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jeudi, 24 septembre 2020

Éradiquer la mort en éradiquant la vie, l’ambition d’un système en plein délire?

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Éradiquer la mort en éradiquant la vie, l’ambition d’un système en plein délire?

Par Dominique Muselet

Ex: https://www.salaireavie.fr

Tout comme, depuis les années 1970, les ouvrages de Brzeziński servent de programme de politique étrangère aux Etats-Unis, il se pourrait bien que 1984, la dystopie d’Orwell, leur serve (et à nous aussi qui leur sommes inféodés) de programme de politique intérieure.

On peut imaginer avec quelle gourmandise, nos élites, dont le souci principal est de dominer le petit peuple pour pouvoir l’exploiter au mieux de leurs intérêts, se sont appropriées et ont mis en œuvre les enseignements de ce petit livre. Pendant que la Russie et le Moyen-Orient se débattaient sous les coups programmés par Brzeziński, des apprentis Big Brother prenaient subrepticement le contrôle de nos existences.

Les peuples occidentaux commencent à s’en rendre compte et l’adjectif orwellien s’est répandu pour décrire la communication gouvernementale, les inversions de valeur, les éléments de langage, les décisions contradictoires, bref presque tout ce qui, chez nous, rappelle 1984.

68593273076e21bbbc972501135c16bc.jpgA sa parution, en 1948, nous avons pris naïvement ce livre pour un roman de sciences fiction. A l’époque, à part quelques rares visionnaires aussitôt traités de défaitistes, nous croyions être occupés à construire un monde meilleur, plus juste, plus solidaire, sous la houlette de dirigeants éclairés. De Gaulle n’avait-il pas sauvé la France ? Et les communistes ne mettaient-ils pas en œuvre, tambour battant, le programme du Conseil National de la Résistance : sécurité sociale, allocations familiales, congés payés, chômage, retraites ? Les syndicats étaient puissants et un salaire d’ouvrier suffisait à faire vivre une famille entière. On s’attendait à ce que le système capitaliste s’effondre sous ses contradictions, comme l’avait prédit Marx. On pensait que le ciel descendrait bientôt sur terre sous la forme du socialisme, et tant pis pour la classe possédante ! Il y avait une forme d’équilibre social de la terreur qui avait son pendant extérieur dans la dissuasion atomique.

Hélas, c’était trop beau pour être vrai et, au lieu de s’effondrer, le capitalisme, s’est bientôt déchaîné sous la poussée de la mondialisation, entraînant avec lui les valeurs de la République (Liberté, Egalité, Fraternité, cotisation sociale et séparation des pouvoirs) et les valeurs de la vie en commun (justice, vérité, confiance, respect). Tout cela a été remplacé par la course individuelle au plaisir et au profit dans une sorte de sauve qui peut, de guerre de tous contre tous qui fait plier sous le joug ceux qu’elle n’élimine pas.

La France, un pays béni des dieux

Mais dans notre malheur nous avons bien de la chance, nous répète Big Media. Imaginez, on aurait pu avoir l’Union soviétique et Staline ! Grâce au ciel, on a les Etats-Unis et Big Brother. C’est d’ailleurs un vrai bonheur de voir avec quelle aisance et quelle finesse nos chères élites se sont glissées dans la peau de Big Brother. Dans de nombreux domaines, les élèves occidentaux ont même dépassé le maître. Oui, nous avons bien de la chance !

Prenez nos ennemis par exemple : un ennemi invisible et insaisissable comme le Covid-19, ça a tout de même plus d’allure et de potentiel que les archaïques Estasia et Eurasia !

Notre État n’a certes pas encore réussi à installer des caméras dans chaque appartement, mais qu’à cela ne tienne, nos téléphones et ordinateurs portables, avec leurs applications sophistiquées, lui fournissent déjà beaucoup d’informations sur nous et dans ce domaine les progrès sont rapides. Voyez le succès éclatant de Stop Covid !

Pour ce qui est de la Vérité, nous ne sommes pas non plus en reste. Même un enfant de CM2 connaît la Vérité sur la seconde guerre mondiale. Il sait qu’elle été menée contre les Juifs et gagnée par les Américains. Comment se pourrait-il en effet que les Soviétiques aient vaincu Hitler ? Les Etats-Unis dont nous sommes les fidèles alliés ne pourraient jamais l’accepter. Ou que les Allemands nous aient attaqués ? L’Europe de la paix ne s’en remettrait pas. Quant aux 21 millions de Soviétiques tombés sous les bottes allemandes ? Voyons, c’est de la propagande russe !

Chez nous, il n’y a pas de propagande. Nous avons Big Media qui nous enseigne le politiquement correct. Nous savons que tout ce que disent les pays hostiles et les réseaux sociaux complotistes, sont des fake-news. Tout comme nous savons que « La guerre, c’est la paix ; la liberté, c'est l'esclavage ; l'ignorance, c'est la force ». C’est sûrement parce que nos médias sont capables de tout transmuer en Vérité que Jupiter les a exemptés du masque, à l’heure du sanitairement correct.

2d8698d5e197aaeb8c57aad560ec7c6c.jpgNotre pays est béni des dieux parce qu’il est dans le camp du bien et que ses élites sont au service du peuple, et donc nous n’avions rien à craindre du Coronavirus quand il est arrivé de Chine avec les français rapatriés, a déclaré notre apprenti Big Brother. Au cœur de l’épidémie, Il a harangué son peuple avec fougue, envoyé les fantassins au front, mis ses amis à l’abri dans leurs châteaux de province, et enfermé à la maison le reste de la population avec, pour résoudre tous les problèmes, une boîte magique de Doliprane. Tous ensemble, sous sa houlette éclairée, nous avons fait reculer la bête, au péril de nos vies. Evidemment, nous n’avons pas pu sauver tout le monde et beaucoup de vieillards sont morts, seuls, dans nos mouroirs à profit. Mais nous avons beaucoup appris.

Les enseignements principaux de l’épidémie

1. L’hystérie, c’est la sagesse. Grâce à Big Media et ses médecins de plateau, nous savons que ce n’est pas parce que, en plein cœur de l’épidémie, la moyenne d’âge des malheureux qui mouraient se situait entre 70 et 80 ans et qu’aujourd’hui il n’y a quasiment plus de morts (30 décès le 30/9 contre 1438 le 14/4, selon le Prof Toussaint, dont on se demande pourquoi Big Media le reçoit encore), que le virus n’est pas plus dangereux que la peste noire ou, plus près de nous, que la grippe espagnole (qui venait en fait des Etats-Unis et a fait 50 millions de morts selon d’incorrigibles complotistes). Nous avons appris que le Principe de précaution invite à se prémunir de tous les dangers même ceux qui n’existent pas. C’est pour cela que Big Media est obligé, à son corps défendant, d’affoler et de terroriser les populations. Sinon, bêtes comme ils sont, les gens ne comprendraient pas que ce n’est pas parce que la menace n’existe pas, qu’il ne faut pas s’en protéger par tous les moyens.

2. La science, la médecine et Big Pharma forment un seul bloc uni et solidaire. En d’autres temps nous aurions parlé de corruption, mais aujourd’hui, nous savons qu’il n’y pas de corruption, ni de conflits d’intérêt, en Occident, car Big Brother et le Doliprane nous protègent de tout. Grâce à Big Pharma et l’administration à flux tendus de l’ARS, nous avons, en fait, le « meilleur système de santé du monde ». Il faut être à la solde des Russes ou des Chinois pour prétendre qu’il y a eu infiniment moins de morts au Vietnam ou en Biélorussie que chez nous pendant l’épidémie !

3. Tous les virus seront bientôt éradiqués. Ceux qui pensent que l’idéal anglo-saxon de l’asepsie absolue est une utopie, sont évidemment des agents russes. Big Pharma et Big Media nous l’ont promis : grâce au port du masque obligatoire, à l’interdiction de l’hydroxychloroquine et au vaccin qui va nous tomber du ciel, il n’y aura bientôt plus de virus du tout. La preuve, l’UE a versé des milliards d’Euros à Big Pharma. Ceux qui parlent de prévention, de défenses immunitaires, de soin, de guérison sont des traîtres à la nation, qui veulent nous ramener au Moyen-âge et qui font le jeu de nos ennemis.

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On trouve encore, sur des réseaux-sociaux que la Police de la pensée n’a pas réussi à éradiquer, des contributeurs anonymes, possédés par des forces maléfiques, qui affirment que les bactéries, les virus et les microbes font partie de la vie. Selon ces cerveaux malades, on n’aurait absolument pas intérêt à se débarrasser des virus car ils sont des agents qui viennent créer une réaction dans notre corps pour que celui-ci active l’énergie vitale et se nettoie. Ce qu’il faudrait, insistent-ils, c’est développer notre énergie vitale, nos anticorps, nos défenses immunitaires. Ils osent même citer Claude Bernard qui aurait dit : « Le terrain est tout, le microbe n’est rien ».

Heureusement pour Big Brother, Big Pharma et nous, Pasteur, qui était un as des relations publiques, a remporté haut la main la victoire du vaccin contre les immunologistes de son temps. Encore un miracle qui prouve que dieu est avec Big Pharma et que rien n’arrêtera le progrès…

4. La mort, elle-même, sera bientôt éradiquée. La France a déjà pratiquement éradiqué la mort sur les routes en appliquant les recommandations – simples et efficaces - du Conseil écologique de Big Brother : supprimer les voitures des pauvres. Quand il ne restera plus que celles des riches, conduites par des chauffeurs, il n’y aura plus de morts, soyons en certains.

Pour éradiquer la mort des seniors dans les Ehpad qui font notre fierté, Big Brother a trouvé la solution : sacrifier les jeunes. S’il n’y avait pas de jeunes, il n’y aurait pas de vieux et donc pratiquement plus de morts, voilà la Nouvelle Doctrine. Big Brother et son Conseil scientifique sont conscients qu’une doctrine aussi révolutionnaire peut surprendre des générations de parents et de grands-parents encore viscéralement attachés à leurs enfants et petits-enfants et naturellement peu enclins à les sacrifier, même pour le bien commun. Mais Big Brother sait que nous avons confiance en lui et en Sa parole et que nous Lui obéirons.

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D’ailleurs nous avons fait des progrès et, tout récemment, Big Brother est apparu à la TV de Big Media pour nous féliciter. Il était fier de nous parce que nous avions compris la nécessité de rester enfermés pendant deux mois, de remplacer les enseignants après de nos enfants, de nous contenter du Doliprane pour combattre un virus létal, de porter un masque inutile, de payer des amendes illégales, de laisser mourir seul nos vieux parents, de faire nos emplettes dans des supermarchés couverts au lieu des marchés de plein air, de ne pas nous réunir, ni nous marier, ni rien, tout en continuant à vider les poubelles du pays.

Nous avons aussi compris, à sa grande satisfaction, qu’il était capital que nos enfants et leurs maîtres soient désormais transformés en zombies dans des écoles zombies*, pendant que nous travaillons de tout notre cœur pour sauver les dividendes de Big Finance.

Big Brother est donc certain, que nous serons bientôt heureux d’offrir nos enfants à la nation pour éradiquer la mort, car il n’y a pas de projet plus grand, plus noble, plus moderne.

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Éradiquer la mort est LA grande mission de Big Brother. Mais, comme Big Media nous l’a affirmé, le sacrifice de la jeunesse permettra, en même temps, de solutionner les problèmes de santé publique, les problèmes politiques, économiques (les enfants coûtent cher et ne rapportent rien), sociaux et écologiques, bref tous les problèmes dont Big Brother a promis de nous délivrer lorsqu’il a été porté au pouvoir par une foule en délire, il y a quatre ans. Son plan était prêt car Big Brother est toujours prêt. Il n’attendait que le Coronavirus pour l’appliquer.

Et voilà que ce qu’Il nous avait annoncé, se réalise enfin sous nos yeux éblouis : la fin de l’histoire, la fin de la politique, la fin de l’économie, la fin de la société, la fin de la joie, la fin de l’espoir, la fin du cycle de la vie et de la mort, en un mot, la fin de la souffrance humaine. Oui, nous sommes bénis des dieux !

Lorsque leur œuvre sera accomplie, Big Brother, Big Media et Big Finance entasseront l’or, dont ils nous ont délestés, dans les fusées spatiales qui les attendent en Guyane ou en Floride. Puis ils regagneront, dans l'au-delà, les planètes paradisiaques qu’ils avaient quittées, l’espace d’un instant, pour venir répandre sur nous leurs bienfaits et nous délivrer du mal... de vivre.

Note :

*Beaucoup de médecins, de psychologues et d’enseignants dénoncent l’impact délétère des mesures antisociales prises par nos gouvernants sur le développement et la santé mentale des enfants et des adolescents. Un Collectif de parents, Je suis libre de respirer, s’apprête à déposer plainte contre l’Education nationale pour maltraitance et mise en danger physique et psychique des enfants.

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The Tyranny of Fragility: How Alexis De Tocqueville Foretold the Rise of Victimhood Culture

I know of no country in which, for the most part, independence of thought and true freedom of expression are so diminished as in America … In America, the majority traces a tremendous circle around thought. Within its limits, the writer is free, but a great misfortune will befall those who depart from it. [The dissenter] will face disgusts of all kinds and everyday forms of persecution. [Those who condemn the dissenter] will speak loudly, and those who think like him, without possessing his courage, will stay silent and away. [The dissenter] yields and folds under the pressure of everyday life; he grows silent, as though taken with remorse for having voiced the truth … In Spain, the Inquisition never succeeded in preventing the spread of books that went against the religion of the masses. The Empire of the Majority fared better in America: it suppressed in the masses the very idea of publishing dissent.—Alexis de Tocqueville, my translation

Alexis de Tocqueville (1805­–1869), the great French diplomat, essayist and political thinker, did not live to see the age of identity politics, social media, grade inflation, concept creep, safetyism, the mental health crisis, mass rewritings of history and a public culture increasingly preoccupied with grievances, moral outrage, sanctified victimhood and bottom-up modes of censorship. But, though he never names them in those terms, all these related symptoms are already apparent and crystallizing into something of a cultural syndrome in his study of American democracy in the 1830s, and his analysis of the changing historical conditions that led to the French revolution of 1789. Tocqueville’s work traces the roots of grievance culture to human nature itself, and to the pre-modern cascade of social transformations that culminated in novel, American forms of tyranny: a tyranny of the entitled masses, of the kind that contemporary Tocquevillians and postcolonial theorists alike might recognize as stemming from the elite ethos of North American campuses, via the infrastructure of social media. But this story is much older, and points to a timeless, universal human dilemma.

Fragile Systems and the Paradox of Individualism

It is demonstrable that those who regard universal voting rights as a guarantee of the goodness of choices are under a complete and utter illusion.—Alexis de Tocqueville

Among classical liberal thinkers, Tocqueville is remembered as a defender of liberties and proponent of a strong civil society. To new left thinkers, he is remembered as an elitist aristocrat and suspicious proponent of small government. In his day, Tocqueville sat (both metaphorically and physically) in the centre-left of the French parliament. His biggest motivation was to combat all forms of tyranny, which he saw as an imminent risk, manifesting in the unchecked demands of both individuals and groups—large or small. A system designed to profit a powerful minority would certainly constitute tyranny in his view; so would, albeit in very different ways, one designed to fulfil the growing needs of the majority. “If one admits that a man in his full power might abuse his adversaries,” Tocqueville asks, “why not admit the same of a majority of men?”

515Lw6qN0FL._SX294_BO1,204,203,200_.jpgIn his search for balance between individual and civil liberties, Tocqueville remains one of the most nuanced thinkers of the western political canon—and a fine diagnostician of enduring psychosocial problems and the systemic conditions in which they arise.

Tocqueville’s writings illuminate a deep paradox arising from modern forms of democracy—as is evident in common misconceptions of his critique of the tyranny of the majority. For Tocqueville, the real tyrant in democracy is not so much the group as the individual; or rather individualism as we know it—entitled, selfish, envious, consumerist, insatiable—which arises when certain conditions of collectivist populism are in place. The erosion of extended kinship structures, religion and broader systems of ritual and meaning—which afford both a source of support and a sense of duty to others and to a project greater than oneself—are certainly partly to blame. But Tocqueville also directs our attention to the most perverse level at which modern individuation operates: that of what becomes imaginable, desirable but ultimately unattainable in the democracy of the masses. You might call this the cognitive-affective dimension of democracy. Once a certain ideal of equality—however ill-defined as a normative goal—is in place, envy and upward social comparison become the norm. Since anyone can become more of anything or anyone at any time, something akin to entropy increases. In affective terms, social and psychological entropy become something we now call anxiety. Life scientists tell us that all life forms must resist entropic decay in order to stay alive (self-organized). But the real information-theoretic story is a little more nuanced. Rather than a synonym for chaos, you might think of entropy as the number of possible states that an organism might visit within a given system. Fragility may arise when a system exhibits too few or too many possible states: when it is too rigid and resistant to change, or too jittery to conserve its key adaptive strategies. A healthy dynamic for a system involves reaching the mathematical point of criticality—the optimum number of possible states—near the boundary between order and chaos. An agrarian society that relies on a single crop to feed many people is fragile, as a single failed season will bring it to collapse. A society with too many competing goals and survival strategies is fragile in different ways, as nothing is coherent enough to hold it together as a dynamic system. Tocqueville never employs metaphors from the physical sciences to describe social dynamics, but his work draws similar conclusions. He also points to more literal ways in which modern democracy brings about fragility. “The more people resemble one another,” as Harvey Mansfied sums up the Tocquevillian view, “the weaker one person feels in the face of all the others.” Tocqueville describes the massively anxiogenic effects of the novel forms of social comparison that arose after the American and French revolutions:

The division of fortunes narrowed the gap that separated rich and poor; but in getting closer, rich and poor seem to have found novel reasons for hating each other. Casting on each other a gaze full of fear and envy, they exclude one another from power. For either of the two, the idea of rights no longer seems to exist, and brute force dawns on them both as the foundation of the present and the sole guarantee of the future.

As the good-enough life always lies just beyond the next hill or the next promotion (or in your neighbour’s driveway), people in modern democracies often adopt a deficit-based understanding of their lives. There is nothing wrong with an aspirational mindset—how else would our species have invented and transcended so much? This is all well and good—until this deficit view becomes a raison d’être of modern existence.

The Rise of Homo Fragilis

We note that humans, when faced with an imminent danger, rarely remain at their habitual level;  they rise far above, or sink far below … but it is more common to see, among men as among nations, extraordinary virtues born of the immediacy of adversity.—Alexis de Tocqueville

Neither fragility nor weakness are moral flaws in themselves, or unworthy targets of attention in a good social project. The mutual recognition of each other’s fragility is our species’ greatest strength, and lies at the root of our evolutionary success.

Humans are not only among the physically weakest of mammals; human offspring also have the longest childhoods, the slowest maturation process and the longest period of physical and nutritional dependence on the group. For biological anthropologist Sarah Hrdy, the evolution of human intelligence and sociality rested on two key traits: the ability to care for others and understand their needs, and the ability to elicit care from others. It certainly takes a village, Hrdy tells us, with everyone from sterile grandmothers to never-wedded aunts all working together to raise the weak, and this has been true since at least the Homo erectus lineage, a full two million years ago.

71V1p2t4OFL.jpgWhen and how, then, does fragility become a problem? From babies to the elderly and the sick, weak humans are uniquely skilled at mobilizing the attention and care—at times tyrannically—of others. Take the old problem of sibling rivalry. Signalling one’s needs and the fact that one is suffering—from, for example, hunger, loneliness or cold—is a crucial survival trait. In competing for parental attention and care, children will frequently learn to over-signal their suffering—often to the point of self-deception. Children often implicitly learn to outcompete each other in vulnerability-signalling. Victimhood arises here as a sense of envious injustice for not being recognized and sufficiently accommodated as a deserving sufferer. Children in excessively validating contexts will thus learn to recognize themselves and their relationships with others—to construct an identity in modern lingo—though a sense of victimhood.

Sickness, suffering, weakness, fragility and true victimhood are universally recognized as bona fide ailments to be combatted for the greater good. The extent to which they are perversely elevated as sui generis virtues, however, is variable across societies, and has changed over the course of history. Judging by the masochistic tenets of at least some readings of many religions and of the present historical moment, the veneration of victimhood as a desirable end has remained a problem for all human societies. The mark of a good society—like the mark of good child-rearing—is its ability to foster a balance between necessary dependence and autonomy. “Strengthen him,” as Maimonides said of Tzedakah “so he does not fall”—to which we might add, and so he may in turn strengthen others.

Under what conditions, then, does the tyranny of victimhood arise?

71LJFegXknL.jpgPsychiatrist Robert J. Lifton has diagnosed the present day as afflicted with “solipsistic reality”: an ideology in which the ultimate sources of reality and truth are the experiences and needs of the self. Tocqueville helps us understand how, beyond healthy aspirations to better ourselves, the ultimate demands of mass democracy can often veer towards the perpetuation and competition of incompatible—and unnecessary—fragile selves.

De Tocqueville prophetically foresaw fragility itself as both the defining condition and the ultimate demand of the masses:

Society is at peace, not from reckoning with its strength and well-being, but on the contrary because it believes itself to be weak and sick. Society fears its own death from engaging in the least effort. Each and every one senses Evil, but no one has the courage or energy to seek something better. People feel desires, sorrows, and joys that cannot last, like the passions of old men that only lead to impotence.

Rather than constituting an essentialist mockery of “the masses,” grounded in a naive belief in the natural giftedness of the elite, Tocqueville’s comments on equality describe a maximally entropic social configuration, which, by eliciting too many impossible goals, brings out the most childish and most anxious traits in all of us. Equality, in other words, brings everybody down to the same level, in the most literal affective sense.

“It is impossible, no matter what one does,” he writes, “to elevate the masses beyond a certain level.” For Tocqueville, this basic law of social physics also applies to the naive aim of “democratizing” education—that is, making the ambitious goals of specialized learning (with the resulting promise of high social status) available to everyone, while at the same time adapting the contents and methods of teaching to cater to the quirks and whims of every individual.   “One may make human knowledge accessible, improve teaching methods, and render science cheap,” he contends, “but all one will achieve is to lead people to educate themselves and hone their intelligence without dedicating any time to it.”

According to the natural laws of entropy minimization, it is precisely when information is abundant and cheap that our mental filters will hone in on the most childish and primitive cues that confirm our fears, and our desire to be fragile. It is in this sense that Tocqueville foretold the disaster that is competition over fragility gone wild on social media, and the systemic allergy to nuance and dialogue in the age of clickbait culture: “People will always make judgements hastily, and latch on to the most salient of objects. Thence come charlatans of all kinds all too versed in the secrets of seducing the masses. Most often in the mean time, the masses’ true friends fail in this regard.”

All quotations from Tocqueville were translated from the French by the author, from the book La Tyrannie de la Majorité, an abridged version of De Tocqueville’s Democracy in America

For the original French sources, see the following addendum

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Trente-deux linguistes énumèrent les défauts de l’écriture inclusive

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Trente-deux linguistes énumèrent les défauts de l’écriture inclusive

Ex: https://www.lesobservateurs.ch

« Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral. » Bien que favorables à la féminisation de la langue, plusieurs linguistes estiment l’écriture inclusive profondément problématique.

Présentée par ses promoteurs comme un progrès social, l’écriture inclusive n’a paradoxalement guère été abordée sur le plan scientifique, la linguistique se tenant en retrait des débats médiatiques. Derrière le souci d’une représentation équitable des femmes et des hommes dans le discours, l’inclusivisme désire cependant imposer des pratiques relevant d’un militantisme ostentatoire sans autre effet social que de produire des clivages inédits. Rappelons une évidence : la langue est à tout le monde.

LES DÉFAUTS DE L’ÉCRITURE INCLUSIVE

Les inclusivistes partent du postulat suivant : la langue aurait été « masculinisée » par des grammairiens durant des siècles et il faudrait donc remédier à l’« invisibilisation » de la femme dans la langue. C’est une conception inédite de l’histoire des langues supposant une langue originelle « pure » que la gent masculine aurait pervertie, comme si les langues étaient sciemment élaborées par les locuteurs. Quant à l" invisibilisation », c’est au mieux une métaphore, mais certainement pas un fait objectif ni un concept scientifique.

La langue n’a pu être ni masculinisée, ni féminisée sur décision d’un groupe de grammairiens, car la langue n’est pas une création de grammairiens — ni de grammairiennes. Ce ne sont pas les recommandations institutionnelles qui créent la langue, mais l’usage des locuteurs. L’exemple, unique et tant cité, de la règle d’accord « le masculin l’emporte sur le féminin » ne prétend posséder aucune pertinence sociale. C’est du reste une formulation fort rare, si ce n’est mythique, puisqu’on ne la trouve dans aucun manuel contemporain, ni même chez Bescherelle en 1835. Les mots féminin et masculin n’ont évidemment pas le même sens appliqués au sexe ou à la grammaire : trouver un quelconque privilège social dans l’accord des adjectifs est une simple vue de l’esprit. Si la féminisation est bien une évolution légitime et naturelle de la langue, elle n’est pas un principe directeur des langues. En effet, la langue française permet toujours de désigner le sexe des personnes et ce n’est pas uniquement une affaire de lexique, mais aussi de déterminants et de pronoms (« Elle est médecin »). Par ailleurs, un nom de genre grammatical masculin peut désigner un être de sexe biologique féminin (« Ma fille est un vrai génie des maths ») et inversement (« C’est Jules, la vraie victime de l’accident »). On peut même dire « un aigle femelle » ou « une grenouille mâle »…

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UNE ÉCRITURE EXCLUANTE

La langue n’est pas une liste de mots dénués de contexte et d’intentions, renvoyant à des essences. Il n’y a aucune langue qui soit fondée sur une correspondance sexuelle stricte. Autrement, le sens des mots serait déterminé par la nature de ce qu’ils désignent, ce qui est faux. Si c’était le cas, toutes les langues du monde auraient le même système lexical pour désigner les humains. Or, la langue n’a pas pour principe de fonctionnement de désigner le sexe des êtres : dire à une enfant « Tu es un vrai tyran » ne réfère pas à son sexe, mais à son comportement, indépendant du genre du mot.

Les formes masculines du français prolongent à la fois le masculin (librum) et le neutre (templum) du latin et font donc fonction de genre « neutre », c’est-à-dire par défaut, ce qui explique qu’il intervienne dans l’accord par résolution (la fille et le garçon sont partis), comme indéfini (ils ont encore augmenté les impôts), impersonnel (il pleut), ou neutre (c’est beau). Il n’y a là aucune domination symbolique ou socialement interprétable. Quand on commande un lapin aux pruneaux, on ne dit pas un·e lapin·e aux pruneaux…

La langue a ses fonctionnements propres qui ne dépendent pas de revendications identitaires individuelles. La langue ne détermine pas la pensée — sinon tous les francophones auraient les mêmes pensées, croyances et représentations. Si la langue exerçait un pouvoir « sexiste », on se demande comment Simone de Beauvoir a pu être féministe en écrivant en français « patriarcal ». L’évidence montre que l’on peut exprimer toutes les pensées et les idéologies les plus antithétiques dans la même langue.

Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables de découpages et d’accords

En français, l’orthographe est d’une grande complexité, avec ses digraphes (eu, ain, an), ses homophones (eau, au, o), ses lettres muettes, etc. Mais des normes permettent l’apprentissage en combinant phonétique et morphologie. Or, les pratiques inclusives ne tiennent pas compte de la construction des mots : tou·t·e·s travailleu·r·se·s créent des racines qui n’existent pas (tou-, travailleu-). Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables de découpages et d’accords.

En effet, les réformes orthographiques ont normalement des objectifs d’harmonisation et de simplification. L’écriture inclusive va à l’encontre de cette logique pratique et communicationnelle en opacifiant l’écriture. En réservant la maîtrise de cette écriture à une caste de spécialistes, la complexification de l’orthographe a des effets d’exclusion sociale. Tous ceux qui apprennent différemment, l’écriture inclusive les exclut : qu’ils souffrent de cécité, dysphasie, dyslexie, dyspraxie, dysgraphie, ou d’autres troubles, ils seront d’autant plus fragilisés par une graphie aux normes aléatoires.

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Tous les systèmes d’écriture connus ont pour vocation d’être oralisés. Or, il est impossible de lire l’écriture inclusive : cher·e·s ne se prononce pas. Le décalage graphie/phonie ne repose plus sur des conventions d’écriture, mais sur des règles morales que les programmes de synthèse vocale ne peuvent traiter et qui rendent les textes inaccessibles aux malvoyants.

L’écriture inclusive pose des problèmes à tous ceux qui ont des difficultés d’apprentissage

On constate chez ceux qui la pratiquent des emplois chaotiques qui ne permettent pas de produire une norme cohérente. Outre la prolifération de formes anarchiques (« Chere· s collègu· e· s », « Cher·e·s collègue·s », etc.), l’écriture inclusive est rarement systématique : après de premières lignes « inclusives », la suite est souvent en français commun… Si des universitaires militants ne sont pas capables d’appliquer leurs propres préceptes, qui peut le faire ? L’écriture inclusive, à rebours de la logique grammaticale, remet aussi radicalement en question l’usage du pluriel, qui est véritablement inclusif puisqu’il regroupe. Si au lieu de « Les candidats sont convoqués à 9 h » on écrit « Les candidats et les candidates sont convoqué·e·s à 9 h », cela signifie qu’il existe potentiellement une différence de traitement selon le sexe. En introduisant la spécification du sexe, on consacre une dissociation, ce qui est le contraire de l’inclusion. En prétendant annuler l’opposition de genre, on ne fait que la systématiser : l’écriture nouvelle aurait nécessairement un effet renforcé d’opposition des filles et des garçons, créant une exclusion réciproque et aggravant les difficultés d’apprentissage dans les petites classes.

Outre ses défauts fonctionnels, l’écriture inclusive pose des problèmes à tous ceux qui ont des difficultés d’apprentissage et, en réalité, à tous les francophones soudain privés de règles et livrés à un arbitraire moral. La circulaire ministérielle de novembre 2017 était pourtant claire et, tout en valorisant fort justement la féminisation quand elle était justifiée, demandait « ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive » : des administrations universitaires et municipales la bafouent dans un coup de force administratif permanent. L’usage est certes roi, mais que signifie un usage militant qui déconstruit les savoirs, complexifie les pratiques, s’affranchit des faits scientifiques, s’impose par la propagande et exclut les locuteurs en difficulté au nom de l’idéologie ?

Tribune rédigée par les linguistes Yana Grinshpun (Sorbonne Nouvelle), Franck Neveu (Sorbonne Université), François Rastier (CNRS), Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne).

Signée par les linguistes :

Jacqueline Authier-Revuz (Sorbonne nouvelle)
Mathieu Avanzi (Sorbonne Université)
Samir Bajric (Université de Bourgogne)
Elisabeth Bautier (Paris 8 — Saint-Denis)
Sonia Branca-Rosoff (Sorbonne Nouvelle)
Louis-Jean Calvet (Université d’Aix-Marseille)
André Chervel (INRP/Institut Français de l’Éducation)
Christophe Cusimano (Université de Brno)
Henri-José Deulofeu (Université d’Aix-Marseille)
Anne Dister (Université Saint-Louis, Bruxelles)
Pierre Frath (Université de Reims)
Jean-Pierre Gabilan (Université de Savoie)
Jean-Michel Géa (Université de Corte Pascal Paoli)
Jean Giot (Université de Namur)
Astrid Guillaume (Sorbonne Université)
Pierre Le Goffic (Sorbonne Nouvelle)
Georges Kleiber (Université de Strasbourg)
Mustapha Krazem (Université de Lorraine)
Danielle Manesse (Sorbonne Nouvelle)
Luisa Mora Millan (Université de Cadix)
Michèle Noailly (Université de Brest)
Thierry Pagnier (Paris 8 — Saint-Denis)
Xavier-Laurent Salvador (Paris 13 — Villetaneuse)
Georges-Elia Sarfati (Université d’Auvergne)
Agnès Steuckardt (Université Paul Valéry, Montpellier)
Georges-Daniel Véronique (Université d’Aix-Marseille)
Chantal Wionet (Université d’Avignon)
Anne Zribi-Hertz (Paris 8 — Saint-Denis)

 

Source

mercredi, 23 septembre 2020

L’urbanisme : de Romulus à Le Corbusier

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L’urbanisme : de Romulus à Le Corbusier

Entretien avec Pierre Le Vigan

 
 
 
 
Entretien du Cercle Henri Lagrange avec Pierre Le Vigan (urbaniste et essayiste)
 
 
00:00:23 - Différences entre "maçonnerie", "architecture" et "urbanisme"
00:06:1 - Qu'est qu'une "cité"?
00:09:01 - Qu’est-ce que le "synœcisme" ?
00:10:11- La "Cité idéale" de Platon
00:11:52 - Aristote
00:13:12 - Qu'est-ce que le "pomerium"
00:14:39 - Les murailles
00:17:38 - Les utopies urbanistiques de la Renaissances
00:20:35 - Impact de la révolution industrielle sur la ville
00:24:26 - Le Paris d'Hausmann
00:30:12 - Les utopies urbanistiques du XIXeme siècle
00:32:43 - Les mouvements "culturaliste", "progressiste" et "naturaliste"
00:39:08 - Le Corbusier
00:45:08 - Le "Plan Voisin"
00:49:30 - Bauhaus et l’avant-garde soviétique
00:56:51 - Les "grands ensembles" en France
01:04:59 - Le regard d'un urbaniste sur la banlieue
01:11:18 - la conception contemporaine de la rue
01:15:15 - Les mouvements "modernes" et "post-modernes"
01:20:33 - Le mode de contrôle contemporain de la ville
01:22:32 - Qu'est ce que la "smart city"?
01:23:32 - La ville de demain

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Pas de pardon pour le président Loukachenko

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Pas de pardon pour le président Loukachenko

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien avant Donald Trump, Jair Bolsonaro, Rodrigo Duterte, Viktor Orban ou les frères Kaczynski, il est le premier chef populiste, voire illibéral, de l’après-Guerre froide. Par son action politique, il anticipe la « verticale du pouvoir » poutinienne. Son indéniable charisme, son bon sens, son application à servir, son habilité diplomatique et son caractère déterminé ont contredit Francis Fukuyama et sa prophétie foireuse de la « Fin de l’Histoire ». En vingt-six ans de présidence, Alexandre Loukachenko n’arrive pas à se faire pardonner par le Système du mauvais Bien.

L’agitation actuelle qui secoue le Bélarus commence dès la confirmation de la réélection dès le premier tour du président sortant. Comme à chaque fois, les pègres étatiques occidentales n’approuvent pas le choix souverain du peuple, encouragent des candidats en carton pâte et dénoncent des fraudes électorales, estimant que Minsk imite les vieilles habitudes politico-mafieuses de Chicago, de Los Angeles, de Londres ou de Marseille…

Certes, le Bélarus serait l’ultime parc soviétique avec le maintien des statues de Lénine et des premiers bolcheviks. Le Bélarus accepte son passé et garde une nostalgie certaine de l’URSS. Quant au président Loukachenko, comme tout le monde, il a commis quelques maladresses. Il a permis ces dernières années l’implantation d’ONG pseudo-humanitaires à la solde de George Soros, et l’ouverture de « nefast’foods » étatsuniennes. Le dimanche 30 août dernier, il aurait pu aussi apporter un soutien officiel aux milliers de manifestants anti-masque à Berlin et à Paris.

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L’Occident dégénéré ne lui pardonne pas que le Bélarus soit une belle preuve tangible d’État-stratège. À l’heure où un Béarnais obtient le haut-commissariat au Plan en France, le président Loukachenko a toujours misé sur un essor économique équilibré avec un secteur agricole aux productions réputées dans toute l’aire ex-soviétique, un secteur industriel performant et un secteur tertiaire dynamique. Sait-on qu’il existe en banlieue de Minsk un Parc des hautes-technologies, l’équivalent bélarussien de la Silicone Valley californienne ? Le Bélarus a parfaitement négocié le tournant de la IIIe Révolution industrielle sans renoncer à son appareil industriel ni dépeupler ses campagnes. Autorisant l’emploi des cryptomonnaies, le Bélarus a vu apparaître une catégorie socio-professionnelle d’entrepreneurs informatiques. Les problèmes économiques momentanées que connaît le pays sont d’ordre conjoncturel et résultent souvent des pressions géopolitiques venues tant de l’Occident déclinant que de certaines coteries périphériques, plus ou moins véreuses, du Kremlin.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko sa victoire de 1994 sur un programme anti-corruption et anti-libéral. Président tout puissant bénéficiant de la confiance du peuple, il a pu écarter l’ensemble des oligarques locaux qui commençaient à piller et à brader les ressources naturelles et les richesses économiques du jeune État post-soviétique.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de réussir hors de toute emprise partitocratique la conciliation de la « gauche du travail » et de la « droite des valeurs ». Hormis une organisation de jeunesse qui lui est favorable, l’Union de la jeunesse républicaine du Bélarus, Alexandre Loukachenko n’a jamais voulu créer son propre parti. Indépendant et impartial, il agit en président de tous les Bélarussiens, soit tout le contraire des pantins occidentaux qui, le soir de leur élection, le clament haut et fort sans pour autant l’appliquer ensuite.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko sa lucidité au moment de la pandémie de coronavirus. À l’instar de la Suède, il refuse de sombrer dans la psychose, exclut tout confinement obligatoire, n’impose pas le port du masque partout et tout le temps, et ordonne la poursuite des compétitions sportives. Toutefois, désinformée par les ondes de la BBC et de Radio Free Europe, la population bélarussienne n’alla pas aux stades de peur d’être contaminée. Or, une partie de celle-ci manifeste maintenant chaque dimanche sans craindre d’attraper le virus comme s’il avait disparu…

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Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de ne pas se courber devant le FMI, la Banque mondiale et les agences financières internationales. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de tenir tête aux injonctions sociétalistes LGBTistes. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de tancer en public ou devant les caméras tel directeur d’usine ou de ferme incompétent ou bien de virer en direct le Premier ministre accusé de corruption. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de restreindre la publicité. Les panneaux de réclame commerciale restent limités, ce qui fait du dirigeant bélarussien le premier et le plus conséquent des « Casseurs de pub ».

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko d’avoir interdit la publication des infâmes caricatures du prophète Mahomet reprises par Charlie Hebdo. Le Bélarus compte une minorité musulmane ainsi que des immigrés originaires de l’Asie centrale post-soviétique. Le chef d’État bélarussien a bien compris la manœuvre démente d’une liberté d’expression en sens unique.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko d’avoir contribué au côté du commandant bolivarien de la révolution vénézuélienne, Hugo Chavez, à une coordination intercontinentale de résistance à l’hégémonie yankee. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent surtout pas au président Loukachenko de maintenir la peine de mort. Le Bélarus reste le dernier État d’Europe à ne pas dépendre de ces affreux bidules que sont l’inutile Conseil de l’Europe et la funeste Cour européenne des droits de l’homme. S’il n’y a que deux à trois exécutions par an, l’existence du châtiment capital permet la gradation effective des peines. Intolérable pour l’Occident cosmopolite qui privilégie les criminels et autres délinquants aux honnêtes gens !

Si la France avait le bonheur (et l’honneur !) d’être conduite par Alexandre Loukachenko, elle retrouverait sa place au premier rang des puissances. Le président bélarussien contient la Subversion cosmopolite en cours. Comme sous le Second Empire français (1852 – 1870), les milieux urbains ne cachent pas leur hostilité. Les fauteurs de troubles souhaiteraient bien se débarrasser d’Alexandre Loukachenko. Or ils auraient dû se souvenir qu’il ne renonce pas si facilement. Contrairement au fataliste Jules César, le président bélarussien est passé à l’offensive. Le Bélarus a bien de la chance d’avoir à sa tête un tel combattant !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 182 mise en ligne sur TVLibertés, le 15 septembre 2020.

Carnaro, l'anniversaire oublié

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Carnaro, l'anniversaire oublié

par F. A.

L’anniversaire de la Charte de Carnaro, le 8 septembre 2020, est passé quasi inaperçu. 

C‘est néanmoins un de ces moments privilégiés de l'Histoire où l’esprit, capté par toutes sortes de sollicitudes subalternes, peut se remettre à l’écoute des dimensions vitales de l’existence. Gabriele D’Annunzio a développé dans sa vie, aussi bien publique que privée, une révolution qui ébranla les plaques esthétiques et politiques de l’Europe.

« Carnaro » est tout d‘abord une géographie, ce golfe où la Mer Adriatique sculpte le haut de la botte italienne, mais c’est aussi le nom d’une charte inspirée par le poète, une des plus révolutionnaires, dit-on, jamais composée de main d’homme et salué par Lénine en personne.

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D’autres révolutions visaient a créer l’Homme de demain, tournant le dos au passé ; celle-ci vise à éveiller l'Homme du matin. Dans les armoiries arborées lors des processions, on reconnait la constellation de la Grande Ourse et le serpent Ouroboros sur fond de pourpre romain.

ÉCLAIRCIES MATINALES

Mais Carnaro a été et doit rester, avant tout, une expérience intérieure. On ne doit pas se dire, allons-nous parader dans la rue de Rijeka (Fiume) avec des pancartes et des drapeaux ce 8 septembre ? Autour de quels slogans ? la vie ? l'amour ? la joie ? 

Célébrer Carnaro, c’est rendre Gabriele d’Annunzio présent parmi nous ; c’est méditer sur le chemin parcouru depuis un siècle. Les progrès faramineux de la Science. Et leurs revers.

En mettant le début du siècle dernier et celui de ce  siècle en miroir, on est surpris par la rapidité de la courbe du progrès. On est passé de l’épée à la bombe à Hydrogène. On se rend compte que chaque étape de ce que notre époque considère comme un progrès technique - et, c’est plus difficile à admettre, démocratique - entraîne un recul équivalent de l’âme. Plus l’automobile et les Droits de l’Homme s’érigent en norme et en programme, plus l’âme humaine s’atrophie.

D’Annunzio comme Georges Bernanos, savait qu’il y a en l’Homme Moderne un consentement à l’amnésie et à l’auto-disparition par étapes successives. Comme la littérature porte en elle l’ultime recours de la vie intérieure, etent la voilure de l'âme des peuples, on comprends pourquoi le système de domination actuel s’évertue à la rendre la plus puérile et bourgeoise possible.

51OLfdMnCXL.jpgDans ce monde du tout utilitaire et du tout jetable, l’ultime herméneutique est le bruissement de la nostalgie fondamentale de l’Être. On ne peut pas ne pas entendre ce bruissement, mais seulement le recouvrir par tous les bruits du monde moderne, voire par les slogans substitutifs tels que « progrès », « liberté » ou même « écologie ». Qui sait aujourd’hui qu’à Fiume on invitait les animaux pour assister aux conférences ?

Le mot « nostalgie » est pour moi le concurrent le plus sérieux aux concepts captatifs et souvent trompeurs. Car il renvoie au germe divin, lové en chacun de nous, à la liberté assumée. Ce n’est que dans les vérités provinciales, dans les clairières de l’existence, que ce germe peut prendre vie. Là où l’enfant construisait ses cabanes en compagnie des fées de la forêt et non dans les banlieues des grandes villes surpeuplées.

Ces derniers temps, je reviens souvent à cette citation (dont j’ai oublié l’auteur) et qui sonne, quand je la prononce intérieurement, comme la clé qui ouvre toutes portes : « On ne peut pas être à la fois Homme du nouveau et Homme du matin ».

L’intuition sait que le « Nouveau pour le Nouveau » est une vis sans fin, une espérance sans joie qui fait toujours le lit des régimes totalitaires et que la nouveauté radicale c’est l’aurore car l’aurore rougeoyante, insaisissable, est sans cesse à la fois la même et une autre.

Le destin de l’Homme «mécanique», réduit de plus en plus en assistant de la technique et à la planification, tangente vers le néant d’une vie standardisée et remplaçable. Mais de l’autre côté de la vie – sur l’Autre Rivage - nous attend l’Homme réenchanté porteur de sa légende personnelle.

Nous portons en nous ces grands récits dont on ne sait plus très bien s’ils reflètent des faits qui se sont réellement déroulés ou des herméneutiques du coeur. La geste de Gabriele D’Annunzio à Fiume est de ceux-ci. Ces « légendes », au sens où j’emploie ce mot, parleraient même de l’état transfigurique de l’Homme libéré des reflets de lui-même. L’antithèse radicale de l’Homme mécanique.

L’Homme accompli ne serait donc pas celui qui dépasse le mur du son ni celui qui accumule égoïstement des millions, mais celui qui accomplit sur terre sa légende personnelle et collective, moment où l’invisible agit comme un couronnement royal du monde visible.

Sa légende personnelle, c’est son enfance enfin accomplie.

On se croyait, par la technique et les Droits de l’Homme, prince de ce monde ; on se découvre avec sa légende personnelle, roi de la vie !

LE COURONNEMENT TRANSFIGURIQUE

Comme j’ai horreur des leçons de principe et des commémorations imposées, que je préfère éveiller à convaincre, que je crois au primas de image sur le concept, voici le témoignage d’un de ces éclaircis matinaux vécus il y a peu.

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Ce pourrait être la description d’une toile impressionniste de Renoir mais il s’agit plutôt d’une rencontre. Elle me vit arriver, sale et déshydraté. Elle ouvrit aussitôt une toile sur l’herbe où elle déposa des fruits et des boissons, exactement comme on écrit des mots sur une page. Elle était à la fois hésitante et sûre d’elle et laissait entrevoir quelque chose de l’archétype féminin. Tout autour, la campagne odorante, décor où les bovins étaient les personnages d’arrière plan, impassibles tout comme les nuages plus lointains... Le grand près ressemblait à une scène de théâtre et nous étions les témoins du grand chatoiement du monde. Les cloches du couvent tout proche rythmaient les heures de cette unique journée de complicité naissante.

Et puis, le lendemain, ce fut le départ, la descente des chemins, les adresses échangées, les derniers aux-revoirs. Une scène assez banale vu par l’oeil du poète ? Sans doute, mais pas seulement.

C’est à travers la vie ordinaire que se révèle parfois la vie extra-ordinaire. Chaque événement porte en lui l’écho d’un autre événement aventureux, merveilleux, propice à la découverte de ce que j’appelle sa « légende personnelle », le couronnement de la vie ordinaire. D’ailleurs, le prénom de cette jeune femme signifie en Grec « porteuse de couronne ». Reine ou servante, en tout cas, elle est le témoin d’un sacre.

« Que serions-nous sans le recours de ce qui n’ existe pas » écrit Paul Valéry dans sa lettre sur les mythologies. Ce que cette jeune femme a manifesté ce jour-là, n’est pas une manifestation du visible immédiat mais aussi cet écho d’un monde qui n’a pas besoin d’exister pour être. Il a seulement besoin d’un envoyé, d’un déclencheur extérieur ou intérieur pour nous le faire sortir de l’oubli.

Nous sommes persuadés que cet écho, audible par les peuples anciens, le reste par les poètes comme D’Annunzio. La Constitution de 1920 reflète en tout cas une conception organiciste du monde qui s’oppose à la planification mécanique et tout ce qu'elle inspire. Il existe dans les peuples un "homo legendicus" opposé à l’ "homo mecanicus"; son souvenir doit demeuré.

Il en va de la survie de l’Homme libre et de l'âme de l’Europe.

F.A. septembre 2020 

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Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

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Stefan Schubert:

Neues Zensurgesetz der Merkel-Regierung klar verfassungswidrig

Ex: https://kopp-report.de

»Anti-Hass-Gesetz« nennt die Genossin Christine Lambrecht ihren Frontalangriff auf die Meinungsfreiheit der Bürger. Obwohl der wissenschaftliche Dienst des Bundestages sowie unabhängige Gutachter das Gesetz als »eklatant grundgesetzwidrig« einstufen und selbst Genosse Steinmeier im Schloss Bellevue seine Unterschrift aus diesen Gründen bisher verweigert, beharrt die SPD-Justizministerin auf ihrem totalitären Ansinnen.

51+Ll8FKKfL.jpgDas geplante Gesetz ist ein Generalangriff auf die Gewaltenteilung und Rechtsstaatlichkeit in Deutschland. Facebook und Co. sollen unter Androhung immenser Bußgelder dazu genötigt werden, alle infrage kommenden Kommentare zu melden. Damit würden Facebook und Co. auf eine Stufe mit Strafverfolgungsbehörden wie Staatsanwaltschaft und Polizei gestellt werden.

Aushilfskräfte bei Facebook sollen so die Arbeit von studierten Juristen ersetzen und einordnen welcher Kommentar von der im Grundgesetz geschützten Meinungsfreiheit gedeckt und welcher Post strafrechtlich relevant ist. Die Verfassungswidrigkeit und der totalitäre Ansatz der SPD-Ministerin ist so offensichtlich, dass man dafür kein Jura-Studium benötigt.

Doch damit ist der Plan von Justizministerin Lambrecht noch nicht komplett, die sozialen Netzwerke sollen gleichzeitig gezwungen werden, die Passwörter und IP-Adressen ihrer Nutzer an das BKA weiterzuleiten.

Dem Bürger wird zudem so auch gleichzeitig das Recht einer eigenen Anzeige genommen, sprich, der Betroffene hat keinerlei Anrecht mehr zu entscheiden, ob diese Beleidigung für ihn belanglos oder so unbedeutend ist, und außerdem über keine breite öffentliche Relevanz verfügt, dass eine Nichtbeachtung im konkreten Fall die bessere und die vom Betroffenen auch gewünschte Reaktion ist. All dies will nun Genossin Lambrecht über die Köpfe der Bürger hinweg neu regeln.

Gegenüber dieser Meldepflicht im #NetzDG wirkt die (heiß umstrittene) Vorratsdatenspeicherung wie ein Kindergeburtstag. Doch eine Debatte bleibt im Mainstream vollkommen aus. Diese Erkenntnisse beunruhigen in Zeiten der Corona-Überwachungsmaßnahmen zutiefst, da deutlich wird, dass die Bundesregierung im Zusammenspiel mit den Medien zukünftige, rigide Maßnahmen nur entsprechend framen muss, dann ist den Demokratieabschaffern weiterhin der Applaus der medialen Claqueure gewiss.

Dieser Totalitarismus der Merkel-Regierung stellt auch nicht etwa ein Einzelfall dar, sondern wird strategisch in nahezu alle gesellschaftlichen Bereiche ausgedehnt. Wie weitreichend dieser sozialistische Totalitarismus in Deutschland bereits vorangetrieben wurde, belegt der Autor in seinem aktuellen Buch Vorsicht Diktatur! Wie im Schatten von Corona-Krise, Klimahysterie, EU und Hate Speech ein totalitärer Staat aufgebaut wird.

Meinungsfreiheit nur noch für die Eliten

Den Berufspolitikern der Großen Koalition in Berlin missfällt es seit Jahren, dass sie dank Internet und sozialer Medien im direkten Kontakt mit der Bevölkerung stehen, welchen sie zudem nicht steuern können. Um diese basisdemokratische Teilhabe einzuschränken, zu zensieren und zu kontrollieren, sprechen sie gefühlt seit Monaten nur noch über Hate Speech, Rassismus und die sprachlichen Gemeinheiten, die sie zu ertragen haben.

Doch wie sieht eigentlich die Faktenlage zum sogenannten »Hatespeech« aus? Die Justizministerin, die gerne auch als Verfassungsministerin bezeichnet wird, behauptet, dass »Hass und Hetze« solche Dimensionen im Internet erreicht haben, dass die Demokratie akut gefährdet sei. Wie wir alles wissen, schaffen es linksextreme Mordaufrufe meist nicht in die Talkshows und Nachrichtensendungen von ARD und ZDF, genauso wenig wie die unaufhörliche islamistische Hetze aus radikalen Moscheen und Predigern.

9783864457661.jpgWie die vom antifaschistischen Kampf Beseelten die gesamte Republik unaufhörlich wissen lassen, ist das Gesetz zur Bekämpfung von Hasskriminalität auf rechtsextreme Hetze im Netz maßgeschneidert. Nur wird bekanntlich im Mainstream nicht zwischen einer legitimen rechten Meinung und rechtsextremen Äußerungen unterschieden, und so fragt sich der interessierte Bürger, ab welcher Definition die staatliche Strafverfolgung nun eigentlich einsetzt.

Bereits bei dem Gebrauch von Begriffen wie »Grenzöffnung«, »Bevölkerungsaustausch«, »#NichtMeineKanzlerin«, oder erst ab »Volksverräterin Merkel« und dergleichen? Bei Experten macht längst das böse Wort einer »Gesinnungsjustiz« die Runde.

Wer der vorgegebenen Meinung der regierungskonformen Medien widerspricht, der wird ausgegrenzt, gesperrt, gelöscht, entlassen – dessen Bücher werden boykottiert, unbequeme Redner werden von Hochschulen vertrieben und die allgemeine Zensur greift immer weiter um sich. Ganz offen reden Journalisten und Politiker mittlerweile davon, »rechte« Meinungen zu regulieren.

Die Faktenlage gibt indes die behauptete Demokratiegefährdung durch rechtsextreme Hass-Kommentare eindeutig nicht her. Allein in Deutschland verfügt Facebook über 38,5 Millionen Nutzer, Tendenz ansteigend. Noch deutlicher wird der vollkommen unverhältnismäßige Angriff auf die Meinungsfreiheit mit einer Beispielrechnung. Wenn nur jeder zweite Facebook-Account einen Post oder Kommentar pro Tag veröffentlicht, kommen wir in einer Woche auf rund 140 Millionen Kommentare und im Monat damit auf rund 560.000.000 Posts. Auf ein Jahr hochgerechnet wären dies rund 6.7 Milliarden in Frage kommender Meinungsäußerungen. In den vergangenen Jahren ist gleichzeitig, meist massiv mit Steuergeldern finanziert, eine regelrechte Extremismusindustrie entstanden, wo linke Zeitgenossen ihre Ideologie zu einem Geschäftsmodell ausgebaut haben. Wenn jemand Renate Künast oder die SPD-Frau Sawsan Chebli beleidigt, wird dies nicht nur umgehend angezeigt, sondern auch prominent in den Medien verbreitet. Doch auf Nachfrage muss das Bundesjustizministerium zugeben, dass 2018 in den sozialen Medien bundesweit lediglich 1472 Fälle sogenannter Hasspostings registriert wurden und im Jahr 2019 die Zahl minimal auf 1524 Fälle anstieg. Die Bilanz zum Ende 2019 von Staatsanwalt Christoph Hebbecker von der Zentralstelle für Cyberkriminalität fällt entsprechend ernüchternd aus:

»Wir haben seit Beginn etwa 700 bis 800 Strafanzeigen auf diesem Weg bekommen. In etwa der Hälfte der Fälle – daran sieht man, wie genau wir da differenzieren – haben wir ein Ermittlungsverfahren eingeleitet. Das heißt, in allen anderen Fällen sind wir nach der Prüfung zu dem Ergebnis gekommen: Hier liegt kein Anfangsverdacht vor. Wir haben bislang in etwa 120 Beschuldigte identifizieren können.«

Also: Trotz Millionen von Steuergeldern, die in diese neu installierte Extremismus- wie Überwachungsindustrie geflossen sind, stehen am Ende des Jahres nur 120 verdächtigte Beschuldigte fest (von 83 Millionen Einwohnern), bei denen es zudem in den meisten Fällen noch zu keinerlei rechtskräftigen Verurteilung gekommen ist, sie dementsprechend unter die Unschuldsvermutung fallen. Und trotz dieser Einzelfälle inszenieren Politik, Staatsfernsehen und Mainstream-Medien seit Jahren eine gemeinsame Kampagne, als ob in Deutschland die Apokalypse in den sozialen Netzwerken herrschen würde.

51l1qRjUlQL.jpgZum Vergleich, seit den Grenzöffnungen 2015 hat der Generalbundesanwalt 2645 islamistische Terrorverfahren eingeleitet und das BKA weist 1,3 Millionen Straftaten durch Flüchtlinge aus, darunter Mord, Totschlag, Messerangriffe, Terroranschläge, bewaffnete Raubüberfälle, Drogenhandel, Vergewaltigung und Gruppenvergewaltigung. Eine entsprechende Reaktionen darauf von Genossin Justizministerin? – Fehlanzeige! Gab es aufgrund dieser Verbrechenswelle eine Gesetzesinitiative der Bundesregierung und eine konsequente Abschiebepolitik von kriminellen wie abgelehnten Asylbewerbern? Auch dies nicht. Wurden diese Gefahren für die Bevölkerung in den Medien entsprechend thematisiert und der Kontrollverlust und das Staatsversagen der Politik angeprangert und die Politik endlich zum Handeln aufgefordert? Wir alle kennen die Antwort!

Der propagierte »Kampf gegen Rechts« hat ein tyrannisches Regime erschaffen, unter dessen Vorwand die Bundesregierung die Bürger dieses Landes seiner elementaren Grundrechte wie Meinungsfreiheit, Versammlungs- und Demonstrationsfreiheit beraubt. Neu eingeführte Begriffe wie Hate Speech und Hasskriminalität wurden mit Komplizenschaft der Medien, linker Ideologen und steueralimentierter NGOs im Schnellschritt verbreitet, mit einer Gesetzeshülle versehen und zu einem herrschsüchtigen Zensur- und Unterdrückungsapparat ausgebaut. Längst nehmen sich Diktaturen wie das kommunistische China das deutsche Gesetz zur Verbesserung der Rechtsdurchsetzung in sozialen Netzwerken (NetzDG) als Vorbild zur Unterdrückung der Bevölkerung und zur Kontrolle des Internets, von Facebook, Twitter und YouTube.

Eines wird bei der Begutachtung dieser Vorgänge deutlich: Der Rechtsstaat wird angegriffen. Nicht von rechts, auch nicht von links, sondern durch Genossin Justizministerin und die Bundesregierung.

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Dienstag, 22.09.2020

mardi, 22 septembre 2020

Avec Bruno Lafourcade

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Avec Bruno Lafourcade

par Christopher Gérard

Ex: http://archaion.hautetfort.com

Au seuil de l’Apocalypse

« Quant à moi, j’attends les Cosaques et le Saint-Esprit. Tout le reste n’est qu’ordure ! » prophétisait Léon Bloy vers 1915, en pleine tuerie mondiale. Avec son dernier recueil, dont le titre s’inspire du grand imprécateur, Bruno Lafourcade a voulu présenter, par le biais d’une centaine de chroniques qui sont autant d’anathèmes et de fulminations, le portrait d’une certaine France, celle de M. Macron et des hyperféministes, celle des théoriciens de la dislocation des héritages et des créatures télévisuelles. Une France où règnent, comme dans tout le bel Occident, mais de façon plus affirmée car théologiquement justifiée par les chanoines de l’Eglise du Néant, « la réification des hommes, la marchandisation des corps, la manipulation biologique, la délocalisation de tout et de tous » - l’ensemble vendu par les diverses propagandes comme un vert paradis.

AA-Cosaques4043990568.jpgBruno Lafourcade a naguère publié un essai courageux Sur le suicide, une charge contre les Les Nouveaus Vertueux. Plenel, Fourest, Joffrin, etc. & tous leurs amis, un fort roman, L’Ivraie, qui retrace le parcours d’un ancien gauchiste devenu sur le tard professeur de français dans un lycée technique de la banlieue bordelaise. Il s’y montrait hilarant et désespéré, incorrect et plein d’humanité. Et styliste exigeant, car l’homme connaît la syntaxe et la ponctuation, classiques à souhait. Qu’il fasse l’éloge du remords (« qui oblige ») ou du scrupule, de la modestie conservatrice face à l’arrogante confiance en soi du progressiste, du dédain face à la haine plébéienne (« on imagine mal tout le dédain que peut contenir un point-virgule »), Bruno Lafourcade se montre drôle et féroce, quasi masochiste à force de pointer avec tant de lucidité les horreurs de ce temps – un misanthrope doublé d’un moraliste, classique jusqu’au bout des ongles. Saluons ce polémiste inspiré, son allergie si salubre aux impostures de l’époque. Et cette charge contre telle crapule télévisuelle, minuscule écrivain qui, sur le tard, après vingt ans de courbettes, renie un confrère, son aîné, devenu pour la foule l’égal de Jack l’Eventreur.

Christopher Gérard

Bruno Lafourcade, Les Cosaques & le Saint-Esprit, La Nouvelle Librairie, 346 pages, 16.90€

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Né en 1966 en Aquitaine, Bruno Lafourcade a, entre diverses besognes alimentaires (agriculture & publicité), poursuivi des études de Lettres modernes à Lyon ; il est l’auteur d’un courageux Sur le suicide (Ed. François Bourrin), dont j'ai parlé naguère. Un roman le fait sortir de sa tanière des Landes et attire l’attention sur ce chroniqueur souvent acerbe de notre bel aujourd’hui (voir son jubilatoire pamphlet contre les nouveaux puritains, Plenel, Taubira et tutti quanti).

En trois cents pages, son roman L’Ivraie retrace en effet le parcours de Jean Lafargue, rebelle pur sucre, devenu sur le tard professeur de français dans un lycée technique de la banlieue bordelaise et donc condamné à « une existence grise et bouchée ».

BL-ivraie3706061291.jpgEncore un témoignage sur la misère des lycées techniques, se demandera le lecteur ? En fait, les choses sont bien plus complexes, grâce au talent, indiscutable, de Lafourcade, qui signe là un vrai livre d’écrivain, hilarant et désespéré, incorrect et plein d’humanité.

Car le vrai sujet du livre, c’est le crépuscule, celui d’une civilisation et celui d’un homme – minuscule grain de sable coincé dans les interstices d’un système devenu fou. C’est dire si chacun peut se reconnaître dans ce récit picaresque, truffé de morceaux d’anthologie comme la description d’une bibliothèque de province ou d’une salle des professeurs (« une pièce qui puait l’ennui professionnel, le café industriel et la mort administrative »), les réflexions sur la destruction de notre langue (devenue pour tant de gens un « chaos de subordonnées sans principales, de principales sans verbes et de verbes sans sujets, avec un « quoi » omniprésent à l’agressivité rentrée »).

Dans La Chartreuse de Parme, Stendhal proclame, non sans une certaine mauvaise foi, que « la politique dans une œuvre d’art, c’est un coup de pistolet au milieu d’un concert » : avec Lafourcade, il faut parler de canonnade, tant le polémiste de race se déchaîne contre l’imposture aux mille faces, toujours avec esprit et dans une langue précise servie par un style percutant – un vrai tueur.

A surveiller de près, ce Bruno Lafourcade, qui mérite amplement sa fiche S (comme styliste).  

Christopher Gérard

Bruno Lafourcade, L’Ivraie, Ed. Léo Scheer, 320 pages, 21€

Du même auteur, Les Nouveaus Vertueux. Plenel, Fourest, Joffrin, etc. & tous leurs amis, Ed. Jean Dézert, 200 pages.

Le site de l'écrivain : https://brunolafourcade.wordpress.com/

Voir ma chronique du 11 septembre 2014 sur son essai :

http://archaion.hautetfort.com/archive/2014/09/11/sur-un-bel-essai-de-bruno-lafourcade-5445486.html

UE / Russie : les six principes du renouveau de la guerre froide

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UE / Russie : les six principes du renouveau de la guerre froide

par Karin Bechet-Golovko
Ex: https://russie-politics.blogspot.com

Hier, le Parlement européen a voté à une majorité écrasante une résolution, qui ressemble à s'y méprendre à une déclaration de guerre froide. Sans parler du fait qu'en même temps, il ne reconnaît pas les élections en Biélorussie (rappelons que la Biélorussie ne fait pas partie de l'UE), le point essentiel vient dans la seconde résolution : renforcer l'isolement de la Russie, sauf si elle change de "régime", financer les dissidents, les médias et les ONG, pour préparer la "Russie démocratique". L'excuse : Navalny. Ce qui montre bien, en passant, que toute cette affaire, regroupée en deux résolutions européennes discutées en même temps, est liée. La Biélorussie a bien servi de modèle pour préparer rien moins qu'une tentative de renversement de l'ordre constitutionnel en Russie. Et l'UE le déclare ouvertement. En tout cas, c'est finalement une excellente nouvelle, car les cartes sont baissées et les groupes néolibéraux globalistes en Russie voient l'échec cuisant de leur politique de compromis-sion. Les leçons sont à tirer et pas uniquement en discours. Avant que le spectre de février 1917 ne plane une troisième fois sur le pays.

Le 16 septembre, les députés européens ont discuté de l'impératif d'isolement de la Russie actuelle, tant qu'elle ne se pliera pas intégralement aux règles du jeu de la globalisation, qui implique pour un partage du gateau économique, une soumission politique inconditionnelle. Cette résolution, débattue sur fond de Navalny, est un pas important passé dans la confrontation, tant sur le fond que par l'écrasante majorité du vote. La résolution prévoit de renforcer les sanctions contre la Russie et d'aller plus loin dans l'isolement du pays sur la scène internationale, tout en mettant la Russie ouvertement en position de faiblesse en demandant une enquête internationale sur l'affaire Navalny, menée par l'ONU, l'UE, l'OIAC et le Conseil de l'Europe - en violation de la souveraineté du pays. Le coup de grâce est l'établissement d'une stratégie de soutien et financement des "dissidents", des médias, de l'opposition pour préparer les relations de l'UE avec la "nouvelle Russie démocratique". Une résolution en forme de déclaration de guerre, car la Russie telle que nous la connaissons aujourd'hui, selon l'UE, doit disparaître.
 
Ainsi, sur les 705 députés européens, 688 ont pris part au vote concernant la Russie. Sur les 688 votant, 532 ont voté pour, 84 contre et 72 se sont (courageusement) abstenus. Il est donc tout à fait logique d'en déduire que le Parlement européen, dans son écrasante majorité, est pour la tenue d'une politique agressive envers la Russie. 
 
Andrius_Kubilius_Senate_of_Poland_01.JPGD'ailleurs, Andrius Kubilius (photo), l'ancien Premier ministre lituanien (pays, qui soutient ouvertement la révolution biélorusse) est l'un des auteurs de la résolution. Justification de l'importance de cette résolution selon ses termes :
"C'est un document important, parce qu'il ne parle pas uniquement du cas individuel de l'empoisonnement de Navalny, mais donne une image de la politique du Kremlin en général, et en particulier à l'encontre de l'opposition, de ceux qui pensent différemment et de ses voisins."

Afin de donner le ton, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait, la veille, fait une déclaration semblable : 

“To those that advocate closer ties with Russia, I say that the poisoning of Alexei Navalny with an advanced chemical agent is not a one-off,” said Ms von der Leyen, a former German defence minister. “We have seen the pattern in Georgia and Ukraine, Syria and Salisbury — and in election meddling around the world. This pattern is not changing.”

Ainsi, la Russie est présentée comme un pays paria. Ce qui justifie le contenu surréaliste de cette résolution. 
 
Les sanctions qui doivent être établies doivent tenir compte des personnes visées par les "enquêtes" de Navalny. Ainsi, les "enquêtes" à charge commandées remplacent la justice dans le monde post-moderne et ceux qui passent commande veulent pouvoir profiter immédiatement des "résultats" obtenus, sans prendre le risque d'une véritable étape judiciaire. Il s'agit quand même de bloquer des comptes bancaires ...
 
Selon les députés, l'UE doit insister pour que la Russie "mette sa législation en conformité avec le droit international", c'est-à-dire qu'elle doit annuler sa réforme constitutionnelle (puisque celle-ci réaffirme la supériorité de la Constitution nationale sur les normes internationales et décisions des organismes internationaux - conformément à la tradition juridique classique). De plus, la Russie doit mettre un terme à sa législation de contrôle des ONG financées de l'étranger et exerçant une activité politique, à savoir sa législation sur les agents étrangers (comme aux Etats-Unis, ce qui là ne pose aucun problème).
 
Pourquoi tant d'inquiétude ? Parce qu'il faut soutenir financièrement les "forces démocratiques". Et ça ne doit pas laisser de traces. Oui, comme en Biélorussie. C'est la suite logique, la machine est en marche, elle ne peut plus s'arrêter. Elle ne peut qu'être arrêtée. 
 
Cette résolution va encore plus loin et prévoit la remise à plat des relations entre l'UE et la Russie sur la base de 6 principes.
 
1) La stratégie européenne à l'égard de la Russie va dépendre de la profondeur des "processus démocratiques" en Russie et "du respect de l'état de droit et des droits de l'homme". Autrement dit, si la Russie ne "s'aligne" pas, le combat va durer jusqu'à ce qu'elle craque. Le message est clairement envoyé aux forces globalistes, assez nombreuses dans les couloirs du Kremlin et dans les jardins, mais qui n'ont pas (encore) les mains libres - comme en février 1917 ou à la fin des années 80.
 
2) La préservation de "l'isolement" de la Russie sur la scène internationale, comme avec le G7. Or, la Russie est entrée de plein-pied, la fleur au fusil, dans le dédale de la globalisation, c'est un coup très bien ciblé après avoir amené le pays exactement au point voulu.
 
3) Le développement d'un mécanisme de sanctions sur le modèle "Magnitsky", sanctions qui soient et personnelles et sectorielles. Ici, l'on voit l'intérêt qu'a pu présenter Navalny, puisqu'il faut bien un fondement dicible, mais maîtrisable.
 
4) L'arrêt du projet "Nord Stream 2", ce qui souligne bien le fait que l'UE ne défend pas les intérêts des pays européens, mais, en l'occurrence, balaie le chemin pour les importations américaines. Elle n'est donc qu'un instrument de la globalisation et son existence n'a de sens qu'en cela. L'UE n'est donc pas réformable, elle doit être détruite pour que les Etats européens survivent.
 
5) L'UE doit développer une stratégie de soutien des dissidents, des ONG et des médias en Russie, inviter les étudiants russes à étudier en Europe et créer dans un pays européen une "Université russe en exil". Manifestement, la Biélorussie fut le modèle, pour ensuite l'appliquer à la Russie. L'on rappellera l'Université biélorusse en exil (où j'ai d'ailleurs enseigné quelque temps), qui est située à Vilnius. L'on comprend aussi pourquoi la législation contrôlant le financement des ONG doit être révisée.
 
6) Les députés européens doivent immédiatement commencer à établir la stratégie des "futures relations de l'UE avec la Russie démocratique". C'est l'annonce d'un coup d'Etat, sous couvert de "démocratie". Comme en Biélorussie, le pouvoir "démocratique" doit être instauré de l'extérieur.
 
Par cette résolution, les parlementaires européens, que nous élisons au passage, n'ont rien fait de moins qu'une déclaration de guerre froide à la Russie. C'est le plan d'une tentative de renversement du pouvoir constitutionnel en Russie, sur le modèle biélorusse amélioré. Et ici aussi, comme avec la Biélorussie, le clan globaliste américain se met en retrait et laisse faire le sale travail, tout en tirant les ficelles en sous-main.
 
Cette résolution marque l'échec sans appel des forces globalistes russes, qui ont fragilisé le pays et l'on conduit dans cette impasse. Des forces qui, comme en février 1917, comme à la fin des années 80 ont conduit le pays à sa perte et l'ont offert sur un plateau au monde occidental. La politique de compromis trouve ici sa limite, il va falloir prendre une décision : l'on ne négocie pas lorsqu'on vous déclare la guerre. 

The Metaphysics of Integral Ecology

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The Metaphysics of Integral Ecology

Among those on the Right who address man’s relationship to the rest of the natural world, one finds a variety of approaches. There are the anthropocentric conservationists, who promote the “wise use” or prudent management of natural resources for future generations. There are the Social Darwinist varieties, who view humanity as a purely biological part of nature and subject to its harsh laws. And there are those of a more traditionalist bent who regard the natural as an expression of primordial cosmic order which demands our respect. I’ve taken to calling this third variant “integral ecology,” for this approach to ecology is inseparable from larger questions of metaphysics, human nature, ethics, and politics. [1] [1]

It is this third approach to environmental questions that I believe to be truest and the most consistent, and have promoted it as such in my various writings. However, since the connection between traditional metaphysics, the politics of the Right, and integral ecology may not be immediately clear, I will attempt to explain my understanding of it here. As I consider myself more of a Kshatriya than a Brahmin [2], I make no claims to originality or perfect exposition of the traditional doctrine. I nevertheless believe the outlines are correct and support the inclusion of an integral ecology into the outlook of the True Right.

My understanding of the primordial tradition is heavily influenced by the writings of Julius Evola and René Guénon. According to the traditionalist school, this ageless doctrine was expounded in the East by the teachers of Hinduism, Taoism, and early Buddhism. In the West, it was most thoroughly explicated by Plato and his Neoplatonist heirs, though its origins lie much further in the past, as the Greeks believed that their wisdom came from Egypt. Whether or not one believes in the truly nonhuman, primordial origins of this doctrine, it nevertheless reappears in human history in widely varying cultural settings and, with some thought and practice, can be seen to be the truest representation of reality as we know it.

I will begin by sketching an outline of traditional metaphysical doctrine, then explain why it forms a necessary foundation for Rightist political thought as well as integral ecology. I will conclude with a description of the present-day enemies of this doctrine — anti-traditional metaphysics, the political Left, and anthropocentric “environmentalism.”

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The Sophia perennis

Metaphysics is the science of first principles. It is the master science, upon which all others are grounded. The primordial tradition, its adherents say, originates in a teaching from the non-human. What this means is that its metaphysic is inherent in the fabric of the universe, existing separately from and prior to the human intellect, and offers a complete, perfect, and true understanding of reality.

According to traditional doctrine, man in his primordial state apprehended these truths directly. While humans have fallen away from their origins and lost their direct experience of the divine, this wisdom and mystic experience is still accessible to contemporary mankind through initiation, meditation, and ritual. These avenues to transcendence have been preserved in the great philosophical and religious doctrines of the ancient world, which despite their historical adaptations to different places and times offer a means of access to the same transcendent reality. This is the meaning of traditio, which connotes something that is transferred from one generation to another. Those of the traditionalist school called this the Sophia perennis, or perennial wisdom.

The various manifestations of the primordial tradition throughout history differ in some particulars. However, there are sufficient commonalities to sketch a shared metaphysical view. In the beginning is the divine ground, absolute Being, synonymous with reality itself, known variously as God, Brahman, the One, the Tao, the Absolute. This is the transcendent reality, the silence and stillness, the order beneath the chaos, the unity before the multiplicity. It contains all and transcends all. This is the ineffable, unknowable power at the center of the cosmos; whole, complete, containing every perfection. No description of mine could possibly do it justice, and the greatest poets and mystics can only offer us imperfect reflections of it.

While perfectly self-sufficient in Himself, God’s essence is overflowing. In order to fully realize the perfection of His nature, He creates the cosmos and its myriad beings. He creates and suffuses the basic matter of the universe with His spirit, and all things come to be in accordance with divine Forms that exist in His mind. All that exists, therefore, participates in the divine order.

Some forces and entities are more spiritual in nature while some are more wholly material. There is, consequently, a chain of Being in creation, descending from God to the angels to mankind and down to inanimate matter, but all things that exist are nevertheless touched with the divine. Thus, while the Gnostics and life-denying dualists of Manicheanism condemned matter as wholly evil and posited a stark dualism between matter and spirit, in traditional metaphysics, all that exists is in some sense divine — though certain entities possess divinity to greater or lesser degrees. Evil arises in a being that is deprived of this good, having forsaken the divine order in favor of its own self-will.

Traditional metaphysics is therefore panentheistic [3], meaning it conceives of God as containing and suffusing all of existence while at the same time transcending it. This differs from pantheism, which simply asserts that “the world is God,” in that it acknowledges a dimension to God’s existence that transcends the material world. Thus, while pantheism lends itself to relativism (since all things are equally “of God” and in some sense indistinguishable), the traditional conception permits the existence of distinct entities and allows one to distinguish which are more or less in alignment with the divine nature.

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Additionally, traditional metaphysics differs from classical theism in denying a strict Creature-Creator distinction. In one sense it is monist [4], in that all things are ultimately manifestations of the transcendent being and therefore lack an independent reality. However, it is also emanationist [5], regarding existence as an emanation or descent of the divine into matter. Thus, while a divide necessarily exists between God and man, it is possible for man through purification and meditation to obtain a mystical experience of God that would be impossible if a strict dualism existed.

While the teaching of the primordial tradition is eternal, it has manifested itself in human history in different ways depending upon cultural, racial, and historical factors. I will focus principally on the West. Though many on the Right (including Evola himself) reject Christianity for a variety of quite understandable reasons, Christianity has been, for better or for worse, the primary vehicle of traditional metaphysics in the Western world for the last two thousand years, and bears some discussion in this respect. [2] [6]

While many strains of Christian thought have strongly emphasized the creation ex nihilo and the Creature-Creator distinction, and thus maintained a strict dualism, this is neither the only school of thought nor the historically dominant one. Theologians particularly influenced by Greek thought and the Eastern Fathers have typically propounded a conception of God more in accord with the traditional metaphysics of the classical world: these include St. Augustine, Pseudo-Dionysius, Meister Eckhart, Nicholas of Cusa, Dante, and Jakob Boehme. These thinkers certainly believed in the God of the Bible, but in endeavoring to penetrate the mystery of His existence they looked to Greek philosophy in addition to scriptures. This is no contradiction, as prior to the Reformation Christians generally believed that revelation could be found in “the book of nature” and attempted to synthesize Christian thought with the truths learned by the classical world. They differed from the Greeks in regarding man as a fallen being, ensnared by sin and thus temporarily divorced from the divine. However, God gave mankind his Son, who would serve as a Savior, an exemplar, and a bridge between God and Man, rebuilding the path to transcendence and mystical experience that had been broken by Adam’s disobedience. Thus, through purification, asceticism, and prayer it would be possible for man to attain some insight into the supreme mystery. In contrast to the somewhat colder Neoplatonism of the ancient world, the Christian God was a God of love. The highest exemplar of this all-encompassing love or agape in the history of the Church, after Christ himself, was St. Francis, whose love extended to the birds and wolves and sun. This lent a unique dimension to the Christian tradition that likely made it highly appealing to the dynamic Faustian soul of Europe.

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This esoteric tradition in Christianity existed alongside the more literal and ritualistic exoteric tradition for hundreds of years. In theory, no conflict exists between them. However, as the Church grew more and more ossified and suspicious of anything that reeked of heresy, particularly after the Protestant Reformation, certain aspects of the tradition were driven underground, surviving in movements such as Hermeticism and Rosicrucianism. While the contemporary Church as a whole appears to be greatly divorced from its origins, it nevertheless remains the last intact and unbroken vessel of the primordial tradition in the West, and whatever the flaws of the Curia or its clerics, the doctrine and ritual remain sound.

Echoes of the primordial tradition can also be found in the Romantic and German Idealist thinkers who rejected Enlightenment materialism and returned to a more organic and spiritual conception of the cosmos. This pagan, Romantic, Nietzschean, Heideggerean approach may well be the most agreeable to readers who disdain Christianity. While more explicitly world-affirming, Romanticism was highly influenced by Neoplatonism and much of its art concerns the divine in man and nature. German Idealism, particularly the philosophy of Fichte, Schelling, and Hegel, regarded nature and human history as the process of self-revealing by the Absolute, and considered mankind as the Absolute reflecting upon itself. Even in the later Heidegger, we find a spiritualized and mystical conception of Being as the absolute ground of existence which reveals itself to mankind. There are obvious differences in exposition and emphasis, but continuity exists.

Put most simply, the essence of the primordial tradition is the reality of the spirit and the possibility of transcendence. All of these traditions and philosophies offer, in languages and concepts adapted to different cultures and epochs, a particular way of approaching one primordial truth: that the cosmos is an interconnected, organic whole, a natural order which demands our submission. In other words, it teaches that there is more to the universe than matter alone, and that there is a transcendent power that orders all things. Moreover, it teaches that through initiation, meditation, purification, and various spiritual exercises man might come to know and draw closer to this transcendent reality. Its acolytes believe that primordial mankind was in possession of this initiatic wisdom and that it has been preserved, in various forms, to the present. It therefore contrasts with modern materialist and atheist ideologies as well as religious conceptions that are purely worldly or assert an impassable gulf between man and the divine. It goes without saying that it also rejects the arrogance of the present age that considers all previous epochs as barbaric, superstitious, and ignorant.

The Primordial Tradition, The Political Right, and Integral Ecology

Having sketched the basic principles and historical manifestations of the primordial tradition, it now remains to explain the connection between its metaphysics, the political Right, and integral ecology.

Metaphysics concerns the truth about God and reality. It is a science of divine order. The adherents of the world’s major religions generally believe that mankind has fallen from a state of original purity and order and as a result, the world is declining into a state of chaos. While this decline may be necessary from a metaphysical perspective, from an ethical perspective it is the responsibility of the believer to oppose it in spirit and in deed.

Politics is the science of human social ordering, encapsulating ethics, psychology, and history. The Right is the party of political order. The ideal politics of the Right is the hierarchical three-tiered society in which the sacred rules the martial, which in turn rules the economic. This ensures the social dominance of higher values. The metaphysics of the primordial tradition, being concerned with the preservation of divine order in man, nature, and society, and guided by the Hermetic principle “as above, so below,” is naturally aligned with the political Right.

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Ecology is the science concerned with the totality of man’s living space, his oikos, the Earth and nature. It is a natural science and therefore subservient to metaphysics; but, like other traditional sciences such as astronomy, geometry, and music, its study can offer a window into mind of God. Just as metaphysics is the science of cosmic order, and the Right is the party of socio-political order, integral ecology is the study of natural order. It strives for knowledge of natural law and, when honestly assessed, lends itself more to the political Right. Practically, it also gives support to the preservation of wild nature against thoughtless exploitation and destruction. The reasons for this are partly aesthetic, partly prudential, partly to preserve a spiritual haven from civilization, but most importantly because wild nature uniquely represents the handiwork of God, affected by but not wholly determined by the human will. While mankind is fallen in some sense from its original state of nobility, nature remains uncorrupted and is a mirror of transcendent reality. Man’s highest calling is to act not as conqueror and destroyer but rather as steward and contemplator.

One objection to this formulation might be that ecology — understood in its secondary sense as concern with the degradation of the natural environment — only appears in few, if any, expositions of traditional metaphysics or theorists of the Right. Love of wilderness and desire for its preservation is merely a sentimental invention of nineteenth-century Romantics and their utopian heirs of the 1960s. However, this is taking a limited view of the matter.

First of all, while the articulated love for landscape and scenery on a broad scale is a nineteenth-century phenomenon, it certainly has precursors in the ancient and medieval epics and poems, and it is difficult to imagine that men of past ages were immune to the sublime and beautiful. One need only read Homer, Virgil, Anglo-Saxon poets, and Dante to find natural metaphors and descriptions to rival anything written by the British Romantics. The game preserves of European royalty likely served for more than mere recreation, and were probably set aside as a haven for aesthetic and spiritual contemplation. Moreover, in previous ages, men would retire to the wilderness in order to draw closer to God; it was already known to be a place where one could encounter primordial reality more directly. Civilization is prone to distraction, impiety, and decadence, and requires the frequent experience of natural harshness to temper it. Men of old feared the wilderness more, certainly, but that was to their credit. It is our lack of fear and respect that has made us more arrogant and deluded than any previous age.

Secondly, while it is true that an overt opposition to the destruction of the natural environment did not occur until the nineteenth century, this is simply because such protest was not necessary before then. While humans have affected their environment on a fairly massive scale in previous ages, nothing could compare in scope and frequency to the unceasing world-wide ravages of industrialism. And the earliest defenders of wild nature against its degradation were, more often than not, Men of the Right [8] — aristocrats, poets, and anti-modernists who were suspicious of progress and industrialism and wanted to preserve wilderness as a bastion of noble and spiritual values in an increasingly vulgar age.

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As I’ve stated elsewhere [9], it would be an exaggeration to claim that all of these thinkers and doctrines previously discussed were proto-ecological or, for that matter, even remotely concerned with the preservation of wild nature. This is partly because, until the time of the Industrial Revolution, it simply was not a widespread issue. We don’t know what we have until it’s gone.

The Anti-Tradition and its Contemporary Manifestations

Having thus established the relationship between traditional metaphysics, the political Right, and integral ecology, it would be helpful to make some brief remarks concerning their opposites. These are ascendant in the modern era, a marker of the decadence and impiety of the age.

There is an alternative or negative metaphysics, an “anti-tradition,” that denies the existence of a higher order and instead consists of nihilism, subjectivity, nominalism, materialism, and anthropocentrism. It seeks to dethrone the transcendent realm and make man the measure of all things. It did this, first, by transforming God into a distant watchmaker and making the law of nature synonymous with Enlightenment notions of progress and morality. Later, it denied God altogether and made mankind itself the lord of creation, capable of breaking all the bounds of nature and creating a perfect world. This is, for all intents and purposes, the theology of Satan (the first Leftist), and the perennial opponent of all true metaphysics. As it teaches that man can escape the bounds and requirements of the higher order and live according to his own will — remaking himself into a god — it tends ultimately to a rejection of all traditional restraints on human behavior. Its end result is a celebration of anarchy and license, hence its association with the political Left.

In its approach to science, and ecology in particular, this anti-tradition maintains that humankind is somehow exempt from nature and free to make its own reality (progressivism), or denies the existence of any reality or nature independent of human subjectivity (postmodernist constructivism). Its “environmentalism” is unmoored from any proper metaphysical grounding and is therefore merely subversive. Environmental critiques are more often than not simply weapons with which to attack the patriarchal capitalist order, much as the Leftist typically only uses science as a tool to bludgeon traditional religious doctrines. Its condemnations of consumption and materialism are merely incitements to Marxist revolution by other means, and its advocates reject “the received wilderness idea [10]” as an elitist concept. Even when it claims to support the preservation of wild nature, its primary concern is to bend nature to serve human needs (both material and ideological) and it is ultimately more interested in an illusory notion of “environmental justice” than with the preservation of natural order or beauty.

It doesn’t take much thought to see that this anti-tradition rests upon several false and contradictory ideas. For one, the notion of blind chance, random evolution, and all the atheistic materialism that passes for objective science in the contemporary academy in reality simply masks a number of undefended metaphysical assumptions. The modern dogma that the cosmos is merely a maelstrom of gyrating stupidity is by no means self-evident, has never been proven, and was not accepted throughout the vast majority of human existence. This is to say nothing of the practical effects of the anti-tradition, which has been adopted by the political Left and used to promote a false view of the natural world. For one, the subjectivity and utter nihilism at the core of the anti-tradition does not in any way support the Left’s supposed dedication to liberty and equality. It has become clear over the last five hundred years that, whatever their useful idiots believe, the occult forces in charge of the Left do not give a damn about ending poverty or oppression, “saving the planet,” improving the lot of the working class, or securing world peace. Nor could they, because their fundamental relativism renders every principle nothing more than a personal preference; hence the Left’s willingness to contain deeply contradictory interest groups (fundamentalist Muslims, radical feminists) beneath its umbrella due to their shared dedication to destroying traditional European civilization.

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It has further become clear over the last five hundred years that the Left is an insatiable beast that is made stronger by every concession. Hence society has moved continually leftward, becoming ever-more nihilistic and permissive, removing every traditional restraint on human behavior, to the point that we are now seeing degeneracy unheard of since late imperial Rome and the Weimar Republic. The true goal of the Left is the destruction of traditional society and the “liberation” of people from its bonds. Once transformed into atomistic and hedonistic consumers, these deracinated subjects can be easily managed by the enlightened bureaucrats who constitute the true Leftist leadership.

Likewise, the supposed monopoly of the Left on environmental preservation is also undermined by its anti-traditional metaphysics. For if we do not admit an objective value to nature, if our interest in preserving it is merely due to subjective personal preferences, how can we defend it against seemingly more pressing demands for more housing, more suburbs, more jobs, higher standards of living, and so forth, which will only increase pressure on our few remaining wild spaces? Thus Leftist environmentalism always devolves into humanitarianism, which it calls “environmental justice.” Their rejection of any notion of natural order, or of the transcendent altogether, certainly does not lend itself to the preservation of wild nature. By simultaneously reducing human existence to the purely material and elevating mankind to the unchallenged tyrant of the universe, the modern anti-tradition has effectively removed any traditional restraints on human behavior. It is therefore no surprise that the worst environmental degradation has taken place in the modern period.

To conclude, the Man of the Right strives for a holistic understanding of the cosmos and his place in it, as opposed to the contradictory, opportunistic, and random commitments of his merely insurrectionist opposites. While the political situation appears to be growing worse by the day, we should never allow ourselves to be conquered by the spirit of the age.

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Notes

[1] [13] This is also, I should note, the name given to Catholic teachings on the environment detailed in Pope Francis’ encyclical Laudato Si’ [14]. To a certain extent, this is appropriate, since (as I posit in this essay) Catholic Christianity is the vessel of traditional knowledge in the Western world. However, in its exposition by Pope Francis and his commentators, integral ecology overemphasizes the human dimension of the equation, essentially subordinating ecological to human welfare. This is typical of the contemporary Church but at variance with historical Roman Catholicism, for which many things — the salvation of souls, the maintenance of social order, justified violence in defense of the innocent — were more important than the mere preservation of human life.

[2] [15] I am well aware that many readers find Christianity objectionable, and to them I will say that a similar outlook might be found in classical Neoplatonism, as well as some schools of Hinduism, Buddhism, and Taoism. The indigenous European religions are defunct and scattered beyond any chance of complete reconstruction, while the Eastern religions are quite foreign to us and have no real harbor in a European soul shaped by two millennia of Christianity. Nevertheless, for those who wish to undertake the challenge of this reconstruction, the central themes of this essay still apply.

Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

URL to article: https://counter-currents.com/2020/09/integral-ecology/

URLs in this post:

[1] [1]: #_ftn1

[2] Kshatriya than a Brahmin: https://counter-currents.com/2019/12/the-american-kshatriya/

[3] panentheistic: https://plato.stanford.edu/entries/panentheism/

[4] monist: https://plato.stanford.edu/entries/monism/

[5] emanationist: https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Emanationism

[6] [2]: #_ftn2

[7] here.: https://counter-currents.com/the-world-in-flames-order/

[8] Men of the Right: https://counter-currents.com/2020/03/the-wasp-in-the-wilderness/

[9] elsewhere: https://counter-currents.com/2019/11/ecology-viewed-from-the-right/

[10] the received wilderness idea: https://www.amazon.com/Great-New-Wilderness-Debate/dp/0820319848

[11] our Entropy page: https://entropystream.live/countercurrents

[12] sign up: https://counter-currents.com/2020/05/sign-up-for-our-new-newsletter/

[13] [1]: #_ftnref1

[14] Laudato Si’: http://www.vatican.va/content/francesco/en/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

[15] [2]: #_ftnref2

Fossoyeurs de l’Europe

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Fossoyeurs de l’Europe

par Michel GRIMARD

Évitons de nous laisser abuser, les fossoyeurs de l’Europe ne sont pas forcément ceux auxquels nous pensons et que l’opinion identifie généralement aux souverainistes. Ils arborent, au contraire, le drapeau européen, symbole de leur fidélité à l’Union. Les détracteurs officiels de l’Europe, les patriotes intransigeants qui la rejettent et pestent sur toutes ses réalisations, ne sont pas, malgré leur extrémisme, les plus dangereux.

Certes, ils ignorent volontairement l’apport positif de l’Union, au premier plan les 78 ans de paix sur notre continent, mais aussi l’euro, deuxième monnaie de réserve au monde, la liberté de circulation entre les nations, le programme Erasmus pour les étudiants, enfin d’importantes réussites scientifiques et stratégiques comme Galileo. Toutefois, leurs certitudes vacillent parfois sur des points essentiels au refus de l’Europe, à l’instar de la monnaie unique, l’euro, ce renégat. Ces opposants, identifiés, recèlent moins de dangerosité que les pro-européens fourvoyés.

Comme le disait le Général De Gaulle, ils ne cessent de crier l’Europe, l’Europe, l’Europe, mais ils ne la conçoivent que vassale des États-Unis. Leur vision associe dans un intérêt commun la politique économique, financière, extérieure et de défense.

Or, loin de converger, elles divergent plus encore avec l’America First. En présentant une Europe soumise, sans personnalité, ni intérêt propre, ces Européens, spécieux, favorisent les souverainistes, et deviennent indirectement leurs meilleurs alliés. Trop nombreuses sont les personnalités et les nations prétendues pro-européennes, qui par leurs actes concrets ou les idées qu’elles développent pervertissent la construction européenne. Elles lui ôtent la possibilité de se doter des attributs qui siéent à une véritable puissance. On trouve des pays qui n’appliquent pas la préférence communautaire, même dans un domaine aussi essentiel que la défense et qui privilégient les États-Unis pour acquérir du matériel militaire.

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Phil Hogan.

On voit des personnalités, tel Monsieur Phil Hogan, commissaire européen au commerce, qui prône une Union européenne ouverte sur le monde, autant dire, suivant sa conception, aux quatre vents. C’est ainsi, qu’au nom de cette ouverture, quasiment sans contrainte, l’agriculture française, se trouve livrée à la loi du marché et à une concurrence féroce.

Favoriser les investissements étrangers, certainement, mais avec discernement, car les exemples récents sont loin d’être convaincants. La protection de domaines stratégiques est également une exigence. L’angle de 180° n’est pas la base idéale pour concevoir l’Europe. Face à l’épidémie du coronavirus, elle s’est trouvée démunie, incapable de disposer des moyens lui permettant de réagir vigoureusement et rapidement. Il lui manque la vision que seule une conscience européenne, peut lui donner.

Cette volonté de négoce débridé, portée par le commissaire Phil Hogan est dangereuse; elle nuit à la protection de l’Europe. Ces accords de libre-échange, nivellent par le bas les normes européennes et amenuisent les restrictions sur les OGM, abaissant la qualité des produits. Le dernier accord, Union européenne – Mexique, permet l’entrée de viandes bovines jusque-là interdites pour des raisons sanitaires. Les principes sécuritaires sur les denrées entrant en Europe insérée dans les traités ne suffisent pas à rassurer. Ces conventions sont globalement néfastes à l’Europe, particulièrement à l’agriculture, mais à bien d’autres secteurs également. Le ver est dans le fruit. Rien de mieux pour éloigner un peu plus les citoyens des pays européens, d’une Union qui prétend les protéger.

L’écologie est portée aux nues, mais on accepte des produits nocifs à sa sauvegarde. On souhaite une agriculture biologique, mais on la déstabilise. Le pire aurait été l’approbation du Traité transatlantique, fort heureusement abandonné sous la pression de l’opinion, à la fois, pour son contenu et l’herméticité des discussions de la Commission et du Parlement européen. Négocié dans la pénombre au mépris de toute transparence, les turpitudes du fonctionnement des institutions européennes, ont provoqué une profonde répulsion et une défiance accrue des citoyens.

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Malheureusement, d’autres initiatives prennent la relève. Accord avec le Canada (CETA), l’Amérique du Sud via le Mercosur, le Vietnam. Si le commerce mondial a besoin de règles, pour assurer des conditions loyales de concurrence, alors l’OMC devrait éviter d’accueillir en son sein des pays qui les transgressent. Conformément au protocole signé lors de son entrée dans l’OMC en 2001, la Chine a bénéficié du statut d’économie de marché en 2016. Or, chacun sait qu’il ne régit pas ce pays. La prétendue transformation de ses structures économiques est un leurre.

Loin de favoriser l’optimisation de l’industrie européenne, l’Union la freine par des lois de protection de la concurrence tellement rigides, qu’elles sont d’une stupidité abyssale.

Le refus de la fusion Alsthom – Siemens nous a privés d’un champion européen, face aux géants ferroviaires dans le monde, dont l’un des plus grands, la Chine. Cette disposition inepte, doit être revue. Enfin, que penser de l’inconséquente Pologne qui achète pour des milliards de matériels militaire américain, tout en exprimant haut et fort qu’elle souhaite participer au développement d’une industrie militaire européenne. Faut-il lui rappeler, non seulement, qu’elle peut, mais devrait déjà se fournir en Europe.

Tous ces comportements, ces attitudes, ces agissements, sont le terreau où fermente la détestation de l’Union européenne. Infirmons la configuration des oppositions stratégiques qui est imposée à l’Europe, au nom d’un abusif destin commun. Souder dans un même combat contre la Chine, les États-Unis et notre continent, autrement dit, l’Occident contre Pékin, est impropre. La primauté des intérêts américains, réaffirmée par le Président Donald Trump, montre l’ambiguïté d’un tel concept.

Quand Monsieur Phil Hogan pense que nous allons pouvoir nous entendre avec les États-Unis pour éviter une guerre commerciale, sans doute peu souhaitable, il oublie que ce pays nous impose ses lois extraterritoriales, sans que nous soyons capables de réagir.

L’égalité entre les États-Unis et l’Europe demeure aujourd’hui un mirage. La vérité ne repose pas sur deux entités, mais sur trois puissances distinctes, l’Europe, les États-Unis et la Chine, qui disposent chacune de leurs propres atouts. Pour affirmer sa personnalité, l’Union européenne doit pratiquer une politique d’équidistance à l’égard des États-Unis et de la Chine. Une refonte de son positionnement, afin d’auto-satisfaire à ses besoins essentiels dans les domaines, industriels, financiers et militaires est impérative. La maîtrise de son destin est à ce prix.

Les chantres, d’une ouverture quasi intégrale, devraient s’interroger lorsqu’ils entendent le président de l’UIMM, fervent capitaliste, solliciter des protections pour l’Europe, en réclamant un bouclier douanier à ses frontières.

Le déplacement du centre de la croissance, aujourd’hui européen, vers d’autres régions du monde, marginalisera, d’après eux, notre continent. Cela pourrait être d’autant plus vrai, s’ils continuent à le déstructurer. Une coopération toujours plus interactive, avec la Russie, participerait efficacement à inverser cette funeste prédiction.

Michel Grimard

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 8 juillet 2020.

lundi, 21 septembre 2020

The Puritan Legacy Birthed the American Creed

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The Puritan Legacy Birthed the American Creed

Secularized Calvinist beliefs about the elect now animate progressive causes
 
Ex: https://www.chroniclesmagazine.org

Right-wing critics of Christianity often quote from The Hour of Decision, the last work of a once widely read German historian of philosophy, Oswald Spengler. This short, graphically composed book was published in 1933, the year Adolf Hitler took power in Germany. Although it has never been proven, there is a suspicion that the Nazi government disposed of this onetime hero of the right, who did not hide his contempt for Hitler or his “plebeian” followers. Spengler supposedly referred to Christianity as the “Bolshevism of antiquity,” and today’s neo-pagan Alt-Right has picked up his description to justify its contempt for Christianity as a proto-socialist religion of slaves.

9625631987.jpgHaving found the original statement in the German text, which I own, I am not sure the Alt-Right has interpreted Spengler’s drift correctly. The author is not expressing contempt for the primitive church but rather viewing it as a prototype for revolutionary movements. Spengler correctly suggests that Marx, Engels, and the Bolsheviks, despite their pretension to being “scientific socialists,” viewed the early church as a model for their own movement; as did the French anarchist Georges Sorel, who thought his labor-class revolutionary movement needed a “redemptive myth” as powerful as the one that animated early Christians.

In Christianity, Spengler and Sorel saw a religion of the downtrodden—though they may have exaggerated the predominance of slaves and the poor in early Christianity—one which practiced communal ownership as it awaited the end of human history. Moreover, after an initial persecution and the killing of martyrs, this religious community managed to become the official religion of the Roman Empire. All other revolutionaries on the left, as opposed to revolutionary nationalists on the right (who were heavily influenced by neo-paganism), found lessons in the ascent of the early church from its humble beginnings.

Christians themselves later looked back at how their church rose from these blood-stained, painful beginnings to become a dominant world religion. They ascribed this course of events to divine Providence. Sometimes, as in the writings of St. Augustine, the trials would have to be endured by the faithful until the end of secular history. But there was an upward course in which the founding of the church presaged the end times, when Christ would return.

The centrality of this founding and its institutional arrangements played an even larger role for radical Protestants. Sects like the German Anabaptists in the 16th century and the Fifth Monarchy Men during the English Civil War in the 17th century believed they were living in a final historical age and that their attempted return to the primitive church was being undertaken in preparation for Christ’s Second Coming. Among such sectarians, of whom there were many in early modern Europe, going back to the early church was essential to their plans.

Indeed, much of the Protestant Reformation was about returning to a purer form of Christianity before papal councils and institutions borrowed from the pagan world were thought to have corrupted the true faith. Significantly for Luther and other earlier Reformers, the “fall of the church” was not seen to have occurred in the early centuries. This fall was mostly identified with the High Middle Ages and papal monarchical pretensions. But for the more radical Anabaptists, Christendom had already fallen into grievous error when the church leaders gave power over its deliberations and decisions to Roman emperors. The early church had remained uncorrupted because it was separated from political power.

41834462._SY475_.jpgA different model, however, became prevalent in Puritanism, especially after this religious movement traveled to the New World. Perry Miller’s classic study Errand into the Wilderness (1956), leaves no doubt about the overshadowing presence of the ancient Hebrews on Puritan society and religion. The New Israelites—which is how the Puritans envisioned themselves—were bound by a covenant, just as the ancient Jews had been under the covenant of Abraham and Moses. Just as the Hebrews had gone forth from bondage to settle the Holy Land, so too were their Puritan successors summoned into the North American wilderness to carry out a divine mandate. They were to establish their own community of believers where they would build the godly city on the hill as the New Jerusalem. Puritan sermons and political ordinances are so permeated with Hebrew and Old Testament images and phrases that their borrowings from an earlier chosen people are unmistakable. Harvard, Yale, and other originally Puritan institutions encouraged the study of biblical Hebrew, and the most common Christian names given to both sexes were taken from Hebrew Scripture.

In considering why these early American settlers were so mesmerized by the example of the ancient Hebrews, we might look at the European Calvinists from whom they were theologically descended. Like the American Puritans, Protestant followers of John Calvin strongly rejected the tradition of Roman authority they found in the Catholic Church. For them, the Catholics were too heavily influenced in their authority structure and canon law by Roman paganism. The early Protestants felt it necessary to return to the Bible as a guide for building a Christian society.

Calvinists also believed that salvation came through unmerited divine election. Since all humans had fallen away from God with the sin of Adam, no mortal could earn grace through his own efforts. Indeed, any sense that humans earned grace was mere vanity on our parts, for outside of God’s will, which was inscrutable to man, there could be no salvation. Yet those who were elected had a sense of being saved and lived in a manner that comported with the undeserved grace that had been ascribed to them by an all-knowing and all-powerful Deity.

Particularly revealing for the Calvinists in general were the passages in Deuteronomy, in which the Israelites are shown two paths, either obedience to divine commandments, which will result in blessings for the people, or falling away, which will bring collective curses. In this narrative, the Puritans and other Calvinists saw the paths that were laid out for their own lives. If they grasped the signs of divine election and acted accordingly, they would prosper; if they were among the sinners, they would suffer in this life and in the next. 

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Like their ancient model, the Calvinists strongly focused on signs of divine favor or divine disfavor in this life. Preparing for the next life was not a particularly rewarding task for those who never knew for sure whether they belonged “in that number when the saints go marching in.” No matter how hard the Puritans tried to believe they were in “that number,” some doubt probably lingered in their minds. That black spiritual about the saints marching in, which first began to be sung about a hundred years ago, refers to the end times, not to the afterlife. 

Millenarianism, which refers to a preoccupation with the thousand-year kingdom that would usher in Christ’s rule, became a recognizable part of American Protestant culture. Although tonier Calvinist denominations, like Congregationalists and Presbyterians, moved away from such speculative points, less upper-class denominations like Southern Baptists absorbed them. Such speculation about the end times drew from the Hebrew prophets and the Book of Daniel, as well as from the Book of Revelation in the New Testament. It also became strongly associated with an American brand of Protestantism. It was one in which fevered debates took place between Pre- and Post-Millenarians, those who believed that Christ would return before the end of secular history and those who believed that humanity would first have to endure “the tribulations” before Christ returned. 

A Calvinist legacy, with a strong Old Testament orientation, and various forms of millenarianism shaped American culture and politics. A once-deeply-embedded Protestant work ethic, which originated in Calvinist moral theology; an emphasis on public morality, the content of which went back to the Mosaic law; and a view of religion as above all an individual commitment, have roots in America’s Calvinist founding. The willingness to tolerate religious dissenters, which by the late 18th century had become a more-or-less prevalent American view, also went back to the Protestant idea that religion depended on the individual’s experience of faith, independent of priestly mediation or hierarchical structures.

Finally, republican government fit with the Calvinist-Puritan historical experience. In Europe, Catholic and High Church Anglican monarchs had opposed the proliferation of Protestant sects and had often been at war with the Calvinists. When James I tried to unite the Anglican and Presbyterian confessions in the late 16th century, the deal breaker was the Scottish Calvinist refusal to accept the office of bishop. To which James famously and presciently responded, “No bishop, no king.” The political and ecclesiastical chain of command understandably went together in the king’s mind.

Portrait_of_John_Calvin,_French_School.jpgThese Protestant traditions have served the American people well. Religious freedom but not indifferentism, the enforcement of strong communal moral standards, and the expectation that the young will apply themselves diligently to their work and study as a religious act, have all benefited our country. So have the Calvinist Protestant suspicion of power in the hands of earthly princes and an awareness of the need to rein in such political actors. One need not denigrate other political or religious traditions that suit other societies to recognize the strengths of what has worked well in this country. It is also the case that the Puritan-Calvinist value of teaching the young to study biblical and classical languages was a spur to education and the founding of great universities in early America.

Still, the Protestant legacy has had its problematic side, much of which is related to the idea of divine election. At least in American politics, it has expressed itself in a moral arrogance that has nurtured a missionary foreign policy from which our country cannot seem to break free. Martin E. Marty, a Lutheran scholar, entitled his history of American Protestantism Righteous Empire (1970). The American government’s relation with other countries has usually meant trying to export our “democratic values” and “human rights” while making others more like ourselves. That means stressing whatever our dominant values are at any given time, be it traditional Judeo-Christian morality or LGBT self-expression. But whatever those rights and values are, they are supposedly universally valid because they come from an “exceptional nation” (read: Calvin’s ingathering of the elect); and it has been America’s destiny to become “a city on a hill,” albeit not in the manner intended by Governor Winthrop of Massachusetts who constructed that phrase in the 17th century. We end wars against the wicked with demands for unconditional surrender and then we hold war trials so that our virtues can stand out more brightly in relation to those reprobates whom we have just defeated.

Kurth.jpgCalvinist scholar James Kurth (photo) once defined “the American Creed” that dominated American views of international relations in the 20th century as a degraded form of American Protestant theology:

The elements of the American Creed were free markets and equal opportunity, free elections and liberal democracy, and constitutionalism and the rule of law. The American Creed definitely did not include as elements hierarchy, community, tradition, and custom. Although the American Creed was not itself Protestant, it was clearly the product of a Protestant culture—a sort of secularized version of Protestantism…

Although Kurth views this American missionary politics as peculiarly American and as a “declension of the Reformation,” he also stresses its rootedness in the individualism and repugnance for hierarchy that came out of older Protestant thinking. This creed is intolerant of societies and countries that display traditional ways of life. It requires redeemed Americans to raise the less fortunate or perverse out of their degraded conditions. According to Kurth, one has yet to figure out how to keep the Protestant baby while disposing of the unwanted bathwater. But as the American Creed has become more widespread, much of its original Protestant character has eroded. Today, Protestants are far from the only ones boasting about American exceptionalism and an American mission.

Paul Gottfried

Paul Gottfried is Editor in Chief of Chronicles: A Magazine of American Culture. He is also the Raffensperger Professor of Humanities Emeritus at Elizabethtown College, where he taught for 25 years. He is a Guggenheim recipient and a Yale Ph.D. He is the author of 13 books, most recently Fascism: Career of a Concept and Revisions and Dissents.

Mais qu’est-ce qui est proprement grec?

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Mais qu’est-ce qui est proprement grec?

Par Diego Sanchez Meca

Ex: http://www.in-limine.eu

Dernier paragraphe du texte de Diego Sanchez Meca, professeur de philosophie à l’université de Madrid, « Généalogie et critique de la philologie aux sources de Choses humaines, trop humaines », paru dans le recueil Nietzsche, Philosophie de l’esprit libre sous la direction de Paolo D’Iorio et Olivier Ponton, éditions Rue d’Ulm, pp. 89-95, 2004.

On pourrait dire que les écrits philologiques de Nietzsche entre 1871 et 1875 cherchent à déterminer ce qui est proprement grec. Et cette recherche se fait sans la passion qui caractérisait La Naissance de la tragédie et les écrits antérieurs et préparatoires, rédigés en particulier sous l’influence du romantisme de Wagner. Maintenant, lorsque Nietzsche analyse par exemple la vie religieuse, le culte des dieux, il est prêt à démystifier l’idée classiciste de la religion grecque comme « religion de la beauté », pour déterminer le sens authentique de sa fonction strictement politique. Dans le cadre de cette recherche de type généalogique, la religion est considérée comme une expression parmi d’autres de la culture grecque, dans laquelle on analyse les symboles qui l’expriment, les forces sous-jacentes à ces symboles et l’origine des ces forces.

Dans cette analyse Nietzsche remarque qu’il appartient à la mentalité magique sous-jacente au culte grec de croire que, tout comme on peut maîtriser la volonté des hommes en agissant sur leur corps, on peut influer sur la volonté des dieux ou des esprits en agissant sur leurs idoles ou sur les objets matériels dans lesquels ils habitent ou s’incarnent : c’est croire qu’il est possible de négocier avec les dieux et d’user de procédés pour les maîtriser et exercer un pouvoir sur eux. Par exemple, on peut essayer d’attirer leur sympathie avec des dons ou des offrandes ; nouer une alliance avec la divinité en l’engageant par une promesse, en obtenant en échange un otage comme symbole qui reste sous le contrôle humain et qui est enfermé et protégé comme garantie de l’accomplissement de ce qui a été promis ; on peut aussi célébrer des purifications pour éliminer les forces malignes, brûler les mauvais esprits ou les éloigner avec une musique. Tous ces éléments sont des contenus du culte grec primitif1. En cela les Grecs anciens ne sont pas une exception : chez tous les peuples primitifs l’aspect magique, symbolique et mimétique constitue une étape précédent la pensée causale, logique et scientifique.

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Contrairement à ce qui se passe chez les autres peuples, à partir de cette intelligence impure et impuissante, de cet état mental prélogique et magique, se développent cependant chez les Grecs les plus grandes œuvres et les plus hauts produits de l’esprit. En quoi consiste la différence entre les Grecs anciens et les autres peuples primitifs, cette différence qui les rend exemplaires, uniques, classiques ? C’est qu’ils ne restent pas immobilisés dans la paresse des mœurs, comme le font les peuples non civilisés. Si, dans une situation primitive, les Grecs croient que la nature est régie par un arbitraire dépourvu de toute loi, leur grandeur consiste en ce qu’ils apprennent à classer leurs expériences en généralisant les données de leurs observations et en découvrant finalement des régularités et des lois dans le cours des événements naturels. Comment les Grecs atteignent-ils cet état mental plus mûr et vigoureux ? Comment acquièrent-ils cette sérénité et cette noblesse que reflètent l’art, la science et la poésie de leur meilleure époque ? Étant donné que cette sérénité n’est pas primitive, mais manifestement acquise ou conquise, quel est le processus – se demande Nietzsche – par lequel les Grecs passent de l’aspect monstrueux de leurs dieux originels à l’aspect rayonnant et lumineux des dieux olympiens ? Et enfin, comment l’anthropomorphisme de ces dieux se forme-t-il ?

Nietzsche part de l’idée que les cultures s’expliquent fondamentalement par le sentiment qui les fait naître et qui illumine ou assombrit le genre de vie qui s’y développe. La pensée généalogique de Nietzsche considère, dès le départ, que ce sont des métamorphoses d’une force fondamentale d’affirmation ou de négation de la vie qui font surgir une culture et qui la transforment. C’est pourquoi, ce qu’il essaie d’analyser maintenant c’est la transformation, dans la formation du peuple grec, d’un sentiment originaire de faiblesse, de peur et de terreur face à la vie – ce en quoi les Grecs ne diffèrent des autres peuples primitifs – en un sentiment opposé, c’est-à-dire une attitude d’affirmation inspirée par la force qui ne craint plus ni la vie ni ses énigmes. C’est cela que Nietzsche cherche dans l’étude de l’évolution qui mène à l’abandon des rites obscurs et des sacrifices sanglants par lesquels les Grecs essayaient à l’origine d’apaiser les puissances infernales, pour arriver, à l’époque classique, à une solidarité exceptionnelle avec la société imaginaire de leurs dieux :

  • Dans le culte des Grecs et dans leurs dieux, on trouve tous les indices d’un état archaïque, rude et sombre. Les Grecs seraient devenus quelque chose de très différent s’ils avaient dû y persévérer. Homère les a délivrés, avec cette frivolité qui est le propre de ses dieux. La transformation d’une religion sauvage et sombre en une religion homérique est tout de même le plus grand événement2

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Ce changement peut être déterminé historiquement et il peut être illustré par une lecture attentive d’Homère, Hésiode et Eschyle. De la Grèce pré-homérique à celle de Phidias il y a une transformation profonde de la sensibilité qui apparaît comme un passage des ténèbres à la lumière. Dans des fêtes comme les Diasies, quel était le dieu auquel on offrait originairement l’holocauste expiatoire de la manière la plus sombre (méta stygnotètôn) ? Comment les esprits souterrains des ancêtres laissent-ils la place à Zeus Meilichios (doux comme le miel) ? Comment, en partant des dieux-arbres ou des dieux-animaux de l’origine, les figures rayonnantes d’Apollon, Héra, Artémis surgissent-elles ? Les dieux grecs étaient, dans leur origine la plus lointaine, les animaux sacrificiels. Ils portaient en eux la force vitale que l’homme s’appropriait en mangeant leur chair et en buvant leur sang. Comment l’animal auquel on attribuait une force divine aurait-il pu ne pas devenir objet de vénération ? Un progrès important est réalisé par la transformation de cette croyance, transformation impliquée par le fait que c’est un homme qui incarne le dieu, bien qu’il porte un masque d’animal. Cet homme, le prêtre ou le roi, a donc le pouvoir – qui appartenait auparavant à l’animal sacré – d’éloigner les épidémies, de provoquer la pluie ou de stimuler la fécondité des femelles. Les Grecs homériques appellent déjà leurs dieux avec des chants bouleversants et ceux-ci combattent à leur côté sur le front de leurs armées. Le monde commence à offrir un nouvel aspect lorsque la croyance selon laquelle il serait dominé par des forces arbitraires, incompréhensibles et terrifiantes (titans, gorgones, sphinx, serpents souterrains, etc.) se dissout et qu’on commence à penser qu’il est régi par des dieux-hommes à la splendeur sereine. C’est là pour Nietzsche la démonstration que la culture grecque, qui se caractérise fondamentalement – comme toute culture – par une certaine interprétation du monde et de l’homme, se transforme suivant un changement dans l’évaluation que l’homme grec fait de lui-même en tant qu’homme. La valeur que l’homme attribue aux choses et à lui-même modifie peu à peu sa substance et son pouvoir.

Le Grec homérique ne se considère pas originairement comme différent des dieux eux-mêmes. Contrairement à ce qui se passe chez les autres peuples primitifs, le sentiment de la différence essentielle entre les dieux et les hommes n’amène pas les Grecs à sous-estimer ce qui est humain, ni à s’humilier comme des esclaves :

  • Ils voient des dieux au-dessus d’eux, mais non comme des maîtres, ils ne se voient pas non plus eux-mêmes comme des serviteurs, à la manière des Juifs. C’est la conception d’une caste plus heureuse et plus puissante, un reflet de l’exemplaire le plus réussi de leur propre caste, donc un idéal et non un contraire de leur propre essence. On se sent en affinité complète. […] On a de soi-même une noble image, quand on se donne de tels dieux3.

Les Grecs se voient capables de vivre en société avec des puissances aussi différentes et terribles que l’étaient leurs dieux primitifs. Elles leur sont familières et ils cohabitent comme deux castes de puissance inégale, mais de même origine, sujettes au même destin et qui peuvent discuter sans honte ni crainte. En ce sens les dieux olympiens apparaissent comme le fruit d’un effort inégalable de réflexion dans lequel la force et l’équilibre triomphent. Au passage de la statue d’Athéna, sculptée par Phidias, les Grecs fermaient encore les yeux, de crainte d’être victimes de terribles malheurs : Athéna, symbole de la sagesse, conserve le mystère inquiétant de ces obscures forces primitives. Cependant, les Grecs instaurent avec leurs dieux une sorte de jeu politique dans lequel ces derniers dominent la relation, tandis qu’ils disposent des moyens symboliques pour les contrôler. Ceci explique la rigueur des formules rituelles et l’équilibre extraordinaire du culte grec, y compris dans sa capacité d’assimilation et de transformation. De là aussi sa place centrale et fondatrice dans la polis et les affreux châtiments qu’entraînait le délit d’asebeia (impiété).

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De ce point de vue, le culte religieux, tout comme la tragédie, est une action (Handlung), un drame4, ainsi qu’une alliance, autrement dit un ordre, un monde, un cosmos. Le Grec parie sur une affirmation de soi dans le cadre de cette rivalité agonistique avec ses dieux, il croit en la maîtrise de l’esprit sur la nature et en l’aménagement du chaos par la clarté de l’ordre et de la beauté. En ce sens, tout comme le drame musical grec, le culte fait apparaître l’énigme de la génialité : « L’œuvre d’art est […] un moyen pour la perpétuation du génie5. » C’est en cela que la religion grecque se distingue des religions asiatiques. Pour les Grecs aussi, par exemple, le prêtre est le plus haut symbole de la relation entre les dieux et les hommes. Mais il n’en devient pas pour autant le « seigneur » des autres hommes. La famille, le clan, la phratrie, le démos ou la cité ont chacun leurs dieux et chacun de ces dieux a sa résidence dans un lieu et un temple précis. Il n’y a pas de dieux sous forme d’esprits diffus qui survoleraient le monde. Les dieux sont individuels et ils exigent d’être servis par un culte particulier et par des prêtres déterminés. La fonction sacerdotale en Grèce est intimement mêlée à la vie de la polis, elle n’est pas organisée en corporations ou hiérarchisée, tout comme cela arrive avec les dieux, leurs idoles ou les lieux de culte.

D’autre part, la substitution des dieux olympiens aux forces infernales primitives et aux esprits des morts n’entraîne pas la répression des enthousiasmes religieux originaires, même les plus brutaux. La religion grecque, contrairement par exemple à la religion italique primitive jusqu’à l’avènement de l’Empire romain, est un chaos de formes et de notions de différentes origines dans lequel les Grecs surent mettre de l’ordre et de la beauté. Dans ce processus d’organisation aucun culte ne fut aboli ni repoussé : dans le panthéon grec les dieux étrangers se confondirent avec les dieux grecs6. Cet éclectisme montre jusqu’à quel point les Grecs classiques conservent les énergies ancestrales présentes dans leurs origines : c’est une manière naïve de dire que celles-ci ne sont pas perdues. C’est pourquoi l’on peut dire que la véritable magie des grecs est en ce sens celle par laquelle ils arrivent à transfigurer les passions humaines. À la vie humaine, pleine de misère et de souffrances, les Grecs opposent l’image de leurs dieux comme image d’une vie facile et resplendissante. Dans cette opposition, la véritable grandeur de l’homme consiste à souffrir héroïquement :

  • Du reste, au temps d’Homère, l’essence grecque était achevée ; la légèreté des images et de l’imagination était nécessaire pour calmer et libérer l’esprit démesurément passionné. La raison leur parle-t-elle, oh ! comme la vie leur paraît dure et cruelle. Ils ne s’abusent pas. Mais ils mentent pour jouer avec la vie : Simonide conseilla de prendre la vie comme un jeu : la douleur du sérieux leur était trop connue. La misère des hommes est une jouissance pour les dieux, quand on la leur chante. Les Grecs savaient que seul l’art peut faire de la misère une jouissance7.

Avec sa magie, l’homme calme la fureur des immortels, mais en même temps, cette magie le séduit lui-même et le transforme, car la douleur transformée en force et en une plus grande résistance est ce qui nous élève à la condition divine.

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C’est ainsi que l’étude du monde préhomérique, duquel a surgit l’hellénisme, nous montre une époque sombre, pleine d’atrocités, de ténèbres et d’une sensualité funèbre, une période de cruauté, de crimes et d’implacables vengeances. L’originalité des Grecs consiste en ce que ce spectacle permanent d’un monde de lutte et de cruauté ne conduit pas au dégoût de l’existence, ni à concevoir celle-ci comme châtiment expiatoire pour quelque crime mystérieux qui toucherait aux racines de l’être. Ce pessimisme n’est pas le pessimisme grec. L’exemplarité des Grecs anciens consiste dans le fait d’avoir été capables de s’adapter à un monde enflammé par les passions les plus déchaînées, sans les réprimer ni les repousser. Leur pessimisme est le pessimisme de la force qui accepte comme légitimes tous les instincts qui font partie de la substance de la vie humaine en essayant de sublimer leur énergie. Et sur la base de cette affirmation initiale ils ont su construire une nouvelle mythologie et une culture fascinante : « Les ‘’dieux à la vie facile’’ sont le suprême embellissement que le monde ait reçu en partage ; comme il est difficile de le vivre dans le sentiment8. »

Ces dieux gardent une image avec des traits sombres, qui ne peuvent pas s’effacer complètement, mais qui fonctionnent comme de sublimes allégories qui ne résolvent pas les contradictions de la vie humaine en des intuitions rationnelles, claires et distinctes. Ce n’est qu’à l’époque de la décadence grecque que la pensée rationnelle, qui se veut affranchie du pathos de la mythologie et de la sensibilité religieuse, réduit l’image des dieux à une pure fantaisie mythique de poètes et d’artistes. Les dieux olympiens, ridiculisés par Xénophane, laissent la place au Nous d’Anaxagore, au Bien de Platon et à la tuchè d’Épicure. C’est ainsi que la sérénité grecque se dénature déjà dans la philosophie. Mais avant cela, le culte assume une extraordinaire fonction de formation, de spiritualisation des instincts en tant que forces naturelles dangereuses et de sublimation des impulsions violentes, sauvages et capables de détruire l’humanité de l’homme. La violence et la souffrance se transforment avec cette religion qui les sublime et cette sublimation est l’essence de la culture grecque, à l’opposé de la tâche d’apprivoisement de d’intoxication des instincts qu’accomplira le christianisme, comme tâche fondamentale de débilitation et de déformation de l’homme moderne.

1« Le culte religieux est à rapporter au fait d’acheter ou de mendier la faveur des divinités. Cela dépend du degré de crainte qu’on éprouve à l’égard de leur défaveur. - Par conséquent, là où l’on ne peut ou ne veut pas obtenir un succès par sa propre force, on cherche des forces surnaturelles : et donc à soulager la peine de l’existence. Quand on ne peut pas ou quand on ne veut pas réparer quelque chose par l’action, on demande grâce et pardon aux dieux, et l’on cherche donc à soulager la conscience oppressée. Les dieux ont été inventés pour la commodité des hommes : et finalement leur culte est la somme de tous les délassements et de tous les divertissements. » Fragments Posthumes 5 [150] 1875

2Fragments Posthumes 5 [165] 1875. Cf. FP 3 [17] 1875 : « la manière de voir sceptique : l’héllénité sera reconnue comme le plus bel exemple de la vie » ; cf. aussi FP 3 [65] 1875.

3PF 5 [150] 1875.

4« Presque tous les cultes comprennent un drame, une action mimétique, un fragment de mythe représenté qui se réfère à la fondation du culte ».

5FP 7 [139] 1870-1871.

6Nietzsche insiste sur le fait que, malgré tout ce qu’ils empruntent aux autres peuples, les Grecs font preuve de génialité pour l’originalité de l’interprétation et de l’élaboration de ce qu’ils reçoivent : « Les Grecs comme le seul peuple génial de l’histoire du monde ; ils le sont même comme élèves, ce qu’ils savent être mieux que quiconque parce qu’ils ne se contentent pas d’utiliser ce qu’ils empruntent pour le décor et la parure : comme le font les Romains. La constitution de la Polis est une invention phénicienne : même cela, les Hellènes, l’ont imité. Pendant longtemps, comme de joyeux dilettantes, ils ont appris d’un peu tout le monde d’alentour ; l’Aphrodite aussi est phénicienne. Au reste, ils ne désavouent pas du tout ce qu’ils ont d’importé et de non originel. » FP 5 [65] 1875.

7FP 5 [121] 1875 ; cf. aussi FP 5 [71] 1875.

8FP 5 [105] 1875.

De la mobilisation en période de pandémie - Neuf extraits commentés de La mobilisation totale d’Ernst Jünger

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De la mobilisation en période de pandémie

Neuf extraits commentés de La mobilisation totale d’Ernst Jünger

par Baptiste Rappin

Ex: http://www.juanasensio.com

 
Ernst Jünger dans la Zone.

Baptiste Rappin dans la Zone.

La présente «crise», qui provoqua le confinement de plusieurs milliards d’êtres humain en raison de la pandémie mondiale du coronavirus baptisé Covid-19, qui, autrement dit, installa une sédentarité et un immobilisme contraints, s’accompagna paradoxalement d’une exigence de mobilité qui prit la forme, précise et non fortuite nous le constaterons par la suite, de l’appel à la mobilisation totale. La nation se mobilise, les hôpitaux se mobilisent, les entreprises se mobilisent, les associations se mobilisent, les universités et les chercheurs se mobilisent, les «ados» se mobilisent, bref, tout le monde se mobilise…

Ce fut l’idoine occasion de relire l’essai d’Ernst Jünger, qui, paru en 1930, porte précisément le nom de La mobilisation totale (Éditions Gallimard, coll. Tel, 1990), et d’en proposer quelques extraits choisis et commentés afin d’éclairer, par le recul qui tient à la distance temporelle, c’est-à-dire de manière inactuelle, la déconcertante actualité que nous vécûmes et continuons à vivre.

Quelques mots toutefois, en guise de préambule, à propos dudit ouvrage : La mobilisation totale se présente comme un court texte, à peine quarante pages réparties en neuf parties dont nous extrairons de chacune un passage qui nous semble significatif du point de vue de l’analyse de la contemporanéité. L’essai tente de cerner la rupture anthropologique, qu’Ernst Jünger juge non seulement décisive mais également irréversible, que la Première Guerre Mondiale a introduite dans le cours de l’histoire humaine.

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Premier extrait

«Nous nous emploierons […] à rassembler un certain nombre de faits qui distinguent la dernière guerre – notre guerre, cet évènement le plus considérable et le plus décisif de notre époque – de toutes celles dont l’histoire nous a livré le récit» (§ 1, p. 98).

C’est tout d’abord à un effort de discernement que se livre l’écrivain : bien des guerres se ressemblent, bien des guerres sont comparables, bien des guerres procèdent d’une même logique. La Première Guerre Mondiale, quant à elle, introduit une discontinuité, de telle sorte qu’elle ne saurait être ramenée à un étalon déjà connu, bien identifié; elle possède, autrement dit, un caractère inédit, qu’Ernst Jünger, à travers ce court texte qui sert en réalité de laboratoire à un essai décisif : Le Travailleur, cherche à mettre au jour. N’anticipons guère, car les critères de démarcation apparaîtront bien assez tôt, mais notons ceci afin d’établir un pont avec l’actualité : comprendre l’événement, pour Jünger, ne consiste pas à répéter mécaniquement, machinalement si l’on peut dire, les analyses précédentes et les schémas explicatifs préétablis; cela consiste, tout au contraire, à cerner sa spécificité, et à poser sur lui les justes mots afin de le faire advenir en tant que tel à la conscience collective. Telle fut très certainement la première faute, de nature épistémologique mais aux conséquences politiques, du Président Emmanuel Macron et de son équipe gouvernementale qui n’eurent de cesse de parler d’un virus comme d’un ennemi et d’une épidémie comme d’une guerre, des choix lexicaux et sémantiques pour le moins malheureux qui sont à mon sens en partie responsables de comportements a priori irrationnels comme la razzia des commerces (attention, indispensable précision, par ces propos, je n’excuse ni ne cautionne en aucune manière ces agissements dignes de pourceaux dépourvus de toute faculté de juger).

Deuxième extrait

«La meilleure manière de faire apparaître le caractère spécifique de cette grande catastrophe consiste sans doute à montrer qu’elle a été pour le génie de la guerre et l’esprit de progrès l’occasion de conclure une alliance étroite» (§ 2, p. 98).

Voilà une remarque qui me paraît souligner le caractère à proprement parler critique du progrès : il n’est en effet que des esprits simples, dogmatiques ou utopiques, pour concevoir le progrès comme l’écoulement d’un long fleuve tranquille ou comme la paisible marche vers un paradis terrestre à portée de mains. La réalité est plus chaotique, plus erratique, parce que le système capitaliste non seulement nécessite la révolution permanente des moyens de production – l’innovation dans toutes ses déclinaisons : économique, technologique, organisationnelle, sociale, citoyenne, écologique, parentale, éducative, etc. –, mais possède en outre le don de profiter de chaque catastrophe pour étendre son empire et accentuer son emprise : telle est en effet la «stratégie du choc», si justement décrite par Naomi Klein, qui joue de la perte de repères et de l’angoisse engendrées par la crise pour délivrer une ordonnance sur-mesure. Et si la Première Guerre Mondiale, selon Jünger, fut l’occasion de la conclusion d’une alliance entre «le génie de la guerre et l’esprit de progrès», alors il y a fort à parier, et à craindre, que l’association d’un coronavirus conquérant et d’un esprit de progrès tout aussi tenace servira de tremplin à la post-industrialisation de la France qui se traduira – et se traduit déjà – par des investissements massifs dans le numérique, le développement de juteux marchés pour l’industrie pharmaceutique, l’installation accélérée d’une société de la surveillance ainsi que par le recours accentué aux techniques managériales gages d’efficacité et d’adaptation. Je préfère prévenir ici toute illusion : le monde d’après sera identique au monde d’avant, mais en pire.

Troisième extrait

«On peut suivre désormais l’évolution au cours de laquelle l’acte de mobilisation revêt un caractère toujours plus radical dès lors que, dans une mesure croissante, toute existence est convertie en énergie, et que les communications subissent une accélération accrue au profit de la mobilité […]» (§ 3, p. 106).

Qui dit guerre dit mobilisation : non seulement la mise sur pied de guerre de l’ensemble des forces armées, voire même de tous les citoyens susceptibles de participer à l’effort, mais aussi l’orientation de toutes les ressources, matérielles et technologiques, financières et organisationnelles, vers la victoire, seule issue désirée, escomptée, espérée, lorsque le combat s’engage. C’est en toute logique que la rhétorique belliqueuse déployée par nos dirigeants s’accompagne d’un appel à la mobilisation générale : celle-ci est toutefois d’une ampleur sans précédent, puisque l’ennemi est, comme les dieux du panthéisme, possiblement partout, à telle enseigne que l’enrôlement concerne certes les soldats et les citoyens, mais cible également les enfants, les femmes, les personnes âgées, qui, eux aussi, sont sommés de convertir leur existence en énergie. On pourrait dire de ce point de vue que l’épidémie confirme et entérine la mutation du paradigme guerrier qu’avait déjà accompli le terrorisme.

Mais la mobilisation est de surcroît une mise en mouvement : les énergies deviennent en effet disponibles quand elles se trouvent libérées de toute attache et enclines à la mobilité, si bien que toute mobilisation se trouve inséparable d’une structure logistique de gestion des flux, d’hommes, de matières, d’informations. C’est précisément ici que l’attaque surprise du coronavirus dans sa version 2019 devient, pour l’observateur, digne d’intérêt : car jamais, me semble-t-il, la mobilité de la cognition n’a-t-elle été à ce point découplée de la mobilité des corps. Confinés dans nos foyers, consignés à demeure comme des enfants punis dans leur chambre, nos corps, privés de leur élémentaire liberté de mouvement, demeurent immobiles alors que nos pensées ne laissent pas de circuler sur la Toile, à tel point, d’ailleurs, que nos vies n’auront jamais été aussi dépendantes et intégrées au Réseau, par la grâce duquel, Dieu soit loué, nous travaillons à distance, nous achetons à distance, nous prenons l’apéro à distance, nous baisons à distance.

D’une telle situation, je tire deux leçons : d’une part, que le sous-équipement numérique que la présente crise a révélé accélèrera, par des investissements massifs, la digitalisation de notre pays; d’autre part, le confinement restera la première expérience collective d’une vie transhumaniste post-incarnation dans laquelle le corps aura enfin avoué sa superfluité.

indexejtmm.jpgQuatrième extrait

«Néanmoins, le versant technique de la mobilisation totale n’en constitue pas l’aspect décisif. Son principe, comme le présupposé de toute technique, est au contraire enfoui plus profond : nous le définissons ici comme disponibilité à être mobilisé» (§ 4, p. 115).

Le Réseau est une chose, notre appétence et notre célérité à nous y soumettre une autre. Jünger, qui aura sur ce point très largement anticipé et influencé les développements de Heidegger dans La question de la technique, conférence dans laquelle ce dernier affirme notamment que «l’essence de la technique n’est pas la technique», met en évidence qu’aucun dispositif technique ne parvient à s’encastrer dans le tissu social, c’est-à-dire à devenir un système sociotechnique, s’il n’est précédé d’une révolution anthropologique qui, dans les mentalités et les structures de la croyance collective, légitime l’usage dudit dispositif. Pourquoi donc le confinement, présenté comme un acte de mobilisation, et désormais les règles du déconfinement, qui ne sont autres que la poursuite de la mobilisation sous une forme nouvelle, se trouvent-t-ils aussi largement respectés ? Il est vrai que la peur de la maladie et la crainte de l’amende y sont pour quelque chose, je ne le nie pas; mais c’est au fond le principe directeur de notre société qui oriente nos actions, pour les uns, qui se limitent à respecter les consignes, de façon minimaliste, pour les autres, qui n’hésitent guère à prendre directement part au combat en cousant des masques et en imprimant des visières (masques et visières, dont la pénurie annonce la future fortune de proches du pouvoir, c’est une évidence qui ne requiert aucune boule de cristal), de manière engagée voire fanatique.

Quel est ce principe que Jünger situe à la racine de la mobilisation, et que tant Heidegger qu’Anders identifieront comme le tuf même de la société industrielle ? Il s’agit de la disponibilité, c’est-à-dire l’état ou le fait de se trouver à disposition de quelqu’un ou de quelque chose. En d’autres termes, loin d’attendre le tonitruant appel de la mobilisation pour se faire énergies, nos existences sont déjà prêtes et disposées à être mobilisées, n’attendant même que cela, d’être mobilisées, puisque pour les Modernes, le mouvement c’est la vie, mobilisées donc, c’est-à-dire à la fois convoquées, réquisitionnées et ordonnées à la finalité de la victoire. Les «ressources humaines», le «facteur humain», le «capital humain» ne sont pas qu’expressions techniques réservées aux seules entreprises : ces mots, dans toute leur crudité, disent tout simplement la condition des derniers hommes que nous sommes devenus : des outils à la recherche permanente d’un emploi.

Cinquième extrait

«Mais cela n’est rien par rapport aux moyens dont on disposait à l’ouest (en Amérique) pour mobiliser les masses. Il ne fait pas de doute que la civilisation soit plus étroitement liée au progrès que la Kultur; qu’elle sache parler sa langue naturelle dans les grandes villes surtout, et s’entende à manier des notions et des méthodes qui n’ont rien à voir avec la culture, auxquelles même celle-ci s’oppose. La culture ne peut être exploitée à des fins de propagande […]» (§ 5, p. 125).

Je dois ici préciser au lecteur, avant tout commentaire, que le couple civilisation-culture, dans l’Allemagne de l’entre-deux guerres, se présente sous la forme d’une opposition irréductible héritée de la période romantique : d’un côté, celui de la Kultur, la naturalité des liens socio-historiques qui lient les hommes dans une communauté organique de destin; de l’autre, celui de la civilisation, l’artificialité engendrée par les progrès techniques de la société industrielle. Jünger perpétue cette dichotomie, ce dont témoigne assurément le pont tendu entre civilisation et urbanité.

Ce cinquième extrait introduit un nouvel élément indispensable à la bonne compréhension de la mobilisation : les références dernières, en l’occurrence la disponibilité pour la société industrielle, exigent une mise en scène, c’est-à-dire l’intercession de symboles, par l’entremise de laquelle elle s’adresse à ses destinataires. Jadis occupée par la religion et les mythes dont les récits se théâtralisent dans des liturgies, cette fonction se trouve aujourd’hui dévolue à la propagande – les termes de «propagande», «relations publiques» et «marketing» seront dans ce texte considérés comme synonymes –, comme si la médiation, elle aussi, devait se plier à la logique générale de substitution du technique (la «manufacture du consentement» selon la si révélatrice expression de Walter Lippmann) au symbolique.

Il n’est guère étonnant que Jünger tienne ses propos, lui qui assiste à l’émergence des relations publiques dont le chef d’œuvre inaugural demeure l’incroyable Propaganda d’Edward Bernays. Quant à nous, c’est la télévision et ses experts, ce sont les journaux et leurs éditorialistes, ce sont toutes ces associations subventionnées et leurs porte-paroles illuminés, qui anesthésient toute liberté d’esprit afin d’imposer la disponibilité en principe de vie. Peut-être l’opposition que Jünger dresse entre civilisation et culture suggère-t-elle d’ailleurs une issue qu’il faudrait prendre à la lettre, au mot : la campagne ne serait-elle pas la clef des champs, elle qui demeure encore un peu, malgré tout, allergique au baratin du nouveau monde ?

81M4gHeP66L.jpgSixième extrait

«La mobilisation totale, en tant que mesure décrétée par l’esprit d’organisation, n’est qu’un indice de cette mobilisation supérieure accomplie par l’époque à travers nous» (§ 6, p. 127-128).

La mobilisation totale n’épuise toutefois pas l’esprit de l’époque, elle ne constitue qu’un aspect partiel d’un phénomène encore plus général, plus englobant, dont elle sert toutefois de révélateur; car, la crise, en tant qu’elle désigne le point culminant de la maladie, est synonyme de moment de vérité. La mobilisation totale qui est déclarée face à l’attaque ne fait ainsi que mettre en évidence ceci : que l’époque ne cesse de nous mobiliser, en temps de paix comme en temps de guerre, qu’elle ne laisse pas de nous rendre encore et toujours disponibles, qu’elle cherche, à travers tous les moyens possibles, à nous employer, à nous rendre utiles et fonctionnels, qu’elle a fait de nous des «types adaptables», formulation positive de l’expression «unadaptable fellows» qu’on lit sous la plume aiguisée de Günther Anders, c’est-à-dire des organismes psychologiquement modifiés.

Tel est l’esprit d’organisation qui donne à l’époque son triste visage : rien ne saurait résister à une entreprise d’optimisation, rien ne saurait demeurer en retrait sans être exploité – la planète est une immense mine de matières premières –, il n’est aucune de nos qualités qui ne doive se mettre au service d’une production, s’ordonner à une fin de performance. On l’observe d’ailleurs aux curriculum vitae et aux lettres de motivation de candidats au recrutement qui n’hésitent plus à faire de l’organisation de leur vie personnelle un gage de réussite de leur carrière professionnelle, à présenter leurs voyages touristiques comme l’occasion de développer des compétences interculturelles, à rendre compte de leur engagement associatif comme d’une expérience managériale. La transitivité de l’efficacité est parfaite, qui atteste de l’omniprésence de son idéologie.

Septième extrait

«Nous avons expliqué qu’une grande partie des forces progressistes avait été mobilisée par la guerre; et la dépense d’énergie ainsi entraînée était telle qu’on ne pouvait plus rien réinvestir dans la lutte intérieure» (§ 7, p. 134-135).

Après la métaphysique, le retour à la politique. Il est évident que la mobilisation totale qui suit la guerre déclarée au souverain virus conduit à un épuisement complet, autant dû à l’atrophie de corps immobilisés, confinés, empêchés, qu’à l’usure de psychismes sidérés par les écrans du «télétravail»; il est tout aussi obvie que la mobilisation générale, celle qui est quotidiennement requise par l’esprit d’organisation, produit une fatigue structurelle, un dépérissement lent et continu, une torpeur et une anesthésie qui constituent très certainement le premier frein à toute action authentiquement révolutionnaire. La disponibilité permanente entraîne une adhérence, sinon une adhésion, à l’époque, si bien que l’intempestivité, que je pourrais littéralement et abusivement définir comme l’action de pester intelligement contre son temps, paraît bien disparaître des radars, si ce n’est à titre de vestige de l’ancien monde.

Le président Emmanuel Macron le sait bien, et si vraiment il l’ignore, une quelconque huile l’aura bien averti : la colère gronde, dont l’intensité n’a d’égale que son niveau d’incompétence et d’incurie – sans compter l’irritation née de ces invraisemblables et insignifiantes envolées technico-lyriques («un été apprenant et culturel» ! : «mdr» aurait-t-on envie de rétorquer) qui circulent en boucle sur les réseaux sociaux. L’épuisement de l’opposition, non pas celle qui se met douillettement en scène à l’Assemblée Nationale en attendant que le fatum de l’alternance produise son effet, mais celle qui s’empare des ronds-points de l’Hexagone et refuse de se laisser institutionnaliser par le jeu de la représentation, l’épuisement de cette opposition-là, qui se trouve aujourd’hui mobilisée en première ligne dans les hôpitaux, les commerces et les ateliers, représente très certainement le gage d’une certaine tranquillité intérieure, c’est-à-dire de sa possible réélection, à condition, par conséquent, de maintenir l’état d’exception jusqu’à ce qu’il soit accepté comme normal et que le régime autoritaire, dictatorial, s’installe dans notre quotidien avec le statut de l’évidence. Le tout assorti de concessions qui ne le sont point : remaniement ministériel, retour de la souveraineté, tournant écologique, visions du monde d’après qui ne sera plus jamais le même, etc.

Huitième extrait

«Le progrès se dénature en quelque sorte pour faire ressortir son mouvement à un niveau très élémentaire, après une spirale accomplie par une dialectique artificielle; il commence à dominer les peuples sous des formes qu’on ne peut déjà plus distinguer de celles d’un régime totalitaire, sans même parler du très bas niveau de confort et de liberté qu’elles offrent. Un peu partout, le masque de l’humanitarisme est pour ainsi dire tombé; et l’on voit apparaître un fétichisme de la machine […]» (§ 8, p. 137).

Le progrès, qui prend aujourd’hui la forme de la «transformation digitale», mot d’ordre que l’on entend autant dans les entreprises, petites et grandes, que dans les écoles et les collectivités, promet la liberté mais sème la terreur. Comment Bernard de Clairvaux, le Saint, n’y aurait-il pas pensé quand il affirma, locution devenue proverbiale, que «l’enfer est pavé de bonnes intentions» ? C’est tout sourire que le progrès engendre le pire, c’est au nom de l’humanité et du Bien qu’il installe une domination d’un nouveau genre. Car si le régime totalitaire «classique» repose avant tout sur une idéologie, celle de la race, celle de la classe, qui reconfigure la société en lui imposant de nouveaux régimes de normativité, le progrès, dont le docteur Frankenstein de Mary Shelley fournit une idoine personnification, accouche d’un monstre froid, impersonnel et intégralement artificiel : la méga-machine, l’hydre hyper-connectée dont la prolifération ne connaît pas de terme, car tel est le propre du Réseau, que de toujours s’étendre, se répandre, se propager, sans autre ambition que son propre prolongement, sans autre souci que son accroissement de puissance.

Julius-Evola+Der-Arbeiter-im-Denken-Ernst-Jüngers.jpgLes masques tomberaient-ils, malgré la propagande, en dépit de la mobilisation ? Certains d’entre nous, trop peu bien entendu, ont pris goût à une vie décélérée et exempte des tourbillons et de l’agitation du quotidien, réalisent que cette liberté retrouvée les renvoie, par contraste, à leur ordinaire condition de servilité, se disent qu’au fond ils se satisferaient bien d’un prolongement de cette parenthèse enchantée. Ils ont même retrouvé une certaine forme de mesure et de sérénité dont le fol emballement de la vie moderne les avait privés (et ils en furent les complices volontaires, nous le savons bien !) : mais que valent ces gouttes d’eau dans l’océan de dispositifs digitaux, que peuvent ces minuscules prises de conscience contre le Grand Déferlement ?

Neuvième extrait

«À travers les failles et les jointures de cette tour babylonienne, notre regard découvre aujourd’hui déjà un monde apocalyptique dont la vue glacerait le cœur du plus intrépide. Bientôt l’ère du progrès nous semblera aussi énigmatique que les secrets d’une dynastie égyptienne, alors que le monde lui avait en son temps accordé ce triomphe qui, un instant, auréole d’éternité la victoire» (§ 9, p. 139).

Le progrès a pour nous un statut d’évidence; non plus le progrès moral (celui qui croit au perfectionnement de l’individu raisonnable par l’éducation), non plus le progrès historico-politique (celui qui imagine la construction d’un avenir radieux par des citoyens rationnels épousant le sens de l’Histoire), mais, bien sûr, le progrès technique qui, sûr de son statut d’idole et de son implacable force, lance ses rouleaux-compresseurs mécaniques, automatiques, numériques, à l’assaut des vieilleries de la civilisation, écrase les traditions, casse les institutions et concasse les corps intermédiaires, broye le langage pour lui substituer le grincement assourdissant des rouages et le bruit diffus de l’information. Non, ce n’est pas un monde que détruit le progrès; non ce n’est pas seulement une ère qui prend fin sous les coups de butoir de la méga-machine; non, Messieurs les relativistes, notre époque ne saurait se diluer dans une histoire générale du mal et de ses manifestations. Jamais les assemblages anthropologiques qui garantissent la pérennité de l’espèce humaine ont-ils été aussi durement mis à l’épreuve; jamais une société («société» qui s’est, soit dit en passant, dilué dans le «social», dilution ou dissolution qui mériterait à elle seule un article entier) n’a-t-elle adopté, pour seul mode de reproduction, la fabrique d’êtres opérationnels. Telle est bien, au fond, l’énigme que nous laissons à nos survivants ou, hypothèse osée mais stimulante, à une civilisation extra-terrestre qui découvrirait les décombres de la nôtre. Si l’espèce humaine, je veux dire : réellement humaine, venait à survivre à cette catastrophe, alors nos descendants s’interrogeront, avant peut-être de baisser les bras devant l’insondable mystère du progrès : mais de quelle folie ont-ils été pris, nos ancêtres de la société industrielle, pour précipiter la civilisation dans l’apocalypse?

Renovatio Europae: Un plaidoyer plus qu’ambigu

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Renovatio Europae: Un plaidoyer plus qu’ambigu

par Georges FELTIN-TRACOL

Professeur d’histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles, le Wallon germanophone David Engels se fait connaître en 2013 par son essai aux Éditions du Toucan, Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine. Quelques analogies. Plus récemment, l’incendie de Notre-Dame de Paris l’incite à publier Que faire ? Vivre avec le déclin de l’Europe (Blue Tiger Media, 2019). Ce fondateur et président de la Société Oswald-Spengler se situe dans l’approche morphologique de l’histoire chère à l’auteur des Années décisives ainsi qu’au Britannique Arnold Toynbee. Cette société décerne en 2018 son premier prix au romancier français Michel Houellebecq.

418caOgSw8L._SX303_BO1,204,203,200_.jpgRenovatio Europæ est un recueil collectif issu d’« un projet de recherche basé à l’Instytut Zachodni à Poznan (Pologne) (p. 9) ». David Engels ne cache pas vouloir susciter « un conservatisme révolutionnaire (p. 225) » et, de ce fait, concevoir « une idéologie politique sceptique face à l’Union européenne, mais favorable à l’idée européenne (p. 22) ». Il entend « introduire, pour désigner un amour patriotique pour une Europe unifiée, basée non pas seulement sur des valeurs universalistes, mais aussi conservatrices, le terme d’« hespérialisme » – terme dérivé de l’appellation grecque de l’extrême Occident du monde connu d’antan, et formant le complément, voire l’opposition au terme d’« européisme », qui désigne habituellement un soutien non critique de l’Union européenne actuelle et de son idéologie dominante : la “ bienpensance ” politiquement correcte (p. 16) ». Ainsi considère-t-il que « l’hespérialisme est uniquement conservateur dans la mesure où il apprécie les valeurs du passé; mais en fait, on pourrait le décrire, tout aussi légitimement, comme orienté résolument vers le futur, même comme révolutionnaire (p. 226) ».

Par « hespérialisme », il faut entendre « une idéologie politique nouvelle qui est en faveur d’une intégration européenne (limitée) fondée sur le respect de notre passé partagé afin d’affronter les défis communs d’aujourd’hui et de demain, sans pour autant écraser les traditions et identités locales, régionales et nationales sous le poids conjoint du multiculturalisme, de l’individualisme, du turbocapitalisme et de la mondialisation (p. 190) ». Il ne signale jamais que les passeurs français du commentaire de Martin Heidegger sur La parole d’Anaximandre traduisent Abend-Land, le pays du couchant, par « Hespérie », d’où l’adjectif « hespérial ». Par ailleurs, le philosophe espagnol Carlos Javier Blanco reprend à son tour le concept d’« hespérialisme » en lui attribuant une acception plus pertinente avec une portée impériale, reconquérante et katéchonique appropriée.

Europe ou Occident ?

David Engels a réuni dans ce volume huit contributions. L’ensemble final aboutit à un résultat bien décevant. On en retire la singulière impression que le « nouveau conservatisme » envisagé s’apparente à un ravalement de façade du conservatisme libéral le plus éculé. Les auteurs s’enferment dans le soi-disant héritage « judéo-chrétien » d’une « civilisation occidentale » aux délimitations géographiques jamais explicitées. Se focalisant sur le seul triangle civilisationnel Athènes – Rome – Jérusalem, ils oublient les apports décisifs des mondes germano-scandinave, slave et celte. Oui, le christianisme (ou plus exactement la première mouture de ce qui donnera plus tard l’une des formes chrétiennes – n’entrent pas dans leurs analyses l’Orthodoxie ou les Églises coptes ou nestorienne…) dévie du judaïsme comme d’ailleurs l’islam est à l’origine une hérésie judéo-chrétienne destinée aux seuls Arabes. Les auteurs de Renovatio Europæ se gargarisent du mythe civilisationnel « judéo-chrétien » et ne savent peut-être pas que la seconde évangélisation de l’Europe occidentale et centrale au Haut-Moyen Âge revient aux voyages de Saint Colomban et de ses moines adeptes d’un christianisme celtique fort peu sémitique aujourd’hui perdu (1).

fantini.jpgL’Italien Alvino-Mario Fantini souhaite l’apparition d’« une Droite révolutionnaire (p. 165) » dont la tâche principale serait « de reconstruire la civilisation occidentale sous toutes ses formes et de la restaurer afin de lui donner une place proéminente dans notre culture (p. 174) ». S’agit-il de la civilisation occidentale ou bien de la civilisation européenne ? Cet auteur ne définit pas l’Occident qu’il confond avec une hypothétique « Chrétienté du XXIe siècle » qu’il appelle de ses vœux. Rêve-t-il en néo-guelfe à de nouvelles compagnies missionnaires auprès des sociétés européennes si bien qu’après la « délaïcisation » réalisée se manifesterait « la profession visible des anciennes fois par de jeunes hommes arborant kippa et papillotes et par de vieux curés en soutane et béret (p. 175) » ? Et pourquoi pas le contraire ? Quelle place accorder aux communautés historiques musulmanes (Pomaks de Grèce, Bosniaques, musulmans d’Albanie, Gorans, Tatars de Pologne, Turcs de Bulgarie, etc.) ? Serait-il hostile au port du hijab et du tchador ? Ce croyant ne se sent-il pas solidaire des musulmanes exclues des collèges et des lycées laïques français parce qu’elles anticipaient une mesure prophylactique en vigueur en 2020 ? Sa « Chrétienté du XXIe siècle » ressemble beaucoup à l’ordre moral petit-bourgeois du XIXe siècle.

Le texte de Chantal Delsol, « Immigration : hospitalité et bien commun – l’antinomie cauchemardesque », a l’immense mérite de rappeler la nocivité du conservatisme libéral (ou du libéralisme conservateur). La chroniqueuse régulière du Figaro avoue un « dilemme cornélien (p. 85) » entre la charité chrétienne et l’immigration de peuplement allogène. Elle se concentre sur la seule immigration musulmane alors que le problème migratoire de l’Europe serait identique s’il concernait d’autres groupes ethno-religieux extra-européens.

Pour Chantal Delsol, « il est clair que nous ne pourrons pas éviter un afflux massif d’immigrés (p. 99) ». Quel aveu !, c’est un vrai défaitisme moral propre aux « intellectuels»… Certes, elle réclame bien « d’expulser vraiment les clandestins qui n’ont rien à faire ici (on ne le fait pas); passer un contrat d’intégration (l’apprentissage de la langue, les mœurs) à ceux qui désirent entrer; tenir un langage de vérité à propos de l’islam (on en est très loin !). La solidarité : travailler de façon citoyenne [sic pour la novlangue !] à l’accueil et à l’intégration (p. 100) ». Elle persiste à soutenir une vieille lune, un processus inopérant ! L’intégration ou l’assimilation des étrangers représente aujourd’hui une forme douce de génocide ou d’ethnocide. Comment peut-on en outre assimiler ou intégrer des masses allogènes quand les autochtones eux-mêmes se coulent dans une effrayante american way of (no) life comme le souligne Guy Debord dès décembre 1985 (2) ?

Des élucubrations moralisatrices

Paris_-_Salon_du_livre_et_de_la_famille_-_Chantal_Delsol_-_1.jpgAutre énormité proférée par la « Figariste » de l’ouvrage : « Quand on a colonisé et utilisé des peuples qui désormais parlent français, on est responsable d’eux (p. 89). » Chantal Delsol ne comprend pas que le temps des colonies de grand-papy chanté par Michel Sardou n’existe plus. La Décolonisation est passée par là… C’est avec de tels arguments infantilisants que l’Afrique préfère se victimiser plutôt que de prendre son destin en main. Chantal Delsol n’évoque d’ailleurs pas le pillage organisé des richesses du Continent noir (de l’Asie, de l’Amérique latine et de l’Océanie) par les sociétés occidentales. Son point de vue se rapproche de celui d’Yves de Kerdrel, macroniste militant et ancien responsable du flotteur droitard du cosmopolitisme, Valeurs actuelles. « Au nom du droit de la mer, de l’entraide des marins et surtout du respect de la vie, je demande aux autorités françaises d’accorder à L’Aquarius le droit d’accoster à Marseille. Notre identité et notre civilisation sont menacées par la PMA et non par 58 réfugiés (3). » On pense strictement le contraire d’autant que dans le cadre d’un État vrai, néospartiate, la généralisation de la PMA favorisera la natalité autochtone.

Néo-colonialiste pour le Tiers-Monde, Chantal Delsol l’est aussi pour l’Hexagone puisqu’il importe d’après elle de « réussir l’immigration (p. 99) ». Sa justification ? « Quand on a fait venir des travailleurs, on n’a pas le droit de les priver de leur famille (p. 89). » Le magnifique sophisme ! A-t-elle pensé aux « Poilus » dans les tranchées qui ne virent pas les leurs pendant quatre années de guerre ? Les travailleurs détachés requis par les exigences impérieuses d’un marché intérieur débridé devraient-ils traverser l’Union européenne avec toute leur parenté ? L’immigration extra-européenne peut se résoudre par la remigration planifiée, le recours systématique à la préférence nationale, régionale, voire ethnique, et l’établissement d’une « Europe cuirassée » (Maurice Bardèche) autarcique capable de fermer toutes ses frontières à l’instar de la République populaire et démocratique de Corée.

Chantal Delsol mélange politique et moraline et donne au lecteur un infâme rouet d’angélisme impolitique. Ce n’est cependant rien par rapport à une phrase hallucinante. Elle soutient que « la France sous Pompidou a fait venir une foule de travailleurs bon marché (la Suisse préférait payer cher ses éboueurs), et certains disent qu’on a eu tort de décréter le regroupement familial, ce qui est inacceptable (p. 89) ». Ce ne sont pas les Français des « Trente Glorieuses » qui conduisent cette politique insensée, prélude à l’actuel Grand Remplacement. Ce sont ses amis, les grands patrons du BTP, de l’automobile et du textile qui exigent et obtiennent de l’Élysée et de Matignon une main-d’œuvre illettrée, corvéable et docile.

Cette universitaire partage probablement l’avis d’Alvino-Mario Fantini pour qui les identitaires blancs et les ethno-différentialistes « ne sont pas des conservateurs dignes de se présenter comme les défenseurs de l’Occident chrétien (pp. 167 – 168) ». Même si on n’a pas besoin de son accord, qu’il se rassure, les enfants spirituels de Maurice Bardèche, de Saint Loup, de Julius Evola et de Robert Dun lui laissent volontiers la « défense de l’Occident chrétien » pour mieux guerroyer en faveur de l’Europe albo-boréenne qui exprime « 30 000 ans d’identité (Dominique Venner) », de mémoire et de traditions. Ces deux médiocres textes confirment paradoxalement le diagnostic de David Engels : « Les conservateurs ont graduellement appris le langage politique des élites gauchistes – libérales et ont adopté l’habitude de ne plus définir de manière positive et offensive leurs positions par une terminologie qui leur serait propre, mais plutôt en utilisant le vocabulaire politique de leurs adversaires, se servant ainsi de concepts qui, au fond, sont incompatibles avec leurs véritables vues (p. 19). »

Famille et esthétique

Birgit Kelle constate qu’« être “ colorié ” et “ divers ” est devenu synonyme de “ modernité ” (p. 119) ». Dans ce contexte fluctuant, elle s’interroge sur la validité du noyau familial traditionnel à l’heure de l’homoconjugalité triomphante. Après avoir visé « le lobbysme pro-avortement camouflé en lutte pour les droits des femmes (p. 128) », elle pourfend « l’extension massive du rôle de l’État dans les soins accordés aux personnes âgées tout comme aux enfants (p. 118) ». Elle voit dans cet interventionnisme étatique inédit, accentué par la crise du coronavirus, antichambre de la tyrannie sanitaire archi-moderne, « une renaissance paradoxale des vieilles illusions socialistes et communistes au sein d’un Occident gâté par la sécurité sociale (p. 118) ». La protection sociale serait-elle selon Birgit Kelle à l’origine de cette invasion administrative du quotidien ? Serait-ce la raison pour laquelle elle ne mentionne pas la pierre angulaire de toute véritable politique nataliste (et sainement eugénique et polygynique) : le salaire maternel, le revenu familial ou l’allocation parentale ?

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Birgit Kelle.

Jonathan Price réfléchit pour sa part à « un patriotisme esthétique pour l’Europe (p. 135) ». Il remarque que bien des édifices de l’Union dite européenne témoignent d’une réelle laideur architecturale. Europa Building à Bruxelles est ce bâtiment « formé d’un immense rectangle en verre, dans lequel se trouverait un œuf géant, abritant lui-même la salle de réunion du Conseil européen, composé des chefs des gouvernement des États membres de l’Union européenne (p. 143) ». « À part la curiosité des couleurs et ses absurdités ovulaires et oculaires, le “ Europa Building ” n’invite pas à l’émerveillement, ne participe à aucun narratif, n’a pas de caractère particulier et n’invite personne à le chérir – surtout quand on apprend qu’il a fallu 330 millions d’euros afin d’achever sa médiocrité actuelle, et ce après un travail de dix ans achevé seulement en 2016 (p. 145). » Les eurocrates devraient plutôt regarder du côté du quartier romain de l’EUR.

Relevant que « la mondialisation a un visage anglo-saxon (p. 105) », Max Otte, influencé par l’ordo-libéralisme, le paternalisme protestant et le « socialisme de la chaire », en appelle à un « modèle économique européen continental (p. 107) ». Cela reste toutefois de louables intentions sans aucune solution sociale tangible. Andras Lanczi critique certes les « quatre excès ou dogmes du libéralisme (p. 52) », à savoir l’individualisme, le rationalisme, le légalisme et le progrès. Il assume volontiers que « “ l’illibéralisme ” ne veut nullement oblitérer la liberté, mais seulement protéger l’Europe des excès du libéralisme et devenir ainsi un garant de la liberté (p. 48) ». Mais il ne dénonce pas la matrice du libéralisme, à savoir les droits de l’homme (et des poux). Quant à Zdzislaw Krasnodebski, il décrit l’entreprise en cours d’ingénierie sociale de masse et constate que les eurocrates qui ont travaillé ou vont travailler au FMI et à l’ONU « se voient régulièrement à Davos ou aux réunions du club Bilderberg (p. 37) ».

Susciter l’unité continentale

David Engels, Andras Lanczi et Zdzislaw Krasnodebski se rejoignent sur l’urgence de donner aux Européens une constitution. Pour Andras Lanczi, « les constitutions modernes sont des documents politiques dominés par des libérales et gauchistes et ne contiennent plus, de fait, aucune véritable perspective conservatrice, puisque même le mot “ Dieu ” (quand il est mentionné) ne retient plus qu’une signification décorative (p. 47) ». Avec un retour offensif des idées et des méthodes politiques conservatrices, la construction européenne pourrait mieux aller.

Lanczi_Andras_300x300px.jpgAndras Lanczi ose la question cruciale : « Une constitution peut-elle créer une identité ? (p. 65) » Oui, si on observe les États-Unis; non si l’on regarde les précédents de l’Union Soviétique et de la Yougoslavie titiste. David Engels trace néanmoins les grands traits d’une nouvelle constitution européenne. Il dénonce au préalable le souverainisme stato-national qui amalgame « de manière presqu’insupportable les institutions de l’Union européenne avec l’idée européenne elle-même (p. 21) ». Oui, les nationaux-souverainistes « europhobes » « ignorent […] dangereusement le problème que la civilisation occidentale du XXIe siècle ne pourra survivre que si toutes les nations européennes forment un seul front commun contre les dangers qui pourraient venir de l’Est, de l’Ouest ou du Sud (pp. 21 – 22) ». Ces anti-européens condamnent les institutions alors que la responsabilité de leur nuisance incombe à des personnes telles Jacques Santer, José Manuel Barroso ou Josef Borrel (4).

Prenant acte que dans l’histoire du continent, les ensembles politiques multinationaux permettent une « multi-ethnicité harmonieuse (p. 191) » parce qu’ils reposent sur un substrat anthropologique et génétique boréen commun et sur le même étymon spirituel pré-monothéiste, David Engels cite les exemples historiques du Saint-Empire romain germanique et de la République couronnée des Deux-Nations (l’union dynastique de la Pologne et de la Lithuanie du Moyen-Âge jusqu’au premier partage de la Pologne en 1772), soit « une combinaison unique entre autonomie régionale et autorité centrale, achevées essentiellement par un système d’autorité double entre, d’un côté, un souverain élu, représentant la “ maiestas personalis ”, et l’assemblée des entités fédérées, représentant la “ maiestas realis ” (p. 191) ».

Une ébauche institutionnelle

Cette « nouvelle constitution devrait incorporer la notion de “ l’Europe d’abord ” (p. 207) ». C’est la seule allusion où le protectionnisme, sans être nommé, est envisagé. Les traités de libre-échange ne préoccupent pas les rédacteurs de ce recueil. Il est vrai que la Hongrie de Viktor Orban a bien ratifié le calamiteux accord de commerce entre l’Union dite européenne et le Canada.

Afin de tendre vers une nouvelle entité paneuropéenne, David Engels présente les principes généraux de sa constitution. Il reconnaît volontiers que le fédéralisme – ce citoyen belge le sait mieux que personne – favorise toujours « un certain degré de “ chaos créatif ” (p. 193)». Le corps législatif compte un Parlement européen qui émane des peuples, et un Conseil européen, incarnation des États membres. Ces deux institutions désignent les magistrats de la Cour européenne de justice et leurs votes s’approuvent à la majorité qualifiée des deux tiers des voix. Elles n’exercent que des compétences restreintes mais réelles. Elles élisent et révoquent sept secrétaires (Défense, Police, Infrastructure, Harmonisation légale, ressources stratégiques, Éducation et recherche, et Finances) qui agissent en concertation avec un président européen, « élu par un vote général de l’ensemble des citoyens (p. 197) ».

lad6735-320x400.jpgBien que désigné par le suffrage universel direct, ce président de l’Union rénovée ne bénéficie que de pouvoirs limités. « D’un côté, le Président se consacrerait à la politique extérieure, représentant l’Union européenne au Conseil de sécurité permanent des Nations Unies (sur base d’une fédéralisation du siège français), et, en cas de conflit, dirigerait les opérations des forces européennes. D’un autre côté, le Président tenterait de régler les conflits qui se présenteraient soit entre nations européennes, soit entre celles-ci et l’Union elle-même, en présidant une cour d’arbitrage permanente dont le composition et le mode de scrutin devraient, une fois de plus, favoriser le compromis et l’unanimité (p. 197). » La nouvelle Union européenne, on le voit, dispose d’« une force militaire européenne, composée, en temps de paix, par un cœur d’unités proprement européennes, appuyées par des contingents fixes des différents États-nations et dotées de capacités nucléaires (p. 198) ». Dans ces conditions, « l’Europe pourrait, à nouveau, devenir un véritable “ Sacrum Imperium ” et renouer avec sa dimension transcendantale, perdue depuis longtemps au profit du rationalisme, du matérialisme, du relativisme et du cynisme (p. 204) ». David Engels expose rapidement les bases géopolitiquement instables pour cause d’atlantisme d’une Confédération européenne.

N’est-il pourtant pas cynique quand il estime que « le but à long terme serait d’assurer que tous les États membres européens deviennent membres de l’OTAN […], et de garantir une meilleure symétrie entre l’Europe et les États-Unis au sein de cette organisation (pp. 198 – 199) » ? Ne se doute-t–il pas que Washington n’acceptera jamais cette « symétrie », cette égalité avec ses vassaux européens ? Il ne comprend pas que l’atlantisme conséquent dans le cadre de la défense du soi-disant Occident chrétien, empêche en réalité toute libération stratégique effective du continent européen.

Fédéralisation du siège français à l’ONU et atlantisme approfondi sont les demandes courantes de la CDU – CSU allemande et du PiS polonais. La présidente de l’Instytut Zachodni, soit l’Institut occidental, Justyna Schulz, annonce que Renovatio Europæ « également publié en langue polonaise, allemande, anglaise, italienne et espagnole, sera le premier d’une série d’écrits traitant des nombreux défis que présentera une réforme en profondeur de l’Union européenne (p. 12) ». C’est clairement l’intention du parti Droit et Justice et de son pseudopode à Strasbourg – Bruxelles, le groupe « Conservateurs et réformistes européens » (CRE) dont Zdzislaw Krasnodebski, vice-président du Parlement européen, est un membre influent. Réticents à l’égard d’un PPE fédéraliste honteux et partenaire obligé de la sociale-démocratie cosmopolite, des Verts multiculturalistes et des centristes libéraux mondialistes, les élus CRE se méfient sur leur droite de l’existence du groupe « Identité et Démocratie » dont ils n’acceptent pas le tropisme pro-russe du FPÖ, de la Lega, de l’AfD et du Rassemblement national.

Par ce livre (et peut-être par ceux qui suivront), les « euro-conservateurs » pensent que le moment est judicieux pour orienter la politogénèse européenne vers une autre direction qui ne soit ni globaliste, ni national-souverainiste. Ils bricolent par conséquent une « troisième voie » erronée, bâclée et très en-deçà des enjeux. Bref, sans l’apport – inévitable – de la vision impériale non-conformiste de la Révolution conservatrice européenne dans son phylum romain, lotharingien, bourguignon, ibérique et habsbourgeois, l’hespérialisme de David Engels restera une simple coquetterie intellectuelle supplémentaire.

Notes

1 : cf. Robert Steuckers, Pages celtiques, Éditions du Lore, 2017.

2 : cf. Guy Debord, « Note sur la “ question des immigrés ” », dans Œuvres, Gallimard, coll. « Quarto », 2006, pp. 1588 – 1592.

3 : Twitt d’Yves de Kerdrel du 24 septembre 2018.

4 : Dommage que David Engels ne développe pas sur ce qu’il entend par la menace venue de « l’Ouest ». Pense-t-il à des États-Unis LGBTisés, dysgenrés, racisés et décoloniaux qui imposeraient leur Diktat dément au reste du monde ?

• David Engels (sous la direction de), Renovatio Europæ. Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l’Europe, Éditions du Cerf, coll. « Patrimoines », 2020, 232 p., 22 €.

dimanche, 20 septembre 2020

Ethnocide des peuples européens: French Theory et déconstructionnisme

Par Antonin Campana

Ex: https://liguedumidi.com

Le décontructionisme, ou la déconstruction, est une entreprise qui, pour mieux saper les murs porteurs de la civilisation européenne, consiste à les réduire à de simples constructions sociales.

Cette définition, notre définition, a l’avantage d’aller clairement à l’essentiel de ce qui nous intéresse, sans passer par le verbiage abscons qui s’attache généralement à cette pratique. Voici, à titre d’exemple, la définition donnée par Nicholas Royle, philosophe proche de Jacques Derrida : « Déconstruction : pas ce que vous pensez : l’expérience de l’impossible : ce qui reste à penser : une logique de la déstabilisation toujours déjà en mouvement dans ‘les choses elles-mêmes’ : ce qui fait de chaque identité ce qu’elle est et ce qui la rend différente d’elle-même : une logique de la spectralité : un pragmatisme théorétique et pratique ou une virologie […] : l’ouverture sur le futur lui-même ». Une telle définition relève de la masturbation intellectuelle. Elle n’a aucune opérationnalité et ne saurait rendre compte de l’effet déstructurant que cette doctrine a eu sur notre civilisation.

Notons ici que par certains aspects, le déconstructionnisme est très proche de la psychanalyse : ces deux idéologies se veulent des pratiques, utilisent un verbiage impénétrable, si ce n’est par les initiés, masquent leur vacuité sous ce verbiage, séduisent d’abord une classe sociale supérieure apatride, finissent par exercer leur caractère subversif sur l’ensemble de la société…

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Jacques Derrida est l’inventeur, dans les années 1960, du déconstructionnisme. Cette idéologie subversive va envahir les campus américains à partir des années 1970 et être connue là-bas sous le nom de « French Theory ». Outre Derrida, le mouvement américain autour de la French Theory va mobiliser des auteurs comme Gilles Deleuze, Michel Foucault ou Jacques Lacan. A partir des années 1980, le déconstructionnisme donne naissance, toujours dans les campus américains, aux études de genre, aux études post-coloniales ou aux études sur la blancheur (Whiteness Studies)… A partir des années 2000, la French Theory revient en France et l’on assiste alors à la naissance des mouvements indigénistes et à une remise en cause en profondeur de l’identité européenne (génocide culturel de l’identité autochtone).

Comment procède le déconstructionnisme ? Prenons l’exemple de l’ordre sexué, c’est-à-dire de la répartition des rôles sociaux entre les hommes et les femmes. Dans un premier temps, l’entreprise de déconstruction sociale postule que les rôles sociaux masculins et féminins ne sont pas le produit d’un déterminisme biologique mais d’une construction sociale. Elle met en lumière les « rapports de domination » et montre leur iniquité. Cette affirmation peut se parer des auras de la « science » (les « sciences humaines ») car elle est le fruit « d’études universitaires » poussées, dont l’objectivité est par essence établie. Dans un second temps, on dira que la femme procède elle-aussi d’une construction sociale (Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient »), ainsi que l’homme, le désir de maternité, ou l’hétérosexualité (Louis-Georges Tin : « La culture hétérosexuelle n’est qu’une construction parmi d’autres »). A partir de là, il sera possible, dans un troisième temps, de casser la légitimité de l’ordre sexué, c’est-à-dire d’abolir la complémentarité entre hommes et femmes, qui est la colonne vertébrale de toute société humaine. S’engage alors mécaniquement une lutte des sexes (féminisme) qui contribuera au basculement de la société dans une spirale entropique.

Pour les déconstructionnistes, les hommes sont assujettis à des constructions culturelles, religieuses, idéologiques – subjectives donc – qui légitiment des relations de domination. Belle découverte en effet ! Comme si, avant eux, les philosophes du XVIIIe siècle ignoraient que, par exemple, la religion appuie un système de croyances qui légitime la monarchie de droit divin ! Comme si le prophète Néhémie ignorait, quant à lui, que la langue exprime une fidélité à un pouvoir. Comme si Hérodote n’établissait aucune relation entre la variabilité des croyances et celles des organisations sociales. On a toujours su aussi que les sociétés avaient des mœurs, des coutumes et des traditions qui relevaient davantage de leur « culture » que de leur « nature ». Diodore de Sicile, historien grec du Ier siècle avant J.C., distingue parfaitement les « façons d’être » des Nègres de Libye, et n’entend pas les ramener à leur « nature profonde ». Il faut donc distinguer ce qui provient de la culture et ce qui provient de la nature. Pour autant, la superstructure culturelle ne repose-t-elle pas sur une infrastructure naturelle ? Si la capacité à s’organiser selon des valeurs est le propre de la nature humaine (que les déconstructionnistes essaient donc de « déconstruire » une société de termite ou une meute de loups !), alors c’est bien la nature qui permet la culture. Toutes les cultures se valent-elles pour autant ?

Des humoristes se sont amusés à juxtaposer deux photos. Sur la première, on voit deux bikers sur leur moto avec la mention « 1970 ». Sur la seconde, apparaissent deux bobos sur leur trottinette avec la mention « 2020 ». Tous sont des hommes, mais assurément il ne s’agit pas exactement des mêmes hommes. La « culture » est passée par là. Mais les deux « cultures », celle de 1970 et celle de 2020, sont-elles équivalentes ? Pensez-vous que les femmes qui se sont fait violer à Cologne le 31 décembre 2015 étaient plutôt accompagnées par des hommes à trottinette ou des hommes en Harley ? Vous connaissez la réponse. On peut supposer que du point de vue de ces femmes, la « culture » des années 1970 est préférable à celle des années 2020. La virilité est un trait retenu par la sélection naturelle. L’écarter d’un revers de main, avec tout ce qu’elle implique dans la « construction sociale », dont, certes, les relations de domination, n’est possible que dans une société hors sol et pourrait se révéler suicidaire en cas de brutal retour dans l’Histoire.

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Les déconstructionnistes prennent prétexte de ces variations de comportement chez les hommes pour affirmer que l’homme est une construction sociale. Ils nous expliquent, ce qui est vrai, qu’un homme d’aujourd’hui n’est pas un homme du XVIIe siècle et que celui-ci n’est pas un homme des temps préhistoriques. Il n’empêche, si l’on sort de l’idéologie, que pour devenir une femme un homme devra subir le scalpel du chirurgien, puis de puissantes et continuelles injections d’hormones. On sait aussi que les comportements mâles ou femelles dépendent de la quantité d’androgènes auxquelles sont exposés les fœtus (d’où le drame des imposteurs endocriniens). Cela clôt le débat : être homme (ou femme) est un fait de nature ! Ainsi, quoi qu’il en coûte aux déconstructionnistes, et même si effectivement des composantes culturelles se greffent sur cette base naturelle, on naît femme ou on naît homme, comme on naît Blanc ou Noir… La nature commande. Elle ne dit pas ce que la culture peut faire : elle dit ce qu’elle ne peut pas faire ! Elle peut faire rouler des hommes à trottinette, en bridant un temps leur masculinité, mais elle ne peut pas en faire des femmes. Elle peut avilir la blanchitude et valoriser la négritude, mais une population blanche ne sera jamais comme une population noire. La nature essentialise, c’est ainsi et il ne sert à rien de le refuser, car celle-ci finit toujours par imposer sa loi.

La pratique décontrustionniste déconstruit donc la superstructure culturelle mais bute sur l’infrastructure naturelle. D’où la rage de ceux qui tentent vainement de contourner cette dernière par l’injection d’hormones, le métissage, la chirurgie, le transhumanisme, la GPA, la PMA… Quoi qu’il en soit, le fait d’obtenir d’indéniables succès dans l’entreprise de déconstruction de la civilisation européenne ne légitime pas pour autant une telle pratique. Toute « déconstruction » d’une civilisation ou d’une culture est une destruction, puisque la civilisation ou la culture en question perd alors le système de légitimité qui lui permettait d’exister. Dès lors, l’entreprise de déconstruction est assimilable à un génocide culturel. C’est un ethnocide (CNTRL : « Ethnocide : Destruction de la culture traditionnelle d’un groupe ethnique »). Autrement dit, l’entreprise de déconstruction est totalement immorale. Au sens de la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (1948), cette entreprise de déconstruction s’apparente même à un crime contre l’humanité.

Le décontructionnisme est-il pour autant à rejeter totalement ? Ne peut-on lui trouver une utilité sans verser dans l’immoralité ?

Personne ne fait subir cette pratique de déconstruction à la civilisation musulmane par exemple, ou aux civilisations africaines. La cible est bien évidemment et seulement la civilisation européenne. Cela en dit long. Pas question évidemment, pour notre part, de rabaisser les populations musulmanes ou africaines en développant un discours subversif sur leurs structures familiales ou sur leurs rapports à l’homosexualité, à l’esclavage, à la race ou à l’étranger. Etre identitaire, c’est aussi respecter l’identité des autres. D’autre part, comme nous l’avons dit, l’ethnocide est immoral, voire criminel.

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Cependant, le déconstructionnisme peut s’appliquer valablement au Système, aujourd’hui dominant dans tout le monde occidental, ainsi qu’à sa matrice : nous avons nommé la République « française ». Car la République, issue de 1789, est bien une entreprise systématique de déconstruction : déconstruction des ordres, des communautés, des corps intermédiaires, des Églises, mais aussi de la famille, du mariage, de la filiation, de l’ordre sexué et du peuple autochtone lui-même. Mais c’est aussi une entreprise de construction d’un nouveau modèle, d’une nouvelle société qui s’organise mécaniquement sur la base de valeurs idéologiques reposant sur du vent : le contrat social, la laïcité, les droits de l’homme, le vivre ensemble… Dès lors, il nous est facile de déconstruire à notre tour ce modèle, de montrer ses articulations, ses origines, ses préjugés, ses non-dits, son irrationalité, sa perversion, son caractère criminel, bref ses « constructions sociales ». Nouvel ethnocide ? Pas du tout, puisqu’il s’agit de déconstruire une idéologie mortifère qui ne se revendique d’aucune ethnie en particulier.

Nous avons dit, que la French Theory provenait de France. Quoi d’étonnant, puisque la French Theory n’est qu’une traduction intellectualisée de la pratique républicaine mise en œuvre et expérimentée depuis deux siècles ? Les auteurs de la French Theory ne seraient-ils alors que de simples plagiaires ? 

Ursula von der Leyen’s State of the Union Address, the New Cold War and the Marginalization of Europe

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Ursula von der Leyen’s State of the Union Address, the New Cold War and the Marginalization of Europe

by Gilbert Doctorow

Ex: https://gilbertdoctorow.com

European Commission President Ursula von der Leyen’s State of the Union Address was remarkable in a number of ways. It marked an informal but very tangible constitutional change in European Institutions whereby the Commission becomes in practice if not in law a parliamentary cabinet. She hued as closely to the policies promoted by a majority of the MEP’s as Elizabeth II does in her Queen’s speech to the Houses of Parliament when she reads a text handed to her by the Prime Minister.

The reasons for this development are perfectly obvious.  When her candidacy for president was put to a vote in the European Parliament, she barely squeaked by.  This, after having spent several weeks in a charm campaign when she consulted with and listened to all the leading parties of the incoming parliament. The reason for her difficulties was what was construed as a violation of the growing parliamentary habits of the EU Institutions whereby the new President is chosen from among the candidates put up by the parties and the award is given to the party with the largest number of incoming MEPs, which was the PPE, the right of center People’s Party. 

Under pressure from Emmanuel Macron, the PPE’s candidate was passed over and the nod went to von der Leyen, who was a PPE member but not its internally selected candidate.  We all noted at the time that this choice was tolerated but not encouraged by German Chancellor Merkel, in whose cabinet von der Leyen served as Defense Minister.  We also noted that von der Leyen was not a star performer in Germany; indeed, she had come under heavy criticism for mismanaging her ministry and for various financial scandals.  The backing by Macron was somewhat hard to explain, though everyone pointed to von der Leyen’s perfect fluency in French, having grown up and been schooled in Brussels. In any case, back then, a year ago, Macron’s star was still on the ascendant, Gilets Jaunes notwithstanding, while Merkel’s star was sinking, as health problems and difficulties with her coalition partners forced her to declare a retirement date. She was, it would have seemed, a lame duck.

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What we saw in von der Leyen’s speech yesterday shows that Macron completely misunderstood whom he was backing in von der Leyen, completely misjudged his powers relative to Frau Merkel.

There was very little content on International Relations in von der Leyen’s speech, and it came at the very end, which by itself is extraordinary. The great bulk of her speech was devoted to economic issues, health issues and domestic spending in the EU.  One might say that these priorities indicate an isolationist turn of mind that corresponds perfectly well to the Greens, who were among the biggest winners in the 2019 elections to the European Parliament but who seemed to have been ignored by von der Leyen during the coalition building that immediately preceded and followed her installation as Commission President. The Greens’ expectation of being ‘king makers’ seemed to have been foiled.  Until yesterday…

What little there was of foreign policy in von der Leyen’s speech would have suited the German Greens in particular, since it was militant Cold War talk. Mention of the Continent’s biggest country which sits just on the Eastern frontier of the EU came in the following three sentences:

“To those who advocate closer ties with Russia, I say that the poisoning of Alexei Navalny with an advanced chemical agent is not a one off. We have seen the pattern in Georgia and Ukraine, Syria and Salisbury – and in election meddling around the world. This pattern is not changing – and no pipeline will change that.”

A more pithy, vitriolic and propagandistic statement could not have been pronounced by the Secretary General of NATO Jens Stoltenberg.  Indeed, one wonders why von der Leyen was installed in Place Schumann and not in the NATO headquarters out at Zaventem where militancy could be delivered with a Female Face, carrying gender equality through still tougher ceilings than within the EU Institutions.

Von der Leyen’s speech opened with mention of European values and the ideological messaging came up frequently, never curdling in the mouth of this very German politician, or so it would seem.  We saw it in her remarks on Belarus: “I want to say it loud and clear: the European Union is on the side of the people of Belarus.”  What exactly that translates into in terms of financial, political and, dare we say it, military meddling is not yet clear.  But if she wants a war with Russia, no cause than championing an ‘orange revolution’ in Belarus could turn the trick better.

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And, last but not least, von der Leyen said she will introduce and promote a “European Magnitsky Act.”  What is that all about?

Let us return to the question of Monsieur Macron and his seeming victories on the European stage just after the May 2019 elections of the European Parliament.  Shortly afterwards we learned that his just elected ‘en marche’ MEPs were combining with the 10% of MEPs that had for years been led by the NeoLiberal MEP, former premier of Belgium, Guy Verhofstadt under the grouping labeled ALDE.  The new grouping would go under the name “Renew Europe.”

Verhofstadt soon afterwards disappeared from view and it would have seemed that Macron now would be leading a group of MEPs counting something like 15% of the European Parliament, heading them in a wholly new direction as regards relations with the big neighbor to the East.  This was the time when Macron had his one-on-one meetings with Vladimir Putin and made very bold promises to bring Russia in from the cold into the European House.   It was somewhat before Macron scandalized Frau Merkel and other pillars of the status quo in that same house with his remarks on NATO being “brain dead.”

In two places in her speech, von der Leyen was giving Macron the finger.  One was her remark cited above, addressed to “those that advocate closer ties with Russia.”  The other was in her advocacy of a “European Magnitsky Act.” Such an act makes reference to the supposedly terrible violation of human rights that was supposedly perpetrated by Kremlin agents against a certain Sergei Magnitsky for his supposed whistle blowing about crimes in high places.

The original Magnitsky Act was promulgated in the United States in 2012 when the Russia-hating majority in the U.S. Congress was conned into it by a certain fraudster, William Browder, Sergei Magnitsky’s erstwhile boss.  The Act sought to blacken the reputation of Putin and to cast the Russian Federation into pariah status. Browder tried with might and main to see it reissued in Europe. His cause was taken up with alacrity by precisely Verhofstadt and his Russia-hating followers in ALDE.  Now we find that Verhofstadt is having the last laugh in terms of setting policy for the combined group of MEPs called “Renew Europe.”  And Von der Leyen has taken up their cause and made it that of the European Commission.

For Europe’s young people no doubt von der Leyen’s Green initiatives will look great.  For those of us with a gray hair or two, and with interests that go beyond the nearest state boundary, her foreign affairs agenda such as she outlined in her speech yesterday will look oh so retro. Europe is well on its way to further marginalization in international affairs. And Macron has been proven to be an empty windbag.

©Gilbert Doctorow, 2020

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Alexander Dugin: La Contrahegemonía

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La Contrahegemonía

Traducción de Juan Gabriel Caro Rivera

Ex: https://www.geopolitica.ru

1. El gramscismo en las Relaciones Internacionales

Antes de comenzar a hablar de la contrahegemonía, en primer lugar, debemos dirigirnos a Antonio Gramsci, quien introdujo el concepto de hegemonía en el amplio discurso científico de la ciencia política. En sus enseñanzas, Gramsci dice que en el marco de la tradición marxista-leninista, hay tres zonas de dominación: 

  • La dominación económica tradicional para el marxismo, que viene determinada por la propiedad de los medios de producción, que predetermina la esencia del capitalismo. Según Marx, este es el dominio económico en la esfera de la infraestructura.
     
  • La dominación política, que Gramsci asocia con el leninismo y considera como la autonomía relativa de la superestructura en el ámbito de la política. Cuando la voluntad política de determinadas fuerzas proletarias sea capaz de cambiar la situación política, aunque no esté del todo preparada la infraestructura para ello. Gramsci interpreta esto como la autonomía de un determinado segmento de la superestructura. Estamos hablando de poder político, expresado en los partidos, en el Estado, en los atributos clásicos del sistema político.
     
  • La dominación en el tercer sector es la estructura de la superestructura, que Gramsci relaciona con la sociedad civil, al tiempo que enfatiza la figura del intelectual.

Gramsci cree que la hegemonía es el dominio de las actitudes de desigualdad y dominación, pero no en el ámbito de la economía y la política, sino en el ámbito de la cultura, la comunidad intelectual y de los profesionales, el arte y la ciencia. Este tercer sector tiene el mismo grado de autonomía relativa que el leninismo en la política. Una revolución, en este caso, desde el punto de vista de Gramsci, tiene tres vertientes: en la esfera económica (marxismo clásico), en la esfera política (leninismo) y en la esfera de la sociedad civil, que es la esfera de la libertad, y el intelectual puede elegir entre el conformismo y el inconformismo, una elección entre hegemonía y contrahegemonía, entre servir al status quo o elegir una revolución. La elección que hace un intelectual no depende de su posición económica, es decir su relación con la propiedad de los medios de producción, ni con su afiliación política a un partido en particular.

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Gramsci ve el mundo occidental como un mundo de hegemonía establecida, en el que se ha establecido un sistema capitalista en la esfera económica, las fuerzas políticas burguesas dominan la política, los intelectuales sirven a los intereses de las fuerzas políticas burguesas y sirven al capital en un entorno inteligente. Todo esto en su conjunto en las relaciones internacionales crea un cierto contexto, en el centro del cual está el polo de la hegemonía establecida. Gramsci invita a los intelectuales inconformistas y revolucionarios a crear un bloque histórico que se oponga a esta hegemonía. Regresaremos a este punto un poco más tarde, pero ahora consideraremos un aspecto ligeramente diferente del pensamiento gramsciano. Desde el punto de vista de Gramsci, hay situaciones en las que surgen relaciones entre un sistema capitalista desarrollado y aquellas sociedades que aún no están completamente integradas en el núcleo de la hegemonía. Estos tipos modernos de sociedades, en las que la hegemonía no ha ganado por completo, los describe Gramsci como el modelo del cesarismo. Sugiere que, en tales Estados intermedios, la élite política aún no está realmente incluida en el mundo occidental capitalista, donde el capital, la hegemonía y los partidos políticos burgueses representan los intereses de la clase media que establecen la agenda a seguir.

Charles Kapchen, en su libro No Man's World, propone este modelo, que Gramsci denomina cesarismo, desglosado en tres tipos:

  • La autocracia corrupta moderna rusa y otros modelos similares en el espacio postsoviético, que representan la élite de los clanes corruptos.
     
  • El sistema del totalitarismo chino, que conserva el poder totalitario a nivel estatal.
     
  • El sistema de las petromonarquías de Oriente Medio, que incluyen en la estructura de su dominación, en su cesarismo, también aspectos religiosos o dinásticos, como los sultanatos sauditas. Irán puede clasificarse como una forma intermedia, entre el modelo de monarquía del Golfo y la autocracia rusa.

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El cesarismo se encuentra en condiciones muy interesantes: por un lado, se encuntra bajo la presión de una clase media en crecimiento, por otro lado, proviene de un Occidente más desarrollado. La hegemonía desde fuera y desde dentro obliga al cesarismo a hacer concesiones, desoberanizarse, entrar en un proceso global común en aras de la hegemonía global. Desde el punto de vista de Gramsci, el cesarismo no puede simplemente insistir por sí solo, ignorando estos procesos, por lo que sigue el camino que en la ciencia política moderna se llama transformismo.

El término transformismo, nos remite al gramscismo y al neogramscismo en la teoría de las relaciones internacionales, donde esto significa el juego del cesarismo con los desafíos de la hegemonía, es decir, la modernización parcial, movimiento parcial hacia la hegemonía, pero de manera que se mantenga el control político. Así, el transformismo es lo que viene haciendo China desde 1980, lo que ha estado haciendo la Rusia de Putin, sobre todo en la época de Medvedev, lo que han estado haciendo los Estados islámicos últimamente. Absorben algunos elementos de Occidente, capitalismo, democracia, instituciones políticas para la separación de los poderes, ayudan a que se produzca la clase media, siguen el ejemplo de la burguesía nacional, la hegemonía interna y la hegemonía externa internacional, pero no lo hacen del todo, no realmente, al nivel de una fachada para mantener un monopolio del poder político que no es estrictamente hegemónico. 

El análisis básico de los términos gramaticales hegemonía, cesarismo y transformismo que hemos realizado era necesario como preludio al desarrollo de una teoría contrahegemónica. 

2. Pacto histórico

Dado que todas las personas tienen derechos políticos y los delegan en partidos a través de la participación en las elecciones, y la posesión de los derechos económicos está diferenciada en el ámbito económico, Gramsci cree que en el tercer sector hay exactamente el mismo proceso de delegación de sus derechos. Los representantes de la sociedad civil empoderan a los intelectuales para representarse a sí mismos en el campo de la inteligencia en una especie de parlamento condicional de la sociedad civil.

Según la teoría del neogramscismo, existe el concepto de pacto histórico, y como estamos hablando de sociedad civil, este puede tener dos vectores fundamentalmente diferentes: o el pacto histórico se dirige hacia la hegemonía, o se puede implementar un pacto histórico en interés de la revolución.

La hegemonía desde el punto de vista de Gramsci no es un destino, sino una elección, lo mismo que la elección de los partidos políticos. Stephen Gill, un neogramscista, describe la Comisión Trilateral como un pacto histórico de intelectuales conformistas a favor de la hegemonía. Estos son los únicos estudiosos de esta clase de organizaciones donde los propios miembros de esta organización no se consideran una forma paranoica de teoría de la conspiración y reconocen su estatus académico.

91158048.jpgEn última instancia, toda persona, según Gramsci, es libre de estar a favor del capitalismo o del comunismo, e incluso si una persona no pertenece a la clase proletaria, puede ser miembro del partido comunista de su país y participar en batallas políticas siguiendo a los socialistas o comunistas. La afiliación de clase proletaria no es necesaria para la inclusión en un partido político. De la misma manera, a nivel del intelectualismo, no es necesario para nada estar en desventaja, no es necesario ser expulsado del sistema de la sociedad para ponerse del lado de la contrahegemonía que, y este es el principal fundamento gramscista, cualquier intelectual puede elegir y adherirse al pacto histórico de la revolución.

En los años 60, y especialmente en los 70, cuando el gramscismo se generalizó en Europa, se desarrolló una situación única. Entonces la esfera intelectual estaba completamente ocupada por izquierdistas y era simplemente indecente no ser comunista. Se identificaron comunismo y moral en el ámbito de la sociedad civil, a pesar de que los partidos comunistas no dominaban en el ámbito político, y las relaciones burguesas continuaron persistiendo en el ámbito económico. Fue con esto, en gran medida, que los acontecimientos de 1968 y la llegada al poder de Mitterrand estaban relacionados. El giro a la izquierda en Francia no comenzó con la victoria de las fuerzas de izquierda en el parlamento y no con el propio gobierno, sino con la creación por parte de los intelectuales franceses de un bloque histórico contrahegemónico, en ese momento marxista. Hicieron su elección, sin que nadie los echara de los periódicos burgueses, que seguían siendo financiados por diversos círculos burgueses. 

Este grado de libertad nos lleva al tema del constructivismo de la realidad social, que no es un dato fatal. El proceso de construcción de la realidad social se encuentra en la libertad del intelectual para hacer su elección fundamental a favor de un pacto histórico: hegemónico o contrahegemónico.

3. Contrahegemonía/contrasociedad 

s-l400.jpgEl concepto de contrahegemonía es introducido por el especialista en relaciones internacionales Robert W. Cox como una generalización del gramscismo y su aplicación a la situación global. Dice que hoy todo el sistema de relaciones internacionales se construye al servicio de la hegemonía. Todo lo que se nos dice sobre las relaciones entre Estados, sobre el significado de la historia, sobre guerras e invasiones es pura propaganda de la hegemonía de la élite oligárquica mundial. En gran medida, este constructo se apoya en el eje de la intelectualidad que opta por la hegemonía.

R. Cox plantea la cuestión de crear una construcción intelectual de una realidad revolucionaria alternativa global y para ello introduce el término contrahegemonía, dándole una justificación fundamental. Habla de la necesidad de un bloque histórico global de intelectuales mundiales que eligen la revolución, eligen la crítica del status quo y, lo que es más importante, no necesariamente sobre una base marxista, porque el marxismo presupone algún tipo de programa económico fatalista de los procesos históricos. R. Cox cree que el proceso histórico es abierto y en este sentido la dominación del capital es una construcción. En esto se diferencia mucho de los neomarxistas, incluido Wallerstein.

Esta idea pospositivista, constructivista, posmodernista de R. Cox, cuya esencia es que en condiciones de globalización es necesario plantear la cuestión de la contrahegemonía con la misma globalidad, ya que la hegemonía burguesa-liberal, llevando a cabo el transformismo, ya que tarde o temprano este transformismo romperá el cesarismo. 

El segundo principio que introduce Cox es el de contrasociedad, ya que la sociedad global actual se basa en la dominación de principios burgueses-liberales, es decir, es una sociedad de la hegemonía. Esta es una sociedad de la hegemonía por medio del lenguaje, en las imágenes, en la tecnología, en la política, en las costumbres, en el arte, en la moda, en todo.

En consecuencia, es necesario construir una contra-sociedad. Todo lo que es bueno en una sociedad global debe ser destruido, y se debe construir una nueva sociedad en su lugar, si se quiere, una sociedad con signo contrario. En lugar del dominio de los principios universales, se deben construir comunas locales; en lugar de un monólogo liberal, debemos construir un polílogo de culturas orgánicas. Así, la contasociedad será una alternativa a la sociedad que existe hoy, en todos sus principios básicos.

Los términos de Robert Cox son contrahegemonía y contrasociedad.

4. Pensando en la contrahegemonía

51zpJutKyyL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgJohn M. Hobson, estudioso de las relaciones internacionales, autor de La concepción eurocéntrica de la política mundial, en la que critica el racismo occidental y afirma la brillante idea de construir las relaciones internacionales en un nuevo modelo de contrahegemonía basado en los trabajos de Cox, Gill y los neogramscistas es una bendición. La crítica es maravillosa, pero qué hacer, qué contrahegemonía debería crearse, no la encontraremos en sus obras, salvo en dos o tres páginas. Por tanto, es necesario contemplar la contrahegemonía.

Para concebir la contrahegemonía, primero hay que concebir la hegemonía. Volvemos de nuevo a este tema para comprender adecuadamente en qué estamos pensando.

Entonces, ¿qué es la hegemonía? 

La hegemonía es la universalización del liberalismo, entendido como único contexto de un monólogo. El liberalismo es un engaño absoluto, hablando de contrahegemonía y contrasociedad, nos referimos a un desmantelamiento total del liberalismo. Así, contemplar la contrahegemonía es contemplar el no liberalismo, contemplar una sociedad que se opondría radicalmente al liberalismo. Cabe señalar aquí que el no liberalismo en el que tenemos que pensar a la hora de construir la contrahegemonía debe ser el no liberalismo del mañana. Este tiene que ser un no liberalismo hacia adelante, no un no liberalismo hacia atrás.

¿Qué es el no liberalismo hacia atrás? Este es el conservadurismo que ha desaparecido hace mucho y más allá del horizonte de la historia, el fascismo y el nacionalsocialismo que desapareció hace menos, y el comunismo, el sovietismo y el socialismo que han desaparecido recientemente. Todo esto no fue superado por el liberalismo por casualidad, no fue por casualidad que la hegemonía se disolvió, se desintegró, estalló y envió al basurero histórico, al olvido ahistórico, esas ideologías no liberales que se han enumerado. Abordarlos, con toda la facilidad de tal movimiento, no nos acercará a resolver el problema de la creación de la contrahegemonía. Seremos los portadores de un discurso arcaico, marxista, nazi, fascista o conservador-monárquico, que por sí mismos ya han demostrado que no pueden resistir la batalla histórica con la hegemonía. En consecuencia, este es un control de la realidad ineficaz para oponerse al liberalismo.

La principal victoria del liberalismo radica en el hecho de que en el centro de su discurso está el principio: libertad versus no libertad. Esta simple dialéctica resultó muy eficaz, como lo demostró claramente el siglo XX. Para derrotar a sus enemigos ideológicos, el liberalismo utilizó la idea del totalitarismo como concepto. Por tanto, en cuanto el liberalismo buscó a tientas este aspecto totalitario en ideologías que ofrecían su alternativa no liberal, inmediatamente incluyó la parte más fuerte de su ideología, que se llama libertad, liberty.

Para considerar estos procesos con más detalle, es necesario recordar el contenido de la libertad de John Stuart Mil. La libertad es “libertad de”, libertad negativa, y para que la libertad negativa funcione, debe haber una no libertad positiva, es decir, la tesis del totalitarismo. Cuando hay una sociedad basada, por ejemplo, en una identidad racial fascista, pero usted no se ajusta específicamente a ella, entonces su libertad estará dirigida contra esta identidad. Lo mismo ocurre con el comunismo. Si no compartes esta ideología, entonces aplicas la tesis negativa de la libertad a esta tesis positiva de una sociedad totalitaria, y como resultado, tarde o temprano ganarás. La libertad negativa funciona porque la "libertad de" adquiere contenido a través de la negación dialéctica.

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Hoy el liberalismo ha conquistado todo lo que pudo conquistar y se ha propuesto esa tarea. La "libertad de" ahora se nos da por definición, como un hecho. Hoy vivimos en un mundo liberal donde, en principio, no hay nada de qué liberarnos, es decir, La “libertad de” ha desarrollado todo su potencial relacional-creativo, porque se ha liberado de todas aquellas formas que, de una forma u otra, mantenían al individuo en un cierto estado de no libertad. En este momento, se reveló el lado puro de la libertad, "libertad de" como libertad de cualquier cosa es en realidad solo nihilismo. Nihilismo que no estaba en la superficie precisamente porque alguien obstruía esta libertad. En consecuencia, la libertad en el liberalismo victorioso no significa más que la absolutización del nihilismo. La liberación no es nada.

Lo que vivimos hoy es la victoria absoluta de la hegemonía combinada con su implosión fundamental. Esta implosión del liberalismo es un factor importante en su triunfo hegemónico. Pero por ahora, al liberalismo se le opone un cesarismo lento en las últimas etapas, como un defecto temporal, que es objeto de afinar el liberalismo global para que finalmente pueda tener lugar el fin de la historia.

Por cierto, prestemos atención al hecho de que entendemos la palabra fin como el concepto de El fin de la historia de Francis Fukuyama como fin, pero en inglés la palabra fin tiene otro significado: el objetivo, es decir, este es el objetivo de la historia, su telos, hacia lo que se dirige. Este es el logro de la historia alcanzando su cúspide, su límite, es decir, hacia donde se dirigió. Vivimos en el liberalismo como en el nihilismo victorioso, y la implosión de este nihilismo se está produciendo ante nuestros propios ojos.

¿Qué más le queda a la humanidad liberal libre? Desde las últimas formas de identidad colectiva expresadas en género. El problema de las minorías sexuales no es un epifenómeno accidental de la estrategia liberal, es su centro mismo. La lógica en este caso es simple: si una persona no se libera del género, permanecerá en un estado totalitario de separación con otros individuos humanos de cierta identidad colectiva, masculina o femenina. En consecuencia, la reasignación de género no es solo un derecho, sino que pronto también se convertirá en un deber. Si una persona no cambia de sexo, entonces es, de hecho, un fascista, porque si un individuo es un hombre o una mujer, entonces acepta una existencia esclava dentro del marco de su definición de género.

No la igualdad de sexos, es decir, su cambio, se deriva de la libertad, la "libertad de", la libertad de una persona del género, del sexo, así como la libertad cosmopolita de elegir la ciudadanía, el lugar de residencia, la profesión, la religión. Todas estas libertades liberales requieren una etapa lógica, la libertad de género y un cambio total múltiple de género, porque el individuo comienza a acostumbrarse y vuelve a caer en el marco totalitario del género.

Pero ese no es el límite, ya que queda la última identidad colectiva que no se ha superado, la pertenencia de un individuo a la humanidad. Como ejemplo de la necesidad de superar la identidad humana, que en última instancia es también fascismo desde el punto de vista de la lógica liberal, podemos citar el Manifiesto Ciborg de Donna J. Haraway, así como las ideas plasmadas en el programa transhumanista.

51QyraNabVL._SX329_BO1,204,203,200_.jpgSuperar el género y las identidades colectivas humanas son solo detalles que ocuparán nuestra conciencia durante algún tiempo, asustarán a los conservadores y a los elementos liberales incompletamente modernizados y, a la inversa, inspirarán a los liberales para continuar sus próximas hazañas. Al mismo tiempo, cabe señalar que la agenda se ha estrechado, y con el desarrollo del arte genético y quirúrgico, la microtecnología, la biotecnología y el desentrañamiento del genoma, estamos, de hecho, al borde de que este programa se convierta en un tema técnico. Se propone no esperar más, sino pensar de tal manera que el liberalismo, en principio, en su programa nihilista, ha cumplido su cometido.

¿Y qué significa pensar en el no liberalismo hacia adelante? Significa pensar en el no liberalismo, que es después de esta deshumanización del hombre, después de la pérdida de la identidad de género. Es necesario ver el horizonte del liberalismo como una victoria absoluta de la Nada y ofrecer una alternativa no desde fuera, sino desde dentro. La cuestión es que, en última instancia, el liberalismo va más allá de la sociología y nos lleva a problemas antropológicos. La sociedad se desintegra, surge una post-sociedad, un ciudadano liberal separado del mundo, un cosmopolita que, de hecho, no pertenece a ninguna sociedad.

Massimo Cacciari llama a esto una sociedad de idiotas totales que pierden la capacidad de comunicarse entre ellos, porque pierden todo en común que los conecta, surge un lenguaje individual, una existencia rizomática en red, etc. En esta situación, llegamos a la última frontera humana, desde la que se propone iniciar un proyecto de contrahegemonía.

El curso principal de la contrahegemonía en su aspecto antropológico es la idea de un replanteamiento radical de las libertades. Es necesario oponer el liberalismo no al totalitarismo, porque al hacerlo solo alimentamos sus energías destructivas, sino el principio de libertad significativa, es decir, de la "libertad para", la libertad en la terminología de J.S. Mill. Al abordar la problemática de la antropología, en la que el principio individual se sitúa por encima de la humanidad, el liberalismo no debe oponerse a valores conservadores, sino a algo radicalmente diferente, y el nombre de este radicalmente diferente es el concepto de persona o personalidad, es decir, libertad contra libertad, la persona contra la libertad individual.

La personalidad devuelve a la persona a la esencia de su humanidad, esta es su revolucionaria tarea fundamental de crearse a sí mismo por su propia fuerza, esta es, si se quiere, una categoría metafísica. En el cristianismo, la personalidad es donde tiene lugar la fusión del principio divino con el individuo. La persona nace en el momento del santo bautismo. 

En las religiones, la personalidad se describe de diferentes maneras, pero como Marcel Mauss ha revelado tan bellamente en sus obras, en cualquier sociedad arcaica es el concepto de persona el que está en el centro de atención. Este no es un individuo, es la intersección del sujeto eidético de alguna especie dada y espiritual o generalizada.

Así, oponiendo la individualidad con alguna forma de integración social, atacamos al liberalismo y ofrecemos un no liberalismo no desde atrás, sino que necesitamos proponer un modelo de no liberalismo desde el futuro. La personalidad debe rebelarse contra el individuo, la “libertad para” debe moverse contra la “libertad de”, no la no libertad, la no sociedad y algunas otras formas de restricciones colectivas. Debemos enfrentar el desafío del nihilismo. Este, según Martin Heidegger, es el difícil conocimiento del nihilismo.

Pensar en la contrahegemonía significa pensar en una personalidad creativamente libre como la raíz de esta contrahegemonía, sin este cambio fundamental de régimen en las condiciones del nihilismo total no crearemos ningún concepto inteligible de contrahegemonía. 

5. El modelo de contrasociedad

El modelo de contrasociedad debe necesariamente estar abierto desde arriba, este es el principio de la libertad, a la cabeza de esta sociedad deben estar aquellos que estén máximamente abiertos a la dimensión superior de lo personal, que no sean lo más idénticamente posible entre ellos mismos. Son los filósofos contemplativos. La Platonopolis como expresión política del platonismo abierto, liderado por un filósofo que piensa en cualquier cosa menos en sí mismo. No manda, no hace nada, pero abre la posibilidad de que todos sean individuos. Abre la posibilidad de que la sociedad se abra desde arriba, hace que esta sociedad sea verdaderamente libre, sin darse cuenta de sus limitaciones. Él crea una sociedad así, este es el Estado, esta es la sociedad sagrada.

La contrasociedad debe construirse desde arriba, debe ser absolutamente abierta desde lo vertical, este es su principio fundamental. Una filosofía política abierta desde lo vertical debería ser la plataforma para un nuevo pacto histórico de intelectuales. Si creamos este pacto basado en alianzas pragmáticas, no lo lograremos, porque tarde o temprano el liberalismo se hará cargo de todas estas formas.

6. Diversificación contrahegemónica de actores en las Relaciones Internacionales

Para la diversificación contrahegemónica de actores en las RI, se puede partir de los conceptos y definiciones de transnacionalismo y neoliberalismo en las relaciones internacionales, que afirman la expansión de la nomenclatura de actores en el contexto de la hegemonía. Se propone aceptar esta simetría en la construcción de la contrahegemonía y reconocer que el bloque histórico debe estar compuesto por actores de diferentes escalas.

La estructura de la contrahegemonía puede ser la siguiente: en el centro hay intelectuales con una filosofía vertical abierta, es decir, un pacto histórico entre los intelectuales. Debe ser necesariamente global, no puede ser nacional, en ningún país de ninguna cultura, incluso, por ejemplo, en el gran mundo islámico o en el chino, es imposible hacer esto. Todo lo que se necesita es una escala global de contrahegemonía y una unificación global de intelectuales contrahegemónicos basada en una filosofía abierta. Se puede construir una constelación de sistemas de diferentes escalas alrededor de este actor principal, simétricamente en la forma en que Joseph S. Nye describe un sistema liberal transnacional, donde tanto los Estados como los partidos y los movimientos, industrias, grupos, movimientos religiosos e incluso individuos singulares se convierten en actores. 

Todos ellos no solo pueden, sino que también son actores en las relaciones internacionales, en el modelo hegemónico de globalización. Estamos hablando de contra-globalización, no de anti-globalización, no de globalización alternativa, sino de contra-globalización, que reconoce que para derribar esta hegemonía es necesario unir actores de diferentes escalas.

7. La voluntad y los recursos de la contrahegemonía. El archipiélago de Massimo Cacciari

El eje de la estrategia contrahegemónica debe ser la voluntad constructiva, no los recursos. Primero la voluntad, luego los recursos. Esta voluntad debe provenir de la élite intelectual global contrahegemónica como miembros de la sociedad global. Por supuesto, todas las personas piensan, pero los intelectuales también piensan para los demás, y por eso están dotados del derecho a ser caminantes del pueblo, a ser representantes de la humanidad como tal, cuyo discurso global ahora es captado y plasmado por representantes del bloque histórico hegemónico. Por cierto, cuando se ataca a los liberales por un caso, la escasez y la inconsistencia de su argumentación se revela necesariamente, y todo esto porque su argumentación es de voluntad fuerte.

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Sin embargo, ¿en qué recursos puede apoyarse esta voluntad constitutiva de la élite intelectual? En primer lugar, este es el segundo mundo, sobre el que escribe Parag Khanna, los países de los BRICS, los Estados que, en el status quo actual, han recibido algo menos o no están en los primeros roles. Y estos son prácticamente todos aquellos Estados que se sienten incómodos en la arquitectura imperante de la hegemonía. Pero por sí mismos, estos países no son una contrahegemonía, por sí mismos no harán nada.

Los regímenes gobernantes en estos países, si no se activan, continuarán participando en el transformacionalismo, pero los intelectuales contrahegemónicos deben contraatacarlos, incluso en su propio proyecto, en lugar de esperar a ser llamados a trabajar para la administración. Es importante comprender que la administración está comprometida con el transformismo y se ocupará de ello independientemente del lugar: en China, Irán, Azerbaiyán, India, Rusia, los países del BRICS, existe una transformación continua.

Los intelectuales contrahegemónicos deben interceptar la narrativa y dictar la agenda a estos Estados para que ejerzan el cesarismo durante el mayor tiempo posible. Pero esto no es una meta, la meta de la contrahegemonía es diferente, sin embargo, el potencial de estos países es un buen recurso, y como herramienta para lograr la tarea planteada, es bastante bueno. Por ejemplo, un Estado con armas nucleares parece muy convincente como argumento en oposición a la hegemonía.

Asimismo, los partidos antiliberales en todo el mundo son relevantes como recurso contrahegemónico, independientemente de que sean de derecha o de izquierda, socialistas o conservadores. A esto hay que sumar varios movimientos de tipo verticalmente abierto: cultural, artístico, estético, ecológico. En este contexto, conviene prestar atención al hecho de que el campesinado mundial y la industria mundial, tarde o temprano, serán víctimas del sistema bancario y financiero, el sector terciario de la economía, que ya comienzan a colapsar ante el crecimiento proporcional del capital financiero especulativo globalista. No se debe esperar que ellos mismos se pongan del lado de la contrahegemonía y propongan planes, sin embargo, también pueden ser considerados como uno de los componentes del recurso en el arsenal de la alianza de los intelectuales contrahegemónicos dentro del pacto histórico.

Todas las religiones tradicionales, que, en su esencia, son no liberales, a diferencia de las religiones de orientación liberal, que son básicamente laicas o relativistas, o, digamos, religiones desreligiosas, también pueden actuar como un recurso para los intelectuales contrahegemónicos.

La tarea del bloque histórico contrahegemónico es unir todos estos recursos en una red global. Aquí es donde el concepto de "Archipiélago" de Massimo Cacciari, que aplica a Europa, será de gran utilidad, pero la idea en sí puede difundirse más ampliamente. Massimo Cacciari sostiene que entre el Logos universalista y la anarquía de los idiotas atómicos hay un logos privado. Este Logos en particular, junto con el paradigma de la complejidad de Edgar Morin, junto con operaciones en estructuras complejas, con modelos no lineales, pueden ser de gran utilidad.

Ésta es una cuestión fundamental, porque utilizando un modelo complejo, se hace posible construir un diálogo e integrar a la derecha y la izquierda en un solo pacto histórico, mientras que en este momento se miran a través de la lente de sus propias tácticas.

8. Rusia y la hegemonía

Rusia es ahora un campo de transformismo típico y lo que comúnmente se llama putinismo no es más que cesarismo. Se opone a la hegemonía interna en forma de la oposición del listón blanco y de Eco de Moscú (1), así como a la hegemonía externa que ejerce presión sobre Rusia desde afuera. El cesarismo está equilibrando estos factores, que intenta jugar por un lado con la modernización y por otro lado con el conservadurismo, tratando de retener el poder por cualquier medio. Esto es muy racional y muy realista: no hay idea, no hay visión del mundo, no hay metas, no hay comprensión del proceso histórico, no hay telos en tal gobierno - esto es cesarismo ordinario, en su comprensión gramscista.

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La oposición del cesarismo a la hegemonía interna y externa lo obliga a moverse en la necesariamente en dirección a los intelectuales de la contrahegemonía, pero el transformismo es una estrategia adaptativa-pasiva, lo que significa que tarde o temprano el objetivo de este transformismo, no obstante, destruirá el cesarismo. Dado que la hegemonía viene tanto del exterior como del interior, cualquier modernización conduce objetivamente, de una forma u otra, al fortalecimiento de la clase media, y la clase media es enemiga del Estado, así como la burguesía, el capitalismo, el individualismo son enemigos tanto de la sociedad concreta como de la humanidad en su conjunto.

¿Qué tan pronto caerá el cesarismo? El tiempo muestra que puede esto tardar mucho, pero mucho tiempo. En teoría, debería caer, pero sigue existiendo, demostrando a veces ser bastante exitoso. Todo depende de si la transformación se lleva a cabo con éxito o sin éxito. Es una estrategia de retaguardia pasiva condenada al fracaso, pero a veces de la forma más paradójica puede resultar bastante eficaz.

Es bastante obvio que, si en los últimos 13 años esta estrategia se ha mantenido con un pragmatismo omnívoro e ideológico tan generalizado, entonces seguirá existiendo, a pesar de la indignación que causa por todos lados. Sin embargo, vale la pena señalar que es precisamente el transformismo exitoso lo que evita que el Estado sea destruido por representantes de la hegemonía global.

Pero esto no es suficiente, se requiere una estrategia de tipo completamente diferente, contrahegemónica en su esencia, con el ánimo de promover la teoría de un mundo multipolar. Otra iniciativa importante es la Alianza Revolucionaria Global, que es una estrategia bastante activa que puede desarrollarse en Rusia a un nivel paralelo, siendo tanto rusa como global, internacional. E incluso si hay algunas contradicciones internas entre los representantes de la alianza revolucionaria global en Europa o América, y hay algunas, y existen muchas, entonces este momento no debería avergonzar a nadie, y mucho menos detenerse. Dado que la gente elige la misma ética contrahegemónica a pesar de las sociedades en las que vive.

Al rechazar la hegemonía, no es necesario centrarse en el poder. Ahora las autoridades nos dicen “sí” porque estamos del mismo lado con respecto a la hegemonía, estamos en contra de la hegemonía, y las autoridades, de una forma u otra, están en contra de la hegemonía. Pero incluso si la hegemonía hubiera triunfado en Rusia, esta situación no debería influir en la toma de decisiones de la élite intelectual contrahegemónica, ya que debe moverse en nombre de objetivos fundamentales. Sólo una orientación exclusivamente hacia una idea, hacia la escatología, hacia el telos, hacia una meta, y no hacia beneficios momentáneos, puede traer la victoria y el éxito.

El pacto histórico de intelectuales con una filosofía vertical abierta puede ser solidario con la Federación de Rusia en su estado actual como uno de los elementos más importantes del archipiélago de la contrasociedad. La Rusia nuclear de Putin es una isla excelente en este archipiélago, perfecta para una lucha revolucionaria externa, una base maravillosa para capacitar a personas que deben promover actividades escatológicas y revolucionarias a escala mundial. Es una herramienta muy valiosa, pero sin ella se podría seguir igual. Necesitamos buscar contactos en China, Irán, India, Latinoamérica, hacer contrahegemonía en países africanos, en países asiáticos, en Europa, en Canadá, en Australia, etc. Todos los descontentos son miembros potenciales del archipiélago contrahegemónico: desde Estados hasta individuos. 

No se pueden equiparar dos cosas: los intereses nacionales de la Federación de Rusia, agotados por el término del transformismo y la estrategia global contrahegemónica. Son cosas diferentes, ya que la contrasociedad es deliberadamente extraterritorial y es un archipiélago.

Notas del Traductor:

1. Eco de Moscú (en ruso: Э́хо Москвы́) es una estación de radio rusa que transmite las 24/7 con sede en Moscú. Emite en muchas ciudades rusas, algunas de las ex repúblicas soviéticas (a través de asociaciones con estaciones de radio locales) y a través de Internet. El actual editor en jefe es Alexei Venediktov. Eco de Moscú se hizo famoso durante los eventos del intento de golpe de Estado soviético de 1991: fue uno de los pocos medios de comunicación que habló en contra del Comité Estatal sobre el Estado de Emergencia. Es un medio con posturas liberales.

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La Juge Ruth Bader Ginsburg de la Cour Suprême est décédée

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La Juge Ruth Bader Ginsburg de la Cour Suprême est décédée

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

La Cour Suprême américaine a annoncé ce vendredi le décès de la juge Ruth Bader Ginsburg, des "complications métastatiques d'un cancer du pancréas", à 87 ans.

L'heure est aux politesses et aux hommages, donc et y compris par Donald Trump. On célèbre la fille d'immigrants juifs de Brooklyn, parvenue petit à petit à accéder au sommet du pouvoir judiciaire... Mais au-delà de l'éloge panégyrique de circonstance, les médias encensent surtout la juge la plus "progressiste" de la cour.

Il faut comprendre ce que cela veut dire. Ruth Bader Ginsburg ("RBG" selon son acronyme) a été nommée par Bill Clinton en 1993. Loin de la "modérée" sous l'étiquette de laquelle elle fut présentée, elle s'est avérée en pratique une des plus gauchistes et des plus engagées politiquement de tous les juges de la Cour Suprême américaine, partageant ce triste honneur avec Sonia Sotomayor nommée par Obama en 2009.

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En d'autres termes, RGB n'a eu de cesse que de fouler aux pieds son rôle d'interprétation de la Constitution des États-Unis. À la place, elle a toujours statué avec comme seul objectif de pousser tous les sujets qui lui tenaient à cœur politiquement ou sociologiquement. Permettant à l'occasion à la Cour suprême de basculer en sa faveur, elle fut en faveur de:

  • toutes les initiatives de vote par correspondance (qui ne cesse de créer la polémique aujourd'hui) ;
  • l'immigration par tous les moyens ;
  • le rejet de toute tentative de renvoi de quelque immigré que ce soit, quelles que soit les raisons (même les pires criminels de sang) ;
  • l'avortement et l'infanticide (avortement jusqu'au terme de la grossesse, y compris pendant l'accouchement);
  • le mariage homosexuel ;
  • l'abaissement de l'âge du "consentement raisonné" aux relations sexuelles à douze ans ;
  • la validation constitutionnelle de l'Obamacare ;
  • l'approche raciste de la discrimination positive.

La liste n'est pas exhaustive. On comprend le désarroi des gauchistes radicaux américains sur Twitter.

La juge était malade depuis plusieurs années. Elle avait néanmoins refusé de démissionner sous la Présidence Obama, estimant préférable de céder sa place sous l'Administration (Hillary) Clinton qui devait lui succéder en 2016. Les citoyens américains lui jouèrent un bien mauvais tour en élisant à sa place Donald Trump. Dès lors, plus question de démissionner et de laisser à Trump le choix de son successeur!

RBG choisit donc de se maintenir à son siège coûte que coûte, malgré son grand âge et une santé déclinante, s'absentant souvent et pour de longues périodes alors qu'elle subissait des interventions médicales et des thérapies liées au cancer qui la rongeait. Il  arriva plusieurs fois à la vieille dame de s'évanouir en public. À plusieurs reprises, la Cour suprême dut siéger à huit au lieu de neuf, ce qui entraîna des troubles de son fonctionnement et supprima temporairement son rôle d'établissement de la jurisprudence.

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Malheureusement pour elle, son heure arriva trop tôt. Trump est toujours Président, et il est en mesure de décider de son successeur. Le fera-t-il pendant le mois qui nous sépare de l'élection? C'est possible - après tout il est parfaitement en droit de le faire. Trump a toujours mis la nomination des juges au cœur de son mandat (c'est un aspect de sa Présidence bien peu couvert par les médias) et les Républicains contrôlent toujours le Sénat avec 53 sièges. Mieux encore, face aux critiques de la gauche, Trump a établi depuis longtemps une liste officielle des personnalités qu'il envisageait pour une future nomination à la Cour Suprême. Autant dire que tout est prêt. Mais Trump pourrait aussi sportivement choisir d'attendre les élections de novembre, galvanisant les deux parties en montant les enchères de l'élection.

L'équilibre de la Cour Suprême est fragile. Les juges Clarence Tomas et Samuel Alito sont les plus conservateurs dans le respect de la Constitution. Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh (pourtant tous deux nommés par Trump) ainsi que John G. Roberts Jr., le juge en Chef, sont souples dans leur interprétation ; Stephen Breyer, Elena Kagan et Sonia Sotomayor la négligent clairement pour laisser libre court à leurs convictions de gauche, et viennent de perdre Ruth Bader Ginsburg dans leur camp.

La place est donc libre pour que la nomination d'un futur juge réellement constitutionnaliste ramène enfin l'équilibre dans une institution qui a beaucoup perdu en crédibilité dans l'histoire récente à force de se rallier à l'opinion politico-médiatique du moment, plutôt qu'à la Constitution américaine. Et ce choix pourrait influer sur le comportement de la Cour pendant plusieurs décennies.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 19 septembre 2020

samedi, 19 septembre 2020

Théophile Gautier, artiste et homme d'esprit réactionnaire

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Théophile Gautier, artiste et homme d'esprit réactionnaire

Ex: http://dernieregerbe.hautetfort.com

Présentation pressée de Paul Morand, l'anti-cosmopolite

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Présentation pressée de Paul Morand, l'anti-cosmopolite

Ex: http://dernieregerbe.hautetfort.com

En l’honneur de Paul Morand (1888-1976) dont on peut célébrer aujourd’hui le 125ème anniversaire, et qui ne fait pas son âge, je rassemble, sur une page connexe, une sélection de ses meilleurs aphorismes. Je me contenterai ici d'une simple présentation, rapide comme il se doit pour l'auteur de L'Homme pressé[1]

006280195.jpgMorand n’est certes pas complètement sympathique : comme on le sait, son pacifisme et la faiblesse de son sens national l’ont amené à une attitude peu digne sous l’Occupation : diplomate en poste à Londres en juin 40, il se laisse ramener par sa femme en métropole (ce qui lui vaudra une mise à la retraite immédiate pour abandon de poste !). Ensuite, son principal fait d’armes consistera à profiter de son amitié avec Pierre Laval et Jean Jardin pour se faire nommer ambassadeur à Bucarest en 1943, dans le but à peine voilé d'y faire rapatrier les biens de sa femme, princesse Soutzo, avant que les Russes n’arrivent en Roumanie : difficile de trouver un exemple plus révoltant d’un haut-fonctionnaire qui, loin de servir l’État, met l’État à son service ! En juillet 1944, il se fait nommer ambassadeur à Berne : lâcheté de celui qui a senti que rien ne valait mieux que de s’installer en Suisse pour affronter la Libération, ou élégance de celui qui dédaigne de jouer la comédie du résistant de la onzième heure ? Dans un autre registre, on s’agace de lire, dans son Journal inutile, les jérémiades du nanti entouré de domestiques[2] qui redoute de voir réduit son train de vie, peste comme n’importe quel lecteur du Figaro contre l’excès des lois qui brident l’activité économique, et interprète chaque augmentation des impôts ou de l’inflation comme la preuve que le communisme sera là demain et la fin du monde après-demain[3]. Passons aussi sur sa sotte hostilité à de Gaulle, sur sa détestation aveugle et presque obsessionnelle de Gide, Cocteau et Malraux, sur ses réactions à l’actualité qui souvent ne dépassent pas le niveau du café du commerce[4], sur la complaisance qu’il met à s’impliquer dans les grenouillages de l’Académie, ou sur l’approximation constante des faits et des propos qu’il rapporte.

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Il ne faut pas s’en tenir à celà, et du reste ce Journal est aussi plein de pensées saisissantes, comme on le verra dans les citations que j'ai rassemblées. Morand est un écrivain riche et complexe : on voit en lui un moderne par excellence, alors qu’il a été toute sa vie un vieux réac nostalgique ; un thuriféraire de la vitesse, mais il la critique et fait l’éloge de la lenteur[5] ; un voyageur compulsif[6], or il est très sensible à la vanité du voyage, et plus encore à sa dégradation par le tourisme ; un anglophile impénitent, pourtant il est surtout imprégné de Saint-Simon, Stendhal, Maupassant, Proust[7]. C’est avant tout un esthète pénétré d’une mentalité aristocratique, même si à vrai dire elle se dégrade souvent en snobisme de grand-bourgeois. Amoureux des diversités du monde, il est plus qu’un autre conscient que le voyage, dès lors qu’il n’est plus réservé à une élite minuscule, entraîne l’uniformisation généralisée, c’est-à-dire un appauvrissement maximal, et la multiplication du métissage, c’est-à-dire la laideur et la fadeur. Comme Pierre Loti ou Victor Segalen, c’est un exote, que le goût de l’ailleurs amène à condamner les nomades modernes, car à trop se rapprocher du lointain il devient le proche, à trop apprivoiser le différent il devient le semblable : si le goût de l’altérité n’est pas satisfait avec un précautionneux compte-goutte, mais à grandes rasades dévastatrices, il s’épuise et s’anéantit, car l’altérité s’est évaporée[8]. Le touriste occidental occidentalise tout ce qu’il va visiter : bientôt sa curiosité ne trouve plus rien d’extra-occidental à observer, – et en retour ce sont les étrangers qui bientôt viendront chez lui pour s’y sentir comme chez eux. Dès les années 20, Morand comprend avec une confondante prémonition qu’un raz-de-marée de métèques est appelé à envahir l’Europe : je publierai quelque jour ces pages étonnantes. Ainsi ce culte du voyage et de la fugacité dont il se sera fait le chantre, assumant la figure du voyageur de l’entre-deux-guerres jusqu’à la caricature, n’est pas tant pour lui une anticipation exaltée de l’avenir que l’ultime saisie d’un passé bientôt disparu : parmi ses influences et ses modèles majeurs, n’oublions pas Gobineau ! Il est dailleurs assez significatif qu’à partir de la deuxième guerre mondiale, l’œuvre de Morand se tourne principalement vers l’Histoire, faisant de plus en plus de place aux textes situés dans le passé, qu'il s'agisse de récits (MontocielLe Flagellant de SévilleParfaite de Saligny et bien d’autres nouvelles), de pièces (il en a fait trois :  deux qui se passent à la fin du Moyen Âge, une au milieu du XIXe), ou d'essais biographiques (FouquetLa Dame blanche des HabsbourgSophie-Dorothée de CelleMonplaisir en histoire, etc) : manière de fuir par le temps, comme il l’avait fuie par l’espace, l’Europe décadente qui s’offrait à ses yeux.

__________________________

[1] Parmi les nombreux portraits de Paul Morand, je recommande celui du petit chef-d'œuvre de Pascal Jardin, La Guerre à neuf ans (Grasset, 1971), p. 110-119. Les informations factuelles de ce livre sont à prendre avec les plus grandes réserves (le père de l'auteur, Jean Jardin, en disait : « C'est le contraire d'un roman dont on dit que tout y est vrai sauf les noms: chez Pascal, seuls les noms sont vrais, tout le reste est faux ! », comme il l'a confié à François Périer ainsi qu'à François Nourissier : voir Pierre Assouline, Une éminence grise. Jean Jardin (1904-1976), Balland, 1986, Folio n°1921, p. 454, et comme Pascal Jardin l'a lui-même consigné dans Le Nain jaune, chap. VII, Julliard, 1978, p. 124), – mais l'atmosphère d'époque est assez bien restituée, et le mémorialiste excelle dans ses portraits. « Comme le héros de son roman L'Homme pressé, Morand est lui-même en proie à une fébrilité qui n'est pas dictée par le monde extérieur. Né pressé, il mourra pressé. Il a ce que Saint-Exupéry appelait "la nostalgie de là-bas". Persuadé que la vie se déroule derrière la ligne de l'horizon, il passe son existence à essayer de la rattraper. Quand il reste sur place, il a beau s'employer à vivre l'instant présent, cet instant-là se dérobe et coule entre ses doigts. Je l'ai vu bousculer les clients du bar de l'hôtel Plazza, houspiller les serveurs pour être servi plus vite et puis après, contempler son ouisqui avec regret. On le lui avait donné trop tard. Il n'avait plus soif. Avait-il eu vraiment soif ce jour-là ? » (p. 111). Et : « Le temps que j'essaie de lui répondre, il est déjà absent de lui-même ou sorti de la pièce. Il ne croit pas aux réponses, les questions lui suffisent. » (p. 112).   

22775940381.jpg[2] Il n’hésite pas à mettre, au premier rang des facteurs qui ont « tué la famille », avant les ouiquennes et la télévision… l’absence de domestiques ! (Journal inutile, 4 mars 1972, tome 1 p. 672). Voilà qui en dit long sur la formidable étroitesse de son point-de-vue, qui n’imagine pas d’autre modèle à la famille que celle de la bonne bourgeoisie bien rentée. Que n’a-t-il plutôt pointé l’effondrement de la démographie, ce profiteur sans enfant ! Pascal Jardin, qui consacre une bonne part de son portrait de Morand à sa femme Hélène, écrit à propos de celle-ci : « Pour elle, la révolution russe de 1917 est un incident de parcours, par contre, la catastrophe, c'est 1914. Non pas parce que c'est le début d'une guerre qui va saigner la France à blanc, cette condottiere n'en a cure, mais la mobilisation générale, c'est la fin de la grande domesticité, la disparition d'une valetaille pléthorique happée par les champs de bataille gloutons. Oui, elle ne pardonnera jamais à ses gens d'avoir quitté leur livrée pour le bleu horizon. » (La Guerre à neuf ans, Grasset, 1971, p. 117).

[3] Morand est littéralement hanté par sa terreur des Rouges, puisqu’il en fait des cauchemars la nuit : « Le capitalisme est mort : dans 10 ou 20 ans il n’existera plus. C’est la vision très nette que j’ai eue, cette nuit. Seul le travail. L’inflation non seulement l’aura détruit, mais aura tué l’épargne, sous toutes ses formes ; ce que l’État nous aura laissé, l’inflation l’aura confisqué. […] Ce n’est pas le communisme qui aura tué le capitalisme, mais le syndicalisme. Aux impôts nationaux est venu s’ajouter un impôt international, l’inflation. L’an 2000 aura vu disparaître le capitalisme. » (Journal inutile, 29 juillet 1974, tome 2 p. 298). Encore plus comique, une autre prophétie du 15 janvier 1975, annonçant que Giscard va être obligé d’ « étrangler » les riches : « Le fisc se jettera, grosse bête qu’il est, sur ce qui crève les yeux. Puis il raffinera. Ensuite, les œuvres d’art (les antiquaires, les salles des ventes où il va falloir donner son nom vont s’effondrer). Déjà, un château ne vaut plus rien. Ensuite, on ira vers le très petit, les bijoux, enfin, le fisc entrera dans les maisons, soulèvera les lames de parquet » (tome 2, p. 419). Il y a des dizaines de passages dans le même esprit, quoique plus laconiques.

[4]  Par exemple, le 17 décembre 1969, il ne craint pas de consigner cette ânerie carabinée : « Le bruit court du retour de de Gaulle, pour remettre de l’ordre dans les rangs gaullistes. Que Pompidou sera débarqué » (tome 1, page 332).

518VXFPMKNL._SX318_BO1,204,203,200_.jpg[5] Je pense à son petit essai « De la vitesse », paru en plaquette chez Simon Kra en 1929, repris dans Papiers d’identité (Grasset, 1931), et largement auto-plagié dans le chapitre conclusif d’Apprendre à se reposer sous le titre : « La vie intérieure, maîtresse de notre vrai repos ». Et est-il nécessaire de rappeler que son roman le plus fameux, L’Homme pressé (1941), est plutôt une satire qu’une apologie de la mobilité frénétique ?

[6] Ce qui est évidemment très exagéré, comme il le reconnaît lui-même : « Depuis les années 30, j’ai raté, pour des raisons diverses, matérielles, familiales, sentimentales, etc, toutes les occasions de grands voyages. Et je passe pour un grand voyageur. Je suis un voyageur virtuel. » (Journal inutile, 19 février 1969, tome 1 p. 148).

[7] Il suffit de consulter l’index du Journal inutile qu’il a tenu dans les huit dernières années de sa vie pour constater que sa culture est terriblement franco-centrée. Très rares sont les écrivains étrangers qui ont droit à plus d’une dizaine d’occurrences. Je n’en vois que trois dont les numéros de page remplissent au moins trois lignes de l’index : Byron (19 occurrences), Goethe (24) et Shakespeare (25). À titre de comparaison, Balzac : 63 ; Chateaubriand : 61 ; Flaubert : 35 ; Hugo : 34 ; Montaigne : 31. Les contemporains de Morand en ont encore bien plus (jusqu’à 200 pour Proust).

[8] Lire par exemple « L’enfer des cosmopolites », chronique recueillie dans Rond-point des Champs-Élysées (1935), p. 21-23. Morand y distingue nettement, pour les opposer, le cosmopolitisme et l’internationalisme. Il explique que, confronté au feu croisé de ces deux ennemis que sont l’internationalisme et le nationalisme, le cosmopolite doit « sans hésiter » opter en faveur du second. Pour une raison particulière : la France est elle-même un « microcosme » d’une grande diversité, elle contient « cent civilisations et mille horizons » où le cosmopolite « peut, avec de l’imagination, se sentir à l’aise. S’il doit être dévoré, mieux vaut qu’il le soit à la sauce de la France, où la cuisine est bonne, qu’à la sauce internationale ». Et pour une raison générale (ici, Morand cite un Anglais de ses amis, « grand Européen » qu’il ne nomme pas), qui est que le nationalisme contribue à différencier les nations en les poussant à accomplir leur identité propre, donc à créer le terreau propice au cosmopolitisme de l’élite, alors que l’internationalisme nivelle tout et uniformise tout : « Un nationalisme éclairé doit être la seule base d’un cosmopolitisme éclairé. […] La vie internationale du peuple est un non-sens ; pour l’élite, elle doit être le sommet d’une pyramide de culture nationale. La vraie loyauté des clercs […] doit consister à extraire de leurs pays respectifs les éléments qui leur paraîtront apporter une contribution nationale à l’universel. Vous, Français, moi, Anglais, interprétons et classons les fleurs de nos apports nationaux. L’internationalisme n’a jamais donné que de mauvaises herbes. »

Prof. Dr. David Engels: “Onze culturele neergang is onvermijdelijk”

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Prof. Dr. David Engels: “Onze culturele neergang is onvermijdelijk”

 
Ex: https://pallieterke.net

Toen Francis Fukuyama zijn optimistische “End of History” publiceerde, was David Engels amper de lagere school ontgroeid. Vrij snel werd de rooskleurige voorspelling door de feiten ingehaald. Steeds meer lijken ze trouwens de nuchter-pessimistische kijk van Engels te schragen. “In alle grote beschavingen zit naast een groei en piek een ondergang ingebakken”, stelt hij. Een gesprek over Spengler, cyclisch denken en hoe we gedoemd zijn een verdere afbrokkeling van de westerse beschaving te moeten ondergaan.

David Engels is geen heraut met een blijde boodschap. Meer nog: van zijn analyse over hoe de achteruitgang van Europa en het Westen zich op een haast fatalistische manier voltrekt, wordt een mens zelfs vrij somber. Hijzelf ook trouwens. Maar er is de academicus die observeert, analyseert en concludeert, en daarnaast ook de burger, vader en echtgenoot die de onderzochte processen op een vrij confronterende manier ondergaat.

Enkele jaren geleden publiceerde hij “Le Déclin, la crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine”, een boek dat hem een zekere bekendheid bezorgde als publieke intellectueel. Enkele jaren eerder werd hij aangesteld als hoofd van de leerstoel Romeinse Geschiedenis aan de Franstalige Universiteit van Brussel (ULB). Een jaar later zou het werk in het Duits verschijnen en een tijdje geleden kwam ook – eindelijk – een Nederlandstalige vertaling op de markt: “Op weg naar het Imperium. De crisis van de EU en de ondergang van de Romeinse republiek – historische parallellen”, uitgeven bij De Blauwe Tijger. We maakten er onmiddellijk een eerste aanknopingspunt voor ons gesprek van.

Romeinse Rijk

le-declin.jpg“Le Déclin” leverde u enige intellectuele bekendheid op. Vanwaar het idee om net de parallellen te onderzoeken tussen de toestand van de EU en het wegkwijnende Romeinse Rijk?

Sinds mijn prille jeugd heb ik het gevoel gehad in, zoals men dat in het Duits zegt, “Spätzeit” te leven. In een ver gevorderde fase van een periode zeg maar. Het einde van een tijdperk, om het wat zwaarwichtiger te stellen, de epiloog van een beschaving. Dit was een aanvoelen dat ik pas ten volle heb kunnen plaatsen na lectuur van Oswald Spengle”s “Untergang des Abendlandes”. (Inmiddels is David Engels ook voorzitter van het Oswald Spengler genootschap, MVD). Ik maakte kennis met zijn cyclisch denken, met de opkomst en later ook ondergang van de grotere culturen doorheen de geschiedenis. En dan begin je onmiddellijk verbanden te zoeken tussen verschillende periodes. Maar de echte en directe aanzet voor het schrijven van het boek kwam er na een lezing die ik hield voor de ‘Fédération royale des professeurs de grec et de latin”. Er was me gevraagd enkele antieke teksten te verzamelen om die vervolgens vanuit een modern perspectief te analyseren. Uit die oefening is dan het boek voortgekomen.

Wat opvalt bij het lezen van uw boek, is het frequent voorkomen van de term ‘collectieve identiteit’. Wat begrijpt u precies onder deze term?

We zien in het Europa van vandaag, net zoals in de late Romeinse Republiek, de nauwe verwevenheid tussen een gedeelde identiteit en de aanwezigheid – of het ontbreken – van solidariteit. Het is belangrijk dat zo’n identiteit aanwezig is om de gevraagde solidariteit te schragen. Het belang hiervan zie je binnen nationale staten, net zoals binnen de Europese ruimte. Symptomatisch voor een realiteit waar dit scheef zit, zijn afscheidingsbewegingen en -partijen, maar evenzeer euro-kritische stemmen. De kern van het probleem van de EU is dat men er niet in geslaagd is een duizendjarige identiteit te incarneren. Europa steunt op pijlers – Rome, Athene, maar evenzeer de joods-christelijke traditie -, maar de EU draagt dat niet uit. Het miskennen van onze historische identiteit effent het pad voor de situatie waarin we vandaag terecht gekomen zijn met relativering, individualisme, het bepleiten van het multiculturalisme,… Koppel daar het fenomeen van de massa-immigratie en de demografische achteruitgang van de autochtone bevolking aan en je krijgt de realiteit van vandaag. Eigenlijk moeten we ons eerder de vraag stellen of Europa meer wil zijn dan een economische ruimte en echt een verbonden beschavingsgemeenschap wil zijn. Een collectieve identiteit is meer dan de som van de delen. Er is diepgang voor nodig, historisch bewustzijn, en dat ontbreekt volledig vandaag.

Hoe tekenend was de discussie destijds rond de Europese Grondwet en het erin opnemen van die verwijzing naar onze historische roots?

Het schouwspel dat we toen hebben gezien was niet onschuldig. Eerder dan het Europa van vandaag als de vrucht van verschillende historische etappen te beschouwen, beperkt men zich tot een aantal principes als ‘vrijheid’, ‘tolerantie’. Daar zit de echte zwakte van Europa: we snijden ons af van het verleden waarop onze identiteit precies zou moeten berusten. Dat debat was symptomatisch voor het probleem dat ik net schetste.

m1jh0lga_002_.jpegBeeldenstorm

Waar plaatst u tegenover deze achtergrond de heisa die een tijdje geleden ontstond tegen standbeelden van mensen die sommigen volgens bepaalde eigentijdse normen onaanvaardbaar vinden?

We plukken de vruchten van een jarenlang gevolgde linkse cultuurpolitiek. Als men jaren, decennia inmiddels al, de algemeen vormende taak van het onderwijs ondergraaft, dan betaal je daar op termijn een prijs voor. Cash. Het ondermijnen van ons onderwijs is bovendien gekoppeld aan een politiek correcte filter, een “Meinungskorridor”. De resultante is dat men zonder afdoende feitenkennis op een wel erg eenzijdige manier tegen de eigen geschiedenis gaat aankijken. Een beschaving met een zelfbewuste identiteit zou niet toelaten dat op zo’n manier met het eigen verleden gesold wordt.

Sommigen zien in deze toestand iets dat men als ‘cultureel Darwinisme’ kan bestempelen. Kan u zich hierin vinden?

Mijn benadering is helemaal anders dan het Darwinisme. Het is niet een andere beschaving die plots de onze verovert of verdringt, het probleem en de verklaring van wat nu gebeurt moet niet extern gezocht worden. De gevolgde cyclus zit precies in onze cultuur ingebakken. Ik ben er rotsvast van overtuigd dat alle grote beschavingen een vergelijkbaar traject volgen, ook al kunnen de omstandigheden soms sterk verschillen. Er is het ontstaan, de groei, de bloei, de maturiteit, maar daarna ook de achteruitgang, de sclerose en mogelijk zelfs het verdwijnen. Jammer genoeg zijn we in de laatste fase aanbeland in Europa, en zeker in westelijk Europa. Het aantal mensen dat zich bewust is van en trots is op ons Europees-zijn, onze gewoontes en tradities, neemt systematisch af. Ook, en vooral dat is onrustwekkend, bij de politieke elites die ons besturen. Als net in deze kringen dit bewustzijn helemaal zoek geraakt is, heb je als beschaving een serieus probleem.

Het kan toch niet ontkend worden dat de immigratie een factor is die onze Europese cultuur zwaar onder druk plaatst?

Klopt, alleen is deze inwijking van ongeveer overal, maar vooral uit de Afrikaanse en islamitische wereld, een gevolg van het probleem, niet de oorzaak. Dat men toelaat dat de demografische verschuiving die we vandaag ondergaan plaatsvindt, is de verantwoordelijkheid van zij die instaan voor het beleid. Waarom zou je je iets van de Europese identiteit aantrekken als je die zelf niet in je draagt? Dát is de kern van het probleem.

U draagt uw later boek op aan uw zonen. Al de voorgaande vaststellingen moeten u toch somber stemmen, zeker als vader?

9783944305455-de-300.jpgAbsoluut. Als historicus vind ik het boeiend deze dingen te observeren en parallellen te zoeken met vergelijkbare toestanden in het verleden. Maar als vader raakt de idee me dat mijn kinderen opgroeien in een beschaving die op haar einde loopt. Het was voor mij alvast een belangrijke reden om naar Polen te komen. Op die manier kan ik ervoor zorgen dat ze opgroeien in een samenleving die Europees is, stukken meer toch dan tot wat het Westen verworden is.

Europese omgeving

Hoe hebt u die verhuis beleefd. Ander land, andere taal,…?

Ik moet bekennen dat toen ik naar hier kwam, ik niet over een grondige kennis van Midden- en Oost-Europa beschikte. Tot dan was mijn leven eerder op de Atlantische wereld afgestemd, in het bijzonder Frankrijk en Groot-Brittannië. Het was dan ook een aangename verrassing te kunnen vaststellen dat een zin voor tradities en levensgevoel bestaat die ik enkel in mijn kindertijd ervaren heb. Ondanks de taalbarrière oogt Polen Europeser dan België. Er is de aanwezigheid van de katholieke traditie die de samenleving kenmerkt (“prägt”), de hoffelijkheid van de mensen, maar ook de lage graad van criminaliteit, iets wat vandaag ondenkbaar is in Brussel, Luik of mijn eigen thuisstad Verviers.

Stel dat we als Europeanen de cyclus waarin we ons bevinden toch willen doorbreken voor, zeg maar, een imperiale toekomst. Wat zijn hiervoor de voorwaarden?

Het belangrijkste is dat we terug de herinnering aanwakkeren aan onze zowel Grieks-Romeinse als joods-christelijke identiteit. Europa is meer dan de optelsom van de individuele ervaringen van mensen die hier toevallig op een gegeven moment wonen. Het is een historisch gegroeid gegeven. Belangrijk is ook de aanwezigheid van een “Leitkultur”, een dominante cultuur waar nieuwkomers zich naar moeten schikken; de norm. Een bijzondere rol in het smeden van die herwonnen identiteit is voor de Europese instellingen weggelegd. Ik ben ervan overtuigd dat meer nog dan vandaag op bepaalde domeinen een intensievere samenwerking tot stand moet worden gebracht. Voorbeelden hiervan: buitenlandse politiek, bescherming van de grenzen, criminaliteitsbestrijding, onderzoek en ontwikkeling, toegang tot strategische grondstoffen, en dergelijke.

Is het niet paradoxaal dat zij voor wie onze Europese traditie nog wel van belang is, vaak ook scherpe critici van het EU-gebeuren zijn?

De instellingen zoals we die vandaag kennen, zijn in mijn ogen een secundair probleem. Weet u, er zijn in de geschiedenis vele voorbeelden terug te vinden van aristocratische of oligarchische structuren die de eigen historische identiteit in zich droegen en ook bij de bevolking een grote legitimiteit genoten. Waarom zouden we dit niet verkiezen boven democratieën die zelfdestructief zijn voor onze samenleving? Wanneer men kritiek heeft op de EU-elite, en die moet er zijn, moet die niet zozeer gericht zijn op de instellingen, dan wel op het feit dat die lui onvoldoende het identitaire Europese zelfbewustzijn in zich dragen.

Laten we nog even terugkeren naar onze plaats in de cyclus. Zou men kunnen stellen dat de regressie vandaag sneller loopt dan destijds in het Rome van toen het geval was?

De snelheid waarmee de dingen evolueren blijft me verbazen. In mijn analyse had ik het over een periode van burgerlijke onzekerheid die misschien wel twintig jaar in beslag kon nemen. Hier was de parallel de burgeroorlogen die Rome hebben geteisterd. Die fase zou gevolgd worden door de installatie van een autoritair regime dat een soort van orde zou herstellen. Daar gaan we nu naartoe. Elk land kent zijn eigen gegeven situatie, maar je merkt overal die groeiende tegenstellingen, vaak onderhuids. In een land als Frankrijk valt dat probleemloos op, minder in Duitsland, maar onderschat de situatie daar niet: er suddert iets in de Duitse samenleving. De polarisatie tekent zich scherper af, er is onbehagen bij een steeds groter deel van de bevolking. De indruk van stabiliteit bedriegt. Wie had trouwens in 1989 de val van de Muur en de implosie van het Oostblok durven voorspellen.


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David Engels

David Engels (°1979 in Verviers) komt uit de Duitstalige gemeenschap van dit land. Hij studeerde geschiedenis, filosofie en economie aan de Rheinisch-Westfälische Technische Hochschule (RWTH) in Aken. In 2005 behaalde hij zijn doctoraatstitel met een proefschrift over de waarzeggerij in het Romeinse Rijk. Hij werd assistent aan de RWTH om in 2008 de leerstoel Romeinse Geschiedenis aan de ULB aangeboden te krijgen. Sinds 2018 is hij vrijgesteld van zijn taken aan deze universiteit en is hij onderzoeksprofessor aan het Instytut Zachodni in Poznań (Posen). Binnen deze instelling focust hij zich op de ideeëngeschiedenis van het Avondland, de Europese identiteit en de relatie tussen Polen en West-Europa.

 
Michaël Vandamme (°1974, Brussel) studeerde rechten, filosofie en internationale betrekkingen. Beroepshalve is hij redacteur en voormalig hoofdredacteur van een aantal vakbladen.

De la guerre commerciale à la "guérilla économique"

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De la guerre commerciale à la "guérilla économique"

La guerre économique fait rage. La crise sanitaire et économique qui s’en suit, ont accentué les rapports de force et affaibli des structures déjà largement exposées, constituant autant de proies. Face à cette mutation sans précédent, il est essentiel que les entreprises puissent disposer d’une boîte à outils de la sécurité économique et parer les menaces et ingérences auxquelles elles sont malgré elles exposées.

Rappelons au préalable quelques considérations sur la guerre économique, dans son approche macro :
Elle ne doit pas se confondre avec la guerre à l’économie militaro-industrielle, telle que la destruction, par des moyens armés, d’usines d’armement, de voies de communication, atteintes aux pôles aéroportuaires, coupures à l’accès aux matières premières, moyens de télécommunication, infrastructures cyber, etc., lesquelles actions relèvent davantage de la guerre totale.
 
La guerre économique n’est pas non plus la guerre à l’économie dans son essence même, que les altermondialistes et anticapitalistes mènent dans leur velléité d’anéantissement du libéralisme, et plus largement des activités économiques humaines sous toutes ses formes.
 
Enfin, elle n’est pas l’économie de guerre à savoir l’effort industriel des entreprises d’armement pour subvenir aux ressources en moyens nécessaires pour livrer les batailles et alimenter l’appareil militaire en armement.
 
En réalité, comme nous l’avions démontré dans notre précédent ouvrage [1], la guerre de nature non militaire et/ou non conventionnelle affecte désormais les petites ou moyennes puissances. Précisément, la guerre économique prospère en temps de paix militaire, et constitue l’affrontement géoéconomique des grandes puissances, à défaut d’employer des moyens armés. D’où le recours essentiel aux stratégies indirectes et/ou asymétriques dont le droit, la fiscalité, les technologies, les normes environnementales désormais, etc., ne sont pas absentes.
 
En effet, selon Bernard Esambert :
 
« L’économie mondiale se globalise : la conquête des marchés et des technologies a pris la place des anciennes conquêtes territoriales et coloniales. Nous vivons désormais en état de guerre économique mondiale, et il ne s’agit pas seulement là d’une récupération du vocabulaire militaire. Ce conflit est réel, et ses lignes de force orientent l’action des nations et la vie des individus. L’objet de cette guerre est, pour chaque nation, de créer chez elle emplois et revenus croissants au détriment de ceux de ses voisins » (…)
« la guerre économique impose également des débarquements chez l’ennemi par l’implantation à l’étranger, la défense de l’arrière par des entreprises à caractère régional et l’établissement de protections au travers de tarifs douaniers qui ne représentent plus que des murets de fortune, de mouvements monétaires qui ont pris le relais des barrières douanières, enfin d’innombrables entraves aux échanges qui protègent ici ou là un pan de l’économie ». « Les chômeurs sont désormais les morts de la guerre économique » [2] .
 
Mais cette compétition économique exacerbée – ou guerre par l’économie– ne concerne pas seulement les grands groupes ; elle n’épargne pas non plus le tissu industriel et commercial territorial. Tant s’en faut. Dès lors que nous voulons développer des aspects pratiques au niveau de l’entreprise, il convient de se situer dans le cadre des ingérences et déloyautés commerciales, affectant directement le tissu des TPE, PME et ETI.  C’est ce que ne nous nommerons la « guérilla économique » constituée de conflits de moindre intensité, mais tout aussi mortifère pour l’entreprise.
 
De la même manière qu’il est souvent opposé macro-économie et micro-économie, il existe donc bien une guerre économique (à l’échelle des états) et une guérilla économique vécue au niveau des TPE-PME-ETI, qui relève de la compétition exacerbée.
 
La guérilla ou « petite guerre » est souvent présentée comme un conflit de partisans, ou combattants irréguliers, ne constituant pas une armée régulière de soldat sous uniforme. La guerre froide et la période de décolonisation ont favorisé ce type d’agressions non conventionnelles. De même que l’arme atomique a conduit les grandes puissances à la neutralité directe et aux affrontements asymétriques. C’est d’ailleurs le fondement même de guerre froide : « paix impossible, guerre improbable » [3].
 
Par conséquent, à l’instar de ces luttes armées indirectes, la guérilla économique est une action concertée visant une cible industrielle ou commerciale, destinée à réduire, sans intervention étatique ni institutionnelle, sa part de marché ou sa position dominante, jusqu’à l’anéantissement total.
 
Plusieurs actions relevant de cette sphère de « petite guerre économique » peuvent être recensées : espionnage industriel, déstabilisation réputationnelle (guérilla informationnelle), cyber atteinte aux données, risques en matière de conformité, fraudes financières, débauchages et mouvements RH. Autant d’ingérences dans la gouvernance de l’entreprise afin de parvenir à des buts de guerre.
 
C’est l’ensemble de ces moyens, et leurs réponses, qui sont exposés dans « Survivre à la guerre économique », pour en faire un véritable manuel de survie face aux risques contemporains relevant de la guérilla économique.

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Olivier de MAISON ROUGE est Avocat, Docteur en droit. Professeur associé à l’Ecole des relations internationales (ILERI) et à l’Ecole de Guerre Economique (EGE), intervenant régulier à l’IHEDN et à l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM). L’auteur a été amené à défendre des entreprises confrontées aux actes d’espionnage économique et ingérences économiques ; il a développé une véritable doctrine en matière de contre-mesures juridiques et de protection du patrimoine informationnel. Il contribue ainsi à l’élaboration de références et standards en matière de sécurité économique et de souveraineté en matière d’informations sensibles.
Auteur de nombreux articles et d’ouvrages :
Cyberisques. La gestion juridique des risques numériques, LexisNexis, 2018
Penser la guerre économique. Bréviaire stratégique. VA Editions, 2018

Dernier ouvrage paru : « Survivre à la guerre économique. Manuel de résilience  », VA Editions, septembre 2020
 
[1] de MAISON ROUGE Olivier, Penser la guerre économique. Bréviaire stratégique. VA Editions, 2018.
[2] ESAMBERT Bernard, La guerre économique mondiale, Olivier Orban, 1991
[3] ARON Raymond, Le grand schisme, 1948

The Historic Clash of Two Opposing Geopolitical Paradigms

 
Matthew Ehret
 
Ex: https://www.strategic-culture.org

Compared the great initiatives taken on behalf of freedom and anti colonialism throughout the past 260 years, today’s America appears to be a strange and foolish creature running roughshod over the dignity of people and nations in a race for mass nuclear extermination.

Such is the image projected by Mike Pompeo’s ranting anti-China attacks or the relentless demonization of Russia sweeping across mainstream media ever day- both nations who have repeatedly called for cooperation and friendship with the USA. If it were simply belligerent words then we could brush off these childish attacks as mere foolish rhetoric, but sadly these words are backed by extraordinarily dangerous action. From escalating military maneuvers on Russia’s border, to belligerent military expansion in China’s backyard, everywhere one looks, we find the same lemming-like commitment to playing a nuclear game of chicken in the hopes of psychologically breaking the Multipolar Alliance.

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However, as China’s Ambassador Cui Tiankai recently stated, “China and the USA need to recapture the spirit of cooperation from WWII and join hands to confront our common enemies in the new era.”

I couldn’t agree more.

As the Ambassador invoked the spirit of Lincoln citing the beautiful quote: “the best way to predict the future is to create it”, I think it’s wise to revisit the two opposing global policy options the USA had available to it at the turn of the last century while the Civil War hero William McKinley still presided in the office of the presidency in 1901.

At this crucial moment in world history, it was still undetermined whether America would hold on to its anti-imperial traditions or slip into the trap of a new imperial identity.

Monroe Doctrine or Empire?

As Martin Sieff eloquently laid out in his recent article, President McKinley himself was an peacemaker, anti-imperialist of a higher order than most people realize. McKinley was also a strong supporter of two complementary policies: 1) Internally, he was a defender of Lincoln’s “American system” of protectionism, internal improvements and black suffrage and 2) Externally, he was a defender of the Monroe Doctrine that defined America’s anti-imperial foreign policy since 1823.

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The Monroe Doctrine’s architect John Quincy Adams laid out this principle eloquently on July 4, 1821:

“After fifty years the United States has, without a single exception, respected the independence of other nations, while asserting and maintaining her own.

That the United States does not go abroad in search of monsters to destroy. She is the well-wisher to the freedom and independence of all. She is the champion and vindicator only of her own.

That by involving itself in the internal affairs of other nations, the United States would destroy its own reason of existence; the fundamental maxims of her policy would become, then, no different than the empire America’s revolution defeated. It would be, then, no longer the ruler of itself, but the dictator of the world.”

America’s march is the march of mind, not of conquest.

Colonial establishments are engines of wrong, and that in the progress of social improvement it will be the duty of the human family to abolish them”.

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It was an aging John Quincy Adams whom a young Abraham Lincoln collaborated with in ending the imperial Mexican-American war under Wall Street stooge James Polk in 1846. When Adams died in 1848, Lincoln picked up the torch he left behind as the London-directed “proto deep state” of the 19th century worked to dissolve the republic from within. The foreign policy conception laid out by Adams ensured that America’s only concern was “staying out of foreign imperial entanglements” as Washington had earlier warned and keeping foreign imperial interests out of the Americas. The idea of projecting power onto the weak or subduing other cultures was anathema to this genuinely American principle.

A major battle which has been intentionally obscured from history books took place in the wake of Lincoln’s murder and the re-ascension of the City of London-backed slave power during the decades after the Union victory of 1865. On the one hand America’s role in the emerging global family of nations was being shaped by followers of Lincoln who wished to usher in an age of win-win cooperation. Such an anti-Darwinian system which Adams called “a community of principle” asserted that each nation had the right to sovereign banking controls over private finance, productive credit emissions tied to internal improvements with a focus on continental (rail/road) development, industrial progress and full spectrum economies. Adherants of this program included Russia’s Sergei Witte and Alexander II, Germany’s Otto von Bismarck, France’s Sadi Carnot, and leading figures within Japan’s Meiji Restoration.

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On the other hand, “eastern establishment families” of the USA more loyal to the gods of money, hereditary institutions and the vast international empire of Britain saw America’s destiny tied to an imperial global partnership with the Mother country. These two opposing paradigms within America have defined two opposing views of “progress”, “value”, “self-interest” and “law” which have continued to shape the world over 150 years later.

William Gilpin vs Alfred Mahan: Two Paradigms Clash

A champion of the former traditionally American outlook who rose to the international scene was William Gilpin (1813-1894). Gilpin hailed from a patriotic family of nation builders whose patriarch Thomas Gilpin was a close ally of Benjamin Franklin and leading member of Franklin’s Philosophical Society. William Gilpin was famous for his advocacy of America’s trans continental railway whose construction he proselytized as early as 1845 (it was finally begun by Lincoln during the Civil War and completed in 1869 as I outlined in my previous paper How to Save a Dying Republic [LINK]).

In his thousands of speeches and writings, Gilpin made it known that he understood America’s destiny to be inextricably tied to the ancient civilization of China- not to impose opium as the British and their American lackies were want to do, but to learn from and even emulate!

In 1852, Gilpin stated:

“Salvation must come to America from China, and this consists in the introduction of the “Chinese constitution” viz. the “patriarchal democracy of the Celestial Empire”. The political life of the United States is through European influences, in a state of complete demoralization, and the Chinese Constitution alone contains elements of regeneration. For this reason, a railroad to the Pacific is of such vast importance, since by its means the Chinese trade will be conducted straight across the North American continent. This trade must bring in its train Chinese civilization. All that is usually alleged against China is mere calumny spread purposefully, just like those calumnies which are circulated in Europe about the United States”.

With Lincoln’s 1861 presidential victory, Gilpin became Lincoln’s bodyguard and ensured the president survived his first assassination attempt en route to Washington from Illinois. During the Civil War, Gilpin was made Colorado’s first Governor where he successfully stopped the southern power from opening up a western front during the war of secession (applying Lincoln’s greenback system to finance his army on a state level) and winning the “Battle of Glorieta Pass”, thus saving the union.

After the war Gilpin became a leading advocate of the internationalization of the “American system of political economy” which Lincoln applied vigorously during his short-lived presidency. Citing the success of Lincoln’s system, Gilpin said: “No amount of argument will make America adopt old world theories… To rely upon herself, to develop her own resources, to manufacture everything that can possibly be manufactured within her territory- this is and has been the policy of the USA from the time of Alexander Hamilton to that of Henry Clay and thence to our own days”.

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Throughout his speeches Gilpin emphasizes the role of a U.S.-Russia alliance: “It is a simple and plain proposition that Russia and the United States, each having broad, uninhabited areas and limitless undeveloped resources, would by the expenditure of 2 or 3 hundred millions apiece for a highway of the nations threw their now waste places, add a hundredfold to their wealth and power and influence”

And seeing in China’s potential the means to re-enliven the world- including the decadent and corrupt culture of Europe: “In Asia a civilization resting on a basis of remote antiquity has had, indeed, a long pause, but a certain civilization- although hitherto hermetically sealed up has continued to exist. The ancient Asiatic colossus, in a certain sense, needed only to be awakened to new life and European culture finds a basis there on which it can build future reforms.”

In opposition to the outdated British controls of “chock points” on the seas which kept the world under the clutches of the might of London, Gilpin advocated loudly for a system of internal improvements, rail development, and growth of the innate goodness of all cultures and people through scientific and technological progress. Once a global system of mutual development of rail were established, Gilpin stated “in the shipment of many kinds of raw and manufactured goods, it will largely supersede the ocean traffic of Great Britain, in whose hands is now carrying the trade of the world.”

Gilpin’s vision was most clearly laid out in his 1890 magnum opus “The Cosmopolitan Railway” which featured designs for development corridors across all continents united by a “community of principle”.

Echoing the win-win philosophy of Xi Jinping’s New Silk Road today, Gilpin stated:

“The cosmopolitan railway will make the whole world one community. It will reduce the separate nations to families of our great nation… From extended intercommunication will arise a wider intercourse of human ideas and as the result, logical and philosophical reciprocities, which will become the germs for innumerable new developments; for in the track of intercommunication, enterprise and invention invariably follow and whatever facilitates one stimulates every other agency of progress.”

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Mahan Derails America’s Anti-Imperial Identity

Alfred Thayer Mahan (1840-1914) represented an opposing paradigm which true American statesmen like Lincoln, Secretary of State James Blaine, William Seward, President Grant, William Garfield, and McKinley detested. Sadly, with McKinley’s murder (run by an anarchist ring with ties to British Intelligence) and the rise of Teddy Roosevelt in 1901, it was not Gilpin’s but rather Mahan’s worldview which became the dominant foreign policy doctrine for the next 120 years (despite a few brief respites under FDR and JFK).

Mahan is commonly credited for being a co-founder of modern geopolitics and an inspiration for Halford Mackinder. Having graduated from West Point’s naval academy in 1859, Mahan soon became renowned as a total failure in actual combat having crashed warships repeatedly into moving and stationary objects during the Civil War. Since reality was not his forte, Mahan focused his post-war career on Ivory tower theorizing gushing over maps of the world and fawning over Britain’s power as a force of world history.

His “Influence of Sea Power Upon History 1660-1783 published in the same year that Gilpin published his Cosmopolitan Railway (1890) was a total break from the spirit of win-win cooperation that defined America’s foreign policy. According to the Diplomat, this book soon “became the bible for many navies around the world” with the Kaiser of Germany (now released from the influence of the great rail-loving statesman Otto von Bismarck whom he fired in 1890) demanding all of his offers read. Later Teddy Roosevelt ordered copies for every member of Congress. In Mahan’s book, the geopolitician continuously asserts his belief that it is America’s destiny to succeed the British Empire.

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Taking the British imperial definition of “commerce” which uses free trade as a cover for the military dominance of weak nations (open borders and turning off protectionism simply makes a people easier to rob), Mahan attempts to argue that America need not continue to adhere to “outdated” habits like the Monroe doctrine since the new order of world empires demands America stay relevant in a world of sea power and empire. Mahan writes: “The advance of Russia in Asia, in the division of Africa, in the colonial ambitions of France and in the British idea of Imperial Federation, now fast assuming concrete shape in practical combined action in South Africa” demands that the USA act accordingly.

Attempting to refute the “outdated habits” of rail development which consume so many foolish statesmen around the globe, Mahan states: “a railway competes in vain with a river… because more facile and copious, water traffic is for equal distances much cheaper and because cheaper, more useful”. Like those attacking today’s Belt and Road Initiative, the power of railways is that their returns are not measurable by simple monetary terms, but are rather QUALITATIVE. The long-term construction of rail systems not only unite divided people, increase manufacturing and industrial corridors but also induce closer powers of association and interchange between agriculture and urban producers. These processes uplift national productive powers building full spectrum economies and also a culture’s capacity for creative thought.

The attempt made to justify sea traffic merely because “larger amounts of goods can be shipped” is purely quantitative and monetaristic sophistry devoid of any science of real value.

While Gilpin celebrates the successful awakening of China and other great nations of the world, in the Problem of Asia (1901) Mahan says: “It is scarcely desirable that so vast a proportion of mankind as the Chinese constitute should be animated by but one spirit”. Should China “burst her barriers eastward, it would be impossible to exaggerate the momentous issues dependant upon a firm hold of the Hawaiian islands by a great civilized maritime power.”

Mahan’s adherence to social Darwinism is present throughout his works as he defines the political differences of the 3 primary branches of humanity (Teutonic, Slavic and Asiatic) as purely rooted in the intrinsic inferiority or superiority of their race saying: “There are well recognized racial divergencies which find concrete expression in differences equally marked of political institution, of social progress and of individual development. These differences are… deep seated in the racial constitution and partly the result of the environment”. Mahan goes onto restate his belief that unlike the superior Teutonics “the Oriental, whether national or individual does not change” and “the East does not progress”.

Calling China a carcass to be devoured by an American eagle, Mahan writes: “If life departs, a carcass can be utilized only by dissection or for food; the gathering to it of the eagles is a natural law, of which it is bootless to complain… the onward movement of the world has to be accepted as a fact.”

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Championing an Anglo American alliance needed to subdue and “civilize” China as part of the post-Boxer Rebellion, Mahan says “of all the nations we shall meet in the East, Great Britain is the one with which we have by far the most in common in the nature of our interests there and in our standards of law and justice”.

In case there was any doubt in the minds of Mahan’s readers as to the MEANS which America should assert its dominance onto China, Mahan makes clear his belief that progress is caused by 1) force and 2) war: “That such a process should be underlain by force… on the part of outside influences, force of opposition among the latter themselves [speaking of the colonial European monarchies racing to carve up China in 1901 -ed] may be regrettable, but it is only a repetition of all history… Every step forward in the march that has opened in China to trade has been gained by pressure; the most important have been the result of actual war.”

A Last Anti-Imperial Push

The chaos induced by the anti-foreigner Boxer Rebellion of 1899 which spread quickly across China resulted a heated battle between imperial and anti-imperial forces in both Russia and the USA. Where Transport Minister Sergei Witte who spearheaded the development of the Trans Siberian rail line (1890-1905) tried to avoid military entanglement, McKinley was busy doing the same.

The boxers soon attacked the Manchurian rail connecting Russia to China by land and Witte succumbed to pressure to finally send in troops. The reformers of China who attempted to modernize with American and Russian assistance under Emperor Kuang Hsu and Li Hung Chang fell from power as total anarchy reigned. The outcome of the Boxer chaos involved the imperial powers of France, Germany and England demanding immense financial reparations, ownership of Chinese territory and mass executions of the Boxers.

While McKinley is often blamed for America’s imperial turn, the reality is just the opposite.

The Spanish-American war begun in 1898 was actually launched unilaterally by Anglophilic racist Theodore Roosevelt who used the 4 hour window he had while Undersecretary of the Navy (while the actual Secretary was out of Washington) to send orders to Captain Dewey of the Pacific fleet to engage in a fight with the Spanish over their Philippine territories. McKinley had resisted the war hawks until that point but found himself finally bending to the momentum. In China, McKinley, like Witte worked desperately to reject taking territory resulting in great fears from the British oligarchy that a U.S.-Russia alliance led by McKinley and Witte was immanent.

The assassination of McKinley on September 18, 1901 catapulted Mahan-loving Vice President Teddy Roosevelt into high office, who enmeshed America into a new epoch of Anglo-American imperialism abroad, a growth of eugenics and segregation at home and the creation of an independent police state agency called the FBI.

As Sieff writes: “Roosevelt devoted his next eight years in the presidency and the rest of his life to integrating the United States and the British Empire into a seamless web of racial imperialist oppression that dominated Latin America, sub-Saharan Africa and Asia and that destroyed the cultural history and heritage of the Native North American nations.”

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In Russia, the 1902 Anglo-Japan Treaty led to the disastrous Japan-Russo war of 1905 which devastated the Russian navy, ended the political career of Sergei Witte and threw Russia into chaos leading to the fall of the Romanovs (Czar Nicholas II was the last statesman occupying high office that this author is aware of to have actively promoted the Bering Strait Tunnel rail connection in 1906. It wasn’t until FDR’s Vice President Henry Wallace met with Foreign Minister Molotov in 1942 that the idea resurfaced once more).

While the “open door” rape of the China was attempted by the Anglo-Americans, a fortunate rear guard maneuver orchestrated by another follower of Abraham Lincoln named Sun Yat-sen resulted in a surprise overthrow of the Manchu dynasty in 1911 and the institution of the Republic of China with Sun Yat-sen as the acting President. While Sun Yat-sen sided with Gilpin and Lincoln in opposition to the Mahanists on the issue of rail and industrial development (illustrated in his extraordinary 1920 International Development of China program), the intrigues that sank the world into World War I made any hopes of this early development of China impossible in Sun Yat-sen’s lifetime.

Today’s Belt and Road Initiative, and strategic friendship established between Russia and China has re-awoken the forgotten vision of William Gilpin for a world of cooperating sovereign nation states. Does President Trump have the moral and intellectual fortitude to keep his nation from disintegrating long enough to accept a Russia-U.S.-China alliance needed to revive McKinley’s American System or will we slip into a new World War?

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vendredi, 18 septembre 2020

L’ère du désordre, une grille de lecture encore mal acceptée par les milieux d’affaires français

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L’ère du désordre, une grille de lecture encore mal acceptée par les milieux d’affaires français

par Christian Harbulot

Ex: https://infoguerre.fr

Il n’est pas étonnant que le récent rapport de la Deutsche Bank, intitulé « L’ère du désordre – la nouvelle ère de l’économie, de la politique et de notre mode de vie », ne soit commenté en France que par les médias russes et par certains sites des réseaux sociaux. Les médias « mainstream » ne se sont pas précipités pour commenter l’analyse de Jim Reid, un des experts de la Deutsche Bank,  qui  annonce dans son dernier rapport la fin des quarante années de globalisation. Selon lui, la prochaine décennie  sera dominée par la guerre économique entre les États-Unis et la Chine, qui si elle ne dégénère pas en conflit armé, aura des conséquences non négligeables sur les capacités de développement des Etats et des entreprises.

La crise de la globalisation

Le site rt.com introduit ainsi le sujet :

« « L’ère de quatre décennies de globalisation touche peut-être à sa fin, et nous pourrions entrer dans “l’Âge du Désordre”, qui va remodeler à la fois les économies et la politique, estiment les analystes de la Deutsche Bank dans leur dernière analyse.
» L’une des principales caractéristiques de ce nouvel Âge sera la fin de la globalisation sans entraves, a prédit l’équipe d’analystes dirigée par le stratège Jim Reid. Alors que nous avons connu “la meilleure croissance combinée des prix des actifs de toutes les époques de l’histoire, avec des rendements d’actions et d’obligations très élevés dans tous les domaines” depuis 1980, “l’Âge du Désordre” va probablement briser cette tendance.
» La détérioration des relations entre les États-Unis et la Chine est un autre thème (sur huit) qui définira la prochaine ère distincte dans les temps modernes, ère “qui est accélérée, mais non causée par la pandémie”. Les analystes notent que l’économie chinoise comblera l’écart avec les États-Unis et pourrait finalement les dépasser d’ici la fin de la décennie.
» “Un choc des cultures et des intérêts s’impose donc, d’autant plus que la Chine se rapproche de la première économie du monde”, selon le rapport.
» Heureusement, il est peu probable que cette impasse économique déclenche un véritable conflit militaire entre les deux États, comme cela se produit généralement lorsqu’une puissance montante tente de contester celui qui est au pouvoir. La guerre économique, – droits de douane, sanctions, cyberattaques, – se poursuivra au contraire, estiment les analystes. Quel que soit le vainqueur de l’élection. »

La résistance au changement du courant court-termiste

Les premiers écrits sur l’intelligence économique (pas ceux sur la veille) mettaient en avant une évidence : les rapports de force entre puissance étaient en pleine mutation. Contrairement à ce qu’affirmait Bertand Badie (1) à Sciences Po Paris, la question de la puissance n’était pas en voie d’obsolescence. La dépendance des pays européens aux Etats-Unis enclenchée depuis 1945 avait gelé notre dispositif d’alerte cognitif. Il a fallu le choc tellurique du slogan « America First » lancé par Donald Trump pour nous faire sortir de la zone de confort de la mondialisation « heureuse ».  Mais la croyance d’un retour à la normale en cas de défaite de Trump incite le courant « court-termiste qui domine encore le monde des affaires français à repousser une remise en question fondamentale de son mode de pensée.

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Le courant court-termiste est celui qui a considéré que la Chine était un nouvel eldorado en termes de marché. Omettant l’essentiel, c’est-à-dire la finalité stratégique d’un régime communiste, les promoteurs de la mondialisation « heureuse » ont privilégié la recherche de profit à court terme sans se soucier des conséquences provoquées par un tel choix  :

  • La non prise en compte de la stratégie « cachée » d’accroissement de puissance de la Chine.
  • Les conséquences catastrophiques des délocalisations industrielles qui privaient nos pays de capacités de réponse immédiate en cas de crise (covid-19).
  • L’absence de réflexion sur les menaces créées par certains transferts de technologie.
  • La dépendance croissante de nos économies par rapport à la Chine.
  • La non prise en compte des notions de moyen et de long terme à propos du développement des enjeux technologiques.

Ce courant court-termiste très influent dans les milieux patronaux français craint par dessus tout l’émergence d’un débat sur les questions fondamentales qui découlent d’un monde en désordre. La dernière université organisée par le MEDEF reflète le champ de vision très réduit des décideurs que l’on peut résumer par cette formule reprise sur le site de la Tribune:

« Ce qu’on discute aujourd’hui va dans le bon sens globalement » avec « le soutien à l’investissement, à l’emploi », estime en attendant le président du Medef, qui se dit « très soucieux d’avoir un discours positif vis-à-vis des entreprises, même si on est lucide et qu’on sait bien que ça va être difficile dans les prochains mois ». Geoffroy Roux de Bézieux gère les affaires courantes. Et ce n’est pas ainsi qu’on prépare les entreprises à la guerre économique mondiale qui risque de se substituer à la mondialisation « heureuse ».

Christian Harbulot

Notes

Bertrand Badie, L’impuissance de la puissance, essai sur les nouvelles relations internationales, Paris, Fayard, 2004.

17:14 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : court terme, désordre, ère du désordre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook