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dimanche, 30 octobre 2016

L'art occidental de perdre la guerre

Ex: http://quebec.huffingtonpost.ca

Parmi les géopoliticiens contemporains, Gérard Chaliand, né en 1934, est sans aucun doute le plus marquant. Pas seulement pour sa connaissance remarquable du terrain - ce qu'il appelle le « savoir de la peau » -, pas seulement non plus pour l'ampleur et la diversité de sa culture ou son style incroyablement sobre, incisif, précis, mais surtout pour son approche résolument non idéologique des conflits et des relations internationales, sa capacité spinoziste à ne pas détester (ce que tout le monde peut faire), mais comprendre (ce qui est aussi précieux que rare).

chaliandpq.jpgDans son dernier livre, Pourquoi perd-on la guerre ? Un nouvel art occidental, Gérard Chaliand cherche à comprendre comment les Occidentaux, avec la supériorité matérielle qui est la leur, n'ont cessé, depuis le Vietnam, de multiplier les échecs sur le terrain militaire et politique, alors qu'ils avaient, lors de la période coloniale qui précède, gagné l'ensemble des guerres asymétriques ou irrégulières (malgré quelques batailles perdues).

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Le livre commence par évoquer la conquête du Mexique par H. Cortés et celle du Pérou par F. Pizarre. Gérard Chaliand rappelle, en ce qui concerne le Mexique, le rôle primordial de la Malinche, esclave indienne qui deviendra la maîtresse et l'interprète de Cortés, et grâce à laquelle les Espagnols auront accès à ce que pensent leurs adversaires, à leur conception du monde, alors que les Aztèques, de leur côté, ne sauront rien des Espagnols, ou très peu. Sans être le seul avantage de Cortés sur Moctezuma, cet élément fut décisif.

Au 19e siècle, les Occidentaux disposent d'un avantage du même ordre : les peuples colonisés les connaissent mal, ou même pas du tout. La révolution scientifique du 17e siècle, le mouvement des Lumières du siècle suivant, la Révolution industrielle au 19e siècle, tout cela est incompréhensible pour des sociétés qui n'ont pas connu le même développement historique. En revanche, du côté occidental, on exige « un enracinement du corps des officiers dans un milieu qui devient partie de l'existence et dont ils acquièrent une connaissance concrète ». Les troupes sont immergées dans la population locale et restent présentes, comme les officiers, sur le long terme.

Cette méconnaissance de l'adversaire s'accompagne aujourd'hui d'un facteur aggravant : l'adversaire, lui, nous connaît, et souvent fort bien.
 

Telle n'est plus désormais la situation sur le terrain, que les soldats occidentaux n'apprennent guère à connaître et où, de toute façon, ils sont, dans une large mesure, de passage. Robert McNamara reconnaissait déjà, à propos de la guerre du Vietnam : « Je n'avais jamais été en Indochine. Je n'en connaissais ni l'histoire ni la culture ». En Irak, en 2003-2004, Paul Bremer n'avait, lui non plus, pas la plus petite connaissance du terrain, multipliant ainsi les erreurs d'une façon qu'il faut bien - même si certaines reproduisaient celles du passé - qualifier d'exceptionnelle.

Cette méconnaissance de l'adversaire s'accompagne aujourd'hui d'un facteur aggravant : l'adversaire, lui, nous connaît, et souvent fort bien. Un adversaire comme l'État islamique sait manipuler avec brio l'opinion publique occidentale, exercer, même, une espèce de fascination, d'ailleurs inlassablement stimulée, ravivée et revivifiée par des médias davantage attirés par le spectaculaire que par la contextualisation instruite. Pourtant, « le phénomène terroriste, dans sa version islamiste, est aujourd'hui, sur le plan militaire, surévalué. Son effet majeur est psychologique : il vise les esprits et les volontés ».

Avant la Première Guerre mondiale, les opinions publiques ne savent pas grand-chose des combats qui se déroulent au loin : « Elles sont soit indifférentes, soit parfois fières des succès remportés, lorsque ceux-ci flattent l'orgueil national ». Le rapport à la guerre en Occident - et en Occident seulement - s'est profondément modifié. Lors de la première guerre d'Irak (1991), le nombre de morts du côté de la coalition menée par les États-Unis s'élevait à 350. Le nombre de morts du côté irakien n'a pas été donné (vraisemblablement entre 35 000 et 70 000). On a estimé que l'opinion publique occidentale n'encaisserait pas une telle disproportion. Nous ne sommes plus à l'époque où l'on pouvait se vanter des lourdes pertes essuyées par l'ennemi.

Gérard Chaliand conclut, de là, que l'asymétrie majeure réside finalement moins dans l'armement ou la technologie que dans l'idéologie. La victoire de Cortés sur les Aztèques a très largement été de l'ordre de l'esprit : « On craint la fin du monde chez les Aztèques avec, en face, des conquérants assurés de leur foi et de la grandeur de leur souverain ». Sur ce plan, l'intense propagande de l'Arabie saoudite à partir de la première crise pétrolière (1973-1974) pour répandre l'idéologie islamiste radicale (dans sa version wahhabite) a porté ses fruits. Le travail de sape opéré sur les populations par les Frères musulmans, rivaux de l'Arabie saoudite, a aussi largement contribué à renforcer l'islamisme radical (comme l'ont montré les élections en Égypte en 2012). Une telle mobilisation des populations par l'idéologie ne peut se comparer qu'à celle du marxisme-léninisme ou à celle de Mao en Chine.

Le succès rencontré par la France au Mali - car il y a quelques succès - s'explique justement en partie par l'incapacité des islamistes à constituer une « base de masse » en raison du fait qu'ils opèrent, au Nord-Mali, dans des zones sous-peuplées. Dans ces conditions, la supériorité technologique des militaires français redevient un avantage de poids - sans compter que la France opère ici sur un terrain qu'elle connaît bien.

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Le succès au Mali s'explique aussi par le fait que, dès le départ, on a « pensé l'après ». L'accompagnement qui s'effectue après la victoire était la donnée majeure de la période coloniale. Il faut, écrit Joseph Gallieni, « développer le plus vite possible le réseau électrique. [...] C'est certainement plus à coup de routes et de télégraphes qu'on fait la conquête d'une colonie, qu'à coup de troupes ». Hubert Lyautey, sous les ordres de Gallieni à Madagascar, reprend le principe de la « tache d'huile » au Maroc : on apporte des améliorations économiques immédiates dans la zone contrôlée et l'on s'étend. Chaliand souligne, par contraste, qu'à l'été 2003, « les forces américaines n'ont pas pris les moyens de rétablir l'électricité à Bagdad, malgré la chaleur torride de l'été ». D'une manière générale, l'après-seconde guerre d'Irak est le contre-modèle des victoires coloniales.

L'islamisme est «condamné à perdre» dans la mesure où ses objectifs sont «totalement illusoires»
 

Les Américains n'ont pas tenu compte du fait que la minorité sunnite représentait la « classe dirigeante » non pas seulement depuis Saddam Hussein, mais déjà à l'époque de l'Empire ottoman, puis pendant le mandat britannique. En renvoyant l'armée et en interdisant à tout membre du parti Baas de faire partie de la future administration, Paul Bremer marginalisait entièrement les sunnites et se condamnait ainsi à l'échec. « Jamais, comme le précise Chaliand, un État anciennement communiste n'avait rejeté ainsi en bloc tous les membres du parti ». Le prix à payer pour cette erreur fondamentale a été, depuis, particulièrement élevé. Comme on sait, les sunnites marginalisés sont passés, comme c'était prévisible, à l'opposition armée : « Finalement, le rejeton de l'intervention américaine en Irak s'appelle l'État islamique ».

Le bilan pour les Occidentaux, depuis le Vietnam, n'est pas glorieux. Et nous n'avons rien dit de la Libye, où l'on ne s'est pas davantage donné les moyens de conquérir la paix. Les problèmes qui s'annoncent sont de taille : l'instabilité de l'Afrique subsaharienne au cours des années à venir laisse présager, en Afrique de l'Ouest comme en Afrique Orientale, une propagation de l'islamisme, nouvelle idéologie de contestation après le marxisme. Un tel problème doit être anticipé et traité, d'autant que la démographie ne nous sera pas favorable. Les erreurs commises dans le passé n'ont rien de fatal, à condition d'en tirer les leçons.

À terme, selon Gérard Chaliand, l'islamisme est « condamné à perdre » dans la mesure où ses objectifs sont « totalement illusoires ». Contrairement à la Chine ou à l'Inde, on ne voit rien, dans un mouvement révolutionnaire de ce genre, qui soit porteur d'avenir. On ne se développe pas par l'ivresse identitaire, mais par le travail. Ce dont disposent les islamistes, c'est d'une capacité de perturbation, elle bien réelle et durable. Dans ce contexte, conclut Chaliand, tout succès militaire de leur part sur le terrain « constitue une dangereuse propagande par l'action. C'est pourquoi, quelle que soit l'ambiguïté de nos alliances officielles, il faut agir de telle sorte que les mouvements islamistes ne remportent pas de victoires militaires, ni en Syrie ni ailleurs ».

samedi, 29 octobre 2016

Les ONG et les mécaniques de la guerre hybride

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Les ONG et les mécaniques de la guerre hybride

Les ONG liées à des intérêts étrangers jouent partout dans le monde un rôle irremplaçable dans la fomentation de guerres hybrides. La loi de la guerre hybride dit que ces types de conflits sont des affrontements identitaires montés de toutes pièces qui reposeraient sur la perturbation, le contrôle, ou l’influence de projets d’infrastructure multipolaires transnationaux conjoints, dans des États de transit clés, au moyen de stratégies de manipulation de régime, de changement de régime, ou de rebot de régime (R-TCR). Ces trois tactiques pourraient également être décrites comme des concessions politiques, une transition de leadership, «pacifique» ou violente, ou une modification fondamentale de l’État par des moyens tels que son détournement sous pression vers une Fédération d’identité facilement manipulable.

En ce qui concerne les types de conflits d’identité que devraient englober les guerres hybrides, ils peuvent être classés comme étant historiques, ethniques, religieux, socio-économiques et géographiques (tant en termes de politique administrative que d’appartenance régionale). Le catalyseur de la guerre hybride pourrait être prémédité ou dû au hasard, mais dans les deux cas, les scénarios de conflit sont poussés en avant par la participation publique ou discrète mais cruciale d’ONG liées à des intérêts étrangers (par leur financement, leur gestion, ou leurs amitiés, etc.), ce qui justifie la raison de leur l’étude dans cette analyse ainsi que des dernières tendances de la guerre hybride.

Pré conditionnement

Au sujet de toutes ces ONG liées à des intérêts étrangers (ci-dessous nommées simplement comme ONG) en dehors de celles qui sont engagées exclusivement dans le travail humanitaire avec l’autorisation explicite et la supervision de l’État hôte, elles se livrent au préconditionnement de la population cible pour lui faire accepter des récits politiques construits. Ces derniers portent principalement sur l’histoire, le social, et / ou des thèmes politiques qui visent à façonner la mentalité du public et contribuent à la formation d’identités absolument nouvelles (par exemple les Kosovars) ou à reformater celles qui existent déjà (par exemple du patriotisme au nationalisme, ou d’une citoyenneté inclusive à des nostalgies séparatistes exclusives).

Les ONG œuvrent aux côtés des médias traditionnels et des réseaux sociaux pour diffuser ces idées et en multiplier l’effet pour modifier la conscience de leur public afin de promouvoir l’organisation et les objectifs de ses modèles prédéterminés de promotion de la destruction de l’identité attaquée. Des «faits»douteux, faux et déshonorants circulent habituellement parmi le triangle des communautés information–médias–milieu universitaire et des agents sympathisants afin de répandre de nouvelles mythologies résultantes de la socio-ingénierie des mentalités des cibles démographiques à travers l’illusion fabriquée par des voix représentant une autorité.

Les graines des idéologies nouvelles et / ou historiquement démystifiées tels que le libéralisme et le nazisme sont plantées dans l’esprit du public et arrosées avec un flux régulier d’informations en soutien visant à accroître leur attrait et à jeter les bases de la prochaine manœuvre anti-gouvernementale. Après avoir été endoctriné avec le libéralisme, par exemple, les gens pourront devenir plus sensibles et jouer le rôle d’«idiots utiles» et manifester agressivement contre leur gouvernement, tout comme les croyants dans le nazisme et les «nationalismes»avant et pendant la Seconde Guerre mondiale ont pu être stimulés pour mener à bien des provocations haineuses contre leurs «ennemis» historiques.

Ces deux types d’idéologies pré-imprimées sont également utiles pour la promotion d’objectifs politiques déterminés au sein de l’État ciblé, l’ONG choisie dépendra de comment la fin exacte du conflit est envisagée. Le libéralisme est plus favorable à la formation de nouvelles identités à des fins séparatistes, alors que le nazisme (ou «nationalisme extrême» pour généraliser) a un rôle à jouer dans la haine furieuse anti-gouvernementale et pour provoquer des conflits interétatiques (par exemple les Oustachis croates tentant obsessionnellement de déstabiliser la Bosnie et la province serbe de Voïvodine).

Financement

Les ONG doivent recevoir leur argent de quelque part, et en dehors de la mendicité (ou de la «sollicitation de dons», comme ils l’appellent) dans les rues pour un peu d’argent de poche supplémentaire, la plupart d’entre elles reçoivent la majeure partie de leur financement de l’une des trois sources principales :

Gouvernements

Le gouvernement des USA finance des organismes gouvernementaux tels que le National Endowment for Democracy (auto-décrit en 1991 pour faire ouvertement ce que la CIA a fait secrètement pendant 25 ans avant) afin de se comporter comme un front d’agences de renseignement public-privé à l’étranger, dissimulant une expérience opérationnelle professionnelle derrière un déni plausible civil.

Sociétés

Certaines sociétés peuvent avoir un intérêt à déployer indépendamment leurs propres ONG, que ce soit pour faire pression au nom de leurs intérêts commerciaux ou pour les agiter contre leurs adversaires, avec potentiellement une escalade jusqu’à mettre une pression de type R-TCR (Régime − Tweaking, Change, Reboot) sur l’un ou l’autre gouvernement pour atteindre leurs objectifs.

Philanthropes

Les donateurs «privés» tels que George Soros et les princes saoudiens opèrent respectivement via la Fondation Soros et les «organisations caritatives islamiques»(ces dernières étant les premières à avoir été utilisées à grande échelle dans le monde entier via un réseau d’ONG dans les années 1980, période de la guerre en Afghanistan), leurs organisations étant réparties partout dans le monde et travaillant parfois pour défendre leurs intérêts cachés, main dans la main avec les clients gouvernementaux sélectionnés.

Chacune de ces trois sources différentes fournit des fonds de démarrage et de formation à leurs mandataires sur le terrain, avec pour désir de les voir réussir à cultiver une communauté de cinquième et même de sixième colonne pour les aider à atteindre leurs objectifs. La formation de l’organisation et les techniques d’organisation sont essentielles en raison de l’ampleur de leur influence sur l’efficacité d’un groupe, car à la fin de la journée, c’est généralement juste un petit noyau de membres qui comptent vraiment puisque leurs cohortes affiliées et les civils sont des bénévoles ou des dépenses temporaires à faible coût.

Les ONG sont également très utiles à leurs clients parce qu’elles fonctionnent comme des intermédiaires facilitateurs en donnant des pots de vin ou en faisant passer des menaces de chantage à différents particuliers (par exemple les journalistes) et des personnalités politiques, et si elles fonctionnent dans un environnement de «laissez faire», alors elles peuvent également participer utilement à différentes échelles d’activités de blanchiment d’argent à ces fins ou à l’appui des intérêts pécuniaires de leurs bailleurs. Même s’ils se font prendre, le seul degré de séparation plausible dont jouissent leurs sponsors en raison de leur statut prétendument «indépendant» est suffisant pour isoler leurs partisans de tout blâme officiel.

Figures de proue

Les ONG ont appris à utiliser des visages et du personnel local pour doter leurs bureaux à l’étranger, étant entendu que cela contribue à détourner toute critique immédiate de leurs liens avec l’étranger ainsi que de confondre les«journalistes d’investigation» un peu naïfs qui ne regardent que superficiellement les passeports des personnes qui y travaillent pour se faire une opinion. En réalité cependant, cette politique sert à peine à obscurcir les liens de ces ONG vers l’étranger quand il s’agit de duper la population sur laquelle elles projettent d’interagir, puisque des détectives spécialisés arrivent généralement avec succès à découvrir les liens financiers, les communications et les relations personnelles qui lient l’organisation étudiée avec une entité étrangère.

Les gens de la rue, cependant, pourraient ne pas avoir la moindre idée que leurs concitoyens, distribuant des tracts anti-gouvernementaux et les encourageant à se joindre à une manifestation, pourraient être employés par des entités étrangères, et même qu’une partie du personnel de l’ONG elle-même n’est pas plus au courant que cela. La volonté de secret qui accompagne les ONG envers les gens qui se joignent à une activité ou à une organisation rend nécessaire de cacher les liens étrangers derrière elle en les occultant délibérément, preuve que les auteurs de ces initiatives comprennent bien que les habitants hésiteraient probablement à participer s’ils savaient qu’ils étaient parrainés depuis l’étranger. Parce que beaucoup d’entre eux n’ont par ailleurs aucune idée à ce sujet, ils sont plus susceptibles d’être induits en erreur et d’y participer.

Ces figures de proue jouent également un autre rôle complémentaire qui est de promouvoir leur réputation vraisemblablement pacifique par la voie des médias en collusion qui ont un intérêt à représenter ces personnes comme des«manifestants calmes pro-démocratie» de manière à modifier sélectivement et suivant de fausses déclarations que les affrontements provoqués délibérément avec les autorités sont le résultat d’une «dictature impopulaire et avide de pouvoir tuant son propre peuple». Peu importe que rien de tout cela ne soit factuellement vrai, mais c’est la perception erronée délibérée qui compte en raison de la facilité avec laquelle ces récits fabriqués peuvent rapidement exploser en un événement local, régional ou national complètement hors de proportion afin de le transformer rapidement en une «crise internationale» qui invite les gouvernements étrangers à faire une pression très médiatisée sur l’état ciblé.Parmi les figures de proue des ONG, il est important de mentionner que les dirigeants des ONG anti-gouvernementales sont parfois des pasteurs (Zimbabwe), des moines (Myanmar, la Région autonome du Tibet), ou des étudiants («traditionnels» dans les révolutions de couleur), tous ayant la réputation internationale d’être apparemment inoffensifs et sans danger. Peu importe si c’était effectivement vrai avant l’événement (je vais détailler plus bas) ou non, le fait est qu’au moment ou ces acteurs prétendûment pacifiques commencent à manifester énergiquement contre le gouvernement, pour provoquer des conflits avec la police et l’armée, et parfois même attaquer les agents d’application de la loi et des biens publics et privés, ils ont perdu leur droit à être traités d’une manière non violente, justifiant ainsi des techniques décisives de contrôle des foules par les autorités (et parfois la main est lourde).

Exigence de «démocratie»

La tactique que toutes les ONG affiliées politiquement (soit ouvertement déclarée ou secrètement pour cet aspect de leur action) finissent par poursuivre est, à terme, de faire pression sur leur gouvernement hôte dans le but de le rendre plus «démocratique». La raison pour laquelle la «démocratie» est une telle obsession pour ces organisations et leurs bailleurs de fonds n’a pas nécessairement quelque chose à voir avec ses qualités intrinsèques «normatives»(le plus souvent dû à une volonté occidentale pour cette idéologie), mais par sa structure pratique qui régulièrement recycle le leadership de ces pays. Les«démocraties» occidentales sous influence ont des cycles électoraux prévisibles qui sont compris dans la théorie de la guerre hybride comme ne représentant rien de plus que des possibilités «pacifiques» pour un changement de régime, démontré par l’activité frénétique que les ONG engagent avant, pendant et immédiatement après ce moment. Les «démocraties» occidentales sont également marquées par une culture politique inséparable des lobbyistes (des corrupteurs juridiques) et les médias grand public à vocation commerciale, ce qui rend le tout plus facile pour les intervenants étrangers et leurs pions que sont les ONG locales pour interférer avec le processus «démocratique», pour le court-circuiter dans le sens de leurs objectifs.

Si les élections ne débouchent pas sur le résultat souhaité par les ONG et leurs bailleurs de fonds internationaux, ou si le cycle électoral suivant n’est pas assez proche dans le temps et que ces acteurs s’impatientent et / ou croient que la fenêtre pour parvenir à leurs fins politiques pourrait se refermer à un moment donné, alors ils conspirent pour concevoir un événement qui met la pression sur le gouvernement et se lancent dans un R-TCR avec la menace omniprésente de la guerre hybride. Parmi les exemples du type de pression qui pourrait être exercé contre les autorités, il y a les drames liés aux élections, les scandales de corruption (éventuellement provoquées par des «fuites» de la NSA grâce aux écoutes électroniques et / ou des documents comme au Brésil lors du «coup d’État constitutionnel» ou la tentative de guerre hybride macédonienne qui a échoué), les mouvements perturbateurs au niveau de la société civile ( l’Electric Yerevan en Arménie par exemple). Il y a aussi la politisation de transactions controversées (par exemple l’accord d’association UE-Ukraine) qui tentent de forcer un nouveau cycle d’élections.

Si le gouvernement n’est pas retourné, ou changé, ou redémarré après l’expérience de la contrainte de la «pacifique» révolution de couleur que les intérêts étrangers et leurs fantassins des ONG tentent de forcer«démocratiquement», alors le(s) gouvernement(s) étranger(s) derrière la mascarade pourrait prendre la décision de commencer une guerre hybride par une transition de la révolution de couleur vers une guerre non conventionnelle. Il n’est pas toujours garanti que ce sera le cas, car parfois certains troubles de type révolution de couleur ne sont pas pleinement soutenus par leurs sponsors étrangers et leur réseau d’ONG et ne sont que des coups de sondes pour l’évaluation des vulnérabilités structurelles, des réponses et d’autres sortes de renseignements précieux qui pourraient être utile dans un scénario de futur R-TCR qui sera mené avec plus de détermination et pris en charge à ces fins. Après tout, si l’état est assez fort pour se défendre contre cette attaque asymétrique en utilisant des mesures de sécurité démocratique et / ou que l’insurrection future n’a pas la viabilité à long terme pour soutenir une campagne réussie de guerre hybride de type R-TCR (peut-être si un efficace arrangement régional Lead From Behind ne peut pas être construit à temps), les bailleurs de fonds étrangers pourraient retirer leur soutien à cette agitation et attendre une autre occasion future qui pourra être conçue à un moment plus décisif.

Faire le saut

Quand une Révolution de couleur avance vers une transition progressive de guerre hybride évoluant vers une guerre non conventionnelle, une grande partie de l’ancien agencement structurel qui tire les ficelles reste tout simplement en place, mais sous un autre nom. La plupart des réseaux d’ONG et leur personnel se transforment en insurgés armés ou fournissent aux combattants un soutien informationnel, organisationnel, logistique et / ou matériel.

Bien que les tactiques de R-TCR aient changé, le principe reste toujours le même, mais avec un afflux notable et moins secret d’aide étrangère (insurgés, armes) pour la poursuite de ces objectifs.

Toutes les ONG et leurs travailleurs ne sont pas liées à des intérêts étrangers et ne participent pas à des activités ouvertement séditieuses, mais il est fort à parier que bon nombre d’entre elles le sont d’une façon ou d’une autre, puisque, après tout, la seule différence entre les révolutionnaires de couleur et leurs homologues des guerres non conventionnelles sont les moyens qu’ils sont prêts à employer pour atteindre leur objectif commun, avec chaque main lavant l’autre dans l’exécution des tâches complémentaires à cette fin.

Pour finir

La guerre hybride est la dernière forme d’agression menée par les forces unipolaires contre l’ordre mondial multipolaire émergeant, et la façon indirecte avec laquelle elle est pratiqué, protège l’auteur de répercussions immédiates et augmente donc l’attrait de ce stratagème. Vu que le recours à la guerre hybride comme instrument de politique étrangère ne montre aucun signe réel d’apaisement dans un avenir prévisible en raison de sa nouveauté et de sa nature rentable dans son application, il y a une urgence pressante à comprendre toutes ses facettes pour mieux la combattre, et donc la pertinence d’exposer le rôle central que jouent les ONG dans ce processus.

Il faut se souvenir que les guerres hybrides reposent sur une instigation depuis l’extérieur et la manipulation par la suite d’un conflit d’identité dans un état de transit ciblé le long de la voie d’un projet multipolaire transnational de premier plan concernant des infrastructures conjointes. Il est beaucoup plus facile de conceptualiser la fonction que les ONG liées à des forces étrangères hostiles qui ont intérêt à mettre cette séquence de «chaos contrôlé» en mouvement. Ces groupes sont chargés de provoquer un sentiment de séparation d’identité parmi la population, un sentiment manipulé par de l’ingénierie sociale dont les organisateurs pensent qu’il finira par transformer des citoyens patriotiques en sympathisants anti-gouvernementaux.

Les réseaux d’ONG et le personnel local participent à ce programme aidé de l’étranger et aspirent à perturber, contrôler ou influencer ces projets d’infrastructure mentionnés ci-dessus grâce à divers degrés de pression R-TCR contre les autorités. Ils peuvent se transformer en insurgés ou d’autres formes de menaces asymétriques lorsque leurs tactiques de révolution de couleur échouent pour commencer progressivement à prendre une forme de guerre non conventionnelle améliorée. Comme les ONG liées à des intérêts étrangers sont les forces d’avant-garde en tête de la dernière itération de la guerre hybride partout dans le monde, il est dans l’intérêt de chaque gouvernement responsable de placer des contrôles de surveillance et des restrictions opérationnelles sur ces groupes afin de neutraliser leurs capacités offensives et d’assurer la sécurité nationale.

Andrew Korybko | 23 septembre 2016

Andrew Korybko est un commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est l’auteur de Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime.

Article original: Oriental Review

Traduit par le blog Vers ou va-t-on

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

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Robert Steuckers:

Réflexions géopolitiques sur les turbulences du Donbass

Maintes fois, j’ai eu l’occasion de souligner l’importance de l’Ukraine et plus spécialement de la partie orientale de cette nouvelle république née après la dissolution de l’Union Soviétique. Cette partie, le Donbass, est aujourd’hui en effervescence, une effervescence fabriquée et importée dans des buts bien précis. Cette région est en effet une région-portail (une « gateway region » disent les stratégistes américains), c’est-à-dire une région dont la maîtrise assure le contrôle et la fluidité optimale des communications entre les blocs impériaux, les vastes espaces politiquement unifiés, situés à l’Est et à l’Ouest de leur territoire. Si une puissance extérieure à cet espace finit par contrôler une telle région-portail, les communications optimales entre les empires voisins se compliquent voire se tarissent. En l’occurrence, une pacification du Donbass sans russophobie ni europhobie permettrait à l’Union européenne, à la Russie, aux petites puissances du Caucase, au Kazakhstan, à l’Iran et finalement à la Chine de construire et de consolider sur le long terme des réseaux ferroviaires, routiers et fluviaux donc à fonder des impérialités pratiques autorisant tous les échanges sur la masse continentale asiatique : nous aurions un dépassement des infra-impérialismes, des survivances des impérialismes antagonistes du passé, de tous les internationalismes secs et irrespectueux des legs du passé, etc. Les dynamismes globaux pourraient s’exprimer mais sans araser les traditions pluriséculaires voire plurimillénaires des civilisations qui ont marqué de leur sceau de vastes régions d’Eurasie.

L’histoire des théories géopolitiques nous l’enseigne : l’impérialisme britannique hier, l’impérialisme américain aujourd’hui ont toujours refusé toute synergie continentale à même d’impulser des dynamismes qui échapperaient à leur contrôle et procureraient aux peuples des fluidités qui ne seraient pas marines. On connait l’histoire du « Grand Jeu » à partir du 19ème siècle : la puissance maritime britannique, maîtresse des Indes, cherchait par tous les moyens à repousser la puissance continentale des tsars loin des « rimlands » qu’elle entendait contrôler jusqu’à la fin des temps. La guerre de Crimée n’est pas autre chose qu’une tentative de bloquer la Russie sur la rive septentrionale de la Mer Noire. Dans Kim, un roman de Kipling situé aux Indes, il s’agit de démasquer les espions russes qui se promènent, sous prétexte de recherches archéologiques, géologiques ou zoologiques, dans les montagnes de l’Himalaya ou de l’Hindou Kouch. Aujourd’hui, on n’envoie pas la Brigade Légère ou les troupes de Mac Mahon en Crimée : on pratique la guerre de quatrième génération, la guerre indirecte, le « proxy warfare ». Les combats qui se déroulent dans le Donbass à l’heure actuelle ne sont finalement que des réactualisations de ceux qui ont ensanglanté la Crimée entre 1853 et 1856.

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Nous vivons un cycle non encore clos de guerres mondiales depuis les affrontements franco-britanniques en marge de la guerre européenne de Sept Ans, à la suite de laquelle la France a perdu l’Inde et le Canada, soit toute prépondérance en Amérique du Nord et dans le sous-continent indien, dans l’Atlantique Nord et l’Océan Indien (« Océan du Milieu »). Suite à cette défaite majeure, Louis XVI poursuit une politique navale qui mènera le Royaume de France à reprendre le contrôle de l’Atlantique Nord en 1783, suite au soulèvement des « Insurgés » américains, tandis que, la même année, Catherine II, Impératrice de toutes les Russies, boute les Ottomans hors de Crimée et y installe des bases navales russes, dans l’intention de cingler vers Constantinople, de franchir les Dardanelles et de pénétrer dans le bassin oriental de la Méditerranée. Catherine II voulait créer une civilisation éclairée germano-balto-slave entre Baltique et Mer Noire, marqué par les souvenirs lumineux de l’hellénisme.

La situation est analogue aujourd’hui. Un retour de la Russie dans les ports de Crimée signifie, aux yeux des Atlantistes qui ne pensent qu’en termes de belligérance éternelle, 1) une menace permanente sur la Turquie (en dépit de l’alliance actuelle et très récente entre Erdogan et Poutine), 2) un risque de voir Moscou revenir et s’accrocher en Méditerranée orientale, au départ de la base navale de Tartous en Syrie. Pour enrayer ce processus potentiel, contraire aux intentions géopolitiques habituelles des puissances maritimes anglo-saxonnes, il faut désormais, dans la perspective des guerres de quatrième génération, soit fabriquer une nouvelle « révolution orange » analogue à celles de 2004 et de 2011, soit, si ce type de subversion ne fonctionne plus, créer un abcès de fixation durable sous forme d’un conflit chaud plus ou moins classique, afin d’atteindre un double objectif : barrer la route des Dardanelles à la Russie, imposer un verrou sur la nouvelle route de la soie entre l’Europe et la Chine, exactement à l’endroit où Génois et Vénitiens se connectaient aux voies commerciales de l’Asie centrale, vers l’Inde et la Chine, principales puissances économiques de la planète avant la révolution industrielle, la conquête définitive des Indes par les Britanniques et la destruction de la Chine impériale suite aux guerres de l’opium.

La stratégie des révolutions de couleur a certes fonctionné en Ukraine mais elle s’est aussi avérée insuffisante pour éliminer toute présence russe en Crimée et en Mer Noire ou pour gêner l’utilisation de la voie fluviale que constitue le Don, qui se jette en Mer Noire juste à l’Est de la péninsule criméenne, un Don qui lie les espaces maritimes pontique et méditerranéen au cœur des terres russes. Pour pérenniser un abcès de fixation au flanc d’une Russie qui se réaffirme, il faut bien davantage que du désordre civil permanent, que des manifestations ou des concerts de casseroles. Il faut une zone de turbulences chaudes, il faut exploiter des facteurs plus explosifs, plus incendiaires (ce n’est pas un hasard si l’on commence à reparler de « pyropolitique », c’est-à-dire de stratégies visant littéralement à livrer les pays récalcitrants  -ou les régions-portail utiles aux adversaires principaux du moment-  à un feu dévorateur, celui de la guerre chaude entretenue sur le long terme ou celui du terrorisme qui manie explosifs, voitures piégées, etc). Pour déclencher et maintenir cette pyro-stratégie, les services utiliseront des formes résiduaires de nationalisme outrancier, qui ont sans doute eu leurs raisons dans l’histoire, comme d’autres reliquats de nationalismes violents en Europe occidentale. Mais qui aujourd’hui ne servent plus qu’à asseoir des politiques belligènes et retardatrices d’une grande synergie eurasiatique. Je rappelle ici que Carl Schmitt qualifiait de « retardatrices » les puissances thalassocratiques anglo-saxonnes : ou, plus subtilement, des « accélératrices contre leur volonté » car leurs démarches retardatrices accéléraient la prise de conscience de leurs adversaires qui, pour répliquer, ne pouvaient que faire taire tous leurs antagonismes stériles et anachroniques.

Les mêmes services retardateurs (ou accélérateurs involontaires, Beschleuniger wider Wille) importeront, pour parachever l’horreur, dans l’Est de l’Ukraine ou en Crimée, une dose de djihadisme tchétchène pour pallier le manque d’enthousiasme ou de volontaires. On tentera, dans la foulée, de lier ce djihadisme, forcément marginal en Ukraine, terre uniate à l’Ouest, terre orthodoxe au centre, à l’Est et au Sud, à celui des djihadistes du Caucase ou de Syrie. Il se créera ainsi une internationale des forces subversives/retardatrices, insoupçonnée pour le commun des téléspectateurs vu son invraisemblable hétérogénéité, fabriquée au départ de nationalismes résiduaires, de souvenirs de la seconde guerre mondiale, de particularisme tatar ou d’islamisme fondamentaliste : les techniques d’ahurissement médiatique pourront alors donner leur pleine mesure ! C’est là, précisément, que réside la supériorité des internationales de fausse résistance, mises en œuvre par les puissances maritimes : elles sont vendues à un public occidental ignorant à grands renforts de campagnes médiatiques, un public qui, par le truchement d’une autre propagande biséculaire, se croit le plus éclairé de la planète où ne vivraient que des abrutis. Elles parviennent à mobiliser et à unir des forces qui seraient normalement hostiles les unes aux autres, ou qui s’ignoreraient si aucune impulsion extérieure ne s’exerçait, dans un projet destructeur dont elles seront les seules à tirer bénéfice.

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Les Etats-Unis peuvent se permettre une telle stratégie destructrice, pyropolitique, parce qu’ils sont une puissance extérieure aux espaces russe, pontique, méditerranéen oriental, proche-oriental.  Les effets destructeurs qu’ils enclenchent n’ont guère d’effets sur leur propre sanctuaire national. La bride est laissée sur le cou du milliardaire Soros pour créer ce chaos au départ de sociétés en apparence privées, d’organisations non gouvernementales qui reçoivent tout de même de larges subsides de fondations liées aux deux principaux partis américains. Ces interventions subversives sont autant d’indices de ce que la géopolitique allemande de Karl Haushofer nommait des « Wachstumsspitzen », soit des « pointes avancées d’une croissance », en l’occurrence une croissance impérialiste illégitime car anti-impériale et retardatrice de processus unificateurs et pacificateurs.

La présence américaine en Méditerranée est déjà l’indice de l’éviction des puissances maritimes européennes hors de l’espace même de leur propre aire civilisationnelle. Ce processus d’éviction s’est effectué en plusieurs étapes. Immédiatement après la première guerre mondiale, est signé le bien oublié Traité de Washington (1922). Ce Traité impose la parité du tonnage des flottes de guerre pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni (+ /- 500.000 tonnes), octroie 300.000 tonnes au Japon qui hérite dans le Pacifique de la Micronésie allemande et ne laisse à la France que 220.000 tonnes et à l’Italie à peine 180.000 tonnes. Les puissances méditerranéennes sont lésées. L’Allemagne et la jeune URSS ne sont pas concernées par le traité, les bâtiments de la flotte austro-hongroise ont été détruits ou redistribués aux alliés vainqueurs (dont la Yougoslavie). Le tonnage et le statut de la flotte allemande sont réglés par le Traité de Versailles, qui les réduit à presque rien. Les puissances thalassocratiques sont telles parce qu’elles ont imposé un traité qui jugulait expressément le tonnage de leurs adversaires ou de leurs alliés putatifs. Aucune puissance ne pouvait égaler ou dépasser la flotte américaine en plein développement depuis 1917 ; aucune puissance maritime mineure (ou devenue mineure) ne pouvait dépasser les tonnages qui leur avaient été imposés en 1922. Ce Traité de Washington est rarement évoqué, bien qu’il soit déterminant pour l’histoire mondiale jusqu’à nos jours (où la Chine développe ses capacités maritimes en face de ses côtes…). On ne l’évoque guère car la France de la Chambre bleue-horizon, qui chante une victoire chèrement acquise au prix du précieux sang de ses classes paysannes, voit cette victoire se transformer en victoire à la Pyrrhus dès le moment où ce Traité de Washington lui barre de fait la route du large et écorne sa puissance en Méditerranée. La flotte de 220.000 tonnes est certes suffisante pour tenir les parts de l’Empire en Afrique du Nord et au Levant mais est bien insuffisante pour dominer le large, pour se projeter vers le Pacifique ou l’Atlantique Sud. Tirpitz l’avait dit : à l’aube du 20ème siècle, une puissance n’est vraiment puissante que si elle a pu développer ses capacités navales. L’Italie n’obéira quasiment jamais aux injonctions du Traité. L’Allemagne ne remontera jamais la pente, en dépit de son régime totalitaire. La France non plus, ni avant guerre ni après guerre, malgré les audaces théoriques de l’Amiral Castex à l’ère gaullienne.

En 1940, l’horrible tragédie de Mers-el-Kébir porte un coup terrible aux capacités maritimes de la France. A partir de 1945, la présence américaine en Méditerranée occidentale et orientale, dans le cœur même de l’espace civilisationnel européen, est prépondérante et se renforce par le soutien inconditionnel apporté à l’Etat d’Israël, devenu au fil des décennies le gardien des côtes les plus orientales de la Grande Bleue, à portée du Canal de Suez. Après l’affaire de Suez en 1956, Britanniques et Français sont vivement priés de cesser toute revendication dans l’espace est-méditerranéen.

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La double problématique de la Crimée et du Donbass doit être pensée dans ce contexte général d’éviction des petites et moyennes puissances maritimes hors des mers intérieures de la grande masse continentale eurasienne. Les grandes puissances thalassocratiques ont d’abord visé la Méditerranée (et l’Adriatique qui offre un tremplin vers le cœur de la Mitteleuropa germano-danubienne), ensuite le Golfe Persique par les interventions successives contre l’Irak de Saddam Hussein et par le boycott de l’Iran (précédé d’un sabotage de la flotte du Shah). Aujourd’hui, c’est la volonté de s’immiscer plus profondément encore dans cette masse continentale, en contrôlant la Mer Noire et en contenant la Russie le plus loin possible de son littoral, qui justifie les interventions en Ukraine et en Crimée, le soutien à une Géorgie en voie d’occidentalisation politique et l’appui indirect, par financement saoudien ou qatari, des djihadistes tchétchènes ou daghestanais. Demain, en déployant une double stratégie de soutien et aux djihadistes caucasiens et à un Azerbaïdjan qui, allié à la Turquie, neutraliserait l’Arménie (encore maîtresse du Nagorno-Karabagh), en organisant ensuite la subversion de l’Ouzbékistan après le récent décès de son président Karimov, la thalassocratie américaine visera à contrôler aussi la Caspienne pour en chasser Russes et Iraniens et pour arrêter la « Wachstumsspitze » économique chinoise en Ouzbékistan, qui lui livre désormais la quasi-totalité des hydrocarbures qu’il produit. Finalement, la stratégie de Brzezinski, élaborée dans son ouvrage Le Grand échiquier (1997), triomphera si aucune résistance ne se dresse, si aucune rétivité par rapport aux médias dominants ne surgit pour contrecarrer ce projet faisant fi de la diversité et de la multipolarité du grand espace eurasien et du monde. Tels sont les enjeux vitaux qui se jouent aujourd’hui au Donbass. Peu d’Occidentaux l’ont compris. Quelques-uns, des aventuriers aux cerveaux hardis, participent à ce combat pour préserver l’héritage de la triple alliance continentale du 18ème entre la France, l’Autriche et la Russie.

 (Forest-Flotzenberg, octobre 2016).

vendredi, 28 octobre 2016

Paper Tiger ISIS Digs Into Mosul

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Paper Tiger ISIS Digs Into Mosul

Islamic State(IS), the defender of Mosul, is a paper tiger, blown out of all proportion by western media.  IS is, as this  writer has been saying for years, an armed mob made up of 20-something malcontents, religious fanatics, and modern-day anarchists.  At its top is a cadre of former Iraqi Army officers with military experience.

These former officers of Saddam Hussain are bent on revenge for the US destruction of their nation and the lynching of its late leader. But IS rank and file has no military training, little discipline, degraded communications, and ragged logistics.

In fact, today’s Islamic State is what the Ottoman Empire used to term, ‘bashi-bazouks,”  a collection of irregular cut-throats and scum of the gutter sent to punish and terrorize enemies by means of torture, rapine, looting, and arson. 

What has amazed me about the faux western war against ISIS is its leisurely nature, lack of élan, and hesitancy. In my view, ISIS was mostly created by the US and its allies as a weapon to be used against Syria’s government – just as the Afghan mujahadin were used by the US and the Saudis to overthrow the Soviet-backed Afghan government. Israel tried the same tactics by helping create Hamas in Palestine and Hezbollah in Lebanon.  Both were cultivated to split the PLO.

ISIS is an ad hoc movement that wants to punish the West and the Saudis for the gross carnage they have inflicted on the Arab world.

Western and Kurdish auxiliary forces have been sitting 1.5 hours drive from Mosul and the IS town of Raqqa for over a year. Instead, western – mainly US – warplanes have been gingerly bombing around these targets in what may be an effort to convince breakaway ISIS to rejoin US-led forces fight the Damascus regime.

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Note that ISIS does not appear to have ever attacked Israel though it is playing an important role in the destruction of Syria. Some reports say Israel is providing logistic and medical support for IS.

The siege of Mosul is being played up by western media as a heroic second Stalingrad. Don’t be fooled. IS has only 3-5,000 lightly armed fighters in Mosul and Raqqa,  maybe even less. The leaders of IS are likely long gone. IS has few heavy weapons, no air cover at all, and poor communications. Its rag-tag fighters will run out of ammunitions and explosives very quickly.

Encircling Mosul are at least 50,000 western-led soldiers, backed by heavy artillery, rocket batteries, tanks, armored vehicles and awesome air power

The western imperial forces are composed of tough Kurdish peshmerga fighters, Iraqi army and special forces, some Syrian Kurds, Iranian ‘volunteers’ irregular forces and at least 5,000 US combat troops called “advisors”, plus small numbers of French,  Canadian and British special forces. Hovering in the background are some thousands of Turkish troops, supported by armor and artillery ready to ‘liberate’ Iraq – which was once part of the Ottoman Empire.

For the US, current military operations in Syria and Iraq are the realization of an imperialist’s fondest dream: native troops led by white officers, the model of the old British Indian Raj. Washington arms, trained, equips and financed all its native auxiliaries.

The IS is caught in a dangerous dilemma. To be a political movement, it was delighted to control Iraq’s second largest city. But as a guerilla force, it should not have holed up in an urban area where it was highly vulnerable to concentrated air attack and being surrounded. This is what’s happening right now.

In the mostly flat Fertile Crescent with too few trees, ground forces are totally vulnerable to air power, as the recent 1967, 1973 Israel-Arab wars and 2003 Iraq wars have shown. Dispersion and guerilla tactics are the only hope for those that lack air cover.

IS forces would best advise to disperse across the region and continue their hit-and-run attacks. Otherwise, they risk being destroyed. But being mostly bloody-minded young fanatics, IS may not heed military logic and precedent in favor of making a last stand in the ruins of Mosul and Raqqa.

When this happens, western leaders will compete to claim authorship of the faux crusade against the paper tiger of ISIS.

mercredi, 26 octobre 2016

The Battle for Mosul and the Kurdish factor

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The Battle for Mosul and the Kurdish factor

Ex: http://www.katehon.com

Over the course of last week, attention was focused on two key points in the Middle East. These points are Syrian Aleppo and Iraqi Mosul where operations are being carried out to liquidate terrorists. In the first case, Syrian and Russian forces are carrying out an operation, while in the second one, an international coalition headed by Iraqi forces and Peshmerga (in fact, the army of the autonomous region of Iraqi Kurdistan) is in charge. 

The situation with Aleppo is more or less clear. Aleppo is a key node located near the border with Turkey. Various terrorist groups, some of which are supported by the West, are concentrated in and around the city. 

The situation in Mosul is different.

Mosul is a strategically important point, which opens the road to the North of Iraq and then to Syria and Turkey, as well as to the south of the country. In addition, oil fields, which are the engine of the Iraqi economy, are situated in its immediate vicinity.

The United States’ intervention in Iraq in 2003 created uncontrollable chaos there.  Washington realized its mistake only much later, even after the appearance of ISIS, the core of which was made up by Al-Qaeda militants and the commanders of the Iraqi Special Republican Guard that were all held at the same place under arrest during US occupation. Now Washington is trying to rectify its mistake by rendering support to the Arab part of Iraq through Baghdad, as well as the Kurdish autonomous region directly through the capital, the city of Erbil.

The Centre for Joint Operations was established in Erbil on the basis of which the military forces of the US, Germany, France, the Netherlands, and Canada conduct operations. The first violin belongs to Washington. In February 2015, the international airport in Erbil actually became a US Air Force base at which multipurpose and military transport helicopters, spy planes, and drones are based. 

US Secretary of Defense Ash Carter visited Erbil on October 23rd and proposed to improve the US’ strategy by purposefully assassinating ISIS leaders. The conventional efforts of American forces are obviously not enough to overwhelm ISIS. 

On Friday, an American instructor died when his car was blown up by a homemade explosive device which was placed by terrorists around Mosul. Moreover, ISIS members use unmanned aircraft packed with explosives to attack the vanguard of the anti-terrorist coalition. Snipers and suicide bombers, regularly undermining armor and troops, have become the norm in the battle for Mosul. Besides, ISIS has succeeded in creating improvised mortars, ammunition, and reconnaissance means. At the military base of Peshmerga, there are trophy “Black Tigers” captured from ISIS which show the ingenuity of the terrorists.  Taking into consideration the fact that among the ranks of ISIS there are citizens from the EU with technical education, it is clear that their knowledge serves the jihadists in their destructive purposes.

Together with the Western coalition, Kurdish Peshmerga, Iraqi forces, and also Shiite militias are actively participating in the operation. Last week, an unprecedented agreement was adopted between the Kurdish autonomy and official Baghdad. Peshmerga coordinated joint actions with Iraqi forces, as reported by Field General S. Barzani. The Kurds have given the Iraqi military a corridor to the north of Mosul to effectively encircle the city. There is no such agreement with the Shiite militia, as Peshmerga is nervous over the Shiite militias which are advancing from the south and could make problems in the Kurdish areas.

On Friday, October 21st, in trying to distract the main force of the assault on Mosul, ISIS terrorists attacked a power plant in Kirkuk and seized a hotel in the city. There was also an attempt to capture a school. Peshmerga, the local police, and Asayîş security forces tracked down a group of 70 people and destroyed the group’s active part. The ensuing firefight lasted until Sunday, October 23rd. The last terrorist blew himself up. Part of the terrorists, including the organizers of the attacks known as Abu Mustafa, Abu Mohamed, az Ezawi, Abu Ali, Abu Ghassan, Abu Yahya and several others, were arrested. Local Arabs were found to have helped terrorists during the attack. So-called “sleeping cells” were activated through which the terrorists managed to get into the city and carry out the attack. 

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Moreover, it is important to note that today the city of Kirkuk is home to a mixed Arab-Kurdish population. Saddam Hussein began to carry out an assimilation policy in the area, but now Kirkuk is part of the Kurdish autonomy. The participation of the Arab population in the terrorist attack worsens their situation. The full resettlement of the city is the most drastic possible measure, although this issue will have to be negotiated with Baghdad.

The issue of internally displaced persons is not a new problem for the Kurds. About one million refugees are found across the territory of Iraqi Kurdistan, both from the regions of Iraq engulfed by the war as well as from neighboring Syria.

Rather, the real problem problem is the Turkish presence. Two weeks ago, the Turkish Armed Forces entered the territory of northern Iraq, justifying such by the need to combat ISIS. However, the main part of the force stopped at 20 km north-east of Mosul in the Ba'shiqah camp. Neither the US nor Kurdish Peshmerga gave approval for further advance. However, relations with the Turks may change. On Sunday, at the request of Peshmerga, Turkish forces supported the Kurds with tanks and artillery. Rumors about the geopolitical ambitions of Turkey concerning both Aleppo and Mosul have no real substantiation. Turkey is most likely trying to demonstrate its capabilities with minimal involvement in the conflict.

The capture and liberation of Mosul will probably take two months. The situation is seriously complicated by the fact that there are many civilians in the city.

Carpet bombings, which the Americans like to do, are unacceptable in the case of Mosul. Meanwhile, the US special operations forces in the ranks of the coalition do not have combat experience in Iraq. This is true for at least most of the American troops, as the author and former US career military intelligence officer, Michael Philip Pregent, officially confirmed during his visit to Erbil.

The US is situationally acting together with the Iraqi forces and Peshmerga, providing aid in the field of intelligence, training, and equipment. This lack of strategy, of course, will delay the success of the operation. ISIS will try to hit somewhere in the other direction, including within Europe. Moreover, even after the defeat of the terrorists, there is a high likelihood that they will merely reorganize. 

General S. Barzani, commenting on the start of the large-scale operation, said on Friday: “We are concerned about the emergence of ISIS 2.0 after the liberation of Mosul.”

mardi, 25 octobre 2016

WikiLeaks: Hillary Clinton wil Turkije binnen EU om aan TTIP toevoegen

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WikiLeaks: Hillary Clinton wil Turkije binnen EU om aan TTIP toevoegen

Gehackte mails: Hillary wil als president wereldwijd vrij verkeer van goederen en personen invoeren, wat betekent dat Amerika en Europa tientallen miljoenen economische migranten zullen moeten accepteren

Uit een nieuwe serie door WikiLeaks gepubliceerde gehackte emails blijkt dat Hillary Clinton als president van plan is om wel degelijk het omstreden TTIP vrijhandelsverdrag –waar vandaag in Amsterdam tegen wordt gedemonstreerd- met de EU te ondertekenen, en daarna buiten de Europese parlementen om Turkije eraan toe te voegen. Hierdoor zal de islamistische Turkse dictator Recep Tayyip Erdogan nog veel meer macht over de lidstaten van de Europese Unie krijgen dan nu al het geval is.

Amerika’s voormalige ambassadeur in Brussel schreef dat Erdogan gepikeerd zou zijn omdat Turkije niet in de onderhandelingen over het TTIP wordt betrokken. Erdogan zou erop aandringen om Turkije er alsnog aan toe te voegen, en het IMF manipuleren om nog meer miljarden in de kwakkelende economie van het land te steken.

Volgens The Express zullen deze ‘schokkende onthullingen woede veroorzaken in Europese hoofdsteden’, en dat terwijl steeds meer politici het door Brussel gewenste Turkse lidmaatschap toch al niet meer zien zitten, omdat Erdogan zijn land als een ware dictator is gaan regeren, en zich aan vrijwel niet één afspraak blijkt te houden.

‘Na het verdrag de Turken toevoegen’

Hillary Clinton paait de publieke opinie door te suggereren dat ze als president het TTIP wel eens zou kunnen blokkeren. Achter de schermen blijkt ze –zoals met alle gevoelige onderwerpen het geval is- totaal andere plannen te hebben. Uit de gelekte privé emails komt naar voren dat ze juist een groot voorstander van het TTIP is, en zelfs wil toewerken naar een wereldwijd vrij verkeer van goederen en personen. Dat laatste houdt in dat Europa en Amerika onbeperkte aantallen migranten zullen moeten toelaten.

In een email aan Hillary’s adviseur buitenlands Beleid, Jake Sullivan, schreef de oud ambassadeur voor de EU, Stu Eizenstat, dat Clinton als president het TTIP gewoon door zal laten gaan. ‘Turkije is boos niet bij de onderhandelingen te zijn. Ze zijn bang om markten in Europa en de VS te verliezen. We kunnen hen niet toevoegen, maar we moeten hen duidelijk maken dat ze na het verdrag kunnen toetreden.’

‘Mijn droom: Open handel en open grenzen’

In tal van duur betaalde toespraken voor Wall Street topmanagers heeft Hillary Clinton gezegd dat het opheffen van de grenzen tussen landen één van haar belangrijkste doelstellingen als president zal zijn. Tijdens haar verkiezingscampagne houdt ze haar aanhangers echter het tegenovergestelde voor, omdat ze weet dat vrijhandelsverdragen en open grenzen, waardoor de Verenigde Staten (en Europa) overspoeld zullen worden door tientallen miljoenen economische gelukszoekers, erg impopulair zijn.

‘Mijn droom is een hemisferische gemeenschappelijke markt met open handel en open grenzen, ergens in de toekomst en met zo groen en duurzaam mogelijke energie, waardoor we groei aanjagen en iedereen een kans geven,’ citeerde Tony Carkk, research directeur van haar campagne, Hillary Clinton. Daarom wil ze zoveel mogelijk barrières voor het vrije verkeer van goederen en personen permanent opheffen.

Trump wil banen terughalen naar Amerika

Het globalisme heeft in de Verenigde Staten juist een verlies van miljoenen banen veroorzaakt, die allemaal naar lage lonenlanden werden verplaatst. Donald Trump doet het erg goed onder deze werkloze en meestal sterk verarmde mensen, omdat hij belooft de weggesluisde banen weer naar het land terug te brengen.

Ook op basis van het laatste pakket gehackte emails kan de conclusie worden getrokken dat Hillary Clinton het Amerikaanse volk voortdurend voorliegt en bedriegt, en ze als president op alle belangrijke beleidsterreinen een totaal ander beleid gaat voeren dan ze nu aan hen belooft.


Xander

(1) Express

19-10: Undercover video’s bewijzen massale verkiezingsfraude Democraten
18-10: FBI documenten bewijzen dat Hillary Clinton wordt beschermd door schaduwregering
16-10: ‘Door crisis met Rusland te forceren hoopt Hillary verkiezingen te stelen’
15-10: Wall Street Journal erkent dat media ‘alle zonden van Hillary begraven’
14-10: Terwijl Trump propaganda media aanvalt pleit Obama voor nog meer censuur
11-10: WikiLeaks: Stafleden en top Democraat klagen dat Hillary zo vaak liegt

Visegrad Alliance - Central Europe Rises

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Visegrad Alliance - Central Europe Rises

Tribute to the Visegrad Four countries: Poland, Hungary, Czech Republic and Slovakia. Often in the West we hear of "Europeans values", "Western values". Those values that are touted as "European" and "Western" by Leftist are anything but. The value of self-hate is a value of the far-left imposed on Europe over the last half-century. Those aren't our real European values nor representative of our ancient cultures. It is manipulation and deceit to say they are.

Elections lituaniennes : les centristes du LVZS en force au parlement

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Elections lituaniennes: les centristes du LVZS en force au parlement

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections législatives lituaniennes en deux temps, avec un premier tour à la proportionnelle et un second tour par circonscription, se répartissant à égalité le nombre de sièges, sont terminées avec le résultat de ce 23 octobre 2016.

lvzs_logo.jpgAvec 21,7% des voix, l’Union de la Patrie (Tevynes Sajunga -  LKD) avait remporté légèrement le premier tour, avec 0.17% de plus que le parti centriste des Paysans et Verts (LVZS = Lietuvos Valstieciu ir Zaliuju Sajunga, ex LVLS). Il avait obtenu 20 sièges contre 19 pour ces derniers. Mais le vote uninominal a inversé la donne car le LVZS a obtenu 35 sièges contre seulement 9 pour le TS-LKD, obtenant en tout 54 sièges sur 140. La majorité est éloignée mais au sein d’une coalition de centre-droit, le LVZS sera en position de force, le TS-LKD devant se contenter de 29 sièges. A eux deux néanmoins, ils sont majoritaires.

Le grand perdant de ce scrutin c’est le Parti Social-Démocrate de Lituanie (LSDP) sortant. Il est sévèrement puni dans les urnes par les électeurs, qui préfèrent encourager le LVZS (+17 points) que de favoriser l’opposant traditionnel. Avec 14,4% des voix et 13 sièges, il sortait affaibli du premier tour. Il devra se contenter de 4 sièges supplémentaires seulement, pour un total de 17 sièges.

La formation de droite nationale « Ordre et Justice » (Tvarka ir Teisingumas), qui avait obtenu 7,63% des voix en 2012, recule à 5,33% des voix et obtient avec les deux tours un total de 8 sièges contre 11 auparavant. Cette stagnation s’explique par l’émergence d’une formation anti-corruption (LLRA-KSS) qui obtient 6,06% des voix mais aucun siège car en coalition.

Le mouvement libéral (LRLS) progresse quant à lui très légèrement avec 9,06% (+0.1) et 14 sièges (+4). Le mouvement des familles polonaises chrétiennes (LLRA-KSS) obtient quant à lui 5,5% des voix et 6 sièges à l’issue des deux tours. Le Parti du Travail, mouvement de centre-droit à coloration populiste, plutôt pro-russe, obtient 4,7% des voix et seulement deux sièges, uniquement obtenus au second tour.

Les Verts lituaniens stricto sensu n’obtiennent que 2,14% des voix et un seul siège, de même que le Parti des Lituaniens « Lietuvos Sarasas » (1,72% des voix et 1 siège) et le Parti du Centre (LCP).

La victoire du parti LVZS a surpris tous les analystes. Là encore, comme dans de nombreuses élections en Europe, le rejet des partis traditionnels en place au profit de nouvelles formations se confirme. La question des « migrants » a été absente de la campagne, le parti « Ordre et Justice » n’ayant pas réussi à capitaliser sur ce thème. Les pro-russes ont été marginalisés, le LLP (Parti du Peuple) n’obtenant que 1% des voix environ.

Ce centre-droit modéré et la droite plus conservatrice vont certainement s’associer et mettre fin ainsi à quatre ans de règne social-démocrate. C’est la seule coalition viable à moins d’envisager de nouvelles élections, ce qui n’est pas une tradition de la Lituanie indépendante. Dans un contexte international tendu, la droite a rassuré davantage les électeurs, maintenant le parti TT loin derrière. Le LVZS a récupéré à son profit une partie du vote protestataire.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 24 octobre 2016

Le rôle USA et Otan dans le rapport de l’UE avec la Chine

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Le rôle USA et Otan dans le rapport de l’UE avec la Chine

Auteur : Manlio Dinucci
Ex: http://zejournal.mobi

Je vais tout de suite au noeud de la question. Je pense qu’on ne peut pas parler de relations entre Union Européenne et Chine indépendamment de l’influence que les Etats-Unis exercent sur l’Union Européenne, directement et par l’intermédiaire de l’Otan.

Aujourd’hui 22 des 28 pays de l’UE (21 sur 27 après la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE), avec plus de 90% de la population de l’Union, font partie de l’Otan, reconnue par l’UE comme « fondement de la défense collective ». Et l’Otan est sous commandement USA : le Commandant suprême allié en Europe est toujours nommé par le Président des Etats-Unis d’Amérique et tous les autres commandements clé sont aux mains des USA. La politique étrangère et militaire de l’Union Européenne est ainsi fondamentalement subordonnée à la stratégie étasunienne, sur laquelle convergent les plus grandes puissances européennes.

Cette stratégie, clairement énoncée dans les documents officiels, est tracée au moment historique où la situation mondiale change à la suite de la désagrégation de l’URSS. En 1991 la Maison Blanche déclare dans la National Security Strategy of the United States : « Les Etats-Unis demeurent le seul Etat avec une force, une portée et une influence en toute dimension – politique, économique et militaire-  réellement globales. Il n’existe aucun substitut au leadership américain ». En 1992, dans la Defense Planning Guidance, le Pentagone souligne : « Notre premier objectif est d’empêcher qu’une quelconque puissance domine une région dont les ressources seraient suffisantes pour engendrer une puissance mondiale. Ces régions comprennent l’Europe occidentale, l’Asie orientale, le territoire de l’ex Union Soviétique et l’Asie sud-occidentale ». En 2001, dans le rapport Quadrennial Defense Review, – publié une semaine avant la guerre USA/Otan en Afghanistan, aire de première importance géostratégique à l’égard de Russie et Chine- le Pentagone annonce : « La possibilité existe qu’émerge dans la région un rival militaire avec une formidable base de ressources. Nos forces armées doivent conserver la capacité d’imposer la volonté des États-Unis à n’importe quel adversaire, y compris États et entités non-étatiques, de façon à changer le régime d’un État adverse ou occuper un territoire étranger jusqu’à ce que les objectifs stratégiques états-uniens soient réalisés ».

Sur la base de cette stratégie, l’Otan sous commandement USA a lancé son offensive sur le front oriental : après avoir démoli par la guerre la Fédération Yougoslave, de 1999 à aujourd’hui elle a englobé tous les pays de l’ex Pacte de Varsovie, trois de l’ex Yougoslavie, trois de l’ex URSS, et sous peu elle en englobera d’autres (à commencer par la Géorgie et l’Ukraine, cette dernière de fait déjà dans l’Otan), en déplaçant bases et forces, y compris nucléaires, toujours plus près de la Russie. En même temps, sur le front méridional étroitement relié à celui oriental, l’Otan sous commandement USA a démoli par la guerre l’Etat libyen et a essayé d’en faire autant avec celui de la Syrie.

USA et Otan ont fait exploser la crise ukrainienne et, accusant la Russie de « déstabiliser la sécurité européenne », ils ont entraîné l’Europe dans une nouvelle guerre froide, voulue surtout par Washington (aux dépens des économies européennes à qui les sanctions et contre-sanctions ont porté préjudice) pour casser les rapports économiques et politiques Russie-UE néfastes aux intérêts étasuniens. C’est dans la même stratégie qu’entre le déplacement croissant de forces militaires étasuniennes dans la région Asie/Pacifique dans une fonction anti-chinoise. La U.S. Navy a annoncé qu’en 2020 elle concentrera dans cette région 60% de ses forces navales et aériennes.

La stratégie étasunienne est focalisée sur la Mer de Chine Méridionale, dont l’amiral Harris, chef du Commandement USA pour le Pacifique, souligne l’importance : c’est là que passe un commerce maritime d’une valeur annuelle de plus de 5 mille milliards de dollars, dont 25% de l’export mondial de pétrole et 50% de celui du gaz naturel. Les USA veulent contrôler cette voie maritime au nom de celle que l’amiral Harris définit comme «liberté de naviguer fondamentale pour notre système de vie ici aux Etats-Unis », en accusant la Chine d’«actions agressives en Mer Chinoise Méridionale, analogues à celles de la Russie en Crimée ». Pour cela la U.S Navy « patrouille » la Mer de Chine Méridionale. Dans le sillage des Etats-Unis arrivent les plus grandes puissances européennes : en juillet dernier la France a sollicité l’Union Européenne pour « coordonner la patrouille navale de la Mer Chinoise Méridionale afin d’assurer une présence régulière et visible dans ces eaux illégalement réclamées par la Chine ». Et tandis que les Etats-Unis installent en Corée du Sud des systèmes « anti-missiles » mais en mesure de lancer aussi des missiles nucléaires, analogues à ceux installés contre la Russie en Roumanie et bientôt en Pologne, en plus de ceux qui sont embarqués sur des navires de guerre en Méditerranée, le secrétaire général de l’Otan Stoltenberg reçoit le 6 octobre à Bruxelles le ministre des affaires étrangères sud-coréen, pour « renforcer le partenariat de l’Otan avec Séoul ».

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Ces faits et d’autres encore démontrent qu’en Europe et en Asie la même stratégie est à l’oeuvre. C’est la tentative extrême des Etats-Unis et des autres puissances occidentales de maintenir la suprématie économique, politique et militaire, dans un monde en forte transformation, dans lequel émergent de nouveaux sujets étatiques et sociaux. L’Organisation de Shanghaï pour la coopération, née de l’accord stratégique cino-russe, dispose de ressources et de capacités de travail capables d’en faire la plus grande aire économique intégrée du monde. L’Organisation de Shanghaï et les BRICS sont en mesure, avec leurs organismes financiers, de supplanter en grande partie la Banque mondiale et le Fonds monétaire international qui, pendant plus de 70 ans, ont permis aux USA et aux plus grandes puissances occidentales de dominer l’économie mondiale à travers les prêts usuraires aux pays endettés et d’autres instruments financiers. Les nouveaux organismes peuvent en même temps réaliser la dédollarisation des échanges commerciaux, en ôtant aux Etats-Unis la capacité de décharger leur dette sur d’autres pays par l’impression de papier monnaie utilisé comme devise internationale dominante.

Pour maintenir leur suprématie, toujours plus vacillante, les Etats-Unis utilisent non seulement la force des armes, mais d’autres armes souvent plus efficaces que celles proprement dites.

Première arme : les dits « accords de libre-échange », comme le « Partenariat transatlantique sur le commerce et les investissements » (TTIP) entre USA et UE et le « Partenariat Trans-Pacifique » (TPP) dont le but n’est pas seulement économique mais géopolitique et géostratégique. C’est pour cela que Hillary Clinton qualifie le partenariat USA-UE de « plus grand objectif stratégique de notre alliance transatlantique », en projetant une « Otan économique » qui intègre celle politique et militaire. Le projet est clair : former un bloc politique, économique et militaire USA-UE, toujours sous commandement étasunien, qui s’oppose à l’aire eurasiatique en ascension, basée sur la coopération entre Chine et Russie ; qui s’oppose aux BRICS, à l’Iran et à tout autre pays qui se soustraie à la domination de l’Occident. Comme les négociations sur le TTIP ont du mal à avancer à cause de divergences d’intérêt et d’une vaste opposition en Europe, l’obstacle est pour le moment contourné avec l’ « Accord économique et commercial global» (CETA) entre Canada et UE : un TTIP camouflé étant donné que le Canada fait partie du NAFTA avec les USA. Le CETA sera probablement signé par l’UE le 27 octobre prochain, pendant la visite du premier ministre canadien Trudeau à Bruxelles.

Seconde arme : la pénétration dans les pays cibles pour les désagréger de l’intérieur. En s’appuyant sur les points faibles qu’a tout pays en mesure diverse : la corruption, l’avidité d’argent, l’arrivisme politique, le sécessionnisme fomenté par des groupes de pouvoir locaux, le fanatisme religieux, la vulnérabilité de vastes masses à la démagogie politique. En s’appuyant aussi, dans certains cas, sur un mécontentement populaire justifié quant à la conduite de leur gouvernement. Instruments de la pénétration : les soi-disant « organisations non gouvernementales » qui sont en réalité la main longue du Département d’état et de la CIA. Celles qui, dotées d’énormes moyens financiers, ont organisé les « révolutions colorées » dans l’Est européen, et ont tenté la même opération avec la soi-disant « Umbrella Revolution » à Hong Kong : qui visait à fomenter des mouvements analogues dans d’autres zones de la Chine habitées par des minorités nationales. Les mêmes organisations qui opèrent en Amérique Latine, avec l’objectif premier de subvertir les institutions démocratiques du Brésil, en minant ainsi les BRICS de l’intérieur. Instruments de la même stratégie : les groupes terroristes, type ceux armés et infiltrés en Libye et en Syrie pour semer le chaos, en contribuant à la démolition d’Etats entiers attaqués en même temps de l’extérieur.

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Troisième arme : les « Psyops » (Opérations psychologiques), lancées à travers les chaînes médiatiques mondiales, qui sont définies ainsi par le Pentagone : « Opérations planifiées pour influencer à travers des informations déterminées les émotions et motivations et donc le comportement de l’opinion publique, d’organisations et de gouvernements étrangers, afin d’induire ou renforcer des attitudes favorables aux objectifs préfixés ». Avec ces opérations, qui préparent l’opinion publique à l’escalade guerrière, on fait apparaître la Russie comme responsable des tensions en Europe et la Chine comme responsable des tensions en Asie, en les accusant en même temps de « violation des droits humains ».

Une dernière considération : ayant travaillé à Pékin avec ma femme dans les années Soixante, contribuant l’un et l’autre à la publication de la première revue chinoise en langue italienne, j’ai vécu une expérience formatrice fondamentale au moment où la Chine – libérée depuis à peine quinze ans de la condition coloniale, semi-coloniale et semi-féodale- était complètement isolée et non reconnue par l’Occident ni par les Nations Unies comme Etat souverain. De cette période restent  imprimées en moi la capacité de résistance et la conscience de ce peuple, à l’époque 600 millions de personnes, engagé sous la conduite du Parti communiste à construire une société sur des bases économiques et culturelles complètement nouvelles. Je pense que cette capacité est également nécessaire aujourd’hui pour que la Chine contemporaine, qui est en train de développer ses énormes potentialités, puisse résister aux nouveaux plans de domination impériale, en contribuant à la lutte décisive pour l’avenir de l’humanité : la lutte pour un monde sans plus de guerres dans lequel triomphe la paix indissolublement liée à la justice sociale.

Intervention de Manlio Dinucci à l’Académie de marxisme près l’Académie chinoise de sciences sociales, Association politico-culturelle Marx XXI,  Forum Européen 2016 / La « Voie Chinoise » et le contexte international, Rome

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Pour l’Europe, mais contre l’Union européenne: nouvelles tendances dans l’Ancien Monde

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Pour l’Europe, mais contre l’Union européenne: nouvelles tendances dans l’Ancien Monde

par Stanislav BYSHOK

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Aucun peuple ne pourrait vivre sans évaluer les valeurs ; mais s'il veut se conserver, il ne doit pas évaluer comme évalue son voisin.

Friedrich NIETZSCHE « Ainsi parlait Zarathoustra »1

L'Europe a cessé d'être un endroit confortable. L'Union européenne moderne rappelle douloureusement en quelque sorte l’URSS tardive. D'une part, la majorité se rend compte que « le navire » navigue dans le mauvais sens avec un besoin urgent de changer de cap ou, a contrario, le flux de migrants en provenance des pays musulmans et le terrorisme islamique submergeront l'Europe. D'autre part, il demeure une confiance due au fait que « le navire » a été initialement correctement conçu et naviguait généralement dans le bon cap libéral, avec une monnaie commune et des frontières ouvertes. On pouvait alors observer quelque chose de semblable dans les dernières années de l'existence de l’Union soviétique. Des gens soutenaient la restructuration (« pérestroïka ») et voulaient changer le système. Mais en même temps, ils tenaient à la mythologie du marxisme-léninisme et de la Révolution d'Octobre, en la considérant généralement comme un fondement historique positif de leur État.

L'Union européenne a été créée comme une union économique parallèle à l'OTAN qui contribuerait à un développement plus efficace des pays non communistes du continent et au dépassement d’une peur et d’une méfiance mutuelle accumulées chez les Européens, en particulier au XXe siècle.

La méfiance n’a pu toutefois être surmontée immédiatement : la France, sous la direction du Général de GAULLE, ayant bloqué l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'UE, en craignant que Londres soit le fer de lance de l’UE, mais aussi apporte au projet européen l'influence américaine contre laquelle était catégoriquement Paris2.

Après le départ du Général de GAULLE, le Royaume-Uni s'est néanmoins rallié à l'Union européenne en 1973, mais les Britanniques sont toutefois demeurés la nation européenne avec un sentiment le plus négatif envers de l'UE3. Quand vers la fin des années 1980 Bruxelles a commencé à essayer de rendre le projet européen plus centralisé et à stimuler l'unification du continent non seulement économiquement, mais aussi politiquement4, c’est Margaret Thatcher, le Premier ministre britannique, qui a déclaré : « Il serait hautement préjudiciable de tenter de supprimer la nationalité et de concentrer le pouvoir au centre d’un conglomérat européen ; en outre cela compromettrait les objectifs que nous poursuivons. L’Europe sera plus forte si elle compte précisément en son sein la France en tant que France, l’Espagne en tant qu’Espagne, la Grande-Bretagne en tant que Grande-Bretagne, chacune avec ses coutumes, traditions et particularités. Ce serait de la folie que d’essayer de les faire entrer dans une sorte de portrait-robot européen »5.

Malgré cela, l'UE a poursuivi son expansion au détriment des anciens pays de l'Est. Cette intégration européenne, comme le craignait Thatcher, a vraiment commencé à revêtir un caractère de plus en plus politique et pas seulement économique6. Cela a engendré que de plus en plus des pouvoirs se sont éloignés de la compétence des autorités nationales et sont passés dans la gestion des organes supranationaux situés dans les institutions de Bruxelles. Les États nationaux d'Europe ont ainsi perdu progressivement leur souveraineté. Cette tendance a eu pour cause de provoquer une réaction des forces politiques, principalement situées à droite sur l’échiquier politique et souvent qualifiées du terme générique « d’eurosceptiques ».

europabreker.jpgTant que l'Union européenne se développait d’une manière relativement réussie, les eurosceptiques étaient plutôt une force politique marginale, sans être un concurrent pour les grands partis politiques soutenant l'intégration européenne. Début 2008, la crise économique, dont la cause est le fruit d’une série de facteurs internes et externes interdépendants, se répand dans le monde. Le principal facteur interne était la crise de la zone euro associée à divers indicateurs économiques du « noyau » européen représenté par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et la Scandinavie, et la « périphérie »7. « Le noyau » européen a alors été contraint de maintenir à flot les pays « périphériques » situés dans l'arc « Atlantique-Méditerranée », de l'Irlande à la Grèce.

Le second facteur est externe. Ainsi, la déstabilisation de la situation, dans la région de la Méditerranée du Sud et de l’Est, a conduit à l'afflux en Europe de migrants économiques et de réfugiés musulmans. A cela l'Europe n’était pas prête. Il ne s’agissait pas seulement d’un problème de garde-frontières mais plus encore d’un problème de gestion des arrivées massives.  

Comment le problème de l'intégration des migrants a été géré durant les décennies précédentes dans l'Occident ?8 Jusqu'à la fin des années 1980 ou au début des années 1990 en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et d'autres pays d'Europe occidentale, la politique d'intégration des nouveaux potentiels citoyens arrivants a été relativement réussie. À cette époque, tout d'abord, la pression migratoire était relativement faible. Et d'autre part, le système d'État, en particulier le système de l'éducation et du travail, a été mis en place sur l'intégration des migrants dans la société européenne. Pour devenir un citoyen à part entière, les migrants ont dû faire les efforts d’intégration, d’apprentissage de la langue du pays d’accueil notamment. Et les pays européens les ont aidé dans ce domaine.

Pourquoi le système d'intégration des migrants a-t-il alors commencé à faiblir à partir de la fin des années 1980 ? Tout d'abord, il est lié à l'augmentation des flux migratoires qui est un point fondamental, et d'autre part, à la notion même d'intégration qui a changé et dont les tendances politiques en vigueur ont changé. À cette époque, ce sont les néo-trotskystes et les internationalistes radicaux, de la « génération 68 »9, qui ont participé à des manifestations d'étudiants à Paris et d'autres capitales occidentales sous le slogan « Il est interdit d’interdire ! », ont pris les positions de leader dans l’establishment de leur pays10. Ils sont tous vieillis et ont pour beaucoup obtenus des grades scientifiques, des postes de cadre et pour certains des responsabilités politiques. Leur radicalisme s’est calmé, mais ils ont néanmoins changé une tendance idéologique à l'Ouest, comme MARX pourrait dire, d'une manière capitale. Au lieu de l'intégration, à savoir l'intégration des nouveaux arrivants dans le domaine culturel européen, sont venus les concepts du multiculturalisme, de la tolérance et de la « discrimination positive » des minorités nationales. Les gauches ont progressivement abandonné le concept de lutte des classes, en déclarant au lieu de celle-ci la lutte pour les droits des minorités ethniques, religieuses, de genre et d'autres minorités qui, du point de vue de la « nouvelle gauche », ont toujours été opprimés par l'exploitation impérialiste et capitaliste du monde de l'Occident. Donc, comme l'objet de préoccupation de la part de la « nouvelle gauche », étaient toujours non-blancs et non-chrétiens (et, après une passion par des problèmes du conflit israélo-arabe, encore non-Juifs)11.

Selon la doctrine de la « génération 68 », les cultures ne peuvent pas être distinguées en celles « nôtres» et « étrangères », et partout dans le monde, des différentes cultures en tout état peuvent et doivent exister et coexister. Selon ce concept, la notion de « notre » culture ou la culture nationale « dominante » est un vestige du passé colonial et raciste de l'Europe. « La discrimination positive » des minorités nationales en Europe occidentale a atteint un tel succès que, dans la banlieue de Berlin, Paris, Bruxelles ou Stockholm, ils sont devenus une majorité nationale, et en fait, il n’est pas recommandé d’y pointer son nez pour les Européens, y compris pour la police, sans renforcement adéquat12.

La politique de « discrimination positive », de multiculturalisme et de tolérance signifie que même le système d'éducation publique a cessé d'exercer l'une de ses fonctions de base – l’éducation des citoyens loyaux. Dans les écoles françaises ou allemandes, par exemple, s'il y a un pourcentage important d'élèves parlant arabes ou turcs, ils sont unis dans des classes séparées où on embauche des enseignants avec une connaissance des langues correspondantes. Après les leçons les élèves retournent dans les quartiers où vivent principalement leurs compatriotes, regardent la télévision dans leur propre langue, socialisent dans les restaurants qui sont gardés par les mêmes migrants.

De quel type d'intégration peut-on parler à cet égard ? Quelles incitations peuvent être dans les pays ayant le système de soutien social bien développé pour tous ? Comment la société radicalement laïque et séculaire, qui a renoncée la chrétienté en faveur du multiculturalisme érigé en l'état de la doctrine de la religion, peut résister à l'islamisation ? Ces sujets sont considérés par tels auteurs comme Thilo SARRAZIN en Allemagne13, Mélanie PHILLIPS au Royaume-Uni14 et Patrick BUCHANAN aux États-Unis15 dans leurs travaux.

canstockphoto22425305.jpgÀ la fin de 2010 les leaders européens tels que Angela MERKEL, la chancelière allemande, et David CAMERON, désormais l’ancien Premier ministre britannique, ont reconnu que les tentatives pour construire une société multiculturelle dans le continent ont échoué. Cependant, des moyens pratiques pour sortir de cette situation n'ont pas été proposés. Monsieur CAMERON a déclaré la nécessité de recourir au « libéralisme musclé »16 ce qui signifie en fait une continuation de l'ancienne politique non justifiée, mais par des méthodes encore plus forcées. Madame MERKEL a déploré le fait que les migrants ne soient pas particulièrement désireux d'intégrer la société allemande et d'apprendre l'allemand17. Malgré cela, à l’été de 2016, juste après les nouvelles attaques terroristes des islamistes en Europe, la chancelière allemande a confirmé qu'elle continuerait une politique de portes ouvertes aux migrants des pays musulmans18.

Au début des années 90, Samuel, politologue américain, a proposé le concept de « choc des civilisations »19 comme un principe explicatif de l'écoulement de l'histoire après la fin de la Guerre froide. Selon HUNTINGTON, l'effondrement du bloc soviétique et, surtout de l'Union soviétique elle-même, n'a pas rendu le monde plus sécuritaire et plus démocratique. 

Le politologue américain n’a pas donné le rôle de premier plan dans le processus global aux idéologies, comme son élève et contradicteur Francis FUKUYAMA20, mais aux civilisations. Aux différents stades de développement, les civilisations peuvent absorber certaines idéologies, les modifier ou les abandonner. Cependant, les civilisations sont beaucoup plus stables dans l'histoire mondiale que les idéologies, qui ont une nature temporaire. Des contradictions de civilisation depuis la fin de la Guerre froide sont non seulement tombées, mais se sont a contrario encore plus aggravées.

HUNTINGTON considère la civilisation islamique comme la plus susceptible d'agression et d'expansion, y compris démographique. Malgré le fait que l'islam n’est pas la religion dominante, des guerres et des conflits armés impliquant des acteurs islamiques prévalent visiblement dans les dépêches de la presse internationale. C’est un paradoxe évidant, étant donné que les médias et les intellectuels dominants ont tendance à désigner les musulmans de l'ex-Yougoslavie ou du Moyen-Orient comme victimes des agressions de leurs voisins.

Avant les années 2000 pour la plupart des Européens, des problèmes du monde islamique étaient étrangers, mais maintenant beaucoup de gens dans l’Occident comprennent une différence entre une burqa et un hijab, ce qui est le salafisme et quelles sont des spécificités de l'abattage halal. Ils le connaissent non pas à cause d'un intérêt particulier pour le sujet musulman, mais en raison de ce qu'ils voient dans les rues de leurs propres villes. Dans ces rues marchent les gauche et antifascistes avec les appels « Les réfugiés, soyez les bienvenues ! » et avec les malédictions contre leurs compatriotes « racistes » inhospitalières. 

Selon les manifestants, il n'y a pas de lien entre l'afflux de migrants en provenance d'autres cultures et une augmentation du nombre de crimes violents dans les domaines de leur habitat. Mais dans la radicalisation des musulmans vivant en Europe, ils accusent les Européens, les chrétiens qui ne montrent pas suffisamment de soin aux hôtes pendant le recrutement. Quel scandale, ils préfèrent des gens de leur propre culture et religion21. Cependant, ici il n'y a rien de nouveau. Même dans les années 1960, lorsque aux États-Unis les émeutes de noirs ont fait rage, provoquant des incendies criminels, des pogromes et des assassins de blancs, de nombreux de gauches et libérales intellectuels ont su dénoncer que le « racisme blanc »22.

« Assez ! Trop pour tout supporter ! » – les eurosceptiques ont déclaré. Les eurosceptiques ont vu dans l'Union européenne avec sa capitale à Bruxelles non seulement une structure supranationale rejetant la souveraineté des États nationaux, mais aussi un guide principal de la politique du multiculturalisme et des portes ouvertes qui détruise les fondements chrétiens des pays européens et qui met en péril l'existence de l'Europe comme un conglomérat unique ethnique et culturelle. En fait, les eurosceptiques ne sont pas contre l'Europe, mais au contraire, ils sont partisans de l'Europe, ancienne et traditionnelle. Ils ne voient pas leur idéal dans les États-Unis d'Europe, mais dans une Europe de patries. La bureaucratie bruxelloise est pour eux un symbole de l'anti-Europe et de la concentration de toutes les tendances sociales, politiques et morales les plus destructrices.

Dans les années de 2010, en particulier du fait d’un très grand succès pour les adversaires de Bruxelles aux élections au Parlement européen (2014), et du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE (2016), le phénomène de l'euroscepticisme est sûrement devenu de quasi marginal à la « nouvelle norme » de l'Europe23. Le Général de GAULLE, que de nombreux eurosceptiques considèrent comme la personnification du meilleur européen, a déclaré24 en intervenant à Strasbourg en 1959 : « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde ! »

S.B.

Références :

1Ницше Ф. Так говорил Заратустра. Книга для всех и ни для кого // Ницше Ф. Полное собрание сочинений: В 13 т. М.: Культурная Революция, 2005-2007. Т. IV. 2007. С. 60.

2Hoffmann, S. The European Community and 1992 (Fall 1989) // Foreign Affairs, July 2016.

3Grant, Ch. What if the British vote no? (May/June 2005) // Foreign Affairs, July 2016.

4Garton Ash, T. Europe’s endangered liberal order (March/April 1998) // Foreign Affairs, July 2016.

5Thatcher, M. Speech to the College of Europe ("The Bruges Speech") // The Margaret Thatcher Foundation. URL: http://www.margaretthatcher.org/document/107332

6Pecastaing, C. Please Leave. Why Brexit would benefit Europe // Foreign Affairs, July 2016

7Kelemen, R.D. Saving the euro, dividing the union. Could Europe’s deeper integration push the United Kingdom out? (January 21, 2013) // Foreign Affairs, July 2016

8Бышок С. Национальная политика между позитивной дискриминацией и интеграцией // CIS-EMO. URL: http://www.cis-emo.net/ru/news/byshok-nacionalnaya-politi...

9Kurlansky, M. 1968: The year that rocked the world. New York: Ballantine, 2004

10Ремизов М. Русские и государство. Национальная идея до и после "крымской весны". – М.: Эксмо, 2016. - 340 с.

11Gottfried, P.E. The strange death of Marxism: The European Left in the new millennium. Columbia, Mo.: University of Missouri Press, 2005

12EUROPE'S NO-GO ZONES: List of 900 EU areas where police have 'LOST CONTROL' to migrants // Express. URL: http://www.express.co.uk/news/world/657520/Europe-no-go-9...

13Саррацин Т. Германия. Самоликвидация. - М.: Рид групп, 2012. - 400 с.

14Phillips, M. Londonistan: How Britain is creating a terror state within. London: Encounter Books, 2007

15Buchanan, P.J. Suicide of a superpower: Will America survive to 2025? New York: Thomas Dunne Books, 2011

16Lenta.ru: Британский премьер осудил политику мультикультурализма. URL: https://lenta.ru/news/2011/02/05/multicult/

17А.Меркель: Попытки построить мультикультурное общество в Германии полностью провалились // РБК. URL: http://www.rbc.ru/rbcfreenews/20101017070445.shtml

18The Guardian: Merkel refuses to abandon refugee policy despite election setbacks. URL: https://www.theguardian.com/world/2016/mar/14/angela-merk...

19Huntington, S. The clash of civilizations and the remaking of world order. New York: Simon & Schuster, 1996

20Fukuyama, F. The end of history? // The National Interest, Summer 1989

21Adida, C.L., Laitin, D.D., Valfort, M.A. // Foreign Affairs: Don't fear Muslim immigrants. They aren't the real problem. URL: https://www.foreignaffairs.com/articles/united-states/201...

22Buchanan, P.J. The greatest comeback: How Richard Nixon rose from defeat to create the new majority. New York: Crown Forum, 2014. P. 238

23Harding, G. // EUobserver: Euroscepticism: The EU's new normal. URL: https://euobserver.com/opinion/133747

24Quotations by Charles de Gaulle // The Foundation Charles de Gaulle. URL: http://www.charles-de-gaulle.com/l-homme-du-verbe/quotati...

Source :

http://sf.donntu.org/sf091611.html

EU gaat Waals verzet ‘breken’ en schadelijk CETA verdrag ratificeren

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EU gaat Waals verzet ‘breken’ en schadelijk CETA verdrag ratificeren
 

CDU Europarlementariër noemt België een ‘failed state’

Fascistisch en bizar: Details van het verdrag worden pas ná ondertekening bekend gemaakt

Nationale parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer

Wallonië blijkt het laatste bastion dat zich met hand en tand verzet tegen het CETA vrijhandelsverdrag tussen de EU en Canada. De sociaaldemocratische kanselier van Oostenrijk, Christian Kern, was één van de weinige publieke figuren die de waarheid over dit verdrag durfde te zeggen: ‘Onder dekmantel van vrijheid is dit in werkelijkheid een massale machtsverschuiving ten gunste van de wereldwijd opererende concerns, en ten nadele van de democratische medezeggenschap en democratische politiek. Dat is een fundamentele constructiefout.’ (4) Maar niet in de ogen van de meeste politici, die in tegenstelling tot de gewone Europeaan wèl zullen profiteren van deze zoveelste fascistische* stap naar een Europese Superstaat.

Ondanks het ‘nee’ van Wallonië houden zowel de EU als Canada eraan vast het verdrag komende week te ondertekenen. De Duitse president van het Europese Parlement Martin Schulz zei dat alleen de Europese Commissie de uitdrukkelijke macht heeft om te onderhandelen over CETA, en niet het parlement. Dat mag traditioneel enkel jaknikken op wat de Commissie besluit.

CETA, opmaat naar TTIP, maakt einde aan welvaart

De Duitse Europarlementariër Elmar Brok (CDU), beschouwd als spreekbuis van kanselier Angela Merkel, noemde België dan ook een ‘failed state’, en verweet de Waalse premier Magnette aan een ‘egotrip’ bezig te zijn. ‘Hij houdt Europa op, en dat is onverantwoordelijk.’ (5)

Magnette eist garanties voor het beschermen van de eigen landbouw, en vindt dat de multinationals teveel macht krijgen (1) – precies hetgeen waar de Oostenrijkse bondskanselier voor waarschuwde. Mogelijk speelt ook mee dat het Amerikaanse Caterpillar in september besloot zijn fabriek bij Charleroi te sluiten, waardoor 2000 mensen op straat komen te staan (3).

CETA geldt weliswaar enkel Canada, maar wordt algemeen gezien als de opmaat naar ondertekening van het vergelijkbare en nog meer omstreden TTIP met de Verenigde Staten, wat volgens onafhankelijke analyses Europa miljoenen banen en op den duur ons huidige welvaartsniveau zal kosten.

CETA & TTIP: Dreigende Amerikaanse plundertocht

Grootste bezwaren tegen de ‘vrijhandels’akkoorden CETA & TTIP zijn volgens tal van critici dat de nationale wetten van een land, en daarmee dus het parlement en het volk, bij handelsconflicten buitenspel kunnen worden gezet, en private ‘scheidsrechters’ het laatste woord zullen krijgen. Hierdoor kan een concern in theorie een land aanklagen dat weigert om akkoord te gaan met lonen die (ver) onder het minimum liggen. (6)

Het behoeft geen uitleg dat de arbeidsvoorwaarden voor Europese werknemers, die beter worden beschermd dan hun Canadese en Amerikaanse collega’s, hierdoor fors dreigen te verslechteren, en ook de sociale zekerheid zal worden ondermijnd. De veel geprezen ‘vrijhandel’ zal dan al snel kunnen eindigen in een Amerikaanse (en Canadese) economische plundertocht van Europa, wat volgens sommigen altijd al de achterliggende bedoeling van Washington is geweest.

Het is juist om deze redenen dat de details van het CETA vrijhandelsakkoord pas ná ondertekening bekend worden gemaakt. Het is alsof een bedrijf u vraagt een blanco cheque te ondertekenen als u iets wilt kopen, en dat pas ná aankoop zelf het bedrag dat ú moet betalen, invult.

Parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer

‘Onze’ politici beweren weliswaar dat de parlementen nog enige zeggenschap hebben, maar in werkelijkheid is die instemming al sinds 2009 niet meer noodzakelijk. In het in 2005 gesloten Verdrag van Lissabon –een andere naam voor de door Nederland en Frankrijk afgewezen Europese Grondwet- werd de Europese Commissie namelijk de macht gegeven om desnoods zonder parlementaire instemming handelsverdragen af te sluiten (2).

De vraag rijst dan waarom nu zo ‘moeilijk’ wordt gedaan over het verzet van Wallonië. De reden is dat indien de Commissie het verdrag ondanks dit duidelijke Waalse ‘nee’ toch ratificeert, de anti-democratische regeringsvorm van Brussel voor (te) veel Europeanen zichtbaar zal worden, wat extra voer zal zijn voor de door de eurocraten zo gehate vrijheidspartijen. Daarom wordt nu uit alle macht geprobeerd de Walen ‘om’ te krijgen, zodat de burgers de illusie kan worden geboden dat de nationale parlementen nog iets te zeggen hebben over hun eigen landen en landsdelen.

We kunnen er daarom vanuit gaan dat de Walen op het laatste moment toch zullen instemmen, zeker omdat premier Magnette inderdaad bekend staat als een politieke egotripper en rassocialist, die enkel zijn Vlaams sprekende collega’s wil dwarszitten. Zijn ‘ja’ zal als een overwinning voor Europa en de Europese democratie worden neergezet, terwijl het in realiteit exact het tegendeel betekent. Overigens zal de volgende stap, het TTIP met de VS, de Europeanen pas écht veel –en permanent- pijn gaan doen.

Xander

* Beslist niet overdreven. ‘Fascisme’ volgens de ‘Dikke van Dale’: ‘Politiek systeem berustend op ultranationalistische (in dit geval ultra-eurocratische), corporatistische, autoritaire (alle macht naar de EC) en onverdraagzame (volken en landen die weigeren voor Brussel te buigen worden nu al bedreigd en tegengewerkt) beginselen.


(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) Staatsstreich
(3) Zeit
(4) Geolitico
(5) MM News
(6) Reuters


Zie ook o.a.:

13-05: TTIP op mislukken? VS eist einde sociale zekerheid in Europa (/ Amerikaanse economisch imperialisme: ‘Met TTIP pakt VS de rechtsorde en rechtspraak van soevereine landen af’ – Vrijhandelsverdrag gaat minimaal 1 tot 2 miljoen banen kosten)
26-04: London School of Economics velt vernietigend oordeel over TTIP (/ Vrijhandelsverdrag met Amerika gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten )
25-04: Britse reactie op Obama’s pleidooi voor EU en TTIP: Waarom luisteren naar president die wereld in chaos stortte?

dimanche, 23 octobre 2016

Xavier Moreau: "La puissance militaire russe, vecteur de multipolarité"

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Xavier Moreau: "La puissance militaire russe, vecteur de multipolarité"

Cet entretien avec Xavier Moreau fait suite à notre reportage au salon militaire de Russie : "Patriot expo 2016".

Voir ici : http://www.tvlibertes.com/2016/09/26/...


Nous revenons avec le célèbre analyste sur l'actualité de la puissance militaire russe.
Parmi les thèmes abordés : le lien vital entre la nation russe et son armée, le théâtre des opérations en Syrie, le complexe militaro-industriel comme gage d'indépendance nationale ou bien encore la rupture entre mondes politique et militaire en France.
Xavier Moreau nous expose comment la puissance militaire russe devient l'un des principaux vecteurs de l’affaiblissement de l’unipolarité américaine et de l’édification d’un ordre international multipolaire plus équilibré.

Un entretien réalisé par Pierre-Antoine Plaquevent.



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jeudi, 20 octobre 2016

Schisme en Islam: le wahhabisme exclu du sunnisme

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Schisme en Islam: le wahhabisme exclu du sunnisme

Michel Lhomme,

philosophe, politologue

Ex: http://metamag.fr

Le Wahhabisme exclu du sunnisme, cette actualité a eu très peu d’échos médiatiques en France. Elle est pourtant une information des plus importantes pour ses éventuelles répercutions religieuses mondiales y compris dans notre pays. Nous dirons même qu’elle est une information de premier plan.

Dans le but de définir l’identité « des gens du sunnisme et de la communauté sunnite », une conférence inaugurée par le cheikh d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, s’est tenue dans la capitale tchétchène Grozny en septembre dernier. Elle a réussi à rassembler quelque 200 dignitaires religieux, oulémas et  penseurs islamiques, venus d’Égypte, de Syrie, de Jordanie, du  Soudan et d’Europe soit les plus grandes personnalités religieuses islamiques du moment telles que le Grand Mufti d’Égypte, Cheikh Chawki Allam, le conseiller du président égyptien et le représentant du Comité religieux au Parlement égyptien, Cheikh Oussama al-Zahri, ou encore l’ancien grand Mufti d’Égypte, cheikh Ali Jomaa, sans compter le grand Mufti de Damas, cheikh Abdel Fattah al-Bezm, le prédicateur yéménite Ali al-Jiffri, ou encore le penseur islamique Adnan Ibrahim.

Dans le communiqué, les participants à la conférence ont convenu que « les gens du sunnisme et ceux qui appartiennent à la communauté sunnite sont les Asharites et les Maturidites, au niveau de la doctrine, les quatre écoles de jurisprudence sunnite, au niveau de la pratique, et les soufis, au niveau de la gnose, de la morale et de l’éthique ».  Cette conférence a donc exclu le wahhabisme salafiste de la définition du sunnisme, voire du cadre de la communauté sunnite ! C’est un événement capital, un vrai schisme musulman. D’ailleurs, les participants à la conférence ont qualifié cette décision de « changement radical et nécessaire pour pouvoir rétablir le vrai sens du sunnisme, sachant que ce concept a subi une dangereuse déformation suite aux efforts des extrémistes de le vider de son sens pour l’accaparer et le réduire à leur perception ».

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Par là, l’Arabie saoudite tafkirite et wahabiste a rejoint les impies et pour le sunnisme les mécréants. Dans ce contexte, les participants sunnites ont émis une série de recommandations notamment une dirigée contre Al-Jazeera et toutes ces microchaînes locales : « créer une chaîne de télévision afin de faire parvenir aux citoyens un message véridique de l’Islam et lutter contre l’extrémisme et le terrorisme ». A aussi été recommandée « la création d’un centre scientifique en Tchétchénie pour surveiller et étudier les groupes contemporains, leurs principes et pour former une base de données fiables, qui permettra de  réfuter et de critiquer de manière scientifique la pensée  extrémiste ». Les participants ont suggéré que ce centre porte le nom de Tabsir qui signifie « clairvoyance » en arabe. La conférence a insisté sur la nécessité de « revenir aux écoles de grande connaissance », en allusion aux institutions religieuses sunnites identifiées comme étant les universités d’Al-Azhar en Égypte, Qarawiyin au Maroc, Zaytouna en Tunisie et Hadramawt au Yémen. La conférence a donc exclu clairement les institutions religieuses saoudiennes, en particulier l’Université islamique de Médine.

L’Arabie Saoudite se retrouve peu à peu au pied du mur piégé par ses exactions et ses débordements au Yémen où dernièrement, les USA ont été furieux de ses derniers bombardements meurtriers dont elle ne les aurait pas prévenus .

La réaction saoudienne ne s’est pas faite attendre

Une campagne médiatique virulente s’est déclenchée, parrainée par les institutions religieuses et politiques en Arabie saoudite et dénonçant l’alliance russo-sunnite des polythéistes ! Rappelons que Ibn Taymiyya, mort en prison en 1328 avait déjà été déclaré « déviant » par les érudits sunnites de son temps et que lorsque Mohammad Ibn Abd Al-Wahhab a fait couler le sang des musulmans en ressuscitant la doctrine taymiyienne au XVIIIe siècle, son mouvement a immédiatement été condamné par l’ensemble du monde sunnite comme une résurgence du kharidjisme.

En France, on a cependant relevé de drôles de réactions dans la communauté musulmane – que pour d’autres causes, on qualifierait d’ailleurs de « complotistes » – accusant la conférence de Grozny de n’avoir aucune valeur parce qu’elle ne serait qu’une manœuvre poutinienne. On notera de fait la concordance surprenante des autorités musulmanes françaises avec la politique internationale de la France, principal allié en effet du wahhabisme international ?

Pourtant, en France, se posera aussi très vite une autre question de poids dans la mesure où les principales mosquées dont celle de Bordeaux comme les principaux centres culturels dont la Maison de la Culture Arabe si chère à  Jack Lang sont en fait financées par l’Arabie Saoudite ? Comment après une telle condamnation théologique par les plus hautes instances de l’Islam sunnites, les jeunes musulmans français vont-ils pouvoir se permettre de continuer à fréquenter des mosquées financées par l’Arabie saoudite ? Ou le fameux Islam de France a-t-il décidé d’assumer le schisme musulman en choisissant clairement son camp celui de l’ Islam de combat, l’Islam du drapeau vert et du sabre de la charia dans les mains, l’Islam de la conquête dénoncée par les sages soufies ? En ce cas, la distinction déjà quasiment artificielle en France entre un Islam modéré et un Islam radical n’aurait même plus sa raison d’être, la France ne serait rien d’autre qu’une terre wahhabite elle-même condamnée par l’Islam traditionnel.

En attendant, maniant à la fois le chantage sur les bons de trésor américains et sa bonne foi, l’Arabie saoudite se prépare à un rendez-vous historique avec les marchés .

mardi, 18 octobre 2016

Parteienstaat und Staatsparteien

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Parteienstaat und Staatsparteien

Elections parlementaires 2016 au Monténégro

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Elections parlementaires 2016 au Monténégro

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Le Parti Démocrate des Socialistes (DPS-LP) de Milo Djukanovic, dirigeant incontesté du Monténégro depuis l’indépendance en 2006, a remporté une fois de plus les élections législatives dans son pays. Néanmoins, avec 41,1% des voix, il n’obtient que 35 sièges sur 81 (+4), ce qui implique de recevoir le soutien d’au moins une formation politique. Représentant d’une gauche modérée, alliée au PSE au niveau européen, dans un pays qui ne compte que 600 000 habitants et qui est peu attractif concernant les flux migratoires, le DPS a un bon bilan économique, ce qui explique son maintien au pouvoir.

Montenegro_ethnic_map_2003.pngLe Front Démocratique, mené par Mandic, coalition hétéroclite à dominante nationale-conservatrice, libérale et néanmoins pro-européenne, a priori toutefois nettement plus favorable à la Russie de Poutine que le DPS, avec 20,6% des voix et 18 sièges (-2), échoue une fois de plus à menacer son adversaire principal.

La coalition de la Clé (Kljuc) de Lekic, union de partis de gauche, qui espérait également bousculer le parti au pouvoir, avec 10,7% et 9 sièges (-2) échoue elle aussi. Un vote utile destiné à offrir une majorité au pays explique à lui seul cet échec. Seule une large alliance anti-DPS pourrait changer la donner. Ce ne sera pas pour 2016.

Le mouvement du Monténégro Démocratique (DCG) de Becic, nouvelle formation politique, avec 10,5% des voix et 9 sièges, fait son entrée au parlement. Son succès explique aussi la stagnation des deux autres coalitions anti-DPS. La volonté de renouvellement de la classe politique par les électeurs monténégrins a permis ce résultat, qui reste toutefois bien fragile.

La gauche libérale-européenne du SDP (sociaux-démocrates) avec 5,4% des voix et 4 sièges (2) reste marginale mais pourrait représenter un partenaire de coalition pour le DPS, de même que les SD qui ont obtenu 3,2% des voix et 2 sièges. Cela forme bien les 6 sièges manquants pour que le DPS soit reconduit aux affaires.

Les mouvements ethniques pourraient également rejoindre une telle coalition. Le Parti Bosniaque avec 3,3% des voix obtient 2 sièges, tandis que le mouvement des Albanais obtient 0,9% des voix et 1 siège, ce qui est aussi le cas des Croates du HGI avec 0,5% des voix et 1 siège. En revanche, divisés entre modérés et durs du SRS, les Serbes ont obtenu en tout 0,4% des voix et aucun siège. Les autres mouvements albanais (DSA 0,5%) et bosniaques (BDZ 0,3%) n’auront pas d’élus.

Enfin le PCG (Positivna Tsrna Gora ou « Monténégro positif ») avec 1,3% des voix perd toute représentation nationale (-3).

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 17 octobre 2016

L’exception russe

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L’exception russe

par Georges FELTIN-TRACOL

Alexandre Latsa est un Français qui vit et travaille en Russie. Avec son blogue Dissonances et par ses articles mis en ligne sur le site Sputnik, il présente au public francophone un point de vue différent de l’opinion dominante très orientée. Dans deux ouvrages de médiocre qualité, plus proche de l’enquête en pissotière que de la grande politique (1), certains plumitifs voient en lui un formidable agent d’influence du Kremlin. Qualifié de « véritable ode à la Russie poutinienne (2) », son essai, Un printemps russe, mérite mieux que ces approximations malveillantes.

Alexandre Latsa explique que depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 de Vladimir Poutine, la Russie connaît une phase de renouveau au point que « le poutinisme est en train d’émerger comme un modèle, sorte de gaullisme amélioré et moderne qui, dans les années à venir, devrait faire de nombreux émules dans le monde et en Europe (p. 285) ». Le pays sort pourtant d’une longue transition chaotique. L’auteur a bien raison d’insister sur ces nouveaux « Temps des troubles », les années 1991 – 1999, même si le déclin commença au temps de l’URSS avec la Perestroïka de Gorbatchev.

Une décennie troublée

La soudaine disparition de l’Union Soviétique cumulée à l’application immédiate et idiote d’une politique économique ultra-libérale inadaptée au contexte psychologique et social post-soviétique plongèrent la Russie dans un désordre multiple. Des républiques fédérées telles le Tatarstan ou la Tchétchénie cherchent à se libérer de la tutelle moscovite. Parallèlement, l’armature étatique détériorée passa sous la coupe de la Sémibankirchtchina (les sept oligarques les plus puissants). Leur fortune rapidement acquise reposait sur des connivences entre jeunes loups avides de gains, hauts fonctionnaires véreux et apparatchiks ex-communistes corruptibles. Il est clair que « la prise de contrôle de groupes mafieux s’était faite de façon tout à fait “ légitime ” durant la Perestroïka et avec le soutien indirect (volontaire ?) de gouvernements étrangers, du FMI et de la Banque mondiale (p. 47) ». La Russie perdit alors son rang de grande puissance et certains misèrent sur son implosion territoriale imminente quand ils ne tablaient pas sur sa rétractation proprement européenne. Deux chercheurs français, affiliés aux cénacles atlantistes, Françoise Thom et Jean-Sylvestre Mongrenier, envisagent encore « à très long terme […], une Russie revenu aux frontières de la Moscovie, délestée de la Sibérie et de l’Extrême-Orient (3) ». Ils ne font que reprendre une hypothèse émise par le géopolitologue Yves Lacoste, auteur de Vive la nation !, il y a plus de dix ans, quand il s’interrogeait sur l’avenir de la Russie. « L’indépendance des peuples non russes inclus plus ou moins sous la contrainte dans la Fédération de Russie est sans doute le moyen pour la Russie de reprendre son développement économique, social et politique sur des bases géographiques nouvelles certes restreintes par rapport à l’ancien empire, mais encore de très grande taille, notait-il. La reconstruction de la Russie passe sans doute moins par le maintien de son autorité sur de vastes territoires où les Russes sont de moins en moins nombreux, que par la lutte contre les facteurs de l’excessive mortalité (l’alcoolisme, la misère des hôpitaux, les carences de l’habitat) qui en font un cas très exceptionnel en Europe et qui le conduisent au déclin. L’« homme malade » de l’Europe doit d’abord se guérir et une Russie convalescente, au territoire mieux organisé, pourrait alors raisonnablement demander son entrée dans l’Union européenne (4). » Ces spéculations ne sont pas nouvelles et n’appartiennent pas aux seuls nationistes républicains français. Alexandre Latsa remarque que l’« obsession anglo-saxonne de démembrement de la Russie est ancienne et a historiquement commencé dans le sud du pays, au cœur du Caucase russe (p. 27) ». Faut-il rappeler que « de 1989 à 2016, l’alliance entre les États-Unis et les islamistes radicaux s’avérera une constante de la géopolitique américaine en Eurasie, en particulier de la lutte contre la Russie (p. 45) » ? Au soir de sa vie, le géo-penseur réaliste national-grand-européen Jean Thiriart répétait que le retrait soviétique d’Afghanistan fût une erreur géopolitique considérable que les Européens regretteront. Cette défaite accéléra l’effondrement soviétique et stimula l’islamisme. En outre, « les années 1990 avaient transformé la Russie en une sorte de IVe République déformée, avec des partis éphémères, rendant le jeu politique favorable à la stratégie des alliances et à l’achat de députés (p. 79) ».

Ruinée par des krachs à répétition, victime d’une insécurité record, exaspérée par l’alcoolisme chronique d’Eltsine, la population réclamait un « Pinochet » russe. D’abord séduite par le discours nationaliste du « libéral-démocrate » Jirinovski, elle se tourne ensuite vers le Parti communiste, puis vers le général Alexandre Lebed qui obtint à la présidentielle de 1996 14,5 % des suffrages. L’entourage présidentiel sut détourner cette revendication en promouvant Evgueni Primakov. L’auteur souligne avec raison qu’avant Poutine, « c’est Evgueni Primakov qui historiquement mit la Russie sur les rails du “ grand redressement ”, même s’il ne resta pas en poste bien longtemps (pp. 49 – 50) ». Ministre des Affaires étrangères de 1996 à 1998, puis Premier ministre de septembre 1998 à mai 1999, l’ancien journaliste arabophone du KGB donna à la diplomatie russe son impulsion eurasienne actuelle. Mais de féroces querelles intestines le chassèrent du pouvoir, remplacé par quelques politiciens plus occidentalistes, libéraux et américanophiles. Sur un point, Alexandre Latsa commet une erreur. Vladimir Poutine serait selon lui le « huitième Premier ministre de la Fédération de Russie au cours des dix-huit derniers mois (p. 60) ». En fait, avant sa nomination, occupèrent successivement la fonction Sergueï Kirienko (24 avril – 23 août 1998), Viktor Tchernomyrdine (23 août – 11 septembre 1998), Evgueni Primakov et Sergueï Stepachine (19 mai – 9 août 1998).

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Indispensable restauration de l’État

La nomination surprise du chef du FSB, Vladimir Poutine, à ce poste, allait confirmer et amplifier les esquisses posées par Primakov. Ce n’est pas étonnant, car Poutine appartient à l’époque du KGB aux « réformateurs » dont le chef de file n’était autre que le directeur lui-même, Youri Andropov. Dans ses articles de Monde et Vie du début des années 2000, l’ancien résistant et journaliste spécialisé dans la guerre secrète, Pierre de Villemarest, le qualifiait de « national- soviétique ». Conscient de l’ampleur de la tâche à mener, Poutine parvient néanmoins à réduire l’influence délétère des oligarques et à restaurer une « verticale du pouvoir », ce qui assure à l’État depuis Moscou le contrôle de « cet immense territoire en quelque sorte laissé à lui-même et au sein duquel il était vital pour l’État d’accentuer son autorité afin de contrecarrer les dynamiques naturelles d’inertie territoriale dues principalement à la géographie du pays (pp. 81 – 82) ». L’administration du pays le plus étendu au monde n’est pas une mince affaire. « La recomposition du modèle russe s’opère selon une équation assez surprenante visant à reconsolider la solidarité et l’unité nationale en affirmant la diversité culturelle par l’essor du patriotisme. Ce dernier élément vise également à atténuer les tendances nationalistes jugées dangereuses, car pouvant remettre en cause l’équilibre polyethnique et multiconfessionnel russe, et surtout contribuer à l’essor du nationalisme régional et donc aux pulsions indépendantistes (p. 71). » La restauration d’un État fort accorde une priorité aux « aspirations et besoins de la communauté […] sur les aspirations individuelles, et […encourage] au maximum les cultures et identités locales en accentuant leur intégration (et leur compatibilité) avec l’identité fédérale (p. 116) ».

État-continent, la Russie dispose de spécificités qu’ignorent les États-nations d’Occident. Par exemple, elle « n’a pas besoin de l’immigration pour connaître un système naturellement pluriculturel et pluriethnique (p. 131) ». Ainsi, depuis le XIIIe siècle et l’invasion tataro-mongole, les peuples slaves de l’Est cohabitent-ils avec des peuples musulmans qui rejettent (pour combien de temps encore ?) l’islam wahhabite et ses succédanés. Sait-on à ce sujet que la Russie a depuis 2005 rang de membre observateur à l’OCI (Organisation de la coopération islamique) ? Héritière tout autant de Byzance que du khanat de la Horde d’Or, la Russie applique le polyethnisme, c’est-à-dire un cadre socio-historique et politique de cohabitation ethno-culturelle très variée agencée et ordonnée autour du noyau ethnique majoritaire, le peuple russe. Cela signifie que « le modèle de l’État-nation ne lui sied pas puisque la Russie comprend en son sein des nations et des républiques (p. 118) ». Mieux encore, « le patriotisme et le monde polyculturel sont intrinsèquement liés et […] chaque citoyen peut se sentir appartenir à la Fédération (p. 136)».

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Ni Asie, ni Europe. Russie !

Alexandre Latsa explique qu’à rebours de cette tradition politique, des nationalistes russes les plus radicaux et les plus hostiles à Poutine prônent le départ complet de toute présence russe au Caucase du Nord, voire de la Sibérie, parce qu’ils adhèrent précisément à une logique stato-nationale incompatible avec l’histoire de la Russie, l’ultime ensemble supranational au sens traditionnel du terme. « Alors que le manifestant moyen de Bolotnaïa est souvent hostile aux immigrants d’Asie centrale, nationaliste et libéral, et rêve de Rome et de Paris, son opposant politique est un patriote étatiste, croit au monde russe et rêve d’une Russie slave et orthodoxe, mais non occidentale (p. 263). » Ce constat surprend l’Occidental intoxiqué par ses médiats. Pour le patriote étatiste russe, « cette expérience historique, qui fait clairement de la Russie un empire et non un État-nation, l’éloigne non seulement de l’expérience historique de l’Europe, mais lui procure une capacité d’appartenance et de projection à cet ensemble culturel à part qu’est l’Eurasie, cette zone du monde qui se situe géographiquement entre la plaine hongroise et la frontière chinoise, et culturellement entre Moscou, Athènes et Astana (p. 273). » Par conséquent, le patriotisme politique, civique et civilisationnel russe « est en réalité nécessaire pour maintenir une unité nationale bien plus difficile à conserver qu’au sein des États-nations européens, plus homogènes sur le plan ethnique, religieux et culturel (p. 114) ». Il importe, d’une part, de relativiser cette dernière affirmation, car, suite à quatre décennies d’immigration de masse extra-européenne, les sociétés d’Europe occidentale deviennent hétérogènes sur le plan ethnique, se fragilisent et tentent de pallier ce délitement désormais quasi inévitable par l’avènement d’un État de droit sécuritaire ultra-moderne. L’auteur mentionne, d’autre part, la surprenante demande du « nationaliste » Vladimir Jirinovski qui aurait aimé « loger la moitié de la population du Japon au centre de la Russie (p. 269) ». Le chef du Parti libéral-démocrate de Russie pensait ici en homme d’Empire et non pas en politicien stato-national. Si un jour (proche ?) la guerre civile et le chaos embrasaient l’Occident européen, la Russie accueillerait peut-être des exilés (définitifs ?) venus de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Italie ? Déjà, sous la Révolution, de nombreux émigrés vécurent dans l’Empire des tsars. Joseph de Maistre en retira ses magistrales Soirées de Saint-Pétersbourg.

« En développant une politique de puissance sur le long terme, la Russie apparaît désormais pour un nombre croissant d’Européens mais aussi d’Africains, d’Asiatiques ou de ressortissants du monde musulman comme une forme d’anti-modèle, de contre-modèle, capable de proposer une alternative à la voie sans issue dans laquelle s’est engagé le modèle dominant actuel (p. 160). » Cela agace les médiats occidentaux dirigés par des financiers et des banksters. « La censure existe autant en France qu’en Russie. […] N’est-il pas plus juste que ce soit l’État et non des oligarques ou des banquiers qui contrôlent les médias (p. 200) ? » Dans l’Hexagone, les puissances industrielles et d’argent financent les structures médiatiques. Vincent Bolloré n’a-t-il pas le groupe Canal + (iTélé, C8) et le quotidien gratuit Direct Matin ? Serge Dassault le groupe Le Figaro ? Patrick Drahi Libération, L’Obs, les télés BFMTV et N° 23, la radio RMC ? Martin Bouygues TF1, TMC et LCI ? Arnaud Lagardère Europe 1, Paris Match et Le Journal du Dimanche ? Le groupe bancaire Le Crédit mutuel de nombreux titres de la presse quotidienne régionale de l’Est de la France ? Souvent en contact avec des journalistes « dont le travail s’est, au cours des dernières années et concernant la Russie, avéré être un mélange de militantisme idéologique, d’incompréhension, de mensonge et de mauvaise foi (p. 184) », Alexandre Latsa ne cache pas ses critiques à leur égard. En effet, « majorité de gauche, parisianisme, morale petite-bourgeoise, le journalisme français est devenu la courroie de transmission d’un courant d’idées qui a tendance à négliger l’information et la vérité au profit de l’éducation du grand public (p. 195) ». Il dénonce « cette diabolisation, que certains analystes ont qualifié de guerre médiatique totale, vise essentiellement la gouvernance russe actuelle ainsi que ses prises de position internationales contribuant à l’établissement d’une nouvelle architecture mondiale, davantage multipolaire, que pourtant chacun devrait souhaiter (p. 20) ». Pis, « les années qui passent démontrent le manque d’imagination des commentateurs et leur totale incompréhension de la Russie d’aujourd’hui et de ses élites, mais surtout elles prouvent l’alignement des agences de presse avec les intérêts stratégiques américains et leurs relais actifs de relations publiques (p. 76) ». Les campagnes de presse russophobes réussissent souvent du fait de grandes lacunes sur « le front médiatique, où la Russie connaît une certaine faiblesse (p. 184) ».

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Nécessaire stabilité politique et institutionnelle

Favorable au libéralisme politique, social, économique et sociétal, la caste intello-médiacratique hexagonale exècre la Russie, défenseur de la « dimension illibérale de l’État [qui] est une constante historique (p. 121) ». La particularité de son système politique, qu’on peut définir comme une démocratie charismatique ou une démocratie illibérale, se caractérise par des forces politiques agencées « dans trois cercles concentriques, en fonction de leur nature davantage que de leur corpus idéologique (p. 84) ». Le premier représente, avec Russie unie, le bloc central de gouvernement. Dans le deuxième gravite l’« opposition de gouvernance (p. 85) », à savoir les communistes, Jirinovski, Russie juste de centre-gauche (membre de l’Internationale socialiste), les libéraux de Iabloko et les libéraux-conservateurs de l’Union des forces de droite aujourd’hui dissoute. « Cercle marginal (p. 85) », le troisième rassemble tous les partis dits extrémistes, y compris les nationaux-bolcheviks d’Édouard Limonov. Les belles âmes s’offusquent du manque de renouvellement politique. Et en Afrique du Sud alors ? L’ANC gouverne depuis 1994 sans soulever les mêmes condamnations… Idem pour le géant de la Corne de l’Afrique, l’Éthiopie dirigée depuis 1991 par le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens. Alexandre Latsa n’évacue pas les dysfonctionnements dus à une politique libérale qui assèche le secteur public, et reconnaît même volontiers que « la corruption est un problème qui fait partie de l’ADN de la Russie (p. 102) » en le replaçant sur la longue durée historique, la seule pertinente pour mieux comprendre.

Avec la politique poutinienne de redressement, « la Russie est […] incontestablement redevenue, malgré les récurrents soubresauts qui la traversent, l’un des principaux acteurs de la scène politique mondiale (p. 11) ». Pour l’auteur, on l’a vu, la Russie « apparaît également comme un nouveau modèle alternatif, que ce soit sur le plan politique, mais aussi sociétal via la promotion des valeurs traditionnelles, religieuses et familiales, qui étaient finalement celles de la “ Vieille Europe ” (p. 12) ». Vraiment ? Et la GPA ? Maria Poumier rappelle que, rémunérée, cette procédure biotechnique « y est légale depuis 2009 et connaît un boum effrayant. Mais l’Église orthodoxe s’y oppose (5) ». Elle tient toutefois à préciser que « cas unique, la législation russe permet à la mère porteuse de garder l’enfant pour elle si elle change d’avis à la naissance. La culture chrétienne orthodoxe règne donc bel et bien encore sur le pays, conclut-elle (6) ».

Alexandre Latsa se penche enfin sur le dessein géopolitique immédiat de Moscou qui se traduit à travers une Union douanière, une Union eurasiatique calquée sur le modèle de la pseudo-UE et une politique d’hydrocarbures. Le dynamisme russe exercerait un tel attrait que « l’Inde, la Moldavie, le Chili, Singapour, Israël ou la Nouvelle-Zélande ont émis le souhait de rejoindre l’Union douanière, tandis que l’Union eurasiatique pourrait s’étendre à l’est et l’ouest de l’Eurasie en englobant, par exemple, la Bulgarie, la Hongrie, la Mongolie, le Venezuela ou encore le Vietnam et la Syrie (p. 162) » ? Tous ces projets indiqueraient plutôt la résurgence, plus étendue, du COMECON soviétique. Il compare aussi la création de l’État fantoche du Kossovo avec le rattachement de la Crimée à la Russie et juge que le précédent criméen permettra aux Bélarussiens et aux Khazaks de réintégrer la Russie. En est-il si sûr ? Les régimes forts du Bélarussien Alexandre Loukachenko et du Khazak Noursoultan Nazerbaïev construisent de véritables nations reposant aux identités politico-culturelles originales dorénavant moins malléables que des Moldaves tiraillés entre Moscou, Kiev et Bucarest. Sinon pourquoi le tracé du gazoduc North Stream contournerait-il le Bélarus pourtant guère sensible aux sirènes occidentalistes ?

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La difficile question ukrainienne

Le gouvernement russe entend contester les visées néo-conservatrices occidentales. L’auteur insiste sur le rôle délétère majeur joué par Jean Monnet dans l’intégration de la construction pseudo-européenne au cadre atlantiste dont l’OTAN, le TAFTA et le CETA (le traité de libre-échange avec le Canada) parachèveront l’exclusion finale des Européens de l’histoire. En revanche, « la France, en se rapprochant de l’OCS, pourrait devenir la première puissance européenne membre stricto sensu et ainsi conforter ses positions (p. 291) ». Mais faut-il pour autant qu’une France libérée de la tutelle atlantiste rejoigne un bloc continental eurasiatique ? Certes, Alexandre Latsa a raison d’affirmer que la Russie a une vocation – méconnue – de thalassocratie potentielle. L’URSS le savait comme l’a montré en 1982 le jeune stratégiste Hervé Coutau-Bégarie avec La Puissance maritime soviétique (7).

Quant aux menées expansionnistes en Ukraine, si elles se comprennent du côté russe, elles n’en demeurent pas moins datées. Alexandre Latsa considère que « le Maidan sera donc une révolution de couleur qui verra une minorité d’activistes radicaux d’extrême droite faire basculer dans la violence des manifestants critiquant, avec sans aucun doute une réelle légitimité et une réelle sincérité, la mauvaise gestion de l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch (p. 250) ». Tous ces événements signifient-ils que « l’Ukraine pour notre pays n’est ni une zone d’influence française historique, ni un partenaire économique de poids (p. 288) » ? Et les soldats morts devant Sébastopol lors de l’odieuse Guerre de Crimée (8) ? Et la princesse Anne de Kiev qui épouse le Capétien Henri Ier et devient d’abord reine de France, puis plus tard première régente du royaume ? Et le duc de Richelieu, gouverneur général de l’Ukraine, fondateur du port d’Odessa ? L’auteur commet d’autres erreurs factuels. Il parle de l’« armistice du 8 mai (p. 113) » alors qu’il s’agit de la capitulation de l’Allemagne. Plus grave, l’Ukraine n’aurait aucun « projet national réel (p. 258) ». C’est exact pour les nabots qui dirigent ou ont dirigé l’Ukraine. C’est faux en ce qui concerne les nationalistes « néo-bandéristes ». Certes, ce projet d’ordre national n’existe pas chez Svoboda, cette sorte de FN de pacotille. Il est en revanche tangible, réfléchi et fort avancé au Prevy Sektor et surtout au sein du Bataillon Azov. Avec les Italiens de CasaPound, les Grecs d’Aube Dorée et des Espagnols, les patriotes ukrainiens ont eux aussi commémoré le sacrifice de Dominique Venner en 2013 et traduisent ses œuvres. Comprenant le caractère mortifère de l’Union soi-disant européenne, ils ne se résignent pas à rejoindre une Union eurasienne qui nierait leur identité nationale, car le peuple ukrainien existe comme existent en France les peuples corse, basque, breton ou alsacien. Les nationalistes ukrainiens postulent une véritable alternative au-delà du rapprochement avec Moscou, l’alignement obligatoire sur le complexe atlantiste ou le maintien d’une Ukraine seule et isolée. Ils ont réactivité l’ambitieuse vision de l’Intermarum, soit la coopération stratégique entre les nations de la Baltique, de la Mer Noire, voire de l’Adriatique. Le conflit dans les contrées orientales de l’Ukraine est inacceptable d’autant que les descendants de Boréens meurent dans les deux camps. Pourquoi tous ces drames, ces morts, ces familles déchirées ? Une Europe-puissance aurait certainement pu éviter cette tragédie. Aujourd’hui, la réconciliation russo-ukrainienne devient presque impossible. Les Ukrainiens en colère prouvèrent en tout cas leur indéniable courage tandis qu’à Paris, La Manif pour Tous montrait sa couardise foncière et son légalisme pathologique. versant dans la nostalgie soviétique, les républiques indépendantistes de Donetsk et du Donbass acceptent l’appui de mouvements antifas et reprennent les antiennes anti-fascistes qui abrutissent les Européens de l’Ouest depuis 1945.

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L’Ukraine est une jeune nation à qui il a manqué dans les premières années de son indépendance une colonne vertébrale politique ainsi qu’un État fort que les Khazaks apprécièrent dès 1991, les Bélarussiens à partir de 1994 et les Russes en 1999 ! Cette absence étatique favorisa l’instabilité politique et l’émergence d’oligarchies locales dans une situation comparable aux indépendances post-coloniales d’Amérique latine au début du XIXe siècle. La guerre qui dévaste l’Est de l’Ukraine est proprement intolérable pour tout authentique Européen qui ne peut que déplorer que « pour les Ukrainiens, une rupture terrible est en train de se produire avec leurs frères russes, tandis qu’il est évident que nulle intégration de l’Ukraine, ni dans l’Europe, ni dans l’OTAN, ne devrait voir le jour (p. 256) ». Anthropologiquement boréenne, la Russie – comme l’Amérique du Nord – n’est pas européenne. Elle doit suivre sa propre voie hors de toute ingérence étrangère. Enterrons donc le mythe eurosibérien et l’idée d’une Grande Europe de l’Islande au Kamtchatka. À l’heure où l’Occident ultra-moderne, cosmopolite et humanitariste subit la submersion démographique des peuples de couleurs d’Afrique et d’Asie, détournons-nous des abjectes « Lumières », récusons l’occidentalisme et privilégions plutôt une coopération boréale intelligente de Dublin à Vladivostok en passant par Paris, Madrid, Rome, Berlin, Budapest et Moscou.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Cécile Vaissié, Les réseaux du Kremlin en France, Les petits matins, 2016; Nicolas Hénin, La France russe. Enquête sur les réseaux Poutine, Fayard, 2016. Il manque cruellement une grande enquête sur l’Hexagone yankee et les larbins français de la Maison Blanche. Un ouvrage pareil serait à coup sûr plus volumineux qu’un gros bottin téléphonique.

2 : Anne Dastakian, dans Marianne, du 19 au 25 août 2016.

3 : Jean-Sylvestre Mongrenier et Françoise Thom, Géopolitique de la Russie, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2016, p. 120.

4 : Yves Lacoste, « Dans l’avenir, une très grande Europe de l’Atlantique au Pacifique ? », dans Hérodote, n° 118, 3e trimestre 2005, pp. 211 – 212.

5 : Mari Poumier, Marchandiser la vie humaine, Le Retour aux Sources, 2015, p. 137.

6 : Idem, p. 139.

7 : Hervé Coutau-Bégarie, La Puissance maritime soviétique, Économica, 1983.

8 : Érigée en 1860 sur le rocher Corneille avec la fonte du fer des canons russes pris à Sébastopol cinq ans plus tôt, la statue de Notre-Dame de France surplombe Le Puy-en-Velay.

• Alexandre Latsa, Un printemps russe, Éditions des Syrtes, 2016, 309 p., 20 €.

La revue de presse de Pierre Bérard

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La revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

SUÈDE

En Suède un miracle n'arrive jamais seul, la preuve. Non content d'avoir été élu pays d'accueil privilégié des "réfugiés", l'arrivée massive de ces derniers aurait permis un boom économique. Pensez donc, 4,5 % de croissance du PIB au dernier trimestre de l'année 2015 ! De quoi faire pâlir les "économistes" chinois. À quoi serait due cette "croissance" surprenante dans une Europe en proie à la léthargie et où l'Allemagne avec un taux annuel de 1,6 % fait figure de locomotive ? D'après une abondante cabale d'experts, à l'immigration. Oui, vous ne rêvez pas. Ce qui est vrai en un sens, défavorable aux Suédois, car le gouvernement  a beaucoup dépensé pour l'installation de ses hôtes : logements, écoles, allocations, fonctionnaires supplémentaires. Ce qui permet à L'Humanité, quotidien du Parti Communiste Français, ou des rogatons qu'il en reste, de justifier cette politique généreuse d'accueil des migrants et de vanter les exigences de la CGT en la matière. Le mythe de l'avenir radieux n'a pas pris une ride. Après le génial Staline, c'est l'immigration salvatrice qui nous promet des lendemains qui chantent. Singulière position d'un parti autrefois défenseur des salariés et qui, aujourd'hui, adhère sans recul à la plus pure doctrine libérale, au point de rabâcher ses âneries. En effet, la principale insuffisance du PIB est de ne pas faire la différence entre une nuisance et un richesse. Ainsi les catastrophes naturelles ou l'augmentation du nombre des accidents de voitures font grimper automatiquement ce taux. Si l'on suivait le raisonnement de L'Humanité, suivant en cela de nombreux experts rémunérés par le Capital, une Suède peuplée de millions de "réfugiés" supplémentaires connaitrait un taux de croissance de son PIB mirifique. Mais l'on constate que le gouvernement du pays "le plus généreux d'Europe" n'a pas cru devoir poursuivre l'expérience puisque, la mort dans l'âme, il a annoncé cette année la fin de l'immigration et un contrôle drastique  de ses frontières. Et du même coup sans doute la fin de la croissance miraculeuse reconnaissant par là les imperfections du mirobolant indicateur censé la mesurer. Gageons que le prolétariat local ne doit pas être marri de cette décision :
 
 

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SYRIE / RUSSIE 
 
Le point de vue de Caroline Galactéros. Tout d'abord avec un article du 11 septembre 2016 sur les alliances nouées sur le terrain proche-oriental et surtout celle qui lie désormais la Russie et la Turquie, pure alliance de circonstance selon elle (première référence). Dans une seconde chronique, percutante mais aussi accablante pour notre calamiteuse politique vis-à-vis de la Syrie et de l'action qu'y mène la Russie, elle montre comment la France s'est trompée en s'engouffrant dans un alignement crédule et irénique sur la stratégie du chaos voulue par la puissance américaine au dépens de la sécurité de nos concitoyens. Elle ne mâche pas ses mots pour qualifier notre diplomatie du contresens qui, planquée derrière les jérémiades vertueuses de Fabius et d'Ayrault, s'avère incompétente et finalement humiliante pour notre pays, humiliante car elle risque de jeter le destin de la France aux mains d'imprévisibles politiciens étatsuniens. :
 
 
 
Bruno Guigue quant à lui insiste sur le pathétique d'un président (Hollande), sponsor des terroristes sunnites au Proche-orient, menaçant de ses rodomontades celui qui les combat (Poutine). Déférer le président russe devant la Cour pénale internationale pour crime de guerre, rien que ça ! Monsieur "petites blagues" a, c'est évident, réussi la meilleure de l'année dans le registre de l'esbroufe et ceci au mépris d'une diplomatie qui fut, jusqu'en 2003, dotée d'un certain panache et qui sombre dorénavant dans le ridicule en mettant son crétinisme au service des États-Unis. Quand le propos politique se réfugie dans l'incantation moralisatrice, il ne fait qu'exprimer sa triste impuissance et comme l'aurait dit un ancien ministre des affaires étrangères "le décrochage de la France est maintenant indéniable".  :
 
 
krantenlezers1.jpgHadrien Desuin, expert en géo-stratégie, délivre un message semblable à propos des hésitations et du couac final de la "diplomatie" hollandaise vis à vis de la Russie. Au fond, écrit-il, "Cet homme n'aime pas ce pour quoi il a été élu : décider et choisir. Il laisse la décision à Vladimir Poutine. Et Vladimir Poutine de lui répondre moqueur : je viendrai quand François Hollande sera prêt". Nouvelle rebuffade pour Hollande, mais c'est pourtant peu dire que d'avouer que la France doit parler à la Russie pour exister sur la scène internationale, mais que Moscou n'a pas besoin de Paris pour compter dans le monde :
 
 
Un son de cloche bien différent que celui que l'on nous serine à longueur de journée à propos d'Alep-est et de ses fameux "casques blancs", secouristes humanistes qui sauvent des vies au mépris de la leur. Une imposture de plus au service du bloc occidental :
 
 
Sur la généalogie de ces pseudo "casques blancs" on se reportera à la fiche publiée par le site suisse Arrêt sur info :
 
 
Dans un entretien donné à Figaro vox le 29 septembre concernant le sort d'Alep, le géographe Fabrice Balanche se refuse à emboîter le pas au story telling occidental. En effet il met en cause les médias où l'émotion l'emporte sur la réflexion et qui sur-réagissent aux bombardements russes, justifiant ainsi notre "Irrealpolitik". Il rappelle que les "rebelles modérés" qui envoûtent tant nos politiques sont une fiction, que les civils d'Alep-est sont maintenus prisonnier dans leur ville afin de servir aux troupes d'al-Qaîda de boucliers humains et que l'émoi provoqué dans l'opinion publique par cette situation est instrumentalisé par les bailleurs arabes de la rébellion syrienne, notamment l'Arabie saoudite et le Qatar salafistes auxquels nos chancelleries complices ne peuvent rien refuser : 
 
 
Jean-Luc Mélenchon invité dans l'émission L'Épreuve de vérité  de Public Sénat  nous offre le réjouissant spectacle de journalistes criblés de rafales assassines. S'y révèle, une fois de plus, une doxa médiatique qui, bien qu'hégémonique, ne tient plus la route. Avec ses saillies oratoires et son art offensif de la dialectique, Mélenchon pratique une stratégie de rupture avec le discours mainstream. Son exécution du résident de la République est à cet égard exemplaire et les quelques minutes qu'il consacre au tout début de son intervention à l'affaire syrienne et à l'éviction dérisoire de la Russie de Poutine par notre diplomatie un morceau de premier choix :
 

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ISRAËL
 
Démystification. Quelques vérités à propos de Shimon Peres, honoré par l'Occident unanime et condamné par les Arabes pour d'évidentes raisons. On notera que les édiles européens célèbrent un homme et à travers lui un pays qui pratique une toute autre conception du "vivre ensemble" que celle à laquelle ils ont contraint leurs populations. La loi du double standard ne jouerait-elle qu'en faveur d'Israël ? :
 

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HONGRIE
 
Un article cueilli sur un site catholique nous apprend que Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services  de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la crise des migrants qui assaillent l'Europe serait un opération mené par les autorités de Bruxelles avec le concours des médias mainstream et des ONG contre les États-nation du continent afin d'instaurer une Europe multiculturelle. Au delà d'une évidente défense de la politique migratoire des autorités hongroise, cette déclaration donne à réfléchir :
 

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ÉTATS-UNIS
 
Pascal Gauchon, rédacteur en chef de l'excellente revue de géopolitique Conflits présente son dernier hors-série devant la caméra de Boulevard Voltaire. Il est consacré aux visages de la puissance américaine. Sa conclusion : "Hillary Clinton, c'est George W. Bush avec une jupe".  Notons par ailleurs que l'actuel numéro (en kiosque) porte dur le thème "La Russie et nous" :
 
 

samedi, 15 octobre 2016

Eric Margolis on Germany and France

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If You Think the US Has Problems…

Eric Margolis on Germany and France

Europeans, whose male political leaders all seem to have mistresses,  would laugh off Trump’s awkward gropes and the outrage they caused as adolescent. Better gropes than a possible war with Russia over Syria.  But Trump looks like a mastodon stuck in a primeval tar pit, ambushed by Democratic hunters.

Does anyone remember the Democrat’s young god, Jack Kennedy, who used to drag women into the White House linen closet,  smoke a joint, and give them a presidential quickie? Lyndon Johnson’s Texas rough-riding, or Nelson Rockefeller’s too young girlfriends that did him in? 

RefugeeMapGermany2015.jpgBad as things are in the US, they are not much better in Europe. The foolish flight of racist Britain from the European Union has deflated its outrageously inflated pound sterling and spread panic among fat cat bankers and property developers. The last rags of Britain’s imperial pretensions have been ripped away.

Things are so bad right now that the odious Tony Blair, who seduced the wife of his patron, Rupert Murdoch, is trying to slither back into political life.

Here in Germany, Europe’s bulwark, the political ground is shaking. Chancellor Angela Merkel has been a cautious, capable leader. Her courageous admission of 1.1 million Mideast and Afghan refugees was the right thing to do morally but a political disaster for her center-right party.

In fact, Merkel’s long tenure in office may be nearing its end.  Younger Germans are tired of bland ‘Mama Merkel’ and their nation’s kowtowing to Washington. Germany remains in some ways the defeated, occupied nation of 1945.

Many Germans call for stronger government action over the foundering Deutsche Bank. Located here in Frankfurt, this dummkopf bank has lost huge amounts of money and run onto the rocks due to unconstrained greed and managerial ineptitude. Deutsche’s real problem is that it tried to be like a rapacious American bank rather than like a conventional, conservative German bank. How could Germans be so stupid?

The Berlin government will probably have to rescue Deutsche Bank sometime soon, or at least engineer a takeover. It does not help that the US may fine Deutsche up to $14 billion for peddling rotten real estate bonds in the US before 2008. Or that the bank may be in hock for a staggering $46 billion in mysterious derivatives few understand. All this is pure casino capitalism.  Maybe they should rename the bank, Die Bank Trump!

Deutsche Bank’s collapse could bring a Lehmann Brothers-type panic to Europe’s already deeply stressed financial system.

Italian banks are in terrible shape, up to their tortellini in bad debts. Their depositors are likely to be hard hit in any bail-out or bail-in. However, the rule remains: save the banks first, then women and children.

Meanwhile, across the Rhine, France’s political landscape is shaking. The wretched President Holland, who has the charisma of a wet croissant, is now the most unpopular leader since Robespierre – maybe even more so.

Like the US Republican rats abandoning their sinking electoral ship, France’s center-left wants to ditch albatross Holland but can’t find any candidate popular enough to replace him.

Presidential elections are due in April and May, 2017.  The opposition Republicans have a so-so candidate in Nicholas Sarkozy and a good one in Alain Juppé. Sarkozy is still under investigation for taking campaign cash from Libya’s late Muammar Khadaffi – who was bumped off in what looks like a French-engineered murder.

Behind them looms the specter of National Front Leader Marine le Pen.  Her effort to ditch the EU and NATO, kick out the Arabs, and adopt economic nationalism makes her a French version of Trump. But she is a far more adept politician and a gifted speaker.

Like America’s Republican oligarchy facing Trump, France’s political elite trembles before Le Pen. So does the rest of Europe as her radical thinking enflames rightwing parties across the continent. The Front National could replace France’s venerable Socialists as the nation’s second party and main opposition.

Spain is in political paralysis, unable to elect a government.  In Brussels, the EU is trying to reshape its role after Brexit and find a new ‘raison d’etre.’  At least it will no longer put up with British sabotage. It’s what Trump would call ‘a disaster.’

jeudi, 13 octobre 2016

Karel van Wolferen: US addicted to enemies for worldwide dominance

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Dutch professor Karel van Wolferen: US addicted to enemies for worldwide dominance

Professor Karel van Wolferen talks about America's addiction to having enemies, for unlimited control and fullspectrum dominance, braindead Europe, journalistic selfcensorship and other crucial geopolitical facts not covered by the mainstream media.

Karel van Wolferen was born in Rotterdam in 1941. He is emeritus University Professor for Comparative Political and Economic Institutions at the University of Amsterdam. This position was created with the aim of stimulating novel forms of inquiry transcending established academic disciplines. He is currently engaged in writing a book for simultaneous publication in Europe on the consequences of current American foreign policy, and the necessary formation of a collective European political voice for the preservation of stable and peaceful world order. His longer term project entails a study on how flawed political and economic theories block a better understanding of the realities in the post-Cold-War world, and how knowledge of Asian institutions can help us discern these realities.


Professor van Wolferen has been active on behalf of journalistic causes, and served as treasurer and president of the Foreign Correspondents Club of Japan. He has written extensively about the Japanese political economy, and its conceptual challenges to orthodox economic thought. He specializes in the dynamics of Japanese political institutions, theory and practice of globalization and contemporary capitalism, and the re-examination of fundamental economic concepts. In recent years he has written extensively on the changed role of the United States in world affairs, and has advocated that Europe and the East Asian region develop a new truly post-Cold-War diplomacy to cope with common problems. His articles and essays have appeared in The New York Times, Foreign Affairs, The National Interest, The New Republic, The Washington Post, Le Monde, The Los Angeles Times, Die Zeit (Germany), Chuo Koron (Japan), Bungei Shunju (Japan), Gazetta Slovo( Russia) and numerous other publications.


Professor van Wolferen’s book ‘The Enigma of Japanese Power’, which has been translated into twelve languages, is generally considered to provide the most elaborate intellectual support of what has been called the “revisionist” view of Japan. His analysis is well-known and appreciated among the most prominent reformist politicians of Japan. He has gained a large Japanese readership with some sixteen books (with a total of well over a million copies sold), on political, economic, and historical issues relating to Japan as well as on problems of political change and global compatibility among economic systems.

mercredi, 12 octobre 2016

The Legacy of United States Interventionism

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The Legacy of United States Interventionism


The following in an edited version of a paper I presented two weeks ago in a debate on the topic “When should the US use force abroad and what lessons should we learn from America’s use of force in Iraq and how should those lessons inform decisions on future military missions abroad?”

There are really two questions here – when is the use of force justified in the context of the key word “abroad” and what have Americans learned regarding overseas interventions from the Iraq experience. As a foreign policy adviser for Ron Paul in 2008 and 2012, I lean in a non-interventionist direction, but that is at least somewhat due to that fact that recent interventions have not worked very well and have in fact increased the number of enemies rather than reduce them while also killing nearly 7,500 American soldiers and more than a million inhabitants of the countries Washington has become entangled with. One might also reasonably argue based on post 9/11 developments that destabilizing or attacking other countries consistently makes bad situations worse and has a tendency to allow problems to metastasize. This is sometimes referred to as blowback.

interventionlatam.jpgNevertheless, anti-intervention does not necessarily mean anti-war when war becomes the only option to protect vital interests, but armed conflict cannot be entered into lightly. There is in fact a simple answer to when to use force: it is to defend the United States itself against a clearly defined threat to the country or to a genuine vital interest. Indeed, unless a vital interest is threatened the US has no right to intervene anywhere. And how to use force is also simple: it is up to Congress to declare war as required by the Constitution. But the Constitution of the United States did not envision major deployments of American soldiers, sailors, Marines and airmen overseas, nor did it consider the existence of more than 1,000 military bases worldwide. Indeed, the US has not faced a domestic armed threat since Pancho Villa raided New Mexico in 1916, so it is necessary to consider war-making in a contemporary context.

Those who see America’s future wars as taking place “abroad” are to be sure recognizing the geographical isolation of the United States but they are also essentially promoting the principle that the country should best be defended preemptively and at a distance. Any argument for forward-defense should be based on “Just War” doctrine and must include an imminent threat. It would not include the currently fashionable humanitarian interventions, democracy promotion by force of arms, or wars of choice.

To cite the example of Iraq, if Saddam Hussein had indeed had gliders capable of flying across the Atlantic Ocean with chemical or biological weapons and had the intent to use them then attacking him would have been fully justified with or without UN permission. But lacking capability and intent to actually threaten the United States, avoiding overseas military engagement is invariably the most ethical and realistic option. Unleashing violence on a foreign government and its captive civilian population inevitably produces unforeseen consequences that result in haphazard mission creep long after the initial targets of the attack have been destroyed.

Even when a military initiative is considered inevitable it should conform to the so-called Colin Powell doctrine: it should be an unambiguously vital interest, it should be the last available option, it should have a clear and achievable objective with risks and costs clearly explained, consequences of the action must be understood and it should have a timetable and exit strategy. The American people must understand and support the mission and ideally foreign support should also be in place. It has been alleged that Powell also subsequently added the Pottery Barn rule – “once you break something, you own it.” This has been interpreted to mean that regime change has consequences. The successful invader becomes the new government and has to figure out what to do with the millions of people that now have to be fed, housed and taken care of.

The lessons learned from Iraq are several and they reflect failure to satisfy some key elements of the Powell doctrine. Active monitoring and discussions over Iraq’s weapons were ongoing when the decision to go to war was made by Washington so the war was not a last option. There was in fact no vital interest at stake, though that might not have been clear to everyone at the time. The objective to bring about regime change was both clear and easily achievable but there was not much consideration of what would happen on the day after or of consequences both for the region and the Iraqi people. There was no timetable and no exit strategy and the mission morphed into nation building, not a fit task for anyone’s military and also an endeavor which was already in considerable trouble in Afghanistan.

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All of the complications involving Iraq were exacerbated by a failure in intelligence from start to finish. The US intelligence community exists in theory to supply policy makers with objective information regarding what is going on in the world that might threaten either the United States or its interests. Information is its sole product because the intelligence agencies traditionally are not involved in policy for very good reasons – information untainted by political considerations, even if it is ignored, must be provided to permit the best possible decision making.

To be sure the line between intelligence and policy has been crossed more than once in the past seventy years and information has often been politicized as in the Soviet estimate, which made Moscow appear to be both more threatening and capable than it actually was. But the lead up to the Iraq war took intelligence tampering to a whole new level. Sir Richard Dearlove, head of Britain’s MI-6, and a key player in the Anglo-American effort to make a case against Saddam, said subsequently that the intelligence has been “sexed-up” to make it more convincing regarding Iraq’s alleged weapons of mass destruction. The so-called Downing Street memo confirmed that the “intelligence and facts were being fixed around the policy” rather than vice versa and Dearlove specifically claimed that questionable evidence was being described as solid in making assessments.

In Washington meanwhile, George Tenet and his CIA staff were frequent visitors at the White House and fully on board to the fallacious propositions that Saddam had connections with al-Qaeda and that weapons of mass destruction were in the Iraqi arsenal together with systems to deliver them on target. Sources like Curveball in Germany were simultaneously being discounted by the operations officers closest to the cases even as senior managers at the Agency were heedlessly using the information he provided as proof of Saddam’s ill intent. In late 2002 CIA working level analysts were highly skeptical of the case for war being made but those concerns somehow vanished by the time the analysis reached the building’s seventh floor, which was closely collaborating with the White House. There was also considerable broader intelligence community dissent, particularly over the aluminum tubes, which never made its way into final briefing papers. This rush to war culminated in Tenet’s UN appearance to give credibility to Colin Powell’s speech indicting the Saddam regime. Powell subsequently described the intelligence he had been given as “deliberately misleading.”

Elsewhere in the system fabricated information about Iraq seeking yellowcake uranium from Niger was cherry picked and stove-piped through the Pentagon’s Office of Special Plans and on to the White House, supplemented by false intelligence provided by Iraqi exile and known fabricator Ahmed Chalabi, who eventually turned out to be an Iranian agent. All of this arrived on the desks of policymakers in the White House and almost certainly had an impact on the decision to go to war. While it is by no means clear that war could have been prevented if the intelligence product had been better, a second opinion certainly might have caused some of the supporters of intervention to hesitate.

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As it is critically important to get the intelligence right so the decision making will be shaped around reality rather than overblown expectations, the firewall between intelligence and policy has to be maintained at all costs. That firewall was broken in the lead up to Iraq and Iraq demonstrated that bad intelligence produces bad results just as it did some years later in regard to Libya. And the problem persists in that assessments made at the working level and on the ground regarding Afghanistan have been for years pessimistic even as the intelligence community continues to support White House efforts at nation building.

Military interventions are a poor policy choice for both moral and practical reasons, but it would appear that they constitute a regrettable option that the United States will most likely continue to exercise given the expressed foreign policies of both major parties. War as a preferred instrument for resolving international disputes is a symptom of a government which outwardly appears to have all the tools to respond competently but which in reality is dysfunctional. The breakdown of the intelligence product during Iraq was, unfortunately, not a one off. Ultimately, the CIA and DNI work for the president and they will do what the chief executive wants. That is the reality and it is the situation that prevails currently with largely unrestrained executive authority. Looking to Iraq to fix things is a futile exercise. We should instead be looking at the kind of nation that we want to be and trying to establish a new normal without maintaining a continuous state of war either abroad or here at home.

Reprinted with permission from Unz Review.

mardi, 11 octobre 2016

Escenarios de la gran Eurasia: China

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Escenarios de la gran Eurasia: China

Ex: http://www.katehon.com

El Círculo de seguridad chino

La seguridad de China simplemente se puede resumir en la conservación de la estabilidad a lo largo de las zonas fronterizas internas y externas, comprendiendo que la desestabilización periférica suele preceder a los disturbios internos. La etnia han es ahora la súper mayoría abrumadora del país, pero ellos y el Partido Comunista de China todavía tienen que lidiar con un puñado de grupos minoritarios potencialmente problemáticos extendidos a lo largo de un gran espacio geográfico, algunos de cuyos miembros son altamente susceptibles a las influencias abusivas desde el exterior. Además, también existe la amenaza a largo plazo de que la memoria histórica de algunas regiones y pueblos pudiera ser manipulada para volver al primer plano de su concienzuda toma de decisiones, lo que en términos prácticos significa que incluso la etnia han o las minorías locales de las zonas anteriormente no afectadas por el sentimiento separatista, podrían verse envueltas en estos problemas. El Círculo de seguridad chino se extiende en un círculo a lo largo de la densamente poblada costa este, que sirve como núcleo del país y de su civilización histórica.

Manchuria:

Comenzando en el noreste, la primera área de preocupación para el futuro es "Manchuria", cuyos habitantes tienen una historia muy conocida por haber gobernado China durante la dinastía Qing. Los manchúes ya no constituyen un porcentaje importante de la población, pero la memoria histórica de la región podría manipularse amenazadoramente en contra de las autoridades para la promoción de una agenda hostil anti-centro (Pekín). Es un escenario lejano y que probablemente nunca tome ninguna forma sustancial pero, no obstante, merece ser mencionado como una vulnerabilidad de la seguridad de China inalterable (aunque poco probable), sobre todo porque los japoneses explotaron esta eventualidad aparentemente imposible en la década de 1930, mediante el establecimiento a la fuerza en la región de su estado títere de "Manchukuo". A pesar de que los tiempos geopolíticos han cambiado de hecho desde entonces, el concepto de una identidad "manchú" diferenciada que podría ser manipulada contra Pekín siempre seguirá siendo un problema, no obstante lo poco probable que pueda ser el retorno de su manifestación física.

Las Coreas:

Millones de coreanos viven en la frontera de Manchuria, cerca de Corea del Norte, y en el caso de que Pyongyang se derrumbe o de que se produzca algo igualmente perturbador, entonces incluso más coreanos se arremolinarán a través de la frontera si no pueden ser detenidos antes de tiempo. Si el Norte y el Sur de Corea alguna vez se reúnen, a continuación, las dos Coreas podrían un día convertirse en lo suficientemente fuertes como para presentarse como un leve competidor de China, siendo entre ellos y Japón más que capaces de manejar sus asuntos entre ambos en su propio beneficio.

Lo más preocupante para Pekín, sin embargo, sería si el personal militar estadounidense permaneciera en el país, lo cual es muy probable, y si el país recién reunido tratara de manipular a la comunidad coreana de la Manchuria China para algún propósito estratégico todavía por definir. En la actualidad, sin embargo, Corea del Sur se está convirtiendo en un problema preocupante para China, debido a la isntalación allí del THAAD, la "defensa antimisiles" de EE.UU., socavando la capacidad de contragolpe nuclear de Pekín.

Mar Oriental de China:

La disputa de las islas con Japón es importante para China, no sólo por razones histórico-normativas, sino porque estos territorios son su puerta de entrada al Pacífico occidental. Desde el punto de vista japonés, por lo tanto, pueden ser utilizados para "contener" a la armada china en una zona "segura" y "manejable” de A2/AD [Anti-access/Area denial: anti-acceso/denegación de zona], lo que explica la urgencia de China en su deseo por salir de este 'cordón sanitario'.

Mar del Sur de China:

La línea de los nueve puntos podría parecer demasiado ambiciosa e históricamente cuestionable, pero partiendo de un sentido estratégico, está sin duda justificada. China no quiere "impedir" el comercio en el Mar del Sur de China como le acusan los órganos de información afiliados a los Estados Unidos, sino salvaguardarlo, porque la mayor parte de las importaciones de energía del país y todo su comercio con Europa, África y Oriente Medio proviene generalmente de esa dirección.

Podría ser controvertido que China esté "construyendo islas" en los territorios que reclama como propios, pero siendo realistas, de no haber tomado China estos movimientos, a continuación, los EE.UU. y/o sus aliados regionales habrían golpeado a Pekín para eso con el fin de que el mundo unipolar hiciera precisamente lo que acusa a China de estar supuestamente haciendo, tratar de "controlar" y "obstaculizar" el comercio.

Debido a las complicaciones que los EE.UU. han creado en el Mar del Sur de China, y a la falta de fiabilidad de esta vía fluvial en caso de guerra o algún otro evento desafortunado, China está trabajando firmemente para construir una serie de rutas de la seda por tierra para garantizar su acceso seguro a alta mar y lejos del cuello de botella fácilmente obstruible del estrecho de Malaca.

Yunnan e Indochina:

El más austral territorio continental de China es una mezcla ecléctica de diferentes tribus y grupos étnicos muy estrechamente relacionados con los pueblos de Indochina. La montañosa Yunnan está geográficamente bien defendida de los ataques convencionales, pero es vulnerable a los asimétricos, tales como la penetración de las bandas de tráfico de drogas, las "armas de migración masiva", o infiltrados insurgentes. Vietnam podría suponer comprensiblemente una amenaza real en el caso de que estallaran con él las hostilidades en el Mar del Sur de China, y se pusiera en marcha un ataque terrestre furtivo o de represalia para coger a China con la guardia baja, pero es más probable que Myanmar, y tal vez incluso un día insurgentes de Laos y los refugiados, pudieran desbordarse en la frontera del sur de China y desestabilizar el armonioso equilibrio de identidades en la región más diversa del país.

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El "Gran Tíbet":

La región histórico-cultural del Tíbet es mucho más grande que la provincia del mismo nombre, que a su vez representa sólo uno de sus tres regiones, U-Tsang. La parte oriental de esta entidad administrativa y la parte occidental de Sichuan comprenden lo que antes se conocía como Khan, mientras Qinghai corresponde principalmente a Amdo. Aunque poco poblados, estos tres espacios ocupan una vasta región de tierra repleta de valor estratégico insustituible, ya que la Región Autónoma del Tíbet tiene el control sobre siete de las principales vías fluviales de Asia, que suministran colectivamente casi a la mitad de la población mundial aguas abajo. Esta es la verdadera razón por la que los EE.UU. y la India quieren un Tíbet "independiente", lo que consiste en aprovechar los recursos mediante representación y utilizarlos para controlar el resto de China, por no decir nada del sur y sudeste de Asia.

Xinjiang:

Algunas personas en esta región de China habitada por musulmanes túrquicos, han estado luchando por la "autonomía" o la "independencia" de China, respaldados de forma encubierta por Occidente y sus aliados del CCEAG, con el fin de astillar la parte del país lejos de Pekín rica en recursos naturales, y crear un estado salafista acérrimo en la región pivote entre Asia central, Siberia, la China de mayoría han y el Tíbet. Xinjiang también es importante porque es donde China lleva a cabo una gran cantidad de sus vuelos espaciales, por lo que la región ha añadido importancia estratégica además de la geopolítica.

El Estado chino mantiene un estricto control sobre la región a pesar de que las informaciones sobre la "supresión" de la cultura local y de la religión son totalmente exageradas, pero el asunto es que los terroristas no tienen ninguna posibilidad por el momento de recrear las circunstancias al estilo del Daesh, como para forjar su propio califato en el desierto.

En cambio, la mayor parte de su actividad probablemente se mantendrá contenida en las ciudades, a pesar de que eso no la hace de ninguna forma menos eficaz. En una nota relacionada, el escenario del Califato Kush que fue descrito al hablar de Asia Central es muy pertinente aquí, y es por esta razón por la que China avanzó recientemente el Mecanismo de Cooperación y Coordinación cuadrilateral entre Tayikistán, Afganistán, Pakistán y ella misma, con el fin de prever la emergencia de un campo de entrenamiento para terroristas en las inmediaciones de Xinjiang.

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Mongolia interior:

No muchas personas viven en el amplio territorio de Mongolia Interior, pero la región sigue siendo muy apreciada por Pekín por dos razones. En primer lugar, es extraordinariamente rica en minerales de tierras raras y carbón, pero en segundo lugar, es una puerta de enlace etno-histórica para movilizar más influencia adecuada hacia Mongolia. China no tiene reivindicaciones territoriales contra su vecino del norte, pero el punto es que la Mongolia Interior puede servir como un cultivador de influencia de poder blando, sobre todo porque hay más mongoles viviendo aquí que en el país del mismo nombre.

La amenaza, sin embargo, sería si estos mongoles (que son alrededor de 1/7 de una población de 24 millones de personas en total), alguna vez llegaran a ser "conscientes" de su nacionalidad a través de una ONG u otra manipulación externa, que a su vez podría poner a toda la China mongola estratégicamentre contra ella. No hay forma práctica de que la Mongolia Interior se “reúna” nunca con Mongolia o de que plantee una seria amenaza para China, pero podría convertirse en una irritante primera plana de menor importancia que, combinada con otras perturbaciones fronterizas simultáneamente en curso, podría contribuir a empujar la situación más allá del punto de inflexión.

Amenazas de desbordamiento

Hay tres países fronterizos cuyas rupturas internas podrían conducir a un derrame de amenazas asimétricas en la propia China. Sin contar el refugio y los campos de entrenamiento terroristas en Afganistán, estos son:

Kirguistán:

El estado de Asia Central propenso a la desestabilización podría contraerse en su totalidad si se somete a una tercera "revolución", haciendo así posible la formación de un “Califato del Kush” transnacional en la región montañosa entre Tayikistán, Afganistán, Pakistán y él mismo. Incluso si esto no sucede en la forma en que se proyecta, el extremismo islámico del valle de Fergana podría encontrar una manera de deslizarse a través de la frontera en Xinjiang, o por el contrario, convertirse en un campo de entrenamiento mucho más cercano, y por lo tanto peligroso, de lo que nunca podría serlo Afganistán (por supuesto siempre que la situación no sea estabilizada por medios domésticos o potencialmente exteriores [la OTSC, posiblemente en operación conjunta con china]).

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Nepal:

El antiguo reino hindú se tambalea ahora cerca de otra guerra civil, ya que los de las tierras altas del norte compiten con los de las tierras bajas del sur sobre la delimitación federal del país. La violencia aquí podría producir no sólo miles de refugiados fluyendo hacia China, sino también un peligroso vacío de desestabilización que podría servir para oscurecer el entrenamiento de terroristas “budistas” destinados al Tíbet, o incluso convertirse en un imán para que algunos viajen al vecino Tíbet. Además, insurgentes tibetanos entrenados en la India podrían utilizar el país como un trampolín para la infiltración en China explotando la falta de ley y orden de Nepal en este momento, con el fin de inyectar un flujo en la República Popular bajo la cobertura de ser “refugiados”.

Myanmar:

A pesar de que los combates en los estados de Shan y Kachin en gran medida han disminuido en comparación con lo que fueron en tiempos anteriores, como se explica en las descripciones de los escenarios de la ASEAN, la lucha podría renovarse en el futuro si las conversaciones de federalización (Panglong 2.0) se descomponen y los insurgentes vuelven al campo. Además, incluso si tienen éxito, podrían dar lugar a una disminución notable de la presencia militar del gobierno central a lo largo de la periferia del país, sobre todo si se incluyen cláusulas que permitan a las entidades federales amplia autonomía en sus asuntos de seguridad. Recordando cómo se ha predicho que el estado de Shan podría ser transferido para formar una inviable “federación dentro de una federación”, es muy posible que suceda otro estallido de conflicto con el tiempo inevitablemente, aunque esta vez complicado por el hecho de que ahora se habrá creado un tablero de ajedrez de pequeños estados sobre el que compiten las grandes potencias. Drogas, insurgentes y "refugiados"/inmigrantes son las mayores amenazas en este escenario.

Una Federación de Megaciudades

El estratega Parag Khanna sostiene en su nuevo libro Connectography cómo China se está convirtiendo rápidamente en una "federación de megaciudades”, procurando un mapa conceptual que ilustra de manera convincente este punto. Siempre que el país siga avanzando en esta dirección, quedará por ver cómo esto va a cambiar práctica y legalmente su estructura de gobierno, así como cuáles son los efectos de la división geográfica del país en una "federación" de megaciudades centro-orientales y cuáles serán los asentamientos periféricos.

Un posible escenario es que el movimiento separatista en Hong Kong (en sí misma un miembro clave de la "federación de megaciudades"), podría servir de pretexto para una futura reacción en cadena de secesionismo entre sus contrapartes costeras del continente, si son capaces de establecer una sólida identidad independiente suficiente, aunque esto, por supuesto, requiere una inversión a largo plazo en apoyo cualificado y coordinado de las ONG en el preacondicionamiento de las masas sobre este punto.

Sobre una tangente relacionada de separación en "megaciudades", la división socio-lingüística existente entre el "norte" y el "sur" de China en dos mitades, mandarín y cantonesa, tendrá que ser monitoreada para detectar signos de regionalismo a lo largo de las líneas de uno de los escenarios que fue previamente predicho para la India.

Las Nuevas rutas de la seda

Oficialmente denominada One Belt One Road [Un cinturón, una ruta], pero coloquialmente conocida en la prensa internacional como las Nuevas rutas de la seda, la estrategia global de China es unirse junto con todos sus socios en un sistema complejo de interdependencia económica mutua que pueda proporcionar una salida sostenible para su exceso de capacidad de producción nacional. También hay más elementos estratégicos en esto, como evitar el estrecho de Malaca y el Mar del Sur de China. En cuanto a las principales rutas peninsulares que China ha explorado, ya sea que sólo hayan estado flotando alrededor, fueran antiguas visiones que no pueden ser satisfechas, o estén siendo actualmente avanzadas en alguna u otra forma tangible, son los siguientes:

La ruta de la seda de la ASEAN:

Laos - Tailandia - Malasia - Singapur.

Ruta de la Seda de Myanmar:

Myanmar.

Corredor BCIM:

Myanmar - India - Bangladesh.

Corredor Económico entre China y Pakistán:

Pakistán.

Ruta de la Seda Asia central-persa:

(No definida, pero es probable que incluya a los siguientes países):

Kazajistán - Uzbekistán - Turkmenistán - Irán

Puente de tierra euroasiático:

Kazajistán - Rusia - Bielorrusia

Ruta de la Seda balcánica:

Grecia - República de Macedonia - Serbia - Hungría (posiblemente a través de Eslovaquia - Polonia - Lituania - Letonia - Estonia - Rusia [San Petersburgo]).

Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

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Alep. La France doit-elle compromettre définitivement ses relations avec la Russie?

par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Malgré les objurgations de Jean-Marc Ayrault, devant le Conseil de Sécurité puis depuis dans tous les médias, selon lesquelles il faut radicalement condamner l'action russe à Alep, en soutien de l'offensive du régime contre les forces islamistes qui tiennent encore certains quartiers, l'on peut difficilement soutenir la position française.

Nous l'avons plusieurs fois montré, renoncer à évincer, pour des prétextes dits humanitaires, les djihadistes d'Alep signifierait dans l'immédiat une chute de Bashar al Assad et très vite ensuite l'éviction des Russes de leur bases en Syrie. Ceci est inenvisageable par Vladimir Poutine, au moment où il est en voie de rendre ces bases, notamment celle de Tartous, permanentes.

On peut se demander pourquoi la France, au plus haut niveau, continue à soutenir une exigence que même les Etats-Unis se trouvent obligés d'accepter. Un des arguments présentés est que détruire l'occupation par l'Etat islamique des zones qu'il contrôle à Alep reviendrait à libérer pour des actions terroristes en Europe les quelques centaines de « terroristes modérés » qu'il y entretient. Mais il en sera de même de la prise de Mossoul recherchée par la coalition américaine dont la France, avec ses Rafales, fait partie. Il en sera de même, plus généralement, de l'éviction des djihadistes de toute la Syrie, objectif auquel adhère la France, si l'on a bien compris;

Se protéger du terrorisme en France supposera des méthodes plus énergiques que celle consistant à en laisser quelques éléments prospérer à Alep. Ceci d'autant plus que ce terrorisme islamique apparaît comme de plus en plus endogène, en provenance de certaines banlieues et qu'il est par ailleurs lié à un narco-trafic devant lequel la République semble avoir définitivement capitulé. Ceci au grand découragement de la police qui y laissera de plus en plus de morts.

François Hollande prend actuellement le risque de rompre toute relations avec Vladimir Poutine, en refusant à propos d'Alep de le recevoir en France. Il ferait mieux de l'inviter officiellement à l'Elysée afin d'envisager en détail les actions communes à mener contre un terrorisme islamique et mafieux qui menace les deux pays.


Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

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Elections géorgiennes 2016: le pari perdu de Sakashvili

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections parlementaires de Géorgie du 8 octobre 2016 opposaient principalement le mouvement de centre-gauche « Rêve géorgien » mené par Garibashvili au centre-droit du « Mouvement national uni » fondé par la figure désormais honni de Sakashvili, devenu entre temps ministre au sein du gouvernement ukrainien de Porochenko.

Si les deux formations sont globalement favorables à l’adhésion européenne et aux principes de la « démocratie libérale » telle que définie par les canons occidentaux, le Rêve Géorgien étant associé au PSE et le MNU au PPE, le Rêve Géorgien est moins russophobe, moins déterminé aussi à reconquérir l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, car Sakashvili avait précipité son pays dans une guerre contre la Russie à leur propos.

Avec 49,26% des voix, le Rêve Géorgien remporte largement l’élection législative alors qu’il était sortant. Le MNU en revanche, avec 26,46% des voix, reste certes le premier parti d’opposition mais à vingt points derrière. L’Alliance des Patriotes de Géorgie, pro-russe, eurosceptique et populiste, avec 5% des voix et 6 députés, rentre au parlement.

Ce ne sera a priori pas le cas des « Libéraux Démocrates » qui n’ont obtenu que 4,58% des voix, ni de la formation conservatrice « Un Etat pour un peuple » avec 3,48% des voix ou encore de la formation conservatrice pro-russe « Géorgie Unie » avec 3,53% des voix.

Les sociaux-démocrates classiques du « Parti Géorgien du Travail » devront se contenter de 3,12% des voix, de même que le Parti Républicain (libéral, pro-européen) avec 1,55% des voix. Les formations de droite comme « Idée géorgienne » et « Troupe géorgienne », défendant toutes un programme nationaliste anti-russe, se contenteront de 0,17 et 0,16% des voix.

Le parti de Sakashvili n’a pas réussi à remonter la pente, le souvenir des erreurs de l’ancien dirigeant et des accusations de corruption à son encontre étant toujours vivace. Un éventuel succès de sa formation aurait également pu irriter le voisin russe. La ligne de Rêve Géorgien cherche à placer le pays dans un équilibre entre l’Union Européenne et la Russie, en évitant une alliance totale avec la Russie comme l’a fait son voisin arménien, afin de bénéficier de la protection russe contre les actions azéries. En outre, la droite géorgienne est, sauf exception, alignée sur l’OTAN et les USA.

A cette élection, les Géorgiens, comme tous les autres Européens, ont eu le choix entre la peste et le choléra, entre deux atlantismes mais dont celui de droite était plus affirmé. Là encore, comme ailleurs sur le continent, une troisième voie s’impose.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 10 octobre 2016

Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

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Selon un ancien ponte du renseignement hongrois, la crise des migrants serait une « guerre de quatrième génération » contre les nations d’Europe

Lazlo Foldi, ancien directeur des opérations des services de renseignement hongrois, a déclaré sur Radio Kossuth que la « crise des migrants » est une opération menée par Bruxelles avec l’aide des médias et des ONG contre les Etats-nations afin d’instaurer une Europe multiculturelle à l’issue d’une guerre de quatrième génération.
 
Pour cet ancien ponte du renseignement hongrois, l’opération actuelle prend trois formes. « L’une est une attaque politique formelle venant de Bruxelles, l’autre est une attaque diffuse à travers les médias « mainstream », bien sûr les grands médias occidentaux, mais aussi une part des médias hongrois qui sont financés de l’extérieur. » La troisième est une attaque « concrète », sur le terrain, organisée par des « organisations civiles », qui, sous couvert d’aide humanitaire, instrumentalisent les migrants.

Le renseignement hongrois sait qui manipule les migrants

Lazlo Foldi prend pour exemple les images milliers de migrants (sept mille) qui se sont rués cette semaine sur les barrières posées à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Ces migrants n’ont pas eu l’idée tout seuls de porter des pancartes rédigées en anglais à l’intention des caméras, ni de chanter leur exigence de traverser la frontière, juste après le résultat du referendum hongrois. Ils n’ont pas eu non plus l’idée de foncer soudainement sur le point de la frontière le plus proche de Belgrade : ils ont affirmé aux cameramen de télévision que des « civils européens » d’organisations humanitaires leur avaient appris qu’après le referendum « les Hongrois auraient compris et ouvriraient leur frontière ». Une fausse nouvelle soigneusement calculée pour provoquer cette marée humaine et pouvoir en diffuser l’image grâce aux télévisions occidentales. Pour l’ancien patron des opérations du renseignement, ce n’est qu’une énième désinformation menée par les « humanitaires » pour instrumentaliser les migrants.

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La guerre de quatrième génération, sans bruit ni sang

« Il s’agit d’un système bien huilé, qui a été élaboré il y a des années », assure Foldi. Un système qui mène une « guerre de quatrième génération », sans opération militaire ni effusion de sang, une guerre psychologique dont le premier ressort est la mauvaise conscience de l’Occident, soigneusement semée et cultivée grâce à la repentance. Elle vise la soumission de populations préalablement travaillées, pour qui la notion d’ennemi n’existe pratiquement plus. En Europe occidentale, le dernier événement qui l’ait utilisée est la guerre d’Algérie : seuls les plus de soixante-cinq ans s’en souviennent. Le gros des populations n’identifie donc simplement pas la révolution-invasion-guerre qu’elles subissent. Cette guerre non déclarée, cette invasion sans armes, ne rencontrent en conséquence que très peu de résistance, encore moins de résistance raisonnée. Et les rares individus qui songent à se défendre sont montrés du doigt comme « clivants », donc, ipso facto, exclus d’une société dont le principe de base est qu’il est exclu d’exclure. Ce qui fait que les anticorps sont éliminés par l’organisme avant de pouvoir agir contre les bacilles qui envahissent ledit organisme. Il s’agit d’une maladie sociale auto-immune, et feu Louis Pauwels n’avait pas tort voilà trente ans de parler de « sida mental ».

Bruxelles provoque la crise des nations d’Europe

Il est tout à fait remarquable, et caractéristique de la révolution (ou plutôt de l’inversion) en cours, que l’invasion de l’Europe et la soumission des peuples d’Europe soient organisés par ceux-là mêmes qui devraient les défendre : l’Union européenne de Bruxelles, les grands médias, les ONG. Pour Lazlo Foldi, la raison en est que l’objectif de l’Union européenne et de tout le complexe institutionalo-médiatique qui relaie l’idéologie mondialiste, selon « une stratégie fixée depuis longtemps », est de « transformer l’Europe en un système multiculturel au-dessus des nations ».
 
C’est d’ailleurs pour cela que la première opération de la guerre de quatrième génération a visé la Hongrie. « Ils veulent éradiquer toute velléité de rébellion, écraser l’esprit de résistance représenté aujourd’hui par le gouvernement hongrois. »

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Les Hongrois ne veulent pas des horreurs du Multikultistan

Cet esprit de résistance est d’autant plus dangereux pour le projet mondialiste qu’il pourrait bien faire des émules. John Podesta, le directeur de la campagne d’Hillary Clinton, vient en effet de recevoir par wikileaks des morceaux de rapports des renseignements allemands tout à fait éclairants sur l’invasion de l’Allemagne par les migrants et la façon dont les Allemands la perçoivent. Le titre en est parlant : « Multikultistan : un tunnel des horreurs pour les Allemands moyens ».
 
La suite est au diapason : « L’immigration musulmane et la folie multiculturelle laissent une traînée de misère et de pagaille en Allemagne, le pire étant à venir à cause de la démographie ». A Berlin en effet, où les statistiques religieuses ne sont pas interdites, on sait que l’islam n’est confessé que par 9 % de la population, alors que les récidives chez les jeunes criminels touchent à soixante-dix pour cent des musulmans, selon le procureur de Berlin Roman Reusch. Plus précisément, 46 % des jeunes criminels en série sont d’ascendance arabe et 33 % d’ascendance turque. Un porte-parole de la police note l’extension des ghettos ultraviolents. Et la réaction des Allemands de souche est logiquement la fuite : ils quittent Berlin Ouest où ils se trouvent la cible d’une violence spécifique de la part des migrants. Ils ont perçu la menace.

Apprendre aux nations d’Europe qu’elles sont en guerre

Tel est la talon d’Achille de l’opération « crise des migrants » : pour que la guerre de quatrième génération se termine par une victoire mondialiste, il est nécessaire qu’elle demeure subreptice, il ne faut pas qu’elle apparaisse comme une guerre contre les nations, il ne faut pas qu’elle « clive », il faut qu’elle semble une transformation paisible et inéluctable. Une évolution non aversive. C’est ainsi qu’elle apparaît encore souvent, vue des beaux quartiers d’Europe occidentale et d’Amérique. Malgré les informations reçues par son directeur de campagne Podesta, Hillary Clinton n’a rien perdu de ses certitudes. S’exprimant à huis clos (mais tout fuit) devant les cadres de la banque Itau, elle leur a fait part de son « rêve », en l’espèce un « marché commun hémisphérique, avec le libre échange intégral et pas de frontières ».
 
Pour Hillary et les idéologues qui se servent ainsi de l’économie pour faire leur révolution, le « protectionnisme », sous toutes ses formes, est l’ennemi. D’où leur aversion rabique, forcenée, frénétique, hystérique, contre Donald Trump, qui a pourtant un grand nombre des défauts qu’ils pourraient apprécier : il suffit qu’il veuille limiter l’immigration et le libre échange pour être entièrement diabolique. Il suffit qu’il refuse pour l’Amérique le destin de soumission qu’il voit se dessiner pour l’Europe. C’est pour la même raison que Viktor Orban, qui est pourtant un défenseur bien insuffisant des nations, est l’objet d’une véritable danse du scalp à Bruxelles : il suffit qu’il ne plie pas complètement devant le dogme mondialiste. Quant aux révélations de l’ancien ponte des renseignements hongrois, qui donnent une base solide aux revendications des Hongroise, il est probable que les médias occidentaux le traiteront par leur seul argument convainquant : le silence.

Pauline Mille

Géopolitique du détroit de Bab el-Mandeb

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Géopolitique du détroit de Bab el-Mandeb

Par Simon Fauret

Ex: http://www.lesclesdumoyenorient.com

Situé entre la Mer Rouge et l’Océan indien, le détroit de Bab el-Mandeb est considéré comme le quatrième point de passage maritime le plus important en matière de transport du pétrole [1]. A l’articulation entre la péninsule arabique et l’Afrique, Bab el-Mandeb doit principalement son poids stratégique au Canal de Suez qui relie la Mer Méditerranée et la Mer Rouge, permettant ainsi l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux. Point névralgique du commerce mondial, le détroit est cependant situé dans une région instable où les risques de perturbations du trafic naval sont élevés en raison de la piraterie, du terrorisme ou encore du conflit au Yémen.

Le nom du détroit - Bab el-Mandeb signifie en arabe « la porte des lamentations » - s’expliquerait par les dangers que les puissants courants font courir aux marins [2]. D’à peine 32 kilomètres de large [3], Bab el-Mandeb est divisé en deux axes de passage par l’île volcanique de Périm contrôlée par le Yémen : l’un, situé entre la côte yéménite et l’île, n’est large que de 3 kilomètres, alors que l’autre s’étend sur 26 kilomètres jusqu’à Djibouti [4]. Le premier passage étant trop étroit et pas assez profond pour accueillir de grands navires, l’essentiel de la navigation se fait via le deuxième axe [5].

Si Bab el-Mandeb est directement lié au Yémen et à Djibouti, ses débouchés concernent l’ensemble des pays ayant une façade maritime sur la Mer Rouge (Erythrée, Soudan, Egypte, Israël, Jordanie, Arabie saoudite) qui doivent le traverser afin d’accéder au Golfe d’Aden et à l’Océan indien. L’augmentation des actes de piraterie au large de la Corne de l’Afrique et l’instabilité politique chronique de la Somalie font également de ce pays situé à l’entrée du détroit un acteur régional majeur [6].

Brève histoire de Bab el-Mandeb jusqu’aux années 2000

De l’Antiquité au XVème siècle, les enjeux du détroit ne concernent que très peu les pays occidentaux. Le détroit, seul point de passage maritime vers l’Océan indien, est utilisé par les pays du Golfe et du nord-est de l’Afrique afin de commercer avec la Perse, Oman ou encore l’Inde et Madagascar [7].

La période de la Renaissance marque le début de l’internationalisation de la région. Dans les années 1410-1420, l’explorateur chinois Zheng He mène plusieurs expéditions dans la région, accostant à Aden (Yémen), en Somalie et même à La Mecque, traversant ainsi le détroit de Bab el-Mandeb [8]. Parallèlement, alors que l’accès à l’Asie est fermé à l’Occident par l’Empire ottoman, le Prince du Portugal Henri le Navigateur lance à partir de 1415 des expéditions vers le Sud afin de trouver une autre voie vers les Indes et leurs richesses. Tout au long du XVème, les marins portugais vont donc longer la côte ouest de l’Afrique et s’y implanter par endroits (Guinée, Cap Vert) [9].

Après avoir atteint le Cap de Bonne-Espérance en 1488, ils poursuivent leur route vers l’est et accostent dix ans plus tard à Calicut, en Inde [10]. En 1513, le navigateur Albuquerque, en conflit avec les Mamelouks, dynastie musulmane ayant régné de 1250 à 1517 sur l’Egypte, la Syrie et la Péninsule Arabique, pénètre dans la Mer Rouge et s’emparent de l’île de Kamaran, au nord de la côte yéménite [11]. L’idée d’établir une forteresse sur l’île de Périm, au milieu du détroit, est également envisagée avant d’être abandonnée [12]. Les Portugais, à l’aide une base installée sur l’île de Socotra au large de la Somalie, vont tenter de contrôler le Golfe d’Aden et l’accès à la Mer Rouge sans y parvenir de manière durable [13].

Ce n’est qu’au XIXème siècle que les Européens parviennent à s’établir dans la région. En 1839, le Royaume-Uni prend le contrôle du port d’Aden, au Yémen [14], et y maintient sa présence jusqu’en 1967. En 1862, c’est au tour des Français de prendre possession de la côte d’Obock (le futur Djibouti) [15], suivis par les Italiens qui achètent en 1869 le port éthiopien d’Asäb, à quelques kilomètres au nord du détroit [16]. Cette même année, l’équilibre géopolitique de la Mer Rouge va justement être bouleversé par un événement : l’ouverture du Canal de Suez.

Depuis la révolution industrielle entamée au XVIIIème siècle, le commerce international n’a cessé de croître. Les échanges avec l’Asie (notamment entre le Royaume-Uni et son empire colonial) passent par le Cap de Bonne-Espérance et impliquent des trajets longs et onéreux. Le percement du canal de Suez, à partir de 1859, s’inscrit donc dans une logique de réduction des coûts et de simplification de la navigation, puisqu’il permet de relier l’Océan Indien quasiment deux fois plus rapidement [17]. Si le capital de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez est d’abord détenu principalement par la France (52%) et l’Egypte (44%), le Royaume-Uni, conscient de l’intérêt stratégique du canal, profite de l’endettement du régime égyptien pour lui racheter ses parts du capital en 1875 [18].

Le canal, cogéré par la France et le Royaume-Uni, devient un symbole de la rivalité entre ces deux pays [19]. Londres établit un protectorat sur l’Egypte en 1882 et sur le Somaliland en 1888, empêchant la France de s’emparer de ce territoire situé aux portes de Bab el-Mandeb [20]. Enfin, en 1899, le Soudan devient officiellement administré par l’Egypte et le Royaume-Uni, ce dernier étendant ainsi son influence de la Mer Méditerranée à la Corne de l’Afrique.

A partir des années 1930 et la découverte des premiers gisements de pétrole dans la péninsule arabique, le Canal de Suez et le détroit de Bab-el Mandeb changent de statut. De points de passage des navires de marchandises vers l’Asie, ils vont devenir peu à peu les artères vitales de l’approvisionnement énergétique des pays occidentaux [21].

Après la Seconde Guerre mondiale, l’influence de la France et du Royaume-Uni commence à décroître dans la région, laissant la place aux deux nouvelles superpuissances de la Guerre froide : les Etats-Unis et l’URSS. En 1952, la révolution égyptienne des Officiers libres renverse la monarchie soutenue par Londres. Quatre ans plus tard, Nasser, le nouveau dirigeant du régime égyptien, nationalise le canal de Suez. La France et le Royaume-Uni, principaux détenteurs du capital de la Compagnie de Suez, ne peuvent accepter une telle décision qui nuit à leurs intérêts. S’alliant à Israël qui cherche à faire cesser les opérations militaires de Nasser dans la bande de Gaza, ils interviennent en l’Egypte. Victoire militaire certaine, la Guerre de Suez est un échec politique et diplomatique. Américains comme Soviétiques contraignent la France et le Royaume-Uni de cesser les combats et de se retirer. Londres et Paris n’ont d’autres choix que d’obtempérer et de perdre leur contrôle sur le canal. Ce dernier, en représailles, se retrouve fermé par Nasser pendant plusieurs mois.

Le conflit israélo-arabe a donc une influence considérable sur Bab el-Mandeb, puisqu’une interdiction d’utiliser le canal fait logiquement perdre au détroit son poids stratégique. En 1967, après la Guerre des Six Jours menée par Israël contre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie, Suez est fermé jusqu’en 1975. En 1973, le Yémen et l’Egypte décident même d’empêcher les navires israéliens de franchir Bab el-Mandeb [22]. Pendant huit ans, le détroit est donc marginalisé au profit de la route passant par le Cap de Bonne-Espérance. En 1976, la part des hydrocarbures dans le tonnage en transit dans le canal n’est plus que de 28%, contre 78% en 1967 [23]. Face à l’instabilité de la région, les transporteurs restent prudents et préfèrent emprunter une voie plus longue mais plus sûre.

Le contexte de la Guerre froide transforme également les rapports de force autour du détroit. A partir de 1959, l’URSS soutient au Yémen l’insurrection contre la monarchie [24]. En 1967, après le retrait du Royaume Uni d’Aden, la République Démocratique Populaire du Yémen du Sud est proclamée [25]. La flotte soviétique peut alors s’installer dans le port d’Aden et sur l’île de Socotra, surveillant ainsi l’entrée de Bab el-Mandeb [26]. En 1969, c’est la Somalie du général Siyaad Barre qui se place dans le bloc de l’Est, avant de se tourner finalement vers les Etats-Unis après 1977 et sa tentative d’invasion de la région d’Ogaden en Ethiopie [27]. A la même époque, l’Ethiopie du lieutenant-colonel Mengistu signe d’ailleurs un accord d’amitié et de partenariat avec Moscou [28]. Dans les années 1970, Djibouti est donc un des seuls pays de la région à être encore dans le bloc occidental. La France lui accorde son indépendance en 1977, mais va y maintenir des forces militaires afin de dissuader la Somalie de s’en emparer au profit de l’URSS (qui contrôlerait alors les deux rives de Bab el-Mandeb [29]).

Comme la Guerre de l’Ogaden entre la Somalie et l’Ethiopie l’a mis en évidence, la logique des Blocs se superpose à des conflits plus régionaux qui vont perdurer une fois la Guerre froide terminée. En 1993, au terme d’une longue guerre civile débutée en 1961, l’Erythrée devient indépendante de l’Ethiopie qui se retrouve privée de sa façade maritime sur la Mer Rouge [30]. Des guerres civiles font également rage à partir de 1991 en Somalie [31], entre 1991 et 1994 à Djibouti [32] et en 1994 au Yémen [33]. Entre 1995 et 1998, ce sont l’Erythrée et le Yémen qui s’affrontent au sujet de l’archipel des Hanish [34]. Enfin, en 1998, l’Erythrée tente d’envahir l’Ethiopie afin de renégocier ses frontières de 1993 [35].

Dans les années 1990, l’insécurité de la région du détroit de Bab el-Mandeb est donc particulièrement importante. A partir du début du XXIème siècle, le renforcement de la menace du terrorisme et de la piraterie va venir accroitre l’instabilité due aux conflits inter et intra étatiques, rendant encore plus cruciale la protection de ce passage stratégique.

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Flux commerciaux dans les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb, le Canal de Suez et les dispositifs militaires dans la régions, CAM/DMK/ABM L. SAUBADU / CAM / AFP

L’importance stratégique actuelle du détroit

En 2013, environ 3,8 milliards de barils de pétrole ont été transportés chaque jour via le détroit de Bab el-Mandeb. Si ce chiffre peut paraître faible en comparaison avec celui du détroit d’Ormuz (17 milliards) ou de Malacca (15,2 milliards) [36], il représente une part non négligeable du marché. Une éventuelle fermeture du détroit (comme cela s’est produit en 1973) obligerait les navires à contourner l’Afrique afin d’atteindre l’Asie. Ainsi, bien que la création de l’oléoduc SUMED en 1975 soit venue tempérer cette dépendance envers Suez et Bab el-Mandeb en permettant d’acheminer le pétrole de la Mer Rouge à la Mer Méditerranée via l’Egypte [37], le détroit demeure une artère clé de l’économie mondiale.

Le terrorisme est une des menaces qui ont pesé ces quinze dernières années sur la région. En octobre 2000, un attentat suicide d’Al-Qaida a touché le destroyer américain USS Cole qui mouillait dans le port d’Aden, au Yémen [38]. Deux ans plus tard et dans le même pays, c’est au tour du pétrolier français Limburg d’être touché [39]. A ces dangers directs pour les navires s’est ajoutée l’implantation d’organisations terroristes dans les pays de la zone, tels qu’Al Qaida et l’Etat islamique au Yémen et Al Shabaab en Somalie.

Depuis 2002, les Etats-Unis assistent le gouvernement yéménite dans la lutte contre les djihadistes, effectuant régulièrement des frappes de drone. En 2013, un forum de contre-terrorisme dans le Golfe d’Aden est créé [40]. Cependant, malgré l’élimination de nombreux cadres d’Al-Qaida, la stratégie de Washington n’a pas encore permis de supprimer complètement la menace [41]. Quant aux membres d’Al-Shabaab, ils ont perpétué depuis 2006 de nombreuses attentats en Somalie et contribué à déstabiliser durablement le pays [42]. Enfin, l’irruption de l’Etat islamique au Yémen, qui a attaqué plusieurs mosquées chiites en 2015, a souligné le profond ancrage du terrorisme dans le sud de la péninsule arabique [43].

Si la piraterie dans le Golfe d’Aden n’est pas née au début du XXIème siècle, le montant des rançons et l’importance des cibles semblent être devenus plus considérables depuis une dizaine d’années. Ne s’attaquant plus seulement aux navires de pêches, les pirates ont visé des porte-conteneurs, des cargos, des navires de plaisances et même des superpétroliers (comme le Sirius Star en 2008 [44]), alarmant les assureurs maritimes qui conseillent alors à leurs clients d’emprunter à nouveau la route plus sûre du Cap de Bonne-Espérance [45]. En 2008, 111 actes de piraterie ont été recensés, et le chiffre a quasiment doublé en 2009 (217) [46].

La communauté internationale s’est organisée afin de faire face à cette menace. En 2008, la résolution 1816 du Conseil de Sécurité de l’ONU ouvre la voie à l’intervention des Etats dans les eaux territoriales somaliennes afin d’enrayer la piraterie. La mission européenne Atalante est alors lancée à la fin de l’année, et participe à la surveillance maritime et aérienne du Golfe depuis Djibouti [47]. Ainsi, depuis mai 2012, aucune attaque réussie n’a été enregistrée [48].

Parallèlement, la situation sécuritaire du Yémen, au-delà du danger djihadiste, fait craindre une déstabilisation de Bab el-Mandeb. L’insurrection des Houthis, issus du nord-ouest du pays et désirant rétablir un imamat zaydite (branche du chiisme), a débuté en 2004. Fin septembre 2014, les rebelles sont parvenus à prendre Sanaa, la capitale. En mars 2015, ils ont poursuivi leur marche en direction d’Aden. Accusant l’Iran de soutenir la révolte afin d’accroitre l’influence du chiisme dans la péninsule en majorité sunnite, l’Arabie saoudite a lancé l’opération « Tempête décisive » contre les insurgés. Malgré l’offensive saoudienne, les Houthis sont parvenus à la fin mars à s’emparer d’une base militaire surplombant le détroit [49]. En avril, Riyad a envoyé ses forces navales protéger l’entrée de Bab el-Mandeb [50]. Début mai, l’Iran a répliqué en y déployant deux destroyers [51].

Face à ces menaces, la protection du détroit n’a jamais été aussi nécessaire. La plupart des pays industrialisés sont concernés par la déstabilisation de la région puisqu’elle peut aboutir pour eux, à terme, à des problèmes d’approvisionnement énergétiques ou à des catastrophes humaines (prises d’otage, attentats, etc.). La base de Djibouti, au cœur de cet espace sensible, n’a pas perdu de son poids stratégique et de son potentiel de contrôle. Si 1900 militaires français y stationnent encore [52], Djibouti accueille également la plus grande base militaire des Etats-Unis en Afrique (plus de 4000 hommes) [53] ainsi que des troupes espagnoles, allemandes et italiennes [54]. En 2011, le Japon lui-même y a ouvert sa première base permanente à l’étranger depuis 1945 [55].

C’est désormais au tour de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, de s’intéresser au détroit. En février 2014, un accord a été conclu entre les gouvernements djiboutien et chinois, permettant l’utilisation du port par la marine chinoise. Les Etats-Unis sont irrités par un tel rapprochement, et perçoivent d’un mauvais œil la présence de la Chine sur leur territoire d’influence [56]. Ce partenariat ouvrera-t-il la voie à la création d’une base chinoise [57], et donc à une situation inédite de coopération militaire entre Pékin et Washington ?

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Notes :

[1U.S. Energy Information Administration, World Oil Transit Chokepoints, Overview, November 10th, 2014.

[2Idem.

[5AL-YADOOMI, Hussein, The Strategic Importance of the Bab El-Mandab Strait, U.S. Army War College, Pennsylvania, 1991, p. 6.

[6GASCON, ALAIN, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », Diplomatie n°40, 2009.

[7Idem.

[10Idem.

[11WHITEWAY, R.S., Rise of Portuguese Power in India, Asian Educational Services, 1995, p. 155.

[12Idem, p. 157.

[13D’ALOS-MONER, Andreu Martínez, “Conquistadores, Mercenaries, and Missionaries : The Failed Portuguese Dominion of the Red Sea”, Northeast African Studies, Vol. 12, No. 1, Michigan State University, 2012, pp. 1-28.

[14GAVIN, R. J., Aden Under British Rule, 1839-1967, C. Hurst & Co. Publishers, 1975, p. 1.

[15PAIRAULT, Louis-Gilles, « Le verrou de la mer rouge. L’armée et la côte française des Somalis 1884-1977 », Institut-strategie.fr, 2005.

[16CHIRE, Amina Saïd, Djibouti contemporain, Karthala Editions, 2012, p. 124.

[17AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 10.

[20GASCON, Alain, Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien, op. cit.

[21AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 10.

[22AL-YADOOMI, Hussein, op. cit. p. 13.

[23PIATON Claudine, « Piquet Caroline, Histoire du canal de Suez, Paris, Perrin, 2009, 372 p. », Remmm, 2011.

[24Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien, op. cit.

[26GASCON, Alain, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », op. cit.

[28LEGUM, Colin. « L’Ethiopie : le nouvel allié africain de Moscou », Politique étrangère N°4, 1984, pp. 873-881.

[29PAIRAULT, Louis-Gilles, Le verrou de la mer rouge. L’armée et la côte française des Somalie 1884-1977, Institut-strategie.fr, 2005.

[33Yemeni Civil War, globalsecurity.org.

[34DOBELLE, Jean-François. « Le différend entre l’Erythrée et le Yémen : la sentence arbitrale du 17 décembre 1999 sur la délimitation des frontières maritimes », Annuaire français de droit international, volume 45, 1999. pp. 554-565.

[35MARCHAL, Roland, "Une « drôle de guerre » : des frontières entre l’Érythrée et l’Éthiopie", CERISCOPE Frontières, 2011, [en ligne], consulté le 25/06/2015, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/une-drole-d....

[36U.S. Energy Information Administration, op. cit.

[42Al-Shabaab, globalsecurity.org.

[45GASCON, Alain, « Les damnés de la mer : les pirates somaliens en mer Rouge et dans l’océan Indien », op. cit.

[46HUBERT, Maud, La piraterie maritime dans le golfe d’Aden, État des lieux, GRIP, 2010, p. 2.