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lundi, 05 juin 2017

Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

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Le grand écroulement: la crise de l'ordre géopolitique mondial

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

 

Moins d'une semaine après la tournée du président américain Donald Trump au Moyen Orient et en Europe, il est clair qu'une profonde transformation s'opère dans la politique mondiale. Des relations et des institutions qui ont structuré la vie économique et la politique internationales pendant des décennies s'écroulent rapidement.

La montée du danger de guerre commerciale ainsi que des ambitions militaires de toutes les puissances impérialistes témoignent de l'état avancé de la crise des institutions créées après la Deuxième Guerre mondiale, quand l'impérialisme américain a établi son hégémonie mondiale.

Cette crise est le produit de processus qui se sont développés sur des décennies. En 1991, quand la dissolution stalinienne de l'URSS a privé l'Otan d'un ennemi commun, les tensions inter-impérialistes explosaient déjà. Les stratèges américains ont applaudi l'émergence d'un « moment unipolaire », où la disparition de l'URSS éliminait le seul rival militaire sérieux des Etats-Unis ; ils espéraient utiliser cet avantage militaire pour compenser le déclin économique des Etats-Unis.

En 1992, un document du Pentagone affirmait qu'il fallait convaincre « d'éventuels rivaux qu'ils ne devraient pas ambitionner d'établir un rôle plus large ou une posture plus agressive », et les « décourager de mettre en question notre leadership et de renverser l'ordre politique et économique établi ».

25 ans après, cette politique est en lambeaux. Elle a produit une série d'interventions impérialistes par l'Otan, dirigées par Washington, qui ont dévasté l'Irak, la Yougoslavie, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, l'Ukraine, et d'autres pays. Ces actions militaristes – qui ont fait des millions de victimes, détruit des sociétés entières, et produit le plus grande crise de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale – n'ont pas amélioré la position de l'impérialisme américain. A présent, un nouveau stade est atteint : les rivaux impérialistes des Etats-Unis se préparent à contester le primat de Washington.

Les tentatives de Trump aux sommets du G7 et de l'Otan d'obtenir de meilleurs conditions économiques en Europe se sont retournées contre lui. Il avait dénoncé les Européens pour « n'avoir pas payé ce qu'ils devraient payer » à l'Otan, traité l'Allemagne de « terrible », et menacé « d'arrêter » les exportations de voitures allemandes aux Etats-Unis. L'Europe n'a pas réagi avec de la sympathie ou des aides financières, mais en indiquant que l'Union européenne (UE) se prépare à une rupture politique et militaire avec les Etats-Unis.

A un festival de bière dimanche à Munich, la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué le Brexit et la performance de Trump aux sommets internationaux : « L'époque à laquelle nous pouvions compter entièrement sur d'autres est d'une certaine façon révolue – j'ai vécu cela ces derniers jours. Nous, les Européens, nous devons prendre notre destinée dans nos propres mains ». A l'avenir, a-t-elle ajouté, « nous devrons nous battre nous-mêmes pour notre propre avenir. »

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Depuis, l'actualité européenne a confirmé l'existence d'une profonde crise de l'Otan, l'alliance entre l'Amérique et l'Europe occidentale établie en 1949. Le ministre des Affaires Etrangères allemand, Sigmar Gabriel, a dit qu'en élisant Trump, les Etats-Unis s'était mis au ban de la « communauté des valeurs occidentales ». C'était selon lui « une transformation des relations de pouvoir mondiales ».

Le président français nouvellement élu, Emmanuel Macron, un proche allié de Berlin, a invité le président russe Vladimir Poutine à un sommet à Versailles.A une conférence de presse, Macron a critiqué aux côtés de Poutine toutes les interventions extérieures de l'Otan des dernières années. Il a appelé de ses vœux une résolution du conflit en Ukraine provoqué par le coup à Kiev appuyé par Washington et Berlin, signalé sa volonté d'établir des liens économiques plus étroits avec Moscou, et même évoqué la possibilité de rétablir une ambassade française à Damas, en Syrie.

Cette semaine, l'UE a inauguré son nouveau quartier-général militaire à Bruxelles. Le Royaume Uni, qui l'avait bloqué pour rendre service à Washington, qui craignait que l'UE rivalise avec l'Otan, ne pouvait plus y apposer son véto à cause de sa sortie de l'UE.

Les stratèges américains avouent que ces événements sont un revers historique pour Washington. « Chaque président américain depuis 1945 a essayé de travailler étroitement avec l'Allemagne et l'Otan », écrit Jacob Heilbrunn dans The National Interest, mais l'Amérique sous Trump « pousse Merkel à la création d'une superpuissance allemande ».

Heilbrunn a poursuivi, « A présent que la France a élu Macron, Merkel s'occupe à façonner un axe franco-allemand qui poursuivra une voie économique et militaire commune. Ceci signalera une réduction significative du prestige et de l'influence américaines à l'étranger. Imaginons, par exemple, que Merkel décidait de défier la poussée de Trump pour des sanctions qui isoleraient l'Iran et établissant des relations commerciales avec la Corée du nord, et en lui fournissant des armes ».

Ces tensions ne sont pas seulement le produit de l' extrême nationalisme de l'occupant actuel de la Maison Blanche. Le Parti démocrate diabolise la Russie sans relâche et l'accuse d'avoir faussé les élections et la démocratie américaines ; il est clair qu'une victoire de Hillary Clinton aux présidentielles américaines n'aurait pas résolu les conflits avec l'Europe. En fait, ces tensions proviennent de profondes contradictions entre les grandes puissances impérialistes, qui deux fois au siècle dernier ont provoqué des guerres mondiales.

Les rivalités croissantes entre les puissances impérialistes en Asie confirment ce jugement. A la conférence en mai où la Chine a inauguré la nouvelle Route de la Soie – un réseau d'infrastructures énergétiques et commerciales reliant la Chine, le Moyen-Orient, et l'Europe – Washington n'a joué qu'un rôle mineur, alors que la Chine développait ses liens avec l'UE. La réaction du Japon et de l'Inde, les alliés du « pivot vers l'Asie » américain visant à isoler la Chine, n'était pas toutefois foncièrement plus rassurante pour Washington que celle des puissances européennes.

La semaine passée, Tokyo et Delhi ont proposé de construire un « couloir de croissance Asie-Afrique », une alternative à la Route de la Soie chinoise qui développerait l'Inde en tant qu'alternative industrielle et contrepoids militaire à la Chine. Le but du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et des ses soutiens dans l'organisation ultranationaliste Nippon Kaigi, n'est pas seulement de dépasser la Chine, mais de supplanter l'hégémonie américaine en Asie.

Abe, qui fait campagne agressivement pour éliminer l'interdiction constitutionnelle au Japon de mener des guerres extérieures imposée après la Deuxième Guerre mondiale, a déclaré à maintes reprises qu'une alliance indo-japonaise a « le plus grand potentiel » au monde.

Les réactions au voyage de Trump en Europe témoigne non seulement d'une crise de l'impérialisme américain, mais du capitalisme mondial. Aucun des rivaux de Washington—l'UE, haïe pour sa politique d'austérité ; le régime de droite, économiquement moribond, au Japon ; on l'oligarchie capitaliste post-maoïste au Chine—n'offre une alternative progressiste.

Quelqu'un qui affirmerait qu'une coalition de ces puissances pourra stabiliser le capitalisme et bloquer l'émergence de conflits commerciaux et de guerres inter-impérialistes, parierait gros contre l'Histoire. Trump appelle à une guerre commerciale contre l'Allemagne, Berlin et Tokyo re-militarisent leur politique étrangère, et Macron veut rétablir le service militaire. Tout indique que les élites dirigeantes marchent les yeux fermés vers une nouvelle catastrophe mondiale à la même échelle, voire pire, que les guerres mondiales du siècle dernier.

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L'alternative à l'effondrement de la politique bourgeoise viendra de la classe ouvrière internationale. Des conditions de vie intolérables, le chômage de masse, et la misère sociale après des décennies d'austérité et de guerre la poussent à la lutte. Des sociétés telles qu'Amazon ou Apple, présentes aux quatre coins du monde, dominent l'économie mondiale ; les travailleurs sont de plus en plus conscients du caractère international de la classe ouvrière, dont les intérêts sont fondamentalement distincts et opposés à ceux des aristocraties financières qui gouvernent chaque pays.

L'effondrement des relations capitalistes va de pair avec le discrédit des partis social-démocrates et libéraux et des appareils syndicaux qui, après 1945, ont étouffé la lutte des classes dans un cadre bureaucratique. Le vote surprise pour Brexit, l'élection de Trump, et l'éclatement du duopole PS-LR aux présidentielles françaises de 2017 sont autant de signes de l'effondrement des vieilles élites dirigeantes. Une éruption mondiale de la lutte des classes est en préparation.

Cette crise confirme la justesse de l'affirmation du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), selon laquelle la dissolution stalinienne de l'URSS ne signifiait pas la fin de la lutte du prolétariat international pour le socialisme. Le capitalisme n'a pas pu résoudre les conflits fondamentaux identifiés par les grands marxistes du 20e siècle – entre l'économie mondiale et le système d'Etats-nation, entre la production économique socialisée et le profit privé – qui l'ont poussé à la guerre et à la révolution sociale.

http://www.wsws.org/fr/articles/2017/jui2017/pers-j03.shtml

dimanche, 04 juin 2017

Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar

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Djihad 2.0: la fabrication du prochain cauchemar 

Commençons avec 28 dirigeants de l'UE discutant de l'ouest des Balkans lors d'un récent sommet, en pestant contre - quoi d'autre - « l'agression russe » dans leur arrière-cour. Entre alors en scène un procureur monténégrin qui tempête que des « entités de l'état russe » ont élaboré une tentative de coup d'état pendant les élections d'octobre 2016, afin d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN.
 
Fasse alors son entrée le Président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker, avertissant que la rhétorique anti-UE de Donald Trump pourrait mener à une guerre dans les Balkans. Juncker, toujours aussi méprisant, soutient que « si nous les laissons à eux-mêmes - la Bosnie-Herzégovine, la Republika Srpska, la Macédoine, l'Albanie, tous ces pays-là - nous aurons encore une guerre. »
Les Balkans pourraient bientôt exploser - une fois de plus. Mais avec une variante; au contraire de 1999, l'OTAN ne pourra pas se permettre de bombarder la ville sans défense de Belgrade pendant 78 jours. Une nouvelle génération de missiles russes l'en empêcherait très facilement.
La tragédie qui s'est jouée en 1999 dans les Balkans avait principalement été mise en branle par de faux massacres au Kosovo mis en scène par le BND - les services secrets allemands - se servant d'Albanais locaux et de provocateurs du BND, qui ont tiré sur les deux côtés pour enflammer une guerre et briser la Yougoslavie.

Ce qui émerge, au cours de la présente conjoncture géopolitique, est encore plus sombre.

Les suspects usuels font ce qu'ils ont l'habitude de faire: blâmer la Russie, et cracher sur les preuves.

Par conséquent laissons un initié bien informé, le Dr. Olsi Jazexhi, directeur du Free Media Institute à Tirana en Albanie, être notre guide.

En décembre 2016, John Brennan de la CIA se rendit en Albanie et y répandit une fatwa en faveur de « la guerre contre la Russie » - surtout en Macédoine.

Comme l'explique le Dr. Jazexhi,
« après le départ de Brennan Edi Rama, le Premier Ministre albanais et ami proche de George Soros, rassembla tous les partis politiques albanais de Macédoine et leur ordonna de soutenir Zoran Zaev contre Nikola Gruevski. Gruevski est considéré être russophile et otanophobe, tandis que Zaev mange dans la main de Soros. Ainsi Gruevski fut boycotté par les Albanais et Zaev avait leur soutien pour la formation d'un gouvernement. Zaev promet aux Albanais que la Macédoine fera de l'albanais une langue officielle et créera un troisième (demi-)état albanais dans les Balkans. Les Macédoniens y résistent, mais Tirana et Edi Rama manipulent les partis politiques albanais contre Gruevski. L'enjeu final est de faire de la Macédoine un membre de l'OTAN. »
Pendant ce temps-là, au Kosovo - essentiellement une sale combine de narco-mafieux paradant comme un état et abritant Camp Bonsteel, la plus grande base militaire US à l'étranger de la planète - Hashim Thaçi, le président et ancien gorille de l'Armée de Libération du Kosovo (ALK), « construit une armée pour le Kosovo. L'objectif est d'intégrer le Kosovo à l'OTAN, même si la Serbie rejette une telle idée concernant son ancienne province autonome. »

Commentaire : Lire :
Jazexhi explique également comment « en Albanie, nous avons deux grandes organisations terroristes sous la protection des USA et des Européens. »

La première est ce qu'Ankara décrit comme l'Organisation Terroriste de Fetullah Gülen (FETO, Fetullah Gülen Terror Organisation), apparemment instrumentalisée par les services secrets allemands; « la Turquie proteste de l'hébergement albanais de la FETO, mais ce sont les USA qui les abritent contre Erdogan. »

La seconde est Moudjahidin-e Khalq (MKO), qui se bat contre Téhéran;
« l'Albanie se transforme en centre pour le MKO. John Bolton était récemment à Tirana, en compagnie d'autres soutiens internationaux du MKO, et ils s'en prennent à l'Iran en y appellant au changement de régime. »
Le cinglé du MKO Marjam Rajavi a lui aussi visité Tirana, développant des plans pour « renverser les Ayatollahs » en Iran.

L'essentiel, tel que souligné par Jazexhi, c'est qu'après « avoir transformé les Balkans en terrain de recrutement pour Da'esh/EI pendant la guerre syrienne, désormais les USA transforment l'Albanie en état djihadiste 2.0. »

Donc, ce qui se développe c'est « la même erreur historique commise par les Albanais du Kosovo, qui ont lié leur avenir à 100% au Camp Bondsteel et seraient immédiatement envahis à nouveau par la Serbie si jamais l'OTAN ou les USA devaient partir (ce qu'ils feront un jour ou l'autre, inévitablement). Pendant ce temps, l'Union Européenne et les USA, qui veulent déradicaliser les Musulmans wahhabites d'Europe, gardent le silence à propos des djihadistes iraniens. »

Ainsi l'élément essentiel du puzzle est la configuration de l'Albanie en tant que centre djihadiste 2.0 - contre les Slaves de Macédoine, contre Téhéran, et aussi contre Ankara. Pas étonnant que le principal conseiller du gouvernement albanais, jusqu'à il y a quelques mois, ait été un certain Tony Blair.

Mais ensuite, il y a l'ennemi « invisible » qui est celui qui compte réellement.

À la fin du mois de mars, le Président serbe Tomislav Nikolic est allé à Beijing pour sa dernière visite officielle précédant les élections du 2 avril. Le Président chinois Xi Jinping a souligné le fait que la coopération économique avec la Serbie - et les Balkans dans leur ensemble - est une priorité pour la Chine.

Nul doute. En 2014, Beijing a créé un fonds qui investira 10 milliards d'euros en Europe Centrale et Orientale. L'année dernière, China Everbright a acheté l'aéroport de Tirana en Albanie. La banque China Exim finance la construction d'autoroutes en Macédoine et au Monténégro.

En Serbie, la China Road and Bridge Corporation a construit le pont de Pupin - aussi connu sous le nom de « Pont de l'Amitié Sino-Serbe » - au-dessus du Danube à Belgrade à hauteur de 170 millions d'euros, inauguré en 2014 et financé à 85% par un prêt de la China Exim Bank.

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Et la cerise sur le gâteau (de développement d'infrastructures) est la ligne ferroviaire à grande vitesse de 350 km et valant 2,89 milliards de dollars US entre Athènes et Budapest, via la Macédoine et Belgrade.

L'UE a fait tinter une sonnette d'alarme à propos du tronçon reliant Budapest à Belgrade devant coûter 1,8 milliard de dollars US, cherchant à savoir si la section hongroise a contrevenu aux strictes lois de l'UE selon lesquelles les appels d'offres doivent être publics pour les grands projets d'infrastructures de transports.

En filigrane se trouve la proverbiale condescendance européenne, décrétant que les Chinois sont assurément incapables de construire une infrastructure ferroviaire aussi bien sinon mieux - et pour moins cher - qu'en Europe.

Le tronçon Budapest-Belgrade est précisément l'aspect central de la Route Express de la Terre à la Mer [Land Sea Express Route, NdT] que Beijing s'était engagé à construire déjà en 2014 avec la Hongrie, la Serbie et la Macédoine. Il s'agit du nœud crucial de l'axe d'Europe du Sud-Est des Nouvelles Routes de la Soie, désormais dénommée Initiative de Route et de Ceinture (BRI, Belt and Road Initiative); un corridor de commerce entre le port à conteneurs du Pirée sur la Mediterranée [en Grèce à côté d'Athènes, NdT] - co-détenu par la China Ocean Shipping Company depuis 2010 - et le centre de l'Europe.

Le discours officiel de l'OTAN est que l'organisation doit être implantée dans les Balkans pour y combattre la « menace du terrorisme ». Selon le Secrétaire-Général de l'OTAN Jens Stoltenberg, « j'ai récemment visité la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, et cela m'encourage de voir combien ils s'attachent à contrer la menace de combattants étrangers. »

Alors en l'occurrence, les « combattants étrangers » se trouvent être au coin de la rue, pas seulement au Kosovo mais bientôt en Albanie, capitale du djihad 2.0. Après tout, l'OTAN excelle dans la création de « menaces » émergentes essentielles à la justification de son existence.

Le djihad 2.0 pourra être dirigé contre les Slaves de Macédoine, contre l'Iran et contre la Turquie. Sans parler du ventre mou de la Russie. L'angle invisible, c'est qu'ils pourront à tout moment être déployés pour mettre en danger l'effort chinois d'intégration de l'Europe du Sud-Est comme nœud essentiel des Nouvelles Routes de la Soie.

Traduit par Lawrence Desforges sur son site :

https://globalepresse.wordpress.com/2017/06/02/djihad-2-0-la-fabrication-du-prochain-cauchemar/

Spitting in The Face of Civilization - Europe vs. Trump

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Spitting in The Face of Civilization

Germany: ‘bad, very bad.’ Trump tweet.

France’s brainy new president, Emmanuel Macron, said it was too bad that Donald Trump was not part of the Enlightenment.  Few Americans would have understood what he meant but Europeans certainly did.

The Enlightenment was the glorious epoch in the mid-1700 and 1800’s that gave birth to modern science, philosophy, reason, and literature. Among its notables were Voltaire, Rousseau, Kant, Diderot, Hume, and Adam Smith and Benjamin Franklin.

This was by far the most delicate criticism of Trump that one hears in Europe, where he is widely regarded with  contempt and revulsion.   As for Trump’s business-heavy cabinet,  one immediately thinks of Oscar Wilde’s acid line about men who know the price of everything and the value of nothing.

Europe is in a rage over Trump’s rejection of the Paris Climate Accord, an act that also caused worldwide shock and dismay.  It will please American coal miners, religious fundamentalists and those who share Trump’s view that it’s all a Red Chinese hoax. 

Meanwhile, Trump’s adversarial relations with Europe have shaken the NATO alliance and changed Germany’s view of transatlantic relations.  After last week’s testy NATO summit and Trump’s tweeted attacks on Germany, Chancellor Angela Merkel lashed out, ‘“The times in which we could completely depend on others are, to a certain extent, over.”

Merkel is a cautious,  ultra-bland technocrat whose speeches are usually sleep-inducing.   For her to drop such a bombshell shows how poor US-German relations have become.  This fracture between Berlin and Washington has been a long time in coming but is still startling. Germans are fed up with being treated like vassals and, let us not forget, still semi-occupied by US armed forces.

Adding to the tensions,  Trump has been hammering Europe’s NATO members over their skimpy contributions to the alliance and its arms programs.   But here is another example of Trump’s poor understanding of world affairs.

NATO is not a business partnership. The alliance, founded in 1949, was designed to shore up war-battered Europe and form a united front against the very real threat of Soviet invasion.  Today, the very successful NATO alliance, 70% funded by the US, remains the most concrete expression of America’s geopolitical domination of western Europe.

As the recently deceased thinker Zbigniew Brezezinski  aptly put it to me,  Europe provides strategic ‘stepping-stones’ to the expansion of US influence into Eurasia through NATO.  The alliance is not an equal partnership, it’s the primary tool for enforcing US power in Europe.

Now that the Soviet Union is gone, there is no real military threat to Europe.  A majority of Europe’s tax-payers don’t want to pay more to reinforce NATO.  Or worse, see it become a sort of foreign legion for the US to use in its imperial ventures in the Mideast, Africa and West Asia. 

Germany was dragooned by the US into sending troops to Afghanistan, but over the protests of most of its citizens and other Europeans.  Canada faces a similar problem.  As the late German defense minister, Franz Josef Strauss so colorfully put it, ‘we won’t be spear carriers for America’s atomic knights.’

I’ve witnessed a powerful up swell of nationalism in Germany, including growing pride in Germany’s soldiers during World War II.  But every sign of pride in Germany is met by a torrent of media frenzy about the Nazis and their crimes.  In this way, Germany is kept on the defensive and quiescent.  But this may now be changing as Trump & Co lambastes Germany and Germans.   It’s very dangerous, as history shows, to strong-arm Germans.

Trump even blasts German cars.  He would better reserve his wrath for the manufacturers of America’s mediocre quality cars.

What really galls Trump about Europe is that it has too many Muslims.  He actually accused Angel Merkel of ‘wrecking’ Europe because she allowed in Syrian refugees in a praiseworthy humanitarian act.  Trump and his alt-right advisors are unlikely to know that 11% of Syrians are Christians of various sorts.

Neither Trump nor his advisors have much interest in or knowledge of Europe.   America’s nativist religious voters, 80% of whom support with Trump, see Europe as a wicked, degenerate place filled with drinkers, sexual perverts and pacifists.  Europeans laugh at church-going fundamentalist Americans as backwards, superstitious rustics.

Trump is wildly popular in Pittsburgh, as he noted last week, but to much of the rest of the planet he remains a symbol of flat-earth consciousness and the unlovely face of America.

samedi, 03 juin 2017

ISIS Touches Down in the Philippines

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ISIS Touches Down in the Philippines

by Tony Cartalucci

Ex: https://landdestroyer.blogspot.com 

Mayhem broke out across the southern Philippine city of Marawi where militants besieged it and hoisted flags of the so-called "Islamic State." Located on the southern island of Mindanao, the city is only slightly removed from Al Qaeda affiliate Abu Sayaff's primary area of operation on nearby Jolo and Basilan islands.

The UK Independent in an article titled, "Isis-linked militants take priest and churchgoers hostage in Philippines," would report:
President Rodrigo Duterte declared martial law in the south because of the militants' siege on the city on Tuesday and abandoned a trip to Russia to deal with the crisis. 

Mr Duterte vowed to place southern Mindanao island, where Marawi is situated, and its 22 million residents under military rule for up to a year if necessary.
The article would also report:
Troops are battling to contain dozens of militants from the Maute group, which pledged allegiance to Isis in 2015, after they escaped a botched security raid on a hideout and overran streets, bridges and buildings. 

Two soldiers and a police officer are among those killed and at least 12 people have been wounded in the violence, seeing Maute fighters set fire to a school, a church and a prison. 
The security crisis represents a seemingly inexplicable expansion of the Islamic State in Asia - even as the US and its allies claim the organization is being rolled back across the Middle East and its revenue streams are contracting in the wake of defeat.

US-Saudi Sponsored Terrorism Seeks to Coerce Asia 

Both the Maute group and Abu Sayaff are extensions of Al Qaeda's global terror network, propped up by state sponsorship from Saudi Arabia and Qatar, and fed recruits via a global network of likewise Saudi and Qatari funded "madrasas." In turn, Saudi Arabia and Qatar's state sponsorship of global terrorism for decades has been actively enabled by material and political support provided by the United States.

This arrangement provides for Washington both a global mercenary force with which to wage proxy war when conventional and direct military force cannot be used, and a pretext for direct US military intervention when proxy warfare fails to achieve Washington's objectives.

This formula has been used in Afghanistan in the 1980s to successfully expel the Soviet Union, in 2011 to overthrow the Libyan government, and is currently being used in Syria where both proxy war and direct US military intervention is being applied.

Maute and Abu Sayaff activity fits into this global pattern perfectly.

The Philippines is one of many Southeast Asian states that has incrementally shifted from traditional alliances and dependency on the United States to regional neighbors including China, as well as Eurasian states including Russia.

The Philippine president, Rodrigo Duterte, cancelling his meeting with Russia is a microcosm of the very sort of results Maute and Abu Sayaff are tasked with achieving in the Philippines. Attempts by the US to justify the presence of its troops in the Philippines as part of a wider strategy of encircling China with US military installations across Asia would also greatly benefit from the Islamic State "suddenly spreading" across the island nation.

Likewise, violence in Malaysia and Thailand are directly linked to this wider US-Saudi alliance, with violence erupting at each and every crucial juncture as the US is incrementally pushed out of the region. Indonesia has likewise suffered violence at the hands of the Islamic State, and even Myanmar is being threatened by Saudi-funded terrorism seeking to leverage and expand the ongoing Rohingya humanitarian crisis.

That US-Saudi sponsorship drives this terrorism, not the meager revenue streams of the Islamic State in Syria and Iraq, goes far in explaining why the terrorist organization is capable of such bold attacks in Southeast Asia even as Russia and Iranian backed Syrian troops extinguish it in the Middle East.
 

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US-Saudi Links to Abu Sayaff and other Terrorists in the Philippines 

A US diplomatic cable leaked by Wikileaks dated 2005 would state:
Philippine officials noted their continuing concern about Saudi-origin terrorist financing coming into the Philippines under the cover of donations to mosques, orphanages, and madrassahs. Although three Saudi nationals suspected of being couriers had been detained on separate occasions, Saudi Ambassador Wali had intervened in each case to secure their release.
Yousaf Butt of the Washington-based US National Defense University would reveal in a Huffington Post article titled, "How Saudi Wahhabism Is the Fountainhead of Islamist Terrorism," that:
It would be troublesome but perhaps acceptable for the House of Saud to promote the intolerant and extremist Wahhabi creed just domestically. But, unfortunately, for decades the Saudis have also lavishly financed its propagation abroad. Exact numbers are not known, but it is thought that more than $100 billion have been spent on exporting fanatical Wahhabism to various much poorer Muslim nations worldwide over the past three decades. It might well be twice that number. By comparison, the Soviets spent about $7 billion spreading communism worldwide in the 70 years from 1921 and 1991.
The leaked cable and reports by Western analysts when taken together, reveal that Saudi-funded madrasas in the Philippines are directly fueling terrorism there.

The answer to why is simple.

For the same purposes the US used Saudi-funded terrorism in Afghanistan in the 1980s and in Libya and Syria beginning in 2011 - the US is using Saudi-funded terrorism to coerce the government of the Philippines amid Washington's faltering "pivot to Asia" which began under US President Barack Obama and now continues under President Trump.

Countering US-Saudi Sponsored Terrorism 

With US President Trump announcing a US-Saudi alliance against terrorism - the US has managed to strategically misdirect public attention away from global terrorism's very epicenter and protect America's premier intermediaries in fueling that terrorism around the world.

The Philippines would be unwise to turn to this "alliance" for help in fighting terrorism both the US and Saudi Arabia are directly and intentionally fueling.

Instead - for Southeast Asia - joint counter-terrorism efforts together and with China and Russia would ensure a coordinated and effective means of confronting this threat on multiple levels.

By exposing the US-Saudi role in regional terrorism - each and every act of terrorism and militancy would be linked directly to and subsequently taint the US and Saudi Arabia in the hearts and minds of Southeast Asia's population.

This paves the way for a process of exposing and dismantling US-Saudi funded fronts - including Saudi-sponsored madrasas and US-funded NGOs - both  of which feed into regional extremism and political subversion. As this unfolds, each respective nation would be required to invest in genuine local institutions to fill sociopolitical and economic space previously occupied by these foreign funded fronts.

Until then, Asia should expect the US and its Saudi partners to continue leveraging terrorism against the region. If unchecked, Asia should likewise expect the same progress-arresting instability that has mired the Middle East and North Africa for decades.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazine New Eastern Outlook”.   

The Philippino Front of the Islamic State

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The Philippino Front of the Islamic State

Author : Ivan Konovalov
Ex: http://zejournal.mobi

The president of the Philippines, Rodrigo Duterte, as well as Bashar Al-Assad, is now on the front line of confrontation with the international terrorism.

Rodrigo Duterte urgently interrupted his important official visit to Moscow last week and came back to his country. The fighting actions that happened in the south of the Philippines made the country get involved into the international front (but still not universal) of the fight against international terrorism. The fight of the central government against separatists and Islamic groups has never ended here.

However, it is a local, slow lasting war which does not differ from the others. Also, it includes Duterte’s personal vendetta toward local drug dealers that are being fiercely eradicated by the security forces.

The new front of the caliphate

The situation has radically changed now. The terroristic group “Islamic State” (banned in Russia) has challenged the Philippine statehood. The same situation happened in Iraq and Syria.

The insurgent group Maute (known as Dawlah Islamiya Philippines) fights from the side of ISIS in the region. It is composed of different international terroristic groups from the South-East Asia and Arabic countries. 

The insurgents from the radical Islamic group Abu Sayyaf swore an oath of loyalty to ISIS. The Abu Sayyaf has been fighting against the central government and competing separatist movements since 1991 and it has been involved in kidnapping people so as to get a ransom and in trafficking drugs. And it is clear that President Duterte has become the “enemy number one” for the Abu Sayyaf.

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It is obvious that the Philippines will become the hottest spot of the South-East Asia until the moment when ISIS will put together its forces to explode a region, for instance, it happened in Indonesia where terrorists conducted several severe attacks in Jakarta in January last year. There are dozens of radical Islamic groups in Indonesia now that swore an oath of loyalty to ISIS.

Fight for Marawi

President Rodrigo Duterte announced a military situation on the island Mindanao for 60 days on May 23. The government forces (commanded by Major General Eduardo Ano) were ordered to “clean” Muslim city Marawi (in the Lanao Southern Province, population- 200 thousand). According to the intelligence information, the leaders of the Maute and Abu Sayyaf located there. The number of insurgents in the city and its surrounding areas was about 500 thousand.

The US announced an award of 5 million dollars for the head of the Abu Sayyaf’s leader, Isnilon Hapilon. The military command confirms that Hapilon has met ISIS leaders from Malaysia and Indonesia so as to discuss perspectives for deploying the large scale front of the caliphate in the Philippine islands.

The confrontation of security officials and terrorists turned into street fights with heavy armor. Most of local people ran away to the near city Iligan that was blocked by the security force so as not to let the insurgents get into it.

The aircrafts and attack helicopters of the Philippine Air force joined them in attacking the city. More than hundred people were killed, 20 citizens were among them. The Philippine security force confirmed the death of 11 soldiers and four policemen.

The official spokesperson of the Philippine Military force, Brigade General Restituto Padilla confirms that no matter what information is presented in the media and social media, the military force is controlling almost the whole city Marawi except “some areas”. The military and police subdivisions are pushing insurgents away from local villages.

What is next?

The Philippines is a catholic country, only 5% of population is Muslim Sunnites. This group belongs to the nation Moro that mostly live in the South and South-West of Mindanao. The law dated to 1989 allowed to create an autonomy Muslim area that was included in the Philippines.

The separatists-Moro have been fighting against Manila since 1970. The Moro National Liberation Front (MNLF) and the Moro Islamic Liberation Front (MILF) and several military separatist groups separated from them are acting here. Also, the Abu Sayyaf separated from MNLF in 1991.

The Central government did not manage to reach piece with the Moro despite that fact that it tried several times. Although, their activity decreased a lot when the government signed with MILF a temporary peaceful agreement in 2011.

The Philippine government does not admit such groups as the Maute and Abu Sayyaf and fights to eradicate them. The small group Ansar al-Khilafah submitted to ISIS was totally destroyed and it does not exist anymore, according to the military officials.

President Duterte called the representatives of all military forces of “irreconcilable opposition” for fighting against ISIS in the Philippines islands and suggested creating a new national militia with the same financial support as a regular army has.

“You will serve as our soldiers do and will have the same salary and social welfare. We will build houses for your families in your home towns”, he promised.

Duterte clearly understands that despite victorious announcements it will be hard to defeat the Islamists without the Moro support, taking into account the areas of military actions (mountains and jungles) and that most of the Muslims support the Moro. The events happened in Marawi showed that the Maute and Abu Sayyaf felt very comfortable there. From the other side, there are no benefits for the leaders of the opposition to create a new caliphate on their territory.

If Duerte cannot agree with them, the country might face a hard, long-lasting war as ISIS will not have problems to find new fighters in this region.


- Source : Ivan Konovalov

vendredi, 02 juin 2017

Le legs de Zbig : à l’origine...

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Le legs de Zbig : à l’origine...

Ex: http://www.dedefensa.org

Comme l’écrit Neil Clark ce 29 mai 2017 sur RT, on pourrait dire que le legs de Zbigniew Brzezinski, qui vient de mourir à 89 ans, est notre “monde en flammes” (« World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski »). C’est lui, Brzezinski, qui recommanda et orchestra le lancement de l’opération qui allait conduire à l’implication de l’URSS en Afghanistan, au développement de la résistance afghane de laquelle découlèrent les innombrables branches du terrorisme islamiste, à commencer par Ben Laden. Dès l’origine, la CIA fut l’instrument opérationnel de cette énorme entreprise, à laquelle l’Arabie Saoudite notamment fut largement partie prenante (financièrement) dès le départ.

Clark écrit, et c’est le “before” qui compte puisque la version officielle fut longtemps que les USA avaient répliqué en formant les moudjahidines (“combattants de la liberté”) comme on les appelait alors, après l’intervention soviétique de décembre 1979 : « In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened. “I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions. »

La révélation de cette action préventive (juillet 1979), qui donne toute la responsabilité de l’origine des événements de déstabilisation massive qui viennent jusqu’à nous se fit dans une interview du Nouvel Observateur ; interview très courte mais très révélatrice, qui résume en quelque phrase, non seulement la pensée de Brzezinski (avec la multiplication par ce qu’on peut nommer la “haine antirusse” de son origine polonaise) mais aussi la stratégie opérationnelle de l’establishment US depuis des décennies. Cette stratégie à tendance globalisante existait déjà de manière offensive durant la Deuxième Guerre mondiale, avec l’activisme des divers services officiels US auprès des indigènes et des diverses organisations soit nationalistes, soit panarabes avec de fortes consonances religieuses dans les pays à population arabe sous colonisation européenne, y compris par exemple dans les pays du Maghreb alors français à partir du débarquement de novembre 1942. Cette même attitude prévalut dans les pays asiatiques dans la même situation, notamment dans l’Indochine française. (Ho Chi-minh reçut l’aide de l’OSS pour former son organisation et il fondait à l’origine ses ambitions sur le schéma de la Constitution des États-Unis.) Dans cette attitude US, on retrouve un mélange d’un puissant affairisme avec l’annexion au profit des USA des marchés extérieurs, d’un anticolonialisme remontant au temps de la Guerre d’Indépendance, et enfin de l’idéalisme de type-wilsonien selon lequel la diffusion de la formule américaniste de la démocratie et de la modernité constitue la voie évidente vers une globalisation et une uniformisation vertueuses du monde, – selon le “modèle” américaniste naturellement. Ainsi l’anticolonialisme si souvent acclamé par la pensée moderniste trouve-t-il là une parentèle inattendue sinon quelque peu gênante. (Nous avons déjà rappelé combien Arnold Toynbee a bien montré comment il importait de faire toute la lumière sur ce mouvement à partir des conceptions du suprémacisme de l’anglosaxonisme, de l’“anglosphère”, puis de l’américanisme gobant le tout au bout du compte.)

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Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998, lorsque on s’intéressait encore fort peu à l’implication des révélations qu’il y fait. (Le propos est recueilli par Vincent Jauvert, les mémoires de Robert Gates servant de référence sont intitulés : From the Shadows, chez Simon and Schuster. Nous avions déjà publié cette interview le 15 juillet 2005.)

Le Nouvel Observateur : « L'ancien directeur de la CIA Robert Gates l'affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l'intervention soviétique. A l'époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques. »

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n'est pas tout à fait cela. Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu'ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité... Vous ne regrettez rien aujourd'hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l'éclatement de l'empire soviétique. »

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd'hui une menace mondiale. »

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l'Occident ait une politique globale à l'égard de l'islamisme. C'est stupide: il n'y a pas d'islamisme global. Regardons l'islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C'est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l'Egypte pro-occidentale ou l'Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté... »

Après l’attaque du 11 septembre 2001 et avec l’attaque américaine contre l’Afghanistan puis contre l'Irak qui suivirent, certains avaient ressorti cette courte interview de Zbigniew Brzezinski au Nouvel Observateur, pensant qu’elle servirait à tempérer toutes les affirmations officielles sur le terrorisme dans sa quasi-fatalité islamiste, sur “le choc des civilisations”, sur le Mal et sur le diable. Il n’en fut rien et la version officielle aussitôt proclamée par l’administration GW Bush fut bien qu’il y avait un terrorisme islamiste né d’une origine lointaine, lié à la religion, ami du Diable et représentant le Mal contre le Bien qui tenait et tient toujours congrès permanent à Washington D.C.

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Bien entendu, les manœuvres sans nombre des divers services de l’IC (Intelligence Community), CIA en tête, et des divers services des forces armées, pour créer et instrumenter différents groupes extrémistes en les équipant d’armes et en les couvrant d’ors saoudiens, constituèrent un élément fondamental qui intervint dans un phénomène où l’existence précédait l’essence pour satisfaire les conceptions sartriennes, les Américano-Saoudiens se chargeant de définir de quelle essence il s’agissait ; vue la nature de leurs liens, aux américanistes et aux Saoudiens, ce n’était pas difficile. En d’autres mots, l’islamo-terroriste qui n’existait pas comme phénomène majeur ni même annexe en 1980, était devenu le phénomène universel qu’on connaît après 9/11, et bien plus encore après le surge de Petraeus en Irak en 2007-2007, négociant à coup de conteneur de dollars le ralliement des sunnites d’Irak et mettant ainsi en place les structures du futur Daesh et de toute la galaxie qu’on retrouve en Syrie.

Brzezinski et son mépris pour les craintes d’un mouvement terroristes islamiste avait sûrement raison d’un point de vue stratégique en 1980 ; il avait sans doute encore un peu raison en 1999 malgré qu’il ait été démontré par la mise à jour d’archives diverses que l’URSS n’avait nullement été le danger d’agression permanente que Brzezinski eut continuellement à l’esprit pour minorer tous les autres dangers. (Le véritable danger de la Guerre froide était de type “objectif” et catastrophique pour tous les acteurs, dans le chef de la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire.) Comme en 1980, le terrorisme islamiste n’était pas encore, en 1999, un danger majeur, sauf peut-être en Russie avec la Tchétchénie, ce qui n’était d’ailleurs pas pour déplaire à Zbig. Il l’est devenu avec 9/11, communication oblige, et opérationnellement notamment grâce aux canaux et aux complicités sans nombre, aux corruptions innombrables, aux manipulations vertigineusement nombreuses et aussi sans queues ni têtes, déjà en place avec l’activisme forcené et incontrôlé de la CIA que Brzezinski avait immédiatement mis sur le coup en 1979.

Brzezinski avait été le conseiller pour la sécurité nationale du président Jimmy Carter, de 1977 à 1981. A ce poste, il fut effectivement le principal animateur, contre l’avis du secrétaire d’État Vance, du prologue et du lancement de l’aide américaine aux moudjahidines luttant contre les communistes en Afghanistan (effectivement: “contre les communistes” en général ; d’abord contre le régime communiste de Babrak Karmal puis, à partir de décembre 1979, contre les Soviétiques de l’Armée Rouge également). Cette politique a donc été souvent et justement décrite comme l’événement créant le Osama Ben Laden présenté depuis comme le cerveau d’une offensive mondiale de terrorisme, avant de passer le relais aux vedettes actuelles. Elle prit, avec Reagan et son directeur de la CIA Bill Casey, relais de Wall Street et maître des coups fourrés impliquant diverses branches du crime organisé, des proportions importantes, accentuant l’effet initial voulu par Brzezinski et l’administration Carter (l’accentuation de la lutte contre les Soviétiques passant par le renforcement des structures de l’extrémisme islamiste).

C’est effectivement de là que datent le développement et la mise en place, et l’équipement militaire initial également, de la nébuleuse islamiste qu’il est de bon ton de considérer aujourd’hui, dans les milieux de la pensée conformiste globalisée, comme la première menace contre la civilisation. La véritable responsabilité est donc bien celle du Système, avec l’organisation colossale venue des divers services d’agitation et de subversion des moyens opérationnels de l’américanisme (IC et le reste), et sans aucun doute l’opération globale de déstabilisation la plus ambitieuse jamais lancée par les USA. (En 1980, Brzezinski parlait de “l’arc de crise” du monde allant de l’Inde à la Somalie et le président Carter créait le Central Command qui constitue aujourd’hui le commandement militaro-politique le plus puissant des forces bellicistes et expansionnistes US. (Carter, qui a évoulé dans le meilleur sens du monde, devenu parfaitement antiSystème, n'a jamais dit précisément ce qu'il pensait de cette évolution-là à laquelle il avait présidé, comme parfait jouet du Système.)

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Certes, personne de sérieux, en 1998, à Washington, n’aurait contredit Brzezinski sur le fond, malgré l’insistance de l’intervieweur. Aujourd’hui, rappeler ces déclarations de Brzezinski pourrait représenter un cas d’une condamnation sans appel, avec effet rétroactif s’il le faut. Restent la réalité, les faits, les manigances, les intentions, — bref, ce qui fait ici la cause première de l’enchaînement menant aux événements du 11 septembre 2001 et après. Il est bon de se rappeler jusqu’à quel point, et à quelle profondeur, avec quel zèle, quelle absence de défiance et de scrupule, quelle courte vue et quel cynisme, quel idéalisme niais et si fortement lié aux gains du capitalisme, les États-Unis ont semé les graines dont ils récoltent aujourd’hui les fruits amers (d’ailleurs pas amers pour tout le monde, y compris à Washington D.C.). Si ce n’est de la prédestination, cela y ressemble, jusques et y compris dans l’entraînement vers un destin catastrophique pour les USA que suppose cette vaste opération ; après tout, c’est elle qui n’a cessé d’exercer une influence déstabilisatrice, directement et indirectement, aux USA même, à Washington D.C., en développant une corruption effrénée, en installant une communication tout à fait faussaire et en créant des événements relevant du simulacre pur et simple, en donnant à des organisations diverses dont la CIA est l’archétype des pouvoirs énormes et incontrôlables ; bref, en donnant les moyens opérationnels de faire entrer la postmodernité comme simulacre de réalité à la place de la vérité du monde.

 

 

ZUERST!-Gespräch mit Nahost-Experte Dr. Elie Hatem: „Es muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden“

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ZUERST!-Gespräch mit Nahost-Experte Dr. Elie Hatem: „Es muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden“

Ex: http://www.zuerst.de 

 

Droht der Welt ein neuer großer Krieg, der dieses Mal vom Nahen Osten ausgeht? Der französisch-libanesische Politikberater und Jurist Dr. Elie Hatem im ZUERST!-Gespräch über Trumps Fehler und die Gefahr eines Weltkrieges

Herr Dr. Hatem, seit sechs Jahren herrscht in Syrien Krieg. Der kürzlich erfolgte Einsatz von Chemiewaffen und die Reaktion der Vereinigten Staaten von Amerika darauf stellen möglicherweise einen Wendepunkt dar. Was könnte als nächstes passieren?

Hatem: Syrien wird destabilisiert, von Mächten, die Chaos im Nahen Osten und auch in Europa anrichten wollen. Wir müssen natürlich davon ausgehen, daß diese Geschehnisse enorme Konsequenzen auf Europa haben. Die Masseneinwanderung beeinflußt den Zusammenhalt des Kontinents bereits jetzt. Es ist offensichtlich, daß es sich bei der „Krise“ um ein politisches Projekt handelt, worin auch verschiedene Geheimdienste ihre Rolle spielen. Der letzte Chemiewaffeneinsatz hat das deutlich gemacht. Der Fall wurde sehr genau von den syrischen Behörden untersucht, auch von juristischer Seite. Es sollte mit Sicherheit festgestellt werden, wer diesen Angriff angeordnet und durchgeführt hat. Aus politischer Sicht bezweifle ich, daß der syrische Präsident Baschar al-Assad oder die syrische Regierung so masochistisch veranlagt sind, sich bewußt so harscher internationaler Kritik auszusetzen oder ein Eingreifen der USA zu riskieren: Immerhin hatte Assad diese Erfahrung schon mal gemacht, als der französische Präsident François Hollande militärische Maßnahmen befohlen hatte. Ich denke, daß ein Geheimdienst hinter dem ganzen Vorfall steckt, um einen „Casus belli“ zu schaffen und den Amerikanern ein militärisches Eingreifen zu ermöglichen. Wir sollten uns auch vergegenwärtigen, unter welchen Umständen Donald Trump von seinen Beratern zu der Entscheidung gebracht wurde. Ich frage mich, wie sehr er selbst die Tragweite seiner Handlung überhaupt bedacht hat, als er gerade den chinesischen Präsidenten in Florida zu Gast hatte, den – seiner Aussage nach – „schönsten Schokoladenkuchen“ aß und den Irak mit Syrien verwechselte. Wenn Trump vor der Wahl versprochen hatte, mit Rußland partnerschaftlich zusammenzuarbeiten, so scheint er gerade gegen seinen eigenen Willen zu handeln. Ich hoffe, er erkennt seinen Fehler. Falls nicht, setzt er nur die desaströse Politik seiner Vorgänger fort.

Vor seinem Amtsantritt erwartete man von Trump eine anti-interventionistische Syrien-Politik. Nach seinem Einzug ins Weiße Haus sprach er von „safe zones“ in Syrien, wenig später ließ er die syrische Luftwaffenbasis Al-Scheirat mit Marschflugkörpern angreifen. Was passiert da gerade in Washington?

Hatem: In den USA kommt man nur schwer um das Establishment herum. Nach den Versprechungen und Vorsätzen während des Wahlkampfes ist Donald Trump nun in der Realität des Systems angekommen.

Wie meinen Sie das?

Hatem: Die US-Außenpolitik steht schon seit langem unter dem massiven Einfluß verschiedenster Lobbyorganisationen, beispielsweise auch der AIPAC, einer pro-israelischen Organisation. Trump bezieht einige pro-israelische Standpunkte, so zum Beispiel die künstliche Schwächung der Staaten im Nahen Osten, unter Inkaufnahme von Chaos und internen Kämpfen zwischen den Mächten. Einige dieser Punkte hat er umgesetzt: Deswegen wurden auch Bürger des Iran im Zuge des sogenannten „Muslim Bans“ an der Einreise in die USA gehindert, obwohl dieser Staat wirkungsvoll den IS und den Terrorismus insgesamt bekämpft. Diese Entscheidung wurde sowohl in den Vereinigten Staaten als auch international stark kritisiert. Trump folgt den Interessen der Israelis, die darauf hoffen, die Position der Syrer wieder zu schwächen. Denn nachdem die Russen massiv in den Krieg eingegriffen hatten, sah es zuletzt recht gut für die syrische Regierung aus. Vergleichen wir die russische Intervention mit der US-amerikanischen, so ist die letzte unrechtmäßig oder besser gesagt illegal erfolgt. Weder kam die US-Regierung mit dem Einsatz einer Bitte der syrischen Regierung nach – wie im Falle Rußlands –, noch wurde ein solches Eingreifen vom Sicherheitsrat der Vereinten Nationen beschlossen. Wir bedauern es zutiefst, daß die US-Außenpolitik offenbar immer noch von denselben Lobbygruppen bestimmt wird. Was den Nahen Osten betrifft, so wird Trump von seinem Schwiegersohn Jared Kushner beraten. Dieser hat seit seiner Kindheit ein enges Verhältnis zum jetzigen israelischen Präsidenten Benjamin Netanjahu.

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Handelt es sich bei dem, was wir in Syrien sehen, wirklich um einen „Bürgerkrieg“?

Hatem: Syrien ist das Opfer einer politischen Intrige, die Jahre zuvor sorgfältig ausgearbeitet wurde. Die Drahtzieher sind Politanalysten, -experten und Denkfabriken. Dieses Projekt wurde zuvor schon anderswo erprobt, so zum Beispiel in Palästina, Zypern, dem Libanon, dem Iran, Afghanistan, auf dem Balkan, in Tschetschenien, Dagestan, in Armenien, Georgien und so weiter. Nach einigen Rückschlägen führte das Vorhaben zum sogenannten „Arabischen Frühling“, der ein totales Chaos im Nahen Osten zum Ziel hatte. In der Folge kam es in Staaten, in denen vorher viele Religionen nebeneinander koexistierten, zu Spannungen zwischen den Glaubensgruppen. Die Staaten sollten sich in Glaubenskriegen auflösen. In anderen Staaten hieß es Stamm gegen Stamm, Klan gegen Klan. Im Westen wird das so dargestellt, als wenn all diese Parteien für ihre Freiheit und die Menschenrechte kämpfen. Tatsächlich leidet die Bevölkerung aber unter diesen „Bürgerkriegsparteien“. Diese Gruppen kämpfen für einen gewaltsamen „Regime Change“, eine Zerstörung der Zentralgewalt, die vorher all diese Religionsgemeinschaften und Stämme hat zusammenhalten können. Söldner aus der ganzen Welt wurden ins Land gerufen und kämpfen an der Seite von unkontrollierbaren Milizen. Das ist die Realität in Syrien.

Syrien ist – wie Sie sagen – zum Sammelpunkt für Verbrecherbanden und Terror-Krieger aus der ganzen Welt geworden – auch aus Europa wird rekrutiert. Was würde Ihrer Meinung nach passieren, wenn die internationalen Terrorbrigaden über die syrische Regierung siegen würden?

Hatem: Wir kennen die Fakten: Das Chaos in Syrien – wie auch im Irak, ein Opfer desselben Destabilisierungsplans – schafft eine Vielzahl verschiedener Milizen und unüberschaubarer bewaffneter Gruppen, die ihrerseits kriminelle Ringe bilden, die von Außenstehenden beeinflußt werden. Aufgabe dieser Söldnergruppen ist das Verursachen von Terror und Chaos im Nahen Osten und damit auch in Europa. Wenn die syrische Regierung zusammenbricht, wird auch die Situation, die vorher von den Russen geradeso unter Kontrolle gehalten wurde, eskalieren. Dann folgt das große Chaos, und es entsteht damit eine enorme Gefahr für die Weltsicherheit. Syrien wird dann zu einem undurchdringbaren Dschungel, in dem die eben angesprochenen Gruppen unaufhaltsam gedeihen und sich ausbreiten werden.

Gibt es einen Unterschied zwischen „moderaten“ und „extremistischen“ Kämpfern in den sogenannten „Oppositionsgruppen“?

Hatem: Die Propaganda bewirbt die Destabilisierung der arabischen Welt auf jede erdenkliche Weise, um das Handeln der fremdunterstützten „Rebellen“ zu rechtfertigen. Aber es gibt – wie Sie richtig sagen – zwei Arten von Kriegern in Syrien: die moderaten und die extremistischen. Beide Gruppen sind jedoch unmöglich zu überschauen, der Großteil der Angehörigen sind Söldner, und die Übergänge sind fließend. Die Kämpfer wechseln schnell von einer Gruppe zur nächsten. Einige der Soldaten kämpften erst unter der Flagge der angeblich „moderaten“ Freien Syrischen Armee, dann unter der der sunnitisch- extremistischen „Al Nusra“, bis sie sich schließlich dem IS anschlossen…

Was wären die Konsequenzen für Europa, wenn die Syrisch-Arabische Armee zusammenbräche?

 Hatem: Wie Sie sicher wissen, gibt es jetzt schon zahlreiche Flüchtlinge aus Syrien, die nach Europa kommen. Dabei sind die Grenzen zum Nahen Osten geschlossen. Die syrische Bevölkerung ist desillusioniert. Sie fliehen vor dem Krieg und vor Verfolgung, besonders der durch den IS. Der einzige Ausweg ist die Flucht ins Ungewisse. Also wählen sie das Exil, einen beschwerlichen Weg, aber es bleibt ihnen nichts anderes übrig. Mit anderen Worten: Wir sind Zeugen der Deportation eines ganzen Staatsvolks, wie beispielsweise der der Armenier am Ende des 19. Jahrhunderts. Die Auswanderer haben ihr ganzes Hab und Gut verloren. Sie sind arm und niedergeschlagen. Es ist ein Einfaches, sie zu manipulieren, wenn man ihnen Geld verspricht. Geheimdienste machen sich das zunutze, um Terroranschläge ausführen zu lassen, die Europa destabilisieren sollen. Ein einfaches Beispiel: Wenn Sie Ihre eigenen Kinder hungern, weinen und leiden sehen, fällt es Ihnen leicht, für ein paar Euro das eigene Leben zu opfern und ein Selbstmordattentat dafür zu begehen. Eine Niederlage der syrischen Regierung wird das ganze Land ins Chaos werfen, und diese Vorfälle werden zunehmen.

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Welches Interesse haben die europäischen Regierungen an dieser Agenda?

Hatem: Die europäischen Staatschefs stehen unter dem Einfluß der NATO, die wiederum vom US-Establishment – Lobbygruppen, Geheimdienste usw. – kontrolliert wird. Die US-Eliten haben ein Interesse daran, die europäischen Staaten und deren Bevölkerungen zu schwächen. Mit der massiven Propaganda soll Europa auf einen Kurs gebracht werden, der einem Suizid gleichkommt. Eine ähnliche Strategie wird in den arabischen Staaten verfolgt: Ihre Anführer übernehmen oftmals schwachsinnige Positionen, die sie selbst ins Chaos stürzen.

Welche Rolle spielen die Sanktionen gegen Syrien bei der Massenimmigration nach Europa? Wie beeinflussen die Sanktionen den Krieg der Syrisch-Arabischen Armee gegen die Terroristen?

Hatem: Diese Maßnahmen treffen in Wirklichkeit die Bevölkerung und nicht die Streitkräfte. Es sind die Zivilisten, die die Konsequenzen der Sanktionen zu tragen haben: Die Menschen verarmen, was sie in die Arme islamistischer Terrorgruppen treibt, die ihnen Nahrung und Hilfe gewähren. Natürlich gibt es für die verschiedenen Milizen tausend Wege, um vorbei an den Sanktionen an Waffen zu gelangen. Die Sanktionen verfolgen den Zweck, die syrische Regierung zu schwächen, unbeliebt zu machen und in den Bankrott zu treiben.

Wieso ist es so einfach für europäische NGOs, den Terrorismus in Syrien zu unterstützen und zu finanzieren? Können Sie das Ausmaß dessen einschätzen?

Hatem: (…)

Welche Rolle spielt der Iran in Syrien?

Hatem: Als der Krieg in Syrien begann, wurde Assad von allen arabischen Staaten im Stich gelassen. Einige seiner ehemaligen Verbündeten waren selbst mit inneren Krisen im Zuge des Arabischen Frühlings beschäftigt. Andere wurden von der Geheimdienstpropaganda der Amerikaner beeinflußt und distanzierten sich von Assad – ähnliches geschah bei den EU-Regierungen. Der syrische Präsident brauchte für seinen Kampf dringend Verbündete, um den Kollaps seines Staates zu verhindern. Der Iran gewährte ihm die benötigte Hilfe, aus vielerlei Gründen: Zum Beispiel hätte eine Destabilisierung Syriens auch Nachteile für den Iran. Außerdem dient Syrien als Transit-Land in den Libanon, wo der Iran die dortigen Schiiten unterstützt und seinen Einfluß in der Region wahren möchte. Diesen Weg gilt es offenzuhalten. Das sind die Gründe, wieso der Iran in Syrien eingriff und, lange bevor die Russen Assad Unterstützung gewährten, den IS und die Terroristen bekämpfte.

Besteht die Gefahr einer direkten militärischen Konfrontation zwischen Rußland und dem Iran auf der einen und den US-Streitkräften auf der anderen Seite?

Hatem: Ich hoffe nicht… Aber ich hoffe, daß die neue US-Regierung jegliche Konfrontation mit Rußland vermeiden wird. Während seines Wahlkampfes verkündete Trump, mit Rußland zusammenarbeiten zu wollen. Trotz des Einflusses der verschiedenen Interessengruppen auf den US-Präsidenten – vor allem der AIPAC – gibt es immer noch eine Reihe von Leuten, die versuchen, Trump an seine Wahlversprechen zu erinnern. Vor allem in der Generalität der US-Armee gibt es einflußreiche Männer, die ihn auf diesen Weg bringen möchten, beispielsweise General Paul Vallely, der über gute Beziehungen zu Moskau, besonders in das Umfeld des Außenministers Sergej Lawrow, verfügt.

Nach Trumps Wahl hatten auch viele europäische Euroskeptiker die Hoffnung, daß die neue US Regierung sich nicht weiter in Angelegenheiten des Nahen Ostens einmischen würde. Waren diese Hoffnungen naiv?

Hatem: (…)

Auch Marine Le Pen und andere euroskeptische Politiker – wie zum Beispiel der Vorsitzende der Jungen Alternative, Markus Frohnmaier – kritisierten den „Tomahawk“-Angriff auf die syrische Luftwaffenbasis. Können wir hier einen Bruch zwischen Trump und den Euroskeptikern erkennen?

 Hatem: Ich behaupte das, ja. Viele Europäer – und auch Amerikaner, die auf einen Wandel gehofft hatten – sind jetzt enttäuscht, auch wenn das nicht offiziell kundgetan wird. Es gibt eine große Diskrepanz zwischen dem, was Trump vor der Wahl sagte, und dem, was er jetzt von sich gibt. Ich glaube, daß Trump gerade versteht, daß es nicht so einfach ist, das Establishment und die Lobbyisten beiseite zu drängen, die nun mal einen großen Einfluß auf die US-Regierung haben. Aber ich hoffe, daß es noch Leute um Trump herum gibt, die ihm eine gesunde und verantwortungsvolle US-Außenpolitik näherbringen können.

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Sehen Sie eine Möglichkeit, die syrischen Flüchtlinge zu repatriieren, für den Fall, daß die syrische Regierung zusammenbricht?

Hatem: Ich glaube nicht, daß die syrische Regierung kollabieren wird. Sollte dies doch der Fall sein, so sind Chaos und Zerstörung die Folge, was um so mehr Flüchtlinge produzieren wird. Die Situation würde auf alle Nachbarstaaten entscheidende Folgen haben, auch auf die Türkei. Europa wäre gezwungen, immer mehr Flüchtlinge auf zunehmen, in solchen Mengen, die es unmöglich kontrollieren kann. In diesem Szenario würde die Stabilität Europas entscheidend geschwächt, und große Spannungen auf dem Kontinent wären die Folge. Ich hoffe, daß die Regierungen sich diesen Fall vor Augen führen.

Wie schätzen Sie die Chancen der Syrisch- Arabischen Armee ein, den Krieg zu gewinnen?

Hatem: Das hängt von der Unterstützung durch Rußland ab. Die syrische Armee ist nach sechs Jahren des Krieges an ihrer Belastungsgrenze angelangt. Obwohl Soldaten über Monate hinweg keinen Sold erhielten, sehen wir aber nur sehr wenige Fahnenflüchtige. Das beweist auch, daß es bei dem Krieg in Syrien eigentlich kein Problem der Assad-Regierung gibt, die gegen ihre eigene Bevölkerung vorgehen würde, wie gern behauptet wird. Es geht um die Einflußnahme auf Söldnergruppen von außerhalb, die sich aus Leuten rekrutieren, die in einem Land, das im Chaos versinkt, einfach nur überleben wollen.

Wie würde eine intelligente Nahost-Politik der Europäer aussehen?

Hatem: Zuerst muß die Propaganda gegen das Land und seine Regierung gestoppt werden. Dann muß gewährleistet werden, daß internationales Recht – vor allem das Recht auf Selbstbestimmung und die Nicht-Einmischung in innere Angelegenheiten eines Landes – geachtet wird. Unglücklicherweise hetzen einige europäische Politiker genauso gegen Syrien, wie sie es 2003 gegen den Irak taten. Gleiche Positionen bezogen sie im Falle Tunesiens und Libyens. Was sind die Folgen einer solchen Agenda? Die Zerstörung von Institutionen und Strukturen in den entsprechenden Ländern, eine Verarmung weiter Teile der Bevölkerung und die Entstehung von riesigen Flüchtlingsströmen. Das Vertreten einer solchen Politik ist kriminell.

Herr Dr. Hatem, vielen Dank für das Gespräch.

Dr. Elie Hatem, geboren 1965, promovierte in Internationalem öffentlichen Recht und Verfassungsrecht und ist Jurist bei der Paris Bar Association. Seine Familie stammt aus dem Libanon. Hatem lehrt Internationale Beziehungen und Internationales öffentliches Recht an der Freien Fakultät für Recht und Wirtschaft in Paris. Elie Hatem ist persönlicher Berater des ehemaligen UN-General-Sekretärs Boutros Boutros-Ghali. Er ist zudem politischer Berater von Jean-Marie Le Pen, dem Gründer des französischen Front National. Hatem ist Autor zahlreicher juristischer und politischer Fachartikel und Träger einer Vielzahl von Auszeichnungen. So ist er unter anderem Ritter des Ordre des Palmes Académiques (eine der höchsten Auszeichnungen in Frankreich für Verdienste um das französische Bildungswesen) und Offizier des Zedernordens (eine der höchsten zivilen Auszeichnungen des Libanon).

Dieses Interview ist Ihnen in ungekürzter Länge im Original (Juni-Ausgabe) entgangen, wenn Sie immer noch nicht fester Leser und Abonnent des Deutschen Nachrichtenmagazins ZUERST! sind. Die gut recherchierten Beiträge und spannenden Interviews von ZUERST! verlieren auch nach vielen Monaten nichts von ihrer Aktualität. Werden Sie jetzt Leser der Druckausgabe von ZUERST!

jeudi, 01 juin 2017

De instorting van Frankrijk: Wordt Macron door globalisten gebruikt voor oorlog tegen Rusland?

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De instorting van Frankrijk: Wordt Macron door globalisten gebruikt voor oorlog tegen Rusland?

Het onverschillige en door de media gehersenspoelde Franse volk heeft onlangs in meerderheid gekozen voor een president die Frankrijk binnen 5 jaar zal opheffen als trotse, zelfstandige natie. Frankrijk zal definitief een provincie van de EU worden, een land dat zijn grenzen wagenwijd zal openhouden voor de komst van nog eens miljoenen moslimmigranten, waar de kersverse president Macron nu al moskeeën voor wil laten bouwen. Macron lijkt niet meer dan een pion van de globalistische kliek in Washington, Brussel en Berlijn, die wel eens gebruikt kan worden voor oorlog tegen Rusland. Wellicht was Putin deze week om die reden op bezoek in Frankrijk, hopende om hem op andere gedachten te brengen voordat het te laat is?

Volgens Paul Craig Roberts, voormalig official van de regering Reagan en tegenwoordig hoofd van het Institute for Political Economy, hebben de Fransen enkele weken geleden hun allerlaatste kans om hun land en volk op democratische wijze te redden, laten schieten. ‘Na vijf jaar Macron zal er niets meer van Frankrijk zijn overgebleven.’

Macron, die letterlijk verklaarde dat er volgens hem niet zoiets als een ‘Franse cultuur’ bestaat, was de keuze van Washington, de politieke EU elite en de internationale bankiers, omdat hij een rasglobalist is die de laatste resten soevereiniteit en macht van het nationale parlement wil overhevelen naar de ongekozen bureaucraten in Brussel, die enkel de belangen van de grote banken en multinationals op het oog hebben.

Hoopt Putin -tegen beter weten in- op terugkeer gezond verstand in Europa?

Roberts begrijpt niet waarom Putin gisteren naar Macron ging, omdat ‘die volledig in de zak van Washington zit.’ Het Kremlin hoopt misschien –tegen beter weten in- dat in Europa en het Westen het gezonde verstand terugkeert, en na al die terreuraanslagen de dreiging van het islamitische terrorisme eindelijk serieus wordt genomen, om dat alsnog samen met Rusland te gaan vernietigen.

Putin zal zich ongetwijfeld realiseren dat de Europese elite de politieke islam als bondgenoot heeft gekozen, tégen Rusland, en besloten heeft om onze landen en cultuur daar stapsgewijs, maar in steeds sneller tempo, compleet door over te laten nemen.

Het is echter ook mogelijk dat Putin persoonlijk polshoogte wilde nemen of Macron zich realiseert dat hij niets meer dan een pion is, die door Washington gebruikt gaat worden voor oorlog tegen Rusland zodra het Pentagon de aanvalsplannen heeft afgerond. Een andere optie is dat Macron Putin uitnodigde op aandringen van Amerika, om de Russische president in de waan te laten dat Europa mogelijk wil afzien van dat gedoemde pad naar een militair conflict, dat ons werelddeel als één grote rokende en zwartgeblakerde puinhoop zal achterlaten.

Rusland grootste obstakel

Van de twee landen die de Amerikaanse hegemonie over de hele wereld in de weg staan, Rusland en China, is Rusland het grootse obstakel – niet enkel vanwege het enorme Russische kernwapenarsenaal en het zeer geavanceerde wapentuig, maar ook omdat Europa afhankelijk is van Russische energie.

Tegelijkertijd is Rusland kwetsbaar, omdat het feitelijk geheel op de schouders van één buitengewoon sterke leider rust: Vladimir Putin. Als die bijvoorbeeld door de CIA uit de weg wordt geruimd, kan het land wel eens een makkelijke prooi worden.

Met Amerika’s andere tegenstander, China, is dat niet zo eenvoudig, want in Beijing zetelt een collectief leiderschap, waarbinnen ook een bepaalde mate van democratie heerst. Washington probeert door het inzetten van financiële organisaties in China de heersende communistische partij te verzwakken en in diskrediet te brengen.

‘Overgave of oorlog’

‘Washington drijft de wereld naar een groot conflict,’ waarschuwt Roberts. ‘De Russische en Chineze regeringen moeten nu wel weten dat zij het doelwit zijn. Aangezien hun hoop op diplomatie steeds maar weer de bodem wordt ingeslagen door Washington en Europa, zullen zij tot de conclusie komen dat hun enige keus overgave of oorlog is.’

Putin was dan ook bloedserieus toen hij enkele jaren geleden tijdens een persconferentie vertelde dat hij in zijn jeugd op straat één ding geleerd heeft: als je er eenmaal van overtuigd bent dat een confrontatie met de vijandelijke partij niet meer te vermijden is, zorg dan dat je als eerste toeslaat.

En dat is dan ook exact wat Merkel, Macron, Juncker en bijna alle leidinggevende politici in ons eigen land over ons afroepen als ze de huidige ingeslagen koers naar een totaal geïslamiseerde anti-Russische Europese Superstaat stug blijven volhouden.

Xander

(1) PaulCraigRoberts.org

mercredi, 31 mai 2017

Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

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Donald Trump’s unhappy NATO visit as US and Europe drift apart

Ex: http://theduran.com 

European leaders annoyed by Trump's calls to increase defence spending, making NATO look too obviously like a protection racket.

Having been showered with compliments in Saudi Arabia and Israel, Donald Trump’s visit to Europe where he has met the US’s formal allies in the NATO and G7 formats, have gone unhappily.

 

Despite efforts on both sides to patch things up, it is impossible to avoid the sense that Trump and his erstwhile “allies” don’t like each other very much.  Not only has Trump had uncomfortable meetings with Merkel and Macron, and not only did his shoving aside the Prime Minister of Montenegro look like a snub, but I doubt that Trump himself realises how irritated most of his European allies are by his constant calls that they increase their defence spending.

These calls Trump made again during the summit and in blunt language and at extraordinary length

The NATO of the future must include a great focus on terrorism and immigration, as well as threats from Russia and on NATO’s eastern and southern borders.  These grave security concerns are the same reason that I have been very, very direct with Secretary Stoltenberg and members of the Alliance in saying that NATO members must finally contribute their fair share and meet their financial obligations, for 23 of the 28 member nations are still not paying what they should be paying and what they’re supposed to be paying for their defense.

This is not fair to the people and taxpayers of the United States.  And many of these nations owe massive amounts of money from past years and not paying in those past years.  Over the last eight years, the United States spent more on defense than all other NATO countries combined.  If all NATO members had spent just 2 percent of their GDP on defense last year, we would have had another $119 billion for our collective defense and for the financing of additional NATO reserves.

We should recognize that with these chronic underpayments and growing threats, even 2 percent of GDP is insufficient to close the gaps in modernizing, readiness, and the size of forces.  We have to make up for the many years lost.  Two percent is the bare minimum for confronting today’s very real and very vicious threats.  If NATO countries made their full and complete contributions, then NATO would be even stronger than it is today, especially from the threat of terrorism.

There is no doubt that Trump himself sincerely believes all this, and doubtless from his point it is obvious that it is simply unfair for the US to pay such a disproportionate amount of the Western alliance’s defence burden.

However the US’s NATO allies will have noticed that these words contain no reciprocal pledge from the US to ‘defend’ them come what may, and they are bound to see Trump’s calls for them to increase defence spending as a form of blackmail, implicitly threatening them that unless they increase their defence spending the US will stop ‘defending’ them.

A point which few Americans understand is that some European states – Germany being a case in point – anyway deliberately underspend on defence in the belief that if they spent more on defence the US might one day conclude that they no longer need to be “defended” by it.  For these states Trump’s calls that they spend more on defence sets this all on its head, calling their bluff in a way they particularly dislike.  It does not help that in Germany’s case Trump during their summit made further comments which all but accused Germany of taking the US for a ride on trade.

Beyond that there is the never expressed but always present doubt about what NATO is really for.

The USSR – the ostensible threat from which NATO was supposedly set up to defend Europe from – no longer exists, which begs the question of what NATO is really for, and from whom or what the NATO is actually “defending” Europe from, and what the purpose of all this extra spending really is.  By constantly harping on the subject Trump threatens to strip away the illusion that NATO is actually “defending” anyone from anything, and makes NATO look more like what it really is, which is a gigantic protection racket.

Needless to say that is not something the European members of NATO like to be reminded of.

The simple fact is that since the end of the Cold War the glue that has held the Western alliance together has become overtly ideological, with the members of the alliance seeing themselves as joint partners in an overtly ideological neoliberal enterprise.  When the leader of what is by far the most powerful state within NATO makes it perfectly clear that he has no belief in that enterprise, and insists on talking about money instead, that inevitably makes the others unhappy.

That more than anything else explains the unhappy mood music of this summit, which contrasts so strikingly with Trump’s far happier interactions with President Xi Jinping of China and Foreign Minister Lavrov of Russia.

This is a situation which in the history of the Western alliance has never existed before – of a US President interacting more happily with the alliance’s “enemies” than with its members.  Moreover so long as Donald Trump remains US President it is difficult to see how it can change.

 

Renonciation de Benoît: arrière-plan géopolitique

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Renonciation de Benoît: arrière-plan géopolitique

 
Ex: http://zejournal.mobi 
 
Ce sont des hypothèses, évidemment, mais elles acquièrent une crédibilité à cause de la source, une prestigieuse revue italienne (24/5/2017).

La « prestigieuse » revue italienne de géopolitique revient sur les évènements du début 2013, qui ont en réalité commencé deux ans plus tôt.

Dans le n. 4 d’avril 2017, l’un des articles s’intitule « Pourquoi le Vatican nous sert ». Il est réservé aux abonnés, mais l’accroche annonce:

Tandis que l’Italie est une puissance régionale moyenne, la papauté déploie une influence mondiale. Quand les intérêts respectifs convergent, les politiques de Rome sont légitimées. Les problèmes surgissent si elles divergent, comme c’est le cas aujourd’hui pour la sécurité et l’accueil des migrants.

Et apparemment, comme ce fut le cas autour de 2013, où les intentions du Pape Benoît seraient entrées en conflit avec les intérêts de la faction la plus atlantiste du pouvoir italien (qui n’était pas celle représentée par le Premier ministre d’alors, Silvio Berlusconi, lui aussi contraint de démissionner par une campagne de scandales d’une violence inouïe).

Le sujet ne pouvait pas ne pas intéresser Antonio Socci, qui lui consacrait un article intéressant la semaine dernière.

Mais un peu plus tôt, le site Campari & de Maistre éclairait notre lanterne sur le contenu de l’article de Limes. Se gaussant de ce qu’il qualifie de « secret de Polichinelle ».

Campari & de Maistre

Démission de Benoît. Voici le secret … de Polichinelle

Nous vous invitons à lire tout l’article qui suit, non pas tant pour prendre acte de «ce qui» est révélé, mais de prendre acte de «qui» avalise ce point de vue.

«Les frictions entre l’Eglise et les Etats-Unis n’auraient pas disparu avec la disparition de Jean-Paul II. Elles auraient au contraire eu une suite dans le cours du pontificat du Pape Ratzinger, durant lequel elles n’auraient pas seulement été aiguisées par l’investissement de la part de Obama et de Hilary Clinton sur l’Islam politique des Frères Musulmans durant les dits « printemps arables », mais également par la ferme volonté de Benoît XVI de parvenir à une réconciliation politique avec le patriarche de Moscou, qui aurait été, dans ses intentions, le véritable couronnement religieux d’un projet géopolitique d’intégration euro-russe soutenu avec conviction par l’Allemagne et l’Italie de Silvio Berlusconi – mais pas de celle, plus pro-américaine, qui se reconnaissait en Giorgio Napolitano. Comment cela s’est terminé est connu de tous. Le gouvernement italien et la papauté auraient été frappés simultanément par une campagne de scandales, coordonnée, d’une rare violence et sans précédent, à laquelle se seraient associées des manœuvres plus ou moins opaques dans le domaine financier, avec l’effet final de précipiter en Novembre 2011 le retrait de Berlusconi du Palazzo Chigi, et le 10 Février 2013, l’abdication de Ratzinger. Au plus fort de la crise, l’Italie aurait vu progressivement se fermer les portes d’accès aux marchés financiers internationaux, tandis que l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) serait coupé temporairement par le circuit Swift (4)».

Note

«(4) L’IOR aurait été exclu du système international des paiements du 1er Janvier au 11 Février 2013 sur la base de l’accusation de contribuer au blanchiment d’argent, avec l’effet d’induire la Deutsche Bank à bloquer le fonctionnement des distributeurs automatiques de billets dans tout le territoire de la Cité du Vatican. La nouvelle a été donnée en Italie par la Repubblica du 3 Janvier 2013, quand Fabio Tonacci publia un article intitulé: « Vatican, stop aux cartes et aux distributeurs automatiques de billets. Les services de paiement suspendus ». Le lendemain de l’annonce de l’abdication du pape Ratzinger, le Saint-Siège obtiendra d’une banque suisse le rétablissement des services interrompus».

Après cette longue citation, désignons-en la source. Maurizio Blondet? Antonio Socci? Les hackers russes? Eh bien non, les données bibliographiques sont les suivantes: « Germano Dottori, Pourquoi nous avons besoin du Vatican » , dans Limes – revue italienne de géopolitique, n° 4/2017 (Avril), pp. 151-158″.

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Bref, en lisant la dernière sortie du magazine italien qui fait autorité dans le domaine de la géopolitique, un journal auquel est attribué un rôle tel que chaque numéro est présenté, non sans une certaine solennité, par son directeur, à la télévision d’Etat, nous apprenons les informations suivantes:

1) Le succès politique des Frères musulmans (c’est-à-dire de l’islam fondamentaliste) à la suite des «printemps arabes» n’a pas été, comme beaucoup pourraient le penser, un effet non intentionnel du progressisme stupide de Obama mais quelque chose de voulu;

2) Benoît XVI a poursuivi avec «une ferme volonté» le plan de réconcilier l’Eglise catholique avec le Patriarcat de Moscou;

3) Ces deux facteurs ont aiguisé les frictions entre l’Eglise et les États-Unis, commencées dans la dernière phase du pontificat de saint Jean-Paul II;

4) Le gouvernement Berlusconi soutenait le dessein de Benoît XVI dans une optique pro-russe;

5) Il s’est ainsi aliéné les sympathies des Américains, dont l’homme, en Italie, n’était autre que le Président de la République Giorgio Napolitano;

6) Les campagnes à scandales simultanées subies durant ces années par Berlusconi et le pape Benoît XVI étaient coordonnées entre elles, destinées à frapper deux personnalités qui, dans l’optique des États-Unis, étaient ouvertement trop pro-russes et très peu obéissantes à la Maison Blanche;

7) Cette campagne de dénigrement s’est accompagnée de manoeuvres financières opaques à la fois contre l’Italie (vous vous souvenez du « spread »?), et contre le Vatican (confirmant ce qui avait déjà été laissé à entendre par d’autres sources);

8) Tout cela a conduit à la démission de Berlusconi (et jusque là, rien qui ne soit déjà notoire) et aussi, écoutez bien, à celle de Benoît XVI .

Enfin, last but not the least, « Limes » est depuis toujours publié par le même groupe d’édition que « la Repubblica », c’est-à-dire l’organe de presse qui a servi de « lanceur » à cette double campagne de scandales «coordonnée, d’une rare violence et sans précédent». 

Bref, eux, ils savent.

Que dire? Nous avons toujours voulu nous tenir à l’écart des polémiques de type «complot» à propos de ce qui est arrivé au cours des derniers moments du pontificat de Ratzinger et les explications complotistes sur sa démission. Nous ferons de même cette fois aussi. Nous nous limitons simplement à signaler ce que rapporte un magazine estimé et influent, qu’on ne peut certes pas accuser de proximité avec la «Kurie conservatrice» ou avec les «quatre chats» traditionalistes. Nous nous permettons de signaler le passage où il est dit: «Comment cela s’est terminé est connu de tous».

Autre chose qu’un «gomblot». Ici, il s’agit d’un secret de Polichinelle …

Paolo Maria Filipazzi

* * *

Commentaires d’Antonio Socci

Voilà que des experts géopolitique commencent à réfléchir à ce qui se cache derrière la mystérieuse «renonciation» de Benoît XVI

Dans le dernier numéro – qui vient de sortir – de Limes, la revue de géopolitique de référence du même groupe d’édition que la Repubblica et l’Espresso, est publié un essai par le professeur Germano Dottori, responsable des études stratégiques à la Luiss (Libera Università degli Studi Sociali), conseiller scientifique de Limes, membre d’autres importants centres d’études, et qui a été consultant auprès de commissions de la Chambre et du Sénat sur les affaires étrangères et la défense.

Donc, l’essai de Dottori – intitulé «Pourquoi nous avons besoin du Vatican» – retrace le lien étroit et décisif entre la politique étrangère de l’Etat italien et la présence à Rome de la papauté qui a une influence planétaire. Une relation conflictuelle.

CONFLIT

Aujourd’hui, par exemple, Dottori estime que «le gouvernement des flux migratoires» crée une grosse friction entre les intérêts de l’Etat italien et le Vatican du Pape Bergoglio .

Il est en effet bien connu que «François est un partisan des portes ouvertes», mais il y a une «difficulté structurelle destinée à peser sur l’Italie: si Rome ne tente pas de ralentir d’une façon quelconque le flux des désespérés qui atteignent notre pays, non seulement certains équilibres sociaux délicats seront sans doute compromis, comme on commence à le voir dans les banlieues … mais il est très probable que nos partenaires européens finiront par opter pour notre expulsion des accords sur l’espace européen unique, ce qui entraînera un préjudice pour les intérêts économiques considérables de nos exportateurs».

En décrivant les connexions complexe Italie / Vatican, Dottori s’est aussi arrêté sur les événements qui en 2011 ont conduit à la chute du gouvernement Berlusconi, et en 2013, à l’étrange et traumatique «renonciation» de Benoît XVI.

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LE CONTEXTE

Dottore écrit: «les frictions entre l’Eglise et les Etats-Unis (…)

[Suit la citation du paragraphe évoqué plus haut]

Ce qui frappe, ce n’est pas seulement l’évocation du contexte géopolitique dans lequel se situe le «renoncement» de Benoît XVI (et la chute du gouvernement Berlusconi), mais aussi le fait que cette analyse soit publiée dans la revue de Lucio Caracciolo, «Limes», du groupe Gedi, dont le président est Carlo De Benedetti (le groupe de la Repubblica et l’Espresso) .

Il y a quelques mois, Dottori a donné une interview à l’agence catholique Zenit dans laquelle, interrogé sur les documents de WikiLeaks, il faisait cette considération: «Bien que je n’ai aucune preuve, j’ai toujours pensé que Benoît XVI avait été conduit à l’abdication par une machination complexe, ourdie par ceux qui avaient intérêt à bloquer la réconciliation avec l’orthodoxie russe, pilier religieux d’un projet de convergence progressive entre l’Europe continentale et Moscou. Pour des raisons similaires, je pense qu’a également été arrêtée la course pour succéder au cardinal Scola, qui en tant que patriarche de Venise avait mené les négociations avec Moscou» [voir à ce sujet: benoit-et-moi.fr/2016/actualite/laumonier-dobama].

GUERRE US À LA RUSSIE

Dans ces colonnes, j’ai souligné à maintes reprises la profonde anomalie de la «renonciation» du Pape Benoît, des circonstances dans lesquelles elle s’est produite, et enfin de sa décision de rester «pape émérite», expliquée avec ces mots surprenants: «Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère ne révoque pas cela».

Une anomalie colossale qui fait penser à une demie-renonciation, comme on le devine aussi à partir de la fameuse conférence à la Grégorienne de son secrétaire Mgr Georg Gänswein.

Une telle «renonciation» doit être reliée au contexte géopolitique – comme le fait Dottori – sur lequel il conviendrait de réfléchir pour comprendre si d’éventuelles forme de pression furent exercées, et lesquelles.

Cela ne signifie pas que cette « renonciation » de Benoît XVI ait été extorquée ou contrainte. Mais cela signifie qu’autour de ce «choix» étrange, il y a un mystère colossal qui doit être éclairci.

Les considérations de Dottori sur Benoît XVI (et aussi sur le gouvernement Berlusconi) portent à nouveau à notre attention ce qui est – à mon avis – la clé pour comprendre de nombreux événements de ces dernières années: la guerre (froide et chaude) déclarée par les Etats-Unis d’Obama et Clinton contre la Russie de Poutine, sur tous les théâtres du globe.

Le projet d’un monde unipolaire à hégémonie américaine – qui doit donc balayer une Russie redevenue indépendante et autonome – est la dernière folie idéologique de la modernité .

C’est un projet impérialiste suicidaire pour les États-Unis et extrêmement dangereux pour le monde, mais il imprègne si profondément l’establishment américain (tant dans la faction « neocon » que celle « liberal ») que même Donald Trump – qui a gagné contre eux – doit maintenant transiger et se trouve fortement conditionné par ce bloc de pouvoir, qui semble plus fort que le président élu.

Libero, 17 mai 2017

Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

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Sur Brzezinski et notre élite apocalyptique

 
Auteur : Nicolas Bonnal
Ex: http://zejournal.mobi 
 

Le conseiller Ubu est mort, mais gageons que son œuvre luciférienne va lui survivre. Il meurt salué quand on profane (malmène, dit lemonde.fr) la tombe du Général de Gaulle.

Relisons l’interview où Zbig fait l’éloge de sa politique d’appui au terrorisme islamiste. Il se peut d’ailleurs que Zbig sache que ce terrorisme n’est pas islamique (islamique au sens saoudien, mais pas au sens musulman, islamique au sens américain, mais pas au sens guénonien) mais oxydental si j’ose dire, un bon moyen avec le réchauffement climatique et la fraude fiscale de célébrer la venue de l’Etat totalitaire qui les excite tous depuis les années 1780.

Le fait que les quatre plus grosses cotisations boursières relèvent de cet espionnage-emprisonnement des âmes et de cet argent dématérialisé (Google, Amazon, Facebook, Apple) ne doit pas nous étonner. Zbig avait fait l’éloge de la société technétronique, nous prévenait dans son livre de la vague de populisme qu’auraient à redouter (tu parles !) les élites cosmopolites – qui ne faisaient que reprendre le comportement du siècle des Lumières, qui lui aussi rêva d’automates. Sur les origines réelles de Zbig, et pour comprendre ses méthodes illuminées, lisez Charles Novak (1).

Voici donc la courte interview de Zbigniew Brzezinski parue dans Le Nouvel Observateur numéro 1732 du 15 janvier 1998 :

Le Nouvel Observateur : « L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez? »

Zbigniew Brzezinski : « Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu’à présent, est toute autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques ».

Le Nouvel Observateur : « Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette “covert action” [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer ? »

Zbigniew Brzezinski : « Ce n’est pas tout à fait cela. Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.

Le Nouvel Observateur : « Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu’ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a crus. Pourtant, il y avait un fond de vérité… Vous ne regrettez rien aujourd’hui ? »

Zbigniew Brzezinski : « Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d’attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j’ai écrit au président Carter, en substance : “Nous avons maintenant l’occasion de donner à l’URSS sa guerre du Vietnam.” De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l’éclatement de l’empire soviétique ».

Le Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ? »

Zbigniew Brzezinski : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

Le Nouvel Observateur : « “Quelques excités”? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd’hui une menace mondiale ».

Zbigniew Brzezinski : « Sottises ! Il faudrait, dit-on, que l’Occident ait une politique globale à l’égard de l’islamisme. C’est stupide: il n’y a pas d’islamisme global. Regardons l’Islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C’est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu’y a-t-il de commun entre l’Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l’Egypte pro-occidentale ou l’Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté… »

Un petit ajout : l’Europe centrale a perdu 10% de sa population depuis la fin du communisme. Le nombre d’enfants passa de deux à un en Allemagne de l’Est. L’Ukraine sombre démographiquement, et la Russie perdit dix millions d’âmes en vingt ans de chute du communisme. Le NYT vient de rappeler que le taux de natalité s’effondre en Grèce depuis la crise sauce mondialiste imposée par les Goldman-Merkel-Zbig. Le mondialisme est un cannibalisme postmoderne et fier de l’être !

Pour parler d’un énergumène comme ça (et la Pologne ubuesque et russophobe en a eu d’autres, voyez Retinger-Bilderbergs, voyez Tusk-Europe, descendant de soldat nazi),  il n’y aurait que Dante (Enfer, XXXII) :

« … tous deux d’un même lit, et tous deux si dignes de la fosse glacée, que tu fatiguerais de tes recherches le cercle de Caïn sans trouver leurs pareils ».

1) JACOB FRANK, LE FAUX MESSIE Déviance de la kabbale ou théorie du complot (L’Harmattan)

mardi, 30 mai 2017

Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

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Brzezinski: il Carl Schmitt americano e la sua idea di impero

Ex: http://www.linterferenza.info 

Il teorico del liberal-imperialismo Zbigniew Brzezinski è stato il più importante ed insidioso teorico reazionario di tutta la seconda metà del XX secolo.

Brzezinski fu il vero ispiratore, creatore e finanziatore di Al Qaeda in funzione anti Urss; dietro il golpe neonazista in Ucraina e la destabilizzazione della Siria c’è sempre la sua lunga mano. Esponente del sionismo cosmopolita non ha mai accettato le avventure militariste di Israele; per lui lo Stato ‘’per soli ebrei’’ doveva limitarsi ad essere una portaerei degli Usa senza rallentare troppo il progetto imperialistico nord-americano che prevede la conquista dell’Eurasia. Per questa ragione gli Usa, con tutta probabilità, non avranno più uno stratega del suo calibro, i plutosionisti vanno dietro ad Israele ‘’come un mulo’’ senza guardare alla rapace borghesia statunitense tanto cara al cinico teorico polacco.

Per questo esperto (di destra) di geopolitica Russia e Cina, o meglio tutto il blocco capitalistico euroasiatico, doveva essere smembrato; l’arma per realizzare il progetto di ‘’tribalizzazione’’ era ( ed è ) il separatismo etnico e religioso. lIn cosa differisce la Dottrina Brzezinski dalla Dottrina Kissinger? Un articolo molto documentato, di qualche anno fa, pubblicato nel sito dello studioso Miguel Martinez, ce le illustra entrambe:

‘’Lo “scontro delle civiltà”, prima di essere un articolo o un libro, è un progetto che si colloca ben al di sopra di Huntington. è un vero e proprio “piano di guerra” messo a punto da un raggruppamento di potere tra le due sponde dell’Atlantico che fa capo all’Inghilterra. La sovraccoperta del libro mette in evidenza gli elogi di due esponenti di questo mondo: Henry Kissinger e Zbignew Brzezinski. Il primo promuove gli schemi geopolitici sin dalla sua tesi di laurea ad Harvard, «A World Restored» in cui elogiava la diplomazia dell’“equilibrio delle forze” che fu instaurata al Congresso di Vienna del 1815 dal ministro degli Esteri britannico lord Castlereagh e dal Cancelliere austriaco principe di Metternich. Dopo la laurea, negli anni Cinquanta, Kissinger si dedicò a costruire quella rete harvardiana nelle varie amministrazioni democratiche e repubblicane di cui oggi Huntington è una delle figure di primo piano. Huntington è stato addestrato a ripetere quello che diceva Kissinger. Un esempio è il suo articolo apparso sul numero di Survival di gennaio-febbraio 1991, quando Bush e la Thatcher scatenarono la guerra del Golfo. Su quella rivista del britannico International Institute for Strategic Studies (IISS) Huntington scriveva che la politica americana nei confronti dell’Eurasia deve avere come premessa le teorie geopolitiche di Mackinder e adottare lo stesso approccio seguito da lord Castlereagh al Congresso di Vienna del 1815.

Brzezinski, invece, quando nel 1976 divenne Consigliere di Sicurezza Nazionale sotto Jimmy Carter, sviluppò una sua teoria geopolitica chiamata “l’Arco di Crisi”. Calcolava che tutta l’ampia regione lungo il fianco meridionale dell’Unione Sovietica sarebbe stata percorsa da instabilità sempre più destabilizzanti (a causa del “fondamentalismo islamico” oppure di conflitti tribali e razziali), e che questo doveva essere geopoliticamente sfruttato come un’arma contro l’impero sovietico. Nel National Security Council diretto da Brzezinski l’incarico di direttore della pianificazione della sicurezza era affidato ad Huntington. Brzezinski e Huntington erano giunti nell’amministrazione Carter passando per la Commissione Trilaterale, un’organizzazione fondata e finanziata da David Rockefeller nel 1974. Nel 1975 Huntington aveva realizzato per la Trilaterale lo studio «The Crisis of Democracy» in cui sosteneva che il mantenimento delle democrazie rappresentative e delle istituzioni che hanno una base popolare non è più affatto facile e garantito in un’epoca in cui l’imposizione di misure di austerità “richiede” regimi post-democratici e non-democratici’’ 1

Nel 1996 Brzezinski fonda il Central Asia Institute presso la School of Advanced International Studies della John Hopkins University. I soldi per il progetto provenivano dalla Smith Richardson Foundation ed è la stessa centrale imperialistica che permise a Brzezinski di finanziare gli strateghi reazionari di Harward e Samuel Hungtinton, il teorico dello ‘’scontro di civiltà’’. Il potere di quest’uomo fu, a dir poco, enorme. Devo ricordare che Brzezinski ‘’è stato uno dei primi promotori della carriera di Madeleine Albright, attuale segretario di Stato USA ( l’articolo risale a qualche anno fa ), prima alla Columbia University poi, nel 1978, portandola con sé, insieme ad Huntington, nel Consiglio di Sicurezza Nazionale di Carter per affidarle l’incarico di collegamento con il Congresso USA’’. Brzezinski dichiarò che la democrazia capitalistica per funzionare ha bisogno dell’apatia delle masse; le elite, per tenere buono il ‘’popolino’’, devono ricorrere a quella che Platone chiamò la ‘’nobile menzogna’’ castrando le rivendicazioni di libertà e giustizia sociale. Il pensiero geopolitico sopra illustrato, invece, prende il nome di Arco della crisi e – come vedremo – verrà riproposto anche in Siria.

Il segretario del Partito comunista siriano Ammar Baghdash, lo scorso anno a Roma, ci ha parlato della strategia imperialistica Usa, la sua analisi – certamente di grande spessore – è stata puntualmente sintetizzata da Fabrizio Marchi nelle sue linee guida essenziali:

“A Partire dagli anni ’80 – ha spiegato Baghdash – è in corso un progetto di destabilizzazione di tutto il Medio oriente da parte degli USA di cui Brzezinski fu il principale ideologo. Questa “teoria” si fonda sull’idea che esiste un’ area, che va dall’Asia centrale fino alla Somalia che è di interesse strategico per gli USA. Nello stesso tempo però questa vasta area deve essere tenuta in uno stato di costante tensione. Tale progetto prevede la distruzione e la frammentazione degli stati nazionali in tante entità e “staterelli” su base etnica e confessionale. E’ così che sono state create “tre Somalie”, la stessa sorte è toccata all’Irak, la Jugoslavia è stata distrutta, l’Afghanistan è stato occupato e anche la Libia è stata aggredita e poi smembrata’’ 2

Questo non ha impedito a Brzezinski di consigliare ad Obama, nel 2009, in caso di aggressione imperialistica israeliana contro l’Iran, di ‘’colpire i jet israeliani’’ 3. Per questa mente diabolica i nemici erano Russia e Cina, gli Usa non potevano perdere tempo, armi e denaro dietro a Netanyahu. Il vero sionismo, secondo Brzezinski, è quello anglosassone, erede del colonialismo britannico; l’imperialismo di Tel Aviv può aspettare ( ma non aspetta ).

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Professore di Obama alla Columbia University, impegnato in tutto il mondo a diffondere il suo pensiero reazionario partendo da una prospettiva certamente superiore rispetto ai più ottusi sionisti, negli ultimi mesi sembrò avvicinarsi a Donald Trump. L’Europa non è più un insieme di Stati vassalli ma una alleata. Il marxista Michele Basso ci svela quest’ultimo inganno, l’ultimo tranello di Brzezinski, articolato, complesso e, come sempre, mai banale:

‘’Brzezinski ha cambiato il linguaggio, non chiama più gli europei vassalli, ha fatto passi avanti nell’ipocrisia, pur senza raggiungere i vertici di virtuosismo di Obama. Ma non ci caschiamo. Se B. meno di 20 anni fa ci chiamava vassalli, non è credibile se oggi ci chiama alleati. E, se leggiamo bene il suo progetto, sotto le espressioni più caute, si cela la vecchia arroganza imperiale. 


Il vecchio piano egemonico non è stato cestinato, ma solo aggiornato.
Brzezinski comincia con un tono biblico ed espone 5 verità: 
“”Mentre finisce la loro epoca di dominio globale, gli Stati Uniti devono prendere l’iniziativa per riallineare l’architettura del potere globale.” 


Pone cinque verità fondamentali:
La prima di queste verità è che gli Stati Uniti sono ancora l’entità politicamente, economicamente e militarmente più potente del mondo, ma, dati i complessi cambiamenti geopolitici negli equilibri regionali, non sono più la potenza imperiale globale.” (Towards a Global Realignment, Zbigniew Brzezinski, The American Interest) (1)
Non seguiremo B. sul Monte Sinai, ed esporremo in modo informale le sue posizione, con le critiche.


Sulla via del dominio USA, Brzezinski trova due ostacoli : la forza militare russa e la potenza economica cinese, per ora non ancora tradotta in potenza bellica. Una guerra mondiale sarebbe troppo pericolosa, e quindi bisogna addomesticare le due potenze, offrendo soluzioni, nell’ambito del consenso di Washington, mescolate a minacce. Non si tratta di trovare accordi tra grandi stati. Ad ognuna delle 2 potenze vengono fissati d’autorità un percorso e relative zone d’influenza. Quello di Brzezinski non è tanto un messaggio alla Russia e alla Cina, quanto piuttosto una traccia di programma per il governo degli Stati Uniti, un’indicazione su come conservare, sia pure in una forma diversa, l’egemonia mondiale’’ 4

L’imperialismo Usa ha devastato tre quarti della popolazione mondiale con guerre neocoloniali degne dei regimi nazifascisti; Brzezinski se ne va con i suoi libri, le sue ampie conoscenze geopolitiche, un’ abilità diplomatica senza pari e qualche milione di morti sulla coscienza. Fu russofobo, amico di Al Qaeda e degli speculatori senza scrupoli che spaccano la schiena ad intere nazioni ma – non possiamo negarlo – padroneggiava le strategie militari ed aveva una cultura sconfinata. Per dirla con Brecht, in altri tempi, a questo strano personaggio con gli occhi da lucertola, in tanti gli avrebbero riservato un buon muro e delle buone pallottole.

http://www.kelebekler.com/caimani/24.htm

http://www.linterferenza.info/esteri/fianco-del-popolo-si...

https://comedonchisciotte.org/brzezinski-obama-dovrebbe-a...

http://www.pane-rose.it/files/index.php?c3:o49221:m2

 

World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

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World in flames - the deadly legacy of Cold War warrior Brzezinski

by Neil Clark

Ex: https://www.rt.com

Neil Clark is a journalist, writer, broadcaster and blogger. He has written for many newspapers and magazines in the UK and other countries including The Guardian, Morning Star, Daily and Sunday Express, Mail on Sunday, Daily Mail, Daily Telegraph, New Statesman, The Spectator, The Week, and The American Conservative. He is a regular pundit on RT and has also appeared on BBC TV and radio, Sky News, Press TV and the Voice of Russia. He is the co-founder of the Campaign For Public Ownership @PublicOwnership. His award winning blog can be found at www.neilclark66.blogspot.com. He tweets on politics and world affairs @NeilClark66
 
How ironic that a major upsurge in violence in Afghanistan has coincided with the death of Zbigniew Brzezinski, the viscerally anti-Russian Cold War warrior and architect of the US policy of backing jihadists in the country to 'bleed' the Soviet Union.

On Saturday, the first day of Ramadan, 18 people were killed in a suicide blast close to a military base in Khost Province. Meanwhile, attacks by militants on the security forces in Badghis Province reportedly left 36 dead and many more wounded. On Friday, another blast killed ten civilians in Herat Province.

2017 has been a very bloody year for Afghanistan, with the UN Assistance Mission reporting more than 2,100 civilians were killed or injured between January and March.

None of this was mentioned when the establishment eulogies to Brzezinski started pouring in.

I was one of several presidents who benefited from his wisdom and counsel,” said Barack Obama.

Former Presidents George H.W. Bush and Jimmy Carter also paid generous tributes. But while our condolences go out to Brzezinski’s family and friends at this difficult time, any objective assessment of what ‘Zbig’ actually achieved as US National Security Advisor would have to conclude that his influence was disastrous not just for the people of Afghanistan, but for the world as a whole. Put simply; the world would now be a much safer place if Brzezinski had used his considerable intellectual skills in pursuits other than global politics.

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Zbig's obsession in the late 1970s was with giving the Soviet Union their own Vietnam. Appointed President Carter’s National Security Advisor in 1977 Brzezinski found himself at loggerheads with Secretary of State Cyrus Vance, a man of peace who genuinely wanted to strengthen detente with Moscow.

Brzezinski’s anti-Soviet strategy was two-fold. Firstly, to aggressively promote the issue of human rights, the so-called ‘third basket’ of the 1975 Helsinki Accords, as a means of destabilizing the eastern bloc.

Brzezinski recognized the political advantage to be had from the human rights issue, for it put pressure on the Soviet Union and rallied opposition to Moscow,” said Jeremy Isaacs and Taylor Downing in their book Cold War. But there was great hypocrisy at play here, as ‘Zbig’ was quite happy to work with governments whose human rights records were far worse than that of the Soviet Union’s to achieve his objectives.

The second strand of his strategy was to try to entice the Kremlin to send troops into Afghanistan.

To understand how Afghanistan became a new and crucial front in the Cold War we have to go back to the summer of 1973. King Mohammed Zahir Shah, who had governed the country since 1933, was deposed by his cousin Mohammed Daoud Khan with the help of Afghan communists. Daoud though continued his country’s non-aligned policy and liked to say by way of illustration that he was “ready to light his American cigarettes with Russian matches.

However, the government in Kabul was increasingly courted by the US and tempted with offers of aid. Daoud banned the communist People’s Democratic Party of Afghanistan and dismissed Soviet-trained army officers. The result was the so-called ‘Saur Revolution,’ which brought the pro-Soviet Nur Muhammad Taraki to power in April 1978.

The left-wing government initiated reforms of land ownership and encouraged women to join literacy classes alongside men,” record Isaacs and Downing.

Eurasian chessboard & total surveillance: 10 quotes by the late Zbigniew https://on.rt.com/8cvs 

Hardline Islamic clerics weren’t too happy and religious opposition to the left-wing government grew. Brzezinski saw a great opportunity to back the anti-government Mujahedeen or ‘Soldiers of God.' It’s a commonly held, but erroneous view, that the US only started to support the fundamentalist ‘rebels’ after the Soviet tanks had rolled into Kabul at Christmas 1979.

In fact, US financial assistance for anti-government forces had begun BEFORE the invasion- and was expressly designed to provoke a Soviet military response. In 1998 Brzezinski admitted that he had got President Carter to sign the first order for secret aid to ‘rebels’ in July 1979 a full five months before the Soviets intervened.

I wrote a note to the president in which I explained to him that in my opinion, this aid was going to induce a Soviet military intervention,” Brzezinski said. Even before that, US officials had been meeting with ‘rebel’ leaders. While in 1977 Zbig had set up the Nationalities Working Group - whose goal was to weaken the Soviet Union by stirring up ethnic and religious tensions.

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The Kremlin was faced with a terrible dilemma. It was damned if it did intervene to help the beleaguered Afghan government, and damned if it didn’t. There was a fear Islamic fundamentalism if prevailing in Afghanistan after the Islamic Revolution in Iran, could spread to the Soviet Union itself and on top of this NATO had agreed to site Pershing and Cruise missiles in Europe.

But still the Kremlin, perhaps suspecting a trap was being set for them, was reluctant to commit ground troops. Taraki pleaded with Moscow for more assistance and visited the Kremlin in September 1979. But not long afterward Taraki himself was toppled (and killed by suffocation with pillows) with his Prime Minister Hafizullah Amin, taking over as president. Moscow believed that Amin was getting ready to pivot toward the west.

The Kremlin finally decided to act, even though there was still opposition from within the Politburo. On 24th December 1979, Brzezinski got the Christmas present from ‘Santa’ Brezhnev that he had long wanted. “The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter, essentially: ‘We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam War,'” he later admitted. Cyrus Vance urged a diplomatic solution, but unfortunately, Carter listened to Zbig. 

The national security advisor flew to Pakistan in early 1980 and posed, two years before the first Rambo film, for photographs holding a Chinese-made machine gun at the Khyber Pass. “Your cause is right, and God is on your side,” he told the assembled holy warriors.

Over the next decade, billions of dollars of aid and weaponry from the US and their allies poured in for the Islamist rebels, euphemistically labeled ‘freedom fighters.'

In 1982, Ronald Reagan even dedicated the Space Shuttle Columbia to the anti-government fighters.

The struggle of the Afghan people represents man’s highest aspiration for freedom,” the President declared

It wasn’t just Afghan ‘rebels’ who were fighting against the socialist government in Kabul. Encouraged and equipped by the US and their allies, between 25,000 and 80,000 fighters came in from other countries.

Hawks in Washington, following Brzezinski’s anti-Moscow lead, did all they could to prevent a diplomatic solution to the conflict. The aim, to use Zbig’s phrase, was to “make the Soviets bleed as much and as long as is possible.

Mikhail Gorbachev’s warnings about the dangers of Islamic fundamentalism and a hardliner takeover of Afghanistan having far-reaching global consequences went unheeded. The Taliban and Al-Qaeda grew out of the Mujahedeen and then many years later, the US led an invasion of Afghanistan to try and get rid of the Taliban. But the Taliban is still there (as is ISIS and Al-Qaeda) and has just launched a deadly new spring offensive.

Afghanistan has known nothing but war these last forty or so years and Brzezinski’s desire to give the Soviet Union “its Vietnam War” has an awful lot to do with it.

Not only that but his strategy of backing jihadists to destabilize and help bring down secular, socialistic governments friendly to the Soviet Union or Russia has been copied in other countries, such as Libya and Syria with such devastating consequences nationally and internationally.

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Not that the ‘great man’ showed any remorse for what he had done. Far from it. In 1998 he was asked: “Do you regret having supported Islamic fundamentalism, which has given arms and advice to future terrorists?” Brzezinski replied: “What was more important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some agitated Muslims or the liberation of Central Europe and the end of the Cold War?

When his interviewer then countered with “Some agitated Moslems”? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today, Brzezinski’s response was to say ‘Nonsense.'

In 2008 when he was asked again about his Afghanistan policies Brzezinski saidI would not hesitate to do it again.” When we look back at the disagreements in 1979 and 1980 between Zbig and the more cautious Cyrus Vance, who labeled Brzezinski “evil” time has surely shown us who was right and who was wrong. If only Vance and not the too-clever-by-half academic had prevailed.

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The statements, views and opinions expressed in this column are solely those of the author and do not necessarily represent those of RT.

lundi, 29 mai 2017

The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling

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The Real Story of Zbigniew Brzezinski That the Media Isn’t Telling 

by

(ANTIMEDIA) Zbigniew Brzezinski, former national security advisor to President Jimmy Carter, died Friday at a hospital in Virginia at the age of 89. Though the New York Times acknowledged that the former government advisor was a “hawkish strategic theorist,” misrepresenting his legacy as one of otherwise infinite positivity may not be as easy as the establishment might like to think.

As the United Kingdom plays around with levels of the so-called “terror threat” following a devastating attack by an ISIS-inspired individual — and as the Philippines goes into an almost complete state of martial law following ISIS-inspired destruction — Brzezinski’s timely death serves as a reminder to seek a deeper understanding of where modern terrorism originated in the first place.

As the New York Times explains, Brzezinski’s “rigid hatred of the Soviet Union” guided much of America’s foreign policy “for better or worse.” From the Times:

“He supported billions in military aid for Islamic militants fighting invading Soviet troops in Afghanistan. He tacitly encouraged China to continue backing the murderous regime of Pol Pot in Cambodia, lest the Soviet-backed Vietnamese take over that country.[emphasis added]

While it is progressive of the New York Times to note Brzezinski’s support for Islamic militants, downplaying the effect of his vindictive foreign policy agenda with a mere sentence does an injustice to the true horror behind Brzezinski’s policies.

Because a 1973 coup in Afghanistan had installed a new secular government that was leaning towards the Soviets, the U.S.  endeavored to undermine this new government by organizing multiple coup attempts through America’s lackey states, Pakistan and Iran (the latter was under the control of the U.S.-backed Shah at the time.) In July 1979, Brzezinski officially authorized aid to the mujahideen rebels in Afghanistan to be delivered through the CIA’s program “Operation Cyclone.”

Many people defend America’s decision to arm the mujahideen in Afghanistan because they believe it was necessary to defend the country and the wider region from Soviet aggression. However, Brzesinski’s own statements directly contradict this rationale. In a 1998 interview, Brzezinski admitted that in conducting this operation, the Carter administration had “knowingly increased the probability” that the Soviets would intervene militarily (suggesting they began arming the Islamist factions before the Soviets invaded, making the rationale redundant since there was no invasion Afghanistan freedom fighters needed to repel at the time). Brzezinski then stated:

Regret what? That secret operation was an excellent idea. It had the effect of drawing the Russians into the Afghan trap and you want me to regret it? The day that the Soviets officially crossed the border, I wrote to President Carter: We now have the opportunity of giving to the USSR its Vietnam war.”

This statement went further than merely boasting at the instigation of war and the ultimate collapse of the Soviet Union. In his memoir, entitled “From the Shadows,” Robert Gates — former CIA director under Ronald Reagan and George H.W. Bush and secretary of defense under both George W. Bush and Barack Obama — directly confirmed this covert operation began six months prior to the Soviet invasion with the actual intention of luring the Soviets into a Vietnam-style quagmire.

Brzezinski knew exactly what he was doing. The Soviets were then bogged down in Afghanistan for approximately ten years, fighting an endless supply of American-supplied weapons and trained fighters. At the time, the media even went so far as to laud Osama bin Laden — one of the most influential figures in Brzezinski’s covert operation. We all know how that story ended.

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Even with full knowledge of what his CIA-funded creation had become, in 1998 Brzezinski stated the following to his interviewers:

“What is most important to the history of the world? The Taliban or the collapse of the Soviet empire? Some stirred-up Moslems or the liberation of Central Europe and the end of the cold war?”

The interviewer at the time, refusing to allow this answer to pass, retorted:

“Some stirred-up Moslems? But it has been said and repeated: Islamic fundamentalism represents a world menace today.”

Brzezinski dismissed this statement outright, replying: “Nonsense!”

This occurred back when the journalists asked government officials pressing questions, a rare occurrence today.

Brzezinski’s support for these radical elements led directly to the formation of al-Qaeda, which literally translates to “the base,” as it was the base in which to launch the repulsion of the anticipated Soviet invasion. It also led to the creation of the Taliban, a deadly entity currently deadlocked in an endless battle with NATO forces.

Further, despite Brzezinski’s statements, which attempt to depict a lasting defeat of the Russian empire, the truth is that for Brzezinski, the cold war never ended. Though he was a critic of the 2003 invasion of Iraq, Brzezinski’s stranglehold over American foreign policy continued right up until his death.

It is no coincidence that in Syria, the Obama administration deployed an Afghanistan-quagmire-type strategy toward another Russian ally — Assad in Syria. A cable leaked by Wikileaks dated December 2006 — authored by William Roebuck, who was chargé d’affaires at the US embassy in Damascus at the time — stated:

“We believe Bashar’s weaknesses are in how he chooses to react to looming issues, both perceived and real, such as the conflict between economic reform steps (however limited) and entrenched, corrupt forces, the Kurdish question, and the potential threat to the regime from the increasing presence of transiting Islamist extremists. This cable summarizes our assessment of these vulnerabilities and suggests that there may be actions, statements, and signals that the USG can send that will improve the likelihood of such opportunities arising.” [emphasis added]

Much like Operation Cyclone, under Barack Obama, the CIA was spending approximately $1 billion a year training Syrian rebels (to engage in terrorist tactics, nonetheless). The majority of these rebels share ISIS’ core ideology and have the express aim of establishing Sharia law in Syria.

Just like in Afghanistan, the Syrian war formally drew in Russia in 2015, and Brzezinski’s legacy was kept alive through Obama’s direct warning to Russia’s Vladimir Putin that he was leading Russia into another Afghanistan-style quagmire.

So where might Obama have gotten this Brzezinski-authored playbook from, plunging Syria further into a horrifying six-year-long war that has, again, drawn in a major nuclear power in a conflict rife with war crimes and crimes against humanity?

The answer: from Brzezinski himself. According to Obama, Brzezinski is a personal mentor of his, an “outstanding friend” from whom he has learned immensely. In light of this knowledge, is it any surprise that we saw so many conflicts erupt out of nowhere during Obama’s presidency?

On  February 7, 2014, the BBC published a transcript of a bugged phone conversation between Assistant Secretary of State Victoria Nuland and the U.S. Ambassador to Ukraine, Geoffrey Pyatt. In that phone call, the representatives were discussing who they wanted to place in the Ukrainian government following a coup that ousted Russian-aligned president Viktor Yanukovych.

Lo and behold, Brzezinski himself advocated taking over Ukraine in his 1998 book, The Grand Chessboard, stating Ukraine was “a new and important space on the Eurasian chessboard…a geopolitical pivot because its very existence as an independent country (means) Russia ceases to be a Eurasian empire.” Brzezinski warned against allowing Russia to control Ukraine because “Russia automatically again regains the wherewithal to become a powerful imperial state, spanning Europe and Asia.”

Following Obama, Donald Trump came into office with a completely different mentality, willing to work with Russia and the Syrian government in combatting ISIS. Unsurprisingly, Brzezinski did not support Trump’s bid for the presidency and believed Trump’s foreign policy ideas lacked coherence.

All that being said, just last year Brzezinski appeared to have changed his stance on global affairs and instead began to advocate a “global realignment” — a redistribution of global power — in light of the fact that the U.S. is no longer the global imperial power it once was. However, he still seemed to indicate that without America’s global leadership role, the result would be “global chaos,” so it seemed unlikely his change in perception was rooted in any actual meaningful change on the geopolitical chessboard.

Further, the CIA’s very existence relies on the idea of a Russian threat, as has been evidenced by the agency’s complete assault on the Trump administration whenever it appears détente is possible with the former Soviet Union.

Brzezinski died safely in a hospital bed, unlike the millions of displaced and murdered civilians who were pawns in Brzezinski’s twisted, geopolitical chess games of blood and lunacy. His legacy is one of militant jihadism, the formation of al-Qaeda, the most devastating attack on U.S. soil by a foreign entity in our recent history, and the complete denigration of Russia as an everlasting adversary with which peace cannot — and should not — ever be attained.

« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

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« Le grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski

par Philippe Raggi

Ex: http://www.polemia.com 

L’œil américain sur l’échiquier mondial.

♦ Il est toujours bon de rappeler certaines choses, même si celles-ci furent dites il n’y a pas si longtemps de cela ; n’est-ce pas un des premiers principes pédagogiques ?
Ainsi, les propos de Zbigniew Brzezinski peuvent-ils prendre aujourd’hui peut-être davantage de reliefs, de couleurs, quatorze ans après la publication française de son ouvrage intitulé Le grand échiquier paru chez Fayard.

Très proche de l’exécutif américain, ancien conseiller à la sécurité de la présidence des Etats-Unis, expert fort écouté du Center for Strategic and International Studies, membre du très influent Counsil on Foreign Relations, Zbigniew Brzezinski est loin d’être un personnage de second rang. Quelques années après le médiatique « Clash of civilisations » de Samuel P. Huntington, où développant le concept d’Occident cet auteur désignait les adversaires des Etats-Unis et l’importance du bloc islamo-confuséen, et où le paradigme de l’après guerre froide devenait le choc des civilisations, Brzezinski faisait paraître The grand chessboard. Cet ouvrage est un examen sérieux de géopolitique mondiale, et trace les objectifs stratégiques des Etats-Unis pour les prochaines décennies.

Dès l’introduction, nous sommes renseignés sur la portée de l’ouvrage ; il ne s’agit pas d’un énième travail de géostratégie présentant les forces, les interactions, les évolutions, les constantes du monde contemporain, mais bien d’une vision de géostratégie s’inscrivant dans une eschatologie terrifiante. Le but est clair : asseoir et renforcer le rôle dominant des Etats-Unis comme première puissance mondiale ; pour cela, nous dit Brzezinski, il faut à tout prix empêcher l’émergence d’une puissance sur le continent eurasien capable de rivaliser avec les Etats-Unis. En effet, nous dit-il, celui qui tiendrait ce continent serait le maître du monde ; Hitler et Staline, qui l’avaient compris, s’y sont d’ailleurs essayés dans le passé mais sans succès. Les Etats-Unis doivent veiller au respect légitime de la primauté américaine sur cette Eurasie, car ses objectifs sont « généreux ». Ainsi, dans cette logique implacable, défier l’Amérique serait agir contre « les intérêts fondamentaux de l’humanité ». Tout est dit.

Dans le premier chapitre, nous est brossé le tableau de l’évolution de la puissance américaine depuis 1898 (guerre contre l’Espagne) jusqu’à son état actuel de première puissance mondiale. Nous y voyons cette attitude anti-européenne constitutive de la création des Etats-Unis : cette Europe aux « privilèges archaïques et aux hiérarchies sociales rigides ». La première irruption des Etats-Unis dans la géopolitique européenne n’est pas abordée du point de vue de ses portées réelles, meurtrières (les quatorze points de Wilson portant en germe les conflits européens à venir), mais sous l’angle du formidable idéalisme américain allié à une puissance militaire, économique sans précédent qui font que ses principes sont pris en compte dans la recherche de solutions aux problèmes européens ; le nouvel acteur de l’arène internationale fait valoir sa vision du monde.

La fin de la seconde guerre mondiale fait émerger un monde bipolaire, et le temps de la guerre froide voit se mettre en place des enjeux géopolitiques clairement définis : les Etats-Unis contre l’Eurasie (URSS), avec le monde comme enjeu. Avec l’effondrement et l’éclatement de l’Union Soviétique, les Etats-Unis deviennent, nous dit Brzezinski, « la première puissance globale de l’histoire ». Le parallèle avec Rome est vite amené, et nous apprenons que Rome (empire simplement régional) est même dépassée.

L’auteur établit ensuite la liste des empires ayant eu une aspiration à la domination mondiale ; il y en a eu trois : l’empire romain, la Chine impériale et l’empire mongol. Parmi ces trois, seul l’empire mongol approche la définition moderne de puissance mondiale, nous dit Brzezinski ; seul cet empire peut être comparé aux Etats-Unis d’aujourd’hui. Mais, après deux siècles d’existence (du XIIIème au XVème siècle), cet empire disparaissait sans laisser de traces ; ce qui devrait faire réfléchir d’avantage l’auteur.

L’Europe devient ensuite le foyer de la puissance globale et le lieu où se déroule les luttes pour l’acquérir, sans toutefois être dominé par un Etat en particulier. Brzezinski note que la France en premier lieu (jusqu’en 1815), puis la Grande-Bretagne (jusqu’en 1914) ont eu leur période de prééminence. Mais, aucun de ces empires n’a vraiment été global. Le fait que les Etats-Unis se soient élevés au rang de puissance globale est, lit-on, unique dans l’histoire. Ce pays a un appareil militaire qui est le seul à avoir un rayon d’action global.

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Cette prééminence fait de l’ombre à la Russie et à la Chine ; néanmoins, le retard technologique de ces deux pays fait qu’ils n’ont pas de politique significative sur le plan mondial. Dans les quatre domaines clés (militaire, économique, technologique et culturel) les Etats-Unis sont dominants, et ceci lui confère la position de seule superpuissance globale.

Brzezinski développe ensuite ce « système global » propre aux Etats-Unis. La puissance globale des Etats-Unis viendrait d’une part du pluralisme de sa société et d’autre part de son système politique. Incidemment, nous apprenons que par le passé les Européens, dans leurs visées impériales, n’ont été que des « aventuriers ». Autre élément de ce système : les idéaux démocratiques sont aujourd’hui identifiés dans le monde comme issus de la tradition politique américaine ; les Etats-Unis sont devenus Le modèle incontournable. La doctrine américaine, « mélange actif » d’idéalisme et d’égoïsme, est le seul qui prévaut; bien entendu ceci pour le plus grand profit de tous.

Mais cette suprématie américaine repose également, apprend t-on, sur un système élaboré d’alliances couvrant la planète. L’OTAN, l’APEC, le FMI, l’OMC, etc. (dans lesquels les Etats-Unis ont un rôle prépondérant, sinon directif) constituent un réseau mondial actif et incontournable dans la constitution et la conservation de la puissance globale américaine. Et les Etats-Unis se doivent de conserver cette position d’hégémonie globale sans précédent ; il y aurait comme une « mission » confiée à ce pays. Il lui faut impérativement prévenir toute émergence de rivaux, maintenir le statu quo ; ceci au nom du bien être de l’humanité, bien entendu.

De nouveau, dans le second chapitre, et avec la même logique utilisé par l’auteur dans l’introduction, on apprend que le maintien de la prééminence des Etats-Unis dans le monde va de pair avec la paix dans le monde. L’enjeu est l’Eurasie, nous dit Brzezinski ; C’est l’Eurasie qui est « l’échiquier », c’est là que se déroule le jeu pour la domination mondiale. Apparaît alors la phobie des Etats-Unis : une éventuelle unité politique de l’Eurasie. Et l’auteur d’établir l’univers des possibles, la recension des différents cas de figures qui feraient que les Etats-Unis seraient en position d’affaiblissement ; nous apprenons que l’hégémonie américaine est superficielle, et qu’elle ne passe pas par un contrôle direct sur le monde. C’est ce qui distinguerait l’Amérique des empires du passé. De plus, toujours dans les faiblesses du « géant », il y a le fait que le système de la démocratie « exclu toute mobilisation impériale » ; mais on peut en douter justement par ces moyens d’alliances et de coalitions très « incitatifs » mis en place. Nous sommes également surpris dans la vision que Brzezinski prête aux Américains face à leur statut de superpuissance mondiale sans rivale : ils ne considèreraient pas que ce statut leur confère des avantages particuliers. Les faits prouveraient plutôt autre chose.

Nous abordons plus loin les thèmes de la géostratégie et de la géopolitique. Sans surprise, nous apprenons que la géographie prédestine les priorités immédiates des pays ; nous le savions depuis au moins Napoléon. Halford J. Mackinder au début du siècle avait tracé déjà ce que nous avions vu plus haut développé par Brzezinski, à savoir que « qui gouverne l’Europe de l’Est domine le heartland, qui gouverne le heartland domine l’île-monde, et qui gouverne l’île-monde domine le monde » (le heartland étant le cœur continental). L’Amérique suit donc cette voie pour parvenir au maintien de son rang.

Suit une analyse des principaux acteurs et une reconnaissance appropriée du terrain. Les Etats eurasiens possédant une réelle dynamique géostratégique gênent les Etats-Unis, il s’agit donc pour ces derniers de formuler des politiques spécifiques pour contrebalancer cet état de fait. Ceci peut se faire par trois grands impératifs : « éviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives ». Tout le programme des Etats-Unis est là. Pour la poursuite de son analyse, Brzezinski distingue les « acteurs géostratégiques » (France, Allemagne, Russie, Chine et Inde) des « pivots géopolitiques » (Ukraine, Azerbaïdjan, Corée, Turquie et Iran). Les premiers sont en mesure de modifier les relations internationales, « au risque d’affecter les intérêts de l’Amérique » ; les seconds ont une position géographique leur donnant « un rôle clé pour accéder à certaines régions ou leur permet de couper un acteur de premier plan des ressources qui lui sont nécessaires ».

La France et l’Allemagne sont deux acteurs géostratégiques clés qui, par « leur vision de l’Europe unie », (…) « projet ambitieux », (…) « s’efforcent de modifier le statu quo ». Ces acteurs sont l’objet « d’une attention toute particulière des Etats-Unis ». Cependant, on peut se poser la question de la « réelle volonté d’indépendance européenne » instiguée par ces deux pays.

La Russie, joueur de premier plan malgré l’affaiblissement de son Etat, n’a pas tranché quant à son attitude vis à vis des Etats-Unis : partenaire ou adversaire ? La Chine, puissance régionale importante, a des ambitions élevées : la Grande Chine. Le Japon, puissance internationale de premier ordre mais qui ne souhaite pas s’impliquer dans la politique continentale en Asie. Maintenir les relations avec le Japon est un impératif pour les Etats-Unis, ne serait-ce que pour maintenir la stabilité régionale. L’Inde, qui se définit comme un rival de la Chine, est le seul pôle de pouvoir régional en Asie du Sud ; cependant ce pays n’est pas gênant pour l’Amérique car il ne contrarie pas les intérêts américains en Eurasie. L’Ukraine, l’Azerbaïdjan : le sort de ces deux pays dicteront ce que sera ou ne sera pas la Russie à l’avenir. La Turquie, facteur de stabilité dans la Mer Noire, sert de contrepoids à la Russie dans le Caucase, d’antidote au fondamentalisme islamique, et de point d’ancrage au Sud pour l’OTAN. Brzezinski nous fait là un chantage à l’islamisme pour que la Turquie intègre l’Union Européenne : « l’Amérique va profiter de son influence en Europe pour soutenir l’admission éventuelle de la Turquie dans l’UE, et mettre un point d’honneur à la traiter comme un état européen » afin qu’Ankara ne glisse vers les intégristes islamiques. Mais les motifs américains sont aussi plus prosaïques : les Etats-Unis soutiendront « avec force l’ambition qu’ont les Turcs de mettre en place un pipeline reliant Bakou à Ceyhan qui servirait de débouché à la majeure partie des ressources en énergie du bassin de la mer Caspienne ». L’Iran est, curieusement, un élément stabilisateur dans la redistribution du pouvoir en Asie Centrale ; il empêche la Russie de menacer les intérêts américains dans la région du golfe persique. « Il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis de continuer à avoir des relations hostiles avec l’Iran », et ceci « malgré son sentiment religieux, à condition que celui-ci ne se traduise pas par un sentiment anti-occidental ». Mais les véritables raisons pointent quelques lignes plus bas, avec « la participation des Etats-Unis au financement de projets de pipelines entre l’Iran, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ».

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Vis à vis de l’Europe, les USA sont, dans les principes tout au moins, pour la construction européenne ; cependant, leur souhait est une Europe vassale. L’OTAN est non seulement le support essentiel de l’influence américaine mais aussi le cadre de sa présence militaire en Europe de l’Ouest. Pour autant, c’est un réel partenariat que souhaite l’Amérique ; on peut se demander toutefois, à l’aune de ces points de vues contradictoires (une Europe à la fois vassale et partenaire), quelle est la marge de manœuvre laissée à l’Europe par les Etats-Unis, et dans quels domaines elle pourrait s’exercer.

La problématique géostratégique européenne sera, lit-on, directement influencée par l’attitude de la Russie et de sa propre problématique. Et pour faire face à toute éventualité, les Etats-Unis doivent empêcher la Russie de « recouvrer un jour le statut de deuxième puissance mondiale » ; à terme, ce pays posera un problème lors de son rétablissement comme « empire ». L’Asie centrale, zone inflammable, pourrait devenir le champ de violents affrontements entre Etats-nations. Le Golfe persique est une chasse gardée des Etats-Unis ; « la sécurité dans cette zone est du ressort de l’Amérique ». On comprend mieux les enjeux de la guerre menée contre l’Irak. Le défi du fondamentalisme islamique quant à lui « n’est guère stratégique » ; ce qui expliquerait l’attitude ambiguë des USA à l’égard de celui-ci. L’Islam n’a pas d’ « Etat-phare » dirait Huntington. La Chine pour sa part évolue, mais l’incertitude demeure quant à sa démocratisation. Brzezinski note que dans le cas de l’émergence d’une « grande Chine », le Japon resterait passif ; cette neutralité cause quelques craintes aux Etats-Unis. De plus, les Etats-Unis doivent se prémunir contre l’éventualité d’un développement de l’axe sino-japonais. L’Amérique doit faire des concessions à la Chine si elle veut traiter avec elle ; « il faut en payer le prix » nous dit l’auteur. Toujours dans cette zone, la mesure impérative de la stratégie US est « le maintien de la présence américaine en Corée du Sud » ; elle est d’« une importance capitale ». Une autre crainte américaine serait la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran ; une coalition anti-hégémonique, « unie par des rancunes complémentaires ». Enfin, pour maintenir la primauté américaine, la solution adoptée et recommandée est « l’intégration de tous ces Etats dans des ensembles multilatéraux, reliés entre eux, et sous l’égide des Etats-Unis ».

Le chapitre suivant aborde l’Europe, « tête de pont de la démocratie », où il faut entendre en fait, bien sûr, « tête de pont des Etats-Unis ». L’Union Européenne, union supranationale, dans le cas où elle réussirait deviendrait une puissance globale, apprend t-on ; ce qui veut dire qu’elle ne l’est pas aujourd’hui. La réussite de ce projet, permettrait à ces pays européens « de bénéficier d’un niveau de vie comparable à celui des Etats-Unis » ; mais est-ce vraiment la panacée, et a-t-on besoin de cette Europe-là pour y parvenir ? Par ailleurs, ce niveau de vie n’est-il pas déjà atteint ? Dans l’appréciation de cette idée de projet européen, on note toujours un « oui, mais » ; en effet, cette Europe est placée incidemment « sous l’égide américaine ». Nous pouvons à juste titre nous demander où est le réel « partenariat », « la réelle équité » tant vantée par l’auteur ?

Brzezinski nous fait un tableau sans concession de l’Union Européenne : les Etats européens dépendent des Etats-Unis pour leur sécurité ; une « Europe vraiment européenne n’existe pas » ; et poursuit-il, « sans détour, l’Europe de l’Ouest reste un protectorat américain ». Tous ceci est un soufflet à ceux qui pensent que l’Europe, grâce à l’Union, est la structure permettant une indépendance vis à vis des Etats-Unis. Comme la situation de l’Union européenne est floue, indécise, « les Etats-Unis ne doivent pas hésiter à prendre des initiatives décisives ».

« Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique ». Ainsi, comme partout ailleurs, les USA se moquent de leurs « alliés » du moment ; seuls comptent les intérêts finaux américains. Observant la politique européenne et son évolution récente, Brzezinski nous dit que la lutte contre la montée « de l’extrémisme politique et du nationalisme étriqué » doit se faire par la constitution « d’une Europe plus vaste que la somme de ses parties – c’est à dire capable de s’assigner un rôle mondial dans la promotion de la démocratie et dans la défense des droits de l’homme ». Le procédé est toujours le même ; pour asseoir ses fins, il faut « diluer» les entités dans des ensembles plus vastes. De plus, dans le processus de construction « européenne », l’UEO apparaît de fait comme l’antichambre de l’OTAN. Il est trop tôt, nous dit Brzezinski, pour fixer catégoriquement les limites orientales de l’Europe. Cependant, pour ce qui est du connu, « l’objectif géostratégique central de l’Amérique en Europe est de consolider sa tête de pont sur le continent eurasien » ; ceci pour constituer un tremplin dans le but « d’instaurer en Eurasie un ordre international fondé sur la démocratie et la coopération », en fait sur la domination américaine.

Le rôle de l’Allemagne est celui du bon vassal, « bon citoyen de l’Europe, partisan déterminé des Etats-Unis » ; elle n’a jamais remis en cause « le rôle central des Etats-Unis dans la sécurité du continent ». C’est l’effondrement du bloc soviétique qui a fait que « pour l’Allemagne, la subordination à la France n’offrait aucun bénéfice particulier ». Elle a aujourd’hui un rôle entraînant ; « en entretenant des relations étroites avec la puissante Allemagne, ses voisins bénéficient de la protection rapprochée des Etats-Unis ». Avec le rapprochement germano-polonais, « l’Allemagne peut exercer son influence jusque dans les pays baltes, l’Ukraine, la Biélorussie ». La sphère d’influence allemande s’est déplacée vers l’Est, et « la réussite de ces initiatives confirme la position dominante de l’Allemagne en Europe centrale ». Sans l’élargissement de l’OTAN aux pays de l’Est, « l’Amérique essuierait une défaite d’une ampleur mondiale », note Brzezinski. Ainsi, la collaboration américano-germanique est-elle « nécessaire pour élargir l’Europe vers l’Est ». Par ailleurs, nous apprenons que « l’Europe ne se réalisera pas sous l’égide de Berlin » ; parions toutefois que, pour l’auteur, cela ne s’envisage bien plutôt « sous l‘égide de Washington ».

Quant à la France, « puissance moyenne post-impériale », elle n’a pas les moyens de ses prétentions. Son rêve de grandeur pour une Europe sous conduite française correspondrait pour elle, nous dit l’auteur, à la « grandeur de la France ». Cependant, elle pourrait avoir des velléités pour traiter directement avec la Russie, et ainsi s’affranchir relativement des Etats-Unis ; nous voyons poindre là une légère inquiétude vis à vis de la France. Pour autant, la France est tout de même « un partenaire indispensable pour arrimer définitivement l’Allemagne à l’Europe ». N’étant pas assez forte pour faire obstacle aux objectifs géostratégiques américains en Europe, « la France avec ses particularismes et ses emportements peut être tolérée ». Quant au couple franco-allemand est primordial pour les intérêts américains ; une remise en cause de cette unité « marquerait un retour en arrière de l’Europe », et serait « une catastrophe pour la position américaine sur le continent ». Il est clair également que les Etats-Unis se servent de l’Allemagne (dominant économiquement en Europe) pour canaliser et « tenir » la France.

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La chapitre suivant, intitulé « Le trou noir », traite de la Russie à l’aune des changements survenus depuis la fin de l’Union Soviétique et la naissance de la Communauté des Etats Indépendants. « Il est indispensable que l’Amérique contre toute tentative de restauration impériale au centre de l’Eurasie » qui ferait obstacle à ses objectifs géostratégiques premiers : « l’instauration d’un système euro-atlantique ». Après l’effondrement de l’Empire, qui a vu un vide politique (le « trou noir ») s’instaurer au cœur même de l’Eurasie, et qui a ramené la Russie « au niveau d’une puissance régionale du tiers monde », Brzezinski constate que cet état a très peu d’espaces « géopolitiquement sûrs ».

Les frontières actuelles de la Russie ont reculé de plus de mille kilomètres vers le Nord après 1991, et les états qui l’entourent actuellement constituent une ceinture, un obstacle à son épanouissement, à son développement ; ceci tant vers l’Est que vers la Mer Noire et le Sud-Est de l’ancien Empire. L’auteur fournit une réponse américaine aux questions russes ; l’Amérique se préoccupe de savoir « ce qu’est la Russie, et ce que doivent être ses missions ainsi que son territoire légitime ». Mais la raison essentielle qui fait le regard critique, systématique américain vis à vis de la Russie est qu’elle a « une identité eurasienne », une « personnalité eurasienne », ce que les Etats-Unis n’ont pas par nature. Et si les Etats-Unis soutiennent l’Ukraine c’est que sans ce dernier, aucune restauration impériale n’est possible pour la Russie. C’est l’application de la technique du « roll back », celle du refoulement de la Russie vers l’Asie.

Plus loin, Brzezinski note que les Etats de l’ex-URSS, pour échapper aux nouvelles visées « impériales » russes, « ont cherché à tisser leurs propres réseaux de relations internationales, avec l’Ouest pour l’essentiel, mais aussi avec la Chine ou les pays musulmans au Sud ». La seule solution honorable pour la Russie, nous dit l’auteur, est « une direction partagée avec l’Amérique » ; ce pays « devrait se résoudre à jouer un rôle de tampon entre l’expansionnisme chinois et l’Ouest », à choisir l’Europe, alliée des Etats-Unis, pour faire face à d’éventuelles visées expansionnistes chinoises. Reste donc pour Moscou le « choix européen, seule perspective géostratégique réaliste » ; et, par choix « européen » ont peut entendre, en fait, choix « occidentalo-américain ». Pour les Etats-Unis, « la Russie paraît vouée à devenir un problème », et d’autant plus si d’aventure une alliance avec la Chine et l’Iran se concrétisait. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis doivent « éviter de détourner la Russie de son meilleur choix géopolitique » à savoir, l’Europe atlantiste. La Russie doit s’intégrer à l’Europe, en suivant un processus graduel, commençant par sa « participation au Conseil de l’Europe », à l’instar de la Turquie Kémaliste qui « s’est engagée sur la voie de la modernisation, de l’européanisation et de la démocratisation » ; la deuxième étape de cet arrimage européen de la Russie serait la proposition d’une charte avec l’OTAN par l’Europe et l’Amérique. Enfin, ultime étape dans ce processus, l’intégration de la Russie dans l’Union Européenne. Cependant, précise l’auteur, le choix de l’Europe pour la Russie se fera plus facilement une fois l’Ukraine intégrée elle-même à l’OTAN et à l’Union Européenne.

Les « Balkans eurasiens » sont l’objet du chapitre suivant. Ces nouveaux « Balkans » sont constitués de neufs pays : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, la Géorgie et l’Afghanistan. Les facteurs d’instabilité des ces « Balkans eurasiens » sont nombreux : de graves difficultés nationales, des frontières contestées des voisins ou des minorités ethniques, peu d’homogénéité nationale, des luttes territoriales, ethniques ou religieuses. Toutes les options peuvent donc être envisagées quant à l’avenir de cette région, nous dit Brzezinski.

Les voisins intéressés, nourrissant des visées politiques sur la région sont la Russie, la Turquie, l’Iran et la Chine. La Russie qui veut retrouver sa zone d’influence, renouer avec ses républiques d’hier, et dont les visées géopolitiques vont vers le Sud, en direction de l’Azerbaïdjan et du Kazakhstan.; la Turquie qui se considère comme le leader potentiel d’une communauté turcophone aux frontières très floues ; l’Iran, dont le principal souci est le renouveau de l’islam en Asie centrale ; la Chine enfin, que les ressources énergétiques de la région attirent, et qui veut y avoir un accès direct hors contrôle de Moscou. Les motifs d’intérêts sont essentiellement économiques : « la région renferme une énorme concentration de réserve de gaz naturel, d’importantes ressources pétrolières, auxquelles viennent s’ajouter des gisements de minerais, notamment des mines d’or ». Mais il y a aussi des raisons plus profondes (et qu’il est curieux de voir soulever par un américain) des facteurs « relevant de l’histoire ».

D’autres pays ont leurs regards tournés vers cette région : le Pakistan qui veut exercer une influence politique en Afghanistan et profiter à terme de la construction de pipelines reliant l’Asie centrale à la Mer d’Oman. L’Inde qui, pour faire face aux projets du Pakistan et à la montée de l’influence chinoise, est favorable au développement de l’influence iranienne en Afghanistan, ainsi qu’à une présence russe plus importante dans ses anciennes républiques. Les Etats-Unis enfin, qui « agissent en coulisse », cherchent à ménager le pluralisme géopolitique, et tentent « d’empêcher la Russie d’avoir la suprématie ». La dynamique russe et les « ambitions anachroniques » de Moscou dans cette région sont « nuisibles à la stabilité de celle-ci ». Et nous apprenons que « les objectifs géostratégiques américains recouvrent en fait les intérêts économiques de l’Europe et de l’Extrême-orient » ; nous sommes toujours dans cette logique « philanthropique » américaine. L’engagement des Etats-Unis dans cette région, nous dit Brzezinski, est considérée par les pays concernés comme « nécessaire à leur survie ». Les motifs généraux américains sont les pipelines et leurs tracés actuels ; le but des Etats-Unis étant de ne plus passer par des pipelines courant sur le territoire russe, non plus au Nord donc mais par le Sud et la médiane de cette région des Balkans eurasiens. « Si un pipeline traversait la Mer Caspienne pour atteindre l’Azerbaïdjan et, de là, rejoignait la Méditerranée en passant par la Turquie, tandis qu’un autre débouchait sur la Mer d’Oman en passant par l’Iran, aucune puissance unique ne détiendrait le monopole de l’accès à la région ». On comprend aisément à cette lumière les actions et les soutiens américains à tel ou tel pays ; on peut saisir ainsi la bienveillance des Etats-Unis pour les « étudiants en théologie », les Pachtouns de Kaboul, au détriment des Tadjiks d’Ahmed Shah Massoud concentrés dans les régions du Nord de l’Afghanistan.

Dans l’avenir, Brzezinski voit dans ses Balkans eurasiens une montée de l’islamisme, des conflits ethniques, un morcellement politique, et une guerre ouverte le long de la frontière méridionale de la Russie. Une zone donc qui fera sans doute parler d’elle bientôt.

Quelle doit être la politique américaine en extrême orient ? C’est l’objet du chapitre suivant. Pour être efficace, elle doit avoir un point d’ancrage dans cette région, nous dit l’auteur. Il est essentiel, poursuit-il, que les Etats-Unis aient d’étroites relations avec le Japon, et qu’ils établissent une coopération avec la Chine. Si l’extrême orient connaît aujourd’hui un dynamisme économique extraordinaire, il va néanmoins de pair avec une incertitude politique croissante. C’est « un volcan politique en sommeil » ; il ne possède pas de « structures de coopération multilatérale » comme l’Union européenne et l’OTAN, et ce malgré l’ASEAN. Cette région est devenue, selon l’Institut International d’Etudes Stratégiques, « le plus gros importateur d’armes, dépassant l’Europe et le Moyen-Orient ».

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Il existe dans cette partie du monde de nombreux points de frictions : les relations entre la Chine et Taiwan ; les îles Paracels et Spratly, objets de multiples convoitises ; l’archipel Senkaku qui sont disputées par la Chine et le Japon ; la division de la Corée et l’instabilité inhérente à la Corée du Nord ; les îles Kouriles, sujets à controverses entre la Russie et le Japon ; enfin, des conflits territoriaux et / ou ethniques divers, le long de la frontière chinoise, également entre le japon et la Corée, enfin entre la Chine et l’Indonésie à propos des limites océaniques. La Chine est « la puissance militaire dominante de la région » ; et, dans l’absence d’équilibre entre les puissances, l’on a vu l’Australie et l’Indonésie se lancer dans une plus grande coopération militaire ; Singapour a également, avec ces deux pays, développé une coopération en matière de sécurité. La probabilité de voir se réaliser ces conflits dépendront « de la présence et du comportement américains ».

Brzezinski vante la Chine du passé, « pays qui [ au XVIIème siècle ] dominait le monde en termes de productivité agricole, d’innovation industrielle et par son niveau de vie ». Puis, il compatit avec les « cent cinquante années d’humiliation qu’elle a subies » ; la Chine doit être « lavée de l’outrage causé à chaque chinois », et « les auteurs doivent être châtiés ». Parmi les auteurs, la Grande-Bretagne a été dépossédée de son Empire, la Russie a perdu son prestige et une partie de son territoire ; restent les Etats-Unis et le Japon qui sont le principal souci de la Chine aujourd’hui. Selon l’auteur, la Chine refuserait « une véritable alliance sino-russe à long terme, car elle aurait pour conséquence de renforcer l’alliance nippo-américaine » et car « cette alliance empêcherait la Chine d’accéder à des technologies modernes et à des capitaux, indispensables à son développement ».

Nous est brossé ensuite les différents cas de figure possibles. L’auteur fait état des prévisions prometteuses relatives à la Chine ; cependant, il doute de ses capacités à « maintenir pendant vingt ans ses taux de croissance spectaculaire ». Actuellement, nous dit-il, la croissance rapide de la Chine accentue la fracture sociale liée à la répartition des richesses ; ces inégalités ont un impact sur la stabilité du pays. Mais le rayonnement de la Chine « pourraient bien amener les riches chinois d’outre-mer à se reconnaître dans les aspirations de la Chine ». Autre cas de figure évoqué, l’éventualité d’un repli sur soi de la Chine.

Dans son espace régional, la Chine joue le Pakistan et la Birmanie contre l’Inde son « rival géopolitique ». L’objectif de Pékin serait « une plus grande influence stratégique sur l’Asie du Sud-Est », contrôler le détroit de Malacca et le goulet de Singapour. La Chine élabore « une sphère d’influence régionale » ceci en particulier vers ses voisins de l’Ouest qui cherchent un contre poids à l’influence russe. Brzezinski traite des relations américano-chinoise mais sans comprendre l’attitude de Pékin, et en jouant les naïfs : « (…) en raison de ce qu’ils sont et de leur simple présence, les Etats-Unis deviennent involontairement l’adversaire de la Chine au lieu d’être leur allié naturel ». Par ailleurs, les Chinois savent que « leur influence dans la région se trouverait automatiquement renforcée par la moindre attaque qui viendrait miner le prestige américain ». L’objectif central de la politique chinoise serait d’affaiblir l’Amérique pour que cette dernière ait besoin d’une Chine « dominant la région » et « mondialement puissante pour partenaire ».

Autre point d’extrême orient analysé par l’auteur : le Japon, dont les relations avec l’Amérique, nous dit-il, feraient dépendre l’avenir géopolitique de la Chine. Le paradoxe du Japon est qu’il « a beau être riche, dynamique et économiquement puissant, il n’en est pas moins un Etat isolé dans sa région et politiquement limité dans la mesure où il est tributaire d’un allié puissant qui s’avère être non seulement le garant de l’ordre mondial mais aussi son principal rival économique » : les Etats-Unis. Mais, « la seule véritable question politique pour le Japon consiste à savoir comment utiliser la protection des Etats-Unis afin de servir ses propres intérêts ». Le Japon est, apprend-t-on, un pays «qui ne se satisfait pas du statu quo mondial ». Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, note Brzezinski, on observe une redéfinition de la politique étrangère de ce pays. Cette redéfinition porte le Japon à « ménager la Chine plutôt que de laisser le soin aux Etats-Unis de la contenir directement ». Cependant « très peu [de japonais] se prononcent en faveur d’une grande entente entre le Japon et la Chine » car cela déstabiliserait la région, et provoquerait le désengagement des USA, subordonnant la Corée et Taiwan à la Chine, mettant « le Japon à la merci de cette dernière ».

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Les Etats-Unis veilleront à ce que le Japon mette « en place une coopération véritablement internationale, mieux institutionnalisée » à l’instar du Canada, « Etat respecté pour l’utilisation constructive de ses richesses et de son pouvoir, et qui ne suscite ni craintes ni ressentiments ». Les objectifs globaux des USA étant de faire du Japon « le partenaire essentiel et privilégié de la construction d’un système » de coopération mondiale.

La partie n’est pas gagnée d’avance en extrême orient pour les Etats-Unis, concède Brzezinski, car « la création d’une tête de pont démocratique est loin d’être imminente (…) contrairement à ce qui s’est passé en Europe ». On note la prudence des Etats-Unis vis à vis de la Chine : « il est préférable de la traiter comme un acteur crucial sur l’échiquier mondial », et la faire participer au G7, lui donnant accordant ainsi du crédit et satisfaisant son orgueil. Les USA doivent également « se montrer conciliant sur certaines questions, tout en restant ferme sur d’autres », poursuit Brzezinski. Et revenant sur le problème de Taiwan, nous apprenons que « les Etats-Unis interviendraient pour défendre non pas l’indépendance de Taiwan, mais leurs propres intérêts géopolitiques dans la région Asie-Pacifique » ; voilà qui est clair. Pour ce qui concerne la Corée et le Japon, l’Amérique peut « jouer un rôle décisif en soutenant la réconciliation » ; la stabilité apportée faciliterait « le maintien de la présence des Etats-Unis en extrême orient », et cette réconciliation « pourrait servir de base à une éventuelle réunification » de la Corée

Toutefois, nous dit Brzezinski, les Etats-Unis ne sont pas seulement la première superpuissance globale, mais seront très probablement la dernière, ceci à cause de la diffusion de plus en plus généralisée du savoir et de la dispersion du pouvoir économique. Si les Etats-Unis ont pu exercer une prépondérance économique mondiale, ils le doivent à « la nature cosmopolite de [leur] société (…) qui [leur] a permis (…) d’asseoir plus facilement leur hégémonie (…) sans pour autant laisser transparaître [leur] caractère strictement national ». Il est peu probable qu’un autre pays puisse faire de même ; « pour simplifier, n’importe qui peut devenir Américain, mais seul un Chinois peut être Chinois ». Il transparaît dans ces propos une négation radicale de l’altérité. Les Etats-Unis ne veulent pas « l’autre », ils ne le conçoivent même pas ; ils ne connaissent que l’autre en tant que « même », un clone en quelque sorte ; piètre intelligence du monde, de la richesse, de la diversité de l’homme que ce rapport à l’autre, spécifiquement américain.

Comme la puissance Américaine ne saurait durer sans fin (nous ne sommes pas arrivé avec le triomphe de l’Amérique et de ses « idéaux » à la fin de l’Histoire, pour reprendre les mots d’un illuminé nommé Francis Fukuyama), Brzezinski nous trace « l’après domination états-unienne ». Le legs de l’Amérique au monde, à l’histoire, doit être une démocratie planétairement triomphante, nous dit-il, et surtout, la création d’une « structure de coopération mondiale (les Nations Unies sont « archaïques ») (…) qui assumerait le pouvoir de « régent » mondial ». Voilà donc un testament établi pour la poursuite mondiale – et jusqu’à la fin des temps – du « rêve américain ». Mais chacun sait que les temps comme les rêves ont toujours une fin.

Si la recension des objectifs géostratégiques américains est établie, la formulation et la structure interne de l’ouvrage sont assez confuses puisque l’on retrouve souvent des éléments concernant un sujet deux ou trois chapitres plus loin. L’auteur manque un peu de rigueur dans son exposition. Plus généralement, si l’on comprend la logique de ce discours de la part d’un américain, on ne peut décemment acquiescer aux propos de Zbigniew Brzezinski. Dès lors que l’on n’est pas américain, on ne peut pas souscrire aux thèses énoncées dans ce livre; ce serait sinon, pour prendre l’exemple d’un animal, comprendre les motivations de son prédateur, et accepter de se laisser dévorer par lui. Si certains constats de l’auteur sont justes et relèvent du bon sens, il n’en demeure pas moins qu’il faut combattre ces objectifs impériaux / impérialistes américains malgré cette apathie qui caractérise malheureusement les Européens en général et les Français en particulier, cet état de « dormition » dont parle Dominique Venner (1).

Philippe Raggi
29/04/2014

PS : J’avais écrit ce commentaire sur le livre de Brzezinski dès la parution de son ouvrage en France. Je n’ai rien modifié à ce texte depuis lors.

Source : A l’Est de Suez, Blog de Philippe Raggi sur l’Asie du Sud-Est et notamment sur l’Indonésie.
http://philippe-raggi.blogspot.fr/2014/04/loeil-americain...

Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, New York, Basic Books, 1997.
Le grand échiquier, traduction de The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives, Paris, Collection Pluriel, Hachette Littérature, 1997
Le grand échiquier, éditions Fayard/Pluriel, mars 2011, 288 pages (réédition)

Zbigniew Brzezinski est expert au Center for Strategic and International Studies (Washington, DC) et professeur à l’université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président Carter, s’oppose à Reagan, Clinton et Bush et reste toujours un ardent partisan de la suprématie américaine dans le monde..

Note :

(1) Cf. : http://www.dominiquevenner.fr/2010/07/l%E2%80%99europe-en...

Correspondance Polémia – 5/05/2014

dimanche, 28 mai 2017

«Wie der Westen Syrien ins Chaos stürzte»

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«Wie der Westen Syrien ins Chaos stürzte»

Ein neues Buch von Michael Lüders

von Carola und Johannes Irsiegler

Ex: http://www.zeit-fragen.ch 

Michael Lüders ist Nahost-Experte und war lange Jahre Nahost-Korrespondent für die deutsche Wochenzeitung Die Zeit. Er hat bereits verschiedene Bücher zu den Entwicklungen im Nahen Osten publiziert und wird vielen Lesern von Zeit-Fragen bereits bekannt sein. Sein neuestes Buch, «Die den Sturm ernten. Wie der Westen Syrien ins Chaos stürzte», knüpft, wie bereits der Titel vermuten lässt, thematisch an sein früheres Werk «Wer den Wind sät. Was westliche Politik im Orient anrichtet» an: Wer den Wind sät, wird Sturm ernten. Ging es in jenem, 2015 erschienenen Buch darum, die politischen und strategischen Verwicklungen des Westens im gesamten Nahen Osten und die Mitschuld des Westens unter Führung der USA an der jetzigen Misere aufzuzeigen, so konzentriert sich Lüders in seinem brandaktuellen Buch auf die Entwicklungen in Syrien.

Eine andere Geschichte als die Nato-Hofberichterstattung

«Kriege werden erzählt, nicht anders als Geschichten», so steigt Lüders in das Thema ein und zeigt auf, worum es ihm geht: Er will den anderen Teil der Geschichte beleuchten, der in der Nato-Hofberichterstattung unserer Leitmedien bewusst weggelassen oder in verfälschender Weise dargestellt wird. Der Geschichte von den «Werten», für die westliche Politik stehe und die es in Syrien zu verteidigen gelte, stellt er die strategischen und wirtschaftlichen «Interessen» der Akteure gegenüber. Vor hundert Jahren wurde die Ausbeutung ganzer Erdregionen durch europäische Mächte noch damit begründet, die «Eingeborenen» an die Segnungen der «Zivilisation» heranzuführen. Heute werden im Namen sogenannter westlicher Werte ganze Regionen mittels Soft- und/oder Hardpower destabilisiert, um sie dann um so besser ihrer Schätze berauben und für die eigenen hegemonialen Interessen ausnutzen zu können. Wenn «Werte» zum Alibi einer hegemonialen Politik werden, hören sie auf, Werte zu sein.

Michael Lüders hält klar fest: Der Krieg in Syrien hätte ohne die massive Einmischung von aussen niemals die grösste Fluchtbewegung seit dem Zweiten Weltkrieg ausgelöst. Die Terrorakte in verschiedenen europäischen Ländern wie auch die Flüchtlingskrise sind direkte Folgen einer gewaltsamen Interventionspolitik. «Ohne die Fehler des Westens, namentlich der USA im Irak, wäre der ‹Islamische Staat› gar nicht erst entstanden.»

Eine Geschichte von Staatsstreichen, Putschversuchen und Klientelregimen

Um die aktuellen Entwicklungen einordnen und sich gegen das propagandistische Kriegsgeschrei der Nato-Medien wappnen zu können, muss man die Vorgeschichte kennen. Diese stellt Lüders ausführlich dar. Er beginnt mit den Ränkespielen der imperialistischen Mächte England und Frankreich nach dem Ersten Weltkrieg und fährt mit dem amerikanischen Hegemoniestreben nach dem Zweiten Weltkrieg fort. Es ist eine Geschichte von inszenierten Staatsstreichen, Putschversuchen und Klientelregimen; und von dem Versuch, jegliche Entwicklung hin zu einer eigenständigen, in den eigenen Traditionen fussenden Politik zu verhindern. Es hat im Nahen Osten Ansätze zu einer solchen, den Interessen der eigenen Völker verpflichteten Politik gegeben, es gibt sie auch heute noch, wenn man die Völker nur in Frieden liesse und sie ihr geistiges und kulturelles Potential ausschöpfen könnten. Aber, so Lüders: «Unter den sozialen, gesellschaftlichen und politischen Rahmenbedingungen, wie sie heute in der arabischen Welt bestehen, unter den Bedingungen also von Armut, Unfreiheit, Staatszerfall und Terror, ist kein Raum für Reformdenken. Die Menschen sind hinlänglich mit ihrem eigenen Überleben befasst.»

Friedliche Entwicklung möglich, wenn die Einmischung von aussen aufhört

Eine friedliche Entwicklung in der Region ist möglich, wenn die Einmischung von aussen aufhört und den Völkern die dazu nötige Zeit zugestanden wird. Für eine solche Erneuerung muss, so Lüders, auch der Glaube derjenigen, die dort leben, berücksichtigt werden: «Von Marokko bis Indonesien spielt der Glaube an Gott eine zentrale Rolle im Leben des einzelnen wie auch der Gesellschaft. Wer annimmt, die Region sei ohne den Faktor Islam zu erneuern, denkt westlich.» Islam und Islamismus sind dabei nicht gleichzusetzen. Dass letzterer vom Westen erst gezüchtet wurde, um ihn dann «zur Freude der Rüstungsindustrie» zu bekämpfen, und wohl auch, um einen Vorwand für die permanente Interventionspolitik zu schaffen, kann im gegenwärtigen geistigen Unklima in unseren Ländern nicht genügend betont werden. «Den ‹Islamischen Staat› ein für alle Mal zu besiegen, hat übrigens in letzter Konsequenz niemand ein wirkliches Interesse. Er liefert den kleinsten gemeinsamen Nenner aller Interventionsmächte […].»

Information und Aufklärung statt interessengeleiteter Propaganda

Michael Lüders räumt mit fast allen Narrativen auf, die in unseren Leitmedien mantrahaft wiederholt werden. Zum Beispiel mit dem Narrativ, dass es sich in Syrien um einen Kampf des Volkes gegen ein böses Regime handle. «Das westliche Narrativ, die gesamte syrische Bevölkerung oder wenigstens doch die überwältigende Mehrheit hätte sich gegen Assad erhoben, ist eindeutig falsch […], weder die religiösen Minderheiten, […], noch die sunnitischen Händler» haben sich bis heute dem Aufstand angeschlossen. Rund die Hälfte der Syrer stehe nach wie vor hinter Assad. «Die westliche Wahrnehmung, die syrische ‹Opposition› verträte das gesamte oder auch nur nennenswerte Teile des syrischen Volkes, entbehrt jeder sachlichen Grundlage. Das entwertet nicht die Kritik der Oppositionellen am Regime – aber auch in freien Wahlen hätten sie kaum Chancen auf Sieg.» Die meisten Syrer ziehen die jetzige Regierung mit allen Einschränkungen einer Herrschaft der Dschihadisten vor. Ihnen ist es – wie auch den Verantwortlichen im Westen – bekannt, dass die Herrschaft der Dschihadisten die Alternative sein wird, wenn Assad gehen muss.

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Der Leser erhält zudem viele Hintergrundinformationen über die verschiedenen Kriegsparteien, die helfen, die zum Teil widersprüchlichen Entwicklungen besser zu verstehen. Interessant ist in diesem Zusammenhang die Rolle Englands, das im ganzen Syrien-Konflikt und heute wieder verstärkt durch seine bellizistischen und interventionistischen Hetztiraden auffällt. Wie nebenbei erfährt der Leser, dass Grossbritannien zum zweitgrössten Waffenlieferanten Saudi-Arabiens aufgestiegen ist, dort massive Geschäfte mit dem Tod macht und dazu noch die völkerrechtswidrigen saudischen Luftangriffe auf den Jemen leitet und koordiniert. Soviel zu den Werten, die Aussenminister Johnson regelmässig für sich reklamiert. Dass diejenigen, die «sich allein den Menschenrechten verpflichtet glauben», in Syrien laut schreien, aber zum Jemen schweigen, ist ein anderes Kapitel.

Wer ist verantwortlich für die Giftgas-Angriffe?

Besonders aktuell sind Lüders Ausführungen zu den Giftgas-Einsätzen auf Ghouta bei Damaskus im Jahre 2013: «Der Giftgas-Angriff auf Ghouta und die Reaktionen darauf sind ein Lehrstück dafür, wie spielend leicht die Öffentlichkeit in einer so elementaren Frage wie Krieg und Frieden manipuliert werden kann […].» Noch heute wird dieses Verbrechen ungeprüft der Regierung Assad angelastet.

Wie gross war das Geschrei, die USA müssten jetzt endlich Damaskus bombardieren, allen voran damals wie heute auch wieder Hillary Clinton und ihr Verbindungsmann zu den Dschihadisten John McCain, die es erst möglich gemacht haben, dass Waffen aus dem libyschen Arsenal in die Hände der dschihadistischen Kämpfer gelangen konnten.

Lüders legt dar: «Die genannten Indizien legen den Schluss nahe, dass nicht das AssadRegime für den Giftgas-Angriff auf Ghouta verantwortlich war, sondern die Nusra-Front, unter Regie der türkischen Regierung.» Denken wir die jüngsten Ereignisse hinzu, so können wir ein weiteres Mal mitverfolgen, wie Kriegsgründe geschaffen werden und eine ahnungslose Bevölkerung massenmedial für reine Interessenpolitik manipuliert wird – hier bei uns im Westen wie auch in den Ländern des Nahen Ostens.

Eine Weltordnung begründen, die um Ausgleich und Kompromiss bemüht ist

Michael Lüders schliesst sein Buch mit dem Aufruf, eine «Weltordnung zu begründen, die um Ausgleich und Kompromiss unter den jeweiligen Akteuren bemüht ist, einen Dialog auf Augenhöhe führt». Die rechtlichen Grundlagen für ein friedliches Zusammenleben auf unserer Erde sind ja vorhanden. Auf sie könnte man, so man will, gut aufbauen.

Was kann jeder einzelne tun? Lüders plädiert dafür, den offiziellen Verlautbarungen zu misstrauen und auch medialen Darstellungen nicht unkritisch zu folgen. Es ist doch erschreckend, wie wenig es braucht, «politische Feindbilder zu erzeugen oder am Leben zu erhalten».

Der Logik aus Macht und Dominanz entsagen

Die Lektüre von Lüders Buch hilft, sich gegen die permanenten Manipulationsversuche der Kriegsfraktion zu wappnen, einen eigenen inneren Standpunkt zur Frage von Krieg und Frieden, zur Frage von Recht und Unrecht und zur Frage der Gleichwertigkeit zwischen den Völkern zu entwickeln. Am Ende fordert uns der Autor auf, der Logik aus Macht und Dominanz zu entsagen und uns anders zu denken, unter Einbeziehung all derer, die guten Willens sind. Vielleicht bedürfe es «tatsächlich einer grundlegenden Bewusstseinsänderung, der Einsicht, dass wir keine Wahl haben als unsere Zukunft selbst zu gestalten».

Ein lesenswertes Buch, ein Buch das informiert, das zur Diskussion anregt und ein emotionales Gegengift zur Kriegspropaganda darstellt. Es sollte weite Verbreitung finden unter den vielen Mitbürgern, die sich wie wir für eine Welt des friedlichen Miteinanders einsetzen.      •

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Kampagnen verweisen auf Menschen, die Interessantes zu sagen haben

km. Das neue Buch von Michael Lüders hat in Deutschland sehr unterschiedliche Reaktionen ausgelöst. Ein paar weitverbreitete deutsche Leitmedien haben gegen den Autor scharf polemisiert und versucht, seine Seriosität in Frage zu stellen. Aber das war nicht die durchgängige Reaktion. Michael Lüders wird in ganz Deutschland zu zahlreichen Lesungen und Vorträgen eingeladen, das Kulturmagazin der ARD, «titel, thesen, temperamente», hat Autor und Buch am 30. April positiv gewürdigt. Fazit der Sendung: «Lüders' Buch ist wichtig, man sollte ihm zuhören und mit ihm reden.» Die Universität Trier steht trotz eines Protestbriefes zu einer Gastprofessur des Buchautors – und der Kommentar von zwei für die Vorlesungsreihe verantwortlichen Hochschullehrern spricht für sich: «Den Autoren [des Protestbriefes gegen Michael Lüders] geht es offenkundig darum, die Freiheit der Wissenschaft an der Universität zu behindern, indem man verlangt, jemanden auszuladen, der unbequeme Meinungen vertritt.» Eindrucksvoll auch der Bericht und Kommentar von saarland-fernsehen.de nach der ersten Vorlesung von Michael Lüders in Trier: «Er demaskiert den Narrativ westlicher Politik, ‹in erster Linie Gutes tun zu wollen›, als Deckmantel für interessen- und machtgetriebene Geopolitik. […] Nicht humanitäres Wohlwollen, sondern geopolitisches Kalkül treibt die Grossmächte an […]. Folgt man Michael Lüders’ Vortrag, dann ist er [der Nahe Osten] dem Westen äusserst nahe, wenn es darum geht, dort seine Interessen zu wahren. Aber doch so fern, wenn die Menschen und deren Wohlergehen im Mittelpunkt stehen sollten.»

Der Deutschlandfunk hatte zwar vor allem die Kritik an Lüders referiert, liess ihn aber auch selbst zu Wort kommen, woraufhin der Autor die Vorgehensweise gegen ihn treffend charakterisierte: «Grundsätzlich muss man wohl sagen, wer sich gegen den Mainstream stellt und wer vorherrschende Gewiss-heiten in der Politik, aber auch in der medialen Berichterstattung in Frage stellt, der muss natürlich gewappnet sein, dass er Gegenwind bekommt, denn das gefällt natürlich nicht allen, dass da jemand eine offizielle Lesart, die als richtig empfunden wird, in Frage stellt.» Und: «Mir fällt auf, dass diejenigen, die meine Ansichten teilen, oder generell die Menschen, die nicht eine bestimmte Mainstream-Linie bedienen, häufig nicht in der Sache, sondern als Person kritisiert werden.»

Allem Anschein nach beeindruckt das aber viele Menschen in Deutschland nicht mehr. Das Misstrauen gegenüber dem «Mainstream» ist sehr gross geworden, Kampagnen verweisen auf Menschen, die Interessantes zu sagen haben. Das spricht sich herum.

vendredi, 26 mai 2017

"La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie" de Hadrien Desuin

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Tribune littéraire d’Eric Delbecque

"La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie" de Hadrien Desuin

Ex: http://destimed.fr 

Dans La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie (Éditions du Cerf), Hadrien Desuin part d’un constat fort et simple : la vassalisation de la France dans le monde. Il en tire une conclusion tout aussi limpide et lourde : à l’heure de la mondialisation, la hiérarchisation classique qui donne la priorité à la politique intérieure sur la politique étrangère ne fonctionne plus. Dans un monde « ouvert », il convient d’abord de manifester sa cohérence et sa force à l’étranger. Or, l’Hexagone ne s’en montre plus capable.

Notre voix à la surface de la planète se résume à trois mots : morale, compassion et communication. Adieu à la realpolitik. Desuin parle avec une grande clarté et justesse : « Aujourd’hui, la nouvelle religion universelle des droits de l’Homme voudrait en finir avec la distinction entre conviction éthique et action diplomatique. Pour les chantres de la mondialisation heureuse, la fragmentation des nations est néfaste sans qu’ils ne réalisent combien le meilleur des mondes qu’ils projettent laisse place à une fragmentation communautaire bien plus violente. De surcroît, la globalisation ressort propice à une sorte de naïveté humanitaire où chaque crise internationale apparaît réductible un fait divers collectif ».

Sur un jeu d’échec global réapparaissant dans sa nature forcément tragique, la France a perdu la boussole dans le grand chaos planétaire. Quant à l’Europe, elle ne trouve pas sa place dans la grille internationale de la puissance. Notre pays s’égare dans un atlantisme paresseux qui lui évite le trouble d’élaborer dans la douleur un position constructive et originale dans le concert des nations, dont elle a pourtant eu le secret durant la parenthèse gaullienne.

Parallèlement, elle s’engouffre trop volontiers dans la promotion d’un droit d’ingérence caricatural qui fabrique davantage de problèmes qu’il n’en résout. « Le concept de « guerre humanitaire » […], écrit l’auteur, forme une synthèse hybride entre le courant doctrinaire atlantiste et belliciste d’une part et la mouvance associative des droits de l’homme d’autre part. Il relève du glissement des idéaux du pacifisme humaniste militant vers la notion de responsabilité militaire protectrice. L’ingérence marque la tentative de légitimer par le droit international n’importe quelle guerre au nom de principes supérieurs, indéniablement nobles mais aux conséquences incalculables et aux effets souvent désastreux ».

Hadrien Desuin décrit ensuite quelques lieux où s’élabore cet atlantisme droit-de-l’hommiste, compagnon du néoconservatisme, notamment la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS), créée en 1993. Le résultat aujourd’hui ? Une politique étrangère réduite au suivisme vis-à-vis des Américains, et une propension à substituer le respect craintif du politiquement correct à l’analyse géopolitique lucide. Ce premier problème se double d’un second : la dénonciation permanente de l’identité nationale qui conduit à un « messianisme humanitaire à la française ». Ce dernier s’enracine dans une conception « hors-sol, déracinée et abstraite de l’identité. Inversement, le messianisme à l’américaine repose sur la certitude que les Etats-Unis ont une mission évangélisatrice et que l’humanité doit suivre la patrie américaine ».

L’ensemble de cette logique a fini par aboutir à la réintégration par la France du commandement militaire de l’OTAN. Quant à l’Europe de la défense, elle demeure une politique assez théorique… Les Européens, français compris, apparaissent toujours peu ou prou à la remorque de Washington. Notons d’ailleurs que la Maison Blanche sait s’affranchir des règles de la morale droit-de-l’hommiste quand les intérêts de la bannière étoilée l’exigent. En témoigne le cas de l’Iran : plus question d’Axe du Mal ou d’exportation du modèle démocratique. Face aux ambitions russes et chinoises, il est devenu essentiel de régler la question iranienne. Il en découle naturellement une politique de défense peu enthousiasmante depuis vingt ans (malgré les efforts et les incontestables réussites de personnalités particulières, comme Jean-Yves Le Drian). Notons enfin que l’auteur met en lumière les incohérences de la politique française au Moyen-Orient et vis-à-vis de la Russie.

Au final, Hadrien Desuin démontre avec talent et précision que la France ne décide plus en toute indépendance sur la scène internationale mais en fonction d’intérêts politiciens et au nom de l’utopie d’une démocratie universelle qui produit des désastres en série. Retrouver la singularité de la voix de la France impose de sortir de cette impasse. Un ouvrage stimulant à lire attentivement !

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Eric DELBECQUE Président de l’ACSE et membre du Comité Les Orwelliens (ex-Comité Orwell). Il vient de publier : Le Bluff sécuritaire

jeudi, 25 mai 2017

Donald d'Arabie: dégoûtant spectacle

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Donald d'Arabie: dégoûtant spectacle

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Dégoûtant. C'est ainsi que Justin Raimondo, combattant américain inlassable contre le système imposé par la Maison Blanche, le département de la Défense et Wall Street, qualifie la visite de Trump au roi Salman d'Arabie saoudite.
 
Pour plus de détails, voir http://original.antiwar.com/justin/2017/05/21/donald-of-a...

Philippe Grasset reprend le propos dans un article également écœuré http://www.dedefensa.org/article/telerealite-pour-vomir . « Voir Trump se pavaner au milieu de la richissime pourriture du cloaque saoudien, avec ses deux ravissantes (Melania et Ivanka) célébrant la façon dont les femmes sont traités dans le royaume ; la facture du déplacement ($350 milliards de quincaillerie militaire) immédiatement signée, sinon payée ; puis la visite en Israël, avec le gros Donald devant le Mur des Lamentations ; tout cela, enfin, entrecoupé par un discours incroyablement haineux à l'encontre de l'Iran bien dans l'esprit trumpiste (encore des promesses de tension pour un conflit que l'esprit du temps avec sa tumeur maligne en guise d'esprit attend avec tant d'impatience), ce discours assorti de l'exaltation d'une coalition antiterroriste des pays musulmans notoirement soutiens financiers et logistiques  du terrorisme.. ».

Ajoutons pour notre part, à l'attention de ceux pour qui le séjour de Trump à Jérusalem, puis auprès de Mahmoud Abbas à Bethléem, pourrait permettre de faire avancer la question palestinienne sans compromettre les intérêts vitaux d'Israël, qu'ils sont dans l'erreur la plus complète. Derrière le discours convenu selon lequel l'Amérique continuera à défendre la création de deux Etats, il n'a proposé aucune solution nouvelle concernant notamment les questions de la coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens, ou celle, désormais insoluble, de la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie.

Dans le même temps, ses attaques renouvelées contre l'Iran qu'il ne cesse d'accuser de financer le terrorisme, et ses menaces permanentes de guerre contre Téhéran, ne peuvent qu'encourager l'Arabie Saoudite et les pétromonarchies à financer le terrorisme sunnite et la guerre meurtrière au Yémen, provoquant des milliers de morts et une famine touchant désormais des centaines de milliers de personnes.

Comme toujours à la fin d'articles de ce genre, nous ne pouvons que déplorer l'absence totale de la diplomatie des pays européens, face à des propos américains qui nécessairement encourageront le terrorisme frappant l'Europe, à l'exemple de l'attentat du 22 mai à Manchester.

Réélection de Hassan Rohani en Iran

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Réélection de Hassan Rohani en Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Cette réélection est une bonne nouvelle pour tous ceux qui, en Iran, jeunes et femmes notamment, cherchent à se dégager du carcan de la République Islamique traditionnelle.
 
Elle sera également considérée comme une bonne nouvelle en Europe par tous ceux qui, gouvernements, hommes d'affaires et citoyens, souhaitant pouvoir se comporter avec la société et le gouvernement iraniens comme ils le font avec d'autres pays, Russie et Chine notamment, qui ne partagent pas nécessairement toutes les valeurs et intérêts européens, mais qui sont généralement aujourd'hui considérés par les Européens comme des partenaires stratégiques essentiels. Il en sera désormais de même, souhaitons-le, pour l'Iran.

Mais la réélection de Rohani sera considérée comme une mauvaise nouvelle par Donald Trump. Parmi les erreurs politiques de celui-ci, dont l'accumulation entraineront sans doute sa perte, figure le fait que, dès sa campagne électorale, il avait déclaré qu'il considérait l'Iran comme une ennemie des Etats-Unis. Il n'a pas changé de point de vue. Certains militaires américains évoquent ainsi périodiquement, avec son approbation, la possibilité de bombarder des sites industriels iraniens.

Sans doute Trump a-t-il cédé en cela aux pressions de l'AIPAC, dit lobby juif américain, qui relaie sans nuances les craintes d'Israël à l'égard de Téhéran. Il a cédé aussi  aux pressions de certains intérêts américains, pétroliers notamment, qui craignent de plus en plus la concurrence d'une Iran dégagée des « sanctions » précédemment imposées par Washington.

Lors de son entrevue du 20 mai avec le roi Salman d'Arabie saoudite et un grand nombre de représentants de pétromonarchies et pays arabes sunnites, Donald Trump a confirmé, à la vive satisfaction de ses hôtes, sa volonté de considérer l'Iran comme une ennemi. Ce faisant, il n'a pas craint les réactions hostiles de la Russie et de Damas pour qui l'Iran de Rohani est et demeurera un allié essentiel dans la mise en place d'un axe chiite capable de lutter avec efficacement contre le terrorisme islamique, principalement d'origine sunnite.

Espérons qu'en ce qui concerne le nouveau président français, celui-ci renoncera aux fantasmes de guerre avec Téhéran entretenus par son prédécesseur. Il est temps pour la France, comme l'Allemagne l'a fait depuis longtemps, de traiter l'Iran de Hassan Rohani en partenaire de première grandeur. Certes l'Iran demeurera une société islamique rigoureuse dans laquelle les Français, pour l'essentiel laïcs et féministes, ne souhaitent pas, sauf exception, vivre durablement. Mais ce ne devrait pas être une raison pour la traiter, comme le fait Donald Trump, d'ennemie fondamentale.

Note. Sur les futures relations de l'Iran et de la Russie, voir http://theduran.com/putin-welcomes-rouhani-re-election/

 

Trump à Riyad: la guerre à l'Iran

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Trump à Riyad: la guerre à l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Personne ne s'est étonné, sinon indigné, de voir Trump réserver sa première rencontre à l'étranger au pire des régimes finançant partout le terrorisme et la guerre, l'Arabie saoudite. Normalement, un président américain va d'abord soit au Canada, soit au Mexique. S'il franchit l'Atlantique, il se rend en Europe, par exemple à Bruxelles ou Berlin.
 
C'est que Trump (drôlement surnommé par Pepe Escobar dans l'article référencé ci-dessous, Abu Trump al Amriki, Trump l'Américain), attend de Riyad d'importants contrats d'armement, ainsi qu'un appui dans la lutte contre le terrorisme. Ces contrats rendront évidemment service à l'industrie militaire américaine, mais tout laisse craindre que les armements fournis aillent renforcer les pays sunnites dans leur lutte contre l'Iran. 

Dans ce sens, le dimanche 21 mai, Trump  a prononcé un discours sur l'islam devant les représentants d'une cinquantaine de nations musulmanes, dont 37 chefs d'État ou de gouvernement. Beaucoup d'observateurs craignaient qu'il ne se laisse engager dans une improvisation dont il a le secret, aux conséquences pouvant être catastrophiques. Ceci n'a pas été le cas. Il s'est tenu au discours qui avait été préparé pour lui.

Il a exhorté les pays musulmans à n'offrir aucun "refuge aux terroristes" et a annoncé un accord avec les pays du Golfe pour lutter contre le financement du "terrorisme". "Il s'agit d'une bataille entre des criminels barbares qui cherchent à éradiquer la vie humaine et des gens bien de toutes les confessions qui cherchent à la protéger", a-t-il déclaré. Par ailleurs, il a invité les pays arabes à compter avant tout sur eux-mêmes.

« Les nations du Proche-Orient ne peuvent attendre que la puissance américaine écrase cet ennemi à leur place » a-t-il dit : « Nous ne sommes pas ici pour donner des leçons, nous ne sommes pas ici pour dire aux gens comment ils doivent vivre, ce qu'ils doivent faire, qui ils doivent être ou comment prier,et cela demande de se montrer soudés face aux meurtres de musulmans innocents, à l'oppression des femmes, à la persécution des juifs et au massacre de chrétiens ».

Rien à objecter. Cependant, comme l'on pouvait s'y attendre, il n'a pas convié l'Iran à cette lutte contre le terrorisme. Il l'a au contraire entre les lignes assimilée à ce terrorisme. Nous avions énuméré dans un article précédent les nombreuses raisons qui opposent les intérêts américains à ce pays, y compris les pressions d'Israël 1).

Ceci veut dire que si le discours de Trump a apparemment séduit les gouvernements arabes sunnites réunis à Riyad, c'est parce qu'il a annoncé implicitement une participation accrue des Etats-Unis à la lutte contre l'Iran. Compte tenu des liens solides de ce pays avec la Russie, Trump a été perçu comme encourageant une mobilisation accrue du monde arabe, non seulement contre l'Iran, mais contre ses alliés dans le monde chiite et indirectement, contre la Russie.

Plus que jamais, Donald Trump s'est donc comporté de façon irresponsable au plan géostratégique. Moscou ne manquera pas de le souligner 2). Les pays européens devraient réagir, compte tenu des perspectives que leur offre une ouverture diplomatique plus grande à l'égard de Téhéran. Mais on peut craindre qu'ils n'en fassent rien. Eux aussi sont intéressés par les pétro-dollars de l'Arabie.

Notes

1) Réélection de Hassan Rohani en Iran http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2569...

2) Voir aussi de Pepe Escobar https://sputniknews.com/columnists/201705201053811797-abu...

mercredi, 24 mai 2017

Shaping the Future: Moscow and Beijing’s Multipolar World Order

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Shaping the Future:

Moscow and Beijing’s Multipolar World Order

Ex: http://www.lewrockwell.com 

Once in a while, think tanks such as the Brookings Institute are able to deal with highly strategic and current issues. Often, the conferences held by such organizations are based on false pretences and copious banality, the sole intention being to undermine and downplay the efforts of strategic opponents of the US. Recently, the Brookings Institute’s International Strategy and Strategy Project held a lecture on May 9, 2017 where it invited Bobo Lo, an analyst at Lowy Institute for International Policy, to speak. The topic of the subject, extremely interesting to the author and mentioned in the past, is the strategic partnership between China and Russia.

The main assumption Bobo Lo starts with to define relations between Moscow and Beijing is that the two countries base their collaboration on convenience and a convergence of interests rather than on an alliance. He goes on to say that the major frictions in the relationship concern the fate that Putin and Xi hold for Europe, in particular for the European Union, in addition to differences of opinions surrounding the Chinese role in the Pacific. In the first case, Lo states that Russia wants to end the European project while China hopes for a strong and prosperous Europe. With regard to the situation in the Pacific, according to this report, Moscow wants a balance of power between powers without hegemonic domination being transferred from Washington to Beijing.

The only merit in Lo’s analysis is his identification of the United States as the major cause of the strategic proximity between Moscow and Beijing, certainly a hypothesis that is little questioned by US policy makers. Lo believes Washington’s obsession with China-Russia cooperation is counterproductive, though he also believes that the United States doesn’t actually possess capabilities to sabotage or delimit the many areas of cooperation between Beijing and Moscow.

What is missing in Lo’s analysis are two essential factors governing how Moscow and Beijing have structured their relationship. China and Russia have different tasks in ushering in their world order, namely, by preserving global stability through military and economic means. Their overall relationship of mutual cooperation goes beyond the region of Eurasia and focuses on the whole process of a sustainable globalization as well as on how to create an environment where everyone can prosper in a viable and sustainable way. Doing this entails a departure from the current belligerent and chaotic unipolar world order.

Moscow and Beijing: Security and Economy

Beijing has been the world’s economic engine for over two decades and shows no signs of slowing down, at least not too much. Moscow, contrary to western media propaganda, has returned to play a role not only on a regional scale but as a global power. Both of these paths of military and economic growth for China and Russia have set things on a collision course with the United States, the current global superpower that tends to dominate international relations with economic, political and military bullying thanks to a complicit media and corrupt politicians.

In the case of Beijing, the process of globalization has immensely enhanced the country, allowing the Asian giant to become the world’s factory, enabling Western countries to outsource to low-cost labor. In this process of economic growth, Beijing has over the years gone from being a simple paradise for low-cost outsourcing for private companies to being a global leader in investment and long-term projects. The dividends of years of wealth accumulation at the expense of Western nations has allowed Beijing to be more than just a strategic partner for other nations. China drives the process of globalization, as recently pointed out by Xi Jinping in Davos in a historic speech. China’s transition from a harmless partner of the West to regional power with enormous foreign economic investments place the country on a collision course with Washington. Inevitably, Beijing will become the Asian hegemon, something US policymakers have always guaranteed will not be tolerated.

The danger Washington sees is that of China emerging as a regional superpower that will call the shots in the Pacific, the most important region of the planet. The United States has many vested interests in the region and undeniably sees its future as the leader of the world order in jeopardy. Obama’s pivot to Asia was precisely for the purposes of containing China and limiting its economic power so as to attenuate Beijing’s ambitions.

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Unsurprisingly, Washington’s concerns with Moscow relate to its resurgence in military capabilities. Russia is able to oppose certain objectives of the United States (see Ukraine or Syria) by military means. The possibility of the Kremlin limiting American influence in Eastern Europe, the Middle East and Eurasia in general is cause for concern for American policy makers, who continue to fail to contain Russia and limit Moscow’s spheres of influence.

In this context, the strategic division of labor between Russia and China comes into play to ensure the stability of the Eurasian region as a whole; in Asia, in the Middle East and in Europe. To succeed in this task, Moscow has mainly assumed the military burden, shared with other friendly nations belonging to the affected areas. In the Middle East, for example, Tehran’s partnership with Moscow is viewed positively by Beijing, given its intention to stabilize the region and to eradicate the problem of terrorism, something about which nations like China and Russia are particularly concerned.

The influence of Islamist extremists in the Caucasian regions in Russia or in the autonomous region of Xinjiang in China are something that both Putin and Xi are aware can be exploited by opposing Western countries. In North Africa, Egypt has signed several contracts for the purchase of military vehicles from Moscow, as well as having bought the two Mistral ships from France, thereby relying on military supplies from Moscow. It is therefore not surprising that Moscow and Egypt cooperated with the situation in Libya and in North Africa in general.

In Southeast Asia, Moscow seeks to coordinate efforts to reach an agreement between Afghanistan, Pakistan and India. The entry into the Shanghai Cooperation Organization (SCO) of New Delhi and Islamabad (Tehran will be next), with the blessing of Beijing as the protagonist of the 2017 SCO meeting, is a keystone achievement and the right prism through which to observe the evolution of the region. Moscow is essentially acting as a mediator between the parties and is also able to engage with India in spite of the dominating presence of China. The ultimate goal of Moscow and Beijing is to eradicate the terrorist phenomenon in the Asian region with a view to what is happening in North Africa and the Middle East with Iran and Egypt.

Heading to a Multipolar World Order

The turning point in relations between Moscow and Beijing concerns the ability to engage third countries in military or economic ways, depending on these countries’ needs and objectives. Clearly in the military field it is Moscow that is leading, with arms sold to current and future partners and security cooperation (such as with ex-Soviet Central-Asian republics or in the Donbass) and targeted interventions if needed, as in Syria. Beijing, on the other hand, acts in a different way, focusing on the economic arena, in particular with the Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) at its center.

Initiatives such as the One Belt One Road (OBOR) and the Maritime Silk Road have the same strategic aim of the Russian military initiative, namely, ensuring the independence of the region from a geo-economic perspective, reaching win-win arrangements for all partners involved. Naturally, the win-win agreement does not mean that China wins and then wins again; rather, a series of bilateral concessions can come to satisfy all actors involved. An important example in this regard that explains the Sino-Russian partnership concerns the integration of the Eurasian Union with the Chinese Silk Road. The Russian concerns over the predominant status of the Chinese colossus in Central Asia have been assuaged by a number of solutions, such as the support of the OBOR infrastructure program to that of the Eurasian Union. Beijing is not interested in replacing Moscow’s leading role the post-Soviet nations in Central Asia but rather with providing significant energy and economic development to particularly underdeveloped nations that are in need of important economic investment, something only Beijing is able to guarantee.

The linking of the Eurasian Economic Union (EEU) with the One Belt One Road initiative guarantees Moscow a primary role in the transit of goods from east to west, thereby becoming the connecting point between China and Europe while expanding the role and function of the EEU. All participants in these initiatives have a unique opportunity to expand their economic condition through this whole range of connections. Beijing guarantees the money for troubled countries, and Moscow the security. The SCO will play a major role in reducing and preventing terrorist influence in the region, a prerequisite for the success of any projects. Also, the AIIB, and to some extent the BRICS Development Bank, will also have to step in and offer alternative economic guarantees to countries potentially involved in these projects, in order to free them from the existing international financial institutions.

One Belt One Road, and all the related projects, represent a unique occasion whereby all relevant players share common goals and benefits from such transformative geo-economic relationships. This security-economy relationship between Moscow and Beijing is  the heart of the evolution of the current world order, from the unipolar to the multipolar world. The US cannot oppose China on the economic front and Russia on the military front. It all comes down to how much China and Russia can continue to provide and guarantee economic and security umbrellas for the rest of the world.

mardi, 23 mai 2017

Le droit des peuples réglé sur le grand espace de Carl Schmitt

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Le droit des peuples réglé sur le grand espace de Carl Schmitt

par Karl Peyrade

Ex: https://www.lerougeetlenoir.org

Avec Le droit des peuples réglé sur le grand espace (1939-1942), Carl Schmitt commence à s’intéresser, dans le cadre de son analyse juridique et géopolitique, à la question de l’espace. Le droit international public est désigné par le juriste allemand comme le droit international des gens, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à un Etat territorialement délimité dans un pays homogène. Le concept de grand espace apparaît au XIXe siècle avec l’idée de territoires équilibrés. Dans la tradition juridique française initiée par Jean Bodin puis reprise par les jacobins, ce sont plutôt les frontières naturelles qui ont servi à justifier l’expansion gallicane. A l’opposé, la logique de grand espace valide le droit des peuples à forte population à dominer sur les autres. La conception française s’articule sur un schéma géographique tandis que la notion de grand espace est liée à un déterminant démographique.

Ce paradigme spatial apparaît très explicitement dans la doctrine Monroe de 1823. Cette théorie américaine revendique l’indépendance de tous les Etats américains, interdit leur colonisation par des Etats tiers et défend à ceux-ci d’intervenir en leur sein. Elle crée donc un corpus de règles ayant vocation à s’appliquer à un grand espace qui est l’espace américain. La difficulté réside dans le fait que la doctrine Monroe a évolué avec le temps. Elle est passée d’un non-interventionnisme catégorique à un impérialisme intransigeant, d’une neutralité à une position morale donnant le droit de s’ingérer dans les affaires des pays du monde entier. « L’aversion de tous les juristes positifs contre une telle doctrine est bien compréhensible ; devant pareille imprécision du contenu normatif, le positiviste a le sentiment que le sol se dérobe sous lui », ironise l’auteur. En fait, les américains ont modifié leur interprétation de la doctrine Monroe au fil du temps et de leurs intérêts. La raison d’Etat se passe facilement des débats juridiques car contrairement à ce que de nombreux juristes pensent, dans la lignée du positivisme juridique, le droit ne créé rien. Il est simplement le reflet d’un rapport de forces. Les marxistes le désigneraient comme étant une superstructure.

D’après Talleyrand, l’Europe est constituée de relations entre Etats. Monroe est le premier à parler de grand espace. Le grand espace repose sur l’idée d’inviolabilité d’un espace déterminé sur lequel vit un peuple avec un projet politique. Il suppose aussi l’absence d’intervention dans les autres espaces. Au départ, ce principe était donc interprété dans un sens continentaliste. Mais à l’arrivée, on débouche sur un interventionnisme capitaliste et universaliste avec le triomphe de l’interprétation britannique. Le passage de la neutralité à l’impérialisme américain s’incarne particulièrement en la personne du président Wilson (1917). Ce dernier a fait du principe local du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes un principe à valeur universelle. Carl Schmitt critique cette « réinterprétation de la doctrine Monroe, au départ idée concrète du grand espace, géographiquement et historiquement déterminée, en principe général d’inspiration universaliste, censé valoir pour la Terre entière et prétendant à l’ubiquité ».

Le principe de sécurité des voies de communication britanniques constitue un bon exemple de notion universaliste au profit de l’impérialisme anglo-saxon. Contrairement aux Etats-Unis et à la Russie, il n’existe pas de continuité spatiale dans l’empire britannique qui est une addition de possessions émiettées sans espace déterminée et sans cohérence. Afin de justifier la sécurité des voies de communication, les anglais ont adopté des principes universalistes permettant d’assimiler l’empire britannique au monde. En effet, les anglais régnaient sur la mer. Ils avaient donc intérêt à ce que les voies maritimes soient sécurisées au nom de leur principe de sécurité des voies de communication leur permettant d’intervenir partout et de dominer les espaces maritimes des pays neutres. A titre d’exemple, ils ont empêché le monopole français sur le Canal de Suez en invoquant le principe de droit naturel des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela n’a en revanche pas fonctionné à Panama où les américains leur ont justement opposé la doctrine Monroe.

Philosophiquement, la vision universaliste du monde trouve sa source dans la théorie du droit naturel du XVIIe siècle qui trouve son apogée dans le concept de liberté commerciale forgée au XIXe siècle. Il ne faut pas confondre la loi naturelle qui vient de Dieu et le droit naturel selon lequel les hommes naissent tous avec des droits inhérents à leur personne humaine. Ainsi, au-delà des caractéristiques ethniques, culturelles ou religieuses, l’homme parce qu’il est homme dispose de certains droits fondamentaux. L’avènement des droits de l’homme constitue l’aboutissement suprême de la théorie du droit naturel.

A l’inverse de cette théorie, la logique des grands espaces n’a pas de portée universaliste. Elle intègre l’évolution historique des grandes puissances territoriales ayant de l’influence sur des pays tiers. Le paradigme n’est donc plus national mais spatial. Au sein de l’espace dominé par une grande puissance règne la paix en raison de l’exigence de non-intervention. Mais en dehors de cet espace, l’intervention redevient possible. Carl Schmitt reprend le concept allemand d’empire pour l’adapter aux particularités de son époque. L’impérialisme répond au contraire à une vision supra ethnique, capitaliste et universaliste. L’auteur plaide pour le Reich allemand contre les deux universalismes de son temps : l’URSS socialiste et la révolution mondialo-libérale occidentale. Il faut rappeler que la pensée schmittienne n’est en aucun cas une pensée racialiste ce que les membres de la SS n’ont pas manqué de lui reprocher. Elle s’appuie en revanche sur un peuple constitué historiquement et ayant conscience de lui-même. Pour Schmitt, le concept d’empire est traversé par les mêmes idées, la même philosophie, ancré dans un grand espace et soutenu par un peuple.

« Les autres concepts de l’espace, désormais indispensables, sont en premier lieu le sol, à rattacher au peuple par une relation spécifique, puis celui, corrélatif au Reich, débordant l’aire du peuple et le territoire étatique, du grand espace de rayonnement culturel, mais aussi économique, industriel, organisationnel […] L’empire est plus qu’un Etat agrandi, de même que le grand espace n’est pas qu’un micro-espace agrandi. L’Empire n’est pas davantage identique au grand espace ; chaque empire possède un grand espace, s’élevant par là au-dessus de l’Etat spatialement déterminé par l’exclusivité de son domaine étatique, au-dessus de l’aire occupée par un peuple particulier. »

Plusieurs conceptions peuvent découler de cette notion de grand espace. Une acception purement économiste pourrait le voir uniquement comme le lieu de l’échange commercial avec d’autres grands espaces. La vision impériale, et non impérialiste, aboutirait à des relations entre empires basés sur des grands espaces. Au sein de ces grands espaces, des relations interethniques pourraient voir le jour. Sous réserve de non-ingérence de puissances étrangères, des relations interethniques pourraient même naître entre empires différents. La notion d’empire permet, contrairement à l’universalisme des droits de l’homme, de conserver les Etats et les peuples.

Juridiquement, l’espace est traditionnellement abordé par le droit de la manière suivante : le droit privé l’appréhende à travers l’appropriation d’une terre tandis que le droit public le considère comme le lieu d’exercice de la puissance publique. Les théories positivistes voient le droit comme « un ordre intimé par la loi ». Or, « les ordres ne peuvent s’adresser qu’à des personnes ; la domination ne s’exerce pas sur des choses, mais sur des personnes ; le pouvoir étatique ne peut donc se déterminer que selon les personnes ». Le positivisme juridique n’admet donc l’espace que comme un objet relevant de la perception, déterminé selon le temps et l’espace. Au fond, il s’agit d’un espace vide sur lequel s’exerce le pouvoir étatique A l’inverse, Carl Schmitt part de l’espace pour fonder tout ordre juridique. L’auteur note l’influence juive au sein du droit constitutionnel allemand sur le concept d’espace vide : « Les rapports bizarrement gauchis qu’entretient le peuple juif avec tout ce qui touche au sol, à la terre et au territoire découlent du mode singulier de son existence politique. La relation d’un peuple à un sol façonné par son propre travail d’habitation et de culture, et à toutes les formes de pouvoir qui en émanent, est incompréhensible pour un esprit juif. » Le juriste allemand conclue son ouvrage en insistant sur le vocable juridique du Moyen-Âge qui avait une dimension spatiale (Stadt = site, civitas = cité, Land = terre etc.) et en constatant que la négation de l’espace conduit à la négation des limites ce qui aboutit à l’universalisme abstrait.

« Ces considérations ne visent certes pas à prôner le retour vers un état de choses médiéval. Mais on a bien besoin de subvertir et d’éliminer un mode de pensée et de représentation regimbant à l’espace, dont le XIXe siècle marque l’avènement, et qui gouverne encore la conceptualisation juridique tout entière ; en politique internationale, il va de pair avec l’universalisme déraciné, négateur de l’espace et par là sans limite, de la domination anglo-saxonne des mers. La mer est libre au sens où elle est libre d’Etat, c’est-à-dire libre de l’unique représentation d’ordre spatial qu’ait pu penser le droit d’obédience étatique. »

Ouvrage court mais très exigeant, Le droit des peuples réglé sur le grand espace constitue une bonne introduction à l’ouvrage majeur Le nomos de la terre qu’écrira par la suite Carl Schmitt. Ecrit dans un style toujours clair sans être universitaire, le livre présente le grand mérite d’être en avance sur son temps. A une époque où l’on réfléchissait encore en termes de nation, il anticipe largement les grandes évolutions du monde. Aujourd’hui, comment nier que le monde est traversé par une logique de blocs animés par une puissance dominante. L’espace américain est dominé par les Etats-Unis, l’espace asiatique par la Chine et l’espace eurasiatique par la Russie. Il n’y a guère que l’Europe qui ne suit pas cette évolution. En effet, au lieu de s’ancrer dans son espace culturel et religieux, elle a préféré se dissoudre dans un système technico-économique abstrait sous-tendu par les inévitables droits de l’homme. A trop nier l’espace, on finit par nier l’homme comme produit d’un enracinement culturel pour aboutir à l’homme-marchandise.

Karl Peyrade

jeudi, 18 mai 2017

Yémen : la Russie entre en jeu !

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Bernhard TOMASCHITZ :

Yémen : la Russie entre en jeu !

Moscou cherche à jouer les intermédiaires dans le conflit du Yémen afin de trouver une solution et de se réserver une base navale en Mer Rouge

L’opinion publique internationale n’en est guère informée mais un terrible conflit secoue le Yémen depuis trois ans. Au moins 10.000 personnes y ont trouvé la mort. Plus de trois millions de réfugiés ont quitté leurs foyers. Des millions de Yéménites luttent pour leur simple survie, constate l’agence de presse Reuters. Ce conflit qui tourmente le sud de la péninsule arabique oppose le président destitué Abed Rabbo Mansur Hadi, soutenu par une partie de l’armée régulière et par des milices tribales sunnites, à l’ancien président Ali Abdullah Saleh, soutenu, lui, par les rebelles houthi d’obédience chiite.

Mais, on doit dire que la guerre qui sévit au Yémen est plutôt un conflit par clans interposés. Les rebelles houthi peuvent compter sur le soutien de l’Iran, tandis qu’une alliance militaire soutenue par l’Arabie saoudite intervient dans le pays depuis mars 2015. Cette alliance bénéficie à son tour du soutien logistique des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. Cette alliance a pour objectif de réduire toute influence de l’Iran dans la région. L’Occident et ses alliés accusent en outre l’Iran de déstabiliser le Yémen. Le 19 avril 2017, le nouveau ministre américain de la défense, James Mattis, un faucon, déclarait : « Nous allons freiner tous les efforts de l’Iran visant à déstabiliser des pays tiers et de soutenir une milice semblable à celle du Hizbollah au Liban. L’essentiel est que nous sommes en bonne voie de le faire ».

Les Etats-Unis ne se bornent pas à soutenir l’Arabie saoudite dans sa guerre contre le Yémen voisin mais interviennent eux-mêmes militairement dans le conflit. La revue spécialisée en questions militaires et diplomatiques National Interest écrit : «A peine deux semaines après son accession au pouvoir, le Président Donald Trump a ordonné une attaque militaire parce qu’il subodorait des menées d’Al-Qaeda dans le pays ». Fin mars, le Washington Post relatait qu’au sein du gouvernement américain, le ministre de la défense Mattis insistait pour que les Etats-Unis mettent un terme aux limites que le Président Obama avait imposées à tout soutien militaire aux pays du Golfe qui participaient à la guerre du Yémen. De plus, dans un mémorandum adressé au conseiller national en matière de sécurité, H. R. McMaster, Mattis demandait à ce qu’un soutien soit apporté « dans une certaine mesure » à l’opération menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis au Yémen. Ce soutien devait aussi avoir pour but de « reconquérir un port important dans la Mer Rouge ». En fin de compte, dixit Mattis, il s’agit « d’aider à combattre une menace commune ».

En tenant compte de la perspective d’une aggravation du conflit yéménite, la Russie offre ses services pour un règlement à l’amiable. Fin avril, le caucus néoconservateur « American Enterprise Institute » a sorti un rapport intitulé « Critical Threats Project » dans lequel on pouvait lire que la Russie, sans passer par l’intermédiaire de l’ONU, cherchait en fait une solution politique à la guerre du Yémen afin de se réserver une base navale dans ce pays. Les Emirats arabes unis ont joué un rôle-clef dans ces négociations parce qu’ils estimaient qu’un éventuel accord de paix constituait une voie commode pour bloquer l’influence iranienne au Yémen sans devoir encore soutenir les frais d’une guerre. Récemment les liens entre la Russie et les Emirats arabes unis sont devenus plus étroits qu’auparavant. Ce nouveau partenariat informel est décrit par la boite à penser américaine « Atlantic Council » qui explique que Moscou utilisera dans l’avenir les Emirats comme plaque tournante pour se tailler des créneaux au Yémen, dans d’autres parties du Proche et du Moyen Orient, de l’Afrique et de l’Asie. Les Emirats, de leur côté, cherchent, en s’appuyant sur la Russie, leur nouveau partenaire stratégique, à augmenter leur poids dans la région, pour se positionner comme des intermédiaires incontournables.

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L’ancien président du Yémen, Saleh, contrôle la partie occidentale du pays avec ses milices houthi. Il a promis à la Russie de soutenir ses demandes d’un point d’appui naval dans le pays, estime l’ « American Enterprise Institute ». Si ce scénario se concrétise, alors, effectivement, le poids de Moscou dans le Proche et Moyen Orient augmentera considérablement : « Ce point d’appui permettra à la Russie d’exercer sa puissance sur les voies maritimes les plus fréquentées du globe et sur le Détroit de Bab El Mandeb, qui, comme on le sait, est un goulot d’étranglement hautement stratégique ». L’ « Atlantic Council », très lié au Pentagone, commente, lui aussi, les plans attribués au Kremlin.

Selon cette boite à penser américaine, la Russie obtiendrait un port d’attache à Aden, lui octroyant du même coup une base supplémentaire entre la Mer Méditerranée et la Mer d’Arabie. A cela s’ajoute que la Russie envisage de se doter d’une marine de haute mer légère, rapide et moderne. Avec le point d’appui potentiel qu’elle acquerra, le cas échéant, à Aden, « sa stratégie sera considérablement consolidée dans toutes les opérations navales dans la région du Proche et du Moyen Orient ».

Dans l’ensemble, on peut dire que ces tractations signifient le grand retour de la Russie aux extrémités méridionales de la péninsule arabique. En effet, au début des années 1990, l’Union Soviétique possédait des points d’appui au Sud-Yémen (avant la réunification yéménite), qui était un Etat communiste et vassalisé.

Il faudra dorénavant observer avec la plus grande attention quelles seront les réactions américaines. Une chose est sûre : pour Washington, ce grand retour est un cauchemar géostratégique. Si Moscou réussit à s’incruster au Yémen, les Russes contrôleront partiellement la Mer Rouge.

Bernhard Tomaschitz.

(article paru dans « zur Zeit », n°19/2017, Vienne, http://www.zurzeit.at ).

mercredi, 17 mai 2017

Major Developments Strongly Suggest the End of Unipolar World Order

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Major Developments Strongly Suggest the End of Unipolar World Order

With Moon Jae-In’s victory in South Korea, the period of tension on the Korean Peninsula is likely to end. With the rise to power of the new president, South Korea can expect a sharp decline in hostilities with North Korea as well as a resumption of dialogue with China.

An expected and highly anticipated victory was confirmed in South Korea on May 9, with candidate Moon winning South Korea’s presidential race over his rivals Hong Joon-pyo (Liberty Korea Party) and Ahn Cheol-soo (People’s Party). After the resignation and arrest of former President Park Geun-hye over an immense corruption scandal, public opinion turned away from her party in favour of the main opposition representative, a center-left lawyer specializing in humanitarian issues.

Moon spent several years in the opposition party advocating for greater cooperation in the region and dialogue with Pyongyang as well as with Beijing, representing quite a contrast to Guen-Hye’s pro-Americanism. Along the lines of Duterte in the Philippines, Moon intends to resume dialogue with all partners in order not to limit his options in the international arena. Such an approach reflects the essence of the multipolar world order: cooperation and dialogue with all partners in order to achieve a win-win outcome.

Looking at the situation in the region, the victory of a politician who seems to have every intention of negotiating an agreement rather than supporting military escalation seems to provide for a hopeful future for China and her neighbors. The level of cooperation and trade between South Korea and China is fundamental to the economy of both countries, so a return to the negotiating table over the issues surrounding the deployment of THAAD are a hopeful sign that the business communities of China and South Korea value deeply.

Duterte Strategy

The United States is again faced with a Filipino-like scenario. Historically, South Korea and the Philippines have always been two fundamental US allies, more concerned with Washington’s interests than their own national political agendas. Over the last few decades, both countries have been governed by politicians careful not to upset the sensibilities of US policy makers. South Korea and the Philippines are at the heart of the political strategy Obama called the Asian Pivot, more explicitly, a policy aimed at containing China and its expansion as a regional hegemon in Asia.

Following the Trump administration’s focus and threats against North Korea in recent weeks, war has seemed more likely on the peninsula. But with Moon’s victory, it has probably been permanently excluded as a possibility. In several interviews weeks prior to the election, Moon stated that a war between the US and the North Korea would constitute an impossible burden for South Korea to sustain. Moon is very realistic about the conventional deterrence that North Korea possesses, maybe even more so than the nuclear development.

Even though Trump has said he is willing to meet with Kim Jong-un, most of his decisions seem to depend on the hawks surrounding him. Looking at the first hundred days of the Trump administration shows a remarkable departure from electoral promises, with the influence of generals he nominated, leading to various escalations in the hot regions of the world. Bottom line is, Trump’s intentions and words matter to a certain extent as US posture in the region seems to be guided by military generals and inner circle family members. Fortunately for the world, the tentative moves in Syria and Afghanistan have not amounted to much, such as with the bombing of the Shayrat airbase or the show in Afghanistan involving the MOAB.

THAAD to Divide

The deployment of the THAAD system continues as part of a belligerent attitude towards North Korea. The strong and firm rhetoric of Pyongyang is justified and not surprising given the context and the threats facing the country in wake of US provocations. The deployment of THAAD has had consequences, such as increasing tensions between South Korea and China. Moon’s victory goes contrary to the goal of the US policy-makers in Washington to isolate China. In this light, the hurried deployment of THAAD before the South Korean election obliged the probable winner, Moon, to be faced with an accomplished fact. This first step makes it clear what Washington’s attitude towards the new South Korean president will be.

The THAAD has also been deployed to antagonize the most frustrating point between Seoul and Beijing: North Korea. The measure was intentionally taken by Washington to pressure Seoul. THAAD has all the characteristics of a Trojan horse. Placed to reassure an ally (Seoul) against a fake-threat (Pyongyang), it becomes a weapon against China that puts in place a system, only a few hundred miles from its border, potentially able to affect China’s strategic nuclear forces. The US military accelerated the deployment of THAAD in the knowledge that this would immediately place the future president in a difficult situation, in that removing THAAD would not be easy in the face of huge American pressure. This may perhaps be Moon’s first challenge; to use the dismantling of THAAD as a means of exchange with Beijing to return to a normal relationship of co-operation. If Beijing wants to believe Moon’s goodwill in eliminating the THAAD system, it may begin to loosen some of the measures imposed on Seoul as retaliation for the deployment of the US system.

Multipolar world to the rescue

In this scenario, one must not make the mistake of believing that Moon’s victory means that a major US ally will cease its support for Washington. As always, in this era of transition from a unipolar to a multipolar world, the pressure that Washington will decide to apply to South Korea will affect the nature of the US-ROK alliance. The United States will have to abandon the warlike posture so dear to Mattis, McMaster and Admiral Harris (the commander of the US Pacific Fleet). In this Tillerson as a realist might be the right man at the right place to negotiate with Moon. Potentially it could be possible to solve the problem in whole by dealing with North Korea, although that seems unlikely given the pressures the deep state will put on the administration to continue using North Korea to create instability in the region.

This is why much of the region’s future will remain subordinated to potential negotiations between Beijing, Pyongyang and Seoul on the Korean peninsula, especially after Moon’s victory. If these three nations succeed in finding common ground on which to set upon a path of reconciliation, the region will benefit greatly. Of course, in this context, the one most likely to lose influence is the United States. If Washington wants to remain relevant, it should abandon the Chinese containment plan through the Korean peninsula by exploiting North Korean problems. If they instead decide to try to sabotage any peace agreement in the peninsula, this will only push Seoul and Pyongyang even closer together, to Beijing’s great pleasure.

Recent years have seen a mounting showdown between the old world order configuration based on chaos and destruction and led by Washington, and the new multipolar order that focuses on win-win opportunities, dialogue and sincere cooperation. If Washington decides not to accept the new rules of the game, where it can no longer dictate the law, it will end up producing more damage against itself than any foreign country could actually do, in actual fact accelerating the formation of the multipolar world and putting to bed the unipolar world order for good. 

lundi, 15 mai 2017

War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia

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War with Iran Seems Likely as Trump Cosies Up with Saudi Arabia
 
 
Many people view Donald Trump as the most dangerous man on the planet, but next week he flies to Saudi Arabia for a three-day visit during which he will meet a man who surely runs him a close second as a source of instability. This is deputy crown prince Mohammed bin Salman, 31 – the de facto ruler of Saudi Arabia since his father King Salman, 81, is incapacitated by old age – who has won a reputation for impulsiveness, aggression and poor judgement in the two-and-half years he has held power. Early on he escalated the Saudi role in Syria, thereby helping to precipitate Russian military intervention, and initiated a war in Yemen that is still going on and has reduced 17 million people to the brink of famine. Combine his failings with those of Trump, a man equally careless or ignorant about the consequence of his actions, and you have an explosive mixture threatening the most volatile region on earth.

Prince Mohammed, who is also defence minister, is not a man who learns from his mistakes or even notices that he has made them. Less than a year after his father became king in January 2015, the BND German intelligence agency issued a warning that Saudi Arabia had adopted “an impulsive policy of intervention” abroad and blamed this on the deputy crown prince whom it portrayed as a naïve political gambler. The degree of alarm within the BND about his impact on the region must have been high for them to release such a document which was swiftly withdrawn at the insistence of the German foreign ministry, but its predictions have been fulfilled disastrously in the following eighteen months.

The deputy crown prince is turning out to be not only a gambler, but one who recklessly raises his stakes when in trouble. Proof of this came in an extraordinary but under-reported interview he gave earlier this month, broadcast on al-Arabiya TV and Saudi TV, in which he threatens military intervention in Iran. “We will not wait until the battle is in Saudi Arabia, but we will work so the battle is there in Iran,” he says. Speaking in highly sectarian terms, he claims that the Iranian Shia leaders are planning to seize Mecca and to establish their rule over all the 1.6 billion Muslims in the world. He believes that “their logic is based on the notion that Imam Mahdi will come and they must prepare the fertile environment for his arrival and they must control the Muslim world.” His diatribe is as anti-Shia as it is anti-Iranian and likely to provoke fears among Shia in Iraq, Lebanon, Pakistan and Saudi Arabia itself, where Shia make up a tenth of the population, that they will be the victims of an anti-Shia crusade.

It is absurd to imagine that the four or five Shia countries have the ambition or the ability to take over the fifty or more that are Sunni, though Sunni fundamentalists accuse tiny Shia minorities in countries like Egypt, Tunisia and Indonesia of plotting to do so. Prince Mohammed appears to give credence to the theory of a grand anti-Sunni conspiracy orchestrated by Iran, saying that, since the Iranian revolution in 1979, Iran has been trying to “control Muslims in the Islamic world and spread the Twelver Jaafari [Shia] sect in the Islamic world so Imam Mahdi comes.”

There is more at play here than Prince Mohammed whipping up religious and nationalist feelings in Saudi Arabia to secure his own power base and fend off his rivals within the royal family. None of his foreign ventures have so far achieved their aims: in Syria in the spring of 2015 Saudi Arabia gave support to the so-called Army of Conquest, consisting primarily of the al-Qaeda affiliate the al-Nusra Front and its then ally Ahrar al-Sham. This won a series of victories against pro-Assad forces in Idlib province but their success led to Russian military intervention later the same year that was a turning point in the war. Saudi influence was marginalised, something that he blames on “former American President Barack Obama [who] wasted many significant opportunities he could have seized to achieve great change in Syria.” In practice, Saudi Arabia was hoping for US military intervention to enforce regime change in Syria along the lines of Iraq in 2003 or Libya in 2011. Obama was privately critical of Saudi actions and the tradition of the Washington foreign policy establishment of giving automatic support to Saudi Arabia and its allies.

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Nevertheless, in Yemen Mr Obama gave backing until the last days of his presidency to the Saudi-led bombing campaign which has been devastating the country since March 2015 but has so far failed to win the war for the Saudis’ local allies. It has brought terrible suffering to the Yemeni population of 27 million, of whom the UN estimates that 17 million are “food insecure” including 3.3 million pregnant and breast-feeding mothers and children, some 462,000 under the age of five, who are “acutely malnourished” or, in other words, starving. Saudi-backed forces are poised to attack the Red Sea port of Hodeida, through which come 80 per cent of Yemen’s imports which make up most of its food supplies. If the port is closed then Yemenis will face the worst man-made famine since Mao Tse-Tung’s Great Leap Forward. Prince Mohammed says the war is all but won, though, mysteriously, in finishing off the other side, “thousands of our troops can fall victims. There will be funerals in all Saudi cities.”

Trump has already ordered greater US support for the Saudi war effort in Yemen, but the deputy crown prince will be primarily bidding for US backing for his confrontation with Iran. Words are already turning into action with reports of the US and Saudi Arabia being at one in planning to stir up an anti-government insurgency among minorities in Iran such as the Baluchis in the south east, something that has been done before but with limited impact.

Saudi leaders were overjoyed by the election of Trump whom they see as sympathetic to them and the Gulf leaders whom he will meet after he arrives in Saudi Arabia on 19 May, before going on to Israel. It is a chilling tribute to the authoritarian instincts of Trump that his first foreign visit as President should be to the last arbitrary monarchies left on earth and to a state where women are not even allowed to drive. On the question of confronting Iran, he is unlikely to be restrained by his Defence Secretary, James Mattis, and his National Security Adviser, HR McMaster, both former generals scarred by America’s war in Iraq, where they see Iran as the main enemy.

The White House is doubtless conscious that the one-time Trump has won universal plaudits in the US was when he fired missiles in Syria and dropped a big bomb in Afghanistan. Trump and Prince Mohammed may be very different in some respects, but both know that fighting foreign foes and waving the flag shores up crumbling support at home.

(Reprinted from The Independent by permission of author or representative)