samedi, 15 juillet 2023
AGENDA 2030 - FORUM DAVOS - LE TRANSHUMANISME (H+) - TROIS TENDANCES CONVERGENTES
AGENDA 2030 - FORUM DAVOS - LE TRANSHUMANISME (H+)
TROIS TENDANCES CONVERGENTES
Ernesto Milà
Conférence prononcée à Madrid, le 3 juin 2023
Source: https://info-krisis.blogspot.com/2023/06/agenda-2030-foro...
Récemment, à l'invitation de l'association Juan Ignacio, j'ai eu l'occasion de donner une brève conférence à l'Espacio Ardemans. Il était particulièrement intéressant de saluer des amis et des camarades que je n'avais plus vus depuis longtemps et de savoir qu'ils sont tous encore debout et actifs. La conférence a été enregistrée, je suppose donc qu'elle sera diffusée quelque part. Voici le texte initial qui ne correspond pas exactement à ce qui a été dit pour des raisons de temps. J'inclus le texte avec quelques références qui peuvent être trouvées dans le blog INFO-KRISIS lui-même afin de compléter des concepts, des idées, des personnages et des situations qu'il était impossible de développer dans l'exposé. Ces liens peuvent également servir de référence au processus d'élaboration suivi pour composer cet exposé, qui n'est rien d'autre qu'une synthèse du travail réalisé au cours de l'année et demie écoulée.
Conférence de Madrid, 3 juin
AGENDA 2030 - FORUM DE DAVOS - TRANSHUMANISME
TROIS TENDANCES CONVERGENTES
Pour une lecture optimale de cet article et pour pouvoir se référer aux articles entre parenthèses, qui ne sont disponibles qu'en espagnol, le lecteur doit afficher l'original et cliquer sur "articulo" pour accéder aux articles anciens d'Ernesto Milà ; seuls les articles numérotés 1, 2 et 3 font l'objet d'un lien direct dans ce texte. Trois autres articles d'Ernesto Milà, sur des sujets analogues, ont été traduits en français pour notre site web : http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/02/24/l... ; http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/20/p... ; http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/06/01/l... .
INTRODUCTION
Position de l'orateur : comprendre notre époque. La pire chose qui puisse arriver à un être humain est de ne pas comprendre le temps dans lequel il lui a été donné de vivre. Et c'est plus fréquent qu'il n'y paraît. Le fascisme n'est pas de notre temps : il appartient à la première moitié du 20ème siècle et n'a rien à voir avec la postmodernité (voir Article 1- https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los... - Article 2 - https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los... - Article 3 - https://info-krisis.blogspot.com/2022/06/el-tiempo-de-los...).
Je suis critique de films et de séries télévisées. En fait, c'est par le cinéma que je suis venu à H+. C'est une idéologie qui était présente dans de nombreux films depuis 1968 lorsque Kubrick a tourné 2001 l'Odyssée de l'espace. Depuis, ce cinéma, parfois confondu avec la science-fiction, est en plein essor, alors il y a environ cinq ou six ans, je me suis intéressé à ses origines et, si vous êtes intéressé par cette approche, il y a une de mes conférences sur le sujet que je ne vais pas répéter ici.
J'ai vu un lien logique qui menait de la "contre-culture" des années 60, au "nouvel âge" (voir article 1 et article 2) qui a suivi et de là, dans les années 90, s'est forgé ce nouveau courant, le transhumanisme ou H+ (Voir article 1 et article 2). Ma première appréciation a été : "C'est fou", de la pure science-fiction prise pour de la science positive. Aujourd'hui, je garde la même attitude. H+ est une folie... mais une folie partagée par les élites économiques et technologiques, comme il y eut jadis des courants socialistes fabiens partagés contradictoirement par les élites Rockefeller et financières. H+ insiste cependant sur un point : le rôle de la science et de la technologie dans la construction de l'avenir. Et les deux autres ?
- Le Forum de Davos est l'un des nombreux "groupes de rencontre" (voir article), réunissant des représentants des consortiums économiques, des classes politiques nationales et de l'intermédiaire entre les deux, les conglomérats médiatiques.
- L'Agenda 2030, quant à lui, est issu de la caste des fonctionnaires de l'ONU et de l'UNESCO. Et il convient ici de souligner que ces organisations internationales ne sont pas composées de représentants de chaque pays pour délibérer sur la paix, résoudre les conflits et préparer l'avenir. Cela relève des "assemblées générales", mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. L'essentiel est de comprendre que derrière ces sigles se cache une caste de fonctionnaires qui a son propre projet : ultra-progressiste et ultra-humaniste, "illuministe" dans le pire sens du terme.
Question : Quel est le point commun entre ces trois organisations ?
Réponse : elles entreprennent des projets d'ingénierie sociale.
Question : Dans quel but ?
Réponse : Pour adapter les sociétés modernes aux changements en cours et les orienter vers ce que chacune des trois organisations considère comme le cadre utopique de l'avenir.
Il convient ici de s'arrêter un instant :
Une doctrine politique est telle lorsqu'elle est capable d'élaborer un projet d'avenir. Pour ce faire, il faut prévoir ce que sera l'avenir. Si l'on n'est pas capable de prévoir l'avenir, on ne peut pas agir sur lui, et donc le meilleur projet politique est voué à l'échec. Certains d'entre nous l'ont compris trop tard et cela explique l'échec des organisations dans lesquelles nous avons milité.
L'AVENIR SELON LE PROJET H+
H+ est une nouvelle pseudo-religion. Elle n'a rien de scientifique (car il n'y a pas de méthode scientifique), ce n'est pas une philosophie (car il n'y a pas de rationalité), elle a beaucoup de science-fiction, et tout de la pseudo-religion, c'est-à-dire de la "fausse religion", du "simulacre de religion" ou de la "caricature de religion" où la "foi", l'émotivité, la sentimentalité et la croyance en une "parousie de la technologie" sont au cœur du projet. On dit que dans la Silicon Valley, il y a deux religions : l'athéisme et H+.
Le transhumanisme :
- a ses "précurseurs" : les Jean Baptiste (les Huxley, Galton, Darwin) (voir article).
- A son "ancien testament" : le roman gothique, Teilhard (voir article), Fyodorov (voir article), la science-fiction, Aldous Huxley (voir article).
- Elle a ses "apôtres" : Esfandiary, Hans Movarec (IA), Marvin Minsky (cerveau-ordinateur). Ray Kurzweil (L'âge des machines spirituelles), Max Moore (extropien, ALCOR), Nick Bostrom (LEE, Humanity Plus), David Pierce (Impératif hédoniste, abolitionniste).
- Il a ses "dogmes" :
1. L'évolution n'est pas terminée.
2. La biologie nous condamne à la mort, mais nous voulons vivre.
3. La technologie nous permet de stimuler et d'accélérer l'évolution.
4. Le prochain échelon de l'évolution sera la super-longévité, la super-intelligence et le super-bien-être.
5. Ces objectifs seront atteints grâce au développement de l'IA, au génie génétique, à la nanotechnologie, à la robotique, à l'impression 3D, à la cryogénie.
6. L'objectif est de créer un être humain 2.0. qui, au cours de la phase H+, intégrera progressivement la technologie : biohackers, cyborgs,
7. Le "stade biologique" sera suivi d'un "stade mixte" ou H+ puis d'un "stade posthumaniste" ou "stade postbiologique".
8. La connexion cerveau-ordinateur via une interface avec téléchargement de données permettra la création d'une "conscience cosmique collective".
9. Il ne s'agit pas de "croire en Dieu", mais de "jouer à Dieu", de passer de l'homo sapiens à l'homo deus. Telle est la proposition finale (voir article).
Ces dogmes et textes sacrés, ainsi que les précurseurs, indiquent clairement un optimisme technologique extrême et presque insensé.
De même que l'on disait au Moyen Age que le "Demon est deus inversus" (en espagnol, plus expressif que le latin, on disait que "le diable est le mico de Dieu"), on peut dire aujourd'hui que H+ est la limite extrême de la subversion anti-traditionnelle.
Tout cela ne passerait que pour une originalité exotique, diffusée par les films hollywoodiens, si ce n'est que les associations et les projets H+ sont financés par les fondations Rockefeller, Carnegie, Gates, etc. et que, récemment, le président du Forum de Davos, Klaus Schwab, s'est rallié à cette tendance (voir article).
Ce qui nous amène directement au Forum de Davos.
LE PROJET DU FORUM DE DAVOS
Le "Forum de Davos" ou Forum économique mondial, une ONG basée en Suisse et fondée en 1971, a pour objectif de former et d'incorporer des élites dans ses cercles régionaux ou écoles de cadres. Il a des bureaux à Pékin et à New York. Il collabore avec le Conseil économique et social des Nations unies. Elle est dirigée par 24 membres et sa fonction déclarée est "l'engagement pour l'amélioration du monde".
Il est financé par les contributions d'un millier d'entreprises (entre 40.000 et 500.000 francs suisses, à peu près au niveau de l'euro). Chaque participant aux réunions du Forum paie 4500 euros pour assister aux conférences et 9000 euros pour accéder aux conférences restreintes. Il s'agit d'une "grande entreprise" dont le chiffre d'affaires annuel s'élève à 5.000.000.000.000 US$/an.
Il relie trois niveaux :
- le monde de l'argent
- le monde de la politique
- le monde de la communication
Ce n'est pas la seule entreprise de ce type : Trilatérale, Bildelberg, Club de Rome, Pilgrims Society, et des dizaines d'autres. Elles sont célèbres pour certaines études ou prévisions qu'elles ont réussies. Ils sont des "leaders mondiaux", mais, en réalité, ils sont toujours en retard sur le monde.
Une note "anti-conspiration" : HETEROTELIA, des fins différentes. Tout développement de projet est imprévisible, et généralement le point d'arrivée n'a pas grand-chose à voir avec le point de départ proposé.
Que font les participants à ces réunions ? Ils écoutent des conférences dans l'espoir de connaître les TENDANCES et de se préparer personnellement à affronter l'avenir dans les meilleures conditions possibles. Ils partent du principe que ces tendances sont partagées par les hommes les plus puissants du monde et qu'il vaut donc la peine de se placer dans leur ombre.
Par exemple, les 24 membres du leadership du Forum de Davos comprennent:
- David Rubenstein - fondateur du groupe Carlyle
- Kristalina Georgieva - présidente du FMI
- Peter Bradeck, ancien PDG de Nestlé
- Larry Fink - PDG de Black Rock
- Christine Lagarde - directrice de la Banque centrale européenne
- Reif Groisman - Président du MIT
Comme toujours dans ces cas-là, l'important n'est pas ce qui se discute dans les sessions - certaines sont retransmises sur internet et il y a 500 journalistes qui couvrent l'événement, 220 conférences sur 5 jours - mais ce qui se dit dans les couloirs et l'atmosphère qui s'en dégage : ce sont les "grands influenceurs".
Nous ne pouvons pas plonger dans les idées du WEF dans le cadre de cet exposé, mais nous pouvons situer 2015 comme le point de départ qui nous intéresse (voir article).
- En 2015, un article a été publié dans le Foreing Policy (Huntington) de Schwab intitulé The Fourth Industrial Revolution. Il n'a pas eu le moindre impact, mais l'année suivante, un livre portant le même titre a été publié et a été, au même moment, le thème de la réunion du Forum de Davos.
- En 2015, les conséquences de la première grande crise de la mondialisation se font encore sentir. Et il s'agissait de relancer le néocapitalisme à l'échelle mondiale.
- L'idée de base est que toutes les révolutions industrielles génèrent des changements dans les relations de pouvoir et dans les structures des sociétés, et l'objectif de Schwab est d'éviter que les changements technologiques n'entraînent des changements brutaux, notamment dans le contrôle exercé par les élites économiques traditionnelles à travers les structures démocratiques, les partis politiques et les organisations internationales.
- La première révolution industrielle, celle du charbon, a engendré une nouvelle bourgeoisie riche qui a remplacé les aristocraties et a promu le modèle économique libéral et le modèle de parti pour comprendre la politique. C'est l'époque de la formation des nations.
- La deuxième révolution industrielle, celle du moteur à combustion interne et de l'énergie électrique, a vu le pouvoir passer aux grandes entreprises anonymes, aux multinationales et à l'ère des grands impérialismes (USA-URSS).
- La troisième révolution industrielle a commencé avec la micropuce et les ordinateurs au niveau local. Elle a coïncidé avec l'introduction mondiale du néolibéralisme et la période d'hégémonie unipolaire des États-Unis.
- Aujourd'hui, la quatrième révolution industrielle est en cours : c'est là qu'intervient le travail de Schwab. Les caractéristiques de cette révolution sont les suivantes:
> Développement de la troisième révolution, mais à une plus grande vitesse, en plus grande profondeur et en plus grande extension.
> Elle se caractérise par ce que Schwab appelle des "technologies convergentes", à savoir : biotech - IA - nanotech. Ce sont des technologies qui sont nées séparément, mais qui tendent inévitablement à converger et à se synthétiser dans des synthèses technologiques prodigieuses et à révolutionner des branches de la médecine, de la génétique, de la pharmacologie, de la communication et des relations de l'homme avec la technologie.
> Il définit 3 mégatendances :
+ physiques (robotique, véhicules autonomes, 3D, graphène).
+ numériques (IA, blockchain, internet des objets, applications)
+ biologique (ingénierie génétique, médicaments personnalisés, nanotechnologies).
Tout cela signifie que la technologie qui émergera de la 4ème révolution industrielle ne sera pas quelque chose de séparé des êtres humains, mais qu'elle y sera intégrée et fera partie de nous par le biais d'implants, d'exosquelettes, du remplacement d'organes corporels par des prothèses artificielles, etc.
> Schwab ne dit rien de nouveau : il suppose que les fantasmagories des doctrinaires transhumanistes se développeront comme ils le proposent, mais il les oriente vers le terrain qui l'intéresse en tant qu'homme d'affaires et président de l'un des conglomérats d'entreprises les plus influents : à un moment donné de son livre, il affirme que "pour gérer la 4IR, les entreprises devront collaborer avec les États et les institutions mondiales". Cela implique
- placer les entreprises économiques sur un pied d'égalité avec les États
- limiter la souveraineté et la démocratie en les subordonnant aux intérêts des entreprises.
- d'atteindre l'idéal énoncé par Adam Smith dans La richesse des nations, publié en 1776, soit il y a 250 ans, de laisser libre cours à la libre concurrence et aux lois du marché sans aucune limite ni restriction.
Schwab justifie cette collaboration entre des États endettés dirigés par des politiciens corrompus et des entreprises requins par le fait que l'application de technologies convergentes affectera l'ensemble du système mondial.
Il propose donc une série de mesures :
+ "économie collaborative" : exploiter les nouvelles technologies pour acheter, vendre, recycler, réutiliser, troquer.
+ "économie des parties prenantes" : les entreprises renoncent à une partie de leurs bénéfices à court terme pour investir dans les besoins de la société, une forme de "capitalisme ouvert sur la société".
+ "usines intelligentes" grâce à l'IA et à la production à la demande. C'est ce que l'on appelle les usines 4.0. Les entreprises ne seront pas dirigées par des conseils d'administration et des techniciens lents à réagir, mais par l'IA qui transférera les demandes des consommateurs aux lignes de production en un temps zéro.
+ L'"utilisation du big data" pour prédire et orienter les mouvements et la consommation.
+ Des entreprises "disruptives", c'est-à-dire des entreprises créées pour satisfaire les nouveaux marchés générés par les nouvelles technologies.
+ Les entreprises qui n'ont pas d'actifs mais qui déplacent tout : Uber, Cabify, FaceBook, AirBNB, etc.
Or, toutes ces propositions sont susceptibles de faire l'objet de critiques très difficiles à réfuter. Par exemple :
- La robotique entraînera la perte de millions d'emplois, par exemple parmi les magasiniers des supermarchés (on estime que 300 à 400 millions de personnes seront licenciées dans ce secteur) ou parmi les chauffeurs de taxi et les transporteurs lorsque des taxis autonomes, des livraisons par drones ou des transports sans chauffeur seront mis en place.
- les emplois que l'intelligence artificielle détruira seront bien plus nombreux que les emplois qu'elle créera, qui seront toujours des emplois hautement qualifiés.
- le fossé social se creusera entre une minorité - de plus en plus minoritaire - qui aura accès à des médicaments personnalisés, à une consommation extrême, à des traitements qui prolongent la vie, etc. et une majorité croissante qui vivra dans un paysage qui oscillera entre la peur de perdre le peu qu'elle a et la misère telle qu'elle est définie dans les récits cyberpunk : haute technologie et bas niveau de vie.
Cette situation favorisera les processus spontanés qui peuvent conduire à
- des explosions sociales
- des crises économiques dues à la mondialisation
- des régressions populistes et des réponses au néo-capitalisme.
A cette fin, Schwab et le WEF proposent :
1) L'introduction d'un salaire social qui garantisse le minimum vital, mais pas beaucoup plus.
2) La promotion d'univers virtuels pour échapper à la triste réalité de la vie quotidienne.
3) Exiger une diminution de la population mondiale.
4) Liquidation de la classe moyenne potentiellement dangereuse dans la mesure où tous les changements et processus révolutionnaires du 20ème siècle en sont issus : il ne s'agit pas seulement de la détruire, mais de menacer sa sécurité, de l'atomiser, de l'écraser par les impôts et l'insécurité. On l'empêchera ainsi de réfléchir aux moyens de se reconstruire.
Jusqu'à la réunion de janvier 2023, Schwab a parlé un langage complètement différent de celui de H+ : il a utilisé ses idées, ses visions d'une technologie de science-fiction, mais, contrairement à eux, il l'a fait dans un langage... amical, modéré, accessible et amical :
- un langage amical, modéré, proche et prétendument humaniste.
- a utilisé l'écologie et la "responsabilité écologique" des entreprises pour souligner ses aspects humanistes.
- Il s'exprime avec les ressources de la "pensée positive", et occulte donc délibérément les aspects plus négatifs de tous ces processus technologiques, ou les nie avec des arguments plutôt puérils.
Cependant, à partir de la réunion du Forum de Davos 2023, son discours change : il soutient explicitement la thèse transhumaniste (ce qui lui vaut une réponse furieuse d'Elon Musk par téléconférence) et présente un tableau de la situation économique beaucoup moins optimiste que celui présenté lors de la réunion précédente du WEF où il avait fait allusion à la "réinitialisation de l'économie". Elle est le résultat des tensions internationales qui ont bloqué la mondialisation et divisé à nouveau le monde en deux moitiés à la suite du conflit ukrainien, ainsi que le produit d'un conflit croissant entre le "vieil argent" et le "nouvel argent".
Quel est le problème qui va se poser ?
Les détenteurs des nouvelles technologies sont ceux qui, historiquement, à chaque instant, ont imposé les règles du jeu aux sociétés : le libéralisme et la démocratie sont venus avec la première révolution industrielle, l'ère de l'impérialisme a été le produit de la révolution énergétique, la troisième révolution industrielle a imposé la mondialisation, et ce sont les grandes entreprises qui étaient les mieux placées et qui ont imposé leurs règles (fin des droits de douane, dérégulation) et la quatrième ?
Il est clair que selon la même règle, ce seront les grandes entreprises technologiques qui imposeront leurs règles du jeu.
En outre, il y a une autre circonstance - qui fait peur aux grandes entreprises - à savoir que les entreprises du secteur technologique, avec moins d'investissements, moins de personnel, moins de charges sociales et des budgets plus réduits, génèrent des bénéfices plus élevés que les entreprises conventionnelles et ont une valeur ajoutée beaucoup plus importante. Elles sont pratiquement indépendantes du système bancaire et moins dépendantes des fluctuations boursières que les entreprises classiques.
Nous vivons donc un moment où le "vieil argent" des grandes accumulations de capital générées par des générations de dynasties capitalistes est en concurrence sordide avec le "nouvel argent" généré en moins de 30 ans par les grandes entreprises technologiques (voir l'article).
Cela permet à Elon Musk de concurrencer la NASA et l'ESA, ou aux États de demander l'aide des big-tech pour organiser des élections ou gérer la structure même de l'État.
Schwab est conscient de ce conflit et cherche à l'éviter en essayant de trouver un terrain d'entente. Mais il appartient au clan du "vieil argent" et ses collègues, habitués à des pratiques prédatrices depuis des générations, n'accepteront probablement pas sa thèse sur l'"économie des parties prenantes", tout comme les "big-tech" considèrent les PDG des grands consortiums d'investissement comme des dinosaures d'une autre époque.
Cependant, la guerre en Ukraine a divisé le monde en deux, rendant la position de ces deux formes de capitalisme occidental encore plus difficile. Ce qui vient de Chine, c'est la fusion entre l'État et les entreprises technologiques d'une part et, d'autre part, la fusion entre le pire du capitalisme (massification, consumérisme, dictature du conformisme, libertés illusoires, inégalités) et le pire du communisme (consumérisme, massification, contrôle social, étouffement des libertés, matérialisme - ce n'est pas pour rien que le marxisme est encore une matière obligatoire dans les universités).
Tout cela donne une image particulièrement inquiétante et conflictuelle des 30 prochaines années. Mais il augure d'une société pyramidale avec un tout petit sommet qui aura tout, et une base exceptionnellement large qui ne connaîtra que la précarité et à laquelle la virtualité sera proposée comme alternative.
Schwab est de ceux qui pensent qu'un conflit généralisé serait mortel pour la civilisation et engendrerait des destructions inconcevables même dans les guerres les plus destructrices du 20ème siècle.
C'est pourquoi, à partir de janvier 2023, ses deux orientations clés adoptées lors de la dernière réunion du Forum de Davos sont les suivantes :
- D'une part, reprendre à son compte les postulats de la religion transhumaniste,
- D'autre part, il est favorable à l'affaiblissement maximal des États modernes en transférant une partie de leur souveraineté à des instances internationales et, d'autre part, en faisant collaborer les entreprises avec les États dans la gestion politique et économique des communautés.
Cela mène directement à l'Agenda 2030. Schwab a déjà salué les efforts de l'Agenda 2030 lors du Sommet d'Abu Dhabi.
LA CERISE SUR LE GÂTEAU OU L'AGENDA 2030
Si vous l'avez remarqué, Pedro Sánchez n'a pas porté le pin's de l'Agenda 2030 pendant la campagne électorale. C'est normal : le projet est de plus en plus discrédité. S'il existe un certain consensus sur certains des points qu'il soutient (le changement climatique), il est loin d'y avoir unanimité sur la question de savoir si ce changement est "anthropogénique" comme le suggère l'Agenda ou s'il est le produit de différents mouvements et cycles planétaires. De plus, l'introduction de l'idéologie woke et des "études de genre", de manière obsessionnelle, ont contribué à ternir ce projet.
Qui promeut l'Agenda 2030 ? L'ONU et ses courroies de transmission (notamment l'UNESCO).
Il convient de dissiper un malentendu sur ce que sont chacune de ces organisations.
Plutôt que des "organismes internationaux composés de représentants des différents pays" (ceux-ci ne sont présents que dans le financement et l'Assemblée générale), il s'agit d'élites fonctionnaires issues de projets éculés d'"unification du monde" du 19ème siècle (voir article 1 et article 2). Elles ont des idées bien à elles et aspirent à être l'embryon d'un "gouvernement mondial". À cette fin, ils supposent qu'ils doivent effectuer un travail d'"ingénierie sociale" pour façonner la société de demain selon leurs projets mondialistes. L'un de ces projets est l'Agenda 2030.
Quelle est l'origine de l'Agenda 2030 (voir article) ?
- 2015 est l'année charnière : plusieurs réunions internationales ont lieu. Lors de la réunion en Turquie, les dirigeants du G20 signent l'"agenda" intitulé "Transformer notre monde : Agenda pour le développement durable". Son texte, avec des modifications et des ajouts, notamment générés par le covid et ses effets, est l'actuel Agenda 2030.
- Ce document comprend tous les "mots fétiches" qui sont également partagés dans les documents du Forum de Davos :
> Objectifs mondiaux > Développement durable
Objectifs mondiaux > Développement durable > Diversité > Changement climatique anthropique > Perspective de genre > Résilience
Perspective de genre > Résilience > Autonomisation > Gouvernance
> Autonomisation > Gouvernance
> Inclusion > Égalité...
- L'Agenda 2030 remplace les "Objectifs du Millénaire", le programme de l'ONU élaboré vers 1995 : ils sont très différents. Personne ne peut fermer les yeux sur eux. L'accent est mis sur l'écologie mondiale et le "développement durable" (le mot fétiche des "objectifs du millénaire" lancés par le Club de Rome dans son étude sur Les limites de la croissance en 1972).
L'Agenda 2030 est composé de " 17 objectifs " et de " 169 cibles " (il a été reformulé pour profiter de l'épidémie et tout objectif était lié au covid : par exemple, on disait que la pandémie compromettait les progrès de la " perspective de genre "... On disait que la moitié des travailleurs pourraient perdre leur emploi à cause de la pandémie...).
En principe, les titres des "objectifs" donnent l'impression d'un programme inoffensif : "mettre fin à la pauvreté", "lutter contre la faim dans le monde", "défendre l'environnement", "réduire les inégalités", etc. Personne de sensé ne peut être contre ces objectifs. Pourtant, quand on lit les textes des 17 objectifs, on voit bien ce qu'ils visent. En particulier sur 4 points : "la santé sexuelle et reproductive", "l'égalité des sexes", "l'éducation" et "le changement climatique anthropique". Le premier point est une réactualisation du vieux thème "malthusien" (voir Article 1 - Article 2 - Article 3) (réduire la population mondiale par tous les moyens), le deuxième résume les "études de genre" et s'inscrit dans cette perspective, et enfin, le troisième propose une éducation par l'Etat pour former à l'idéologie contenue dans le document lui-même. En revanche, ces trois thèmes sont toujours présents dans les quatorze autres points, jusqu'à des extrêmes ridicules.
L'idée qui suscite le plus d'intérêt médiatique est celle du changement climatique. Si Schwab esquisse le problème, pour l'ONU, il s'agit du thème central : le changement anthropique. D'où : énergie propre, renouvelable, non polluante, recyclage. Sur la base de statistiques et de données discutables et non confirmées, ou d'une "unanimité scientifique" qui ne l'est pas tant que cela (aujourd'hui, la communauté scientifique n'est même pas unanime sur l'acceptation du changement climatique, sans parler de ses causes et de ses effets), on suppose qu'il s'agit d'un résultat de l'action de la "race humaine" (c'est-à-dire de l'"espèce humaine", selon la classification de Linnaeus) sur l'environnement : il n'est pas du tout possible qu'il soit le résultat des différents mouvements de la planète qui ont généré les changements climatiques précédents, lorsque l'espèce humaine n'existait pas ou qu'elle n'avait pas atteint un niveau de développement industriel susceptible de perturber l'environnement. Le changement climatique a toujours existé et si l'on insiste aujourd'hui sur ce point, c'est précisément pour justifier le néo-malthusianisme et les mesures de réduction des naissances... surtout en "Occident".
Il s'agit d'un programme écrit pour le tiers-monde bien plus que pour le monde développé, mais la grande contradiction est qu'il n'est reconnu que dans le monde développé.
Il est notamment fait référence à des "institutions fortes" sur lesquelles s'appuyer pour "sauver l'humanité" de la crise climatique : l'ONU et ses filiales (UNESCO, OMS, etc.).
Forte de son "autorité morale", l'ONU exhorte les gouvernements nationaux à atteindre les 17 objectifs.
Il n'y a aucune référence aux questions techniques, ni aux processus de changement du monde qui auront lieu entre 2020 et 2030.
L'idée est de "sauver la planète". Il s'agit de la plus grande collection de clichés de bien-pensants, qui dépasse même le pire souvenir laissé par ZP.
Il promeut les changements alimentaires (végétalisme), la "consommation responsable" (sic), la "faim zéro", les "emplois décents", les "énergies propres et renouvelables", les "villes durables, sûres et résilientes", les "écosystèmes sains", l'"eau durable" et les "institutions fortes" dont l'ONU est l'"exemple".
Bien que l'on ait pris soin de fournir des arguments scientifiques et de la crédibilité grâce à l'appui de célébrités, la vérité est que sur le site web de l'ONU consacré à l'Agenda 2030, on peut clairement percevoir la vulgarité, la simplicité, la superficialité, la manipulation du langage, avec sa sémantique subversive, et l'intentionnalité grossière de l'ingénierie sociale qui, en soi, dément toute qualité et profondeur scientifiques et techniques.
Quelle est la force de l'Agenda 2030 ?
En ce qu'il est promu par l'ONU, qui aspire à être une structure supérieure aux États-nations (alors qu'en réalité, elle n'est, comme nous l'avons dit, qu'une clique de fonctionnaires mondialistes). En utilisant cette "ascendance" sur les États, l'ONU envoie les lignes directrices de l'Agenda 2030 aux gouvernements nationaux, et ceux-ci - en particulier les gouvernements de centre-gauche et de droite progressiste en Europe - ont tendance à les prendre en compte et à les traduire en mesures législatives. Mais cela ne se produit qu'en Occident (États-Unis + UE), avec un impact bien moindre dans d'autres pays, voire passant complètement inaperçu dans d'autres (en particulier en Eurasie : Russie + Chine).
La lecture de l'Agenda 2030 montre que ses rédacteurs sont prisonniers de la mythologie mondialiste née au 19ème siècle, à laquelle ils se sont limités à ajouter des mots fétiches et quelques idées wokistes (voir Article 1 - Article 2), certains thèmes des "gender studies", d'autres du néo-malthusianisme de ces milieux, et des idées sur le "changement climatique anthropique". Mais ils n'apportent absolument rien sur les développements technologiques ou sur les changements qui pourraient être apportés à l'avenir par les nouvelles technologies. Le document de l'Agenda 2030, loin d'être un produit de la "modernité enragée", est plutôt une réitération des thèmes du 19ème siècle (unification du monde, gouvernement mondial, bonté universelle, valeurs finalistes) auxquels ont été ajoutés des "notes autocollantes" résumées dans les "mots fétiches" que nous avons énumérés et des références opportunistes à l'actualité (à covid, par exemple) dans un but d'"ingénierie sociale".
QUELQUES CONCLUSIONS
1) Jusqu'à présent, ce que j'ai expliqué dans les conférences que j'ai données sur ce sujet en 2022 (voir l'article). Mais en l'espace de douze mois seulement, de nouveaux éléments sont apparus. En juin 2022, le conflit ukrainien n'avait pas encore montré ses conséquences. Aujourd'hui, c'est le cas, et c'est ce qui nous permet de dire: la mondialisation, telle qu'elle était comprise dans la période 1990-2019, est terminée (voir article).
2) À la suite des sanctions imposées par les États-Unis à la Russie et des positions adoptées par tous les pays favorables et défavorables, on peut affirmer que nous nous trouvons dans la première phase de la deuxième guerre froide et, à cette occasion, tout porte à croire qu'elle ne se terminera pas comme la première, mais que ce seront les États-Unis qui s'effondreront de l'intérieur en raison des erreurs accumulées et/ou des pressions extérieures (voir l'article) (voir l'article).
3) Ni le bloc eurasien (Chine + Russie) ni le bloc occidental (USA + UE) ne sont homogènes. La Russie a un projet national : devenir l'un des piliers d'un futur ordre multipolaire. La Chine, qui regroupe le pire du capitalisme et le pire du communisme, le consumérisme et l'obsession du contrôle démographique, aspire plutôt à l'hégémonie mondiale. Dans le bloc occidental, on assiste à une polarisation entre "ultra-progressistes" et "néo-conservateurs" : les premiers sont obsédés par les "études de genre", l'"antiracisme", le "wokisme", le "changement climatique", tandis que les seconds, qui ont perdu les structures traditionnelles, regardent avec admiration le sens de l'État qui est présent dans la Russie d'aujourd'hui.
4) On observe une polarisation croissante entre les deux blocs et, au sein de chaque bloc, entre les différentes positions, même s'il est vrai que la majorité de la population n'entre pas dans les schémas de la "guerre culturelle". Et ce pour deux raisons : a) les positions sont tellement antagonistes que toute forme de dialogue est impossible, b) la majorité de la population est soumise à un processus de neutralisation généré par les réseaux sociaux, les streamings, les divertissements de masse, la peur de l'avenir et un processus général d'acculturation. Depuis la parution en 1973 de L'ère technotronique de Z. Brzezinsky et les cours de Foucault au début des années 1970, il est clair qu'il s'agit de passer de la "biopolitique" (contrôle des corps) à la "psychopolitique" (contrôle des esprits). Ce processus est aujourd'hui à l'œuvre dans le monde entier (voir article).
5) Ce qu'il faut retenir, c'est que l'évolution historique de l'humanité a abouti à ce que Nietzsche appelait "le dernier homme" : l'homme-masse, dépourvu de traits identitaires, incapable de se moraliser, homogénéisé, standardisé, transformé en consommateur aliéné et en producteur intégré, incapable de porter des valeurs et des idéaux autres que ceux du simple consumérisme hédoniste. Il a même perdu ses instincts purement animaux. Il a même perdu le sens du soi, de la communauté, et a adopté un "look", c'est-à-dire un reflet de sa personnalité qui correspond au modèle dominant. Et rien ne peut être fait contre lui : c'est l'élément dominant de la société, le citoyen moyen, tant en "Eurasie" qu'en "Occident". (Voir article 1 et article 2)
6) Cette analyse, comme tout ce que nous écrivons, s'inscrit dans le cadre théorique de la "pensée traditionnelle" telle qu'elle a été énoncée par René Guénon dans La crise du monde moderne et Le règne de la quantité et les signes des temps, et surtout par Julius Evola dans la deuxième partie de Révolte contre le monde moderne. Ce cadre nous indique que nous vivons une période de transition entre un monde ancien qui n'est pas encore mort et qui est irrécupérable, et un monde nouveau qui n'est pas encore à l'horizon.
7) Ceci est d'une importance stratégique : nous ne pouvons pas résoudre le processus de déclin, il n'y a plus de structures sociales suffisamment fortes pour servir de "levier" et de plateforme pour un "redressement". La seule stratégie possible est donc la "stratégie du saumon" : il s'agit d'un poisson qui grandit dans les pires conditions de l'océan, puis retourne à ses origines, là où il est né pour frayer : il remonte le courant de la rivière, même sur plus de 1000 km à contre-courant, franchit les rapides en effectuant des sauts allant jusqu'à 3,5 m. Le voyage est menacé par des ours et d'autres animaux. Le long du parcours guettent des ours bruns et noirs, des loutres, des lions de mer, des pygargues à tête blanche, etc. Les saumons savent détecter ces dangers et les éviter, notamment en reconnaissant les excréments de ces animaux : ils se déplacent en frôlant le lit des rivières, souvent de nuit... Les meilleurs, les plus forts, ceux qui ont les instincts les plus développés survivent. Traduite en termes politiques, cette stratégie implique : clandestinité, catacombes, formation continue des cadres, sélection des "meilleurs" et non des "plus nombreux". Jusqu'à quand ? Evola reprenait les vers de Hugo von Hoffmansthal qui recommandait de "veiller dans la nuit noire, jusqu'à ce que l'on serre la main de ceux qui sont nés avec la nouvelle aube" (Voir l'article).
Je vous remercie de votre attention.
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dimanche, 12 février 2023
Psychopathologie de l'antifascisme. Entre le complexe de culpabilité et la frustration
Psychopathologie de l'antifascisme. Entre le complexe de culpabilité et la frustration
Ernesto Milà
Source: http://info-krisis.blogspot.com/2023/02/psicopatologia-del-antifascismo-entre.html?m=1
Ce que "je suis" - intolérant, dictatorial, dégénéré, violent, frustré, dépravé - je le projette sur "l'autre" et me "libère" ainsi du poids de la culpabilité. Ainsi naît l'"antifascisme" (et, par extension, tous les "antis"). Derrière toute forme d'irrationalité (et l'antifascisme en porte l'empreinte), ce qui existe est une maladie de l'âme. Il n'est pas rare que la gauche pro-verte, dans ses différentes variétés, soit unie par l'"antifascisme", précisément pour cacher l'échec de ses politiques et son orphelinat doctrinal. Lisez ci-dessous pourquoi un "antifa" devrait avoir sa propre salle dans le "musée des horreurs politiques"...
* * *
Amadeo Bordiga, secrétaire général du parti communiste italien dans les années 1920 et dissident du stalinisme, a littéralement dit: "Le pire du fascisme sera l'antifascisme". Cette phrase est confirmée par le suivi des pages "antifascistes" sur le web et par la vie quotidienne du pédrosanchisme (ndt: l'actuel socialisme en Espagne). Jusqu'à l'apparition d'Internet, l'antifascisme était un résidu impénétrable auquel seuls ses derniers Mohicans prêtaient attention. L'Internet en a fait la fenêtre ouverte d'une pathologie sociale, relativement complexe dans certains cas et plus simple que le mécanisme d'un pot à encastrer dans d'autres.
Mais qu'est-ce que le fascisme ?
Au sens propre et au sens premier, le fascisme est le mouvement politique italien créé par Benito Mussolini, lui-même socialiste au départ, par les futuristes et par les nationalistes italiens après la Première Guerre mondiale et qui a dirigé l'Italie pendant 20 ans, en cohabitant avec la monarchie de la dynastie des Savoie et en ayant une prolongation d'à peine deux ans dans la République sociale italienne. Historiquement parlant, il n'y a donc pas eu plus de fascisme que cela.
Du point de vue des typologies politiques, le terme "fascisme" est utilisé par généralisation abusive pour désigner les mouvements qui, d'une manière générale, présentent un degré élevé de similitude avec le fascisme italien, ce qui inclut des mouvements très divers, qui ont tous en commun les caractéristiques suivantes: nationalisme, mouvement de masse, interclassisme, anticommunisme et volonté de mettre en pratique une politique sociale avancée qui pourrait concurrencer celle menée par la gauche. Les composantes de ces mouvements, qui sont présents dans toutes les formes de fascisme, proviennent de sections de la gauche, de la bourgeoisie et d'anciens combattants de la Grande Guerre.
Il existe différentes interprétations historiques du fascisme. L'une des plus intéressantes est celle du professeur Zeev Sternhell, à laquelle il a consacré quatre de ses ouvrages. La thèse de Sternhell affirme que l'approche du pouvoir puis l'exercice du pouvoir ont contaminé le fascisme et l'ont détourné de son essence originelle. Ce n'est donc pas en Italie ou en Allemagne que l'on peut étudier les formes chimiquement pures du fascisme, mais en France où ce mouvement n'est pas arrivé au pouvoir (et n'a donc pas rectifié sa ligne en fonction des compromis nécessaires dans toute gestion du pouvoir), mais a eu une longue gestation idéologique qui a commencé avec les dissidents du socialisme (de Proudhon à Henry de Man), avec l'apparition du nationalisme intégral de Maurras et avec les soi-disant "non-conformistes des années 30" (le groupe Ordre Nouveau, Esprit, etc.). Pour Sternhell, il ne fait aucun doute que le fascisme était un nouveau mouvement politique, une alternative à la droite et à la gauche.
Mais il existe une troisième forme de fascisme, qui, plutôt qu'une catégorisation politique ou idéologique, est un terme (substantif ou adjectif) de propagande utilisé contre tel ou tel adversaire. Il est connu, par exemple, que plus un parti dévie vers la gauche, plus il considère le "spectre fasciste" comme large. Pour les Basques du HB, le "fascisme", c'est tout le reste du spectre politique espagnol, du PSOE à la Phalange, en passant par le PP, le PNV et le touriste de passage qui n'a pas été salué par un aurresku. Avant la Seconde Guerre mondiale, nous avons vu les staliniens qualifier les partis sociaux-démocrates de "social-fascistes" et, par extension, le fascisme serait toute forme de prévention contre le communisme, même la plus tiède.
Ceux qui considèrent la première définition du fascisme se concentrent sur une analyse historique rigoureuse; ceux qui assument la seconde, de préférence, contemplent les aspects idéologiques et doctrinaux du fascisme. Ces deux positions sont raisonnables et ne présupposent pas l'adhésion aux principes du fascisme ou à une quelconque organisation fasciste. C'est la troisième option qui nous permet de voir chez ceux qui la détiennent une psychopathologie, c'est-à-dire une "maladie de l'âme" ou une "perversion de l'esprit".
Dans la mentalité de ceux qui se définissent comme "Antifas", il y a quelque chose de cassé et de sombre. Il est clair comme de l'eau de roche que les Antifas ne sont pas les seuls à être soumis à la pathologie sociale que nous sommes sur le point de définir. On peut dire que l'entrée d'un virus dans l'organisme peut affecter l'hôte de nombreuses façons différentes, selon l'état de son système immunitaire et, depuis la "pandémie" que nous connaissons, il en existe aussi des "asymptomatiques". Cependant, chez ceux dont les défenses naturelles ont cessé d'exister, un tel virus peut être mortel. C'est ce qui arrive aux antifascistes...
Antifascisme unique et multiple
L'antifascisme est un phénomène unique dans l'histoire récente des idées. En fait, nous avons déjà dit qu'il ne s'agit pas d'une idée, mais d'une "pathologie de l'âme". Normalement, l'antifascisme apparaît chez les individus dont les "défenses" ont été affaiblies par la bactérie du "politiquement correct" qui s'est nichée dans leurs neurones et empêche le flux normal de la pensée. Cette "bactérie" génère des blocages dans certaines zones du cerveau et prédispose le virus de l'antifascisme à faire des ravages dans les "petites cellules grises" qui ne parviennent pas à établir les connexions neuronales habituelles d'un cerveau sain.
Ce qui est important, cependant, c'est de souligner que l'antifascisme n'apparaît que dans les esprits aplatis (et abrutis) par le politiquement correct, et seulement chez eux. Un esprit qui fonctionne selon des paramètres acceptables de rationalité, de logique, de bon sens et de capacité à enchaîner des syllogismes n'acceptera jamais la pensée unique ou le politiquement correct, et sera donc doté de défenses naturelles pour rejeter d'autres états dégénératifs du cerveau.
Ainsi, dans toutes les formes d'antifascisme, il y a un renoncement et une impossibilité, nés de la maladie elle-même : il est impossible pour le sujet affecté de penser au-delà de la limite marquée par le politiquement correct, comme si cette frontière était une finís terrae, au-delà de laquelle il n'y a qu'une zone inconnue qu'il vaut mieux ne pas pénétrer ou connaître. Cela génère des aprioris qui l'empêchent de voir la réalité telle qu'elle est, c'est-à-dire objectivement.
Ce problème donne lieu à trois types d'antifascisme, en fonction de leur intensité et de leur origine :
1) Antifascisme inerte : c'est celui du citoyen moyen qui suit passivement la politique, ne se préoccupe ni d'adopter une position active - sauf dans des occasions très précises, toujours dans des épisodes de masse - ni de rechercher les causes ultimes, il lui suffit que les "leaders d'opinion" soient plus ou moins antifascistes pour que ce type de citoyen adhère à ce courant général. A force d'entendre parler de "fascisme" et de l'identifier au mal absolu, son manque d'énergie mentale le conduit à accepter le slogan attribué à Big Brother : "Ne pensez pas, Big Brother pense pour vous". Et Big Brother dit que le fascisme est mauvais, donc qu'il doit être condamné. C'est une façon d'être antifa, mais sans l'exercer. Une partie importante de la société est affligée de cette maladie de l'âme qui, au fond, n'est rien d'autre qu'une forme de paresse mentale.
2) Antifascisme politique : beaucoup plus conscient que le précédent, il est généralement utilisé par l'agit-prop du parti pour accuser l'adversaire d'être un "fasciste". Il est également utilisé par certaines ONG qui qualifient de "fasciste" toute personne qui conteste leur raisonnement. Ces ONG, dont le "Mouvement contre l'intolérance" ou "SOS Racisme" en sont la caricature la plus choquante, affirment que les médias, les gouvernements, la police et la société elle-même, cachent la réalité : le fascisme, avec ses séquelles, la xénophobie et le racisme, est vivant et actif et agit dans l'ombre. Quiconque appelle le siège de ces ONG et rapporte qu'"il a entendu dire que le cousin du beau-frère du frère du portier de la maison où vit le garçon qui sort avec sa sœur, a entendu dire que dans la discothèque où il sort tous les samedis, il y a eu une bagarre et qu'un type a tiré deux fois sur un nano qui l'a laissé cucufati....." verra comment sa "dénonciation" sera enregistrée par les scribes de ces ONG et utilisée pour cautionner leur "travail" qui, évidemment, mérite d'être récompensé par de juteuses subventions que, par ailleurs, personne ne contrôle. Quel est l'intérêt de confirmer des données provenant de personnes venues d'on ne sait où ? Le fascisme est intrinsèquement pervers, donc tout ce qui est mis à son crédit est incontestablement vrai, et il est même légitime d'inventer des faits inexistants afin de faire prendre conscience à la société du mal absolu.
3) Antifascisme viscéral : il s'agit du type d'antifascisme caractéristique de ceux qui font de l'antifascisme le centre de leur vie. Si vous demandez à un squatter, ou à Ada Colau, sa marraine, de se définir politiquement, la première chose qu'il dira est "Mon pote, je suis antifa". C'est tout. La variété inférieure de ce spécimen est, en Espagne, celle qui relie l'indépendantisme catalan (ou basque) à l'antifascisme. Chez ces derniers, le virus a fait les plus grands ravages mentaux. Il vaut la peine de regarder les sites web des indépendantistes catalans et basques où le primitivisme et l'irrationalisme inhérents à tout nationalisme (le nationalisme n'est que viscèral, sentimental, émotif et use d'une mythologie ad hoc) sont renforcés par des considérations antifascistes. Pour un indépendantiste, le "facha" est toute personne qui n'est pas entièrement déterminée à jeter le pays dans la centrifugeuse. Quiconque a décidé de ne parler qu'espagnol en Catalogne est un "facha", et il importe peu qu'il ait des arguments suffisants pour refuser d'apprendre le catalan ou renoncer volontairement à le parler. C'est un "facha", point final. C'est le verdict des Talibans de la langue.
Nous pourrions parler d'une quatrième variété d'antifascisme, minoritaire et, oui, petite, ce qui nous empêche de la joindre aux trois précédentes. Il s'agit de l'antifascisme affiché par certains qui sont parfaitement conscients de l'arrière-plan idéologique du fascisme, mais qui ont peur de montrer leur adhésion à celui-ci, ou bien qui sont conscients de leur incapacité à être fascistes. J'ai vu des journalistes qui auraient aimé mener une vie aventureuse comme bon nombre des "fascistes" qu'ils ont rencontrés. Ils ont enquêté sur leurs pérégrinations pour être surpris de voir à quel point certains militants qui, dans les années 70 et 80, étaient encore fidèles au fascisme, étaient capables de s'y attaquer. Pour eux, "vivre dangereusement" était un mode de vie, bien plus qu'une phrase d'accroche ou un slogan. Je connais plus d'une demi-douzaine de journalistes, vivants et morts, qui correspondent à cette caractéristique, un échantillon trop petit pour être extrapolé en une catégorie universelle.
De même, j'en ai vu d'autres qui étaient membres de groupes fascistes dans les années 1960, qui l'ont fait avec entêtement et conviction idéologique, jusqu'au jour où ils sont arrivés à l'université et ont réalisé qu'à cette époque, soit vous étiez un militant de gauche, soit il était impossible d'arriver au cours sans être agressé. De plus, à cette époque, l'attrait principal des groupes de gauche était qu'ils avaient des filles... il y avait des gens qui étaient incapables de flirter et d'avoir assez d'aplomb pour aborder une femme, qui ne pouvaient faire l'expérience de cette chaleur que dans un groupe de gauche (bien sûr, après 1977, le gros du militantisme politique féminin s'est déplacé vers Fuerza Nueva, surtout à Madrid, ce qui coïncide avec la démobilisation de la gauche militante). Beaucoup ont milité dans ces groupes de gauche, ont dû lire les ouvrages illisibles de Nikos Poulantzas, Castoriadis, Debray, ou les résolutions soporifiques de la Quatrième Internationale, simplement pour pouvoir jouer les intellectuels devant les riches femmes de gauche et attirer leur attention en récitant les meilleures philippiques antifascistes comme le pigeon attire sa femelle avec son roucoulement. Tous ceux-là - qui n'étaient pas peu nombreux mais ne le sont plus - peuvent être appelés "antifascistes vaginotropes". "Quico el progre" (le personnage imaginé par le regretté Perich) avait beaucoup de cela et n'était certainement pas une caricature, mais la quintessence des pauvres diables qui étaient dans l'"opposition démocratique au franquisme" désormais mythifiée.
La psychopathologie de l'antifascisme
L'âme antifasciste, aujourd'hui, au 21ème siècle, oscille entre un complexe de culpabilité et la frustration.
Le complexe de culpabilité consiste à entretenir dans son subconscient l'intime conviction que l'on est coupable (pour n'importe quelle raison: de penser comme un prolétaire et de vivre comme un bourgeois, de ne pas vivre aux crochets de ses parents mais d'être incapable de leur témoigner de la reconnaissance, de l'estime et de l'affection, de se solidariser avec la dernière "lutte de libération" au dernier coin du monde mais d'être incapable d'aller plus loin, de faire plus d'efforts ou de porter la solidarité à des dimensions concrètes et appréciables, etc.)
Il y a un fait sociologique qui mérite d'être noté : l'abondance d'individus ayant une éducation chrétienne que l'on retrouve dans les milieux antifascistes. En fait, tout le sentiment indépendantiste catalan actuel a une matrice boy-scout qui dérive des ordres religieux qui, dans les années 1960-90, ont inspiré ce mouvement et l'ont imprégné de valeurs "chrétiennes".
Les chrétiens "engagés" ont été éduqués à la notion de "péché". Le péché est une faute par action, omission, pensée, etc. Un être humain, par le simple fait de se lever du lit, alors qu'il préférerait continuer à se reposer, pèche (c'est le péché de paresse). La notion de péché et l'impossibilité d'y échapper entraînent un complexe de culpabilité permanent. D'où l'importance du sacrement de la confession et de l'absolution. C'est comme passer sa conscience à la machine à laver. Elle consiste à faire table rase du passé afin de réduire le sentiment de culpabilité, tout en générant un "but d'amendement". Du point de vue psychologique, il était nécessaire de compenser le risque omniprésent de pécher par un remède purificateur et, en même temps, par un enseignement moral visant à améliorer le comportement. "Je pèche, je sais que j'ai péché, je me confesse, j'écoute les conseils moraux du prêtre, je fais pénitence, je quitte le temple renouvelé". L'habileté du christianisme a été de débloquer la psyché des tendances les plus basses et de considérer la vie comme "un chemin de perfection". Malheureusement, cette conception n'est pas celle qui a cours dans la société actuelle, alors qu'arrive-t-il à quelqu'un qui "pèche", qui sait qu'il a fait ou pensé quelque chose de mal ou simplement de mauvais, et qui n'a pas la possibilité de "laver sa conscience" au moyen d'une vision du monde qui l'encourage à poursuivre sur le "chemin de la perfection" ?
Habituellement, les complexes de culpabilité créent une baisse de l'estime de soi qui peut même conduire à la dépression ou au suicide. D'un point de vue psychologique, il est essentiel que les personnes souffrant d'un complexe de culpabilité soient capables de le reconnaître, plutôt que de le garder latent dans les détours les plus sombres de leur psyché. Une vie psychologique saine et normale est incompatible avec l'existence de profonds complexes de culpabilité. Le processus mental par lequel l'esprit se protège des effets délétères de ces complexes est de les sublimer: "Oui, je suis coupable parce que je me branle... oui, je suis coupable parce que je ne fais pas assez pour les enfants du Brésil, oui, je suis coupable parce que le monde souffre et que je suis ici si heureux de vivre aux crochets de papa et maman... mais - et voilà la sublimation - il y en a d'autres qui sont PLUS coupables que moi : les fascistes, par exemple".
Ce processus de sublimation conduit à la première forme d'antifascisme psychologique. Qu'est-ce qu'un antifa ? Très simple: une personne coupable de quelque chose, qui a banni ce complexe dans les profondeurs de son subconscient et qui couvre cette culpabilité en forgeant l'image de quelqu'un de plus "coupable" que lui, projetant sur "l'autre" ses propres obsessions.
Ensuite, il y a le complexe de frustration. Il est normal pour chacun dans la vie de nourrir certaines frustrations. Une frustration est un désir définitivement inassouvi. Il y a souvent des personnes "progressistes", "de gauche", qui sont en permanence insatisfaites (à droite, ce pourcentage est plus faible en raison du pessimisme de ce milieu, qui s'est trop souvent limité à être les "Cassandre" de la société, la prophétesse qui voyait l'avenir et dont personne ne croyait les prédictions), insatisfaites du présent qui a été construit, précisément, sur les valeurs de la gauche. De la même manière que les personnes affligées d'un complexe de culpabilité le dissimulent par le processus de sublimation comme nous l'avons vu, la frustration du présent est couverte par des références permanentes au passé, un retour en arrière obsessionnel, souvent colérique et violent. C'est une forme d'antifascisme qui, en Espagne, a été appelée "mémoire historique". La gauche se tourne vers le passé pour éviter d'être horrifiée par le présent qu'elle a construit: dans l'éducation, dans l'immigration, dans la sécurité, dans la santé, dans la fiscalité, dans l'économie, dans les valeurs... Il est beaucoup plus confortable et réconfortant de regarder en arrière et de chercher les tombes des fusillés du régime franquiste (qui, dans de nombreux cas, s'avèrent être les victimes des miliciens rouges incontrôlés..., ce qui augmente encore plus la frustration et le blocage émotionnel dont ils souffrent) que de regarder le présent inquiétant et l'avenir incertain auxquels conduisent l'usage et l'abus des valeurs "progressistes" si chères à toutes les variétés entomologiques de la gauche.
Cette gauche, qui n'a pas d'avenir, n'a que l'alternative de se tourner vers le passé. Leur vie a été une frustration permanente. L'antifascisme est la seule chose qui leur reste pour donner un sens à leur vie. Aujourd'hui, le franquisme n'existe plus, mais dans un village, dans une région reculée d'Espagne, on est prêt à trouver une plaque de rue portant le nom d'un dirigeant de la Phalange tombé dans une bataille inconnue. Ou une tombe dans laquelle on ne sait pas qui est enterré.
Il resterait à parler d'un certain antifascisme pratiqué par les groupes de jeunes, auquel, outre le schéma du "complexe de culpabilité", la "frustration" est également très présente. Il semble évident que de nombreux jeunes ne se sentent pas compétitifs aujourd'hui, et se considèrent comme de véritables ratés, comme des sous-produits des lois sur l'éducation, toutes pires les unes que les autres, promulguées depuis 1973. Pour eux, le "facha" est le "gagnant". Ce n'est pas qu'ils conçoivent la lutte des classes entre exploités et exploiteurs, c'est qu'ils l'ont transférée sur le terrain du "succès" ou de l'"échec" et qu'il leur est impossible de penser à une autre mesure du succès que la propriété et l'argent. Quiconque possède des "biens" et de l'"argent" ne peut constituer pour eux que des "signes extérieurs" du "fascisme". Cela leur donne une raison suffisante pour le détester. La frustration, quant à elle, exalte cette haine et la rend inconditionnelle, irrationnelle, viscérale, sans appel. Ce manque de compétitivité idéologique, personnelle, politique, sociale, une caractéristique trop évidente qui est présente dans tous les sites et blogs antifascistes.
Enfin, les antifascistes qui sont également pro-indépendantiste (catalan ou basque) méritent une brève note. Leur pirouette est remarquable : ils combinent leur frustration personnelle avec celle qu'ils attribuent à une "nation". La Catalogne, qui faisait partie du royaume d'Aragon, n'a pas gagné de batailles, sur base de ses seules forces, depuis le 13ème siècle. De Muret aux 8 secondes d'"indépendance" décrétées par Puigdemont lors de cette mémorable session du "parlement" il y a cinq ans. Toutes les commémorations indépendantistes sont, inévitablement, des célébrations de défaites, sublimant ces défaites pour cacher le complexe de frustration latent de l'indépendantisme. "Le jour où la Catalogne sera libre, les meilleurs moments reviendront", quoi ? Peu importe, cela arrivera le jour où la Catalogne sera libre. La frustration disparaîtra alors. L'indépendance reconstruira l'histoire de la Catalogne sur la base d'une seule et improbable "victoire" à partir de laquelle la "vraie histoire" commencera: l'indépendance elle-même. C'est le vieux rêve messianique: "L'histoire commence avec moi, avant moi il n'y avait rien. Qu'est-ce qui m'empêche d'être moi-même ? L'Espagne fasciste".
En réalité, l'antifa indépendantiste occulte le passé en reconstruisant une histoire ad usum delphini, et projette ses illusions pour un futur improbable (une Catalogne indépendante est aussi viable qu'un stand de bonbons mous devant une clinique pour diabétiques) en situant le fait triomphal de l'indépendance de la Catalogne comme une fin de l'histoire et une entrée dans des temps mythiques dans lesquels la Catalogne "sera riche et pleine".
Cela dit, êtes-vous antifa ? Regardez vous, car ce que vous avez est un gros problème (psychologique voire psychiatrique) et ce n'est pas le fascisme qui est le problème, mais votre vie elle-même.
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jeudi, 09 février 2023
Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle
Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle
Ernesto Milà
Bron: http://info-krisis.blogspot.com/2023/01/el-ciclo-se-cierr...
Nous reproduisons la préface de l'édition espagnole de la brochure de la Fondation Julius Evola, El ciclo se cierra - Americanismo y Bolchevismo 1929-1969 (= "Le cycle se referme - américanisme et bolchevisme 1929-1969"). L'ouvrage rassemble trois essais publiés respectivement en 1929 dans La Nuova Antologia, en 1934 dans la première édition de Rivolta contro il Mondo Moderno et en 1969 dans l'édition révisée du même livre. L'ouvrage a été préfacé en 1991 par Gianfranco De Turris. Compte tenu du temps écoulé, nous nous sommes sentis obligés de préparer une préface à l'édition espagnole dans laquelle nous mettons à jour la théorie évolienne sur l'américanisme et le bolchevisme, les deux extrémités de la même tenaille qui menace l'Europe, à la lumière des derniers développements post-pandémiques et jusqu'à la réunion du Forum de Davos du week-end dernier. Un siècle plus tard, et avec la mise à jour ultérieure, la théorie est toujours valable. Le livre sera disponible pour le public le 1er février 2023.
Julius Evola
Le cycle se termine
Américanisme et bolchevisme 1929-1969
Je connaissais deux des trois versions du même essai rassemblées dans ce volume : celle publiée dans La Nuova Antologia, incorporée dans un volume de compilation d'articles de Julius Evola, publié dans la même revue (Edizioni di Ar, Padoue, 1970), et celle incluse comme chapitre final de l'édition de 1969 pour Rivolta contro il mondo moderno (Edizioni Mediterranee, Rome, 1969) que, initialement, j'avais lue en français dans la version publiée en 1973 par les Éditions de l'Homme (Québec) et qui contient quelques différences avec l'édition italienne. J'ignorais cependant les différences entre le texte du volume de la première édition de Rivolta (1934) qui est également inclus dans le volume. La comparaison des trois essais est brillamment réalisée par Gianfranco de Turris, il n'est donc pas nécessaire de faire de commentaire. Quoi qu'il en soit, étant donné le temps qui s'est écoulé entre la date de cette introduction de De Turris et la dernière version du texte (1973), il est presque obligatoire d'ajouter quelques paragraphes pour confirmer que les intuitions d'Evola, formulées pour la première fois il y a près d'un siècle, se réalisent avec une étonnante précision.
L'idée véhiculée par les trois textes est qu'il y avait une identité de fond, mais pas de forme, entre les modèles soviétique et américain. La dépersonnalisation, la matérialisation, la réification de l'être humain, le machinisme et le culte de la technologie semblent être les destins des deux régimes. La principale objection à ce texte est que, bien qu'Evola ait prévu que l'URSS tenterait d'étendre ses tentacules dans le monde entier, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ce processus semble s'être arrêté et seul le "visage amical", celui présenté par les États-Unis, subsiste. Par conséquent, les différences entre le contenu des trois éditions et la réalité seraient telles que le texte serait supplanté et complètement réfuté. Ce n'est pas le cas.
Il est frappant de constater que ni Evola en 1929, 1934 ou 1973 ne mentionne la République populaire de Chine, ni De Turris n'y fait la moindre allusion près de vingt ans plus tard. Nous allons tenter d'expliquer cette omission.
En 1929, le communisme chinois était pratiquement sans intérêt. Il avait été fondé en 1921 et pendant six ans, il est resté dans l'ombre du Kuomintang, jusqu'à ce que le chef militaire de ce parti, Chiang Kai-shek, retourne ses armes contre les communistes. Les communistes ont répondu en renforçant leur appareil militaire et en déclenchant une guerre civile qui a sévi en deux phases, de 1927 à 1937 puis, après l'arrivée des Japonais et leur défaite ultérieure, de 1945 à 1948. En 1973, le parti communiste chinois était au pouvoir depuis près d'un quart de siècle et avait même ses antennes à l'Ouest, dans les partis communistes dissidents opposés à la ligne de Moscou. Le "modèle maoïste" était devenu relativement populaire depuis mai 1968 et, dans ses secteurs les plus folkloriques, le "costume Mao" était le costume de tous les jours.
À partir de 1965, avec l'éclatement du conflit sino-soviétique et même des affrontements armés dans la région d'Oussouri, on avait le sentiment que les communistes russes et chinois finiraient par s'entre-déchirer. Mais après le désaccord initial entre les successeurs de Staline et le gouvernement de Pékin, les hauts et les bas du développement du communisme chinois, l'échec de certaines de ses campagnes et une certaine instabilité interne due à la lutte entre les factions, Mao a fini par promouvoir la "grande révolution culturelle" pour se maintenir au pouvoir et laisser des groupes de "gardes rouges" fous et fanatiques détruire ses opposants au sein du parti (et ce qui restait de la tradition millénaire chinoise dans le processus).
En Italie, des groupes néo-fascistes apparaissent qui s'identifient à la cause maoïste (voir le numéro LXXV de la Revue d'histoire du fascisme, consacrée à ce sujet). Evola les a critiqués assez durement, niant que le maoïsme était substantiellement différent du communisme russe. Mais tout porte à croire qu'il n'a pas accordé une importance particulière au phénomène chinois, ni prévu quels pourraient être ses développements futurs. Lorsqu'il a réécrit l'édition 1973 de Rivolta, les Etats-Unis pratiquaient une "politique de ping-pong". Henry Kissinger d'abord, puis Nixon, se rendent en Chine et scellent un pacte antisoviétique. Mais même à cette époque, la Chine était considérée en Europe comme un vaste foyer de plus d'un milliard d'habitants, dont la plupart vivaient sous le seuil du sous-développement et étaient gouvernés par une bureaucratie qui, à l'instar de la bureaucratie soviétique, ne pourrait jamais atteindre le niveau de vie des pays développés.
Trois ans plus tard, Mao meurt et les événements semblent donner raison à ceux qui prédisaient la stagnation du modèle chinois. En 1976, d'ailleurs, les partis maoïstes avaient presque partout dans le monde disparu, étaient entrés dans un processus de scission interne et d'usure, s'étaient reconvertis dans des formes très éloignées du modèle chinois, débattaient pour savoir si l'orthodoxie marxiste était présente en Chine ou en Albanie, et même le Parti communiste d'Espagne (marxiste-léniniste) et sa triste extension, le Front révolutionnaire antifasciste et patriote, diffusaient sur les ondes de Radio Albanie des invectives contre le "révisionnisme chinois".
Mais, à la fin de cette décennie, un nouveau phénomène s'est produit dans le monde capitaliste. Si jusqu'alors et depuis le début de l'après-guerre, la conception officielle du capitalisme était celle exposée par John Maynard Keynes, l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, avec des idées très différentes, inspirées par l'école autrichienne d'économie, qui avaient été considérées jusqu'alors comme de véritables folies et comme des manifestations excentriques, a imposé un nouveau cap. Cela avait d'ailleurs déjà été expérimenté dans le Chili du général Augusto Pinochet, mais avait échoué lamentablement. À Santiago, en 1980, on se souvenait encore avec amertume de la fermeture de l'entreprise nationale d'allumettes parce que les "Chicago Boy's" avaient réussi à obtenir du gouvernement qu'il autorise l'entrée d'allumettes fabriquées au Canada à des prix beaucoup plus bas. Cependant, ces théories, bien que leur efficacité n'ait pas du tout été prouvée dans la pratique, ont incité Thatcher à initier une politique "néo-libérale" basée sur la privatisation, l'ouverture et la dérégulation des marchés, l'abandon de toute mesure "protectionniste" et le strict respect du principe libéral de la primauté des marchés avec une abstention totale de l'Etat de participer à la vie économique.
Thatcher n'aurait pas survécu aux protestations sociales générées par cette mutation du modèle économique si deux phénomènes ne s'étaient produits en peu de temps: premièrement, une clique ultra-conservatrice armée des mêmes idéaux économiques est arrivée au pouvoir aux États-Unis; deuxièmement, la guerre des Malouines a non seulement frappé de plein fouet la junte militaire qui dirigeait l'Argentine, mais a également élevé Margaret Thatcher au rang de "leader triomphant". Bien que le Royaume-Uni ait cessé depuis longtemps d'être un "empire", que sa puissance ait été fortement diminuée et qu'il n'ait plus eu que peu de poids sur la scène internationale, il a été aidé par le revirement de la politique américaine après les échecs des gouvernements qui ont suivi la démission de Richard Nixon (Gerald Ford, 1974-77 et Jimmy Carter, 1977-1981), tous deux fortement usés par les victoires du communisme en Asie du Sud-Est, et par la montée de la révolution islamique en Iran, ainsi que par l'action délétère - dans le cas de Carter - de la Commission trilatérale, ont conduit le "tournant conservateur" sur le plan politique... et néolibéral sur le plan économique...
Sous l'administration Reagan, les relations avec la Chine ont été maintenues telles qu'elles l'avaient été sous l'ère Nixon et ont continué à l'être pendant la phase d'effondrement de l'URSS, ouverte par la confluence de différentes circonstances (l'usure que la guerre en Afghanistan entraînait pour l'URSS, l'impossibilité pour le budget soviétique de payer la guerre en Afghanistan), ensuite l'incapacité du budget soviétique à répondre à l'initiative en matière d'armement connue sous le nom de "Guerre des étoiles", l'arrivée d'un pape polonais au Vatican qui a directement déclenché les vagues de grèves à Dantzig et a ainsi tendu à briser le système d'alliance soviétique du Pacte de Varsovie, entre autres). Après la guerre du Koweït, les Etats-Unis n'ont pas hésité à se définir comme "la seule puissance mondiale". Et, en fait, c'est le cas. L'année-clé était 1991. Les "démocraties" semblaient avoir gagné. La Chine est restée dans sa prostration, sortant à peine du sous-développement. Elle ne faisait pas le poids face à la puissance américaine. Les "théoriciens" néo-libéraux ont alors lancé leur appel: ils ont interprété, à travers Huntington et Fukuyama, que la supériorité morale des Etats-Unis était à l'origine de leur victoire dans la guerre froide et que, désormais, leur pédagogie devait être orientée vers la conquête du reste du monde à leur cause : le modèle du néolibéralisme, les valeurs du "plus riche, plus vite", le culte du travail et de la réussite et la subordination au principe du collectif imposé par la loi de la quantité dans les consultations électorales : le poids des chiffres transformé en légitimation politique. Aucun stratège américain ne doutait que la République populaire de Chine serait également touchée par ce changement de valeurs dès que les relations commerciales avec elle s'intensifieraient.
À ces idées s'en ajoutait une autre de nature purement économique. Comme le souligne l'analyse d'Evola dans les trois essais qui suivent, l'optimisation du rendement, du profit, de la rentabilité et de l'usure, considérés comme la base de la "pensée américaine" (libérale ou conservatrice, en cela ils ne sont pas différents), impliquerait la création d'une "économie globale" qui finirait par unifier le monde sous les "lois vertueuses du marché". Ce postulat, qui a ouvert le processus de "mondialisation" économique, était parallèle au "mondialisme" (c'est-à-dire la mise en œuvre d'une "culture mondiale", d'une "religion mondiale", d'un "gouvernement mondial" et de l'"unification de l'humanité" prêchée par les cercles théosophiques, utopiques et occultistes depuis le milieu du 19ème siècle).
La Chine, qui avait alors déjà dépassé les 1,2 milliard d'habitants, ne semblait pas compter pour les plans du "Nouvel ordre mondial": on pensait que faciliter le développement de la République populaire de Chine entraînerait automatiquement un revirement politique et que le pays rejoindrait les "démocraties", le système universellement accepté comme sain et miraculeux. Et puis les théoriciens de la mondialisation ont déclenché un nouveau phénomène, une autoroute à double sens: la "délocalisation des entreprises" tendait à augmenter les bénéfices des entreprises en produisant là où le coût de la main-d'œuvre était le moins cher et les matières premières les plus proches. Ce processus a suivi une direction Sud-Nord et Ouest-Est. D'autre part, il s'agissait également de maintenir l'industrie qui pouvait être compétitive dans les pays occidentaux, pour laquelle les portes ont été ouvertes à l'immigration afin de tenter de "gagner en compétitivité" grâce à l'afflux massif de main-d'œuvre bon marché. La direction de ce deuxième processus était du sud au nord et de l'est à l'ouest.
Bien que les conséquences de cette autoroute à double sens soient claires et que personne ne puisse se faire d'illusions sur son résultat, elle a été mise en œuvre de manière suicidaire, uniquement parce que les grands trusts, les multinationales, les consortiums de grandes entreprises, ont vu leurs bénéfices augmenter. D'autre part, c'était une façon de tirer parti des ressources apparues avec "l'ère de l'information" et des phénomènes techniques qui ont accompagné la "troisième révolution industrielle". Sans la micropuce, rien de tout cela n'aurait été possible.
Le résultat ne s'est pas fait attendre. La Chine a vu ses parcs industriels se développer en quelques années au point de devenir "l'usine planétaire" par excellence. Si Evola met en évidence le fait que le bolchevisme soviétique s'est appuyé sur des couches primitives de la population slave, généralement soumises au pouvoir, c'est à plus forte raison que la population chinoise, marquée par des millénaires de mandarinat, a pu apporter les meilleures énergies de sa vie, non pas à la famille, non pas à la culture de ses propres qualités, non pas à l'approfondissement de sa propre tradition, non pas au travail de perfectionnement intérieur, qui, après tout, devrait être le grand objectif humain, mais à la production de biens et de services. Le résultat est qu'en à peine un quart de siècle, entre 1992 et 2015, ce pays, qui comptait déjà 1,4 milliard d'habitants, est devenu une superpuissance industrielle et financière avec ses propres techniciens formés dans les meilleures universités du monde qui, inévitablement, sont retournés en Chine à la fin de leur formation, contribuant ainsi à augmenter sa capacité de production, mais aussi son propre niveau de vie.
C'est ainsi qu'est né le grand paradoxe: c'est le néolibéralisme, et non la puissance des armes doctrinales du marxisme-léninisme ou de la "pensée Mao Tsé Toung", qui a fait de la Chine une puissance mondiale. La grande habileté du régime chinois a consisté à rester une dictature communiste classique, avec son appareil de propagande et sa censure, ses systèmes de répression, la diffusion de son idéologie diffsée dans des cours obligatoires et parmi la population par l'utilisation massive des médias de masse et de procédures invasives, c'est-à-dire toutes ces ressources typiques de tout système dictatorial, combinées aux caractéristiques les plus attrayantes pour les masses: loisirs, niveau de vie élevé, consommation comme seul objectif, divertissement, etc.
La Chine a combiné le pire du communisme (maintien d'une ligne de masse dictatoriale, volonté délibérée d'annuler la personnalité et pouvoir techno-bureaucratique centralisé et inflexible) avec le pire du capitalisme (exploitation, aliénation, infantilisation des masses). Un pouvoir fort et des masses reconnaissantes de leur assujettissement.
Il n'y a eu ni vainqueurs ni vaincus, à l'exception de l'avancée imparable de "La Bête sans nom". Ni le capitalisme n'a été vaincu par le communisme, ni l'inverse. Il y a eu une synthèse de l'un et de l'autre dans le "modèle chinois": comme le dit la propre propagande du régime, "un pays, deux systèmes". Tous deux sont sortis renforcés de cette entente cordiale. Massification, collectivisme, machinisme, technologies invasives, êtres sans visage qui, à la fin de leur journée de travail, deviennent des consommateurs compulsifs, entre le shopping effréné et la passivité conformiste du divertissement, avec un conformisme qui trouve ses racines dans les racines ethniques ancestrales exercées par les mandarinats, les hauts fonctionnaires tout-puissants qui dirigent la Chine depuis 3000 ans. Fini les "gardes rouges" brandissant le petit livre de Mao Tse Tung, comme dans les années 1960 ; ils ont été remplacés par le triste spectacle de masses de gens se déplaçant compulsivement à l'intérieur de gigantesques centres commerciaux, déferlant dans des rues pleines d'anonymes ou à l'intérieur de gratte-ciel récemment achevés. Toujours dos à leurs racines, toujours amputés de leurs traditions, toujours sans identité, avec la ruche ou la fourmilière comme modèles de vie collective. Après cela, nous voyons la concrétisation exacte de la phase finale du cycle telle que Julius Evola l'avait intuitionnée il y a près d'un siècle.
La Chine d'aujourd'hui est la synthèse de ce que la Russie et les Etats-Unis qu'Evola a connus de son vivant étaient hier. C'est l'élément qui doit être ajouté comme corollaire à l'analyse d'Evola dans les trois essais qui composent ce volume. Ce n'est pas qu'Evola se soit trompé dans son analyse: celle-ci était non seulement précise, mais aussi extrêmement lucide et anticipatrice. Il ne restait plus qu'à ajouter l'évolution du processus au cours des dernières décennies. Il y a des variations dans la forme, mais pas du tout dans le fond. Ce sont les chemins que l'on parcourt aujourd'hui d'un pas ferme, voire accéléré par rapport aux périodes récentes, vers "La Bête sans nom", le royaume des masses omniprésentes. Le Mandarinat chinois répand urbi et orbi, sur les ruines de l'effondrement de l'URSS et de la crise actuelle de l'"américanisme".
Les gigantesques centres commerciaux chinois, les 1.400 millions d'êtres humains pris dans un délire consumériste, tandis que des haut-parleurs retentissent les slogans du parti, les grands milliardaires inévitablement affiliés au Parti fondé par Mao, la soumission d'une société qui n'est libre que de consommer et de travailler, mais constamment surveillée par des centaines de millions de caméras réparties dans toutes les rues, qui a volontairement placé dans la main de chacun de ses membres un téléphone portable avec lequel il alimentera en permanence le "big-data" (ce n'est pas en vain que la 5G qui rend cette technologie possible a son origine en Chine d'où elle rayonne dans le monde entier), permettant, grâce à l'Intelligence Artificielle, au "système" de connaître jusque dans ses moindres mouvements, gestes et intentions, mieux qu'il ne pourra jamais se connaître lui-même? C'est la Chine d'aujourd'hui. Et c'est vers ce modèle, étendu à l'Est et à l'Ouest, que nous nous dirigeons.
Le lecteur observera et comparera les trois textes d'Evola, écrits dans des circonstances historiques différentes (pendant la première forme de bolchevisme et le grand élan de l'américanisation du monde après la Première Guerre mondiale; le second pendant le stalinisme et après le krach de 1929, à l'époque des fascismes; et le dernier dans les années des fascismes; et le dernier, dans les années de la guerre froide, avec la confrontation géopolitique USA-URSS) avec la situation actuelle et percevront clairement que le Baron non seulement n'avait pas tort, mais qu'il a anticipé exactement les caractéristiques présentes aujourd'hui dans la post-modernité et dont la République populaire de Chine est la synthèse, l'exemple et la direction vers laquelle le monde se dirige main dans la main avec les technologies modernes.
En fait, même dans le transhumanisme occidental, le spectre même de la "Bête sans nom" est présent, qui n'aspire même plus à avoir une dimension biologique, mais prétend être un simple automatisme généré par des réseaux neuronaux électroniques grâce auxquels la conscience humaine individuelle se fondra dans une "conscience cosmique universelle" qui devrait se rassembler dans "le nuage", le bagage mental individuel de tous les êtres, converti en impulsions électroniques, but ultime de l'évolution darwinienne, accélérée par les nouvelles technologies génétiques, la nanotechnologie et l'intelligence artificielle. Telle est la perspective décrite par Ray Kurzweill, l'un des partisans les plus extrêmes du transhumanisme, pour notre avenir.
Il resterait à faire le point sur la situation au début de l'année 2023, en tenant compte de trois contradictions principales qui sont apparues au lendemain de la pandémie.
1) Le conflit ukrainien, généré par la volonté de l'OTAN de faire avancer ses frontières vers Moscou, a eu un effet inattendu : la "mondialisation" s'est arrêtée. À une époque où la mondialisation semblait être un projet raté, mais sur lequel les élites économiques continuaient à insister, la politique de sanctions contre la Russie imposée par les États-Unis et suivie avec une loyauté opiniâtre par les pays membres de l'OTAN a entraîné une rupture inattendue entre les pays alliés des États-Unis et le reste du monde (et, d'un point de vue quantitatif, on peut dire que "le reste du monde" a plus de poids numérique que le "bloc occidental", ce qui est important à noter à une époque où le "règne de la quantité" impose ses règles: plus d'habitants, plus de consommateurs, égale plus de production). La Chine a choisi de se ranger du côté de la Russie, compte tenu de l'opposition qu'elle suscite dans les milieux américains, car elle est sur le point de dépasser les États-Unis dans tous les domaines, y compris la technologie.
2) Le conflit entre les concentrations de pouvoir héritées des trois précédentes révolutions industrielles, ce que nous pouvons appeler "le vieil argent", et les grandes accumulations de pouvoir technologique et de capital générées par la quatrième révolution industrielle. Cela explique les récentes critiques d'Elon Musk à l'égard de la réunion du Forum de Davos et des tentatives d'ouverture du fondateur de cette organisation, Klaus Schwab, en direction du "transhumanisme", que certains considèrent comme le moteur idéologique de cette dernière révolution industrielle. Il est facile de prévoir les implications de ce conflit: le "nouvel argent" finira par s'imposer, comme cela s'est produit dans toutes les autres révolutions industrielles: les propriétaires des "nouvelles technologies" sont toujours ceux qui imposent leurs propres règles du jeu.
3) L'idée de "polycrise" évoquée lors de la dernière réunion du Forum de Davos, idée que Guillaume Faye avait déjà présentée il y a près d'un quart de siècle sous la dénomination de "convergence des catasdtrophes", est, dans l'acceptation qu'en donne les élites économiques mondiales, fait référence aux crises économiques ininterrompues générées par les dysfonctionnements du processus de globalisation, par les crises géopolitiques (un euphémisme pour ces crises qui sont provoquées par la volonté aveugle et suicidaire des Etats-Unis qui entendent demeurer la "seule puissance mondiale"), par les crises sociales à la chaîne dues à la mondialisation, sans oublier les crises sociales imbriquées (dues aux effets des migrations massives d'aujourd'hui et demain à la désertification des emplois par la robotisation), aux conflits interreligieux (qui ont pour axe le fondamentalisme islamique et qui se sont même étendus à l'Europe), auxquels ils ajoutent, bien sûr, le thème omniprésent du "changement climatique", présenté comme le plus dramatique de tous.
4) Lors de la même réunion du Forum de Davos, le rapport présenté par son fondateur, Klaus Schwab, reprenait pour la première fois sans complexe les idées transhumanistes et les transmettait à un public d'élites économiques, de dirigeants politiques et de propriétaires de consortiums d'information. Cela revient à suggérer la formation d'une société "post-biologique", automatisée, dominée par les nouvelles technologies, où l'humain est de plus en plus résiduel et où, pendant cette transition, les destinées des nations devraient être guidées par une alliance entre gouvernements et trusts, c'est-à-dire un scénario absolument identique à celui présenté par la structure politico-économique de la République populaire de Chine.
Telle est la situation en janvier 2023. La perspective n'est plus, comme à l'époque où Evola écrivait en 1929, la possibilité d'une reconstruction de l'Europe sur la base des idéaux du vieux romantisme. Le sentiment qui domine est que les processus de dissolution de l'humain, initiés en République populaire de Chine et adaptés à l'Occident par le Forum de Davos, ajoutés à la "religion transhumaniste" (que ses membres vivent avec une foi proche du fanatisme, surtout lorsque ses prophètes établissent les caractéristiques du futur), nous placent dans un modèle qui est, précisément, l'inversion totale du modèle d'une société traditionnelle. Une indication que la promesse apocalyptique de la venue de l'Antéchrist, qui précédera la fin des temps, est proche.
Il faut comprendre que "l'Antéchrist" n'est pas tant une figure humaine qu'une conception de l'être humain, hypostasiée et gravée au feu dans les hommes et les femmes d'aujourd'hui, présents dans le monde entier, dans tous les pays, dans tous les peuples, dans chacun des habitants de la planète, et à laquelle il est impossible pour la majorité d'échapper. On comprend d'ailleurs que dans les textes prophétiques-apocalyptiques, cette "venue de l'Antéchrist" précède la "fin des temps".
Le caractère éphémère et non viable d'une société ainsi conçue, son instabilité congénitale, est précisément ce dont beaucoup ont eu l'intuition à notre époque (du "paradoxe de Fermi" sur la non-viabilité des sociétés technologiquement avancées, au dernier rapport du Forum de Davos, avec son idée de "polycrise"). Un vêtement taché peut être lavé par un simple geste. Mais lorsque ce même vêtement est couvert de taches, de déchirures, est élimé par l'usage, il n'y a plus aucune possibilité, quels que soient nos efforts, de continuer à le porter. Il est nécessaire de le jeter et d'en tisser un nouveau. Nous avons atteint cette période. Il vaut la peine que nous nous y fassions.
Or, dans toutes ces dérivations, il n'y a rien de nouveau par rapport à ce que Julius Evola a prévu dans son article historique de La Nuova Antologia publié en 1929. Nous ne sommes pas confrontés à deux positions irréconciliables, comme ne l'étaient ni le bolchevisme ni le libéralisme, ni les camps opposés de la guerre froide, ni l'époque révolue de l'unilatéralisme américain globalisant, ni la période qui a suivi le 11 septembre et la crise économique de 2007-2011, premier symptôme de l'effondrement du système économique mondial globalisé, ni tout ce qui a suivi la pandémie, ni ce qui nous attend lorsque la quatrième révolution industrielle montrera ses effets les plus dramatiques sur la société et finira par réorganiser le monde. Ce qui émerge de cette réorganisation tendra inévitablement vers une forme pyramidale, avec un tout petit dôme et une gigantesque base homogène.
Mais dans tous les cas, le dôme et tout ce qui se trouve en dessous obéiront aux mêmes traits: une humanité qui a rompu tout lien avec le supérieur (qui n'est même pas capable de deviner ce que signifie le "surmonde", pas même à travers le prisme de la religion), qui n'est capable de considérer comme "religieux" qu'un ensemble de doctrines inorganiques et souvent incohérentes dans lesquelles on place sa "foi" (le transhumanisme, déjà aujourd'hui "première religion" de la Silicon Valley et, plus largement, de la technologie), avec ceux "d'en haut" qui se consacrent à la multiplication de leurs profits et ceux "d'en bas" à la survie, avec une dévaluation croissante de toutes les valeurs et un processus général de perte des identités, surtout culturelles, et une destruction systématique de toute institution traditionnelle restante (travail que les "Agendas" mondialistes émanant des institutions internationales et envoyés aux gouvernements nationaux comme obligatoires) tentent d'accélérer.
Dans ces circonstances, le réalisme suggère que la "fin des temps" est proche (ou, plus précisément, la fin de cette civilisation) et, en tout état de cause, il n'est pas possible d'être optimiste quant aux possibilités d'inverser le phénomène. La disproportion des forces est telle que ceux qui proclament leur adhésion aux principes traditionnels n'ont aucune base sociale, aucune institution et des ressources insuffisantes sur lesquelles fonder leur action. Bien que le processus de destruction de toutes les valeurs et de leur remplacement par celles contenues dans les "agendas" mondialistes rencontre une résistance croissante, il ne faut pas se faire d'illusions: le destin final d'une avalanche, une fois déclenchée, n'est pas de s'arrêter à mi-chemin, mais de tout balayer. Plutôt que de s'opposer au glissement de terrain à venir, le bon sens conseille de se préparer au lendemain de l'avènement de "La Bête sans nom".
Je crois que ces annotations étaient nécessaires, dans la mesure où les trois essais d'Evola et la propre introduction de De Turris devaient être complétés par des notes sur l'ici et maintenant.
Ernesto Milà
Sant Pol de Mar, janvier 2023.
19:08 Publié dans Actualité, Actualité, Traditions, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernesto milà, julius evola, tradition, traditionalisme, actualité, chine, transhumanisme, mondialisation, ernesto milà, julius evola, tradition, traditionalisme, actualité, chine, transhumanisme, mondialisation | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle
Le cycle se ferme. La Chine comme synthèse du pire du 20ème siècle
Ernesto Milà
Bron: http://info-krisis.blogspot.com/2023/01/el-ciclo-se-cierr...
Nous reproduisons la préface de l'édition espagnole de la brochure de la Fondation Julius Evola, El ciclo se cierra - Americanismo y Bolchevismo 1929-1969 (= "Le cycle se referme - américanisme et bolchevisme 1929-1969"). L'ouvrage rassemble trois essais publiés respectivement en 1929 dans La Nuova Antologia, en 1934 dans la première édition de Rivolta contro il Mondo Moderno et en 1969 dans l'édition révisée du même livre. L'ouvrage a été préfacé en 1991 par Gianfranco De Turris. Compte tenu du temps écoulé, nous nous sommes sentis obligés de préparer une préface à l'édition espagnole dans laquelle nous mettons à jour la théorie évolienne sur l'américanisme et le bolchevisme, les deux extrémités de la même tenaille qui menace l'Europe, à la lumière des derniers développements post-pandémiques et jusqu'à la réunion du Forum de Davos du week-end dernier. Un siècle plus tard, et avec la mise à jour ultérieure, la théorie est toujours valable. Le livre sera disponible pour le public le 1er février 2023.
Julius Evola
Le cycle se termine
Américanisme et bolchevisme 1929-1969
Je connaissais deux des trois versions du même essai rassemblées dans ce volume : celle publiée dans La Nuova Antologia, incorporée dans un volume de compilation d'articles de Julius Evola, publié dans la même revue (Edizioni di Ar, Padoue, 1970), et celle incluse comme chapitre final de l'édition de 1969 pour Rivolta contro il mondo moderno (Edizioni Mediterranee, Rome, 1969) que, initialement, j'avais lue en français dans la version publiée en 1973 par les Éditions de l'Homme (Québec) et qui contient quelques différences avec l'édition italienne. J'ignorais cependant les différences entre le texte du volume de la première édition de Rivolta (1934) qui est également inclus dans le volume. La comparaison des trois essais est brillamment réalisée par Gianfranco de Turris, il n'est donc pas nécessaire de faire de commentaire. Quoi qu'il en soit, étant donné le temps qui s'est écoulé entre la date de cette introduction de De Turris et la dernière version du texte (1973), il est presque obligatoire d'ajouter quelques paragraphes pour confirmer que les intuitions d'Evola, formulées pour la première fois il y a près d'un siècle, se réalisent avec une étonnante précision.
L'idée véhiculée par les trois textes est qu'il y avait une identité de fond, mais pas de forme, entre les modèles soviétique et américain. La dépersonnalisation, la matérialisation, la réification de l'être humain, le machinisme et le culte de la technologie semblent être les destins des deux régimes. La principale objection à ce texte est que, bien qu'Evola ait prévu que l'URSS tenterait d'étendre ses tentacules dans le monde entier, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ce processus semble s'être arrêté et seul le "visage amical", celui présenté par les États-Unis, subsiste. Par conséquent, les différences entre le contenu des trois éditions et la réalité seraient telles que le texte serait supplanté et complètement réfuté. Ce n'est pas le cas.
Il est frappant de constater que ni Evola en 1929, 1934 ou 1973 ne mentionne la République populaire de Chine, ni De Turris n'y fait la moindre allusion près de vingt ans plus tard. Nous allons tenter d'expliquer cette omission.
En 1929, le communisme chinois était pratiquement sans intérêt. Il avait été fondé en 1921 et pendant six ans, il est resté dans l'ombre du Kuomintang, jusqu'à ce que le chef militaire de ce parti, Chiang Kai-shek, retourne ses armes contre les communistes. Les communistes ont répondu en renforçant leur appareil militaire et en déclenchant une guerre civile qui a sévi en deux phases, de 1927 à 1937 puis, après l'arrivée des Japonais et leur défaite ultérieure, de 1945 à 1948. En 1973, le parti communiste chinois était au pouvoir depuis près d'un quart de siècle et avait même ses antennes à l'Ouest, dans les partis communistes dissidents opposés à la ligne de Moscou. Le "modèle maoïste" était devenu relativement populaire depuis mai 1968 et, dans ses secteurs les plus folkloriques, le "costume Mao" était le costume de tous les jours.
À partir de 1965, avec l'éclatement du conflit sino-soviétique et même des affrontements armés dans la région d'Oussouri, on avait le sentiment que les communistes russes et chinois finiraient par s'entre-déchirer. Mais après le désaccord initial entre les successeurs de Staline et le gouvernement de Pékin, les hauts et les bas du développement du communisme chinois, l'échec de certaines de ses campagnes et une certaine instabilité interne due à la lutte entre les factions, Mao a fini par promouvoir la "grande révolution culturelle" pour se maintenir au pouvoir et laisser des groupes de "gardes rouges" fous et fanatiques détruire ses opposants au sein du parti (et ce qui restait de la tradition millénaire chinoise dans le processus).
En Italie, des groupes néo-fascistes apparaissent qui s'identifient à la cause maoïste (voir le numéro LXXV de la Revue d'histoire du fascisme, consacrée à ce sujet). Evola les a critiqués assez durement, niant que le maoïsme était substantiellement différent du communisme russe. Mais tout porte à croire qu'il n'a pas accordé une importance particulière au phénomène chinois, ni prévu quels pourraient être ses développements futurs. Lorsqu'il a réécrit l'édition 1973 de Rivolta, les Etats-Unis pratiquaient une "politique de ping-pong". Henry Kissinger d'abord, puis Nixon, se rendent en Chine et scellent un pacte antisoviétique. Mais même à cette époque, la Chine était considérée en Europe comme un vaste foyer de plus d'un milliard d'habitants, dont la plupart vivaient sous le seuil du sous-développement et étaient gouvernés par une bureaucratie qui, à l'instar de la bureaucratie soviétique, ne pourrait jamais atteindre le niveau de vie des pays développés.
Trois ans plus tard, Mao meurt et les événements semblent donner raison à ceux qui prédisaient la stagnation du modèle chinois. En 1976, d'ailleurs, les partis maoïstes avaient presque partout dans le monde disparu, étaient entrés dans un processus de scission interne et d'usure, s'étaient reconvertis dans des formes très éloignées du modèle chinois, débattaient pour savoir si l'orthodoxie marxiste était présente en Chine ou en Albanie, et même le Parti communiste d'Espagne (marxiste-léniniste) et sa triste extension, le Front révolutionnaire antifasciste et patriote, diffusaient sur les ondes de Radio Albanie des invectives contre le "révisionnisme chinois".
Mais, à la fin de cette décennie, un nouveau phénomène s'est produit dans le monde capitaliste. Si jusqu'alors et depuis le début de l'après-guerre, la conception officielle du capitalisme était celle exposée par John Maynard Keynes, l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, avec des idées très différentes, inspirées par l'école autrichienne d'économie, qui avaient été considérées jusqu'alors comme de véritables folies et comme des manifestations excentriques, a imposé un nouveau cap. Cela avait d'ailleurs déjà été expérimenté dans le Chili du général Augusto Pinochet, mais avait échoué lamentablement. À Santiago, en 1980, on se souvenait encore avec amertume de la fermeture de l'entreprise nationale d'allumettes parce que les "Chicago Boy's" avaient réussi à obtenir du gouvernement qu'il autorise l'entrée d'allumettes fabriquées au Canada à des prix beaucoup plus bas. Cependant, ces théories, bien que leur efficacité n'ait pas du tout été prouvée dans la pratique, ont incité Thatcher à initier une politique "néo-libérale" basée sur la privatisation, l'ouverture et la dérégulation des marchés, l'abandon de toute mesure "protectionniste" et le strict respect du principe libéral de la primauté des marchés avec une abstention totale de l'Etat de participer à la vie économique.
Thatcher n'aurait pas survécu aux protestations sociales générées par cette mutation du modèle économique si deux phénomènes ne s'étaient produits en peu de temps: premièrement, une clique ultra-conservatrice armée des mêmes idéaux économiques est arrivée au pouvoir aux États-Unis; deuxièmement, la guerre des Malouines a non seulement frappé de plein fouet la junte militaire qui dirigeait l'Argentine, mais a également élevé Margaret Thatcher au rang de "leader triomphant". Bien que le Royaume-Uni ait cessé depuis longtemps d'être un "empire", que sa puissance ait été fortement diminuée et qu'il n'ait plus eu que peu de poids sur la scène internationale, il a été aidé par le revirement de la politique américaine après les échecs des gouvernements qui ont suivi la démission de Richard Nixon (Gerald Ford, 1974-77 et Jimmy Carter, 1977-1981), tous deux fortement usés par les victoires du communisme en Asie du Sud-Est, et par la montée de la révolution islamique en Iran, ainsi que par l'action délétère - dans le cas de Carter - de la Commission trilatérale, ont conduit le "tournant conservateur" sur le plan politique... et néolibéral sur le plan économique...
Sous l'administration Reagan, les relations avec la Chine ont été maintenues telles qu'elles l'avaient été sous l'ère Nixon et ont continué à l'être pendant la phase d'effondrement de l'URSS, ouverte par la confluence de différentes circonstances (l'usure que la guerre en Afghanistan entraînait pour l'URSS, l'impossibilité pour le budget soviétique de payer la guerre en Afghanistan), ensuite l'incapacité du budget soviétique à répondre à l'initiative en matière d'armement connue sous le nom de "Guerre des étoiles", l'arrivée d'un pape polonais au Vatican qui a directement déclenché les vagues de grèves à Dantzig et a ainsi tendu à briser le système d'alliance soviétique du Pacte de Varsovie, entre autres). Après la guerre du Koweït, les Etats-Unis n'ont pas hésité à se définir comme "la seule puissance mondiale". Et, en fait, c'est le cas. L'année-clé était 1991. Les "démocraties" semblaient avoir gagné. La Chine est restée dans sa prostration, sortant à peine du sous-développement. Elle ne faisait pas le poids face à la puissance américaine. Les "théoriciens" néo-libéraux ont alors lancé leur appel: ils ont interprété, à travers Huntington et Fukuyama, que la supériorité morale des Etats-Unis était à l'origine de leur victoire dans la guerre froide et que, désormais, leur pédagogie devait être orientée vers la conquête du reste du monde à leur cause : le modèle du néolibéralisme, les valeurs du "plus riche, plus vite", le culte du travail et de la réussite et la subordination au principe du collectif imposé par la loi de la quantité dans les consultations électorales : le poids des chiffres transformé en légitimation politique. Aucun stratège américain ne doutait que la République populaire de Chine serait également touchée par ce changement de valeurs dès que les relations commerciales avec elle s'intensifieraient.
À ces idées s'en ajoutait une autre de nature purement économique. Comme le souligne l'analyse d'Evola dans les trois essais qui suivent, l'optimisation du rendement, du profit, de la rentabilité et de l'usure, considérés comme la base de la "pensée américaine" (libérale ou conservatrice, en cela ils ne sont pas différents), impliquerait la création d'une "économie globale" qui finirait par unifier le monde sous les "lois vertueuses du marché". Ce postulat, qui a ouvert le processus de "mondialisation" économique, était parallèle au "mondialisme" (c'est-à-dire la mise en œuvre d'une "culture mondiale", d'une "religion mondiale", d'un "gouvernement mondial" et de l'"unification de l'humanité" prêchée par les cercles théosophiques, utopiques et occultistes depuis le milieu du 19ème siècle).
La Chine, qui avait alors déjà dépassé les 1,2 milliard d'habitants, ne semblait pas compter pour les plans du "Nouvel ordre mondial": on pensait que faciliter le développement de la République populaire de Chine entraînerait automatiquement un revirement politique et que le pays rejoindrait les "démocraties", le système universellement accepté comme sain et miraculeux. Et puis les théoriciens de la mondialisation ont déclenché un nouveau phénomène, une autoroute à double sens: la "délocalisation des entreprises" tendait à augmenter les bénéfices des entreprises en produisant là où le coût de la main-d'œuvre était le moins cher et les matières premières les plus proches. Ce processus a suivi une direction Sud-Nord et Ouest-Est. D'autre part, il s'agissait également de maintenir l'industrie qui pouvait être compétitive dans les pays occidentaux, pour laquelle les portes ont été ouvertes à l'immigration afin de tenter de "gagner en compétitivité" grâce à l'afflux massif de main-d'œuvre bon marché. La direction de ce deuxième processus était du sud au nord et de l'est à l'ouest.
Bien que les conséquences de cette autoroute à double sens soient claires et que personne ne puisse se faire d'illusions sur son résultat, elle a été mise en œuvre de manière suicidaire, uniquement parce que les grands trusts, les multinationales, les consortiums de grandes entreprises, ont vu leurs bénéfices augmenter. D'autre part, c'était une façon de tirer parti des ressources apparues avec "l'ère de l'information" et des phénomènes techniques qui ont accompagné la "troisième révolution industrielle". Sans la micropuce, rien de tout cela n'aurait été possible.
Le résultat ne s'est pas fait attendre. La Chine a vu ses parcs industriels se développer en quelques années au point de devenir "l'usine planétaire" par excellence. Si Evola met en évidence le fait que le bolchevisme soviétique s'est appuyé sur des couches primitives de la population slave, généralement soumises au pouvoir, c'est à plus forte raison que la population chinoise, marquée par des millénaires de mandarinat, a pu apporter les meilleures énergies de sa vie, non pas à la famille, non pas à la culture de ses propres qualités, non pas à l'approfondissement de sa propre tradition, non pas au travail de perfectionnement intérieur, qui, après tout, devrait être le grand objectif humain, mais à la production de biens et de services. Le résultat est qu'en à peine un quart de siècle, entre 1992 et 2015, ce pays, qui comptait déjà 1,4 milliard d'habitants, est devenu une superpuissance industrielle et financière avec ses propres techniciens formés dans les meilleures universités du monde qui, inévitablement, sont retournés en Chine à la fin de leur formation, contribuant ainsi à augmenter sa capacité de production, mais aussi son propre niveau de vie.
C'est ainsi qu'est né le grand paradoxe: c'est le néolibéralisme, et non la puissance des armes doctrinales du marxisme-léninisme ou de la "pensée Mao Tsé Toung", qui a fait de la Chine une puissance mondiale. La grande habileté du régime chinois a consisté à rester une dictature communiste classique, avec son appareil de propagande et sa censure, ses systèmes de répression, la diffusion de son idéologie diffsée dans des cours obligatoires et parmi la population par l'utilisation massive des médias de masse et de procédures invasives, c'est-à-dire toutes ces ressources typiques de tout système dictatorial, combinées aux caractéristiques les plus attrayantes pour les masses: loisirs, niveau de vie élevé, consommation comme seul objectif, divertissement, etc.
La Chine a combiné le pire du communisme (maintien d'une ligne de masse dictatoriale, volonté délibérée d'annuler la personnalité et pouvoir techno-bureaucratique centralisé et inflexible) avec le pire du capitalisme (exploitation, aliénation, infantilisation des masses). Un pouvoir fort et des masses reconnaissantes de leur assujettissement.
Il n'y a eu ni vainqueurs ni vaincus, à l'exception de l'avancée imparable de "La Bête sans nom". Ni le capitalisme n'a été vaincu par le communisme, ni l'inverse. Il y a eu une synthèse de l'un et de l'autre dans le "modèle chinois": comme le dit la propre propagande du régime, "un pays, deux systèmes". Tous deux sont sortis renforcés de cette entente cordiale. Massification, collectivisme, machinisme, technologies invasives, êtres sans visage qui, à la fin de leur journée de travail, deviennent des consommateurs compulsifs, entre le shopping effréné et la passivité conformiste du divertissement, avec un conformisme qui trouve ses racines dans les racines ethniques ancestrales exercées par les mandarinats, les hauts fonctionnaires tout-puissants qui dirigent la Chine depuis 3000 ans. Fini les "gardes rouges" brandissant le petit livre de Mao Tse Tung, comme dans les années 1960 ; ils ont été remplacés par le triste spectacle de masses de gens se déplaçant compulsivement à l'intérieur de gigantesques centres commerciaux, déferlant dans des rues pleines d'anonymes ou à l'intérieur de gratte-ciel récemment achevés. Toujours dos à leurs racines, toujours amputés de leurs traditions, toujours sans identité, avec la ruche ou la fourmilière comme modèles de vie collective. Après cela, nous voyons la concrétisation exacte de la phase finale du cycle telle que Julius Evola l'avait intuitionnée il y a près d'un siècle.
La Chine d'aujourd'hui est la synthèse de ce que la Russie et les Etats-Unis qu'Evola a connus de son vivant étaient hier. C'est l'élément qui doit être ajouté comme corollaire à l'analyse d'Evola dans les trois essais qui composent ce volume. Ce n'est pas qu'Evola se soit trompé dans son analyse: celle-ci était non seulement précise, mais aussi extrêmement lucide et anticipatrice. Il ne restait plus qu'à ajouter l'évolution du processus au cours des dernières décennies. Il y a des variations dans la forme, mais pas du tout dans le fond. Ce sont les chemins que l'on parcourt aujourd'hui d'un pas ferme, voire accéléré par rapport aux périodes récentes, vers "La Bête sans nom", le royaume des masses omniprésentes. Le Mandarinat chinois répand urbi et orbi, sur les ruines de l'effondrement de l'URSS et de la crise actuelle de l'"américanisme".
Les gigantesques centres commerciaux chinois, les 1.400 millions d'êtres humains pris dans un délire consumériste, tandis que des haut-parleurs retentissent les slogans du parti, les grands milliardaires inévitablement affiliés au Parti fondé par Mao, la soumission d'une société qui n'est libre que de consommer et de travailler, mais constamment surveillée par des centaines de millions de caméras réparties dans toutes les rues, qui a volontairement placé dans la main de chacun de ses membres un téléphone portable avec lequel il alimentera en permanence le "big-data" (ce n'est pas en vain que la 5G qui rend cette technologie possible a son origine en Chine d'où elle rayonne dans le monde entier), permettant, grâce à l'Intelligence Artificielle, au "système" de connaître jusque dans ses moindres mouvements, gestes et intentions, mieux qu'il ne pourra jamais se connaître lui-même? C'est la Chine d'aujourd'hui. Et c'est vers ce modèle, étendu à l'Est et à l'Ouest, que nous nous dirigeons.
Le lecteur observera et comparera les trois textes d'Evola, écrits dans des circonstances historiques différentes (pendant la première forme de bolchevisme et le grand élan de l'américanisation du monde après la Première Guerre mondiale; le second pendant le stalinisme et après le krach de 1929, à l'époque des fascismes; et le dernier dans les années des fascismes; et le dernier, dans les années de la guerre froide, avec la confrontation géopolitique USA-URSS) avec la situation actuelle et percevront clairement que le Baron non seulement n'avait pas tort, mais qu'il a anticipé exactement les caractéristiques présentes aujourd'hui dans la post-modernité et dont la République populaire de Chine est la synthèse, l'exemple et la direction vers laquelle le monde se dirige main dans la main avec les technologies modernes.
En fait, même dans le transhumanisme occidental, le spectre même de la "Bête sans nom" est présent, qui n'aspire même plus à avoir une dimension biologique, mais prétend être un simple automatisme généré par des réseaux neuronaux électroniques grâce auxquels la conscience humaine individuelle se fondra dans une "conscience cosmique universelle" qui devrait se rassembler dans "le nuage", le bagage mental individuel de tous les êtres, converti en impulsions électroniques, but ultime de l'évolution darwinienne, accélérée par les nouvelles technologies génétiques, la nanotechnologie et l'intelligence artificielle. Telle est la perspective décrite par Ray Kurzweill, l'un des partisans les plus extrêmes du transhumanisme, pour notre avenir.
Il resterait à faire le point sur la situation au début de l'année 2023, en tenant compte de trois contradictions principales qui sont apparues au lendemain de la pandémie.
1) Le conflit ukrainien, généré par la volonté de l'OTAN de faire avancer ses frontières vers Moscou, a eu un effet inattendu : la "mondialisation" s'est arrêtée. À une époque où la mondialisation semblait être un projet raté, mais sur lequel les élites économiques continuaient à insister, la politique de sanctions contre la Russie imposée par les États-Unis et suivie avec une loyauté opiniâtre par les pays membres de l'OTAN a entraîné une rupture inattendue entre les pays alliés des États-Unis et le reste du monde (et, d'un point de vue quantitatif, on peut dire que "le reste du monde" a plus de poids numérique que le "bloc occidental", ce qui est important à noter à une époque où le "règne de la quantité" impose ses règles: plus d'habitants, plus de consommateurs, égale plus de production). La Chine a choisi de se ranger du côté de la Russie, compte tenu de l'opposition qu'elle suscite dans les milieux américains, car elle est sur le point de dépasser les États-Unis dans tous les domaines, y compris la technologie.
2) Le conflit entre les concentrations de pouvoir héritées des trois précédentes révolutions industrielles, ce que nous pouvons appeler "le vieil argent", et les grandes accumulations de pouvoir technologique et de capital générées par la quatrième révolution industrielle. Cela explique les récentes critiques d'Elon Musk à l'égard de la réunion du Forum de Davos et des tentatives d'ouverture du fondateur de cette organisation, Klaus Schwab, en direction du "transhumanisme", que certains considèrent comme le moteur idéologique de cette dernière révolution industrielle. Il est facile de prévoir les implications de ce conflit: le "nouvel argent" finira par s'imposer, comme cela s'est produit dans toutes les autres révolutions industrielles: les propriétaires des "nouvelles technologies" sont toujours ceux qui imposent leurs propres règles du jeu.
3) L'idée de "polycrise" évoquée lors de la dernière réunion du Forum de Davos, idée que Guillaume Faye avait déjà présentée il y a près d'un quart de siècle sous la dénomination de "convergence des catasdtrophes", est, dans l'acceptation qu'en donne les élites économiques mondiales, fait référence aux crises économiques ininterrompues générées par les dysfonctionnements du processus de globalisation, par les crises géopolitiques (un euphémisme pour ces crises qui sont provoquées par la volonté aveugle et suicidaire des Etats-Unis qui entendent demeurer la "seule puissance mondiale"), par les crises sociales à la chaîne dues à la mondialisation, sans oublier les crises sociales imbriquées (dues aux effets des migrations massives d'aujourd'hui et demain à la désertification des emplois par la robotisation), aux conflits interreligieux (qui ont pour axe le fondamentalisme islamique et qui se sont même étendus à l'Europe), auxquels ils ajoutent, bien sûr, le thème omniprésent du "changement climatique", présenté comme le plus dramatique de tous.
4) Lors de la même réunion du Forum de Davos, le rapport présenté par son fondateur, Klaus Schwab, reprenait pour la première fois sans complexe les idées transhumanistes et les transmettait à un public d'élites économiques, de dirigeants politiques et de propriétaires de consortiums d'information. Cela revient à suggérer la formation d'une société "post-biologique", automatisée, dominée par les nouvelles technologies, où l'humain est de plus en plus résiduel et où, pendant cette transition, les destinées des nations devraient être guidées par une alliance entre gouvernements et trusts, c'est-à-dire un scénario absolument identique à celui présenté par la structure politico-économique de la République populaire de Chine.
Telle est la situation en janvier 2023. La perspective n'est plus, comme à l'époque où Evola écrivait en 1929, la possibilité d'une reconstruction de l'Europe sur la base des idéaux du vieux romantisme. Le sentiment qui domine est que les processus de dissolution de l'humain, initiés en République populaire de Chine et adaptés à l'Occident par le Forum de Davos, ajoutés à la "religion transhumaniste" (que ses membres vivent avec une foi proche du fanatisme, surtout lorsque ses prophètes établissent les caractéristiques du futur), nous placent dans un modèle qui est, précisément, l'inversion totale du modèle d'une société traditionnelle. Une indication que la promesse apocalyptique de la venue de l'Antéchrist, qui précédera la fin des temps, est proche.
Il faut comprendre que "l'Antéchrist" n'est pas tant une figure humaine qu'une conception de l'être humain, hypostasiée et gravée au feu dans les hommes et les femmes d'aujourd'hui, présents dans le monde entier, dans tous les pays, dans tous les peuples, dans chacun des habitants de la planète, et à laquelle il est impossible pour la majorité d'échapper. On comprend d'ailleurs que dans les textes prophétiques-apocalyptiques, cette "venue de l'Antéchrist" précède la "fin des temps".
Le caractère éphémère et non viable d'une société ainsi conçue, son instabilité congénitale, est précisément ce dont beaucoup ont eu l'intuition à notre époque (du "paradoxe de Fermi" sur la non-viabilité des sociétés technologiquement avancées, au dernier rapport du Forum de Davos, avec son idée de "polycrise"). Un vêtement taché peut être lavé par un simple geste. Mais lorsque ce même vêtement est couvert de taches, de déchirures, est élimé par l'usage, il n'y a plus aucune possibilité, quels que soient nos efforts, de continuer à le porter. Il est nécessaire de le jeter et d'en tisser un nouveau. Nous avons atteint cette période. Il vaut la peine que nous nous y fassions.
Or, dans toutes ces dérivations, il n'y a rien de nouveau par rapport à ce que Julius Evola a prévu dans son article historique de La Nuova Antologia publié en 1929. Nous ne sommes pas confrontés à deux positions irréconciliables, comme ne l'étaient ni le bolchevisme ni le libéralisme, ni les camps opposés de la guerre froide, ni l'époque révolue de l'unilatéralisme américain globalisant, ni la période qui a suivi le 11 septembre et la crise économique de 2007-2011, premier symptôme de l'effondrement du système économique mondial globalisé, ni tout ce qui a suivi la pandémie, ni ce qui nous attend lorsque la quatrième révolution industrielle montrera ses effets les plus dramatiques sur la société et finira par réorganiser le monde. Ce qui émerge de cette réorganisation tendra inévitablement vers une forme pyramidale, avec un tout petit dôme et une gigantesque base homogène.
Mais dans tous les cas, le dôme et tout ce qui se trouve en dessous obéiront aux mêmes traits: une humanité qui a rompu tout lien avec le supérieur (qui n'est même pas capable de deviner ce que signifie le "surmonde", pas même à travers le prisme de la religion), qui n'est capable de considérer comme "religieux" qu'un ensemble de doctrines inorganiques et souvent incohérentes dans lesquelles on place sa "foi" (le transhumanisme, déjà aujourd'hui "première religion" de la Silicon Valley et, plus largement, de la technologie), avec ceux "d'en haut" qui se consacrent à la multiplication de leurs profits et ceux "d'en bas" à la survie, avec une dévaluation croissante de toutes les valeurs et un processus général de perte des identités, surtout culturelles, et une destruction systématique de toute institution traditionnelle restante (travail que les "Agendas" mondialistes émanant des institutions internationales et envoyés aux gouvernements nationaux comme obligatoires) tentent d'accélérer.
Dans ces circonstances, le réalisme suggère que la "fin des temps" est proche (ou, plus précisément, la fin de cette civilisation) et, en tout état de cause, il n'est pas possible d'être optimiste quant aux possibilités d'inverser le phénomène. La disproportion des forces est telle que ceux qui proclament leur adhésion aux principes traditionnels n'ont aucune base sociale, aucune institution et des ressources insuffisantes sur lesquelles fonder leur action. Bien que le processus de destruction de toutes les valeurs et de leur remplacement par celles contenues dans les "agendas" mondialistes rencontre une résistance croissante, il ne faut pas se faire d'illusions: le destin final d'une avalanche, une fois déclenchée, n'est pas de s'arrêter à mi-chemin, mais de tout balayer. Plutôt que de s'opposer au glissement de terrain à venir, le bon sens conseille de se préparer au lendemain de l'avènement de "La Bête sans nom".
Je crois que ces annotations étaient nécessaires, dans la mesure où les trois essais d'Evola et la propre introduction de De Turris devaient être complétés par des notes sur l'ici et maintenant.
Ernesto Milà
Sant Pol de Mar, janvier 2023.
19:08 Publié dans Actualité, Actualité, Traditions, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ernesto milà, julius evola, tradition, traditionalisme, actualité, chine, transhumanisme, mondialisation, ernesto milà, julius evola, tradition, traditionalisme, actualité, chine, transhumanisme, mondialisation | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 07 février 2023
Vivre n'est pas nécessaire, naviguer est une nécessité !
Vivre n'est pas nécessaire, naviguer est une nécessité !
Ernesto Milà
Source: https://info-krisis.blogspot.com/2018/09/365-quejios-151-vivir-no-es-necesario.html
Je me plains toujours que nous ne voyageons pas assez et que nombreux sont ceux qui tentent de reconstruire le mode de vie de leur propre pays au cours de leurs rares voyages. J'ai vécu en Bolivie avec des Italiens. Nous étions un groupe sympathique de Français, d'Italiens et d'un Espagnol, moi. Les Italiens insistaient chaque jour pour manger des pâtes, des pâtes, rien que des pâtes et toujours des pâtes. Un jour, alors que je leur reprochais que ce régime était trop monotone, ils ont introduit une variante : l'antipasto, c'est-à-dire ce qui précède les pâtes... une simple salade insipide et sans grand éclat. Or à La Paz, il y avait une excellente viande (bien que mal coupée) et des plats absolument délicieux (à commencer par le "pique macho" ou les "salteñas"). La même chose m'était arrivée avec les mêmes entreprises dans différentes parties du monde. Au Venezuela, par exemple, la seule chose que mes compagnons de voyage acceptaient était de manger une grande variété de fruits tropicaux pour le dessert. Je ne me plains pas de cela, que je considère comme un souvenir du temps où la camaraderie était vécue avec une intensité que je n'avais jamais connue auparavant (comme si le risque augmentait la fraternité entre égaux), mais du fait que maintenant, lorsque je ne voyage que pour le plaisir de faire connaissance, je rencontre les mêmes attitudes.
Pompée, nous dit Plutarque, a donné un slogan à ses marins lorsqu'ils hésitaient à mettre le cap sur Rome à cause de la tempête : "Navigare necesse est, vivere non est necesse", une phrase qui peut avoir quelques variantes mais qui se traduit toujours par "Naviguer est une nécessité, vivre n'est pas nécessaire". Vivre peut être synonyme de végéter. La voile est synonyme de connaissance du monde. Le monde - même si nous le réduisons au monde digne d'être connu - est grand, riche et diversifié. Il ne s'agit pas de "multiculturalisme", auquel un "noble voyageur" peut aspirer, car, en fin de compte, il ne s'agit pas d'adopter une forme de "relativisme" (indiquant qu'il n'y a pas de culture supérieure à une autre) et d'égalitarisme (indiquant que toutes les cultures sont égales), mais une manière de confirmer ses propres racines.
Lorsque je voyage, je me souviens que je suis un fils de la péninsule ibérique, d'un État qui s'appelle aujourd'hui le Royaume d'Espagne, hier il s'appelait la Couronne d'Aragon et avant cela Hispaniae Gotorum et même avant cela Hispaniae et bien avant cela Iberia, le pays du grand fleuve, l'Ebero (l'Ebre). Lorsque je voyage, je me rappelle que j'appartiens à la culture gréco-latine, que je suis le fils et l'héritier d'une longue tradition culturelle présente dans toute l'Europe et que dans chaque pays, dans chaque région, elle revêt des caractères différents. Du centre de Lisbonne à la tour Belém, il y a un monument érigé à l'époque de l'Estado Novo en l'honneur des bandeirantes (équivalent de nos conquérants). Face à l'Atlantique, c'est l'un des monuments les plus puissants que je connaisse, et il synthétise les valeurs de notre race (ou va-t-il désormais s'avérer que la race ne peut être mentionnée ?). C'est une incitation au voyage, une invitation à abandonner notre vie sédentaire, à prendre notre équipement et à partir sur n'importe quel itinéraire. Il rappelle qu'un beau jour, après la Reconquête, les peuples ibériques ont pris la mer. Le Portugal est allé plus loin que quiconque et a été clair, dès le premier instant, sur sa vocation maritime.
La phrase de Plutarque, attribuée à Gnaeus Pompée, serait probablement restée le patrimoine des latinistes si Gabriele D'Anunzio - "il poeta" - ne l'avait récupérée en 1919 pour une entreprise héroïque : la conquête de Fiume, et si Mussolini n'avait intitulé ainsi son célèbre article dans Il Popolo d'Italia du 1er juin 1920. Dans les deux cas, elle a été prise pour indiquer le mépris des petits besoins quotidiens et l'exaltation des grands idéaux et des modes de vie héroïques. Caetano Veloso et Pessoa, puisque nous sommes au Portugal, l'ont également fait leur.
Interviewé par la télévision portugaise, M. Pérez Reverte a déclaré hier qu'il ressentait la nostalgie des années 30, lorsque les gens croyaient en ce qu'ils défendaient. Il a cité des communistes, des fascistes et des nationaux-socialistes, à tort ou à raison, qui croyaient qu'il était possible d'instaurer un monde nouveau dans lequel les gens ne mourraient ni de faim ni d'ennui, mais consumaient leur vie pour un idéal. Moi aussi, je suis nostalgique de cette époque. La nostalgie est cette blessure que Jünger a évoquée en se rappelant qu'il avait vécu, ajoutant que seule la mort pouvait guérir la cicatrice. Je me soigne moi-même, en voyageant.
J'ai évoqué plus haut les "nobles voyageurs", personnages mystérieux de l'antiquité classique, on ne savait pas d'où ils venaient ni où ils allaient, mais ils se distinguaient toujours par le "style" et la valeur de leurs enseignements. Dans l'Antiquité, ils étaient synonymes d'"initiés" (un concept que l'on pourrait traduire par "ceux qui ont appris à voir le monde tel qu'il est"). Dans mon ancien blog infokrisis, vous trouverez un article sur les "nobles voyageurs". Il a été écrit en 1982, alors que je vivais encore dans la clandestinité et que j'étais rentré en Espagne pour retourner en Ibéro-Amérique : LES NOBLES VOYAGEURS D'AUTRE TEMPS. Peut-être pouvez-vous comprendre pourquoi nous avons presque tous un besoin irrépressible de voyager et pourquoi ceux d'entre nous qui ressentent ce besoin ressentent la voix de la course.
Don Quichotte était l'un de ces "nobles voyageurs" :
"Je suis un chevalier. En tant que tel, je vivrai et mourrai si cela plaît au Très Haut. Je marche sur le chemin étroit de la chevalerie, méprisant les richesses, mais pas l'honneur. J'ai vengé des torts, redressé des torts et puni l'insolence. Je n'ai d'autre intention que celle d'être juste, et je ne cherche qu'à faire du bien au monde entier. Un homme qui pense, un homme qui agit de cette manière, mérite-t-il d'être appelé un fou ? Je demande Vos Miséricordes".
Pour lui, la voile était bien plus importante que la vie. Je me plains que dans le pays de Don Quichotte, ce style a été abandonné: soit on est un touriste, soit on vit du tourisme.
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samedi, 04 juin 2022
Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"
Contre l'"optimisme scientifique". De l'"homo sapiens" à l'"homo deus"
Ernesto Mila
Source: http://info-krisis.blogspot.com/2022/05/cronicas-desde-mi-retrete-contra-el.html
L'un des mirages de notre époque est l'"optimisme scientifique" que l'on retrouve dans les médias. "Quoi, il y a un virus qui efface tout ? Relax, il ne se passe rien ici ! Le vaccin qui résoudra le problème sera bientôt prêt. Le VIH, qui était mortel dans les années 1980, n'est-il pas devenu aujourd'hui une maladie chronique ? C'est l'un des derniers arguments que nous entendons partout dans les médias depuis février-mars 2020. La science peut tout faire, elle résout tous les problèmes, ceux qui existent aujourd'hui et ceux qui apparaîtront demain. Quiconque ne fait pas confiance à la science a un problème. La science d'aujourd'hui est la définition la plus courte du "progrès". Puis il s'avère que les choses ne sont pas tout à fait comme ça.
Dans les années 1960, il y a eu un débat épistémologique sur la science et sa neutralité. Certains ont affirmé qu'il existait une "science" au service du capitalisme et que, par conséquent, la science n'était pas neutre, mais une extension du capitalisme pour mieux atteindre ses fins ultimes, plus rapidement et de manière plus rentable. Les autres disaient que la science était neutre car une invention comme la bombe atomique pouvait servir à la fois aux "capitalistes" et aux "communistes". Finalement, la chose la plus raisonnable - après la fièvre de Mai 68 - était que la science était neutre dans ses principes, mais que son application ne l'était pas. La science médico-légale, diffusée avec pédanterie depuis 20 ans par la franchise "CSI", peut être appliquée aussi bien par les enquêteurs de la police pour résoudre des crimes que par les criminels qui ne veulent pas laisser de traces (la série Dexter, par exemple, est basée sur cette idée).
Ainsi, à la conclusion sur la neutralité de la science, mais pas de ses applications, nous pouvons en ajouter une autre : la science peut être utilisée aussi bien dans son aspect "clair", bénéfique à l'humanité, que dans son aspect "sombre". Et, à partir de là, nous avons même une troisième conclusion à portée de main: les "optimistes scientifiques" ne font référence qu'aux aspects positifs des nouvelles découvertes et possibilités qui s'ouvrent dans les différents domaines, mais jamais, absolument jamais, à leur "côté sombre". Car tout progrès scientifique et toute avancée technique comportent inévitablement un aspect problématique.
Bien que nous reconnaissions que l'énergie nucléaire est le moyen le moins cher de garantir l'approvisionnement énergétique, du moins en Europe, et que les centrales nucléaires du 21e siècle n'ont rien à voir avec celles de la seconde moitié du 20e siècle, et sont donc plus sûres, il y aura toujours la possibilité d'une défaillance technique ou humaine ou d'une attaque. Mais toutes les formes de production d'énergie ont leur côté sombre: l'énergie éolienne, par exemple, génère des problèmes acoustiques qui empêchent la vie humaine à proximité des parcs éoliens. Quiconque a visité un parc éolien sait exactement de quoi nous parlons. Et, d'autre part, tout dépend du vent qui souffle, tout comme l'énergie solaire fonctionne tant qu'il n'y a pas de nuages qui s'amoncellent...
Il n'existe pas de solution qui soit sûre à 100 % et qui, en même temps, n'implique pas une forme de dommage, de nuisance, de risque ou de gaspillage.
Passons à un autre domaine. Celui des sciences de la santé. L'important capital excédentaire des entreprises technologiques investit dans ce domaine. Personne ne veut mourir. Personne ne veut être malade. Certains veulent même vivre éternellement. Et la science fait des recherches dans ce sens. Ce n'est pas de la science-fiction, ce sont des réalités qui ont déjà été réalisées: il a été possible de prolonger la vie de rats de laboratoire en multipliant par quatre leur durée de vie normale, en prolongeant les télomères qui garantissent la bonne reproduction de leurs cellules. Cela signifierait, dans la vie humaine, la possibilité d'atteindre 320 ans, sans aller plus loin. De même, ils expérimentent la technologie dite "CRISPR", qui consiste essentiellement à couper et coller les gènes endommagés dans les chaînes d'ADN et à les remplacer par d'autres gènes "sains". En d'autres termes, l'"édition de l'ADN" a été rendue possible. C'est très bien de pouvoir vivre un peu plus de trois siècles... mais le problème n'est pas seulement de vivre, mais quelle sera notre qualité de vie, et comment notre esprit réagira-t-il à un monde qui n'a rien à voir avec celui que nous avons connu dans notre enfance, pas même lorsque nous aurons atteint nos 100 premières années ; nous aurons atteint la "maturité" vers 150 ans... Qu'y a-t-il de mal à prolonger la vie au-delà de trois siècles ? Pouvons-nous imaginer ce que ce serait de naître en Espagne en 1700 et de mourir en 2022 ? Le cerveau pourrait-il stocker et traiter autant de souvenirs ? Pourrait-il résister à autant de changements ? Quelle serait notre qualité de vie ? La question de la "superlongévité" - techniquement possible aujourd'hui encore - génère de nouveaux problèmes très difficiles à résoudre... et aucun des scientifiques travaillant sur ces projets n'en parle.
L'ineffable Elon Musk finance le projet "Neurolink", qui consiste à connecter directement cerveau et ordinateur. Malgré le secret qui entoure ce projet, il a été rendu public: à une date indéterminée, en tout cas avant les 25 prochaines années, il sera possible de créer une interface permettant de "télécharger" tout ce que contient notre cerveau dans le "nuage" (le "cloud"). L'idée est que ce projet progresse parallèlement à d'autres nouvelles technologies. La robotique, par exemple. Si nous devons être en Australie, il ne sera pas nécessaire, dit Musk, que nous nous y rendions. Il suffira de charger un robot avec le contenu de notre partition dans le "nuage", pour que "nous" y soyons, sans y être... Science-fiction ? Pour le moment, oui, mais n'oublions pas que des milliards de dollars sont investis dans la recherche dans cette direction.
Beaucoup plus réaliste et à portée de main est l'abandon des transplantations d'organes. L'Espagne est réputée être un leader en matière de "dons" d'organes. Elle ne sera guère utile dans cinq ans, lorsque des organes artificiels pourront être "imprimés" dans des imprimantes 3D, en utilisant des cellules souches comme "encre". Ce sera une percée, car il n'y aura pas de "rejet" et le corps ne sera pas saturé après quelques années par les résidus chimiques des médicaments anti-rejet. La question fondamentale, une fois de plus, n'est pas technique, mais de savoir si la sécurité sociale couvrira les coûts de ce type d'opération ou si la technique ne sera qu'à la seule portée de quelques privilégiés. Les inégalités sociales risquent de se traduire en temps de vie: les plus fortunés pourront se payer un "étirement" des télomères, ils pourront remplacer tout organe qui se dégrade par une réplique imprimée en 3D et, à la limite, si tout échoue et qu'il n'y a pas de remède, ils pourront toujours souscrire une police auprès d'ALCOR, une entreprise qui opère depuis un quart de siècle, avec une succursale en Espagne, qui garantit la conservation cryogénique du corps physique en cas de décès dû à une maladie incurable, et la "dé-cryogénisation" au moment où l'on trouve un remède à cette maladie. L'assurance-vie couvre les frais de conservation. Et si l'on n'a pas une fortune pour payer les frais de cryogénie et de conservation du corps entier, ce qui sera conservé - ce qui est d'ores et déjà conservé aujourd'hui - c'est la tête dont le cerveau sera transplanté dans un robot à la première occasion.
À la limite de cet "optimisme scientifique" se trouvent les gourous du posthumanisme (à ne pas confondre avec le transhumanisme). Alors que le transhumanisme soutient qu'il est possible d'améliorer les capacités humaines grâce aux nouvelles technologies, les posthumanistes affirment qu'une fois le stade transhumaniste dépassé, il faudra atteindre une situation dans laquelle les êtres humains pourront s'émanciper complètement de la biologie qui les limite, se réfugier dans le "nuage", y créer une sorte de "conscience globale", qu'ils considèrent comme la limite de l'évolution darwinienne: nous aurons ainsi parcouru le chemin entre le ver et l'homme, comme disait Nietzsche... pour finalement nous transformer en un seul être global, avec une seule conscience d'espèce, presque comme celle qui gouverne une fourmilière ou une ruche.
Cette dernière perspective, défendue non pas dans le domaine de la science-fiction, mais dans celui des "sciences d'avant-garde", constitue la limite extrême d'une tendance très marquée de notre époque: la considération de la science comme la mère de toutes les solutions et du progrès comme la tendance inéluctable à laquelle elle nous conduit. Pourquoi s'interroger encore ? La science fait progresser l'humanité et il importe peu que nous vivions 320 ans, éternellement, ou que nous dépassions le "stade biologique" et parvenions à nous émanciper de ses limites. Le reste n'a pas d'importance. L'idée de "progrès" l'emporte toujours et nous devons toujours aller plus loin dans la direction qu'elle nous indique.
Au début du 20e siècle, les progrès scientifiques et techniques ont suscité un débat sur la science. Je crois me souvenir que c'est Henri Poincaré qui a inventé l'expression "science sans conscience" dans sa critique de la science positiviste. L'idée était que, s'il est vrai que la science peut explorer dans toutes les directions, elle doit le faire avec une éthique, une conscience, des critères moraux et raisonnables de sécurité et de prudence.
L'"ère informatique", créée par des personnes émotionnellement immatures (de Gates à Musk en passant par Jobs) préfigure les échecs titanesques évoqués dans la mythologie et dans la grande littérature : Icare qui voulait atteindre le soleil (très directement lié à Elon Musk avec son SpaceX), Faust qui a vendu son âme au diable en échange de la "connaissance" et, à partir de là, tout a mal tourné pour lui (la "science sans conscience" de Poincaré), Prométhée qui a volé le feu sacré de la connaissance et on sait comment il a fini (périphrase symbolique du transhumanisme), le Dr Frankenstein qui a voulu créer "l'homme parfait" et en est sorti une monstruosité (autre variante symbolique du sort qui attend les délires transhumanistes), le duo Jekyll et Hyde de Stevenson, qui croyait qu'un médicament pouvait améliorer les capacités humaines et a créé un monstre (ce qui renvoie directement aux "produits pharmaceutiques" et à leurs produits "miracles", notamment le vaccin anti-Covid ou le fentanyl, qui a dévasté les États-Unis plus que tout autre fléau biblique), et, comme tous les textes transhumanistes y font généralement référence, Gilgamesh lui-même, qui se plaignait que les dieux s'étaient réservé l'immortalité et voulait être comme les dieux.
Au fond, ce qui se cache derrière tous ces projets immatures et frustrés, c'est la transformation de l'"homo sapiens" en "homo Deus", ou encore le paradoxe selon lequel l'homme, qui a cessé de croire en Dieu, a fini par croire qu'il était un dieu et, par conséquent, ses projets consistent à réaliser les capacités de Dieu à travers la technologie.
C'est peut-être la raison pour laquelle, aujourd'hui plus que jamais, la phrase qui définissait le Diable comme "le singe de Dieu", le grand imitateur, est encore plus d'actualité qu'au Moyen Âge. Son inversion. En effet, nous vivons aujourd'hui une époque radicalement opposée à toute idée de "normalité". Pour "progresser" dans cette direction, la science de pointe, afin d'être acceptée et tolérée, s'abstient de faire allusion aux aspects négatifs qu'elle contient. Elle ne se concentre que sur ses réalisations positives, qui plaisent à tous. Mais toute avancée technique et scientifique comporte un risque. Jamais autant qu'aujourd'hui, les "optimistes technologiques", dans leur irresponsabilité la plus totale, n'ont évité de faire allusion aux risques des nouvelles technologies.
Le plus grave, c'est que nous vivons une époque de perte des identités : tout ce qui implique une référence, c'est-à-dire un système d'identités, est interdit ou tend à être estompé le plus possible : nous vivons une époque de perte des identités nationales, de perte des identités culturelles, voire de perte des identités sexuelles. Ce qui se passe avec les nouvelles technologies et dans leur arrière-plan est quelque chose d'encore plus grave et extrême : la perte de l'identité humaine.
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dimanche, 01 novembre 2020
EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO
EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO
Ernesto Mila
Ex: https://info-krisis.blogspot.com
Todos los países de Europa sin excepción, tienen un tema común relacionado con sus monarquías: el mito del Rey Perdido. Un rey justo, legítimo y amado por sus súbditos, desaparece misteriosamente; todos se niegan a creer que haya muerto, se ha retirado a un lugar oculto y volverá cuando la hora sea propicia para ponerse al frente de la legión de los elegidos en la batalla final contra las fuerzas del mal.
ORIGEN DE LA FUNCION REAL
La etimología de la palabra “rey” es importante a la hora de determinar el concepto que el mundo antiguo se hacía de la función y del símbolo real. Se admite unánimemente que se trata de un término indo–europeo cuya huella se encuentra desde el área extrema de expansión celta (Europa Occidental) hasta la india védica.
En ese ámbito geo-étnico siempre se encuentra la raíz reg– que da lugar a las variaciones rex (latino), el raj (hindú) y el rix (galo), presentes en palabras y nombres como dirigere, Mahararajh, o Vercingetorix. En general, la raíz reg– indica a “aquel que traza el camino”, es decir, define la jefatura y el mando.
De esta misma raíz deriva la palabra y el concepto de derecho (trazar el camino implica, en definitiva, enunciar un derecho, promulgar una ley): right (en inglés), recht (irlandés antiguo), recht (alemán), y encontramos la misma simetría en la lengua latina entre rex y lex.
Al establecer que la función real era “trazar el camino”, los pueblos indo–europeos hacían algo más que calificar al jefe político–militar. De hecho, la historia nos enseña que no fue sino en un período tardío cuando los monarcas asumieron la conducción militar de su pueblo, mientras que la política estaba delegada a la nobleza. El “dux” –palabra próxima a rex– indicaba a los caudillos militares que asumían el mando en momentos de crisis y en los que el rex delegaba la función guerrera. Luego, cuando se superaba la crisis, desaparecía el cargo de “dux bellorum”, caudillo de las batallas, literalmente. “Trazar el camino”, guiar a su pueblo por las seis rutas del espacio definidas por la cruz tridimensional que marca las direcciones del espacio. El rex tenía el poder de guiar a su pueblo en todas estas direcciones.
La función real primitiva se justificaba en que reyes y dioses no eran sino una misma persona. En el Apocalipsis de Juan se encuentra un eco de este orden de ideas: “Aquel que se sienta sobre el trono” declara “Yo soy el Alfa y el Omega, el Principio y el Fin”.
El rey era concebido como un punto de irradiación, no humano, encarnación directa de poderes trascendentes y, en tanto que tal, digno de ser obedecido; el mando, no era obtenido ni mediante elección, ni por aclamación, sino que procedía de un contacto tangible con entidades superiores, condición imprescindible para que los súbditos aceptaran la sumisión a su voluntad.
LA IDEA DE ORDEN
La prosperidad del reino, la victoria en las batallas y la justeza de sus decisiones, es decir, el Orden, eran muestra del origen divino y legítimo del poder. Si se producía un descalabro militar, una mala cosecha, si la injusticia se enseñoreaba, todo ello mostraba el debilitamiento del vínculo que unía al rey con el supramundo y con los poderes trascendentes. Entonces, sus súbditos podían destronarlo.
La vieja leyenda itálica del Rey de los Bosques de Nemi, cuenta que el rey de aquellos dominios está siempre en guardia bajo un árbol sagrado, y seguirá siendo rey hasta que un esclavo fugitivo consiga sorprenderlo y arrancar una rama del árbol que custodia. Por “esclavo fugitivo” hay que entender un hombre emancipado de los lazos de la materia y que ha logrado establecer un vínculo con la trascendencia.
El mismo símbolo del árbol es reiterativo, indica la fuente de un poder y se relaciona habitualmente en el universo simbólico indo–europeo con la montaña, el centro, la isla, el jardín bienaventurado, etc. Todos estos símbolos suponen lugares inaccesibles, en los que reina el Orden, mientras que, a su alrededor, todo fluye, es caos y dinamismo contingente. Residir o tener acceso a uno de estos símbolos supone conquistar la función real. La montaña del Grial, el castillo de Camelot, la isla de Avalon, el Roble del Destino, el Jardín de las Rosas, el Omphalos de Delfos, etc. pueden ser relacionados fácilmente con lo que decimos y constituyen el centro de un período dorado para la humanidad.
Ahora bien, el hecho de que todo en el mundo tradicional indo–europeo esté sometido a ciclos –ciclo de las estaciones, ciclos lunares, rotación sideral, vida humana– hace que la Edad Dorada no se prolongue hasta el infinito. El tiempo la va desgastando hasta que se produce una caída de nivel que registran todas las tradiciones. Sin embargo, el centro, la montaña, el jardín, o la misma función real no desaparecen, sino que entran en un estado de latencia; se vuelven inalcanzables para los hombres comunes y dejan de influir en los destinos contingentes del mundo. El Jardín del Edén, no desaparece tras la caída de Adán, simplemente se hace inaccesible; otro tanto ocurre con el castillo del Grial, solo visible para las almas puras; en el caso del Jardín de las Rosas del Rey Laurin –que todavía puede visitarse en Bolzano– un hilo de seda lo convierte en impenetrable. La idea es siempre la misma: algo visible, pasa a otra dimensión, no muere, sin embargo, se oculta temporalmente, “hasta que los tiempos estén prestos”, es decir, hasta que una nueva renovación del cosmos, haga posible la manifestación del centro supremo. Y lo mismo ocurre con los monarcas.
EL REY PERDIDO, NO–MUERTO, AGUARDA SU HORA
En este contexto los pueblos indo–europeos han tenido siempre muy arraigado en su estructura mental, el mito del Rey Perdido: un rey querido por todos, justo, amado por su pueblo, deseado, en un momento dado, desaparece; su pueblo se niega a creer en su muerte; no es posible que los dioses hayan abandonado a un ser tan noble y justo, se dicen, “no ha muerto, está vivo en algún lugar, y un día regresará para ponerse al frente de sus fieles”. Esta estructura se repite una y otra vez en las viejas tradiciones de las distintas ramas del tronco común indo–europeo.
Podemos establecer que los últimos reflejos en estado puro de tal mito terminan con Federico I Barbarroja y, ya en una dimensión esotérica, con la marcha de los Rosacruces de Europa al inicio de la Guerra de los Treinta Años. Pero el mito, ha reaparecido insistentemente en la edad moderna e incluso contemporánea, mostrando la fuerza de su arraigo en la mentalidad indo–europea.
EL "GRAN MONARCA" Y "EL REY DEL MUNDO"
Dos autores de singular personalidad han recuperado tradiciones relativas a este mito. De una parte, Nostradamus en sus célebres “centurias” alude al “gran monarca”, mientras que René Guénon, consagra uno de sus ensayos más esmerados al tema del “rey del mundo”.
Nostradamus en una cuarteta de sus famosas Centurias se hace eco de tradiciones más antiguas sobre el “gran monarca” y las incorpora a sus profecías. Su advenimiento se producirá después de una guerra de 27 años, que empezará en 1999, único año que se menciona con todos sus números y de forma explícita en las profecías de Nostradamus.
Esta leyenda tiene su origen en las décadas inmediatamente anteriores al año 1000, se trata pues, de un mito milenarista, una promesa de renovación. Los primeros rastros de tal tema se encuentran en los escritos del abad Adson de Montier–en–Der (muerto en el 992). Pero Adson bebe de fuentes anteriores, una de ellas el testimonio de San Isidoro de Sevilla (siglo VII) y otra, incluso anterior, de Cesario de Arles (siglo VI).
Es evidente que profecías de este tipo ganan fuerza justo en momentos de crisis y devastación. En el período posterior a las invasiones bárbaras, cuando los movimientos migratorios remiten, cobra fuerza la añoranza y el recuerdo del Imperio Romano, incluso entre los mismos pueblos germánicos invasores, la idea de que Roma representaba el Orden gana fuerza y se produce un sincretismo entre los mitos nórdico–germánicos, con fuerza en esas razas, y los temas propios de la romanidad.
Esa añoranza de la grandeza de Roma se traduce en la aspiración a renovar el Imperio. Cuando Clovis (Clodoveo) es entronizado rey de los francos en el 496, recibe del Emperador de Oriente, la dignidad de Patricio y de César y, por este acto se considera renovado y regenerado el antiguo Imperio Romano. En siglos siguientes, a partir de Carlomagno y de los Hohenstaufen, la fórmula de consagración será calcada de la entronización de los Césares de Roma.
Pero la baja edad media supone una sucesión trepidante de convulsiones que crean en las poblaciones la sensación de que un ciclo está a punto de terminar. Los grandes príncipes son pocos y sus reinados breves, su recuerdo histórico se va diluyendo y entran vertiginosamente en el campo de la leyenda. En esa situación se suceden las profecías, todas interpretando el mismo deseo subconsciente: un gran príncipe –el gran monarca– reunirá a todos los pueblos de Occidente para librar la última batalla contra las fuerzas del anticristo. Aquí podemos ver cristianizado el tema de la “horda salvaje” de Odín y de sus guerreros que esperan en el Walhalla la hora de la batalla contra las fuerzas del mal.
Ahora bien, en el tema del “gran monarca” existe un ápice de nacionalismo galo. El “gran monarca” nace en Francia, en Blois concretamente, y queda ligado indisolublemente a la corona de ese país; contrariamente, el tema del “rey del mundo” tiene un carácter más universal.
LA UNIVERSALIDAD DEL MITO
En los siglos XIX y XX dos relatos traen a Occidente el recuerdo aún vivo del “rey del mundo”. Saint Yves d'Alveydre en su Misión de la India y Ferdinand Osendowsky en Bestias, Hombres y Dioses hablan, respectivamente de un reino subterráneo, Agartha o Agarthi, al que se refieren tradiciones vivas de Mongolia y la India, transmitidas por monjes budistas, en el que moraría el “rey del mundo”, el “chakravarti”.
En la tradición budista el “chakravarti” es el “señor de la rueda”, o si se quiere “el que hace girar la rueda”. Guénon nos dice al respecto: “es quien, instalado en el centro de todas las cosas, dirige su movimiento sin él mismo participar, o sea quien es –según la expresión de Aristóteles– el ‘motor inmóvil’”. Esa rueda está habitualmente representada con la forma de una svástica, símbolo que, ante todo, indica movimiento en torno a un centro inmóvil.
El “rey del mundo” no es un tema exclusivamente budista. La Biblia registra la misteriosa figura de Melkisedec, rey y sacerdote de Salem, señor de Paz y Justicia. Salem, es equivalente al Agartha y Melkisedec el “chakravarti” judeo–cristiano.
El lugar de acceso a ese centro del mundo aparece en distintas tradiciones: son muchas las leyendas de cavernas que dan acceso al centro del mundo, también montañas que tienen la misma función, islas, lugares marcados con monumentos megalíticos (menhires frecuentemente), lugares “Omphalos” (ombligos del mundo como el santuario de Delfos), todos estos puntos tienen como denominador común el constituir “centros espirituales”, es decir, lugares en los que se favorece el tránsito entre el mundo físico y el metafísico, entre lo contingente y lo trascendente. Todos estos símbolos facilitan la entrada a otro nivel de la realidad, aquel que se ha hecho invisible para los hombres dada su impiedad o simplemente a causa de la involución cíclica del mundo. Entrado éste en la Edad Oscura (Kali Yuga, Edad del Hierro o Edad del Lobo), lo que antes era visible y accesible se convierte en secreto y oculto. No puede llegarse hasta él sino a través de pruebas iniciáticas y de una ascesis interior: tal es la temática de la conquista del Grial, de las grandes rutas de peregrinación, de temas masónicos como el de la “búsqueda de la palabra perdida”, etc.
En esos lugares mora un rey supremo, indiscutible, acaparador del poder espiritual y del temporal, oculto e inaccesible, señor de paz y justicia: el rey del mundo, el rey perdido.
LA RENOVACION DEL MUNDO A TRAVES DEL REY PERDIDO
Existe una interferencia entre los temas del Rey del Mundo y el Gran Monarca de un lado y los del Rey Perdido de otro. Este último, es un gran monarca que ha desaparecido misteriosamente y cuyos súbditos se niegan a creer que haya muerto. Las tradiciones indo–europeas, hablan de reyes que se ocultan en cavernas, o simplemente que desaparecen pero que no han muerto. Pues bien, este es el punto de interferencia entre una y otra tradición.
El tema del “rey perdido” alude a reyes históricos que la crónica ha revestido de contenidos míticos; por el contrario, el tema del “rey del mundo” pertenece exclusivamente al universo mítico. Cuando un rey histórico no muere, sino que desaparece, oculto en una cueva, en una montaña o en una isla, es que ha pasado al dominio del Rey del Mundo, ha establecido contacto con él y ha tenido acceso a ese reino latente que está oculto por culpa de la degeneración del mundo. En todas las tradiciones el “rey perdido”, al desaparecer y entrar en contacto con el “rey del mundo”, legitima su poder y alcanza un rango divino.
Ahora bien, esa situación no durará siempre. Finalizado el ciclo, la espada vengadora del “rey perdido” se manifestará de nuevo y, gracias al poder de su brazo, el mundo quedará renovado, habitualmente tras una gran batalla.
En el Tíbet solo los monjes budistas que han alcanzado un más alto grado de perfección, tienen acceso al reino oculto de Shambala, del cual el Dalai Lama es su delegado y embajador. Allí reside Gesar de Ling, rey histórico que vivió aproximadamente en el siglo XI y gobernó el Tíbet. Las leyendas locales afirman que Gesar no ha muerto, sino que retornará de Shambala al mando de un ejército, para someter a las fuerzas del mal y renovar el mundo agotado y caduco.
ARTURO Y FEDERICO BARBARROJA EN LAS LEYENDAS MEDIEVALES
En la Edad Media europea, mientras tanto, aparece una leyenda que fue considerada como verdad histórica, la del Preste Juan, el Rey Pescador. En Oriente, en un lugar impreciso entre Abisinia e India, existía un reino inmenso gobernado por un avatar de Malkisedec, el Rey Pescador. En su castillo se alojó Perceval en el curso de su conquista del Grial y fue allí donde vio la preciada copa y donde le fueron formuladas las preguntas fatídicas que Perceval en ese momento no supo contestar. Robert de Boron llega a calificar a Perceval de sobrino del Rey Pescador.
En el terreno de la historia se sabe que el Emperador Federico I recibió tres regalos del Preste Juan, (un abrigo de piel de salamandra, que le permitía atravesar las llamas, un anillo de oro y un frasco de agua viva) que suponían un reconocimiento de la dignidad imperial de Federico I por parte del “Rey del Mundo”. Así pues, el Rey del Mundo es aquel rey superior a los demás reyes y que los legitima para su misión.
En diversas ocasiones, monarcas europeos organizaron expediciones para establecer el contacto con el mítico reino del Preste Juan, que invariablemente se perdieron y jamás regresaron. Pero el tema subsistió en las leyendas del Grial.
Arturo, después de la batalla contra las fuerzas del mal representadas por Mordred, se retira a la isla de Avalon. De Carlomagno se dirá lo mismo: que no está muerto, sino que, aguarda el tiempo en que sus súbditos vuelvan a necesitarlo. Federico I y su hijo Federico II, alcanzarán el mismo rasgo legendario, morando en el interior de montañas como el Odenberg o el Kyffhäuser, volverán cuando se produzca la irrupción de los pueblos de Gog y Magog, aquellos que Alejandro Magno –otro rey perdido– encerró con una muralla de hierro.
Es también en el período medieval en el que se establece la festividad de los Reyes Magos, personajes misteriosos que siguen a la estrella que marca el lugar de nacimiento de Cristo. Su triple imagen es un desdoblamiento de la figura de Melquisedec. Si en el rey de Salem está concentrado la triple función de “Señor de Justicia”, “Sacerdote de justicia” y “Rey de Justicia”, en los Reyes Magos, esta función está separada e individualizada en cada uno de ellos.
EL MITO DEL REY PERDIDO EN LA PENINSULA IBERICA
Sobre el suelo de la península ibérica florecieron también leyendas del mismo estilo. Jamás se encontró el cadáver de Roderic o Don Rodrigo, último rey godo; su recuerdo y el de la monarquía legítima animó a su portaespadas, Don Pelayo a iniciar la reconquista en su nombre.
Más tarde, floreció el mito de Otger Khatalon, héroe epónimo de Cataluña; oriundo de Baviera, empuñaba como el Hércules mítico una pesada maza; liberó el valle de Arán y el valle de Aneu del dominio musulmán; una vez cumplida su obra desapareció, no está muerto, solo oculto, y solo volverá cuando se produzca una nueva crisis desintegradora.
Alfonso el Batallador y Don Sebastián de Portugal, desaparecido tras la batalla de Alcazarquivir, dejaron tras de sí un halito de misterio; años después todavía se creía que seguían vivos e incluso algunos impostores pretendieron usurpar su personalidad.
LAS ULTIMAS MANIFESTACIONES DEL MITO
A mediados del siglo XIX aun debía manifestarse el tema del rey perdido en Francia. La historiografía oficial no ha logrado desenmarañar el destino del Delfín de Francia, Luis XVII, desaparecido en la Torre del Temple de París tras el asesinato de sus padres por los revolucionarios. Algunos todavía hoy sostienen que el relojero holandés Naundorff, que llegó un día a París demostrando conocer con una precisión absoluta la infancia del Delfín, era el hijo de Luis XVI.
Setenta años después, algunos rusos blancos exiliados tras la Revolución Rusa, quisieron creer que la Gran Duquesa Anastasia jamás había muerto, sobrevivió a la masacre de Ekhaterinemburgo y daría continuidad a los Romanov.
Finalmente hubo muchos que se negaron a creer en la muerte de Hitler y durante años estuvo extendida la idea que había logrado sobrevivir al cerco ruso de Berlín y huir al Polo en donde prepararía el retorno y la venganza.
La fuerza de la leyenda tuvo aun un postrero coletazo en el “affaire” de Rennes le Chateau, cuyo tema central era la supervivencia de la dinastía merovingia y el hallazgo del “rey perdido” en la figura de un astrólogo y documentalista que decía ser gran maestre de un “Priorato de Sión”. Se trata de un eco postrero en el que la credulidad de las masas arraiga en un sustrato de la psicología profunda de los europeos. Y es que, en el fondo, el “rey perdido” no es sino el arquetipo simbólico de una calidad espiritual próxima a la trascendencia, latente en todos los hombres, olvidada, más no perdida.
A MODO DE CONCLUSION
Caudillo derrotado en ocasiones (Dagoberto, Arturo), en otras muerto, pero cuyo cadáver jamás se encuentra (Barbarroja, Rodrigo), o simplemente líder victorioso de un período áureo (Guesar de Ling), consciente de que los ciclos históricos han decaído y que decide pasar a un estado de latencia hasta que se produzca la renovación del tiempo (de la que él mismo será vehículo), este mito es transversal en el espacio y en el tiempo, reiterándose en todo el ciclo indo–ario.
Siempre la morada de este rey perdido es un símbolo polar: una montaña inaccesible (Barbarroja), una isla dorada (el Avalon de Arturo), el “centro” de la tierra (Cheng Rezing, el “rey del mundo” extremo–oriental), un castillo dorado (Otger Khatalon). El presentimiento de su existencia anima a otros a emprender gestas y hazañas imposibles (la reconquista de Don Pelayo en relación a Rodrigo, los atentados del “Wehrwolf” en relación a Adolfo Hitler, la conquista del Grial por los caballeros del Arturo muerto en Avalon) o estar a la espera de la llamada del monarca para acudir a la última batalla (el tema del Räkna–rok y de la morada del Walhalla, el tema del último avatar de Buda y de Shambala).
Lo que se pretende en otros casos es tomar el mito del rey perdido de una forma utilitarista: sería él y sus presuntos descendientes los que garantizarían la legitimidad dinástica (los descendientes de Dagoberto II en el affaire de Rennes le Chateau, los partidarios de Naundorf en la cuestión del Delfín, los de Juan Orth en la dinastía austro–húngara, incluso los de la gran duquesa Anastasia en el caso de la herencia de los Romanov, etc.).
El mito del Rey del Mundo, las leyendas de los reyes perdidos y de los monarcas que aguardan la batalla final rodeados de sus fieles guerreros, pertenece a nuestro pasado ancestral. Es una parte de nosotros mismos, algo que debemos conocer y encuadrar en un universo simbólico y mítico, hoy perdido, pero del cual no podemos prescindir si queremos conocer nuestro origen y nuestro destino.
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mardi, 13 octobre 2015
Ernesto Milá entrevistado por el blog realmofchaosslavestodarkness
Ernesto Milá
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samedi, 06 juin 2015
Pero ¿son necesarios los partidos políticos?
por Ernesto Milá
Info|krisis
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Tras la muerte de Franco parecía como si no hubiera forma de asentar una democracia sin partidos políticos. Se aceptaba entonces de manera casi unánime que la estructura de un partido político era la forma más directa y auténtica que tenía el ciudadano para participar directamente en la política. Desde entonces han pasado casi cuarenta años, tiempo suficiente como para haber comprobado hasta la saciedad que la representatividad de los partidos políticos es casi nula: sus dirigentes se representan a sí mismos, a nadie más. Los partidos ya no son opciones ideológicas o programáticas, sino grupos de intereses particulares; nada más. En estas circunstancias hace falta plantearse si los partidos son el canal más adecuado de participación democracia. Y, sobre todo, plantearse alternativas. El anti-partido es una de ellas.
Los partidos han decepcionado. Están decepcionando. Decepcionan cada día más. Incluso los nuevos partidos decepcionan rápidamente (lo hemos visto con Podemos y Ciudadanos, con ERC y con Sortu) en la medida en que ya no son opciones ideológicas concretas, ni propuestas para realizar reformas, sino estructuras que se mecen al viento, según los gustos de la población (de una población cada vez más apática, incapaz de interpretar y comprender la realidad en la que vive y pasiva). Tales “gustos” oscilan en función de los criterios implantados por las empresas de comunicación que, a su vez, responden a los intereses de los grandes grupos mediáticos.
Si a la falta de criterios doctrinales y programáticos que justifiquen la existencia de los partidos políticos, se añade el que sus diputados en el parlamento tienen una invariable tendencia a votar según los deseos de su jefe de grupo parlamentario y carecen, no sólo de rostros, sino de personalidad y voluntad propia, se entenderá que el régimen político español sea una “democracia formal”, que tiene muy poco que ver con la “democracia real”. O por expresarlo con palabras del Premio Nobel Alexandr Solzhenitsin, nos encontramos inmersos en un sistema “en el que puede decirse todo, pero no sirve para nada”.
Partidos políticos: la crónica de una crisis anunciada
La crisis de los partidos políticos empezó cuando renunciaron a tener esquemas doctrinales propios y perfectamente definidos, a partir de los cuales el programa político emanaba casi de manera automática. En lugar de eso, convirtieron a sus programa en una especie de inventario oportunista de buenas intenciones que derivaban de las encuestes formuladas a los electores y no de una particular visión del mundo y de la política que compartieran todos los miembros de esa formación política.
Puesto que no había una definición ideológica común, lo único que unía a los miembros de un partido político eran los intereses comunes, intereses, siempre, espurios, sino facciosos. Fue así como los partidos se convirtieron en grupos de intereses particulares y dejaron de ser plataformas de doctrinas políticas. No se trataba de conquistar el poder para introducir cambios y reformas en la marcha de la sociedad, sino más bien de controlar los resortes del poder para satisfacer ambiciones personales o de grupo. El programa quedaba, a partir de entonces, como una especie de documento que estaba ahí por puro azar y que nadie tenía la más mínima intención en llevar a la práctica.
Parlamento: una selección a la inversa
En tal contexto, en las cúpulas de los partidos políticos era evidente que se iba a realizar una selección a la inversa: los más honestos, aquellos en los que creían en una determinada doctrina y en gestionar a la sociedad con unos principios concretos, se fueron retirando de la actividad política, dejando el puesto a los ambiciosos y oportunistas sin escrúpulos, a los egomaníacos y psicópatas, a los simples mangantes o a los pobres espabilados…
Hoy, en el parlamento español quedan pocas personas eficientes y capaces, muchas menos aún con experiencia en gestión más allá del cargo político y una aglomeración de diputados compuesta por todo tipo de corruptos, imputados o imputables con interés por corromperse en el plazo más breve posible si ello implica una promoción personal y beneficios que, de otra manera, no se conseguirían trabajando con constancia y honestidad.
En su inmensa mayoría, los profesionales brillantes, los gestores eficientes, los individuos con experiencia, han desertado de la política y se dedican a los negocios privados y, desde luego, no quieran saber nada con unas instituciones en las que deberían tragar sapos, renunciar a su personalidad, no poder mirar a los electores a los ojos sin que se les caiga la cara de vergüenza por las mentiras electorales y las promesas sistemáticamente incumplidas o, simplemente, vivir digna y honestamente. Dignidad y honestidad no son, en la España de hoy, términos compatibles con el parlamentarismo ni con las instituciones.
Una democracia tan “formal” como viciada
Si los partidos solamente representan a sus equipos dirigentes y si estos, a su vez, comen de la mano de los grandes consorcios financieros, entonces es que la democracia está viciada de partida y depositar un voto una vez cada cuatro años es una mera formalidad que no cambiará nada: salgan elegidos unos u otros, la plutocracia (el poder del dinero) impondrá sus normas sin distinción de siglas.
Los partidos han fracasado porque la modernidad ha impuesto el pensamiento único y el culto a lo políticamente correcto. Difundidas a través de los grandes medios de comunicación de masas, estas formas de ver el mundo, repercuten directamente en la opinión pública que se configura como un gran conglomerado carente por completo de espíritu crítico, dócil, y llevado de una opción a otra con la mansedumbre con que las ovejas van al matadero. El elector ideal para un partido político es aquel que cree en las promesas electorales y se desentiende del día a día de la política.
Ahora bien ¿existe alguna forma de reformar un sistema así concebido?
De la “democracia formal” a la “democracia real”
En primer lugar, digamos, que existen otros modelos y que estos son todavía más necesarios en la medida en que el nombre que corresponde a esta “democracia formal” es partidocracia y la partidocracia ha fracasado. Si la “democracia formal” es hoy sinónimo de partidocracia, la democracia “real”, deberá tener, indudablemente, otra formulación.
Se suele llamar a la “democracia formal” y al sistema parlamentario como “inorgánico” en la medida en que la representación se realiza a través de estructuras artificiales (los partidos políticos). Frente a este concepto de democracia limitada al mero ejercicio de las libertades públicas, pero en el que el ciudadano tiene vedado el control y la supervisión del ejercicio del poder que realizan los partidos, existe una “democracia orgánica” que, manteniendo el sistema de libertades y derechos públicos, concibe la representatividad a través de “estructuras naturales”: el municipio y la profesión especialmente.
Así como el parlamento actual está compuesto únicamente por representantes de los partidos políticos, en un parlamento “orgánico”, se sentarían en los escaños los representantes de la sociedad. ¿Quién puede entender mejor los problemas de la educación que los representantes de los sindicatos de profesores y maestros? ¿Quién puede entender mejor los problemas de la investigación científica sino los científicos mismos? ¿Quién podrá expresar más directamente las necesidades de la industria, del comercio o de la hostelería, sino los representantes de las patronales de estos sectores? ¿Y los intereses de los jóvenes o de las Fuerzas Armadas o de la Iglesia? ¿Los defenderán mejor representantes de los partidos políticos o de esas mismas instituciones y grupos sociales?
En la “segunda descentralización” que algunos defendemos (y que debería sustituir a la “primera descentralización” fracasada y frustrada que ha dado lugar al Estado de las Autonomías, a su faraonismo y a sus tensiones, corruptelas y mezquindades) los municipios también deberían de estar representados en el parlamento de la nación (o en el senado).
Así pues, la alternativa a la partidocracia es un modelo de organización en el que se pongan límites al poder de los partidos y que, sobre todo, no se les tenga por el único canal a través del cual se expresa la “voluntad nacional”. Ésta será la suma de las voluntades de los distintos organismos y estructuras que componen el cuerpo de la Nación. Podrían desaparecer los partidos políticos y nada esencial se perdería. No podría, en cambio, desaparecer la universidad, las fuerzas armadas, los ayuntamientos, el comercio, etc, sin que se produjera una catástrofe nacional. Por tanto es a partir de estos cuerpos intermedios de la sociedad como hay que remodelar la participación política y la representatividad.
De los partidos al anti-partido
La lógica implica que el tránsito de la “democracia inorgánica” a la “democracia orgánica” debe pasar por una serie de etapas, la primera de las cuales es ir restando poder a los partidos políticos e introduciendo la representación “orgánica” en determinadas instituciones (el Senado, por ejemplo, debería de ser una cámara de representación de la sociedad a través de sus estructuras profesionales y municipales, con capacidad de veto sobre las decisiones del parlamento. Una especie de “Cámara Alta” de la que dependa, en última instancia, las políticas a adoptar por el ejecutivo, mientras que el Parlamento es solamente una cámara de preparación de leyes y una primera instancia de control del gobierno).
Es fundamental, por ejemplo, que los partidos políticos desaparezcan de las instituciones: del Consejo de Radio Televisión y de los consejos regionales equivalentes, de las Cajas de Ahorros y de cualquier organismo económico. Hay que redimensionar los partidos políticos a su papel real en la sociedad. El número de afiliados a los partidos políticos es minúsculo y eso indica, a las claras, el desinterés que la población experimenta hacia ellos. No pueden, por tanto, arrogarse el 100% de representatividad de una sociedad que está de espaldas a todos ellos.
La gran contradicción del momento actual estriba en que para reformar el sistema político hace falta un partido político que asuma y defienda es propuesta ante la sociedad. Hasta ahora, todos los partidos políticos que han irrumpido en el ruedo español con propuestas de reforma, cuando han adquirido una masa crítica han terminado renunciando a tales reformas, “centrándose”, esto es, desnaturalizándose y asumiendo lo “políticamente correcto” y el “pensamiento único”. Por tanto, no es un partido lo que se necesita para cambiar la configuración de la representación, sino un anti-partido que empiece negando el poder omnívoro de los partidos.
Un anti-partido, en definitiva, para poner en cintura a los partidos políticos. Un anti-partido para reformar a la sociedad. Un anti-partido para realizar el tránsito de la “democracia formal” a la “democracia real”, de la “democracia inorgánica” a la “democracia orgánica”. Objetivo lejano, casi remoto, pero no por ello objetivo menos necesario.
Fuente: Info|krisis – ernestomila@yahoo.es
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samedi, 16 août 2014
El país más ruidoso...
por Ernesto Milá
Ex: http://infokrisis.blogia.com
Info-krisis.- España es un país ruidoso. Es más, es el país más ruidoso del mundo. No solamente la modernidad genera ruidos mecánicos más allá del umbral de lo tolerable, sino que la sociedad española es la más ruidosa de todo el globo. El ruido es tan abominable como el silencio es el caldo de cultivo de todo aquello de lo que la humanidad puede estar orgullosa. Las civilizaciones tradicionales han sido civilizaciones del silencio y de la serenidad. Se cultivaba el silencio porque se intentaba que cada cual fuera él mismo. Si hoy, en nuestra España bulle la más ruidosa de todas las sociedades es porque ocupamos un lugar avanzado en la degradación de las costumbres y en los procesos de desintegración social. No es, precisamente, como para estar orgullosos, pero así están las cosas… Vale la pena reflexionar sobre ello.
¿Somos el país más ruidoso del mundo? El 24 de abril de 2013 el diario ABC publicada una pequeña noticia acompañada de vídeo en el que respondía a esta cuestión: No, no somos el país más ruidoso del mundo (http://www.abc.es/videos-espana/20130424/espana-segundo-pais-ruidoso-2324696589001.html), el título corresponde al Japón, nosotros nos debemos contentar con una discreta segunda plaza. La noticia venía a cuento de que los inspectores de GAES (empresa dedicada a la venta de prótesis auditivas) habían recorrido las calles de Madrid, Barcelona, Bilbao y Sevilla para concienciar a la población sobre los altos niveles de ruido y cómo pueden afectar a la salud. Era el Día Mundial contra el Ruido. Durante la jornada se detectaron en España sonidos muy por encima de los niveles recomendados por la OMS. El óptimo son 65 decibelios; lo registrado en España estaba siempre muy por encima. Estos estudios de la OMS situaban a España en segundo lugar como país ruidoso, tras el Japón. Pues bien, no. Creo que podemos reivindicar el primer puesto.
España: la sociedad más ruidosa del mundo
La OMS mide los ruidos registrados en las calles a causa de elementos mecánicos, habitualmente vehículos, obras y sonidos derivados de la vida ciudadano. Pero eso no son todos los ruidos. La misma sociedad los genera: y la sociedad somos cada uno de nosotros. Los japoneses, educados en las tradiciones del Zen y del Shinto, “sufren” el ruido y lo superan precisamente por ese tipo de educación que interioriza la vida y la vuelve ajena al exterior. Ellos mismos, ni se expresan a gritos, ni viven dando gritos, sino todo lo contrario. Incluso cuando sufren los mayores dolores y desgracias personales y colectivas, están obligados a mostrar un rostro inexpresivo y a eliminar sus lamentos. La modernidad ha hecho del Japón un país ruidoso, pero los japoneses, en cambio, no lo son. De ahí que España vaya muy delante y puede reivindicar el dudoso honor de “país más ruidoso del mundo”.
En efecto, aquí no solamente la sociedad genera los ruidos propios de la modernidad, sino que el español tiene a gala ser gritón desde el momento mismo de nacer. He viajado en los últimos tres años por docena y media de países. Estoy muy sensibilizado por el ruido y puedo asegurar que la sociedad española es, con mucho la más ruidosa de entre todos esos lugares. Da la sensación de que se ha producido un “efecto llamada” para gentes ruidosas de todo el mundo que han convergido en España, “paraíso del ruido” y de la inhibición del Estado, de las Comunidades Autónomas y de los Ayuntamientos.
En el extranjero es diferente…
En Praga tuve una epifanía: estaba sentado en una céntrica cafetería y, justo al lado, tenía una mesa con cuatro niños de, más o menos, 13 años. Hablaban. Eso era lo sorprendente para un observador español: ni jugaban con videojuegos, ni aporreaban sus móviles, ni siquiera gritaban. Hablaban. Fue en ese momento cuando me di cuenta de que en España desde hacía mucho tiempo no había visto a cuatro niños de esa edad, sentados en torno a una mesa, serenos y cambiando impresiones en torno a una merienda.
A partir de ahí me he ido fijando en la reacción de los niños de todo el mundo y en su comportamiento habitual: solamente en España parecen rabiosos, gritan constantemente y da incluso la sensación de que si sus padres no les oyen gritar tienden a creer que están enfermos. Porque, lo normal es que los padres hayan dejado de preocuparse de que sus hijos jueguen y convivan dando alaridos. Cada vez más, el lenguaje de los niños españoles está dejando de ser un lenguaje hablado para ser un conjunto de gritos, onomatopeyas y sonidos que oscilan entre el alarido y el gruñido. Nada parecido a los niños canadienses, a los niños portugueses, a los niños serbios, a los niños malteses, a los niños neozelandeses, a los niños sardos y así sucesivamente. Hemos logrado que la próxima generación no solamente no sepa escribir y que colocar todas las letras en una palabras sea algo inútil y cansino, sino que tampoco sepa hablar y que los gritos y las onomatopeyas sustituyan, como en los mensajes SMS, a las palabras.
Y esto es preocupante, porque indica el grado de decadencia de nuestra sociedad. Observad a las gentes en los transportes públicos: estaba ayer en un tren abarrotado cuando veo a una niña de color de no más de 16 meses en su carrito, molestando a todos los viajeros a los que lograba alcanzar con sus cortos brazos. Además, la niña berreaba. La madre, a todo esto, al lado, jugando con el tablet, completamente despreocupada, como ausente. A la vista de que la madre era blanca y de edad media, era fácil suponer que había comprado la niña a una de esas empresas de adopción especializadas en adquirir niños a bajo precio en los mercados africanos y venderlos en Europa como si se trataran de mascotas. Y la “madre” debía de tener, más o menos, el mismo concepto porque actuaba con el desinterés propio de la propietaria de un pekinés que ya la ha dejado de fascinar y para la que sacar al perro a dar una vuelta, se convierte en un engorro tedioso.
Justo cuando empezó a bajar gente del tren me di cuenta de que, además, varios jóvenes, de aspectos magrebíes unos, andinos otros y españoles, por supuesto, competían con el acordeonista rumano en convertir aquel vagón en una olla a presión de decibelios. Además de estos, están los que al contestar el teléfono, lejos de hacerlo discretamente, nos obligan a todos los viajeros a que conozcamos sus miserias. ¿Cómo decirles a unos y a otros que ni su música, ni sus conversaciones nos interesan lo más mínimo? Y lo que es peor: ¿podrían comprenderlo? La respuesta que nos daría el magrebí o el andino es que somos racistas. El adolescente español con mirada perdida, el rostro inexpresivo y un rap en el móvil, es probable que ni siquiera entendiera de qué diablos le estábamos hablando.
Avances tecnológicos en manos de paletos
Me ha llamado la atención otro peligro puesto de manifiesto por los otorrinos. Los auriculares de mala calidad (regalados en los trenes de larga distancia, pero también los vendidos con determinados móviles) pueden generar problemas auditivos graves si se utilizan sistemáticamente al máximo de decibelios. El tímpano, simplemente, se endurece. Los consultorios de la seguridad social vienen registrando un aluvión de jóvenes con los oídos supurando, inflamados, o con los primeros síntomas de sordera a los 25 años… Algunos estudios médicos convienen que un porcentaje alto de jóvenes tiene ya tímpanos que corresponden a la tercera edad.
No me importaría en absoluto que esos cretinos se convirtieran en sordos prematuros si no fuera porque la prótesis la tiene que pagar la SS (es decir, usted y yo) y porque están en torno a los 3.000 euros o más. Por lo demás, la mala calidad de los auriculares hace que en algunos casos, no solamente el pobre diablo que los lleva encajados entre el cerebro, tenga que aguantar su ruido, sino que éste alcance a la gente situada en las inmediaciones. Podemos estamos establecer una ley precisa: cuando más cretino es uno de esos sujetos, peor música escucha. Comprobadlo y me daréis la razón.
Cuando se pone en manos de un paleto un teléfono de última generación el destrozo está garantizado: en primer lugar porque, cuando lo utilice, gritará como un poseso y nos obligará a saber a ciencia cierta que es solamente un pobre paleto, sin educación, sin cultura y haciéndonos dudar incluso de si es “portador de valores eternos” o simplemente no porta más que su propia estupidez. Si tiene que oír música, será sin duda la peor música del mundo, diseñada especialmente para homínidos como él. Si tiene que jugar a un videojuego, pondrá el sonido de tal manera que podamos seguir las vicisitudes de la partida a menos de diez metros a la redonda de donde se encuentre. Pon un avance tecnológico en manos de alguien que difícilmente hubiera manejado el pedernal y la azagaya y tendrás un foco emisor de decibelios más.
Quizás el problema sea que desde los años 80 las discotecas españolas han ido elevando los niveles de ruido hasta prácticamente el umbral del dolor. No es raro que se consuman drogas de diseño en algunas discotecas como quien consume azucarillos: de otra manera, difícilmente se podría soportar horas y horas el ruido que apunta directamente contra el corazón. Hace unos años, un DJ que además era miembro de la banda rock Defcomdos, me comentaba que la gente “se ponía muy loca” con la música que él generosamente les ofrecía. Debía ser verdad y él debía saberlo. Por aquel tiempo, en una fiesta de San Juan estaba previsto que a la medianoche parara la música y un presentador enviara un mensaje del sponsor. Cuando se le dijo al DJ que interrumpiera el festival de decibelios, se negó: simplemente, no quería que lo lincharan allí mismo. Y yo que estaba allí en nombre de un medio de comunicación, percibí que, efectivamente, si la música se detenía bruscamente aquella masa enloquecida hubiera podido reaccionar de la manera más destructiva posible.
Entre eso y que se ha convertido en habitual el botellón (que no es tanto, la reivindicación de un espacio de diversión barato, sino la expresión de la necesidad de emborracharse cuando antes y a la manera más rápida posible) y las drogas “blandas” (que no son sino inhibidores y anestésicos ante la realidad social), parece bastante claro que algo está fallando y que, solamente así se entiende el que seamos el país más ruidoso del mundo. Incluso, el país, con mucho, más ruidoso.
Sociedad tradicional y ruido
Hay que distinguir fiestas como las mascletás valencianas durante el ciclo de fallas, en la que el ruido provocado por kilos y kilos de pólvora se convierte en el desencadenante de una catarsis colectiva, o la fiesta de los tambores de Calanda en donde durante 24 horas el sonido extático de la percusión nos sitúa en otro estado de conciencia. Al igual que el carnaval es la fiesta en la que lo anormal pasa a ser durante unas horas lo normal, para recordar lo que es el orden y lo que es el caos, las fiestas tradicionales del ruido, nos recuerdan lo que es el silencio y la serenidad: aquello que debía ser lo normal a lo largo del año.
Silencio y serenidad van juntos. Incitan al estudio, a la introspección, a la reflexión, o simplemente al vacío mental y a la relajación. No solamente son necesarios para acometer una vida equilibrada y plena, sino que también son imprescindibles para nuestra cordura. Sólo en la ausencia de ruidos podemos recordar quienes somos, podemos ser nosotros mismos y encontrarnos a nosotros mismos. Es evidente que muchos prefieren huir de sí mismos, de sus pobres existencias, de su miserable cotidianeidad, sumergiéndose en una orgía de ruidos.
En cierta ocasión pregunté a un adolescente aficionado a los ritmos más estridentes “¿Por qué te gustan esas músicas?”. La respuesta fue probablemente de las más precisas que he oído nunca: “Porque así no pienso”. Y es que pensar puede generar angustia; es más cómodo huir de los problemas, jugar al avestruz, no encarar jamás la realidad. Pues bien, a eso se le llama “alienación”: alguien alienado es alguien que no es él mismo, sino otra cosa y que es incapaz de llegar a entender lo que supone ser él mismo.
Se entenderá que nos sintamos comprometidos en una campaña personal contra el ruido: no solamente porque anhelamos el silencio como anhelamos el calor de una mujer o como anhelamos cerveza helada en los calores del verano, sino porque consideramos que el ruido es otra patología social y un signo más de degradación y brutalización de una sociedad que está en trance de perder cualquier rastro de orden y ante lo cual lo único que puede hacerle olvidar sus miserias es el aturdimiento de los sentidos.
El gran Buda Sakyamuni, procedente de la casta guerrera, pero predicador incansable de la introspección como camino que conduce a la verdadera serenidad y estabilidad interior, era, por lo demás, pacifista y, sin embargo, tiene una frase que seguramente nos debe hacer pensar: “Si alguien perturba tu meditación, mátalo”. Traigo la frase no como “norma” de comportamiento, obviamente, sino como muestra de que una sociedad tradicional asume que su principal enemigo es el ruido y todo aquello que nos separa de nosotros mismos… justo lo contrario de la sociedad española moderna que, por ser líder de algo innoble, paleto y sin gloria, es líder mundial en ruido…
(c) Ernesto Milá - infokrisis - ernesto.mila.rodri@gmail.com - Prohibica la reproducción de este artículo sin indicar origen.
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samedi, 26 juillet 2014
Teoría del Mundo Cúbico
Diálogo sobre la Teoría del Mundo Cúbico.- EMInves ha publicado una recopilación de artículos, corregidos y aumentados, acompañados de una conclusión, titulada Teoría del Mundo Cúbico. El libro ha aparecido precisamente la misma semana en la que menos de la mitad del electorado acudía a las urnas para elegir sus representantes en Europa y quizás sea este hecho por el que convenga empezar el diálogo con su autor, Ernesto Milá:
– Nuestro pueblo no parece ha estado muy interesado por las elecciones europeas… ¿Cómo sitúan en su libro a la Unión Europea?
– Es simple: la UE podía haberlo sido todo y, sin embargo, ha optado por no ser nada. La UE podía haberse constituido como una de las “patas” de un mundo multipolar, una de las zonas con mejor nivel de vida y bienestar de las poblaciones. Y, sin embargo, ha preferido ser una pieza más de un mundo globalizado y, como tal, una víctima más de esa odiosa concepción económico–política que aspira a homogeneizar el mundo en función de los intereses de la economía financiera y especulativa.
– Así pues, no hay futuro para Europa dentro de la globalización…
– Exacto, desde hace 25 años, Europa viene siendo víctima de un doble fenómeno: de un lado la deslocalización industrial en virtud de la cual, las plantas productoras de manufacturas tienden a abandonar territorio europeo y a trasladarse a zonas del planeta con menos coberturas sociales y, especialmente, salarios más bajos; de otro lado, la inmigración masiva traslada masas ingentes del “tercer mundo” hacia Europa con la finalidad de aumentar la fuerza de trabajo a disposición, logrando así tirar a la baja de los salarios. Ambos procesos –deslocalización industrial e inmigración masiva– tienden a rentabilizar el rendimiento del capital: se produce más barato fuera de Europa y lo que no hay más remedio que se fabrique en Europa, cuesta menos gracias a la inmigración masiva. Eufemísticamente, a este proceso, se le llama “ganar competitividad” y registra en su nómina a una ínfima minoría de beneficiarios y a una gran masa de damnificados. Por eso es rechazable.
– Hablando de “modelos”, en la introducción dices que tu Teoría del Mundo Cúbico es un modelo de interpretación de la modernidad, ¿puedes ampliarnos esta idea?
– Lo esencial de toda teoría política es interpretar el mundo en función de un esquema propio que ayude a explicar la génesis de la coyuntura histórica que se vive y cuál será su evolución futura. Esto es hasta tal punto necesario que, sin esto, puede decirse que ninguna doctrina política, ninguna concepción del mundo, logrará definir los mecanismos estratégicos para modificar aquellos aspectos de la realidad que le resulten rechazables o discordantes. Para que un modelo de interpretación de la realidad sea eficiente, es preciso que integre los aspectos esenciales del fenómeno que analiza. Los modelos geométricos son particularmente interesantes por lo que tienen de “visual”. De entre ellos, el cubo es, sin duda, el que mejor se adapta a la globalización y, por tanto, es el que hemos utilizado para nuestro análisis.
– Así pues, si no se comprende bien lo que es la globalización, ¿más vale no intentar aventuras políticas?
– Exactamente. Cuando emprendes un viaje, una aventura, debes llevar contigo un mapa. El mapa es, en definitiva, el modelo de interpretación que te llevará del lugar en el que te encuentras a aquel otro al que quieres llegar. Nadie sensato se atrevería a iniciar un viaje sin disponer de un plano susceptible de indicarle en cada momento dónde se encuentra y si va por la buena o por la mala dirección. Hoy, el factor dominante de nuestra época es el mundialismo y la globalización; el primero sería de naturaleza ideológica y en el segundo destaca su vertiente económica, especialmente. ¿Qué podríamos proponer a la sociedad si ignorásemos lo que es la globalización? Incluso Cristóbal Colón tenía una idea clara de a dónde quería ir; para él, su modelo de interpretación era la esfera; sabía pues que si partía de una orilla del mar, necesariamente, en algún lugar, llegaría a otra orilla. Desconocer lo que es la globalización y sus procesos supone no asentar la acción política sobre bases falsas y, por supuesto, una imposibilidad para elegir una estrategia de rectificación.
– ¿Qué pretendes transmitir a través de estas páginas?
– En primer lugar la sensación de que la globalización es el factor esencial de nuestro tiempo. Luego, negar cualquier virtud al sistema mundial globalizado, acaso, el peor de todos los sistemas posibles y, desde luego, la última consecuencia del capitalismo que inició su ascenso en Europa a partir del siglo XVII. Tras el capitalismo industrial, tras el capitalismo multinacional, no podía existir una fase posterior que no fuera especulativa y financiera a escala planetaria. Cuando George Soros o cualquier otro de los “señores del dinero” vierten alabanzas sobre la globalización, lo hacen porque forman parte de una ínfima minoría de beneficiarios que precisan de un solo mercado mundial para enriquecerse segundo a segundo, al margen de que la inmensa mayoría del planeta, también segundo a segundo, se vaya empobreciendo simétricamente. En la globalización hay “beneficiarios” y “damnificados”, sus intereses con incompatibles. Finalmente, quería llamar la atención sobre la rapidez de los procesos históricos que han ocurrido desde la Caída del Muro de Berlín. Lejos de haber llegado el tiempo el “fin de la historia”, lo que nos encontramos es con una “aceleración de la historia” en la que e están quemando etapas a velocidad de vértigo. La globalización que emerge a partir de 1989, en apenas un cuarto de siglo, ha entrado en crisis. En 2007, la crisis de las suprime inauguró la serie de crisis en cadena que recorren el planeta desde entonces, crisis inmobiliarias, crisis financieras, crisis bancarias, crisis de deuda, crisis de paro, etc, etc. En cada una de estas crisis, da la sensación de que el sistema mundial se va resquebrajando, pero que se niega a rectificar las posiciones extremas hacia las que camina cada vez de manera más vertiginosa. Con apenas 25 años, la globalización está hoy en crisis permanente. Así pues, lo que pretendo transmitir es por qué no hay salida dentro de la globalización.
– ¿Y por qué no hay salida…?
– La explicación se encuentra precisamente en el modelo interpretativo que propongo: está formado por un cubo de seis caras, opuestas dos a dos; así por ejemplo, tenemos a los beneficiarios de la globalización en la cara superior y a los damnificados por la globalización en la cara inferior; a los actores geopolíticos tradicionales a un lado y a los actores geopolíticos emergentes de otro; al progreso científico que encuentra su oposición en la neodelincuencia que ha aparecido por todas partes. Así pues tenemos un cubo con seis caras, doce aristas en las que confluyen caras contiguas y ocho vértices a donde van a parar tres caras en cada uno. Así pues, del análisis de cada una de estas caras y de sus contradicciones entre sí, de las aristas, que nos indicarán las posibilidades de convivencia o repulsión entre aspectos contiguos y de los vértices que nos dirá si allí se generan fuerzas de atracción o repulsión que mantengan la cohesión del conjunto o tiendan a disgregarlo respectivamente, aparece como conclusión el que las fuerzas centrípetas que indican posibilidades de estallido de la globalización se manifiestan en todos los vértices del cubo, así como las fricciones en las aristas, y hacen, teóricamente imposible, el que pueda sobrevivir durante mucho tiempo la actual estructura del poder mundial globalizado.
– ¿Quiénes son los “amos del mundo”? ¿Los “señores del dinero”…?
– En primer lugar es preciso desembarazarse de teorías conspiranoicas. Si el mundo estuviera dirigido por una “logia secreta” o por unos “sabios de Sión”, al menos sabríamos hacia donde nos pretenden llevar y existiría una “inteligencia secreta”, un “plan preestablecido”. Lo más terrible es que ni siquiera existe eso. El capitalismo financiero y especulador ha dado vida a un sistema que ya es controlado por ninguna persona, ni por ningún colectivo, ni institución. Simplemente, la evolución del capitalismo en su actual fase de desarrollo está completamente fuera de control de cualquier inteligencia humana. De ahí que en nuestro modelo interpretativo, la cara superior del cubo –la que representa a los beneficiarios de la globalización– no sea plana sino que tenga la forma de un tronco de pirámide. En el nivel superior de esta estructura piramidal truncada se encuentran las grandes acumulaciones de capital, lo que solemos llamar “los señores del dinero”… pero no constituyen ni un “sanedrín secreto”, ni siquiera pueden orientar completamente los procesos de la economía mundial. Simplemente, insisto, la economía se ha convertido en un caballo desbocado, que escapa a cualquier control…
– Entonces… ¿quién dirige el mundo?
– … efectivamente, esta es la pregunta que faltaba. En mi modelo, esta pirámide truncada, está coronada por una pieza homogénea que está por encima de todo el conjunto. En los obeliscos antiguos esta pieza era dorada o, simplemente, hecha de oro, y se conocía como “pyramidion”. En la globalización ese “pyramidion” son los valores de los que se nutre el neocapitalismo: afán de lucro, búsqueda insensata del mayor beneficio especulativo, etc, en total veinte principios doctrinales que enuncio en el último capítulo de la obra y que constituyen lo que podemos considerar como “la religión de los señores del dinero”. Esos “principios” son los que verdaderamente “dirigen la globalización”. Los “señores del dinero” no son más que sus “fieles devotos”, pero no tienen ningún control sobre los dogmas de su religión.
– ¿Hay alternativa a la globalización?
– Sí, claro, ante: la llamada “economía de los grandes espacios”. Reconocer que el mundo es demasiado diverso y que un sistema mundial globalizado es completamente imposible. Reconocer que solamente espacios económicos más o menos homogéneos, con similares PIB, con similar cultura, sin abismos ni brechas antropológicas, pueden constituir “unidades económicas” y que, cada uno de estos espacios, debe estar protegido ante otros en donde existan condiciones diferentes de producción, por barreras arancelarias. Y, por supuesto, que el capital financiero debe estar en primer lugar ligado a una nación y en segundo lugar tributar como actividad parasitaria y no productiva. La migración constante del capital financiero en busca siempre de mayores beneficios es lo que genera, a causa de su movilidad, inestabilidad internacional. Hace falta poner barreras para sus migraciones y disminuir su impacto, no sólo en la economía mundial, sino también en la economía de las naciones. Los Estados deben desincentivar las migraciones del capital especulativo y favorecer la inversión productiva, industrial y científica.
– ¿Es posible vencer a la globalización?
– La globalización tiene dos grandes enemigos: en primer lugar, los Estados–Nación que disponen todavía de un arsenal legislativo, institucional y orgánico para defender la independencia y la soberanía nacionales de cualquier asalto, incluido el de los poderes económicos oligárquicos y apátridas; se entiende, que una de las consignas sagradas del neoliberalismo sea “más mercado, menos Estado”, que garantiza que los intereses económicos de los propietarios del capital se impongan con facilidad sobre los derechos de las poblaciones que deberían estar defendidos y protegidos por el Estado, en tanto que encarnación jurídica de la sociedad. El otro, gran enemigo de la globalización es cualquier sistema de “identidades” que desdicen el universalismo que se propone desde los laboratorios ideológicos de la globalización (la UNESCO, ante todo) y son antagónicos con los procesos de homogeneización cultural y antropológica que acompañan a la globalización económica. Así pues está claro: para vencer a la globalización es preciso reivindicar la dignidad superior del Estado (y para ello hace falta crear una nueva clase política digna de gestionarlo) e incluso recuperar la idea de Estado como expresión jurídica de la sociedad, es decir, de todos (con todo lo que ello implica) y, por otra parte, es preciso reafirmar las identidades nacionales, étnicas, regionales. Allí donde haya Estado e Identidad, allí no hay lugar para la globalización.
Datos técnicos:
Tamaño: 15 x 23 cm
Páginas: 258
Pvp: 20,00 euros
Abundante ilustrado con gráficos
pedidos: eminves@gmail.com
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vendredi, 18 juillet 2014
“Ramiro Ledesma a contraluz”
Novedad editorial:
“Ramiro Ledesma a contraluz”.
Entrevista con el autor, Ernesto Milá.
Otra forma de ver la vida y la obra de Ramiro Ledesma. Entrevista con Ernesto Milá autor de Ramiro Ledesma a contraluz, publicado por eminves
¿De dónde salió la idea de publicar esta obra?
Este libro es una refundición de cinco artículos que publiqué en la Revista de Historia del Fascismo entre 2011 y 2013 sobre la figura de Ramiro Ledesma, su vida y su obra, a la que le hemos añadido una conclusión que da coherencia a estos ensayos. La idea surgió a la vista de los errores de interpretación sobre este líder político y doctrinario que aparecieron a partir de 1979 y que lo presentaban de manera exótica, poco realista y sin muchos contactos con el Ramiro Ledesma real. En este caso, como en muchos otros, los “devotos” son mucho más peligrosos que los enemigos. En efecto, los “devotos” no se detienen a la hora de deformar en beneficio propio la obra de su icono. En cualquier caso, el estudio sobre Ledesma era una parte de un estudio más amplio que nos habíamos propuesto realizar desde el número 1 de la Revista de Historia del Fascismo destinado a revisar la trayectoria de este sector político en España.
¿Así pues hay que hablar de un “proceso de revisión” en la historia del “fascismo español”?
En efecto, se suele pensar que solamente existió una rama “fascista” en España. No fue así. Empecemos por decir que el fascismo puede entenderse de manera estricta como un movimiento que apareció en Italia después de la Primera Guerra Mundial dotado de determinadas características o bien, de forma genérica como el conjunto de movimiento aparecidos en el período de las “entre guerras”, un poco por todo el mundo y que tenían siete rasgos propios: 1) nacionalismo, 2) antiparlamentarismo, 3) antimarxismo, 4) corporativismo, 5) estilo militar, 6) cesarismo y 7) características propias vinculadas a la nación sobre la que irrumpió. En este sentido, todas estas características pueden aplicarse en España, tanto a las JONS, como a Falange Española, como a Renovación Española y a varios pequeños grupos formados en torno a personalidades notables como Giménez Caballero. Creo que, en sentido genérico es hora de revisar la historia del fascismo español, resituarlo en su tiempo y explicar porqué fue una oportunidad frustrada durante la II República, después de la guerra civil y en la transición.
¿Cuáles han sido las principales deformaciones sobre la obra de Ramiro?
En primer lugar se ha visto en Ledesma a un revolucionario “furibundo”, una especie de fanático incendiario que agitaba las teas desde las barricadas anticapitalistas. Nada más ajeno a la realidad. Ledesma es un revolucionario solamente porque plantea los valores, las ideas y las vías para invertir la decadencia histórica de España. Otros han querido ver en él a un “nacional-bolchevique” o a un “europeísta”, cosas que nunca fue ni por asomo. Se ha dado importancia a un antisemitismo del que nunca hizo gala. Se ha dicho de él que era un “fascista”, cuando él consideraba a este término como específicamente aplicable a Italia y él se definió siempre como “nacional-sindicalista”. Se le ha presentado como un hombre de izquierdas, algo que despreciaba profundamente. Y se ha dicho, finalmente, que era ateo o, simplemente, que “murió donde quiso”… en realidad, murió tras haber comulgado clandestinamente en la cárcel y siendo fusilado en una de las sacas habituales de la época junto a otros miembros de partidos de extrema-derecha. También se ha falseado sus opiniones sobre la derecha…
¿Así pues no estaba contra la derecha?
Sí lo estaba. La crítica que realiza a Gil Robles, por ejemplo, es implacable. Pero hay que recordar que Gil Robles era una especie de democracia-cristiana de derechas de la época y que existieron otras formas de derecha en la II República: los carlistas (a los que jamás criticó), los alfonsinos (con los que mantuvo amistad desde los primeros tiempos de La Conquista del Estado y que le ayudaron en varias ocasiones), la revista Acción Española (con la que colaboró y con cuyo fundador, Ramiro de Maeztu mantuvo una amistad y un debate que llegó a momentos antes de su asesinato), con Calvo Sotelo, etc. Ledesma solamente ataca despiadadamente, es cierto, a la CEDA y a Gil Robles, no al resto de componentes de la “derecha de la derecha”. El desprecio que nutre hacia el doctor Albiñana es relativo y se basa en que su espíritu matemático y filosófico chocaba con la simplicidad de postulados del Partido Nacionalista Español, con uno de cuyos miembros, Delgado Barreto, colaboró en la iniciativa de El Fascio.
Aludes a la estrategia política ideada por Ramiro Ledesma ¿a qué te refieres con ello?
Ledesma fue un doctrinario, pero también un hombre de acción. Era consciente de que meditar sobre las ideas solo es admisible si se tiene el valor de llevarlas a la práctica. Eso implica elegir una estrategia, unas tácticas, unos objetivos políticos, un criterio organizativo y formar una clase política dirigente. Se ha aludido bastante al Ramiro Ledesma doctrinario, pero nada en absoluto al estratega político. Y a partir de 1933 tenía una estrategia muy clara: la formación de un “gran partido fascista español” que agrupara a distintas ramas dispersas hasta entonces y a distintos líderes, necesarios todos ellos para alcanzar la masa crítica suficiente para derrocar a la frustrada república y construir un Estado Nacional Sindicalista. En ese sentido, el camino seguido por Ledesma es la estrategia de construcción del partido sumando distintas fuerzas ya existentes y dispersas hasta ese momento, algunas de las cuales incluso en el mundo anarco-sindicalista. Si Ledesma participó en la experiencia de El Fascio fue precisamente por eso, para favorecer una iniciativa unitaria, y si a última hora lanzó Nuestra Revolución fue para crear un medio “aceptable” para que sectores del anarco-sindicalismo asumieran los mismos ideales por los que estaba trabajando Falange Española.´
¿Ramiro y José Antonio compartían idénticos puntos de vista?
La evolución en el pensamiento de José Antonio fue rápida y sorprendente y de ella dimos cuenta en nuestro estudio titulado José Antonio y los no-conformistas. La evolución en Ledesma fue menos drástica. Simplemente, fiel a su proyecto de construcción de un gran partido fascista en España, tras colaborar en El Fascio, ingresó en Falange Española. Se dieron errores de conducción política en aquellos primeros pasos de FE y, para colmo, aparecieron rivalidades entre los dos líderes, fomentadas por personajes de poco valor más preocupados por sembrar cizaña que por sacar adelante el movimiento. Ledesma se escindió del partido y estuvo separado de José Antonio durante algo más de un año. Especialmente las primeras semanas posteriores a la escisión fueron de una dureza inusitada que se expresó a través de La Patria Libre por parte de Ledesma y de los primeros números de Arriba por parte de José Antonio. Dos meses después los ataques mutuos se atenuaron y luego desaparecieron, gracias al esfuerzo de los varios amigos comunes entre ambos. Ledesma aprovechó para escribir sus dos obras, ¿Fascismo en España? y el Discurso a las Juventudes de España y fue consciente de que había quedado descabalgado de la estrategia que él mismo había contribuido a crear. A partir de entonces, ambos, Ledesma y Primo de Rivera, iniciaron una reaproximación que llevaría al primero a visitar en la cárcel al segundo y a establecer algún tipo de colaboración tardía, en las semanas previas al estallido de la guerra civil, de la que Nuestra Revolución fue el eco.
¿Terminaron reconciliándose?
En mi opinión sí. Hay datos suficientes para pensar en la posibilidad de esa reconciliación. Ambos eran impulsivos, pero al mismo tiempo inteligentes. Se necesitaban el uno al otro. Y lo sabían. Después de la crisis de la escisión en el verano del 35 se inicia la reaproximación que culminará en mayo con la visita de Ramiro a la cárcel y con el posterior lanzamiento de Nuestra Revolución.
En tu libro nos ha llamado la atención el que dediques un capítulo a la novela de juventud de Ledesma, El sello de la muerte ¿a qué se debe?
En primer lugar, hay que decir que se trata de una novela de juventud, poco trabajada, argumentalmente floja especialmente en su segunda parte, pero que aporta datos sobre la psicología de Ledesma en su juventud. De hecho, es el único testimonio sobre las convicciones de Ledesma en su adolescencia y sobre su psicología. Hay que recordar que tras ese período juvenil, Ledesma se dedicó al estudio de la filosofía, conoció a Giménez Caballero quien lo introdujo tanto en las nuevas corrientes que circulaban por Europa en la época y luego se dedicó a la política. Para tener una visión completa de la aventura intelectual y existencial de Ramiro Ledesma era inevitable que aludiéramos con detenimiento a El Sello de la Muerte.
¿Cuál es tu opinión personal sobre Ledesma?
En el libro hay más de 500 citas bibliográficas sobre Ledesma, así que he procurado elaborarlo como tesis mucho más que como opinión personal. No todo el pensamiento político de Ledesma es rescatable en nuestros días (su concepción del sindicalismo, por ejemplo, era el de los años 30 que respondía a las exigencias de lucha contra el capitalismo de aquel momento histórico y que no se parece en nada al actual), era inevitable que en el análisis del capitalismo o del marxismo, Ledesma se refiriera a una época que ya queda muy distante en el tiempo. Pero de Ledesma queda sobre todo su método de análisis de la historia reciente de España en los dos últimos siglos (esa “gran pirámide de fracasos”) que creo mantiene todavía actualidad y vigor, su patriotismo de carácter social y, finalmente, su estilo de hombre de teoría pero también de acción, una síntesis que hoy está casi completamente ausente. Ledesma no fue como algunos nos han dicho que era, pero es una personalidad que vale la pena conocer, forma parte de nuestras raíces históricas y culturales, enseña que sin estrategia las ideas políticas son construcciones en el aire, inaplicables en la realidad. Nos dice mucho sobre el estilo, la austeridad y el temple necesarios en nuestros días.
Ficha de la obra:
Título: Ramiro Ledesma a contraluz.
Subtítulo: Por un comprensión integral de su vida y de su obra
Autor: Ernesto Milá
Editorial: EMInves
Formato: 15 x 23 cm, tripas en papel ahuesado
Portada: cuatricomía, plastificada en mate, con solapas
Número de páginas: 414
Precio: 22,00 euros + 4,00 de gastos de envío
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mercredi, 01 janvier 2014
Entrevista a Ernesto Milà
Entrevista a Ernesto Milà
Ex: http://infokrisis.blogia.com
Entrevista realizada hace algunos meses con cuestionario realizado por Ediciones Camzo para incluir en un texto de su fondo editorial.
¿Podría resumirnos cuál es el núcleo de su idea sobre la renovación de España?
Es muy simple y se puede resumir en unos cuantos puntos muy esquemáticos:
1) Desde la Generación del 98 no se ha realizado una actualización de los principios del patriotismo español ni se ha realizado una revisión en profundidad de la idea de España. Esto ha generado que esa idea haya quedado envejecida, que sea inadecuada para el tiempo presente y que resulte urgente replantearla.
2) Se suele aceptar que el Imperio de los Austrias es el momento culminante de la historia de España, pero se olvida la falta de sentido geopolítico de Carlos I y en especial de Felipe II que obligaron a España a combatir en dos frentes incompatibles entre sí: en Europa y en la colonización de América.
3) Si apareció este problema fue precisamente por la indefinición histórica de España como potencia marítima (lo que hubiera supuesto priorizar la colonización americana) o como potencia terrestre (lo que hubiera impuesto priorizar y concentrar nuestra presencia en la escena europea.
4) Esta es la primera cuestión que se debe dirimir: ¿qué somos? ¿potencia terrestre u oceánica? Es decir: ¿hacía donde tenemos que apuntar nuestra “misión” y nuestro “destino”? ¿Hacia Europa o hacia América?
5) El patriotismo español estuvo siempre vinculado a la Iglesia Católica y fue de inspiración cristiana. Pero, a partir de los años 60 el catolicismo entró en crisis y el impacto de la fe católica fue descendiendo hasta el punto de que hoy ya es imposible vincular a España a la “defensa de la fe” como pretendía el patriotismo decimonónico.
6) España “fue” antes de la conversión de Recaredo (desde la más remota antigüedad la península fue considerada como un territorio homogéneo y único por todos los pueblos, las Hespérides) y seguirá siendo después de que el catolicismo haya dejado de ser hegemónico en la sociedad española, contrariamente a lo que opina la historiografía patriótica y católica.
7) Una “Nación” según la definición de Ortega y Gasset, recuperada por Primo de Rivera es una “misión” y un “destino”: falta definir con realismo cuál es la “misión” y el “destino” de España en el siglo XXI, pregunta que ha quedado en suspenso desde los años de la postguerra y a la que Ramiro Ledesma apenas aportó un intento de definición en 1935.
8) Es imprescindible no confundir “patriotismo” (impulso de amor e identidad hacia la “tierra de los padres”) con “nacionalismo” (fenómeno esencialmente moderno y decimonónico de matriz liberal). Quien dice “nacionalismo” alude una sociedad liberal, con la burguesía como clase hegemónica, el libremercado como modelo económico y la democracia parlamentaria como forma política. Quien dice “patriotismo” dice identidad, arraigo, tradición. Ser patriota es ser, necesariamente, antiliberal; ser nacionalista, en cambio, implica un cierto grado de ambigüedad.
9) España está hoy sometida a una triple presión: 1) por parte de la Unión Europea, consorcio cerrado franco–alemán generado para garantizar los buenos negocios al capital de ambos países, 2) por la globalización, producto del “empequeñecimiento del mundo” operado tras la II Guerra Mundial y por la concentración de capital y 3) por los micronacionalismos regionalistas. La presión se puede aliviar mediante una reforma constitucional que ponga coto a los nacionalistas periféricos, mediante una renegociación del acuerdo de adhesión a la UE y mediante el rechazo rotundo a la globalización, a lo que representa de pérdidas de identidades nacionales y a lo que acarrea de entrega de los pueblos a la plutocracia y a los “señores del dinero”.
10) Las naciones hoy no pueden ser “cerradas”, deben abrirse “por arriba” a niveles de cooperación internacional y también deben descentralizarse “hacia abajo”. En el primer caso debe prevalecer el “interés nacional” y en el segundo “la unidad del Estado”. Las identidades regionales deben de elegir entre la lealtad al Estado y cooperar en la gobernabilidad del Estado o bien enfrentarse al Estado y arriesgarse a desaparecer.
11) El Estado es la encarnación jurídica de la nación y la estructura de gestión política de un pueblo en el cumplimiento de su “misión” y de su destino histórico. Por eso el Estado debe ser fuerte, sus centros de poder deben ser visibles y sus atribuciones evidentes e indubitadas, y por ello mismo, el delito contra el Estado debe ser considerado como el peor delito. Y por eso, por encima de los partidos debe de existir una vocación y un proyecto nacional que prolongue su vigencia a través de los siglos y al cual los partidos políticos deban de atenerse.
12) En la actualidad España sufre las consecuencias de una transición mal concluida: crisis económica, corrupción generalizada, inmigración masiva, inadecuación de al clase política, ruptura entre la “España real” y la “España oficial”, partidocracia y centrifugación nacionalista, fin del Estado del Bienestar sacrificado en el altar del Estado de las Autonomías. Ninguno de estos problemas puede resolverse en el actual marco constitucional: así pues, es preciso una nueva constitución.
13) La crisis económica, inicialmente un crisis inmobiliaria, se transformó pronto –dada la peculiar estructura económica de España– en una crisis del empleo, luego desembocó en una crisis social, posteriormente en una crisis de deuda pública, cuando ya se había transformado en una crisis política generalizada. No es una simple reforma económica lo que se precisa sino una reforma en profundidad del paradigma organizativo del Estado y de sus mismas estructuras. El parlamentarismo, la partidocracia y el liberalismo económico han fracasado y deben ser relegados definitivamente al baúl de los malos recuerdos
14) La regeneración de España es, ante todo y sobre todo un problema de reforma social: es cierto que el Estado debe proteger y tutelar a la sociedad especialmente de los depredadores (lo que implica enunciar una línea de política social), pero también es cierto que nuestra sociedad tiene una tara congénita que Machado llamó “el macizo de la raza”, es decir, su núcleo central y que hace que nuestro pueblo sea apático, individualista, con muy escaso sentido comunitario, alejado de la tarea del gobierno, despreocupado por ello. Nuestra actual postración no puede achacarse solamente a causas externas: el problema del “macizo de la raza” se remonta precisamente al período de los Austrias y a partir de ahí se prolongó hasta nuestros días agravándose constantemente. La identidad reconquista antes de 1492 se perdió.
15) Pero no siempre fue así: hubo una España tradicional (lo que llamo “la Vieja España”) en la que nuestro país tenía rasgos de identidad bien definidos que se prolongaron hasta inicios de la Edad Moderna (siglo XVI). Por eso vale la pena estudiar las antiguas tradiciones y la antropología de nuestro pueblo: nos lleva a redefinir una identidad. Y en ella es visible la reaparición del sentido comunitario y tradicional. Así pues, se trata de reconquistar una forma de ser para un tiempo nuevo. Faye llamó a esto “Arqueofuturismo”. Es preciso una tarea educativa sin precedentes para rectificar ese “macizo de la raza”.
He tratado toda esta temática –muy amplia rica y que apenas ha registrado incursiones en nuestro pensamiento político– en tres libros: Identidad, patriotismo y arraigo en el siglo XXI, Reflexiones sobre la crisis de España (por un patriotismo revolucionario) y Teoría y práctica de la familia en España que pueden adquirirse en EMInves o en Amazon.
¿Cree posible avanzar hacia la unidad de lo que se llama en España “el área”, o se está más lejos que antes de intentarlo?
¿Unidad para qué? He defendido desde hace diez años que no existe “el área” sino tres sectores diferenciados en la extrema–derecha: el sector histórico (grupos falangistas, carlistas y distintos círculos neonazis), el sector anti–inmigración (hoy fundamentalmente constituido por PxC y E2000) y el sector católico (con AES, FyV, MCE, etc.). Y luego una serie de siglas que pueden ser calificadas como restos de serie que carecen de concejales, de votos, de puntos “fuertes” y se limitan a publicar webs, estar presentes en redes sociales sin esperanzas de poder salir de ese nivel.
¿Avanzar a la unidad? Si aceptamos el anterior esquema, aceptaremos también que solamente se puede llegar a la unidad por “sectores”. De estos sectores, el único que me puede interesar es el del sector anti–inmigración e identitario. Y afecta, sobre todo a E2000 y a PxC. Y ahí dejo el asunto porque no me corresponde a mí lanzar puentes ni realizar sondeos. Se trata de los únicos grupos, con mucho, que han obtenido algunos resultados parciales apreciables y cargos electos en algunas ciudades y pueblos.
Si las direcciones de estos dos grupos son lo suficientemente lúcidas como para plantear una coalición de cara a las próximas elecciones europeas, habrán demostrado madurez y entender la situación. De lo contrario, demostrarán ser presas de un afán insensato de llegar en solitario y en primera posición al final de la carrera o de un dogmatismo excluyente que tiene mucho más de ridículo que de otra cosa. Juntos pueden lograr algo, por separado les va a resultar mucho más difícil.
En cuanto al sector histórico y a los católicos, francamente, creo que deberían de pensar con apertura de miras. Pero esa es otra historia que a mí, personalmente, no me corresponde juzgar en absoluto.
Usted pone énfasis en la formación espiritual del militante y del guerrero, tema que muchos ignoran o desprecian. Hay en ese sentido mucha confusión. ¿Qué le aconsejaría a un joven militante con voluntad de comenzar esa formación seriamente?
El militante debe ser alguien dispuesto a hacerlo todo contando con nada, a entregarse y sacrificar su ego por una empresa que le trasciende y estar dispuesto a seguir su destino. Es, naturalmente, una opción “espiritual” si quieres utilizar esta palabra, aunque yo en realidad prefiero aludir a una identificación “doctrinal” entre el militante y su causa. El militante debería ser un “guerrero político”, pero, no nos engañemos, en la modernidad este concepto suena a pura retórica (y frecuentemente lo es). Con decir que el militante debe ser alguien que ligue su destino personal al de su causa habría suficiente.
Y esto, automáticamente, sirve para enunciar un orden de prioridades: en primer lugar el militante debe saber cuál es “su causa”. No siempre está claro este punto. No siempre el militante es consciente de si lo que pretende es un simple cambio de gobierno, llegar al poder o cambiar el sistema. Y, aun aceptando que lo que pretende es un cambio de sistema, hará falta enunciar cuáles serán las características de ese sistema que sustituirá al actual.
Todo esto precisa formación, formación y formación. Pero no me gustaría ser confundido con un “vendedor de cultura”, como aquellos “gramscistas de derechas” de finales de los 70 y principios de los 80, que eran como un entrenador que decía a su equipo: “para jugar un partido hay que entrenarse”. Y, nosotros, todos, nos entrenábamos, esperando que llegara un día en el que “jugaríamos el partido”; pero los dirigentes de la “lucha cultural” nunca consideraban que había llegado el momento de jugar el partido. Y en eso siguen, mientras Marine Le Pen se está convirtiendo en primera fuerza política… sin que en ese ascenso la “lucha cultural” haya tenido absolutamente nada que ver. Por eso no me gusta considerar la lucha cultural como aislada de las luchas en otros terrenos. Y nunca la recomendaría.
Es más, puede ser incluso perjudicial para el militante: el absorber conocimientos y matices culturales, adquiriendo –en el mejor de los casos– una amplia cultura puede generar un desarrollo hipertrófico de su ego y derivarlo hacia la “intelectualidad”. Drieu decía que intelectual “no es aquel que piensa, sino el que hace del pensar una profesión”. Muchos amigos entrarían dentro de esta definición. No es lo que busco, ni lo que me interesa, ni lo que voy a recomendar a otros.
Lo primero que le recomendaría al militante es que se informara de en qué consiste su opción, que la fuera perfilando, que cada día leyera la prensa diaria (en Internet es fácil hacerlo), y que profundizara en lo que quiere (doctrina), en cómo lo quiere obtener (estrategia y organización) y en comprender cómo es el mundo de su tiempo (mediante el análisis político y la comprensión de cuáles son las líneas maestras de la modernidad) y porqué se producen los fenómenos económicos, políticos y sociales que son el pan de cada día.
Ser militante y ser dirigente son dos conjuntos complementarios: el dirigente debe ser militante, pero el militante no debe ser forzosamente dirigente. Hoy lo que necesita nuestro ambiente político son dirigentes mucho más que militantes. Hay una docena de siglas para militar, forjar las primeras armas y asimilar lo que es la militancia. Pero quede claro que ninguna de estas siglas es perfecta, ni yo voy a recomendar participar en ellas (a pesar de que estoy afiliado de base a España 2000 y veo con buenos ojos la actividad que desarrollan los concejales de PxC en el cinturón industrial de Cataluña), de la misma forma que desaconsejo la participación en grupos residuales que llevan 15 años con dificultades para pasar de 100 a 200 afiliados… en efecto, en ocasiones el “minimalismo” político no es síntoma de calidad, sino muestra de la levedad e irrelevancia de sus dirigentes, de la inadecuación de la doctrina o de sobredosis de despiste ingenuo e infantil puro y simple.
Usted produce una cantidad admirable de textos. ¿Cree que en España la militancia lee y comprende suficientemente ese tipo de textos?
Habitualmente escribo para aclarar mis propias ideas. El proceso de elaboración de un artículo es importante para buscar información sobre un tema concreto, valorar las distintas posiciones y establecer la que más conviene a la propia concepción del mundo.
Parto de la base también de que en este momento apenas existe militancia política. Y dudo, incluso, de que la poca que hay actualmente movilizada, sea la que conviene e incluso la que se necesita para alumbrar un movimiento político. Para esto hacen falta dirigentes, gente lúcida con capacidad de análisis, voluntad y decisión. No es esto, precisamente, lo que abunda hoy.
Uno de los elementos que más me interesan en este momento es precisamente la experiencia histórica del fascismo. De ahí que mensualmente publique la Revista de Historia del Fascismo que va ya por el número XXIV. Y me interesa, porque el fenómeno fascista ha sido mal comprendido por propios y extraños, especialmente en nuestro país. La pregunta es: ¿cómo diablos en apenas 20 años aparecieron en toda Europa líderes, clases políticas dirigentes y millones de militantes, muchos de ellos de mucha calidad humana y personal, capaces de detener y revertir los procesos de decadencia entonces en curso? La respuesta es: porque existía una élite intelectual que había entendido cuáles eran los mecanismos de la decadencia y sobre esa base un grupo de líderes políticos decidieron reaccionar contra ella.
El que esta élite existiera se debió, sin duda, a fenómenos muy diversos: la experiencia bélica de la primera guerra mundial, que aportó a sus protagonistas la realidad de otro modelo de sociedad, la sociedad guerrera, frente a la sociedad de los mercaderes. Menos influencia tuvieron las crisis económicas. La reacción contra el bolchevismo agresivo fue otro elemento fundamental, así como la afirmación de un clima cultural previo en donde se fueron agregando pequeños elementos (sindicalismo, nacionalismo revolucionario, futurismo, jóvenes conservadores, antisemitismo de matriz social, etc.) que fundidos todos dieron como resultante el fascismo.
Ninguno de estos fenómenos está hoy presente, por tanto es difícil que aparezca un fenómeno como el fascismo histórico. Si a eso unimos cierta ceguera y no pocas dosis de mediocridad entre los dirigentes de los movimientos “neofascistas” españoles, es evidente que, mientras persista la situación, ninguno de ellos va a poder destacar ni mucho menos convertirse en opción de poder.
A la pregunta de si la militancia comprende lo que escribo, cabe recordar lo ya dicho: apenas hay militancia y si escribiera para una militancia inexistente poco o nada estaría haciendo. He trabajado y escrito para grandes editoriales y durante mucho tiempo he logrado vivir de mi producción para estas empresas. Hasta que llegó un momento en el que me sentí cansado y harto de escribir lo que me pedían y que en buena medida no me interesaba en absoluto. Hoy escribo sobre lo que me interesa y en el orden que me interesa, haciendo abstracción de quien me lee.
Al viejo infokrisis (http://infokrisis.blogia.com) que llevo publicando desde hace 10 años y que cuenta con dos mil artículos y una media de 3.000 entradas diarias (reforzado con mi presencia en otros blogs y en varias redes sociales (en este enlace están todos los enlaces que engloban mi trabajo en la red: http://info–krisis.blogspot.com.es/2013/03/mis–otros–blogs.html), acuden una mayor parte de gente que no pertenece a “nuestro ambiente” político y que demuestra que se puede penetrar en otros ambientes a poco que uno sea consciente de lo que hay de eterno y permanente en su concepción del mundo y de aquello otro que está superado, que fue y que no volverá a ser.
En países como Italia existe también la fragmentación y enfrentamientos entre grupos afines, sin embargo existe también una vitalidad que parece no existir en España ¿Se debe esto al carácter español, a la historia reciente, a alguna otra causa que Ud. pueda mencionar?
Se debe a que durante los 40 años del franquismo se produjo un empobrecimiento entre la militancia. El “fascismo español” fue siempre débil precisamente por el excesivo papel que ocupaba la Iglesia Católica durante los años 30–60 y que hizo imposible la existencia de un movimiento político que escapara de su órbita y control como son, en definitiva, todos los fascismos.
He dicho en muchas ocasiones que el franquismo fue un fenómeno polimórfico: fascista imperial entre 1939 y 1942, nacional–católico entre 1943 y 1959 y tecnocrático–desarrollista entre 1960 y 1975. En cada fase hubo una fuerza política preeminente: los falangistas primero, los propagandistas de Acción Católica luego y finalmente el Opus Dei. Cuando murió Franco, había miles de falangistas divididos en media docena de grupos, estaba Fuerza Nueva, estaba CEDADE y había cientos de militantes no organizados. Todos nos vimos superados por la velocidad a la que se desarrollaron los tiempos de la transición y la mayoría se sintió respaldada por los miles y miles de militantes y simpatizantes que acudieron a los actos del 20–N en la transición entre 1976 y 1981. Además, éramos muy jóvenes y sin experiencia para poder controlar el proceso e incluso las organizaciones en las que militábamos.
Creo que fui de los pocos que advertí en 1977 a Blas Piñar sobre el hecho de que diez años después el acto del 20–N terminaría celebrándose en un teatrito. En efecto, hacia 1987 la asistencia había disminuido extraordinariamente y empezó a ser residual e irrelevante. Pero, dado que ni la militancia, ni las direcciones políticas de los grupos existentes, tenían la más remota idea de en qué consistía la práctica política, creyeron que el dogmatismo, la pretendida fidelidad a los ideales, habitualmente máscaras del egocentrismo y de la cortedad de miras, el ambiente, no sólo se estancó, sino que entró en pérdida a partir de 1979 y en franca crisis a partir del 23–F de 1981. Al convocarse las elecciones de 1983 era evidente que el ambiente había entrado en una atomización que todavía dura hoy. Por eso siempre he sido partidario de no repetir los errores: aquella extrema-derecha de la transición fracasó y murió con la transición. Intentar resucitarla supone perder el tiempo y atenerse a un modelo que ni siquiera en su tiempo funcionó.
Todo este lamentable proceso fue el resultado de dirigentes que se habían criado al calor del franquismo y que no ascendían ni por lucidez ni por méritos, sino por fidelidad al mando… un mando que cuando murió el 20–N dejó a muchos incapaces al frente de diarios y grupos que de otra manera jamás habrían ostentado. Ante el caos de Falange Española y de Fuerza Nueva durante la transición es evidente que, poco a poco, se fueron retirando los mejores y los cuadros más capaces y se produjo una selección a la inversa que restó más y más dirigentes y atrajo solamente a militantes jóvenes, inmaduros, sin posibilidades de formarse que en el mejor de los casos difícilmente superaban los dos años en activo. En los dos volúmenes de mis Ultramemorias he intentado aproximarme a las causas del fracaso de la extrema–derecha y ahí remito a los lectores que les interese profundizar en esa dirección.
Teniendo en cuenta el carácter mercenario de las instituciones militares modernas, ¿hasta qué punto podría considerarse lícito el concepto de la "defensa de la Nación" actualmente? ¿Podría comparar a grandes rasgos el carácter militar desde las opuestas perspectivas: Tradicional y Moderna?
Me interesan los temas sobre la tradición guerrera y mucho menos los temas propios de la defensa nacional; explicaré el porqué. Existe una diferencia sustancial entre el “soldado” y el “guerrero”. El primero es aquel que hace del “sueldo” (de la soldada) el eje de su vida. El segundo es aquel que experimenta que en su carácter hay un elemento preponderante que le llama a la acción y que pone al servicio de su comunidad. En ambos casos subyace una característica propia de la naturaleza humana (que tiene mucho de animal… en el mejor sentido de la palabra). Somos biología (pero no solo biología, naturalmente) y esa biología es lo que hace que estén presentes en nosotros los mismos instintos que en las especies superiores: instinto de supervivencia, instinto de agresividad, instinto territorial, etc. En las culturas superiores estos instintos están “modulados”: el instinto territorial se convierte en patriotismo, el instinto de supervivencia en natalidad y eugenesia, el instinto de agresividad en concepción guerrera de la vida que informa a la casta guerrera en las sociedades trifuncionales indo–europeas.
La imagen del “soldado” apareció fugazmente en la Edad Media y muy especialmente se difundió en el Renacimiento italiano junto a los “condottieros”. La Revolución Francesa concedió el “deber” de defender a la patria con las armas en la mano, estableciendo el servicio militar obligatorio. Antes, en las sociedades tradicionales, no hablábamos de un “deber” de empuñar las armas, sino del “derecho” de la aristocracia guerrera a llevar armas y defender a la comunidad. Era la “función guerrera” que completaba el marco social junto a la “función productiva” (el artesanado y el campesinado) y la “función sacerdotal” (la casta religiosa). Sacerdotes, guerreros y artesanos formaban una sociedad orgánica, especializada por una parte y comunitaria por otro.
Las naciones solamente aparecieron a finales del siglo XVIII. Antes existían los “reinos”. No existía nacionalismo, existía un patriotismo (arraigo a la tierra natal) y una fidelidad al monarca considerado como encarnación de la nación). El rey era el primus inter pares entre los aristócratas y, anteriormente, su figura era una síntesis del guerrero y del sacerdote.
Mientras las aristocracias ganaron sus blasones armas en mano, pudo decirse que en esa casta figuraban los “guerreros” dignos de tal nombre. Luego, cuando la nobleza pasó a ser hereditaria y se fueron olvidando sus obligaciones, más no así sus derechos, empezó la decadencia de la función guerrera que quedó sepultada con la Revolución Americana y con la Revolución Francesa en apenas 20 años. Es en este proceso en el que se afirma el concepto de Nación como sustituto del Reino. Antes existían las “nacionalidades” o partes con identidad propia en las que estaban divididos los reinos o los imperios. Las naciones modernas y democráticas se formaron sobre la nivelación de las “nacionalidades”, “patrias carnales” o “patrias chicas”. Apareció así el jacobinismo que uniformizó las naciones y abolió las identidades regionales pre–existentes. Se trató de un fenómeno propio del siglo XIX.
A partir de entonces apareció con Clausewitz el concepto de “defensa nacional”. Para situarlo podemos decir que era un concepto superior al internacionalismo y al pacifismo, pero inferior a lo preexistente: la defensa del Reino y de sus nacionalidades, la lealtad hacia el monarca y la obligación de la casta guerrera. La “defensa nacional” se “democratizó pasó a ser “cosa de todos”, incluso de aquellos cuyo carácter era más propio del sacerdote o del productor, pero en absoluto del guerrero.
Esto por lo que respecta a la génesis de la modernidad y a la liquidación del concepto tradicional de orden social (un orden trifuncional).
En ese contexto vale la pena realizar una especificación importante. Cuando la “defensa nacional” se democratizó, la mayoría de los valores de las antiguas aristocracias guerreras pasaron a enseñarse en las academias militares y se recluyeron allí. Se les agregó un acompañamiento emotivo y sentimental para que “hicieran juego” con el Estado que las financiaba y que requería su concurso: se insiste, por ejemplo, en que las fuerzas armadas están creadas para respetar el orden constitucional, que su misión es la defensa de la democracia, etc. Pero, a fin de cuentas, la forma de entrenamiento militar (que consiste básicamente en neutralizar el ego para que afluya, mediante la disciplina, un valor mas elevado, el “esprit de corps” y la posibilidad de desafiar a la muerte) es irreductible a la democracia.
Y esto es lo que ha hecho que en la milicia, las virtudes militares estén mucho más acusadas y vivas hoy que en cualquier otro cuerpo social. Tal es la tesis que hemos expuesto en nuestra obra Militia, introducción a la tradición guerra (que hoy puede ser adquirida en Amazon.com y en cuya segunda parte estamos trabajando actualmente), a saber, que para superar la pendiente de la decadencia, es necesario dotarse de valores tradicionales; estos valores están hoy vivos y, como he dicho, se transmiten en las academia militares.
Por tanto, el tránsito de una sociedad masificada y burguesa a una sociedad nuevamente enderezada, solamente puede realizarse mediante la recuperación de unos valores que no sean meramente teóricos, sino que estén vivos y activos, al menos en un sector de la sociedad. Los valores del sacerdocio están lamentablemente lastrados por el concepto que el cristianismo tiene de esta casta, sin embargo, los valores militares sí son susceptibles de ser enseñados en las escuelas y de contribuir a un enderezamiento de la sociedad.
¿Hasta qué punto podríamos considerar ajeno al espíritu popular el concepto artístico institucionalizado con miras a representar la esencia moderna? ¿Podríamos considerar también una intromisión por parte de un elemento étnico exótico en este aspecto?
Se trata de un problema complejo que vamos a intentar resumir. Hasta ahora las aportaciones culturales que nos han llegado de la inmigración están próximas al cero absoluto. En realidad, resulta muy difícil traspasar una concepción cultural de un país a otro. Como máximo se pueden trasladar algunos elementos aislados y adaptados (el jazz, por ejemplo). Todo lo que procede del Tercer Mundo está lastrado por un concepto que desapareció en Europa entre los siglos II y VII: el concepto de tribu. En África y en zonas del mundo árabe, sigue vivo. No, desde luego, entre nosotros.
Si han penetrado en el Primer Mundo formas culturales procedentes del Tercer Mundo, no se debe a la tarea de difusión cultural de los exponentes de este último, como a la búsqueda de originalidad y de “productos nuevos” de los marchantes y “agitadores culturales” del Primer Mundo. ¿Por qué ha ocurrido este proceso? ¿Por qué un cretino aporreando un tambor puede ser considerado como “música”? Simplemente porque la creatividad se ha agotado en Occidente. Ha entrado en crisis. Era normal que así ocurriera.
La intelectualización del arte (es decir, el interpretar una determinada creación artística en función de conceptos ideológicos que nada tienen que ver con ese arte en sí) generó el fenómeno de las “vanguardias artísticas” desde el último tercio del siglo XIX.
Julius Evola, que vivió intensamente el dadaísmo explica que en éste existía todavía un impulso hacia la trascendencia y, por tanto, consideraba el mundo como algo más allá que lo perceptible por los sentidos. Sin embargo, en la vanguardia que lo sustituyó, el surrealismo, esta tendencia ya estaba completamente ausente y, en el mejor de los casos, había sido sustituida por la superstición pura y simple: lo “inmaterial” había sido sustituido por el interés en la interpretación de los sueños en la línea de Sigmund Freud y en la escritura automática propia de los ocultistas de los 30 años anteriores. Ulteriores vanguardias contribuyeron cada vez más a rebajar el listón de calidad.
El arte, para ser tal, debe ser anónimo. No está destinado para engordar el ego del artista, ni aumentar su fama, su popularidad o sus ingresos, sino que debe “sintonizar” con lo absoluto y ofrecer a la sociedad la posibilidad de que, contemplándolo, entre en contacto con la trascendencia. Esa presencia de “lo absoluto” en una creación artística es lo que se llama “inspiración”. Los fines utilitaristas, crematísticos o egóticos hacen que una pretendida “creación artística” no pase de ser la obra puramente contingente de un artista que mira a la materia y que, en tanto que todo lo material puede ser reproducido hasta el infinito, topa con la competencia que otros miles de artistas intentan en el mismo plano. Vence aquel que domina mejor las relaciones públicas, no aquel que está “inspirado”. Cuando a la “inspiración” se une el dominio de la técnica estamos ante la genialidad. Algo que ya queda muy lejos de nuestro tiempo.
El arte se vuelve así masificado, irrelevante y “original”, cuando en realidad debería de ser inspirado, trascendente y “originario”.
En esa búsqueda de la “originalidad” es donde los “artistas” que predican el “mestizaje” y la “fusión cultural”, han intentado penetrar e introducir sus productos averiados. Pero es imposible fusionar la música de Bach con el tam–tam sin obtener un resultado ridículo. Y si alguien cree que es posible, solamente esa misma creencia basta para desacreditarlo como artista y tenerlo por traidor (consciente o inconsciente, simplemente por estupidez) a su propia identidad.
Respecto al fenómeno de las migraciones masivas, ¿hasta qué punto podría resultar alterado el orden geográfico de las distintas culturas actuales capaces de sobrevivir? ¿Podría esta consecuencia dar paso a una futura valoración étnica como primera base cultural?
En los últimos 30 años, Europa ha sufrido migraciones prácticamente ilimitadas procedentes del Tercer Mundo. En España este fenómeno se inició posteriormente, en 1997, pero en apenas 15 años nos hemos colocado a la cabeza de Europa en este terreno. Los problemas que genera la inmigración son claros y se pueden enumerar sistemáticamente:
1) Hemos asistido al mayor movimiento migratorio de la historia, sin precedentes en ningún otro momento del pasado.
2) Esto ha generado el cambio del sustrato étnico y antropológico de Europa en apenas una generación.
3) Las tasas de natalidad europeas no superan la tasa de reposición, mientras que las de la inmigración las superan entre dos y cuatro veces.
4) Contra más primitivo es el país de origen de los inmigrantes, estos disponen de una mayor tasa de reposición.
5) Esto hará que en un plazo de entre 20 y 50 años, la población de origen inmigrante supondrá entre un 30 y un 50% de la población de algunos países europeos.
6) Contrariamente a lo que opinan los “humanistas–universalistas” no se producirá mestizaje étnico (éste es muy minoritario en la actualidad) sino creación de una cultura mestiza de baja o bajísima calidad en la que los europeos cederemos ante poblaciones cuyo primitivismo tribal es lacerante.
7) Los que hablan de “España país de las tres culturas” y de “fusión cultural”, ignoran que los inmigrantes no se refieren en absoluto a estos conceptos.
8) Los inmigrantes y los gobiernos ofrecen “integración”: respetar las identidades originarias de los inmigrantes procurando que no entren en conflicto con la identidad nacional del país de acogida.
9) La postura correcta sería “asimilación”: el inmigrante que quiera permanecer en Europa debe de asumir los rasgos de la cultura europea, renunciando a los suyos propios.
10) El mestizaje étnico y/o cultural no crea “riqueza” en ninguno de estos terrenos sino que acarrea inestabilidad social tal como demuestra la experiencia histórica.
Por lo demás, en relación a la pregunta que formulas, en la actualidad la inmigración ha destrozado cualquier idea de “orden” geográfico, étnico, geopolítico, social, etc. Sus promotores han sido los poderes globalizadores (siempre hemos dicho que la globalización es una autopista de doble dirección: este a oeste y de sur a norte, inmigración; y de oeste a este y de norte a sur, deslocalización industrial) con el único objetivo de aumentar los beneficios del capital.
Este proceso ha sido facilitado por el humanismo–universalista que hemos denunciado en muchas ocasiones, una de cuyas alucinaciones más insensatas es un mundo con un gobierno mundial (ONU), una religión mundial (new age) y… una sola raza mundial (… la humanidad mestiza). Por increíble que parezca, hay ideólogos del universalismo que piensan y actúan en función de esta hipótesis.
Si nos oponemos a la inmigración masiva (y, por tanto, a la globalización, es imposible aceptar la primera y rechazar la segunda como hace la nueva izquierda, “indignada”) lo que estamos haciendo es defender nuestra identidad. Y esta noción es fundamental: un pueblo con identidad es un pueblo consciente de sí mismo, de sus rasgos, de sus características, de su existencia, de su misión y de su destino. No es raro que los promotores de la globalización se hayan cuidado de destruir, como paso previo a la realización de su proyecto, a las identidades nacionales.
Usted entre muchas de sus obras escritas ha publicado ‘Marruecos: el enemigo del Sur’ y ‘El Libro Negro de la Inmigración’ ¿En qué punto de inflexión se encuentra España frente al ‘enemigo del Sur’ en particular y al mundo árabe en general? ¿Y Europa?
Estos libros se escribieron hace diez años, tuvieron tiradas de 2.000 y 4.000 ejemplares y hoy se encuentran completamente agotados, pero pueden leerse bajo forma de e–books en Amazon.com. Las tesis que mantenía hace diez años se han confirmado:
1) Las “revoluciones árabes” han confirmado lo que ya decía: que la única fuerzas política y social del Magreb es el Islam y que Europa está obligada a entenderse con el Islam antes que apuntalar a los regímenes corruptos del norte de África o a ejercer la vocación mesiánica de implantar regímenes “amigos”.
2) La monarquía marroquí es el único régimen magrebí que ha sobrevivido en estos últimos diez años y esto a costa de adaptarse: primero realizando operaciones en las “alcantarillas” para limitar el crecimiento de los islamistas (2003, atentados de Casablanca), luego creación de un partido seudo–islamista domesticado por la casa real, finalmente intentando cohabitar con los islamistas radicales del Partido de la Justicia y el Desarrollo y de la organización islamista Justicia y Caridad. La monarquía alauita está cada vez más desprestigiada.
3) La Unión Europea intenta apuntalar al régimen marroquí ofreciendo un “acuerdo preferencial” que sentencia a muerte a la agricultura española, sin que nuestro gobierno haya pronunciado ni una sola palabra en Bruselas en defensa de nuestro agricultores.
4) Durante esta última década, Marruecos ha proseguido con la línea iniciada a finales de los noventa: inundar España con haschisch procedente del Valle del Rif, permitir el paso de millones de inmigrantes, proseguir con la guerra económica, no rebajar ni uno solo de los objetivos incluidos en su ficción geopolítica del “Gran Marruecos” (con Ceuta y Melilla como primer objetivo y Canarias como segundo) y rearmarse, configurándose como primer aliado de EEUU en el Magreb.
Podríamos añadir: “tal como lo preveíamos”, si no pareciera excesivamente petulante. Pero así ha sido. Las tesis que anunciamos en Marruecos, el enemigo del sur, Marruecos, la amenaza y el Libro Negro de la Inmigración (los tres a la venta en Amazon-Kindle), se han cumplido al pie de la letra… tal como podía prever un observador objetivo y tal como podía prever nuestro gobierno si hubiera evaluado la situación con rigor.
Nuestra tesis final y de síntesis era: el Islam es un elemento de la cultura del desierto, de otros horizontes geográficos. Sigue siendo la única fuerza política y social real en las zonas de mayoría islámica en donde los partidos políticos “a la europea” no existen. Y, por tanto, en el contexto de una política europea en relación a África, el islam debe ser el principal interlocutor válido. Ahora bien, esto no implica ni aceptación del islam en Europa, ni siquiera considerar al islam como algo más que una superstición propia de las tribus primitivas anárquicas con las que Mahoma tuvo que lidiar… Insisto mucho en esta idea: el islam es “cosa del desierto”… y en Europa los bosques son dominantes. Dicho de otra manera: el islam es el interlocutor válido en el Magreb y en Oriente Medio, pero es islam no tiene lugar en la sagrada tierra de Europa. Así pues, la idea que hemos lanzado es: alianza con el islam en el Magreb y en Oriente Medio, pero a condición de que no se aporte ni un petrodólar para la expansión del islam en Europa. Cualquier otro planteamiento, me temo que será el preludio a un inmenso caos: porque ni el Magreb ni Oriente Medio son zonas en las que pueda instalarse una democracia a la europea, ni Europa es, culturalmente, una tierra de promisión del islam. Así que hace falta ser claros y establecer políticas en función de esa claridad y de esa racionalidad.
Usted comentaba en el periódico IdentidaD en el año 2008 que el proyecto político concreto del gobierno de Zapatero era el ‘Universalismo Humanista’. Estamos viendo desde que el Sr. Rajoy empezó a gobernar que las medidas que está tomando son la continuación, en cierta medida, de las del Sr. Zapatero ¿Qué proyecto político concreto está siguiendo el gobierno de Rajoy? ¿Qué desarrollo ideológico está llevando a cabo la política del PP en la actualidad?
IdentidaD pudo aparecer con una tirada inicial de 15.000 ejemplares y final de 10.000 durante 34 números, si no recuerdo mal, desde 2008 hasta 2011. A pesar de venderse en kioscos, la revista fue completamente irrelevante y nunca tuvo una política de promoción y marketing, así que pasó casi completamente desapercibida en nuestro ambiente político. Yo aportaba contenidos (prácticamente el 75% de los artículos publicados). Fue una pena que no llegáramos a tiempo para someter a juicio la gestión del PP en el poder. Era fácil atacar al zapaterismo porque, no solamente en su doctrina, sino en sus gentes, en sus gestos, en sus actitudes y en su gestión, era una banda sencillamente de incapaces, culpables junto a la corrupción del “felipismo”, de haber literalmente vaciado al PSOE de elementos de valía personal y de capacidad técnica. Si pensamos que hoy Rubalcaba es lo mejor que le queda al PSOE podemos entender el estado de putrefacción de ese partido.
En realidad, las raíces de los problemas de hoy hay que buscarlas en el tardo- franquismo: allí empezó la crisis de la enseñanza, el modelo económico basado en el “ladrillo” y en el turismo, la desintegración social, que luego se han ido agravando sin parar.
Es indudable que Felipe González realizó una muy mala negociación para nuestro ingreso en la Unión Europea que costó el desmantelamiento de sectores amplios de nuestra economía (industria pesada, siderurgia, astilleros, minería), luego Aznar creó un modelo económico insensato basado en “ladrillo”, salarios bajos, inmigración masiva y acceso fácil al crédito, que generó la burbuja inmobiliaria. Las bombas del 11–M generaron el que un incapaz, rodeado de una banda de gente más incapaz todavía, llegara al poder, no hiciera nada para detener la burbuja inmobiliaria, abriera las puertas de par en par a la inmigración e intentara realizar una tarea de “ingeniería social” según las orientaciones de la UNESCO, para luego, cuando estalló la crisis, negarla primero y afrontarla después de manera errónea transformando la crisis inmobiliaria en crisis de endeudamiento público.
Y en eso llega Rajoy: un hombre que durante la campaña electoral prometió que la economía con él volvería a ir bien ¡por que estimularía el sector de la construcción!, palabras propias, sino de un ignorante, sí de al menos de alguien que se ha preocupado mucho de triunfar en guerra intestinas dentro del PP, pero muy poco por leer la prensa diaria.
¿Qué está haciendo Mariano Rajoy? Básicamente lo mismo que hizo Zapatero. De ahí que cuando en Twitter se alude al “PPSOE” y yo mismo, cuando durante los 34 números de IdentidaD decía que las políticas del PP y del PSOE eran las dos caras de una misma moneda, tengamos razón. ¿Cuáles son los en los que Rajoy insiste?
1) Hay que afrontar los compromisos adquiridos con Europa: especialmente con entidades de crédito francesas y alemanas, así pues hay que devolver los préstamos que la banca española recibió y precisamente por eso, con entidades de esos países a la vista de que nuestra banca habría quedado colapsada si no hubiera recibido 250.000 millones de ayudas públicas. El PSOE dio esas primeras ayudas, el PP las ha seguido dando.
2) Hay que mantener a 7.000.000 de inmigrantes de los que 1.500.000 ya tiene nacionalidad española… pero no trabajo. 500.000 son jubilados europeos que viven de maravilla o son estudiantes Erasmus, 1.250.000 trabajan y cotizan por las franjas salariales más bajas y el resto viven de la caridad pública. Así pues, tenemos un excedente de inmigración de 5.000.000 de personas que no se van ni se piensan ir por dura que sea la crisis (y los que se van a su país siguen empadronados aquí con la intención de que al cabo de 10 años de llegar obtengan la doble nacionalidad que les permita buscar trabajo y vivir en su país de origen o en la UE). El PP inicio el fenómeno migratorio con Aznar, Zapatero abrió las puertas de par en par y Rajoy no ha tomado ni una sola medida para cerrarlas.
3) Tanto el PSOE desde el “felipismo” como el PP en el período de Aznar y hoy con Rajoy, llevan adelante una política fiscal basada en penalizar a las rentas procedentes del trabajo y reducir la presión fiscal sobre las rentas procedentes del capital. No es privativo de España, ciertamente, porque es la política dictada por los “señores del dinero” en todo el mundo. Lo que significa que tanto PP como PSOE tienen en los temas importantes la misma hoja de ruta impuesta por otros a los que no votamos, ni que nos presentan sus programas.
4) Rajoy es un liberal moderado que coexiste con liberales radicales en su propio partido (empezando por Esperanza Aguirre y terminando por el mini grupo mediático de Intereconomía) cuya política no es muy diferente de la de un Zapatero que aceptaba las privatizaciones, “mientras no afectaran a los servicios sociales básicos”.
5) Rajoy, como Zapatero, son partidarios del soft–power, el poder blando, diversificando los centros de poder, transfiriendo competencias a Europa “por arriba” y a las comunidades autónomas “por abajo”. Por eso no hay reformas en la administración, ni se alude a renegociar el acuerdo de adhesión con la UE, ni a realizar modificación alguna en el texto constitucional. Las únicas reformas que se han planteado en el mercado laboral son continuación de las que ya realizó Zapatero: aumentar la competitividad rebajando indemnización por despido, disminuyendo coberturas sociales y limitando los salarios: pero será difícil alcanzar las condiciones laborales de China o de Vietnam, las únicas que podrían devolvernos competitividad en un mundo globalizado.
6) ¿Cuál es, pues, la política que sigue Rajoy? Neocapitalismo globalizador. Sólo eso y nada más que eso: tendencia progresiva a las privatizaciones para aumentar la concentración de capital, aceptación acrítica del fenómeno globalizador y aceptación del fatum iniciado con Felipe González: lo ya firmado, es innegociable y hay que esperar a que conduzca a sus últimas consecuencias, por dramáticas que sean. Todo el problema consiste en preparar a la sociedad.
Cambiando de tema y para finalizar, desearía preguntarle sobre la masonería. Como experto en Masonería y Sociedades Secretas ¿qué diferencias básicas existen entre la Masonería de finales del siglo XIX, en la cual estaban grandes literatos y filósofos, y la masonería actual?
Se tiene tendencia a pensar que la masonería es una sociedad unitaria en su estructura y en su doctrina. No es así. Dentro de la masonería hay múltiples Obediencias (redes de logias que aceptan una autoridad común) e innumerables Ritos (distintas liturgias rituales practicadas en cada logia, que varían extraordinariamente) en cada país. Y, por lo mismo, incluso en los momentos en los que masonería ha sido más preeminente respecto a la sociedad de su tiempo (de mediados del siglo XVIII al primer tercio del siglo XX) las opiniones políticas, los criterios doctrinales y las inspiraciones ideológicos han sido múltiples y muy diversificadas. Encontramos junto al tradicionalista Josep de Maistre, a ultra revolucionario como un Danton, sin ir más lejos. Es decir, junto a ideas tradicionalistas, se difundían ideas liberales avanzadas.
Siempre la masonería ha sido un “pastiche” ideológico (hoy mismo, en España, hay presencia de todos los partidos políticos (PP, PSOE, IU, CiU, ERC, PNV, etc, con una “leve” preeminencia de miembros del PSOE) en el que lo mejor se ha juntado con lo peor… Pero si hay que encontrar una línea preponderante en la masonería histórica es, sin duda, el ser el motor de las revoluciones liberales, desde 1789 a la II República y desde Kemal Ataturk hasta Sandino. Allí donde se ha instaurado una logia masónica, antes o después, desde la independencia de las colonias de Nueva Inglaterra, lo que se ha generado es una revolución liberal.
Vale la pena repasar lo que dice Evola en la segunda parte de Los Hombres y las Ruinas sobre el papel histórico de la masonería: no sirvió para otra cosa que para generar un modelo político en el que la burguesía mercantil sustituyó a la aristocracia de la sangre que había ostentado la hegemonía en el ciclo histórico anterior.
Pero la masonería no ha cambiado mucho en estos últimos 300 años: tanto al principio como ahora, allí fueron a parar arribistas en busca de “buenos negocios”, “contactos” y para codearse con el “stablishment”. La única diferencia entre otro tiempo y el nuestro es que en la actualidad, prácticamente, no queda gente de relevancia cultural y social en la masonería y en otro tiempo sí los hubo.
Esto tiene mucho que ver con el empobrecimiento general de nivel cultural que se produce en todo el mundo y especialmente en los países occidentales, con el repliegue hacia lo personal que hacen incluso los intelectuales más exhibicionistas y que les inhabilita para participar en todo tipo de asociaciones, pero también, con una bajada del listón en las condiciones de admisión en la masonería: hoy, allí, entra todo el mundo. Harina de otro costal es que permanezcan durante mucho tiempo (la mayoría apenas supera el grado de “aprendiz” y menos de un 30% de los recién llegados llegan a “maestros”…) y que su permanencia allí aporte algo a la masonería.
¿Cuál es la realidad actual de la Masonería en nuestro país? ¿Qué planes tiene y qué objetivos se está marcando respecto a la crisis que todo Occidente está sufriendo, así como dentro de lo que es la estructuración que las sociedades están sufriendo para adaptarse al impuesto Nuevo Orden Mundial?
La masonería en España está compuesta por unas 4.000 personas, de las que la mitad son extranjeros –habitualmente ingleses, holandeses y alemanes– que se han jubilado y residen en Alicante, Baleares, Canarias y Málaga, y han constituido logias propias que, a pesar de estar adscritas a la Gran Logia de España, tienen una total autonomía, suelen “trabajar” el Rito de York en su lengua vernácula. En cuanto a los masones específicamente españoles, no solamente son pocos, sino que la mayoría no ostentan cargos de responsabilidad en ningún terreno. Y, por si eso fuera poco, están divididos en algo más de media docena de Obediencias rivales que andan, frecuentemente, a la greña desdiciendo el mito de la “fraternidad masónica”.
Contrariamente a lo que se tiene tendencia a pensar en los medios de extrema–derecha, la masonería en España es completamente irrelevante. Aquí su momento álgido fue a mediados de los años 80, cuando Mario Conde con su equipo de la Logia Concordia nº 2 de Madrid “asalto” el Banco Español de Crédito y durante unos años hizo y deshizo a su antojo. Conde subvencionaba a la Logia Duque de Wharton, logia de investigación, y no hay que olvidar que la parte del león de su patrimonio personal lo acumuló en la operación de compra venta de Antibióticos SA, a la Montedison italiana, operación preparada y facilitada por Di Bernardo, Gran Maestre de la masonería italiana.
Pero, una vez Conde fue procesado y encarcelado, todo aquello terminó. La masonería se convirtió en algo que había sido siempre, pero que ahora quedó casi como único elemento dominante: el ser un receptáculo de arribistas en busca de alguien que pudiera ofrecerles un trabajo, un buen contacto o simplemente alguna personalidad con la que codearse… Una sociedad en la que todos van en busca de algo pero ninguno tiene nada que ofrecer es inviable a corto plazo. Y eso es lo que ha pasado.
Es falso que Zapatero fuera masón. Su inspiración no era masónica y, es más, en su ignorancia supina, probablemente ni siquiera tiene claro lo que es la masonería. Procede de León, pequeña ciudad en la que ni siquiera antes de la guerra civil existió un número significativo de masones y en la que en la actualidad tampoco hay logia. Si a alguien le interesan las “fuentes” ideológicas del zapaterismo puede recurrir a mi libro El pensamiento excéntrico (La ideología de Zapatero y su tortuoso origen) que puede adquirir como ebook en Amazon.
La crisis de la masonería española no es diferente a la crisis de la masonería mundial. Solamente en el Reino Unido (especialmente en Scotland Yard) y en EEUU (especialmente en el Pentágono), siguen teniendo la iniciativa. En las sociedades del resto de Europa, la masonería hoy es irrelevante más allá de un grupo de presión más, especialmente en Italia y en Francia y cuya influencia es cada vez más limitada.
¿Por qué se ha producido esta caída en picado de la masonería? Por tres factores:
1) La masonería fue el motor de las revoluciones liberales, la expresión organizada de la burguesía pujante que quería construir un marco político en el que fuera la casta preeminente. Una vez conseguido este objetivo (hacia el último tercio del siglo XX) la masonería dejó de producir ideas y a partir de ese momento se evidenció su mero papel de sociedad de “ayuda mutua” en el que la “fraternidad” se suele confundir con la “complicidad”.
2) Porque en estos momentos la casta hegemónica ya no es la burguesía, sino la aristocracia económica y esta se organiza mucho mejor en estructuras más elitistas: Club Bildelberg, Comisión Trilateral, etc. Desde esos centros de poder mundial se planifica cómo será el mundo del mañana, tanto en lo económico como en lo político y cultural. Hoy las logias masónicas tienen una capacidad de influir limitadísima, incluso en el mundo de la cultura. Sin embargo, Bildelberg es quien dicta cómo será el “entertaintment” de mañana, como serán los futuros equilibrios geopolíticos, dónde se destinarán las plantas de producción, cuáles serán las reglas del juego económico, etc. Esta es la competencia (insuperable) que la masonería tiene “por arriba”.
3) En su aspecto de “organización caritativa” (que es como gusta presentarse la masonería actualmente), no ha podido soportar la competencia de las ONGs (parte de las cuales, como el tronco esencial de SOS Racismo en Francia, han sido generadas en medios masónicos). Es lo que podríamos llamar la competencia de la masonería “por abajo”. Sé de logias masónicas que en la actualidad no tienen ni medios económicos para ayudar a sus “hermanos” en paro, ni siquiera para encontrarle un trabajo. Eso da una imagen de la “influencia” de la masonería en España.
En mi opinión, la masonería es una más de entre las muchas estructuras de la sociedad burguesa que han entrado en crisis. Parece cierto que, especialmente a través de EEUU y del Reino Unido, existen nexos entre Bildelberg y la masonería, pero no hay que olvidar que, contrariamente a lo que se tiene tendencia a pensar, en la actualidad no existe ninguna estructura internacional de mando que se superpongan a las lógicas nacionales, las oriente y las dirija de manera efectiva. De hecho, nunca ha existido una estructura de este tipo. La Asociación Masónica Internacional que existió en los años 30, hace décadas que se disolvió. Así pues, a la pregunta de cómo influye la masonería en el nuevo orden mundial hay que responder que poco o nada. Y, desde luego, carece de iniciativa y le resulta muy difícil superar su crisis.
Cabe preguntar sobre las fuentes de que dispongo: en primer lugar contacto directo con medios masónicos a los que conozco desde hace muchos años. En muchos países, antiguos militantes de extrema–derecha, habitualmente lectores de René Guénon, tras dar por concluida su militancia política ingresaron en logias. He seguido manteniendo contacto con muchos de ellos. Sin olvidar que es posible seguir a través de Internet la evolución y situación de las distintas Obediencias Masónicas y en Barcelona existe incluso la Biblioteca Pública Arús que es un tesoro de documentación sobre la masonería y en donde es fácil conocer y relacionarse con esos medios.
Dado que mi opinión sobre la masonería la he mantenido incluso en medios masónicos, y que hablo con conocimiento de causa, esos medios, como mínimo, me tienen respeto. Por lo demás, quien desee conocer mis opiniones y evaluación sobre la masonería puede recurrir a mi libro Estudio sobre la masonería, publicado por PNL Books y que me puede solicitar directamente.
¿Qué nos espera?
Parafraseando el lenguaje utilizado en la película Gladiador, podemos resumir lo que tenemos ante la vista como “tinieblas y cenizas”. No creo que se pueda ser optimista ante la situación actual: en 1945 se produjo el cambio de paradigma que ya se venía anunciando desde los Enciclopedistas: el “humanismo universalista” (mucho más que la democracia o el comunismo) venció. Su victoria consistió en apalancarse en las atalayas de la UNESCO y de la ONU y alumbrar un ciclo de civilización que allanó el camino para la mundialización y, en economía, para la aceptación de la globalización. Mientras sigan siendo aceptados como “normales” el humanismo–universalista, mientras la mundialización sea aceptable para la mayoría la globalización, el destino final de Europa será el relativismo y la destrucción de las identidades nacionales y culturales.
A la vista de que los núcleos que reaccionan contra este sistema de valores impuesto tras 1945 son extremadamente débiles no puede esperarse que de ellos parta una recuperación o un enderezamiento. De ahí que a esta pregunta solamente pueda responderse solamente con “tinieblas y cenizas”. Evola dijo que nuestra civilización vive de todo lo que las anteriores rechazaron. Otra imagen sugestiva es la de un mundo en el que se ha retirado la luz del Sol. Tras el espejismo de la modernidad y su falso relumbrón, lo que subyace es la tristeza y decrepitud de un mundo en el que los valores que en otro tiempo se han extinguido casi completamente, la noche oscura en donde la luz del Sol ha sido sustituida por el brillo de la Luna, siempre cambiante (oscilaciones de las modas), carente de luz propia y reflejo de otro (tiempos de look, de imagen y marketing) y que incluso en ciertas noches desaparece.
André Malraux en sus conversaciones de pre–guerra con Drieu La Rochelle decía que “un fascista es un pesimista activo” y tenía razón. Creo que hoy muchos que se esfuerzan por conocer los caracteres de su tiempo no pueden ser, a pesar suyo, sino fascistas, si no se resignan a vivir al paso con la decadencia y aspiran a resistir a las “tinieblas y cenizas” del tiempo que nos ha tocado vivir.
Agradeceríamos unas palabras para el lector.
Soy yo el que debo agradecer a Manuel y Alberto el haberme dejado expresar en estas páginas que me han servido incluso para poner algo más en orden las ideas. Y al lector que me haya seguido hasta aquí, gracias también por su paciencia.
(c) Ediciones Camzo
(c) Ernesto Milá - infokrisis - ernesto.mila.rodri@gmail.com
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dimanche, 11 novembre 2012
De las "Ruinas" al "Cabalgar"...
De las "Ruinas" al "Cabalgar"...
Ernesto Mila
Ex: http://infokrisis.blogia.com/
Es hora de cambiar Los Hombres y las Ruinas por Cabalgar el Tigre
PD.- Dedico estas líneas a Carlos Oriente Corominas, muy querido camarada, diez o doce años más joven que yo, que ha fallecido en Barcelona este fin de semana de manera inesperada. El hecho de que los “amados de los dioses mueran jóvenes” no implica que muchos dejemos de lamentar su pérdida. Él era uno de esos “tipos humanos superiores” capaces de comprometerse con cualquier causa con una completa entrega. Valiente, con un sentido del humor que impedía aburrirse a su lado, también él pertenecía a otro tiempo.
Este artículo será entendido perfectamente por los evolianos (gentes familiarizadas con el pensamiento de Julius Evola) y acaso sonará raro a quienes no se hayan aproximado hasta este autor que es considerado como el maestro de la “derecha tradicional” del siglo XX. En efecto, cuando Evola regreso a Italia en 1949 tras su periplo hospitalario tras la II Guerra Mundial, inmovilizado por las heridas en su médula, empezó a relacionarse con los medios activistas de la derecha radical, los neofascistas que formaban en las filas del entonces recientemente constituido Movimiento Social Italiano.
Percibía en ellos las mismas componentes que habían estado presentes en el fascismo de los orígenes con su activismo y su militantismo desenfrenado y en el fascismo de la República Social Italiana, con su fideísmo y su compromiso con una causa irremisiblemente perdida. En ambos casos se entregaba todo a cambio de nada. Evola había identificado en las primeras generaciones del MSI el mismo estado de ánimo y por eso se comprometió con ellos. A finales de los años 40 escribió un pequeño folleto, Orientamenti (Orientaciones), que con 14 breves puntos anticipaba lo que en 1954 iba a ser el verdadero manifiesto político de la “derecha tradicional” en la postguerra: Gli uomini e le rovine (Los hombres y las ruinas). Los dedica a los hombres que representan a un “tipo humano superior”, dotados de un carácter que hace de la acción el centro de su vida casi como si los antiguos guerreros hubieran resucitado entre las ruinas morales y materiales herederas del segundo conflicto mundial.
El libro iba dirigido a los militantes que creían que todavía podía hacerse algo, a aquellos en cuyos cerebros ardía un ideal. En el marasmo de la postguerra, esa generación se preocupaba mucho más de las actitudes que de la doctrina, pero en ese gesto estaba implícito su valía. Evola les facilitó elementos doctrinales y una ideología coherente, completa y orgánica. Muchos, desde las columnas de las múltiples revistas neofascistas de aquellos tiempos asumieron esos ideales y salieron a la calle desarrollando un activismo frenético con el respaldo de un proyecto político.
Pasaron 10 años, en ese tiempo (entre 1950 y 1960) Evola siguió colaborando con los generaciones del MSI, pero también tuvo entre sus alumnos (los que le iban a visitar a su domicilio romano) a cuadros de las organizaciones juveniles que se habían ido desgajando del MSI. Evola colaboró con Ordine Nuovo y con Avanguardia Nazionale. A partir del congreso de Bari del MSI (1950), fueron habituales la presentación de mociones evolianas que intentaron siempre encarrilar a esta organización sobre rieles tradicionalistas.
Justo cuando la “contestación” empezó a despuntar en los primeros años 60 desde los EEUU, Evola que con el tiempo se había configurado como un agudo observador de la sociedad norteamericana entendió cuál iba a ser el signo de los tiempos que estaba por llegar: fue el primero en analizar el pensamiento de Herbert Marcusse y percibió en el underground algo que ya había visto en sus escritos sobre la beat-generation, entendió que la revolución sexual de los 60 y el descubrimiento de la píldora anticonceptiva iban a revolucionar los usos sociales. Entrevió también los contenidos de la agitación estudiantil y empezó a preguntarse si todos estos elementos de crisis afectaban a quienes defendían ideas tradicionales. El fruto de estas reflexiones le llevó a establecer importantes conclusiones que cristalizarían, primero en la publicación de ensayos y artículos en las revistas próximas al MSI y a los grupos extraparlamentarios y luego en la publicación de un libro que todavía hoy no ha perdido actualidad: Cabalcare la tigre (Cabalgar el Tigre).
Esta nueva obra va dirigida a otro público: si Los hombres y las ruinas iba dirigido a los hombres que todavía querían hacer algo, Cabalgar el Tigre lo está a los “hombres diferenciados”, esto es, a aquellos que se sienten alejados de la modernidad, que no tienen sitio en la modernidad, que se reclaman “ciudadanos” de otra realidad (el mundo tradicional) y de otros valores y que no están dispuestos a la “acción exterior” simplemente porque ya no creen que pueda hacerse nada en este terreno. ¿De qué manera hombres así pueden vivir en el seno de la modernidad? Y Evola responde a lo largo de 250 intensas páginas.
El título, como se sabe, responde a la antigua idea oriental de que la única forma con la que alguien puede escapar del ataque de un tigre es… subiéndose a sus espaldas, cabalgándolo. En esa situación el tigre no puede atacar con sus garras y, finalmente, cansado con el peso de alguien que es invulnerable a sus espaldas, se sentirá agotado y se le podrá derrotar. De lo que se trata es, pues, de no dejarse ganar por la virulencia y la omnipresencia del “tigre”, sino vivir en una especie de permanente exilio interior. Evola utiliza entonces una frase de Hoffmansthal para definir un futuro en el que se darán la mano los que han estado en vela en la noche oscura con los que hayan nacido en el nuevo amanecer. Y plantea una imagen evocadora: la modernidad es como un alud que desciende por una montaña cada vez arrastrando más masa y a mayor velocidad: nadie puede detenerlo y situarse ante él para intentar frenarlo constituye la forma más directa de suicidarse. Evola, ya no está hablando de “mantenerse en pie entre las ruinas”, la actitud de aquellos jóvenes de la postguerra que intentaban detener el alud con la mera fuerza de su activismo. Está hablando a otro tipo humano, a los “hombres diferenciados”, aquellos que ESTÁN EN EL SENO DE LA MODERNIDAD, pero que NO SON DE LA MODERNIDAD.
Cabalgar el Tigre es hijo de dos influencias: la de Ernst Jünger, de sus Tempestades de acero y de su Trabajador, y de la experiencia acumulada por Evola a lo largo de su extenso periplo por las doctrinas tradicionales y especialmente por la llamada “Vía de la Mano Izquierda”. Así como en la “Vía de la Mano Derecha” de lo que se trata es de rechazar el mal y combatir las destrucciones, contraponiendo un programa positivo, en la “Via de la Mano Izquierda” de lo que se trata es de “convertir el veneno en remedio”, ver en todos los procesos de disolución, puntos de apoyo. Es evidente que la primera vía es la que corresponde a lo redactado para el “tipo humano superior”, mientras que la segunda es propia del “tipo humano diferenciado”. La primera es la propia de los lectores identificados con el proyecto político de Los hombres y las ruinas, y los segundos con los contenidos de Cabalgar el Tigre.
Evola explica que las destrucciones presentes en la modernidad no deben ser tenidas por el hombre que vive su exilio interior como algo negativo: a fin de cuentas, ese no es su lugar, no es la “sociedad tradicional” la que está en crisis sino la “sociedad moderna”, no es la “familia tradicional” sino la “familia burguesa” y las “nuevas fórmulas familiares” las que están en crisis, no es la “metafísica” la que experimenta una crisis terminal, sino las viejas fórmulas religiosas agotadas e inadaptadas por su dogmatismo y su rigidez; no es la economía orgánica y comunitaria la que vive su período postrero, sino la economía liberal que después de su fase industrial, luego multinacional y finalmente globalizadora, ha llegado a su última etapa; así pues, es la totalidad del mundo moderno lo que está en crisis, no los valores, las ideas y el mundo tradicional. El “hombre diferenciado” no debe entristecerse por estas desintegraciones que no son las de su mundo, sino las de una estructura que no tiene nada que ver con él. No debe hacer, por tanto, nada para defender ese mundo: su hundimiento es garantía de la próxima renovación, del “nuevo amanecer” al que aludía Hofmansthal.
Durante cuarenta años de mi vida he creído que “aún podía hacerse algo”, incluso que era posible hacerlo disponiendo de cuadros políticos perfectamente formados doctrinal y técnicamente. He creído que era posible, utilizando técnicas políticas, generar un movimiento de masas capaz de detener el proceso de disolución de la modernidad y revertirlo. He creído que en la misma lucha política operaría a modo de “fuego purificador” que afectaría en primer lugar a los “combatientes” (los “hombres en pie”, aquellos en cuyo cerebro arde un proyecto político que quieren dar vida) y que sería posible operar una transmutación del mundo: que el poder no estuviera en manos de una casta política degenerada y miserable que considera la política como la mejor relación “esfuerzo-beneficio”, que la comunidad nacional se viera libre de las ideas nacidas en 1789 con la revolución liberal, la ley de la cantidad (la democracia numérica) y el marxismo que vino luego, que desaparecieran partidos y sindicatos como sujetos políticos y fueran las estructuras intermedias de la sociedad quienes asumieran la representatividad en el marco de un Estado Orgánico y Comunitario. He creído incluso que la “construcción de Europa” superaría las carencias de los Estados Nacionales surgidos tras el Renacimiento lograría un marco con “dimensión adecuada” para responder a las necesidades de un tiempo en el que los “bloques” han condicionado le mundo y que una Europa surgida de la hermandad entre combatientes de distintos países estaría en condiciones de ser “primera fuerza” o bien un “espacio cerrado” a la economía globalizada. He creído que la “lucha cultural” era un complemento de la lucha política y que en ese terreno podía realizarse un trabajo que afectaría a toda la sociedad y construiría las bases de un “nuevo orden”. A fin de cuentas, combatir los “productos culturales” que llegan de la “cultura americana”, supone hoy una prioridad en la medida en que se trata de meros productos de intoxicación contaminación. Todo eso (y mucho más) valdría la pena hacerlo y se podría hacer a través de la lucha política. Nadie me podrá reprochar que no lo intentara hasta el punto de que mi propia vida se ha visto comprometida y que incluso he recibido ataques (en Internet las mentiras sobre mí son uno más de los motivos que inducen a pensar que hoy calumniar salen gratis) de personajillos irrelevantes que jamás me han interesado ni preocupado. Pero todo esto ha llegado demasiado lejos y vale la pena detenerse un momento y reconocer, no solo mi fracaso personal, sino el de todo el ambiente que en un tiempo ya lejano pensó que era posible combatir “a la bestia” e incluso, vencerla.
Cuando escribí las Ultramemorias resultaba evidente mi alejamiento de la extrema-derecha y el análisis crítico que vertía en relación a los últimos 40 años de este ambiente político. Pero no quedaba cerrada la puerta a una acción política posterior. La puerta para desembocar en ella cada vez se ha ido estrechando más y más, y no creo que en la actualidad haya motivos para ser optimista: el percibir en España 7.000.000 de inmigrantes y un signo de desfiguración de la identidad nacional no implica que ese fenómeno vaya a generar una reacción y una respuesta a partir de la cual se vaya a construir un movimiento político sólido y en condiciones de responder a las exigencias de la lucha contra la modernidad, quiere decir solamente que la tierra sobre la que he nacido perderá su rostro y el pueblo al que he pertenecido puede desaparecer… La actual crisis económica es de una envergadura suficiente como para que no nos hagamos ni la más mínima esperanza sobre cómo va a desembocar: en Grecia se ha vivido en los últimos tres años una situación igual y la reacción ha sido mínima, a través del Amanecer Dorado, casi como una respuesta exclusivamente económico-social y el problema trasciende con mucho esa dimensión. En España ni siquiera ha aparecido un fenómeno similar. La economía liberal en su última etapa de desarrollo deglutirá naciones y pueblos enteros y estas naciones y pueblos solamente pensarán –solamente están pensando- como sucumbir antes y de manera más extrema, pues los gobiernos que han elegido democráticamente, ni tienen interés en defender otros intereses que los suyos propios, es decir, los de meros siervos del gran capital financiero internacional. En la modernidad y en la España actual no existen intelectuales y “hombres de tipo humano superior” como para establecer un pensamiento que alguien afecto a los principios tradicionales puede compartir ni mínimamente, ni existe tampoco un “pensamiento crítico” que abarque siquiera a una pequeña élite cultural en condiciones de repercutir sobre un sector social con claridad e impacto suficiente como para hacerse ilusiones de que algo pueda cambiar.
Introducirse en los circuitos culturales y políticos de la modernidad (y, por tanto, tener repercusiones y ver que el trabajo realizado sirve para algo) implica tal nivel de compromisos, renuncias y adaptaciones que, simplemente, no vale la pena ni abordarlo. En cuanto a los que hoy todavía tienden a presentarse como “intransigentes” y activistas que responderían a un “tipo humano superior”, o se engañan, o están en la lucha política por alguna carencia, o simplemente, por una dinámica endiablada, casi como si una fuerza de inercia les impulsase desde el pasado.
Evola me enseñó dos cosas: en primer lugar la necesidad de esforzarse en todo momento, a toda hora, en percibir los rasgos de un tiempo. A eso se le llama “objetividad” (y a definir una “nueva objetividad” utiliza 40 páginas de su Cabalgar…). Hay que esforzarse continuamente en percibir el mundo tal cual es, intentando sobre todo no engañarse queriéndolo ver tal como a nosotros nos gustaría (o nos interesaría) ver. Objetividad siempre, objetividad ante todo. En segundo lugar me enseñó la importancia de la claridad: renuncias las mínimas, compromisos solamente cuando sean inevitables, calidad anterior y superior a cantidad, élite antes que masa, pero la élite es tal solamente cuando lo demuestra, no cuando se califica así misma como tal; la política no es un fin en sí mismo sino un medio para alcanzar un fin, la construcción de un marco orgánico para la Comunidad del Pueblo, de otra manera no es más que una forma para satisfacer egocentrismos de pobres tontos, carencias afectivas o simplemente para llenar el tiempo libre…
Lo esencial. Lo importante, lo auténticamente importante, es ser “de verdad” o bien un “tipo humano superior” o un “hombre diferenciado”, y demostrárselo a uno mismo, todo lo demás es completamente secundario.
* * *
Por todo esto, estos días, mientras estaba escribiendo un ensayo sobre Julius Evola y el neofascismo que se publicará en los dos próximos meses en la Revista de Historia del Fascismo, he caído en todas estas reflexiones que transmito a los lectores de esta página. Los textos de apoyo pueden encontrarse en http://juliusevola.blogia.com en la Biblioteca Evoliana. No se trata de un debate nuevo sino de la continuación de una conversación que tuve en el invierno de 1980 con Philipe Baillet en París. Era Baillet traductor al francés de los textos de Julius Evola y autor de una notable biografía de Evola que traduje y edité al regresar a España. Un reciente viaje a Sardegna este mes de septiembre me ha dado la ocasión de meditar nuevamente sobre aquella conversación y de realizar una relectura de los textos de Evola para la confección del ensayo sobre las relaciones de Evola con los grupos neofascistas entre 1949 y 1974. Y esas líneas que he escrito suponen un hablar sólo en voz alta. Porque, en realidad, estamos solos, nacemos solos, aunque nos veamos rodeados de seres queridos, mantengamos una vida social intenta, en realidad, siempre estamos solos: dentro de mí no hay nadie… si hubiera alguien no sería yo, sería otro. Y si fuera otro estaría alienado, por tanto, cuando escribimos hablamos sólo para nosotros mismos. Evola lo sabía y sus libros no son más que las reflexiones interiores de un hombre preocupado por el tiempo en el que le había tocado vivir y que, en realidad, no era su tiempo.
© Ernesto Milà – infokrisis – Ernesto.mila.rodri@gmail.com
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