samedi, 05 avril 2025
Douguine et le "Maga" trumpien: une alliance antilibérale
Douguine et le "Maga" trumpien: une alliance antilibérale
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2025/03/21/dugin-ja-maga-antilibe...
La russophilie était autrefois un marqueur de la gauche américaine – un objet d’admiration pour les socialistes qui défendaient le stalinisme et le système socialiste de l’Union soviétique. Maintenant, la situation a changé, comme le souligne The Economist.
Ce changement est devenu très visible: l’influenceur Maga Tucker Carlson et le journaliste indépendant Glenn Greenwald ont visité Moscou pour rencontrer le penseur antilibéral Aleksandr Douguine. L’interview amicale de Carlson avec Poutine et la réception de la critique formulée par Douguine sur le libéralisme l’année dernière, ainsi que la récente visite de Greenwald, montrent une sorte de lien idéologique.
Les libéraux occidentaux et les néoconservateurs craignent que la nouvelle connexion entre la droite américaine et la droite russe ne soit pas qu’une simple provocation, mais une affinité philosophique plus profonde. La ligne commune est visible en géopolitique: les partisans de Trump ont rejeté l’aide militaire de Biden à l’Ukraine, considérant le pays comme une sphère d’influence légitime pour la Russie – de la même manière que les Américains agissent dans leur propre région du monde. Ce réalisme du mouvement "America first" rejette l'interventionnisme et se met au diapason avec le monde multipolaire de Douguine.
L’opposition de Douguine à l’Ukraine date de bien plus longtemps. Son ouvrage Les Fondements de la géopolitique (1997) évoque une "Grande-Russie" eurasiatique, menacée par l'Ukraine. A cause de son enthousiasme virulent pour l'annexion de la Crimée (2014), il a perdu son poste à l'Université d’État de Moscou, mais il continue d’être une voix de la droite antilibérale. L'attentat à la voiture piégée de 2022, qui a tué sa fille et a été attribué à l'Ukraine, n’a fait que renforcer sa visibilité.
Le lien qu'il entretient avec le mouvement Maga ne se limite pas à la géopolitique, mais s'étend également aux valeurs et aux visions du monde. Le trumpisme, la Russie de Poutine et un nationalisme conservateur plus large – de Bolsonaro à Orbán en passant par Le Pen – rejettent les principes du libéralisme des Lumières, tels que l’individualisme et les droits de l’homme universels. Le globalisme et la pensée woke sont vus comme des symboles de la décadence occidentale, et la notion de souveraineté pour l'État-nation se voit très nettement valorisée. Douguine résume sur X : les États-Unis et la Russie sont sur la même longueur d'onde, tandis que les "globalistes de l'UE" nous font face.
Cependant, il y a des différences: Douguine soutient un État autoritaire et la prééminence des traditions, tandis que le mouvement Maga de Trump s’appuie sur le populisme majoritaire aux Etats-Unis et tente de briser l'État libéral de l'intérieur. En Russie, l'État incarne la nation, tandis qu'en Amérique, il constitue l'adversaire. Pourtant, des marginaux trumpistes, comme les "intégralistes" ou le "néo-réactionnaire" Curtis Yarvin (photo), s’approchent de la ligne de Douguine – Yarvin envisage un président dictateur à la tête de l'Amérique, un "monarque-PDG" absolu, posture que J. D. Vance a également soutenue.
Le flirt idéologique n’est pas exempt de contradictions. Le traditionalisme ésotérique de Douguine, qui célèbre de nombreuses traditions différentes, telles que la mystique islamique, le soufisme et la théocratie iranienne, entre en collision avec les valeurs sionistes de la droite occidentale. Certes, au sein des cercles les plus obtus de l’extrême droite, Douguine a également été accusé d’apprécier la kabbale juive, ce qui ne fait qu’ajouter à la complexité de sa pensée.
Cependant, l'ancien conseiller de Trump et le parrain de la droite Maga, Steve Bannon, voit en la Russie une alliée de l'Amérique. Lorsque les libéraux ont faussement étiqueté Trump comme le pantin de la Russie, ils pourraient maintenant négliger un lien réel, ouvertement avancé - ironiquement, exactement ce qu'ils craignaient à l'origine.
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La domestication en tant que projet de la modernité
La domestication en tant que projet de la modernité
par Robin Carell
Source: https://motpol.nu/robincarell/2025/03/10/domesticeringen-...
La modernité – cette époque d’industrialisation, d’urbanisation et d'universalité séculière – a apporté d'énormes progrès, mais aussi une transformation subtile mais profonde de l’être humain. La domestication de l'homme est le processus par lequel celui-ci, à l’image d’un animal sauvage apprivoisé pour vivre dans une cage, s’adapte à une vie de confort, de conformité et de dépendance. D’un point de vue nietzschéen, c'est une tragédie: l'homme, autrefois une créature de force vivante et d'indépendance, est réduit à un acteur docile dans un système qui privilégie la sécurité face à la liberté, l’uniformité face à la diversité et la consommation face à la création. Du point de vue vitaliste et ethno-national, cela devient particulièrement alarmant pour nous, Suédois, ressortissants des peuples nordiques ou pour d’autres nationalités issues d'un héritage historique d'autonomie et de lutte – la domestication menace non seulement l’individu, mais aussi l'âme même du peuple.
Pourquoi cela est-il mauvais? L'argumentation part du principe que la domestication est nuisible parce qu'elle étouffe la volonté de vivre de l'homme, mine son identité et la transforme en un esclave du machinisme de la modernité.
Nietzsche parlait de la volonté de puissance comme étant le moteur fondamental de l'homme – non seulement la puissance sur les autres, mais aussi et surtout sur soi-même et sur son propre monde. Dans un contexte sauvage, pré-moderne – imaginez un guerrier nordique naviguant sur des mers agitées – cette volonté était une nécessité pour la survie. La modernité, avec ses filets de sécurité sociaux, ses conforts technologiques et son ordre bureaucratique, a domestiqué cet instinct. L'homme n'a plus besoin de lutter contre la nature ou les ennemis ; il vit dans un monde où tout est prédéterminé, emballé et disponible par une simple pression sur un bouton.
Imaginez un loup qui naît dans la nature, chasse en meute et hurle sous la lune – sa vie est une danse où se succèdent risques et triomphes. Maintenant, on place ce loup dans un zoo: la nourriture est livrée chaque jour, les menaces sont éliminées et son monde se rétrécit à un enclos. Il survit, mais son âme sauvage meurt. De même, la modernité a transformé l'homme en une « créature de zoo ». Nous sommes assis devant des écrans, consommons des divertissements en streaming et mangeons de la nourriture transformée, tandis que notre corps et notre âme – façonnés par des milliers d’années de lutte – crient à la recherche de quelque chose de plus. Cette perte de vitalité est, selon Nietzsche, un pas vers le nihilisme: sans résistance, sans aspiration, la vie devient une pâle imitation d'elle-même.
D'un point de vue ethno-national, cela est particulièrement dévastateur. Notre héritage germanique était marqué par une culture héroïque où la force, l’endurance et l’indépendance étaient des vertus. La domestication remplace ces vertus par un mode de vie doux et globalisé qui non seulement est étranger, mais efface activement leur essence historique.
La domestication de la modernité représente également une menace pour l'identité de l’homme – et en particulier celle de certains peuples. Par le biais du mondialisme et du libéralisme, on encourage l'avènement (définitif) d'une humanité universelle et homogène où les différences culturelles, ethniques et individuelles sont estompées au profit d’un « citoyen du monde ». C’est le bras idéologique de la domestication : transformer l’homme en une unité interchangeable dans un machinisme mondial, déconnectée de ses racines, de ses traditions et de ses terres.
La domestication lie l’homme au machinisme de la modernité – l'État, la technologie, le marché – et fait d’elle une créature dépendante de forces qu’elle ne contrôle pas. Nietzsche mettait en garde contre « le dernier homme » dans son Zarathoustra : une créature qui vit pour le confort et évite le risque, qui dit « nous avons inventé le bonheur » tout en clignant des yeux, avec des yeux vides. C’est le point culminant de la domestication: l’homme comme un consommateur obéissant, une roue dans une machine qu'il ne voit même pas.
Imaginez un être humain moderne: il se réveille dans un appartement stérile, se rend à un travail de bureau qu’il déteste, regarde un écran pendant huit heures, et rentre chez lui pour commander de la nourriture via une application (homo foodora). Sa vie est confortable, mais elle n’est pas la sienne – il est un esclave des algorithmes, de ses employeurs et d'une culture qui punit toute forme d'évasion. Cela contraste fortement avec le nordique pré-moderne, qui construisait sa propre maison, chassait pour obtenir sa propre nourriture et forgeait son destin de ses propres mains. La domestication a volé cette autonomie et l’a remplacée par une vie de passivité et de dépendance.
D'un point de vue nietzschéen, cela est asservissant car cela étouffe la volonté de puissance. La modernité n’offre pas de liberté mais une illusion de liberté – nous pouvons choisir entre dix services de streaming, mais pas entre vivre comme des créatures souveraines ou comme des animaux domestiqués. Pour un peuple avec un héritage d’indépendance, cela est une insulte particulièrement amère à encaisser: le sang des ancêtres se dressait pour défendre la liberté populaire, tandis que les descendants obéissent à un maître invisible.
Quel sera le résultat de cette domestication ? Un monde sans feu – sans l’étincelle qui génère la grandeur humaine. Nietzsche rêvait de l’Übermensch, une créature qui surmonte le nihilisme et crée de nouvelles valeurs. Mais l’homme domestiqué est son contraire: il ne crée rien, il consomme seulement. Sa vie est une longue série de distractions, et non une quête de transcendance. Pensez à une civilisation qui élevait autrefois des temples et des cathédrales, désormais réduite à construire des centres commerciaux et à écrire des tweets – tel est l’héritage de la domestication.
Pour les peuples nordiques, ou d'autres peuples avec un héritage vitaliste, cela constitue une double perte. Leur histoire est remplie de récits de héros qui ont défié l’adversité – des vikings traversant les mers, des fermiers survivant à des hivers rigoureux. La domestication remplace cet esprit par une indifférence douce et globalisée qui n’est pas seulement indigne de leurs ancêtres, mais qui menace aussi leur avenir en tant que peuple distinct.
La conclusion est logique, la domestication de l’homme dans la modernité est nuisible car elle étouffe sa volonté de vivre, mine son identité et le réduit en esclavage sous des systèmes qu'il ne peut pas défier. D'un point de vue nietzschéen, c’est une négation de tout ce qui rend l'homme humain: sa capacité à lutter, à créer et à affirmer sa propre valeur. D'un point de vue ethno-national, c’est une attaque contre le droit des peuples à la diversité et à l’autodétermination, en particulier pour les peuples nordiques dont l’héritage spécifique recèle une vitalité unique. La modernité nous a donné du confort, mais au prix de notre âme – et c’est un prix que ni Nietzsche ni quiconque défendant la vie dans sa plénitude ne devrait être prêt à payer.
À propos de l’auteur : Robin Carell
Robin Carell a étudié et pratiqué l'ésotérisme pendant de nombreuses années. Il est un païen scandinave pratiquant des rituels de sacrifice, dont la philosophie repose sur la relation complexe entre spiritualité et technologie. Pendant autant d'années, il a développé des thèmes traitant du transhumanisme. Il est l’auteur de l’œuvre autobiographique Rusäventyret, qui, en plus de retracer les aspects de diverses drogues et d'états de conscience modifiés et ce, d'un point de vue rétrospectif de première main, inclut également une critique politique et culturelle (2016), ainsi que Sceniet och geniet : sur l’initiation (2025) ; un récit que Carell décrit lui-même comme ludique, sinistre et gravement nietzschéen.
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L’Occident, la poésie, la mystique et la science
L’Occident, la poésie, la mystique et la science
Claude Bourrinet
La gente professorale, celle des collèges, mais aussi des lycées, et sans doute aussi une partie de celle des universités, peut être prise comme étalon des goûts, des convictions, idéologiques et « scientifiques », des modes de vie de la classe moyenne (en fait, la plus grosse part de la société, son corps mou, en quelque sorte le ventre d’une créature obèse coiffant de son gros derrière une surface non négligeable de la surface terrestre), de l’American way of life, avec, concédons-le, une French touch légère (il suffit de prendre le train de Londres à Paris pour percevoir une sacrée différence d’élégance entre les deux populations femelles se départageant l’un et l’autre pays des bords de Manche, et c’est sans doute la même expérience lorsqu’on fait le trajet New York-Paris – mais je m’empresse d’ajouter, pour couper la langue aux objecteurs, que l’on peut trouver aussi, des deux côtés, les mêmes échantillons mal fagotés, quoique, ici, dans notre douce France où les villes ont encore la grâce érotique de s’allonger le long de nos fleuves, les femmes soient encore d’une élasticité tentatrice).
Revenons à nos mandarins républicains de bahut démocratiquement massifiés. Il suffit de sommeiller quelques quarts d’heure dans une salle des profs pour engranger une bonne dose de lambeaux de doxa contemporaine. Non seulement, sans avoir de télévision chez soi, on saura par le menu détail ce qui a pu s’y voir et écouter la veille au soir, mais, de surcroît, si l’on a de la chance, on découvrira l’existence de nouveautés dans l’hypermarché du coin, et l’on aura le droit à quelque résumé de vacances en famille, à moins que l’on ait la chance de rire aux éclats en savourant les plaisanteries salaces censées commenter l’agitation politique du moment. N’attendons pas, pour autant, des prises de positions non conformistes : on s’en tient, comme un peu partout en France, à une douillette raillerie voltairienne, ricanante et superficielle, s’en prenant volontiers ad hominem, sans plongeon dans les abysses de l’interrogation existentielle.
Mais ce qui m’a paru le plus ébouriffant, le plus inimaginable, le plus invraisemblable, si l’on a la faiblesse bien compréhensible de croire que des gens qui ont étudié plusieurs années après l’obtention du baccalauréat, et dont l’on suppose qu’ils se tiennent au courant des disputes qui agitent le bocal du savoir universitaire, c’est qu’ils charrient les croyances les plus délavées, les plus désuètes, celles qui nourrissaient encore la cervelle de leurs arrière-grands-pères. Non point la créance qu’ils accorderaient au pouvoir d’un rebouteux local – ce serait même plutôt le contraire ! (tandis que moi, je les estime comme des spécialistes aussi utiles que le pharmacien ou le curé)… Non, foin de chouettes clouées aux portes des granges, ou de chats noirs coupant la route du côté gauche ! Ils croient en la science ! Pas à cette recherche si subtile qui prend en compte, depuis un siècle, tant du reste dans les sciences dites « dures » que dans les sciences humaines, de la présence, de la dimension, de l’action, de l’influence relativisante de l’observateur, et de la « subjectivité » (au sens littéral – relatif au « sujet », non affectif ni sentimental), sans compter la considération de la complexité fondamentale du monde, que l’on a peine à faire tenir dans des « lois », qui sont de toute façon provisoires, et ne sauraient aboutir à quelque vérité que ce soit. Et lorsque l’on évoque le « sujet », on n’a pas en tête celui de Descartes, qui est face au monde, mais celui de la phénoménologie, c’est-à-dire cette « réception-interprétation » de l’univers des phénomènes, nécessairement « intérieurs » (quoique les notions d’« extérieur » et d’« intérieur », en l’occurrence, soient à définir autrement que ce que l’on entend communément à leur égard). Ce sont ici des réflexions qui les dépassent. Ils s’en tiennent au bon vieux positivisme: on collecte le maximum de données, on les classe, on en tire des constantes, qui deviennent des lois, qui sont, si l’on veut (à condition de ne pas sortir du « comment », et ne pas verser dans cet ignoble « pourquoi », digne de la religion, et ce n’est pas peu dire en matière d’insulte), la « vérité », en tout cas l’explication du monde. Aristote prétendait qu’il y avait un haut, et un bas. Erreur ! Il n’y a ni haut, ni bas, dans le cosmos, et si les objets « tombent », c’est à cause de la loi de la gravitation. Et la terre, elle est ronde comme une orange ! Quant aux théories de la relativité, à Poincaré, Einstein, Planck etc., en a-t-on entendu parler ? Quoique maintenant, ces savants soient déjà de vieilles lunes. Mais qu’importe !
Je disais que les professeurs étaient un peu le parangon de la doxa commune. Évidemment, il y a mieux, et il y a pire. C’est une moyenne. Mais je ne puis m’empêcher de constater combien les idées les plus plates et les plus « dépassées » (non que je croie à un « progrès » du savoir, l’homme n’étant guère qu’une poussière, qui essaie d’en connaître davantage, sans avancer beaucoup plus au-delà de l’ombre de sa petitesse), mais il est évident que la paresse, la bêtise, si utiles par ailleurs (que serait un monde où tous seraient entreprenants et intelligents ? Un cauchemar!), empêchent, par leur présence massive, que l’on porte trop de crédit à la « démocratie », et encore moins à la compréhension du monde, dont l’on nous dira pourtant qu’elle est infiniment plus profonde que ce qu’elle était dans le sombre Moyen Âge.
Or, j’ai découvert la même propension à colporter ce genre d’imbécilités dans les milieux « savants ». L’essai si éreinté – à juste raison- de Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel, outre les déficiences que sa réplique critique, aux Éditions HIBR, Les Grecs, les Arabes et nous, recueil de textes érudits, a remis à sa place, qui est malheureusement assez piètre, ne manque pas de partager des préjugés que l’on croyait absents, sinon mis à distance, par des esprits présumés « éveillés ». En effet, l’un des arguments assénés pour discréditer l’Islam, provient, sans le nommer, d’Ernst Renan, qui, bâtissant, à la suite des Germains, une théorie essentialiste des langues (langues aryenne – incluse dans la famille indo-européenne -, sémitique etc.), classe ces idiomes en fonction de leurs capacités à avoir accès aux abstractions (sciences, philosophies). Pour eux (Gouguenheim et Renan), la langue arabe est incapable de « penser » ces logiques rationnelles. Je n’entrerai pas dans les détails, et vous imaginerez combien les militants occidentalistes et islamophobes, voire racistes, le plus souvent d’une inculture vertigineuse, ont pu se délecter à ces conclusions. Au chapitre troisième de la réponse à ces aventureuses assertions, Djamel Kouloughli a répondu avec clarté et précision, en offrant de nombreux exemples probants et convaincants.
Mais ce qui m’a atterré, chez Gouguenheim (et Rémi Brague), c’est la hiérarchisation qualitative qu’ils font entre la « poésie » (ou la mystique), et la connaissance rationnelle, voire rationaliste, techno-scientifique, la seconde catégorie étant apparemment supérieure à la première. Pour évaluer le degré d’« involution » - pour employer un mot de René Guénon -, de dégénérescence, qu’implique la survalorisation du « progrès » matérialiste depuis la fin du Moyen Âge (et il faut lire, pour s’en faire une idée, La Crise du monde moderne, de ce même Guénon), il suffit de voir, sans s’enivrer d’exploits si spectaculaires qui meublent les cerveaux vidés de toute transcendance, le désastre de notre univers si dévasté, dans tous les domaines. Mais nous ne pouvons ici développer davantage.
Pour Gouguenheim, donc, la langue arabe n’est capable que de s’en tenir à une approche poétique (ou mystique) de l’existence et du monde. Et, pour lui, ce n’est pas un éloge, car, il le dit explicitement, cette « fermeture » à l’abstraction, condamne à demeurer dans un univers enfantin. Or, on peut en juger autrement (pour peu qu’on accorde créance à ses hypothèses complètement aberrantes par ailleurs). De nombreuses sociétés ont plutôt considéré le contraire. Lui-même, « occidentaliste » enragé, ne s’est pas aperçu qu’il était en plein paradoxe. Il prétend ainsi que l’Occident serait fondamentalement « grec ». Or, s’il entend « grec » (qu’il associe, contre toute raison historique, à « chrétien », n’ayant manifestement jamais entendu parler de l’opposition entre Athènes et Jérusalem) : « rationnel », « scientifique », il ne se limite qu’à un courant de notre civilisation, qui a été loin d’être dominant, et qui n’a tendu à se faire de place qu’à partir de Platon, en gros (les « »physiciens » pré-socratiques n’ayant pas eu la puissance du disciple de Socrate de se faire entendre). Pourtant, longtemps, et ce jusque dans notre « occident » médiéval, et même plus tard, avec ésotéristes, pythagoriciens, néoplatoniciens etc., chez de grands écrivains et poètes européens, sans parler de ceux qui ont enchanté le monde par ailleurs, sous d’autres horizons, et même chez des scientifiques qui ont revalorisé le rêve (il n’y eut pas, à ce titre, que les romantiques et les surréalistes), le lien « poétique » et/ou « mystique » est le seul vrai, le seul authentique, l’appréhension scientifique ne sollicitant que le monde (superficiel) des phénomènes. « […] Dieu a créé le monde entier, pour que Dieu naisse dans l’âme et l’âme à son tour en Dieu », proclame Maître Eckhart.
Notre « Occident » lui-même, pour autant qu’on veuille le situer dès son origine en Grèce antique, n’a juré que par la poésie et la mystique, avant de dévier (en partie) vers la « science » (encore n’était-ce pas la « science » moderne!). L’’essai de Donatien Grau & de Pietro Pucci, La Parole au miroir, aux éditions Les Belles Lettres, décrit bien cette époque ante-socratique où les Muses servaient de truchement entre l’aède et les dieux (voir aussi l’essai revigorant de William Marx : La haine de la littérature, aux Éditions de Minuit) : le mythe n’est pas seulement une « histoire », une fable, mais un savoir, une sagesse qui nous apprend ce que sont les dieux, les hommes, leurs rapports, et le monde. Leçon qui n’est pas sans, in fine, justifier le monde, puisque l’on a la preuve, par la poésie, que les dieux tissent des liens, souvent de confiance et de sympathie, avec lui. Sinon, les Muses ne prendraient pas la peine de nous éclairer. Le poète, l’aède, obtient par là une position sociale, voire politique (voir l’aède Démodocos, dans Ulysse) privilégiée. Pindare en est l’illustration. Il donne au monde la parole interprétative : les faits, les événements ne parlent pas. Il indique l’ordre des choses, leur hiérarchie, par la beauté du verbe.
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Rétablir le fonctionnement de Nord Stream ? Le chef de l'énergie français avec une prévision explosive
Rétablir le fonctionnement de Nord Stream ? Le chef de l'énergie français avec une prévision explosive
Berlin. Le gazoduc Nord Stream germano-russe, qui a été détruit, alimente actuellement les spéculations. Récemment, le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, a confirmé que l'on parlait également de l'avenir de l'oléoduc, gravement endommagé en 2022, entre les États-Unis et la Russie. Sur les quatre conduits du gazoduc, un est demeuré intact, et c'est par là que le transport de gaz pourrait être repris.
Maintenant, un nouvel acteur a pris la parole. Patrick Pouyanné (photo), PDG du géant énergétique français “Total Energies”, a osé formuler une prédiction provocante lors d'une conférence industrielle à Berlin : “Je ne serais pas surpris si deux des quatre conduits étaient remis en service – mais non les quatre.” L'agence de presse Reuters en parle.
Pouyanné a un argument convaincant de son côté. Il souligne qu'en dépit de tous les efforts de diversification, l'Europe a encore besoin de gaz russe pour rester compétitive. “Il est impossible de rivaliser avec le gaz russe si l'on importe du GNL d'autres régions,” a-t-il déclaré, exprimant ainsi indirectement sa critique du choix de compenser les livraisons russes avec du gaz de schiste en provenance des États-Unis. Surtout, l'Allemagne a choisi cette voie, mais en payant cher depuis des années. Pouyanné a mis le doigt sur cette plaie et a déclaré : “La question est : pouvons-nous vraiment nous passer du gaz russe bon marché ? Je crois que l'Europe centrale ne pourra pas y arriver.”
Récemment, d'intenses négociations sur le gazoduc Nord Stream ont eu lieu en coulisses, avec l'implication des États-Unis. C'est d'autant plus explosif qu'il est reproché au gouvernement américain, sous la présidence de Joe Biden, d'avoir donné l'ordre de détruire les oléoducs en 2022, après avoir même annoncé explicitement cette intention en février de cette année, à l'occasion de la visite inaugurale du chancelier Scholz (SPD) à Washington (rk).
Source: Zue rst, avril 2025.
12:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaz, hydrocarbutes, gazoducs, mer baltique, nord stream, patrick pouyanné, allemagne, europe, affaires européennes | |
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Malgré les sanctions: les Européens ne peuvent se passer des engrais russes
Malgré les sanctions: les Européens ne peuvent se passer des engrais russes
Moscou/Bruxelles. Depuis 2014, et plus encore depuis 2022, l'année du début de la guerre en Ukraine, la Russie subit de strictes sanctions occidentales. Depuis au moins 2022, l'Occident essaie de se rendre indépendant des biens et des matières premières russes afin de mettre l'économie russe en difficulté.
Cependant, les résultats sont maigres. D'une part, parce que la Russie a pu compenser ses anciens clients occidentaux par de nouveaux acheteurs en Chine et dans d'autres pays de la vaste Eurasie. D'autre part, parce que les Européens n'ont toujours pas trouvé de fournisseurs alternatifs dans certains domaines essentiels.
Ainsi, la Russie continue de fournir des composants chimiques importants pour la production d'explosifs. Les principales entreprises impliquées sont les fabricants d'engrais EuroChem et UralChem. Selon le service économique américain “Bloomberg”, les deux entreprises peuvent contourner en partie les sanctions occidentales, car leurs produits, y compris les engrais azotés, sont indispensables à l'agriculture et à l'approvisionnement alimentaire mondial. Ces deux entreprises, dirigées par le milliardaire Andrej Melnitschenko (EuroChem) et l'oligarque Dmitri Masepin (UralChem), insistent sur le fait qu'elles se concentrent sur la production d'engrais et non sur le soutien à la machine de guerre russe.
Depuis le début de la guerre en 2022, les importations d'engrais russes en Europe ont même augmenté et couvrent actuellement encore environ un quart du marché européen. Mais comme les Européens restent dépendants et qu'aucun fournisseur alternatif n'est en vue, il est peu probable que cela change à l'avenir (mü).
Source: Zu erst, Avril 2025.
12:01 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : engrais, engrais russes, europe, affaires européennes, russie, sanctions | |
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Juvénal, de la Rome célinienne au Kali-Yuga romain
Juvénal, de la Rome célinienne au Kali-Yuga romain
par Nicolas Bonnal
L’époque que nous vivons est épouvantable, surtout en Occident. Ce vieil Occident aime se pencher comme dit Guénon vers l’ouest, qui est le côté de la mort. Occidere veut dire aussi tomber et tuer (uccidere en italien). Il n’a guère progressé et ne rêve à nouveau que d’extermination belliqueuse sur fond de liquidation morale, intellectuelle et culturelle : comparez le début du dix-neuvième ou même du vingtième siècle -Debussy, Bartok, Ives, Stravinski… - au nôtre, pour sourire...
J’évoque, dans mon recueil sur la décadence romaine, mère de toutes les décadences occidentales et italiennes, Juvénal, poète (60-140 après JC) dont je relis les satires, comme pour me consoler de l’actualité. Si la roche tarpéienne, comme on dit, est proche du Capitole, le Kali-Yuga décrit par cet immense et célinien artiste est proche de l’Age d’or d’Auguste, Horace et Virgile. Les âges d’or ne durent jamais très longtemps (cf. le siècle des Lumières façon Goethe, Rameau et Mozart) et très vite le pain et les jeux, comme dit Juvénal, ont le dessus. L’Esprit a toujours le dessous.
Juvénal écrit dès sa première satire cette acérée remarque contre les méfaits de la paix :
« Aujourd'hui nous souffrons des maux d'une longue paix, plus cruelle que les armes ; la luxure nous a assaillis pour la revanche de l'univers vaincu. Aucun crime ne nous manque, aucun des forfaits qu'engendre la débauche, depuis que la pauvreté romaine a péri ».
Ne nous plaignons pas d’une absence de guerre non plus : certaines guerres produisent le sang, l’engrais de cette plante qu’on nomme le génie, comme dit Joseph de Maistre, certaines ne produisent rien du tout, comme la Seconde Guerre Mondiale, qui reste l’horreur la plus stérile de l’Histoire du Monde. Elle a juste produit la Société du Spectacle et un anéantissement général, spirituel et culturel, sous couvert d’économie, de destruction de la terre muée en réserve minérale et d’unification mondialiste.
Se plaint-on du pouvoir de l’argent ? Juvénal écrit que :
« Le premier, l'or obscène a importé chez nous les mœurs étrangères ; avec son luxe honteux, la richesse, mère des vices, a brisé les traditions séculaires. »
Rappelons que pour Fustel de Coulanges le pouvoir romain s’est établi partout parce qu’il s’est toujours appuyé sur les riches, - comme finalement le pouvoir américain. Le tout s’achevant comme bientôt notre monde par un effondrement généralisé et une dépopulation fantastique (baisse de 80% de la population en cinq siècles, on va compter les survivants vers 2100 ou 2200…).
La satire VI est la plus longue et la plus fameuse, formidablement misogyne (ô Ursula, Angela, Christine, Brigitte, Hillary, Sandrine et des milliards d’autres maintenant…) et en guerre contre la révolution sexuelle tancée par Fellini dans son Satiricon et ses films sur la société de consommation et de con-soumission. Artiste visuel totalement génial, Fellini est et reste le sublime commentateur romain de cette Dolce Vita qui nous a tous emportés vers le Grand Reset.
Parle-t-on de sexe ou de libération des mœurs ? Juvénal pornographe explique que :
« Lorsque l'amant fait défaut, on livre assaut aux esclaves ; faute d'esclaves, on appelle un porteur d'eau ; si enfin il n'y a pas moyen de trouver d'homme, on n'attendra pas davantage, on se couchera sous un âne ».
Evoque-t-on l’avortement ? Juvénal rappelle :
« Le moment même où Julie nettoyait d’une foule d’avortons sa féconde matrice et se délivrait de fœtus qui ressemblaient à son oncle. »
L’incrédulité se développe alors bien sûr, et ceux qui critiquent Harry Potter et son influence sur les anciennes têtes blondes de Londres ou de Strasbourg feront bien de lire ou de relire ces lignes :
« Existe-t-il des mânes, un royaume souterrain, une gaffe de nautonier, un Styx avec des grenouilles noires dans son gouffre, et une barque unique pour faire passer le fleuve à des milliers d’ombres ? Même les enfants ne le croient plus, sauf ceux qui n’ont pas encore l’âge de payer aux bains. »
Nous plaignons-nous de la domination des experts, des médecins, des médiatiques et des diététiciens et des bateleurs de tout poil ? Notre poète a encore réponse à tout :
« Dis-moi ce que c’est qu’un Grec ? Tout ce qu’on veut : grammairien, rhéteur, géomètre, peintre, masseur, augure, danseur de cordes, médecin, magicien, que ne fera point un Grec famélique ? »
Le Grec c’est l’expert, l’animateur, l’agent mercuriel évoqué par Yuri Slezkine dans un sulfureux livre et c’est aussi un être formidablement motivé par le fric. On redécouvrira les réflexions de Gobineau ou de Le Bon (la cité grecque comme enfer pour le citoyen – vive l’empire perse !) sur ces Grecs qu’on nous vend depuis des siècles.
Sur le bruit en ville :
« Où louer un appartement où l’on puisse fermer l’œil ? Il faut une fortune pour dormir dans notre ville. Voilà ce qui nous tue. Le passage embarrassé des voitures dans les rues étroites, le désordre bruyant du troupeau, ôteraient le sommeil à Drusus lui-même… »
Sur l’étatisme, la fiscalité, les contrôles tous azimuts, Juvénal écrit ces lignes qui auraient pu inspirer Taine ou Jouvenel (pas besoin d’Etat moderne, l’Etat est toujours là, voyez aussi Balazs sur la tyrannie des eunuques chinois) :
« Qui oserait vendre ou acheter ce poisson, quand tant de délateurs surveillent les côtes ? Il y a partout des inspecteurs qui chercheraient noise au pauvre pêcheur ; ils affirmeraient que le poisson a été élevé dans les viviers de César, qu’il s’en est échappé et qu’il revient de droit à son premier possesseur. »
Juvénal remarque aussi que le fisc tue la nature – on est là proche de Heidegger :
« Nous n’avons plus un arbre qui n’ait à payer une taxe au Trésor : il mendie, ce bois dont les muses ont été exilées. »
Juvénal nous met enfin en garde contre l’astrologie, l’occultisme et aussi contre le notable allongement de la durée de vie, obsession dont les imbéciles font leurs choux gras dans les pages branlantes du Fig-Mag (ce baby va vivre centre-trente ans !) :
« Donne-moi longue vie ; accorde-moi, Jupiter, de longues années. " C'est le vœu, le seul, qu'en bonne santé tu formes, ou malade. Mais quelle suite d'affreux maux accablent une longue vieillesse ! »
Pour lui (qu’on devine réactionnaire…) comme pour Céline ou Drumont – ou même Mirbeau - il ne sert à rien d’écrire à une époque où tout le monde écrit :
« Il serait sottement clément, puisqu’on se heurte partout à tant de poètes, d’épargner un papyrus qui trouverait toujours à se souiller. »
La rage devient comme chez nos polémistes la vraie raison d’écrire :
« Qui donc pourrait se résigner au spectacle des hontes romaines ? Comment exprimer la colère dont mon foie se dessèche et brûle, quand la populace s’écrase pour laisser passer la foule de clients faisant cortège à un spoliateur qui a réduit sa pupille à se prostituer ou à cet autre condamné par un jugement tombé à l’eau ? »
On se répète sur cette dinguerie sexuelle qui semble un apanage romain à travers les siècles :
« Qui donc peut dormir, quand une bru s’abandonne à son beau-père par cupidité, quand des fiancées ont déjà fait la noce, quand des adultères sont encore enfants ? Le génie n’est plus indispensable, c’est l’indignation qui forge les vers, et ils sont ce qu’ils sont. »
Parfois Juvénal aussi oublie son enfer fellinien et il renoue avec le sublime et l’ésotérisme noble des romains enracinés dont a sublimement parlé Guénon (de Pythagore à Dante –j’aurais ajouté Lorrain et Poussin… -, en passant par Virgile, la présence initiatique et traditionnelle en Italie, mère par ailleurs de tous les vices et de toutes les tyrannies et de toutes les forfanteries) ; il cherche à déchirer le voile de la Maya ou les murs de la prison de fer de Dick :
« Sur toute la surface des terres qui s'étendent de Gadès à ce berceau de l'aurore qu'est le Gange, peu d'hommes sont capables de discerner les vrais biens de ceux qui leur sont funestes, derrière les nuées de l'illusion. Quand sera-ce d'après la raison que nous craindrons ou désirerons ? Quel projet formé sous d'heureux auspices ne risque pas de nous mener au repentir, si nous l'accomplissons ? »
Enfin Juvénal envoie promener nos humanités (instruction vient de instruere, ranger en ordre de bataille…) qui ont reposé via Plutarque sur la célébration des généraux et de leurs massacres :
« Le terme de cette vie qui mit jadis sens dessus dessous les affaires des hommes, ni les épées n'en décideront, ni les rochers, ni les flèches ; mais le bourreau du vainqueur de Cannes, le vengeur de tant de sang répandu, sera un simple anneau. Va insensé, cours à travers les Alpes escarpées, pour finalement amuser des écoliers et devenir un sujet de déclamation. »
* * *
Juvénal – Satires, traduites par Henri Clouard
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vendredi, 04 avril 2025
Panique parmi les diplomates: Baerbock à la tête de l'Assemblée générale de l'ONU ?
Panique parmi les diplomates: Baerbock à la tête de l'Assemblée générale de l'ONU ?
Berlin/New York. Le parcours flamboyant de l'actuelle ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock (Verts) pourrait bientôt être enrichi d'un nouveau chapitre burlesque. En effet, tant Baerbock elle-même, l'experte allemande de premier plan en "droit international", que le gouvernement allemand maintiennent la candidature de la ministre des Affaires étrangères au poste de nouvelle présidente de l'Assemblée générale de l'ONU.
Initialement, c'est la diplomate allemande de haut niveau Helga Schmidt qui était déjà prévue pour ce poste, elle qui - contrairement à Baerbock - possède une expérience approfondie dans le domaine de la politique internationale et s'est également bien préparée pour sa nouvelle tâche; Helga Schmidt a été, entre autres, de 2021 à 2024, secrétaire générale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et avant cela, secrétaire générale du Service européen pour l'action extérieure. En théorie, c'était un excellent choix. Cependant, Baerbock, ancienne diplômée du programme "Young Global Leader", cornaqué par le très controversé Forum économique mondial, semble encore avoir de meilleures relations grâce au cercle influent de Klaus Schwab. Les chances sont donc bonnes pour que Baerbock occupe bientôt un poste important et prestigieux aux Nations Unies.
Mais: même parmi des cercles et des médias politiquement proches d'elle - comme le journal de gauche Süddeutsche Zeitung - des critiques se font entendre concernant la candidature de Baerbock. Ses légendaires bourdes au cours des années du gouvernement "Feu tricolore" n'ont pas été les seules choses que le monde entier ait remarqué, mais il y a surtout eu les maladresses politiques dont elle, en tant que ministre verte des Affaires étrangères, a presque toujours fait preuve. Il est inoubliable de l'avoir vue anéantir les relations diplomatiques avec la Russie et la Chine, en qualifiant le chef d'État et de parti chinois Xi Jinping de "dictateur" et en allant jusqu'à faire une quasi-déclaration de guerre à propos de la Russie: "Nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres".
Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait une franche inquiétude parmi les diplomates face à la candidature de Baerbock à l'ONU. Maintenant, deux diplomates allemands de haut niveau à l'ONU, Hans Christoph von Sponeck et Michael von der Schulenburg, ont pris la parole dans une déclaration où ils mettent en garde, spécifiquement contre Baerbock. Ils soulignent que la ministre des Affaires étrangères encore en fonction a une grande part de responsabilité dans le fait que l'Allemagne a perdu de son prestige à l'étranger.
Les deux diplomates écrivent mot pour mot dans la Berliner Zeitung: "Pour Baerbock, "la paix par la force" signifie la sécurité militaire et non la sécurité humaine, comme cela est constamment exigé par les Nations Unies, en particulier par l'UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme alimentaire mondial (PAM) et bien sûr par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres (…). Elle ne veut pas soutenir la désescalade des tensions ou les négociations de paix en affichant clairement une volonté de compromis. Elle est tout sauf une bâtisseuse de ponts. Mme Baerbock a montré à plusieurs reprises qu'elle ne comprend ni le droit international ni l'esprit et l'éthique de la Charte des Nations Unies. Elle a prouvé cela avec des déclarations comme: il faut porter des coups à la Russie de telle manière que "le pays ne se relève plus économiquement pendant des années", et à propos de l'Ukraine : "Nous sommes avec vous tant que vous avez besoin de nous, peu importe ce que mes électeurs allemands pensent"".
Par conséquent, les deux diplomates recommandent vivement au nouveau gouvernement allemand de reconsidérer le choix de mettre Annalena Baerbock à la présidence de l'ONU. Il est impératif d'éviter que le prestige de l'Allemagne dans le monde ne subisse de nouveaux dommages (rk).
Source: Zu erst, Avril 2025.
20:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, allemagne, affaires européennes, diplomatie, annalena baerbock | |
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Chaos bosniaque
Chaos bosniaque
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/caos-bosniaco/
Dans le silence assourdissant de nos médias, la Bosnie plonge rapidement vers la guerre. Une guerre civile entre les trois groupes - Serbes orthodoxes, Croates catholiques et Bosniaques, soit des musulmans serbes - qui la composent. Ou plutôt, qui composent la fédération la plus improbable et la plus préoccupante pour son instabilité, de l'histoire récente.
Les Bosniaques et les Croates bénéficient du soutien de l'OTAN. Et, de fait, ils répondent aux ordres du Haut Commissaire européen, Christian Schmidt. Un chrétien-démocrate allemand, connu pour sa profonde aversion envers la Russie. Et, surtout, pour sa haine, jamais cachée (aucune autre expression ne me vient à l'esprit), pour les Serbes bosniaques.
Ainsi, avec l'approbation de ce Commissaire "impartial", la Cour de Sarajevo a émis un mandat d'arrêt contre le Premier ministre de la République Srpska, Dodik. Ce qui, d'ailleurs, n'a en rien affecté les activités de ce dernier. Non seulement il s'est rendu en visite officielle en Serbie, mais il se déplace avec une liberté extrême. Au point qu'il est maintenant en visite, toujours officielle, en Israël.
Cependant, l'ordre d'arrêt émis par Sarajevo est en train de déclencher des manifestations dans la République serbe de Bosnie. Les habitants demandent, à grand bruit, la rupture des liens – en vérité toujours assez fragiles – avec le gouvernement bosniaque, contrôlé par des musulmans et des Croates, et dirigé par l'UE et l'OTAN.
Car la crise bosniaque, qui émerge, n'est rien d'autre que l'ouverture d'un nouveau chapitre dans le conflit latent entre, osons le dire, l'Occident et la Russie. En fait, même les plus obtus des commissaires et des politiciens de l'UE ont compris que, désormais, la partie en Ukraine est perdue. Moscou a gagné sur le terrain, et Trump, comme nous l'avons expliqué précédemment, cherche à minimiser les dégâts.
Bien que Londres et Bruxelles continuent de soutenir Zelensky. Et favorisent un comportement terroriste qui pourrait facilement inciter le Kremlin à une offensive massive et définitive. Celle que, pour le moment, la Maison Blanche tente d'éviter.
Cependant, ayant désormais perdu la partie en Ukraine, l'OTAN se prépare à ouvrir un nouveau front de conflit avec Moscou. C’est en précisément Bosnie. Cela a également l'avantage (discutable) de représenter un front dans lequel la Russie ne serait pas directement impliquée. Bien que même un individu total décérébré comprendrait qu'attaquer la République serbe bosniaque signifie impliquer immédiatement Belgrade.
Et Belgrade représente le plus solide allié du Kremlin en Europe. Donc... tirez vous-mêmes les conclusions; elles sont évidentes.
Une dernière observation. Regardez une carte géographique de l'Europe. Observez la Bosnie. Sa position. Et vous pourrez noter que, pour l'Italie, c'est, en substance, un pays voisin. La guerre, cette étrange guerre mondiale asymétrique, est désormais à notre porte.
19:53 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, balkans, bosnie, politique internationale | |
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La Russie renforce ses liens avec l'Inde et prépare un nouveau gazoduc vers la Chine
La Russie renforce ses liens avec l'Inde et prépare un nouveau gazoduc vers la Chine
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/la-russia-rafforza-i-legami-con-lindia-e-prepara-il-nuovo-gasdotto-verso-la-cina/
Poutine se rendra bientôt en Inde pour renforcer les liens entre les deux pays. La date de la visite n’a pas encore été indiquée, mais le voyage a été confirmé par Lavrov. De plus, New Delhi a toujours ignoré les sanctions occidentales contre la Russie et a continué d'acheter du gaz et du pétrole, obtenant des réductions qui ont augmenté la compétitivité indienne et remplaçant sur le marché russe les produits que les Occidentaux ne vendaient plus.
Si, par ailleurs, Trump devait lever les sanctions contre Moscou, cela profiterait aux États-Unis, à la Russie et à la Chine, avec un marché global de plus en plus vaste et riche. Pendant ce temps, les fous de Bruxelles et les Erinyes continuent de réaffirmer que l'Europe doit maintenir les sanctions et continuer de payer des prix absurdes pour obtenir du gaz et du pétrole. Quand ils ont distribué l'Intelligence, Macron était en train de jouer avec sa prof tandis que Starmer, Ursula et Kallas étaient aux toilettes à se passer les devoirs.
Cependant, Poutine élargit son champ d'action. Il négocie avec Trump sur la guerre et les sanctions, organise son voyage en Inde chez l'ami Narendra Modi et obtient presque par surprise le feu vert de la Mongolie pour la construction d’un nouveau gazoduc afin de transporter le méthane jusqu'en Chine.
Car peut-être que Poutine et Trump réussiront à trouver un accord sur le partage de l'Ukraine ; peut-être que les sanctions américaines seront alors levées ; peut-être qu'un accord global sera également atteint sur l'Iran et le Yémen. Mais il est préférable de se préparer à d'autres scénarios. Et pour cela, il faut de nouveaux amis, beaucoup d'amis. Les BRICS peuvent être le véhicule adéquat, malgré des intérêts parfois contradictoires et parfois si opposés qu'ils risquent de provoquer des conflits armés.
Cependant, il est important de se créer des alternatives. Cela vaut pour la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil et tous leurs alliés, de plus en plus nombreux. Cela ne vaut pas pour les euro-mabouls, convaincus d’être autosuffisants. Car les conséquences des erreurs d'Ursula, de Kaja, d'Emmanuel sont payées par les peuples, pas par les oligarques.
18:41 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, inde, chine, actualité, europe, affaires européennes, politique internationale | |
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L'éducation en Europe et en Amérique du Nord: des niveaux d'incompétence ahurissants
L'éducation en Europe et en Amérique du Nord: des niveaux d'incompétence ahurissants
Troy Southgate
L'éducation en Europe et en Amérique du Nord a atteint des niveaux d'incompétence ahurissants et de nos jours, il est probable que vous découvriez plus de sagesse pratique, culturelle et traditionnelle parmi les habitants d'une soi-disant tribu « primitive » en Afrique ou en Asie, que chez quelqu'un errant dans les rues de Londres, Paris ou New York.
Une des raisons du déclin constant de l'éducation est la domination des méthodes utilitaires sur celles de la philosophie. Bien que ces dernières offrent à l'individu des connaissances précieuses sur la médecine, l'informatique, l'ingénierie ou un certain nombre d'autres tâches considérées comme essentielles au maintien de la civilisation moderne, peu d'opportunités existent pour le type d'approche philosophique qui pourrait nous amener à demander pourquoi nous sommes vivants en premier lieu ou comment nous pourrions vivre d'une manière plus chargée de sens.
Seule la philosophie a le potentiel de compléter les connaissances existantes en contribuant à la culture d'une dimension éducative qui peut nous permettre de regarder de plus près le monde qui nous entoure. Beaucoup supposent que la restauration rapide, les voitures rapides et le sexe rapide sont des signes que nous avons créé une civilisation plus libérée, mais l'éducation utilitaire ne répond pas à l'urgence de nous examiner avec un œil plus critique.
Inutile de dire que cet arrangement convient très bien à la classe dirigeante, car plutôt que d'accepter le fait qu'il y a plus dans la vie que la production, la consommation et le divertissement, elle préférerait que nous restions de simples rouages dans une vaste machine économique. Comme le dit le philosophe néerlandais, Bernardo Kastrup, à propos de notre existence qui est désormais complètement non naturelle :
« Une civilisation de drones abrutis vaquant aveuglément à leurs tâches pratiques flirte constamment avec l'effondrement. Mais les structures de pouvoir peuvent penser qu'il est possible de gérer cela grâce à la bonne combinaison d'alcool, de tabac, de télévision, de pornographie, de culture d'achat commoditisé et, dans les cas plus graves, de thérapies cognitivo-comportementales et de médicaments psychiatriques créant une dépendance. La métaphysique matérialiste dominante permet cela en rendant culturellement légitime la notion scandaleuse selon laquelle les gens malheureux ne sont que des robots biologiques dysfonctionnels. »
Une éducation philosophique, par conséquent, est capable de réveiller les gens de leur sommeil et de les reconnecter à leur humanité fondamentale. À ceux qui suggèrent que la philosophie est tout simplement impossible dans une société de masse qui doit inévitablement pourvoir à ses besoins les plus pressants, tels que la nourriture et le logement, il suffit de jeter un œil à la façon dont la philosophie fonctionne parmi ceux des cultures aborigènes. Kastrup suggère que bien que la philosophie puisse opérer sous un autre nom, c'est-à-dire celui de la mythologie, dans les sociétés moins civilisées, elle n'est pas moins efficace lorsqu'il s'agit d'offrir une alternative saine aux innombrables maux du monde moderne. Nous avons, nous aussi, nos tribus et nos mythologies, et c'est là que le renouveau philosophique doit commencer.
Annexe:
Bernardo Kastrup: critique du matérialisme et apports de Schopenhauer et Jung
Bernardo Kastrup est un philosophe et auteur néerlandais, connu pour ses travaux sur la philosophie de l'esprit, la métaphysique et la critique du matérialisme. Il s'inscrit dans une tradition de pensée qui remet en question les paradigmes dominants de la science et de la philosophie modernes. Voici un aperçu des grandes étapes de sa vie et des principaux éléments de sa pensée, en particulier sa critique du matérialisme, ainsi que l'influence de Schopenhauer et de Jung.
Grandes étapes de la vie de Bernardo Kastrup
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1. Formation académique et carrière scientifique :
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Bernardo Kastrup est né aux Pays-Bas, mais il a grandi en grande partie en Afrique. Il a étudié la philosophie et l'informatique à l'université, avec une spécialisation en intelligence artificielle.
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Avant de se consacrer à la philosophie, il a travaillé dans le domaine des technologies de l'information, où il a notamment travaillé sur des projets liés à l'intelligence artificielle et à la computation.
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2. Transition vers la philosophie de l'esprit :
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Son intérêt pour la philosophie s'est approfondi au fil du temps, en particulier sur des questions liées à la nature de la conscience, de la réalité et de l'esprit humain.
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Kastrup a eu une série de révélations personnelles et intellectuelles qui l'ont conduit à s'opposer aux concepts dominants dans la science contemporaine, tels que le matérialisme scientifique, qui, selon lui, ne rend pas compte de la nature de la conscience.
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3. Publications majeures :
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Il a écrit plusieurs livres qui explorent les limites du matérialisme et défendent une approche idéalisme transcendant, où l'esprit est vu comme la substance fondamentale de l'univers.
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Parmi ses ouvrages notables, on trouve "Why Materialism Is Baloney" (2014; en français: Pourquoi le matérialisme est absurde), "The Idea of the World" (2018) et "More Than Allegory" (2020), dans lesquels il critique la vision matérialiste et propose une perspective alternative.
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Principaux aspects de sa pensée
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1. Critique du matérialisme :
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Kastrup est un critique virulent du matérialisme scientifique, qu'il considère comme une explication insuffisante de la conscience et de la réalité.
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Selon lui, le matérialisme, qui suppose que l'esprit est une émanation de la matière (en particulier du cerveau), ne parvient pas à expliquer les phénomènes subjectifs de la conscience, comme les expériences qualia (la « sensation » de la couleur, de la douleur, etc.).
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Kastrup soutient que la science matérialiste se heurte à une série de paradoxes, dont le plus important est le problème difficile de la conscience : comment des processus physiques dans le cerveau peuvent-ils engendrer des expériences subjectives et conscientes ?
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Pour résoudre ce problème, il propose une philosophie idéaliste, où l'esprit est vu comme l'entité primordiale de l'univers, et où la matière est simplement une manifestation ou un effet de l'esprit.
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2. Influence de Schopenhauer :
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Kastrup est profondément influencé par la philosophie de Schopenhauer, notamment sa conception de la « Volonté » comme étant la force fondamentale qui sous-tend toute réalité.
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Pour Schopenhauer, la Volonté est une force irrationnelle et aveugle qui se manifeste dans le monde sous diverses formes, y compris dans la nature et dans l'humanité. Cette Volonté est à la fois la cause et la substance de tout ce qui existe.
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Kastrup reprend cette idée en affirmant que la réalité est une sorte de manifestation ou d'expression de la conscience, et que tout ce qui existe dans l'univers découle de cet esprit fondamental, une sorte de « Volonté » universelle.
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Cependant, contrairement à Schopenhauer qui voyait cette Volonté comme une force irrationnelle, Kastrup pense que cette conscience primordiale est en quelque sorte ordonnée et structurée, et que ce qui semble être du chaos ou de la matière est en réalité une sorte d’apparence consciente.
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3. Apports de Jung :
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L'influence de Carl Gustav Jung sur la pensée de Kastrup est également importante, en particulier l'idée de l'inconscient collectif et de l'archétype.
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Kastrup s'inspire de Jung pour concevoir l'esprit humain comme étant une sorte de fenêtre ou de point de vue sur une conscience universelle et collective.
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Selon lui, l'inconscient collectif, un concept central de la psychologie analytique de Jung, pourrait être une manifestation de cette conscience primordiale dont il parle. Les archétypes jungiens (des structures universelles de l'inconscient) seraient des formes ou des images symboliques qui traduisent cette réalité plus profonde.
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En d'autres termes, Kastrup voit la conscience humaine non pas comme une entité isolée, mais comme un aspect d'une conscience universelle, un point de vue particulier sur un vaste esprit collectif.
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Synthèse de la pensée de Kastrup
Kastrup soutient donc une vision de l'univers comme étant fondamentalement mental ou spirituel. Selon lui, la matière n'existe pas indépendamment de l'esprit, mais est une construction ou une représentation de l'esprit. Il défend un idéalisme ontologique, où l'esprit est la substance primaire, et la matière une émergence de l'esprit ou une illusion qui émerge d'une conscience globale.
Ainsi, à travers ses critiques du matérialisme et l'influence de Schopenhauer et Jung, Kastrup propose une vision du monde où la conscience est fondamentale, et où la réalité que nous percevons comme « matérielle » n'est que la surface d'une réalité beaucoup plus profonde et interconnectée.
15:40 Publié dans Actualité, Ecole/Education | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carl gustav jung, arthur schopenhauer, école, éducation, bernardo kastrup, actualité | |
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jeudi, 03 avril 2025
À quoi mèneront les guerres commerciales des États-Unis avec le Canada, le Mexique et l'Europe ?
À quoi mèneront les guerres commerciales des États-Unis avec le Canada, le Mexique et l'Europe ?
Lorenzo Maria Pacini
Source: https://telegra.ph/A-cosa-porteranno-le-guerre-commercial...
Les récentes guerres commerciales menées par les États-Unis à l'encontre du Canada, du Mexique et de l'Europe représentent un phénomène d'un impact considérable sur le système économique international. Ces conflits pourraient-ils favoriser un rapprochement économique entre les États-Unis et la Russie ?
Les récentes guerres commerciales des États-Unis contre le Canada, le Mexique et l'Europe sont caractérisées par des choix protectionnistes, tels que l'imposition de droits de douane significatifs sur une large gamme de produits importés. Cela a suscité des inquiétudes quant aux conséquences possibles sur les dynamiques du commerce mondial et sur les relations économiques entre les grandes puissances mondiales. En particulier, se pose la question de savoir si ces tensions pourraient favoriser une plus grande coopération commerciale, économique et d'investissement entre les États-Unis et la Russie. Les principales questions qui se posent sont : quelles seront les conséquences de ces guerres commerciales sur le commerce mondial et sur les économies concernées ? Ces conflits pourraient-ils favoriser un rapprochement économique entre les États-Unis et la Russie ?
Le contexte des conflits commerciaux en cours
Les tensions commerciales entre les États-Unis et ses principaux partenaires économiques ne sont pas un phénomène nouveau, mais se sont intensifiées au cours de la dernière décennie avec un retour aux politiques protectionnistes.
En ce qui concerne le Canada et le Mexique, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium en provenance du Canada et du Mexique, suscitant de vives réactions de la part des deux pays. Les relations commerciales nord-américaines, traditionnellement basées sur un accord de libre-échange (USMCA, anciennement NAFTA), ont été gravement endommagées par ces mesures.
En revanche, sur le Vieux Continent, l'UE a été frappée par des tarifs sur les importations de voitures et d'autres biens de luxe, en réponse aux droits de douane européens sur les produits agroalimentaires américains. Les tensions entre les États-Unis et l'Europe ont entraîné un durcissement des relations transatlantiques, compromettant la stabilité économique des deux parties.
Les guerres commerciales entraînent inévitablement une augmentation des coûts de production, ce qui se traduit par une hausse de l'inflation et une réduction de la compétitivité des entreprises. L'imposition de droits de douane rend les biens importés plus coûteux, avec des répercussions sur divers secteurs économiques : les industries qui dépendent de composants importés, comme l'automobile et la technologie, souffrent particulièrement de l'augmentation des prix ; les producteurs américains de soja, de viande et de produits laitiers ont subi des pertes significatives à cause des représailles commerciales du Canada, du Mexique et de l'UE ; le tourisme et les transports transatlantiques ont été impactés par des tensions économiques, réduisant la croissance du secteur.
L'interruption des chaînes d'approvisionnement mondiales est l'une des conséquences les plus graves des guerres commerciales (et il convient de se rappeler que cela impacte également de nombreux autres pays qui, apparemment, ne semblent pas directement impliqués, mais qui dépendent en réalité de l'état de ce marché). L'industrie moderne repose sur un réseau complexe de fournisseurs internationaux, et les droits de douane augmentent les coûts de production, rendant le commerce mondial moins efficace.
Des alliances occidentales affaiblies
Les guerres commerciales ne sont pas seulement une question économique, mais ont de profondes implications géopolitiques. Il est désormais bien connu que les politiques de sanctions ont été un outil d'affaiblissement programmé pour l'Europe.
Les données montrent que l'UE a un surplus commercial significatif avec les États-Unis dans le secteur des biens, s'élevant à 157 milliards d'euros en 2023. Cependant, dans le domaine des services, l'UE enregistre un déficit de 109 milliards. Les liens économiques entre les deux zones ne sont donc pas aussi déséquilibrés que l'on pourrait souvent le prétendre. Les entreprises européennes exportent de nombreux biens vers les États-Unis, mais d'autre part, l'Europe achète de nombreux services, en particulier numériques, aux États-Unis. Les droits de douane américains sur les biens européens pourraient nuire aux secteurs les plus dépendants du marché américain, avec des impacts différents selon les pays et les types de biens concernés (comme les automobiles). Il est possible qu'il y ait l'intention d'exploiter cette disparité pour diviser les États membres de l'UE et les inciter à négocier séparément, alors que la politique commerciale devrait rester de la compétence exclusive de l'Union. Déjà, certains avancent l'idée de négocier des conditions favorables au détriment des autres, mais il est clair que l'UE devrait maintenir une approche unifiée pour exercer une plus grande influence lors des négociations. Le marché unique européen est le plus grand du monde, avec environ 450 millions de personnes représentant 20% du PIB mondial.
Il est clair que l'Europe devra adopter une stratégie combinant à la fois pressions et incitations pour pouvoir rester dans le jeu international.
Voyons cela selon le dicton traditionnel de la carotte et du bâton. Le "bâton" pourrait être l'expansion vers d'autres marchés en dehors des États-Unis, accompagnée de la possibilité d'imposer des contre-droits. La Commission européenne a déjà préparé un plan de tarif pour les produits et services provenant d'outre-Atlantique. Cependant, une guerre commerciale ne serait avantageuse pour aucune des deux parties.
La "carotte" pourrait consister à augmenter les importations d'énergie, en particulier de gaz naturel liquéfié, en provenance des États-Unis, une manœuvre qui, bien qu'impliquant quelques compromis sur la transition écologique, permettrait également un véritable désengagement vis-à-vis de la Russie. L'achat d'armements serait, bien sûr, bien accueilli à Washington, où les intérêts commerciaux se chevauchent avec ceux d'autonomie défensive et de préférence pour l'industrie européenne du secteur.
Un point essentiel à souligner est que les droits de douane ne constituent pas un outil efficace ou suffisant pour rééquilibrer un déficit commercial, qui dépend de nombreuses variables macroéconomiques. Le déficit des États-Unis, en particulier, provient de l'exportation vers les États-Unis de la capacité de production de l'Europe, de la Chine et d'autres régions du Sud mondial, qui n'est pas absorbée par la consommation de ces zones. De plus, les droits de douane tendent à nuire à la fois à ceux qui les imposent et à ceux qui les subissent, agissant comme une taxe qui finit par peser sur les consommateurs. Bien que les droits de douane puissent accroître la demande pour les producteurs locaux, cet effet est difficilement sélectif, surtout dans des contextes de production complexes où un produit unique est composé de nombreux composants venant du monde entier. En effet, les droits de douane tendent à générer une inflation généralisée. Il est toutefois difficile de reconnaître dans ces décisions une base solide de théorie économique ; par conséquent, l'Europe et le reste du monde devront s'adapter aux changements de comportement des États-Unis.
C'est exactement ce que nous commençons à voir. Récemment, la Présidente de la Commission européenne et l'ensemble du Collège des Commissaires se sont rendus en Inde, où il a été annoncé qu'un accord de libre-échange serait conclu avec le Premier ministre Narendra Modi d'ici la fin de l'année, un accord qui était en discussion depuis des années. Si l'accord devait être signé, ce serait le plus grand traité de libre-échange au monde, un signal clair des changements en cours dans l'économie mondiale. Les droits de douane et d'autres considérations géopolitiques pourraient inciter plusieurs pays à renforcer leurs relations avec l'UE, tandis que l'Union pourrait également envisager de nouvelles alliances avec d'autres régions du monde, en réévaluant ses relations avec la Chine, qui pourraient diverger des lignes directrices de dé-risquage de la première Commission von der Leyen.
Un risque majeur associé au retour des droits de douane est l'incertitude qui en découlerait pour les marchés mondiaux. Dans une économie interconnectée, les chaînes d'approvisionnement pourraient être perturbées par des changements soudains, augmentant les risques de pénurie ou d'augmentation des coûts pour certains produits. Les incertitudes liées aux droits de douane pourraient influencer les décisions d'entreprise, incitant les entreprises à retarder les investissements ou à geler les stratégies de développement.
Les États-Unis et la Russie reviendront-ils à des échanges équilibrés ?
Il n'est pas facile de prévoir, pour le moment, un retour à des relations commerciales stables et avantageuses pour les deux parties. Les États-Unis doivent encore digérer la chute désormais inéluctable du dollar en tant que monnaie prédominante dans la finance internationale. La Russie et la Chine rendent en quelque sorte un grand service aux États-Unis, car elles continuent à utiliser des dollars dans de nombreuses transactions, presque toutes, sans effacer la présence de la monnaie américaine de leurs portefeuilles.
Cela peut sembler un détail secondaire, mais en réalité, c'est un soutien significatif, qui représente diplomatiquement un soft power très convaincant, car c'est comme s'ils disaient "nous ne voulons pas que toi seul décides des règles du marché, nous sommes aussi là, chaque pays doit pouvoir se manifester en présentant ses propres règles, mais nous ne voulons pas que tu crèves de faim, nous ne voulons pas reproduire la même logique impérialiste." Un véritable tour de passe-passe stylistique, dont nous prendrons conscience.
Si les États-Unis continuent à poursuivre une politique protectionniste, les tensions avec le Canada, le Mexique et l'Europe pourraient s'aggraver davantage. Ce scénario impliquerait une plus grande fragmentation du commerce international, accompagné du renforcement de blocs économiques alternatifs, tels que les BRICS et l'Initiative Belt and Road dirigée par la Chine, mais aussi une accélération de la dé-dollarisation à un rythme différent de celui maintenu jusqu'à présent, avec certains pays cherchant des alternatives au dollar américain pour le commerce international.
Un autre résultat possible serait une inversion de tendance vers le multilatéralisme et un retour à la négociation commerciale avec les alliés historiques. Dans ce cas, les États-Unis pourraient réévaluer leur stratégie économique pour restaurer les relations avec l'Europe et l'Amérique du Nord, et la Russie resterait dans une position privilégiée mais pas exclusive, c'est évident, dans les relations commerciales américaines, avec un accroissement de la coopération économique probablement très modérée.
Dans un scénario plus extrême, Washington se retrouverait à ne pas avoir d'autre choix que d'accepter les conditions des pays qui dirigent la transition multipolaire.
En conclusion, ce que nous pouvons déjà dire, c'est que les États-Unis se retrouvent déjà à devoir traiter avec la nouvelle majorité mondiale pour décider de leur avenir. Un bel retournement de paradigme. En paraphrasant dans le style américain, nous pourrions dire qu'il s'agit de "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité".
Article original de Strategic Culture Foundation.
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mercredi, 02 avril 2025
La fin du wokisme signifie la fin de l’hégémonie occidentale sur l’industrie culturelle
La fin du wokisme signifie la fin de l’hégémonie occidentale sur l’industrie culturelle
par Riccardo Paccosi
Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-fine-del-woke-...
Avec le désastre au box-office du remake en live action de Blanche-Neige, la saison « woke » de Hollywood se termine probablement de manière définitive.
Mais aucune saison « trumpiste » ne lui succédera : c'est simplement parce que l’hégémonie des libéraux sur l’industrie hollywoodienne s'est construite et développée au cours de plusieurs décennies, et donc cette hégémonie demeure encore aujourd'hui pervasive.
Quoi qu'il en soit, la phase « woke » n’a été que l’aspect le plus grotesque – et de fait, souvent amusant en raison de sa maladresse propagandiste – d’une crise de l’industrie culturelle occidentale qui est, avant tout, une crise existentielle et de sens.
Tout d'abord, avec la numérisation et la diffusion gratuite par les géants du web de presque toute la culture humaine, le système capitaliste a érodé les fondements économiques de la production artistique et de l'entertainment.
Ensuite, une crise de sens s’est également matérialisée: aujourd’hui, en effet, le récit libéral-globaliste dessine un horizon d’événements uniquement composé d'état d'urgence, de misère, d'effondrement de la cohésion sociale et de guerre ; cependant, penser qu'il est possible d'anéantir toute vision d'avenir tout en imposant de manière obsessive le projet trans/LGBT à l'ensemble de la société a représenté le point culminant et irréversible de la folie auto-valorisante.
Nous pourrons parler d'une nouvelle saison des arts et de la culture, donc, non pas en vertu d'une éventuelle nouvelle phase hollywoodienne, mais uniquement lorsque la force de pénétration de la production artistique et culturelle des pays non occidentaux prendra une dimension globale et de masse, ainsi qu'une stabilité qu'elle ne possède pas encore pour le moment.
19:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, industrie culturelle, wokisme | |
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L'affaire Marine Le Pen: la réaction de Laurent Ozon
18:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : marine le pen, laurent ozon, europe, actualité, france, affaires européennes, rassemblement national | |
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L’idée d’Europe
L’idée d’Europe
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/lidea-di-europa/
Europe… Un terme, géographique, dont on use et on abuse. Surtout aujourd'hui, quand il semble avoir perdu tout sens.
Tout le monde l’utilise. Les partisans de la Commission de Bruxelles, tout comme ceux qui, au moins en paroles, s’y opposent. En paroles, car dans les faits, les choses se passent bien différemment. Malheureusement.
Europe… Cela sonne beau, c'est indéniable… mais, malheureusement, c’est un son vide. Du moins aujourd'hui. Parce qu'il ne correspond à aucune réalité. Ni géographique, ni, a fortiori, politique. Resterait la réalité culturelle, mais même celle-ci nous apparaît de plus en plus comme un résidu. Un résidu diaphane, ou plutôt, réduit à un vague souvenir du passé. Un petit résidu, un trop petit résidu.
Et c'est probablement là la blessure la plus grave. Parce que l'Europe, sans une dimension culturelle spécifique et bien profilée, n'existe tout simplement pas. Ni du point de vue géographique ni du point de vue politique.
Et ce ne sont certainement pas les discours de bas étage d'un Benigni, en Italie, qui pourront compenser un tel vide.
L'Europe présente avant tout une dimension culturelle. Que les véritables Grecs ont commencé à définir lors de leurs guerres contre les Perses. Pour marquer une frontière entre les immensités de l'Asie et de l'Afrique et le petit coin de monde qui en constituait, seulement, l'extrémité la plus occidentale. Et c'était pourtant un territoire en marge, de dimensions réduites, mais peuplé de peuples durs, belliqueux. Fiers. Celtes, Germains, Ibériques, Italiques… et Latins, surtout. Qui ont créé l'Empire romain.
Ensuite, il y a eu les dites invasions barbares, l'arrivée des peuples germaniques qui, en quelques générations, ont conduit l'Europe à une ère nouvelle, celle ou a émergé l’Empire carolingien. Qui, de fait, a fini par représenter une première idée d’Europe. Plus par défaut que par un projet clair, puisque les Arabes avaient déjà conquis la rive sud de la Méditerranée. Et, à l'est, l'immensité eurasiatique des Russies commençait à se révéler. Elles sont devenues l'Europe aussi. Mais avec plus de temps. Et elle était une Europe… différente. Tendue vers les vastes espaces, physiques et surtout culturels, de l'Asie.
Ceci, cependant, est, en somme, de l'histoire. Que je lance là au hasard, juste pour évoquer de significatifs fragments de mémoire.
Nous pouvons dire qu'aujourd'hui, de cette première Europe, il ne reste pas grande chose. Juste quelques notions inexactes et fragmentaires dans les livres d’histoire pour les écoliers. Peu et mal lues.
Ainsi qu'il ne reste qu'un souvenir vague de cet impérialisme espagnol, portugais, français et aussi, bien que différent et nettement maritime, anglais qui a caractérisé les derniers siècles. Et qui, cependant, ne nous a jamais donné une Europe politique. Jamais elle ne l’a même conçue.
Pourtant, dans ces contextes sont nés Shakespeare et Cervantes, ainsi que Goethe. Et à l'origine, notre Dante, à nous, Italiens.
Une dimension essentiellement culturelle donc. Ou, si vous voulez, une façon originale de concevoir l'homme et son destin.
Une façon qui, certes, s'est nourrie de grandes influences arabes. Et, à travers les Arabes, d'un Orient (perse et indien, avestique et védique) plus lointain.
Y apposant, de toute façon, un tournant. Radical et profond. Pour le meilleur et… pour le pire.
De tout cela, cependant, il ne reste aujourd'hui qu'une mémoire extrêmement fugace, émiettée.
Qui ne peut même pas servir à concevoir une idée d'Europe.
Il y donc un vide, en fait. Qui est comblé par une soi-disant "Union". Un organe bureaucratique asservi à des intérêts économiques internationaux, qui n’ont rien à voir avec une idée réelle d'Europe. Au contraire, elle la nie et la contredit en profondeur.
Puis, bien sûr, il y a les proclamations rhétoriques, les guignols grassement payés et d'autres bricoles dépourvues de toute substance.
Appelez-moi ce fatras "Europe", si cela vous chante.
Pour moi, l'Europe n'existe tout simplement plus. Point.
18:15 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, réflexions personnelles | |
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Escalade et tutelle américaine sur le Liban
Escalade et tutelle américaine sur le Liban
Sondoss Al Asaad
La tutelle américaine est flagrante sur toutes les affaires de l'État libanais et encore plus évidente depuis les élections présidentielles, la nomination du premier ministre et la formation du cabinet, ainsi qu'à travers les nominations administratives et de sécurité en cours.
Profitant des répercussions de la récente agression israélienne sur le Liban menée par les États-Unis et de la décision libanaise qualifiable de "non souveraine", les États-Unis semblent enthousiastes à l'idée de lancer une soi-disant voie de « paix » incluant le Liban et la Syrie.
L'agence Reuters a récemment fait état d'une nouvelle ingérence dans la sélection du gouverneur de la Banque centrale libanaise en interrogeant certains candidats potentiels - à Washington et dans le repaire des espions américains (l'ambassade) à Beyrouth - sur leur volonté d'affronter le Hezbollah.
Cette tutelle américaine s'est manifestée de la manière la plus éhontée lors de la visite de Morgan Ortagus, l'envoyée spéciale adjointe du président pour l'Asie occidentale, qui a affirmé - après avoir loué l'agression israélienne contre le Liban - l'intention de son pays d'isoler et de désarmer le Hezbollah.
Des sources diplomatiques ont également révélé que le message transmis par l'administration Trump à Beyrouth comprenait des menaces selon lesquelles le Liban serait confronté à un plus grand isolement et à une dévastation économique s'il ne s'engageait pas à réduire l'influence du Hezbollah.
Lors de la récente agression contre le Liban, l'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, a demandé aux forces politiques anti-résistance de « se préparer à l'ère post-Hezbollah ».
Washington prévoit de construire un système politique libanais souple pour l'amener progressivement sous l'égide des accords d'Abraham, c'est-à-dire la normalisation avec Israël, et ce par le biais d'une pression économique systématique.
Washington est conscient qu'il ne peut imposer son hégémonie qu'en renforçant les sanctions économiques contre les individus et les entreprises liés au Hezbollah ; il s'agit d'une approche américaine de longue date, mais dont l'intensité s'est considérablement accrue depuis l'éclatement de la crise financière, en 2019.
Ces sanctions américaines, presque entièrement coordonnées avec l'Union européenne, ont un impact direct sur des secteurs économiques vitaux au Liban, tels que les secteurs bancaire et commercial, exacerbant les souffrances des citoyens libanais, en particulier dans des régions telles que le Sud, la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth.
Ces sanctions américaines visent à isoler économiquement le Hezbollah, l'empêchant de reconstruire ses capacités militaires après la récente agression israélienne.
Il ne fait aucun doute que le contrôle des groupes extrémistes et de la ligne dure sur le pouvoir à Damas a privé le Hezbollah de l'accès aux armes à travers la frontière libano-syrienne, ce qui est conforme au plan américano-israélien.
En outre, les frappes aériennes et les assassinats israéliens répétés dans le Sud, dans la Bekaa et dans d'autres régions reflètent un effort incessant pour restreindre les capacités logistiques du Hezbollah.
Washington fait également pression pour ce qu'il appelle des « réformes juridiques » que le gouvernement libanais doit mettre en œuvre, ce qui limiterait les capacités d'Al-Qard al-Hassan, l'institution financière liée au Hezbollah.
Washington continue d'exploiter son influence au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour empêcher toute aide financière de parvenir au Liban si ces prétendues réformes ne sont pas mises en œuvre d'une manière qui serve ses intérêts. Washington fait notamment pression sur le gouvernement libanais pour qu'il privatise des secteurs vitaux, ouvrant ainsi la voie au contrôle des leviers de l'économie libanaise par des entreprises occidentales et israéliennes.
Ces efforts coïncident avec l'ordre clairement donné par les États-Unis au Liban d'empêcher tout avion iranien d'atterrir à l'aéroport de Beyrouth afin de limiter la possibilité de transférer des fonds de l'Iran au Hezbollah.
Depuis des années, les États-Unis s'efforcent d'assurer leur contrôle sur l'armée libanaise et de nommer un commandant aligné sur leurs politiques.
Washington cherche maintenant à positionner l'armée contre la résistance, qu'il s'agisse du Hezbollah ou des factions palestiniennes, afin d'assurer la sécurité des colonies israéliennes dans le nord de la Palestine occupée et, par conséquent, la sécurité de l'ensemble de l'entité occupante.
L'aspect le plus dangereux du contrôle de l'armée est la volonté américaine de la pousser à désarmer la résistance, ce qui conduira inévitablement à la division et à la fragmentation de l'armée, une répétition de l'expérience des années 1980.
Ce qui vaut pour l'armée vaut également pour toutes les autres agences de sécurité, dont les nominations doivent être conformes aux normes américaines.
L'imposition par Washington de la sélection des membres du gouvernement s'applique inévitablement à la nomination des chefs de la sécurité, de sorte qu'ils sont soumis au système que les Américains jugent nécessaire pour imposer leur tutelle sur le Liban.
Washington estime que le Liban se trouve face à une opportunité historique qu'il faut exploiter pour l'obliger à normaliser ses relations avec Israël.
Morgan Ortagus (photo), l'envoyé spécial adjoint des États-Unis pour l'Asie occidentale, a laissé entendre que les développements actuels ouvrent la voie à l'ouverture de négociations israélo-libanaises visant à signer un accord de « paix » entre les deux parties.
Par ailleurs, la Brookings Institution a révélé que Washington a fait des progrès significatifs pour convaincre de nombreuses élites politiques et économiques au Liban qu'une solution à la crise financière peut être trouvée en promouvant des projets économiques communs, tels que l'exportation de gaz libanais à travers l'entité d'occupation israélienne et le développement des ports libanais avec des fonds américains et du Golfe, à condition que la normalisation soit effective.
Ce que Washington tente d'imposer, c'est que ce qui a été détruit par son agression de septembre-novembre contre le Liban ne sera reconstruit que par le biais d'une normalisation avec Israël.
Les rapports du Fonds monétaire international indiquent que l'aide financière internationale est conditionnée à la mise en œuvre de réformes financières qui limitent la capacité des forces locales à financer des activités de soutien à la résistance.
Dans ce contexte, Greg Steube, membre républicain du Congrès américain, a présenté la loi PAGER, qui vise à imposer des sanctions économiques et financières au Hezbollah et à ses alliés, en plus de faire pression sur le gouvernement libanais pour qu'il s'engage à mettre en œuvre les politiques américaines dans la région.
Cette provocation vise à isoler le Hezbollah et à tarir ses sources de financement, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, ce qui complique encore la crise économique libanaise et oblige le gouvernement à faire des choix politiques et économiques spécifiques qui s'alignent sur les intérêts américains.
Le gouvernement israélien a déclaré avoir conclu un accord pour entamer des négociations avec le Liban afin d'aborder des questions telles que les cinq zones contrôlées par Israël au Sud-Liban.
Malgré tout, les Israéliens s'inquiètent de la capacité du gouvernement libanais à résister aux pressions internes, d'autant plus que les Américains et les Israéliens se rendent compte que le soutien populaire à la résistance est très important et difficile à affaiblir rapidement et facilement.
Le Liban se trouve aujourd'hui à un carrefour critique où Washington cherche à imposer sa vision, comme l'a récemment indiqué Steve Witkoff, l'envoyé de Trump en Asie occidentale, qui a exprimé son optimisme quant à la possibilité que l'Arabie saoudite rejoigne les accords d'Abraham.
Dans un contexte de fortes divisions internes et d'accélération des défis régionaux, l'avenir reste ouvert à plusieurs possibilités, d'autant plus que le pouvoir libanais est impuissant.
Le Liban maintiendra sa résistance ou se soumettra à l'hégémonie américano-israélienne. Seuls les jours à venir permettront de savoir dans quelle mesure ce plan atteindra ses objectifs ou échouera face à la volonté de la résistance.
12:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, liban, proche-orient, levant, politique internationale | |
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mardi, 01 avril 2025
Rupture au sein des BRICS?
Rupture au sein des BRICS?
Kerry Bolton
Le conflit sino-indien révélé par l'accord de libre-échange entre l'Inde et la Nouvelle-Zélande
Il n'est plus communément admis qu'il existe un abîme historique intense entre l'Inde et la Chine. Ce conflit entre deux vastes blocs de civilisation mondiale a été occulté depuis la création du groupe BRIC, comme il a été initialement appelé, lors d'un sommet intergouvernemental entre le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine en 2009. L'Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2010. L'organisation s'est élargie pour inclure le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Indonésie, l'Iran et les Émirats arabes unis, et est parfois appelée BRICS+.
Les BRICS ont créé divers organes subsidiaires, tels que la Nouvelle banque de développement (NDB), dont le siège se trouve à Shanghai et qui semble être avant tout un accord entre divers intérêts financiers chinois. Certains y voient une offensive contre la mondialisation. Cependant, la NDB travaille au sein du système bancaire international. Par conséquent, en 2022, conformément aux « principes bancaires sains » de la Banque, les transactions ont été suspendues avec la Russie, en raison des sanctions imposées à la Russie en réaction au conflit avec l'Ukraine. Voilà pour l'alliance des BRICS.
C'est ici que nous pourrions commencer à apprécier le caractère de l'alliance: au cours du 19ème siècle, avant d'être réduite à la vassalité par une combinaison de puissances essentiellement blanches (suite à la rébellion des Boxers), la Chine s'est présentée comme le royaume céleste devant l'empereur duquel tous les souverains étaient censés se prosterner. La Chine agit à nouveau sur la scène mondiale comme le centre de l'univers. Les alliances ou la collaboration avec la Chine ne sont pas fondées sur une réciprocité égale, mais sur l'ancienne perception qu'a la Chine de sa suprématie mondiale.
L'accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et la Chine date de 2008. La Nouvelle-Zélande a entamé un processus de démantèlement de son industrie manufacturière dans les années 1980, en prélude à son intégration dans un bloc économique asiatique. Il en est résulté une subordination au développement économique de la Chine, qui a permis à la Chine de faire preuve d'ingérence en Nouvelle-Zélande en toute matière d'affaires étrangères et de relations commerciales. Nous l'avons constaté chaque fois que la Nouvelle-Zélande a traité avec Taïwan ou le Tibet, et maintenant avec l'Inde, l' « allié » de la Chine au sein des BRICS.
Le développement rapide d'un accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et l'Inde pourrait nous permettre de discerner le véritable caractère de la dynamique géopolitique dans la région indo-pacifique. Lorsque le premier ministre Luxon s'est rendu en Inde et que le gouvernement Modi l'a fêté en déclarant qu'un accord de libre-échange serait conclu dans les 90 jours, voire dans les 60 jours, le visage souriant de la diplomatie chinoise a disparu et le dragon hargneux a lancé un « avertissement » : c'est soit la Chine, soit l'Inde. Il ne peut y avoir de ménage à trois entre la Nouvelle-Zélande, la Chine et l'Inde.
Sentiments indophobes de la Chine
Compte tenu des BRICS, on pourrait supposer que la Chine jubile à l'idée que la Nouvelle-Zélande se rapproche de son partenaire des BRICS. C'est toutefois mal comprendre l'inimitié historique entre les deux pays.
L'ambassadeur de Chine en Nouvelle-Zélande, Wang Xiaolong, a fait une déclaration publique sur son compte « X » qui devrait dissiper les hypothèses fondées sur l'absence de contexte historique :
"Dans les relations internationales, comme peut-être dans toutes les relations, la myopie et la vision étroite signifient souvent qu'au lieu de rester en tête, ou du moins de suivre la courbe, vous vous retrouverez dépassé par les événements et les tendances à long terme. Le plus souvent, il n'est guère dans votre intérêt d'essayer de promouvoir une relation importante en nuisant à une autre".
Le commentaire de M. Wang est d'une grande importance, mais il n'est pas surprenant qu'il ait reçu peu d'attention de la part des médias.
Wang fait allusion à des facteurs qui ne sont pas évidents, même pour les fonctionnaires du gouvernement, qui sont peu susceptibles de connaître les réalités plus profondes qui se cachent derrière les apparences superficielles. Ces facteurs occultés sont les tensions bouillonnantes qui façonnent les relations réelles entre la Chine et l'Inde, derrière la façade des BRICS. Les « tendances à long terme » évoquées par Wang font allusion au conflit permanent entre l'Inde et la Chine, voire entre la Chine et d'autres États de la région, ce qui rend la stabilité des BRICS problématique, tout comme la position de la Russie, dont les relations hostiles avec la Chine sont historiquement de plus longue durée et de plus grande intensité.
L'Inde, un rempart
L'Asie est un bourbier de conflits, d'instabilité économique et environnementale, derrière un vernis de croissance. Le contrôle par la Chine des sources du plateau tibétain, qui alimentent la plupart des grands fleuves d'Asie, est une préoccupation cruciale pour de nombreux États asiatiques, en particulier l'Inde. La Chine pourrait fermer les robinets à volonté. Loin d'être un mastodonte économique, la Chine est criblée de problèmes, et son embarquement sur un tapis roulant de croissance incontrôlée aboutira à l'épuisement. Face à l'effondrement, la Chine pourrait chercher à se confronter à des ennemis, y compris des ennemis latents, dont la Russie fait partie, tandis que les confrontations physiques entre soldats indiens et chinois sur des territoires frontaliers contestés, malgré les BRICS, n'ont jamais cessé.
En ce qui concerne les nouvelles relations de la Nouvelle-Zélande avec l'Inde, comme avec la Russie, l'Inde est un rempart contre l'expansionnisme chinois, qui reste une préoccupation majeure pour l'Indo-Pacifique. En outre, l'Inde ne fait pas partie de l'« Asie » mongole. Son héritage s'inscrit dans le contexte « indo-européen », comme le terme lui-même devrait l'indiquer, mais qui est néanmoins oublié ou ignoré par ceux qui ne voient que le spectre des « visages sombres ». En particulier, les strates dirigeantes restent plus proches des Européens que des « Asiatiques ».
La Chine n'est pas plus un véritable allié durable de la Russie que de l'Inde. La Chine voit toutes les cartes se déployer en sa faveur dans toute alliance, et son « amitié » avec la Russie n'a pas fait exception, cette « amitié » permettant à la Chine de repousser la Russie de ses sphères traditionnelles, telles que la Mongolie. Elle a été à sens unique, car la Chine se perçoit toujours comme le centre de l'univers. Nous devrions cultiver des alliances avec la Russie et l'Inde, dans ce que j'ai appelé en 2013 une « alliance ANZAC-Russie-Inde », en réponse à la multiplicité des problèmes qui surgiront bientôt dans la région. Il faut espérer que l'accord de libre-échange avec l'Inde constitue un pas vers cette nouvelle orientation.
17:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : india, chine, nouvelle-zélande, indo-pacifique, politique internationale, océan indien, océanie | |
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De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure
De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2025/03/vom-stellvertreterkrieg-z...
Washington a, rapporte le New York Times, non seulement livré des armes à l'Ukraine, mais a également assuré une planification militaire, fourni des coordonnées de cibles et assumé des responsabilités opérationnelles.
Un rapport du New York Times révèle ce qui a longtemps été considéré comme de la propagande russe : les États-Unis n'ont pas seulement soutenu la guerre en Ukraine, mais l'ont également façonnée opérationnellement. Cependant, cette reconnaissance des faits n'intervient pas par hasard et maintenant – elle fait partie d'une lutte de pouvoir géopolitique qui s'étend bien au-delà de Kiev.
Le grand rapport du New York Times sur le rôle des États-Unis dans la guerre en Ukraine a largement attiré l'attention. Non pas parce qu'il fournit de nouveaux faits – mais parce qu'il confirme la véracité de récits qui avaient été jusqu'ici rejetés comme relevant de la désinformation russe. Washington aurait, selon l'article, non seulement livré des armes, mais aurait également planifié militairement les opérations, fourni les coordonnées de cibles et pris des responsabilités opérationnelles – depuis l'offensive de Kharkiv en 2022 jusqu'aux attaques contre le pont de Crimée. Même l'artillerie d'origine occidentale était dépendante des informations fournies par le ciblage américain. Le président ukrainien Zelensky interférerait quant à lui régulièrement dans les processus militaires – avec des effets dévastateurs. Ces déclarations sont explosives – non pas parce qu'elles seraient nouvelles, mais parce que leur publication provient maintenant du plus haut appareil de pouvoir des États-Unis.
Projections géopolitiques de Washington
L'article offre des aperçus profonds de la pensée stratégique des décideurs américains. Du point de vue de nombreux responsables au Pentagone, l'Ukraine n'était pas au premier chef un État souverain, mais un champ de bataille symbolique – une scène où l'on espérait effacer d'anciennes défaites comme au Vietnam, en Irak et en Syrie. L'invasion russe a fourni l'occasion bienvenue d'une démonstration force. La signification historique et existentielle de l'Ukraine pour la Russie est de première importance mais elle est restée sous-estimée dans les calculs de Washington. La guerre a été menée comme une classique confrontation par procuration – un vestige de la guerre froide. Le fait que la Russie ait vu cela différemment a été ignoré de manière systématique.
Un détail particulièrement révélateur apparait dans l'article: à l'automne 2022, le général Surovikin aurait menacé d'utiliser des armes nucléaires tactiques si l'Ukraine traversait le Dniepr. L'authenticité de cette conversation reste floue – mais au sein de l'administration Biden de l'époque, la menace a apparemment été prise très au sérieux. On a reconnu qu'une victoire conventionnelle sur la Russie pourrait déboucher sur un désastre nucléaire.
Ainsi, le monde a vécu – presque inaperçu – son moment le plus dangereux depuis la crise de Cuba en 1962. L'Occident s'est retiré. Non par compréhension, mais par peur.
Depuis lors, la stratégie des États-Unis a clairement vacillé. L'offensive d'été 2023 – préparée de longue date à Washington – a bien été menée, mais elle était évaluée en interne comme vouée à l'échec. Pourtant, elle a été mise en œuvre – par inertie, par peur, par calcul politique. Une guerre sans but, sans espoir de victoire – mais avec de gros risques.
Une publication ciblée – et une lutte de pouvoir interne à l'Occident
Le moment de la publication n'est pas un hasard. Le New York Times a lancé cet article précisément au moment où l'ordre géopolitique de l'espace transatlantique a vacillé – sous la présidence de Donald Trump, qui se montre ouvert à un réajustement stratégique vis-à-vis de la Russie. La divulgation de détails sensibles sur l'implication militaire des États-Unis en Ukraine sert manifestement à saboter politiquement un rapprochement avec Moscou et à le tabouiser dans la politique étrangère.
Et la situation devient ainsi évidente : ce que nous vivons n'est pas un "Occident" agissant de manière unifiée, mais une structure géopolitique profondément divisée. D'un côté se trouve l'administration Trump, qui priorise les intérêts nationaux, mise sur la retenue militaire et a introduit l'option d'assouplir les sanctions contre la Russie.
De l'autre, un bloc de pouvoir pro-atlantiste se forme – soutenu par le Parti démocrate, des réseaux influents à Londres et une technocratie bruxelloise de plus en plus idéologique. Ce camp vise à établir un bloc globaliste autonome : économiquement, militairement et normativement indépendant de la Maison Blanche – mais en confrontation délibérée avec la Russie.
L'UE s'accroche désespérément au régime des sanctions
C'est précisément pour cette raison de calcul de pouvoir que se comprend aussi la position rigide de l'UE sur la question des sanctions. Alors que Washington sous Trump est prêt à réévaluer les intérêts économiques et stratégiques, Bruxelles s'accroche désespérément au régime des sanctions. Non par évaluation rationnelle, mais parce que ces sanctions sont devenues la base idéologique de la nouvelle conscience missionnaire européenne. La guerre économique contre la Russie ne sert plus de moyen à un but, mais de récit formateur d'identité pour le projet de l'UE, qui se découple de plus en plus de la souveraineté démocratique.
La publication dans le New York Times est donc bien plus qu'un scoop journalistique. C'est un instrument politique – au service de ces forces qui veulent empêcher un réajustement multipolaire et, en revanche, maintenir une crise globaliste durable. L'Ukraine n'est dans ce jeu qu'un proxy géopolitique – elle est abusée et sert de scène pour une lutte de pouvoir qui est interne à l'Occident au détriment de l'ordre mondial de demain.
Constat géopolitique
Les États-Unis se sont, sous l'administration précédente, engouffrés dans un conflit dont ils ont sous-estimé le potentiel d'escalade et méconnu l'importance stratégique. L'article du New York Times se lit comme un aveu tardif de cet échec – et en même temps comme une intervention médiatique contre le rétablissement de la raison en politique étrangère.
Pour l'Europe, cela révèle une vérité inconfortable : elle n'est plus dirigée, mais instrumentalisée – comme levier d'un projet géopolitique échappant au contrôle démocratique. La véritable ligne de front ne se situe pas entre l'Est et l'Ouest, mais à travers le centre du pouvoir occidental lui-même. Et c'est là que réside réellement la dynamique des années à venir.
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Marshall McLuhan et le nationalisme typographique
Marshall McLuhan et le nationalisme typographique
Nicolas Bonnal
McLuhan a été mal lu et oublié, mais on devrait au moins retenir cela de lui, qui n’est pas si éloigné du guénonisme et des penseurs traditionnels : l’imprimerie et le progrès technique en général ont profondément altéré, depuis la Renaissance, notre rapport à la réalité, à nous Occidentaux. McLuhan voit dans la typographie la cause du développement de notre schizophrénie, puis du nationalisme (notamment littéraire et linguistique) et du progrès comme somme d’organisation, contrôles et d’aliénation moderne, celle qu’a recensé Foucault dans Surveiller et punir par exemple (ô cette description des collèges jésuitiques…).
Il est dommage qu’il ait omis de s’en prendre au protestantisme comme fruit de cette même imprimerie (le mythe de Faust y est lié, rappelle Guénon) et cause du grand chambardement moderne – et de guerres de religion qui ont liquidé les deux tiers de la population de l’Allemagne tout de même. Pensons-y à l’heure où l’informatique achève de nous rendre soumis, hébétés ou fous de contrôle et belliqueux, et de configurer le modèle du totalitarisme futuriste des écrivains de SF : car comme disait Debord en 1961 (voir la bio que lui a consacrée Bourseiller, p. 241), on assiste au « processus de formation d’une société totalitaire cybernétique à l’échelle planétaire ». D’une manière décalée c’est ce que j’avais décrit dans mon propre conte SF intitulé les Territoires protocolaires en 2001, au moment où l’on fêtait distraitement l’odyssée de l’espèce.
Mais venons-en au nationalisme, puisque McLuhan (catholique canadien…) a négligé le conditionnement protestant que pourtant Weber avait déjà imparfaitement évoqué – sur ce thème il faut lire et relire le texte somptueux et génial de Murray Rothbard sur les anabaptistes et autres maniaques de l’Apocalypse, ce livre qui rend fou depuis des siècles de bonne impression des sectes et des peuples entiers.
Il désigne deux pays comme particulièrement toxiques et dangereux, l’Angleterre et la France. Il est amusant de voir que ces deux pays se métamorphosent, après avoir déclenché toutes sortes de guerres mondiales et continentales depuis des siècles (relire Grenfell toujours), en tyrannies écologistes et néo-sacerdotales, boutefeux antirusses et même antiaméricains. Le même fanatisme qui a prévalu via la typographie au temps de Cromwell ou de Robespierre-Napoléon (pour parler comme Kojève ou Hegel) prévaut aujourd’hui ; ce sont les mêmes symptômes de détraquement qui réapparaissent, avec plus de moyens pour contrôler et exterminer les populations. Mais disons que les peuples français et anglais sont les peuples les mieux conditionnés, et ce depuis longtemps.
Le culte des génies au dix-septième siècle, disait Guénon, est lié non pas au contenu « génial » des œuvres mais à la montée du nationalisme et du fanatisme typographique. McLuhan confirme :
« On trouve dans la philosophie politique de Milton et de Locke un esprit nationaliste sans parallèle dans la pensée de leurs homologues contemporains du continent et c'est un Anglais, Bolingbroke qui fut I'un des premiers à proposer une doctrine nationaliste formelle. Il était donc naturel que des Anglais en guerre contre le jacobinisme aient revêtu la livrée du nationalisme… ».
Puis il cite un très grand historien oublié, l’Américain Carleton Hayes :
« C'est ce qu’écrit Hayes dans Historical Evolution of Moden Nationalism; et c'est un témoignage identique sur le caractère hâtif de l’unité nationale anglaise que nous apporte un ambassadeur vénitien du 16ème siècle :
" En 1557, l'ambassadeur vénitien Giovanni Micheli écrivit à son gouvernement: « Du moins en ce qui concerne la religion (en Angleterre), l'exemple et l'autorité du souverain sont de la plus haute importance. Les Anglais prisent et pratiquent leur religion seulement dans la mesure où, ce faisant, ils remplissent leurs devoirs en tant que sujets envers leur souverain: ils vivent comme il vit, croient ce qu'il croit - en un mot, font tout ce qu’il leur ordonne... ils adopteraient le mahométisme ou le judaïsme si le roi les pratiquait et s'il demandait qu’on les pratique. » Le comportement religieux des Anglais de ce temps-là apparaissait très étrange aux observateurs étrangers. L'uniformité religieuse était de règle, comme sur le continent, mais la religion changeait avec chaque souverain. Schismatique sous Henri VIII et protestante sous Edouard VI, l'Angleterre redevint catholique romaine, et sans beaucoup de résistance, sous Marie Tudor… »
Je l’ai déjà dit dans mes textes sur le Prisonnier ou Tocqueville et la Prison anglaise : le Village n’est pas une métaphore sur le totalitarisme coco ou autre, le Village du Prisonnier c’est l’Angleterre moderne (on va dire depuis Henri VIII donc) avec ses numéros deux équivalents, ses élections bidon, sa population abrutie et distraite, son traintrain casanier et son aveuglement intégral. Après la guerre on a mis en place par exemple ce type de villes nouvelles, qui ont d’ailleurs dépeuplé un temps Londres, raison pour quoi cette métropole semble si silencieuse dans un légendaire film d’Antonioni ou dans Amicalement vôtre. Harry Potter aussi fonctionne malgré lui comme une métaphore du néo-totalitarisme anglais qui se mit en place sous le redoutable Tony Blair et la révolution mondialiste-informatique.
L’efficacité des modèles français ou anglais est venue de cette monarchie forte qui a su créer des bourgeois, le modèle de l’homme non mégalothymique, pour reprendre l’expression de Fukuyama dans son génial chapitre XVII. Le maître nippon comprend comme Taine que les monarchies ont liquidé le guerrier traditionnel et créé un nouveau modèle d’homme postféodal, soumis, grégaire et rentier. On l’enverra ceci dit après l’avoir conditionné un peu sur tous les champs de bataille du monde (Groenland, Pologne, Baltique, Palestine…) aussi sans entendre le moindre « furtif soupçon de plainte », comme dit Céline.
Le nationalisme crée un homme uniforme et enchaîné, totalement conforme, un moment de la construction mondialiste évoquée par Debord ; McLuhan :
« Les premiers jacobins avaient mis du temps à traduire toutes leurs théories d'éducation dans le concret, mais ils reconnurent rapidement la signification du langage comme fondement de la nationalité et tentèrent d'obliger tous les habitants de la France à se servir du français. Ils soutenaient que le succès d'un gouvernement « par le peuple » et de l'action collective de la nation reposaient non une certaine seulement sur une uniformité de mœurs et de coutumes, mais plus encore sur une identité d'idées et d'idéaux… »
On va donc liquider la diversité et créer le premier grand remplacement (notion pas très éclairante tout de même) cher à nos histrions : c’est déjà la fin des provinces et de la chair réelle. Le citoyen républicain a déjà remplacé le Français, il est prêt pour tous les charniers humanitaires.
« Face au fait historique que la France ne constituait pas une unité linguistique qu'en plus des dialectes profondément différents qui existaient dans les diverses parties du pays, on parlait des langues « étrangères »: le breton à l’Ouest, le provençal, le basque et le corse au sud, le flamand au nord et l’allemand alsacien au nord-est -- ils décidèrent d'étouffer les dialectes et les parlers étrangers et d'obliger… »
Un mot définit le nationalisme : grégarisme.
« Et pourtant, c'est le nationalisme, bien plus qu'aucune autre forme de grégarisme humain, qui a marqué l'histoire moderne. »
Macluhan ajoute superbement :
« La réponse au problème que pose Hayes se trouve dans l'efficacité de la parole imprimée qui a, la première, permis de visualiser le langage et ensuite de créer ce mode d'association homogène qui rend possibles l'industrie moderne, les marchés et la jouissance visuelle de la condition nationale… »
C’est déjà le début de la fin pour la famille, puisque la nation (l’Etat donc) va se charger de tout le troupeau destiné à être privé de vie ou de carbone.
« La «nation en armes » était une notion jacobine d'une grande signification pour la propagande nationaliste. La «nation dans les écoles publiques » en était une autre. Avant la Révolution française, on avait longtemps estimé, dans la plupart des milieux, que les enfants appartenaient à leurs parents et que c'était à ces derniers de décider si leurs enfants devaient être instruits et jusqu'à quel point. »
L’armée, l’usine même devient une page imprimée :
« La liberté, l'égalité et la fraternité ont trouvé leur expression la plus naturelle, quoique la moins inventive, dans I'uniformité des armées citoyennes de la révolution. Ces armées n'étaient pas seulement des copies exactes de la page imprimée, elles reproduisaient aussi la chaîne de montage. Les Anglais ont devancé le reste de l'Europe de très loin dans le nationalisme, l'industrialisation et dans l'organisation typographique de l'armée, Les Côtes-de-fer de Cromwell ont fait campagne cent cinquante ans avant les armées jacobines. »
Guénon a justement parlé de notre civilisation hallucinatoire. McLuhan montre comment elle est devenue INDUSTRIELLEMENT hallucinatoire depuis Gutenberg et le reste.
Sources personnelles principales :
https://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-ci...
https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-la-priso...
https://www.dedefensa.org/article/bacon-et-la-nouvelle-at...
https://www.dedefensa.org/article/barzun-et-linvention-de...
https://www.dedefensa.org/article/taine-et-le-cretinisme-...
https://www.dedefensa.org/article/comment-fukuyama-expliq...
https://www.dedefensa.org/article/mcgoohan-le-prisonnier-...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/22/le-communi...
https://lesakerfrancophone.fr/le-syndrome-churchill-et-la...
https://www.amazon.fr/TERRITOIRES-PROTOCOLAIRES-BONNAL/dp/2876230984/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2QGFCODCJ8V7F&dib=eyJ2IjoiMSJ9.0_C24KjNreBHbk9vAnZ_yhv-MA3HO8ukXNtwpFNGm-s.yFzYWnMR945Q5w-Gf7dAVUfLM2d2qAzYdiuDC0TuUjM&dib_tag=se&keywords=bonnal+territoires&qid=1743150251&s=books&sprefix=bonnal+territoires%2Cstripbooks%2C112&sr=1-1
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Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!
Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!
Pierre-Emile Blairon
Au moment où je termine ces quelques lignes sur ce bien curieux voyage des deux jeunes espoirs de « l’extrême-droite française », j’apprends que Marine Le Pen, reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants européens du FN, est condamnée à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate ; vous l’avez souvent lu sous ma plume ou dans ces colonnes : il est inutile de se renier et de trahir ses électeurs pour espérer amadouer des gens qui vous méprisent et qui ne changeront jamais d’avis à votre égard ; la seule attitude payante et digne vis-à vis de soi-même et de ceux qui croient en vous est de continuer à énoncer ses vérités et le programme pour lequel on a été élu, ou pour lequel on se bat, sans compromission ni faiblesse, en faisant ce qui doit être fait, sans en attendre quelque récompense ; c’est un bien noble projet pour les politiciens de notre fin de cycle incapables de s’intéresser à autre chose qu’à leur petite personne.
On ne pourra pas me reprocher de bondir sur cette désolante annonce pour critiquer, après coup des prises de position qui ne pouvaient logiquement qu’amener à ce triste résultat (comme le font ceux qui n’ont jamais rien vu venir mais qui veulent rattraper le train en marche).
Il y a des dizaines d’années que j’applique ce principe : « ne jamais renier ses idées pour un bénéfice à court terme » et que j’ai exposé, dans ces mêmes colonnes, dans plusieurs articles, lorsque Marine Le Pen a commencé à vouloir « dédiaboliser » son parti.
Je veux ici m’insérer dans le contexte d’une lutte primordiale entre, d’une part, les tenants d’un monde traditionnel, le monde de nos ancêtres, monde dont nous exposons, avec les autres intervenants, les valeurs intangibles à chacun de nos articles sur ce même site, et, d’autre part, le monde uniformisateur, décadent et globaliste que nos ennemis veulent nous imposer et que nous rejetons avec nos dernières forces.
C’est le sens même du combat que j’ai commencé en 1966 et qui ne s’achèvera probablement qu’avec cette vie.
Cette condamnation de Marine Le Pen, tout aussi injuste et ignoble qu’elle puisse être, porte gravement atteinte à l’ensemble de ce combat et à l’ensemble de ceux qui ont, pendant de longues années, espérer le voir aboutir. On n’entraîne pas 11 millions de Français à sa suite sans avoir préalablement préparé le terrain et défini les conditions du combat et de la victoire qui aurait pu s’ensuivre.
On le fait encore moins si l’on a eu pour toute ambition que de pauvres et indignes intérêts personnels.
Le voyage d’allégeance de l’extrême-droite française au gouvernement de Netanyahou
On n’aura retenu de Guy Mollet que sa phrase devenue célèbre « la droite française est la plus bête du monde ». Pour le reste, ce personnage tristounet fut quand même à l’époque, en 1956, Président du Conseil, l’équivalent du Premier ministre actuel, sous la présidence de René Coty. Il ne fut pas seulement insignifiant, il fut aussi toxique, à l’image d’un François Hollande, socialiste comme lui. Guy Mollet fut un cheval de Troie des Américains à la suite de Jean Monnet dont on connaît maintenant son appartenance à la CIA et donc, collaborant aux basses œuvres de cette dernière pour asservir les pays européens par le biais de l’U.E.
Guy Mollet (photo) fut également célèbre pour sa « journée des tomates », épisode peu glorieux qui le vit, le 6 février 1956, accueilli par une pluie de tomates mûres par les Européens d’Algérie qui protestaient contre ses positions qu’ils jugeaient défavorables au maintien de l’Algérie dans le giron français.
Pour en revenir à sa fameuse petite phrase, nous devons cependant reconnaître à l’homme une certaine perspicacité.
Les partis et les individus se réclament (bien timidement) d’une position à cette place à droite dans l’hémicycle depuis le RPR de Chirac sous la figure tutélaire de De Gaulle alors que ce dernier a été maintes fois trahi depuis sa disparition par ces politiciens de métier qui n’ont aucune conviction dans leur grande majorité et ne sont motivés que par leurs ronds de serviette et le choix du fauteuil qui accueillera leur séant rebondi.
Reste « l’extrême-droite » qui n’a plus rien « d’extrême » ni même de « droite », cochant au contraire toutes les cases du politiquement correct actuel : pro-mondialiste, donc pro U.E., pro-Otan, donc pro-Ukraine et pro-guerre, elle a été pendant la crise sanitaire pro-vaccins, pro-masques, pro-OMS, pro-répression contre le personnel médical.
L’extrême-droite actuelle, et particulièrement sa représentation législative RN, est pro-tout ce que propose le gouvernement du moment qu’elle reste bercée par une douce brise qui ne fait pas de vagues qui pourraient déstabiliser le fragile esquif sur lequel elle s’est embarquée, fragile parce que son naufrage ne dépend que de la bonne volonté de Macron auquel elle s’est entièrement soumise, comptant sur lui pour faire le silence sur de possibles turpitudes dont elle se serait rendue coupable, à preuve les débats lors des deux présidentielles, fortement entachés de soupçons d’arrangements, non avoués évidemment, à preuve aussi l’obstination qu’elle met à ne pas risquer la destitution de Macron en ne votant pas les motions de censure ( qu’elle ne propose jamais quand elles ont une chance de ne pas être rejetées) ou en s’abstenant afin de favoriser l’élection du Président du Conseil constitutionnel.
On voit donc, aujourd’hui même et à l’heure présente où j’écris, avec la condamnation de Marine Le Pen, que tous ces renoncements et reniements n’auront strictement servi à rien.
Ah non, je me trompe, cette extrême-droite n’est pas seulement pro- quelque chose, elle est aussi anti-, et doublement, car elle est anti-antisémite, ce qui est tout à son honneur mais, et c’est là qu’elle méritera son qualificatif « d’extrême-droite la plus bête du monde », en envoyant deux émissaires en Israël, Marion Maréchal et Jordan Bardella, pour soutenir le gouvernement de Netanyahou et louer son action avec force chevrotements dans la voix.
Ces émissaires se sont singulièrement ridiculisés aux yeux de l’opinion internationale car ils se sont rangés aux côtés du gouvernement israélien au moment même où les rues de Tel-Aviv et des grandes villes israéliennes sont pleines de dizaines de milliers de manifestants qui réclament le départ de Netanyahou [1].
Quel intérêt y a-t-il à soutenir un gouvernement discrédité dont deux des principaux représentants sont poursuivis par la Cour pénale internationale de Justice pour crime de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza occupée [2] ?
La seule explication à cette étrange attitude est celle que j’ai énoncée avec d’autres mots dans mon article du 27 janvier 2025, L’extrême droite en Europe : tout va changer pour que rien ne change :
A savoir que ces gens ont un besoin maladif de reconnaissance à tout prix, et ils continueront à vouloir occuper l’espace médiatique qui leur a tant fait défaut en d’autres temps, pour tenir la vedette, au prix même de paraître grotesques.
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[1] https://www.youtube.com/watch?v=D621P7IkA6c
[2] « Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, marquent un tournant historique. Pour la première fois depuis la création de la cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux. »Le Monde du 22 novembre 2024.
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Jean Mabire: "L'aventure n'est pas le passé"
Jean Mabire: "L'aventure n'est pas le passé"
Jean Mabire (1927–2006), qui se définissait comme « normand et européen », a été l'un des grands auteurs de langue française et sa vaste œuvre publiée est inspirante.
Duarte Branquinho
Source: https://sol.sapo.pt/2025/03/30/a-aventura-nao-e-o-passado/
Il est né à Paris, mais est mort près de la mer comme le dernier viking, à Saint-Malo. Passionné par les lettres et l'écriture depuis son jeune âge, il avait fondé une revue régionaliste peu après avoir obtenu son diplôme. Après avoir accompli son service militaire en tant que parachutiste, il a été mobilisé pour la guerre d'Algérie, où il a combattu et a été décoré, une expérience qui inspirerait l'un de ses ouvrages les plus connus, Commandos de chasse.
Il a collaboré à de nombreuses revues et écrit plus d'une centaine de livres. La gamme des sujets abordés était vaste, allant de la Normandie au paganisme, de l'Histoire à la politique, des romans à la mer et aux marins. Il a également été critique littéraire, et ses biographies d'auteurs ont été publiées en plusieurs volumes. Défenseur de l'Europe des Patries Charnelles, il a été à la fondation d'un mouvement régionaliste normand et a participé à la création du GRECE et de la dite "Nouvelle Droite" d'Alain de Benoits. Il est devenu une référence pour le Mouvement Normand, pour l'association Terre et Peuple, de Pierre Vial, et, pour préserver et défendre son œuvre, on a créé l'Association des Amis de Jean Mabire.
Mon premier contact avec son œuvre remonte à mon adolescence, lorsque le fascination pour la Seconde Guerre mondiale m'a conduit à découvrir les collections d'Histoire militaire publiées au Portugal par Ulisseia. Dans des livres comme Les Panzers de la Garde Noire, Les Waffen SS, publié sous le pseudonyme Henri Landemer, ou Les Samouraïs, coécrit avec Yves Bréhéret, mais surtout dans ses Commandos de chasse, j'ai été émerveillé et absorbé par le style avec lequel il a abordé le difficile thème de la guerre. Ce fut également le moment de mon premier contact avec l'œuvre de Saint-Loup, de son vrai nom Marc Augier, dont Mabire était l'héritier direct dans la défense de l'Europe des Patries Charnelles. Tous deux seraient des références que je n'oublierai jamais et des penseurs qui m'accompagneront dans la formation et la consolidation de mes idéaux.
Les patries charnelles, l'histoire, la culture, le paganisme, la défense de l'identité, la terre et le peuple, parmi tant d'autres ; un lien éternel était cimenté avec ce barde normand. Et l'Europe, toujours le rêve de l'Europe – nous unissait en un destin commun !
Des années passées à lire davantage d'œuvres de lui, à mieux connaître son parcours et à voir comment il avait touché tant d'autres Européens comme moi, j'ai fait un voyage où il était constamment dans mes pensées. J'ai parcouru la Normandie, sa patrie charnelle bien-aimée, de bout en bout. De l'œuvre d'ingénierie moderne au Havre au superbe et ancestral Mont Saint-Michel, en passant par Honfleur, d'où sont partis les navigateurs transatlantiques, et par les plages du débarquement qui ont marqué le début de la fin de la guerre fratricide entre Européens, j'ai vu, observé et apprécié la terre et le peuple pour lesquels Jean Mabire a tant lutté pour perpétuer, tout en reconnaissant et en m'identifiant comme un membre de notre grande famille européenne.
Les livres me guidaient – toujours les livres ! –, mais aussi l'expérience vécue et Mabire était, dans cette synthèse, un exemple. Les lectures, comme l'écriture, reflètent la vie. Elles ne la remplacent jamais. C'est la leçon que j'ai apprise tôt et que je suis jusqu'à aujourd'hui.
Dans une longue et captivante interview avec Laurent Schang (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2007/10/21/j-mabire-entretien-sur-la-figure-de-l-aventurier.html ), où il réfléchit sur la figure de l'aventurier, Mabire a averti : « le roman d'aventure n'est plus qu'une substitution. Le lecteur vit ce qu'il n'est pas, il revit même ce qu'il n'a pas vécu. Phénomène auquel la télévision donne une dimension fascinante et onirique. “Nous faisons” la guerre ou l'amour par procuration devant le petit écran. Triomphe de l'illusion absolue. »
Mais est-ce qu'en ces temps dominés par l'image, l'aventure est condamnée à n'être qu'un souvenir du passé ? Mabire rejetait un tel fatalisme et, dans la même interview, répondit de manière cinglante : « Non, l'aventure n'est pas le passé. Croyez-moi, nous vivrons encore de manière plus dangereuse au 21ème siècle. »
12:38 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : hommage, jean mabire, nouvelle droite | |
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