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vendredi, 08 novembre 2024

La Porte des Ténèbres est grande ouverte!

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La Porte des Ténèbres est grande ouverte!

par Pierre-Emile Blairon

Un spectacle mythologique, vraiment ?

« La Porte des Ténèbres » est le titre d’une production de la compagnie de théâtre de rue La Machine installée à Toulouse et à Nantes, spectacle qui s’est déroulé les 25, 26 et 27 octobre 2024 à Toulouse.

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Ce spectacle constituait la deuxième partie de celui qui eut lieu dans la même ville de Toulouse en 2018, dénommé « Le Gardien du Temple », qui avait rassemblé à l’époque 900.000 spectateurs (pour un spectacle gratuit, quand même) et qui avait vu la déambulation dans ses rues de deux personnages d’origine mythologique, le Minotaure, également appelé Astérion, du nom d’un roi de Crète, et Ariane représentée par une araignée ; dans la légende, elle est en fait une princesse aux belles boucles blondes (Homère) ; son rapprochement avec une araignée dans ce spectacle est peut-être dû à la phonétique : Ariane-araignée ? et au célèbre fil d’Ariane – fil que tisse une araignée ?- qui permet à Thésée de sortir du labyrinthe.

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France-Info (24 octobre 2024) commente ainsi la venue d’un nouveau personnage : « Avec le deuxième opus, "La Porte des Ténèbres", Astérion, le Minotaure (gardien de la ville rose) et Ariane, l’araignée, font face à une nouvelle venue : Lilith, la gardienne des ténèbres. Mi-femme, mi-scorpion, une croix inversée comme boucle d'oreille et portant des cornes de bélier, la machine Lilith arrive d'ailleurs du Hellfest, [festival de l’enfer, NDLR] le festival de métal de Clisson, près de Nantes. "

Voilà qui démarre plutôt mal : le Minotaure, dans la mythologie, est un monstre assoiffé de sang et de chair humaine qui réclame un tribut tous les neuf ans à Égée, roi d'Athènes, de sept jeunes garçons et sept jeunes filles afin de s’en nourrir.

Ainsi donc, dans la presse de grand chemin (mainstream en anglais), le Minotaure devient une sorte de saint patron de la ville de Toulouse. Il n’y a pas que France Info qui propulse le monstre à ce rang, Libération s’y met aussi, dans un article où le journal décrit la nouvelle venue dans cette deuxième partie du spectacle : « Cornes impressionnantes, narines fumantes, torse en bois délicatement sculpté, Lilith, la géante femme-scorpion est la nouvelle pièce de l’opéra urbain qui anime le centre de Toulouse ce week-end. Elle va à la rencontre d’Astérion le minotaure, un colosse de 47 tonnes pour 14 m de haut qui, depuis le premier opus de cet événement conçu par la compagnie de théâtre de rue La Machine, en 2018, est devenu le gardien de la ville. » (Libération du 26 octobre 2024 sous le titre : « Machines à rêver : Une femme-scorpion et un minotaure géants déambulent dans Toulouse ce week-end, un million de spectateurs attendus»)

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Nous sommes bien loin de la véritable légende avec ces deux personnages issus de la mythologie grecque mais que leurs concepteurs ont tenu à sataniser en inversant leurs attributs : le monstre Minotaure devient le « gardien » (bienveillant ?) de la ville de Toulouse et la belle princesse Ariane une araignée hideuse.

Tout cela est accompli, faut-il le préciser, avec la complicité enthousiaste du maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, une « fête » bien éphémère qui a quand même coûté la bagatelle de 4,7 millions à ses administrés. Les Toulousains sont sans doute suffisamment riches pour que leur édile se permette de leur « offrir » des jeux du cirque aussi dispendieux.

Avec le troisième personnage qui intervient dans ce deuxième opus en octobre 2024, les organisateurs du spectacle ne cachent plus leurs mauvaises intentions : Lilith est en effet un démon féminin, notamment dans le Talmud juif.

Matraquage médiatique

Si vous ne savez pas que ce spectacle « grandiose, titanesque, magique, onirique, magnifique, féérique », a « enchanté, émerveillé, ébloui, charmé, subjugué» plus d’un million de spectateurs ce week-end dans les rues de Toulouse, la ville « rose » devenue carrément « noire » (et pas seulement de monde), c’est que vous êtes le dernier Tokharien qui vit en anachorète au fin fond du désert du Tarim ou que vous êtes prisonnier des Sentinelles, la dernière tribu indoue qui n’a jamais vu d’homme civilisé, sauf celui qui va bientôt lui servir de repas.

Il faut retenir trois éléments-clés de cet événement, éléments qui s’enchevêtrent ; les trois peuvent apparaître totalement incompréhensibles par leur outrance pour une personne saine de corps et d’esprit : le matraquage médiatique, la satanisation de plus en plus évidente de tous les actes de la vie publique, et la candeur – et l’ignorance - moutonnière de la population.

Le premier est celui que nous venons d’évoquer : une médiatisation massive tellement dithyrambique (et mensongère) qu’elle en est ridicule. La presse – les journalistes – est fascinée par tout ce qui a trait à la quantité mais dans un sens négatif : le plus grand, le plus riche, le plus fort, le plus fou, le plus monstrueux, le plus dépravé, le plus odieux, le plus machiavélique, le plus cruel, etc.

Ce sont là les nouvelles normes immorales prônées par nos élites et par leurs affidés médiatiques. Nous en avons largement soupé avec les cérémonies des J.O ou la reconstruction de Notre-Dame de Paris, et nous en soupons tous les jours avec n’importe quel événement médiatique ou n’importe quel fait divers. Le présent événement qui nous occupe n’échappe pas à la règle.

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De haut en bas: La croix de Satan, Lilith et la croix de Lucifer, le "666" sataniste.

On appréciera l’énorme décalage entre la production d’horreurs fournies aux yeux du public et le traitement en mode « bisounours » (encore un recours à la ville ‘rose’ ?), une infantilisation des populations, qu’en font la presse et les organisateurs : « Avec la «Porte des ténèbres», le metteur en scène de la Machine, François Delarozière, voulait «rendre la ville enchantée, rendre la ville merveilleuse», a-t-il confié quelques jours plus tôt à l’AFP. Mission accomplie, à en juger par les mines ébahies dans la fraîcheur automnale. « Je veux simplement laisser un souvenir à vie, une marque dans l’esprit. J’aime que le public retrouve ce regard d’enfant, un moment où on oublie les préjugés, les croyances et se retrouve face à une émotion qui soit un peu totale (sic, NDLR) et dans l’espace public», explique encore François Delarozière. » (Libération, 26 octobre 2024).

Satanisation du spectacle

Mais, cette fois, contrairement à ce qui s’est passé lors des manifestations précédentes, il y a eu une réaction, très mesurée, certes, des autorités ecclésiastiques, qu’elles soient catholiques ou protestantes.

- C’est ainsi que l’archevêque de Toulouse, Mgr Guy de Kerimel, avait décidé de procéder à la consécration de la ville et du diocèse le 16 octobre pour protester contre cette manifestation avec ces mots : "Des nuages sombres s’accumulent sur notre monde. L’actualité nous renvoie beaucoup de réalités négatives qui suscitent des inquiétudes légitimes, et favorisent cette atmosphère de désespérance qui règne dans notre société, et se manifeste dans une certaine culture, de plus en plus fascinée par l’obscur, le ténébreux. Après avoir échangé avec le Conseil épiscopal et un certain nombre de chrétiens du diocèse, il m’a semblé important de poser un acte spirituel qui protège notre ville de Toulouse et notre diocèse de ces menaces ténébreuses et de la désespérance. »

 - ActuToulouse du 11 juillet 2024 donne la parole à l’abbé Simon d’Artigue : « Églises en feu, figures des ténèbres et danse macabre… L’affiche de l’opéra urbain de la Halle de la Machine, qui va se dérouler du 25 au 27 octobre à Toulouse, a été dévoilée début juillet 2024. Et elle a surpris, pour ne pas dire choqué, l’Abbé Simon d’Artigue de l’église Saint-Aubin à Toulouse. Sur son compte X (ex-Twitter), il s’est interrogé sur ce choix d’une « iconographie diabolique » écrit-il.

- France Info du 10 octobre 2024, sous le titre : « La porte des ténèbres, quelle étrange idée, l'Église protestante fustige à son tour le prochain spectacle de la Machine », fait part de la réaction des représentants de la communauté protestante de la ville : « Nous aimons Toulouse pour son histoire, sa culture", réagit le Pasteur Didier Bernis, dans un communiqué. C’est une ville qui a vu naître les plus belles plumes lors des Jeux Floraux, qui a fait résonner les plus grandes voix, résolu de grands défis techniques...Toulouse, c’est la vie, c’est la joie, c’est le beau ! Et de rajouter : "Toulouse est la porte du ciel et des étoiles, la porte des arts et du savoir, la porte de l’Occitanie et de la Garonne. Mais la porte des ténèbres ? Quelle étrange idée ! Nous appelons les autorités locales à faire preuve de discernement dans le choix des événements culturels financés et soutenus par la collectivité."

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Il n’y a pas que les autorités religieuses qui ont protesté contre cette satanisation des manifestations dites « festives » en général, et de celle qui nous intéresse aujourd’hui en particulier.

C’est France Info qui tient le pompon avec cet article qu’on dirait tout droit sorti d’un brûlot gauchisto-mondialiste, signé d’une dénommée Apolline Riou, publié le 24 octobre 2024 et intitulé : « Églises en feu, créature mi-homme mi-animal, squelettes et un minotaure : les complotistes s'enflamment contre un spectacle urbain jugé satanique »

"Satan" et "les forces du mal" célébrés par le prochain opéra urbain de La Machine à Toulouse (Haute-Garonne) ? C'est ce que dénoncent un prêtre et plusieurs internautes, voyant dans l'événement la figure obscure d'une imagerie diabolique. À l'heure où les repères traditionnels s'étiolent, les théories du complot autour du diable sont l'apanage des religieux et de l'extrême droite. »

Si vous aimez ce genre de littérature de caniveau, vous pouvez en continuer la lecture, sans nous (1) .

Il faut dire que les organisateurs n’y sont pas allés de main morte.

C’est encore France Info du 24 octobre 2024 qui annonce le début des festivités: « Vendredi 25 octobre - Acte I - Les apparitions: au cours de la journée, des signes prophétiques et prodigieux apparaissent dans la ville. Sur les rives du fleuve, trois signes prodigieux (la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête) annoncent l’ouverture prochaine de la porte des Ténèbres. »

Ben voyons, des « signes prophétiques et prodigieux » : rien de plus « cool », pas de quoi « comploter »: la croix de Satan, le Sigil de Lucifer et le signe de la bête ? aucun rapport avec Satan, si ce n’est son nom.

Candeur – et ignorance - moutonnière de la population

Ainsi donc, plus d’un million de personnes se sont précipités, hommes, femmes, enfants, vieillards, avec enthousiasme et délectation dans cette Porte des Ténèbres qui conduit à l’antre du diable, ou d’Hadès, le maître des enfers.

Nous ne reviendrons pas sur les techniques de manipulation des foules que nous dénonçons dans quasiment tous nos articles. Il nous paraît que ce qu’on appelle l’ingénierie sociale est de plus en plus efficace et de plus en plus utilisée à tous les niveaux et que les populations y sont de plus en plus soumises ; nous en avons repéré et commenté certaines dans cet article, mais elles sont innombrables et adaptées à chaque situation.

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Une éducation (des parents) et une instruction (publique) déficientes ont fabriqué des générations d’analphabètes incapables de produire, du fait de leur ignorance, la moindre pensée critique – tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil - la télé, le smartphone, les jeux vidéo, les jeux du cirque (le football), la malbouffe, les idoles chantantes et dansantes de l’industrie du spectacle, à peu près toutes adeptes du satanisme, qui rassemblent des millions d’admirateurs de par le monde, ont fabriqué des robots soumis et malléables, capables seulement de répondre à des stimuli primaires et à se précipiter en masse, comme les moutons, dans la direction qui leur est indiquée, celle du précipice où ils vont plonger, ou celle d’une porte judicieusement ouverte ou ils vont s’engouffrer, quelle qu’elle soit, en l’occurrence : celle des ténèbres.

Pierre-Emile Blairon

Note:

[1] https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/apologie-de-satan-et-eglises-en-feu-les-complotistes-s-enflamment-contre-un-spectacle-urbain-juge-diabolique-3021653.html

16:23 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, toulouse, satanisme, spectacle | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 07 novembre 2024

La peur des Finlandais

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La peur des Finlandais

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-paura-finlandese/

Il faut se rendre à l'évidence : l'attention des médias, et par conséquent du grand public, se porte de plus en plus sur le Moyen-Orient. Gaza, le Liban, la longue ombre de l'Iran... tels sont les fantômes - en fait, beaucoup de fantômes concrets - qui troublent le paysage de l'information occidentale.

Mais cela occulte, voire estompe dans le brouillard, un fait objectif dont nous devons être conscients. Parfaitement, et surtout dramatiquement, conscients.

Et, au lieu de cela, nous continuons à ignorer, dans certains cas à feindre d'ignorer, la guerre avec la Russie.

Il ne s'agit pas, comme nos médias font semblant de le croire et de le propager, d'une guerre entre la Russie et l'Ukraine. Il s'agit au contraire d'un conflit, extrêmement sanglant, impliquant l'ensemble du front occidental, c'est-à-dire l'OTAN et Washington qui, objectivement, l'a voulu. Donc, par essence, nous aussi, les Italiens, l'Italie... Même si nos dirigeants politiques continuent à faire croire que ce n'est pas le cas.

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Puis, tout d'un coup, la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen (photo), surgit. La ministre des affaires étrangères de cette petite Finlande qui s'est récemment alignée sur l'OTAN, au mépris de tous les traités internationaux qui sanctionnaient sa neutralité. Elle est devenue, en un rien de temps, la base d'opérations la plus avancée de l'OTAN pour attaquer la Russie.

Et la gentille dame exprime une inquiétude dans une interview au Financial Times, rapidement reprise par Ukraiska Pravda, le journal gouvernemental de Kiev. C'est-à-dire de Zelensky et consorts.

Et que dit-elle dans cette interview ? Simplement (sic !) qu'Helsinki est très, très inquiet. Parce qu'elle sent une lassitude de la part des autres pays européens, c'est-à-dire ceux qui comptent vraiment, à l'égard de la guerre en Ukraine. Une lassitude qui se traduit, plus ou moins en catimini, par des négociations avec Moscou. Et par une certaine volonté d'accepter ses « propositions ». Afin de mettre un terme au conflit.

Traduisons. En simplifiant, bien sûr, ce dont je m'excuse par avance.

En gros, les chancelleries européennes se rendent compte que la guerre en Ukraine est désormais une guerre perdue. Moscou a gagné, même si ces mêmes chancelleries continuent à faire semblant que ce n'est pas le cas, en continuant à mettre l'accent sur les frasques de Zelensky dans les médias.

Il est clair que même lui n'y croit plus. A tel point qu'il se préoccupe depuis longtemps d'assurer à l'étranger ce qu'il a gagné au cours de ces deux années de guerre. Et il faut dire, sans crainte d'être contredit, que c'est beaucoup.

Une guerre perdue, tout simplement. Et dont il faut essayer de se désengager au plus vite. Notamment parce que les élections présidentielles américaines se profilent à l'horizon. Et, sauf surprise « étrange », il y a fort à parier que Donald Trump sera de retour dans le bureau ovale dès le mois de janvier. Qui ne cache pas ce qu'il pense de cette guerre et, en général, de l'Ukraine. En renouant avec son vieil « ami » Poutine. Et abandonne le régime actuel de Kiev à son sort.

La petite Finlande, qui vit tranquillement depuis 1945, est donc obligée de s'inquiéter. Ou plutôt, son gouvernement insouciant et tapageur commence à s'inquiéter, et même à s'inquiéter beaucoup. Car il a déchiré tous les traités qui régissaient sa neutralité. Et il a pris parti, devenant la base opérationnelle de l'OTAN.

Cette même OTAN qui semble aujourd'hui vouloir se retirer de la guerre.

Fatiguée et, en substance, convaincue qu'elle est désormais une cause perdue. Quoi qu'en dise Rutte, de moins en moins connecté à la réalité.

Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

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Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

par Wolfgang van de Rydt

Source: https://opposition24.com/meinung/and-the-winner-is-mir-eg... 

Lors de son premier mandat, Donald Trump s'est illustré par une opposition au wokisme, une limitation de l’immigration de masse, et il a même enregistré le taux d’emploi le plus élevé pour les Afro-Américains depuis le début des statistiques. Il s’est aussi efforcé de ne pas déclencher de nouvelles guerres. Cependant, ses promesses grandiloquentes de « drainer le marais » ou d’envoyer Hillary Clinton en prison n’ont pas été tenues, tout comme celle de construire un mur à la frontière avec le Mexique.

Puis est arrivée la « crise du Cov id » et Trump a dû réagir. Il a soutenu toutes les mesures et s’est même vanté d’avoir été le premier à lancer un vaccin au niveau mondial. Aujourd’hui, s'il s’affiche proche des opposants aux vaccins et qu’il intègre Robert Kennedy dans son équipe, c’est uniquement par calcul politique. Avant la pandémie, Trump avait contraint Merkel à s’engager dans un accord énergétique et s’était toujours opposé aux gazoducs Nord Stream. Récemment, il a même affirmé que, sous sa présidence, il avait déjà posé les bases de la destruction de ces gazoducs, son successeur Biden n’ayant fait qu’exécuter le plan. Aussi allemandes que puissent être ses origines, Donald Trump n’apporte rien de positif pour l’Allemagne ; la guerre commerciale continue. Trump défend des intérêts puissants, dont Elon Musk n’est qu’un des visages. M. Neuralink, avec l’ensemble de ses entreprises, œuvre également à la création d’un « nouvel humain », comme Yuval Harari le préconise dans ses livres. Que la force ne soit pas avec eux.

Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

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Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/trump-o-kamala-in-ogni-caso-sar...

Quel que soit le résultat des élections américaines, ce sera un désastre pour l'Europe. Si la gagnante, avec ou sans fraude, est Kamala Harris, le Vieux Continent devra faire face à des années d'involution woke, le politiquement correct imposant toutes ces postures et gesticulations démentes. Et toujours l'Europe sera forcée d'être en première ligne pour se saigner à blanc afin de payer la folie de Zelensky, risquant même une guerre nucléaire sur son propre sol.

Si Trump gagne, peut-être que la guerre contre la Russie prendra fin, mais l'Europe sera obligée de soutenir une guerre économique contre la Chine. Et ce sera un désastre pour l'industrie européenne, pour l'économie en général, pour la vie des couches les plus faibles de la population qui n'ont pas les moyens de payer les prix des produits italiens et européens.

Quant à l'extermination en cours à Gaza, Trump a un gendre juif et Kamala un mari juif. Difficile de croire que l'un des deux daignera arrêter le boucher de Tel Aviv.

Donc la seule solution, en Europe, serait de bazarder une classe dirigeante inféodée aux intérêts de Washington. Quelle que soit la personnalité qui entre à la Maison Blanche. Au lieu de cela, nous nous retrouvons avec Scholz, Macron, Tajani et compagnie. Incapables de protéger les intérêts de leurs pays respectifs et de l'Europe dans son ensemble. Incapables de comprendre les changements dans le monde parce que, pour eux, le monde n'est que ce que Washington indique.

Ce n'est pas que le niveau de la classe politique yankee soit meilleur que celui de la classe politique européenne. Au contraire, une précieuse collaboratrice d'Èlecto a suivi la campagne électorale américaine, écoutant les principaux discours des candidats. Et elle a assuré que le niveau est si bas que même Giggino Di Maio, Azzolina et Moretti passent pour des géants de la politique.

Mais le pays est riche. Et jusqu'à présent, tout va bien pour les Américains. Mais le problème, c'est qu'ils prétendent dominer le monde. En soustrayant ailleurs des ressources et en imposant un mode de vie insupportable. Insupportable pour ceux qui ont le malheur d'avoir une tradition derrière eux et une culture à transmettre à la postérité.

Penseur de l'absolu - À l'occasion du 75ème anniversaire de Guillaume Faye

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Penseur de l'absolu

À l'occasion du 75ème anniversaire de Guillaume Faye

Werner Olles

Entre 2015 et 2023, plus de 300.000 Allemands ont été victimes de migrants, demandeurs d'asile et prétendus « réfugiés » issus de la culture arabo-islamique. Rien qu'en 2023, plus de 52.000 citoyens ont subi des délits graves tels que des violences physiques, des vols avec agression et des viols collectifs, principalement perpétrés par des individus venus d'Afghanistan, de Syrie et d'Afrique du Nord. Alors que les citoyens allemands – la situation est encore plus critique dans d'autres pays d'Europe occidentale comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et l'Angleterre – vivent dans la peur, que les parents s'inquiètent pour leurs filles mineures, et que le racisme anti-blanc brutal se répand dans les écoles et les établissements publics, l'establishment politico-médiatique rouge-vert-libéral engage une « lutte contre la droite », édicte de nouvelles lois limitant strictement la liberté d'expression des citoyens, interdit les publications critiques envers le gouvernement et renforce, avec une rhétorique agressive et belliqueuse, la politique de sanctions insensées contre la Russie, y compris par des livraisons d'armes meurtrières au régime ukrainien corrompu et oligarchique. Cette politique a coûté la vie à environ 250.000 Russes et Ukrainiens à ce jour.

91sMx1KPioL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpgUn homme avait pressenti cette évolution et critiquait vivement la bourgeoisie de gauche au pouvoir ainsi que certaines illusions métapolitiques de la « Nouvelle Droite » : Guillaume Faye, intellectuel de droite français, cofondateur de la Nouvelle Droite et militant du GRECE. En 2005, il avait assisté aux émeutes, aux violences et aux pillages menés par les gangs de jeunes migrants issus des banlieues françaises, choyés depuis des décennies par un cartel corrompu de partis de gauche, par le complexe industriel des ONG, par les élites culturelles et par les idéalistes naïfs. Faye, dès lors, avait anticipé ces signes avant-coureurs de la guerre civile à venir. Jusqu'à sa mort prématurée le 7 mars 2019 à seulement 69 ans, il n'a cessé de plaider pour l'arrêt de l'immigration légale et illégale, le retour des envahisseurs culturels étrangers, une Reconquista européenne et une Europe des peuples blancs, de Brest à Vladivostok. Faye appelait ce projet « Eurosibérie », bien qu'incompatible avec l'eurasisme d'Alexandre Douguine, qui inclut les peuples non européens et islamiques de la Fédération de Russie.

Faye ne s'est pas fait que des amis dans le camp de droite. Alain de Benoits l'a qualifié de « raciste » et a contribué à entraver ses possibilités de publication en Allemagne, en France et en Belgique. Ses propositions controversées, comme la demande d'une « apartheid totale », ne visaient pourtant pas un racisme biologique, mais reposaient sur sa conviction fondée que la proximité excessive de cultures, religions et intérêts divergents conduit souvent à des conflits sanglants et à des guerres civiles brutales, comme l'a montré la Yougoslavie des années 1990 ou le conflit sans fin au Proche-Orient.

Mais qui était donc ce Guillaume Faye, qui, très tôt, avait perçu le contrôle de la sphère culturelle par la gauche et le libéralisme, qui qualifiait l'UE de projet contrôlé par les États-Unis, et militait pour une démocratie souveraine sous une idéologie autre que le libéralisme ? Avec son projet original d'un « archéo-futurisme » patriotique et impérial, Faye voulait harmoniser des figures comme Marinetti et Evola, Nietzsche et Heidegger, Jünger et Klages. À l'instar d'une Europe renaissant de ses propres valeurs, Faye se présentait comme le défenseur d'une cathédrale catholique contre une mosquée islamique.

imgfgcrages.jpgNé le 7 novembre 1949 en Aquitaine, Faye était philosophe, historien et politologue. Il avait découvert le groupe GRECE à 20 ans, contribuant à l'essor des magazines « éléments » et « Nouvelle école ». Conférencier charismatique, il était aussi connu pour ses idées provocantes et originales, souvent perturbées par des militants d'extrême gauche. Après une rupture avec la Nouvelle Droite en 1986 et après un passage dans la presse en vue, dont Magazine Hebdo et dans quelques radios non conformistes et humoristiques, il revint à la scène politique dans les années 2000, écrivant plusieurs ouvrages. Dans « Pour quoi nous combattons » (Kassel, 2006), il prédisait l'effondrement de la civilisation européenne sous le poids de l'immigration massive et d'une guerre civile ethno-culturelle entre l'Europe blanche et l'islam.

Faye croyait que les peuples, qui, à la fin, seraient victorieux, seraientceux qui demeureraient fidèles à leurs valeurs culturelles, éthiques et sporituelles tandis que, simultanément, ils maitriseraient les technologies du 21ème siècle.  La civilisation européennes subira dès lors une métamorphose, qui sera tout à la fois prométhéenne, tragique et faustienne. Selon lui, seuls les peuples fidèles à leurs valeurs et maîtrisant les sciences de demain survivront. Son archéo-futurisme, concept controversé, provoqua de vives critiques, tant à gauche qu'à droite. Ainsi, Alain de Bneoist concluait sa recension par : « Dans ce monde, je ne voudrais pas vivre ! ». Pourtant, Faye, en pionnier de l'archéo-futurisme, mérite qu'on discute sérieusement et sans complaisance de sa vision et de sa pertinence.

Cinq ans après la disparition de Guillaume Faye, il est temps que ses œuvres, longtemps ignorées ou raillées, trouvent une nouvelle reconnaissance en Allemagne, tout comme elles la trouvent déjà dans d'autres pays européens.

mercredi, 06 novembre 2024

Le spectre de la “Doctrine Monroe” se cache derrière la poussée de Washington pour le “de-risking”

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Le spectre de la “Doctrine Monroe” se cache derrière la poussée de Washington pour le “de-risking”

Rédaction de Global Times, 27 octobre 2024

Source: https://telegra.ph/Lo-spettro-della-Dottrina-Monroe-si-ce...

Katherine_Tai,_official_portrait.jpgRécemment, les remarques de la représentante au commerce des États-Unis, Katherine Tai (photo), ont été démenties par l’ambassade de Chine au Brésil. Lors de sa participation au sommet commercial du B20 à São Paulo, Mme Tai a suggéré que le Brésil devait « se pencher sur les risques » avant de s’engager dans la coopération avec l’Initiative de la Ceinture et de la Route (Belt and Road Initiative, BRI). Il est évident que le voyage de Tai au Brésil est un autre cas de figure illustrant le rôle du « donneur de leçons en voyage d’affaires », car le discours qui présente la Chine comme un « risque » est empreint du spectre de la « Doctrine Monroe ». Comment la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, plus grand marché d'exportation et principale source de surplus, pourrait-elle représenter un risque plutôt qu’une opportunité? De plus, le Brésil n’a pas besoin que d’autres lui imposent avec qui coopérer ou quel type de partenariat mener, et la coopération économique et commerciale normale entre la Chine et les pays d’Amérique latine ne devrait pas être soumise au contrôle de pays tiers.

GEN_Laura_J._Richardson.jpgL’avertissement de Tai au Brésil révèle une idéologie au pouvoir qui considère le Brésil comme un « arrière-cour géopolitique » des États-Unis, démontrant un manque fondamental de respect pour le gouvernement brésilien et pour son peuple. Ce n’est pas la première fois que des responsables américains interviennent dans cette question. En mai de cette année, le commandant du South Command américain, le général Laura Richardson (photo), a affirmé, lors de sa visite au Brésil, que la participation du Brésil à la BRI pourrait nuire à sa souveraineté. Depuis 2013, la Chine a signé des accords de coopération pour la BRI avec plus de 150 pays et plus de 30 organisations internationales, et aucun pays n’a perdu sa souveraineté après avoir rejoint l’initiative. Au contraire, ces responsables américains mettent la pression sur le Brésil pour qu’il choisisse entre Pékin et Washington, ce qui constitue une ingérence flagrante dans la souveraineté d’une autre nation.

Les responsables américains parlent souvent de « de-risking » en rapport avec l’Amérique latine, mais ce dont Washington doit réellement se défaire, c’est de sa mentalité persistante, reposant sur la « Doctrine Monroe ». En tentant de convaincre le Brésil de renoncer à la BRI, Richardson a fait une comparaison absurde, affirmant que les relations diplomatiques du Brésil avec les États-Unis durent depuis 200 ans et qu’ils « respectent la souveraineté mutuelle », tandis que les liens avec la Chine n’ont été établis que depuis 50 ans. Elle voulait en fait dire que l’influence croissante de la Chine au Brésil et en Amérique latine menace le désir de Washington de contrôler la région. Considérer l’influence grandissante de la Chine en Amérique latine à travers les lunettes de la guerre froide et évaluer l’« impact » de la coopération sino-latino-américaine avec une mentalité de jeu à somme nulle reflète les profondes angoisses de Washington.

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Actuellement, le Brésil est l’un des rares pays d’Amérique latine à ne pas encore participer à la BRI. Depuis que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva est revenu au pouvoir l’année dernière, des informations récurrentes indiquent que le Brésil poursuit activement des efforts en ce sens, ce qui n’est pas une coïncidence. L’initiative s’aligne fortement avec le plan de réindustrialisation du gouvernement Lula et avec des stratégies de développement telles que les routes d’intégration sud-américaines. Elle cherche des partenaires pour les projets d’infrastructure prévus par le Brésil, en particulier ceux liés aux divers réseaux de transport en Amérique du Sud, qui sont cruciaux pour les intérêts économiques du Brésil. En juillet de cette année, Lula a déclaré publiquement: « Je veux savoir... où nous nous situons et quelle position nous allons prendre... nous voulons être un protagoniste » de la BRI. En réponse, la Chine s’est déclarée ravie que le Brésil rejoigne la famille de la Ceinture et de la Route dès que possible et attend avec impatience que le Brésil participe à la coopération de la BRI. Cela indique que la coopération entre la Chine et le Brésil repose sur l’autonomie et le volontariat, avec une volonté réciproque de se rencontrer à mi-chemin.

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Actuellement, les États-Unis cherchent à construire une « petite cour, entourée d'une haute clôture » contre la Chine au Brésil et dans d’autres pays d’Amérique latine. Qu’il s’agisse de l’usine de véhicules électriques financée par des entreprises chinoises au Mexique ou de la construction du port de Chancay au Pérou, les deux projets ont rencontré le refus et l’obstruction des États-Unis. Le port de Chancay a même été décrit par les faucons de Washington comme étant destiné à des « fins militaires ». La Chine n’a aucune intention de s’engager dans une confrontation militaire avec un quelconque pays; la construction du port de Chancay vise à créer une meilleure plateforme pour le commerce entre les deux pays et pour le développement économique régional. Une fois achevé, le port de Chancay améliorera considérablement le paysage logistique et commercial du Pérou et de toute l’Amérique du Sud, réduisant d’un tiers le temps d’expédition des marchandises de la côte péruvienne à la Chine.

Un haut responsable péruvien a déclaré que si les États-Unis s’inquiètent de la présence croissante de la Chine au Pérou, ils devraient augmenter leurs propres investissements. On dit que le plan Americas Partnership for Economic Prosperity, lancé par les États-Unis en 2022, vise à « contrer l’influence de la Chine ». Cependant, à ce jour, en dehors de quelques réunions, il n'y a toujours pas de résultats concrets.

La coopération chinoise en Amérique latine n’a jamais exclu de tierces parties et les pays latino-américains ne sont pas disposés à faire un « choix unique » entre la Chine et les États-Unis. Surtout dans un contexte où les économies développées comme les États-Unis et l’Europe entretiennent toutes des relations commerciales avec la Chine, il est plutôt absurde de s’attendre à ce que les Latino-Américains croient aux théories de « découplage » ou de « dé-risquage ». Les États-Unis pourraient s’associer pleinement à la Chine dans le processus de modernisation et de développement des pays latino-américains, plutôt que de considérer la région comme une « nouvelle ligne de front » dans une confrontation avec la Chine.

La Chine et le Brésil sont les plus grandes économies en développement des hémisphères oriental et occidental, respectivement. Les deux pays soutiennent fermement le libre-échange et s’opposent au protectionnisme. La semaine dernière, le ministre brésilien de l’Agriculture, Carlos Favaro, a déclaré que le pays devrait rejoindre l’initiative de la Ceinture et de la Route de la Chine, en observant qu’elle offrirait au Brésil « l’opportunité de surmonter les barrières commerciales ». La coopération entre la Chine et le Brésil n’est pas seulement alignée avec les intérêts des deux pays, mais elle répond aussi au besoin du « Sud global » de construire un ordre économique international plus juste et plus équitable. Cette tendance est quelque chose que Washington ne peut pas arrêter.

Publié dans le Global Times

Traduction réalisée par la Rédaction

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Guillaume Faye: un grand intellectuel européen aurait eu 75 ans - Une commémoration nécessaire

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Guillaume Faye: un grand intellectuel européen aurait eu 75 ans - Une commémoration nécessaire

Peter Backfisch

Guillaume Faye, né il y a 75 ans le 7 novembre 1949 à Angoulême dans le sud-ouest de la France et décédé en 2019 à l'âge de 69 ans, était journaliste et considéré comme l'un des auteurs les plus importants de la droite française et européenne. Il a été l'un des fondateurs de la Nouvelle Droite et un militant du groupe de réflexion GRECE. Son héritage est à rechercher et à trouver dans des travaux pertinents sur la construction de la pensée de droite. Les idées et les propositions qui y sont présentées offrent des solutions valables pour les défis du 21ème siècle.

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Son œuvre s'inscrit dans la lignée de Leo Strauss, Carl Schmitt, Armin Mohler, Oswald Spengler et d'autres penseurs. Mais c'est le philosophe italien Giorgio Locchi, qui fut son mentor, qui l'a davantage marqué. On peut parler d'un tandem Locchi/Faye, dont toute l'ambition a été d'ouvrir la voie au retour du mythe européen, à l'évasion des Européens captifs de la caverne vers le soleil. C'est une tentative de synthèse de l'allégorie de la caverne de Platon. Faye aimait la République de Platon mais il ne voulait pas que les peuples d'Europe continuent à végéter dans la caverne et à se contenter d'ombres sur les murs.

Faye était un homme courageux qui n'a pas hésité, même face à des attaques massives et parfois irréductibles, à briser des structures de pensée ancrées depuis longtemps et, finalement, à « redéfinir le conservatisme pour lui insuffler une nouvelle vie » (Armin Mohler). Pour ce faire, il a formulé des idées novatrices qui sont exposées dans des ouvrages tels que « Convergence des catastrophes », « Ethnomasochisme », « Archéofuturisme », « Constructivisme vitaliste », « Nouveau discours à la nation européenne », « Pourquoi nous luttons », « Pour quoi et comment lutter » et « La colonisation de l'Europe ». Il s'agit d'une lecture nécessaire pour les intellectuels de droite comme de gauche.

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La notion de catastrophe chez Faye s'oppose fortement à la notion de crise politique et à ses éventuelles interventions réformistes, qui ont été largement diffusées, notamment au sein de la Nouvelle Droite allemande. En France, on voit les choses tout autrement. Le penseur y bénéficie d'une attention sans partage. Ses œuvres sont en vente partout. Il y a quarante ans déjà, Faye analysait les combats imposés à notre civilisation et qu'elle ne cesse de perdre dans l'arène du monde contemporain comme des catastrophes évidentes. Le temps lui a donné raison, car c'est finalement ce qui s'est passé. Guerres civiles ethniques et religieuses, possibilité de mener des guerres en Europe, déclin d'économies entières, catastrophes écologiques, luttes pour la redistribution et surpopulation étrangère islamique. Tout cela est causé par le libéralisme, le multiculturalisme, l'humanitarisme, le mondialisme, l'eudémonisme de masse, la pollution et le pillage des ressources. Qu'est-ce tout cela sinon des catastrophes ?

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Dès son « Nouveau discours à la nation européenne » de 1985, il se prononce résolument pour une Europe ethnopluraliste, centrée sur l'affirmation des peuples, la préservation de leurs spécificités culturelles, de leurs particularités et de leur homogénéité interne, la recherche d'un nouvel enracinement.

Si ses prédictions annoncent une fin apocalyptique du monde moderne, que rien ne pourra arrêter, on aurait tort de réduire Faye à un conteur de dystopies. Faye apporte des réponses sur ce à quoi le monde pourrait ressembler après l'effondrement et sur la chance qu'aura l'Europe de renaître. Dans son ouvrage Archéofuturisme, il esquisse un monde qui renaît de ses cendres, au-delà des errements des temps modernes. Le concept d'archéofuturisme se veut un mélange de techno-science et de retour aux valeurs ancestrales. Il se veut l'esprit de la post-catastrophe, une philosophie qui doit être à la base du monde de demain. Pour Faye, la recréation du monde doit intégrer la relation dialectique entre le futurisme et le traditionalisme dans le cadre de vie des gens.

« Nous ne voulons pas être passéistes, restaurateurs ou réactionnaires, car le passé des derniers siècles a engendré la vérole qui nous ronge. Il s'agit de redevenir archaïque et ancestral, tout en imaginant un avenir qui soit plus que le prolongement du présent ». Dans sa théorie tournée vers l'avenir, Faye tente de mettre en lumière tous les aspects de la vie sociale, outre la technique et l'environnement, la famille, la sexualité, l'amour, le féminisme, etc. dans une perspective archéofuturiste.

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Où ce monde sera-t-il réalisé ? L'ethnopluralisme de Faye voit sa réalisation dans un empire continental formé par l'Europe et la Russie, qu'il appelle « Eurosibiria », mais qui sera aussi idéologiquement lié à l'Inde, à la Chine et même au Japon. Pour lui, ces nations ont conservé leurs mécanismes de défense archaïques. Pour l'Europe, il s'agit de retrouver des racines perdues afin de pouvoir rester fidèle à l'héritage de ses ancêtres et à l'avenir de ses enfants.

L'archéofuturisme est une œuvre provocante et on ne sera pas d'accord avec tout, notamment parce qu'après les catastrophes apocalyptiques, les hommes sont confrontés à de nouveaux défis auxquels il faut trouver de nouvelles réponses. Beaucoup de choses seront dépassées, comme l'individualisme vécu en Occident, de toutes nouvelles techniques culturelles, qui exigent beaucoup des hommes, devront être installées. Cela suscite des contradictions dans l'esprit du temps qui prévaut aujourd'hui, avec des répercussions qui portent bien plus loin que ce qui se dit et se rumine dans le camp des conservateurs et de la droite. Mais en déduire que l'on « ne veut pas vivre » dans le monde de Faye, comme veulent le voir certains représentants de la droite, montre que l'on n'a pas compris ce qui nous attend. C'est même le contraire qui se produira: si l'on continue à agir de la sorte, avec une gestion de crise inefficace, des conditions s'imposeront à la fin desquelles le monde ne sera plus habitable, ce qui rendra inutile la question de savoir si l'on veut y vivre.

Les idées de Faye sont « l'antidote parfait à l'idéologie dominante de l'Occident américano-centré. Il veut préserver les racines, appelle à l'autarcie et donc à l'indépendance européenne et russe, rejette les images de l'ennemi véhiculées par les médias inspirés par les think tanks américains et rejette l'anti-technicisme des Verts, qui sont désormais les meilleurs alliés de Washington. Un ouvrage à traduire et à diffuser le plus largement possible ». (Robert Steuckers, Agora Europa n° 3, p. 85)

Guillaume Faye: Une journée dans la vie de Dimitri Leonidovitch Oblomov

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Beate Broßmann

Guillaume Faye: Une journée dans la vie de Dimitri Leonidovitch Oblomov

Ce petit ouvrage ne compte que 100 pages en format poche. La postface de Martin Lichtmesz compte 28 pages. Rien que pour cela, la lecture de cette utopie singulière vaut la peine. Nous y apprenons par exemple que ce morceau de prose est un supplément à une œuvre plus importante de l'auteur, Guillaume Faye (1949-2019), parue en 1998 et intitulée « Archéofuturisme ».

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Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce goût de la pensée anticipatrice, Lichtmesz les instruit en profondeur. Dans l'idéologie du « constructivisme vitaliste », on retrouve aussi bien l'essence de l'archaïsme que celle du futurisme. Faye conçoit le projet comme une vision d'une nouvelle ère après l'effondrement prévisible de la modernité et non comme une illustration de cette catastrophe elle-même. Le principe directeur est l'euro-pluralisme. La particularité de son projet réside dans une symbiose entre des modes de vie hautement technologiques et archaïques. Il existe une multitude de régions qui utilisent les possibilités du progrès technique et le font progresser. D'autre part, il existe des fondations couvrant de vastes surfaces qui vivent dans des conditions simples et pré-modernes. Simultanéité du non simultané.

La nouvelle relate une journée de la vie de D. L. Oblomow, 68 ans, conseiller impérial en pleine possession de ses moyens - qui n'a rien à voir avec le propriétaire terrien éponyme de Gontashrov -; il est responsable pour l'aplanissement des conflits d'intérêts au sein de la Fédération, dans laquelle les guerres ne devraient plus jamais avoir lieu. Cette journée est celle du 22 juin 2073. Lors d'un de ses voyages à bord du Transcontinental Rapid à travers la Fédération Eurosibérienne, une fusion de la Russie et de l'Union européenne, il raconte à une jeune fille - la fille du ministre indien des affaires étrangères qui suit un programme d'études - l'histoire de l'Occident au cours des cent dernières années. Ce genre de choses n'est pas enseigné en Inde.

Nous apprenons qu'entre 2014 et 2016, une grande catastrophe, dont le Conseiller impérial détaille le déroulement et qui ressemble à s'y méprendre à notre actuelle « convergence des crises », avait détruit les systèmes économiques et les infrastructures de l'Occident et coûté la vie à deux milliards de personnes. Faye se sert explicitement de la théorie du chaos et des catastrophes de René Thom et Ilya Prigogine pour expliquer cet effondrement soudain: tout système est composé de sous-systèmes qui agissent comme des paramètres. Si un paramètre change, les autres sphères s'adaptent. Mais si plusieurs changent, l'équilibre des relations complexes est rompu, et il suffit d'un changement supplémentaire, mais central, pour entraîner l'effondrement de l'ensemble du système sous la forme d'un saut qualitatif. « Et c'est exactement ce qui est arrivé à la civilisation mondiale du 20ème siècle. La bulle était si grande qu'elle ne pouvait qu'éclater ». Le philosophe allemand Oswald Spengler avait déjà prophétisé cet effondrement en 1918. Selon lui, la fin d'une civilisation n'est jamais très loin de son apogée. Le « “virus de la chute” agit un temps dans l'invisible, puis se fait soudain sentir de manière fatale lorsque la civilisation a atteint son zénith ».

Il est intéressant de noter que parmi les grands pays, la Russie, l'Inde, la Chine et le Japon ont résisté à l'implosion de grandes parties du monde et n'ont été touchés que de manière périphérique. Ces nations auraient conservé leur unité interne et leurs mécanismes de défense archaïques. Toutes les sociétés multiethniques auraient implosé « parce qu'elles avaient détruit et marginalisé leurs traditions ». La période 2025-2028 fut l'époque de la Reconquista. Avec l'aide des Européens de l'Est et surtout des Russes, les troupes musulmanes ont été vaincues et, par la suite, tous les immigrants non européens - environ 23 millions - ont été déportés à Madagascar. L'empire eurosibérien est né.

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En 2030, une renaissance a eu lieu, avec l'introduction d'une économie à deux vitesses. L'ordre économique technoscientifique n'était pas conçu pour structurer un jour l'ensemble du globe. Seuls 10% de l'humanité, vivant dans de petites villes peu peuplées, en bénéficiaient. Le « reste était revenu à une forme d'économie médiévale, basée sur l'agriculture, l'élevage et le travail manufacturier ». Ces communautés néo-traditionalistes garantissaient un faible impact sur l'environnement, car elles permettaient une nouvelle réglementation des transports: la conduite automobile privée était interdite, seuls les véhicules électriques et à cheval étaient autorisés. Le transport aérien a été progressivement réduit au profit du planetrail. L'Amérique était devenue un pays purement agricole. Dans les régions Hightech, les grossesses des élites étaient soutenues par le génie génétique, alors que dans les régions archaïques, ces mesures n'existaient pas. Ici, on était revenu au cycle démographique archaïque, « l'ordre naturel ancestral basé sur des taux de natalité et de mortalité élevés ».

Bien entendu, la démocratie n'est pas la forme d'État qui prévaut partout. Elle ne correspond qu'à la mentalité européenne. Chaque peuple a ses propres formes de gouvernement spécifiques. « La démocratie peut conduire à l'injustice et au chaos ou devenir la façade de la tyrannie si elle est mal appliquée ». Dans la Fédération eurosibérienne, on parle de « démocratie organique ». Martin Lichtmesz cite à la fin de sa postface Alain Benosit, qui a porté le jugement suivant sur le livre de Faye «L'Archéofuturisme»: «Rien de ce que l'auteur oppose à l'ère actuelle n'est une exagération, une augmentation de l'intensité: contre l'univers de la domination et de l'aliénation de soi, il oppose encore plus de volonté de puissance; contre le démon de la technique, encore plus d'éruption technique; contre le primat de l'efficacité et le matérialisme pratique, la réduction des idées à leur valeur purement instrumentale; contre la montée de l'intolérance, l'exclusion généralisée; contre le mouvement pour lui-même, la fuite en avant. Ce n'est ni 'archaïque', ni 'futuriste', ni même postmoderne, mais la continuation de la modernité avec tous les ingrédients de l'autodestruction. Faye dessine un univers fictif dans lequel je ne veux pas vivre».

Mais ce serait faire injure au visionnaire que de le réduire à cette dystopie qu'il considérait comme une utopie. Car il était un Européen patriote qui, par exemple, dans son « Nouveau discours à la nation européenne », prônait déjà en 1985 une Europe ethnopluraliste. Contre le discours de Julien Benda de 1932, porté par « l'humanitarisme désincarné », « l'universalisme métaphysique » et le cosmopolitisme, il opposait l'affirmation des peuples, la préservation de leurs spécificités culturelles, de leurs particularités et de leur homogénéité interne, l'aspiration à un nouvel enracinement. «L'idéologie qui n'appelle l'Europe à s'unir qu'en tant que pierre angulaire d'une civilisation mondiale, qui encourage les peuples européens à renoncer à leur enracinement et à leur volonté de puissance au profit de l'idée immatérielle d'une 'civilisation occidentale', est en effet à l'origine des faiblesses qui nous usent, des menaces qui pèsent sur nos libertés et des... combats que notre civilisation est en train de perdre instantanément dans l'arène du monde contemporain».

Au cours des presque quarante années qui se sont écoulées depuis, les craintes de Faye se sont malheureusement vérifiées.

Guillaume Faye: Ein Tag im Leben des Dimitri Leonidowitsch Oblomow. Jungeuropa Verlag: Dresden 2020

A propos de l'auteur : Beate Broßmann, née en 1961 à Leipzig, a réussi ses études de philosophie. Avant le « tournant » en RDA, elle s'est engagée pour des réformes démocratiques, puis a été membre de l'association d'opposition «Demokratischer Aufbruch».

Uranus, ou Pétain sauvé des eaux

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Uranus, ou Pétain sauvé des eaux

par André Waroch

Nous avions parlé récemment des films qui n'ont pas été compris - ou pas complètement compris - à leur époque, principalement en raison d'un manque de recul, ou d'une campagne de promotion trompeuse qui substitue l'idée du film au film lui-même.

Uranus appartient à une autre race de films : ceux que les journalistes et les critiques ont fait semblant de ne pas comprendre parce qu'ils contredisaient trop abruptement le politiquement correct, et qu'ils étaient produits et réalisés par des gens trop puissants et trop prestigieux pour qu'on puisse se permettre d'en appeler au scandale et au boycott. C'est le cas de Eyes wide shut de Stanley Kubrick. De Gran Torino de Clint Eastwood. Et d'Uranus de Claude Berri.

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Si on analyse à l'os, si l'on oublie la propagande de ceux qui ont voulu nous faire passer des vessies pour des lanternes, Uranus, adaptation très fidèle d’un roman de Marcel Aymé, n'est rien de moins qu'une réhabilitation du pétainisme, de la collaboration, et une condamnation ferme de l'épuration et, par-dessus tout, du parti communiste. Ce parti communiste qui profite de la situation d'exception qui prévaut dans l'immédiat après-guerre, alors que l'ancien régime est tombé et que le nouveau est en train de se mettre en place, pour éliminer la concurrence, en lançant des accusations de collaboration souvent fictives, quitte à envoyer des innocents en prison ou au peloton.

Qui pouvait se permettre de sortir un film pareil, à part Claude Berri, le dernier nabab du cinéma français, producteur et réalisateur, dont les trois derniers films mis en scène à ce moment (Tchao Pantin Jean de Florette et Manon des sources) sont trois triomphes, Claude Berri, juif victime des persécutions de l'occupant allemand ?

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Pour taper encore plus fort, il lance les plus grands acteurs du cinéma français à l'assaut de la citadelle du mensonge. Il s’agit tout simplement du casting le plus impressionnant de ces cinquante dernières années : Gérard Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret, Fabrice Luchini, Michel Galabru, Michel Blanc et Daniel Prévost, qui dit mieux ?

Ayant ainsi terrorisé d’avance les journalistes et les critiques, Berri peut laisser tranquillement et implacablement se dérouler l’histoire, qui apparaît comme un engrenage fatal ne pouvant aboutir qu’à son horrible et inéluctable dénouement.

Depardieu campe Léopold, un tenancier de bistrot, alcoolique jusqu'à l'extrême, véritable colosse, fort en gueule, sympathique et sans filtre : c'est lui qui va jouer, en quelque sorte, le rôle de bouffon du roi, qui non seulement sait tout -comme tout le monde- mais aussi dit tout, ce qui finira par lui coûter la vie.

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Luchini, à rebours des films médiocres de ces dernières années qui ne reposent trop souvent que sur sa propension au cabotinage, incarne Jourdan, un idéologue communiste, fanatique, rentré, glacé, ne rêvant que de censure, de terreur, d'emprisonnement des opposants politiques et de la future dictature du prolétariat. Il s’oppose en cela à Gaigneux (Michel Blanc), autre figure locale du PC, resté humain malgré tout.

Quant à Marielle, moins éclatant que d’habitude dans le rôle d’Archambaud, homme sobre et mesuré, il est le Français moyen de la bourgeoisie moyenne, pétainiste « comme tout le monde » pendant la guerre, voyant et entendant, avec un écoeurement qu’il n’arrive pas à dissimuler,  les vestes se retourner et les armes automatiques changer de main.  Comble du sacrilège anti-politiquement correct, il accepte de cacher chez lui de façon héroïque (c’est ainsi que le film le présente) Maxime Loin, ancien milicien, recherché par les autorités avec la certitude de finir devant un peloton d’exécution.

Brochard (Daniel Prévost, toujours formidable dans les rôles d’ordure) le troisième communiste, est un personnage plus ambivalent : véritable barbare qui crève les yeux des miliciens, mesquin et méchant au point de faire mettre Léopold en prison après l’avoir accusé gratuitement, pour se venger d’une humiliation, de cacher Maxime Loin, il accepte de tenir le bistrot pendant la détention de Léopold, à la demande celui-ci.

Ainsi, Claude Berri et Marcel Aymé (le roman et le film sont quasiment identiques) sauvent partiellement Gaigneux et Brochard, qui chacun à leur manière gardent intacte leur part d’humanité. Ils ne sauvent pas Jourdan, Jourdan qui refuse la vie, qui refuse la complexité de la vie humaine, qui veut l’écraser sous le dogme et l’idéologie.

Par contre, ils sauvent un autre idéologue fanatique, mais de l’autre bord, Maxime Loin, présenté comme un pauvre hère, victime de ses mauvais choix, qui aurait pu gagner, et qui n’a pas forcément tort, détestant d’ailleurs Pétain qui selon lui aurait fait perdre l’Allemagne. 

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Deux personnages apparaissent comme un peu au-dessus, ou à côté, de la mêlée: Watrin (Philippe Noiret, pour une fois supportable) étrange personnage, qui ne voit tous ces évènements que comme des espiègleries de la race humaine, qui s’affirme détaché de tout mais qui aide tout de même Archambaud à cacher Maxime Loin. Et Monglat (Michel Galabru) le notable suprême, le commerçant, guidé seulement par l’appât du gain et par une véritable perversité, le vrai chef de la ville, qui n’a aucune conviction particulière, mais qui a fait fortune en faisant affaire sans vergogne avec les autorités allemandes, malgré tout cela intouchable, plus puissant encore que les communistes, et qui fait assassiner Léopold par la gendarmerie après que celui-ci, dans une crise d’éthylisme, en réveillant toute la ville en pleine nuit avec un haut-parleur, ait révélé la vérité à son sujet.

Il était déjà stupéfiant que Marcel Aymé ose sortir un tel roman juste après la guerre. Il l’est, encore plus que Claude Berri, malgré son histoire personnelle, adapte son roman, sans l’édulcorer en rien, en 1990, en recrutant une telle équipe pour interpréter la galerie des personnages forgés par Aymé.

Nous vivons sur un mensonge, ou plutôt sur un catalogue de mensonges, sur une mythologie de mensonges, et cette mythologie a commencé à s’écrire pendant cette période de l’immédiat après-guerre, sous la plume des gaullistes et des communistes, paraphant ainsi un nouveau pacte de non-agression, sinon d’alliance plus ou moins occulte.

19:21 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, marcel aymé, claude berri, uranus | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 05 novembre 2024

Un rapport danois à sensation sur l'explosion du Nord Stream: la marine américaine a opéré secrètement au large de Bornholm

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Un rapport danois à sensation sur l'explosion du Nord Stream: la marine américaine a opéré secrètement au large de Bornholm

Copenhague. Deux ans après le dynamitage du gazoduc Nord Stream en mer Baltique, le gouvernement fédéral allemand, officiellement, n'a toujours aucun indice sur les personnes qui pourraient être à l'origine de cette opération de sabotage. Il a en outre déclaré à plusieurs reprises qu'il ne donnerait pas d'informations au public, même s'il en disposait, pour des raisons d' « intérêt national ».

Mais le journal danois « Politiken » pourrait bien lui mettre la puce à l'oreille. Celui-ci a récemment publié les déclarations explosives du capitaine du port de l'archipel danois de Christiansø, Jon Anker Nielsen. Celui-ci a consigné ce qu'il avait observé quelques jours seulement avant les explosions. Le port de Christiansø est situé à seulement 18 kilomètres au nord-ouest de l'île de Bornholm, non loin de laquelle les explosions ont eu lieu le 26 septembre 2022.

Jon Anker Nielsen a expressément fait remarquer qu'on lui avait demandé de garder le silence sur ce qu'il avait vu la veille des explosions. Il a laissé passer deux ans avant d'informer les médias locaux de ses observations. Selon lui, quatre ou cinq jours avant les explosions, Nielsen avait été appelé pour une opération de sauvetage au large de Christiansø, car plusieurs navires non identifiés avaient été repérés avec des transpondeurs éteints, mais n'avaient pas répondu à toutes les tentatives de contact. Il s'est avéré qu'il s'agissait de navires de guerre américains.

Lorsque l'équipe d'intervention de Nielsen s'est approchée des navires de guerre américains, ceux-ci lui ont demandé d'interrompre son action.

Cela signifie que quelques jours seulement avant les explosions, la marine américaine a opéré secrètement - avec des transpondeurs désactivés - à proximité immédiate des explosions sous-marines qui ont eu lieu peu après. Elle a été prise en flagrant délit par la capitainerie danoise compétente.

Alors que le gouvernement fédéral allemand, avec sa tactique de garder le silence, ne s'exprimera probablement pas non plus sur cette dernière révélation, le rapport danois devrait susciter un intérêt incomparablement plus grand à Moscou et à Pékin. Les deux pays poursuivent leurs propres enquêtes sur l'affaire des oléoducs de la mer Baltique qui ont été détruits (mü).

Source: Zu erst, 03/11/2024.

Révolte contre le monde postmoderne

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Archives Nicolas Bonnal, 2009

Révolte contre le monde postmoderne

Nicolas Bonnal

Extrait personnel du recueil collectif : Julius Evola envers et contre tous (Orientations/Avatar, 2009).

En titrant d'une manière provocante "Révolte contre le monde post-moderne", je suppose qu'il y a quelque chose de pire que ce monde moderne contre quoi se révolter... Sommes-nous descendus plus bas qu'à l'époque où Julius Evola tonnait contre son monde moderne ?

Histoire-comique-de-Francion.jpgEt d'ailleurs cela fait beaucoup de temps que l'on tonne contre ce monde. Montesquieu s'en moque fort dans ses Lettres persanes, et de l'inflation, et de la mode, et de la crise démographique (comme déjà l'historien grec Polybe qui se navre du dépeuplement et du vieillissement de la Grèce impériale !), et du désir mimétique, et de la vanité des sujets du roi, et du pape, et du reste... Au 19ème siècle, que pourtant moi, Européen, je contemple avec nostalgie, Poe, Tocqueville, Maupassant, Baudelaire et tant d'autres contemplent avec mépris le « stupide dix-neuvième siècle » de Daudet. Pour en revenir à Montesquieu, il modernise une critique acerbe du siècle du « roi-machine » (Apostolides) que l'on pressent à travers les œuvres de Furetière, la Bruyère, la Fontaine ou même Sorel, auteur de l’étonnante histoire de Francion. Bref, la Fin des Temps est dans l’air du Temps, et on relira avec stupéfaction la fin des Mémoires de Saint-Simon pour s'en convaincre.

De quoi donc se plaint Evola et de quoi pouvons-nous nous plaindre nous, trente-cinq ans après sa disparition ? L’esprit traditionnel n'est-il pas lié à je ne sais quelle hypocondrie qui fait tout voir en noir, une mélancolie plutôt, comme celle du nain grincheux, symbole de Saturne et du plomb et qui toujours se plaint, surtout lorsque, comme Evola, il a affaire aux femmes ? Du reste Blanche-Neige, la reine alchimique, trouble, et bien, l'existence des sept nains chercheurs de trésors...

J'insiste, quitte à paraître un peu lourd; car tout de même l'esprit traditionnel aura bien entaché ma jeunesse, en lui faisant voir tout en noir ; et l'on ne vit qu'une fois, contrairement aux chats: « On est forcé d'écrire pour soi, de penser pour soi et d'espérer la fin de tout. Demain ce sera pis encore », écrit dans son prodigieux journal un Léon Bloy plus inspiré que lorsqu'il attend le retour des cosaques, comme d'autres attendaient de l'Orient du capital communiste et des supermarchés un réveil spirituel qui ramènerait l'Occident dans le droit chemin…

C'est d'ailleurs à mon sens une des qualités d'Evola: il n'attendait pas de grand réveil, il a pensé en kshatriya au sauvetage individuel sur un champ de bataille ruiné et abandonné.

Il n’a pas vraiment donné de recettes, mais il a plutôt cru à un salut très personnel, de type nietzschéen si l’on veut.

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Cinquante ans après ses grands manuels de résistance (arc et massue, tigre), on ne peut que confirmer l'effondrement de tout : des états, des nations, des Occidentaux, de la famille, des paysages, la pollution du monde qui a atteint un stade ontologique (mais dont parlent déjà les transcendantalistes américains !). On n'en est même plus à l'époque des conflits idéologiques qui opposaient le communisme et l'Occident libéral. L'islam rentre dans le rang à Dubaï ou à Médine et l'Orient goberge comme on sait. Tout le monde se fout de tout, se désintéresse du politique et du reste, les Français subissent sans broncher le gouvernement le plus incapable de leur histoire (mais c'est aussi ce que disaient Bloy ou Toussenel, lui du temps de la monarchie de juillet...).

L-Empire-de-l-ephemere.jpgNous sommes entrés dans la société post-moderne décrite au début des années 80 par Gilles Lipovetsky dans son Empire de l'éphémère, où il présente un individu cool et désabusé, humoristique et nihiliste. La différence est qu'à l’époque il avait encore un peu de réaction. Il n’y a plus rien aujourd'hui, et cette disparition de toute réaction, qui nous remplit d'angoisse et tremblement, est à mon sens apparue (sic) au milieu des années 2000; quand avec les horreurs de la bourse et de l'Irak, du bric et du broc, de la mondialisation et du néant, tout le monde s'est laissé aller au vide éternel.

L'époque est opaque, les temps sont mous. Mais comme dit déjà Zarathoustra repris par Charles de Gaulle (lire Tournoux), « Tout est vain, tout est mort, tout a été »... Il dit aussi : « le désert croît... malheur à qui recèle des déserts ! ». C'est d'ailleurs pour cela que l'on a accru la consommation d'anxiolytiques, d'antidépresseurs et de somnifères de toute sorte. Dans les années 70, la figure du militant ou du rebelle laisse la place à celle du dépressif (il culpabilise pour son chômage, sa technophobie, ou son absence de convivialité...); et l'on voit aussi le degré d'abrutissement atteint par le cinéma, que l'on compare aux grands films contestataires du début des Seventies : je pense au Grand Secret d'Enrico, à Soleil vert ou Rollerball.

Mais Guénon évoque déjà cette crise psychologique dans la Crise du monde moderne ; auquel je répondrai en citant Sénèque ou même les Sumériens qui se plaignaient du fisc (cf. Samuel Noah Kramer) : le monde n’est-il pas toujours en crise, le monde n'est-il pas une éternelle crise moderne ? Après on pourra toujours m’objecter que du temps de l'âge d'or les choses allaient mieux, il y a 65.000 ans, et que les hommes étaient dorés, comme le dit Hésiode: mais cela m'est difficile à vérifier, surtout que l'histoire, la géographie (ma formation...) ou l'archéologie ne valent rien pour les traditionnels... Quant à Evola qui encense l'empire romain, je peux lui donner à lire ou relire bien des textes, notamment de Sénèque, qui se désespère de l'état de son empire romain, de son pain et de ses jeux du cirque, lui qui avait été le précepteur d'un des monstres les plus renommés de l'Histoire. Il est facile de citer Caton quand on néglige de lire Pétrone ou Tacite, ou bien sûr Juvénal qui comme Montesquieu ou Boileau semble avoir écrit hier matin.

J'en ai fini avec mon introduction qui sert non pas à noyer le sujet, on l'aura compris, mais à le nier: à quel moment peut-on parler de temps traditionnel, d'âge d'or, de société parfaite sinon dans les rêves, ou sinon même de mauvaise foi ?... Et pourtant, je n'y peux mais : de la même manière que Delenda est Carthago, Delendum est monstruum modernum.

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Il faut détruire le monde moderne, il faut encore plus détruire le monde post-moderne, et si on ne peut le faire, il faut lui résister de toutes nos forces, à peine de sombrer dans la dépression, « l'angoisse métaphysique » dont se moquait Guénon, et tout le reste. Mais il ne faut pas le mésestimer, car, on l'a vu, les murailles de Jéricho n'ont jamais survécu longtemps au passage du buccin capitaliste. Marx nous avait prévenus dans son Manifeste. La Chine, l'Inde, le Japon, tout a été balayé par l'avarice, la gourmandise (15% d'ados chinois obèses..) et la cyber-luxure, quand ce n'est par la paresse spirituelle et intellectuelle, celle qui enrichit les laboratoires pharmaceutiques...

Car j'en viens à un autre obstacle, beaucoup plus concret maintenant: le temps. Pas le Temps avec un grand « T », celui de l'eschatologie, mais le mien, le vôtre, celui de notre vieillissement organique auquel Houellebecq a consacré des pages dit-on définitives. Le philosophe australien Pearson parle de ce fardeau de la personnalité vers 1890 déjà.

Je me promenais l'autre jour à cap d’Ail et je longeais mes plages et mes roches préférées, comme un promeneur romantique. Soudain je vis un voilier rempli de plaisanciers.

Je pensais aussitôt à Evola : le monde moderne, c'est cela.

Un tas de gens à poil qui « profitent de la mer, « qui profitent de leur vie », « qui profitent de leur temps libre ».

Bloy dénonce déjà cette obsession du Jouir qui est la marque de la vie sous le Second Empire.

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Mais... mais il y a en 2010 une petite différence avec l’époque de la rébellion d'Evola (les Sixties). Lui était contemporain d'une jeunesse gauchiste, stripteaseuse, marginale, contestataire, luxurieuse... Celle décrite par Godard, dans les films « existentialistes » d'Antonioni ou caricaturée dans les films de Dino Risi (Les Monstres, magnifique parabole sur les Rigolus de la société de consommation toute neuve à l'époque).

9782253053224_1_75.jpgMais là c'était différent : sur mon voilier d'ailleurs modeste de quarante pieds il n'y avait que des vieux à bord. Oh, pas des vieux paralytiques, pas des cacochymes. De bons retraités bien nourris au viagra et aux farines animales, un bon troupeau festif de « grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s’ennuyer » (Céline). Le troupeau post-moderne est en effet postmoderne au sens littéral, il vient après les modernes, il a donc vingt ou trente ans de plus. Je vois 30% de sexagénaires où que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, et même en Amérique du sud, dans les zones principalement peuplées de blancs (Uruguay, sud du Brésil, province de Buenos Aires). Je sais que la population du Brésil va passer d'une moyenne d'âge de 25 à 41 ans d'ici quinze ans, et que la Chine, qui ne sait déjà pas quoi faire de sa jeunesse, va compter 500 millions de retraités (ou présumés tels) en 2050. La population russe va disparaître, comme l'allemande, la coréenne, l’italienne, etc. il ne restera que les noirs et les robots. Sur ces bonnes nouvelles, on se demande contre quoi on va se révolter ? Peut-être que les Folamour qui nous gouvernent vont nous concocter un plan de survie cannibale, en tout cas il est certain que ce ne sont pas des septuagénaires remariés, dont nous ferons bientôt tous partie, qui vont nous tirer de l'ornière. Buzzati, le peu évolien, nous avait prévenus dix bonnes fois dans Le K.

De même, Julius Evola se plaint des Beatles ou de la littérature existentialiste ou du jazz : mais que cette sous-culture nous paraît grande aujourd'hui ! La nullité abyssale de l'époque, que mêmes les ados que je croise reconnaissent, n'est plus mise en doute par personne. Il suffit d'ouvrir sa page Yahoo pour se rendre compte du niveau ahurissant de nullité que recèlent les préoccupations des gens : je copie ce que j'ai sous les yeux (nous sommes le 6 octobre 2009, à 11 heures du matin).

Valérie Payet, Karim Benzema, Spencer Tunick, Rugby fédéral, Chantal Goya, Rallye de Catalogne, Lindsay Lohan, Peugeot 3008, Loi Hadopi, Brigitte Bardot...

Voilà ce qui passionne mes contemporains, qui ont tous ou presque bac+5, et qui sont tous plus cons que la cuisinière de Flaubert. Il me semble bien délicat tout d'un coup, Evola, de se plaindre de Sartre ou Pasolini, de Louis Armstrong ou des jeux olympiques de Rome... Nous sommes bien plus bas.

Nous sommes plus vieux, nous sommes plus bêtes. C'est la première observation. Nous sommes plus vieux ; donc plus radins, plus luxurieux (tout en étant post-sexuels, car les filles d'aujourd'hui préfèrent boire entre elles que faire l'amour, et plus un jeune ne se risque à « draguer », à la façon des idiots du film Les Valseuses). Nous n'avons plus un seul idéal politique, juste la volonté de nuire à notre prochain par le biais juridique dont l'écologie exterminatrice n'est qu'une des ramifications (et pas l'inverse).

pack-pictos-interdictions.jpgOn nous a interdit d'interdire, eh bien maintenant tout va nous être interdit: conduire, boire, respirer, fumer, monter dans un avion, cracher par terre, parler même... On aura droit au doigt dans le cul puisque Ben Laden a inventé le suppositoire explosif... Le monde postmoderne s'annonce comme le mauvais film dont parlait Deleuze. Depuis les attentats gluants de 2001, et ce Ground Zero qui n’a pas été reconstruit (Les Hommes au milieu des ruines – des ruines ou des tuiles ?), nous sommes dans un espace-temps gelé, circulaire, clos, une ronde de nuit infernale et ennuyeuse, gâteuse et interminable. Je me réfugie moi dans la vieille musique classique de Pollini ou Karajan, dans les westerns des années 50, décennie diabolisée par Evola, mais où l'on peut encore admirer du Walsh, du Donen ou du Ford. Et j’essaie de ne même plus regarder les nouvelles, de savoir ce qui se passe, ou ne se passe plus. Il devient difficile de se faire des amis, les gens devenant trop cons (le mot est juste). Ceux qui ne le sont pas souffrent, culpabilisent, prennent des produits toxiques (je parle des drogues autorisées bien sûr), deviennent timides....

On n'ose plus, de peur de se faire traiter d'aigris, ou plus simplement traîner devant les tribunaux. Il y a cinquante ans les clivages étaient politiques ou spirituels, aujourd'hui ils sont purement existentiels. On se fond dans la masse ou pas, avec peu de perspectives de futur. Car si l’étranger (pas si étranger d’ailleurs) de Camus commence par la visite au cadavre de la mère à l'hospice, il faut savoir que c'est à l'hospice que se terminera pour tous la chanson de geste post-moderne, d'ici cinquante ou cent ans. On nous promet une durée de vie de 120 ans, et comme le disait le docteur Alexis Carrel, la société augmentera notre durée de vieillissement bien plus que notre durée de vie. Cela doit d'ailleurs correspondre à une logique infernale : une épouvantable salle d'attente où l'on ne peut rien faire. Je me vois actuellement environné par mes vieilles tantes qui voudraient bien mourir et ne le peuvent plus (Exorciste III, le meilleur). Elles ont cent ans, elles redoutent d’en tirer encore pour vingt ou trente. Quant aux enfants, ils vieillissent en même temps que leurs parents. On héritera à 80 ou 90 ans, si l'on a des parents. Le monde nouveau est avancé.

J'aurais 80 ans dans une France qui n'aura plus rien de français, ou je serai ailleurs, dans un monde qui n'aura plus rien de monde; je ne sais pas de quoi je vivrai, si même je survivrai, car on me fera comprendre comme à quelques autres milliards de vieillards que je suis de trop sur cette terre.

Des sexagénaires friqués iront faire des croisières minables sur des mers polluées ou bien assisteront à des concerts de rock-stars grabataires... et l'on réélira des politiciens liftés, botoxés et chevronnés promettant à un vieux public de trouillards de nettoyer au karcher des banlieues qu'ils ont eux-mêmes peuplées, avec les compagnies aériennes et le patronat, de populations allogènes inassimilables mais tenues par la drogue et la médiocrité de la vie ordinaire. Yeaaaah !

9782070701124-475x500-1.jpgCette espèce d'horreur ordinaire que je viens de décrire sommairement n'est même pas neuve : elle est tout entière présente dans le Voyage au bout de la nuit. Relisez ces pages inoubliables, et cette « petite musique de la vie que l'on n'a plus envie de faire danser », et ce troupeau soumis, et « ce commerce partout, ce chancre du monde ». Car c'est bien le commerce qui aura eu raison de tout cela. Ah, l’Angleterre et son bonheur matériel qu'elle aura partout imposé... Un des intérêts du reste d'Evola est qu'il s'était intéressé physiquement à son siècle: il aimait le sport, l'alpinisme, la guerre, l’héroïsme, il avait le culte des valeurs chevaleresques contemporaines, il admirait Jünger ou Drieu. Mais on sait comment a terminé Drieu, et on relira Soixante-dix s’efface de Jünger pour comprendre comment a terminé le grand homme. Dans ce livre admirable, on sent comment peu à peu Jünger, avec toute sa culture, sa bonne santé, son équilibre romain, son goût pour la bonne vie, est progressivement envahi, déprimé, possédé par l'horreur de ce monde de consommateurs impersonnels.

Il se rend au Maghreb, où je suis né, et progressivement il voit le monde de Guénon et de Titus Burckhardt se déliter devant lui, avec sa médiocrité, sa sexualité, ses constructions, son horreur économique et tout le reste. Et c'est Jünger, que même Evola admirait... Alors, où en sommes-nous, camarades ? Plus bas que l'enfer ! Nous avons touché le fond, mais le fond est vaseux, et nous nous enfonçons encore. Un monde sans prêtres, sans guerriers, sans grands hommes, sans visionnaires, sans conscience, sans jugements, un monde en outre sans corps et sans jeunesse, sans valeurs et sans mémoire.

Le sauvetage ne peut être qu'individuel, dit-on. Peut-être familial, si l'on a rencontré la belle âme-sœur adéquate. Le plus dur est alors de transmettre à l'enfant la lucidité sans le malheur.

De révolte, mieux vaut n'en pas parler. On nous drogue, on nous ment, on nous disperse maintenant comme à Pittsburgh à coups de canon à son. Les foules n'existent plus, les sociétés secrètes non plus, les ordres solaires ou religieux encore moins. La nature, c'est ce qui me peine le plus d'ailleurs, paraît de moins en moins réelle, naturelle. Elle est un parc national cartographié par Google Earth dans le meilleur des cas, et pour le reste... Nous savons que nous avons six fois plus de temps à partager avec un conjoint, quinze fois plus de temps libre qu'il y a deux siècles, et qu'il n'y a plus de religion qui tienne vraiment la route (mais Nietzsche le disait déjà). Chacun peut se soumettre à son filet d'illusions personnelles ou collectives, mais le filet est de plus en plus troué. Nous ne sommes même plus dans le profil d'une attente eschatologique.

Bien orgueilleusement, les prédictions se sont succédé pour rien, où Guénon nous annonçait la fin du monde moderne qui serait celle d'une illusion (ah bon ?). Pour l'instant, c'est notre propre fin, précédée de notre pénible vieillissement, qui nous guette. Comme l'autre dans sa tour, nous n'avons rien vu venir. Ceux qui attendaient trop se sont trompés ou en ont trompé d'autres. Peut-être que Debord a raison et que « le destin du Spectacle n'est pas de finir en despotisme éclairé » ; mais nous n'en sommes même pas certains. Peut-être que tout va s'éteindre lentement, minablement, puisque, comme le dit mon ami Jean Parvulesco, qui participe à ce recueil sur Evola, « la race humaine est fatiguée ». En 1941, les Allemands lancent 170 divisions pour attaquer la Russie et ils se heurtent à la résistance de toute une nation de 160 millions d'habitants. Les deux pays n'ont pas aujourd'hui le dixième de cette frappe militaire d'alors, et les deux nations sont aujourd'hui en voie de disparition démographique. L'histoire est terminée, merci monsieur Fukuyama.

Si j'en reste à ma notion personnelle, que je n'impose à personne, de révolte évolienne contre ce monde du néant absolu et relatif, je vois les contenus suivants : continuer d'écrire ; continuer de lire, d'écouter (ou de jouer) de la musique ; danser, faire du sport, continuer de fréquenter les têtes conscientes, même si l'on se fait un peu de mal à force – et qu’elles se raréfient dangereusement) ; aller vers ce qui reste de nature ; pratiquer la révolution froide de Houellebecq en refusant par exemple de consommer; fuir, là-bas fuir, autant que je le peux. Et mépriser, aussi mépriser mais jusqu'à l'ignorance de l'infra-humanité coprophage qui m'entoure. Car je n'ai plus de temps à perdre. Jamais le mens sana in corpore sano ne m'aura semblé si vrai, à une époque de vide intellectuel et d'obésité corporelle. A une époque où l'on n’a plus d'hommes au milieu des ruines, mais des touristes au milieu des ruines. Nous n'avons d'autre choix alors : les temps sont mous, devenons durs.

« Pourquoi si dur ? », demande le morceau de charbon dans le Zarathoustra. Parce qu'on n'a pas le choix, justement. C'est cela ou y passer tout de suite. On attendra que les touristes soient partis et l'on se promènera entre nous dans les ruines. En relisant les Œuvres du baron Evola.

https://www.amazon.fr/Evola-Envers-contre-tous-Collectif/...

Smile 2, dites cheese et mourez

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Smile 2, dites cheese et mourez

André Waroch

Le film d’horreur a trop longtemps été confisqué par des producteurs avides qui ne pensent qu’à créer des produits formatés pour les bandes d’ados qui fréquentent les salles obscures ; frayeurs attendues, procédés répétitifs, et schémas narratifs convenus dont s’était moqué Wes Craven dans Scream, mise en abime des films d’épouvante hollywoodiens.

L’intelligence diabolique de Smile II (dont le schéma narratif de base depuis le premier épisode est la malédiction qui se transmet par contagion, déjà vu notamment dans le très bon It follows) est de choisir un personnage principal dont on jurerait qu’il est effectivement confectionné par le service marketing pour attirer des bandes d’adolescents ; ce personnage principal est une star de la chanson, un mélange entre Lady Gaga, Miley Cyrus, Beyonce, Pink (rajoutez les noms que vous voulez). On la voit répéter ses chorégraphies en petite tenue en vue de sa prochaine tournée, aux côtés de sa mère qui la coache, de ses assistants gays et de ses danseurs.

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Mais, de même que la réussite d’Alien et la crédibilité d’un sujet à première vue abracadabrantesque était avant tout due au réalisme total avec lequel Ridley Scott filmait l’équipage du Nostromo avant tout contact avec la créature, de la même façon, Parker Finn installe la crédibilité de son film, avant l’apparition de tout élément surnaturel, en dépeignant le quotidien d’une popstar idole des jeunes exactement à l’inverse de la façon dont le service marketing le dépeindrait : Skye Riley (Naomi Scott, extraordinaire de vérité) mène une existence solitaire, sinistre, consacrée à un métier qu’elle n’a même pas l’air de vraiment aimer. Elle n’est pas encore remise, ni moralement ni physiquement, d’un accident de voiture qui s’est produit un an auparavant et qui a stoppé net sa carrière, alors qu’elle et son petit ami étaient camés jusqu’aux yeux. Le petit ami y est resté, Riley s’en est sortie avec de très graves blessures, de larges cicatrices qu’elle cache avec des vêtements ajustés, et des douleurs subites au dos qui la foudroient et la laissent exsangue. Pourtant, elle parait déterminée à opérer un come-back.

Cherchant des médicaments de nature à faire taire les douleurs dorsales qui troublent ses entrainements et pourraient gâcher son spectacle, elle va voir en cachette son ancien dealer. C’est lui qui va se suicider devant ses yeux, lors d'une scène absolument traumatisante, selon le même procédé déjà vu dans Smile I : le témoin du suicide se voit rongé par la même force qui a envouté le suicidé ; à partir de là, il ne lui reste que quelques jours à vivre, des jours peuplés de cauchemars, d’hallucinations de plus en plus horribles, avec toujours ce même terrible sourire arboré par des personnes réelles, ou par des personnes disparues, ou par des personnes réelles mais qui ne sont en réalité pas là du tout. Car, au fur et à mesure que le mal progresse, la victime ne sait plus ce qui relève de l’illusion et ce qui relève de la réalité.

Contrairement à It follows, où les non-envoutés finissent par constater l’existence des zombies invisibles qui poursuivent chaque nouveau condamné, et mis à part le mode de transmission et la chaîne de transmission, rien ne prouve jamais aux autres qu’il s’agit de quoique ce soit d’autre qu’une maladie mentale, voire d’une maladie tout court ; Maupassant, lui aussi, avait contracté une maladie qui lui provoquait des hallucinations, des phases délirantes, une perte de contact progressive avec la réalité, et qui finit par l’emporter, même s’il fallut quinze ans pour cela: la syphilis. Il se servit d’ailleurs de ces phases hallucinatoires pour mettre au point sa célèbre nouvelle Le horla, sa seule (ou quasi) incursion dans le domaine du fantastique (contrairement aux âneries inlassablement répétées à ce sujet). Maupassant tenta lui aussi de se suicider, avant d’être enfermé à l’asile et d’y mourir dix-huit mois plus tard.

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Il n’y a pas de fantaisie dans Smile II, pas de second degré, pas d’extravagance, pas de dérision. Le gore n’est utilisé que pour rendre la mort et sa violence aussi authentiques que possible. Ce réalisme total rend certaines scènes presque insoutenables. Il ne dessert pas l'horreur, il décuple son impact. Ce film, comme l'étrange virus dont il raconte la progression dans un cerveau humain, est un poison qui s’infiltre dans les fibres et les tripes du spectateur, un film hanté, un film qui rampe lentement, dans l’obscurité, jusqu’à son dénouement inéluctable.

Smile II, comme le I, mais avec plus d’âpreté, de virtuosité dans la mise en scène, avec une musique additionnelle plus travaillée et envoutante, et une actrice principale étourdissante, est un film sans issue, sans espoir, sans chaleur, mais dont le talent et l’inspiration habitent chaque plan.

Si Smile II mérite le titre de film d’horreur, c’est au sens de l’horreur de l’irruption de la mort, de sa monstrueuse fatalité, de sa logique impitoyable, dans la vie des vivants, de leurs espoirs, de leurs rêves. La mort qui applique son propre programme, sa propre logique, sans trier entre les bons et les mauvais, entre les stars et les anonymes, entre les vieillards et les belles jeunes femmes, entre ceux qui mériteraient de continuer à vivre et les autres. Et l'on ne peut s'empêcher de nouveau de penser à Maupassant : "La vie si courte, si longue, devient parfois insupportable. Elle se déroule, toujours pareille, avec la mort au bout. On ne peut ni l’arrêter, ni la changer, ni la comprendre. Et souvent une révolte indignée vous saisit devant l’impuissance de notre effort. Quoi que nous fassions, nous mourrons ! Quoi que nous croyions, quoi que nous pensions, quoi que nous tentions, nous mourrons. Et il semble qu’on va mourir demain sans rien connaître encore, bien que dégoûté de tout ce qu’on connaît. »

19:08 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : smile 2, cinéma, film | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 04 novembre 2024

Le vieux rêve occidental: la destruction de la Russie

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Le vieux rêve occidental: la destruction de la Russie

Filip Martens

Bien que la Russie n'ait jamais attaqué l'Occident au cours de son histoire séculaire et qu'elle ait au contraire toujours été désireuse de coopérer avec lui, elle a toutefois dû se défendre contre des attaques occidentales à plusieurs reprises: par l'Ordre de Livonie en 1240-1242, par la Suède en 1708-1709, par la France en 1812, par l'Allemagne en 1914-1918 et en 1941-1945, par l'Ukraine par procuration des États-Unis en 2022 jusqu'à aujourd'hui. En effet, les puissances occidentales voyaient et/ou considèrent la Russie comme une superpuissance compétitive. Depuis l'industrialisation, on s'est également rendu compte que la Russie possédait d'innombrables matières premières en quantités gigantesques. Ainsi, les puissances occidentales voulaient et veulent toujours avoir accès aux incommensurables ressources minérales de la Russie, car elles sont nécessaires à leur industrie.

Pour ce faire, l'Occident emploie toujours une stratégie de balkanisation de la Russie. Cet article donne un aperçu des différentes tentatives occidentales visant à diviser la Russie en une multitude de petits États sans pouvoir et, par conséquent, facilement dominables.

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1916-1918 : la première tentative allemande

La stratégie occidentale de démembrement de la Russie et de pillage de ses ressources a été lancée par l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale. En avril 1916, la Ligue des nationalités allogènes de Russie est fondée à Lausanne. Le statut de neutralité de la Suisse donne à la Ligue l'apparence d'un non-alignement pendant la Première Guerre mondiale qui était en cours. Financée par le ministère allemand des affaires étrangères, la Ligue a pour objectif la destruction de la Russie tsariste par la création de mouvements séparatistes. Ceux-ci étaient censés « libérer » les peuples de Russie. Pour conserver l'apparence de la neutralité, la Ligue cherche à obtenir le soutien des Alliés, des États centraux [1] et des États neutres. Avec le traité de Brest-Litovsk du 3 mars 1918 entre les pays du centre et l'URSS nouvellement créée, l'Allemagne acquiert une série d'États satellites à sa frontière orientale (États baltes, Pologne, Ukraine et Finlande). Ces États satellites dépendent économiquement de l'Allemagne et sont contraints de lui fournir des matières premières. À la suite de ce traité, la Russie a perdu environ un tiers de ses terres agricoles, plus de la moitié de son industrie et la grande majorité de ses mines de charbon. Lorsque l'Allemagne elle-même s'est effondrée en novembre 1918, elle a immédiatement perdu tous ces acquis.

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1918-1939: Le prométhéisme et la stratégie d'Intermarium de la Pologne

Toujours en 1918, Jozef Pilsudski, le fondateur de la Pologne nouvellement rétablie, a lancé le prométhéisme. Ce projet visait également à balkaniser la Russie - désormais sous la forme de l'URSS - en soutenant les mouvements séparatistes parmi les peuples non russes de l'URSS. Pilsudski lui-même avait choisi le nom de « prométhéisme » en référence au Titan Prométhée de la mythologie grecque. Prométhée a volé le feu aux dieux et l'a donné aux humains. Pour cela, il a été puni pour l'éternité par Zeus. Par analogie, Pilsudski voyait la Pologne comme le Christ des peuples: de même que Jésus-Christ a apporté la lumière aux hommes, le peuple polonais apporterait la lumière aux peuples non russes qui - du moins selon la Pologne - étaient « opprimés » par l'URSS.

Le prométhéisme repose donc sur l'idée arrogante et méprisante que la petite Pologne est le leader naturel de l'Europe centrale et orientale, ce qui est une utopie compte tenu des capacités économiques et militaires limitées de la Pologne. Alors que l'ancien Commonwealth polono-lituanien (1569-1795) était territorialement le plus grand pays d'Europe, il s'agissait politiquement d'un État bi-confédéral très faible, impuissant et divisé à l'intérieur, Etat qui n'a pu exister que parce que le Brandebourg-Prusse, la Moscovie-Russie et l'Empire des Habsbourg étaient de petits États à l'époque. Une fois que ces trois États sont devenus des superpuissances, le Commonwealth polono-lituanien a disparu de la carte assez rapidement. Néanmoins, Pilsudski voyait en la Pologne une superpuissance potentielle capable de dominer les autres nations « inférieures ». C'est d'ailleurs exactement ce que le prométhéisme reprochait à l'URSS. La Pologne devait donc mobiliser et soutenir les nombreux peuples non russes de l'URSS afin de devenir elle-même dominante.

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Le prométhéisme était étroitement lié à la stratégie géopolitique de l'Intermarium de Pilsudski. Ce concept visait à réunir les États d'Europe centrale et orientale au sein d'une fédération placée sous la direction de la Pologne. Cela impliquait que ces États renoncent à leur souveraineté. En effet, Pilsudski rêvait d'une restauration territoriale et politique de l'ancien Commonwealth polono-lituanien, qui s'étendait entre deux mers (la mer Baltique et la mer Noire). D'où le nom latin « Intermarium » donné à cette vision romantique de la politique polonaise.

Dès 1918, la Pologne a soutenu des mouvements séparatistes en Carélie, dans les Pays baltes, en Biélorussie, en Ukraine, dans le Caucase et en Asie centrale. Même après l'annexion de la plupart de ces régions par l'URSS en 1921, la Pologne a continué à apporter un soutien matériel aux séparatistes émigrés.

Le prométhéisme a été une ligne directrice de la politique étrangère de la Pologne pendant l'entre-deux-guerres. En 1934, la Pologne a fondé l'organisation Prometeusz. Son siège se trouvait à Paris. Il existait des antennes à Berlin, Varsovie, Vilnius, Helsinki, Téhéran et Harbin. Cette organisation apportait un soutien financier et technique aux mouvements séparatistes des peuples non russes en URSS.

Après 1939, le prométhéisme disparaît, d'une part parce que la Pologne - une fois de plus - disparaît de la carte et, d'autre part, en raison du manque d'intérêt des Alliés. À partir de 1944, la Pologne est,une fois de plus, rétablie mais devient un État satellite de l'URSS et ne peut donc pas reprendre ses activités prométhéistes.

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1941-1945 : la deuxième tentative allemande

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne tente une nouvelle fois de détruire la Russie en lançant l'opération Barbarossa. Cette invasion à grande échelle de l'URSS visait à éliminer l'URSS en tant que superpuissance compétitive, en annexant certains pays et en en colonisant d'autres, en expulsant et en soumettant en partie la population, ainsi qu'en prélevant des produits agricoles et des matières premières. Pour balkaniser l'URSS, l'Allemagne utilise le pantouranisme, une idéologie turque qui cherche à réunir tous les peuples turcs et autres peuples altaïques en une seule unité politique et/ou culturelle sous le nom de Touran.

Un plan de propagande pan-turc émanant de la Turquie a rendu de grands services à l'Allemagne dans les régions occupées de l'URSS. L'Allemagne a ainsi recruté des « Osttruppen » pour la Wehrmacht (environ 250.000 hommes) et pour la Waffen-SS (environ 8000 hommes) [2] parmi les soldats soviétiques faits prisonniers de guerre, qui provenaient des peuples turcs d'URSS. En échange, l'Allemagne promet de rendre indépendantes les régions de l'URSS habitées par les Turcs. La guerre se termine par la destruction complète de l'Allemagne et la prise de Berlin par les troupes russes.

De 1991 à aujourd'hui: l'attaque américaine via les séparatistes, les salafistes, les pseudo-dissidents et les ONG

Lorsque l'URSS, après des décennies d'inertie économique à la fin de la guerre froide, s'est désintégrée en plusieurs États pour la plupart impuissants, dont les économies déjà faibles se sont ensuite complètement effondrées au cours des années suivantes, cela a évidemment offert d'énormes perspectives stratégiques aux États-Unis en tant que seule superpuissance restante. Après tout, toutes les anciennes républiques soviétiques pouvaient désormais être facilement infiltrées et déstabilisées. Depuis lors, les États-Unis et leurs alliés européens ont déstabilisé, (tenté de) changer de régime, semé la mort et la destruction dans les pays de l'ex-URSS pendant des décennies, dans leur vaine tentative de détruire géopolitiquement la Russie. En Géorgie, au Kazakhstan, en Ukraine, en Ouzbékistan, en Russie et au Belarus, entre autres, les Américains ont clairement laissé leur marque. Et aujourd'hui, l'infiltration américano-européenne en Arménie et en Moldavie est évidente.

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Mais les États-Unis visent surtout à détruire la Russie. Pour ce faire, ils soutiennent des mouvements séparatistes, souvent salafistes (en Tchétchénie en 1991-2006, au Daghestan en 1999-2012, en Bachkirie en 2005,...). Par ailleurs, les États-Unis tentent - en vain - d'établir des mouvements dissidents en Russie. Le recrutement d'un personnage d'extrême droite et raciste comme Aleksey Navalny, qui a ensuite été présenté à l'Occident comme un « combattant contre la corruption » et un « leader de l'opposition démocratique », est bien connu.

En outre, les États-Unis déstabilisent la Russie par l'intermédiaire de diverses organisations non gouvernementales (ONG). Il s'agit d'organisations qui ont l'apparence d'être indépendantes des gouvernements mais qui sont en réalité contrôlées par le département d'État américain.

Il y a par exemple la National Endowment for Democracy (NED), un outil américain issu de la CIA pour saper les gouvernements dans tout le monde non occidental, instiguer des révolutions de couleur et promouvoir des changements de régime. Cette ONG est directement financée par le gouvernement américain. La NED s'est immiscée dans les élections russes et a constitué une menace pour les institutions constitutionnelles de l'État, la défense et la sécurité nationale de la Russie. Sur la base de la loi de 2012 sur les agents étrangers - qui a été remplacée en 2015 par la loi sur les organisations indésirables [3] - la NED est devenue la première organisation à être interdite en Russie en 2015.

L'ONG Freedom House (FH) est également financée par le département d'État américain. FH finance diverses organisations subversives et des politiciens pro-américains dans des pays du monde non occidental, y compris en Ukraine avant le coup d'État américain de 2014 déguisé en « révolution de Maïdan ». Dans le même temps, la FH sympathise fortement avec les régimes pro-américains. Il n'est donc pas surprenant que cette ONG ait été interdite en Russie en mai 2024 sur la base de la loi susmentionnée sur les organisations indésirables.

L'ONG bien connue mais controversée Amnesty International (AI) est financée par la Commission européenne, la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller et les gouvernements britannique, américain et autres. Amnesty International a la sombre réputation de publier des rapports inexacts sur les pays, de collaborer avec des organisations dont le bilan en matière de droits de l'homme est douteux, de faire preuve de partialité idéologique et de politique étrangère, ainsi que de pratiquer une forte discrimination institutionnelle au sein de sa propre organisation. De nombreux États, dont la Russie, ont critiqué l'évaluation de leurs politiques par AI, estimant qu'il s'agissait de rapports partiaux ou d'une réticence à voir les menaces pour la sécurité nationale [4].

En outre, l'Open Society Foundation (OSF) de George Soros, financier notoire des changements de régime, est également interdite en Russie - en tant que troisième organisation en vertu de la loi sur les organisations indésirables - depuis le 1er décembre 2015. En effet, les activités de l'OSF et de l'Open Society Institute Assistance Foundation constituent une menace pour le système constitutionnel et la sécurité nationale de la Russie. L'OSF est un réseau international de financement basé aux États-Unis qui dispose de plusieurs milliards de dollars provenant de la fortune de Soros.

Les objectifs des États-Unis sont primo d'éliminer un rival géopolitique (en divisant la Russie en toute une série d'États impuissants et ipso facto facilement manipulables) et secundo d'avoir accès à l'incommensurable richesse en ressources de la Russie (dont l'industrie occidentale a besoin). Toutefois, les peuples que les États-Unis sont censés vouloir « libérer » n'ont jamais indiqué qu'ils souhaitaient quitter la Russie.

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2022-présent: renaissance du prométhéisme et de la stratégie Intermarium en Pologne

Parallèlement aux États-Unis, la Pologne poursuit à nouveau la balkanisation de la Russie. Le 22 novembre 2007, une statue de Prométhée a été inaugurée à Tbilissi, la capitale géorgienne, par le président géorgien Mikhaïl Saakachvili et le président polonais Lech Kaczynski. Cette statue n'a pas été érigée en Géorgie par hasard, car selon la mythologie grecque, Prométhée aurait été enchaîné à une colonne et torturé par Zeus dans le Caucase. La statue symbolisait les efforts de la Pologne et de la Géorgie pour obtenir leur indépendance de la Russie et de l'URSS.

Le prométhéisme est redevenu d'actualité au début de la guerre russo-ukrainienne en 2022. Le Forum des nations libres de l'après-Russie (FNRF) est un mouvement basé en Pologne composé d'hommes politiques et de militants libéraux exilés de Russie, de mouvements régionalistes et séparatistes, ainsi que de sympathisants étrangers. Les membres du FNRF sont inconnus du public russe et connaissent peu la société russe.

Le FNRF, fondé en 2022, prône la dissolution de la Russie – dans pas moins de 34 Etats ! – et dans certains cas même pour la dérussification de certaines régions russes. Divers hommes politiques, diplomates et analystes occidentaux participent souvent au FNRF. Le 31 janvier 2023, une réunion du FNRF a même eu lieu au Parlement européen à Bruxelles. Le 31 mars 2023, le FNRF a été interdit par la Russie en tant qu'« organisation indésirable » (cf. supra).

Les activités du FNRF confirment la rhétorique du gouvernement russe selon laquelle l’Occident veut diviser et détruire la Russie. Le professeur Marlène Laruelle de l'Université George Washington a averti que les hommes politiques occidentaux ne devraient pas confondre les déclarations radicales des exilés politiques avec les opinions des citoyens russes, faisant explicitement référence à l'appel du FNRF à « la libération des nations prisonnières », une expression qui remonte à la Première Guerre mondiale (cf. supra).

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Le 25 juillet 2022, Ramzan Kadyrov, président de la République russe de Tchétchénie, s'est longuement moqué du FNRF: « Il y a plus de 20 ans, l'Occident a commis la première violation de l'intégrité de la Russie en République tchétchène, en alimentant les terroristes étrangers avec de l'argent et en inventant une légende sur la liberté. (…) En général, messieurs les pseudo-libéraux, je ne peux que vous remercier d’avoir confirmé les propos des plus hauts dirigeants russes sur les tentatives de désintégration du pays» [5].

La Pologne prométhéiste continue ainsi de promouvoir la sécession des peuples non russes en Russie dans le but ultime de la dissolution et de l'élimination complète de la Grande Russie, afin qu'elle ne puisse plus constituer une menace pour l'aspiration polonaise à l'Intermarium, à nouveau bien vivante en Pologne. Par exemple, le 15 février 1991, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie ont fondé le Groupe de Visegrad en tant qu'organisation de coopération régionale. Le 6 août 2015, le président polonais Andrzej Duda a annoncé la création d'une alliance régionale des États d'Europe centrale selon l'idée d'Intermarium. Celui-ci est devenu l'organisme consultatif régional Initiative des Trois Mers, qui réunit douze États membres de l'UE entre les mers Baltique, Noire et Adriatique.

La Pologne se considère toujours supérieure à la Lituanie et à l’Ukraine, entre autres. Ces autres peuples devraient encore accepter la domination polonaise, ce qui est insultant, voire humiliant.

Puisque les États-Unis veulent déplacer leurs ressources militaires et financières vers l’Asie du Sud-Est, où ils veulent affronter la Chine, ils penchent actuellement vers l’externalisation de la guerre en Ukraine et menacent la Russie par le truchement de son État satellite, l’Allemagne, contrôlé par les Etats-Unis depuis 1945. Les troupes allemandes sont utilisées et très strictement surveillées par les services de renseignement américains. Cela se reflète dans l’installation de bases militaires allemandes en Lituanie et en Pologne et dans divers projets du gouvernement allemand visant à développer considérablement l’armée. Par exemple, entre 2015 et 2020, les dépenses de défense ont été augmentées pour moderniser l’armée et augmenter le nombre de soldats (jusqu’à 185.000), de véhicules blindés de transport de troupes, de sous-marins et d’avions. Au cours de la période 2020-2030, d’importants investissements supplémentaires seront réalisés dans des troupes supplémentaires et de nouveaux équipements. En 2023, le nombre de soldats avait encore augmenté (de 7000). 20.000 soldats supplémentaires ont été ajoutés en 2024. Dans le même temps, le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a annoncé que l'Allemagne devait être prête à la guerre d'ici 2029. Il s’agit de la première expansion militaire allemande depuis la fin de la guerre froide.

En outre, l’Allemagne encourage à son tour la Pologne, future superpuissance, à promouvoir la stratégie Intermarium pour tenter d’affaiblir la Russie. Il semble donc qu’une troisième tentative allemande soit en route…

Notes:

  1. (1) Les centres étaient constitués de l'Allemagne, de l'Autriche-Hongrie, de la Bulgarie et de l'Empire ottoman.
  2. (2) DECORDIER (B.), The Fedayeen of the Reich : Muslims, Islam and collaborationism during World War II, dans : China and Eurasia Forum Quarterly, volume 8, no. 1, 2010, pp. 28.
  3. (3) La loi russe sur les organisations indésirables du 23 mai 2015 donne aux procureurs le pouvoir de déclarer les organisations étrangères et internationales « indésirables ». Cette loi prévoit l'interdiction de mener des activités en Russie, de lourdes amendes et des peines de prison en cas de non-respect de la loi, ainsi que l'interdiction pour les citoyens russes de maintenir des liens avec ces organisations. Cette loi a été votée pour contrer les nombreuses organisations libérales occidentales qui menaient des activités subversives en Russie.
  4. (4) LARUELLE (M.), Putin’s war and the dangers of Russian disintegration, dans : Foreign Affairs, 9 décembre 2022.
  5. (5) Compte Telegram de Ramzan Kadyrov, dd. 25 juillet 2022.

18:46 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, occident, russie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Alexandre Douguine: "L'Etat profond"

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L'État profond

Alexandre Douguine

Alexandre Douguine révèle que l’État profond est une cabale occidentale corrompue, infiltrée aux États-Unis et en Europe pour manipuler les élections, écraser les dirigeants populistes comme Donald Trump et imposer son programme libéral-mondialiste en se faisant passer pour un protecteur de la démocratie tout en subvertissant impitoyablement la volonté du peuple.

Le terme « État profond » est de plus en plus utilisé aujourd’hui dans le discours politique, passant du journalisme au langage politique commun. Cependant, le terme lui-même devient quelque peu vague, avec l’émergence de différentes interprétations. Il est donc essentiel d’examiner de plus près le phénomène décrit comme « État profond » et de comprendre quand et où ce concept est entré en usage pour la première fois.

Cette expression est apparue pour la première fois dans la politique turque dans les années 1990, décrivant une situation très spécifique en Turquie. En turc, « État profond » se dit derin devlet. Cela est crucial car toutes les utilisations ultérieures de ce concept sont d’une certaine manière liées à la signification originale, qui a émergé pour la première fois en Turquie.

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Depuis l’époque de Kemal Atatürk, la Turquie a développé un mouvement politique et idéologique particulier connu sous le nom de kémalisme. Il repose sur le culte d’Atatürk (littéralement, « Père des Turcs »), une laïcité stricte (rejet du facteur religieux non seulement en politique mais aussi dans la vie publique), le nationalisme (mise en avant de la souveraineté et de l’unité de tous les citoyens dans le paysage politique ethniquement diversifié de la Turquie), le modernisme, l’européanisme et le progressisme. Le kémalisme représentait, à bien des égards, une antithèse directe de la vision du monde et de la culture qui dominaient l’Empire ottoman religieux et traditionaliste. Depuis la création de la Turquie, le kémalisme était et reste largement le code dominant de la politique turque contemporaine. C’est sur la base de ces idées que l’État turc a été établi sur les ruines de l’Empire ottoman.

Le kémalisme a ouvertement dominé pendant le règne d’Atatürk, et par la suite, cet héritage a été transmis à ses successeurs politiques. L’idéologie kémaliste s’appuyait sur une démocratie de type européen, mais le pouvoir réel était concentré entre les mains des dirigeants militaires du pays, en particulier du Conseil de sécurité nationale (CNS). Après la mort d’Atatürk, l’élite militaire est devenue la gardienne de l’orthodoxie idéologique du kémalisme. Le CNS turc a été créé en 1960 après un coup d’État militaire, et son rôle s’est considérablement accru après un autre coup d’État en 1980.

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Il est important de noter que de nombreux officiers supérieurs de l’armée turque et des responsables des services de renseignements étaient membres de loges maçonniques, mêlant ainsi le kémalisme à la franc-maçonnerie militaire. Chaque fois que la démocratie turque s’écartait du kémalisme – que ce soit vers la droite ou vers la gauche – l’armée annulait les résultats des élections et lançait un cycle de répressions.

Cependant, le terme derin devlet n’est apparu que dans les années 1990, précisément au moment où l’islamisme politique se développait en Turquie. C’est là que, pour la première fois dans l’histoire de la Turquie, un conflit s’est produit entre l’idéologie de l’État profond et la démocratie politique. Le problème est apparu lorsque des islamistes, comme Necmettin Erbakan et son partisan Recep Tayyip Erdoğan, ont poursuivi une idéologie politique alternative qui remettait directement en cause le kémalisme. Ce changement concernait tout: l’islam remplaçant la laïcité, des liens plus étroits avec l’Est par rapport à l’Ouest et la solidarité musulmane remplaçant le nationalisme turc. Dans l’ensemble, le salafisme et le néo-ottomanisme ont supplanté le kémalisme. La rhétorique antimaçonnique, notamment celle d'Erbakan, a remplacé l'influence des cercles maçonniques militaires laïcs par des ordres soufis traditionnels et des organisations islamiques modérées, comme le mouvement Nur de Fethullah Gülen.

À ce stade, l’idée d’État profond (derin devlet) est apparue comme une image descriptive du noyau militaro-politique kémaliste en Turquie, qui se considérait comme au-dessus de la démocratie politique, annulant les élections, arrêtant les personnalités politiques et religieuses et se positionnant au-dessus des procédures juridiques de la politique de style européen. La démocratie électorale ne fonctionnait que lorsqu’elle s’alignait sur la ligne de conduite de l’armée kémaliste. Lorsqu’une distance critique apparaissait, comme dans le cas des islamistes, le parti qui avait remporté les élections et même dirigé le gouvernement pouvait être dissous sans explication. Dans de tels cas, la « suspension de la démocratie » n’avait aucun fondement constitutionnel – l’armée non élue agissait sur la base d’un « opportunisme révolutionnaire » pour sauver la Turquie kémaliste.

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Plus tard, Erdoğan a lancé une guerre à grande échelle contre l’État profond de la Turquie, qui a culminé avec le procès Ergenekon en 2007, où presque tous les dirigeants militaires de la Turquie ont été arrêtés sous prétexte qu'ils préparaient un coup d’État. Cependant, plus tard, Erdoğan s’est brouillé avec son ancien allié, Fethullah Gülen, qui était profondément enraciné dans les réseaux de renseignement occidentaux. Erdoğan a rétabli le statut de nombreux membres de l’État profond, en formant avec eux une alliance pragmatique, principalement sur le terrain commun du nationalisme turc. Le débat sur la laïcité a été atténué et reporté, et surtout après la tentative de coup d’État manquée des gülenistes en 2016, Erdoğan lui-même a commencé à être qualifié de « kémaliste vert ». Malgré cela, la position de l’État profond en Turquie s’est affaiblie lors de la confrontation avec Erdoğan, et l’idéologie du kémalisme s’est diluée, bien qu’elle ait survécu.

Principales caractéristiques de l’État profond

De l’histoire politique moderne de la Turquie, nous pouvons tirer plusieurs conclusions générales. Un État profond peut exister et a du sens lorsque :

  1. 1) Il existe un système électoral démocratique ;
  2. 2) Au-dessus de ce système, il existe une entité militaro-politique non élue liée à une idéologie spécifique (indépendamment de la victoire d'un parti particulier) ;
  3. 3) Il existe une société secrète (de type maçonnique par exemple) qui réunit l'élite militaro-politique.

L’État profond se révèle lorsque des contradictions apparaissent entre les normes démocratiques formelles et le pouvoir de cette élite (sinon, l’existence de l’État profond reste obscure). L’État profond n’est possible que dans les démocraties libérales, même nominales. Dans les systèmes politiques ouvertement totalitaires, comme le fascisme ou le communisme, il n’y a pas besoin d’État profond. Ici, un groupe idéologiquement rigide se reconnaît ouvertement comme la plus haute autorité, se plaçant au-dessus des lois formelles. Les systèmes à parti unique mettent l’accent sur ce modèle de gouvernance, ne laissant aucune place à l’opposition idéologique et politique. Ce n’est que dans les sociétés démocratiques, où aucune idéologie dominante ne devrait exister, que l’État profond émerge comme un phénomène de « totalitarisme caché », qui manipule la démocratie et les systèmes multipartites à sa guise.

Les communistes et les fascistes reconnaissent ouvertement la nécessité d’une idéologie dominante, rendant leur pouvoir politique et idéologique direct et transparent (potestas directa, comme l’a dit Carl Schmitt). Les libéraux nient avoir une idéologie, mais ils en ont une. Ils influencent donc les processus politiques fondés sur le libéralisme en tant que doctrine, mais seulement indirectement, par la manipulation (potestas indirecta). Le libéralisme ne révèle sa nature ouvertement totalitaire et idéologique que lorsque des contradictions surgissent entre lui et les processus politiques démocratiques.

En Turquie, où la démocratie libérale a été empruntée à l’Occident et ne correspondait pas tout à fait à la psychologie politique et sociale de la société, l’État profond a été facilement identifié et nommé. Dans d’autres systèmes démocratiques, l’existence de cette instance totalitaire-idéologique, illégitime et formellement « inexistante », est devenue évidente plus tard. Cependant, l’exemple turc revêt une importance significative pour comprendre ce phénomène. Ici, tout est limpide comme un livre ouvert.

Trump et la découverte de l’État profond aux États-Unis

Concentrons-nous maintenant sur le fait que le terme « État profond » est apparu dans les discours des journalistes, analystes et politiciens aux États-Unis pendant la présidence de Donald Trump. Une fois de plus, le contexte historique joue un rôle décisif. Les partisans de Trump, comme Steve Bannon et d’autres, ont commencé à parler de la façon dont Trump, ayant le droit constitutionnel de déterminer le cours de la politique américaine en tant que président élu, a rencontré des obstacles inattendus qui ne pouvaient pas être simplement attribués à l’opposition du Parti démocrate ou à l’inertie bureaucratique.

Peu à peu, à mesure que cette résistance s’intensifiait, Trump et ses partisans ont commencé à se considérer non seulement comme des représentants du programme républicain, traditionnel pour les politiciens et présidents du parti précédents, mais comme quelque chose de plus. Leur focalisation sur les valeurs traditionnelles et leur critique de l’agenda mondialiste ont touché une corde sensible non seulement chez leurs adversaires politiques directs, les « progressistes » et le Parti démocrate, mais aussi chez une entité invisible et inconstitutionnelle, capable d’influencer tous les processus majeurs de la politique américaine – la finance, les grandes entreprises, les médias, les agences de renseignement, le système judiciaire, les principales institutions culturelles, les meilleurs établissements d’enseignement, etc. – de manière coordonnée et ciblée.

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Il semblerait que les actions de l’appareil gouvernemental dans son ensemble devraient suivre le cours et les décisions d’un président des États-Unis légalement élu. Mais il s’est avéré que ce n’était pas du tout le cas. Indépendamment de Trump, à un niveau supérieur du « pouvoir de l’ombre », des processus incontrôlables étaient en cours. Ainsi, l’État profond a été découvert aux États-Unis même.

Aux États-Unis, comme en Turquie, il existe indubitablement une démocratie libérale. Mais l’existence d’une entité militaro-politique non élue, liée à une idéologie spécifique (indépendamment de la victoire d’un parti particulier) et éventuellement membre d’une société secrète (comme une organisation de type maçonnique), était complètement imprévue pour les Américains. Par conséquent, le discours sur l’État profond pendant cette période est devenu une révélation pour beaucoup, passant d’une « théorie du complot » à une réalité politique visible.

Bien sûr, l’assassinat non résolu de John F. Kennedy, l’élimination probable d’autres membres de son clan, de nombreuses incohérences entourant les événements tragiques du 11 septembre et plusieurs autres secrets non résolus de la politique américaine ont conduit les Américains à soupçonner l’existence d’une sorte de « pouvoir caché » aux États-Unis.

Les théories du complot, populaires, ont proposé les candidats les plus improbables – des crypto-communistes aux reptiliens et aux Anunnaki. Mais l’histoire de la présidence de Trump, et plus encore sa persécution après sa défaite face à Biden et les deux tentatives d’assassinat pendant la campagne électorale de 2024, rendent nécessaire de prendre au sérieux l’État profond aux États-Unis. Ce n’est plus quelque chose que l’on peut ignorer. Il existe bel et bien, il agit, il est actif et il… gouverne.

Council on Foreign Relations : vers la création d’un gouvernement mondial

Pour expliquer ce phénomène, il faut d’abord se tourner vers les organisations politiques américaines du 20ème siècle qui étaient les plus idéologiques et cherchaient à fonctionner au-delà des clivages partisans. Si nous essayons de trouver le noyau de l’État profond parmi les militaires, les agences de renseignement, les magnats de Wall Street, les magnats de la technologie et autres, il est peu probable que nous parvenions à une conclusion satisfaisante. La situation y est trop individualisée et diffuse. Il faut d’abord et avant tout prêter attention à l’idéologie.

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Laissant de côté les théories du complot, deux entités se distinguent comme les plus aptes à jouer ce rôle: le CFR (Council on Foreign Relations), fondé dans les années 1920 par des partisans du président Woodrow Wilson, ardent défenseur du mondialisme démocratique, et le mouvement beaucoup plus tardif des néoconservateurs américains, qui ont émergé du milieu trotskiste autrefois marginal et ont progressivement acquis une influence significative aux États-Unis.

Le CFR et les néoconservateurs sont tous deux indépendants de tout parti. Leur objectif est de guider la politique américaine dans son ensemble, quel que soit le parti au pouvoir à un moment donné. De plus, ces deux entités possèdent des idéologies bien structurées et claires: le mondialisme de gauche libéral dans le cas du CFR et l’hégémonie américaine affirmée dans le cas des néoconservateurs. Le CFR peut être considéré comme les mondialistes de gauche et les néoconservateurs comme les mondialistes de droite.

Dès sa création, le CFR s’est fixé pour objectif de faire passer les États-Unis d’un État-nation à un « empire » démocratique mondial. Contre les isolationnistes, le CFR a avancé la thèse selon laquelle les États-Unis sont destinés à rendre le monde entier libéral et démocratique. Les idéaux et les valeurs de la démocratie libérale, du capitalisme et de l’individualisme ont été placés au-dessus des intérêts nationaux. Tout au long du 20ème siècle, à l’exception d’une brève interruption pendant la Seconde Guerre mondiale, ce réseau de politiciens, d’experts, d’intellectuels et de représentants de sociétés transnationales a œuvré à la création d’organisations supranationales: d’abord la Société des Nations, puis les Nations Unies, le Club Bilderberg, la Commission trilatérale, etc. Leur tâche consistait à créer une élite libérale mondiale unifiée qui partageait l’idéologie du mondialisme dans tous les domaines: philosophie, culture, science, économie, politique, etc. Les activités des mondialistes au sein du CFR visaient à établir un gouvernement mondial, impliquant le dépérissement progressif des États-nations et le transfert du pouvoir des anciennes entités souveraines aux mains d’une oligarchie mondiale, composée des élites libérales du monde, formées selon les modèles occidentaux.

Par le biais de ses réseaux européens, le CFR a joué un rôle actif dans la création de l’Union européenne (une étape concrète vers un gouvernement mondial). Ses représentants – en particulier Henry Kissinger, le leader intellectuel de l’organisation – ont joué un rôle clé dans l’intégration de la Chine au marché mondial, une mesure efficace pour affaiblir le bloc socialiste. Le CFR a également activement promu la théorie de la convergence et a réussi à exercer une influence sur les dirigeants soviétiques de la fin de l’ère soviétique, jusqu’à Gorbatchev. Sous l’influence des stratégies géopolitiques du CFR, les idéologues soviétiques de la fin de l’ère soviétique ont écrit sur la «gouvernabilité de la communauté mondiale».

Aux États-Unis, le CFR est un organisme strictement non partisan, qui regroupe à la fois des démocrates, dont il est un peu plus proche, et des républicains. Il fait office d’état-major du mondialisme, avec des initiatives européennes similaires – comme le Forum de Davos de Klaus Schwab – lesquelles sont comme filiales. À la veille de l’effondrement de l’Union soviétique, le CFR a créé une filiale à Moscou, à l’Institut d’études systémiques dirigé par l’académicien Gvishiani, d’où sont issus le noyau des libéraux russes des années 1990 et la première vague d’oligarques idéologiques.

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Il est clair que Trump a rencontré précisément cette entité, présentée aux États-Unis et dans le monde entier comme une plate-forme inoffensive et prestigieuse pour l’échange d’opinions entre experts « indépendants ». Mais en réalité, il s’agit d’un véritable quartier général idéologique. Trump, avec son programme conservateur à l’ancienne, l’accent mis sur les intérêts américains et la critique du mondialisme, est entré en conflit direct et ouvert avec elle.

Trump n’a peut-être été président des États-Unis que pendant une brève période, mais le CFR a une histoire de plus d’un siècle qui détermine l’orientation de la politique étrangère américaine. Et, bien sûr, au cours de ses cent ans au pouvoir, le CFR a formé un vaste réseau d’influence, diffusant ses idées parmi les militaires, les fonctionnaires, les personnalités culturelles et les artistes, mais surtout dans les universités américaines, qui sont devenues de plus en plus idéologisées au fil du temps. Officiellement, les États-Unis ne reconnaissent aucune domination idéologique. Mais le réseau du CFR est hautement idéologique. Le triomphe planétaire de la démocratie, l’établissement d’un gouvernement mondial, la victoire complète de l’individualisme et de la politique de genre – tels sont les objectifs les plus emblématiques, dont il est inacceptable de s’écarter.

Le nationalisme de Trump, son programme America First et ses menaces de « drainer le marais mondialiste » représentaient un défi direct à cette entité, gardienne des codes du libéralisme totalitaire (comme de toute idéologie).

Tuer Poutine et Trump

Peut-on considérer le CFR comme une société secrète? Difficilement. Bien qu’il privilégie la discrétion, il opère ouvertement, en règle générale. Par exemple, peu de temps après le début de l’opération militaire spéciale russe, les dirigeants du CFR (Richard Haass, Fiona Hill et Celeste Wallander) ont ouvertement discuté de la faisabilité d’un assassinat du président Poutine (une transcription de cette discussion a été publiée sur le site officiel du CFR). L’État profond américain, contrairement à l’État turc, pense à l’échelle mondiale. Ainsi, les événements en Russie ou en Chine sont considérés par ceux qui se considèrent comme le futur gouvernement mondial comme des « affaires intérieures ». Et tuer Trump serait encore plus simple – s’ils ne pouvaient pas l’emprisonner ou l’exclure des élections.

Il est important de noter que les loges maçonniques ont joué un rôle clé dans le système politique américain depuis la guerre d’indépendance des États-Unis. En conséquence, les réseaux maçonniques sont étroitement liés au CFR et servent d’organismes de recrutement pour eux. Aujourd’hui, les mondialistes libéraux n’ont plus besoin de se cacher. Leurs programmes ont été pleinement adoptés par les États-Unis et l’Occident dans son ensemble. À mesure que le « pouvoir secret » se renforce, il cesse progressivement d’être secret. Ce qui devait autrefois être protégé par la discipline du secret maçonnique est désormais devenu un programme mondial ouvert. Les francs-maçons n’ont pas hésité à éliminer physiquement leurs ennemis, même s’ils n’en parlaient pas ouvertement. Aujourd’hui, ils le font. C’est la seule différence.

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Les néoconservateurs : des trotskistes aux impérialistes

Le deuxième centre de l’État profond sont les néoconservateurs. À l’origine, il s’agissait de trotskistes qui détestaient l’Union soviétique et Staline parce que, selon eux, la Russie n’avait pas construit un socialisme international mais un socialisme « national », c’est-à-dire un socialisme dans un seul pays. En conséquence, selon eux, une véritable société socialiste n’a jamais été créée, et le capitalisme n’a pas été pleinement réalisé. Les trotskistes croient que le véritable socialisme ne peut émerger qu’une fois que le capitalisme est devenu planétaire et a triomphé partout, mélangeant de manière irréversible tous les groupes ethniques, peuples et cultures tout en abolissant les traditions et les religions. C’est seulement alors (et pas avant) que viendra le temps de la révolution mondiale.

Les trotskistes américains en ont donc conclu qu’ils devaient aider le capitalisme mondial et les États-Unis en tant que porte-étendard, tout en cherchant à détruire l’Union soviétique (et plus tard la Russie, son successeur), ainsi que tous les États souverains. Le socialisme, pensaient-ils, ne pouvait être que strictement international, ce qui signifiait que les États-Unis devaient renforcer leur hégémonie et éliminer leurs adversaires. Ce n’est qu’une fois que le Nord riche aura établi une domination complète sur le Sud appauvri et que le capitalisme international régnera partout en maître que les conditions seront mûres pour passer à la phase suivante du développement historique.

Pour exécuter ce plan diabolique, les trotskistes américains ont pris la décision stratégique d’entrer dans la grande politique – mais pas directement puisque personne aux États-Unis n’a voté pour eux. Au lieu de cela, ils ont infiltré les principaux partis, d’abord par l’intermédiaire des démocrates, puis, après avoir pris de l’ampleur, également par l’intermédiaire des républicains.

Les trotskistes ont ouvertement reconnu la nécessité de l’idéologie et ont considéré la démocratie parlementaire avec dédain, la considérant simplement comme une couverture pour le grand capital. Ainsi, aux côtés du CFR, une autre version de l’État profond s’est formée aux États-Unis. Les néoconservateurs n’ont pas affiché leur trotskisme mais ont plutôt séduit les militaristes américains traditionnels, les impérialistes et les partisans de l’hégémonie mondiale. Et c’est contre ces gens, qui jusqu’à Trump avaient pratiquement dominé le Parti républicain, que Trump a dû lutter.

La démocratie est une dictature

Dans un certain sens, l’État profond américain est bipolaire, c’est-à-dire qu’il possède deux pôles :

  1. 1) le pôle mondialiste de gauche (CFR) et
  2. 2) le pôle mondialiste de droite (les néoconservateurs).

Les deux organisations sont non partisanes, non élues et portent une idéologie agressive et proactive qui est, par essence, ouvertement totalitaire. À de nombreux égards, elles sont alignées, ne divergeant que dans la rhétorique. Toutes deux sont farouchement opposées à la Russie de Poutine et à la Chine de Xi Jinping, et elles sont contre la multipolarité en général. Aux États-Unis, elles sont toutes deux tout aussi opposées à Trump, car lui et ses partisans représentent une version plus ancienne de la politique américaine, déconnectée du mondialisme et axée sur les questions intérieures. Une telle position de Trump est une véritable rébellion contre le système, comparable aux politiques islamistes d’Erbakan et d’Erdogan qui ont jadis défié le kémalisme en Turquie.

C’est ce qui explique pourquoi le discours autour de l’État profond a émergé avec la présidence de Trump. Trump et ses politiques ont gagné le soutien d’une masse critique d’électeurs américains. Cependant, il s’est avéré que cette position ne correspondait pas aux vues de l’État profond, qui s’est révélé en agissant durement contre Trump, en dépassant le cadre juridique et en piétinant les normes de la démocratie. La démocratie, c’est nous, a déclaré en substance l’État profond américain. De nombreux critiques ont commencé à parler d’un coup d’État. Et c’est essentiellement ce qu’il s’est passé. Le pouvoir de l’ombre aux États-Unis s’est heurté à la façade démocratique et a commencé à ressembler de plus en plus à une dictature – libérale et mondialiste.

L’État profond européen

Considérons maintenant ce que l’État profond pourrait signifier dans le cas des pays européens. Récemment, les Européens ont commencé à remarquer que quelque chose d’inhabituel se produit avec la démocratie dans leurs pays. La population vote selon ses préférences, soutenant de plus en plus divers populistes, en particulier ceux de droite. Pourtant, une entité au sein de l’État réprime immédiatement les vainqueurs, les soumet à la répression, les discrédite et les écarte de force du pouvoir. Nous le voyons dans la France de Macron avec le parti de Marine Le Pen, en Autriche avec le Parti de la liberté (FPÖ), en Allemagne avec l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et avec le parti de Sahra Wagenknecht, et aux Pays-Bas avec Geert Wilders, entre autres. Ils remportent des élections démocratiques mais sont ensuite écartés du pouvoir.

Une situation familière ? Oui, cela ressemble beaucoup à la Turquie et au rôle de l’armée kémaliste. Cela suggère que nous avons affaire à un État profond en Europe également.

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Il devient immédiatement évident que dans tous les pays européens, cette entité n’est pas nationale et fonctionne selon le même modèle. Il ne s’agit pas seulement d’un État profond français, allemand, autrichien ou néerlandais. Il s’agit d’un État profond paneuropéen, qui fait partie d’un réseau mondialiste unifié. Le centre de ce réseau se trouve dans l’État profond américain, principalement dans le CFR, mais ce réseau enveloppe aussi étroitement l’Europe.

Ici, les forces libérales de gauche, en étroite alliance avec l’oligarchie économique et les intellectuels postmodernes – presque toujours issus d’un milieu trotskiste – forment la classe dirigeante non élue mais totalitaire de l’Europe. Cette classe se considère comme faisant partie d’une communauté atlantique unifiée. Essentiellement, ils constituent l’élite de l’OTAN. Encore une fois, nous pouvons rappeler le rôle similaire de l’armée turque. L’OTAN est le cadre structurel de l’ensemble du système mondialiste, la dimension militaire de l’État profond collectif de l’Occident.

Il n’est pas difficile de situer l’État profond européen dans des structures similaires au CFR, comme la filiale européenne de la Commission trilatérale, le Forum de Davos de Klaus Schwab et d’autres. C’est à cette autorité que la démocratie européenne se heurte lorsque, comme Trump aux États-Unis, elle tente de faire des choix que les élites européennes jugent « mauvais », « inacceptables » et « répréhensibles ». Et il ne s’agit pas seulement des structures formelles de l’Union européenne. Le problème réside dans une force beaucoup plus puissante et efficace qui ne prend aucune forme juridique. Ce sont les porteurs du code idéologique qui, selon les lois formelles de la démocratie, ne devraient tout simplement pas exister. Ce sont les gardiens du libéralisme profond, qui répondent toujours durement à toute menace qui surgit de l’intérieur du système démocratique lui-même.

Comme dans le cas des États-Unis, les loges maçonniques ont joué un rôle important dans l’histoire politique de l’Europe moderne, servant de siège aux réformes sociales et aux transformations laïques. Aujourd’hui, les sociétés secrètes ne sont plus vraiment nécessaires, car elles fonctionnent depuis longtemps de manière ouverte, mais le maintien des traditions maçonniques reste une partie intégrante de l’identité culturelle de l’Europe.

Nous arrivons ainsi au plus haut niveau d’une entité antidémocratique, profondément idéologique, qui opère en violation de toutes les règles et normes juridiques et détient le pouvoir absolu en Europe. Il s’agit d’un pouvoir indirect, ou d’une dictature cachée – l’État profond européen, en tant que partie intégrante du système unifié de l’Occident collectif, lié par l’OTAN.

L’État profond en Russie dans les années 1990

La dernière chose qui reste à faire est d’appliquer le concept d’État profond à la Russie. Il est à noter que dans le contexte russe, ce terme est très rarement utilisé, voire pas du tout. Cela ne signifie pas qu’il n’existe rien de semblable à un État profond en Russie. Cela suggère plutôt qu’aucune force politique significative bénéficiant d’un soutien populaire critique ne l’a encore affronté. Néanmoins, nous pouvons décrire une entité qui, avec un certain degré d’approximation, peut être appelée « État profond russe ».

En Russie, après l’effondrement de l’Union soviétique, l’idéologie d’État a été bannie et, à cet égard, la Constitution russe s’aligne parfaitement sur les autres régimes prétendument libéraux-démocratiques. Les élections sont multipartites, l’économie est fondée sur le marché, la société est laïque et les droits de l’homme sont respectés. D’un point de vue formel, la Russie contemporaine ne diffère pas fondamentalement des pays d’Europe, d’Amérique ou de la Turquie.

Cependant, une sorte d’entité implicite et non partisane existait en Russie, en particulier à l’époque d’Eltsine. À l’époque, cette entité était désignée par le terme général de « La Famille ». La Famille remplissait les fonctions d’un État profond. Alors qu’Eltsine lui-même était le président légitime (bien que pas toujours légitime au sens large), les autres membres de cette entité n’étaient élus par personne et n’avaient aucune autorité légale. Dans les années 1990, la Famille était composée des proches d’Eltsine, d’oligarques, de responsables de la sécurité loyaux, de journalistes et d’occidentalistes libéraux de conviction. Ce sont eux qui ont mis en œuvre les principales réformes capitalistes du pays, les faisant passer au mépris de la loi, la modifiant à leur guise ou l’ignorant tout simplement. Ils n’ont pas agi uniquement par intérêt clanique, mais comme un véritable État profond: ils ont interdit certains partis, en ont artificiellement soutenu d’autres, ont refusé le pouvoir aux vainqueurs (comme le Parti communiste et le LDPR) et l’ont accordé à des individus inconnus et sans distinction, ont contrôlé les médias et le système éducatif, ont réaffecté des industries entières à des personnalités fidèles et ont éliminé ce qui ne les intéressait pas.

À cette époque, le terme « État profond » n’était pas connu en Russie, mais le phénomène lui-même était clairement présent.

Il convient toutefois de noter qu’en si peu de temps après l’effondrement du système de parti unique ouvertement totalitaire et idéologique, un État profond pleinement développé n’aurait pas pu se former de manière indépendante en Russie. Naturellement, les nouvelles élites libérales se sont simplement intégrées au réseau mondial occidental, en y puisant à la fois l’idéologie et la méthodologie du pouvoir indirect (potestas indirecta) – par le biais du lobbying, de la corruption, des campagnes médiatiques, du contrôle de l’éducation et de l’établissement de normes sur ce qui était bénéfique et ce qui était nuisible, ce qui était permis et ce qui devait être interdit. L’État profond de l’ère Eltsine qualifiait ses opposants de « rouges-bruns », bloquant préventivement les défis sérieux de la droite comme de la gauche. Cela indique qu’il existait une forme d’idéologie (officiellement non reconnue par la Constitution) qui servait de base à de telles décisions sur ce qui était bien et ce qui était mal. Cette idéologie était le libéralisme.

Dictature libérale

L’État profond n’apparaît qu’au sein des démocraties, fonctionnant comme une institution idéologique qui les corrige et les contrôle. Ce pouvoir de l’ombre a une explication rationnelle. Sans un tel régulateur supra-démocratique, le système politique libéral pourrait changer, car il n’y a aucune garantie que le peuple ne choisira pas une force qui offre une voie alternative à la société. C’est précisément ce qu’Erdoğan en Turquie, Trump aux États-Unis et les populistes en Europe ont essayé de faire – et y sont partiellement parvenus. Cependant, la confrontation avec les populistes oblige l’État profond à sortir de l’ombre. En Turquie, cela a été relativement facile, car la domination des forces militaires kémalistes était largement conforme à la tradition historique. Mais dans le cas des États-Unis et de l’Europe, la découverte d’un quartier général idéologique fonctionnant par la coercition, des méthodes totalitaires et des violations fréquentes de la loi – sans aucune légitimité électorale – apparaît comme un scandale, car elle porte un coup dur à la croyance naïve dans le mythe de la démocratie.

L’État profond repose sur une thèse cynique, dans l’esprit de La Ferme des animaux d’Orwell : « Certains démocrates sont plus démocrates que d’autres. » Mais les citoyens ordinaires peuvent y voir une forme de dictature et de totalitarisme. Et ils auraient raison. La seule différence est que le totalitarisme à parti unique opère ouvertement, tandis que le pouvoir de l’ombre qui se tient au-dessus du système multipartite est contraint de dissimuler son existence même.

Cela ne peut plus être dissimulé. Nous vivons dans un monde où l’État profond est passé d'une hypothèse issue d’une théorie du complot à une réalité politique, sociale et idéologique claire et facilement identifiable.

Il vaut mieux regarder la vérité en face. L’État profond est réel et il est sérieux.

Hugo Fischer: le maître caché d'Ernst Jünger

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Hugo Fischer: le maître caché d'Ernst Jünger

par Manuel Fernández Espinosa

Source: https://culturatransversal.wordpress.com/2016/01/12/hugo-...

Le magister Nigromontanus

Lors de la préparation de l'excursus à l'« Élucidation de la tradition », consacré en deux parties (Partie I et Partie II [L'ouvrage complet peut être consulté dans Página Transversal]) à la réflexion sur la notion de « tradition » chez Ernst Jünger, nous avons été frappés par un sujet qui nous préoccupait depuis un certain temps: la figure de l'un des maîtres qui a le plus influencé la pensée d'Ernst Jünger et qui, dans la bibliographie espagnole sur Jünger, n'a pratiquement pas été abordée. Il s'agit d'Ernst Hugo Fischer.

Jünger s'y réfère abondamment, mais de manière dispersée. Dans ses journaux, il le désigne presque toujours sous le pseudonyme de «Magister», bien qu'il le mentionne également par son prénom et son nom. Dans les romans « Sur les falaises de marbre » et « Héliopolis », il le désigne par le surnom de « Nigromontanus », dans « Visite à Godenholm », Jünger germanise « Nigromontanus », et on peut l'identifier au personnage de «Schwarzenberg» (Montenegro, comme on dirait en espagnol). Il y a autour de Hugo Fischer un halo de mystère que Jünger lui-même contribue à créer et qui plane sur toute l'œuvre de Jünger dans la figure du maître (bien que tous les personnages ne soient pas identifiables à lui en chair et en os) qui nous initie aux secrets d'une sagesse capable de vaincre le nihilisme.

Ernst Hugo Fischer est né à Halle an der Saale le 17 octobre 1897. La Première Guerre mondiale l'a rendu infirme et, après avoir obtenu son diplôme d'invalidité, il s'est consacré à partir de 1918 à des études consciencieuses et pluridisciplinaires à l'université de Leipzig, où Jünger le rencontrera des années plus tard. Les intérêts « scientifiques » de Fischer sont multiples: il étudie l'histoire, la philosophie, la sociologie, la psychologie et devient un orientaliste renommé. Il obtient son doctorat en 1921 avec une thèse intitulée « Das Prinzip der bei Gegensätzlichkeit Jakob Böhme » (Le principe d'opposition chez Jakob Böhme).

Il est curieux qu'Ernst Jünger, qui avait quelques années de plus que Fischer (Jünger est né en 1895 et Fischer en 1897), l'ait appelé « Maître » jusqu'à la fin de ses jours, mais il faut garder à l'esprit que Jünger est arrivé à l'université alors que Fischer avait quelques années d'avance sur lui. Lorsque Jünger arrive à Leipzig, Fischer est déjà l'un des polygraphes les plus importants d'Europe, mais toujours dans l'ombre, avec une discrétion proche du secret, étudiant et voyageant sans cesse et exerçant son magistère à la manière d'un maître occulte du type de ceux dont parlent les traditions orientales comme le taoïsme.

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En 1921, il se rend en Inde, en 1923 en Espagne. De 1925 à 1938, il enseigne à la faculté de philosophie de l'université de Leipzig, où il est associé à Arnold Gehlen. Son nationalisme allemand est une constante dans sa vie et il est actif dans les cercles nationaux-révolutionnaires, y compris dans ceux animés par le national-bolchevique Ernst Niekisch, un ami de Jünger. Il émigre d'Allemagne en 1938, car les nazis le trouvent suspect pour ses analyses philosophiques du marxisme, exprimées dans « Karl Marx und sein Verhältnis zum Staat » (Karl Marx et son rapport à l'État) et « Lénine : Machiavel de l'Est », et il finit par s'installer en Norvège, où il devient directeur de l'Institut de recherche pour la sociologie et l'enseignement d'Oslo. Il s'installe ensuite en Angleterre. Il continue à voyager en Inde, où il donne notamment des cours à l'université de Varanasi, et retourne en Allemagne en 1956, où il occupe la chaire de philosophie de la civilisation à l'université de Munich. Il continue d'étudier, d'écrire et de publier, sans toutefois connaître un succès retentissant qui placerait sa figure philosophique au premier plan dans le monde. Son dernier livre est publié en 1971 sous le titre « Vernunft und Zivilisation » (Raison et civilisation) et il meurt le 11 mai 1975 à Ohlstadt (Bavière).

Sa pensée a évolué, mais il est toujours resté hypercritique à l'égard de la modernité et anticapitaliste, étant l'un des maîtres d'œuvre de la révolution conservatrice allemande et testant tous les moyens possibles de combattre ce qu'il considérait comme le mal absolu: la modernité et le capitalisme, afin d'instaurer un nouvel ordre. L'un de ceux qui ont le plus contribué à le faire connaître est, comme on l'a vu plus haut, Ernst Jünger.

Plus qu'une traque exhaustive des abondantes citations que Jünger consacre à Fischer tout au long de son œuvre, il convient de noter le caractère nettement métaphysique (on pourrait même dire mystique) qu'il a imprimé à la vision du monde de Jünger. Dans « Héliopolis », le protagoniste révèle que l'un des enseignements qu'il a reçus de son maître « Nigromontanus » était « que la nature intérieure de l'homme doit devenir visible à la surface, comme la fleur qui jaillit du germe ». Cette idée est répétée à la fin du roman : « Nous croyons que son intention [celle de Nigromontanus/Fischer] est de saturer la surface de profondeur, de sorte que les choses soient à la fois symboliques et réelles ».

2bd43d8320b14b7fe54ecb21f494.jpgDans « Sur les falaises de marbre », il est question d'un mystérieux appareil que Nigromontanus aurait offert aux frères du roman: « Pour nous consoler, cependant, nous possédions le miroir de Nigromontanus, dont la contemplation (...) nous calmait toujours ». Ce miroir aurait eu la propriété de « concentrer les rayons du soleil sur un point où un grand feu se produisait immédiatement. Les choses qui, touchées par ce feu, s'enflammaient, entraient dans l'éternité d'une manière qui, selon Nigromontanus, ne pouvait être comparée même à la plus fine distillation. Nigromontanus avait appris cet art dans les couvents d'Extrême-Orient, où les trésors des défunts sont détruits par les flammes, afin qu'ils puissent entrer dans l'éternité en compagnie du défunt.

Etant donné que « Sur les falaises de marbre » est un roman que l'on pourrait bien qualifier de « réalisme magique », sans pour autant lui dénier son statut de « dystopie », on serait en droit de penser que plutôt qu'un artefact, le « miroir de Nigromontanus » serait quelque chose comme une possible technique de méditation inspirée des connaissances occultes de l'Extrême-Orient (je me demande, non sans prévenir que je risque de me tromper : s'agirait-il d'un mandala?).

Dans cette optique, il convient de rappeler les mots énigmatiques que Jünger écrit dans « Le cœur aventureux. Figures et caprices »: "Parmi les arcanes que m'a révélés Nigromontanus, il y a la certitude qu'il y a parmi nous une troupe choisie qui s'est retirée depuis longtemps des bibliothèques et de la poussière des sables pour se consacrer à son travail dans le monastère le plus intime et dans le Tibet le plus sombre. Il parlait d'hommes assis solitairement dans des chambres nocturnes, imperturbables comme des rochers, dans les cavités desquels scintille le courant qui, à l'extérieur, fait tourner toutes les roues des moulins et maintient en mouvement l'armée des machines ; mais l'énergie de ces hommes reste étrangère à toute fin et est rassemblée dans leur cœur qui, en tant que matrice chaude et vibrante de toute force et de tout pouvoir, est à jamais soustrait à toute lumière extérieure".

Quoi qu'il en soit, la relation entre Ernst Jünger et ce philosophe inconnu était très étroite, et Jünger fait même allusion à des voyages qu'ils ont effectués ensemble, par exemple en traversant le golfe de Gascogne sur le bateau « Iris ». Nous savons, grâce aux journaux de Jünger, que le philosophe Fischer s'est encore rendu à Majorque en 1968, mais nous aimerions connaître les lieux qu'il a visités lors de son voyage en Espagne en 1923 ou lors d'autres visites. Nous sommes convaincus qu'en Hugo Fischer, cet inconnu de la philosophie et de la culture espagnoles, nous avons affaire à un maître caché dont l'œuvre scientifique n'a pas encore, pour quelque raison que ce soit, été suffisamment diffusée.

BIBLIOGRAPHIE :

Jünger, Ernst, «Visite à Godenholm».

Jünger, Ernst, «Heliopolis».

Jünger, Ernst, Diarios: Radiaciones I y II, Pasados los Setenta I, II, III, IV, V.

Jünger, Ernst, «Sobre los acantilados de mármol».

Jünger, Ernst, «El corazón aventurero».

Liens intéressants:

Berger, Tiana, «Hugo Fischer: le maître-à-penser d’Ernst Jünger»

Gajek, Bernhard, «Magister-Nigromontan-Schwarzenberg: Ernst Jünger und Hugo Fischer». Revue de littérature comparée. 1997.

Le concept de « civilisation » et ses labyrinthes

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Le concept de « civilisation » et ses labyrinthes

Raphael Machado

Source: https://novaresistencia.org/2024/10/23/o-conceito-de-civilizacao-e-os-seus-labirintos/

Le mot « civilisation » est utilisé librement comme si sa signification était évidente. Mais le contenu du concept de « civilisation » varie et on peut se demander s'il est même possible de parler de « civilisation » au singulier.

Comme il est très courant au Brésil que tout débat soit extrêmement tardif, on débat aujourd'hui de la question de savoir si le Brésil est « occidental » ou non. Certains grands Brésiliens, en avance sur leur temps, comme Gilberto Freyre, Darcy Ribeiro, Sérgio Buarque de Holanda, Plínio Salgado, entre autres, considéraient comme un point de paix que le Brésil fasse partie d'une civilisation « latino-américaine » (dans un autre texte, j'ai déjà expliqué pourquoi je rejetais ce terme au profit d'« ibéro-américaine »), et pas d'une autre.

Mais comme les générations nées et éduquées dans la Sixième République (brésilienne) sont, malheureusement, moins brillantes que les précédentes, surtout dans leurs couches intellectuelles, nous voilà en train d'essayer de réinventer la roue et de redécouvrir le feu - et, pire encore, de fulminer, de s'agiter et de se débattre quand un étranger, raisonnablement intelligent et plus versé que nous dans notre littérature ibéro-américaine, vient nous dire : « vous n'êtes pas Occidentaux, mais quelque chose d'autre, quelque chose de nouveau et de particulier ».

Le concept même de civilisation est controversé, car le mot a été utilisé par différents auteurs et à différentes époques pour signifier différentes choses.

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Pour Norbert Elias, il ne sert qu'à décrire un processus de « domestication humaine » au fil du temps par le progrès technique, la bureaucratisation et la centralisation des relations humaines. Chez Morgan, Engels, Comte et d'autres, elle apparaît comme une « phase » dans une évolution des formes sociales, généralement après la « sauvagerie » et la « barbarie ». Pour eux, comme pour la quasi-totalité des penseurs des Lumières et de la modernité, il n'y a qu'une seule civilisation, la civilisation « humaine », et l'histoire de l'humanité est l'histoire des progrès de cette seule civilisation.

Les « penseurs du soupçon » comme Nietzsche ont heureusement enterré tout l'optimisme positiviste et scientifique du 19ème siècle et ont irrévocablement oblitéré toute notion philosophique de « progrès », d'« humanité » et d'autres insanités similaires - qui n'ont réussi à prospérer dans la période de l'après-Seconde Guerre mondiale non pas par mérite philosophique, mais par imposition.

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La civilisation apparaît chez Oswald Spengler comme le « miroir » de la culture, avec un sens pluraliste. Les civilisations seraient les phases tardives et mécanistes des cultures, qui auraient un caractère plus organique et spontané. C'est ainsi qu'il apparaît déjà chez Richard Wagner, par exemple, et qu'il apparaîtra également chez Thomas Mann. Ici, les civilisations sont déjà locales, territorialisées, comme des systèmes historico-culturels complexes supra-ethniques à grande échelle, dotés d'une même vision du monde, d'un même fondement paradigmatique.

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D'autres auteurs comme Nikolai Danilevsky (qui a précédé Spengler), Arnold Toynbee, Pitirim Sorokin, et d'autres grands théoriciens des civilisations ne travailleront pas avec une distinction aussi rigide entre Culture/Civilisation (qui est un thème typique de la pensée allemande), mais ils consacrent cette notion territorialisée, pluraliste et synchronique des civilisations.

Nulle part, dans aucun auteur, n'apparaît la notion d'équivalence entre « civilisation » et « hémisphère ». Il n'y a évidemment pas deux civilisations sur la planète, l'une « occidentale » et l'autre « orientale » - donc parler de « civilisation occidentale » ne présuppose pas une « civilisation orientale » et vice-versa. En fait, j'imagine qu'aucun théoricien de la civilisation n'a jamais envisagé cette possibilité, mais c'est pourtant ce qui guide les réflexions brésiliennes sur la place du Brésil dans ce débat.

Dans cette logique, Brésiliens, Américains, Anglais, Portugais, Tupis et Yorubas appartiennent à la même « civilisation occidentale » - ce qui implique que Polonais, Ethiopiens, Persans et Japonais appartiennent à la même « civilisation orientale ». Quiconque le peut devrait essayer de comprendre un tel raisonnement.

Cette vision pluraliste, synchronique et organiciste des civilisations est presque toujours associée aux « théories des cycles sociaux ». Les théoriciens des civilisations sont presque toujours aussi les tenants d'une vision cyclique du développement des structures socioculturelles humaines, inspirée aussi bien par Giambattista Vico, Hegel et Ibn Khaldun que par les perspectives antiques du passage des « âges ».

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Pour Nikolaï Danilevsky, les civilisations sont les suivantes : 1) égyptienne, 2) assyrienne-phénicienne-babylonienne, 3) chinoise, 4) chaldéenne, 5) indienne, 6) iranienne, 7) hébraïque, 8) grecque, 9) romaine, 10) arabe, 11) romano-germanique (européenne). Danilevsky considère que le type historico-culturel slave en est encore à ses balbutiements, mais qu'il a pour mission de mûrir en tant que civilisation. Selon lui, une « civilisation américaine » émergerait également à terme.

Pour Oswald Spengler, on peut parler des cultures suivantes : 1) égyptienne, 2) babylonienne, 3) indienne, 4) chinoise, 5) mésoaméricaine, 6) gréco-romaine (apollinienne), 7) perso-arabo-byzantine (magique), 8) occidentale (faustienne), 9) russe. Spengler n'a pas nié l'existence d'autres cultures, et cette liste n'est pour lui qu'un exemple. Il n'en retient d'ailleurs que trois, l'apollinienne, la magique et la faustienne dans ses analyses, mais remarque avec intérêt que l'on assiste à la naissance d'une nouvelle civilisation, la russe. Spengler a en effet eu un grand impact sur l'Amérique latine, notamment sur le Brésil dans les années 30.

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Arnold Toynbee en énumère un nombre beaucoup plus important : 1) minoenne, 2) shang, 3) indienne, 4) égyptienne, 5) sumérienne, 6) andine, 7) maya, 8) hellénique, 9) syrienne, 10) sinique, 11) indienne, 12) hittite, 13) babylonienne, 14) yucatèque, 15) mexicaine, 16) occidentale, 17) orthodoxe-russe, 18) orthodoxe-byzantine, 19) iranienne, 20) arabe, 21) chinoise, 22) japonaise-coréenne, 23) hindoue.

Il existe également d'autres listes et classifications, comme celles de Gobineau, Leontiev, Quigley, Sorokin, Koneczny, Bagby et Coulborn, et certaines très célèbres et récentes, comme celle de Samuel Huntington, qui énumère les civilisations suivantes : 1) l'occidentale, 2) l'orthodoxe, 3) l'islamique, 4) la bouddhiste, 5) l'hindoue, 6) l'africaine, 7) la latino-américaine, 8) la sinique, 9) la japonaise.

La classification de Huntington est curieusement controversée pour un certain nombre de raisons contradictoires. Certains atlantistes lui reprochent de « nier » le projet panaméricain, qui fait partie de la géopolitique atlantiste depuis la doctrine Monroe. Chez certains catholiques latino-américains, en revanche, cette théorie nierait notre appartenance à la « civilisation judéo-gréco-romaine », qui serait la civilisation « occidentale » à laquelle ils pensent appartenir. Les atlantistes slaves reprochent également à Huntington de vouloir que leurs pays (même la Russie !) soient considérés comme faisant partie de la « civilisation occidentale ».

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Mais de notre point de vue, la classification de Huntington, héritée par exemple par Douguine, est extrêmement méritoire et peut être considérée comme un triomphe de l'« Arielisme » de José Enrique Rodó, l'un des premiers ouvrages à esquisser avec force et exhaustivité une opposition radicale et fondamentale entre l'Amérique anglo-saxonne et l'Amérique ibérique/latine comme appartenant à des civilisations différentes.

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Cet Arielisme, qui fonctionne en distinguant les figures archétypales d'Ariel et de Caliban, déduites des œuvres shakespeariennes, opposera le spiritualisme latino-américain au matérialisme anglo-saxon, tout en soulignant une pluralité d'autres oppositions qui font qu'il est impossible de concevoir les deux sphères comme appartenant à la même vision du monde. Cet Arielisme influencera toute la pensée de José Vasconcelos, Manuel Ugarte, Haya de la Torre et des Brésiliens cités plus haut.

Ce « détachement » ibéro-américain de l'Occident, quand « Occident » signifie « Amérique du Nord », est un mouvement similaire à celui qu'Alain de Beonits, Claudio Mutti, Giorgio Locchi ou encore Régis Debray ont tenté d'opérer pour détacher l'Europe et sa civilisation de l'Occident nord-américain.

En ce sens, il n'y a pas de rupture dans la négation de notre occidentalisation, puisque l'Occident est lui-même la négation de l'Europe. Et comme, bien sûr, il serait absurde de prétendre être « européens » (même si nous sommes clairement des fruits de l'Europe et des héritages de sa civilisation) ou de nier nos racines indigènes et africaines, il n'y a aucun moyen de nier, de contrer ou de surmonter notre statut de Latino-Américains, d'Ibéro-Américains.

En fait, la confusion entre Notre Amérique et l'Occident (dans un Occident qui, lui-même, confond déjà l'Amérique du Nord et l'Europe) est devenue un élément central d'un récit atlantiste et néoconservateur, commun à l'« alt-right », qui, par « civilisation occidentale », entend la défense d'une vision du monde individualiste, thalassocratique, matérialiste et commerciale, qui inclut également des éléments étrangers aux racines judéo-sémitiques.

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dimanche, 03 novembre 2024

Rostock, plaque tournante des opérations de l'OTAN en mer Baltique - rupture du traité 2 plus 4?

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Rostock, plaque tournante des opérations de l'OTAN en mer Baltique - rupture du traité 2 plus 4?

Source: https://unser-mitteleuropa.com/150262

L'OTAN a désormais ouvert son quartier général maritime à Rostock et coordonne ainsi toutes les opérations en mer Baltique à partir de cette ville. Pour cela, le quartier général de la marine allemande à Rostock détient désormais une fonction supplémentaire.

Rupture du traité 2 plus 4 par le site ?

L'OTAN a installé un nouveau centre de commandement à Rostock: dans sa fonction de Commander Task Force Baltic (CTF), la marine allemande met depuis le 1er octobre son quartier général de Rostock à la disposition de l'OTAN. Il fait désormais office de quartier général national avec une participation multinationale.

Rostock se situe toutefois dans l'ancienne RDA. La ville se trouve dans l'actuel Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale, qui faisait justement partie de la RDA jusqu'à la réunification. L'ouverture d'un quartier général de l'OTAN à Rostock tomberait donc sous le coup des dispositions du traité «deux plus quatre», qui interdit formellement le stationnement permanent de troupes de l'OTAN sur le territoire de l'ancienne RDA.

C'est donc depuis le Mecklembourg-Poméranie occidentale que les forces navales seront à l'avenir dirigées en cas de crise ou de conflit dans la région de la mer Baltique, que les activités des alliés seront coordonnées et que des images de la situation maritime seront établies, selon la prise de position de la marine.

Les premiers éléments venu de Scandinavie et des pays baltes avaient déjà pris leurs fonctions à la mi-octobre. Le site sera dirigé par un contre-amiral allemand, ses adjoints seront polonais et suédois. Le ministre de la Défense Boris Pistorius (SPD) et l'inspecteur général de la Bundeswehr ont finalement inauguré le site lors d'une cérémonie le 21 octobre.

Il reste donc à voir si et comment la Russie réagira à cette rupture sans équivoque du contrat qui garantissait la souveraineté de l'Allemagne vis-à-vis de la Russie et qui avait également conduit au retrait des troupes russes.

Les pays du groupe BRICS vont détruire l'hégémonie céréalière de l'Amérique

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Les pays du groupe BRICS vont détruire l'hégémonie céréalière de l'Amérique

Source: https://www.anonymousnews.org/international/brics-wird-am...

Lors du sommet des BRICS à Kazan, il a été question de la création d'une bourse des céréales des BRICS. Actuellement, les leviers de commande des prix des céréales sont détenus par les États-Unis et la France. Il est temps de se libérer de cette dépendance inutile.

par Olga Samofalova

Le président russe Vladimir Poutine a proposé lors du sommet des BRICS de discuter de la création d'une bourse des céréales qui pourrait à terme se transformer en une bourse des marchandises à part entière.

Selon le chef de l'État russe, l'ouverture d'une bourse des céréales des BRICS contribuerait à former des indicateurs équitables des prix des céréales au niveau international, « à protéger les marchés nationaux des influences extérieures négatives, des spéculations et des tentatives de provoquer un déficit alimentaire artificiel ».

Pour des raisons historiques, les prix du marché des céréales sont formés à la bourse des marchandises de Chicago (Chicago Mercantile Exchange, CME). Pendant et après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis sont devenus le plus grand fournisseur de céréales et de maïs, c'est pourquoi le commerce des contrats sur les céréales a commencé précisément sur une bourse américaine. L'Europe et la Russie, dévastées après la guerre, ne pouvaient évidemment pas concurrencer les agriculteurs américains.

Dans les années 1980, le commerce des céréales a également commencé sur la bourse française des marchandises MATIF, car la France est devenue le premier producteur européen. Depuis lors, la situation mondiale a toutefois considérablement évolué. Selon l'Union des exportateurs de céréales, les BRICS, y compris les nouveaux membres, récolteront au total 1,24 milliard de tonnes de céréales par an à partir de 2024, ce qui représente presque la moitié de la production mondiale, soit 44 pour cent. Et leur consommation sera à peu près équivalente - 1,23 milliard de tonnes, soit 44 pour cent de la production mondiale. À l'origine, les BRICS étaient composés de cinq États: Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis le 1er janvier 2024, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Iran et l'Éthiopie ont également rejoint l'association.

Bien entendu, les États-Unis font également partie du top 5 des producteurs de céréales en termes de volume de production. Avec 450 millions de tonnes, ils occupent la deuxième place. Mais les autres membres du top 5 sont des pays BRICS: la Chine occupe la première place, l'Inde la troisième, la Russie la quatrième et le Brésil la cinquième. Ensemble, leur production de céréales est trois fois supérieure à celle des États-Unis. La France occupe même la dernière place du top 10 et se situe même derrière la Russie en termes de volume de production.

Aujourd'hui, il semble beaucoup plus juste que les pays BRICS « donnent le ton » sur le marché mondial des céréales. « Historiquement, les ports d'Europe et des États-Unis ont vu passer une grande quantité de céréales pour lesquelles un prix devait être fixé. C'est pourquoi les prix étaient fixés à la bourse de Chicago. Cette situation satisfaisait tout le monde, car des règles commerciales étaient élaborées, notamment pour les livraisons et les paiements. Mais maintenant qu'il existe des divergences d'opinion importantes entre les principaux acteurs du marché mondial, notamment en ce qui concerne les paiements, la création d'une infrastructure financière propre permet d'organiser une bourse alternative », explique Ekaterina Novikova, professeur à la chaire de théorie économique de l'université économique russe Plekhanov.

« L'idée de créer une bourse des céréales pour les pays BRICS est tout à fait pertinente : plus il y aura de possibilités de déterminer les prix sans l'influence des institutions financières occidentales, plus nos cultivateurs auront la possibilité de vendre leur production de manière rentable. Un avantage important réside dans le fait que dans le cadre de la bourse des céréales et des marchandises des BRICS, un système de paiement commun sera également créé, qui ne sera pas basé sur le dollar américain », explique Natalia Sgurskaya, directrice de l'entreprise de livraison de céréales Semliza.

Novikova est d'accord avec l'idée qu'une nouvelle bourse pourrait aider à former des prix des céréales plus justes, qui tiennent compte des intérêts de tous les acteurs du marché. « En outre, le prix pour le marché intérieur des BRICS pourrait être formé avec un petit rabais, et pour le marché extérieur selon les prix du marché », a déclaré Novikova.

« Le nouveau système rendra les plus grands producteurs de céréales moins dépendants du bloc occidental qui, à l'aide d'instruments financiers, peut faire monter ou descendre artificiellement le prix des marchandises et ainsi déséquilibrer de nombreuses économies », ajoute Novikova.

Comment exactement les États-Unis peuvent-ils faire baisser les prix et influencer le marché mondial des céréales ? Par exemple, le ministère américain de l'économie peut prévoir une baisse de la récolte de céréales russes sans avoir de raison valable de le faire. Ainsi, en 2021, le ministère a sous-estimé sans raison ses prévisions de 12,5 millions de tonnes de céréales pour la Russie. Cela a immédiatement entraîné une hausse des prix sur le marché mondial et le prix des céréales dans les ports de la mer Noire a augmenté de 20 dollars.

Si les États-Unis le souhaitent, ils peuvent ainsi provoquer un déficit artificiel de céréales sur le marché mondial par le biais d'une hausse rapide des prix, laissant les pays pauvres sans pain et la Russie sans revenus d'exportation supplémentaires. Comment une hausse mondiale des prix des céréales peut-elle conduire à un scénario catastrophe ? Si les prix à l'exportation augmentent rapidement, un excédent de marché sera créé au sein de la Russie. Dans ce cas, soit les prix intérieurs russes augmentent, soit les exportateurs livrent toutes les céréales à l'étranger, ce qui peut entraîner un déficit physique sur le marché intérieur. Dans de telles situations, les gouvernements imposent généralement par décret une interdiction d'exportation. Ainsi, les prix et la consommation intérieure sont maintenus stables et la crise est combattue. Mais il va de soi que cela prive la Russie des recettes provenant de la vente de céréales, qui représentent une part importante des recettes budgétaires. Par exemple, le budget de l'État russe aurait dû recevoir 215 milliards de roubles (l'équivalent de 2,06 milliards d'euros) en 2024 grâce aux taxes à l'exportation sur les céréales et les oléagineux.

Il ne faut pas non plus oublier les sanctions financières qui affectent le commerce, dont celui des céréales. « En raison des sanctions, les marchandises de certains pays ne peuvent pas du tout être admises à la bourse », explique Novikova. « D'un point de vue pratique, la nouvelle bourse peut exclure les opérations à terme afin d'éviter la spéculation et autoriser uniquement les participants des BRICS à négocier. Si la Russie connaît une mauvaise récolte, elle pourra mettre en bourse des marchandises issues de ses propres stocks et, en cas de nouvelle récolte record, inverser la situation et augmenter ses propres stocks afin de stabiliser les prix des céréales sur la bourse des BRICS. Mais il faut d'abord résoudre les problèmes de paiement à l'étranger, puis de logistique et d'assurance des livraisons », explique Vladimir Tchernov, analyste chez Freedom Finance Global.

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Catastrophe de Valence: il ne s’agit pas de «changement climatique», mais d’incompétence criminelle

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Catastrophe de Valence: il ne s’agit pas de «changement climatique», mais d’incompétence criminelle

Juan Manuel de Prada

Lors de la "goutte froide" de 1982, lorsque le barrage de Tous a cédé, causant quarante morts, mille litres par mètre carré sont tombés à Cortes de Pallàs (deux fois plus que cette fois-ci). Et les personnes les plus âgées de la région se souviendront également de la "goutte froide" qui a causé quatre-vingts morts en 195, pour laquelle nous ne disposons pas de données fiables sur les précipitations, car à cette époque la capacité maximale des pluviomètres était de deux cents litres par mètre carré.

En 1957 et en 1982, il s'est produit la même chose qu'en 2024, un phénomène météorologique typique à ces dates automnales dans le Levant espagnol: un air maritime polaire avec un vent d'est qui apporte des pluies torrentielles. C'est la « goutte froide », que la foule dirigeante, de concert avec les perroquets systémiques à la tête des moyens d'endoctrinement de masse, appelle désormais « Dana ». Mais dire "goutte froide", c'est faire référence à un phénomène météorologique bien connu dans les terres levantines; et les vermines politico-médiatiques doivent créer une « histoire » qui présente ce qui s'est passé comme quelque chose de nouveau, d'inconnu, d'inattendu et de terriblement dévastateur, causé par ce « changement climatique » dont nous sommes tous coupables.

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Parce qu'il ne suffit pas à ces vermines de s'exonérer de leur culpabilité, mais ils veulent l'étendre à l'ensemble de la population, en rejetant la responsabilité des catastrophes naturelles sur le peuple qui souffre, justifiant ainsi les impositions auxquelles ils nous soumettent, pour le profit de la ploutocratie qu’ils servent. Si en 1957 et 1982 la goutte froide a fait moins de victimes qu'en 2024, alors que les moyens pour la prévoir, la prévenir et l'atténuer étaient bien moindres, c'est parce que nous sommes gouvernés par des criminels incompétents, uniquement attentifs à leur bien-être, qui nous pillent matériellement tout en se dégradant moralement.

Nous devons tolérer que ces voyous politiques nous envoient des centaines d'avertissements grotesques en été, annonçant l'apocalypse qui nous brûlera, pour construire leur histoire à dormir debout sur le soi-disant « changement climatique ». Par contre, lorsqu'une véritable alerte météorologique survient, avec des prévisions de pluies torrentielles très dangereuses, cette engeance reste coite. Avec des consignes orange lundi, ils auraient dû mobiliser tous les agents publics qualifiés dans le travail de secours, ils auraient dû suspendre les cours dans les écoles et toutes les activités professionnelles non essentielles, ils auraient dû exhorter la population à ne pas quitter leurs maisons et même à évacuer certaines villes.

Mais ces canailles n'ont pas levé le petit doigt, même quand le déluge a commencé; et, dans leur négligence criminelle, ils ont laissé les gens circuler sur des routes déjà inondées, ils ont laissé les gens quitter leurs maisons dans des villes dotées de boulevards où l'eau atteignait des hauteurs de plus d'un mètre. C'est la même négligence criminelle qui les a conduits auparavant – eux ou ceux qui les ont précédés dans la médiocrité – à approuver des plans d'urbanisme meurtriers, à construire des maisons au bord des boulevards, ou il y avait auparavant, en général, des ruisseaux et des rivières qui se sont asséchés au fil du temps, comme si des rigoles de rien du tout ou des bouches d'égout de dimension ridicule étaient suffisantes, flanquées de quelques roseaux sur les berges pour contenir les débordements provoqués par la "goutte froide".

C'est là qu'il faut faire des prévisions. Quant aux remèdes, nous montrons au monde que l’Espagne est un État en faillite, gouverné par des nullards qui assignent des dizaines de milliers de policiers, de gardes civils et de soldats pour protéger leurs sommets coloniaux et autres désordres systémiques, mais qui sont incapables de mobiliser l’armée pour dégager les routes et servir la population qui manque d'eau potable, de médicaments et de nourriture de base, peut-être parce que l'armée espagnole joue le rôle du fourmilier dans les missions que nous impose l'Oncle Sam dans les banlieues de l'Atlas, pour créer le climat guerrier qui intéresse le complexe militaro-industriel.

Au sommet de son audace, le Dr Sánchez, qui venait de jouer le rôle indien pour dissimuler les ignominies du professeur Begoñísima et les siennes, a eu le culot d'insinuer que la catastrophe s'était produite parce que les gens avaient ignoré les instructions de la protection civile. Mais la vérité est que, lorsque de telles indications sont parvenues sur les téléphones portables des Valenciens, de nombreuses personnes étaient déjà en train de se noyer ou d'être entraînées par les flots.

La catastrophe n'a pas été provoquée par un quelconque « changement climatique », comme le prétendent ces ignobles individus, mais par leur incompétence criminelle. Si nous, les Espagnols d'aujourd'hui, n'avions pas que de l'horchata dans nos veines, nous devrions les pendre puis les démembrer, pour finalement exposer leurs restes sur la place publique, afin qu'ils deviennent des appâts pour les mouches et les oiseaux charognards, comme il faut le faire avec les tyrans. Mais puisque nous sommes laissés entre les mains de Dieu, nous continuerons à nous laisser pisser au visage; et bien sûr, ils nous diront que leur urine puante, comme la goutte froide, est « la réalité dramatique du changement climatique ».

Source:

https://www.xn--elespaoldigital-3qb.com/no-es-cambio-climatico-sino-incompetencia-criminal/

Complexités moldaves

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Complexités moldaves

par Georges Feltin-Tracol

On trouve en Europe orientale un État qui ne devrait pas exister et qui existe pourtant, suite aux facéties tragiques de l’histoire. Naguère désigné comme la Bessarabie du Moyen Âge à 1944, car situé sur la rive occidentale du Dniestr, ce territoire convoité tour à tour par la Russie, l’Empire ottoman et, plus tard, la Roumanie s’appelle aujourd’hui la Moldavie qu’il ne faut surtout pas confondre avec une région historique éponyme, l’une des matrices de la nation roumaine qui s’étendait des Carpates orientales aux berges du Prout. D’une superficie de 33.700 km², cette ancienne république soviétique, la plus pauvre d’Europe, d’où une très forte émigration, partage 450 km de frontières avec la Roumanie, et une frontière commune longue de 940 km avec l’Ukraine.

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À la fin de l’ère médiévale, la Bessarabie devient une province tributaire de la Sublime Porte. Le traité de Bucarest de 1812 accorde la région comprise entre le Prout et le Dniestr à l’Empire russe qui concède néanmoins des portions territoriales en faveur des Ottomans et des Roumains au lendemain de la guerre de Crimée dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Les troubles révolutionnaires de 1917 en Russie se répercutent en Bessarabie. Outre le conflit entre bolcheviks et contre-révolutionnaires, les Bessarabiens se divisent aussi entre quelques indépendantistes, des partisans du maintien dans la Russie, les tenants d’un rattachement à l’Ukraine et les chantres de l’union avec la Roumanie, car Bessarabiens et Roumains parlent la même langue latine, le roumain. Le 27 mars 1918, l’Assemblée nationale de Bessarabie proclame l’indépendance. Le 9 avril suivant, la même assemblée réclame l’intervention militaire de Bucarest et adopte l’union de la Bessarabie à la Roumanie. Les Alliés vainqueurs entérinent ce fait accompli le 28 octobre 1920 malgré les protestations de la Russie bolchevique et le refus des États-Unis d’Amérique d’approuver ce rattachement. La Bessarabie roumaine s’organisent en neuf départements. En réaction, en octobre 1924, Moscou fonde au sein de la république socialiste soviétique d’Ukraine, la république autonome de Moldavie installée sur la rive orientale du Dniestr. Conséquence du pacte germano-soviétique de non-agression du 23 août 1939, l’URSS exige par ultimatum en juin 1940 à Bucarest la Bessarabie et la Bucovine du Nord. Toute la Bessarabie passe sous tutelle soviétique. Mais l’opération Barbarossa du 22 juin 1941 permet à la Roumanie, alliée de l’Axe, de reconquérir les territoires perdus et d’avancer jusqu’à Odessa. La défaite allemande de 1945 redonne la Bessarabie à l’URSS qui fonde la république socialiste soviétique de Moldavie. Moscou se dépêche d’y installer des populations russophones et ukrainiennes et y impose une politique socialiste. Par exemple, le moldave est une langue roumaine russifiée rédigée en alphabet cyrillique.

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La société soviétique moldave devient dès lors composite. Le recensement de 2014 indique 81% de Moldaves de langue roumaine, 6,5% d’Ukrainiens, 4,5% de Gagaouzes, 4% de Russes et 2% de Bulgares. Les Gagaouzes sont des chrétiens orthodoxes fidèles au patriarcat de Moscou et de langue turcique écrite en alphabet latin.

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La proclamation de l’indépendance de la Moldavie, le 27 août 1991, cristallise les tensions ethniques. En effet, les dirigeants moldaves aspirent à rejoindre la Roumanie à peine émancipée dans des conditions plus que douteuses de la tutelle nationale-communiste. Or les non-roumanophones rejettent cette perspective en favorisant deux sécessions territoriales. Russophones et Ukrainiens créent la Transnistrie, un État-fantôme qui conserve les attributs du soviétisme et où stationnent 1500 soldats russes. Les Gagaouzes cherchent à se séparer de l’ensemble moldave, quitte à former des exclaves liées à la Fédération de Russie. Si le cas transnistrien est un exemple de conflit gelé, la communauté gagaouze a finalement obtenu le statut de république autonome (capitale: Komrat) constituée de quatre territoires non contigus rassemblés en trois districts administratifs.

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À ces tensions ethnopolitiques plus ou moins latentes s’ajoutent des tiraillements géopolitiques entre un tropisme russe assez marqué chez les minorités linguistiques dont les Gagaouzes, et l’attrait occidental (Union pseudo-européenne, hégémonie yankee et grand espace euro-atlantiste) fort chez les élites moldaves roumanophones. Il faut enfin évoquer les violentes intrigues entre les différents oligarques locaux. Parmi eux signalons Vladimir Plahotniuc accusé d’avoir détourné un milliard de dollars et d’avoir corrompu toute la classe politique ou son adversaire, Ilan Shor (photo). Né en 1987 à Tel Aviv – Jaffa en Israël, c’est un banquier israélo-moldave et aussi russe qui fait de la politique. Frappé de sanctions personnelles par Washington en octobre 2022, puis par l’Union pseudo-européenne en 2023, il s’enfuit en Russie dès 2019 d’où il anime son propre mouvement politique, le Parti Shor, qu’il met en ordre de marche pour les législatives à venir.

Cette longue digression politico-historique s’imposait pour comprendre la situation politique actuelle. Le 20 octobre dernier, la Moldavie organisait un double scrutin le même jour, à savoir le premier tour de l’élection présidentielle et un référendum sur l’inscription dans la constitution sous la forme d’un titre V et d’un article 140 de l’objectif d’adhésion à l’Union dite européenne en attendant de rejoindre l’OTAN malgré la neutralité inscrite dans cette même constitution. En dépit d’une abstention de 48,32%, le référendum est validé puisqu’il mobilise plus du tiers des électeurs inscrits. Le oui gagne à 50,39% grâce au vote des expatriés. L’attraction de l’UE s’émousse fortement auprès de populations restées conservatrices.

La seconde « douche froide » concerne les résultats du premier tour de la présidentielle. Les commentateurs occidentaux pariaient et parlaient d’une réélection dès le premier tour de la présidente sortante Maia Sandu. Patatras ! L’ancienne première ministresse pendant moins de six mois en 2019 récolte 42,45%. Elle se présente au second tour sans de grandes réserves de voix. Son adversaire d’origine gagaouze russophone et détenteur de la nationalité roumaine, Alexandre Stoianoglo, candidat du Parti socialiste de la république de Moldavie, obtient 25,98%. Il pourrait bénéficier du report des suffrages des autres candidats, en particulier de l’homme d’affaires conservateur Renato Usatîi (13,79%) et d’Irina Vlah (5,38%), gouverneure de la Gagaouzie entre 2015 et 2023.

Les élections moldaves font l’objet d’une interprétation complotiste gouvernementale. La présidente sortante accuse Moscou d’avoir acheté 150.000 voix moldaves. Mais comment expliquer alors une si forte abstention (48,42%)? En Occident, le système médiatique d’occupation mentale insiste sur le caractère pro-russe d’Alexandre Stoianoglo. L’ancien procureur général l’est tellement qu’il a condamné l’invasion de l’Ukraine et l’annexion de la Crimée. Par ailleurs, sa fille travaille ou a travaillé encore récemment à la Banque centrale européenne à Francfort. Les plus informés savent que la BCE est un repaire d’agents aux ordres du Kremlin…

À l’instar d’autres ensembles étatiques d’Europe centrale, balkanique et orientale, la Moldavie est un cas très complexe. Sans ressources naturelles stratégiques vitales pour les grandes puissances mondiales, les influences variées qui s’y jouent démontrent en tout cas la primauté du politique sur l’économique.     

GF-T  

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 131, mise en ligne le 29 octobre 2024 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 02 novembre 2024

Le Conseil de l'Atlantique pousse à la guerre contre l'Iran

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Le Conseil de l'Atlantique pousse à la guerre contre l'Iran

Source: https://report24.news/atlantikrat-draengt-auf-kriegskurs-...

Les Etats-Unis, et donc leurs alliés européens, doivent être entraînés dans une guerre contre l'Iran. C'est ce que demande le Conseil atlantique. Le complexe militaro-industriel a manifestement besoin de nouvelles guerres. Surtout si Donald Trump souhaite mettre fin au conflit ukrainien.

L'influent Conseil de l'Atlantique (Atlantic Council) a présenté la semaine dernière un dangereux rapport stratégique. Intitulé de manière anodine «L'avenir de la stratégie américaine vis-à-vis de l'Iran», ce document révèle, à y regarder de plus près, un dangereux changement de cap dans la politique étrangère américaine.

Le rapport, présenté comme non partisan, vise ouvertement à impliquer davantage les Etats-Unis dans le conflit qui s'aggrave entre Israël et l'Iran. Particulièrement explosif: la stratégie proposée semble viser à manœuvrer aussi bien une éventuelle administration Trump qu'une administration Harris dans un conflit militaire.

Le rapport recommande le déploiement permanent de forces américaines supplémentaires dans la région - une mesure qui entraînerait inévitablement les Etats-Unis dans un futur conflit militaire avec la République islamique. Pourtant, 40.000 soldats américains sont déjà stationnés au Proche-Orient, et selon les idées du Conseil, ils devraient être restructurés en une « force de réaction rapide ».

La manière dont le rapport aborde la question de Trump est particulièrement révélatrice. Dans le contexte des rapports récents sur les prétendus piratages iraniens de la campagne électorale de Trump et des tentatives d'assassinat présumées, la recommandation du Conseil de répondre par la force militaire à toute attaque contre des politiciens américains apparaît comme une provocation calculée.

La dimension stratégique du rapport est encore plus évidente si l'on considère la constellation internationale. Le Conseil atlantique reconnaît lui-même que l'Iran entretient aujourd'hui des liens étroits avec la Russie et la Chine. Un conflit militaire avec l'Iran pourrait donc rapidement se transformer en une confrontation mondiale - un scénario qui, curieusement, n'est pas présenté comme un avertissement, mais presque comme une recommandation d'action. La « ligne rouge » proposée concernant les armes nucléaires iraniennes est également inquiétante. Le rapport demande une déclaration présidentielle selon laquelle les Etats-Unis ne toléreraient pas un Iran doté de l'arme nucléaire et l'empêcheraient militairement si nécessaire - sachant qu'Israël dispose déjà de son propre arsenal nucléaire.

La stratégie du Conseil atlantique semble se résumer à un opportunisme pervers: si Trump gagne et met fin à la guerre d'Ukraine comme il l'a annoncé, il devrait à la place être orienté vers un conflit avec l'Iran. Sous Harris, en revanche, la confrontation avec la Russie se poursuivrait. Le message du rapport est clair: le complexe militaro-industriel a besoin de sa guerre - peu importe où et avec qui. Les stratèges du Conseil de l'Atlantique ne semblent guère se soucier du fait que l'on s'expose à un conflit qui pourrait se transformer en incendie mondial.

Quand les BRICS+ discutaient à Kazan, l'Occident préparait ses prochaines actions

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Quand les BRICS+ discutaient à Kazan, l'Occident préparait ses prochaines actions

Giuseppe Masala

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/43601/geoestrategia/mien...

Alors que les yeux du monde se tournent vers Kazan pour suivre le déroulement du sommet des BRICS+ et tenter de comprendre si (et quand) le « nouveau monde » libéré de la tyrannie occidentale verra le jour, l'Occident ne reste certainement pas les bras croisés en attendant d'abdiquer devant le nouvel ordre.

Plusieurs signes indiquent que de nouvelles mesures se préparent pour élever encore le niveau de confrontation entre l'Occident et le bloc eurasien (essentiellement la Chine, la Russie et l'Iran).

Tout d'abord, les nouvelles du sommet de Kazan sont frappantes, car elles parlent d'un environnement dans lequel les Occidentaux - peu nombreux, pour être honnête - sont snobés, dans lequel l'anglais n'est plus utilisé de manière ostentatoire comme lingua franca, et dans lequel il y a un sentiment clair et net que les pays du bloc eurasien ne reculeront plus devant le fait d'abandonner l'Occident à son sort.

Mais même du côté occidental, on sent clairement que personne n'est prêt à capituler.

C'est ce qui ressort, par exemple, des dernières actions du principal allié de l'Amérique au sein de l'Union européenne... Ironiquement, nous faisons évidemment référence à la Pologne qui, hier encore, a annoncé la fermeture du consulat russe de Poznan, accusant les autorités russes d'avoir lancé depuis ce siège diplomatique un plan de sabotage des infrastructures polonaises. Il convient également de noter que le ministre des affaires étrangères de Varsovie, Radoslaw Sikorski, a expressément menacé d'expulser l'ambassadeur russe en Pologne, ce qui marquerait, de fait, la rupture définitive des relations diplomatiques entre Moscou et Varsovie et, par conséquent, annoncerait également un conflit direct à venir entre les deux pays.

D'autres mesures alarmantes indiquent le manque de volonté de l'Occident de trouver une solution pacifique au conflit actuel en Ukraine. Mesures qui peuvent certainement être identifiées dans les paroles (et les actions) de certains dirigeants politiques européens, tels que le ministre lituanien des affaires étrangères, qui continue à faire pression pour que des troupes européennes soient envoyées en Ukraine, comme il ressort clairement de son interview accordée il y a quelques jours.

Je voudrais ajouter que les propos du Lituanien ne sont en aucun cas ceux d'un fanatique, mais le constat rationnel que l'Ukraine ne pourra plus tenir longtemps par manque d'hommes, sachant que, selon des estimations très prudentes, l'armée de Kiev perd en moyenne au moins 1500 hommes toutes les 24 heures.

À ces propos s'ajoutent ceux de Paris, où Macron et son ministre de la défense Lecornu ont plus d'une fois exprimé leur intention d'envoyer des troupes en Ukraine.

Et que dire du nouveau « traité de défense » bilatéral entre la Grande-Bretagne, géant politique et militaire (en dehors de l'Europe), et l'Allemagne, géant économique et nain politico-militaire? Un traité vraiment bizarre qui, ces derniers jours, est tombé comme un éclair sur les chancelleries européennes et les salles de presse des médias. Un acte apparemment dépourvu de sens politique puisque, à proprement parler, Berlin travaille à la création d'une « armée » de l'UE: par suite, quel serait l'intérêt d'une alliance plus étroite avec un pays non membre de l'UE et, entre autres, cette puissance extérieure à l'UE étant connue pour ses positions de grande hostilité à l'égard de Moscou ?

Selon moi, il est clair que Londres a été lesté par sa victoire dans la Seconde Guerre mondiale, qui - strictement selon les traités de paix - place toujours l'Allemagne dans un statut de minorité politique, et il s'ensuit que Londres a trouvé là un moyen très habile de continuer à influencer les décisions militaires sur le continent européen malgré le fait que la Grande-Bretagne soit maintenant en dehors de l'UE. D'un point de vue pratique, le traité prévoit une étroite collaboration anglo-allemande sur la dernière génération de missiles de croisière à longue portée, ainsi qu'une étroite collaboration sur la construction de drones et de nombreux autres systèmes d'armes avancés. De plus, le traité prévoit le déploiement de troupes anglo-allemandes sur le flanc oriental de l'Europe « menacé » par la Russie.

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Ce sont là des signes clairs que l'Europe occidentale n'est pas disposée à accepter le pouvoir acquis par des puissances émergentes telles que la Russie, la Chine et même l'Iran. Mais les déclarations provenant de l'autre côté de l'océan Atlantique sont tout aussi alarmantes. En effet, ce ne sont apparemment que les États-Unis qui se désintéressent de ce qui se passe sur le théâtre européen pour se concentrer sur les théâtres du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient.

En lisant les rapports des groupes de réflexion de Washington, on a le sentiment qu'il ne suffit pas que le gouvernement américain ait réduit en cendres la compétitivité européenne grâce au conflit en Ukraine et aux sanctions qui s'ensuivent. Il faut maintenant assurer une défaite stratégique à la Russie, si nécessaire en utilisant aussi le sol européen comme champ de bataille.

À cet égard, une étude publiée par le très influent Atlantic Council est d'un grand intérêt, indiquant une stratégie à long terme pour la défaite stratégique de la Russie.

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Selon l'auteur du rapport, Ariel Cohen (photo), quel que soit le prochain président des États-Unis, « l'agression russe » en Ukraine restera un problème grave pour Washington.

À la suite de ce jugement, l'auteur affirme qu'il existe plusieurs options pour mettre fin à l'impasse sur le sol ukrainien, mais que seule la victoire militaire de Kiev avec la restitution des territoires cédés à la Russie (y compris la Crimée et le Donbass) serait considérée comme positive pour l'Occident. Toute autre option, qu'il s'agisse d'une victoire russe, d'un gel du conflit ou de la poursuite d'une guerre de faible intensité, doit être considérée - selon M. Cohen - comme une défaite claire pour l'Occident, qui n'a pas réussi à obtenir la défaite militaire de Moscou avec pour conséquence un «changement radical du pouvoir à Moscou», un refroidissement des relations avec la Chine et un retour à une «neutralité amicale avec l'Occident».

Pour rendre possible la chute de Moscou, Cohen suggère

1) d'accroître considérablement la militarisation de l'Ukraine par l'ensemble du monde occidental, en supprimant toutes les restrictions et interdictions relatives aux attaques contre les infrastructures stratégiques de la Russie;

2) de lancer une campagne d'information stratégique « pour apporter la vérité au peuple russe et au monde entier », en particulier au Sud. L'accent devrait être mis sur les jeunes et les mots clés devraient être « gaspillage », « corruption », « droits de l'homme », « assassinat de personnalités de l'opposition », etc ;

3) d'exploiter la dépendance à l'égard des technologies occidentales et de renforcer les sanctions pour déstabiliser la production d'armes et l'économie russe dans son ensemble ;

4) d'« éliminer » les marchés d'exportation d'armes de la Russie, « pour affaiblir davantage les revenus et l'influence de Moscou » ;

5) de réduire les revenus pétroliers et gaziers de la Russie en augmentant les exportations américaines de pétrole et de gaz afin de réduire les prix. L'UE devrait cesser d'importer du GNL russe et des engrais à forte teneur en gaz. Cela mettrait fin à la relation énergétique entre l'UE et la Russie et empêcherait le flux de revenus accrus vers la Russie, souligne M. Cohen;

6) de stimuler la « fuite des cerveaux » de la Russie, car les États-Unis manquent à présent « une occasion unique » de commencer à délivrer des visas aux spécialistes russes afin qu'ils puissent travailler « au profit des économies et des sociétés occidentales »;

7) d'exploiter activement le fait que « l'influence de la Russie en Asie centrale et dans le Caucase du Sud s'affaiblit », il devrait être possible de remplacer complètement « l'influence russe » par « l'influence américaine ». Et si les États locaux ne veulent pas coopérer, comme la Géorgie, des sanctions devraient être imposées.

En bref, comme on peut le voir, des voix influentes viennent également de Washington pour soutenir la thèse de la nécessité d'utiliser ce que les États-Unis appellent la « Full Spectrum Dominance », c'est-à-dire l'utilisation synergique d'une série de mesures militaires, diplomatiques, économiques et de propagande qui peuvent briser la force de l'adversaire et de ses alliés.

Seuls les naïfs peuvent croire que le conflit entre l'Occident et la Russie est dans sa phase finale. Malheureusement, l'Europe et les États-Unis ne peuvent pas se permettre de « faire le nœud » avec Moscou, d'autant plus si les relations entre les pays dits BRICS+ continuent de s'approfondir, défiant ouvertement l'empire occidental.

Giuseppe Masala, né en Sardaigne en 25 Avanti Google, est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la « finance éthique ». Il se déclare cyber-marxiste mais, comme Leonardo Sciascia, pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu ».

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La mer contre la terre

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La mer contre la terre

par Martino Mora

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-mare-contro-la...

C'est précisément parce que les valeurs matérielles, et donc économiques, dominent en son sein que l'Occident actuel ne fait pas la guerre au reste du monde pour des raisons strictement économiques.

Ce n'est qu'un paradoxe apparent. L'Occident américano-sioniste actuel, qui vénère la matière et l'individu atomisé, déteste le reste du monde précisément parce que ce reste du monde ne vénère pas la matière et l'individu atomisé de la même manière. C'est pourquoi il n'a pas besoin de la perspective de gains économiques pour lui faire la guerre.

La guerre contre la Russie via l'Ukraine en est un exemple évident. La ploutocratie anglo-américaine déteste Poutine pour des raisons existentielles, pas pour des raisons commerciales. Il suffit de lire ce qu'écrit le financier et idéologue George Soros pour le comprendre. L'Occident ploutocratique déteste la Russie comme il détestait autrefois les autocraties tsariste, prussienne et habsbourgeoise. 

Les marchands anglo-saxons détestent Poutine parce qu'il a subordonné les pouvoirs économiques des « oligarques », qui ont débordé de démocratie démagogique dans les années Eltsine, à sa volonté politique. Il ne les a pas expropriés au nom du communisme (bien que certains cultivent la fixation d'un Poutine « bolchevique »), mais les a subordonnés au pouvoir de l'État, c'est-à-dire au sien, par la ruse ou par l'escroquerie. Il a donc rejeté, dans la pratique, le modèle sorosien de « civilisation ouverte », dans lequel seul l'argent gouverne.

Le modèle de Poutine est donc un modèle « césariste » de civilisation et de pouvoir, dans lequel la politique subordonne à elle-même, en le contenant, le règne animal de l'esprit. Et dans lequel un rôle non marginal est également redonné à la dimension religieuse, ce qui est d'ailleurs intolérable pour les tenants de la « société ouverte ». 

La Russie d'aujourd'hui n'est pas un modèle véritablement alternatif à la folie spirituelle de l'Occident, mais elle contient au moins les dégâts de la commercialisation à grande échelle de la vie sociale et de la dissolution panérotique des coutumes et de la famille. Ce n'est pas rien.

La haine contre l'Iran est encore plus évidente. Elle se fait passer pour de l'aversion envers le fondamentalisme islamique. Si la véritable aversion était pour le fondamentalisme, l'islam sunnite du Golfe devrait être beaucoup plus détesté que la théocratie chiite de l'Iran, dans laquelle non seulement les minorités chrétiennes et juives, mais aussi les femmes, propagande mise à part, s'en sortent beaucoup mieux. L'Arabie saoudite et le Qatar, ou peut-être le Pakistan ou le Soudan, seraient les principaux ennemis.

Certes, des raisons stratégiques d'alliance géopolitique entre l'américano-sionisme et ses adversaires jouent contre l'Iran. Mais en fin de compte, oublions cela, on en revient toujours là, au choc des civilisations. Le vrai, pas l'imaginaire. Et le choc des civilisations actuel, du moins le principal, est entre le nihilisme matérialiste et atomiste de l'Occident anglo-sioniste, qui a répudié le christianisme et sa Tradition (et s'enfonce donc de plus en plus vers le bas), et le reste du monde.

La mer contre la terre.

Les pays du groupe BRICS se renforcent

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Les pays du groupe BRICS se renforcent

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/brics-gaining-strength?utm_referrer=https%3a%2f%2fl.facebook.com%2f

La réunion actuelle de l'association informelle des dix pays du groupe BRICS s'est transformée en percée à bien des égards. L'année de la présidence russe de ce club, malgré les tentatives de l'Occident collectif de gagner les pays du Sud et la guerre de l'information de masse, a été marquée par un intérêt significatif de nombreux pays pour participer à part entière à cette structure.

Trente-cinq pays ont déjà demandé à être admis au sein des BRICS en tant que participants à part entière. Au total, les représentants de 36 États sont arrivés au sommet des BRICS à Kazan, dont 22 pays représentés directement par leurs dirigeants, ainsi que les représentants de six organisations internationales, tandis que les médias mondiaux ont accordé une attention particulière à l'apparition du secrétaire général de l'ONU.

Les rapports des présidents de la Nouvelle banque de développement, du Conseil des entreprises, du Mécanisme de coopération interbancaire, de l'Alliance des femmes d'affaires ont été entendus, des réunions bilatérales des dirigeants des pays ont eu lieu, ainsi qu'une session plénière BRICS Plus/Outreach avec la participation des dirigeants des pays de la CEI, des délégations de nombreux pays d'Asie, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Amérique latine, des chefs des organes exécutifs d'un certain nombre d'organisations internationales.

Treize pays présents au sommet ont déjà reçu le statut de pays partenaire des BRICS. Il s'agit de la Turquie, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, de l'Algérie, de la Biélorussie, de la Bolivie, de Cuba, de l'Indonésie, de la Malaisie, du Nigeria, de la Thaïlande, de l'Ouganda et du Viêt Nam. Comme vous pouvez le constater, la taille du pays et l'état de son économie n'influent aucunement sur la décision d'accorder un tel statut.

À l'issue de la rencontre entre Vladimir Poutine et Xi Jinping (il convient de souligner que la Russie et la Chine sont des partenaires proches au sein des BRICS, qui s'opposent également activement à l'hégémonie des États-Unis), le président russe a noté que les relations russo-chinoises sont devenues un modèle de la manière dont les relations entre les États devraient être construites dans le monde actuel; la coopération entre les deux pays est l'un des principaux facteurs de stabilisation sur la scène mondiale. "Nous avons l'intention de renforcer encore la coordination sur toutes les plateformes multilatérales afin de garantir la sécurité mondiale et un ordre mondial juste", et “au fil des années de notre travail commun, l'autorité et l'influence des BRICS se sont accrues”.

À son tour, Xi Jinping a noté qu'« au fil des décennies, les relations sino-russes, qui ont résisté aux épreuves de la situation internationale instable, ont parcouru un long chemin et acquis un caractère sans précédent » et que « dans les conditions d'une transformation tectonique sans précédent depuis des siècles, la situation internationale subit de graves changements et bouleversements. Mais cela ne peut ébranler la conviction de l'inviolabilité du choix stratégique des deux pays en faveur d'un soutien mutuel ferme».

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé à un règlement pacifique du conflit en Ukraine sur la base de la charte de l'organisation des Nations unies et du droit international. « Nous avons besoin de paix en Ukraine. Une paix juste conformément à la Charte des Nations unies, au droit international et aux résolutions de l'Assemblée générale », a-t-il déclaré lors de la réunion du 24 octobre. Il a ajouté que tous les conflits actuels dans le monde devaient être résolus « tout en maintenant l'engagement envers les valeurs de la Charte des Nations unies, les principes de l'État de droit, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique de tous les États ».

Vladimir Poutine a répondu que « nous devrions tous vivre comme une grande famille. C'est ainsi que nous vivons. Malheureusement, les querelles, les scandales et la division des biens se produisent souvent dans les familles. Parfois, on en vient à se battre ». Dans le même temps, il a souligné que les BRICS considèrent la création d'une « atmosphère favorable dans une maison commune » comme l'un de leurs objectifs. « Nous le faisons et nous le ferons. Y compris en étroite coordination avec les Nations unies », a conclu M. Poutine.

Il est important de noter ici que les BRICS ont été présentés comme une organisation indépendante qui, en fait, se positionne comme un égal de l'ONU. Deuxièmement, si nous parlons des paroles du secrétaire général de l'ONU, il est nécessaire de rappeler que la charte de l'ONU stipule le droit à l'autodétermination des peuples. Et en ce qui concerne l'Ukraine, conformément à la Charte des Nations unies, les Russes avaient tout à fait le droit de se séparer du régime "néo-nazi", ce que certains territoires ont fait en 2014 et que le reste de l'armée russe aide aujourd'hui à libérer.

Une déclaration importante a été faite sur la nécessité de réformer l'ONU elle-même. Il a été noté que la structure de l'ONU devrait être adaptée aux réalités modernes et que les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine devraient être davantage représentés au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Derrière l'écran de l'ordre imposé par l'Occident se cachent des tentatives de freiner le développement indépendant des pays de ces régions.

La transition vers un ordre mondial plus juste n'est pas facile, les sanctions unilatérales illégales, la manipulation des marchés boursiers et des marchés des changes, ainsi que l'ingérence dans la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union européenne sont autant d'obstacles à la réalisation de cet objectif.

Dans son discours, le président russe Vladimir Poutine a également évoqué l'opération militaire spéciale en Ukraine, rappelant que « l'Ukraine est utilisée pour créer des menaces critiques pour la sécurité de la Russie » et que « ceux qui veulent infliger une défaite stratégique à la Russie ne connaissent pas l'histoire du pays, leurs calculs sont dès lors illusoires ». Une fois de plus, l'engagement en faveur de la création d'une Palestine souveraine a été évoqué: « un règlement au Moyen-Orient n'est possible qu'avec la correction de l'injustice historique et la création d'une Palestine indépendante ».

En ce qui concerne la participation des pays BRICS à l'économie mondiale, même selon les analystes occidentaux, dans les cinq prochaines années, l'économie mondiale reposera davantage sur les pays BRICS que sur les États du G7. Les prévisions du Fonds monétaire international indiquent que la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil seront à l'origine de la majeure partie de la croissance au cours de la période à venir. Dans le même temps, la contribution attendue à l'économie mondiale des membres du G7, tels que les États-Unis, l'Allemagne et le Japon, a été revue à la baisse. Et des pays comme l'Égypte et le Vietnam, grâce au poids plus important des économies en développement lorsqu'elles sont évaluées en termes de parité de pouvoir d'achat, atteindront le niveau de pays comme l'Allemagne et le Japon en termes de croissance économique. Selon les prévisions du FMI, la Chine restera le principal contributeur à l'économie mondiale. L'Inde, dont l'influence sur la croissance mondiale s'accroît également de manière significative, occupera la deuxième place.

Il est significatif qu'au cours du sommet des BRICS, le ministre russe des finances, Anton Siluanov, ait déclaré que la Russie répondrait de manière symétrique à l'utilisation par l'Occident des revenus des avoirs gelés de la Fédération de Russie et commencerait à utiliser les revenus des avoirs occidentaux dans le pays. De nouveaux outils seront également introduits à dessein, tels que la bourse des céréales des BRICS, qui, selon M. Poutine, contribuera également à protéger les marchés nationaux de l'ingérence et de la spéculation extérieures.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que « la Turquie croit aux objectifs des BRICS pour créer un ordre mondial et des relations commerciales justes ». Le vice-premier ministre serbe Alexander Vulin a quant à lui souligné le rôle constructif des BRICS. Il a déclaré que « personne au sein des BRICS n'exige que nous reconnaissions le Kosovo, que nous renoncions à la Republika Srpska ou que nous imposions des sanctions à l'UE ou à qui que ce soit d'autre. Dans les BRICS, on ne vous demande rien, mais on vous offre un monde complètement nouveau ».

La déclaration des BRICS, publiée le 23 octobre, compte plus de 40 pages et reprend en quelque sorte les thèses des récents sommets de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de la Communauté des États indépendants (CEI). De nombreux points sont consacrés à un large éventail de questions.

Pour accéder au document: MUCfWDg0QRs3xfMUiCAmF3LEh02OL3Hk.pdf

Mais toutes ces questions sont liées au changement de l'architecture politique et économique mondiale et au désir de multipolarité et d'un ordre mondial plus juste, en lieu et place de l'« ordre fondé sur des règles » de l'Occident. Dans le même temps, l'UE s'est empressée de renier son implication dans le paragraphe sur l'inadmissibilité des sanctions unilatérales.

À l'issue du sommet, le président russe a également tenu une conférence de presse, au cours de laquelle il a noté que « sans exception, toutes les réunions et tous les événements que je viens de mentionner se sont déroulés dans le cadre traditionnel des affaires et de l'ouverture des BRICS, dans une atmosphère de compréhension mutuelle. Cette approche constructive du travail en commun nous a permis de discuter en détail d'un large éventail de questions pendant trois jours ».

Il a également déclaré que « nous avons confirmé que les BRICS ne sont pas un format fermé, qu'ils sont ouverts à tous ceux qui partagent leurs valeurs et que leurs membres sont prêts à travailler à la recherche de solutions communes sans diktats extérieurs ni tentatives d'imposer des approches étroites à qui que ce soit. Les BRICS ne peuvent que répondre à la demande croissante de coopération dans le monde. Par conséquent, nous avons accordé une attention particulière aux problèmes liés à l'expansion possible des BRICS par la création d'une nouvelle catégorie - les États partenaires ».

Pour confirmer les propos du Président, on peut ajouter que les dirigeants de la Chine et de l'Inde, qui sont antagonistes sur un certain nombre de questions, se sont entretenus lors du sommet, et que les présidents de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont également pu s'entretenir. Cela confirme une fois de plus l'importance de cette plateforme et le rôle constructif de la Russie, qui permet d'aplanir les contradictions et les malentendus. Mais dans ce domaine, la participation et l'influence de l'Occident restent un facteur important. L'exemple de l'Ukraine montre que là où l'Occident impose sa volonté politique, la discorde et le conflit surgissent toujours.

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vendredi, 01 novembre 2024

La Géorgie sous pression: course au contrôle et à la souveraineté

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La Géorgie sous pression: course au contrôle et à la souveraineté

Source: https://www.pi-news.net/2024/10/georgien-unter-druck-wett...

Lors des élections législatives en Géorgie, république du Caucase du Sud, la commission électorale a déclaré vainqueur le parti national-conservateur «Rêve géorgien» du milliardaire Bidzina Ivanichvili avec 54% des voix.

Par Elena Fritz

Les dernières élections législatives de Géorgie, lors desquelles le parti « Rêve géorgien » (Georgian Dream - GD) a de nouveau assuré la majorité du gouvernement, illustrent la manière dont le pays se retrouve de plus en plus pris entre les fronts des grandes puissances. La situation stratégique dans le Caucase fait de la Géorgie un point névralgique dans la lutte géopolitique entre l'UE, l'OTAN et la Russie. Les acteurs occidentaux cherchent à intégrer étroitement la Géorgie dans leur zone d'influence, tandis que le gouvernement de Tbilissi tente de maintenir un équilibre neutre sous l'égide de GD - une approche qui est à la fois défiée par les tensions politiques internes et les tentatives de pression extérieures.

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Pour l'Union européenne, la Géorgie est plus qu'un partenaire du Partenariat oriental: c'est un allié potentiel qui fait interface avec la Russie. Depuis des années, l'UE s'efforce de lier la Géorgie à elle sur le plan économique et politique; les programmes de soutien, les projets d'infrastructure et les conditions de réforme étant des éléments essentiels de cette stratégie. Bruxelles se présente ici comme un soutien, mais les conditions liées à ces programmes laissent peu de place à une politique nationale indépendante.

Un exemple est le financement continu par l'UE d'organisations de la société civile qui promeuvent les valeurs occidentales et renforcent souvent les forces pro-occidentales. Cela contribue à la polarisation de la société géorgienne et pousse le gouvernement à s'aligner plus clairement sur les intérêts occidentaux - une orientation qui remet de plus en plus en question la politique pragmatique de GD vis-à-vis de la Russie. En outre, l'UE met également la Géorgie sous pression en matière de politique de sécurité, par exemple en développant la coopération militaire avec l'OTAN. La stratégie est claire : en tant que partenaire de l'OTAN, la Géorgie doit devenir à long terme un avant-poste occidental dans le Caucase.

Intégration à l'OTAN : sécurité ou facteur de risque ?

La coopération avec l'OTAN, y compris les exercices communs et l'adaptation militaire aux normes de l'OTAN, rapproche dangereusement la Géorgie d'une confrontation avec la Russie. Moscou considère le Caucase comme faisant partie de sa sphère d'influence et a clairement fait savoir à plusieurs reprises qu'un élargissement de l'OTAN dans la région serait perçu comme une menace existentielle. Le conflit autour des régions géorgiennes séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud reste également un sujet sensible. Tout nouveau pas en direction de l'OTAN provoquerait des réactions politiques et militaires de la Russie - un scénario qui pourrait devenir une menace directe pour la Géorgie.

Le parti GD a reconnu ce facteur de risque et renonce donc officiellement à exiger une adhésion rapide à l'OTAN. Mais le rattachement croissant à l'OTAN via le « statut de partenariat » remet en question cette politique de neutralité et pourrait pousser la Géorgie dans un rôle qui présente des avantages stratégiques pour l'Occident, mais qui pourrait provoquer une escalade pour la Géorgie elle-même.

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Des divisions internes: la déchirure de la société géorgienne

La société géorgienne est profondément divisée: l'opposition, sous la bannière du « Mouvement national unifié » (MNU) et de la « Coalition pour le changement », fait ouvertement campagne pour une intégration claire à l'Occident et attaque le gouvernement GD en le qualifiant de « pro-russe » ». Ces fronts politiques ne sont pas seulement de nature idéologique, mais ont un impact réel sur la stabilité politique interne. La présidente Salomé Zourabichvili, par exemple, appelle la population à protester et parle d'« élections russes ». De telles positions reflètent les divisions profondes qui existent en Géorgie, où les électeurs des grandes villes, pro-occidentaux, veulent faire avancer le courant pro-européen, tandis que les éléments plus conservateurs du pays ne veulent pas rompre complètement les relations plus traditionnelles avec la Russie.

De son côté, l'UE soutient indirectement ces tensions en encourageant les ONG et les mouvements politiques pro-occidentaux qui font pression sur le gouvernement et menacent ainsi l'équilibre interne. Ces tensions pourraient être de plus en plus utilisées de l'extérieur pour déstabiliser le gouvernement géorgien et imposer un leadership clairement pro-occidental si le « Rêve géorgien » maintient son cap axé sur la neutralité.

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Options de politique réelle pour la Géorgie dans l'ordre multipolaire

En théorie, la Géorgie pourrait jouer un rôle clé dans un ordre mondial multipolaire, dans lequel elle serait un acteur souverain et entretiendrait à la fois des partenariats économiques avec l'UE et des relations pragmatiques avec la Russie. Mais la voie est étroite: les programmes occidentaux et la coopération militaire ont placé la Géorgie dans une position où elle reste dépendante du soutien de l'Occident.

Des partenariats alternatifs, par exemple avec la Chine ou d'autres acteurs eurasiens, pourraient certes apporter des avantages économiques à la Géorgie, mais entraîneraient la perte du soutien occidental et un renforcement des sanctions.

Dans cette constellation, une coopération plus étroite avec d'autres acteurs eurasiens - par exemple en tant que plaque tournante logistique dans le commerce avec la Chine - pourrait certes constituer une alternative stratégique, mais la dépendance vis-à-vis des investissements de l'UE et du soutien de l'OTAN laisse peu de marge de manœuvre au gouvernement. L'ordre mondial multipolaire pourrait théoriquement permettre à la Géorgie d'être plus indépendante, mais il manque actuellement des alternatives concrètes à l'Occident.

Conclusion : l'avenir de la Géorgie - entre intégration et souveraineté

La Géorgie est prise dans un dilemme: la véritable autonomie à laquelle aspire le gouvernement du « Rêve géorgien » est limitée par les mécanismes d'influence occidentaux. L'UE et l'OTAN continueront à défendre agressivement leurs intérêts pour lier fermement la Géorgie à leur sphère d'influence. Il ne reste guère de possibilité réaliste pour la Géorgie de se positionner en tant qu'acteur indépendant sans risquer de perdre le soutien de l'Occident.

Tant que la Géorgie sera liée à l'Occident sur le plan de la politique de sécurité et de l'économie, elle ne disposera guère de l'autonomie stratégique qui serait possible dans un ordre multipolaire. Les années à venir montreront si le « rêve géorgien » pourra maintenir la politique d'équilibre à long terme - ou si la Géorgie deviendra définitivement une sphère d'influence occidentale.