten” die menen dat de strijd van de Bretoenen, Schotten, Catalanen, Palestijnen, etc… voor de Vlaming niet interessant is omdat het “te ver weg” is, zijn niet veel intelligenter dan mensen die menen dat politiek een “ver-weg-van-mijn-bed-show” is. Ik vraag trouwens ook aan hen hoe zij denken ooit de strijd te winnen als zij niet dringend hun mentaliteit omdraaien en intervolksnationalistisch beginnen denken. Staatsnationalisten en andere elementen die vijandig zijn naar de volkeren van de wereld toe (kapitalisten en marxisten om er maar twee te noemen) zijn slim genoeg om internationaal te handelen en te denken. Tegenover het internationale front van het reactionaire staatsnationalisme moeten wij dan ook een vernieuwend, doch vasthoudend aan de tradities van elk specifiek volk, volksnationalisme plaatsen. Laten we de vijand bestrijden met de eigen wapens.

Want laten we ons geen illusies maken, regimes zoals het Belgische zijn dan wel gewond, ze zijn zeker nog niet dood. En de natuur toont ons dat een gewond dier net het gevaarlijkste is. Tot nu toe hebben we al genoeg belgicistische offensieven moeten meemaken (B-Plus die met postkaarten het Vlaams-nationalisme belachelijk probeerden te maken, N-GA die separatisme belachelijk wou maken, zonder de link met België te door te hebben, etc…). Als deze aanvallen op het Vlaams-nationalisme zich zouden beperken tot dit soort paniekvoetbal, dan zouden we geruster op onze beide oren mogen slapen. Maar het Belgische francofone regime heeft nog steeds meerdere stukken op zijn schaakbord staan. Kijken we maar naar het verslag van de Raad van Europa waarin de kant werd gekozen van het racistische en imperialistische FDF. Toppunt hiervan is dat dit verslag is opgesteld door mensen die zelf uit een volk komen dat momenteel onderdrukt wordt. O.a. een Bretoen en Serviër stelden dit verslag op en concludeerden hieruit, na wel zeker 48 uur onderzoek, dat Vlaanderen eigenlijk bezig is een geweldloos fascisme uit te bouwen.

Intervolksnationalisme: praktische en ideologische redenen

Dit soort dingen toont aan dat onze tegenstanders nog genoeg wapens hebben om ons te raken. Als het volksnationalisme zich dan ook beperkt tot één volk en er geen informatie wordt uitgewisseld, geen samenwerkingsverbanden worden gesloten, dan zal het des te makkelijker zijn om de kop in te slaan. Enkel een verenigd internationaal front van volksnationalisten kan de regimes ten val brengen. Als één regime in crisis is door de volksnationalisten, kan er genoeg steun van het buitenland komen en zich concentreren op het neerslaan daarvan. Wanneer meerdere regimes echter tegelijk crisissen meemaken, zullen zij zich teveel op hun eigen binnenland moeten concentreren om, misschien wel vitale, steun te verlenen aan de buurlanden. Bijkomend is dat de onafhankelijkheid van een volk als een versterker kan werken voor de omringende landen. De Vlaamse onafhankelijkheid kan een enorme steun geven aan de Schotten, Catalanen, Corsicanen, etc… of omgekeerd. Het aan de bevolking tonen dat de onafhankelijkheid een realistische mogelijkheid is en dat dit kan worden bereikt zonder geweld, is een zeer sterk wapen in de strijd om de geesten en harten van het volk dat wij wensen te bevrijden.

Maar dan heb ik het over de puur praktische kant van de zaak gehad. We mogen echter ook niet vergeten dat internationale samenwerking niet enkel een zaak van realpolitik is, maar ook een ideologische verplichting. Een volksnationalisten is immers meer dan een separatist, een volksnationalist streeft naar het beste voor zijn volk, zonder daarbij argumenten als superioriteit of inferioriteit in te nemen over zijn dichte en verre buren. Het geloof in de overwinning moet ons drijven, maar ook het geloof in een betere en rechtvaardigere wereld moet centraal staat in de drijfveren van de volksnationalist. Als het enkel om eigen huis en tuin zou gaan en enkel om centenseparatisme, dan zouden we evengoed Gent of Antwerpen of Leuven of Brussel en omstreken onafhankelijk kunnen verklaren.

Volksnationalisme en internationale mobilisatie

Marxistische socialisten menen dat zij de ware en enige internationalisten zijn. Zogezegd zou er één groot proletariaat zijn dat wereldwijd dezelfde belangen heeft (ongeacht of dit nu een Somalische pottenbakker is of een Griekse lasser). De geschiedenis heeft echter uitgewezen dat ondanks alle mooi woorden en slogans, datzelfde proletariaat in 1914 en 1939/1940 maar al te graag de wapens tegen elkaar opnam uit een gevoel van nationale eer. Uiteraard zijn imperialistische oorlogen verwerpelijk vanuit volksnationalistisch standpunt, maar deze tonen tegelijk aan dat het internationalisme van het marxisme onrealistisch is. Maar de laatste jaren hebben getoond dat de basisideeën van het volksnationalisme net degene zijn die werkelijk kunnen mobiliseren. Het zelfbeschikkingsrecht der volkeren en een anti-imperialistisch streven naar vrijheid kon de laatste jaren honderdduizenden mensen mobiliseren.

Je moet al onder een steen geleefd hebben de laatste maanden om de tocht van de Olympische vlam der schande doorheen de wereld niet te hebben zien. Uit protest tegen de Chinese agressie tegenover Tibet hebben honderdduizenden mensen, ongeacht nationaliteit of overtuiging, zich tegen de Chinese politiek gevoerd en duidelijk geprotesteerd tegen de komst van de vlam. Enkele dapperen trotseerden ook de sterke beveiliging en sloegen er bijna in om de vlam eigenhandig te doven, wat uiteindelijk door de organisatoren zelf gedaan is. Jaren geleden ging er dan weer een andere golf door de wereld; de mensen kwamen op strijd tegen de invasie van Irak door de VSA. Honderdduizenden gingen op straat om hun stem te laten horen tegen dit voorbeeld van yankee-imperialisme, dat, om een kleine economische elite te dienen, zwakkere landen binnenviel. Van een seculier stabiel land, dat echter ook zondigde tegen de grondbeginselen van het volksnationalisme, hebben zij een soort constant “Gunfight at the Bagdad-Corral” gemaakt.

Deze twee grote golven van anti-imperialisme, en de daarbijhorende eis tot zelfbeschikkingsrecht der volkeren, tonen dat, wat marxisten en liberalen ook mogen beweren, het de volksnationalistische kernthema’s zijn die de mensen in deze post-modernistische tijden nog steeds massaal, en op een globale schaal, kunnen mobiliseren. Zelfbeschikkingsrecht van alle volkeren, economie in dienst van het volk, strijden tegen multiculturele staten, de strijd tegen imperialisme, respect voor de globale diversiteit van culturen en overtuigingen, het zijn thema’s die de kern vormen van het volksnationalisme en die nog steeds miljoenen kunnen mobiliseren. Helaas beseffen de grote aantallen mensen niet dat zij strijden voor dezelfde doelen als wij en zullen zij, zolang ze het volksnationalisme verwerpen, geen stap vooruit geraken in hun strijd tegen het regime. Het dwaas achternalopen van marxistische en liberale ideeën zorgt ervoor dat zij nooit iets wezenlijk zullen bereiken, enkel gepruts in de marge en herinneringen voor wanneer men bejaard is, zal het resultaat zijn.

Er is dan ook nood aan internationaal denken en handelen om zo op volksnationaal de doelen te bereiken. Uit eigen ervaring kan ik zeggen dat dit tot zeer interessante uitwisselingen en verfrissende ideeën kan leiden, denk ik maar aan de samenwerking tussen de NSV! en de Jeunesses Identitaires te Rijsel. Die laatsten vormen nu de militante voorhoede van een volksnationalisme dat het liberale en marxistische sprookje doorprikt en ook niet beroerd zijn om in de straten waar nodig de strijd aan te binden met het rapaille dat de voorsteden teistert.

Als men intervolksnationaal begint, durft!, denken, zullen we werkelijk onoverwinnelijk zijn. De 19de eeuw was de eeuw van het imperialistische staatsnationalisme, de 20ste eeuw was de eeuw van de Nieuwe Orde (communisme, nationaal-socialisme, liberalisme). Durven wij werkelijk intervolksnationaal te denken en te handelen, dan zullen wij volksnationalisten niet enkel de 21ste eeuw opeisen, maar het ganse Derde Millenium met een ijzeren wil tegemoet treden en veroveren.

Yves Pernet
Scriptor NSV! 2007’-08

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vendredi, 18 juillet 2008

Derde weg voor het derde millenium

Derde weg voor het derde millennium

Euro-Rus-congres, 28 juni 2008

In deze uiteenzetting zal worden gepoogd om een balans op te maken van het Amerikaanse imperialisme en van zijn sterktes en zijn zwaktes. Daarvoor is eerst een terugblik nodig om de belangen en de waarden, de middelen en de doelen die op het spel staan kort te schetsen. Als jonge beweging die meer wil zijn dan een nieuwe naam, vlag en leider moeten we stap voor stap te werk gaan. Idee en actie zijn onafscheidelijk, maar de juiste volgorde wil dat de actie uit de idee volgt. Door de algemene achteruitgang van het onderwijs* en de afstompende invloed van de media moet de ideologische vorming veel dieper en breder zijn dan vroeger. Congressen als dit zijn broodnodig, al was het maar om onze blik op de wereld te verbreden en de banden aan te halen met broedervolkeren. Daarvoor hoeven niet altijd ronkende namen op de affiche te staan. Dat die namen erin slagen om de gesubsidieerde vazallen van de antifascistische roddelpers in het ootje te nemen is uiteraard meegenomen. Antifascisme is tegenwoordig een miljoenenbusiness. Afgelopen week nog is uit cijfers gebleken dat de Duitse Bondsrepubliek sinds 2001 méér dan 200 miljoen euro heeft besteed aan de “strijd tegen het rechtsextremisme”. Dat ware misschien nog enigszins “sociaal” geweest, als geen dringender noden gelenigd moesten worden.

Om misverstanden, veralgemeningen of verdraaiingen achteraf te vermijden en ook gewoon voor de goede verstaander beginnen we met de puntjes op de i te zetten. We moeten eerst uiteenzetten hoe we het reilen en zeilen van het politieke systeem zien om onze politieke actie goed te kunnen definiëren. De simpele grondstelling van onze metapolitieke strategie luidt: politiek wordt steeds bedreven door elites en die elites hebben zowel waarden als belangen**. Om zoals gezegd de idee actie te laten worden moeten - in die volgorde - kaders en militanten worden gevormd om ten slotte de idee te laten doorsijpelen naar alle lagen van het volk. Wij stellen de idee en het ideaal centraal, wat tot uitdrukking komt in het feit dat alle coördinatoren op gelijke voet samenwerken en dat er hoogstens sprake is van een algemene coördinatie en dito coördinator. Tegenstellingen als “links” en “rechts” zijn voor ons even versleten als die van “oost” en “west”. Ze verhinderen ons om volwaardige (onverdeelde) Vlamingen en Europeanen te worden. Ze behoren tot een oude orde gekenmerkt door partijenstrijd, klassenstrijd en nu zelfs rassenstrijd. Wij wijzen in die oude wanorde de kiemen van de burgeroorlog radicaal af en eisen opnieuw: orde en vrede, een einde van de haat en nijd, waarden in plaats van waardeverval. Elk racisme is ons vreemd, omdat wij de identiteit van alle volkeren verdedigen, niet de superioriteit van één volk. Ik had vandaag evengoed met een zwarte separatist als met een blanke separatist op de affiche kunnen staan. Hoe de Amerikanen zich maatschappelijk en staatkundig organiseren, is in de eerste plaats hun zaak. Zolang ze maar binnen hun erf blijven.

Nationalisme is voor ons de zaak van de volkeren (meervoud). Nationalisme en solidarisme zijn voor ons één, omdat nationale onafhankelijkheid niets is zonder sociale rechtvaardigheid (en vice versa). Zeker in een tijd waarin de nationale bovenklasse vaandelvlucht pleegt! Wij zijn ervan overtuigd dat de nakende economische recessie en het voorspelbare neoliberale antwoord daarop onze eens zo sterke nationale middenklasse (dankzij sociale herverdeling, deels op solidaristische grondslag) zal verschrompelen tot een soort nationale onderklasse. Volksgenoten die geen plaats meer vinden in de veelgeprezen “kenniseconomie” zou men dan waarschijnlijk nog het liefst naar de Derde Wereld exporteren om vervolgens informatici en ingenieurs uit diezelfde Derde Wereld te importeren. Cijfers deze week zetten onze stelling over de sluipende teloorgang van de middenklasse kracht bij. De Belgische gezinnen blijken immers maar liefst één miljard schulden te hebben uitstaan door het gebruik van winkelkaarten tegen woekerrentes. “Het is een vrij nieuw fenomeen in België, maar is elders breed verspreid”, aldus de bankfederatie Febelfin. Natuurlijk is dit fenomeen al breed verspreid. Het consumeren op krediet is een Amerikaans fenomeen, omdat daar nauwelijks consumptieve transfers uit de sociale zekerheid bestaan. Een goede politieke gemeenschap vereist een sterke nationale middenklasse. Dat wist Aristoteles al.

De vaandelvlucht van de nationale bovenklasse begon na mei ‘68. Mei ‘68 was een generatiewissel van professoren naar studenten en een overgang van nationaal kapitalisme naar internationaal kapitalisme. Het was de voltooiing van de naoorlogse veramerikanisering en volksheropvoeding van West-Europa, eerder begonnen onder het mom van “denazificatie”. Die gebeurtenis horen we dit jaar dus te vieren. Bohémienliberalisme en bohémienkapitalisme gaan hand in hand. Het eerste verdedigt de waarden en het tweede de belangen van het internationale grootkapitaal. Vooraleer de markten, de handel en de wisselkoersen in de jaren ‘70 vrijgemaakt konden worden, moesten eerst de geesten van de mensen voldoende bewerkt en “bevrijd” worden van allerlei hinderlijke obstakels. Onder het mom eerst van “denazificatie” en nadien van “emancipatie” werden nieuwe sociale categorieën consumenten uitgevonden, zodat sinds kort bijvoorbeeld autoreclames zich speciaal tot nieuw samengestelde gezinnen richten. Logisch, want gebroken gezinnen consumeren dubbel zoveel als gewone gezinnen. Ook de halal consument die nu de rechtse toorn opwekt, is een product van dit kapitalisme en niet van de islam.

De iets ouderen onder jullie zullen zich nog het wettelijke onderscheid herinneren tussen zakenbanken en commerciële banken, waarbij die laatste alleen consumptieve en commerciële kredieten en geen (risicodragende) industriële kredieten mochten verstrekken. Nog een onderscheid was dat tussen commerciële banken (voor handelaars) en spaarbanken (voor arbeiders). Spaarbanken en verzekeringsmaatschappijen vormden vóór de deregulering van het kapitaalverkeer de basis van een sociaal of nationaal kapitaal belegd in staatsobligaties of parastatale instellingen. Veelzeggend is dat die wetgeving in de jaren ‘30 precies was ingevoerd om een herhaling van 1929 te voorkomen. Waarom die regulering van het kapitaalverkeer werd afgeschaft? Om de kapitaalbehoeften van het internationale grootkapitaal te bevredigen zonder terug te grijpen naar verdere inflatoire dollarcreatie. Zo werd ons sociale of nationale kapitaal afgeleid naar de internationale kapitaalmarkten. Van een financiële transfer gesproken! Sindsdien zijn pensioen- en hefboomfondsen de belangrijkste spelers op de internationale kapitaalmarkten. Wij pleiten daarom onder meer voor een staatspensioenfonds in de strijd tegen de vergrijzing en de globalisering. Mijns inziens moeten er monetaire hervormingen bovenop komen die een einde maken aan de inflatoire geldcreatie door de banken. Volkshuishouding en volksgemeenschap kunnen maar worden gesaneerd als de Augiasstal van het bank- en beurswezen wordt uitgemest. Het casinokapitalisme vormt een aanslag op de publieke moraal.

Nu we het een en ander uiteengezet hebben, kunnen we het Amerikaanse imperialisme aansnijden dat de gewapende arm is van het internationale grootkapitaal. Imperialisme is de hoogste fase van het monopoliekapitalisme: de versmelting van bancair en industrieel kapitaal. De Amerikaanse oligarchie is het product van een geweldige financiële en industriële machtsconcentratie. De Amerikaanse regering en de centrale bank zijn niets anders dan de belangenbehartigers van het geldverslindende militair-industriële complex en de grote zakenbanken. Die oligarchie heeft ook een uitgesproken internationalistische oriëntatie. Professor Carroll Quigley sprak dan ook over “internationale bankiers”. Toch moet worden opgemerkt - zoals door Carroll Quigley, G. Edward Griffin en Ellen Brown - dat die oligarchie een gemengd en geen zuiver joods karakter heeft. Zo was J.P. Morgan anglicaans en John D. Rockefeller baptist. Wel is het natuurlijk zo dat die familiedynastieën - en met name de Rothschilds - in belangrijke mate de stichting van de staat Israël nu 60 jaar geleden hebben gefinancierd. Na mei ‘68 de tweede gebeurtenis die we dit jaar geacht worden te vieren. De antizionistische joodse schrijver Jack Bernstein gewaagde het zelfs te schrijven: “Het judaïsme is een religie, maar het zionisme is een politieke beweging die door dezelfde personen is gecreëerd die ook aan de wieg van het communisme stonden. Het einddoel van het zionisme is een wereldregering onder leiding van internationale kapitalisten”. Het citaat mag misschien op het eerste zicht wat vreemd aandoen, maar het feit dat de dissidente auteur vermoord werd, roept alleen maar meer vragen en mysterie op.

Nu de belangen die het imperialisme drijven duidelijk zijn, kunnen we het hebben over de waarden die het drijven. Het Amerikaanse imperialisme wordt nog altijd gerechtvaardigd door de pseudo-religieuze inhoud van City upon a Hill, Manifest Destiny, Monroe-doctrine. Het heeft zijn wortels in verschillende vormen van modern pseudo-religieus fundamentalisme, die een smet zijn op de eeuwige wijsheid die de bron is van alle archaïsche religies ter wereld. De protestantse ketterij van het calvinisme heeft zo een land gesticht en de oorspronkelijke bevolking ervan vermoord, verdreven of in reservaten gestoken. De joodse ketterij van het zionisme deed 60 jaar geleden precies hetzelfde. De ketters in kwestie zijn modernisten (want materialisten) omdat ze steevast de heilsverwachting op aarde willen verwezenlijken. Is er een beter bewijs van hun materialistische aard dan hun obsessie voor geld en grond? Ze delen dezelfde cynische psychologie. Een psychologie die over lijken gaat en daarbij de leugens niet spaart. De protestantse fundamentalisten van de christelijke rechterzijde hebben altijd al een hoogst eigenaardige affiniteit met Israël gehad, die zich vertaalt in een gemeenschappelijke heilsverwachting. Religieuze protestanten en zionisten azen op het Midden Oosten om een Messiaanse Revolutie te bespoedigen. Ze hopen dat de “Messias” of “Koning der Joden” dan van daaruit over de wereld zal heersen. Het is een typische dwaling van moderne pseudo-religies om de vervulling van een heilsverwachting in de wereld te projecteren.

Nu kunnen we de sterktes en de zwaktes van het Amerikaanse imperialisme onder de loep nemen, want het is in alle opzichten belangrijk om hen goed in te schatten. Het militair-industriële complex van de VSA is zowel een vloek als een zegen voor de VSA. Door zijn geldverslindende karakter is het verantwoordelijk voor het grootste deel van de Amerikaanse staatsschuld. Tijdens Vietnam werden de begrotingstekorten (monetair) gefinancierd door de Federal Reserve. Nu worden ze vooral gefinancierd door China en Japan. Het Pentagon is niet toevallig de grootste werkgever van het land. De VSA hebben hun economische en politieke leiderschap enkel en alleen te danken aan hun militaire leiderschap. De overheid spaart niet. De gezinnen sparen niet. En de bedrijven sparen nauwelijks. Dus parasiteren de VSA op buitenlandse dollars die terugstromen. Dat kunnen ze alleen, omdat ze de wereld laten geloven dat hun papiergeld waardevol is. Ze bevinden zich zo in de unieke positie dat ze kunnen lenen in hun eigen munt om vervolgens nieuwe oorlogen te bekostigen.

Ook het leiderschap van de dollar hebben de VSA te danken aan hun militaire leiderschap. Het militaire imperialisme is een dollarimperialisme. Daarvoor hebben de geallieerde plutocraten na de Tweede Wereldoorlog de instellingen van Bretton Woods in het leven geroepen. Zijn enige objectieve waarde ontleent de dollar nu niet langer aan het goud, maar aan de olie. De VSA zijn dan ook als de dood ervoor dat een land als Iran zijn olie in euro zou verkopen. De laatste 30 jaar is dus het verhaal van een kapitalistische wereldeconomie die in een quasi permanente staat van crisis (goud, dollar en olie) verkeert. De eerste quick fix was het einde van de goudstandaard en de vaste wisselkoersen. De tweede was zoals gezegd de deregulering van de internationale kapitaalmarkten. De derde was en is het monetarisme van neoliberale signatuur: besparingen op sociale uitgaven. Maar al het neoliberale monetarisme ten spijt, deden de Amerikaanse oorlogen de defensie-uitgaven, de staatsschuld en de dollarinflatie alleen verder toenemen. Wat een luxe toch dat staten niet bankroet kunnen gaan en belastingplichtige burgers altijd zullen blijven betalen!

Het is eigen aan de Reaganomics om zowel de belastingen te verlagen als de defensie-uitgaven te verhogen. Bush combineert net zoals Reagan neoliberalisme en neoconservatisme met een pseudo-religieuze retoriek. Sinds zijn beleid is de staatsschuld met 50% toegenomen en ze neemt dagelijks met 3 miljard dollar toe! Een ander overblijfsel uit het Reagan-tijdperk is dus het neoconservatisme. Belangrijk is dat dat laatste het Amerikaanse imperialisme een nieuw élan wist te gegeven op een ogenblik dat het Amerikaanse leiderschap voor iedereen duidelijke barsten begon te vertonen. Het is al tot treurnis toe gezegd dat het hier gaat om bekeerde Joods-Amerikaanse trotskisten die niet alleen om redenen van binnenlandse, maar ook om die van buitenlandse politiek hun kazak hebben gekeerd. Deze verlichte despoten noemen hun wereldrevolutie “democratisch” en hun wereldrijk “republikeins”. Ze zijn ook voor de vrede: de Pax Americana. Het seculiere zionisme is zoals bekend hun tweede natuur, maar de “gelaarsde Wilsonianen” omkleden hun liefde voor de staat Israël met mooie liberaal-democratische idealen***. De neocons zijn ook emblematisch voor de verschraling van het politieke landschap: “dit is geen conservatisme, maar liberalisme met scherpe tanden” (Lawrence Kaplan). Dat is de harde waarheid die naïeve anti-imperialisten, pacifisten, internationalisten en andere nuttige idioten niet willen horen. Ze delen dezelfde liberale waarden. Ze behoren dan ook in de grond tot één en dezelfde ideologie. De ideologie die als een rode draad doorheen de moderniteit is geweven: het liberalisme. Ze zijn eigenlijk niet tegen de neocons omdat die “Wilsonianen” zijn, maar omdat ze “gelaarsd” zijn.

Na deze uiteenzetting moet het duidelijk zijn dat het leiderschap van de VSA niet gestoeld is op enige economische of ethische superioriteit, maar op de schaamteloze aanwending van militaire macht en de even schaamteloze verkrachting van het volkenrecht. Daarom is het zo belangrijk dat Europa uit de NAVO treedt en de NAVO uit Europa vertrekt. De NAVO is de hulpagent van het Amerikaanse imperialisme. Ook moeten we beseffen dat de afwijzing van het opmarcherende Amerikaanse kapitalisme, zijn talrijke Europese handlangers en nuttige idioten weliswaar een noodzakelijke, maar geen voldoende voorwaarde is voor Europese wedergeboorte. Dat alle grote verwezenlijkingen het product van de geest zijn. Dat die wedergeboorte ook vanuit onszelf en niet alleen vanuit Rusland moet komen. Dat “ras” meer is dan een lichamelijk omhulsel. Dat “ras” een bepaalde stijl inhoudt: sober, sterk en opwaarts gericht, zoals een Dorische zuil volgens Evola. Dat Evola ons leert dat we geestelijke strijders moeten zijn, geen rambo’s of andere weekdieren. Het is jammer dat het tijdsbestek niet meer toelaat om hierop verder in te gaan, want als één persoon geplaatst is om de rijksgedachte als civilisationele en spirituele wedergeboorte van Europa te verkondigen is het wel Evola. Evola en Guénon zijn bronnen van tijdloze wijsheid. Hun hedendaagse aanhangers hebben er lak aan dat ze misschien minder “nuttig” zijn voor de besognes van de korte-termijn-politiek.

Zelfs vanuit een nationalistisch perspectief heeft de Europese ruimte een organisatiebeginsel nodig, omdat de vrijheid van één volk afhangt van de vrijheid van het volkerengeheel. Een combinatie van Europees federalisme (Evola) en Europees nationalisme (Thiriart) is mogelijk. Europa is alleszins niet beter af met nationalismen die niets anders zijn dan onbeholpen vormen van nationaal egoïsme. Maar de huidige Europese integratie is ook een slechte zaak. Economisch worden de kleine spelers verdrongen en politiek worden de natiestaten uitgehold tot op het bot. Die laatste zullen worden herleid tot Europese filialen gerund door nationale managers, alleen nog goed om belastingen te heffen en de lonen te drukken. Natiestaten en culturele barrières vinden de eurocraten immers belemmeringen voor de “optimale” allocatie (maximale uitbuiting) van de productiefactoren. Dat is de Europese integratie van het neoliberale en neo-Atlantische Europa, dat voor de tijd die zijn Amerikaanse suzerein nog rest een economische reus en een politieke dwerg mag blijven. Het is aan de Europeanen om zichzelf te bevrijden door zich politiek-militair en autarkisch te organiseren. Wij moeten post-Belgisch, post-Atlantisch, postmodern gaan denken. De 21ste eeuw toont overal in Europa het ontluiken van autonome nationalisten, non-conforme fascisten en zelfs allochtone separatisten. Het N-SA moet dus een constructief alternatief willen zijn. De oude orde sloopt zichzelf wel, wat ons dat werk bespaart. Het is veel belangrijker dat de nieuwe orde nu al wordt opgebouwd. Met een nieuwe orde en een derde weg voor ogen scheiden onze wegen met de Atlantische as en kiezen wij voor de Europese as.

Frederik Ranson
Coördinator N-SA

* De promotie van de “kenniseconomie” kan niet verhullen dat onder het mom van “gelijke onderwijskansen” en dergelijke de beoordelingscriteria stelselmatig worden verlaagd. De explosieve toename van leerlingen met een taal- en leerachterstand is maar één gevolg van de massa-immigratie.
** Daaruit volgt: 1) Aangezien ons antikapitalisme het heroïsme, het idealisme en het voluntarisme in acht neemt, is het geen historisch materialisme. Ons antikapitalisme neemt de religieuze wortels van het kapitalisme onder de loep, zoals de sociologen Max Weber en Werner Sombart al deden. 2) Aangezien de partijpolitiek in de eerste plaats gedreven wordt door belangen (één partij ontleent er zelfs haar naam aan) moet onze metapolitiek gedreven worden door waarden. 3) Aangezien politiek bedreven wordt door elites, moet de politieke actie gericht zijn op de vorming van een nieuwe politieke elite, met het karakter van een orde en niet dat van een partij. 4) Aangezien gemeenschappen steeds worden geleid door elites, kan kritiek op elites nooit worden veralgemeend tot kritiek op hele gemeenschappen. Hoogstens kan men een volk verwijten dat het het juk van zijn eigen misdadige leiders verdraagt. Dat geldt in het bijzonder voor ons eigen volk.
*** De democratie Israël is zeker niet de enige die de mensenrechten schendt. Het belet de Europese Unie - zelf een toonbeeld van democratie - echter niet een associatieakkoord te sluiten met dat land. Zo’n akkoord stipuleert nochtans dat het geassocieerde land geacht wordt om de mensenrechten te eerbiedigen. De EU heeft ook een associatieakkoord met Turkije.

 

jeudi, 17 juillet 2008

De regering struikelt weer...

De regering struikelt weer

Volgens Adam Smith is een regering in een kapitalistische omgeving een instrument om eigendom te beschermen. Ze is dus eigenlijk in het leven geroepen om de rijken te beschermen tegen de armen, ofwel mensen die eigendom hebben tegen mensen die er geen hebben. In dit land, dat door Marx als het schoolvoorbeeld van kleinburgerlijke eigendomsverhoudingen werd gezien, is dit alles nog meer waar dan ergens anders.

België is niet een door een regering geleide staat. Neen, er is zelfs geen regering. Hier zijn de bezitters van het land de rechtstreekse onderdrukkers van het volk, dat zelfs geen eigen land of economische macht bezit. De politieke kaste die in andere landen de buffer is tussen het volk en de economische macht is hier vervangen door een anarchistische bureaucratie en een op maffia-achtige wijze gestructureerde dievenbende die zich vermomt achter het masker van de politiek. De machtskaste noemt zichzelf dan wel politiek, maar in werkelijkheid is het een belangenvereniging die zich als een parasiet heeft vastgezet op de werkkracht van het volk. De enige eigendommen die deze staatsmacht wil beschermen zijn de eigen eigendommen en de inkomens die gegenereerd worden uit het afzetten van deze volksmassa.

In de economische recessie die er nu aankomt, zullen de beschermers en eigenaars van deze staat zelfs zover gaan om hun trouwe bondgenoten, die altijd heel graag in het Belgische verhaal meedraaiden, te bestelen. Deze trouwe bondgenoten zijn de rijke middengroepen uit onze samenleving. Zij vonden dat de Belgische staat hun garantie was voor hun privé-eigendom. Het zal blijken dat deze staat niet langer deze optie nastreeft. Voor het gepeupel dat zich staatsmacht noemt, is het nu graaien en wegwezen geblazen. En men zal daarbij iedereen bestelen die bestolen kan worden, ook de vrienden uit de middenklasse. En nadat men alle vrienden en familie gedropt heeft in de lucratieve staatsorganen en -ambten is het nu tijd om er even uit te trekken.

Er kunnen nu nieuwe (of andere) poppenkastspelers op het toneel worden gezet. Ze zijn geproduceerd door dezelfde bedrijven als de vorige en ze hebben allen het democratische virus, dat we eigenlijk best volksverlakkerij zouden noemen, onder de huid. Als de nieuwe poppetjes niet snel genoeg leren dansen naar de pijpen van de bank- en andere magnaten dan zijn er nog de ultieme middeltjes zoals verkiezingen. Daar kan het volk zich nog eens lekker laten gaan. Het heeft dan de keuze uit verschillende soorten peperkoeken partijmannetjes en hun pretpartijtjes. De lol zal duren tot het geld en de middelen van de bevolking volledig zijn herverdeeld onder de verschillende bendes (partijen genaamd). Dat is nu niet meer veraf. Nu al teert die snert-elite op geld dat eigenlijk aan onze oude mensen toekomt. Vroeger noemde men dergelijke individuen en bendes beurzensnijders en ze werden opgehangen. In onze democratie noemt men dat zootje ongeregeld nu staatslui.

Er is blijkbaar niet alleen een monetaire inflatie. Onze tijd lijdt duidelijk ook aan een volledige inflatoire meltdown van alle normen en waarden. De staatsmacht heeft nu al meer dan 400 dagen de tijd gekregen om alle meubelen en kleren en andere goederen van het volk mee te grissen die verhandelbaar zijn. Ze heeft ze ze lekker verdeeld onder de Vlaamse en Waalse vrienden aan de top. Wij zijn benieuwd hoeveel tijd die laatste nu nog zullen krijgen om in de verlenging te spelen.

E. Hermy
Algemene coördinator

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mardi, 15 juillet 2008

Formation du Royaume-Uni des Pays-Bas (1814-1815)

Royaume-Uni_des_Pays-Bas-map.png

 

Jan NECKERS:

 

Sur la création du Royaume-Uni des Pays-Bas en 1814-1

L’unification des Pays-Bas (du Nord et du Sud) en 1814 et en 1815 ne s’est pas déroulée aussi facilement que le croit la majorité de nos contemporains. En octobre 1813, les Russes, les Prussiens et les Autrichiens battent Bonaparte près de Leipzig après trois jours de bataille. Les Français, défaits et en déroute, se replient derrière le Rhin mais en décembre, leurs adversaires franchissent à leur tour le grand fleuve. Une première colonne prussienne arrive dès le 16 décembre à Malines, marche en direction de Louvain mais se retire assez prestement sur Breda. Fin janvier 1814, l’offensive définitive commence et les Russes et les Prussiens entrent en libérateurs à Bruxelles le 1 février. Une semaine plus tard, le Prince Guillaume d’Orange fait une apparition à Bruxelles. Il est reçu avec un certain enthousiasme. Les Bruxellois se rappellent d’un autre Prince d’Orange, qu’ils avaient aimé.

 

Mais les bruits courent assez vite qui prétendent que le Prince Guillaume est venu pour bien d’autres raisons  qu’une simple visite de courtoisie. Le Prince, âgé de 42 ans, vient d’être proclamé souverain des Pays-Bas (du Nord) avec l’assentiment des Britanniques, après avoir balayé les réticences de l’Empereur de Russie qui lui reprochait d’avoir jadis joué la carte bonapartiste. Guillaume n’a encore aucune idée précise des formes que prendra son futur Etat. Il avait promis aux Anglais que cet Etat serait, dans tous les cas de figure, un solide tampon contre toutes les agressions françaises potentielles mais pour réaliser ce projet, il fallait que les Pays-Bas du Nord puissent s’étendre assez loin à l’est et au sud. Il avait demandé que lui soit octroyée une solide portion de l’Ouest des Allemagnes mais devinait bien évidemment que les Prussiens ne la lui accorderaient jamais. Mais dans l’ensemble constitué par les anciens Pays-Bas Royaux ou Pays-Bas autrichiens, il était sûr de pouvoir glaner quelques territoires. En attendant la décision finale des alliés, il était venu à Bruxelles pour prendre la température. Il sera bien vite confronté à la réalité.

 

Heintje (Henri) van der Noot, alors âgé de 83 ans, ancien dirigeant de la révolte contre l’Empereur Joseph II en 1789, publie une brochure où il réclame le retour à la légitimité, c’est-à-dire le retour des souverains de la dynastie des Habsbourg. Et ce projet reçoit alors un réel soutien. Discrètement, Guillaume commande à quelques hommes de confiance de réaliser une enquête dans les grandes villes afin de connaître les souhaits de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie. La réponse est la même: une bonne part de celles-ci veut le retour à la légitimité impériale. Deux semaines plus tard, une délégation des plus grandes familles aristocratiques des Pays-Bas méridionaux part pour la France où les armées alliées poursuivent Bonaparte en déroute. La délégation réussit à parler à deux des acteurs politiques principaux de l’époque, l’Empereur François d’Autriche et le ministre anglais des affaires étrangères, Lord Castlereagh (rappelons ici que l’Angleterre a financé toutes les guerres contre Bonaparte et que leurs dépenses ont été supérieures à celles qu’ils engageront plus tard en 1914-18). L’entretien eut l’effet d’une douche très froide.

 

Un fait unique dans l’histoire

 

L’Empereur François se rappelle très bien, et même trop bien, de ses “chers” sujets des Pays-Bas. Il avait vingt-deux ans au moment de la mort de son oncle Joseph II, qui avait trépassé, disait-on, à cause du chagrin que lui avait causé la révolte des Pays-Bas. Son père Léopold ne fut Empereur que deux ans, avant de décéder à son tour. Après une première invasion française en 1792, l’armée du nouvel empereur François libère les Pays-Bas en 1793. Le souverain visite la région en 1794. Il fut même intronisé Duc de Brabant sur la Place Royale à Bruxelles et devint ainsi le premier souverain depuis Philippe II d’Espagne à être réellement présent lors de cette cérémonie. Mais en 1794, il entend essentiellement discuter argent avec ses “chers sujets” car ces derniers paient certes l’impôt, mais celui-ci est insuffisant pour entretenir l’armée qui doit les défendre contre l’envahisseur français. Seules quelques très riches abbayes sont prêtes à mettre des sommes aussi considérables que complémentaires pour faire face à la tâche. L’Empereur quitte alors le pays, réfléchit longuement et écrit une lettre à “ses chers sujets des Pays-Bas”. Il leur donne finalement la liberté, le 29 mai, de mettre en ligne une armée en toute autonomie, mais à la condition qu’ils la financent entièrement, de leurs propres deniers. C’est alors que les difficultés émergent et génèrent un chaos indescriptible. Et si les Pays-Bas refusent? Eh bien, l’Empereur et ses sujets néerlandais demeureront bons amis mais si Flamands, Brabançons, Hennuyers, etc. ne s’exécutent pas dans le sens préconisé par l’Empereur, alors qu’ils se débrouillent. L’Empereur les déclarera indépendants et ils devront alors décider par eux-mêmes quel sera leur sort futur.

 

C’est là un fait unique sous l’Ancien Régime qu’un souverain, si las de ses sujets, et à qui il a si peu de choses à dire, menace de les répudier. L’histoire nous donne bien des exemples de sujets cherchant à se débarrasser de leur souverain mais le contraire, comme dans le cas qui nous préoccupe, n’est, me semble-t-il, jamais advenu. Jamais souverain n’a cherché de cette manière à se débarrasser de certains de ses Etats. Après avoir entendu les menaces de leur Empereur, les Pays-Bas ont soupiré et décidé de se mettre à la tâche, mais ils y procèdent avec lenteur, tant de lenteur... Ce retour au réalisme politique s’est bien vite avéré inutile car, à peine quelques mois plus tard, les Français franchissent à nouveau les frontières et s’installent dans nos régions pour vingt ans. L’Empereur n’a aucun état d’âme en 1797 quand il doit céder officiellement ses Pays-Bas à la France en échange de la République de Venise, que les armées françaises avaient conquise et que Bonaparte reprendra quelques années plus tard. Or, voici donc que vingt ans après la dernière visite de l’Empereur autrichien à Bruxelles, ces casse-pieds de Néerlandais du Sud frappent à nouveau à sa porte.

 

L’Empereur François, toujours courtois, leur dit, qu’à son vif regret, il s’avère impossible qu’un membre de la famille des Habsbourg monte sur le trône des Pays-Bas. C’est ainsi que disparaît de nos régions une dynastie dont l’ascendance remonte à tous les comtes Baudouin de Flandre et à tous les Ducs Jean de Brabant. François et son chancelier Metternich, lorgnent tous deux vers l’Italie du Nord, voisine de l’Autriche: ces territoires sont bien plus intéressants et le fait que leurs habitants n’aiment guère les Habsbourg d’Autriche, laisse l’Empereur et son chancelier parfaitement froids.

 

 

“Dans un plus grand ensemble”

 

Lord Castlereagh ne fit pas dans la dentelle quand il s’adressa aux “Brabançons”, comme il appelait assez justement les ressortissants des Pays-Bas anciennement autrichiens. Deux choses seulement l’intéressent: l’abolition de l’esclavage et la constitution d’un Etat-tampon fort face à la France , capable de défendre Anvers et l’Escaut, de façon à ce que les Britanniques n’aient rien à craindre. Textuellement, il leur dit: “Pour être libres, vous devez être forts. Pour être forts, vous devez faire partie d’un plus grand ensemble et cet ensemble sera l’union avec la Hollande ”. L’affaire est donc réglée, sauf peut-être la question du tracé final des frontières. Castlereagh veut donner aux nouveaux Grands Pays-Bas quelques territoires des Allemagnes entre la Moselle et le Rhin mais il se heurte au veto des autres alliés. Les armées prussiennes sont encore bien présentes aux Pays-Bas et, en tenant compte de cette présence, une nouvelle idée germe dans l’esprit des négociateurs: partager les Pays-Bas méridionaux en prenant la Meuse comme frontière. Tous les territoires situés à l’ouest du fleuve seraient unis aux Pays-Bas du Nord et tous ceux situés à l’est reviendraient à la Prusse. Finalement , les Prussiens se désintéressent d’un tel partage et préfèrent recevoir des compensations en Allemagne même. Guillaume des Pays-Bas reçoit alors la Principauté ecclesiastique de Liège qui n’avait jamais fait partie des Grands Pays-Bas historiques (de Charles-Quint).

 

 

Et il avait encore un écueil à franchir: offciellement, les alliés déclarent avoir fait la  guerre à Bonaparte seulement  et non pas à la France et maintenant que l’envahisseur Bonaparte est exilé à l’Ile d’Elbe et qu’un Bourbon est à  nouveau hissé sur le trône de France, Talleyrand, ministre français des affaires étrangères, entend conserver une bonne partie de ces Pays-Bas ex-autrichiens. Ses manoeuvres ne réussiront pas: il ne pourra conserver que Philippeville, Mariembourg et Bouillon.

 

En juin 1814, les alliés signent le Traité des huit articles (impliquant notamment  la liberté de culte, contre laquelle l’évêque de Gand, le Français de Broglie, proteste immédiatement). Ce Traité règle les modalités de l’union des Pays-Bas du Nord et du Sud.

 

A la fin du mois de juillet, Guillaume tient provisoirement l’autorité entre ses mains. C’est effecitvement provisoire car les Russes songent un moment à une alliance avec la France et se demandent s’il ne faudrait pas, pour amadouer les Français, leur laisser ces anciens territoires sud-néerlandais lors de la signature du traité définitif. Cette alliance franco-russe ne se forge pas et, après cet intermède, c’est au tour de la Prusse de proposer à la France un marché. Les Prussiens souhaitent absorber toute la Saxe. Au début de l’année 1815, ils offrent à leur tour l’ensemble des Pays-Bas méridionaux à la France , en échange de l’appui français à l’annexion de la Saxe. Talleyrand est trop intelligent pour prendre cette offre en considération car il risque alors une guerre avec l’Angleterre. En février 1815, tous signent finalement, à Vienne, le Traité qui institue le “Royaume Uni des Pays-Bas”. Guillaume ne signe pas lui-même.... les Anglais le font à sa place!

 

 

Le retour des oeuvres d’art volées

 

Le nouveau  royaume existe de facto dès que le Congrès de Vienne scelle ses derniers actes mais Guillaume ne peut attendre aussi longtemps. En mars, il se proclame roi lui-même. Sans doute parce qu’il est ébranlé en apprenant que Bonaparte est revenu de son exil méditerranéen.

 

Du coup, il devient fort populaire dans ses nouvelles provinces du Sud car, mis à part quelques anciens collaborateurs du régime napoléonien, personne ne souhaite le retour du dictateur corse et de sa famille de brigands qui ont contraint tant de jeunes gens de chez nous à aller mourrir dans des opérations de pillage à leur seul profit. Même la Ville de Liège accueille Guillaume avec enthousiasme au début du mois de juin 1815, car les armées françaises arrivent à marche forcée. Finalement, Bonaparte est battu à Waterloo et cette fois les alliés se montreront bien moins magnanimes à l’endroit de la France. Celle-ci devra subir une occupation pendant des années et payer les frais de garnison.

 

La Prusse , après Waterloo, veut annexer toute l’Alsace et une partie de la Lorraine (ce qu’elle ne réussira à faire qu’en 1870) et exige que la Flandre méridionale (annexée à la France par Louis XIV) revienne aux nouveaux Grands Pays-Bas. Les autres alliés refusent cette suggestion prussienne. La France doit céder seulement Philippeville, Mariembourg et Bouillon.

 

Mais ce qui blessa encore davantage les Français fut le démantèlement du plus beau musée du monde: le Louvre. En 1814, il avait été décidé que toutes les oeuvres d’art volées par les armées françaises et exposées dans les musées français pouvaient rester en France. Mais, après Waterloo, les vainqueurs décident que toutes les oeuvres d’art doivent revenir à leurs propriétaires initiaux. Les commissaires néerlandais se présentent donc aux portes du Louvre. On les envoie promener. Mais Wellington, l’un des vainqueurs de Waterloo, récompensé par Guillaume sous la forme d’une plantureuse dotation annuelle et de biens immobiliers (toujours aujourd’hui aux mains des descendants du duc), ne trouve pas plaisante cette attitude des responsables du grand musée parisien. Il expédie un régiment anglais au Louvre et ses soldats emportent tout ce qui appartient légitimement aux Pays-Bas, dont le célèbre “Agneau Mystique” de Gand.

 

Le nouveau “Royaume Uni des Pays-Bas” est désormais un fait accompli. Il est toutefois aberrant de dire que la Belgique de 1830 est une création britannique. Certes, les Britanniques, en 1815, ne sont pas entièrement satisfaits de la création de ces nouveaux Grands Pays-Bas mais ils ont suffisamment de connaissances historiques pour savoir que la  césure entre le Nord et le Sud est fort profonde. C’est pourquoi, quinze plus tard, il acceptent, envers et contre tout, que les provinces anciennement espagnoles puis autrichiennes, reprennent leurs billes et se gouvernent seules, comme elles l’avaient fait pendant des centaines d’années.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans “’ t Pallieterke”, Anvers, 4 juin 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).