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mercredi, 16 octobre 2019

La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

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La tragédie des Kurdes, fruit douloureux de notre Irrealpolitik

Déclaration conjointe du Conseil d’administration de Geopragma, le 10 octobre 2019 : 

La situation des Kurdes syriens est tragique. Elle illustre les souffrances d’un peuple sans Etat éparpillé aux quatre coins de plusieurs pays. Mais se lamenter n’est pas suffisant. Le réalisme nous impose de voir que la situation actuelle découle en partie de la stratégie floue et hasardeuse des puissances occidentales dans le conflit syrien depuis 2011.

Depuis 2011 une absence d’analyse stratégique

Voici ce que nous pouvions savoir dès 2011 :

  • Membre de l’OTAN, la Turquie n’accepterait jamais l’existence d’un Kurdistan syrien autonome ou pire, indépendant, si celui-ci venait à être parrainé par les Kurdes turcs du PKK ;
  • Les Kurdes sont des alliés militaires extrêmement utiles contre notre ennemi principal que sont les différents avatars du djihadisme sunnite, qu’il s’agisse de l’Etat islamique ou d’autres groupes dits « rebelles » ;
  • Le seul Kurdistan existant pour l’instant de façon autonome est celui d’Irak : sa viabilité tient d’une part à son maintien au sein des frontières irakiennes, d’autre part à ses relations pacifiées avec la Turquie, lesquelles sont fondées sur l’exportation des hydrocarbures vers Ankara et le non-soutien au PKK ;
  • Le djihadisme et plus globalement le chaos politique prospèrent notamment sur la déréliction des structures étatiques. La création de vastes zones sans réelle et solide gouvernance doit être évitée au maximum ;
  • Les opérations de « nationbuilding » fonctionnent mal, plus encore si l’Etat nation à construire est vu comme une menace par la plupart de ses voisins. Elles exigent par ailleurs un coût financier et une durée d’intervention qui sont absolument incomparables avec ceux d’une opération militaire classique.

Nous pouvions dès lors tirer plusieurs conclusions négatives :

  • Créer une enclave kurde de facto dissociée du gouvernement syrien et dominée par le PKK amènerait inéluctablement à une intervention turque ;
  • Les puissances occidentales n’auraient pas réellement les moyens de s’opposer à une telle intervention menée par un membre de l’OTAN ;
  • Plus largement, la création d’un Kurdistan syrien viable représenterait un projet économique et politique excédant les capacités des puissances occidentales, d’autant que le modèle économiquement collectiviste et politiquement autoritaire du PKK empêcherait tout développement harmonieux.

Etant donné cela, associer les Kurdes à la lutte contre Daech était une nécessité à la condition que cette association se fasse dans le cadre d’une coordination minimale avec le gouvernement syrien et avec ses alliés russe et iranien. Au début du conflit, un accord tacite a d’ailleurs été passé entre les Kurdes syriens et le gouvernement de Damas : il s’agissait d’une sorte de pacte de non-agression, l’armée syrienne et les milices chiites laissant le champ libre aux Kurdes pour s’occuper d’eux-mêmes.

L’utilisation des Kurdes par les Américains dans une logique de containment à courte vue

Mais cet accord tacite est progressivement tombé avec la création des Forces démocratiques syriennes sous l’égide des Américains : les objectifs de la coalition arabo-kurde, mais dominée par les Kurdes, était d’une part de lutter contre Daech, mais d’autre part d’endiguer la reconquête par Damas des zones djihadistes, notamment à l’Est de l’Euphrate. Si le premier objectif était évidemment des plus louables, ce second objectif, jamais clairement assumé, condamnait les Kurdes à devenir les supplétifs des Etats-Unis et à voir leur territoire servir de point d’appui depuis lequel Washington pouvait espérer continuer d’exercer une certaine pression sur l’ensemble des acteurs régionaux. L’espace conquis par les FDS descendant bien au sud des zones de peuplement kurdes pour couvrir tous les territoires syriens à l’est de l’Euphrate entrait dans une logique de « containment » pour empêcher la structuration d’un axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth.

La tragédie que les Kurdes vivent découle largement de cette situation. Ceci est d’autant plus cynique que les Etats-Unis savaient dès le début, qu’ils ne resteraient pas éternellement en Syrie, qu’ils ne mettraient pas les milliards nécessaires à la reconstruction du Kurdistan syrien et qu’en cas de conflit entre les Kurdes et la Turquie, ils choisiraient (certes en protestant) Ankara, membre de l’OTAN.

Nous y sommes, pour le plus grand malheur des Kurdes. La situation des Kurdes syriens est le fruit de l’irreal politik occidentale qui sévit, pour le cas de la France, depuis le tournant atlantiste de notre diplomatie et l’abandon des principes gaulliens qui, en matière de politique étrangère, ont été jusqu’en 2003 un socle commun partagé tant par la droite que par la gauche. Cette époque révolue nous manque. Elle manque aussi aux peuples du Moyen-Orient.

Que peut faire la France  pour les Kurdes?

Même si la résistance kurde apparaît réelle, il est probable que Recep Erdogan finisse par obtenir, peu à peu, le corridor d’une trentaine de kilomètres de large qu’il souhaite établir le long de la frontière syro-turque pour installer les centaines de milliers de migrants syriens, dont la population turque ne veut plus. Cette dimension migratoire n’est pas sans représenter, pour nos pays occidentaux, une menace mortelle en matière de risque terroriste. Le Kurdistan syrien ne peut demeurer ce qu’il a été trop longtemps, pour le malheur des Kurdes eux-mêmes, une enclave occidentale visant à endiguer le trio Damas-Téhéran-Moscou.

La seule option qui permettrait d’éviter ce scénario du pire et qui préserverait la sécurité  des Kurdes est une solution à l’irakienne :  une région kurde disposant d’une large autonomie au sein d’une Syrie unitaire mais fédéralisée. Mais ceci exige d’abandonner la politique irréaliste de suivisme des Etats-Unis conduite depuis 2012, de favoriser un dialogue entre le gouvernement syrien et les représentants kurdes de Syrie.

Nous en sommes très loin tant, dans chaque camp, les positions sont aujourd’hui opposées… Seuls contre tous et forts de notre seul soutien moral, les Kurdes ne survivront pas longtemps. Il existe néanmoins aujourd’hui un dialogue régional entre les principales puissances (Turquie, Iran, Irak, Syrie) coordonné par la Russie. La France ne peut retrouver une influence dans cette région qu’en s’inscrivant dans ce contexte. Nier l’existence de cet espace de discussion serait une aberration, même s’il nous énerve naturellement car il symbolise l’ampleur de l’affaiblissement de notre influence au Levant. En tenant compte des équilibres locaux et régionaux plutôt qu’en privilégiant  une internationalisation du conflit, la France pourrait à la fois être fidèle à ses alliés kurdes contre l’islamisme radical, restaurer une présence en Syrie et retrouver petit à petit le rôle de médiateur qu’elle a abandonné pour un suivisme contraire à ses intérêts et à son rôle dans le monde.

Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

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Sanctions antirusses : un coût de 1,5 milliard d’euros par mois pour l’Europe, selon une étude

Ex: http://www.zejournal.mobi

Le premier quotidien économique allemand vient de publier les conclusions de deux chercheurs qui évaluent l'impact commercial des sanctions occidentales contre la Russie. Selon eux, elles coûteraient cher à l'Europe, et en particulier à l'Allemagne.

Dans sa politique de sanctions contre la Russie depuis la crise ukrainienne de 2014, l’Europe est-elle victime de «tirs amis», comme l’affirment Matthieu Crozet, de l'Université Lingnan de Hong Kong, et Julian Hinz, de l'Institut pour l'économie mondiale de Kiel ?

Ces deux chercheurs viennent en effet de réaliser un étude intitulée «Tirs amis: l'impact commercial des sanctions prises par la Russie et des contre-sanctions». Elle doit prochainement paraître dans Economic Policy, la revue savante de l’European Economic Association qui rassemble les publications d’Oxford, de Sciences Po et de l’Université de Munich.

Le quotidien économique allemand Handelsblatt, qui se l’est procurée, en révèle les principales conclusions : les sanctions décrétées par 37 pays dont les Etats-Unis, le Japon et les 28 Etats membres de l’UE représentent un manque à gagner commercial de 4 milliards de dollars par mois supporté presque à parts égales par la Russie (52%) et les pays qui ont introduit les sanctions (48%). Mais l’Union européenne est la principale concernée avec 92% des pertes des pays ayant introduit les sanctions, soit un manque à gagner mensuel de près d’un milliard et demi d’euros.

Le quotidien allemand explique que pour parvenir à ces chiffres,  les deux chercheurs ont décomposé le commerce avec la Russie en différents pays et catégories de produits. Puis ils ont élaboré des scénarios de développement normal de ces différents marchés sans sanctions qu’ils ont comparés avec le développement réel. La différence obtenue constitue le montant de la perte commerciale imputable aux sanctions et aux contre-sanctions décidées en réponse par la Russie.

38% des pertes au détriment des entreprises allemandes

Mais parmi les Etats membres, il en est un qui a particulièrement souffert, l’Allemagne, selon l’étude des deux chercheurs qui lui attribuent 38% des pertes des pays associés aux sanctions contre la Russie. Le Handelsblatt rappelle dans son article daté du 11 octobre que des chefs d’entreprise et des hommes politiques allemands se plaignent régulièrement de ces sanctions, le Premier ministre du Land de Saxe, Michael Kretschmer, ayant fait sensation en juin en demandant leur levée.

Fait remarquable, Hinz et Crozet affirment qu’une part importante des dommages causés au commerce avec la Russie ne sont pas liés à des interdictions d’exportation ou d’importation de certains produits, mais indirectement. Les sanctions financières imposées par les Etats-Unis à l’égard d’une liste d’institutions financières et d’entreprises énergétiques russes de plus en plus longue ont joué un rôle crucial dans l’effet de ralentissement des échanges.


- Source : RT (Russie)

mardi, 15 octobre 2019

Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

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Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

 
Dr. David Shahnazaryan
 

The purpose of this article is not to analyze the situation around Iran and all the possible scenarios.We just would like to present some considerations in view of the dangerous developments around the Islamic Republic, as Washington and Tehran remain locked in the ongoing standoff with no end in sight.

Despite some recent positive trends and moves,which have reduced the risk of a possible military action against Iran, the situation around the Islamic Republic remains quite explosive. U.S. attempts to put together a new coalition of nations to counter what it sees as a renewed maritime threat from Iran, the deployment of warships in the Persian Gulf, the seizure of oil tankers and destruction of military drones have created a situation, when hostilities are more likely to betriggered by the so-called ‘war by accident’, rather than by a political decision of one of the major involved partis.

Given the large number of key players and stakeholders in this process, involving both public and non-public actors, it is not ruled out that one of the players may attempt to provoke a hostility that could be portrayedas ‘war by accident’.

In case of the worst possible scenario –if hostilities and war breakout – it is obvious that ground operation against Iran is practically impossible, first of all, because of geography–we mean mountain ranges along some of its border, deserts in the east,swamps in the south  and Turkey in the east that would not let US troops use its land to invade Iran.

But it is also evident that the geography of the military operation theater would expand significantly across the region. Military operations may embracecountries that would be involved in war inadvertently. As a result, the number of nations involved in hostilities would increase dramatically and the hostilities would extend throughout the Middle East- from Syria to the UAE, from Iran to Saudi Arabia, and so on.

In the event of hostilities against  Iran, it is more than likely that it would take Tehran from four to six months to developa nuclear weapon.Some experts are tendingto consider the situation around the Islamic Republic to be much more complicated than the Caribbean Crisis, saying the latter involved two partiesonly  and it was  much easier for them to seek a way out, while in the case of Iran, as already mentioned, the evident and non-evident key actors are many.

It is more than obvious that in the event of hostilities or war, it would be impossible to calculate all the scenarios, but one thing is clear: massive airstrikes against Iran would triggera large influx of refugees from that country. Most likely, Turkey would close its borders, and those flows would head north to the borders with Armenia and Azerbaijan.

This would pose a serious threat not only to Armenia and Azerbaijan but also to Russia. Some Russian military experts have already argued that Russia would have to increase and consolidate the number of its frontier troops on the Armenia-Iran border, take also control of Azerbaijan-Iran border, as well as the actual border between Nagorno-Karabakh and Iran.

In the event of such developments, it may be difficult for Azerbaijan to sit on different geopolitical chairs at the same time and official Baku would be more likely to allow  Russia to take control of its  border with Iran (including its exclave Nakhichevan) as the large flow of refugeeswould become a source of serious domestic political instability.

The hostilities against Iranwould produce no winners, neither military nor political. All would lose. But there is no doubt that Russia would get the biggest political dividends, and maybe China as well. Possible hostilities against Iran would greatly enhance Russia’s role and none other than Moscow could assume the part of a mediator. China might also show assistance to Moscow.

The Russia-Iran relations are already acquiring strategic allied qualities. As evidence,we can point out the recently signed agreement on expanded military cooperation between Iran and Russia. Iran is pursuing closer ties with the Russia-led Eurasian Economic Union (EEU). The sides are completing a set of procedures necessary for the entry into force of aninterim agreement establishing a free trade zone between Iran and the EEU, which is to begin operatingstaring October 27, 2019.

Given Turkey’s growing multilateral cooperation with Russia, it is safe to say that the Moscow-Ankara-Tehran triangle will become decisive, with Russia gaining significant influence in it. Thistrilateral cooperation may have a different meaning and impact, also in a variety of processes in a much larger region.

 Potential military action against Iran and the Nagorno-Karabakh conflict

Opportunities and potential scenarios ofhow interests and influences may change in the Middle East are a subject of constant discussions  in the context of Iran-related  developments, while the South Caucasus, where there are big conflict-generating  potential and  serious factors threatening  stability and security, and first of all, the Nagorno-Karabakh (NK)conflict, as a rule, is being ignored. The negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries – Russia, the United States and France –is now in a stalemate.

Given the bellicose, belligerent rhetoric, resumed after a pause by Azerbaijani president and some other top officials, as well as Armenian prime minister’s contradicting speeches along with his defense minister’s statements containing  aggressive elements, it is not ruled out that in the event of a possible large military action against  Iran,Azerbaijan may try to resort to hostilities in Nagorno-Karabakh presenting it as a justified response to contradicting and incomprehensive statements, even to the OSCE Minks Group co-chairs, coming from the current Armenian authorities, and their short-sighted policy.

 

It should be noted that significant changes have taken place in the NKconflict negotiation process under the auspices of the OSCE Minsk Group co-chairing countries. After the so-called ‘four-day war’ in 2016 April, thefocus in the discussions was placed exclusively on the ways to ease tensions and on the OSCE Minsk Group co-chairs proposals to maintain the ceasefire agreement, signed back on May 12, 1994.

They include the deployment of a larger OSCE monitoring group on the contact line, the installation of special electronic equipment to record ceasefire violations along the line of contact, and the creation of mechanisms for an international investigation of ceasefire breaches by the sides of the NKconflict. Azerbaijan has so far refused to accept these proposals of the OSCE Minsk Group co-chairing countries, ignoring the mediators’ calls.

After the change of power in Armenia in April-May 2018,these issues were pushed out from the negotiation agenda, and are no longer mentioned in the OSCE Minsk Group co-chairs’ official statements. By the way, starting in 2013 and until 2016, these proposals werepresented to the conflicting parties as a demand.

Instead, the focus in the discussions in the negotiation process shifted to the conflict settlement issues, which obviouslyis not promising, and that is why, as mentioned above, the negotiations have appeared in an uncertain, almost deadlocked situation.

Such a change in the agenda seems to satisfy Azerbaijan, and the current deadlock does not, to put it mildly, contribute to the maintenance of the ceasefire by the parties to the NKconflict, which, by the way, is their international obligation.

t should be noted that while earlier the mediators considered the conflict management, ceasefire and security maintenance to be their task, now after the famous ‘elevator’ verbal agreement reached between Pashinyan and Aliyev on September 28, 2018, in Dushanbe, to open a direct Armenian-Azerbaijani communication line,the ceasefire maintenance has shifted to the Pashinyan-Aliyev format.This change has been already stated in the OSCE Minsk Group co-chairs’ statements. These realities have significantly diminished the role of mediators in maintaining the ceasefire and restraining the rise of tensions.

Now it will be quite difficult, almost impossible in this situation to persuade Azerbaijan, or force it to return to the previous agenda, as the Azerbaijani authorities have got an opportunity to ignore the agenda that was not benefiting them.In case of an outbreak of hostilities in NK conflict, the active involvement of new political players, in the first place of Russiaand also the US, Turkey and Iran, would becomeinevitable.

Can OSCE Minsk Group co-chairing countries establish stability on the line of contact in the Nagorno-Karabakh conflict zone without the consent of parties of the conflict?

Azerbaijan has consistently opposed proposals to reduce the tension on the line of contact. The implementation of these measures can only be achieved with the consent of theparties of NKconflict. However, the OSCE Minsk Group co-chairing states have the opportunity to make the situation in the NKconflict zonemanageable and stable without the consentof the conflicting parties.

Given the fact that the OSCE Minsk Group co-chairing states – Russia, the United States and France – are permanent members of the UN Security Council, and are the most important geopolitical centers, all three technically are capable of establishing satellite control over the contact line, and as amatter of fact,they use this opportunity regularly to follow all the movements and changes on the line of contact in the NKconflict zone.

Consequently, these three mediating states can exercise political will and, without the consent of the parties to the conflict, come out with a joint official statementto say that they will exchange information regularly from satellite monitoring and will periodically discussand  analyze all the changes in the military situation in the conflict zone and possible undesirable developments.

The exchange of satellite monitoring information, discussions and analyses among the OSCE Minsk Group co-chairing states could serve as a serious deterrent to offensive plans of the sides to the conflict. Such a form of cooperation will substantially reduce the risk of resumption of large-scale hostilities and will become a strong positive impetus for furthering the NKpeace process.

At present, there are threats to global security in the region, and potential hostilities against Iran may spur a new war in Nagorno-Karabakh, and on the contrary, the outbreak of hostilities in NKconflict zone may trigger an escalation of the tension around Iran.In this context, the task of de-escalating and reducing the risk of new large-scale hostilities in the NKconflict zone is becoming more relevant for the wide regionMiddle East-South Caucasus.

Dr. David Shahnazaryan,

Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary, Ambassador of the President of Armenia on Special Missions and Special Representative of the President of Armenia 1992-1995, the Head of the National Security 1994-1995, former two-term deputy in the Armenian parliament from 1991-1995 and 1995-1999.

India’s Civilisational Identity and the World Order

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India’s Civilisational Identity and the World Order

 

Author: Zorawar Daulet Singh

As the neo-liberal world order declines, non-Western powers are uniquely equipped to manage the power transition and contestations over the basic tenets of the emerging system. India’s civilisational ethos of reconciling different ideas will be of immense value in navigating the uncertainty and turmoil at a critical juncture of world history.

Many in India bewail the decline of the so-called liberal world order. Yet, few ask whether India was even a part of that order or actually shared all the norms and values that underpinned it. As a consequence, much of the debate dwells on the assertion that, as a liberal democracy, India’s foreign policy and geopolitical choices must logically follow suit. In practice, this meant that India would share the burden of democracy promotion elsewhere in the world as well as join a camp of other democracies. Yet, that has not occurred as I have discussed previously (Singh 2018). But, for most, India’s choices are seen as pragmatic rather than as a result of a civilisational tradition.

Different from Liberal West

On the surface, India would seem like the ideal candidate for membership in a coalition of democracies. The Indian Constitution, along with a largely uninterrupted period of liberal democratic practice, has laid a normative framework that has been difficult to challenge by any serious political force. On human rights, freedom of speech, equality of opportunity, private property rights, political participation and peaceful transfer of power between competing parties or groups, and rule of law and access to justice, India is very much part of a liberal political tradition.

Yet, when India interacts with the world, other values and beliefs also come into play. This is because Indian thought is constituted by a variety of ideas, and being a liberal democracy is merely one of those identities. The Indian world view is a hybrid one, shaped by a combination of liberalism, a belief in a plural multi-civilisational world order, a unique colonial experience and postcolonial identity, an aspiration for regional leadership with a corresponding geopolitical identity, and Westphalian values of sovereignty and non-interference. Collectively, these have created a distinct world view and a prism through which India perceives and interacts with the world.

The Western tradition could not be more different. As American historian Eric McKittrick put it in the 1950s,

With nothing to push against it, [liberalism]1 thinks in absolutes; the occasional shadows which cross its path quickly lengthen into monsters; every enemy is painted in satanic terms, and it has no idea how it would behave if the enemy were either bigger or different. (Desch 2008: 10)

One study found that, between 1871 and 1965, “Liberal states waged 65 percent of non-major power wars (which almost always are against weaker states).” Another study found a similar pattern, with “Liberal states starting 100 percent of these wars of choice” (Desch 2008: 16). Extending this pattern to the last three decades would reveal a similar conclusion. There was, and still is, an ideological hubris and an ambition to change opposing systems in the Western mind. None of these facets are part of the Indian psyche and world view, and this makes superimposing concepts such as democracy promotion highly problematic in India’s case.

So, what makes India different? India’s social and political journey has been a process of competition, compromise, and adjustment between different ideas. The constitutional commitment to internal diversity and pluralism has shaped the outlook towards international politics too. Coexistence with ethnic, religious, and ideological diversity at home has often meant coexistence with alternative systems abroad. There is an innate illiberalism in American liberalism that does not prevail in Indian culture, which by historical tradition and experience is not so easily threatened or overwhelmed by rival “others.”

The introduction of civilisational values transforms this conversation. The biggest difference between India and the West is that the Western mind assigns little value to nationalism, culture, and civilisation. These are usually seen as anachronisms and obstacles in the path of homogenisation of political communities. Civilisation is seen as regressive and antithetical to the order and modernity that democracy and neo-liberalism are intended to bring. But, for India, it is a core value that enables rather than hinders its domestic order, social stability, and development.

 

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If we are going to address the puzzle of why India’s domestic system as a democracy does not impact its outlook and behaviour towards other states and the world order in general, we must also ask: What impact does India’s longer civilisational history and culture have on its foreign policy? This question needs to be addressed seriously. There might be a strong case to be made that India’s civilisational history allows for a more complex relationship and interplay with rival ideologies and moral frameworks. The prolonged ability to negotiate differences and handle ambiguities conditions Indian political and cultural thought as well as its international relations. It was on this basic foundation that other values and norms have been absorbed into Indian thinking; specifically, the Westphalian concept of sovereignty and India’s unique colonial experience that fostered and further strengthened nationalism and created a distinct geopolitical identity for India.

One key distinction between India and Western approaches is that the latter promote democracy by providing moral, diplomatic, and financial support to individuals and organisations that are openly resisting or challenging the political status quo in a state. India rarely enters into such interference that might defy the ruling regime and undermine the sovereignty of a state. India works with the legitimate government of the day to offer different types of assistance. India’s interventions are in concert with the recipient—to strengthen the recipient state and its people—while the Western approach is fundamentally one of changing the target state and its institutions in concert with a section of the polity. It is about creating or exploiting a divide between the state and the people.

This difference in approaches can only be explained by the absence of a historical determinism in Indian strategic and philosophical thought, which, unlike Western liberal or radical Marxist ideas, has never had a proselytising historical tradition nor an ideological vision of the world that insists on universality as a necessary prerequisite for a world order and geopolitical cooperation. It is no accident that India’s democracy has managed to survive in a region with diverse regimes and political systems. It is also instructive that India was among the first to embrace non-alignment and carve out its own path when confronted with rival ideologies, neither of which were entirely appealing to India’s identity, culture, and ethos. Prime Minister Narendra Modi’s multi-alignment is another version of that same philosophy, that India can find common ground and derive stable and mutually beneficial ties with a variety of different civilisational states and political systems.

Changing World Order

For the past decade, it is increasingly clear that the neo-liberal order, or at least the dominant variant of it that we had become familiar with, along with some of its institutions are losing their effectiveness to supply public goods and govern a more complex globalised system. The demands and range of interests of the global South and non-Western world will not only require major reforms of these institutions, but more likely the establishment of new institutions to fill the governance void. The process has already begun. It is also clear that India will be at the forefront of collaboration with other rising powers and some of the traditional great powers in experimenting with new regional institutions and norms to supply public goods and order around Asia.

Only when there is clarity about the type of world we would like to see emerge can we put forward ideas or concepts and practise them in our foreign policy. Do we seek a multipolar polycentric world order where different civilisational states are going to manage the international system in a less hierarchical way, which is another way of saying the democratising of international relations? This is the dominant voice of India. If the central strategic task is transitioning from a unipolar neo-liberal world order for the privileged few to a multipolar interdependent world order with many civilisational states as members of such an open and inclusive international community, then we need a reformed vision to accommodate the diversity and pre-empt the chaos that could ensue from the power transition that is already under way. And, there is no automatic correlation between regime types and this reformed world order.

This is not an abstract insight. All we have to do is look at India’s foreign policy during the phase when its identity as a democracy was at its peak: the post-2000 era. This is the period of deep engagement with the United States and its allies. And yet, when it came to ideas on world order, international security, global governance, reforming the Bretton Woods institutions, etc, India formed partnerships with a variety of rising or re-emerging powers and civilisations, often with different political systems that were unsatisfied with the prevailing order and the position of these states within that order. Over the past decade, this trend has become even stronger: BRICS (Brazil, Russia, India, China and South Africa), Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB), and Shanghai Cooperation Organisation (SCO) are all manifestations of this. These international and regional networks or institutions have been established not because its members are ordered in identical ways internally, but because many of these states had similar ideas of world order, and it made sense to collaborate in transitioning the world towards those images.

The good news is that the basic framework of a liberal international order (as distinct from the ascendance and decline of neo-liberal ideology over the past few decades) is already extensive in its ability to assimilate diverse rising powers with different political systems. The challenge is renewing that basic structure of an open and rule-based system, while making the necessary adjustments to expand the institutional and normative capacity to accommodate a larger swathe of the non-Western world. As Ikenberry (2011: 65) correctly points out, “The world is not rejecting openness and markets; it is asking for a more expansive notion of stability and economic security.” It is neo-liberalism as a global ordering concept that has unravelled and been discredited in the past decade, not just because it failed to address the problem of growth and sustainable development, but also because it sought to negate the self-images of several resurging non-Western civilisations. But, an open global economic order with rules to guide interdependence is still very much a worldwide demand.

The alternatives to an open world order—spheres of influence, closed regional blocs, neocolonial mercantilist networks, or, in essence, a fragmented order—are not appealing to rising powers because they seek wider regional and global access. Having benefited from global interdependence, they want that basic normative framework of an open system to survive. Indeed, one of the deep ironies of contemporary international relations is that rising powers, such as India, China and others, have today become the vanguards or champions for a reformed rule-based economic order that can enable their domestic transformations to continue, while the established liberal great powers have become revisionist and conservative in their orientation.

indiappppppp.pngFinally, a word of caution: India has to be extremely careful about uncritically lapping up the “democracy promotion” discourse, which is often aimed at polarising Asia and the world, and denying many states the flexibility of pursuing more complex foreign policies and balance of power strategies (Singh 2018). In the 1950s, Jawaharlal Nehru went to the extent of instructing his diplomats to avoid phrases such as the “free world,” “iron curtain,” or any politically-charged binary that could let it appear that India was parroting Western Cold War rhetoric that potentially positioned it at a disadvantage vis-à-vis other major powers. Modi’s June 2018 speech at the Shangri- La Dialogue in Singapore echoed this approach (MEA 2018). Rejecting the idea that India has a singular identity that then must automatically place it in one coalition or bloc, the Prime Minister spoke of a multitude of groups and partners where the common link was not democracy or shared domestic political systems, but converging material interests or shared ideas and norms of the world order or overlapping concepts of security.

Again, what allows for such multi-directional interactions and plurality in India’s foreign policy is a civilisational conception of the world order as an open and inclusive community of states. Such a philosophy is anathema for liberal absolutism and its drive for universality, which shapes much of the tragedy of Western geopolitics.

Source: https://www.vision-gt.eu

Brexit. Finissons-en !

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Brexit. Finissons-en !

par Michel Carlier
Ex: http://www.ieri.be

Le pénible feuilleton du Brexit commence à devenir lassant. Plus personne n’y comprend rien ! Et pour cause. Le désamour entre le continent et le Royaume-Uni ne date pas d’hier. C’est une longue histoire qui remonte à près d’un demi-siècle, époque de De Gaulle à Paris et de MacMillan à Londres. Je ne reviendrai pas là-dessus. En 1973, le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande entrent dans le Marché commun européen où ils rejoignent les Six États fondateurs, les trois du Benelux, la République fédérale d’Allemagne, la France et l’Italie signataires du traité de Rome du 25 mars 1957. Deux ans plus tard, je suis à Madrid, en ma qualité de diplomate belge. L’ambassadeur d’Irlande en Espagne que je connaissais bien me dit un jour : « Les Six ont commis une lourde erreur en laissant entrer les Britanniques dans le marché commun. Vous verrez, ils sont entrés non par pour construire l’Europe, mais pour la détruire ». J’étais stupéfait de ce propos que je jugeais excessif. À l’époque, il est vrai, les continentaux - en particulier ceux du Benelux - vivaient dans l’euphorie de l’entrée de trois États dans la communauté économique européenne (CEE). Un premier élargissement qui démontrait que ce qui avait été créé par le traité de Rome était devenu une réalité attractive à laquelle les peuples - y compris celui des îles britanniques jaloux de son identité et fier d’avoir bâti un empire mondial - adhéraient spontanément. C’était le temps de l’enthousiasme et des grandes envolées lyriques. Mais l’enchantement ou l’illusion n’ont guère duré. Ce furent les années Thatcher avec le fameux « I want my money back » et celles qui suivirent avec les vetos britanniques aux candidats belges (Dehaene en 1994 et Verhofstadt en 2004) au poste de président de la commission européenne. Le premier se présentait à la succession de Jacques Delors et fut écarté à Corfou par le veto britannique de John Major et le second à celle de Romano Prodi. Cette fois, Verhofstadt se heurta au veto du premier ministre britannique Tony Blair.

Tout au long des décennies que nous venons de vivre avec les Britanniques dans notre communauté économique européenne devenue Union européenne (UE) en 1993, les gouvernements de Londres ont tous pratiqué la politique de l’ubiquité : un pied dedans et l’autre dehors. Ceci, après avoir signé tous les traités. Dont ceux de Maastricht (7/2/1992) et de Lisbonne (13/12/2007). Mais, de toute évidence, dans les îles, le cœur n’y était pas. Au chœur des continentaux qui chantait les louanges du fédéralisme européen, les dirigeants britanniques - tous partis confondus - répondaient en brandissant les vertus de la souveraineté territoriale et financière et en dénonçant la perversion, évidente à leurs yeux, des Continentaux qui leur faisaient face et ne cédaient pas à la tentation du grand large. En 2003, ce divorce évident éclata au grand jour lors de l’invasion de l’Irak décidée par G.W Bush et Tony Blair, contre l’avis d’États membres comme la France, l’Allemagne ou la Belgique. Et puis, comme d’habitude, on a remis un semblant d’ordre à force de compromis boiteux, jusqu’à ce que le référendum du 23 juin 2016 livre son verdict inattendu : 51,9 % des électeurs en faveur d’un retrait du Royaume-Uni de l’UE. Ce n’était que la suite logique de tant d’années de présence-absence au sein d’une Union poursuivant des objectifs diamétralement opposés à ceux que l’on souhaitait à Westminster et au 10 Downing street. Depuis ce coup de tonnerre de juin 2016, on assiste à une pièce sans fin et sans but. Les députés des Communes offrent au monde un piteux spectacle et imposent aux Continentaux des choix impossibles. Alors, que peut-il se passer ? Ou bien, il n’y aura pas de Brexit. Chose qui me paraît probable vu l’incroyable imbroglio qui prévaut outre-manche, avec un parlement qui accumule les votes contradictoires et un gouvernement sans majorité. En fait, l’opacité dans laquelle on s’enfonce s’épaissit à vue d’œil. À tous égards, y compris sur la question de l’immigration que trop de gens préfèrent ne pas aborder, à tort. Sur le continent, on préfère ne pas se prononcer. Sauf pour affirmer que l’accord May-Barnier n’est pas négociable. Et pourtant, il faudra bien négocier avant la date du Brexit encore fixée au 31 octobre 2019.

Enfin, je crois que, dans l’intérêt de tous, il est plus que temps d’en finir avec cette affaire qui, depuis trois ans et demi, accapare les énergies et paralyse l’UE qui se trouve bloquée et incapable d’initiatives et de progrès. J’ajoute qu’il faut être attentif à un fait que beaucoup semblent vouloir ignorer. Dans l’hypothèse plausible d’un non Brexit, Londres ne se bornera pas à reprendre sa place autour de la table comme si rien ne s’était passé depuis le référendum de 2016. Les continentaux partisans du maintien du R-U doivent savoir que les gouvernants britanniques n’hésiteront pas à imposer leur vision sur l’avenir de l’Union. Et, ce projet sera à l’opposé de celui défendu par les Fédéralistes. Londres posera ses conditions. Parmi elles : le maintien des dérogations déjà accordées et l’assurance de l’abandon de tout projet institutionnel visant à accroître les compétences de la Commission et du parlement. Dans cette hypothèse, un coup d’arrêt définitif sera porté au grand rêve des Européens convaincus. Ce sera l’adieu à l’Europe puissance. En clair, les Fédéralistes européens n’ont guère le choix. S’ils persistent dans leur grand projet de construction européenne, ils ne peuvent plus se laisser freiner par ceux qui ne veulent pas de cette Europe unie et indépendante. À quelques semaines de la date fixée, il serait utile que nos dirigeants aient cela à l’esprit lors de leurs discutions avec Johnson et ses ministres. Et, puisque ceux-ci brandissent la menace d’une sortie sans accord, qui entraînerait - selon les Cassandre de service - un cataclysme épouvantable, il serait opportun, je crois, de ne pas s’en tenir à la posture du déni de négocier. L’avenir de l’UE est une affaire tellement sérieuse que ce serait criminel de le sacrifier sur l’autel du maintien en son sein et à tout prix d’un État qui ne partage pas, ou si peu, l’idée même de construction européenne.

S.E.M. Michel Carlier

Ambassadeur honoraire de S.M. le Roi des Belges

19 septembre 2019

NB. Le 24 septembre 2019, la Cour suprême du Royaume-Uni déclarait illégale la décision du gouvernement de Johnson de fermer durant 5 semaines le parlement de Westminster. Nouveau camouflet pour le Premier ministre dont les oppositions réclament aussitôt la démission. Réuni à nouveau dès le 25 septembre, le parlement persiste dans la cacophonie. Johnson résiste et met au défi ses adversaires de déposer une motion de censure. En outre, il renouvelle sa proposition d’organiser rapidement des élections anticipées.

lundi, 14 octobre 2019

Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

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Sur la géopolitique de l’incursion turque en Syrie

Auteur : Salman Rafi Sheikh

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En dépit du fait que la Turquie a récemment défié les États-Unis avec son achat du système de missiles russes S-400, le président US a finalement cédé à la demande de longue date de son partenaire de l’OTAN d’envahir le nord du pays et d’éliminer les milices kurdes. Il s’agit là d’une décision cruciale puisque les milices kurdes ont été les principaux alliés terrestres des États-Unis dans la guerre contre l’État Islamique en Syrie. Avec l’abandon par les États-Unis de leur seul allié terrestre en Syrie, un changement de politique est en cours, un changement qui pourrait finalement profiter à la Syrie. Même si nous y reviendrons plus tard, ce dont il convient de discuter ici, c’est du facteur qui a conduit les États-Unis à changer leur position d’antan vis-à-vis des Kurdes.

Le monde devient de plus en plus multipolaire, et le fait que la Turquie soit un « Empire du Milieu » entre deux pôles a tiré le meilleur parti de sa position géostratégique dans l’ordre mondial émergent. Comme Erdogan l’a dit dans son récent discours à l’ONU, « le monde est plus grand que cinq ». Il faisait référence aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité : Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et État-Unis. Peut-être veut-il que son pays soit inclus comme sixième, ou que le monde a déjà trop changé pour que ces pays puissent se débrouiller seuls sans se soucier des intérêts des autres puissances.

Comme l’ont indiqué de nombreux reportages dans les grands médias occidentaux, la Turquie, malgré ses liens stratégiques très explicites avec la Russie, reste importante pour les États-Unis. Le fait que les États-Unis, bien qu’ils soient si profondément habitués à diriger le monde unilatéralement, aient dû changer leur position reflète la politique étrangère et les ajustements stratégiques nécessaires que même les États-Unis doivent faire dans ce monde de plus en plus multipolaire où un pays, relativement plus petit que les États-Unis et situé à l’intersection de l’Asie et de l’Europe, peut forcer un pays beaucoup plus grand et puissant à donner la priorité aux intérêts des petits pays.

Deux choses, en tant que telles, se distinguent. Premièrement, la Turquie n’est plus un partenaire étasunien souple et volontaire et/ou un ardent partisan du programme mort pendant la guerre froide d’endiguement de l’Union Soviétique, ou Russie et Chine de l’époque contemporaine, même si elle continue de fournir la base aérienne d’Incirlik, un aéroport militaire au sud-est de la Turquie, qui accueille cinquante armes nucléaires tactiques visant principalement à renforcer ce que les experts OTAN appellent une « garantie étendue » de leur organisation contre une invasion russe en Europe.

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La base aérienne d’Incirlik

Deuxièmement, les États-Unis, en raison de la forte présence de la Russie dans la région, ne sont plus un hégémon extérieur retranché dans la région, pratiquement plus en mesure d’imposer leurs politiques à leurs partenaires. Cela signifie que la Turquie est en bien meilleure position qu’il y a quelques années pour défendre ses intérêts de manière beaucoup plus indépendante. C’est peut-être la raison pour laquelle la Russie, tout en sachant que le territoire turc peut être utilisé contre la Russie dans tout conflit futur avec l’OTAN, développe toujours ses relations d’une manière jamais connue auparavant par les deux pays.

C’est quelque chose que les États-Unis ne peuvent pas contrôler. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est ajuster leur position pour protéger leurs intérêts à long terme. Leur décision de se tenir à l’écart de l’incursion turque à venir reflète cet ajustement.

D’autre part, la Russie et la Syrie sont également très présentes dans l’équation. Si la Syrie et la Russie peuvent s’opposer à une présence militaire à grande échelle de la Turquie en Syrie – et toutes deux réitéreront que cette présence n’est pas invitée et n’a aucun fondement légal -, cette objection ne deviendra pas une opposition pratique, car une incursion turque et le silence des États-Unis qui a suivi, ainsi que leur abandon des Kurdes pourraient rapprocher ces derniers de la Syrie et de la Russie.

Les responsables russes ont récemment parlé des « positions maximalistes » que les Kurdes ont adoptées dans leurs relations avec le gouvernement syrien. Par conséquent, une fois acculés par les Turcs et abandonnés par les États-Unis, ils pourraient se tourner vers le gouvernement syrien pour un arrangement. Cela donnera bien sûr à la Syrie et à la Russie l’occasion de réunifier l’ensemble de la Syrie, un objectif ultime auquel même la Turquie s’est montrée sensible.

Une récente déclaration du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavu?o?lu, a indiqué qu’Ankara avait « soutenu l’intégrité territoriale de la Syrie depuis le début de la crise et continuera de le faire » et qu’en éliminant toutes les « forces terroristes » de cette région, la Turquie ne ferait que « contribuer à apporter sécurité, paix et stabilité à la Syrie ».

En outre, étant donné que la Russie envisage d’étendre sa coopération avec la Turquie au-delà de la Syrie, Moscou ne s’opposera pas à l’incursion turque et laissera Ankara lui échapper des mains. Dans le même temps, Moscou voudrait s’assurer qu’il n’y ait pas de combats à grande échelle, ce qui permettrait à des groupes comme l’État Islamique et Al-Qaïda de refaire surface et d’annuler les progrès que la Russie et la Syrie ont réalisés depuis deux ans ou deux ans.

Moscou fera donc son propre ajustement et préférera jouer un rôle de médiateur entre les Kurdes et les Turcs, et les Kurdes et Damas afin de consolider le contrôle syrien sur tous ses territoires.

Dans ces conditions, il est possible qu’un règlement émerge de la tempête que la Turquie s’apprête à déclencher. La médiation de Moscou pourrait être acceptable pour toutes les parties. Ankara, bien sûr, voudrait que Damas et Moscou garantissent aux Kurdes qu’ils sont confinés dans leurs zones traditionnelles et qu’ils ne s’engagent pas dans des activités militantes contre Ankara, ni n’incitent au séparatisme parmi les Kurdes vivant en Turquie.

Traduction Réseau International

OTAN versus OCS : un bras de fer feutré mais réel

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OTAN versus OCS : un bras de fer feutré mais réel

Auteur : Général Dominique Delawarde 

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C’est bien en réaction à la malheureuse campagne de l’OTAN dans l’ex-Yougoslavie que la Russie et la Chine, humiliées et impuissantes à l’époque, ont résolu de s’organiser pour tenter de s’opposer plus efficacement aux ingérences unilatérales de l’Alliance Atlantique qui pointaient leur nez. Leurs efforts conjoints ont abouti à la création, en 2001, de l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS). Au départ peu puissante, cette organisation a pris, petit à petit, du poids avec son élargissement et le développement économique très rapide de certains de ses membres, la Chine et l’Inde notamment. Cette montée en puissance de leur économie a permis à ces pays d’augmenter considérablement leurs budgets de défense et d’inscrire ces hausses dans la durée.

Au fil du temps, et bien qu’elle s’en défende, cette organisation est devenue clairement rivale et concurrente de celle de l’Atlantique Nord pour ce qui est de sa vision du monde. Cette opposition à « la coalition occidentale » s’est exprimée, dès 2005, par le rejet unanime de la candidature des USA qui ne demandaient, pourtant, qu’un strapontin d’observateur. Elle se manifeste aussi à l’ONU où l’Inde et la Chine se montrent solidaires de la Russie sur les crises syrienne et ukrainienne. Elle se mesure enfin dans la teneur des 18 déclarations communes cosignées par les chefs d’état de l’OCS. Ces documents viennent chaque année clôturer leur Congrès depuis 2001.

Aujourd’hui, l’OCS compte huit États membres à part entière, dont quatre puissances nucléaires, Russie, Chine, Inde, Pakistan, alors que l’OTAN n’en compte que trois. Elle compte aussi quatre pays observateurs dont l’Iran, depuis 14 ans, et six partenaires de discussion, dont la Turquie depuis 7 ans. Les huit membres à part entière regroupent, à eux seuls 43 % de la population de l’humanité, à comparer aux 11 % qui constituent la population des 28 pays membres de l’OTAN. En terme de population, le centre de gravité de la « communauté internationale » n’appartient donc pas à l’OTAN.

L’Alliance cherche à se rassurer en affichant le cumul des budgets de défense de ses 28 États membres en le comparant aux budgets des États membres de l’OCS, pris individuellement. Elle met aussi en avant les réelles divisions au sein de l’organisation concurrente pour ne pas avoir à évoquer les siennes. Elle souligne enfin le facteur d’efficacité présumé que constitue son organisation militaire intégrée en occultant le fait que les forces militaires des pays de l’OCS effectuent une douzaine de grandes manœuvres militaires bi ou multilatérales chaque année.

De lourdes erreurs d’appréciation sont manifestement commises, volontairement ou non, par ceux qui veulent à tout prix promouvoir la fiction d’une supériorité écrasante de l’OTAN, qui resterait, aujourd’hui et demain, la seule « super alliance » apte à régenter le monde.

La première de ces erreurs consiste à présenter des comparaisons de budgets de défense qui ne sont pas pertinentes puisqu’elles prennent comme unité de mesure le dollar nominal au lieu d’utiliser la parité de pouvoir d’achat (PPA). En effet, les membres de l’OCS payent bien leurs personnels militaires dans leur propre monnaie et n’achètent quasiment pas d’équipements à l’Ouest. Leurs budgets de défense ne peuvent donc être correctement évalués qu’en parité de pouvoir d’achat.

Sans entrer dans les détails, les budgets de défense cumulés des États membres de l’OTAN se montent, à environ, 1000 milliards de dollars en nominal et quasiment le même montant en parité de pouvoir d’achat (PPA), compte tenu du poids des USA et des trois poids lourds européens de l’Alliance, dont le niveau de vie est proche.

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Le tableau, ci-dessus, présente les budgets de défense des pays membres de l’OCS en $ nominal et en PPA.

Ce tableau fait apparaître une quasi-parité PPA entre l’OCS et l’OTAN (à 1000 milliards de $ PPA environ). Les leaders politiques et militaires occidentaux ne devraient pas négliger ce type de comparaison et, peut-être, devraient-ils commencer à s’inquiéter du rythme toujours très élevé de progression des budgets de défense dans le camp de l’OCS, notamment pour la Chine et pour l’Inde.

Notons que le budget de défense PPA de l’Iran, adversaire des USA, donc potentiellement de l’OTAN, est tout à fait « respectable ». Ceci pourrait expliquer d’ailleurs certaines percées technologiques qui ont surpris les observateurs et qui pourraient encore surprendre.

La deuxième erreur d’appréciation consiste à ne considérer que les budgets en oubliant de comparer la manière de les utiliser. Sur ce point, la comparaison OTAN-OCS est en défaveur des pays membres de l’OTAN. L’entretien des très nombreuses bases US établies sur l’ensemble de la planète et la politique d’ingérence des trois pays : États-Unis, Royaume-Uni, France, coûte très cher. Ces derniers, surtout les USA, y consomment une part considérable de leur budget de défense. Cela réduit d’autant la part consacrée au renouvellement des équipements et à leur maintenance. Ajoutons que la politique de dispersion, voire l’engagement de forces et de moyens sur l’ensemble de la planète n’est pas toujours un gage d’efficacité en termes militaires, lorsque vient le moment de s’engager rapidement sur un seul théâtre, bien localisé, et d’y concentrer son effort…

Pour les pays de l’OCS, ce type de « gaspillages » liés aux interventions et aux stationnements de forces hors de leurs frontières est minimal et la part consacrée à la mise en place de nouveaux équipements est maximale. Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’ingérence et la course à l’hégémonie nécessitent la possession, la maintenance et l’emploi quasi-permanent de matériels « offensifs » très coûteux : porte-avions, aéronefs, missiles de croisière ultrasophistiqués qui ne sont, par ailleurs, plus invulnérables. A l’inverse, la posture plus « défensive » de l’OCS peut être très efficace à bien moindre coût : dispositifs anti-aériens, missiles antinavires, drones.

La troisième erreur des Occidentaux consiste à sous-estimer la rapidité de l’évolution de divers facteurs de puissance. La croissance économique (PIB) des pays membres de l’OCS, tirée par l’Inde et la Chine est, encore aujourd’hui, trois à quatre fois supérieure à celle des pays membres de l’OTAN, ce qui se traduit par de très fortes hausses annuelles des budgets de défense au sein de l’OCS depuis sa création, de 6% à 12% par an pour la Chine et pour l’Inde. Ces hausses se poursuivent aujourd’hui au sein de l’OCS, alors que presque tous les Etats membres de l’OTAN ont connu des budgets en forte régression, puis en stagnation, depuis la fin de la guerre froide.

La quatrième erreur d’appréciation de l’Alliance Atlantique est de sous-estimer les réactions de rejet et le niveau des inimitiés, voire de haine, que leurs interventions suscitent. Ces réactions de rejet concernent les pays victimes des ingérences US/OTAN, les alliés et amis de ces pays victimes, et une part croissante des opinions publiques occidentales. Elles constituent des facteurs d’affaiblissement de l’OTAN et de renforcement de la détermination et de l’unité du camp qui s’y oppose.

La cinquième erreur d’appréciation des stratèges occidentaux est de considérer que les pays dans le camp de l’OCS sont trop profondément divisés et manquent de cohésion pour constituer une réelle opposition (Chine-Inde, Inde-Pakistan). C’est oublier que ces Etats ont, jusqu’à présent, fait primer leurs objectifs communs sur leurs disputes bilatérales, si aiguës soient ces dernières.

En effet, dans le cadre des congrès annuels, des réunions préparatoires à ces congrès et des autres grands rendez-vous : sommet des BRICS, G20, commémorations de fêtes nationales, rencontres bilatérales, les chefs d’Etats et leurs ministres rencontrent plusieurs fois par an leurs homologues des autres Etats membres de l’OCS, et ils se parlent. Compte tenu de leur longévité au pouvoir, ces leaders politiques se connaissent parfaitement. Ils cosignent de nombreuses déclarations communes et votent souvent ensemble, contre les projets de résolutions présentés par les Occidentaux à l’ONU. Ils multiplient les manœuvres militaires bi ou multilatérales et achètent leurs armements à l’Est plutôt qu’à l’Ouest.

Enfin, dès qu’elle le souhaitera, l’OCS n’aura aucun mal à s’élargir. Les candidats potentiels ne manquent pas. L’Iran et la Turquie, pour ne citer que ces deux Etats, pourraient d’ailleurs y être admis à court ou moyen terme. Si l’OCS ralentit volontairement son élargissement, c’est probablement pour ne pas alarmer inutilement l’Occident et gagner les quelques années nécessaires pour assurer, puis consolider sa suprématie sur les deux volets économique et militaire.

Lorsqu’on veut comparer l’OTAN à l’OCS, il y a, bien sûr, d’autres erreurs d’appréciation à éviter, concernant notamment les aspects quantitatifs et qualitatifs des effectifs militaires, de l’entraînement, des matériels majeurs, des réserves, de la disponibilité opérationnelle des unités et des équipements, des forces morales, et des systèmes de gouvernance des Etats membres. Ces comparaisons surestiment trop souvent nos capacités et sous-estiment celle d’une organisation qui pourrait bien être, en tout ou partie, notre adversaire de demain. L’étude du très sérieux institut Thomas More du 30 mai 2017, montre à quel point la composante UE de l’OTAN est devenue, au fil du temps, une addition de faiblesses (1). Sans doute l’UE a-t-elle trop engrangé les dividendes de la paix depuis 1991 pour en arriver là.

Dans un tel contexte, chacun sent, chacun sait que le centre de gravité de la puissance économique et militaire bascule assez rapidement des pays membres de l’OTAN, vers ceux de l’OCS. Ne serait-il pas prudent et clairvoyant pour la France d’adopter une politique étrangère au moins plus équilibrée entre l’Est et l’Ouest (politique gaullienne) ? Une politique plus ouverte à l’Est afin de ne pas s’enfermer dans une liaison transatlantique exclusive, c’est à dire dans le camp des perdants probables de demain. Le travail des politiques consiste à comprendre le monde et à anticiper et non pas à réagir avec retard aux événements et à faire subir à leur pays les préjudices découlant de leur imprévoyance ou de leurs erreurs d’analyse.

Il est néanmoins vrai que, jusqu’à présent, l’OTAN a toujours pris la précaution de ne s’engager militairement que du « fort au faible » (Serbie, Libye). Mais hélas, les élites néoconservatrices US et européennes tiennent, aujourd’hui, le haut du pavé tant à Washington que dans les plus hautes instances de l’OTAN. Ces élites ne manquent jamais de projets bellicistes pour tenter d’assurer l’hégémonie US sur le « reste du monde ». A ce titre, les propos du général US Westley Clark, ancien commandant en chef de l’OTAN sont édififiants (2).

Espérons que ces élites ne commettront pas, demain, l’erreur de surestimer la force de leur camp et de sous-estimer celle de leur adversaire potentiel. Pour preuve, la détermination des Houthis qui tiennent en échec depuis cinq ans les corps expéditionnaires à hauts budgets de la coalition saoudienne pourtant assistés par le trio Etats-Unis, Royaume-Uni, France. Il y a peut-être des leçons à tirer. ….

Espérons enfin que ces mêmes élites ne lanceront pas l’Alliance atlantique, et la France avec elle, dans des aventures qui pourraient bien s’avérer au-dessus de leurs forces et avoir des conséquences apocalyptiques pour elles comme pour le monde.

Notes:

(1) https://www.iveris.eu/list/notes_danalyse/264-europe_de_la_defense_et_capacites_militaires

(2) https://www.youtube.com/watch?v=vE4DgsCqP8U


- Source : Iveris

samedi, 12 octobre 2019

Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!

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Robert Steuckers - L'Europe, une multitude de défis!
 
 
Conférence en trois parties organisée par Résistance Helvétique en mars 2019.
 

vendredi, 11 octobre 2019

Table ronde: ”La Syrie en flammes”

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3ème Forum de Chisinau:

21 septembre 2019

Table ronde: ”La Syrie en flammes”

 
 
 
Table ronde ”La Syrie en flammes”
 

Dans l’insécurité mondiale actuelle, la guerre par accident devient une menace réelle

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Chisinau Forum III:

David Shahnazaryan

Dans l’insécurité mondiale actuelle, la guerre par accident devient une menace réelle

(+ VIDEO in English)

 

David Shahnazaryan, ancien chef des services secrets, ancien ambassadeur, militant politique et civique (Arménie)

Tout d’abord, je tiens à remercier chaleureusement les organisateurs de cet événement pour nous avoir donné l’occasion de participer à ces discussions et d’y prendre la parole. Bien que je ne sois pas toujours d’accord avec ce qui a été dit ici, communiquer avec un public aussi brillant est certainement utile et agréable.

Il a été dit ici que l’anglais est la langue de l’empire. D’abord, comprenons ce qu’est l’empire. Les anciens empires géographiques ne sont plus pertinents aujourd’hui. À mon humble avis, un empire est un pays qui exporte de l’énergie – politique, économique, technologique et militaire. Si nous regardons la notion d’empire de ce point de vue, il y a trois empires dans le monde maintenant. Les États-Unis sont un empire politique, militaire, économique et technologique ; la Russie est un empire politique et militaire ; tandis que la Chine est un empire économique, technologique et politique. Il est évident que nous vivons maintenant dans un monde multipolaire.

Quant à la mondialisation, je tiens à souligner que je ne suis ni mondialiste ni antimondialiste. Je pense qu’il y a à la fois des aspects positifs et négatifs de la mondialisation. Actuellement, l’une des conséquences les plus dangereuses de la mondialisation est la mondialisation du danger, de la menace et de l’imprévisibilité. Aujourd’hui, pratiquement tous les pays d’Eurasie, et pas seulement, connaissent ce que nous appelons un manque de sécurité.

La raison principale en est que le système de sécurité internationale, le système de sécurité européen qui a été créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le système de sécurité dit de Yalta et de Potsdam, a cessé de fonctionner depuis longtemps. Et jusqu’à présent, nous n’avons constaté aucune tendance sérieuse à la création d’un autre système qui pourrait le remplacer.

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où un ami de votre ami peut être votre ennemi, et un ami de votre ennemi peut aussi être votre ami. Nous vivons dans un monde extrêmement explosif.

Les orateurs précédents ont évoqué la situation en Iran. Je ne vais pas analyser la situation actuelle en Iran et dans les environs, mais je voudrais me concentrer sur un ensemble de préoccupations.

Je voudrais simplement présenter quelques considérations compte tenu de l’évolution dangereuse de la situation autour de la République islamique, alors que Washington et Téhéran restent enfermés dans l’impasse dans laquelle ils se trouvent, sans qu’aucune issue ne soit en vue.

Malgré certaines tendances et mesures positives récentes, qui ont réduit le risque d’une éventuelle action militaire contre l’Iran, la situation autour de la République islamique reste explosive. Les tentatives des États-Unis de former une nouvelle coalition de nations pour contrer ce qu’ils considèrent comme une nouvelle menace maritime de l’Iran, le déploiement de navires de guerre dans le golfe Persique, la saisie de pétroliers et la destruction de drones militaires ont créé une situation où les hostilités sont plus susceptibles d’être déclenchées par la prétendue « guerre par accident », que par une décision politique prise par l’une des principales parties concernées.

Étant donné le grand nombre d’acteurs et de parties prenantes clés dans ce processus, impliquant à la fois des acteurs publics et non publics, il n’est pas exclu que l’un des acteurs tente de provoquer une hostilité qui pourrait être présentée comme une « guerre par accident ».

Dans le pire des scénarios – si les hostilités et la guerre éclatent – il est évident que les opérations terrestres contre l’Iran sont pratiquement impossibles, tout d’abord à cause de la géographie – nous voulons parler des chaînes de montagnes le long de certaines de ses frontières, des déserts à l’est, des marais au sud et de la Turquie à l’ouest qui empêcheraient les troupes américaines d’utiliser ces terres pour envahir l’Iran.

 

Mais il est également évident que la géographie du théâtre d’opérations militaires s’étendrait considérablement dans toute la région. Les opérations militaires peuvent englober des pays qui seraient impliqués dans une guerre par inadvertance. En conséquence, le nombre de pays participant aux hostilités augmenterait considérablement et les hostilités s’étendraient à l’ensemble du Moyen-Orient – de la Syrie aux Émirats arabes unis, de l’Iran à l’Arabie saoudite, et ainsi de suite.

En cas d’hostilités contre l’Iran, il est plus que probable que Téhéran n’aura besoin que de quatre à six mois pour mettre au point une arme nucléaire. Certains experts ont tendance à considérer que la situation autour de la République islamique est beaucoup plus compliquée que celle de la crise des Caraïbes, affirmant que cette dernière n’a impliqué que deux parties et qu’il leur a été beaucoup plus facile de chercher une issue, alors que dans le cas de l’Iran, comme déjà mentionné, les acteurs clés évidents et non-évidents sont nombreux.

 

Il est plus qu’évident qu’en cas d’hostilités ou de guerre, il serait impossible de calculer tous les scénarios, mais une chose est claire : des frappes aériennes massives contre l’Iran déclencheraient un afflux massif de réfugiés de ce pays. Il est fort probable que la Turquie fermera ses frontières et que ces flux se dirigeront vers le nord jusqu’aux frontières avec l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Cela constituerait une grave menace non seulement pour l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais aussi pour la Russie. Certains experts militaires russes ont déjà fait valoir que la Russie devrait augmenter et consolider le nombre de ses troupes frontalières à la frontière entre l’Arménie et l’Iran, prendre également le contrôle de la frontière entre l’Azerbaïdjan et l’Iran, ainsi que de la frontière actuelle entre le Nagorny-Karabakh (Haut-Karabakh) et l’Iran.

Dans l’éventualité d’une telle évolution, il pourrait être difficile pour l’Azerbaïdjan de siéger sur différents sièges géopolitiques en même temps et les autorités de Bakou seraient plus susceptibles de permettre à la Russie de prendre le contrôle de leur frontière avec l’Iran (y compris son exclave Nakhitchevan) comme le flux important de réfugiés deviendrait une source de grave instabilité politique intérieure.

Les hostilités contre l’Iran ne produiront aucun gagnant – ni militaire ni politique. Tout le monde perdrait. Mais il ne fait aucun doute que la Russie obtiendrait les plus gros dividendes politiques, et peut-être aussi la Chine. D’éventuelles hostilités contre l’Iran renforceraient considérablement le rôle de la Russie et nul autre que Moscou ne pourrait assumer le rôle de médiateur. La Chine pourrait également apporter son aide à Moscou.

Les relations russo-iraniennes ont déjà acquis des qualités stratégiques d’alliées. Pour preuve, nous pouvons citer l’accord récemment signé sur une coopération militaire élargie entre l’Iran et la Russie. L’Iran cherche à resserrer ses liens avec l’Union économique eurasienne (UEE) dirigée par la Russie. Les parties achèvent un ensemble de procédures nécessaires à l’entrée en vigueur d’un accord intérimaire établissant une zone de libre-échange entre l’Iran et l’UEE, qui doit entrer en vigueur le 27 octobre 2019.

Compte tenu de la coopération multilatérale croissante de la Turquie avec la Russie, on peut affirmer que le triangle Moscou-Ankara-Téhéran deviendra décisif et que la Russie y exercera une influence significative. Cette coopération trilatérale peut avoir une multitude de significations et d’impacts, y compris dans divers processus et dans une région beaucoup plus vaste.

Pour en revenir aux manifestations négatives de la mondialisation, il y a une préoccupation que j’aimerais partager avec vous – c’est la mondialisation croissante de nouvelles valeurs. Dans mon pays, l’Arménie, en particulier, des processus sont en cours qui sont extrêmement dangereux pour notre État. Une organisation occidentale a une énorme influence sur le gouvernement arménien en place. Elle dirige un vaste réseau d’ONG qui affaiblissent notre État et elle protège ouvertement ceux qui commettent des actes terroristes. Permettez-moi de dire clairement de quelle organisation je parle – c’est l’Open Society Foundations ou la Fondation Soros, qui agit contre l’État arménien, contre le Haut-Karabakh, en cherchant à affaiblir nos forces armées.

Un attentat terroriste a été perpétré à Erevan contre un commissariat de police en juillet 2016 par un groupe terroriste, qui a pris des otages et tué trois policiers. Après le changement de pouvoir en 2018, les membres de ce groupe ont été non seulement acquittés, mais ont également créé un parti politique.

Ces problèmes sont d’une importance vitale pour l’Arménie : en effet, si la Géorgie est la Géorgie même sans l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, si l’Ukraine est l’Ukraine même sans la Crimée, le Donbass et Lougansk, en revanche la République d’Arménie risque de perdre son statut d’État sans le Haut-Karabakh. Les activités de l’organisation susmentionnée visent principalement le Haut-Karabakh.

En fin de compte, je voudrais ajouter qu’il ne fait aucun doute qu’un nouveau système de sécurité internationale ne peut être créé que par la négociation. Aujourd’hui, à l’époque des guerres hybrides, la diplomatie semble avoir été repoussée au second plan.

Je pense qu’un nouveau système de sécurité internationale ne pourrait être créé que grâce à la coopération de la Russie, des États-Unis et de la Chine. Je pense que nous devrions tous, avec nos modestes moyens, promouvoir cette idée que le monde n’a d’autre choix que de créer un nouveau système de sécurité.

Merci beaucoup de votre attention.

lundi, 07 octobre 2019

Comment une superpuissance obsédée par les sanctions perd son statut

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Comment une superpuissance obsédée par les sanctions perd son statut

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le président russe Vladimir Poutine a pris la parole hier à la réunion annuelle du Valdai Discussion Club à Sotchi. Une vidéo avec des traductions en anglais et des extraits de la transcription sont disponibles ici.

En ce qui concerne le système global, Poutine a fait une comparaison historique intéressante : Au XIXe siècle, ils se référaient habituellement à l'expression «concert des puissances». Le moment est venu de parler en termes de «concert» mondial de modèles de développement, d’intérêts, de cultures et de traditions où le son de chaque instrument est crucial, indispensable, essentiel et précieux, pour que la musique soit harmonieusement jouée, plutôt que dans une cacophonie de notes discordantes. Il est crucial de prendre en compte les opinions et les intérêts de tous les participants à la vie internationale. Permettez-moi de répéter que des relations véritablement mutuellement respectueuses, pragmatiques et, par conséquent, solides, ne peuvent être construites qu'entre États indépendants et souverains. La Russie est sincèrement attachée à cette approche et poursuit un agenda positif.

Le Concert de l’Europe était le système d’équilibre des pouvoirs entre 1815 et 1848, et de 1871 à 1914 : Une première phase du Concert de l'Europe, connue sous le nom de système du Congrès ou système de Vienne après le congrès de Vienne (1814-1815), était dominée par cinq grandes puissances européennes : la Prusse, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et l'Autriche. [...] Avec les révolutions de 1848, le système de Vienne s’est effondré et, bien que les rébellions républicaines aient été maîtrisées, une époque de nationalisme a commencé et a culminé dans l'unification de l’Italie - par la Sardaigne - et de l’Allemagne - par la Prusse - en 1871. Le chancelier Otto von Bismarck a recréé le Concert de l'Europe pour éviter que de futurs conflits ne dégénèrent en de nouvelles guerres. Le concert revitalisé comprenait la France, la Grande-Bretagne, l'Autriche, la Russie et l'Italie, l'Allemagne étant la principale puissance continentale sur les plans économique et militaire.

Le Concert de Bismark a maintenu la paix pendant 43 ans, dans une Europe habituellement en guerre. Si Poutine veut être le nouveau Bismarck, je suis tout à fait d’accord.

Poutine a également fait une annonce plutôt extraordinaire :
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que Moscou aidait la Chine à mettre en place un système d'alerte contre les missiles balistiques. Depuis la guerre froide, seuls les États-Unis et la Russie disposent de tels systèmes, qui impliquent un ensemble de radars au sol et de satellites. Les systèmes permettent de détecter rapidement le lancement des missiles balistiques intercontinentaux. Lors d'une conférence sur les affaires internationales à Moscou jeudi, M. Poutine a déclaré que la Russie aidait la Chine à mettre en place un tel système. Il a ajouté que "c’est une chose très sérieuse qui améliorera radicalement la capacité de défense de la Chine". Sa déclaration a marqué un nouveau degré de coopération en matière de défense entre les deux anciens rivaux communistes qui ont développé des liens politiques et militaires de plus en plus étroits, tandis que Beijing et Washington ont sombré dans une guerre commerciale.

C’est aussi bon pour la Chine que pour la Russie. La Chine a immédiatement besoin d’un tel système car les États-Unis adoptent une attitude nettement plus belliqueuse à son égard.

Les États-Unis ont quitté le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire avec la Russie pour mettre en place une force de missiles nucléaires en Asie du Sud visant la Chine. Ils recherchent actuellement des pays asiatiques dans lesquels il pourrait installer de telles armes. La Chine utilise sa puissance économique pour empêcher cela, mais les États-Unis ont toutes les chances de réussir.

Alors que la Chine possède des armes performantes et peut se défendre contre une attaque de faible envergure, les États-Unis ont environ 20 fois plus d’ogives nucléaires que la Chine. Ils pourraient les utiliser dans une première frappe écrasante pour décapiter et détruire l’État chinois. Un système d’alerte rapide laissera à la Chine le temps de détecter une telle attaque et de lancer sa propre dissuasion nucléaire contre les États-Unis. Les systèmes d’alerte permettront donc de contrôler la capacité de première frappe des États-Unis.

Au cours des deux dernières années, la Russie et la Chine ont dévoilé des armes hypersoniques. À l’heure actuelle, les États-Unis ne disposent ni de telles armes ni d’un système de défense susceptible de les protéger.

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La Russie était suffisamment intelligente pour développer à la fois l’arme offensive hypersonique ultra-rapide et une défense contre elle. Via l’auteur Andrei Martyanov, nous apprenons qu’un communiqué de presse russe a été publié récemment : Traduction: Les équipes de combat du S-400, dans la région d’Astrakhan, ont organisé des exercices contre des missiles cibles hypersoniques "Favorit PM" et ont détruit toutes les cibles. La déclaration du service de presse du district militaire occidental a été annoncée. Les équipes des S-400 Triumphs provenaient des unités de défense aérienne de l'armée de l'air de Léningrad et de la défense aérienne du district militaire occidental. Et en quoi consiste ce complexe missile-cible "Favorit PM" ? Très simple, il s’agit d’une bonne vieille série de S-300 P profondément modernisée qui permet d’utiliser des missiles de type 5V55 dont les explosifs ont été retirés et qui sont capables de voler en manœuvrant à la vitesse de Mach 6, plus de 7 000 kmh. Ce sont de véritables armes antimissiles hyper-soniques et, évidemment, je n'ai aucune raison de douter de cela, le S-400 n'a eu que très peu de problèmes pour les abattre.

En plus du système d’alerte antimissiles, la Chine veut également avoir le système de défense aérienne et antimissile le plus performant. La Russie va faire une offre décente.

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a parlé un jour plus tôt que Poutine. Son discours et les questions/réponses sont ici. La conversation portait principalement sur le Moyen-Orient et le ton de Lavrov était plutôt fâché lorsqu’il passa à travers une longue liste d’actions américaines malfaisantes dans la région et au-delà. Des remarques intéressantes ont également été faites sur la Turquie, la Syrie et l’Ukraine. Le passage le plus intéressant a été sa réponse à une question sur les sanctions américaines contre la Russie, que certains sénateurs souhaitent encore amplifier. Lavrov a dit : J'ai entendu dire que Marco Rubio et Ben Cardin sont deux membres du Congrès américain connus pour leur russophobie. Je ne pense pas que cela implique qu’ils ont la moindre capacité d'anticipation. Ceux qui ont une opinion politique plus ou moins réfléchie de la situation auraient dû se rendre compte depuis longtemps que les sanctions n'allaient pas dans le sens qu'ils souhaitaient. Je crois qu'elles ne fonctionneront jamais. Nous avons un territoire et des richesses qui nous ont été léguées par Dieu et nos ancêtres, nous avons un sentiment de dignité personnelle et nous avons également des forces armées. Cette combinaison nous rend très confiants. J'espère que le développement économique et tous les investissements réalisés et à venir porteront également leurs fruits dans un proche avenir.

Les États-Unis adorent infliger des sanctions à gauche et à droite, et l’administration Trump en a augmenté l’usage. Mais les sanctions, surtout les sanctions unilatérales, ne fonctionnent pas. Les États-Unis ne l’ont pas reconnu car ils n’ont jamais cherché à savoir si ces sanctions remplissaient leurs objectifs. Un rapport récent du Government Accountability Office [GAO]a révélé : Les agences du Trésor, de l’État et du Commerce s’efforcent chacune d’évaluer les effets de sanctions spécifiques sur les cibles. [...] Cependant, les responsables des agences ont évoqué plusieurs difficultés pour évaluer l’efficacité des sanctions dans la réalisation des objectifs politiques plus larges des États-Unis, notamment l’isolement des effets des sanctions des autres facteurs ainsi que l’évolution des objectifs de la politique étrangère. Selon les responsables du Trésor, de l’État et du Commerce, leurs agences n’ont pas elles-mêmes procédé à de telles évaluations.

Les États-Unis sanctionnent et sanctionnent à tour de bras sans jamais vérifier si les sanctions donnent les résultats escomptés. Les efforts visant à sanctionner la Russie ont sûrement eu des conséquences inattendues. C’est la raison pour laquelle l’alliance entre la Chine et la Russie s’approfondit chaque jour. Les États-Unis ont le privilège exorbitant de disposer de leur propre monnaie utilisée comme réserve internationale. La sanction des transactions en dollars américains est la raison pour laquelle les États-Unis perdent maintenant le dollar : L'entreprise russe Rosneft, a choisi l’euro comme monnaie par défaut pour tous ses nouveaux contrats d’exportation, y compris pour le pétrole brut, les produits pétroliers, les produits pétrochimiques et le gaz de pétrole liquéfié, selon des documents d’appel d’offres. La mise à l'écart des dollars américains, qui a eu lieu en septembre selon les documents d’appel d’offres publiés sur le site Web de Rosneft, devrait réduire la vulnérabilité de l’entreprise contrôlée par l’État face à de nouvelles sanctions potentielles des États-Unis. Washington a menacé d'imposer des sanctions à Rosneft pour ses opérations au Venezuela, une décision qui, selon Rosneft, serait illégale.

L’Iran a pris des mesures comparables. Il vend maintenant du pétrole à la Chine et à l’Inde dans les deux monnaies locales. D’autres pays en tireront certainement des enseignements et commenceront également à utiliser d’autres devises pour leurs achats d’énergie. Au fur et à mesure que les transactions en dollars diminuent, ils commencent également à utiliser d’autres devises pour leurs réserves de change.

Mais les États-Unis ne perdent pas leur statut financier, ni celui de seule superpuissance à cause de ce que la Chine, la Russie ou l’Iran ont fait ou font. Ils le perdent parce qu’il ont commis trop d’erreurs.

Les États qui, comme la Russie, ont fait leurs devoirs domestiques en tireront profit.

Moon of Alabama

Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone

Le pire des Premiers ministres britanniques

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Le pire des Premiers ministres britanniques

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le pire des Premiers ministres du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ne s’appelle pas Boris Johnson. Chef du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté depuis le 24 juillet dernier, l’élu de la circonscription londonienne d’Uxbridge et South Ruislip se démène dans un Brexit qui n’en finit plus. Ce n’est pas non plus l’« accident industriel » Theresa May, ni le travailliste Gordon Brown. Ce n’est même pas le belliciste menteur patenté à la solde des États-Unis Tony Blair ! C’est encore moins le conservateur John Major, la sociopathe carabinée Margaret Thatcher ou le tueur de masse en série Winston Churchill. Non, le pire des Premiers ministres de l’histoire britannique récente ne peut être que David Cameron.

David Cameron restera dans la postérité comme le principal responsable du désordre politique en cours outre-Manche. Soucieux de faire taire définitivement l’aile conservatrice anti-européenne et de marginaliser le national-mondialiste Nigel Farage, il soumet par référendum aux électeurs une question alambiquée sur la construction européenne. La victoire du Brexit, le 23 juin 2016, le déstabilise tellement qu’il démissionne moins d’un mois plus tard de toutes ses fonctions, y compris de son mandat de député de Witney. Il venait de comprendre que sa manœuvre retorse se retournait contre lui. En désertant le champ de bataille, à savoir les négociations épineuses de la sortie du Royaume-Uni de l’Union dite européenne, David Cameron pensait entreprendre une courte « traversée du désert » avant de revenir au pouvoir en homme providentiel des Tories. Raté ! Son calcul machiavélique s’est révélé vain.

Mais la plus grave faute de Cameron n’est pourtant pas le référendum; elle est bien plus ancienne. Le conservateur Cameron dirigea le Royaume-Uni de mai 2010 à juillet 2016. Il a la particularité d’avoir conduit un gouvernement de coalition entre 2010 et 2015. En effet, aux législatives de 2010, malgré le scrutin majoritaire uninominal à un seul tour, aucune majorité ne se dégage à la Chambre des Communes, premier indice d’une profonde désaffection des peuples des Îles britanniques envers leur Establishment pourri. Afin de renvoyer les travaillistes dans l’opposition, Cameron s’allie aux centristes libéraux-démocrates de Nick Clegg, promu vice-Premier ministre. L’entente gouvernementale torylib-dem dura toute la législature en dépit des inévitables frictions et contentieux, ce qui reste exceptionnel pour l’histoire politique britannique. Cette longévité étonnante revient à une loi votée en 2011 sur la pression des lib-dem, le Fixed-term Parliaments Act. Ce texte retire au Premier ministre le pouvoir discrétionnaire de dissoudre la Chambre des Communes pour le confier à l’assemblée elle-même par un vote à la majorité qualifiée des deux tiers.

Par cette loi, les libéraux-démocrates jouirent cinq années durant de leurs sinécures ministérielles. Or, en donnant au législatif le droit de se dissoudre, on constate que Boris Johnson est maintenant l’otage de Westminster avec le risque accru que le régime parlementaire britannique devienne à terme un régime d’assemblée, c’est-à-dire un système dans lequel le législatif à l’instar de la Convention française en 1792 – 1795 et de l’actuelle Confédération helvétique – commande un exécutif servile et dépendant.

La dissolution doit revenir à l’exécutif, soit au président dans un cadre plébiscitaire, soit au Premier ministre en tant que chef de la majorité parlementaire, ou, à la rigueur, au peuple lui-même par la voie référendaire. Incapable de former un gouvernement majoritaire, l’Israélien Benyamin Netanyahou l’a bien compris puisqu’il a demandé et obtenu de la Knesset nouvellement élue de se dissoudre aussitôt.

Face à une Chambre des Communes incapable de trancher entre un Brexit avec accord, un Brexit sans accord ou l’organisation d’un nouveau référendum, Boris Johnson devient la victime du piège involontairement tendu, huit ans auparavant, par David Cameron. Pour des motifs bassement politiciens, le pire des Premiers ministres britanniques a transformé ses successeurs en larbins plus ou moins dociles d’une clique politicienne attachée à ses privilèges.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 141, mise en ligne sur TV Libertés, le 30 septembre 2019.

vendredi, 04 octobre 2019

Quatre questions à H. C. Shin, politologue coréen

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Quatre questions à H. C. Shin, politologue coréen

Propos recueillis par Robert Steuckers

1) Monsieur H.C. Shin, vous êtes Coréen et vous vous intéressez à toute géopolitique anti-thalassocratique. Qu’entendez-vous par cela ?

Lorsque j’étais à l’université entre 1986 et 1992, période en laquelle j’ai aussi effectué mon service militaire, je me suis engagé dans le mouvement étudiant d’inspiration marxiste-léniniste. A cette époque, le régime au pouvoir en Corée du Sud était une dictature militaire sous la tutelle de l’Amérique. Nous pensions, en ce temps-là, qu’une démocratie de type occidental pouvait résoudre le problème du pays, du moins, comme je le pensais personnellement, pouvait constituer une alternative à cette dictature militaire qui avait une poigne de fer. Nous avons donc lutté contre elle jusqu’en juin 1987. Finalement, la démocratie nous est arrivée en cette même année. Cette nouvelle démocratie coréenne nous permettait d’élire directement le président. Avant 1987, nous avions un système d’élection indirecte.

Tout le monde s’est alors dit : « Oh, notre rêve est enfin devenu réalité, nous avons gagné le ticket d’entrée pour l’utopie démocratique. Mettons un terme à notre terne combat et prenons des vacances ! ».

Pourtant, ce changement en Corée du Sud n’était rien d’autre que le passage d’un pouvoir militaire dur à un pouvoir soft. Mais tout aussi total ! Pire : le pouvoir a été transmis aux oligarques de la sphère économique comme on a pu l’observer aussi en Russie avec des personnages comme Berezovski. Et, bien sûr, le planificateur ultime demeurait l’Etat profond, alliance entre l’Etat coréen, la CIA coréenne et l’élite ploutocratique, qui utilisait le terme « démocratie » dans le même sens que les Vénézuéliens parlent de « Punto fijo ». C’est-à-dire, le schéma habituel, avec deux énormes méga-partis jouant un jeu de ping-pong permanent. Rien ne fut résolu après la « démocratisation », exactement comme en Europe de l’Est pendant les années 1990. En fait, comme vous le savez sûrement, la « démocratisation » n’est pas la démocratie.

Nous avons donc dû évoluer au sein d’une démocratie-bidon. Il y avait deux choix principaux : le premier était le marxisme-léninisme, l’autre le « kim-il-sungisme », où Kim est une sorte de Tito coréen mettant en scène l’idéologie de la Corée du Nord, une sorte de post-stalinisme. Depuis cette époque-là, les groupes « révolutionnaires » sont partagés entre deux camps : il y a ensuite les réformistes, qui pratiquent de la petite ingénierie sociale entre les deux groupes, les groupes libéraux-libertaires radicaux, les groupes sociaux-démocrates qui s’appuient sur le « troisième voie » d’Anthony Giddens.

Après avoir obtenu mon diplôme universitaire en histoire, mes intérêts politiques sont passés à l’arrière-plan parce que j’avais à gagner ma croute et à faire du fric dans le goulag capitaliste. Il y eut aussi l’effondrement de l’Union Soviétique : pour les tenants de la religion marxiste-léniniste, comme moi à l’époque, cet effondrement au début des années 1990 m’a choqué au point de perdre mon « âme politique » ; je constatais que mon utopie s’était évanouie à jamais. C’était comme si le Vatican avait disparu pour un catholique sincère… ! Tous les croyants en la foi marxiste-léniniste se sont dispersés aux quatre vents et se sont cachés. Ils ne parlaient plus de politique. Ils cessaient de se rencontrer parce qu’ils ne voulaient pas partager leurs peines avec leurs camarades. Ils voulaient que leurs plaies guérissent loin de tout, dans leurs caves d’isolés. Cependant, mon esprit était toujours sur orbite, tournait toujours autour d’une « matrice marxiste », sur l’idée d’une lutte des classes, même si j’avais quitté toute scène politique.

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J’ai passé quelque vingt années sans jamais faire de politique ; je ne fis que travailler, très prosaïquement, pour simplement survivre : j’étais devenu une âme vidée. Pendant cette longue période, j’ai observé l’attaque frontale des banksters de la finance globaliste contre les pays de l’Asie orientale, y compris contre la Corée du Sud en 1997. Cette attaque a été planifiée pour détruire les modèles de développement contrôlés par les Etats et qui pouvaient être, mutatis mutandis, comparés au modèle chinois. A l’époque, nous ne savions rien de tout cela. Les médias dominants, ici, en Corée, nous disaient : « Qu’est-ce que le FMI ? La Corée du Sud s’est effondrée financièrement, donc le FMI est venu pour nous sauver, comme un Messie descendu tout droit de la céleste Amérique ! Nous devions nous confondre en remerciements et demander à Dieu qu’il bénisse le FMI ! Même si nous devions quelque peu souffrir en acceptant ses mesures, nous devions nécessairement positiver les douleurs de l’austérité parce que nous avions été dans l’erreur ». Mon Dieu, comme nous avons été idiots, des moutons de Panurge! L’immense majorité des Coréens pensaient comme les médias leur disaient de penser. L’idée que nous souffrions de la nouvelle austérité parce que nous avions été soi-disant dans l’erreur me fait penser rétrospectivement à l’idée de « péché originel » dans la Genèse. Les gangs du FMI ont exploité l’économie coréenne de fond en comble. La Corée du Sud a été littéralement éviscérée. Le système de pillage, théorisé par le néolibéralisme, a été ancré dans notre pays.

En tant qu’ancien militant marxiste-léniniste, j’analysais la situation sur la base de concept aussi vague que celui d’ “impérialisme” ou j’essayais de la comprendre en utilisant les notions théorisées par Immanuel Wallerstein. Mais tout cela était trop théorique, en effet, et, derrière ces idées, en apparence justes, se profilait en fait la stratégie de tolérer des dissidences microscopiques, mise au point par les banksters de la finance globaliste. J’ai alors abandonné toute prétention à comprendre la situation dans son ensemble parce que je ne disposais plus d’armes théoriques valables. Rétrospectivement, je m’apercevais que l’économie politique de Marx et la théorie léniniste de l’impérialisme n’étaient pas exactes, tant et si bien qu’elles ne pouvaient pas expliquer la stratégie des cartels bancaires ou des dynasties de banquiers, issus d’une histoire longue où ils ont précédé le pouvoir thalassocratique depuis la mise en place de l’hégémonie de la City de Londres en Grande-Bretagne après deux « révolutions ».

Quoi qu’il en soit, j’ai commencé à douter du cadre théorique du marxisme et à entamer des recherches pour identifier la structure réelle de notre monde si étrange. J’ai quitté mon boulot et je me suis remis à étudier à partir de 2015. Je me suis inscrit en sociologie à l’Université Hallyim pour obtenir le grade de master. J’ai poursuivi ces études mais mes professeurs ne m’ont rien apporté. En fait, ils ne savent rien, eux non plus. Ils répètent des modèles scandinaves comme l’ « utopie temporelle » d’Ernst Wigfors ou les théories de Karl Polanyi ou de quelques autres. Ils évoquent des théories de l’Etat-Providence, mis en place dans un seul pays, exactement comme on parlait jadis de « socialisme dans un seul pays ». C’est tout. Ils se limitent essentiellement à de la méthodologie économique limitée et ignorent toute approche métapolitique. Ils installent une sorte de coupe-feu académique, à mon humble avis. En réalité, les divers épigones du marxisme, qu’il soit révolutionnaire ou réformiste, n’ont absolument aucune notion de géopolitique. Ils ne mettent l’accent que sur la révolte au sein même de la « société oppressante ». Bien sûr, à l’évidence, toute société capitaliste est oppressive, où qu’elle se trouve dans le monde. J’en tire la conclusion suivante : le marxisme n’est rien d’autre qu’une mutation maladroite et sécularisée du « frankisme sabbatéen », hérésie extrême du mysticisme juif dont le but est d’appeler le Messie en pratiquant à l’avance un messianisme activiste. Les tenants de ce sectarisme spécial disent : « Ecoutez, si nous commettons tous les crimes possibles et imaginables et brions tous les tabous, notre Messie descendra du Ciel pour assurer notre Rédemption et absoudre nos péchés. Donc il est nécessaire que nous les commettions, ces crimes, en trompant les gens, en les pillant et en les tuant… car ces comportements vont amorcer le processus de notre Rédemption ». Cela rappelle également la vision du monde des néo-conservateurs américains. Finalement, le marxisme a essayé de nous ôter nos précieuses identités traditionnelles. A la place de celles-ci, il a tenté désespérément d’installer une “identité de classe unique”, ce qui est à peine différent du libéralisme qui, lui, cherche à remplacer nos identités traditionnelles par des “identités individuelles” au nom de la liberté. Les deux systèmes sont donc des armes pour transformer l’être humain organique en cyborgs fous ou, mieux, en zombis modernes.

En plus, le marxisme ne développent aucune géopolitique. C’est une théorie-bidon de l’économie, une théorie non organique de la société : il semble avoir été conçu pour bloquer toute révolution réelle contre l’ennemi réel. Nous avons donc affaire, désormais, à des zombis marxistes-léninistes non payés qui sont englués dans un fanatisme qui ne se pose pas de questions, qui est égalitaire et horizontal, qui colle au prolétariat comme des sangsues à leur victime, parasitant les mouvements de travailleurs ou essayant tout bonnement d’améliorer leurs conditions de vie. Toutefois, cette stratégie de la « gestion étroite » a pour première priorité de se donner le monopole dans l’occupation du marché révolutionnaire. Leur mot d’ordre est : « Occuper le terrain politique des classes défavorisées car ainsi les vrais révolutionnaires ne pourront y accéder et les influencer ». Ils agissent de la sorte, au moment historique crucial où les oligarques de la ploutocratie globaliste peuvent les recruter comme mercenaires contre des mouvements populaires comme les gilets jaunes ou comme des fanatiques takfiri au Proche et au Moyen-Orient.

Face à cette situation, nous, les vrais révolutionnaires, nous devons élargir notre vision à l’échelle planétaire, en désignant les élites globalistes et cosmopolites et en démasquant leurs tactiques qui dépassent l’imagination de nos contemporains. En bref, nos ennemis agissent sur le globe tout entier et cherchent à réaliser leurs plans scélérats mais si nous organisons notre combat dans un seul pays, celui où nous vivons, ce serait commettre une effroyable stupidité. Le champ de bataille aujourd’hui est global. Voilà pourquoi nous devons étudier la géopolitique telle que vous la concevez, le néo-eurasisme tel que vous le défendez.

2) Vous allez créer un site sur l’Internet, qui explicitera vos idées. Quels sont vos objectifs en lançant cette activité ?

Mon objectif premier est de faire accéder lentement mais irrésistiblement le people coréen à la nouvelle approche, celle d’un nouvel ordre eurasien, si bien qu’il perde l’épiderme artificiel de l’homo americanus qui lui colle au corps.

Le second objectif est d’éduquer la jeune génération et de tirer d’elle une équipe de journalistes professionnels qui agiront en faveur d’un ordre eurasien émergent. Je prépare actuellement un curriculum incluant la géopolitique, l’ingénierie sociale, le système financier dans l’actuel royaume de Mammon, l’histoire de la thalassocratie, soit les six piliers sur lesquels reposent les temps modernes occidentaux en tant qu’âge sombre (figure 1) ; je travaille également à faire émerger une alternative traditionnelle coréenne aux idéologies occidentales modernes, avec, par exemple, l’idée d’un « bénéfice pour toute l’humanité » qui est l’idéal national promu lors de la fondation de la première dynastie de la vieille Corée continentale 고조선(古朝鮮. Gojoseon).

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[Figure 1] Les six éléments des “sombres temps modernes occidentaux”


3) Comment décririez-vous la situation politique et sociale en Corée du Sud aujourd’hui ?

La Corée a été occupée et divisée depuis 1945, exactement comme l’Europe. Le sort de l’Europe est très semblable à celui de la Corée. La Corée doit être réunifiée tout comme l’Europe, elle aussi, doit être réunifiée selon les principes d’un Reich, d’un Saint-Empire, reposant sur la souveraineté, la tradition et la diversité. Une Europe, une Corée ! Pas d’Union Européenne qui n’est qu’une Europe-bidon ! Pas deux Corées-bidon !

4) Vous avez découvert mon livre en langue anglaise et même ma trilogie en français: comment cela a-t-il été possible, alors que je suis un parfait inconnu en Corée?

Un jour, mon amie Somine m’a envoyé un livre The European Enterprise – Geopolitical Essays. Je l’ai lu. Avant de le lire toutefois, j’avais lu un grand nombre d’articles en anglais sur les thématiques du Moyen-Orient pour écrire ma thèse de master, dont le titre est “Le printemps arabe à la lumière de l’hégémonie ». Après avoir terminé la rédaction de cette thèse, je me suis mis à la recherche d’une théorie générale de la géopolitique. Bien sûr, je connaissais déjà plusieurs théories sur les relations internationals, tells celles de H. J. Morgenthau et de Kenneth Waltz, etc. Mais, pour moi, elles ne valent pas grand’chose. Personne n’explique la géopolitique de manière systématique. J’ai trouvé la voie à suivre dans votre livre. J’ai conclu que le monde actuel est animé par une lutte de 1 contre 4 à l’échelle globale (figure 2). Vous m’avez donné l’inspiration.

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[Figure 2] Une lutte à mort à l’échelle international (1 contre 4).

Dans notre pays, l’intelligentsia autoproclamée est hostile au people. Si on juge la situation d’après les critères du réseau mafieux/académique globaliste, c’est un phénomène bien naturel. Il n’y a plus que des peuples domestiqués et castrés.

Fondamentalement, il n’y a plus de tradition théorique cohérente qui soit basée sur la réalité du peuple. Les intellectuels ne cherchent plus qu’à trouver des opportunités intéressantes pour gravir les échelons du succès social. Ce qui est important à savoir, c’est qu’ils sont cooptés par les trois pires idéologies tirées des « sombres temps modernes », dont 70% dans le néo-conservatisme néolibéral, système idéologique créé par le sionisme chrétien. La Corée du Sud est un « royaume chrétien » de première catégorie. Tous vont à l’église pour prier pour leur bonheur individuel non pour le bonheur de la communauté en tant que tout. Ces dévots veulent tout simplement éviter la mauvaise fortune que leur procure un mauvais système pour apparaître aux yeux de tous comme des êtres exceptionnels et élus, comme l’imaginent être les juifs. 20% des Coréens continuent à rêver à des solutions réformistes.

Je ne connais pas la langue française mais dans un future proche, je vous ferai traduire, notamment les trois volumes de votre trilogie Europa afin d’en faire les textes de référence pour un nouvel enseignement de la géopolitique. Vos ouvrages sont des livres à lire, impérativement, pour comprendre avec exactitude ce qu’est la véritable Europe.

Merci, M. H. C. Shin, de nous avoir accordé cet entretien.

mercredi, 02 octobre 2019

La Crimée: cinq années après les événements

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La Crimée: cinq années après les événements

Ex: https://www.zeit-fragen.ch

Développement – histoire – contexte

rt. Il y a cinq ans, en février 2014, la politique américaine d’encerclement de la Russie a culminé dans un coup d’Etat organisé sur le Maïdan à Kiev. L’objectif géostratégique d’intégrer l’Ukraine dans la sphère de pouvoir occidentale et, en même temps, de pouvoir stationner des troupes de l’OTAN directement à la frontière russe fut atteint grâce à cette opération clandestine. Peu après, la Crimée s’est séparée de l’Ukraine suite à un référendum pour rejoindre la Fédération de Russie.


Bien avant cela, la promesse de l’Occident – de ne pas avancer militairement davantage vers l’Est suite à l’effondrement du Pacte de Varsovie – fut rompue. Les opérations secrètes menées aux abords de la Russie et qualifiées de «révolutions de couleur», notamment celles ayant eu lieu à Tbilissi en 2003, à Kiev en 2004, à Bichkek en 2005 ou à Minsk en 2006, sont désormais clairement classées comme telles.


Comme nous le savons aujourd’hui, le coup d’Etat de Kiev en 2014, décrit dans les principaux médias occidentaux comme une protestation «justifiée», avait également été fomenté longtemps à l’avance. Ce n’est plus un secret que l’argent et le personnel de Washington ou des services alliés ont rendu ce coup d’Etat possible. Il est également largement connu que tout accord de paix entre l’Occident et la Russie est activement entravé et qu’on tente actuellement de mettre le pays à genoux par un boycott économique radical.


Dans les milieux d’affaires européens, il est rapidement apparu que le durcissement des sanctions économiques causent, d’une part, d’immenses dommages à l’économie européenne elle-même et, d’autre part, favorisent une coopération économique et militaire plus approfondie entre la Russie, la Chine et l’Inde – ce qui n’est pas vraiment dans l’intérêt de l’économie européenne.


La population de l’Ukraine est la grande perdante dans ce processus. Le bon fonctionnement du commerce avec la Russie a été interrompu, le transit lucratif de gaz de la Russie vers l’Europe occidentale a cessé, et le pays est appauvri par une politique corrompue dirigée par des oligarques, malgré sa richesse en matières premières et en bonnes terres arables.


Suite au coup d’Etat à Kiev, la Crimée s’est séparée et a rejoint la Russie. Ce détachement volontaire de l’Ukraine et le nouveau lien avec la Russie suite à un vote populaire (participation d’environ 80% des électeurs, accord de 95,5% des voix) sont toujours et encore présentés dans l’officiel langage occidental comme «annexion» par la Russie.


Le gouvernement russe ne pouvait accepter que la péninsule de Crimée «offerte» par  Khrouchtchev» à la République soviétique d’Ukraine en 1954, ne lui soit arrachée des forces occidentales. L’important port militaire de Sébastopol avec ses bâtiments de guerre, ses chantiers navals et son accès libre de glace fait partie de la zone centrale russe et demeure d’un intérêt vital pour le pays. Jusqu’à présent, la Russie avait été en mesure de continuer à exploiter le port maritime grâce à des contrats de location avec l’Ukraine. Mais déjà en 2013, avant le coup d’Etat du Maïdan, un département de la marine américain avait demandé des contrats de construction à Sébastopol – évidemment pas pour la construction de foyers pour enfants. Mais de l’avis des médias occidentaux, la Russie est toujours présentée comme la cause du conflit.


Les auteurs Ralf Rudolph et Uwe Markus ont publié l’ouvrage «Die Rettung der Krim» [Le sauvetage de la Crimée], une publication offrant une vision à la fois factuelle et fondée du prétendu «conflit de Crimée» et corrigeant l’image irréelle de la Russie.

 
 

rettungkrim.jpgLes auteurs accompagnent le lecteur à travers l’histoire de la sécession de la Crimée. On apprend un tas de choses sur les contextes historique, politique et économique de cette région. Comme les auteurs ont également de bonnes connaissances en histoire militaire, le lecteur est introduit dans les contextes géopolitiques. La constante politique d’encerclement de la Russie par les Etats-Unis, fortement guidée par leurs propres intérêts économiques, est présentée avec de nombreux faits, comme dans le différend sur les gazoducs dans la région de la mer Noire. Le bouleversement politique en Macédoine de 2016 apparaît soudainement sous un jour totalement nouveau. Le facteur décisif n’était pas les conflits internes, mais la construction prévue d’un gazoduc par un consortium dirigé par l’entreprise russe Gazprom via les Balkans vers l’Autriche.


Le lecteur apprend en détail comment le gouvernement russe a réussi, en quelques mois seulement, à approvisionner la Crimée malgré le blocus économique en violations du droit international imposé par l’Ukraine (interdiction des importations d’eau, de denrées alimentaires, de gaz, de pétrole et d’électricité). Il ne faut pas oublier que le boycott occidental initié par les Etats-Unis, toujours en vigueur, touche en premier lieu la population civile.


Dans un chapitre vers la fin du livre, le lecteur apprend que la Crimée est un lieu de vacances international très prisé avec de nombreux sites historiques.     •

Rudolph, Ralf; Markus, Uwe. Die Rettung der Krim. Phalanx. 2017. 237 p.; Contacts: www.phalanx-verlag.de ou markus-berlin@t-online.de

(Traduction Horizons et débats)

Le Moyen-Orient est littéralement en train d’exploser...

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Le Moyen-Orient est littéralement en train d’exploser...
 
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Le Moyen-Orient est littéralement en train d’exploser : les Houthis ont porté un coup extrêmement efficace à la production de pétrole saoudienne qui, selon eux, a maintenant chuté de 50% avant de rebondir ; il y a des rumeurs persistantes selon lesquelles les Su-35S et S-400 russes ont menacé d’abattre un avion israélien attaquant la Syrie; le Liban a déclaré qu’il se défendrait contre les attaques israéliennes. Le Hezbollah a menacé de lancer des frappes paralysantes sur Israël et même contre des responsables israéliens; la Turquie a acheté des défenses anti-aériennes russes et affirme que si les États-Unis refusent de livrer leur F-35S, la Turquie envisagera les Su-35 et peut-être même les Su-57. Bibi Netanyahu a essayé d’utiliser Poutine pour sa campagne de réélection – enfin, il essaie vraiment désespérément d’éviter la prison – mais a dû rentrer chez lui les mains vides et, selon le Jerusalem Post, sa mission a été un échec.

Enfin, et pour nous assurer que les crises ne se limitent pas qu’au Moyen-Orient : les Polaks et la Cour européenne ont engagé des poursuites en justice pour tenter de contraindre la Russie à utiliser le transit de gaz par l’Ukraine; les États-Unis invoquent d’anciens traités pour menacer le Venezuela ; le Royaume-Uni va en enfer; L’Europe – eh bien, l’Allemagne – ne peut même pas faire plier les Polaks au sujet du pipeline North Stream 2 – bon, ils se plient bien sûr, mais pour Oncle Shmuel, pas pour Angela Merkel; L’Inde et le Pakistan se menacent l’un l’autre par Cachemire interposé. Ai-je oublié quelque chose ?

Ah oui, la RPDC lance de nouveaux missiles. Les États-Unis veulent blâmer l’Iran pour les attaques houthies; la Chine rejette catégoriquement ces accusations, tandis que la Russie continue d’annoncer de nouvelles armes révolutionnaires reposant sur de nouveaux principes et prévoit de déployer le «Prométhée» S-500, histoire de s’assurer que l’Empire n’aura pas d’idées stupides pour tenter de frapper la Russie, ou ses alliés, qui achèteront le S-500 en 2021, selon des sources officielles.

Je suis sûr que j’en ai oublié beaucoup. Vraiment, l’Empire s’effondre sur tous les fronts et, à son tour, cela signifie que les chances de voir les bas-de-plafond ignorants de la Maison-Blanche faire quelque chose de très stupide, augmentent de façon spectaculaire.

Oui, je sais, Bolton a été viré. Et j’applaudis cela, mais étant donné que je crois que Pompeo est encore plus délirant et diabolique que Bolton – sans parler de son arrogance fantastique – ce n’est guère une raison d’espérer. Je viens de lire que Robert C. O’Brien succèdera à Bolton, il était l’envoyé spécial du président pour les affaires d’otages au département d’État ; je me demande si cela signifie encore plus d’enlèvements de ressortissants russes dans le monde… ? Il y a tellement de choses à couvrir ici que je vais me limiter à quelques points sur le Moyen-Orient qui, à mon avis, sont importants.

Premièrement, la destruction partielle des principales installations pétrolières saoudiennes est un énorme embarras pour les États-Unis. Rappelez-vous que le royaume RAS [Arabie Saoudite] est vraiment le « quartier général » du CENTCOM et même la raison de son existence pour « protéger » l’Iran de l’URSS, et protéger officiellement le Shah, mais en réalité, cela faisait également partie d’un accord majeur entre les États-Unis et le RSA : « Vous n’accepterez que les paiements en dollars et nous vous protégerons contre tout le monde ». Bien sûr, il existe une longue liste de comparses occidentaux auxquels une promesse similaire a été faite, notamment Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Manuel Noriega, Hosni Moubarak et bien d’autres ; la plupart sont maintenant morts, les autres en prison – si je me souviens bien. Maintenant, c’est au tour des Saoudiens, semble-t-il, non seulement les super Patriots «meilleurs que les S-300» n’ont pas arrêté les missiles des Houthis, mais toute la puissance combinée du CENTCOM a également échoué.

Deuxièmement, je ne peux qu’être d’accord avec ‘b’ l’auteur du blog Moon of Alabama – la guerre est terminée pour l’Arabie Saoudite. Qu’ils s’en rendent compte ou non ne fait aucune différence. D’accord, cela fera une différence dans le temps, mais dans le temps seulement. Les Saoudiens et leurs clients anglo-sionistes ont trois solutions :
  • Continuer plus ou moins comme avant : telle est la définition de la folie s’ils en attendent des résultats différents.
  • Escalader et frapper l’Iran, après quoi tout le Moyen-Orient va exploser avec des conséquences dramatiques.
  • Faire ce que les États-Unis font toujours : déclarer la victoire et partir.
De toute évidence, la troisième option est la seule raisonnable, mais qui a dit que Bibi, Trump ou Mohammed ben Salmane sont raisonnables ? Tulsi Gabbard s’est jointe à moi pour traiter Trump de pute, sauf que je dit que c’est une pute israélienne, alors que Gabbard pense pute saoudienne. Du pareil au même !

Il y a cependant un facteur restrictif : si Trump frappe l’Iran, il deviendra le «président jetable» des néo-conservateurs : l’Iran utilisera cette opportunité pour frapper Israël et Trump sera accusé pour cela – les néo-conservateurs ont, après tout, le contrôle total du Parti Démocrate et de nombreux comités clés du Congrès.

Donc, tout se résumera à éreinter Trump et à savoir s’il a les informations et les neurones nécessaires pour se rendre compte, d’abord qu’un assaut contre l’Iran détruirait sa présidence – qui est déjà foutue dans les grandes largeurs et attaquer l’Iran serait le clou sur le couvercle du cercueil – et ensuite qu’il serait à la fois mis en accusation et, bien entendu, jamais réélu.

Troisièmement, les Houthis auraient-ils pu le faire ? Absolument oui. L’Iran n’a pas eu à frapper directement, précisément parce que les Houthis étaient capables de le faire eux-mêmes. Découvrez cette exposition officielle de missiles balistiques houthis et de drones et voyez par vous-même ici et . En outre, les Houthis ressemblent beaucoup au Hezbollah et ils ont clairement appris à maîtriser les capacités avancées en matière de missiles et de drones, grâce à l’Iran, raison pour laquelle les Israéliens et les États-Unis sont si furieux. Maintenant, je répète, je ne dis pas que l’Iran n’a pas aidé, ou que cette frappe aurait eu le même succès si l’Iran n’avait pas fourni de renseignements, d’expertise technique, etc. Mais s’il existe la moindre preuve d’une implication directe de l’Iran, laissez le « lamantin malveillant » – c’est ainsi que Fred Reed a qualifié Pompeo – la montrer au monde entier, et il vaut mieux que la preuve soit plus solide que la merde qu’ils ont montrée pour Skripal, ou pour les coups montés d’armes chimiques en Syrie.

Quatrièmement, cela signifie pour le RSA et ses clients anglo-sionistes que les Houthis peuvent frapper n’importe où à l’intérieur du royaume saoudien en toute impunité. Et pas seulement là-bas. De plus, je soupçonne que l’Iran peut aussi frapper toutes les installations liées au pétrole ou au gaz situées au Moyen-Orient, tout comme il peut atteindre les objectifs américains / CENTCOM / OTAN / Israël qu’il souhaite. De plus, en cas de guerre totale au Moyen-Orient, vous pouvez vous attendre à ce que des missiles arrosent les installations américaines, non seulement au Yémen par les Houthis, et au Liban par le Hezbollah, mais aussi potentiellement en Syrie, en Irak et en Afghanistan.

Cinquièmement, peu importe où et ce que les États-Unis et / ou les Saoudiens et / ou les Israéliens enverront contre l’Iran, la réponse sera la même, du moins selon le professeur Marandi : ce sera énorme et la capacité d’exportation de pétrole et de gaz de tout le Moyen-Orient sera menacée. Il n’existe aucun moyen sûr, bon marché ou efficace de frapper l’Iran. Mais est-ce que les gens à Washington le réalisent ?

Ensuite, je voudrais faire quelques remarques sur l’interception présumée de F-35 israéliens par un Su-35S russe sur la Syrie.

Premièrement, nous n’avons pas vraiment les faits, alors attendons un peu. La plupart des histoires à ce sujet proviennent d’un journal en ligne arabe. Au cours des dernières 24 heures, il y a eu une « sorte de » confirmation de la part de la Russie, mais pas de la part des responsables. Ces informations ne donnaient pas tant de détails factuels, tels que la jubilation de voir Netanyahu revenir de Russie sans rien, la queue entre les jambes.

Deuxièmement, ma meilleure hypothèse est que cette histoire est probablement basée sur la réalité. Les Israéliens se comportent comme s’ils ne se souciaient pas de la présence russe en Syrie : ils ont donc recours à des frappes aériennes exclusivement à des fins de relations publiques – rappelez-vous que Bibi veut éviter la prison ! Et les Russes se sont probablement plaints, ont été ignorés, et finalement en ont eu marre.

Troisièmement, le fait que le Jerusalem Post ait dû publier un article horrifié sur cet événement prouve de manière concluante que ceux qui essayaient de nous convaincre que la Russie et Israël travaillaient main dans la main et que Poutine était le meilleur ami de Bibi étaient bien remplis de conneries, et leur piège à clics n’était que ça : un piège à clics.

Quatrièmement, il existe des passionnés de technologie qui essaieront toujours de prouver que le Su-35S est nettement supérieur au F-35 et que cette histoire est très crédible. Ceux qui expliqueront que le F-35 est nettement supérieur au Su- 35S et que cette histoire est une pure invention. La vérité est qu’il est inutile de comparer deux aéronefs avancés «dans l’abstrait» ou de déclarer qu’un est bien meilleur que l’autre. Oui, oui, le Su-35S est supérieur au F-35 à de nombreux égards, mais certainement pas dans tous les scénarios possibles. En fait, nous aurions également besoin de savoir quels autres avions étaient dans les airs à ce moment là – y compris les AWAC, SEAD et EW – et nous devrons déterminer le rôle exact joué par les S-400 russes, le cas échéant. De manière générale, je vous exhorte à ne pas vous engager dans le «comptage des haricots» – en ne regardant que la quantité de matériel en présence, ou en effectuant des comparaisons directes entre avions de combat. Dans ce dernier cas, nous aurions besoin de savoir quel type – et combien – d’entraînements les pilotes ont reçu, de quel type d’armes ils disposaient, de quel type de capteurs ils se sont servis et comment, et plus généralement, comment les Israéliens ont décidé de structurer leur attaque et comment les Russes ont décidé de réagir. Enfin, nous devrions obtenir des détails sur la fusion des capteurs, les opérations de réseau, les liaisons de données, etc. Comme nous ne savons rien de tout cela, je recommande de ne pas nous attarder sur les appareils / radar / missile de X versus les aéronefs / radar / missile de Y. Cela ne vaut tout simplement pas la peine.

Revenons aux frappes sur les installations pétrolières saoudiennes, il y a déjà des rumeurs selon lesquelles il s’agirait d’une opération sous fausse bannière des Israéliens, des Britanniques, du RSA ou des États-Unis. Eh bien, je ne peux certes pas prouver le contraire, mais je ne vois aucune raison impérieuse de tirer de telles conclusions. D’abord, c’est une très mauvaise nouvelle pour l’Empire et, de plus, les Houthis ont déjà mené des actions similaires à plusieurs reprises et il n’y a aucune raison de penser qu’ils n’auraient pas pu faire ce qu’ils ont fait. Néanmoins, il est également indéniable que toute hausse du prix du pétrole profite à de nombreuses personnes – schiste américain, Russie, RSA, etc. Enfin, il y a toujours et par définition le risque des Israéliens et de leurs alliés néocons concoctant une sorte de faux drapeau pour déclencher enfin une attaque américaine contre l’Iran. Tous ces arguments ne sont toutefois qu’indirects, du moins jusqu’à présent. Le fait qu’un faux drapeau soit possible ne signifie pas qu’il s’est réellement produit, ne l’oublions jamais et ne tombons jamais dans des conclusions prématurées ou non fondées.

Maintenant, regardons les cibles elles-mêmes. Nous parlons d’installations pétrolières énormes, qui, dans la logique des États-Unis / OTAN / Israël – ou « Axe du Bien » – sont très certainement classées comme «infrastructures de soutien du régime» ou quelque chose de similaires. En outre, même dans le cadre d’une logique qui ne relève pas de l’« Axe du Bien », les lois de la guerre autorisent des frappes sur des infrastructures essentielles à l’effort militaire de l’ennemi. Ainsi, alors que les stations de télévision, les ambassades ou les hôpitaux ne sont pas des cibles légales, les installations pétrolières critiques le sont. La seule condition est que l’attaquant fasse un effort honnête dans la sélection des cibles et des munitions et tente d’éviter des pertes évitables. Autant que je sache, les Saoudiens n’ont mentionné aucune victime. Oui, c’est peu probable, mais c’est ainsi que les choses se passent pour le moment. Dans ce cas, la frappe des Houthis était tout à fait légitime, compte tenu en particulier du type de dévastation génocidaire que l’« Axe du Bien »et le SA ont déclenchée contre le Yémen.

Enfin, je vais tenter de comprendre pourquoi la défense aérienne américaine et saoudienne était si nulle : ils ne s’attendaient probablement jamais à une attaque du Yémen, du moins pas aussi sophistiquée. La plupart des défenses aériennes US / RSA sont déployées pour se défendre contre une attaque venant d’Iran, venant du nord. Le fait que cette frappe ait eu un tel succès suggère fortement qu’elle venait du sud, du Yémen.

Conclusion au 18 septembre 2019

J’allais conclure que, selon Russia Today, le ministre saoudien du Pétrole a déclaré que le RSA «ne sait pas encore qui est responsable» et que c’était une bonne nouvelle. Ensuite, j’ai vu ceci : «L’Arabie saoudite accuse l’Iran de parrainer une attaque contre une usine pétrolière, affirmant qu’elle n’aurait pas pu venir du Yémen», également sur RT. Pas bon. Pas crédible non plus.

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D’une part, si cela avait été l’Iran, la frappe aurait été beaucoup plus massive et aurait fait partie d’une attaque à beaucoup plus grande échelle, non seulement contre les installations pétrolières saoudiennes, mais également contre toutes les installations et forces cruciales du CENTCOM. Il est hors de question que les Iraniens aient ouvert des hostilités majeures – et ces frappes ont été clairement décrites par les Saoudiens comme étant «majeures» – juste pour attendre des représailles massives US /RSA / Israël. Les Iraniens ne vont certainement pas répéter l’erreur cruciale de Saddam Hussein et laisser aux États-Unis / CENTCOM / OTAN / Israël / RSA le temps nécessaire pour se préparer à une attaque massive contre eux. Je surveille divers «indicateurs et avertissements» suggérant que les États-Unis sont prêts à faire un mauvais coup, et jusqu’à présent, je n’ai noté qu’un seul événement potentiellement inquiétant : le MSC Sealift [commandement du transport maritime militaire de l’US Navy] et le US Transportation Command ont ordonné une activation en mode turbo sans préavis de 23 à 25 navires sur les 46 de la Ready Force Reserve – RRF doit être prêt en 5 jours. C’est un nombre sans précédent depuis 2003 et cela pourrait signifier que quelqu’un prend des précautions ou que quelqu’un devient nerveux. Mais le mouvement est généralement en septembre, cependant pas d’une telle ampleur, plus de détails ici. Cependant, gardez à l’esprit que ces indicateurs ne peuvent être considérés isolément d’autres faits. S’il y en a plus, je ferai de mon mieux pour les signaler sur le blog.

Le fait que les défenses anti-aériennes US / RSA se soient si mal comportées ne signifie pas que les États-Unis n’ont aucune idée de « whodunit » [qui l’a fait ?]. Il existe de nombreux autres capteurs et systèmes – y compris dans l’espace – permettant de détecter un lancement de missile, en particulier un missile balistique ! Et certains modes radar permettent une détection à longue portée mais ne sont pas nécessairement capables de suivre une trajectoire en balayant ou de s’engager à longue distance. En outre, vous pouvez également surveiller les signaux de données et la télémétrie générale. Et comme les États-Unis disposent d’immenses bases de données contenant les «signatures» de toutes sortes de matériels ennemis, ils sont également en mesure d’évaluer avec précision le type de système utilisé. Juste dans ce cas, comme dans le cas du MH-17, le Pentagone sait exactement « whodunit ». Idem pour les Russes qui ont beaucoup de SIGINT / FISINT au Moyen-Orient – et dans l’espace.

Mais dans les derniers jours de l’Empire, les faits importent peu. Ce qui compte, c’est ce que les gens de la Maison-Blanche et d’Israël considèrent comme une solution politique. Mon plus grand espoir est que Trump découvre la vérité sur les frappes et qu’il ait encore assez de cervelle pour comprendre que s’il frappait l’Iran, il perdrait les élections et serait probablement même déposé.

Espérons que ses instincts narcissiques sauveront notre planète qui a tant souffert !

The Saker

lundi, 30 septembre 2019

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

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Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, écrivain, journaliste, cinéaste, politicien, Roumanie

Au-delà de la multipolarité. Ce monde est voué à l’échec ; sommes-nous prêts pour Le Jour d’Après?

Je commencerai par vous demander de vous souvenir de deux épisodes bibliques. La première est la Tentation d’Adam et Ève dans le Jardin du Paradis. La seconde, l’expulsion des marchands du Temple.

Dans le merveilleux livre de Michael Ende „The Never Ending Story”, la Terre Fantastique est sous la menace du RIEN. C’est notre propre histoire et celle de notre monde.

La multipolarité est-elle réelle ?

Nous sommes réunis ici pour parler de multipolarité. La plupart d’entre nous, peut-être même tous, appuyons cette perspective et en sommes même ravis. Est-ce une bonne chose ? C’est bien ce que vous croyez. Enfin, l’Empire américain est défié et en voie de décadence. Mais la multipolarité est-elle réelle ? Nous n’avons pas de réponse claire à cette question. Personnellement, puisque la multipolarité a été annoncée par Macron, qui a pointé du doigt les États-Unis, c’est-à-dire l’Empire américain, comme étant coupable de la décomposition de l’Occident, je ne crois pas que cela le soit. Plutôt une étape de leur plan, ou une évolution moins favorable, mais prise en compte. (Ne me dites pas que Rothschild lui a donné des millions pour quelques jours de travail dans sa banque et l’a laissé être un libre-penseur.)

La déclaration de Macron n’est pas un aveu, c’est de l’espièglerie : OK les gars, vous avez gagné, on se rend bla-bla-bla-bla ! Pour endormir notre conscience, pour nous faire croire qu’ils se rendent.

Ensuite, il y a Trump, ou plutôt les forces derrière lui, une partie de cette mafia mondialiste qui sont des personnages actifs dans cet épisode de changement du monde. Et, enfin, et c’est le plus important, n’oubliez pas que le centre qui gouverne le monde est plus actif et plus puissant que jamais : L’ONU avec tous ses organes et institutions et organisations (FMI, BM, OMS, HWO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, connu à l’origine sous le nom de Fonds international d’urgence des Nations Unies pour l’enfance, OMC et ainsi de suite) promeut et impose les politiques les plus néfastes de notre temps : domination du capital, paupérisation des pauvres et enrichissement des riches, migrations, vaccination, lgbtisation, programme de genre et bien d’autres.

J’ai l’impression qu’une fois de plus, ils essaient de jouer contre nous. A partir de cette scène paradisiaque, et plus discernable pour notre civilisation, depuis la Révolution française. Tout le temps, ils préparaient des mouvements à l’avance, de faux drapeaux, des impasses, des fausses directions et tout le temps que nous devions réagir. Et, en regardant autour de nous, nous pouvons dire que, jusqu’à présent, ils ont presque entièrement réussi. Ils ne l’ont jamais manqué. Est-ce qu’ils vont le rater maintenant ?

Nous aurons un monde multipolaire. Ces nouveaux poles fonctionneront-ils différemment ? Ces poles rejetent-ils les fondements économiques oppressifs de nos sociétés et vivent-ils pour une nouvelle vision ? L’argent demain sera-t-il moins important que les âmes ? Que l’amitié, que le respect, que l’amour ?

Je ne pense pas, et je vais vous expliquer pourquoi. Mais, bien sûr, qu’elle soit authentique ou non, nous la soutenons tant qu’elle signifie la décadence de l’Empire.

Un monde non humain. L’Empire de la capitale.

Reliez la „tentation du Paradis” avec le rejet de Dieu de nos jours, puisque nous nous sommes déclarés dieux. Relier „l’expulsion des marchands” de la synagogue avec ceux qui sont maintenant au pouvoir dans notre monde. Les marchands. Qu’ont-ils fait ? Ils nous ont offert le fruit du libéralisme, la partie supérieure, la partie apparemment décente et bénéfique de l’idéologie du capital. Et on l’a mordu profondément.

Nous ne vivons plus dans un monde humain. Jusqu’à récemment, les étiquettes des sociétés et des états humains étaient liées à quelque chose d’humain : activité, outils, relations, hiérarchie ou statut social, etc.

Nous vivions à l’âge de pierre, à l’âge de bronze, à l’âge du fer, à l’esclavage, au féodalisme, à l’état d’esclave, à la monarchie, à la royauté, à la république, à la démocratie, à l’aristocratie (une des trois formes étatiques des Aristoteles). Mais le monde dans lequel nous vivons est capitaliste (ou socialiste ou communiste, les niveaux inférieurs de la pile idéologique du capital). Aujourd’hui, nous sommes des libéraux, des socialistes, des communistes – toutes des identités idéologiques, toutes issues de la même source : le capitalisme émergent des âges humaniste et illuministe, à la recherche d’un moyen d’attraper le pouvoir mondial : à savoir, se légitimer comme la nouvelle religion du monde.

Aujourd’hui, l’argent est le principal déterminant de la „vérité”. „La vérité” est ce que dit l’argent, et l’argent a le pouvoir d’imposer la „vérité”. La vraie vérité, telle que j’essaie de la dire, n’est pas la bienvenue aujourd’hui par n’importe quel gouvernement ou intérêt dirigeant dans le monde occidental ou dans ces pays qui ont été corrompus par le monde occidental. En effet, l’ennemi de la vérité aujourd’hui n’est plus à Moscou ni en Chine. L’ennemi est à Washington, New York et Hollywood, à CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, et dans les universités et les scientifiques qui mentent pour de l’argent, et dans les super riches qui contrôlent ces entités, y compris le Congrès, le pouvoir exécutif, le Bureau ovale et le pouvoir judiciaire. (Paul Craig Roberts : La vérité est une espèce en voie de disparition)

Un monde en métastase

La mafia financière mondialiste ne disparaît pas si un monde multipolaire émerge. Ils continueront d’être ici : sous la serviette de table, sous l’oreiller, dans nos maisons et nos voitures, dans tous nos appareils, qui „remplissent le vide de notre vie” ; sous la nouvelle fondation culturelle ; partout dans le système éducatif ; sous les réseaux sociaux ; sous 99% de notre existence quotidienne. Avec d’énormes sommes d’argent, avec une grande partie de la Terre en leur propriété, avec des centaines de millions de sujets dans leurs sociétés transnationales et nationales, les réseaux structurels de l’Etat, la société civile, les médias, etc.

Nous vivons dans un monde qui c’est presque complètement rendu à l’argent. Et l’argent n’a pas d’autre „religion”, pas d’autre règle de base que leur multiplication. Ils n’ont pas de sentiments (la haine vient de leur maître), pas de douleurs, ils ne peuvent ni pleurer, ni rire, ni rêver. Ils ont toujours faim. Ce sont des tueurs de sang froid. Et ils sont profondément despotiques à 100 %. Pas de sympathie, pas de chimie, pas de pitié, pas de bonne volonté. Rien que plus d’argent, plus de vide, plus de RIEN. C’est pourquoi toutes les autres valeurs, tous les autres principes qui leur sont opposés doivent être pervertis, annihilés sans pitié. A propos de tout cela, nous ne pouvons pas nous faire d’illusions ; tout est clair comme de l’eau de roche.

Nous avons a affaire, notre monde a affaire au cancer ; une tumeur énorme qui n’est pas si facile à détecter puisqu’elle se cache derrière des institutions et des organismes nationaux et internationaux. Mais le vrai problème mortel, c’est qu’il a infecté toutes les cellules du corps humain, des sociétés humaines ; les cellules cancéreuses sont partout et dans presque toutes les cellules, apparemment,  sains le virus est présent en latence. Nous parlons à leur façon, nous pensons à leur façon, nous mangeons, nous dormons, nous aimons / détestons, nous perdons notre temps à leur façon. Nous sommes des clones de l’esclave parfait qu’ils ont développé dans leurs laboratoires sociaux. Donc, si nous voulons avoir un monde meilleur, nous devons rejeter tout ce qui leur appartient.

Ces personnes, ces serveurs du Mal ne s’arrêteront pas ; l’algorithme implanté en eux les pousse continuellement sur le chemin de l’esclavage humain, de la démolition de la création de Dieu. Ils sont ajustés pour aller jusqu’au bout : la destruction de la planète entière. Et je pense qu’il y aura bientôt la destruction, la douleur, la mort. Si jamais quelque chose réussit à s’opposer à eux au point de contrer et de vaincre leurs projets, ils sont prêts à tout faire sauter. Trois sont la raison pour laquelle ils ne le feront pas : D’abord, la volonte du Dieu. Deuxièmement, parce que jusqu’à présent, il n’y avait pas une telle force qui s’opposait à eux. Troisièmement, pervertir les gens avant de les tuer est une victoire plus douce pour le Diable que de les tuer directement. Une longue agonie d’un rituel tentant avant la mort.

Nous sommes confrontés à trois alternatives principales :

  1. La multipolarité est fausse. Ils réussissent à asservir le monde entier, mais pas tous les gens et pas pour toujours (volonté de Dieu). Plus tard, ils commencent à se battre les uns contre les autres jusqu’à une grande destruction du monde.
  2. La multipolarité est authentique, opposée non seulement au faux Empire américain, mais aussi au véritable Empire du Capital, principalement à son noyau anglo-zioniste. Les impériaux vont déclencher la guerre, une grande partie du monde est détruite. (C’est le véritable but des bases de missiles autour de la Russie et de la Chine.)
  3. La multipolarité est en fait authentique, mais les sociétés et les États compris dans les nouvelles politiques sont infectéset les générations suivantes s’agenouilleront devant le même maître ténébreux.

La seule solution : revenir à la VÉRITÉ

Dans l’une ou l’autre de ces variantes, l’avenir n’est pas du tout serein. Par contre, il fait assez sombre.

Amis ? De l’aide ? Malheureusement, puisqu’elle renforce en nous la croyance que nous sommes des dieux, la technologie n’est pas vraiment notre amie. Ni la démographie (taux de natalité), ni la répartition de la population entre villes et villages. Il en va de même pour la culture, l’éducation, les structures étatiques.

Le rythme de la transformation du monde ne cesse de s’accélérer. Nous parlons d’un monde multipolaire qui émerge, mais demain matin, il est déjà parti. La multipolarité ne sera que quelque chose que nous avons laissé derrière nous et nous devons déjà penser à l’avenir, essayer, pour une fois dans notre histoire, de penser plus loin qu’eux. Quelle est la formule suivante ? Que devons-nous faire pour les surmonter?

La solution radicale et unique est d’abandonner tout ce qui nous lie à ce faux monde : concepts, idéologie, dogmes, mots, références, habitudes, objets. Nous devrions abandonner tout ce que nous critiquons à l’égard de nos ennemis : les traits extérieurs, mais surtout les traits intérieurs.

Si nous ne cherchons qu’une nouvelle voie, une nouvelle solution pour un monde meilleur, sans d’abord nous changer nous-mêmes, nous continuerons à travailler leur volonté. La vraie et unique solution est l’ancienne solution qui consiste à nous changer, c’est-à-dire à réinitialiser notre intérieur, selon le modèle de Jésus-Christ, de revenir à ce genre de pensée, parler et agir. De retourner à la VÉRITÉ.

Source - FLUX

Beyond multipolarity. This world is doomed; are we prepared for The Day After?

Chisinau Forum III: Paul Ghițiu, writer, journalist, film maker, politician, Romania

I will start by asking you to remember two biblical episodes. The first is the Temptation of Adam and Eve in the Paradise Garden. The second, the expulsion of the merchants from the Temple.

In the wonderful book of Michael Ende „The Never Ending Story”, the Fantasy Land is under the threat of the NOTHINGNESS. That’s quite our own and our world story.

Is multipolarity genuine?

We gathered here to talk about multipolarity. Most of us, maybe all of us are supporting and even delighted with this perspective. Is it a good thing? It does certainly look like that. Finally, the American Empire is challenged and on the way of decay. But is multipolarity genuine? We have no clear answer to this. Personally, since multipolarity has been announced by Macron, who pointed to US, i.e., The American Empire as being guilty of West decay, I believe it’s not. Rather a step of their plan, or an evolution less favorable, but taken into account. (Don’t tell me that Rothschild gave him some millions for a few days of work within his bank and let him be a free-thinker.)

Macron statement is not an admission, is roguery: OK folks, you won, we surrender bla-bla-bla! To put to sleep our awareness, to make us believe that they are surrendering.

Then, there is Trump, or rather the forces behind him, a part of that globalist mafia who are active characters in this episode of changing the world. And, finally, but most important, don’t forget that the world governing center is more active and powerful than ever: UN with all its bodies and institutions and organizations (IMF, WB, HWO, United Nations Children’s Fund, originally known as the United Nations International Children’s Emergency Fund, WTO and so on and so on) promoting and imposing the most malign policies of our days: capital domination, impoverishment of the poor and enrichment of the rich, migration, vaccination, lgbtization and gender agenda and many others.

I have a feeling that one more time they try to play us. As from that Paradise scene, and more discernable for our civilization, since the French Revolution. All the time they prepared some movements in advance, false flags, dead ends, false directions and all the time we had to react. And, looking around us, we can say that until now they were almost completely successful. They never missed it. Will they miss it now?

We will have a multipolar world. Will these new poles work differently? Are these poles rejecting the economical oppressive foundation of our societies and lives for a new vision? Will money tomorrow be less important than souls? Than friendship, than respect, than love?

I don’t think so, and I will explain why. But, of course, genuine or not we are supporting it as long as it means the decay of the Empire.

A non-human world. The Empire of Capital

Relate „Paradise temptation” with nowadays rejecting of God since we declared ourselves gods. Relate „expulsion of merchants” from synagogue with who is now in power in our world. The merchants. What have they done? They offered us the fruit of liberalism, the upper part, the apparently decent and benefic part of the Capital Ideology. And we bit it deep.

We are not living in a human world anymore. Until recently, human societies and states labels were related to something human: activity, tools, relations, hierarchy or social status and so on.

We lived in the stone age, bronze age, iron age, slavery, feudalism; slave state, monarchy, royalty, republic, democracy, aristocracy (one of the three state forms of Aristoteles). But the world we are living in is Capitalist (or, Socialist, or Communist, the lower levels of the capital ideological stack). Today we are liberals, socialists, communists – all ideological identities, all coming from the same source: the emerging capitalism of humanist and illuminist ages, looking for a way to catch the global power: namely, to legitimize itself as the new religion of the world.

Today money is the main determinant of “truth.” “Truth” is what money says, and money has the power to enforce “truth.” Real truth, such as I attempt to tell, is not welcome today by any government or ruling interest anywhere in the Western World or in those countries that have been corrupted by the Western World. Indeed, the enemy of truth today is no longer in Moscow or China. The enemy is in Washington, New York, and Hollywood, in CNN, MSNBC, NPR, New York Times, Washington Post, and in the universities and scientists who lie for money, and in the super-rich who control these entities, including Congress, the Executive Branch, and Oval Office, and Judiciary. (Paul Craig Roberts:  Truth Is an Endangered Species)

A world in metastasis

The globalist financial-banking mafia doesn’t vanish if a multipolar world is emerging. They will continue to be here: under the table napkin, under our pillow, in our houses and cars, in all our devices, that „filled the void of our lives”; under the new cultural foundation; everywhere within the educational system; under the social networks; under 99 % of our daily existence. With huge amounts of money, with a large part of Earth în their property, with hundreds of millions of subjects in their transnational and national companies, state structural networks, the civil society, media and so on.

We are living in a world that near completely surrendered to money. And money has no other „religion”, no other ground rule than their multiplication. They have no feelings (hate is coming from their master), no pains, they can’t cry or laugh, or dream. They are always hungry. They are cold blood killers. And they are profoundly 100 % despotical. No sympathy, no chemistry, no mercy, no goodwill. Nothing than more money, more void, more NOTHINGNESS. That’s why any other values, any other principles opposed to them have to be perverted, annihilated without mercy. About all these we can’t have illusions; everything is crystal clear.

We are dealing, our world is dealing with cancer; a huge tumor which is not so easy to spot since it hides behind national and internaţional institutions and bodies. But the real deadly problem is that it infected every cell of mankind’s body, of the human societies; the cancerous cells are everywhere and in near all, apparently, sound cells the virus is present in latency. We are speaking their way, we are thinking their way, we are eating, sleeping, loving/hating, wasting our time their way. We are clones of the ever-perfect slave they developed in their social laboratories. So, if we want to have a better world, we have to reject everything that’s theirs.

These people, these servers of Evil will not stop; the algorithm implanted inside them pushes them continuously on the way of man enslavement, of God creation demolition. They are adjusted to go up to the complete end: the destruction of the whole planet. And, I think, there will be soon destruction, pain, death… If ever something will succeed to oppose them so hard as to counter and defeat their projects they are ready to blow up everything. Three are the reason they will not do it: First, God Will. Second, because up to now there was not such a force opposing them. Third, perverting people before killing them is a more sweet victory for the Devil, than killing them directly. A long agony of a tantalizing ritual before death.

We are facing three main alternatives:

  1. Multipolarity is fake. They succeed in enslaving the whole world buit not all the people and not forever (God Will). Later they start fighting with each other up to a large destruction of the world.
  2. Multipolarity is genuine, opposed not only to the fake American Empire but to the real Empire of Capital, mainly to the anglo-zionist core of it. The imperials will start the war, a large part of the world is destroyed. (That’s the true purpose of the missiles bases around Rusia and China.)
  3. Multipolarity is actually genuine, but societies and states comprised in the new pols are infected and the next generations will kneel before the same tenebrous master.

The only solution: returning to TRUTH

In any of the above variants, the future is not at all serene. Per contra, it looks quite dark.

Friends? Help? Unfortunately, since it enforces in us the belief that we are gods, technology is not really our friend. Neither demography (the birth rate), nor the population distribution between cities and villages. The same with culture, education, state structures.

The pace of world transformation is increasingly on and on. We are talking about a multipolar world that is emerging, but tomorrow morning it is already gone away. Multipolarity will be just something we left behind and we have to already think the future, to try, for once in our history, to think ahead of them. What is the next formula? What do we need to do to overcome?

The radical and only solution is to abandon everything that ties us to this fake world: concepts, ideology, dogmata, words, references, habits, objects. We should abandon everything we are criticizing at our enemies: outer features, but mainly inner ones.

If we are looking only for a new way, a new solution to change in better the world, without first changing ourselves, we will continue to work their will. The real and only solution is the old one of changing us, i.e. to reset our inner, according to the model of Jesus Christ, to that kind of thinking, speaking and acting. To go back to TRUTH.

Source - FLUX

10:53 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actaulité, politique internationale, multipolarité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Analyse d’un Général français sur les frappes Houties

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Analyse d’un Général français sur les frappes Houties

 
Ex: https://www.katehon.com

À l’annonce des frappes revendiquées par les Houthis et aux diverses questions qu’elles suscitent, je réponds ceci :

Je n’ai aucune raison de mettre en doute la revendication houthie pour les raisons suivantes :

– C’est une action en légitime défense parfaitement compréhensible.

Les territoires tenus par les Houthis sont bombardés quotidiennement depuis près de quatre ans par la coalition initiée et conduite par l’Arabie saoudite sous l’égide des États-Unis et d’Israël et de leurs vassaux occidentaux (France et Royaume-Uni). Face à cette agression, les Houthis, incontestablement soutenus par l’Iran, ont résisté comme ils ont pu, puis se sont organisés.

Ils mènent depuis deux ans des attaques aux drones contre le territoire de leur adversaire principal. Ces attaques à l’intérieur du territoire saoudien sont devenues, au fil du temps, plus précises, plus puissantes, plus fréquentes, plus profondes. Elles sont conduites en « légitime défense » dans le seul but de faire cesser l’agression saoudienne et l’ingérence de la « coalition occidentale » qui, toutes deux, sont meurtrières pour la population yéménite, et illégales car non approuvées par l’ONU. Des frappes houthies au cœur de l’Arabie saoudite ne sont donc pas nouvelles. Elles ont toujours été annoncées avant (sans préciser l’objectif) et revendiquées après.

Accuser l’Iran est d’une stupidité sans nom. Pourquoi l’Iran mènerait-il une attaque illégitime, voire suicidaire à partir de son sol, alors que leur allié houthi peut le faire, en légitime défense, à partir du territoire yéménite ? En outre, tous les mouvements d’objets volants sont suivis avec précision, surtout au Moyen-Orient, tant par les Occidentaux que par les Russes qui disposent des moyens les plus sophistiqués pour le faire (radars, satellites). Je ne parle évidemment pas des Saoudiens qui disposent de tous ces moyens de protection anti-aériens de fabrication US mais qui ne savent peut être pas s’en servir…. Bien sûr, l’Iran a aidé les Houthis à construire leurs drones (ingénieurs, technologies). Peut-être les a-t-il même conseillés pour leur mise en œuvre. Et alors ?

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Après tout, les avions de la coalition saoudienne qui frappent quotidiennement le Yémen et les bombes ou obus qui tuent les Yéménites sont de fabrication US, britannique ou française. Les bateaux qui assurent le blocus maritime du Yémen et réduisent la population yéménite à la famine le sont aussi. Que dire devant un tel constat ?

Ce qui me frappe, c’est la frénésie des fausses accusations occidentales de plus en plus fréquentes et de moins en moins crédibles qui nous sont rabâchées quotidiennement par les médias mainstream. Tout ce qui ne va pas en Europe dans le sens voulu par nos élites dirigeantes, c’est la faute à la Russie (Ukraine, Brexit, élections nationales, affaire Skripal) ; tout ce qui ne va pas en Asie, c’est la faute à la Chine ; tout ce qui ne va pas au Proche-Orient et au Moyen-Orient, c’est la faute à l’Iran ; tout ce qui ne va pas en Amérique du Sud, c’est la faute au Venezuela, etc. On ne construit pas des politiques étrangères solides en imputant aux autres les résultats de ses insuffisances.

Dans les cercles du pouvoir, personne ne semble vouloir s’interroger sur les véritables causes des désordres mondiaux qui crèvent pourtant les yeux. Pour faire simple il s’agit, avant tout, des ingérences néoconservatrices tous azimuts et tous prétextes dans les affaires de pays souverains, ingérences d’une coalition occidentale en déclin qui cherche désespérément à maintenir son hégémonie sur le reste du monde et ses « avantages acquis » au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Au-delà de cette frappe et de ses conséquences en terme d’approvisionnement pétrolier, on peut se demander si cette action houthie ne constitue pas aussi un triple message de l’Iran à l’adresse des États-Unis, de l’Arabie saoudite et du reste du monde.

Le premier message adressé aux USA, et plus largement à la « coalition occidentale », pourrait bien être le suivant :

« Si les Houthis sont parvenus, avec une vingtaine de drones et missiles, et des moyens limités, à frapper des cibles à 1 000 kilomètres de leurs bases, en déjouant “le dôme de fer” saoudien, s’ils sont parvenus à réduire de moitié la production saoudienne de pétrole en une seule attaque, imaginez quel pourrait être le résultat si un grand pays comme l’Iran devait riposter à une “agression” saoudienne ou US avec plusieurs centaines de drones aussi furtifs qu’efficaces. L’Iran 2019 n’est pas l’Irak de 2003. Il est équipé et armé pour un conflit asymétrique et il n’est pas seul. Russie, Chine, Inde notamment coopèrent avec lui. N’oubliez pas que l’équilibre économique du monde est aujourd’hui très fragile et peut être ébranlé à votre détriment. À bon entendeur, salut… »

Ce message est fort, et semble avoir été entendu jusqu’à présent par ses destinataires d’autant qu’il a été appuyé par une action incontestablement efficace et d’ampleur inattendue…

Le deuxième message adressé aux Saoudiens et plus largement aux pays du Golfe, pourrait être le suivant :

« La confiance aveugle que vous avez mise dans les armements occidentaux achetés à grands frais et dans des alliances destinées à protéger vos familles régnantes n’est pas justifiée. Le résultat de la “frappe d’avertissement” houthie montre que ni l’armement, ni le soutien achetés à vos alliés n’ont permis de vous protéger. Cessez donc d’écouter et de suivre ceux qui s’ingèrent dans vos affaires pour leur seul intérêt. La sécurité dans la région du Golfe est l’affaire des pays riverains qui doivent coopérer entre eux et refuser les ingérences intéressées des pays occidentaux. »

Ce message est également fort et a été reçu 5 sur 5 par les Émirats et le Qatar à défaut de l’être encore par la jeune « tête brûlée » d’Arabie saoudite qui surestime les capacités de son pays alors même qu’il est mis en échec par le David yéménite. Un à un, les pays du Golfe reprennent peu à peu le chemin de Téhéran.

Le troisième message iranien adressé au monde entier et qui sera relayé par de nombreux pays « amis » (de l’OCS notamment) pourrait être le suivant :

« Ne confiez pas la direction du monde et votre protection à un État unique qui sème aujourd’hui le désordre et le chaos partout où il s’ingère, qui n’a plus de parole et remet en cause les traités du jour au lendemain, qui agit par la contrainte et les sanctions extraterritoriales, même à l’encontre de ses alliés, et surtout qui n’a plus les moyens militaires classiques adaptés à ses ambitions pour l’emporter dans des conflits asymétriques. Et, pour votre protection anti-aérienne, achetez le S400 russe, plus efficace et moins cher que le Patriote US qui a montré ses limites tant en Arabie saoudite qu’en territoire israélien ».

 

Source : Réseau International

 

L’Iran et l’art de la guerre

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L’Iran et l’art de la guerre

ex: http://www.dedefensa.org

20 septembre 2019 – Six jours après l’attaque terriblement efficace contre les installations de l’Aramco le 14 septembre et l’absence de riposte du Système qui aurait dû immédiatement sanctionner ce crime de lèse-majesté, le paysage commence à s’éclaircir. Il s’agit d’une défaite majeure pour le Système ; peut-être pas encore Waterloo mais au moins la Bérézina qui ouvre irrésistiblement la voie la voie à Waterloo, tout cela très rapide parce que le temps historique devenu métahistorique pourrait être, dans certaines circonstances, bien plus rapide qu’en 1813-1815.

Ce qui est caractéristique de notre époque complètement encalminée dans les illusions technologiques de la postmodernité est ce fait remarquable : ce que nous classons comme une grande date métahistorique, l’attaque contre Aramco, est complètement dépendant des performances et contre-performances de la ferraille technologique dont le Système et son serviteur américaniste sont si complètement férus, et s’avèrent pourtant si complètement les prisonniers à vie et jusqu’à la mort. En effet, l’attaque d’Aramco tend désormais à être unanimement appréciée en termes de ferraille technologique ; en d’autres mots : pourquoi le Parrain américaniste, en termes mafieux s’entend, n’a-t-il rien fait pour prévenir et contrer décisivement l’attaque, et ainsi sauver son valet saoudien ?

Réponse du ministère de la défense russe, d’habitude très peu expansif mais qui , cette fois, sort de sa réserve : « Après l'attaque contre Saudi Aramco, un responsable du ministère russe de la Défense a déclaré que le système Patriot n'était pas conforme aux caractéristiques déclarées.
[...]
» “Les justifications du secrétaire d’État américain [Mike Pompeo]qui a déclaré que ‘parfois, les systèmes antiaériens du monde entier donnent des résultats contradictoires’ n’auraient pu être acceptées que s’il était question d’un seul système Patriot qui défendait concrètement le site attaqué, selon une source au sein du ministère de la Défense. Mais grâce aux États-Unis, l’Arabie saoudite a déployé ces dernières années sur son territoire, surtout dans sa partie septentrionale, un puissant système de défense antiaérienne dans la région à champ de radar ininterrompu.”
» Mike Pompeo avait précédemment évoqué les batteries antiaériennes saoudiennes, qui comprennent le système américain Patriot, en déclarant que ces systèmes ne donnaient pas toujours “le résultat escompté”.
» “Il ne peut y avoir qu’une seule raison: les systèmes Patriot et Aegis tant vantés par les Américains ne sont pas conformes aux paramètres déclarés et n’ont qu’une faible efficacité de lutte contre des cibles aériennes de petites dimensions et les missiles de croisière, a poursuivi le responsable. Ils ne sont tout simplement pas capables de repousser une large utilisation par l’ennemi de moyens d’attaque aérienne dans la réalité du combat.”
» Toujours selon la même source, la frontière septentrionale de l’Arabie saoudite est protégée par 88 batteries de de tir du Patriot. En outre, trois frégates lance-missiles de la Marine américaine dotées du système Aegis contrôlant 100 missiles SM-2 se trouvent dans le Golfe au large des côtes de l’Arabie saoudite. »

patriot-launch-200px.jpgLe Patriot est une bonne vieille histoire (depuis 1976-1984) d’un caractère exceptionnel dans la durabilité et la solidité de la farce déguisée en simulacre. La firme Raytheon, qui en est la mère-nourricière (voir le secrétaire à la défense Esper pour plus d’informations : il y officia pendant dix ans), sort régulièrement une nouvelle version (PAC-1, PAC-2, PAC-3...) après une démonstration des caractéristiques catastrophiques de sa progéniture, assurant alors que ses “défauts de jeunesse” sont corrigés ; il est manifeste qu’il y a eu des changementsentre chaque version par rapport à la précédente, puisque chaque version coûte beaucoup plus cher que la précédente. Les premiers exploits du Patriot datent de la première Guerre du Golfe, puis enchaînant sur la seconde (quelques détails dans ce texte). On rappellera plus en détails, à partir d’un autre texte du 29 juillet 2010, ce passage du type-anecdote, où l’on voit s’opposer l ‘un des très rares hommes politiques israéliens de grande vertu et adversaire de la dépendance d’Israël des USA, l’ancien ministre de la défense Moshe Arens, et le président Bush à propos des exploits du Patriot chargés de protéger Tel-Aviv en 1990-1991, – selon les confidences d’Arens lui-même dans un documentaire sur la Guerre du Golfe :

« Arens s’est toujours signalé par une forte affirmation nationaliste, et, à partir de sa formation d’ingénieur en aéronautique et sa position à la défense, par la transcription de cette position dans la recherche de l’affirmation de la souveraineté nationale au niveau des programmes d’armement, ce qui l’amenait à des conflits avec les USA. Il eut en 1991 un sévère accrochage avec le président Bush-père, au cours d’un entretien. Bush, qui avait une tendresse particulière pour Raytheon et son missile sol-air Patriot, avait été informé par le même Raytheon des performances exceptionnelles du Patriot durant la guerre du Golfe. Ces performances étaient un pur argument de relations publiques mais l’enthousiasme de Bush-père était purement ingénu. Le recevant à la Maison-Blanche, le président parla à Arens en termes dithyrambiques des performances du Patriot dans la défense de Tel Aviv contre des missiles irakiens Scud, lors de la guerre du Golfe. Arens lui répondit, sur un ton glacial, que le taux de réussite des Patriot contre les Scud dans cette occurrence était équivalent à zéro, – aucun Scud intercepté par le moindre Patriot. La réaction du président US fut extrêmement vive et la rencontre tourna à l’aigre. L’anecdote marque la considération de Arens pour les équipements US, et donc permet d’encore mieux entendre sa position d’aujourd’hui vis-à-vis du JSF. »

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On ajoutera bien entendu que les missiles Standard (Standard Missile, ou SM) montés sur les frégates et croiseurs-AEGIS, également cités pour la défense d’Arabie, n’ont pas un pedigree plus glorieux. C’est le croiseur USS Vincennes qui, naviguant en 1988 dans le Golfe pour “protéger la liberté des mers”, repéra grâce à son système AEGIS/Standard un Airbus de la compagnie aérienne civile iranienne et l’identifia aussitôt comme un F-14 Tomcat de la force aérienne iranienne, le détruisant aussi sec en un seul tir de Standard, pour cette fois extrêmement précis : 290 morts civils et pas une seule condoléance ni excuse de l’administration Reagan. 

Tout cela est vite dit et écrit, mais illustre le vrai des capacités habituelles des armes et des systèmes américanistes, essentiellement depuis les années 1980 et encore plus vite depuis la fin de la Guerre froide, avec un déclin vertigineux de toute attention portée à leurs capacités et à leurs performances réelles (essais truqués, évaluations faussées, etc.) et une croyance religieuse des commanditaires (les hommes politiques) et des utilisateurs (les chefs militaires) dans les arguments de relations publiques des firmes productrices. L’attaque de l’Aramco en constitue une démonstration étonnante, au-delà même de ce qu’on pouvait concevoir auparavant s’il s’avère effectivement que pas un seul coup ne fut tenté et tiré contre l’attaque des drones. A ce point du raisonnement, que ces drones soient iranien, houthis ou monégasques importe peu : c’est l’inexistence de la défense qui constitue l’événement fondamental, et cette défense est entièrement américaniste ; elle est, certainement du point de vue quantitatif et très probablement du point de vue “qualitatif” (des équipes US contrôlant les systèmes les plus sensibles), mieux équipée que la plupart des zones stratégiques américanistes elles-mêmes.

Les déclarations de Pompeo à son départ vers l’Arabie sont d’un ridicule à mesure de l’ampleur de l’événement, – en même temps qu’ils donnent une idée de l’impuissance des USA à comprendre la vérité-de-situation, c’est-à-dire leur vérité-de-situation, c’est-à-dire qu’ils sont entraînés dans une spirale d’incapacité, de paralysie, d’effritement, – voire d’entropisation... Se répétant en Arabie, Pompeo a été jusqu’à préciser : « Même les meilleurs systèmes antiaériens du monde entier donnent parfois des résultats décevants », précisant qu’il était à Ryad notamment pour proposer aux Saoudiens des changements et des améliorations dans leur système de défense (sans doute un Patriot PAC-4 à guidage en or massif et beaucoup plus cher ?) ; exactement comme si eux, les Saoudiens, étaient complètement fautifs de l’échec des défenses, à cause de leur propre matériel, de leurs propres technologies, de leur propre méthodologie...

Ce que l’on peut constater au cours ces six derniers jours, c’est l’ampleur de l’écho de l’échec US au niveau militaire aussitôt transcrit en termes politiques sinon métahistoriques dans cette occurrence, tant l’Arabie est perçue à cet égard comme une sous-colonie illettrée, entièrement contrôlée par ces mêmes USA ; en appendice évidemment important, on trouve, quelles que soient les circonstances de l’attaque, la perception de l’affirmation militaro-technologique de l’Iran (et des forces qui lui sont liées, par conséquent), et cela de ses propres capacités pour l’essentiel, tant l’Iran entretient jalousement son autonomie et son indépendance, tant ses liens avec d’autres puissances (la Russie par exemple) sont à mille lieues de la vassalisation réciproque et corrompue entre les USA et l’Arabie, – quasiment d’une autre nature.

Sur ces sujets, on lira quelques paragraphes de la plus récente analyse (de ce jour) d’Alastair Crooke, le directeur de Conflict Forum, qui nous restituent effectivement les grandes significations de l’événement :

« Ce que la frappe de précision a fait, c’est de pulvériser le simulacre des États-Unis se faisant passer pour le “gardien” du Golfe et le garant de la sécurité du flot de pétrole brut alimentant les veines d’une économie mondiale fragile.  Il s’agissait donc d'une frappe de précision visant le paradigme dominant, – et elle a réussi un coup mortel.  Elle a mis en évidence le caractère faussaire des deux affirmations. Anthony Cordesman écrit que “les frappes contre l'Arabie saoudite constituent un avertissement stratégique clair que l'ère de la suprématie aérienne américaine dans le Golfe, et du quasi-monopole américain sur la capacité de frappe de précision, s'estompe rapidement”.
» Les Iraniens étaient-ils directement ou indirectement impliqués ?  Et bien.... ça n’a pas vraiment d’importance.  Pour bien comprendre les implications, il faut comprendre l’événement comme un message commun, venant d'un front commun (Iran, Syrie, Hezbollah, Hash’d a-Shaibi et les Houthis).  Il s’agissait de pulvériser la crise des sanctions au sens large : un tir stratégique (missile) crevant le “dirigeable” sur-gonflé de l’efficacité des tactiques américaines de “pression maximale”. Il fallait retourner la méthode de contrôle du monde par les sanctions et les tarifs et la fracasser littéralement. La Russie et la Chine sont presque certainement d’accord et sans doute applaudissent-ils (discrètement).
» Cette approche comporte des risques évidents. Le message sera-t-il entendu correctement à Washington ? Car, comme le souligne Gareth Porter dans un contexte différent, la capacité de Washington de comprendre, ou de “bien lire” dans “l’esprit” de ses ennemis semble avoir été en quelque sorte perdu, – par impuissance de Washington à éprouver quelque empathie que ce soit pour “l’altérité” (iranienne, chinoise ou russe).  Les perspectives ne sont donc probablement pas très bonnes.  Washington ne “comprendra pas”, au contraire il pourrait en rajouter, avec des conséquences potentiellement désastreuses. Porter écrit :
» “L’attaque d’Abqaiq est aussi une démonstration dramatique de la capacité de l'Iran à surprendre stratégiquement les États-Unis, bouleversant ainsi ses plans politico-militaires. L’Iran a passé les deux dernières décennies à se préparer en vue d'une éventuelle confrontation avec les États-Unis, et le résultat est une nouvelle génération de drones et de missiles de croisière qui donne à l’Iran la capacité de contrer beaucoup plus efficacement tout effort américain visant à détruire ses ressources militaires et de viser des bases américaines à travers le Moyen-Orient.

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» “Le système de défense aérienne de l'Iran a été continuellement mis à niveau, à commencer par le système russe S-300 qu'il a reçu en 2016. L'Iran vient également de dévoiler en 2019 son système de défense aérienne Bavar-373, qu’il considère comme plus proche du système russe S-400, acheté par l’Inde et la Turquie, que du système S-300.
» “Ensuite, il y a le développement par l’Iran d’une flotte de drones militaires, ce qui a incité un analyste à qualifier l’Iran de ‘superpuissance des drones’. Parmi ses réalisations en matière de drones, mentionnons le Shahed-171 ‘drone furtif’ avec missiles à guidage de précision et le Shahed-129, qu'il a conçu à partir du Sentinel RQ-170 des États-Unis et du MQ-1 Predator”.
» Comprendre le message de Porter représente la clef pour comprendre la nature du ‘grand basculement’ qui a lieu dans la région. Les avions robots et les drones, – tout simplement, – ont changé les données fondamentales de la guerre. Les anciennes vérités ne tiennent plus, – il n'y a pas de solution militaire américaine simple pour l'Iran.  
» Une attaque américaine contre l'Iran n'apportera qu'une réponse iranienne ferme, – et une escalade. Une invasion américaine complète, – comme l'invasion de l'Irak en 2003, – n'est plus dans les capacités américaines. »

L’art de la guerre et leur psychologie

... Mais il nous apparaît évidemment, à nous aussi, que “ce que les Américains ne sont plus capables de faire” est en l’occurrence bien plus important que “ce que les Houthis [ou les Iraniens ou les Monégasques] sont capables de faire” ; en quelque sorte, c’est notre “Bye bye FDR” par obligation et par faiblesse, autant que par volonté unilatéraliste de repli : « Non seulement ils ne peuvent plus, mais ils ne veulent plus (à moins qu’ils ne veuillent plus parce qu’ils ne peuvent plus ?)... Bref, et comme disait l’avisé Macron : “Nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l'hégémonie occidentale sur le monde.” » 

Le plus dramatique dans ce constat est évidemment ce qui se dit de plus en plus, et qui constitue l’élément fondamental de la psychologie de l’américanisme, cette impuissance totale de l’américanisme pour l’empathie, y compris et surtout cette absence complète d’empathie objective (se mettre à la place de l’autre pour mieux le comprendre) pour comprendre ce qui se passe dans “l’esprit” de l’adversaiere. Crooke/Porther le disent précisément : « ...la capacité de Washington de comprendre, ou de “bien lire” dans “l’esprit” de ses ennemis semble avoir été en quelque sorte perdue, – par impuissance de Washington à éprouver quelque empathie que ce soit pour “l’altérité” (iranienne, chinoise ou russe). » Nous serions tentés de proposer une nuance, de taille au demeurant : cette capacité n’a pas été “perdue”, parce que, selon ce que nous croyons de la psychologie de l’américanisme faite d’inculpabilité et d’indéfectibilité et ainsi si parfaitement spécifique, cette capacité n’a jamais existé dans cette psychologie ; la raison étant simplement que, pour la psychologie américaniste et donc exceptionnaliste, l'“autre” ne peut exister sinon bien entendu à être aussitôt gobé et digéré subito presto par l'américanisme.

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Dans l’article qu’il consacre à l’attaque, Pépé Escobar écrit ceci : « Le refrain du renseignement américain selon lequel les Houthis sont incapables d'une attaque aussi sophistiquée trahit les pires courants de l’orientalisme et du “fardeau de l’homme blanc” exprimant le complexe de supériorité [le suprémacisme] de l’homme blanc. » Nous comprenons parfaitement cette affirmation, et ce qu’elle a de justifiée dans le chef de la reconnaissance des capacités des “autres”, sauf pour ce qui est de l’emploi du terme “homme blanc” rejoignant les thèmes LGTBQ à la mode du “suprémacisme de l’homme blanc”. L’histoire de la couleur n’a pas sa place ici ; il s’agit de psychologie et de technologie et, s’il faut parler de “suprémacisme”, alors nous dirions qu’il est question essentiellement, sinon exclusivement pour la séquence en cours qui est infiniment plus importante que l’histoire réécrite et caviardée postmodernistement du colonialisme, de “suprémacisme anglo-saxon” ; ou encore mieux, de “suprémacisme américaniste” (les Anglais s’y mettraient dedans), auquel nombre d’hommes de couleur, Obama en premier et en position de dirigeant suprême, souscrivent avec enthousiasme. Le philosophe de l’histoire, l’Anglais Arnold Toynbee, avait, trois-quarts de siècle avant nous, largement explicité la chose et donné tous les éléments permettant de comprendre la Grande crise actuelle...

Cela bien compris à propos du “suprémacisme anglo-saxon/américaniste” et qui est d’une importance fondamentale, il est bien évident que l’attaque de l’Aramco démontre, – directement ou indirectement qu’importe, – après plusieurs autres événements dans ce sens (de la capture du drone RQ-170 fin 2011 à la destruction du RQ-4C Global Hawk de juin 2019), que l’Iran dispose de capacités technologiques directement opérationnelles d’une ampleur et d’une qualité dont bien peu de puissances peuvent se targuer aujourd’hui. Depuis l’amère défaite de l’armée israélienne face au Hezbollah à l’été 2006, on sait également que des organisations non-étatiques peuvent, dans des guerres classiques d'une réelle impoirtance, s’affirmer comme des puissances d’une dimension d’organisation et de cohésion dont nombre de pays ne disposent pas, et les Houthis ne font ainsi que nous en apporter confirmation...

Bien entendu, on observera, sans guère de surprise, que tous les exemples que nous donnons vont dans le même sens, qui est antiaméricaniste comme on est antiSystème. Il n’y a aucune surprise dans ce constat, dans la mesure où les USA eux-mêmes, par leur folie belliciste et autodestructrice, leur technologisme d’une extrême surpuissance mais parvenu au point de l’autodestruction, nourrissent leurs adversaires des armes et des technologies dont ces adversaires useront contre eux (Blowbackou Janus)sans être infectés par la psychologie de l’américanisme.

Cela signifie que la résistance dans le domaine même qui nourrit l’hybris américaniste (le technologisme) n’a pas cessé d’augmenter, sur le terrain même où cet hybrisse manifeste (le technologisme). Le résultat n’est nullement d’inspirer de la prudence ou de l’habileté manœuvrière aux USA, – choses qui leur sont parfaitement inconnues, – mais plutôt de susciter une incompréhension sans cesse grandissante de “l’autre” (empathie nulle) et un réflexe de plus en plus automatisée dans le sens de la surenchère, de ce que l’on croit être de la surpuissance (de l’hyper-surpuissance) et qui s’avère être de l’autodestruction parce que les moyens de la guerre américaniste sont en chute sidérale pour ce qui est de la capacité opérationnelle véritable (voir également la fable des porte-avions).

... Et parce qu’en face, il y a l’Iran, pays qui maîtrise la technologie suffisamment pour la retourner contre son adversaire, et qui montre une résolution sans faille jusqu’à ne pas craindre d’aller jusqu’au bout. Ce faisant, l’Iran est un chiffon rouge agité avec sa propre habileté devant un taureau épuisé et dont la psychologie est aujourd’hui entrée dans le domaine de la folie. L’“art de la guerre” de l’Iran n’a, finalement, rien à voir fondamentalement avec la maîtrise de la technologies, même s’il passe nécessairement par cette maîtrise, mais avec une attaque directe, centrale et décisive contre le centre matriciel et absolument fécond de la faiblesse de l’ américanisme : sa psychologie.

Il est ainsi par conséquent bien dans le registre des possibilités que la fameuse prédiction du néo-sécessionniste du Vermont Thomas Naylor soit fondée, notamment grâce à la ténacité et la volonté de l'Iran : « Il y a trois ou quatre scénarios de l’effondrement de l’empire. L’un d’entre eux est la possibilité d’une guerre contre l’Iran... » Mais naturellement, cet effondrement n’aurait pas tant lieu sur le champ de bataille, que sur la perspective qu’il y ait la possibilité d’un tel champ de bataille, ce qui produirait à “Washington D.C.” un choc tel qu’effectivement la folie aurait raison de l’empire, – par ailleurs, dans un environnement déjà bien préparé à l’incursion de la folie., – on n’est pas “D.C.-la-folle” sans raison.

mardi, 24 septembre 2019

Moldavie, la virgule euro-russe Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

Conférence de Iurie Rosca et Robert Steuckers

moldaviedrapeaucarte.jpgAncien vice-premier ministre de Moldavie, journaliste et éditeur, Iurie Rosca est le principal coordinateur des colloques eurasistes de Chisinau, qu’il présente comme un anti-Davos. Persécuté par les oligarques qui dirigent son pays, il avait été menacé en 2018 d’une peine de 7 ans de prison. C’est donc un authentique dissident anti-mondialiste que l’équipe d’ER Lille accueillait le samedi 23 mars prochain pour une rencontre avec le linguiste belge Robert Steuckers sur le rôle géopolitique de la « Moldavie, la virgule euro-russe ».

Nous vous proposons aujourd’hui ces conférences en vidéo.

Première partie: Introduction de Robert Steuckers

Deuxième partie: conférence de Iure Rosca

lundi, 23 septembre 2019

Fred Reed et la débandade militaire américaine

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Fred Reed et la débandade militaire américaine

Par Nicolas Bonnal

Source nicolasbonnal.wordpress.com

L’effondrement de nos libertés accompagne notre déclin intellectuel moral, militaire, économique. Nous ne sommes bons qu’à détruire les restes de notre civilisation. Il n’y a plus de socialisme, plus de capitalisme, juste un système infect – un ultra-capitalisme bonimenteur et gaspilleur – bon à creuser des dettes immondes pour remplacer ses populations et saccager des vies. Notre hyper-apocalypse n’offre même pas la grandeur épique dont nous eussions rêvé en des temps plus reculés. C’est un environnement crade qui se contente de ruiner la qualité de la vie tout en doublant le prix de tout à chaque instant.

Il faudra écrire un livre sur le rôle de la technologie, arrogante, puérile, envahissante, dans le déclin de la civilisation technicienne occidentale. Déclin des transports, du nucléaire, de la construction, de la pharmacie, de l’espace, de l’alimentation… Depuis les années 70, la technologie américaine infantilise d’un côté (les jeux, « l’information ») et de l’autre elle rend vicieuse des élites qui copient les investisseurs qui ont remplacé l’industrie par l’agiotage. La technologie a tué le cinéma dont les effets spéciaux sont devenus ridicules, comme ceux des Marvel-Mossad comics. Et ce n’est pas avec des sabres laser que nos zélés infantilisés mettront au pas russes, iraniens, chinois ; déjà qu’on pleurniche avec le Yémen ou le Hezbollah…

Il faut évoquer les deux historiens impériaux Samuel Huntington et Victor Davis Hanson. Car on assiste à la fin du « monopole de la violence » occidentale, de sa « culture du carnage » qu’Hanson fait remonter aux guerres médiques. Mais Hanson oublie la victoire des Parthes contre Crassus (lisez sa vie par Plutarque) et la chance historique contre les mongols qui firent demi-tour (Batu khan) pour des raisons familiales avant de raser de près le petit cap asiatique. Quant à Huntington toujours mal lu, il affirmait que l’occident s’était imposé par sa violence organisée (« superiority in applying organized violence »), pas par la supériorité ontologique de sa civilisation…

Fred Reed s’est magnifiquement défoulé sur unz.com, alors on va le laisser parler. Fred Reed rappelle sa carrière :

Pendant quelques décennies, j’ai couvert les questions militaires pour diverses publications, comme le Washington Times et Harper’s, et j’ai tenu une chronique militaire pour le Universal Press Syndicate. Je suivais le principe bien connu des journalistes avisés : « Ne demandez pas ce que vous pouvez faire pour le journalisme, mais ce que le journalisme peut faire pour vous. » Vivre au rythme militaire était un excellent passe-temps, permettant de voler dans des avions de combat et de naviguer dans des sous-marins. Mais si vous prenez l’étude au sérieux, comme je l’ai fait, vous apprenez des choses intéressantes. Comme par exemple le fait qu’une guerre contre un « vrai » pays, comme la Russie, la Chine ou même l’Iran, serait une aventure insensée.

Reed évoque la sinistre fonction de l’armée US :

Les armées inutilisées se détériorent. La flotte américaine n’est plus entrée en guerre depuis 1945, ni l’armée de l’air depuis 1975, ni l’infanterie dans une vraie guerre depuis le Vietnam. Le bombardement de paysans sans défense, la principale fonction de l’armée américaine, n’est pas la guerre.

Sur la conscription, Reed souligne une débandade morale :

Les États-Unis ne peuvent pas mener une grande guerre terrestre, comme par exemple contre la Russie, la Chine ou l’Iran. Une telle guerre nécessiterait de recourir à la conscription. Le public ne l’accepterait pas. Les États-Unis ne jouissent plus du genre d’unité patriotique qu’ils avaient au début de la guerre contre le Vietnam. De lourdes pertes seraient intolérables. Les gens d’aujourd’hui sont beaucoup plus disposés à désobéir au gouvernement fédéral. Notez que de nombreux États ont légalisé le cannabis au mépris de la loi fédérale et que de nombreuses juridictions du pays refusent tout simplement d’aider les autorités fédérales en matière de lois sur l’immigration. Toute tentative d’envoyer des femmelettes au combat entraînerait une désobéissance civile généralisée.

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Sur la marine US devenue invalide, il dit :

Un porte-avion est une vessie de carburéacteur enrobant de puissants explosifs. Les implications sont considérables. Un missile balistique hypersonique plongeant, guidé en phase terminale, perforant le poste de pilotage et explosant dans le pont du hangar, enverrait n’importe lequel d’entre eux dans les chantiers de réparation pour une année. Les Russes et les Chinois développent ou ont déjà mis au point des missiles spécifiquement conçus pour éliminer ces porte-avions. Notez que la portée de certains de ces missiles est beaucoup plus grande que le rayon de combat leurs avions. Oups.

Pour Reed, le soldat US devient une poule mouillée :

Jusqu’au Vietnam, les guerres américaines ont été menées par des jeunes hommes coriaces, souvent issus de milieux ruraux, connaissant bien les armes à feu et le travail physique pénible. Je le sais bien, ayant grandi et ayant servi avec eux dans la marine. La discipline, si elle n’est pas vraiment brutale, était très stricte. Les exigences physiques étaient élevées. En AIT (entraînement avancé d’infanterie), au Camp Lejeune, c’était «La compagnie S sur la route ! » à 3h30 du matin, suivie d’une course à pied et d’un entraînement intensif aux armes jusqu’à minuit. Oui, les vieux aiment se rappeler comment c’était à l’époque, mais c’était vraiment comme ça.

Aujourd’hui, l’Amérique a une armée corrompue par une politique de justice sociale. Les recrues ne sont plus taillés comme des bûcherons. L’obésité est commune. Le Pentagone a abaissé ses standards physiques, caché les problèmes raciaux, assoupli son entraînement. Les officiers ont peur du nombre grandissant de femmes militaires au sein des unités de combat. Une plainte pour sexisme et c’en est fini de votre carrière.

Trait important, il y a le pourrissement du corps des officiers :

En temps de paix prolongée, le corps des officiers se désintègre. Tous les officiers du second tour sont des politiciens, surtout au-dessus du lieutenant-colonel. On ne bénéficie pas de promotion en suggérant que les hauts gradés mentent pour des raisons politiques, mais en insistant sur le fait que la guerre en Afghanistan est en train d’être gagnée. Le temps de paix encourage les carriéristes qui avancent en ne faisant pas de vagues. Dans une grande guerre, de tels généraux d’éclat n’ayant fait le coup de feu que sur PowerPoint doivent être éliminés à un coût élevé en vies humaines.

L’armée d’aujourd’hui ne fera rien de bon dans un combat égal contre des Afghans, des Russes ou des Iraniens. L’armée américaine n’a pas réussi à vaincre les villageois afghans en dix-huit ans avec un immense avantage en termes de puissance aérienne, de cuirassés, de blindés, d’artillerie, de soins médicaux et d’équipement. Que pensez-vous qu’il arriverait s’ils devaient combattre les Talibans sur un pied d’égalité : sandales, fusils, lance-roquettes et pas grand-chose d’autre ?

Incompétence et corruption sont la norme :

Pourquoi donc construire ces armes ? Parce que Northrop-Grumman a tellement d’argent que ses lobbyistes utilisent des pelles à neige pour remplir les poches des membres du Congrès. À l’époque où je couvrais le Pentagone, chaque fois qu’une nouvelle arme était achetée, par exemple l’hélicoptère d’attaque AH-64, le contractant principal communiquait une liste de sous-traitants dans de nombreux États – dont les membres du Congrès soutiendraient l’arme afin d’obtenir les emplois. Tout est une question d’argent. Parfois, le Congrès oblige l’armée à acheter des armes qu’elle dit explicitement ne pas vouloir, comme un plus grand nombre de chars M1 de l’usine de Lima, dans l’Ohio. Pour les emplois.

En bref, de nombreuses armes sont achetées pour des raisons économiques et non pour une utilisation en temps de guerre. De mon temps, j’ai vu de nombreuses armes non utilisables. Le B1, B2, DIVAD, le véhicule de combat Bradley, le M16, le V-22, le LAW. Rien n’a changé.

Reed rappelle comme Philippe Grasset la nullité des nouveaux équipements :

Mais nous avons maintenant le F-35, le dernier chasseur à tout faire aux coûts grotesques. On dirait un coucou mal conçu et souffrant de problèmes infinis. Selon la presse technique, il s’agit d’une reine de hangar ayant des taux de sortie très bas, une préparation médiocre et nécessitant une maintenance électronique complexe, souvent à des échelons distants.

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Alors l’efficacité est remplacée par la folie :

Supposons que Bolton [ou Pompeo] obtienne sa guerre contre l’Iran. Les conseillers lui disent qu’elle sera brève et facile, chirurgicale, une promenade de santé. Avons-nous déjà entendu cela ? La Marine affirmé qu’elle peut garder le détroit d’Ormuz ouvert, grrr, waf ! Mais s’il se trouve que l’Iran ne suit pas le scénario, ne se rend pas. Et que la marine, à sa grande surprise, ne trouve pas les missiles anti-navires profondément enterrés et transportés par camion qui continuent de frapper les pétroliers. Ceux-ci continuent à brûler. Bientôt, personne ne les assurera. Ils arrêtent de circuler. Trois semaines après le début de la guerre, le monde réclame du pétrole à grands cris, il n’y a pas de fin en vue, Trump ne peut admettre qu’il a fait une gaffe, et Bolton [ou Pompeo] veut lancer une bombe nucléaire contre Téhéran.

Ou Washington pousse trop fort dans la mer de Chine méridionale, une collision accidentelle se transforme en un échange de tirs, et les Bannonites Pompeo-Boltoniens ordonnent à la flotte de donner une leçon aux Chinetoques. Malheureusement, les missiles anti-navires chinois s’avèrent plutôt meilleurs que prévu, un porte-avion est détruit et trois destroyers transformés en tas de ferraille.

Que fait-on maintenant ? Les egos surdimensionnés et mal informés à Washington ne peuvent accepter la défaite. D’une part, cela mettrait fin à la crédibilité américaine en tant que puissance hégémonique, et tout le monde voudra acheter des missiles anti-navires chinois. La vanité joue un plus grand rôle dans les affaires mondiales que ne le disent les manuels. Washington, bêtement mais inévitablement, irait dans la surenchère et commencerait une guerre totale contre la Chine. À ce stade, les choses deviendraient imprévisibles.

Puis Reed rappelle que la guerre nucléaire envisagée par l’ahuri que le Donald a mis à la place du regretté Bolton n’est pas gagnable :

Les hommes d’une stupidité incalculable et d’une insuffisance sexuelle probable parlent d’une guerre nucléaire comme gagnable. Ils peuvent toujours rêver. Réfléchissez : les villes américaines ne peuvent pas se nourrir elles-mêmes. Trois jours sans envois de nourriture et les New-yorkais auront vidé les rayons des supermarchés. Une semaine et ils tueraient pour des conserves de thon. Deux semaines et ils se mangeraient les uns les autres. Un très petit nombre de bombes nucléaires sur les centres de transport empêcherait la distribution de nourriture pendant des mois. Même un plus petit nombre encore de bombes au cobalt, conçues pour produire un maximum de radiations persistantes, rendraient les zones fermières mortellement radioactives pour une décennie.

Les «intellectuels de la Défense», généralement tellement stupides qu’ils devraient vivre dans des arbres, discutent de la domination par l’escalade, du facteur d’intimidation et de la défense antimissile imperméable. Ils sont complètement fous. Ce dont ils ont vraiment besoin, c’est d’une coquille et d’un abonnement à Pornhub Premium.

Et Reed de conclure :

C’est la raison pour laquelle c’est vraiment une très mauvaise idée d’avoir un dingue psychopathe, deux chrétiens fanatiques et un fils-à-papa pathologiquement agressif en mesure de déclencher une guerre.

On a compris qu’il ne reste à ces élites technophiles infantiles, que le fanatisme théologique et messianique pour justifier le rôle princier que les hallucinés indices boursiers leur concèdent encore.

Il faudra le mettre au pas cet occident. Il lui reste son marché, ses dollars, ses marottes écolos ou humanitaires. Mais sa manière de s’auto-halluciner, un peu comme un dealer qui succombe à sa dope, le rend de plus en plus inopérant.

Srinagar ne répond plus

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Srinagar ne répond plus

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le 5 août dernier, en séance plénière de la Rajya Sabha, la chambre haute du Parlement qui représente les États et les territoires de l’Union indienne, le ministre fédéral de l’Intérieur, Amit Shah, par ailleurs président du BJP (Parti du peuple hindou) au pouvoir, lisait un décret présidentiel supprimant l’exception constitutionnelle du Cachemire indien.

Malgré la rébellion maoïste naxalite au Bengale-Occidental, au Karnataka et au Bihar, la question du Cachemire demeure le facteur principal de tension entre les trois puissances nucléaires indienne, pakistanaise et chinoise. À l’indépendance en 1947, la partition de l’ancien empire britannique des Indes s’effectue selon le critère religieux, ce qui favorise la formation d’un État musulman, le Pakistan alors constitué de deux territoires bien distincts : le Pakistan occidental, soit l’actuel Pakistan, et le Pakistan oriental qui accèdera à l’indépendance en 1971 sous le nom de Bangladesh.

Au moment de la partition territoriale, des millions d’hindous et de musulmans abandonnent leurs domiciles et s’installent dans leurs nouveaux États respectifs. Plusieurs souverains mahométans dont les sujets sont hindous auraient souhaité intégrer le Pakistan, mais leurs territoires enclavés en Inde furent prestement annexés et démembrés par les autorités centrales indiennes. Le maharadjah du Cachemire, Hari Singh, était lui un hindou régnant sur une population musulmane. Il rêvait d’un État indépendant, mais, face aux manœuvres pakistanaises, il décida finalement d’intégrer la jeune Union indienne, ce qui provoqua en partie la première des trois guerres indo-pakistanaises (1947, 1967 et 1971). Le Cachemire se retrouve depuis divisé. Le Pakistan contrôle le Nord-Ouest, les régions de Gilgit – Baltistan et de l’Azad Cachemire (« Cachemire libre » en ourdou). L’Inde en conserve le Sud-Est qui reçoit en 1950 le statut d’un État fédéré autonome, le Jammu-et-Cachemire. En 1962, au terme d’une guerre-éclair, l’Inde perd la vallée de Shaksgam au profit de la Chine qui la nomme Aksai Chin. Aujourd’hui, le glacier de Siachen est revendiqué par Pékin, La Nouvelle-Delhi et Islamabad. Alliée du Pakistan, la Chine reconnaît à demi-mot les revendications pakistanaises sur l’ensemble du Cachemire à l’exception bien sûr de l’Aksai Chin.

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Le décret du président Ram Nath Kovind, avec l’approbation du Premier ministre triomphalement réélu ce printemps, le nationaliste Narendra Modi, abroge les articles 370 et 35 A de la Constitution. Au 31 octobre prochain, le Jammu-et-Cachemire sera rétrogradé au rang de territoire de l’Union scindé en deux entités différentes : d’une part, le Jammu-et-Cachemire proprement dit avec le Jammu à majorité hindouiste et la vallée musulmane du Cachemire, d’autre part, le Ladakh à majorité bouddhiste. La révocation de ces articles constitutionnels supprime de facto la discrimination légale qui réservait la propriété foncière et immobilière aux seuls Cachemiris. Le gouvernement indien entend faire du Cachemire ce que les Chinois font aux régions rétives du Tibet et Xinjiang ouïghour, à savoir faciliter le peuplement massif des hindous.

Le matin du 5 août, le Jammu-et-Cachemire était coupé du monde : plus de communications, lignes aériennes interrompues, routes bloqués par des barrages militaires, touristes évacués la veille en urgence. La capitale, Srinagar, était soumise à un état de siège informel. La démonstration de force est aisée. L’armée indienne y maintient de nombreuses troupes en raison d’un voisinage conflictuel et du soulèvement indépendantiste plus ou moins islamiste lancé en 1989. Cette insurrection est encouragée et soutenue par les redoutables services secrets pakistanais.

Depuis quatorze mois, le Jammu-et-Cachemire traversait enfin une grave crise politique. En juin 2018, le BJP se retirait de la coalition gouvernementale locale, renversait le gouvernement et rendait l’État fédéré ingouvernable. En l’absence d’un parlement régional suspendu, il revenait dès lors au gouverneur de l’État, le représentant officiel du gouvernement indien, Satya Pal Malik, d’administrer directement la région et d’entériner la décision présidentielle.

Une course de vitesse démographique s’engage désormais. Les musulmans du Cachemire expriment leur impatience; ils pourraient dans les prochains mois ou dans les prochaines années renforcer la révolte séparatiste afin de devenir pakistanais ou d’obtenir l’indépendance. Le BJP veut par cet exemple entamer l’« hindounisation » du pays. Fin août, des milliers d’habitants de l’Assam ont été déchus de leur nationalité indienne. Le réveil national de l’Inde vient de commencer.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 139, mise en ligne sur TV Libertés, le 16 septembre 2019.

lundi, 16 septembre 2019

Le somnambulisme des peuples

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Le somnambulisme des peuples

par Georges FELTIN-TRACOL

Discours tenu à la Fête de la Ligue du Midi,

8 septembre 2019

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Camarades, Chers Amis,

Le thème de ce dimanche convivial se place sous une actualité brûlante : la « révolte des peuples ». En effet depuis sept – huit ans environ, de fortes réactions populaires que les chiens de garde médiatiques de la Caste mondialiste qualifient avec un dédain certain de « populistes » parcourent l’Europe, voire le monde entier. On peut d’un point de vue historique situer l’acte initial – le détonateur – aux années 2013 – 2014 avec La Manif pour Tous et ses millions de manifestants hostiles à la loi Taubira. Cette vive contestation rappelait aux plus anciens les manifestations pour l’école libre en 1984 et, un an auparavant, la protestation des étudiants en droit et en médecine contre la loi du socialiste Savary. Mais cette agitation a ensuite été dépassée par la crise des Gilets Jaunes.

En Allemagne, l’ouverture des frontières et l’accueil d’une main-d’œuvre immigrée corvéable à merci ébranle le gouvernement de la soi-disant chrétienne-démocrate Angela Merkel, ancienne militante zélée des Jeunesses communistes en RDA, et permet à l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) de s’opposer à la « Grande Coalition » sociale-démocrate-chrétienne. Le terrain fut préparé par les nombreuses manifestations du mouvement PEGIDA dès 2014. En Flandre belge, au soir du 26 mai dernier, après une décennie au moins de purgatoire électorale, le Vlaams Belang devient sur une ligne nettement sociale et anti-mondialiste la deuxième force politique du royaume derrière les nationaux-centristes de la Nouvelle Alliance flamande du matois Bart De Wever. En Italie, en 2012 – 2013, les Forconi (les « Fourches ») se soulevèrent contre le fisc, la corruption et les dysfonctionnements étatiques. Il en découla en 2018 l’entente gouvernementale inédite entre la Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement Cinq Étoiles anti-Système de Luigi Di Maio qui a tenu quatorze mois avant que le « Capitaine » de la Lega ne décide de rompre. Qu’a fait Salvini pendant cette période ? Beaucoup d’esbrouffe. Les clandestins continuent à débarquer dans la péninsule. À sa décharge, il a contre lui l’administration, les médiats, les instances pseudo-européennes, les ONG, la « justice » et la cléricature conciliaire aux ordres de Bergoglio.

L’eurocratie bruxelloise avait déjà été atteinte par la terrible déflagration du Brexit de 2016. L’hyper-classe mondialiste au sens que l’entend Michel Geoffroy dan son essai (1) reçut une autre gifle, cinq mois plus tard, avec l’élection inattendue de Donald Trump à la Maison Blanche. Les prescripteurs officiels d’opinion s’inquiétèrent alors de l’émergence en Hongrie, en Pologne et en Turquie des démocraties illibérales. Le coup de grâce arriva avec le président russe Vladimir Poutine qui proclameait au Financial Time du 28 juin 2019 que « l’ère libérale est devenue obsolète » !

Au printemps de cette année, les Indiens viennent d’accorder au Premier ministre nationaliste Narendra Modi un second mandat et une majorité parlementaire écrasante pour le BJP (Parti du peuple indien). En place depuis six ans et demi, le Premier ministre national-conservateur japonais Shinzo Abe souhaite abroger l’article constitutionnel d’importation étatsunienne niant à l’Empire du Soleil Levant le droit souverain de déclarer la guerre. On pourrait poursuivre la litanie au point d’effrayer la clique ploutocratique qui ressasse l’antienne du « retour aux années 30 ». Si seulement elle avait pour la circonstance raison !

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Si on prend la peine de se pencher avec attention sur le soulèvement civique des peuples, on comprend vite que ce n’est pas une révolution. Les Gilets Jaunes témoignent d’une exaspération exceptionnelle qui n’induit aucune conséquence politique. Pour preuve, le bilan français des élections européennes. Dans un contexte d’agitation sociale élevée et de grandes menaces terroristes islamistes, la majorité présidentielle malgré une tête de liste technocratique et insignifiante arrive en deuxième position à 0,87 point du Rassemblement national, soit un écart de 207 924 voix. En dépit d’une progression notable de la participation, l’abstention atteint néanmoins 49,88 %. Pis, en pourcentage, la liste frontiste perd 1,52 % par rapport à 2014. Si on additionne les listes de Jordan Bardella, de Nicolas Dupont-Aignan, de Florian Philippot, du Gilet Jaune Christophe Chalençon et de l’écrivain impolitique Renaud Camus, on obtient un total de 6 233 226 voix, soit un déficit de 4 405 249 suffrages comparé au résultat de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle de 2017. C’est sciemment que la liste de la Reconquête présentée par La Dissidence Française n’intègre pas ce calcul. Elle doit représenter un indéniable aiguillon nationaliste-révolutionnaire et identitaire capable à terme de dynamiser le vaste camp (cloaque ?) national. Emmanuel Macron s’en sort bien mieux puisqu’il peut compter sur le report certain des deux tiers des électeurs Verts, d’un tiers des électeurs du centre-droit et d’un cinquième des électeurs de gauche. Les élections européennes de 2019 marquent donc pour le Rassemblement national une indiscutable victoire à la Pyrrhus.

Et pour quels effets pratiques au Parlement européen ? Le groupe héritier d’Europe des nations et de la liberté, Identité et Démocratie, compte 73 membres, principalement issus de la Lega, du RN et de l’AfD. Mais le grand groupe eurosceptique tant vanté au cours de la campagne n’existera jamais ! Différents protagonistes n’en veulent pas. Le Parti du Brexit du national-mondialiste Nigel Farage siège chez les non-inscrits. Le Fidesz de Viktor Orban demeure bien au chaud au sein de la droite gestionnaire et mercantile du Parti populaire européen (PPE) plutôt que de se compromettre avec un RN inapte à s’emparer du pouvoir. Quant aux Polonais de Droit et Justice de Jaroslaw Kacynzski, ils gardent leur propre groupe, Conservateurs et réformateurs européens, dont le tropisme ultra-atlantiste et russophobe les empêche de négocier avec un RN et une AfD bien trop « moscou-centrés » à leurs yeux…

Bien que cinquième groupe du Parlement européen en nombre de membres (un de moins que les Verts historiquement alliés aux régionalistes !), Identité et Démocratie pâtit du cordon sanitaire. Aucun de ses membres ne préside de commission et tous sont ostracisés. La faute en revient ici au mode de scrutin proportionnel qui favorise l’éclatement politique, les combinaisons politiciennes et les majorités transversales autour du PPE, des socialistes, des libéraux et des Verts. L’instabilité gouvernementale chronique en Italie, en Belgique, en Espagne, voire en Allemagne et en Autriche, résulte de l’application de la proportionnelle qui paralyse l’exécutif. Le scrutin majoritaire a lui aussi de très grands défauts. L’imbroglio tragi-comique du Brexit le prouve. L’existence des partis politiques rend les députés de la Chambre des Communes incapables et pleutres. Ils reflètent aussi leurs électeurs dépassés par les événements.

Le mieux serait encore un parlement désigné par les familles, les instances territoriales et les structures socio-professionnelles par le biais du tirage au sort et de la cooptation. L’élection et le vote dans l’isoloir sont des gestes de pure modernité. Avant la césure anthropologique de 1789 préparée plusieurs décennies auparavant par ce que Paul Hazard nomma dans sa remarquable étude éponyme, la crise de la conscience européenne (2), les communautés d’habitants pratiquaient rarement le vote. Elles préféraient la recherche du consensus et s’en remettaient au sort (3). Le simple fait de se porter candidat dénature déjà en soi l’acte politique. Quant aux partis politiques, leur présence dévalorise l’art politique. Comme le soulignait la philosophe Simone Weil dans sa Note sur la suppression générale des partis politiques, rédigée en 1940 et publiée après sa mort en 1950, il importe de se libérer de l’emprise partitocratique et, plus généralement du kratos, de la cratie, afin de mieux privilégier l’archie. Témoin attentif d’une Post-Modernité florissante en initiatives sociétales foisonnantes, moment obligé d’une crise de la conscience occidentale, Michel Maffesoli insiste sur l’avènement d’un monde baroque. Ce choc néo-baroque emportera tout sur son passage, y compris et surtout les illusions démocratiques conservatrices.

maurras-mes-idees-politiques-1ere.pngLe corps électoral est conservateur au sens que l’entend Charles Maurras dans Mes idées politiques. L’électeur craint que le suffrage populaire perturbe son confort petit-bourgeois proche de celui du Dernier Homme de Nietzsche. Souvenons-nous de sa méfiance lors du second tour de la présidentielle de 2017 en ce qui concerne le projet de sortie de la Zone euro proposée par Marine Le Pen sur les conseils de Florian Philippot. On l’observe encore à l’occasion du récent scrutin européen. En Italie, les listes sœurs ennemies de CasaPound et de Forza Nuova ne recueillent que 0,46 %. En Espagne, les électeurs ignorent l’alliance conclue entre la Phalange espagnole des JONS, Alternative espagnole, la Phalange et Démocratie nationale (0,05 %) et votent pour Vox, la dissidence droitière du Parti populaire. En Grèce, la répression policière et les entraves multiples fomentées par les syndicats, les maires, les journalistes et les juges ont fait perdre à Aube dorée tous ses députés, le 7 juillet dernier aux législatives anticipées. Hors de l’Union dite européenne, les Ukrainiens, lassés par la corruption endémique et l’absence de résultats économiques tangibles, dégagent le président sortant Petro Porochenko et choisissent largement l’acteur comique Volodymyr Zelenski. À peine investi, celui-ci dissout la Rada, le Parlement monocaméral, et permet à son parti, créé en quelques mois, Serviteur du peuple (du nom de la série télévisée qui fit connaître Zelenski) de remporter la majorité absolue pour la première fois depuis l’indépendance en 1991 ! Les électeurs se sont détournés des candidats nationalistes radicaux coalisés de Svoboda, de Secteur droit et du Corps nationalBataillon Azov.

Que penser alors du chaos en cours dans l’Anglosphère ? Séduits par la rhétorique protectionniste, isolationniste et anti-interventionniste, les démocrates pro-Trump de la « Ceinture de la Rouille » (Pennsylvanie, Virginie-Occidentale, Ohio, Indiana, Michigan, etc.) en 2016 s’estiment-ils trahis par un président en partie sous la coupe des faucons néo-conservateurs bellicistes ? En bon larbin de la finance anonyme et vagabonde, le 45e président des États-Unis criminalise la République bolivarienne du Venezuela, la République islamique d’Iran ainsi que le mouvement de résistance libanais Hezbollah. Quant à l’avenir de la Grande-Bretagne en plein Brexit, on ne peut que saluer une fois de plus la vision prophétique de Charles De Gaulle qui refusait l’adhésion de Londres dans l’ensemble européen. Boris Johnson a évincé la très guindée Theresa May. Des responsables supposés nationalistes en Europe ont salué cette arrivée au 10, Downing Street. Ce n’est pas parce que Le Monde, Libération et Arte dépeignent Alexander Boris de Pfeffel Johnson en méchant populiste qu’il faut prendre le contre-pied systématique. Ce natif de New York, rejeton d’une famille cosmopolite, fut de 2008 à 2016 le maire multiculturaliste de Londres. Cet admirateur de deux criminels de guerre britanniques, Winston Churchill et Margaret Thatcher, est foncièrement un ultra-libéral financiariste qui rêve de transformer Londres en « Singapour-sur-Tamise » et son pays en « Global United Kingdom », c’est-à-dire en un Royaume Uni mondialisé. Y voyez-vous un quelconque triomphe pour l’identité, l’enracinement et les traditions ? Souhaitons seulement que le Brexit favorise in fine l’indépendance de l’Écosse, l’autodétermination du Pays de Galles, le rattachement de l’Ulster à la République d’Irlande, le retour de Gibraltar à l’Espagne et la réintégration des îles Malouines à l’Argentine.

Presidente_Jair_Messias_Bolsonaro.jpgLe président brésilien Jair Bolsonaro appartient lui aussi à cette coterie nuisible d’imposteurs grotesques qui déforme et bafoue le combat identitaire, délaisse la priorité sociale anti-libérale et sous-estime l’enjeu écologique enraciné. « Les populistes sincères devraient s’interroger à chaque fois qu’on leur propose un candidat trop détesté par la gauche, prévient avec raison Julien Langella. Ce n’est souvent qu’un cuck, diminutif de cuckservative, “ conservateur cocu ” dans la langue du général Lee : défenseur des valeurs morales ou de la famille mais ouvert au libre-échange et donc aux attaques sur les anticorps spirituels de la nation (4). » Victimes d’une classe politicienne corrompue et d’une insécurité record, les Brésiliens ont soutenu sans aucune hésitation un obscur député fédéral de Rio de Janeiro qui tenait un discours exagéré et provocateur d’ordre, d’autorité et de discipline. Mais Bolsonaro n’a rien d’un continuateur de l’Action intégraliste de Plinio Salgado. C’est évident quand le gouvernement brésilien aligne sa diplomatie sur la centrale mondiale du terrorisme d’État, les États-Unis, s’affiche sioniste chrétien, accélère la déforestation de l’Amazonie et nie tout droit aux peuples autochtones amérindiens. Ces tribus sont elles aussi frappées par un « grand remplacement » pratiqué par les industries agro-alimentaires, les sectes évangéliques et les grandes compagnies minières. Défendre le principe intangible d’« une terre, un peuple » implique par conséquent le rejet de tout apport exogène moderniste ou progressiste ainsi que de toute tentative d’assimilation à la Mégamachine mondialiste génocidaire. « Si par “ exploitation rationnelle ”, il s’agit de transformer les petits fermiers indiens, pauvres mais libres, en ouvriers agricoles inhalant du glyphosate toute la journée, ou en employés des mines dont l’horizon se borne au plateau-repas devant Hanouna, alors, que les Indiens utilisent tous les moyens même légaux pour conserver leurs terres, écrit encore Julien Langella. Si c’est pour intégrer les Indiens à une société occidentale consumériste en phase terminale, alors nous ne pouvons que souhaiter aux Indiens de résister de toutes leurs forces contre le rouleau-compresseur de l’uniformisation mondiale. Si, par “ êtres humains comme nous ”, Bolsonaro entend “ consommateurs zombies déracinés ”, alors que les Indiens ne lâchent rien ! (5) » Les Amérindiens sont chez eux en Amazonie comme les Albo-Européens le sont en Europe et les Hispaniques sur des terres mexicaines volées en 1848 par la grande catin étoilée. Le 2 août dernier, un certain Patrick Crusius déclenchait une fusillade, tuait vingt-deux personnes et en blessait vingt-quatre autres parce qu’il condamnait l’« invasion latino » à El Paso, dont le nom même assure de l’antériorité évidente des Anglo-Saxons à cet endroit…

Greg-johnson-seattle-1_headcrop.jpgSurgi des franges les plus loufoques de l’Alt Right nord-américaine, le nationalisme blanc est propagé par le Californien Greg Johnson (photo, ci-contre) dont les écrits sont diffusés en France par une obscure maison d’édition se croyant dissidente qui soutient par ailleurs un traducteur syldavo-poldève au caractère aigri et suffisant. Le nationalisme blanc peut éventuellement résoudre les tensions sociales et ethniques inhérentes à la psychopathologie collective propre à l’âme américaine du Nord en prônant la sécession territoriale. Cette option séparatiste est en revanche pour l’Europe une dangereuse fiction. Le nationalisme blanc sert les desseins d’une faction de l’État profond étatsunien. Contrairement à ce qu’assène Greg Johnson, ce qu’il qualifie avec dédain de « nationalisme grandiose » (6), à savoir la quête d’un Imperium paneuropéen, constitue l’ultime recours des peuples autochtones d’Europe.

Parler dans ces conditions de « révolte des peuples » sonne faux à l’aune de ce décryptage politiquement très incorrect. Les peuples ne se révoltent pas; ils maugréent. Colonisés par l’idéologie de la marchandise, ils expriment une insatisfaction chronique, soudaine et passagère. Certains femmes Gilets Jaunes interrogées au début du mouvement expliquaient leur engagement sur les ronds points par leur impossibilité de se payer de temps en temps un restaurant le samedi soir. Bien des Gilets Jaunes ne veulent pas changer le Système en place; ils souhaitent au contraire s’y conformer, d’où l’échec des quelques tentatives de noyautage par la « droite radicale » et l’entrisme croissant de la part de certaines centrales syndicales et de militants gauchistes.

Dominique Venner disait souvent que l’Europe est pour l’heure en dormition. Mais un jour viendra où elle s’éveillera. Son sacrifice dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 21 mai 2013, incitait à ce réveil. Romantique politique, l’auteur de Baltikum était optimiste. Malgré tous les efforts louables et les appels au sursaut salvateur, les peuples européens ne bougent pas ! Toutes les manifestations électorales qui terrorisent tant les médiacrates n’expriment qu’un somnambulisme tenace. Ce somnambulisme politique désigne le comportement collectif des Européens, voire des Occidentaux, qui se complaisent dans une suave et mortelle léthargie. Ce renoncement se caractérise aussi par une profusion de faux héros réactionnaire ou contre-révolutionnaires.

ThM-CR.jpgQu’est-ce que le faux héros contre-révolutionnaire ou réactionnaire ? Le philosophe catholique d’origine hongroise Thomas Molnar qui vécut longtemps aux États-Unis et qui conseilla Viktor Orban pendant son premier mandat (1998 – 2002), l’explicite dans un essai méconnu La Contre-Révolution. Le faux héros « est en partie le produit de circonstances que l’on peut bien identifier et qui se retrouvent de temps à autre. Si l’on pouvait en dresser un portrait, cela donnerait un personnage né ou élevé dans un milieu contre-révolutionnaire, ou du moins dont on suppose qu’il partage les convictions contre-révolutionnaires. L’opinion publique le classe comme un contre-révolutionnaire et, par conséquent, il a des partisans et des adversaires, un profil politique défini. L’impression est d’autant plus marquée que son style de vie et son style de pensée, choses plus importantes que les jugements intellectuels, divisent automatiquement les gens en amis et ennemis, en sympathisants et adversaires. Pourtant, une ambiguïté considérable s’attache à lui du fait que le style et le contenu de sa pensée ne sont pas toujours en harmonie : jusqu’à ce qu’il détienne fermement le pouvoir, il ne laisse pas découvrir de quel côté penche la balance. Dans la période que précède la prise du pouvoir, cette ambiguïté garantit au faux “ héros ” contre-révolutionnaire une grande liberté d’action; ce n’est qu’au moment décisif qu’il se découvre, explique Thomas Molnar : il accepte l’autorité que lui proposent les contre-révolutionnaires, mais sa politique suit le schéma révolutionnaire et en fin de compte favorise la cause révolutionnaire. Son succès vient donc de son art d’utiliser le temps, et s’il domine le facteur temps c’est précisément que ni ses partisans ni ses adversaires naturels ne sont capables de calculer ni d’évaluer à l’avance quels seront ses faits et gestes; leur perplexité permet au faux “ héros ” de gagner du temps, ce qui est essentiel pour qu’il puisse réaliser ses manœuvres compliquées (7). » Écrites en 1969, ces lignes s’attardent ensuite sur Charles De Gaulle, Paul VI et Richard Nixon.

En 1996, Jean Renaud interroge Thomas Molnar et insiste sur cette notion clé de « faux héros ». « La droite, qui se plaît dans le rôle de l’éternelle victime et qui en est paralysée, n’a pas le choix, répond Thomas Molnar. Du fond de son désespoir, elle accueille ses pires ennemis, du moment que ceux-ci, pour des raisons tactiques et électorales, lui jettent quelques mots à demi rassurants. Le “ faux-héros ” recueille tous les avantages de cette situation. S’il possède assez de caractéristiques pour plaire à la droite, assure Thomas Molnar, il n’en reste pas moins que sa décision est depuis longtemps prise : faire une politique de gauche, la seule qui lui permette de gouverner dans une relative tranquillité (8). » Thomas Molnar prédisait avec une décennie d’avance le quinquennat calamiteux de l’ineffable Nicolas Sarközy. Sarközy, c’est François Hollande en pire. L’ancien maire de Neuilly a même reconnu que s’il avait été réélu en 2012, il aurait poussé encore plus loin l’« ouverture ». Jusqu’où ? À Bernard Tapie ? À Ségolène Royal ? À Olivier Besancenot ? Des trumpistes français peuvent rétorquer que Donald Trump ne gouverne pas dans la quiétude, bien au contraire ! Ayant contre lui l’ensemble de la médiacratie ainsi que divers cénacles influents du Complexe militaro-industriel bankstériste, le New Yorkais dirige dans le feu et la fureur. Ces conditions matérielles difficiles n’en font pourtant pas la réincarnation de Nathan Bedford Forrest, le fondateur du Ku Klux Klan.

« Encore une fois, ajoute Thomas Molnar, la droite n’a pas le choix : autoexilée de la politique, elle déplore cet exil qui promet d’être permanent, elle ferme les yeux et préfère s’illusionner. La principale illusion réside dans ce personnage ambigu du faux héros, capable d’endormir la droite juste le temps nécessaire pour consolider son règne (9). » Ce qu’expose le philosophe politique ne concerne pas que des personnalités publiques, politiques ou intellectuelles; son avertissement s’applique pleinement à certains slogans creux, stériles et finalement incapacitants comme l’« union des droites ».

ISSEP-Marion-Marechal-1.jpgL’« union des droites » serait une merveilleuse panacée. Future retraitée de la vie politique, Marion Maréchal estimait en 2017 que « la stratégie victorieuse réside dans l’alliance de la bourgeoisie conservatrice et des classes populaires. C’était la synergie qu’avait réussie Nicolas Sarkozy en 2007. […] Ce qui reste possible, c’est l’union des hommes. Il existe aujourd’hui une zone blanche, entre certains courants chez Les Républicains, que je qualifierais de droite nationale conservatrice, Nicolas Dupont-Aignan, ceux qui sortent du champ politique, comme Philippe de Villiers, certains élus et cadres de la droite, et le FN. Dans cette zone blanche, il y a une recomposition à opérer, qui s’apparenterait à l’union de certaines droites. Mais sans doute pas avec cette droite des Républicains, qui est une droite reniée (10) ». On doit lui reconnaître une réelle persévérance avec son école lyonnaise de cadres qui n’ose avouer sa véritable finalité et le soutien intéressé de quelques titres imprimés (L’Incorrect, Causeur, bientôt Conflits).

Cette « union des droites » est aussi l’antienne principale de la fameuse « droite hors les murs » qui, de Robert Ménard à Érik Tegnér, rêve d’un candidat apte en 2022 de battre Emmanuel Macron en réunissant les libéraux-conservateurs bourgeois coincés de Wauquiez et de Bellamy, les nationaux-conservateurs de Nicolas Dupont-Aignan, et l’électorat populaire radicalisé du Rassemblement national. Une congruence que pourrait susciter Éric Zemmour si celui-ci n’était pas un essayiste talentueux qui se refuse d’aborder les rivages de la politique. Dans une « union des droites », les floués seraient les catégories populaires déclassés de la mondialisation libérale. N’oublions jamais que si le « mariage pour tous » a indigné les beaux quartiers de Paris, de Lyon, de Bordeaux et de Versailles, ces mêmes beaux quartiers se félicitent de la généralisation du travail dominical et encouragent à l’encontre de toute étude sérieuse l’augmentation du temps de travail hebdomadaire.

todd-qui-est-charlie.jpgReconnaissons en revanche la clairvoyance de l’intellectuel souverainiste républicain de gauche Emmanuel Todd dans son livre polémique Qui est Charlie ? (11). Il examine une France de « catholiques – zombies ». Les récentes élections européennes confortent son analyste. L’électeur catho-zombie déteste les Gilets Jaunes, justifie l’impitoyable répression de Galliffet – Castener et donne son vote à La République en marche, formation politique idoine en matière de contre-populisme avéré. Même Patrick Buisson en convient aujourd’hui volontiers; l’« union des droites » ou, pour être plus précis, la combinaison du conservatisme et du libéralisme est désormais révolue. Il encourage maintenant l’« union des anti-libéraux » (12). Encore faut-il comprendre ce qu’il entend… S’agit-il d’une simple entente contre la mondialisation libérale ou bien un vrai front contre le libéralisme culturel et économique, soit l’alliance effective de Pierre-Joseph Proudhon et de Carl Schmitt ?

À l’heure des réseaux sociaux abrutissants, du numérique envahissant et d’Internet censeur implacable, la révolte concrète des peuples se révèle éphémère sinon impossible. Sur l’échelle du temps, ce ne sont que des soubresauts qui marquent la transition du XXe au XXIe siècle. Parfois violentes, ces agitations populaires ne s’inscrivent pas dans la durée, car il leur manque le facteur déterminant de la jeunesse. Les révolutions en Europe entre les XVIIIe et le XXe siècles provenaient d’hommes jeunes : Robespierre avait 36 ans quand il monta sur l’échafaud, Danton 34 ans au moment de son exécution, Napoléon devient Premier Consul à 30 ans, 39 ans pour Benito Mussolini à sa nomination à la présidence du Conseil. Cet élan de trentenaires manque fortement pour alimenter d’authentiques brasiers populaires et sociaux.

Avec la propagande qu’ils subissent à l’école, sur Internet, dans les films et par la publicité, les jeunes générations préfèrent marcher pour le climat au côté de la gracieuse Greta Thunberg. En faisant la grève scolaire contre le réchauffement climatique, les adolescents montrent leur inconséquence, eux qui sont les premiers à se plaindre dès qu’ils perdent leurs smartphones au coût écologique exorbitant en métaux rares et en transports.

La victoire n’est ni pour demain, ni même pour après-demain. Elle se détournera même de la modeste phalange que nous formons tant que les peuples du Vieux Continent persisteront dans leur périlleux somnambulisme. La mort paraît toujours plus douce quand elle arrive en plein sommeil.

Je vous remercie.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Michel Geoffroy, La super-classe mondiale contre les peuples, préface de Jean-Yves Le Gallou, Via Romana, 2018.

2 : Paul Hazard, La crise de la conscience européenne (1680 – 1715), Boivin – Librairie générale française, 1935.

3 : cf. Olivier Christin, Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel, Le Seuil, coll. « Liber », 2014.

4 : Julien Langella, « Bolsonaro, les Indiens et nous : le populisme en question », dans Présent du 20 juin 2019.

5 : Idem.

6 : cf. Greg Johnson, « Nationalisme grandiose » mis en ligne sur Counter-Currents, le 27 mars 2016.

7 : Thomas Molnar, La Contre-Révolution, La Table Ronde, 1982, pp. 175 – 176.

8 : Thomas Molnar, Du mal moderne. Symptômes et antidotes, entretiens avec Jean Renaud, Éditions du Beffroi, 1996, p. 97.

9 : Thomas Molnar, Du mal moderne, op. cit., pp. 97 – 98.

10 : « Le testament politique de Marion Maréchal – Le Pen (entretien avec Geoffroy Lejeune) », dans Valeurs Actuelles du 18 mai 2017.

11 : Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse, Le Seuil, 2015.

12 : cf. Patrick Buisson, « Il n’y a aucune convergence possible entre libéralisme et populisme (entretien) », dans L’Opinion du 31 juillet 2019.

Conférence prononcée à l’invitation de la Ligue du Midi en Occitanie, le 8 septembre 2019.

mercredi, 11 septembre 2019

L'impuissance militaire américaine dans la zone indo-pacifique

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L'impuissance militaire américaine dans la zone indo-pacifique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La zone indo-pacifique, priorité militaire pour le Pentagone

L'auteur de l'article de Strategic Culture cité en référence indique que selon le secrétaire de la Défense américain Mark Esper, le retrait des Etats-Unis du traité INF (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire ) n'a pas été motivé par la volonté d'établir des bases américaines dotées de tels missiles aux frontières de la Russie, mais de rassembler tous les moyens militaires disponibles pour faire face à une éventuelle attaque chinoise dans la zone indo-pacifique.

Mark Esper a confirmé que, conformément aux prescriptions du récent rapport sur la stratégie nationale de défense américaine, c'est la Chine et ensuite la Russie qui représentent le plus grand danger auquel sont confrontés les Etats-Unis. Il serait temps selon lui, de se préparer à passer de conflits de basse intensité avec ces deux pays pouvant se prolonger pendant des années à des conflits dits « de haute intensité ». Comme chacun sait, ceux-ci pourraient dégénérer en affrontements nucléaires.

On notera que Mark Esper n'a pas hésité à réaffirmer ceci au moment même où Donald Trump et Xi Jinping envisageraient une atténuation des « sanctions américaines » contre la Chine et des contre-sanctions chinoises. Cette atténuation est vivement souhaitée par les entreprises américaines qui vivent des échanges économiques entre les deux pays. Mais on peut penser que le Pentagone et ses alliés, notamment au Japon et en Corée du Sud, sont de plus en plus préoccupés par les missiles hypersoniques dont se dote actuellement la Chine, avec l'aide de la Russie. Un seul de ceux-ci, comme nous l'avons indiqué précédemment, pourrait s'il était bien placé envoyer par le fonds un porte-avions américain,

Ce qui les inquiète particulièrement aujourd'hui est l'acquisition d'armes anti-aériennes et anti-missiles du type du système anti-missile russe S400 par des pays essentiels à la sécurité américaine tels que l'Inde, la Turquie, la Syrie et même les Emirats Arabes Unis. Les stratèges américains reconnaissent que la supériorité militaire américaine est mise en échec par de tels bases ou navires équipés de ces missiles. Ceux-ci pourraient rendre impuissantes les forces armées américaines dans le Pacifique en seulement quelques heures de conflit.

Mais, comme l'écrit Strategic Culture, les Etats-Unis n'ont pas profité de cette situation pour proposer des accords de coopération avec la Chine et ses alliés. Au contraire, ils voudraient maintenant négocier avec leurs alliés la mise en place d'un Otan du Pacifique. Compte tenu des difficultés que les Américains rencontrent actuellement à utiliser l'Otan nord-atlantique pour établir des relations de coopération entre les membres de cette dernière, on doute que la perspective d'un Otan du Pacifique intéresse beaucoup d'alliés de l'Amérique dans cette zone.

Pour en savoir plus, voir

https://www.strategic-culture.org/news/2019/09/02/america...

L'auteur en est Matthew Ehret, fondateur et responsable de la Canadian Patriot Review et de la Rising Tide Foundation

Note au 05/09

Il convient de relativiser l'impuissance américaine  en mer de chine méridionale. L'US Navy vient de conduire des manoeuvres communes avec les marines de l'ASEAN, comme le relate l'article ci-dessous. Il est vrai que selon cet article, la Chine pratique de son côté de telles manoeuvres.  L'ASEAN ou Association des nations de l'Asie du Sud-Est est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est

https://www.asiatimes.com/2019/09/article/us-asean-float-...

 

mardi, 10 septembre 2019

Macron et la déshérence du projet occidental

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Macron et la déshérence du projet occidental

Par Nicolas Bonnal

Source nicolasbonnal.wordpress.com

Philippe Grasset a eu le nez creux en relevant ce texte extraordinaire. Que se passe-t-il quand le représentant du système se met à parler juste, quand il nous coupe l’herbe sous le pied ? Car Macron peut désintégrer son opposition antisystème avec ce discours aux ambassadeurs, qui succède à un faux G7-simulacre où le Donald s’est fait piéger comme un alevin.

Macron avait reçu Poutine après son élection, et il l’a revu à Brégançon, mettant fin à la débile/soumise diplomatie héritée des années Hollande-Obama. Et comme en plus il reconnaît la violence de l’ordre néo-libéral financiarisé et la logique des révoltés… en bref, on a un chef d’État qui a compris, ce qui vaut mieux qu’un chef d’État qui fait semblant de nous avoir compris. On étudiera ici la justesse de la pensée, et pas les résultats d’une politique qui nous indiffère du reste.

Et dans ce long discours (17 000 mots) dont on a surtout apprécié la première partie analytique, on a relevé cette observation sur la fin de la domination occidentale :

Nous le vivons tous ensemble ce monde et vous le connaissez mieux que moi, mais l’ordre international est bousculé de manière inédite mais surtout avec, si je puis dire, un grand bouleversement qui se fait sans doute pour la première fois dans notre histoire à peu près dans tous les domaines, avec une magnitude profondément historique. C’est d’abord une transformation, une recomposition géopolitique et stratégique. Nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde.

Puis, comme un savant synthétiseur qu’il est, Macron rappelle finement :

Nous nous étions habitués à un ordre international qui depuis le 18ème siècle reposait sur une hégémonie occidentale, vraisemblablement française au 18ème siècle, par l’inspiration des Lumières ; sans doute britannique au 19ème grâce à la révolution industrielle et raisonnablement américaine au 20ème grâce aux 2 grands conflits et à la domination économique et politique de cette puissance. Les choses changent.

Oui, l’Angleterre c’était l’usine, l’Amérique la guerre (froide, tiède, interminable, et il le fait bien comprendre). La France c’était la culture.

Ensuite, surtout, ce président incrimine la médiocrité occidentale et ses méchantes manières :

Et elles sont profondément bousculées par les erreurs des Occidentaux dans certaines crises, par les choix aussi américains depuis plusieurs années et qui n’ont pas commencé avec cette administration mais qui conduisent à revisiter certaines implications dans des conflits au Proche et Moyen-Orient et ailleurs, et à repenser une stratégie profonde, diplomatique et militaire, et parfois des éléments de solidarité dont nous pensions qu’ils étaient des intangibles pour l’éternité même si nous avions constitué ensemble dans des moments géopolitiques qui pourtant aujourd’hui ont changé.

Puis on remarque que le monde est de facto multipolaire malgré les tweets de Dumb-Trump et Dumber-Bolton :

Et puis c’est aussi l’émergence de nouvelles puissances dont nous avons sans doute longtemps sous-estimé l’impact.

La Chine au premier rang mais également la stratégie russe menée, il faut bien le dire, depuis quelques années avec plus de succès. J’y reviendrai. L’Inde qui émerge, ces nouvelles économies qui deviennent aussi des puissances pas seulement économiques mais politiques et qui se pensent comme certains ont pu l’écrire, comme de véritables États civilisations et qui viennent non seulement bousculer notre ordre international, qui viennent peser dans l’ordre économique mais qui viennent aussi repenser l’ordre politique et l’imaginaire politique qui va avec, avec beaucoup de force et beaucoup plus d’inspiration que nous n’en avons.

Essentiel aussi, on souligne l’habileté et la stratégie de ces nouveaux venus (encore que l’Inde de Modi fasse plutôt grimacer) qui contraste avec l’absence de méthode des américains, digne du colonel Kurz :

Regardons l’Inde, la Russie et la Chine. Elles ont une inspiration politique beaucoup plus forte que les Européens aujourd’hui. Elles pensent le monde avec une vraie logique, une vraie philosophie, un imaginaire que nous avons un peu perdu.

L’occident, coquille vide qui a perdu le sens, cela nous fait un beau débat, qui va de Goethe à Valéry… Enfin un qui a compris que la Chine et la Russie sont dirigées de main de maître.

Vient une autre surprise. Le commis présumé des banques et des oligarques reconnaît que la matrice a fourché… Et cela donne :

D’abord elle s’est profondément financiarisée et ce qui était une économie de marché, que certains avaient pu même parfois théoriser en parlant d’économie sociale de marché et qui était au cœur des équilibres que nous avions pensé est devenue une véritable économie d’un capitalisme cumulatif où, il faut bien le dire, d’abord la financiarisation puis les transformations technologiques ont conduit à ce qu’il y ait une concentration accrue des richesses chez les champions, c’est-à-dire les talents dans nos pays, les grandes métropoles qui réussissent dans la mondialisation et les pays qui portent la réussite de cet ordre.

L’économie de marché nous replonge dans la pauvreté après un siècle et demi de succès :

Et donc l’économie de marché qui jusqu’à présent par la théorie des avantages comparatifs et tout ce que nous avions sagement appris jusque-là et qui permettait de répartir la richesse et qui a formidablement marché pendant des décennies en sortant de manière inédite dans l’histoire de l’humanité des centaines de millions de concitoyens du monde de la pauvreté, a replongé et conduit à des inégalités qui ne sont plus supportables. Dans nos économies, la France l’a vécu ces derniers mois, très profondément mais en fait nous le vivons depuis des années et dans le monde entier. Et cette économie de marché produit des inégalités inédites qui au fond viennent bousculer en profondeur là aussi notre ordre politique.

C’est l’économie des manipulateurs de symboles dont nous avions parlé en citant Robert Reich (« The work of nations« ).  Macron reconnaît et donc comprend la colère des classes moyennes :

Quand les classes moyennes qui sont le socle de nos démocraties n’y ont plus leur part, elles doutent et elles sont légitimement tentées ou par des régimes autoritaires ou par des démocraties illibérales ou par la remise en cause de ce système économique…

Et sur les britanniques qui ont voulu sortir de cette Europe bureaucrate notre orateur remarque :

Et au fond, ce que les brexiteurs ont proposé au peuple britannique qui était un très bon mot d’ordre : reprendre le contrôle de nos vies, de notre nation. C’est ce que nous devons savoir penser et agir dans une nation ouverte. Reprendre le contrôle. Fini le temps où on expliquait à nos concitoyens la délocalisation, c’est l’ordre des choses, c’est une bonne chose pour vous. Les emplois vont en Pologne ou en Chine, au Vietnam et vous allez retrouver le … on n’arrive plus à expliquer cette histoire. Et donc, nous devons trouver les moyens de peser dans la mondialisation mais aussi de repenser cet ordre international.

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Une bonne petite mise au point sur les américains :

Les États-Unis d’Amérique sont dans le camp occidental mais ils ne portent pas le même humanisme. Leur sensibilité aux questions climatiques, à l’égalité, aux équilibres sociaux qui sont les nôtres n’existe pas de la même manière.Il y a un primat de la liberté qui caractérise d’ailleurs la civilisation américaine très profondément et qui explique aussi nos différences même si nous sommes profondément alliés. Et la civilisation chinoise n’a pas non plus les mêmes préférences collectives pour parler pudiquement, ni les mêmes valeurs.

Car Macron voudrait éviter la soumission à un bloc ou à l’autre. Il faudrait donc l’Europe.  Il ajoute étonnamment :

Le projet de civilisation européenne ne peut pas être porté ni pas par la Hongrie catholique, ni par la Russie orthodoxe. Et nous l’avons laissé à ces deux dirigeants par exemple, et je le dis avec beaucoup de respect, allez écouter des discours en Hongrie ou en Russie, ce sont des projets qui ont leurs différences mais ils portent une vitalité culturelle et civilisationnelle, pour ma part, que je considère comme erronée mais qui est inspirante.

Il préfère se réclamer de la Renaissance et des Lumières. Aucun commentaire.

Il nous rassure sur son armée :

Nous sommes en passe de devenir de manière indiscutable la première armée européenne par les investissements que nous avons décidé, par la loi de programmation militaire, par la qualité de nos soldats et l’attractivité de notre armée. Et aujourd’hui, en Europe, personne n’a cette vitalité et personne n’a décidé ce réinvestissement stratégique et humain. Ce qui est un point essentiel pour pouvoir peser. Et nous restons une grande puissance diplomatique, membre permanent du Conseil de sécurité, au cœur de l’Europe et au cœur de beaucoup de coalitions.

Il met en garde sur la Russie, tel John Mearsheimer :

Je pense en plus que pousser la Russie loin de l’Europe est une profonde erreur stratégique parce que nous poussons la Russie soit à un isolement qui accroît les tensions, soit à s’allier avec d’autres grandes puissances comme la Chine, qui ne serait pas du tout notre intérêt.

Une mise au point pour l’Amérique :

Mais pour le dire en termes simple, nous ne sommes pas une puissance qui considère que les ennemis de nos amis sont forcément les nôtres ou qu’on s’interdit de leur parler…

Et d’ajouter sur cette architecture de confiance et de sécurité qui lui avait valu les gluants sarcasmes du Donald :

Nous sommes en Europe, et la Russie aussi. Et si nous ne savons pas à un moment donné faire quelque chose d’utile avec la Russie, nous resterons avec une tension profondément stérile. Nous continuerons d’avoir des conflits gelés partout en Europe.

Je crois qu’il nous faut construire une nouvelle architecture de confiance et de sécurité en Europe, parce que le continent européen ne sera jamais stable, ne sera jamais en sécurité, si nous ne pacifions pas et ne clarifions pas nos relations avec la Russie.Ce n’est pas l’intérêt de certains de nos alliés, soyons clairs avec ce sujet.

On rappelle les faiblesses de la Russie – en les outrant certainement :

… cette grande puissance qui investit beaucoup sur son armement, qui nous fait si peur a le produit intérieur brut de l’Espagne, a une démographie déclinante et un pays vieillissant, et une tension politique croissante. Est-ce que vous pensez que l’on peut durer comme cela ? Je pense que la vocation de la Russie n’est pas d’être l’alliée minoritaire de la Chine…

Sur la Chine il rappelle :

Nous respectons les intérêts et la souveraineté de la Chine, mais la Chine doit elle aussi respecter pleinement notre souveraineté et notre unité, et sur ce plan la dynamique européenne est essentielle. Nous avons commis des erreurs profondes il y a 10 ans sur ce sujet.

Que d’erreurs occidentales décryptées… Et pour parler comme Laetitia, « pourvu que ça dure », cette lucidité et ce rapprochement avec la Russie. Pour le reste, les rassemblements nationaux et autres France insoumises ont du souci à se faire. Et les antisystèmes aussi…

Le fait d’avoir assimilé le basculement mondial de ces dernières décennies et d’avoir pris la mesure des inégalités créées par une économie postindustrielle ne donne pas à cette présidence une garantie pour échapper à l’échec ou à la manip’ ; mais reconnaissons aussi que pour la première fois depuis longtemps un esprit présidentiel est capable de saisir et d’analyser les grandes transformations de cette époque étrange.

lundi, 09 septembre 2019

Dans les coulisses de la construction européenne

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Dans les coulisses de la construction européenne

par Georges FELTIN-TRACOL

« L’affichage d’une super-nation européenne n’est qu’un discours d’apparence. On voit bien qu’il n’y a pas d’« Europe-puissance » en vue, qu’il n’y en a jamais eu. Et que tous les protagonistes ont toujours fini par renoncer, de gré ou de force, à l’Europe européenne. Au contraire, on fabrique, en secret, une Europe de la diminutio capitis vassalisée, aliénée, soumise, et donc impuissante (p. 150). » Désormais retiré de la vie politique active, Philippe de Villiers résume dans ce nouvel ouvrage ses recherches dans les archives consacrés au processus européen.

Depuis la campagne du « non » à Maastricht en 1992 et la liste eurosceptique de 1994 sur laquelle figurait le milliardaire franco-britannique Jimmy Goldsmith, il pourfend une certaine Europe, celle des atlantistes, des fonctionnaires et des financiers. Il adopte les mâles propos de l’ancien Garde des Sceaux du Général De Gaulle, Jean Foyer, pour qui « leur Europe n’est pas un but, c’est une “ construction ” sans fin : elle se définit par son propre mouvement. Ce traité a été pensé, écrit même, pour faire coulisser un nœud coulant invisible. Il suffit de resserrer chaque jour le nœud : celui dont les juristes, les commissaires, tiennent la corde, et plus encore le nœud prétorien, le nœud des juges qui vous glissent la corde autour du cou (p. 153). » Député français au Parlement européen par intermittence entre 1994 et 2014, l’ancien président du Mouvement pour la France (MPF) a assisté à la neutralisation politique de l’Union européenne, corollaire de la prépondérance bureaucratique, car « selon la théorie fonctionnaliste qui vient des États-Unis, la plupart des questions appellent des réponses techniques (p. 135) ».

Contre le trio fondateur

PhV-fil.jpgPhilippe de Villiers en vilipende les fondements intellectuels. Ceux-ci reposeraient sur un trio infernal, sur une idéologie hors sol ainsi que sur un héritier omnipotent. Le trio regroupe Robert Schuman, Walter Hallstein et Jean Monnet. Le premier fut le ministre démocrate-chrétien français des Affaires étrangères en 1950. Le deuxième présida la Commission européenne de 1958 à 1967. Le troisième incarna les intérêts anglo-saxons sur le Vieux Continent. Ensemble, ils auraient suscité un élan européen à partir des prémices du droit national-socialiste, du juridisme venu d’Amérique du Nord et d’une défiance certaine à l’égard des États membres. Quant à l’héritier, il désigne « le fils spirituel (p. 255) », George Soros.

J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu est un gros pamphlet au ton partial. L’ancien président du conseil général de Vendée accuse par exemple Robert Schuman, né à Luxembourg, d’avoir été Allemand pendant la Première Guerre mondiale, puis d’être resté pacifiste au conflit suivant. Villiers regrette ouvertement que la famille Schuman n’ait pas choisi la France en 1871. Il cite à contre-sens l’un de ses biographes, François Roth dans son Robert Schuman (1), pour qui « Schuman n’avait pas le sens de la frontière, car il se sentait chez lui dans tout l’espace lotharingien, en Lorraine, en Alsace, au Luxembourg, en Belgique et dans les pays du Rhin (p. 66) ». En homme du bocage de l’Ouest, Villiers ne peut pas comprendre ce sentiment propre aux marches de l’Est, qui dépasse la sotte « Ligne bleue des Vosges », cette nostalgie rémanente qui liait Robert Schuman au Chancelier Konrad Adenauer, favorable au début des années 1920 à l’autonomie de la Rhénanie, et à l’Italien Alcide De Gasperi, longtemps sujet de l’Empire d’Autriche – Hongrie en tant que natif du Trentin – Haut-Adige – Tyrol du Sud. Ils concevaient la politogenèse européenne comme la reconstitution de l’Empire carolingien sur une assise territoriale franque correspondante à la Francie médiane de l’empereur Lothaire, l’aîné des petits-fils de Charlemagne.

Le parti-pris de Philippe de Villiers l’entraîne à considérer que « les architectes de l’Europe n’étaient pas des réfractaires à l’ordre de la peste brune : Schuman fut frappé d’« indignité nationale », il n’a jamais résisté, il était à Vichy. Monnet s’appuya sur la pensée d’Uriage, c’est-à-dire de Vichy. Il n’a jamais résisté non plus. Le troisième “ Père de l’intégration européenne ”, Hallstein, fut un officier instructeur du nazisme. Il a servi Hitler. Il prétendait même que la grande Europe connaissait là ses premiers épanouissements. L’assimilation des eurosceptiques au prurit fasciste des années trente est insupportable. L’européisme fut nourri au lait de ses premières comptines dans le berceau de la Collaboration et du nazisme. Et, depuis soixante-dix ans, on nous l’a caché (pp. 268 – 269) ». Il veut faire croire au lecteur qu’il vient de découvrir un scandale historique. Il n’est guère étonnant que la bibliographie ne mentionne pas « L’Europe nouvelle » de Hitler de Bernard Bruneteau (2) qui étudie l’« européisme des années noires ». Sans ce malencontreux oubli, Villiers n’aurait pu jouer à peu de frais au preux chevalier.

Un antifa qui s’ignore ?

hallstein.jpgOutre le rappel du passé national-socialiste de Hallstein, il insiste que Robert Schuman, « le père de l’Europe fut ministre de Pétain et participa à l’acte fondateur du régime de Vichy (p. 67) ». Oui, Robert Schuman a appartenu au premier gouvernement du Maréchal Pétain. Il n’était pas le seul. Philippe de Villiers ne réagit pas quand Maurice Couve de Murville lui dit à l’occasion d’une conversation au Sénat en juillet 1986 : « Je me trouvais à Alger […] quand Monnet a débarqué. J’étais proche de lui, depuis 1939. À l’époque, j’exerçais les fonctions de commissaire aux finances de Vichy (p. 109). » L’ancien Premier ministre du Général De Gaulle aurait pu ajouter que membre de la Commission d’armistice de Wiesbaden, il était en contact quotidien avec le Cabinet du Maréchal. Sa présence à Alger n’était pas non plus fortuite. Il accompagnait en tant que responsable des finances l’Amiral Darlan, le Dauphin du Maréchal !

L’auteur oublie facilement qu’en 1918 – 1919, la République française réalisa une véritable épuration ethnique en expulsant des milliers d’Allemands installés ou nés en Alsace – Lorraine depuis 1871. Il considère par ailleurs l’École des cadres d’Uriage comme la matrice intellectuelle de la pensée officielle eurocratique. Or il ne cite jamais la somme magistrale de Bernard Comte, Une utopie combattante (3), qui montre qu’après sa fermeture en 1942, bien des élèves d’Uriage ont rallié les maquis et la France combattante. Philippe de Villiers n’a-t-il pas lu ce qu’a écrit Éric Zemmour à ce sujet ? « Paul Delouvrier, qui aménagera le quartier de La Défense sous les ordres du général de Gaulle, penant les années 1960, écrit son commensal à La Rotonde, avait été formé par l’école des cadres d’Uriage, créée par Vichy. Cette même école où Hubert Beuve-Méry, fondateur du journal Le Monde, avait fait ses premières armes (4). » Villiers verse dans le manichéisme le plus simpliste.

Il a en revanche raison d’insister sur Jean Monnet dont « l’œuvre à produire [ses mémoires] a […] été commandée et financée par les Américains (p. 36) ». L’actuelle Union dite européenne sort tout droit des vœux cosmopolites du négociant bordelais. « Ni Europe des États ni Europe-État, l’Union est une broyeuse œuvrant au démantèlement progressif des lois et réglementations nationales et à la régulation au moyen d’un abondant flux de normes introduites dans les systèmes juridiques nationaux. Ce réaménagement bouleverse l’ordonnancement hiérarchique des pouvoirs, c’est-à-dire des États, des souverainetés et des relations internationales telles qu’elles s’étaient construites après-guerre (p. 160). » En effet, « on ne saurait mieux dire que, sous le beau nom d’« Union européenne », se cache une entreprise de liquidation de l’Europe et des Européens véritables, une entreprise littéralement antieuropéenne (p. 229) ». Qui en porte la responsabilité ? L’auteur ne répond pas vraiment. Certes, il mentionne « l’European Council on Foreign Relations, le premier think tank paneuropéen (p. 130) » et s’attarde sur les pages 162 à 164 sans jamais entrer dans les détails le Club Bilderberg. « Jean Monnet s’est trouvé ainsi au point de rencontre de la Révolution bolchevique et de la haute finance anglo-saxonne. Peut-être a-t-il cru, comme tant d’autres Anglo-Saxons, à l’époque, qu’un mariage était possible entre les deux systèmes, et que ce mariage des contraires enfanterait un monde unifié, sous clé américaine (p. 94). » Jamais l’auteur ne cite les travaux précurseurs de Pierre Hillard qui se penche sur le sujet depuis au moins deux décennies. Il aurait pu seulement se reporter à sa récente préface au Nouvel Ordre mondial de H.G. Wells (5). Villiers garde le silence sur la Commission Trilatérale et sur d’autres officines mondialistes d’origine anglo-saxonne tout aussi nuisibles que celles qu’il cite. Pis, il croit révéler que la CIA finançait dans les années 1950 et 1960 les organisations paneuropéennes dont les mouvements de l’ancien résistant Henri Frenay. Or Robert Belot dans sa biographie sur ce dernier (6) y consacrait plusieurs chapitres dès 2003 !

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Impuissante union

Le fondateur du Puy du Fou a en revanche bien compris l’intérêt des Étatsuniens de se servir de l’Union dite européenne comme d’un domestique efficace et obéissant. « Cette entreprise s’alimenta de la conviction profonde chez les Américains que leur architecture fédérale devait être transplantée en Europe, et ailleurs dans le monde. Les Américains sont convaincus de la supériorité de leur Constitution sur toutes les autres, en ce qu’elle permettrait le vivre-ensemble de populations venues de la terre entière qui se reconnaîtraient ainsi comme les nationaux d’une puissance universelle (p. 115). » De quoi de plus normal que déplorer dans ces conditions l’impuissance volontaire de l’entité pseudo-européenne ? « Où est donc le “ bouclier ” qu’était censé incarner l’euro, quand les entreprises européennes doivent fuir d’Iran sur injonction américaine, au nom des privilèges extraterritoriaux du “ roi dollar ”, et quand les banques européennes sont tétanisées dès qu’il est question d’un contrat avec un partenaire russe ou iranien ? Que peut donc bien signifier l’affichage d’une politique de défense européenne, alors qu’en réalité c’est à l’OTAN, c’est-à-dire aux États-Unis, que celle-ci est déléguée, avec, pour contrepartie, l’obligation de s’approvisionner en armements américains ? Le choix récent du chasseur F35 américain par la Belgique pour moderniser sa flotte de combat est emblématique (p. 277). » Il en résulte une monstruosité historique, géopolitique et juridique sans précédent. « Cette Europe-là a immolé son enveloppe charnelle, c’est une Europe sans corps. C’est l’union post-européenne. Elle se présente comme un marché ouvert et un espace en extension indéfinie, aux domaines de compétences eux-mêmes en expansion illimitée. L’Union européenne est un espace et un marché sans existence particulière, sans être propre, bientôt pulvérisée en une poussière d’impuissances et d’insignifiances. Ayant stérilisé la vie, elle s’avance dans le troisième millénaire au pas lourd d’un éléphant en phase terminale. Elle n’a pas cherché à être un corps politique, elle n’est qu’un corpus juridique : peu à peu, elle se retire pour faire la place à l’Autre (p. 213). » Pourquoi ? « Jean Monnet ne voulait pas d’une super-nation européenne qui viendrait fondre les nations préexistantes, à l’inverse de quelques-uns de ses disciples. […] “ Le plus grand danger pour l’Europe, ce serait un patriotisme européen ” (p. 160). » Incroyable aveu de la part du Bordelais ! Il convient par conséquent de détourner l’idée européenne en l’orientant vers un authentique esprit identitaire et une véritable aspiration à la puissance géopolitique propre à ce grand espace civilisationnel invertébré. Promouvoir un patriotisme européen, voire un « souverainisme », un « nationalisme » ou même un nouvel intégralisme continental, est une impérieuse et vitale nécessité.

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Digne successeur de Jean Monnet, un personnage interlope combat cette perspective, lui qui s’épanouit dans la fluidité et la plasticité du monde occidental. L’auteur cite la remarquable enquête de Pierre-Antoine Plaquevent, (7). On connaît la nocivité, sinon la malfaisance de George Soros. Philippe de Villiers ajoute que « Soros pèse sur d’autres organisations supranationales. Son influence sur la nomination des juges auprès de la Cour européenne des droits de l’homme est de plus en plus visible et redoutée. Plusieurs juges de la CEDH sont des “ anciens ” de chez Soros, car le règlement de cette cour permet à une personne d’être nommée juge même si elle n’a jamais exercé auparavant la fonction de magistrat. Ainsi, les anciens “ militants des droits de l’homme ” deviennent les arbitres du contentieux entre les citoyens et leurs États respectifs, et imposent leur vision radicalement déformée de la nature humaine pour travailler à un véritable changement de civilisation (pp. 265 – 266) ». Un peu comme au Conseil constitutionnel français qui accueille à peu près n’importe qui, mais jamais un Jean-Marie Le Pen ou un Bruno Gollnisch…

Méconnaissance du fédéralisme

Épris du modèle westphalien de l’État-nation, Philippe de Villiers juge que « l’Europe n’a pas de langue commune, ni de frontières véritables ou définitives. Au contraire des États-Unis et de toutes les nations fédérales du monde, il n’y a pas de peuple fédéral en Europe. Et l’on ne fait pas de fédération sans fédérateur. À moins de le choisir à l’extérieur (p. 116) ». Il ignore sûrement que le modèle fédéral concerne des citoyens de peuples différents. Les États-Unis d’Amérique constituent un cas très particulier puisqu’ils représentent le plus vaste dépotoir génétique ultra-individualiste de l’histoire seulement tenue par les médiats, une « justice » intéressée et la croyance suprémaciste en la « destinée manifeste ». Si chaque fédération est spécifique, la plupart des ensembles fédéraux savent inclure divers peuples, langues et religions, d’où des institutions complexes et bigarrées. Sans aller jusqu’à étudier l’Inde, Philippe de Villiers aurait pu se focaliser sur la seule Suisse. Nulle part dans son ouvrage, l’auteur ne mentionne l’hégémonie de l’anglais, ou plus exactement du globish, dans les institutions pseudo-européennes, y compris à l’heure du Brexit. Une fois la Grande-Bretagne sortie de la pétaudière bruxelloise, l’anglais devrait perdre son rang de langue d’usage au sein de l’UE puisque aucun des 27 n’a désormais la langue de Shakespeare comme langue officielle (Malte et l’Irlande, deux États anglophones au quotidien, ont le gaélique et le maltais). Ce silence surprenant.

Malgré tout le tintamarre orchestré autour de J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu, ce livre n’éclaire qu’une partie du désastre. L’Hexagone est lui aussi pleinement infesté par ce que dénonce l’auteur à l’échelle européenne et qui atteint aussi les patries charnelles. Pourquoi se tait-il à propos de la French American Foundation ? N’a-t-il jamais rencontré au cours de sa carrière politique des habitués aux soirées de l’ambassadeur yankee à Paris ? Philippe de Villiers révèle finalement bien peu de choses à l’esprit averti féru de questions européennes. Son livre reflète toutefois la pesanteur accrue d’une formidable chape de plomb qui asphyxie toute réflexion intellectuelle en France. Un universitaire souverainiste lui déclare à propos des documents parus en annexes : « — Ce n’est pas de la timidité, c’est de la prudence. Les universitaires ne sont pas téméraires.

— Il y aurait vraiment des risques à publier la copie des archives ?

— Oui, le risque de perdre sa chaire, sa charge d’enseignement, son job, son éditeur… (p. 20) »

Comme l’aventure européenne, l’Université française ressemble toujours plus à un navire en perdition. L’américanisation de ses structures et le nivellement par le bas des étudiants projettent à vive allure les générations dans le mur, sinon vers le précipice. Le mensonge est total; il a été très bien assimilé par la population.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : François Roth, Robert Schuman, Fayard, 2008, p. 201.

2 : Bernard Bruneteau, « L’Europe nouvelle » de Hitler. Une illusion des intellectuels de la France de Vichy, Éditions du Rocher, coll. « Démocratie ou totalitarisme », 2003.

3 : Bernard Comte, Une utopie combattante. L’École des cadres d’Uriage, préface de René Rémond, Fayard, coll. «Pour une histoire du XXe siècle », 1991.

4 : Éric Zemmour, Destin français, Albin Michel, 2018, p. 526.

5 : H.G. Wells, Le Nouvel Ordre mondial, préface de Pierre Hillard, Éditions du Rubicon, coll. « Influences », 2018.

6 : Robert Belot, Henri Frenay. De la Résistance à l’Europe, Le Seuil, coll. « L’univers historique », 2003.

7 : Pierre-Antoine Plaquevent, Soros et la société globale. Métapolitique du globalisme, avant-propos de Xavier Moreau et postface de Lucien Cerise, Le retour aux sources, 2018.

• Philippe de Villiers, J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu, Fayard, 2019, 415 p., 23 €.