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vendredi, 18 septembre 2020

Entretien avec Livr’arbitres: "Le cadavre de la littérature est encore fécond"

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Entretien avec Livr’arbitres: "Le cadavre de la littérature est encore fécond"

Ex: https://rebellion-sre.fr

Le dernier numéro de Livr’arbitres est un bel hommage à la littérature russe et à Edouard Limonov, c’est aussi une superbe occasion de découvrir cette publication dont la lecture est toujours passionnante.

R/ Pouvez-vous nous présenter L’A ? 

La revue littéraire non-conforme Livr’Arbitres est le fruit d’une lente maturation. Elle a connu plusieurs noms avant celui-ci (peut-être vos lecteurs les plus anciens auront-ils vu passer un exemplaire du Baucent ?). Bref, nous avons mis plusieurs décennies à nous construire, à trouver notre rythme, notre équipe. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est que du noyau de départ, peu nous aient quitté depuis ! Cela prouve que nous n’avons que peu changé sur le fond et tant mieux. La revue est née à Metz, sur le campus, dans le cadre du syndicat Renouveau étudiant. C’est donc avant tout un objet « militant ». Nous étions en fac de Lettres, en Histoire, nous voulions partager nos lectures, nos convictions mais sans jamais nous enfermer dans une chapelle, d’où le titre qui s’imposera plus tard de « livr’arbitre ». Notre objectif est double. D’un côté remettre à l’honneur des auteurs disparus, laissés sur le bas-côté, abandonné sur de vieux rayonnages. De l’autre, proposer de nouvelles plumes, découvrir de nouveaux talents. Le cadavre de la littérature est encore fécond, il produit encore quelques belles et jeunes figures (de Bruno Lafourcade à Thomas Clavel en passant par le mirifique Olivier Maulin)


R/ Votre dernier numéro place la littérature russe à l’honneur. Quelle est pour vous la spécificité des écrivains de la patrie de Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski ? 

Une place à part, forcément ! C’est une terre plus radicale que nos paisibles terres de plaine et de bocage, un territoire immense qui aura connu de formidables soubresauts. On peine à imaginer aujourd’hui les cataclysmes du XXème siècle sur une société marquée jusqu’alors par l’immobilisme (il faut lire à ce sujet Oblomov de Gontcharov mais également Sanine d’Artsybachev), figée dans une tradition qu’elle pensait immuable ! Une aristocratie à bout de souffle face à une bourgeoisie « éclairée », moderne et progressiste. Le même mécanisme qui emporta la monarchie française… 

Mais la Russie c’est aussi et surtout une nature grandiose, de la steppe à la Taïga en passant par des fleuves majestueux, une terre d’extrême qui aura marqué sa population et qui continue de les habiter. Les poètes, les écrivains ont là un formidable outil de travail ! Enfin, la religion, l’orthodoxie si exotique à nos yeux, qui, malgré tout surnage dans le marigot actuel : pouvoir confisqué et corruption acceptée ; libéralisme des mœurs et cadre traditionnel promu. En évoquant ou survolant ces sujets, et pour revenir à votre question, je ne crois pas que la littérature russe soit plus ou moins spécifique que celle du Portugal ou de l’Irlande. Une terre, un peuple, une littérature ! Craindre l’arbitraire, la déportation, forcément ça marque un écrivain, un intellectuel ; mais au pays de la dictature médiatique, du politiquement correct, il n’est pas plus aisé de s’exprimer non plus, ouvertement, de sujets « fâcheux » de nos jours, même sous forme de fiction !

R/ Récemment décédé, Edouard Limonov est au centre du dossier. Que vous inspire la figure et l’œuvre de cet écrivain à la fois aventurier et soldat politique ? 

unnamededlim.jpgLimonov fut pour moi une « révélation ». J’ai toujours eu un tropisme pour l’Est. Ma découverte de la Mitteleuropa dans un premier temps, puis un passage par la Sibérie dans un second temps, sur les pas de Michel Strogoff, de Corto Maltèse et de Sylvain Tesson ne feront que le confirmer ! 

Limonov, plus sérieusement, je l’ai découvert avec Mes Prisons. Il y a plus de vingt ans, on me conseilla ses livres. Du temps où il écrivait à l’Idiot International. J’ai commencé à en acheter au compte-goutte, puis je les ai oubliés sur une étagère de ma bibliothèque. Enfin, dernièrement, en rencontrant son éditeur du moment, Charles Ficat, je suis revenu à lui au fil des parutions de cette courageuse maison [Bartillat]…. Pris par d’autres sujets, l’idée d’un entretien avec Limonov fut repoussée plusieurs fois, à plus tard. Enfin, je vis Limonov à son dernier passage à Paris. Ce fut un deuxième choc ! L’homme attirait autant que l’écrivain ! Davantage même !! On peut comprendre son succès politique, quand bien même il ne déboucha sur aucune victoire véritable. En écho, le mouvement culturel italien proposé par la Casapound semble ressembler le plus, à sa vision politique et à ses initiatives … mais ceci est une autre histoire ! 

R/ D’Alexandre Douguine à Thierry Marignac, comment avez-vous rassemblé les contributeurs et les témoignages sur lui ? 

Livr’Arbitres au fil du temps est devenu une véritable machine de guerre ! Enfin, disons que parti d’un petit noyau étudiant il y a vingt ans, elle se retrouve entourée désormais d’une cinquantaine de contributeurs « potentiels ». En fonction du sujet, je peux solliciter tel ou tel. Par internet, par le biais d’éditeurs, je peux également rentrer en contact avec des gens qui me sont totalement inconnus. Par le fruit du hasard, de rencontre également (Pour Douguine, je suis passé par sa fille). Marignac me fut présenté voilà plusieurs années. C’est un homme entier qu’il faut apprendre à apprivoiser, mais avec le temps nous sommes devenus amis ! C’est aussi ça une revue littéraire, des rencontres en chair et en os ! Et quel plaisir de les partager avec nos lecteurs ! Marignac fut un proche de Limonov, une amitié de quarante ans datant de son séjour parisien, de ses années à l’Idiot International… Marignac est également traducteur, c’est-à-dire un passeur, ainsi entre-autre, il a traduit Guerre de Vladimir Kozlov, que l’on peut retrouver dans la collection Zapoï de la Manufacture de livres, mais également traduit des poètes russes, Des chansons pour les sirènes (Essenine, Tchoudakov, Medvedeva). Son dernier roman, L’icône, est également une porte d’entrée dans l’univers mental russe.  

R/ Edouard Limonov est une référence pour toute l’avant-garde russe contemporaine. Quels sont les auteurs contemporains qui attirent votre attention ?

J’ai peu lu jusqu’à présent Zakhar Prilépine. Pour d’aucuns, c’est un peu le Brutus de Limonov, celui qui aura trahi, pour d’autres, il aura désiré voler de ses propres ailes et dépasser le maître. Il faudra lui poser la question ! Dans un prochain entretien peut-être ?! Assurément, nous y reviendrons à l’occasion… Je pense, malgré ou à cause de ses engagements, qu’il a quelque chose à nous dire. Je ne sais si les écrivains se doivent d’être engagés, mais je sais que je préfère un homme debout, les armes à la main pour défendre son idéal qu’un « planqué »… Prilépine relève quelque peu de cette image consacrée d’un type d’homme remarquable définit par sa qualité de soldat, de poète ou de moine, mais je peux me tromper !

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Sergueï Chargounov.

Parmi les auteurs russes contemporains, on peut également citer, Sergueï Chargounov (proche de la ligne de Limonov et de Prilépine) ou, dans un autre domaine, moins politique, Mikhaïl Tarkovski. Il faut lire Le temps gelé, c’est vraiment l’image que je me fais de ce pays, immense et inconsolé ! C’est un écrivain enthousiasmant, à l’image d’un Sylvain Tesson, mais, lui, contrairement à Tesson, a choisi de vivre dans une cabane et pas simplement de s’en servir de décor temporaire ! Tesson est un citadin, épris de grands espaces. Il n’est pas de la « terre », sans doute le regrette-t-il, mais cela lui laisse une grande liberté en contrepartie ! Sur la Russie, un auteur que je pourrai aussi conseiller, ce serait Cédric Gras, son récit de voyage Le Nord, c’est l’Est : aux confins de la Fédération de Russie (Phébus, 2013) une formidable entrée en matière.

Pour découvrir et commander le dernier numéro : https://livrarbitres.com/

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Histoire celtique: la bataille de Culloden

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Histoire celtique: la bataille de Culloden

par J. Le Bouter

Ex: https://www.breizh-info.com

Ultime dénouement des guerres jacobites, c’est le 16 avril 1746 que s’affrontèrent les derniers clans fidèles aux Stuarts et les soldats du roi Georges II de Hanovre. 

La bataille de Culloden mit fin à toute velléité des Stuarts sur le trône d’Écosse et d’Angleterre. Cette cruelle défaite eut de graves conséquences sur le mode de vie des Highlands, des clans et de l’ensemble de leurs traditions. 

Culloden met un point final aux guerres jacobites. De la Glorieuse révolution à la bataille de Culloden, c’est plus d’un demi-siècle d’insurrections et de répressions qui marquèrent au fer rouge l’Histoire écossaise.

Les défaites jacobites successives eurent bien sûr des conséquences sur la crédibilité militaire des souverains Stuarts, bien pleutres et maladroits, mais également sur la souveraineté des clans de cette partie de l’Écosse.

Les représailles et règlements de compte, comme le massacre de Glencoe en 1692 (War Raok N°55), alimentèrent rancœurs et querelles provoquant les insurrections de 1715, 1719 et 1746. Ils furent, dans le même temps, le terreau fertile du nationalisme écossais du XIXe siècle faisant de ce pays vaincu et morcelé, une nation forte et unie.

Le baroud d’honneur

C’est le fils du vieux Jacques III, Charles Edouard Stuart, « Bonnie Prince Charlie », qui prend la relève du mouvement jacobite dans les années 1740. Jeune prince énergique, celui-ci gagne le respect des chefs de clans par sa fougue au combat et sa détermination. Malheureusement, sa jeunesse, son manque d’autorité ainsi que le faible soutien de Louis XV le conduisent à une succession de défaites… La dernière d’entre elles se déroule à Drumossie, près de Culloden, le 16 avril 1746.

Le Duc William de Cumberland, deuxième fils du roi d’Angleterre, prend la tête de l’armée en charge de contrer les rebelles réfugiés dans le nord de L’Écosse. 12 000 tuniques rouges lourdement armées, firent face à 8 000 jacobites épuisés par de longues marches dans les montagnes, essentiellement équipés de courage et d’épées.

Le combat ne dure que quelques heures. Les rebelles tombent en nombre. Décimés et en désordre, leur tactique bien connue de l’assaut sabre au clair ne surprend plus l’artillerie anglaise : c’est un désastre. Les rescapés prennent alors la fuite se terrant dans les montagnes et les villages environnants. Malgré la défaite, les clans rebelles qui avaient répondu à l’appel du Prince Stuart marquèrent l’histoire par leur courage et leur bravoure pour une cause perdue d’avance. MacDonald, Cameron, Stewart de Lochaber, Glengarry, Moidart, Appin… chacun de ses patronymes est inscrit à jamais dans le granit des stèles commémoratives qui hérissent le champ de batailles.

On estime 1 200 les morts chez les Highlanders contre seulement 350 soldats hanovriens. Mais le pire reste à venir…

L’épuration

Cumberland, à juste titre surnommé le boucher de Culloden, laisse ses troupes de soudards terminer le travail. Nombre d’entre eux étaient des mercenaires allemands et des anglais recrutés dans les bas fonds de la société. Des détachements punitifs sont envoyés dans les Glens pour pourchasser les derniers Jacobites, brûlant systématiquement toutes les habitations soupçonnées d’abriter un fuyard.

Afin d’éviter de nouvelles réactions hostiles au gouvernement, une véritable épuration s’instaura les années suivantes avec la déportation des derniers rebelles vers les Antilles, et les Amériques.

Les réfractaires aux nouvelles mesures prohibant les armes et les coutumes particulières des Highlands sont jugés sommairement, exécutés ou bannis. Les terres sont, quant à elles, confisquées par la couronne.

L’ « Act of Proscription » de 1746-1747 modifia définitivement la société clanique. Les spécificités seigneuriales des Highlands sont abolies, les places fortes sont désarmées. Cet acte contenait également une clause pour le moins arbitraire… l’interdiction de porter le costume traditionnel des Highlands ! L’armée reçut l’ordre de faire comparaître les contrevenants directement en kilt, devant un magistrat, afin de les convaincre de leur culpabilité.

Les bardes gaéliques glorifiaient « les plis gracieux du tartan » et certains réfractaires « aux braies des Lowlands » déambulaient fièrement avec leurs tartans au bout d’un bâton sur l’épaule pour contourner la loi et défier le gouvernement !

La fuite

Qu’en est-il du prétendant Stuart ? Sa fuite rocambolesque est bien connue. Une jeune jacobite, Flora MacDonald, le déguisa en servante pour rejoindre l’île de Skye puis la France.

Des chansons relatent cet acte patriotique de la jeune femme des îles Hébrides, faisant d’elle une héroïne nationale. Il est également à noter qu’aucun de ses compatriotes n’a dénoncé le Prince durant sa cavale… malgré une récompense de 30 000 livres, qui, en pleine période de famine et de privation en aurait mis plus d’un à l’abri du besoin.

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Diderot écrira : « Le Prétendant, que les Anglais ont chassé de montagne en montagne comme une bête féroce, a trouvé la sûreté dans les cavernes de ces malheureux montagnards, qui auraient pu passer, en le livrant, de la plus profonde misère à l’opulence, et qui n’y pensèrent seulement pas. Je ne crois pas que vous puissiez trouver une meilleure preuve de la bonté naturelle de l’humanité ».

Plus que de l’humanisme, c’est du patriotisme !

Bien qu’enthousiasmant pour les nationalistes bretons, il ne faudrait pas avoir une vision manichéenne de ces révoltes. Ce n’est absolument pas l’Écosse, nation unie face à impérialisme britannique qui se bat pour sa souveraineté !

Nous retrouvons des Écossais des Lowlands dans les rangs orangistes et aussi des clans des Highlands aux côtés du roi hanovrien. Ces guerriers en kilts s’affrontent entre frères et voisins dans des guerres intestines, comme ils l’ont toujours fait. Les clans « gouvernementaux » vont d’ailleurs en récolter les fruits. Certains seront à l’origine de la création des régiments d’élites britanniques qui s’illustreront, en kilt et avec bravoure, dans les guerres à venir pour l’Union Jack.

Enfin, les répressions politiques et culturelles des Anglais sur l’Écosse insurgée, bien que brutales, furent bien moins mortifères et destructrices que le jacobinisme français que nous connaissons si bien. Si l’Écosse existe toujours, si elle n’est pas qu’un résidu de régions administratives dépouillées, c’est qu’elle n’a jamais été happée par le centralisme à la française ! La brutalité anglaise a renforcé leur identité alors que la sournoiserie française l’aurait effacée. Ce qui rend assurément la francophilie de certains de nos cousins d’outre-Manche d’autant plus agaçante !

J. Le Bouter pour la revue War raok (pour s’abonner c’est ici).

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

jeudi, 17 septembre 2020

Julien Rochedy : « Lire Nietzsche est très intéressant au moment où l’Europe est en danger de mort »

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Julien Rochedy : « Lire Nietzsche est très intéressant au moment où l’Europe est en danger de mort » [Interview]

Ex: https://www.breizh-info.com

Julien Rochedy se présente comme « un retraité de la politique, jeune essayiste, combattant pour le futur et l’identité de l’Europe ». Il vient de publier un livre intitulé Nietzsche l’actuel, consacré au philosophe allemand comme son nom l’indique, avec dans la foulée Nietzsche et l’Europe.

Un livre qui permettra à ceux qui ont du mal à pénétrer l’univers de Nietzsche d’enfin le faire, car particulièrement accessible. Nous le recommandons vivement (il a été publié en auto édition, et peut se commander ici).

Nous nous sommes entretenus avec Julien Rochedy de son ouvrage.

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Breizh-info.com : Question qui fâche : n’êtes-vous pas un peu jeune encore pour prétendre avoir compris et analysé l’œuvre de Nietzsche dans son ensemble ?

Julien Rochedy : J’ai commencé à lire Nietzsche quand j’avais quatorze ans. Cela fait donc plus de dix-huit ans ans que je le lis, et mieux, qu’il m’accompagne. De surcroît, je n’ai pas d’approche « universitaire » de son œuvre, ce qui rend la lecture de mon livre d’autant plus accessible.

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous attire, vous fascine, chez le philosophe allemand ?

Julien Rochedy : Il a été mon maître pendant des années et je lui dois l’essentiel de ma vision du monde. J’aime la force de son écriture, l’amoralisme de ses idées, l’actualité brûlante de ses questions. Il est à la fois un roboratif dans le cadre d’un développement personnel exigeant, et une lumière pour éclairer les phénomènes qui nous entourent.

Breizh-info.com : Vous écrivez que nous vivons aujourd’hui l’apogée, ou plutôt l’acmé, de ce que Nietzsche avait vu et prévu en Europe, c’est-à-dire ?

Julien Rochedy : Nietzsche pose la question du nihilisme après l’évènement colossal de ce qu’il appelle « la mort de Dieu », c’est-à-dire la quasi-suppression de la religion dans les déterminants majeurs de notre civilisation. Les conséquences de cette « mort », à entendre d’un point de vue symbolique, peuvent être funestes pour les coupables de ce crime, à savoir les Européens. Nous vivons aujourd’hui l’acmé de ce nihilisme, dont l’un des symptômes est cette volonté radicale d’en finir avec notre civilisation, c’est-à-dire avec nous-mêmes.

Breizh-info.com : Au même titre que le marxisme semble aujourd’hui – eu égard à l’évolution de nos sociétés – en partie dépassé, la philosophie de Nietzsche ne l’est-elle pas également, lui qui a pensé en un autre temps, profondément différent ?

Julien Rochedy : Je crois au contraire que Nietzsche est plus actuel que jamais. Lui même disait qu’il ne serait vraiment compris que dans un siècle, autrement dit à notre époque. Nietzsche a vu la plupart des phénomènes qui allaient conduire à la situation que nous sommes en train de vivre. Maintenant arrive le moment de vérité : c’est au bord du précipice que nous pourrons nous sauver.

Breizh-info.com : En quoi votre ouvrage, Nietzsche et l’Europe, prolonge-t-il votre introduction à sa philosophie ? En quoi est-ce profondément d’actualité ?

Julien Rochedy : J’ai ajouté à mon introduction à la philosophie nietzschéenne « Nietzsche l’actuel » le mémoire que j’avais écrit durant mes années universitaires : « Nietzsche et l’Europe ». Il est très intéressant de lire celui qui se considérait comme un bon Européen, car au moment où l’Europe est en danger de mort, il est peut-être celui qui la connaissait le mieux, qui décrivit parfaitement les terribles menaces planant au dessus de sa tête, et qui révéla surtout les idées pour qu’elle se métamorphose.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2020, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

Immobile Warriors: Evola’s Post-War Career from the Perspective of Neville’s New Thought

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Immobile Warriors:
Evola’s Post-War Career from the Perspective of Neville’s New Thought

What has got to be gotten over is the false idea that a hallucination is a private matter.

— P. K. Dick [1] [1]

There is no fiction. What is fiction today will be a fact tomorrow. A book written as a fictional story today comes out of the imagination of the one who wrote it, and will become a fact in the tomorrows.

— Neville [2] [2]

4127dlLdp6L._SX331_BO1,204,203,200_.jpgGianfranco de Turris’ newly translated book on Julius Evola’s war years [3] [3] is a veritable secret archive of obscure and obscured information on Evola’s activities in the last two years of the Second World War and the immediate aftermath, all of which is used by the author to throw light on many occurrences that have remained poorly documented and, inevitably, subject to more or less informed speculation, if not outright gossip.

One of these is the injury Evola received in Vienna, which left him an invalid for the remainder of his life. Collin Cleary, in his review [4], gives a nice summary:

On January 21, 1945, Evola decided to take a walk through the streets of Vienna during an aerial bombardment by the Americans (and not the Soviets, as has been erroneously claimed). While he was in the vicinity of Schwarzenbergplatz, a bomb fell nearby, throwing Evola several feet and knocking him unconscious. He was found and taken to a military hospital. When the philosopher awoke hours later, the first thing he did was to ask what had become of his monocle. Once the doctors had finished looking him over, the news was not good. Evola was found to have a contusion of the spinal cord which left him with complete paralysis from the waist down. As Mircea Eliade notoriously said, the injury was roughly at the level of “the third chakra.” It resulted in Evola being categorized as a “100-percent war invalid,” which afforded him the small pension he received for the rest of his life.

An all-too-common tragedy of wartime. Yet with Evola, nothing is so simple. Speculation and rumor have swirled around this incident. If this is how Evola was injured, why was he engaged in such an apparently suicidal act (and indeed, “taking a walk . . . during an aerial bombardment” was actually a habit with him)? And if it wasn’t the cause, what was? As in the title of de Turris’ book, Evola is known as not only a philosopher but a magician: surely something spookier was involved? And indeed, since Evola was apparently in Vienna to examine Masonic documents, including rituals, the latter of which he intended to “rectify” and purify of anti-traditional elements, the idea of his being injured by an esoteric ritual gone wrong becomes possible (if one takes such things seriously).

De Turris deals with all these issues magisterially and has surely produced a definitive account (unless more documents turn up; he is a scrupulous scholar who admits when something is still unclear, and corrects his own earlier accounts when new information has appeared).

One amazing bit of information de Turris provides concerns novelizations of Evola’s situation, which inevitably take the Dan Brown path of giving magical accounts; no less than three, and two of them by Mircea Eliade! Both Il segerto del Graal by Paolo Virio (1955) and Diciannove rose by Eliade (1978) appeared after the incident (and in Eliade’s case after Evola’s death). The third novel, the first of Eliade’s two, is the most interesting; here is de Turris’ description:

It is also necessary to make reference to another novel by the Romanian author that is a most bewildering coincidence if not a real prophecy. Upon his return from his stay in India in 1931, Mircea Eliade would write some novels and short stories within that setting with its appropriate allusions; among this literary output is Il Segreto del Dottor Honigberger, published in 1940. The protagonist was a Saxon physician in the 1800s who had really existed. It first appeared in two parts in a magazine and a few months later, slightly but significantly expanded, in the form of a book accompanied by Notti a Serampore. The author makes reference to an inexperienced disciple who has remained paralyzed for having not known to thoroughly master the knowledge of his own discoveries on the spiritual plane when seeking to perfect a “yoga initiation.” The stupefying fact is that the name of this tragic character is J. E.! The young Mircea Eliade had known Julius Evola in Rome during his travels to Italy in the years 1927 to 1928, which was at the time of the Ur Group, and maintained a correspondence with him when he was in India. Is it perhaps possible that he just might have named the unfortunate spiritual researcher with the abbreviation J. E., since he was impressed by his personality and by his “occult” interests? Whatever it might be, the paralysis is described five years before the bombardment of Vienna, and the antecedents ascribed to it are the very rumors that surrounded Evola once he returned to Italy in 1951. Eliade probably had only learned of it on the occasion of another journey to the Italian Peninsula, where in 1952 he had another encounter with Evola. Or perhaps even after having only read Il cammino del cinabro [Evola gifted him a copy of the first edition in 1963]. Hence he consciously and deliberately made use of this for Diciannove rose. But to write of it before it had ever occurred in 1940. . . . [Author’s ellipsis, for spooky effect?]

So the stunning aspect in these novels is that both the authors, Paolo Virio and Mircea Eliade, knew what they were talking about. Both could boast of having sufficient experiences with initiatic methodologies, and both had long-lasting personal friendships with Julius Evola. . . . Had they deemed as insufficient the explanation of the bombing, considering it to be too prosaic, too banal for someone like him? And so they dreamed up in an equally effective and powerful evocation to describe the protagonist in their works.

EldritchEvola-KindleCoverB-200x300.jpgYou can buy James O’Meara’s book The Eldritch Evola here. [5]

Perhaps, but we should note again that this novel was published in 1940, “five years before the bombardment of Vienna, and the antecedents ascribed to [his injury] are the very rumors that surrounded Evola once he returned to Italy in 1951.” Surely a coincidence, says the man of common sense. Yet of course, Evola himself was not such a dreary man of sense, and as we’ll see he was certainly open to such esoteric interpretations.

Consider this [6]: Futility is a novella written by Morgan Robertson and published as Futility in 1898, and revised as The Wreck of the Titan in 1912.

It features a fictional British ocean liner Titan that sinks in the North Atlantic after striking an iceberg. Titan and its sinking are famous for similarities to the passenger ship RMS Titanic and its sinking fourteen years later. After the sinking of Titanic, the novel was reissued with some changes, particularly in the ship’s gross tonnage.

Although the novel was written before RMS Titanic was even conceptualized, there are some uncanny similarities between the fictional and real-life versions. Like Titanic, the fictional ship sank in April in the North Atlantic, and there were not enough lifeboats for all the passengers. There are also similarities in size (800 ft [244 m] long for Titan versus 882 ft 9 in [269 m] long for the Titanic), speed, and life-saving equipment. After the Titanic’s sinking, some people credited Robertson with precognition and clairvoyance, which he denied. Scholars attribute the similarities to Robertson’s extensive knowledge of shipbuilding and maritime trends.

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As it happens, I was alerted to this historical oddity a while ago as a result of reading one of Neville’s lectures, “Seedtime and Harvest,” which articulates the principle that “there is no fiction [7].”

14 years before the actual harvest or that frightful event of the sinking of the Titanic a man in England wrote a book. He conceived this fabulous Atlantic liner and there he built her just like the Titanic, (only the Titanic was not built for 14 years) but he, in his imagination, conceived the liner of 800-ft. She was triple screw, she carried 3000 passengers, she carried few lifeboats because she was unsinkable; she could make 24 knots; and then one night he filled her to the brim with rich and complacent people, and on a cold winter night he sunk her on an iceberg in the Atlantic. 14 years later the White Star Line builds a ship. She is 800 ft., she is a triple screw, she can make 24 knots, she can carry 3000 passengers, she has not enough lifeboats for passengers but she, too, is labeled unsinkable. She is filled to capacity with the rich, if not complacent, but the rich, because her passenger list was worth in that day, when the dollar was one hundred cents, two hundred and fifty million dollars was the worth of the passenger list. Today [1956] it would be a billion dollars. All the wealth of Europe and the wealth of this country was sailing on that maiden voyage out of Southampton. Five nights at sea in this wonderful glorious ship and she went down on a cold April night on an iceberg.

Now that man wrote a book either to get something off his chest because he disliked the rich and the complacent, or he thought it might sell or he thought this is the means of bringing him a dollar as a writer. But, whatever was the motive behind his book which, by the way, he called Futility to show the utter futility of accumulated wealth, but the identical ship was built 14 years later and carried the same kind of a passenger list and went down in the same manner as the fictional ship.

Is there any fiction? There is no fiction! Tomorrow’s world is today’s fiction. Today’s world was yesteryear’s fiction — the dreams of men of yesteryear. Wouldn’t it be wonderful if I could talk with someone across space and just use a wire? And I couldn’t see that one: it would be a mile away beyond the range of my voice — then maybe five miles and maybe a thousand miles — fantastic dreams — then they came true. When they came true, suppose I could do it without the means of a wire. And it came true; suppose now I could do it not just in an audio sense but in a video sense. Suppose I could be seen? And that came true, but when they were conceived, they were all fictional, all unreal.

And how can this be [8]?

Now, am I responsible for others in my world? I certainly am! When I take my little mind, my little imagination and think because it’s mine — my Father gave it to me, that I can simply misuse it, it isn’t going to hurt another. I tell you you do have to use more control for the simple reason I am rooted in you and you are rooted in everyone and all of us are rooted in God. There is no separate individual detached being in my Father’s Kingdom. We are one. I am completely responsible for the use or misuse of my imagination.

Now, I’m sure all this just sticks in the craw of those self-styled “rationalists” or “materialists” out there (including many who idolize the political Evola and wish everyone would forget about all that magical stuff). I won’t try to gainsay that here, but as I said above, Evola certainly agreed with this basic idea (without going the full “we are all one” New Age route politically), [4] [9] and I think it’s worthwhile to put our rationalism “in parentheses,” as the phenomenologists would say [10], and explore some of the ramifications.

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What Neville’s talking about is an extension of the notion of magical combat into the realm of the involuntary or accidental — as if you gave a monkey a machine gun. [5] [11] Guénon believed he himself had been paralyzed for six months due to such a magical attack in 1939, recovering only when an “evil influence” was deported from Egypt. On this basis, he suggested Evola “reflect upon it” and “see if something similar could not have been around you.” [6] [12] As Evola later recalled,

I told Guénon that a similar attack would be an unlikely cause in my case, not least because an extraordinarily powerful spell would have been necessary to cause such damage; for the spell would have had to determine a whole series of objective events, including the occurrence of the bombing raid, and the time and place in which the bombs were dropped. [7] [13]

Evola’s reasoning here is interesting, because Neville addresses exactly this point, and denies it; in fact, rejecting it is a key part of his “method for changing the future.” [8] [14] One is to imagine the end, being in the state of the desire satisfied; not the means. To dwell on the means is unnecessary and even counterproductive, as thereby one remains in the state of lack; [9] [15] instead, when the future state is imagined so clearly as to feel real, the larger world itself will arrange things in ways you could never have imagined. A “bridge of incidents” will be constructed for you to cross; your materialist friends will point to this sequence of “objective” events and call it “coincidence,” and claim it would have happened anyway. Indeed, since most of us have little control over our thoughts, we may have no recollection of the idle thought in the past that led to a current situation. [10] [16]

The more careful one is with what thoughts we allow ourselves to entertain, and the more outlandish the apparent means used to bring about a desired outcome, the more likely one is to make the leap from mere coincidence to meaningful coincidence — i.e. synchronicity.

Thus, Neville’s stories tend to involve improbable means; in his most famous story, “How Abdullah Taught Neville the Law [17],” Neville’s hoped-for escape from a New York City winter occurs when his brother “decides” to have to whole family together for Christmas, and sends him a ticket and expenses for a voyage back to Barbados. [11] [18] The family business — today’s massive Caribbean conglomerate, Goddard Enterprises [19] — is founded when, after his brother spends two years of lunch hours gazing at a business rival’s building, imagining his family name on the side, a stranger, “looking for a better return on his savings,” walks up with an offer to buy him the building [20]. His two brothers visit New York and want to see a sold-out production of Aida; Neville goes to the Met box office, foils a con man (because Neville’s tall enough to look over the man’s shoulder and recognize the short change scam he’s “attempting”), and is rewarded with VIP tickets [21].

I’ve used scare quotes because in each case a third party — brother, stranger, con man — thinks he is just going about his business, exercising his free will, when actually they are essential parts in the bridge of incidents invoked by Neville himself.

On the other hand, the lack of specific means — “a way you could never imagine” — leaves open the possibility of foul play. Neville consoles a follower who had wished to be rid of neighbor — who (consequently?) dies. [12] [22] Another listener asks point-blank if one can wish for someone’s death, and Neville sort of side steps in his answer: no one really wants someone to die, just to go away, which could involve a change of jobs or retirement to Florida. [13] [23] In general, one should only wish for the best, not only for oneself but for others — who, after all, are us as well. [14] [24]

In any event, there is no need to try to determine if someone, perhaps Eliade, launched a magical attack on Evola, perhaps inadvertently; Evola himself attributed a different, though related, supervening cause. Perhaps the best way to shift gears here is to again aver to our skeptical readers, who have no doubt already asked themselves: well, if Evola was such a great magician, why didn’t he just heal himself?

Remarkably, De Turris presents evidence that Evola simply didn’t want to. [15] [25] He quotes the recollections of a distinguished Orientalist:

“One day, probably in 1952, Colazza, Scaligero, and I had been to see Evola in his apartment in Corso Vittorio. I had noticed that Evola could move his legs, despite the paralysis that we knew he had. After visiting, we left Evola’s house. As we went down the stairs, I heard Scaligero saying to Colazza: ‘But Evola could not. . . .’ As he was talking about certain practices, a certain subtle operation, a kind of exercise to which Colazza answered suddenly, in an almost clipped tone: ‘Of course he could! But he doesn’t! He does not want to do it.’”

The professor was convinced that Evola could have resolved his partial invalidity, if he were willing to practice some exercises on the etheric or subtle body that were most definitely known by Colazza, Scaligero, and Evola himself. The reason why Evola did not want to operate in this direction remains a mystery and, for Professor Filippani, even this fact goes back to Evola’s “peculiar bad character.”

The abrupt but anguished response from the anthroposophist, Dr. Colazza, who the philosopher had asked for advice and explanations about his disability, makes it clear Evola possessed psychospiritual resources and an immeasurable inner being on the subtle plane to the point that he could “self-heal.” But he did not want to do it. One must ask why?

edb21aa27bdc8120f66092847c81f7ec--fantasy-weapons-vampire-armor.jpgIndeed, we must; surely the only thing stranger than someone walking around during an aerial bombardment is that same person refusing to “self-heal.” What the professor calls Evola’s “bad character” was his stubborn refusal to take an interest in anything, however important, that, in fact, did not currently interest him; a character flaw he no doubt considered part of his prerogative as either an aristocrat or a genius. In particular, the three Anthroposophists who visited him may have tried to have him accept their assistance through what Evola’s UR group would have called a “magical chain,” [16] [26] exactly the sort of outside cause we have seen Neville discuss. [17] [27]

De Turris, however, suggests a more developed reason, which also brings us back to Neville. In a letter from 1947, Evola writes:

What is not clear to me is the purpose of the whole thing: I had in fact the idea — the belief if you want to call it, naive — that [when testing fate] one either dies or reawakens. The meaning of what has happened to me is one of confusion: neither one nor the other motive.

Evola will expand on this in The Path of Cinnabar:

What happened to me constitutes an answer that however wasn’t at all easy to interpret. Nothing changed, everything was reduced to a purely physical impediment that, aside from the practical annoying concerns and certain limitations of profane life, it neither affected nor effected me at all, my spiritual and intellectual activity not being in any way whatever altered or undermined. The traditional doctrine that in my writings I have often had the opportunity to expound — the one according to which there is no significant event in existence that was not wanted by us before birth — is also that of which I am intimately convinced, and such a doctrine I cannot but apply it also to the contingency now referred to. In reminding myself why I had wanted it is to however grasp its deepest meaning for the whole of my existence: this would have been, therefore, the only important thing, much more important than my recovery, to which I haven’t given any special weight. . . . But in this regard the fog has not yet lifted. Meanwhile, I have calmly adjusted myself to the situation, thinking humorously sometimes that perhaps this has to do with gods who have made the weight of their hands felt a little too heavy for my having joked around with them. [18] [28]

For some reason de Turris elides the following passage after “weight,” which seems to state the whole issue in a nutshell:

Besides, as I saw it, had I been capable of grasping the “memory” of such a wish by the light of knowledge, I would no doubt also have been capable of removing the physical handicap itself — if I had wished to.

The idea of our making a choice before birth – which Evola contrasts to mere amor fati, a la Nietzsche – can be found at least as far back as Plato’s Myth of Er [29]. [19] [30] And here again we can find a parallel with Neville’s teachings.

Unlike most New Thought teachers, who either rely on an accepted Christian terminology, or else posit a vague sort of Original Substance, Formless Substance, Formless Stuff, Thinking Substance, or Thinking Stuff, [20] [31] Neville offered something of an explanation, principally in the previously cited Out of This World: Thinking Fourth-Dimensionally [32]:

At every moment of our lives we have before us the choice of which of several futures we will choose. [21] [33]

How on Earth is that supposed to happen? Well, speaking of “Earth,” Neville posits a four-dimensional universe. [22] [34] The fourth dimension of course is time, and each of us — like everything in this three-dimensional world — is a sort of cross-section of a higher, fourth-dimensional being. Through the faculty of imagination — by a kind of controlled dreaming — one can rise to a level at which the whole time-line is laid out before us; we can both see the already determined future, and, by concentrated thought, enter it, and alter it.

918YDe-tmfL.jpgRemember when we were talking about not worrying about the means? It’s the fourth-dimensional self that takes care of them, having means available we know not of.

The method works, because it is, in fact, “the mechanism used in the production of the visible world.” Mitch Horowitz uses quantum physics to explain this:

Neville likewise taught that the mind creates multiple and coexistent realities. Everything already exists in potential, he said, and through our thoughts and feelings we select which outcome we ultimately experience. Indeed, Neville saw man as some quantum theorists see the observer taking measurements in the particle lab, effectively determining where a subatomic particle will actually appear as a localized object. Moreover, Neville wrote that everything and everyone that we experience is rooted in us, as we are ultimately rooted in God. Man exists in an infinite cosmic interweaving of endless dreams of reality — until the ultimate realization of one’s identity as Christ.

In an almost prophetic observation in 1948, he told listeners: “Scientists will one day explain why there is a serial universe. But in practice, how you use this serial universe to change the future is more important.” More than any other spiritual teacher, Neville created a mystical correlate to quantum physics. [23] [35]

Neville has taken Evola’s “naïve idea” and projected it beyond a single, prenatal moment and onto every moment of our subsequent life. [24] [36] Evola believed “this truth should be sufficient to render all events that appear tragic and obscure less dramatic; for — as the Eastern saying goes — ‘life on Earth is but a journey in the hours of the night’: as such life is merely one episode set in a far broader framework that extends before and beyond life.” [25] [37] And for Neville, “This world, which we think so solidly real, is a shadow out of which and beyond which we may at any time pass.” [26] [38]

What, then, was the meaning of Evola’s injury, what he calls “the purpose of the whole thing”? De Turris admits this “has always remained a personal, private mystery, clearly and definitely one that is internal,” but tries to essay an “external response” based on “what happened after the end of the war.”

This man, immobilized in bed, wrote letters and articles with a copying pencil on a lectern placed leaning in front of him or at the typewriter seated at the desk in front of the window. After having been an “active” personality in every sense of the word, culturally and worldly, a mountaineer and traveler about the whole of Europe, he now engaged his intellectual and spiritual forces for those who, starting in the late forties, thought of reconstructing something. He used his symbolic vision, present since his first letters to friends back in 1946, “among the ruins” in Europe and Italy. He used a political movement of the right that kept in mind not only the negative but also the positive lessons of Fascism and National Socialism, in the way Evola and others had envisioned it to be after July 25 and September 8. An “immobile warrior,” as he was defined by his French biographer in an effective and suggestive image, and which — not without equivocations and misunderstandings — was an example for everyone. [27] [39]

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You can buy James O’Meara’s book Green Nazis in Space! here. [40]

In short, Evola turned from direct engagement with the world to an attempt to influence and, moreover, inspire the next generation of European youth, the “men among the ruins,” still standing; or Spengler’s Roman soldier buried under the ashes of Pompeii because he was never ordered to leave.

Indeed, such was his influence that “he was tried by the Italian democracy for ‘defending Fascism,’ ‘attempting to reconstitute the dissolved Fascist Party’ and being the ‘“master’ and ‘inspirer’ of young Neo-Fascists. Like Socrates, he was accused of not worshipping the gods of the democracy and corrupting youth.” [28] [41] As John Morgan says, he became “something of a guru to the various Right-wing and neo-fascist groups which emerged in Italy in the first three decades after the war.” [29] [42]

In a previous essay, I briefly compared Evola’s last years to the dénouement of Hesse’s novel The Glass Bead Game. [30] [43] Joseph Knecht, the Game Master, disillusioned with an institution he finds to be intellectually sterile and doomed by its political naivety, resigns to become a tutor to the son of an old friend, Designori, who had already left for the “real” world, hoping to thereby provide some influence on the next generation. On their first morning stroll together, however, Knecht — unwilling to seem shy or cowardly — dives into a nearby lake and, overcome by cold and fatigue, drowns.

It seems anticlimactic as a novel, and futile and senseless as an act; as senseless, perhaps, as “questioning fate” by taking a walk during an aerial bombardment. The fact that Knecht dies in this effort, however, does not constitute failure. Hesse makes it clear from his portrait of Designori’s highly physical, yet still malleable and spiritually pure son Tito, that the incomplete work of Knecht and Designori might come to full fruition in him. A child of the world, Tito yet seems to sense the spiritual duty laid upon him by Knecht’s sacrifice, and the text suggests he will rise to meet it:

And since in spite of all rational objections he felt responsible for the Master’s death, there came over him, with a premonitory shudder of awe, a sense that this guilt would utterly change him and his life, and would demand much greater things of him than he had ever before demanded of himself. [31] [44]

91kbe+gMmxL.jpgNeville, of course, was no kshatriya. In fact, I have described him as a member of the haute bourgeoise — and that’s a good thing! The merchant is a legitimate class, very populous, especially today. [32] [45] Neville is an excellent model for the average man in today’s world; [33] [46] really the perfect mid-century American life, exactly what Mad Men’s Don Draper would have had if Matthew Weiner didn’t have an axe to grind. [34] [47]

His early first marriage, with a son, and second, lifelong marriage with a daughter [48], are a social idea, and compares favorably with many “alt-right” figures. He traveled between furnished, upscale residential hotels in New York City (Washington Square) and Los Angles (Beverly Hills), as he alludes to in his lectures, and the “success stories” he tells come from the same upper-middle-class milieus of nice houses, restaurants, and vacations. [35] [49] He was from a family of merchants, and mostly lived on various stipends from his family, as well as the high dividends paid out by the family-held corporation, even during the Depression. [36] [50] This enabled him to lecture with minimal admission costs to cover the rental of the hall, self-publish about ten small books, and allow — and encourage — his lectures to be taped without charge. [37] [51]

So much not a kshatriya that another of his most famous stories is how he imagined himself out of the Army! Despite being a middle-aged father of two and a non-citizen, Neville — perhaps due to the ex-dancer’s superb physical condition — was drafted in November 1942; effectively shanghaied into the fight against the forces Evola was willingly supporting as a noncombatant. [38] [52] How he extricated himself is one of his most interesting stories:

In 1942 in the month of December, this direction came down from Washington DC, any man over 38 is eligible for discharge, providing his superior officer allows it; if his superior officer, meaning his battalion commander disallows, there is no appeal beyond his battalion commander. You could not take it to say to the divisional commander, it stops with the battalion commander. This came down in 1942 in the month of December. They gave a deadline on it. This will come to an end on March 1st of 1943 so anyone 38 years, before the first of March, 1943 was eligible. All right. That is Caesar’s law. I got my paper, made it out. They had my record, my date. I was born in 1905 on the 19th of February, so I was 38 years old before the 1st of March of 1943 so I was eligible.

My battalion commander was Colonel Theodore Bilbo. His father was a senator from Mississippi. I turned [in my application for discharge], in four hours it came back “disapproved” and signed the colonel’s name. That night I went to sleep in the assumption that I am sleeping in my apartment house in New York City. I didn’t go through the door. I didn’t go through the window. I put myself on the bed. So I slept in that assumption. At 4:00/4:15 in the morning here came before my inner eye a piece of paper not unlike the one that I had signed that day. On the bottom of it was “disapproved.” Then came a hand from here down holding a pen and then the voice said to me “That which I have done I have done. Do nothing.” It scratched out disapproved and wrote in a big bold script “Approved”. And then I woke. I did nothing.

Nine days later that same colonel called me in. He said, “Close the door, Goddard.” “Yes, sir.” He said “Do you still want to get out of the army?” I said “Yes, sir.” He said “You’re the best-dressed man in this country, who wears the uniform of America,” I said, “Yes, sir.” “You still want to get out of the Army?” “Yes, sir.” Yessed him to death as I sat before him. He said, “All right, make out another application and you’ll be out of the Army today.”

I went back to my captain, told him what the colonel had said, made out another application and he signed it and that day I was out of the Army, honorably discharged. That’s all that I did. I went right into my home as a discharged soldier of our army and I’m a civilian. I slept that night in my home in New York City though physically my body was in Camp Polk, Louisiana. That’s how it works!

The colonel, when I went through the door that evening, he came forward and he said “Well, good luck Goddard. I will see you in New York City after we have won this war.” I said “Yes, sir.” And that was it. I share this with you to tell you how it works. This is not good and that is wrong. We are living in a world of infinite possibilities.” [39] [53]

Did this happen? Mitch Horowitz has established the external facts: that the Army discharged Neville in March, 1943 so as to “accept employment in an essential wartime industry”: delivering metaphysical lectures in Greenwich Village. [40] [54]

Remember, Neville was 38 years old, a non-citizen, had a wife and a young daughter; moreover, he fails to add, in the version above, that his son from his previous marriage was already drafted and serving at Guadalcanal. Apparently all that was being ignored now in the name of more cannon fodder for Churchill’s war. [41] [55] The military draft itself is a perfect example of the modern “reign of quantity,” in which all are regarded as interchangeable “individuals,” and I can see no reason why Neville, a true member of the merchant caste, should not have availed himself of a perfectly legal avenue of escape (“Caesar’s law”).

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It’s also interesting to note that his commanding officer was a Col. Theodore Bilbo, son of Sen. Bilbo. [42] [56] One wonders if he shared his father’s interest in the resettlement of America’s negroes, [43] [57] and if Neville revealed to him that his guru, Abdullah, was involved with Marcus Garvey and Ethiopianism, [44] [58] leading him to look with favor on Neville’s application; could Neville have used not Abdullah’s teaching, but his connection with Ethiopianism, to smooth his eventual premature, but honorable, discharge from the Army?

But from our perspective here, the most interesting features of this story are, first, that Neville’s “essential wartime activity” was delivering metaphysical lectures — that is, instructions in his “method of changing the future” — which is not entirely unlike Evola’s wartime activities among the archives of secret societies that had been confiscated by the Germans; has there been any modern war in which magicians — Evola, Neville, Crowley — have played so great a role?

And secondly, this:

I had my 13 weeks’ basic training, and then when I came out, they gave me my citizenship papers. Back in 1922 I could have been an American, but I just didn’t have the time or the urge to get around to become a citizen; so I drifted on and drifted on and drifted on until after this little episode. That’s why I went into the Army, or I would still be drifting through, being a citizen of Britain. But now I’m an American by adoption. And they gave it to me because I did fulfill a 13-week training course in the American Army. So, I tell you, I know from experience how true this statement in [The Epistle of] James is. [45] [59]

Have we found here the key to the whole puzzling incident: the government’s dogged determination to press-gang [60] Neville like Billy Budd, only to then dangle a tantalizing offer of a get out of jail card, complete with citizenship? Once again, we see, perhaps, the unintended consequences of imagination; was the whole draft incident, seemingly absurd, the “bridge of incidents” leading to Neville’s desired naturalization as an American?

And in any event, Neville’s teaching evolved in a way very congruent to Evola’s aristocratic reserve and dedication to doing what has to be done.

51hQWvEIk2L.jpgAfter a mystical experience of being reborn from his own skull (Golgotha) in 1959, Neville’s teaching bifurcated: in addition to The Law (which became Oprah’s “Law of Attraction”), he also began to teach The Promise. The Law was given to enable you to live in the material world; the Promise was that you could then work to obtain union with God; a path suitable to the Dark Age:

One day you will be so saturated with wealth, so saturated with power in the world of Caesar, you will turn your back on it all and go in search of the word of God . . . I do believe that one must completely saturate himself with the things of Caesar before he is hungry for the word of God. [46] [61]

In short, Riding the Tiger. Interestingly, then as now, Neville’s listeners were more interested in The Law than in The Promise; they wanted him to return to stories about how people had obtained new cars and bigger houses. As Horowitz recounts [62] it:

Many listeners, the mystic lamented, “are not at all interested in its framework of faith, a faith leading to the fulfillment of God’s promise,” as experienced in his vision of rebirth. Audiences drifted away. Urged by his speaking agent to abandon this theme, “or you’ll have no audience at all,” a student recalled Neville replying, “Then I’ll tell it to the bare walls.” [47] [63]

Warrior or not, the picture of Neville standing on stage, lecturing to bare walls, recalls again Spengler’s Roman soldier, buried at Pompei because no order to stand down was given. From the start of his career:

He stood very still for an appreciable time, looking straight before him. Then he said, “Let us now go into the silence.” He squared himself on his feet, shut his eyes, flung his head sharply back, and became immobile. [48] [64]

And a few years from the end:

I know my time is short. I have finished the work I have been sent to do and I am now eager to depart. I know I will not appear in this three-dimensional world again for The Promise has been fulfilled in me. [49] [65] As for where I go, I will know you there as I have known you here, for we are all brothers, infinitely in love with each other. [50] [66]

It’s an attitude fully in keeping with New Thought, despite its reputation as encouraging an airy-fairy dreamworld attitude to life. Evola’s own attitude is actually not far from what the apostle of Positive Thinking, Norman Vincent Peale, would counsel:

The tough-minded optimist takes a positive attitude toward a fact. He sees it realistically, just as it is, but he sees something more. He views it as a challenge to his intelligence, to his ingenuity and faith. He seeks insight and guidance in dealing with the hard fact. He keeps on thinking. He knows there is an answer and finally he finds it. Perhaps he changes the fact, maybe he just bypasses it, or perhaps he learns to live with it. But in any case his attitude toward the fact has proved more important than the fact itself. [51] [67]

Or Biblical scholar — and Lovecraft authority — Robert M. Price:

We will never really finish. Our quests will be rudely suspended when the Grim Reaper taps us on the shoulder. “What the hell?” you say. Then why bother in the first place? Because it’s the chase. It’s the hunt. It’s acting without the fruits of action. You needn’t be bitter about it, like the fellow who wrote Ecclesiastes 2:21, “sometimes a man who has toiled with wisdom and knowledge and skill must leave all to be enjoyed by a man who did not toil for it. This also is vanity and a great evil.” No, it isn’t! Better that someone pick up where you left off! Pass the torch! Doing your part is all you can do, and that should be satisfaction enough. It is for me. [52] [68]

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Speaking of the Bhagavad Gita — “acting without the fruits of action” — a somewhat similar attitude is demanded of us who would listen to Evola or Neville (just as Knecht’s sacrifice lays a burden on the pupil Tito); as John Morgan said in his speech on Evola:

The fact that we may lose the battle doesn’t mean that we are absolved of the responsibility of fighting it and standing for what is true. The best illustration of this that I know of comes from the Bhagavad Gita. . . .

And that’s how I see those of us here tonight. In spite of the million other things you could have been doing in this enormous and hyperactive city tonight, you decided to come here and meet with a group of some of the most hated people in America to listen to a lecture on Julius Evola. That clearly indicates that there’s something in you that has decided that there are more important things than just doing what everyone else expects you to do. So really, we’re already creating the “order” that Evola called for in order to preserve Tradition in the face of degeneracy. So let’s not despair about the latest headlines, but keep our heads up in the knowledge that, whatever happens, we are the ones who stand for what is timeless, and our day of victory will come, whether it is tomorrow or a thousand years from now. [53] [69]

Arguably, we have an easier time of it today; Neville allowed his lectures to be freely taped and transcribed, and they now live on through the intertubes; the books of both he and Evola are available in electronic formats you can read on the subway without fear of discovery. So ride that technological tiger! And as you do so, spare a thought for those who make them available, such as Counter-Currents, and consider what you can do to keep them standing [70].

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Notes

[1] [73] Exegesis, 15:87 (The Exegesis of Philip K. Dick; edited by Pamela Jackson and Jonathan Letham; Erik Davis, annotations editor (Houghton Mifflin, 2011).

[2] [74]Believe It In [75],” Neville Goddard, 10/06/1969.

[3] [76] Gianfranco de Turris, Julius Evola: The Philosopher and Magician in War: 1943–1945 (Rochester, VT: Inner Traditions, 2020), reviewed by Collin Cleary here [4].

[4] [77] See my Mysticism After Modernism: Crowley, Evola, Neville, Watts, Colin Wilson & Other Populist Gurus [78] (Melbourne, Australia: Manticore Press, 2020), especially the title essay, “Magick for Housewives: The Not So New and Really Quite Traditional Thought of Neville Goddard.”

[5] [79] Evola mocks materialists who think they have acquired “power” because they’ve devised a missile they can launch by pressing a button, while still being psychologically as underdeveloped as a monkey; see “The Nature of Initiatic Knowledge,” reprinted in Introduction to Magic: Rituals and Practical Techniques for the Magus (Rochester, VT: Inner Traditions, 2001); compare: Dr. Ian Malcolm: “If I may. . . Um, I’ll tell you the problem with the scientific power that you’re using here, it didn’t require any discipline to attain it. You read what others had done and you took the next step. You didn’t earn the knowledge for yourselves, so you don’t take any responsibility for it. You stood on the shoulders of geniuses to accomplish something as fast as you could, and before you even knew what you had, you patented it, and packaged it, and slapped it on a plastic lunchbox, and now [bangs on the table] you’re selling it, you wanna sell it.” — Jurassic Park (Spielberg, 1993). Evola brought the original Ur and Krur articles with him to Vienna and was reworking them into the three volumes that would appear in 1955 as Introduction to Magic (and apparently bankrupted his publisher: de Turris, p. 145).

[6] [80] Letter to Evola; see de Turris, p. 148.

[7] [81] De Turris, loc. cit., quoting The Path of Cinnabar (London: Arktos, 2012), p. 184. I have substituted the latter translation by Sergio Knipe, as the one in de Turris seems garbled: “I explained to Guénon that nothing of the sort could be of value for my case and that, on the other hand, he would have had to come up with a most potent spell to cast because it would have had to determine a whole set of objective circumstances: the air strike, the moment, and the point of the bomb release, and so on.”

[8] [82] “The first step in changing the future is desire — that is: define your objective — know definitely what you want. Secondly: construct an event which you believe you would encounter following the fulfillment of your desire — an event which implies fulfillment of your desire — something that will have the action of self predominant. Thirdly: immobilize the physical body and induce a condition akin to sleep — lie on a bed or relax in a chair and imagine that you are sleepy; then, with eyelids closed and your attention focused on the action you intend to experience — in imagination — mentally feel yourself right into the proposed action — imagining all the while that you are actually performing the action here and now. You must always participate in the imaginary action, not merely stand back and look on, but you must feel that you are actually performing the action so that the imaginary sensation is real to you. It is important always to remember that the proposed action must be one which follows the fulfillment of your desire; and, also, you must feel yourself into the action until it has all the vividness and distinctness of reality.” Out of this World: Thinking Fourth-Dimensionally (1949); Chapter 1, “Thinking Fourth Dimensionally”; online here [83].

[9] [84] “The end of your journey is where your journey begins. When you tell me what you want, do not try to tell me the means necessary to get it, because neither you nor I know them. Just tell me what you want that I may hear you tell me that you have it. If you try to tell me how your desire is going to be fulfilled, I must first rub that thought out before I can replace it with what you want to be. Man insists on talking about his problems. He seems to enjoy recounting them and cannot believe that all he needs to do is state his desire clearly. If you believe that imagination creates reality, you will never allow yourself to dwell on your problems, for you will realize that as you do you perpetuate them all the more.” 10/6/1969, “Believe It In [75].”

[10] [85] “All cause is spiritual! Although a natural cause seems to be, it is a delusion of the vanishing vegetable memory. Unable to remember the moment a state was imagined, when it takes form and is seen by the outer eye its harvest is not recognized, and therefore denied.” Neville, “The Spiritual Cause [86],” May 3, 1968.

[11] [87] You can hear him narrate it here [88].

[12] [89] “If Any Two Agree. . . [90]” March 22, 1971. Rather like the classic tale “The Monkey’s Paw,” a woman’s wish to be rid of a disturbing neighbor seemingly results in his death, leaving three orphans. In this context, one might imagine someone fervently wishing “to be rid of this meddlesome Evola” or some such thing; a neighbor, an academic rival, perhaps a landlady?

[13] [91] “Will no one rid me of this turbulent priest [92]?”

[14] [93] On another occasion, Neville’s idle wish to get out New York after a disappointing lecture seems to have sped up his mother’s not entirely unexpected death:

The war in Europe was on. England was at war. No ships were plying the Atlantic. They were going down faster than they could build them, and we were almost at war, and then came the month of August, and I received a cable from my family saying: “We didn’t tell you, because we knew you couldn’t come to Barbados. There aren’t any ships,” (and certainly in those days there were no planes) and they said: “Mother is dying. She’s been dying for two years, but now, this is it, and if you want to see her in this world once more, you’ve got to come now,” I mean, now. I received that cable in the morning, and my wife and I sailed the very next night. But it taught me a lesson: not to use this law idly, not to use it to escape, but to use it deliberately because you cannot escape from it. A series of events will mold themselves, across which you will walk, leading up to the fulfillment of that state. And so here I put myself, just to escape from the cold and the disappointment of the evening, in Barbados of all places. Then something happens, and I am compelled to make the journey, the last place in the world we intended to go. And we sailed at midnight, and got there four and a half days later on this “Argentine” ship. (It was an American ship, but it was called the Argentine.) Mother dies, as they all said she would, and I returned to the States with the knowledge of what I had done and began to teach it.

Faith [94],” 7/22/1968.

[15] [95] “The first step in changing the future is desire — that is: define your objective — know definitely what you want.” Neville, Out of This World, loc. cit.

[16] [96] See Magic, op. cit., especially “Opus Magicum: Chains” by “Luce.”

[17] [97] Evola’s relations with Anthroposophy are a puzzle to me; the UR and KRUR group included disciples of Steiner, and Evola maintained friendly relations with them, as with these three; see Magic, op. cit., “Preface: Julius Evola and the UR Group” by Renato del Ponte. His Sintesi di dottrina della razza even presents two photos of Steiner to illustrate the Aryan “solar” type. Yet officially, as a “traditionalist,” Evola had to treat Anthroposophy as yet another grave “deviation” and “counter-tradition” worthy of extermination, even by the National Socialists. Was he ambivalent to Steiner because of the similarity of their intellectual development — from German Idealism to esotericism? (Both essentially claimed to have completed the system of German Idealism [98]). Was he afraid of being accused of hypocrisy; or of having to admit, if the treatment had succeeded, that Steiner was a legitimate psychic researcher?

[18] [99] De Turris, p. 166; this translation of a passage from Cinnabar would correspond to p. 183 of the abovementioned English translation. Again, this seems garbled; “neither affected nor effected me” is nonsense, but Knipe renders it as simply as “remained unaffected.”

[19] [100]

The end of the Republic is somewhat disconcerting. It ends with a strange myth about the afterlife. In this myth, people have the potential to choose the kind of life that they would like lead in their next incarnation. The dialogue concludes on this oddly apolitical note. But I want to argue that actually the whole purpose of the Republic is to lead up to this issue of choosing one’s life, of what kind of life is most choiceworthy.

The theme of choosing your life appears throughout the Republic. It appears in Book I, Book II, Book VII, Book IX, and Book X. There are different ways of formulating the choice of lives. It’s the choice between the private life and the public life, the philosophical and the political life, the life of justice versus the life of injustice, the contemplation of reality versus the manipulation of appearances.

Greg Johnson, “Introduction to Plato’s Republic [101],” reprinted in his From Plato to Postmodernism [102] (San Francisco: Counter-Currents, 2019).

[20] [103] All terms used at various times by Wallace D. Wattles [104], author of The Science of Getting Rich and various similar books.

[21] [105] Out of This World, op. cit., Chapter One, “Thinking Fourth-Dimensionally.”

[22] [106] This, we’ll see, is the “serial universe” of quantum physics, or the “block-universe” of Michael Hoffman, who posits that the ancient Mystery Religions used psychoactive or “entheogenic” drugs to induce a vision of this state of total determinism and loss of agency, then proposed a liberating Savior, such as Mithras or Christ; see, generally, the research collected at egodeath.com [107]. Neville finds freedom rather than determinism here. If Neville were more than fitfully in a philosophical mood, he might admit that our preference in futures is “determined” as well, but might insist that the only meaningful notion of “freedom” is “free to do what we in fact want, unhindered” rather than “free to choose, include what to want,” the so-called liberum arbitrium. As he says in Feeling is the Secret: “Free will is only freedom of choice.”

[23] [108] “In essence, more than eighty years of laboratory experiments show that atomic-scale particles appear in a given place only when a measurement is made. Quantum theory holds that no measurement means no precise and localized object, at least on the atomic scale. In a challenge to our deepest conceptions of reality, quantum data shows that a subatomic particle literally occupies an infinite number of places (a state called “superposition”) until observation manifests it in one place. In quantum mechanics, an observer’s conscious decision to look or not look actually determines what will be there.” All quotes from Horowitz, “A Cosmic Philosopher,” in At Your Command: The First Classic Work by the Visionary Mystic Neville (New York: Snellgrove Publications, 1939; Tarcher Cornerstone Editions, 2016), reviewed here [109] (and reprinted in Mysticism After Modernism).

[24] [110] Ironically, Neville also insists that “Creation is finished,” meaning that all possibilities are already there, four-dimensionally, and need only be chosen in order to be actualized; no “work” is needed to “bring them about.” See “Faith [111],” where Neville compares his doctrine to Richard Feynman [111], who had recently received the Nobel Prize: “I didn’t know it as a scientist. I knew it as a mystic.” Feynman states in a paper from 1949 that “We must now conclude that the entire concept that man held of the universe is false. We always believed that the future developed slowly out of the past. Now, with this concept which we have seen and photographed, we must now conclude that the entire space-time history of the world is laid out, and we only become aware of increasing portions of it successively.”

[25] [112] Path of Cinnabar, p. 230.

[26] [113] Out of This World, loc. cit. Cf. Blake, as frequently quoted by Neville: “All that you behold, though it appears without, it is within, in your imagination of which this world of mortality is but a shadow.” If all this seems opaque, maybe you should see Nolan’s new film, Tenet; a commenter on Trevor Lynch’s review [114] says “Tenet is about belief. The main character is not conscious in what he does, yet his deeper self is looking out for him. Time doesn’t exist to his deeper self, only the present. There’s no point in trying to rationalise or moralise it all, what happens is what happens and that is that; much like life. Be in touch with your spirit, act in accordance with it, possess plentitude and be the true protagonist of your own world. You are complete, a part of existence and exactly where you need to be. Such is freedom. Surrender.”

[27] [115] De Turris, 167-68; he also refers the reader to his Elogio e difesa di Julius Evola: Il barone e it terrroristi (Rome: Edizioni Mediterrranee, 1997).

[28] [116] E. Christian Kopff, “Julius Evola, An Introduction” in Julius Evola, A Traditionalist Confronts Fascism: Selected Essays(London: Arktos, 2015).

[29] [117] See “What Would Evola Do? [118]”, the text of the talk delivered to The New York Forum.

[30] [119] See “Two Orders, Same Man: Evola, Hesse [120],” reprinted in Mysticism After Modernism, op. cit.

[31] [121] Hermann Hesse, The Glass Bead Game, translated from the German Das Glasperlenspiel by Richard and Clara Winston, with a Foreword by Theodore Ziolkowski (New York: Bantam, 1970), p. 425.

[32] [122] Culturally, at least; in the current economy, of course, Neville’s lifestyle seems more out of reach.

[33] [123] There’s no “sin” in being a merchant. Sure, some picturesque versions of Hinduism would claim (re)birth in a lower caste is some kind of punishment, but that’s just what you’d expect a “high” caste person to claim, isn’t it? Evola rejected such “moralistic” accounts of karma — remember, every significant event in one’s life is chosen before birth; he even disparaged Heidegger’s claim that “authentic” “Dasein” must feel “guilty” over its “thrownness” as mere disguised Christianity (see his Ride the Tiger, chapter 15). As Nicholas Jeelvy says [124] about Boomer who “just want to grill”:

Do understand that I’m not knocking these people. They were born with average or below-average IQ and a weaker will than others. This is something they have zero control over. Low IQ and low thumos aren’t crimes. These people very prudently do not want to be involved in politics — they’ve neither the ability nor the inclination. Indeed, they are forced into politics by the republican-democratic system and the concordant liberal culture of “the good citizen” who is engaged with grand ideas. Really, the best these people can muster is local politics, which is why they expect small institutions to scale up. To them, the American federal government is a massive homeowner’s association and the FBI is their local sheriff’s department writ large. Small minds (which are small through no fault of their own) cannot comprehend the nature of macroentities. If they knew what we know about globohomo’s various institutions and agendas, they would be so thoroughly demoralized that they’d either be too depressed to leave their homes or the human submission instinct would kick in and they’d immediately convert to globohomo.

[34] [125] For more on Don Draper, see my End of an Era: Mad Men and the Ordeal of Civility (San Francisco: Counter-Currents, 2015) as well as more recent essays here on Counter-Currents.

[35] [126] After the war, Evola was given lifetime use of an apartment in Rome by a princely admirer.

[36] [127] He left Barbados for New York City at seventeen, eventually became a successful professional dancer on Broadway [128], but also working such jobs as an elevator operator. “I made thousands in a year, and spent it in a month.” Evola boasted of never receiving a paycheck, but this is difficult to reconcile with the evidence de Turris presents of his desperate letters to various officials to try to continue his “stipend” from the Fascist government as the latter collapsed, as well as his journalistic activities; a “paycheck” may suggest subservience to an employer, but Evola’s “stipend” was hardly passive income; if he was a “Baron,” it was more in the style of “Baron” Corvo’s: fiercely independent, but often hand-to-mouth.

[37] [129] “With Neville there’s nothing to join, nothing to buy.” — Mitch Horowitz.

[38 [130]] [130] Evola, though a veteran, was unable to rejoin the Italian military forces because, feeling himself to be “more fascist than the fascists,” he had never joined the party, which was now required for service; see de Turris, p. 69.

[39] [131] “The Secret of the Sperm,” 1965. Hear Neville tell it at 17:50 here [132].

[40] [133] “A Cosmic Philosopher,” pp. 83-84. The lectures are covered in a typically snarky article in The New Yorker (from September 11, 1943!), “A Thin Blue Flame on the Forehead,” scanned here [134].

[41] [135] Even the frickin’ Chinese emperor in Mulan only drafts her elderly father because he has no military age boys.

[42] [136] See Beau Albrecht’s discussion of Sen. Bilbo’s book Take Your Choice, “Part One: Strange Times Ahead [137]” and “Part Two: Stop the Hate [138]!”

[43] [139] See Kerry Bolton, “Ethiopia Pacific Movement: Black Separatists, Seditionists, & How “White Supremacists” Stymied Back-to-Africa,” Part I [140] and Part II [141].

[44] [142] Horowitz’s speculations on the identity of the mysterious Abdullah are in “A Cosmic Philosopher.”

[45] [143] “The Perfect Law of Liberty [144],” 4/2/71. The Epistle of James reads: “Be doers of the word, and not hearers only, deceiving yourself. For he who is a hearer of the word, and not a doer, he is like one who looks into the mirror and sees his natural face; and then he goes away and at once forgets what he looks like. But he who is a doer, he looks into the perfect law, the Law of Liberty, and perseveres. And when he does that, he is blessed in his doing.” (Chapter One).

[46] [145] Mitch Horowitz notes “This passage sounds a note that resonates through various esoteric traditions: One cannot renounce what one has not attained. To move beyond the material world, or its wealth, one must know that wealth. But to Neville — and this became the cornerstone of his philosophy — material attainment was merely a step toward the realization of a much greater and ultimate truth.” See “A Cosmic Philosopher.”

[47] [146] Op. cit.

[48] [147] “A Thin Blue Flame,” p. 64.

[49] [148] “Criswell departed this dimension in 1982” — Ed Wood (Tim Burton, 1992), final credit sequence. Criswell, a very Neville-like figure, also appears in Ed Wood’s last “legit” film, Night of the Ghouls [149] (1957, released 1984), in which a phony psychic (not Criswell!) gets his comeuppance when it turns out he really can raise the dead; again, be careful what you wish for.

[50] [150] “No Other God [151],” 5/10/1968.

[51] [152] Have a Great Day: Daily Affirmations for Positive Living by Norman Vincent Peale (Ballantine, 1985); September 2.

[52] [153] Holy Fable Volume 2: The Gospels and Acts Undistorted by Faith by Robert M. Price (Mindvendor, 2017).

[53] [154]What would Evola Do [155]?”

Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

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[1] [1]: #_ftn1

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[4] his review: https://www.counter-currents.com/2020/08/julius-evola-the-philosopher-and-magician-in-war-1943-1945/#more-121292

[5] here.: https://counter-currents.com/2014/08/now-available-in-hardcover-paperbackthe-eldritch-evola-others/

[6] this: https://en.wikipedia.org/wiki/The_Wreck_of_the_Titan:_Or,_Futility

[7] there is no fiction: http://realneville.com/txt/there_is_no_fiction.htm

[8] And how can this be: https://youtu.be/O1cEjBxjmm0

[9] [4]: #_ftn4

[10] as the phenomenologists would say: https://en.wikipedia.org/wiki/Epoch%C3%A9#Phenomenology

[11] [5]: #_ftn5

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[13] [7]: #_ftn7

[14] [8]: #_ftn8

[15] [9]: #_ftn9

[16] [10]: #_ftn10

[17] How Abdullah Taught Neville the Law: https://maxshenkwrites.com/2017/03/24/how-abdullah-taught-neville-the-law-he-turned-his-back-on-me-and-slammed-the-door/

[18] [11]: #_ftn11

[19] Goddard Enterprises: https://www.goddardenterprisesltd.com/history

[20] an offer to buy him the building: https://counter-currents.com/2019/07/artist-autist-crowley-in-the-light-of-neville-part-2/

[21] rewarded with VIP tickets: https://counter-currents.com/2019/05/a-word-from-the-wise-guy-part-ii/

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[29] Myth of Er: https://en.wikipedia.org/wiki/Myth_of_Er

[30] [19]: #_ftn19

[31] [20]: #_ftn20

[32] Out of This World: Thinking Fourth-Dimensionally: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/07/WB8A942.jpg

[33] [21]: #_ftn21

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[40] here.: https://counter-currents.com/2015/12/green-nazis-in-space-2/

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[48] marriage with a daughter: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/07/S75Wrlm.jpg

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[60] press-gang: https://en.wikipedia.org/wiki/Impressment

[61] [46]: #_ftn46

[62] recounts: https://www.harvbishop.com/neville-goddard-a-cosmic-philospher/

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[70] what you can do to keep them standing: https://counter-currents.com/2020/09/the-counter-currents-newsletter-august-2020-year-of-decision/

[71] our Entropy page: https://entropystream.live/countercurrents

[72] sign up: https://counter-currents.com/2020/05/sign-up-for-our-new-newsletter/

[73] [1]: #_ftnref1

[74] [2]: #_ftnref2

[75] Believe It In: http://realneville.com/txt/believe_it_in.htm

[76] [3]: #_ftnref3

[77] [4]: #_ftnref4

[78] Mysticism After Modernism: Crowley, Evola, Neville, Watts, Colin Wilson & Other Populist Gurus: https://manticore.press/product/mysticism-after-modernism/

[79] [5]: #_ftnref5

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[81] [7]: #_ftnref7

[82] [8]: #_ftnref8

[83] here: http://www.navigatingtheaether.com/2013/10/03/out-of-this-world-by-neville-goddard/

[84] [9]: #_ftnref9

[85] [10]: #_ftnref10

[86] The Spiritual Cause: https://freeneville.com/the-spiritual-cause-may-3-1968-free-neville-goddard-pdf/

[87] [11]: #_ftnref11

[88] here: https://youtu.be/6t6jGfUp5Ps

[89] [12]: #_ftnref12

[90] If Any Two Agree. . .: http://realneville.com/txt/if_any_two_agree.html

[91] [13]: #_ftnref13

[92] Will no one rid me of this turbulent priest: https://en.wikipedia.org/wiki/Will_no_one_rid_me_of_this_turbulent_priest%3F

[93] [14]: #_ftnref14

[94] Faith: http://realneville.com/txt/faith.htm

[95] [15]: #_ftnref15

[96] [16]: #_ftnref16

[97] [17]: #_ftnref17

[98] completed the system of German Idealism: https://counter-currents.com/2017/03/trump-will-complete-the-system-of-german-idealism/

[99] [18]: #_ftnref18

[100] [19]: #_ftnref19

[101] Introduction to Plato’s Republic: https://www.counter-currents.com/2014/05/introduction-to-platos-republic-part-1/

[102] From Plato to Postmodernism: https://www.counter-currents.com/from-plato-to-postmodernism-order/

[103] [20]: #_ftnref20

[104] used at various times by Wallace D. Wattles: https://www.constructivescience.com/2012/11/a-readers-question-about-original-substance-and-other-terms.html

[105] [21]: #_ftnref21

[106] [22]: #_ftnref22

[107] egodeath.com: https://d.docs.live.net/d97440f64d6c8811/Documents/egodeath.com

[108] [23]: #_ftnref23

[109] here: https://www.counter-currents.com/2016/12/lord-kek-commands-a-look-at-the-origins-of-meme-magic/

[110] [24]: #_ftnref24

[111] Faith: https://coolwisdombooks.com/neville-goddard-feynman-time-creation-is-finished/

[112] [25]: #_ftnref25

[113] [26]: #_ftnref26

[114] a commenter on Trevor Lynch’s review: https://www.unz.com/tlynch/review-tenet/#comments

[115] [27]: #_ftnref27

[116] [28]: #_ftnref28

[117] [29]: #_ftnref29

[118] What Would Evola Do?: https://web.archive.org/web/20191228161320/https:/www.counter-currents.com/2017/05/what-would-evola-do/

[119] [30]: #_ftnref30

[120] Two Orders, Same Man: Evola, Hesse: https://web.archive.org/web/20191228161320/https:/www.counter-currents.com/2017/06/two-orders-same-man-2/

[121] [31]: #_ftnref31

[122] [32]: #_ftnref32

[123] [33]: #_ftnref33

[124] says: https://counter-currents.com/2020/09/blackboxing-q/

[125] [34]: #_ftnref34

[126] [35]: #_ftnref35

[127] [36]: #_ftnref36

[128] a successful professional dancer on Broadway: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/06/Screenshot_2020-06-09-Clipping-from-The-Tribune-Newspapers-com-1.png

[129] [37]: #_ftnref37

[130] [38: #_ftnref38

[131] [39]: #_ftnref39

[132] here: https://youtu.be/o3dtnDsy52U

[133] [40]: #_ftnref40

[134] here: https://coolwisdombooks.com/neville/neville-goddard-1943-new-yorker-article-a-blue-flame-on-the-forehead/

[135] [41]: #_ftnref41

[136] [42]: #_ftnref42

[137] Part One: Strange Times Ahead: https://counter-currents.com/2020/08/take-your-choice-part-i-strange-times-ahead/

[138] Part Two: Stop the Hate: https://counter-currents.com/2020/08/take-your-choice-part-ii-stop-the-hate/

[139] [43]: #_ftnref43

[140] Part I: https://counter-currents.com/2020/09/ethiopia-pacific-movement-part-one/

[141] Part II: https://counter-currents.com/2020/09/ethiopia-pacific-movement-part-ii/

[142] [44]: #_ftnref44

[143] [45]: #_ftnref45

[144] The Perfect Law of Liberty: https://nevillegoddardbooks.com/neville-goddard-text-lectures/the-perfect-law-of-liberty/

[145] [46]: #_ftnref46

[146] [47]: #_ftnref47

[147] [48]: #_ftnref48

[148] [49]: #_ftnref49

[149] Night of the Ghouls: https://en.wikipedia.org/wiki/Night_of_the_Ghouls

[150] [50]: #_ftnref50

[151] No Other God: http://realneville.com/txt/no_other_god.htm

[152] [51]: #_ftnref51

[153] [52]: #_ftnref52

[154] [53]: #_ftnref53

[155] What would Evola Do: https://counter-currents.com/2017/05/what-would-evola-do/

De l’urgence de combattre l’inculture

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De l’urgence de combattre l’inculture

par Jean-Baptiste Noé
Ex: https://echelledejacob.blogspot.be
 
La géopolitique permet beaucoup de choses et notamment de comprendre le monde dans lequel nous évoluons. Mais, à cet égard, le niveau d’inculture de certains cadres et dirigeants d’entreprise est particulièrement préoccupant. Cela est mauvais pour l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes et cela est nuisible au développement de leur entreprise et à la réussite de leur mission.

Une inculture inquiétante

Deux exemples récents illustrent ces propos. Un échange avec un consultant d’un grand cabinet de conseil qui venait d’obtenir un gros contrat en Algérie. Tout heureux de cela il lâcha cette phrase : « Je connais très bien l’Algérie, je suis souvent allé au Maroc ». Sous-entendu, puisque les Algériens sont des Arabes et des musulmans, comme les Marocains, quand on connait les seconds on connait les premiers. Je doute fort que ce type de pensée lui permette de satisfaire ses clients, et on peut lui prédire quelques déconvenues commerciales.

Second exemple, une étudiante dans une grande école de la place parisienne qui voulait me convaincre de publier un article sur le développement des panneaux solaires au Yémen. « C’est un sujet d’avenir pour le pays, notamment face au réchauffement climatique. » Possible. Mais disons que pour l’instant la priorité du Yémen est ailleurs, et notamment d’arriver à éteindre une guerre qui s’enlise et qui fait des milliers de morts et de réfugiés. Les Yéménites veulent d’abord manger en paix, ils verront ensuite pour les panneaux solaires.

Quelques exemples certes, mais qui ne sont pas anecdotiques, et qui révèlent un réel décrochage intellectuel. Or la mondialisation est cruelle et elle ne donnera pas de seconde chance aux nations et aux entreprises incultes.

Soyons clairs : tout n’est pas la faute de ces jeunes gens. Ils ne sont pas responsables du vide des programmes scolaires et de la non-transmission voulue qu’ils ont subie. Ils ne sont pas responsables non plus du lavage de cerveau et des lubies iréniques de certaines écoles de commerce et d’ingénieurs. Mais ils doivent se rendre compte qu’ils ne savent pas et que la compétition mondiale ne porte pas tant aujourd’hui sur la maîtrise de la technique que sur la maîtrise de la culture. Cela ne concerne pas d’ailleurs que la nouvelle génération, mais est valable pour tout le monde. La non-connaissance de la littérature classique, de l’histoire des pays, de leur géographie et de leur culture, la vision stérile et enfantine d’un monde qui serait plat, sans relief, sans aspérité est redoutable. Cela explique en partie les échecs successifs et répétés du Quai d’Orsay et de la diplomatie française au cours des dix dernières années : une inculture crasse, incapable de tenir compte de la stratification des siècles et des particularités des peuples. Parce que certains veulent que l’Europe sorte de l’histoire, ils croient que les autres régions le veulent aussi.

Un manque de curiosité

Plus que l’inculture, ce qui frappe c’est le manque de curiosité. Nous vivons ainsi un curieux paradoxe : il n’a jamais été aussi facile d’accéder au savoir et pourtant ces gisements ne sont pas exploités. On peut accéder gratuitement à des banques de photos qui nous permettent de voir des paysages, des pays et des villes sans quitter son bureau. Je peux ainsi visiter Tokyo ou Bamako, chose impossible à mes grands-parents, à moins d’acheter un atlas illustré fort onéreux. On peut accéder à toute la littérature mondiale en accès libre. Wikipédia est une encyclopédie beaucoup plus commode à manier que les antiques volumes de l’Encyclopédia Universalis. Grâce à YouTube, je peux accéder à des concerts de musique classique et écouter des ténors et des cantatrices renommés. La Philharmonie de Paris diffuse tous ses concerts sur son site. Nous pouvons trouver des conférences et des vidéos de grande qualité pour compléter des cours indigents. Et pourtant, l’inculture grandie et, avec elle, la certitude de savoir et de connaître. C’est affligeant le nombre d’étudiants qui ouvrent rarement un livre, mais qui croient connaître un sujet et avoir l’autorité pour en parler.

Bien évidemment il ne s’agit pas d’être un expert sur tout, mais d’avoir une culture générale, c’est-à-dire une connaissance des grands principes, qui permet ensuite, si besoin, de se spécialiser dans un domaine pour répondre aux circonstances. Le Général de Gaulle disait que « la véritable école du commandement est la culture générale » avant d’ajouter « Au fond des victoires d’Alexandre on retrouve toujours Aristote ». Où peut-on trouver Aristote aujourd’hui chez les dirigeants d’entreprise ? La culture générale permet la connaissance de l’autre et facilite donc les échanges. Quoi de mieux pour parler à un inconnu que de commencer à évoquer les écrivains de son pays, la gastronomie, les grands monuments ? Ce sont les commodités de la conversation, qui permettent de se connaître et d’aborder ensuite, si nécessaire, les sujets divergents.

Le conformisme des élites

Le conformisme intellectuel des patrons et des élites est également confondant, notamment sur les sujets écologiques. On les voit schizophrènes et partagés en deux : d’un côté l’injonction écologique qui les oblige à penser « transition écologique », « développement durable », « urgence climatique », de l’autre le savoir accumulé dans leur métier qui leur prouve que tout cela est fumisterie. On voit ainsi des grands industriels accepter sans broncher les normes absurdes que leur imposent les gouvernements, comme des moutons conduits à l’abattoir qui n’auraient même plus la force de bêler. « L’État stratège » que le monde entier doit nous envier, adopte une série de normes et de contraintes dogmatiques qui détruisent l’agriculture (betterave et céréales notamment), l’aviation (Air France et les normes CO2), l’automobile (l’imposition de la voiture électrique), le nucléaire (fermeture des centrales) et un grand nombre d’autres secteurs industriels. Nul besoin d’accuser la mondialisation ou l’Europe, la bureaucratie française est assez douée pour se suicider seule. Quel patron ou manager haut placé entend-on pour s’élever contre ces normes absurdes qui détruisent la puissance française et, plus grave encore, vont apporter la pauvreté à des millions de personnes ? L’effet de sidération est tel qu’aucune personne concernée et compétente ne lève le doigt pour apporter une objection.

En son temps, Christophe de Margerie, alors PDG de Total, était le seul à s’élever publiquement contre les sanctions contreproductives imposées à la Russie. Carlos Tavares, le PDG de PSA, est l’un des rares à dénoncer les diktats écologistes qui détruisent l’industrie automobile et à parler clairement sur les normes imposées par le Parlement européen et la Commission. Pour le reste, beaucoup sont ceux qui ploient et maugréent sans rien dire. Beaucoup ont déjà intériorisé leur défaite et sont intellectuellement morts. Cet effet de sidération est inquiétant et rappelle le roman d’Ayn Rand, La Grève, où là aussi les industriels se laissent assassiner sans réagir, hormis ceux qui déclenchent la grève des impôts et de la soumission.

Quelles solutions ?

À défaut de pouvoir toucher un public large, les dirigeants devraient sans cesse expliquer à leurs salariés l’état des normes et l’absurdité de ce qui est imposé. C’est ce que l’on appelle la participation des salariés à la vie de l’entreprise, qui ne se limite pas aux questions financières et à la répartition des bénéfices. Autant de salariés qui pourraient ensuite répandre la bonne nouvelle à leur entourage proche. Si Air France ne peut plus assurer sa liaison Orly / Mérignac, de nombreuses entreprises vont fermer. La perte d’emploi est généralement assez compréhensible par ceux qui sont concernés.

Aux dirigeants et aux étudiants, on ne peut que conseiller de lire les classiques et, à défaut ou en complément, d’écouter et de regarder les nombreux podcasts et émissions où interviennent les auteurs compétents et renommés. Nous avons aujourd’hui la chance d’avoir des bibliothèques du savoir immenses, accessibles à tous et partout. On peut lire la presse de Hong Kong et de Buenos Aires, assister à une conférence parisienne depuis la province. À tel point que l’on peut se demander si les écoles supérieures qui délivrent du vide intellectuel servent encore à quelque chose.

La connaissance n’est pas un enjeu secondaire. Il ne s’agit pas d’avoir de l’érudition pour en faire usage dans le monde, mais de posséder le bagage culturel indispensable pour vaincre dans la mondialisation. L’inculture est une faiblesse utilisée par les démagogues et les marchands de peur, qu’ils agitent le drapeau de l’épidémie ou celui de l’urgence climatique. La réponse est d’abord intellectuelle et morale, comme au temps où se levèrent quelques rares intellectuels pour combattre le totalitarisme communiste.

Jean-Baptiste Noé

La contre-révolution de Thomas Molnar

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La contre-révolution de Thomas Molnar

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

L’œuvre de Thomas Molnar, quand elle est traduite en français, ce qui n'est même pas le cas de l'ouvrage qu'il a consacré à Georges Bernanos, reste encore fort peu connue. Il faut s'en étonner et s'en affliger, car la lecture de l'ouvrage qu'il a consacré à la contre-révolution, en ces temps d'inflation des gloses universitaires, est un réel plaisir : tout est fluide, la moindre phrase n'est pas immédiatement flanquée d'une note s'étendant sur plusieurs pages et dévorant la substance même de l'ouvrage pour se perdre dans le pullulement fantomatique des langages seconds, et des langages au cube des langages seconds.

41ctVF9MiML._SX301_BO1,204,203,200_.jpgThomas Molnar ne s'embarrasse pas d'un inutile et poussif appareil de notes et, assez vite, précise sa pensée : évoquer la contre-révolution, c'est, analyser les raisons d'un échec historique, qui se répète jusqu'à nos jours. Il est d'autant plus intéressant et même amusant de constater que l'année de publication du livre de Molnar dans sa langue originale est celle où une révolution de boudoir germanopratin a fait vaciller le pouvoir français si ce n'est la France tout entière, révolution pour intellectuels de salon et demi-mondaines qui aujourd'hui encore reste aussi sacrée, pour tous ces vieux porcs devenus bourgeois (pardon : l'ayant toujours été, mais ayant confortablement arrondi leurs fins de mois), que le Saint-Suaire l'est pour un catholique.

L'échec de la contre-révolution est celui-là même sur lequel se conclut le livre de Molnar, qui écrit que la tâche des contre-révolutionnaires «n'est pas une tâche spectaculaire, elle ne connaît pas de victoire finale, elle obtient ses succès dans le cœur et l'esprit plutôt que sur le forum», car c'est «une tâche sans fin» qui consiste à simplement «défendre la société et les principes d'une communauté d'ordre» (1). Je sais bien que les esprits esthètes affirmeront, comme Thomas Molnar d'ailleurs, que cet échec de la contre-révolution signe non seulement sa grandeur manifeste mais sa réussite, y compris sociale puisque, bon an mal an, les sociétés que nous pourrions définir comme s'inspirant de principes contre-révolutionnaires, disons des sociétés dirigées d'une main de fer par des dictateurs de droite, malgré leurs exactions que je ne minimise en aucun cas (et sur lesquelles Molnar ne semble guère fixer son attention), auront tout de même massacré moins de millions d'hommes que les régimes communistes et autres sectes d'inspiration plus ou moins millénariste dans le monde.
 
Thomas Molnar semble tellement douter de l'échec de la contre-révolution qu'il écrit encore, évoquant un «nouveau Malaparte», la nécessité d'enseigner «aux contre-révolutionnaires quelque chose de mieux qu'une technique : il devrait apporter les paroles de l'esprit et de la vérité aux institutions occidentales» (p. 299), car son objectif premier n'est pas d'agir, «encore moins de dominer la situation sur le mode faustien, mais d'expliquer la nature intime de la relation présent-passé, de sorte que l'avenir ne vienne pas briser la continuité», continuité d'essence métaphysique puisque les contre-révolutionnaires «voient dans le péché originel l'explication de leur inquiétude première et de leur croyance actuelle dans l'immuabilité de la nature humaine» (p. 294). Il faudrait, en somme, imaginer le contre-révolutionnaire heureux sinon accompli, ce qu'il n'est que fort rarement, et capable de se contenter du rôle peu flatteur d'aiguillon, de grogneur jamais content puisqu'il doit constamment rappeler aux hommes les dangers qu'il y a à prendre des vessies pour des lanternes et des avenirs de fer pour des lendemains qui chantent.

I21123.jpgL'auteur explique l'échec historique de la contre-révolution par plusieurs raisons, que nous pouvons toutefois regrouper dans une seule catégorie, relative aux techniques de communication modernes, bien trop délaissées par les penseurs contre-révolutionnaires, «largement incapables d'utiliser des méthodes modernes, une organisation, des slogans, des partis politiques et la presse» (p. 179). C'est d'ailleurs grâce à leurs écrits que les révolutionnaires ont imposé leurs idées, jusque y compris dans le camp adverse : «Á mesure que les années passaient, les idées proposées par le parti révolutionnaire paraissaient de plus en plus attrayantes, non pas en raison de leurs mérites intrinsèques, mais parce qu'elles imprégnaient le climat intellectuel, acquéraient un monopole, isolaient les idées contraires en arguant de leur modération pour prouver leur impotence» (p. 59). Cette idée n'est à proprement parler pas vraiment neuve, puisque Taine puis Maurras l'ont développée avec quelques nuances, le premier critiquant la décorrélation de plus en plus prononcée entre la réalité et les discours évoquant cette dernière (2), le second affirmant que la Révolution française ne s'était pas produite le 14 juillet 1789 mais, comme l'écrit Molnar, qu'«elle s'est faite bien avant au tréfond[s] de l'esprit et de la sensibilité populaires, imprégnés des écrits des philosophes» (p. 65). D'une certaine manière, cette thèse fut aussi développée par le général Giraud qui dans un article paru durant l'été 1940 attribua une partie de la défaite française à la littérature, coupable à ses yeux d'avoir sapé les bases de la nation, puis par Jean Raspail dans son (trop) fameux Camp des Saints. Ne perd que celui qui, secrètement, a déjà perdu, tel est le drame intime de tout contre-révolutionnaire.
Plusieurs fois, Thomas Molnar nous expliquera que les révolutionnaires ont su imposer leurs vues, non seulement parce qu'elles paraissaient moins paradoxales que celles des contre-révolutionnaires (3), mais surtout parce qu'ils ont su se rendre maîtres des techniques modernes de communication je l'ai dit et, aussi, qu'ils sont parvenus à faire accepter du plus plus grand nombre leurs idées et analyses : «Il faut distinguer entre les intellectuels qui forment les concepts révolutionnaires et ceux qui viennent à leur appui en amplifiant leur voix, en allongeant leurs griffes, en élargissant leur public, en préparant ce dernier à recevoir des idées qu'il n'aurait autrement considérées qu'avec méfiance ou indifférence» (p. 96). Thomas Molnar ne cessera d'insister sur le rôle essentiel que jouent non pas les théoriciens de la révolution, mais ses relais, issus de la classe moyenne précise-t-il : «La considération dans laquelle on tient la révolution à notre époque vient principalement de la pénétration progressive des idées d'extrême gauche dans les classes moyennes. Celles-ci les cultivent pour les répandre ensuite dans toutes les directions par tous les moyens de communication disponibles. L'intellectuel issu d'une classe moyenne représente, en tant que membre de la république des lettres, aussi bien individuellement que sur le plan corporatif, un banc d'essai et un champ de bataille pour ces idées; il n'a pas même besoin de faire du prosélytisme : sa profession de professeur, d'écrivain, de politicien ou de journaliste conserve ces idées en vitrine, tandis que la considération dont il bénéficie, reflet de valeurs et d'une conduite plus traditionnelles, témoigne pour la justesse ou du moins la pertinence de ses propos» (pp. 99-100).

9782825102695-xs.jpgIl serait pour le moins difficile de dénier à Thomas Molnar la justesse de tels propos, y compris si nous devions tracer quelque parallèle avec notre propre époque, où triomphent ces «intellectuels des classes moyennes» (p. 108) qui à force de cocktails et de mauvais livres cherchent à s'émanciper de leur caste, pour fréquenter les grands, ou ceux qu'ils considèrent comme des grands, tout en n'affectant qu'un souci fallacieux de ce qu'ils méprisent au fond par-dessus tout et qu'ils sont généralement vite prêts à qualifier du terme méprisant (dans leur bouche) de peuple. Ce peuple est instrumentalisé, et ce n'est que par tactique que les intellectuels révolutionnaires peuvent donner l'impression de le flatter, voire de le respecter : «Ce qui est essentiel, les révolutionnaires ont rapidement compris que bien que 1789 ait ouvert la porte du pouvoir aux masses, celles-ci ne l'utiliseront jamais pour elles-mêmes, mais permettront seulement qu'il passe entre les mains de ces nouveaux privilégiés que sont les entraîneurs de foules, les faiseurs d'opinion et les idéologues» (p. 119). Finalement, la révolution n'est pas grand-chose, si nous nous avisions de la séparer de ses béquilles, que Thomas Molnar appelle «sa méthode de propagation dans tous les coins de la société» (p. 110) et, surtout, l'élevage quasiment industriel de ces intellectuels si remarquablement définis par Jules Monnerot.

Il y a plus tout de même que la simple réussite, fut-être réellement remarquable, d'une politique médiatique ou de ce que nous appellerions actuellement une campagne de presse ou d'opinion, et ce plus réside dans les différences fondamentales qui existent entre la révolution et la contre-révolution ou plutôt, nous le verrons, entre le style révolutionnaire et le style contre-révolutionnaire. Thomas Molnar explique l'échec des contre-révolutionnaires en distinguant la révolution de la contre-révolution, et en précisant que : «la tâche d'incarner la marche du progrès peut être confiée à d'autres mains, mais du point de vue privilégié de l'utopie, il n'est aucun risque de la voir abandonnée. Et pour la raison exactement opposée il semble que les contre-révolutionnaires, cherchant à préserver les structures existantes, s'adressant à la réalité concrète, créent toujours l'impression de défendre quelque chose de temporaire. C'est le mouvement qui constitue le véritable substratum de la philosophie révolutionnaire telle qu'elle s'affiche; une conception immobiliste des choses est considérée comme retardataire, anti-historique» (pp. 124-5) bref, vouée à l'échec. Quelques pages auparavant, l'auteur a pris le soin de séparer les deux frères ennemis en évoquant leur style respectif : «C'est l'insolite qui confère sa popularité au style révolutionnaire; le contre-révolutionnaire respecte les règles établies pour l'usage des mots, des objets, des couleurs, des idées, les règles de syntaxe, les règles du raisonnement rigoureux; il prend la vie au sérieux parce qu'il est convaincu qu'un pouvoir supérieur l'a ordonnée. En conséquence, il croit qu'une idée clairement exprimée n'a pas besoin de publicité, qu'elle est protégée par une providence spéciale qu'il serait presque irrévérencieux de renforcer par trop de persuasion. Par contraste, le révolutionnaire cultive les associations fortuites de mots, d'idées ou de couleurs, il est prêt à sacrifier l'expérience et la raison à la nouveauté et aux produits de l'émotion ou des sensations bizarres» (pp. 113-4).

9781560007432_p0_v3_s550x406.jpgL'écrivain contre-révolutionnaire, quoi qu'il affirme, reste irrévocablement marqué au fer du provincialisme et, précise Thomas Molnar, est accablé par la mauvaise conscience de ceux «qui n'ont pratiquement jamais entendu répéter leurs paroles, vu reprendre leurs idées» (p. 174) : «il ne représente au regard de l'histoire qu'un moment peut-être brillant, mais passé, donc isolé, déposé loin du lit principal du fleuve» (p. 122), alors que, en face de lui, vainqueur qui n'a même pas eu besoin de mener un combat, se dresse l'intellectuel révolutionnaire, un de ces hommes «perpétuellement déchirés entre l'action et la réflexion, le bureau du philosophe et les barricades du révolutionnaire, la prose résignée du sceptique et l'allure de David devant Goliath, le mépris de l'esthète devant le chaos et l'enthousiasme du guerillero dans le feu de l'action» (pp. 126-7), description qui pourrait sans aucune difficulté s'appliquer à la majorité de nos propres penseurs révolutionnaires et même, sans doute, aux rares qui font profession de penseurs contre-révolutionnaires ou, disent les pions universitaires, d'antimodernes.

Un autre tort grève la pensée contre-révolutionnaire, qui constitue, selon Thomas Molnar, la thèse de son livre : si le révolutionnaire fait rêver, le contre-révolutionnaire n'est qu'un emmerdeur, un empêcheur d'utopiser en rond : «l'échec général de la contre-révolution est dû à sa trop grande préoccupation du concret, qu'il s'agisse des faits ou de la nature humaine» (p. 173, l'auteur souligne). En effet, les thèses contre-révolutionnaires, «aussi bien pour Burke, Maistre ou Maurras, commencent avec l'affirmation que l'homme est limité (par ses capacités, son expérience, son lieu et sa date de naissance, les idées propres à son environnement), qu'il est donc mieux fait pour s'occuper de problèmes particuliers, dont il possède une connaissance concrète». Cette «approche conservatrice», précise Thomas Molnar, se définit par la «restriction de l'activité à l'environnement immédiat; le manque d'intérêt pour la structure d'ensemble de cet environnement; une préférence pour les détails; une conception du corps social comme étant essentiellement dérivé du passé; et le concept de liberté non pas dissout dans l'égalité mais compris comme une garantie des libertés et de la diversité locales» (pp. 166-7).

Parvenu à ce stade de son développement, Thomas Molnar a conscience qu'il lui faut différencier le contre-révolutionnaire de ce qu'il appelle l'extrémiste de droite, car «seul un siècle et demi de frustration l'a conduit au désespoir et à la peur; son attitude antidémocratique ne fait qu'un avec sa loyauté à l'égard du principe monarchique, si bien qu'il lui était naturel de tenir ce raisonnement, qu'au fur et à mesure que la démocratie et les partis affaiblissent la nation et en ébranlent l'esprit, la nécessité se fait davantage sentir de trouver un souverain ou un substitut temporaire, qui abolirait les partis, limiterait la sphère de la démocratie et restaurerait l'unité nationale» (pp. 217-8). Une nouvelle fois, Thomas Molnar recourt à l'explication par les médias, dont l'usage a été génialement monopolisé par les révolutionnaires, pour expliquer la «frustration ressentie par les contre-révolutionnaires» (p. 218). Assez étrangement, Thomas Molnar rapproche deux noms que tout oppose, ce qu'il n'oublie pas d'ailleurs de signaler, Adolf Hitler et Karl Kraus, deux hommes qui «concevaient le danger d'un déclin de la civilisation presque de la même manière, compte tenu du vocabulaire brutal du premier et de la subtile acuité du second» (p. 219). L'un et l'autre en tout cas illustrent selon Molnar «le type du diagnostic contre-révolutionnaire» (p. 221) mais aussi, bien sûr, deux formes d'échec, la pensée et la culture contre-révolutionnaires «n'existant qu'à l'extérieur de l'univers dominant du discours» qui est, en somme, un «monopole révolutionnaire» (p. 227), les révolutionnaires étant par ailleurs «constamment sur le pied de guerre» comme une «petite bande d'utopistes entourée de son public de semi-intellectuels», alors que «les contre-révolutionnaires sont divisés en un grand nombre de groupes, qui, tout en partageant les mêmes idées, ne partagent pas la même conscience de la menace qui pèse sur elles» (pp. 240-1).

Notes

(1) Thomas Molnar, La contre-révolution (The Counter Revolution, traduction de l'anglais d'Olivier Postal Vinay, Union Générale d’Éditions, 10/18, 1972), p. 306 et dernière.

(2) Thomas Molnar condense sont propos dans une formule frappante : «L'édifice monarchique s'écroula sous les coups de canon des marchands de formules» (p. 68).

mercredi, 16 septembre 2020

La région comme ancrage

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La région comme ancrage

par Franck BULEUX

Le maillage administratif territorial français tient du record en nombre de collectivités: près de 35 000 communes, 101 départements et 18 régions. Mais cela n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il y a un nombre certain de collectivités de communes, dont 21 métropoles. Cette institution, la métropole, tend à se développer.

Il s’agit surtout, in fine, de doter les grandes villes de structures publiques visant au développement économique. Et, pourrait-on ajouter, pour rassurer les citoyens, les conseillers métropolitains sont élus au suffrage universel direct !

Vous ne le saviez pas ? Vous n’avez pas été invités ? Peut-être que votre commune n’a pas été intégrée à une métropole. Dans ce cas, votre commune n’élit pas de conseillers dédiés à la ville mégapole. Pour les autres, depuis 2014, les conseillers communautaires sont élus en même temps que les conseillers municipaux, à droite sur le bulletin (et à gauche pour l’identité des candidats aux municipales). Il faut le savoir. De toute façon, ce sont les mêmes.

En effet, ce « vote » reste relativement méconnu puisque les membres des listes reproduisent la liste municipale, tout simplement. Il est d’ailleurs totalement impossible de dissocier son choix : un vote pour untel pour les municipales et pour un autre pour les communautaires. Ce qui me fait dire que ce scrutin est biaisé pour trois raisons cumulatives : inconnu, mélangé avec les municipales et non dissocié de ces mêmes municipales.

Quant au fond, il s’agit, globalement, de développer, économiquement, les villes, parties de la métropole. La ville-métropole est donc, logiquement, favorisée par les enveloppes budgétaires. Les maires des communes de taille modeste ont intérêt à être « du même bord » politique que le maire de la mégapole. D’ailleurs le maire de la « grande ville » peut être le président de la métropole, ceci favorisant cela. Dans ce cas, il ne s’agit que de conglomérer, autour d’une ville, les communes l’entourant, les « couronnes ».

Toujours sur le fond, ce développement économique tend à limiter les pouvoirs en la matière de nos régions, mises en place, pour la plupart, depuis la première élection au suffrage universel, en 1986. Après avoir dépecé certaines régions en 2015, les pouvoirs publics limitent leur pouvoir. À l’heure où « la France des oubliés » tente de se donner une visibilité (le long épisode des « Gilets jaunes »), c’est la France des métropoles qui reprend le pouvoir territorial.

Il serait temps de retrouver la dynamique de notre triptyque traditionnel territorial, communes, départements et régions. Bien évidemment, il y a trop de communes (entre 34 000 et 35 000) mais ces entités « parlent » aux citoyens et sont représentées par des personnes élues au suffrage universel.

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Le développement des CESER (conseils économique, social et environnemental régionaux), représentatifs – sans aucune légitimité – des « forces vives » régionales et des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) ne viennent que compliquer le « mille-feuille » de l’organisation territoriale française.

La dispersion du pouvoir profite à l’État central, par nature jacobin. La dissolution des pouvoirs ne profite qu’aux préfets, émanation d’un centralisme que l’on croyait révolu.

Un seul exemple : la loi prévoit, à partir de 2021, l’organisation des élections départementales et régionales le même jour pour éviter un fort taux d’abstentionnistes (sic). En effet, les deux mandats sont d’une durée de six ans et les dernières élections se sont déroulées, en mars 2015 pour les départements et en décembre de cette même année, pour les régions. Les médias rapportent que le président Macron souhaiterait reporter les élections régionales en 2022, y compris d’ailleurs après l’élection présidentielle. Emmanuel Macron se sert des régionales (et des régions) comme d’une simple variable d’ajustement électorale et non comme d’une donnée institutionnelle essentielle au sein de la Nation.

La dispersion des pouvoirs locaux et le peu d’appétence dont semble disposer le président Macron pour les régions sont des éléments à prendre en compte pour les années qui viennent. L’électorat parisien, voire francilien, ne sera pas suffisant pour assurer la réélection de Macron.

La France est une toile, un ensemble de nervures permettant d’unifier des territoires différents, voire historiquement opposés. La régionalisation est un phénomène d’identification charnelle et d’unité administrative permettant la cohésion d’un État. Le développement de métropoles (certaines régions n’en ont pas, d’autres en ont quatre…) n’invite pas à la pérennisation des structures historiques. Déjà la « grande ville » semble vouloir s’approprier et distribuer, à sa manière, les budgets.

Repenser l’État, c’est donner à ses collectivités territoriales traditionnelles tout leur sens, y compris celui de l’identité quelle qu’elle soit : historique, géographique, linguistique…

À travers les prochains rendez-vous électoraux, c’est le maillage territorial qui est en jeu. S’agit-il de donner un satisfecit au pouvoir central ou d’avoir la possibilité de donner à notre système, un peu d’air ?

Bien sûr, le découpage des régions n’a pas toujours été satisfaisant mais il suffirait, pour cela, d’ouvrir le débat du référendum local de proximité. Il semblerait que le président souhaite relancer l’esprit référendaire, alors pourquoi pas en s’attachant aux priorités locales ? En donnant une opportunité à ce type de choix, il aurait l’occasion de s’affranchir du sempiternel choix politique « oui » ou « non » à une question d’essence nationale et, par voie de conséquences, partisane.

Il paraît qu’un vote sur le climat va mettre tout le monde d’accord mais, en France, il ne fait pas beau partout…

Franck Buleux

• D’abord mis en ligne sur Meta Infos, le 28 juin 2020.

Parution du n°432 du "Bulletin célinien"

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Parution du n°432 du "Bulletin célinien"

Sommaire :

Clément Camus et Albert Paraz 

Le cuirassier à Rambouillet 

Céline dans Excelsior

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La bibliothèque de Céline

Si vous êtes un célinien patenté, Laurent Simon n’est pas un inconnu. En marge de la cohorte des exégètes qui se regroupent lors de savants colloques, ce passionné est l’homme des grands chantiers qu’il arpente généralement en solitaire. Après nous avoir donné un monumental Dictionnaire des lieux de Paris et de sa banlieue cités par L.-F. Céline dans son œuvre (2016),  c’est cette fois avec Jean-Paul Louis qu’il signe un non moins monumental Dictionnaire des écrivains et des œuvres cités par Céline dans ses écrits et ses entretiens. Les deux auteurs ont œuvré avec une même conception du discours critique : se garder de porter un jugement moral ou idéologique sur l’écrivain. Ni pour, ni contre mais avec.On imagine la somme de travail que cette initiative a requise. Que Céline les ait lus ou pas, aimés ou détestés ou simplement cités, il a fallu recenser tous les titres et auteurs mentionnés par lui, mais aussi lire tous ces livres, en donner la teneur et voir le prolongement éventuel qu’ils ont dans son œuvre ou sa biographie.

« Il était très cultivé. Il avait énormément lu, avait beaucoup retenu et savait beaucoup de choses, presque sur tout », disait l’un de ses proches. Publiquement Céline s’est peu confié sur ses lectures. Lui rendant visite à Montmartre, un confrère évoquait « les bouquins dissimulés comme chez de vieux paysans qui lisent, mais croiraient se révéler dangereusement en laissant connaître leurs lectures. »  Durant sa vie professionnelle ainsi que les dernières années, il dira n’avoir pas le temps de lire. Ce qui était alors vrai ne le fut pas à d’autres périodes : Londres (où il lit Hegel, Fichte, Nietzsche et Schopenhauer !),  l’Afrique et naturellement le Danemark, en particulier les dix-huit mois de réclusion. Si à la fin de sa vie, il cite invariablement Barbusse, Morand et Ramuz pour la raison que l’on sait, il a bien d’autres admirations : Vallès (« l’homme de tous les écrivains que j’admire le plus ») et, pour les anciens, Villon, La Fontaine ou Chateaubriand. Parfois son jugement évolue avec le temps. Le cas le plus notable est évidemment Proust tant daubé dans les années trente et suivantes. Et qualifié de « dernier grand écrivain de notre génération » à la fin.  Ces évolutions sont prises en compte dans ce dictionnaire dont la lecture constitue un régal tant les commentaires donnent à réfléchir sur la complexité d’un homme que certains ont trop vite qualifié de fruste. Se dessine, au contraire, le portrait de quelqu’un de cultivé et – lorsqu’il n’est pas aveuglé par ses phobies – de perspicace. Ce dictionnaire, merveille de précision et de rigueur, constitue une contribution capitale à la connaissance d’un écrivain qui a beaucoup lu et beaucoup retenu. Ouvrage de référence sur les sources et lectures de l’écrivain, il est appelé à figurer dans la bibliothèque de tout célinien digne de ce nom.

• Laurent SIMON & Jean-Paul LOUIS, La Bibliothèque de Louis-Ferdinand Céline (Dictionnaire des écrivains et des œuvres cités par Céline dans ses écrits et ses entretiens), Du Lérot, 2020, 2 volumes de 376 et 384 p., ill.

►  Deux précisions : a) il est erroné d’écrire qu’André Thérive « ne fit que quelques allusions à Céline » dans l’hebdomadaire Paroles françaises puisqu’il fut, en 1950, l’un des très rares critiques à consacrer un grand article à Casse-pipe (repris dans le BC de juillet-août 2015) ; b) Il existe une photographie (fonds Sygma) de l’écrivain debout devant sa bibliothèque à Meudon (reproduite en 1979 dans le supplément iconographique de feu La Revue célinienne). Sur l’original de ce cliché (que nous n’avons malheureusement plus), on distingue nettement plusieurs titres. Il s’y trouve notamment plusieurs ouvrages médicaux et un livre de… Roger Vailland (!).

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L’abrutissement de masse

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L’abrutissement de masse

J’ai trouvé ces deux opinions sur un forum internet et je les ai trouvé intéressantes. Certain point reste très discutable, mais j’approuve l’idée générale.

« Que ce soit par la télé avec des émissions de plus en plus vides de sens et d’intérêt, le nivellement par le bas dans les écoles publiques, la propagande dans les médias, l’éducation nationale qui n’est plus bonne à rien, la négation de faits afin de faire croire aux français ce qu’ils veulent croire….
Mais à quoi bon ? Alors c’est certainement plus facile de contrôler 60 millions de cons que 60 millions de mecs qui réfléchissent mais quand même….Essayer de rendre le peuple le plus con possible afin de parvenir à ses fins, c’est vraiment dégueulasse.
Que ce soit la gauche ou la droite, ils ont tous fait ça…ça commence avec la destruction de l’école publique et puis ça finira avec la destruction des écoles supérieures histoire de créer de parfait con(sommateurs) dociles….
Maintenant, il faut forcément être né avec une cuillère en argent dans le cul pour ne pas avoir le cerveau lavé par les médias …et même si les hautes études s’ouvrent au peuple, les gens qui y rentrent sont tellement lobotomisés qu’ils ne réfléchissent même plus et pense qu’en votant ils vont changer les choses »

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« -Abêtisation de la population:


OBJECTIFS
Empêcher le public de réfléchir et de se poser intelligemment des questions sur sa condition, et sur la manière dont la société est organisée et dirigée.
Rendre le public plus facilement manipulable en affaiblissant ses capacités d’analyse et de sens critique.


MOYENS UTILISES
Diffuser massivement des programmes TV débilitants
Noyer les informations et connaissances importantes dans un flot d’informations insignifiantes. Censure par le trop-plein d’informations.
Promouvoir des loisirs de masse débilitants
Encourager la consommation de tranquillisants et somnifères
Autoriser sans restriction la consommation d’alcool, et le vendre à un prix accessible aux plus défavorisés.
Faire en sorte que l’éducation donnée aux « couches inférieures » soit du plus bas niveau possible.
Réduire le budget de l’éducation publique, et laisser se développer dans les écoles des conditions de chaos et d’insécurité qui rendent impossible un enseignement de qualité.
Limiter la diffusion des connaissances scientifiques (en particulier dans les domaines de la physique quantique, de la neurobiologie, et surtout de la cybernétique – la science du contrôle des systèmes vivants ou non-vivants).
Limiter aussi la diffusion des concepts les plus puissants concernant l’économie, la sociologie, ou la philosophie.
Parler au public de technologie plutôt que de science. »

Pour rester objectif une petite image comme je les aime tant :

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Pour les anglophobes, une traduction approximative : Regardez ces gens. Des automates aux yeux vides menant leurs vies quotidiennes sans jamais s'arrêter pour regarder autour de d'eux et penser ! Je suis le seul homme conscient dans un monde de mouton.

K.E

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Education, médecine, divertissement : comment le système abrutit l’humanité...

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Education, médecine, divertissement : comment le système abrutit l’humanité...

par Nicolas Bonnal
Ex: https://nicolasbonnal.wordpress.com

J’ai évoqué le problème du déclin intellectuel US avec Allan Bloom (déclin qui nous concerne hélas tous maintenant en Oxydant). Je citerai ici le chercheur et ancien militaire Joachim Hagopian qui publie sur Globalresearch.ca, et qui nous rappelle que la notion de Dumbing down nous vient… des scénaristes d’Hollywood comme tout le reste ou presque. Le texte a été publié sous la déjà très oubliée mais très hyper-fasciste présidence Obama.

Trois moyens privilégiés pour anéantir les peuples et les individus : éducation, médias, pharmacie.

« Mon sujet se concentre sur la myriade de façons dont les pouvoirs en place aux États-Unis ont systématiquement banni les Américains en tant que société pendant très longtemps – le tout par un calcul méticuleusement calculé.
L’exemple le plus évident de la façon dont les Américains ont été abrutis est le système d’éducation publique raté de cette nation. Il n’y a pas si longtemps, l’Amérique a régné en maître comme modèle pour le reste du monde en fournissant le meilleur système d’éducation public et gratuit de la maternelle à la 12e année sur la planète. Mais au cours des dernières décennies, alors qu’une grande partie du reste du monde nous a échappé, il semble qu’un programme fédéral insidieux a été mis en place pour conditionner et endoctriner une population de citoyens robotiques et stupides qui font simplement ce qu’on leur dit, et bien sûr le lavage de cerveau commence tôt dans les écoles américaines. »

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Mais avant de plonger dans les nombreuses façons dont nous avons été dupés et anéantis au cours des années, un regard froid et dur sur le résultat dévastateur semble très en ordre ici. Avec des avertissements catastrophiques d’effondrement imminent, l’économie américaine patauge toujours en récession, émaciée et coupée du soutien de la vie, conséquence de mener trop de guerres autour du monde (qu’elles soient les plus longues défaites coûteuses dans l’histoire américaine ou les petites guerres des Special Ops en pleine ascension secrètement dans tous les coins du globe ou le favori personnel d’Obama, le  terrorisme parrainé par l’État du ciel rempli de drones). En tant que pion du complexe industriel militaire, le gouvernement américain a choisi une guerre permanente contre son propre peuple. »

 Hagopian enfonce le clou libertarien des antisystèmes américains :
« Avec les États-Unis, la plus grande nation débitrice sur terre, les Américains se noient dans la dette comme des dommages collatéraux désespérément piégés par un Empire en expansion rapide désespérément désespéré de rester la seule superpuissance mondiale, même si cela signifie la mort de toute la race humaine. A la maison, l’infortunée population américaine est de plus en plus victime de la tyrannie et de l’oppression de son propre gouvernement sous la surveillance perpétuelle de la surveillance criminelle et d’un État de sécurité militarisé brutal, laissant ses citoyens sans défense, liberté, liberté ou cachette. Après des siècles de conception soigneusement orchestrée, les oligarques de la cabale bancaire ont finalement obtenu ce qu’ils complotaient et complotaient, l’austérité et l’appauvrissement mondialement réduits réduisant la vie en Amérique et dans le monde à un statut quasi-tiers et un contrôle absolu. »

 

Comme Lucien Cerise, Hagopian évoque l’ingénierie de la crétinisation sociale :

« Mais ce résultat lamentable a longtemps été en cours sur de nombreux fronts. Pendant de nombreuses décennies, une grande expérience d’ingénierie sociale avec les jeunes Américains s’est efforcée d’homogénéiser le plus petit dénominateur commun de la médiocrité, créant des générations de jeunes Américains qui ne savent ni lire ni écrire, ni penser d’une manière critique. Selon une  étude de l’an dernier  par le ministère de l’Éducation des États – Unis, 19% des diplômés américains de l’ école ne peut pas lire, 21% des adultes lisent en dessous de 5 e  année d’études et que ces taux alarmants ont pas changé au cours des dix dernières années. »

Résultat orwellien derrière la Chine :

« Les résultats des tests internationaux du  PISA 2012 Les étudiants américains accusent un retard par rapport à la quasi-totalité des pays développés. La Chine a dominé les 65 nations tandis que les adolescents américains ont de nouveau obtenu des notes égales ou inférieures à la moyenne en mathématiques, en lecture et en sciences. C’est parce que le système éducatif actuel ne consiste plus à apprendre les AB-C de base, mais simplement à lancer une sous-classe de travailleurs de la force de travail».
Hagopian rappelle  ici :

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Il s’avère que le «père de l’éducation moderne» des États-Unis,  John Dewey , un admirateur éhonté de Staline et de son système éducatif, a proclamé son programme du NWO en 1947:

« … l’établissement d’un véritable ordre mondial, un ordre dans lequel la souveraineté nationale est subordonnée à l’autorité mondiale … »

En tant que premier directeur général élu de l’UNESCO, le professeur britannique Julian Huxley  (frère d’Aldous), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture publia en 1949 des brochures expliquant l’importance de l’éducation des enfants. La «loyauté familiale» était identifiée comme le plus grand obstacle à leurs ambitions démoniaques : «Tant que l’enfant respire l’air empoisonné du nationalisme, l’éducation au monde ne peut que produire des résultats précaires.»

Hagopian rappelle à quoi sert le financement de l’éducation :

« En second lieu seulement au ministère de la Défense dans son budget annuel, plus de dollars des contribuables américains sont acheminés au ministère de l’Éducation que tout autre secteur public. Le budget discrétionnaire pour l’éducation à partir de 2015 est  de 68,6 milliards de dollars . Et ces jours-ci, la plupart de ces dollars sont gaspillés pour financer la privatisation d’un système éducatif déjà raté. »

 

Après on est dans le film Idiocracy (je le trouve moyen : pourquoi se projeter dans cinq siècles alors que nous sommes déjà ici ?) :

« Cette conception gouvernementale pour que l’éducation publique s’éloigne de l’apprentissage académique réel pour devenir un simple pipeline pour la formation d’une future main-d’œuvre docile et obéissante n’a fait que s’accélérer sous les stéroïdes pendant le régime d’Obama. Avec l’actuel secrétaire à l’éducation d’Obama et ancien PDG des écoles publiques de Chicago, Arne Duncan, et Rahm Emmanuel, le maire de Chicago actuel, comme Obama et Duncan, le scénario qui se joue dans les rues meurtrières de Chicago enflamme le débat national grandissant… »

J’ai rappelé que Baudelaire s’en moque déjà de cet abrutissement et de cette violence US. On tire comme à Las Vegas dans les salles de spectacles, explique-t-il dans sa préface à Edgar Poe ! Mais continuons :

« Le gouvernement fédéral résout son programme en poussant des tests standardisés et en testant la performance comme panacée sous la forme de normes communes et d’écoles à charte privatisées sous le couvert d’une éducation publique payée par l’impôt. Bien sûr, la privatisation de l’école dans de nombreux districts autour de cette nation chrétienne signifie aussi que le créationnisme est maintenant enseigné au lieu de l’évolution. Bien sûr, cet abrutissement systémique de notre système éducatif imprègne également un processus parallèle dans l’écrémage des manuels vendus aux écoles. L’omission de la vérité et l’inclusion de la fausse désinformation et de la propagande dans les manuels scolaires ne sont qu’une autre forme de contrôle de l’esprit endoctriné. »

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On saque les plus doués (conspirateurs !) qualifiés d’hyperactifs et sanctionnés comme le Nicholson de Vol au-dessus d’un nid de coucous :

« Quand ceux qui sont dotés de l’énergie optimale et deviennent souvent agités et ennuyés avec l’ennui ennuyeux de leur éducation commune d’usine de dénominateur, et particulièrement s’ils exercent librement un esprit ou une volonté individuelle dans la salle de classe, ils sont habituellement diagnostiqués et marqués avec Trouble de l’hyperactivité avec déficit de l’attention et lobotomies à des fins de contrôle afin que le personnel de l’école puisse gérer le troupeau plus facilement, ce qui est diabolique dans le système. »

Puis on évoque le rôle du web dans cet abrutissement, ce contrôle fasciste ici plutôt, de nos populations demeurées et passives :

« En cas d’urgence ou de crise dans les conditions de la loi martiale, Obama a déjà stipulé que dans l’intérêt de la sécurité nationale, la tromperie à la mode utilisée depuis le 11/9 pour justifier toutes les violations constitutionnelles des libertés civiles et du droit à la vie privée. Internet sera coupé. De toute évidence, cela saboterait instantanément et inverserait probablement tout progrès que les gens, les groupes et un mouvement mondial potentiel pourraient faire à travers le réseau de connexion vital que les ordinateurs fournissent. Et avec le gouvernement américain planifiant et préparant longtemps avant une telle urgence, il déploiera tous les appareils et ressources de sécurité utilisant la police et les forces armées pour réprimer toute agitation politique, sociale et économique ou révolte contre le gouvernement. Ce pouvoir de refuser l’accès à Internet est également la stratégie ultime pour s’assurer que le public américain reste sourd et muet et impuissant. »

 

Joachim Hagopian rappelle le rôle frémissant des armes de distraction massive des médias (neuf de connexion/jour, dont 5,5 de télé et 3 de radio), le nouvel opium des masses :

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« Un autre moyen principal d’abrutir l’Amérique est à travers les médias. Si le public se préoccupe activement de la cuillère à ordures superficielle alimentée chaque jour par la télévision, les films, la musique, Internet, les jeux vidéo qui agissent tout aussi efficacement que la drogue la plus puissante qui émousse les sens et le cerveau, encore une fois un énorme contrôle sur la population est atteint et maintenu. Avec autant de divertissement que l’opium moderne aux masses pour détourner l’attention des gens, ces  armes de distraction de masse facilement rendre les gens inconscients de voir ce qui se passe réellement dans le monde. Composé avec le plus petit dénominateur commun attrayant aux intérêts les plus répugnants tels que la pornographie, le matérialisme grossier (utilisant des techniques de contrôle mental pour manipuler les consommateurs en dépensant de l’argent sur de fausses promesses de sexe, statut et bonheur) des effets hypnotiques captivés par les sports qui attirent aussi énormément d’argent, et les oligarques nous ont là où ils nous veulent – engourdis et abrutis. »

9782081375017_1_75.jpgLa Boétie en parle déjà : les jeux, les tavernes et le bordel pour calmer tout le monde.

Nous sommes transformés par des machines rendues vicieuses (machine, machè, le champ de bataille, en grec ancien) :
« Même les  taux de scintillement Les téléviseurs, les vidéos, les ordinateurs et le cinéma sont tous programmés pour contenir des propriétés cachées qui résonnent physiquement et modifient l’état d’onde alpha du cerveau humain pour induire un état d’esprit hypnotique, hypnotique et transe. Cela alimente littéralement les processus cognitifs du public de masse nourri de façon subliminale qui modifie et façonne les valeurs, les messages moraux et éthiques et les autosuggestions multiples qui ont de puissants effets contraignants sur l’inconscient des gens et leur comportement futur. C’est aussi une autre forme de lavage de cerveau calculé, de contrôle mental ainsi que de contrôle du comportement que les médias, en tant que véhicules de propagande et de désinformation, utilisent constamment. Le bombardement sensoriel continu 24/7 que les médias mettent sur les humains est un moyen très efficace de contrôle à la fois sur la culture et la population. »

On comprend la concentration et la conception alors du camp de concentration médiatique et numérique :

« Avec la  consolidation des médias Ces dernières années, limité à une poignée de sociétés transnationales de médias géants fusionnant avec les gouvernements nationaux, un monopole de la pensée, des croyances, des perceptions de la réalité et des valeurs fondamentales sont inculquées aux masses et secrètement maintenu. Ainsi, des populations entières de pays et de régions de la planète sont facilement influencées et contrôlées par l’élite à travers de puissants médias. Ajoutez les mensonges immédiats du gouvernement et des médias dominants comme de la propagande et du contrôle de l’esprit parrainés par l’État et les oligarques ont un contrôle absolu sur une population trompée, impuissante et désespérément inconsciente. »

 

Hagopian rappelle Brzezinski à notre bon souvenir oligarque :

« En 1970, dans son livre  Entre deux âges: le rôle de l’Amérique dans l’ère technotronique,  Brzezinski envisageait :

75fecf14bff36de06d9c6aa42da6ac41.jpg« L’ère technotronique implique l’apparition progressive d’une société plus contrôlée. Une telle société serait dominée par une élite, sans retenue par les valeurs traditionnelles. Bientôt, il sera possible d’assurer une surveillance presque continue de chaque citoyen et de maintenir des fichiers complets à jour contenant même les informations les plus personnelles sur le citoyen. Ces fichiers feront l’objet d’une récupération instantanée par les autorités. « 

Rappelons malheureusement que les sites antisystèmes font moins de score que les sites d’infos officielles, et surtout de top-modèles ou de footeux. Je ne sais plus quelle modèle (une nommée Jenner je crois) a 85 millions d’admirateurs sur son site Instagram… relisez le texte de La Boétie bien sûr…

Après l’éducation et les médias, la pharmacie :

« Mentionnés plus tôt dans la description des propriétés addictives des médias attrayants, tous les médicaments, qu’ils soient illicites ou légaux, par leur nature même, bousculent les esprits et nuisent au fonctionnement de leur cerveau. Pourtant, les médicaments sur ordonnance et en vente libre sont souvent une dépendance, toujours étouffant les symptômes qu’ils soient physiques, mentaux ou émotionnels, agissant comme une évasion rapide ou une solution rapide pour tout ce que vous souffrez. Actuellement incroyable près de  70% de tous les Américains prennent au moins un médicament d’ordonnance. Entre les industries du tabac et de l’alcool de plusieurs milliards de dollars et l’industrie du Big Pharma de plusieurs milliards de dollars, ces entreprises brandissent des pouvoirs colossaux en Amérique, achetant des politiciens, dépensant des milliards en publicité, et souvent tuant des personnes dont la dépendance les domine. Dans une large mesure, les médicaments moins connus comme la caféine et le sucre possèdent également des caractéristiques addictives qui altèrent et mettent en danger l’esprit et la santé en cas de consommation excessive. »

Alcoolisée déjà, la population devient toxicomane et en meurt :

«  La toxicomanie rampante dans la société américaine devient encore un autre moyen très efficace de contrôle sur des millions d’humains qui luttent quotidiennement avec leurs démons très réels. Le nombre de décès liés à une surdose de drogue a augmenté de  540% depuis 1980 . Et quels que soient les dommages collatéraux de ceux qui meurent ainsi que ceux qui se livrent à des activités criminelles pour soutenir leur habitude, avec à la fois un complexe industriel carcéral privatisé et un système médical privatisé, les seuls profiteurs qui nourrissent les malheurs des affligés sont ce même pouvoir élite. C’est un autre gagnant-gagnant pour eux. »

 

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La nourriture (que je range moi comme Platon dans la pharmacie) :

« Les mêmes effets néfastes et destructeurs ne viennent s’ajouter qu’aux effets néfastes et souvent mortels des aliments transformés chimiquement, des produits carnés chimiques et hormonaux, des organismes génétiquement modifiés (OGM) et des aliments contaminés par des pesticides que la quasi-totalité de la population américaine consomme une base quotidienne. Les masses s’empoisonnent à mort avec des toxines accumulées dans leurs corps. »

Comme le film « docteur Folamour » (qui fait mine comme je l’ai montré de dénoncer ce qu’il dénonce vraiment) Hagopian redoute le fluor :

« La même chose peut être dite pour le fluorure de toxine connu  qui est ajouté à l’eau potable des États-Unis du robinet. L’un des effets secondaires les plus recherchés est l’intelligence diminuée. La liste continue et sur la façon dont l’élite du pouvoir continue à mettre en danger et à nuire au public. Les vaccins contenant du mercure et d’autres métaux toxiques connus causent d’importants problèmes de santé qui tuent aussi les gens. Chemtrails de métaux plus toxiques pleuvoir tous les jours pendant des décennies sur les personnes sans défense des avions militaires ne peut pas avoir un impact positif sur la santé humaine. Les ondes électromagnétiques de l’homme et de la Terre peuvent aussi avoir la capacité de modifier l’activité électromagnétique dans le cerveau humain qui, à son tour, peut modifier les pensées, les émotions et le comportement. Pendant des années, les «ops noirs» ont expérimenté pour affiner et exploiter ce phénomène comme une arme militaire ».

Conclusion :

« Pourtant, sans surprise, les pouvoirs en place continuent de nier et de mentir au public en soutenant qu’aucun effet néfaste de l’une de ces sources controversées ne constitue un réel danger. »

On peut rajouter que dans ce système répugnant toute demande d’explication (attentat, crise, pollution, guerre, migrations, etc.) devient une théorie de la conspiration. C’est le quatrième pied de la table. J’y reviendrai.

 Nicolas Bonnal

Sources

Nicolas Bonnal – La culture comme arme de destruction massive ; Kubrick et le génie du cinéma ; les grands écrivains et la théorie de la conspiration (Amazon.fr)

 

Tocqueville – De la démocratie en Amérique, II (uqac.ca)

Baudelaire – Préface aux Histoires extraordinaires (ebooksgratuits.com)

La Boétie – De la servitude volontaire (Wikisource.org)

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mardi, 15 septembre 2020

L’Affaire Navalny : « Les Bonnes Questions »

par Héléna Perroud*
Ex: https://geopragma.fr

Un opposant russe des plus médiatiques, une dose de novitchok, une jeune femme russe de Londres – Maria Pevchikh – qui vient encore épaissir le mystère et une crise internationale aigüe. La fin de l’été a vu un bien étrange événement se produire en Russie. Le 20 août, alors qu’il rentrait d’un déplacement en Sibérie en lien avec les élections russes du 13 septembre, Alexey Navalny a été pris d’un malaise à bord du vol Tomsk-Moscou. L’avion s’est posé en urgence à Omsk pour qu’il puisse au plus vite être pris en charge par des médecins. Plongé dans le coma, c’est là qu’il a reçu les premiers soins. Puis à la demande de sa famille, dès le 22 août, il a été transféré par un avion privé médicalisé à Berlin, au désormais fameux hôpital de la Charité. Le 2 septembre, alors que les médecins russes n’avaient pas décelé d’empoisonnement, le porte-parole du gouvernement allemand annonçait qu’un laboratoire miliaire allemand avait retrouvé des traces de « novitchok » dans son sang. La chancelière Angela Merkel faisait une déclaration solennelle dans la foulée pour condamner « l’agression » dont avait été victime Navalny sur le sol russe.

A première vue les analyses russes et allemandes du même patient ne concordent donc pas. La vérité médicale se fraiera peut-être un chemin ; les médecins russes ont gardé des échantillons prélevés sur leur patient d’Omsk et ont proposé le 5 septembre, par la voie du président de l’ordre des médecins, le Dr Leonid Rochal, de travailler avec leurs collègues allemands au rétablissement de Navalny ; à quoi sa femme a répondu sèchement qu’elle ne souhaitait aucune collaboration de la partie russe.  

Ce qui est manifeste en revanche, c’est le retentissement géopolitique d’ores et déjà considérable de cette affaire et le regard accusateur porté par une bonne partie du monde occidental vers le Kremlin sommé de s’expliquer.

Depuis près d’un mois beaucoup de choses ont été dites et écrites et chacun essaie de comprendre qui est derrière cet « empoisonnement » – si les faits sont établis. Dès le 21 août, l’ambassadeur aux droits de l’homme François Croquette écrivait : « Nous savons qui est le coupable » – égrénant les noms d’Anna Politkovskaïa, Alexandre Litvinenko, Natalia Estemirova, Boris Berezovsky, Boris Nemstov, Serguei Skripal, Piotr Verzilov pour finir avec Alexey Navalny. Derrière chacun de ces noms il y a pourtant des réalités différentes et les amalgamer n’aide pas à comprendre la situation actuelle. Le 23 août, une émission allemande – « Les bonnes questions » – était plus explicite encore et n’en posait qu’une : « était-ce Poutine ? ». Depuis nombre de chefs d’Etat, les pays du G7, le secrétaire général de l’OTAN se sont tous exprimés sur le sujet et certains réclament de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie. Curieux qu’un tel emballement n’ait pas suivi la mort atroce de Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul en octobre 2018…

Sans doute, à ce stade, l’affaire Navalny soulève-t-elle plus de questions qu’elle n’apporte de réponse. Encore faut-il essayer de poser les bonnes, en prenant en compte le contexte russe et international. On peut les résumer autour de trois interrogations simples : pourquoi lui ? pourquoi maintenant ? pourquoi le novitchok ? 

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Pourquoi Navalny ?

Incontestablement charismatique et courageux, Alexey Navalny est présenté par les média occidentaux comme « l’opposant n° 1 à Poutine ». Les médias officiels russes le qualifient généralement de « blogueur » et jusqu’à ces dernières semaines ne mentionnaient que rarement son nom. Il a fallu attendre les déclarations allemandes du 2 septembre pour que le principal journal télévisé « Vremia » évoque le sujet (même si d’autres émissions de la première chaîne avaient évoqué plus tôt son « malaise »).

Il est vrai qu’il s’est fait connaître du grand public à travers la dénonciation de la corruption des élites dirigeantes via le site internet de sa fondation de lutte contre la corruption, FBK, et le combat politique, à travers un parti rebaptisé récemment « La Russie du futur ». La seule élection à laquelle il a pu se présenter jusqu’à présent – élection du maire de Moscou en septembre 2013 – avait été prometteuse : 27% des voix, en deuxième position derrière le maire sortant Sobianine, élu au premier tour avec 51% des voix. Condamné depuis dans des affaires qu’il dénonce comme politiques, il est aujourd’hui inéligible jusqu’en 2028. Les deux candidats à l’élection présidentielle russe de 2018 les plus proches de ses positions, Sobtchak et Iavlinski, ont réuni respectivement 1,7% et 1% des voix, loin derrière Poutine réélu avec 76% des voix, et loin derrière le candidat communiste arrivé second avec 11%. Il avait d’ailleurs été à ses débuts un compagnon de route de Iavlinski dans son parti d’opposition Iabloko, dont il avait été exclu en 2007 à cause de prises de position jugées trop nationalistes. Il avait en effet participé au mouvement de « La Marche russe », ouvertement anti-caucasienne. Dans un spot publicitaire pour le moins étrange il assimilait les Tchétchènes à des insectes nuisibles et suggérait de les éliminer à coup de fusil.

S’il est momentanément hors du jeu électoral à titre personnel, il reste néanmoins très présent sur la scène politique russe. A la veille de son malaise il venait de réaliser des enquêtes filmées d’une trentaine de minutes chacune sur les « élites » politiques de Sibérie. Les deux premières, l’une sur Novosibirsk – « Qui a pris le contrôle de la capitale de la Sibérie et comment la libérer ? » – l’autre sur Tomsk – « Tomsk aux mains de la mafia des députés » – ont été mises en ligne début septembre et ont déjà recueilli près de 10 M de vues. Un film consacré à Dmitri Medvedev en 2017 (« Ne l’appelez plus Dimon ») a, lui, recueilli plus de 36 M de vues et a contribué à ternir l’image du premier ministre d’alors. L’impact de ses prises de position n’est donc pas négligeable, même si son passage par le World Fellows Program de Yale en 2010 le classe, pour une partie de l’électorat russe, dans le camp des « agents américains ».

Pourquoi maintenant ?

L’affaire Navalny se déclenche un an tout juste après l’assassinat, dans un parc berlinois, d’un Géorgien d’origine tchétchène considéré comme terroriste en Russie, qui avait déjà créé des tensions entre la Russie et l’Allemagne. Et 80 ans jour pour jour après l’assassinat de Trotsky à Mexico. Sans chercher de parallèles historiques qui n’ont sans doute pas lieu d’être, il faut néanmoins replacer cet événement dans son contexte immédiat. 

Sur le plan intérieur russe on peut retenir au moins trois éléments importants.

Les élections régionales, qui ont lieu le 13 septembre, mobilisent 40 millions d’électeurs, appelés à voter pour élire des gouverneurs et des parlements régionaux. En vue de cette échéance Navalny et ses partisans ont initié la campagne du « vote intelligent », pour faire barrage aux candidats du parti au pouvoir, Russie Unie. L’an dernier de semblables élections avaient été marquées par de grandes manifestations à Moscou suite au refus des autorités d’enregistrer certaines candidatures de la mouvance de Navalny et une volonté, de la part des candidats du pouvoir, de se détacher de l’étiquette « Russie Unie ». A l’heure où ces lignes sont écrites les résultats ne sont pas connus mais se liront forcément à l’aune de l’affaire Navalny.

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Par ailleurs on assiste depuis deux mois à une mobilisation sans précédent dans l’Extrême-Orient russe, dans la ville de Khabarovsk, depuis l’arrestation du gouverneur de la région le 9 juillet dernier. Placé en détention provisoire à Moscou, Sergueï Fourgal se voit soupçonné de complicité de meurtre dans une affaire qui remonte à plus de 15 ans. L’intéressé a pourtant siégé pendant des années comme député à la Douma. Très bien élu en septembre 2018 au poste de gouverneur contre le candidat de Russie Unie, affilié au LDPR du nationaliste Jirinovski, enfant du pays et apprécié localement, il est largement soutenu par la population qui organise des rassemblements pour demander sa libération. 

Plus généralement les élections de septembre ont lieu dans un climat social tendu qui s’est installé après la réforme des retraites à l’automne 2018 et sans embellie réelle depuis. Il est vrai que le referendum sur la Constitution a été largement remporté par Poutine le 1er juillet dernier (74%). Outre quelques réformes de fond, il a été pour lui une façon d’arrêter le compte à rebours jusqu’à un départ qui n’est plus annoncé en 2024, même si rien ne dit qu’il se présentera effectivement à sa succession à ce moment-là. En revanche sa popularité a connu une forte érosion depuis sa réélection de 2018 d’après diverses analyses sociologiques qui toutes concordent. Selon le centre indépendant Levada 56% des Russes le choisiraient comme président aujourd’hui, contre plus de 70% à la veille de la présidentielle il y a 2 ans. Certains sociologues estimaient au début de l’été que le climat était propice à des mobilisations plus fortes encore qu’à l’hiver 2011-2012. Des analystes russes voyaient même un possible coup de force en gestation, qui aurait contraint Poutine à accélérer le calendrier en janvier dernier par l’annonce du referendum et le changement de gouvernement que rien ne laissait prévoir.

Sur le plan international l’affaire Navalny s’inscrit dans un contexte de percée diplomatique de la Russie. Au début du mois d’août le Kremlin a annoncé la mise au point d’un vaccin contre le coronavirus, Sputnik V, prenant la tête de la course au vaccin qui oppose un certain nombre de pays et des intérêts financiers puissants. Dès cette annonce une vingtaine de pays aurait déjà pré-commandé 1 milliard de doses aux Russes et ce chiffre se monterait à une trentaine de pays aujourd’hui. Sans même mentionner sa diplomatie active vis-à-vis de l’iran, de la Turquie, de la Libye et de la Syrie, où elle est un appui de poids pour les pays européens, en Europe elle-même, la Russie continue dans la voie de la consolidation. Dans la foulée de l’entrevue de Brégançon l’an dernier, et d’un échange fructueux fin juin par visioconférence, les présidents russe et français devaient poursuivre leur dialogue constructif par un déplacement de Macron en Russie d’ici la fin de l’année ; une réunion des ministres de la défense et des affaires étrangères était prévue pour ce 14 septembre. Depuis début août également, dans la foulée des élections biélorusses du 9, donnant une nouvelle fois Loukachenko largement vainqueur (80%), mais cette fois largement contestées par la population, Moscou tente de gérer les désaccords de Minsk avec l’obsession de ne pas répéter le scénario ukrainien. Même si Loukachenko n’est certainement pas le partenaire idoine pour Poutine, les deux pays sont liés depuis plus de 20 ans par une union d’Etats et la Russie se trouve en première ligne dans la gestion de cette crise « interne », où la voix des pays voisins de la Biélorussie, membres de l’UE et de l’OTAN que sont la Pologne et la Lituanie, se fait entendre avec force.

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Mais c’est avec l’Allemagne – premier partenaire économique européen de la Russie – que les relations sont les plus fortes et c’est là que l’effet immédiat de l’affaire Navalny est le plus dévastateur, avec pour cible le gazoduc Nord Stream 2. Initié par le chancelier Schröder en 2005,  qui suit toujours activement le projet, construit à 95%, il n’a jamais été vu d’un bon oeil par les Etats-Unis qui cherchent à récupérer le marché européen du gaz. Depuis son arrivée au pouvoir Trump n’a cessé de faire pression sur Merkel pour qu’elle renonce à Nord Stream 2, usant de sanctions contre les entreprises qui travaillent sur le chantier. Début août encore, trois sénateurs américains proches de Trump adressaient aux dirigeants de la société du port de Sassnitz, base logistique du chantier du gazoduc – et circonscription électorale d’Angela Merkel – un courrier comminatoire : « Si vous continuez d’apporter soutien, aide logistique et services au projet Nord Stream 2, vous exposez votre entreprise à la destruction financière. » La réaction allemande assimilait alors ces agissements à du chantage. Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent en Allemagne pour arrêter le projet de gazoduc, sur fond de succession annoncée de Merkel en 2021.

Pourquoi le novitchok ?

La mention du novitchok par les officiels allemands le 2 septembre amène fatalement à faire un parallèle avec l’affaire Skripal. Là aussi, l’empoisonnement des Skripal père et fille, découverts sur un banc le 4 mars 2018, avaient eu lieu quelques mois avant la coupe du monde de football organisée par la Russie et 15 jours avant l’élection présidentielle… qui verra Poutine réaliser son meilleur score (76%). Comme les Britanniques en 2018, les Allemands ont fait savoir qu’ils ne pouvaient transmettre les résultats des analyses aux Russes, malgré une demande officielle des autorités russes. En revanche, comme en 2018, l’affaire a pu être portée devant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et prendre une dimension internationale, sortant d’un cadre bilatéral, germano-russe en l’occurence.

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Avant de connaître cette soudaine notoriété, le novitchok était apparu dans un article du NYT du 25 mai 1999 ; il y était question d’un accord signé entre Américains et Ouzbeks, à l’initiative du Pentagone, pour nettoyer l’usine d’armes chimiques située à Nukus, en Ouzbékistan… qui fabriquait le fameux poison au nom si russe. Il y était fait mention d’un chimiste militaire, Mirzayanov, qui avait fait défection après 25 ans d’ancienneté et avait parlé du novitchok aux Américains. On peut dès lors se demander si le novitchok reste bien une spécialité strictement russe. Enfin, le fait qu’un laboratoire militaire allemand ait fait cette découverte est sans doute gage de sérieux. Il faut toutefois rappeler que précisément en 1999, au mois d’avril, le ministre allemand de la défense d’alors avait annoncé avoir découvert le plan « Potkova », un document censé prouver l’épuration ethnique programmée par les Serbes, et qui avait servi de prétexte à l’intensification des bombardements. Un remarquable article du Monde diplomatique en avril 2019, 20 ans après les faits, reviendra sur ce « plus gros bobard du XXème siècle ».

Il est curieux en tout cas que, s’il est si dangereux, le novitchok n’ait pas fait d’autres victimes que Navalny. Curieux également que « de hauts responsables russes », s’ils avaient employé ce poison, l’aient sciemment laissé partir en Allemagne pour s’y faire soigner.

A qui profite l’affaire Navalny ? Difficile d’imaginer que d’une manière ou d’une autre elle serve la cause du Kremlin. En revanche, en Russie même, Poutine a des ennemis. Après l’assassinat de Nemtsov son service de sécurité a été fortement renforcé. Il est certain aussi que Navalny s’est attiré beaucoup d’ennemis par ses « enquêtes » qui mettent en cause des personnalités influentes. Comme le disait récemment un politologue russe, les moeurs au-delà de l’Oural, dans le monde des affaires, sont encore pour partie celles des années 90, une période sombre où les meurtres allaient bon train. Une conséquence déjà visible c’est que la partie de l’entourage du président qui le pousse à se détourner de l’Occident pour s’allier plus fortement à l’Asie se trouve aujourd’hui confortée par les réactions assez unanimes du camp occidental et mal reçues en Russie.

Sur la scène internationale cette affaire risque d’affaiblir pour un temps la position russe, au moment où le pays est engagé sur divers fronts, de la promotion de son vaccin à la Biélorussie en passant par « l’Orient compliqué ». Elle renforce tous ceux qui ne veulent pas, sur le continent européen, d’un axe fort Paris-Berlin-Moscou. Et très concrètement semble profiter, dans un premier temps, aux Etats-Unis.

Le temps semble bien loin où, il y a quelques semaines, les anciens alliés d’hier se congratulaient réciproquement pour le 75ème anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale. Dans la dernière interview qu’il a donnée avant de quitter son exil américain, en 1994, Solenitsyne disait que si l’on regardait loin dans l’avenir, il voyait « une époque au XXIème siècle où l’Europe et les Etats-Unis auront grand besoin de la Russie en tant qu’alliée ». Manifestement, ce temps n’est pas encore arrivé.

*Héléna Perroud est membre du Conseil d’administration de Geopragma

The Dystopian Age of the Mask - How Ernst Jünger predicted the ubiquity of masks

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The Dystopian Age of the Mask

How Ernst Jünger predicted the ubiquity of masks

Huxley’s Brave New World (1932) has Alphas, Betas, and Epsilon Semi-Morons – genetically engineered classes with uniform clothing and uniform opinions. Orwell’s Nineteen Eighty-Four (1948) has the Thought Police and Newspeak. While Zamyatin’s We (1921) has numbers instead of people – D-503, I-330, O-90: vowels for females, consonants for males.

If there is a single defining characteristic of dystopian literature, it is the eradication of all individuality. “Self-consciousness”, Zamyatin writes, “is just a disease”. For this reason, dystopias are invariably told by tormented outsiders: those who are well aware of the commodity-like standardisation of their fellow humans, yet either fear the consequences of speaking out or resent their own sense of self. After all, “no offence is so heinous as unorthodoxy of behaviour”, as Huxley writes.

Given their tyrannical preoccupation with uniformity, it is little wonder that, as a literary form, dystopias emerged at the beginning of the twentieth century. The totalitarian regimes of Russia and Germany as well as their technocratic Western counterparts, inspired by the likes of F. W. Taylor and Henry Ford, were central sources of inspiration. For all their apparent differences, these competing ideologies are united by the utopian attempt to redraw not just society, but the human being himself. The increasing power of science and technology gave rise to the idea that nature itself, in all its messy complexity, could be finally put straight.

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Besides these three canonical authors, however, this generation produced another equally impressive, if much less well known, dystopian writer: the enigmatic German, Ernst Jünger. Known primarily for his First World War diaries and steadfast opposition to Weimar liberalism, Jünger went on to live until the age of 103, writing on topics from entomology and psychedelics to nihilism and photography. In the second half of his career he produced three principal works of dystopian fiction: Heliopolis (1949), Eumeswil (1977), and, perhaps his finest, The Glass Bees (1957).

Arguably his most chilling vision, however, is offered in an extended essay published on the eve of the Nazi ascension to power in 1932. The Worker, as Jünger calls it, aims to sketch what he regards as the coming new world order – an order defined by a fundamentally new type of human. Having dispensed with the liberal values of the past and embraced his fate in the factories and on the battlefields of the early twentieth century, the hallmark of the new man is an uncanny resemblance – both in body and soul – to the machine. Born to human parents, Jünger’s “worker” is nevertheless a child of the industrial age.

Following the dystopias of his contemporaries, the prime casualty of this new age is also the individual. For the logic of the machine permits no difference. Whether the natural world or the human mind, Jünger argues that everything is increasingly defined by “a certain emptiness and uniformity”. The result, to use Orwell’s words, is “a nation of warriors and fanatics, marching forward in perfect unity, all thinking the same thoughts and shouting the same slogans” – millions of people, he adds, “all with the same face”.

Our readiness to hide our face reflects the dehumanising tendencies that underlie the modern period

It is in this last respect that The Worker takes on a disturbing relevance for our own times. For the uniformity of the new age is symbolised, Jünger suggests, by the sudden proliferation of the mask in contemporary society. “It is no coincidence”, he writes, “that the mask is again beginning to play a decisive role in public life. It is appearing in many different ways … be it as a gas mask, with which they are trying to equip entire populations; be it as a face mask for sport and high speeds, seen on every racing driver; be it as a safety mask for workplaces exposed to radiation, explosions, or narcotic substances. We can assume”, he continues, with an eerie prescience, “that the mask will come to take on functions that we can today hardly imagine”.

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Given the sudden ubiquity of the face mask in 2020, across the entire globe and in an increasing number of social contexts, it is impossible to avoid the conclusion that this is precisely the sort of development Jünger had in mind. Our readiness to obscure the face reflects the dehumanising tendencies that, for Jünger, underlie the modern period. It represents another stage in the degradation of the individual that became explicit in the First World War. Whether as a scrap of material on the battlefield or a cog in the machine of the wartime economy, the modern age has a habit of reducing the human being to a functional object. Everything “non-essential” – everything, that is, that makes us human – is blithely discarded.

The question for us is what it means to resemble such a dystopian vision. Are we happy to rationalise the transformations of our everyday lives, or are we concerned by the proximity of today’s world with some of the most basic dystopian tropes? Whether the call for social isolation, perpetual “vigilance”, or mandatory face masks, the measures of the last six months represent more than an assault on liberty. They implicitly enjoin us to sacrifice our humanity in order to save our lives. Even if this Rubicon has not yet been crossed, it is worth thinking about the point at which it is. For perhaps there is more to life than its mere continuation. Perhaps “the object”, as Winston Smith well knew, “is not to stay alive but to stay human”.

Nihil Obstat, Nº 35 - Revista de historia, metapolítica y filosofía.

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Nihil Obstat, Nº 35

Revista de historia, metapolítica y filosofía.

Tarragona, primer semestre 2020

21×15 cms., 192 págs.

Cubierta impresa a todo color, con solapas y plastificada brillo. Rústica cosido.

PVP: 20

Índice

Editorial: El coronavirus y los mitos de la posmodernidad / 5

Las leyes pioneras para la protección de los animales en España, por Jordi Garriga Clavé / 7

Causas y razones alrededor del combate cultural en Portugal, por Joäo Franco / 23

El Renacimiento, sus orígenes y su herencia, por Alberto Buela / 27

El enemigo interior: una historia de las purgas de la inteligencia estadounidense, por Cynthia Chung / 31

Entrevista a Pierre Vial. Los años del GRECE (1968-1987). En la escuela de Gramsci / 39

“Veo a Francia morir, pero tengo confianza, porque creo en Dios”, por Bruno Gollnisch / 63

In memoriam, por Juan Antonio Llopart / 70

Una mirada al gran espacio de Eurasia, por Shahzada Rahim / 71

La Cuarta Teoría Política y el problema del diablo, por Aleksander Duguin / 76

Del destino a la turca al crepúsculo de la tradición, por Michel Lhomme / 85

* * *

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Dossier: Geopolítica y pandemia

Consecuencias geopolíticas de la crisis del coronavirus. Una propuesta para España, por José Alsina Calvés / 95

Entrevista a Valérie Bugault, por Rachel Marsden / 103
 
¿Se puede definir una geopolítica del coronaviris?, por Robert Steuckers  /  115

Para algunos, la seguridad sanitaria se convertirá en una parte fundamental de las estrategias políticas liberales, por Diego Fusaro / 123

Coronavirus: el frenesí de una Nueva normalidad patológica, por Mª del Pilar Soler Gordils / 125

2020: Geopolítica, pandemia y ciberespacio en la nueva guerra fría global, por Leonid Savin / 129

 

* * *

Los monumentos conmemorativos en Dresde tras la IIGM en el 75 aniversario de la destrucción. Presencias y ausencias, por Asociación Cultural OHKA / 143

Homenaje a Oswald Spengler, por Armin Mohler / 163

Entrevista con Martí Teixidor, por Jordi Garriga / 169

Libros: Juan Pimentel Igea, Fantasmas de la ciencia española, por Pablo Huerga Melcón / 177

 

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Armin Mohler

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Armin Mohler

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans un excellent livre, le deuxième tome de La Révolution conservatrice allemande. Sa philosophie, sa géopolitique et autres fragments (Éditions du Lore, 2018, 333 p., 28 €), Robert Steuckers revient à diverses reprises sur une personnalité exceptionnelle des idées outre-Rhin : Armin Mohler.

Né à Bâle en Suisse le 12 avril 1920 et décédé à Munich le 4 juillet 2003, Armin Mohler appartient à la génération fondatrice de la Neue Recht. Irrité par le conformisme petit-bourgeois helvétique, l’adolescent se rebelle et revendique un « radicalisme de gauche » qu’il jugera plus tard bien trop « communiste de salon ». Il se détourne toutefois assez vite de ce gauchisme puérile et montre un intérêt certain pour le national-socialisme. En février 1942, alors soldat, il déserte, franchit la frontière du Reich et veut rejoindre la Waffen SS. Reconnu inapte, il étudie pendant un an à Berlin l’histoire de l’art, puis retourne en Suisse où il est arrêté. Jugé, il écope d’un an de prison.

En 1947, il recense La Paix d’Ernst Jünger. Le texte attire l’attention de l’auteur d’Orages d’acier. Armin Mohler devient son secrétaire particulier de 1949 à 1953. Plus politique, Armin Mohler regrettera qu’Ernst Jünger se détache de son engagement national-révolutionnaire de l’Entre-deux-guerres. Entre-temps, il présente sous la direction de Karl Jaspers sa thèse de doctorat sur la Révolution conservatrice allemande que les éditions Pardès publieront en français en 1993.

51zWzYZusRL._SX298_BO1,204,203,200_.jpgÀ partir de 1953, Armin Mohler s’installe en France. Il travaille pour les journaux allemands et suisses alémaniques Die Zeit, Die Welt et Die Tat. Il lit Maurice Barrès, Léon Bloy et Georges Sorel qu’il estime dans un livre de 2000 non traduit comme le « Grand-père » de la Révolution conservatrice. Ses amis se nomment Michel Mourre, le provocateur lettriste pré-situationniste, et le futur académicien José Cabanis. Revenu en Allemagne, Armin Mohler s’investit en politique. Ce directeur – gérant de la prestigieuse fondation Carl Friedrich von Siemens écrit pour les revues jeune-conservatrice Criticón de Caspar von Schrenk-Notzing, nationaliste Deutsche Nationale-Zeitung de Gerhard Frey et nationale-conservatrice Junge Freiheit de Dieter Stern. Il y tiendra longtemps une tribune bimestrielle : « Chronique de l’interrègne ». Récipiendaire malgré des polémiques fomentées par la gauche du Prix Conrad-Adenauer en 1967, il donne des cours à l’Université d’Innsbruck en Autriche. Proche du GRECE et d’Alain de Benoist, il collabore à Éléments et à Nouvelle École.

Dans la décennie 1960, Armin Mohler se rapproche du « Taureau de la Bavière », Franz Josef Strauss, le charismatique président de la CSU (Union sociale chrétienne). Rédacteur de ses discours, il tente de le conseiller en vain, car la CSU maintient des positions atlantistes et libérales. « Avec un homme de gauche, dit-il, je peux encore m’entendre, car il a souvent compris une partie de la liberté. Avec un libéral, il n’y a pas de compréhension possible. »

Favorable à la réconciliation franco-allemande, il développe un discours euro-gaullien. Admirateur du Général De Gaulle et des institutions de la jeune Ve République, il se prononce pour une Europe régalienne libérée de l’emprise des blocs occidental et soviétique. Ce lecteur assidu de Carl Schmitt recherche un vrai « ordre concret », récuse le romantisme politique, se méfie de l’écologie et se proclame « nominaliste ».

Ses analyses historiques contrastent avec le ronron intellectuel. Dans le court recueil Généalogie du fascisme français. Dérives autour du travail de Zeev Sternhell (Éditions du Lore, 2017) où l’on trouve aussi un texte dense et brillant de Robert Steuckers, Armin Mohler revient avec brio sur « Zeev Sternhell, nouvel historiographe du fascisme ». Son interprétation du fascisme n’est pas anodin. Dans un entretien accordé au Leipziger Volkszeitung des 25 et 26 novembre 1995, il voit dans le fascisme un existentialisme qui « résulte de la rencontre entre les déçus du libéralisme et les déçus du socialisme. C’est alors que naît ce que l’on appelle la Révolution conservatrice ».

Auteur dès 1958 d’un ouvrage précurseur sur La droite française, puis en 1974 d’un autre dont le titre fera bientôt fortune, Vu de droite, Armin Mohler préfère se dire « de droite » plutôt que « conservateur ». À la fin des années 1980, il aide le mouvement de Franz Schönhuber, Die Republikaner. S’il applaudit la réunification allemande de 1990, il œuvre pour réconcilier tous les Allemands. Il s’élève par conséquent contre la « repentance névrotique » permanente de l’Allemagne en histoire. Il s’oppose logiquement à d’éventuels procès de dirigeants de la République démocratique allemande.

Au soir de sa vie, malade, il approuve l’orientation de la revue Sezession de Götz Kubitschek. Or cette revue de grande qualité ne cache pas aujourd’hui sa proximité intellectuelle avec l’AfD et en particulier avec Der Flügel (« L’Aile »), le courant national-folciste du Thuringeois Björn Höcke, auto-dissous au début de cette année afin d’éviter les persécutions de l’actuelle police politique allemande. Par l’intermédiaire de Sezession, Armin Mohler a donc pu diffuser sa vision du monde. Celle-ci a enfin trouvé un terreau favorable dans les Länder de l’Est. C’est un nouvel exemple riche en promesses que, même disparus, certains penseurs continuent à influencer le monde.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 34, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 8 septembre 2020 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

PS : Dernière chronique lue à l’antenne, car, victime d’une censure interne inacceptable, Thomas Ferrier arrête son émission. Merci, Thomas, de m’avoir permis de chroniquer en toute liberté quelques belles figures européennes. Le combat continue !

lundi, 14 septembre 2020

Jean Thiriart: El gran europeo del siglo XX

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Adáraga: Jean Thiriart: El gran europeo del siglo XX

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Muy lejos de las construcciones administrativas, de las edificaciones de tecnócratas que idearon un mercado entre las naciones que quedaron al lado oeste del muro que partió Berlín en dos tras los escombros de 1945, se alza la figura de Jean Thiriart. Un belga que supo proyectar una idea-mito fundacional capaz de atravesar las décadas y desafiar el economicismo mediocre de quienes todo lo fiaban a intercambios meramente comerciales. Cuando se leen hoy, en el año 2020, sus escritos de los años 60 sabemos que el mundo ha cambiado mucho desde entonces. Que el comunismo soviético cayó con el Muro y que el capitalismo, lejos de caer también, mutó en globalismo unipolar que trata de imponerse a todas las culturas. Pero de aquellos ensayos y de su acción política, surge algo muy diferente a meros análisis coyunturales. De Thiriart emerge la bandera de una Europa soberana como hogar para más de 400 millones de hombres con una historia y una identidad griega, romana e indoeuropea común.

Detalles del producto

Tapa blanda : 67 páginas
ISBN-13 : 979-8681647089
Dimensiones del producto : 13.97 x 0.43 x 21.59 cm

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Le Grand jeu : un gazoduc entêté

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Le Grand jeu : un gazoduc entêté

Il y a une dizaine de jours, les manchettes de notre bonne presse se réjouissaient ouvertement de la possible mort du Nord Stream II suite à la mascarade Navalny, prouvant presque par défaut que les deux affaires étaient liées. Aucune surprise pour les lecteurs de nos Chroniques :

À l’Ouest de l’échiquier eurasien, la farce Navalny est une énième tentative foireuse, et tellement prévisible, de découpler le Rimland européen et le Heartland russe :

En cet auguste mois, la journaloperie a trouvé son feuilleton de l’été. Une vraie saga, avec empoisonnement raté et opposant ciblé par le terrible Poutine, mais qui peut quand même tranquillement partir à l’étranger se faire soigner, et dont la guérison miraculeuse rendrait jaloux le sanctuaire de Lourdes. Le scénario est quelque peu bancal mais nos plumitifs ne sont plus à ça près…

Derrière cette mascarade, évidemment, la pression impériale pour renouveler/durcir les sanctions euronouilliques à l’égard de Moscou, notamment à un moment charnière pour le Nord Stream II. Frau Milka a bien vu la manœuvre et veut absolument découpler les deux événements : la gazoduc n’a rien à voir avec le blogueur, meine Herren, qu’on se le dise.

Depuis, dame Angela a reçu les pressions adéquates et, en bonne euronouille feudataire, semble avoir à moitié retourné sa gabardine. Sur le cas Navalny, mais pas seulement, nous y reviendrons dans le prochain billet…

Sans surprise, le Nord Stream II est à nouveau sous le feu des critiques de tout ce que l’Allemagne et l’UE comptent de pions impériaux. C’était évidemment le but de la manœuvre alors que, comme nous l’expliquions en juillet, l’achèvement du pipeline de la discorde se jouera dans les arrêts de jeu.

Cependant, les fidèles piliers de l’empire ont dû mettre un peu d’eau (baltique ?) dans leur coca cola. Si la Première Ministre danoise a tombé le masque, avouant qu’elle avait toujours milité contre le tube, le fait que Berlin n’ait pas réagi au quart de tour pour annuler le gazoduc a semble-t-il pris de court les impatients affidés de Washington.

Même CNN, dans un article remarquable d’objectivité (une fois n’est pas coutume), s’est cru obligé de reconnaître que l’abandon du projet n’était pas aussi simple. En cause, cette satanée et agaçante réalité économique, sur laquelle se fracassent souvent les mirages impériaux faits de sable et de vent.

La mise en place du Nord Stream II fera baisser le prix du gaz de 25% en Europe. De plus, les compagnies énergétiques européennes ont déjà investi cinq milliards d’euros dans le projet et n’ont pas l’intention de les passer par pertes et profits, pouvant d’ailleurs réclamer des dommages et intérêts aux États responsables de l’annulation.

Significatives divisions au sein du Bundestag allemand

C’est ce qu’a dit en substance Klaus Ernst, président de la Commission de l’économie et de l’énergie du Bundestag et membre du parti Die Linke. Chose intéressante, les divisions de la scène politique allemande sur le pipeline se font jour au sein même des partis et un petit point sur la situation n’est peut-être pas inutile.

Les élections fédérales de 2017 ont donné la législature suivante, le gouvernement de coalition mis en place par Merkel comprenant la CDU/CSU et le SPD :

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La CDU est divisée, certains appelant à l’arrêt des travaux, d’autres à leur continuation. D’après ce qu’on en sait, la CSU souhaite la poursuite du projet. Quant au SPD, ses ténors ont toujours été et restent favorables au Nord Stream II (n’oublions pas que l’ancien leader du parti, Schröder, est le patron du consortium). Voilà pour la coalition gouvernementale.

Le reste du Bundestag a également son mot à dire. Là aussi, la division règne et l’on retrouve d’ailleurs, mise à la sauce allemande, notre fameuse opposition entre Li-Li et Bo-Bo :

J’ai plusieurs fois abordé dans les commentaires la véritable division de la politique française et, partant, européenne, depuis un demi-siècle et qui transcende la fausse opposition droite-gauche : BO-BO vs LI-LI. D’un côté, la droite bonapartiste et la gauche « bolchévik », qui prend sa naissance dans l’alliance de facto entre De Gaulle et le PCF et court jusqu’à l’actuel duo Le Pen-Mélenchon. Ce courant indéniablement patriote a depuis plus de cinquante ans une certaine idée de l’indépendance nationale et de l’équilibre international, étant très critique vis-à-vis du système impérial américain et de ses alliances pétromonarchiques, préconisant un rapprochement avec la Russie, plus récemment avec l’Iran, Assad etc. Dans les années 60, le grand Charles et les communistes ont fait partir l’OTAN ; en 1991, Georges Marchais et Le Pen père s’opposaient à la guerre du Golfe, rebelote en 1999 et la guerre du Kossovo, jusqu’au copié-collé actuel des positions du FN et du FG sur toutes les questions internationales. Ce qui est vrai en France l’est également en Europe : sur la Syrie, l’Ukraine, la Russie ou le Moyen-Orient, UKIP, Podemos, Syriza, La Ligue du nord, Wildeers disent exactement la même chose. Jamais à court de mépris, la mafia médiatique parle d’alliance, populiste forcément, “rouge-brune”.

Car les médias appartiennent tous à l’autre bord, le système LI-LI (droite libérale et gauche libertaire) qui a pris le pouvoir au tournant des années 70 (Giscard + soixante-huitards) et ne l’a plus lâché depuis (UMPS). Ce courant est marqué par un tropisme pro-américain évident. Est-ce un hasard si les maoïstes de Mai 68, peut-être d’ailleurs l’une des premières révolution de couleur de l’histoire de la CIA, sont aujourd’hui les plus fervents supporters des guerres néo-conservatrices (BHL, Cohn-Bendit, Glucksman, Barroso) ? Les LI-LI vouent une admiration béate pour l’UE, l’OTAN et la pax americana, une haine féroce envers Poutine et le monde multipolaire etc. Au fil des décennies, ce système est devenu un tout à peu près cohérent, unifié. Union européenne = médias = OTAN = UMPS = alliance saoudienne = TAFTA = soutien au Maidan ou aux djihadistes syriens…

Retour au Bundestag. Sans surprise, les Verts et les libéraux du FDP s’opposent au Nord Stream II. Fidèles à leur hypocrisie désormais légendaire, les “écologistes” préfèrent sans doute le transport extrêmement polluant du gaz naturel liquéfié US ou qatari par méthaniers…

À l’inverse, Die Linke (partiellement) et l’AfD (totalement), américano-sceptiques dans l’âme, sont favorables à la poursuite du projet, ce qui ne manquera pas d’entraîner les habituels commentaires du camp du Bien sur ces horribles “populistes d’extrême-drouaaate” mangeant dans la main de l’abominable Poutine des neiges.

On le voit, jusqu’à présent, la farce Navalny n’a eu pour effet que d’exacerber des divisions déjà existantes sans réussir (encore ?) à faire dérailler le gazoduc de la discorde. Le feuilleton de l’été continue…

=> Source : Le Grand jeu

Hollywood et les quotas

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Hollywood et les quotas

par Victor Lefebvre

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

L’Académie des Oscars a annoncé une série de mesures afin d’encourager ‘l’inclusivité’ des films présentés en compétition. À partir de 2024, pour être éligible à l’Oscar du meilleur film, un long-métrage devra ainsi remplir un certain nombre de critères de représentativité des minorités. Quel impact sur la création artistique aux USA et en France ?

Dans un communiqué publié le 8 septembre, l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), qui remet chaque année les prestigieux Oscars du cinéma, a dévoilé son projet de réforme intitulé ‘Academy Aperture 2025’. L’objectif annoncé de cette initiative est « d’encourager une représentation égale, aussi bien à l’écran que derrière les caméras, afin de refléter plus fidèlement la diversité des spectateurs qui se rendent au cinéma. [...] L’Académie s’engage à jouer un rôle vital dans la manière de refléter cette réalité. Nous croyons que ces standards d’inclusivité seront un catalyseur pour ce changement essentiel et pérenne de notre industrie ».

Qu’est-ce que cela signifie concrètement? L’Académie a annoncé qu’à compter de 2024, pour être éligible à l'Oscar du meilleur film, un long-métrage devra soit avoir comme acteur principal ou second rôle une personne issue d’une minorité ethnique sous-représentée; soit avoir un casting composé à 30% de personnes issues de groupes sous-représentés (femmes, minorités ethniques, personnes LGBTQ+, personnes souffrant de handicaps); soit avoir au centre de son histoire une personne issue de groupes sous-représentés. Ces critères peuvent également s’appliquer derrière la caméra: un film pourra ainsi concourir pour l’Oscar du meilleur film si son équipe de production remplit deux des quatre critères établis par l’Académie.

Cette annonce, qui s’inscrit dans une politique d’ouverture à la diversité engagée depuis 2016 par l’Académie –dans la foulée des polémiques autour du hashtag #OscarsSoWhite–, pose naturellement la question de la liberté des auteurs. Interrogé par Spoutnik, Sami Biasoni, professeur chargé de cours à l’ESSEC et coauteur du livre ‘Français malgré eux: racialistes, décolonialistes, indigénistes : ceux qui veulent déconstruire la France’ (Éd. L’Artilleur), analyse les implications de cette nouvelle donne pour le cinéma américain:

« On est ici face à quelque chose d’assez intersectionnel: il y a soit des conditions de “race”, soit des conditions de “genre”, soit des conditions de représentation ethnique, soit des considérations de “validisme”, liées à l’état physique des individus. On voit alors une forme d’idéologie un peu globale à l’œuvre […] Le message est ici assez fort: l’art est politique et politisé et les réalisateurs vont devoir intégrer cette nouvelle donne dans leur pratique quotidienne. »

Une «nouvelle donne» qui risque de ne pas d’être acceptée par tous les réalisateurs. Les cinéastes français et européens devront-ils à leur tour imposer des quotas sur leurs tournages pour que leurs films aient une chance d’être éligibles aux Oscars, récompense ultime du cinéma? Cheyenne Carron, qui a notamment réalisé le film ‘L’Apôtre’ en 2014 –qui raconte la conversion d’un jeune musulman au catholicisme–, s’indigne au micro de Spoutnik de cette mesure:

« Mettre à l’image des quotas de handicapés, de Noirs, d’Arabes, de Blancs ou encore de non-genrés est une intrusion délirante dans le travail du cinéaste. Personnellement, celui qui imposera un quota chez mes comédiens n’est pas né. »

On se souvient par ailleurs des différentes controverses au moment de la sortie du film ‘J’accuse’, de Roman Polanski, déprogrammé dans certains cinémas français à la suite d’actions de militantes féministes. Point d’orgue de cette bronca: la sortie théâtrale (« La honte, la honte ! », avait-elle lancé) de l’actrice Adèle Haenel au moment de la remise du César du meilleur réalisateur au cinéaste franco-polonais.

Cette dernière avait également estimé dans une interview donnée au New York Times le 24 février dernier que « distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes ». Ceci avant de pointer du doigt ce qu’elle appelle l’emprise de « l’homme blanc, riche et hétérosexuel » sur l’industrie du cinéma : « La vraie censure dans le cinéma français, c’est l’invisibilisation. Où sont les gens racisés dans le cinéma? Les réalisateurs racisés? Il y a des exceptions, comme Ladj Ly [le réalisateur des Misérables, ndlr] ou Mati Diop [réalisatrice d’Atlantique, ndlr], mais ça n’illustre pas du tout la réalité du milieu du cinéma. Cela reste minoritaire. Pour l’instant, on a majoritairement des récits classiques, fondés sur une vision “androcentrée”, blanche, hétérosexuelle. »

L’actrice française a justement été invitée à rejoindre l’Académie des Oscars, dans un effort consenti par cette dernière pour augmenter la proportion de femmes et de personnalités « issues des minorités » dans ses effectifs. L’AMPAS a ainsi publié en juin dernier la liste des 819 nouveaux membres conviés à intégrer ses rangs cette année. Un groupe composé à 45% de femmes et à 36% de minorités ethniques «sous-représentées dans l’organisation». D’après les chiffres communiqués, leur nombre a triplé pour passer de 554 en 2015 à 1.787 cette année, soit 19% des effectifs dans leur ensemble.

cheyenne-carron-cineaste-6-dvd-409x564.jpgPour autant, ce problème de « représentativité » des minorités peut-il être résolu par une politique de discrimination positive? Pas pour Cheyenne Carron:

«Le monde se racialise et se radicalise, ce sont les conséquences logiques d’un monde qui a remis la race au cœur de ses problématiques. Il n’y a pas de raison que le monde du cinéma y échappe. Moi, je suis marron clair de peau, mais je ne revendiquerai jamais un “quota de marron clair de peau” au cinéma. En revanche, je dirais aux gens issus des minorités : travaillez dur et un jour votre talent sera reconnu. C’est simple », lance-t-elle au micro de Spoutnik.

Le cinéma sera-t-il prisonnier d’une forme de néo-puritanisme typiquement américain? Sami Biasoni estime que le monde des arts est progressivement pris entre deux feux. Si notre interlocuteur juge que la liberté de création est encore « globalement » préservée aux États-Unis, les pressions qu’il dénonce ont de quoi inquiéter.

« Il y a aujourd’hui une véritable tenaille militante [aux États-Unis, ndlr] », qui s’inscrit dans ce qu’on appelle désormais la “woke culture”, c’est-à-dire la prise de conscience et la lutte contre toutes les formes d’oppression : racisme, sexisme, homophobie ou encore transphobie. Avec le risque que cela implique, à savoir un certain repli identitaire ou communautaire et une tendance à la victimisation permanente. D’après Sami Biasoni, « c’est une culture de l’excuse. »

De manière peut-être plus symptomatique encore, cette politique de quotas pourrait aboutir à « une forme de retour à un autoritarisme qui ne dit pas son nom », car « paré de tous les atours du bien commun », si l’on en croit Sami Biasoni. Le cinéma français a-t-il une chance d’échapper à ce phénomène?

« Je ne suis pas sûr que “l’exception française” dure très longtemps. La France n’a pas la “woke culture” américaine, mais a une culture progressiste qui a accepté tous les diktats de la postmodernité. Il n’y a aucune raison qu’elle n’accepte pas le prochain, à savoir de mettre des quotas partout, comme aux États-Unis. »

Un premier élément de réponse sera peut-être donné en février prochain, lors de la traditionnelle cérémonie des César du cinéma français.

Victor Lefebvre
Source

19:18 Publié dans Actualité, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollywood, cinéma, actualité, quotas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Lignes de démarcation sanitaires

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Lignes de démarcation sanitaires

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Qui a dit que l’histoire ne se répétait pas ? Il y a quatre-vingts ans et deux mois, après avoir subi la plus grande défaite militaire de son histoire en raison de l’incurie criminelle des gouvernements chancelants d’une IIIe République alignée sur la diplomatie anglo-saxonne, la France se retrouvait partagée en deux principales zones. Les deux tiers de son territoire passaient en « Zone occupée » tandis que le Sud-Est prenait le statut de « Zone libre ». Une frontière hermétique et surveillée, la « ligne de démarcation », rendait cette division tangible.

Huit décennies plus tard, « zones libres » et « zones occupées » resurgissent dans l’Hexagone. Le prétexte d’une seconde vague de covid-19 ou d’un rebond de la première permet aux autorités déficientes d’imposer le port du masque dans les rues et les espaces ouverts. À Toulouse comme à Nice, municipalités régies par une mixture sarko-macronienne, son port y est systématique. À Paris, jusqu’à la dernière fin de semaine du mois d’août coexistaient des espaces « masqués » et d’autres non masqués. Cette subtilité géographique et sanitaire qui donnait aux cartes de la capitale de nombreuses taches de léopard n’existe plus. Ailleurs, l’usage de la muselière hygiéniste ne concerne que l’hyper-centre.

Jamais en retard dans l’énoncé d’une sottise, le Rassemblement dit national réclame depuis le premier jour du déconfinement l’emploi de ce bâillon partout en France, y compris en pleine forêt, en haut des sommets montagneux ou dans des campagnes dépeuplées. Ce parti décati entend peut-être profiter électoralement de l’actuelle psychose sécuritaire entretenue par les médiats centraux d’occupation mentale. Ce sentiment de grande insécurité sanitaire obsède toute une classe politicarde, y compris ses nervis antifas, et entraîne déjà des aberrations. Les bars et les restaurants des Bouches-du-Rhône doivent fermer à 23 h, mais pas en Île-de-France. Des préfets interdisent à la population d’y danser. Des maires avaient bien proscrit le rire et l’humour en empêchant les spectacles du truculent Dieudonné. Le soir de la finale PSG – Bayern de Munich, le 29 août dernier, alors que les rues environnantes des Champs-Élysées s’ensauvageaient, les CRS matraquèrent les clients d’un établissement oublieux des gestes-barrières…

Il est paradoxal de noter que la société « ouverte » qui travaille à l’abolition des frontières étatiques et naturelles se pare dans le réel de frontières intérieures représentées par des digicodes, des cartes d’accès et des codes d’entrée. Le gouvernement recommande de ne plus serrer de main pour se saluer. Il y a moins d’un an, ne pas serrer la main d’une femme aurait valu à son auteur une réputation de sexiste, de machiste, voire de misogyne, ainsi qu’un rappel à l’ordre disciplinaire… Le masque entraîne plus que jamais la prolifération d’une multitudes de lignes de démarcation visuelles. Haro à celui qui ne viendrait pas masqué ! Il manquerait d’« esprit citoyen ». Dans le même temps, les frontières françaises ne se ferment pas et les « migrants » clandestins ne cessent d’affluer. L’individualisme total prime dorénavant l’impératif national.

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L’établissement de « zones occupées », pardon, de « zones masquées » relève d’une vaste expérience de dressage social sans précédent. Il s’agit de faire accepter leur sort à des populations hébétées et ainsi éviter qu’elles renouent avec l’activisme virulent des Forconi italiens ou des « Gilets jaunes ». Pour l’instant, policiers et gendarmes sanctionnent directement tous ceux qui contestent les ordres officiels. Rien n’empêche cependant de supposer qu’à très court terme, la vidéo-surveillance promue par des édiles incapables de restaurer l’ordre public se couplera aux logiciels de reconnaissance faciale, puis aux drones. Comme les caméras le font dorénavant avec les conducteurs, elles verbaliseront aussitôt tout contrevenant pris le visage découvert. Le masque obligatoire préfigure ainsi une tyrannie de la transparence générale.

Avec la raréfaction de l’argent liquide, services étatiques et établissements bancaires sauront tout de leurs administrés et clients. Ils recouperont leurs informations avec les données collectées sur Internet et les réseaux sociaux. Les algorithmes dresseront ensuite une variété de profils-types, du sujet respectueux des règles les plus aberrantes au réfractaire qu’il conviendra d’expédier au plus vite en asile psychiatrique. Phantasmes dystopiques ? La police de l’État fédéré de Victoria en Australie a désormais le droit de violer les propriétés privées sans mandat de perquisition pour vérifier si les membres du foyer suivent correctement les consignes gouvernementales locales.

Certains milieux soi-disant « écologistes » réclament l’interdiction de manger de la viande un jour par semaine. Si cette demande devient une loi, les restaurants et les cantines s’y plieront assez facilement. Mais chez les particuliers ou pour ceux qui apporteront leur déjeuner ? La police débarquera-t-elle chez eux à 12 h 30 pour voir s’ils n’ont pas mangé une belle pièce de veau ? Y aura-t-il des contrôles pour ausculter un sandwich sans viande ni poisson ? Incapable de juguler l’explosion du trafic de drogue et des violences envers les personnes, la justice montrera-t-elle le même laxisme à l’égard d’un mangeur de viande pris en flagrant délit ?

Nous assistons bien à la mise en place d’un despotisme sociétal tout à fait nouveau. Il faut le combattre dès à présent en montrant à chaque instant un sens aigu de l’incivisme.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 181 mise en ligne sur TVLibertés, le 8 septembre 2020.

dimanche, 13 septembre 2020

Le nouveau visage de la guerre : vers la quatrième génération

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Le nouveau visage de la guerre : vers la quatrième génération

par William S. Lind

 
Article original de William S. Lind , publié en octobre 2009 sur le site Global Guerillas 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

La tâche principale du soldat en temps de paix est de se préparer efficacement à la prochaine guerre. Pour ce faire, il doit anticiper ce que sera la prochaine guerre. C’est une tâche difficile qui devient de plus en plus difficile. Le Général allemand Franz Uhle-Wettler écrit :

Auparavant, un commandant pouvait être certain qu’une guerre future ressemblerait aux guerres passées et présentes. Cela lui permettait d’analyser les tactiques appropriées du passé et du présent. Le commandant de troupe d’aujourd’hui n’a plus cette possibilité. Il sait seulement que quiconque ne parvient pas à adapter les expériences de la dernière guerre perdra sûrement la prochaine.

Co-auteurs : colonel Keith Nightengale (États-Unis), Capitaine John F. Schmitt (USMC), Colonel Joseph W. Sutton (USA), et le lieutenant-colonel Gary I. Wilson (USMCR)

Publication originale : Gazette du corps des Marines, Octobre 1989, pages 22-26 

La question centrale

Si nous examinons l’évolution de la guerre à l’ère moderne, nous voyons trois générations distinctes. Aux États-Unis, l’armée de terre et le corps des Marines s’attaquent maintenant au passage à la troisième génération. Cette transition est tout à fait positive. Cependant, la guerre de troisième génération a été conceptuellement développée par l’offensive allemande au printemps 1918. Elle a maintenant plus de 70 ans. Cela suggère quelques questions intéressantes : N’est-il pas temps qu’une quatrième génération apparaisse ? Si oui, à quoi pourrait-elle ressembler ? Ces questions sont d’une importance capitale. Quiconque est le premier à reconnaître, comprendre et mettre en œuvre un changement de génération peut obtenir un avantage décisif. À l’inverse, une nation qui tarde à s’adapter au changement générationnel s’expose à une défaite catastrophique.

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Notre objectif ici est moins de répondre à ces questions que de les poser. Néanmoins, nous allons proposer quelques réponses provisoires. Pour commencer à voir ce qu’elles pourraient être, nous devons replacer les questions dans leur contexte historique.

Trois générations de guerre

Alors que le développement militaire est généralement un processus évolutif continu, l’ère moderne a connu trois bassins versants dans lesquels le changement a été dialectiquement qualitatif. Par conséquent, le développement militaire moderne comprend trois générations distinctes.

La guerre de première génération reflète les tactiques de l’époque du mousquet à âme lisse, la tactique de la ligne et de la colonne. Ces tactiques ont été développées en partie en réponse à des facteurs technologiques – la ligne maximisait la puissance de feu, l’exercice rigide était nécessaire pour générer une cadence de tir élevée, etc. – et en partie en réponse aux conditions et aux idées sociales, par exemple, les colonnes des armées révolutionnaires françaises reflétaient à la fois l’élan de la révolution et le faible niveau d’entraînement des troupes enrôlées. Bien que rendus obsolètes par le remplacement du canon lisse par le mousquet à canon rayé, les vestiges des tactiques de la première génération subsistent aujourd’hui, notamment dans un désir de linéarité fréquemment rencontré sur le champ de bataille. L’art opérationnel de la première génération n’existait pas en tant que concept, bien qu’il ait été pratiqué par des commandants à titre individuel, notamment Napoléon.

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La guerre de la deuxième génération était une réponse au mousquet à canon rayé, aux chargeurs de culasse, aux fils barbelés, à la mitrailleuse et au tir indirect. Les tactiques étaient basées sur le feu et le mouvement, et elles restaient essentiellement linéaires. La défense essayait toujours d’empêcher toute pénétration, et lors de l’attaque, une ligne dispersée latéralement avançait par petits groupes. Le principal changement par rapport aux tactiques de la première génération a peut-être été la forte dépendance au tir indirect ; les tactiques de la deuxième génération ont été résumées dans la maxime française, « l’artillerie conquiert, l’infanterie occupe ». La massification de la puissance de feu a remplacé la massification des effectifs. Les tactiques de deuxième génération sont restées la base de la doctrine américaine jusqu’aux années 1980, et elles sont toujours pratiquées par la plupart des unités américaines sur le terrain.

Si les idées ont joué un rôle dans le développement des tactiques de deuxième génération (en particulier l’idée de dispersion latérale), la technologie a été le principal moteur du changement. La technologie s’est manifestée à la fois qualitativement, par exemple par une artillerie plus lourde et des avions de bombardement, et quantitativement, par la capacité d’une économie industrialisée à mener une bataille de matériel (Materialschlacht).

La deuxième génération a vu la reconnaissance et l’adoption officielles de l’art opérationnel, d’abord par l’armée prussienne. Là encore, les idées et la technologie ont été les moteurs du changement. Les idées sont issues en grande partie des études prussiennes sur les campagnes de Napoléon. Parmi les facteurs technologiques, von Moltke a réalisé que la puissance de feu tactique moderne exigeait des batailles d’encerclement et a voulu exploiter les capacités du chemin de fer et du télégraphe.

La guerre de troisième génération est également une réponse à l’augmentation de la puissance de feu sur le champ de bataille. Cependant, sa force motrice était avant tout celle des idées. Conscients qu’ils ne pouvaient pas l’emporter dans un concours de matériel en raison de leur base industrielle plus faible pendant la Première Guerre mondiale, les Allemands ont développé des tactiques radicalement nouvelles. Basées sur la manoeuvre plutôt que sur l’attrition, les tactiques de troisième génération ont été les premières à être véritablement non linéaires. L’attaque reposait sur l’infiltration pour contourner et faire s’effondrer les forces de combat de l’ennemi plutôt que de chercher à les approcher directement et à les détruire. La défense était en profondeur et invitait souvent à la pénétration, ce qui préparait l’ennemi à une contre-attaque.

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Alors que les concepts de base des tactiques de troisième génération étaient en place à la fin de 1918, l’ajout d’un nouvel élément technologique – les chars – a marqué un changement majeur au niveau opérationnel pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce changement était une guerre éclair. Dans la blitzkrieg, la base de l’art opérationnel s’est déplacée du lieu (comme dans l’approche indirecte de Liddell-Hart) au temps. Ce changement n’a été explicitement reconnu que récemment dans les travaux du colonel John Boyd, retraité de l’armée de l’air, et dans sa théorie « OODA (observation- orientation- décision- action) « .

Nous voyons donc deux grands catalyseurs de changement dans les nouveautés générationnelles précédentes : la technologie et les idées. Quelle perspective tirons-nous de ces changements antérieurs alors que nous envisageons une quatrième génération de guerre ?

Les éléments qui se perpétuent

Les changements générationnels antérieurs, en particulier le passage de la deuxième à la troisième génération, ont été marqués par une insistance croissante sur plusieurs idées centrales. Quatre d’entre elles semblent susceptibles de se transmettre à la quatrième génération, et même d’étendre leur influence.

La première concerne les ordres de mission. Chaque changement générationnel a été marqué par une plus grande dispersion sur le champ de bataille. Le champ de bataille de la quatrième génération est susceptible d’inclure l’ensemble de la société de l’ennemi. Une telle dispersion, associée à ce qui semble être une importance accrue pour les actions de très petits groupes de combattants, exigera que même le niveau le plus bas opère avec souplesse sur la base de l’intention du commandant.

La deuxième est la diminution de la dépendance à l’égard d’une logistique centralisée. La dispersion, associée à une valeur accrue accordée au rythme, exigera un degré élevé de capacité à vivre du terrain et de l’ennemi.

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Troisièmement, il faut mettre davantage l’accent sur les manœuvres. La masse, en hommes ou en puissance de feu, ne sera plus un facteur déterminant. En fait, la masse peut devenir un inconvénient car elle sera facile à cibler. Les forces petites, très manœuvrables et agiles auront tendance à dominer.

Quatrièmement, l’objectif est de faire s’effondrer l’ennemi intérieurement plutôt que de le détruire physiquement. Les cibles comprendront des éléments tels que le soutien de la population à la guerre et la culture de l’ennemi. L’identification correcte des centres de gravité stratégiques de l’ennemi sera très importante.

En termes généraux, la guerre de quatrième génération semble être largement dispersée et largement indéfinie ; la distinction entre la guerre et la paix sera floue au point de disparaître. Elle sera non linéaire, peut-être au point de ne pas avoir de champs de bataille ou de fronts définissables. La distinction entre « civil » et « militaire » pourrait disparaître. Les actions se produiront simultanément dans toute la profondeur de tous les participants, y compris leur société en tant qu’entité culturelle et non pas seulement physique. Les grandes installations militaires, telles que les aérodromes, les sites de communication fixes et les grands quartiers généraux, deviendront rares en raison de leur vulnérabilité ; il peut en aller de même pour leurs équivalents civils, tels que les sièges du gouvernement, les centrales électriques et les sites industriels (y compris les industries du savoir et de la fabrication). Le succès dépendra fortement de l’efficacité des opérations conjointes, car les limites entre la responsabilité et la mission deviennent très floues. Là encore, tous ces éléments sont présents dans la guerre de troisième génération ; celle de quatrième génération ne fera que les accentuer.

Potentiel technologique de la quatrième génération

Si nous combinons les caractéristiques générales de la guerre de quatrième génération mentionnées ci-dessus avec les nouvelles technologies, nous voyons une ébauche possible de la nouvelle génération. Par exemple, l’énergie dirigée peut permettre à de petits éléments de détruire des cibles qu’ils ne pourraient pas attaquer avec des armes à énergie conventionnelle. L’énergie dirigée peut permettre d’obtenir des effets EMP (impulsion électromagnétique) sans explosion nucléaire. La recherche sur la supraconductivité suggère la possibilité de stocker et d’utiliser de grandes quantités d’énergie dans de très petits conteneur. Sur le plan technologique, il est possible qu’un très petit nombre de soldats puisse avoir le même effet sur le champ de bataille qu’une brigade actuelle.

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Le développement de la robotique, des véhicules pilotés à distance, de la faible probabilité d’interception des communications et de l’intelligence artificielle pourrait offrir la possibilité de modifier radicalement les tactiques. À son tour, la dépendance croissante à l’égard de ces technologies pourrait ouvrir la porte à de nouvelles vulnérabilités, telles que la vulnérabilité aux virus informatiques.

De petits éléments très mobiles, composés de soldats très intelligents armés d’armes de haute technologie, peuvent parcourir de vastes zones à la recherche de cibles critiques. Les cibles peuvent être plus dans le secteur civil que dans le secteur militaire. Les termes « avant-arrière » seront remplacés par « ciblé – non ciblé ». Cela pourrait à son tour modifier radicalement la manière dont les services militaires sont organisés et structurés.

Les unités combineront les fonctions de reconnaissance et de frappe. Des moyens « intelligents » à distance, dotés d’une intelligence artificielle préprogrammée, pourraient jouer un rôle clé. Parallèlement, les plus grandes forces défensives pourraient être la capacité à se cacher et à duper ces moyens.

Les niveaux tactique et stratégique se mélangeront à mesure que l’infrastructure politique et la société civile de l’adversaire deviendront des cibles sur le champ de bataille. Il sera d’une importance capitale d’isoler l’ennemi de sa propre patrie car un petit nombre de personnes sera capable de faire de grands dégâts en très peu de temps.

Les dirigeants devront être maîtres à la fois de l’art de la guerre et de la technologie, une combinaison difficile car deux mentalités différentes sont en jeu. Les principaux défis auxquels seront confrontés les commandants à tous les niveaux comprendront la sélection des cibles (qui sera une décision politique et culturelle, et pas seulement militaire), la capacité de se concentrer soudainement à partir d’une très grande dispersion, et la sélection de subordonnés capables de gérer le défi d’une supervision minimale ou nulle dans un environnement en évolution rapide. Un défi majeur consistera à gérer l’énorme surcharge potentielle d’informations sans perdre de vue les objectifs opérationnels et stratégiques.

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Les opérations psychologiques peuvent devenir l’arme opérationnelle et stratégique dominante sous la forme d’une intervention dans les médias/informations. Des bombes logiques et des virus informatiques, y compris des virus latents, peuvent être utilisés pour perturber les opérations civiles et militaires. Les adversaires formés aux techniques de la guerre de quatrième génération seront habiles à manipuler les médias pour modifier l’opinion nationale et mondiale au point que le recours habile aux opérations psychologiques empêchera parfois l’engagement de forces de combat. L’une des principales cibles sera le soutien de la population ennemie à son gouvernement et à la guerre. Les informations télévisées peuvent devenir une arme opérationnelle plus puissante que les divisions blindées.

Ce type de guerre de haute technologie de quatrième génération peut porter en elle les germes de la destruction nucléaire. Son efficacité pourrait rapidement éliminer la capacité d’un adversaire doté de l’arme nucléaire à mener une guerre de manière conventionnelle. La destruction ou la perturbation des capacités industrielles vitales, de l’infrastructure politique et du tissu social, associée à des changements soudains dans l’équilibre des pouvoirs et aux émotions qui en découlent, pourrait facilement conduire à une escalade vers les armes nucléaires. Ce risque peut dissuader les puissances nucléaires de se livrer à une guerre de quatrième génération, tout comme il dissuade les grandes puissances conventionnelles de se livrer à une guerre conventionnelle aujourd’hui.

Il convient de mettre en garde contre la possibilité d’une quatrième génération à base technologique, du moins dans le contexte américain. Même si l’état de la technique permet une quatrième génération de haute technologie et ce qui n’est pas clairement le cas [en 1989, depuis …, NdT], la technologie elle-même doit être traduite en armes qui soient efficaces dans le combat réel. À l’heure actuelle, notre processus de recherche, de développement et d’acquisition a beaucoup de mal à effectuer cette transition. Il produit souvent des armes qui incorporent des technologies de pointe non pertinentes au combat ou trop complexes pour fonctionner dans le chaos du combat. Trop d’armes dites « intelligentes » fournissent des exemples ; en combat, elles sont faciles à contrer, échouent de par leur propre complexité ou imposent des exigences impossibles à leurs opérateurs. Le processus américain actuel de recherche, de développement et d’acquisition pourrait tout simplement ne pas être en mesure d’assurer la transition vers une quatrième génération d’armes militairement efficaces.

Une quatrième génération potentielle menée par des idées

La technologie a été le principal moteur de la deuxième génération de guerres ; les idées ont été le principal moteur de la troisième. Une quatrième génération basée sur les idées est également envisageable.

Depuis environ 500 ans, l’Occident a défini la guerre. Pour qu’une armée soit efficace, elle devait généralement suivre les modèles occidentaux. La force de l’Occident étant la technologie, il peut avoir tendance à concevoir une quatrième génération en termes technologiques.

Cependant, l’Occident ne domine plus le monde. Une quatrième génération peut émerger de traditions culturelles non occidentales, telles que les traditions islamiques ou asiatiques. Le fait que certaines régions non occidentales, comme le monde islamique, ne sont pas fortes en matière de technologie peut les amener à concevoir une quatrième génération par le biais d’idées plutôt que de technologies.

La genèse d’une quatrième génération basée sur les idées peut être visible dans le terrorisme. Cela ne veut pas dire que le terrorisme est une guerre de quatrième génération, mais plutôt que certains de ses éléments peuvent être des signes indiquant une quatrième génération.

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Certains éléments du terrorisme semblent refléter les « séquelles » de la guerre de troisième génération, déjà mentionnées. Les terroristes les plus efficaces semblent opérer sur la base d’ordres de mission généraux qui se ramènent au niveau du terroriste individuel. Le « champ de bataille » est très dispersé et comprend l’ensemble de la société de l’ennemi. Le terroriste vit presque entièrement sur le territoire et le dos de l’ennemi. Le terrorisme est essentiellement une question de manœuvre : la puissance de feu du terroriste est faible, mais le lieu et le moment où il l’applique sont critiques.

Il faut noter deux éléments supplémentaires qui se perpétuent, car ils peuvent être des « signaux » utiles pointant vers la quatrième génération. Le premier est un élément de l’effondrement de l’ennemi. Il s’agit d’un déplacement de l’attention du front de l’ennemi vers ses arrières. Le terrorisme doit chercher à faire s’effondrer l’ennemi de l’intérieur car il n’a guère la capacité (du moins à l’heure actuelle) d’infliger des destructions massives. La guerre de première génération s’est concentrée, sur le plan tactique et opérationnel (lorsque l’art opérationnel était pratiqué), sur le front de l’ennemi, ses forces de combat. La guerre de la deuxième génération est restée tactiquement frontale, mais au moins dans la pratique prussienne, elle s’est concentrée opérationnellement sur l’arrière de l’ennemi en mettant l’accent sur l’encerclement. La troisième génération a déplacé l’accent tactique ainsi que l’accent opérationnel vers l’arrière de l’ennemi. Le terrorisme va encore plus loin dans cette voie. Il tente de contourner entièrement l’armée de l’ennemi et de frapper directement sa patrie sur des cibles civiles. Dans l’idéal, l’armée de l’ennemi n’a tout simplement pas d’importance pour le terroriste.

Le deuxième signe est la façon dont le terrorisme cherche à utiliser la force de l’ennemi contre lui. Ce concept de guerre venant du « judo » [ou aïkido, NdT] commence à se manifester dans la deuxième génération, dans la campagne et la bataille d’encerclement. Les forteresses de l’ennemi, telles que Metz et Sedan, deviennent des pièges mortels. Il est poussé plus loin dans la troisième génération où, sur la défensive, un camp essaie souvent de laisser l’autre pénétrer, de sorte que son propre élan le rend moins apte à se retourner et à faire face à une contre-attaque.

Les terroristes utilisent contre elle la liberté et l’ouverture d’une société libre, ses plus grandes forces. Ils peuvent se déplacer librement au sein de notre société tout en travaillant activement à la subvertir. Ils utilisent nos droits démocratiques non seulement pour pénétrer, mais aussi pour se défendre. Si nous les traitons dans le cadre de nos lois, ils bénéficient de nombreuses protections ; si nous les abattons simplement, les informations télévisées peuvent facilement les faire apparaître comme des victimes. Les terroristes peuvent mener efficacement leur forme de guerre tout en étant protégés par la société qu’ils attaquent. Si nous sommes contraints de mettre de côté notre propre système de protection juridique pour faire face aux terroristes, ceux-ci remportent une autre sorte de victoire.

Le terrorisme semble également représenter une solution à un problème qui a été généré par les changements générationnels précédents, mais qui n’a été réellement traité par aucun d’entre eux. Il s’agit de la contradiction entre la nature du champ de bataille moderne et la culture militaire traditionnelle. Cette culture, incarnée dans les grades, le salut aux uniformes, les exercices, etc., est en grande partie un produit de la guerre de la première génération. C’est une culture de l’ordre. À l’époque où elle a évolué, elle était en accord avec le champ de bataille, qui était lui-même dominé par l’ordre. L’armée idéale était une machine parfaitement huilée, et c’est ce que la culture militaire de l’ordre cherchait à produire.

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Cependant, chaque nouvelle génération a apporté un changement majeur vers un champ de bataille en désordre. La culture militaire, qui est restée une culture de l’ordre, est devenue contradictoire avec le champ de bataille. Même dans la guerre de troisième génération, la contradiction n’a pas été insoluble ; la Wehrmacht l’a efficacement surmontée, en maintenant extérieurement la culture traditionnelle de l’ordre tout en démontrant au combat la capacité d’adaptation et la fluidité qu’exige un champ de bataille désordonné. Mais d’autres armées, telles que celle des Britanniques, ont moins bien réussi à gérer la contradiction. Elles ont souvent tenté de transposer la culture de l’ordre sur le champ de bataille avec des résultats désastreux. À Biddulphsberg, par exemple, lors de la guerre des Boers, une poignée de Boers a vaincu deux bataillons de la Garde britannique qui se sont battus comme à la parade.

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La contradiction entre la culture militaire et la nature de la guerre moderne confronte un service militaire traditionnel à un dilemme. Les terroristes résolvent ce dilemme en éliminant la culture de l’ordre. Les terroristes n’ont pas d’uniformes, d’exercices, de saluts ou, pour la plupart, de grades. Potentiellement, ils ont ou pourraient développer une culture militaire conforme à la nature désordonnée de la guerre moderne. Le fait que leur culture générale puisse être non occidentale peut faciliter ce développement.

Même au niveau de l’équipement, le terrorisme peut indiquer des signes de changement de génération. En règle générale, une génération plus âgée a besoin de ressources beaucoup plus importantes pour parvenir à une fin donnée que celle qui suit. Aujourd’hui, les États-Unis dépensent 500 millions de dollars pièce pour des bombardiers furtifs. Une bombe furtive d’un terroriste est une voiture avec une bombe dans le coffre – une voiture qui ressemble à toutes les autres voitures.

Le terrorisme, la technologie et au-delà

Encore une fois, nous ne suggérons pas que le terrorisme est la quatrième génération. Ce n’est pas un phénomène nouveau et, jusqu’à présent, il s’est avéré largement inefficace. Cependant, que voyons-nous si nous combinons le terrorisme avec certaines des nouvelles technologies dont nous avons parlé ? Par exemple, cette efficacité pourrait-elle être celle du terroriste si sa voiture piégée était le fruit du génie génétique plutôt que d’explosifs puissants ? Pour démontrer encore davantage le potentiel de notre quatrième génération, que se passerait-il si nous combinions le terrorisme, la haute technologie et les éléments supplémentaires suivants ?

  • Une base non nationale ou transnationale, telle qu’une idéologie ou une religion. Nos capacités de sécurité nationale sont conçues pour fonctionner dans le cadre d’un État-nation. En dehors de ce cadre, elles rencontrent de grandes difficultés. La guerre contre la drogue en est un exemple. Comme le trafic de drogue n’a pas de base d’État-nation, il est très difficile de l’attaquer. L’État-nation protège des barons de la drogue mais ne peut pas les contrôler. Nous ne pouvons pas les attaquer sans violer la souveraineté d’une nation amie. Un attaquant utilisant des technologies de type quatrième génération pourrait bien agir de la même manière, comme le font déjà certains terroristes du Moyen-Orient.
  • Une attaque directe sur la culture de l’ennemi. Une telle attaque fonctionne aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur. Elle peut contourner non seulement l’armée de l’ennemi, mais aussi l’État lui-même. Les États-Unis souffrent déjà beaucoup d’une telle attaque culturelle sous la forme du trafic de drogue. La drogue attaque directement notre culture. Ils ont le soutien d’une puissante « cinquième colonne », les acheteurs de drogue. Ces derniers court-circuitent tout l’appareil d’État malgré nos meilleurs efforts. Certains éléments idéologiques en Amérique du Sud voient la drogue comme une arme ; ils l’appellent le « missile balistique intercontinental du pauvre ». Ils apprécient le trafic de drogue non seulement pour l’argent qu’il rapporte et qui nous permet de financer la guerre contre nous-mêmes, mais aussi pour les dommages qu’il cause aux Nord-Américains détestés.

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  • Une guerre psychologique très sophistiquée, notamment par la manipulation des médias, en particulier des informations télévisées. Certains terroristes savent déjà comment jouer à ce jeu. Plus largement, les forces hostiles pourraient facilement tirer profit d’une production importante de reportages télévisés – le fait que, à la télévision, les pertes de l’ennemi peuvent être presque aussi dévastatrices sur le front intérieur que les pertes de l’ami. Si nous bombardons une ville ennemie, les images de civils ennemis morts, diffusées dans tous les salons du pays au journal télévisé du soir, peuvent facilement transformer ce qui aurait pu être un succès militaire (en supposant que nous ayons également atteint la cible militaire) en une grave défaite.

Tous ces éléments existent déjà. Ils ne sont pas le produit du « futurisme », du regard dans une boule de cristal. Nous nous demandons simplement à quoi nous ferions face s’ils étaient tous combinés. Une telle combinaison constituerait-elle au moins les débuts d’une guerre de quatrième génération ? L’une des idées qui suggère qu’ils pourraient l’être est que les militaires de la troisième (pour ne pas parler de la deuxième) génération semblent avoir peu de capacités contre une telle synthèse. Ceci est typique des changements de génération.

Le but de cet article est de poser une question, et non d’y répondre. Les réponses partielles suggérées ici peuvent en fait s’avérer être de fausses pistes. Mais compte tenu du fait que la guerre de troisième génération a maintenant plus de 70 ans, nous devrions nous poser la question suivante : que sera la quatrième génération ?

William S. Lind

Biélorussie, Navalny : à qui profite le crime ?

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Biélorussie, Navalny: à qui profite le crime?

Chaque fois que la s’apprête à célébrer une victoire politique internationale, il faut qu’un événement maléfique vienne systématiquement gâcher la fête. Au moment où Moscou et Damas sonnaient l’hallali des islamistes en Syrie, les médias dominants les accusaient d’organiser des attaques chimiques. Au moment où le président ukrainien Ianoukovitch s’apprêtait à signer un accord économique majeur avec Moscou, les manifestants de l’Euromaïdan organisèrent un coup d’État. Avant le lancement de la Coupe du monde de football, en , un ancien agent double russe est retrouvé empoisonné en Grande-Bretagne… Curieux, non ?

La malédiction se poursuit aujourd’hui. Pile au moment où le projet gazier stratégique de dix milliards d’euros, , s’approche de sa fin, la Russie se retrouve avec une révolution de couleur sur sa frontière biélorusse et le Kremlin est accusé d’avoir empoisonné un opposant insignifiant, Alexeï Navalny. Avant d’élucider tout crime, la première question que doit se poser l’enquêteur est cui bono ?

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Ce qui est certain est que ces événements ne servent absolument pas les intérêts russes. En revanche, ils font clairement les affaires des États-Unis dont on peut reconnaître de plus en plus facilement le modus operandi. L’Amérique a peur que la Russie devienne une puissance européenne. Elle redoute plus que tout la force d’un continent qui, de Brest à Vladivostok, pourrait s’affranchir de sa tutelle. Les Américains ne veulent pas que les Européens s’approvisionnent en hydrocarbures russes car ils veulent nous vendre les leurs qui sont plus chers. La part de gaz naturel liquéfié issu du gaz de schiste ne cesse de grimper en Europe sous la pression américaine.

Le Congrès américain a déjà imposé deux volets de sanctions économiques contre les sociétés travaillant sur le projet Nord Stream 2. En juillet dernier, le secrétaire d’État Mike Pompeo avertissait les entreprises participant au projet : « Sortez immédiatement, ou il y aura des conséquences pour vous ! » a vivement critiqué ces méthodes, mais les intimidations de l’Oncle Sam sont en train de briser sa résistance. La société française Engie a investi un milliard d’euros dans le projet. Si les USA tuent le gazoduc, c’est le contribuable français qui va encore payer la facture, comme pour l’annulation des ventes des Mistral à Moscou, en 2015.

Les méthodes américaines sont inacceptables et les puissances européennes doivent les condamner. Les menaces, les calomnies, les sanctions et la guerre ne sont pas des procédés qu’on emploie entre amis. Ce sont des méthodes de caïd. Si Trump gagne les élections en novembre prochain, il aura un travail herculéen à mener pour nettoyer les écuries d’Augias de l’État profond américain qui ne sait toujours pas que la guerre froide est terminée. En attendant, cessons de grimper au rideau dès que la Russie est montrée du doigt. Posons-nous toujours la question suivante : à qui profite le crime ?

David Schenker, diplomate étatsunien, à la rescousse du Qatar isolé

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David Schenker, diplomate étatsunien, à la rescousse du Qatar isolé
 
par Stavros Papadimoulis
 
David Schenker, haut responsable de la diplomatie de Washington pour le Proche-Orient, espère que le Qatar puisse bientôt normaliser ses relations avec ses voisins. Le même responsable étatsunien qui affirmait il y a deux mois qu'il fallait se montrer plus dur contre la Russie et Khalifa Haftar en Libye veut que le Qatar puisse sortir de l'exclusion à laquelle ses voisins l'ont condamnée.
  • Le Qatar est une monarchie gazière qui doit sa capacité d'influence à la décolonisation de l'empire britannique et à la bienveillance des ingénieurs occidentaux du secteur de l'extraction des hydrocarbures qui ont fait fructifier les ressources naturelles de cet ancien port de pêcheur de perles. Il est le principal soutien des Frères musulmans dans le monde, et c'est un important allié de la Turquie islamo-nationaliste d'Erdogan. Ainsi, al-Jazeera, chaîne d'orientation islamo-mondialiste basée à Doha dont l'audience est internationale, s'est récemment lancée dans une campagne de dénigrement de la République de Chypre, intitulée les "Cyprus Papers". C'est une opération médiatique intéressée dont le calendrier répond bien entendu aux tensions dans l'est de la Méditerranée entre l'Europe et l'islam turc. J'ignore personnellement si l'administration chypriote est aussi corrompue que le prétendent ces propagandistes ; je ne l'exclus pas entièrement, c'est même bien possible, mais je remarque que c'est bien opportunément qu'a agi ce média du Qatar qui se veut moralisateur, alors qu'il est basé dans un pays où les ouvriers bengalais et népalais sont sujets à un quasi-esclavage, la kafala. Je prédisais déjà sur Twitter une telle opération de propagande avant qu'elle ne surgisse vers le 23 août.

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  • On remarque plusieurs constantes dans ce soutien du Département d'Etat américain à l'extrémisme sunnite :
1) Soutenir éperdument l'allié israélien contre le dit arc chiite au Moyen-Orient ; au risque de mettre en péril l'approvisionnement en pétrole et les routes maritimes qui passent dans le Golfe persique, quand bien même ils sont importants pour l'économie mondiale. La faible réaction que les autorités étatsuniennes ont historiquement manifestée face à des actes hostiles infligés par l'Etat hébreu, en principe allié, tels que sabordage de l'USS Liberty ou l'espionnage commis par Jonathan Pollard, semblent indiquer un haut degré d'infiltration de l'appareil d'Etat US par des agents sionistes.

2) Empêcher l'Europe de l'Ouest, la Russie et la Chine de se développer en paix, en maintenant une menace persistante de groups sunnites extrémistes contre ces potentielles puissances rivales : les villes à forte population musulmane et les Balkans pour l'Europe de l'Ouest, le Caucase et la Crimée pour la Russie, le Sin-Kiang pour la Chine ; éventuellement le Cachemire pour l'Inde.

Pour la petite histoire, c'est la perpétuation de l'alliance entre protestants et musulmans inaugurée au XVIe siècle par Elisabeth Ire d'Angleterre pour faire poids contre la grande puissance continentale en Europe du moment (l'Espagne des Habsbourg en l'occurrence). Cette connivence refera surface pendant le Grand Jeu entre Londres et Moscou au XIXe siècle, ce qui poussera les Britanniques à intervenir plusieurs fois pour soutenir les Ottomans contre la poussée vers le Sud de la Russie tsariste, comme pendant la guerre de Crimée ou durant les négociations du Congrès de Berlin en 1878, où la diplomatie britannique parvint à retourner les Prussiens contre la Russie et la Bulgarie naissante, préparant ainsi le terrain à l'explosion du dossier bosniaque en 1914. Au XXe siècle, Lawrence d'Arabie inaugura une alliance entre les Anglo-Saxons et le wahhabisme, la branche la plus puritaine de l'islam sunnite. Puis le renseignement britannique nouera des relations plus que troubles avec le mouvement bourgeonnant des Frères musulmans, afin de contrer Gamal Abdel Nasser en Egypte. Enfin, Brzezinski et Carter joueront pleinement la carte de l'islamisme en Iran, pour renverser le Shah, et en Afghanistan pour faire subir aux Soviétiques leur propre embourbement à la vietnamienne. Durant le siècle présent, l'administration de George Bush junior annonça une ambitieuse voire donquichottesque Guerre contre la Terreur mais se limita à renverser (temporairement) les talibans et servit surtout à démolir le régime relativement modéré sur le plan religieux de Saddam Husseïn et à faire empirer les conditions de vie des chrétiens du Proche-Orient. En outre, les documents qui incriminent directement l'Arabie saoudite, grand allié des Etats-Unis depuis l'accord du Quincy de 1945, dans les troubles attentats du 11 septembre 2001 n'ont toujours pas été déclassifiés.

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Le Qatar et la Turquie bénéficient d'une réelle mansuétude de la part des grandes puissances malgré leur agressivité et leur duplicité. Je pense ici à Ankara qui veut s'armer tous azimuts, au mépris des lignes de forces géopolitiques, en achetant des F-35 dernier cri, des avions de chasse copiés sur les Tempest britanniques, avoir des batteries antimissiles américains Patriot sur son sol tout en désirant acheter le système S-400 russe...

Un facteur mentionné dans l'article de FranceInfo qui permet de peut-être mieux comprendre cette complaisance est le fait qu'en Afghanistan, les talibans sont parvenus à la longue à pratiquement défaire le gouvernement de Kaboul et la coalition militaire internationale qui le soutient. Le Qatar s'est placé depuis plusieurs années comme le médiateur dans les négociations liées à ce conflit. Or les Etats-Unis vont avoir besoin de la précieuse entremise de Doha pour quitter définitivement le sol afghan sans trop perdre la face et s'assurer que le possible gouvernement taliban à venir sera toujours hostile aux intérêts chinois, russes et iraniens.
 
Un autre facteur est la présence d'armes nucléaires sur le sol turc, dans la base étatsunienne d'Incirlik, des bombes qui peuvent facilement tomber dans l'escarcelle d'Erdogan, si ce n'est pas déjà le cas dans la pratique.
  • Quelle est la réaction des deux grandes nations au cœur de l'Union européenne, ce mal nommé moteur franco-allemand ?
La France, pourtant en proie aux difficultés sur de nombreux plans, semble s'être ressaisie devant les agissements des Frères musulmans. Ainsi durant l'élection présidentielle 2017, le parti d'opposition de Marine Le Pen, vaincu par Emmanuel Macron, était tourné en dérision par les médias dominants et xénolâtres parce que le Rassemblement national dénonçait l'infiltration qatarie en France. Or aujourd'hui le même Emmanuel Macron s'érige comme soutien ferme de l'Arabie saoudite contre le Qatar et de la Grèce et Chypre contre la Turquie. C'est un net progrès en comparaison avec Nicolas Sarkozy qui engageait ses forces en Libye pour mettre au pouvoir les ultra-islamistes en Libye, aux côtés de David Cameron, ou en comparaison avec François Hollande, qui continuait en Syrie cette même désastreuse politique de soutien aux djihadistes agités par le dit "Printemps arabe".
 

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L'Allemagne, décrite comme la grande gagnante de la construction européenne, est complètement silencieuse par rapport à ce qui se passe à l'est de la Méditerrannée. Tout au plus elle continue de faire payer à l'UE des montants faramineux à verser à la Turquie pour qu'Erdogan au mieux ne gère pas la question des migrants afro-asiatiques, ou en fait l'alimente à son avantage pour provoquer la Grèce, comme en janvier-février de cette année... Peut-être serait-il logique que l'Allemagne, cette nation largement désarmée et culpabilisée pour les guerres intra-européennes du début du XXE siècle, et jusqu'à hier occupée par une grande force armée étatsunienne, fasse profil bas ? Mais elle s'est récemment permise de vitupérer contre la Russie à cause de l'étrange affaire de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny et contre la Biélorussie de Loukachenko. Alors que la République fédérale allemande est appelée à jouer un rôle de premier plan sur ce continent et qu'elle tient la présidence du Conseil européen, ses dirigeants malhabiles s'occupent avant tout à saborder leur propre politique énergétique et industrielle en remettant en cause le projet de gazoduc Nord-Stream 2 et à susciter la perplexité de ses partenaires européens en Méditerranée en traitant la Turquie qui n'est pourtant que candidate (au point mort) à l'UE sur un pied d'égalité avec la Grèce et Chypre.
 
Conclusions :
1) les relations internationales sont un beau merdier mais il en a probablement toujours été ainsi et il sera probablement toujours.
 
2) à l'heure où la Cour de Justice de l'Union européenne est incapable de se prononcer sur si l'abattage cruel du bétail à la mode des cultes mahométan et juif peut être interdit, il est impératif que les Européens qui ne veulent pas vivre sous la coupe d'un islam conquérant gagnent au moins la pugnacité des guérilléros talibans, l'habileté rhétorique des journalistes d'al-Jazeera et la ruse des maniganceurs servant le Grand Israël. Je le dis sans ironie et sans mépris. Nous ne sommes pas supérieurs à ces bédouins et à ces macchabées si nous n'avons pas la volonté de les circonscrire là où ils appartiennent : dans leurs tentes et leurs cavernes du désert arabique. Si nous désirons vraiment que nos enfants soient forcés de voiler leurs fillettes, à circoncire leurs fils et de plier l'échine devant La Mecque cinq fois par jour, nous pouvons continuer comme nous le faisons actuellement : nous gaver de productions stupides et subversives sur Netflix, réfléchir à comment "dégenrer" et "décoloniser" nos habitudes et remplacer la voiture par des vélos électriques alimentés par des éoliennes sur des réseaux électriques devenus défaillants.

Napoleon or NATO? 'Reading 'War and Peace,' You Might Think Tolstoy Was Describing Current Affairs

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Napoleon or NATO? 'Reading 'War and Peace,' You Might Think Tolstoy Was Describing Current Affairs

 
Ex: https://russia-insider.com
 
Leo Tolstoy’s War and Peace is widely considered to be the best war novel ever written. Spatially, in its more than 1,800 pages it offers a vast panorama of Russia during the Napoleonic wars, both on the battlefield and on the home front. Temporally, Tolstoy shifts our attention back and forth between the big picture in time-lapse and close-up slow-motion psychological portraits of the leading characters.  With its “scenography” already sketched by the author, War and Peace has inspired a number of beloved films produced both in the West and in Russia. It provided the material for Sergei Prokofiev’s brilliant opera of the same name, which enjoys periodic revivals in the world’s grand opera theaters.

Of course, the dramatizations of War and Peace tend to highlight the affective romantic themes which carry along readers, in particular teenage girls. We envision Natasha’s first ball, her dance with Andrei. We see her by his bedside in his final agony as he succumbs to his injuries from the Borodino battle.  We tend to skip over and ignore the considerable dose of Tolstoy’s historiographical musings on whether great men like Napoleon or Tsar Alexander I are the decisive force of history or the involuntary agents of the people they think they govern, his philosophical shadow boxing with Schopenhauer over free will versus determinism.

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Tolstoy injected these “asides” into the work at regular intervals, and then let go of all self-restraint at the very end in the 75 pages of the Epilogue, Part Two. That non-narrative text, in which the author was reasoning directly with his readers rather than through his characters confused professional reviewers of War and Peace when it was first released in 1869 to the extent that there was some uncertainty whether the work even qualified as a novel in terms of genre.

Indeed, some publishers chose to delete the second Epilogue from their editions.  However, the briefer passages of historiographical reflections spread through the novel are there to be savored in most all editions. In the appendix to this essay, I offer an extensive citation of one such “aside” so that the reader can appreciate from Tolstoy’s text his method of reasoning, which is at the same time homely and unrelenting. The given selection focuses ultimately on the relationship between kings, generals, ministers and the people. It is as applicable to our understanding of Donald Trump as it was to Tolstoy’s understanding of Napoleon or Alexander I of Russia. The translation from the Russian is mine.

The philosophical asides of Tolstoy in War and Peace serve as the raw input for this essay, because they strongly suggest the relevance of Napoleon’s invasion of Russia in the late spring of 1812 to the psychological and strategic situation we find ourselves in today on the Old Continent in what could well be a prelude to all-out war. To go a step further, I would argue that the Napoleonic invasion of Russia is more relevant today than Cold War 1.0, not to mention WWI and WWII.

To be specific, 1812 as interpreted by Tolstoy raises the following issues:

  1. The precondition for war is the near universal acceptance of the logic of the coming war by not only those who will be doing the fighting but also by all those who must support the war effort in civilian capacity in production and logistics. That is to say people fight not because Power compels them to do so but because they are persuaded it serves their interests

In 1812, the logic of those enlisted by Napoleon was, on the high-minded side, the spread of the values of the French Revolution to the very fringes of autocratic Asia. On the low side, it was the incalculable riches awaiting the victors.  For soldiers and officers that meant whatever could be seized by those lucky enough to occupy Moscow. For the French emperor and his coterie, it meant enforcement of the Continental System that enriched France at the expense of Britain and the other European states.

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Transposed to our own day, this issue finds its parallel in the informational war the United States and the West more generally have been waging against Russia.  The defamation of Putin, the denigration of Russia all have been swallowed whole by the vast majority of our political classes, who today would view with equanimity, perhaps even with enthusiasm any military conflict with Russia that may arise, whatever the immediate cause.

  1. Napoleon’s invasion of Russia was not a French force acting out purely French ambitions but was described by Tolstoy as “a movement of the peoples of Europe from West to East.” The Grand Armée of 680,000 soldiers which Napoleon led had as its core his Imperial Guard of 20,000, which he never deployed in action against the Russians because of their vital role in keeping him in power. Ordinary French soldiers and officers who were put on the field to fight and die made up less than half of the total forces at Napoleon’s orders. They were a still smaller percentage of those who perished in the campaign. The rest of the army consisted of willing recruits from petty German states along the Rhine, Prussians, Dutch, Italians, Austrians and others, in particular Poles, who deserve special mention below.

Transposed to our own day, the multinational forces of French-led Europe of 1812 translate very nicely into American-led NATO.

  1. The single biggest contingent of the voluntary forces serving in the Grand Armée poised to invade Russia in 1812 were Poles, who were there for their own geopolitical purposes to restore their homeland to the map of Europe and to prove their value as Europe’s protectors. This is a point which Tolstoy develops at some length not just because of the numbers of Polish troops, which were very significant, at approximately 96,000 but because of the Poles’ likely influence on how the whole campaign by Napoleon was conceived, including the peculiar decision to march not on St Petersburg but on the ancient Russian capital of Moscow, where the Poles sat on the throne exactly two hundred years before during a turbulent period known in Russian as the Time of Troubles.
 

Tolstoy goes out of his way to highlight the Polish factor in the invasion. This begins with his description of the June day when Napoleon stood on the banks of the Nieman River which marked the western border of the Russian Empire and gave the order to invade.

Jan_Henryk_Dabrowski_2.jpgWhile Napoleon rested on a tree stump and looked over his maps, Tolstoy tells us that a Polish lancer came up to him, shouted Vivat and offered to lead his cavalry troops across the river before the eyes of the Emperor. Napoleon distractedly looked the other way, while the lancer’s men attempted the crossing, during which more than 40 of them drowned.  The emperor afterwards made sure that the leader, who did make it across was duly given a medal.

A further tip-off on Tolstoy’s thinking about the role of the Poles in the invasion is his remark on what was going through Napoleon’s mind as he looked across the river to the Russian Cossack detachment on the other side.  He tells us that Napoleon believed he was looking at the Asiatic steppes!

While Tolstoy does not attribute this specific extravagant idea to Napoleon’s Polish allies, who otherwise are close by his side, we note that at this time Napoleon has already donned a Polish officer’s uniform. And in a day or so he will be taking up residence in the home of a Polish nobleman in Vilno (today’s Vilnius, capital of Lithuania, then still a Polish province of Russia) where Alexander I had had his field headquarters just weeks before.

Transposing all of this to present-day, we find that once again Polish ruling elites are hard at work prompting, goading the European Union and the United States to use Poland as the shield against Russia.  The notion of a Fort Trump falls perfectly in line with the sycophancy of their forebears to Bonaparte.

Finally, there are two observations about the invasion of 1812 which Tolstoy repeatedly tells us in his asides. They both merit the full attention of today’s leadership in Washington and Brussels.

  1. Watch your supply lines!

It is today widely believed in the general public here in Belgium, in France that Napoleon was  defeated in Russia not by   superior military skills of his enemy but by “General Winter.”  Even a cursory      reading of Tolstoy shows that this is utter nonsense.  The French retreat began after only 5 weeks of the occupation of Moscow in mid-September, when blasts of winter cold were still months away. But from the moment the withdrawal began the Grande Armée was melting away due to illness and desertions related to lack of provisions. The overall breakdown in discipline following on the marauding and looting during the occupation of Moscow compounded this disaster.

Provisions were lacking for a number of reasons, including very poor decisions by Napoleon on the route of return, using the already wasted Minsk highway. But the single most important reason was that Napoleon’s forces were overstretched.  And, of course, that was no accident. Insofar as the Russian commander Suvorov had a consistent strategy it was precisely to draw the French far into the country till their ability to sustain war was vitiated by the scorched earth policy of the Russian population, from peasants up to nobility.

Transposed to today’s strategic confrontation with Russia, the notion of NATO defending the Baltics or pursuing a war at Russia’s borders generally is as foolish as what Napoleon undertook.  The United States is simply too far away to respond effectively to Russia fighting on its home soil, with or without the forward stationing of US supplies and rotating NATO forces in the East.

  1. The outcome of battles and of war itself is not foreseeable.

arton2593.jpgIn his narrative of the battles between the warring forces during the 1812 campaign, Tolstoy tells us repeatedly that the relative strength in men and materiel of the respective sides was only one factor to success, however important. That advantage could be overturned by greater determination and morale of the nominally weaker side. It could be overturned by the arbitrary decision of a noncommissioned officer on the front line to shout ‘hooray’ and lead his troops in attack or it could be enhanced by the arbitrary decision of such an officer to shout “we are lost” and pull back his forces in a rout.   In no maneuver is morale more important than in retreat, which was the strategic plan of the Russian leadership.

Readiness for self-sacrifice to save the fatherland was the outstanding feature of the Russians in   1812, just as later proved itself in WWII.  The battle of Borodino was, in purely military terms, a loss for the Russian side which left the battlefield with casualties and deaths more damaging than Napoleon’s Grand Armée suffered. However, it was a moral victory, because unlike all the European armies Napoleon had fought till then, only the Russians absorbed horrific losses from artillery bombardment and nonetheless stood their ground, leaving in an orderly retreat in the end. The way was now open for the French to take Moscow, but the Russian Army was not broken and would be there to enforce the flight of Napoleon’s force after it lost its strength to indiscipline and desertion  during its stay in Moscow.

Transposing this message to our present day, we have reason to take seriously the manifest will of today’s Russians to stand their ground at whatever cost. More generally, we should pay close  attention to a crusader for moderation who has the military experience to justify our respect. In his several books, Andrew Bacevich has argued repeatedly, like Tolstoy, that there are no certainties in war and that wars of choice must therefore be avoided.

Appendix

War and Peace. First pages of Volume Three. Part One     Tolstoy’s philosophical thoughts on historical causality, on the role of Great Men in history and on day one of the invasion.

“From the end of 1811 there began a strengthened arming and concentration of forces of Western Europe and in 1812 these forces – millions of people (taking into account those who transported and fed the army) moved from West to East, to the borders of Russia to which precisely as in 1811 the forces of Russia were drawn. On 12 June the forces of Western Europe crossed the borders of Russia and war began, i.e.an event occurred which went against human reason and against all of human nature. Millions of people did to one another such countless evil deeds, deceptions, betrayals, theft, counterfeit and release of fake bank notes, stealing, arson and murders which for whole centuries you do not find in the chronicles of all courts of the world and for which in this period of time the people who perpetrated them did not view them as crimes.

“What produced this unusual event? What were its causes?  Historians with naïve certainty say that the causes of this event were the offense given to the Duke of Oldenburg, the failure to observe the Continental system, the thirst for power of Napoleon, the firmness of Alexander, the errors of diplomats, etc.

“Consequently, you needed only that Metternich, Rumyantsev or Talleyrand, between the going forth and the rout, had to try harder and write some paper more skillfully or for Napoleon to write to Alexander: “Sir, my brother, I agree to accord the duchy to the Duke of Oldenburg,” and there would have been no war.

91uKdHKNBzL.jpg“It is understandable that it seemed to be the case to contemporaries. It is understandable that to Napoleon it appeared that the cause of the war was the intrigues of England (as he said on the island of St Helena); it is understandable that to members of the English House of Commons it appeared that  the cause of the war was the thirst for power of Napoleon; that to the prince of Oldenburg it appeared that the cause of war was the violence committed against himself; that to merchants it appeared that the cause of war was the Continental system, which ruined Europe; that to the old soldiers and generals it seemed that the main cause was the need to use them in the affair; to the legitimists of that time it was necessary to restore the proper principles, and to the diplomats of that time, everything resulted from the fact that the alliance of Russia with Austria in 1809 was not sufficiently skillfully concealed  from Napoleon and the memorandum No. 178 was clumsily written. It is understandable that these and still countless more reasons, whose number depends on countless different points of view, appeared to contemporaries; but for us – the descendants who see the enormity of the event and are looking into its simple and terrible sense, – these causes are insufficient. For us it is not clear that millions of people- Christians – killed and tortured one another because Napoleon was thirsty for power, Alexander was firm, the policy of England was crafty and the Duke of Oldenburg was offended. We cannot understand the connection between these circumstances and the fact of murder and violence; why in consequence of the fact that the duke was offended thousands of people from one end of Europe killed and destroyed people of Smolensk and Moscow provinces and were killed by them.

For us, the descendants – not historians, not carried away by the process of searching and therefore with undimmed common sense contemplating the event, the causes seem to be countless in number.  The more we get into the search for causes, the more they are revealed to us and every cause taken separately or a whole array of causes seems to us to be equally just by themselves, and equally false in their insignificance by comparison with the enormity of the event and equally false due to their inability (without the participation of all the other coincidental causes) to create the event which took place. Such a cause as the refusal of Napoleon to move his troops back beyond the Vistula and to give back the duchy of Oldenburg seems to us to rank with the refusal of the first French corporal to enroll for a second tour of duty: for if he did not want to go into the service and did not want a second tour and a third tour and the thousandth corporal and soldier there would be so many fewer people in the army of Napoleon and the war could not have been.

“If Napoleon had not been insulted by the demand that he move back beyond the Vistula and had not ordered his troops to advance, there would not have been a war; but if all the sergeants had not wanted to go for a second tour of duty war also would not have been possible. Also there could not have been a war if there were no intrigues by England and if there was no prince of Oldenburg and the feelings of insult in Alexander, and if there were no autocratic power in Russia, and if there had been no French revolution and the dictatorships and empire which followed from it, and everything that produced the French revolution, and so forth. Without one of these causes nothing could have been. And so these causes, all of them, billions of causes, came together for what happened to occur.  And consequently nothing was the exclusive cause of the event, but the event had to happen only because it had to happen. Millions of people had to abjure their human feelings and their reason, going to the East from the West and killing people like themselves, just as several centuries before that crowds of people went from the East to the West and killed people like themselves.

“The actions of Napoleon and Alexander, from whose words it would seem the event took place or would not take place – were also no more arbitrary than the action of each soldier who went on the campaign by drawing lots or by recruitment. It could not be otherwise because for the will of Napoleon and Alexander (people upon whom, it seemed, the event depended) to be executed it was necessary that there be a coincidence of innumerable circumstances without one of which the event could not be carried through.  It was necessary that millions of people in the hands of which there was real power, the soldiers who shot, carried the provisions and cannon, they had to agree to carry out the will of the singular individuals and weak people and they were brought to this by an innumerable number of complex and diverse reasons.

“Fatalism in history is inevitable to explain unreasonable phenomena (i.e., those whose reasonableness we cannot understand). The more we try to reasonably explain these phenomena in history, the more they become unreasonable and incomprehensible for us.

“Every person lives for himself, uses his freedom to achieve his own personal objectives and feels by his whole being that he can now do or not do some action; but as soon as he does it, this action completed at a certain moment in time becomes irreversible and becomes the property of history, in which it has not a free but a predetermined significance.

“There are two sides to life in each man: his personal life, which is freer the more abstract are his interests, and the elemental life where man inevitably performs what the laws prescribe for him.

“Man consciously lives for himself, but serves as an unconscious tool for the achievement of historical, general human goals. The act completed is irreversible, and his action, coinciding in time with millions of actions of other people, receives historic significance. The higher a man stands on the social ladder, the more he is bound up with big people, the more power he has over other people, the more obvious is the predetermination and inevitability of his every action.”

“The tsar’s heart in in God’s hands.”

“The tsar is the slave of history”

tsar-alexandre-ier-biographie-napoleon.jpg“Napoleon, despite the fact that more than ever before in 1812 it seemed to him that it depended on him whether to spill or not to spill the blood of his peoples (as Alexander wrote to him in his last letter),never more than now did he submit to those inevitable laws which forced him (acting in relation to himself, as it seemed to him, by his arbitrary choice) to do for the common cause, for history, what had to be done.

“The peoples of the West move to the East to kill one another. And by the law of coincidence of causes it happened on its own and coincided with this event that there were thousands of small causes for this movement and for the war: rebuke over nonobservance of the Continental system, and the duke of Oldenburg, and the movement of troops into Prussia undertaken (as it seemed to Napoleon) only to achieve an armed peace, and the love and habits of the French emperor for war coinciding with the predisposition of his people, the attraction to grandeur of preparations, and the expenses on preparations, and the need to acquire advantages which would justify these expenses, and the ……millions and millions of other causes which underlay the event and coincided with it.

“When the apple falls, why does it fall? From the fact that it is drawn to the earth, from the fact that the stem dries out, from the fact that it is dried by the sun; that it grows heavy, that the wind shakes it, from the fact that a boy standing underneath it wants to eat it?

“Nothing is the cause. These are just the coincidence of conditions under which any live, organic and elemental event occurs. And the botanist who finds that the apple falls because its cells decompose, etc. will be just as correct and just as incorrect as the child standing underneath who says that the apple fell because he wanted to eat it and prayed for this. Just as right and wrong will be the person who says that Napoleon went to Moscow because he wanted this and he was ruined because Alexander wanted his destruction: both right and wrong will be the person who says that an excavated hill weighing a million poods fell because the last worker struck it the last time with a pick. In historical events so called great men are labels which give a name to the event, which like labels have least of all any connection with the event.

“Every action by them which seems to them to be arbitrary and for themselves in historical sense is not arbitrary but is bound up with the whole course of history and has been determined eternally.”

29 May 1812 [Old Style] Napoleon left Dresden where he spent three weeks surrounded by his court.

“Although diplomats still firmly believed in the possibility of peace and worked hard with this goal, despite the fact that the emperor Napoleon himself wrote a letter to emperor Alexander calling him Monsieur mon frère and sincerely assuring him that he did not want war and always would love and respect him – he went to the army and gave at every station new orders aimed at speeding up the movement of the army from west to east. He traveled in a carriage pulled by six horses, surrounded by pages, adjutants and a convoy on the road to Posen, Torn, Danzig and Koenigsberg. In each of these cities thousands of people met him with thrill and delight.

“The Army moved from West to East and exchange teams of horses bore him there. On 10 June [Old Style] he reached the army and spent the night in the Wilkovis forest in an apartment prepared for him in the estate of a Polish count.

“The next day Napoleon caught up with the army and in a carriage approached the Nieman so as to inspect the place of crossing. He changed his dress into a Polish uniform and went out onto the shore.

“Seeing on the other side Cossacks and the Steppes spreading out, in the middle of which was Moscow, the Holy City, the capital of a state like the Scythian state, where Alexander of Macedon had gone. Napoleon, unexpectedly for everyone and against both strategic and diplomatic considerations, ordered the attack and on the next day his troops began to cross the Nieman.”


Russia Insider Tip Jar - Keep truth alive!

 

samedi, 12 septembre 2020

Nord Stream 2 menacé : quels enjeux pour l’Europe?

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Nord Stream 2 menacé : quels enjeux pour l’Europe?

Ex: https://www.katehon.com

Le projet de gazoduc Nord Stream 2 n’a jamais semblé aussi proche d’être abandonné, sous la pression de facteurs politiques. Mais pourquoi et qui gêne-t-il tant, et qu’aurait l’Europe à perdre ou à gagner, en y renonçant, à deux tuyaux du but ?

Alors que sa construction est achevée à près de 95%, le gazoduc sous-marin Nord Stream 2 est plus proche que jamais d’être abandonné par ses promoteurs. Les oppositions constantes à ce projet d’infrastructure énergétique russo-européen – de la part des Etats-Unis et de certains pays d’Europe orientale – ont, depuis l’«affaire Navalny», trouvé de nouveaux renforts.

En France, alors que la compagnie Engie – dont l’Etat est actionnaire majoritaire – est investie dans Nord Stream 2 pour près d’un milliard d’euros, le président de la République Emmanuel Macron a confié, fin août, à des journalistes de l’Association de la presse présidentielle ses «réserves» sur la construction du gazoduc. Pour Emmanuel Macron «l'approche qu'on doit avoir auprès de la Russie» ne devait pas «se nourrir d'un accroissement de notre dépendance». Une allusion au doublement de la capacité d'exportation de gaz russe vers l'Allemagne que permettrait l'achèvement de Nord Stream 2.

En Allemagne, le ministre des Affaires étrangères qui s’indignait encore récemment des menaces américaines contre Nord Stream 2, et martelait que «La politique énergétique européenne [était] décidée en Europe et non aux Etats-Unis», a changé de ton depuis l’empoisonnement présumé de l’homme politique russe Alexeï Navalny. Dans une interview accordée au supplément dominical du quotidien allemand Bild publiée le 7 septembre, Heiko Maas a ainsi concédé :«J'espère vraiment que les Russes ne nous forceront pas à changer de position sur Nord Stream 2.» 

Norbert Röttgen, président de la commission des affaires étrangères de l'Allemagne au Bundestag et candidat à la direction de la CDU – et donc potentiel successeur d’Angela Merkel – est allé plus loin en appelant, le 3 septembre sur Twitter, à renoncer à ce projet: «Après l'empoisonnement de Navalny, nous avons besoin d'une réponse européenne forte, ce que Poutine comprend. L'UE devrait décider conjointement d'arrêter Nord Stream 2.» 

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L'Ukraine au cœur du problème pour Washington et Varsovie 

Aux Etats-Unis, un consensus politique s’est forgé de longue date au Congrès entre Républicains et Démocrates contre ce projet de gazoduc d’un coût de 10 milliards d’euros, dirigé par Gazprom et co-financé par le géant russe du gaz avec cinq acteurs majeurs de l’énergie européens : les allemands Uniper (groupe E.ON) et Wintershall (groupe BASF), l’anglo-néerlandais Shell, l'autrichien OMV et le français Engie. 

Dès le départ ce consensus contre Nord Stream 2 a été lié à l’Ukraine. Un pays que les Etats-Unis souhaiteraient intégrer dans l’Otan, arrimer à l'Union européenne, et par lequel transite encore une part importante du gaz russe exporté en Europe. 

En janvier 2016, donc avant l’élection de Donald Trump, le président ukrainien s’était réjoui de sa rencontre au Forum de Davos avec le vice-président des Etats-Unis qui était alors Joe Biden, aujourd'hui candidat à l’élection présidentielle. Sur son compte twitter, Petro Porochenko pouvait écrire : «Lors d’un entretien avec @VP [le compte officiel du vice-président des Etats-Unis, qui était alors Joseph Biden] il a été clairement dit que le projet Nord Stream 2 était purement politique et que nous devions agir de manière efficace pour y mettre un terme.» 

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Depuis l’élection de Donald Trump, le ton s’est durci et le 20 mars 2018 la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert (photo) lors d'une conférence de presse a martelé: «Comme beaucoup de gens le savent, nous nous opposons au projet Nord Stream 2, le gouvernement américain s'y oppose», ajoutant que Washington ferait tout ce qui est en son pouvoir pour faire capoter le projet russo-européen de gazoduc. 

Nord Stream 2 permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine pour le transit de gaz vers l'Europe, ce qui priverait l'Ukraine de revenus de transit substantiels et augmenterait sa vulnérabilité à l'agression russe

En 2019, le Département d’Etat a publié sur son site une note qui résume la position américaine officielle à propos de Nord Stream 2 qualifié d’«outil que la Russie utilise pour soutenir son agression continue contre l'Ukraine». 

La diplomatie américaine estime aussi que «Nord Stream 2 permettrait à la Russie de contourner l'Ukraine pour le transit de gaz vers l'Europe, ce qui priverait l'Ukraine de revenus de transit substantiels et augmenterait sa vulnérabilité à l'agression russe». 

Enfin, pour la diplomatie américaine : «Nord Stream 2 contribuerait également à maintenir la forte dépendance de l’Europe à l’égard des importations de gaz naturel russe, ce qui crée des vulnérabilités économiques et politiques pour nos partenaires et alliés européens.» 

«Partenaires et alliés européens» 

Et dans sa guerre diplomatique contre Nord Stream 2, Washington peut compter sur des alliés au cœur même de l’Union européenne. Dès 2015, alors que l’Allemagne n’avait pas encore donné son accord officiel au projet, dix Etats baltes et d’Europe centrale et orientale ont envoyé un courrier à la Commission européenne, dans lequel ils affirmaient que «l'extension de Nord Stream pour livrer des volumes croissants de gaz en Allemagne pourrait avoir de graves conséquences pour les pays de l'UE et Kiev». 

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Dans leur lettre ces pays affirmaient que la préservation de la voie de transport à travers l'Ukraine était «d'intérêt stratégique pour l'UE dans son ensemble, non seulement du point de vue de la sécurité énergétique, mais également une stabilité renforcée de la région Europe de l'Est». Un discours surprenant, dans la mesure où les relations complexes entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’entre Gazprom et la compagnie d’Etat Ukrainienne NaftoGaz, ont conduit à de multiples interruptions des livraisons de gaz à ces pays y compris pendant des périodes hivernales. Des incidents qui contredisent au mois la notion de «sécurité énergétique» invoquée.

Parmi ces opposants au projet de gazoduc russo-européen qui se recrutent principalement dans la «Nouvelle Europe» vantée par le ministre de la Défense des Etats-Unis en 2003 James Rumsfeld, la Pologne se distingue par son ardeur. En janvier 2018 son ministre des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz affirmait au quotidien allemand Handelsblatt que Nord Stream 2 était «en train de tuer l'Ukraine» et expliquait déjà : «Si le transit du gaz russe via l'Ukraine prend fin, le pays ne perd pas seulement des revenus importants, il perd également la garantie de protection contre une nouvelle agression russe.» Une analyse que l'on retrouvera au mot près dans la note du Département d’Etat américain.

A propos de l’Ukraine, Nord Stream 2 a effectivement été conçu pour la contourner et éviter les risques de complications politiques et commerciales qui ont abouti à des ruptures temporaires de livraisons lors des hivers 2006 et 2009, sans compter une multitude d’incidents au cours des années suivantes. Le renouvellement de l’accord de transit décennal via l’Ukraine, qui prenait fin en décembre 2019, a fini par être signé à 24 heures du réveillon de la nouvelle année, après de très âpres négociations qui ont nécessité l’implication forte de la Commission européenne. Mais la Russie n’a accepté de signer que pour cinq ans et avec des volumes minimaux de transport en nette réduction par rapport à la moyenne des années précédentes. Une période de transition vers la marginalisation programmée du transport de gaz russe via l’Ukraine ?

Priorité à l'exportation de ressources énergétiques américaines 

Depuis longtemps le gouvernement allemand voit dans la pression américaine contre Nord Stream 2 un but avant tout commercial : imposer au marché européen un gaz naturel liquéfié aux Etats-Unis et transporté par méthaniers à travers l'Atlantique en remplacement du gaz russe. 

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Nous estimons qu'il est inacceptable qu'une loi [américaine] puisse demander aux Européens de renoncer au gaz russe pour nous vendre du [gaz] américain à la place, à un prix bien plus élevé

Heiko Mass s’en était déjà offusqué, lors d’une visite à Moscou en juin 2017, déclarant selon le quotidien allemand Handelsblatt : «Nous estimons qu'il est inacceptable qu'une loi [américaine] puisse demander aux Européens de renoncer au gaz russe pour nous vendre du [gaz] américain à la place, à un prix bien plus élevé». Le chef de la diplomatie allemande évoquait les nouvelles sanctions contre la Russie adoptées par le Sénat américain à la mi-juin, et notamment un amendement précisant : «Le gouvernement des Etats-Unis devrait donner la priorité à l'exportation de ressources énergétiques [américaines] afin de créer des emplois américains, aider les alliés et les partenaires des Etats-Unis et renforcer la politique étrangère [américaine].» 

Le 18 mai 2018, lors d’une interview à la chaîne de télévision allemande ARD, le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier livrait à son tour son analyse : «Ils ont une importante infrastructure de terminal de gaz naturel liquéfié dont ils veulent tirer profit […] mais leur GNL [gaz naturel liquéfié] sera nettement plus cher que celui du gazoduc ...» 

«Nord Stream 2 contribuera à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe occidentale»

L’indépendance énergétique de l’Europe est-elle menacée par la Russie comme le martèlent les responsables américains ? Nord Stream 2 ou pas, elle importe de toute façon plus de la moitié (55%) de son énergie et cette proportion devrait augmenter dans les prochaines années. En effet, les réserves européennes, comme celles du gaz de la mer du Nord, sont en train de s’épuiser. Or, la Russie effectivement, occupait en 2018, la première place des fournisseurs de pétrole et de gaz de l'Europe avec respectivement 29,8% et 40,1% de part de marché. Loin devant l’Irak (8,7%) et l’Arabie saoudite (7,4%) pour l’or noir, ainsi que la Norvège (18,5%), l’Algérie (11,3%) et le Qatar (4,5%) pour l’or bleu. 

Pourtant, à rebours des déclarations américaines ou est-européennes, certaines voix en Europe estiment que «Nord Stream 2 contribuera à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe occidentale», comme le disait en juillet 2016 à RT France Gérard Mestrallet, pdg de Engie de 2008 à mai 2016, et président de son conseil d’administration jusqu’en mai 2018. 

«Depuis quelque temps, expliquait-il, la production du gaz est en déclin en Europe et notamment en Mer du Nord, au Royaume-Uni comme aux Pays-Bas. Nous serons donc obligés d’accroître les importations. Il faudra couvrir le déficit à l’aide d'exportations en provenance de Russie, ce qui exige une infrastructure appropriée. C’est pour cela que nous soutenons le Nord Stream 2 et sommes prêts à investir dans ce projet.» 

Le gaz russe qui passe par des pipelines offre en outre l’avantage de la stabilité de prix et de fourniture, grâce à des contrats pluriannuels que ne peuvent efficacement concurrencer des livraisons de gaz liquéfié avec, pour leur transport par voie maritime, une empreinte carbone très défavorable par rapport à des tuyaux sous-pression. 

Le gaz russe est surtout une priorité pour l’Allemagne qui a renoncé au nucléaire et doit réduire sa consommation importante de charbon. Elle reçoit déjà par le premier tronçon Nord Stream 1, inauguré en 2012, près de 55 milliards de mètres cubes de gaz par an. Et Nord Stream 2 doit permettre de doubler cette capacité, la portant à 110 milliards de mètres cubes, soit plus de la moitié du volume des exportations actuelles de gaz de Gazprom vers l’Europe. 

Au titre de l'année 2019, Gazprom revendique 199 milliards de mètres cubes de gaz exportés vers l'Europe, dont les deux tiers via des réseaux de conduites terrestres qui traversent l'Ukraine ou… la Biélorussie, des pays qui prélèvent des frais de transit substantiels et ont des relations complexes avec la Russie. 

Ivan Lapchine

Source : RT France

Les noces arrangées Navalny-NordStream 2

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Les noces arrangées Navalny-NordStream 2

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Nous donnons ci-dessous deux textes, qu’il importe de lire avec la plus extrême attention et surtout, surtout, en n’en croyant même pas un demi-mot puisqu’il s’agit de deux textes d’origine russe, l’un de Spoutnik-France , l’autre de RT-France. Qui plus est le second met en scène Zemmour, Eric, agent bien connu et toujours jeune de la très-vénérable Tchéka. Toutes les pièces du dossier sont donc prêtes pour prononcer le verdict avant même que le procès n’ait lieu, rendant inutile de se dépenser en un procès dont le verdict est connu d’avance puisqu’il n’y a pas matière à procès. Il s’avère donc que, bien que n’ayant pas encore sauvé la civilisation dont il est le soutien et le souteneur tout nûment, le bloc-BAO a inventé le mouvement perpétuel. Il en fait le meilleur usage du monde.

Le procès qui n’aura pas lieu, c’est celui du coupable, l’effroyable et infernal trio-maléfique, Moscou-Poutine-FSB, en présence de l’attentat innommable contre Navalny. Puisque le sacrilège est si évident tel qu’on l’a décrit, on est passé directement aux applications diverses de la peine, laquelle passe essentiellement, – très joyeuse nouvelle pour les familles respectives, – par une noce arrangée des culpabilités, entre Navalny et le projet quasi-terminée de gazoduc sous-marin entre la Russie et l’Allemagne, NordStream 2. C’est donc à ce niveau qu’il faut traiter l’affaire.

Au départ, donc, l’attaque contre le malheureux Navalny : montage complet bien entendu, business as usual et toujours les mêmes amateurs au boulot (selon PhG : « On sait depuis longtemps, depuis les trouvailles fameuses de la CIA ridiculisant le secrétaire d’État Powell devant l’ONU en 2003, que les officiers des ‘services’ ont véritablement adopté les godillots des Dupont-Dupond lorsqu’il s’agit de fabriquer des bidouilleries faussaires. ») Il n’empêche et malgré les grognements cyniques et le scepticisme défaitiste de PhG, l’affaire Navalny nième version a été bel et bien lancée début septembre.

Le 3 septembre 2020, Karine Bechet-Kolovko (nommons-là KBK de ses initiales, cela permettra aux organes de ‘désintoxication’ de Libé et du Monde d’annoncer la création d’un nouveau services de subversion russe, chargé de ‘K’, qui est une lettre douteuse et subversive), – KBK donc, qui n’est en général pas si tendre que cela pour Poutine et sa politique qu’elle juge trop laxiste, nous annonçait fort justement et à propos :

« Ca y est, l’opération Navalny tourne à plein régime. Merkel l'a déclaré : la Russie a empoisonné Navalny au Novichok, il n'y a aucun doute. Et comme c'est la Russie, elle doit reconnaître les faits. Et comme il n'y a aucun doute, il n'est pas nécessaire de présenter les preuves. Quant à savoir pourquoi un produit si toxique et volatil a réussi à ne toucher absolument personne dans l'entourage de Navalny, ni dans l'avion, ni dans l'hôpital à Omsk, cela doit faire partie des mystères de la géopolitique. En attendant, la communauté internationale prépare sa ‘réponse’, autrement dit continue son attaque contre la Russie. »

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Le lendemain 4 septembre 2020, le même PhG, nous voulons dire dans le même texte déjà référencé, nous faisait part de ses espoirs que la crétinerie cosmique des amateurs et la crétinerie complète de leurs montages étaient telles que cette affaire Navalny n’iraient pas très loin malgré la goinfrerie zombiesque de la presseSystème à cet égard...

« Cette ‘mécanique’, celle qu’est la presseSystème, ou mainstream outre-Atlantique, fonctionne à cet égard effectivement comme une entité absolument fiable et superbement apprêtée, démarrant au quart de tour, sans demander son reste ni se préoccuper des restes. Pour elle, pour la presseSystème et ses bataillons obéissants, la culpabilité russe est l’existence qui précède l’essence, et au-delà, pour le prochain ‘crime d’État’ de Poutine & Cie, l’essence qui précède l’existence. La culpabilité russe existe avant même que ne soit connu et encore moins commis le crime, tout comme le communiqué de dénonciation du bloc-BAO.
» Tout juste mais tout de même, pourra-t-on noter qu’il existe cette fois un peu moins de place faite à la dernière monstruosité poutinesque, cette narrative Navalny-Novichok, dans le cours de la communicationSystème, essentiellement pour cause de crises diverses en cours qui doivent être régulièrement alimentées et mises en scène avec une durabilité sans faille, et qui prennent leurs aises dans la susdite communication. (Je veux parler des stars de la GCES : Covid19 et dépression à suivre, Grande Émeute2020, etc.) »

Las, c’était sans compter sur l’effronterie et le sens de l’à-propos dans les coups fourrés de Pompeo et de soin ancienne CIA, et sur l’absence de limites de la ‘goinfrerie zombiesque’ de la presseSystème. En effet, aussi incroyable que cela paraissait au départ en regard de la légèreté grossière de l’affaire Navalny et du poids énorme du gazoduc, comme signalé plus haut les familles réussirent à rassembler les deux partis et à annoncer un mariage de convenance entre le pseudo-‘dissident principal’ russe et NordStream 2.

Outre les surprises de l’amour (celui de Navalny-NordStream 2), PhG n’avait pas prévu, dans sa dénonciation de la sottise cosmique des amateurs des ‘services’ anglo-saxons, qu’il y a une sottise encore plus grande et une couardise à mesure du côté européen, et particulièrement de l’Allemagne, dont on nous annonce régulièrement la renaissance de sa puissance, au moins depuis la réunification, et peut-être même depuis les euromissiles de 1979 et la complicité Mitterrand-Kohl de 1982. Rien du tout : l’Allemagne de Merkel est encore plus sotte et plus soumise à ses ‘valeurs’ que lui suggèrent la CIA par courrier diplomatique et la NSA par l’intermédiaire de son portable. Exécution, donc, ‘selon le plan prévu’, et l’affaire Navalny déboule en cascade sur la nécessité absolue, pour sauver la liberté du monde et les Lumières toujours brûlantes de la civilisation, de liquider NordStream 2 pour aider le brave Navalny à se remettre complétement sur pied et à se remettre à savourer sa dose quotidienne de Novichok.

(A propos, pour ne pas oublier la distribution des sucettes en chocolat et pour expliquer sa présentation au Prix Nobel de la Paix 2020, Trump tient à nous rappeler que “c’est moi qui ait eu le premier l’idée” [de couler NordStream 2].) «

Pour autant et en fonction des développements qui nous sont contés dans les textes ajoutés à celui-ci, nous vient comme un des derniers événements en date la bienheureuse possibilité que cette crise-simulacre devienne une vraie crise... La même et avisée KBK déjà citée ci-dessus nous avertit ce 10 septembre 2020 de cette chose intéressante que si le montage se poursuit de façon aussi dramatiquement ridicule du côté du bloc-BAO, il y a désormais le risque d’une grave “crise internationale”, du fait des Russes qui commence à être incommodés. Cela serait en effet la meilleure chose du monde, si, pour une fois en tous cas et peut-être enfin pour “une bonne fois“, les Russes poussaient les feux jusqu’à une vraie-de-vraie ‘grave crise internationale’.

« Au regard de la poussée d'hystérie en Occident autour de l'affaire Navalny, des déclarations agressives du G7 envers la Russie et de l'implication de l'OIAC, la Russie a décidé de réagir fermement. Le ministère des affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur allemand pour lui remettre une note de protestation. Puisqu'à ce jour aucune analyse n'a été transmise aux autorités russes, Navalny est quand même citoyen russe, si les autorités russes ne reçoivent pas les documents demandés, elles considéreront cela comme une provocation hostile, avec toutes les conséquences qui, logiquement, en découlent, faisant reposer la responsabilité de cette crise internationale, non seulement sur l’Allemagne, mais aussi sur l'OTAN et l'UE. A suivre. »

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Enfin, et pour en terminer avec le dossier KBK, il faut signaler la toute-toute dernière nouvelle qu’elle (KBK) a mise en ligne, ce 11 septembre 2020 d’aujourd’hui et de l’anniversaire sacrée que l’on sait, à savoir l’étonnement des Russes relevant que le Conseil de l’Europe avait mis au mois d’août, à son ordre du jour pour la rentrée, le cas Navalny, et cela bien avant que la santé de ce héros de la démocratie ait été mise en péril par cette subversive action dix mille fois russe. L’explication par l’hypothèse du don de voyance du Conseil de l’Europe offerte par KBK ne peut être écartée ; non seulement son sérieux est avéré puisqu’il s’agit du bloc-BAO et de ses vertus, mais il l’est doublement parce qu’il sera assuré, dès lors qu’il s’agit (le Conseil de l’Europe) d’un organe du bloc-BAO, que l’origine du don est elle-même avérée comme vertueuse et divine, donc très-très au-dessus de tout soupçon.

« Une information aussi surprenante que significative vient d’être dévoilée par le chef de file de la délégation russe à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe : dès le mois d'août, avant que l'on ne sache ce qui se passe avec Navalny, l'ordre du jour des séances prévoyait à la rentrée une discussion ... sur Navalny. Si le politiquement correct nous oblige à écarter la voie de la mise en scène concertée de l'exfiltration du blogueur-opposant et de la relance de l'attaque de la Russie, il ne reste qu'une seule explication possible : le Conseil de l'Europe a recours à des voyants ... C'est tout aussi plausible que le Novichok.
» Pietr Tolstoï, à la tête de la délégation russe à l’APCE vient de faire une déclaration qui, à n’en pas douter, passera inaperçue dans les médias occidentaux. Et pour cause.
» “Pour moi, ça a été particulièrement surprenant de voir, encore en août, à l'ordre du jour des séances de la commission des questions juridiques et des droits de l’homme un point prévoyant la discussion de ce sujet (Navalny). Alors qu’à ce moment, il n'y avait absolument aucune information sur l'état de santé de Navalny et ni sur son diagnostic. (...) Il a été demandé aux collègues européens une aide concertée dans l'enquête sur l’incident avec le blogueur Navalny, pour que par la suite, il soit possible de discuter de la confirmation des faits et non pas des rumeurs.” »

Voilà, nous allons nous arrêter là pour l’instant, en attendant les résultats de l’interrogatoire de Navalny par la police russe (en Allemagne, rien que ça !), – lequel interrogatoire sera sans doute refusé pour cause de pandémie Covid19 accompagnant toute diffusion du Novichok. L’on pourrait poursuivre en détaillant le brio de l’intelligence et de l’héroïsme des membres de l’UE, de l’OTAN et du bloc-BAO, décidés à défendre jusqu’au sacrifice suprême le modèle civilisationnel dont les crises à répétition prouvent le bien-fondé et la vertu sans limites. Nous sommes pour l’instant, et pour ce commentaire, un peu découragés par l’amas sans fin de vertus et de brio. Pour un peu de détente, nous préférons laisser l’attention du lecteur se disperser et prendre un peu d’aise avec les textes subversifs et absolument catastrophiques, détestables, déplorables et pitoyables... Voici donc successivement :

« Arrêt du Nord Stream 2: une sanction européenne contre la Russie à double tranchant », de Maxime Perrotin, sur Spoutnik-français le 10 septembre 2020, et ;
« Navalny, la Biélorussie et la CIA : cris d’orfraie après les propos de Zemmour sur CNews », à propos du galopin mucho-subversif remis à sa place par quelques beaux et scintillants esprits EnMarche, sur RT-France le même 10 septembre 2020.
dedefensa.org

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Le double tranchant de NordStream 2

Les appels à interrompre le projet Nord Stream 2 se multiplient, en guise de sanction à l’encontre de la Russie, accusée de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny. Mais cet arrêt du projet profiterait avant tout à ses principaux concurrents, Américains en tête, qui mettent tout en œuvre pour couler le gazoduc avant sa mise en service.

Nord Stream 2 verra-t-il le jour? Le mégaprojet de gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne en passant par la mer Baltique est aujourd’hui sur la sellette, du fait de l’affaire Navalny.

Depuis l’annonce le 2 septembre, par Angela Merkel, que le gouvernement allemand détiendrait la preuve qu’Alexeï Navalny aurait été victime d’un empoisonnement, les appels à remettre en cause le projet de gazoduc se multiplient jusque dans le camp de la chancelière allemande. Alors qu’elle répétait le 1er septembre, face aux menaces de sanctions américaines, son attachement à ce projet entériné en 1997, Angela Merkel a finalement depuis ouvert la porte à son éventuel arrêt.

«Cela serait une première, car cela traduirait un gâchis important», réagit pour Sputnik Jacques Percebois, directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN).

En effet, s’il n’est pas exceptionnel que des projets de pipeline ne voient pas le jour (tel South Stream, qui devait relier la Russie à l’Europe occidentale), le professeur émérite à l’université de Montpellier souligne qu’il est en revanche beaucoup plus rare que des projets mis en chantier soient annulés en cours de route. Nord Stream 2, qui passe par la mer Baltique, est déjà achevé à plus de 95%, sa mise en service étant prévue début 2021.

Ainsi, une telle décision politique s’accompagnerait-elle d’une casse financière considérable pour les compagnies européennes ayant participé à ce projet: le français Engie, l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et les allemands Uniper et Wintershall. Sur les 10 milliards d’euros investis dans gazoduc, chacune d’entre elles a mis environ un milliard sur la table, le solde ayant été apporté par le russe Gazprom.

Des compagnies européennes qui sont déjà sous le coup de sanctions américaines. En effet, Nord Stream 2 aurait dû être mis en service en janvier 2020, mais des sanctions adoptées par le Congrès américain fin 2019 à l’encontre des compagnies prenant part à la construction du pipeline ont in extremis interrompu le chantier en provoquant le retrait de la compagnie helvético-néerlandaise Allseas, chargée de construire la section offshore du projet.

Suite à la reprise du chantier, qui enregistre ainsi un an de retard, les Américains ont décidé en juillet d’élargir leurs sanctions à l’égard de toutes les compagnies impliquées d’une manière ou d’une autre (armateurs, assurances, autorités portuaires, organismes de certification, etc.) dans Nord Stream 2, et ce d’une manière rétroactive. Comme le précisait alors à Sputnik la société Nord Stream 2 AG, opérateur du gazoduc, ce dernier fait travailler pas moins d’un millier d’entreprises originaires de 25 pays.

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Des sanctions présentées par les élus américains comme une mesure de «dissuasion contre l’agression russe», dans le contexte de la crise ukrainienne et contre un Nord Stream 2 dépeint comme «une menace pour la sécurité énergétique européenne», car il offrirait au Kremlin un levier de pression. Un dernier argument «pas très crédible» aux yeux de Jacques Percebois, qui rappelle la diversification amorcée en Europe, couplée à la démultiplication des sources d’approvisionnement en gaz à travers le monde. Pour le président du CREDEN, les Européens ne doivent pas être dupes des intentions de Washington.

«L’indépendance énergétique de l’Europe, c’est un paravent derrière lequel les États-Unis s’abritent. La vraie raison derrière, c’est qu’ils souhaitent exporter vers l’Europe du gaz sous forme liquide [gaz naturel liquéfié (GNL), ndlr]. Tout ce qui sera acheté en Russie ne sera pas acheté aux États-Unis. Il ne faut pas se voiler la face!»

De fait, au premier rang de ces nouvelles sources d’approvisionnement en hydrocarbures figurent les producteurs américains, qui ont bousculé le jeu mondial ces dernières années. Portés par la révolution du pétrole et du gaz de schiste, les États-Unis sont rapidement devenus les premiers producteurs de la planète tant de pétrole que de gaz.

Un statut qui va de pair avec certaines ambitions en matière d’exportations, malgré son coût. Lors du premier forum économique sur l’énergie organisé par l’UE et les États-Unis, le 2 mai 2019, Rick Perry, secrétaire d’État américain à l’Énergie, vantait les qualités de son GNL: « Bien que plus cher que le russe », soulignaient nos confrères du Figaro à l’époque, « celui-ci est “fiable” et synonyme de “liberté” pour les Européens.»

C’est dans cette optique qu’il faut comprendre que Trump a déclaré à la presse, le 7 septembre dernier, qu’il a «été le premier à émettre l’idée» d’asséner un coup fatal au projet Nord Stream 2, qui doit doubler les fournitures de gaz russe à l’Allemagne. L’affaire Navalny tombe donc à pic pour l’industrie gazière américaine.

Autres pays, cette fois-ci en Europe, qui brandissent l’argument d’une augmentation de la pression russe sur les Européens via le levier du gaz: les pays baltes, la Pologne ou encore l’Ukraine. Ces deux derniers pays, pour l’heure, profitent de la manne financière que leur procure le transit par leur territoire… de ce même gaz russe. «Il est toujours prévu qu’il en passe un peu, mais à partir du moment où Nord Stream 2 va entrer en fonctionnement, on n’aura plus besoin de l’Ukraine», précise Jacques Percebois.

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La Pologne est elle-même active en matière de sanctions à l’encontre des entreprises participant à Nord Stream 2. Varsovie a notamment infligé 40 millions d’euros d’amende à Engie après le refus «sans fondement légal» du groupe français de communiquer aux autorités polonaises des détails sur le financement du projet gazier. Aujourd’hui, la Pologne n’hésite pas à brandir l’argument de la préservation de l’environnement. Un positionnement qui peut surprendre au regard de son statut de l’un des plus gros pollueurs européens, notamment du fait de sa consommation record de charbon. Un argument écologique à l’encontre de Nord Stream 2 également repris depuis quelques jours par une partie de la presse française, qui appelle à mettre un terme à un projet «climaticide», ou encore de le renvoyer «dans les dents de Vladimir Poutine».

Pourtant, comme le souligne Jacques Percebois, en cas de non-aboutissement du projet Nord Stream 2, le plan de sortie du charbon de l’Allemagne (deuxième consommateur européen derrière la Pologne depuis sa décision de sortir du nucléaire) à l’horizon 2038 sera lui aussi remis en cause. «Le gaz a une vertu, c’est que c’est la moins polluante des énergies fossiles», souligne le directeur du CREDEN, avec deux fois moins de CO² émis par kilowattheure produit par rapport au charbon.

«Le charbon, c’est un peu moins de 30% de la production d’électricité en Allemagne. S’il n’y a pas ce gaz russe, cela veut dire qu’on va maintenir plus longtemps les centrales à charbon. [14: 35] Renoncer au projet, cela veut dire retarder l’arrêt des centrales à charbon», met-il en garde.

Cependant, l’impact du gaz naturel sur l’environnement est amplifié par la liquéfaction du gaz lui-même, un processus gourmand en énergie, ce qui «pose la question du bien-fondé d’une augmentation des livraisons de gaz liquéfié, par exemple depuis les États-Unis», soulignait dans un article, pourtant critique à l’encontre du Nord Stream 2, Maxime Filandrov, consultant en coopération industrielle et commerciale pour le marché russe et ancien représentant de la Commission européenne à Saint-Pétersbourg, responsable de la coopération entre l’UE et la Russie du Nord-ouest. Quant aux méthodes d’exploitation des hydrocarbures américains, la fracture hydraulique (fracking) est un procédé très loin d’être considéré comme écoresponsable.

La bataille autour de la survie de ce mégaprojet devrait pourtant plus se jouer sur le terrain politique qu’environnemental. Si Jacques Percebois soulignait l’ampleur des «coûts échoués» économiques –une ardoise potentielle de 10 milliards d’euros, rappelons-le–, il souligne en effet que ceux-ci seraient également politiques.

Ce serait bien sûr le cas pour Vladimir Poutine et Angela Merkel, qui subiraient l’affront de voir enterré un projet qu’ils ont soutenu, mais aussi pour Emmanuel Macron, dont l’accord sera nécessaire à cet arrêt. En pleine crise économique, le Président de la République devrait assumer de faire perdre près d’un milliard d’euros à Engie, avec d’imprévisibles conséquences sur l’emploi et l’investissement de l’ancien groupe public. 

Maxime Perrotin

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Navalny, Biélorussie, CIA, Zemmour

Eric Zemmour s'est interrogé sur la main des services américains dans l'escalade diplomatique autour d'Alexeï Navalny, ou dans la situation en Biélorussie. Plusieurs personnalités se sont émus de la diffusion, selon eux, de «propagande» pro-russe.

Le polémiste et essayiste Eric Zemmour n’est décidément pas effrayé par le «qu’en-dira-t-on». Présent comme chaque soir, le 9 septembre, dans l’émission de Cnews Face à l’info, l’écrivain s'est permis une analyse assez peu en vue dans les médias occidentaux traditionnels concernant l’affaire Navalny, mais également à propos des troubles survenus en Biélorussie depuis la réélection, contestée par l’opposition, du président Alexandre Loukachenko le 9 août. Il a émis l’hypothèse d’une entreprise des services extérieurs américains : la CIA. «Certains fantasment sur le KGB devenu FSB, moi je fantasme sur la CIA restée CIA»

«J’essaye de comprendre et il y a des choses qui me troublent. Si c’est Poutine qui a donné l’ordre d’empoisonner cet opposant politique [Alexeï Navalny], pourquoi les médecins russes lui ont sauvé la vie et l’ont transféré en Allemagne pour se faire soigner par les Allemands quitte à voir [le] crime démasqué ? C’est bizarre», a-t-il d’abord déclaré au sujet de l’affaire Alexeï Navalny, opposant qui aurait, selon Berlin été victime d'empoisonnement.

«Il y a cette histoire au moment où les Américains font pression sur les Allemands pour qu’ils renoncent à Nord Stream 2 [projet de gazoduc devant relier l'Allemagne à la Russie] […] Incroyable hasard ! Certains fantasment sur le KGB devenu FSB, moi je fantasme sur la CIA restée CIA», a-t-il poursuivi, ajoutant : «Cela ressemble beaucoup à la CIA.»

Questionné par la journaliste Christine Kelly sur la mise en place de possibles sanctions contre la Russie dans ce dossier, Eric Zemmour a expliqué y être opposé par principe. «C’est contre-productif», a-t-il rétorqué, faisant mention de sanctions prises à l’encontre de la Russie concernant la Crimée qui «se sont retournées contre nous».

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L’auteur du Suicide français a par la suite évoqué la situation en Biélorussie, développant un argumentaire similaire. «Sur la Biélorussie, je vois venir gros comme une maison la CIA derrière parce que c’est un coup qu’ils ont fait depuis dix ans. A chaque fois qu’il y a une révolution orange il y a comme par hasard les Américains derrière, les ONG "sorossiennes" [du financier George Soros] et les services secrets américains. C’est étonnant que BHL [Bernard-Henri Lévy] n’ait pas débarqué en Biélorussie», a-t-il fustigé.

Réagissant sur Twitter, la députée européenne du groupe Renew, Nathalie Loiseau, a dénoncé, selon elle, «l’extrême-droite russolâtre en action». L'ancienne ministre en charge des Affaires européennes a même fait référence à notre média : «J’ai cru que j’étais sur Russia Today. Non, c’est CNews et c’est Zemmour. Ça devient de plus en plus pareil. L’extrême-droite russolâtre en action.»

De son côté, sur le même réseau social, le député MoDem des Français de l'étranger pour l'Allemagne, l'Europe centrale et de l'Est et une partie des Balkans, Frédéric Petit, s'est dit «sidéré d’entendre Eric Zemmour déverser sur une chaîne française la propagande (complotiste) servie par le régime de Loukachenko et la Russie».

Deux versions s'opposent actuellement sur le cas de l'opposant russe Alexeï Navalny, toujours hospitalisé en Allemagne. D'une part, les médecins russes qui ont initialement pris en charge l'opposant, selon lesquels «aucun poison ou trace de poison dans le sang ou dans l'urine n'a[vait] été trouvé».

D’autre part, Berlin soutient le contraire, affirmant que des tests toxicologiques réalisés par un laboratoire de l'armée allemande ont apporté des «preuves sans équivoque» de «la présence d’un agent chimique neurotoxique de type "Novitchok"» dans le corps d'Alexeï Navalny. Des accusations fermement contestées par la Russie.

Par ailleurs, l'Allemagne a fait savoir être ouverte à un possible gel du projet de gazoduc Nord Stream 2 si la Russie n'apportait pas rapidement les réponses attendues par Berlin, faisant peser une pression supplémentaire sur les autorités russes, déjà ciblées dans l'affaire Navalny par les accusations d'autres gouvernements occidentaux dont la France ou les Etats-Unis.

Concernant le dossier biélorusse, lui aussi au cœur de l'actualité, de nombreuses manifestations de l'opposition se succèdent dans le pays, rassemblant plusieurs centaines de milliers de citoyens, depuis la réélection d'Alexandre Loukachenko lors de la présidentielle du 9 août. L'opposition, emmenée par Svetlana Tikhanovskaïa, arrivée deuxième et qui a quitté le pays pour la Lituanie, conteste les résultats de l'élection et demande un nouveau vote. Le chef d'Etat biélorusse voit de son côté la main de l'étranger dans la crise que traverse son pays. Les autorités biélorusses ont arrêté, ces derniers jours plusieurs membres de l’opposition, comme Maxime Znak et Maria Kolesnikova.

RT-France

Covid a signé la mort de l’éducation publique...

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Covid a signé la mort de l’éducation publique...
 
par James Howard Kunstler
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com
 
Après un printemps infernal et deux mois de séjour d’été forcé, les familles de tout le pays attendent avec impatience la réouverture très hasardeuse de l’année scolaire. Le virus Covid-19 a révélé des fissures structurelles dans la puissante forteresse de l’éducation publique. Certains campus restent fermés, ou sont seulement provisoirement, et partiellement, ouverts. Il est facile de voir où cela va nous mener.

J’ai reçu cette semaine une lettre d’un professeur de physique de lycée en Nouvelle-Angleterre – qui veut rester anonyme. Il écrit :

«… Covid a signé la mort de l’éducation publique en Amérique … L’État n’arrive pas à décider si nous devrions faire du télétravail partout ou plutôt essayer un calendrier hybride étrange. Personne ne peut prendre de décision. Le syndicat a les boules. Il sait que la plupart des salles de classe sont mal ventilées et trop petites et ils n’imaginent qu’un scénario du type «bateau de croisière». Le travail à distance est horrible, mais c’est mieux que rien…»

Avant d’aller plus loin, rappelez-vous le premier principe de notre longue urgence : tout ce qui est organisé à une échelle géante est appelé à échouer. Au cours de la poussée de croissance de l’après-guerre, nous avons regroupé toutes les écoles du pays en campus géants desservis par des flottes d’autobus jaunes réunissant des milliers d’enfants dans des bâtiments conçus pour ressembler à des usines d’insecticides. Et une fois ce projet terminé, qu’avons-nous obtenu ? Deux décennies de fusillades de masse dans les écoles. Je ne pense pas que nous ayons compris le bon message – à savoir que ce type d’école produit tellement d’ennui et d’anomie que certains enfants deviennent des meurtriers au moment où ils atteignent l’adolescence.

Le fait que cette condition reste méconnue, et certainement absente du débat public, en dit long sur la psychologie collective désastreuse qui a prévalu dans l’investissement précédent : après avoir mis en place ce système misérable à des coûts titanesques, nous ne pouvons même pas penser à le changer. Maintenant, comme d’habitude dans l’histoire de l’humanité, le processus se déroulera de manière urgente, tout seul, que cela nous plaise ou non, parce que les circonstances l’exigent.

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Une autre question absente des médias d’information est ce qui se passe lorsque la baisse des recettes fiscales commence à atteindre les campus scolaires géants consolidés. Mon correspondant, professeur de physique en Nouvelle-Angleterre écrit :

«Les finances des écoles sont en mode complètement inversé. Chuchotée dans les couloirs avant chaque comité d’école et dans chaque salle du conseil municipal, il y a la formidable réalité que la TVA et la taxe foncière sont en baisse de 25 à 30%. La peur est palpable…. Il me semble que l’Éducation publique, telle que nous le connaissons actuellement sera de l’histoire ancienne dans environ quatre ans. C’est une grande institution. Il lui faudra quelques années pour imploser complètement, mais pas une décennie. Il ne reste plus d’argent pour la faire fonctionner telle qu’elle est.»

Et ainsi, la «technologie» intervient pour sauver la situation : l’apprentissage à distance. Cela semblait être une bonne idée à l’époque, mais les conséquences imprévues sont assez sombres. Est-il réaliste de poster les petits enfants, disons de la 1ère à la 6ème année, devant des écrans d’ordinateur pendant six heures par jour ? J’en doute. Et maintenant que nous avons mis les choses en place pour que de nombreux ménages aient besoin du revenu des deux parents pour vivre, qui sera là pour superviser l’apprentissage à distance ? Personnellement, je doute que la majorité, même des lycéens, s’habitue à ce régime.

Qu’en est-il des nombreux ménages pauvres ? Les écoles peuvent leur distribuer des ordinateurs portables et des tablettes, mais que se passe-t-il s’il n’y a pas de service Internet à la maison ? Et si les parents sont analphabètes en informatique ? Et s’il y a plusieurs enfants et que le ménage est chaotique ? Telle est la véritable réalité dans laquelle de nombreuses mères célibataires bénéficient de l’aide publique. Dans l’état actuel des choses, les enfants réussissent déjà mal dans une école ordinaire.

Alors, il y a l’enseignement à domicile. Un parent achète un programme d’enseignement et le suit. Prenez votre respiration ! Combien de parents sont réellement équipés pour faire cela ? Et qui sont les parents – surtout les mères – qui restent à la maison avec les enfants au moins une demi-journée ? Je m’empresse d’ajouter que la prochaine étape de la scolarité en Amérique naîtra probablement hors des efforts de scolarisation à domicile, car des groupes, ou des familles, organisent de petites écoles ad hoc qui ressemblent par leur structure aux écoles à une seule pièce d’antan. Mais le chemin vers ce résultat sera probablement compliqué et difficile, et beaucoup d’enfants seront laissés pour compte. Eh alors ? Abraham Lincoln a réussi à avoir une éducation avec rien de plus qu’une Bible, un volume de Shakespeare et une pile de livres de droit.

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Les collèges ont la tête si profondément dans le sable qu’on peut à peine voir dépasser les chevilles des responsables. C’est encore absolument pire en haut du tas. Par exemple, voici une lettre récemment envoyée à l’ensemble de la «communauté» d’étudiants, au personnel et aux professeurs de l’Université de Princeton par son président Christopher Eisgruber – lisez le tout ici. Une telle décharge puante de bigoteries racistes, lâches et malhonnêtes, n’a jamais été vue auparavant, ou à peine, même à Harvard, Yale et Brown, où l’insincérité coule comme le xérès Amontillado. Eisgruber écrit :

«Nous devons nous demander comment Princeton peut lutter contre le racisme systémique dans le monde. »
 
La grandiosité c’est vraiment quelque chose, le mot – inexistant – attendait justement que Princeton l’invente, et maintenant le moment est venu ! Et, bien sûr, comme si des croisades donquichottesques contre les gremlins politiques sauveraient Princeton.

J’ai des nouvelles pour vous : les collèges et les universités s’effondrent et pas simplement parce que Covid-19 a interrompu leurs business plans. Plutôt, à cause de la malhonnêteté prodigieuse et grossière dans laquelle est tombée l’éducation supérieure. Le racket autour des prêts universitaires était déjà assez grave, mais le racket intellectuel autour de faux domaines d’études, la persécution contre les crimes de la pensée et une hystérie sexuelle épique a déshonoré la mission même de l’enseignement supérieur, l’a transformé en quelque chose de pas mieux qu’un culte malade, et a infecté le reste de la culture en essaimant dans de nombreuses institutions et entreprises commerciales, avec des diplômés sectaires, déterminés à soumettre l’ensemble de la société américaine à une session de lutte maoïste sans fin – [genre Révocul, NdT].

Si l’apprentissage à distance est fait pour vous, suivez cinq cours en ligne gratuits par semestre à la Khan Academy et ne consacrez plus de soixante-dix ans d’économie à une université de l’Ivy League pour à peu près exactement la même chose. À l’heure actuelle, les écoles sont en pleine effervescence alors que les étudiants se présentent, commencent à faire la fête – ou se réunissent simplement en petits groupes sociaux – et qu’est-ce-que vous croyez, tout se déroule comme dans un bateau de croisière. C’est ce qui s’est passé cette semaine à SUNY Oneonta and Indiana University. Plus à venir, j’en suis sûr.

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Finalement,voyez vous, des milliers de collèges et d’universités à travers le pays fermeront ou du moins réduiront considérablement leurs effectifs – si les maoïstes ne les incendient pas après les élections. Le destin de nombreux jeunes aujourd’hui ne réside pas dans les couloirs sacrés de Google, Microsoft et Goldman Sachs, mais plutôt dans les champs et les pâturages des régions fertiles du pays où la nourriture doit être cultivée pour une population en déclin. Chutttt !!! Ne leur dis pas ça. Ils vont juste avoir une autre crise de colère, te crier dessus et t’annuler. Mais le monde évolue comme il évolue, et c’est probablement par là que ça ira.

James Howard Kunstler

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone